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RAINPARU TANIN
NY el:

Médecine -Sciences
Flammarion
== ‘
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in 2022 with funding from
Kahle/Austin Foundation

https://archive.org/details/atlasdepochedeph0000luil
Atlas de poche
de pharmacologie
3° édition
Dans la même collection
Atlas de poche d'anatomie :
- tome 1. Appareil locomoteur, par W. Platzer
— tome 2. Viscères, par H. Fritsch et W. Kühnel
— tome 3. Système nerveux et organes des sens, par W. Kahle
Atlas de poche d'anatomie en coupes sériées TDM-IRM, par T.B. Müller et E. Reïf
— tome 1. Tête, cou, rachis et articulations
— tome 2. Thorax, abdomen et pelvis
Atlas de poche d'allergologie, par G. Grevers
Atlas de poche de génétique, par E. Passarge
Atlas de poche d'anesthésie, par N. Roewer et H. Thiel
Atlas de poche de biochimie, par J. Koolman et K.H. Rôhm
Atlas de poche de cardiologie, par A. Timmis et S. Brecker
Atlas de poche d'embryologie, par A. Drews
Atlas de poche d'hématologie, par H. Theml
Atlas de poche d'histologie, par W. Kühnel
Atlas de poche d'immunologie, par G.R. Burmester et À. Pezzutto
Atlas de poche des méthodes d'analyse, par G. Schwedt
Atlas de poche des maladies sexuellement transmissibles, par À. Wisdom et D.A. Hawkins
Atlas de poche de microbiologie, par T. Hart et P. Shears
Atlas de poche de mycologie, par G. Midgley, Y. Clayton et R.J. Hay
Atlas de poche d'ophtalmologie, par S. Mandava, T. Sweeney et D. Guyer
Atlas de poche de physiologie, par S. Silbernagl et A. Despopoulos
Atlas de poche de physiopathologie, par S. Silbernag] et F. Lang
Atlas de poche en couleurs de pathologie infectieuse, par N.J. Beeching et F.J. Nye

Chez le même éditeur


Chronobiologie médicale et chronothérapeutique, par A. Reinberg
Toxicologie clinique, par C. Bismuth, F. Baud, F. Conso, J.-P. Fréjaville, R. Garnier
Thérapeutique dermatologique, par L. Dubertret
Thérapeutique rhumatologique, par T. Bardin, D. Kuntz
Les maladies systémiques, par M.+. Kahn, A. Peltier, O. Meyer, J.-C. Piette
Traité de médecine interne Cecil, par J.C. Bennett, F. Plum
La petite encyclopédie médicale Hamburger, par M. Leporrier
Traité de médecine, par P. Godeau, S. Herson et J.-C. Piette
Principes de médecine interne Harrison, par E. Braunwald, AS. Fauci, D.L. Kasper, S.L. Hauser,
D.L. Longo et J.L. Jameson

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Flammarion Médecine-Sciences
4, rue Casimir-Delavigne
75006 Paris
Atlas de poche
de pharmacologie

3° édition française

Heinz Lüllmann, Klaus Mohr


171 planches de Jürgen Wirth

Traduction de l’allemand par

Dominique Duval
Docteur ès Sciences
Directeur de recherches CNRS
Centre Cyceron, Cyclotron biomédical de Caen

UNIVERSELLE
RETIRÉ DE LA CouE CON
onales du Québec
Bibliothèque et Archives na

Médecine-Sciences
Flammarion
4, rue Casimir-Delavigne, 75006 Paris
IV

Pr émérite Heinz Lüllmann Remarque importante: comme chaque


Département de Pharmacologie connaissance, la médecine est en développe-
Université de Kiel, Allemagne ment permanent. La recherche et la pratique
clinique élargissent nos connaissances, sur-
Pr Klaus Mohr tout en ce qui concerne les traitements et l’uti-
Institut pharmaceutique, lisation des médicaments. Chaque fois que
Service de Pharmacologie sera mentionnée dans cet ouvrage une concen-
et Toxicologie tration ou une application, le lecteur peut être
Université de Bonn, Allemagne assuré que les auteurs, l'éditeur et l’imprimeur
ont consacré beaucoup de soins pour que
Réalisation des illustrations cette information corresponde rigoureuse-
Pr Jürgen Wirth ment à l’état de l’art au moment de l’achève-
Unité d’arts plastiques ment de ce livre.
École Supérieure Technique L'éditeur ne peut cependant donner aucune
Darmstadt, Allemagne garantie en ce qui concerne les indications de
dose ou de forme d'administration. Chaque
Traduction autorisée de l'édition utilisateur est donc invité à examiner avec
allemande parue sous le titre Taschenatlas der soin les notices des médicaments utilisés pour
Pharmakologie, par Georg Thieme Verlag. établir, sous sa propre responsabilité, si les in-
dications de doses ou si les contre-indications
© 1990, 2001 Georg Thieme Verlag signalées sont différentes de celles données
Rüdigerstrafe 14, dans cet ouvrage. Ceci s'applique en particu-
D-70469 Stuttgart, Allemagne lier aux substances rarement utilisées ou à cel-
les récemment mises sur le marché. Chaque
dosage ou chaque traitement est effectué aux
risques et périls de l'utilisateur. Les auteurs
et l'éditeur demandent à chaque utilisateur de
leur signaler toute inexactitude qu'il aurait pu
remarquer.

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teur. Ceci vaut en particulier pour les photo-
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électroniques.
Direction éditoriale : Andrée Piekarski
Secrétariat d'édition : Lise Beninca
Fabrication : Michel Perrin, Philippe Deleu
Couverture : Studio Flammarion

ISBN : 2-257-13119-3

© 1991, 1998, 2003, Éditions Flammarion


Printed in France
Avant-propos de la 4° édition allemande
De nombreux médicaments présentant un édition. Nous sommes en particulier recon-
mécanisme d'action nouveau sont apparus sur naissants de l’aide que nous a apportée la mai-
le marché au cours des dernières années et son Thieme Verlag, et notamment Madame
sont venus enrichir la pharmacopée. Cette in- Margarete Hieber. Le nombre de langues dans
troduction a permis d'acquérir de multiples lesquelles a été traduit cet Atlas de Poche
données nouvelles qui sont venues élargir l’en- continue de croître. Nous nous réjouissons
semble des connaissances de la pharmacolo- beaucoup de la reconnaissance nationale et in-
gie et de la toxicologie. Dans cette nouvelle ternationale accordée à cet ouvrage et espé-
‘édition de l'Atlas de poche de Pharmacologie rons que nous parviendrons à satisfaire en-
cette évolution se fait sentir par l'existence de core les attentes des lecteurs avec cette
nombreuses figures nouvelles et par d’innom- nouvelle édition.
brables modifications dans les figures et les
textes existants. Nous voulons remercier ici Heinz Lüllmann, Kiel
chaleureusement ceux qui par leurs commen- Klaus Mohr, Bonn
taires et leurs demandes ont donné l'impulsion Jürgern Wirth, Darmstadt
nécessaire à la préparation de cette quatrième Été 2001
VI

Avant-propos de la 1" édition allemande


La pharmacologie est, au sens strict, la science les interactions pharmacologiques sont résu-
des médicaments. L'Atlas de poche de pharma- mées et explicitées par l’image. La présenta-
cologie en propose une présentation concise tion, que nous espérons attrayante et facile à
en textes et en images. La première partie, comprendre, doit en outre aider à saisir la
Pharmacologie générale, traite les domaines somme des informations concernant les nom-
qui peuvent être étudiés indépendamment des breux médicaments existant et à les garder en
diverses molécules, par exemple les formes mémoire.
galéniques, la prise de substances médicamen- L'Atlas de poche de pharmacologie est conçu
teuses, leur distribution, leur élimination et pour différentes catégories de lecteurs. Il sera
leurs mécanismes d’action moléculaires. Dans utile aux étudiants en médecine, en pharmacie
la seconde partie, Pharmacologie des spéciali- ou en odontologie pour assimiler rapidement
tés, sont présentées les différentes catégories les notions de base et bâtir, en quelque sorte,
de produits pharmaceutiques en mettant le gros-œuvre d’un édifice pharmacologique.
l'accent sur les aspects fonctionnels et théra- C’est le souhait des auteurs qu’ils puissent en-
peutiques. L’attention est dirigée sur la façon suite accéder ainsi à des notions complémen-
dont les molécules agissent sur les fonctions taires issues de leurs cours ou d'ouvrages plus
de l'organisme, ainsi que sur les multiples pos- détaillés de façon à parfaire l'édifice.
L'Atlas de poche de pharmacologie permet-
sibilités d'application thérapeutique qui en
tra également aux médecins et aux pharma-
découlent plutôt que sur leurs propriétés
ciens de raviver des connaissances déjà acqui-
chimiques.
ses et de revoir rapidement les interactions
En réalisant les illustrations, on a cherché à
pharmacothérapeutiques.
expliquer des interactions complexes avec des
L'Atlas de poche de pharmacologie sera en-
«modèles visuels». La présentation sous
fin une source précise d'informations pour
forme de schémas conduit obligatoirement à
tous ceux qui s'intéressent aux médicaments.
la simplification de systèmes ou de structures
Nous remercions le Dr Matéfi (Bâle), le
par nature complexes. C’est ainsi, par exem-
Dr Lüllmann-Rauch, M.J. Mobhr et le DrH.J.
ple, que l’on a renoncé à une description
Pfânder (tous de Kiel) pour leur aide dans la
complète des détails anatomiques pour ne pas
réalisation de certaines figures. Nous remer-
gêner la compréhension des figures. La pré-
cions la Bibliothèque nationale autrichienne
sentation graphique des molécules, des orga-
pour l’autorisation de reproduire un fragment
nes et des systèmes a été conçue pour chaque
du Codex de Constantin.
thème de façon hiérarchisée. On n'a donc pas
tenu compte des dimensions réelles des élé-
Heinz Lüllmann, Klaus Mohr,
ments représentés. La taille et la couleur per-
mettent de distinguer dans une figure les par- Albrecht Ziegler, Kiel
ties importantes de celles qui le sont moins. Le Jürgen Wirth, Darmstadt
texte en page de gauche et les illustrations en Printemps 1990
regard sont complémentaires. Les données et
VII

Sommaire

LTRÉE urarenen ne PO EIE SEE ET OELRRE ORNE PER RE


L'ÉRDNRIET os RSRRRE P S T
Les débuts

DÉvelobpementetreconnaissanCe générale. enr ennemie eemorares


SR QUO eco TR Re teCPE SR OS

CETTE CON DATE TE


LOGE Et SAT SN RER RAR ER eee ur
La purification de ces composants a pour but es
DévelopbemenRdiuniMÉAICAMENÉL 228 Ace vntectsiererec ere csv ranteermuce mens erent leu Rte ee

rentes GAÉTESRR
PR R UC e
HONMESIDEUES NOCLUAITES OU NASAIES. ss rarrcesvmoressrerserencensbpaccrennerseeree
serres ranseserstne
Formes parentérales, inhalées, rectales ou vaginales et formes topiques .
Administration par inhalation … : D Pee
DOPMATOIODIC 1 reserves
Érotection ide la peau 6%....15............. .
Applicarion(dermique de molécules actives 2.2 2emeeessseene
Du site d'application à la distribution dans l'organisme

Dstbotionidansilorganisme the
RAR RER RER
BEATÈES SET PE NE OR
TES CON ESA CEST OR ER
HSS 0e TA VerS les MEMPIANES 42 arr arnrséerereerentre tendres nee riens
Différentes possibilités de distribution d'un médicament .s
Liaison des médicaments aux protéines plasmatiques

MDAEIOMIUeS MÉAICAMENTES nn emreen serres csnsssessemsesseneeccense


ere
Rôle du foie dans la dégradation des médicaments
Biotransformation des médicaments
Cycle entéro-hépatique ….
Réactions de conjugaison
SET CRI ORNE RE
Élimination des substances lipophiles et hydrophiles .

MOTEC RE
Concentration des médicaments dans l’organisme,
évolution en fonction du temps : la fonction exponentielle
Cinétiqueplasmatique des médicaments "seems
Cinétique plasmatique d’un médicament durant une administration régulière es
Cinétique plasmatique d’une substance administrée de façon irrégulière
Accumulation : doses, intervalle entre deux doses
ebcontrolerdes concentrations PlASMAtIQUES ....,.2,....srsrsssrorenreseoserenseneesosevsenee
Modification des caractéristiques de l'élimination durant le traitement
VIII Sommaire

Mesure de l'effet: des médicaments 2m RES 52


Relation dose-effet 2. srssenrssesemnietierescnrirmenareenee 52
Relation dose-effet in vitro Einstein 54
Courbes doses-réponses 24m menu ae ne 54
Courbes deliaison 8.428 tante 56

Interaction médicament-récept@Ur......"...........….… 2 58
Types de HaiSON M. anne PR 58
Agonistes-antagonistes Mn manon memes ennemie eeeen 60
Modèles de mécanismes moléculaires de l'interaction
agoniste/antagoniste she NERES 60
Autres formes. d'antaAgOniISMEM essence 60
Stéréochimie de l’action des mÉdICAmMeENtS "2"... 62
Différents rÉéCepPtEUTS ss en ES 64
Modes de fonctionnement des récepteurs couplés à une protéine G 66
Cinétique plasmatique et effet d'Un MÉGICAMENT eee 68

Effets secondaires des médicaments... ere 70


Allergie aux médicaments.s..sssssessaeeeesirnsrennnmnmenteene 72
Effets nocifs pour l'enfant de la prise de médicaments
pendant le grossesse et l'allaitement 2... 74

Effets indépendants du médicament..." 76


PACeDO Lans oran
RO RTE 76

Influence des médicaments sur le système sympathique 80


SYSTÈME NET VEUX SYMPATHIQUE Le: MR een nnenrnaersensesssrsnters meme ES 80
Organisation du système nerveux SYMPAthIQUE “es 82
Médiateurs'duisyStème Sympathique "M re 82
SYnapse AUTÉNENLIQUE MEME even Teresa nebern nt enanenronde nedneste oe 82
Sous-types de récepteurs adrénergiques et actions des catécholamines 84
Effets suriles muscles lisses... tee 84
Relations structure-activité pour les agents sympathomimétiques 86
Substances à action sympathomimétique indirecte 88
a-Sympathomimétiques, o-sympatholytiques 90
F=Sympatholÿtiques (B=bloquants) Mens 92
Différences entre P-bloquants 2... rerrnnesseeemesns
see 94
ANTISVMPATNOTONIQUES :..esrrasesenemneresrenb
mener rss 96
Influence des médicaments sur le système parasympathique : 98,
SYSTÈME NET VEUX) ParASYMPATRIQUE error ie ee ET 98
Synapse cholinergique 100
Parasympathomimétiques . 102
Paärasympatholytiques ::25.4enu re Run nee 104

NICOLINE reine re mn ressent nana ee di onunes can dns et rs trees nee eee 108
Transmission SANngliONNAÏÎTE hrs 108
Modifications des fonctions de l'organisme par la nicotine 110
Traitements pour arrêter de fumer 5 110,
Conséquences:du tabagisme ls 112

Amines biogènes .2:#%480nunn0e


Re MORE OI RER 114
Dopamine 114
Histamine …. és 116
SÉTOTONINE anse re ns rase use een een Tr Ne RS 118
Sommaire IX

VÉSOU
IFUETEUTS te ne EN AIR rend 120
MOSOMA RIT VUE d'EnSeMDIe A rnb srrrsree rarement rentes 120
ITS ORAN ES 122
Asoonons CNE CUSRRR e 124

inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone … 126


Imibientsidellenzyme de CONVETSION Le... res eeeuenrarnnamaneeemmee
tentes 126

Médicaments actifs sur les muscles lisses 128


Substances agissant sur les organes musculaires lisses 128

MRÉCRMIeDESFACTIÉS Sur COUT. 2.2 ninarene 130


ECOLES NOEL RTS 132
DATOMENNdeS ATVENMICS ICATAIAQUES :.1.422srsnenennernsetseenetenes
tasse saneneltessrera tee dereeteses 136
Propriétés électrophysiologiques des antiarythmiques appartenant
à la famille des bloqueurs de canaux sodiques ss 138

ANIMENES NAN ne tue 140


aan do RE 140
Vitamine B,, 140
AU NEUTRE me EC 140
Lions conan CRRe en DR 142

PNR DORE Pen eee ee eue rte ee 144


Prévention efitraitementides thromboses 2.242448 IR RSR ee 144
PrminelRetlantagonistes de [a vitamine K 1.2 enr ttecii re 146
FESSES MS TE OR ne 146
RÉ PATTE cenonenone nt RON TD TS 148
Hirudine et dérivés se 148
PDIOC PCT RP ge 150
Formation d'un tNrOMbUS artériel secs. se 152
Formation, activation et agrégation des plaquettes sanguines 152
Inhibiteurs de l'agrégation plaquettaire Le 154
Action présystémique de l’acide acétylsalicylique (AAS) 154

SUR CO EUR RE En 156

HDOIDITCMIANES Eee ARLES NOR RAT TE 158

Diurétiques 162
Diurétiques : vue d'ensemble . 162
Réabsorption dulsodium au niveau des reins seen 164
DIUrÉtIQUES OSMOLIQUES eee De 164
Diurétiques de type sulfonamide . d. 166
Diurétiques antikaliurétiques …. 168
Lao ess ne CAD D) UC ME RE ER ER 168

Hibduitsicontrelestulcères gastriques 1... res 170


Traitement des ulcères de l'estomac et du duodénum 170
Produits diminuant la concentration d'ions H' 250 site 170

LRO nnerenneees RSR M SRE ER En RER EN Er en 174


X Sommaire

Antidiarrhéiques 222884828080
en 182
Traitement d'une diarrhée 4252284 RER 182

Autres médicaments du tractus gastro-intestinal 184

Produits agissant sur.le système moteur." "entPR ne 186


Myorelaxants RER Rene 188
Myorelaxants non dépolarisants 5." 188
Myorelaxants dépolarisants 2... 190
Antiparkinsoniens le. 192
Antiépileptiques #22.2574 00 RE RS 194

Analgésiques.sssmeunpensertessssnmnsmmmnensns
me 198
Origine et conduction de la douleur 198

200
200
204
206

208

OPIDITES FE nssrenrrrssstaesmenrrseseenmaee
tensions seras ee 214
Analgésiques MOrPhINIQUES F'OPIOIAES.......,..rrssrcrseeece 214

ANESTRÉSIQUES serrer snnmetinnensee 220


Anesthésie et anesthésiques … 220
Anesthésiques inhalés Le 222
Anesthésiques Injectés Lutin nn 224

HYPROTIQUES nn rerrenrennnrerer aneer sonores stenree ressentie te ee TERRES 226


SOMNifères "NYPNOTIQUES En ren nr ee er Fe 226
Rythmes d'éveil et de sommeil et somnifères 4.444 228

Médicamentsidu psychisme..:....".......….….-.%"%%00000 230


BenzOdiaZÉpINes seras dnaenteit 230
Pharmacocinétique des benzodiazépines “es 232
I Traitement pharmacologique des humeurs dépressives ss ce
Il Traitement pharmacologique des états maniaques 238
Traitement pharmacologique de la schizophrénie 240
NEUTOIEPUIAUES PE. rene raernreeinn nes einsed rares er semer nee ee Gi 240
Psychomimétiques (substances hallucinogènes ou psychédéliques) 244

HOrmones; sus edansriernenetrenonenieno 246


Hormones hypothalamiques et hypophysaires 246
Traitement par les hormones thyroïdiennes ….. 248
Hyperthyroïdie et thyréostatiques 250
Utilisations thérapeutiques des glucocorticoïdes . 22
Androgènes, anabolisants,‘anti-androgènes . 256
Modes d'inhibition ......….....sasmm#natonhst tante RE 256
Maturation des ovules et ovulation, formation des œstrogènes et des progestogènes … 258
Principes d’action des anti-æstrogènes et des antiprogestatifs 260 .
Contraceptifs oraux, pilule... manner tte 262
Sommaire XI

Rornmesd'administrafiontde lINSUNNE le teerrerrsrrrsserereesnsssrneses 264


Variation des formes galéniques e 264
Modincationtde/la séquence en aidés aminés esse 264
Traitement du diabète sucré insulino-dépendant ss 266
TGS SOON EN CNRS ee 7 266
Diabète de type 2 (diabète de l'adulte) 268
NO EITÉNRES CEE 0 270
Substances utilisées pour maintenir l’'homéostasie du calcium …. 272

sers art TR ER D 274


"Médicaments contre les infections bactériennes 274
_ Inhibiteurs de synthèse de la paroi bactérienne 276
Inhibiteurs de synthèse de l'acide tétrahydrofolique LS 280
Inhibiteurs de la fonction de l'ADN 5 282
Inhibiteurs de la synthèse protéique È 284
Substances contre les infections à mycobactéries . 288
INTUICITO ON ED RARERe # 288
SUBSUANEES CO EE OR RE RE UT PE ET DU 288

RECRUE dE
EE CO 290
Substances contre les infections provoquées par des champignons 290

SÉRUSETONTES 2er PR ET ET 292


HÉGinete STOMIES PER DE NN EI 292
LB Tents di SR RDEEE O PR CETUne 296
L: Inhibiteurs de la transcriptase inverse, inhibiteurs nucléosidiques,
RAP MESERONNUCIÉOSITIQUES set mensarrsmnsrennensrmemee ten espere en 296
LL ROUTES CMOS OR mn D PTE 296

ERREURS 00 PR 298

DÉCRET LIDATASITAIRES racer 300


Substances antiparasitaires (endo- et ectoparasites) 300
ANNE RTS ar TS A 2 PE D Loin 302

COPIES 00 EE PE 304
Substances contre les tumeurs malignes … 304

Brent MEURT tn 308


HMDINONIACSMÉACLIONS IMMUNITAIFES) 22.40 mbnnrrterersesrersenrsredesrreneretinsennersenettiennns 308

PÉTROLE
ET RC 310
Moyens de lutte contre les empoisonnements, antidotes 310

Haitementiaéimaladies particulières 2.2.4... 316


Angine de poitrine ni ee din NS RSR RTS 316
RARE ENRENE cc 318
Infarctus du myocarde On ee ae 320
ÉVDERENSIONEMANTINYPErteNnSQUrS 3er ederersseneenieeenss 322
Différentes formes d’hypotension et leur traitement médicamenteux 324
LE Grotte dt son MOTO Re 326
DÉS CUES can8n0ere bn EE DE OR 328
Polvarthrite rhumatoïde et son traitement 4.4... 330
Le GUINEA OO RE RER PR 332
XII Sommaire

Mraitemenñt desirefroidissements 2722.22 RER RE


Traitement anti-allergique 75m nee EE
ASTNINE NME Ares
Vomissements et'antiémétiques mme re es
Médicaments pour le traitement local du glaucome

Lectures complémentaires "eenRS


Pharmacologie générale
2 Histoire de la pharmacologie

Histoire de la pharmacologie L'impulsion

De mémoire d'homme, on a toujours cherché


à soulager les maux de l'homme ou des ani-
maux avec des médicaments. La connaissance
des vertus curatives de certaines plantes ou de
certains minéraux était déjà inscrite dès l’Anti-
quité dans les traités de botanique. Cette
croyance en la vertu bénéfique des plantes ou
de certaines substances, transmise exclusive-
ment par tradition, n'avait été soumise à aucun
examen critique.

L'idée

Théophraste von Hohenheim, surnommé


Paracelsus (1493-1541), commença à remettre
en question les enseignements transmis
depuis l'Antiquité. À partir de la connaissance
des substances actives il créa un système de
prescription, s’opposant ainsi aux absurdes
mélanges de la médecine du Moyen Âge. En
raison du succès de ses ordonnances, il fut
même accusé d’empoisonnement et se défen-
dit par une phrase devenue un axiome en
pharmacologie : « Si vous voulez expliquer de
façon précise l'action de chaque poison, il faut
alors se demander ce qui n'est pas un poison ?
Toute substance est un poison et aucune n'est
inoffensive. C'est simplement la dose qui fait
qu'une substance n'est pas toxique. »
Claude Galien (129-200) cherche le premier à
déterminer les bases théoriques de l’utilisa-
tion des médicaments. À part égale avec la pra-
tique, la théorie qui permet d'interpréter les
observations et les résultats expérimentaux
doit conduire à une utilisation rationnelle des
médicaments.
« Les empiristes disent que tout sera trouvé par
l'expérience. Cependant, nous pensons que les
découvertes résultent en partie de la théorie. En
effet, ni l'expérience seule, ni la théorie seule ne
permettent d'aboutir. »
Histoire de la pharmacologie i

Les débuts dance de la pharmacologie en tant que


science.
Il s'efforçait de décrire les actions des diver-
ses substances en se basant sur leurs proprié-
tés chimiques.
« La pharmacologie est une science exacte.
Son enseignement doit nous fournir une
connaissance des médicaments qui permette
d'étayer notre choix thérapeutique au lit du
malade. »

Développement
et reconnaissance générale

Johan Jakob Wepfer (1620-1695) utilisa l’expé-


rimentation animale avec comme objectif pre-
mier le contrôle de la véracité des affirmations
concernant les effets pharmacologiques ou toxi-
cologiques de certaines substances.
«J'ai beaucoup réfléchi et finalement je me
suis résolu à expliquer les phénomènes par l'ex-
périence. »

L'institutionnalisation

Oswald Schmiedeberg (1838-1921) avec ses


élèves, dont douze furent nommés à des chai-
res de pharmacologie, éleva la pharmacologie
allemande au plus haut niveau. Avec Bernard
Naunyn (1839-1925), médecin interniste, il
fonda la première revue périodique consacrée
à la pharmacologie, qui est encore publiée de
nos jours.

Statu quo
Après 1920, se développèrent, dans l’industrie
pharmaceutique et à côté des instituts univer-
sitaires déjà existants, des laboratoires de
recherche consacrés à la pharmacologie.
Après 1960 furent fondés dans de nombreuses
universités et dans l’industrie des départe-
Rudolf Buchheim (1820-1879) fonda en 1847 ments de pharmacologie clinique.
à Dorpat le premier institut universitaire
de pharmacologie, affirmant ainsi l'indépen-
4 Origine d’un produit actif
ed CS

Drogues et substances actives Après la purification de la morphine par


FEW. Sertürner (1783-1841), les composants
Jusqu'à la fin du siècle dernier, les médica- des produits naturels ont été isolés sous forme
ments utilisés pour le traitement des maladies chimiquement pure dans les laboratoires
étaient des produits naturels, dérivés ou non pharmaceutiques.
de la matière vivante, le plus souvent des plan-
tes ou des fragments de plantes séchées mais La purification de ces composants a pour but :
parfois fraîches. Celles-ci peuvent renfermer 1. L'identification de la (ou des) molécule(s)
des substances exerçant une action thérapeu- active(s).
tique, mais aussi des composés toxiques. 2. L'analyse des propriétés biologiques (phar-
Pour pouvoir disposer de substances mé-
macodynamiques) de chacun des compo-
dicinales, dérivées du règne végétal, à lon-
sants ; l’analyse de leur devenir dans l’orga-
gueur d'année et non pas simplement au mo-
nisme (pharmacocinétique).
ment de la récolte, on savait déjà depuis
3. La possibilité, lors de l’utilisation thérapeu-
l'Antiquité conserver les plantes sous forme
tique de l’une de ces molécules, de donner
séchée ou en les trempant dans l'alcool ou
une dose précise et renouvelable.
l'huile végétale. La dessiccation d’un produit
4.La possibilité d’une synthèse chimique.
végétal ou animal aboutit à une drogue. En
Celle-ci permet de s'affranchir de l’épuise-
langage usuel, ce terme de drogue désigne
ment des ressources naturelles mais permet
principalement un stupéfiant ou une subs-
tance présentant un risque d'abus ou de dé- également l'étude des relations entre struc-
pendance. En termes scientifiques, la notion ture chimique et activité. Ces efforts peu-
de drogue ne renferme cependant aucune vent même déboucher sur la synthèse de
information sur la nature et l'importance des molécules dérivées de la molécule initiale,
effets. Les feuilles de menthe séchées ou les douées de propriétés pharmacologiques
fleurs du tilleul sont des drogues comme le intéressantes.
sont les fleurs et les feuilles séchées du chan-
vre blanc (marijuana) ou sa résine (haschich)
ainsi que la pâte séchée du pavot, qui était
obtenue auparavant après incision des cap-
sules (opium brut).
En trempant des plantes ou des fragments
de plante dans l'alcool (éthanol), on obtient
une teinture : les composants pharmacologi-
quement actifs sont extraits par l'alcool. Les
teintures ne contiennent cependant pas l’en-
semble des substances présentes dans la
plante ou la drogue mais seulement celles so-
lubles dans l’éthanol. Dans le cas de la teinture
d’opium, ces substances solubles dans l’alcool
sont principalement des alcaloïdes : morphine,
codéine, noscapine = narcotine, papavérine,
narcéine et bien d’autres.
Le choix d’un produit naturel ou d’un ex-
trait pour le traitement d’une maladie implique
en général l'administration d’un ensemble de
molécules de nature très diverse. Si bien que
la concentration d’une molécule donnée dans
un produit naturel peut varier de façon impor-
tante selon son origine (lieu de recueil), son
mode de culture (moment de la récolte) et ses
conditions de stockage (durée et conditions).
La proportion d'un composant donné peut
également varier de façon importante pour
d’autres raisons.
Origine d’un produit actif 5
RER REINE PMEEREMED 2e AD 6 Re Où de

— À. Du pavot à la morphine

opium brut

préparation
de la teinture
d'opium

morphine
codéine
noscapine
papavérine
autres

teinture d'opium
6 Origine d’un médicament
LB A6 MD SEE CNE |

Développement d'un médicament patients plus important, à celle du médica-


ment de référence. |
Le développement débute par la synthèse de Durant ces études cliniques, la majorité
nouvelles structures chimiques. Les substan- des molécules testées s'avère inutilisable. Sur
ces aux structures plus complexes peuvent 10 000 molécules synthétisées, une seule abou-
être extraites de plantes (glycosides cardia- tira à un médicament.
ques), de tissus animaux (héparine), de cultu- La décision de mise sur le marché est prise
res de micro-organismes (pénicilline) ou de après une demande officielle du laboratoire,
cellules humaines (urokinase) ou encore obte- par un organisme public (en Allemagne, la
nues par recombinaison génétique (insuline commission pour la santé, ou bien l'EMEA = Eu-
humaine). Par ailleurs, il est d'autant plus ropean Agency for the Evaluation of Medicinal
facile de trouver une molécule nouvelle que products, Agence européenne pour l'évaluation
l’on connaît la relation entre structure et acti- des médicaments, dont le siège est à Londres).
vité. Le demandeur doit justifier, à l’aide de ses ré-
sultats expérimentaux, que les critères d’effi-
L'investigation préclinique fournit des in-
formations sur les propriétés des nouvelles cacité et d'innocuité sont remplis et que les
formes galéniques répondent aux normes de
substances. Le premier tri peut être effectué à
qualité.
l’aide d'études pharmacologiques et biochimi-
ques (par exemple des études de liaison aux ré- Après mise sur le marché, la nouvelle sub-
stance reçoit un nom commercial (p. 346) et il
cepteurs, p. 56) ou encore d'expériences réali-
sées sur des cellules en culture, des tissus ou
reste aux médecins à la prescrire et aux phar-
des organes isolés. Comme ces modèles ne maciens à la délivrer à leurs malades. Durant
l'ensemble de la vie du médicament, on conti-
peuvent jamais reproduire les événements
complexes qui se déroulent dans un orga- nuera à examiner s’il fait ses preuves (phase 4
nisme vivant, les médicaments potentiels de- de l'étude clinique). L'expérience de plusieurs
années de prescription permet d’abord d’éva-
vront être testés chez l’animal. L'étude chez
l'animal indique d’abord si l'effet recherché a luer les indications et les risques et ensuite de
bien lieu et s’il existe des effets toxiques. Les définir la valeur thérapeutique du nouveau
médicament.
études de toxicité permettent de mettre en
évidence la toxicité aiguë ou à long terme, les
effets mutagènes, cancérigènes et les éven-
tuelles anomalies du développement (effet té-
ratogène). Il faut aussi tester chez l’animal les
voies d'administration, la distribution et l'éli-
mination des diverses molécules (pharmaco-
cinétique ).
Déjà, pendant cette étude préclinique, on se
rend compte que seule une faible proportion
des molécules pourra être testée chez
l'homme. Les techniques galéniques permet-
tent ensuite de préparer les formes d’adminis-
tration de la substance.
L'étude clinique débute par la phase 1 où
l'on détermine chez des volontaires sains si les
propriétés observées chez l'animal se manifes-
tent également chez l’homme, et où l’on établit
la relation entre l'effet et les doses. Au cours
de la phase 2, le médicament éventuel est,
pour la première fois, testé contre la maladie
pour laquelle il est prévu chez un groupe de
patients sélectionnés. Si la substance montre
une efficacité réelle et peu d'effets secon-
daires, on passe alors aux études de phase 3 :
l’action thérapeutique de la nouvelle sub-
stance est comparée chez un groupe de
Origine d’un médicament 7
RENTRER EERERERRERRERAREEE PEN Eee 0 rem En € = ER

— À. De la synthèse d'un produit à la mise sur le marché d’un médicament

clinique |
phase 4

distribution générale,
estimation à long terme du rapport
risque/efficacité

[T ; TENTE étude Clinique


RL OCT TON CONTE
phase 1 phase 2 phase 3

| volontaires sains : effet sur patients sélectionnés : groupe de malades :


les fonctions de l'organisme, choix | effet sur la maladie, | comparaison avec
de la dose, pharmacocinétique | tolérance, dose, les traitements usuels
EEG,. pression pharmacocinétique |
artérielle -

| \
| À
il
7
Î

cellules

étude |
préclinique |
étude |
|synthèse chimique physiologique, |
ou biochimique _| mode d'action, |
toxicologie |

homogénat
tissulaire
8 Formes galéniques DE Fa FT EN ETS ESS

Formes orales, Les gouttes nasales et oculaires (A) sont


oculaires ou nasales utilisées pour le traitement des affections des
muqueuses nasales ou des conjonctivites.
La substance active devient un médicament Dans le cas des gouttes nasales, on augmen-
après transformation sous une forme adap- tera la viscosité de la solution pour allonger le
tée à l'usage thérapeutique. La forme galé- temps de contact (p. 342).
nique dépend de la façon dont est administrée Les formes solides sont les comprimés, les
la substance et doit permettre au malade et dragées et les gélules (B). Les comprimés
à son médecin une manipulation commode sont des objets cylindriques formés par
du principe actif (dosage précis, bonne compression d’un mélange contenant la sub-
conservation). La pharmacie galénique stance active, un excipient et divers additifs.
s'occupe de la fabrication de formes adap- L'excipient (lactose, sulfate de calcium) a
tées à l'administration et des contrôles de pour fonction de donner au comprimé une
qualité. taille suffisante pour permettre de le manipu-
Les formes liquides (A) peuvent être des ler et de l’avaler facilement. Il faut se rappeler
solutions, des suspensions (dispersion dans que la dose unitaire de nombreux médica-
l’eau de petites particules d’une substance ments est souvent inférieure à quelques mg.
insoluble) ou des émulsions (dispersion de Pour donner une idée de ce que représentent
fines gouttelettes d’une solution dans un 10 mg, on a imprimé en bas de la page un carré
autre liquide : par exemple eau dans l'huile). qui, une fois découpé, pèserait 10 mg. Les ad-
Comme pendant le stockage les suspensions ditifs tels l’amidon qui gonfle en présence
peuvent sédimenter et les émulsions se sé- d’eau ou le bicarbonate qui dégage du gaz car-
parer, on aura tendance à préférer une solu- bonique au contact de l'acidité gastrique,
tion du principe actif. Dans le cas de subs- accélèrent la dissolution du comprimé. Les
tances très peu solubles dans l’eau, ce but substances liantes facilitent la fabrication des
sera fréquemment atteint en utilisant de comprimés, leur conservation et leur identi-
l’éthanol (ou d’autres solvants). On obtient fication (couleur).
alors des gouttes en solution aqueuse ou al- Les comprimés effervescents ne sont pas
coolique. Ces solutions sont distribuées dans des formes solides, car ils se dissolvent dans
des flacons spéciaux munis d’un compte- l'eau presque instantanément et deviennent
gouttes. Le malade peut mesurer de façon alors une solution.
précise sa dose individuelle en comptant le
nombre de gouttes (la taille des gouttes dé-
pend du diamètre de l'orifice du compte-
gouttes, de la viscosité et de la tension su-
perficielle de la solution). L'avantage des
gouttes est la possibilité d'ajuster aisément
la posologie (selon le nombre de gouttes)
aux besoins de chaque malade. Leur incon-
vénient est parfois la difficulté de prescrire
un nombre précis de gouttes chez des pa-
tients âgés ou affaiblis par la maladie. Si la
substance est en solution dans un volume de
liquide plus important, on parle d'habitude
d'un sirop ou d’une potion, la dose indi-
viduelle étant mesurée avec une cuillère
doseuse ou encore avec une cuillère à soupe
(-15 ml) ou une cuillère à café (=5 ml).
Compte tenu des différences de taille des
cuillères du commerce, on ne connaît cepen-
dant pas les doses individuelles avec une
grande précision.
Formes galéniques 9
- À. Formes liquides
solution
| HE |
aqueuse
À 20 gouttes = 1 q À oculaire
stérile
dosage isotonique
pH neutre
par goutte
Du
alcoolique
40 gouttes = 1 g
solution
visqueuse

dosage
par cuillère

- B. Formes solides pour administration orale

produit actif - 0,5-500 mg mélanger


Ca
et comprimer comprimé effervescent

30-250 mg by | |
excipient

V4 og mn 3 on ce
additif 20-200 mg

VR comprimé gélule
liant 30-50 mg GAS
min 100-1 000 mg max
taille des comprimés

€. Contrôle de la libération du principe actif

élule avec
© ©2© ECS)
&, des granulés:
©® QL0] enrobés
de
libération
substance
la

prolongée
10 Formes galéniques
TR

Les dragées sont des comprimés recou- Dans le cas d’une dragée ou d’un comprimé
verts d'un revêtement. Le noyau de la dragée, enrobé, l'épaisseur de l’enrobage peut être
le comprimé, est recouvert par exemple de choisie de telle façon qu'elle peut se dissoudre
cire qui protège les molécules fragiles, masque soit dans la partie haute de l'intestin (A, 1'° co-
un goût ou une odeur désagréables, facilite la lonne), ou bien seulement dans la partie basse!
prise et permet d'apposer une marque colo- de l'intestin (A, 5° colonne) pour permettre
rée. Les gélules se composent en général l'absorption de la substance active. En choisis-
d'une enveloppe de forme ovale, constituée le sant par exemple un temps de dissolution per-
plus souvent de gélatine, qui renferme la subs- mettant la traversée de l'intestin grêle, on peut
tance active en poudre, sous forme de granu- obtenir une libération dans le côlon.
lés (p. 9, C) ou plus rarement sous forme d’une Pour une gélule, on peut également allonger
solution. la durée de libération du principe actif (retar-
Dans certains comprimés (comprimés à li- dement) en l’utilisant sous forme de particules
bération prolongée), la substance active est recouvertes d'un revêtement d'épaisseur
incorporée dans une trame, permettant ainsi variable, formé par exemple de cire. Leur dis-
une diffusion locale au moment de l'imbi- solution dépend de l'épaisseur de la couche
bition du comprimé. Dans le cas des solu- protectrice et aboutit à des vitesses de libéra-
tions, la molécule active peut être absorbée tion et d'absorption différentes. Le principe
presque immédiatement (A, 3° colonne) ; au défini pour les gélules s'applique également
contraire, dans le cas des formes plus solides, aux comprimés, où des particules de substance
il faut d’abord que le comprimé se délite ou active enrobées de revêtements d'épaisseur
que la gélule s'ouvre avant que la molécule variable seront compactées en un comprimé.
active ne se dissolve, ne traverse la mu- Les comprimés-retard ont l'avantage par rap-
queuse de l'estomac et de l'intestin et ne port aux gélules-retard de pouvoir être facile-
passe dans le sang (absorption). Comme le ment sécables, ce qui signifie qu’il est possible
délitement des comprimés et la dissolution de prescrire une dose plus faible que celle
de la molécule active réclament du temps, contenue dans le comprimé.
l'essentiel de l'absorption s'effectuera au Ce procédé de retardement de la libération
niveau de l'intestin (A, 2° colonne). Dans le du principe actif sera choisi lorsqu'on ne
cas d’une solution, le passage dans le sang souhaite pas obtenir un passage rapide de la
débute déjà au niveau de l'estomac (A, 3° co- substance dans le sang, ou bien dans le cas de
lonne). substances dont le temps de transit dans
Pour protéger les substances détruites en l'organisme est très faible et dont l’action doit
milieu acide, il est possible d'empêcher la dé- être prolongée grâce à un apport constant au
sintégration des comprimés dans l'estomac niveau de l'intestin.
en les recouvrant de cire ou d’un polymère
d’acétate de cellulose. La désintégration et la
dissolution se produisent alors dans le duo-
dénum mais sans que la libération de la sub-
stance ne soit ralentie en tant que telle (A,
1" colonne).
La libération de la substance active, et donc
le lieu et la vitesse d'absorption, peuvent être
contrôlés par le choix d’un mode de fabrica-
tion approprié : dragée, gélules à libération
prolongée.
Dans le cas d’un comprimé à libération
prolongée, ceci est obtenu en incorporant la
substance active dans une trame dont elle sera
libérée lentement. Au cours du transport, la
molécule active sera libérée dans les différents
segments intestinaux traversés et réabsorbée
à ce niveau (A, 4 colonne). Dans ces condi-
tions, la forme extérieure du comprimé ne se
modifie pas au cours du trajet.
Formes galéniques 11
= sumnamiionens

A. Formes orales : libération et absorption des molécules

utilisation sous forme de :

dragées comprimés, | gouttes, sirop, comprimés gélules


enrobées, || gélules | solution enrobés à libération
Il
résistantes | effervescente à libération retardée
au suc | prolongée
gastrique

ÿ
12 Formes galéniques
De D tas DIN

Formes parentérales (1), inhalées (2), général enrobée dans une matière (graisse,
rectales ou vaginales (3) et formes glycérine soluble dans l’eau, gélatine, polyé-
thylène-glycol), solide à température ambiante
topiques (4)
et qui fond dans le vagin ou le rectum. Le film
Tous les médicaments ne sont pas obli- ainsi formé se répartit sur la muqueuse et
gatoirement administrés par la voie orale, favorise l'absorption des molécules.
c'est-à-dire avalés. Ils peuvent être aussi don- Poudres, pommades et crèmes (p. 16) sont
nés par voie parentérale. En parlant de forme étalées sur la peau. Dans bien des cas, elles ne
parentérale, on désigne en général les formes contiennent aucune molécule active mais
assurent un soin et une protection. On peut
injectables bien que, en cas d’inhalation ou
cependant y incorporer une substance active
d'apport sur la muqueuse rectale, le site
soit pour une action locale, soit plus rarement
d'absorption soit également parentéral.
pour obtenir un effet systémique.
Une molécule administrée en injection in-
Les timbres transdermiques sont collés sur
traveineuse, intramusculaire ou sous-cutanée
la peau. Ils contiennent un réservoir d’où la
est le plus souvent sous forme liquide (soluté
molécule diffusera et sera absorbée à travers
injectable), plus rarement sous forme d’une
la peau. L'avantage de ces systèmes transder-
suspension administrée en injection intramus-
miques réside justement dans la possibilité de
culaire, sous-cutanée ou même intra-articu-
fixer sur l'organisme un dépôt à partir duquel
laire. Le soluté injectable doit être stérile et
la molécule sera administrée de façon conti-
apyrogène et ne pas contenir de particules en
nue comme par perfusion. Cette voie nécessite
suspension. Il doit également éviter de provo-
cependant des molécules: 1)capables de
quer des lésions au point d'injection et si pos-
traverser la peau ; 2) agissant à dose faible,
sible être au même pH et à la même pression
compte tenu de la faible capacité de réservoir ;
osmotique que les liquides de l'organisme. Les
3) dont la fenêtre thérapeutique est assez
solutés injectables sont conservés dans des ré-
large puisqu'il n’est pas possible d'ajuster la
cipients fermés, en verre ou en matière plasti-
dose pour chaque malade.
que, à l'abri de l’air. La solution contenue dans
L'effet d'un produit administré à l’aide d’un
les ampoules ou les flacons est injectée avec
timbre transdermique n'apparaît que lente-
une seringue à travers une aiguille. Il existe un
ment, car la diffusion de la molécule à travers
système d'injection dans lequel on dépose une
la peau, du réservoir jusque dans les capil-
ampoule cylindrique et qui permet d'injecter
laires sanguins, nécessite du temps. Après en-
directement le contenu de l’ampoule à travers
lèvement du timbre, l’action ne disparaît pas
l'aiguille. On parlera d’une perfusion, lorsque
immédiatement car il existe encore du produit
la solution est injectée par voie intraveineuse
dans la zone de peau concernée.
pendant un temps plus long. Dans le cas des
solutions de perfusion, il faut prendre les
mêmes précautions que pour les solutés injec-
tables.
Les molécules peuvent être vaporisées
sous forme d’aérosols sur les muqueuses des
cavités de l'organisme en contact avec l’exté-
rieur (par exemple l'arbre respiratoire, p. 14).
Un aérosol est une dispersion de particules
liquides ou solides dans un gaz, par exemple,
l'air. Pour obtenir un aérosol, on pulvérise
sous pression la substance, en solution ou en
poudre très fine, à travers une buse (pulvé-
risateur).
Pour déposer une substance active sur la
muqueuse du rectum ou du vagin, on utilisera
selon le cas des suppositoires ou des ovules.
Dans le cas d’une prise rectale, on peut recher-
cher une absorption et un effet systémique ou
bien comme dans le cas des ovules vaginaux
se limiter à un effet local. La molécule est en
Formes galéniques 13
AR DES ar ARMES 5 a En PS > =.

A. Formes parentérales (1), inhalées (2), rectales ou vaginales (3)


F et formes topiques (4)
ET stérile et en général isotonique
__7—gaz vecteur
[| D ampoule A
E / cylindrinque
ampoule 2ml RE lution
Sn x
FC . nl 77 du principe actif

|
ampoule SOUVENT AMEN | LS .: CEE “
autocassable avec un conservateur
pulvérisateur 7)

3SÈC

©
vaginal
suppositoires

flacon pour solution


plusieurs injections, de perfusion
toujours avec 500-1 000 ml 35 °C point de fusi
un conservateur 50-100 ml qe 7 DOINACEACE TON 3!

touche de protection éservoir du produit

ur occlusive

système de traitement transdermique

libération du produit

application système
pommade transdermique
14 Formes galéniques
DEPART .

