N° 36

JANVIER
2024

CERCLE APS
Autonomie • Survie • Résilience

DOSSIER DU MOIS
Tempête Ciarán : récit d’une apocalypse localisée

À la rencontre L’art de la vie sauvage Le coin do it yourself

des plantes sauvages Exploration derrière Fabriquer une étagère
La stellaire chez moi modulable

ISSN : 2813-0863 (Print) – 2673-7949 (Web)

ÉDITO
Le 29 octobre dernier, une tempête anormalement puissante a
frappé la Bretagne.
Le lendemain matin, j’envoie un message à mon frère qui vit là-bas
pour prendre quelques nouvelles.
Aucune réponse.
Le 3 novembre, 5 jours plus tard, j’ai enfin des nouvelles.
Plus d’une dizaine d’arbres sont tombés sur son terrain, dont un
magnifique chêne centenaire…
L’électricité à été coupée pendant 3 jours et les réseaux
téléphoniques pendant 5.
C’est l’histoire de cette rupture de la normalité que Virgile va vous
raconter dans le dossier du mois.
Antoine

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4 10 14 19
Tempête Ciarán: récit La stellaire Les outils Exploration
d’une apocalypse derrière chez moi
localisée Considérée comme Valentin t’invite
une mauvaise herbe, dans sa cabane à jar- Après lecture de carte
La tempête Ciarán a la stellaire est pour- din pour te présenter et analyse de terrain,
fait de nombreux ra- tant une plante pleine les outils qui l’aident Sylvestre t’emmène
vages dans nos régions de vertus. François à faciliter son tra- faire un tour dans les
à la fin de l’année pas- Couplan te fera dé- vail au quotidien et zones montagneuses
sée, nous infligeant les couvrir les secrets de ses conseils pour bien derrière chez-lui.
vents les plus violents cette plante médici- choisir et utiliser les C’est parti !
enregistrés depuis plus nale qui n’a pas peur tiens.
de vingt ans. Virgile te de braver le froid.
partage son journal de
bord pendant cette pé-
riode de chaos intense.

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Fabrication d’une Cohérence car- Le « hobo stove » : in- Frank Ropers,
étagère modulable diaque : peut-on mai- troduction aux four- expert en self-défense
grir en apprenant à neaux à bois
Pratique et décorative, mieux respirer ? Il partage régulière-
l’étagère modulable C’est simple : le feu, c’est ment ses conseils pour
est un meuble totale- Entre régimes stricts la vie. Il te permet de mieux optimiser ta
ment adaptable selon et séances de sport in- stériliser l’eau, de cuire préparation physique
tes envies et besoins. tenses, Frank t’aide à ti- tes aliments, te réchauf- et mentale, mais au-
En seulement 8 étapes, rer le vrai du faux dans fer… Le hobo stove est jourd’hui, Frank s’at-
Dimitri te montre l’abondance d’infor- un moyen simple de tarde un peu plus
comment en fabriquer mations sur la perte de brûler du bois en petite longtemps dans le
une chez toi à partir poids et te partage ses quantité. Sylvestre t’en Cercle APS pour te par-
d’éléments récupérés conseils pour un accom- présente les avantages ler de son parcours.
ou faciles à obtenir. pagnement raisonné. et les inconvénients…

J-1 : mardi 31 octobre.
La tempête est annoncée de-
puis plusieurs jours dans tous
Dossier du mois
les médias. Des vents à plus de
150 km/h frapperont les côtes
françaises dans quelques heures.
100 km/h devraient même être
ressentis sur Paris et la côte at-
lantique devrait subir des vagues
de 8 m. Météo France a lancé une
alerte rouge dans de nombreux
départements français. Ça risque
de cogner sévère, de frapper fort,
d’être le déluge.
Ciarán est une tempête formée
en Amérique. Tout le monde en
parle, apparemment on n’aurait
pas subi de vents aussi violents
depuis 1999. Vérité ou fake mé-
diatique, pour l’instant tout le
monde s’y attend mais personne
ne se prépare vraiment…
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DOSSIER DU MOIS
TEMPÊTE CIARÁN :
RÉCIT D’UNE
APOCALYPSE
LOCALISÉE
LE JOUR-J : MERCREDI
1ER NOVEMBRE
La journée commence sous un lé-
ger soleil. Les oiseaux chantent et
tout est calme. Vers 14h, le vent
monte comme à son habitude.
Dans les magasins, rien d’anormal,
au travail tout se passe bien, sur les
routes c’est très habituel. Vers 18h,
tous mes voisins ferment leurs vo-
lets et rentrent leur voiture au ga-
rage, démontent les trampolines et
rangent leurs poubelles.
Moi, je ne change rien à mes ha-
bitudes, je me dis simplement que
c’est encore un coup des médias,
de toutes façons je suis prêt.
À 20h, je m’endors devant le live
d’une chaîne d’autonomie. De-
hors, ça commence à souffler de
plus en plus fort. À 22h, mes am-
poules scintillent, je suis réveil-
lé par une méchante bourrasque
qui a pris soin d’emmener mes
bâches dans la cour du voisin. Je
sors, ça souffle beaucoup, le vent
tourbillonne et change de sens.
La porte de la serre s’est ouverte
et commence à s’arracher, les
ruches sont sur le point de tom-
ber et le chêne centenaire qui sur-
plombe notre maison ressemble à
un culbuto.
Je prends ma lampe Petzl et je
couche rapidement les chaises
qui sont encore debout, je cache
les pots de semis dans un coin, je
pose mes enclumes sur mon tas
de tôle, je renforce la porte de la
serre à l’aide de colsons, j’ajoute
des pierres sur les ruches, etc.
30 min après, j’ai fini, je suis sor-
ti par ce vent dangereux, ça n’était
pas raisonnable, mais il le fallait.
Je me rendors pour une nuit agi-
tée avec un sommeil saccadé et
rythmé par le vent…
 J+1 : JEUDI 2 NOVEMBRE
Mon réveil sonne à 5h45, comme
d’habitude. Je me lève, j’ouvre les
rideaux et je constate un tapis de
branches et de feuilles de plu-
sieurs centimètres sur le sol. Le
chapeau de cheminée du voisin est
par terre, la serre d’un autre voi-
sin s’est volatilisée et les quelques
poubelles qu’il restait ont dispa-
ru. Le vent souffle encore beau-
coup et il reste périlleux de sortir.
Je monte dans le local solaire vé-
rifier l’onduleur : le courant a bien
été coupé. C’était donc ça les gré-
sillements de lumière de la veille…
Avec la batterie et l’onduleur, je
me crois sauvé et j’éprouve un sen-
timent de réussite. Je regarde mon
téléphone : plus aucun réseau. La
box Internet ne fonctionne plus
non plus, elle est en défaut. J’al-
lume la radio à piles et j’écoute
l’état des routes : « interdiction for-
melle de se déplacer partout dans
le département ». Je dois norma-
lement partir à 7h du matin pour
Bayeux. Optimiste, je décale mon
départ à 9h en vue du vent qui
souffle encore énormément.
À 9h, je démarre ma camionnette
2CV. J’embarque une corde, un
casque, des bottes coquées et ma
tronçonneuse. Je roule à peine
20 m que je passe un torrent de
boue qui déferle du chemin plus
haut. Le doyen du village doit être
inondé, toute la boue descend chez
lui. 50 m après, je suis stoppé net
face à la crue de la rivière. Presque
1 m d’eau bloque la route et le
demi-tour est impossible. Je passe
la deuxième, j’accélère doucement
et garde une allure constante de
10 km/h. Je ne dois pas caler, c’est
la vague régulière que je créé
avec mon véhicule qui m’évite de
prendre l’eau. Je prie pour qu’au-
cune branche ou aucun débris ca-
ché ne me fasse caler.
Je suis finalement passé, mais
après le virage, caché en contre-
bas, un arbre bloque le passage.
Il a couché un poteau électrique.
Heureusement, c’est un câble fin
de télécom. Je coupe quelques
branches, juste assez pour lais-
ser un passage de véhicule, et je
monte la grande côte pour arriver
au village. Le village tout entier
est plongé dans le noir. Pharma-
cie, médecin, garage, pompiers,
etc. Personne n’a d’électricité.
Près de l’église qui surplombe
mon village, j’obtiens une barre
de réseau. J’essaie de contacter
mes proches mais ça ne sonne
même pas, personne ne répond.
Je réussis à joindre partielle-
ment Alban, chez qui je dois aller
à Bayeux. Je l’informe que je dé-
cale mon départ à demain : 1h30
en voiture dans ces conditions,
c’est du suicide.
Je rentre en roulant lentement.
De chaque côté de la route, des
centaines d’arbres couchés, qua-
siment aucun n’est dégagé. Pour-
tant, en une nuit, les pompiers de
mon village auront réalisé 43 in-
terventions.
Lors de mon retour, j’apprends
que l’école est fermée. Je resterai
donc dans mon village avec ma
femme et mon fils. À 10h, les voi-
Tempête Ciarán : récit d’une apocalypse localisée
sins arrivent chez moi, ils ont vu
de la lumière. Eux se sont réveil-
lés dans le noir. Ils ne peuvent pas
ouvrir leurs volets électriques,
pas se chauffer et pas cuisiner. À
ce moment-là, ils me posent des
questions sur la batterie Pylon-
tech et l’onduleur qui nous per-
mettent, à nous, de vivre comme
des rois le temps du déluge.
À 11h, le vent s’est calmé. On
prend la route avec trois voisins
pour aller constater les dégâts et
voir si personne n’a besoin d’aide.
Des arbres sont couchés sur les
maisons, des portails sont arra-
chés et de nombreux fils élec-
triques sont tombés au sol. Six
personnes se retrouvent chez le
5
 doyen du village, tout le monde
est venu voir s’il allait bien. La
solidarité s’installe. Je tire une
rallonge de ma batterie solaire
jusqu’au voisin d’en face, un autre
prête son groupe électrogène par
tranche de cinq heures, un autre
encore offre des bougies.
À 14h, on reprend la route. On
croise de nombreux pompiers
dans leur voiture personnelle. Ils
sont en tenue professionnelle,
mais avec leur tronçonneuse per-
sonnelle, le SDIS n’a pas assez de
moyens. Un hangar entier nous
bloque la route, il s’est déplacé
d’une cinquantaine de mètres,
on fait demi-tour. On se retrouve
chez la voisine d’en bas qui, elle,
Dossier du mois
J+2 : VENDREDI 3 NOVEMBRE
L’école est toujours fermée. Le
village reste plongé dans le noir,
le réseau télécom n’est toujours
pas revenu et l’eau du réseau est
maintenant devenue non potable.
Là aussi, les filtres et l’osmo-
seur nous permettent de passer
la crise sans changement d’ha-
bitudes. L’onduleur sonne, c’est
l’alarme, la batterie solaire est
déchargée. Il faut absolument du
soleil sinon, comme nos voisins,
nous serons plongés dans le noir
nous aussi.
À l’aide d’un balai, je nettoie les
panneaux photovoltaïques en en-
levant des centaines de feuilles et
débris de branches.
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a plus d’un mètre d’eau dans la
maison. Elle déprime. Elle habite
un ancien moulin, les pompiers
pompent, mais ça ne change rien.
Le soir, exceptionnellement, elle
s’alcoolisera pour essayer de cal-
mer sa douleur.
Vers 19h, pendant que tous sont
à la bougie, nous, nous man-
Je prie pour avoir quelques
heures de soleil et prends la route
pour Bayeux. Les routes sont dé-
gagées au strict minimum, tout
est couché sur les côtés et, sou-
vent, une seule voie est libérée.
Pendant plus de 20 km, aucun vil-
lage n’a de lumière, tout le monde
est logé à la même enseigne. Les
pompiers des villages que je passe
geons comme à notre habitu-
de, avec l’électricité. Sans soleil,
nous avons quand même décidé
de couper la VMC, le néon UV, qui
désinfecte notre eau, les détec-
teurs, la box Internet, etc. Il faut
économiser la batterie, on ne sait
pas combien de temps cela du-
rera.
font tourner les groupes électro-
gènes à plein régime, certains
ont même installé des postes de
commandements avancés et des
points de ravitaillement.
Vers 10h et après 2h de route, j’ar-
rive enfin chez Alban. Sa faîtière
et son brise-vue se sont arrachés.
Pendant que je travaille chez Al-
ban, je vois le soleil, il est grand
et beau. J’espère que chez moi il y
en a aussi, ça rechargerait ma bat-
terie. En attendant, je demande
à mon voisin de débrancher nos
J+3 : SAMEDI 4 NOVEMBRE
J’attends deux stagiaires pour un
stage de restauration d’outils an-
ciens. On doit utiliser des machines
électriques pour restaurer. Mais ces
machines sont très gourmandes en
énergie. Impossible de les brancher
sur ma batterie solaire, sinon nous
finirons nous aussi à la bougie.
Un stagiaire a rapporté son groupe
électrogène, un petit groupe qui
tourne à l’essence mais aussi au gaz.
Nous pouvons ainsi restaurer serei-
nement une tripotée d’outils anciens.
Le camion aménagé du rémouleur
est sur batterie, il sort ses panneaux
et chacune de ses machines peut
tourner. Nous pouvons travailler.
Grâce à un des stagiaires, c’est la
première fois que je peux en voir
une en vrai. Toujours pour éco-
nomiser le précieux courant, le
soir nous mangeons à la lumière
de l'EcoFlow et cuisinons à la cuisi-
nière à bois.
J+4 : DIMANCHE 5 NOVEMBRE
Le matin, je vais faire quelques
courses au village. J’avais oublié
que tout est resté fermé, personne
n’a encore d’électricité. Sans cou-
rant, impossible aussi de mettre
congélateurs quelques heures. Il
a les clés de chez moi, c’est bien
pratique. En rentrant, je m’aper-
çois que 4h de soleil ont réussi à
recharger intégralement la batte-
de l’essence ou de retirer de
l’argent au distributeur. Seul le
réseau de téléphone revient par-
tiellement, en intermittence.
rie. Elle est passée de 47 à 51 volts,
l’alarme ne sonne plus.
Nous n’avons toujours pas de ré-
seau EDF, pas de réseau téléphone,
pas d’Internet et pas d’eau.
Après trois jours, de nombreux
voisins ont perdu le contenu de
leur congélateur. Certains ont
Tempête Ciarán : récit d’une apocalypse localisée
réussi à en transférer une partie
chez nous. Les glaces, le gruyère,
les lardons, etc. font partie des
produits entièrement déconge-
lés. Les grosses pièces de viande
comme les poulets et les rôtis
peuvent encore être sauvés.
Les assurances sont appelées à la
chaîne. Elles arrosent et avancent
l’argent sur présentation de pho-
tos ou de devis. Je suis rappe-
lé pour travailler en élagage, je
commencerai lundi en urgence.
Les seuls magasins ouverts, qui
sont à plus de 20 km de chez moi,
sont en pénurie de bougies, de gaz
et de lampes. Tout le monde en
veut, même ceux pour qui le cou-
rant est déjà revenu. Chez nous, le
courant n’est toujours de retour…
Je réussis à joindre mes parents
qui habitent à une trentaine de
kilomètres de chez nous. Ils ont
un arbre qui est tombé cette nuit.
Encore debout après la tempête,
7
 ils se croyaient sauvés. L’arbre
s’est couché sur le chalet 4 jours
après. Heureusement que per-
sonne n’était en dessous. L’assu-
rance leur propose 250€ sans de-
vis et sans facture pour que j’aille
m’en occuper. Les assureurs pré-
fèrent payer directement une pe-
tite somme et clôturer le dossier
J+5 : LUNDI 6 NOVEMBRE
Je commence le travail en éla-
gage, ça durera deux semaines.
Du travail dans le bois, il y en a
partout.
Le patron va à la priorité. Sur sa
messagerie, 23 nouveaux mes-
Dossier du mois
sages en une journée. Il n’arrive
plus à suivre. Les chantiers sont
gros, très gros.
Le premier chantier que je réalise
avec lui est impressionnant. Un
arbre doublement centenaire au
tronc de 2 m de diamètre en deux
brins est couché sur une maison.
Le houppier de l’arbre est ren-
tré dans la toiture. Les personnes
n’ont plus de maison. La toiture,
la maçonnerie, le vitrage, etc. Tout
est à refaire.
8
que de recevoir la facture d’un
professionnel.
Mon père ne pourra pas acheter
de tôle profilée en bac acier, il n’y
en a plus nulle part, c’est la pénu-
rie. Les couvreurs sont débordés.
Ce chantier, tout le monde l’a re-
fusé, il est trop dangereux. Mon
patron, lui, l’a pris.
Il enfile son baudrier, attache
sa tronçonneuse et commence
la grimpe. Pendant deux jours,
il découpe de fines rondelles de
l’arbre pour libérer la toiture.
Il ne reste plus que l’énorme tronc
posé à cheval sur la maçonnerie.
On essaie de le soulager au tire
fort et aux étais. L’arbre est bien
trop lourd, on casse le tire fort et
plie quelques étais.
C’est finalement un ingénieux
système de 6 poulies qui per-
mettra de le dégager. Une fois
les forces démultipliées par les
poulies, l’arbre est tiré au 4 x 4
Chez nos voisins d’en face, le cou-
rant est revenu. Chez nous, tou-
jours rien. Eux sont sur un réseau
enterré, et nous sommes encore
en réseau aérien. La mairesse an-
nonce une reprise de l’électricité
pour mardi soir. Heureusement
qu’il y a un peu de soleil pour re-
charger notre batterie.
par une accélération très rapide
et sèche.
C’est bon, l’arbre n’est plus sur la
toiture. Un bout de toiture s’est ar-
raché pendant la manœuvre, mais
la maison est maintenant mise
en sécurité. Il restera, au milieu,
l’énorme souche de l’arbre qui ne
pourra jamais être dégagée.
Le soir, en repartant, nous nous
arrêtons au magasin de moto-
culture. Ils ont réembauché, tout
le monde s’active et tout tourne
à plein régime. Pénurie là aus-
si d’huile de chaîne et de lamier
neuf de tronçonneuse. Des pa-
lettes entières de tronçonneuses
neuves sont installées devant le
magasin, à croire qu’ils avaient
prévu ce coup-là.
 J+6 : MARDI 7 NOVEMBRE
L’électricité et l’eau potable re-
viennent et tout se rétablit dou-
cement.
Les choses auront été chaotiques
pendant quelques jours. Je conti-
nue de travailler en élagage pen-
dant de nombreuses semaines.
Chaque chantier est périlleux, il
faut continuer d’aller à l’urgence.
10 jours après, certaines maisons
n’ont toujours pas d’électricité ou
de téléphone.
Ces temps d’apocalypse localisée
nous ont prouvé une fois de plus
qu’il faut être prêt. Quelques bat-
teries, une radio, du gaz, du ma-
tériel de tronçonnage et un bon
réseau d’amis étaient nécessaires
Tempête Ciarán : récit d’une apocalypse localisée
pour passer cette tempête sans
perdre la tête.
Plusieurs de mes voisins l’ont en-
fin réalisé : il faut anticiper. Il vaut
mieux le réaliser tard que jamais.
Maintenant ils feront attention.
Virgile Ghiliani
9

