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ABSTRACT
Alliant l'exposé des notions à des illustrations variées puisées dans la diversité des productions littéraires
du monde et de l'histoire, l'ouvrage offre une introduction aux principaux concepts, références et outils
contemporains de la théorie de la littérature. Les trois premiers chapitres présentent les grandes approches
qui ont entrepris d'une part de définir le sens et la valeur des textes littéraires (des approches internes, qui
privilégient les procédés formels ou le jeu des référents, aux approches externes centrées sur la diversité
des contextes, ou sur la lecture et la réception), et d'autre part de cerner la problématique des types et des
genres littéraires. Les trois chapitres suivants traitent des trois types littéraires majeurs que sont le texte
dramatique, le texte poétique et le texte narratif. Un dernier chapitre montre enfin comment les différentes
notions exposées dans le livre permettent de mener concrètement l’analyse d’un texte li...
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Jean-Louis Dufays
Michel Lisse
Christophe Meurée
Jean-Louis Dufays
Michel Lisse
Christophe Meurée
ACADEMIA
A B
BRUYLANT
© Bruylant–Academia s.a.
Grand’Place 29
B–1348 Louvain-la-Neuve
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nourrit sur le plan des valeurs, de nos attentes morales, mais aussi de
nos désirs. En lisant, nous nous posons des questions existentielles,
nous construisons et nous exerçons notre rapport éthique au monde.
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pour nous faire aimer la littérature, mais elle est un moyen d’aug-
menter notre plaisir et notre intérêt à son égard. Qui plus est, dans le
contexte d’une formation universitaire en « langues et lettres », elle
apporte aux étudiants un « savoir savant » qui leur permet de passer
de la pratique à la science, et du statut de simple amateur à celui
de connaisseur. Elle est aussi, comme l’admet Danièle Sallenave, un
ensemble de savoirs utiles pour le futur professeur, qui aura besoin,
pour transmettre la littérature à des élèves, de « maitriser ce dont il
parle ». Enfin et surtout, lire des textes avec des outils théoriques,
c’est leur permettre de produire le maximum de leurs effets, et par là
apprendre à regarder le monde sous un angle neuf et interpellant.
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régime
ludique satirique sérieux
relation
transformation parodie travestissement transposition
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faire l’objet d’un repérage objectif. Pour nous, il s’agit plutôt des
sens partagés, reconnaissables par différents lecteurs d’une même
génération, qui résultent du caractère social du texte, et qui n’ont
donc pas nécessairement été voulues comme telles par l’auteur
et ne se réduisent pas non plus à des projections subjectives de
lecteurs particuliers. Ces significations socialement reconnais-
sables dépendent des codes en vigueur au moment de la réception
et évoluent de génération en génération : aucun lecteur parti-
culier n’a donc le pouvoir de les saisir toutes. En outre, elles ne
sont évidemment pas partagées par tous les lecteurs d’une même
génération : certaines ne sont perçues que par un petit nombre
de lecteurs subtils ou érudits. Dire que des significations sont
« socialement reconnaissables » ne signifie donc pas qu’elles sont
évidentes ou faciles à déceler : cela veut seulement dire que leur
identification se fait à l’aide de codes non individuels disponibles
dans le contexte de réception.
Entre ces trois instances, il existe des recoupements qu’un schéma
ensembliste comparable à celui que propose Poslaniec13 permet de
bien percevoir :
Champ du texte
(intentio operis)
2
Champ de la création
consciente
Champ de la lecture
(intentio auctoris) 1 (intentio lectoris)
3
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La notion de littérature
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L’approche formelle
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L’approche référentielle
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de réalité possible, qui peut mettre en œuvre aussi bien des fictions
que des réalités historiques ou psychologiques : elle constituerait un
type particulier de mimésis qui porterait non pas sur des personnages
et des évènements, mais sur des discours et des actes de langage
« sérieux » – l’auteur ferait semblant d’exposer des faits réels, alors
qu’il les fabrique (Smith) –, ou bien un acte de langage spécifique qui
se distinguerait des autres par son pouvoir de présenter un monde
(Hamburger).
L’approche dialogique
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L’approche lecturale
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déjà parlé ici. Selon cette nouvelle approche, la question n’est plus
de savoir ce qu’est la littérature comme objet ou comme produit fini,
mais ce qu’elle est en tant que projet ou représentation dans la tête
de celui qui lit.
Deux tendances sont alors possibles. Les uns s’intéresseront à la
diversité des interprétations et des évaluations du « littéraire », sur le
plan historique (Jauss, Chartier12) ou sociologique (Escarpit, Leenhardt
et Józsa13). D’autres tenteront plutôt de définir les fonctionnements
communs de la lecture littéraire aujourd’hui en répertoriant les opéra-
tions et les modes d’évaluation que l’on peut investir pour faire de la
lecture une activité littéraire.
Fondant, à la suite de Jean Cohen14 sa démonstration sur la lecture
d’un simple fait divers (« Sur la Nationale 7, une automobile roulant a
du cent à l’heure s’est écrasée contre un platane. Ses quatre occupants
ont été tués »), Marghescou a ainsi montré qu’on pouvait littérariser la
lecture de n’importe quel texte en effectuant une triple opération :
(1) l’abolition de la fonction référentielle habituelle (dans le cas du
fait divers, cela se produit dès le moment où l’on considère que
celui-ci ne se limite pas à une anecdote banale) ;
(2) la manifestation archétypale du signe (le fait divers devient
emblématique par exemple de l’échec de l’ambition moderne
consistant à vouloir conquérir le temps et l’espace, à l’échelle de
la Nation française, incarnée de manière mythique par une route
portant le numéro 7, nombre premier réputé sacré, et le nombre
des victimes – 4 comme les points cardinaux, les évangélistes, les
couleurs du jeu de cartes, etc. – apparait comme un symbole de
totalité) ;
(3) l’actualisation de toutes ses virtualités sémantiques (la voiture
symbolise à la fois la vitesse, la technologie, l’enfermement, l’égo-
centrisme, l’ambition, etc., et son échec signifie, outre l’échec
de toutes ces valeurs, l’affirmation du caractère éphémère de la
Culture face à la permanence et à la solidité de la Nature)15.
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L’approche institutionnelle
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L’approche polysystémique
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Un phénomène institutionnel
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24 Voir R. Barthes : « Le Nouveau n’est pas une mode, c’est une valeur,
fondement de toute critique : notre évaluation du monde ne dépend
plus [...] de l’opposition du noble et du vil, mais de celle de l’Ancien et
du Nouveau [...]. Tout, plutôt que la règle (la généralité, le stéréotype,
l’idiolecte : le langage consistant) » (Le plaisir du texte, op. cit.,
pp. 65‑67).
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Enfin, au-delà des deux modes précités, il existe une écriture ambiva-
lente, oscillatoire, qui table sur les deux faces du stéréotype, le rend
à son caractère double, indécidable. On trouve de bons exemples
de ce fonctionnement dans le mélange constant de lyrisme et de
cynisme qui sillonnent l’œuvre d’un Baudelaire (spleen vs idéal), d’un
Lautréamont (Chants de Maldoror vs Poésies) ou d’un Albert Cohen
(voir l’incessant va-et-vient qui rythme Le livre de ma mère, les Carnets
1978 ou Belle du Seigneur). Malgré son caractère tarte-à-la-crème, le
terme de postmodernisme est peut-être celui qui convient le mieux
pour désigner ce type d’écriture qui commence à s’attirer quelques
adeptes estimables25.