Administration par inhalation queuse, le reste étant ramené vers la gorge par
le transport mucociliaire et avalé. Dans des
L'inhalation sous forme d’un aérosol (p. 12), conditions défavorables, 90 % de la dose inha-
d'un gaz ou d'une vapeur, permet d'appliquer lée aboutissent dans le tube digestif. L'avan-
une molécule active sur les épithéliums bron- tage des inhalations, c’est-à-dire le caractère
chiques et une faible part de la paroi des alvéo- local de l'application, sera particulièrement
les pulmonaires. Ce mode d'application est utilisé pour des molécules mal absorbées au
choisi lorsque l’on désire agir sur la muscula- niveau de l'intestin (cromoglycate, isopréna-
ture bronchique ou modifier la consistance du line, ipratropium) ou subissant une élimina-
mucus bronchique ou encore lorsque l'on tion présystémique (dipropionate de béclomé-
cherche à obtenir par l'intermédiaire d'une thasone, budésonide, flunisolide, propionate
entrée au niveau alvéolaire un effet systémi- de fluticasone, p. 42).
que (anesthésiques inhalés, p. 222). Lorsque la fraction avalée de la molécule in-
Les aérosols sont obtenus par pulvérisa- halée est absorbée au niveau de l'intestin sans
tion d’une solution ou d’une poudre très fine. être transformée, l'inhalation permet d’attein-
Dans les pulvérisateurs classiques propulsés dre au niveau des bronches une concentration
par un gaz vecteur, la formation de l’aérosol supérieure à celle des autres organes.
sera déclenchée en appuyant sur un piston L'efficacité du transport mucociliaire dé-
(clapet doseur). Pour une pulvérisation de ce pend du mouvement des cils vibratiles et de la
genre, les doses maximales autorisées seront viscosité du mucus. La viscosité du mucus et
indiquées en coups de piston / unité de temps. l'activité des cellules ciliées peuvent être
Au moment de l'utilisation, l'embout du modifiées de façon pathologique, aboutissant
pulvérisateur sera entouré par les lèvres du à une diminution du transport mucociliaire
patient et l’aérosol sera déclenché lors de (par exemple toux du fumeur, bronchite).
l'inspiration. L'efficacité de cette forme d'ad-
ministration dépend de la taille des parti-
cules émises et de la coordination entre la
pulvérisation et l'inspiration. La taille des
gouttes conditionne la vitesse avec laquelle
elles sont entraïnées dans l’air inspiré et par
là même la profondeur atteinte dans l’arbre
respiratoire. Les particules d’un diamètre su-
périeur à 100 pm se déposent déjà au niveau
de la bouche et du pharynx. Si la pulvérisa-
tion est d’abord effectuée dans une chambre
avant d’être inhalée, on réduit de façon im-
portante la prise de ces grosses particules.
Les gouttelettes ou les poudres d’un diamè-
tre inférieur à 2 am atteignent les alvéoles
mais seront à nouveau expirées si elles ne sé-
dimentent pas.
Une partie de la substance déposée au ni-
veau des bronches sur la couche de mucus re-
couvrant l'épithélium sera absorbée mais le
reste sera transporté en même temps que le
mucus bronchique vers la gorge. Le mucus
bronchique se déplace en direction du cou
sous l'effet des battements coordonnés des
cellules ciliées de l’épithélium bronchique. La
fonction physiologique de ce courant mucoci-
liaire est l'élimination des poussières et parti-
cules inspirées avec l’air. Une partie seulement
de la substance pulvérisée parvient en général
jusqu’à l’arbre bronchique. Et de cette frac-
tion, seule une faible part pénètre dans la mu-
VE PEER ARERER SPA REMQUE LATE 2
Formes galéniques 15
— A. inhalation

profondeur
atteinte
par les gouttelettes
de la molécule

. déglutition de la substance
refoulée vers la tête
UM 7

OO
D

trachéeïet bronches. |. =

| élimination absorption
| présystémique entérale
| presque quasi nulle
/ totale

/ " ROME 2 :
l faible activité systémique
| à
| JL épithélium cilié (observè.en
/ / microscopie électroniqué à balayage)
16 Formes galéniques
DTA 2 TE SR OR VE AL 9

Dermatologie peau une couche hydrophobe. Cette couche


résistante à l'eau va également empêcher
Des préparations pharmaceutiques (dermato- l'évaporation de l’eau. La peau protégée du
logiques) peuvent être utilisées sur la peau en déssèchement voit son degré d’hydratation et
guise de soins ou pour la protéger des agres- son élasticité augmenter. La diminution de
sions (A) ou encore pour laisser diffuser dans l'évaporation augmente la température de la
la couche cutanée voire dans l'organisme une peau sous l’occlusion. A
molécule active (B). Les produits hydrophiles, facilement éli-
minés par lavage, n’empêchent pas la perte
d’eau transcutanée. Cette évaporation provo-
Protection et soins de la peau (A) que une impression de froid.
Selon l’état de la peau (sèche, fendillée, moite,
grasse, élastique) et les types d’agressions
subies (par exemple longs séjours dans l’eau,
Application dermique de molécules
utilisation régulière de solutions de désinfec- actives (B)
tion à base d'alcool [p.298], bains de soleil Pour parvenir au site d’action, la molécule doit
prolongés) on pourra utiliser une grande pénétrer dans la couche cutanée si l’on désire
variété de moyens de protection. Ils se diffé- une action topique (par exemple une crème
rencient en fonction de leur consistance, de aux corticoïdes), ou la traverser si l’on sou-
leurs propriétés physico-chimiques. (hydro- haite un effet systémique (application trans-
philes, hydrophobes) et éventuellement de dermique, voir p. 122 par exemple pour
leur composition. l'administration de nitrates organiques). La
tendance d’une molécule à quitter le support
Poudres. Elles sont répandues sur la peau in- est d'autant plus grande que son caractère et
tacte et contiennent du talc, du stéarate de celui de la base sont différents (par exemple
magnésium, de la silice ou de l’amidon. Elles une molécule hydrophile dans une base hydro-
collent à la peau en formant un film glissant phobe ou l'inverse). Comme la peau constitue
qui peut atténuer une irritation mécanique. une barrière hydrophobe (p.22), seules les
Les poudres ont également un effet assé- molécules lipophiles peuvent être absorbées.
chant (la surface importante accélère l’éva- Lorsque la base de la préparation est hydro-
poration d’eau). phobe, les molécules hydrophiles ne pourront
Pommade, crème grasse. Elles sont compo- pas traverser l'épiderme. Cette forme galé-
sées d’une base lipophile (huile de paraffine, nique est très utile lorsque l’on cherche par
de vaseline, graisse animale) renfermant exemple à obtenir une concentration élevée
jusqu’à 1 % de poudre : oxyde de zinc ou de d'une substance à la surface de la peau (pom-
titane, amidon, seuls ou mélangés. made à la néomycine pour traiter une infection
cutanée).
Pâte, onguent. Il s'agit d'une pommade conte-
nant plus de 10 % de poudre.
Crème lipophile. Elle est formée d’une émul-
sion aqueuse dans une matière grasse et
s'étale plus facilement qu’une pommade.

Gels et pommades hydrophiles. Leur consis-


tance est due à un agent de structure (géla-
tine, méthylcellulose, polyéthylène glycol).
Une lotion, en revanche, est une suspension
en milieu aqueux de composants solides et
insolubles.
Les crèmes hydrophiles, sont constituées
d'une émulsion d’un corps gras dans l’eau, sta-
bilisée par un agent émulsifiant.
Tous les composés dermatologiques dont la
base est lipophile forment au contact de la
Formes galéniques 17
PARA PARA ERS SRE CREER Eee ©
TRES ere

— À. Protection de la peau

poudre solution

aqueuse teinture
crème alcoolique

| onguent t gras Des

pommade lotion

que suspension | émulsion


lipophile Des
phile
lipophile
PSP | Ydro-
phile

TI TI

O O O © O O © O © O
CS RORNS CS NONTS
graisse, huile dans l’eau gel, eau
huile

imperméable perméable Be
(occlusif) sensation de froid

transpiration
impossible possible

peau sèche et pauvre en graisses peau grasse et moite riche en acides gras

B. Molécules actives
substance lipophile substance lipophile substance hydrophile substance hydrophile
et base et base et base et base
hydrophile lipophile hydrophile

couche
cornée
18 Formes galéniques
SO SES

Du site d'application à la distribution seulement exceptionnellement un effet sys-


dans l'organisme témique. Dans certaines conditions, une sub-
stance peut également être appliquée sur la
peau : système thérapeutique transdermique
En général, les médicaments atteignent leur
(p. 12). Dans ce cas, la substance diffuse lente-
cible par l'intermédiaire de la circulation san-
ment à partir d'un réservoir, traverse la peau
guine. Ceci signifie que les molécules doivent et aboutit finalement dans la circulation san-
d'abord parvenir jusqu'au sang. Ceci se pro- guine. Seul un petit nombre de molécules peut
duit au niveau de la circulation veineuse. Dif- être délivré par voie transdermique. La possi-
férents sites d'entrée sont possibles. La bilité d'utiliser cette voie dépend des proprié-
substance peut être injectée ou perfusée par tés physicochimiques du médicament et des
voie intraveineuse. Dans ce cas la molécule nécessités thérapeutiques (effet immédiat ou
passe immédiatement dans le sang, tandis que de longue durée).
dans le cas d’une injection sous-cutanée ou La rapidité avec laquelle une substance se
intramusculaire, elle devra d’abord diffuser répand dans l'organisme sera fonction du
du site d'injection vers le sang. Ces modes mode et du site d'application. La distribution
d'administration impliquent une lésion de la d'une substance administrée par voie intra-
peau et réclament donc des précautions parti- veineuse est plus rapide que pour une injec-
culières. Dans ces conditions, l'administration tion intramusculaire et encore plus rapide
par la bouche (per os) beaucoup plus simpie que par voie sous-cutanée. Par voie buccale
sera plus fréquemment employée ; le passage ou sublinguale, une substance passe dans le
de la substance dans le sang s’effectuant sang plus rapidement que par administration
ensuite au niveau de la muqueuse stomacale classique sous forme de dragée per os. En ef-
ou intestinale. Cette voie a pour inconvénient fet, le médicament est alors proche du site
de voir la substance traverser obligatoirement d'absorption et l’on obtient, par dissolution
le foie (système porte) avant d'aboutir dans la dans la salive d'une dose individuelle, des
circulation générale. Il faut se souvenir de ce concentrations locales très élevées qui accélè-
phénomène pour les substances rapidement rent l'absorption au niveau de l’épithélium de
métabolisées au niveau du foie ou même inac- la cavité buccale. De plus, dans le cas d’une
tivées (élimination présystémique, effet de absorption au niveau de l'épithélium buccal,
«premier passage », p. 42). De plus, un produit le foie est contourné et l’on évite l'élimination
doit d'abord emprunter la circulation pulmo- présystémique. Ce mode d'administration ne
naire avant d'atteindre la circulation générale. convient pas pour les substances peu solubles
Dans le tissu pulmonaire, les substances hydro- dans l’eau ou dont l'absorption est difficile.
phobes peuvent être retenues. Les poumons Pour ces substances, l'administration orale
agissent donc comme un système tampon sur est indiquée car le volume de liquide néces-
l'augmentation de concentration dans le sang saire à la dissolution et la surface d'échange
périphérique et empêchent une montée rapide sont plus importants dans l'intestin grêle que
après une injection intraveineuse (important dans la cavité buccale.
par exemple lors de l'administration d'un nar-
cotique intraveineux).
Par voie rectale, une partie au moins des
molécules passera également par le système
porte avant d'aboutir à la circulation géné-
rale, car seules les veines de l'extrémité du
rectum aboutissent directement à la veine
cave. Le passage par le foie sera évité dans le
cas d’une absorption buccale ou sublinguale
car le système veineux drainant la muqueuse
buccale aboutit directement dans la partie
supérieure de la veine cave. Lors d’une inha-
lation (p. 14) on échappe également au pas-
sage par le foie.
Mais dans ce mode d'administration, on
recherche principalement un effet local et
Formes galéniques 19
MOTETIER

A. Du site d'application à la distribution

\E

| 40)
<
x
à
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DE
inhalation

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CD

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CD

=
intraveineuse

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transdermique
ayoe
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C2
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ce
so

sous-cutanée

intramusculaire
20 Sites d'action cellulaire
" ss Le 3 ET NOR RAS PARCS ANA SAN ADIEU 225

Différents sites d'action événements se déroulant dans le noyau peu-


des médicaments vent également être influencés (par exemple lé-
sions de l'ADN dues à certains cytostatiques).
L'utilisation des médicaments à pour but Au contraire des molécules agissant sur la
d’influencer des événements biologiques ciblés couche externe de la membrane cellulaire, cel-
pour diminuer ou éliminer les manifestations les qui touchent l’intérieur des cellules doivent
de la maladie. traverser cette membrane.
La membrane cellulaire est composée d’une
La plus petite des unités vivantes d’un or-
double couche de phospholipides (épaisseur
ganisme est la cellule. La membrane cellulaire,
ou plasmalemme, sépare de façon efficace la
d'environ 80Â-=8nm) dans laquelle sont
intégrées des protéines (protéines intégrales,
cellule de son environnement et permet ainsi
le maintien d'une vie intérieure indépendante. par exemple récepteurs ou protéines de trans-
Des protéines de transport dans la membrane
port). La molécule de phospholipide comporte
assurent le contrôle des échanges de matière deux acides gras à longue chaîne, estérifiés
avec le milieu environnant. Ces protéines peu-
chacun sur une fonction alcool hydrophile du
vent être des pompes, systèmes de transport
glycérol. La troisième fonction alcool du gly-
cérol est liée à un acide phosphorique qui lui-
actif nécessitant de l'énergie (Na' - K' ATPase,
même porte un résidu supplémentaire, par
p. 132), d’autres transporteurs (« carrier », par
exemple le co-transport Na/glucose, p. 182) ou exemple un alcool tel la choline (pour donner
la phosphatidylcholine ou lécithine), un acide
des canaux ioniques (canal sodique, p. 138 ou
canal calcique, p. 124) (1). aminé la sérine ou un hexa-alcool cyclique,
La coordination des fonctions de chaque
l'inositol. En ce qui concerne leur solubilité,
cellule est indispensable à la survie de l’orga- les phospholipides sont des molécules amphi-
nisme et donc des cellules elles-mêmes. Ce philes: la partie qui contient les acides gras
contrôle des fonctions cellulaires s'effectue est lipophile, l’autre partie de la molécule (tête
polaire) est hydrophile. Compte tenu de ce ca-
par l'intermédiaire de contacts entre les cyto-
sols de cellules voisines («gap junctions ») ou ractère amphiphile, les phospholipides vont
au moyen de messagers chimiques qui véhi-
s'arranger presque automatiquement en dou-
ble couche dans un milieu aqueux ; les têtes
culent l'information.
Parmi ces médiateurs, les neurotransmet- polaires vers l'extérieur, dirigées vers le milieu
teurs libérés au niveau des terminaisons ner-
aqueux, les chaînes d'acides gras tournées
vers l’intérieur de la membrane, serrées les
veuses, et pour lesquels les cellules possèdent
des sites de liaison spécifiques ou récepteurs,
unes contre les autres (3).
présents sur la membrane. Les hormones sé-
L'intérieur hydrophobe de la membrane
phospholipidique constitue pour les molécu-
crétées par les glandes endocrines, qui par-
viennent aux cellules par la circulation san- les polaires et en particulier les molécules
guine ou le milieu extracellulaire, servent chargées une barrière de diffusion presque
également de signaux. Enfin, certains média- infranchissable. Les groupes apolaires au
contraire passent facilement à travers la mem-
teurs peuvent provenir de cellules proches
(par exemple les prostaglandines, p. 198): in- brane. Ce phénomène a une influence consi-
fluence paracrine. dérable sur l'entrée, la distribution et l’élimi-
L'action des médicaments est souvent liée nation des médicaments.
à un effet sur une fonction cellulaire. Les sites
actifs peuvent être les récepteurs qui captent
spécifiquement les signaux (agonistes ou anta-
gonistes des récepteurs, p.60). La modifica-
tion de l’activité d’un système de transport
peut également contrôler une fonction cellu-
laire (par exemple: glycosides cardiaques,
p. 132, diurétiques de l’anse, p. 166 ou antago-
nistes calciques, p. 124). Les substances peu-
vent avoir une action intracellulaire directe,
par exemple en inhibant (inhibiteurs des phos-
phodiestérases, p.134) ou en activant une
enzyme (nitrates organiques, p. 122) (2); les
Sites d'action cellulaire 21

A. Sites d'action possibles des substances pharmacologiques D CNE LITE


sur les fonctions cellulaires

contrôle
nerveux

nerf
neuromédiateur
récepteur

_canal ionique

systèmes
de transport
contrôle
contrôlant
hormonal
les échanges
transmem-
branaires

récepteur
hormonal
pompe

influence
directe
sur le métabolisme

matrice phos-
holipidique

site d'action
intracellulaire
22 Distribution dans l'organisme
PET
NT LT RES
CRI RSPES SCORE TERUE EDR

Barrières externes de l'organisme Si l'administration est orale ou sublinguale,


la molécule se heurte à une barrière (mu-
Avant d'entrer dans la circulation sanguine queuse buccale) constituée d’un épithélium
(absorption), une substance doit franchir les stratifié non kératinisé. Les cellules établissent
barrières qui séparent l'organisme de son entre elles des contacts ponctuels (desmoso-
environnement et délimitent le milieu inté- mes, non figurés sur les schémas), mais ces
rieur. Ces limites sont constituées par la peau interactions ne ferment pas complètement
et les muqueuses. l'espace intercellulaire. Cette obturation est
Lorsque l'absorption a lieu dans l'intestin réalisée par l'accumulation dans l’espace ex-
(absorption entérale), la barrière est alors tracellulaire de fragments de membrane sécré-
constituée par l’épithélium intestinal. Cet épi- tés par les cellules (voir encadré semi-circu-
thélium est formé d'une couche uni-cellulaire laire à droite et au milieu). De cette manière, il
d'entérocytes et de cellules à mucus. Du côté existe également dans l’épithélium stratifié
de la lumière intestinale, ces cellules sont liées une couche continue de phospholipides qui,
les unes aux autres formant la zonula occlu- contrairement à ce qui se passe dans l'épi-
dens (représentée par des points noirs dans le thélium intestinal, est maintenant déposée à
schéma du bas à gauche). l'extérieur des cellules. Le même principe de
Une zonula occludens (ou encore «tight barrière s'observe dans l’épithélium stratifié
junction ») est une région dans laquelle les kératinisé de la peau. L'existence d’une cou-
membranes phospholipidiques de deux cel- che continue de phospholipides signifie que
lules voisines sont très proches l’une de l’autre seules les substances lipophiles, capables de
et sont même reliées par l'intermédiaire de passer à travers une membrane phospholipidi-
protéines incluses dans les membranes. Cette que, peuvent pénétrer dans l'organisme à tra-
zone entoure complètement les cellules
vers les épithéliums stratifiés. La vitesse d’ab-
comme un anneau, de sorte que chacune d’elle
sorption dépend dans ce cas de l'épaisseur de
est reliée aux cellules voisines, formant une l'épithélium. Au niveau de la peau, l’absorp-
barrière continue entre les deux espaces sépa- tion sera rendue encore plus difficile par la
rés par la couche cellulaire, dans le cas de l'in- présence d’une couche cornée (stratum cor-
testin entre la lumière intestinale et l’espace neum) dont l'épaisseur est très variable d'une
intercellulaire. L'efficacité avec laquelle cette zone à l’autre. Citons comme exemples de mo-
barrière empêche l'échange de substances lécules qui peuvent passer de la peau à la
peut être renforcée par l'alignement d'un circulation sanguine la scopolamine (p. 106),
grand nombre de ces interactions, comme par la trinitrine (p. 122), le fentanyl (p. 216) et les
exemple dans le cas de l’endothélium des ca- hormones sexuelles (p. 256, p. 258).
pillaires cérébraux. De plus, ces protéines de
liaison semblent également servir à bloquer un
ensemble de protéines fonctionnelles (pom-
pes, canaux ioniques), qui sont caractéristi-
ques de domaines membranaires séparés.
Seules les molécules dont les propriétés
physico-chimiques permettent un passage à
travers la phase interne lipophile de la double
couche (jaune), ou celles pour lesquelles existe
un mécanisme de transport particulier peuvent
être absorbées par voie entérale.
La capacité d'absorption d’un médicament
sera caractérisée par le quotient entre la quan-
tité absorbée et la quantité présente dans l’in-
testin.
Dans l'arbre respiratoire, les cellules
ciliées de l’épithélium sont également liées du
côté luminal par des zonulae occludens, de
façon à ce que la cavité bronchiale soit sépa-
rée des tissus pulmonaires par une barrière
continue.
Distribution dans l'organisme 23

r- A. Barrières externes de l'organisme

.IS
ED
L É
: cilié
épithélium stratifié
non ei
ie

épithélium avec épithélium stratifié


bordure en brosse kératinisé

== —
24 Distribution dans l'organisme
à

Barrières entre le sang et les tissus particulier par la majeure partie des médica-
ments. Ce passage est également possible,
Les substances sont transportées par le sang dans une certaine mesure, pour des macromo-
dans les différents tissus de l'organisme. lécules, par exemple des protéines comme l’in-
L'échange de substances entre le sang et les suline (G : granules de stockage d'insuline) et
tissus se déroule principalement au niveau des il dépend alors de la taille de la molécule et de
capillaires. C’est en effet dans le lit capillaire sa charge.
très ramifié que la surface d'échange est la Les endothéliums avec des fenestrations in-
plus importante et la durée d'échange la plus tracellulaires se trouvent par exemple dans le
longue (faible vitesse du flux sanguin). La réseau capillaire de l'intestin et des glandes en-
paroi capillaire constitue également une bar- docrines.
rière entre le sang et les tissus. Elle est formée Dans le cerveau, la moelle épinière et le sys-
d’une couche de cellules endothéliales entou- tème nerveux central, les cellules endothélia-
rée d’une membrane basale (représentée par les ont une activité d’endocytose très faible et
un trait noir dans les schémas ci-contre). Les ne possèdent aucun pore. Pour franchir la bar-
cellules endothéliales sont fortement asso- rière hémato-encéphalique, le médicament
ciées entre elles par des jonctions cellulaires doit alors traverser la cellule endothéliale et
(zonula occludens désignée par Z dans le cli- donc franchir les membranes luminales et ba-
ché de microscopie électronique en haut à sales. Ce franchissement suppose que la molé-
gauche) de telle sorte qu’il n'existe aucun cule possède des propriétés physicochimi-
espace ni aucune lacune permettant un pas- ques particulières (p. 26) ou un mécanisme de
sage des molécules du sang vers l'espace transport propre (voir le cas de la L-DOPA,
interstitiel (E : coupe d’un érythrocyte). p.192). Dans l'endothélium des capillaires
Cette barrière entre le sang et les tissus à cérébraux il existe un autre mécanisme de
une structure variable selon les régions du défense efficace. Une protéine de transport
corps et la perméabilité capillaire aux médica- (glycoprotéine P) est capable de déverser à
ments dépendra donc des fonctions propres nouveau dans le sang certaines substances
de chaque cellule endothéliale. étrangères ayant pénétré dans les cellules.
Dans la majeure partie du réseau capillaire, Dans le foie, il n'existe aucun obstacle au
par exemple dans le muscle cardiaque, les passage des substances entre le sang et l’es-
cellules endothéliales sont caractérisées par pace interstitiel. Les cellules endothéliales
une activité d’endocytose importante. Ceci se comportent au contact des milieux extracellu-
manifeste par les nombreux replis et les vacuo- laires des fenêtres de grande taille (100 nm de
les visibles dans les cellules endothéliales (in- diamètre, espace de Disse : D) où le passage
diqués par les flèches dans le cliché de micro- des molécules n’est gêné ni par un diaphragme
scopie électronique en haut à droite). Cette ni par une membrane basale. Des barrières de
activité d'endocytose permet un transport de diffusion peuvent aussi être situées de l’autre
liquide du sang vers l’espace interstitiel et en côté de la paroi capillaire : barrière placentaire
sens inverse. Les molécules dissoutes et les constituée par la fusion des cellules du syn-
médicaments peuvent ainsi franchir la bar- cytiotrophoblaste, barrière entre le sang et les
rière séparant le sang des tissus (AM: acto- testicules formée par les cellules. de ns
myosine d’une cellule cardiaque). Dans ce reliées les unes aux autres.
mode de transport, les propriétés physico- (Les traits verticaux dans les clichés &
chimiques de la substance ne jouent pratique- microscopie électronique correspondent à
ment aucun rôle. 1 pm.)
À côté de cela, il existe d’autres réseaux
capillaires (par exemple dans le pancréas) où
les cellules endothéliales présentent une série
de fenêtres. Les cellules en effet ne sont pas
liées entre elles de façon étroite mais compor-
tent des pores uniquement recouverts d'un
diaphragme (indiqué par les flèches dans le
cliché en bas à droite). Diaphragme et mem-
brane basale sont aisément traversés par les
substances de faible masse moléculaire et en
Distribution dans l'organisme 25

EERSNEEEEEREEERRERENELRREEEENE
TNT LI AP DIEU DD feTS LIU BD 2 AA A SIP LAIT Re DD A En dE Re

— A. Barrières entre le sang et les tissus


26 Distribution dans l'organisme

Passage à travers les membranes glycosides à travers la membrane luminale des


tubules rénaux (p. 286). Seules les substances
La capacité de traverser une double couche qui présentent une similitude avec les subs-
phospholipidique est indispensable à la fois trats physiologiques des systèmes de trans-
pour l'absorption du médicament, son entrée port ont une bonne affinité pour ceux-ci.
dans la cellule ou les organites subcellulaires et Finalement, le passage à travers les mem-
le passage de la barrière hémato-encéphalique. branes peut s'effectuer sous la forme de petites
Nous avons vu que les propriétés amphiphiles vésicules entourées de membranes.
des phospholipides conduisent à la formation Transport vésiculaire/endocytose (C). Au mo-
d'une double couche dont l’intérieur est hydro- ment de la formation des vésicules, la molé-
phobe et la surface hydrophile (p. 20). Une cule en solution dans le liquide extracellulaire
molécule pourra traverser cette membrane de s'y trouve enfermée puis transportée à travers
trois façons distinctes. la cellule. Il se produit ensuite une fusion des
Diffusion (A). Les substances lipophiles vésicules de phagocytose, avec les lysosomes
(points rouges) peuvent passer de l’espace ex- aboutissant à une dégradation des substances
tracellulaire (coloré en ocre jaune) dans la transportées (phagolysosomes).
membrane, s'y accumuler et de là passer en Internalisation médiée par un récepteur (C).
direction du cytosol (coloré en bleu ciel). La La molécule se lie à des récepteurs présents
direction et la rapidité du transport dépendent dans la membrane (1, 2) dont les domaines in-
du rapport des concentrations entre les mi- tracellulaires entrent en contact avec des pro-
lieux liquides et la membrane. Plus la différence téines particulières (3) (adaptines).
de concentration (gradient) est importante et Les complexes formés se déplacent latéra-
plus la quantité de substance transportée par lement dans la membrane et s'associent sous
unité de temps sera forte (loi de Fick). Pour les l'influence de la clathrine pour former des ca-
molécules hydrophiles (triangles bleus) la vités (« coated pits ») (4). Les domaines mem-
membrane lipidique constitue un obstacle in- branaires ainsi affectés s’invaginent sous
franchissable. forme de vésicules (5). Les couches de cla-
Transport (B). Indépendamment de leurs pro- thrine et d’adaptine seront rejetées (6), abou-
tissant ainsi à la formation d'un lysosome
priétés physico-chimiques et de leur caractère
primaire (7) dans lequel va augmenter la
lipophile, certaines molécules peuvent traver-
concentration de protons.
ser la membrane par l'intermédiaire de trans-
L'acidification provoque alors la dissocia-
porteurs. La substance doit alors posséder
tion du complexe ligand-récepteur. L'étape
une forte affinité pour un système de transport
suivante est la séparation entre les fragments
qui assurera son transfert à travers la mem-
de membrane contenant les récepteurs et l’en-
brane (les triangles bleus passent la mem-
dosome (8). Les fragments de membrane sont
brane par l'intermédiaire d’un transporteur). recyclés dans la membrane plasmique (9),
Le transport actif se produit contre un gradient l'endosome est transporté vers les organites
de concentration et nécessite de l'énergie. Le cibles (10).
transport facilité s'effectue dans le sens du gra-
dient de concentration.
Ce passage peut être inhibé de façon com-
pétitive par une deuxième molécule ayant elle
aussi une affinité élevée pour le même système
de transport. Si une molécule ne se fixe pas au
transporteur (cercle bleu), elle ne sera pas
transportée. Les médicaments empruntent en
fait les systèmes de transport propres aux mo-
lécules physiologiques : par exemple le trans-
porteur des acides aminés dans le cas du
passage de la L-DOPA à travers la barrière in-
testinale ou la barrière hémato-encéphalique
(p. 192) ou bien les transporteurs des polypep-
tides basiques pour le transport des amino-

E
Distribution dans l'organisme 27
ER
— À. Passage à travers la membrane : — —B. Passage à travers la membrane : —
diffusion transport

eŸ 4 0— © D v

Y
en 660
ea ei

@ nes, (e) 6 @ ®
| v 0% g—0 e) e Ce
=

C. Passage à travers la membrane : endocytose et exocytose

— ligand
=
plasmalemme
— récepteur
=
clathrine
_— adaptine

lysosome phagolysosome

extérieur «., intérieur extérieur


28 Distribution dans l'organisme
LS ARTISAN rs TR ReLR D RS

Différentes possibilités de distribution eau liée


d'un médicament et matière sèche

Après l'entrée dans l'organisme, la substance


se distribue dans le sang (1), et peut par son
intermédiaire atteindre également les tissus.
La distribution peut se limiter à l’espace
extracellulaire (volume plasmatique + volume
interstitiel) (2), ou comprendra également le
volume cellulaire (3). Certaines substances
peuvent se fixer très fortement aux structures
tissulaires de telle sorte que la concentration
de la substance dans le sang décroisse forte- eau intracellulaire extracellulaire
ment mais sans entraîner de dissociation (4). et érythrocytes
Compte tenu de leur taille, les macromolé- Volumes de distribution
cules restent confinées à l’intérieur des vais- potentiels d’un médicament
seaux car leur passage à travers l’endo-
thélium est impossible même dans les
régions où l’endothélium des capillaires est important chez le nouveau-né ou le prématuré
fenestré. Cette propriété peut avoir des impli- (environ 50 % de l’eau corporelle) et plus fai-
cations thérapeutiques. Lorsque après une ble chez l’obèse ou le sujet âgé.
perte de sang, le lit vasculaire doit être rempli La concentration (c) d’une solution est la
à nouveau, on injectera alors une solution quantité (D) de la substance dissoute dans un
remplaçant le plasma (p.156). Les substan- volume (V) : c = D/V. Connaissant la quantité
ces fortement liées aux protéines plasmati- administrée (D) et la contcentration plasmati-
ques se trouveront essentiellement dans l’es- que (c), on peut évaluer le volume de distribu-
pace vasculaire (p.30, mesure du volume tion V = D/c. Il ne s’agit en fait que du volume
plasmatique à l’aide de colorants liés aux pro- apparent (V,») de distribution, qui serait at-
téines). teint en supposant une distribution homogène
Les substances libres (non liées) peuvent de la molécule dans l'organisme. Cette homo-
quitter le flux sanguin dans certaines régions généité n’est pratiquement jamais observée
de l’arbre vasculaire, mais de façon variable lorsque les molécules se fixent aux membra-
selon les différences de structure des endo- nes cellulaires (5) ou aux membranes des or-
théliums (p. 24). Ces différences régionales ne ganites subcellulaires (6) ou encore se concen-
sont pas représentées sur la figure. La dis- trent dans ceux-ci (7). Le volume apparent
tribution dans l'organisme dépend de la (Vwp) Peut donc être plus important que le
capacité des substances à traverser les mem- volume réellement accessible.
branes cellulaires (p.20). Les substances Vp ne correspond pas non plus à un es-
hydrophiles (par exemple l’inuline) ne sont pace biologique, mais représente une gran-
pas captées par les cellules et ne se lient pas deur calculée, inversement proportionnelle à
à leurs structures externes, il est donc possi- la concentration plasmatique c : si € est tres
ble de les utiliser pour évaluer le volume faible (car la substance reste liée au tissu), la
extracellulaire (2). valeur de V,,, augmente en conséquence.
Les molécules liposolubles passent la mem-
brane cellulaire et il est même possible d’abou-
tir à une distribution homogène de la subs-
tance dans l'organisme (3).
Le graphique donne la répartition des dif-
férents compartiments liquidiens de l’orga-
nisme.
La proportion entre le volume du liquide
interstitiel et l’eau cellulaire varie selon les
périodes de la vie et le poids du corps. Le
pourcentage du liquide interstitiel est plus
Distribution dans l'organisme 29
CES OT BREST A 27 7 9 Te UC VA A “> RTE TG PPS TER
EESN

— À. Possibilités de distribution d'une substance dans l'organisme SE ae fa)

plasma interstitium

UN ER je er MU] ERREN) L'RRER BETA


érythrocytes répartition de l’eau dans l'organisme
espace intracellulaire

ess “ CRE
ss et . &æ €) | _lysosomes

se
..t
el
. « @ @) chondries

nu à F* (2 noyau

PRE: Al O7 |_ membrane
etes . Cellulaire
7
Liaison des médicaments aux protéines sont liés aux protéines du plasma et seulement
plasmatiques de 1 ng/ml pour une substance dont 99 % sont
liés aux protéines. La diminution de la fraction
Les médicaments peuvent s'associer aux pro- libre d’une substance par suite de sa liaison
téines plasmatiques, présentes dans le sang en aux protéines affecte aussi sa biotransforma-
grande quantité, pour former des complexes. tion, par exemple hépatique, ou son élimina-
Les principales molécules impliquées dans tion rénale : en effet, seule la fraction libre du
ce phénomène de liaison sont l’albumine et médicament pénétrera dans les cellules hépa-
dans une moindre mesure les $-globulines et tiques responsables de cette transformation
les glycoprotéines acides. D’autres protéines ou sera filtrée par les glomérules.
plasmatiques (transcortine, transferrine, glo- Lorsque la concentration plasmatique libre
buline de liaison de la thyroxine) jouent un d'une molécule diminue par suite d’une bio-
rôle mais uniquement dans la liaison de molé- conversion ou de l'élimination rénale, elle sera
cules spécifiques. L'importance de la liaison libérée de ses sites de liaison sur les protéines
dépend des concentrations respectives de du plasma. La liaison aux protéines plasma-
chacun des membres de la réaction et de l’affi- tiques s'apparente à une réserve qui, certes,
nité de la substance pour les protéines. La diminue l'intensité de l’action mais prolonge
concentration d’albumine dans le plasma est également la durée de l’action en ralentissant
d'environ 4,6 g/100 ml soit 0,6 mM, ce qui repré- la dégradation et l'élimination.
sente une capacité de liaison considérable. Lorsque deux substances présentent une
L’affinité des substances pour les protéines plas- affinité élevée pour les mêmes sites de liaison
matiques est de l’ordre de 10° à 10° M (Kd), de l’albumine, on pourra observer des phéno-
nettement plus faible que leur affinité pour des mènes de compétition au niveau de ces sites :
structures de liaison spécifique (récepteurs). une molécule peut déplacer une deuxième
Dans ces conditions, la liaison de la plupart substance de ses sites de liaison à l’albumine
des médicaments aux protéines plasmatiques et donc augmenter la concentration libre et
est pratiquement proportionnelle à la concen- active de cette deuxième molécule (forme
tration (à l'exception de l’acide salicylique ou d'interaction médicamenteuse). L'augmen-
de certains sulfamides). En d’autres termes, tation de la concentration libre de la substance
on estime que, pour la plupart des médica- déplacée entraîne une augmentation de son
ments, les sites de liaison à l’albumine sont activité mais également une accélération de
loin d’être saturés aux concentrations théra- son élimination.
peutiques. Une diminution de la concentration d’albu-
La molécule d'albumine possède des sites mine (maladie de foie, syndrome néphrotique,
de liaison différents pour les molécules anioni- mauvais état général) provoque une modifica-
ques et cationiques. La formation des comple- tion de la pharmacocinétique des substances
xes peut être due à des liaisons ioniques, bien fortement liées à l’albumine.
qu'interviennent également des liaisons de
Van der Waals (p. 58). L'importance de la liaison
est corrélée avec le caractère hydrophobe de
la molécule (propriété d’une molécule d’être
repoussée par les molécules d’eau).
La liaison aux protéines plasmatiques se
produit très rapidement et est réversible : ceci
signifie qu’à chaque modification de la concen-
tration de la forme non liée correspond immé-
diatement un changement proportionnel de la
concentration de la forme liée. Cette liaison
aux protéines du plasma à une signification
physiologique importante car la concentration
de la forme libre conditionne : 1) l'importance
de l'effet et 2) la vitesse d'élimination.
Pour une même concentration globale (par
exemple 100 ng/ml), la concentration efficace
sera de 90 ng/l pour une substance dont 10 %
Distribution dans l'organisme 31

ê
— À. Importance de la liaison aux protéines pour la durée et l'importance de l'effet —

ÿ > la substance FAC la substance est


n'est pas liée - = . fortement liée
aux protéines aux protéines
plasmatiques plasmatiques

biotransformation

élimination rénale élimination rénale

concentration plasmatique concentration plasmatique


A

fraction libre

temps temps
32 Élimination des médicaments
Te ee Se Nr

Rôle du foie dans la dégradation concerne également d’autres systèmes enzy-


des médicaments matiques (notion générale de polymorphisme
génétique de la biotransformation).
Le foie est l’organe principal du métabolisme Les médicaments lipophiles sont extraits du
des médicaments, il reçoit par la veine porte sang par les cellules du foie plus rapidement
1,1 1 de sang par minute et environ 350 ml/min que les molécules hydrophiles et atteignent
par l'artère hépatique. Le volume de sang plus facilement les oxydases mixtes intégrées
contenu dans les vaisseaux et les sinus hépa- dans la membrane du réticulum. Par exemple
(B) une substance rendue hydrophobe par la
tiques est d'environ 500 ml.
présence d’un substituant aromatique (phé-
Compte tenu de l'élargissement de la sec-
nyl) pourra être hydroxylée et acquérir ainsi
tion des vaisseaux au niveau du foie, le flux
un caractère hydrophile (réactions de phase I,
sanguin y sera ralenti (A). Par ailleurs, l’orga-
nisation particulière de l’endothélium des si-
p. 34). À côté des oxydases, on trouve égale-
ment dans le réticulum lisse des réductases et
nus hépatiques (p. 24) permet même aux pro-
des glucuronyl transférases. En présence de
téines de quitter rapidement le flux sanguin.
NAD, ces dernières couplent l'acide glucuroni-
L'endothélium perforé autorise un contact
que à un groupe hydroxyle, carbonyle, amine
étroit, inhabituel, entre le sang et la cellule du
ou amide (p.38), par exemple, sur le phénol
parenchyme hépatique et un échange rapide
provenant de la réaction de phasel. Cette
des substances. Ce phénomène est encore
réaction de couplage est dite réaction de
favorisé par la présence de microvillosités sur
phaseIl. Les métabolites de phasel et de
la surface des hépatocytes tournés vers ces
phase Il peuvent être à nouveau déversés dans
sinus.
le sang (sans doute par un phénomène de
L'hépatocyte déverse la bile dans un cana-
transport passif, dépendant des gradients) ou
licule biliaire complètement séparé de l’es-
secrétés dans la bile.
pace vasculaire. Cette activité sécrétoire en-
Lors d’une stimulation prolongée d’une des
traîne dans la cellule hépatique un mouvement
enzymes de la membrane du réticulum, on
de liquide dirigé vers le pôle biliaire (A).
observe une augmentation du réticulum lisse
Les hépatocytes contiennent dans les mito-
(C versus D). Cette induction enzymatique,
chondries ou les membranes des réticulums
hypertrophie liée à l'utilisation, touche de la
lisses (RET) et rugueux (REr) un grand nombre
même manière la plupart des enzymes locali-
d'enzymes impliquées dans le métabolisme
sées dans la membrane du réticulum lisse. Ce
des médicaments. Les enzymes du réticulum
phénomène entraîne naturellement l’accéléra-
lisse jouent le rôle le plus important car c’est
tion de la dégradation de la molécule induc-
à ce niveau qu'ont lieu les réactions d’oxydo-
réduction et l’utilisation directe d'oxygène
trice mais aussi de celle d’autres médicaments
(une autre des formes d'interaction médica-
moléculaire. Comme ces enzymes peuvent
menteuse). Cette induction se développe en
également catalyser des hydroxylations ou la
quelques jours après le début des traitements,
rupture oxydaxive de liaisons N-C ou O-C, on
multiplie par un facteur 2-3 la vitesse de trans-
les appelle hydroxylases ou oxydases à fonc-
formation et décroît de nouveau après arrêt de
tions mixtes.
la stimulation. Les substances qui déclenchent
L'élément fondamental de ce système
une induction sont par exemple le phéno-
enzymatique est le cytochrome P450, conte-
barbital et la phénytoiïne (des antiépileptiques),
nant du fer.
la rifampicine (un antituberculeux) mais aussi
On connaît de nombreuses isoenzymes des
des «poisons usuels» comme le tabac ou
cytochromes oxydases. Selon leur structure
l'alcool.
primaire, elles sont subdivisées en familles (par
ex. CYP3), en sous-familles (par ex. CYP3A) puis
en isoenzymes distinctes (par ex. l’isoenzyme
CYP3A4). Les différentes isoenzymes présen-
tent un spectre de spécificité pour les subs-
trats différents. Il existe des différences géné-
tiques dans «l'équipement enzymatique » de
chacun (par ex. CYP2D6), ce qui fait que la
biotransformation d'un médicament peut
varier d’un individu à l’autre. Ce phénomène
Élimination des médicaments 33
DRE
PRIRENT
ARENA LEE ESS TT D ne SE RO a à

— À. Répartition du flux sanguin dans la veine porte, l’espace de Disse


et les hépatocytes

intestin

_ vésicule
biliaire

B. Devenir d’une molécule sensible - C. Cellule hépatique normale


à l'hydrolyse dans le foie
R PU
LL’, 3, 4 x NS É D 7 ke x?

. métabolite
de phase |

canalicule
biliaire

.
D. Cellule hépatique après traitement
[ = par le phénobarbital

métabolite
de phase Il

ve A _ O-glucuronide
34 Élimination des médicaments

Biotransformation des médicaments la muqueuse intestinale (succinate d’érythro-


mycine/érythromycine). Dans ce cas, ce n’est
Beaucoup de substances ayant une utilisation pas l’ester lui-même qui est actif mais son pro-
thérapeutique subissent dans l'organisme une duit d'hydrolyse. On peut également utiliser
transformation chimique (biotransformation). une prodrogue inactive qui sera clivée dans le
Cette modification est en général associée à sang en une molécule active.
une perte d'activité et à une augmentation du Quelques médicaments qui possèdent une
caractère hydrophile, ce qui favorise l'élimi- liaison amide comme la prilocaïne (et naturel-
nation rénale (p. 40). Comme un bon contrôle lement les peptides) pourront être hydrolysés
de la concentration des médicaments n'est et inactivés par des peptidases.
obtenu que pour des substances à élimination Les peptidases ont cependant des propriétés
rapide, beaucoup de médicaments possèdent pharmacologiques intéressantes car elles peu-
un site préférentiel de dégradation. vent libérer des produits de dégradation très
La liaison ester constitue l’un de ces sites actifs à partir de molécules inactives (fibrine,
préférentiels d'attaque et sera clivée (hydro- p.144) ou de petits peptides actifs (angio-
lysée) sous l’action d’enzymes. L'hydrolyse d'un tensine II, p. 126, bradykinine et enképhalines,
médicament, comme les réactions d’oxydation, p.214). Les enzymes impliquées dans l’hydro-
de réduction et d'alkylation ou de désalkylation, lyse de ces peptides montrent une étroite spé-
appartient aux réactions de phase I du méta- cificité de substrat et peuvent être bloquées
bolisme. On regroupe sous ce terme toutes les sélectivement. Prenons l'exemple de l’angio-
réactions qui impliquent une modification de tensine Il, un agent vasoconstricteur : l’angio-
la molécule active. Les réactions de phase II tensine Il est issue de l’angiotensineI par éli-
aboutissent à des produits conjugués formés mination des deux acides aminés C terminaux
à partir des médicaments eux-mêmes, ou des leucine et histidine. Cette réaction est cataly-
métabolites issus de la phase I par conjugai- sée par une dipeptidase appelée « angiotensin
son avec l’acide glucuronique ou sulfurique converting enzyme » (ACE), qui pourra être
(p. 38). bloquée par un analogue peptidique tel le
Comme exemple de la rapidité avec laquelle captopril (p. 126). L’angiotensine II sera dégra-
la liaison ester est hydrolysée, on peut citer le dée par l’angiotensinase À qui coupe l’aspara-
cas d’un neuromédiateur endogène, l’acétyl- gine N terminale de l’angiotensine Il. L’angio-
choline. Cette molécule est détruite si rapide- tensine II] ainsi formée n'a aucune activité
ment par l’acétylcholine estérase spécifique et vasoconstrictrice.
les cholinestérases sériques non spécifiques
(p. 100, p. 102) que son utilisation thérapeuti-
que est impossible. L'hydrolyse d’autres esters
par les estérases se produit plus lentement
mais toujours très rapidement par compa-
raison avec les autres réactions de biotrans-
formation. Ceci ést mis en évidence par l’exem-
ple de la procaïne, un anesthésique local qui
ne présente en temps normal aucun effet se-
condaire dans les autres tissus de l'organisme.
La molécule est en effet inactivée dès son pas-
sage dans le sang.
La rupture d'une liaison ester n’aboutit pas
obligatoirement à des métabolites totalement
inactifs comme le montre l'exemple de l’acide
acétylsalicylique. L’acide salicylique, produit
de l’hydrolyse, possède en effet une activité
pharmacologique. Dans certains cas, les sub-
stances sont préparées sous forme d’ester,
soit pour faciliter l'absorption (énalapril/forme
acide, undécanoate de testostérone/testosté-
rone, p. 256), soit pour permettre une meilleure
biodisponibilité au niveau de l'estomac ou de
Élimination des médicaments 33

A. Exemples de réactions du métabolisme des médicaments (hydrolyse)

à acétycholine
étycholi a
ST)

I nl
HaC—C—0— CH} —CH} —N—CHs CT APE
À CH; SeN< H
LA enzyme
CY ch de conversion
de l’angiotensine
O
|]
H}C—C—OH
acide acétique
$
Ho—cH,—cHh-N-CH
2 27 3 s5 G) Ne
ne
choline
CH
{
{

©
Ferre
&S À
TS
2 (PDe

SE & (Pro
Ë S,<
procaïne | 7 À (His
HN Le]
O Tyr

C O—CH;—CHy—N—C;H
2 2 215 NE CRE /
Gr)
CH CRC) NI {
CURETH
FN D A rhées
HOooC 2 CLP a CNEN
| NH; angiotensinase
OH
acide para-aminobenzoïque

HO— CH; (HNCH;


GHs
diéthylaminoéthanol

acide acétylsalicylique prilocaine

GH7 CH;
acide acétique acide salicylique N-propylalanine toluidine
36 Élimination des médicaments

Les réactions d’oxydation sont de deux Une désamination oxydative, c’est-à-dire


types : celles où un oxygène est ajouté à la l'élimination d’un groupement NH,, corres-
molécule, et celles où une partie de la molé- pond à la désalkylation d’une amine primaire
cule sera éliminée à la suite d’une oxydation (R' =H, R° - H). Le produit intermédiaire hy-
primaire. Les réactions d’hydroxylation ou droxylé se dissocie en ammoniaque et en
de formation d’époxydes ou de sulfoxides l'aldéhyde correspondant. Ce dernier sera en-
appartiennent à la première de ces deux ca- suite partiellement réduit en alcool et partielle-
tégories. Un substituant alkyl (par exemple le ment oxydé pour donner l'acide carboxylique
pentobarbital) ou un cycle aromatique (pro- homologue.
pranolol) pourront être hydroxylés. Dans les Les réactions de réduction peuvent avoir
deux cas, les produits formés seront ensuite lieu sur un atome d'oxygène ou d'azote. Dans
conjugués dans une réaction de phase Il, par le cas de la réduction de la cortisone en
exemple avec l'acide glucuronique. Une hydrocortisone (cortisol) ou de la prednisone
hydroxylation peut également se produire en prednisolone, un groupement céto est
sur un azote pour former une hydroxylamine transformé en groupement hydroxyle. Ceci
(par exemple le paracétamol). Le benzène, est d’ailleurs un exemple de la transformation
les composés aromatiques polycycliques d'un médicament en sa forme active (bioacti-
(benzopyrènes) et les hydrocarbures cyc- vation). Sur l’azote se produit une réduction
liques insaturés peuvent être transformés en du groupement azo ou nitro (par exemple le
époxydes par des mono-oxygénases. Compte nitrazépam). Les groupements nitro seront
tenu de leur caractère électrophile, ces finalement réduits en amine après passage
composés sont très réactifs et par là même par des groupements nitroso et hydroxyla-
toxiques pour le foie, et vraisemblablement mine. La déshalogénation est également un
cancérigènes. phénomène de réduction touchant le carbone
Le deuxième type de réaction d’oxydation (par exemple l’halothane, p. 222).
du métabolisme comprend les réactions de Les groupements méthyl peuvent être trans-
désalkylation. Dans le cas des amines, la désal- férés par une succession de méthyltransférases
kylation sur l'azote débute par l'hydroxylation spécifiques sur les groupements hydroxyles
d'un groupement alkyl, sur le carbone proche (O-méthylation, par exemple la noradréna-
de l'azote. Le produit intermédiaire n’est pas line) et sur les groupements aminés (N-méthy-
stable et se dissocie pour donner l’amine dé- lation, par exemple sérotonine, histamine,
salkylée et l’aldéhyde du substituant éliminé. noradrénaline).
La désalkylation sur l'oxygène (par exemple Au niveau des liaisons thio peut se produire
pour la phénacétine) ou la désarylation sur le une désulfuration avec remplacement d'un
soufre (par exemple pour l’azathioprine) ont soufre par un oxygène (par exemple para-
lieu de la même façon. thion). Cette réaction montre une fois de plus
qu'une réaction de biotransformation ne
conduit pas obligatoirement à une inactiva-
tion. Le paraoxon (E 600) formé dans l'orgà-

Ro aire
RI-N—CH—CH3 Le R—N—CH—CH:
nisme à partir du parathion (E 605) est la véri-
table molécule active (p. 102).