Noms : Stellaire moyenne, mou-
ron blanc, mouron des oiseaux,
morgeline
Nom latin : Stellaria media
Famille : Caryophyllacées
Plante : Petite plante générale-
ment annuelle à tige longiligne
portant de petites feuilles op-
À la rencontre des plantes sauvages
posées, larges et aiguës.
Fleurs et fruits : Fleurs de taille
moyenne présentant 5 pétales
blancs divisés en deux jusqu’à
la base et donnant de petites
capsules de couleur claire.
Environnement : Jardins, terres
remuées, bois frais riches en
humus.
François Couplan,
ethnobotaniste, est
l’auteur de nom-
breux ouvrages sur
les plantes et la nature, notam-
ment . Il organise régulièrement des
stages de découverte des plantes
sauvages comestibles et médici-
nales, ainsi qu’une formation com-
plète sur trois ans (Collège Pra-
tique d’Ethnobotanique). Retrouvez
toutes les informations sur son site :
www.couplan.com.
10
À LA RENCONTRE DES PLANTES SAUVAGES
LA STELLAIRE
COMMENT IDENTIFIER
LA STELLAIRE
À son apparence
La stellaire moyenne est une
« mauvaise herbe » annuelle, bi-
sannuelle ou parfois vivace, cou-
vrant souvent le sol d’un épais
tapis vert. Ses tiges, étalées ou
dressées, sont grêles et cylin-
driques. Elles ont pour caractéris-
tique de présenter dans leur lon-
gueur une ligne très nette de poils
blanchâtres, située alternative-
ment d’un côté puis de l’autre de
chaque entrenœud. Les feuilles,
de taille réduite, sont opposées,
plus ou moins largement ova-
les, aiguës au sommet, d’un beau
vert tendre. Leur marge est habi-
tuellement bordée de cours poils
blancs. Les petites fleurs ont cinq
sépales libres et velus, et cinq pé-
tales blancs profondément divi-
sés en deux jusqu’à la base, de
sorte que la fleur semble en avoir
dix. On dénombre généralement
cinq étamines et trois styles sur-
montant un ovaire globuleux. Le
fruit est une petite capsule ovoïde
dépassant peu le calice.
Les délicates touffes vertes de la
stellaire se rencontrent commu-
nément dans les terres riches et
fraîches. La plante affectionne
les lisières des bois frais, le cou-
vert des épicéas isolés, le pied
des murs, les tas de compost et
les jardins et, d’une façon géné-
rale, les lieux humides et om-
bragés où la terre est riche. Elle
abonde dans toutes nos régions.
En tant que plante bioindicatrice,
la stellaire dénote un humus de
bonne qualité pour les cultures.
Sa présence dans un potager est
donc un excellent présage pour
le jardinier.

À l’odeur
Telle quelle, la stellaire ne sent pas
grand-chose. Lorsqu’on écrase la
plante entre les doigts, il se dégage
une odeur herbacée agréable.
Au toucher
La plante est molle et douce au
toucher.
Confusions à éviter
Il existe 16 autres espèces du genre
Stellaria en Europe. Parmi les plus
courantes dans notre flore, on peut
USAGES ET VERTUS
Comment manger
la stellaire
La stellaire moyenne est sans
conteste l’une de nos meilleures
plantes de base pour les salades
sauvages – avec, à mon avis, la
picridie (Reichardia picroides), la
laitue vivace (Lactuca perennis),
la chondrille à tiges de jonc
(Chondrilla juncea) et le laiteron
maraîcher (Sonchus oleraceus).
citer la stellaire des bois (Stellaria
nemorum), la stellaire holostée
(S. holostea), la stellaire graminée
(S. graminea), la grande stellaire
(S. neglecta), la stellaire aquatique
(S. aquatica), la stellaire des marais
(S. palustris) et la stellaire alsine
(S. alsine). Toutes possèdent des
fleurs aux pétales divisés en deux
jusqu’à la base, mais elles ne pré-
sentent pas de ligne de poils sur
les tiges, qui sont velues tout au-
tour de façon homogène. D’autres
Caryophyllacées proches, tels que
divers céraistes (Cerastium spp.)
ou la sabline trinervée (Moehringia
trineriva), pourraient être confon-
dues avec la stellaire moyenne,
mais si leurs pétales sont généra-
Les feuilles et les tiges sont
tendres, juteuses, rafraîchis-
santes et possèdent une agréable
saveur de noisette. On peut les ra-
masser en quantité et s’en nour-
rir régulièrement. La stellaire
se déguste surtout crue. On en
fait, entre autres, de délicieuses
soupes crues pour l’été.
Mais c’est aussi un très bon lé-
gume cuit, que l’on peut préparer
de multiples façons. Au Japon, la
lement échancrés, ils ne sont ja-
mais divisés jusqu’à la base. Ces
diverses espèces ne sont pas dan-
gereuses, mais elles ne présentent
pas véritablement d’attrait culi-
naire, car elles sont rarement as-
sez tendres pour être comestibles
et leur saveur n’est pas toujours des
plus agréables.
Avant la floraison, il serait fa-
cile de confondre la stellaire avec
le mouron rouge (Lysimachia ar-
vensis – anciennement Anagal-
lis a.) une Primulacée légère-
ment toxique du fait de sa forte
teneur en saponines hémoly-
tiques, du moins à l’état cru, qui
pousse très fréquemment dans
les jardins. Ses tiges sont angu-
leuses, dépourvues de poils et le
revers de ses feuilles est couvert
de points brunâtres. Ses fleurs
La stellaire
sont rouge brique ou bleu vif.
De toute façon, le mouron rouge
ne semble pas véritablement
dangereux pour l’être humain
puisqu’on l’a occasionnellement
consommé comme légume cuit et
utilisé en phytothérapie.
stellaire fait partie des sept herbes
sauvages que l’on mange tradition-
nellement avec du riz le 7 janvier
(nanakusa gayu = bouillie de riz aux
sept herbes), ce qui correspond au
renouveau de la végétation.
On cueille ensemble tiges, feuilles
et fleurs tant qu’elles sont très
tendres, c’est-à-dire presque
toute l’année, car plusieurs gé-
nérations se succèdent sans dis-
continuer. S’il fait trop sec, ou
11
 si la plante vieillit, les tiges s’al-
longent et durcissent. On ne
cueille plus alors que les pousses
terminales, en les coupant entre
les doigts, avec un couteau ou
avec des ciseaux.
La stellaire moyenne peut se re-
produire à une vitesse impression-
nante : elle est capable de donner
des graines viables deux mois après
avoir germé, ce qui représente donc
six générations sur l’année !
Il est donc théoriquement possible
d’en récolter pratiquement tout le
temps, d’autant plus qu’elle peut
À la rencontre des plantes sauvages
résister sans broncher à des gelées
de -10 °C, si elles ne durent pas trop
longtemps.
12
Son goût
La saveur très agréable de
la stellaire évoque pour cer-
tains la noisette, pour d’autres
le jeune maïs sucré. Tout le
monde s’accorde en tout cas
pour la trouver très délicate.
Qualités nutritionnelles
et médicinales
La stellaire moyenne est un lé-
gume agréable et bon pour la
santé. Elle s’avère assez riche en
vitamine C et en certains sels mi-
néraux (calcium et magnésium en
particulier). Elle renferme égale-
ment des flavonoïdes aux pro-
priétés antioxydantes.
La plante fraîche passe pour être
tonifiante, diurétique, et légère-
ment laxative. Son infusion serait
également expectorante.
Restrictions
La stellaire renferme de petites
quantités de saponines. De fortes
doses de saponines s’avèrent
toxiques, pouvant aller jusqu’à
l’hémolyse, mais dans le cas de
la stellaire, aucun problème n’a
jamais été mis en évidence. Il
ne semble pas non plus que sa
consommation régulière pose le
moindre problème.
Anecdote
Le nom botanique Stellaria dérive
du latin stella, étoile, car ses fleurs
ont l’apparence de petites étoiles
blanches. L’épithète , moyenne,
se réfère à la ligne de poils blancs
tout à fait caractéristique qui par-
court la tige en son milieu et dis-
tingue cette espèce des autres
membres de son genre.
 Soupe crue de stellaire (pour 4 personnes)

Ingrédients  :

La stellaire
• 400 g de stellaire bien • 1 cuillère à café de sel ;
tendre, non fibreuse ; • ¼ L d'eau ;
• 5 cL d'huile d'olive ; • ¼ L de lait ;
• 1 gousse d'ail ; • 150 g de courgettes.

Préparation :

1. Hachez assez finement la Dégustez tiède cette délicieuse

stellaire et mettez-la dans
un mixer avec l'huile d'olive,
l'ail cru et le sel ;
2. Ajoutez l'eau et le lait, et
mixez brièvement ;
3. Faites cuire les courgettes à
la vapeur et ajoutez-les à la
stellaire dans le mixer ;
soupe, avec des croûtons re-
venus au beurre. Au cas où
vous souhaiteriez la réchauf-
fer, procédez délicatement : si
vous la faisiez bouillir, son su-
perbe vert deviendrait triste-
ment brunâtre…

4. Ne remplissez pas trop votre

mixer ; il vaut mieux procé-
der en plusieurs fois et mé-
langer le tout.

