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La Légende dorée (1261-1266)

Jacques de Voragine

Perrin et Cie, Paris, 1910

Exporté de Wikisource le 5 juin 2023

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XCVIII

SAINT JACQUES LE MAJEUR, APÔTRE


(25 juillet)

I. L’apôtre Jacques, fils de Zébédée, après l’ascension du


Seigneur, prêcha d’abord en Judée et en Samarie, puis il se
rendit en Espagne pour y semer la parole divine. Mais
voyant que son séjour en Espagne était sans profit et qu’il
n’était parvenu à y former que neuf disciples, il y laissa
deux de ces disciples, et, avec les sept autres, revint en
Judée. Jean Beleth assuré même que, pendant tout son
séjour en Espagne il ne put faire qu’une seule conversion.
Rentré en Judée, il se remit à prêcher la parole de Dieu.
Sur la demande des pharisiens, un mage nommé
Hermogène envoya vers lui son disciple Philet pour le
convaincre devant les Juifs de la fausseté de sa prédication.
Mais ce fut, au contraire, l’apôtre qui, en présence de la
foule, convertit Philet, tant par ses arguments que par ses
miracles ; et le disciple du mage, quand il s’en retourna près
de son maître, lui vanta la doctrine de Jacques, lui raconta
ses miracles, lui dit qu’il était résolu à devenir chrétien, et
l’engagea à imiter son exemple. Alors Hermogène, furieux,
se servit de la magie pour l’immobiliser de telle sorte que le
malheureux Philet n’avait plus la force de faire un
mouvement ; et il lui dit : « Nous verrons bien si ton
Jacques parviendra à te délivrer ! » Or Jacques, informé de

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la chose, envoya à Philet un linge qu’il avait sur le corps. Et
à peine Philet eut-il touché ce linge que, délivré de ses
chaînes magiques, il brava Hermogène et alla rejoindre
l’apôtre. Le mage, exaspéré, ordonna aux démons de lui
amener Jacques et Philet chargés de chaînes, pour intimider,
par cet exemple, les autres disciples. Mais les démons,
arrivés en face de Jacques, commencèrent à gémir
piteusement, en disant : « Apôtre Jacques, aie pitié de nous,
car voici que nous brûlons avant notre temps ! » Et
Jacques : « Pourquoi venez-vous ici ? » Et les démons :
« C’est Hermogène qui nous a envoyés pour que nous nous
emparions de toi et de Philet ; mais aussitôt l’ange de Dieu
nous a liés avec des chaînes de feu, et il ne cesse pas de
nous torturer. » Et Jacques : « Que l’ange de Dieu vous
rende la liberté : mais ce n’est qu’à la condition que vous
vous empariez d’Hermogène et me l’ameniez ici enchaîné,
sans cependant lui faire aucun mal ! » Les démons firent
comme il l’ordonnait ; et Jacques dit à Philet : « Suivons
l’exemple du Christ, qui nous a enseigné de rendre le bien
pour le mal ! Hermogène t’a enchaîné ; toi, délivre-le ! » Et
comme Hermogène, débarrassé de ses liens, se tenait tout
confus devant l’apôtre, celui-ci lui dit : « Va librement où tu
veux aller ! car notre doctrine n’admet pas que personne se
convertisse malgré lui ! » Et Hermogène lui dit : « Je
connais l’humeur vindicative des démons. Ils me tueront si
tu ne me donnes pas, pour me protéger, quelque objet
t’ayant appartenu. » Alors Jacques lui donna son bâton ; et
le mage alla chercher ses livres, et les rapporta à l’apôtre,
qui lui ordonna de les jeter à la mer. Après quoi
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Hermogène, se jetant à ses pieds lui dit : « Libérateur des
âmes, reçois en pénitent celui que tu as daigné secourir
tandis qu’il t’enviait et cherchait à te nuire ! » Et, depuis
lors, il se montra parfait dans la crainte de Dieu.
Mais les Juifs, furieux de cette conversion, vinrent
trouver Jacques et lui reprochèrent de prêcher la divinité de
Jésus. Et l’apôtre leur prouva si clairement cette divinité,
par le témoignage des livres saints, que plusieurs d’entre
eux se convertirent. Ce que voyant, le grand prêtre Abiathar
souleva le peuple, fit passer une corde autour du cou de
l’apôtre, et le conduisit devant Hérode Agrippa, qui le
condamna à avoir la tête tranchée. Or comme on le
conduisait au supplice, un paralytique, gisant sur la route, le
supplia de lui rendre la santé. Et Jacques lui dit : « Au nom
de Jésus-Christ, pour qui je Vais souffrir la mort, sois guéri,
lève-toi et bénis ton Créateur ! » Et aussitôt le malade
guérit, se leva et bénit le Seigneur. Alors le scribe qui
conduisait Jacques se jeta à ses pieds, lui demanda pardon,
et lus dit qu’il voulait devenir chrétien. Ce que voyant,
Abiathar le fit saisir et lui dit : « Si tu ne maudis pas le nom
du Christ, tu seras toi-même décapité avec Jacques ! » Et le
scribe : « Maudis sois-tu toi-même, et que le nom du Christ
soit béni à jamais ! » Alors Abiathar le fit frapper au visage,
et obtint d’Hérode qu’il partageât le supplice de l’apôtre. Et
comme on s’apprêtait à les décapiter tous deux Jacques
demanda au bourreau un vase plein d’eau, dont il se servit
pour baptiser le scribe, nommé Joséas : après quoi tous
deux eurent la tête tranchée. Ce martyre eut lieu le huitième

