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‘Atelier de Montparnasse, 2011.


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«J'admire profondément celui qui a trouvé cette phrase extraordinaire :
“L'homme est un animal inconsolable et gai.”
Comment peut-il avoir pensé à ça?Cest une formule de génie absolu.
On ne peut pas vivre si l'on nest pas gai. Même si rien ne va, il y a la gaieté.
On pourrait appeler ça la joie de vivre, la joie d’être. Et inconsolable, on l'est.
Oui, on est complètement inconsolable. Alors, je fais avec les deux... »

Jean-Jacques Sempé
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UN PEU DE PARIS ET D'AILLEURS
Textes de Marc Lecarpentier

Éditions Martine Gossieaux


R n y fait et rien n y fera : depuis près de cinquante ans que des critiques
ébaubis tentent inlassablement de définir la singularité du travail de Jean-Jacques
Sempé, ils ne parviennent que partiellement à déterminer ce qui fait l'originalité
de cette œuvre unique. Comme si les mots se révélaient impuissants, inadaptés et
parfois illégitimes pour traduire la subtilité et la complexité de ses dessins.
Bien sûr, Sempé c'est « intelligent», «précis», «drôle», «poétique», «ironique»,
«tendre », « léger »,« élégant »,« beau », « aigu », « inventif », «délicat », « mélancolique »,
«caustique », «enchanteur», «concis», «attendrissant », «génial», etc.
Mais, tous ces attributs langagiers ne parviennent qu'imparfaitement à rendre
compte du regard que pose Sempé sur le monde. Comme si la lecture de chaque
dessin demeurait toujours incomplète et forcément inachevée. Comme si acuité
du trait rendait vain, et parfois ridicule, tout commentaire.
Au 7° étage de l'immeuble parisien où il vit et travaille, Jean-Jacques Sempé
domine les toits de Paris. Face à une large fenêtre, sa table à dessin est encombrée s
de ces grandes feuilles blanches qu'il affectionne.
À sa droite, un joyeux désordre rassemble ses porte-plumes, des dizaines de
crayons de couleur, des miettes de petits pastels, un pot avec de l’eau plutôt sombre,
et des petits bouts de papier épars où sont griffonnées quelques phrases encore
incohérentes.

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À sa gauche, des godets d’aquarelle, un chiffon qui fut blanc et un cendrier
jamais vide.
Tout autour, des centaines d’ébauches de travaux inachevés et des piles instables
de dessins en cours de finition. Des paquets aussi, qu’il lui faudra sûrement ouvrir
un jour pour découvrir ses albums traduits dans le monde entier.
Assis sur son tabouret, Jean-Jacques Sempé se tient légèrement penché vers
l’avant, le coude appuyé sur la table, la main gauche sous le menton. Dans sa main
droite, une fine cigarette se consume doucement.
Immobile depuis de longues minutes, Jean-Jacques Sempé travaille. Sempé
réfléchit. Il peut rester ainsi des heures durant, des jours parfois, le temps de trouver
une idée : car Jean-Jacques Sempé, contrairement à ce que beaucoup imaginent
(«Vous savez, Monsieur Sempé, j'ai vu hier dans la rue une petite dame qui parlait
à un monsieur, c'était un vrai dessin pour vous!»), ne dessine pas en observant le
réel, mais en pensant et rêvant pour mieux cerner la réalité.
Jean-Jacques Sempé dessine avec son cerveau, rarement avec ses yeux. Et si
Sempé nous touche tant, ce n’est pas qu'il nous regarde, c'est qu'il se regarde.
Sempé, dessinateur d'humour, rit d’abord de lui quand les gens d'esprit font plutôt
rire des autres.
Observons attentivement le travail de Jean-Jacques Sempé : chaque dessin
est construit comme une nouvelle, très rapide, très fugace, sur le comportement
humain ou la crainte existentielle. Mais pas une nouvelle militante qui assènerait
des vérités définitives et sans appel. À la caricature qui force le trait et simplifie,
il préfère l'élégance de la suggestion qui s'adresse à l'intelligence du lecteur.
Du coup, quand nous découvrons un dessin de Sempé, le sourire est
immédiatement suivi d’une réflexion qui conduit à l’introspection : suis-je si
différent de cet homme qui fait des ronds dans l’eau comme un enfant au bord
de sa piscine de milliardaire? Suis-je si éloigné de ce peintre du dimanche un
peu vaniteux ? Ne suis-je pas proche de ce couard qui rêve de révolte? N’ai-je pas
parfois, moi aussi, peur de la foule? Ne m'’est-il jamais arrivé de rire du malheur
d'un autre? Et est-ce que je ne suis pas, finalement, cet homme qui traverse la vie
comme un funambule, avec toujours la peur du vide?
Ce catalogue raisonné de nos faiblesses, maladresses et solitudes, ce regard sur
l’intime, qui admet et excuse nos défauts, met évidemment en joie le lecteur qui
voit dans l’âme de chaque personnage comme un miroir de ses propres fragilités.
Il est probable que Jean-Jacques Sempé n’a guère d'illusions sur la nature
humaine, pas plus que sur sa propre nature. Ses personnages n’ignorent pas
leurs insuffisances, leurs avidités coupables, leurs désirs inavouables, et parfois
médiocres, mais rêvent malgré tout de sagesse bienveillante et cherchent le mode
de vie juste.
Le défi du dessinateur d'humour reste pourtant - en auscultant le corps social
avec compassion mais sans apitoiement — de faire sourire plutôt que rire aux éclats.
Quand l’idée, si difficile à trouver, est là, vient le temps du dessin. Il faut tenter
de rendre au plus juste sur le papier ce qui créera l’ambiance et justifiera le projet :
la couleur des feuillages ou la subtilité d’une lumière du matin, l'anxiété d’une
paroissienne qui s'adresse à Dieu ou la fatuité d’un pianiste de bar mondain, le
bonheur d'enfants insouciants qui jouent sur la plage ou le vague à l’âme d’un
couple élimé.
Éternel élève insatisfait, perfectionniste maladif, travailleur acharné accablé par
sa solitude, Jean-Jacques Sempé ne cesse de faire et refaire des dizaines d’esquisses,
de reprendre un détail, pour tenter de dire sans dire, par la grâce d’un sourcil
froncé ou d’un chapeau légèrement ridicule, le tréfonds de nos comportements.
À le croire, un dessin n’est jamais terminé, toujours perfectible.
Jean-Jacques Sempé dessine mais prend aussi un vrai plaisir à écrire. Pas
étonnant qu il passe des heures pour ciseler une légende, des mois pour trouver les
titres de ses albums, avec le souci d’être compris de tous, de ne jamais exclure. Avec
toujours le même objectif avoué : rester à bonne distance. À bonne distance de la
cuistrerie, à bonne distance de la facilité, à bonne distance du bien et du mal...
Il est comme ça, Jean-Jacques Sempé, et son tempérament ne lui donne guère
le choix. C’est ce mélange de détachement lucide et d’ironie douce qui l’a toujours
conduit à préférer le chic au choc. Quand tant de ses compatriotes font les impor-
tants, lui sait qu’il n’y a de grave que le léger. C’est l’infiniment petit qui passionne
ce chercheur passionné : le «petit» instant heureux, le «petit» moment ridicule,
le «petit» détail fondamental. «L'humour, aime t-il à répéter, est une façon de se
tirer d’embarras sans se tirer d'affaire.» Comme une profession de foi pour dire sa
façon d’être, de vivre.
Quand il se jauge ou se juge, Jean-Jacques Sempé avoue perdre un temps
considérable, à cause de cette philosophie qui le guide et que ses proches définissent
en souriant comme une aptitude innée au «cafouillage extrême». Parce qu'il est
en permanence au travail, en vous parlant, en déjeunant, et peut-être même en
dormant, Sempé ne cache ni son incapacité à vivre le monde tel qu'il évolue, ni sa
nostalgie d’un temps où l’on savait prendre son temps. D'un temps où les enfants,
comme le Petit Nicolas, jouaient dans les terrains vagues; d’une période où les
restaurants étaient des lieux d’amicale complicité; d’une époque où la confiance
dispensait de tout contrat.
Et si l’on vient à lui tresser trop de lauriers, à lui faire part d’une profonde
admiration pour cette «comédie humaine» qu’il décrit, mine de rien, au fil de ses
albums, le voilà qui pourrait sortir de ce dandysme tempéré qui guide son rapport
aux autres pour se faire grave l’espace d’un instant, ramenant vigoureusement son
travail au niveau d’un art mineur.
On se gardera donc de dire que les dessins ici rassemblés disent plus que
beaucoup d'essais qui ont l'apparence du sérieux! Comme on s'interdira de
suggérer que l’œuvre de Jean-Jacques Sempé propose tout simplement à chacun
d'entre nous de prendre conscience des états d'esprit à partir desquels il agit,
parle, pense, et à devenir ainsi responsable des conséquences de ses actions.
La cuistrerie du propos ferait sourire celui qui sait combien beaucoup de travail
donne infiniment de modestie.
On dira donc, comme les autres, que Sempé, c’est «raffiné», «complexe»,
«élégant », «habile», «subtil», «léger », «sensible», «clairvoyant», «harmonieux»,
«incomparable »..
Et on n'aura, finalement, rien dit. Ce qui permettra à chacun de mieux se
retrouver dans le miroir mélancolique que nous tend un des artistes marquants de
notre époque.

Marc Lecarpentier
. Plume, encre de Chine et aquarelle, 1985.
À
À BORDEAUX, OÙ IL ACHÈVE SON ADOLESCENCE
dans les années 1950, Jean-Jacques Sempé doit bien
admettre qu’il n’a pas tout à fait le profil d’un vendeur
de dentifrice en poudre ou d’un doseur d’alambics
viticoles.
Après qu'il a publié dans Sud-Ouest ses premiers
dessins, il devance l’appel pour faire son service mili-
taire à Paris et tente de placer ses dessins dans les
journaux de la capitale, en compagnie de son ami
Bosc. Chaque semaine, il se rend dans les rédactions
et collabore à de nombreux titres parmi lesquels
Ici Paris, France Dimanche, Samedi-Soir, Noir et Blanc,
LeRiretLeFiearo
Dans Moustique, journal belge, il publie en 1952
les premiers dessins du Petit Nicolas, suivis d’une
bande dessinée avec son ami René Goscinny.
À partir de 1956, il participe, à l'invitation de
Roger Thérond, à la dernière page de Paris Match,
d’abord en compagnie de Chaval, Bosc, et des des-
sinateurs américains qu'il admire, puis seul, avec un
dessin en pleine page.
Françoise Giroud lui propose en 1965 de colla-
borer à L'Express, où il porte chaque semaine,
pendant près de dix ans un regard décalé sur l’actua-
lité, en jouant parfois au petit reporter pour quelques
grands événements.

Le Figaro, 1960
E DESSIN DE SEMPÉ Aujourd'hui 6 octobre
à 15 heures
à la on LYRIQUE
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(Métro : Réaumur-Sébastopol)
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Les invitations pour le
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du 13 octobre |.
sont délivrées :à parti
d'aujourd'hui, dès. 15.“heures-
— dans le hall du: FIGARC
14, rond-point des Champ
Elysées :
— au guichet du FIGARC
37, rue du Louvre; . ;
en échange des CINQ “derniel
numéros du journal ou d'un
bande d'abonnement,
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JEUDI-PARADE
est réalisé avec la
participation de
FRANCE DIMANCHE - N° 510 Page DIX-SEPT

SEMPÉ se penche sur son passé


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NOTRE ÉTABLISSEMENT À UN.AIR RÉBARBATIF MAS


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Page de gauche :France Dimanche, 1957.


Plume, encre de Chine, 1956.
PARIS MATCH
Chaque semaine, dans les années 1950, Paris cesse de l'encourager avant de lui proposer une
Match propose à ses lecteurs une page de dessins collaboration régulière : «Il regardait mes dessins
français ou américains. Tous les dessinateurs avec ses grands yeux bleus et, quand l'un d'eux
d'humour qui travaillent à l’époque pour ci lui plaisait vraiment, il levait la tête, et savait
Paris ou Samedi-Soir rêvent de faire partie de me faire le plus grand plaisir en disant “Ça, c'est
cette sélection des meilleurs dessins du monde. un grand!” »
À Jean-Jacques Sempé qui vient lui montrer Malgré les changements de formule, de
son travail, Raymond Castans, rédacteur en format et de direction, Sempé reste aujourd’hui
chef, conseille d’affiner son trait, de modifier le pigiste régulier le plus ancien du magazine.
sa signature. Avec la même angoisse : «La plupart du temps,
En 1956, paraît la première page complète de il me faut huit jours pour trouver une idée, et
dessins de Sempé. huit jours pour faire le dessin. Mon rêve reste,
Le directeur, Roger Thérond, grand amoureux depuis cinquante ans, d'avoir quelques dessins
de photo mais aussi de dessins d’humour, d'avance, mais la réalité me montre que jen
reçoit régulièrement Jean-Jacques Sempé et ne suis incapable!»

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Paris Match, 1957.


HUMOUR

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— Allez me chercher Durand, j'aimerais connéïtre ‘la
raison de sa subite demande d'augmentation.

IMP. E. DESFOSSES-NEOGRAVURE, 13, QUAI VOLTAIRE, PARIS.


— On se sent vraiment peu de chose... ' jo
Page de gauche : Paris Match, 1962.
Plume, encre de Chine et aquarelle, 1959.
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- Peut-ê tre se M êle-t- ilun peu de vani té à ma ferveur, mais quelles que soient
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les saisons ou l‘heure, jai toujours réussi à me mettre dans/axe de ce que jappelle mon rayon lumineux.
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Pourriez- vous vous décaler légèrement de deux ou trois places ?

PARIS MATCH DU 29 JANVIER AU 3 FÉVRIER 2009


— La chose qu'il faut lui souhaiter avant tout, c'est qu'il soit médiatique.

Plume, encre de Chine etaquarelle, 1997.