OH

R2 ()
| Il
RI=N—H + H—C—CH3
Désalkylation
Élimination des médicaments 37
A A RER EP ULES CERN EURE:

A. Exemples de réactions du métabolisme des médicaments

O
N
Ho CHs
N 11 do Ft F> propranolol
À CH, ab
à OC CHE CES NIS Se CH
pentobarbital #4} : | É
OH CH;
hydroxylation

lidocaine phénacétine

O—CHs
sur l'azote NO;
désulfuration
sur l'oxygène

désalkylation te
noradrénaline
désarylation

sur le sôufre

ON O-méthÿlation
azathioprine méthylation

benzopyrène chlorpromazine

nes CHIEN — CH
(> de CH3

e ee
CL paracétamol
‘à liaison OH
sulfoxide
liaison
époxyde PEN O
72
hydroxyl- Ho.> HN—C
amine Ÿ
réduction oxydation CH3
38 _flminationdesmédicaments PE ARE A8 EE TT AO OA UE RSR SO EU SEEN

Cycle entéro-hépatique (A) glucuronique de ce complexe à la molécule


réceptrice. Lorsque cette molécule réceptrice
Les molécules, qui après prise orale sont est un phénol où un alcool, on obtient un
absorbées au niveau de l'intestin, parviennent éther-glucuronide, s’il s’agit d’un groupement
au foie par la veine porte et peuvent être immé- carboxyle se forme un ester-glucuronide. Dans
diatement couplées à l'acide glucuronique les deux cas, les molécules formées sont des
(Figure B, dans le cas de l'acide salicylique), à O-glucuronides. Avec les amines, on peut for-
l'acide sulfurique (Figure B, cas du bisacodyl mer les N-glucuronides qui eux ne sont pas
après désacétylation) ou à d’autres molécules. clivés par les B-glucuronidases.
Grâce à des mécanismes de transport, les pro- Dans le cytoplasme, les sulfotransférases
duits de conjugaison hydrophiles peuvent être solubles transfèrent un groupement sulfate
sécrétés par les cellules hépatiques dans la (sous forme activée 3’-phosphoadénosine-5’-
bile et revenir ensuite dans l'intestin avec les phosphosulfate) sur un alcool où un phénol.
sels biliaires. Les molécules conjuguées hydro- Le produit conjugué est alors un acide, comme
philes ne peuvent pas franchir l’épithélium dans le cas des glucuronides.
intestinal. Les O-glucuronides sont cependant Ceci le distingue des produits conjugués
attaqués par les f-glucuronidases des bacté- formés sous l’action d’acyltransférase entre un
ries du côlon et la molécule libre peut être à groupement alcool! ou un phénol et un grou-
nouveau absorbée. Il se constitue ainsi un pement acétate activé (acétyl-coenzyme À). Ce
cycle entéro-hépatique dans lequel les molé- composé conjugué ne possède aucun carac-
cules semblent retenues prisonnières. Les pro- tère acide.
duits de conjugaison passent non seulement Les acyltransférases sont enfin utilisées
des cellules hépatiques dans la bile mais éga- également pour le transfert des acides aminés
lement dans le sang. Les glucuronides dont la glycine ou glutamine sur des acides carboxy-
masse moléculaire est inférieure à 300 passent liques. Il se forme alors une liaison amide entre
surtout dans la bile. Les glucuronides déversés une fonction acide de la molécule réceptrice et
dans le sang par les cellules hépatiques seront le groupement amine de l'acide aminé. Dans le
filtrés au niveau des glomérules mais compte produit conjugué, la fonction acide de la gly-
tenu de leur caractère hydrophile, ils ne seront cine ou de la glutamine reste libre.
pas réabsorbés comme d’autres substances
mais éliminés dans l'urine.
Les médicaments qui subissent un cycle
entéro-hépatique seront également éliminés
lentement. On peut citer comme exemple la
digitoxine et certains anti-inflammatoires non
stéroïdiens.

Réactions de conjugaison (B)

La plus importante des réactions de conjugai-


son (réactions de phase Il) est l'association
d'une molécule ou de son métabolite à l'acide
glucuronique. Le groupement carboxyle de
l'acide glucuronique est presque complète-
ment dissocié dans la zone de pH du sang ou
du liquide extracellulaire ; cette charge néga-
tive confère à la molécule conjuguée une pola-
rité élevée et donc une faible capacité de
passage à travers les membranes. Cette réac-
tion de conjugaison ne se produit pas spon-
tanément mais seulement lorsque l'acide
glucuronique se trouve sous forme active, lié
à l'UDP (uridine diphosphate). Les glucuronyl-
transférases microsomiales transfèrent l'acide
Élimination des médicaments 39

— A. Cycle entérohépatique d’un glucuronide

élimination
biliaire

e (ENT
SnteromepaË |
LEE
D éiennes
de <
11 à
Un ?

1 élimination molécule absorption ; He» À


; rénale T lipophile entérale gp
L ;

! — produit ;
Y de conjugaison
- hydrophile

- B. Réactions de conjugaison
acide UDP-« glucuronique

OH OH
NE COOH sulfo-
transférase “ o— Ÿ-. NY transférase
Ho N=
acide salicylique forme active du bisacodyl
40 Élimination des médicaments
RER ER |

Elimination rénale de l'urine est de 7, la moitié du groupement


amine est sous forme protonée hydrophile et
La plupart des molécules sont éliminées par le donc incapable de franchir la membrane
rein dans l'urine, soit intactes, soit sous forme (points bleus), l’autre moitié non chargée
de produit de dégradation. Cette élimination (points rouges) peut, elle, quitter la lumière du
rénale est liée à la structure particulière de tubule en suivant le gradient qui se forme. À
l'endothélium au niveau des capillaires du glo- ce niveau existe encore une réaction d’équili-
mérule (B). Cette disposition permet en effet le bre entre la base et la forme protonée. Pour
libre passage des molécules dont la masse est une amine dont le pK est plus élevé (7,5) ou au
inférieure à 5 000, et une filtration partielle de contraire plus bas (6,5), on obtiendra pour un
celles comprises entre 5 000 et 50 000. À quel- pH urinaire de 7, une quantité plus faible ou
ques rares exceptions près, les molécules à plus forte de l’amine sous forme non chargée,
usage thérapeutique et leurs métabolites ont c'est-à-dire absorbable. On obtient des varia-
une masse moléculaire bien inférieure et tions tout à fait comparables avec une subs-
seront filtrées par le glomérule, passant du tance dont le pK est de 7, en faisant varier le
sang dans l'urine primitive. La membrane pH de l'urine d’une 1/2 unité pH vers le haut
basale qui sépare l’endothélium du capillaire ou vers le bas.
de l’épithélium se compose de glycoprotéines Le phénomène décrit ci-dessus pour les
chargées négativement et constitue pour les substances basiques s'applique également pour
molécules de masse plus élevée, et en fonction les substances acides mais avec la différence
de leur charge, une barrière de filtration d’étan- fondamentale que dans le cas d’un groupe-
chéité variable. ment COOH, c'est la forme chargée qui se
En plus de la filtration glomérulaire (B), forme lorsque l’on augmente le pH urinaire (al-
certaines molécules plasmatiques peuvent calinisation) bloquant ainsi la réabsorption.
également aboutir dans l'urine par une sécré- Il est parfois souhaitable de modifier la
tion active (©). Certains cations et certains valeur du pH urinaire, comme lors d’un empoi-
anions seront sécrétés dans la lumière du sonnement avec des substances protonables,
tubule par des systèmes de transport spéci- de façon à accélérer l'élimination du poison,
fique, consommant de l'énergie. La capacité de par exemple une acidification dans le cas d’un
ces transporteurs est cependant limitée. En empoisonnement par la méthamphétamine ou
présence de plusieurs substrats voisins, on une alcalinisation lors d’une intoxication par le
peut observer à leur niveau des phénomènes phénobarbital.
de compétition.
Au cours du passage à travers les tubules,
le volume de l'urine est réduit de plus de
100 fois, aboutissant à concentrer de façon
équivalente la molécule filtrée ou ses métabo-
lites (A). Le gradient de concentration ainsi
formé entre l'urine et le sang ou le liquide ex-
tracellulaire est maintenu pour les molécules
qui ne peuvent pas franchir l’épithélium tubu-
laire. Dans le cas des molécules lipophiles, ce
gradient de concentration entraînera cepen-
dant la réabsorption d’une partie des molécu-
les filtrées. Cette réabsorption est due dans la
plupart des cas à une diffusion passive. C’est
pourquoi l’importance de cette réabsorption
est fonction du pH de l'urine dans le cas de
substances dont la dissociation dépend elle-
même du pH. Comme indication du degré de
dissociation, on utilise la valeur du pK, qui in-
dique le pH auquel la moitié de la substance
est sous forme protonée. La représentation
graphique de ce phénomène est donnée dans
le cas d’une amine dont le pK est de 7. Si le pH
Élimination des médicaments 41

A. Filtration et concentration —————— TrB. Filtration glomérulaire


sang

protéine
plasmatique

endothélium

membrane
basale
substance

urine primitive }) filtration


f glomérulaire épithélium
de la substance
*
“ urine
ni primitive
e
er
CAR:
OS FaD. Réabsorption tubulaire
*
ee pH = 7,0 pKa des substances
7 fe pKa = 7,0
a 100 6e + eee
: e o—— 1 | TL FRA. HER À
. e -Nt— He —e—e
2 £ À a +
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. 50 $-_+ e_—+_
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urines 1° substance bit
définitive °, dans le tubule 6
1,21 ee en #

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6

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LR CRC à
9 —0_—9_— © —+ —
ë —0 + +0
systèmes o— + + +
SK de transport 50 + + + ++
tubulaires o—e_—e_—+_—e
o— ee
pour CR ne
2 es cations Peer)
- pour CNCSN/R7;SES
les anions
pH de l'urine
42 Élimination des médicaments

Élimination des substances lipophiles Les molécules lipophiles qui sont transfor-
et hydrophiles mées dans le foie en métabolites polaires per-
mettent un meilleur contrôle thérapeutique,
Le caractère lipophile et hydrophile (ou car cette transformation favorise leur élimina-
hydrophobe et lipophobe) se définit par la tion. La rapidité de formation des métabolites
solubilité des molécules dans des milieux de hydrophiles conditionne la durée de la pré-
faible polarité ou inversement de polarité éle- sence du médicament dans l'organisme.
vée. Le plasma sanguin, le liquide interstitiel et Si la transformation est rapide et les méta-
bolites formés pharmacologiquement inactifs,
le cytoplasme constituent des milieux aqueux
seule une fraction de la molécule absorbée
de polarité élevée tandis que les lipides, au
atteint intacte la circulation générale, l’autre
moins à l’intérieur d’une bicouche membra-
partie est éliminée de façon pré-systémique.
naire (p. 20) et la graisse sont des milieux apo-
Lorsque la biotransformation est très rapide,
laires. Les molécules polaires, hydrophiles, se
l'administration orale n’est pas possible (par
dissolvent bien dans un milieu polaire et les
exemple la trinitrine, p. 122). La molécule doit
molécules lipophiles au contraire se dissol-
être administrée par voie parentérale, buccale
vent dans des milieux apolaires. Une subs-
ou transdermique pour contourner le foie. In-
tance hydrophile qui atteint la circulation dépendamment du mode d’application, une
sanguine ne sera absorbée que de façon par- partie de la substance administrée peut être
tielle et lentement (non représenté) et traver- captée et stockée temporairement au moment
sera le foie sans subir de modifications. En du passage à travers les poumons, avant son
effet, ces molécules qui ne traversent pas, ou passage dans la circulation. Ce processus cor-
seulement lentement, la membrane des cellu- respond également à une élimination présysté-
les hépatiques ne rentrent pas en contract mique.
avec les enzymes hépatiques servant à la La notion de biodisponibilité (p. 46) corres-
transformation des molécules. Cette molécule pond à la proportion de la dose de médica-
atteint donc intacte le flux artériel et les reins ment administrée qui atteindra la circulation
où elle sera filtrée. Dans le cas des molécules systémique. Elle dépend :
hydrophiles, la liaison aux protéines plasm- - de la libération du produit à partir de la
atiques est faible (elle augmente en effet avec forme galénique (dragée, tablette, etc.) :
le degré de lipophilie), ce qui signifie que la «biodisponibilité galénique », optimale en
majeure partie de la concentration plasmati- cas d'administration d’une solution ;
que de telles molécules est disponible pour - de la possibilité d'absorption au niveau du
une filtration glomérulaire. Une substance tractus gastro-intestinal (le coefficient
hydrophile ne sera pas réabsorbée au niveau d'absorption est le rapport entre la quantité
tubulaire et aboutit donc dans l'urine défini- absorbée et la quantité disponible) ;
tive. Ces molécules subissent donc une élimi- - de l'élimination présystémique.
nation rénale très rapide.
Une molécule lipophile qui, bien qu'elle La biodisponibilité absolue est le rapport
puisse diffuser dans les cellules et entrer en entre la quantité systémique disponible et la
contact avec les enzymes hépatiques, n’est pas dose administrée. La biodisponibilité relative}
transformée en raison de sa nature chimique correspond à la disponibilité du médicament
en un composé polaire, persiste dans l’orga- dans une forme expérimentée, comparée à
nisme. La fraction filtrée lors du passage du glo- celle d’une préparation classique.
mérule sera réabsorbée au niveau du tubule.
Cette réabsorption est presque totale car la
concentration libre d’une molécule hydro-
phobe dans le plasma, est faible (les molécules
lipophiles sont fréquemment liées en grande
partie aux protéines). La situation décrite ici
d'une molécule lipophile qui ne subit aucune
transformation métabolique, n’est pas souhai-
table pour un médicament. Dans ce cas en effet
la dose administrée est pratiquement irréver-
sible (difficulté de contrôler le traitement).
Élimination des médicaments 43

A. Élimination des substances hydrophiles et hydrophobes

molécule hydrophile molécule lipophile


non métabolisée

élimination élimination
rénale impossible

molécule lipophile molécule lipophile

transformation lente transformation rapide


dans le foie en un métabolite jp et complète dans le foie
hydrophile | | en un métabolite hydrophile

élimination rénale élimination rénale


du métabolite du métabolite
44 Pharmacocinétique
|

Concentration des médicaments en partie éliminée intacte par les reins et


dans l'organisme, évolution pour l’autre partie dégradée, on additionne
en fonction du temps : les clairances rénale ou hépatique en une
la fonction exponentielle clairance totale CI,,.. Cette valeur est la résul-
tante de tous les événements participant à
Divers événements comme l'absorption des l'élimination et est liée à la demi-vie et au
médicaments et leur élimination suivent une volume de distribution (V,,) (p.28) par la
loi exponentielle. relation :
En ce qui concerne l'absorption, ceci
s'explique essentiellement par le fait que la ty2 bn 2
Vapp
quantité de substance transportée par unité CI tot

de temps dépend de la différence de concen-


tration (gradient) entre les deux compar- La demi-vie est d'autant plus faible que le
timents considérés (loi de Fick). Dans le cas volume de distribution est petit ou la clairance
d'une absorption, le compartiment où la totale importante.
concentration initiale est la plus élevée est Dans le cas d’une substance excrétée sans
la lumière intestinale et le compartiment modification chimique, on peut évaluer la
avec la concentration la plus faible est le demi-vie du produit à partir de l'élimination
sang. cumulée dans les urines. La quantité totale fi-
Dans le cas de l'élimination rénale, l’ex- nalement éliminée correspond à la quantité
crétion dépend à la fois de la filtration glo- absorbée.
mérulaire et de la quantité de substance Dans le cas d’une élimination hépatique on
présente dans l'urine primaire. La quantité obtient essentiellement une décroissance
de substance filtrée au niveau glomérulaire exponentielle de la concentration du médica-
par unité de temps décroît en fonction de la ment en fonction du temps parce que les en-
diminution de la concentration de la subs- zymes qui assurent la dégradation travaillent
tance dans le sang. La fonction exponentielle dans le domaine où leur activité est propor-
qui rend compte de ce phénomène est pré- tionnelle à cette concentration. La quantité de
sentée en (A). Dans une fonction expo- substance transformée par unité de temps
nentielle, le temps nécessaire pour que la diminue ainsi en même temps que la concen-
concentration plasmatique soit divisée par tration.
deux est constant : cette durée appelée demi- L'exception la plus connue à cette loi expo-
vie ou période est reliée à la constante de nentielle est l'élimination de l’éthanol (alcool
vitesse k par t,, = In 2/k. Cette valeur et celle éthylique), qui est linéaire, au moins lorsque
de la concentration initiale c, permettent de la concentration dans le sang dépasse 0,2 %o.
caractériser complètement la fonction expo- Ceci est dû à la faible constante de demi-
nentielle. saturation (Km) de l'enzyme limitante du mé-
Compte tenu du caractère exponentiel du tabolisme de l'alcool: l'alcool déshydrogé-
processus d'élimination, on peut définir le vo- nase ; cette valeur de Km est déjà atteinte pour
lume du plasma débarrassé du médicament une concentration en alcool de 80 mg/l (envi-
par unité de temps (dans l’hypothèse où les ron (0,08 %0). Pour une concentration en étha-
molécules restantes ne se remélangeraient nol supérieure à 0,2 %o, la quantité métabolisée
pas de façon homogène dans la totalité du n’augmente plus en fonction de la concen-
compartiment, hypothèse qui n’est jamais tration et l'élimination par unité de temps de-
vérifiée dans la réalité). Le volume théorique meure constante.
de plasma débarrassé du médicament par
unité de temps est désigné sous le terme de
clairance. Selon que la concentration plas-
matique d’une substance diminue à cause
d'une élimination ou d’une transformation
métabolique, on parlera de clairance rénale
où hépatique. Dans le cas où la molécule est
Pharmacocinétique 45

A. Elimination exponentielle d’un médicament

(c) concentration de la substance dans le plasma (quantité/volume)

demi-vie plasmatique ty € = Co: €


1 ï
Free c, : concentration de la substance
à l'instant t
ty= dei c, : concentration initiale après
administration d’une dose
e : base du logarithme naturel
: constante d'élimination

= TT >

unité de temps temps (t)

| volume théorique de plasma libéré du médicament par unité de temps = clairance [vol/temps]
= LC CURE Pr

- ee=—- - -
= =-— - - << + =

quantité de substance éliminée par unité de temps

uantité administrée = dose


de substance _s CR PR EN RE tee
éliminée
46 Pharmacocinétique
errant RS

Cinétique plasmatique d’ Rep et d'élimination. Lorsque la


des médicaments distribution dans l'organisme est beaucoup
plus rapide que l'élimination (après une
Évolution de la concentration plasmatique injection intraveineuse), on observe d’abord
du médicament en fonction du temps (A). une décroissance très rapide du pic plasma-
Les médicaments sont assimilés par l’orga- tique suivie d’une décroissance beaucoup
nisme puis éliminés par différentes voies. plus lente. La phase de décroissance rapide
L'organisme est également un système est la phase & (phase de distribution) et le
ouvert, dans lequel la concentration du médi- composant plus lent la phase $ (phase d'éli-
cament à un instant donné est la résultante mination).
à la fois de l’influx (entrée) et de l’efflux (éli-
mination). En cas d'administration per os, Mode d'application et cinétique plasmatique
l'absorption se produit au niveau de l’esto- (B). La vitesse de l'entrée dépend du mode
mac et de l'intestin. La vitesse de cette d'application. Plus l'invasion est rapide, plus
absorption dépend de nombreux facteurs, court est le temps nécessaire (t,,.) pour attein-
parmi lesquels la vitesse de dissolution de la dre le pic plasmatique (c,,.);plus la valeur de
molécule (dans le cas d’une forme galénique Cas St élevée et plus tôt la concentration plas-
solide), la vitesse du transit stomacal ou matique commence à diminuer de nouveau.
La surface sous la courbe (AUC, « area under
intestinal, la capacité de la molécule à tra-
curve ») est indépendante du mode d’applica-
verser les membranes, la différence de
concentration entre l'intestin et le sang et tion pour des doses semblables et une dispo-
l'irrigation de la muqueuse intestinale. Le nibilité totale : loi des surfaces équivalentes.
passage à travers la muqueuse intestinale Elle sera utilisée pour déterminer la biodispo-
(entrée) fait augmenter la concentration san- nibilité F. Après administration d’une dose
guine. La substance véhiculée par le sang équivalente, F est donné par :
atteint les différents organes (distribution)
__ AUC (voie orale)
et peut aussi être capturée en fonction des
AUC (voie IV)
propriétés propres de chaque tissu. Les
organes bien irrigués (par exemple le cer-
La biodisponibilité correspond à la fraction du
veau) reçoivent une fraction plus importante
principe actif qui parvient dans la circulation
de la substance que les tissus moins bienirri- générale après une administration orale.
gués. L'entrée dans les tissus fait baisser la Il est également possible de comparer de
concentration sanguine. Le passage de la cette façon plusieurs préparations commercia-
substance à travers la paroi intestinale dimi- les contenant des quantités équivalentes de la
nue lorsque la différence de concentration même molécule : la bioéquivalence corres-
entre l'intestin et le sang devient plus faible. pond à une cinétique plasmatique identique et
Le pic plasmatique atteint un maximum à une même aire sous la courbe.
lorsque la quantité éliminée par unité de
temps équivaut à celle absorbée. L'influx du
médicament dans le foie et les reins repré-
sente son entrée dans les organes d’élimina-
tion. La cinétique plasmatique, avec ses
phases caractéristiques, est la combinaison
de trois processus partiels : entrée, distri-
bution et élimination qui se chevauchent
dans le temps. Lorsque l'absorption intesti-
nale est plus lente que la distribution, la
cinétique plasmatique est influencée par
l'absorption et l'élimination. Ce phénomène
peut être décrit de façon mathématique sim-
plifiée par la fonction de Bateman, où k, et k,
sont les constantes de vitesse du processus
Pharmacocinétique 47

A. Évolution de la concentration plasmatique du médicament


|en fonction du temps

entrée ; distribution élimination


passage de l'estomac dans les tissus biotransformation
et de l'intestin (modification
vers la cir- (@œ chimique dans
culation ( } l'organisme)
sanguine £ et/ou élimination
par les reins

5. || | |
D Il | |A) | |
21 fonction de Bateman A |14 \ /
Ù k |d | \ | (
É ç= Dose LT y (e-nt_ 042) È | wo
= Ve k, es k, JA Set
de S
concentration
la
substance
temps (t)

lesang
dans
(c)
substance
la
de
concentration
temps (t)
48 Pharmacocinétique
LR ST A PR LL DRE ms OU TA CLIS DE TRUE RARE Leidt.
Sen Li (a 2 à 8 2LE D PV SAT OR PE CT

Cinétique plasmatique La rapidité avec laquelle est atteint l’état


d’un médicament d'équilibre indique la vitesse d'élimination
durant une administration du produit (la durée pour atteindre 90 % de
régulière (A) c,, vaut environ 3,3 X t,,, d'élimination).

Lorsqu'une dose fixe d'un médicament est Cinétique plasmatique


administrée à intervalles réguliers durant une d’une substance administrée
longue période, la cinétique et la hauteur du de façon irrégulière (B)
pic plasmatique dépendront du rapport entre
la demi-vie d'élimination et la durée entre deux Dans la pratique, il s’avère difficile de mainte-
administrations. Lorsque la quantité adminis- nir une concentration plasmatique ondulant
trée en une fois est complètement éliminée de façon régulière autour du niveau thérapeu-
avant la dose suivante, on obtient pour des pri- tique désiré. Si par exemple on oublie deux
ses répétées à intervalle régulier toujours le doses consécutives (?), la concentration plas-
même pic plasmatique. Si une prise de médi- matique chute dans une zone inférieure à la
cament se produit avant que la quantité admi- concentration thérapeutique et il faudra une
nistrée lors de la prise précédente ne soit période plus longue de prise régulière pour
complètement éliminée, la dose nouvelle vient atteindre de nouveau le niveau plasmatique
s'ajouter au reste de la dose précédente souhaité. La possibilité et le désir du patient
encore présent dans l'organisme : la molécule de suivre les prescriptions du médecin sont
s’accumule. désignés sous le terme de compliance.
Plus l'intervalle entre deux administra- Ce problème peut également être ren-
tions successives est petit en comparaison contré lorsque la dose journalière a été
de la demi-vie d'élimination et plus le reli- divisée en trois, de façon à prendre une dose
quat auquel vient s'ajouter la nouvelle dose au petite déjeuner, une au déjeuner et la
est important et plus la substance s'accu- troisième au dîner. Dans ces conditions, l’in-
mule dans l'organisme. Pour un intervalle de tervalle nocturne est deux fois plus long que
temps donné, l’accumulation du principe ac- celui entre les doses de la journée. La concen-
tif n'est cependant pas indéfinie, bien plus, tration plasmatique durant les premières
on aboutit à un état d'équilibre (c.., « steady heures de la matinée peut alors descendre
state »). Ceci provient de ce que le processus bien en dessous de la concentration souhai-
d'élimination est fonction de la concentra- tée et éventuellement de la concentration ab-
tion. solument nécessaire.
Plus cette concentration augmente et plus
les quantités éliminées par unité de temps
sont élevées. Après plusieurs doses, la concen-
tration est arrivée à un niveau où la quantité
éliminée par unité de temps équivaut à la
quantité apportée: l’état stationnaire est
atteint. C’est autour de ce niveau que la
concentration plasmatique oscille sous
l'effet des administrations régulières du mé-
dicament. Le niveau de l’état stationnaire
(c.) est lié à la quantité apportée (D) par
intervalle d'administration (t) et à la clai-
rance:

eu
ST CI
Pharmacocinétique 49
ASSET
RNA RTERTRES SE 2 ET RE TEE PTE OT + GRAS NE GERS Pr

- À. Cinétique plasmatique d’un médicament pour des prises régulières


intervalle entre deux prises
rc <

1 Lu î t î LL î L temps

intervalle
«—— entre deux prises —»
substance
la
de
concentration

i L L temps

accumulation : see état d'équilibre:


la substance administrée n'est l'apport de la substance
pas totalement éliminée dans et son élimination
l'intervalle entre deux prises sont équivalents
V4 1 4 .

substance
la
de
concentration

RNA
- B. Cinétique plasmatique d’un médicament pour une prise irrégulière

niveau
plasmatique
souhaité

substance
la
de
concentration
nu Co ot 11 à boot urouuueh ot temps
50 Pharmacocinétique

Accumulation : doses, intervalles ensuite maintenu avec des doses plus faibles
entre deux doses et contrôle (traitement d'entretien). Dans le cas de sub-
des concentrations plasmatiques (A) stances à élimination lente, une prise quoti-
dienne unique suffit pour atteindre une concen-
tration active presque constante.
Dans de nombreuses maladies, l’utilisation
d’un médicament n'est couronnée de succès
que lorsque sa concentration plasmatique Modification des caractéristiques
demeure élevée pendant un temps important. de l'élimination durant
Cette condition peut être remplie par une le traitement (B)
prise régulière si l’on évite soit de laisser chu-
ter la concentration plasmatique en dessous Dans tous les cas où l’on utilise des prises
de la concentration active, soit une accumu- médicamenteuses répétées pour atteindre une
lation au-dessus du seuil où apparaissent des concentration cumulée active, il faut se souve-
symptômes d’empoisonnement. Le maintien nir que les conditions de biotransformation ou
d'une concentration plasmatique uniforme d’excrétion rénale ne restent pas obligatoire-
n'est pas souhaitable si cela entraîne une
ment constantes au cours du traitement. Il
réduction d'efficacité (développement d’une peut se produire une augmentation de l’éli-
tolérance), ou lorsque l’utilisation de la sub- mination par suite d’une induction enzymati-
stance n'est nécessaire que pendant quel-
que (p. 32) ou d’un changement du pH urinaire
ques jours.
(p. 40). La conséquence de ce phénomène est
Il est possible d'obtenir une concentration
une diminution de l’état d'équilibre jusqu’au
plasmatique constante en utilisant une perfu-
niveau correspondant à une élimination plus
sion, la vitesse de perfusion conditionnant
rapide. L'action initiale du médicament peut
alors la valeur de la concentration atteinte.
alors s’atténuer ou même disparaître. Au
Cette possibilité est utilisée de façon habi-
contraire, une diminution de l’élimination (par «
tuelle en médecine intensive mais pas dans la
exemple développement d’une insuffisance
pratique courante. Pour une prise orale, une
rénale dans le cas de médicaments éliminés
solution de compromis est de diviser la dose
par le rein) peut entraîner une augmentation
journalière en plusieurs doses individuelles (2,
du niveau plasmatique moyen pouvant même
3 ou 4), de sorte que la concentration moyenne
atteindre un seuil toxique.
dans le plasma ne subisse que des variations
de faible amplitude. En fait, il s'avère que la
prescription d’un médicament à prendre plu-
sieurs fois par jour sera beaucoup moins
suivie (assiduité plus faible du patient à la
prise du médicament: faible compliance).
L'importance des oscillations plasmatiques
dans l'intervalle entre deux prises peut aussi
être réduite en utilisant une forme galénique
où la libération du principe actif est ralentie
(p. 10) : préparation retard.
La rapidité avec laquelle est atteint l’état
d'équilibre à l’occasion d’une prise régulière
indique la vitesse d'élimination. Comme l'indi-
que la formule, l’état d'équilibre est presque
atteint après 3 t,, d'élimination.
Dans le cas d’une substance active, d’élimi-
nation lente, ayant donc une forte tendance à
l'accumulation, il sera plus long d’atteindre le
niveau plasmatique requis pour l’action (phen-
procoumone, digitoxine, méthadone). Il est
alors possible d'atteindre plus rapidement
l'état d'équilibre en augmentant la dose initiale
(dose d'attaque); cet état d'équilibre sera

R
Pharmacocinétique 5

- À. Accumulation : doses, intervalles entre les doses


et contrôle du niveau plasmatique

toxique
niveau
RE ARE EI | 1. TOP
D RAT CURE ES DER

—— 4x 50 mg/jour
—— 2x 100 mg/jour
—— 1 x 200 mg/jour

la
de
concentration
dans
substance
lesang _——— 1 prise de 50 mg
souhaiti
plasmatique
niveau

- B. Modification des caractéristiques de l'élimination au cours du traitement

diminution de l'élimination
ñ

niveau
toxique

accélération
de
concentration
le
dans
substance
la
sang de l'élimination
plasmatique
niveau
souhaité
52 Mesure de l'effet des médicaments
|

Relation dose-effet d'un groupe a réagi au médicament (C, gra-


phique de gauche). La gamme de concen-
L'action d’un principe actif dépend de la quan- tration dans laquelle la relation dose-effet
tité appliquée, c’est-à-dire de la dose. Si l’on s'applique, dépend de la variabilité des sen-
choisit une dose inférieure au seuil où se sibilités individuelles.
manifeste l'effet, le médicament n’aura aucune Pour une réaction graduelle, l'évaluation
action. Selon la nature de l'effet attendu, on de la relation dose-effet chez un groupe de
observera, chez un individu donné, que des patients sera rendue plus difficile par la
doses croissantes produisent des effets de variabilité de sensibilité entre individus. Les
plus en plus nets ; on peut alors déterminer mesures seront réalisées sur un échantillon
une relation dose-effet. L'action d’un médica- pris au hasard et l’on fera la moyenne des
ment destiné à faire baisser la fièvre ou à dimi- résultats. Les doses recommandées pour les
nuer la pression artérielle est ainsi visible, car traitements sont donc adéquates pour la
on peut mesurer la diminution de la tempéra- majorité des patients, mais il existe des ex-
ture ou de la pression artérielle. ceptions.
La relation dose-effet peut cependant va- L'origine de ces différences de sensibilité
rier d’un individu à l’autre. Chez des sujets peut avoir des bases pharmacocinétiques
différents, il faudra des doses différentes (les mêmes doses — niveaux plasmatiques
pour obtenir le même effet. Ceci est particu- différents) ou pharmacodynamiques (un
lièrement net dans le cas de réactions qui même niveau plasmatique — des effets dif-
suivent une loi de tout ou rien. férents).
L'expérience de hérissement de la queue Pour accroître la sécurité thérapeutique,
présentée en (A) permet d'illustrer ce phé- la pharmacologie clinique s’est surtout pré-
nomène. Les souris blanches réagissent à la occupé de déterminer les causes des diffé-
morphine par une posture anormale de la rences de sensibilité individuelle des pa-
queue et des extrémités. La relation dose- tients vis-à-vis de certains médicaments.
effet de ce phénomène se manifeste sur des Cette voie de recherche est désignée sous le
groupes d'animaux (groupes de 10) aux- terme de pharmacogénétique. L'origine de
quels on administre des doses croissantes ces différences réside souvent dans une mo-
de morphine. Pour des doses faibles, seuls dification de l'équipement ou de l’activité
réagissent les animaux les plus sensibles; des enzymes de dégradation. On peut égale-
pour des doses croissantes, une proportion ment observer des particularités ethniques.
de plus en plus importante d'animaux mon- Les thérapeutes soigneux cherchent à déter-
tre une élévation de la queue tandis que miner l’état métabolique de leurs patients
pour des doses élevées tous les animaux du avant d’administrer certains médicaments.
groupe réagissent (B). On peut en déduire
une relation entre l'effet (proportion d’ani-
maux avec une réaction) et la dose utilisée.
À 2 mg/kg, 1 animal sur 10 réagit; pour
10 mg/kg, ce sont 5 animaux sur 10 qui réa-
gissent.
La relation entre /a dose et le nombre d'ani-
maux qui réagissent est fonction, comme
nous l’avons déjà dit, de la variabilité des
sensibilités individuelles. Celles-ci sont en
général distribuées selon une loi normale
comme dans l'exemple choisi (C, graphique
de droite). Si l’on porte la fréquence cumu-
lée (nombre d'animaux ayant globalement
réagi pour une dose donnée) en fonction de
la dose appliquée (exprimée selon une échelle
logarithmique), on obtient une courbe sig-
moiïde dont le point d’inflexion correspond
à la concentration pour laquelle la moitié

me
t
n
PT EC
Mesure de l'effet des médicaments 353
- À. Posture anormale chez la souris après administration de morphine

- B. Apparition de l'effet en fonction de la dose


Dose = 0 = 2 mg/k
LCL, Mare sn = 10 mg/k
g/Kg

d
= 20 mg/kg = 100 mg/kg = 140 mg/kg

eu Ve > pe
CE sai
CSA ue >

lee ;

- C. Relation dose-effet
% fréquences cumulées distribution des doses observées
100 ya

80 È

60 = | 3 |-— =

40 jun 2
20 Du M E u | |

mg/kg 2 10 20 100 140 210 20 100 140 mg/kg


54 Mesure de l'effet des médicaments
RABAT, REPARER

Relation dose-effet (in vitro) (A) Les inconvénients de ces systèmes sont :
1.les lésions inévitables causées au tissu
Dans le cas d’un effet thérapeutique ou durant la préparation ;
d'une action toxique (ainsi que pour la 2. la perte du contrôle physiologique de la
pharmacodynamie) l’effet se porte en géné- fonction de l'organe isolé ;
ral, de façon préférentielle, sur un ou quel- 3. le caractère artificiel de l’environnement.
ques organes. Dans le cas de la circulation
par exemple, c’est l’action sur le diamètre Ces inconvénients jouent un rôle moins
des vaisseaux. On a donc suggéré d'isoler important lorsque l’on cherche à comparer
l'organe cible du reste des organes, de dans un tel système isolé l’action de différen-
façon à pouvoir étudier l’action des sub- tes substances.
stances vasoconstrictrices sur différents ter-
ritoires de l’arbre vasculaire: veine porte, Courbes doses-réponses (B)
veine saphène, artères mésentérique, Coro-
naire et basilaire. Dans de nombreux cas, il En augmentant la concentration par paliers
est possible de maintenir en vie pendant égaux, on observe que l'augmentation de
plusieurs heures dans un état fonctionnel l'effet est d'abord constante puis tend pro-
des organes ou des fragments d’organe en uti- gressivement vers zéro à mesure que l’on se
lisant une solution nutritive appropriée, rapproche de la concentration active maxi-
une oxygénation et une température conve- male. La concentration donnant l'effet maxi-
nable. La réaction de ces préparations à un mal est difficile à estimer de façon exacte
stimulus physiologique ou pharmacolo- tandis que la concentration qui produit la
gique sera suivie à l’aide d’un appareil de moitié de l'effet maximal possible peut être
mesure adapté à la fonction étudiée. Le mesurée avec précision (EC:, EC = effective
rétrécissement d'un vaisseau sera par concentration, point d'inflexion de la courbe
exemple enregistré en suivant la variation sigmoïde obtenue en coordonnées semi-loga-
de l'écart entre deux étriers maintenant ce rithmiques). Pour caractériser une courbe
vaisseau étiré. dose-réponse, il faut donner également la
Le travail sur des organes isolés présente valeur de E,,, (effet maximal possible) et la
les avantages suivants : pente de la courbe (gamme de concentra-
1.la connaissance de la concentration du tions dans laquelle la relation s'applique).
principe actif qui baigne le tissu ;
2. une meilleure possibilité d'observer et de
déterminer l’origine de l'effet ;
3. l'élimination des réactions qui peuvent,
chez l’animal entier, compenser en partie
l'effet propre'de la substance ; par exem-
ple, l’action de la noradrénaline sur la fré-
quence cardiaque (accélération) peut être
masquée dans l'organisme entier : l’aug-
mentation de pression artérielle associée
déclenche en effet un mécanisme de rétro-
contrôle dont la résultante est une baisse
de fréquence cardiaque ;
4. la possibilité de tester l’action des sub-
stances jusqu’à obtenir un effet maxi-
mum. |] serait par exemple impossible de
suivre sur un organisme intact des effets
chronotropes négatifs jusqu’à l'arrêt car-
diaque.
Mesure de l'effet des médicaments 55
rm RD CET RE a Te |

- A. Mesure de l'effet en fonction de la concentration

veine porte artère artère veine


artère mésentérique coronaire basilaire saphène

| rétrécissement du vaisseau
développement de la tension

227777 7777 27272 27772 E277 2777 77772 277 É772


1 2 5 10 20 30 40 50 100
concentration de la substance

- B. Courbes doses-réponses
effet % effet
50 (hauteur enregistrée en mm) 100 (en % de l'effet maximal)

80

60

40

20

10 20 30 40 50 1 10 100
concentration (linéaire) concentration (logarithmique)
56 Mesure de l'effet des médicaments

Courbes de liaison C
B - br 0
Pour pouvoir exercer un effet, les molécules c+Kp
doivent se lier aux cellules de l'organe cible.
K, est la constante de dissociation à l’équili-
Cette liaison s'effectue le plus souvent sur
bre et correspond à la concentration de
des structures spécialisées ou récepteurs,
ligand pour laquelle 50 % dés sites de liaison
Dans les études de liaison, on détermine
sont occupés, Les valeurs données en (A),:
l’affinité de la substance pour les sites de
transformées en (B) sous forme d’une courbe
liaison, la cinétique et la localisation cellu-
de liaison montrent un point d’inflexion lors-
laire de cette liaison,
que K,, = 10,
Les mesures d'affinité et de nombre de si-
Les expériences de liaisons permettent de
tes sont souvent effectuées sur des prépa-
mettre en évidence de façon élégante l'affi-
rations membranaires de différents tissus.
nité variable de différents ligands pour un
La base de cette approche expérimentale
méme site de liaison.
est l'hypothèse que les sites de liaison
Ces expériences de liaisons, faciles à réa-
conservent leurs propriétés au cours de
liser sur le plan expérimental, présentent ce-
l'homogénéisation. Lorsque les sites de
pendant des inconvénients et en particulier
liaison sont accessibles librement, dans le
la difficulté d'attribuer précisément un effet
milieu où sont suspendus les fragments de
pharmacologique à des sites récepteurs ca-
membrane, la concentration au site d'action
ractérisés ou l'identification des sites inté-
correspond à celle du milieu, La molécule
ressants lorsqu'il y a plusieurs populations
étudiée (marquée par un atome radioactif,
de sites de liaison, C’est pourquoi on ne peut
de façon à suivre des quantités très faibles)
parler d'un récepteur que lorsque les cri-
est alors ajoutée au milieu, Lorsque la
tères suivants ont été démontrés :
liaison est complète, les fragments de mem-
1. la liaison est saturable (saturabilité) ;
brane et le milieu sont séparés, par exemple
2.les substances appartenant à d'autres
par filtration, de façon à mesurer la quantité
familles ne sont pas liées (spécificité) ;
de substance liée aux membranes. La
3. les affinités de différentes substances pour
fixation est pratiquement proportionnelle à
le site de liaison correspondent à leur effica-
la concentration aussi longtemps que la
cité pharmacologique.
diminution du nombre de sites libres reste
faible (c = 1 et B = 10 % de la liaison totale ; Une expérience de liaison, si elle fournit une
c=2et B -20 %), Avec l'occupation crois- information sur l’affinité d'un ligand, ne per-
sante des sites récepteurs, le nombre de met pas de dire si celui-ci est un agoniste ou
sites libres capables de lier la substance un antagoniste (p. 60).
diminue et l'augmentation des sites occu- Les sites de liaison, c'est-à-dire les récep-
pés n'est plus proportionnelle à l'augmenta- teurs protéiques, peuvent être marqués grâce
tion de concentration. (Dans l'exemple de la à des molécules radioactives puis analysés
page 57, pour augmenter la liaison de 10 à biochimiquement, 4
20 %, il faut doubler la concentration ; pour
passer de 70 à 80 %, il faut une augmenta-
tion de 20!)
La loi d'action de masse décrit la fonction
hyperbolique (B) qui relie la liaison à la
concentration du ligand (c). Cette courbe est
caractérisée par l'affinité 1/K,, et la liaison
maximale B,,, (qui correspond au nombre
total de sites de liaison par unité de poids de
l'homogénat membranaire).
Mesure de l'effet des médicaments 57
ER
ERORCENCEMREEISRRONP
ESRI TETE DIRE PRET DEA OR CE SDOETAE

- A. Mesure de l'effet (B) en fonction de la concentration (c)

addition
du ligand
radioactif
en quantités
organe variables

Re
homogénéisation suspension ÿ mélange et incubation
de membrane

mé à
de la radioactivité
——# centrifugation liée aux
(te
membranes

à
TT) EE PPT)

- B. Courbes de liaison
% 4 de liaison (B) % 4 de liaison (B)
100 100

80 80

60 | 60 |

40 40 |

20 20 |

T T T > T T à
10 20 30 40 50 1 10 100
concentration (c) linéaire concentration (c) logarithmique
58 Interaction médicament-récepteur
RD

Types de liaison autour des noyaux des deux atomes, l’un des
atomes porte une charge négative partielle
La condition pour qu'un principe actif puisse (& ), l’autre une charge positive partielle (6°).
jouer un rôle sur une fonction de l'organisme La molécule qui comporte un pôle négatif et
est son interaction avec une structure pro- un pôle positif constitue un dipôle. Une
pre de cet organisme. charge partielle peut former une liaison élec-
trostatique faible avec un ion de signe op-
Liaison covalente. Deux atomes forment une posé.
liaison covalente lorsque chacun d'eux four- Interaction dipôle-dipôle. C’est l’interac-
nit au moins un électron à un nuage électro- tion électrostatique entre deux charges par-
nique commun. L'existence de cette paire tielles de signes opposés. La liaison hydro-
d'électrons commune sera représentée dans gène relie un atome d'oxygène porteur d’une
les structures par un trait continu. La liaison charge négative partielle à deux atomes
covalente est solide et n’est pas, ou seule- comportant une charge positive partielle.
ment difficilement, réversible. Peu de médi-
caments se lient de façon covalente. En effet, Interactions de van der Waals (B). Elles se
la liaison, et donc éventuellement l’effet, per- forment entre deux groupements apolaires
sistent longtemps après l'arrêt du traitement situés à proximité l’un de l’autre. Des altéra-
si bien que l’action thérapeutique est difficile tions spontanées et transitoires de la répar-
à contrôler. Parmi les exemples connus, on tition électronique d’une molécule (dipôles
trouve des agents anticancéreux alkylants transitoires de faible amplitude 6ô) induisent
(p.304) ou des composés organophos- un changement en sens contraire sur la
phorés (p. 102). Les réactions de couplage molécule voisine. La liaison de van der Waals
qui se produisent au cours du métabolisme est également une forme de liaison électro-
des médicaments forment des liaisons cova- statique mais de faible force.
lentes (par exemple un acide glucuronique,
p. 38). Interaction hydrophobe (©). L'interaction
entre les molécules d’eau (dipôles) est si
Liaison non covalente. Dans ce cas, il ne se forte qu'un groupement apolaire, c'est-à-dire
forme pas de nuage électronique commun, la non chargé peut à peine se glisser entre elles
liaison est réversible et apparaît caractéris- ou même s’en approcher. Les molécules
tique des interactions avec les produits d'eau serrées les unes contre les autres
pharmaceutiques. Un médicament s'associe repoussent en quelque sorte les groupe-
en général à plusieurs sites au niveau de la ments apolaires hors de leur milieu. Les
cible, et plusieurs des types de liaison pré- groupements apolaires ont donc dans l’orga-
sentés ci-dessous peuvent participer à cette nisme une forte probabilité de présence
interaction. dans un environnement non aqueux (apo-
laire) par exemple à proximité des chaînes
Interactions électrostatiques (A). Une d'acides gras des membranes cellulaires ou
charge positive et une charge négative s’atti- des zones apolaires d’un récepteur.
rent mutuellement.
Interaction ionique: un ion est une parti-
cule comportant une charge positive (ca-
tion) ou négative (anion), c’est-à-dire qu'un
atome a dans son nuage électronique un
électron manquant ou au contraire un élec-
tron excédentaire. L’attraction entre deux
ions de charge opposée s'exerce à une dis-
tance importante et constitue la première
force d'attraction vers le site de liaison.
Cette liaison ionique est relativement stable.
Interaction ion-dipôle : lorsque la probabi-
lité de présence des électrons de liaison
n'est pas répartie de façon symétrique
Interaction médicament-récepteur 59

A. Interactions électrostatiques RS T7 RSR NN V


ET|
CS
médicament | ligand = complexe |

C. Interactions hydrophobes
st
La ÿ répulsion d’une chaîne apolaire
50 par un milieu aqueux polaire
polaire
v
2
LS
©
2
©
=
&
Le8&.
œÈ
sfe
E passage à l’intérieur d’une membrane apolaire adsorption sur
ü
(= une surface apolaire
60 interaction médicament-récepteur EE

Agonistes - Antagonistes conformation de repos en une conformation


active. L'antagoniste se fixe au récepteur
Un agoniste (A) possède une affinité pour le inactif sans provoquer ce changement de
récepteur et influence la protéine d'une conformation.
façon telle que sa modification déclenche
une fonction cellulaire : «activité intrinsè- L'agoniste stabilise une conformation active
que ». L'effet biologique des agonistes, c'est- d'apparition spontanée. Le récepteur peut
à-dire la modification des fonctions cellulai- basculer spontanément vers une conforma-
res, dépend de l'efficacité du couplage entre tion active. La probabilité statistique de cet
l'activation du récepteur et les étapes sui- événement est en général si faible que la
vantes de la transduction du signal (p. 66). cellule ne présente aucune activation spon-
L'effet maximal d’un agoniste peut déjà être tanée du récepteur. L'agoniste ne peut se
observé pour l'occupation d’une faible frac- fixer qu’à la conformation active et favorise
tion des récepteurs (B, agoniste À). Un autre ainsi l'existence de cet état. L'antagoniste
agoniste (agoniste B) ayant la même affinité n’a d’affinité que pour l’état inactif et favo-
pour le récepteur mais une capacité moindre rise son existence. Si le système n’a que peu
d'activation du récepteur (activité intrinsè- d'activité spontanée, l'administration d’un
que plus faible) ou de couplage avec la trans- antagoniste ne conduit à aucun effet mesu-
duction du signal peut présenter un effet rable. Si le système présente cependant une
maximal plus faible, même pour une occu- activité spontanée importante, l’adminis-
pation de la totalité des sites récepteurs: tration de l’antagoniste provoque une
efficacité plus faible. L'agoniste B est un ago- action opposée à celle de l’agoniste : ago-
niste partiel. La puissance d'un agoniste peut niste inverse. Un «véritable » antagoniste,
être évaluée par la concentration pour dépourvu d'activité intrinsèque («antago-
laquelle est atteinte la moitié de l'effet maxi- niste neutre») possède la même affinité
mal correspondant (EC.,). pour les deux états du récepteur et n’altère
Les antagonistes (A) atténuent l'effet des pas l’activité basale de la cellule. Selon ce
agonistes et agissent également en s'oppo- modèle, un agoniste partiel présente une
sant aux agonistes. Les antagonistes compé- sélectivité plus faible pour la conformation
titifs possèdent une affinité pour le récepteur active du récepteur mais s'associe égale-
mais leur liaison ne conduit à aucune modli- ment de façon non négligeable à la confor-
fication des fonctions cellulaires (pas d’acti- mation inactive.
vité intrinsèque).
Lors de l'administration simultanée d’un Autres formes d’antagonisme
agoniste et d’un antagoniste compétitif, ce
sont l’affinité et la concentration des deux
Antagonistes allostériques. L'antagoniste se
partenaires qui vont déterminer celui des
lie au récepteur mais sur un site différent du
deux qui sera susceptible de se lier. En dépit
site de liaison de l’agoniste et induit une
de la présence de l’antagoniste, il est alors
diminution de l’affinité de l’agoniste. Dans le
possible d'atteindre un effet complet en aug-
cas d'une synergie allostérique, l’affinité de
mentant la concentration de l’agoniste (©) :
l'agoniste sera accrue.
en présence de l’antagoniste, la courbe dose-
effet de l’agoniste est déplacée vers les
Antagonisme fonctionnel. Deux agonistes
concentrations plus importantes («vers la
peuvent, via des récepteurs différents, influen-
droite »).
cer la même grandeur mais dans des direc-
tions opposées (par exemple le diamètre
Modèles de mécanisme moléculaire bronchique : adrénaline — dilatation, hista-
de l'interaction agoniste/ mine — rétrécissement).
antagoniste (A)

Induction d’une conformation active par


l’agoniste. L'agoniste se lie au récepteur
inactif et provoque sa transformation d’une
Interaction médicament-récepteur 61

A. Mécanismes moléculaires possibles de l’action des agonistes/antagonistes


agoniste antagoniste antagoniste agoniste
un en ex] ET an on nn
spontanée
récepteur d

inactif actif

EAN — l’antagoniste l’antagoniste l’agoniste


l’agoniste Te FE
sélectionne
induit occupe sélectionne

el :
active du récepteur
le réce
L
d'effet
r
ae
I
à
rmati

du récepteur
eos
active
du récepteur
c

B. Puissance et efficacité des agonistes

= récepteurs augmentation du tonus—


© agoniste À occupation du récepteur

EL 2
‘9
Loi
LE
|
|
Lauv

1 >
tration de l’agoniste (logarithmique)

RE Er À

cellule musculaire : D 4 i
lisse agoniste B PABSANCE

C. Antagonisme compétitif
Effet de l’agoniste

(o) 1 10 100 1000 10 000! concentration


de l’antagoniste

concentration de l’agoniste (logarithmique)


62 Interaction médicament-récepteur
RE

Stéréochimie de l’action plupart des cas seul l’un des deux énantio-
des médicaments mères présentera la configuration optimale.
Il aura donc une tendance plus élevée à se
Beaucoup de médicaments sont des racémi- lier. C’est ainsi que le déxétimide a une affi-
ques, par exemple les B-bloquants, les antal- nité 10 000 fois plus élevée pour les récep-
giques acides ou encore l’anticholinergique teurs muscariniques que le lévétimide (p. 98),
benzétimide (A). Un racémique contient le (-) S-propranolol a une affinité 100 fois
deux molécules, symétriques l’une de l’autre plus forte que la forme (+) R.
dans un miroir, qui comme la main droite et
la main gauche ne peuvent être superposées : Énantiosélectivité de l’activité intrinsèque.
ce sont des structures chirales ou énantio- Le mode d'interaction avec le récepteur
mères. L'origine de ce caractère chiral est détermine aussi si un effet se produira ou
dans la plupart des cas un atome de carbone non, c’est-à-dire si une substance possède ou
portant quatre substituants différents (centre non une activité intrinsèque et si elle agit
d'asymétrie). L'énantiomérie est une forme comme un agoniste ou un antagoniste. Un
particulière de stéréo-isomérie. Des stéréo- exemple est celui de la dobutamine dont
isomères qui ne sont pas symétriques l’un de l'énantiomère (-) est un agoniste du récep-
l’autre dans un miroir, sont des diastéréo- teur o-adrénergique et la forme (+) un anta-
isomères (par exemple quinine et quinidine). goniste.
Les distances entre atomes sont les mêmes
dans le cas des énantiomères mais pas dans Énantiosélectivité inverse sur un récepteur
celui des diastéréo-isomères. C’est pourquoi, distinct. L'énantiomère dont l’affinité pour un
les énantiomères possèdent des propriétés récepteur est la plus faible peut par contre
chimiques semblables (par exemple solubi- adopter une configuration favorable à son
lité, point de fusion), et sont formés en quan- interaction avec un autre récepteur. Dans le
tités égales lors d’une synthèse chimique. cas de la dobutamine, l’énantiomère (+) a
Dans la nature et sous l’action des enzymes une affinité pour le récepteur B-adrénergique
l'une des formes est formée de façon préfé- 10 fois plus forte que celle de la forme (-) et
rentielle. les deux formes se comportent comme des
En solution, les énantiomères dévient le agonistes. Par contre, l'effet o-stimulant est
plan de polarisation de la lumière dans des limité à la forme (—) (voir ci-dessus).
directions opposées vers la droite d ou (+), Il peut exister de la même manière que
forme dextrogyre, vers la gauche / ou (-), pour l'interaction avec les récepteurs une
forme lévogyre. La direction de rotation du énantiosélectivité de l’interaction avec une
plan de polarisation de la lumière ne donne enzyme ou une protéine de transport. Les
aucune indication sur la structure dans l’es- énantiomères peuvent montrer une affinité
pace de l’énantiomère. Cette configuration et une susceptibilité métabolique distinctes.
est décrite en fonction de règles établies par
les préfixes S et R. Certaines molécules sont En conclusion. Les énantiomères contenus
cependant baptisées forme D ou L par réfé- dans un racémique peuvent se différencier
rence à la structure du D ou L glycéral- par leurs propriétés pharmacocinétiques et
déhyde. pharmacologiques et se comporter comme
Une substance active doit, pour exercer deux substances de nature différente.
son action biologique, entrer en contact avec
des structures de l'organisme. Cette inter-
action peut être réalisée de façon préféren-
tielle avec l’un des énantiomères : énantio-
sélectivité.