François Couplan

13
 Valentin s’est VERS L’ABONDANCE AU POTAGER
mis à la per-
maculture il y a
plus de 10 ans. Il
s’est formé sur le terrain, dans
les alpages et des fermes de
LES OUTILS
toute l’Europe, avant de pas-
ser sa Certification de Desi-
gner en Permaculture. Une
encyclopédie vivante de la
permaculture !

Avoir un beau terrain ne suffit pas LES OUTILS CLASSIQUES

pour être un bon jardinier, il faut
également avoir de bons outils !
Mes outils m’accompagnent dans
toutes mes tâches au jardin et je
dois pouvoir compter dessus. J'ai
Vers l’abondance au potager
Dans tous mes outils, il y en a
que j’utilise presque tous les
jours pour diverses tâches. Ce
sont pour la plupart des outils à
manche, c’est-à-dire qu’ils pos-
deux autres types, ce qui les rend
très polyvalentes. Elles ont un
manche long avec un décroche-
ment juste avant le fer pour le
rendre légèrement désaxé. Le

besoin qu'ils soient solides, effi-
caces et adaptés à mes méthodes.
Comme je vise l’autonomie à
tous les niveaux, si mes outils se
cassent, il faut que je puisse les ré-
parer moi-même voir les adapter
sèdent un long manche pour pou-
voir être utilisés debout.
La pelle
Il existe toutes sortes de pelles
différentes qui sont destinées à
des usages variés.
fer est incurvé et se termine en
pointe. Pour moi, c’est la pelle la
plus utile au jardin, car, grâce à
son bout pointu, je peux creuser
facilement et déplacer des tas,
comme je le ferais avec une pelle
de maçon.

Il y a d’abord la bêche classique,

dont le fer est rectangulaire. Elle
sert principalement à creuser des
trous. Son manche est court, mais
généralement assez épais, ce qui
en fait un outil solide et fiable.

Il y a ensuite les pelles de maçon

au manche fortement courbé et
au fer très large, qui se termine en
pointe. Ces pelles servent princi-
palement à déplacer du matériel,
que ce soit du sable, des cailloux
ou de la terre, mais leur forme per-
met aussi de creuser à plat, dans
un tas par exemple, sans faire trop
d’efforts au niveau du dos.
Finalement, il y a les pelles de
plantation, ou pelles américaines,
Pelle de maçon qui mélangent les avantages des
Pelle américaine
Pour ce genre d’outil, j’ai be-
soin que le manche soit à la fois
long et solide tout en restant lé-
ger. La plupart du temps j’utilise
des manches en bois mais, sur
certaines de mes pelles, j’ai des
manches en fibre de verre qui sont
particulièrement satisfaisantes.

14
La fourche
Il existe deux styles de fourches.
La première a les dents rappro-
chées, ce modèle en a générale-
ment 4. C’est une fourche utilisée
pour le fumier ou encore le com-
post. L’autre a moins de dents, on
en compte habituellement 3, et
elles sont plus largement espa-
cées. Ce modèle sert pour le foin
ou la paille et était traditionnel-
lement utilisé lors des moissons.
Au jardin, j’utilise principale-
ment la fourche à fumier, car elle
permet de saisir des matériaux
grossiers dans lesquels il serait
difficile d’enfoncer une pelle.
Avec ce type de fourche, je peux
en prendre beaucoup de matière
LES OUTILS SPÉCIFIQUES
En plus des outils standards, j’uti-
lise régulièrement des outils plus
spécifiques, qui sont soit liés di-
rectement aux techniques de per-
maculture, soit à des techniques
de maraîchage plus précises.
La grelinette
La grelinette, c’est l’outil du jardi-
nage permacole par excellence. Elle
permet d’aérer le sol sans le retour-
ner, mais aussi d’ouvrir un sol, de
à la fois, ce qui est plus difficile
avec la fourche à foin.
Cette dernière m’est quand même
utile lorsque je manipule du foin
et de la paille, que j’utilise pour
couvrir mes cultures ou encore
pour en amalgamer au compost.
De manière générale, je porte ra-
rement de trop lourdes charges
avec la fourche donc je préfère un
manche léger et souple plutôt que
trop gros et solide.
Le croc
Le croc est un dérivé de la houe
qui possède 3 ou 4 dents sur un
fer perpendiculaire au manche.
C’est un outil qui est très pra-
tique pour ouvrir un sol même si
celui-ci est enherbé, car les dents
du croc s’enfilent entre les ra-
cines et permettent de défaire
les mottes. Je peux aussi l’utili-
ser pour affiner la surface d’une
préparer une zone de plantation,
de décompacter une zone, etc.
Il y en a différents modèles de dif-
férentes largeurs, mais le prin-
cipe reste le même : c’est une
barre horizontale sur laquelle
sont fixées entre deux et cinq
dents. Des manches sont géné-
ralement fixés de chaque côté de
cette barre horizontale pour pou-
voir utiliser l’outil avec les deux
mains. On enfonce les dents dans
le sol avec le pied en utilisant le
zone de culture avant un semi,
par exemple.
Il existe plusieurs sortes de crocs.
Certains possèdent des dents
fines, ceux-ci sont souvent uti-
lisés pour défaire les mottes
sur une zone de culture ou en-
core pour introduire le compost
dans la première couche du sol.
D’autres ont des dents moins
nombreuses mais plus solides,
ils servent à ouvrir un sol et en-
lever l’herbe.
Pour ce genre d’outil, je préfère
les manches courts et les dents
solides. Je m’en sers souvent pour
Les outils
ouvrir un sol et, même s’ils sont
plus bourrins, ils fonctionnent
très bien pour affiner la surface
d’une zone de culture.
poids du corps et on baisse l’outil
en tirant les manches contre soi
sans se pencher, et donc en épar-
gnant son dos.
15
 Pour ma part, j’ai un modèle à
5 dents qui ont la particularité
de pouvoir être remplacées. Elles
sont en effet vissées et non pas
soudées, ce qui permet, dans le
cas où l’une d’elles se casse ou se
plie, de pouvoir la changer.
J’utilise principalement la gre-
linette au printemps, lorsque je
prépare une zone de culture. J’en-
lève le paillage et je passe toute
la zone à la grelinette avant la
plantation. Cela permet d’aérer
le sol sans abîmer sa structure, les
couches ne sont pas bouleversées
et la porosité reste intacte.
Les modèles plus fins sont plus
Vers l’abondance au potager
légers et donc plus faciles à ma-
nier. Ils permettent aussi d’aller
dans des zones plus étroites. Les
modèles plus larges, quant à eux,
permettent d’aller plus vite.
C’est également un outil très
utile lorsque l’on ouvre son ter-
rain pour la première fois, et
qu’on doit enlever la couverture
herbeuse, car la grelinette per-
met de soulever les mottes. Il n’y
a ensuite plus qu’à les casser avec
le croc, ce qui rend la tâche deux
fois moins pénible.
Lorsque je dois faire un trou pour
la plantation d’un arbre ou d’une
autre plante vivace, je passe tou-
jours quelques coups à la greli-
16
nette avant de commencer à creu-
ser, afin d’ameublir le sol et de
m’épargner également des efforts.
La fourche-bêche
Avant d’acheter ma première greli-
nette, j’ai longtemps travaillé avec
la fourche-bêche. Cet outil fonc-
tionne plus ou moins de la même
manière, mais il est moins large et
il ne possède qu’un seule manche,
qui est d’ailleurs plus court.
C’est un outil qui peut effectuer
les mêmes tâches que la greli-
nette, mais les efforts pour le dos
ne sont pas les mêmes.
Au jardin, je l’utilise lorsque je
dois déterrer une vivace ou en-
core pour récolter les panais et
les poires de terre. Elle me per-
met de déterrer une plante sans
couper de racine, à l’inverse
d’une pelle.
Pour cet outil, j’utilise surtout
ceux qui possèdent un manche en
fibre de verre, car tous les autres
que j’ai utilisés finissent par se
casser au niveau du manche.
Le sarcloir
Ce n’est pas forcément un outil que
j’utilise tout le temps, mais je le
trouve de plus en plus pratique. En-
core une fois, il peut y avoir diffé-
rentes formes de sarcloirs : certains
possèdent un fer plat, d’autres ont
deux côtés (l’un pointu et l’autre
avec des dents), finalement, il
existe aussi le sarcloir oscillant que
j’apprécie particulièrement. Il pos-
sède un fer très fin arqué sur deux
petits bras et, comme son nom l’in-
dique, il oscille sur un axe. Il per-
met de creuser juste un ou deux
centimètres sous les racines des
plantes et de couper la terre sous
les mauvaises herbes. Personnel-
lement, je trouve ce modèle très er-
gonomique !
Traditionnellement, les sarcloirs
servent à passer entre les légumes
pour enlever les mauvaises
herbes efficacement. Ils ont dif-
férentes largeurs, ce qui permet
de les utiliser entre différents es-
pacements. Par exemple, pour
simplifier la tâche de désherbage
entre deux rangs de carottes, on
peut mesurer la taille d’un de nos
sarcloirs et utiliser cette référence
pour choisir la distance entre nos
rangs. Tout le désherbage ne sera
pas fait, mais une grosse partie
sera simplifiée par cette pratique.
Pour ma part, j’utilise souvent
le sarcloir lorsque je fais un faux
semi, c’est-à-dire que j’enlève la
couverture de mulch d’une zone
de culture, généralement au prin-
temps, et je laisse germer les mau-
vaises herbes. En fait, je les laisse
LES OUTILS À MAIN
Ce sont les petits outils qui s’uti-
lisent lorsqu’on est proche du sol,
pour faire des petites interven-
tions comme des plantations ou
du petit désherbage.
La pellette
J’utilise les pellettes pour faire
mes plantations dans les zones de
culture. Comme je fais beaucoup
de plantons, je me retrouve sou-
vent à genoux à devoir faire des
petits trous dans mes zones de
culture pour installer les plantes
RÉCUPÉRER SES OUTILS
Bien qu’il y ait des nouveautés in-
téressantes et des nouvelles tech-
nologies d’outils comme pour les
manches en fibre de verre, de ma-
nière générale, je trouve que la
qualité est la solidité des outils et
de plus en plus à revoir.
Pour bon nombre d’entre eux,
c’était mieux avant.
juste sortir d’un ou deux centi-
mètres et c’est à ce moment-là
que je sarcle la zone. De cette ma-
nière, j’élimine une bonne partie
des graines prêtes à germer à la
surface de mon sol. Lorsque c’est
fait, je sème où je plante immé-
qui ont des petites mottes. Dans
ces conditions, c’est très pratique
d’avoir une petite pelle pointue et
efficace pour creuser rapidement
des dizaines de trous.
Le sarcloret
Ce sont des mini sarcloirs qui
s’utilisent pour désherber plus
précisément entre les légumes.
Leurs avantages c’est qu’ils
peuvent être utilisés à une main
alors que dans l’autre on tient
la mauvaise herbe pour pouvoir
C’est pourquoi, lorsque je vais
à la déchetterie ou dans les
vide-greniers et autres bro-
cantes, je ne peux pas m’empê-
cher de guigner pour voir si je
déniche un vieux croc.
Souvent, les vieux outils étaient
forgés par le forgeron du coin et à la
demande du client. Il m’est souvent
arrivé de trouver des outils dont le
diatement de manière à occuper
au plus vite la surface.
J’utilise également les sarcloirs
pointus lorsque je prépare un sil-
lon pour un semis de carottes, de
radis ou de navets.
l’arracher avec un maximum de
racine. C’est un petit outil précis.
Le plantoire
C’est une pointe en bois habil-
lée avec un bout en fer principa-
lement utilisé pour planter les
bulbes de tulipes et autres fleurs
d’ornement. Pour ma part, j’en
Les outils
ai besoin lorsque je plante des
bulbes d’oignons ou d’ails, même
si ce n’est pas l’outil dont je me
sers le plus.
fer avait une forme tout à fait spé-
cifique que je n’ai pas vue ailleurs.
En plus de l’aspect original, il
y a des outils plus adaptés que
d’autres à mes techniques. Un
jour, j’ai par exemple trouvé un
croc dont le fer était plus petit que
d’habitude, donc plus léger, tout
en étant assez large et donc très
solide. Il s’agit du croc que j’uti-
lise tout le temps aujourd’hui.
17
 RÉPARER SES OUTILS
Parmi les outils que je récupère,
il y en a qui sont souvent abîmés.
C’est généralement le manche qui
est cassé. Il peut être alors compli-
qué de l'enlever du fer. Pour m’en
sortir sans trop d’efforts, je mets
les fers dans un feu et je laisse le
reste du manche en bois brûler.
Lorsque le fer a refroidi, il est prêt
à être réemmanché.
Sur les fourches, les fourches-
bêche et les râteaux, on retrouve
souvent deux types :
• Soit le fer comporte une partie
tubulaire dans laquelle on en-
Vers l’abondance au potager
file un manche en bois ;
• Soit il se termine en une es-
pèce de pointe plate qui se fiche
à l’intérieur du manche lui-
même troué sur une extrémité.
STOCKAGE ET ENTRETIEN
Pour préserver ses outils le plus
longtemps possible, il est impor-
tant de les stocker au sec. Pré-
voyez un espace abrité ou vous
pourrez les ranger, si possible
suspendus. J’ai expérimenté
toutes sortes de supports de ran-
gement, et celui que j’utilise ac-
tuellement me semble tout à fait
abouti : sur une paroi solide, j’ai
fixé des équerres métalliques par
paires de manière à pouvoir sus-
pendre à l’envers les pelles, les
fourches, les râteaux, etc.
Ce que je ne fais pas à chaque
fois par contre, mais que je de-
vrais, c’est de nettoyer au jet et à
18
La première option est nettement
plus solide et fiable. Elle permet
de visser ou clouer à travers la par-
tie tubulaire pour assurer une ex-
cellente fixation entre le fer et le
la brosse les parties métalliques
des outils pour éviter que la terre
qui reste dessus ne fasse appa-
raître de la rouille.
Finalement, pour que les
manches restent souples et im-
perméables, il faut les huiler une
à deux fois par année pour nour-
rir le bois. J’utilise de l’huile d’oli-
ve, mais vous pouvez prendre
toutes sortes d’huile végétales.
Avec cet article, j’espère avoir
précisé les différents usages
des principaux outils du jardin.
J’avais aussi envie de vous encou-
rager à récupérer des vieux outils,
manche. Ce n’est pas du tout le
cas avec la deuxième technique.
Il m’est souvent arrivé de perdre
le fer du râteau ou de la fourche
lorsqu’ils sont emmanchés de
cette manière.
Lorsque je refais des manches,
je réfléchis à leur forme, à leur
taille, mais aussi au type de bois
que je vais utiliser. La plupart du
temps, je prends du frêne, mais
il m’arrive aussi d’utiliser de l’if.
Ce sont des bois qui sont résis-
tants et suffisamment souples
pour pouvoir encaisser des chocs.
Il est aussi possible d’acheter des
manches dans les magasins de
bricolage, ils sont solides et fonc-
tionnent très bien, ils ont juste
l’inconvénient de ne pas pouvoir
être customisés.
ou simplement les fers, pour fa-
briquer vos propres outils et vous
les attribuer vraiment.
J’ai un goût prononcé pour la ré-
cupération et j’adore fouiller les
bennes de métal à la recherche
d’un nouveau fer de hache, mar-
teau, pelle etc. En hiver, j’ai éga-
lement beaucoup de plaisir à re-
faire mes manches, ou en faire
pour de nouveaux outils, et ex-
périmenter de nouvelles formes
plus ergonomiques, plus élan-
cées, pour pouvoir être encore
plus efficace au jardin.
Valentin
Sylvestre est in-
génieur, père de
famille et passion-
né de bushcraft et
de marche ultra-légère. Tous les
week-ends, il part en forêt, par-
fois seul, parfois avec des amis
ou sa famille, pour tester de nou-
velles techniques et ses limites.
Aujourd’hui je vous entraîne dans
une petite exploration effectuée
derrière chez moi, avec comme
point de départ un peu de lec-
ture de carte sur le guichet car-
tographique de l’Office fédéral
de la topographie.
Nous verrons qu’il est possible
d’anticiper certaines caractéris-
tiques du terrain en observant
attentivement la carte nationale,
l’orthophotographie et la carto-
graphie de surface 3D relevée
par LIDAR (télédétection par la-
ser). Mais malgré cela, il est en-
core possible de s’égarer un peu
quand on n’est pas attentif…
L’ART DE LA VIE SAUVAGE
EXPLORATION
DERRIÈRE CHEZ MOI
MON BUT
J’habite au pied des Préalpes vau-
doises. Aux alentours de mon do-
micile, avant d’arriver à la zone
de montagne proprement dite, j’ai
accès à de nombreux petits som-
mets de l’étage collinéen. Ils sont
tous boisés, entourés de forêts de
pente, et présentent parfois des
zones de falaises escarpées.
Au-dessus du village de Veyges se
trouve l’un de ces petits sommets :
l’Efflot de Veyges. Cette petite
PHASE 1 : LECTURE
DE LA CARTE
Analyse des courbes
de niveau
Comme vous le savez sans doute,
on peut évaluer la pente d’un
terrain en observant la distance
entre les courbes de niveau sur
la carte. Plus celles-ci seront
proches, plus le terrain sera raide.
Inversement, si elles sont espa-
cées, le terrain sera plus plat.
bosse m’intéresse depuis long-
temps, et j’en ai déjà fait le tour à
de nombreuses reprises en trail.
Je n’étais encore jamais monté au
Exploration derrière chez moi
sommet, mais l’ai souvent étudié
sur la carte nationale.
Un samedi pluvieux de l’au-
tomne passé, je me suis décidé à
aller explorer le site, après avoir
relevé quelques caractéristiques
sur carte.
Étant donné que je suis toujours
à la recherche d’endroits plats où
poser ma tente, le double sommet
de l’Efflot de Veyges a vite attiré
mon attention !
On le voit très bien sur l’extrait
ci-dessus : alors que partout au-
tour les pentes sont très raides,
les lignes deviennent très espa-
cées sur les deux petits sommets
19
 (1164 m et 1213 m d’altitude) de l’Efflot de Veyges
(photo 1).