Ce classement permet de voir que deux ou trois modes d’écriture
peuvent coexister au sein d’une même époque (ce fut le cas dès le
Moyen âge), voire au sein de l’œuvre d’un même auteur. Il présente
surtout l’intérêt énorme de montrer que le rapport au stéréotype
donne lieu à trois conceptions distinctes de l’écriture littéraire : la
conception classique, fondée sur la fidélité aux canons, la conception
moderne, axée sur la différence, et la conception postmoderne (ou, si
on préfère, la contemporaine), centrée sur le va-et-vient. Si chacun est
libre ici de choisir son camp, nous ne cacherons pas que de ces trois
positions, la troisième nous parait la plus féconde, car elle nous parait
la plus applicable aux œuvres qui sont retenues par la postérité.
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27 Ibid., pp. 242-266. Cette notion de vérité littéraire figure aussi au cœur
de la théorie des trois mimésis développée par Ricœur dans Temps et récit
(Paris, Seuil, 1983, 1984, 1985).
28 Cf. P. Bourdieu, « Le champ littéraire », op. cit. ; R. Chartier, « Du livre au
lire », in Pratiques de la lecture, op. cit., pp. 62-88 ; B. Gervais, « Contextes
et pratiques actuels de la lecture littéraire », in J.-L. Dufays, L. Gemenne,
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2 Le dithyrambe est une forme mal connue (aucun exemple satisfaisant n’a
été conservé), un chant choral en l’honneur de Dionysos.
3 Cf. J. Derrida, La dissémination, Paris, Seuil, 1972, pp. 211-212, note 8.
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nous donne l’illusion que ce n’est pas lui qui parle, mais Socrate…4
Nietzsche a ainsi pu avancer dans la Naissance de la tragédie que
« […] le dialogue platonicien qui, né du mélange de tous les styles
et de toutes les formes, tient le milieu entre le récit, la poésie lyrique
et le drame, entre la prose et la poésie […]. En vérité, Platon a donné
à toute la postérité le modèle d’une forme d’art nouvelle, le roman
[…] »5
Aristote est le second théoricien des genres dont le système se trouve
dans La poétique6.
Aristote va repartir du système platonicien pour élaborer sa poétique.
Il va distinguer l’objet imité (question quoi ?) et la façon d’imiter
(question comment ?)
L’objet imité, ce sont les actions humaines qui seront tenues soit pour
supérieures, soit pour inférieures.
Il y a, pour Aristote, deux façons d’imiter : soit en racontant (mode
narratif), soit en présentant les personnages en acte (mode drama-
tique).
Cela donne le système des genres suivant :
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Il faut insister sur le fait que, pour Aristote, la catharsis est catharsis
d’une action et non, comme le diront les XVIIe et XVIIIe siècles français,
catharsis de sentiments.
Quel rapport y a-t-il entre ces deux systèmes de genre issu de l’Anti-
quité ?7
Reprenons le tableau des genres de Platon :
narratif dramatique
épopée tragédie et comédie
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celui d’Aristote (jusqu’au XVIIe siècle), mais elle n’est pas tenue pour
égale à la poésie épique ou dramatique. Soit on la définit de manière
purement technique (poèmes accompagnés à la lyre), soit on la range
tant bien que mal avec l’épopée, soit on la dévalorise parce que non
mimétique, donc imparfaite.
Deux solutions pour intégrer la poésie lyrique vont être trouvées11.
Pour promouvoir la poésie lyrique à la dignité des poésies épiques ou
dramatiques, il y a deux possibilités, apparemment incompatibles :
soit élargir le dogme classique de la mimésis (en oubliant qu’elle est
imitation d’actions) et tenir la poésie lyrique pour une imitation ; soit
rompre avec le dogme de la mimésis et proclamer qu’une poésie non
représentative est de valeur égale à la poésie représentative.
L’abbé Batteux (XVIIIe siècle) va mettre en œuvre la première solution.
Pour lui, seul Dieu est capable de produire une vraie poésie sans
imitation. Dieu crée, les hommes en sont incapables, ils ne peuvent
que faire appel à leur imagination :
« [Les poètes] n’ont d’autre secours que celui de leur génie naturel,
qu’une imagination échauffée par l’art, qu’un enthousiasme de
commande. Qu’ils aient eu un sentiment réel de joie, c’est de
quoi chanter, mais un couplet ou deux seulement. Si l’on veut plus
d’étendue, c’est à l’art de coudre à la pièce de nouveaux sentiments
qui ressemblent aux premiers. »
La plupart des sentiments exprimés par les poètes sont des sentiments
feints, imités, fictifs. La preuve en est, ajoute Batteux, que l’on trouve
des morceaux lyriques dans le drame ou l’épopée :
« […] pourquoi le sentiment, qui est sujet à l’imitation dans un drame,
ne serait-il pas dans une ode ? Pourquoi imiterait-on la passion dans
une scène, et qu’on ne pourrait pas l’imiter dans un chant ? Il n’y a
donc point d’exception. Tous les poètes ont le même objet, qui est
d’imiter la nature, et ils ont tous la même méthode à suivre pour
l’imiter. »
L’abbé Batteux peut dès lors conclure que la poésie lyrique est elle
aussi une imitation, non des actions, mais des sentiments :
« […] elle [la poésie lyrique] entre naturellement et même nécessai-
rement dans l’imitation, avec une seule différence qui la caratérise
et la distingue : c’est son objet particulier. Les autres espèces de
poésie ont pour objet principal les actions ; la poésie lyrique est toute
consacrée aux sentiments. »
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23 Ibid.
24 Ibid., p. 273.
25 Ibid., p. 326.
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pas de canon et ce, à l’inverse des autres genres qui sont connus sous
leur aspect achevé. Il est le seul à être organisé pour la lecture silen-
cieuse (cf. p. 441). L’étudier revient à étudier une langue vivante alors
que l’étude des autres genres équivaut, pour Bakhtine, à l’étude d’une
langue morte (c’est-à-dire achevée, et qui, dès lors, n’évoluera plus). Il
est né après les grands genres et en quelque sorte contre eux. Bakhtine
introduit dans la théorie des genres une forme de hiérarchisation en
les qualifiant de « grands » ou de « nobles », ce qui sous-entend que
des « formes textuelles » moins nobles auraient pu exister. Comment
Bakhtine définit-il ces « grands » genres ?
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2. Le roman
Pour Bakhtine, le roman n’est pas un genre parmi les autres. Il est
unique (cf. p. 442). Le roman nait beaucoup plus tard, sur une autre
base que les grands genres, car il a une autre origine. Il est le seul à
avoir été enfanté par « l’ère moderne de l’histoire universelle » (sans
doute faut-il comprendre la période qui va de Platon à nos jours) et lui
est profondément apparenté à l’inverse des genres nobles (cf. p. 442).
Avant le XVIIIe siècle, le roman ne participe pas à l’harmonie des
genres, mais il a une existence officieuse, il n’appartient donc pas à la
« grande » littérature.
Bakhtine voit une preuve, voire un symptôme de ce rejet, de ce refou-
lement du roman dans les marges de la « grande » littérature, en
examinant les grandes poétiques du passé (Aristote, Horace, Boileau)
qui ignorent le roman. Quant au XIXe, qui n’a réalisé que des antho-
logies théoriques, prétend Bakhtine, ignorant le Romantisme d’Iéna,
il a dû lui accorder une place dans celles-ci, mais il a méconnu sa
spécificité (cf. pp. 442-443). C’est dire si, avec le roman, la théorie
littéraire est confronté à une impasse, une impuissance puisqu’elle n’a
rien pu dire de neuf depuis Aristote, pense le théoricien soviétique (cf.
p. 445). Comment Bakhtine caractérise-t-il le roman ?
Premièrement, le roman nait et se développe au moment où les grandes
civilisations « fermées » se décomposent, s’ouvrent à l’altérité, sentent
que le temps les travaille…
Ce fut le cas lors de la fin de l’Empire romain (Satiricon) et à la fin du
moyen âge et au début de la Renaissance (Rabelais, Cervantès).