Énantiosélectivité de l’affinité. Supposons


qu'un récepteur possède des sites de recon-
naissance pour trois des substituants d’un
carbone asymétrique (C) (symbolisés en (B)
par une sphère, un cône et un cube), dans la
RERO TRES RCA NEADS SD PORN
Interaction
AS ea
médicament-récepteur
ae «= Ë
63
==

A. Exemple d’un couple d'énantiomères avec une activité distincte


sur un récepteur stéréosélectif

RACÉMIQUE
benzétimide

ÉNANTIOMÈRE rapport ÉNANTIOMÈRE


déxétimide 1:1 lévétimide

mêmes propriétés
physico-chimiques

+125° déviation du plan de polarisation de la lumière 25°


(à droite) a] 20
D vers la g gauche

NN
S = sinister configuration absolue R = rectus

activité intrinsèque (affinités relatives


= 10 000 pour les récepteurs muscariniques)

B. Origine possible des différences de propriétés pharmacologiques


entre deux énantiomères

métabolisme | | propriétés
| possible ul. | nel
c4 Interaction médicament-récepteur
URI SAN ETPERNTESAUE PRAMCRE ay LHC: De De ALES

Différents récepteurs Une partie des récepteurs de l’acide y-amino-


butyrique, un neurotransmetteur (GABA),
Les récepteurs sont des macromolécules appartient à cette famille de récepteurs : le
dont la fonction est de lier une molécule récepteur GABA, contient un canal chlore
signal et de convertir cette interaction en un (et un site de liaison des benzodiazépines
effet, c’est-à-dire en une modification du fonc- situé au-dessus du canal, p. 230).
tionnement cellulaire. Il existe des récep- Le récepteur de l'insuline constitue un
teurs de structures différentes, et la façon enzyme activé par un ligand (©). Il s’agit
dont leur occupation sera transformée en un d'un récepteur catalytique. Lorsque l’insu-
effet (transduction du signal) peut égale- line se lie au site de fixation cellulaire, il se
ment être très diverse. déclenche alors une activité tyrosine-kinase
Récepteurs couplés à une protéine G (A). dans le domaine intracellulaire du récepteur.
Ils se composent d’une chaîne d'acides ami- La phosphorylation de protéines va alors
nés qui traverse plusieurs fois la membrane provoquer une modification des fonctions
sous forme d’une hélice &. En plusieurs cellulaires. Les récepteurs des facteurs de
emplacements de son domaine extracellu- croissance appartiennent également à ce
laire, la molécule est glycosylée, c’est-à-dire type de récepteurs catalytiques.
comporte des résidus sucre. Les sept seg- Les récepteurs contrôlant la synthèse
ments transmembranaires sont vraisembla- protéique (D) jouent un rôle important dans
blement organisés en un cercle qui contient les effets des hormones stéroïdes et des hor-
en son centre une cavité et un site de liaison mones thyroïdiennes. Selon l'hormone, les
pour la molécule signal. L'association du li- récepteurs sont présents dans le cytosol (par
gand, ou d’un analogue pharmacologique exemple glucocorticoïdes, minéralocorti-
possédant une activité agoniste, induit un coïdes, androgènes, progestagènes) ou dans
changement de conformation du récepteur, le noyau (œstrogènes, hormones thyroïdien-
et lui permet d'entrer en contact avec une nes). La fixation du messager considéré sur
protéine G (protéine liant les nucléotides le récepteur correspondant va démasquer
guanyliques). Les protéinesG sont situées un domaine du récepteur maintenu jusqu’à
sur la face interne de la membrane plasmi- présent au repos. Ce phénomène permet
que et sont formées de trois sous-unités or, B alors l'interaction avec une séquence d'ADN,
et y. Il existe différentes protéines G qui se qui contrôle l'expression de gènes donnés.
différencient essentiellement par la struc- Les complexes ligand-récepteur agissent
ture de la sous-unité o. L'interaction avec le ainsi comme des facteurs de transcription.
récepteur active la protéine G qui va à son Dans la plupart des cas, la transcription est
tour moduler l’activité d’une protéine (en- initiée ou stimulée, et plus rarement inhibée.
zyme, canal ionique). Une proportion impor- Les complexes hormone-récepteur s’asso-
tante des signaux cellulaires agit par l’inter- cient à l'ADN par paire. Ces dimères se com-
médiaire de récepteurs couplés à une posent soit de deux complexes identiques
protéine G (p. 66). (homodimères, par exemple dans les cas des
Le récepteur nicotinique de l’acétylcho- hormones surrénaliennes ou des stéroïdes
line au niveau de la plaque motrice fournit sexuels), soit d’hétérodimères. Le récepteur
un exemple d'un canal ionique activé par de l'hormone thyroïde forme par exemple un
un ligand (B). Le complexe récepteur se complexe avec le récepteur de l'acide cis-
compose de 5 sous-unités protéiques qui rétinoïque.
contiennent chacune quatre domaines trans-
membranaires. La fixation simultanée de
deux molécules d’acétylcholine (ACh) sur
les deux sous-unités & provoque l'ouverture
d’un canal ionique avec une entrée de Na (et
une sortie de K'), une dépolarisation mem-
branaire et le déclenchement d’un potentiel
d'action (p. 98). Les récepteurs ganglionnai-
res nicotiniques de l’acétylcholine se compo-
sent uniquement de sous-unités o: et B (o,B;).
Interaction médicament-récepteur 65

A. Récepteur couplé à une protéine G


acides aminés

hélices ot
domaines transmembranaires

B. Canal ionique activé par un ligand C. Enzyme activée par un ligand


Na K ihsuline

récepteur
nicotinique
de l’acétyl-
choline

à 4 domaines
transmem-
branaires
phosphorylation de résidus
Na K tyrosine dans des protéines

D. Récepteurs modulant la synthèse protéique


_—|

=.cg cytosol écepteurs


omodimériques :
lucocorticoïde

ans-
ormone iption Î
éroïde écepteurs
étérodimériques
vec l'acide
is-rétinoïque :
iiodothyronine
érivés de la vitamine D
70 noyau 4
cide rétinoïque tout
22) cellulaire
ans éicosanoïde
72
—®
66 interaction médicament-récepteur
DÉS EN a L OERON DS |

Modes de fonctionnement phosphate sur une protéine effectrice. L'éié-


des récepteurs couplés vation de la concentration d'AMPc stimule
à une protéine G par exemple le tonus des muscles lisses, la
force de contraction du muscle cardiaque
Dans le cas des récepteurs couplés à une et augmente la glycogénolyse et la lipolyse
protéine G, le mécanisme de transduction (p. 84). La phosphorylation d’un canal cal-
du signal est en principe identique (A). À la cique favorise son ouverture lors d’une dé-
suite de la liaison d’un agoniste sur le récep- polarisation membranaire. Il faut noter que
teur, la conformation de la protéine se l'AMPc est inactivé par les phosphodiestéra-
modifie. Ce changement se propage jusqu’à ses. Les inhibiteurs de ces enzymes main-
la protéine G : la sous-unité a libère le GDP tiennent élevée la concentration d'AMPc et
et fixe le GTP, elle se dissocie des deux peuvent déclencher des effets comparables
autres sous-unités, entre en contact avec à ceux de l’adrénaline.
une protéine effectrice et altère son état Le récepteur lui-même peut être égale-
fonctionnel. Les sous-unités By peuvent en ment phosphorylé, et perdre de ce fait sa ca-
principe s'associer également à des pro- pacité à activer les protéines G. C’est un des
téines effectrices. La sous-unité & est capa- mécanismes qui peuvent conduire à la dimi-
ble d'hydrolyser lentement le GTP en GDP, nution de sensibilité d’une cellule après sti-
le complexe o-GDP ne possède aucune affi- mulation prolongée par un agoniste.
nité pour la protéine effectrice et s'associe L'activation de la phospholipase C conduit
de nouveau avec les sous-unités By (A). à la coupure d’un phospholipide membra-
Les protéines G peuvent diffuser latéra- naire, le phosphatidyl inositol 4,5 biphos-
lement dans la membrane et ne sont pas phate en inositol triphosphate (IP.) et en
assignées à un récepteur unique. Il existe diacylglycérol (DAG). L'IP, déclenche la libé-
cependant une relation entre les types de ration d'ions Ca” à partir de stocks intra-
récepteurs et les types de protéines G (B). cellulaires, ce qui stimule par exemple la
Les sous-unités &« des différentes pro- contraction des cellules musculaires lisses,
téines G se distinguent les unes des autres la dégradation du glycogène ou une exo-
par leur affinité pour différentes protéines cytose. Le diacylglycérol active la protéine
effectrices et par l'effet exercé sur ces effec- kinase C, qui phosphoryle certaines enzy-
teurs. Le complexe G,-GTP de la protéine G, mes contenant des résidus sérine ou thréo-
stimule l’adénylate cyclase, tandis que le nine.
complexe G,-GTP de G, l’inhibe. Les récep- Certaines protéines G peuvent aussi pro-
teurs muscariniques de l’acétylcholine, voquer l'ouverture de protéines canal. C’est
ceux de la noradrénaline, de l’adrénaline, de de cette façon que seront par exemple activés
la dopamine, de l’histamine, de la morphine, des canaux potassiques (action de l’acétyl-
des prostaglandines, des leucotriènes et de choline sur les ganglions, p. 100, action des
bien d’autres molécules signal et hormones opioïdes sur la transmission de l'excitation
font partie des récepteurs couplés aux pro- nerveuse, p. 214).
téines G.
En ce qui concerne les protéines effec-
trices des récepteurs couplés aux protéi-
nes G, il faut citer principalement l’adénylate
cyclase (ATP — second messager intracellu-
laire, AMPc), la phospholipase C (phos-
phatidyl inositol — deux seconds messagers
intracellulaires, inositol triphosphate, IP, et
diacylglycérol, DAG), et de nombreuses
protéines canal (B).
De nombreuses fonctions cellulaires peu-
vent être gouvernées par la concentration
intracellulaire d'AMPc, car l’'AMPc augmente
l'activité de la protéine-kinase A, qui à son
tour catalyse le transfert d’un groupement
Interaction médicament-récepteur 67
- À. Action d’un agoniste médiée par une protéine G
récepteur protéine G protéine agoniste
effectrice

ie

ouverture
plus facile
phospholipase
C d'un canal
AMPc ionique

protéine kinase A flux ionique


j transmembranaire
F activation 3
phosphorylation de phosphorylation
protéines fonctionnelles d'enzymes modulation de :

par ex. : glycogénolyse par ex. : contraction par ex. : potentiel membranaire
lipolyse de muscles lisses potentiel d'action
activation de sécrétion homéostasie
canaux calciques endocrine ionique cellulaire
68 Interaction médicament-récepteur
722 PTE TE TS RSS ANR EEE 22

Cinétique plasmatique relié de façon presque linéaire au change-


et effet d’un médicament ment d'activité. La cinétique de la concentra-
tion plasmatique et celle de l’effet sont très
Après l’administration d’un principe actif, sa semblables (graphique de gauche A et C se-
concentration dans le plasma augmente, lon le cas). Si par contre on donne une dose
atteint un maximum puis décroît graduel- élevée (100), la concentration plasmatique
lement sous l'effet de l'élimination jusqu’à demeure longtemps dans une zone (entre 90
retourner au niveau de départ (p.46). La et 20) où un changement de la concentration
concentration plasmatique à un instant n'entraîne aucune variation nette de l'effet. Il
donné est fonction de la dose initiale. Dans se forme donc après des doses élevées (100)
la zone des concentrations thérapeutiques, une sorte de plateau dans la courbe donnant
il existe, pour beaucoup de médicaments, l'activité en fonction du temps. L'effet ne
une relation linéaire entre la hauteur du pic décroît que lorsque le niveau plasmatique a
plasmatique et la dose (cinétique linéaire en suffisamment diminué (<20) pour que la
fonction de la dose [A], notez l'échelle diffé- variation de la concentration plasmatique
rente sur les ordonnées). Cette relation n’est se traduise à nouveau par un changement
cependant pas vérifiée pour certaines molé- d'intensité de l'effet.
cules, dont les réactions d'élimination sont Cette relation entre la cinétique de l'effet
déjà activées de façon importante dans la et la dose peut avoir une application prati-
gamme des concentrations thérapeutiques que. Lorsque l’on désire allonger la durée
de sorte qu'une élévation supplémentaire d'action on administre une dose supérieure
de la concentration plasmatique n’entraïîne à celle strictement nécessaire pour obtenir
pas une augmentation proportionnelle de l’action désirée, c’est le cas par exemple de
l'élimination. Dans ces conditions, pour des la pénicilline G (p. 278) où l’on préconise une
doses élevées, une proportion relativement prise toutes les huit heures, en dépit d’une
faible de la substance sera éliminée par unité demi-vie d'élimination de 30 minutes. Cette
de temps. pratique n'est possible naturellement que
Un exemple type de ce comportement est lorsque le dépassement de la dose n’entraîne
l'élimination de l'alcool éthylique. Comme pas d’effet toxique.
l’enzyme de dégradation, l'alcool déshydro- Il peut se produire que l’on obtienne en
génase est déjà saturé à de faibles concentra- cas d'administration régulière un effet prati-
tions d’alcool ; la concentration transformée quement constant, bien que le niveau plas-
par unité de temps sera toujours la même matique oscille de façon importante dans
pour des concentrations croissantes. La dé- l'intervalle entre les doses.
gradation de l’éthanol sera donc linéaire en La relation hyperbolique reliant la concen-
fonction du temps. Au contraire, les proces- tration dans le plasma et l'effet explique
sus d'élimination usuels des médicaments pourquoi la cinétique d’action ne peut être
apparaissent proportionnels à la concen- décrite par une loi exponentielle. On ne peut
tration. calculer une demi-vie que pour l'entrée ou
L'évolution en fonction du temps de l’ef l'élimination ou encore pour la variation du
fet et de la concentration plasmatique n’est niveau plasmatique mais par pour l’appark
pas identique car les relations entre la tion ou la disparition de l'effet.
concentration et l'effet peuvent être com-
plexes (par exemple avec un effet de seuil)
et correspondent le plus souvent à une fonc-
tion hyperbole (B, voir aussi p.54). Ceci
signifie que, pour une cinétique linéaire de la
concentration en fonction de la dose, l’évo-
lution de l'effet en fonction du temps dépend
également de la dose (©).
Si l’on administre une dose faible (1 dans
l'exemple représenté), la concentration plas-
matique varie dans une gamme (0 à 0,9) où
le changement de concentration est encore
Interaction médicament-récepteur 69

temps
dose = 10

B. Relation entre l'effet et la dose


effet

Î . temps ê temps
dose = 10 . ! dose = 100
70 Effets secondaires des médicaments
AND VA ZOSFRNNFORE
RTE ERPERENENE etre

Effets secondaires des médicaments breux médicaments (primaquine sulfamé-


thoxazol) déclenchent une destruction
L'effet souhaité (principal) d’un médicament prématurée des érythrocytes (hémolyse)
est de modifier les fonctions de l'organisme chez des sujets souffrant d’un déficit en
de sorte que les symptômes du patient glucose 6-phosphate déshydrogénase. La
s'estompent. Par ailleurs, un médicament pharmacogénétique est une branche de la
peut également présenter des effets secon- recherche qui s'intéresse à la relation entre
daires indésirables qui entraînent leurs le génotype de l'individu et sa réaction aux
symptômes propres, déclenchent des mala- médicaments.
dies ou peuvent même être mortels. Il faut distinguer ces formes d’hypersensi-
bilité de l’allergie qui a trait aux réactions du
Origine des effets secondaires : surdosage système immunitaire (p. 72).
(A). La substance est utilisée à une dose supé-
rieure à celle nécessaire pour obtenir l'effet Mauvaise spécificité (©). Même pour une
principal : ceci conduit d’autres fonctions de dose appropriée et une sensibilité normale,
l'organisme à en subir les conséquences. La des effets indésirables peuvent se produire
morphine (p.214) par exemple à dose opti- lorsque le médicament n'agit pas de façon
male agit en apaisant la douleur par son totalement spécifique sur l’organe ou le tissu
action sur les voies sensitives aboutissant cible (malade). Par exemple l’atropine, une
dans le système nerveux central. L’adminis- substance parasympatholytique, ne se lie pra-
tration d’une quantité trop élevée de mor- tiquement qu'aux récepteurs muscariniques
phine freine les centres respiratoires avec de l’acétylcholine, mais ceux-ci se trouvent
risque de paralysie respiratoire. L'influence dans différents organes. La prométhazine,
de la dose sur ces deux phénomènes peut être antihistaminique et neuroleptique, est capa-
représentée sous forme de courbes dose- ble d'influencer plusieurs types de récep-
réponse. L'écart entre les deux courbes indi- teurs (NA = noradrénaline). Son action n'est
que la différence entre les doses thérapeuti- donc spécifique ni d’un organe ni d’un récep-
ques et toxiques : cet intervalle de sécurité teur. Les conséquences d'une spécificité
s'appelle la fenêtre thérapeutique. imparfaite peuvent être fréquemment évi-
«C'est en premier lieu la dose qui fait le tées, lorsque le médicament n’a pas besoin
poison » (Paracelse). Cette maxime s’appli- de la circulation sanguine pour parvenir à sa
que à tous les médicaments mais aussi aux cible et peut être administré par voie locale
toxines de l’environnement. Aucune sub- (utilisation d’un parasympatholytique en
stance en elle-même n'est toxique. L'apprécia- gouttes oculaires ou en inhalation).
tion du danger réside dans la connaissance :
Les effets secondaires qui résultent d’un
1. de la dose active ;
mécanisme d'action connu sont vraisembla-
2. de la dose à laquelle peuvent apparaître
bles et il est assez facile d'établir la relation
des effets nuisibles.
avec l’administration du médicament. Les-
effets secondaires qui ne sont pas liés à l’ac-
Sensibilité accrue (B). Lorsqu'une fonction
tion thérapeutique connue, sont au contraire
donnée de l'organisme est particulièrement
plus difficiles à déterminer. Il en existe quel-
sensible, on peut obtenir un effet indésira-
ques exemples marquants : les lésions fœtales
ble même pour une dose normale. Une sen-
provoquées par l’administration d’un somni-
sibilité accrue du centre respiratoire à la
fère (thalidomide), une hypertension pulmo-
morphine s’observe chez les patients atteints
naire liée à la prise d'agents coupe-faim, des
d'une maladie pulmonaire chronique, chez
fibroses dues à des anti-migraineux.
des nouveau-nés ou sous l'influence d’une
Pour chaque prise d'un médicament, on
autre molécule déprimant les centres respi-
doit tenir compte des effets secondaires.
ratoires. La courbe dose-réponse est dépla-
Avant de prescrire le médicament, il faut éva-
cée vers la gauche, une dose plus faible de
luer le bénéfice attendu et les risques. Ceci
morphine suffit à provoquer une paralysie
suppose une connaissance de l'effet princi-
respiratoire. Une hypersensibilité peut éga-
pal et des effets secondaires.
lement provenir d'une anomalie génétique
du métabolisme. C’est ainsi que de nom-
Effets secondaires des médicaments 71
SE - .-

A. Effet indésirable : surdosage

disparition effet paralysie respiratoire


de la sensation à action
action sur l'activité| dose
de douleur anti-douleur respiratoire| trop élevée
de morphine
morphine fenêtre
thérapeutiqu

B. Effet secondaire : sensibilité accrue

sensibilité | effet
accrue fenêtre
des centres thérapeutique
respiratoires

dose
normale

où DE ae ©
oË O = ,
récepteur récepteur
nn
muscarinique|” muscariniquef

spécificité 7 ANTON > À


vis-à-vis / RE N
du récepteur récepteur |
NA D
mais absence
de spécificité mn
Xe.
d'organe ù
À récepteur |
dopaminer- |:
gique |

récepteur |
histamininer-|
gique

spécificité
insuffisante
vis-à-vis des récepteurs
72 Fffets secondaires des médicaments
RÉ DARBE DRE

Allergie aux médicaments 2. Réaction cytotoxique. Des complexes


substance-anticorps (1gG) se déposent à la sur-
Le système immunitaire a normalement la face des cellules sanguines. Ces complexes
charge d’inactiver et d'éliminer les particu- peuvent être formés avec des molécules de
les étrangères de masse moléculaire élevée médicaments primaires ou être déjà pré-
ayant pénétré dans l'organisme. Les réac- sents dans le sang. Au niveau du complexe
tions immunes peuvent se produire de se trouve un facteur d'activation du complé-
façon inutile ou exagérée et porter atteinte ment. Le complément est composé de diffé-
à l'organisme (par exemple par une réac- rentes protéines, circulant dans le sang sous
tion allergique contre un médicament, forme inactive, et qui sont activées en cas-
contre le principe actif ou l’excipient). cade sous l’action d’un stimulus donné. Le
Seuls quelques médicaments (par exemple «complément activé» (dirigé de manière
des protéines étrangères à l'organisme) normale contre les agents infectieux) peut
atteignent une taille suffisante pour pou- rompre la membrane cellulaire et lyser les
voir à eux seuls constituer un stimulus cellules, activer la phagocytose, attirer les
antigénique ou immunogène. Dans la plu- neutrophiles et les granulocytes (réaction
part des cas, la substance (ou haptène) doit chimiotactique) et déclencher une réaction
d’abord se lier à une protéine appartenant inflammatoire. L'activation du complément
à l'organisme, pour agir comme antigène. peut avoir les conséquences suivantes pour
Dans le cas de la pénicilline G par exemple, les cellules sanguines : anémie hémolytique,
un produit d’hydrolyse (groupement peni- granulocytopénie, thrombocytopénie.
cilloyl) permet la formation d’une liaison
covalente avec une protéine. 3. Vasculitis à complexes immuns (maladie
Lors du premier contact avec la substance, sérique, réaction d’Arthus). Les complexes
le système immunitaire est sensibilisé : dans entre le médicament et les anticorps se dépo-
les organes lymphoïdes se multiplient des sent sur la paroi des vaisseaux ; le complé-
lymphocytes spécifiques de l’antigène, cel- ment est alors activé et déclenche une
lules B (productrices d’anticorps) et cellu- réaction inflammatoire. Les neutrophiles atti-
les T, donnant ainsi naissance à des cellules rés vers le foyer inflammatoire libèrent leurs
mémoires. Dans la plupart des cas, ces événe- enzymes lysosomiales en tentant de phago-
ments ne se traduisent par aucune manifesta- cyter ces complexes et ces enzymes vont
tion clinique. dégrader la paroi vasculaire (vasculitis). Les
Au deuxième contact, les anticorps sont différents symptômes peuvent être: fièvre,
déjà disponibles, les cellules mémoires se œdème, gonflement des ganglions, arthrite,
multiplient rapidement et l’on voit appa- névrite et néphrite.
raître une réponse immunologique notable :
réaction allergique. Elle peut être violente 4. Eczéma de contact. Une substance appli-
même pour des faibles doses. On distingue quée sur la peau se lie à la surface de /ym-
quatre types de réaction : phocytes T, dirigés spécifiquement contre elle.
Ces lymphocytes libèrent dans leur environ-
1. Réaction anaphylactique. Des anticorps nement des messagers (lymphokines) qui
de type I£E, spécifiques de la substance, se activent des macrophages et déclenchent
fixent par leur fragment F. aux récepteurs une réaction inflammatoire.
situés sur la surface externe des mastocytes.
Il est important de noter qu'il n'existe pra-
La liaison de la molécule pharmaceutique
tiquement pas de famille de médicaments
constitue le stimulus pour la libération d’his-
qui soit dépourvue d'effets secondaires
tamine et d’autres médiateurs. Dans le pire
allergiques. Cependant, certains groupes de
des cas, se déclenche un choc anaphylacti-
substances déclenchent fréquemment des
que, potentiellement mortel, avec une hypo-
allergies.
tension, un bronchospasme (crise d'asthme),
un œdème dans la région du larynx, l’appari-
tion de démangeaisons (urticaire), la contrac-
tion des muscles de l'intestin accompagnée
de diarrhées (p. 116).
Effets secondaires des médicaments 73
HS ie ee I R —

A. Effets secondaires des médicaments : réactions allergiques

réactions du système immunitaire au dE contact avec un médicament

0 Le € formation
d'anticorps
ee (immunoglobulines)
immunitaire \ parex.IgE
(tissu lymphoïde) | IgG
reconnaît une a multiplication
des lymphocytes
spécifiques
de l’antigène
macromolécule
PM > 10 000

distribution
) À antigène dans l’organisme

RUES d’une réaction immune lors d’un nouveau contact avec le médicament
neutrophile
(par ex.)

récepteur
des IgE

activation
du complément
histamine et autres médiateurs

urticaire, asthme, choc


# altération
réaction de type 1 : réaction de type 2 : membranaire
hypersensibilité immédiate . cytotoxique

Le
formation lymphocyteT
VMPHOCYCE
de complexes immuns 7 spécifique
es sur la paroi on CSdel’antigène
, des CN. |
Hè, TA M ) réaction
inflammatoire
N

lymphokine
réaction de type 3 : réaction de type 4 : réaction retardée
réaction à médiation lymphocytaire
à complexes immuns
74 Effets secondaires des médicaments

Effets nocifs pour l'enfant de la prise enceinte atteindront facilement l'organisme


de médicaments pendant la grossesse du fœtus. Ceci est en particulier valable pour
et l'allaitement les antiépileptiques, les anxiolytiques, les
hypnotiques, les antidépresseurs et les neu-
Les substances absorbées par la mère peu- roleptiques.
vent atteindre l'enfant et produire des effets c) Tératogénicité de la molécule concer-
indésirables. née. Pour des produits connus et utilisés
souvent, il existe des estimations statisti-
Grossesse (A). Ce sont surtout les malfor- ques du risque. De nombreux médicaments
mations des membres provoquées par un n'ont aucun effet tératogène démontrable.
somnifère (la thalidomide) qui ont attiré Pour les médicaments nouvellement intro-
l'attention sur le risque que les médicaments duits, il n’est en général pas encore possible
sont capables de provoquer des malforma- de disposer d’une évaluation statistique fia-
tions (tératogénicité). Les effets provoqués ble du risque.
chez le fœtus par les médicaments peuvent Il existe une action tératogène avérée par
être de deux types : exemple pour les dérivés de l’acide rétinoi-
1. Les effets qui dérivent des effets typi- que (étrétinate, isotrétinoïne) administrés
ques des molécules. Par exemple : masculi- per os pour le traitement des maladies de
nisation d'un fœtus féminin par les androgè- peau, dans le cas des anticoagulants oraux
nes, hémorragie cérébrale provoquée par les ou des tétracyclines. Une forme particulière
anticoagulants oraux, bradycardie en pré- d’altération chez l'enfant peut être induite
sence de $-bloquants. par le diéthylstilbestrol, une molécule estro-
2. Les effets propres aux organismes en génique. Lorsque la mère a été traitée pen-
formation et qui ne peuvent être prévus à dant la grossesse, on observe chez les filles,
partir des autres propriétés pharmacologi- vers l’âge de 20 ans, un risque accru de car-
ques de la substance. cinome du col de l'utérus et du vagin.
Pour estimer le risque que peut représen- Dans l'estimation du rapport efficacité-ris-
ter la prise d'un médicament durant la gros- que, il faut également penser à l'intérêt que
sesse, il faut tenir compte des points sui- peut présenter pour l'enfant un traitement
vants : correct de sa mère. C’est ainsi qu'il ne faut
a) Moment de l'administration du médica- pas arrêter un traitement antiépileptique car
ment. Les conséquences possibles de la une épilepsie non soignée est au moins aussi
prise d’un médicament dépendent du stade dangereuse pour l'enfant que l'éventualité
de développement de l'embryon (A). Le ris- de l'administration d’anti-épileptique.
que associé à un médicament dont l'effet
est spécifique est également délimité dans Allaitement (B). Il existe une possibilité
le temps. Les tétracyclines par exemple qu'une substance présente dans l’organisme
exercent un effét sur les dents et les os prin- maternel passe dans le lait et soit ainsi absor-
cipalement après le troisième mois de gros- bée par l’enfant. Pour apprécier l'importance
sesse lorsque commence la minéralisation. du danger, il faut examiner les points pré-
b) Perméabilité placentaire. La plupart sentés en (B). En cas de doute, il est facile
des molécules peuvent passer du sang de la d'éviter de mettre l'enfant en danger en le
mère à celui de l’enfant au niveau du pla- sevrant.
centa. Les cellules accolées du syncytio-
trophoblaste constituent une barrière de
diffusion. Sa perméabilité aux substances
médicamenteuses est cependant plus élevée
que ne peut le laisser croire la notion de
«barrière placentaire ».
En comparaison, la barrière hémato-
encéphalique constitue une barrière de dif-
fusion plus étanche que la barrière placen-
taire, ce qui signifie que tous les produits
d'action centrale administrés à une femme
Effets secondaires des médicaments
DE RS ARENA UDERT DEC PPIDÉS FREE EE

- À. Grossesse : effet nocif des médicaments pour le fœtus

spermatozoïdes —3 jours

muqueuse utérine
blastocyste

âge du fœtus
(semaines)
stade embryon : fœtus *
de dévelop- nidation mise en place croissance
pement: des organes et maturation

ort de l'embryon altération d’une fonction

artère

répercussion
d’une lésion

ÿ
par ex.
par un médicament
barrière
placentaire

passage d’une substance vers le cordon


à travers le placenta —| ombilical

uantité distribution
substance ad? q ; x
de produit du produit
| RSS chez l'enfant
ans le lait
effet dose de l'enfant

thérapeutique rapidité
chez la mère de l'élimination
et chez l'enfant

concentration dans
le sang du nouveau-né
1 U
sensibilité du site d'action
76 Effets indépendants du médicament
LE PCT ERP ORNE RE SUN ETES AD

Placebo effets d’une substance à ceux du placebo non


seulement entre deux groupes de patients
Un placebo (A) est une forme médicamen- mais également à l'intérieur d'un même
teuse ne contenant aucune substance active, groupe.
une apparence de médicament. L’adminis- Homéopathie (B). C'est une méthode dif-
tration d’un placebo peut aussi bien déclen- férente de traitement développée par Samuel
cher des effets bénéfiques (soulagement des Hahnemann à partir de 1800. Son hypothèse
maux) que des effets néfastes. Ceci dépend était qu'une drogue (au sens de médica-
d'une modification de l’état psychologique ment), qui à des concentrations usuelles
du patient après une visite chez le médecin. (médecine allopathique) suscite un ensem-
Consciemment ou inconsciemment, le mé- ble de symptômes précis peut, à dose très
decin peut laisser transparaître à quel point faible, et chez un malade dont les sympto-
il est intéressé par les souffrances de son mes sont proches de son « profil d’action »,
malade et combien il est assuré de son diag- entraîner une guérison (principe de simili-
nostic et de son ordonnance. En face d’un tude). L'organisme possède en lui-même la
praticien chaleureux, compétent et plein capacité de se guérir et cette force est acti-
d'assurance, le malade se sentira en de bon- vée par des doses très faibles de la subs-
nes mains, sera moins angoissé et pourra, tance, conduisant ainsi à une autoguérison.
plein d’optimisme, entrevoir sa guérison. Chez son malade, l’homéopathe ne doit pas
L'état physique influence l’état psycho- diagnostiquer les causes de la maladie mais
logique mais inversement, celui-ci peut jouer trouver la drogue dont le profil symptomato-
sur les sensations de l'organisme. On cite le logique se superpose au mieux avec la sé-
cas de blessés graves qui, pendant la ba- miologie de la maladie : il faut donc identifier
taille, sentaient à peine leur blessure et un médicament. Il est alors nécessaire de
commençaient à ressentir de violentes dou- procéder à un interrogatoire approfondi du
leurs à leur arrivée à l'hôpital, en sécurité. patient concernant ses maux. La substance
sera ensuite utilisée fortement diluée, selon
Étude clinique. Dans un cas isolé, il est par- des étapes rituelles d’un facteur 10 ou 100
fois impossible de décider si la guérison pro- («potentialisation »).
vient de la substance elle-même ou de la L'action directe des médicaments homéo-
situation thérapeutique. Il est alors néces- pathiques sur les fonctions de l'organisme
saire de réaliser une étude statistique chez n'est pas détectable. L'action curative re-
un grand nombre de patients en comparant pose sur la force de suggestion de l’homéo-
les effets d’une substance (verum) et ceux pathe et sur l’attente du malade.
d'un placebo : étude contrôlée contre placebo. Lorsqu'une maladie peut être fortement
Dans le cas de maladies graves, le groupe influencée par des paramètres psychologi-
témoin n'est pas traité par un placebo mais ques, et qu'il n'existe pas de traitement effi-
par le meilleur médicament connu à ce jour. cace, il est souhaitable d'utiliser la force de
Le groupe test, auquel est administrée la suggestion comme mode de traitement.
nouvelle molécule, doit alors donner un L'homéopathie constitue alors l’une desgso-
résultat supérieur à celui du groupe témoin lutions possibles.
pour pouvoir être accepté. Une étude pros-
pective est planifiée à l'avance alors que dans
une étude rétrospective, la décision d’ana-
lyser est prise après la fin du traitement. Les
malades sont répartis au hasard en deux
groupes (randomisés): traitement ou pla-
cebo. Dans une étude en double aveugle, ni le
médecin ni le malade ne sait qui reçoit le
placebo ou le médicament. Il est enfin possi-
ble, au cours d’un deuxième cycle de traite-
ment, d'effectuer un échange entre les
traitements (placebo et médicament), étude
cross-over. Dans ce cas, on peut comparer les
Effets indépendants du médicament 77
ee Poe CS

A. Effet thérapeutique lié à la force de suggestion du médecin

signaux attente
conscients onsciente
et inc scie ou inconsciente l'esprit |
voix
attitud
gestes

sensations
et malaises

placebo effets
77. souhaités |
Be outindésirables le corps |
ۊ : |
|
RE

médecin k malade

B. Homéopathie : présentation et mode d'emploi

« Similia similibus curentur » homéopathe malade

la drogue
à dose normale provoque
un profil de symptômes

par dilution on obtient l'effet


inverse
des doses très faibles, homéo-
pathiques + suppression .
des symptômes de la maladie
qui correspond au profil } à
allopathique |
r.
potentialisation:
augmentation de l'efficacité,
avec des dilutions see)

diagnostic d'un médicament


| médicament
homéopathique
potentialisation

dilution
Mo Mo Vo Yo Mo Mo Vo Mo Yo œ
| 3000000000
par
4
{

44
FC
80 Influence des médicaments sur le système sympathique

Système nerveux sympathique peut être aisément déduit de l'observation


des rôles du système sympathique ou pa-
Au cours de l’évolution, il a fallu développer rasympathique (A : conséquences d’une ac-
un système de contrôle efficace pour coor- tivation sympathique). L’activation de la
donner chez les individus de complexité partie sympathique du système nerveux vé-
croissante les fonctions de chaque organe gétatif peut être considérée de façon simpli-
et pour pouvoir adapter leur comportement fiée comme l’ensemble des réactions de l’or-
aux changements des conditions d’envi- ganisme permettant d'aboutir rapidement à
ronnement. Ce système de contrôle se un état d’activité plus élevée, propice à une
compose du système nerveux central avec fuite ou un combat.
le cerveau et la moelle épinière, ainsi que Les deux situations réclament une activité
de deux voies séparées de communication musculaire intense. Le flux sanguin au niveau
avec les organes périphériques, le système des muscles squelettiques, la fréquence et la
nerveux somatique et le système nerveux force de contraction du cœur vont être aug-
végétatif. Le système nerveux somatique mentés pour pouvoir pomper plus de sang
(nerfs de la sensibilité superficielle et pro- dans la circulation de façon à fournir aux
fonde, des organes des sens et des muscles muscles des quantités suffisantes d'oxygène
squelettiques) sert à percevoir l’état du et de substrats énergétiques.
monde environnant et à gouverner les mou- De plus, le rétrécissement des vaisseaux irri-
vements du corps adaptés à la situation guant les intestins détournera le flux sanguin
(perception sensorielle : menace — réac- vers les muscles. Comme dans cette situa-
tion : fuite ou attaque). Le système nerveux tion, la digestion des aliments est superflue
végétatif associé au système endocrinien et même gênante, le transport vers l’avant du
contrôle le monde intérieur. Il accorde les contenu intestinal est freiné, le péristaltisme
fonctions des organes internes aux besoins décroît et les muscles du sphincter se
de l'organisme. Le contrôle par voie ner- contractent. Cependant, pour augmenter la
veuse permet une adaptation très rapide fourniture d'éléments nutritifs aux muscles
tandis que le système endocrinien règle et au cœur, le glucose hépatique doit être
l’état des fonctions à long terme. L'activité libéré dans le sang ainsi que les acides gras
du système nerveux végétatif est indépen- du tissu adipeux. Les bronches s’élargissent
dante du contrôle volontaire et fonctionne de façon à accroître le volume respiratoire
de façon autonome (d’où son nom de sys- et par là même l'apport d'oxygène au sang.
tème nerveux autonome). Ses centres se Les glandes sudoripares sont aussi inner-
trouvent dans l’hypothalamus, la moelle vées par le système sympathique (mains moi-
épinière et le tronc cérébral. tes lors d’une émotion), elles constituent une
Le système nerveux végétatif présente exception en ce qui concerne le neurotrans-
une partie sympathique et une partie para- metteur (acétylcholine, p. 106).
sympathique (p.98). Les réseaux de ces Les conditions de vie des hommes moder-
deux systèmes comportent, à côté de nerfs nes sont différentes de celles de l’homme
efférents (issus du système nerveux central), des cavernes mais les fonctions biologiques
des nerfs afférents. Dans les organes qui sont n'ont pas changé : situation de «stress » äs-
innervés à la fois par le système sympathi- sociée à des sollicitations intenses mais ce-
que et le système parasympathique, l’activa- pendant sans être accompagnée d'activité
tion de ces systèmes déclenche en général musculaire utilisant de l'énergie.
des réactions opposées.
En cas de maladie (dérangement des
fonctions d’un organe), on cherchera sou-
vent en utilisant des produits pharmaceuti-
ques qui agissent sur le système végétatif à
ramener à la normale le fonctionnement de
l'organe.
L'effet biologique de substances qui inhi-
bent ou stimulent le système sympathique ou
inversement le système parasympathique,
Influence des médicaments sur le système sympathique g1

A. Conséquences d’une activation sympathique

SNC : «
pneus,
<@)
stimulation À œil : LE
| attention À dilatation de la pupille

salive :
| rare et épaisse

bronches :
ù dilatation

cœur :
peau: fréquence 1
formation de sueur ? force À
(cholinergique !) pression sanguine t

nn

tissu adipeux :
hydrolyse des trigly-
cérides À libération
d'acides gras

h hydrolyse du glycogène VESSIE


| libération de glucose tonus du sphincter t
tonus des muscles
de la paroi }

estomac et intestin
péristaltisme }
tonus du sphincter 14
irrigation sanguiné |
»
dd
muscle squelettique :
irrigation sanguine À
hydrolyse
du glycogène t
82 Influence des médicaments sur le système sympathique

Organisation du système Synapse adrénergique


sympathique
La noradrénaline est stockée à proximité
Les neurones sympathiques efférents vont des varicosités dans des petites vésicules
de la moelle épinière à la chaîne paraver- entourées d’une membrane (vésicule, grana
tébrale (rangée de ganglions sympathiques 90,05 -0,2 um). La dopamine, synthétisée
parallèle à la colonne vertébrale). Les gan- dans l’axoplasme à partir de la tyrosine et via
glions constituent des ensembles de points plusieurs réactions intermédiaires, sera cap-
de contact (synapse) entre les neurones turée à l’intérieur des ces vésicules. La dopa-
provenant de la moelle épinière (1, neurone mine est ensuite convertie en noradrénaline
préganglionnaire) et les cellules nerveuses par l’enzyme dopamine f-hydroxylase. Lors
qui envoient leurs prolongements vers la d'une stimulation électrique du nerf sympa-
périphérie de l'organisme (2, neurone post- thique, une partie des vésicules déverse son
ganglionnaire). À ce niveau, ils entrent en contenu et donc la noradrénaline dans la
contact avec les cellules des organes cibles fente synaptique. La noradrénaline libérée
au niveau des synapses post-ganglionnaires. réagit avec des récepteurs adrénergiques
À côté de ces neurones, il en existe d’autres, post-synaptiques présents sur la membrane
dont les interconnexions ont lieu d’abord des cellules cibles ou présynaptiques sur la
dans l'organe cible ou encore qui abou- membrane des varicosités. La stimulation
tissent sans intermédiaire aux glandes sur- des récepteurs &, présynaptiques entraîne
rénales. une inhibition de la libération de noradréna-
line et permet un rétrocontrôle négatif du
processus de libération.
Médiateurs du système L'action de la noradrénaline déversée dis-
sympathique paraît très rapidement : environ 90 % sont re-
captés rapidement, par un processus de
Tandis que l’acétylcholine joue le rôle de transport actif, d’abord dans l’axoplasme
médiateur chimique au niveau des synapses puis de là dans les vésicules (recapture neu-
entre les neurones 1 et 2 (pré- et post- ronale). Une petite partie de la noradréna-
ganglionnaires, voir le principe de la trans- line sera inactivée par la Catéchol-O-Méthyl-
mission cholinergique, p. 98), c'est la nora- Transférase (COMT, enzyme du cytoplasme
drénaline qui remplit cette fonction pour des cellules cibles) et une autre partie par la
les synapses des neurones de type 2 (B). Mono-Amine-Oxydase (MAO, dans les mito-
Un neurone sympathique de type 2 n'établit chondries des cellules nerveuses ou des
pas une synapse avec une seule cellule de cellules cibles).
l'organe cible, il se ramifie de nombreuses Le foie est richement pourvu en ces enzy-
fois et chaque prolongement établit au pas- mes et contribue de façon importante à la dé-
sage des contacts avec plusieurs cellules. gradation de l’adrénaline ou de la noradréna-
Au voisinage de ces synapses se trouvent line existantes dans le sang.
des épaississements des axones (varicosi- Le produit final de la dégradation des
tés) qui se succèdent comme les perles d’un catécholamines par la COMT et la MAO est
collier à chaque contact du nerf avec une l'acide vanyimandélique.
cellule cible. De cette façon, lors de la
stimulation du nerf, un domaine cellulaire
plus important sera activé bien que l’action
de la noradrénaline libérée par un neurone ,
de type 2 reste limitée à la proximité de
chaque synapse.
L'activation d’un neurone de typel
conduisant aux glandes surrénales déclenche
par l'intermédiaire d’une libération d'acétyl-
choline la sécrétion d’adrénaline (p. 108)
qui se répand dans l'organisme par le sang
(hormone, À).
Influence des médicaments sur le système sympathique 83
A. L’adrénaline joue un rôle d’hormone, la noradrénaline celui
d'un neurotransmetteur
ou stimulation
stimulation physique
psychique

neurone 1 neurone 1

glandes neurone 2

adrénaline noradrénaline

B. Neurone sympathique de type 2, varicosité, libération de noradrénaline


récepteurs
@,-présynaptiques

H3CO ES
ES
COMT
PLCH2—NH>
noradrénaline RÈ
Re NH2
84 Influence des médicaments sur le système sympathique

Sous-types de récepteurs chronique obstructive (p.338). Dans ces


adrénergiques et actions indications, l’utilisation optimale des agonis-
des catécholamines tes B, s'effectue par inhalation.

