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Les réalités de la ‘réalité’

Pourquoi la réalité pique-t-elle encore notre curiosité?


Pourquoi avons-nous encore le sentiment d’être perdus
200.000 plus tard?
Quel est l’avenir de la réalité?

Première partie
L’intériorité comme point
de départ
FRITZ DUFOUR, MBA, DESS
Publié le 16 mars 2018

Electronic copy available at: https://ssrn.com/abstract=3142030


TABLE DES MATIÈRES
Remerciements…………………………………………………………………………….3
Pourquoi j’ai décidé d’écrire cette série…………………………………………………...4
Introduction………………………………………………………………………………..5
Chapitre I. La perception et nos sens dans l’interprétation de la réalité………………...10
1. À propos de la perception…………………………………………………………………11
2. Les cinq sens visibles……………………………………………………………………...12
3. Les cinq sens invisibles……………………………………………………………………23
Chapitre II. Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité…………………………26
Chapitre III. L’esprit, générateur par excellence de la réalité……………………………38
1. La psychologie avant la deuxième guerre mondiale : un aperçu………………………...42
2. La psychologie après la deuxième guerre mondiale : un aperçu………………………...48
Chapitre IV. Qu’est-ce que la réalité? Une tentative d’explication à travers cinq questions
1. Qu’est-ce que la matière et pourquoi ses composantes ne se ressemblent-elles pas?.......60
2. Qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?..............................................................66
a. Signification de la vie………………………………………………………………..68
b. Les origines de la vie………………………………………………………………...75
3. Qu’est-ce que la mort?.......................................................................................................91
a. Définition de la mort…………………………………………………………………92
b. Expérience de mort imminente………………………………………………………97
c. L’au-delà……………………………………………………………………………101
4. Qu’est-ce que la superstition?..........................................................................................109
a. Définition de la superstition………………………………………………………...109
b. Mythologie Versus Superstition……………………………………………………113
c. La superstition peut-elle modifier la réalité?.............................................................114
d. La magie noire peut-elle modifier la réalité?.............................................................125
5. Qu’est-ce que l’espace et sommes-nous seuls dans l’univers?........................................137
a. Qu’est-ce que l’espace?.............................................................................................138
i. Le soleil et notre galaxie, la Voie lactée………………………………………..139
ii. Naissance de la Terre et de la Lune…………………………………………….143
b. Sommes-nous seuls dans l’univers?...........................................................................145
i. L’équation de Drake……………………………………………………………149
Conclusion……………………………………………………………………………...152
Bibliographie……………………………………………………………………………156
Du même auteur………………………………………………………………………...161

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.

Electronic copy available at: https://ssrn.com/abstract=3142030


REMERCIEMENTS

J'aimerais dédier cette série à ...

Mon ami d'enfance feu Pierre-Bernard Jean qui est mort


dans la fleur de l'âge. En grandissant, nous nous faisions
concurrence pour voir qui de nous deux savait plus que
l'autre. Ce faisant, il m'a inculqué le désir de toujours
apprendre, la soif de savoir et la propension à toujours
douter et à me questionner (le genre de choses que les gens
copient habituellement sur leurs frères et sœurs
académiquement compétents au lieu de voisins). Parfois,
la compétition « intellectuelle » minait notre amitié, mais
dans l'ensemble, elle était saine. Alors, merci mon cher ami
et que votre âme repose en paix!

………………………….

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
POURQUOI J’AI DÉCIDÉ D’ÉCRIRE CETTE SÉRIE

Qu'est-ce qui m'a incité à écrire cette série? Eh bien, à partir du moment où je suis devenu conscient de mon
environnement (vers l'âge de deux ans), il y a une chose qui a toujours été récurrente dans toute ma vie: le
changement. Tout d'abord, je m'intéressais aux changements auxquels mon corps était soumis (nouvelles
dents, nouvelle taille et nouveau poids au fil des années, puberté, etc.). Ensuite, j'ai commencé à remarquer
que je n'étais pas le seul à changer. Mes pairs changeaient aussi. Mes parents changeaient (plus de cheveux
gris, ma mère devenait plus indulgente envers moi et mes frères et sœur, etc.). Vers l'âge de 25 ans, j'étais
capable de prendre ma vie en main en prenant des mesures courageuses susceptibles de la changer pour le
meilleur ou pour le pire. À ce moment-là, j'ai été frappé par le rythme frénétique auquel mon environnement
changeait, surtout après avoir déménagé aux États-Unis. J'ai commencé à vraiment me questionner, à douter
et à essayer de comprendre la quintessence de notre monde: la réalité. Mon raisonnement était le suivant:
si les humains sont en désaccord sur presque tout, c'est probablement parce que nous ne voyons pas la
réalité de la même manière; et si tel est le cas, cela signifie qu'il doit y avoir plus d'une réalité. Ce que nous
appelons réalité est probablement le produit, la somme, le reste ou le quotient des réalités de l'espèce
humaine. Mais j'ai réalisé que cette approche mathématique de la réalité n'est peut-être pas une panacée. Et
si la réalité n'existait pas vraiment? Et si elle était juste un vœu pieux? Je sais ce que vous pensez. Si vous
fermez les yeux et que quelqu'un vous pince, vous le sentirez et cela fera mal. Si vous êtes fauché, vos
mains sont liées et vous ne pouvez pas payer vos factures. Donc, c'est réel. Alors que je suis d'accord, mais
que faire si quelqu'un d'autre ne peut pas ressentir de la douleur parce qu'il souffre d'insensibilité congénitale
à la douleur? Cela veut-il dire qu'il n'ait pas été pincé? Parce que la seule façon pour lui de savoir, c'est qu’il
garde les yeux ouverts. Toute ma vie d'adulte a consisté à comparer, contraster et déduire.

Ce qui me frappe le plus, c'est à quel degré nous sommes différents les uns des autres en tant qu'espèce.
Nous sommes différents non seulement à cause de nos matériels génétiques, mais aussi à cause de la réalité,
communément appelée l'environnement. La réalité se forme à partir de chaque individu et ensuite nous
change individuellement et collectivement. À ce jour, je me rends compte que ma génération est en train de
remplacer la génération que j'ai considérée toute ma vie comme modèle (les baby-boomers), et il y a déjà
trois générations derrière la mienne : générations Y, Z et Alpha. Si j'ai de la chance, je serai probablement
témoin de l'émergence de la génération Bêta. Tout un changement, n'est-ce pas? Chaque nouvelle
génération a sa propre approche de la réalité et ajoute sa propre explication en créant de nouvelles réalités,
chemin faisant. J'ai donc décidé d'écrire cette série dans le but de mieux comprendre et d'expliquer d'abord
la notion complexe de réalité et les causes sous-jacentes de nos divergences quand il s'agit de la description
de la réalité et ensuite pourquoi il est possible que ce que nous pensons être la réalité ne soit qu'une
abstraction toujours changeante. De nos jours, la réalité change à un rythme très rapide. Alors que la science
et la technologie continuent de progresser, le monde devient de plus en plus vulnérable et fragile. Le
terrorisme, l'insécurité des frontières, les catastrophes naturelles, la pauvreté, pour ne nommer que ceux-là,
sont des facteurs majeurs susceptibles d'affecter et de définir nos modes de vie, affectant ainsi la réalité. Il
est plus que jamais opportun de réfléchir sur la réalité étant donné que la seule raison pour laquelle ces
problèmes existent est parce que nous existons en tant qu'espèce. C'est Jean-Paul Sartre qui a dit:
"L'existence précède l'essence". Cette série est un regard sur l'essence de la réalité: l'humanité, sans laquelle
la réalité elle-même n'existerait pas.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
INTRODUCTION

Si cette année était l'année 202018, ce qui signifie d'ici 200.000 ans et que j'écrivais sur la réalité,
où commencerais-je? Quelle serait la base que j'utiliserais pour mes arguments? Serais-je encore
capable de parler de philosophie, de psychologie, d'art, de mathématiques, de chimie, de physique
et de mécanique quantique? Serais-je capable de parler du cerveau et de l'esprit de la même manière
que je le fais aujourd'hui? Serais-je capable de spéculer sur la vie et la mort? Ces sujets seraient-
ils toujours pertinents dans ce bas monde? Dans 200.000 ans, serait-il encore nécessaire de
spéculer sur la réalité? Bien que les réponses à ces questions puissent être « peut-être » ou « peut-
être pas », une chose est certaine: dans 200.000 ans, les humains, si nous sommes encore là, seront
différents, si différents que la disparité sera semblable à l'œuf d'un insecte et à l'étape finale de sa
métamorphose: un imago, les stades de la larve et de la pupe se situant entre les deux. Eh bien, en
termes de réalité, quand le premier Homo Sapiens a émergé il y a 200.000 ans, il n'avait aucune
idée de ce que serait la réalité aujourd'hui en 2018. Sa réalité se limitait à essayer de survivre dans
un environnement difficile. Il devait d'abord apprendre à faire du feu, cueillir, puis cultiver sa
propre nourriture et chasser juste pour survivre. À supposer que notre espèce existe encore dans
environ 200.000 ans, ce dont nous sommes capables en 2018, comparé à ce dont nous serons
capables, est comparable à la réalité des premiers humains il y a 200.000 ans. Le fait est que la
réalité des humains n'est pas constante. Elle est variable, fluide.

Pour l'anecdote, je m'inscris parfois à de nombreuses newsletters qui paraissent intéressantes a


priori – elles le sont probablement – car je les vois comme une source d'information. Mais, après
quelques semaines, je commence à y perdre de l'intérêt et j'arrête de les lire. Je supprime
simplement les emails, en me disant "Je peux les lire à tout moment et rester informé" Au bout
d'un certain temps, même si je ne les ouvre pas, je réalise que cocher les cases correspondant à
chaque email et ensuite cliquer sur 'supprimer' était chronophage. Ok, maintenant j'ouvre chacun
d'eux et je clique sur le lien 'se désinscrire'. Parfois, je reçois un message disant: « Cela peut prendre
quelques semaines avant que votre adresse e-mail ne soit retirée de notre liste. » À l'heure qu'il est,
je reçois toujours des newsletters auxquelles je me suis désabonné il y a trois mois. Maintenant,
au lieu d'un sentiment de satisfaction et d'accomplissement éprouvé au départ, je suis frustré. Ma
perception a changé, donc la réalité que j'avais imaginée en m'inscrivant. Plusieurs fois, j'ai vu à
la télévision des gens dont les réalités ont changé après un accident grave, ou des anciens
combattants blessés qui ont perdu un membre qui disent que leurs réalités ont changé et ne seront
plus jamais les mêmes. Il n'y aura jamais un autre jour comme votre premier jour de travail.
Lorsque deux personnes vivent ensemble, il n'y a pas deux jours qui se ressemblent non seulement
parce qu'elles ont chacune leur propre réalité, mais aussi parce qu'elles s'efforcent d'améliorer ou
de composer avec la réalité qu'elles ont engendrée le jour où elles avaient décidé de vivre sous le
même toit.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Introduction

Ce ne sont que quelques exemples, parmi tant d'autres, de la fréquence et de la rapidité avec
lesquelles la réalité peut changer, ce qui fait de l'exploration des réalités sous-jacentes de la réalité
une énorme tâche qui nous exige de remonter le temps pour comprendre le présent et être capable
de spéculer sur le futur. Les générations passées ont tenté de définir la réalité, la réalité de leur
temps. Parfois, ils avaient raison, mais la plupart du temps, ce qu'elles pensaient être la réalité était
imparfait, si l'on se base sur des théories scientifiques ultérieures. Par conséquent, notre réalité
collective d'aujourd'hui sera sans doute, elle aussi, obsolète à l'avenir. La situation dans son
ensemble ou ce que la plupart d'entre nous ont tendance à appeler la réalité change selon la
génération qui la vit. Cette série examine la réalité sous différents angles. Elle fait le va et vient
dans le temps pour expliquer la versatilité de la réalité. À travers les sujets que je vais aborder, je
tenterai d'expliquer pourquoi l'Homme est encore intrigué par la réalité après 200.000 ans
d'existence.

La Terre a 4,5 milliards d'années. Les mammifères devaient attendre que des rochers, de l'eau, des
insectes, des poissons et des reptiles apparaissent. Nous, les humains, sommes des mammifères,
mais nous sommes apparus il y a seulement 200.000 ans. En d'autres termes, nous sommes la
dernière espèce de mammifères à avoir émergé. Pour la plupart des espèces, de l'ère paléozoïque
à l'ère cénozoïque, la réalité n'a pas changé. Elles naissent, elles grandissent et se développent,
elles s'adaptent à l'environnement, elles se reproduisent et meurent. Les humains font à peu près
les mêmes choses, mais sur ces entrefaites, il y a la réalité qui, bien sûr, a un impact sur notre
naissance, notre croissance et notre développement, notre adaptation à l'environnement, notre
reproduction et notre mort. Bien sûr, mourir est ce qu'il est: mourir, ce qui est pareil pour nous
tous. Je veux dire par mourir, la mort somatique, qui est la même pour tout le monde, dans le sens
de cessation de toutes les activités biologiques, physiologiques et psychologiques, mais les facteurs
qui influent sur notre mort peuvent différer d'un individu à l'autre. Il en est de même pour les
facteurs impliqués dans la façon dont nous nous développons et évoluons et la façon dont nous
nous reproduisons. En tant qu'espèce, nous sommes tous soumis aux mêmes exigences physiques
et générales de survie: eau, nourriture, chaleur, oxygène, pression, abri, vêtements et soins de santé.
Si ces éléments étaient tout ce dont nous avions besoin, alors nous serions comme tous les autres
êtres vivants de la biosphère. Il n'y aurait pas de différence entre les animaux et les humains. Ce
qui fait de nous des humains, c'est précisément la réalité toujours intrigante et le désir de la
comprendre.

De tout ce que j'ai dit jusqu'ici, quelle serait votre réponse si je vous posais la question de savoir:
"Qu'est-ce que la réalité?" Je suppose que votre première réaction serait d'abord de vous placer
mentalement au cœur de l'immensité de notre monde, ensuite, envisager un monde qui n'existe que
dans votre esprit avant que vous puissiez trouver une réponse satisfaisante. Même là, la réalité que
vous décririez serait, dans la plupart des cas, différente de la réalité de tout le monde. Si tel est le
cas, la réalité est une abstraction, c'est-à-dire quelque chose dont il est impossible à définir ce qui
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Introduction

la rend vraie. Parce que nous essayons, cela fait des éons, de comprendre le monde dans lequel
nous vivons, il n'y a aucun doute que nous sommes dotés d'un esprit, ce que les espèces non-
humaines n'ont pas. Notre esprit façonne la réalité et est, en même temps, façonné par la réalité. Il
y a une relation symbiotique entre nous et la réalité. L'esprit donne un sens à la réalité, que
j'appellerai l'environnement pour l'instant, grâce aux sens, qui jouent le rôle de médiums. La
conscience de l'environnement à travers les sens s'appelle perception. Nous ne pouvons pas
percevoir sans nos sens. Elles sont une condition sine qua non pour que notre esprit conçoive et
interprète la réalité ou les réalités dont nous sommes tous entourés. Aussi important que puissent
être nos sens, cette première partie de la série donne plus de poids à l'esprit. Nous voyons,
entendons, sentons, goûtons et touchons tous de la même manière, sauf en cas d'anomalies. Mais,
nous interprétons la réalité différemment parce qu'il y a plus de différence dans la façon dont nous
voyons le monde que dans la façon dont nous en sommes conscients.

Ce livre est le premier d’une série qui examine les divers aspects de la réalité. Je l’intitule
‘L’intériorité comme point de départ’ parce que la réalité puise ses racines à partir de chacun de
nous individuellement et indépendamment. Cela commence par notre intériorité avant d'évoluer
vers ce que j'appellerais la réalité collective, c'est-à-dire un état universellement accepté dans
lequel des groupes de personnes, des nations entières ou le monde entier croient. Cette réalité inclut
les croyances, les cultures, les idéologies, etc. Au fur et à mesure que nous changeons et que nous
nous adaptons à notre environnement, notre réalité change également. De nouvelles réalités
émergent. Pas besoin de dire, par exemple, qu'au moment de publier, si Dieu le veut, le dernier
livre de cette série, ce que je pense être la réalité aura considérablement changé. Peu importe
combien de temps nous vivons, la vie semblera toujours courte. C'est à cause de la nature
protéiforme de la réalité. Billy Graham, par exemple, est décédé à l'âge de 99 ans. Mais il voyait
toujours la vie comme une expérience brève dont nous devrions profiter au maximum. Il a une fois
relaté ce qui suit: “‘Qu'est-ce qui vous a le plus surpris dans la vie? » M'a demandé un étudiant à
l'université il y a plusieurs années. ‘Sa brièveté’ répondis-je sans hésitation. ... Le temps passe si
vite, et peu importe qui nous sommes ou ce que nous avons fait, le temps viendra où nos vies seront
terminées. Comme Jésus l'a dit, ‘Tant que c'est le jour, nous devons faire le travail de celui qui m'a
envoyé. La nuit viendra, quand personne ne peut travailler. ... La vie est courte et chaque jour est
un don de Dieu.’ Cette première partie de la série se penche sur les bases, c'est-à-dire ce qui rend
possible la réalité ou la quête pour la comprendre. Pourquoi la réalité est-elle à jamais liée à notre
existence? Ce livre comprend quatre chapitres principaux.

Le premier chapitre concerne la perception et nos sens. Il démontre comment la perception est
impossible sans nos sens. Quel que soit l'angle de réalité analysé, un ou plusieurs de nos sens
jouent un rôle important dans sa compréhension. Ce chapitre est un prélude sur la raison pour
laquelle la réalité se présente de différentes manières, dépendamment de qui la regarde. Les façons
dont nos sens et notre perception fonctionnent sont la preuve que nous pouvons parler des réalités
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Introduction

de la réalité, le titre de cette série. Ma perception de quelque chose peut être différente de la vôtre.
La perception ne devrait jamais être généralisée parce que, comme vous le verrez, elle peut parfois
être trompeuse. Par exemple, supposons que ma réalité soit déformée par un de mes sens, cela ne
signifie pas que votre réalité subira par conséquent le même sort. Dans le premier chapitre, je
démontre que la perception et les sens sont là où tout commence.

Le chapitre deux considère le rôle du cerveau dans la réalisation de la réalité. Il se penche sur la
façon dont le cerveau peut faire en sorte que l'esprit se comporte d'une certaine manière dans
certaines circonstances. Disons qu'il considère le cerveau physique et le rôle que jouent ses
différentes parties dans la réalisation de la réalité. Le rôle mécanique joué par le cerveau peut
changer à mesure que nous vieillissons, mais il peut aussi être compromis à la suite d'un accident
ou d'une maladie. Dans les deux cas, la réalité à laquelle nous sommes habitués change également.
L'anatomie et la physiologie du cerveau doivent toutes deux être optimales. Le chapitre deux
examine ainsi la formation du cerveau, son anatomie et son fonctionnement.

Le chapitre trois considère l'esprit, que j'appelle le générateur par excellence de la réalité. Ce
chapitre décrit l'esprit en tant que composante intangible du cerveau et où la réalité ou toutes les
réalités découlent après être, bien sûr, détectés par les sens et le cerveau. Je pense qu'il y a deux
types d'esprit: l'esprit psychologique et l'esprit philosophique. L'esprit psychologique est
responsable de la façon dont nous nous comportons ou réagissons à la réalité, tandis que l'esprit
philosophique est utilisé pour essayer de sonder la réalité. J'ai pensé qu'il serait préférable de
séparer les deux. Par conséquent, je ne considère que l'esprit psychologique dans le chapitre trois.
L'esprit philosophique sera considéré dans de futures publications. Le chapitre trois examine les
réactions psychologiques. Il considère comment la psychologie, en tant que science, est née, les
différentes écoles de pensée en termes de réalité, et les deux périodes principales de l'histoire de
la psychologie: avant la seconde guerre mondiale et après la seconde guerre mondiale.

Le chapitre quatre, le plus long de cette première partie, tente de définir la réalité elle-même après
qu'elle soit perçue par nos sens, détaillée par notre cerveau et traitée par notre esprit. Il y a une
ligne fine entre notre cerveau et notre esprit, et lequel des deux joue un rôle plus important est
discutable. En fait, beaucoup de gens ont tendance à utiliser les deux de façon interchangeable.
Cela montre que ce que nous pensons être la réalité est un produit de notre esprit, que le chapitre
trois examine en détail et que je décris comme le générateur par excellence de la réalité. Si la
perception dépend de nos sens, notre esprit dépend de notre cerveau. Je considère cinq questions
dans ma tentative de répondre à la question: qu'est-ce que la réalité? Les questions abordées au
chapitre quatre ne sont que des exemples de la façon dont nous, en tant qu'espèce, nous
préoccupons de notre environnement et nous interrogeons constamment sur la réalité dans son
ensemble, mais aussi sur les nombreuses composantes de la réalité que j'appellerai réalités. Le
chapitre quatre est un prélude à ce qui sera considéré dans les futures publications, lesquelles
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Introduction

considèreront la réalité avec plus de rigueur et de précision. Du chapitre un au chapitre quatre,


vous aurez l'occasion d'explorer le côté intangible et subjectif de la réalité. Je considère ces
chapitres comme le pilier de mon travail sur la réalité non pas à cause des sujets discutés mais
parce que je mets l'accent sur l'élément unique sans lequel il n'y aurait pas de réalité: l'être humain.
De nos sens et notre perception, notre cerveau et notre esprit, à la façon dont nous nous comportons
et réagissons à notre environnement (psychologie) et la façon dont nous essayons de le comprendre
et de l'expliquer aux autres (philosophie), la réalité est profondément ancrée dans chacun de nous
et, qui sait, quand nous regardons vers l'extérieur, ce que nous voyons peut, dans la plupart des
cas, être juste une représentation de nous-mêmes.

………………………….

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
CHAPITRE 1
LA PERCEPTION ET NOS SENS DANS L’INTERPRÉTATION DE LA RÉALITÉ

Nos sens et notre capacité de perception font une énorme différence dans l'interprétation de la
réalité. Mais, ces deux paramètres, malgré leur importance, ne sont pas infaillibles. Le but de la
discussion qui suit est de prouver à la fois l'importance de nos sens et de notre perception, mais
aussi leur imperfection. Mais, avant de commencer, quelle serait votre réponse si je vous
demandais, en supposant que vous croyiez aux anges, cette question métaphysique: préféreriez-
vous être un ange ou un homme (être humain)? Que votre réponse soit « ange » ou « homme »,
elle découle de la façon dont vous percevez un ange ou un homme. Supposons que vous ayez
choisi 'ange' parce que les anges ont une image positive. Mais l'homme est-il vraiment désavantagé
par rapport aux anges? Selon la sagesse conventionnelle, et en particulier la grande chaîne de l'être
de Platon, les anges sont supérieurs à l'homme. Ou le sont-ils réellement? Dieu a créé l'homme à
son image. Tous les hommes naissent avec le libre arbitre, c'est-à-dire le droit de faire ce qu'ils
veulent et, bien sûr, d'en subir les conséquences. Les anges n'ont pas de libre arbitre. Les anges
sont asexués. Leur mission est de transmettre des messages entre Dieu et les hommes, et aussi de
« garder un œil » sur chacun d'entre nous. Manquant de corps, les anges sont dépourvus de sens,
de perception et d'imagination. N'étant pas immergés dans le temps et le mouvement, ils ne
raisonnent pas et ne pensent pas discursivement comme le font les hommes en raisonnant des
prémisses à la conclusion. Considérant que "les intellects humains," selon Saint Thomas d’Aquin,
« obtiennent leur perfection dans la connaissance de la vérité par une sorte de mouvement et
d'opération intellectuelle discursive ... comme ils avancent d'une chose connue à l'autre, » les
anges, « à partir de la connaissance d'un principe connu ... perçoivent immédiatement comme sues
toutes ses conclusions conséquentes ... sans aucun processus discursif. » Leur connaissance est
intuitive et immédiate, non pas au moyen de concepts abstraits de l'expérience ou autrement
formés, mais à travers les idées archétypales qui y sont infusées lors de leur création par Dieu.
C'est pourquoi, ajoute encore saint Thomas, les anges « s'appellent des êtres intellectuels », par
opposition aux natures rationnelles telles que « les âmes humaines qui acquièrent discursivement
la connaissance de la vérité. » Une autre question que nous devrions nous poser est la suivante: les
anges sont-ils intrinsèquement bons? Le mot "angélique" a généralement une connotation à la
bonté morale parfaite, mais cela ne doit pas nous conduire à "oublier que les démons sont de nature
angélique bien que d'une volonté diabolique ou mauvaise. Le fait que Satan soit soumis à Dieu ne
doit pas non plus nous faire oublier que la théologie chrétienne ne cherche pas à sous-estimer le
pouvoir du diable dans ses allées et venues sur la terre. Satan a essayé de tenter même le Christ, et
dans tout le Nouveau Testament la destruction de l'influence diabolique sur les hommes occupe
une place prépondérante. Finalement, Lucifer n'était pas n'importe quel ange. Avant de déchoir du
royaume de Dieu, il était un archange – un ange de haut rang – qui est différent d'un chérubin, un
ange de classe inférieure. Ceci est un exemple de la façon dont la perception peut parfois être
confondue avec la réalité. Tous les êtres humains ont une perception, mais ne voient pas la réalité
de la même façon précisément à cause de la façon dont chacun d'entre nous utilise notre perception.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
1. À propos de la perception

La perception est innée. Nous l'avons dès la naissance. Le nouveau-né, bien que pas encore
conscient de son environnement fait montre de perception, ou réflexe. Pour être clair, permettez-
moi de souligner qu'il y a une différence entre la perception et le réflexe. Le nouveau-né peut
montrer un réflexe au lieu de la perception. Le score d'Apgar, par exemple, est utilisé pour évaluer
rapidement et résumer la santé d'un bébé immédiatement après sa naissance. Il a été inventé en
1952 par Virginia Apgar, une anesthésiste qui voulait étudier les effets de l'anesthésie obstétricale
sur les bébés. Pour déterminer l'échelle d'Apgar, le bébé est évalué sur cinq facteurs en utilisant
une échelle allant de zéro à deux. Les chiffres obtenus sont ensuite résumés. Les cinq facteurs sont
basés sur des mots issus d'un acronyme: apparence, pouls, grimace, activité et respiration
(APGAR). Les quatre derniers facteurs peuvent être considérés comme des réflexes car le
nouveau-né n'a aucun contrôle sur eux. Le réflexe de Babkin et le réflexe de Babinski sont souvent
utilisés pour tester les réflexes des nouveau-nés. Le réflexe de Babkin consiste à presser la paume
d'un bébé pour voir s'il va ouvrir la bouche ou tourner la tête, tandis que le réflexe de Babinski
consiste à taper la plante du pied du bébé pour voir si le gros orteil bouge vers le haut ou vers le
haut du pied. Plus de réflexes sont généralement acquis au fur et à mesure que nous évoluons.
Marcher, manger, respirer, etc. sont tous des réflexes. Parfois, nous parlons plutôt d'instinct ou
d'habitude. Les réflexes peuvent se manifester sans que nous y accordions trop d'attention. Mais,
la perception est une autre paire de manche. Cela nécessite un effort volontaire de notre part et
implique la participation directe de notre cerveau. Alors, c'est quoi la perception?

Il y a plusieurs définitions de la perception. 1) C'est la capacité de voir, d'entendre ou de prendre


conscience de quelque chose à travers les sens. Par exemple, on peut parler des limites normales
de la perception humaine; 2) C'est la conscience de quelque chose à travers les sens. Exemple: la
perception de la douleur; 3) Les processus neurophysiologiques, y compris la mémoire, par
lesquels un organisme prend conscience et interprète les stimuli externes. Cette définition de la
perception est illustrée par les deux exemples suivants: ‘Lorsque le stimulus critique est compatible
avec la première réponse, le code correspondant est occupé et la perception de ce stimulus est
altérée.’ et ‘Il semble parfois que tout ce qui est nécessaire pour produire une mémoire durable à
long terme est la perception d'un événement stimulant significatif.’ 4) La façon dont quelque chose
est considéré, compris ou interprété. Exemple: ‘La perception d'Hollywood des goûts du public
américain’; et 5) Compréhension intuitive et perspicacité, comme dans ‘Il n'aurait pas accepté’,
dit-elle avec une perception inhabituelle.’ Étymologiquement, perception vient de la fin du Moyen
anglais: du latin perceptio (n-), du verbe percipere ‘saisir, comprendre. À partir de cela, nous
pouvons facilement déduire que perception n'est pas réalité, bien que cette dernière dépende
grandement de la perception. La perception est comme un œilleton qui nous permet d'observer la
réalité. La perception n'est pas la réalité, qui est sujette à distorsion, peu importe l'efficacité et la
fiabilité de l’œilleton. La raison en est que ce que nous percevons à travers nos sens passe par le
cerveau et est interprété par notre esprit. Les organismes non vivants n'ont aucune conscience,

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
donc aucun sens de la réalité parce qu'ils n'ont aucun sens qui leur permettrait de percevoir, aucun
cerveau et aucun esprit. La réalité nécessite les étapes suivantes pour se matérialiser: Sens 
Perception  Cerveau  Esprit  Réalité. Ils sont tous mutuellement dépendants.

2. Les cinq sens visibles

Une des premières choses que j'ai apprises à l'école (maternelle) était de localiser et nommer mes
sens. Et tout au long de mon parcours scolaire, je l'ai pris pour un fait, comme tout le monde, que
nous avons tous cinq sens, point barre. Je me suis habitué à leur façon de fonctionner et j'en profite
depuis. Mais, qu'est-ce qu'un sens? En français facile, c'est ce qui (un mécanisme ou une faculté)
me permet de réagir en fonction des informations que je reçois ou perçois de mes environnements
externe ou interne. Je remets rarement en question l'efficacité de mes sens. Mais, vous seriez
surpris de voir combien de fois et facilement vos sens peuvent vous tromper.

Considérons d’abord, notre sens du goût, qui est le sens chimique qui nous permet de détecter les
saveurs. « Le goût ou la dégustation sont déclenchés par des stimuli chimiques. Au fur et à mesure
que la nourriture est mâchée, ses produits chimiques stimulent le goût, se décomposent en
molécules, se mélangent à la salive et s'infiltrent dans les zones qui contiennent les récepteurs.
L'activation des papilles gustatives déclenche des impulsions nerveuses qui voyagent vers le
cerveau et y sont transformées en sensations de goût. En raison de leur environnement relativement
‘toxique’, les papilles gustatives ont une vie courte et sont remplacées environ tous les dix jours.
Le sens de l'odorat travaille souvent en conjonction avec notre sens du goût en combinant des
sensations pour obtenir la perception de la saveur. En effet, le sens olfactif contribue en réalité
davantage à la perception de saveurs spécifiques que le sens du goût. Ce phénomène est
communément démontré chez les personnes dont le goût devient terni par le rhume. Il a également
été étudié dans des recherches en laboratoire, y compris des tests dans lesquels les sujets détectaient
peu de goût dans des substances aussi fortes que la menthe poivrée, les oignons et la cannelle
lorsque leur nez était congestionné. Quand une personne mange, les stimuli chimiques absorbés
par la mastication et la déglutition passent à travers une ouverture dans le palais à l'arrière de la
bouche et se dirigent vers les cellules réceptrices situées au sommet de la cavité nasale, où elles
sont converties en influx nerveux olfactifs au cerveau, tout comme les impulsions des stimuli
olfactifs ingérés par le nez. Les voies olfactives et gustatives sont connues pour converger dans
diverses parties du cerveau, bien qu'on ne sache pas exactement comment les deux systèmes
fonctionnent ensemble. » (Strickland, 2001)

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

Notre sens du goût peut nous tromper facilement. Par exemple, si je porte quelque chose à ma
bouche avec l'intention de l'avaler, que ce soit un liquide ou un solide, il peut être sucré, salé, aigre
ou amer. C'est ce que nous avons tous appris. Il y a quatre sortes de saveurs. Mais, et s'il y avait
plus de saveurs? C'est une possibilité. La réalité que nous
acceptons tous en ce qui concerne les saveurs provient du
fait que les êtres humains sont conçus pour ne détecter
que quatre saveurs grâce aux papilles gustatives
spécialisées situées sur la surface et sur le côté de nos
langues. Il est possible que nous, en tant qu'espèce,
soyons capables plus tard de détecter plus de saveurs, ou
moins. Il est généralement difficile, voire impossible,
pour nos papilles de distinguer les vrais aliments des faux
aliments. Nous pouvons tous potentiellement être dupes
de l'industrie alimentaire. Les aliments et les saveurs sont
imités à tous les niveaux. La plupart d'entre nous ont
entendu parler ou ont goûté du fromage d'imitation, du
lard d'imitation, de l'extrait de vanille d’imitation (je Les papilles gustatives responsables
l'utilise régulièrement), etc. De nos jours, les gens des quatre saveurs.
Photo crédit : ohmyfood.fr
essaient, du mieux possible, d'éviter le sucre pur et jettent
plutôt leur dévolu sur les édulcorants artificiels. Notre esprit nous dit que tout ce qui a le goût du
sucre doit contenir au moins une sorte de sucre. C'est la réalité dans laquelle nous croyons depuis
notre enfance. Splenda, par exemple, a un goût de sucre, mais ce n'est pas le cas. J'utilise
régulièrement Splenda, même après avoir découvert comment il est fabriqué. Pour fabriquer du
Splenda, ils remplacent les molécules d’Hydrogène et d’Oxygène par le chlore. Parce que le corps
ne peut pas décomposer la molécule nouvellement créée, aucune calorie n'est produite. Quand les
gens lisent les valeurs nutritives sur l'emballage et qu'ils voient “0 calorie”, cela les incite à
consommer le produit. Mais le chlore est un produit toxique. Un autre édulcorant artificiel est
Sweet & Low, qui est à base de toluène. Le toluène est un liquide incolore et insoluble dans l'eau
dont l'odeur est associée aux diluants de peinture. C'est un dérivé de benzène monosubstitué dérivé
du pétrole. L'industrie alimentaire peut essentiellement créer n'importe quel type d'aliments et de
saveurs en mélangeant des graisses, du sucre et d'autres produits chimiques dans les bonnes
proportions. Le résultat final est réel parce que notre sens du goût nous le dit. Mais, en réalité, c'est
une réalité déformée, qui nous est suggérée par notre sens du goût et que nous acceptons finalement
pour la réalité. Enfin, si notre sens du goût peut fausser la réalité, celle-ci peut aussi être modifiée
si nous perdons notre sens du goût. Cela se produit généralement dans la vieillesse lorsque les
papilles gustatives ne peuvent plus détecter les goûts. La perte du sens du goût s'appelle ageusie.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

Maintenant, considérons notre sens de la vue. « L'œil humain n'est sensible qu'à une gamme limitée
de rayonnements, constituée de longueurs d'onde comprises entre environ 400 et 750 nanomètres
(milliardièmes de mètre). Le spectre complet de la couleur visible est contenu dans cette gamme,
avec le violet à l'extrémité inférieure et le rouge à l'extrémité supérieure. La lumière est convertie
en impulsions neuronales par l'œil, dont la forme sphérique est maintenue par sa couche la plus
externe, la sclère. Lorsqu'un rayon de lumière est réfléchi par un objet, il pénètre d'abord dans l'œil
à travers la cornée, une partie arrondie transparente de la sclère qui recouvre l'iris pigmenté. L'iris
se contracte pour contrôler la quantité de lumière entrant dans la pupille, une ouverture ronde à
l'avant de l'œil. Une courte distance au-delà de la pupille, la lumière traverse la lentille, une
structure ovale transparente dont la surface incurvée se plie et concentre l'onde lumineuse dans un
faisceau plus étroit, qui est reçu par la rétine. Lorsque la rétine reçoit une image, elle est inversée
parce que les rayons lumineux provenant du haut de l'objet sont concentrés au bas de la rétine, et
vice versa. Cette image à
l'envers doit être réarrangée
par le cerveau pour que les
objets puissent être vus du
bon côté. Pour que l'image
soit correctement focalisée,
les rayons lumineux de
chacun de ses points doivent
converger en un point de la
rétine, plutôt qu'en avant ou
en arrière. Aidé par les
muscles environnants, la
lentille de l'œil ajuste sa
forme pour focaliser
Anatomie de l’oeil correctement les images sur
la rétine afin que les objets
vus à différentes distances puissent être mis au point, un processus connu sous le nom
d'accommodation. Au fur et à mesure que les gens vieillissent, ce processus est altéré parce que la
lentille perd de la souplesse, et il devient difficile à lire ou à travailler de près sans lunettes. La
rétine, qui recouvre l'arrière de l'œil, est constituée de dix couches de cellules contenant des
photorécepteurs (bâtonnets et cônes) qui transforment les ondes lumineuses en impulsions
neuronales grâce à une réaction photochimique. Mis à part les différences de forme suggérées par
leurs noms, les cellules à bâtonnets et à cônes contiennent différentes substances chimiques de
traitement de la lumière (photo pigments), remplissent différentes fonctions et sont réparties
différemment dans la rétine. Les cellules coniques, qui fournissent une vision des couleurs et nous
permettent de distinguer les détails, s'adaptent rapidement à la lumière et sont très utiles pour un
éclairage adéquat. Les cellules en forme de bâtonnet, qui peuvent capter de très petites quantités
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

de lumière mais ne sont pas sensibles à la couleur, conviennent mieux aux situations dans
lesquelles l'éclairage est minimal. Parce que les cellules de la tige sont actives la nuit ou dans un
faible éclairage, il est difficile de distinguer les couleurs dans ces circonstances. Les cônes sont
concentrés dans la fovéa, une zone au centre de la rétine, tandis que les bâtonnets ne se trouvent
qu'en dehors de cette zone et deviennent plus nombreux à mesure qu'ils s'en éloignent. Ainsi, il est
plus difficile de distinguer les couleurs lors de la visualisation d'objets à la périphérie de son champ
visuel. Les cellules photoréceptrices de la rétine génèrent une force électrique qui déclenche des
impulsions dans les cellules bipolaires et ganglionnaires voisines. Ces impulsions s'écoulent de la
couche arrière des cellules rétiniennes à la couche de devant contenant les fibres du nerf optique,
ce qui laisse l'œil à travers une partie de la rétine appelée disque optique. Cette zone, qui ne contient
pas de cellules réceptrices, crée une tache aveugle dans chaque œil, dont les effets sont compensés
en utilisant les deux yeux ensemble et aussi par une illusion que le cerveau crée pour remplir cette
zone lorsqu'un œil est utilisé seul. Les branches du nerf optique se croisent à une jonction dans le
cerveau devant l'hypophyse et sous les lobes frontaux appelés chiasmes optiques et montent dans
le cerveau lui-même. Les fibres nerveuses s'étendent à une partie du thalamus appelé noyau
géniculé latéral (NGL), et les neurones du NGL relaient leur entrée visuelle au cortex visuel
primaire des deux hémisphères gauche et droit du cerveau, où les impulsions sont transformées en
sensations visuelles simples. (Les objets dans le champ visuel gauche sont visualisés uniquement
à travers l'hémisphère droit du cerveau, et vice versa.) Le cortex visuel primaire envoie alors les
impulsions aux zones d'association voisines qui leur ajoutent un sens ou des ‘associations’».
(Strickland, 2001)

Si nous nous basons sur cette description du sens de la vue, pouvons-nous dire que la réalité
représentée par notre vue est précise? En d'autres termes, la réalité que nous voyons est-elle réelle?
Nous percevons les couleurs d'une certaine manière parce que notre vue est conçue d'une certaine
manière. Le sens de la vue de l'humain est sophistiqué, mais nous ne pouvons pas voir les rayons
ultraviolets, contrairement aux abeilles. La recherche montre que les crocodiles voient les couleurs
comme diverses nuances de gris. Contrairement aux humains qui ont trois cellules cônes sensibles
à la couleur dans leur rétine (rouge, vert et bleu), les chiens n'en ont que deux (jaune et bleu). Cela
soulève la question: est-ce que je peux voir, entendre, sentir, goûter et toucher la réalité absolue
ou une réalité qui n'existe que dans mon esprit? La réalité absolue est la réalité ultime car elle n'est
pas affectée par la perception ou la connaissance d'aucun être fini. Les choses deviennent un peu
compliquées. Mais ne paniquons pas. Au lieu de cela, considérons quelques exemples
supplémentaires.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

À supposer que j'ai deux pommes:


une petite et verte, l'autre grosse et
rouge. Qu'est-ce qui me fait voir la
première pomme comme étant verte
et la seconde comme étant rouge? Si
je ferme les yeux et que quelqu'un
déplace les pommes, vais-je savoir
laquelle est verte et laquelle est
rouge, ou laquelle est petite et lauelle
est grosse sans les toucher? Quand
mes yeux sont ouverts, je peux voir
leurs couleurs à cause de la façon
dont la lumière affecte ma rétine.
Quelqu'un qui souffre de daltonisme
Les murs décorés révèlent comment la lumière colorée influence ce - l'incapacité de distinguer entre les
que nous voyons.
nuances de rouge et de vert - peut ne
Photo crédit: American Museum of Natural History (AMNH)
pas être en mesure de distinguer les
deux pommes en termes de couleur. Les couleurs des pommes changent en fonction de qui les
regarde: une personne avec une vision normale, une personne atteint de daltonisme ou un
crocodile? Entre le fait de garder mes yeux ouverts ou fermés, demander à un daltonien ou à un
crocodile de regarder les pommes, est-ce que les formes ou les tailles de ces dernières ont été
affectées ou changées? Évidemment, la réponse est non. Dans ce cas, les couleurs des pommes,
qui varient en fonction de qui regarde, constituent des « phénomènes » ou des qualités secondaires
des pommes ou de l'expérience humaine des pommes, alors que leurs formes et leurs dimensions,
qui ne peuvent changer, peu importe qui regarde, sont plutôt des « noumènes » ou les qualités
primaires des pommes. En d'autres termes, leurs couleurs sont une réalité perçue, alors que leurs
formes et leurs tailles sont une réalité absolue. La capacité de voir la couleur s'appelle la vision
des couleurs, qui est « une fonction de la capacité du cerveau à interpréter la manière complexe
dont la lumière est réfléchie sur chaque objet de la nature. Ce que l'œil humain voit comme la
couleur est en réalité un effet de la stimulation des différentes parties du système visuel du cerveau
par les longueurs d'onde variables de la lumière ... Parce que les neurones de chaque personne sont
uniques, chacun voit la couleur différemment. Le daltonisme, une maladie héréditaire qui affecte
plus d'hommes que de femmes, a deux variétés: les monochromates manquent de tous les cônes
récepteurs et ne peuvent voir aucune couleur; les dichromates manquent de récepteurs cônes rouge-
vert ou bleu-jaune et ne peuvent pas percevoir de teintes dans ces plages respectives. Un autre
phénomène, connu sous le nom de faiblesse chromatique ou trichromatisme anormal, désigne la
situation où une personne peut percevoir une couleur donnée, mais a besoin d'une plus grande
intensité de la longueur d'onde associée pour la voir normalement. » (Strickland, 2001). Nous

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

pouvons étendre cela à tout ce qui est perçu par l'un de nos cinq sens (visibles) (les cinq autres
étant l'equilibrioception, la proprioception, la thermoception, la nociception et l'interoception –
voir ci-dessous). Les hallucinations sont perçues par nos yeux, et la personne qui connaît une
hallucination pourrait jurer que c'est la réalité. La réalité est que les hallucinations ne sont pas la
réalité. Les hallucinations ne sont pas toujours pathologiques. En effet, la plupart du temps, des
hallucinations sont vécues par des individus en bonne santé. Je parie que vous pouvez faire une
hallucination à cet instant-même si vous le voulez. Regardez simplement quelque chose de noir ou
de blanc. Voyez-vous deux couleurs différentes? Je peux deviner votre réponse. C'est 'oui'. Eh
bien, c'est faux! Le noir et le blanc ne sont pas des couleurs. Les objets noirs absorbent toutes les
couleurs du spectre visible et ne reflètent aucune d'elles aux yeux. Le noir ne reflète pas la lumière.
Les objets blancs absorbent aussi toutes les couleurs mais peuvent les refléter aux yeux ou à travers
un prisme par exemple. Le blanc reflète la lumière. Il en est de même pour les personnes à la peau
claire et dont les veines paraissent bleues sous la peau. Personne n'a de veines bleues. Le fait est
qu'une peau foncée ne reflète pas la lumière, alors qu'une peau claire le fait. Mais, après avoir
touché notre sang, les ondes lumineuses sont bleues, ce qui indique que le sang observé est proche
de nos yeux. Un phénomène similaire peut être observé en regardant un objet à travers un
spectroscope. Les ondes lumineuses apparaîtront en bleu ou en rouge selon que l'objet se déplace
ou s'éloigne de nous (voir l'exemple ci-dessous). Les illusions optiques abondent. Les exemples
incluent, entre autres: alpenglow, arc-en-ciel, diffraction, réfraction, mirage, faux soleils,
hologramme, etc. Le fait est que notre vue nous joue des tours. La plupart des humains (y compris
moi-même, en l’occurrence) sont fascinés par les extraterrestres. Supposons qu'une civilisation
extraterrestre nous visite, s'ils ont la vue, verront-ils notre monde de la même manière que nous le
voyons? Vont-ils voir le jaune comme nous voyons le jaune ou le bleu comme nous voyons le
bleu? Il en est de même si nous visitions leur planète. Nous pourrions ne pas voir leur monde de
la même manière qu'ils le voient.

Parfois, bien qu'il existe une référence bien définie pour ce que nous observons, ses interprétations
ou significations peuvent varier. Par exemple, considérons les pentagrammes (étoiles à cinq
branches dessinées avec cinq traits droits). Elles sont utilisées à travers l'histoire pour représenter
une multitude de choses et d'idées. Les chrétiens, les mathématiciens et les occultistes ont trouvé
différents buts dans leur utilisation. Pour un chrétien, un pentagramme pourrait représenter les cinq
plaies de Jésus, alors que les pythagoriciens la considéraient comme un signe de perfection
mathématique. Pour les occultistes, cependant, c'est un symbole magique. Comme je l'ai expliqué
précédemment, si un sens peut déformer la réalité, celle-ci peut aussi être changée par la perte d'un
sens. La perte de la vue s'appelle cécité.

Qu’en est-il de notre ouïe? L’ouïe est la capacité à entendre des sons. Strickland (2001) décrit
l'oreille comme l'organe réceptif de l'ouïe et qui a trois parties principales: l'oreille externe, l'oreille
moyenne et l'oreille interne. Le pavillon ou oreille externe – la partie de l'oreille attachée à la tête,
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

entonne les ondes sonores à travers l'oreille externe. Les ondes sonores descendent le conduit
auditif vers l'oreille moyenne, où elles frappent la membrane tympanique, ou le tympan, ce qui fait
vibrer ce dernier. Ces vibrations sont captées par trois petits os (osselets) dans l'oreille moyenne
nommés d'après leurs formes: le marteau, l'enclume et l'étrier. L'étrier est attaché à une membrane
mince appelée la fenêtre ovale, qui est beaucoup plus petite que le tympan et reçoit par conséquent
plus de pression. Lorsque la fenêtre ovale vibre à cause de la pression accrue, le liquide dans la
cochlée tubulaire enroulée (oreille interne)
commence à faire vibrer la membrane de la
cochlée (membrane basilaire) qui, à son
tour, plie des cellules fines sur sa surface.
Ces récepteurs auditifs génèrent des forces
électriques miniatures qui déclenchent les
impulsions nerveuses qui passent ensuite
par le nerf auditif, d'abord vers le thalamus
puis vers le cortex auditif primaire dans le
lobe temporal du cerveau. Là, transformées
en sensations auditives mais sans
importance, les impulsions sont transmises
Anatomie de l’oreille
à des zones d'association du cerveau qui les
convertissent en sons significatifs en
examinant les modèles d'activité des neurones, ou cellules nerveuses, pour déterminer les
fréquences sonores. Bien que l'oreille transforme les ondes sonores en impulsions neuronales, c'est
le cerveau qui ‘entend’ ou perçoit le son comme significatif. Le système auditif contient environ
25.000 neurones cochléaires capables de traiter une large gamme de sons. Les sons que nous
entendons sont déterminés par deux caractéristiques des ondes sonores: leur amplitude (la
différence de pression d'air entre le pic et la ligne de base d'une onde) et leur fréquence (le nombre
d'ondes passant par un point donné toutes les secondes). L'intensité du son est influencée par une
relation complexe entre la longueur d'onde et l'amplitude de l'onde; plus l'amplitude est grande,
plus les neurones tirent des impulsions vers le cerveau et plus le son est audible. L'intensité sonore
est généralement exprimée en décibels (dB). Un chuchotement est d'environ 30 dB, une
conversation normale est d'environ 60 dB et un train de métro est d'environ 90 dB. Les sons
supérieurs à 120 dB sont généralement douloureux pour l'oreille humaine. La bande de rock la plus
bruyante enregistrée a été mesurée à 160 dB. L'intensité d'une tonalité est fonction de la fréquence.
Les sons avec des fréquences élevées sont perçus comme ayant une hauteur élevée; ceux qui ont
de basses fréquences sont perçus comme étant graves. La gamme de fréquence normale de
l'audition humaine est de 20 à 20.000 Hz. Les fréquences de certains sons couramment entendus
comprennent la voix humaine (120 à environ 1.100 Hz), le Do central sur le piano (256 Hz) et la
note la plus élevée sur le piano (4.100 Hz). Les différences de fréquence sont discernées, ou codées,
par l'oreille humaine de deux façons, l'appariement des fréquences et le lieu. Les fréquences
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

sonores les plus basses sont codées par adaptation de fréquence, en dupliquant la fréquence avec
le taux de déclenchement des fibres nerveuses auditives. Les fréquences dans la gamme basse à
modérée sont codées à la fois par l'appariement des fréquences et par l'endroit sur la membrane
basilaire où l'onde sonore atteint son maximum. Les hautes fréquences sont codées uniquement
par le placement du pic d'onde.

Si nous avons tendance à prendre pour la réalité ce que nous goûtons ou voyons, nous nous
comportons de la même manière quand il s'agit de ce que nous entendons. Un exemple est la
différence notable dans l'intensité du klaxon d'une voiture quand celle-ci s'approche de nous et
après son passage. Le bruit est plus fort à l'approche de la voiture, mais diminue graduellement
après son passage. Cela ne signifie pas que le pilote ait relâché un peu le klaxon. Dans ce type de
mouvement, les ondes sonores se comportent de la même manière que les ondes lumineuses. Le
son aigu que nous entendons à l'approche de la voiture provient de la compression des ondes contre
nos tympans. S'il s'agissait d'ondes lumineuses, elles auraient été bleues sur un spectroscope. Le
son semble s'estomper progressivement car il s'éloigne de nos tympans. Les ondes seraient
apparues comme étant rouges sur un spectroscope si elles étaient des ondes lumineuses, passant
du bleu au rouge. Le passage de l'intensité du klaxon de la voiture du fort au faible au passage de
celle-ci s'appelle effet Doppler, du nom du physicien autrichien Christian Doppler, qui a décrit le
phénomène en 1842. Bien que nous entendions une fréquence plus faible du son, la fréquence
réelle reste la même. Par conséquent, ce que nous percevons comme une réalité après le passage
de la voiture est, en fait, imparfait. C'est une illusion. Un autre exemple commun d'hallucination
auditive est l'illusion auditive ou l'audition de sons qui ne sont pas vraiment présents. L'un des
premiers signes de la schizophrénie, par exemple, est le fait que le patient déclare entendre des
voix. Cependant, les illusions auditives, comme les hallucinations, ne sont pas toujours
pathologiques. L'incompréhension d'un mot prononcé, par exemple, est une illusion auditive. En
linguistique, les paronymes ont toujours provoqué des illusions. Les paronymes sont des mots qui
se prononcent ou sont écrits presque de la même manière, mais qui ont des significations
différentes. Leurs prononciations proches ou leurs orthographes amènent les gens à les utiliser
comme synonymes. Les exemples de paronymes1 incluent, entre autres: sommier / sommelier;
ministre / sinistre; conjecture / conjoncture; cousin / coussin; poison / poisson; conversation /
conservation; rabattre / rebattre, etc. Un autre type commun d'illusion auditive – pour rappel, un
bruit que vous seul pouvez signaler – est l'acouphène. Selon l'American Academy of
Otolaryngology-Head and Neck Surgery, plus de 50 millions d'Américains ont connu des
acouphènes ou des bruits de la tête, qui est la perception du son en l'absence d'une source externe.
L'académie a rapporté que l'acouphène n'est pas une maladie en soi mais un symptôme commun,
et parce qu'il implique la perception du son ou de sons, il est communément associé au système

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Ces exemples sont différents de ceux de la version anglaise dont la traduction aboutirait, dans certains cas, à des
mots qui ne sont points des paronymes.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

auditif. En fait, diverses parties du système auditif, y compris l'oreille interne, sont souvent
responsables de ce symptôme ... La plupart du temps, l'acouphène est subjectif – c'est-à-dire que
l'acouphène est entendu uniquement par l'individu. Rarement, l'acouphène est-il « objectif », ce
qui signifie que l'examinateur peut réellement écouter et entendre les sons que le patient entend.
Le fait est que notre ouïe peut déformer la réalité, mais son absence apporte un changement
irréversible à la réalité, comme c'est le cas pour les sens du goût et de la vue. La perte de l’audition
s'appelle surdité.

Vient ensuite notre odorat ou olfaction, qui est le sens qui perçoit les odeurs par le nez et les nerfs
olfactifs. « L'olfaction est l'un des deux sens chimiques: l'odorat et le goût. Les deux proviennent
de l'interaction entre les cellules chimiques et les cellules réceptrices. En olfaction, le produit
chimique est volatile ou en suspension dans l'air. Respirée par les narines ou absorbée par la gorge
par la mastication et la déglutition, elle traverse le nez ou une ouverture dans le palais à l'arrière
de la bouche et se dirige vers les cellules
réceptrices situées dans la muqueuse du
conduit nasal. Lorsque le produit chimique
passe devant les cellules réceptrices, une
partie de celui-ci est absorbée dans la surface
supérieure des voies nasales appelée
épithélium olfactif, situé au sommet de la
cavité nasale. Là, deux carrées de tissu d'un
pouce carré recouverts de mucus dissout le
produit chimique en stimulant les récepteurs,
qui se trouvent sous le mucus. Les molécules chimiques se lient aux récepteurs, déclenchant des
impulsions qui voyagent vers le cerveau. Il y a des milliers de récepteurs différents dans les cellules
de la cavité nasale qui peuvent détecter jusqu'à 10.000 odeurs différentes. Chaque récepteur
contient des structures semblables à des cheveux, ou cils, qui sont probablement le point de contact
initial avec les stimuli olfactifs. Les recherches suggèrent que la sensibilité du système olfactif est
liée au nombre de récepteurs et de cils. Par exemple, un chien a 20 fois plus de cellules réceptrices
qu'un humain et plus de 10 fois plus de cils par récepteur. » (Strickland, 2001) Notre sens de
l'odorat n'est pas exempt de créer un faux sens de la réalité. Avez-vous déjà entendu parler de la
phantosmie? C'est une hallucination olfactive. Selon la Clinique Mayo, une hallucination olfactive
(phantosmie) vous fait détecter des odeurs qui ne sont pas vraiment présentes dans votre
environnement. Les odeurs détectées lors de la phantosmie varient d'une personne à l'autre et
peuvent être immondes ou agréables. Elles peuvent se produire dans une ou deux narines. L'odeur
fantôme peut sembler être toujours présente ou elle peut aller et venir. Une phantosmie peut
survenir après une blessure à la tête ou une infection des voies respiratoires supérieures. Elle peut
également être causée par des crises de lobe temporal, des sinus enflammés, des tumeurs cérébrales

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

et la maladie de Parkinson. Parfois, quelque chose peut sentir différent selon les personnes, ou
quelque chose peut même sentir différemment selon les circonstances. Prenez une eau de Cologne
par exemple. Elle pourrait sentir différent selon qui la porte. Nous n'avons pas la même chimie
corporelle, et le pH de nos peaux – qui est différent – a un effet sur l'odeur. De plus, l'odeur de
l'eau de Cologne peut interagir avec d'autres odeurs environnantes. Ainsi, ce que nous sentons peut
ne pas refléter la réalité, comme nous aimerions le penser. De plus, pouvons-nous tout sentir? J'ai
déjà dit que notre sens du goût ne peut détecter que quatre saveurs: sucré, salé, amer et aigre. Eh
bien, quant à notre sens de l'odorat, notre nez peut grosso modo détecter dix types d'odeurs:
parfumée, boisée / résineuse, fruitée (non citrique), chimique, menthe poivrée, sucrée, maïs
soufflé, citron, piquante et cariée, ce qui engendre la question: pouvons-nous sentir notre
environnement dans son intégralité? La réponse est évidemment non. Notre nez n'est pas assez
développé pour réaliser un tel exploit. Ainsi, à travers notre nez, nous n'avons qu'un sens limité de
ce qu'est vraiment la réalité. Nous savons tous que notre sens de l'odorat est dérisoire par rapport
à l'odorat des chiens. Parmi les choses que les chiens peuvent détecter, on compte les phéromones,
le taux élevé de sucre dans le sang ou l'hyperglycémie, et le cancer pour n'en nommer que
quelques-uns. Notre odorat, bien que limité, joue un rôle important dans notre interaction avec la
réalité. Il peut nous tromper de temps en temps, mais sa perte nous déstabiliserait. Une telle perte
s’appelle anosmie.

Enfin, notre sens du toucher joue également un rôle dans la génération ou la création de réalités.
C'est le sens cutané qui nous permet de ressentir
la pression et les sensations associées telles que
la température et la douleur. Selon Strickland
(2001), le toucher se situe dans la peau,
composée de trois couches: l'épiderme, le derme
et l'hypoderme. Différents types de récepteurs
sensoriels, dont la taille, la forme, le nombre et
la distribution varient dans la peau, sont
responsables de la transmission d'informations
sur la pression, la température et la douleur. Le
plus grand capteur tactile, le corpuscule
Pacénien, est situé dans l'hypoderme, la couche
de graisse épaisse la plus profonde de la peau,
qui réagit aux vibrations. Les terminaisons
nerveuses libres - des neurones qui proviennent
de la moelle épinière, entrent et restent dans la
peau – transmettent des informations sur la
température et la douleur à partir de leur
emplacement au bas de l'épiderme. Les Système somatosensoriel. Photo crédit : vetopsy.fr

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

récepteurs capillaires dans le derme, qui sont enroulés autour de chaque follicule, répondent à la
pression produite lorsque les poils sont pliés. Tous les récepteurs sensoriels répondent non à une
pression continue, mais plutôt à des changements de pression, s'adaptant rapidement à chaque
nouveau changement, de sorte que, par exemple, la peau ne soit pas consciente de la pression
continue produite par les vêtements. Une fois stimulés par la sensation, les récepteurs déclenchent
des influx nerveux qui se déplacent vers le cortex somatosensoriel dans le lobe pariétal du cerveau,
où ils se transforment en sensations. La sensibilité au toucher varie considérablement entre les
différentes parties du corps. Les zones très sensibles, comme les doigts et les lèvres, correspondent
à une zone proportionnellement grande du cortex sensoriel. Les récepteurs sensoriels codent
différents types d'informations sur les objets avec lesquels la peau entre en contact. Nous pouvons
dire à quel point un objet est lourd à la fois par le taux de déclenchement des neurones individuels
et par le nombre de neurones stimulés. (Le taux de tir et le nombre de neurones sont plus élevés
avec un objet plus lourd.) Les changements dans le taux de décharge des neurones nous indiquent
si un objet est stationnaire ou vibrant, et l'organisation spatiale des neurones nous donne des
informations sur sa localisation.