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jour des calendes d’avril ; mais l’Église a décidé que la fête
de saint Jacques Majeur serait célébrée le huitième jour des
calendes d’août (25 juillet), date où le corps du saint fut
transporté à Compostelle.
II. Après la mort de Jacques, ses disciples, par crainte des
Juifs, placèrent le corps sur un bateau, s’y embarquèrent
avec lui, se confiant à la sagesse divine ; et les anges
conduisirent le bateau en Galice ; dans le royaume d’une
reine qui s’appelait Louve, et qui méritait de porter ce nom.
Les disciples déposèrent le corps sur une grande pierre, qui,
à son contact, mollit comme de la cire et forma d’elle-même
un sarcophage adapté au corps. Puis les disciples se
rendirent auprès de la reine Louve et lui dirent : « Notre-
Seigneur Jésus-Christ t’envoie le corps de son disciple, afin
que tu reçoives mort celui que tu n’as pas voulu recevoir
vivant ! » Ils lui racontèrent le miracle qui avait permis au
bateau de naviguer sans gouvernail ; et ils la prièrent de
désigner un lieu pour la sépulture du saint. Alors la
méchante reine les envoya traîtreusement au roi d’Espagne,
sous prétexte de lui demander son autorisation ; et le roi
s’empara d’eux et les jeta en prison. Mais, la nuit, un ange
leur ouvrit les portes de la prison et les remit en liberté. Le
roi, dès qui l’apprit, envoya des soldats à leur poursuite ;
mais, au moment où ces soldats allaient franchir un pont, le
pont se rompit et tous furent noyés. À cette nouvelle, le roi
eut peur pour lui-même, et se repentit. Il envoya d’autres
hommes à la recherche des disciples de Jacques, mais, cette
fois, avec mission de leur dire que, s’ils voulaient revenir, il