D'un point de vue pharmacologique, on peut Tocolyse. L'effet inhibiteur des $,-sympatho-
distinguer pour l'essentiel des récepteurs mimétiques (par exemple le fénotérol) sur la
adrénergiques &, et o, (p.90) et des récep- contractilité utérine peut être utilisé pour
teurs B, et B,. Les différents récepteurs adré- calmer des contractions précoces (risque
nergiques sont distribués de façon très d'accouchement prématuré). Une vasodila-
hétérogène dans chaque tissu. Les agonistes tation médiée par une stimulation B,, asso-
adrénergiques (sympathomimétiques directs) ciée à une chute de la pression artérielle,
peuvent être utilisés à diverses fins thérapeu- conduit à une tachycardie réflexe, à laquelle
tiques. participe également une action stimulante R,
de la substance.

Effets sur les muscles lisses Effets cardiaques. Les catécholamines aug-
mentent toutes les fonctions du cœur par le
Les effets opposés d’une stimulation des biais des récepteurs B, et de l’AMPc: force
récepteurs & et B sur le muscle lisse repo- d'éjection (effet inotrope positif), vitesse de
sent sur les différences dans la transduction raccourcissement, fréquence des battements
du signal (p. 66) ; c’est ce qui est représenté (effet chronotrope), propagation de la stimu-
en (A) dans le cas des muscles de la paroi lation (effet dromotrope) et excitabilité (effet
vasculaire. La stimulation du récepteur 0, bathmotrope). Dans le tissu nodal, la dépola-
déclenche par l'intermédiaire d'un second risation diastolique est accélérée de sorte
messager intracellulaire (IP,) une libération que le seuil de déclenchement du potentiel
accrue d'ions Ca”. Associé à la calmoduline, d'action soit atteint plus rapidement (effet
le calcium permet l’activation de la myosine- chronotrope positif, B). L'action des f-sym-
kinase, ce qui conduit à la phosphorylation pathomimétiques sur le cœur peut être utili-
d’une protéine contractile, la myosine, et à sée en cas d'arrêt cardiaque : administration
l'augmentation du tonus (— vasoconstric- d’adrénaline. L'utilisation de B-mimétiques
tion). pour traiter une insuffisance cardiaque est
L'AMPc inhibe l’activation de la myosine-ki- associée à un risque d’arythmie.
nase. Les récepteurs f, aboutissent via une
protéine G activatrice, G,, à une augmentation Effets métaboliques. La stimulation des
de la formation d’'AMPc (- vasodilatation) ; récepteurs B, augmente, via l’'AMPc, la dégra-
les récepteurs &, via une protéine inhibi- dation du glycogène (glycogénolyse), en
trice G,, provoquent une diminution d'AMPc glucose dans le foie et les muscles squeletti-
(— vasoconstriction). ques. Le glucose hépatique sera déversé
La vasoconstriction provoquée par l’ap- dans le sang. Dans le tissu adipeux, les trigly-
plication locale d'a-sympathomimétiques cérides seront dégradés en donnant des
sera utilisée dans le cas d’une anesthésie lo- acides gras (lipolyse, médiée par les récep-
cale (p. 210) ou dans des gouttes nasales dé- teurs f,), qui seront ensuite déversés dans le
congestionnantes (naphtazoline, tétryzoline, sang. Les effets métaboliques des catéchola:
xylométazoline, p.90, 334, 336). L’adminis- mines n’ont aucune utilité thérapeutique.
tration systémique d’adrénaline joue un rôle
important pour augmenter la pression arté-
rielle dans le traitement d’un choc anaphy-
lactique.

Bronchodilatation. La dilatation des bron-


ches due à une stimulation des récepteurs B,
(par exemple par le fénotérol, le salbutamol,
la terbutaline) est un mode de traitement
très important dans l’asthme et la bronchite
Influence des médicaments sur le système sympathique 85

A. Action des catécholamines sur le diamètre des vaisseaux

B. Action cardiaque _—1 -_C. Actions métaboliques


des catécholamines des,catécholamines

AMPc
force (mN)

temps

potentiel de membrane (mV) i

1}/
acides gras

temps
86 influence des médicaments sur le système sympathique

Relations structure-activité Les groupements hydroxyle de la molé-


pour les agents cule de catécholamine diminuent considé-
sympathomimétiques rablement son caractère lipophile. La pola-
rité est augmentée par le fait que l’azote
Il n’est pas possible avec l’adrénaline concerné est presque entièrement protoné
d'exercer un effet spécifique sur l’un des dans la zone des pH physiologiques. Le rem-
sous-types de récepteurs car elle possède placement de l’un ou de tous les groupe-
une affinité importante pour tous les récep- ments hydroxyle se traduit par une amélio-
teurs & et $. Elle ne convient pas non plus ration du passage à travers les barrières
pour une administration orale car elle est membranaires (barrière entre l'intestin et le
mal absorbée et sera éliminée par voie pré- sang : absorption après administration orale ;
systémique. barrière hémato-encéphalique : action sur le
La noradrénaline est une catécholamine système nerveux central), mais en même
(catéchol est un nom usuel pour un o-hy- temps par une diminution d'’affinité.
droxyphénol), qui se distingue de l’adré- L'absence de l’un ou des deux groupe-
naline par une affinité élevée pour les récep- ments hydroxyle est liée à une augmentation
teurs & et une affinité moindre pour les de l’activité sympathomimétique indirecte,
récepteurs f,. Dans le cas de l’isoprénaline, qui correspond à la capacité d’une sub-
une substance de synthèse, la dissociation stance à libérer la noradrénaline de ses sites
est presque totale (A) : de stockage, sans être elle-même un agoniste
noradrénaline — 0, f, adrénergique (p. 88).
adrénaline = ©, B,, B; Un changement de la position des groupe-
isoprénaline — f,, f, ments hydroxyle sur le cycle (orciprénaline,
La connaissance de la relation entre la struc- fénotérol, terbutaline) ou leur substitution
ture chimique et l’effet (relation structure- (salbutamol) protège la molécule de la dé-
activité) permet la synthèse de sympathomi- gradation par la COMT (p. 82). L’introduc-
métiques qui ont une affinité préférentielle tion d’un résidu alkyl de petite taille sur
pour un des sous-types de récepteurs adré- l'atome de carbone proche de l’azote (éphé-
nergiques. drine, méthamphétamine), comme la substi-
L'élément chimique commun à l’élabora- tution sur l'azote du groupement méthyl par
tion de tous les sympathomimétiques di- un résidu de plus grande taille (par ex. un
rects (substances agissant comme agonis- résidu éthyl pour l’éthyléphrine) rend plus
tes sur les récepteurs adrénergiques) est la difficile la dégradation par la MAO (p. 82).
structure phényl-éthylamine. Le groupement Comme la structure chimique nécessaire
hydroxyle sur la chaîne latérale est impor- pour une affinité élevée ou les conditions re-
tant aussi bien pour l’affinité envers les ré- quises pour permettre une administration
cepteurs & que fà La substitution sur l'azote orale ne coïncident pas, il est nécessaire de
diminue l’affinité pour les récepteurs @& et faire des compromis lors du choix d’une
augmente celle pour les récepteurs f, de substance. Si l’on veut utiliser l’affinité éle-
telle sorte qu'avec un résidu isopropyl, on vée de l'adrénaline, on n'a pasen même
atteint déjà une affinité optimale pour les temps une bonne absorption au niveau de
récepteurs $ (isoprénaline = isopropylnora- l'intestin (adrénaline, isoprénaline) : si par
drénaline). L’allongement ultérieur de ce contre on souhaite également une bonne
substituant favorise l’action sur les récep- biodisponibilité, après administration orale,
teurs B, (sélectivité B,, par ex. salbutamol, il faut accepter des concessions en ce qui
fénotérol). Les deux groupements hydroxyle concerne l’affinité pour les récepteurs (éthy-
du noyau aromatique sont indispensables à léphrine).
l’affinité ; une affinité élevée pour les récep-
teurs & est attachée à la position de ces
groupements OH en 3, 4; cependant, cer-
tains dérivés qui portent des groupes hy-
droxyle en 3,5 (orciprénaline, terbutaline,
fénotérol), ont une affinité pour les récep-
teurs B.
Influence des médicaments sur le système sympathique 87

A. Structure chimique des catécholamines et affinité pour les récepteurs « et f

adrénaline isoprénaline
F a
œ = a

B. Relation structure-activité des dérivés de l’adrénaline

affinité pour le récepteur

catéchol-O-méthyl
+. transférase

(absorption entérale,
passage dans le SNC) _—
(MAO)

éthyléphrine éphédrine méthamphétamine

[M affinité pour le récepteur 0 effet EM résistance à la dégradation


affinité pour le récepteurf indirect [| absorption
88 Influence des médicaments sur le système sympathique

Substances à action tion de noradrénaline dans la fente synap-


sympathomimétique indirecte tique, que ce soit par inhibition de la recap-
ture (cocaïne, sympathomimétique indirect
Plusieurs systèmes participent à côté des et anesthésique local), par une accélération
récepteurs au fonctionnement de la trans- de la libération, par une inhibition de la
mission adrénergique. Ce sont les systèmes dégradation par la MAO ou par la somme des
de recapture active qui transportent le trois effets (amphétamine, méthamphétamine
médiateur de la fente synaptique dans le encore appelées amines stimulantes). L’effi-
cytosol (axoplasme) à travers la membrane cacité des sympathomimétiques indirects
cellulaire, les systèmes de transport de l’axo- peut diminuer et finalement disparaître (ta-
plasme vers les grana, ainsi que l’enzyme de chyphylaxie) lorsqu'on aboutit à un épuise-
dégradation, la monoamine oxydase (MAO). ment du stock de noradrénaline le plus pro-
La noradrénaline possède une affinité pour che du plasmalemme.
les récepteurs, pour le système de transport Les sympathomimétiques indirects peu-
et les enzymes de dégradation. Des molécu- vent traverser la barrière hémato-encépha-
les ayant subi une modification chimique lique et produire au niveau central un sen-
vont se différencier de la noradrénaline par timent de bien être corporel, l’activité est
leur affinité respective pour les différents accrue, l'humeur euphorique et la sensa-
systèmes (p.86) et agiront préférentielle- tion de faim ou de fatigue effacée. Après le
ment sur l’une ou l’autre des fonctions. déclin de l'effet viennent contrariété et
Inhibiteurs de la monoamine oxydase abattement. Ces effets secondaires incitent
(A). Ils touchent la monoamine oxydase, en- à une nouvelle prise des produits (risque
zyme essentiellement localisée dans les mi- élevé de dépendance). Pour éviter les abus,
tochondries, qui maintient la concentration ces substances sont inscrites dans le ta-
de noradrénaline dans l’axoplasme à une va- bleau B (stupéfiants).
leur faible. L'inhibition de l’enzyme aug- L'utilisation abusive de substances am-
mente la concentration de noradrénaline. phétaminiques pour une stimulation transi-
Comme la dopamine est également dégradée toire des capacités (dopage) présente le
par la MAO, l’inhibition de l’enzyme aug- danger d’un épuisement de l'organisme.
mente la quantité de dopamine disponible Comme la sensation de fatigue est absente,
pour la synthèse de noradrénaline. La quan- un sportif par exemple, aura pu mobiliser
tité de noradrénaline stockée dans les grana ses dernières forces. Dans les cas extrêmes
et de même celle libérée à chaque excitation peut se produire une défaillance cardiovas-
augmentent à cause de l’inhibition de l’en- culaire (B).
zyme. Les anorexigènes («coupe-faim») sont
Dans le système nerveux central, l'inhi- proches de l’amphétamine sur le plan chimi-
bition de la MAO influence en plus de l’ac- que, et peuvent également conduire à une
cumulation de la noradrénaline celle de la dépendance. Leur utilisation thérapeutique
dopamine et de la sérotonine aboutissant est discutée et certains d’entre eux (D-nor-
ainsi, probablement à cause de l’impor- pseudoéphédrine, amfépramone) ont déjà
tance majeure de ce neurotransmetteur, à été retirés du marché.
une activation générale (effet thyméréti- La sibutramine inhibe la recapture neuro-
que). La tranylcypromine sert dans quelques nale de noradrénaline et de sérotonine
cas particuliers d’antidépresseur. Elle blo- (comme les antidépresseurs, voir p. 234), elle
que de façon durable grâce à une liaison co- diminue l'appétit et a été proposée comme
valente les deux sous-types MAO-A et MAO- médicament contre l'obésité.
B. Le moclobémide est un inhibiteur réver-
sible de la MAO-A; il sera parfois utilisé
comme antidépresseur ; la sélégiline est uti-
lisée comme antiparkinsonien ; on obtient
dans ce cas une augmentation de la concen-
tration de dopamine (p. 192).
Sympathomimétiques indirects (B). Ce sont
des substances qui augmentent la concentra-
Influence des médicaments sur le système sympathique 89

A. inhibiteurs de la monoamine oxydase

: moclobémide —# MAO-A
sélégiline —+ MAO-B
<4

nor-
adrénaline

système de transport
de la noradrénaline

B. Effets sympathomimétiques indirects associés à une action stimulante


centrale et à un risque de dépendance

LD
RD >
> 7 =) À
7 nr 7 Offot nn
stimulus € hEUE"
douloureux Annee
- local
H3C (]
ANT \ \
Va N C—0—CH3
la distribution
DETENTE de la cocaïne Ge
CH; et des
É amphé- ]
2 k tamines est : O
amphétamine réglementée : cocaïne
tableau B

« dopage »
90 Influence des médicaments sur le système sympathique

a-Sympathomimétiques, giques peut être bloquée par les o-sympa-


o-sympatholytiques tholytiques (antagonistes o-adrénergiques,
a-bloquants). Cet effet est utile dans le cas
Les o-sympathomimétiques peuvent être d'une pression artérielle trop élevée (vaso-
utilisés : dilatation — résistance périphérique dj,
— par voie systémique dans certaines condi- pression artérielle |, p. 120). Les premiers or
tions où la pression artérielle est trop faible sympatholytiques bloquaient l'effet de la
pour augmenter cette pression (p. 324) ; noradrénaline non seulement au niveau des
- localement pour obtenir une déconges- récepteurs c-postsynaptiques, mais également
tion nasale ou du tissu conjonctif de l'œil au niveau des récepteurs œ-présynaptiques
(p.334, p. 336), ou comme adjuvant d’une (a-bloquants non spécifiques, par ex. la phé-
anesthésie locale (p.210) pour produire noxybenzamine ou la phentolamine).
une diminution localisée de la circulation Les récepteurs o,-présynaptiques servent
sanguine. Lors de l’application locale, la de détecteur pour la mesure de la concen-
réduction du flux sanguin peut conduire à tration de noradrénaline dans la fente
une pénurie d'oxygène (A). À la limite, synaptique, et règlent par rétrocontrôle la
l’hypoxie locale peut provoquer une nécrose libération de noradrénaline. La stimulation
du tissu. Ce sont particulièrement les des récepteurs o,-présynaptiques inhibe la
extrémités qui sont exposées à ce danger libération ultérieure de noradrénaline. Au
et notamment les doigts, les pieds et les contraire, leur blocage a pour conséquence
oreilles. Pour une anesthésie locale effec- une libération incontrôlée de noradrénaline.
tuée aux extrémités, il ne faudra pas utiliser Ceci est visible dans les synapses du muscle
de vasoconstricteur. cardiaque où sont présents des récepteurs
La vasoconstriction par un o-sympatho- adrénergiques f,: tachycardie et tachy-
mimétique est suivie d’une phase d’augmen- arythmie.
tation de la circulation sanguine (hyperémie a-Sympatholytiques sélectifs (o.-blo-
réactionnelle, A). Cette réaction peut être quants, par ex. prazosine ou des composés
observée lors de l'administration d’un sym- à action plus durable, térazosine et doxazo-
pathomimétique (naphtazoline, tétryzoline, sine). Ces composés ne provoquent pas d’in-
xylométazoline) sous forme de gouttes hibition de la libération de noradrénaline.
nasales. Tout d’abord, par suite de la vaso- Les o.-bloquants seront employés chez
constriction, l'irrigation de la muqueuse na- les hypertendus (p. 322). Comme ils rendent
sale est diminuée et par là même la pression impossible une contraction des vaisseaux
capillaire. Le liquide accumulé dans l’espace dans l’organisme, le sang peut s’accumuler
interstitiel, responsable de la congestion de dans les jambes au moment du passage à la
la muqueuse, peut s'écouler par les veines. station debout (mauvaise régulation ortho-
La sécrétion du mucus nasal diminue par statique, p. 324).
suite de la réduction du fluide disponible. Au Dans le cas d’une hyperplasie bénigne de
cours d’un rhume, la respiration par le nez la prostate, les o,-bloquants (par ex. téra-
redevient possible. Cependant, après la dis- zosine, altuzosine, tamsulosine) peuvent
parition de l'effet vasoconstricteur, on ob- être utilisés pour diminuer le tonus dés
serve de nouveau dans la phase d'hyperémie muscles lisses dans la région de la prostate
un passage du liquide plasmatique dans l’es- et favoriser la miction. La tamsulosine pré-
pace interstitiel ; le nez est à nouveau « bou- sente une affinité élevée pour l’un des sous-
ché » et le patient se voit obligé de recom- types de récepteurs o, (&,), le danger de
mencer l'administration de gouttes nasales. baisse de la pression artérielle sera donc
C’est alors la menace d’un cercle infernal plus faible.
conduisant à la prise chronique de gouttes
dans le nez. La carence persistante en oxy-
gène peut entraîner une dégradation irréver-
sible de la muqueuse nasale.

o-Sympatholytiques (B). L'interaction de la


noradrénaline avec les récepteurs o-adréner-
Influence des médicaments sur le système sympathique 91

A. Hyperémie réactionnelle après traitement par un &-sympathomimétique,


par ex. pour une congestion de la muqueuse nasale

o-agoniste

compensation |
apport en O, = besoin apport en O, < besoin de lacarence enO,

B. Auto-inhibition de la libération de noradrénaline, o-sympatholytiques

NT (2
m6 L Son 1 MP

C. Indications des &,-sympatholytiques

J | bloqueur a; (# hyperplasie bénigne


hypertension HAN ex.terazosine M de la prostate

| NH2

|inhibition !
de la stimulation
_| des muscles lisses
vaisseaux médiés / D UrClre
résistifs [7 par une stimulation o |} Prostate
92 Influence des médicaments sur le système sympathique

B-Sympatholytiques (B-bloquants) pronostic d’une insuffisance cardiaque. Il


faut alors faire très attention à éviter une
Les B-sympatholytiques sont des antagonis- augmentation de la fréquence cardiaque et la
tes de l’adrénaline et de la noradrénaline au survenue d’arythmies.
niveau des récepteurs f, ils ne possèdent Bradycardie, bloc AV : la disparition de la
aucune affinité pour les récepteurs ©. stimulation sympathique peut déclencher
une diminution trop importante de la fré-
Effets thérapeutiques. En bloquant les récep- quence cardiaque ainsi que des perturba-
teurs B,, les f-bloquants mettent le cœur à tions de la transmission de l'excitation entre
l'abri des effets d’une stimulation sympathi- les oreillettes et les ventricules.
que sur la consommation d'oxygène (p. 320). Asthme bronchique : une activité élevée du .
Dans ces conditions, une augmentation du système sympathique empêche le déclen-
travail cardiaque n’est pratiquement plus chement d’un broncho-spasme chez des pa-
possible (cœur en activité modérée). Cette tients ayant une tendance au rétrécissement
propriété sera utilisée dans le cas d’une spasmodique des bronches (asthme, bron-
angine de poitrine, pour empêcher une sur- chite du fumeur). Dans ces conditions, on
charge cardiaque, qui pourrait provoquer aboutit à un essoufflement par blocage des
une crise (prophylaxie de l'angine de poitrine, récepteurs B, (B).
p. 318). Les B-bloquants servent aussi à dimi- Hypoglycémie en cas de diabète sucré:
nuer la fréquence cardiaque (tachycardie sinu- lorsque survient une hypoglycémie chez un
sale, p.136) et diminuent une pression patient diabétique sous traitement par l’insu-
artérielle trop élevée. Le mécanisme de leur line ou un antidiabétique oral, l’adrénaline
action hypertensive est complexe. Les f-blo- sera libérée et déclenchera par stimulation
quants seront utilisés localement pour dimi- des récepteurs B, dans le foie une augmenta-
nuer la pression interne de l'œil (glaucome) ; tion de la libération de glucose. Les f-blo-
ils diminuent la sécrétion de l'humeur quants suppriment aussi bien la contre-régu-
(p. 342). lation que les signes annonciateurs d'une
hypoglycémie dus à la libération d’adréna-
Effets indésirables. Les f-bloquants sont line (par ex. les battements de cœur) : dan-
très souvent utilisés et en général bien sup- ger d’un coma hypoglycémique.
portés, si l'on tient compte de leurs contre- Altérations circulatoires : sous l’action du
indications. Il existe un risque lors du traite- blocage des récepteurs $,, les effets vaso-
ment par les B-bloquants dans les conditions dilatateurs de l’adrénaline médiés par ces
où l'organisme a besoin de l'activation per- récepteurs disparaissent tandis que l'effet
manente des récepteurs pour le bon fonc- vasoconstricteur lié à une stimulation
tionnement d’un organe. demeure intact :circulation périphérique À
Insuffisance cärdiaque : en cas de faiblesse — pieds et mains froids.
du muscle cardiaque, le cœur peut dépendre Les B-bloquants ont une action «anxio-
d'une stimulation permanente du système lytique », qui peut reposer sur l'atténuation
sympathique pour fournir un débit suffisant. des signes caractéristiques d’une libération
Une augmentation du débit cardiaque sera d’adrénaline d’origine psychologique (batte-
obtenue lors d’une activation sympathique, ments de cœur, tremblements), signes qui de
grâce à une élévation de la fréquence et de leur côté peuvent renforcer l’angoisse et le
la force d’éjection. En présence de f-blo- «trac ». L'attention n’est pas diminuée par
quants, la stimulation sympathique est sup- les B-bloquants et c’est pourquoi ils sont uti-
primée, le volume d’éjection et la fréquence lisés occasionnellement par des orateurs ou
décroissent : une insuffisance cardiaque la- des musiciens lors de grandes représenta-
tente se révèle, une insuffisance cardiaque tions (©). Le trac n’est cependant pas une
déjà manifeste s'aggrave (A). maladie réclamant un traitement médicà-
Par ailleurs, des éléments fournis par des menteux.
études cliniques suggèrent que les f-blo-
quants peuvent améliorer dans certaines
conditions (test préalable de la tolérance,
administration de doses plus faibles) le
Influence des médicaments sur le système sympathique 93

- À. Effet des B-sympatholytiques sur les fonctions cardiaques

2. / récepteur
5 bloqué
AMD par un
/ f-bloquant

100 ml BREL CS ES

volume | | || l É ;
d'éjection | LE HO A | E
| 1 | Ë | | | | | £

stimulation f,

blocage ,

activité modérée rendement


du cœur de l'organisme

= |
H |
ro)
D
>
TD

2 |
Aer |

:
5
52
|
5
RUE
& | ny œ (e B2

blocage B, 4 ——Sstimulation B, blocage B, bras sacs stimulation B,

B. Effet anxiolytique d’un B-sympatholytique


94 Influence des médicaments sur le système sympathique

Différences entre B-bloquants Il existe des B-sympatholytiques qui ont


une affinité plus élevée pour les récepteurs R,
Les B-sympatholytiques possèdent comme cardiaques que pour les récepteurs B, : B-blo-
structure chimique de base commune la quants cardiosélectifs (métoprolol, acébuto-
chaîne latérale des $-sympathomimétiques lol, aténolol, bisoprolol). La cardiosélectivité
(comparez l'isoprénaline aux $-bloquants des B-sympatholytiques est telle qu'ils peu-
tels que propranolol, pindolol et aténolol). vent malgré tout être prescrits par mégarde à
La structure de base est en général reliée à des patients souffrant d'asthme bronchique
un substituant aromatique par une liaison ou de diabète (p. 92).
-CH,-0-. L'atome de carbone qui porte le La structure chimique des $-bloquants
groupement hydroxyle dans la chaîne laté- est également importante pour leurs pro-
rale constitue un centre chiral. À part deux priétés pharmacocinétiques. À l'exception
exceptions (penbutolol et timolol), tous les des composés hydrophiles (par exemple
B-sympatholytiques se trouvent sous forme l’aténolol), les B-bloquants seront complète-
racémique (p. 62). ment absorbés au niveau intestinal. Ils subis-
L'énantiomère lévogyre possède une sent ensuite une élimination présystémique
affinité jusqu’à 100 fois plus élevée pour le partielle mais importante (A).
récepteur B que le composé dextrogyre, et Toutes les différences que nous venons de
est donc pratiquement seul responsable de mentionner n'ont qu’une faible importance
l'effet de blocage $. La chaîne latérale et le thérapeutique.
substituant sur l'azote sont importants en ce La multiplicité de l'offre donne une im-
qui concerne l’affinité pour le récepteur pression encore plus curieuse (B). En 1965,
tandis que le substituant aromatique est pri- avec le propranolol, le premier f-bloquant a
mordial pour définir si la substance montre été introduit dans l'arsenal thérapeutique:
encore une activité sympatho-mimétique 30 ans après, environ 25f-bloquants de
intrinsèque et est aussi un agoniste (ou un structure chimique différente sont commer-
antagoniste) partiel. Un agonisme (anta- cialisés. Ce développement inquiétant est
gonisme) partiel se produit lorsqu'une typique de celui d’un groupe de molécules
substance présente une activité intrinsè- qui jouent un rôle thérapeutique important,
que, mais si faible, que l'occupation de tous dont la place sur le marché est grande et
les récepteurs disponibles ne déclenche dont la structure active est unique. Par des
qu'une partie de l'effet obtenu en présence modifications de la molécule, on peut certes
d'un agoniste complet. En présence d'un produire des substances chimiques nouvel-
agoniste partiel, l’action d’un agoniste les (brevetables) mais aucun médicament
complet (par ex. l’isoprénaline) est inhibée ayant une action différente. En plus, certaines
car la liaison de l’agoniste complet est em- de ces substances qui ne sont plus protégées
pêchée. De cette façon, les agonistes par- par un brevet, sont vendues par des fabri-
tiels agissent aussi comme antagonistes cants différents sous des appellations com-
mais conservent cependant une certaine merciales distinctes (à lui seul, le proprano-
capacité de stimuler les récepteurs. On lol a été vendu en 2001 par 14 fabricants sous
peut se demander si l'effet agoniste propre 12 noms différents).
des -bloquants présente un avantage théra-
peutique.
Les B-bloquants qui sont des médica-
ments cationiques amphiphiles peuvent, en
fonction de leur lipophilie, inhiber à concen-
tration plus élevée le canal sodique et par là
même l’excitabilité du cœur et la propaga-
tion de la stimulation : effet de stabilisation
de membrane. Aux doses thérapeutiques
habituelles, la concentration requise pour
cet effet n’est pas atteinte.
Influence des médicaments sur le système sympathique 95

A. Différents B-sympatholytiques

isoprénaline pindolol propanolol aténolol o


H Il
OH | Cp CH3—C—NH>
N
HO
7
O

ae à
4 O [

OH HC—CH; M ' HC—CH}—NH) CH)


HC—CH}— NH) |
CH; CHIC CHE HC—CH2—NH)
OH HC—CH; |
| CH; OH; .: HC-CHs
vus CH 3
aus ne
on di CH

+ en récepteur ÿ récepteur f récepteurB


Ur antagoniste antagoniste
effet aucun effet

blocage
| | d’un canal sodique

Na* EE Na+
« stabilisation 1 de membrane »

B2
sélectivité

Es
100%
|élimination

; B. Augmentation
50%

exponentielle du nombre de f-sympatholytiques


E ES
présystémique

disponibles sur le marché


1965 1970 année d'introduction Tertatolol Nébivolon
Carvédilol
Esmolol
Bopindolol
Bisoprolol
Céliprolol
Bétaxolol
Béfunolol
Cartéolol
Mépindolol
Penbutolol
Carazolol
Nadolol
Acébutolol
Bunitrolol*
Aténolol
Métipranol
Métoprolol
Timolol
Sotalol
Talinolol
Oxprénolol
Pindolol
Bupranolol* + retiré du marché
Alprénolol
Propranolol 1975 1980 1985 1990 1995 2000
96 Influence des médicaments sur le système sympathique

Antisympathotoniques tina), qui inhibe la capacité de stockage des


amines biogènes (NA, dopamine = DA, séro-
Les antisympathotoniques sont des com- tonine = 5 HT), en bloquant un transporteur
posés qui diminuent l’activité du système nécessaire à la capture, présent dans la
nerveux sympathique : le «tonus sympathi- membrane des vésicules de stockage. La
que ». Ils provoquent une diminution de la quantité de NA libérée après stimulation dé-
pression artérielle (indication: hyperten- croît. La quantité d’adrénaline libérée par les
sion, p. 322), bien que leur utilisation en pra- glandes surrénales est également plus faible.
tique soit très limitée du fait d’une mauvaise À doses plus élevées, on aboutit à une dégra-
tolérance. dation irréversible des vésicules de stockage
La clonidine est un agoniste ©, qui à cause (sympathectomie pharmacologique) dont le
de sa lipophilie élevée (présence de deux renouvellement peut réclamer des jours et
substituants chlore sur le noyau phénol) tra- même des semaines. La réserpine pénètre
verse la barrière hémato-encéphalique. La sti- dans le système nerveux central et va là
mulation des récepteurs o-post-synaptiques aussi bloquer la capacité de stockage des
inhibe le centre vasomoteur dans la medulla amines biogènes.
oblongata de sorte qu'il accepte où mette Effets secondaires. Perturbation du sys-
en place une pression sanguine plus faible. tème moteur extrapyramidal avec signes
À côté de cela, l'activation des récepteurs parkinsoniens (p. 192), sédation, repliement
o.-présynaptiques (p. 82, p. 90) périphériques sur soi et dépression (inhibition du stockage
diminue la libération de noradrénaline (NA). À des amines biogènes dans le système ner-
côté de son utilisation principale comme anti- veux central), congestion de la muqueuse
hypertenseur elle peut également servir pour nasale (rhume réserpinique), diminution de
atténuer les symptômes de manque en cas de la libido, impuissance, augmentation de l’ap-
dépendance aux opioïdes. pétit.
Effets secondaires. Fatigue, sécheresse de La guanéthidine possède une affinité éle-
la bouche ; l'arrêt brutal d’un traitement par vée pour le système de transport de la NA
la clonidine déclenche un effet rebond : élé- dans la membrane axonale et la membrane
vation de la pression artérielle à un niveau des vésicules. Elle sera stockée à la place de
supérieur au niveau initial. la NA sans pouvoir cependant assurer ses
L'o-méthyl-DOPA (DOPA = dihydroxyphé- fonctions. En plus, elle stabilise la membrane
nylalanine) sera capté activement, comme axonale de façon à inhiber la propagation de
un acide aminé à travers la barrière hémato- l'excitation électrique à l'extrémité des nerfs
encéphalique, sera décarboxylé dans le cer- sympathiques. Le stockage et la distribution
veau en &-méthyl dopamine et finalement hy- de l’adrénaline des surrénales ne seront pas
droxylé en o-méthyl noradrénaline. La décar- modifiés. La guanéthidine ne pénètre pas
boxylation de l’a-méthyl-DOPA occupe une dans le SNC.
partie de l’activité de la décarboxylase, de Effets secondaires. Possibilités de montées
sorte que la transformation de DOPA en do- tensionnelles : à la suite d’une stimulation
pamine sera inhibée et que finalement la psychologique du patient, l’adrénaline sera
quantité de NA formée sera plus faible. L’'o- libérée ; l'augmentation de pression liée à
méthylI-NA, faux neurotransmetteur, peut être cette libération peut être particulièrement
stocké, mais possède cependant en compa- marquée, car chaque interruption de longue
raison des neurotransmetteurs physiolo- durée du tonus sympathique entraîne une
giques une affinité plus élevée pour les ré- hypersensibilisation de l'organe cible aux
cepteurs &, que pour les récepteurs ,, et de catécholamines.
ce fait déclenche un effet analogue à celui de
la clonidine.
Effets secondaires. Fatigue, perte de la ré-
gulation orthostatique, symptôme parkinso-
nien extrapyramidal (p. 192), réaction cuta-
née, trouble hépatique, anémie hémolytique.
Réserpine : c'est un alcaloïde végétal tiré
d'une plante grimpante (Rauwolfia serpen-
Influence des médicaments sur le système sympathique 97

A. Antisympathotoniques

stimulation des récepteurs o:,centraux


CI
suppression | Nasri) N
de la stimulation N —+
sympathique o-méthyl-NA H
dans le centre dans le cerveau Cl a
vaso-moteur onde

tyrosine
: Ÿ inhibition D
de la DOPA- HO
décarboxylase | ch3
CH CN
COOH
+ _a-méthyl-DOPA

SNC

inhibition des pos-


sibilités de stockage
des amines biogènes

système sympathique
périphéri

réserpine

aucune production
L d'adrénaliñe varicosité
dans les surrénales

inhibition de la propa-
gation de l'excitation | ; NH
au système sympa- ne nue
thique périphérique Re a
NH

capture active et stoc- |__|


kage à la place de l'adré-
naline, mais pas de rôle
de neurotransmetteur guanéthidine

\ |
pas d’action sur!la libération varicosité
à partir des surrénales
|
98 influence des médicaments sur le système parasympathique

Système nerveux parasympathique cérébral et la région sacrée de la moelle. Les


fibres émanant du tronc cérébral cheminent
Conséquences d’une activation parasympa- par le nerf crânien II (nerf oculomoteur) et
thique. Le système nerveux parasympathi- le ganglion cilié jusqu'aux yeux, par le
que régule des phénomènes en rapport avec nerf VII (nerf facial) et le ganglion ptérygo-
l'absorption (prise de nourriture, digestion, palatin ou sous-maxillaire jusqu'aux glandes
absorption) ou le stockage de l'énergie. Ces lacrymales ou aux glandes salivaires sublin-
événements se déroulent pendant la période guales ou sous-maxillaires, par le nerfIX
de repos de l'organisme, et se contentent (nerf glossopharyngien) et le ganglion oti-
d'un faible volume respiratoire (bronches que jusqu'aux glandes parotides, et par le
rétrécies) et d’une activité cardiaque modé- nerf X (nerf vague) jusqu’au thorax et aux
rée. La salive et les sécrétions de l'intestin organes abdominaux. Environ 75 % de tou-
participent à la digestion de la nourriture, le tes les fibres parasympathiques sont conte-
transport du contenu intestinal est accéléré nues dans le nerf vague. Les neurones du
par suite d’une augmentation des mouve- système parasympathique sacré innervent
ments péristaltiques et d’une diminution de le côlon, le rectum, la vessie et l’extrémité
tonus des muscles du sphincter. Pour favo- inférieure de l’urètre ainsi que les organes
riser la miction, la tension de la paroi de la génitaux externes.
vessie augmente et le tonus du sphincter
diminue. Une stimulation des fibres para- Neuromédiateur : acétylcholine. L'acétyl-
sympathiques provoque un rétrécissement choline (ACh) est la substance transmettrice
de la pupille et une courbure du cristallin au niveau des synapses post-ganglionnaires
permettant de voir avec plus de précision les du parasympathique ainsi que des synapses
objets proches (accommodation). ganglionnaires (du sympathique et du para-
sympathique) ou des plaques motrices
Structure du parasympathique. Les corps (p. 186). Cependant, elle agit dans les synap-
cellulaires des fibres parasympathiques pré- ses mentionnées ci-dessus sur des récep-
ganglionnaires sont localisés dans le tronc teurs distincts :

Localisation Agoniste Antagoniste Type de récepteur


Cellules innervées AC, Atropine Récepteur muscarinique
par le neurone muscarine couplé à une protéine G
parasympathique
de type 2
Corps cellulaire ACh, Trimétaphan Type ganglionnaire
du neurone de type 2 nicotine Récepteur
dans les ganglions nicotinique,
sympathiques un canal ionique stimulé
et parasympathiques par un ligand
Plaque motrice, ACh, d-Tubocurarine Type musculaire
muscles striés nicotine

L'existence de récepteurs distincts dans


les différentes synapses cholinergiques
permet une action pharmacologique spé-
cifique.
Influence des médicaments sur le système parasympathique 99
PATES NN TETE 2

— À. Conséquences d’une activation parasympathique

| œil :
mise au point rapprochée,
rétrécissement
des pupilles

salive :
abondante, fluide

bronches :
rétrécissement
sécrétion
cœur :
fréquence } k
pression artérielle }

estomac et intestin :
sécrétion À
péristalisme t
tonus des sphincters

vessie :
tonus
des sphincters }
tonus des parois
100 Influence des médicaments sur le système parasympathique

Synapse cholinergique en solution dans le sérum ou le liquide in-


terstitiel.
L'acétylcholine est le neurotransmetteur Les récepteurs muscariniques peuvent
des synapses post-ganglionnaires des nerfs être répartis en cinq sous-types en fonction
parasympathiques. Elle est stockée à concen- de leur structure moléculaire, de leur mode
tration élevée dans les vésicules situées de transduction et de l’affinité respective de
dans l’axoplasme et en densité plus impor- divers ligands. Les récepteurs M,, M, et M,
tante à la terminaison nerveuse. Elle est sont représentés ici. Les récepteurs M, se
formée à partir de la choline et d’un acide trouvent dans les cellules nerveuses, par
acétique activé (acétylcoenzyme A) sous exemple les ganglions, où leur activation fa-
l’action de l’enzyme choline-acétyl-transfé- cilite la transmission d’une excitation du neu-
rase. La choline, très polaire, est transpor- rone de type 1 au neurone de type 2. Les ef-
tée de façon active dans l’axoplasme. Le fets de l’acétylcholine sur le cœur sont
système de transport spécifique se trouve médiés par des récepteurs M,: l’ouverture
exclusivement sur la membrane des neuro- d’un canal potassique conduit à un allonge-
nes cholinergiques et les terminaisons ner- ment de la dépolarisation diastolique et à
veuses. Le mécanisme de la libération n'est une diminution de la fréquence cardiaque. Les
pas connu dans tous ses détails. Les vési- récepteurs M, jouent un rôle dans le tonus
cules sont ancrées aux filaments du cyto- des muscles lisses, par exemple de l'intestin
squelette par l'intermédiaire d’une protéine, et des bronches. Leur stimulation déclenche
la synapsine, ce qui permet leur accumula- une activation de la phospholipase C, une
tion à proximité de la membrane présynap- dépolarisation de la membrane et une éléva-
tique, mais empêche leur fusion avec cette tion du tonus musculaire. Les récepteurs M,
membrane. Lors d’une stimulation du nerf, sont également présents dans des cellules
la concentration de Ca” dans l’axoplasme endocrines, dont la fonction va être stimulée
augmente, provoquant une stimulation de après activation là encore d’une phospholi-
protéine-kinases et une phosphorylation de pase C. Dans le tissu cérébral, on met en évi-
la synapsine. Ceci permet une libération dence ces trois types de récepteurs musca-
des vésicules proches de la membrane, de riniques, où ils participent à l’activation de
leur ancrage et leur fusion avec la mem- nombreuses fonctions : excitabilité corticale,
brane présynaptique. Lors de cette fusion, mémoire, apprentissage, traitement des st-
elles déversent leur contenu dans la fente gnaux douloureux et contrôle de l'activité
synaptique. L’acétylcholine diffuse rapide- dans le tronc cérébral.
ment à travers la fente synaptique (la molé- Une activation des récepteurs M, dans
cule d’acétylcholine a une taille un peu l’endothélium vasculaire peut aboutir à la li-
supérieure à 0,5 nm, la fente synaptique est bération de monoxyde d’azote (NO) et pro-
large d’environ 30-40 nm). Sur la membrane voquer de façon indirecte une vasodilatation
post-synaptique qui est aussi la membrane (p. 120).
du tissu cible, elle se fixe sur des récep-
teurs. Ces récepteurs peuvent aussi être
stimulés par un alcaloïde, la muscarine : il
s’agit de récepteurs muscariniques (récep-
teurs cholinergiques de type M). Au con-
traire, l’action de l’acétylcholine sur les
récepteurs des synapses ganglionnaires et
de la plaque motrice (p. 186) est reproduite
par la nicotine : récepteurs nicotiniques de
type N.
Après libération dans la fente synaptique,
l'acétylcholine sera hydrolysée très rapi-
dement et inactivée par une enzyme spéci-
fique, l’acétylcholinestérase, présente dans
la fente, et par des cholinestérases sériques
moins spécifiques (butyryl-cholinestérase),
Influence des médicaments sur le système parasympathique 101

— À. Acétylcholine : libération, actions, inactivation

( acétylcoenzyme A + choline E potentiel d'action


choline-acétyl-transférase
O Nr
HR
7 @ 1 3
ï influx de Ca?+
O—CH}—CH>—N—CH3
acétylcholin
y ne. CH,
Ge

capture de l’acéthyl-
choline dans
les vésicules

recapture active … / libération


de la choline des vésicules

exocytose

4 © ' hydrolyse par occupation


à / une estérase à du récepteur

cholinestérase
sérique acétylcholines-
térase

cellule musculaire lisse tissu nodal cardiaque cellule secrétrice


récepteur M; récepteur M, récepteur M;
|
| __._._. Ca l'activation d’un canal K°

le allongement
de la dépolarisation
Ca2* dans le cytosol # diastolique

fréquence #
mV

[sous l’action
| de l'AC
|

en condition
normale
102 Influence des médicaments sur le système parasympathique

Parasympathomimétiques choline avec l’acétylcholinestérase. Elles


peuvent être captées par l’enzyme comme
L'acétylcholine (ACh) elle-même ne peut des faux substrats. L'ester sous forme d’un
être utilisée en thérapeutique en raison de complexe avec l’enzyme sera alors attaqué.
son hydrolyse et de son inactivation très L'étape limitante dans l’hydrolyse de l’acé-
rapide par l’acétylcholinestérase (AChE); tylcholine est la désacétylation de l’enzyme,
son action peut être imitée de façon directe un événement qui ne réclame que quelques
ou indirecte par les parasympathomimé- millisecondes, ce qui permet l’activité élevée
tiques. de l’acétylcholinestérase. La décarbamino-
ylation de l’enzyme, nécessaire après hydro-
Parasympathomimétiques directs. L’ester de lyse d’un carbamate, requiert des heures
choline carbachol stimule les récepteurs mus- voire des jours. L’enzyme reste inactive
cariniques (parasympathomimétique direct), aussi longtemps qu'elle est carbaminoylée.
mais n’est cependant pas dégradé par l’acé- La coupure du résidu phosphate, c’est-à-dire
tylcholinestérase. Le carbachol peut donc la déphosphorylation de l’enzyme, est prati-
être actif en administration locale sur l'œil quement impossible, dans ce cas l’enzyme
(glaucome) ou en administration systémique est bloquée irréversiblement.
(atonie intestinale ou vésicale).
La pilocarpine, un alcaloïde (de Pilocar- Application. La néostigmine, un carbamate
pus jaborandus) et l’arécoline (de Areca ca- quaternaire, sera utilisée comme parasym-
techu, la noix de Bétel) agissent comme des pathomimétique indirect dans le cas d’une
parasympathomimétiques directs ; ils exer- atonie intestinale ou vésicale post-opératoire.
cent également par la présence d’une amine Elle sera également employée pour compen-
tertiaire une action centrale. L'effet central ser l'insuffisance relative en acétylcholine au
des substances muscariniques consiste en niveau de la plaque motrice dans les cas de
une stimulation légère et vivifiante, qui est myasthénie grave ou bien pour raccourcir
probablement l'effet recherché par ceux l'action myorelaxante de substances non
qui mastiquent la noix de Bétel en Asie du dépolarisantes (p. 188) (levée de la curarisa-
Sud-Est. Cependant, seule la pilocarpine a tion avant l'arrêt d’une anesthésie). La pyri-
une utilisation thérapeutique et uniquement dostigmine sera utilisée de la même façon. La :
en application locale, dans le glaucome physostigmine, un carbamate tertiaire péné-
(p. 342). trant dans le cerveau, peut être utilisée
comme antidote lors d’un empoisonnement
Parasympathomimétiques indirects. L'’acé- par l'atropine ou des substances voisines, car
tylcholinestérase (ACRE), enzyme locale, elle atteint aussi l’acétylcholinestérase dans
peut être inhibée de façon sélective. La le SNC. La néostigmine à une action locale au
conséquence de cette inhibition est une élé- niveau de l’œil pour le traitement des glauco-
vation de la concentration d’acétylcholine mes. Les carbamates et les organophospho-
au niveau des récepteurs dans les synapses rés peuvent aussi être utilisés comme
cholinergiques ; le médiateur endogène est insecticides. Ils se caractérisent certes par
donc disponible plus longtemps. Les inhibi- une toxicité élevée pour l’homme mais aussi,
teurs de l’enzyme sont ainsi des parasym- si on les compare au DDT, par une décompo-
pathomimétiques indirects. L'inhibition de sition chimique rapide après pulvérisation.
l’'enzyme est sensible dans toutes les synap- La tacrine n’est pas un ester et interfère
ses où l’acétylcholine remplit une fonction uniquement avec le site de liaison de la cho-
de neuro-transmetteur. Parmi ces inhibi- line sur l'enzyme. Elle peut être utilisée au
teurs, on trouve soit des esters de l'acide cours de la maladie d'Alzheimer dans l’es-
carbaminique (carbamates, tels la physos- poir d’atténuer les symptômes de démence.
tigmine, la néostigmine) ou les esters de D'autres inhibiteurs de la cholinestérase
l'acide phosphorique (organophosphates pouvant éventuellement apporter une aide
tels le paraoxon = E 600 dérivé de la nitro- dans la maladie d'Alzheimer sont le doné-
stigmine = E 605 = parathion). pézil et la rivastigmine.
Les substances appartenant à ces deux
groupes de drogue réagissent comme l’acétyl-
Influence des médicaments sur le système parasympathique 103

A. Parasympathomimétiques directs et indirects


O

| PE H;CO—C
H3N—C—O—CH— CH; —<N— CH;
| 2. N— CH;
carbachol CH arécoline 5
directs l’arécoline est
O CH; une substance
Il ’ contenue dans
H3C—C—0—CH;—CH,-N—CH, la noix de Bétel :
sa mastication a
acétylcholine un effet stupéfiant

A
\ CH fol
J OS CSN
| ŸS Hem
H3C 7 Ni ge O CH3

He physostigmine

/ HGRuo H3C inhibiteurs PONS


/ NE N+ VC de l’acéthylcholinestérase 7 ON
Ne 0 N” (ACRE) OFPEO NO;
/ A \ | =
IHC DIRE IN GG
_parasympathomimétiques
indirects paraoxon (E 600)

nitrostigmine =
parathion =
poison E 605

désacétylation

heures ou jours >


décarbaminoylation

déphosphorylation impossible
104 Influence des médicaments sur le système parasympathique

Parasympatholytiques 2. Relaxation des muscles lisses :


Bronchodilatation dans le cas d’une élévation
La stimulation du système parasympathique de résistance en utilisant un parasympatho-
provoque au niveau de la synapse, entre un lytique, l’ipratropium.
neurone de type 2 et les cellules de l'organe
L'inhalation de cet ammonium quaternaire
cible, une libération d’acétylcholine dont les n'affectera que peu les autres organes, car
effets sont représentés sur la figure ci-contre l'absorption de la fraction du produit qui
(flèches bleues). Certaines de ces actions parvient dans le tractus gastro-intestinal est
parasympathomimétiques seront utilisées
très faible (p. 18).
sur le plan thérapeutique (p. 102).
L'ipratropium présente une bonne activité
Les substances qui agissent comme des dans les cas de bronchite chronique obs-
antagonistes au niveau des récepteurs mus-
tructive; il a cependant un rôle thérapeuti-
cariniques s'appellent des parasympatho- que plus faible en cas d’asthme.
lytiques (exemple type, l’atropine, un alca- Spasmolyse dans le cas de coliques néph-
loïde, dont l’action est soulignée en rouge
rétiques ou biliaires avec la N-butylscopola-
sur la figure ci-contre).
mine (p.128). Comme c’est un ammonium
Leur utilisation thérapeutique est rendue quaternaire, il ne pénètre pas dans le SNC, et
difficile par une mauvaise spécificité d’or-
doit être administré par voie parentérale. La
gane. Pour obtenir un effet précis, il faut :
N-butylscopolamine à une action spasmo-
- une application locale ; lytique particulièrement marquée, parce
— choisir des substances aptes à traverser la qu'elle peut à la fois bloquer les ganglions et
membrane ;
relâcher directement les muscles.
- utiliser des produits spécifiques d’un sous-
Diminution du tonus des muscles de l'iris
type de récepteur. et élargissement de la pupille par l’utilisa-
Les parasympatholytiques peuvent être
tion locale d’homatropine ou de tropica-
utilisés sur le plan thérapeutique :
mide (mydriatiques), de façon à pouvoir
1. Inhibition des sécrétions glandulaires : examiner le fond de l’œil. Pour effectuer un
Inhibition des sécrétions bronchiques. La pré- diagnostic, il n’y a besoin que d’une dila-
médication par l’atropine avant une anes- tation relativement brève de la pupille. Par
thésie par inhalation freine une possible comparaison avec l’atropine (dont l'effet
hypersécrétion de mucus bronchique, qui peut durer des jours), l'effet des substances
ne pourrait pas être expectoré au cours de citées plus haut s’estompe rapidement
l’anesthésie. (p. 342).
Blocage des sécrétions acides de l'estomac
avec la pirenzépine. La stimulation des sé- 3. Accélération de l’activité du cœur :
crétions acides de l'estomac par l'AC est L'ipratropium sera utilisé pour augmenter
médiée par un sous-type de récepteurs mus- la fréquence cardiaque en cas de bradycar-
cariniques, les récepteurs M, (p. 170). La pi- die ou pour élever le seuil d'excitation dans
renzépine présente une affinité supérieure le cas d’un bloc auriculo-ventriculaire. En
pour les récepteurs M, que pour les autres tant qu'ammonium quaternaire, cette sub-
récepteurs muscariniques (p. 100). Les cellu- stance ne pénètre pas dans le cerveau, ce
les pariétales qui produisent les sécrétions qui diminue le danger d'une altération du
acides possèdent essentiellement des récep- système nerveux central (voir plus loin). Il
teurs M.. Les récepteurs M, ont été mis en est également mal absorbé au niveau intes-
évidence en dehors de la paroi de l'estomac tinal (coefficient d'absorption < 30 %) ; pour
et en particulier dans le cerveau. Cependant obtenir un niveau plasmatique suffisant, il
la pirenzépine n’y exerce aucune action car doit être nettement plus dosé que pour
elle n’est pas suffisamment lipophile pour l'administration parentérale.
traverser la barrière hémato-encéphalique. L'administration d’atropine permet d’évi-
La pirenzépine ne joue pratiquement plus ter un arrêt cardiaque réflexe, comme il peut
aucun rôle aujourd'hui dans le traitement s’en produire après une stimulation du nerf
des ulcères de l’estomac et du duodénum car vague par exemple lors de l'induction d'une
il existe des modes de traitement plus actifs anesthésie, d’un lavage d'estomac ou d’un
et mieux supportés (p. 170). examen endoscopique.
Influence des médicaments sur le système parasympathique 105
A. Effets d’une stimulation ou d'une inhibition du système parasympathique >]

Cerisier —
des fous
Atropa
belladonna
H3C,

\ atropiné
À à S
\ acétylcholine
| N.
SQUE é irdt 2
récepteurs Fa
muscariniques 2 :
de l’acétylcholine

élargissement du canal
de Schlemm / \
activation ‘ eo) le
des muscles on sécrétion de salive \\||

7
Se,SÈ ©]
|
|
Sd
AA) productiion d'acide
i

rétrécissement de la pupill dans l'estomac


| élargissement de la ® |
& Lo pupille sécrétion
de suc
4 pancréatique
NN ®
| sensibilité à la lumière péristaltisme
vision de près difficile intestinal
inhibition du drainage ® NÉE
de l'humeur aqueuse

,
fréquence Lee
transmission AV agratont
irritabilité
hallucinations
effet
|fréquence t anti-parkinson
transmission AV effet
anti-émétique
circulation accrue Sécheresse
pour augmenter sécrétion bronchique boue
la déperdition de chaleur bronchoconstriction er
t inhibition
de la sécrétion acide
perte de chaleur inhibition
par transpiration } de la formation
de suc pancréatique
diminution
du péristaltisme
diminution d'u
des sécrétions bronchiques diminution
bronchodilatation du tonus vésical

. sympathique
©) ation
cholifergique
des glandes
formation de sueur sudoribares
106 Influence des médicaments sur le système parasympathique

4. Sédation du système nerveux central : produite au cours des réactions du métabo-


La scopolamine (en général sous forme d’un lisme, en vaporisant la sueur (chaleur de va-
emplâtre transcutané) est utilisée dans la porisation, p. 206). En compensation, se pro-
prophylaxie d'une kinétose (mal des trans- duit une dilatation des vaisseaux de la peau
ports, mal de mer, p. 340). La scopolamine destinée à favoriser le dégagement de cha-
(pK, = 7,2) traverse la barrière hémato- leur par une augmentation du débit sanguin
encéphalique plus vite que l’atropine cutané, rougissement de la peau. La consé-
(PK, = 9), car une fraction plus importante quence d’un blocage du péristaltisme intes-
de la molécule reste sous forme non char- tinal est une constipation.
gée, capable de traverser la membrane. Effets centraux : agitation motrice qui peut
Sédation dans les états agités avec la sco- s’amplifier jusqu’à la folie furieuse, altéra-
polamine qui, au contraire de l’atropine, a tions psychiques, hallucinations et état de
une action sédative dont on peut tirer parti confusion (en Allemagne, le nom de la plante
avantageusement en l’administrant comme dont provient l’atropine est le cerisier des
prémédication d’une anesthésie. fous).
Atténuation des symptômes de la maladie Les vieillards sont particulièrement sen-
de Parkinson, qui est liée à une prépon- sibles aux effets centraux d’un empoisonne-
dérance relative de l’acétylcholine dans le ment. Rappelons-nous le grand nombre de
corps strié, en utilisant par exemple la ben- substances possédant des effets secondaires
zatropine (p.192). Les anticholinergiques atropiniques : antidépresseurs tricycliques,
utilisés comme agents antiparkinsoniens neuroleptiques, antihistaminiques, anti-aryth-
traversent aisément la barrière hémato- miques, anti-parkinsoniens.
encéphalique. Pour une même action cen- Le traitement d’un empoisonnement grave
trale, les effets périphériques sont moins par l’atropine comporte, à côté des mesures
marqués que dans le cas de l’atropine. symptomatiques générales (lavage d’esto-
mac, diminution de la température par des
Contre-indications à l'usage des parasym- bains froids) l’administration d’un parasym-
patholytiques pathomimétique indirect (physostigmine,
Glaucome à angle étroit :en effet, le relâche- p. 102) qui passe dans le SNC contrairement
ment des muscles des sphincters de la à la néo-stigmine.
pupille bloque l'écoulement de l'humeur Les empoisonnements par l’atropine peu-
aqueuse et augmente la pression intra- vent survenir par exemple chez des enfants
oculaire. ayant avalé les baies de la belladone (cerisier
Problèmes de miction dans le cas d’un adé- des fous) ou bien lors d’une absorption ex-
nome prostatique, car le relâchement des cessive d’anti-dépresseurs tricycliques (tenta-
muscles de la vessie, réglé par le parasympa- tive de suicide).
thique, aggrave les difficultés.