Qui n'apprécie pas leur sens du toucher? Un jour ne peut pas passer sans toucher à quelque chose.
Nos mains, nos pieds et notre peau nous rassurent que nous existions toujours, et la réalité est là
pour interagir avec nous. En maintes fois, j'ai vu des gens toucher une surface fraîchement peinte
avec le bout de leur doigt, même s'il y a un panneau indiquant, “peinture fraîche”. Nous utilisons
parfois nos mains et nos peaux en guise de thermomètres pour sentir la température de quelque
chose. En outre, il est possible que les personnes aveugles et sourdes utilisent leurs doigts pour
comprendre et fonctionner dans le monde. Par exemple, en utilisant la méthode de lecture de la
parole de Tadoma, une personne sourde-aveugle peut tourner ses doigts pour entendre ou pour voir
en touchant les lèvres ou la mâchoire de son interlocuteur. Bien que cette méthode puisse être
utilisée pour « écouter » les mots parlés, la méthode Braille est utilisée exclusivement pour lire et
écrire, toujours en utilisant le sens du toucher. Mais, en particulier dans le cas de la méthode
Tadoma, la réalité peut être sujette à distorsion car il est impossible de détecter les émotions qui
s'expriment dans le ton de la voix de quelqu'un.

Notre sens du toucher est tout aussi important que les autres sens. Si nous utilisons nos mains pour
ressentir des choses ou faire bouger les choses, il est important de garder à l'esprit qu'elles sont
aussi des vecteurs de microbes. Nos mains entrent en contact avec ces microbes après l'utilisation
des toilettes, en touchant les poignées de porte, ou en serrant la main à quelqu'un d'autre. Ensuite,
nous devenons contaminés en touchant nos yeux, nos nez ou nos bouches. Il est important de noter
que notre sens du toucher ne se limite pas aux mains, mais au corps entier. Par exemple, il est
important qu'un bébé soit touché après la naissance. Cela le rassure et joue un rôle dans la
stimulation de son système immunitaire. Toucher joue également un rôle important dans les
relations amoureuses et les situations sociales. C'est un bon moyen de montrer votre confiance et

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Chapitre I La perception et les sens Les sens visibles

votre coopération. Les fibres nerveuses du groupe C font partie du système nerveux central. Ils
sont stimulés par le toucher passif et nous procurent une sensation de plaisir. Cependant, un
dommage ou une lésion des fibres nerveuses provoque une douleur neuropathique. Comme notre
vision, notre ouïe, notre goût et notre odorat, notre sens du toucher devient moins efficace à mesure
que nous vieillissons et ont tendance à nous jouer des tours. Les terminaisons nerveuses dans les
mains peuvent diminuer ou mourir. Ou la myéline qui encapsule les nerfs et fait que les signaux
qu'ils envoient pour aller au cerveau rapidement peuvent se détériorer, ralentissant ainsi ces
signaux. Ces nerfs sont également situés dans la plante des pieds. Dans la vieillesse, ils ont aussi
tendance à être endommagés et nous donnent une mauvaise lecture du sol. La perte d'équilibre
peut être fréquente et provoquer une chute, à laquelle les personnes âgées peuvent être sujettes. La
perte de sensation dans les mains, les pieds ou toute autre partie du corps est appelée hypoesthésie
ou anaphie.

Nos sens nous trompent tout le temps. Ils nous trompent même pour donner l'impression qu'ils
travaillent de façon indépendante alors qu'en fait, pour saisir le monde physique, la coordination
entre les sens est cruciale. Nous pourrions appeler ce type de coordination diaphonie sensorielle.
Dans certains cas, c'est normal, mais dans d'autres cas, c'est pathologique. Parfois, ils peuvent aussi
se compenser les uns les autres. Par exemple, les personnes aveugles ont généralement un sens de
l'ouïe développé. Ce que nous entendons peut influencer notre sens du goût. Par exemple, disons
que vous avez faim et que quelqu'un parle de la nourriture, de la pizza au peppéroni. Si vous aimez
la pizza au peppéroni, il est possible que vous en ayez le goût à la bouche et que vous commenciez
à saliver. Ce que nous entendons peut aussi affecter ce que nous voyons. Par exemple, La
chromesthésie est un état dans lequel les gens associent le son à la couleur. Certains sons peuvent
déclencher la perception de certaines couleurs, comme le rose, le bleu ou le vert s'ils entendent une
voiture klaxonner. Les personnes qui rapportent de telles expériences sont connues sous le nom de
chromesthètes.

La perception du monde autour de nous, donc la perception de la réalité ne dépend pas uniquement
des cinq sens ci-dessus, appelés sens visibles parce que nous pouvons les voir et les ressentir. Nous
savons qu'ils sont là. Les personnes avec lesquelles nous interagissons en sont également
conscientes à cause des signes que nous montrons et de la façon dont nous nous comportons. Mais,
en fait, les humains ont dix sens. Les cinq autres sont appelés sens invisibles et ils sont:
l'equilibrioception, la proprioception, la thermoception, la nociception et l'interoception.

3. Les cinq sens invisibles

Les sens invisibles sont communément appelés sens physiologiques parce que nous ne pouvons
pas les voir. Cependant, les rôles qu'ils jouent dans notre interprétation de notre environnement
sont aussi importants que ceux joués par les sens visibles. Des études suggèrent qu'il y en a
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Chapitre I La perception et les sens Les sens invisibles

plusieurs, mais les plus courantes sont l'équilibrioception ou le sens de l'équilibre, la


proprioception, la thermoception, la nociception et l'interoception.

Premièrement, l'équilibre et les quatre autres qui suivent sont appelés les sens physiologiques.
L’équilibrioception est entièrement à propos de l'équilibre. Je peux marcher vite, marcher
lentement, ou me tenir debout sur une jambe à volonté sans tomber à cause de cela. J'ai déjà parlé
de la coordination entre les sens. Eh bien, l'équilibre dépend du fluide dans mon oreille interne et
de ma vision. Avec mes yeux fermés, il devient difficile pour moi de marcher correctement. Aussi,
si je tourne plusieurs fois, puis je m'arrête brusquement, je ne peux pas rester debout parce que le
liquide dans mon oreille interne a été dérangé. L'équilibre des astronautes est perturbé par
l'apesanteur. Une interruption prolongée de l'équilibre peut provoquer des étourdissements, une
désorientation et des nausées. "Un lien entre votre oreille interne et votre cerveau vous aide à
garder votre équilibre lorsque vous sortez d'un lit ou marchez sur un sol accidenté. C'est ce que
l'on appelle votre système vestibulaire. Si une maladie ou une blessure endommage ce système,
vous pouvez avoir un trouble vestibulaire. Les étourdissements et les troubles de l'équilibre sont
les symptômes les plus courants, mais vous pouvez également avoir des problèmes d'audition et
de vision. Vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB): C'est la cause la plus fréquente du
vertige positionnel, un sentiment soudain que vous êtes en train de tourner ou de vous balancer.
Cela se produit lorsque de minuscules cristaux de calcium dans une partie de l'oreille se déplacent
dans une zone où ils ne devraient pas l'être. Cela fait que votre oreille interne dit à votre cerveau
que vous bougez alors que ce n'est pas le cas."

Un autre sens physiologique est la proprioception qui nous permet de savoir où chaque partie de
notre corps se trouve à tout moment. Si on me demande de fermer les yeux ou si je suis dans
l'obscurité, je serai toujours capable de me nourrir, de savoir où se trouvent mon nez, mes yeux,
ma bouche, mes mains et mes pieds. La proprioception est responsable de mon sens de la position.
... comme l'odeur fantôme ou la phantosmie, comme nous l'avons vu ci-dessus dans l'analyse de
l'odorat, notre sens de la proprioception peut nous tromper et nous faire croire qu'un membre est
là quand ce n'est pas le cas. Par exemple, il a été rapporté que les personnes amputées d'un de leurs
membres peuvent éprouver ce qu'on appelle le syndrome du membre fantôme, qui est la capacité
de ressentir des sensations et même de la douleur dans un membre ou des membres qui n'existent
plus. Des sensations externes telles que le toucher, la température, la pression, la vibration et la
démangeaison peuvent également être ressenties. Le chirurgien français Ambroise Paré, qui
soignait des soldats blessés, fut le premier à décrire le syndrome du membre fantôme en 1552. Ces
soldats se sont plaints de la douleur dans la jambe inexistante. Le syndrome du membre fantôme
peut s'expliquer par un recâblage des neurones et des réseaux neuronaux du cerveau qui, après
avoir longtemps reçu un signal particulier d'une source spécifique, a tendance à modifier leurs
connexions pour perpétuer les signaux. C'est ce qu'on appelle la neuroplasticité. La perte de
proprioception peut survenir dans plusieurs autres cas, tels que: l'astrocytome malin, l'atrophie
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Chapitre I La perception et les sens Les sens invisibles

olivo-ponto-cérébelleuse, l'ataxie sensorielle, la lésion de la moelle épinière, la tumeur de la moelle


épinière et la maladie dégénérative. Généralement, l'incapacité de contrôler ou de coordonner le
mouvement est attribuée à la perte de la proprioception. La maladie du membre fantôme et ces
maladies neurologiques sont des exemples de la façon dont la réalité peut être déformée, même
par nos sens invisibles.

Troisièmement, la thermoception est également un sens invisible et est responsable de la détection


des changements de température. Supposons que par une chaude journée, je sors d'une pièce
climatisée, je n'ai pas besoin de ma main pour me dire qu'il fait chaud. Je peux sentir la chaleur.
Inversement, je peux sentir une température glaciale si je sors d'une installation chauffée en hiver.
C'est à cause des milliers de thermorécepteurs qui traversent mon corps sous ma peau. Ces
récepteurs sont des cellules nerveuses spécialisées et sont capables de détecter la différence de
température. Les personnes qui souffrent d'insensibilité congénitale à la douleur avec l'anhidrose
ne peuvent pas ressentir la douleur et les températures. Quand quelqu'un ne peut pas transpirer
normalement, on dit qu'il souffre d'anhidrose ou d'hypohidrose.

D'autre part, un autre type de récepteurs appelés nocicepteurs détectent la douleur. Ce sont en fait
des terminaisons nerveuses réparties sur tout le corps (muscles, articulations, vessie, intestin et
tube digestif). La capacité à détecter la douleur par ces récepteurs est appelée nociception. Comme
vous pouvez le voir, ils jouent un rôle crucial dans notre perception de la réalité. Mais il est possible
que certaines personnes ne puissent pas ressentir la douleur si elles souffrent d'insensibilité
congénitale à la douleur (comme je l'ai expliqué ci-dessus), une maladie héréditaire. Les patients
présentant une insensibilité congénitale à la douleur avec anhidrose sont très susceptibles de se
blesser dans des cas qui seraient normalement évités s'ils pouvaient ressentir de la douleur.

Enfin, l'interception est un sens responsable de ce qui se passe à l'intérieur de notre corps au niveau
subconscient. Elle intervient dans des réactions subconscientes ou réflexives, par exemple, votre
fréquence respiratoire, le fait que vous ayez faim ou soif, quand vous toussez, etc. L'interoception
joue également un rôle dans votre humeur, le niveau de stress, le trouble panique, les troubles
dissociatifs, ou les troubles de l'alimentation. Des exemples d'intercepteurs sont des enzymes et
des neurotransmetteurs.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
CHAPITRE 2
RÔLE DU CERVEAU DANS L’INTERPRÉTATION DE LA RÉALITÉ

Avant que vous me posiez la question, non, je ne suis pas un neuroscientifique. À peu près tout ce
que je sais sur le cerveau vient de mes cours de biologie de jadis et de recherches indépendantes.
Je sais juste que quand j'éprouve quelque chose, personne d'autre ne peut le vivre de la même
manière. Même dans le cas d'une expérience collective, mes pairs et moi continuerons à la voir
sous des angles différents. Je suis unique comme vous et tous les autres sont uniques. Dans l'étude
et la compréhension de la réalité, le cerveau est le médium le plus important bien que la réalité
prenne forme à la suite de l'information qui traverse le cerveau. À seulement trois livres, le cerveau
représente seulement 2% du poids du corps, mais consomme 20% de notre énergie totale (65%
chez les nouveau-nés). Nos gènes sont codés à un taux incroyable de 80% pour le cerveau. C'est
le seul organe humain qui n'ait pas encore été transplanté. Le sera-t-il jamais? Peut-être oui peut-
être non. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas mon objectif dans ce livre. Mon but est de donner, en
termes simples, un aperçu de la structure du cerveau, comment il est formé et comment il
fonctionne, et de démontrer comment le cerveau est un outil incontournable quand il s'agit de la
perception, de l'interprétation et de la compréhension de ce que nous appelons la réalité, qui, si elle
commence avec les sens, a besoin du cerveau et / ou de l'esprit pour la traiter.

La mort encéphalique est l'une des deux façons de déterminer la mort, selon la loi uniforme des
États-Unis sur la détermination de la mort (l'autre façon de déterminer la mort étant « l'arrêt
irréversible des fonctions circulatoires et respiratoires »). Elle diffère de l’état végétatif persistent
(nouveau nom: Syndrome d'éveil non-répondant), dans lequel certaines fonctions autonomes
demeurent. La porte que vous pouvez toucher et vous jurez est là; l'arc-en-ciel ou le beau coucher
de soleil que vous voyez; l'odeur et le goût de votre plat préféré; et ces notes relaxantes qui vous
font endormir se passent tous dans votre cerveau. Le cerveau nous rend uniques en ce sens que
chacun de nous interprète différemment l'environnement. Dans mon essai, “Vers une
compréhension de ce qui rend une personne unique: une approche à plusieurs volets”, Je parle
d'une combinaison de biologie et d'environnement qui mène finalement à notre unicité. Ici, je veux
souligner spécifiquement la dynamique entre le cerveau et la réalité. Il y a quelque chose d'unique
chez nous, à la fois en tant qu'individus et en tant que collectivité, et tout cela à cause du cerveau,
qui nous aide à fonctionner en tant que membres légitimes de l'espèce humaine. Anatomiquement,
nos cerveaux sont similaires. Leur fonctionnement est similaire et différent en même temps.
Similaire en termes de physiologie, mais différent quant au résultat final ou à la manière dont nous
voyons et ressentons la réalité. Pour comprendre le cerveau et son rôle dans l'interprétation de la
réalité, il est important de savoir comment il se forme et de comprendre comment il fonctionne.
Mais, avant d'expliquer cela, j'aimerais dire quelques mots sur la tomodensitométrie, l'IRM et la
TEP, des technologies d'imagerie largement utilisées qui permettent d'observer la structure et les
activités du cerveau.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

“Bien que basée également sur l'absorption variable des rayons X par différents tissus, l'imagerie
par tomodensitométrie (CT), également connue sous le nom de « CAT scan » (tomographie axiale
informatisée), fournit une imagerie différente appelée imagerie en coupe transversale. L'origine du
mot « tomographie » vient du mot grec « tomos » signifiant « tranche » ou « section » et « graphe
» signifiant « dessin ». Un système d'imagerie par tomodensitométrie produit des images
transversales ou des « tranches » d'anatomie, comme les tranches dans une miche de pain.
Comment fonctionne un système CT? 1) Une table motorisée déplace le patient à travers une
ouverture circulaire dans le système d'imagerie CT. 2) Lorsque le patient traverse le système
d'imagerie CT, une source de rayons X tourne autour de l'intérieur de l'ouverture circulaire. Une
seule rotation prend environ 1 seconde. La source de rayons X produit un faisceau étroit de rayons
X en forme d'éventail utilisé pour irradier une section du corps du patient. L'épaisseur du faisceau
du ventilateur peut être aussi petite que 1 millimètre ou aussi grande que 10 millimètres. Dans les
examens typiques, il y a plusieurs phases; chacun constitué de 10 à 50 rotations du tube à rayons
X autour du patient en coordination avec la table se déplaçant à travers l'ouverture circulaire. Le
patient peut recevoir une injection d'un « produit de contraste » pour faciliter la visualisation de la
structure vasculaire. 3) Les détecteurs du côté sortie du patient enregistrent les rayons X sortant de
la section du corps du patient irradiée comme un "instantané" à une position (angle) de la source
des rayons x. De nombreux « instantanés » différents (angles) sont recueillis au cours d'une rotation
complète. 4) Les données sont envoyées à un ordinateur pour reconstruire tous les « instantanés »
individuels dans une image en coupe transversale (coupe) des organes et des tissus internes pour
chaque rotation complète de la source de rayons x.” Je tiens à souligner que les tomodensitométries
diffèrent des radiographies conventionnelles en ce qu'elles donnent une vue en coupe transversale
du cerveau, tandis que les radiographies donnent une image bidimensionnelle plate du cerveau. Un
scanner du cerveau nous fournit plus de détails sur les tissus et la structure du cerveau. Il peut
également être utilisé dans l'évaluation des effets du traitement sur les tumeurs cérébrales et dans
la détection des caillots cérébraux, susceptibles de provoquer des accidents vasculaires cérébraux.
Plus d'utilisations de la tomodensitométrie du cerveau peuvent être trouvées en particulier
lorsqu'une biopsie des tissus du cerveau est obligatoire avant une intervention chirurgicale.

L'imagerie par résonance magnétique ou IRM


est une autre technique utilisée pour montrer
une image claire du cerveau en détail. La
différence entre le scanner et l'IRM est que,
contrairement au scanner, l'IRM n'utilise pas
les rayons X. Les images des os et des tissus
du cerveau sont obtenues en utilisant des
champs magnétiques puissants et des
impulsions de radiofréquence. Selon
IRM d'un patient allongé dans un scanner
Courtoisie: Institut national de la santé (USA) WebMD, pour une IRM de la tête, vous vous

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

trouvez avec votre tête dans une machine spéciale (scanner) qui a un fort aimant. L'IRM peut
montrer des lésions tissulaires ou une maladie, telle qu'une infection ou une inflammation, ou une
tumeur, un accident vasculaire cérébral ou une crise épileptique. Les informations d'une IRM
peuvent être sauvegardées et stockées sur un ordinateur pour plus d'études. Des photographies ou
des films de certaines vues peuvent également être faits. Dans certains cas, un colorant (produit de
contraste) peut être utilisé pendant l'IRM pour montrer plus clairement les images des structures.
Le colorant peut aider à montrer le flux sanguin, rechercher certains types de tumeurs, et montrer
les zones d'inflammation. Le scanner et l'IRM sont utilisés pour montrer des images du cerveau.
Alors que les rayons X et les champs magnétiques sont utilisés respectivement, le résultat final est
le même. Ces techniques de balayage cérébral ont été développées par des physiciens et sont
utilisées à des fins médicales. C'est ainsi que Paul Broca est arrivé à la conclusion que la région du
cerveau qui lui doit son nom (région de Broca) était cruciale pour la parole. La capacité de scanner
le cerveau a remis en question certaines des théories psychologiques les plus influentes telles que
le behaviorisme. Cependant, si ces techniques de balayage facilitent l'observation du cerveau sans
avoir à y pénétrer physiquement, elles ne nous permettent pas d'observer et de surveiller les
activités du cerveau.

Pour observer et surveiller les activités du cerveau, des techniques plus sophistiquées sont
nécessaires. Une IRM fonctionnelle ou IRMf, ou une technique plus sophistiquée, appelée
tomographie par émission de positons (TEP), peut être utilisée. IRMf et PET mesurent les activités
cérébrales en utilisant le flux sanguin dans le cerveau. Alors que l'IRMf utilise des champs
magnétiques et des impulsions de radiofréquence, le PET utilise l'émission de positons. Mais, ces
nouveaux outils permettent aux psychologues de dire quelle partie du cerveau est responsable de
quoi. La parole, le mouvement et les éléments de la conscience interne, comme l'amour ou la haine,
les goûts agréables et les sentiments envers les autres peuvent être analysés et associés à des zones
spécifiques du cerveau. “Comment fonctionne la TEP? La TEP fonctionne en utilisant un dispositif
de balayage (une machine avec un grand trou en son centre) pour détecter les positons (particules
subatomiques) émis par un radionucléide dans l'organe ou le tissu examiné. Les radiotraceurs
utilisés dans les scanners PET sont générés en attachant un atome radioactif à des substances
chimiques qui sont utilisées naturellement par l'organe ou le tissu particulier au cours de son
processus métabolique. Par exemple, dans les scanners TEP du cerveau, un atome radioactif est
appliqué au glucose (sucre dans le sang) pour créer un radionucléide appelé fluorodésoxyglucose
(FDG), car le cerveau utilise le glucose pour son métabolisme. FDG est largement utilisé dans la
numérisation TEP. D'autres substances peuvent être utilisées pour la TEP, selon le but du balayage.
Si le flux sanguin et la perfusion d'un organe ou d'un tissu présentent un intérêt, le radionucléide
peut être un type d'oxygène, de carbone, d'azote ou de gallium radioactif. Le radionucléide est
administré dans une veine par une voie intraveineuse (IV). Ensuite, le scanner TEP se déplace
lentement sur la partie du corps à examiner. Les positons sont émis par la décomposition du
radionucléide. Les rayons gamma sont créés lors de l'émission de positons, et le scanner détecte
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

alors les rayons gamma. Un ordinateur analyse les rayons gamma et utilise l'information pour créer
une carte d'image de l'organe ou du tissu à l'étude. La quantité de radionucléide recueillie dans le
tissu affecte l'éclat du tissu sur l'image et indique le niveau de la fonction de l'organe ou du tissu.”

Maintenant, je voudrais revenir à deux


questions fondamentales: comment le
cerveau se forme-t-il et comment
fonctionne-t-il? La connaissance de la
formation et du fonctionnement du
cerveau est une condition préalable à son
observation et à son analyse, qu'il s'agisse
du scanner, de l'IRM ou de la TEP. Le
cerveau ou encéphale est un organe du
tissu nerveux doux contenu dans le crâne
des vertébrés, fonctionnant comme centre
coordonnateur de la sensation et de
l'activité intellectuelle et nerveuse. Le rôle
du cerveau dans la perception et
l'interprétation de la réalité est déterminé
à un stade très précoce de sa formation.
“Le système nerveux se développe à partir
du tissu embryonnaire appelé l'ectoderme.
Le premier signe du développement du
Le cerveau est constitué de cellules appelées neurones et, avec la système nerveux est la plaque neurale qui
moelle épinière, constitue le système nerveux central (SNC). Photo peut être observée vers le 16ème jour de
crédit: Musée d’histoire naturelle de Marseille (France)
développement. Au cours des prochains
jours, une « tranchée » est formée dans la plaque neurale – cela crée un sillon neural. Au 21ème jour
de développement, un tube neural se forme lorsque les bords du sillon neural se rencontrent. La
partie rostrale (avant) des tubes neuraux se développe dans le cerveau et le reste du tube neural se
développe dans la moelle épinière. Les cellules de la crête neurale deviennent le système nerveux
périphérique. À l'extrémité antérieure du tube neural, trois zones cérébrales principales sont
formées: le prosencéphale (cerveau antérieur), le mésencéphale (le cerveau intermédiaire) et le
rhombencéphale (cerveau postérieur). À la septième semaine de développement, ces trois
domaines se divisent à nouveau. Ce processus s'appelle l'encéphalisation.”

“Vers le deuxième mois, l'embryon développe un mince tube de liquide qui va devenir le cerveau.
Il est bordé de cellules progénitrices qui finiront par donner naissance à toutes les cellules du
cerveau. Vers le quatrième mois, les cellules progénitrices se divisent à un rythme incroyablement
d'un quart de million de fois par minute, créant des cellules qui deviennent le cerveau. En fin de

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

compte, il y aura environ cent milliards de neurones et au moins mille milliards de cellules gliales.
Une fois créées, elles perdent la capacité de se diviser davantage. Parce qu'elles ont été créées si
rapidement, la façon dont les cellules sont créées fait une différence dans le fonctionnement du
cerveau tout au long de la vie d'un individu. Par exemple, l'exposition aux radiations pendant la
grossesse (enfants nés après le bombardement de Hiroshima), l'utilisation de substances pendant
la grossesse. Par conséquent, qui nous sommes ne dépend pas seulement de facteurs génétiques,
mais aussi de facteurs biologiques. Nous sommes qui nous sommes, en partie, à cause des produits
chimiques qui nous entourent pendant le développement. Si un enfant grandit dans l'obscurité, la
partie du cerveau responsable de la vue ne se développera jamais. Il y a une période de croissance
génétiquement déterminée, et cette croissance nécessite une certaine forme d'interaction avec
l'environnement de l'enfant.” (Gimbel, 2015). Les transformations cérébrales de l'enfance et de
l'adolescence s'arrêtent au moment où nous avons 25 ans. Cependant, le cerveau continue de
changer après l'âge de 25 ans (la transformation ne doit pas être confondue avec le changement).
De nouvelles expériences peuvent affecter le cerveau. Pensez à quelque chose que vous pouvez
remettre en forme et qui peut conserver cette forme. La même chose vaut pour le cerveau. Il est
malléable (enfin, pas dans le vrai sens, plutôt en termes de souvenirs). C'est ce qu'on appelle la
plasticité, ce qui n'arrive pas seulement pendant l'enfance ou l'adolescence. Pour exprimer en
termes simples qui nous sommes ou notre personnalité: nous sommes la somme de nos souvenirs
ou de nos expériences.

Bien qu'une structure bien définie du cerveau joue un rôle important dans la réalisation de la réalité,
la façon dont le cerveau fonctionne réellement détermine notre réalité. Tout d'abord, il y a les
neurones, qui sont, par définition, des cellules spécialisées transmettant les impulsions nerveuses;
ils sont également appelés cellules nerveuses. Les impulsions passent d'un neurone à l'autre par
une jonction spécialisée appelée synapse. Les neurones communiquent entre eux grâce à des
signaux chimiques appelés neurotransmetteurs. La dopamine, par exemple, est un
neurotransmetteur dans le cerveau associé au contrôle moteur, à la dépendance et à la récompense.
La transmission de l'impulsion est appelée transmission synaptique. “ Les neurotransmetteurs sont
des substances chimiques impliquées dans la transmission des impulsions nerveuses. La sérotonine
peut déclencher la libération de substances dans les vaisseaux sanguins du cerveau qui, à leur tour,
provoquent la douleur de la migraine. La sérotonine est également la clé de la régulation de
l'humeur; perception de la douleur; fonction gastro-intestinale, y compris la perception de la faim
et de la satiété; et d'autres fonctions physiques. C'est un composé présent dans les plaquettes
sanguines et le sérum qui resserre les vaisseaux sanguins et agit comme un neurotransmetteur. La
majorité de la sérotonine du corps, entre 80-90%, peut être trouvée dans le tractus gastro-intestinal.
La sérotonine est considérée comme un stabilisateur naturel de l'humeur.” Les cellules gliales font
que les neurones s'agglutinent, créant des structures stables. Par exemple, “Si les neurones étaient
des briques, les cellules gliales seraient comme un mortier qui maintiendraient les structures
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

neuronales ensemble et maintiendraient les espaces nécessaires appelés synapses ou espaces entre
les neurones.” Les synapses demeurent ou disparaissent selon les individus. Certaines synapses
peuvent être utiles chez un individu mais inutiles chez un autre et, ainsi, mourir. Dans le cerveau
du nouveau-né, les neurones sont intimement liés. À mesure qu'il grandit, le nombre de diminuent
de plus en plus jusqu'à l'âge adulte mais deviennent de plus en plus fortes. La conscience, la
sensibilité ou la conscience du monde qui nous entoure ou de la réalité dépend de connexions
rapides entre les neurones. Une connexion lente peut se traduire par l'absence de conscience. Notre
cerveau fonctionne en s'appuyant sur des modèles acquis antérieurement tout au long de notre vie.
Sachez que le monde dans lequel nous vivons et les choses auxquelles nous avons été exposés tout
en grandissant déterminent qui nous sommes. Les expériences qui changent la vie peuvent être
bonnes ou mauvaises. Elles peuvent changer notre identité en ayant un impact puissant sur nos
cerveaux. Par exemple, Josalyn Tresvant McGhee, sur Homeroom, le blog du ministère de
l'Éducation des États-Unis, raconte comment son expérience d'ambassadrice du ministère de
l'Éducation des États-Unis a changé sa vie:

“J'ai appris que je devrais être audacieuse et toujours chercher des occasions pour pousser les
enseignants à se faire entendre. En juin 2015, j'ai rejoint une famille étonnante de collègues munis
d'un large éventail d'expériences qu'ils pouvaient partager. L'égalité raciale, des évaluations
équitables et de qualité, le leadership des enseignants, l'efficacité des élèves, la défense des intérêts
des élèves et l'engagement de s'assurer que tous les enseignants avaient non seulement une voix
mais aussi une place voulue dans les discussions sur l'éducation.

Ma vie passionnante en tant qu’ambassadrice …

En tant que membre, J'ai eu une occasion unique de me faire entendre sur les questions qui ont eu
un impact sur ma profession et de partager des histoires de ma classe. Dans le cadre de la
fraternité, nous avons été chargés de mener des activités de sensibilisation afin de solliciter les
commentaires des enseignants pour éclairer le travail du Ministère. J'étais heureuse de voir que
les décisions éducatives n'étaient pas prises sans inclure la voix qualifiée d'un enseignant. Lorsque
j'ai eu l'occasion de consulter le Bureau des programmes d'éducation spécialisée, j'avais
considéré que c'était un privilège personnel depuis que j'avais commencé ma carrière en tant que
professeur d'éducation spécialisée. Assurer l'équité pour les élèves ayant des besoins spéciaux est
ma passion et une grande partie de ma philosophie en matière d'éducation. Par l'intermédiaire de
la fraternité, j'ai eu l'occasion de soutenir l'initiative Teach to Lead (Enseigner pour diriger), de
faciliter les appels avec les enseignants de l'année et même de visiter la Maison Blanche lorsque
le président Obama a décerné à Jahana Hayes le prix de l'enseignant de l'année 2016.

Aider les enseignants à se faire entendre et ESSA …

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

Au cours de ma formation, le président Obama a promulgué la loi « Every Student Succeeds Act
» (ESSA) (Loi sur le succès individuel des étudiants). En tant que boursiers, nous avons organisé
des séances d'écoute à l'échelle nationale pour obtenir des commentaires et des questions. Pendant
ma facilitation, j'ai entendu des histoires d'enseignants sur la façon dont ils ont été marginalisés
et dévalués sur la base des politiques d'évaluation. J'ai également été témoin de l'autonomisation
des enseignants en faisant entendre sur les questions qui ont eu un impact sur leurs salles de
classe. Au cours de ces sessions, les enseignants et les autres parties prenantes ont pu partager
leurs préoccupations et recommandations concernant la mise en œuvre de l'ESSA.

Justice sociale et diversité pendant ma bourse …

Je me suis entretenue plusieurs fois avec le secrétaire King de notre travail et de ce que nous
entendions sur le terrain. Au cours de l'été 2016, notre pays a été secoué par le meurtre de
Philando Castille. La mort de Castille a été dévastatrice pour les étudiants qu'il a servis à l'école
où il avait travaillé à St. Paul, Minnesota. Le secrétaire King a visité l'école pour encourager les
familles à travailler dans leur communauté pour guérir et parler à leurs enfants de la façon de
faire face à la perte. En tant qu'éducatrice de couleur, beaucoup d'élèves que j'enseigne m'ont
rappelé un jeune Castille. Et en tant que défenseur de leur avenir, je pense qu'il est de ma
responsabilité de plaider en faveur de la justice sociale, de dénoncer la discrimination et de
soutenir le développement de mes élèves en tant que citoyens socialement conscients.

Une fois membre toujours membre ...

C'était un dicton que j'adorais entendre. À la fin de ma fraternité, j'étais aux anges en apprenant
que cela n'aurait pas vraiment de fin. Bien sûr, je n'aurais pas de visites trimestrielles à faire à
Washington DC ou d'appels téléphoniques hebdomadaires avec ma cohorte, mais je continuerais
à discuter avec le département et les anciens élèves. Plus important encore, je continuerais à être
courageuse et à habiliter les enseignants à se faire entendre. Je suggère fortement aux éducateurs
de postuler pour la bourse et de faire entendre votre voix au niveau fédéral.”

L'une des expériences les plus importantes qui définissent notre identité est l'apprentissage des
langues, qui a deux composantes distinctes: un aspect mécanique ou physique et un aspect cognitif
ou psychologique. Le cerveau contrôle entièrement la partie cognitive de l'apprentissage des
langues (plus de détails peuvent être trouvés dans mon livre: “Exploration des possibilités
d’émergence d’une langue maternelle unique et universelle”). L'hémisphère gauche (voir ci-
dessous) du cerveau contrôle l'apprentissage des langues. Plus précisément, la région de Broca est
responsable de la production de la parole.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

Le cerveau comporte quatre parties principales: 1) le lobe frontal, associé au raisonnement, à la


planification, à certaines parties de la parole, au mouvement, aux émotions et à la résolution de
problèmes; 2) le lobe pariétal, associé au mouvement, à
l'orientation, à la reconnaissance, à la perception des
stimuli; 3) le lobe occipital, associé au traitement visuel; et
4) le lobe temporal – associé à la perception et à la
reconnaissance des stimuli auditifs, de la mémoire et de la
parole. Le cerveau a deux côtés connus sous les noms
d'hémisphère gauche et d'hémisphère droit. L'hémisphère
gauche contrôle les muscles du côté droit du corps et
Les quatre parties principales du cerveau l'hémisphère droit contrôle les muscles du côté gauche du
Courtoisie: Wikipédia corps. “De même, en général, les informations sensorielles
du côté gauche du corps se dirigent vers le côté droit du cerveau et les informations du côté droit
du corps se dirigent vers le côté gauche du cerveau. Par conséquent, des dommages à un côté du
cerveau affecteront le côté opposé du corps”. Les deux hémisphères du cerveau sont connectés, et
toute perturbation entre eux peut entraîner des problèmes neurologiques majeurs. Par exemple, le
Syndrome de la main étrangère est « un trouble résultant d'un traitement de l'épilepsie appelé
callosotomie du corps, dans lequel le callosum est coupé, déconnectant les deux hémisphères
cérébraux du cerveau, également connu sous le nom de chirurgie split-brain. Ce trouble provoque
des mouvements unilatéraux de la main et parfois complexes sans que le patient ait l'impression
d'avoir un contrôle volontaire des mouvements » (Eagleman, 2015). En dessous du cerveau se
trouve le cervelet, qui est "une structure anatomique plus petite qui se trouve au-dessous du cortex
cérébral à l'arrière de la tête. Cette zone du cerveau est essentielle pour le contrôle moteur fluide,
l'équilibre, la posture et éventuellement certaines fonctions cognitives." Le cervelet, avec le
cerveau, responsable de la conscience, forment le cerveau supérieur, alors que la médullaire, qui
contrôle la respiration spontanée, avec le tronc cérébral, forment le cerveau inférieur.

Un autre composant important du cerveau est l'hypothalamus. L'une des fonctions les plus
importantes de l'hypothalamus est de relier le système nerveux au système endocrinien via la
glande pituitaire (hypophyse). L'hypothalamus est une section du cerveau responsable de la
production d'hormones. Les hormones produites par cette région du cerveau régissent la
température corporelle, la soif, la faim, le sommeil, le rythme circadien, les humeurs, la libido et
la libération d'autres hormones dans le corps. Cette zone du cerveau contrôle la glande pituitaire
et d'autres glandes dans le corps. Parce que le chapitre suivant concerne l'esprit et les souvenirs, je
voudrais aussi mentionner l'hippocampe, où les souvenirs à court terme sont transformés en
souvenirs à long terme. Aucun souvenir à long terme ne pourra se former si l'hippocampe est
endommagé. Par conséquent, vous ne vivrez que dans le présent, ce qui serait une fausse
représentation de la réalité puisque c'est, en partie, basé sur des expériences ou des souvenirs
passés.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

En parlant de souvenirs, quel rôle joue le cerveau dans leur création? Dans le prochain chapitre, je
parlerai des souvenirs plus en détail, mais pour l'instant, il y a quelque chose que je voudrais
souligner. Oui, les souvenirs prennent un chemin physique dans le cerveau lors de leur création.
Le tronc cérébral reçoit les impulsions des sens. Ensuite, ils traversent le thalamus avant de sortir
des différents cortex et du cortex préfrontal. Leur dernière voie sera l'hippocampe avant de devenir
des souvenirs à long terme. L'unicité du cerveau en termes de création et de stockage de la mémoire
provient du fait qu'aucune mémoire unique n'est stockée dans une zone spécifique du cerveau. La
mémoire se divise en fragments qui sont stockés dans différentes parties du cerveau. Ces fragments
se réassemblent lors du rappel d'une expérience, par exemple. Cela constitue une mémoire à long
terme, différente de la mémoire à court-terme, que Salkind (2008) dit être une information
temporairement accessible à l'esprit. Il est utilisé dans l'accomplissement de tâches mentales telles
que la compréhension du langage, le suivi des instructions et la résolution de problèmes
mathématiques. De nombreuses mesures de la mémoire de travail sont fortement corrélées avec
l'intelligence, et la capacité moyenne de la mémoire à court terme augmente avec l'âge dans
l'enfance. Un adulte peut garder simultanément à l'esprit 4 objets distincts et simples, ou souvent
7 objets en utilisant des techniques mnémoniques (comme se souvenir d'un numéro de téléphone
en le répétant silencieusement et en le divisant en groupes de 3 ou 4 chiffres). Il semble y avoir
plusieurs mécanismes de mémoire à court-terme. Un très petit mais important ensemble d'idées
peut être au centre de l'attention et de la conscience à la fois. Cependant, la mémoire à court terme
va au-delà de ce dont il est question. Il existe également des mécanismes pour détenir plus
d'informations juste au-delà de la sensibilisation. Cela peut inclure des représentations mentales
de la progression des sons de la parole dans une phrase que l'on a entendue il y a quelques secondes,
ou l'arrangement spatial des joueurs dans une partie de basket-ball.

La deuxième question est: les souvenirs peuvent-ils être enregistrés ou téléchargés? Pas encore!
Mais, les scientifiques travaillent sur un hippocampe artificiel, un cortex artificiel et un cervelet
artificiel, qui jouent tous un rôle important dans la création et le stockage de la mémoire. Enfin, la
dernière question est: les souvenirs peuvent-ils être effacés ou perdus? Absolument. Cela peut
arriver pour un certain nombre de raisons. Cela peut arriver à cause de l'amnésie, qui est la perte
temporaire ou permanente de la mémoire. Cela peut aussi se produire à cause de la maladie
d'Alzheimer, qui, à un stade précoce, fait rétrécir l'hippocampe – le processeur des souvenirs. La
maladie d'Alzheimer détruit les souvenirs grâce à l'amyloïde. "Les amyloïdes sont des agrégats de
protéines qui se plient dans la mauvaise forme, permettant à de nombreuses copies de cette protéine
de s'agglutiner. Ces protéines auparavant saines perdent le plus souvent leur fonction normale et
forment de grandes fibrilles. Ces fibrilles perturbent la fonction physiologique saine des tissus et
des organes voisins." (Quizlet, 2018) La maladie d'Alzheimer est la cause la plus fréquente de
démence. Ses symptômes les plus communs incluent la perte de mémoire, l'altération du langage,
les difficultés de concentration et de prise de décision, la confusion ou la désorientation. Ce n'est
que récemment que "les mécanismes de base de la maladie d'Alzheimer ont commencé à être
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

compris. Une percée majeure est survenue en 2012, quand il a été révélé que la maladie
d'Alzheimer commence avec la formation de l'amyloïde tau, une substance collante qui colmate le
cerveau ... Ce qui rend ces plaques amyloïdes si difficiles à cibler avec les drogues, c'est qu'elles
sont faites de 'prions', qui sont des molécules protéiques difformes. Ce ne sont pas des bactéries
ou des virus, mais elles peuvent néanmoins se reproduire ... Actuellement, il n'existe aucun moyen
connu d'arrêter la progression inexorable de la maladie d'Alzheimer. Maintenant que les
mécanismes de base de la maladie d'Alzheimer sont en train d'être élucidés, une méthode
prometteuse consiste à créer des anticorps ou un vaccin qui pourraient cibler spécifiquement ces
molécules protéiques difformes. Une autre manière pourrait créer un hippocampe artificiel pour
ces individus afin que leur mémoire à court terme puisse être reconstituée." (Kaku, 2014).

Ne pas être capable de se souvenir de ses proches ou de son passé est une chose, mais que se
passerait-il si vous apparaissiez comme un parfait inconnu à vous-même? (Daniels, 2015) l'appelle
« Les morts-vivants ». Il l'explique ainsi: « Aussi perturbant qu'est le fait de ne pas pouvoir
reconnaître des personnes proches de vous, il est encore plus déconcertant de ne pas se connaître
soi-même. Dans une rare contrepartie des syndromes de Capgras et de Fregoli, les personnes
atteintes du syndrome de Cotard croient qu'elles ou une partie de leur corps sont mortes. Les
patients de Cotard négligent souvent de manger ou de se laver; ils peuvent insister pour être
enterrés ou emmenés au cimetière. Un patient décrit en 2008, 'Mrs. L ..., « a été admise à l'hôpital
», se plaignant de sa mort, du fait qu'elle avait une odeur de chair en putréfaction et voulait être
emmenée dans une morgue pour être avec des personnes décédées. » La maladie est associée à un
large éventail de troubles, allant du trouble bipolaire et de la schizophrénie à la dépression
psychotique. Il peut également apparaître après une lésion cérébrale, comme dans le cas d'un
homme écossais qui, à la suite d'un accident de moto, a été convaincu qu'il était mort de septicémie
à l'hôpital et qu'il était escorté par l'esprit de sa mère. (La mère avait en effet emmené l'homme en
Afrique du Sud). Les cas sont si rares, et sont liés à tant de troubles mentaux, que les chercheurs
n'ont pas trouvé une seule source de l'illusion. Cependant, les scanners des patients indiquent qu'au
moins certains ont un fonctionnement altéré dans les circuits neuronaux qui contrôlent la
reconnaissance visuelle et émotionnelle des visages.2 Dans le cas du syndrome de Cotard, la perte
de reconnaissance semble s'étendre à soi-même, avec des résultats désastreux. »

Ainsi, la maladie d'Alzheimer, entre autres, a le pouvoir de modifier ou de détruire la réalité de


quelqu'un. Mais, supposons que quelqu'un soit très chanceux en étant sans maladie et, en plus,
extrêmement intelligent. Maintenant, au lieu de la perte de mémoire, nous parlons d'une mémoire
et d'une imagination incroyables, qui engendrent une réalité extraordinaire. Eh bien, disons
simplement qu'une telle personne est un génie. Mais, est-ce que les cerveaux des génies sont plus
gros? Qu'y a-t-il de si spécial dans leur cerveau? Saviez-vous que le cerveau d'Albert Einstein était

2
L'incapacité de reconnaître les visages des gens est appelée prosopagnosie.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

en fait plus petit que la moyenne? Selon le Dr Kaku, la seule différence trouvée dans le cerveau
d'Einstein était plutôt mineure. Une certaine partie de son cerveau, appelée gyri angulaires, était
plus grande que la normale, avec les régions pariétales inférieures des deux hémisphères 15 pour
cent plus large que la moyenne. Notamment, ces parties du cerveau sont impliquées dans la pensée
abstraite, dans la manipulation de symboles tels que l'écriture et les mathématiques, et dans le
traitement visuel-spatial. Dans ce cas, vous pourriez demander: alors, pourquoi Einstein était-il un
génie? Le Dr Kaku donne les raisons suivantes: Premièrement, Einstein passait le plus clair de son
temps à penser grâce à des « expériences de pensée ». Deuxièmement, il était connu pour passer
jusqu'à dix ans ou plus sur une seule expérience de pensée. Troisièmement, sa personnalité était
importante. C'était un bohémien, donc il était naturel qu'il se rebelle contre l'établissement en
physique. Quatrièmement, le moment était venu pour l'émergence d'un Einstein. En 1905, le vieux
monde physique de Newton s'écroulait à la lumière d'expériences qui suggéraient clairement
qu'une nouvelle physique allait naître, en attendant qu'un génie montre la voie.

Bien que, lorsque requis par un traitement, un segment du cerveau puisse être enlevé tandis que le
patient redevient fonctionnel, le cerveau reste un organe essentiel ainsi que ses plus petites entités,
les neurones. Un fait intéressant à propos des neurones est qu'ils ont besoin d'autres personnes pour
prospérer. Nos neurones ne fonctionnent pas bien isolément. D'autres personnes constituent une
part importante de ce que nous sommes. L'effet caméléon, par exemple, est le résultat de notre
structure neurologique. Par exemple, quand un groupe de personnes discute, si une personne met
les mains dans ses poches, les autres auront tendance à suivre. Il en va de même si une personne
croise ses bras sur sa poitrine. Tout cela à cause des neurones miroirs, qui nous permettent
d'intérioriser le comportement des personnes que nous observons et avec qui nous interagissons.
La contagion émotionnelle est un autre exemple. La contagion émotionnelle se définit comme la
tendance à ressentir et à exprimer des émotions semblables et influencées par celles des autres;
c'est aussi le phénomène des pensées négatives ou de l'anxiété d'une personne qui affecte l'humeur
d'une autre personne. Par exemple, le yoga du rire en Inde. La séance commence par un rire forcé
et se termine par un rire authentique. Le rire est contagieux. D'autres comportements tels que les
pleurs, les vomissements, une émission télévisée qui utilise le rire, par opposition à celle qui ne le
fait pas, etc. sont également contagieux. "À l'ère de l'hyperlien numérique, il est plus important
que jamais de comprendre les liens entre les humains. Les cerveaux humains sont
fondamentalement câblés pour interagir: nous sommes une espèce merveilleusement sociale. Bien
que nos pulsions sociales puissent parfois être manipulées, elles sont aussi carrément au centre de
la réussite humaine. Vous pourriez supposer que votre peau délimite votre personne et ceux qui
vous entourent. Vos neurones et ceux de tout le monde sur la planète interagissent dans un super-
organisme géant et changeant. Ce que nous désignons spécifiquement comme vous est simplement
un réseau dans un réseau plus large. Si nous voulons un brillant avenir pour notre espèce, nous
devrons continuer à faire des recherches sur la manière dont les cerveaux humains interagissent –

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre II Rôle du cerveau dans l’interprétation de la réalité

les dangers aussi bien que les opportunités. Parce qu'il n'y a pas d'évitement de la vérité gravée
dans le câblage de notre cerveau: nous avons besoin les uns des autres "

En effet, nous avons besoin les uns des autres pour nous assurer que notre cerveau fonctionne de
manière optimale. "Aucun d'entre nous ne vit isolé. L'ermite le plus éloigné sur le sommet de la
montagne la plus éloignée doit interagir avec son environnement. Il doit faire des choix, prendre
des mesures et résoudre des problèmes. La plupart d'entre nous vivent dans un monde beaucoup
plus commun lorsque nos personnalités et nos capacités sont définies par la manière dont nous
naviguons dans notre environnement social. » Mais quel impact aura cette interdépendance
croissante sur notre unicité? Ne nous dirigeons-nous pas vers plus d'individualité? Je reviendrai au
cerveau dans de futures publications. J'explorerai, par exemple, le nouveau statut du cerveau face
à l'intelligence artificielle, les réalités virtuelles et augmentées parmi d'autres sujets. Le but de ce
chapitre était de préparer le terrain pour l'exploration de l'esprit en expliquant comment le cerveau
se forme et comment il fonctionne. La discussion qui suit explique le rôle de l'esprit dans la
réalisation de la réalité.

………………………….

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
CHAPITRE 3
L’ESPRIT, GÉNÉRATEUR PAR EXCELLENCE DE LA RÉALITÉ

D'abord, allons droit au but. Il est important de souligner dès maintenant que quand il s'agit de
l'esprit, les questions abondent parce que l'esprit lui-même est un mystère. Pendant des millénaires,
les philosophes, les théologiens, les sociologues et les scientifiques ont réfléchi et écrit sur l'esprit,
en essayant de l'expliquer. Tout cela à cause de questions comme: qu'est-ce que l'esprit? Où est-il
situé? Quelle est la différence entre le cerveau et l'esprit? "Les deux plus grands mystères dans
toute la nature sont l'esprit et l'univers. Grâce à notre vaste technologie, nous avons été capables
de photographier des galaxies situées à des milliards d'années-lumière, de manipuler les gènes qui
contrôlent la vie et de sonder le sanctuaire de l'atome, mais l'esprit et l'univers nous échappent et
nous séduisent. Ce sont les frontières les plus mystérieuses et fascinantes connues de la science ...
Pour témoigner du mystère de notre esprit, tout ce que nous avons à faire est de nous regarder dans
le miroir et de nous demander ce qui se cache derrière nos yeux? Cela soulève des questions
obsédantes telles que: Avons-nous une âme? Qu'est-ce qui nous arrive après notre mort? Qui suis-
je de toute façon? ... En effet, nous n'avons pas été capables de comprendre ce que c'est (l'esprit)
ou comment cela fonctionne pendant la majeure partie de l'histoire. Les anciens égyptiens, en dépit
de leurs réalisations glorieuses dans les arts et la science, ont cru que le cerveau était un organe
sans valeur et l'ont jeté en embaumant leurs pharaons. Aristote était convaincu que l'âme résidait
dans le cœur, et non dans le cerveau, dont la fonction était de refroidir le système cardio-vasculaire.
D'autres, comme Descartes, pensaient que l'âme pénétrait dans le corps à travers la minuscule
glande pinéale du cerveau. Mais en l'absence de toute preuve solide, aucune de ces théories n'a pu
être prouvée ". Dans ce livre, je ne prétends pas mettre un terme à ce débat séculaire. Mon but est
de montrer le rôle joué par l'esprit dans notre perception du monde. Je pense que l'esprit est le
créateur ultime de la réalité, bien qu'étroitement associé au cerveau. René Descartes, père de la
philosophie moderne, postule que l'esprit est une entité, totalement séparée du corps ou du cerveau.
Il a dit que tandis que le corps est matériel et que le dysfonctionnement d'une partie ne peut pas
entraver le fonctionnement des autres parties, l'esprit est immatériel et fonctionne comme un tout
et ne peut pas être divisé en parties. Donc, en son honneur, cette théorie de l'esprit est appelée le
dualisme cartésien. Mais, si vous me demandez personnellement: où se situe exactement l'esprit?
Je dirai juste: "Je ne sais pas". Mais il y a quelque chose qui me laisse perplexe: si mon esprit ne
se trouve pas dans mon corps, pourquoi est-il toujours avec moi? Pourquoi ne puis-je pas le laisser
à la maison et demander sa présence si nécessaire? La seule fois où j'en suis inconscient, c'est
quand je dors. D'autres cas où les gens ne sont pas conscients de leur esprit peuvent inclure quand
ils sont sous anesthésie ou souffrant de maladies mentales graves. Dans ce dernier cas, on dit qu'ils
"ont perdu la tête". La plupart du temps, ces personnes sont incapables de donner un sens à leur
environnement. Ils ont perdu le contact avec la « réalité ». Je peux donc en déduire que je perds
temporairement la tête chaque fois que je dors, même si mon cerveau fonctionne. À cet égard, nous
pouvons dire que le dualisme de Descartes a du sens. Mais, parce que je veux parler de l'esprit par
rapport à la réalité, je ne considérerai pas les cas où l'esprit est déconnecté du cerveau. Alors, quelle

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité

est l'importance de l'esprit dans ce que nous appelons la réalité? Pourquoi son étude est-elle
importante?

Pour commencer, l'étude scientifique de l'esprit s'appelle psychologie tandis que l'étude du
cerveau s'appelle neuroscience cognitive. Déjà, la différence est claire. Le cerveau n'est pas l'esprit.
Le cerveau traite ce que les sens perçoivent en données facilement disponibles que l'esprit
transforme en réalité. Imaginez le cerveau comme étant le hardware ou le disque dur de votre
ordinateur alors que l'esprit est
l'ensemble des logiciels qui font
fonctionner votre ordinateur
correctement. L'un a besoin de
l'autre et ne peut être séparé.
L'esprit suit un processus de
pensée. Chaque fois que je
regarde quelque chose, l'objet
que je vois est un stimulus. Mon
cerveau associe l'objet à des
images stockées et me dit que
l'objet est familier ou, si ce n'est Ce processus de décodage est initié par mon cerveau
mais est finalisé par mon esprit.
pas le cas, il stimule mon Photo crédit : Université d’Alabama à Birmingham
cerveau à le comprendre. Ce
processus de décodage est initié par mon cerveau mais est finalisé par mon esprit. Supposons que
que vous soyez piqué par une abeille. La morsure envoie automatiquement, via vos synapses et
neurones, un signal à votre cerveau, qui interprète la douleur comme une piqûre d'abeille. Votre
réaction à la douleur est instantanée car votre cerveau n'a pas eu le temps de réfléchir. Maintenant,
avant d'entrer dans une ruche, supposons que vous preniez le temps de porter le bon équipement
susceptible de vous protéger contre les piqûres d'abeilles potentielles. Cette action est contrôlée
par votre esprit car elle suit un processus de pensée. La plupart de ce que vous faites au cours d'une
journée suit un processus de pensée. Gardez à l'esprit que le processus de pensée n'a rien à voir
avec le langage. Les premiers humains ne parlaient aucune langue mais étaient capables de penser.
L'émergence de notre espèce (Homo Sapiens) et le langage ne se sont pas produites de manière
concomitante. Le langage s'est développé des milliers d'années après l'émergence des premiers
humains (pour en savoir plus sur l'émergence de la langue dans l'histoire humaine, veuillez lire
mon livre: “Exploration des possibilités d’émergence d’une langue maternelle unique et globale
”). Combien de fois avez-vous entendu quelqu'un dire: "Vous pouvez le faire si vous vous y
mettez"? c'est une autre façon de dire: "Vous pouvez le faire si vous y réfléchissez fort ou si vous
êtes attentif". En voici un autre: "Vous lisez dans mes pensées!" Cela signifie simplement que vous
lisez mes intentions. Personne ne peut lire votre cerveau à volonté. Ils ont besoin de techniques
d'imagerie spéciales pour le faire (comme nous l'avons vu ci-dessus). Mais, les gens prennent la

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité

liberté de lire vos pensées à leur guise. Le cerveau ne peut pas penser ni résoudre aucun problème.
L'esprit peut. Mais attendez! Ne vous débarrassez pas de votre cerveau pour l'instant. Vous en avez
besoin 24 heures par jour, sept jours par semaine. Vous n'avez besoin de votre esprit que lorsque
vous êtes conscient.

Donc nous en sommes là! L'esprit fonctionne seulement au niveau conscient. Qu'est-ce que la
conscience? Sa définition a trois volets: « 1) L'état d'être conscient et sensible à son environnement;
2) la conscience ou la perception de quelque chose d'une personne; et 3) Le fait de la conscience
par l'esprit de lui-même et du monde. » Nous pouvons observer ou interagir avec notre
environnement ou la réalité seulement quand nous sommes conscients. Par conséquent, cette
réalité est un produit de notre esprit au lieu de notre cerveau. Notre esprit crée la réalité telle que
nous la connaissons. Comme je l'ai déjà dit, pourquoi ne pouvons-nous pas contrôler nos rêves,
qui commencent et se terminent selon leur bon vouloir? Pourquoi est-il toujours difficile de trouver
une adresse, de résoudre des problèmes mathématiques, d'écrire une phrase complète et correcte
dans un rêve? Parce qu'un rêve n'est pas réel. Serait-ce une hyperbole si je vous disais que
normalement nous passons un tiers de notre vie sans notre esprit? Non, ce ne serait pas le cas, étant
donné qu'en moyenne, nous passons le tiers de notre vie à dormir. Le processus de pensée que
nous semblons suivre en rêvant n'implique pas notre esprit. Il émerge de notre subconscient, qui
est un répertoire d'images anciennes, de pensées et d'émotions refoulées. En d'autres termes, un
réservoir de fausses réalités qui n'exigent plus un processus de pensée pour émerger et se dérouler
parce qu'elles appartiennent au passé, ce qui est également un facteur important dans notre réalité
consciente. En fait, la réalité que vous vivez actuellement n'est rien d'autre que la somme des
décisions que vous avez prises dans le passé. La réalité que nous vivons en tant qu'espèce est la
somme des décisions prises et des découvertes scientifiques faites par nos prédécesseurs.

Dans l'ensemble, la conscience a trois niveaux, et ce qui rend l'être humain unique est le fait que
nous pouvons opérer aux trois niveaux. Dans la conscience de niveau I, l'information sensorielle
se déplace à travers le tronc cérébral, passe le thalamus, sur les divers cortex du cerveau et
finalement sur le cortex préfrontal. Ainsi, ce flux de conscience de niveau I est créé par le flux
d'informations provenant du thalamus du cortex préfrontal. La conscience de niveau II consiste à
trouver notre place dans la société. Les émotions proviennent et sont traitées dans le système
limbique. Dans la conscience de niveau II, nous sommes continuellement bombardés
d'informations sensorielles, mais les émotions sont des réponses rapides aux urgences du système
limbique qui n'ont pas besoin de la permission du cortex préfrontal. L'hippocampe est également
important pour le traitement des souvenirs. Ainsi, la conscience de niveau II, à sa base, implique
la réaction de l'amygdale, de l'hippocampe et du cortex préfrontal. Au niveau III, le plus haut
niveau de conscience, associé principalement à l'Homo Sapiens, nous stimulons l'avenir en prenant
notre modèle du monde et en faisant des simulations dans le futur. Nous faisons cela en analysant
les souvenirs passés des personnes et des événements, puis en simulant l'avenir en établissant de

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité

nombreux liens de causalité pour former un arbre « causal ». Simuler l'avenir, le cœur de la
conscience de niveau III, est médiée par le cortex préfrontal dorsolatéral, le PDG du cerveau, avec
la compétition entre le centre du plaisir et le cortex orbitofrontal (qui agit pour vérifier nos
impulsions) ... Le vrai processus de stimulation du futur se produit lorsque le cortex préfrontal
accède aux souvenirs du passé pour se rapprocher des événements futurs.

Toutes les décisions, même en une fraction de seconde, suivent un processus de réflexion. Les
découvertes scientifiques sont généralement le point culminant de longues heures
d'expérimentation par essais et erreurs, qui suivent des processus de pensée rigoureux contrôlés
par l'esprit. Je parlerai de science et de réalité dans de futures publications, mais pour l'instant,
permettez-moi de prendre les révolutions scientifiques comme exemples parce que notre monde y
est bâti. Les révolutions scientifiques illustrent le processus de pensée de l'esprit humain à un
niveau macro dans la réalisation de la réalité du 21ème siècle. Habituellement, les gens parlent de
la révolution scientifique, mais tous les domaines de la science sont sujets à des révolutions. La
révolution scientifique est connue sous le nom de naissance de la science moderne à l'époque de
la Renaissance où l'exploration et la découverte, la révolution de l'imprimerie et les progrès de
l'astrologie, de l'astronomie, des mathématiques, de la musique, de la médecine et de l'alchimie.
Mais, les révolutions scientifiques suivent généralement le même schéma: une anomalie se trouve
dans un paradigme établi, ce qui crée un conflit. Les scientifiques travaillent pour résoudre le
conflit en instituant un nouveau paradigme. Pouvez-vous imaginer combien de pensées et de
désaccords sont impliqués dans tout ce processus? Chaque fois que cela arrive, c'est une macro-
entreprise de l'esprit humain collectif à son meilleur pour créer une nouvelle réalité scientifique.
Par exemple, le secteur médical reconsidère les soins de santé en plaçant le patient au stade de la
recherche fondamentale. Cela signifie que lorsque des biologistes, des biochimistes, des
neuroscientifiques, etc. mènent des recherches, ils ne le font pas simplement pour le faire. Ils se
demandent: “Comment cela peut-il améliorer la santé du patient?”. Le temps qu'une recherche
atteigne le stade clinique, le patient est déjà profondément impliqué. L'ensemble du processus
s'appelle “du laboratoire au chevet du patient” (pour plus de détails, voir mon article “Comment la
médecine translationnelle redéfinit progressivement les soins de santé : du laboratoire au chevet
du patient, celui-ci est la pierre angulaire de la recherche translationnelle ”).

