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EXPRESSION ET REPRÉSENTATION
Culture visuelle
Marion Chambinaud

Photographies du « Village Martyr » de Oradour sur Glane, Haute-vienne.

Originaire de Saint-Junien, La ville d’Oradour sur Glane et son village martyr est un lieu connu de tous
dans la région. C’est le patrimoine et le témoin d’une terreur. C’est un lieu que j’ai eu l’occasion de visiter de
nombreuses fois et qui provoque des sensations et émotions fortes chez les visiteurs.
L’anéantissement total du village et de sa population, la détermination impitoyable des bourreaux, font
d’Oradour-sur-Glane, dès 1944, un archétype des massacres des populations civiles.
Le 28 novembre 1944, le Gouvernement provisoire prend la décision de classer et de conserver les ruines, attirant
ainsi la reconnaissance nationale sur Oradour. Ces mesures érigent le village martyr en symbole d’une France
blessée par l’occupation allemande. Parallèlement, la production abondante d’images des ruines et du deuil
participe à la volonté de témoigner et d’ancrer Oradour dans la conscience nationale. On assiste alors à une
sanctuarisation des ruines où les pancartes invitent le visiteur, devenu pèlerin, à se recueillir en pénétrant dans ce
qui fut un lieu de souffrance et de martyr. Malheureusement, au fil du temps, le message délivré par les ruines et
par les cérémonies commémoratives devient de moins en moins lisible ; le village martyr perd de sa puissance
évocatrice du drame par un “polissage” des ruines et les témoins disparaissent peu à peu.
Il faut qu’un lieu comme celui-là reste une chose commune à tous, une chose où tout le monde reconnaît le
malheur commun, la volonté commune et l’espérance commune.

Un archivage d’émotions, de témoignages, de ressenti, peut-être réalisé. Chaque visiteur du village pourrait
écrire quelques mots sur son émotion à la suite de la visite de ce lieu. Ecrire un témoignage personnel, des mots
pour la mémoire des morts, ou encore simplement un avis sur l’ambiance du lieu. L’objectif serait de se rendre
compte de la puissance du lieu, de la force de l’histoire et de la mémoire. Qu’est-ce qui en sort de cette visite,
quelle émotion ce site m’a fait ressentir ? Quel témoignage de ma visite ai-je envie de raconter ? Toutes ces
pensées pourraient se traduire sous la forme d’un livre d’or qui se situerai au sein de l’église du village, cœur des
massacres de Oradour. Nous ne devons pas oublier l’histoire et encore moins une histoire tragique comme celle-
ci. C’est la mémoire d’Oradour, la mémoire de ces habitants massacrés. Il est primordial de continuer ces
témoignages, comme un héritage de l’histoire pour les générations futures. Ce projet d’archives en serait le
témoin, témoin d’un héritage par les visiteurs, que chacun puisse apporter sa propre symbolique et ses propres
sentiments face à cette expérience. Une architecture est vivante, même après sa destruction. Ici les ruines parlent,
les maisons chuchotent, les objets sur le sol marquent une époque. Tout ces éléments font que ce village est
rempli de mémoire, de messages, de souffrance mais aussi d’espérance. C’est pourquoi un travail d’archives
serait intéressant pour se rendre compte de l’effet d’un lieu historique sur nos émotions, nos sentiments et ce que
cela provoque chez chaque visiteur.

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