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tres d’un appartement, on 1
voyait des fêtards danser la
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petit homme exaspéré frappait au ei ee
plafond pour que cessât le vacarme. 7 5 Sas
Dès ses débuts dans Paris Match, ad ù }
Jean-Jacques Sempé avait, à 24 ans, a À
imposé son style et son ton: profu- iF
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causticité et de dérision. Délibéré- CS
ment décalé, il apporte à notre jour- NA
nal, depuis plus d’un demi-siècle, (] “
bien davantage qu'un regard sur A
l'actualité :ses dessins y font circuler
l'air du temps. Sempé ne vient | se
presque jamais aux bouclages. Il lui
suffit de se rappeler le tout premier ÆT
auquel il avait assisté, quand les bu- PR
reaux de la rédaction se trouvaient +
encore rue Pierre-Charron, à deux :4
pas des Champs-Elysées, pour en re- JET 2
trouver exactement l'ambiance. « J'ai
eu, dit-il, l'impression d'une ruche
avec des abeilles courant dans tous
les sens.» Les ordinateurs ont rem- à
placé les machines à écrire, mais rien LAS
d'autre n'a changé. Jean-Pierre BOUYXOU Ca

PARIS MATCH DU 26 MARS AU i* AVRIL 2009


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Soir de bouclage d’un numéro de Paris Match.


parismatch.com
EXPRESS
À la demande de Françoise Giroud qui était l'ambiance de l’époque, s'étonne de cette société
la compagne de son ami et éditeur Alex Grall, de consommation qui naît sous ses yeux : «Je
Jean-Jacques Sempé collabore de 1965 à 1975 à participais à quelques conférences de rédaction,
L'Express. Chaque semaine, les lecteurs sourient mais javais une totale liberté. Françoise Giroud
du regard aigu et tendre qu'il porte sur «La ne respectait que les gens qui travaillaient beaucoup.
Vie Moderne». La France bouge, construit des Elle savait que je bossais comme un fou. Elle
autoroutes et des grands ensembles; la télévision était du coup très solidaire. Très respectueuse de
s'impose dans les foyers; la jeunesse se révolte. mon travail. Pour moi, c'était épuisant, maisaussi
Électron libre dans la rédaction, Sempé saisit très stimulant. »

34

L'Express, 1973.
N° 1130 - 5-11 mars 1973
«Un jour, je voulais changer d'air, quitter Paris quelque temps.
J'avais entendu dire qu'ilyavait des troubles dans
les universités américaines et particulièrement à Houston.
J'en parle à Françoise Giroud qui immédiatement me donne son accord
pour que jaille une quinzaine de jours aux U.S.A.
En fait, nous nous étions assez mal compris puisqu'elle ma organisé
un voyage. pour suivre à Houston le départ des premiers cosmonautes
vers la Lune! Je me suis retrouvé seul avec mon anglais piteux,
dans un hôtel de Cap Kennedy où une chambre m'avait été réservée.
J'en suis sorti pour tenter de voir la fusée. Je pensais que la base
de lancement était proche. J'ai marché quelques kilomètres en me disant
qu'une fusée, ça devait pouvoir se repérer de loin. Jusqu'au moment
ou des policiers en voiture sont venus à ma hauteur et mont demandé
ou jallais. Quandje leur ai dit le but de ma promenade,
et bien que je leur aie montré ma carte de presse et ma lettre de L'Express
faisant de moi un envoyé spécial, ils m'ont pris pour un fou
puisque la base de lancement était à une quarantaine de kilomètres.
Ils mont gentiment ramené à mon hôtel et j'ai pris un taxi.
Mais, même sur place, je n'ai pas vu grand-chose!
J'étais totalement perdu. Je ne comprenais pas ce que je faisais là
et je me faisais beaucoup de soucis.
J'ai quand même envoyé quelques dessins qui n'étaient pas vraiment
le fruit d'une observation rigoureuse de la réalité. »

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SEMPÉ EN AMERIQUE
Envoyé spécial de L'Express aux Etats-Unis, Sempé .
a rapporté sur son carnet ses impressions de ÿ . (
voyage. Voici les premières. re

« On comprend qu'ils aient le sens de la famille. »


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Dès les années soixante, Télérama avait publié
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quelques dessins humoristiques de Jean-Jacques
| D nn... Sempé. Mais, c'est dans les années 1980 que
l'hebdomadaire prend contact avec lui pour une
collaboration plus fréquente. À la demande de
Francis Mayor, directeur de la rédaction, et de
Pierre Bérard, rédacteur en chef, Sempé réalise
d’abord plusieurs couvertures.
Puis, chaque été devient l’occasion d’un
rendez-vous régulier avec la publication, en
avant-première de nombreux albums, parmi
lesquels Âmessœurs, Par avion et Raoul Taburin:
« Ce petit cycliste sur une route déserte, c'est sans
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poire CN Eee ne
doute la plus belle couverture qui a été faite avec

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suivez les aven
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tureÊrs de l’un de mes dessins. Cette idée du rabat qu'il
fallait ouvrir pour découvrir le peloton qu'il
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faut rattraper me ravit. Qui oserait aujourd'hui


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mettre en vente un magazine avec cette une


sans titre? Oui, je suis enchanté qu'un journal
ait su offrir ça à ses lecteurs. »

LE
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À PARIS, APRÈS UN BREF PASSAGE dans le
XVIIT arrondissement (cité des Fusains à Montmartre),
Sempé s’installe rapidement rive gauche, dès qu'il est
libéré de ses obligations militaires.
Entre Montparnasse et Saint-Germain-des-Prés,
à pied, en scooter ou à vélo, il promène sa curiosité
et sa timidité dans des lieux qui l’apprivoisent (chez
Lipp, Le Flore, La Closerie des Lilas, Castel, le jardin
du Luxembourg, etc.), fréquente les clubs de jazz,
se lie d'amitié avec Françoise Sagan, Jacques Tati,
Jacques Prévert, Savignac, Goscinny, etc.
Paris l’impressionne, Paris l’éblouit, Paris le fascine.
Paris devient vite le cadre d’un très grand nombre
de dessins : Sempé saisit avec délectation les courbes
d’un immeuble haussmannien, la poésie d’un autobus
à plate-forme, ou le calme du jardin du Luxembourg.
Il observe, attendri, des amoureux qui se promènent
sur les quais, mais regarde naître, nostalgique, un
urbanisme raide qui ne s'embarrasse guère de fantaisie.
Il s'amuse d’une actualité qu’il regarde de loin en
moquant gentiment la foule du métro, la circulation,
les manifs, les gros titres des kiosques à journaux, ou
les motards casqués.

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1975.


« Quand je suis arrivé à Paris, j'ai trouvé les Parisiens très gais.
Je venais de Bordeaux ou les gens n'étaient pas naturellement
souriants. J'ai été tout de suite enchanté par le métro,
les autobus, la fièvre de la ville. Et surtout, j'ai fait beaucoup
de vélo. Pendant trente ans, je suis allé partout à bicyclette.
Si jétais invité le soir et s'il pleuvait des cordes, j'arrivais saucé,
trempé comme une soupe. Mais, oui, jaimais ça!»

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1990.


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Plume, encre de Chine et aquarelle, 1990, 2010.


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«Je trouve les maisons parisiennes très élégantes. Un jour ou je revenais
de Rome, qui est une ville sublime, j'étais étonné et ennuyé parce que
je ne pouvais m'empêcher de penser que les merveilles de Rome
me séduisaient moins que l'élégance de Paris. Je m'en voulais d'être
un peu «françouillard », mais aujourd'hui encore, je persiste :
c'est Paris que je préfère. »

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Plume et encre de Chine, 2000.


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«J'ai été fou de Paris. J'ai trouvé les gens très gentils. Les gens, dans la rue,
je les trouvais formidables, souriants, accueillants.
Moi, j'étais militaire à ce moment-là. Combien de fois j'entendais :
“Tiens, le joyeux militaire, qu'est-ce qu'il veut celui-là ?”
Quand je demandais un renseignement pour les rues, je trouvais
que les gens étaient incroyablement disponibles. »

56

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2010.


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Mine de plomb et aquarelle, 2000.


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« Quand j'étais en province et quej'écoutais la radio, j'imaginaïs la vie
nocturne de Paris avec de la musique partout, des lumières, une joie
de vivre intense. Évidemment, quand on arrive à Paris, ce n’est pas
tout à fait ça. Quand on prend le métro pour la première fois, on se sent
un peu perdu à Paris. Oui, j'ai été très longtemps perdu à Paris. »

60

Plume, encre de Chine, aquarelle et crayons de couleurs, 2000.


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lume et encre de Chine, 1980.


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Plume et encre de Chine, 2001, 1990.


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me et encre de Chine, 1995.


«Je me sens beaucoup plus proche d’un temps ou les autobus avaient
des plates-formes. C'était un enchantement la plate-forme. On attrapait
des rhumes terribles, mais ça faisait partie de la vie de Paris.
Ça m'enchantait. J'adorais dessiner des autobus à plate-forme.
Maintenant comment voulez-vous dessiner un autobus?
Ils ressemblent tous à un car de voyage, à un camion de livraison. »

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68

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2000.


«L'élégance parisienne existe. Ce n'est pas par hasard qu'on parle
des “petites femmes de Paris”. L'autre soir, boulevard du Montparnasse,
passait une jeune fille avec une jupe simple et un chemisier blanc.
D'une évidente élégance.
Je trouve ça délicieux, même si ça disparaît de plus en plus. »

70

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2010.


«Je trouve qu'on a dit beaucoup de mal du baron Haussmann, à tort,
car il a fait des choses formidables. Il a fait des avenues merveilleuses
et ses immeubles, je les aime beaucoup.
Peut-être parce que c'est un bonheur pour moi de les dessiner,
même si jinvente!»

72

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2000.


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Plume, encre de Chine et aquarelle, 2000, 1998.
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Plume, encre de Chine,
« Quand je dessine les ponts de Paris, je fais toujours un peu n'importe quoi,
sauf pour le pont des Arts, parce que je suis fasciné par ce pont.
Hélas, je ne fais pas les courbes comme ilfaudrait lesfaire.
À chaque fois, quand c'est fini, je ne suis pas content.
Je me dis : “Mais non, ce n'est pas comme ça qu'il faudrait le faire.”
Alors, de temps en temps, mais régulièrement, je m'y remets.
Avec l'espoir de pouvoir me dire un jour : “Ça y est, cette fois-ci,
j'ai réussi le pont des Arts!” »

80

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2000.


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me et encre de Chine, 2000.


«Je pense que c'est plus du côté du silence que de la parole queje me situe.
Je pense toujours qu'on doit se rendre compte
du tort que l'on fait à quelqu'un en parlant ou du tort que l'on vous fait.
Je pense toujours que les choses vont s'arranger.
Dire, c'est parfois très violent. »

87

>, encre de Chine et aquarelle, 2000.


APRÈS LE SUCCÈS DU PETIT NICOLAS, CONÇU avec
René Goscinny, Jean-Jacques Sempé convainc Alex
Grall de publier, en 1962, son premier livre de dessins
d'humour, Rien n'est simple (Éditions Denoël) : «Je
voudrais que les titres de mes albums traduisent un
peu cette pensée qui, vous allez le voir, est grandiose et
pleine d'espoir, quelque chose comme : “Bon, ben c'est
comme ça. Après tout pourquoi pas? Il y a des clous
par terre, mais continuons, on va bien voir...”»
Au fil du temps, le travail de Sempé évolue. Si l’hu-
mour reste toujours présent, s’y adjoint un regard
plus profond sur la société.
En quarante albums, de 1962 à 2010, le dessinateur
de presse devient un auteur reconnu. Qu'il parle du
couple, de la psychanalyse, de Dieu, de l’enfance,
des vacances, de la création, de la télé, des manifes-
tations, des musiciens ou du sport, Sempé ausculte
avec tendresse les vérités de l’âme humaine. Chaque
dessin s'offre comme un miroir tendu au lecteur,
qui sourit ou s'étonne de voir ainsi doucettement
démasqués ses balourdises, maladresses, agacements
ou mesquineries.
D’année en année, le trait devient peu à peu plus
aérien, plus délicat, pour mieux suggérer sans jamais
juger : «Aussi petits soient mes personnages, je ne les
regarde jamais de haut. D'ailleurs, je suis toujours
quelque part, dans un coin du dessin. »
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«Avec le dessin politique, vous faites un commentaire sur un fait que tout
le monde connaît plus ou moins.
Si vous dessinez le président de la République du moment, tout le monde
le reconnaît. Même moi, qui ne lis pas les journaux, au bistrot j'entends
plus ou moins des conversations ou je trouve un journal
et je suis au courant de ce qui se passe.
Le dessin humoristique, au contraire, n'est pas relié à l'actualité politique.
Ni même à l'actualité factuelle. Ça peut être n'importe quoi.
Ça peut être deux petits chats qui se parlent entre eux, ça peut être
un poisson, des gens qui se promènent.. Ça peut se passer au XVII siècle
ou n importe quand. C'est le luxe parfait. »

«Il y avait une phrase dans l'atelier de Savignac qui disait :


“Contrairement à ce que l'on croit ce n'est pas l'œil qui guide la main,
mais la main qui guide l'œil.”
La première fois que j'avais déchiffré cette phrase, j'avais trouvé ça un peu
bêta. Quinze secondes après, je m'apercevais que javais pensé moi-même
une énorme bêtise parce que c'est vrai, c'est la main qui guide l'œil.
Quand votre main a envie de faire certains gestes, certaines choses,
c’est elle qui vous oblige, dans le fond, à voir. Quand vous faites un dessin,
vous vous apercevez que c'est bien votre main qui a guidé votre œil. »

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«Le dessin d'humour demande beaucoup d'humilité. Il ne faut jamais
chercher à se faire plaisir. Penser uniquement aux gens qui vont regarder
le dessin. Penser à la reproduction, avec tout ce que cela comporte
de difficultés. Il faut que le trait ne soit pas trop fin, que ce soit facilement
reproductible et que l'on puisse réduire le dessin. Parce que les dessins sont
plus grands que ce qui est reproduit. Il faut absolument ne pas montrer
qu'on pourrait faire mieux. Qu'on pourrait être artiste.
Essayer de se faire comprendre, ça n'est pas facile. Il faut être le plus
explicatif possible en suggérant. Il ne faut pas être lourd. Et ne pas être
lourd c'est difhcile. Vouloir être léger, c'est dur. »

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1964:


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— Vite, vite! Voulez-vous m'épouser?

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«Je fais des personnages extrêmement simples. Très simples. Mais il y a
un petit détail queje souhaîite différent pour chacun. Un monsieur
de 45 ans ne ressemble pas à un jeune homme de 18 ans. Et puis,
dans la rue tous les gens sont extrêmement différents. Et je trouve ça
formidable. Quandje dessine, c'est le minuscule petit détail
qui m'intéresse. Si c'est raté, il faut prendre une autre feuille de papier
à dessin et recommencer. J'aimerais, mais ça reste un rêve, qu'on ait
le sentiment que le dessin est une forme modeste d'écriture.
Alors oui, oui, oui, je recommence. »

«Je n'aime pas beaucoup la solitude que mon métier m'impose puisque
pour dessiner et chercher des idées ilfaut se retrouver seul dans son atelier
pour travailler. Je n'aime pas beaucoup ça, non. Et en même temps,
j'aurais été incapable de travailler en équipe.
Oui, il y a une énorme contradiction entre la difficulté que j'ai
de travailler tout seul et l'impossibilité que j'ai de travailler en équipe.
| C'est peut-être ça qui fait les humoristes.»