L’outil de mesure et de génération de profil de ter-

rain du GéoPortail me le confirme.

On voit bien que la pente est forte de part et d’autre

des deux sommets, et qu’il y a plusieurs zones de re-
plats sur le haut de cette formation (photo 2).

Cela vaut donc effectivement la peine d’y monter !

Détermination d’un tracé

Je sais que je vais arriver depuis le Nord par le che-

min forestier (traitillés bleus), puis monter jusqu’au
sommet par la pente. Je vois sur la carte que l’accès
semble un peu moins raide sur le versant Nord-Est
du sommet « 1213 », et je prévois donc de suivre le
premier tracé en rouge. Depuis le premier sommet,
L’ART DE LA VIE SAUVAGE

j’arriverai facilement au sommet « 1164 » en conti-

nuant mon chemin. Je passerai ainsi par toutes les
zones plates de l’Efflot, et pourrai voir lesquelles
conviendraient à l’installation d’un camp (photo 3).

Analyse de la surface 3D

En complément de la carte nationale, je vais également

étudier le levé de surface 3D réalisé par LIDAR aéro-
porté. Je sais que la précision de ce levé est parfois infé-
rieure à 10 cm, ce qui permet de révéler des détails très
fins de la surface du terrain, et ce, même sous les arbres.

On voit sur la photo 4 la même zone représentée

plus haut sur la carte topographique. Je remarque
tout de suite sur le levé de surface les principales
routes et chemins (par exemple la ligne de chemin
de fer en bas à droite, le chemin pédestre en bas à
gauche, ou encore la route d’accès au hameau de
Veyges en haut, au centre).

Je vais zoomer un peu sur cette couche pour analy-

ser le terrain (photo 5).

Les détails des ombrages laissent apparaître les zones

de falaises (en rouge) un peu mieux que sur la carte na-
tionale. Alors que sur cette dernière on voit simplement

20
que les courbes de niveau sont très serrées, on n’arrive
pas forcément à distinguer toutes les ruptures de pente.

Ici on voit également bien apparaître les zones de

replat (en vert).

En bas à droite, il est intéressant de constater

qu’entre deux replats, il y a une zone passablement
raide, qui n’apparaît pas bien sur la carte : on pour-
rait penser que le terrain est régulier, mais en réalité
il semble y avoir une petite barre de falaise.

Je sais ainsi qu’il faudra que je me montre particu-

lièrement prudent lors de mon exploration sur le
terrain. Ce genre de barres de falaises peuvent être
traîtres si on s’en approche depuis le haut (risque de
chute ou de glissade !), ou depuis le bas (risque de se
prendre une pierre sur la tête !).

Les détails fins de la surface 3D (photo 6) m’indiquent

Exploration derrière chez moi

également la présence de quelques « chemins » ou
«sentes» sur le versant Sud de l’Efflot (marqués par les
flèches rouges ci-dessous). Il peut s’agir d’un vrai sentier,
ou d’une piste utilisée fréquemment par les chamois. Je
sais ainsi que je pourrais essayer de le suivre jusqu’au re-
plat entre les deux sommets, mais vu la présence de fa-
laises en-dessous, je décide de m’en tenir dans un premier
temps au tracé déterminé sur la carte nationale (quitte à
revenir pour trouver cette sente après coup).

Analyse de l’orthophotographie

Finalement, je prends encore le temps de jeter un œil

à l’orthophoto (photo 7). La voici sur le même péri-
mètre que la carte nationale :

On voit facilement le couvert végétal dense sur le

haut de l’Efflot, et les zones de falaises en gris clair
dans la forêt de pente sur le versant Sud.

On reconnaît dans le carré la clairière au bout du

chemin forestier par lequel je vais arriver. Je repère
également une zone intéressante, entourée par le
rond rouge, qui semble être une clairière dans un
secteur relativement plat.

En zoomant un peu (photo 8), je crois distinguer un

arbre abattu, dont je vois le tronc et la zone racinaire
arrachée. J’irai vérifier tout cela.

21
 Bilan
Au final, j’ai la certitude qu’il y a des zones bien plates
sur le sommet de l’Efflot. J’ai un projet d’itinéraire,
je suis conscient des dangers de part et d’autre de ce-
lui-ci (falaises !), et j’ai un ou deux points d’intérêts à
visiter en chemin.
Ce que je ne vois pas avec cette analyse, c’est l’état
réel de la surface du sol. Peut-être celui-ci est-il jon-
ché de cailloux, ou très inégal, rendant ainsi impos-
sible l’installation d’une tente.
Un seul moyen pour en être sûr : aller voir sur place !

PHASE 2 : SUR LE TERRAIN

Approche Trop content d’avoir trouvé une trace, je me plante

lamentablement en la suivant trop loin, et je me re-
Je décide de me rendre sur place de manière « multi- trouve bientôt coincé sous une barre de falaise… au
modale » : je vais monter en train jusqu’à Leysin avec lieu de suivre l’itinéraire prévu en rouge, j’ai plutôt
mon vélo, puis redescendre à Veyges avant d’em- suivi le tracé en violet.
prunter le chemin forestier jusqu’à la clairière tout
au bout, à la suite de quoi je déposerai le vélo et
L’ART DE LA VIE SAUVAGE

continuerai à pied jusqu’au sommet.

L’approche à vélo est facile, le chemin forestier étant

encore bien entretenu.

Je laisse mon vélo contre un arbre, et continue à

pied.

Montée sur le premier sommet

Mon but initial, comme décrit plus haut, était d’at-

teindre le premier sommet de l’Efflot en le contour-
nant par le nord, là où les courbes de niveau sem-
blaient les plus favorables.

Depuis mon point de départ, je vise donc plein nord,

en essayant de monter progressivement. Je crois re-
pérer une sente dans les feuilles, et je décide de la
suivre.

22
Je suis obligé de repartir en arrière en longeant le
pied de la falaise. C’est raide, le terrain est instable,
et je ne fais pas le fier ! Je découvre en passant un
ou deux surplombs et une toute petite caverne, qui
pourraient servir d’abri ou de cache.
Finalement, j’atteins le premier sommet non sans
quelques efforts. Peut-être que la piste des chamois
sur le versant sud aurait été plus facile…
Exploration des deux sommets
La montée était scabreuse, mais ça valait la peine !
Dès mon arrivée sur le plateau sommital, je dé-
couvre un terrain magnifique et bien plat. Il y a du
bois mort à foison, quelques cailloux moussus émer-
gent des feuilles mortes, et surtout aucune trace
d’activités humaines.
Je m’attendais à vrai dire à trouver au moins une
ou deux traces de foyers, ou une cabane formée de
branches empilées, mais apparemment je suis le
seul être humain à être passé par ici depuis long-
temps… Et le nombre d’animaux sauvages (lièvres,
renards, chamois !) que je croiserai plus tard durant
la balade confirmera mon opinion.
Je vois de très nombreux arbres morts au sol, et
d’autres encore appuyés sur leurs voisins. Je prends
note que ce n’est pas l’endroit idéal pour traîner en
cas de vents tempétueux… Si j’avais à monter un
abri par ici, j’observerais attentivement autour et
au-dessus de moi pour choisir un endroit éloigné de
ces gros troncs suspendus.
Exploration derrière chez moi
Il y a une légère brume et l’atmosphère dans cette fo-
rêt est mystérieuse. En avançant un peu plus loin, le
terrain change du tout au tout : les arbres sont beau-
coup plus petits, les résineux laissent la place aux
feuillus, la forêt est plus ouverte et le sol se couvre
d’un vert tapis d’herbe.
J’avance encore un peu, et passe par un petit pas-
sage technique qui m’oblige à m’aider de mes mains
pour descendre de quelques mètres dans des ro-
chers. C’est la rupture de pente que j’ai observé sur
le levé de surface 3D.
En contrebas, l’ambiance change encore et je perds
le tapis d’herbe pour retrouver les feuilles mortes.
23
 Le terrain est à nouveau parfaitement plat et se prê-
terait au montage d’un camp.
Plus loin, je trouve un géant couché au sol !
La zone racinaire arrachée de l’arbre, maintenant
dressée verticalement, fait plusieurs mètres de dia-
mètre. J’ai retrouvé facilement l’arbre abattu iden-
tifié sur l’orthophoto.
Un peu plus loin sur le versant nord, je repère une
L’art de la vie sauvage
ébauche de sentier qui semble redescendre jusque
vers le village. Je prends en photo ce point de départ,
et note ma position.
BILAN DE MON EXPLORATION
Bien que je me sois fourvoyé au tout début de ma
montée en suivant une piste me menant trop loin
sous la falaise, j’ai finalement pu valider sur le ter-
rain la plupart des observations faites à la maison
sur le GéoPortail. Cette analyse de la carte topogra-
phique, de l’orthophoto et de la surface 3D m’a per-
mis d’identifier les points d’intérêts que je voulais
m’amuser à chercher sur place, de comprendre et
mémoriser la situation générale de l’endroit, et les
dangers à observer. Pendant toute ma balade, je n’ai
pas eu à ressortir mon smartphone pour observer
la carte, ni à m’orienter au moyen d’une boussole.
24
De retour à la maison, j’identifierai cette piste grâce à la
surface 3D. Je sais maintenant que je peux éventuelle-
ment remonter par là depuis le village (ce qui m’évite-
ra de m’égarer sous la barre de falaise du côté nord-est).
Montage de tarp
Finalement, sur le chemin du retour, je repasse par
le premier sommet et ne peux résister à l’envie de
monter ma tarp pour m’abriter un moment !
L’endroit s’y prête à merveille : c’est bien plat, avec
un léger tapis de mousse. Il y a de nombreux arbres
pour accrocher mes cordelettes et bien tendre ma
tarp. Je ne suis pas loin du bord de la falaise et suis
persuadé que la vue serait magnifique si le brouil-
lard se levait…
Peu après, la pluie commence à tomber, et je redé-
monte mon petit camp pour rentrer chez moi. Je re-
descends à grandes enjambées et glissades dans les
feuilles mortes jusqu’à mon vélo, délogeant au passage
quelques chamois qui s’enfuient aisément dans la zone
de falaise. Je ne les y suivrai pas (pour cette fois !).
J’ai eu énormément de plaisir à explorer cet endroit,
dont j’ai apprécié l’ambiance mystérieuse dans la
brume.
Je vous incite à faire le même exercice près de chez
vous !
Allez dehors, et essayez !
Sylvestre Grünwald
 LE COIN DO IT YOURSELF