Empoisonnement par l’atropine. Les pa-


rasympatholytiques se caractérisent par une
fenêtre thérapeutique importante. Les rares
cas d'empoisonnement par l’atropine, sus-
ceptibles de méttre la vie en danger, sont re-
connaissables par les effets périphériques
ou centraux suivants :
Effets périphériques : tachycardie, séche-
resse de la bouche ; élévation de la tempé-
rature du corps (hyperthermie) due à une in-
hibition de la transpiration. L'excitation se
transmet également aux glandes sudoripares
cholinergiques, bien qu’elles soient inner-
vées par le système sympathique. L'inhibi-
tion de la sécrétion de la sueur enlève à l’or-
ganisme la possibilité d'éliminer la chaleur
Influence des médicaments sur le système parasympathique 107

A. Parasympatholytiques

H:C
IN
N / /

b à O H # ee
l | SN
= VA OC COOP TTTTUIN
=
Sd N

PUS homatropine

fe x | FM, M, à
s) Mir 2m Mi) |
) 4 MER à 40)

{ll
oE<-cos
N-butyl- ||
ol CHU scopolamine É
opolamine 0—c—c se

en
ipratropium + AE £
ED 10 mg + effet direct sur les muscles

7
108 Nicotine

Transmission ganglionnaire nicotiniques entraîne une dépolarisation


membranaire si prononcée qu'un potentiel
Un nerf végétatif efférent, qu’il soit sympa- d'action ne peut plus se produire, même
thique ou parasympathique, se compose en quand se produit une libération intensive et
principe de deux neurones disposés l’un à la coordonnée d’acétylcholine (©).
suite de l’autre. Le point de contact (synapse) La nicotine imite en effet l’action de l’ACh
entre le neurone 1 et le neurone 2 est situé au niveau des récepteurs mais avec elle il
dans un ganglion, c’est pourquoi on parlera n’est pas possible d'obtenir les changements
pour les neurones 1 et 2 de neurone pré- ou fréquents de concentration de l’agoniste
post-ganglionnaire. L’excitation électrique dans la fente synaptique qui sont nécessai-
(potentiel d'action) du premier neurone res à la stimulation ganglionnaire. La concen-
entraîne la libération d'acétylcholine (ACh) tration de nicotine dans la fente synaptique
dans le ganglion. L'acétylcholine stimule des ne peut augmenter aussi rapidement que
récepteurs présents, sur la membrane du celle d’acétylcholine après libération par les
neurone 2, dans la région synaptique. La sti- terminaisons nerveuses et la nicotine n’est
mulation de ces récepteurs ouvre les canaux pas éliminée aussi rapidement de la fente
ioniques non spécifiques présents dans le synaptique que l’acétylcholine.
récepteur (p. 64), de telle sorte que le poten- Les récepteurs ganglionnaires de l’ACh
tiel de membrane décroît. Si une quantité peuvent être bloqués par le trimétaphan
suffisante de ces récepteurs est stimulée en (ganglioplégique) qui n'a aucune activité
même temps, on atteint un seuil de potentiel intrinsèque et se comporte comme un véri-
auquel se déclenche une dépolarisation table antagoniste.
rapide, qui provoque ensuite un potentiel L'hexaméthonium est un ganglioplégique
d'action se propageant le long du neurone 2. ayant un autre mode d’action: il bloque le
En temps normal, tous les potentiels d'action canal ionique non spécifique du récepteur.
qui parviennent au neurone préganglion- Certains neurones de type 1 aboutissent,
naire ne génèrent pas un potentiel d'action sans avoir été relayés, à l'extrémité de la voie
qui se propage de nouveau dans le neu- nerveuse jusqu'aux cellules des surrénales.
rone 2. La synapse ganglionnaire a une fonc- D'un point de vue embryologique, ces cellules
tion de filtre (A). ont la même origine que les corps cellulaires
Au niveau des récepteurs de la membrane de neurones sympathiques post-synaptiques.
neuronale situés dans la région de la synapse La stimulation d'un neurone de type 1 en-
ganglionnaire, l'effet de l’acétylcholine peut traïne aussi dans les glandes surrénales une
être également déclenché par la nicotine : ré- libération d’acétylcholine qui induira dans
cepteurs nicotiniques. les cellules une sécrétion d’adrénaline dans
le sang (D). De faibles doses de nicotine qui
Actions de la nicotine au niveau ganglion- induisent seulement une dépolarisation par-
naire. Si la nicotine est introduite dans tielle, provoquent malgré tout une libération
l'organisme en faible quantité, elle stimule d’adrénaline (p. 110, p. 112).
les récepteurs ganglionnaires. On obtient
une dépolarisation partielle mais pas la géné-
ration de potentiels d'action. À ce moment,
cependant, il suffit d’une libération d’acétyl-
choline plus faible que dans une circonstance
normale pour déclencher la propagation
d’un potentiel d'action. La nicotine à faible
concentration stimule la transmission gan-
glionnaire, elle change la capacité de filtration
du ganglion, et la fréquence des potentiels
d'action du deuxième neurone se rapproche
de celle observée dans le neurone 1 (B). À
concentration plus élevée la nicotine agit en
bloquant le ganglion. La stimulation simulta-
née d’une quantité plus élevée de récepteurs
Nicotine 109

— À. Transmission ganglionnaire : état normal

neurone 1 préganglionnaire neurone 2 postganglionnaire

—70 mV

E_ —

cons
fréquence d’excitation

- B. Transmission ganglionnaire : stimulation des ganglions par la nicotine

—55 mV
dépolarisation partielle
de longue durée
faible concentration
nicotine

LS
HULL LL LU JUL Ÿ
— C. Transmission ganglionnaire : blocage par la nicotine

—30 mV

dépolarisation

concentration élevée blocage ganglionnaire


“nicotine

2
JOEL AU
— D. Surrénales : libération d’adrénaline induite par la nicotine

surrénales

nicotine

(2 stimulation
110 Nicotine

Modifications des fonctions Glomus carotidien. La sensibilité de la


de l'organisme par la nicotine réponse à une augmentation de la concentra-
tion de CO, augmente et a pour conséquence
La nicotine, un alcaloïde du tabac, peut une élévation de la fréquence respiratoire.
susciter une multitude d'effets via la stimu-
lation des récepteurs nicotiniques de l’acé- Récepteurs à la pression, à la température
tylcholine. ou à la douleur. La sensibilité aux stimuli
correspondants est accrue.
Ganglions végétatifs. La stimulation des
ganglions touche aussi bien la partie sympa- Area postrema. La sensibilisation des ché-
thique que la partie parasympathique du morécepteurs entraîne une excitation des
système nerveux végétatif. L’activation du centres du vomissement.
parasympathique est visible au niveau de La nicotine peut aussi, à faible concentra-
l'estomac par une augmentation des sécré- tion, augmenter l’excitabilité au niveau des
tions (interdiction de fumer en cas d’ulcère), plaques motrices. Cette action peut se mani-
et par une élévation de l’activité de l'intestin fester chez les grands fumeurs par des cram-
(«effet laxatif » de la première cigarette mati- pes, par exemple des muscles du mollet, et
nale: défécation ; diarrhée chez les « débu- une raideur musculaire.
tants »). L'action centrale de la nicotine ne peut
La tendance à une diminution de la fré- pas être attribuée à une zone particulière du
quence cardiaque, médiée par le parasympa- cerveau. La nicotine augmente la vigilance et
thique, sera contrebalancée par une stimula- la concentration. Cet effet peut être décrit
tion simultanée du sympathique et des comme une capacité accrue d'appréhender
surrénales. les événements extérieurs et de réagir.
La stimulation des nerfs sympathiques
entraîne par suite de la sécrétion de noradré- Traitements pour arrêter de fumer
naline une vaso-constriction, la résistance
périphérique augmente. L'apport de nicotine par l'intermédiaire
d’emplâtre, de gomme à mâcher ou de pul-
Glandes surrénales. La libération d’adréna- vérisation nasale peut permettre au fumeur
line a en premier lieu un effet sur la circula- d'arrêter la cigarette. Le sevrage sera atteint
tion : élévations de la fréquence cardiaque et grâce à une réduction par étapes des doses
de la résistance périphérique. D'un autre de nicotine. Ce traitement peut réussir tout
côté, on note également une action sur le d’abord, mais le risque de rechute à long
métabolisme : par la dégradation du glyco- terme est très élevé.
gène et la libération d’acides gras sont mis Le bupropion présente des similitudes
en place des substrats favorables à la pro- structurales avec les amphétamines (p. 88)
duction d'énergie. La sensation de faim est et inhibe la recapture par les neurones de no-
abolie. L'état métabolique répond par une radrénaline et de dopamine. Il peut être uti-
activation de l'organisme à un «stress silen- lisé par les fumeurs pour arrêter de fumer,
cieux ». sans doute parce qu'il suscite au niveau cen-
tral des effets semblables à ceux de la nico-
Barorécepteurs. La dépolarisation partielle tine. Compte tenu de la proportion élevée de
des barorécepteurs leur permet déjà de réagir rechutes à l'arrêt du traitement et des effets
à une augmentation relativement faible de la secondaires, l'intérêt thérapeutique de ce
pression sanguine par une réduction de produit reste discutable.
l'activité sympathique.

Post-hypophyse. La libération de vasopres-


sine (ADH) a un effet antidiurétique (p. 168) ;
l'effet vasoconstricteur est seulement sensi-
ble pour des concentrations d’hormone très
élevées.
Nicotine 7717

|A. Effets de la nicotine dans l'organisme

_ vigilance, sensibilité
|
| du SNC aux stimuli |

| fréquence respiratoire sensibilité


Y

Re
FIT PRET NES

RRRLUEL
112 Nicotine

Conséquences du tabagisme concentration de glucose et d’acides gras


libres, sans que ces substrats énergétiques
Les feuilles séchées et fermentées de Vico- soient immédiatement nécessaires à une
tiana tabacum, une plante de la famille des activité de l'organisme. À plus long terme, elle
solanacées, sont désignées sous le nom de augmente l’agrégabilité plaquettaire, abaisse
tabac. Le tabac est essentiellement fumé, l'activité fibrinolytique sanguine et favorise
plus rarement prisé ou chiqué. Au moment la coagulation.
où le tabac se consume, se forment en quan- Ce n’est pas seulement la nicotine, mais
tité détectable, environ 4 000 substances, si aussi l’ensemble des autres substances
bien que l'absorption par le fumeur dépend contenues dans la fumée du tabac qui sont
non seulement de la qualité du tabac et de responsables des conséquences de la taba-
la présence d’un filtre mais aussi de la gie. Parmi ces substances, quelques-unes
vitesse à laquelle il se consume (tempéra- possèdent de façon démontrable des pro-
ture du foyer) et de la profondeur de l’inha- priétés cancérigènes.
lation. Les particules de poussière inhalées avec
Le tabac contient de 0,2 à 5 % de nicotine. la fumée du tabac doivent être éliminées du
Dans la fumée du tabac sont également tractus respiratoire en même temps que le
dispersées des particules de goudron. mucus recouvrant l’épithélium cilié. Cepen-
La quantité de nicotine absorbée à travers dant l’activité des cils vibratiles est inhibée
l'épithélium au moment d’une cigarette par la fumée ; le transport mucociliaire est
dépend de la concentration en nicotine du atteint. Ceci favorise une infection bacté-
tabac, de l'importance de la surface mu- rienne et constitue une des causes de la
queuse exposée à la fumée (inhalation !) et bronchite chronique, qui se développe chez
de la valeur de pH à la surface de la mu- les fumeurs réguliers (toux du fumeur). La lé-
queuse. La nicotine est rapidement absorbée sion chronique de la muqueuse bronchique
au niveau des bronches et des poumons lors- peut être une cause importante du risque ac-
que l’alcaloïde est sous forme basique. Si, au cru qu'ont les fumeurs de déclarer un carci- ,
contraire, l'azote est protoné, cette partie de nome pulmonaire.
la molécule est alors hydrophile et son ab- Des études statistiques ont établi la rela-
sorption sera diminuée. Pour permettre un tion impressionnante qui existe entre le
apport optimal de nicotine au fumeur de ci- nombre des cigarettes fumées quotidienne-
garettes, de nombreux tabacs seront alcali- ment et l'augmentation du risque de mourir
nisés par les fabricants. d’un infarctus du myocarde ou d’un cancer
La concentration plasmatique de nico- du poumon.
tine après une cigarette atteint un niveau D'un autre côté, les statistiques montrent
d'environ 25-50 ng/ml pour lequel peuvent aussi que les risques d’infarctus ou d’un
se produire les effets décrits p.110. La autre accident cardiovasculaire, tombent à
concentration de nicotine dans le plasma un niveau proche de ceux des non-fumeurs
décroît dès la fin de la cigarette par suite dans un délai de cinq à dix ans après l'arrêt.
d’une distribution très rapide, l'élimination De la même façon, le danger de voir se
finale s'effectue avec une demi-vie d’envi- déclencher un carcinome bronchique s’es-
ron 2 heures. La nicotine est dégradée par tompe.
oxydation. L'arrêt brutal chez les fumeurs n’est pas
Il est vraisemblable que l’augmentation du associé à des symptômes de sevrage impor-
risque cardio-vasculaire observée chez les tants. En général, le sujet se plaint d’une ner-
fumeurs est une conséquence de l’action vosité accrue, d'un manque de concentra-
chronique de la nicotine : maladies coronai- tion et d’une prise de poids.
res (entre autres infarctus), altérations cen-
trales (apoplexie) ou périphériques (mem-
bres inférieurs) de la circulation sanguine. Le
rôle de la nicotine comme un des facteurs fa-
vorables au développement d’une athéros-
clérose est encore discuté. Elle augmente
par le biais d’une libération d’adrénaline la
Nicotine 113
. Conséquences du tabagisme

N
nicotine
Nicotiana
tabacum

« goudrons »

nitrosamine
acroléine
hydrocarbures
polycycliques
ex. benzopyrène

somme
des stimuli nuisibles

2 A
agrégation lésions lésions “= |'inhibition
plaquettaire t de l’endothélium Fel’épithélium du transport
| vasculaire ronchique | mucociliaire
durée
activité adrénalinet années pi mois
fibrinolytique } ation

acides gras bronchite bronchite


libres t chronique = « 4

carcinome bronchique
nb de cas mortels/T000 personnes/an nb de cas mortels/T000 personnes/an
= =

fumeur
ex-

SS\
Re
114 Amines biogènes

Dopamine Antiémétiques. La stimulation des récepteurs


de la dopamine dans l’area postrema peut
Effets de la dopamine et régulations phar- déclencher des vomissements. Les antago-
macologiques (A). La dopamine joue un rôle nistes des récepteurs D, comme le métoclo-
de neurotransmetteur au niveau du système pramide et le dompéridone (p. 340) seront
nerveux central. La dopamine libérée par les utilisés comme antiémétiques. À côté de leur
neurones peut se fixer à différents sous- effet sur l’area postrema, ils stimulent égale-
types de récepteurs, qui sont tous couplés à ment la vidange de l'estomac dans l'intestin
une protéine G. On distingue la famille des grêle.
récepteurs de typeD, qui comprend les
sous-types D, et D., et les récepteurs de la Neuroleptiques. Plusieurs substances d’action
famille D, comprenant les sous-types D,, D, centrale exerçant un effet thérapeutique
et D,. Ces sous-types présentent des voies de chez les schizophrènes présentent dans leur
transduction différentes, c’est ainsi que la spectre une composante antagoniste des
synthèse d'AMPc sera stimulée par les récep- récepteurs D,, comme par exemple la phéno-
teurs de type D, et inhibée par les récepteurs thiazine et la butyrophénone (neurolepti-
de la famille D. ques, p. 240).
La dopamine libérée pourra être réutilisée
après recapture neuronale et stockage dans Utilisations thérapeutiques de la dopamine
des vésicules mais pourra également être (B). Une perfusion de dopamine entraîne, via
dégradée comme les autres catécholamines une stimulation des récepteurs D,, une dila-
de l'organisme par les enzymes COMT et MAO tation des artères rénales et mésentériques,
(p. 82). ce qui diminue la postcharge du cœur et
accroît l'irrigation rénale. La dopamine est
Différents médicaments pourront être utili- donc utilisée en cas de choc cardiogénique
sés pour moduler les voies de signalisation ou de défaillance rénale dangereuse. En rai-
dopaminergiques. son de la parenté structurelle entre l’adréna-
line, la noradrénaline et leur précurseur, il
Antiparkinsoniens. Dans la maladie de Par- est facilement compréhensible que la dopa-
kinson, les neurones dopaminergiques qui mine puisse, à forte concentration, stimuler
relient la substance noire au striatum dégé- les récepteurs f, et à dose plus forte encore
nèrent. Pour compenser la carence en dopa- exciter en même temps le récepteur @,. La
mine, on peut utiliser la L-Dopa en tant que vasoconstriction due à la stimulation o& peut
précurseur de la dopamine, ou des agonistes n'être pas souhaitable sur le plan thérapeu-
D, (voir les détails p. 192). tique.

Inhibiteurs de la sécrétion de: prolactine. La


dopamine libérée par les cellules neurosé-
crétrices de l’hypothalamus inhibe la sécré-
tion de prolactine par les cellules du lobe
antérieur de l’hypophyse (p. 246). La prolac-
tine stimule la formation de lait au cours de
la période d'allaitement et inhibe par ailleurs
la sécrétion de gonadoréline. Les agonistes
dopaminergiques D, diminuent la sécrétion
de prolactine et peuvent être utilisés lors
d'un sevrage ou pour le traitement d’une sté-
rilité féminine due à une hyperprolactinémie.
Les agonistes D, se distinguent les uns des
autres par leur durée d’action et donc par
leur fréquence de prise ; par exemple trois
fois par jour pour la bromocriptine, une fois
par jour pour le quinagolide et une ou deux
fois par semaine pour le cabergoline.
Amines biogènes 115
A. Effets de la dopamine et régulations pharmacologiques
neurone dopaminergique

|recapture | CCo0ù
libération neuronale |

X (no) |
et
inactivation
COMT | 4 AO
catéchol-O- _ «
méthyltransférase 9 a CHr-(CHo= NH) monoamine oxydase

dopamine

TNCReN LT Re
De LUE U
sous-types
de récepteurs 1
—O
O= © (S)

molécules

antiparkinsoniens inhibiteurs de la prolactine neuroleptiques

L-Dopa - agonistes D, antagonistes D,


(précurseur) agonistes D,

“.. S.figra Prolactine D, —»vomissements schizophrénie

B. Utilisation thérapeutique de la dopamine


choc
circulatoire
avec dopamine
altération
de la
perfusion
rénale

mi LTE. en Er ré
d “tra EE LES CHE:GEL) E
LENS gen 4cause

débit sanguin À stimulation vasoconstriction


116 Amines biogènes

Histamine Antihistaminiques H,. Les substances plus


anciennes (1 génération) sont tout à fait
Effets de l’histamine et régulations pharma- non spécifiques et bloquent également
cologiques d’autres récepteurs, par exemple les récep-
teurs muscariniques de l’acétylcholine. Ces
Fonctions. L’histamine joue un rôle de neu- substances seront utilisées comme anti-
rotransmetteur dans le système nerveux allergiques (par ex. bamipine, clémastine,
central et stimule, entre autres, l’état de dimétindène, mebhydroline, phéniramine) ;
veille. Elle agit dans la muqueuse gastrique comme antiémétiques (méclozine, dimenhy-
comme un médiateur. Libérée des cellules drinate, p. 340) ; comme sédatifs et somnifè-
entérochromaffines, elle stimule la sécré- res (actions non médiées par un récepteur,
tion d’acide par les cellules pariétales voisi- p. 226). La prométhazine constitue la transi-
nes (p.172). L’histamine stockée dans les tion avec les neuroleptiques de la famille de
mastocytes sanguins et tissulaires joue la phénothiazine (p. 240). Les effets secon-
également un rôle de médiateur dans les daires sont une fatigue (diminution des capa-
réactions allergiques médiées par les IgE cités relationnelles) et des effets de type
(p. 72). Le tonus des muscles lisses bronchi- atropinique (par ex. sécheresse de la bou-
ques sera stimulé par l’histamine, ce qui che, constipation). Les substances plus
peut déclencher une crise d'asthme. Dans récentes (antihistaminiques H, de 2° généra-
l'intestin, elle stimule le péristaltisme et tion) ne pénètrent pas dans le système ner-
peut entraîner des diarrhées, par exemple à veux central et n’ont de ce fait aucune action
l'occasion d’allergies alimentaires. L'hista- sédative. De plus, ces composés n'ont prati-
mine augmente la perméabilité des vais- quement pas d'effets secondaires de type
seaux sanguins : au niveau des veinules, il se atropinique. Dans ce groupe on trouvera la
forme entre les cellules endothéliales des cétirizine (un racémique) et son énantio-
espaces par lesquels le liquide plasmatique mère actif, la lévocétirizine, ainsi que la lora-
diffuse vers les tissus (formation d’œdè- tidine et son métabolite actif principal, la
mes). L'histamine stimule la libération par desloratidine. La fexofénadine est le métabo-
les cellules endothéliales de monoxyde lite actif de la terfénadine. Si la biotransfor-
d'azote, un vasodilatateur qui agit directe- mation de ce composé (par le CYP3A4) est
ment sur les muscles vasculaires (p. 122). trop lente, son niveau plasmatique peut
L'action de l’histamine sur des terminaisons atteindre des niveaux plasmatiques élevés et
nerveuses sensorielles cutanées provoque provoquer des arythmies cardiaques (pro-
des démangeaisons. longation du QT).
Antihistaminiques H,. Ils inhibent la pro-
Récepteurs. Les récepteurs de l’histamine duction d’acide au niveau de l'estomac et
sont couplés aux protéines G. Les récepteurs peuvent être utilisés comme anti-ulcéreux
de type H, et H, constituent la cible de nom- (p.172). Le premier représentant de ce
breux médicaments antagonistes. Le récep- groupe, la cimétidine, présente des possi-
teur H, est situé sur les neurones et inhibe la bilités d'interactions médicamenteuses cax il
libération de différents neuromédiateurs inhibe les cytochromes oxydases hépa-
ainsi que celle de l’histamine elle-même. tiques. Les molécules suivantes, par exemple
la ranitidine, ne présentent quasiment aucun
Métabolisme. Les cellules qui accumulent de danger dans ce domaine.
l'histamine synthétisent cette amine par
décarboxylation de l’histidine. L'histamine «Stabilisation des mastocytes. » Le cromogly-
libérée sera dégradée car il n'existe pas de cate et le nécrodomil inhibent, sans que l’on
système de recapture analogue à ceux décrits sache encore de quelle manière, la libération
pour la noradrénaline, la dopamine et la séro- d'histamine et d’autres médiateurs par les
tonine. mastocytes dans le contexte des réactions
allergiques. Ils sont utilisés en applications
Antagonistes. Les récepteurs H, et H, peu- locales (p. 336).
vent être bloqués par des antagonistes
sélectifs.
Amines biogènes 117

— À. Effets de l’histamine et régulations pharmacologiques

cellule
de type antéro-
chromaffine |

\ SEE sécrétion Lx

i< d'HCI ”
N
a)
histamine cellule
| RES
fistamine ]
pariétale ne

SNC estomac ane

ES ESS
> E |
Ei |
0 EE ee Rue |

mastocyte broncho- péristaltisme t dilatation démangeaisons


nstricti ee
CRE perméabilité +
inhibition TA
de la libération :
« stabilisation »
des mastocytes 5 PATES
ex. cromoglycate bronches intestin vaisseaux peau

antagonistes des récepteurs

aritihistaminiques H; antihistaminiques H,

a CHOC
1€ génération

CHEN
/

\

diphenhydramine

« récepteuîMiéiique : attention :
interactions
er a DURE)
sédatiot antagoniste médicamen-
teuses

2° génération Î \ (a

NN CH CH2—-0—CH3—COOH
NX
4 |
C—NHCH3
cétirizine ranitidine CH-No;
118 Amines biogènes

Sérotonine Parmi les autres triptan on trouve le naratrip-


tan, le zolmitriptan et le rizatriptan.
Origine. La sérotonine (5-hydroxy-tryptamine,
5-HT) est synthétisée à partir du L-rypto- Tractus gastro-intestinal. La sérotonine pro-
phane dans les cellules entérochromaffines de venant des neurones du plexus mésentéri-
l'épithélium intestinal. La sérotonine est éga- que ou des cellules entérochromaffines agit
lement formée et joue un rôle de neurotrans- sur la motilité intestinale et les sécrétions de
metteur dans les cellules nerveuses du plexus fluide dans l'intestin par l'intermédiaire des
mésentérique et du système nerveux central. récepteurs 5-HT,.
Les plaquettes sanguines ne sont pas capa- Les tentatives pour moduler par des agents
bles de synthétiser la sérotonine, mais elles agonistes ou antagonistes l'influence de la sé-
peuvent la capter et la stocker. rotonine sur la motricité intestinale n’ont pas
Récepteurs de la sérotonine. On peut dis- été couronnées de succès jusqu’à présent. Le
tinguer plusieurs sous-types de récepteurs, se- cisapride, un agoniste 5-HT, était certes capa-
lon leurs propriétés biochimiques et phar- ble de stimuler la motricité propulsive du
macologiques. Les plus importants sur le tractus intestinal. Cet effet, inhibé par l’atro-
plan thérapeutique sont les récepteurs 5-HT, et pine, était sans doute dû à une augmentation
5-HT, ainsi que les sous-types 5-HT, et 5-HT, de la libération d’acétylcholine. Les effets
dans certains cas. La plupart de ces récepteurs secondaires du cisapride étaient cependant
sont couplés à une protéine G. Le sous-type très marqués ; comme il est dégradé via le
5-HT, contient un canal ionique non sélectif CYP3A4, une multitude d'interactions pou-
(p. 64, canal ionique activé par un ligand). vaient se produire. On a observé surtout des
Effets de la sérotonine. Système cardio- arythmies cardiaques (dont certaines graves).
vasculaire. Les effets de la sérotonine sur le Le cisapride n’est donc pas disponible.
système cardiovasculaire sont complexes car
elle peut déclencher des effets différents Système nerveux central. Les neurones
voire opposés en agissant via des récepteurs sérotoninergiques jouent un rôle dans plu-
distincts en des sites différents. Elle exerce sieurs fonctions du système nerveux central,
par exemple un effet vasoconstricteur direct comme on peut le mettre en évidence en ana-
via les récepteurs 5-HT, sur les cellules mus- lysant l’action de plusieurs substances inter-
culaires lisses. Elle peut également indirecte- férant avec la sérotonine.
ment et de plusieurs façons dilater les vais- La fluoxétine inhibe la recapture neuro-
seaux et diminuer la pression artérielle. Elle nale de la sérotonine libérée et agit comme
peut par l'intermédiaire des récepteurs 5-HT,, antidépresseur. Elle a un effet excitant assez
bloquer les neurones sympathiques périphé- fort et participe, dans le groupe des antidé-
riques ou ceux du tronc cérébral et faire di- presseurs, aux traitements de deuxième in-
minuer le tonus sympathique. Dans l’endo- tention. Un de ses effets annexes est égale-
thélium vasculaire et via les récepteurs 5-HT,, ment une diminution de l’appétit.
elle stimule la libération de médiateurs vaso- La sibutramine, un inhibiteur de la recapture
dilatateurs (EDRF, prostacycline). La séroto- neuronale de la sérotonine et de la noradré-
nine libérée par les plaquettes participe à la naline, a été proposée comme traitement de
formation du thrombus, à l'hémostase et à l'obésité.
l'apparition d'une hypertension gravidique. L'ondansétron présente un effet marqué
Le sumatriptan est un médicament des contre les nausées et vomissements accom-
crises de migraine qui agit comme agoniste des pagnant un traitement par les cytostatiques.
récepteurs 5-HT,, et également des récep- C'est un antagoniste du récepteur 5-HT,. Le
teurs 5-HT,, (p. 332). Il déclenche une constric- tropisétron et le granisétron ont une action
tion des vaisseaux crâniens. Cette action pour- équivalente.
rait être liée à une inhibition de la libération de Les agents psychédéliques (LSD) et psy-
neuropeptides qui provoquent une inflamma- chomimétiques (par exemple mescaline, pst
tion neurogène ou encore à un effet direct sur locybine) peuvent provoquer un changement
les vaisseaux. Il peut se produire une sensation du niveau de conscience, des hallucinations
d'oppression au niveau de la poitrine qui pour- et des manifestations d'angoisse, probable-
rait résulter d’une constriction des coronaires. ment sous l'influence des récepteurs 5-HT.
Amines biogènes 119
PANNES

À. Effets de la sérotonine et régulations pharmacologiques


neurone sérotoninergique

CH3
nn H /
El \ CH2—CH2—N
diéthylamide Fo K “cH 3
psychédélique N
H

hallucination sumatriptan
antimigraineux

ondansétron
t'atdhashi]

antidépresseur anti-émétique

: H ü
O\\ CH2 & Tu

siCh CH}—CH2 Gus NL vomissements NX


LUN

QD
O CH; N

BC
5-hydroxy-tryptamine N

CH2—CH2—NH2
HO

à /
/
sérotonine D”
intestin

médiée parl'endo- |
Sééum |
|
[L

)laquettes
anqguines HEpERoN CS

LE
120 Vasodilatateurs

Vasodilatateurs : vue d'ensemble stimulants comme l’angiotensine Il où la


noradrénaline, on utilisera des inhibiteurs
La taille des vaisseaux régule la distribution de l’enzyme de conversion ou des antago-
du sang dans la circulation. Le diamètre du nistes &. Les analogues de la prostacycline
lit vasculaire veineux conditionne l'apport comme l’iloprost, ou de la prostaglandineE,
sanguin au cœur, C'est-à-dire le volume comme l’alprostadil, reproduisent l’action
d'éjection et le débit cardiaque. La taille des de médiateurs vasodilatateurs. Les anta-
artères conditionne la résistance périphéri- gonistes calciques, qui bloquent l’influx cal-
que. Résistance périphérique et débit cardia- cique dépolarisant, et les activateurs des
que sont deux paramètres cruciaux pour la canaux potassiques qui stimulent l’efflux
pression artérielle (p. 322). potassique hyperpolarisant agissent au
Les vasodilatateurs les plus importants sur niveau des protéines-canal. Les nitrates
le plan thérapeutique sont présentés en (A) ; organiques libérant du monoxyde d'azote
l'ordre correspond à peu près à la fréquence influencent le métabolisme cellulaire.
d'emploi. Certains de ces produits exercent
une activité différente dans les territoires Différents vasodilatateurs. Seront évoqués
veineux ou artériels de la circulation (largeur par la suite, les nitrates (p. 122), les anta-
des colonnes). gonistes calciques (p. 124), les antagonistes
a, (p.90) et le nitroprussiate de sodium
Utilisations possibles. Vasodilatateurs des (p. 122).
territoires artériels : diminution de la pression La dihydralazine et le minoxidil (plus
en cas d’hypertension (p. 322), réduction du exactement un métabolite conjugué à un sul-
travail cardiaque dans l’angine de poitrine fate) dilatent les artérioles et seront utilisés
(p. 318), diminution de la résistance à l’éjec- pour le traitement de l'hypertension. Étant
tion dans l'insuffisance cardiaque (p. 134). donné les possibilités de contre-régulation
Vasodilatateurs des territoires veineux : dimi- de l'organisme, ils ne conviennent pas à une
nution de l’apport de sang au cœur dans monothérapie. Le mécanisme d'action de la
l'angine de poitrine (p. 318) ou l'insuffisance dihydralazine est mal connu, le minoxidil sti-
cardiaque (p.134). L'utilisation thérapeu- mule l'ouverture de canaux potassiques. Les
tique réelle sera donnée pour chacun des principaux effets secondaires sont pour l'hy-
groupes de substances. dralazine l’apparition d’un lupus érythéma-
teux et pour le minoxidil le développement
Mise en œuvre d’une contre-régulation lors de la pilosité. En application locale, il peut
d'une chute de pression artérielle pro- aider les chauves.
voquée par les vasodilatateurs (B). L'activa- Après administration intraveineuse de
tion du système sympathique produit dans diazoxide on obtient essentiellement une di-
l'organisme une augmentation de la pression latation des artérioles ; ce produit peut être
artérielle par l'intermédiaire d'une aug- utilisé lors de poussées d’hypertension. Par
mentation de la fréquence cardiaque (tachy- voie orale, on observe également une inhibi-
cardie réflexe) ou du débit cardiaque. Les tion de la sécrétion d'insuline, de sorte que
patients remarquent «les battements du le diazoxide peut également être utilisé dans
cœur ». L'activation du système rénine-angio- le cas de tumeurs du pancréas sécrétant de
tensine-aldostérone (RAA) aboutit à une l'insuline. Ces deux effets sont médiés par
augmentation du volume sanguin et par une activation de canaux potassiques.
conséquent à celle du débit cardiaque. Parmi les vasodilatateurs, on compte éga-
Les phénomènes de contre-régulation lement une méthylxanthine, la théophylline
peuvent être inhibés pharmacologiquement (p.336), un inhibiteur de phosphodiesté-
(B-bloquants, inhibiteurs de l'enzyme de rase, l’amrinone (p.134), la prostacycline
conversion, antagonistes de l’angiotensine II, (p. 200) et les dérivés de l’acide nicotinique.
diurétiques). |

Mécanismes d'action. Le tonus des muscles


lisses vasculaires peut être diminué de dif-
férentes manières. Dans le cas de signaux
Vasodilatateurs 121
DIRE SEENNEE SRE |

A. Médicaments dilatant les vaisseaux

la circulation cérébrale
ne peut pas être influencée
de façon sélective

l’angiotensi ne Ni

dihydralazine

(2 mr
= , a , = |

| LEE MR IDES

antagonistes ©,

sympathiquef |... > | vasoconstriction

B-bloquants | pression
artérielle
centre” à ; :
re uletoire fréquence cardiaque î à
débit M) lb

cardiaque
volume sanguin

angiotensinogène aldostérone
enzyme
de conversion Ÿ
de l’angiotensine angiotensine |
(ACE)

SR RES
angiotensine Il me ni vasoconstriction

système rénine-angiotensine-aldostérone
122 Vasodilatateurs

Nitrates organiques tion de groupements sulfhydriles (SH); la


«tolérance aux nitrates » serait due à un
Différents esters de l’acide nitrique (HNO.) appauvrissement de la cellule en donneurs
avec des polyalcools agissent en relaxant de groupements SH.
les muscles lisses, ce sont par exemple le Trinitrate de glycérol (nitroglycérine). Il
trinitrate de glycérol ou le dinitrate d’iso- se caractérise par une capacité élevée à tra-
sorbide. Leur effet est plus marqué dans le lit verser les membranes et une faible stabilité ;
vasculaire veineux que dans les territoires c’est le médicament de choix pour le traite-
artériels. ment de l’angine de poitrine. Pour cela, il est
On utilise sur le plan thérapeutique les placé sur la muqueuse buccale (comprimé
conséquences de ces effets vasculaires au ni- sécable, spray): l’action se produit en l’es-
veau du cœur. La diminution de l’apport de pace de 1 à 2 minutes. À cause de son élimi-
sang veineux et de la résistance artérielle nation présystémique presque totale, il est
soulage le cœur (diminution de la pré- et de mal adapté à une administration orale. L’ad-
la post-charge, p. 318). De ce fait, le bilan en ministration par voie transdermique (sous
oxygène s'améliore. Le rétrécissement spas- forme de timbre) permet de contourner le
modique des principales artères coronaires foie. Le dinitrate d’isosorbide traverse faci-
(spasme coronaire) est bloqué. lement les membranes et est plus stable que
Indication. Principalement l’angine de poi- la nitroglycérine. Il sera converti en partie en
trine (p.316), plus rarement une forme sé- 5-mononitrate d’isosorbide dont l’action est
vère d'insuffisance cardiaque chronique ou plus faible mais aussi plus longue. Le dini-
aiguë. L'administration régulière de doses trate d’isosorbide peut être également admi-
élevées aboutissant à des niveaux sanguins nistré par voie sublinguale, mais sa forme
constants diminue l'efficacité du traitement principale d'administration est la forme
par suite d’une accoutumance de l'orga- orale dont le but est une action de plus lon-
nisme : augmentation de la tolérance. La « to- gue durée. Compte tenu de sa polarité élevée
lérance au nitrate » peut être évitée si on mé- et de sa faible vitesse d'absorption, le mono-
nage chaque jour une période sans nitrate, nitrate d’isosorbide ne permet pas une ad-
par exemple la nuit. ministration sublinguale. Par voie orale, il
Effets indésirables. Au début du traite- sera bien absorbé et ne subira pas d’élimina-
ment se manifestent souvent des maux de tion présystémique.
tête dus à la dilatation des vaisseaux dans la La molsidomine elle-même est inactive.
région du crâne. Cet effet s’estompe égale- Après administration orale, elle est transfor-
ment par suite d'une accoutumance malgré mée dans l'organisme en sa forme active, la
la mise en place d’un intervalle sans nitrate. linsidomine, dont la différence d'efficacité
Pour des doses plus élevées surviennent des entre les lits veineux et artériels est moindre
chutes de tension, tachycardie réflexe (qui que celle décrite pour les molécules citées
peut être à l’origine d’une crise d’angor) et plus haut. Contrairement à ce qui se produit
collapsus. pour ces molécules, on a moins à craindre
une «tolérance aux nitrates ». Ces spectres
Mécanisme d’action. La diminution du tonus d'action distincts semblent dus à une diffé-
des cellules musculaires lisses vasculaires rence dans le mécanisme de libération du
dépend d’une activation de la guanylate NO, comme c'est également le cas pour la
cyclase et d’une augmentation de la concen- molécule qui suit.
tration de GMP cyclique. Cette activation est Nitroprussiate de sodium. Il contient un
due à la libération de monoxyde d'azote. NO groupement NO mais n’est pas un ester. Il re-
peut être produit comme un médiateur phy- laxe de la même manière les lits vasculaires
siologique par les cellules endothéliales et veineux ou artériels. Il peut être utilisé sous
influencer les cellules musculaires lisses voi- surveillance étroite pour maintenir la pres-
sines (endothelium derived relaxing factor, sion artérielle à une valeur constante et
EDRF). Les nitrates emprunteraient ainsi une contrôlée. Le thiosulfate de sodium peut
voie déjà établie, ce qui explique leur activité servir à inactiver les groupements cyanures
élevée. La libération de NO se produit dans libérés par le nitroprussiate (p. 312).
les muscles lisses vasculaires avec utilisa-
Vasodilatateurs 123
LE

>
A. Vasodilatateurs : nitrates Tv

précharge | post-charge |
apport d'O;, besoin en O, }
LL
. 2 + |
pression artérielle |

inhibition
apport de sang résistance
d'un spasme
veineux au cœur | coronarien
périphérique À

lit veineux lit artériel

« nitrate »

NO ty -2 min

inactivation

donneurs |
de groupements SH |
| ex. glutathion |

Laisien À
124 Vasodilatateurs

Antagonistes calciques L'amlodipine possède sur le cycle dihy-


dropyridine une chaîne latérale contenant
Lors d’une stimulation électrique de la mem- un atome d’azote protonable et peut donc
brane des cellules du muscle cardiaque ou exister également sous forme positivement
bien des cellules de muscle lisse se produi- chargée. Cette possibilité retentit sur les pro-
sent différents flux ioniques et entre autres un priétés pharmacocinétiques de la molécule :
influx de calcium. Sont considérées comme l’'amlodipine présente une demi-vie d’élimi-
des antagonistes calciques les substances qui nation très longue (t,, d'environ 40 h).
inhibent l’influx de calcium et seulement fai-
blement les autres flux ioniques comme par IL. Vérapamil et autres antagonistes calciques
exemple l’influx de Na’ ou l’efflux de K'. On les cationiques et amphiphiles. Le vérapamil
appelle aussi bloqueurs des canaux calciques contient un atome d'azote chargé positivement
ou inhibiteurs de l'influx calcique. Les antago- dans la gamme des pH physiologiques et
nistes calciques utilisés sur le plan thérapeu- constitue ainsi une molécule cationique amphi-
tique peuvent être divisés en deux groupes phile. Il agit chez les malades non seulement en
selon leur action sur le cœur et les vaisseaux. bloquant les muscles lisses vasculaires mais
aussi le muscle cardiaque. Dans le cœur, un
I. Les dérivés des dihydropyridines. Les dihy- influx de calcium est important pour la dépo-
dropyridines, par exemple la nifédipine, sont larisation du nœud sinusal (formation de l’exci-
des substances hydrophobes, non chargées. tation électrique) mais aussi dans le nœud
Elles produisent en particulier une relaxation auriculo-ventriculaire (propagation de l’excita-
des muscles lisses vasculaires du lit artériel. tion des oreillettes aux ventricules) et le
Aux concentrations thérapeutiques, ne se myocarde (couplage électromécanique). Le
manifeste pratiquement aucune action cardia- vérapamil agit donc comme un chronotrope
que (dans des expériences pharmacologiques négatif, un inotrope et un dromotrope négatifs.
réalisées sur des préparations de muscle
cardiaque isolé on peut déclencher une action Indications. Le vérapamil est utilisé comme
cardiaque avérée). Ces molécules se sont anti-arythmique dans les tachyarythmies de
imposées dans le domaine thérapeutique en type supra-ventriculaire. En cas de fibrilla-
tant qu’antagonistes calciques vasosélectifs. La tion ou de troubles du rythme des oreillettes
conséquence d’un relâchement des résistan- (lutter auriculaire), il peut diminuer grâce à
ces vasculaires est une diminution de la pres- son action sur la conduction auriculo-ventri-
sion artérielle. Au niveau cardiaque, la post- culaire la fréquence au niveau du ventricule.
charge diminue (p. 318) avec par conséquent Le vérapamil est aussi utilisé pour la prophy-
une réduction du besoin en oxygène. Les spas- laxie des crises d’angine de poitrine (p.316)
mes des artères coronaires sont bloqués. ainsi que comme anfihypertenseur (p. 322).
L'indication de la nifédipine est l’angine de
poitrine (p. 316) ; élle convient non seulement Effets secondaires. À cause de son effet sur
pour la prophylaxie mais aussi pour le traite- le nœud sinusal, la diminution de la pression
ment des crises. Les effets secondaires sont : artérielle ne sera pas associée à une tachy-
battements de cœur (tachycardie réflexe liée cardie réflexe: la fréquence ne change pas,
à la chute de la pression artérielle), maux de ou on observe même une bradycardie. Il peut
tête, œdème des membres inférieurs. également se produire un bloc auriculo-ven-
Les substances énumérées ci-dessous ont triculaire et une insuffisance cardiaque. Les
en principe les mêmes effets mais des ciné- patients se plaignent souvent de constipa-
tiques différentes (élimination lente) et donc tion car le vérapamil inhibe aussi les muscles
un spectre d'action plus uniforme. lisses de l'intestin.
La nitrendipine, l'isradipine et la félodipine Gallopamil (méthoxy-vérapamil). Il est
servent au traitement de l'hypertension. La très proche du vérapamil à la fois par sa
nicardipine et la nisoldipine seront utilisées structure et par son effet biologique.
pour le traitement de l’angine de poitrine. La Diltiazem. C'est un dérivé des benzodia-
nimodipine est administrée en cas d’hémor- zépines, cationique et amphiphile, caracté-
ragie sous-arachnoïde pour éviter les vaso- risé par un spectre d’action très proche de
spasmes. celui du vérapamil.
Vasodilatateurs 125