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1966:


— Hélène!Je crois qu'on a volé la voiture!
— Ils sont vraiment restés simples.

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1963:


— Ef, en plus, tu mejettes du pain, Georgette!

97

ncre de Chine et aquarelle, 1964.


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Plume, encre de Chine et aquarelle, 1972:


— Nos rapports professionnels resteront les mêmes, Mathilde, mais vous ne serez plus jamais ma Riviera.
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— Tu auras supprimé la sonnerie de ton portable puisque tu es (comme d'habitude!) en réunion. Ma voix aboutit donc dans
ton sac, dans un bric-à-brac de carnets, de trousseaux de clés, poudrier, brosse à cheveux, bas de rechange, pastilles à la
menthe, etc. Tu comprendras quej'étouffe. Ça ne va pas. Ayons une vraie vie defoyer. Ça m'aiderait :c'est dur la télé, ilfaut
se vattre. Dans d'autres conditions de vie j'y arriveraïs. Je réussirais même à présenter le 20 heures. Et, chaque soir, je ferais
un petit signe, imperceptible par les autres, destiné à toi seule.
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— Il est courageux, Rodrigue, hein? Il est vertueux, hein ? Eh bien, voulez-vous queje vous dise
combien il me verse de pension alimentaire pour moi et les petits?
«Ça n'est pas parce qu'on a fait quelque chose qu'on est rassuré
pour le futur. Moi, je ne pense qu'aux choses à faire, et là, c’est l'inconnu :
“En suis-je capable, qu'est-ce que ça veut dire,
est-ce que ça vaut le coup ?”»

« Un auteur, à qui l’on demandait ce qu'il avait voulu dire, a répondu :


“Je n'ai pas voulu dire, j'ai voulu faire.” Il avait bien raison, ce monsieur.
Moi aussi, jai seulement voulu faire.»

103

me, encre de Chine et aquarelle, 1966


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Plume, encre de Chine et aquarelle, 2003


ncre de Chine et aquarelle, 2003.
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«André mon amour perdu.
Douloureuse séparation ! Mais c'est gentil de m'avoir laissé une adresse. J'étais anéantie. Je ne pouvais pas faire un
geste. Je te revois, accoudé au bastingage quand on a relevé la passerelle. Je revois tes gestes de désespoir lorsque le
navire a commencé à s'éloigner et que tu as réalisé (enfin!) que j'étais assise sur ta valise. »

107
«Je pense que je suis, je crois, j'espère que je suis un dessinateur
humoriste, un dessinateur d'humour. C'est ce qui me plaît.
Il y a parfois des gens qui pour être très gentils me disent :“Mais non,
mais ce que vous faites, c'est mieux que du dessin humoristique.”
Or, pour moi, il n’y a pas mieux que le dessin humoristique. »

108

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1977:


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| intermittents, je me suis dit :«Ce que tu peux être bête, mafille ! Ça veut dire qu’ilya un
message pour toi, tu sais ou. »

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rncre de Chine et aquarelle, 1999, 1991.

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« Mon rêve, c’est plutôt d'être au cœur de l'âme de chaque personnage.
De regarder l'intime plutôt que le monde. C'est ce que je voudrais arriver
à faire dans mes dessins, mais c’est très prétentieux. Mais, qu'y puis-je ?
Ce queje sais, c'est que c'est pour moi un travail énorme.
De temps en temps, je réussis. Très rarement. C'est ce qui me réconforte,
mais c'est très difficile, pour moi, de réussir ça. »

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Plume, encre de Chine et aquarelle, 2000!


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— Je peux, certes, vous rendre jeunesse et beauté, maïsje ne peux pas vous garantir que ce sera
un physique typiquement à la mode.
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— Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que ça peut coûter.

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122
« La légende veut que Duke Ellington ait dit : “Le jazz est à la musique
classique ce que le dessin d'humour est à la peinture.” Pour moi,
ça a toujours été proche. C'est-à-dire que le dessin d'humour,
cenest pas grand-chose. Comme dans le jazz, l’art, c'est de suggérer.
C'est le contraire de notre époque qui enfle tout.
Le dessin d'humour, comme le jazz, c'est l'humilité. »

«Enfant, je m'évadais tout le temps. Je rêvassais. J'imaginais que,


plus grand, je serais dans l'orchestre de Duke Ellington.
Mais ce qui m inquiétait, c'est queje ne connaissais pas une note!
Il n'empêche : j'imaginais que les gentils membres de l'orchestre
m'apprendraient la musique, me formeraient.
Et que je jouerais du piano, tout simplement, avec eux. »

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qui étaient déjà démodées :cela m'a donné de grandes joies dans la vie.
J'aime bien mon époque et je ne suis pas contre le progrès,
maisje voudrais que les choses soient à la fois
plus faciles et moins organisées. J'aime le hasard. »

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Plume et encre de Chine, 1977.
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— Vous allez voir, c'est quelqu'un d'exceptionnel.
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— Pour la veste : rétrécir l’épaule droite et remonter la gauche, reprendre
la taille, remonter la poche droite. Pour le pantalon : donner un peu plus
d’entre-jambe, effacer les faux plis de la jambe droite, et rallonger les deux
jambes qui doivent casser légèrement sur les chaussures.

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«Si j'en avais les possibilités culturelles, je m'intéresserais
au langage, car l'humour naît souvent de l'immense décalage qui existe
entre les mots et la réalité. »

148

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1963.


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— Réfléchissez bien, Monsieur Martineau! Réfléchissez bien! Je vous rappelle que vous pouvez arrêter et partir
avec les 75 nouveaux francs que vous venez de gagner. Si vous continuez vous risquez de tout perdre, mais vous
pouvez aussi gagner 75 autres nouveaux francs, ce qui vous ferait un total de 150 nouveaux francs! Vous continuez,
Monsieur Martineau ?

149
«Il est très difficile d'expliquer l'ordonnance de la recherche d'une idée.
Il n’y a pas très longtemps, j'ai fait un dessin auquel j avais pensé
il y a vingt ans. Maisje n'avais pas trouvé le moyen de l'organiser.
Alors entre-temps, j'ai fait d'autres choses,
mais il aura fallu vingt ans pour queje trouve comment faire ce dessin. »

150

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1985:


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— Vous avez écrit une bonne douzaine de romans, lus par des centaines de milliers de lecteurs. Les films tirés
de vos livres ont été vus par des millions de spectateurs. Vous avez plusieurs résidences dans différents pays,
plusieurs yachts et, bien entendu, plusieurs voitures. Aussi dites-moi : pourquoi ne vous êtes-vous marié qu'une
seule fois ?
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« Si je me laisse submerger par l'actualité, c'est fichu ! L'autre jour,
après avoir entendu à la radio le récit du krach boursier,
je suis sorti dans la rue : une dame avait fait tomber son pain par terre,
une autre l'avait ramassé et toutes deux parlaient. C'était formidable,
il y avait un tel décalage entre ce que je venais d'entendre et cette scène.
Ce sont ces infinis détails, ces avatars quotidiens, qui assurent la pérennité
des choses, tout en les rendant déconcertantes, et même comiques. »

154

Plume, encre de Chine et pastels, 1964


Pages suivantes : plume et encre de Chine, 1970, 1972, 2003
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« Le plaisir, c’est le miracle! C'est comme le coup defoudre, c'est comme,
je ne sais pas comment dire, moi, comme le sentiment
amical ou le sentiment amoureux. Je crois qu'on ne peut vivre
que parce quil n'y a que les miracles qui comptent...
Pour le reste : il y a les sociologues, il y a tout ce que vous voulez.
Nous sommes armés pour beaucoup de choses, sauf pour l'essentiel,
cette chose ineffable et inexprimable qu'est le miracle.»

162

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2005:


Pages suivantes : plume et encre de Chine, 1977:

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«Je ne crois pas que je dessine beaucoup de gens condamnables,
qui aient besoin d'excuses. Je ne les juge pas, ils vivent... Mes personnages
sont des petites personnes, comme vous et moi, qui cherchent seulement
à se débrouiller dans la vie. »

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Plume et encre de Chine, 1968:


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«J'adore les livres. J'ai des livres de dessins d'amis, de gens que je n'ai pas
connus, que j'adore. Pour moi, un livre de dessins, c'est un objet
qu'on peut ouvrir n'importe où, que l'on feuillette, et qui vous tient
compagnie pendant des années. J'ai été très, très, très ému, un jour:
je faisais une signature dans une librairie. Ilya une dame qui vient me
demander de signer Monsieur Lambert qu'elle avait acheté
plusieurs années auparavant. Et qui était un livre vraiment très abîmé.
Elle me dit : “C’est le livre de mon mari qui est anglais, mais qui adore
la France, et qui, ou qu'il se trouve, met toujours ce livre-là sur sa table
de chevet”. Ça m'a fait très plaisir. Immensément plaisir. »

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Plume et encre de Chine, 1983:


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— Regarde la mouche : elle se frotte les pattes avant, comme on sefrotte les
mains lorsqu'on est content. Ça doit être bon ce que j'écris en ce moment.
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— J'ai envie d'écrire une symphonie inspirée d’un tableau que j'ai fait, d'ap r ès le livre
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que jai commencé, qui pourrait être adaptée pour un ballet dont larrangement est
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un excellent point de départ d un film qui pourrait être coproduit par la télévision e t
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programmé en feuilleton puis distribué en a daptation th éà trale dans le circuit des


maisons de la culture.
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— J'ai modifié tout le deuxième acte. Lucienne, dis-moi ce que tu en penses.

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«La base de l'humour, je crois, c'est une grande naïveté.
Une très grande naïveté. Alors, le naïf que je suis cherche seulement
à faire quelque chose du ridicule de ses croyances.
Du ridicule de sa stupidité. »

184

Plume, encre de Chine et fusaïn, 1966:


Page suivante : Plume et encre de Chine; 1972:
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«La mélancolie et la nostalgie font partie de la vie. Un bon moment
que l'on passe est forcément mélancolique. On est très, très content,
mais quelque chose nous dit, dans un coin de notre tête, que ça va passer;
et que c'est passé. C'est fait. C'est comme... des vins qu'il ne faut pas
déboucher, sinon ils perdent leur arôme, comme des tableaux
qu il ne faut pas exposer à la lumière.
La mélancolie, c'est la conscience profonde que nous ne sommes
que de braves petits êtres en quête d'autre chose,
mais qu'on ne saura jamais quoi. Et quand on le saura, ce sera grave. »

189

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— Vous êtes ici pour vivre la Vraie Vie, pour oublier cette stupide et déprimante vie que vous menez.
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Plume, encre de Chine et aquarelle, 21


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« Quand j'allais en vacances à Saint-Tropez, je restais un petit
boulonneur, un petit travailleur. Je me rappellerai toujours
une phrase de Françoise Sagan. Un jour, je lui dis :
“Écoute, non, je ne peux pas sortir ce soir, ça se termine trop tard.
Après, je suis crevé et je ne peux pas travailler.” Elle m'avait répondu :
“Tu ne vas pas me dire que tu travailles tous les jours ?”
Et ça, ça m'avait beaucoup fait rire. »

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Plume, encre de Chine et aquarelle; 1970:


Page suivante : plume, encre de Chine et crayons 1968:

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— C'estsibeau, que dans ces moments-là, un seul mot peut venir à l'esprit : pognon...
«J'ai conservé un état desprit qui est parfois un peu ridicule.
J'ai un côté enfant qui magace beaucoup, mais cest comme ça.
Il y a quelques années, quand je voyais des gosses qui jouaient au ballon,
je ne pouvais pas mempêcher de me mélanger à eux !
Une fois, jai dribblé deux ou trois gosses, shooté et marqué le but.
Et jai entendu un des enfants dire à un autre : “Cest un professionnel !”
J'étais fier, très fier. Je suis parti nonchalamment,
mais en balançant un peu les épaules quand même !»

Plume, encre de Chine et aquarelle 1963:

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— Taisez-vous! Inutile d’insister. Puisque vous avez cassé mes lunettes hier soir. vous ne vous baignerez
pas.
« Quandje me suis mis à dessiner,
j'ai eu envie de dessiner des gens heureux.
Envie de faire du dessin humoristique avec des gens heureux.
Ce qui est de la folie. Mais ça, c'est mon caractère. »

206

Plume, encre de Chine et aquarelle 201

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Plume, encre de Chine et aquarelle, 201:
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«J'ai toujours eu une vie pratique assez chaotique. Je n'ai jamais été
complètement installé. Réellement. Ça tient peut-être à ma nature
ou aux évènements. Maisjepeux dire que ma vie n'a étéfaite que de ça.
Je n'ai jamais suivi un chemin raisonnable, réfléchi.
Je crois queje n'ai jamais pris une décision pour aller
d'un point à un autre. Ça ne s’est jamais fait comme ça.
Comme je suis désordonné, j'adore l'ordre. Je rêve effectivement d’être
quelqu'un d'extrêmement sage, raisonnable, réfléchi.
Mais mon enthousiasme ou mon désordre l'emportent toujours. »

210

Plume, encre de Chine et aquarelle; 1964:

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— La porte!
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S'IL AFFECTIONNE LE DESSIN D'HUMOUR qui


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raconte à lui seul une histoire, Jean-Jacque Sempé FATHE
aime aussi concevoir des récits plus longs où des ROM
personnages décalés s'interrogent sur les règles du je Lin 0 (7 4
en société.
Avec Monsieur Lambert, puis L'Ascension sociale D
de Monsieur Lambert, il s'amuse de ces conversations PE T E R XL
de bistrots où la politique et le football parfument . Hit
le goût du lapin chasseur de Lucienne et ironise sur AA L Ÿ
nos actes «qui, non contents de nous suivre, nous / |
précèdent pour nous empêcher d'avancer ». à
Avec Marcellin Caillou, rougissant, et René Rateau, €” j
éternuant, il se joue de ces différences qui font la ] JflÈ
complicité et observe que «deux vrais copains n'ont AL
pas forcément besoin de se parler pour échanger ».
Dans Par avion -commande du directeur du (4
magazine The New Yorker -, il observe avec curiosité z kR BULLE k
et amusement les mœurs d’une Amérique où l’on © 7) Fi
mange chinois et où les femmes traquent la nouveauté s GA D
pour rester, coûte que coûte, «branchées ». 1£ [ NM CJL
Raoul Taburin, marchand de cycles respecté CA >
de Saint-Céron, porte en lui un lourd secret qui le
conduit d’abord à faire rire («parce que l’art de faire
rire permet de masquer bien des choses») puis à
réaliser le « fol exploit » qu'immortalise l'appareil > sonne
SF
photo d’Hervé Figougne. mami SF
Âmes sœurs pointe mélancoliquement la com- eu
plexité des rapports humains et particulièrement la Mitiser Tous Ab
difficulté toujours surprenante de la relation amou- ;
reuse. Jean-Jacques Sempé y dit, en souriant, nos —
émois lorsquon est «aux prises avec la beauté», JEU
l'intensité douloureuse des «bonheurs cosmiques » QT
et le rêve de chacun « d’une vie simple avec quelqu'un
d’équilibré ».