Deuxièmement, l’origine du roman (quant à son ton, son esprit, sa
langue) se trouve dans des textes, des pratiques verbales populaires
qui sont dans les marges de la « grande » littérature : les dialogues
socratiques, les pamphlets, les dialogues à la Lucien…, c’est-à-dire
un ensemble de petits textes populaires où l’actualité (le présent)
est évoqué de façon réaliste, burlesque, parodique, comique… Le
présent, l’époque contemporaine est une « actualité de bas niveau »
si on la compare au passé absolu (cf. p. 445). À l’idéalisation officielle
du passé s’oppose le roman qui véhicule une pensée non officielle,
qui est liée au comique populaire (cf. p. 456). Celui-ci prend comme
objet de rire moi-même, mon époque ou mes contemporains, ce qui
engendre une nouvelle relation aux mots et à la langue.
Dès l’Antiquité apparait le sérieux-comique, le spoudogelion, dont,
dit Bakhtine, font partie les dialogues socratiques (cf. p. 457).
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Le texte dramatique
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1. L’action
De l’Antiquité à l’époque classique, l’action se devait d’être à la fois
unique et cohérente. Dans le spectacle, tout était action, sans gratuité
aucune : texte, hors-texte et hors-scène (l’entracte, par exemple,
était incluse dans le déroulement de la fable en tant que temps qui
s’écoule hors de scène). Ainsi que les autre catégories internes du texte
dramatique, celle-ci dépend intégralement de la mimésis, qui peut
être entendue – dans un premier temps et plus ou moins fidèlement
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2. La fable
Patrice Pavis définit la fable en ces termes : « La mise en place chrono-
logique et logique des évènements qui constituent l’armature de l’his-
toire représentée. »9 La fable est l’histoire racontée par la pièce, son
sujet. Elle se distingue de la fable narrative en ceci que ses moyens
sont plus réduits (en général, du moins : Le soulier de satin de Paul
Claudel est un contre-exemple d’économie dramatique, mettant en
scène une centaine de personnages pour un spectacle dont la mise
en scène totale équivaut à une douzaine d’heures) : elle doit afficher
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3. Le personnage
Peut-être davantage que dans les autres genres, le personnage de
théâtre illustre la double origine étymologique occidentale que l’on
retrouve en français et en anglais. Il est en effet d’une part « persona »,
c’est-à-dire le masque au moyen duquel l’acteur antique faisait
résonner sa voix pour se faire entendre du public entier et par lequel il
affichait une expression en lien avec le rôle qu’il tenait. D’autre part,
il est « character », le sillon gravé dans une surface solide à l’instar
du caractère d’imprimerie, à savoir une présence-absence du réel, un
équilibre dynamique entre l’évocation fictionnelle et le corps réel de
l’acteur en scène.
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4. Le temps et l’espace
Depuis les débuts du théâtre dans l’Antiquité, la scène a toujours été
le lieu de tous les lieux. Richement ou chichement, concrètement ou
abstraitement, le plateau de jeu subit le même type d’investissement
que le personnage par l’acteur. Deux espaces sont en jeu simulta-
nément : l’espace scénique et l’espace de la fiction (d’Aubignac11,
Ubersfeld, Biet & Triau).
De la même manière, le temps est multiple : traditionnellement, on
considère le temps de la représentation et le temps de la fiction repré-
sentée (d’Aubignac, Ubersfeld, Biet & Triau), mais il est également
important de garder à l’esprit qu’il existe aussi le temps de la découpe
en scènes et en tableaux.
Temps et espace peuvent être traités à l’image de ce qui se fait dans
les autres genres, à condition que la tension entre le texte et la repré-
sentation intègre le raisonnement12.
5. Le langage
À la fin des années soixante-dix, Pierre Larthomas13 a tenté de démontrer
et de définir les caractéristiques propres au langage dramatique, en
analysant minutieusement la tension constante entre l’oral et l’écrit.
Le jeu théâtral implique un « faire comme si » qui semble mimer la
réalité tout en gommant certaines scories de la langue quotidienne (de
certaines particularités d’époque aux épanorthoses). Selon Larthomas,
le langage dramatique est un pont entre deux rives : il n’est ni totalement
oral ni totalement écrit (même dans le cas des pièces versifiées) ; en
ce sens, il n’est pas un langage « surpris » mais seulement « comme
surpris », c’est-à-dire qu’il dépend intégralement de l’adhésion du
public à un code de vraisemblance implicite. Évidemment, la très
grande variété du répertoire dramatique mondial met à mal une telle
généralisation : la notion de vraisemblable différant d’une aire géocul-
turelle à une autre, de même que d’une époque à l’autre, l’étude de
Larthomas ne pouvait être qu’incomplète, puisqu’elle n’aborde que le
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théâtre français jusque dans les années trente (à savoir pour les esthé-
tiques que l’on peut qualifier de classique et de réaliste).
À l’exploration du langage doit s’ajouter ce qu’Arnaud Rykner appelle
son envers, le silence14. Au théâtre, le gestuel et le visuel occupent
un territoire tout aussi essentiel que la réplique. En ce sens, si tous les
éléments de mise en scène n’appartiennent ni en propre à l’écrivain
ni à la lecture des pièces, il convient de se soucier, dans l’approche
du texte, de la valeur des didascalies et des pauses que suggèrent les
dialogues et les monologues.
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1. La dramaturgie
La dramaturgie constitue donc l’un des pivots de tout travail théorique
sur le texte dramatique. Incontestablement, « au théâtre, dire, c’est
faire », comme le dit si simplement Jean-Pierre Ryngaert17. De l’acces-
soire scénique (prévu par le texte ou non) à la réplique, tout y est action
en germe. Le principe de dramaturgie se définit comme la dynamique
de tension vers la représentation qui est présente dans tout texte
dramatique. Si cette notion existe implicitement depuis les origines
les plus anciennes de l’art théâtral, elle ne fut théorisée que bien tard,
dans la foulée de ce que le dramaturge allemand Bertolt Brecht avait
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2. Mimésis et catharsis
Le texte de théâtre fonctionne à partir d’une double représentation.
D’une part, la représentation du réel, consacrée par Aristote sous le
nom diversement interprété de mimésis, et d’autre part, la réalisation
matérielle et concrète du texte sur la scène. Le second type de repré-
sentation est, bien entendu, le spectacle, à savoir une incarnation
momentanée du texte par le corps du ou des comédiens et par le
lieu scénique, dans un temps donné. Le spectacle doit être considéré
comme une œuvre à part entière, dont le texte est l’un des éléments
primordiaux.
La lecture du texte dramatique mise à part, c’est le spectacle qui
entraine la catharsis, à savoir le réflexe du public qui éprouve des
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Le texte poétique
A. Poésie et société 1
En ce début de XXIe siècle, la poésie semble être devenue le parent
pauvre des « grands genres » de la littérature. Non seulement les
lecteurs la boudent, mais on publie très peu de poésie, sinon à compte
d’auteur. Les prix littéraires destinés à récompenser les meilleurs poètes
ne bénéficient d’aucune médiatisation, et même l’institution scolaire
tend à délaisser de plus en plus l’enseignement systématique de la
poésie, y compris celle des grandes figures du passé. Déplorant cette
situation, le romancier Philippe Sollers n’hésitait pas, dans un article
du Monde publié dans les années 1990, à dénoncer un « complot
social et culturel » contre la poésie.
On ne peut ignorer le rôle déterminant qu’a joué Mallarmé dans cette
« crise » : en voulant faire de la poésie un art quasi sacré, réservé aux
initiés, en déconstruisant le langage jusqu’à friser la rupture avec les
lois de la syntaxe, il a mis fin au lien social qui unissait auparavant les
poètes à leurs lecteurs. La majorité des poètes qui ont suivi Mallarmé
lui ayant peu ou prou emboité le pas – à quelques notables exceptions
près : Prévert, Queneau, Norge, Guillevic –, il ne faut pas s’étonner
qu’un grand nombre de lecteurs se soient détournés d’un genre qu’ils
percevaient désormais comme illisible, ni que la poésie soit devenue
de plus en plus une pratique réservée aux happy few.