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n’aurait rien à leur refuser. Ils revinrent donc et convertirent
toute la ville à la foi du Christ puis ils retournèrent auprès
de Louve, pour lui faire part du consentement du roi. Et la
reine, furieuse, leur répondit : « Allez prendre, dans la
montagne, des bœufs que j’ai là, mettez-leur un joug, et
emportez le corps de votre maître dans un lieu où vous
puissiez lui élever un tombeau ! » La perfide créature
savait, en effet, que ces prétendus bœufs étaient des
taureaux indomptés ; et elle se disait que, si les disciples de
Jacques leur mettaient le joug, les taureaux ne manqueraient
point de les tuer et de jeter à terre le corps du saint. Mais il
n’y a point de sagesse qui vaille contre Dieu. Les disciples,
ne soupçonnant point la ruse, gravirent la montagne, où
d’abord un dragon vomissait des flammes ; ils lui
présentèrent une croix, et le dragon se rompit en deux. Il
firent ensuite le signe de la croix, et les taureaux, devenus
doux comme des agneaux, se laissèrent mettre le joug, et
coururent porter le corps du saint dans le palais même de la
Louve : ce que voyant, celle-ci, émerveillée, crut en Jésus,
transforma son palais en une église de Saint-Jacques, et la
dota magnifiquement. Et le reste de sa vie s’écoula dans les
bonnes œuvres.
III. Le pape Calixte raconte qu’un certain Bernard, du
diocèse de Modène, ayant été enchaîné en haut d’une tour,
ne cessait d’invoquer saint Jacques. Le saint lui apparut et
lui dit : « Viens, suis-moi en Galice ! » Puis il brisa les
chaînes du prisonnier, et disparut. Alors Bernard s’élança

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du haut de la tour, qui avait plus de soixante coudées, et il
descendit ainsi à terre sans se faire aucun mal.
Bède raconte qu’un homme avait commis tant de péchés
que son évêque hésitait à l’absoudre. Enfin l’évêque envoya
cet homme au tombeau de saint Jacques avec un papier où
étaient inscrits ses péchés. Le jour de la Saint-Jacques, le
papier fut placé sur le tombeau du saint ; et quand le
pécheur, après une fervente prière, reprit le papier et
l’ouvrit, il vit que la liste de ses péchés se trouvait effacée.
Hubert de Besançon raconte que l’an 1070, trente
hommes de Lorraine, qui allaient en pèlerinage au tombeau
de saint Jacques, se jurèrent de se rendre service
mutuellement, à l’exception d’un seul qui ne voulut point
jurer. L’un de ces pèlerins tomba malade, en route, et ses
compagnons l’attendirent pendant quinze jours ; mais enfin
tous l’abandonnèrent à l’exception de celui qui avait refusé
de jurer. Et, le soir, le malade mourut au pied du mont
Saint-Michel. Alors son compagnon s’épouvanta fort, et de
la solitude du lieu, et de l’obscurité de la nuit, et du
voisinage du cadavre. Mais saint Jacques lui apparut sous la
forme d’un cavalier, et le consola en lui disant : « Confie-
moi ce mort, et monte en croupe derrière moi sur mon
cheval ! » Et dans cette même nuit, le saint, lui faisant
franchir une distance de plus de quinze étapes, l’amena à
une demi-lieue de Saint-Jacques de Compostelle. Il lui
ordonna ensuite de rassembler les chanoines pour ensevelir
le mort, et aussi de dire à ses vingt-huit compagnons que,

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ayant manqué à leur serment, ils ne tireraient aucun profit
de leur pèlerinage.
Un Allemand qui se rendait avec son fils au tombeau de
saint Jacques, en l’an 1020, s’arrêta en route dans la ville de
Toulouse. L’hôte chez qui ils logeaient enivra le père et
cacha, dans son sac, un vase d’argent. Le lendemain,
comme les pèlerins voulaient repartir, l’hôte les accusa de
lui avoir volé un vase qui, en effet, fut retrouvé dans leur
sac. Le magistrat devant qui ils furent conduits les
condamna à remettre tout leur bien à l’hôte qu’ils avaient
voulu dépouiller, et il ordonna, en outre, que l’un des deux
eût à être pendu. Après un long conflit où le père voulait
mourir pour son fils et le fils pour son père, ce fut le fils qui
l’emporta. Il fut pendu, et le père, désolé, poursuivit son
pèlerinage. Lorsqu’il revint à Toulouse, trente-six jours
après, il courut au gibet où pendait son fils, et commença à
pousser des cris lamentables. Mais voilà que le fils, lui
adressant la parole, lui dit : « Mon cher père, ne pleure pas,
car rien de mauvais ne m’est arrivé, grâce à l’appui de saint
Jacques qui m’a toujours nourri et soutenu ! » Ce
qu’entendant, le père courut vers la ville ; et la foule
détacha de la potence son fils, qui se trouva en parfaite
santé ; et ce fut l’hôte qu’on pendit à sa place.
D’après Hugues de Saint-Victor, un pèlerin, qui se
rendait au tombeau de saint Jacques, vit le diable lui
apparaître sous la forme du saint ; et le faux saint Jacques,
après lui avoir exposé les misères de la vie terrestre,
l’engagea à se tuer en l’honneur de lui. Le naïf pèlerin prit