Monsieur Lambert, plume et encre de Chine, 1964.

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Le mardi, un fait anodin en apparence se produisit. Nous parlions de je ne sais trop quoi, quand Lambert prononça
quelques mots au sujet, nous sembla-t-il, de la terrine. Puisque c'est ce qu'il avait dans son assiette.

DS
Au cours du débat qui suivit, se fit jour la nécessité d’une concertation plus approfondie qui, sur la proposition de
Chaudère, devait avoir lieu le soir même.

216

L'ascension sociale de Monsieur Lambert, plume et encre de Chine, 1975.

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Au milieu de cette tornade de mutations, de cet ouragan de déplacements de succursales, la nouvelle de ce parking
était la mouette annonçant la terre ferme.

217
MARCELLIN CAILLOU
Parallèlement à son travail régulier de des- délicat, René Rateau, qui éternue sans cesse;
sinateur, Sempé sest toujours plu à inventer les deux enfants deviennent vite inséparables
quantité d’histoires, souvent inachevées, qu'on jusqu'au déménagement de la famille Rateau :
retrouve dans ses carnets de croquis. «Peut-être est-ce parce que je n'ai pas eu beaucoup
Parce qu'il avait envie de mettre de la couleur d'amis étant gosse, mais les histoires d'amitié
dans ses dessins, il crée en 1969 le personnage entre deux enfants me touchent beaucoup. Et la
de Marcellin Caillou, petit garçon timide et rou- complicité qui peut naître de différences dont les
gissant. Marcellin rencontre un petit violoniste autres se moquent m'émeut. »

218

Plume, encre de Chine et aquarell le, 1969. |


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PAR AVION
En 1985, le directeur du New Yorker, M. Shawn,
demande à Jean-Jacques Sempé s'il peut réaliser un
équivalent américain de Monsieur Lambert. D'abord
convaincu qu'il ne pourra honorer cette commande, il
s’essaie finalement à raconter la vié de l’immeuble où il
loge, sur Central Park West.
Il s'amuse de ce milieu d'écrivains, d’éditeurs et d’ar-
tistes, décrit son étonnement devant ce désir constant
et touchant de créativité et raille tendrement ces intel-
lectuels agités et dynamiques, capables de remuer ciel
et terre pour être présents à l’ouverture d’un nouveau
restaurant afghan, forcément sublimissime. Il se moque
de son anglais approximatif, mais apprend à dire avec
aisance : « There are still women like that !»

Plume, encre de Chine et mine de plomb, 1982:


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” Hier, mon cher René-Alexis, j'ai rendu visite à votre cousine et lui ai remis le paquet que
4 vous m'aviez confié. Cela ne m'a pas dérangé; ici à New York tout le monde porte quelque
chose, quel que soit le moment de la journée. Comme la ville est constamment en travaux,
on a l’impression que chacun participe à un gigantesque déménagement perpétuel.
ÂMES SŒURS
Avec Âmes sœurs, Jean-Jacques Sempé vise ou conforte la scène. Chaque page cache sous
plus que jamais à lier dessin et écriture. Sur sa légèreté les mille non-dits de nos existences,
la difficulté de s'entendre avec un ami, de les grains de sable qui enrayent les relations
comprendre la psychologie féminine, ou d’être humaines. Et, au bout du compte, on ne sait s’il
en phase avec ses proches, il juxtapose un dessin faut rire ou pleurer de ces âmes sœurs si rares
de la vie quotidienne avec un texte qui contredit danslelivre.

222)

Plume, encre de Chine et aqua


Après m'avoir écouté très attentivement (il avait gravement hoché la tête à plusieurs reprises),
mon vieil ami Paul me dit qu’il avait, depuis belle lurette, pris l'habitude de se considérer comme le
plus malheureux des hommes afin de ne pas être trop sensibilisé par le récit des déboires des autres.
«Le rêve de ma vie, quand j'étais enfant, c'était de posséder un vélo.
J'ai attendu longtemps avant d'en avoir un que me prêtait
le courtier en vin chez qui je travaillais à Bordeaux.
Le vélo, pour moi, c'est la vraie liberté. Si on est prudent, on peut prendre
les sens interdits, monter sur les trottoirs, ignorer quelques règles.
J'aime bien ignorer les règles. »

RAOUL TABURIN
Pendant qu'il créait le personnage de Marcellin et le fol exploit qui résulte de leurs mensonges :
Caillou, Jean-Jacques Sempé esquissait sur un «Quand quelqu'un souffre d’un handicap qu’il
grand carnet noir l’histoire de Raoul Taburin, n'avoue à personne, sa vie se modifie, évidem-
sans parvenir à l’achever. C'est quelques années ment. Mais, s’il rencontre quelqu'un qui cache
plus tard, en 1995, qu'il publie l'album qui lui aussi un secret, j'aime à penser que peut
conte les aventures de l’illustre marchand de naître une complicité, sans que rien ne soit dit
cycles et du célèbre photographe de Saint-Céron, pour autant.»

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1995:


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Tout le monde se rappelle la photo qui fut diffusée largement dans la presse française et étrangère
COMPLICE AVEC RENÉ GOSCINNY pour Le Petit
Nicolas, Jean-Jacques Sempé aime aussi se faire
illustrateur de textes d'amis écrivains.
Avec Patrick Modiano, il donne un visage à
Catherine Certitude, qui dirige un cours de danse à
New York, 59° rue et se souvient du temps où elle
vivait seule avec son papa, à Paris, X° arrondisse-
ment. Du temps où son papa vendait des sièges
d'avion «Constellation» pour en faire des fauteuils
de cinéma et «travaillait dans les paquets » avec son
associé, monsieur Casterade, poète et «crampon ».
Du temps où son papa rêvait d’ascension sociale
avant de se décider, finalement, à rejoindre sa femme
aux États-Unis.
Le personnage de Patrick Süskind, Monsieur
Sommer, est «obligé de courir tout lé temps dehors
parce qu'il a la claustrophobie ». De quoi inquiéter et
fasciner un petit garçon qui grimpe aux arbres pour
s’isoler, qui rêve de voler, qui envisage un instant
de se tuer parce que l'univers «est injuste, méchant
et infâme» mais qui saura garder toute sa vie un
joli secret. Sempé se joue de ce climat inquiétant,
angoissant parfois. |
Goscinny Sempé
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Sempé/Goscinny

éditions
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«Le Petit Nicolas, C’est d’abord une histoire d'amitié. Nous avons mis
nos souvenirs d'enfance en partage. Je racontais à René mes histoires de
football, de colonies de vacances, mes chahuts à l'école. Et René Goscinny
adorait interpréter ces souvenirs. Partant de ce que je disais, il a brodé
tout autour, inventé tous les personnages, imaginé des situations,
et nous avons fait Le Petit Nicolas fel qu'on le connaît.
Disons que sans René Goscinny, il n’y aurait pas eu de Petit Nicolas.
Et ajoutons que sans moi, il n’y aurait pas eu de Petit Nicolas non plus!
Oui, nous étions de vrais complices !»

ÉEPREIPNIEOISS
Dans un journal belge, Moustique, Sempé invente En vacances à La Rochelle, Alex Grall, direc-
le personnage du Petit Nicolas pour une suite teur des éditions Denoël, découvre ces histoires
de dessins humoristiques. dans le journal et propose den faire un album.
Avec René Goscinny, qui travaille pour le Un classique de la littérature enfantine vient de
même magazine, Le Petit Nicolas devient une naître qui séduira le monde entier et sera tra-
bande dessinée pendant une vingtaine de nu- duit dans de nombreux pays.
méros, puis s'arrête. Quelques années plus tard, Viendront ensuite Les Vacances du Petit Nicolas,
Sud-Ouest demande aux deux complices de Le Petit Nicolas et les copains, Joachim a des
reprendre l’idée. Goscinny écrit les textes et ennuis, et Les Récrés du petit Nicolas (Éditions
Jean-Jacques Sempé donne vie aux personnages Denoël) puis plus récemment, trois tomes
avec des dessins. d’histoires inédites (Imav Éditions).

228

Les aventures du Petit Nicolas, Moustique, 1956.


PQ AVENTURES DE

BIT NICOLAS
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fr (C'EST NicoLAs qui Je - OUI..4E T'Ai ACHE-


Hi Fe NAËTRE CONTENT TÉ UN TRAIN
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| AS, | VOIR, MON _//Vovons.. N\ /'papa,il
LE TRAiN/ — | voyons, SAÏT TOUT/
VOYONS...

| JE VOUDRAIS ÉCHANGER CE
À TRAIN ÉLECTRIQUE, QUE
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LA CAVE LES AR- ÉD EE [UN BALLON...
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L'ESCALIER,
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Plume et encre de Chine, 1962.


2311

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2009.


CATHERINE CERTITUDE
À plusieurs reprises, Dominique, la femme de “Catherine Certitude”. Quand je suis arrivé à la
Patrick Modiano avait incité Jean-Jacques Sempé hauteur des Modiano, avant que Dominique
et son mari à travailler ensemble. Un après- ouvre la bouche, j'ai dit, sûr de moi : “Alors,
midi où il marche rue de l’Université, Sempé voit voilà, nous allons écrire l'histoire d’une petite
Patrick Modiano et sa femme arriver vers lui : «ls fille, danseuse, myope, qui porte des lunettes, qui
étaient à une centaine de mètres. Je me suis dit, va partir à New York, et qui s'appelle ‘Catherine
cette fois, c'est moi qui propose qu'on travaille tous Certitude’. Maintenant, on s'y met !l”».
les deux. Et je vais même inventer le sujet! Au fil des semaines, naît Catherine Certitude,
Ma fille s'appelait “Catherine” à l'époque - elle a publié en 1988, où l'on retrouve l'étrange
depuis choisi le beau prénom de sa grand-mère, ambiance des romans de Modiano et la musique
Inga - et elle me séduisait par son aplomb, ses des zones d'ombre qu'il faut préserver.
enthousiasmes. Il m'arrivait, pour rire, de l'appeler

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Plume, encre de Chine et aquarelle, 1988.


L'HISTOIRE DE MONSIEUR SOMMER
En Allemagne, où il se rend régulièrement seulement le souhait qu'on y parle de vélo et de
pour accompagner la publication de ses livres par piano. Peu de temps après, Patrick Süskind lui
l'éditeur Diogenes, Jean-jacques Sempé rencontre envoie L'Histoire de Monsieur Sommer : «J'ai
Patrick Süskind qui n’a encore, lui, rien publié : « I} trouvé cette histoire très étrange et très belle.
était très drôle, parlait un français approximatif Ce qui m'intéressait, c'est que je connaissais les
qui m'enchantait. J'étais convaincu qu'il ferait lieux, la Bavière qui m'avait séduit. C'était un
des choses formidables ». univers qui me sortait de mes habitudes. Et si ce
Après le succès mondial de Le Parfum, il lui n'est peut-être pas un livre à lire aux enfants le
demande un texte qu'il pourrait illustrer, avec matin de Noël, c'est un livre qui me plaît bien. »

236

Page suivante : plume, encre de Chine et aquarelle, 1991.


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le tour du lac, gag:
la nuit tombée.
Or, ce qu’il!
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QUAND IL SE REND POUR LA PREMIÈRE FOIS à
New York, en 1965, Jean-Jacques Sempé est tout de
suite séduit par les couleurs de la ville et l'énergie de
ses habitants. Il y reste une quinzaine de jours, fasciné
par cette culture américaine qu'il ne connaissait que
grâce à son amour du jazz et des romans policiers.
Il y reviendra à plusieurs reprises, rêvant un moment
de s’y installer, mais renonçant finalement à cause de
l'obstacle de la langue. Fier de pouvoir utiliser un
petit bureau au New Yorker à chacun de ses séjours,
il parcourt la ville à vélo, étonné et émerveillé : «Sur
la couverture de mon livre sur New York, Sempé à
New York, le petit bonhomme en rouge qui franchit
l’'Hudson, c'est moi. Oui, monsieur, c’est moi! Quand
j'ai traversé ce pont de Brooklyn, j'étais fier comme
un pou. Et impressionné. Maïs très, très, très content. »
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« À New York, tout me paraissait bizarre, parfois étrange aussi.
Enfin, quandje dis “bizarre”, c'était par rapport à ma vie en France.
Pour eux, rien n'était bizarre. C'était leur vie. »

242

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2007.


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«À New York, je me sentais seulement minuscule auprès de gratte-ciel
immenses. C’est la vie. C'est comme dans une prairie en France, un jour
où ilfait soleil et qu'ilya seulement quelques nuages, et qu'on peut voir
au loin. On ne se sent pas très grand non plus, hein, à ce moment la ?
Ça m'a toujours étonné ce sentiment des êtres humains qui ne se rendent
pas compte combien ils sont - moi y compris, bien sûr - minuscules.
Alors oui, à New York, c'est comme ça. Quand on sort, quand on a un
rendez-vous, qu'on sait qu'on va dans tel ou tel building, il y a comme une
sorte d'aspiration. Il se dégage de ces buildings, une telle force,
c'est tellement grand, qu'on ressent une sorte d'énergie factice qui vous
donne l'impression d'agir! D'être presque important alors qu'on ne l’est
pas du tout. C'est ce que je trouve très amusant, à New York.
Tout devient très important! Un rendez-vous c'est important.
Une rencontre avec quelqu'un, c'est important. Le mot important
revient tout le temps. Comme si chaque événement comptait.
Sans ça, que deviendrait-on ?.. »

244

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1982.


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Plume et encre de Chine, 1989.


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Plume, encre de Chine et aquarelle, 1989.


«Quand j'ai vu John Coltrane dans une boîte qui s'appelait Birdland,
c'était comme dans un rêve. Un pur enchantement. Une merveille.
Mais, à New York, je retrouvais l'ambiance des romans policiers
que j'avais lus, des films noirs aussi. Maintenant, les gens ne portent plus
de chapeaux à New York, hélas, mais, à ce moment là, il y en avait encore
quelques-uns qui ressemblaient dans la rue aux acteurs que jaimais.
C'était très impressionnant d’être dans le film!»

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Plume, encre de Chine et gouache, 1994.


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Plume, encre de Chine et aquarelle, 2007, 1982.