FABRICATION
D’UNE ÉTAGÈRE
MODULABLE

Une étagère design, modulable et

facile à fabriquer ! FABRICATION DE L’ÉTAGÈRE

Fabrication d’une étagère modulable

C’est le projet du jour. Suivez cet MODULABLE EN 8 ÉTAPES
article qui vous accompagnera
étape par étape dans la fabrica-
tion de cette étagère. Matériaux nécessaires

• Panneau d’au moins 40 cm de • 6 tourillons (ou plus, selon le

large x 64 cm de long environ ; nombre d’étagères souhaité)  ;

• Scie à onglets (ou scie cir- • Chutes de bois d’environ

culaire, sauteuse ou égoïne) ; 15 cm de large et de lon-
gueur variable ;
• Perceuse avec une mèche à
bois de 18 mm de diamètre ;

La fabrication de cette étagère se 1. Découpe de la

déroule en 8 étapes :
1. Découpe de la planche sup-
port ;
2. Traçage de l’emplacement des
perçages ;
3. Perçages ;
4. Découpe des 3 étagères ;
5. Découpe des tourillons ;
6. Ponçage et finitions ;
7. Fixation de la planche support
au mur ;
8. Disposition des étagères.
planche support
La première étape va être de s’oc-
cuper de la planche qui fera office
de support pour les étagères.
Pour cela, j’ai récupéré un pan-
neau en pin acheté dans une en-
seigne de bricolage qui faisait
40 cm de large. À l’aide de ma
scie à onglets, j’ai coupé une sec-
tion pour qu’elle mesure 64 cm
de long (toujours par 40 cm de

25
 large). À défaut d’avoir une scie
à onglets, vous pouvez effectuer
la coupe avec une scie circulaire,
une scie sauteuse voire encore
une scie égoïne !
Pourquoi 64 cm
pour la longueur
de la planche ?
Je souhaite qu’il y ait 7 rangées
de perçage avec un espace-
ment de 8 cm entre chaque
rangées. S’il y a 7 rangées de
perçages, il y aura donc 8 en-
traxes, et donc 8 cm (d’espa-
cement) x 8 cm (entraxes) =
64 cm de long.
Le coin Do It Yourself
Si vous préférez avoir 6 rangées
de perçages au lieu de 7, il faut en-
lever 8 cm de longueur. Soit une
planche qui fera 56 cm de long au
lieu de 64.
À l’inverse, si vous souhaitez une
planche plus longue et mettre
8 rangées de perçages au lieu de
7, il faudra rajouter un entraxe
de 8 cm, soit une planche qui fera
72 cm de long au lieu de 64 cm.
Ainsi de suite.
Pourquoi 40 cm
pour la largeur
de la planche ?
Je souhaite qu’il y ait 4 co-
lonnes de perçage avec un
espacement de 8 cm entre
chaque colonne. S’il y a 4 co-
lonnes de perçage, il y aura
donc 5 entraxes, et donc 8 cm
(d’espacement) x 5 cm (en-
traxes) = 40 cm de large.
26
2. Traçage de
l’emplacement
des perçages
Une fois que la planche faisant of-
fice de support est coupée dans
les bonnes dimensions, il faut
tracer l’emplacement des per-
çages qui viendront accueillir les
tourillons. Les perçages doivent
tous être espacés de 8 cm, ce qui
permettra de respecter une sy-
métrie et d’assurer l’aspect es-
thétique de l’étagère.
La façon la plus simple de tracer
l’emplacement des perçages est
de marquer des repères tous les
8 cm sur les 4 côtés de la planche.
Une fois les repères tracés, il suf-
fit de les relier entre eux afin de
former un quadrillage. Chaque
intersection sur le quadrillage
sera l’emplacement d’un perçage.
3. Perçages
Pour les perçages, j’utilise une
mèche à bois de 18 mm de dia-
mètre, ce qui correspond au dia-
mètre de mes tourillons. Si vous
n’avez pas de perceuse à colonne,
vous pouvez également utiliser
une perceuse-visseuse électro-
portative.
Je vous conseille de fixer correc-
tement la planche à votre établi
avec un serre-joint avant de per-
cer l’ensemble des trous. À dé-
faut d’avoir un établi, vous pou-
vez également fabriquer un établi
provisoire en empilant 5 palettes
les unes sur les autres.
4. Découpe
des 3 étagères
Pour les étagères, j’ai récupéré
des chutes de bois qui traînaient
dans l’atelier. Je les ai délignées
pour qu’elles fassent toutes 15 cm
de large. J’ai coupé 3 planches
avec chacune une longueur dif-
férente : 15 cm, 25 cm, 35 cm.
Vous pouvez débiter plus d’éta-
gères en fonction du nombre
d’étagères que vous souhaiteriez
disposer sur votre support mural.

5. Découpe
des tourillons
Une fois les étagères débitées, il
faut couper les tourillons sur les-
quels elles viendront reposer.
2 tourillons sont nécessaires par
étagère, quelle que soit sa longueur.
Pour 3 étagères, j’ai donc eu be-
soin de 6 tourillons.
Dans la mesure où ma planche
faisant office de support mesure
1,8 cm d’épaisseur et que les éta-
gères font 15 cm de large, j’ai cou-
pé les tourillons dans une lon-
gueur de 16,8 cm de long.
6. Ponçage et finitions
À ce stade, c’est un bon moment
pour poncer toutes vos sections
de bois pour réduire le risque
d’échardes et rendre votre projet
plus propre.
Vous pouvez également décider
d’arrondir les angles de vos éta-
gères ou de la planche faisant of-
fice de support par exemple.
Si vous le souhaitez, vous pou-
vez même envisager de peindre
ou d’appliquer un produit de fini-
tion sur le tout. Libre à vous d’être
créatif pour améliorer comme
bon vous semble votre étagère !
7. Fixation de la
planche support
au mur
Il ne reste plus qu’à installer la
planche faisant office de support
à votre mur.
Pour cela, j’ai utilisé un système de
fixation qui consiste à fixer 2 pla-
quettes incurvées qui s’emboîtent.
Une plaquette doit être fixée à
l’arrière de la planche faisant
office de support et l’autre pla-
quette doit être fixée au mur,
dans le sens opposé. Vous pou-
vez ensuite emboîter les deux
plaquettes.
Si vous souhaitez fixer la planche
faisant office de support à votre
mur directement, c’est également
possible. Faites simplement at-
tention à prendre des chevilles
adaptées en fonction de votre
type de mur.
Fabrication d’une étagère modulable
8. Disposez les
étagères comme
bon vous semble !
Une fois votre planche faisant office
de support fixée au mur, c’est le mo-
ment d’insérer les tourillons et de
disposer les étagères. Libre à vous
de les disposer à l’endroit qui vous
plaît, en fonction de vos besoins.
27
 CONCLUSION
Ce support mural pour étagères et comme vous le souhaitez, selon nés puis de poser l’étagère sur les
a l’avantage d’être complète- vos envies et vos besoins. Il suffi- tourillons. La gravité s’occupera
Le coin Do It Yourself

ment modulable. Vous pouvez ra seulement de déplacer les tou- du reste !

donc déplacer les étagères quand rillons dans les perçages concer-

Dimitri Elledge

28
 Franck Ropers,
expert en arts
martiaux et self-
defense, est
aussi conférencier, consultant
auprès des forces de l’ordre et
des unités d’élite de la gendar-
merie et ne cesse de se for-
mer à de nouvelles méthodes
(sophrologie, yoga, PNL…) pour
toujours s’améliorer à plus de
60 ans ! À présent, il souhaite
partager au plus grand nombre
son expérience dans la self-
defense et l’hygiène de vie.
Que celui ou celle qui n’a pas un
jour ou l’autre voulu perdre du
poids lève la main !
Je suis prêt à parier que parmi
tous ceux qui lisent cet article,
70 % sont concernés…
Rien d’exceptionnel à cela. De
plus en plus d’individus sont en
excès de poids et du coup nous
assistons à une montée en puis-
sance des salles de fitness, des
programmes minceur, des coa-
chings de remise en forme et aussi
d’émissions ou de réseaux sociaux
qui traitent la perte de poids.
Mais comment tirer le vrai du
faux dans cette surabondance
d’informations ? Nous allons voir
que le fameux slogan « manger
5 fruits et légumes par jour et
bouger » ne suffit pas…
OPTIMISER SA PRÉPARATION PHYSIQUE ET MENTALE
COHÉRENCE
CARDIAQUE :
PEUT-ON MAIGRIR EN
APPRENANT À MIEUX
RESPIRER ?
RETOUR SUR QUELQUES
FONDAMENTAUX
Pour perdre du poids, manger
équilibrer, limiter les apports en
sucres et pratiquer une activité
physique font partie des fonda-
mentaux traditionnels proposés
par la majorité des spécialistes.
C’est vrai que ces éléments
constituent déjà une bonne base,
mais ce ne sera pourtant pas suf-
fisant pour perdre du poids dura-
blement et, surtout, pour ne pas
en reprendre une fois que l’on est
arrivé à atteindre son poids idéal.
Le piège des régimes
Vous avez peut-être déjà compté
vos calories, des points, avalé des
comprimés coupe-faim, inves-
ti dans des gadgets fitness, por-
té des collants de nuit amincis-
sants avec peu ou pas de succès.
Car la perte de poids n’est pas
seulement une histoire de calo-
Cohérence cardiaque : PEUT-ON MAIGRIR EN APPRENANT À MIEUX RESPIRER ?
ries consommées et brulées en
sport, mais aussi, et surtout, la
capacité à gérer son stress, ses
émotions et ses pulsions.
Je suis enseignant en yoga, pra-
ticien, conférencier diplômé en
cohérence cardiaque et je coache
depuis plus de 20 ans.
Je peux vous affirmer que 70 %
des personnes qui viennent me
rencontrer veulent perdre du
poids et les 30 % restants sou-
haitent obtenir un ventre plat et
une silhouette athlétique.
La plupart ont déjà essayé de
perdre du poids en suivant un
ou plusieurs régimes et en pra-
tiquant le cardio 2 à 5 fois par se-
maine…
Vous avez surement deviné le ré-
sultat.
Un taux d’échec catastrophique !
29
 96 % des personnes qui ont suivi
des régimes ont non seulement
pas maigri comme elles le sou-
haitaient mais, pire encore, elles
ont dépassé leur poids d’origine
dans l’année qui a suivi le dé-
but de régime. Je n’invente pas ce
chiffre, c’est celui du professeur
A. Stunkard, spécialiste mondial
de l’obésité.
70 % des personnes ont aban-
donné le footing dans les 6 mois
à cause de douleurs lombaires ou
aux genoux…
optimiser sa préparation physique et mentale
Je ne parle même pas les risques
potentiels de carences nutrition-
nelles et de dérèglements hormo-
naux liés à l’adoption d’un régime
draconien.
L’exemple le plus marquant de
l’inefficacité du duo exclusif
constitué de régimes stricts et de
séances de sport intensif de type
« boot camp » est celui de l’émis-
sion américaine The Biggest Loser.
Une équipe de 11 chercheurs spé-
cialistes de l’obésité a suivi pen-
dant 6 ans 14 des participants :
13 d’entre eux ont repris leurs ki-
los d’origine et la seule exception
est une jeune femme qui depuis
vit un calvaire marqué par une
frustration alimentaire perma-
nente, ce qui l’a rendue dépres-
sive ! Sous-alimentée, son mé-
30
tabolisme de base a chuté, son
environnement hormonal s’est
déréglé et elle n’a toujours pas
retrouvé un taux correct 6 ans
après !
Évidemment, cette spirale infer-
nale qu’est l’effet yoyo (alternance
entre périodes de prise de poids
et périodes de perte de poids) gé-
nère un stress chronique violent
pour l’organisme et finit par dé-
grader son estime de soi.
Alors comment faire ?
Agir en diminuant le facteur
stress chronique…
Pourquoi ça ne
marche pas :
le facteur stress
Que se passe-t-il sur le plan
physiologique ?
En effet, le stress déclenche une
explosion d’un taux d’hormone
nommée cortisol que l’organisme
n’est alors plus en mesure de gérer.
Cette hormone induit chez
l’homme une chute de la tes-
tostérone, ce qui provoque une
perte de masse musculaire et
une baisse de libido. Au-delà de
la prise de poids, les femmes sont
quant à elles plus exposées à la
rétention d’eau.
Mais que se passe-t-il sur le
plan psychologique ?
C’est très simple, le stress et l’an-
xiété poussent au grignotage et
à la consommation excessive de
sucres dits « rapides ».
C’est bien à cause du stress que
l’on grignote, que l’on craque
pour des chips, une tablette de
chocolat ou autre…
 LA COHÉRENCE CARDIAQUE :
BON POUR LE CORPS ET LA TÊTE !
Un peu de théorie avant la pratique.
Le moyen le plus efficace, le plus
simple, gratuit et validé par la
science pour apaiser les tensions,
les angoisses et le stress est la res-
piration, mais pas n’importe quel
type de respiration : il s’agit de la
cohérence cardiaque ou respira-
tion « 365 » (3 fois par jour, 6 cy-
cles par minute, pendant 5 min).
Cette méthode complète, très
performante pour maigrir, a per-
mis à des milliers de personnes
de retrouver la ligne et une meil-
leure gestion de leurs émotions
au quotidien. De plus, leur taux
de DHEA (ou « déhydroépian-
drostérone », dont les effets an-
ti-âge sont reconnus) et de sécré-
tion d’ocytocine vont augmenter.
Cette méthode de respiration
spécifique va agir sur le système
nerveux en mettant le système
émotionnel en mode « neutre »
avec un juste équilibre entre
le système sympathique et pa-
rasympathique.
Travaillée un peu tous les jours,
cette méthode de respiration va
générer une cascade de signaux
hormonaux, neuronaux et émo-
tionnels positifs.
En reprenant le contrôle de votre
physiologie, vous allez rassurer le
cerveau limbique et retrouver une
sérénité, ce qui va faire que vous
n’aurez plus de besoin de com-
pensation en recherchant une ré-
compense alimentaire, comme le
sucre, ou toute sorte de gratifica-
tion (alcool, cigarettes, mauvais
gras, etc…).
Passage à la pratique !
Cela va-t-il me prendre du
temps ?
Non. 15 minutes par jour en 3 ses-
sions.
Par contre, il faudra pratiquer
tous les jours avant chacun de
vos 3 repas pour impacter la
conscience alimentaire, diminuer
la sensation excessive de faim et
réduire les pulsions alimentaires.
COHÉRENCE CARDIAQUE : PEUT-ON MAIGRIR EN APPRENANT À MIEUX RESPIRER ?
Voici la méthode en détail :
• Asseyez-vous sur un siège, le dos
bien droit, les mains posées sur
les cuisses avec les pieds bien à
plat (ne faites jamais cet exercice
couché).
• Ensuite, respirez profondément
à la cadence de 6 respirations
par minute, pendant 5 minutes.
Il s’agit plus précisément d’effec-
tuer 6 respirations par minute,
comprenant des inspirations de
5 secondes par le nez, en gon-
flant le ventre, et des expirations
de 5 secondes par la bouche.
• Cela donne, dans l’ordre : 1 ins-
piration de 5 secondes par le
nez, 1 expiration de 5 secondes
par la bouche, 1 inspiration
de 5 secondes par le nez, 1 ex-
piration de 5 secondes par la
bouche, etc… pendant 5 mi-
nutes sans phase de rétention
entre les cycles respiratoires.
31
 • Pour être certain de respecter
la bonne cadence respiratoire,
vous pouvez utiliser des tutos
avec des guides respiratoires de
conférence cardiaque proposés
sur des réseaux sociaux.