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son épée et se tua sur-le-champ. Et déjà la foule allait
mettre à mort l’hôte chez qui il demeurait, et que l’on,
soupçonnait d’être son assassin, lorsque soudain le mort,
revenant à la vie, raconta que, au moment où le démon le
conduisait en enfer, le vrai saint Jacques était intervenu, et
avait sommé les démons de lui rendre la vie.
Hugues, abbé de Cluny, nous raconte un autre miracle de
saint Jacques. Un jeune homme du diocèse de Lyon, qui
avait une grande dévotion pour le saint et faisait de
fréquents pèlerinages à son tombeau, se laissa un jour tenter
en chemin, et commit le péché de fornication. Alors le
diable lui apparut, sous la forme de saint Jacques, et lui dit :
« Je suis l’apôtre Jacques, à qui tu as l’habitude de venir
faire visite. Mais, cette fois, tu peux te dispenser de
poursuivre ton chemin, car ton péché ne te sera remis que si
tu te coupes entièrement les parties génitales. Et tu serais
plus heureux encore si tu avais le courage de te tuer, et de
souffrir ainsi le martyre en mon nom ! » Donc, la nuit
suivante, pendant que ses compagnons dormaient, le jeune
homme se coupa les parties génitales, après quoi il se
transperça le ventre d’un coup de couteau. Le lendemain
matin, ses compagnons, épouvantés, s’enfuirent, de peur
d’être soupçonnés d’homicide. Mais au moment où l’on
préparait le cercueil du mort, celui-ci, à l’étonnement de
tous, revint à la vie. Il raconta que, après sa mort, déjà les
démons entraînaient son âme vers l’enfer lorsque le
véritable saint Jacques accourut, au-devant d’eux et se mit à
les gourmander. Le saint le conduisit ensuite dans une

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prairie où se tenait assise la sainte Vierge, conversant avec
d’autres saints. Et dès que saint Jacques eut intercédé
auprès d’elle en faveur du jeune homme, elle manda les
démons et ordonna que le mort fût rendu à la vie. Seules,
les cicatrices de l’opération qu’il s’était faite lui restèrent
toujours.
Autre miracle, rapporté par le pape Calixte. Vers l’an du
Seigneur 1100, un Français se rendait à Saint-Jacques-de-
Compostelle avec sa femme et ses fils, en partie pour fuir la
contagion qui désolait son pays, en partie pour voir le
tombeau du saint. Dans la ville de Pampelune, sa femme
mourut, et leur hôte le dépouilla de tout son argent, lui
prenant même la jument sur le dos de laquelle il conduisait
ses enfants. Alors le pauvre père prit deux de ses enfants sur
ses épaules, et traîna les autres par la main. Un homme qui
passait avec un âne eut pitié de lui et lui donna son âne, afin
qu’il pût mettre ses enfants sur le dos de la bête. Arrivé à
Saint-Jacques-de-Compostelle, le Français vit le saint qui
lui demanda s’il le reconnaissait, et qui lui dit : « Je suis
l’apôtre Jacques. C’est moi qui t’ai donné un âne pour venir
ici et qui te le donnerai de nouveau pour t’en retourner.
Mais sache que l’hôte qui t’a dépouillé va mourir et que
tout ce qu’il t’a pris te sera rendu ! » Et les choses arrivèrent
comme le saint l’avait dit ; et, dès que le pèlerin rentra en
possession de son cheval, l’âne qui avait porté ses enfants
disparut aussitôt.
Miracle rapporté par Hubert de Besançon. Trois soldats
du diocèse de Lyon allaient en pèlerinage à Saint-Jacques-