Ci-dessus, j'ai fait la différence entre l'étude du cerveau (neuroscience cognitive) et l'étude de
l'esprit et du comportement (psychologie). J'ai aussi mentionné comment de nouvelles techniques
de balayage cérébral, d'imagerie et d'observation (tomodensitométrie, IRM et TEP) permettent non
seulement aux neuroscientifiques de mieux étudier le cerveau, mais permettent également aux
psychologues de mieux comprendre le fonctionnement de l'esprit. La psychologie, telle que nous
la connaissons aujourd'hui, a évolué à partir d'une discipline basée uniquement sur des théories.
Pour comprendre le rôle de l'esprit dans la réalisation de la réalité, il est important de comprendre
les approches des différentes écoles de pensée dans le domaine de la psychologie. L'étude de

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
l'esprit peut, historiquement, être divisée en deux grandes catégories: la psychologie avant la
seconde guerre mondiale et la psychologie après la seconde guerre mondiale.

1. La psychologie avant la deuxième guerre mondiale : un aperçu

Bien avant le 19ème siècle, les philosophes antiques, à savoir Platon, ont proposé une théorie
tripartite de l'esprit qui comprenait les trois éléments suivants: 1) le "moi" ou "Ego" ou l'Esprit
conscient, qui est l'esprit auquel nous nous référons habituellement. Traditionnellement, nous
pensons que l'Ego est le moi complet, par exemple, quand nous disons: "J'ai pris ma décision". En
fait, l'Ego fait beaucoup. Il joue un rôle majeur lorsque nous raisonnons, discutons, délibérons,
organisons, planifions et donnons du sens aux expériences; 2) le "Id" ou "Ça", est le référentiel des
pulsions et des désirs. C'est là que se trouvent l'instinct et les besoins primaires. 'Id' est le mot latin
pour 'il', alors que 'ego' est le mot latin pour 'je'; 3) le "surmoi" ou la conscience.

En ce qui concerne Aristote, particulièrement dans De Anima, il a traité la psychologie comme une
science de l'âme. Cependant, par "âme", il voulait dire un principe animé de la vie. Dépendant de
la présence de parties physiques mais non matérielles, l'âme est un principe de la nature qui
explique le changement et le repos dans les corps vivants. Ainsi, l'étude de l'âme comprend toutes
les choses vivantes, pas seulement celles qui ont un intellect (Walsh et al., 2014). Aristote
considérait l'étude de l'âme comme une science, parce que les états psychologiques (par exemple
la colère ou la tristesse) impliquent le corps. Cependant, dans la mesure où l'âme implique aussi
l'esprit ou l'intellect, et qu'il n'y a pas de substance mentale à l'intellect, l'âme n'est pas entièrement
descriptible physiquement (Green, 1998). Ainsi, les sujets psychologiques ne sont pas entièrement
du ressort du philosophe ou scientifique naturel. Aristote s'interroge sur la possibilité d'une
méthode pour enquêter sur des sujets psychologiques; Si des méthodes sont nécessaires, il a prévu
qu'il y aurait des conflits sur la meilleure façon de procéder (Shields, 2011). L'étude de l'âme, pour
Aristote, implique les capacités de l'âme: la nutrition, la perception et le raisonnement. La capacité
de nutrition est partagée avec tous les êtres vivants; les animaux ont la capacité de nutrition et de
perception, alors que les humains ont les trois capacités, mais le désir est une capacité distincte de
l'âme qui initie le mouvement et joue un rôle dans le comportement intentionnel (Shields, 2011).
Cependant, Aristote ne considérait pas l'âme comme une somme de capacités différentes mais
comme une unité intégrée. (Walsh et al., 2014)

La période de la Renaissance et la Révolution scientifique auront un impact sur la psychologie en


lui donnant plusieurs significations, bien que celles-ci « continuent d'être dominées par la
philosophie aristotélicienne de la nature avec des commentaires grecs, arabes et latins » (Park &
Kessler, 1988). La confiance générée par les découvertes scientifiques a inspiré l'application des
lois naturelles non seulement aux objets naturels et aux fonctions physiologiques, mais aux
phénomènes psychologiques humains et aux relations sociales. Quand les philosophes naturels ont
expliqué l'activité humaine qui lie les objets naturels ensemble, ils ont étendu à la nature humaine
une conception mécaniste de la nature qui fonctionne selon des relations de cause à effet. Pourtant,
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité La psychologie avant la deuxième guerre mondiale

ils l'ont fait de diverses perspectives et sont redevables à leurs prédécesseurs. (Hatfield, 1995). La
‘psychologie’ signifiait encore l'étude de l'âme. Les individus n'utilisaient pas encore la
‘psychologie’ pour décrire leurs réflexions sur leurs actions, leurs sentiments et leurs pensées. En
fait, beaucoup d'érudits ont utilisé le terme ‘anthropologie’ pour l'étude des aspects corporels de la
nature humaine seulement, bien qu'Immanuel Kant l'ait utilisé pour englober tous les phénomènes
psychologiques. La ‘nature humaine’ signifie à la fois comprendre les humains en tant qu'objets
naturels et étudier l'action humaine pour améliorer la conduite morale (Smith, 1997). La division
de la psychologie philosophique de Christian Wolff en types empiriques et rationnels a porté ses
fruits chez certains érudits, bien que Kant ait critiqué les vulgarités de Wolff et conçu sa propre
résolution (Lapointe, 1970, Leary, 1982). D'autres ont ignoré la distinction de Wolff. Au XIXe
siècle, la psychologie en Grande-Bretagne signifiait généralement la philosophie naturelle
appliquée aux phénomènes psychologiques, tandis qu'aux États-Unis, la psychologie signifiait la
philosophie morale et mentale, inspirée par le philosophe écossais Thomas Reid (1710-1796).

Au 19ème siècle, la quête de comprendre le comportement humain a inspiré les chercheurs à étudier
l'esprit, engendrant ainsi le domaine connu sous le nom de psychologie expérimentale, qui a
commencé avec Wilhelm Wundt (1832-1920) et Gustav Fechner (1801-1887). Au départ, c'était
une quête pour relier nos expériences internes au monde qui nous entoure. Ces deux pionniers ont
compris l'ambiguïté causée par le cliché "voir c'est croire". Ils ont réalisé que ce que nous voyons
et ce qui est ne sont pas la même chose. Les différences dans la réalité ou dans notre environnement
ont attiré l'attention de Fechner. Par exemple, nos détecteurs anatomiques peuvent manquer de la
sensibilité requise pour détecter les différences entre deux stimuli légèrement différents.

i. Wilhelm Wundt (1832 – 1920)

"Wilhelm Wundt, salué comme le 'père de la psychologie expérimentale', a créé le premier


laboratoire de recherche et d'enseignement psychologique au sein du département de philosophie
de Leipzig vers 1876 (Fancher, 1996). Il considérait sa psychologie comme une branche de la
philosophie, une tentative d'appliquer les méthodes expérimentales de la science naturelle (en
particulier, la physiologie de Helmholtz) à des problèmes essentiellement philosophiques
concernant la nature de l'esprit et son statut métaphysique. Cette vision du sujet a persisté, en
Allemagne, au moins jusqu'à l'époque nazie. Le programme de recherche de Wundt visait à étudier
les 'éléments de la conscience' et les lois régissant la combinaison de ces éléments (Wundt, 1912).
Bien que son système théorique ait fait une place aux sentiments émotionnels comme une classe
d'éléments, dans la pratique, le programme de recherche expérimental de Wundt portait
principalement sur les éléments de la sensation et leur mélange dans les idées. Comme cela a été
le cas dans la tradition philosophique empiriste, ces idées ont été conçues comme des images
mentales à toutes fins utiles. En effet, Wundt insiste, bien dans l'esprit de Hume, sur le fait qu'il
n'y a pas de différence de nature fondamentale entre les idées découlant directement de la
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perception et les 'images de la mémoire' (Wundt, 1912). Ainsi, la psychologie expérimentale


Wundtienne était en grande partie une étude des processus cognitifs, et pour lui (et la plupart de
ses nombreux étudiants et imitateurs), l'image mentale (sous l'idée de la rubrique) jouait
essentiellement le même rôle crucial dans la cognition qu'elle a joué pour la plupart de ses
prédécesseurs philosophiques." (Thomas, 2014).

ii. Gustav Fechner (1801 – 1887)

“Les éléments de la psychophysique, volume 2 de Fechner a établi son importance durable en


psychologie. Dans ce travail, il a postulé que l'esprit et le corps, bien que paraissant être des entités
distinctes, sont en réalité des aspects différents d'une même réalité. Il a également développé des
procédures expérimentales, encore utiles en psychologie expérimentale, pour mesurer les
sensations en relation avec la grandeur physique des stimuli. Surtout, il a conçu une équation pour
exprimer la théorie du seuil de discrimination, avancée plus tôt par Ernst Heinrich Weber. Cette
théorie concerne la capacité sensorielle à discriminer lorsque deux stimuli (par exemple, deux
poids) sont simplement sensiblement différents l'un de l'autre. Des recherches ultérieures ont
montré, cependant, que l'équation de Fechner est applicable dans le milieu de l'intensité du
stimulus et ne tient alors qu'environ vrai. À partir de 1865 environ, il s'est plongé dans l'esthétique
expérimentale et a cherché à déterminer par des mesures réelles quelles formes et dimensions sont
les plus esthétiques.”

iii. Paul Broca (1824 – 1880)

Le physiologiste français Paul Broca a montré comment les dommages au lobe frontal du cerveau,
maintenant appelé zone de Broca, ont conduit à des problèmes d'élocution. Broca "a examiné le
cerveau d'un patient récemment décédé qui avait eu un trouble inhabituel. Bien qu'il ait été capable
de comprendre la langue parlée et qu'il n'ait eu aucune déficience motrice de la bouche ou de la
langue qui aurait pu affecter sa capacité de parler, il ne pouvait ni prononcer une phrase complète
ni exprimer ses pensées par écrit. Le seul son articulé qu'il pouvait faire était la syllabe "tan", qu'on
a finalement utilisé comme son nom. Lorsque Broca a autopsié le cerveau de Tan, il a trouvé une
lésion importante dans le cortex frontal inférieur gauche. Par la suite, Broca a étudié huit autres
patients, dont tous avaient des déficits du langage similaires avec des lésions dans l'hémisphère
frontal gauche. Cela l'a amené à faire sa fameuse déclaration que « nous parlons avec l'hémisphère
gauche » et à identifier, pour la première fois, l'existence d'un « centre du langage » dans la partie
postérieure du lobe frontal de cet hémisphère. Maintenant connu sous le nom de zone de Broca,
c'était en fait la première zone du cerveau à être associée à une fonction spécifique - dans ce cas,
la langue ... Dix ans plus tard, Carl Wernicke, un neurologue allemand, a découvert une autre partie
du cerveau, celle-ci impliquée dans la compréhension du langage, dans la partie postérieure du
lobe temporal gauche. Les personnes qui avaient une lésion à cet endroit pouvaient parler, mais
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leur discours était souvent incohérent et n'avait aucun sens. Les observations de Wernicke ont été
confirmées plusieurs fois depuis. Les neuroscientifiques s'accordent maintenant pour dire que le
contour du sillon latéral (aussi connu sous le nom de
fissure de Sylvius) dans l'hémisphère gauche du
cerveau, est une sorte de boucle neurale impliquée à la
fois dans la compréhension et la production du
langage parlé. À l'extrémité frontale de cette boucle se
trouve la zone de Broca, qui est généralement associée
à la production de langage. À l'autre extrémité (plus
précisément, dans le lobe temporal postérieur
supérieur), se trouve la zone de Wernicke, qui est
associée au traitement des mots que nous entendons
prononcer, ou aux apports langagiers. La région de
Broca et la région de Wernicke sont reliées par un
grand faisceau de fibres nerveuses appelé le faisceau
arqué. Cette boucle de langue se retrouve dans
La zone de Broca et la zone de Wernick
l'hémisphère gauche chez environ 90% des droitiers Photo crédit: The Gale Encyclopedia of Psychology
et 70% des gauchers, la langue étant l'une des
fonctions asymétriques du cerveau. Étonnamment, cette boucle se trouve également au même
endroit chez les personnes sourdes qui utilisent la langue des signes. Cette boucle ne semble donc
pas être spécifique à la langue parlée ou entendue, mais plutôt être plus largement associée à la
modalité linguistique de l'individu."

iv. Franz Mesmer (1734 – 1815)

Il a étudié les effets des aimants sur les humains. Il a découvert que s'il pendait un aimant devant
une personne pendant une longue période de temps, celle-ci entrerait dans un état léthargique. "Il
était un médecin allemand s'intéressant à l'astronomie, qui a théorisé qu'il existait un transfert
énergétique naturel entre tous les objets animés et inanimés qu'il appelait le magnétisme animal,
parfois appelé plus tard mesmérisme. La théorie a attiré un large public entre environ 1780 et 1850
et a continué à avoir une certaine influence jusqu'à la fin du siècle. En 1843, le médecin écossais
James Braid a proposé le terme d'hypnose pour une technique dérivée du magnétisme animal;
aujourd'hui, c'est le sens habituel du mesmérisme."

v. Jean martin Charcot (1825 – 1893) et Sigmund Freud (1856 – 1939)

Jean martin Charcot « a travaillé sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA), qui s'appelle
aujourd'hui la maladie de Lou Gehrig à cause du joueur de baseball du club des Yankees qui en
est mort mais qui s'appelait initialement la maladie de Charcot à cause de son travail. Il a également

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travaillé sur l'hypnose et a découvert qu'il existe une relation entre l'hystérie et l'hypnose. Sigmund
Freud s'est rendu à Paris pour apprendre de Charcot. Freud a découvert que lorsque les gens étaient
hypnotisés, il y avait des événements dont ils se souvenaient, mais dont ils ne pouvaient pas se
souvenir quand ils étaient éveillés. Il a conclu qu'il existe un dépôt de mémoire dans l'esprit auquel
nous n'avons généralement pas accès et que nous devons lutter pour réprimer. » D'autres théories
populaires de Freud incluent la névrose collective, qui représente sa vision personnelle de la
religion, mais qui est digne d'être pris en compte puisque la religion fait partie de la réalité. "Dans
Obsessive Actions and Religious Practices (1907) (Acts obsessifs et pratiques religieuses), ses
premiers écrits sur la religion, Freud suggère que la religion et la névrose sont des produits
similaires de l'esprit humain: la névrose, avec son comportement compulsif, est " une religiosité
individuelle " et la religion rituels répétitifs, est une "névrose obsessionnelle universelle".

vi. Carl Jung (1875 – 1961)

Contre la névrose collective de Freud, Carl Jung opposera sa théorie d’inconscient collectif, qui
inclut, dit-il, le moi, l'inconscient personnel et l'inconscient collectif. "Jung croyait qu'au plus
profond de nous, il y a une zone que nous partageons avec tous les autres êtres humains, vivants
ou morts, l'inconscient collectif. Jung, de son côté, soutient qu'il y a une partie de notre esprit qui
contient des souvenirs et des expériences qui ne sont pas les nôtres, qui nous ont précédé et qui
viennent de nos ancêtres. Cet inconscient collectif est ce que nous utilisons pour donner un sens
au monde. » Jung était un des premiers partisans de Freud. Cependant, en 1912, lors d'une tournée
de conférences sur l'Amérique, Jung critique publiquement la théorie de Freud sur le complexe
d'Œdipe et son accent sur la sexualité infantile. L'année suivante, cela a conduit à une scission
irrévocable entre eux, et Jung a continué à développer sa propre version de la théorie
psychanalytique. La plupart des hypothèses de Jung sur sa psychologie analytique reflètent ses
différences théoriques avec Freud. Par exemple, alors que Jung était d'accord avec Freud sur le fait
que le passé et l'enfance d'une personne déterminaient le comportement futur, il croyait aussi que
nous étions façonnés par notre futur (aspirations) aussi. Jung (1948) n'était pas d'accord avec Freud
sur le rôle de la sexualité. Il a cru que la libido n'était pas seulement l'énergie sexuelle, mais plutôt
l'énergie psychique généralisée. Pour Jung, le but de l'énergie psychique était de motiver l'individu
de plusieurs manières importantes, y compris spirituellement, intellectuellement et de manière
créative. C'était aussi une source de motivation pour la recherche de plaisir et la réduction des
conflits » (McLeod, 2014)

Une autre théorie intéressante proposée par Jung est la Théorie des Archétypes, dans laquelle il
définit les archétypes comme étant es images et des pensées qui ont des significations universelles
à travers les cultures qui peuvent se manifester dans les rêves, la littérature, l'art ou la religion.
"Jung croit que les symboles de différentes cultures sont souvent très similaires parce qu'ils sont
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issus d'archétypes partagés par l'humanité tout entière. Pour Jung, notre passé primitif devient la
base de la psyché humaine, dirigeant et influençant le comportement actuel. Jung a prétendu
identifier un grand nombre d'archétypes, mais avait accordé une attention particulière à quatre. Le
“persona” (ou masque) est le visage extérieur que nous présentons au monde. Il cache notre vrai
moi et Jung le décrit comme l'archétype de la « conformité ». C'est le visage public ou le rôle
qu'une personne présente aux autres comme quelqu'un de différent de ce que nous sommes
réellement (comme un acteur). Un autre archétype est l’anima/animus. L’“anima/animus” est
l'image miroir de notre sexe biologique, c'est-à-dire le côté féminin inconscient chez les hommes
et les tendances masculines chez les femmes. Chaque sexe manifeste les attitudes et le
comportement de l'autre en vertu de plusieurs siècles de vie commune. La psyché d'une femme
contient des aspects masculins (l'archétype de l'animus), et la psyché d'un homme contient des
aspects féminins (l'archétype de l'anima). Ensuite, on a L’ombre. C'est le côté animal de notre
personnalité (comme l'id dans Freud). C'est la source de nos deux énergies créatrices et
destructrices. En accord avec la théorie de l'évolution, il se peut que les archétypes de Jung reflètent
des prédispositions qui avaient autrefois une valeur de survie. Finalement, il y a le soi qui procure
un sentiment d'unité dans l'expérience. Pour Jung, le but ultime de chaque individu est de parvenir
à un état de soi (similaire à l'actualisation de soi), et à cet égard, Jung (comme Erikson) va dans le
sens d'une orientation plus humaniste. Deux autres vues de Jung comprennent: 1) les phénomènes
et les noumènes. En ce qui concerne les phénomènes, lorsque vous regardez quelque chose, vous
créez une image de celle-ci qui n'existe pas dans l'environnement, mais dans votre esprit, alors que
la chose elle-même est le noumène. Par conséquent, Jung a soutenu que la métaphysique est inutile
parce qu'elle ne nous permet pas de faire des affirmations concluantes sur la réalité. Ainsi, il a vu
l'inconscient collectif comme le pont entre l'esprit et le monde. L'inconscient collectif est la
manière dont nous pouvons accéder à la réalité elle-même, et nous sommes tous, en tant qu'espèce,
connectés à elle; 2) Synchronicités: les synchronicités que nous expérimentons dans la vie sont
une marque d'être connecté aux autres à travers l'inconscient collectif.

Aux États-Unis, les conditions sociales n'étaient pas les mêmes qu'en Europe. Cela a motivé les
psychologues américains à prendre un chemin différent. « Initialement, la psychologie américaine
était une science expérimentale germanique visant à dériver les lois générales de l'organisation
mentale au moyen de l'introspection de la conscience. À la fin de la seconde moitié du XIXe siècle,
un certain nombre de jeunes hommes nord-américains et quelques femmes se rendirent en
Allemagne pour étudier avec Wilhelm Wundt, qui avait établi un laboratoire et le premier programme
d'études supérieures en psychologie à l'Université de Leipzig. Allemagne. Ils sont retournés pour
enseigner la psychologie et former d'autres étudiants dans les principales universités du pays dans le
but de quantifier les différences individuelles et les éléments importants de la perception humaine et
de la mémoire. » (Strickland, 2001) « Pourtant, en 1898, seulement deux pour cent des revues
américaines ont rapporté une introspection, tandis que 25% étaient axées sur des applications pratiques
» (Bruner & Allport, 1940). Au cours de la première guerre mondiale, la psychologie américaine était

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principalement une science expérimentale appliquée de la prédiction et du contrôle du comportement


(O'Donnell, 1985). Cependant, l'homogénéité de la pensée chez les psychologues américains était
la norme. La discipline a fait face au débat sur son statut de science naturelle et son but en tant que
science théorique ou pratique. La fondation de l'American Psychological Association (APA) en
1892 façonna un visage public d'unification organisationnelle, masquant les rivalités personnelles.
Intensifier le débat des psychologues sur leurs limites ambiguës était le fait que les biologistes
universitaires, représentant une discipline établie, et certains psychologues considéraient la
psychologie comme une physiologie ou une philosophie (Walsh et al., 2014). La solution des
psychologues américains à cette crise identitaire fondamentale était d'adopter des applications de
la biologie évolutionniste à des phénomènes psychologiques, se manifestant par une « psychologie
génétique [du développement] » ou une « psychologie fonctionnaliste ». Certains espèrent unifier
le point de vue du développement avec l'expérimentation en laboratoire (O'Donnell, 1985).

2. La psychologie après la deuxième guerre mondiale : un aperçu

La seconde guerre mondiale a popularisé le behaviorisme, qui est la théorie psychologique selon
laquelle le comportement humain et animal peut être expliqué en termes de conditionnement, sans
faire appel aux pensées ou aux sentiments, et que les troubles psychologiques sont mieux traités
en modifiant les comportements. La seconde guerre mondiale a marqué un tournant dans l'histoire
de l'humanité dans la mesure où elle a montré comment nous, en tant qu'espèce, pouvons
radicalement changer notre environnement ou notre réalité. Selon Christopher Munsey, « avant la
seconde guerre mondiale, la psychologie avait été avant tout une discipline académique, avec
seulement quelques milliers de cliniciens, de psychologues industriels et organisationnels et
d'experts en tests. Dans les décennies qui ont suivi la guerre, le côté clinique de la psychologie a
explosé. Des milliers d'anciens combattants s'intéressant à la psychologie sont devenus des
pratiquants, avec des places de formation payées à l'université et des emplois qui les attendaient
dans les hôpitaux VA. » (Munsey, 2010). Cela a été fait dans le but de guérir ou clore le schisme
qui existait entre les scientifiques et les cliniciens. « À la fin de la seconde guerre mondiale, le
Conseil national de recherches a exhorté l'American Psychological Association (APA) à fermer le
schisme entre les scientifiques et les cliniciens et à se réorganiser avec des avantages pour tous les
psychologues doctorants. Les hôpitaux des vétérans, en particulier, avaient besoin de personnel
bien formé pour fournir des services de santé mentale à leurs patients. Une importante conférence
tenue en 1949 à Boulder (Colorado) a établi des normes d'éducation et de formation pour les
psychologues cliniciens. Leurs recommandations étaient que les psychologues cliniciens devraient
être formés en tant que généralistes qui étaient à la fois des scientifiques et des cliniciens. Les
étudiants au doctorat effectueraient au moins une année de stage et recevraient le doctorat (doctorat
en philosophie). Ces normes sont toujours en place aujourd'hui » (Strickland, 2001).

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L'holocauste et les atrocités d'Hiroshima et de Nagasaki ont donné aux psychologues une raison
pour remettre en question l'ego humain. « Après la seconde guerre mondiale, la psychologie
américaine, en particulier la psychologie clinique, est devenue un domaine important en soi, en
partie en réponse aux besoins des vétérans de retour au pays. La croissance de la psychologie en
tant que science a été stimulée par le lancement de Spoutnik en 1957 et l'ouverture de la course
spatiale russo-américaine à la Lune. Dans le cadre de cette course, le gouvernement américain a
alimenté la croissance de la science. Pour la première fois, un financement fédéral massif est
devenu disponible, à la fois pour soutenir la recherche comportementale et pour permettre la
formation des diplômés. La psychologie devint à la fois une profession florissante et une discipline
scientifique qui étudiait tous les aspects du comportement social humain, du développement de
l'enfant et des différences individuelles, ainsi que les domaines de la psychologie animale, des
sensations, de la perception et de l'apprentissage. La formation en psychologie clinique a été
fortement influencée par la psychologie freudienne et ses ramifications. Mais certains chercheurs
cliniques, travaillant avec des populations normales et perturbées, ont commencé à développer et
à appliquer des méthodes axées sur les conditions d'apprentissage qui influencent et contrôlent le
comportement social. Ce mouvement de thérapie comportementale a analysé les comportements
problématiques (par exemple, l'agressivité, les modèles de langage bizarres, le tabagisme, les
réactions de peur) en termes d'événements et de conditions observables qui semblaient influencer
le comportement problématique de la personne. Les approches comportementales ont conduit à
des innovations thérapeutiques en travaillant à modifier les comportements problématiques, non
par la perspicacité, la prise de conscience ou la découverte de motivations inconscientes, mais en
abordant le comportement lui-même. Les behavioristes ont tenté de modifier directement le
comportement inadapté, en examinant les conditions qui contrôlent les problèmes actuels de
l'individu, et non leurs racines historiques possibles. Ils voulaient aussi montrer que de tels efforts
pouvaient réussir sans la substitution des symptômes que prédisait la théorie freudienne. Les
freudiens croyaient que l'élimination directe du comportement troublant serait suivie de problèmes
nouveaux et pires. Les thérapeutes comportementaux ont montré que ce n'était pas forcément le
cas. » (Mischel, 2017)

Les behavioristes ne sont pas nés exactement après la seconde guerre mondiale. Disons que leurs
opinions sont devenues plus populaires et pertinentes à la suite de la guerre, comme je l'ai
mentionné ci-dessus. « Les psychologues ont réalisé que les approches précédentes pour
comprendre l'esprit humain feraient à la psychologie ce que l'alchimie avait fait à la chimie. Ils
voulaient débarrasser la psychologie du miraculeux ou du mystique. L'inconscient de Freud et
l'inconscient collectif de Jung n'étaient ni mesurables ni visibles. Ils ne sont pas accessibles
empiriquement. Pour ceux qui voulaient une étude rigoureuse de l'esprit, ces sortes d'entités étaient
embarrassantes. Ainsi, le behaviorisme a été adopté. Le béhaviorisme était une tentative de faire
de la psychologie une science complètement rigoureuse. Il est basé uniquement sur ce que nous
pouvons voir et mesurer: stimulus et réponse. » Il est important de faire la différence entre attitude
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et comportement . « L'attitude est un sentiment, une croyance ou une opinion d'approbation ou de


désapprobation envers quelque chose. Le comportement est une action ou une réaction qui se
produit en réponse à un événement ou à des stimuli internes (c'est-à-dire, à la pensée) » (Strickland,
2001). Les béhavioristes incluent, entre autres:

i. Ivan Pavlov (1849 – 1936)

Il a appris à un chien à saliver au son d'une cloche en utilisant une technique appelée
conditionnement classique. "Pavlov a déclaré que les chiens démontraient un conditionnement
classique. Il a apparié deux stimuli et l'a résumé comme ceci: il y a un stimulus neutre (la cloche)
qui, par lui-même, ne produira pas de réponse, comme la salivation. Il y a aussi un stimulus non-
neutre ou inconditionné (la nourriture), qui produira une réponse inconditionnée (salivation). Mais
si vous présentez le stimulus neutre et le stimulus inconditionnel ensemble, le chien finira par
apprendre à associer les deux. Au bout d'un moment, le stimulus neutre produit à lui seul la même
réponse que le stimulus inconditionné, comme les chiens qui baveraient quand ils entendraient la
cloche. C'est ce qu'on appelle une réponse conditionnée. Imaginez une réponse inconditionnelle
comme complètement naturelle et une réponse conditionnée comme quelque chose que nous
apprenons."

ii. John Watson (1878 – 1958)

"Pavlov a démontré un conditionnement sur les chiens, mais le psychologue américain John
Watson a voulu prouver que cela se produisait aussi chez les humains. Il a pris un garçon de 9
mois nommé Albert et lui a montré plusieurs objets, dont un rat blanc. Albert ne semblait effrayé
par aucun d'eux." "Pour l'expérience proprement dite, Albert a été placé sur un matelas sur une
table au milieu d'une pièce. Un rat de laboratoire blanc a été placé près d'Albert et il a été autorisé
à jouer avec. À ce moment, Watson et Rayner ont fait un bruit fort derrière le dos d'Albert en
frappant une barre d'acier suspendue avec un marteau chaque fois que le bébé avait touché le rat.
Albert a répondu au bruit en pleurant et en montrant la peur. Après plusieurs appariements
similaires des deux stimuli, on a montré seulement à Albert. En voyant le rat, Albert est devenu
très angoissé, pleurant et rampant. Apparemment, l'enfant avait associé le rat blanc au bruit."

iii. Burrhus Frederic Skinner (1904 – 1990)

Il a utilisé une technique appelée conditionnement opérant dans l'apprentissage, qui, par opposition
au conditionnement classique basé sur l'appariement de deux stimuli, associe le comportement et
la réponse. Il est important de noter que c'est le travail d'Edward Thorndike (1874 - 1949) qui a
conduit au développement du conditionnement opérant, qui était derrière la description de Skinner

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité La psychologie après la deuxième guerre mondiale

de la façon dont le comportement peut être modifié par l'utilisation de renforcement positif ou
négatif respectivement. Une association peut être faite par n'importe qui entre un comportement
particulier et ses conséquences. Par exemple, quand un rat de laboratoire appuie sur un bouton
bleu, il reçoit une boulette de nourriture en récompense, mais quand il appuie sur le bouton rouge,
il reçoit un léger choc électrique. En conséquence, il apprend à appuyer sur le bouton bleu mais
évite le bouton rouge. La punition ne signifie pas nécessairement une punition physique. Le
conditionnement instrumental, un autre terme pour le conditionnement opérant, se concentre sur
des principes efficaces de renforcement et de mise en forme, qui favorisent l'apprentissage et le
contrôle de soi."

iii. Marcel Duchamp (1887 – 1968)

Il n'était pas un psychologue. Il était un peintre, sculpteur, joueur d'échecs et écrivain franco-
américain dont le travail est associé au cubisme et à l'art conceptuel. Mais, il a montré comment le
comportement des gens peut être conditionné dans les bonnes circonstances. Il a inventé un
concept appelé « Ready-mades », qui était des « objets de tous les jours sélectionnés et désignés
comme art ». Il fabriquait en masse des marchandises et les installait comme des œuvres d'art. Par
exemple, un urinoir était l'un de ses ready-made. Une pelle à neige en était un autre. L'idée derrière
les ready-made est que si vous prenez un objet, vous le repositionnez en le signant puis en
l'exposant, il a le potentiel de piquer la curiosité des gens et donc de modifier leur comportement
ou leur approche envers l'objet.

iv. Edward C. Tolman (1886 – 1959)

Il a introduit le béhaviorisme ciblé, « une branche de la psychologie qui combine l'étude objective
du comportement tout en considérant le but du comportement. Tolman pensait que l'apprentissage
découlait de la connaissance de l'environnement et de la relation de l'organisme avec son
environnement. » De même, le béhaviorisme téléologique prétend que toute action humaine a un
but et que l'action est susceptible de continuer jusqu'à ce que l'objectif soit atteint.

v. Edwin Ray Guthrie (1886 – 1959)

"L'argument de Guthrie a été axé sur la philosophie. Selon lui, l'association simple dans le temps
d'un stimulus externe et d'une réponse comportementale suffisait à un sujet animal ou humain pour
connecter les deux mentalement. Ce point de vue contrastait avec celui d'autres psychologues qui
estimaient qu'une certaine forme de renforcement, positif ou négatif, était nécessaire pour établir
l'association entre le stimulus et la réponse. Guthrie a également nié l'affirmation des théoriciens
du renforcement selon laquelle l'association doit être répétée plusieurs fois avant d'être établie en

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité La psychologie après la deuxième guerre mondiale

tant que modèle comportemental; au contraire, un seul incident suffisait à l'apprentissage de


l'association, faisait-il valoir. Guthrie a recueilli des données expérimentales pour soutenir sa
théorie et a présenté ses points de vue dans « Psychology of Learning » (1935) (Psychologie de
l’apprentissage)."

vi. Kenneth Wartinbee Spence (1907 – 1967)

"Le travail de Spence l'a convaincu que l'apprentissage de la discrimination a lieu en établissant
des liens entre des stimuli et des réponses spécifiques, renforcés par une récompense lorsque la
réponse appropriée est donnée. Dans « Behavior Theory and Conditioning » (1956) (Théorie du
comportement et du conditionnement), il a relié ses découvertes au comportement en général, ainsi
qu'à des systèmes d'apprentissage spécifiques. La force du potentiel d'apprentissage, selon Spence,
dépend à la fois de la force de la pulsion (telle que la faim ou le sexe) que la réponse satisfait et de
la force de l'incitation, dont les variables principales sont la quantité de renforcement donnée et le
délai entre la réponse et la récompense."

Pour expliquer la différence entre le cerveau et l'esprit, j'ai indiqué ci-dessus comment - dans une
situation familière bien sûr – vous pouvez affirmer avoir lu les pensées de quelqu'un alors que pour
lire son cerveau, vous auriez besoin de techniques d'imagerie spéciales comme le CT scan, IRM
ou le TEP. J'ai aussi dit que l'esprit, contrairement au cerveau, a besoin d'un processus de pensée
pour fonctionner. Et, en consacrant respectivement deux chapitres distincts au cerveau et à l'esprit,
je reconnais par là qu'ils sont deux entités distinctes. Mais il y a quelque chose que je voudrais
souligner aussi: si l'esprit suit un processus de pensée qui ne dépend que du sujet, un inconnu (une
personne, pas une maladie) peut-il influencer directement l'esprit de quelqu'un?

(Daniels, 2015) cite la relation entre l'autorité et l'obéissance en tant qu'exemple, déclarant que «
Probablement les expériences psychologiques les plus célèbres du 20ème siècle, les études sur
obéissance de Stanley Milgram sont encore consternantes dans leurs implications. Milgram les a
commencées en 1961 en réponse aux explications axées sur la phrase 'je ne fais qu'exécuter des
ordres' qui ont surgi lors du procès d'Adolf Eichmann. En tout, il a conduit 20 tests avec des
conditions légèrement différentes, mais la configuration de base était la suivante: Milgram a
recruté des participants à son laboratoire à l'Université de Yale, leur disant qu'ils étudiaient les
effets de la punition sur l'apprentissage. Chaque participant a été assigné à être le 'professeur',
tandis qu'un autre le sujet, en réalité un confédéré de l'expérimentateur, était 'l'apprenant. Dans une
pièce voisine, l'apprenant était câblé avec des électrodes tandis qu'on avait indiqué au professeur
que chaque fois que l'apprenant faisait une erreur dans un test de vocabulaire, l'enseignant devrait
le choquer, augmentant le niveau avec chaque erreur. Les niveaux de choc visibles par l'enseignant
avaient des étiquettes allant de 15 volts (léger) à 450 volts (grave et dangereux). En réalité, les

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité La psychologie après la deuxième guerre mondiale

électrodes ne faisaient rien, mais on avait dit aux apprenants de se comporter comme s'ils
éprouvaient une douleur intense.

Tout au cours de l'expérience, les apprenants ont délibérément fait beaucoup d'erreurs. Lorsque les
enseignants ont augmenté le niveau de choc supposé, les apprenants ont commencé à grogner, à
crier de douleur et, à des niveaux élevés, à crier à l'agonie et à pleurer, « Sortez-moi d'ici! » Si
l'enseignant refusait d'administrer un choc, un personnage d'autorité vêtu d'une blouse blanche lui
ordonnait de le faire à l'aide de directives telles que « S'il vous plaît continuez » ou « Vous n'avez
pas d'autre choix que de continuer ».

Soixante-trois pour cent des enseignants ont continué à choquer jusqu'au plus haut niveau les
apprenants qui hurlaient. Milgram a été étonné par les résultats, mais au fil des années, des tests
répétés avec d'autres sujets, ont confirmé son nombre. Les expérimentateurs ont trouvé que
certaines conditions étaient les plus susceptibles d'inciter à l'obéissance:

• Lorsque le personnage d'autorité n'était pas loin, portait un manteau blanc et assumait la
responsabilité.
• Lorsque les expériences ont eu lieu dans un environnement officiel.
• Quand l'enseignant pourrait demander à quelqu'un d'autre d'appuyer sur les interrupteurs.
• Lorsque l'apprenant était dans une autre pièce ou à distance.

D'autre part, dans certaines circonstances, les enseignants étaient beaucoup moins susceptibles
d'administrer des chocs douloureux:

• Lorsque l'enseignant devait physiquement forcer la main de l'apprenant sur une plaque de
choc.
• Quand on voyait d'autres participants refusant d'obéir.

Dans ces cas-là, l'obéissance chutait à seulement dix pour cent."

Il ne fait aucun doute que le contrôle de l'esprit est un produit du béhaviorisme. Si l'expérience de
Milgram était légitime et rendue publique, d'autres expériences étaient secrètes et gardées secrètes
en raison de leurs implications plus sensibles. "L'hystérie de la guerre froide a finalement atteint
les plus hauts niveaux de la CIA. Convaincue que les Soviétiques étaient très avancés dans la
science du lavage de cerveau et des méthodes scientifiques peu orthodoxes, la CIA s'est lancée
dans une série de projets classifiés, tels que le MKULTRA – aujourd'hui déclassifié – qui a
commencé en 1953 à explorer des idées bizarres. (En 1973, alors que le scandale du Watergate se

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Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité La psychologie après la deuxième guerre mondiale

propageait dans tout le gouvernement, le directeur de la CIA, Richard Helms, annula le


MKULTRA et ordonna rapidement la destruction de tous les documents relatifs à la période, mais
une cache de vingt mille documents survécut à la purge suite à la loi Freedom of Information Act,
révélant toute la portée de cet effort massif.)

On sait maintenant que, de 1953 à 1973, MULTRA a financé 80 institutions, dont 44 universités
et collèges, et des dizaines d'hôpitaux, de sociétés pharmaceutiques et de prisons, expérimentant
souvent sur des personnes non averties sans leur permission, dans 150 opérations secrètes. À un
moment donné, 6% du budget total de la CIA ont été consacrés à MKULTRA. Certains de ces
projets de contrôle mental incluaient:

• Développer un « sérum de vérité » afin que les prisonniers dévoilassent leurs secrets.
• Effacer des souvenirs via un projet de la marine américaine appelé « Sous-projet 54 »
• Utilisation de l'hypnose et une grande variété de médicaments, en particulier le LSD, pour
contrôler le comportement.
• Enquêter sur l'utilisation de drogues antipsychotiques contre des leaders étrangers, par
exemple Fidel Castro.
• Perfectionner une variété de méthodes d'interrogation contre les prisonniers.
• Développer un médicament knock-out qui fonctionnait rapidement et ne laissait aucune
trace.
• Modifier la personnalité des gens à l'aide de drogues pour les rendre plus flexibles.

Dr. Kaku poursuit en disant que bien que certains scientifiques aient mis en doute la validité de
ces études (menées par la CIA), d'autres se sont portés volontaires. Des personnes de diverses
disciplines ont été recrutées, y compris des médiums, des physiciens et des informaticiens, pour
enquêter sur divers projets peu orthodoxes: expérimenter des drogues psychotropes comme le
LSD, demander aux voyants de situer la position des sous-marins soviétiques patrouillant dans les
océans profonds, etc. Dans un triste incident, un scientifique de l'armée américaine reçut
secrètement du LSD. Selon certains rapports, il est devenu si violemment désorienté qu'il s'est
suicidé en sautant par la fenêtre ... Le Sénat américain a été informé dans un autre rapport secret
que les soviétiques expérimentaient avec le rayonnement de micro-ondes directement dans le
cerveau des sujets de test. Plutôt que de dénoncer l'acte, les États-Unis voyaient « un grand
potentiel de développement dans un système de désorientation ou de perturbation du
comportement du personnel militaire ou diplomatique. » L'armée américaine a même prétendu
pouvoir transmettre des mots entiers et des discours dans l'esprit de l'ennemi: « Un concept de
leurre et de tromperie ... est de créer à distance du bruit dans la tête du personnel en l'exposant à
des micro-ondes pulsées de faible puissance ... Par un choix approprié des caractéristiques du

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité La psychologie après la deuxième guerre mondiale

pouls, un discours intelligible peut être créé. [...] Ainsi, il peut être possible de « parler » à des
adversaires choisis d'une manière qui serait la plus dérangeante pour eux », indiquent les rapports.
Malheureusement, aucune de ces expériences n'a été évaluée par des pairs, et des millions de
dollars des contribuables ont été dépensés pour des projets comme celui-ci, qui viole probablement
les lois de la physique, puisque le cerveau humain ne peut recevoir de micro-ondes et, surtout, n'a
pas la capacité de décoder les messages micro-ondes."

Cependant, l'avenir de l'étude de l'esprit est prometteur. Il devrait être de plus en plus scientifique,
factuel et numérique. Comme le dit le Dr. Kaku: "Comme dans le film The Matrix, nous pourrions
un jour pouvoir télécharger des souvenirs et des compétences en utilisant des ordinateurs. Dans les
études animales, les scientifiques ont déjà été en mesure d'insérer des souvenirs dans le cerveau.
Peut-être que ce n'est qu'une question de temps avant que nous aussi, nous puissions insérer des
souvenirs artificiels dans notre cerveau pour apprendre de nouveaux sujets, aller en vacances dans
de nouveaux endroits, et maîtriser de nouveaux passe-temps. Et si les compétences techniques
peuvent être téléchargées dans l'esprit des travailleurs et des scientifiques, cela peut même affecter
l'économie mondiale. Nous pourrions même être en mesure de partager ces souvenirs. Un jour, les
scientifiques pourraient construire un « Internet de l'esprit », ou un cerveau-réseau, où les pensées
et les émotions sont envoyées électroniquement dans le monde entier. Même les rêves seront
enregistrés sur bande vidéo puis envoyés par courrier électronique sur Internet. La technologie
peut également nous donner le pouvoir d'améliorer notre intelligence. Des progrès ont été
accomplis dans la compréhension des pouvoirs extraordinaires des « savants » dont les capacités
mentales, artistiques et mathématiques sont vraiment étonnantes. De plus, les gènes qui nous
séparent des singes sont maintenant séquencés, ce qui nous donne un aperçu inégalé des origines
évolutives du cerveau. Des gènes ont déjà été isolés chez des animaux qui peuvent augmenter leur
mémoire et leur performance mentale."

L'esprit et les souvenirs seront toujours intimement liés dans la quête de comprendre et d'expliquer
la réalité. Les souvenirs sont ce sur quoi nous nous appuyons pour comprendre le présent et
planifier pour l'avenir. La vraie source de la réalité est le passé. Imaginez quelqu'un qui non
seulement ne peut pas se souvenir de son passé mais ne puisse pas se souvenir de ce qu'il a fait ou
dit il y a deux minutes. Peut-on dire qu'une telle personne a une réalité? Parce que nous serons en
mesure de télécharger des souvenirs à volonté, nos passés seront toujours pertinents dans l'étude
de nos esprits. Le passé continuera à jouer un rôle important dans la détermination de qui nous
sommes, et le présent compte également dans la formation de l'avenir. Par conséquent, j'adhère à
la position de Jung quant à la façon dont nos aspirations et nos ambitions façonnent aussi nos
réalités. De plus, en raison de l'interconnectivité croissante, notre individualité, telle que nous la
connaissons aujourd'hui, pourrait changer à l'avenir. Mais, pour l'instant, dans la quête de
comprendre la réalité, il y a des centaines de questions que l'on pourrait poser, et chacune d'elles
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre III L’esprit, générateur par excellence de la réalité La psychologie après la deuxième guerre mondiale

recevrait une réponse différente selon la réalité du locuteur. Parmi ces questions: qu'est-ce que la
matière et pourquoi ses composantes ne se ressemblent-elles pas? Qu'est-ce que la vie et ses
origines? Qu'est-ce que la mort? Qu'est-ce que la superstition? Qu'est-ce que l'espace et sommes-
nous seuls dans l'univers?

………………………….

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
CHAPITRE 4
QU’EST-CE QUE LA RÉALITÉ? UNE TENTATIVE D’EXPLICATION
À TRAVERS CINQ QUESTIONS

Il n'y a pas de réponse standard à cette question. Pour moi, la réalité est ce que je pense peut affecter
ma vie directement ou indirectement. Votre définition de la réalité sera tout aussi valable. La
plupart du temps, sinon toujours, quand les gens imaginent la réalité, ils pensent à ce qu'ils peuvent
voir, sentir, goûter, entendre ou toucher. En d'autres termes, la réalité est tout ce qui peut être perçu
par nos sens, vous diront-ils. Il n'y a rien de mal à cette définition non plus. Nous avons vu ci-
dessus à quel point les sens sont importants3. Nous sommes conscients des ‘choses’ qui nous
entourent grâce à nos sens. Réalité vient du latin médiéval realitas et du bas latin realis, signifiant
relative aux choses. À cet égard, bien après avoir vécu quelque chose (bon ou mauvais), il peut
continuer à faire partie de notre existence ou de notre réalité. Les dictionnaires Oxford Living
donnent les définitions suivantes de la réalité: 1) Le monde ou l'état des choses tels qu'elles existent
réellement, par opposition à une idée idéaliste ou notionnelle d'elles; 2) Une chose qui est
réellement vécue ou vue, surtout quand c'est peu souhaitable ou problématique; 3) Une chose qui
existe en réalité, n'ayant auparavant existé que dans l'esprit de quelqu'un; 4) La qualité de quelque
chose d'être réaliste ou ressemblant à un original; 5) L'état ou la qualité d'avoir l'existence ou la
substance; et 6) Existence qui est absolue, autosuffisante ou objective et qui n'est pas sujette à des
décisions ou des conventions humaines. À partir de ces définitions, nous pouvons facilement
déduire que la réalité inclut tout ce qui est à la fois tangible ou intangible, au niveau de l'espace-
temps. Mais, ce que nous pouvons observer représente-t-il toujours la réalité? Supposons qu'un
archéologue ait découvert un fossile d'animal lors d'une recherche. A priori, il sait que c'est un
fossile, et c'est un fossile animal. C'est ce que ses yeux lui disent. Que diriez-vous de l'âge du
fossile? Est-ce décelable par l'un de ses sens? Je ne pense pas. Pour connaître l'âge du fossile, il
faudrait effectuer un test appelé datation radiométrique ou datation radioactive, qui est une
méthode utilisée pour déterminer l'âge d'un objet grâce aux propriétés du radiocarbone, un isotope
radioactif du carbone. Le radiocarbone ou C14 est formé lorsque les rayons cosmiques
interagissent avec l'azote atmosphérique. L'élément résultant se combine avec l'oxygène de
l'atmosphère pour former ce que l'on appelle du dioxyde de carbone radioactif, qui se répand dans
l'atmosphère sur les plantes et les animaux au cours de leur vie. Tout échange s'arrête après qu'une
plante ou un animal meurt, ce qui permet alors de calculer leur âge. La datation à l'aide radio
carbone permet de remonter à seulement 50.000 ans, tandis que la datation par l’Uranium-thorium
et la datation par l’Uranium-plomb permettent de remonter respectivement à 75.000 et 4,5
milliards d'années (l'âge de la planète Terre). Selon le département des géosciences de l'université
d'Arizona, "la datation Uranium-Thorium est basée sur la détection par spectrométrie de masse des
produits de décomposition parentale (234U) et fille (230Th), par l'émission d'une particule alpha.
La désintégration de l'uranium 234 en thorium 230 fait partie de la série de désintégration beaucoup

3
Par exemple, bien que nous ne puissions pas voir les galaxies lointaines et les microbes à l'œil nu, nous devons
toujours utiliser nos yeux pour regarder dans le télescope ou le microscope.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Une tentative d’explication à travers cinq questions

plus longue commençant en 238U et se terminant en 206Pb. Pour la datation Uranium-Thorium,


le rapport initial de 230Th / 234U au moment de la formation de l'échantillon doit être connu ou
calculé. Avec le temps, le thorium 230 s'accumule dans l'échantillon par désintégration
radiométrique. L'âge de l'échantillon est basé sur la différence entre le rapport initial de 230Th /
234U et celui de l'échantillon étant daté. La méthode suppose que l'échantillon n'échange pas
230Th ou 234U avec l'environnement (c'est-à-dire qu'il s'agit d'un système fermé). La méthode est
utilisée pour les échantillons pouvant retenir l'uranium et le thorium tels que les sédiments
carbonatés, les os et les dents. Des âges compris entre 1000 et 300 000 ans ont été rapportés."

"La datation par l'uranium-thorium-plomb, également appelée datation par le plomb commun, est
une méthode d'établissement de l'heure d'origine d'une roche au moyen de la quantité de plomb
commun qu'elle contient; le plomb commun est tout plomb provenant d'une roche ou d'un minéral
qui contient une grande quantité de plomb et une petite quantité de progéniteurs radioactifs de
plomb – à savoir, les isotopes uranium 235 et uranium-238 et le thorium isotope thorium-232 ...
La caractéristique importante du plomb commun est qu'il ne contient aucune proportion
significative de plomb radiogénique accumulé depuis la formation de la phase minérale ou
rocheuse. Des quatre isotopes du plomb, deux sont formés à partir des isotopes de l'uranium et un
est formé à partir de l'isotope du thorium; seul le plomb-204 n'a pas de progéniteur radioactif à
longue durée de vie. On pense que le plomb primordial a été formé par des réactions nucléaires
stellaires, libérées dans l'espace par des explosions de supernovæ, et incorporé dans le nuage de
poussière qui constituait le système solaire primordial; la phase de Troïlite (sulfure de fer) des
météorites de fer contient du plomb qui se rapproche de la composition primordiale. Le plomb
incorporé dans la Terre a évolué continuellement à partir du plomb primordial et de la
désintégration radioactive des isotopes de l'uranium et du thorium. Ainsi, la composition
isotopique du plomb de tout minéral ou roche dépend de son âge et de l'environnement à partir
duquel il a été formé; c'est-à-dire que cela dépendrait du rapport de l'uranium plus du thorium au
plomb dans le matériau d'origine » (Britannica, 2018). Ainsi, voir un fossile est une réalité, mais
connaître son âge en est une autre que les yeux ne peuvent pas voir mais que seules les méthodes
scientifiques peuvent révéler.

"Notre incapacité à comprendre la vraie nature de la vie ne devrait pas être une surprise, étant
donné que notre ADN diffère de moins de 2% des grands primates et des singes. Nous primates -
que ce soit un scientifique ou un macaque - ont des limitations cognitives importantes. Comme
une souris ou une gerbille, nous ouvrons nos yeux et le monde - comme par magie - est juste là.
Nous pensons que c'est une chose, un objet dur. Mais cela est incompatible avec des centaines
d'expériences menées au siècle dernier. La réalité est déterminée par l'observateur - c'est un
processus spatio-temporel qui, heureusement, signifie que les choses doivent changer. Pourriez-
vous imaginer toujours et pour toujours être un enfant en bas âge? Les couches et les sucettes
deviendraient fatigantes. Ou pour toujours être un aîné? Les lois de la nature sont structurées de
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Une tentative d’explication à travers cinq questions

telle sorte que nous grandissons et que nous évoluons pour expérimenter le spectre complet de
l'existence biologique. Cette partie de l'équation est facile à comprendre: d'abord, nous faisons
l'expérience de la vie en tant qu'enfants, puis en tant qu'adultes d'âge mûr et, enfin, en tant que
personnes âgées. Mais nous ne pouvons pas faire le rapport au-delà de cela. Vous êtes un fabricant
de chaussures pendant quelques années et ensuite c'est dans le vide du néant pour toujours. Stephen
Hawking a résumé ce point de vue avec beaucoup d'exactitude: 'Je considère le cerveau comme un
ordinateur qui cessera de fonctionner lorsque ses composants tomberont en panne. Il n'y a pas de
paradis ou d'au-delà pour les ordinateurs en panne." C'est la limite de notre compréhension de
primate. Pourtant, à un moment donné, presque tout le monde s'est demandé: 'Est-ce tout ce que
nous sommes, n'y a-t-il rien de plus?'" (Lanza, 2011)

J'adore la science-fiction, l'espace, les galaxies, le concept de multivers, et j'en passe. Un article
important qui figure sur ma liste de choses à faire avant de mourir est de pouvoir voyager
longtemps à bord d'un vaisseau spatial avec de nombreuses personnes de races différentes, en
regardant les enfants grandir, les gens cultiver leur propre nourriture, aller à l'école, travailler,
évoluer et devenir autonomes tout en voyageant ensemble dans l'espace. Cela ressemble plus à une
utopie n'est-ce pas? C'est probablement le cas si vous considérez que la réalité est que l'humanité
n'a pas encore maîtrisé la technologie requise pour que cela se produise de mon vivant. Maintenant,
si je vous demande: la réalisation de mon rêve est-elle possible, disons à l'instant même? Votre
réponse serait que j'ai répondu à ma propre question en disant précédemment que la technologie
n'est pas encore là. Bien que, à la rigueur, je pourrais être d'accord avec vous, la réalité est la
suivante: oui, c'est possible, et cela dure depuis 4,5 milliards d'années, dont 200.000 ans depuis
l'avènement de notre espèce. Quand je mets les choses en perspective, je peux honnêtement me
convaincre qu'un tel vaisseau spatial artificiel n'est qu'une utopie, et pourquoi devrais-je rêver
d'une réalité qui a toujours existé et qui est plus ancienne que l'humanité? Comment est-ce
possible? Quand on y pense, nous vivons tous déjà cette réalité. La planète Terre est un vaisseau
spatial. Nous voyageons tous dans l'espace à des milliers de kilomètres par heure. En tant
qu'espèce, nous ne nous sommes jamais levés depuis 200.000 ans au même endroit dans l'espace.
Notre planète est très diversifiée en termes d'espèces et de races. Les enfants grandissent, nous
cultivons notre propre nourriture, nous allons à l'école, nous travaillons, nous évoluons et devenons
autonomes. C'est une réalité dont nous ne sommes pas conscients parce que nous ne mettons pas
les choses en perspective. Ceci est un autre exemple de la façon dont la réalité peut exister sans
que nous puissions la détecter avec nos sens. Outre les méthodes scientifiques, mettre les choses
en perspective peut aussi révéler des réalités qui sont cachées en plein jour.

Alors que la réalité incorpore ce que nous pouvons voir et ce que nous ne pouvons pas voir, c'est
probablement le concept le plus abstrait qui soit. Pourquoi? Parce qu'au final, personne ne voit et
n'interprète la réalité de la même manière. Par là, je veux dire ce que tout le monde peut
expérimenter avec leurs sens. Quand il s'agit de la partie métaphysique de la réalité, cela devient
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Une tentative d’explication à travers cinq questions

encore plus compliqué. La réalité métaphysique inclut ce qu'il y a à savoir (l'ontologie) et comment
nous pouvons le connaître (épistémologie). Imaginez la curiosité d'un enfant de deux ans. Essayant
de donner un sens à son entourage, il bombarde ses parents avec la même question à maintes
reprises: « Qu'est-ce que ceci? » Ou « Qu'est-ce que cela? » En tant qu'adultes, nous perpétuons la
tendance. Nous sommes toujours intrigués par les phénomènes naturels et métaphysiques. Les
chances sont que vous ne serez pas seul si vous vous posez une ou plusieurs des questions
suivantes: Qu'est-ce que la matière et pourquoi ses composantes ne se ressemblent-elles pas?
Qu'est-ce que la vie et ses origines? Qu'est-ce que la mort? Qu'est-ce que la superstition? Qu'est-
ce que l'espace et sommes-nous seuls dans l'univers? Au milieu de toutes ces questions, il y en a
une qui pourrait émerger et qui serait parfaitement opportune de poser: la réalité est-elle réelle?
Répondre à cette question exige que l'on soit prudent car pour percevoir la réalité et la comprendre
grâce à votre esprit, vous avez besoin d'un cerveau, et être en vie est une condition préalable au
fonctionnement de votre cerveau. Les animaux n'ont aucun problème quand il s'agit de la réalité
parce qu'ils naissent avec une compréhension intégrée de leur environnement, alors que nous, les
humains, apprenons en grandissant, en nous développant et en changeant jusqu'au jour où nous
mourrons. En un mot, notre réalité dépend de trois choses: nos sens, notre esprit et notre cerveau,
qui peuvent cartographier le monde indépendamment de notre volonté. La compréhension et la
définition de la réalité par les humains découlent, pour la plupart, des questions que nous nous
posons et du fait d'essayer d'en suggérer les réponses possibles. Quelles sont ces questions? Y'en
a-t-il une liste complète? La réponse la plus simple et la plus rapide est la suivante: ces questions
sont, ou ont le potentiel d'être, aussi nombreuses que les étoiles de notre galaxie, et non, une telle
liste n'existe pas car de nouvelles questions émergent à mesure que nous évoluons avec notre
environnement. Cependant, j'aimerais tenter de répondre aux questions mentionnées ci-dessus que
nous, en tant qu'adultes, pourrions encore nous poser simplement pour donner un sens à notre
environnement immédiat.

Question No. 1: Qu’est-ce que la matière et pourquoi ses


composantes ne se ressemblent-elles pas?
C'est une question que nous nous posons dès l'instant où nous sommes conscients de notre
environnement ou vers l'âge de deux ou trois ans. Alors que les enfants posent à leurs parents
plusieurs questions par jour concernant les choses qui piquent leur curiosité, les adultes ont plutôt
tendance à se questionner. Qu'est-ce que la matière? Pourquoi les objets ne se ressemblent-ils pas?
Je me demande parfois si les choses auraient semblé différentes si la planète Terre renaissait. Notre
monde est composé de choses très diversifiées, ce qui crée un environnement diversifié. Répondre
correctement à cette question à deux volets nous oblige à considérer la chimie. Non, mon objectif
n'est pas de vous donner un cours de chimie ici, car je n'ai pas de formation en chimie de toute
façon. Mais, en me basant sur ce que j'avais appris jadis de mes cours de chimie, j'ai pensé que je
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.1 : qu’est-ce que la matière et pourquoi ses composantes ne se ressemblent-elles pas?

pourrais utiliser mes connaissances limitées pour au moins essayer de faire valoir mon point de
vue, exposer mon argument sur la nature des choses qui entrent dans la composition de
l’environnement et expliquer, chemin faisant, pourquoi elles ont l'air différentes les unes des
autres.