• Une fois l’automatisme an-

cré, en général au bout de 2 se-
maines, vous n’aurez plus be-
soin de guide et vous pourrez
effectuer cet exercice de façon
autonome.

Au début, cela va demander des

efforts de concentration, mais
optimiser sa préparation physique et mentale

au fil du temps pour pourrez ré-

aliser cet exercice de respiration
discret au bureau, dans les trans-
ports en commun, dans une salle
d’attente… Et si, en complément,
vous suivez une meilleure hy-
giène de vie, je vous promets une
meilleure santé mentale, émo-
tionnelle et physique sans dépen-
ser un euro !

Franck Ropers

32

Étape essentielle à la survie, la
cuisson peut faire toute la diffé-
rence entre confort et inconfort,
et parfois même entre vie et mort.
Mais faire du feu c’est compliqué,
long et salissant…
Le campeur prudent (ou à l’es-
prit moins aventureux) emporte-
ra donc avec lui un réchaud à gaz
ou à alcool, facile à allumer et bien
plus propre qu’un feu de bois.
Le « hobo stove » est une alter-
native intéressante : il s’agit de
faire un feu de bois de taille ré-
duite, dans un réchaud adapté à
cet usage. La consommation de
bois est diminuée, le travail de
préparation aussi.
Après cette première introduc-
tion, je vous présenterai, dans
mes prochains articles, plusieurs
variantes du « hobo stove ».
LE TEST DE MATOS
LE « HOBO STOVE » :
INTRODUCTION
AUX FOURNEAUX
À BOIS
Le « hobo stove » : introduction aux fourneaux à bois
QU’EST-CE QU’UN
HOBO STOVE ?
Littéralement, c’est un « fourneau de fortune bricolé jusqu’aux mo-
de vagabond », voulant dire « va- dèles les plus élaborés sur le mar-
gabond » en anglais ! En français, ché, fabriqués en tôle d’acier,
on parlera plutôt de réchaud à voire en titane, découpés au laser.
bois, mais le terme en anglais est
largement utilisé dans la commu-
nauté bushcraft et survivaliste.
La référence aux vagabonds vient
du fait que ce type de réchaud est Hobo stove BK1 par Petromax
très souvent improvisé, et très fa- Source : www.petromax.de
cile à fabriquer à partir de boîtes
de conserve récupérées. Je classerais même sous ce terme
deux méthodes de fabrication de
On classe donc sous ce terme tout hobo stoves éphémères qui se
type de réchauds permettant la passent complètement de métal.
combustion du bois, du réchaud
 Toaks Titanium
(www.toaksoutdoor.com)
Source : www.spartanat.com

Fourneaux Savotta Big Bad Stoce et Grumpy Stove (www.savotta.fi),

certainement le design le plus cool du marché !
Source : optimus.zone
Le test de matos

QUEL EST LE PRINCIPE ?

Le hobo stove permet de brûler
du bois en petite quantité dans
un volume réduit, avec suffi-
samment d’aération pour ga-
rantir une bonne combustion, et
dans une structure suffisamment
stable et solide pour y poser une
popotte ou une casserole.
mètre du doigt. On peut donc y
brûler des branches sèches cas-
sées à la main, ou des tronçons
de branches plus grosses, préala-
blement fendues (par bâtonnage,
par exemple).
On peut également l’alimenter
avec des copeaux de bois. J’ai déjà
testé avec succès de tailler des co-
peaux d’environ 2 cm par 5 cm en
frappant dans un tronc sec avec
mon tomahawk, et de les utiliser
comme combustible une fois le
feu lancé.

Le hobo stove a généralement des J’ai également pu lire des témoi-

prises d’air importantes à sa base, gnages d’aventuriers alimentant
et des vides permettant l’alimen- leur hobo stove avec des bouses
tation en combustible par le haut. de yak séchées (mais n’ai jamais
testé moi-même, faute de yaks !).
Il s’alimente avec du petit bois,
rarement plus gros que le dia-
Bâtonnets prêts à être brûlés
dans le hobo stove (longueur :
environ 10 cm).

34
 AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS
DU HOBO STOVE
Par rapport
à un feu ouvert
Avantages :
• Il est très économe en bois
puisqu’on n’y met que du petit
combustible.
• Comme il concentre la chaleur
de la flamme sur une petite sur-
face,et que la popotte est très
proche de la zone de combustion,
il est plus efficace pour la cuisson.
• Il s’éteint très facilement et est
donc facile à maîtriser. L’iner-
tie thermique du fourneau lui-
même est relativement faible, il
n’y a donc pas besoin d’attendre
des heures pour quitter le camp.
• Il est plus discret durant son
utilisation, car la flamme est
moins visible, et après coup, car
il marque moins le sol avec une
zone brûlée (voire pas du tout,
si on le place sur une surface
dure, comme une pierre). Lors-
qu’on souhaite diminuer l’em-
preinte de son passage sur l’en-
vironnement, pour des raisons
écologiques (Leave No Trace), ou
pour une nécessité de dissimula-
tion, c’est un sérieux avantage.
Cuisson des röstis œufs-fromage
à la poêle sur hobo stove
Inconvénients :
• Il n’a pas le même pouvoir calo-
rifique, et ne permet donc pas
de se réchauffer autant qu’un
gros feu ouvert. Son usage est
limité à la cuisson d’un aliment
ou pour bouillir de l’eau. On
pourra néanmoins s’y réchauf-
fer les mains, et éventuellement
optimiser quelque peu son dé-
gagement de chaleur grâce à un
réflecteur.
• Il a très peu d’inertie et doit
constamment être alimenté en
bûchettes au risque qu’il s’étei-
gne. On ne pourra donc pas l’uti-
liser comme feu de veillée pour
se réchauffer pendant la nuit.
• Vu la petite taille du foyer, il est
difficile d’y griller quelque chose.
On oublie les brochettes et la
darne de saumon façon BBQ !
Par rapport à
un réchaud à gaz
Avantages :
• Pas besoin de transporter votre
combustible : dans toute zone
plus ou moins arborisée ou vé-
gétalisée, on trouvera quelque
chose à brûler. Le bois reste évi-
demment le plus pratique, mais
comme évoqué plus haut, les
bouses de yaks pourraient faire
l’affaire. Cela dit, il faut savoir
comment obtenir du bois sec en
conditions humides, sinon la
combustion sera mauvaise.
• Si vous êtes bricoleur, vous
pourrez vous fabriquer un hobo
stove pour pratiquement rien.
Je ne pense pas que cela soit
possible ou sûr de se fabriquer
soi-même un réchaud à gaz de
manière simple (vous pourrez,
par contre, vous bricoler un ré-
chaud à alcool avec une canette
de bière !).
Le « hobo stove » : introduction aux fourneaux à bois
Inconvénients :
• Le hobo stove est bien plus salis-
sant qu’un réchaud à gaz ! Vous
aurez des traces de suie sur votre
popotte ou vos casseroles, et de
la fumée si votre bois n’est pas
bien sec.
• L’inertie du réchaud à bois vous
oblige à constamment veiller
sur le feu, contrairement au
réchaud à gaz, que vous pou-
vez quitter des yeux pendant
quelques minutes pour faire
mijoter vos aliments.
• La structure métallique du ré-
chaud reste chaude relativement
longtemps après extinction du
feu, certainement plus long-
temps qu’après avoir éteint un
réchaud à gaz. Il est donc diffi-
cile de faire un départ rapide en
emballant toutes ses affaires en
vitesse, s’il faut quitter le camp
pour une raison impérative.
Reste encore un dernier point par
rapport au feu de bois ou au ré-
chaud à gaz : le hobo stove est-il
considéré comme un réchaud ou
comme un feu ?
35
 Est-il légal de l’utiliser dans les
zones ou durant les périodes où
les feux ouverts sont interdits ?
Je ne me prononce pas sur ces
questions, la législation à ce su-
AUTRES COMBINAISONS POSSIBLES
AVEC UN HOBO STOVE
Certaines configurations de hobo
stoves permettent leur utilisation
avec un réchaud à alcool de type
Trangia ou fait maison avec une
canette de bière, ou encore avec
matos
des bougies à réchaud.
dematos
Vous pouvez également repro-
testde
duire la forme et le principe du
hobo stove de manière éphémère
Letest
en pleine nature, par exemple en
Le
façonnant un foyer étroit et verti-
cal avec de la terre, ou en plantant
verticalement dans le sol des bû-
chettes sur lesquelles vous vien-
Hobo stove Magic Flame avec réchaud à alcool fabriqué avec une canette de bière… Ça chauffe !
36
jet étant variable selon les en-
droits. Je vous incite toutefois à la
prudence. On parle quand même
d’un vrai feu, même s’il est conte-
nu dans une boîte métallique !
drez poser votre popote, puis en ou cuire des aliments de manière
garnissant le volume entre les bû- simple et rapide, sans vous sou-
chettes avec votre combustible. cier d’une réserve de gaz ou d’al-
Ces deux méthodes reprennent cool.
le principe de faire un très petit
feu et d’en concentrer la chaleur Je vous reparlerai dans d’autres
sur une petite surface. articles de mon matériel person-
nel, et de mon expérience avec les
Au final, si vous êtes souvent en hobo stoves.
extérieur en région tempérée
et arborisée ou dans tout envi- Allez dehors et essayez !
ronnement naturel où vous êtes
confiant de trouver facilement du Sylvestre Grünwald
bois sec (ou des bouses de yak !),
vous pourrez chauffer de l’eau

Frank te partage régulièrement
ses conseils pour mieux optimi-
ser ta préparation physique et
mentale dans .
Aujourd’hui, je te propose de
partir à sa rencontre, pour mieux
connaître celui qui se cache der-
rière cette rubrique.
LA RENCONTRE INSPIRANTE DU MOIS
FRANCK ROPERS,
EXPERT EN
SELF-DEFENSE
Bonjour Franck, est-ce que tu
pourrais te présenter pour nos
lecteurs qui lisent tes articles
depuis plusieurs mois ? Quel
est ton parcours ?
Je m’appelle Franck Ropers, j’ai
60 ans. Je suis un ancien athlète
de haut niveau de l’INSEP (Ins-
titut national du sport), en ath-
létisme. C’est une vraie usine à
champions en France, pour ceux
qui connaissent. J’y suis rentré
et sorti très jeune, car j’ai eu une
blessure assez grave qui a fait
qu’on m’a dit que c’était terminé
le sport de haut niveau pour moi.
Cela a été assez difficile à vivre
car quand on est à l’INSEP, on y
croit, on pense qu’on va aller aux
Jeux olympiques et puis ça s’ar-
rête. Donc il ne reste plus grand-
chose, à part aller à l’école. Cela
ne me plaisait pas plus que cela,
même si j’étais un élève correct.
Ce n’était simplement pas ma
tasse de thé.
Et puis j’ai voulu me reprendre
en main. Quand on m’a dit « le
sport, cela va être très compliqué
pour toi dans le futur » parce que
j’étais bien atteint à la colonne
Franck Ropers, expert en self-defense
vertébrale, je pensais « ça c’est ce
qu’on me dit ». Moi, j’ai toujours
fait partie des gens qui pensent
que ce n’est pas parce qu’on me le
dit que c’est forcément vrai. Donc
6 mois plus tard, après avoir été
pris en charge par un bon kiné-
sithérapeute, ça allait mieux ! Et
je me suis dit « si ça s’est arrêté là
où j’étais avant, c’est qu’il y avait
une raison ».
Donc j’ai rebondi. J’ai cherché un
sport dans lequel j’allais le plus
m’épanouir, et c’étaient les sports
de combat, parce que ce sont des
disciplines qui font appel à des
fibres rapides (explosivité).
« J'ai rebondi,
j'ai cherché un sport
dans lequel j'allais
le plus m'épanouir... »
Il y a des personnes composées
plutôt de fibres lentes, comme
les marathoniens par exemple,
moi, étant un ancien sprinteur
et sauteur, j’étais plutôt dans les
fibres rapides, donc je me suis
37
 dit que ça allait me convenir. En mecs qui en faisaient plus que J’étais encore au service militaire
plus j’étais souple. 100. En plus ils étaient plus âgés, à l’époque, dans les fusiliers ma-
ils avaient environ 40 ans, et j’ai rins, et j’avais pas mal de garde,
J’ai commencé par la boxe fran- eu du mal malgré tout. Le pre- du temps de libre, donc je m’en-
çaise (pieds-poings) et j’ai bien mier, ça a été, j’ai pu le mettre traînais comme un dingue. J’ar-
performé. J’aimais bien le contact KO, mais le deuxième, ça a été rive à mon premier cours et je
et la vitesse, mais très compli- prends une volée. J’ai cru que ça
je n’étais pas un «J’ai vu que je n’étais pas qué parce qu’il allait être très codifié, et en fait
boxeur qui cher- un combattant né, j’étais était particu- pas du tout. Je me suis fait avoir
chait le KO. Je ne plutôt un technicien.» lièrement fort, par une manœuvre vicieuse. Je me
suis pas un bagar- et fou. Je m’en suis fait toucher aux parties géni-
reur d’origine. Si je dois me ba- suis sorti relativement bien grâce tales notamment, et je n’ai rien vu
garrer, c’est que j’en suis obligé. à ma bonne condition physique venir, parce que c’était un angle
J’ai vu que je n’étais pas un com- et je l’ai épuisé, parce qu’il tapait de vue que je n’avais jamais tra-
battant né, j’étais plutôt un tech- beaucoup dans le vide (je bou- vaillé. Je l’ai encore une fois mal
nicien. Après, j’ai basculé vers la geais beaucoup, j’étais jeune). À pris. Je me suis dit qu’il m’aurait
boxe anglaise (poings) et la boxe la fin, j’ai réussi à le toucher au mis KO en 2 secondes, et c’est là
thaïlandaise. Je m’exprimais plu- foie et il est tombé, mais c’était un que je me suis dit « c’est ça qu’il
La rencontre inspirante du mois