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«Un jour, le directeur artistique du New Yorker était allé à Londres, pour
une exposition. Les journalistes anglais lui avaient posé la question :
“Qu'est ce qu'il faut pour qu’un dessin fasse la couverture du New Yorker ?”
Il avait réfléchi et répondu : “Ce qu'il faut pour qu'un dessin soit une
couverture du New Yorker ? C'est que le New Yorker le reproduise
et en fasse sa couverture. Là, ça devient une couverture du New Yorker.”
Ce n’est pas du tout stupide, ce qu'il a dit.
C'était étrange, mais c'était ça la vérité.
On ne sait pas ce que c'est, maïs ilfaut que ce soit. »

THE NEW YORKER


Depuis son premier numéro, publié le 17 février et en faisant appel aux plus célèbres écrivains
1925, le New Yorker s'est affirmé comme un ma- (Vladimir Nabokov, J. D. Salinger, Irwin Shaw,
gazine totalement original, unique dans la presse Philip Roth, John Updike, Tom Wolfe, etc.)
mondiale. pour écrire enquêtes ou nouvelles, le magazine
En publiant systématiquement un dessin fondé par Harold Ross et son épouse a su rester
sans titre en couverture, en ne proposant que fidèle, au fil des ans, à sa tradition d’imperti-
des dessins d'humour, signés par les plus nence et de sophistication décalée.
grands, pour accompagner les pages intérieures Jean-Jacques Sempé est l’un des rares
(Chas Addams, Sam Cobean, Ed Koren, Saul artistes français à collaborer avec le New Yorker.
Steinberg, William Steig, James Thurber, etc.) Depuis 1978, il a réalisé plus de cent couvertures.

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«Pendant des années, des amis américains ou français m'ont demandé
pourquoi je n'envoyais pas de dessins au New Yorker, à moi qui n'avais
qu'une peur, c'était qu'il me les refuse. Je m'en tirais en leur répondant :
‘J'attends qu'ils m'écrivent”, en sachant très bien qu'ils n'écrivaient
jamais à quelqu'un. Et donc, que je ne risquais rien ! Et quand je suis allé
à New York pour la première fois, je suis seulement passé plusieurs fois
devant l'immeuble, sans même oser rentrer dans le hall où pénétraient
tant de gens que jadmirais. J'étais trop impressionné. »

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1979.


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«Un jour, j'arrive au New Yorker avec une couverture... Ce dessin, c’est
une aquarelle avec une petite fille qui s'était fait des moustaches avec la
queue d'un chat. Bon. C’est ce que c’est. Le directeur artistique vient me
trouver avec le dessin en me disant : “Monsieur Shawn aime beaucoup,
sauf qu'il faut enlever la petite fille.” Enlever une petite fille sur une
aquarelle pour qu'on ne la voie plus, c’est du travail. Et je me disais :
“Mais, S'il n'y a plus la petite fille, il n° y a plus rien d'amusant !”
Si tant est que ce soitfollement drôle... Mais, je pensais que monsieur
Shawn savait ce qu’il voulait. J'ai travaillé comme un fou, j'ai gratté,
j'ai fait attention.
J'ai donc enlevé la petite fille. Il était ravi et en fait, il avait raison, c'était
très bien comme couverture, ça. Oui, j'avais une confiance absolue en lui.
Quand il me disait : “Il faut changer ça”, je changeais sans discuter. »

259

Plume, encre de Chine et aquareile, 1980.


Plume, encre de Chine et aquarelle, 1980, 1981.
Pages suivantes : plume, encre de Chine et aquarelle, 1981, 1983.
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« À Bordeaux, tout jeune, j'étais allé présenter mes premiers dessins
à Chaval, qui avait regardé ça gentiment, trop gentiment même,
peut-être, puis qui m'avait posé une seule question
à la fin de notre conversation : “Connaissez vous le New Yorker ?”
Moi, bien sûr, je ne connaissais pas ; alors il m'avait dit : “Vous devriez
regarder ce que font ces gens.” J'ai repris mon petit vélo et je suis allé
au service d'information américain. J'ai demandé le New Yorker
et j'ai regardé. Et évidemment, j'ai été é-blou-i. C'était sur du beau papier,
alors qu'à cette époque, le papier de la presse était très mauvais,
parce qu'on n'était pas loin de la fin de la guerre. J'ai été fasciné par les
couvertures en couleurs, la délicatesse des lavis à l'intérieur.
Je découvrais une revue où le dessin d'humour constituait clairement un
art à part entière, loin de la caricature ou du dessin satirique.
Bref, j'étais ébloui par le talent, les idées de ceux qui faisaient ce journal. »

264

Plume, encre de Chine et aquarelle, 1983.


Pages suivantes : plume, encre de Chine et aquarelle, 1985, 1987, 1988, 1989.
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Plume, encre de Chine et crayons de couleur, 2003.
Plume, encre de Chine et gouache, 2005.
«Un jour, je voulais absolument faire une poule. Tout le monde a fait
des poules. Des poules qui se ressemblent, et moije voulais faire une poule
idiote, parce qu’elles sont idiotes, les poules. J'adore dessiner les oiseaux,
les poules, maisje n’en ai pas l’utilité dans la vie courante.
Malgré tout, je me dis, j'aimerais faire une poule pour le New Yorker.
Etpuis un jour, j'attendais une amie, et elle avait retardé
le rendez-vous de deux heures. Je me mets à faire une poule.
Je me dis : “Ils vont me prendre pour unfou, eh bien tant pis, ils vont me
prendre pour un fou.” Et je fais ma poule, et je fais des trucs, des arbres
à côté, bizarres. Et quand mon amie arrive, elle est plutôt surprise!
Je lui dis : “C'est pour le New Yorker.”
Elle ne commente pas parce quelle sait que je ne suis pas un spécialiste des
poules. Malgré tout, j'ai envoyé ça avec d'autres dessins en me disant :
‘Après tout, ils diront: ‘Tiens, il est devenu fou, il nous a envoyé un truc
qui ne sert à rien. ” Mais non, ils étaient ravis.
Et j'ai été très content quand David Remnick a accepté ma poule.
| Je me suis dit :“Ça y est, j'ai enfin fait une poule.”
Je ne dis pas que ce quej'aifait est bien,
je dis que c'est bien qu'un magazine ait publié cette couverture. »

272

Plume, encre de Chine et aquarelle, 2006.


Pages suivantes : plume, encre de Chine, aquarelle et crayons de couleur, 2006.
Plume, encre de Chine et gouache, 2007.
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JEAN-JACQUES SEMPÉ S ’AMUSE
des nombreuses
traductions de ses albums dans le monde :«L'impor-
tant, ce n'est pas le nombre de pays 0 à l’on est diffusé,
mais plutôt le nombre d'exemplaires qu on vend dans
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chaque pays!» Maïs nul ne peut contester qu'il fait


partie des auteurs français les plus traduits.
Si Le Petit Nicolas bat tous les records avec une
présence dans plus de 40 pays, les albums de dessins
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d'humour sont vendus dans pr

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et plus récemment, l'Italie et la Russie.


Goscinny Sempé

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A LITTLE PARIS AND ELSEWHERE
« I so admire the person who came up with this extraordinary thought: Man is both an inconsolable and joyful
animal. How did he think of it? It's a formula of absolute genius. You can't live ifyou don't know about joy. Even if
nothing is going right, joy still exists whether you call it ‘la joie de vivre’, or the simple fact of being alive. And incon-
solable, yes we are that too, completely inconsolable. I just deal with them both. »

PAGE 14 : Nothing says it, nothing ever will. For nearly half looking to show the essence of a situation.
a century critics have been trying to explain what makes Sempé's Sempé draws with his mind, rarely with his eyes. And if Sempé
work so singular. Their words are invariably inadequate, they never moves us so much, its not because he*% looking at us ; he’s looking
fully capture his originality. Prose is simply no match for the at Sempé. Most humorists target other people. Sempé the artist first
subtlety and complexity of the work. shows us himself and in turn invites us to laugh about ourselves.
Of course Sempé is ‘intelligent, ‘precise, funny, ‘poetic, We see that when we look at his work : every drawing is a story,
‘ironic, ‘tender, ‘light-hearted, ‘elegant, ‘beautiful, ‘sharp, ‘in- a fleeting insight into how we are or what we fear. Not the kind of
ventive, ‘delicate, ‘melancholic, ‘a charmer, ‘witty’, ‘compassionate, story that makes its point by exaggerating a character trait or sim-
‘inspired. Etc. plifying the subject. Sempé addresses us through the wide angle of
All these qualities are certainly aspects of Sempé’s take on the suggestion.
world. Yet any commentary on a drawing is sure to fall short of the So when we take in a drawing, our smile is quickly followed
work itself . The exactness and precision of his line make descrip- by a reflex to question ourselves : Am I so different from this poor
tion superfluous. guy making circles like a child at the edge of the millionaire’s swim-
From the 7th floor of the Parisian apartment where he lives and ming pool ? Am Iso different from this slightly vain Sunday painter?
works, Sempé looks out on the rooftops of Paris. In front of a large Aren't I a lot like this coward dreaming of revenge ? Don't I some-
window is his drawing table, covered with the large white sheets of times get scared in a crowd ? Haven't I too laughed at somebody
drawing paper he’s so fond of. else’s troubles ? In the end, aren't I this man walking through life on
To the right, a hodge-podge of pen holders, dozens of colored a tightrope and afraid of the void ?
pencils, a jar of slightly turgid-looking water, scraps of paper on Sempé deftly catalogues our weaknesses, our stumblings and
which he’s scribbled a few words or an incoherent sentence. bumblings, and our loneliness ; and it's a joy. His drawings have
To the left, mugs of watercolor rinses and a once-white rag, an an intimacy which at once sees and accepts even as it excuses our
ashtray never empty. shortcomings.
AIl around, hundreds of unfinished sketches, piles of drawings Sempé probably has no more illusions about his characters than
in various stages of completion. Parcels from around the world he does about himself. His characters know their insufficiencies and
that contain translations of his works and that surely one day he’Il their sinful greed. They have their secret desires. They know their
get around to opening. | dreams sometimes don't aim very high, but they do dream of be-
Sitting on his drawing stool, Sempé leans slightly forward, an coming wise and generous, they still look for the right way to live.
elbow on the table, left hand under his chin. In his right hand, an Sempé's challenge as an artist is to sound the soul with com-
extra thin cigarette is burning itself out. passion but not pity, to evoke a smile rather than sidesplitting
He’s still for long stretches. He’s working. He’s thinking. He laughter.
can stay like this for hours, days sometimes, before settling on a When the idea, so hard to find, finally comes, the task, how
project. Because Sempé, contrary to what people imagine (‘You to recreate and justify the idea on paper, can begin. It's all in the
know, M. Sempé, in the street yesterday I saw a little lady of cer- color of the leaves or the subtlety of the morning light, the anxiety
tain age talking to a gentleman, it would have been perfect for you of the churchgoer talking to God, the fatuousness of the pianist at
?) doesn't draw from life. He thinks and dreams his illustrations, the chic bar, the insouciance of the children playing on the beach,

280
the melancholy of a couple on the downhill slope of their
romance. the 1950's where he was an unlikely toothpowder salesman and an
The eternally dissatisfied student, the obsessive perfectionist,
unsuccessful apprentice in the wine business. At age 17, just after
the workhorse wedded to his solitude. Sempé drafts,
doubles his first drawing was published in the magazine Sud-Ouest, he en-
back for a detail, redrafts. He makes dozens of sketches. He’s trying
listed in the army. Stationed in Paris with a lot of free time, Sempé
to say without saying, to indicate with a raised eyebrow or a
slight- and his friend, the French cartoonist Bosc, systematically made
ly ridiculous hat, the underpinnings of our behavior. For him,
a the rounds of Parisian journals trying to place their drawings.
drawing can always be improved, it's never finished.
Sempé succeeded in collaborating with, among others, Ici Paris,
Sempé draws but he also likes to write. It's no surprise that he
France Dimanche, Samedi-Soir, Noir et Blanc, Le Rire and Le Figaro.
takes hours to settle on a caption or spends months looking for the
In 1952, the first drawings of ‘Petit Nicholas’ were published in
title of a book that everyone will instantly understand. The objec-
the Belgian magazine Moustique. Sempé followed up with a comic
tive is always the same : Find the right range, avoid the pedanti
c strip in collaboration with his friend René Goscinny. In 1957, at
and the slick.… the invitation of Roger Thérond, he began contributing to the back
He’s like that, Sempé. His temperament doesn't give him a page Paris Match reserved for graphic artists, first with Chaval,
choice. His innate mixture of lucid detachment and gentle irony Bosc and American artists he admired, and then alone furnishing
makes him always look for the elegant rather than the shocking
a full page drawing every week. In 1965, Francoise Giroud asked
solution. He knows there’s nothing more serious than lightness.
him to collaborate with L'Express, where every week for almost ten
He’s drawn to the infinitely little, the happy instant, the small ri-
years, he offered his wry take on the news and major events.
diculous moment, the tiny telling detail. Humor, he likes to say, is
a way to handle embarrassment without leaving a situation. Its his
PAGE 26 : In the 1950s, Paris Match reserved its back page ev-
credo for being, for living. ery week for a drawing by a renownd French or American graph-
Sempé admits he loses a lot of time gauging or judging an ef- ic artist. AÏl the
cartoonists at Ici Paris or Samedi-Soir dreamed
fect, a trait his friends call his « extreme dithering. » Because he’s of being
part of this select club. Raymond Castans, the editor of
always working, while he’s talking, eating lunch, maybe even while Paris Match, at the time, took a special interest in Sempé, advis-
he’s sleeping, he doesn't pretend to be in sync with an evolving ing him to refine his line and change his signature. In 1956 Paris
world or try to hide his nostalgia for a time when people knew how Match published its first Sempé back page.
to take their time. The time when children like Nicholas played in Subsequently, Roger Thérond, a great lover of cartoons as
back lots, a time when conversations in restaurants were open to well as photograp
hy, met with Sempé regularly, encouraging him
all, a time when handshakes made contracts redundant. and finally inviting him to become a regular: « He’d go through
If you give him too much praise, if there's too much admira- my drawings, and when he really liked one, knowing how happy it
tion for the social comedy he describes seemingly without effort in would make me, he
would raise his head, look straight at me with his
album after album, Sempé immediately pulls out of the mild dan- enormous blue eyes and say, ‘There, that is a great one! »
dyism that characterizes his rapport to others. His face becomes In spite of the magazine’s changes in management and format,
serious and he invites you to think of his work as ‘a minor art” Sempé is its most long-time regular contributor.
So we wont say that the drawings assembled here say any With the same anxiety : « Most ofthe time it takes me eight days
more than do important-sounding essays. We won't suggest that to think up a drawing and eight more days to draw it. After 50 years,
Sempé’s work prompts us to take responsibility for who we are I still dream of being two or three weeks ahead, but my record shows
and what we do, though the pomposity of such a statement might that l'm not capable of that. »
amuse him.
Well say, like others before us, that Sempé is ‘refined, ‘complex; PAGE 32 : It was 1956. Through the windows of an apartment
‘clever, ‘subtle’, “light” ‘sensible’ ‘penetrating’ ‘musical’. across the street, you could see revelers dancing the farandole : on
And we’Il have said, nothing. Which will let each of us better the floor below an exasperated little chap pounded vainly on the
discover himself in the soulful mirror that one of the most lumi- ceiling trying to stop the racket above him. From his debut at with
nous artists of our time holds up to us. Paris Match at age 24, Jean-Jacques Sempé has imposed his style
and tone : a profusion of expressive detail and a blend of bite and
PAGE 22 : Sempé spent his teenage years in the Bordeaux of irony. Deliberately offbeat, he’s been
bringing us much more than

281
a snapshot of the news for over half a century : his drawings evoke the publication of a new graphic novel by Jean-Jacques Sempé in-
the feel of the time. Sempé almost never comes to the closing of an cluding Âmes soeurs, Par Avion and Raoul Taburin. “The lone biker
issue. AII he needs to do is think about the first one he saw, when on a desert road is without doubt the most beautiful cover ever done
the editorial offices were still two steps from the Champs-Elysées with one of my drawings. The idea that you had to unfold theflap to
on the street Pierre-Charron, to get the ambiance exactly right. Tt discover the pack of racers the cyclist had to catch up with enchants
was like a beehive with the bees running in all directions," he says. me. What magazine today would dare put out a cover without a
Computers have replaced the typewriters, but nothing else has headline? I was very pleased that the magazine had the wit to offer
changed. Jean-Pierre Bouyxou that cover to its readers.”