Pour commencer, il y a quatre catégories principales d'éléments sur notre planète: l'eau, le feu, l'air
et la terre. Chaque sous-élément appartient à l'une d'elles. Les organismes vivants et non vivants
sont entourés par eux. Par exemple, les trois règnes – animal, végétal et minéral – peuvent être
trouvés au-dessus et au-dessous de la surface de la terre et aussi dans l'eau. Il y a aussi des
organismes vivants et non-vivants dans l'air. Le feu est représenté non seulement par les rayons
solaires mais aussi par l’énergie intense produite par notre planète même jusque dans sa
profondeur. Les éruptions volcaniques, par exemple, produisent du feu. Tous les quatre éléments
jouent un rôle primordial dans la survie et le maintien de notre planète. Les sciences qui expliquent
la nature des choses abondent. Parmi elles: la zoologie, la biologie, la botanique et la chimie. Mais,
pour expliquer pourquoi les choses sont différentes les unes des autres, le domaine qui semble le
plus approprié est celui de la chimie. La chimie peut aider beaucoup dans la recherche de la nature
des choses, de leurs similitudes et de leurs différences. Qu'est-ce que la chimie de toute façon?
C'est la science qui considère la composition, la structure et les propriétés des substances et les
transformations qu'elles subissent. Mais attendez! Qu'est-ce qu'une substance? C'est toute matière
ayant une composition chimique définie. Maintenant, la question est: tout ce que nous pouvons
voir ou observer est-il une substance ou a-t-il une composition chimique? Non. Seulement la
matière a une composition chimique. La matière est tout ce qui a de la masse et occupe de l'espace.
La matière est composée de particules, qui peuvent être des molécules, des atomes ou des
fragments subatomiques, tels que des protons, des électrons ou des leptons. Des exemples de
substances (par exemple ayant une composition chimique) comprennent, entre autres, les liquides,
les solides, le plasma, le diamant, une chaussure, une pomme, le fromage, le concombre, etc. Nous
sommes également entourés de choses qui ne sont pas des produits chimiques telles que la chaleur,
l'énergie cinétique, la gravité, l'énergie potentielle, la lumière ultraviolette et les pensées.
Maintenant que nous sommes clairs sur les produits chimiques et non chimiques, considérons une
substance, une chose ou un matériau. Cela pourrait être n'importe quoi. Ce qui suit est vrai pour
tout ce qui a une masse.

Prenons une pierre par exemple. Si vous la coupez en deux, les deux moitiés ont-elles les mêmes
propriétés chimiques que l'original? La réponse est oui. Si vous continuez à couper chaque
nouvelle moitié en deux, la nouvelle moitié conservera les propriétés chimiques de la pierre
d'origine. Que diriez-vous de la plus petite partie obtenue quand vous ne pouvez plus couper? La
réponse est toujours oui, et cette plus petite partie est appelée atome. Qu'est-ce qu'un atome? Pour
comprendre, remontons dans le temps. Les anciennes civilisations de la Chine, de l'Inde et de la
Grèce parlaient d'une seule voix quand il s'agissait de la composition de la matière. Elles ont toutes

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.1 : qu’est-ce que la matière et pourquoi ses composantes ne se ressemblent-elles pas?

convenu que toutes les choses sont faites à partir de quatre éléments: l'eau, le feu, l'air et la terre.
La voix dissidente était celle d'un grec ancien nommé Démocrite. Il était celui qui pensait que si
vous continuiez à couper quelque chose, vous arriveriez à un point où vous ne pourrez plus couper.
Il a appelé cette partie indivisible atome, qui dérive du grec « a » = sans, in, non, et « tomos » =
couper. Le mot atomique signifie simplement quelque chose de trop petit pour couper ou diviser
en de plus petites parties. La définition correcte ou scientifique d'un atome est: la plus petite unité
dans laquelle la matière peut être divisée tout en conservant les propriétés caractéristiques d'un
élément. Imaginez un atome comme étant une cellule d'un organisme vivant, qui est définie comme
l'unité structurelle, fonctionnelle et biologique de base de tous les organismes vivants connus. Nous
savons maintenant ce qu'est une substance ou une matière. Nous savons aussi c'est quoi un atome.
J'ai dit que l'atome conserve les caractéristiques d'un élément. Qu'est-ce qu'un élément?

Toute substance qui consiste en une seule sorte d'atome est un élément et est appelée dans ce cas
une substance pure. L'oxygène, l'hydrogène, le cuivre, le fer, le sodium, le chlore, le carbone, l'or,
l'azote, le mercure, le soufre et le potassium (pour n'en nommer que quelques-uns) sont tous des
éléments. Les éléments sont abondants sur Terre, mais certains, comme le molybdène sont rares.
Des exemples de métaux qui sont des éléments comprennent, entre autres, l'or, l'aluminium, le
nickel et le titane. Les gaz peuvent aussi être des éléments. Par exemple, l'hydrogène, l'azote,
l'oxygène et le fluor sont des éléments. Si une substance n'est pas pure, c'est-à-dire qu'elle n'a pas
un type spécifique d'atome, on l'appelle un composé. Les composés ont deux ou plusieurs atomes
combinés d'une certaine manière. Quand nous regardons autour de nous, la plupart de ce que nous
voyons sont des composés. Les combinaisons d'atomes différents sont appelées molécules. L'eau,
par exemple, a deux molécules d'hydrogène et une molécule d'oxygène. Sa formule chimique est:
H2O. Elle n'a que trois atomes, ce qui en fait une simple molécule. Mais, toutes les molécules ne
sont pas simples. En fait, la plupart des molécules sont complexes, ce qui signifie qu'elles ont des
centaines, des milliers, voire des trillions d'atomes disposés de manière particulière. Les molécules
qui composent notre corps sont complexes. Il est important de garder à l'esprit que le nombre
d'atomes et la façon dont ces derniers sont disposés déterminent les caractéristiques de chaque
substance. Avec cela, nous pouvons déjà voir pourquoi les choses semblent différentes les unes
des autres. C'est parce qu'elles ont un nombre différent d'atomes qui sont arrangés différemment.
Mais, l'explication ne s'arrête pas là. Pour approfondir notre compréhension de la nature des choses
et pourquoi elles sont différentes les unes des autres, continuons.

La plupart des objets sur la planète contiennent du carbone et sont appelés composés organiques.
Les composés organiques sont maintenus ensemble par des liaisons covalentes (liaisons fortes).
Les composés inorganiques ne contiennent pas de carbone (les exceptions incluent le CO et le
CO2) et sont généralement de petites molécules. Des exemples de composés inorganiques
comprennent: l'ammoniaque, le sulfate d'aluminium, le chlorure de baryum, le bismuth
d'oxychlorure, l'acide cacodylique, l'acide chlorique, le nitrure de gallium, etc., pour n'en citer que
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.1 : qu’est-ce que la matière et pourquoi ses composantes ne se ressemblent-elles pas?

quelques-uns. Donc, nous sommes entourés de carbone. Nous sommes faits carbone. Les
substances vivantes et non vivantes (voir la définition d'une substance ci-dessus) contiennent du
carbone. La différence est que la plupart des substances non vivantes sont constituées de cristaux.
Un cristal est un solide composé d'atomes disposés de façon ordonnée. Par exemple, les métaux et
les roches sont constitués de cristaux, tout comme les flocons de neige, le sel et le sucre. Les
cristaux de diamant ne sont pas disposés de la même manière que les cristaux des flocons de neige,
ni ceux du sel et du sucre et ne sont pas non plus du même nombre. Peu importe où un diamant est
extrait, il aura toujours le même nombre d'atomes et la même configuration d'atomes. Pensez aux
files simples et doubles que nous avions l'habitude de faire à l'école. Pensez aux différentes
configurations formées par les humains lors d'un défilé, d'une fête ou de toute sorte de spectacle.
Dans le cas des substances inorganiques, les motifs des atomes se produisent naturellement, sans
les semaines d'entraînement. Contrairement à la croyance populaire, les cristaux ne sont pas
toujours des objets transparents et beaux. Un morceau de nickel, par exemple, n'est rien d'autre
qu'un paquet de petits cristaux dont les trillions d'atomes sont disposés de manière fixe. Lorsqu'on
nous demande de nommer des cristaux, nous avons tendance à nommer le diamant, le rubis,
l'émeraude, etc., oubliant que l'or, le cuivre, le plomb, l'aluminium sont aussi des cristaux. Ils ont
juste des atomes disposés différemment de ceux des pierres précieuses. Et c'est pourquoi ils ont
l'air différent du diamant ou du rubis.

Les cristaux sont, sans aucun doute, solides et s'appellent des substances. Vous rappelez-vous que
j'ai également cité ci-dessus les gaz, les liquide et le plasma comme exemples de substances? La
différence entre un cristal (solide) et un gaz réside dans le comportement de leurs molécules. Si
les atomes d'un cristal se comportent comme les participants à une parade en termes de
configuration, les molécules de gaz ne se collent pas les unes aux autres, elles se déplacent
librement dans l'espace mis à leur disposition. Elles bougent en ligne droite, et quand elles heurtent
quelque chose, elles rebondissent, encore une fois en ligne droite. Les molécules se déplacent
également à grande vitesse. C'est pourquoi si vous mettez un gaz dans un récipient non scellé, il
s'échappera même si le récipient n'est pas plein, contrairement à un solide ou un liquide. Les gaz
peuvent être comprimés, et la force utilisée pour le faire est appelée pression. En passant, il est
plus facile de comprimer un gaz qu'un liquide ou un solide. C'est juste parce que les molécules du
gaz sont éloignées les unes des autres et sont toujours en mouvement, contrairement à celles d'un
solide qui ne bougent pas et qui sont maintenues ensemble par de fortes forces moléculaires, ou
celles d'un liquide qui bougent en se dépassant les unes les autres mais moins rapidement que les
molécules de gaz et restent encore plus proches les unes des autres. Supposons que vous mettiez
un liquide dans un réservoir, il prendra la forme du réservoir, mais ne dépassera pas sa ligne
d'origine. Si vous mettez le même volume de gaz dans le même réservoir, il prendra également la
forme du réservoir, mais finira par dépasser la ligne d'origine, remplir le réservoir et s'échapper.
Les molécules des matières ne bougent pas à la même vitesse et sont maintenues ensemble par des
forces différentes en intensité. Un solide n'essaiera pas de prendre la forme du réservoir. Il

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conservera sa propre forme. Il est important de noter que certains liquides sont visqueux, si
visqueux qu'ils se comportent à peu près comme des solides, bien qu'ils n'aient pas nécessairement
les caractéristiques des solides. Par exemple, la fécule de maïs mélangée à de l'eau et des sables
mouvants. D'autre part, certains solides sont également visqueux et peuvent être confondus avec
des liquides. Par exemple, le pétrole brut, situé sous la surface de la terre, est essentiellement une
roche contenant des cristaux. Le pétrole vient du grec « petra » = roche et du latin « oleum » =
pétrole. Un autre exemple de roche située en dessous de la surface de la Terre et qui n'est pas tout
à fait solide est la roche fondue, également appelée roche liquide ou magma, qui, après avoir atteint
la surface de la Terre, s'appelle la lave. Nous avons tous une idée des cristaux liquides, par exemple
les écrans ou affichages à cristaux liquides ou ACL utilisés depuis des années dans les
calculatrices, les téléphones portables et les montres numériques. Dans les cristaux liquides, les
atomes ou les molécules se déplacent librement et de manière aléatoire, par opposition aux cristaux
ordinaires.

Nous avons vu les principales différences entre les solides, les liquides et les gaz en termes de
nombre d'atomes, de leur configuration et de leur mouvement. Mais revenons à l'atome une fois
de plus. Démocrite pensait que l'atome était indivisible. Aujourd'hui, nous pouvons dire qu'il avait
raison quand il s'agit de la particule restante qui conserve encore les caractéristiques de l'élément
d'origine après avoir coupé ce dernier en un nombre infini de moitiés. Mais, nous savons aussi que
l'atome peut être divisé et sa composition analysée. Le fait est que, quand vous divisez un atome,
les particules que vous obtenez n'ont pas les mêmes caractéristiques que l'élément d'origine. Ainsi,
dans un sens, Démocrite avait raison, sauf qu'il pensait que l'atome était la dernière étape. Donc,
en plus d'exister en nombres différents et de se comporter différemment pour différentes
substances, de quoi les atomes sont-ils constitués?

J'ai déjà dit que nos sens, notre cerveau et notre esprit sont cruciaux dans notre perception de la
réalité. Mais aucun de ceux-là ne nous permet
de voir un atome ou de dire de quoi les choses
sont faites dans leur essence même. Bien sûr,
nous avons vu comment la chimie est
inéluctable dans notre quête pour comprendre
la nature des choses et pourquoi elles sont
différentes les unes des autres. Mais, parfois,
nous devons regarder plus en profondeur.
Quand quelque chose n'est pas facilement
observable, il est nécessaire d'utiliser ce qu'on
appelle un modèle. Mais, d'abord, qu'est-ce
L’atome et ses particules subatomiques qu'il y a dans un atome? Encore une fois,
retournons à nos cours de chimie au lycée. En

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gros, un atome est composé de particules appelées particules subatomiques: un noyau entouré
d'électrons en mouvement chargés négativement. A l'intérieur du noyau, il y a 1) des protons qui
ont une charge positive égale en magnitude à la charge négative des électrons, et 2) des neutrons
sans charge. Plus loin dans la série, je reviendrai sur l'atome dans des publications ultérieures et
entrerai dans plus de détails, mais voyons, pour l'instant, comment un modèle, outre la chimie, est
utile dans la description et la composition des choses ou des substances.

Qu'est-ce qu'un modèle? Un modèle ou un modèle scientifique est une méthode utilisée en science
lorsque les scientifiques sont incapables d'observer quelque chose directement. C'est pourquoi on
l'appelle un modèle scientifique ou une méthode scientifique. Cela permet aux scientifiques de
savoir à quoi ressemble quelque chose ou un phénomène. Bien sûr, avant que les scientifiques
arrivent à une conclusion, le modèle doit être testé. Un modèle est considéré comme réussi lorsque
ses prédictions s'avèrent être vraies. Les modèles impliquent de nombreuses expériences par essais
et erreurs jusqu'à ce que le résultat attendu soit atteint. Appliqué à l'atome4, que chaque substance
contient, l'un des modèles les plus populaires est sans doute celui envisagé par le physicien danois
Niels Bohr et qui est basé sur le système solaire. C'est ce qu'on appelle le modèle du système
solaire ou le modèle de Rutherford-Bohr, également nommé Ernest Rutherford qui a découvert le
noyau de l'atome, où toute sa masse est concentrée. Niels Bohr a perfectionné le modèle de
Rutherford5, ce qui explique le trait-d'union dans le nom du modèle. En substance, le modèle
compare les particules subatomiques - électrons, protons et neutrons - au système solaire où le
Soleil est le noyau et est chargé positivement, et les planètes en orbite autour du Soleil sont les
électrons et sont chargées négativement. Le soleil, ayant une masse plus lourde et une force
gravitationnelle plus puissante, attire les planètes de façon continue dans son orbite. Le fait
intéressant à propos de ce modèle est qu'il a prouvé avec succès que la distance entre chaque noyau
est, en fait, très significative. Par conséquent, quand j'ai expliqué précédemment que les solides
ont des atomes qui se collent les uns aux autres, nous devons mettre les choses en perspective.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de distance entre les atomes. Si tel était le cas, certains solides,
appelés solides transparents – tels que le verre, le plastic, etc. – ne pourraient pas être traversés par
la lumière. À une échelle infinitésimale, la distance entre deux atomes peut être comparée à
quelque chose comme 15 kilomètres à l'échelle réelle.

Pour récapituler, notre monde est composé de choses appelées matières, matériaux ou substances
qui ont une masse et qui occupent de l'espace, et ont donc des atomes. Certaines choses, comme
les roches, l'eau, les fruits sont visibles, d'autres, comme l'énergie, ne le sont pas. Les choses nous
semblent différentes parce qu'elles ont chacune un nombre différent d'atomes qui sont arrangés

4
John Dalton (1766 - 1844) – Chimiste anglais, physicien et météorologue – est crédité pour la théorie atomique
moderne.
5
Le modèle de Rutherford avait deux failles. Il a postulé que: 1) chaque atome individuel devrait produire un
spectre de ligne continu, et 2) les électrons orbitent le noyau de façon circulaire.
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.1 : qu’est-ce que la matière et pourquoi ses composantes ne se ressemblent-elles pas?

différemment dans chaque cas. Outre les atomes, la plupart des choses contiennent du carbone.
Celles qui en contiennent s'appellent composés organiques. Celles qui en sont dépourvues
s'appellent composés inorganiques, sauf, bien sûr, CO et CO2. L'atome a d'abord été étudié grâce
à ce qu'on appelle un modèle scientifique, qui permet aux scientifiques de spéculer sur la façon
dont les choses ou les phénomènes peuvent être virtuellement expliquées. Mais, contrairement aux
animaux, les humains ne font pas que vivre au jour le jour jusqu'à notre mort. En plus de nous
interroger sur notre monde matériel immédiat, nous nous interrogeons aussi sur la vie, la mort, les
phénomènes naturels, et cela dure depuis l'avènement de notre espèce sur la planète Terre. Les
choses vivantes et non vivantes ont des atomes, mais quelles sont les différences fondamentales
entre elles? Comment avons-nous émergé? Qu'est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

Question No. 2: Qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?


Dans notre quête de comprendre la réalité, “qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?” est,
je pense, l'une des questions que nous nous posons constamment au cours de notre vie. Après avoir
regardé autour de nous, observé des animaux, des choses non vivantes et des phénomènes naturels,
il est fort probable que nous nous demandions d'où nous venons et quel est notre but dans ce
monde. Parce que je me suis posé les mêmes questions toute ma vie d'adulte, je ne peux pas garantir
que mes explications sont définitives. Pour être honnête, chaque fois que ces questions me
traversent l'esprit, je me dis toujours: « J'aimerais savoir avec certitude ». En fait, personne ne peut
prétendre savoir avec certitude. À ce jour, toutes les théories sur la vie et ses origines sont
hypothétiques. Alors que certaines d'entre elles ont du sens, d'autres appartiennent purement et
simplement au domaine de la pseudoscience. Parmi ces théories, il y en a deux que j'aime: la
théorie de la biogenèse de l'avènement de la vie et la théorie de l'abiogénèse de l'avènement de la
vie sur notre planète. Selon la théorie de la biogenèse, la vie ne peut provenir que de la vie elle-
même, ce qui signifie que les organismes vivants ne peuvent provenir que d'autres organismes
vivants. D'un autre côté, la théorie de l'abiogénèse stipule que la vie peut aussi provenir de
substances non-vivantes. Cette théorie montre comment la vie peut provenir de la chimie, par
exemple, ce qui signifie que les réactions chimiques peuvent éventuellement donner naissance à
des organismes vivants. Je parlerai de ces deux théories plus tard. Mais, avant, je voudrais remonter
dans le temps et considérer l'évolution de notre planète ou du système des trois âges en termes
d'avènement de la vie. Ici, le système des trois âges ne doit pas être confondu avec le système des
trois âges en termes de techniques de fabrication d'outils (âge de la pierre, âge du bronze et âge du
fer, qui ne font pas l'objet de notre discussion).

En un mot, le système des trois-âges de l'histoire humaine en termes d'apparition de la vie inclut:
1) Le Paléozoïque ou Ère primaire, qui signifie « vie ancienne » est la première des trois ères qui
font partie de l'Éon phanérozoïque. La période permienne a duré de 299 à 251 millions d'années et

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

a été la dernière période de l'ère paléozoïque. La distinction entre le Paléozoïque et le Mésozoïque


est faite à la fin du Permien en reconnaissance de la plus grande extinction de masse enregistrée
dans l'histoire de la vie sur Terre. Il est caractérisé par le système de roches déposées pendant et
aussi par l'arrivée des poissons et des insectes. 2) L'Ère mésozoïque, qui signifie « vie moyenne »
et qui est la deuxième période de l'ère phanérozoïque. C'était l'âge des reptiles ou l'âge des
dinosaures. 3) L'Ère cénozoïque, qui signifie « nouvelle vie » et est connue sous le nom d'Âge des
mammifères. C'est l'époque dans laquelle nous vivons et c'est la troisième période de l'ère
phanérozoïque.

Et voilà! Les mammifères, que nous sommes en tant qu'espèce, sont apparu au cours du dernier
âge ou de l'âge de la nouvelle vie. Mais, la compréhension de la vie, en général, ne se limite pas à
la vie humaine. C'est l'origine de la vie en termes de tous les organismes vivants. Par conséquent,
nous devons également considérer le deuxième âge – l'ère mésozoïque – ou vie moyenne quand
les reptiles et les dinosaures sont apparus sur la planète. Mes théories préférées, biogenèse et
abiogenèse, concernent plutôt les origines de la vie. Mais, pour comprendre la vie elle-même, nous
devons examiner certaines de ses caractéristiques.

Premièrement, la question « qu'est-ce que la vie? » sous-entend toujours la question sous-jacente:


quelle est l'origine de la vie? C'est une question qui nécessite une réponse en plusieurs parties.
Avant d'élaborer sur la question, laissez-moi définir la vie. Autrement dit, que signifie ce mot?
Nous parlons de la vie chaque fois que quelque chose a des cellules (ou une cellule s'il est
unicellulaire), utilise de l'énergie, se développe et grandit, réagit et s'adapte à l'environnement, et
se reproduit. La NASA définit la vie comme « un système chimique auto-entretenu capable de
subir l'évolution darwinienne ». Cette définition présente quelques problèmes. Premièrement, cela
implique une forme de vie individuelle telle qu'un être humain, un zèbre ou une bactérie. Nous
savons tous que les formes de vie, lorsqu'elles sont prises individuellement, ne peuvent pas subir
l'évolution darwinienne - définie comme la survie du plus apte – et que seule leur population peut,
en tant que groupe. Ok, disons que nous décidons d'ignorer cet aspect de la définition de la vie de
la NASA. Le deuxième problème est que certaines espèces ne peuvent non seulement se
reproduire, mais leur population ne peut pas non plus subir l'évolution darwinienne. Comme nous
l'avons vu ci-dessus, les mulets (croisements d'ânes et de juments) ne peuvent pas se reproduire,
donc, ne peuvent pas subir l'évolution darwinienne. Les crocodiles gris sont en train de devenir
orange dans le pays africain du Gabon. Les scientifiques croient que c'est à cause de l'évolution.
Si ces crocodiles gris étaient une espèce hybride stérile, cela ne serait jamais arrivé. Maintenant,
qu'est-ce que la vie, vraiment?

À ces définitions biologiques ou physiologiques de la vie, nous pouvons ajouter que la vie est aussi
l'existence d'un être humain ou d'un animal individuel, comme dans la phrase « Il a passé toute sa
vie à se demander ce qu'est la vie ». Parce que dans la plupart des cas la vie a une durée, il est

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

important de décrire ses caractéristiques ou sa nature. Et au moment où vous allez au-delà de


l'aspect physiologique de la vie, vous tombez dans son aspect philosophique ou métaphysique.
C'est là que cela peut être compliqué pour certains, mais simple pour d'autres, comme William
Shakespeare qui décrit la vie comme une grande scène où nous avons tous un rôle à jouer et
disparaître une fois que c'est fait: “Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en
sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles.”

Cependant, les caractéristiques de la vie et son but sont deux choses différentes, susceptibles d'être
interprétées différemment par des personnes différentes. La nature de la vie concerne la biologie,
alors que son but est plutôt philosophique. Parfois, la nature et le but sont utilisés de manière
interchangeable pour expliquer la vie. Quand nous nous demandons ce qu'est la vie, nous sommes
plus intéressés à connaître son but. Même biologiquement, la vie n'est pas si facile à définir en
raison de sa complexité. "Aristote fut le premier à tenter une définition, décrivant la vie comme
quelque chose qui grandit, se maintient et se reproduit. Mais cette définition exclurait les mules,
qui sont stériles, tout en incluant des choses comme le feu. Appeler la vie quelque chose qui a un
métabolisme, la capacité de prendre de l'énergie pour grandir ou se déplacer et excréter des déchets,
n'est pas bon non plus; les voitures le font, par exemple. En 1944, le physicien Erwin Schrödinger
a donné une définition de la vie basée sur la deuxième loi de la thermodynamique, qui stipule que
l'entropie d'un système fermé augmente avec le temps. Schrödinger a défini la vie comme quelque
chose qui diminue ou maintient son entropie. Cependant, cette définition ne tient pas la route parce
qu'elle inclut des cristaux qui résistent à l'entropie en formant des réseaux hautement structurés.
Essayer de définir la vie par ses qualités est la mauvaise approche, a déclaré Cleland. À titre
d'exemple, elle cite les premières tentatives des scientifiques pour définir l'eau en termes de
propriétés comme l'humidité, la transparence et un bon solvant. ‘Nous n'avons pas ‘défini’ l'eau
comme H2O, mais plutôt découvert, dans le contexte de la théorie moléculaire, qu'il s'agit d'une
substance chimique composée principalement de molécules d' H2O’, a déclaré Cleland. La vie sur
Terre est généralement divisée en deux groupes principaux: les formes de vie cellulaires, qui
comprennent les archées, les bactéries et les eucaryotes (toutes les plantes et tous les animaux) et
les formes de vie non cellulaires, comme les virus. Que les virus, qui peuvent se répliquer
uniquement à l'intérieur des cellules d'un organisme hôte, comptent comme 'la vie' est discutée."
(Lewis, 2013)

a. Signification de la vie

En termes de but ou de signification de la vie, une question suit généralement la précédente et ainsi
de suite. "La question du sens de la vie intéresse à la fois les philosophes et les non-philosophes.
La question elle-même est notoirement ambiguë et peut-être vague. En posant des questions sur le
sens de la vie, on peut s'interroger sur l'essence de la vie, sur le but de la vie, sur la question de
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

savoir si et comment quelque chose compte, ou sur une foule d'autres choses. La forme la plus
familière de la (des) question (s) sur le sens de la vie est simplement « Quel est le sens de la vie?
» Bien que la forme de la question soit une, quand on la demande, elle peut revêtir un ou plusieurs
sens. Voici quelques-uns des plus communs d'entre eux:

• Dans certains cas, ce que le chercheur cherche, c'est le noyau, la réalité intérieure, le noyau
ou l'essence, qui sous-tend un phénomène. Ainsi, on peut se demander quelle est son
essence, son vrai soi, et ensuite sentir qu'il a trouvé le sens de sa vie s'il découvre ce vrai
moi.
• Dans d'autres cas, la question porte sur le point, le but ou l'objet, le but, la fin de la vie,
généralement le sien. Ici, dans certains cas, la question porte sur un but préexistant que le
questionneur pourrait (ou non) découvrir; dans d'autres cas, la question peut porter sur une
fin ou un but que l'agent pourrait inventer ou créer et lui donner la vie. Cette dernière,
lorsqu'elle réussit, peut croire que sa vie a un sens parce qu'elle lui en a l'a elle-même
donnée un.
• Dans d'autres cas encore, la question du sens de la vie est celle de savoir si nos vies, et tout
ce que nous faisons en leur sein, comptent ou ont une importance quelconque. Si l'on peut
montrer qu'elles importent, et en vertu de ce qu'elles font, on aura fourni une réponse
substantielle à la question du sens de la vie. Une supposition commune, mais non
universelle, sur ce point est que nos vies n'ont de signification et d'importance que si elles
produisent dans une certaine réalisation durable les ravages que le temps ne détruira pas.
• Dans d'autres cas, ce qui dérange le questionneur, c'est la discorde, la pluralité et la nature
chaotique de sa vie empirique apparente telle qu'elle est réellement vécue. Il ne peut pas
comprendre cela; il n'y a pas de rime ni de raison à cela. La conduite ici, pourrait-on penser,
est de voir sa vie comme intelligible, comme quelque chose qui a du sens. La découverte
ou l'invention d'une sorte d'unité dans sa vie reviendrait à répondre à sa question: ‘Quel est
le sens de la vie?’
• Une autre question sur le sens de la vie peut être une demande de récit ou d'image, une
façon de voir la vie (peut-être métaphorique) qui permet d'en comprendre le sens et de lui
donner un sens en le vivant. Et ainsi, nous obtenons ‘La vie est un bol de cerises’ et divers
récits religieux.
• Parfois, le questionneur se demande vraiment s'il est logique de continuer et sa question
est: ‘La vie vaut-elle la peine d'être vécue?’ Il peut effectivement envisager de se suicider.
Sa situation est liée au sens s'il suppose qu'il est logique de continuer à vivre seulement si
(sa) vie a un sens approprié, ce que, pour l'instant, il ne peut pas concevoir comme ayant
un sens.
• Enfin, la question du sens de la vie peut être la question de savoir comment vivre pour
avoir une vie pleine de sens ou, si une telle vie est impossible, alors c'est quoi la meilleure
façon de vivre de manière insignifiante." (O’Brien, 2018)

La vie a des significations ou des objectifs différents pour différentes personnes. Cependant, il est
possible que quelqu'un soit incapable de vous donner une réponse précise si vous lui demandez:

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que représente la vie pour vous? Quand il s'agit de définir la vie en termes de signification et de
but, les philosophes semblent avoir le dessus. Comment voient-ils la vie alors?

i. Aristote (384 av. J.C. – 322 av. J.C.)

Il avait une vision téléologique de la vie. La téléologie est l'explication des phénomènes par le but
qu'ils servent plutôt que par des causes postulées. La téléologie est dérivée de deux mots grecs:
telos (fin, but, but) et logos (raison, explication). "En termes simples, Aristote a vu dans le
processus par lequel la vie est générée et maintenue un élément qui indique qu'ils sont dirigés par
un but. Tous les aspects de la reproduction et du développement embryonnaire, par exemple,
illustrent ce caractère intentionnel et ciblé. Étant donné que ce but était si clairement associé à une
telle variété de formes matérielles (bien que tous les exemples proviennent du monde biologique),
il semblait logique de conclure qu'un but sous-jacent était associé à toutes les formes matérielles,
biologiques et non biologiques. La fameuse cause finale d'Aristote). En effet, telle est l'essence de
la vision téléologique d'Aristote – qu'il y a un but sous-jacent au fonctionnement de la nature, ce
but gouverne le cosmos dans son ensemble. Compte tenu de la preuve biologique abondante de
l'argument téléologique d'Aristote, rétrospectivement, il est tout à fait compréhensible que la
pensée téléologique ait résisté largement sans contestation pendant plus de deux millénaires."
(Pross, 2012)

ii. Arthur Schopenhauer (1788 - 1860)

Pour lui, la vie équivaut à la volonté, qui est une force mentale déployée dans la lutte pour la survie
et qui a ses racines dans le modèle de notre logique, qu'elle soit consciente ou inconsciente. Un
exemple est celui des patients atteints d'un cancer de stade 4 qui adoptent une pensée positive et
sont convaincus qu'ils peuvent encore lutter contre la maladie s'ils le souhaitent ou s'ils manifestent
la volonté de rester en vie. La volonté de vivre est influencée par des sources existentielles,
psychologiques, sociales et physiques de détresse et d'espoir. Par exemple, les personnes qui ont
vécu une expérience de mort imminente ont prétendu qu'elles revenaient à la vie à cause d'une
volonté intérieure de survivre et de ne pas vouloir mourir. Parfois, cette volonté de vivre est
assimilée à la volonté de mourir dans le cas des personnes qui se suicident. Schopenhauer voyait
aussi la vie comme la misère et la souffrance6. Il était un pessimiste qui voyait la vie comme étant
insignifiante. Dans son essai “La vanité de l’existence” il prétend que nos vies n'ont aucune valeur
absolue. Il a dit: « La vie humaine doit être une sorte d'erreur » parce que nos vies sont constituées

6
Un autre poète-philosophe qui voyait la vie comme douleur et souffrance était Louise-Victorine Ackermann. Pour
en savoir plus sur ses opinions, veuillez lire mon essai: “Essai philosophique sur les œuvres de Louise-Victorine
Ackermann”
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d'insatisfaction et d'ennui. Si nous n'atteignons pas nos objectifs, nous devenons insatisfaits, et si
nous atteignons nos objectifs, nous nous ennuyons. Nous passons notre vie à vouloir de plus en
plus de choses. Le non-sens de la vie se traduit à la fois par l'insatisfaction et l'ennui. Bien que la
volonté de vivre soit là, elle est impuissante quand il s'agit de la façon dont nous menons nos vies.
Schopenhauer est une déception pour ceux qui cherchent un but dans la vie. Personne ne comptait
avant sa naissance. Donc, il ne comptera pas non plus après son départ.

iii. Soren Kierkegaard (1813 - 1855)

Selon lui, la vie passe par trois étapes avant de devenir un vrai moi: l'Esthétique, l'Éthique et le
Religieux. Ces étapes sont contradictoires et s'opposent les unes aux autres. D'abord, l'esthétique
est basée sur l'expérience sensorielle et les plaisirs. On ne peut pas vivre pleinement si les plaisirs
sont absents du tableau. La manière de le faire est d'anticiper un événement avant qu'il n'arrive en
imaginant un résultat positif. Mais, parce que le plaisir est temporaire, l'esthétique est une étape
immature. Aussi, parce que l'esthète agit selon son intérêt supérieur, il lui devient difficile de faire
plaisir à quelqu'un d'autre. D'un autre côté, l'éthique vient de l'extérieur. C'est un ensemble de
normes à suivre pour vivre et être accepté par une société. Les normes sociales peuvent entraver
les plaisirs. Il prend comme exemple le mariage, qui est éthique et une belle chose mais qui peut
vite tourner mal. C'est un cas où l'éthique entrave l'esthétique. Avant cela, il peut être impossible
pour quelqu'un d'explorer le soi. L'incapacité à explorer le soi peut conduire à un conflit avec la
foi ou une vie religieuse appropriée. Enfin, "Kierkegaard considère la vie religieuse comme le plan
d'existence le plus élevé. Il croit aussi que presque personne ne vit une vie vraiment religieuse. Il
s'intéresse à la façon d'être « chrétien dans la chrétienté » – autrement dit, comment mener une vie
authentiquement religieuse tout en étant entouré de gens faussement religieux. Pour Kierkegaard,
la relation avec Dieu est exclusivement personnelle, et il croyait que la religion à grande échelle
de l'église (c'est-à-dire, la chrétienté) distrait les gens de cette relation personnelle. Kierkegaard
critiquait avec passion l'Église chrétienne pour ce qu'il considérait comme son interférence dans la
quête spirituelle personnelle que chaque vrai chrétien doit entreprendre. Dans la vie esthétique, on
est gouverné par la passion. Dans la vie éthique, on est gouverné par des règlements sociétaux.
Dans la vie religieuse, on est gouverné par une foi totale en Dieu. On ne peut jamais être vraiment
libre, et cela cause l'ennui, l'anxiété et le désespoir. La vraie foi ne mène pas à la liberté, mais elle
soulage les effets psychologiques de l'existence humaine. Kierkegaard prétend que la seule façon
de rendre la vie digne d'intérêt est d'embrasser la foi en Dieu, et que la foi implique nécessairement
l'adoption de l'absurde."

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iv. Friedrich Nietzsche (1844 - 1900)

Son point de vue sur la vie était le contraire de celui de Schopenhauer. Il ne croyait pas que la vie
soit une question de souffrance et de douleur. Il a plutôt regardé le côté positif et ascendant de la
vie. Il pense que le sens de la vie dépend entièrement de l'individu, de sa raison et de ses aspirations.
Selon Nietzsche, la souffrance et l'échec doivent être bien accueillis par ceux qui cherchent le
bonheur. Nous devrions les considérer comme des défis difficiles qui doivent être surmontés
comme un alpiniste escaladant une montagne. Avoir des revers dans la vie est un avantage. Il est
bon de noter que Nietzsche avait une très mauvaise santé. Il a écrit: "Ce qui ne me tue pas me rend
plus fort ... Tout ce qui nous fait souffrir n'est pas mauvais pour nous; De la même manière, tout
ce qui nous fait du bien n'est pas forcément bon pour nous ... Considérer les extrêmes de la
souffrance comme un mal ou comme quelque chose à abolir est l'idiotie suprême ... Vous avez
votre manière. J'ai ma manière. Quant à la bonne manière, la manière correcte, et la manière idéale,
elle n'existe pas."

v. Léon Tolstoï (1828 – 1910)

Il était sérieux au sujet de trouver le sens de la vie. Sa question: « Quel est le sens de la vie? » a
été suivie de nombreuses autres questions telles que: À quoi cela sert-il? À quoi cela aboutit-il?
Pourquoi? Quoi alors? Mais qu'est-ce que cela m'importe? Qu'en penses-tu? Pourquoi continuer à
faire des efforts? Comment continuer à vivre? Qu'arrivera-t-il de ce que je fais aujourd'hui ou ferai
demain? Que va-t-il arriver de toute ma vie? Pourquoi devrais-je vivre, pourquoi souhaiter quelque
chose ou faire quoi que ce soit? Y a-t-il un sens dans ma vie que la mort inévitable qui m'attend ne
détruise pas? Que suis-je, avec mes désirs? Pourquoi est-ce que je vis? Que dois-je faire? Quel est
le sens de ma vie? Pourquoi j'existe? "Tolstoï a déclaré explicitement que sa question ne portait
pas sur la composition, l'origine et le sort de l'univers, ni encore sur la question, "Quelle est la vie
de l'ensemble?" Cette question, dit Tolstoï, est sans réponse pour un seul homme, et c'est « bête »
de penser qu'un individu doit d'abord répondre à la question sur le sens de l'univers ou de
l'humanité entière avant de pouvoir répondre à la question du sens de sa propre vie. » Tolstoï se
concentrait sur le sens de la vie pour la simple raison que peu importe ce que nous faisons, nous
serons déçus, souffrirons, et finirons par mourir. Il pensait que la réponse à ces questions reposait
sur la foi ou sur Dieu, une opinion semblable à celle de Kierkegaard.

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vi. Jean-Paul Sartre (1905 - 1980)

Son point de vue sur la vie était basé sur l'existentialisme, un point de vue qui met l'accent sur
l'existence de la personne individuelle comme un agent libre et responsable qui détermine son
propre développement par des actes de la volonté. Sa philosophie tournait autour de trois slogans:
1) Existence: L'existence précède l'essence (ontologie fondamentale): L'essence renvoie dans ce
cas à l'idée philosophique ancienne (plus étroitement associée à Platon) que toutes choses ont un
ensemble prédéfini de caractéristiques idéales. Par exemple, l'Essence d'une chaise (entéléchie) est
qu'il a quatre pieds, un dos, et les gens s'assoient dessus. Cependant, tout ne correspond pas à son
essence. Vous pourriez avoir une chaise avec trois pieds, ou un dos cassé, ou que personne ne
s'assoit dessus. Les détails réels d'une chaise particulière constituent son existence. L'idée que
l'existence précède l'essence est que, pour les êtres humains, il n'y a pas de modèle prédéfini dans
lequel nous devons nous adapter. Nous vivons nos vies, et cela définit à son tour ce que nous
sommes vraiment, pas un ensemble idéalisé de caractéristiques. Qui nous sommes (notre essence)
émerge comme nous vivons nos vies (notre existence). Cela ne va pas dans le sens inverse. Le
genre de personne que vous êtes ne définit pas votre vie, mais plutôt votre vie définit le genre de
personne que vous êtes. Si vous prenez une peinture, la toile existe avant tout ce qu'un peintre
pourrait mettre dessus. À cet égard, on peut dire que l'essence de l'homme provient d'une sorte de
situationnisme ou de transformisme qui ne peut se produire que selon la direction qu'il donne à sa
vie ou à son existence. Cette idée est le cœur de la version de l'existentialisme de Sartre. Les
implications sont que nous devons créer notre propre sens, placer notre propre valeur sur nos actes,
et que notre liberté individuelle est absolue et illimitée. 2) Responsabilité: Chaque homme est
responsable de tous les hommes (conséquences éthiques). 3) Liberté: L'homme est condamné à
être libre (notre expérience émotionnelle de la condition humaine): "... C'est ce que je veux dire
quand je dis que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé, il est
pourtant libre, et dès qu'il est placé dans ce monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.
L'existentialiste ne croit pas au pouvoir de la passion. Il ne considérera jamais une grande passion
comme un torrent destructeur sur lequel un homme est entraîné dans certaines actions comme par
le destin, et qui, par conséquent, est une excuse pour eux. Il pense que l'homme est responsable de
sa passion ... "

vii. William James (1842 - 1910)

(Wendell, 2018) rapporte que “Dans ‘Is Life Worth Living?’ (La vie est-elle digne d’être vécue?)
(1895), James révèle une familiarité profonde, probablement à la première personne, avec la source
existentielle de préoccupation par les questions de la signification et de la valeur de la vie. Il
l'appelle la ‘note profonde de la vie’ et suggère qu'elle se trouve, ou qu'elle soit entendue, quelque

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part en chacun de nous: ‘Au plus profond de nous tous, il y a un coin dans lequel le mystère ultime
des choses travaille tristement’ (1895: 32). Certaines personnes sont si naturellement optimistes et
amoureuses de la vie qu'elles sont constitutionnellement incapables d'être très ennuyées par la note
grave et d'y accorder peu d'attention. L'exemple de James d'une telle personne est Walt Whitman;
et on pense à l'anglais. James ne trouve aucune faute – intellectuelle, morale ou autre - à de telles
personnes. C'est une chance rare d'être doté d'un tel tempérament. Si tout le monde l'était, la
question de la valeur de la vie ne se poserait jamais … Dans ‘What Makes a Life Significant’ (Ce
qui rend la vie intéressante) (1899), James aborda expressément la question de la signification ou
du sens de la vie. Ce qu'il a dit dans cet essai était plutôt différent de ce qu'il avait dit dans le
précédent. L'essai était en partie une réponse à la divinisation des paysans incultes et laborieux de
la Confession de Tolstoï. James admirait beaucoup Tolstoï mais sentait qu'il allait un peu trop loin
dans son éloge de la vie paysanne et dans sa tendance à l'identifier comme le lieu même du sens.
James soutenait que la vie des paysans de Tolstoï était remplie d'un ingrédient nécessaire à une vie
significative – labeur, lutte, volonté, souffrance, vertus viriles – mais qu'ils manquaient de l'autre
ingrédient nécessaire à une vie pleine de sens, à savoir ce que James a appelé les « idéaux » ... Le
sens solide de la vie est toujours la même chose éternelle (le mariage, c'est-à-dire, d'un idéal
inhabituel, si spécial, avec une certaine fidélité, courage et endurance, avec des douleurs d'homme
ou de femme). Et, peu importe où que soit la vie, il y aura toujours la possibilité que ce mariage
ait lieu. (1899: 878)”

viii. Sir Alfred Jules "Freddie" Ayer (1910-1989)

Il était un philosophe positiviste et logique qui avait une approche très différente du sens de la vie.
Ayer a soutenu, dans un article important de 1947, qu '« il n'y a aucun sens à demander quel est le
but ultime de notre existence, ou quel est le sens réel de la vie » (Ayer 1947: 201). Son argument
est qu'il n'y a aucune raison de croire en quelque chose comme un Dieu qui nous a créés et qui
nous a donné un but précis. Et même s'il y avait un tel Dieu, ses objectifs ne pouvaient donner un
sens à la vie que si nous étions d'accord avec eux et les acceptions. Ainsi, le sens de la vie revient
toujours à ce que nous, individus, voulons, valorisons et visons. Il n'y a pas de sens à découvrir.
Ayer insiste sur le fait que l'insignifiance de la vie n'a rien à pleurer. La vie a la signification que
l'on lui donne. Cela n'a pas de sens de poser des questions sur le sens de la vie parce qu'il n'y en a
pas, et ne saurait y avoir. La question « Quel est le sens de la vie? » est illogique et sans réponse.
Mais une personne peut donner un sens à sa vie, et si c'est le cas, cela aura un sens pour lui. Cela
reviendra aux jugements de valeur que la personne fait. Et ce sont des questions de choix personnel
et de préférence. Il n'y a aucun sens à dire que les jugements de valeur d'une personne sont vrais
et que les autres sont faux. Donnez un sens à votre vie, et c'est le sens qu'elle aura."

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

Maintenant, permettez-moi de dire ceci: s'il y a une chose sur laquelle nous pouvons tous être
d'accord, c'est le fait que la question: "quel est le sens de la vie?" peut mener à de nombreuses
réponses et approches. Chaque personne voit la vie différemment. C'est compréhensible puisque
nous avons tous des expériences différentes. La vie nous marque différemment et les expériences
de vie sont inaliénables. Elles ne peuvent pas être échangés entre les gens. Vous êtes une somme
de vos expériences et de vos aspirations, associée à une composition génétique unique, tout comme
je suis la somme de mes expériences et de mes aspirations, associée à une composition génétique
unique. Les philosophes mentionnés ci-dessus ne peuvent pas être jugés pour leurs opinions. Parce
qu'ils vivaient dans une période différente de la nôtre, et "la mesure appropriée d'un système
philosophique n'est pas le degré auquel il a anticipé la pensée moderne, mais son degré de succès
dans le traitement des problèmes philosophiques de leur propre temps." Leurs points de vue
auraient probablement été différents s'ils étaient nos contemporains. Je pense cependant que
certains de ces points de vue sont intemporels parce qu'ils tiennent compte de la nature intrinsèque
de notre espèce: la propension à changer et à évoluer parce que nous vivons dans un environnement
dynamique. De Shakespeare à Ayer, il y a un thème sous-jacent récurrent dans la quête de
comprendre le sens de la vie: nous avons tous une mission: vivre nos vies en gardant à l'esprit que
nous ne pouvons pas mener la barque tout le temps car notre l'existence dépend de l'existence des
autres et que nous sommes tous venus dans ce monde avec une date d'expiration. “ Nous sommes
venus dans ce monde! ” Mais, comment? Quand? Pourquoi? Ces questions sont généralement
posées quand il s'agit de découvrir les origines de la vie. Normalement, les gens ont tendance à
être plus préoccupés par le sens de la vie que par ses origines. Cela a du sens si vous y réfléchissez.
Puisque nous avons une vie à mener, nous ferions mieux de nous concentrer sur ses origines. Je
dirais que le présent a plus de poids que le passé, pour le dire simplement. Cependant, les origines
de la vie sont d'égale importance parce que sa compréhension peut nous aider à mieux comprendre
notre environnement.

b. Les origines de la vie

Plusieurs fois, j'ai entendu des gens suggérer que l'espèce humaine souffre d'amnésie collective
parce que nous avons oublié comment nous sommes arrivés ici. Essayer de découvrir comment la
vie a émergé est une autre caractéristique inhérente à ce qui fait de nous des humains. Nous
sommes la seule espèce qui se soucie de ses origines et pourquoi nous avons les caractéristiques
que nous avons. De la même manière définir le vrai but, ou le sens de la vie a fait spéculer les
philosophes, proposer la bonne théorie de l'émergence de la vie sur la planète est toujours l'un des
plus grands défis de la biologie et de la chimie. Les éléments fondamentaux de la vie sont trop
complexes. Jusqu'à présent, nous ne pouvons toujours pas être d'accord quand il s'agit de trouver
une définition de la vie. Comme nous l'avons vu ci-dessus, lorsque la définition inclut le mot «
reproduire » et, d'un autre côté, l'expression « évolution darwinienne » - comme c'est le cas pour

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la définition de la NASA - la confusion peut surgir étant donné que certaines espèces ne peuvent
pas se reproduire ni évoluer en tant que population puisqu'elles ne peuvent pas se reproduire en
premier lieu. Par exemple, les mules (croisement entre un âne et une jument). Oui, au moment où
j'écris à ce sujet, les origines de la vie sont encore inconnues. Nous savons avec certitude que la
vie ne s'est pas formée en même temps que notre planète. J'ai brièvement expliqué précédemment
le système des trois âges quand il s'agit de l'avènement de la vie sur Terre. Je tiens à souligner que
lorsque je dis « vie », je ne parle pas exclusivement de formes de vie multicellulaires et supérieures,
mais de la vie dans sa forme la plus simple, une bactérie par exemple. Le but de ce livre n'est pas
de proposer une théorie en la matière, mais plutôt de donner un sens à celles qui existent déjà. Je
parlerai des théories suivantes: l'abiogenèse, la biogenèse, la théorie de la vie de Darwin, la théorie
de la vie de Jacques Monod et la panspermie.

i. Théorie de l’abiogenèse

L'abiogenèse est la théorie selon laquelle la vie peut provenir de substances non-vivantes. "La
plupart des chimistes croient que la vie a émergé spontanément des mélanges de molécules dans
la Terre prébiotique ... La question (des origines de la vie) a deux facettes bien distinctes -
historiques et anhistoriques, et seule l'intuition combinée des deux facettes sera capable de
conduire à une résolution complète et satisfaisante du problème. L'aspect historique chercherait à
répondre à la question comment – comment la vie a-t-elle émergé? Cela impliquerait de déchiffrer
l'événement chimique réel qui est apparu sur la Terre prébiotique – le chemin chimique particulier
suivi, étape par étape, menant des matériaux inanimés à la vie la plus simple. Les questions clés
incluraient: quels étaient les éléments constitutifs moléculaires à partir desquels la vie a été
construite? Quelles ont été les conditions réactionnelles qui ont permis à ces éléments de base de
se former, et une fois formés, quelle a été l'étape intermédiaire clé le long de la longue route de
l'évolution de ces éléments de base à la vie simple? L'aspect anhistorique répondrait à la question
plus générale: pourquoi la matière inanimée de quelque sorte que ce soit, quelle que soit son
identité structurelle, suivrait une voie de complexification dans la direction biologique, menant
éventuellement à une forme de vie simple?

L'abiogenèse est devenue populaire et influente surtout au 20ème siècle avec la théorie d'Oparin-
Haldane et les expériences de Miller-Urey. "L'abiogenèse est l'idée que la vie est née de non-vie il
y a plus de 3,5 milliards d'années sur Terre. L'abiogenèse suggère que les premières formes de vie
générées étaient très simples et devenaient de plus en plus complexes à travers un processus
graduel. La biogenèse, dans laquelle la vie est dérivée de la reproduction d'une autre vie, a
vraisemblablement été précédée par l'abiogenèse, qui est devenue impossible une fois que
l'atmosphère terrestre a pris sa composition actuelle. Bien que beaucoup assimilent l'abiogenèse à
la théorie archaïque de la génération spontanée, les deux idées sont assez différentes. Selon cette
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dernière, on pensait que la vie complexe (par exemple, un ver ou une souris) apparaissait
spontanément et continuellement à partir de la matière non vivante. Alors que le processus
hypothétique de génération spontanée a été réfuté dès le 17ème siècle et rejeté de manière décisive
au 19ème siècle, l'abiogenèse n'a été ni prouvée ni réfutée ... Dans les années 1920, le scientifique
britannique J.B.S. Haldane et le biochimiste russe Aleksandr Oparin ont indépendamment exprimé
des idées similaires concernant les conditions requises pour l'origine de la vie sur Terre. Les deux
croyaient que les molécules organiques pouvaient être formées à partir de matériaux abiogènes en
présence d'une source d'énergie externe (par exemple, rayonnement ultraviolet) et que
l'atmosphère primitive se réduisait (contenait très peu d'oxygène libre) et contenait de l'ammoniac
et de la vapeur d'eau, entre gazes. Tous deux soupçonnaient aussi que les premières formes de vie
apparaissaient dans l'océan primitif chaud et étaient hétérotrophes (obtenant des nutriments
préformés des composés existant sur la Terre primitive) plutôt qu'autotrophiques (générant des
aliments et des nutriments à partir de la lumière solaire ou des matériaux inorganiques).

Oparin croyait que la vie se développait à partir des coacervats, microscopiques agrégats
sphériques formés spontanément de molécules lipidiques qui sont maintenues ensemble par des
forces électrostatiques et qui peuvent avoir été des précurseurs de cellules. Le travail d'Oparin sur
les coacervats a confirmé que les enzymes fondamentales pour les réactions biochimiques du
métabolisme fonctionnaient plus efficacement lorsqu'elles étaient contenues dans des sphères liées
à la membrane que lorsqu'elles étaient libres dans des solutions aqueuses. Haldane, peu familier
avec les coacervats d'Oparin, croyait que les molécules organiques simples se formaient d'abord
et en présence de la lumière ultraviolette devenait de plus en plus complexe, formant finalement
des cellules. Les idées d'Haldane et d'Oparin ont constitué la base de la plupart des recherches sur
l'abiogenèse qui ont eu lieu au cours des dernières décennies." (Rogers, 2018)

Au 21ème, les opinions n'ont pas changé, à l'exception de petites différences dans les modèles.
Rogers poursuit en disant que "les hypothèses de l'abiogenèse moderne reposent largement sur les
mêmes principes que la théorie d'Oparin-Haldane et l'expérience Miller-Urey. Il existe cependant
des différences subtiles entre les différents modèles qui ont été présentés pour expliquer la
progression de la molécule abiogènes vers l'organisme vivant, et les explications divergent quant
à savoir si les molécules organiques complexes sont devenues des entités autoréplicatives
dépourvues de fonctions métaboliques ou devenues des protocellules métabolisantes qui ont
ensuite développé la capacité de s'autoreproduire. L'habitat de l'abiogenèse a également été
débattu. Alors que certaines preuves suggèrent que la vie peut provenir de non-vie dans les évents
hydrothermaux sur le fond océanique, il est possible que l'abiogenèse se soit produite ailleurs,
comme dans les profondeurs de la Terre, où les protéinoïdes peuvent avoir émergé de la réaction
des acides aminés avec la chaleur, puis sont entrés dans l'eau sous forme de gouttelettes de
protéines de type cellulaire.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

Certains scientifiques ont suggéré que l'abiogenèse est survenue plus d'une fois. Dans un exemple
de ce scénario hypothétique, différents types de vie sont apparus, chacun avec des architectures
biochimiques distinctes reflétant la nature des matériaux abiogènes à partir desquels ils se sont
développés. En fin de compte, la vie à base de phosphate (vie « standard », ayant une architecture
biochimique nécessitant du phosphore) acquiert un avantage évolutif par rapport à toute vie sans
phosphate (vie « non standard ») et devient ainsi le mode de vie le plus répandu sur Terre. Cette
notion a conduit les scientifiques à déduire l'existence d'une biosphère de l'ombre, un système de
soutien à la vie constitué de microorganismes de structure biochimique unique ou inhabituelle qui
a pu exister, ou qui existe encore sur Terre. Comme l'a démontré l'expérience Miller-Urey, des
molécules organiques peuvent se former à partir de matériaux abiogènes sous les contraintes de
l'atmosphère prébiotique de la Terre. Depuis les années 1950, les chercheurs ont découvert que les
acides aminés peuvent former spontanément des peptides (petites protéines) et que des
intermédiaires clés dans la synthèse des nucléotides ARN (composés azotés [bases] liés aux
groupes sucre et phosphate) peuvent se former à partir des matières premières prébiotiques. Cette
dernière preuve peut soutenir l'hypothèse du monde ARN, l'idée que sur la Terre primitive, il
existait une abondance de vie de l'ARN produite par des réactions chimiques prébiotiques. En fait,
en plus de transporter et de traduire l'information génétique, l'ARN est un catalyseur, une molécule
qui augmente la vitesse d'une réaction sans être consommée, ce qui signifie qu'un seul ARN
catalytique aurait pu produire plusieurs formes vivantes, ce qui aurait été avantageux lors de la
montée de la vie sur Terre. L'hypothèse du monde de l'ARN est l'une des principales conceptions
de l'abiogenèse par autoréplication.

Certains modèles modernes d'abiogenèse basés sur le métabolisme intègrent les coacervats
contenant des enzymes d'Oparin, mais suggèrent une progression constante des molécules
organiques simples aux coacervats, spécifiquement les protobiontes, agrégats de molécules
organiques qui présentent certaines caractéristiques de la vie. Les protobiontes donnaient
vraisemblablement naissance à des procaryotes, des organismes unicellulaires dépourvus d'un
noyau distinct et d'autres organites en raison de l'absence de membranes internes mais capables de
métabolisme et d'autoréplication et sensibles à la sélection naturelle. Parmi les procaryotes
primitifs que l'on trouve encore aujourd'hui sur la Terre, citons les archées, qui vivent souvent dans
des environnements extrêmes semblables à ceux qui existaient il y a des milliards d'années, et les
cyanobactéries (algues bleu-vert) qui prolifèrent dans des environnements inhospitaliers et qui
présentent un intérêt particulier dans la compréhension de l'origine de la vie, compte tenu de leurs
capacités photosynthétiques. Les stromatolites, dépôts formés par la croissance des algues bleu-
vert, sont les fossiles les plus anciens du monde, datant de 3,5 milliards d'années. Il reste beaucoup
de questions sans réponse concernant l'abiogenèse. Les expériences doivent encore démontrer la
transition complète des matériaux inorganiques vers des structures comme les protobionts et les
protocellules et, dans le cas du monde ARN proposé, doivent encore concilier des différences

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

importantes dans les mécanismes de synthèse des bases puriques et pyrimidiques nécessaires pour
former des nucléotides complets d'ARN.

En outre, certains scientifiques affirment que l'abiogenèse était inutile, suggérant plutôt que la vie
a été introduite sur Terre par collision avec un objet extraterrestre hébergeant des organismes
vivants, comme une météorite portant des organismes unicellulaires; la migration hypothétique de
la vie vers la Terre est connue sous le nom de panspermie. La recherche sur l'abiogenèse a bénéficié
de manière significative de l'astrobiologie, le domaine d'étude concerné par la recherche de la vie
extraterrestre (la vie au-delà de la Terre) et par la compréhension des conditions requises pour que
la vie se forme. Les investigations astrobiologiques de la lune Titan, par exemple, qui a une
atmosphère dépourvue d'oxygène libre, ont révélé la présence de molécules organiques complexes,
offrant aux scientifiques un aperçu de la formation de matériaux biologiques dans un habitat
prébiotique ressemblant à celui de la Terre primitive.

ii. Théorie de la biogenèse

L'idée derrière la biogenèse est simple: la vie ne peut venir que de la vie, c'est-à-dire d'autres
organismes vivants. "L'hypothèse de la génération spontanée proposée par les scientifiques pour
expliquer l'origine des" animalcules "observés par Antoni van Leeuwenhoek dans ses lentilles
grossissantes avait été largement acceptée dans toute l'Europe depuis l'époque d'Antoni jusqu'à
l'époque de Louis Pasteur. Les dispositifs expérimentaux erronés, leurs résultats et les conclusions
de certains scientifiques avaient soutenu et renforcé l'hypothèse: par exemple, l'anglais John
Needham a prétendu que la vie vitale est nécessaire pour la génération spontanée de microbes. Il
a ajouté que la raison pour laquelle aucun organisme vivant n'a émergé de solutions chauffées et
scellées dans des conteneurs est que la « vie vitale » a été détruite par la chaleur et qu'une nouvelle
« vie vitale » n'a pas été fournie aux solutions parce qu'elles ne peuvent pas entrer dans les
conteneurs scellés. Heureusement, il y avait des scientifiques sceptiques par rapport à l'hypothèse.
Ils ont donc conçu leur propre dispositif expérimental et à partir des résultats qu'ils ont recueillis,
ils ont tiré l'explication la plus réaliste sur l'origine des « animalcules ». Parmi les scientifiques on
comptait l'italien Lazzaro Spallanzani qui s'opposait à l'idée de Needham de la « vie vitale ».