A. Vasodilatateurs : antagonistes calciques

| cellule musculaire lisse

post-charge Ÿ
besoin en O; }

pression artérielle

contraction
inhibition | _ résistance
d’un spasme périphérique
coronarien =

paroi artérielle

_ vasodilatation dans le lit artériel

nifédipine vérapamil É i
(dérivé de la dihydropyridine (cationique et amphiphile)

génération fréquence cardiaque |


d'une excitation (tachycardie réflexe
électrique avec la nifédipine)

transmission paper sd
de l'excitation transmission AV À |
électrique AS

\ ne =
couplage S+3È
muscles pag force
# * Ventricul
SRE mécanique de contraction
AUS #
cellule de myocarde
126 inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone

inhibiteurs de l’enzyme de conversion vitesse d'élimination. L'énalaprilate est plus ac-


tif et agit plus longtemps que le captopril.
L'enzyme de conversion de l’angiotensine Indications : essentiellement hypertension
(ACE) appartient au système de contrôle de la et insuffisance cardiaque. La baisse de la pres-
pression artérielle, le système rénine-angioten- sion artérielle est essentiellement due à l'inhi-
sine-aldostérone (RAA). La rénine provient de bition de la formation d’angiotensine Il, mais
cellules spécialisées dans la paroi des artério- peut aussi être la conséquence d’un blocage
les irrigant les glomérules. Ces cellules font de la dégradation des kinines, qui possèdent
partie de l'appareil juxtaglomérulaire, un point entre autres une action vasodilatatrice. Dans
de contact important en ce qui concerne la le cas d’une insuffisance cardiaque, la capacité
régulation des fonctions du néphron, entre les du cœur augmente en raison d’une diminution
artérioles alimentant le néphron et le tubuie des résistances périphériques qui abaisse la
distal. La sécrétion de rénine est stimulée par résistance à l’éjection. La stase veineuse en
une diminution de la pression de perfusion, amont du cœur disparaît par suite de l’aug-
une diminution de la concentration de NaCl mentation de la capacité du cœur et de la di-
dans l'organisme ainsi qu'une stimulation du minution de l'apport veineux (diminution de la
système sympathique médiée par les récep- sécrétion d’aldostérone, baisse du tonus des
teurs B. La rénine est une enzyme glycosylée, veines capacitatives).
qui clive son substrat, l’angiotensinogène, cir-
culant dans le sang, et libère un décapeptide, Effets secondaires. La majeure partie de l’action
l’angiotensine [. L'enzyme de conversion trans- des inhibiteurs de l'enzyme de conversion sur la
forme ce décapeptide en angiotensine II, biolo- baisse de la pression artérielle dépend de l’état
giquement active. d'activation du système RAA : en cas de perte
L'ACE est une peptidase non spécifique, d'eau et de sel, par exemple à la suite d'un
capable de cliver un dipeptide à l'extrémité C- traitement par des diurétiques, en cas d’insuffi-
terminale de différents peptides (dipeptidyl- sance cardiaque ou de sténose des artères réna-
carboxypeptidase). En tant que « kininase Il » les, ce système est déjà activé et les inhibiteurs
elle participe à l'inactivation des kinines, par de l’ACE peuvent déclencher, au début du trai-
exemple la bradykinine. Cette enzyme est éga- tement, une baisse de tension trop importante.
lement présente dans le plasma mais c’est l’en- Un autre effet fréquent est une toux sèche, due
zyme située sur la face luminale de la mem- vraisemblablement à une inhibition de la
brane des cellules endothéliales qui contribue dégradation des kinines dans la muqueuse
principalement à la formation d’angioten- bronchique. En général, les inhibiteurs de l'ACE
sine II. s'avèrent actifs et bien supportés. D’autres subs-
L'angiotensine Il peut accroître la pression tances ayant un mécanisme d’action analogue à
artérielle de différentes manières : 1) par vaso- celui de l’énalapril sont par exemple le lisinopril,
constriction dans la partie artérielle mais éga- le perindopril, le ramipril, le quinapril, le fosino-
lement veineuse du lit vasculaire ; 2) par une pril, le bénazépril, le cilazapril et le tandolapril.
augmentation de la sécrétion d’aldostérone, ce
qui accroît la réabsorption rénale de NaCI et Antagonistes des récepteurs de l’angioten-
d'eau et donc le volume sanguin ; 3) par une sine II. Il existe deux sous-types de récep-
augmentation du tonus sympathique central et teurs de l’angiotensine Il, les récepteurs AT,,
une stimulation périphérique de la sécrétion et impliqués dans la majeure partie des effets
de l’action de la noradrénaline. connus de l’angiotensinell, et les récep-
Une élévation chronique de la concentra- teurs AT, dont les rôles physiologiques sont
tion plasmatique d’angiotensine Il peut abou- mal connus. Le losartan est un antagoniste
tir à une multiplication de la masse muscu- des récepteurs AT,, dont l’activité et les effets
laire au niveau du cœur et des artères (effet secondaires sont comparables à ceux des
trophique). inhibiteurs de l’ACE. Cependant, il n’inhibe
Inhibiteurs de l’enzyme de conversion. Ces pas la dégradation des kinines et ne provoque
inhibiteurs comme le captopril ou l’énalaprilate, pas de toux sèches. Le losartan est utilisé
le métabolite actif de l’énalapril, sont de faux pour le traitement de l'hypertension. Parmi
substrats qui occupent le site actif de l’enzyme. les autres composés de la même famille on
L’affinité des ces inhibiteurs pour l’enzyme trouvera le valsartan, l'irbésartan, l’épro-
influence de façon importante l’activité et la sartan et le candésartan.
inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone 127
SES ARMÉE

— À. Système rénine-angiotensine-aldostérone et inhibiteurs

inhibiteurs de l’ACE

O0
I] (ll
HO-C C-CH-CH}—SH
CH; captopril

Il ll JON
HO—C C—CH—NH ui CH3—CH2 Ÿ
ŒH Ç=0 =
.0—CH—CHa
énalaprilate énalapril

angiotensinogène
(c,-globuline)
kinine
par ex.
bradykinine

Ang Il , produits de
dégradation

losartan a CH OH

=: : N&N
SS N7 N° H

= RE NN
H3C7 = é EE 2

antagoniste des récepteurs AT:|.

débit Î
cardiaqu

résistance Î
périphérique
vaisseaux
capacitifs vaisseaux résistifs
ms — vasoconstriction

sécrétion Î activation
d’aldostéron sympathique
128 Médicaments actifs sur les muscles lisses

Substances agissant sur les organes Substances déclenchant l’accouchement.


musculaires lisses L'ocytocine, hormone sécrétée par la post-
hypophyse (p. 246), sera utilisée en premier
Substances bronchodilatatrices. Une contrac- lieu, par voie parentérale (ou également nasale
tion des bronches augmente la résistance des ou buccale), pendant ou après la naissance,
voies respiratoires, comme par exemple dans pour déclencher ou renforcer les contractions
l'asthme ou les bronchites spastiques. Quel- utérines. En utilisant certaines prostaglandi-
ques substances dont les propriétés sont nes (p.200, PGF,, : dinoprost, PGE, : dino-
décrites plus en détail dans d’autres chapitres prostone, sulprostone) on peut provoquer à
sont utilisées comme bronchodilatateurs : les tout moment des contractions rythmiques
B,-sympathomimétiques (p.84, en inhalation de l'utérus et une dilatation du col. Elles ser-
ou par voie orale), la théophylline (une méthy- vent essentiellement à l'interruption de gros-
Ixanthine, administrée par voie orale ou sesse (application locale ou parentérale).
parentérale, p. 336), ainsi que l’ipratropium, un Alcaloïdes de l’ergot de seigle. Ce sont
parasympatholytique (p. 104). des substances synthétisées par Secale cor-
nutum (ergot du seigle), la forme végétative
Spasmolytiques. Dans les crampes doulou- d'un des champignons parasites des céréa-
reuses du canal cholédoque ou de l’urètre les. L'alimentation avec une farine contenant
(coliques), on utilisera la N-butylscopolamine des épis contaminés a provoqué autrefois
(p. 104). Compte tenu de son absorption fai- des empoisonnements de masse (ergotisme)
ble (présence d’un ammonium quaternaire, avec des troubles circulatoires et des pertes
proportion absorbée < 10 %), on doit l’admi- de sensibilité des pieds et des mains (gan-
nistrer par voie parentérale. Comme l'effet grène) ainsi que des troubles du système ner-
thérapeutique est en général faible, on admi- veux central (hallucinations).
nistre souvent en même temps un analgé- Les alcaloïdes de l’ergot de seigle contien-
sique puissant, par exemple un opioïde tel la nent des acides lysergiques (la formule en A
péthidine. Il faut noter que dans beaucoup montre un amide). Ils agissent sur la muscu-
de spasmes de la musculature intestinale les lature de l'utérus et des vaisseaux. L'ergomé-
nitrates organiques (par exemple en cas de trine agit plus particulièrement sur l'utérus.
colique hépatique) ou la nifédipine (par Elle déclenche facilement une contraction
exemple dans l’achalasie : spasmes de l’œso- prolongée de la musculature utérine (tétanie
phage) sont également actifs. utérine). Ceci réduit de façon dangereuse le
flux sanguin parvenant au placenta et donc
Substances bloquant les contractions utéri- l'approvisionnement en oxygène de l'enfant.
nes (tocolyse). Les B,-sympathomimétiques, Le dérivé semi-synthétique méthylergomé-
comme par exemple le fénotérol, convien- trine ne sera donc utilisé qu'après la déli-
nent pour interrompre les contractions vrance lorsque les contractions de l'utérus
(administration parentérale ou parfois orale) sont insuffisantes.
en cas de menace d'accouchement préma- L'ergotamine ainsi que les alcaloïdes ergo-
turé ou bien en cas de complications dange- toxines (ergocristine, ergocryptirie, ergocot-
reuses en cours d'accouchement, qui nine) agissent de façon prépondérante sur les
rendraient nécessaire une césarienne. Le vaisseaux. Selon le diamètre des vaisseaux, on
principal effet secondaire est une tachycar- pourra observer une contraction ou une dilata-
die (réflexe, en raison de la dilatation médiée tion. Le mécanisme d’action est mal connu. L’ef-
par les récepteurs f,, mais également via une fet agoniste partiel sur les récepteurs & peut
stimulation des récepteurs B, cardiaques). être important. L'ergotamine est utilisée pour
On dispose aujourd’hui de l’atosiban, un le traitement des migraines (p. 332). Son dérivé
dérivé de l’ocytocine avec une structure la dihydroergotamine sera en plus administré
modifiée agissant comme antagoniste du pour les malaises orthostatiques (p. 324). |
récepteur de l’ocytocine. Il est administré D'autres dérivés de l'acide lysergique sont la
par voie parentérale et ne présente pas les méthysergide, un antagoniste sérotoninergi-
effets secondaires des B,-sympathomimé- que, la bromocriptine, un agoniste dopaminer-
tiques. Il déclenche cependant souvent des gique (p. 114), et le composé hallucinogène
nausées et des vomissements. acide lysergique diéthylamide (LSD, p. 244).
Médicaments actifs sur les muscles lisses 129

- À. Substances agissant sur les organes musculaires lisses

asthme bronchique

Rs
des muscles lisses

DRE
Les (ao DE
B sympathomimétiques
N-butylscopolamine
exfatal
tu 0 EUR TRUE

érol Va 1 LRU De! pr 6e PRE ORNE

LÉPLAINES ROSE RE lai


+ + ua GE
H3C—CH)—CH)— CH? N:
4 «|
4
antagoniste de locytocine |£
Aa
RE Calea) RER
ET EL ARE ST RAR atosiban
1 NS
FA
SUN
à a bit scopolamine | déclenchement
de |”accouchement
ocytocine
prostaglandines
PT CRT
ERP nee
RR )
Et
F2ov E2

Secale cornutum
(ergot de seigle) contraction prolongée de l'utérus
ex. ergométrine
02 e
Are contre-indication :
avant la naissance

champignon :
claviceps purpurea
indication :
\ après la naissance,
N\ atonie utérine

maintien du diamètre des vaisseaux à une taille moyenne


130 Médicaments actifs sur le cœur

Médicaments actifs sur le cœur phériques et peuvent ainsi influencer dans la


bonne direction une angine de poitrine ou
Possibilités de modulation des fonctions une insuffisance cardiaque.
cardiaques (A). Les cellules du myocarde peuvent aussi être
L'effort de pompe du muscle cardiaque touchées directement. C’est ainsi que les gly-
dépend de plusieurs facteurs : la force de cosides cardiaques se lient à la Na-K-ATPase
contraction augmente en même temps que la (p. 132), les antagonistes calciques aux canaux
fréquence («palier positif »), l'importance calciques (p. 124) et les antiarythmiques de la
du remplissage régule l'amplitude de la famille des anesthésiques locaux aux canaux
contraction (principe de Starling). Le système sodiques du plasmalemme (p. 136).
sympathique et son neurotransmetteur, la
noradrénaline, ainsi que l’adrénaline, agis- Événements associés à la contraction ou à
sant en tant qu'hormone, stimulent l'effort la relaxation (B)
de contraction (mais aussi l’utilisation d’O,) Le signal de la contraction est un potentiel
et augmentent la fréquence des battements d'action émis par les nœuds sinusaux (PA).
ainsi que l’excitabilité (p.84). Le système La dépolarisation du plasmalemme déclen-
parasympathique diminue la fréquence car- che une augmentation brutale de la concen-
diaque car l’acétylcholine inhibe les cellules tration de calcium cytosolique, qui provoque
«pacemaker » (p. 100). à son tour le raccourcissement des filaments
Compte tenu de l'influence du système contractiles (couplage électromécanique).
végétatif, il s'avère que tous les médica- La valeur de la concentration de calcium
ments sympatho- ou parasympatholytiques atteinte conditionne l'importance du rac-
ou mimétiques peuvent moduler de façon courcissement, c'est-à-dire la force de la
correspondante les fonctions du muscle car- contraction. Les sources de calcium sont:
diaque. Parmi ces possibilités, quelques- a) le calcium extracellulaire qui pénètre dans
unes seront utilisées sur le plan thérapeuti- la cellule par l'ouverture de canaux calci-
que : les B-bloquants permettront d'éviter ques ; b) le calcium stocké dans les cavités
une stimulation trop importante via le sys- du réticulum endoplasmique ; ©) le calcium lié
tème sympathique (p. 94), l'ipratropium sera sur la face interne de la membrane plasmi-
utilisé en cas de bradycardie sinusale (p. 104), que. La membrane plasmique, par de nom-
etc. Une activation non souhaitée du sys- breuses invaginations, pénètre profondément
tème sympathique peut être déclenchée cen- dans les cellules du muscle cardiaque (tubu-
tralement par une angoisse, des douleurs ou les transverses).
d’autres expériences psychiques. Dans ces Le signal de la relaxation est le retour du
situations, le cœur peut être protégé d’une potentiel de membrane à la valeur de repos.
stimulation préjudiciable par des médica- Au cours de cette phase de repolarisation, la
ments comme des benzodiazépines (diazé- concentration de calcium tombe au-dessous
pam et autres ; important lors d’un infarctus du seuil d'activation des myofilaments
du myocarde). Les bloqueurs ganglionnaires (3x107 M): les sites de liaison de la mem-
ont été utilisés autrefois lors d’une crise hy- brane plasmique peuvent à nouveau fixer Île
pertensive. Le travail du cœur est de plus calcium, le réticulum réaccumule le calcium à
étroitement dépendant de la situation circu- l'intérieur de ses cavités ; les Ca-ATPases pré-
latoire : le repos ou le travail physique récla- sentes dans la membrane plasmique trans-
ment un effort cardiaque adapté ; le niveau portent, en utilisant de l'énergie, le calcium
de la pression artérielle moyenne est une entré dans la cellule pendant la systole vers
autre grandeur importante. Une élévation l'espace extracellulaire. En plus, intervient un
durable de la résistance à l’éjection peut transporteur («carrier») capable d'utiliser
entraîner une insuffisance cardiaque, de l'énergie potentielle liée au gradient trans-
sorte que tous les médicaments diminuant la membranairede Na': il transporte en effét
pression artérielle ont une grande impor- hors de la cellule un ion Ca” en échange d’un
tance dans le contrôle thérapeutique du ion Na‘ entrant (échange Na‘/Ca°').
muscle cardiaque. Les substances dilatant
les vaisseaux (par ex. les nitrates) diminuent
l'apport veineux et/ou les résistances péri-
Médicaments actifs sur le cœur 131

A. Possibilités d'action sur les fonctions cardiaques


produits à action produits à action directe
indirecte
En olution nutritive
\) fubstances AS or
}\ psychoactives KW}
SEA ganglioplégiques
f N fbree
| ER s ; fréquence
PA sympathique

es parasympathomimétiques

antagonistes calciques
À u la post-charge
l %
ei
anesthésiques locaux
.2
B. Événements assoc iés à la contraction ou à la relaxation

potentiel de membrane
[mV]

potentiel d’actio
132 Médicaments actifs sur le cœur

Glycosides cardiaques Les ATPases au repos ne lient pas les


cardiostéroïdes. L'élimination de l’œdème
On peut extraire de certaines plantes (A) des (perte de poids) et la baisse de la fréquence
molécules contenant une fraction glucidique cardiaque sont des critères simples mais
liée à un noyau stéroïde (formule, p. 135) qui critiques de l'appréciation du dosage opti-
augmentent la contraction du muscle cardia- mal. Si une proportion trop importante de
que (B) : glycosides cardiotoniques, cardiosté- Na-K-ATPases est bloquée, l’homéostasie
roïdes ou digitaliques. du Na’ et du K' est altérée, le potentiel de
Si la dose « thérapeutique » augmentant la membrane diminue et des arythmies sur-
contraction est dépassée, ne serait-ce que viennent. L'accumulation excessive de Ca”
faiblement, il survient des signes d'empoi- inhibe la relaxation pendant la diastole:
sonnement : arythmies et contractures (B). contracture.
L'étroitesse de la fenêtre thérapeutique s’expli- Les effets des glycosides cardiaques sur le
que par le mode d'action. SNC sont également liés à leur interaction
Les glycosides cardiaques (GC) se lient, avec la Na-K-ATPase (©).
sur la face externe, aux Na-K-ATPases dépen- Les indications des glycosides cardiaques
dantes des cellules du muscle cardiaque et sont :
bloquent leur activité. Ces enzymes expul- 1. L'insuffisance cardiaque chronique.
sent de la cellule les ions Na‘ qui y ont péné- 2. La fibrillation et le flutter auriculaire. La
tré et font entrer de nouveau les ions K' qui conséquence de l’action inhibitrice sur la
en étaient sortis ; elles maintiennent ainsi les conduction AV est une diminution de la
gradients ioniques transmembranaires pour fréquence ventriculaire, ce qui améliore
le Na’ et le K’, le potentiel de repos négatif l'efficacité de la contraction cardiaque (D).
de la membrane et l’excitabilité électrique de Dans certains cas, on voit également réap-
la cellule. En présence de glycosides cardia- paraître un rythme sinusal.
ques, une partie des Na-K-ATPases est inhi- Les symptômes d’un empoisonnement
bée, les enzymes libres peuvent assurer un sont :
transport « normal » du Na‘ et du K* par une 1. Une arythmie potentiellément dangereuse,
augmentation de leur activité. Le stimulus par exemple une bradycardie sinusale, un
activateur est une élévation de quelques mM bloc AV, des extrasystoles ventriculaires
de la concentration intracellulaire de Na° ou une fibrillation ventriculaire.
(concentration normale : environ 7 mM). On 2. Des altérations centrales : vision «jaune »
observe simultanément une augmentation caractéristique puis par exemple fatigue,
de la quantité de Ca” libérée durant la sys- confusion et hallucinations.
tole (Ca”' de couplage) et donc de la force de [29. Nausées, vomissements et diarrhées.
contraction. Il existe à cela plusieurs explica- 4. Au niveau rénal : perte d’eau et de sel,
tions. é qu'il ne faut pas confondre avec l’éli-
La plus ancienne: l’augmentation du so- mination du fluide des œdèmes provo-
dium intracellulaire diminue le gradient de quée par une dose thérapeutique. Ces
sodium transmembranaire qui constitue la œdèmes se forment lors d’une insuffi-
force motrice de l'échange Na/Ca, accrois- sance cardiaque par suite d’une stase
sant ainsi la concentration intracellulaire de veineuse.
calcium.
La plus récente : il existe un canal sodique Traitement pharmacologique de l’empoi-
spécifique attaché à la Na-K-ATPase. La fixa- sonnement. Administration de K* qui, entre
tion d’une molécule de glycoside cardiaque autres, empêche la liaison des glycosides
sur la Na-K-ATPase modifie la spécificité de cardiaques. Administration d’un anti-
ce canal qui fonctionne alors comme un ca- arythmique comme la phénytoine ou la
nal calcique. lidocaïne (p.136). Traitement oral par la
L'affinité élevée des glycosides cardia- colestyramine (p.160) pour empêcher la
ques pour la Na-K-ATPase n'existe que de fa- fixation et la résorption des digitoxines se
çon transitoire car cette enzyme accomplit trouvant dans l'intestin (circulation entéro-
un cycle de transport. hépatique).
Médicaments actifs sur le cœur 133

r À. Plantes contenant des glycosides cardiaques |

hellebore noire

digitale pourpre

— B. Propriétés thérapeutiques ou toxiques des glycosides cardiaques

EEAITUT TTL ’arythmies||. |! contracturel


DES LIRE RON MOREL ALL ORAN ag LE LRO ENNNEIER ET
ji LI Ll A LL [LI ll ln sr PE
U. ARKIANE. KANARAIAR PTT
thérapeutique | toxique dose de glycoside

[ GC] _Gc|

cellule de myocarde [_ Ge] [cc]

— C. Effets des glycosides cardiaques D.Effets des glycosides cardiaques —


dans le SNC altération lors d’une fibrillation de l'oreillette
de la vision stimulation
des couleurs circulaire
lors d’une
ue É fibrillation
Loiitali auriculaire
igitaliqu <
ÉPrRE glycoside
stimulation cardiaque
du nerf vague : res
fréquence diminution
cardiaque | de la fréquence
du ventricule
1 area postrema :
nausées, vomissements
134 Médicaments actifs sur le cœur

Le moyen le plus efficace est l'injection durée maximale de 14 jours. Il est réservé
des fragments d'anticorps, F,, qui lient et aux cas les plus graves d'insuffisance cardia-
donc inactivent la digoxine et la digitoxine. que. Il en est de même pour la milrinone.
Ces fragments ont une pénétration beaucoup L'effet inotrope positif des B-sympathomimé-
plus rapide dans les tissus, une élimination tiques n’est qu’à peine utilisé: ils provo-
rénale et une antigénicité plus faible que les quent des arythmies et la sensibilité du
anticorps entiers. système des récepteurs B décroît lors d’une
stimulation prolongée.
La pharmacocinétique des glycosides car-
diaques (A) est fonction de leur polarité,
Principes de traitement d’une insuffisance
c’est-à-dire du nombre de groupements hy-
cardiaque chronique. La faiblesse du mus-
drophiles : la g-strophantine a une capacité
cle cardiaque entraîne une diminution du
à traverser les membranes quasi nulle, celle
volume d’éjection et une stase veineuse en
de la digoxine est bonne et celle de la digi-
amont du cœur, ce qui conduit à la formation
toxine encore meilleure. La g-strophantine
d'un œdème. L'administration d’un glyco-
ne pénètre pas dans les cellules, que ce soit
side cardiaque, qui a pour but d'augmenter
celles de l’épithélium intestinal, du tubule
la force du cœur, est un traitement évident
rénal ou du foie. Elle convient donc parfai- mais dont la fenêtre thérapeutique est
tement pour l'induction par voie intravei-
étroite. Les deux types de molécules dont
neuse d’un traitement par les glycosides nous allons parler sont mieux supportés et
cardiaques. L’absorption de la digoxine dé- donc utilisés le plus souvent. Les inhibiteurs
pend de sa forme galénique et des condi- de l'enzyme de conversion (p.118) agissent
tions d'absorption dans l'intestin. La forme en inhibant la synthèse d’angiotensine Il, aux
galénique est aujourd’hui si bien adaptée propriétés vasoconstrictrices, et donc en
que les dérivés méthyldigoxine ou acétyldi- diminuant les résistances périphériques
goxine n'offrent plus aucun intérêt. Au ni- mais aussi en réduisant la sécrétion d’aldo-
veau du rein, la réabsorption complète n’est stérone qui favorise l'accumulation des
pas possible, la demi-vie d'élimination est fluides. Les antagonistes des récepteurs de
d'environ 1,5 jours. Dans le cas d’une alté- l’angiotensine II aboutissent au même résul-
ration de la fonction rénale survient un ris- tat. L'administration de diurétiques (thiazi-
que d’accumulation. La digitoxine est ab- diques) constitue une autre possibilité
sorbée de façon presque parfaite au niveau thérapeutique. En diminuant la résistance à
de l'intestin et du rein. Elle est liée à près l’éjection ils permettent également une aug-
de 95 % aux protéines plasmatiques. Dans le mentation du volume d’éjection. Cette action
foie, elle subit une transformation : hydro- et celle sur l'élimination des liquides (dim
lyse du sucre, hydroxylation sur le C12 nution de l'apport veineux) diminuent donc
(donnant la digoxine), conjugaison par l'apparition des stases veineuses. Des études
exemple à un acide glucuronique. Les pro- cliniques montrent de plus en plus nette-
duits de conjugaison éliminés par la bile su- ment (p.92) que les f-bloquants à faibles
biront un cycle entéro-hépatique (p.38), doses peuvent améliorer l’état des insuffi
ceux passés dans le sang seront éliminés sants cardiaques et leur pronostic. Cette
par le rein. La demi-vie d'élimination est voi- action repose probablement sur une protec-
sine de 6-7 jours. Dans le cas d’une insuffi- tion du cœur malade contre des effets trop
sance rénale, on n'aura pas d’accumulation soudains ou trop forts de l’adrénaline (ou de
plus importante. En cas de surdosage, l'effet la noradrénaline).
décroît après arrêt de l'administration du
produit mais plus lentement que pour la di-
goxine.

Autres molécules inotropes positives. L'amri-


none, un inhibiteur de phosphodiestérase
(p. 66, élévation d'AMPc), ne peut être admi-
nistré que par voie parentérale et, à cause
d'une mauvaise tolérance, que pour une
Médicaments actifs sur le cœur 135
ERATP =

albumine

cellule
hépatique

[h digoxine

coupure du sucre |

EE En,

intestinal
épithélium

plasma t {1 9 heure5li 2-3 jours [EE 5-7 jours


136 Médicaments actifs sur le cœur

Traitement des arythmies cardiaques nœud atrioventriculaire, de telle sorte


qu'une plus faible quantité de ces impulsions
L'impulsion électrique nécessaire à la contrac- parvienne au ventricule.
tion, sous forme d'un potentiel d'action qui
se propage (p. 138), est émise par les cellules IL. Influences non spécifiques sur la genèse
«pacemaker » du nœud sinusal et diffuse des excitations et sur la conduction. Les
dans le tissu cardiaque à travers l'oreillette, antiarythmiques appartenant au groupe des
le nœud atrioventriculaire (AV), les diffé- anesthésiques locaux bloquant les canaux
rents faisceaux du système de transmission sodiques seront utilisés pour le traitement
de l'excitation jusqu'aux ventricules (A). Les ou la prophylaxie de nombreuses formes
irrégularités des battements du cœur peu- d'arythmie. Ces agents bloquent le canal
vent altérer de façon dangereuse son rôle de sodique responsable de la dépolarisation
pompe. rapide des nerfs et des muscles : le déclen-
chement d’un potentiel d'action sera rendu
I. Substances ayant une influence spécifi- plus difficile et la propagation de l'excitation
que sur les nœuds sinusaux ou atrioventri- plus lente. Cet effet sera souhaitable dans de
culaires. Dans certaines formes d’arythmies, nombreuses formes d’arythmie mais peut
on peut utiliser des substances qui peuvent aussi exercer des actions arythmogènes. Les
agir spécifiquement sur la fonction des antiarythmiques bloquant les canaux sodi-
nœuds, sinusal et atrioventriculaire, en les ques ne présentent pas une spécificité suf-
stimulant (flèche rouge) ou au contraire en fisante en ce qui concerne deux aspects:
les inhibant (flèche verte). 1) d’autres canaux ioniques comme les
canaux potassiques et calciques du muscle
Bradycardie sinusale. Une trop faible fré- cardiaque seront affectés (allongement anor-
quence d’impulsion du nœud sinusal (< 60/ mal de la durée QT) ; 2) leur action n'est pas
minute) peut être accélérée par un parasym- limitée au muscle cardiaque mais affecte
patholytique. L'ipratropium, un ammonium également le tissu nerveux et les cellules
quaternaire, possède par rapport à l’atropine cérébrales. Les effets secondaires cardia-
l'avantage de ne pas atteindre le système ques sont des propriétés arythmogènes ainsi
nerveux central (p.104). Les sympathomi- que la baisse de la fréquence, de la transmis-
métiques agissent également comme des sion AV et de la force. Les effets secondaires
substances chronotropes positives; leur au niveau du système nerveux central sont
inconvénient est d'augmenter de façon géné- des vertiges, un engourdissement, une
rale l’excitabilité du myocarde de sorte que confusion et des perturbations motrices.
d’autres cellules myocardiques de l'oreillette Une partie des antiarythmiques est rapi-
ou des ventricules peuvent envoyer des dement dégradée par hydrolyse dans l’orga-
impulsions supplémentaires (tendance à une nisme (voir flèches en B). Ces substances ne
extrasystolie). En cas d’arrêt cardiaque, on sont pas utilisables pour un traitement oral
cherche à susciter une nouvelle contraction mais doivent être administrées en injection
en combinant l’adrénaline, apportée en ins- intraveineuse (par ex. lidocaïne).
tillation intrabronchique ou en injection
intracardiaque, et des massages cardiaques.

Tachycardie sinusale (fréquence au repos


> 100/minute). Les f-bloquants inhibent
l'influence sympathique et abaissent la fré-
quence cardiaque.

Fibrillation ou flutter auriculaire ont pour


conséquence une fréquence de contraction
des ventricules trop élevée qui peut être
diminuée par le vérapamil (p.124) ou les
glycosides cardiaques (p. 132). Ils inhibent la
conduction des impulsions au niveau du
Médicaments actifs sur le cœur 137

— À. Genèse et propagation d'une excitation dans le cœur

nn

Tr nœud sinusal
para-
sympatholytiques
= oreillette
nl B-sympatho-
| nœud atrio- mimétiques
ventriculaire —

| faisceau
| de His

_ B-bloquants
| branche
de Tawara
vérapamil
|fibres _ glycosides
| de Purkinje _ cardiaques
ZE]
__(stimulation
+ ventricule _ du vague)

23

B. Antiarythmiques bloquant les canaux s0diques ——


1l
antiarythmiques de type anesthésique local
effet principal (bloquant le canal Na) : inhibition de la formation
et de la propagation de l'excitation
effet anti-
arythmique
procaïne
O0 GHs
Il +/
COCHE CRE nt

CHs

procaïnamide
o are
C—N—CH)—CH)—NH
CH

ea
CH 3 lidocaïne
I N CH; <a
N FÉRESEN
NARCTE
CH 3

g
CH 3 H méxilétine

o—cH,—cH—N4
2 Ÿ eg
arythmie
cardiodépression [eiH 3 CH
138 Médicaments actifs sur le cœur

Propriétés électrophysiologiques stimulation prématurée et donc du danger


des antiarythmiques appartenant de fibrillation.
à la famille des bloqueurs Mécanisme d'action. Les antiarythmiques,
de canaux sodiques bloqueurs des canaux Na, sont comme la plu-
part des anesthésiques locaux des molécules
Potentiels d’action et flux ioniques. À l’aide amphiphiles cationiques (p.212, à l’excep-
d'une microélectrode intracellulaire on peut tion de la phénytoïne, p. 195). Les mécanis-
mesurer la tension électrique (le potentiel) de mes moléculaires possibles de cette action
part et d’autre de la membrane d'une cellule inhibitrice sur la fonction du canal sodique
cardiaque. Lors d’une stimulation électrique, sont expliqués de façon détaillée p. 208. La
on observe un changement caractéristique de faible spécificité de structure se traduit par
ce potentiel de membrane: le potentiel une faible spécificité d’action : ce n’est pas
d'action. L'origine de ce potentiel est une suc- seulement la fonction du canal sodique qui
cession coordonnée de flux ioniques. Pendant peut être altérée, mais aussi celles des ca-
la dépolarisation rapide (phase 0), on observe naux calciques et potassiques. Par consé-
principalement un influx de courte durée quent, les antiarythmiques cationiques am-
d'ions Na’ à travers la membrane. Ensuite, la phiphiles perturbent non seulement la
dépolarisation est maintenue par un influx dépolarisation mais aussi la phase de re-
temporaire d'ions Ca” (ainsi que de Na’) polarisation. Selon la substance, la durée du
(phase 2, plateau du potentiel d’action PA). potentiel d’action pourra être allongée
Un efflux de K* est responsable du retour du (classe IA), raccourcie (classe IB) ou demeu-
potentiel de membrane (phase 3, repolarisa- rer constante (classe IC).
tion) à la valeur de repos (phase 4). La rapi- Les antiarythmiques de ce type sont :
dité de cette phase de dépolarisation dépend IA : quinidine, procaïnamide, ajmaline, diso-
de la vitesse à laquelle le potentiel d'action se pyramide, propafénone ; IB : lidocaïne, mexi-
propage dans les cellules adjacentes du myo- létine, tocaïnide ainsi que phénytoine ; IC:
carde. flécaïnide.
Les flux ioniques transmembranaires s’ef- On rangera dans la classe III l’'amiodarone
fectuent à travers des pores protéiques : ca- ainsi que le sotalol, un $-bloquant qui déclen-
naux Na, Ca ou K. En (A) est résumée la façon che de façon spécifique un allongement de la
dont l’état fonctionnel du canal Na varie au durée du potentiel d'action avec une faible
cours des différentes phases d’un potentiel action sur la vitesse de dépolarisation.
d'action. Notons que les f-bloquants font partie de la
classe Il et que les antagonistes calciques, vé-
Propriétés des antiarythmiques. Les anti-
rapamil et diltiazem, constituent la classe IV.
arythmiques de type bloqueurs des ca-
naux Na diminuent la tendance des canaux Utilisation thérapeutique. Compte tenu de
sodiques à s'ouvrir au moment de la stimu- l’étroitesse de la fenêtre thérapeutique, ces an-
lation électrique (effet de stabilisation de tiarythmiques ne seront utilisés que lorsque
membrane). Ceci peut avoir pour consé- les altérations du rythme sont tellement mar-
quence (A, panneau du bas) : a) la vitesse de quées qu'elles altèrent la fonction de pompe
dépolarisation diminue et par là-même l’ex- du cœur, ou bien lorsque surviennent
tension de l'excitation dans le myocarde. La d’autres complications. L'association de plu-
propagation d’une excitation « parasite » de- sieurs antiarythmiques est rare. Certains
vient plus difficile. b) La dépolarisation est to- produits comme par exemple l’amiodarone
talement bloquée. La formation d’une stimu- sont réservés à des cas particuliers.
lation pathologique par exemple dans la Ce produit qui renferme de l’iode possède
zone bordant un infarctus est impossible. des propriétés inhabituelles : la demi-vie
c) La période avant la génération d'une nou- d'élimination atteint 50-70 jours, l’amioda-
velle dépolarisation, la période réfractaire, rone selon son état de charge sera liée aux
s'allonge. Une durée accrue du potentiel lipides polaires et apolaires, stockée dans les
d'action (voir ci-dessous) contribue à un al- tissus (altération de la cornée, fibrose pul-
longement de la période réfractaire avec monaire) et interfère avec la fonction des:
pour conséquence une impossibilité d’une glandes thyroïdiennes.
Médicaments actifs sur le cœur 139
* A. Effets des antiarythmiques bloquant les canaux sodiques

[mV] potentiel de membrane


2

vitesse potentiel
Pre
de dépolarisation d'action
(PA)
vitesse 3
de propagation
du potentiel d'action
4

possibilité de déclenchement d’une dépolarisation


250 temps [ms]

cellule de myocarde

Nat Ca2+(+Na+)

LEA ae ce
phase0 phases 1 et 2 phase 3 phase 4

influx plus influx lent de Ca2+


rapide de Na*
flux ioniques au cours d’ un potentiel d'action

Na* canaux sodiques

fermé fermé, mais


ouvert (activé)
ouverture impossible ouverture possible
(inactivé) (au repos, activable)
états du canal sodique au cours d’un potentiel d'action

nhibition de l’ouver- antiarythmiques


ure du canal Na* bloquant le canal Na*

excitation
impossible
————————

Fou e
vitesse inhibition du déclenchement allongement de la période
de dépolarisation| d’un potentiel d'action réfractaire = non excitable
140 Anti-anémiques

Traitement de l’anémie la transcobalamine, la vitamine B,, aboutit


ensuite dans un organe de réserve, le foie, ou
L'anémie correspond à une diminution du dans les cellules de l'organisme.
contenu du sang en globules rouges ou
Origine d’une carence en vitamine B,.. Il
encore de l’hémoglobine contenue dans ces
s’agit dans la plupart des cas d’une anomalie de
globules. La capacité de transport de l’oxy-
l'absorption liée à une atrophie gastrique avec
gène du sang est diminuée.
une carence en facteur intrinsèque. À côté d’une
Érythropoïèse (A). Les érythrocytes se for- anémie macrocytaire se manifestent des lé-
ment à partir des cellules souches par de mul- sions muqueuses et des altérations neurologi-
tiples divisions. Ensuite viennent la synthèse ques dues à une dégénérescence de la gaine de
d'hémoglobine et finalement l'expulsion du myéline (anémie pernicieuse). La meilleure
noyau cellulaire. L'érythropoiïèse est stimulée thérapeutique consiste en un apport parenté-
par une hormone, l’érythropotétine, une glyco- ral de cyanocobalamine ou d’hydroxycobala-
protéine sécrétée par les reins lorsque la pres- mine (vit. B,,,, remplacement du groupe CN par
sion partielle en O, du tissu diminue. un OH). On observe très rarement comme effet
Chez l'homme en bonne santé, la formation secondaire une réaction d’hypersensibilité.
des érythrocytes est également stimulée par
l'administration d’érythropoiïétine et donc la Acide folique (B)
capacité de transport de l'oxygène du sang. Cet Les légumes verts et le foie sont riches en acide
effet est le même que celui d’un entraînement folique. Le besoin minimal est d'environ 50 ug/
en altitude chez les sportifs réalisant des ef- jour. L'acide folique sous forme polyglutamate,
forts de longue durée et est utilisé comme mé- apporté par la nourriture, est transformé en
thode de dopage. Après administration intra- monoglutamate avant l'absorption. L'acide
veineuse, l’érythropoïétine présente une demi- folique est détruit par la chaleur. L'origine
vie d'environ 5 heures et sera inactivée par hy- d’une carence peut être : un apport insuffisant,
drolyse de la fraction glucidique de la protéine, des troubles de l'absorption associés à des
après une injection sous-cutanée, le t,, de maladies intestinales, des besoins accrus
l'érythropoïétine est d'environ 20 h. pendant la grossesse. Les anti-épileptiques
Lorsque la production d’érythropoïétine (phénytoïne, primidone, phénobarbital) et les
est suffisante, une altération de l’érythro- contraceptifs oraux peuvent diminuer l’absorp-
poièse peut avoir en principe deux origines. tion de l'acide folique vraisemblablement en
1. L'inhibition de la multiplication cellu- inhibant la formation de la forme monogluta-
laire liée à une synthèse d'ADN insuffisante. mate. Les inhibiteurs de la dihydrofolate réduc-
Ceci peut se produire en cas de carence en tase (ex. méthotrexate, p. 306) ralentissent la
vitamine B,, ou en acide folique (anémie macro- synthèse de la forme active, le tétrahydrofolate.
cytaire hyperchrome). 2. La synthèse d’hémo- Les symptômes de la carence sont une anémie
globine est perturbée. Ceci se produit en cas macrocytaire et des lésions des muqueuses. Le
de carence en fer car l'hémoglobine contient du traitement consiste en l'administration orale
fer (anémie microcytaire hypochrome). d'acide folique.
L'administration d'acide folique peut mas-
Vitamine B12 (B) quer une carence en vitamine B,.. Cette vita-
La vitamine B,, (cyanocobalamine) est syn- mine catalyse la transformation du méthyl-té-
thétisée par des bactéries. La vitamine B, trahydrofolate en tétrahydrofolate nécessaire
présente dans le gros intestin ne peut cepen- à la synthèse d'ADN (B). Une inhibition de cette
dant pas être absorbée (voir ci-dessous). Le réaction par suite d’une carence en vita-
foie, la viande, le poisson, les produits laitiers mine B,, peut être compensée par une augmen-
et les œufs sont riches en vitamine B,.. Le tation de la dose d’acide folique administrée.
besoin journalier minimal est d'environ 1 ug. L'anémie liée à la carence en vitamine B,, per-
Le transport de la vitamine B,, de l'intestin siste, les troubles neurologiques se poursui-
vers le sang nécessite un facteur appelé fac- vent inchangés et leur origine est maintenant
teur intrinsèque produit par les cellules difficile à diagnostiquer à cause de l'absence
pariétales de l'estomac. Sous forme d’un com- de changement de la formule sanguine. L'admi-
plexe avec cette glycoprotéine, la vitamine B,, nistration inconsidérée de préparations multi-
est en effet transportée par endocytose hors vitaminiques contenant de l’acide folique peut.
de l’iléum. Liée à une protéine de transport, également être nuisible.
Anti-anémiques 141

r- À. Érythropoïèse dans la moelle osseuse

inhi tion dela synthèse L___ | inhibition de la synthèse


d'ADN où dela multipli- , Jd’hémoglobine
cation cellulaire L
f ns LENTE at + / NX
ythropoïétine
esCa
arence €
es
RS ӎr
carence en fer

et i à à ri s d ou, |

etit nombre a : {|
CR
2
rythrocytes petits,
’érythrocytes de grande 12 eu nombreux et pauvres
aille riches en hémoglobine REDET n hémoglobine

© © | @00
— B. Métabolisme de la vitamine B,, et de l’acide folique

trans-
cobalamine Il

cellule
pariétale

Streptomyces
griseus
142 Anti-anémiques

Composés contenant du fer environ 300 mg de FeSO,, répartie en plu-


sieurs prises). Le remplissage du stock de fer
Le fer contenu dans la nourriture peut être peut réclamer des mois. L'administration
absorbé de façon variable. Sous forme ferri- orale a cependant l'avantage de rendre impos-
que, Fe”, il n’est pratiquement pas absorbé sible une surcharge en fer de l'organisme,
à partir du contenu neutre de l'intestin dans le cas où les muqueuses sont intactes, à
grêle ; à ce niveau, la forme Fe” est beau- cause de la relation entre l’absorption et les
coup plus facilement absorbée. Le passage besoins (blocage muqueux).
du fer contenu dans un hème (présent dans Effets secondaires. Les troubles gastro-in-
l’'hémoglobine, la myoglobine), s'effectue testinaux les plus fréquents (constipation,
également assez bien. Dans les cellules de diarrhée, douleur abdominale) nécessitent
l’épithélium intestinal le fer est oxydé, et une prise au moment des repas, bien que
soit stocké sous forme de ferritine (voir plus l'absorption soit plus élevée dans un esto-
bas) soit fixé à une protéine de transport, la mac vide.
transferrine, une f;-glycoprotéine. Il ne par- Interactions médicamenteuses. Les antiaci-
vient dans l’organisme pas plus de fer qu’il des inhibent l'absorption du fer. L'associa-
n'est nécessaire pour compenser les pertes tion avec l'acide ascorbique (vitamine C)
(par desquamation des cellules de la peau pour protéger Fe” de l'oxydation en Fe” est
et des muqueuses, ou les pertes de sang). en théorie ingénieuse, mais pas indispensa-
(On parle de blocage muqueux.) Cette ble en pratique.
quantité correspond pour les hommes à L'administration parentérale sous forme
environ 1 mg/jour et pour les femmes à de composés ferriques n’est envisagée que
2 mg/jour (pertes de sang menstruelles) ; lorsque le traitement oral n’est pas possible.
elle correspond à peu près à 10 % du fer pré- Elle présente un danger de surdosage avec
sent dans la nourriture. Les complexes fer- dépôt de fer dans les tissus (hémosidérose).
transferrine sont principalement captés par La capacité de liaison de la transferrine est
les érythrocytes au cours d’un processus limitée et le fer libre sous forme Fe” est toxi-
d’endocytose et le fer (Fe”*) utilisé pour la que. C’est pourquoi on utilisera des formes
synthèse de l’hémoglobine. Soixante-dix complexées du fer, les atomes de fer seront
pour cent du contenu en fer de l'organisme, transférés à la transferrine soit directement,
environ » g, se trouvent dans les érythrocy- soit après phagocytose par les macrophages
tes. Après digestion des érythrocytes par les de telle sorte que le fer parvienne jusqu'aux
macrophages du système réticulo-endothélial, réserves de ferritine. Les effets secondaires
le fer de l'hémoglobine est libéré. Sous forme possibles sont : en injection i.m. : douleur au
de ferritine (protéine apoferritine + Fe”) le site d'injection et coloration de la peau ; en
fer ferrique peut être stocké, ou bien il peut injection i.v.: fièvre, chute de pression et
être introduit de nouveau dans l’érythro- choc anaphylactique.
poïèse par la transferrine.
Origine d’une carence en fer: elle pro-
vient souvent d’une perte de sang chronique
(ex. ulcère gastrique/duodénal, tumeurs). Un
litre de sang contient 500 mg de fer. En dépit
d'une augmentation importante du pourcen-
tage d'absorption (jusqu’à 50 %), ce phéno-
mène ne peut contre-balancer la perte, et le
contenu de l'organisme en fer diminue. Le
manque de fer entraîne une altération de la
synthèse d’hémoglobine : anémie par carence
en fer.
Le traitement de choix (après identifica-
tion et suppression de l'origine du saigne-
ment) est l'administration orale de composés
ferreux, par exemple de sulfate de fer (dose
journalière 100 mg de fer, correspondant à
Anti-anémiques 143

- À. Possibilités d'administration du fer et son devenir dans l'organisme ————

Ca ù 4 ‘ Fe-|lIsels ferriques

administration
orale AD Fe-lIsels ferreux

fer héminique

absorption
duodénum
jéjunum supérieur

administration
arentérale
transport :
plasma

formation dans
l'érythroblaste
moelle osseuse

érythrocytes
sang
hén )I dérine Re |

= ferritine
agrégée

PAR L Ô phagoc ytose par les macrophages


h
par saignement ON rate, foie, moelle osseuse
144 Antithrombotiques

Prévention et traitement sive de plusieurs enzymes aboutit à ce que


des thromboses les réactions initiales se développent comme
une avalanche et conduisent finalement à
Après la lésion d’un vaisseau, le système de une formation massive de fibrine. (Repré-
coagulation est activé afin de constituer à senté en C par la taille croissante des
l’aide des thrombocytes et des molécules de flèches.)
fibrine un « bouchon » qui bouche la plaie et Les chélateurs du calcium (B) empêchent
permet le retour à une circulation normale. l'activité enzymatique des facteurs dépen-
La formation sans nécessité d’un caillot dans dants du calcium; ce sont des substances
un vaisseau, c’est-à-dire une thrombose, peut contenant des groupements COO' qui lient
constituer un danger mortel ; si le thrombus les ions calcium. Citrate et EDTA (acide éthy-
se forme à partir des lésions athéromateuses lène diamine tétra-acétique) forment avec le
d’une artère coronaire, un infarctus peut se calcium des complexes solubles, l’oxalate
produire ; formé dans une veine profonde de précipite avec le calcium sous forme de
la jambe, il peut se détacher, être emporté complexe insoluble. La complexation du cal-
jusqu'aux artères pulmonaires et donner cium n’est pas utilisable sur le plan thérapeu-
naissance à une embolie pulmonaire en les tique, car la concentration de calcium doit
bloquant. être diminuée de façon tellement importante
La prévention de la thrombose est réalisée qu'elle n’est plus compatible avec la survie
en utilisant des médicaments qui diminuent (hypocalcémie tétanique). Ces composés ne
la coagulation du sang. On cherchera égale- seront donc utilisés (par ex. sous forme de
ment à inhiber l'agrégation des plaquettes, qui sels sodiques) que pour bloquer la coagula-
participent à la formation du thrombus, en tion du sang en dehors de l'organisme.
particulier dans les artères (p. 152). Le trai- Le déroulement de la cascade de coagu-
tement des thromboses utilise des molé- lation peut être inhibé de la manière suivante
cules qui détruisent la «trame de fibrine » : ©:
les fibrinolytiques (p. 150). 1. Les dérivés coumariniques diminuent la
La cascade de la coagulation peut être dé- concentration sanguine en facteurs inac-
clenchée par deux voies distinctes (A). 1. À tifs I, VII IX et X dont ils inhibent la syn-
l'intérieur des vaisseaux aux emplacements thèse dans le foie.
qui ne sont pas recouverts d’endothélium, 2.Le complexe héparine-antithrombine III
par transformation du facteur XII en facteur abolit l’activité protéolytique des facteurs
activé XIla (système intrinsèque). 2. Sous activés.
l'influence d’une lipoprotéine provenant des 3. L'hirudine et ses dérivés bloquent le centre
tissus (thrombokinase tissulaire) par trans- actif de la thrombine.
formation du facteur VII en facteur VIla (sys-
tème extrinsèque). Les deux voies se rejoi-
gnent au niveau du facteur X pour une même
portion terminale.
Les facteurs de coagulation sont des mo-
lécules protéiques. « Activation » signifie pour
la plupart coupure de fragments et trans-
formation (sauf pour la fibrine) en enzymes
protéolytiques (protéases). Quelques-uns
des facteurs activés ont besoin pour mani-
fester leur activité protéolytique de la pré-
sence de phospholipides (PL) et de Ca”. Les
ions calcium réalisent vraisemblablement la
jonction entre un facteur et la surface phos-
pholipidique comme représenté en (B). Les
phospholipides sont présents dans le facteur
plaquettaire 3 (FP.) qui est libéré lors de
l'agrégation plaquettaire, et dans la throm-
bokinase tissulaire (A). L'activation succes-
Antithrombotiques 145