PAGE 34 : At the request of Françoise Giroud, whom he met PAGE 44: In Paris, Sempé first lives on the right bank in the city
through his friend Alex Grall, the editor of L'Express, Sempé contri- housing reserved for artists (‘Les fusains à Montmartre.) He soon
buted to the magazine from 1965 to 1975. Every week, readers could moves across the Seine. From there, a shy and curious newcomer on
open to a sympathetic rendering of ‘Modern Life, Post-war France foot, bicycle or scooter, he explores the jazz clubs and classic spots of
was on the move building highways and big buildings. Its youth was the left bank. Chez Lipp, Le Flore, la Closerie des Lilas, Castel, and
in full revolt. Televisions were a living room must-have. Sempé was the Luxembourg gardens exercise their civilizing influence on him.
amazed by the consumer society taking shape before his eyes, and he He meets and becomes friends with Françoise Sagan, Jacques Tati,
described it in his drawings. He was a free spirit in the newsroom : Jacques Prévert, Savignac, Goscinny, and other literary figures.
« I went to several editorial meetings, but I had complete freedom. Paris impresses him, Paris fascinates him. Paris blows him
Françoise Giroud only respected people who worked very hard and she away. It becomes the backdrop of a great many drawings. With
knew I worked like a fool. So she really got behind me. Very respectful evident delight, Sempé captures the curves of aHaussmann build-
of my work. It was both exhausting and stimulating. » ing, the poetry of a platform bus, the serenity of the Luxembourg
gardens. Lovers strolling the quais mellow him, though he also
PAGE 36 : « One day I just wanted to get away, get out of Paris for senses a stiff urbanity that seeks to exclude fantasy. He’s beguiled
a few days. I had heard that American college and university students by city life and describes it from a wide angle : subway crowds,
were acting up, particularly in Houston. I told Françoise Giroud about traffic snarls, rallies, outsize headlines competing for space on the
that and she immediately gave me two weeks leave to go to the States. news stands, masses of helmeted motorists on the move.
« But we hadn't completely understood each other. She arranged it
allfor me..so that I could cover the launching of the first American as- PAGE 46 : « When Ifirst arrived, I found the Parisians very
tronauts to go the moon !I was alone with my hopeless English in a hotel cheerful. I had come from Bordeaux where people weren’t normally
room not far Cape Kennedy. Ifigured that the launch pad must be very that open. Here I was immediately enchanted by the subway and the
near so I started out on foot, thinking that a missile should be visible buses and thefever of the city. I especially liked riding my bike. For
for miles around. I had walked several miles before a police car stopped 30 years I went everywhere by bicycle. IfIwas invited to a dinner
me and asked where I was headed. When I explained, even though I and there was a downpour, I arrived drenched as bread soaked in
showed them my impressive credentials from L'Express, they thought I soup. I so loved that. »
was out of my mind because the base was a good 30 miles away. They
gave me a ride back to my hotel and I took a taxi to the base. | PAGE 52 : « I find Parisian buildings very elegant. One day
« When I got there, I still didn't see much ! I was completely lost. I when I was coming back from Rome, which is a sublime city, I was
didn't understand what I was doing there. I was very unhappy. I did surprised and a little irritated that I couldn't help thinking that
manage to send back a few drawings but they weren't really about what the marvels of Rome were less alluring than the refined elegance of
I'actually saw. » Paris. It annoyed me to be that parochial, but Istill feel the same way:
Lprefer Paris. »
PAGE 43 : In the 19605, Télérama published several of Sempé’s
drawings. In the 1980s the magazine’s editorial director, Francis PAGE 56 : « 1 was crazy about Paris. Every one was so nice. The
Mayor and Pierre Bérard, editor-in-chief, asked him to contribute people in the street were wonderful, smiling, welcoming. Back then I was
more frequently. Summer became a regular occasion to preview an enlisted man. How many times did
Ihear, ‘Look ! See that happy-go-

282
lucky soldier, what do you think he wants ? When I asked for directio
ns this is grandiose and too much to hope for -- something like, ‘Well,
in the street, people bent over backwards to help me... »
it is like that. Why not ? Of course there are obstacles, but let's keep
going, let's see what happens.’ »
PAGE 60 : « When I was growing up in the country listening
to With time, Sempé’s work evolves. If humor remains the main-
the radio, I used to imagine the nightlife in Paris :music everywh
ere, stay, a deeper look at society now emerges alongside it. In 40 al-
bright lights, an intense joie de vivre. Evidently, when I got to
Paris, bums, from 1962 to 2010, the one time magazine cartoonist be-
it wasn't exactly like that. When you take the subway for the
first comes a well-known author.
time, you really feel lost here. Yes indeed, I used to get lost all
the Whether he’s talking about a couple, a psychoanalysis, God,
time in Paris. »
childhood, vacations, the pangs of creation, television, demonstra-
tions, musicians, or sports, Sempé probes his characters with af
PAGE 68 : « I feel much closer to the time when buses had plat- fection and tenderness. His drawings unmask awkwardness, social
forms. À platform bus is a delight. You caught terrible colds in them, blunders, irritation, annoyance, and pettiness with increasing em-
but that was part ofParis life, and it enchanted me. I loved drawing pathy. Year after year the line becomes more airy and delicate, all
them. Today how would you draw a bus ? They look like sight seeing the better to suggest without judging: « No matter how small they
coaches or delivery trucks. » are, T'never show my characters from above. l'm always somewhere
in the drawing with them. »
PAGE 70: « Parisian elegance exists. Chevaliers song, you know,
Les petites femmes de Paris has real meaning. The other evening,
PAGE 91 « À political drawing is a commentary on something
on the Boulevard Montparnasse, a young girl in a simple skirt and
everybody knows at least a little about. Ifyou draw the President
blouse passed me... She was elegance itself. It was a delightful sight, of the Republic, everyone recognizes him. For example, I don't read
though it's increasingly rare. » newspapers, but T do vaguely overhear conversations in bistros
or happen upon a newspaper on the counter :'m always more or
PAGE 72 : « I find that people say a great deal against Baron less up on the news. By and large cartoons aren't linked to current
Haussmann. They’re wrong. He built some wonderful things. Mar- events. They are about two kittens talking, or maybe a fish or people
velous avenues, Beautiful Haussmann homes. Maybe I like them so strolling...things that could happen in the 17th century or anytime.
much because I enjoy drawing them, though I do make up a lot. » For me, that's the perfect luxury. »
« Savignac had a sentence pinned up in his studio that read,
PAGE 80 : « When I draw the bridges of Paris, I always do a little ‘Contrary to what people believe, it's not the eye that guides the hand
this or that, except for the Pont des Arts, because it fascinates me. but the hand that guides the eye.” When I first read that, I thought it
Alas, I don't get the curves right, but I still like trying even though was a little dumb. Fifteen seconds later I realized that I myself had
l’m dissatisfied every time I finish. I say to myself, ‘No, that's not said something really dumb because the sentence is true : it is the
it, that's not the way to do it.’ So from time to time, regularly, I try hand that steers the eye. When your hand wants to make certain
again. With the hope l’Il be able to say, ‘That's it ! This time, l've re- moves, do certain things, that's what on a deep level makes you see.
ally drawn the Pont des Arts’ » While you’re drawing, you become aware that your hand really is
guiding your eye. »
PAGE 87 : « Ithink prefer silence to words. People should think
twice about how much harm their words can do to others and how PAGE 92 : « À comic drawing demands humility. You mustn't
much harm other people’s words can do to them. I always think that ever try to please yourself. You must think about the people who are
things will eventually work themselves out. Saying something can be going to look at the drawing and also think about its eventual repro-
horribly violent. » duction, with all the difficulties that involves. The line can't be too
thin, the drawing must be able to be easily reduced and reproduced.
PAGE 88 : In 1962, after the success of Le Petit Nicolas, co- You mustnt hint that you could do better, that you could be more
authored with René Goscinny, Sempé convinces Alex Grall to pub- of an artist. Trying to make yourself understood in a drawing is not
lish his first book of drawings, Nothing is Simple (Editions Denoël). easy. You have to explain the most you can through suggestion. You
«1 wanted the titles of my books to imply -- you are going to think can't be pedantic. That's hard. Ifs hard to be lighthearted. »

283
PAGE 94 : « I draw extremely simple characters. Very simple. 1 didn't know a note of music. So I made believe that the nice people
But each one needs a detail that makes him different from all the in the orchestra had patiently taught me all I needed to know so that
others. A forty-five year old man doesn't look like an eighteen year I could play piano along with them. »
old. In the street, every single person is different, which is wonder-
ful. When I draw, it's the minuscule detail that gets my attention. If PAGE 132 : « l’ve always preferred things that were already out
I bungle it, it's time to take a fresh sheet of paper and begin again. I of style but they were what made me happy. I do like my times. T'm
would like, but this is a dream, for people to think of my drawing as a not against progress, but I wish everything were simpler and less
modest form of writing. So yes I do start over again. And again. » organized. I like chance. »
«I don't much like the solitude that my work demands : Drawing
and looking for ideas means you have to be all alone in the studio. PAGE 148 : « I1f1 had had the chance, I would have studied lan-
I don't like that. At the same time, I could never have been a team guage, because humor often results from the huge gap that exists
player. I realize there's a huge contradiction between the difficulty I between the word for something and the thing itself. »
have working alone and the impossibility of my being part ofa team.
Maybe that's where the humor comes from. » PAGE 150 : « It's very difficult to explain how a drawing comes
about. Not so long ago Ifinished one that I had been thinking about
PAGE 103 : «It's not because l've done something once that I can for 20 years. In all that time I hadn't found the way to organize it. In
be sure of doing it again...l'm always thinking up things to do but between I did other things of course, but it took all that time tofigure
then I have to do them and that involves a confrontation with the out how to do thatparticular drawing. »
unknown..Can I really do what I have in mind, what is it going to
mean, is it worth doing... Somebody once asked a writer what he had PAGE 154: « IfI let myself get inundated by current events, I can't
meant to say. He said, ‘T didn't mean to say, I meant to do. That was work. The other day, after having heard a story on the radio about a
the right reply and it goes for me too, I just want to do. » stock market crash, I went out into the street. A woman had dropped
her baguette, another woman had picked it up and the two were talk-
PAGE 108 : « I think that I am, I believe, I hope that l'm a hu- ing. It was wonderful, there was such a difference between what I had
morous graphic artist, an artist of graphic humor. Because that's just heard and the scene in front of me...A tiny event occurring at the
what I like. Sometimes well-meaning people protest : ‘No, they say, same time as a big one... Ifs the everyday avatars which remind us
‘what you do is better than that.”
But for me there isn't anything bet- that the world keeps turning no matter what else happens. They make
ter than a drawing that has humor in it. » life disconcerting and at times comical. »

PAGE 114 : « My dream is to burrow into the soul of a charac- PAGE 162 : « True pleasure is something miraculous ! It hits you
ter..Be inside with him rather than in the world outside him...that's like a clap of thunder, it's, I don't know how to say it, its like the in-
what I want to achieve in my drawings. Ifs pretentious but I can't stant spark of friendship or love, it's a miracle. I don't think we’d be
help that. alive ifmiracles didn't exist.….for everything else, ask the sociologists.
« What
I know is that it's a lot of work to try. From time to time We're prepared for a great many things, but not for the essential one,
succeed but it's rare. Its a comfort to me when I do, but it's very hard that ineffable and inexpressible thing that is a miracle. »
for me to get there. » |
PAGE 168 : «I don't think I draw many bad-natured people who
PAGE 123 : « Theres a story that Duke Ellington once said : need to be excused. I don't judge them, they just are. My characters
Jazz is io classical music what cartoons are to painting For me that are people like you and me trying to get through life. »
about says it. I mean, a cartoon isn't a big statement. Like jazz, it's
about suggestion. That's exasperating because it's the opposite of the PAGE 170 : « I love books. I have books of my friends’ drawings
tendency today to exaggerate everything. Cartoon drawings, like and of people that I don't know and whose work I love. For me a
jazz, are about humility. book ofdrawings is something
you can open to any page and just leaf
«As a child, I was always daydreaming. l'imagined myself grown through. It keeps you company for years. I was very very touched one
up and playing in Duke Ellington’s orchestra. It did worry me that day at a signing in a bookstore. À woman asked me to autograph her