Les partisans et les adversaires de l'hypothèse de la génération spontanée ont beaucoup débattu à
partir du moment où Leeuwenhoek a présenté ses découvertes (1670) au public jusqu'à l'époque
de Rudolf Virchow qui, en 1858, défie la génération spontanée avec son concept et sa définition
de la biogenèse. Ce concept affirme que les cellules vivantes ne peuvent provenir que de cellules
vivantes préexistantes. Virchow a défendu ce concept auprès de la communauté scientifique, mais
il n'a pas trouvé d'expérience convaincante pour étayer son idée. En 1861, le scientifique français
Louis Pasteur a résolu la question de l'origine des microbes ("animalcules") à travers une série
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

d'expériences ingénieuses et persuasives, montrant que des micro-organismes existent dans l'air et
peuvent contaminer les solutions stériles. Il a rempli un certain nombre de flacons à col court avec
du bouillon de bœuf, puis a fait bouillir leur contenu. Il a immédiatement scellé la bouche de
certains flacons mais laissait les autres ouverts et les laissait refroidir. Après quelques jours, le
contenu des flacons non scellés était contaminé par des micro-organismes. Aucun signe de
croissance de micro-organismes n'a été trouvé sur les flacons scellés. Pasteur a conclu que les
micro-organismes dans l'air étaient responsables de la contamination de matières non vivantes
comme les bouillons dans le flacon de John Needham. Pasteur a fait une autre expérience, mais
cette fois, il a mis du bouillon de bœuf dans des flacons à col long ouverts. Il plia le col des flacons
en courbes en forme de S et fit bouillir le contenu des flacons. Étonnamment, le contenu des flacons
n'était pas contaminé même après plusieurs mois.

La conception unique en forme de S des fioles de Pasteur a permis à l'air de passer mais avait
retenu les micro-organismes qui pouvaient contaminer les bouillons. Savez-vous que certains des
vaisseaux originaux utilisés par Pasteur dans ses expériences sont toujours exposés à l'Institut
Pasteur à Paris aujourd'hui? Quelques flacons contiennent des bouillons qui restent non contaminés
pendant plus de 100 ans! Pasteur a démontré la présence de microbes dans les matériaux non
vivants, qu'ils soient solides, liquides ou aériens. En outre, il a jeté les bases de techniques
aseptiques, des techniques qui empêchent la contamination par des microbes indésirables. Ces
techniques sont basées sur l'idée de Pasteur selon laquelle les microbes peuvent être détruits par la
chaleur et que des procédures peuvent être conçues pour inhiber l'accès des microbes aéroportés à
l'environnement nutritif. L'application de techniques aseptiques est maintenant la pratique courante
dans les procédures médicales et de laboratoire. Refuser l'idée que les microorganismes se sont
spontanément engendrés à partir de la matière non vivante à travers des forces mystiques est l'une
des plus grandes contributions de Pasteur en science. Il a fourni la preuve que toute apparence de
vie « spontanée » dans des solutions non vivantes peut être attribuée à des microbes qui existent
déjà dans l'air ou dans les fluides eux-mêmes." (Sace, 2017)

iii. Théorie de Darwin

La prémisse de la théorie de l'évolution de Darwin par la sélection naturelle est que toute la vie, des
mammifères aux organismes unicellulaires, est apparentée par la descendance avec la modification du
stock ancestral commun. Le mécanisme qu'il proposait pour expliquer la descente avec modification
était la sélection naturelle. “La théorie de l'évolution par sélection naturelle, d'abord formulée dans le
livre de Darwin ‘L’origine des espèces’ en 1859, est le processus par lequel les organismes changent
au fil du temps à la suite de changements dans les traits héréditaires physiques ou comportementaux.
Les changements qui permettent à un organisme de mieux s'adapter à son environnement l'aideront à
survivre et à avoir plus de descendants. L'évolution par sélection naturelle est l'une des théories les
mieux étayées de l'histoire de la science, étayée par des preuves issues d'une grande variété de

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disciplines scientifiques, notamment la paléontologie, la géologie, la génétique et la biologie du


développement. La théorie a deux points principaux, a déclaré Brian Richmond, conservateur des
origines humaines au Musée américain d'histoire naturelle à New York. ‘Toute vie sur Terre est
connectée et liée les unes aux autres’, et cette diversité de vie est le produit de ‘modifications de
populations par sélection naturelle, où certains traits ont été favorisés dans l'environnement par
rapport aux autres’, a-t-il déclaré. Plus simplement, la théorie peut être décrite comme une
'évolution', a déclaré Briana Pobiner, anthropologue spécialisée dans les études des origines de
l'homme et éducatrice au Smithsonian Institution, au Musée national d'histoire naturelle à
Washington, DC. La théorie est parfois décrite comme 'la survie du plus apte', mais cela peut être
trompeur, a déclaré Pobiner. Ici, le ‘apte’ ne se réfère pas à la force ou à la capacité athlétique d'un
organisme, mais plutôt à la capacité de survivre et de se reproduire. Dans la première édition de
'L'origine des espèces' en 1859, Charles Darwin a émis des hypothèses sur la façon dont la sélection
naturelle pourrait transformer un mammifère terrestre en baleine. À titre d'exemple hypothétique,
Darwin utilisait des ours noirs nord-américains, connus pour attraper des insectes en nageant dans
l'eau la gueule ouverte: ‘Je ne vois aucune difficulté à ce qu'une race d'ours soit rendue, par la
sélection naturelle, plus aquatique dans sa structure et habitudes, avec des bouches de plus en plus
grandes, jusqu'à ce qu'une créature soit produite aussi monstrueuse qu'une baleine’, a-t-il spéculé.

L'idée n'a pas été bien accueillie le public. Darwin fut si embarrassé par le ridicule qu'il reçut que
le passage de l'ours nageur fut retiré des éditions ultérieures du livre. Les scientifiques savent
maintenant que Darwin avait la bonne idée mais le mauvais
animal. Au lieu de considérer les ours, il aurait plutôt dû
considérer les vaches et les hippopotames. L'histoire de
l'origine des baleines est l'un des récits les plus fascinants de
l'évolution et l'un des meilleurs exemples que les
scientifiques aient de la sélection naturelle. Pour comprendre
l'origine des baleines, il est nécessaire d'avoir une
compréhension de base du fonctionnement de la sélection
naturelle. La sélection naturelle peut modifier une espèce de
façon modeste, ce qui fait changer la couleur ou la taille d'une
population au cours de plusieurs générations. C'est ce qu'on
appelle la ‘microévolution’. Mais la sélection naturelle est
également capable de beaucoup plus. Étant donné le temps et
les changements accumulés, la sélection naturelle peut créer
des espèces entièrement nouvelles, appelées Charles Robert Darwin (1809 – 1882)
Photo Crédit: Wikipédia
‘macroévolution’. Elles peuvent transformer les dinosaures
en oiseaux, les mammifères amphibies en baleines et les ancêtres des grands singes en humains.
Prenons l'exemple des baleines – utilisant l'évolution comme guide et connaissant le

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fonctionnement de la sélection naturelle, les biologistes savaient que la transition des premières
baleines de la terre vers l'eau se faisait par une série d'étapes prévisibles. L'évolution de l'évent,
par exemple, aurait pu se produire de la manière suivante: des changements génétiques aléatoires
ont eu pour résultat qu'au moins une baleine a ses narines placées plus en arrière sur sa tête. Ces
animaux avec cette adaptation auraient été mieux adaptés à un mode de vie marin, puisqu'ils
n'auraient pas eu à faire surface complètement pour respirer. De tels animaux auraient eu plus de
succès et auraient eu plus de descendants. Au cours des générations suivantes, d'autres
changements génétiques sont survenus, ramenant le nez plus loin sur la tête.

D'autres parties du corps des premières baleines ont également changé. Les pattes antérieures sont
devenues des palmes. Les pattes postérieures ont disparu. Leurs corps sont devenus plus
aérodynamiques et ils ont développé des douves de la queue pour mieux se propulser dans l'eau.
Darwin a également décrit une forme de sélection naturelle qui dépend du succès d'un organisme
à attirer un partenaire, un processus connu sous le nom de sélection sexuelle. Le plumage coloré
des paons et les bois des cerfs mâles sont deux exemples de traits qui ont évolué sous ce type de
sélection. Mais Darwin n'était pas le premier ou le seul scientifique à développer une théorie de
l'évolution. Le biologiste français Jean-Baptiste Lamarck a eu l'idée qu'un organisme pouvait
transmettre des traits à sa progéniture, bien qu'il se soit trompé sur certains détails. Et à peu près
au même moment que Darwin, le biologiste britannique Alfred Russel Wallace a proposé
indépendamment la théorie de l'évolution par sélection naturelle.

Darwin ne savait rien de la génétique, a dit Pobiner. ‘Il a observé le modèle de l'évolution, mais il
n'en connaissait pas vraiment le mécanisme. Cela est arrivé plus tard, avec la découverte de la
façon dont les gènes encodent différents traits biologiques ou comportementaux et comment les
gènes sont transmis des parents aux descendants. L'incorporation de la génétique et de la théorie
de Darwin est connue sous le nom de ‘synthèse évolutive moderne’. Les changements physiques
et comportementaux qui rendent la sélection naturelle possible se produisent au niveau de l'ADN
et des gènes. De tels changements sont appelés des mutations. ‘Les mutations sont essentiellement
la matière première sur laquelle l'évolution agit’, a déclaré Pobiner. Les mutations peuvent être
causées par des erreurs aléatoires dans la réplication ou la réparation de l'ADN ou par des
dommages chimiques ou radiologiques. La plupart du temps, les mutations sont nocives ou
neutres, mais dans de rares cas, une mutation pourrait s'avérer bénéfique pour l'organisme. Si c'est
le cas, il deviendra plus répandu dans la prochaine génération et se répandra dans toute la
population. De cette manière, la sélection naturelle guide le processus évolutif, préservant et
additionnant les mutations bénéfiques et rejetant les mauvaises. ‘Les mutations sont aléatoires,
mais la sélection pour elles n'est pas aléatoire’, a déclaré Pobiner. Mais la sélection naturelle n'est
pas le seul mécanisme par lequel les organismes évoluent, a-t-elle dit. Par exemple, les gènes
peuvent être transférés d'une population à une autre lorsque les organismes migrent ou immigrent,

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

un processus connu sous le nom de flux de gènes. Et la fréquence de certains gènes peut également
changer au hasard, ce qu'on appelle la dérive génétique.

Même si les scientifiques pouvaient prédire à quoi ressembleraient les baleines au début, ils
manquaient de preuves fossiles pour étayer leur affirmation. Les créationnistes ont pris cette
absence comme preuve que l'évolution ne s'est pas produite. Ils se moquaient de l'idée qu'il pouvait
y avoir une baleine qui marchait. Mais depuis le début des années 1990, c'est exactement ce que
les scientifiques ont découvert. L'élément critique est apparu en 1994, lorsque les paléontologues
ont découvert les restes fossilisés d'Ambulocetus natans, un animal dont le nom signifie
littéralement ‘baleine nageuse’. Ses membres antérieurs avaient des doigts et de petits sabots, mais
ses pattes arrière étaient énormes comptes tenus de sa taille. Il était clairement adapté à la baignade,
mais il était également capable de se déplacer maladroitement sur terre, un peu comme un phoque.
Quand elle nageait, la créature antique bougeait comme une loutre, reculant grâce à ses pattes
postérieures et ondulant sa colonne vertébrale et sa queue. Les baleines modernes se propulsent
dans l'eau avec des battements puissants de leurs dards horizontaux, mais Ambulocetus avait
encore une queue semblable à un fouet et devait utiliser ses pattes pour fournir la majeure partie
de la force propulsive nécessaire pour se déplacer dans l'eau. Au cours des dernières années, de
plus en plus de ces espèces de transition, ou ‘chaînons manquants’, ont été découvertes, ce qui
renforce la théorie de Darwin, a ajouté Richmond.

Malgré la richesse des preuves provenant des archives fossiles, de la génétique et d'autres domaines
de la science, certaines personnes remettent encore en question sa validité. Certains politiciens et
dirigeants religieux dénoncent la théorie, invoquant un être supérieur en tant que concepteur pour
expliquer le monde complexe des êtres vivants, en particulier les humains. Les commissions
scolaires débattent pour savoir si la théorie de l'évolution devrait être enseignée en même temps
que d'autres idées, comme le dessein intelligent ou le créationnisme. Les scientifiques traditionnels
ne voient aucune controverse. ‘Beaucoup de gens ont des croyances religieuses profondes et
acceptent également l'évolution’, a déclaré M. Pobiner, ajoutant: ‘il peut y avoir une vraie
réconciliation’. L'évolution est soutenue par de nombreux exemples de changements dans diverses
espèces menant à la diversité de la vie actuelle. ‘Si quelqu'un pouvait vraiment démontrer une
meilleure explication que l'évolution et la sélection naturelle, [cette personne] serait le nouveau
Darwin’, a déclaré Richmond." (Than, 2015)

iv. Théorie de Jacques Monod

Selon Monod, la vie est issue de processus naturels. Mais, il n'a pas précisé si ces processus étaient
biologiques ou chimiques. Dans son livre Le hasard et la nécessité: essai sur la philosophie
naturelle de la biologie moderne, il utilise les processus de l'évolution pour montrer que la vie

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n'est que le résultat de processus naturels par ‘pur hasard’. Le principe de base de ce livre est que
les systèmes dans la nature avec la biologie moléculaire, tels que les boucles de biofeedback
enzymatiques peuvent être expliqués sans avoir à invoquer la causalité finale. Dans son essai « The
molecular drama » (Le drame moléculaire), (Herrnstein, 1972)7 explique que Monod « attire notre
attention sur le génie d'Escherichia coli. Placer une seule de ces bactéries (dont le milieu naturel
est les intestins de certains animaux, y compris l'homme) dans un plat avec un peu d'eau, quelques
grains de sucre et une pincée de sels minéraux, et dans les trente-six heures, le bouillon fourmille
de plusieurs milliards de germes pratiquement identiques. Il n'est pas étonnant que les faits de la
vie aient longtemps baissé notre capacité à accepter une explication physique. Comment, dans le
monde, une créature pesant moins d'un billionième de gramme surpasse-t-elle en précision, en
économie et en rapidité, la meilleure science chimique de l'homme? Mais le travail est accompli,
souligne Monod, dans les contraintes imposées par la deuxième loi de la thermodynamique, à
savoir que les changements d'énergie physique dans le plat se conforment aux principes physiques
ordinaires alors même que les germes se réduisent en myriades d'existences vivantes distinctes.

Le livre de Monod, basé sur des conférences données au Collège de Pomona au début de 1969,
raconte l'histoire de la biologie moléculaire moderne à propos
d'Escherichia coli, et donc aussi de la base chimique de la vie
en général. Car, comme il le dit, ‘aux biologistes de ma
génération appartient la découverte de l'identité virtuelle de la
chimie cellulaire dans toute la biosphère.’ Clairement une
découverte capitale, l'unité chimique de la vie a grandement
simplifié la tâche de la biologie moléculaire. Maintenant, la
tâche n'était pas de fournir un compte séparé de chaque forme
vivante, mais plutôt simplement les règles par lesquelles une
seule procédure fondamentale se ramifiait dans la diversité
phénoménale des créatures. La nouvelle tâche n'est peut-être
pas facile, mais elle aurait pu être (autant qu'on le sache il y a
trente ans) infiniment plus difficile.

La bactérie fertile pose une double énigme, dit Monod.


Jacques Lucien Monod (1910 – 1976) D'abord, d'où venait l'invariance, la capacité de se reproduire
Photo crédit: Wikipédia virtuellement jusqu'au niveau moléculaire, du moins la
plupart du temps? Les objets inanimés ne révèlent pas souvent (si jamais) un flair comparable pour
l'auto-duplication, alors quand nous sommes émerveillés par la spécificité ou l'unicité de la vie,
nous devons réagir en partie à son invariance. La seconde moitié de l'énigme, Monod appelle la
téléonomie, la visée des êtres vivants. Dans la croissance et le développement de sa structure

7
Ceci (pages: 84 – 89) est la traduction française de l’essai de Richard J. Herrnstein originalement écrit en 1972.
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physique, ainsi que dans son comportement, l'organisme vivant révèle une détermination
intérieure, le rendant dans une certaine mesure libre de ses circonstances immédiates. Chaque
créature se développe et fonctionne selon son type, agissant et grandissant de manière à se
maintenir dans son caractère distinctif. L'environnement n'agit pas seulement sur des objets
animés, comme il le fait sur des objets inanimés comme des pierres qui tombent ou des tasses de
café qui refroidissent, mais subit l'impact de la créature à ses propres fins. Cela ne veut pas dire
que Monod croit en une vie mentale des germes, ni qu'il ignore les limites physiques dans
l'environnement en dehors desquels une créature quelconque cesse de fonctionner normalement
ou pas du tout. Cela montre plutôt que Monod reconnaît l'ampleur de la tâche de réconcilier la
finalité de la vie avec les mécanismes de la science.

Au moins, cette réconciliation est ce que Monod cherche. Il méprise les solutions faciles, qui
remplacent l'ignorance par simple postulation. Les vitalistes, comme Bergson, dotent les créatures
vivantes d'élan, une essence spirituelle qui fournit par hasard seulement les propriétés de la
téléonomie qui manquent dans le corps physique. Et les animistes, comme Teilhard de Chardin,
suppriment l'énigme de la téléonomie en professant la croyance dans le déploiement d'un principe
universel, inconnaissable par définition. La vieille lutte entre les mécanistes et les anti-mécanistes
(les vitalistes et les animistes) imprègne le livre comme Monod travaille à travers sa solution de la
double énigme. Les progrès de la biologie moléculaire depuis le début des années 1950 ont permis
de combler une grande partie de l'écart de crédibilité qui affectait auparavant la biologie mécaniste.
Il ne faut plus que le mécaniste se défende faiblement avec des découvertes encore défaites lorsqu'il
est mis au défi par l'extraordinaire précision de la biochimie, ses subtiles adaptations, ou sa capacité
à se reproduire. Maintenant, il peut aligner le code chimique inscrit dans les gènes, ainsi que des
lueurs de la façon dont il est déchiffré dans le langage plus riche des acides aminés qui s'enchaînent
dans les milliers de protéines présentes dans toutes les créatures vivantes. Toute l'histoire n'a en
aucun cas été relatée, mais il y a suffisamment d'éléments pour que l'anti-mécaniste commence à
souffrir d'un manque de crédibilité.

Les biologistes moléculaires ont considéré çà et là une série de réactions chimiques au niveau
microscopique pour montrer la téléonomie en fait, pas seulement en principe. Il y a, par exemple,
des chaînes de réactions chimiques qui fabriquent des 'métabolites" – des composants chimiques
essentiels dans une structure ou un processus. La vitesse des réactions (d'où leur productivité nette
par unité de temps) est stimulée par des agents chimiques hautement spécifiques appelés
catalyseurs et régulateurs. (Les catalyseurs, certains se rappellent peut-être de leurs cours de
chimie, participent aux réactions et les accélèrent sans être consommés ni même altérés de façon
permanente par elles) Si, comme c'est parfois le cas, le résultat final d'une chaîne est, à la fois
temps, à la fois un métabolite et un inhibiteur de la réglementation pour une réaction antérieure
dans la chaîne, puis la chimie a créé une ligne de production autolimitation. À mesure que le niveau

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de métabolites augmente, il retarde de plus en plus la production. Lorsque le niveau baisse, la


production augmente. Il est évident qu'une telle rétroaction négative peut parfois être utile. Il existe
d'autres configurations servant à d'autres fins: retarder ou faire progresser des résultats chimiques
particuliers dans des circonstances particulières de manière à favoriser la survie vigoureuse de
l'organisme.

Cette nouvelle victoire du matérialisme scientifique a montré comment la sélection darwinienne


descend dans le substratum moléculaire de la vie. La ‘survie du plus apte’ – représentation si
graphique des luttes prénuptiales de l'orignal mâle ou de l'étirement progressif du cou de la girafe
– peut maintenant être appliquée avec une validité égale, sinon supérieure, au drame moléculaire.
La clé de la compréhension a été la découverte de ce que Monod appelle la ‘gratuité’ du substrat
chimique de la vie. Parce que les catalyseurs sont liés à certaines réactions plutôt qu'à d'autres par
l'appariement de caractéristiques spatiales arbitraires dans les molécules composantes – tout
comme une clé dans une serrure – les possibilités d'innovation chimique sont aussi illimitées que
les variations spatiales sans fin des composés organiques. La nature catalytique de la chimie
essentielle de la vie permet à la régulation de varier relativement librement (par mutation, accident,
etc. – le 'hasard' dans le titre du livre) sans altérer la chimie de base du système dans son ensemble.
Si une variation particulière est avantageuse, elle peut, par la sélection naturelle, s'établir dans les
générations futures (par ‘nécessité’, comme il résulte de la simple arithmétique de l'évolution
darwinienne). La variation avantageuse doit, bien sûr, provenir des gènes pour être héritables, mais
Monod montre comment l'alphabet génétique peut parfois apparaître avec une faute d'impression
bienfaisante. Les "erreurs" occasionnelles sont automatiquement passées au crible pour la variation
rare et fructueuse, donnant au système vivant à la fois son invariance et sa téléonomie. Chance et
nécessité se combinent pour favoriser la bonne innovation au bon moment.

En quelques décennies, la biologie moléculaire a fait de grands progrès vers une compréhension
profonde et significative. Elle a également ajouté à la langue vernaculaire un certain nombre de
pseudo-mots et quasi-phrases comme "ADN" et "ARN" et "polypeptides" et "nucléotides" et
"complémentarité stéréochimique" – incompréhensible à quiconque dont le dernier cours de
chimie est antérieure à 1955. Le but de Monod dans ses conférences devait être simplement
pédagogique: attacher à ces nouvelles étiquettes mystérieuses une signification concrète pour le
profane. Mais c'était probablement son moindre but, car les thèmes principaux semblent plus
philosophiques que pédagogiques. Il aurait pu faire ses principaux points sans aucune chimie,
posant la question comme suit: ‘Accorde-moi une science vraie (comme la physique ou la chimie)
de l'invariance et de la téléonomie, confirmant une fois pour toutes les principes de l'évolution par
sélection naturelle. Quelles leçons plus générales tirerons-nous alors?’ Pour Monod, bien sûr, les
faits substantiels de sa science ont été tissés intégralement dans le tissu de la Weltanschauung qu'il
offre. Pourtant, un lecteur qui ne parvient pas à s'accrocher à la biochimie élémentaire au début du
livre peut revenir plus tard sur le train de la pensée.’

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Joueur star et vulgarisateur articulé de l'un des meilleurs sujets du moment, Monod ne devrait pas
être trop sévèrement réprimandé pour les défauts de son livre. Mais en termes de lacunes, il y en a
au moins deux qui sont graves. Quand il quitte la biologie moléculaire pour jeter un coup d'œil sur
la science dans son ensemble, il ne peut pas communiquer sa vision de façon claire ou
convaincante. Il ne sert à rien de dire que la science recherche « l'objectivité » ou qu'elle appelle
la « confrontation de la logique et de l'expérience ». Le difficile problème – traduire ces guides
vagues et informes en quelque chose de concret et de spécifique – reste non résolu. Y a-t-il quelque
chose de particulièrement « objectif » dans le choix d'Escherichia coli comme sujet expérimental?
Sans doute, c'était un choix heureux, mais pas plus objectif ou logique que les nombreux
organismes qui auraient pu moins bien servir. Et, pour regarder le passé de la science, la théorie
du phlogistique de la combustion n'était-elle pas une confrontation élégante de la logique avec
l'expérience? Monod ne voit pas le fondement pragmatique de la science, promouvant
l'Escherichia coli et rejetant le phlogistique par le seul critère du succès. C'est un oubli ironique,
car la norme pragmatique semble peu différente dans la science et dans la chimie de la vie. Dans
les deux cas, nous voyons rétrospectivement comment l'heureux hasard (de la pensée ou de la
chimie) gagne en ascendance par la sélection naturelle (dans le pouvoir prédictif ou la supériorité
physiologique). Beaucoup de philosophes, passés et présents, sont venus les mains vides dans un
style meilleur que Monod, en cherchant l'essence insaisissable de la science.

Mais la carence purement philosophique semble, au moins pour moi, la moindre. Quand Monod
considère le rôle du comportement d'une créature, il perd l'histoire principale dans son
enthousiasme pour une sous-intrigue secondaire. Le comportement, note-t-il correctement, oriente
la direction de l'évolution. Quand un poisson primitif a commencé à s'aventurer sur terre, il était
sans doute mal équipé pour le faire. Cependant, ses efforts tenaces (et ceux de ses descendants)
ont mis en scène le fait que toute mutation favorisant la vie terrestre rapidement (relativement
parlant) recouvre le pool de gènes dans les générations suivantes. Dans le jargon des
évolutionnistes, le comportement terrestre crée une « pression de sélection » pour la structure
terrestre adaptative. Le même argument, note Monod, s'applique à toutes sortes de comportements
avantageux. Chez les êtres humains, les fonctions mentales supérieures - le langage, la simulation
subjective (son terme pour la cognition), la formation de la société et de la culture – exercent
vraisemblablement une pression de sélection pour des structures sous-jacentes compatibles.
L'universalité du langage et certaines formes culturelles suggèrent à Monod que même ces activités
humaines hautement conventionnelles ont des fondements innés.

Monod prend ainsi sa place à l'avant-garde du retour vers les théories nativistes du comportement
humain. Pendant quelques générations après la première guerre mondiale, du moins aux États-
Unis, le pendule est passé presque sans frottement vers le pôle environnementaliste. Behaviorism
(1924) de John B. Watson a été annoncé dans une critique publiée dans le New York Times comme
le début d'une nouvelle époque, avec son argument selon lequel le caractère et le comportement

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

de chaque homme étaient simplement une vie de réflexes conditionnés. Bien que la substance
psychologique ait été vraiment raffinée, la version de la culture de masse de Beyond Freedom and
Dignity, de B. F. Skinner, est à peu près la même, en termes de contenu et de présage. Pourtant,
dans l'intervalle entre Watson et Skinner, l'environnementalisme simpliste des manuels
élémentaires et des magazines populaires a été mis en échec, dans le laboratoire et dans l'analyse
philosophique. Le comportement n'est pas infiniment malléable; les gens ne sont pas également
talentueux ou motivés ou psychiquement sains. De plus, certaines limitations, prédispositions et
différences sont sûrement génétiques. Et ainsi, avec le décalage habituel, le pendule se retourne,
recevant une impulsion juste de Monod. Il est facile d'imaginer que son message se confond avec
celui de Robert Ardrey, de Noam Chomsky, de Konrad Lorenz, de Desmond Morris, et avec tous
les autres qui représentent désormais la nature plutôt que la culture de l'homme.

Si Monod a sans doute raison par rapport à la contribution du comportement à la pression de


sélection, il ne parvient pas à découvrir une condition préalable cruciale. Considérez encore le
poisson primitif se jetant maladroitement sur la terre. Un appendice bombé ou deux pour stabiliser
ses coups de poing serait très utile, mais seulement si le poisson a l'intelligence de les utiliser. A
quoi cela servirait-il au poisson d'avoir ses nouveaux appendices sans savoir comment les utiliser?
Il se peut, bien sûr, hériter juste le bon comportement pour accompagner chaque nouvelle
modification structurelle. Mais non seulement cette mutation double est nettement moins probable,
elle exclut tacitement l'impact du comportement sur la pression de sélection. Un nouveau
comportement doit, au moins parfois, surgir au cours de la vie d'un individu, guidé par ses propres
succès ou échecs, afin d'influencer le cours de l'évolution. Il faut prévoir une variation féconde non
génétique et individuelle, en plus de la variation génétique, si l'hypothèse de Monod est de
fonctionner. Car alors seulement, avec un comportement exploitant l'opportunité, la pression de
sélection suivra dans le sillage de la variation individuelle. De même, imaginez le proto-man dont
le proto-larynx a d'abord façonné des grognements cohérents. La pression de sélection pour la
langue présuppose que notre ancêtre avait une certaine capacité à faire valoir son avantage au cours
de sa propre vie, sinon le potentiel du langage serait là sans être utilisé.

Pour jouer le rôle majeur dans la phylogénie que Monod lui accorde, le comportement doit être
réactif dans l'ontogenèse. Mais dire que le comportement est ontogénétiquement responsif
reconnaît une partie substantielle du canon environnementaliste. Le nom plus familier pour l'étude
de la réceptivité ontogénétique est « théorie de l'apprentissage », la branche de la psychologie
consacrée à la façon dont les créatures obtiennent leur comportement changé par leur expérience.
Monod, ayant manqué l'ingrédient environnementaliste dans son schéma, ne parvient pas à noter
que l'étude du processus d'apprentissage n'a pas été très loin derrière la biologie moléculaire ces
dernières années. Pour Watson, tout apprentissage était une version du conditionnement pavlovien.
Skinner et la plupart des écologistes contemporains savent que le conditionnement pavlovien ne
suffit pas. Un comportement pas très complexe est coulé dans le moule d'un chien salivant au son

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

de la cloche du dîner. De plus, le comportement fait souvent écho à son passé selon un processus
dit « opérant » ou « instrumental ». Le rat de laboratoire pressant avidement un levier pour un peu
de nourriture illustre un tel apprentissage. Même chez les êtres humains, un comportement de tous
les degrés de complexité peut être façonné par ce processus, qui explique en grande partie
l'excitation actuelle des « machines à enseigner » et de la « thérapie comportementale ». Le
principe essentiel pourrait difficilement être plus simple, certains mouvements sont sélectionnés
pour la répétition, si elles mènent à des résultats particuliers (comme la nourriture pour un rat
affamé ou un putt réussi pour un golfeur). Le parallèle évident entre ce type d'apprentissage et la
sélection phylogénétique a souvent été observé dans les quelques centaines d'années depuis
Herbert Spencer et Charles Darwin. Dans les deux mécanismes, les résultats adaptatifs et
téléonomiques découlent de règles purement automatiques de sélection.

Les écologistes, impressionnés par la puissance avec laquelle les environnements moulent le
comportement, nous implorent de tirer le meilleur parti de la plasticité. Les nativistes,
reconnaissant le lien entre le comportement et la physiologie, nous mettent en garde contre une
indifférence trop banale de la biologie. Les deux, bien sûr, ont raison et, souvent, tort, lorsqu'ils
sont emportés par des excès d'enthousiasme. Monod, sous l'emprise du nativisme, ne parvient pas
à lier les brins de son argument, le privant d'une solidité qu'il aurait pu avoir. Il reconnaît le rôle
du comportement dans la création de la pression de sélection. Et il n'est pas inconscient du
processus d'apprentissage dans certains contextes, car, lorsqu'il discute de l'humanité, il note que
l'adaptation ontogénétique se substitue dans une certaine mesure à l'évolution biologique, rendant
possible des ajustements en une seule vie. Il manque l'impact de l'adaptation ontogénétique sur
l'évolution elle-même, car une fois que les créatures ont acquis la capacité d'apprendre, leur
comportement est devenu la pointe de la phylogénie, créant une pression de sélection partout où
un nouveau comportement conférait un avantage. S'il avait repéré les mécanismes de sélection
parallèles et interactifs dans le comportement et dans le plasma germinatif, il aurait vu l'ontogenèse
et la phylogénie se jouer les unes les autres dans des spirales sans fin de chance et de nécessité. »

v. Théorie de la panspermie

Selon cette théorie, la vie pourrait venir de l'espace extra-atmosphérique, ce qui ferait de nous tous
des extraterrestres. Elle prétend que la vie a émergé sur Terre après que celle-ci ait été heurtée par
un astéroïde (comète ou météore). "La naissance de la vie sur Terre est l'un des plus grands casse-
têtes auxquels ont été confrontés les scientifiques, mais certains commencent à se demander si elle
est même née ici. Les astrobiologistes recueillent des preuves croissantes qui suggèrent que la vie
a pu commencer ailleurs dans la galaxie et a été portée ici par des météorites ou des comètes il y a
environ 3,8 à 4 milliards d'années - une théorie connue sous le nom de panspermie. Par exemple,
des molécules organiques et de l'eau ont été trouvées sur des comètes parcourant notre système

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

solaire, suggérant que les matériaux nécessaires pour lancer la vie sur Terre venaient de l'espace.
Cependant, il y en a qui vont plus loin et disent que la vie elle-même s'est formée ailleurs et a été
portée ici où elle a trouvé que les conditions étaient parfaites pour évoluer. La panspermie n'est
pas une nouvelle théorie – elle a été proposée pour la première fois en 1871 – mais elle a récemment
reçu un nouveau soutien, car les astronomes ont découvert à quel point l'univers est rempli de
composés organiques. Même si aucune preuve n'a encore été trouvée pour prouver cela, l'idée de
la panspermie, qui reste en marge de la science traditionnelle, n'est pas considérée comme aussi
farfelue qu'elle l'était autrefois, selon New Scientist. Peter Ward, un biologiste de l'université de
Washington à Seattle, a déclaré au magazine: "Je pense que le cas de Mars comme origine de la
vie terrestre est plutôt bon." Il a ajouté que si l'on découvrait que la vie sur Terre était d'origine
extraterrestre, elle aurait des impacts assez importants sur la pensée scientifique et religieuse
actuelle. Il a dit: "C'est un gros coup. Pour certains fondamentalistes religieux, c'est un axiome
qu'il n'y a qu'une vie et c'est ici sur Terre. De nombreux scientifiques ont souligné la soudaineté
apparente de la vie apparue sur Terre il y a environ 3,8 milliards d'années, alors que les conditions
de vie devenaient parfaites. Certains scientifiques vont plus loin et disent que toute la Voie Lactée
peut être pleine de vie. Le professeur Chandra Wickramasinghe, astrobiologiste à l'Université de
Buckingham et partisan de longue date de la panspermie, croit que la Terre échange constamment
du matériel organique et même vivant avec des planètes autour des systèmes stellaires voisins. Il
a récemment participé à la publication de plusieurs articles qui ont trouvé ce qu'il croit être des
restes d'organismes fossilisés dans des météorites et de minuscules organismes ressemblant à des
algues qui vivent dans l'atmosphère terrestre et qui ont été transportés ici par des comètes.
S'adressant à New Scientist, le professeur Wickramasinghe a déclaré: « C'était une conjecture dans
le passé, purement théorique, mais nous en avons maintenant la preuve. Cela change lentement,
mais sûrement. »

"Les matériaux expulsés à des


vitesses supérieures à la vitesse
d'échappement d'un système
planétaire comme notre propre
système solaire auront, en général,
des orbites hyperboliques par
rapport à une étoile voisine, de
sorte que la probabilité de capture
directe sera en général très faible."
les poussières submicroniques, y
La vie sur Terre a commencé il y a environ 3,8 milliards d'années, mais elle n'a
peut-être pas vu le jour sur notre planète. Il y a un soutien croissant pour une compris les bactéries et les virus
théorie marginale de la panspermie qui suggère que la vie a commencé dans libérés par les bolides cométaires
l'espace et a été portée ici par des comètes et des météorites, comme illustré ci-
dessus, qui ont bombardé notre planète au début de son histoire. Courtoisie: transitoires, même si elles sont en
Daily Mail
orbites hyperboliques, seront

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.2 : qu’est-ce que la vie et quelles sont ses origines?

facilement stoppées par frottement (traînée de gaz) dans le disque interplanétaire du système
planétaire récepteur et serviront ainsi à infecter les planètes habitables . ' Plus simplement, des
organismes et des molécules sur les comètes voyageant sur des planètes pourraient être déposés
sur cette planète. ... Il est prévu une mission robotique de forer sous la surface de la Lune pour
rechercher des météorites qui pourraient fournir des indices sur la façon dont la vie a commencé
sur Terre et si elle a été transportée ici d'ailleurs. Les scientifiques de la NASA ont également mené
des expériences en utilisant des météorites simulées tirées dans l'espace et ont permis de rentrer
dans l'atmosphère. Ceux-ci ont montré l'ADN et certaines spores bactériennes peuvent survivre à
la chaleur extrême et aux pressions d'entrer dans l'atmosphère terrestre. Cela a soutenu certaines
des idées fondamentales qui sous-tendent la panspermie. " (Gray, 2015)

"Malgré quelques avancées, le terrain s'est heurté à des murs chimiques qui s'avèrent impossibles
à escalader. ... Les composés organiques à base de carbone signifiants se sont rassemblés pour
former la vie dans une ‘soupe prébiotique’ ne se comportent pas dans le laboratoire d'une manière
qui indiquerait qu'ils ont conduit à la formation de la vie sur la Terre primitive. Lorsque ces
composés sont excités par la chaleur ou la lumière, au lieu de produire de l'ARN précoce, ils créent
du goudron, ce qui est loin d'être le matériau à partir duquel nous évoluerions tous. Pourtant, les
découvertes au cours de la dernière décennie sur Mars ont montré une planète qui était autrefois
plus chaude et plus humide qu'elle ne l'est maintenant. Aucun organisme vivant ou fossile n'a été
trouvé sur Mars. Mais l'équipe scientifique travaillant avec le rover Curiosity a conclu plus tôt
cette année qu'ils avaient foré dans un ancien lit de lac qui avait tout ce qu'il fallait pour soutenir
la vie – et par conséquent que la planète avait été habitable. Cela ne signifie pas qu'il ait jamais été
habité, mais des signes scientifiques commencent à pointer, même si c'est hésitant, dans cette
direction. Est-ce que cela signifie que Benner ou Adcock voient la panspermie comme un début
probable pour la vie sur Terre? Pas exactement. ... ‘C'est encore un autre élément de preuve qui
rend la vie terrestre plus probable sur une météorite martienne.’ Mais c'est plus un changement de
probabilités qu'une preuve scientifique. « Une solution de panspermie, après tout, produit un autre
problème de panspermie », a-t-il déclaré. « Si un microbe martien arrivait de Mars à la Terre, ce
serait peut-être comme s'il atterrait en Eden. Mais tout aussi probable, il mourrait rapidement. »
(Kaufman, 2015)

Question No. 3: Qu’est-ce que la mort?


Il est difficile, voire impossible, de ne pas parler de la mort après avoir parlé de la vie puisqu'elles
se complètent. Paradoxalement, elles sont toutes les deux essentielles à l'existence parce que l'un
suppose l'autre pour former l'existence. La vie est le commencement de l'existence et la mort en
est la fin. Donc, la vie précède la mort, ou est-ce bien le cas? Y a-t-il des cas où la mort peut
précéder la vie? Je vais expliquer cela pendant la discussion. Avec le sens de la vie et ses origines,

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

la mort et ses mystères préoccupent l'esprit humain surtout à la fin de la vie adulte. Le néant suit-
il vraiment la mort? Allons-nous à un endroit spécial ou bien notre âme se balade-t-elle jusqu'à la
réincarnation dans une vie future sur cette Terre? Je ne sais pas la réponse à aucune de ces
questions. Alors que c'est la prérogative de quiconque de spéculer sur ce qui se passe après notre
mort, la mort se produit et se produira à un moment donné de notre existence. Benjamin Franklin
a dit: "... dans ce monde rien n'est certain, sauf la mort et les impôts." L'occurrence de la mort a un
taux de probabilité de 100%, signifiant que nous avons tous un rendez-vous avec la mort.
Cependant, la possibilité de la vie après la mort a préoccupé l'humanité depuis la nuit des temps.
Les anciens Égyptiens, étaient célèbres pour leurs techniques d'embaumement dont ils faisaient
une science. On pensait que les défunts devaient être correctement présentés à leur nouveau monde.
Aujourd'hui, cette croyance est encore forte dans de nombreuses cultures. Parallèlement, dans des
sociétés plus avancées, les gens se tournent vers la cryonie – conservation à basse température
(généralement à -196 ° C) de personnes qui ne peuvent pas être soutenues par la médecine
contemporaine, avec l'espoir que la réanimation et la restauration soient possibles dans un avenir
lointain – dans une tentative de redéfinir le concept de vie après la mort. Ces personnes veulent
revenir à la vie mais pas dans un monde métaphysique. Elles veulent revenir dans ce monde et
profiter une fois de plus de tout ce qu'il a à offrir. Je parlerai de la vie après la mort en plus de
détails. Pour l'instant, j'aimerais expliquer le concept de la mort. Qu'est-ce que cela implique?

a. Définition de la mort

Selon MedicineNet, la mort peut être définie comme suit: "1. La fin de la vie. La cessation de la
vie. (Ces définitions communes de la mort dépendent finalement de la définition de la vie, sur
laquelle il n'y a pas de consensus comme je l'ai expliqué
précédemment.) 2. La cessation permanente de toutes les
fonctions corporelles vitales. (Cette définition dépend de la
définition des «fonctions corporelles vitales».). 3. Le critère
de common law pour déterminer la mort est la cessation de
toutes les fonctions vitales, traditionnellement démontrée par
«l'absence de fonctions respiratoires et cardiaques
spontanées» 4. La détermination uniforme de la mort. La
Conférence nationale des Commissaires sur les lois Une fleur, un crâne et un sablier représentent
uniformes des États en 1980 a formulé la Loi uniforme sur la la vie, la mort et le temps dans cette peinture
détermination de la mort. Il stipule que: « Un individu qui a du 17ème siècle de Philippe de Champaigne
Photo crédit: Wikipédia
subi (1) une cessation irréversible des fonctions circulatoires
et respiratoires, ou (2) la cessation irréversible de toutes les fonctions du cerveau entier, y compris
le tronc cérébral est mort. Une détermination de décès doit être faite conformément aux normes
médicales admises. » Cette définition a été approuvée par l'American Medical Association

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

(Association médicale américaine) en 1980 et par l'American Bar Association Barreau américain)
en 1981. » Comment pouvons-nous expliquer tout cela? Il s'avère que la mort n'est pas si facile à
définir qu'on pourrait le penser. Pour vraiment donner un sens à ces définitions de la mort, nous
devons les décomposer en deux questions simples: qu’est-ce que c’est? et comment arrive-t-elle?
La mort est la cessation de la vie serait une réponse générale et s'appliquerait à la première
question. La mort est la cessation de toutes les fonctions corporelles vitales qui s'appliquerait à la
seconde question. Mais, encore une fois, cela ne s'arrête pas là. Parfois, la mort peut être un
processus qui a des implications juridiques, en particulier lorsque les organes vitaux doivent être
retirés afin de sauver d'autres vies. En raison des paramètres impliqués dans la définition de la
mort, nous devons le considérer à trois niveaux spécifiques: le niveau du cerveau entier, le niveau
du cerveau supérieur et le niveau cardiopulmonaire.

Tout d'abord, l’approche du cerveau entier se concentre, bien sûr, sur le cerveau, ce qui signifie
son rôle et son statut au moment de la mort, ce qui a conduit les scientifiques médicaux à définir
la mort humaine comme la cessation irréversible du fonctionnement de l'ensemble du cerveau, y
compris le tronc cérébral (voir la deuxième définition ci-dessus sous la Conférence nationale des
Commissaires sur les lois uniformes des États en 1980). Il est important de garder à l'esprit
l'ancienne approche de la mort (mort cardiorespiratoire) lorsqu'on considère l'approche de la mort
cérébrale parce que la confusion risque de se produire. Un patient connaissant une mort-cérébral
est considéré comme mort alors que, en même temps, il ne l'est pas parce qu'il peut encore respirer
grâce à la respiration assistée. Avant de poursuivre, j'aimerais souligner la différence entre la mort
cérébrale et être dans un état végétatif permanent (ou irréversible)8. Alors que l'approche du
cerveau entier considère le patient connaissant la mort cérébrale comme mort, ce n'est pas le cas
pour le patient qui tombe dans un état végétatif permanent dans lequel certaines fonctions
autonomes – telles que la capacité de respirer par lui-même et certains réflexes, y compris
battement de cœur – demeurent. Ok, nous avons compris cela. Maintenant, revenons à la vue
globale. Le cerveau entier comprend: le cerveau supérieur (le cerveau et le cervelet, voir ci-dessus)
et le cerveau inférieur ou le tronc cérébral. La mort du cerveau entier signifie donc une insuffisance
cérébrale totale. Les défenseurs de la vision du cerveau entier pensent qu'en raison du rôle capital
de la coordination entre les autres organes joués par le cerveau, son insuffisance suffit à déclarer
la mort d'un patient. Le rythme cardiaque et la respiration ne peuvent être comparés à la vie. Pour
les besoins de ce livre, j'ai tendance à adhérer à cette approche, considérant que seul le cerveau
peut percevoir et interpréter la réalité. Le cœur et les poumons ne peuvent pas. Mais, en même
temps, il est juste de noter que le cœur, les poumons et le cerveau sont trois organes qui travaillent

8
Le nouveau nom de l'État végétatif permanent est l'Éveil inconscient. C'est une condition dans laquelle un patient
médical est complètement insensible aux stimuli psychologiques et physiques et ne montre aucun signe de fonction
cérébrale supérieure, étant maintenu en vie seulement par une intervention médicale. Les médecins appellent un état
végétatif « persistant » s'il a duré au moins un mois.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

en harmonie, et la cessation de l'un d'eux affectera rapidement les fonctions spontanées des deux
autres.

Deuxièmement, la vision du cerveau supérieur met l'accent sur l'incapacité irréversible d'être
conscient, ce qui signifie que le cerveau est incapable de retourner à la conscience. Un tel état
implique la mort bien que le tronc cérébral, responsable de la fonction cardiopulmonaire, continue
de fonctionner. Encore une fois, j'adhère à cette vue. Une perte de conscience irréversible se traduit
par une incapacité permanente à ressentir la réalité et à porter des jugements. Si une personne peut
ne jamais prendre conscience de la réalité, cela signifie qu'elle n'existe plus. Nous pouvons
prétendre exister quand nous sommes conscients de notre propre personne, de nos propres pensées,
sentiments et émotions. Nous avons vu ci-dessus que les gens ne sont pas conscients de leur
existence en dormant, mais le fait qu'ils puissent rêver et connaître des mouvements oculaires
rapides (en anglais: rapid eye movement: REM) signifie que le cerveau est vivant et fonctionne
correctement. Il ne peut y avoir de rêves dans le cas ni de la mort du cerveau entier ni de la mort
du cerveau supérieur. Les deux approches ont un dénominateur commun: des activités continues
qui ressemblent à la vie. Qu'un patient soit mort au niveau du cerveau entier ou du cerveau
supérieur, il utilise toujours de l'énergie. Si un corps utilise encore de l'énergie, pouvons-nous
parler de mort? Situer la mort au niveau du cerveau est important, surtout en termes d'implications
juridiques. Par exemple, les organes d'un patient cérébralement mort peuvent être prélevés en toute
sécurité et donnés à d'autres patients qui en ont désespérément besoin.

Enfin, l'approche traditionnelle – l'approche cardiopulmonaire – est basée sur le fait que la mort
est déclarée s'il n'y a pas de fonctions cardiopulmonaires. En termes simples, quelqu'un est mort si
son cœur cesse de battre et qu'il ne respire plus. C'était ainsi pendant très longtemps jusqu'à ce que
le mouvement du cerveau arrive. C'est le développement des respirateurs et d'autres équipements
de maintien de la vie qui a engendré le débat sur la signification de la mort, car ils permettent aux
fonctions cardiopulmonaires de continuer sans fonction cérébrale. Notons tout de suite que si le
cœur et les poumons peuvent continuer à fonctionner longtemps avec ou sans assistance en cas de
défaillance cérébrale, l'inverse est impossible. Le cerveau d'un patient peut ne pas continuer à
fonctionner pendant longtemps alors que son cœur et ses poumons ont défailli. Cela nous amène à
nous demander: si la mort est définie comme la non-pertinence permanente d'un corps en ce bas
monde, l'approche cardiopulmonaire n'est-elle pas plus importante que les approches du cerveau
entier et du cerveau supérieur? Que la conscience soit présente ou non, si le corps utilise de
l'énergie et est chaud, on ne peut pas dire qu'il est sans vie. Cependant, si nous mettons les choses
en perspective et essayons d'avoir une approche holistique de la mort, nous pouvons dire que cette
vision est discriminatoire ou hypocrite parce qu'elle exclut le cerveau et ignore le rôle de
coordination que ce dernier joue. Peut-on dire que quelqu'un existe s'il respire et si son système
circulatoire fonctionne mais n'est pas conscient?

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

À mon avis, aucune de ces trois approches, à elle seule, ne devrait être utilisée pour définir la mort,
qui doit être considérée comme une somme d'anomalies majeures, de cessation ou de défaillance
de chaque organe du corps humain. La mort survient lorsqu'aucune partie du corps ne peut plus
utiliser d'énergie et, ce, au niveau cellulaire, ce qui fait de la mort réelle un processus plutôt lent.
Par exemple, la rigidité cadavérique ou rigor mortis en latin. « C'est l'un des signes
reconnaissables de la mort, causé par des changements chimiques dans les muscles après la mort,
qui rendent les membres du cadavre raides et difficiles à déplacer ou à manipuler. Rigor mortis
(rigidité cadavérique) vient du latin rigor = rigidité, et mortis = relatif à la mort. Rigor mortis
commence après environ trois à quatre heures, atteint la rigidité maximale après 12 heures, et se
dissipe graduellement à partir d'environ 24 heures après la mort. “Une fois les molécules d'actine
et de myosine collées, elles restent ainsi jusqu'à ce qu'une autre molécule, l'adénosine triphosphate
(ATP), s'attache à la myosine et l'oblige à lâcher prise. Votre corps utilise l'oxygène que vous
respirez pour aider à faire de l'ATP. Cette fourniture d'oxygène se termine, bien sûr, avec la mort.
Sans ATP, les filaments épais et minces ne peuvent pas glisser l'un vers l'autre. Le résultat est que
les muscles restent contractés – d'où la rigidité cadavérique. Lors de la rigidité cadavérique, un
autre processus appelé autolyse se produit. Il s'agit de l'autodigestion des cellules du corps. Les
parois des cellules cèdent et leur contenu s'écoule. La rigidité cadavérique ne se termine pas parce
que les muscles se relâchent, mais parce que l'autolyse prend le dessus. Les muscles se
décomposent, deviennent mous et sont prêts pour une décomposition plus poussée. En même
temps que la rigidité cadavérique, deux autres événements se produisent: Lividités cadavériques
ou livor mortis et algor mortis. Livor mortis se réfère à la décoloration marron ou violacé de la
peau qui se produit lorsque le sang, en particulier les globules rouges, cesse de circuler et se dépose
dans la zone du corps la plus proche du sol. Si une personne meurt allongée sur le dos, la tête
tournée d'un côté, Livor Mortis apparaîtra sur le dos et sur le côté du visage tourné vers le bas.
Algor mortis (du latin algor = froideur et mortis = relative à la mort) est le refroidissement graduel
du corps jusqu'à ce qu'il atteigne la même température que l'air qui l'entoure. » En d'autres termes,
la mort est un processus plutôt qu'un événement spécifique.

L'approche cardiopulmonaire sera toujours prise en compte pour décider, une fois pour toutes, si
quelqu'un a la vie ou est sans vie. Les autres points de vue visent à faciliter les implications
juridiques de la mort, en particulier lors de l'analyse de la mort légale par rapport à la mort
biologique. Soit dit en passant, je voudrais noter que, pour compliquer un peu plus les choses, les
experts dans le domaine font la distinction entre la mort clinique et la mort biologique. “
En résumé, pas de rythme cardiaque + pas de respiration + pas d'activité cérébrale = mort clinique,
mais cela ne signifie pas nécessairement la Mort. La mort clinique est traitée comme une urgence
médicale, avec la réanimation cardio-pulmonaire et autres. Ce n'est que lorsqu'un médecin renonce
aux efforts et jette l'éponge que la mort cérébrale ou biologique, éventuellement suivie d'une mort
légale, peut être déclarée. Aux États-Unis, cela marque le retrait de la ‘personnalité’ du corps du
défunt.” (Nuwer, 2012). À la lumière de la discussion ci-dessus, nous pouvons dire que les limites

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

entre la vie et la mort ne sont pas claires et nécessitent un jugement, un examen approfondi et une
perspicacité juridique. Le sarcasme mis de côté, il est logique de dire que quelqu'un peut être
partiellement ou complètement mort. « L'idée que la mort cérébrale dans la mort humaine est liée
à la vision dualiste du corps qui a été largement abandonnée en science. » Mais, en même temps,
la vie humaine n'est pas possible après la mort cérébrale.

Et si je vous disais que la difficulté de définir la mort vient du fait que la mort elle-même nous est
familière bien avant notre naissance, c'est-à-dire lors de notre développement dans l'utérus même
de nos mères? (La mort précède la vie). Et si je vous disais que la mort est une réalité de la vie, ce
qui signifie que nous pouvons en faire l'expérience (pas la mort imminente, dont je parlerai ensuite)
pendant que nous vivons et continuer à vivre encore longtemps après? (La mort et la vie peuvent
coexister). Pour comprendre ces deux propositions, regardons au-delà des types de mort
mentionnés ci-dessus qui mènent tous à la fin de l'existence, c'est-à-dire à l'existence biologique et
consciente. D'abord, considérons la vie comme le début de la conscience de la réalité, c'est-à-dire
le moment où nous prenons conscience de notre environnement (généralement à l'âge de deux ans).
Appelons cela la vie consciente car, depuis le moment de la conception jusqu'au moment où nous
sommes conscients de notre environnement, la conscience, en termes de capacité de comprendre,
d'interagir avec ou d'influencer notre environnement, n'est pas pertinente. Pour l'argument de la
mort précède la vie (consciente), je voudrais prendre le phénomène connu sous le nom d'apoptose
comme exemple. Biologiquement, c'est un type de mort. Cela signifie la mort des cellules. C'est
un programme de destruction automatique de cellules inscrit dans l'ADN du fœtus. Le
développement des doigts chez le fœtus humain est le résultat de l'apoptose. Les humains
développent habituellement une structure en forme de nageoire au lieu d'une main entière au début
du développement du fœtus. À mesure que nous nous développons dans l'utérus, les doigts sont
collés ensemble par un mur de tissus. Ensuite, les cellules des tissus meurent progressivement, et
les doigts deviennent distincts, car ils sont maintenant séparés. Il en va de même pour la petite
queue à la fin des fesses du fœtus, qui finira par former le coccyx.

De plus, l'apoptose peut également survenir après la prise de conscience de l'environnement et


pendant notre vie normale. Par exemple, les cellules peuvent également mourir si leur ADN est
endommagé. À l'exception des neurones, chaque cellule de notre corps est renouvelée
régulièrement. D'autre part, les tissus ou les organes peuvent mourir pendant que nous sommes en
vie. La mort des tissus est appelée nécrose. Par exemple, les tissus du cœur peuvent mourir, suite
à une crise cardiaque. Dans la cirrhose du foie, une partie du foie devient non fonctionnelle à cause
des tissus morts. L'apoptose et la nécrose méritent l'appellation de mort parce qu'elles impliquent
la désagrégation des structures biologiques. Bien sûr, ils sont différents du type de mort plus
commun auquel nous sommes plus habitués en parlant de la mort: la mort somatique, qui est la fin
de tous les processus de la vie dans un organisme.

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

Somatique vient du Greek sṓmatos = corps. Ainsi, la mort somatique signifie la mort du corps
(entier), par opposition à la mort des cellules ou des tissus. Il ne fait aucun doute que nous pouvons
survivre à la fois à l'apoptose et à la nécrose. Maintenant, la question est: pouvons-nous survivre
ou défier la mort somatique? C'est un sujet très discutable. Beaucoup de gens ont affirmé être
revenus de la mort (somatique), et tout l'événement a un nom: expérience de mort imminente. En
outre, on croit généralement qu'il existe, après la mort somatique, une vie après la mort où l'esprit
ou l'âme continue d'exister. Je voudrais d'abord parler de l'expérience de mort imminente.

b. Expérience de mort imminente

Strickland (2001) définit l'expérience de la mort imminente comme une expérience intense,
agréable et parfois profonde que les gens rapportent lorsqu'ils sont revenus d'états proches de la
mort. Pour l'anecdote, mon oncle défunt Divert, qui aimait boire, avait l'habitude de me raconter,
en grandissant et dans ma vie d'adulte, un étrange « rêve » qu'il avait eu autrefois. Dès le premier
jour, je l'ai écouté comme un enfant; l'histoire n'a jamais changé. Il la contait encore et encore avec
les mêmes détails. Mon oncle a prétendu qu'il avait vécu une expérience de mort imminente et
avait rencontré Dieu. Il a dit qu'après une nuit de forte consommation d'alcool, il avait fait un rêve
étrange qu'il assimilait à une expérience de la vie réelle et non au genre de choses étranges que les
gens font ou disent quand ils sont ivres. Alors qu'ils peuvent halluciner, ils sont toujours conscients
de leur environnement. Il a dit qu'il avait l'impression d'être vraiment mort. D'abord, après être
mort, il a été frappé par une lumière immensément vive, une lumière qu'il n'avait jamais vue
auparavant. La lumière l'a transporté au-dessus de la Terre vers une destination finale qu'il a décrite
comme ‘la maison de Dieu’. À son arrivée, il a vu un homme impressionnant et à la barbe blanche
flanqué d'autres associés. Celui-ci avait une pile de papier sur sa table et tenait un stylo. Il prenait
note de chaque événement, c'est-à-dire qu'il écrivait ses décisions finales concernant le destin des
autres, à mesures qu'ils comparaissaient devant lui à tour de rôle. Quand son tour est venu, il s'était
fait une raison car il savait que sa vie sur Terre n'avait pas été parfaite. À sa grande surprise,
l'homme le regarda et dit: « Que fais-tu là? Ton heure n'est pas encore venue. Je vais te laisser
partir pour le moment. Mais, ne reviens pas jusqu'à ce que je t'appelle. » Chaque fois qu'il racontait
l'histoire, j'écoutais attentivement. J'ai aimé cette histoire. Cela me donnait la chair de poule. Bien
sûr, au début, je ne savais pas ce qu'était l'expérience de mort imminente. Mais quand j'ai
découvert, j'ai été en mesure de faire le rapport et de comprendre son expérience.