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de-Compostelle. L’un d’eux, rencontrant une femme qui le
priait de la décharger de son sac, prit le sac et le mit sur son
cheval. Il rencontra ensuite un malade qui défaillait sur la
route. Il le mit sur son cheval, prit en main son bourdon
ainsi que le sac de la femme, et se mit à marcher à pied,
derrière le cheval. Mais l’ardeur du soleil et la fatigue
l’épuisèrent si fort que, arrivé en Galice, il tomba,
gravement malade. Ses compagnons lui rappelèrent le salut
de son âme : mais, pendant trois jours, il n’ouvrit point la
bouche. Enfin, le quatrième jour, il soupira profondément et
dit : « Grâces soient rendues à saint Jacques, par les mérites
de qui me voici délivré ! Car, pendant ces trois jours, des
démons m’avaient assailli et me serraient de partout, me
mettant dans l’impossibilité de vous répondre. Mais, tout à
l’heure, enfin, j’ai vu entrer ici saint Jacques, portant dans
une main, comme une lance, le bourdon du mendiant, et
dans l’autre main, comme un bouclier, le sac de la femme et
il s’est jeté sur les démons, et les a mis en fuite. Maintenant
appelez vite un prêtre, car je sens que ma vie va bientôt
finir ! » Puis se tournant vers l’un d’eux en particulier, il lui
dit : « Ami, sache que le maître que tu sers est damné, et
qu’il va mourir de malemort ! » L’ami ainsi prévenu, quand
il revint de son pèlerinage, avertit son maître ; mais celui-ci
ne tint nul compte de l’avertissement et refusa de
s’amender ; et, peu de temps après, il fut tué à la guerre,
d’un coup de lance.
Miracle rapporté par le pape Calixte. Un pèlerin de
Vézelay, qui se rendait au tombeau de saint Jacques, se

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trouva, un jour, à court d’argent ; et, comme il avait honte
de mendier, il trouva sous un arbre, sous lequel il s’était
endormi, un pain cuit dans la cendre. Aussi bien avait-il
rêvé, dans son sommeil, que saint Jacques se chargeait de le
nourrir. Et, de ce pain, il vécut pendant quinze jours,
jusqu’à son retour dans son pays. Non qu’il se privât d’en
manger à sa faim, deux fois par jour ; mais, le lendemain, il
retrouvait le pain tout entier dans son sac.
Autre miracle rapporté par le pape Calixte. Un habitant
de Barcelone, étant allé en pèlerinage au tombeau de saint
Jacques, lui demanda, comme seule faveur, de n’être jamais
retenu prisonnier. Or, comme il s’en retournait par mer, il
fut pris parades Sarrasins, qui le vendirent comme esclave :
mais les chaînes dont on voulait le lier se brisaient aussitôt.
Il fut ainsi vendu et revendu douze fois ; mais, la treizième
fois, on lui mit une double chaîne qui ne se brisa plus. Il
invoqua saint Jacques, qui apparut et lui dit : « Tous ces
maux t’ont été infligés parce que, dans mon église, tu as
oublié le salut de ton âme pour ne t’occuper que de la
liberté de ton corps. Mais le Seigneur, dans sa miséricorde,
m’a envoyé pour te délivrer. » Aussitôt les chaînes de
l’esclave se brisèrent, et il revint dans son pays en portant
dans ses mains une partie de ces chaînes, comme signe du
miracle.
L’an du Seigneur 238, la veille de la fête de saint
Jacques, dans la place forte de Prato, située entre Florence
et Pistoie, un jeune paysan, d’esprit un peu simple, mit le
feu à la grange de son tuteur, qui voulait le dépouiller de

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son héritage. Arrêté, il avoua sa faute, et fut attaché à la
queue d’un cheval. Mais, s’étant voué à saint Jacques, il fut
traîné sur un sol pierreux sans que son corps ni même sa
chemise eussent aucun mal. On l’attacha ensuite à un
poteau, au pied duquel on alluma un grand feu ; mais il
invoqua de nouveau saint Jacques et la flamme ne lui fit
aucun mal. Les juges voulurent recommencer le supplice,
mais la foule le délivra ; et l’on s’accorda pour louer Dieu,
et l’apôtre saint Jacques son serviteur.

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