284
copy of Monsieur Lambert which she had bought a few years before
PAGE 212 : If he likes to tell a story in a single drawing, Sempé
and which was now badly worn. She said it belonged to her English
also likes to create longer stories in which modest characters try to
husband who loves France, and who, no matter where he is, keeps
it sort their lives out.
on his night table. That gave me such pleasure, so much pleasure.
» With Monsieur Lambert, then with The Ascension of Monsieur
Lambert, he shows how bistro conversations about politics and
PAGE 184 : «I 'think humor springs from an abundance of naïvety,
soccer flavor Lucienne’s rabbit stew and how our actions, not con-
a healthy dose of gullibility. The credulous person that I am is only
try- tent to follow us, rush ahead and block our advancement.
ing to be light hearted about it, to make fun of my own naïvety. »
With Marcellin Caillou, a blusher and René Rateau, a sneezer,
he plays on how differences can become the basis of a deep friend-
PAGE 189 : « Melancholy and nostalgia are part of life. A good ship, observing that friends don't necessarily have to talk to un-
moment is inevitably melancholic. At the same time you feel very very
derstand each other. In Par Avion, he observes with curiosity and
happy, something tells you that the happiness is going to end, and then
amusement the customs of an America where the people order
it does. It's over. It's like... wine that you shouldn't uncork ifyou don't
Chinese take out for dinner where the women never stop trying to
want it to lose its bouquet, or like paintings that shouldn't be exposed
keep on top of things and stay ‘connected.
to light... Melancholy is the deep understanding that we are all just
Raoul Taburin, the respected bicycle repair shop owner of
brave little souls looking for something, but we’Il never know what
Saint-Céron, has a heavy secret that at first makes him laugh (be-
that something is. When we do find out, it will be too late.» cause laughing is a good cover) then to dare ‘the crazy stunt’ that
Henry Figougne’s camera immortalizes.
PAGE 196 : « I used to spend summers in Saint-Tropez but I Âmes soeurs, is a melancholy commentary on the complexity of
couldn't really vacation there. I was always my little workhorse self. human relations, in particular the always surprising love relation-
T remember Françoise Sagan's comment to me about that : I said to ship. Sempé shows us being « captured by beauty, » the painful in-
her one day, ‘Listen, I just can'tgo out tonight. It will end too late. T'Il tensity of « overwhelming happiness, » as well as every ones dream
be exhausted and I won't be able to work tomorrow. And she said,
of a « simple life with a well-balanced partner. »
‘You don't mean to tell me that you work every day ? That made me
laugh a lot. » PAGE 218 : In addition to his regular magazine work, Jean-Jacques
Sempé has produced a number of longer stories, some unfinished,
PAGE 200 : « l've never lost a mindset that is sometimes a little that are still in his sketch books. In 1969, because he wanted to add
much, a childish side that irritates me a lot, but that's how it is. color to his drawings, he created the character Marcellin Caillou,
À few years ago, ifI saw children playing ball, I couldn’t stop my- a shy little boy...who blushed. Marcellin meets René Rateau, a sen-
self from joining in. Once I dribbled two or three of them, shot and sitive young violinist who cannot stop sneezing. The two quickly
scored a goal. I heard one child say to another ‘He’s a professional ! become inseparable and then René’s family moves away : « Maybe
T'was proud, very proud. I walked away casually, though 1 did throw because as a child I didn't have many friends, stories about chil-
back my shoulders a little » dren's friendships are dear to me. Children have a way of using their
difference to make the bond between them stronger and that I find
PAGE 206 : « When I first started drawing, I wanted to make moving.
happy people, funny drawings with happy people. Insane. But that's
my character. » PAGE 220 : In 1985, the editor of The New Yorker, William Shawn,
asked Sempé if he would write and illustrate the American equiva-
PAGE 210 : « l've always had a somewhat chaotic life. l've never com- lent of Monsieur Lambert. At first convinced he couldn’t honor the
pletely settled in anywhere. It could be my nature or just what's happened request, he finally was able to tell about life in a building on Cen-
in my life, but its always been like that. Tve never followed a reasonable tral Park West where he stayed when in was in New York. It was
step by step plan. I don't think l've ever consciously decided to go from one a place where writers, editors and artists unselfconsciously talked
point to another; it just hasn't happened. Because I am disorganized, I about being creative, and where agitated and dynamic intellectuals
crave order. I dream of being an extremely wise, reasonable and reflective moved heaven and earth to be present for the opening of the latest,
person. But my enthusiasm, or my disorder, always gets in the way. » undoubtedly divine, Afghan restaurant.

285
PAGE 222 : In Âmes Sœurs, Sempé links drawing and writing lines, Sempé deftly evokes the worrisome and sometimes deeply
more than he’s ever done before. To illustrate the difficulty of get- troubling ambiance of the book.
ting along with a friend, or understanding the feminine psyche, or
being in tune with family and friends, he juxtaposes a drawing of PAGE 228 : « Nicholas is first of all a story about friendship. We
everyday life with a text that contradicts or reinforces it. Implicit in shared our childhood memories. I told René my soccer stories, my
the lightness of the words or the line is the unsaid thing, the grain camp stories, all about my ups and downs at school. And René loved
of sand that will eventually trouble a relationship. And in the end interpreting them. He embroidered everything, invented people,
you don’t know whether to laugh or cry about the rare true soul imagined situations, and we did the Nicholas series that you know.
mates in the book. Let's say that without René, there wouldn’t have been a Nicholas.
And let's add that without me, there wouldn't have been a Nicholas
PAGE 224 : « As a small child, my dream was to own a bicycle. It either. We were a good tandem. »
was a long time before I got one ; the wine dealer where I worked in For the Belgian magazine, Moustique, Sempé invents the char-
Bordeaux loaned it to me. For me, a bicycle is absolute freedom. Ifyou acter Nicholas. With René Goscinny, who works for the same
are careful, you can go the wrong way on one-way streets, go up on the magazine, Le Petit Nicolas becomes a comic strip for about twenty
sidewalk, ignore traffic rules. I like going against the rules. » years, then stops.
Several years later, the magazine Sud-Ouest asks them to revive
At the same time he created the character of Marcellin Caillou, their character. Goscinny writes the text and Sempé brings the
Sempé was also drafting a story about Raoul Taburin in his big black character alive in drawings. On vacation in la Rochelle, Alex Grall,
sketchbook. Years later, in 1995, he published the album that re- director of the publishing house Denoël, discovers the stories and
counts the adventures of this illustrious bicycle repair shop owner offers them a book contract. There followed : Les vacances du petit
and the famous photographer of Saint-Céron, the story of their Nicolas, Le petit Nicolas et les copains, Joachim a des ennuis, et Les
heroic feat that comes about because they can’t admit they really récrés du petit Nicolas. and, more recently, three volumes of uned-
don't know how to do what everybody assumes they can do: ited Nicholas stories, Les Histoires inédites du Petit Nicolas (Imav
« When somebody suffers from a handicap that he doesn't tell éditions).
anyone about, it obviously changes his life. But, if he meets some-
body who's also hiding a secret, l’d like to think that something won- PAGE 232 : Sempé often ran into Patrick Modiano and his wife,
derful could happen without anything being said. » Dominique who always suggested they « do something together. »
One afternoon, when he was out walking, Sempé saw Patrick and
PAGE 226 : An enthusiastic collaborator with René Goscinny for his wife coming toward him :
the Nicholas books, Sempé also likes illustrating stories of other « They were about a hundred meters away. I said to myself, ‘This
writer friends. time, l'm going to suggest we do something together. And l'm even
With Patrick Modiano, he gives a face to Catherine Certitude going to think up a project !” My daughter was named Catherine at
who directs a dance school on 59th Street in New York and who the time (she's since adopted the lovely name of her grandmother,
is nostalgic for the life she lived as a young girl with her father in Inga). Her poise and enthusiasm always won me over. Sometimes T'd
the tenth arrondissement of Paris. She remembers he bought old call her ‘Catherine Certitude’ (Catherine Sure-Of-Herself). When I
airplane seats and resold them to movie theater owners, that he got closer to the couple, before Dominique could speak, I said, sure of
‘worked in packaging with his associate, Mr. Casterade, a poet and myself, ‘OK, we're going to write about a little girl, a myopic dancer
a stickler for good spelling. It was a time when her father dreamed with glasses who goes to the New York. Her name is Catherine Cer-
about ciimbing the social ladder but in the end decided to rejoin titude. Let's get started.
his wife in New York. At the end of several weeks, we had Catherine Certitude, fin-
Patrick Süskind’s character, Mr. Sommer, is claustrophobic ished in 1988, which has thefinely nuanced musical prose typical of
and can't stop running around outside, a habit which upsets and a Modiano novel. »
fascinates a little boy who climbs trees to be alone, dreams of fly-
ing and briefly contemplates killing himself because the world is PAGE 236 : In Germany where he often went for the publication
‘unfair, mean and loathsome” With watery colors and softened of one his books by the German press Diogenes, Sempé met Patrick

286
Süskind, then an unpublished writer. « He was very funny, he PAGE 251 : « When I saw John Coltrane at Birdland, it was like a
spoke a charming, polite French. I was sure he was going to do great
dream. Pure enchantment. Simply marvelous. Back then New York
things. » After the world wide success of Perfume, Sempé asked
had the feel of detective novels I had read and Humphrey Bogart
him to write a story he could illustrate, anything so long as there
movies 1 had seen. People don't wear hats there anymore, it's too
Was something about both a bicycle and a piano in it. A short time bad, but at that time, there were still people in the streets who re-
later, Patrick Süskind sent him L'histoire de Monsieur Sommer : minded me of the actors in Key Largo and The Maltese Falcon. Ifelt
« 1 found the story very strange and very beautiful. What particu-
like 1 was in a movie too ! It was exciting, »
larly interested me was that I had already been captivated by the
Bavaria where it takes place. It was a universe that had taken me out PAGE 254 : « One day the head of the art department at The New
of myself. The book might not be something you read to your children Yorker went to London for an opening. An English journalist asked
on Christmas morning, but it's a book I really like. » him what a drawing had to have to make the cover of The New
Yorker. He thought about it and said, ‘What does a drawing have to
PAGE 240 : When he first went to New York in 1965, Sempé was have to make the cover of The New Yorker? If that The New Yorker
immediately captivated by the colors of the city and the energy of reproduces it and makes it the cover. Then it becomes a cover of The
New Yorkers. He stayed for about two weeks soaking up a culture he New Yorker. What he said wasn't dumb at all. It sounds strange, but
already knew a fair amount about from American detective novels its the truth. You don't know what it is, but it has to be that. »
and the jazz he had been listening to for years. He went back often,
even thought about moving to New York, but in the end decided the Since its first issue, published February 17, 1925, The New
language was too much of an obstacle. Proud to have the use of an Yorker has been recognized as a totally original magazine, unique
office at The New Yorker magazine while he was there, he used his in world press. By systematically publishing a drawing without a
free time to roam the city on foot or bicycle, taking in sights that title on the cover, only proposing cartoons, signed by the greatest
amazed and stimulated him and from which he still draws. names to accompany the text between the covers (Chas Addams,
« On the cover of my book about New York, the little guy in red Sam Cobean, Ed Koren, Saul Steinberg, William Steig, James
who’s crossing the Hudson River is me. Yes sir its me. When I Thurber, etc.) and in soliciting the most well-known writers (Vlad-
walked across the Brooklyn Bridge, I was proud. And deeply moved. imir Nabokov, J.D. Salinger, Irvin Shaw, Philip Roth, John Updike,
And very very happy. » Tom Wolfe, etc.), the magazine, founded by Harold Ross and his
wife, has remained faithful throughout the years to its tradition of
PAGE 242 : « In New York, everything seemed odd to me, unreal impertinence and sophistication. Sempé is one of the rare French
ai times. 1 mean, when I say ‘odd’, l'm comparing it to my life in artists to collaborate with the New Yorker. Since 1978, he has con-
France. For them, nothing was odd. If was their life... » tributed more than one hundred covers to the magazine.

PAGE 244 : « In New York, I felt minuscule in the midst of the PAGE 256 : « For years, American or French friends asked me why I
immense skyscrapers. It was like being in a meadow in France on didn't send my drawings to the New Yorker, I, who had only one fear,
a day when its sunny and there are only a few clouds and you can that they would be rejected. I saved face by answering, Tm wait-
see for miles. You don't feel very big then either, do you? l'm always ing until they write to me, knowing very well they never write to
surprised that people, l'm including myself, don't take into account anyone. I didn't risk anything by saying that! On my first trip to
how small we are. We are really tiny. If's especially true in New York. New York, several times I walked past the New Yorker building in
When you go to a meeting, before you enter this or that building, you which there were so many people I admired. It was too daunting.
sort of stop and take in your breath. These buildings have such force, I didn't dare go in. »
they are so big, you sense you’re absorbing some of that energy. You
almost feel important then. That's what I find funny about New York. PAGE 259 : « One day I arrive at The New Yorker with a cover, a
Everything seems very ‘important. An appointment is’ important. watercolor of a little girl making mustaches with a cat's tail. Fine.
À meeting with someone is ‘important. The word ‘important’ comes It is what it is. À little while later, the art director came to see me
up all the time. As ifevery event counted. Without that importance, with the drawing in his hand. He said, Mr. Shawn likes it a lot, but
you would become... » you have to remove the little girl Taking a little girl out of awater-