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Je ne peux pas parler d'expérience de mort imminente


d'un point de vue personnel parce que, selon leurs
caractéristiques communes, je peux honnêtement dire
que je n'en ai jamais eu auparavant. Mais, les gens
qui l'ont vécu l'ont toujours décrit comme quelque
chose qui est hors de l'ordinaire. (Sleutjes et al., 2014)
définissent l'expérience de la mort imminente comme
“ une expérience personnelle associée à la mort ou à
la mort imminente. De telles expériences peuvent
englober une variété de sensations, y compris le
détachement du corps, les sentiments de lévitation, la
sérénité totale, la sécurité, la chaleur, l'expérience de
la dissolution absolue et la présence d'une lumière.”
“Les expériences de mort imminente transcendent
toutes les autres expériences humaines; elles sont
plus que des occurrences physiques. Être plus
numineux ou mystique dans la nature. Beaucoup de
gens s'imaginent que les expériences de mort
imminentes doivent être oniriques, mais ce n'est pas
le cas. Un rêve est éphémère et souvent vague, tandis
Ces expériences peuvent englober une variété de que les expériences de mort imminente entraînent des
sensations, y compris le détachement du corps.
Photo crédit: Getty états de conscience accrus: les sens deviennent plus
aigus – les couleurs peuvent paraître plus vives, les
odeurs plus vives et les sons audibles sur des distances autrement impossibles. Souvent, la
personne qui connaît une expérience de mort imminente peut prendre connaissance d'événements
qui se produisent dans un endroit différent. Cela peut être une expérience extraordinaire et
accablante qui laisse la laisse face à des changements de vie importants.” (Sartori, 2016). Donc, si
les expériences de mort imminente ont des caractéristiques spécifiques, de quoi s'agit-il? En 1975,
le Dr Raymond Moody a identifié ce qui suit:

• Entendre les gens dire qu'on est mort ou qu'on est proche de la mort
• Entendre un bruit «blanc»
• Avoir une expérience hors du corps
• Vivre un sentiment de paix et de tranquillité
• Voyager à travers un tunnel sombre
• Voyant une lumière vive

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• Entrer dans un autre domaine


• Rencontrer ceux qui sont déjà morts
• Rencontrer une « lumière vive »
• Communiquer sans mots
• Vivre une « revue de la vie »
• Sentiment d'unité et d'interconnectivité
• Vivre une distorsion du temps
• Ê face à une barrière ou atteindre un point de non-retour
• Être renvoyé à la vie

Ces caractéristiques peuvent être regroupées en quatre étapes: Paix  Séparation du corps 
Pénétration de ténèbres  Vue d’une lumière  Pénétration de cette lumière. Les scientifiques ne
pensent pas qu'il y ait quelque chose de transcendantal, de métaphysique ou de divin dans
l'expérience de mort imminente. Ils suggèrent que c'est « un phénomène subjectif résultant de
‘l'intégration multisensorielle corporelle perturbée’ qui se produit lors d'événements menaçant la
vie. » (Blanke, 2009). Par conséquent, c'est une expérience purement physiologique. C'est une
hallucination inconsciente causée par un manque d'oxygène dans le cerveau parmi d'autres
événements neurologiques. Selon Christopher French, « un large éventail de théories
physiologiques de l'EMI ont été avancées, y compris celles basées sur l'hypoxie cérébrale, l'anoxie
et l'hypercarbie; les endorphines et d'autres neurotransmetteurs; et l'activité anormale dans les
lobes temporaux. » L'hypoxie est une réduction progressive de la fonction cérébrale, un sens accru
de confusion, de désorientation et de désorganisation. L'hypercarbie est la présence d'un niveau
élevé de dioxyde de carbone dans le cerveau – ce qui est compréhensible car le corps manque
d'oxygène. L'anoxie est la réduction sévère du niveau d'oxygène dans le sang, les cellules et les
tissus du corps.

« N, N-Dimethyltryptamine, ou DMT, est un médicament connu pour sa capacité à produire des


hallucinations visuelles intenses. Beaucoup considèrent la sensation d'être dans les nuages
éprouvée après la prise de DMT comme une expérience spirituelle. À l'heure actuelle, on croit que
le risque de développer une dépendance au DMT est relativement faible. Contrairement à l'alcool,
à la cocaïne ou à l'héroïne, le DMT ne conduit pas à un comportement compulsif de recherche de
drogue. Le DMT est un composé de tryptamine naturel présent dans de nombreux types de plantes.
La tryptamine est également produite dans le corps humain et joue un rôle fondamental dans la
plupart de ses processus de régulation du système nerveux central. En fait, les résultats suggèrent
que la tryptamine joue un rôle dans la modération du sommeil, de la mémoire, de la température
corporelle, du comportement et de la cognition » (Sitaram et al., 1987) « Curieusement, on croit
que la glande pinéale excrète du DMT à mesure que quelqu'un s'approche la mort. Cela pourrait

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

expliquer les images vives décrites par des individus qui ont eu des expériences de mort imminente.
» (Strassman, 1996)

Cependant, French a également signalé que d'autres facteurs psychologiques sous-jacents ont été
identifiés dans l'explication de l'expérience de mort imminente. Les quatre explications
psychologiques suivantes sont les plus courantes: “1) Dépersonnalisation. Un modèle de
dépersonnalisation a été proposé dans les années 1970 par le professeur de psychiatrie Russell
Noyes et le psychologue clinicien Roy Kletti, suggérant que l'EMI est une forme de
dépersonnalisation vécue dans des conditions émotionnelles telles qu'un danger mortel, un danger
potentiellement inévitable et que l'EMI peut mieux être comprise comme une hallucination basée
sur le fantasme. 2) Espérance. On a suggéré que bien que ces expériences puissent sembler très
réelles, elles ont été construites dans l'esprit, consciemment ou inconsciemment, en réponse au
stress d'une expérience avec la mort (ou l'expérience perçue de mort) et ne correspondaient pas à
un événement réel. D'une certaine manière, elles sont semblables à l'accomplissement de vœux:
parce que quelqu'un pensait qu'il était sur le point de mourir, il a vécu certaines choses en accord
avec ce à quoi il s'attendait ou voulait avoir. Imaginer un lieu paradisiaque était en effet un moyen
pour eux de se calmer à cause du stress de savoir qu'il était proche de la mort. 3) Dissociation.
L'EMI est une forme de retrait pour protéger un individu contre un événement stressant. Dans des
circonstances extrêmes, certaines personnes peuvent se détacher de certains sentiments
indésirables afin d'éviter de subir leur impact émotionnel et la souffrance qui leur est associée. La
personne se détache également de son environnement immédiat. 4) Souvenir de la naissance. Le
modèle de naissance suggère que les expériences de mort imminente pourraient être une forme de
reprise du traumatisme de la naissance. Puisqu'un bébé voyage de l'obscurité de l'utérus à la
lumière et est accueilli par l'amour et la chaleur du personnel infirmier et médical, comme il a été
proposé, le cerveau mourant pourrait recréer le passage par un tunnel à la lumière, la chaleur et
l'affection.” Toutes ces explications psychologiques sont hypothétiques. L'explication du souvenir
de la naissance est irrationnelle, car il est impossible de se souvenir de quoi que ce soit avant l'âge
de deux ans. Les souvenirs commencent à se former et commencent à être stockés dans notre
subconscient une fois que nous prenons conscience de notre environnement. La partie du cerveau
qui traite la mémoire n'est pas encore formée avant l'âge de deux ans.

Bien que l'expérience de mort imminente reste un mystère, les descriptions données par ceux qui
l'ont vécu sont uniformes et partagent un ensemble de caractéristiques communes. C'est parce que
le cerveau humain est construit de la même manière et sa physiologie est pratiquement la même
pour tout le monde. Jusqu'à présent, les scientifiques ont pris soin de ne pas décrire l'expérience
de mort imminente comme une mort réelle, qui est irréversible malgré les progrès considérables
de la technologie et du domaine des sciences médicales. Qui sait? Peut-être que l'expérience de
mort imminente est un prélude à ce à quoi la vie ressemble après la mort. Si c'est le cas, j'aimerais

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

que mon oncle revienne me donner un compte rendu sur ce qu'est la vie là-haut, étant donné que
je pense parfois, comme tout le monde, à une vie possible après la mort.

c. L’au-delà

La vie après la mort ne doit pas être confondue avec l'expérience de mort imminente. Les gens qui
ont eu des expériences de mort imminente reviennent habituellement pour en parler, ce qui signifie
qu'ils n'étaient pas morts pour commencer. Parce que la mort est la mort. Personne n'est jamais
revenu du néant de la mort pour en parler. Nous attendons toujours d'avoir des nouvelles des
pharaons enterrés, ornés d'or et de pierres précieuses dans des tombes ou des pyramides
extravagantes et majestueuses. Qu'est-ce que la vie après la mort ou l'au-delà? Je vais vous donner
la même réponse que j'ai donnée pour l'expérience de mort imminente: je ne sais pas. Personne ne
le sait d'ailleurs. Cela rend le fardeau de la preuve plus important à propos de la vie après la mort
qu'à propos de l'expérience de mort imminente. Cependant, je dirais ceci: nous imaginons
généralement l'au-delà comme un lieu matériel qui peut être le paradis, l'enfer ou le purgatoire.
Comédie divine9 est un beau et long poème épique écrit par l'écrivain italien Dante Alighieri. Son
thème principal est la vie après la mort, et Dante lui-même est le personnage principal. Comédie
divine est divisé en trois parties: l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Que différents noms soient
attribués à ces lieux, l'idée reste la même. Selon la croyance populaire, c'est un endroit où notre
âme va après avoir quitté notre corps après la mort. Certaines cultures ou religions excluent tout
retour de l'âme sur cette Terre. Les pharaons égyptiens en sont un exemple séculaire. La
préparation massive et élaborée des corps des dirigeants morts, y compris l'enlèvement de tous les
organes et les richesses placées dans leurs tombes signifiaient qu'ils ne reviendraient pas. Cela
voulait dire qu'ils mèneraient une vie semblable à celle qu'ils avaient sur Terre, quel que soit le
lieu où leurs âmes finiraient. Selon Richard Taylor, “La vie après la mort a joué un rôle important
dans la religion égyptienne antique, et son système de croyance est l'un des plus anciens connus
de l'histoire. Quand le corps mourrait, des parties de son âme appelées ka (corps double) et ba
(personnalité) allaient au Royaume des Morts. Tandis que l'âme vivait dans les champs d'Aaru,
Osiris exigeait que le travail soit restitué pour la protection qu'il fournissait. Des statues ont été
placées dans les tombes pour servir de substituts au défunt”

D'autre part, certaines cultures ou religions s'attendent à ce que les morts reviennent à la vie et
revivent quelque part dans le futur. Par exemple, le christianisme reconnaît la matérialisation de
l'âme seulement au Jour du Jugement dernier, sans un cycle préalable de transformations. Au Jour
du Jugement dernier, ceux qui ont mené une vie sans péché sur Terre entreront au ciel tandis que

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Dante a appelé l'œuvre simplement Comedia (Comédie) à cause de sa fin heureuse. Les générations suivantes ont
ajouté le mot divine.
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

ceux qui sont morts dans un péché mortel non repentant iront en enfer. L'hindouisme reconnaît
également la matérialisation de l'âme après la mort, mais cette matérialisation se fait par cycles.
L'hindouisme fait la distinction entre la réincarnation et le karma. En réincarnation, l'âme ne meurt
jamais. Quand le corps meurt, l'âme renaît. Cette renaissance se fait en cycles, encore et encore.
Ce cycle est appelé Karma dont la loi stipule que toute action influence la manière dont l'âme
naîtra dans la réincarnation suivante. Si une personne vit une bonne vie, l'âme naîtra dans un état
plus élevé, peut-être dans le corps d'un Brahman (l’existence suprême ou la réalité absolue). Si
une personne mène une vie indésirable, l'âme naîtra dans un état inférieur, peut-être comme un
ver. Ce cycle de vie s'appelle samsara. La réincarnation d'une personne continue jusqu'à ce qu'elle
atteigne la perfection spirituelle. L'âme échappe alors au processus de renaissance et atteint un
nouveau niveau d'existence appelé moksha. Par conséquent, la vie après la mort peut être simple
ou compliquée selon la culture ou la religion à laquelle vous appartenez avant votre décès.

Aujourd'hui, le concept de l’au-delà prend une tout autre signification. Les sociétés modernes
cherchent toujours une vie après la mort qui n'aurait rien à voir avec la vision traditionnelle fondée
sur la métaphysique. Alors que les cadavres sont encore embaumés à des fins de préservation plutôt
que de préparation à l'au-delà, les scientifiques envisagent de nouvelles techniques telles que la
cryonie ou la cryoconservation, ou l'immortalité numérique pour que la vie après la mort se réalise.
Les personnes qui ont été cryonisées dans l'espoir d'être relancées dans le futur sont mortes
cliniquement et biologiquement. Nous nous ne nous attendons pas à ce qu'elles reviennent –
comme si de rien n'était – pour nous dire comment cela se passe là-haut. Elles attendent que nous
les ramenions à la vie afin qu'elles puissent faire l'expérience de la vie après la mort (la vraie).
Alors, voyons ce que la cryonie et l'immortalité numérique impliquent.

i. Cryonie, cryogénisation ou cryopréservation

David Pegg définit la cryoconservation comme un processus dans lequel les organites, les cellules,
les tissus, la matrice extracellulaire, les organes ou toute autre construction biologique susceptible
d'être endommagée par une cinétique chimique non régulée sont conservés par refroidissement à
très basse température. “La cryopréservation est une méthode très prisée par la communauté
futuriste. La prémisse générale est simple: la médecine s'améliore continuellement. Ceux qui
meurent aujourd'hui pourraient être guéris demain. La cryogénie est un moyen de combler le fossé
entre la médecine d'aujourd'hui et celle de demain. ‘Nous la voyons comme une extension de la
médecine d'urgence,’ … ‘Nous ne faisons que prendre la relève lorsque la médecine d'aujourd'hui
abandonne un patient. Pensez-y de cette façon: il y a 50 ans, si vous marchiez le long de la rue et
que quelqu'un s'écroulait devant vous et cessait de respirer, après avoir vérifié son état, vous auriez
conclu qu'il était mort et qu'il n'y avait pas lieu de lui prêter assistance. Aujourd'hui, nous ne faisons

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

pas cela, mais plutôt la RCR et toutes sortes de choses. Nous savons maintenant que les gens que
nous pensions être morts il y a 50 ans ne l'étaient pas. Grâce à la cryonie, nous devons juste
empêcher leur état de s'aggraver et permettre à une technologie plus avancée à l'avenir de résoudre
ce problème.’ … Bien sûr, la prémisse de la cryotechnique la rend essentiellement non testable.
Personne n'a jamais essayé de ramener un humain à la vie après sa préservation. Alors que les
chercheurs travaillant sur ‘l'animation suspendue’ constatent qu'ils peuvent refroidir un être vivant
pour paraître apparemment morts avant de les ranimer, le gel d'un corps pendant des décennies est
une question différente. Plus de points à des études dans lesquelles les scientifiques ont étudié la
préservation des cellules et des tissus et même des vers, mais élever cela à l'échelle d'un corps
humain complet n'est pas une proposition triviale. Mais que la science en soit là ou non, les gens
sont gelés dans de l'azote liquide dans l'espoir de voir un lendemain lointain.” (Eveleth, 2014)

La cryogénie est un processus encore plus compliqué que


l'embaumement égyptien antique des morts. Le prélèvement d'organes
peut être vu comme une destruction, tandis que la préservation des
cellules implique un processus scientifique méticuleux dans lequel il n'y
a pas de place pour l'erreur si nous voulons que le résultat final soit la
capacité du futur scientifique à ressusciter les morts. Rose Eveleth
explique le processus comme suit: « Une fois que la personne en question
est déclarée légalement morte, le processus de préservation peut
commencer, et c'est un processus intense. Tout d'abord, l'équipe en
attente transfère le patient du lit d'hôpital dans un lit de glace et le
recouvre d'une bouillie glacée. Ensuite, un ‘réanimateur cœur-poumon’
est utilisé pour faire circuler à nouveau le sang dans le corps. Ils
administrent ensuite 16 médicaments différents destinés à protéger les
cellules de se détériorer après la mort. Comme ils le notent sur leur site
Un réservoir d'azote liquide, Web, ‘Parce que les patients cryoniques sont légalement décédés, des
utilisé pour alimenter un
méthodes qui ne sont pas encore approuvées pour un usage médical
congélateur cryogénique (pour
stocker des échantillons de conventionnel peuvent être utilisées.’ Une fois que le patient soit mis en
laboratoire à une température glace médicamenté, ils le transfèrent dans un lieu pour être opéré.
d'environ -150 ° C).
Photo crédit: Wikipédia
L'étape suivante consiste à drainer autant de sang et de fluides corporels
que possible de la personne, en les remplaçant par une solution qui ne formera pas de cristaux de
glace - essentiellement le même type de solution antigel utilisée pour la préservation des organes
pendant les greffes. Ensuite, un chirurgien ouvre la poitrine pour accéder aux principaux vaisseaux
sanguins, les attachant à un système qui évacue essentiellement le sang restant et l'échange avec
de l'antigel de qualité médicale. Puisque le patient sera dans un gel profond, une grande partie du
travail préparatoire consiste à essayer de s'assurer que les cristaux de glace ne se forment pas à
l'intérieur des cellules du corps. Une fois que les veines du patient sont pleines de cet antigel, elles

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peuvent commencer à les refroidir d'environ un degré Celsius toutes les heures, ce qui amène
finalement le corps à -196C après environ deux semaines. Finalement, le corps trouve sa dernière
demeure pour un avenir prévisible: à l'envers dans un congélateur, souvent aux côtés de trois
autres. C'est le scénario idéal. Mais cela ne se passe pas toujours de cette façon – si un patient n'a
pas dit ... qu'il était malade, ou s'il meurt subitement, le processus peut être retardé pendant des
heures ou des jours. … Plus l'attente entre la mort et la préservation est longue, plus les cellules se
désintègrent, et plus il sera difficile de ressusciter et de guérir le patient ... Si tout cela ressemble à
beaucoup de risque pour une mince récompense, cela pourrait être le cas. More est le premier à
admettre que la cryotechnie n'a aucune garantie. ‘Nous ne savons pas avec certitude, il y a
beaucoup de choses qui peuvent mal tourner’, dit-il. Il est possible que ... les entreprises ... stockent
simplement beaucoup de cadavres dans l'azote liquide. Mais il prétend également que la cryonie
est différente de beaucoup d'autres technologies futuristes. ‘Il n'y a pas de limite physique
fondamentale pour pouvoir réparer les tissus’ ... ce n'est pas comme voyager dans le temps. La
science de la régénération tissulaire progresse régulièrement. Mais personne ne sait vraiment
quand ils pourront éveiller ces patients, ou s'ils seront capables de le faire. ... Nous ne savons même
pas quelle technologie de réparation serait utilisée. » (Eleveth, 2004). Parmi les personnes célèbres
qui ont été préservées grâce à la cryogénisation, on compte:

• “Le Dr James Bedford, professeur de psychologie à l'Université de Californie, a été la


première personne à avoir été conservée au monde. Le choix d'être conservé par le gel était
entièrement le sien; il a même laissé de l'argent pour une capsule d'acier et de l'azote liquide
dans son testament. Ainsi, à sa mort le 12 janvier 1967, sa famille a respecté ses souhaits.
Ce fut un grand jour dans la communauté cryonique, et ils appellent toujours le 12 janvier
‘Bedford Day’ (jour consacré à Bedford) ... Bedford a été transféré dans un autre réservoir
en 1991 et il semblerait que tout ait tenu la route jusqu'à présent.

• Thomas K. Donaldson, un mathématicien, avait des idées sur la mort qui étaient
encore plus étranges que la cryonie. Il croyait que même si les gens étaient « morts
», leur cerveau continuait d'exister et avait des fonctionnalités et nous n'avons tout
simplement pas la technologie pour y accéder pour le moment. Pour son bien,
espérons que c'est vrai; il est mort en 2006 et est présumé avoir été conservé grâce
à la cryogénisation. Il semblait être assez confiant qu'il serait de retour qu'un jour;
lors d'une interview en 1982, lorsqu'on lui a demandé de transmettre un peu de
sagesse aux cryotechniciens, il a déclaré: ‘Je suis sûr que toute sagesse profonde
que je pourrais avoir semblerait vraiment plutôt stupide dans 300 ans. Donc, je pense
qu'il vaudrait mieux que je ne dise rien afin que je n'aie pas honte de moi -même
dans 300 ans.’

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

• Ted Williams est sans aucun doute la plus célèbre des personnes cryogénisées (que
nous connaissions). Mais les circonstances entourant son gel sont un peu
controversées. Son fils, John-Henry Williams, était catégorique sur le fait que son
père voulait être préservé pour être ramené à la vie dans le futur et voulait que toute
sa famille fasse de même, afin qu'ils puissent être réunis lorsque la technologie et la
médecine le permettaient. Cependant, le testament de Ted indiqua qu'il voulait être
incinéré, et sa fille, par sa première femme, poursuivit John-Henry en justice à ce
sujet. John-Henry a produit un ‘pacte de famille’ signé sur une serviette cocktail, ce
qui me semble plutôt étrange. Pourquoi écririez-vous vos dernières volontés sur une
serviette de cocktail et attendez-vous à ce qu'elles soient honorées par le tribunal?
Quoi qu'il en soit, après de nombreux débats sur l'authenticité, le pacte -serviette
était autorisé, et Ted était gelé.” (Conradt, 2009)

Le mouvement cryonique va-t-il porter ses fruits? Quel avenir pour la cryonie? C'est difficile à
dire. “J'espère qu'en utilisant les méthodes disponibles aujourd'hui, nous pouvons suffisamment
préserver les patients humains pour qu'un jour la technologie puisse les ramener à une nouvelle
vie. Je comprends que la plupart des gens rejetteront cette option, que le retour à la vie soit garanti
ou non. Mais ceux qui choisiraient la vie plutôt que la mort, ne devraient pas être consternés si
certains experts ne sont pas encore de notre côté. La Society for Cryobiology (Société pour la
cryobiologie) est hostile à la cryotechnie depuis les années 1960 et reste presque aussi hostile
aujourd'hui. En 1965, ils ont rejeté la suspension cryonique humaine parce qu'ils ne voyaient aucun
moyen de faire revivre un corps humain congelé; à cette époque, pas un seul organe - humain ou
animal - n'avait jamais été gelé et ravivé. Le professeur Ettinger les a contrés: ‘Bien sûr, personne
aujourd'hui ne sait comment un patient congelé pourrait être réanimé. Nous ne le suggérons pas.
Nous misons sur la technologie future, et vous ne pouvez pas savoir ce qui sera possible dans le
futur! Le futur est inconnu.’” (Nelson, 2014). En raison des incertitudes des cryotechniques, la
société explore également d'autres techniques susceptibles de faciliter la vie après la mort. Les
scientifiques veulent profiter pleinement de la cinquième révolution technologique de l'histoire de
l'humanité: la révolution de l'information.10 À cet égard, ils veulent utiliser les technologies de
l'information pour assurer l'immortalité à qui le souhaite. L'approche s'appelle immortalité
numérique.

ii. Immortalité numérique

Premièrement, il est important de noter que l'immortalité numérique fait partie d'un mouvement
plus large appelé transhumanisme, qui est la croyance ou la théorie selon laquelle la race humaine

10
Les quatre premières étaient les révolutions agricole, de l’écriture, de l’imprimerie et industrielle.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

peut évoluer au-delà de ses limites physiques et mentales actuelles, notamment grâce à la science
et la technologie. Immortalité numérique (ou ‘immortalité virtuelle’) “est le concept hypothétique
consistant à stocker (ou transférer) la personnalité d'une personne dans des médias plus durables,
c'est-à-dire un ordinateur, et à lui permettre de communiquer avec les gens dans le futur. Le résultat
pourrait ressembler à un avatar qui se comporterait, réagirait et penserait comme une personne sur
la base des archives numériques de cette personne.” (Parkin, 2015). Susanne Asche résume le
concept comme suit: “En tant que définition minimaliste, l'immortalité numérique peut être
considérée comme impliquant un référentiel centré sur la personne contenant une copie de tout ce
qu'une personne voit, entend, dit ou engendre au cours de sa vie, y compris des photographies, des
vidéos, des enregistrements audio, films, émissions de télévision, albums de musique / CD,
journaux, documents, agendas et journaux, entrevues, réunions, lettres d'amour, notes, documents,
œuvres d'art, etc., etc. et si ce n'est pas tout, alors au moins autant que la personne a et prend le
temps et la peine d'inclure. La personnalité de la personne, ses profils émotionnels, ses pensées,
ses croyances et son apparence sont également saisis et intégrés dans un agent / avatar artificiel,
interactif et conversationnel. Cet avatar est placé en charge de (et peut-être « assimilé ») au matériel
recueilli dans le dépôt de sorte que l'agent puisse présenter l'illusion d'avoir lui-même les souvenirs
factuels, les pensées et les croyances de la personne.”

L'immortalité numérique est beaucoup moins compliquée que la momification et la cryonie. Cela
implique un processus en deux étapes: archiver et numériser les gens et faire vivre l'avatar. Ce
dernier peut soit rester statique ou continuer à
apprendre de manière autonome après la mort de la
personne. Bien sûr, maintenant la préoccupation est
la suivante: si nous pouvons sauvegarder ou
télécharger les souvenirs des gens à volonté, il est
possible qu'à l'avenir nous soyons capables de créer
des machines super intelligentes capables de
supplanter les humains. Cela s'appelle la singularité
et peut être atteinte d'ici 2045 pense le futuriste Ray
Kurzweil, promoteur et leader de cette ligne de
pensée. (En savoir plus sur la singularité en vous
réferrant à mon essai: “ La singularité technologique, Téléchargement de l’esprit – Photo crédit : Getty
un rêve grandiose: un accomplissement en puissance aux yeux de ses partisans, mais une idée
suscitant des doutes chez le sceptique”). Selon Kurzweil, "selon les estimations conservatrices de
la quantité de calcul dont on a besoin pour simuler fonctionnellement un cerveau humain, nous
serons en mesure d'élargir le champ de notre intelligence d'un milliard de fois.”

Encore une fois, au moment où j'écris ce livre, personne n'est encore revenu à la vie grâce à la
cryoconservation ou aux techniques d'immortalité numérique. Ces deux méthodes sont

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

prometteuses et uniques dans le sens où, contrairement à la momification, qui promet une vie
spirituelle ou métaphysique, elles prétendent être potentiellement capables de fournir à leurs
adeptes une vie après la mort plus matérielle et pratique qui ressemblerait plus à une vie après la
vie au lieu de la vie après la mort. À mon avis, toute tentative réussie de ramener quelqu'un à la
vie après sa mort modifiera en même temps le concept d'existence. Pour qu'il y ait existence, il
doit y avoir un commencement (naissance) et une fin (mort). Les humains devront redéfinir leur
but ou leur essence sur Terre. Parce que ce qui fait de nous des humains est le but de nos vies et
comment nous interagissons avec les autres. L'immortalité numérique ne peut être interprétée
comme une existence indéfinie si personne ne meurt jamais. Dans cette équation simple: Naissance
+ Mort  Existence, les trois variables sont mutuellement dépendantes. Enlevez n'importe laquelle
d'entre elles et il vous reste une équation insoluble. L'immortalité numérique conduira juste à un
autre mystère. Mais les mystères, la quête de l'inconnu et la curiosité font aussi partie de la nature
humaine. Dans cette ligne de pensée, il serait approprié de découvrir pourquoi l'homme a créé le
concept d'au-delà en premier lieu.

iii. Pourquoi l’homme a-t-il créé le concept de l’au-delà?

La réponse peut être aussi simple que: « parce que nous sommes prédisposés à croire en un dieu
(ou Dieu) et en l'au-delà » ou bien : « parce que nous avons tous peur de mourir ». En fait, c'est
les deux. Que ce soit l'une ou l'autre ou les deux, j'ai deux points de vue sur la vie après la mort.
J'ai déjà dit qu'aucune autre espèce à part les humains ne s'inquiète de la vie après la mort. Cette
séparation de l'esprit du corps provenait de la peur de mourir. Le corps se décompose et se
désintègre après la mort, mais l'esprit ne peut pas. Mon premier point de vue est que la vie offre
trop d'opportunités pour nous de ne pas vouloir revenir et quitter ce monde une fois pour toutes
après notre mort. Ainsi, nous spéculons sur un autre monde où nous pouvons continuer d’être
humain et être en mesure d'acquérir autant de choses matérielles que dans nos vies antérieures. Le
concept de l'au-delà provient de la nature égoïste de notre espèce. Nous sommes la seule espèce
qui puisse changer l'environnement à notre avantage parce que nous sommes capables d'utiliser
des outils, nous avons de l'imagination et nous sommes capables de penser. Je dirais que l'au-delà
est une méta représentation, c'est-à-dire une représentation de la vie après notre mort. La vie n'a
pas le même but ou représente les mêmes choses pour tout le monde. Ainsi, l'au-delà nous offre
une occasion unique d'atteindre nos objectifs ou de compenser nos erreurs. L'au-delà est une façon
de combiner les acquisitions matérielles avec la satisfaction personnelle et le pouvoir. Les humains
n'ont jamais cherché à être ni à rester pauvres dans l'au-delà. L'idée derrière l'immortalité a toujours
été la richesse, abondance de nourriture et l'élixir perpétuel. Cette tendance est incarnée par les
anciennes cérémonies et les rituels funéraires égyptiens, et dans les temps plus modernes par la
pierre philosophale, qui est une substance alchimique légendaire dite capable de transformer des
métaux de base tels que le plomb en or ou en argent. Elle a également été parfois considéré comme

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.3 : qu’est-ce que la mort?

un élixir de vie, utile pour le rajeunissement et peut-être pour atteindre l'immortalité. Pendant de
nombreux siècles, ce fut le but le plus recherché de l'alchimie. La pierre philosophale était le
symbole central de la terminologie mystique de l'alchimie, symbolisant la perfection à son
meilleur, l'illumination et la félicité céleste. Les efforts pour découvrir la pierre des philosophes
étaient connus sous le nom de Magnum Opus (« Chef-d’œuvre »). L'au-delà n'est pas motivé par
l'humilité. C'est un mouvement d'accaparement d'autorité et de cupidité. C'est un moyen pour
l'humain de ne pas assumer la responsabilité de la réalité actuelle qu’il avait créée pendant qu'il
était vivant sur cette Terre.

Quant à ma deuxième vue, l'au-delà a été créé par l'homme à la suite de ce que j'appellerais instinct
de survie avancé inscrit dans notre ADN. Nous voyons la mort comme un événement majeur
menaçant la vie. Mais, parce que, en tant qu'espèce, nous savons que nous sommes impuissants
face à la mort, nous avons créé le concept de l'au-delà comme un moyen de contourner ou de
tromper la mort. La vie après la mort n'est probablement pas nécessaire, mais nous ne le saurons
pas avant d'en avoir fait l'expérience. Pour l'instant, notre instinct de survie avancé nous dit de
continuer à essayer de vivre au-delà de notre durée de vie normale au cas où. C'est comme un
coureur qui continue de courir même s'il passe la ligne d'arrivée en premier. Il le fait au cas où,
surtout si son adversaire était derrière lui. Il fut un temps où l'espérance de vie humaine était juste
dans les quarante ans. Les progrès de la technologie et du domaine médical nous permettent
maintenant de vivre bien au-delà de soixante-cinq ans. Aujourd'hui, soixante-dix est la nouvelle
cinquantaine, dit-on. Mourir entre 80 et 90 ans est la nouvelle normalité. Comme nous devenons
de plus en plus incertains à propos de la vie après la mort, nous poussons notre instinct de survie
à ses limites. Mais, alors que les gens meurent plus vieux et plus âgés, éprouvent-ils le vrai
bonheur? Est-ce que leurs années au-delà de soixante-cinq ans valent la peine d'être vantées? Sont-
ils plus confiants? Est-ce que leur fardeau financier diminue? La quête de la vie après la mort n'est
ni plus ni moins que la manifestation de notre instinct de survie avancé. Une excellente façon de
le démontrer est de considérer son côté hypocrite. Par exemple, proposer à un milliardaire une vie
après la mort à condition qu'il soit très pauvre dans sa deuxième vie ou donner deux choix à un
criminel condamné: purger une peine de vie dans cette vie ou être un homme libre dans sa seconde
vie, mais poursuivi sans relâche pour être exécuté. L'instinct de survie des deux hommes se
manifestera tout de suite et il est fort probable qu'aucun d'entre eux ne cherchera à vivre au-delà
de cette vie. Malgré l'incertitude de la vie après la mort, nous, en tant qu'espèce, continuerons à
l'explorer car la réalité est qu'après plus de 200.000 ans, l'humanité n'est toujours pas capable
d'élucider le mystère suivant: peu importe combien de temps quelqu'un vit, il sera toujours mort
plus longtemps qu'il a vécu.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Question No. 4: Qu’est-ce que la superstition?
De la même manière que parler de la mort après avoir parlé de la vie semble correct et anticipé,
parler de superstition après avoir parlé de la mort et de l'au-delà est aussi approprié et anticipé.
Croire en l'au-delà tombe dans le domaine de la superstition. Tout comme croire en un être suprême
et dans l'au-delà, la superstition est inhérente à l'humanité. Presque tout le monde est superstitieux
en quelque sorte. La superstition est inévitable parce que notre esprit fonctionne d'une manière qui
nous prédispose à être superstitieux.

a. Définition de la superstition

La superstition est la croyance traditionnelle selon laquelle une certaine action ou un événement
peut causer ou prédire un événement apparemment sans rapport à l'événement préexistant. Les
anciens Romains, par exemple, ont eu recours à l'haruspice pour comprendre le présent ou prédire
des événements futurs. L'haruspice est une technique de divination qui recourt à l'observation des
parties internes de l'animal à savoir les foies de la volaille et de moutons sacrifiés. La cérémonie
se déroulait sous la supervision d'un prêtre appelé haruspex. On croit que la méthode est venue du
Proche-Orient avec les Hittites et les Babyloniens. Les Étrusques l'ont ensuite propagé dans
l'Empire romain. Là, elle est devenue populaire, à tel point qu'un institut était ouvert dans le but
de perpétuer la tradition. La superstition peut être placée sous le terme général d'occultisme, qui
est l'étude des pratiques occultes, y compris (entre autres) la magie, l'alchimie, la perception extra-
sensorielle, l'astrologie, le spiritualisme, la religion et la divination. Comme vous pouvez le voir,
parler de tous les aspects de la superstition n'est peut-être pas un objectif réalisable dans ce livre,
mais nous pouvons toujours nous concentrer sur le résultat final de la partie occulte de la
superstition: influencer ou essayer de modifier l'environnement ou la réalité à son avantage parfois
au détriment de quelqu'un d'autre. Avant d'y arriver, il est important de se demander pourquoi nous
croyons en la superstition et d'où vient-elle?

Comme je l'ai déjà dit, la façon dont l'homme fonctionne favorise une prédisposition à croire au
surnaturel. L'esprit interprète ce que nos sens perçoivent, et cette perception n'est jamais précise à
100%, ce qui en fait, dans une certaine mesure, une représentation non naturelle. En raison de notre
imagination et de notre capacité linguistique, nous avons compris, par opposition aux animaux, la
complexité de notre environnement. Et parce que nous ne voulons pas l'affronter seul, nous avons
créé le surnaturel et toutes les croyances qui vont avec, parmi elles la religion. Je vais expliquer
ci-dessous, dans mon analyse de l'impact de la magie noire sur la réalité, comment trois des
occultistes les plus célèbres des temps modernes – Éliphas Lévi, Héléna Blavatsky et Aleister
Crowley – ont finalement créé leurs propres religions pour donner plus de poids à leurs doctrines.
“La plupart des gens croient parce qu'ils pensent avoir personnellement vécu des événements
surnaturels, ou ont entendu des témoignages fiables sur le surnaturel de la part de personnes en qui

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

ils avaient confiance. ... Nous interprétons nos expériences et les rapports d'autres personnes dans
un cadre surnaturel parce que ce cadre est intuitivement attrayant. Cela correspond à la façon dont
nous pensons que le monde fonctionne avec toutes sortes de structures et de mécanismes cachés.
... Les origines les plus évidentes des croyances surnaturelles viennent des différentes formes de
religions - des idéologies organisées traditionnelles aux divers types de mysticisme du Nouvel Âge
qui font appel aux dieux, aux anges, aux démons, aux fantômes ou aux esprits. Chacune des
religions établies dans le monde exalte des croyances sur des entités qui ont des pouvoirs
surnaturels. Que ce soit les prêtres qui prêchent dans les chaires ou les païens qui se promènent
dans les prairies, toutes les religions comportent une forme de croyance surnaturelle. Mais vous
n'avez pas besoin d'être religieux ou spirituel pour être doté d'un super sens. Pour les non-religieux,
ce peut être les croyances en les capacités paranormales, les pouvoirs psychiques, la télépathie ou
tout autre phénomène qui défie les lois naturelles.” (Hood, 2009)

Dans le langage courant, la superstition n'est interprétée ni comme une tentative ou une
modification de l'environnement, ni aux dépens de quelqu'un d'autre. Par exemple, certaines
personnes croient que laisser le futur marié voir la robe de mariage avant le mariage porte malheur.
Ici, l'accent est mis sur le fait de ne pas laisser le futur marié voir la robe de mariée, car cela
changerait l'environnement mais pas à son propre avantage. Je vais me concentrer sur la partie de
la superstition qui tente de modifier l'environnement à son avantage et parfois au détriment de
quelqu'un d'autre (ce qu'on appelle la magie noire) donc un changement désiré par la personne qui
initie l’acte magique. Mais, avant de poursuivre, j'aimerais donner quelques exemples de croyances
superstitieuses qui ne modifient pas l’environnement de façon positive mais peuvent quand même
devenir partie intégrante de la réalité du croyant. Voici quelques exemples proposés par Mitch
Horowitz de HuffPost:

“Casser un miroir
Les anciens Romains croyaient que la vie humaine se renouvelait en cycles de 7 ans (reflétant les
cycles de la lune). Parce qu'une réflexion était considérée comme la « ressemblance magique » de
quelqu'un – ou âme – il s'ensuivait que si l'image réfléchie se brisait, les 7 années suivantes de la
santé d'une personne l'étaient aussi. Les miroirs inspirent un large éventail de superstitions. Les
parents victoriens craignaient d'exposer les bébés aux miroirs, croyant qu'un miroir pourrait piéger
leur réflexion et freiner leur croissance. Ou, pire encore, les tuer en emprisonnant leurs âmes
innocentes. Même aujourd'hui, les familles juives traditionnelles couvrent les miroirs après la mort
d'un être cher afin de ne pas risquer que l'âme défunte se promène dans le reflet et se perdre sur le
chemin de l'éternité.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

Ouvrir un parapluie dans un espace fermé


Des dizaines de superstitions sont liées au parapluie ordinaire - tant à l'intérieur qu'à l'extérieur
d'un espace. Comme c'est le cas pour beaucoup de commodités modernes, le parapluie était
autrefois un luxe rare appartenant à la royauté, de la Perse à la Chine ancienne. Ils ne l'utilisaient
pas pour parer la pluie, mais pour se protéger des rayons du soleil – que certains croyaient contenir
des esprits envahissants. Beaucoup de gens frémissent encore en ouvrant un parapluie à l'intérieur
d'un espace fermé – certains croient que le « juju maudit » est chassé quand un parapluie s'ouvre à
l'intérieur d'une pièce. Mais ce tabou a une origine plus pratique. Les premiers parapluies étaient
très grands et étroitement liés. Déployer un tel truc à l'intérieur pourrait causer une véritable
malchance: imaginez toutes les lampes victoriennes, les vases et les babioles qui se sont
soudainement cassés grâce à l'ouverture imprudente d'un parapluie à haute tension.

Le chiffre 13
Apollo 13 était-il maudit par son numéro de vol? Faut-il éviter le 13ème étage d'un immeuble? Vous
faut-il regarder là où vous mettez les pieds le vendredi 13? La peur du chiffre 13 est l'une des
superstitions les plus durables de l'humanité. Peut-être la plus ancienne origine connue de cette
superstition vient-elle de l'Inde ancienne, où il était considéré comme malchanceux que 13
personnes s'assoient ensemble. Dans la mythologie nordique, le méchant Loki est le 13ème invité à
un banquet des dieux – qui se termine par des disputes et de la violence. L'origine la plus célèbre
est celle de Judas Iscariote, le soi-disant apôtre traître, qui était le 13ème homme à la Cène. Jésus a
été crucifié le Vendredi Saint, qui a été lié au numéro 13 pour un jour de malchance. Le vendredi
13 a également marqué l'exécution massive des Templiers médiévaux. À la suite de tensions avec
le Vatican, les chevaliers chrétiens ont été presque anéantis à partir du vendredi 13 octobre 1307.
Notre peur du chiffre 13 est si profonde que même aujourd'hui de nombreux hôtels sont conçus
sans un 13ème étage.

Sauter par-dessus un balai


Aujourd'hui, l'expression afro-américaine « sauter par-dessus un balai » signifie se marier – mais
elle vient d'une vieille coutume selon laquelle les nouveaux mariés littéralement sautent par-dessus
un balai pour prouver que l'un d'eux n'est pas un double maléfique. Dans le folklore que l'on trouve
à la fois dans le Moyen Age européen et dans les cultures africaines traditionnelles, les vampires
et les esprits méchants étaient considérés comme possédant des traits obsessionnels compulsifs.
Par conséquent, un esprit malveillant devrait s'arrêter pour compter toutes les soies du balai,
exposant une entité sinistre qui a tenté de se déguiser en épouse ou en palefrenier. Même après le
mariage, les couples doivent faire attention. En Occident, le nouveau mari porte sa femme sur le
seuil, que les Romains croyaient grouiller d'esprits malins, que son acte de chevalerie l'aide à
éviter. Et la robe de cette demoiselle d'honneur que vous venez de passer? Cela remonte également

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

à l'époque romaine, où les demoiselles d'honneur étaient censées détourner l'attention des mauvais
esprits de la future épouse.

Taper sur du bois


Aujourd'hui, on prétend que frapper du bois porte chance. La croyance est provenue des
pratiquants européens médiévaux qui voulaient toucher du bois que les églises prétendaient
provenir de la croix de Jésus. A cause de cela, les croyants qui touchaient le bois établiraient une
connexion entre eux et le Christ.” (Horowitz, 2015)

Et il y a des milliers d’autres exemples. Oui, la superstition est très populaire en sport. “Le sport
fait partie intégrante de la culture populaire. Les grands sports d'un pays contribuent à façonner
son patrimoine et son sens de l'identité nationale. Aux États-Unis, certains croient que le baseball
est le premier sport américain. Beaucoup d'auteurs, y compris plusieurs de nos meilleurs
romanciers, ont décrit le jeu avec une révérence religieuse. D'autres soutiennent que le football ou
le basketball est le véritable sport américain. Mais la plupart seraient d'accord que le sport est
vraiment américain. La popularité du sport combinée avec le fait que ses participants sont un
groupe traditionnellement superstitieux font des athlètes, en particulier des athlètes professionnels,
le plus célèbre de tous les superstitieux. Les journalistes se sont réjouis de révéler les curieuses
habitudes des héros du terrain de jeu. L'ancien quarterback des Buffalo Bills, Jim Kelly, s'est forcé
à vomir avant chaque match, une habitude qu'il avait pratiquée depuis le lycée. La star de la NBA,
Chuck Persons, mangeait deux friandises avant chaque partie: deux KitKat, deux Snickers ou un
de chaque. L'ancien lanceur des Mets de New York Turk Wendell, nommé l'athlète le plus
superstitieux de tous les temps par le magazine Men’s Fitness, se brossait les dents entre les
manches. Wayne (The Great One) Gretzky, ancienne vedette de l'équipe de hockey des Rangers
de New York, a toujours caché le côté droit de son maillot derrière ses jambières. Bien que de
nombreuses croyances magiques détenues par les athlètes soient purement individuelles, le monde
du sport est également célèbre pour ses superstitions de groupe ou d'équipe. Au baseball, il est
largement admis que si un lanceur a tenu l'équipe adverse sans but, il est malchanceux de
mentionner le « sans point ni coup sûr11 » dans le dugout12 pendant le match. Certains disent que
la meilleure façon d'éviter d’« attirer le mauvais sort sur » le lanceur est de rester loin de lui et de
rester silencieux. L'équipe féminine de basketball du Connecticut College a une pratique de groupe
qui porte chance: après avoir joint leurs mains avant le début d'une partie, les joueuses défont le

11
Au baseball, un match sans point ni coup sûr (appelé no-hitter en anglais ou parfois no-no) est un exploit réalisé
par un (ou plus rarement, plusieurs) lanceurs n'accordant aucun coup sûr à l'adversaire durant un match.
12
Au baseball, la pirogue est la zone de banc de touche d'une équipe et est située en territoire de faute entre le
marbre et la première ou la troisième base. Il y a deux zones de banc de touche, une pour l'équipe locale et une pour
l'équipe visiteuse. En général, la zone de banc de touche est occupée par tous les joueurs qui ne sont pas sur le
terrain à ce moment précis, ainsi que par les entraîneurs et autres membres du personnel autorisés par la ligue.
L'équipement des joueurs (gants, battes, casques de frappeur, équipement de receveur, etc.) est habituellement
stocké dans la zone de banc de touche.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

groupe et séparent en criant ‘Ensemble!’ Ce geste d'encouragement n'est jamais utilisé au début de
la seconde mi-temps ou à aucun autre moment dans un match, et toute nouvelle joueuse doit être
éduquée en ce qui concerne son utilisation quand elle rejoint l'équipe.” (Vyse, 2013)

b. Mythologie versus superstition

Nous savons tous quelque chose en mythologie. Par exemple, les mythologies romaines et
grecques. Je voudrais souligner que la mythologie n'est pas une superstition. Un mythe est une
histoire alors qu'une superstition est une croyance. « Un mythe peut être défini comme une légende
ancienne, une histoire ou même une fable de l'histoire ancienne. Les légendes grecques de dieux
tels que Zéus et les mortels tels que Odyssées sont de grands mythes de notre histoire. Un mythe
peut également être utilisé pour expliquer un événement naturel impliquant particulièrement des
êtres surnaturels. Les mythes ont commencé à se développer depuis le début de l'existence humaine
et des civilisations où les gens avaient l'envie de comprendre le monde autour d'eux. Comme le
développement scientifique et technologique était plutôt limité à cette époque, les mythes ont été
utilisés comme une forme de rationalisation. Cela a permis aux gens de donner un sens au monde
d'une manière créative. La création même du monde, les éléments naturels ont tous été compris à
travers les mythes. Ces mythes se composaient de divers personnages tels que des dieux et des
êtres surnaturels qui avaient divers pouvoirs et potentiels pour apporter des changements dans le
monde humain. Les mythes étaient également utilisés pour maintenir l'ordre social dominant de la
société à travers les traditions, les coutumes et divers rituels. Une autre fonction des mythes était
de fonctionner comme un conte moral. D'autre part, Une superstition peut être définie comme une
croyance en des influences surnaturelles ou une pratique basée sur cela. Cela peut impliquer le rôle
des mauvais esprits, de la sorcellerie, des idéaux religieux et même de certaines croyances
traditionnelles. Dans la plupart des sociétés, il existe de nombreuses superstitions, qui sont
étroitement liées aux croyances culturelles de la société. Les superstitions peuvent aussi être liées
à la chance. Par exemple, la croyance qu'un chat noir signifie la malchance peut être considérée
comme une croyance superstitieuse parce qu'il n'y a aucune base factuelle ou rationnelle pour cela.
Dans le passé, la confiance et la croyance dans les superstitions étaient assez élevées, même si la
situation a changé maintenant avec le développement rapide de la science. On y croit encore dans
les zones rurales. Surtout dans les cultures asiatiques, il y a beaucoup de superstitions qui tournent
autour de l'astrologie, des mauvais esprits, etc. » Les mythes peuvent parfois prendre un aspect
plus ferme et tomber dans le domaine de la superstition une fois qu'ils deviennent des croyances.
Par conséquent, il y a parfois une fine frontière entre le mythe et la superstition. Mais, le fait est
que: les mythes n'affectent pas la réalité contrairement aux superstitions en particulier les
ramifications de ces dernières. Les croyances superstitieuses peuvent être soit inoffensives – ou
naïves – ou préjudiciables. Le côté le plus ferme de la superstition est celui qui appartient à

113
Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

l'occultisme qui concerne la magie noire (sorcellerie13). Par exemple, le dictionnaire de Cambridge
définit la superstition comme « une croyance qui n'est pas basée sur la raison ou la pensée
scientifique et qui explique les causes des événements d'une manière qui est liée à la magie ».

c. La superstition peut-elle modifier la réalité?

Tout ce qui suscite des potins ou fait couler de l'encre peut changer la réalité. Si nous partons du
principe que pour avoir une vision ou une approche de quelque chose, il doit exister d'abord, nous
pouvons dire que le moment où nos ancêtres ont commencé à imaginer un monde surnaturel, la
réalité a commencé à changer. Avant cela, la réalité était ce qu'elle était: sans superstition. Celle-
ci est comparable à un trésor qui repose dans les fonds marins depuis un certain temps. Il n'a aucune
valeur. Mais, dès qu'il est découvert, il commence à acquérir de la valeur. Pour répondre à cette
question, je l'illustre à l''aide de trois tendances: l'alchimie, la lycanthropie et la franc-maçonnerie.
Mais, avant d'en parler, je voudrais d'abord considérer la période qui a précédé leur émergence
pour voir comment la transformation de la pensée – donc la réalité – a conduit à ces trois
phénomènes.

Dans son livre “Superstition and Magic in Early Modern Europe: A reader” (Superstition et
magie: une collection d’articles), Helen Parish rapporte que les écrivains chrétiens ont, pour la
première fois, pris connaissance des mots latins superstitio et magia quand les écrivains et les
dirigeants grecs et romains les appliquèrent au christianisme lui-même dans leurs sens combinés
de la divination, de la magie, des pratiques secrètes et interdites, et de la peur religieuse excessive.
Les chrétiens, à leur tour, ont inversé l'usage: pour eux, la superstition se référait à ce qu'ils
considéraient comme les croyances irrationnelles et fausses – c'est-à-dire les « religions » de tous
les chrétiens et, dans une certaine mesure, des Juifs, bien que L'Écriture chrétienne décrivît certains
Juifs comme des magiciens et l'image empoisonnée du Juif comme un sorcier a survécu longtemps
dans la pensée européenne ultérieure. Les chrétiens ont capturé pour eux-mêmes le vieux mot latin
respecté religio – qui à l'origine désignait le lien entre les humains et les dieux – et restreint son
application au Christianisme exclusivement. Pour Tertullien, apologiste du deuxième siècle, toute
pratique religieuse païenne était une « superstition romaine ». Les premiers enseignants chrétiens
comme Ignace d'Antioche ont également souligné que bien que les Mages aient utilisé leurs
compétences de magiciens-astrologues pour trouver l'enfant Jésus, une fois qu'ils avaient trouvé
leur destination, leurs compétences cessèrent, puisqu'ils n'étaient plus nécessaires après
l'Incarnation et la Nativité. Pour le polémiste chrétien du quatrième siècle Lactance, les définitions
étaient claires et simples: « la religion est le vrai culte de Dieu - la superstition en est le faux ». À
la fin du sixième siècle, Martin de Braga fortement sous l'influence d'Augustin dans

13
Witchcraft is the practice of magic, especially black magic; the use of spells and the invocation of spirits.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

son travail “On the correction of rustics” (De la correction des paysans), a expliqué comment les
démons s'étaient transformés en dieux païens pour tromper les humains et bénéficier de leur culte.
Dans le travail de Martin, Jove a été décrit comme un magicien et un corrupteur sexuel de sa
femme et de ses filles. Peu de temps après Martin, Grégoire de Tours en Gaule a répété le thème
dans son Histories (Histoires). Enfin, le Moyen-âge verra une avalanche d'activités superstitieuses
incarner dans son mouvement le plus populaire: l'alchimie, qui a été pratiquée sur une grande
échelle. Elle est finalement devenue une croyance collective et a eu un grand impact sur la société
médiévale et sur la science elle-même.

i. Alchimie et réalité

L'une des croyances superstitieuses les plus remarquables était peut-être l'Alchimie qui, avec la
Pierre Philosophale, a laissé une marque indélébile sur la science. L'alchimie se définit comme une
manière d'étudier et d'expérimenter avec la matière qui comprend des éléments de chimie, de
philosophie et de spiritualité. Selon Dictionary.com, l'alchimie est une philosophie médiévale et
une forme précoce de la chimie dont les objectifs étaient la transmutation des métaux de base en
or, la découverte d'un remède contre toutes les maladies, et la préparation d'une potion qui procure
une jeunesse éternelle. La substance imaginaire capable de transformer d'autres métaux en or
s'appelait la pierre philosophale. “L'alchimie est une pratique ancienne entourée de mystère et de
secret. Ses pratiquants ont principalement cherché à transformer le plomb en or, une quête qui a
capturé l'imagination des gens pendant des milliers d'années. Cependant, les buts de l'alchimie
allaient bien au-delà de la simple création de pépites d'or. L'alchimie était enracinée dans une
vision du monde spirituelle complexe dans laquelle tout autour de nous contient une sorte d'esprit
universel, et les métaux étaient censés non seulement être vivants, mais aussi croître à l'intérieur
de la Terre. Quand on trouvait un métal de base ou commun tel que le plomb, on pensait
simplement qu'il était une forme immature spirituellement et physiquement des métaux supérieurs
tels que l'or. Pour les alchimistes, les métaux n'étaient pas des substances uniques qui remplissent
le tableau périodique, mais plutôt la même chose à différents stades de développement ou de
raffinement sur leur voie vers la perfection spirituelle.” (Radford, 2016).

“Aujourd'hui, l'alchimie peut être une insulte à la science, mais autrefois, c'était la réalité ultime.
L'alchimie vient de l'arabe ‘al’ signifiant ‘le, la et du grec ‘kimiya’, signifiant ‘transmutation de
métaux’. Il a aussi des origines gréco-égyptiennes, chemeia. L'alchimie est le précurseur de la
métallurgie. Pour comprendre l'importance de l'alchimie, nous devons remonter encore plus loin
dans le temps. En termes de technologie de fabrication d'outils, l'homme utilisait des pierres pour
fabriquer des outils. Ensuite, il a découvert qu'il pouvait extraire les métaux de ces roches pour
fabriquer des outils encore meilleurs et plus durables et des armes plus efficaces qui préparaient le
terrain pour la domination sur ceux qui n'avaient pas accès à la technologie. Puis, il a découvert

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

que l'ajout d'étain au cuivre donnait naissance au bronze, un alliage encore plus dur. Quand il s'agit
de technologie de fabrication d'outils, l'homme est passé de la pierre au fer et au bronze. Chemin
faisant, les métallurgistes pensaient qu'ils pourraient finalement maîtriser la transmutation des
métaux et l'amener à un niveau encore plus élevé en transformant n'importe quel métal en or. Ceux
qui se sont engagés dans une telle entreprise s'appelaient alchimistes, et l'activité s'appelait
alchimie. Ce qui était intéressant à propos de l'alchimie et associait les générations futures à la
superstition était le fait que l'alchimiste était un personnage éminent et que son travail était lucratif
parce que la plupart des alchimistes travaillaient pour les rois et les hommes de pouvoir. Par
conséquent, ils devaient garder leur travail secret du grand public. Pour ce faire, ils attribuaient des
codes spéciaux aux processus de leurs activités, qu'ils partageaient entre eux. Mais, en règle
générale, lorsqu'un secret est connu par plus d'une personne, il cesse d'être un secret. Par la suite,
leur travail était découvert, mais ne pouvait pas être compris par le public d'une manière
scientifique. Par exemple, les alchimistes utilisaient le mot Roi pour l’Or, Reine pour l’Argent,
Père et Mère pour le Soufre et le Mercure respectivement, etc. Ainsi, un processus complet
ressemblerait à une histoire ou un poème qu'on croyait être une formule magique à réciter afin de
produire de l'or ou d'autres métaux précieux. Puisque les alchimistes eux-mêmes ont cherché à
changer les éléments naturels pour leurs propres avantages, l'alchimie s'appelait magie naturelle.
Cependant, la déformation de leur travail par un individu non formé donnera un caractère
surnaturel à l'activité. Ainsi, de la magie naturelle, l'alchimie deviendra une magie surnaturelle.”

Radford, poursuit en disant que, en mars 2016, la Chemical Heritage Foundation a acheté un
manuscrit alchimique du 17ème siècle écrit par Newton. Enfoui dans une collection privée pendant
des décennies, le manuscrit expliquait comment fabriquer du mercure « philosophique », considéré
comme un pas vers la fabrication de la pierre philosophale – une substance magique que l'on
croyait capable de transformer n'importe quel métal en or et procurer la vie éternelle. Le
conservateur de livres rares à la Chemical Heritage Foundation, James Voelkel, a déclaré que le
texte avait probablement été copié sur un chimiste américain du nom de George Starkey.