À cette marginalisation provoquée par les poètes eux-mêmes s’ajoute
un changement de sensibilité collective à l’égard de la poésie. Alors
que les grands poètes des XVIe, XVIIe et XIXe siècles ont été plus ou
moins rapidement considérés comme des modèles, voire comme des
prophètes, et ont pesé sur l’usage et l’évolution de la langue – songeons
1 Une partie des analyses développées dans ce chapitre nous a été inspirée
par une conférence donnée en 2002 par Karl Canvat.
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7 Voir chapitre 4.
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Sentir
9 Voir la section que nous avons consacrée à la lecture dans notre premier
chapitre.
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Comprendre
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Interpréter
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Le poète est donc quelqu’un qui touche à la langue, qui l’effleure, qui
la touche sans la toucher, en signe de respect, de reconnaissance ;
mais aussi qui la marque, qui la transforme en y apportant sa touche.
Le poète est également un héritier : il reçoit la langue en héritage.
Mais qu’est-ce qu’hériter ? Et hériter de la langue ? Tout d’abord, il
s’agit de la reconnaitre, la respecter avec son lexique et sa syntaxe
qui constituent sa loi. Puis de signer et contresigner cet héritage. Pour
Jacques Derrida, il n’y a pas d’héritage passif, recevoir passivement
un donné déjà là n’est pas hériter. « Hériter, dit-il, c’est réaffirmer en
transformant, en changeant, en déplaçant. »16 Au don de la langue, il
faut répondre par le don d’une marque, d’une signature, sur ce corps
reçu.
Hériter activement de la langue, y toucher, sont des activités définies
comme « expérience[s] de la langue » dans son « essence spectrale » ;
la langue n’est jamais identique à elle-même : quand les mots font
retour, la langue se répète à la fois comme elle-même et comme autre,
comme à chaque fois autre. Le comme telle de la langue est marqué
par cette « errance spectrale » dont font l’épreuve et l’expérience les
poètes. Jacques Derrida va alors proposer de définir le poète à partir
de l’expérience de la langue comme « une expérience comme telle »
et qui apparait « comme telle dans la poésie, la littérature et l’art »17.
Plus précisément, il faut nuancer l’idée même de définition, car
Jacques Derrida n’utilise jamais le verbe définir et rarement la copule
est, quand il s’agit d’approcher le poète, mais il a recourt au verbe
appeler selon des modes et des temps qui varient :
J’appellerais poète celui qui en fait l’expérience le plus à vif. Quiconque
fait à vif l’expérience de cette errance spectrale, quiconque se rend à
cette vérité de la langue, est poète, qu’il écrive ou non de la poésie.
On peut être poète au sens statutaire du terme dans l’institution
littéraire, c’est-à-dire écrire des poèmes dans l’espace de ce qu’on
appelle « la littérature ». J’appelle poète celui qui laisse le passage
à des évènements d’écriture qui donnent un corps nouveau à cette
essence de la langue, qui la font paraitre dans une œuvre. […] Créer
une œuvre, c’est donner un nouveau corps à la langue, donner à la
langue un corps tel que cette vérité de la langue y paraisse comme
telle, y apparaisse et disparaisse, apparaisse en retrait elliptique18.
16 Ibid., p. 88.
17 Ibid., p. 90.
18 Ibid., p. 90. Pour le concept d’œuvre, qui doit être entendu dans un
sens radicalement différent de celui de R. Barthes, cf. J. Derrida, Papier
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et la loi (qu’il s’agisse du droit relatif aux livres, aux auteurs… ou qu’il
s’agisse du règlement d’une bibliothèque) : le titre FABLE est semblable
à la ruse d’Ulysse : mon nom est personne, répond-il au Cyclope ;
mon nom est FABLE, dit le texte de Ponge, je suis une fabulation, une
invention, je ne suis pas réelle… Néanmoins, les bibliothécaires, les
agents de l’État… sont tenus d’archiver ce titre, de le tenir pour réel,
pour vrai, alors qu’il oscille entre le vrai et le faux ; par là même
ils inscrivent la possibilité de la fraude, de la supercherie… au sein
même de la légalité, du droit…
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mais qui dit amalgame dit aussi mélange d’éléments différents qui ne
s’accordent guère et donc un certain artifice. Autrement dit, peut-on
tolérer l’artifice, le mélange, l’alliage de la fable : l’alliage d’un titre et
d’un texte, l’alliage d’un récit et d’une morale, l’alliage de la vérité et
de la première ligne d’un texte… ? Si le mot tain, par un effet métony-
mique, désigne le miroir, donc le reflet, la spécularité…, les mêmes
questions se reposent autrement : peut-on tolérer les effets de miroir
entre le titre et le texte, le récit et la moralité, la vérité et la première
ligne… ? Il faut encore ajouter ceci : le mot tain est une altération du
mot étain d’après la forme teint (du verbe teindre). Donc le mot qui
pourrait désigner le miroir a déjà été brisé (et il peut désigner le miroir
grâce à cette brisure, à cette altération) ; de plus l’altération est due
à une forme verbale qui dit à la fois l’imprégnation d’une matière
par une couleur, mais aussi la modification, voire la falsification…
On se teint les cheveux pour échapper à la police, comme l’écrivain
doit dire sans dire, feindre, recourir au mentir-vrai pour échapper au
pouvoir, à la force (dont la raison est toujours la meilleure).
Mais il s’agit du tain sous l’une et l’autre…
L’une et l’autre : la première ligne et la vérité, Fable et la fable, Fable
et la première ligne, Fable et la vérité, la première partie et l’autre…,
mais aussi, peut-être, nos difficultés. Rien ne permet d’identifier
clairement l’une et l’autre. Tout au plus sait-on qu’elles sont unies
tout en étant différentes comme lune et terre (ne pas taire la vérité…),
l’une et l’autre, du moins pour le moment, car après elle (l’une d’entre
elles ?) brisera le miroir. Cette union opéré par la conjonction et est
reflétée dans la vérité et les difficultés. À moins que l’autre ne soit pas
féminin, qu’il s’agisse d’une union hétérosexuelle : l’une et l’autre,
l’étranger, le « cher lecteur »…
Le tain est glissé sous l’une et l’autre. Le reflet concernerait donc
moins l’entre : le reflet entre première ligne et vérité… que le reflet
entre vérité et première ligne et l’autre (le monde, la vie… ?) À moins
qu’il ne faille entendre « Mais ce mot tain sous l’une et l’autre, sous
la première et la deuxième ligne, peut-il être toléré ? » Peut-on tolérer
que le tain soit sous la première et la deuxième ligne, peut-on tolérer
qu’une troisième ligne existe, fût-ce comme un tain ou qu’elle fasse
office de tain, peut-on accepter le reflet, la réflexion après la vérité,
surtout si cette vérité a déjà été dédoublée, voire reflétée… ? En effet,
la deuxième ligne dit que la première ligne dit la vérité, la deuxième
ligne dit donc la vérité de la première ligne qui dit la vérité sans la
dire, sans dire le mot vérité ni la vérité de la vérité. Quand on dit la
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Chapitre 6
Le texte narratif
Introduction
Les chapitres que nous venons de consacrer aux textes dramatiques et
poétiques ne peuvent dissimuler le fait que la majorité des travaux de
la théorie de la littérature portent sur le texte narratif. C’est pourquoi
le présent chapitre, qui vise à en donner un aperçu, sera le plus long.