tôt bien dans ces disciplines. coup de chance. Je me suis trouvé me faut ! ». Je me suis lancé vrai-
mauvais, j’ai pris des coups et je ment à fond là-dedans. Dès que
Et puis à un moment donné, c’est me suis dit « mince ! Je m’entraîne j’ai quitté l’armée, j’ai pratiqué
marrant, mais je me suis de- deux heures par jour, mais je suis 6 à 8 heures par jour.
mandé pourquoi je pratiquais ce incapable de mettre deux mecs
sport-là. Est-ce que c’était pour KO qui ne pratiquent pas les arts Après cela, je me suis dit qu’il
devenir champion ? Non, je n’en martiaux ? Il y a un problème ». fallait que je teste. Et le meilleur
avais ni l’envie, ni les capacités moyen de tester, c’est soit de se
mentales et physiques. Je me suis J’ai mal vécu cette expérience battre dans la rue, ce qui est illé-
dit que, quelque part, c’était aussi et, par la suite, je me suis ren- gal, immoral et ce que je décon-
pour apprendre à me défendre. Et du sur Paris pour reprendre mes seille, soit faire videur, et là c’est
puis je me suis demandé si c’était études. Je me suis mis en tête de ton métier de temps en temps de
ce qu’il y avait de plus opportun chercher ce qu’il y a de plus effi- tester tes techniques. Et là, je suis
pour apprendre à se défendre. Et cace en self-défense pour que cela tombé 10 ans dans le monde de la
là, il y a eu un déclic. ne se reproduise pas. Je voulais sécurité du monde de la nuit. J’ai
me préparer. Je me suis dit que fait des boîtes difficiles, d’autres
Un jour, je suis en camping en le mieux, c’était de trouver ce qui endroits plus sympas, bref c’était
Vendée et j’ai un de mes amis qui se rapproche le plus de la situa- varié, j’en ai vu et connu, et j’ai pu
se fait agresser dans un bar par tion réelle en bagarre. J’ai trouvé tester ce qui passait et ce qui ne
deux gars assez charpentés (deux un professeur à l’époque qui était passait pas dans ce que j’avais ap-
gros pêcheurs), et il ne s’en sort particulièrement bagarreur et qui pris. J’avais trouvé ma voie, c’est-
pas. J’étais jeune (environ 20 ans) pratiquait un art martial qui s’ap- à-dire de trouver le système de
et on vient me chercher pour me pelle le pencak silat. Mais lui prati- self-défense le plus performant
dire que mon copain est dans quait vraiment le pencak silat hard, pour lequel je ne vais pas passer
l’embarras. Donc je rentre dans le c’est-à-dire sans règle, avec des des heures et des heures à m’en-
bar du camping à l’ancienne pour rotations cervicales, frappes aux traîner, parce que j’avais d’autres
défendre mon pote et rentrer dans génitales, etc. C’était dur, avec ambitions dans ma vie que de fi-
la bagarre. Et là, j’étais étonné de que des gens issus de milieux dif- nir videur ou de m’entraîner 2 ou
mon manque d’efficacité. ficiles ou de domaines de sécu- 3 heures par jour à mettre et
rité, c’était de la belle bagarre et prendre des coups.
À l’époque, je faisais environ moi ça m’a plu.
80 kg, et je suis tombé sur des

38
Et donc j’ai commencé à travail- nant, avec l’âge qui avance, c’est du 80/20), 20 % des stratégies et
ler sur l’aspect mental. Je me di- de donner aux autres le plus d’ou- techniques que je vais mettre en
sais que j’avais du mal à gérer mes tils sans qu’eux passent du temps place sont valables dans 80 %
émotions, ma peur, mon stress, à chercher. J’essaie de trouver des des cas de figure. J’ai donc fait
et que je ne me sentais pas assez raccourcis, comme des raccourcis une synthèse de tout ça et c’est
bien dans ma tête dans de nom- clavier, pour que cet apprentis- aujourd’hui ma méthode éprou-
breuses situations. Je me suis dit : sage et cette préparation soient vée.
« si j’ai un corps fort, une bonne efficaces. Je ne peux pas dire aux
technique et un mental fort, ça gens que pour être efficace en Ce qui est le plus facile et le plus
devrait le faire ». Et c’est là que je self-défense, il faut s’entrainer efficace, même sur un ring, c’est
me suis intéressé à tout ce qui est 1 heure par jour, 5x par semaine, ce qui est simple. Et ce qui est in-
lié au développement personnel. les gens ne peuvent pas le faire. téressant, c’est qu’il y a plusieurs
types de self-défense. Ce que j’ai
J’ai commencé par la sophrologie. Parce que le self-défense, ce fait avec ma formation, c’est de la
Comme je n’avais pas un sous, n’est pas un sport, mais une self-défense pour les civils. Mais
j’ai fait croire que j’étais claus- pratique, c’est ça ? Tu n’es j’ai également créé des formations
trophobe. Du coup, on m’a don- pas là pour te faire plaisir mais de self-défense pour la police mu-
né les moyens d’être suivi par un chercher une efficacité. nicipale, la police nationale, pour

Franck Ropers, expert en self-defense

sophrologue qui était aussi psy- le RAID, pour le GIGN, pour des
chologue, et puis il s’est ren- C’est ça. Et j’ai vite compris éga- groupes spécialisés, etc. Ce n’est
du compte que je posais quand lement qu’un professionnel du pas du tout le même cadre de ré-
même beaucoup de questions, combat ne peut pas forcément férence, ni les mêmes besoins. Un
parce que ce que je voulais, c’était se mettre à la place des gens pour policier va chercher à immobili-
apprendre. Au bout d’un mo- qui je vais essayer de diffuser ser, il ne peut pas frapper. La petite
ment, je lui ai tout dit. Il m’a bien la self-défense. Ce que j’ai fait, dame qui est coincée à une heure
aimé et m’a conseillé de prendre c’est de travailler par tâtonne- tardive, elle ne va pas s’amuser à
des cours de sophrologie. Il m’a ments. J’ai pris un panel de per- faire des clés de bras et appeler la
indiqué comment faire et j’ai pu sonnes de 16 à 80 ans, et j’ai ob- police, elle n’est pas là pour me-
étudier la sophrologie, l’autohyp- servé leurs réactions face à mon notter son agresseur. Ce qui est in-
nose, après je suis passé à la PNL apprentissage. Je me suis beau- téressant, c’est de répondre exac-
(programmation neuro-linguis- coup trompé, parce que j’ai cru tement aux besoins des gens. Pour
tique), puis à l’hypnose, bref, tout que ça serait facile pour certains, moi, l’intelligence, dans tous les
ce qui était lié à la compréhen- et non. Ce qui me semblait facile domaines, c’est de répondre à
sion du fonctionnement du cer- ne l’était pas. J’ai donc construit chaque problématique avec un
veau en situation une méthode diagnostique adapté aux capaci-
de stress. « Ma voie maintenant, pendant 10 ans tés de la personne, avoir une ap-
avec l’âge qui avance, dans laquelle proche empirique et pragmatique
J’ai relié tout ça : c’est de donner aux j’ai tout remis à en quelque sorte.
mes connais- autres le plus d’outils plat en disant :
sances en prépa- sans qu’eux passent voilà ce que Quelque part, dans la théorie,
ration physique, du temps à chercher. ». quelqu’un peut on peut se perdre, car cette der-
musculation faire en 1 heure, nière est globale. En la croisant
pour me préparer au combat, j’ai en 2 heures, 3 heures, etc. Et j’ai avec une approche empirique, je
rajouté de la technique, du men- croisé cela avec des données et me suis rendu compte que ce que
tal, et j’ai fait ma propre mé- facteurs sur un tableau Excel. je faisais correspondait aux be-
thode. Je suis passé des sports de J’ai patiemment construit une soins des gens, d’autant plus que
combat, que j’ai presque totale- méthode qui a fait ses preuves j’ai les retours des personnes. Il
ment délaissés aujourd’hui, aux aujourd’hui et je me suis rendu faut savoir que ma méthode est
arts martiaux, que je continue compte que, comme le stipule la ajustée tous les ans. Comme je
à enseigner, et ma voie mainte- loi de Pareto (le fameux principe fais des stages un peu partout,

39
 tous les ans, j’ajuste en fonction,
non pas de ce que je vois et de ce
je crois, mais de ce que me disent
les gens. Dernièrement, il y a une
dame qui m’a dit qu’il faudrait in-
troduire un élément en particu-
lier. Je lui ai demandé pourquoi,
j’ai testé moi-même et effective-
ment, elle avait raison, donc j’ai
modifié mes stratégies.
Il faut savoir également que la
self-défense évolue, car les types
d’agressions ont eux aussi beau-
coup évolués. Ma méthode est
donc évolutive et contextuelle.
Est-ce que la self-défense là que je voulais intervenir. Sou-
La rencontre inspirante du mois
Je vois souvent des personnes qui
font des arts martiaux se mettre
plus en danger et être moins ef-
ficaces que des gens qui ne pra-
tiquent pas, qui ont 50 ans et sont
dans un bureau, car ils seront at-
tentifs à plus de détails et feront
tout pour ne pas se retrouver
dans des situations qui imposent
l’action comme dernier recours.
À cette personne de 50 ans, je
vais lui donner 2 ou 3 techniques
passe-partout qui lui suffiront.
Parfois les gens n’y croient
pas. Il y a des gens qui aiment
tirer la couverture à eux, et c’est
Les gens comparent des choses
qui ne sont pas comparables, et
c’est ça qui met le doute. Mais moi
je connais très bien les limites
humaines. Oui, une personne de
50 ans n’a aucune chance dans
une cage. C’est évident. Cepen-
dant, elle pourra mieux s’en sortir
qu’un combattant de MMA sui-
vant la situation, et je vais te dire
pourquoi, avec un exemple que je
donne à chaque fois :
On prend un champion de MMA
qui fait 1 m 90, 115 kilos, hyper af-
futé, un tueur. Tous les combats
gagnés par KO. Il va dans une cité
très malfamée, et se met sur un

s’adapte à une personne de vent, sur les réseaux sociaux, les banc pour attendre un pote à lui.
50 ans, en mauvaise condi- gens disent : « c’est n’importe Il est sur un banc, il regarde sur
tion physique et manquant de quoi, une personne de 50 ans son portable, il a ses écouteurs et
confiance ? ne pourra jamais se battre dans il attend. Puis, il y a deux gars qui
une cage contre un champion de arrivent par derrière, l’égorgent
Déjà pour moi, MMA ». Mais c’est avec une lame et il n’y a plus de
c’est adapté à « Avec une approche évident ! Une per- champion. Un combattant de
tout le monde. empirique, je me suis sonne de 50 ans MMA ne combat pas au couteau
Ce qui est sûr, rendu compte que ce ne pourra pas donc il n’est pas habitué à l’arme
c’est que cette que je faisais corres- non plus battre au blanche, il est pris par surprise et
personne aura pondait aux besoins 100 m le dernier n’est pas du tout connecté à l’en-
plus de capa- des gens. ». champion olym- vironnement, parce qu’il est fort,
cités que si elle pique de la disci- gros, et pense qu’il va faire peur à
n’en a pas conscience et qu’elle pline. Comparer un champion la terre entière. Dans ce cas nu-
ne s’entraîne pas, c’est évident. avec une personne de 50 ans, méro 1, le champion est foutu.
Maintenant, je vais vraiment ou même avec moi, ça n’a au- Par contre, dans une cage, c’est
argumenter sur le sujet. Je pars cun sens, puisqu’elle n’ira pas un tueur.
du principe que tout le monde se battre dans une cage. Elle, ce
ou presque peut se défendre. qu’elle veut, c’est pouvoir se dé- La personne ordinaire de 50 ans
Simplement, cette personne de fendre. qui a peur, car elle sait que c’est
50 ans, je vais lui apprendre des
techniques qui sont adaptées.
Mais comme je vais essentiel-
lement travailler sur la préven-
tion, c’est adapté à tout le monde.
Et je dirais même que cela sera
plus efficace sur quelqu’un qui a
peur et qui n’est pas formé, que
sur quelqu’un qui n’a pas peur et
qui croit qu’il sait tout parce qu’il
fait des arts martiaux.