C'est un fait que, aujourd'hui, l'Alchimie tombe dans le domaine de la pseudoscience. Elle n'a
aucun effet sur la réalité du 21ème siècle. Avait-elle affecté la société médiévale? Absolument! Bien
que l'alchimie n'ait rien produit de tangible, elle a changé le comportement des scientifiques et des
non-scientifiques. « La préparation des médicaments était devenue une partie importante de
l'alchimie au début de la période moderne. La notion de quintessence du conservateur au milieu
du quatorzième siècle de John de Rupescissa et son application de méthodes chimiques pour
fabriquer de meilleurs remèdes à partir de minéraux, de métaux et de plantes ont été reprises et
développées par des auteurs ultérieurs tels que le pseudo-Lull14 et de ce fait s’est répandu de toutes

14
Pseudo-Lull est le nom donné à un corpus d'écrits alchimiques du XIVe au XVIe siècle, qui est apparu sous le
nom de Ramon Llull ou plutôt de Raimundus Lullus, mais qui n'en est pas issu. Llull lui-même, un encyclopédiste
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

parts. [...] Une grande partie de cet intérêt précoce pour la médecine chimique se situe toutefois
dans l'ombre d'un personnage du seizième siècle: Théophraste Bombastus von Hégenheim, appelé
Paracelse (1493/94 - 1541), l'un des personnages les plus colorés du début de la période moderne.
. … Paracelse croyait que des médicaments puissants pouvaient être préparés même à partir de
substances toxiques en utilisant des moyens de séparation chimiques, qu'il appelait Scheeidung en
allemand, sa langue natale. On pouvait utiliser des procédés comprenant la distillation, la
sublimation, la putréfaction et la solution pour diviser une substance naturelle en ses trois principes
primordiaux: Mercure, Sulfure et Sel. Il considéra ces trois parties utiles et bénéfiques et croyait
que leur séparation aboutissait aux « résidus » toxiques de la substance. Une fois purifié, le tria
prima pouvait être recombiné pour donner une forme ‘exaltée’ de la substance d'origine, exempte
d'impuretés et de toxicité, et ainsi permettre d'opérer de façon plus puissante et plus bénéfique en
tant que médicament. Toujours friand d'inventer des mots, Paracelse a donné à ce processus de
séparation et de réintégration le nom de spagyrie. Le terme, disait-on, voulait dire ‘séparer er
re(combiner),’ venant des mots grecs span et ageirein, voulant dire ‘retirer de’ et ‘mélanger’. …
Au début du 16ème siècle, l'alchimie latine s'est développée de plusieurs manières au-delà de l'arabe
al-kimiya que l'Europe avait acquise plus de trois siècles plus tôt. L'intérêt ancien et central de l'Art
noble pour la chrysopée n'a pas diminué et la recherche des secrets de la transmutation s'est
poursuivie avec une vigueur accrue, aidée par une profusion de nouveaux concepts, matériaux et
observations. En fait, de multiples ‘écoles’ de chrysopée se sont développées à ce moment,
chacune promouvant des matériaux de départ particuliers ou des procédures particulières, et se
basant sur la composition métallique et des explications sur la manière dont la pierre philosophale
pouvait provoquer la transmutation. ... En même temps, l'alchimie a atteint une présence de plus
en plus visible dans la culture européenne moderne, suscitant à la fois de l'admiration et de la
critique. Ses idées, métaphores, produits, théories, pratiques et praticiens ont attiré l'attention des
artistes, des dramaturges, des prédicateurs, des poètes et des philosophes. Vers la fin du quinzième
siècle, l’alchimie entamait son âge d’or. Les 16ème et 17ème siècles, l'âge de Copernic, Galilée,
Descartes, Boyle et Newton, l'âge souvent appelé la Révolution scientifique, se révélera aussi être
le grand âge de l'alchimie. » (Principe, 2013)

Pour cette raison, elle a eu un impact important sur son temps et continue à avoir un effet sous-
jacent durable. Quant à son impact, « ayant échantillonné le dynamisme et la diversité de la
chymie15, et sa connexion avec tant d'autres domaines de la connaissance et de la créativité, il n'est
guère surprenant que la chymie ait connu une si grande dispersion dans la culture moderne. À
travers diverses branches de l'activité humaine, elle a enflammé l'imagination des artistes, des
auteurs, des théologiens et des philosophes de la nature, parce qu'elle partageait tant de visions et
de buts avec eux. La chymie moderne moderne avec ses images et ses idées saisissantes (une fois

catalan, mystique, poète et missionnaire des 13ème et 14ème siècle, critiquait l'alchimie et considérait comme
impossible la transformation des métaux de base en métaux nobles.
15
Ancienne orthographe de la chimie utilisée pour désigner l’alchimie.
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

que nous les comprenions correctement et contextuellement) peut nous en dire beaucoup sur les
perspectives générales du monde prémoderne, un monde dont nous avons encore beaucoup à
apprendre. » D'autre part, son impact est durable dans le sens où elle incite les scientifiques
modernes à fonder leurs recherches sur la rigueur, l'objectivité et la précision. Les chercheurs et
les scientifiques modernes sont catégoriques et ne veulent laisser aucune approche non scientifique
faire à la science moderne ce que l'alchimie avait fait à la science à l'époque médiévale. Cette
détermination a ses origines à la fin du 19ème siècle qui a marqué le schisme entre la science et la
philosophie. Parce que jusqu'au 18ème siècle, la distinction entre la science et la philosophie n'était
pas claire. En fait, la science, y compris l'alchimie, s'appelait la philosophie naturelle. Ainsi,
l'alchimie était une prise de conscience. Pour résumer, l'alchimie a affecté la réalité de son temps
non pas en rendant la transmutation des métaux possible mais en poussant les gens à agir et à se
comporter d'une certaine manière et en suscitant des changements sociaux. Son effet durable se
manifeste par la détermination des scientifiques actuels à rejeter toute subjectivité dans leurs
efforts.

ii. Lycanthropie et réalité

Un autre exemple de la façon dont la superstition peut avoir un impact durable sur notre réalité est
le phénomène surnaturel appelé la lycanthropie, elle-même classée sous la cryptozoologie, une
branche qui se concentre sur les animaux
surnaturels et mythologiques. Cryptozoologie
signifie l'étude occulte ou cachée des animaux
surnaturels. La lycanthropie est un concept qui
tourne autour du lycanthrope, un homme
mythologique ou folklorique capable de se
métamorphoser en loup ou en créature hybride de
loup hybride, soit volontairement, soit après avoir
été placé sous une malédiction ou une affliction
(par exemple par une morsure ou une égratignure
par un autre lycanthrope). Un lycanthrope est
communément appelé un loup-garou. Les
premières sources de croyance en la lycanthropie
sont Petronius et Gervase de Tilbury. La
lycanthropie vient du grec lykos = loup, et
anthrōpos = homme ou humain. La lycanthropie a
débuté en Europe médiévale et s'est ensuite
propagée au Nouveau Monde grâce au
Lycanthrope, par Lucas Cranach l’ancien, vers 1512
colonialisme. La sorcellerie et la lycanthropie se Courtoisie: Wikimédia Commons

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

sont développées à peu près au même moment. « Loup-garou était une accusation commune dans
les procès de sorcières tout au long de leur histoire, et il figurait même dans les procès de sorcellerie
du Valais, l'un des tout premiers procès, dans la première moitié du 15ème siècle. De même, dans
le canton de Vaud, des loups-garous mangeurs d'enfants ont été signalés dès 1448. La lycanthropie
a attiré l'attention à la fin du 16ème siècle et au début du 17ème siècle, dans le cadre des chasses aux
sorcières en Europe. Un certain nombre de traités sur les loups-garous ont été rédigés en France16
entre 1595 et 1615. En France, les lycanthropes étaient connus sous le nom de “Le maître des
forêts”. Des loups-garous furent aperçus en 1598 à Anjou, et un loup-garou adolescent fut
condamné à la réclusion à perpétuité à Bordeaux en 1603. Henry Boguet écrivit un long chapitre
sur les loups-garous en 1602. Dans le Vaud, les loups-garous furent condamnés en 1602 et en
1624. Le pasteur vaudois en 1653, cependant, a fait valoir que la lycanthropie était purement une
illusion. Après cela, le seul registre venant de Vaud date de 1670: Il s'agit d'un garçon qui
prétendait que lui et sa mère pouvaient se transformer en loups, ce qui n'était cependant pas pris
au sérieux. Au début du 17ème siècle, la sorcellerie fut poursuivie par Jacques Ier d'Angleterre, qui
considérait les « loups-garous » comme des victimes de l'illusion provoquée par ‘une surabondance
naturelle de mélancolie’ ».

Devenir un loup-garou impliquait plus d'une méthode. “Diverses méthodes pour devenir un loup-
garou ont été rapportées, l'une des plus simples étant l'enlèvement des vêtements et la mise en
place d'une ceinture en peau de loup, probablement en remplacement de la peau d'un animal entier
(souvent décrite). Dans d'autres cas, le corps est frotté avec une pommade magique.” (Bennett,
2002). “Boire de l'eau de pluie hors de l'empreinte de l'animal en question ou de certains cours
d'eau enchantés était également considéré comme un moyen efficace d'accomplir la
métamorphose.” (O’Donnell, 1912) “L'écrivain suédois du 16ème siècle Olaus Magnus dit que les
loups-garous de Livonie ont été initiés en vidant une tasse de bière spécialement préparée et en
répétant une formule réglée. Ralston, dans son livre Songs of the Russian People (Les chansons du
people russe) donne la forme d'incantation encore familier en Russie. En Italie, en France et en
Allemagne, on disait qu'un homme ou une femme pouvait se transformer en loup-garou si, un
certain mercredi ou vendredi, il dormait dehors une nuit d'été avec la pleine lune qui brillait
directement sur son visage.” (Woodward, 1979).
La lycanthropie a eu un réel impact sur la réalité car, contrairement à l'alchimie, son impact était réel
et pouvait être ressenti dans la vie de tous les jours. Woodward poursuit en disant que la malédiction
de la lycanthropie était également considérée par certains chercheurs comme une punition divine. La
littérature du loup garou montre de nombreux exemples de Dieu ou de saints qui maudissaient ceux
qui invoquaient leur colère avec le loup-garou. Tel est le cas de Lycaon, qui a été transformé en loup

16
En France, les lycanthropes s'appelaient « Loups-garous ». Le terme est également utilisé pour décrire un monstre
par les haïtiens, les francophones dans les Laurentides du sud du Québec, au Canada, et les peuples cadiens du pays
bayou de Louisiane (USA).
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

par Zéus en punition pour avoir massacré un de ses propres fils et servi ses restes aux dieux en guise
de dîner. Ceux qui ont été excommuniés par l'Église catholique romaine étaient également
considérés comme des loups-garous. Le pouvoir de transformer les autres en bêtes sauvages a été
attribué non seulement aux sorciers malins, mais aussi aux saints chrétiens. Omnes angeli, boni et
Mali, ex virtute naturali habent potestatem transmutandi corpora nostra (“Tous les anges, bons et
mauvais ont le pouvoir de transmuter nos corps”) fut le dicton de Saint Thomas d’Aquin. Saint-
Patrick aurait transformé le roi gallois Vereticus en loup; Natalis aurait maudit une illustre famille
irlandaise dont les membres étaient condamnés à être loups pendant sept ans. Dans d'autres contes,
l'action divine est encore plus directe, tandis qu'en Russie, encore une fois, les hommes sont
supposés devenir des loups-garous lorsqu'ils encourent la colère du diable. Je dirais que l'impact
de la lycanthropie sur la réalité était plus grand que celui de l'Alchimie parce que pour ses adeptes,
c'était quelque chose qui pouvait être fait et défait à volonté. Selon Woodward, diverses méthodes
ont existé pour enlever la forme de loup-garou. Dans l'Antiquité, les Grecs anciens et les Romains
croyaient au pouvoir de l'épuisement en guérissant les gens de la lycanthropie. La victime serait
soumise à de longues périodes d'activité physique dans l'espoir d'être purgée de la maladie. Cette
pratique découlait du fait que de nombreux loups-garous présumés se sentiraient faibles et débilités
après avoir commis des déprédations. Dans l'Europe médiévale, traditionnellement, il existe trois
méthodes que l'on peut utiliser pour guérir une victime du loup-garou; médicalement
(généralement via l'utilisation de Wolfsbane), chirurgicalement ou par exorcisme. Cependant,
plusieurs des remèdes préconisés par les praticiens médicaux médiévaux ont été fatals pour les
patients. Une croyance sicilienne d'origine arabe soutient qu'un loup-garou peut être guéri de sa
maladie en le frappant sur le front ou le cuir chevelu avec un couteau. Une autre croyance de la
même culture implique le perçage des mains du loup-garou avec des clous. Parfois, des méthodes
moins extrêmes ont été utilisées. Dans la plaine allemande du Schleswig-Holstein, un loup-garou
pourrait être guéri si l'on devait simplement l'adresser trois fois par son nom chrétien, tandis qu'une
croyance danoise soutient que le simple fait de gronder un loup-garou le guérira.

Dans les temps modernes, l'impact de la


lycanthropie sur la réalité se fait toujours sentir.
La lycanthropie est entrée dans les arts, la
littérature et le cinéma. Avant la fin du 19ème
siècle, les grecs croyaient que les cadavres de
loups-garous, s'ils n'étaient pas détruits,
reviendraient à la vie sous la forme de loups ou
de hyènes qui rôdaient sur les champs de
bataille, buvant le sang des soldats mourants.
Lon Chaney Jr. dans Le loup-garou (1941). Dansle même ordre d'idées, dans certaines
Phot crédit: Internet Movie Database (IMDB)

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

régions rurales d'Allemagne, de Pologne et du nord de la France, on croyait autrefois que les
personnes mortes dans le péché mortel revinrent à la vie en tant que loups sanglants. Ces loups-
garous « non-morts » retourneraient à leur forme de cadavre humain à la lumière du jour. On les
affrontait en les décapitant avec une bêche suivi d'un exorcisme par le curé. La tête serait alors
jetée dans un ruisseau, où le poids de ses péchés était censé l'alourdir. Parfois, les mêmes méthodes
utilisées pour se débarrasser des vampires ordinaires seraient utilisées. Des exemples de l'héritage
de lycanthropie, en particulier en ce qui concerne la fiction moderne comprennent les comptes
suivants:

• Le roman Dracula de 1897 s'appuyait sur des mythologies antérieures de loups-garous et


de démons légendaires similaires et ‘devait exprimer les angoisses d'un âge’, et les ‘craintes
du patriarcat victorien tardif’ ». (Sellers, 2001)
• Le premier film log métrage à avoir utilisé un lycanthrope anthropomorphique fut Le loup-
garou de Londres en 1935. Le principal loup garou de ce film est un savant scientifique
londonien qui conserve une partie de son style et la plupart de ses traits humains après sa
transformation, étant donné que l'acteur principal Henry Hull ne voulait pas passer de
longues heures à se faire maquiller par le maquilleur Jack Pierce. (Searles, 1988). Universal
Studios s'est inspiré d'un récit balkanique d'une plante associée à la lycanthropie, car il n'y
avait pas de travail littéraire, contrairement au cas des vampires. Il n'y a aucune référence
à l'argent ni à d'autres aspects du savoir loup-garou tels que le cannibalisme.
• Le loup-garou (1941). Quand son frère meurt, Larry Talbot (Lon Chaney) retourne au pays
de Galles et se réconcilie avec son père (Claude Rains). Pendant son séjour, il visite un
magasin d'antiquités et, dans l'espoir d'impressionner Gwen (Evelyn Ankers), la jolie
commerçante, achète une canne en argent. Cette même nuit, il tue un loup avec, pour
apprendre plus tard qu'il a effectivement tué un homme (Bela Lugosi). Une gitane (Maria
Ouspenskaya) explique que c'est son fils, un loup-garou, qu'il a tué, et que Larry en est un
lui-même. (YouTube)
• Underworld ou Monde infernal (2003). Selon Wikipédia, le film se concentre sur l'histoire
secrète des vampires et des lycans (une forme abrégée de lycanthrope, qui signifie loup-
garou). C'est la première tranche de la franchise Underworld. L'intrigue principale tourne
autour de Selene (Kate Beckinsale), un vampire massacreur chassant les Lycans. Elle se
retrouve attirée par un humain, Michael Corvin (Scott Speedman), qui est la cible des
Lycans. Après que Michael ait été mordu par un Lycan, Sélène doit décider si elle doit faire
son devoir et le tuer ou aller à l'encontre de la volonté de son clan et le sauver. Aux côtés
de Beckinsale et de Speedman, le film met en vedette Michael Sheen, Shane Brolly et Bill
Nighy.
• Wer (2013). Un avocat (A.K. Cook) supervise une série de tests médicaux menés sur un
solitaire affligé (Brian Scott O'Connor) soupçonné d'avoir massacré toute une famille lors

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d'une excursion de camping et découvre qu'il est un lycanthrope lorsqu'il s'échappe pour se
lancer dans un effroyable carnage urbain. (IMDB)

De plus, “L’Allemagne Nazi a par deux fois utilisé ‘Werwolf’ (comme le nom de la créature
mythique s'épelle en allemand). En 1942-43, c'était le nom de code d'un quartier général d'Hitler
(Werwolf Wehrmacht HQ). Dans les derniers jours de la guerre, c'était le nom de ‘Opération
Werwolf’ visant à créer une force de commandos qui opérerait derrière les lignes ennemies alors
que les Alliés progressaient à travers l'Allemagne elle-même. Deux représentations fictives de
‘Operation Werwolf’ – la série américaine True Blood et le roman de 2012 Wolf Hunter, par J.L.
Benét – confound les deux significations de ‘Werwolf’ en décrivant les commandos nazis à tout
crin de 1945 comme étant de vrais lycanthropes.” Bien sûr que non, le mouvement loup-garou
n'impliquait pas de loups-garous, mais le nom de code est la preuve que la lycanthropie, en tant
que mythe, était profondément enracinée dans la culture allemande. Dans un message que Werner
Naumann, le principal conseiller de Goebbels, envoya au début du mois d'avril 1945 aux bureaux
régionaux de propagande du parti nazi, il exprima ses appréhensions en ces termes: “ Comme on
pouvait s'y attendre, l'établissement des loups-garous dans les régions occupées par l'ennemi, mais
aussi dans le Reich lui-même, a mobilisé tous les combattants les plus actifs de notre peuple. La
proclamation d'une résistance inconditionnelle forcera une décision en Allemagne. ... Nous ne nous
attendons pas à ce que l'écrasante majorité du peuple allemand devienne des combattants loups-
garous dans les prochains jours. ... Ces critiques du mouvement Loup-garou qui font de leur mieux
pour trouver des arguments astucieux contre l'appel à la résistance totale doivent être exposés sans
pitié, montrant clairement que leurs arguments ne sont basés que sur leur propre lâcheté misérable.
... Notre situation est grave et difficile. Le seul moyen d'échapper à cette situation est une résistance
inconditionnelle. Si nous rendons l'occupation ennemie de l'Allemagne infernale, plus tôt que
certains ne l'imaginent aujourd'hui, il préférera abandonner plutôt que de forcer ses troupes déjà
fatiguées à combattre un mouvement terroriste clandestin. ... Pour nous, le mouvement Loup-garou
est le symbole de la résistance inconditionnelle. Nous, les propagandistes, devons maintenant
consacrer tout notre effort à cette fin.”

iii. Franc-maçonnerie et réalité

Contrairement à la croyance populaire, il n'y a pas de superstition et pas de sorcellerie dans la


franc-maçonnerie. C'est plutôt une fraternité; en fait, c'est la plus ancienne et la plus grande
fraternité du monde. En ce qui concerne l'organisation de la fraternité, Wikipédia nous dit qu’ “elle
(la franc-maçonnerie) consiste en des organisations fraternelles qui remontent aux fraternités
locales des tailleurs de pierre, qui, à partir de la fin du XIVe siècle, ont réglementé les qualifications
des tailleurs et leur interaction avec les autorités et les clients. Les degrés de la franc-maçonnerie
conservent les trois catégories de guildes d'artisanat médiévales, celles d'apprenti, compagnon ou

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

camarade (maintenant appelé Compagnon), et maître maçon. Ce sont les diplômes offerts par la
loge maçonnique. Les membres de ces organisations sont connus sous le nom de francs-maçons
ou maçons. Il existe des diplômes supplémentaires, qui varient selon la localité et la juridiction, et
sont généralement administrés par des organismes différents des diplômes d'artisanat. L'unité
organisationnelle locale de base de la franc-maçonnerie est la loge. Les Loges sont généralement
supervisées et régies au niveau régional (généralement coïncident avec un état, une province ou
une frontière nationale) par une Grande Loge ou Grand Orient. Il n'y a pas de Grande Loge
internationale et internationale qui supervise toute la franc-maçonnerie; Chaque Grande Loge est
indépendante et ne se reconnaît pas nécessairement comme légitime. La franc-maçonnerie
moderne comprend essentiellement deux groupes de reconnaissance principaux. La franc-
maçonnerie régulière insiste sur le fait qu'un volume d'Écritures est ouvert dans une loge de travail,
que chaque membre professe la croyance en un Être Suprême, qu'aucune femme n'est admise et
que la discussion sur la religion et la politique est interdite. La franc-maçonnerie continentale est
maintenant le terme général pour désigner les juridictions « libérales » qui ont supprimé une partie
ou la totalité de ces restrictions.”

Une autre caractéristique de la franc-maçonnerie est qu'elle "contient beaucoup d'éléments d'une
religion; ses enseignements enjoignent la moralité, la charité et l'obéissance à la loi du pays. Pour
être admis, le candidat doit être un homme adulte croyant à l'existence d'un
Être suprême et à l'immortalité de l'âme. En pratique, certaines loges ont été
accusées de préjugés contre les juifs, les catholiques et les non-blancs.
Généralement, la franc-maçonnerie dans les pays latins a attiré les libres
penseurs et les anticléricaux, alors que dans les pays anglo-saxons,
l'appartenance provient en grande partie des protestants blancs." Mais, alors
pourquoi la franc-maçonnerie est-elle considérée comme occulte? D'abord,
Le symbole de la
considérons l'histoire de la fraternité. La franc-maçonnerie a évolué à partir
franc-maçonerie du boom de la construction des cathédrales au Moyen Age. Les constructeurs
n'étaient ni plus ni moins que des tailleurs de pierre. Mais, comme avec tout
boom, il y a toujours une période de refroidissement ou même un déclin, la construction de
cathédrales devait connaître un déclin. Ainsi, les organisations, formellement connues sous le nom
de Lodges, chargées de recruter des membres, ont commencé à accepter des membres
n'appartenant pas à la Loge, appelés francs-maçons, afin de pouvoir rester à flot. Le symbole de la
franc-maçonnerie n'est pas un sigil (symbole magique). Il représente une équerre et un compas,
qui sont encore parmi les outils traditionnels des tailleurs de pierre. Le "G" signifie Dieu (God en
anglais) et rappelle aux Maçons que Dieu est au centre de la franc-maçonnerie. Dans ce contexte,
il peut également représenter Grand Architecte de l'Univers (une référence non confessionnelle à
Dieu).

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

Pour répondre à la question de savoir pourquoi la franc-maçonnerie est perçue comme occulte,
c'est qu'après le déclin de la construction de cathédrales, l'organisation, bien que n'étant plus
associée à la construction de cathédrales, conserve sa condition sine qua non pour devenir membre:
un processus marqué par des rituels connus seulement par ses membres. Je dirais que les francs-
maçons ont été mal compris et stigmatisés au cours des siècles. Pour donner un caractère occulte
à l'organisation, certaines personnes vont jusqu'à assimiler l '« œil » sur le billet de banque
américain à un symbole maçonnique quand ce n'est pas le cas. Cet ensemble de symboles était
populaire au 18ème siècle mais existait bien avant. « L'Œil de la Providence, souvent interprété
comme l'œil de Dieu veillant sur l'homme, représente un œil enfermé dans un triangle et entouré
de rayons de lumière. Trouvé sur le verso du billet d'un dollar des États-Unis, l'œil a été adopté
comme faisant partie du Grand Sceau du pays en 1782. Alors que le symbole dans sa forme
moderne a émergé en Occident au 17ème et au 18ème siècle, les représentations d'un œil omniscient
existait dans l'Égypte ancienne. » (Worldbook, 2013) « Les francs-maçons disent souvent qu'ils
‘ne sont pas une société secrète, mais plutôt une société avec des secrets’. Les secrets de la franc-
maçonnerie sont les différents modes de reconnaissance – poignées de main, mots de passe et
signes (gestes de la main) qui indiquent que l'on est franc-maçon. Alors que ces derniers (et le reste
du rituel maçonnique) ont tous été exposés (plusieurs fois) à travers les années, les francs-maçons
continuent à agir comme s'ils étaient secrets et promettent de ne pas en discuter avec des étrangers
(plus par tradition qu'un besoin de secret). » (Hodapp, 2005) Et, bien sûr, la réticence à discuter de
ses secrets avec des étrangers, conduit toujours à des théories de conspiration. Si vous me
demandez ma position sur la façon dont la franc-maçonnerie affecte la réalité, eh bien, elle a deux
volets. Premièrement, je dirais que l'impact de la franc-maçonnerie sur notre environnement est
positif et multi-centenaire si l'on considère les cathédrales qu'ils ont construites. Ce sont, bien sûr,
non seulement des lieux de culte, mais aussi des monuments historiques à travers le monde.
« Pendant de nombreux siècles, des cathédrales se sont dressées dans nos villes et villages, signes
visibles de notre héritage chrétien et point focal de l'église dans sa localité. Au Moyen Âge, elles
étaient des centres d'apprentissage et une source d'inspiration à travers leur art et leur architecture.
Souvent, ils étaient le but des pèlerins qui voyageaient pour visiter les sanctuaires des saints. Au
cours de ces pèlerinages, des hommes et des femmes et des enfants de tous les milieux, riches et
pauvres, bons et mauvais, ont voyagé ensemble. C'était le moment de partager des expériences, de
raconter des histoires, de recevoir et de soutenir et d'encourager le voyage ou le pèlerinage de la
vie. Aujourd'hui, nos cathédrales sont toujours au centre de la vie chrétienne de la région, servant
toujours leurs communautés locales et les milliers de personnes qui les visitent chaque année de
toutes les parties du monde. A ces pèlerins d'aujourd'hui, elles offrent un accueil, une hospitalité
et un lieu de prière, de réflexion ou de méditation aux personnes de toutes confessions ou de toutes
religions. Il y a des visites guidées, souvent sur des thèmes spéciaux, et des présentations sur un
large éventail de questions locales, nationales et internationales. Grâce à leurs départements
d'éducation, les cathédrales travaillent en étroite collaboration avec les écoles locales, offrant des
visites et des cours à tous les niveaux du curriculum national. Dans certaines cathédrales, les

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

étudiants peuvent expérimenter la vie quotidienne des moines qui y ont vécu, dans d'autres, ils
peuvent retracer l'histoire de sa construction et de sa décoration. Les cathédrales sont un point focal
pour les communautés qu'elles servent et sont là pour être appréciées par tout le monde! » Plus
précisément, en Amérique, les francs-maçons ont laissé leur héritage que la cathédrale nationale
de Washington et la Statue de la Liberté immortalisent. Plusieurs personnalités éminentes ont été
des francs-maçons. Ils incluent George Washington, Benjamin Franklin, Winston Churchill,
Mozart, Davy Crockett, Franklin Roosevelt, Harry Houdini, Gerald Ford, Henry Ford, John
Wayne, et même le colonel Sanders.

D'autre part, la franc-maçonnerie a, cependant, une image plutôt terne car elle n'embrasse pas le
féminisme. C'est une organisation entièrement masculine. Bien qu'elle ne prétende pas accepter
les athées et que croire en Dieu est un plus quand il s'agit de l'octroi de l'adhésion, elle laisse de
côté les femmes qui sont aussi des enfants de Dieu. Selon Julian Rees, « l'ordre des hommes, tout
comme ils peuvent le nier, consiste à porter des insignes de plus en plus élaborés et à progresser
vers un rang plus élevé. La maçonnerie masculine est peuplée de vieilles barbes grises, de
l'aristocratie, de grands généraux de l'armée, et ils sont presque tous des machistes. » Quand je
compare les faits que les cathédrales sont profondément enracinées dans la plupart des cultures
occidentales et l'aspect exclusivement masculin de la franc-maçonnerie, je peux en déduire qu'il
est évident qu'elle affecte la réalité, mais d'une manière ambivalente.

Ni l'alchimie, ni la lycanthropie, ni la franc-maçonnerie, bien qu'elles affectent la réalité en nous


faisant penser ou nous comporter d'une certaine façon, ne sont pas considérées comme magie noire
parce qu'elles sont dépourvues de sorts, de sorcellerie, de nécromancie ou d'invocation d'esprits.
Mais, elles ont toutes un aspect métaphysique car elles sont toutes portées sur ce qu'il y a à savoir
(l'ontologie) et elles offrent un moyen de l'explorer ou de le savoir (épistémologie). Maintenant, la
question est: est-ce que la magie, en particulier la magie noire – définie comme la tentative
d'influencer l'environnement à son avantage – qui appartient aussi au domaine métaphysique,
affecte la réalité?

d. La magie noire peut-elle modifier la réalité?

La magie noire fait partie du concept plus général connu sous le nom d'occultisme, qui est divisé
en magie cérémonielle ou la magie pratiquée par plus de deux individus en même temps lors d’une
performance semblable à une cérémonie et magie hermétique or magie pratiquée par un seul
individu ou bien avec l’aide d’un assistant. Normalement, l'objectif des occultistes est d'influencer
efficacement l'environnement ou la réalité à leur avantage ou à celui de quelqu'un d'autre,
habituellement considéré comme un client. L'influence de la réalité peut également inclure
influencer l'esprit des gens. J'ai déjà expliqué comment la CIA a essayé d'influencer l'esprit des

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

gens à travers le projet MKULTRA, maintenant déclassifié. Les Soviétiques pensaient qu'ils
pouvaient le faire aussi. Dans cette ligne d'activités, j'ai également expliqué comment le cerveau
n'est pas équipé pour décoder les messages micro-ondes, sans parler des messages métaphysiques
et intangibles émanant du processus de pensée de quelqu'un d'autre. Cela prendrait un miracle pour
atteindre un tel objectif. David Hume définit un miracle comme un événement qui viole une loi de
la nature (ce point de vue n'est pas conforme à celui des religieux). Pour changer physiquement la
réalité, il faut recourir à la science et à la physique. Mais les occultistes ont toujours pensé et
pensent toujours qu'ils peuvent contourner la science et interagir directement avec la réalité. La
superstition et l'alchimie – voir ci-dessus – ont ouvert la voie à l'émergence d'occultistes très
influents du 19ème siècle comme Éliphas Lévi, Héléna Blavatsky et Aleister Crowley, par exemple,
qui ont redéfini l'occultisme. La portée de leurs points de vue est vaste. Ils ont influencé, chacun à
sa manière, leurs générations non pas à travers leurs rituels magiques, mais à travers leurs
croyances, leurs points de vue ou leurs doctrines. Mais, l'émergence et l'influence de ces grands de
l'occultisme ont leurs racines dans une période qui s'étend sur au moins sept siècles,
essentiellement depuis le début de l'ère actuelle jusqu'à la période de la Renaissance avec un pic à
l'époque médiévale. La magie, comme nous l'avons vu ci-dessus pour la superstition, était sans
doute une partie intégrante de la réalité, qui a été fortement impactée par le maleficium, appelé
aussi sorcellerie ou magie noire. Son impact sur la réalité est passé à l'histoire et est surtout associé
à l'ère de la chasse aux sorcières en Europe, où des milliers de personnes, notamment des femmes,
ont perdu la vie. Éliphas Lévi, Héléna Blavatsky et Aleister Crowley prétendaient avoir pratiqué
la haute magie ou la magie transcendantale, une sorte de magie supérieure à celle des sorcières et
de leurs prédécesseurs. Commençons par la dynamique de la magie au temps des Romains.

Helen Parish explique que la religion romaine était une chose pour les chrétiens, et bien qu'ils
l’appelassent souvent à la fois superstition et magie, la magie en était généralement une autre. Les
chrétiens savaient que la loi romaine avait condamné la magie, en particulier la magie pratiquée
par des praticiens privés pour leurs fins personnelles et aussi pour les fins personnelles et souvent
nocives de leurs clients et la pratique s'étendait aux chrétiens eux-mêmes. Pline l'Ancien avait
qualifié la magie dans le monde romain de « vanités magiques ». Les techniques des magiciens
comprenaient l'utilisation d'incantations, d'amulettes inscrites, d'images, de textes et l'utilisation de
substances magiques. L'empereur Auguste aurait brûlé les livres des devins; On dit que l'empereur
Septime Sévère du troisième siècle a enterré tous les livres de magie que ses agents pouvaient
recueillir dans la tombe d'Alexandre le Grand; une loi impériale de 297 condamnait les sorciers à
cause du caractère privé et secret de leurs activités et de leurs pouvoirs destructeurs. L'historien
chrétien Eusèbe (260- 340) accusait Maxentius, l'opposant du prétendant impérial Constantin, qui
avait la faveur chrétienne, d'utiliser des magiciens pour défendre Rome contre l'invasion légitime

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

de Constantin. Plusieurs panégyriques17 de Constantin et d'autres premiers empereurs chrétiens


ont contrasté les « enseignements divins » qui les ont guidés à la « magie superstitieuse » à laquelle
leurs rivaux païens ont recouru. Dans ces cas, la « magie » semble avoir signifié aux chrétiens
quelque chose de distinct de la religion païenne en général, et les ennemis des empereurs chrétiens
étaient donc doublement condamnés – pour le paganisme superstitieux et pour l'utilisation de la
magie.

Bien que la « magie » ait manifestement servi de terme polémique, son usage polémique supposait
une compréhension partagée de la magie comme un ensemble de rituels contre-cultures travaillés
en privé pour les fins personnelles des magiciens ou des clients, le terme « magie » étant parfois
utilisé pour désigner les rituels des initiés (même des membres des élites) aussi bien que des
étrangers ou pour les rites des personnes qui sont devenues des outsiders uniquement parce qu'elles
utilisaient la magie. Marquer un chrétien, un païen ou un juif comme un magicien, c'était utiliser
un mot ayant un sens antérieur et indépendant et lui donner une application abusive et polémique
» (Kieckhefer, 1994). Ces points de vue auront un impact sur la loi romaine. « Dans une loi de
319/320 l'empereur Constantin interdit la consultation privée des devins, mais a également permis
la pratique publique de la divination, une composante ancienne et respectée de la religion romaine,
bien qu'il ait également noté que les chrétiens ne pouvaient légalement être contraints de participer
à sacrifices publics. Constantine a également interdit tout haruspex18 d'entrer dans une maison
privée. Constance II a traité sauvagement ceux accusés de n'importe quelle forme de magie en
dehors de celles permises par la religion romaine et la coutume. » (Barb, 1963). Cette vision
maléfique de la magie ou du maléficium ouvrira la voie au mouvement de sorcellerie au début de
l'Europe moderne.

Le concept de sorcellerie, tel que nous le connaissons aujourd'hui, était profondément différent au
début de l'Europe moderne. La sorcellerie19 était pratiquée uniquement dans l'intention de nuire.
« Comme la magie elle-même, la sorcellerie est un terme qui porte de multiples connotations. Très
largement interprété, elle peut simplement désigner la magie méchante ou nuisible. La sorcellerie
implique aussi généralement de la magie commune ou faible, faite par des sorts, des charmes et
des sorts simples, contrairement aux systèmes rituels complexes de magie élevée ou savante. ... La
littérature classique grecque et romaine contient de nombreuses descriptions de femmes utilisant
la magie nuisible ainsi que des descriptions de créatures plus profondément malveillantes. Bien
que d'origine divine, Circé est souvent considérée comme une sorcière. Certainement, elle a utilisé

17
Un panégyrique est un discours ou une écriture qui chante les louanges de quelqu'un.
18
Voir définition page 109.
19
Le terme veneficium était parfois utilisé par les autorités pour désigner la sorcellerie dans l'Europe médiévale et au
début de l'Europe moderne. Selon Michael Bailey, dans le monde romain, le venecium a conservé son sens premier
de l'acte d'empoisonnement, mais il est également devenu un terme plus général pour les actes nuisibles effectués
par tous les moyens magiques.
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

la magie nuisible contre Ulysse et ses hommes, et il ne semble y avoir aucune motivation réelle
pour ses actions autre qu'une certaine malice inhérente envers l'humanité. Le personnage de Médée
peut être vu comme encore plus profondément malveillant. Décrite dans de nombreuses pièces de
la littérature classique, elle a des attributs quelque peu différents, selon laquelle version le mythe
est suivi. On dit souvent qu'elle a tué son propre frère et démembré le corps de celui-ci pour
effectuer un sort pour protéger son amant Jason alors qu'il s'enfuyait avec elle de la terre de
Colchide. Plus tard, quand Jason est tombé amoureux d'une autre princesse, Médée lui a donné
une robe qui l'a engloutie dans les flammes quand elle l'a mise. Après cela, pour punir Jason, elle
a tué ses propres enfants et s'est enfuie dans un char tiré par des dragons. Elle était considérée
comme une prêtresse de la terrible déesse Hécate et liée à diverses forces du monde souterrain, et
comme Circé, elle devint un archétype majeur de la sorcellerie dans l'Europe médiévale et au début
de l'Europe moderne » (Bailey, 2007). Les rumeurs, la plupart du temps infondées et la littérature
– orale et écrite – ont conduit à une haine viscérale manifestée envers la sorcellerie, les sorciers et
les sorcières à travers une vague de chasses aux sorcières, de procès et d'exécutions extrajudiciaires
– le plus souvent par immolation – dans toute l'Europe. » Cependant, après le début du 16ème siècle,
les procès pour sorcellerie diminuèrent rapidement, même dans les régions où les épreuves s'étaient
le plus rapidement développées. À Lucerne, Lausanne, Fribourg, Berne et Neuchâtel, par exemple,
où le nombre de jugements avait atteint plus de trente dans la décennie entre 1477 et 1486, et près
de vingt dans la décennie suivante, il n'y eut que dix jugements dans la décennie 1497 - 1506, et
aucun pendant la décennie 1507 - 16. » (Blauert, 1989)

"Le déclin des chasses aux sorcières, comme leurs origines, était progressif. À la fin du XVIe
siècle, de nombreux citoyens prospères et professionnels d'Europe occidentale furent accusés, de
sorte que les dirigeants de la société commencèrent à s'intéresser personnellement à la chasse.
L'usage légal de la torture a décliné au 17ème siècle et au 18ème siècle, et il y a eu un recul général
de l'intensité religieuse suite aux guerres de religion (des années 1560 à 1640). La disparition
progressive, à la fin du 17ème siècle et au début du 18ème siècle, de la vision du monde religieuse,
philosophique et juridique précédente a favorisé l'ascendance d'un scepticisme existant mais
souvent réprimé; l'augmentation de l'alphabétisation, la mobilité et les moyens de communication
ouvrent la voie à l'acceptation sociale de cette évolution des perspectives. Néanmoins, les raisons
du déclin des chasses aux sorcières sont aussi difficiles à discerner que les raisons de leurs origines.
La théorie la mieux appuyée par la preuve est que le pouvoir croissant des tribunaux centralisés
tels que l'Inquisition et le Parlement a agi pour lancer un processus de ‘décriminalisation’ de la
sorcellerie. Ces tribunaux ont considérablement réduit le nombre de procès contre les sorcières en
1600, un demi-siècle avant que la théorie juridique, la législation et la théologie ne commencent à
rejeter la notion de sorcellerie en France et dans d'autres pays. » (Lewis et al., 2018). La clémence
envers les adeptes de la sorcellerie et le révisionnisme en faveur de tout le concept dureront environ
deux siècles au terme desquels la magie prendra de nouvelles significations et sera de plus en plus

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

acceptée par la société. Bien que toujours considérée comme ayant des inconvénients majeurs, la
magie était sur le point d'être redéfinie et a finalement acquis un statut ‘civilisé’ une fois pour
toutes au tournant du 19ème siècle. D'abord Éliphas Lévi avec sa doctrine de haute magie ou magie
transcendantale. Ensuite, Madame Blavatsky avec sa doctrine connue sous le nom de Théosophie,
et Aleister Crowley avec sa doctrine Thelema.

i. Éliphas Lévi (1810 - 1875) et la réalité

Il est le Père de la haute magie. Il était né Alphonse Louis Constant à Paris et était mieux connu
comme un magicien cérémoniel. Mais, il était un politicien socialiste devenu occultiste lorsque la
Deuxième République française a pris fin après le coup d'État
organisé par Napoléon III. Pour comprendre ses croyances et sa
doctrine, il est important de savoir ce que la magie et être un magicien
représentaient pour lui. Il a défini la magie comme « la divinité de
l'homme conquis par la science en union avec la foi; les vrais
magiciens sont des hommes-dieux, en vertu de leur union intime avec
le principe divin. ... pratiquer la magie, c'est être un charlatan;
connaître la magie, c'est être sage. » Pour lui, le magicien a les devoirs
suivants:

• « Il considère les méchants comme des invalides dont il faut avoir


pitié et guérir; le monde, avec ses erreurs et ses vices, est pour lui
l'hôpital de Dieu, et il veut y servir.
• Ils sont sans peurs et sans désirs, dominés par aucun mensonge,
Éliphas Lévi
ne partageant aucune erreur, aimant sans illusion, souffrant sans
impatience, reposant dans la quiétude de la pensée éternelle ... un Magicien ne peut être
ignorant, car la magie implique supériorité, maîtrise, majorité, et la majorité signifie
l'émancipation par la connaissance. Le Magicien accueille le plaisir, accepte la richesse, mérite
l'honneur, mais n'est jamais l'esclave de l'un d'eux; il sait être pauvre, s'abstenir et souffrir; il
supporte volontiers l'oubli, parce qu'il est maître de son propre bonheur, et n'attend ni ne craint
rien du caprice de la fortune. Il peut aimer sans être aimé; il peut créer des trésors impérissables
et s'élever au-dessus du niveau des honneurs ou des prix de la loterie. Il possède ce qu'il
cherche, à savoir une paix profonde. Il ne regrette rien qui doive finir mais se souvient avec
satisfaction qu'il a rencontré le bien en tout. Son espoir est une certitude, car il sait que le bien
est éternel et mauvais transitoire. Il aime la solitude mais ne vole pas la société de l'homme;
c'est un enfant avec des enfants, joyeux avec les jeunes, avec les vieux, patient avec les fous,
heureux avec les sages. Il sourit à tous ceux qui sourient et pleure avec tous ceux qui pleurent;
applaudissant la force, il est encore indulgent à la faiblesse; n'offensant personne, il n'a pas

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besoin de pardonner, car il ne se croit jamais offensé; il a pitié de ceux qui le méprisent et
cherche une occasion de les servir; par la force de la bonté, il se venge des ingrats ...
• Ne pas juger; parler à peine; aimer et agir. »

Selon John Michael Greer, "La foi, pour Lévi, commence là où la raison ne peut aller plus loin.
Cette règle s'applique tout autant au sceptique rationaliste acharné qu'au chrétien dévot; Après tout,
ni l'un ni l'autre ne peut réaliser un inventaire complet et objectif des choses qui existent afin de
déterminer si Dieu est parmi eux, et ainsi les affirmations telles que ‘Dieu existe’ et ‘Dieu n’existe
pas’ relèvent toutes deux de la foi. D'ailleurs, l'affirmation rationaliste selon laquelle les êtres
humains devraient faire des choix sur la base de la raison, plutôt que de tout autre critère, n'est pas
un constat, mais plutôt un jugement de valeur qui repose sur une galaxie de préconceptions
(généralement) non examinées tout aussi résistantes à la preuve objective qu'aux revendications
théologiques du croyant. Puisque chaque affirmation que l'on peut faire à propos des choses que
les êtres humains ne peuvent pas connaître est aussi fondée que la foi, dit Lévi, le cours sensé
consiste à choisir une foi qui ne contredit pas tout ce qui est vrai sur le monde mais est en
conformité avec ces autres capacités humaines - en particulier le sens esthétique et les besoins du
cœur - face auxquels la raison ne fait pas le poids. » (Greer et al., 2017)

« La génération des occultistes qui suivit Lévi le considérait comme son guide et son maître. Et ce
n'était pas seulement en France que son nom était révéré. Kenneth Mackenzie, comme nous l'avons
vu, est venu à Paris pour s'asseoir à ses pieds, MacGregor Mathers l'a appelé un ‘grand cabaliste’,
et Aleister Crowley s'est cru être une réincarnation de Lévi. Tous ces hommes ont été impliqués,
à divers moments, dans l'Ordre hermétique de l'Aube dorée qui a eu une profonde influence sur le
développement de l'occultisme en Occident. Lévi, par conséquent, peut être considéré comme l'une
des figures clés de l'histoire de l'occultisme moderne. ... En tant que penseur radical, Lévi n'a
présenté aucune idée très originale. Mais il était à bien des égards en avance sur son temps et il
différait de beaucoup de ses collègues socialistes en adhérant fermement au catholicisme et en
essayant de fonder sa philosophie politique sur les principes chrétiens. Bien qu'il ne fût pas capable
de construire une théorie politique profonde, il avait la capacité de voir certaines vérités et de les
montrer d'une manière concise. Par exemple, dans Les Portes de l'avenir, il affirme: ‘Liberté,
Égalité, Fraternité! Trois mots qui semblent briller et sont en fait pleins d'ombre! Trois vérités qui,
en se réunissant, forment un triple mensonge! Car ils s'annulent les uns les autres. La liberté
manifeste nécessairement l'inégalité, et l'égalité est un processus de nivellement qui ne permet pas
la liberté, parce que les têtes qui s'élèvent plus haut que les autres doivent toujours être contraintes
à la moyenne. La tentative d'établir ensemble l'égalité et la liberté produit une lutte interminable
... qui rend la fraternité entre les hommes impossible.’ » (McIntosh, 2011)

It's important to note that Lévi was an innovator in the sense that he related the Cabala with the
Taro. « Dans son livre Doctrine et rituel de la haute magie, il relie les vingt-deux atouts avec les
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vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu et les quatre costumes avec les quatre lettres du tétragramme
ou nom de Dieu et les dix cartes numérotées de chaque costume avec les dix Séphiroth. "Il a
également remanié la magie traditionnelle en introduisant la notion de ‘lumière astrale’ ou ‘agent
universel’, qu'il a peut-être emprunté à Mesmer. ‘Il l'a utilisé pour expliquer tous les
fonctionnements magiques et les apparitions. ‘La lumière primordiale, écrivait-il, qui est le
véhicule de toutes les idées, est la mère de toutes les formes. . . Par conséquent, la Lumière astrale,
ou fluide terrestre, que nous appelons le Grand Agent Magnétique, est saturée de toutes sortes
d'images et de réflexions’. » « L'importance de la lumière astrale des enseignements de Lévi est
qu'elle permet une interprétation psychologique de la magie pour expliquer certaines des choses
que la magie est traditionnellement tenue de faire. Selon les traditions du folklore et les manuels
de la magie, une bénédiction ou une malédiction magique peut affecter une personne qui ne sait
pas que les pouvoirs de la magie ont été invoqués pour son aide ou sa damnation. Un récit purement
psychologique qui accepte les notions modernes sur la dépendance absolue de l'esprit vis-à-vis de
la matière et conçoit la pensée comme un simple effet secondaire de certains morceaux de viande
appelés cerveau humain, ne peut expliquer ce genre d'action à distance. L'existence d'un milieu qui
permet aux influences de passer d'un esprit à l'autre résout cette difficulté. Il résout également
plusieurs autres questions cruciales soulevées par toute tentative de prendre au sérieux les
traditions magiques traditionnelles dans le monde moderne. Le pouvoir prédictif de l'astrologie,
par exemple, peut facilement être expliqué par un moyen subtil qui est influencé de façon complexe
par les angles du soleil, de la lune et des planètes qui se font mutuellement par rapport à un
observateur, alors que d'autres formes de divination peuvent être compris comme différents modes
de détection du flux d'influences à travers la lumière astrale. Lévi soutient que chaque pensée,
chaque mot et chaque action façonnent la lumière astrale dans une certaine mesure. Dans la plupart
des conditions, cependant, ces effets sont de courte durée et ont peu d'impact, car ils sont mal
formulés et envoyés dans la lumière astrale avec très peu de mouvement. Plus nous formulons
clairement une intention et plus nous la renforçons avec force et concentration, plus nous aurons
une plus grande influence sur la lumière astrale et plus elle façonnera plus efficacement les pensées
et les actions des autres êtres. . Un aspect essentiel de la formation du magicien consiste donc à
apprendre à utiliser l'imagination et à vouloir définir clairement une intention et à la projeter dans
la lumière astrale avec autant de force que possible. Un autre consiste à apprendre à ne pas être
influencé par les intentions et l'imagination des autres êtres, afin d'avoir la liberté d'agir de façon
indépendante … La Doctrine et rituel de la haute magie est donc aussi un manuel magique, qui
propose un parcours de formation spécifique et entièrement réalisable que peut suivre le magicien
aspirant. Dans ce livre, son but est de forcer ses lecteurs à penser par eux-mêmes, à dépasser les
significations évidentes à la surface de ses mots pour saisir un message qui n'est pas destiné à
l'ignare. » (Greer, 2017)

Que penser de l'héritage de Lévi en occultisme? « Alors que la plupart des gens considéraient la
magie comme un moyen de manipuler les forces de la nature et comme une superstition

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

dangereuse, Lévi l'a présentée comme un moyen d'attirer la volonté par certains canaux et de
transformer le magicien en un être humain pleinement réalisé. Cela a toujours été le but réel de la
théurgie par opposition aux formes de magie les plus grossières, et Lévi n'était pas le premier à
l'exprimer par écrit, mais il fut le premier à le populariser à grande échelle. Contrairement à Héléna
Blavatsky et Aleister Crowley (voir ci-dessous) dont les personnalités ont été largement critiquées,
Lévi était un homme de bonne moralité. » Hormis son traitement plutôt minable de sa maîtresse
Eugénie, la mère du fils qu'il n'a jamais vue, sa vie accusait peu d'ignominies. Tous les témoignages
indiquent qu'il a été un homme de courage, d'honnêteté rempli de chaleur et de compassion. Ce
sont ces qualités, autant que son enseignement, qui ont poussé ses adeptes à l'aduler. »

ii. Héléna Blavatsky (1831 – 1891) et la réalité

Elle était née Yelena Petrovna von Hahn à Yekaterinoslav, Empire russe (maintenant l'Ukraine) et
était connue sous le nom de Madame Blavatsky – même si elle préférait
qu'on l'appelât HPB. En 1875, elle cofonde à New York avec Olcott et
William Quan Judge la Société Théosophique qui promouvait la
Théosophie, une religion ésotérique, c'est-à-dire une religion non ouverte
au public (contrairement à Thelema d'Aleister Crowley, voir ci-dessous).
La théosophie elle-même vient du grec Théos = Dieu, et Sophia = sagesse.
Ainsi, la Théosophie signifie sagesse divine. Elle exposa ses opinions et
ses croyances dans son livre Isis Unveiled (Tout sur ISIS), dans lequel elle
décrit la Théosophie comme « la synthèse de la science, de la religion et de
la philosophie ». Cinq ans plus tard, en 1880, elle et Olcott s'installent en
Inde et se convertissent au bouddhisme, mais conservent la théosophie. Ses Madame Blavatsky
efforts pour la promouvoir ont fait face à l'opposition britannique. En 1885, vers 1877
elle retourne en Europe et s'installe à Londres où elle publie de nombreux
livres, parmi lesquels La doctrine secrète. Les vues de Blavatsky ont été influencées par les
courants ésotériques occidentaux comme l'Ariosophie, l'Anthroposophie et le Mouvement New
Age (Le mouvement Nouvel-Âge). Au sommet de sa carrière, elle a été accusée d'être un charlatan,
un psychique et une fraudeuse qui exploitait la naïveté du public.

Commentant les points de vue et les croyances de Blavatsky, l'historien Goodrick-Clarke a déclaré:
« Le thème sous-jacent de ces divers sujets [dans Isis Unveiled] est l'existence d'une ancienne
religion de sagesse, un guide occulte sans âge du cosmos, de la nature et de la vie humaine. On dit
que les nombreuses croyances de l'homme dérivent d'une religion universelle connue à la fois de
Platon et des anciens sages hindous. La religion axée sur la sagesse est également associée à la
philosophie hermétique comme ‘la seule clé possible de l'Absolu dans la science et la théologie’
(I, vii). Chaque religion est fondée sur la même vérité ou ‘doctrine secrète’, qui contient ‘l'alpha

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et l'oméga de la science universelle’ (I, 511). Cette antique religion de sagesse deviendra la religion
du futur (I, 613). [...] Tournant autour de l'idée de Blavatsky selon laquelle toutes les religions du
monde provenaient d'une seule ‘sagesse ancienne’, à laquelle elle rattachait l'ésotérisme occidental
de l'ancien hermétisme et du néoplatonisme. ... la théosophie a diffusé un édifice philosophique
élaboré impliquant une cosmogonie, le macrocosme de l'univers, des hiérarchies spirituelles et des
êtres intermédiaires, ces derniers ayant des correspondances avec une conception hiérarchique du
microcosme de l'homme. » (Goodrick-Clarke, 2004)

Peter Washington a identifié trois objectifs principaux visés par la doctrine de Blavatsky:

1. « Former un noyau de la fraternité universelle de l'humanité, sans distinction de race, de


croyance, de sexe, de caste ou de couleur.
2. Encourager l'étude de la religion comparée, de la philosophie et de la science.
3. Investiguer les lois inexpliquées de la nature et les pouvoirs latents chez l'homme.

Il croyait que ces trois préceptes visaient à ‘découvrir les pouvoirs latents chez l'homme par l'étude
occulte de la science, de la philosophie et de la religion’ qui sera la voie privilégiée de l'harmonie
sociale et de l'égalité qui préfigurera – et deviendra peut-être - harmonie divine. » (Washington,
1993)

La doctrine de Blavatsky était éclectique. Comme le dit Goodrick-Clarke: « Les écrits de Blavatsky
ont colligé les sources provenant du néoplatonisme, de la magie de la Renaissance, de la Kabbale
et de la franc-maçonnerie, avec la mythologie et la religion égyptiennes et gréco-romaines, et des
doctrines orientales tirées du bouddhisme et de l'Advaita Vedanta pour présenter l’idée d'une
ancienne sagesse transmise depuis la préhistoire. »

Ses vues sur les origines de la vie ressemblaient plutôt à un conte de fées. Elle a divisé les races
en races racinaires, chacune provenant de différentes parties de la planète et de l'Atlantide.
Certaines incohérences peuvent également être notées. Par exemple, au début, elle ne croyait pas
à la réincarnation, mais a changé son point de vue après son voyage en Inde. Elle est passée à
l'histoire pour ce qu'elle était: une occultiste populaire parce que l'ésotérisme était populaire au
cours de sa vie. Son impact sur ses contemporains et sur la postérité est très discutable.
L'authenticité de ses écrits a été mise en doute. « Pour notre part, nous ne regardons [Blavatsky]
ni comme le porte-parole des voyants cachés, ni comme une simple aventurière vulgaire; nous
pensons qu'elle a obtenu un titre permanent comme étant l'une des impostrices les plus accomplies,
les plus ingénieuses et les plus intéressantes de l'histoire. » (Campbell, 1980)

Cependant, Blavatsky a eu une certaine influence et sa doctrine a été positivement reçue par
certains. La franc-maçonnerie – voir ci-dessus – s’est inspirée de la doctrine de Blavatsky, la

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théosophie. « En dépit de son caractère moderne de ‘club des vieux garçons’, la franc-maçonnerie
a débuté comme une expression de la fraternité universelle et de l'égalitarisme, deux idéaux qui
étaient à la base de la théosophie. La vérité était là, et Héléna Pétrovna était déterminée à la trouver.
Elle était en effet ‘à la recherche de l'inconnu’, et maintenant, ayant parcouru tous les livres de la
bibliothèque de son arrière-grand-père, elle avait une idée de l'endroit où la chercher.’ » (Lachman,
2012) « [Blavatsky a été] l'une des plus ésotériques, controversées et prolifiques des ésotéristes
modernes. ... Il est plus qu'évident que, quoi que l'on pense des aspects les plus flamboyants de
cette femme remarquable et aux multiples facettes, elle possédait un intellect vif et une vaste vision
de ce que l'occultisme pouvait être dans le monde moderne. » (Ellwood, 2005) Contrairement à la
franc-maçonnerie, « La Théosophie de Blavatsky était capable de séduire les femmes en
minimisant l'importance du genre et en leur permettant de prendre un leadership spirituel égal à
celui des hommes, leur permettant ainsi un rôle plus important que celui permis dans le
christianisme traditionnel. » (Bednarowski, 1980), « La Théosophie de Blavatsky a été citée
comme une influence sur le mouvement New Age, un courant ésotérique qui a émergé dans les
pays occidentaux au cours des années 1970. » (Bevir, 1994) Selon l'encyclopédie New Age, «
Aucune organisation ou mouvement n'a contribué autant de composantes au mouvement New Age
que la Société Théosophique. ... Elle a été la force majeure dans la diffusion de la littérature occulte
en Occident au 20ème siècle. » Finalement, l’énoncé de mission de la Société théosophique
cofondée par Blavatsky pourrait servir d’exemple à plusieurs organisations des sociétés modernes:

1. Former le noyau d'une fraternité universelle de l'humanité, sans distinction de race, de


croyance, de sexe, de caste ou de couleur.
2. Étudier les religions, philosophies et sciences anciennes et modernes, et la démonstration
de l'importance de cette étude.
3. Investiguer les lois inexpliquées de la nature et des pouvoirs psychiques latents chez
l'homme.

iii. Aleister Crowley (1875 – 1947) et la réalité

Aleister Crowley était né Edward Alexander Crowley à Hastings, East Sussex, Angleterre,
Royaume-Uni. Il était notoire, surtout parce qu'il était un consommateur de drogues récréatives,
un bisexuel et un critique social individualiste. On le surnomma “l’homme le plus cruel du monde”
et il était un sataniste. Il était aussi un adepte de la magie sexuelle. Si tout s'arrêtait là, les
générations présentes n'entendraient probablement pas parler de lui. Son impact sur la réalité est
plus profond. Nous devons regarder au-delà de l'homme et de son orientation sexuelle. Quelle était
l'essence de l'opinion de Crowley? Il a créé un système de croyance, Thelema, que les érudits
décrivent comme une religion. Pour certains, il ressemblait plus à un nouveau mouvement

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religieux et à une doctrine magico-religieuse en même temps. Son but était d'introduire la sagesse
orientale en Europe et de restaurer le paganisme sous une forme plus pure.

Crowley n'était pas clair sur ce qu'il voulait dire par le paganisme. En outre, il avait plusieurs
définitions de la magie. Dans son livre La magie théorique et la magie pratique, Crowley définit
la magie comme “ la science et l'art de provoquer un changement conforme à la volonté ”. Il a
également dit à son disciple Karl Germer que « La magie communique avec des individus qui
existent à un niveau supérieur au nôtre. Le mysticisme est l'élévation
de soi à leur niveau. » (Churton, 2011). « Crowley a incorporé les
concepts et la terminologie des traditions religieuses sud-asiatiques
comme le yoga et le tantra dans son système thélémique, croyant qu'il
y avait une ressemblance fondamentale sous-jacente entre les
systèmes spirituels occidentaux et orientaux. » (Djurdjevic, 2014).
Crowley a cru que le vingtième siècle avait marqué l'entrée de
l'humanité dans l’éternité d'Horus, une nouvelle ère dans laquelle les
humains prendraient le contrôle croissant de leur destin. Il croyait que
cette ère succède à celle d'Osiris, où les religions paternalistes comme
le Christianisme, l'Islam et le Bouddhisme dominaient le monde, et
que celle-là avait suivi l’ère d'Isis, qui avait été maternelle et dominée Crowley en tenue de cérémonie,
en 1912
par le culte de la déesse. (Drury, 2012). La magie, pour Crowley, est
une troisième voie entre la religion et la science, donnant à L’équinoxe le sous-titre de “La méthode
de la science; le but de la religion.” (Asprem, 2008)

Colin D. Campbell décrit la philosophie de Crowley, Thelema, en ces termes: “Thelema signifie
‘libre arbitre’ en grec, épelé Qelhma, et les adeptes de la philosophie sont généralement connus
sous le nom de Thélémites. Se basant sur l’acceptation et la compréhension de Book of The Law
(Le livre de la loi), Crowley dissocie Thelema de nombreux mouvements religieux en ce qu'il est
très individualiste et se concentre sur chaque individu faisant ce qui lui plaît. Il n'y a pas de morale
universelle à laquelle chaque adhérent doit rendre compte, sauf pour cette injonction dont
l'exercice et la pratique sont laissés à chaque individu. ... Peut-être le principe le plus connu (et
tout aussi incompris) de Thelema est-il tenu dans sa maxime principale: Faire ce qui te plaît est
l’essence de la loi. C'est sans doute l'expression la plus puissante de l'idée centrale de Thelema, et
sans contexte semble préconiser l'abandon de tout comportement de principe entièrement!
Toutefois, ce qui te plaît est tout à fait différent de faire ce que tu veux, et est considérablement
plus difficile. Après tout, l'acquiescement hédoniste à chaque caprice éphémère est probablement
une distraction de ce que vous pensez que vous devriez faire avec votre vie. Bien que
momentanément satisfaisant, rester fidèle à votre volonté exige beaucoup plus de discipline que la
plupart des gens pensent. Ce que tu veux faire est réellement ta vocation, découverte au fil du

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

temps comme le cours naturel d'une vie introspective vous oriente vers une compréhension de qui
vous êtes.” (Campbell, 2018)

En ce qui concerne l'influence de Crowley, Marco Pasi a déclaré que “Crowley est resté une figure
influente, à la fois parmi les occultistes et dans la culture populaire, en particulier celle de la
Grande-Bretagne, mais aussi d'autres parties du monde. En 2002, un sondage de la BBC plaçait
Crowley soixante-treize sur une liste des 100 plus grands Britanniques. ... Il est aujourd'hui
considéré comme une source d'inspiration par de nombreuses personnes à la recherche de
l'illumination spirituelle et / ou des instructions dans la pratique magique. Ainsi, alors que pendant
sa vie ses livres se vendaient à peine, et ses disciples n'étaient jamais très nombreux, de nos jours
tous ses travaux importants sont constamment imprimés, et les gens se définissant comme
‘thélémites’ (c’est-à-dire les adeptes de la nouvelle religion de Crowley) sont au nombre de
plusieurs milliers à travers le monde. De plus, l'influence de Crowley sur les nouveaux
mouvements religieux tournés vers la magie a parfois été très profonde et omniprésente. Il serait
difficile de comprendre, par exemple, certains aspects du néopaganisme anglo-saxon et du
satanisme contemporain sans une solide connaissance des doctrines et des idées de Crowley. Dans
d'autres domaines, tels que la poésie, l'alpinisme et la peinture, il peut avoir été une figure de peu
d'importance, mais il est juste d'admettre que, dans le contexte limité de l'occultisme, il a joué et
joue toujours un rôle majeur.” Le système de croyance de Crowley, Thelema, lui a survécu.
Crowley a également influencé plusieurs traditions ésotériques occidentales autres que Thelema,
Djurdjevic observant que “ l'influence de Crowley sur l'ésotérisme du vingtième siècle et de l'ère
contemporaine a été énorme.” Gerald Gardner, fondateur de Gardnerian Wicca, a utilisé une
grande partie du matériel publié par Crowley pour composer la liturgie rituelle Gardnerian (Hutton,
1999) et la sorcière australienne Rosaleen Norton a également été fortement influencée par les
idées de Crowley. (Richmond, 2012). Crowley a également eu une influence plus large dans la
culture populaire britannique. Il a été inclus comme l'une des figures sur la couverture de l'album
des Beatles Sgt. Le groupe Lonely Hearts Club de Pepper (1967), ... et sa devise ‘Fais ce qui te
plaît’ a été inscrite sur le vinyle de l'album Led Zeppelin III de Led Zeppelin (1970). ... David
Bowie fait référence à Crowley dans les paroles de sa chanson ‘Quicksand’ (1971), (Bogdan et al.,
2012) alors qu'Ozzy Osbourne et son parolier Bob Daisley ont écrit une chanson intitulée ‘Mr.
Crowley’ (1980). (Mooreman, 2003). Crowley a commencé à recevoir une attention académique
des universitaires à la fin des années 1990. (Hutton, 1999). Crowley lui-même a prédit sa propre
influence quand il avait écrit: « D'ici 1.000 ans, le monde sera encore fasciné par la doctrine de
Crowley. »

J’aimerais réitérer le fait qu’Aleister Crowley n'a pas changé la réalité grâce à l'utilisation de sorts
et d'invocations. Bien que, selon sa définition de la magie (voir ci-dessus), il croyait que cette
dernière pouvait en fait altérer la réalité. Mais son point de vue a changé la façon dont les gens

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.4 : qu’est-ce que la superstition?

voient la magie. Oui, l'occultiste éduqué à Cambridge et inventeur de la religion de Thelema a


influencé la réalité de la même manière que les psychologues behavioristes ont changé les choses
après la seconde guerre mondiale. “Crowley n'est pas seulement une figure fascinante qui mérite
l'attention des spécialistes de la religion, mais il est également d'une grande importance pour la
compréhension de la spiritualité occidentale moderne et de la culture dans son ensemble. Cette
importance est au moins triple. D'abord, avec son rejet radical de la morale victorienne et son
accent central sur le sexe comme pouvoir magique suprême, Crowley est un reflet remarquable de
son époque et des attitudes sexuelles de l'Angleterre tardive et post-victorienne. Deuxièmement,
avec son étude de l'hindouisme et du bouddhisme, il était aussi une figure clé dans la transmission
des traditions religieuses indiennes à l'Occident, y compris les traditions controversées du tantra
indien. Enfin, en partie à cause de cette équation du Tantra et de la magie sexuelle, Crowley a
également été l'une des figures les plus influentes de la renaissance de la magie et d'une variété de
religions alternatives à l'aube du nouveau millénaire.” (Urban, 2003)

Question No. 5: Qu’est-ce que l’espace et sommes-nous seuls dans l’univers?