On s’y interrogera tour à tour sur les constituants fondamentaux du
récit, sur les mondes – ou les univers référentiels – qui lui servent de
matière, et sur les différents genres auxquels il a donné lieu.
1 Dans Temps et récit, vol. 1, op. cit., pp. 13-17, puis dans Soi-même
comme un autre, Paris, Seuil, 1990, p. 138.
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2 Dans L’analyse des récits, Paris, Seuil, 1996 (Mémo), pp. 14-16.
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Intérêt et principal. »
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant.
– La diégèse a pour objet les sorts contrastés des deux personnages et
leurs actions respectives (la cigale, qui vit dans le dénuement, rend
visite à la fourmi, l’implore de l’aider, ce que cette dernière refuse
de faire, en ironisant sur l’inconséquence de sa visiteuse). Comme
dans tout récit, il y a là des personnages (deux animaux humanisés
par l’usage de la parole et dotés d’intentions complexes) inscrits
dans un contexte spatio-temporel donné (l’hiver, le domicile de
la fourmi), ainsi qu’une action identifiable en termes d’intrigue
(la cigale cherche à combler un manque) et de tension narrative
(comment la fourmi accueillera-t-elle la demande de la cigale ?).
– La narration est prise en charge par un narrateur externe, sans
identité repérable, qui relate l’histoire à la 3e personne, en se
situant après les évènements (il emploie le passé), et en alternant
les passages descriptifs (« La cigale […] se trouva fort dépourvue » ;
« La fourmi n’est pas prêteuse »), les passages narratifs (« Elle alla
crier famine » ; « lui dit-elle ») et les passages dialogués, les uns en
discours indirect (« La priant de lui prêter »), les autres en discours
direct (« Que faisiez-vous au temps chaud ? […] – […] Je chantais,
ne vous déplaise. – Vous chantiez, j’en suis fort aise,/Eh bien dansez
maintenant ! »).
– Quant à la mise en texte, elle se caractérise notamment par l’usage
de vers réguliers (décasyllabiques) à l’exception du 2e vers, où
« tout l’été » est, du coup, fortement mis en évidence, de rimes,
de certaines figures (comme la métonymie lorsque l’hiver est
symbolisé par la brise, ou l’ellipse dans la phrase « Pas un seul petit
morceau… ») et par le caractère comique du discours attribué à la
cigale, qui amuse par son mélange de réalisme (« Je vous paierai
[…], intérêt et principal »), et de fantaisie (« foi d’animal »).
Attachons-nous à présent à détailler les composantes de chacun de
ces niveaux d’analyse, à commencer par la diégèse.
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1. La diégèse
La diégèse, dont le nom vient du mot grec diégésis, est parfois appelée
« fiction » (par exemple par Reuter). Ce dernier terme fait cependant
problème dans la mesure où, d’une part, toutes les histoires racontées
ne sont pas à proprement parler « fictionnelles », et d’autre part, loin
d’être limitée aux textes narratifs, la fiction est un univers référentiel
qui sert aussi abondamment de matière aux textes dramatiques et
poétiques. On s’efforcera donc de réserver le mot fiction au phénomène
général de « feintise ludique » tel que l’a analysé notamment J.-M.
Schaeffer (Pourquoi la fiction, 1999), et celui de diégèse à la matière
narrative.
Toute diégèse comporte quatre types d’éléments : des actions, des
personnages, un espace et une temporalité.
a. Les actions
Les actions d’un récit sont analysables selon deux points de vue complé-
mentaires, tous deux fondamentaux : d’un côté, on peut s’attacher à
identifier leurs récurrences et leur organisation commune ; de l’autre,
on peut s’intéresser aux effets qu’elles visent à produire sur le lecteur.
Le premier point de vue est celui la mise en intrigue, le second celui
de la tension narrative.
La mise en intrigue a fait l’objet de l’immense majorité des travaux
des narratologues jusqu’à nos jours. Elle est déterminée par le couple
fondamental nœud/dénouement, qui peut apparaitre à différents
niveaux du même récit. La fable de La Fontaine a ainsi pour nœud
principal le manque éprouvé par la cigale (« La cigale […] se trouva
fort dépourvue »), et pour nœud secondaire, subordonné au premier,
la demande adressée par la cigale à la fourmi (« Elle alla crier famine
chez la fourmi sa voisine »). Le dénouement, qui consiste dans la fin
de non-recevoir adressée par la fourmi (« Vous chantiez ? J’en suis fort
aise ! Eh bien, dansez maintenant ! »), porte seulement sur le nœud
secondaire (la demande de la cigale échoue), mais implicitement, on
peut en déduire qu’il fait échouer également le nœud principal (le
manque éprouvé par la cigale reste inabouti).
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Tension narrative
… anticipation…
Infirmation de l’anticipation :
Surprise
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Dans les pages qui suivent, nous décrirons surtout les différentes
formalisations qui ont été faites de la mise en intrigue, mais on gardera
à l’esprit que l’enjeu essentiel du récit – du point de vue de l’auteur
comme du lecteur – se situe bien davantage du côté des effets de
curiosité, de suspense et de surprise qui sont produits par le texte.
Les schémas narratifs que l’on va décrire sont néanmoins utiles pour
décrire la structure de l’action.
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(NŒUD) (DÉNOUEMENT)
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Mais le même récit peut être lu comme celui d’une initiation philoso-
phique. Dans ce cas, la situation initiale est celle de l’optimisme naïf
et de l’ignorance où se trouve Candide dans le premier chapitre, la
perturbation est la contradiction qui apparait dès le deuxième chapitre
entre cet optimisme est les évènements auxquels le héros est confronté
(son éviction du château, puis la découverte d’une succession d’hor-
reurs et d’exactions), l’action est la tentative répétée que fait Candide
pour donner sens à ces évènements, le dénouement est la découverte,
au dernier chapitre, que la doctrine de l’optimisme s’avérait en fait
mensongère, et la situation finale montre le héros absorbé par une
nouvelle vision du monde (« il faut cultiver notre jardin ») fondée sur
l’action quotidienne dans un cadre de vie modeste.
Cet exemple montre bien que le même récit peut se voir appliquer diffé-
rents schémas narratifs simultanés. Qui plus est, la plupart des récits
combinent plusieurs schémas narratifs minimaux qui s’enchainent
pour former l’histoire. Ainsi, pratiquement chaque chapitre de
Candide relate une micro-crise où l’on voit le personnage confronté à
une nouvelle perturbation qu’il lui faut résoudre avant de passer à la
suivante et d’enfin pouvoir dénouer la perturbation principale.
Le schéma quinaire est un bon outil pour mettre en relation l’état
initial et l’état final d’un récit et pour identifier ce qui a été trans-
formé ou non dans l’histoire, ce qui était son enjeu. Il permet aussi
d’objectiver l’effet qui résulte, dans certains récits, de l’absence de
dénouement, en distinguant les fins « fermées » (avec dénouement
et situation finale) et les fins « ouvertes » (en queue de poisson). Ce
schéma reste cependant très général et ne suffit pas à rendre compte
de la complexité ou de la finesse d’un récit.
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Conséquence
Résultat (atteint
de la Issue du conflit Résultat
ou non)
catastrophe
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b. Les personnages
Greimas12 définit les actants comme des personnages types, des forces
purement logiques, qui se retrouvent dans tout récit et que l’on peut
grouper en six classes différentes, articulées autour de trois axes :
– l’axe du vouloir ou du désir lie le sujet à l’objet, lequel peut être
un personnage ou une chose (exemple : le chevalier recherche la
princesse, l’aventurier recherche un trésor) ;
– dans l’axe du pouvoir, l’adjuvant aide le sujet, tandis que l’opposant
lui fait barrage ;
– dans l’axe du savoir ou de la communication, le destinateur charge
le sujet de sa quête et le destinataire sanctionne son résultat, ces
deux rôles pouvant être assumés par le même personnage (exemple :
le roi envoie le chevalier, puis le récompense), voire parfois par
le sujet lui-même (ainsi, l’amoureux se définit pour lui-même son
propre objet de désir).