40
un quartier dangereux, mais doit
malheureusement y aller pour
chercher une amie à elle, qu’est-
ce qu’elle va faire ? Elle va rentrer
dans la cité, se coller contre un
mur et elle va être en état d’alerte
permanent, car elle a peur. C’est le
petit animal dans la jungle qui sait
qu’à tout moment, un prédateur
peut arriver, donc elle doit être à
l’affut. Elle est donc en niveau de
vigilance élevé. Dès qu’elle va voir
un truc anormal, là, il n’y a plus
de copine qui tienne, elle va par-
tir. Au final, qui a gagné ? C’est la
personne de 50 ans alors qu’elle
aurait perdu dans une cage. Mais
on s’en fout de la cage, on n’y est
et des combats au KO. Ce ne sont
pas les mêmes personnes qui pra-
tiquent. Tu as les guerriers (KO)
et les techniciens (assaut). Et je
crois que le problème : on oppose
des choses qui ne sont pas com-
parables, donc on peut toujours
en parler durant 10 ans.
Tu m’as dit que tu avais fait un
stage de survie pour te tester.
Est-ce que tu peux nous racon-
ter cette expérience et ce que
tu en as retenu ?
Alors je ne sais pas si on peut ap-
peler ça un stage de survie, mais
il y a 20 ans, j’ai fait un stage où
été compliqué quand même car
dès le 3e ou 4e jour, quand j’ai
commencé à manquer de calories,
les exercices physiques commen-
çaient à devenir durs.
Et puis à un moment donné, il y
a eu une épreuve dans laquelle
ils nous mettaient un bandeau
sur les yeux et nous emmenaient
dans la montagne. J’ai cru qu’ils
allaient nous emmener à 4 ki-
lomètres de là où on était, alors
qu’on était à 200 m de notre
base (on nous avait fait tourner
en rond pour qu’on soit perdus).
J’ai été lâché, de nuit, sans por-
table, ni lampe, rien. Et je me suis

Franck Ropers, expert en self-defense

pas. Je dis toujours que c’est le fait on m’a emmené au col du Fréjus. retrouvé sur un rocher, de nuit,
d’avoir peur qui sauve. Je suis parti en Qi Gong, et le but avec plein de bruits, et là, j’ai eu
était de vivre en autarcie com- la trouille !
Tu m’avais raconté une anec- plète pendant une semaine, avec
dote de la période dans laquelle comme seul matériel une tente. J’avais mon petit couteau Opi-
tu étais videur avec un karatéka. nel sur moi, et le but c’était de te-
Est-ce que tu peux nous la ra- On avait le droit à une boîte de ra- nir toute la nuit seul dans la na-
conter pour les lecteurs, car je violis par jour et une demi-bou- ture. J’ai été lâché vers 22 ou 23h.
pense qu’elle est assez parlante. teille d’eau. Ils contrôlaient notre J’ai eu froid, mais ça, j’ai géré car
sac, alors c’était organisé à l’ar- j’ai beaucoup bougé pour main-
On travaillait ensemble dans rache, ce n’était pas quelque chose tenir ma température corporelle.
une boîte de nuit et puis, un soir, de sérieux, et le gars n’était pas J’ai eu peur, qu’importe que je sois
comme parfois, ça part en su- du tout une personne spécialisée grand et costaud, car j’entendais
cette. Lui, excellent karatéka, a dans la survie. C’était quelqu’un des bruits que je ne connaissais
mis un mawas- qui voulait voir pas. Et j’étais là, avec mon Opi-
hi-geri (un coup « C’est le fait d’avoir ce qu’on avait nel, en me disant « quand même,
de pied circu- peur qui sauve. » dans le ventre. il ne m’a pas mis dans la merde,
laire au visage), je ne vais pas me faire tuer, il n’y a
car il était très fort des jambes. Et c’était étonnant, il y avait pas d’ours, etc. ». Et le lendemain,
Et comme c’est un garçon qui tra- 5 hommes combattants, une quand je me suis rendu compte
vaillait au contrôle, et non pas du femme combattante et une que j’étais à 200 m de ma tente, je
karaté contact, et bien il était ha- femme non-combattante qui fai- me suis dit : « quel abruti ! ».
bitué à contrôler depuis des an- sait beaucoup de randonnée. J’y
nées et quand il a mis le coup de suis allé pour voir ce que je va- Je n’ai même pas eu le réflexe de
pied, il a contrôlé. Ce qui fait que lais. Je ne suis pas quelqu’un de chercher la tente, même si je ne
le coup de pied est parti, il a tou- la montagne, je mange beaucoup, voyais pas bien de nuit. Et puis le
ché la cible, mais il a fait une tou- alors une boîte de raviolis par jour lendemain, combat. Et là, il nous
chette et le gars n’est pas tombé. ça me faisait un peu peur. D’habi- a dit que nous allions combattre
tude je fais entre 3 et 4 repas par nus. Quand tu es habitué à com-
C’est pour cela qu’en boxe fran- jour, mais je me suis dit que j’al- battre en kimono ou en short et
çaise on a des combats « assaut » lais y aller quand même. Et ça a que tu te retrouves nu, c’est plus

41
 pareil. Du coup, blocage. J’étais
incapable de combattre. C’est bi-
zarre de dire ça alors que certains
géraient bien. Et tout le stage n’a
été que ça, des tests, des tests, etc.

Je me suis rendu compte à l’is-

sue de ce stage que je n’étais pas
si fort que cela. Et, à la fin, la per- prédispositions physiques. Je Je regardais comment faisait le
sonne qui avait fait « le plus de suis issu d’un milieu très défa- champion, et je reproduisais en
points », c’était la jeune femme vorisé, pas d’argent à la maison, face de lui.
qui ne faisait que de la randon- pas de connaissances en finances.
née. Elle a mieux résisté à toutes Mes parents n’avaient pas fait Très rapidement, l’entraîneur a
les épreuves, en dehors du com- d’études, ils travaillaient à l’usine. vu un mec habillé comme un clo-
bat. Ce qui veut dire que cette pe- Je n’avais pas les moyens d’aller chard, qui a 13 ans, en train de
tite dame, qui n’était pas entraî- dans une salle de sport et mal- s’entraîner, et il me demande :
née, qui n’avait gré tout ça, je m’en « qu’est-ce que tu fais là, ga-
pas une condi- « Si tu n’acceptes suis sorti, non pas min ? ». Je lui dis « je m’entraîne.
La rencontre inspirante du mois

tion physique pas ce que tu es, tes parce que j’ai eu
de dingue, elle limites, tes carences, de la chance, mais
était meil- là où tu es bon ou pas parce que j’ai bou-
leure que moi, bon, tu ne peux pas gé mes fesses et
ou d’autres progresser.» que je me suis in-
qui étaient des téressé à plein de
combattants. choses.
C’était intéressant, parce que je Quand on me dit que c’est com-
suis vraiment sorti grandi de ce pliqué de nos jours d’obtenir de
stage, alors que d’autres, non. l’information, de faire du sport,
Parce que si tu n’acceptes pas ce se nourrir correctement ou
que tu es, tes limites, tes carences, prendre sa santé en main, je ri-
là où tu es bon ou pas bon, tu ne gole pour plusieurs raisons. Pour
peux pas progresser. C’est du dia- étudier, j’allais à la bibliothèque
gnostic : là où j’en suis et là où je municipale, parce que comme ça,
veux aller. Donc les gens, quand je ne payais pas les livres. J’ai lu
ils font de la self-défense, il faut tous les livres de la bibliothèque,
qu’ils se disent qu’ils ne peuvent un par un. Je voulais apprendre,
être que meilleurs face à une si- et il n’y avait pas Internet. Donc
tuation que s’ils n’avaient rien. à 15 ans, au lieu d’aller boire, fu-
mer des joints ou faire des bê-
Pour conclure cet entretien, tises, j’allais à la bibliothèque
est-ce que tu as un message à pour étudier.
faire passer aux lecteurs ?
Pour le sport, je n’avais pas les
Oui, j’ai un message pour tous moyens pour aller dans un club,
les gens qui nous suivent. Moi, je donc j’allais sur un stade. Et il y a
n’avais rien, j’avais un physique toujours deux pistes sur un stade :
plutôt chétif, tout le temps ma- celle des champions et celle des
lade, je suis né en couveuse (pré- paumés, comme j’étais à l’époque
maturé), donc je n’avais pas de (rires). Je faisais du mentoring.
Si lui, il est champion, si je fais
comme lui, je vais être un cham-
pion aussi ». « Pourquoi tu ne vas
pas dans un club ? » « Je n’ai pas
d’argent ». Automatiquement, le
gars, s’il voit que tu as un poten-
tiel et la rage, il va se dire qu’il ne
peut pas te laisser comme ça. Je
le fais, moi, avec des gamins, au-
jourd’hui. Et c’est souvent celui-là
qui va sortir comme champion.
Et on pourrait très bien te dire
que tu as juste eu de la chance,
mais en fait, tu as saisi ta chance.
Il faut être audacieux, ne pas avoir
peur. Tu te plantes ? C’est une ex-
périence. On m’a dit un jour de
ne pas prendre un poste à cause
des responsabilités, de mon ab-
sence de diplômes, etc. Un mon-
sieur que je respecte à la mairie de
Paris un jour a posé une question,
et cette histoire m’a marquée car
tout ce que j’ai appris gamin, je
l’ai reproduit à 35 - 40 ans.
J’étais tout en bas de l’échelle so-
ciale au travail, et un jour, on me
propose non pas 1, mais 2 grades
en dessus du poste que j’occupais.

42
Je n’avais pas les diplômes, pas
de concours et aucune reconnais-
sance pour ce grade. Le respon-
sable du poste précédent n’avait
pas tenu le grade, c’était trop dif-
ficile, trop de pression, etc. Moi,
la pression, j’ai toujours su gé-
rer. Le responsable haut gra-
dé dont je parlais tout à l’heure
vient voir 4 ou 5 personnes, dont
moi, et pose la question : « Qui
veut la place ? ». D’autres mecs
plus haut gradés que moi ont ré-
fléchit longtemps avant de ré-
pondre. Moi tout de suite, j’ai ré-
pondu : « moi, je veux le poste ».
Le responsable, surpris, qui ne me
connaissait pas, m’a dit de venir
le voir dans son bureau. Une fois
dans son bureau, il me dit : « Vous
savez que c’est un poste impor-
tant, que votre prédécesseur n’a
pas tenu le coup, pourquoi vous
allez tenir ? ». « Parce que je suis
Franck Ropers, je suis différent et
que je n’ai aucun doute ». Il me ré-
pond, étonné, qu’il a un principe
et qu’il laisse toujours une dizaine
de jours aux gens pour réfléchir.
Je lui dis : « Donnez-moi un sty-
lo, cela va prendre 10 secondes ».
J’ai signé le contrat et j’ai pris le
poste. J’ai obtenu mon grade et on
a dit : « Ce gars-là, soit il est fou,
soit il sait ce qu’il veut ». Et j’ai
avancé comme cela petit à petit.
Le problème, c’est qu’on ne donne
pas confiance aux enfants à
l’école. On ne les laisse pas sor-
tir un peu du cadre. Si tu n’as pas
de bonnes notes en mathéma-
tiques ou en français, tu es mau-
vais. En fait, on les casse, alors
qu’il y a des enfants qui ne sont
pas faits pour le système scolaire.
Il y a des enfants qui sont créa-
tifs, rêveurs. La seule chose dont
je suis sûr, c’est qu’il y a des pi-
liers. Il faut croire en soi, il faut
savoir ce qu’on veut, ne pas dou-
ter, quand on fait quelque chose,
le faire à fond et être discipliné.
Enfin, le plus important, bouger
ses fesses et aller se renseigner
auprès des meilleurs.
Je suis toujours allé voir les meil-
leurs. Quand j’ai pris des cours
de yoga, je me suis demandé qui
c’était le meilleur à Paris. Je veux
le meilleur, parce que je veux
aller plus vite, je n’ai pas en-
vie de perdre du temps. Quand
je cherche des collaborateurs,
je m’en fiche de ses diplômes, je
veux qu’il soit performant, je veux
le meilleur. Prouve-moi que tu es
le meilleur. Tu as 10 jours pour le
faire. Je m’en fiche du CV, je veux
du résultat.
Ce n’est pas prétentieux de vou-
loir le meilleur et de ne pas avoir
peur de se ramasser parce que, au
pire, c’est une expérience en plus.
Comme je n’ai pas ce problème, je
n’ai pas de blocage là-dessus. On
me le reproche souvent d’ailleurs,
mais des blocages, je n’en ai plus
à mon âge. Parce que j’en ai eu
beaucoup gamin. J’avais peur de
tout, j’étais timide, j’avais peur
de me présenter, mes parents
étaient timides aussi, et je me suis
rendu compte que c’était l’enfer,
parce que tu ne vis pas. Tu existes
physiquement, mais tu ne vis pas.
À n’importe quel âge, tu as les
moyens de t’améliorer, de chan-
ger de vie, si tu le souhaites, mais
pour ça, il faut être un peu coura-
geux et se dire que tu ne vis qu’une
fois. Il ne faut pas se dire, sur son
lit de mort, « si j’avais su… ». Moi,
ça ne m’arrivera jamais, car j’ai
bien mangé la vie, je me suis écla-
té, je ne veux rien regretter.
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Janvier 2024 n°36
ISSN : 2813-0863 (Print) – 2673-7949 (Web)
Société éditrice: APS Formations SA, société anonyme dont le siège social se situe à c/o Drys Fiduciaire SA,
Rue Haldimand 10, 1003 Lausanne, Suisse, inscrite dans le canton de Vaud et dont l'IDE est CHE-464.618.854,
représentée par M. Bernard Robert Jahrmann, en sa qualité d'Administrateur.
Directeur de publication: Remi Daniel
Responsable de la rédaction: Antoine Ledu
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