Pourquoi devrions-nous nous préoccuper de l'espace? À quels types de dynamique l'espace est-il
soumis? Avant de donner une réponse précise, d'abord, ces deux questions devraient être
combinées en une: pourquoi l'astronomie est-elle importante? La réponse rapide est: parce que la
disparition de notre planète et de notre espèce est susceptible de venir de l'espace comme
l'extinction des dinosaures est venue de l'espace. En fait, en eschatologie ou l'étude du destin ultime
de l'humanité, outre les facteurs terrestres tels que les tremblements de terre ou les éruptions
volcaniques et les facteurs anthropogéniques tels que la guerre nucléaire mondiale et les
pandémies, des facteurs extraterrestres comme les astéroïdes et la mort d'une étoile dans notre
galaxie, qui pourrait émettre des rayons gamma susceptibles de détruire la couche d'ozone de la
Terre sont tout aussi importants. Mais en même temps, l'astronomie nous permet de mieux
comprendre notre planète, notre système solaire et d'autres galaxies. Par conséquent, avant de
parler d'espace, il est important de définir l'astronomie. C'est la branche de la science qui traite des
objets célestes, de l'espace lui-même et de l'univers physique dans son ensemble.
Étymologiquement, astronomie vient du grec ‘astronomia’, significant littéralement configuration
des étoiles, de ‘astron’ = étoile, et ‘nomos’ = arranger, réguler. Parce que chaque objet céleste
occupe un espace dans l'espace – et sur Terre d'ailleurs – l'astronomie est plutôt un terme générique
qui couvre tout ce qui se passe dans l'espace. Les spécialistes en astronomie s'appellent astronomes,
et ils n'ont peut-être jamais quitté la Terre pour être dignes de ce titre. Cependant, les personnes
qui effectuent des études et des expériences ou voyagent dans l'espace s'appellent astronautes ou
cosmonautes. La seule différence entre un astronaute et un cosmonaute est qu'un cosmonaute est
un astronaute russe.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.5 : qu’est-ce que l’espace et sommes-nous seuls dans l’univers?

a. Qu’est-ce que l’espace?

Sur Terre, l'espace se définit comme une zone tridimensionnelle dans laquelle tout objet ou
événement a une position et une direction relatives, ce qui signifie qu'ils occupent un endroit
spécifique dans cette zone qu'aucun autre objet ne peut occuper en même temps et ils peuvent se
déplacer soit vers le bas ou vers le haut, vers l'avant ou vers l'arrière, vers la gauche ou vers la
droite. Mais, je ne suis pas concerné par ce genre d'espace pour l'instant. J'y reviendrai dans de
futures publications. Pour l'instant, l'espace dont je voudrais parler est l'espace qui est « une zone
qui se trouve à environ 100 kilomètres (60 miles) au-dessus de la planète, où il n'y a pas d'air
appréciable pour respirer ou pour disperser la lumière. Dans cette zone, le bleu cède la place au
noir car les molécules d'oxygène ne sont pas assez abondantes pour rendre le ciel bleu ... En outre,
l'espace est vide, ce qui signifie que le son ne peut pas être transporté. Cela ne veut pas dire que
l'espace soit vide, cependant. Le gaz, la poussière et d'autres morceaux de matière flottent autour
des zones ‘vides’ de l'univers, alors que les régions plus peuplées peuvent accueillir des planètes,
des étoiles et des galaxies ... Personne ne sait exactement à quel point l'espace est grand. La
difficulté provient de ce que nous pouvons voir dans nos détecteurs. Nous mesurons de longues
distances dans l'espace en années-lumière, ce qui représente la distance parcourue par la lumière
en une année (environ 5,8 billions de miles, ou 9,3 milliards de kilomètres ... De la lumière visible
dans nos télescopes, nous avons cartographié des galaxies atteignant presque aussi loin que le Big
Bang, dont on pense qu'il a commencé notre univers il y a 13,7 milliards d'années, ce qui signifie
que nous pouvons ‘voir’ dans l'espace à près de 13,7 milliards d'années-lumière, mais les
astronomes ne sont pas sûrs que notre univers soit le seul univers qui existe, ce qui signifie que
l'espace pourrait être beaucoup plus grand qu'il ne nous semble.) » (Howell, 2017). Je voudrais
noter que l'espace entre la Terre et la Lune est appelé espace cislunaire, tandis que l'espace
translunaire est l'espace situé au-delà de la Lune.

Aujourd'hui, tout diplômé du secondaire devrait avoir une idée des planètes, des galaxies et de
l'espace. Mais ce n'était pas toujours le cas, surtout à l'époque où les anciennes civilisations se
réveillaient tous les jours pour voir le soleil se lever et se coucher et voir la lune et les étoiles
éclairer le ciel nocturne sans savoir pourquoi. Parce que les humains ont toujours été fascinés par
l'inconnu, certaines de ces civilisations ont jugé pertinent d'adorer le soleil, d'autres la lune.
Aujourd'hui, nous savons avec certitude que la planète Terre n'est pas le centre de notre univers,
et encore moins notre Soleil parce que le modèle ptolémaïque (géocentrisme: la Terre comme
centre de l'univers) et le modèle copernicien (héliocentrisme: le Soleil comme centre de l'univers)
ont été prouvés faux par Edwin Hubble qui a démontré que de nombreuses nébuleuses en forme
de spirale, comme Andromède, que les scientifiques pensaient être juste des nuages de gaz qui
brillent, étaient, en fait, de vraies galaxies et étaient, par conséquent situées hors de notre galaxie.

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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.5 : qu’est-ce que l’espace et sommes-nous seuls dans l’univers?

Nous voici avec un nouveau paradigme. Avant d'aller plus loin, je voudrais dire quelques mots sur
le Soleil puisque tout a commencé avec lui.

i. Le soleil et notre galaxie, la Voie lactée

Lorsque nous considérons le Soleil par rapport à la réalité, il est important de noter que chaque
fois que nous regardons le Soleil, ce que nous voyons n'est pas la réalité, c'est 'apparence du Soleil
d'il y a 8,5 minutes, le temps que met la lumière émise par le soleil pour atteindre notre planète.
Le Soleil est le plus grand objet céleste de notre système solaire. Il mesure 1.392.082,56 kilomètres
(865.000 miles) de diamètre – 109 fois celui de la Terre, et sa masse est environ 330.000 fois celle
de la Terre - et représente 99% de notre système solaire. Les planètes constituent le 1% restant. Le
soleil n’est ‘qu’une étoile20 et il y a environ 100 milliards d'étoiles ou de soleils dans la Voie lactée,
notre galaxie, qui elle-même n'est que l'une des quelque trois trillions de galaxies dans l'univers
connu. Cela vous donne une idée de la réalité incommensurable. À quelle distance le Soleil se
situe-t-il de la Terre? 149.604.618,24 kilomètres (92,960,000 milles). Quelle est la température du
Soleil? Sur sa surface, le soleil a une température de 5.555.537,8 degrés Celsius (10 millions de
degrés Fahrenheit). Au fond, il fait 14.999.982,2 degrés Celsius (27 millions de degrés Fahrenheit).
La fusion nucléaire produit d'énormes quantités d'énergie. Au fur et à mesure que le Soleil vieillira,
il s'agrandira et sera un géant rouge (qui aura épuisé tout son hydrogène en son centre) qui
dépassera son orbite pour avaler toutes les planètes, y compris la Terre. D'ici-là, il est probable que
nous n'existions plus en tant qu'espèce. Donc, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Dans notre galaxie, la
Voie Lactée, le Soleil ou étoile le plus proche de notre propre Soleil est Alpha Centaure, composé
de trois étoiles: la paire Alpha Centaure A et Alpha Centaure B et une petite naine rouge faible,
Proxima Centaure, qui peut être gravitationnellement liée aux deux autres. UY Scuti est la plus
grosse étoile de notre galaxie. La galaxie la plus proche de la Voie Lactée est Andromède. Quelle
est la taille de la voie lactée? La Voie Lactée est une galaxie spirale barrée mesurant entre 100.000
à 120.000 années-lumière21 de diamètre qui contient entre 100 et 400 milliards d’étoiles. Elle peut
contenir au moins autant de planètes. Les astrophysiciens ont prédit que la voie lactée et
Andromède vont entrer en collision dans environ 5 milliards d'années pour enfin se fusionner après
plusieurs milliards d'années, formant, au bout du processus, une nouvelle galaxie elliptique. Une
galaxie elliptique est de forme approximativement ellipsoïdale, tandis qu'une galaxie circulaire est
plus tridimensionnelle avec des étoiles qui orbitent de manière aléatoire au centre. Les galaxies ne
sont pas les seules à entrer en collision. Cela arrive aussi aux étoiles et aux soleils. Lorsque deux
ou plusieurs étoiles entrent en collision, elles produisent de superbes explosions appelées

20
Un groupe d'étoiles visibles dans une région spécifique du ciel nocturne s'appelle une constellation.
21
L'année-lumière est la distance parcourue par la lumière en une année, à une vitesse de 299.337,984 kilomètres
(186.000 milles) par seconde.
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Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.5 : qu’est-ce que l’espace et sommes-nous seuls dans l’univers?

supernovæ, qui sont 10.000 à 100.000 fois plus brillantes que le soleil. Notre système solaire a 4,6
milliards d'années. Notre univers, qui comprend toute la matière et l'espace existants, a 13 milliards
d'années et a au moins 10 milliards d'années-lumière de diamètre et contient un grand nombre de
galaxies. Les autres noms donnés à l'univers incluent: le cosmos, le macrocosme ou la totalité.

La dynamique spatiale ou interstellaire ne doit pas être prise à la légère. D'abord, il y a quelque
chose qui s'appelle trou noir. Selon la NASA, “Un trou noir est un endroit dans l'espace où la
gravité tire tellement que même la lumière ne peut pas en sortir. La gravité est si forte que la
matière a été pressée dans un espace minuscule. Cela peut arriver quand une étoile est en train de
mourir. Parce qu'aucune lumière ne peut sortir, les gens ne peuvent pas voir les trous noirs. Ils sont
invisibles. Les télescopes spatiaux dotés d'outils spéciaux peuvent aider à trouver des trous noirs.
Les instruments spéciaux peuvent voir comment les étoiles qui sont très proches des trous noirs
agissent différemment des autres étoiles ... Les trous noirs peuvent être grands ou petits. Les
scientifiques pensent que les plus petits trous noirs sont aussi petits qu'un seul atome. Ces trous
noirs sont très minuscules mais ont la masse d'une grande montagne. La masse est la quantité de
matière, ou ‘substance’, dans un objet. Un autre type de trou noir est appelé ‘stellaire’. Sa masse
peut être jusqu'à 20 fois plus que la masse du soleil. Il peut y avoir un grand nombre de trous noirs
de masse stellaire dans la galaxie terrestre. La galaxie terrestre s'appelle la Voie Lactée. Les plus
grands trous noirs s'appellent ‘supermassifs’. Ces trous noirs ont des masses de plus d'un million
de soleils. Les scientifiques ont trouvé la preuve que chaque grande galaxie contient un trou noir
supermassif en son centre. Le trou noir supermassif au centre de la Voie Lactée s'appelle Sagittaire
A. Il a une masse égale à environ 4 millions de soleils et pourrait entrer dans une très grosse boule
pouvant contenir quelques millions de Terres. Les scientifiques pensent que les plus petits trous
noirs se sont formés quand l'univers a commencé ... Les trous noirs stellaires sont faits quand le
centre d'une très grande étoile tombe sur elle-même, ou s'effondre. Quand cela arrive, cela
provoque une supernova ... Les scientifiques pensent que les trous noirs supermassifs ont été faits
en même temps que la galaxie dans laquelle ils se trouvent.”

Les objets célestes ne sont pas limités aux planètes et au soleil. Par exemple, entre les orbites des
planètes Mars et Jupiter, il y a une région appelée la ceinture d'astéroïdes, qui est peuplée de corps
appelés astéroïdes et dont les formes sont irrégulières. Ces astéroïdes sont également appelés
planètes mineures. Après avoir pénétré et survécu à l'atmosphère de la Terre, un astéroïde s'appelle
une météorite. Les astéroïdes peuvent être situés près de notre planète ou non. Quand ils le sont,
ils s'appellent objets géocroiseurs (Near-Earth Object: NEO en anglais). 433 Éros est un astéroïde
proche de la Terre de type S, d'une taille d'environ 34,4 × 11,2 × 11,2 kilomètres, le deuxième plus
grand astéroïde près de la Terre après 1036 Ganymède. Les comètes sont un autre exemple de
corps célestes. Les comètes sont composées principalement de glace et de roche. Les comètes
suivent une trajectoire régulière. À mesure qu'une comète s'approche du Soleil, une partie de la
glace qu'elle contient dans son noyau ou son centre se transforme en gaz qui sort du côté éclairé

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.5 : qu’est-ce que l’espace et sommes-nous seuls dans l’univers?

par le Soleil. Ensuite, le vent solaire pousse le gaz vers l'extérieur, ce qui lui donne sa forme de
queue. Quand un corps céleste tourne autour d'un autre grand corps céleste, nous l'appelons un
satellite. Par exemple, la Terre est un satellite du Soleil. La Lune est un satellite de la Terre. La
planète Jupiter compte plus de 60 satellites ou lunes, dont les quatre plus grands sont: Io, Europa,
Ganymède et Calisto. La branche de l'astronomie qui traite de la nature et de l'origine des
caractéristiques physiques de la lune de la Terre s'appelle la sélénologie. Les satellites que nous
envoyons dans l'espace pour un but sont appelés satellites artificiels. Ils peuvent être de plusieurs
types: satellites de recherche scientifique, satellites météorologiques, satellites de communication,
satellites de navigation, satellites d'observation de la Terre, satellites militaires, etc.

Pour observer ce qui se passe dans l'espace, l'outil le plus populaire est, à ce jour, le télescope,
instrument optique utilisé pour observer des objets célestes lointains. L'observation est rendue
possible par la collection de rayonnement électromagnétique. Un exemple d'un tel rayonnement
est la lumière visible. Vous ne le saviez probablement pas, mais un télescope est une machine à
remonter le temps. Comme je l'ai expliqué précédemment dans le cas de la lumière émise par le
Soleil, si nous observons un objet céleste (galaxie, étoile, planète, etc.) situé à 10.000 mille années-
lumière de la Terre, cela signifie que la lumière provenant de cet objet met 10.000 années-lumière
pour atteindre la Terre. Par conséquent, l'âge de la lumière observée par le télescope est combien
de temps il a fallu à celui-là pour atteindre la Terre. C'est alors la distance que nous avons parcouru
dans le temps. Les télescopes peuvent être terrestres ou extraterrestres. Les télescopes spatiaux ont
l'avantage d'échapper à l'atmosphère et aux interférences de la Terre et, par conséquent, de fournir
de bien meilleures images. Actuellement, le télescope spatial Hubble est le télescope le plus
avancé. Il a été lancé en 1990. Mais, son successeur, le télescope spatial James Webb (JWST en
anglais), dont le lancement est prévu pour 2019, sera de loin le télescope spatial le plus avancé.
“Le télescope spatial James Webb (parfois appelé JWST ou Webb) sera un grand télescope
infrarouge doté d'un miroir primaire de 6,5 mètres. Le télescope sera lancé sur une fusée Ariane 5
à partir de la Guyane française au printemps 2019. Webb sera le premier observatoire de la
prochaine décennie, servant des milliers d'astronomes dans le monde entier. Il étudiera toutes les
phases de l'histoire de notre Univers, allant des premières lueurs lumineuses après le Big Bang à
la formation de systèmes solaires capables de supporter la vie sur des planètes comme la Terre, à
l'évolution de notre propre Système Solaire. Webb était auparavant connu sous le nom de ‘Next
Generation Space Telescope’ (NGST) (Prochaine génération de télescope spatial); il a été
renommé en septembre 2002 après un ancien administrateur de la NASA, James Webb.”

Grâce aux télescopes spatiaux, les scientifiques se sont améliorés en mesurant les distances entre
les objets célestes. Les télescopes, en tant qu'instruments de mesure, sont très différents des
instruments classiques tels que l'astrolabe ou le sextant. La parallaxe est une technique beaucoup
plus moderne (pas un instrument). Pour démontrer la parallaxe, il suffit de lever un doigt.

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Regardez-le d'abord d'un œil, puis de l'autre. Remarquez comment le doigt semble changer de
position par rapport à des objets plus éloignés quand on le voit avec un œil puis avec l'autre.
Explication: lorsque vous regardez avec deux yeux, chaque œil utilise des objets proches dans une
direction légèrement différente. Votre esprit résout les problèmes de parallaxe lorsque vous
regardez des objets proches, et vous dites à quelle distance ils sont. Une personne aveugle n'a pas
de vision de parallaxe et peut avoir des difficultés à juger la distance des objets proches. Des
instruments comme le sextant et l'astrolabe utilisent la parallaxe. “Les astronomes estiment la
distance des objets proches dans l'espace en utilisant une méthode appelée parallaxe stellaire ou
parallaxe trigonométrique. Tout simplement, ils mesurent le mouvement apparent d'une étoile sur
le fond d'étoiles plus éloignées à mesure que la Terre tourne autour du soleil ... La parallaxe est ‘la
meilleure façon d'obtenir la distance en astronomie’, a déclaré Mark Reid, astronome au Harvard
Smithsonian Astrophysique. Il a décrit la parallaxe comme ‘l'étalon-or’ pour mesurer les distances
stellaires parce qu'elle n'implique pas la physique; Au contraire, il repose uniquement sur la
géométrie. La méthode est basée sur la mesure de deux angles et le côté inclus d'un triangle formé
par l'étoile, la Terre d'un côté de son orbite et la Terre six mois plus tard de l'autre côté de son
orbite, selon Edward L. Wright, professeur à UCLA ... Si nous ne connaissons pas la distance à un
objet, il n'est pas possible de mesurer un changement latéral apparent dans sa position par rapport
au fond en unités de longueur. Cependant, nous pouvons le mesurer en unités angulaires, c'est-à-
dire la portion d'un cercle complet que l'objet semble déplacer sur le fond ... Une fois déterminé le
déplacement angulaire apparent de l'objet provoqué par un angle différent, ou sa parallaxe, nous
devons mesurer la distance entre les points d'observation, ou la ligne de base. Nous prenons ensuite
la mesure de la ligne de base et la divisons par la tangente de l'angle de parallaxe pour obtenir la
distance à l'objet.” (Lucas, 2015).

J'ai déjà dit que l'espace, la planète Terre et les autres planètes de notre système solaire, y compris
les lunes (la lune de la Terre, les lunes de Jupiter, etc.) sont devenues une connaissance commune.
Alors que les scientifiques et les astrophysiciens sont intrigués par notre univers et sont désireux
de l'explorer de plus en plus loin, comment la Terre a été formée est toujours un sujet brûlant. La
Terre est spéciale parce que c'est là que les humains vivent. Bien que la vie extraterrestre soit une
possibilité, elle n'a pas encore été confirmée et il semble que nous ayons encore beaucoup d'attente
devant nous. En attendant, il est important de savoir d'où nous venons pour savoir où nous allons.
La quête dans la formation de la planète Terre peut fournir un aperçu important de qui d'autre que
nous existe.

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ii. Naissance de la Terre et de la Lune

En ce qui concerne l'étude scientifique de la naissance de notre planète, la théorie la plus populaire
est la théorie du Big Bang selon laquelle, il y a 13,7 milliards d'années, toute la matière de l'univers
était concentrée en un seul point incroyablement petit qui explosa soudainement et a commencé à
grandir de plus en plus, donnant naissance à toutes les planètes, les étoiles, les galaxies et l'univers
chemin faisant. Pour soutenir cette théorie, les scientifiques ont montré que, jusqu'à ce jour, les
effets de cette explosion initiale sont encore vivants parce que l'univers est toujours en expansion,
ce qui signifie que les étoiles et les galaxies s'éloignent encore les unes des autres. Ils soulignent
également le fait que l'explosion initiale ne s'est pas
produite dans un espace vide (ce qui signifie que
l'espace n'existait pas avant le big bang). Au
contraire, c'est le big bang qui a créé l'espace, qui
est composé de matière noire et d'énergie sombre
résultant du big bang lui-même. Ils appellent ce
point initial d'explosion la singularité spatiale.
Cela soulève la question: qu'y avait-il avant le Big
Bang? “La plupart des physiciens, dit-il pour
commencer, s'accordent sur la théorie du big-bang,
Conception d’un artiste du système solaire de la selon laquelle il y a 14 milliards d'années, l'univers
Terre. Crédit: NASA/JPL
observable était ‘environ un milliard de milliards
de fois plus petit qu'un seul atome’ et s’étend
depuis à sa présente taille de quelque chose comme 100 milliards de galaxies. Par la suite, les
théories divergent: Il y a l'école ‘à deux facettes temporelles’, qui voit le Big Bang comme une
sorte de nid-de-poule dans le long chemin du temps, l'avenir s'éloignant de ce moment dans deux
directions opposées. Dans cette théorie, le temps s'est déplacé d'une manière que nous considérions
rétrograde pendant des milliards d'années – avec l'univers se contractant tout le temps – jusqu'à ce
qu'il se réduise à la taille subatomique. Puis le big bang s'est produit, et le temps a commencé à
progresser, et l'univers s'est développé, comme nous le voyons maintenant. L'autre théorie postule
que l'univers s'est matérialisé littéralement à partir de rien. Comme le dit Stephen Hawking, dans
cette théorie, l'univers «ne serait ni créé ni détruit. Il serait juste LÀ. Les physiciens de cette école
signalent un phénomène documenté connu sous le nom de tunnel quantique, dans lequel de très
petites particules apparaissent à différents endroits en même temps. Cela n'arrive qu'aux particules
plus petites qu'un atome. Mais puisque, au moment du big-bang, l'univers entier était subatomique,
l'univers entier aurait pu apparaître soudainement là où il n'avait pas été auparavant.” (Szokan,
2016).

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Ce qui précède est plutôt une description globale de la grande image ou de la naissance de notre
univers. Mais, la naissance de notre planète a suivi son propre chemin après le big bang initial.
Selon la BBC, “On pense que la Terre a été formée il y a environ 4,6 milliards d'années par des
collisions dans le nuage de matériaux en forme de disque géant qui a également formé le Soleil.
La gravité a lentement rassemblé ce gaz et cette poussière en groupes qui sont devenus des
astéroïdes et de petites planètes primitives appelées planétésimaux. Ces objets sont entrés en
collision à plusieurs reprises et se sont graduellement agrandis, construisant les planètes dans le
système solaire, y compris la Terre. Les détails de la formation de la Terre sont encore en cours
d'élaboration. Les scientifiques étudient les météorites et les roches les plus anciennes de la Terre
pour comprendre ce qui s'est passé ces premiers temps dans le système solaire. Ils observent aussi
d'autres systèmes solaires dans notre galaxie, la Voie Lactée.”

En ce qui concerne la formation de la Lune, trois théories doivent être considérées: l'hypothèse de
l'impact géant, la théorie de la co-formation et la théorie de la capture. La théorie de l'impact
géant est celle que les scientifiques préfèrent. Selon cette théorie, la Terre et les autres planètes
ont été formées à partir de la poussière et du gaz restants du Soleil après le Big Bang. A ce stade
précoce, il y avait encore beaucoup de corps célestes de tailles significatives, bien que non
planétaires, qui entraient en collision les uns avec les autres tous les cinq ou dix mille ans, ce qui
constituait une région violente. La Lune a été formée à la suite d'une collision entre l'un de ces
corps célestes, appelé Théia (à peu près la taille de Mars) et la jeune Terre, arrachant un énorme
morceau de notre planète et une partie de son atmosphère. La poussière et le gaz se sont réunis au
fil du temps et ont été attirés par la gravité de la Terre. Le noyau de la Terre n'a pas été touché par
la collision, ce qui explique pourquoi la lune est beaucoup plus légère que la Terre. Selon la NASA,
“Quand la jeune Terre et ce corps solitaire sont entrés en collision, l'énergie impliquée était 100
millions de fois plus grande que l'événement censé avoir anéanti les dinosaures beaucoup plus
tard.”

D’autre part, la théorie de co-formation suggère qu'en général, les planètes et leurs lunes se
forment en même temps et que l'avènement de la Terre et de la Lune est concomitant. Le problème
est que, si c'était le cas, la Lune n'aurait pas été beaucoup moins dense que la Terre et aurait les
mêmes éléments lourds à son noyau. Finalement, selon la théorie de la capture, il se peut que la
Lune ait été formée en dehors de notre système solaire et ait été capturée par la gravité de la Terre
lorsqu'elle passait, comme c'était le cas pour les lunes martiennes de Phobos et Deimos. Cela
expliquerait les différences dans les compositions de la Terre et de la Lune. Tout compte fait,
presque tout dans l'univers, à l'exception de la matière noire, est constitué de poussière d'étoile et
de gaz. Nous, les humains, sommes un microcosme de ce qui existe. Nous sommes aussi des
poussières d'étoiles. Il y a de la vie sur notre planète à cause de sa distance au Soleil, qui crée les
conditions idéales (atmosphère, climat, végétation, eau, etc.) qui soutiennent la vie. Des

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découvertes récentes suggèrent que de telles conditions existent ailleurs dans notre galaxie. Ce
n'est pas surprenant parce que quand nous mettons les choses en perspective et prenons en compte
l'immensité de notre univers, il n'est pas étonnant que, dans les systèmes solaires, les mêmes
conditions existent. Rappelez-vous qu'il y a des milliards de soleils ou d'étoiles dans notre univers.
Chacun de ceux-ci ont aussi des planètes qui les orbitent, tout comme dans notre système solaire.
L'eau existe dans d'autres endroits de l'univers. Là où il y a de l'eau, la probabilité que la vie existe
aussi est élevée. Sur la base de ce truisme, n'est-il pas légitime que les humains se demandent si la
vie existe ailleurs que sur Terre? Notre quête pour savoir si nous sommes seuls dans l'univers n'est-
elle pas logique?

b. Sommes-nous seuls dans l’univers?

À l'heure actuelle, aucune réponse précise ne peut être apportée à cette question. Comme je l'ai
déjà expliqué, les conditions qui rendent la vie possible sur Terre sont présentes à d'autres endroits
de notre univers. Ils sont dans notre propre galaxie, la Voie Lactée, qui a des milliards de soleils
comme le nôtre. Premièrement, quelle est la différence entre une planète jumelle de la Terre et une
planète rocheuse ou terrestre? Une planète jumelle de la Terre est une planète qui a des
caractéristiques et des conditions (météo et géologie) similaires à celles de la Terre et qui peut
soutenir la vie. Aucune autre planète - à part la Terre - dans notre système solaire n'est terrestre.
Une planète terrestre ou rocheuse est une planète ayant une surface rocheuse compacte comme
celle de la Terre. Dans notre système solaire, il y a quatre planètes rocheuses ou terrestres:
Mercure, Vénus, Terre et Mars (du plus proche du Soleil au plus éloigné). Les planètes terrestres
de notre système solaire sont aussi appelées planètes intérieures. Toutes les autres planètes sont
faites de gaz.

En ce qui concerne la question « Sommes-nous seuls dans l'univers? », Nous sommes confrontés
à un paradoxe important, souvent appelé le paradoxe de Fermi, du nom du physicien italien Enrico
Fermi (1901 – 1954). Le paradoxe est basé à la fois sur les preuves insuffisantes que nous avons
concernant la vie extraterrestre et la forte probabilité qu'il puisse y avoir une vie extraterrestre
considérant qu'il y a des milliards de galaxies dans notre univers. En d'autres termes, notre univers
est trop vaste pour que nous soyons seuls. Mais, si nous ne sommes pas seuls, où est tout le monde?
Enrico Fermi et Michael H. Hart ont fait valoir leurs arguments en déclarant:

• Il y a des milliards d'étoiles dans la galaxie qui sont semblables au Soleil, et beaucoup de
ces étoiles ont des milliards d'années de plus que le système solaire.
• Avec une probabilité élevée, certaines de ces étoiles ont des planètes ressemblant à la Terre,
et si la Terre est typique, certaines peuvent avoir développé une vie intelligente.

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• Certaines de ces civilisations peuvent avoir développé le voyage interstellaire, une étape
que la Terre étudie maintenant.
• Même au rythme lent des voyages interstellaires actuellement envisagés, la galaxie de la
voie lactée pourrait être complètement traversée en quelques millions d'années.

Sur la base de ces arguments, les deux hommes ont fait valoir que la Terre aurait déjà dû être
visitée par des civilisations extraterrestres s'il y en avait. Avec le paradoxe de Fermi, les
scientifiques aiment aussi considérer l'équation de Drake, à laquelle je reviendrai plus tard dans ce
livre, mais pour l'instant, permettez-moi
de dire que le 23 juillet 2015, le télescope
spatial Kepler a repéré une planète
jumelle de la Terre Kepler 452b. Selon le
site Web de la NASA, «la mission Kepler
de la NASA a confirmé la première
planète proche de la Terre dans la « zone
habitable » autour d'une étoile semblable
au soleil. Cette découverte et
l'introduction de 11 autres nouvelles
planètes candidates de petite zone
habitable marquent un autre jalon dans le
Cette taille et l'échelle du système Kepler-452 comparés aux systèmes voyage pour trouver une autre « Terre ».
solaires Kepler-186 et Kepler-186 est un système solaire miniature qui Le Kepler-452b nouvellement découvert
s'insérerait entièrement dans l'orbite de Mercure.
Crédits: NASA/JPL-CalTech/R. Hurt est la plus petite planète découverte en
orbite autour de la zone habitable - la
zone autour d'une étoile où l'eau liquide pourrait s'accumuler à la surface d'une planète en orbite -
d'une étoile de type G2, comme notre soleil. La confirmation de Kepler-452b porte le nombre total
de planètes confirmées à 1.030. « L'explorateur de l'exoplanète Kepler a découvert une planète et
une étoile qui ressemblent le plus à la Terre et à notre Soleil », a déclaré John Grunsfeld,
administrateur adjoint de la Direction des missions scientifiques de la NASA, siège de l'agence à
Washington. « Ce résultat excitant nous rapproche un peu plus de la recherche d'une Terre 2.0.»
Le Kepler-452b a un diamètre 60% plus grand que la Terre et est considéré comme une planète de
taille super-terrestre. Bien que sa masse et sa composition ne soient pas encore déterminées, des
recherches antérieures suggèrent que les planètes de la taille de Kepler-452b ont de bonnes chances
d'être rocheuses. Alors que Kepler-452b est plus grand que la Terre, son orbite de 385 jours est
seulement 5% plus longue. La planète est 5% plus éloignée de son étoile parente Kepler-452 que
la Terre vient du Soleil. Kepler-452 a 6 milliards d'années, 1,5 milliard d'années de plus que notre
soleil, a la même température, est 20% plus lumineux et a un diamètre 10% plus grand. Le système
Kepler-452 est situé à 1.400 années-lumière de la constellation Cygnes. Le document de recherche
rapportant cette découverte a été accepté pour publication dans The Astronomical Journal. En plus

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de confirmer Kepler-452b, l'équipe Kepler a augmenté le nombre de nouveaux candidats


exoplanètes de 521 à partir de leur analyse des observations menées de mai 2009 à mai 2013,
portant le nombre de planètes candidates détectés par la mission Kepler à 4.696. Les candidates
ont besoin d'observations et d'analyses de suivi pour vérifier qu'elles sont des planètes réelles.”

Un an plus tard, le 24 août 2016, une autre planète terrestre, Proxima Centaure b ou Proxima b, a
été découverte. Il s'agit de l'exoplanète terrestre candidate la plus proche par rapport au soleil en
termes d'années-lumière. Mais, les conditions de vie ne sont pas très prometteuses. “Eh bien, la
planète est réelle, mais attendez un peu avant de faire vos valises interstellaires, car ce monde
extraterrestre est probablement loin d'être simple ... La planète - Proxima b - a été découverte par
des astronomes qui ont passé des années à chercher les signes de la petite attraction gravitationnelle
qu'une planète exerce sur son étoile, après avoir détecté les signes d'une telle perturbation en 2013.
Proxima Centaure se trouve à 4,25 années-lumière de la Terre, ce qui la rend un peu plus proche
que le système d'étoiles binaires d'Alpha Centaure, que l'étoile autour de laquelle Proxima est
supposée tourner en orbite. L'équipe dit que la planète est susceptible d'être 30% plus massive que
la Terre, bien qu'elle puisse être plus grande que cela. Elle orbite autour de l'étoile à une distance
de 7,3 millions de kilomètres – moins de 5% de la distance entre la Terre et le Soleil – ce qui fait
que son année ne durera que 11,2 jours terrestres ... Vous pourriez penser qu'une orbite aussi serrée
roussirait la surface de la planète. Mais Proxima Centaure est une petite étoile naine rouge et brille
beaucoup moins férocement que le soleil. Debout sur la surface de la planète, vous verriez l'étoile
comme un orbe rouge terne, environ trois fois plus grand que le soleil apparaît de la Terre. En
conséquence, la planète se trouve dans la zone habitable de son étoile, et sa température de surface
peut être idéale pour accueillir de l'eau liquide ... La planète est rocheuse, d'une masse similaire à
la Terre et tempérée - toutes les conditions sont prometteuses pour la vie. Mais Proxima b n'est pas
une seconde Terre ... « Les similitudes s'arrêtent là », explique Anglada-Escudé. Même notre
connaissance de la température de surface est assez incertaine, allant d'un possible -33 ° C à des
centaines de haut, en fonction de son atmosphère ... C'est juste la température moyenne.
Cependant, Proxima b et son étoile sont probablement verrouillées par la marée, donc la même
face de la planète pointe toujours vers l'étoile. Ainsi, une moitié du globe est en perpétuel jour,
l'autre en une nuit sans fin. « Ce n'est pas très semblable à la Terre », dit Anglada-Escudé ... Que
la vie puisse exister sur une telle planète dépend aussi de la nature de son atmosphère, dont nous
ne savons rien. « L'atmosphère de la planète, si elle existe, pourrait être complètement différente
de ce que nous avons l'habitude de voir dans le système solaire », explique Mikko Tuomi de
l'Université du Hertfordshire à Hatfield, au Royaume-Uni. Il était le premier à localiser les
premiers signes de la planète en étudiant des données archivées ... « Avant d'en savoir plus sur
l'atmosphère de la planète et ses propriétés physiques, je serais très méfiant », explique Brice-
Olivier Demory de l'Université de Cambridge ... L'atmosphère pourrait être purement du dioxyde
de carbone, comme la Terre était avant l'émergence de la vie, et avec une densité qui est quelque

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chose comparable à un feu follet de Mars et aux nuages étouffants de Vénus. Une atmosphère
assez dense capterait la chaleur de l'étoile et la distribuera potentiellement au côté obscur
permanent de Proxima b.” (Aron, 2016).

Voilà! Maintenant nous savons avec certitude qu'il y a d'autres planètes rocheuses que les quatre
qui se trouvent dans notre système solaire. Il y a même des planètes telluriques - comme Kepler
452b - qui peuvent soutenir la vie. Ces planètes (jumelles de la Terre, terrestres ou rocheuses) sont
appelées exoplanètes, c'est-à-dire situées en dehors de notre système solaire. Mais, la vraie
question à laquelle chaque terrien veut une réponse est: y a-t-il une vie extraterrestre, quelque part
dans l'univers? Eh bien, personne ne le sait. Mais, les télescopes spatiaux, chaque nouveau plus
puissant que le précédent, peuvent finalement nous aider à découvrir s'il y a de la vie en dehors de
notre planète sans même quitter celle-ci. De nouvelles planètes ont été découvertes grâce à une
technique « simple »: les scientifiques ont remarqué qu'à chaque fois qu'une planète se place entre
la Terre et son étoile, celle-ci devient tellement obscurcie que les instruments utilisés détectent la
gradation. Jusqu'à présent, plus de 200 planètes ont été découvertes, en utilisant cette technique.

Une autre technique est utilisée, par exemple, dans la détection de métaux sur de grandes distances
telles que les étoiles lointaines. C'est ce qu'on appelle l'analyse des raies spectrales. Nous pouvons
savoir qu'un métal spécifique est présent dans une étoile lointaine, sans être là pour l'analyser.
Disons que nous avons besoin de savoir si le fer est présent dans une étoile ou sur une planète, tout
ce que nous devons faire est d'examiner les raies spectrales produites par la lumière de cette étoile
ou de cette planète. Si les lignes correspondent à celles de la lumière émise par le fer vaporisé ici
sur la terre, la conclusion est que le fer est également présent dans cette étoile. Parce que les
organismes vivants ont un ensemble de caractéristiques spécifiques – par exemple, avoir des
cellules, utiliser de l'énergie, respirer de l'oxygène et exhaler du Co2 – cette technique peut être
utilisée pour analyser la vie extraterrestre possible sur d'autres planètes. Les molécules des
organismes vivants sont complexes et devraient avoir des raies spectrales qui leur sont spécifiques.
Personne ne s'attend à ce que la vie extraterrestre ait une apparence semblable à celle de la vie
terrestre. Homo Sapiens, le nom de notre espèce, a parcouru un long chemin. De l'Australopithèque
à l'Homo Erectus, en passant par les Néandertaliens et les Dénisoviens à l'Homo Sapiens, il y a eu
beaucoup d'entre-deux. Notre composition génétique est l'aboutissement d'éons d'évolution
spécifiques à notre planète et que l'on ne retrouve nulle part ailleurs dans l'univers. Mais, la vie est
la vie. Comme je l'ai expliqué précédemment, les organismes vivants ont des cellules, utilisent
l'énergie, se développent et grandissent, réagissent et s'adaptent à leur environnement et se
reproduisent. S'il y a de la vie ailleurs, sa dynamique fondamentale devrait ressembler à celle de
la vie sur Terre. Mon instinct est oui, il y a de la vie ailleurs dans l'univers. Mais, qui suis-je pour
être pris au sérieux?

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L'équation de Drake

“L'équation de Drake est un argument probabiliste utilisé pour estimer le nombre de civilisations
extraterrestres communicatives actives dans la galaxie de la Voie Lactée. Le nombre de ces
civilisations N est supposé égal au produit mathématique de:

1. R *, le taux moyen de formations d'étoiles, dans notre galaxie,


2. fp, la fraction des étoiles formées qui ont des planètes,
3. ne pour les étoiles qui ont des planètes, le nombre moyen de planètes qui peuvent
potentiellement soutenir la vie,
4. fl, la fraction de ces planètes qui développent réellement la vie,
5. fi, la fraction de planètes portant la vie sur laquelle la vie intelligente et civilisée s'est
développée,
6. fc, la fraction de ces civilisations qui ont développé des communications, c'est-à-dire des
technologies qui libèrent des signes détectables dans l'espace, et
7. L, la durée pendant laquelle de telles civilisations émettent des signaux détectables, pour
une expression combinée de:

N = R * fp * ne * fl * fi * fc * L

L'équation a été écrite en 1961 par Frank Drake, non pas pour quantifier le nombre de civilisations,
mais pour stimuler le dialogue scientifique lors de la première réunion scientifique sur la recherche
d'intelligence extraterrestre (en anglais, search for extraterrestrial intelligence: SETI). L'équation
résume les principaux concepts que les scientifiques doivent envisager lorsqu'ils envisagent la
question d'une autre vie radio-communicative. Il est plus approprié de la considérer comme un
problème de Fermi plutôt que comme une tentative sérieuse d'établir un nombre précis.

La critique liée à l'équation de Drake ne porte pas sur l'équation elle-même, mais sur le fait que les
valeurs estimées de plusieurs de ses facteurs sont hautement conjecturales, l'effet combiné étant
que l'incertitude associée à toute valeur dérivée est si grande que l'équation ne peut être utilisée
pour tirer des conclusions fermes. Comme de nombreux observateurs l'ont souligné, l'équation de
Drake est un modèle très simple qui n'inclut pas de paramètres potentiellement pertinents, et de
nombreux changements et modifications de l'équation ont été proposés. Une ligne de modification,
par exemple, tente de rendre compte de l'incertitude inhérente à de nombreux termes.

D'autres notent que l'équation de Drake ignore de nombreux concepts qui pourraient être pertinents
pour les chances de contacter d'autres civilisations. Par exemple, David Brin déclare: ‘L'équation
de Drake parle simplement du nombre de sites sur lesquels les ETI (extraterrestrial intelligences =

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.5 : qu’est-ce que l’espace et sommes-nous seuls dans l’univers?

intelligences extraterrestres) se produisent spontanément. L'équation ne dit rien directement sur la


section transversale de contact entre un ETIS et la société humaine contemporaine.’ Parce que c'est
la section efficace de contact qui intéresse la communauté SETI, de nombreux facteurs et
modifications supplémentaires de l'équation de Drake ont été proposés.” (Wikipédia, 2018)22

Saurons-nous, avec certitude, si nous sommes seuls dans l'univers? Je le pense. Nous sommes sur
une voie royale pour le savoir. Si le télescope spatial James Webb n'apporte pas la réponse, son
successeur le fera probablement. Nous ne sommes pas loin de le savoir. Nous devons simplement
être persévérants en scrutant de plus en plus profondément l'espace et en insistant sur l'importance
de l'astronomie, qui est, à tous les égards, la seule science qui apportera finalement une réponse à
cette question séculaire. L'astronomie nous éclaire, nous aide à comprendre notre place dans
l'univers et a le potentiel de nous emmener bien au-delà de notre galaxie. Quand nous considérons
comment les anciennes civilisations interpréteraient les mouvements des objets célestes comme
des prophéties, nous exprimons le doute et nous lui donnons un nom: l'astrologie, qui est différente
de l'astronomie. Comme Dave Finley a déclaré en 2013 dans la défense de la radioastronomie, “En
résumé, l'astronomie a été la pierre angulaire du progrès technologique tout au long de l'histoire,
elle a beaucoup à contribuer à l'avenir et offre à tous les êtres humains un sens fondamental de
notre place dans un univers incroyablement vaste et passionnant.” Aujourd'hui, l'astronomie est
une science de premier plan qui aide à répondre aux questions de base et à susciter l'innovation.
Mais, vraiment, avant de lever les yeux, il est également important de regarder en bas. Nous, les
humains, devons d'abord comprendre notre monde, en particulier notre monde souterrain ou le
fond de notre océan avant de chercher des civilisations extraterrestres. La découverte de la vie
extraterrestre nous motivera-t-elle à mieux comprendre notre planète ou une meilleure
compréhension de notre planète renforcera-t-elle notre ardeur à découvrir la vie extraterrestre?
Personne ne sait. Non, la Terre n'est pas la seule planète capable d'abriter la vie, qui existe, mais
pour l'instant, nous sommes la seule civilisation connue dans l'univers.

“Vous feriez mieux d'apprécier la vie sur Terre – chaque microbe et chaque mammifère, chaque
oiseau et chaque insecte, et surtout chaque être humain. Parce que quand il s'agit de la biologie, il
est possible que notre planète soit unique. Oubliez les calculs accablants – ces milliards et trillions
de planètes qui sont probablement là, dont au moins certaines devraient être habitées. Éliminez
l'élément essentiel qui est la vie sur Terre, et l'univers entier devient biologiquement noir. Nous
avons beau rechercher la biologie, envoyer tous les signaux que nous puissions inventer et
décrivant notre existence, mais le fait est que personne ne répondra – jamais – parce que personne

22
Ces notes sur l'équation de Drake viennent de Wikipédia. Si vous n'êtes pas d'accord avec une partie, vous pouvez
aller en ligne et éditer l'article en suivant ce lien: https://en.wikipedia.org/wiki/Drake_equation.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Chapitre IV Qu’est-ce que la réalité? Question no.5 : qu’est-ce que l’espace et sommes-nous seuls dans l’univers?

n'est là. Paul Davies, cosmologiste à l'Université d'État de l'Arizona et auteur du livre Eerie Silence
(Silence de mort) – qui adopte exactement le point de vue sombre de notre rencontre avec une
intelligence extraterrestre que son titre suggère – ne trouve persuasive presqu'aucune partie de
l'argument de la vie intelligente. La plus grande faille qu'il trouve dans l'équation de Drake est
celui qui implique le sous-ensemble de planètes qui pourraient supporter la vie. Le fait est que
nous n'avons absolument aucune donnée empirique qui nous permette d'attribuer une valeur à cette
variable de façon responsable. Nous connaissons précisément un monde sur lequel la vie a existé,
et le reste est en grande partie une conjecture. Remplissez ce vide de l'équation de Drake par un
zéro, et l'équation entière s'effondre à zéro aussi.” (Kluger, 2015).

………………………….

151
Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
CONCLUSION

Si vous êtes encore perplexe après avoir lu les arguments ci-dessus, c'est tout à fait correct. La
réalité, ou ce que nous pensons être la réalité, sera toujours là, aussi longtemps que nous existerons
en tant qu'espèce. Peu importe ce que nous faisons, la réalité sera toujours semblable à un travail
inachevé. Si la réalité était claire, statique et la même pour tous, que notre monde serait ennuyeux!
La réalité est aussi incontrôlable qu'un rêve qui ne se déroule que parce que vous êtes en vie mais
dont le scénario ne dépend pas de vous, bien que vous y jouiez toujours le rôle principal. La réalité
est insaisissable. La réalité est un composite. Par exemple, nous avons vu comment la psychologie
permet une meilleure compréhension de l'esprit humain à travers le behaviorisme. Mais le fait est
qu'il y aura toujours au moins deux personnes dans chaque individu: la personne que nous pensons
être (concept de soi) et la personne que les autres pensent que nous sommes (perception sociale)23.
La réalité est la somme de nos expériences individuelles et aussi la somme de nos expériences
collectives en tant qu'espèce. Les éléments qui aboutissent à cette somme ne sont pas toujours en
ordre, ce qui donne à la réalité son aspect chaotique et déroutant. Jusqu'à preuve du contraire, les
humains sont les seules espèces dotées d'imagination et d'intelligence. Nos sens et notre perception
peuvent ne pas être aussi développés que ceux de certains animaux, mais nous avons la capacité
de les améliorer grâce au développement d'outils spéciaux ou de machines. J'ai expliqué au chapitre
un comment nos sens peuvent nous jouer des tours, mais en même temps nous avons vu comment
nous pouvons expliquer ces divergences grâce à notre intelligence. Nous avons pu découvrir nos
cinq autres sens invisibles et expliquer leur rôle dans notre propre réalité. Les humains ont
développé une conscience aiguë de l'environnement parce que nos sens, notre perception, notre
cerveau et notre esprit travaillent de concert pour nous donner un sens de réalité qui manque aux
animaux.

J'ai expliqué comment le cerveau humain est unique non seulement en raison de sa taille mais aussi
en raison de son dynamisme et de son mécanisme. Dans le chapitre deux, j'ai présenté l'essence de
l'anatomie du cerveau. J'ai également expliqué comment chaque partie du cerveau joue un rôle
spécifique dans notre perception, notre interaction avec nos homologues et dans notre vie
quotidienne. Bien que loin d'être le plus gros organe de notre corps, le cerveau consomme 20% de
notre énergie, et 80% de nos gènes sont codés juste pour le cerveau. J'ai expliqué comment le
cerveau joue un rôle central non seulement dans notre vie mais aussi dans la détermination de la
mort. Le chapitre deux a montré que le temps où les professionnels du domaine médical ne se
basaient que sur l'absence de pouls et de battements cardiaques pour décider de la mort d'une
personne est révolu. La mort cérébrale est devenue un acteur majeur dans la détermination de la
mort. Les humains deviennent de plus en plus conscients de la puissance du cerveau. Nous sommes
en mesure de voir le cerveau en action grâce à des techniques d'imagerie avancée telle que la
tomographie par émission de positons (TEP). La compréhension du cerveau – son anatomie et sa

23
La perception sociale est le processus par lequel les gens forment des impressions des autres et interprètent les
informations les concernant. (Strickland, 2001).
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Conclusion

physiologie – permet de comprendre ce que j'appelle le générateur par excellence de la réalité:


l'esprit.

J'ai montré la relation étroite entre le cerveau et l'esprit, bien que l'esprit, contrairement au cerveau,
ne soit pas visible ni tangible. Dans le chapitre trois, j'ai qualifié l'esprit de mystère parce que
depuis des millénaires, il a donné et continue de donner du fil à retordre aux scientifiques, aux
psychologues et aux philosophes. La confusion vient du fait qu'on est incapables de localiser son
emplacement. J'ai expliqué que l'esprit ne fonctionne qu'au niveau conscient, ce qui le rend non
pertinent quand nous dormons. Par conséquent, nous passons un tiers de notre vie sans notre esprit.
Au chapitre trois, j'ai également expliqué comment la seconde guerre mondiale a changé la donne
dans l'étude de l'esprit humain ou de la psychologie. Alors que l'esprit n'avait pas changé de la
période d'avant la seconde guerre mondiale à la période d'après, la façon dont les psychologues
ont abordé son étude est passée de subjective à scientifique. J'ai présenté les différences sur la base
que la guerre a motivé les psychologues à envisager une approche comportementale. Par exemple,
nous avons vu comment l'expérience de Milgram, qui a étudié la relation entre l'autorité et
l'obéissance, a été un tournant dans la compréhension du comportement humain. Le chapitre trois
a donné un prélude de ce que l'esprit sera capable de faire à l'avenir grâce à l'intelligence artificielle
(IA) et la réalité augmentée (RA), qui nous permettra de sauvegarder et de télécharger l'esprit des
gens à l'avenir.

Finalement, au chapitre quatre, j'ai essayé de donner un sens à la réalité à travers cinq questions
que je me pose parfois mais que je sais que la plupart des gens se posent aussi: qu'est-ce que la
matière et pourquoi ses composantes ne se ressemblent-elles pas? Qu'est-ce que la vie et ses
origines? Qu'est-ce que la mort? Qu'est-ce que la superstition? Et qu'est-ce que l'espace et sommes-
nous seuls dans l'univers? Je ne prétends pas que les réponses que j'ai données à ces questions
devraient être acceptées à l'unanimité. Cela serait en contradiction avec une déclaration antérieure
que j'ai faite: nous voyons tous la réalité différemment et c'est pourquoi il y a plus d'une réalité. Le
titre de cette série est d’ailleurs « Les réalités de la ‘réalité’ ». J'ai expliqué pourquoi la matière se
présente sous différentes formes et tailles: cela a à voir avec des atomes dont les nombres sont
différents dans chaque chose et qui ont une configuration différente dans chaque chose. De plus,
dans mon analyse de la vie et de la mort, j'ai montré comment les deux sont compliquées et
mystérieuses, complémentaires l'un de l'autre mais si différentes l'une de l'autre. Alors que la mort
fait partie intégrante de l'existence, elle est rejetée en raison de notre instinct de survie avancé. En
même temps, nous essayons de l'embrasser en regardant au-delà d'elle pour finalement sécuriser
la vie elle-même. Ce livre a montré comment la vie, la mort et la superstition sont étroitement liées
et comment le recours à la superstition n'est qu'une tentative de notre part de sonder la réalité. De
l'alchimie à la quête de comprendre si nous sommes seuls dans l'univers en passant par la
lycanthropie, la franc-maçonnerie et la magie noire, nous affichons en tant qu'espèce l'immensité
et la polyvalence de notre esprit et de notre imaginaire qui nous distinguent des animaux. Le thème
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Conclusion

récurrent et sous-jacent du chapitre quatre est à quel point la réalité peut être vaste, mystérieuse et
insaisissable. Sur Terre, les questions métaphysiques que nous posons pour saisir la réalité
deviennent encore plus complexes lorsque nous scrutons l'espace. J'ai abordé la question de la
nature de l'espace et la question de savoir si nous sommes ses seuls occupants en montrant que s'il
y a d'autres planètes jumelles de la Terre dans l'univers, c'est le fonctionnement de notre planète et
sa distance au Soleil qui ont rendu la vie possible. Il aurait fallu que les mêmes conditions se
réunissent pour qu'il y ait de la vie telle que nous la connaissons ailleurs dans l'univers. La question
qu'est-ce que l'espace et sommes-nous seuls dans l'univers est aussi hypothétique que la question :
qu'est-ce que la vie et ses origines.

Vous pourriez dire que cette première partie de la série a ouvert une boîte de Pandore. Cela pourrait
être vrai dans la mesure où elle a atteint son but, qui était de faire face à certaines questions
existentielles et métaphysiques et à certains problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant
qu'espèce. Mon but pour l'instant était de montrer l'aspect paradoxal de l'humanité: nous avons de
gros cerveaux, nous avons de l'imagination, nous utilisons des outils mais expliquer la réalité,
découvrir d'où nous venons, ou si nous sommes les seules formes de vie dans l'univers entier
demeure un mystère. Au moins, cette première partie a montré à quel point notre intériorité est
importante dans la perception de la réalité, qui part de la partie la plus profonde de chacun de nous
et qui progresse vers l'extérieur. Elle a également montré que sans les êtres humains, il ne saurait
y avoir de réalité. Un autre fait important à propos de cette partie de la série est qu'elle montre que
tout ce à quoi nous croyons peut affecter et affectera la réalité. Par exemple, la superstition et la
magie, bien que surnaturelles, affectent le naturel en influençant notre comportement et notre
pensée. Nous avons vu à la question numéro quatre (qu'est-ce que la superstition) comment la
magie et la sorcellerie ont influencé la réalité juste parce que les magiciens et les sorcières
croyaient que leurs actions pouvaient altérer physiquement la réalité, ce qui fait de la croyance un
facteur puissant. Ce livre a montré combien nous sommes encore impuissants dans notre quête de
comprendre la mort et de découvrir s'il y a une vie après la mort. Peut-être que nous réussirons,
peut-être que non. La réalité est que, dans l'affirmative, ce sera une entreprise extrêmement longue
qui durera peut-être des siècles ou des millénaires. Cependant, comme je l'ai expliqué dans mon
analyse de la mort, nous avons maintenant d'autres définitions de la mort, qui inclut le cerveau. Je
souligne également le fait qu'aujourd'hui, l'arrêt cardiopulmonaire peut être une urgence plutôt
qu'une raison pour déclarer la mort comme c'était le cas autrefois.

Cette première partie a révélé nos forces surtout en termes de puissance de notre cerveau et de
notre esprit qui sont uniques dans le règne animal. Il a également exposé nos faiblesses, notre
confusion, nos appréhensions et nos incertitudes en montrant notre déception provenant de
l'ignorance de nos origines, de notre confusion à propos du but de la vie et de notre peur de mourir.
Enfin, elle montre à quel point nous sommes optimistes et notre détermination à remettre en
question le concept d'existence en éliminant la mort de l'équation et en garantissant l'immortalité
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
Conclusion

à la fois sur Terre et dans l'espace. J'ai terminé le livre par une explication de l'espace parce que,
même si la réalité commence de l'intérieur, nous devons aussi regarder vers l'extérieur et vers le
haut pour comprendre qui nous sommes et d'où nous venons probablement. Mais, je reviendrai
certainement sur Terre dans de futures publications pour expliquer la réalité en relation avec la
science et la technologie, la philosophie, l'art, la littérature, etc. Bien que je suggère fortement que
la première partie de la série soit lue en premier – ce que vous avez fait – il n'est pas nécessaire
que les parties subséquentes soient lues en séquence.

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.
DU MÊME AUTEUR
• Exploration des possibilités d’émergence d’une langue maternelle unique et globale
• Essai philosophique sur les œuvres de Louise-Victorine Ackermann
• La singularité technologique, un rêve grandiose: un accomplissement en puissance aux yeux de ses
partisans, mais une idée suscitant des doutes chez le sceptique
• La mer de Chine méridionale: un regard sur « la route de la soie » maritime des temps modernes de Chine
et ses implications géopolitiques
• Vers une compréhension de ce qui rend une personne unique: une approche à plusieurs volets
• Le collège électoral américain est-il une fiction polie qui devrait être abolie?
• Comment la médecine translationnelle redéfinit progressivement les soins de santé

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Le titre de la version anglaise de ce livre est: The Realities of ‘Realities’ – Part I: It All Starts from Within: why does reality still
pique our curiosity? Why have we yet to find ourselves 200,000 years later? What is the fate of reality?
Fritz Dufour peut être joint par courriel.
Mots-clés: réalité, rôle du cerveau, rôle de l’esprit, qu’est-ce que la vie, qu’est-ce que la mort, l’au-delà, expérience de mort
imminente, qu’est-ce que l’espace
Classification: Philosophie

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Les réalités de la ‘réalité’ – Première partie: l’intériorité comme point de départ. Fritz Dufour, MBA, DESS. 20 mars 2018.

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