Destinateur Adjuvant
Sujet Objet
Opposant Destinataire
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Les effets-personnages
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c. L’espace
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d. Le temps
L’analyse peut par ailleurs repérer différents effets de sens qui sont
associés au temps de l’histoire. Celui-ci apparait-il comme précis
ou incertain, comme long ou bref, comme limité ou ouvert, comme
structuré par des oppositions (du type passé/présent), comme multiple
ou centré sur un évènement, comme collectif ou centré sur une famille
ou un individu… ? Il arrive aussi que le temps soit thématisé comme un
élément fondamental : c’est le cas dans les récits qui relatent l’attente
étirée d’un évènement (chez Proust par exemple) ou la recherche d’un
passé oublié (récits ayant pour thème l’amnésie, comme la série BD
XIII de Vance et Van Hamme).
2. La narration
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Des récits peuvent être emboités dans d’autres récits selon trois grands
modes : (a) un personnage peut devenir à son tour narrateur d’une ou
plusieurs histoires (comme dans Le Décameron ou Les mille et une
nuits), (b) l’auteur peut affirmer tenir l’histoire de quelqu’un d’autre
(procédé de l’histoire rapportée ou du manuscrit trouvé, comme dans
Le nom de la rose d’Umberto Eco) ; (c) une histoire secondaire peut
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b. Le temps de la narration
Le moment de la narration
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TR
La fréquence
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L’ordre
3. La mise en texte
Après avoir traité de la diégèse et de la narration, venons-en enfin à
la troisième composante du récit : celle de sa verbalisation, de son
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L’organisation des temps verbaux dans les récits est bien plus
complexe que l’opposition récit/discours que nous avons évoquée
précédemment. Elle est aussi très diversifiée en raison de la variété
des effets recherchés. Nous nous limiterons ici à l’alternance passé
simple/imparfait qui présente bien souvent une valeur narrative
(cf. Germinal).
Le passé simple est fréquemment employé pour les évènements
principaux de l’histoire, ceux qui font progresser l’action. Ils se
détachent ainsi de l’arrière-plan, constitué par les propositions
comprenant un verbe à l’imparfait, qui participent de la compré-
hension, mais ne font pas avancer véritablement l’histoire.
Le jeu des temps peut également produire un effet narratif. C’est le
cas pour les romans modernes qui utilisent de plus en plus les temps
du présent et du passé composé. À l’inverse du passé simple qui
narrativise, « mythifie » le récit, ces deux temps sont perçus comme
plus décapants, plus secs : ils relativisent l’histoire et lui confèrent
une authenticité brute. Le premier roman à user abondamment de ces
deux temps fut L’étranger de Camus.
L’usage des temps peut faire l’objet d’infractions apparentes, qui
sont parfois des effets de sens ou de style. Par contre, les conteurs
qui ont livré les contes populaires qui étaient ancrés dans la tradition
commettaient souvent des maladresses qui étaient dues au flottement
plus grand de l’oral.
b. La progression thématique
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1. Le mythe
Le mythe est le premier genre narratif à s’être illustré dans l’histoire des
hommes. « Récit sacré des origines », porteur de vérités universelles et
fondateur de rites, selon la définition de Mircea Eliade25, ce genre est
aussi, selon l’historien Georges Dumézil26, le propre des sociétés peu
organisées, qui recourent peu – voire pas du tout – à l’écriture. Dans
ces contextes, le récit mythique sert à propager une vision partagée
du monde, et sa transmission orale facilite l’adhésion du groupe à une
interprétation commune.
Dans chaque religion, les mythes relatent les exploits ou les mésaven-
tures de héros (Hercule, Œdipe, énée) ou de pères fondateurs (Moïse,
Jésus, Abraham), dont l’expérience est sacralisée. Mais le mythe est
loin de se réduire au domaine religieux : au fil des siècles, il a investi
des matières profanes et des héros modernes, réels ou fictifs, perçus
comme particulièrement fascinants et emblématiques de certains
rêves ou de certaines valeurs (de Don Juan à Che Guevara en passant
par Faust, Napoléon, Marylin Monroe ou Lady Di). Plus récemment,
les héros mythiques ont été rejoints par des objets et des évène-
ments, la sacralisation mythique s’exerçant désormais tout autant sur
l’Automobile, la Télévision, l’Internet ou le Tour de France que sur
les vedettes et les grands hommes. Enfin, la matière mythique, dans
sa diversité, constitue, depuis toujours, le fondement sous-jacent de
bien des récits et une des sources majeures de la fascination secrète
exercée par la littérature.
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2. L’épopée
Traits constitutifs27
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3. Le conte
Plusieurs genres en un
Traits constitutifs
Même dans ses versions les plus littéraires, le conte est un récit que
l’on « ra-conte ». Il comporte dès lors presque toujours des marques
d’oralité, qui, dans les récits populaires, sont repérables notamment au
début et à la fin du récit, dans les formules d’ouverture et de clôture.
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Le conte se signale enfin par les fonctions qu’il exerce. Pour nous en tenir
au conte merveilleux, celui-ci remplit d’abord une fonction psycho-
logique chez les enfants en les confrontant à des désirs inavoués qui
contribuent à la formation de leur personnalité30. Mais le conte exerce
aussi une fonction sociale : dans ses versions populaires, il renforce
la cohésion sociale, non plus sur la base de croyances religieuses,
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4. Le roman
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5. La nouvelle
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1. Le récit réaliste
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La surdétermination réaliste
Le récit policier relève pour une large part du récit réaliste, auquel
il emprunte la plupart de ses procédés. Ce genre de récit, qui a pour
thème central la tension produite par un ou plusieurs meurtres qui
ont eu lieu ou sont sur le point de se dérouler, n’atteint en effet sa
pleine efficacité que s’il permet à son lecteur d’y croire, en favorisant
le jeu de l’illusion référentielle. Pour autant, le « polar » est loin de
constituer un genre unique. Il n’existe pas un récit policier, mais
plusieurs catégories de récits qui participent au genre policier.
Le récit d’énigme criminelle « ludique » est le plus emblématique du
genre. Le lecteur y est confronté à une énigme puis à une enquête,
menée par un héros exceptionnellement subtil (le chevalier Dupin,
Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Miss Marple, Rouletabille…) au fil
de laquelle lui sont livrés tous les indices nécessaires pour trouver le
coupable. Les romans d’Arthur Conan Doyle, d’Agatha Christie et de
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Le récit de science-fiction
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Origines
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Aujourd’hui
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mais l’auteur ne se prive pas d’y mêler des éléments de fiction pour
piéger le lecteur. Ainsi, dans Le portrait du joueur de Philippe Sollers,
le narrateur-héros s’appelle Philippe Sollers comme l’auteur (le pacte
est donc feint), mais il explique que son véritable nom est Philippe
Diamant… Or, à l’état civil, le vrai nom de Sollers est Philippe Joyaux :
la fiction se mêle donc à la réalité.
Définitions
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1 Pour tout ce qui va suivre, nous renvoyons le lecteur désireux d’en savoir
plus à V. Jouve, La lecture, op. cit., et à J.-L. Dufays, Stéréotype et lecture,
op. cit.
