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THÉÂTRE D’OMBRES

Patrice Trapier, journaliste


Temps de lecture : 2 minutes

Nous y sommes ! Un an et demi avant le terme du


mandat, l’élection présidentielle revient dans toutes
les têtes, du moins dans celles des états-majors
politiques et d’une poignée de personnalités rêvant
d’entamer une chevauchée équivalente à celle de
Macron en 2017. Il n’est pas certain que les citoyens
apprécient ce théâtre d’ombres, ces manœuvres de
présélection des candidats aux règles uctuantes
depuis que les primaires ont plus ou moins fait faillite,
et surtout de plus en plus anachroniques : que vaut la
fantasmatique « rencontre d’un homme et d’un
peuple » à l’heure où le collaboratif transforme nos
modes de travail et d’existence ?

Notre monarchie présidentielle ressemble à une


peau de chagrin. Les jours heureux du nouvel élu
durent le temps d’un été. Le quinquennat utile ne cesse de se réduire sous la pression
des événements et des oppositions. Les ns de mandat sont des casse-tête,
immobilisme raillé ou réforme impopulaire. Quelle institution peut durablement
supporter de se voir retrancher un tiers de son temps ? Et pourtant, ils rêvent tous de
prolonger leur enfer élyséen, ce qu’au demeurant nul n’a réussi depuis 1974, sauf à
disposer à Matignon d’un opposant cohabitant.

Il sera intéressant d’observer de quelle utilité sera Jean Castex pour Emmanuel Macron.
Censé protéger le président sur son anc droit, le nouveau Premier ministre, que nous
décrit Frédéric Says, est un expert de la France lointaine, mais il devra surtout monter en
première ligne de la bataille sanitaire et économique. C’est que la course élyséenne
sera cette fois marquée par une pandémie mondiale qui menace notre appareil
productif. Nul n’est capable de prédire ce que le Covid-19 modi era : la prime à la
nouveauté sera-t-elle pondérée par la nécessité de la compétence ? Lucile Schmid,
intellectuelle engagée dans les combats écologiques, fait le rêve que ces 600 jours
servent à refonder un contrat entre l’État et les Français, mais on doute que la menace
de la récession aide à réconcilier l’emploi et le climat.

En tout cas, il y a urgence. Ancien ministre, Matthias Fekl s’inquiète de la violence et de


la haine qui montent dans la société et dont les élus font les frais, pas seulement le
premier d’entre eux – elles s’inviteront sans doute dans le cours de la campagne. Il décrit
ainsi les affres d’un ancien responsable scrutant, du haut de sa colline, la plaine en feu.
Son texte est un cri d’alarme.
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Vocabulaire

Les noms Les verbes


un état-major - haut commandement entamer - commencer
une poignée - une petit groupe uctuer - changer souvent
peau de chagrin - quelque chose qui se faire faillite - ne plus pouvoir assurer le
réduit peu à peu, inexorablement fonctionnement d'une entreprise, être en
quinquennat - 5 années, le term de cessation de paiement, devoir la fermer
présidence en france dé nitivement
le casse-tête - l’énigme, le puzzle railler - moquer
l’immobilisme - la résistance au retrancher - couper, soustraire une partie
changement d'une quantité
l’enfer - lieu destiné au supplice des demeurer - continuer
damnés pondérer - soupeser
la haine - la hostilité, la détestation scruter - examiner avec la précision
les affres - la souffrance, l’agonie faire les frais - supporter les conséquences,
un cri d’alarme - une alerte contre un être victime.
problème ou un danger imminent
fl
fi

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