287
color so you can't see her anymore is work. ‘Plus,'Tsaid to myself, ‘if nearly 20 countries including China, Korea, the U.S.A, Germany,
there's no little girl, there is nothing funny about it, and it's so funny Brazil, Latvia, Japan, Greece, and more recently, Italy and Rus-
now. But I knew that Mr. Shawn knew what he wanted so I worked sia.
like a fool. I scraped, I really tried. I removed the little girl. He was
elated and in fact he was right, it was a very good cover like that. CAPTIONS
I had complete confidence in him. When he said something had to be PAGE 22-23 : — There no way around it. You can't do anything
changed, I changed it without arguing. » right on a day without inspiration!
PAGE 28 : — It makes you feel so small.
PAGE 264 : « In Bordeaux, when I was young, I went to show myfirst PAGE 29 : — My husband !
drawings to Chaval, who looked at them kindly, too kindly maybe, PAGE 30 : — There might be a touch of vanity in my devotion, but
then asked me a single question, Do you know The New Yorker ? Of whatever the season or the hour, l've always managed to put myself
course I didn't, so he said : ‘You should look at what they do there. I in the axis of what I call my guiding light. Would you kindly move
got back on my bike and I went to the American information service. just a little, say two or three places to the right or left ?
I asked for The New Yorker and I looked at it. And of course I was PAGE 31 : — What we need to wish him most of all is that he’Il be
stu-pe-fied. It was a beautiful quality paper at a time when magazine mediagenic !
paper was generally poor, we weren't very far past the war yet. I was PAGE 38-39 : SEMPÉ EN AMÉRIQUE : Special correspondent to
fascinated by the covers in color and the delicacy of the washes inside. the U.S. for L'Express, Sempé brought back a full notebook of his
I discovered a magazine where cartoons were clearly considered an impressions. Here is the first installment.
art unrelated to satire and caricature. In short, I was amazed by the —They must have a strong sense offamily.
talent and the ideas that made up this magazine. » PAGE 40-41 : —OK, now show me what you've done here !
PAGE 93 : — Quick ! Hurry ! Will you marry me ?
PAGE 272 : « One day I really wanted to draw a chicken. Every one PAGE 95 : —Helen ! I think somebody stole the car !
draws chickens. Chickens that look like chickens, but I wanted to PAGE 96 : —Looks like they’ve really stayed “just folks.
make an idiot chicken because chickens are idiots. I like drawing PAGE 97 : — Must you throw crumbs too, Georgette !
birds and chickens though there is not much call for them. Never- PAGE 98-99 : — We’Il keep ourprofessional ties, Matilda, but
theless, I kept wanting to draw a chicken for The New Yorker. Then you’Il won't ever again be my Shangri-La.
one day I was waiting
for a friend and she was two hours late..and 1 PAGE 101 : — The sound on your phone must be off because, as
started drawing a chicken. I said to myself, “They are going to think usual, you're in a meeting. So my voice is lost somewhere in the
l’m a fool, so what, they'Il think L'm a fool. I drew my chicken and mishmash of your purse among your notebooks, keys, compact,
I put all sorts of things around it, trees, strange things... When my hairbrush, breath mints, spare socks etc. I hope you understand
friend arrived, she was rather surprised. I said to her, ‘Tfs for The that l'm suffocating. This won't do. Can't we have a normal home
New Yorker. She didn't comment. Certainly not. She knew I wasn't life. It would really help me : television is so hard, a constant,
a specialist in chickens. Well, I sent it off along with other draw- constant battle. I could get by ifthings were different. I could even
ings telling myself, ‘They'll say, hmm, he’s gone crazy, he’s sending us anchor the 8 oclock news. Every night l'd work in a secret sign that
something useless. But no, they were enchanted. I was very happy only you could pick up.
when David Remnick accepted my chicken. I said to myself, Finally, PAGE 102 : — Hes brave, my Rodrigue, isn't he ? He's virtu-
l've drawn a chicken.T'm not saying that its good, l'm saying that a ous, isn't he ? Well would you like me to tell you how much child
magazine published this cover. » support he gives me and children ?
PAGE 105 : — À wounded lion is always cruel!
PAGE 278 : Sempé is not impressed that his books are so often PAGE 107 :— André, my lost love. Such a heartbreaking break-
translated : ‘What counts isn't the number of countries where my up. lt was kind of you, though, to leave me your address. I was
work appears, what counts is how many copies are bought in each devastated. I couldn't do anything. I still see you clinging to the rail
country. But nobody disputes that he is one of the most widely when they took up the gangplank. I still see your desperate waves
translated French authors. If Nicholas breaks all the records with when the boat started pulling away and you realized that I was
a presence in over 40 countries, Sempé’s graphic novels are sold in sitting on your suitcase.

288
PAGE 111 : ‘Completely mad’ PAGE 183 : — I rewrote the whole second act, Lucienne. Tell me
PAGE 112 : — I can't stay very long, but Ineed a little respite :the
what you think.
devil is everywhere. PAGE 188 : — It's in the box !
PAGE 113 : —When Puysseguin, the ear doctor, couldn't tell me PAGE 190-191 : — You're here to learn to live the Real Thing, to
why my ears were ringing on and off, I said to myself :‘What a Jorget all about the stupid and depressing life you're living. Here’s
g0ose you are, dear. It's a messagfor you,e
from you know where.’ how you say ‘hello’: you tap your mouth and you go WHOA
PAGE 117 : — I can certainly give you youth and beauty, but I
WHOA WHOA WHAM. ‘Good evening is.
can't guarantee you’Il be trendy. PAGE 198-199 : — 15 so beautiful. At a time like this, only one
PAGE 118-119 : — Well, Mrs. Ispanin, there was quite a brawl word comes to mind : cash.
between Jupiter and Uranus over you this week ! PAGE 204 : — Be quiet ! Insisting won't get you anywhere. You
PAGE 120-121 : — You can't imagine how much that costs. broke my glasses last night, you’re not going swimming today.
PAGE 138-139 : — [’Il be brief. I have nothing to add to what I PAGE 211: — The door !
said last night on television. FCAP
PAGE 140-141 : — You’ll see. He's someone exceptional. In sixty years, Jean-Jacques Sempé, tireless and dedicated crafts-
PAGE 142-143 : — For the jacket, shorten the right shoulder man, has produced thousands of drawings. While this catalog
and bring up the left, take in the waist and raise the right pocket. can't begin to represent the breadth ofhis work, itaims to highlight
For the trousers, put a little more give in the crotch, get rid of the aspects of his singular artistic journey. The drawings assembled
creases in the right leg and lengthen both sides so the pants just here span the years 1955 to 2011. They first appeared in French
skim the shoes. and foreign magazines and many of them were later included in
PAGE 144-145 : — Watch out ! over forty books published around the world.
PAGE 149 : — Think hard, Mr. Martineau ! Think hard!Iremind
you that you could stop now and leave with the 75 new francs
that you've already won. Ifyou go on, you could lose it all, but you
could also win 75 more new francs which would give you a total of
150 new francs ! Are you going ahead, Mr. Martineau ?
PAGE 151 : — Youve written over a dozen novels, you have
thousands of readers. Millions have seen the movies based on your
books. You have houses in several countries, you have yachts, and of
course, several cars. So tell me, why have you only married once ?
PAGE 152-153 : ‘Practical Jokes and Magic Tricks’
PAGE 158-159 : — You’re lucky to live in the chic part of town.
PAGE 164-165 : — What you do is very good but your gallery is
very poorly located.
PAGE 171 : — I want to write a long, soulful cry that sells, say, 100,
150,000 copies.
PAGE 173 : — Look at that fly. Its rubbing its front paws, the way
you rub your hands together when something makes you happy... I
must be writing something good.
PAGE 176-177 : — It makes me want to read history books.
PAGE 178-179 : — He wanted to kiss me !
PAGE 180-181 : — ] want to compose a symphony inspired by a
painting I made from a book I started, which could then be a ballet
adaptation of which the choreography would be an excellent point
of departure for a movie that could be co-produced for a television
series and adapted for distribution in cultural centers.

289
7!
V4
Martine Gossieaux et Marc Lecarpentier
remercient
Jean-Jacques Sempé
et
Isabelle Cohen, Corinne Delineau, Olivier Rubinstein, Monique Lecarpentier,
David François, Maya Sachweh, Alexandra de Leal, Jean-Marc Palisse,
Susan Chace, Georges Stril, Pierre Gradenigo, Laurent Deville, Mette Ivers,
Renate Gallois-Montbrun, Antoine Cohen-Potin, Aude Clément,
Christine Basso, Bernard Mérigaud.
Rabat de couverture : photographie / © Alexandra de Leal. Page 9 : photographie / © Maya Sachweh. P. 10-11
: photo-
graphie / © Jean-Marc Palisse. P. 12-13 : © J.-J. Sempé / L'Express, P. 15 : © J.-J. Sempé, Multiples Intentions,
éditions
Denoël. P. 21 : © J.-J. Sempé, Vaguement Compétitif, éditions Denoël, P. 22-23 : © J.-J. Sempé / Le Figaro. P. 24 : © J.-J.
Sempé /
France Dimanche. P. 27, 28, 30-31, 32-33 : © J.-J. Sempé / Paris Match. P. 35, 37, 38-39, 40-41 : © J.-J. Sempé / L'Express,
1973, 1969. P. 42-43 : © J.-J. Sempé, Télérama. P. 50-51 : © J.-J. Sempé, Un peu de Paris, éditions Gallimard. P. 79 : © J.-J.
Sempé,
Coins de Paris, Galerie Martine Gossieaux. P. 81 : © J.-J. Sempé, Un peu de Paris, éditions Gallimard. P. 88-89 et 90 :
photographie / © David François. P. 95, 96 : © J.-J. Sempé, La Grande Panique, éditions Denoël. P. 97 : © J.-J. Sempé,
Sauve qui peut, éditions Denoël. P. 98-99 : © J.-J. Sempé, Face à face, éditions Denoël. P. 101 : © J.-J. Sempé, Beau
Temps, éditions Denoël. P. 102 : © J.-J. Sempé, La Grande Panique, éditions Denoël. P. 104 : © J.-J. Sempé, Multiples
Intentions, éditions Denoël. P. 105 : © J.-J. Sempé, Des hauts et des bas (2003), éditions Denoël. P. 107 : ©
J.-J. Sempé,
Grands Rêves, éditions Denoël. P. 109 : © J.-J. Sempé, Un léger décalage, éditions Denoël. P. 110 : © J.-J. Sempé,
Sauve
qui peut, éditions Denoël. P. 111 : © J.-J. Sempé, Face à face, éditions Denoël. P. 112 : © J.-J. Sempé, Beau Temps, éditions
Denoël. P. 113 : © J.-J. Sempé, Insondables Mystères, éditions Denoël. P. 115 : © J.-J. Sempé, Un peu de Paris, éditions
Gallimard. P. 116 : © J.-J. Sempé, Multiples Intentions, éditions Denoël. P. 117 : © J.-J. Sempé, De bon matin, éditions
Denoël. P. 118-119 : © J.-J. Sempé, Luxe, Calme et Volupté, éditions Denoël. P. 120-121 : © J.-J. Sempé, De
bon matin,
éditions Denoël. P. 122, 124-125, 126-127, 128, 129, 130-131 : © J.-J. Sempé, Les Musiciens, éditions Denoël. P. 133 :
© J.-J. Sempé, Luxe, Calme et Volupté, éditions Denoël. P. 134-135 : © J.-J. Sempé, Des hauts et des bas, éditions
Denoël.
P. 136-137 : © J.-J. Sempé, Face à face, éditions Denoël. P. 138-139 : © J.-J. Sempé, Un léger décalage, éditions Denoël.
P. 140-141, 142-143, 144-145 : © J.-J. Sempé, Des hauts et des bas, éditions Denoël. P. 146-147 : © J.-J. Sempé, De bon
matin, éditions Denoël. P. 151 : © J.-J. Sempé, Vaguement Compétitif, éditions Denoël. P. 152-153 : © J.-J. Sempé, Des
hauts et des bas (2003), éditions Denoël. P. 155 : © J.-J. Sempé, Sauve qui peut, éditions Denoël. P. 156-157 : © J.-J. Sempé,
Des hauts et des bas, éditions Denoël. P. 158-159 : © J.-J. Sempé, Face à face, éditions Denoël. P. 160-161, 163 : © J.-J. Sempé,
Multiples Intentions, éditions Denoël. P. 164-165 : © J.-J. Sempé, Un léger décalage, éditions Denoël. P. 169 : © J.-J. Sempé,
L'Information-Consommation, éditions Denoël. P. 171 : © J.-J. Sempé, De bon matin, éditions Denoël. P. 173 : © J.-J. Sempé,
Beau Temps, éditions Denoël. P. 174-175 : © J.-J. Sempé, Insondables Mystères, éditions Denoël. P. 176-177 : © J.-J. Sempé,
Beau Temps, éditions Denoël. P. 178-179 : © J.-J. Sempé, Tout se complique, éditions Denoël. P. 180-181 : © J.-J. Sempé,
Comme par hasard, éditions Denoël. P. 183, 185 : © J.-J. Sempé, Sauve qui peut, éditions Denoël. P. 186-187 : © J.-J. Sempé,
Face à face, éditions Denoël. P. 188 : © J.-J. Sempé, Vaguement Compétitif, éditions Denoël. P. 190-191 : © J.-J. Sempé,
Tout se complique, éditions Denoël. P. 194, 197, 198-199 : © J.-J. Sempé, Saint-Tropez forever, éditions Martine Gossieaux.
P. 201 : © J.-J. Sempé, Tout se complique, éditions Denoël. P. 204 : © J.-J. Sempé, Grands Rêves, éditions Denoël. P. 205,
207, 208, 209 : © J.-J. Sempé, Enfances, éditions Denoël / éditions Martine Gossieaux. P. 211 : © J.-J. Sempé, Sauve
qui peut, éditions Denoël. P. 212-213, 214, 215, 216, 217 : © J.-J. Sempé, Monsieur Lambert et l'Ascension sociale de
M. Lambert, éditions Denoël. P. 219 : © J.-J. Sempé, Marcellin Caillou, éditions Denoël. P. 220-221 : © J.-J. Sempé,
Par avion, éditions Denoël. P. 223 : © J.-J. Sempé, Âmes sœurs, éditions Denoël. P. 225 : © J.-J. Sempé, Raoul Taburin,
éditions Denoël. P. 227 : photographie / © David François. P. 229 : © J.-J. Sempé, Le Moustique. P. 230 : © J.-J. Sempé et
René Goscinny, Le Petit Nicolas, éditions Denoël. P. 231 : © J.-J. Sempé et René Goscinny, Le Petit Nicolas, le Ballon et
Autres Histoires inédites, éditions IMAV. P. 233 : photographie /© David François. / P. 234, 235 : © J.-J. Sempé / Patrick
Modiano, Catherine Certitude, éditions Gallimard. P. 237 : photographie / © David François. P. 238-239 : © J.-J. Sempé/
Patrick Süskind, L'Histoire de Monsieur Sommer, éditions Denoël. P. 240-241 : © J.-J. Sempé, Des hauts et des bas, éditions
Denoël. P. 243 : © J.-J. Sempé, Sentiments distingués, éditions Denoël. P. 245 : © J.-J. Sempé, Sempé à New York, éditions
Denoël / éditions Martine Gossieaux. P. 246-247, 248-249 : © J.-J. Sempé, Par avion, éditions Denoël. P. 252 : © J.-J. Sempé,
Sempé à New York, éditions Denoël / éditions Martine Gossieaux. P. 255 : © J.-J. Sempé / The New Yorker, Condé Nast
Publications. P. 257, 258, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 266, 267, 268, 269, 271, 272, 273, 274, 275 : © J.-J. Sempé, Sempé à
New York, éditions Denoël / éditions Martine Gossieaux. P. 278-279 : photographie / © David François.
"

(
Conception et maquette : Martine Gossieaux
assistée de Jean-Baptiste Papailhau.
Traduction de Susan Chace

© 2011, by Sempé, Éditions Martine Gossieaux.

Achevé d'imprimer en octobre 2011


par STIPA à Montreuil.
ISBN : 978-2-0527191-1-7

Imprimé en France
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Alexandra
de
©
Leal.

En soixante ans, Jean-Jacques Sempé, artisan infatigable et acharné, a produit


des milliers de dessins. Ce catalogue, qui ne saurait évidemment prétendre à
rendre compte de la richesse d’un parcours artistique singulier, vise seulement à
proposer un regard complice sur une œuvre unique.
Les dessins d'humour ici rassemblés, réalisés entre 1955 et 2011, ont été publiés
d’abord dans des journaux français ou étrangers, puis dans une quarantaine
d'albums traduits dans le monde entier. |
RSRAP
ts MEgp 2 CAN

CAS
SRE AH Be MMM
fo pus prenant
ve PANNE

97829521
35 EUROS

719117
|
ISBN :978-2-9527191*

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