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1. L’orientation préalable
Toute lecture commence par une phase de pré-réception où le lecteur
se prépare à lire en mobilisant dans ses affects et sa mémoire des désirs
et des codes présupposés qui permettent d’emblée d’accorder au texte
sens et valeur. Cette lecture d’avant la lecture comporte elle-même
deux aspects, l’un axiologique et affectif, que nous appellerons la
finalisation, l’autre sémiotique et cognitif, que nous appellerons le
précadrage.
a. La finalisation
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b. Les précadrages
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2. La compréhension locale
Mais lire ne se limite pas à reconnaitre des signes isolés. Pour que le
texte puisse prendre sens, il faut nécessairement qu’on y reconnaisse
des structures sémantiques Cette reconnaissance joue toujours sur
plusieurs tableaux à la fois : tout ce qui est lu est aussitôt situé dans le
micro-contexte de la proposition (ou, si l’on préfère, de la « phrase »,
au sens logique du terme), dans les contextes intermédiaires que sont
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d. La lecture « poétique »
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3. La compréhension globale
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STÉRÉOTYPIES, SYSTEMES DE
codes collectifs RÉFÉRENCE,
codes individuels
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C. L’évaluation du texte
On ne peut enfin ignorer que toute lecture comporte une démarche
évaluative. En lisant, on ne dote pas seulement le texte d’un sens et
d’une fonction, on le soumet aussi à un jugement de valeur. Comme
nous l’avons déjà dit, celui-ci peut bien sûr se faire selon des critères
variés : il peut être moral (le Bon), esthétique (le Beau), référentiel (le
Vrai), il peut aussi se fonder sur la valeur sémantique (unité/polysémie),
l’originalité (banalité/nouveauté), la charge émotionnelle (tension/
impassibilité), l’intérêt thématique (intérêt/désintérêt)20. Mais, dans
chaque cas, le lecteur choisit de privilégier une méta-valeur en optant
soit pour la conformité, qui est la valeur « classique » par excellence,
soit pour la subversion, qui est la première des valeurs « modernes ».
Toute évaluation en effet est comparative : tandis que certains lecteurs
(qu’on peut qualifier de « classiques ») apprécient surtout les textes qui
respectent la morale traditionnelle, les canons esthétiques reconnus et
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pluriel, ouverture
La densité sémantique unité, clôture (un sens)
(significations)
éclatement,
La portée esthétique harmonie, clarté
complexité
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1. L’explication traditionnelle
Une manière classique d’expliquer le conte de Villiers de l’Isle-Adam
« À s’y méprendre ! »23 (texte en annexe) consiste à dire qu’il repose
sur un parallélisme subtil entre le spectacle des suicidés de la morgue
et celui des gens d’affaires. Le narrateur, dira-t-on, a raison de croire
qu’il n’y a nulle différence réelle entre ces deux scènes, puisqu’il s’agit
de part et d’autre d’êtres morts – mort physique pour les uns, mort
spirituelle pour les autres. On en conclut que le second spectacle n’est
que la transposition symbolique du premier et que le récit vise, sur le
mode de l’allégorie, à dénoncer le caractère mortifère des activités
financières et à proclamer, comme tous les textes de Villiers, le primat
du spirituel sur le temporel.
à cette explication générale peuvent s’ajouter des considérations parti-
culières relatives soit à la manière dont l’œuvre a été engendrée – on
met alors en relief l’habileté de l’auteur à rapprocher les deux scènes
en n’y introduisant que des termes et des référents à double entente (les
vêtements appendus aux colonnes, les tables de marbre, l’apparence
méditative des personnages, leurs regards vides, leurs portefeuilles
ouverts, les robinets qui les arrosent...) –, soit à l’ancrage du récit dans
un contexte référentiel « réel » – est alors soulignée la conformité des
lieux évoqués avec la morgue et un café d’affaires que l’on pouvait
observer dans le Paris des années 1870 (la morgue se situait bien tout
près des quais de la Seine, derrière Notre-Dame, et la description du
café est celle de la salle Le Peletier, qui fut effectivement détruite par
un incendie en 187324).
— 160 —
2. La lecture réaliste
De prime abord, « À s’y méprendre ! » apparait comme le récit d’une
anecdote qui requiert une lecture à la fois fragmentaire et référen-
tielle : avant de pouvoir donner d’emblée un sens global à l’ensemble,
le lecteur est obligé de recueillir pêle-mêle les premiers éléments sûrs
qui s’offrent à sa compréhension, en l’occurrence les signifiants qui
renvoient aux référents d’un univers extratextuel connu. Nul autre
recours à ce stade que de conférer aux mots la fonction mimétique
qu’ils exercent dans la communication ordinaire, c’est-à-dire de
— 161 —
— 162 —
Mais s’il convient pour lire la poésie, ce mode de lecture est a fortiori
celui de la prose narrative, car c’est dans ce type de texte que la fonction
mimétique du langage est le plus mobilisée26. « Une grise matinée de
novembre », « les quais de la Seine », « un rendez-vous d’affaires »,
« l’auvent d’un portail », toutes ces expressions sont concrètes, réfèrent
à des entités tangibles qu’on peut observer dans le monde réel, et cela
se vérifie jusque dans le détail, puisque, comme on l’a vu plus haut,
il est possible au lecteur qui connait le Paris des années 1870 de faire
coïncider les lieux du texte avec des lieux existants.
Si elle est systématisée et érigée en mode de lecture, cette posture inter-
prétative nous permet de participer à l’action du texte, de supprimer
la distance qui sépare son univers du nôtre. Le texte est alors reçu
comme un espace de fantasmatisation, comme un de ces jeux ouverts
que Donald Winnicott appelle le playing et que Michel Picard27 définit
comme l’une des composantes essentielles de toute lecture.
26 Sur ce point, cf. entre autres Tz. Todorov, « La lecture comme
construction », in Poétique de la prose, Paris, Seuil, 1980, pp. 175-177.
27 Cf. La Lecture comme jeu, op. cit.
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4. La lecture symbolique
Au rebours du lecteur pressé, celui qui a quelque familiarité avec les
textes de Villiers ne tarde pas à deviner que derrière la machinerie
mimétique et fantastique se cache quelque symbole. Il comprend
que le jeu auquel le texte le convie n’est pas seulement extratextuel
(identifier les référents) et architextuel (identifier le genre), mais
aussi intratextuel : ce qu’il convient en dernier recours de faire, c’est
d’identifier les différences qui s’établissent à l’intérieur même du texte
entre les deux séquences apparemment analogues. On retrouve là un
jeu bien connu des enfants : le jeu des sept erreurs. Deux tableaux
apparemment semblables sont présentés au lecteur, mais celui-ci doit
se souvenir que la répétition gratuite est en principe exclue dans la
prose « littéraire » – même dans le genre à part que constitue le récit
fantastique –, et qu’il s’agit dès lors de chercher les détails qui signi-
fient. Le jeu consiste à isoler l’information parmi la redondance, le
multiple au sein du même, le sens dans le pêle-mêle des signes indif-
férenciés.
C’est seulement au terme de cet examen minutieux que la lumière
peut enfin surgir : saisissant tout d’un coup (le sens surgit toujours
subitement, comme dans un éclair) que les signifiants utilisés pour
décrire les deux scènes peuvent signifier deux choses différentes, on
comprend que la seconde description n’est plus celle d’une morgue,
mais celle d’un café d’affaires. Tout alors devient clair : les « tables
de marbre » qui désignaient là les litières des cadavres désignent ici
les tables du café ; les « jambes allongées », la « tête élevée », les
yeux « fixes » et « sans pensée », l’« air positif » des personnages qui
signalaient là leur état cadavérique signifient ici qu’ils sont absorbés
dans leurs affaires ; les « portefeuilles » qui servaient là à identifier les
morts s’ouvrent ici pour permettre aux affaires de se conclure ; enfin,
les « robinets de cuivre destinés à l’arrosage quotidien de ces restes
mortels » qui répandaient là l’eau de la toilette ultime déversent ici
des consommations alcoolisées.
Le sens des derniers propos du narrateur apparait lui aussi clairement :
dire que « le second coup d’œil est plus sinistre que le premier »
signifie que la mort physique des suicidés est moins dramatique
que la mort spirituelle qui frappe les gens d’affaires, et la décision
finale de « ne jamais faire d’affaires » manifeste la répugnance que
suscite le sort de ces derniers. Pour dire les choses d’une manière
technique, la structure discursive globale se double instantanément
d’une structure axiologique ; sitôt distinguées, les deux scènes se
— 165 —
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rester sous l’emprise d’un charme, d’un inconnu qui le dépasse. Or,
de ces deux désirs, aucun n’a barre sur l’autre. Entre l’envie d’arrêter
le sens et celle de le laisser en suspens, c’est un combat sans fin qui
se joue, combat dont rendent bien compte des sémioticiens comme
Peirce ou Eco lorsqu’ils définissent la lecture comme une dialectique
entre la rationalisation pragmatique du texte et la stimulation de la
sémiosis illimitée.
5. Le sens en suspens
Mais qu’en est-il de cette dérive du sens, de cette sémiosis illimitée
dans le conte qui nous occupe ? Si la lecture symbolique s’avère
somme toute décevante, de quels moyens dispose le lecteur pour
relancer l’interprétation ? Il ne suffit pas de vouloir faire jouer le sens ;
encore faut-il que le texte s’y prête, que l’on puisse y déceler ce qu’Iser
appelle des Leerstelle, des « blancs », des indéterminations, des lieux
qui résistent à la logique de l’interprétation globale30.
Avec Villiers, Dieu merci, nous sommes servis. Est-ce vraiment une
surprise ? Si nous avons quelque connaissance de ses autres contes,
nous savons que, chez lui, rien n’est jamais absolument clair, aucun
problème définitivement clos. Dans « Le secret de l’ancienne
musique » par exemple, il n’hésite pas à se contredire, faisant l’éloge
tantôt de la musique nouvelle, tantôt de la musique ancienne. Dans
« Antonie », il s’abstient carrément de toute conclusion morale et
laisse le lecteur décider tout seul si la fidélité à elle-même qu’affiche
la demi-mondaine doit être comprise comme le comble du cynisme
ou comme l’ultime refuge de sa dignité.
Dans « à s’y méprendre ! », l’ambigüité ne concerne pas tant la
moralité que l’attitude du narrateur. Le parcours de lecture tâtonnant
qui vient d’être retracé a en effet permis de constater que le personnage
central de ce récit est tour à tour la dupe de l’illusion référentielle et
générique (il « croit » voir deux fois la même scène) et le révélateur de
la dimension symbolique du récit « la vie est un songe », nous glisse-
t-il subrepticement, puis, lors du dénouement, il laisse clairement
entendre qu’il a fort bien distingué les deux spectacles et détient la clé
de leur énigme). Le narrateur est donc successivement quelqu’un qui ne
comprend pas et quelqu’un qui sait, un halluciné et un clairvoyant ; il
— 167 —
— 168 —
— 169 —
Tel serait donc, en dernier recours, l’un des enjeux profonds des
Contes cruels : apprendre au lecteur à percevoir le rôle magique que
peuvent exercer le regard et partant, la lecture elle-même. Est-il leçon
plus spirituelle que celle-là ?
— 170 —
à s’y méprendre !
à M. Henri de Bornier
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux
(C. Baudelaire)
Par une grise matinée de novembre, je descendais les quais d’un pas
hâtif. Une bruine froide mouillait l’atmosphère. Des passants noirs,
obombrés de parapluies difformes, s’entrecroisaient.
La Seine jaunie charriait ses bateaux marchands pareils à des
hannetons démesurés. Sur les ponts, le vent cinglait brusquement
les chapeaux, que leurs possesseurs disputaient à l’espace avec ces
attitudes et ces contorsions dont le spectacle est toujours si pénible
pour l’artiste.
Mes idées étaient pâles et brumeuses ; la préoccupation d’un rendez-
vous d’affaires, accepté depuis la veille, me harcelait l’imagination.
L’heure me pressait : je résolus de m’abriter sous l’auvent d’un portail
d’où il me serait plus commode de faire signe à quelque fiacre.
A l’instant même, j’aperçus, tout justement à côté de moi, l’entrée
d’un bâtiment carré, d’aspect bourgeois.
Il s’était dressé dans la brume comme une apparition de pierre,
et malgré la rigidité de son architecture, malgré la buée morne et
fantastique dont il était enveloppé, je lui reconnus, tout de suite, un
certain air d’hospitalité cordiale qui me rasséréna l’esprit.
« à coup sûr, me dis-je, les hôtes de cette demeure sont des gens
sédentaires ! – Ce seuil invite à s’y arrêter : la porte n’est-elle pas
ouverte ? »
Donc, le plus poliment du monde, l’air satisfait, le chapeau à
la main, – méditant même un madrigal pour la maitresse de la
maison, – j’entrai souriant, et me trouvai, de plain-pied, devant une
espèce de salle à toiture vitrée, d’où le jour tombait, livide.
à des colonnes étaient appendus des vêtements, des cache-nez, des
chapeaux. Des tables de marbre étaient disposées de toutes parts.
Plusieurs individus, les jambes allongées, la tête élevée, les yeux
fixes, l’air positif, paraissaient méditer.
Et les regards étaient sans pensée, les visages couleur du temps.
Il y avait des portefeuilles ouverts, des papiers dépliés auprès de
chacun d’eux.
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1994 La parodie, Paris, Hachette (Contours littéraires).
SAREIL J.
1984 L’écriture comique, Paris, PUF (Écriture).
SCHOENTJES P.
2001 Poétique de l’ironie, Paris, Seuil.
La description
La « paralittérature »
BOYER A.-M.
1992 La paralittérature, Paris, PUF (Que sais-je ?).
COUEGNAS D.
1992 Introduction à la paralittérature, Paris, Seuil (Poétique).
MARTY R.
1976 Le roman populaire, Paris, Seghers.
La bande dessinée
BARON-CARVAIS A.
2007 La bande dessinée, Paris, PUF (Que sais-je ?) (1re éd. 1985).
FRESNAULT-DERUELLE P.
1972 La bande dessinée. Essai d’analyse sémiotique, Paris, Hachette.
GROENSTEEN Th.
1999 Système de la bande dessinée, Paris, PUF.
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PEETERS B.
1995 La bande dessinée, Paris, Flammarion (Dominos).
RENARD J.-B.
1986 Bandes dessinées et croyances du siècle. Essai sur la religion et le fantastique
dans la bande dessinée franco-belge, Paris, PUF (La politique éclatée).
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2008 Astérix ou la parodie des identités, Paris, Flammarion.
Le récit filmique
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1993 Le récit filmique, Paris, Hachette (Contours littéraires).
GAUDREAULT A.
1988 Du littéraire au filmique. Système du récit, Paris, Klincksieck (Méridiens).
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1999 L’adaptation cinématographique des textes littéraires. Théories et lectures,
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L’essai
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1982 La parole pamphlétaire. Typologie des discours modernes, Paris, Payot.
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2000 Lire l’essai, Bruxelles, De Boeck (Savoirs en pratique).
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2003 Approches de l’essai. Anthologie, Québec, Nota Bene (Visées critiques).
— 201 —
LITS M.
1994 L’essai. Vadémécum du professeur de français, Bruxelles, Didier Hatier
(Séquences).
— 202 —
— 203 —
Introduction 5
A. Pourquoi s’intéresser à la littérature ? 6
1. Les enjeux passionnels 7
2. Les enjeux rationnels 8
B. La théorie de la littérature, pour quoi faire ? 10
— 205 —
— 206 —
— 207 —
ANNEXE
à s’y méprendre ! 171
Bibliographie 175
Présentation des auteurs 203
— 208 —