F A. Activation de la coagulation - B. Inhibition de la coagulation


par capture du calcium
thrombo- lésions fact lati
cytes A lendohéiun acteur de coagulation

COO

| | thrombo-
kinase
| tissulaire

rupture
du vaisseau phospholipides
ex. FP;3

complexation du Ca2+
ee seulement in vitro
oxalate

C. Possibilités d’inhibition des réactions de la coagulation in vivo


XI1@ ——+ © Xlla
| © synthèse inhibée
par la coumarine

XI@@:— @® Xl + réaction inhibée par


f le complexe héparine-
Il antithrombine

sd st VIa® <— © VI
VII + Ca2++ pli" Ca2* + PL (phospholipides)

eue.
QQ Q

OO 66
V+ Cat+ Pl
AQCQ ||1h QQCQ
prothrombine Il ® @ee) 8880 thrombine la
QQQQ Q
O00O (@\e)
y | hirudine

fibrinogène | fibrine la
146 Antithrombotiques

Vitamine K et antagonistes coagulation. En cas d'urgence, il est néces-


de la vitamine K (A) saire d'apporter les facteurs manquants (par
ex. par une transfusion de sang frais, ou d’un
La vitamine K active dans le foie la fixation de concentré de prothrombine).
groupements carboxyles sur les résidus gluta- Parmi les autres effets secondaires nota-
miques des précurseurs des facteurs II, VIE, IX bles on peut citer : des nécroses hémorragi-
et X ; les groupements COOH sont indispensa- ques de la peau au début du traitement ainsi
bles à la fixation aux phospholipides par qu'une chute des cheveux ; administrés pen-
l'intermédiaire du calcium (p. 144). Il existe dant la grossesse, ils peuvent provoquer des
différents dérivés de la vitamine K d'origines altérations de la formation des os et des car-
distinctes: vitamineK, (phytoménadione) tilages et des lésions cérébrales (à cause des
dans les plantes, vitamine K, issue des bacté- saignements) ; on peut également observer,
ries de l'intestin, vitamine K, (ménadione) plus rarement, un risque de saignement ré-
produite par synthèse chimique. Toutes sont troplacentaire.
hydrophobes et nécessitent les acides biliai-
res pour être absorbées.
Possibilités d'’interférences (B)
Anticoagulants oraux. Les 4-hydroxy-
coumarines de structure proche de celle L'adaptation d’un patient à un traitement
de la vitamine K participent comme « fausse par un coumarinique est un cheminement
vitamine K» dans ces réactions. Au cours sur un sentier étroit entre un risque de sai-
des réactions de carboxylation, la vitamine K gnement si l’effet est trop fort et un risque
est transformée en vitamine K-époxyde. de thrombose s’il est insuffisant. Après un
L'hydroxycoumarine interfère avec la régé- positionnement couronné de succès à un
nération de la vitamine K et produit ainsi une certain dosage, il peut se produire une
carence en vitamine K active. oscillation dans une direction ou dans
Les coumariniques sont bien absorbés l’autre si les facteurs susceptibles d’altérer
après administration orale. Leur durée d’ac- le dosage ne sont pas surveillés avec atten-
tion est très variable. La synthèse des fac- tion. Si le patient modifie ses habitudes ali-
teurs de la coagulation dépend du rapport mentaires et consomme plus de légumes
des concentrations entre la vitamine K et les verts, la vitamineK devient excédentaire
coumariniques existant dans les cellules du par rapport à ses antagonistes. Si les bacté-
foie. La dose nécessaire pour obtenir une in- ries produisant de la vitamine K sont élimi-
hibition suffisante de la coagulation doit être nées dans le cadre d’un traitement par des
ajustée pour chaque patient individuelle- antibiotiques, les antivitamines K peuvent
ment (contrôle effectué en utilisant la valeur prendre le dessus. Les médicaments qui
INR, rapport international normalisé qui a augmentent la capacité de biotransforma-
remplacé le temps de Quick utilisé aupara- tion hépatique via une induction enzymati-
vant). s que (p. 32) peuvent accélérer l'élimination
d’un coumarinique et donc diminuer son
Indications : les coumariniques sont utilisés niveau plasmatique. Les inhibiteurs des
pour la prévention des risques thrombo- enzymes hépatiques (par ex. la cimétidine,
emboliques, par exemple lors d’une fibrilla- un antihistaminique) augmentent l’action
tion de l'oreillette ou pose d’une valvule arti- des coumariniques. À côté des interféren-
ficielle. ces pharmacocinétiques, il faut aussi tenir
compte des modifications pharmacodyna-
L'effet indésirable le plus important est miques. C’est ainsi que l'acide acétylsali-
un saignement. Dans ce cas, l'effet des cou- cylique est contre-indiqué pour les patients
mariniques peut être antagonisé par l’admi- car il agit en premier lieu comme un inhibi-
nistration de vitamine K, ; la capacité de coa- teur de l'agrégation plaquettaire et retarde
gulation du sang n’est cependant restaurée la coagulation sanguine, et peut également
qu'après des heures ou des jours lorsque la conduire à une lésion de la muqueuse gas-
reprise de la synthèse hépatique a permis trique accompagnée de dommages vascu-
d'aboutir à une élévation suffisante de la laires.
concentration plasmatique des facteurs de
Antithrombotiques 147
A. Antagonistes de la vitamine K, de type coumarinique, et vitamine K
durée d'action (jours)

CH; CH;
R=
se ee
phytoménadione %

acénocoumarol

dérivés
OH dérivés de la vit. K de la 4-hydroxycoumarine(QOH

B. Possibilités d’interférences

risque de thrombose . {situation risque de saignement


xt

élimination des bactéries


prise accrue intestinales produisant la vit. K
d'aliments riches en vit. K par des antibiotiques

diminution

diminution

inhibition de l'absorption inhibition du métabolisme hépatique


entérale des coumariniques ; des coumariniques, par ex. par la cimétidine
par ex. antiacides, Carbo medicinalis où ie rétronidazole
stimulation du métabolisme hépatique
des coumariniques : induction enzymatique,
par ex. par la carbamazépine et la rifampicine
148 Antithrombotiques

Héparine facteur et l’AT III Dans le cas du facteur Xa


au contraire, le contact entre l’héparine et
Origine et structure. L'héparine peut être l'AT III suffit à accélérer l’inactivation.
obtenue à partir de la muqueuse intestinale
de porc. Elle s’y trouve (en même temps que Indications. L'héparine est utilisée pour la
de l’histamine) stockée dans les vésicules prévention et le traitement des thromboses.
des mastocytes. La molécule d’héparine est De faibles doses suffisent pour assurer la
composée de chaînes de sucres aminés, qui prévention. Elles doivent être injectées par
portent des groupements - COO: et SO,-. La voie sous-cutanée, à raison de trois fois par
longueur n’est pas constante mais l’activité jour dans le cas d’une héparine standard et
anticoagulante dépend cependant de la lon- d’une fois par jour pour l’héparine fraction-
gueur de cette chaîne. De façon à standardi- née. En cas de thrombose avérée, l’héparine
ser les traitements, cette activité sera donnée doit être administrée à doses plus fortes et
en unités internationales (UI) par comparai- par voie intraveineuse.
son avec une préparation de référence. Le
poids moléculaire, dans le cas d’une prépa- Effets secondaires. En cas de saignement dû
ration standard non fractionnée, est compris à l’héparine, son action peut être bloquée
entre 4000 et 40 000 avec un pic moyen presque immédiatement par l'injection de
autour de 15 000. Comme l’héparine fraction- protamine. La thrombocytopénie de type II,
née de petit poids moléculaire est obtenue induite par l’héparine, est une complication
par coupure d’héparine native, la taille des dangereuse. Elle est due à la formation
molécules est moins hétérogène, la masse d'anticorps qui précipitent avec l’héparine
moléculaire moyenne est d'environ 5 000, associée aux plaquettes. Les thrombocytes
(par ex. certoparine, daltéparine, enoxapa- s'agrègent et provoquent une obturation des
rine). Les nombreuses charges négatives de vaisseaux. Des saignements peuvent alors se
la molécule sont importantes à plusieurs produire à cause de la thrombocytopénie.
points de vue : 1) elles participent à la forma- L’héparansulfate, un héparinoïde, est pré-
tion d'un complexe avec l’antithrombine III, sent dans le danaparoïde. Il s’agit de chaînes
ce qui est à la base de son action inhibitrice ; obtenues à partir d’un fragment coloré de la
2) les charges négatives participent à l’asso- molécule d'héparine. La réponse est médiée
ciation avec la protamine (une protéine par l'AT III. Le danaparoïde peut être utilisé
cationique inactivant l’héparine et extraite en cas de thrombocytopénie.
du sperme de saumon) ; 3) à cause de son
mauvais passage à travers les membranes, Hirudine et dérivés (B)
l'héparine doit être injectée.
L’hirudine, un polypeptide présent dans la
Mécanisme d’action. L'antithrombine I] (AT I) salive de la sangsue (Hirudo medicinalis),
est une glycoprotéine circulante capable inhibe la coagulation de son « repas » en inhi-
d’inhiber les facteurs de coagulation activés. bant le centre actif de la thrombine. Cette
L'activation d’un facteur de coagulation a action est indépendante de l’ATIII et se
lieu lors de l'élimination d’un fragment pro- manifeste donc également chez des patients
téique par un facteur situé en amont dans la présentant une carence en AT III. La lépiru-
cascade de coagulation, découvrant ainsi le dine et la désirudine sont des analogues
centre actif de l’enzyme. L’AT III occupe et obtenus par recombinaison génétique. Ils
inhibe de façon irréversible ce centre actif. peuvent être administrés chez des sujets
L'héparine exerce une action inhibitrice sur avec une thrombocytopénie de type II.
la coagulation en augmentant d’un facteur
supérieur à mille la vitesse de dépôt de l’AT III
sur les facteurs de coagulation activés. La
longueur de la chaîne d’héparine requise
pour inhiber les différents facteurs de coagu-
lation activés est variable. Dans le cas de la
thrombine, par exemple, la molécule d'hépa-
rine doit entrer en contact à la fois avec le
Antithrombotiques 149

A. Héparine. Origine, structure et mécanisme d'action

CH}—0S0$ CO CH}—050$ CH}—0S0$


—0, o ! 0 J—0
OH OH 0<050 Co o< 0H
(o] (o] o
note OH HN—SO$ os0ÿ HN—SO*

mastocyte élément de base formé d’un pentasaccharide

héparine standard héparine


non fractionnée de petit poids
masse moléculaire moléculaire,
moyenne +15 000 fractionnée +5 000 $

antidote protamine
3 fois/jours s.c. 1 fois/jours s.c.

accélération
de l’inactivation
facteur
de coagulation
activé

inactivation 4

A
antithrombine Ill nécessité d’une héparine l’héparine de petit poids
standard moléculaire suffit

nn: thrombocytopénie de type Il induite par l'héparine


agrégation
plaquettaire
anticorps héparine

thrombo-
plaquettes sanguines embolie

B. Hirudine et dérivés

leucine isoleucine

inhibition
directe
et sélective

Hirudo medicinalis
150 Antithrombotiques

Fibrinolytiques des streptocoques et déclencher des réac-


tions pénibles.
Le réseau de fibrine d’un caillot sanguin peut L'urokinase est un activateur du plas-
être dégradé par la plasmine. La plasmine est minogène présent dans différents tissus de
uve protéase, qui peut hydrolyser non seule- l'organisme. Celle utilisée sur le plan théra-
ment la fibrine mais également le fibrinogène peutique provient de cultures de cellules ré-
et d'autres protéines. La plasmine provient nales humaines, si bien que l'on n’a pas à
d’un précurseur présent dans le sang, le plas- craindre la présence d'anticorps circulants.
minogène. Dans les conditions physiologi- Ce produit est plus cher que la streptokinase
ques, la spécificité de l’action de la plasmine et son action est également indépendante de
vis-à-vis de la fibrine est assurée, entre la fibrine.
autres, par le fait que son activation a essen- L'altéplase est un activateur tissulaire du
tiellement lieu au niveau du caillot sanguin. plasminogène obtenu par recombinaison gé-
L'activateur tissulaire du plasminogène nétique (rt-PA). Comme il est produit dans
(tissue plasminogen activator = t-PA) est li- des cellules eucaryotes (cellules d'ovaire de
béré dans la lumière vasculaire par les cel- hamster chinois : cellules CHO), il contient
lules endothéliales lors d'une stagnation du les mêmes résidus glucidiques que le produit
flux sanguin. Cette protéase possède à côté natif. La dose utilisée pour les traitements
de son site catalytique d’autres domaines est si élevée que l’altéplase perd sa spécifi-
fonctionnels, et en particulier un site per- cité d'action pour la fibrine et peut égale-
mettant la liaison de la fibrine. Au contact ment activer le plasminogène circulant. L'al-
de la fibrine, son activité de transformation téplase semble donner de meilleurs résultats
du plasminogène en plasmine est beaucoup que la streptokinase dans des infarctus du
plus importante que dans un flux s’écou- myocarde récents.
lant. Les activateurs du plasminogène dis- Le rétéplase est une forme courte du t-PA,
ponibles seront désignés par le terme de qui ne comporte pas le domaine de liaison
thrombolytiques. Ils seront administrés de la fibrine et n’est pas non plus glycosylée
par voie intraveineuse en cas d’infarctus du (à cause de sa synthèse dans des bactéries
myocarde, de thromboses veineuses pro- procaryotes, E. coli). Son élimination est plus
fondes, d’embolies pulmonaires et d’autres lente que celle de l’altéplase. Tandis que l'al-
occlusions vasculaires thrombotiques. La téplase doit être administré en perfusion, le
reperfusion du vaisseau oblitéré est d'autant rétéplase peut donc être injecté en doses
plus facile à atteindre que le traitement a bolus.
débuté précocement après la thrombose.
L'effet secondaire majeur, lié à l’activité L’acide £-aminocaproïque est un inhibiteur
souhaitée, est un risque de saignement car de la plasmine qui peut apporter un avantages
les caillots de fibrine qui servent à colmater en cas de saignements. L’acide e-aminoca-
les défauts de’la paroi vasculaire seront proïque exerce son effet inhibiteur en occu-
dégradés en même temps que les caillots de pant le site de liaison de la fibrine sur le
fibrine intravasculaires qui forment le plasminogène ou la plasmine.
thrombus. Par ailleurs, il existe également, /
lors d’une administration de fibrinolytiques,
un risque de dégradation du fibrinogène
présent dans le sang et d’autres facteurs de
coagulation (état lytique systémique).
La streptokinase est le premier fibrinoly-
tique à avoir été disponible sur le marché.
Elle n’est pas active par elle-même mais
forme un complexe susceptible d'activer le
plasminogène après liaison d'une molécule
de plasminogène. La streptokinase est issue
de streptocoques. Des anticorps dirigés
contre la streptokinase peuvent être pré-
sents à la suite d'infections antérieures par
Antithrombotiques 457
EE
SU

A. Fibrinolytiques —

plasmine

t-PA :
endothélium activateur
tissulaire
du plasminogène

= activateurs
du plasminogène
altéplase =
t-PA recombinant

| cellules
centre cho
actif

cDNA
inhibiteur
anticoprs formés de la plasmine Tu
lors d'infections rétéplase =
précédentes HN variant non glycosylé
du t-PA
fièvre, frissons, FE COOH
inactivation

ac. e-aminocaproïque

urokinase |

blocage du site
de liaison cDNA raccourci
du plasminogène/
de la plasmine
cultures de cellules rénales humaines
152 Antithrombotiques

Formation d’un thrombus artériel (A) les saignements par l'agrégation des plaquet-
tes. Une carence relative en facteur de von
L'activation des thrombocytes, par exemple Willebrandt peut être améliorée de façon
par contact avec le collagène ou d’autres temporaire par l'injection d'un analogue de
structures de la matrice extracellulaire, la vasopressine, la desmopressine, car cette
comme cela se produit lors d’une lésion de substance peut libérer des facteurs accumu-
la paroi vasculaire, est l’étape initiale et la lés dans des réserves.
plus importante de l’hémostase primaire,
c'est-à-dire de l'arrêt d’un saignement. Formation, activation
Même en l’absence de lésion vasculaire, les
et agrégation des plaquettes
plaquettes sanguines peuvent aussi être
activées en raison d’une altération de l’endo- sanguines
thélium. Parmi les nombreuses fonctions de
l’endothélium, la production de monoxyde Les plaquettes proviennent de la fragmenta-
d'azote et celle de prostacycline jouent un tion de mégacaryocytes polynucléés, ils
rôle important car ces deux substances constituent les plus petits éléments figurés
inhibent la tendance des plaquettes à se du sang (dimensions : 1-4 um) et ne possè-
déposer sur la surface des cellules endothé- dent pas de noyau, ce qui signifie qu'ils ne
liales. Cependant, lorsque les propriétés de sont pas capables d'effectuer de synthèse
l’endothélium sont altérées (par ex. hyper- protéique. Les thrombocytes peuvent être
tension, augmentation de la concentration activés par divers stimuli avec pour résultat :
plasmatique de LDL, diabète non traité, - changement de forme ;
tabagisme), la probabilité d’une adhésion - passage de l'intégrine GPIIb/Illa dans sa
des plaquettes à l'endothélium augmente. conformation liante (B) ;
Cette association nécessite à la surface des - libération de substances actives comme la
plaquettes une glycoprotéine déterminée sérotonine, le PAF (platelet aggregating
(GPyrx) et une protéine, le facteur de von factor), l'ADP et le thromboxane A,
Willebrandt, à la surface des cellules endo- Toutes ces molécules vont activer d’autres
théliales. Dès leur activation, les plaquettes plaquettes.
changent de forme et acquièrent une affi-
nité pour le fibrinogène, ce qui est dû à un
changement de la conformation de la glyco-
protéine GPIIb/Illa dans la membrane pla-
quettaire. On aboutit ainsi à la formation
d’un réseau de plaquettes reliées par des
ponts de fibrinogène (A).
L'agrégation plaquettaire se déroule comme
une avalanche car une plaquette activée ac-
tive à son tour d’autres plaquettes. En cas de
perturbation des fonctions endothéliales, il
se forme ainsi un thrombus, qui gêne le flux
sanguin. Finalement, la lumière du vaisseau
peut être complètement obturée, surtout si
une vasoconstriction durcit le thrombus. Le
rétrécissement vasculaire est accéléré par la
sérotonine et le thromboxane À, libérés par
les plaquettes activées. Si ce processus sur-
vient dans une artère plus grosse et « impor-
tante », il peut se produire un infarctus du
myocarde où un accident cérébral.
Le facteur de von Willebrandt joue un rôle
clé dans la thrombogenèse. Si ce facteur
manque, on aboutit au tableau clinique de la
thrombasthénie : l'impossibilité de stopper
Antithrombotiques 153

- À. Thrombogenèse
25 EE

ellule endothéliale lésée, non fonctionnelle ./

EEE

| © plaquettes © plaquettes Ufacteur lfibrinogène |


_ activées = de von Willebrandt |

— B. Association des plaquettes sanguines par l'intermédiaire de l’intégrine GPIIB/IHIA —

2 mégacaryocyte
interaction
— avec le collagène
activation ADP
he. B. thrombine
thromboxane A,
sérotonine

glycoprotéine
Hb/Illa

liaison
du fibrinogène :
0 impossible
C9 possible
154 Antithrombotiques

inhibiteurs de l'agrégation Antagonistes de l'intégrine GPIla/IlIb. Les


plaquettaire (A) substances disponibles ne peuvent être uti-
lisées que par voie parentérale et seront
L'agrégation des plaquettes peut être stimu- administrées en milieu hospitalier. Ils blo-
lée par voie mécanique ou chimique. C’est de quent la protéine liant le fibrinogène et rédui-
cette façon qu'agissent le thromboxane À, la sent ainsi l'association des plaquettes entre
sérotonine ou la thrombine en se liant à des elles par l'intermédiaire du fibrinogène, et ce
récepteurs spécifiques, couplés à l’activa- quelle que soit la cause déclenchant l’agré-
tion de la phospholipase C, qui vont donc gation. L’abciximab est un fragment Fab d’un
entraîner une augmentation de la concentra- anticorps dirigé contre la protéine GPIIb/Illa.
tion intracellulaire de Ca” (A). Cette augmen- Le tirofiban et l’eptifibatid sont des anta-
tation de Ca” provoque un changement de gonistes compétitifs du site de liaison du
conformation de l’intégrine GPIIb/IIla, qui se fibrinogène.
caractérise alors par une forte affinité pour
le fibrinogène. Une inhibition de l’adénylate Action présystémique
cyclase par l’'ADP provoque également une de l'acide acétylsalicylique (AAS)
activation des plaquettes médiée par une
diminution de la concentration intracellulaire L'inhibition de l’agrégation plaquettaire par
d'AMPc. Une augmentation de la concentra- l'AAS est due à une acétylation et donc une
tion d’AMPc, comme on peut l'obtenir en inhibition de la cyclo-oxygénase des throm-
présence de prostacycline ou en activant bocytes (Cox) (B). La spécificité de cette
l’adenylate cyclase, va stabiliser les plaquet- réaction provient de ce que l’acétylation irré-
tes. Les ions Ca” et la concentration d'AMPc versible de cette enzyme a déjà lieu dans le
peuvent donc être considérés comme un ins- sang du territoire splanchnique, avant d’attein-
trument d’antagonisme fonctionnel. dre le foie. Comme l’AAS subit une déacéty-
La tendance des plaquettes à l'agrégation lation présystémique importante, les cyclo- :
peut être atténuée par différents moyens oxygénases situées dans les zones posthépa-
pharmacologiques : l’acide acétylsalicylique tiques (comme par exemple dans les cellules
(AAS) bloque la synthèse de thromboxane endothéliales) sont à peine affectées. La res-
catalysée par la Cox-1. Des doses journaliè- triction de l’acétylation à la cyclo-oxygénase
res faibles, 75-100 mg, peuvent suffire le cas des plaquettes est encore renforcée par le
échéant. Les indications sont la prévention fait que les cellules nucléées normales peu-
d'un nouvel accident après un infarctus vent ensuite synthétiser l’enzyme, tandis que
(p. 320) et la prévention d’un accident céré- les plaquettes sans noyau en sont incapables.
bral. Les effets secondaires comme la lésion
de la muqueuse gastro-intestinale ou le dé-
clenchement d’une crise d'asthme ne sont
cependant pas exclus.
Comme alternative à l’AAS, on peut uti-
liser la ticlopidine et le clopidogrel, éga-
lement utilisables par voie buccale. Ces
substances présentent cependant un autre
mécanisme d'action. Elles bloquent l’agréga-
tion plaquettaire déclenchée par l’ADP. Cet
effet se produit in vivo mais pas in vitro, ce
qui peut s'expliquer par la formation dans
l'organisme de métabolites actifs ou par le
fait que ces médicaments induisent une alté-
ration des mégacaryocytes qui se retrouve
au niveau des plaquettes. La ticlopidine peut
provoquer des effets secondaires graves,
entre autres une neutropénie et une throm-
bopénie. Son successeur, le clopidogrel,
devrait être mieux supporté.
Antithrombotiques 155

A. Inhibiteurs de l'agrégation plaquettaire

ne)
ac. arachidonique
abciximab NZ
Cox 1
eptifibatid,
un peptide
thromboxane A, tirofiban,
non peptidique
sérotonine

thrombine

Ca2+

GPlib/Illa avec
sans affinité D eme une
Done GPIIb/llia finité CD fibrinogène
fibrinogène CAMP K ZATE pour
adénylate
NT ticlopidine

CH2

CYR
a 4

prostacycline ca]

B. piton FEES des plaquettes persl'ac. 2séD Eau tique

4 3 Ÿ yes
plaquettes

- o _salicy
cé |

? ‘@ } Se |
F j . |
} V1

acétylation |
de la cyclooxygénase |
des plaquettes
156 Substituts de plasma

Substituts de plasma lentement éliminées par le rein ; les molécu-


les plus grosses sont phagocytées par les
Une perte de sang importante peut entraîner cellules du système réticulo-endothélial et
une défaillance circulatoire ou choc, suscep- dégradées. En dehors de la compensation
tible de mettre en danger la vie du patient. des pertes de sang, les solutions de dextran
Le danger provient moins de la perte des servent également à des opérations d’hémo-
érythrocytes, c'est-à-dire du transport d'oxy- dilutions dans certains troubles eircula-
gène, que de la diminution du volume san- toires.
guin. Dans le cadre de l'amélioration de la micro-
Pour remédier au risque de choc hypovo- circulation, il faut également signaler que le
lémique, il est nécessaire d'augmenter le vo- dextran de petit poids moléculaire, au
lume circulant. Dans le cas où la perte de contraire du dextran 60, peut diminuer direc-
sang n’est pas trop importante, la perfusion tement la tendance des érythrocytes à l’agré-
d'une solution d’un substitut de plasma est gation par une modification de leurs proprié-
suffisante. Le plasma sanguin se compose en tés de surface. Pendant une administration de
principe d’eau, de sels et des protéines plas- longue durée, et compte tenu de l'élimination
matiques. Un substitut de plasma n’a pas ce- plus rapide des petites molécules par le rein,
pendant besoin de contenir des protéines. les molécules de grande taille s'accumulent
Les macromolécules (colloïdes) convien- de telle sorte que se constitue dans le sang au
nent comme substitut car elles ont des pro- cours du temps une population de molécules
priétés voisines de celles des protéines plas- de masse moléculaire moyenne toujours plus
matiques : l)elles diffusent mal hors du lit élevée.
vasculaire et sont difficilement filtrées au ni- Les effets secondaires les plus importants
veau glomérulaire ; 2) elles lient les sels dis- dérivent du caractère antigénique des dex-
sous et l’eau en raison de leurs propriétés de trans et correspondent à une réaction ana-
colloïdes osmotiques. Elles sont donc capa- phylactique.
bles d'assurer pendant de nombreuses heu- Une injection antérieure de petites molé-
res un remplissage durable du système cir- cules de dextran (MW 1 000) peut susciter la
culatoire. D'un autre côté, les colloïdes formation d'anticorps anti-dextran sans que
doivent pouvoir malgré tout être complète- l’on observe de réaction et induire ainsi une
ment éliminés par l'organisme. réaction d’hypersensibilité lors de l'injection
Comparés au sang total ou au plasma, les ultérieure d’un substitut de plasma.
substituts de plasma ont plusieurs avanta- L'hydroxyéthylamidon est dérivé de l’ami-
ges: ils sont d’une utilisation plus aisée et don. Compte tenu de la présence des groupes
moins onéreuse, plus faciles à stocker, et ne hydroxyéthyl, il sera hydrolysé plus lente-
contiennent aucun virus susceptible de pro- ment et persiste plus longtemps dans le sang
voquer une infection comme le VIH ou le vi- que ne le fait l’amidon. L'hydroxyéthylamidon
rus de l'hépatite B. possède les mêmes propriétés pharmacologi-
Trois colloïdes sont utilisés aujourd’hui ques et les mêmes utilisations thérapeutiques
comme succédanés du plasma : deux poly- que les dextrans. Un effet secondaire particu-
saccharides, le dextran ou l’amidon modifié, lier est la survenue de démangeaisons qui
et un polypeptide, la gélatine. peuvent persister longtemps.
Le dextran est un polymère d’origine bac- La gélatine se compose de chaînes pepti-
térienne composé de molécules de glucose diques hydrophiles, dérivées du collagène.
enchaïnées en 1 — 6 (au lieu de 1 — 4 comme Elle est utilisée comme succédané plasma-
normalement). Les substituts de plasma dis- tique mais cependant pas pour une hémodi-
ponibles sur le marché contiennent des so- lution dans le cas de troubles circulatoires.
lutions de masse moléculaire comprises en-
tre 60 000 (dextran 60) et 40 000 (dextran 40
de petit poids moléculaire D.). La longueur
de chaîne de chaque molécule varie cepen-
dant de façon importante. Les plus petites
des molécules de dextran peuvent encore
être filtrées au niveau glomérulaire et sont
Substituts de plasma 157

- À. Substituts de plasma

circulation

SOS plasma
peptide MMW- 15 000
gélatine Ÿ MW - 100 000 protéines
collagène MW - 300 000 plasmatiques

R=HO-

hydroxyéthyl dextran
amidon MW 60 000
MW 450 000 MW 40 000
MW 70 000 ;

addition de groupes hydroxyéthyl sucre de canne fructose


bactérie
À leuconostoc
mésentéroides
158 Hypolipidémiants

Hypolipidémiants et doivent, pour pouvoir être transportés


dans les milieux aqueux, comme le sang et
Les triglycérides et le cholestérol sont des la lymphe, être enveloppés. Dans ce but,
composants essentiels de l'organisme. Les des petites quantités de lipides sont recou-
triglycérides représentent en particulier vertes d'une couche de phospholipides,
une forme de réserve énergétique. Le cho- dans laquelle sont en plus enfouies des pro-
lestérol est, entre autres, nécessaire comme téines, les lipoprotéines (A). Selon la quan-
constituant des membranes biologiques. tité et la proportion des lipides et selon la
Ces deux lipides sont insolubles dans l’eau nature de l’apoprotéine on peut distinguer :

Site Densité Durée de vie Diamètre nm


de formation dans le plasma
@)
h rh
Chylomicron épithélium < 0,95 0,2
intestinal

VLDL foie 0,95-1,006 100-200


LDL (sang) 1,006-1,063 50
HDL foie 1,063-1,210

Métabolisme des lipoprotéines. Les cellu- Les LDL contiennent l’apolipoprotéine


les de l’épithélium intestinal délivrent les li- B 100, qui se lie aux récepteurs membra-
pides absorbés principalement dans la lym- naires et permet aux cellules de capturer ces
phe, sous forme de chylomicrons riches en particules (endocytose médiée par un récep-
triglycérides. Ceux-ci, après avoir contourné teur, p. 27).
le foie, parviennent ainsi dans la circulation Les HDL ont pour rôle de récupérer le
sanguine, où ils vont approvisionner diffé- cholestérol provenant des cellules et de le
rents tissus en acides gras sous l’action de transférer aux particules de LDL. Le choles-
la lipoprotéine lipase des cellules endothélia- térol sera ainsi véhiculé des tissus vers le
les. Les particules résiduelles parviennent au foie.
foie et lui fournissent le cholestérol contenu Les hyperlipoprotéinémies peuvent être
dans les aliments. d'origine génétique (H. primaire) ou être
Le foie couvre en grande partie ses be- dues à une suralimentation ou à une maladie
soins en cholestérol (60 %) par une synthèse métabolique (H. secondaire). Une élévation
de novo à partir de l’acétyl-CoA. La vitesse de la concentration sanguine de LDL-choles-
de synthèse est contrôlée au niveau de la térol s'accompagne d’une augmentation du
transformation de l’hydroxy-méthyl-glutaryl- risque d’athérosclérose, en particulier lors
CoA (HMG-CoA) en acide mévalonique que la concentration d'HDL est en même
(p.161 A) sous l’action d’une réductase, temps diminuée (augmentation du rapport
l'HMG-CoA réductase. LDL/HDL).
Le foie a besoin de cholestérol pour la for- Traitement. Il existe différents médica-
mation des VLDL et la synthèse des acides ments pour diminuer les niveaux de lipides
biliaires. Les VLDL riches en triglycérides se- plasmatiques, avec des mécanismes d’action
ront libérées dans le sang et fournissent, et des effets différents sur les LDL (choles-
comme les chylomicrons, des acides gras térol) et les VLDL (triglycérides). Ils sont
aux autres tissus. On trouve également les indiqués pour le traitement d’une hyper-|
LDL qui retournent au foie ou alimentent les lipoprotéinémie primaire. Dans le cas d’une
tissus extrahépatiques en cholestérol. H. secondaire on doit d’abord chercher à
Hypolipidémiants 159

—- À. Métabolisme
des lipoprotéines
| lipides métabolisme
alimentaires
|
cellulaire
PS F4
© l{ cholestérol

chylomicrons || £ tissu adipeux

SN
Cp psc ur
muscle squelettique

chylomicrons synthèse
dégradés de lipoprotéines
remnants Se

esters
de cholestérol
triglycérides
f
< 2 /
cholestérol f
< no. gras apolipo- 71
lipoprotéine- protéine Ot
lipase

FB. Métabolisme du cholestérol dans la cellule hépatique et hypolipidémiants

AS
colestyramine N
intestin : acides biliaires lipoprotéine
liaison
et élimination
.| des acides
biliaires à
— foie :
synthèse des acides
biliaires
—# utilisation hépatique
cellule
du cholestérol

B-sitostérol LDL
intestin :
absorption
du cholestérol Ÿ

inhibiteurs de l'HMG-CoA réductase |


160 Hypolipidémiants

diminuer les lipides plasmatiques par un augmentation des récepteurs des LDL.
régime ou par le traitement de la maladie Comme les molécules de réductase nouvel-
sous-jacente. lement formées sont également bloquées en
présence de statines, l'hépatocyte couvre
Molécules actives. La colestyramine et le l'ensemble de ses besoins en cholestérol en
colestipol sont des résines échangeuses puisant celui des LDL plasmatiques (B). La
d’anions, non absorbables. Elles lient les aci- concentration des LDL circulantes décroît
des biliaires dans l'intestin, inhibant ainsi ainsi que la durée de séjour des LDL dans le
leur réabsorption, et stimulent donc indirec- plasma, ce qui diminue le risque d’oxydation
tement leur formation dans le foie. La cellule en une LDL oxydée favorisant l’athérosclé-
hépatique pourvoit à ses besoins accrus en rose. Parmi les autres statines on trouve la
cholestérol grâce à une augmentation de simvastatine (sous forme lactone, servant de
l'expression de l'HMG-CoA réductase et des précurseur), la pravastatine et l’atorvasta-
récepteurs des LDL (rétrocontrôle négatif). tine.
Aux doses nécessaires (3 x 10-15 g/j) les En associant une statine avec une résine
résines provoquent des troubles intestinaux. échangeuse d'ions, on peut diminuer de fa-
Elles empêchent l'absorption de graisses et çon encore plus importante la concentration
des vitamines liposolubles (A, D, E, K). Dans de LDL.
l'intestin, elles absorbent certains médica- Un effet secondaire rare mais dangereux
ments comme les glycosides cardiaques, les des statines est une lésion des muscles sque-
antivitaminesK et les diurétiques et dimi- lettiques. Le risque est accru en cas d’asso-
nuent ainsi leur biodisponibilité. La consis- ciation aux fibrates (voir ci-dessous).
tance sableuse des résines échangeuses L'acide nicotinique et ses dérivés (pyridyl-
d'ions est ressentie par l'utilisateur comme carbinol, xanthinol-nicotinate, acipimox) acti-
très désagréable. vent la lipoprotéine lipase endothéliale et di-
Le B-sitostérol est un stéroïde végétal qui minuent de cette façon principalement le
n'est pas absorbé par voie orale et peut à niveau de triglycérides. Parmi les effets se-
dose suffisante empêcher l'absorption enté- condaires on observe au début du traitement
rale du cholestérol. une dilatation vasculaire médiée par les
Les statines, lovastatine et fluvastatine in- prostaglandines (flush — chute de pression
hibent l'HMG-CoA réductase. Ces molécules sanguine), qui peut être bloquée par l'admi-
comportent une chaîne latérale semblable nistration de faibles doses d'acide acétylsa-
au substrat physiologique de l'HMG-CoA ré- licylique.
ductase (A). La lovastatine existe sous forme Le clofibrate et ses dérivés (bézafibrate,
lactone, qui est'absorbée rapidement après étofibrate, gemfibrozil) diminuent les concen-
prise orale, est extraite en proportion impor- trations plasmatiques de lipides par un mé-
tante lors du premier passage hépatique et y canisme mal défini. Ils peuvent entre autres
est convertie en métabolite actif. La fluvasta- provoquer des altérations hépatiques et des
tine existe déjà sous forme active et sera cap- lésions des muscles squelettiques (myalgies,
tée de façon active par l'intermédiaire d’un myopathies, rhabdomyolyse).
transporteur d’anion spécifique des cellules
hépatiques (servant à la captation des acides
biliaires dans le sang et utilisé également
pour l'absorption sélective de l'o-amanitine,
un poison de l’amanite phalloïde) (A). L’ex-
traction hépatique élevée, désignée en géné-
ral sous le terme d'élimination présystémi-
que, est utilisée dans le cas des statines pour
limiter l’action de ces produits sur le foie.
Malgré l’inhibition de l'HMG-CoA réductase,
le contenu en cholestérol des hépatocytes
ne diminue pas Car, lors d’une baisse de la
concentration de cholestérol, se produit en
compensation (en plus de la réductase) une
Hypolipidémiants 161

— À. Accumulation et action des inhibiteurs de l'HMG-CoA réductase dans le foie ——

faible disponibilité systémique

3-hydroxy-3-méthyl- mévalonate
ne
raCoA Les

“ue

active
des anions

CO0=
OH

k Sd (CH
administration al
CH3 orale ZNT CH

lovastatine . fluvastatine

B. Régulation de la quantité d'HMG-CoA réductase et du nombre des récepteurs —


des LDL par le contenu cellulaire en cholestérol
durant une inhibition
ci de l'HMG-CoA réductase

récepteur
des LDL

J | œ
ss VE /

poCoA expression| . expression


réductase du gène du gène ES

LDL médiée par le récep eur des LDL


plasmatiques
162 Diurétiques

Diurétiques : vue d'ensemble (parfois en association avec des diurétiques


épargnant le potassium) ou des diurétiques
Les diurétiques (saliurétiques) déclenchent de l’anse.
une augmentation de l'émission d'urine (diu- Prévention d'une insuffisance rénale : en cas
rèse). Au sens strict, il s’agit de substances de défaillance circulatoire (choc), par exem-
qui agissent directement sur les reins. Ils ple à la suite d’un saignement massif, existe le
augmentent l'émission d’urine essentielle- danger d’une interruption de la production
ment en raison de la réabsorption d’eau et d'urine par les reins (anurie). À l’aide de di-
de sodium. urétiques, on cherchera à rétablir le flux uri-
Les principales indications des diuréti- naire. On utilisera dans ce cas les osmodiuré-
ques sont : tiques ou les diurétiques de l’anse.
Résorption des œdèmes (A): les œdèmes Les effets secondaires (A) d’une adminis-
correspondent à un gonflement des tissus dû tration massive d’un diurétique sont : 1) la di-
à une augmentation de leur contenu en li- minution du volume sanguin peut entraîner
quide, essentiellement localisé dans l’espace une chute de pression et un collapsus ; 2) l’élé-
extracellulaire (volume interstitiel). Après vation de la concentration des érythrocytes et
administration d’un diurétique, le volume du des plaquettes augmente la viscosité du sang
plasma décroît par suite de l’augmentation et accroît le danger d'une coagulation intra-
de l'élimination rénale d’eau et de sel, le sang vasculaire et d’une fhrombose.
est «condensé ». La conséquence est une Lorsque sous l’action d’un diurétique on
augmentation de la concentration des protéi- aboutit à une fuite d’eau et de sel ou à une
nes du sang et par là même de la pression diminution de l’espace extracellulaire, l’orga-
osmotique. La présence dans le lit capillaire nisme peut déclencher en réaction (B) une
de cette force qui attire les liquides, aug- activation du système rénine-angiotensine-
mente le passage du liquide des tissus dans aldostérone (p.126): à cause de la dimi-
la circulation. C’est ainsi que le fluide tissu- nution du volume sanguin on aboutit à une
laire décroît et que disparaît l’'œdème. La di- réduction de la circulation rénale. Ceci en-
minution du volume plasmatique et du volume traîne une sécrétion par le rein de la rénine,
interstitiel conduit à une réduction du volume une hormone, dont l’activité enzymatique
extracellulaire (VEC). Selon les symptômes stimule la formation dans le sang d’angioten-
de la maladie, on utilisera: les thiazidiques, sine I. L’angiotensine I est transformée en an-
les diurétiques de l’anse, les antagonistes de giotensine il sous l’action de l’enzyme de
l’aldostérone, les osmodiurétiques. conversion angiotensine converting enzyme,
Baisse de la tension artérielle : les diuréti- ACE. L’angiotensine Il à son tour déclenche,
ques constituent les médicaments de choix entre autres, la libération d’aldostérone. Ce
pour diminuer une pression artérielle élevée minéralocorticoïde augmente la réabsorp-
(p. 322). Déjà à doses faibles, ils diminuent tion d’eau et de sodium par le rein et s’op-
les résistances périphériques (sans diminu- pose donc à l’action des diurétiques. Les in-
tion notable de l’espace extracellulaire) et di- hibiteurs de l’'enzyme de conversion (p. 126)
minuent ainsi la pression sanguine. empêchent cette contre-régulation et renfor-
Traitement d'une insuffisance cardiaque : la cent l’activité des diurétiques. |
baisse des résistances périphériques provo-
quée par les diurétiques facilite l’éjection du
sang par le cœur (diminution de la post-
charge, p. 134), le débit cardiaque et la capa-
cité de travail de l'organisme augmentent.
L'élimination accrue des liquides entraîne
une réduction des volumes extracellulaires
et par là même une diminution de l'apport
sanguin au cœur (réduction de la pré-
charge). Les symptômes de la stase veineuse
en amont du cœur, tel un gonflement du foie
et un œdème des chevilles, disparaissent.
On utilise principalement les thiazidiques
Diurétiques 163

A. Mécanisme de la résorption des œdèmes par les diurétiques

molécules d'albumine
..*

pression
osmotique À

À
réabsorption du
fluide
de l’œdème

Fe B. Possibilités d’autorégulation
à FREEde l'organisme
; au cours d’un traitement
:
de longue durée par les diurétiques (VEC : volume extracellulaire)

absorption d'eau diurétique


et de sels

angiotensinogène
énine
angiotemsine |
ACE _L
angiotensine Il
164 Diurétiques

Réabsorption du sodium au niveau d'action sont au niveau de l’influx et du


des reins (A) transport de Na‘ vers l'extérieur.

La plus petite unité fonctionnelle du rein est Diurétiques osmotiques (B)


le néphron. Dans le réseau glomérulaire, le
liquide plasmatique est filtré dans la capsule Molécules : mannitol, sorbitol. Site d'action :
de Bowman (CB) d’un néphron (p. 40) pour principalement le tubule proximal. Mode
donner naissance à l'urine primitive. Au d'action : puisque le NaCI et l’eau sont réab-
niveau du tubule proximal (Tp), environ sorbés ensemble dans le tubule proximal, la
70 % du volume filtré sont réabsorbés, avec concentration de sodium dans la lumière
une réabsorption simultanée d’eau et de tubulaire ne change pas en dépit de l’absorp-
NaCI. Dans la partie épaisse de la branche tion massive de Na' et d’eau. Les cellules de
ascendante de l’anse de Henle, seul le NaCI l'organisme ne possèdent pas de système de
est réabsorbé, l’eau ne peut pas suivre. Ce transport pour le mannitol (structure,
phénomène est la condition de l’existence p. 175) et le sorbitol et ces molécules ne tra-
d’une circulation à contre-courant qui per- versent pas la membrane cellulaire. Ces
met l'accumulation d’une concentration substances doivent donc être introduites
importante de NaCI dans la medulla rénale. dans la circulation par perfusion. Après fil-
Dans le tubule distal (Td), l’eau et le NaCI tration glomérulaire, elles ne sont également
seront de nouveau réabsorbés de façon pas réabsorbées de l’urine primitive à cause
simultanée. À la fin du néphron, cette réab- de leur faible capacité de passage à travers
sorption s'effectue sous le contrôle de les membranes. Ces alcools, proches de
l’aldostérone, avec échange de Na‘ contre K' sucres, fixent les molécules d’eau et les
et H°'. Dans le tubule collecteur (Tc), la vaso- retiennent dans la lumière tubulaire. Lors-
pressine (ADH) augmente la perméabilité à que les ions Na' sont transportés dans les
l’eau de la paroi. L'eau, attirée par la concen- cellules tubulaires, l’eau ne peut plus suivre
tration élevée de NaCI dans la medulla, dif- en quantités normales. La concentration de
fuse dans cette direction et demeure donc Na’ dans l’urine diminue. Ceci diminue la
dans l'organisme. C’est ainsi qu’une urine réabsorption du Na’. Une des raisons est que
concentrée parvient finalement dans le bas- la différence de concentration avec l’inté-
sinet. rieur des cellules tubulaires décroît et que
Le transport de Na* à travers les cellules diminue en même temps la force motrice
du tubule s'effectue pratiquement de façon pour l’influx de Na’. Le résultat d’une diurèse
identique dans tous les segments du néph- osmotique est l'émission d’un volume
ron. La concentration intracellulaire de Na important d'urine diluée.
est nettement plus faible que celle de l'urine Indications : prévention d’un collapsus
primitive. Ce gradient de concentration est rénal, glaucome, diminution d’un œdème
donc la force motrice pour l'entrée de Na° cérébral.
dans le cytosol de la cellule tubulaire. Un
système de transport inclus dans la mem-
brane (carrier) assure l'entrée du Na'. L'éner-
gie libérée par cet influx peut être utilisée
pour exporter en même temps une autre mo-
lécule contre son gradient. Le sodium sera
expulsé dans l’espace extracellulaire sous
l’action d’une Na-K-ATPase consommant de
l'énergie (hydrolyse de l’ATP). Les molécules
d’enzymes sont situées uniquement sur la
partie de la membrane dirigée vers l’intersti-
tium (basolatérale), et non sur la partie lumi-
nale, de telle sorte que le Na’ ne puisse plus
s'échapper vers l'urine.
Les diurétiques inhibent tous la réabsorp-
tion de Na’. Les principales possibilités
Diurétiques 165

r- À. Rein : réabsorption dans le néphron et les cellules tubulaires

Na*, CF

Na, CI + H)0
H,0

| ‘ N |
ne inter-
stitium

cortex

medulla |

ADH

anse
de Henle

See -

B. Réabsorption de NaCI dans le tube proximal et action du mannitol ————


166 Diurétiques

Diurétiques de type sulfonamide ces électrolytes et d’eau. De même, l’élimina-


tion rénale de Ca” et Mg”* augmente. Les ef
Ces substances contiennent un groupement fets secondaires propres sont: diminution
sulfonamide - SO,NH, et peuvent être utili- (réversible) de l’audition, potentialisation de
sées par voie orale. Dans le rein, les diuréti- l'activité de médicaments néphrotoxiques.
ques sont filtrés au niveau du glomérule et, Indications : œdème pulmonaire (dans le cas
en plus, sécrétés par les cellules tubulaires. d'une insuffisance cardiaque gauche, ils pré-
Leur concentration dans l'urine est supé- sentent en outre l’avantage de provoquer
rieure à celle du sang. Ils agissent sur les cel- une dilatation immédiate des vaisseaux vei-
lules tubulaires du côté luminal, c’est-à-dire neux capacitifs et une diminution de la post-
du côté de l'urine. Les plus actifs sont les diu- charge) ; cas où les thiazides sont ineffica-
rétiques de l’anse, les plus fréquemment uti- ces, par exemple insuffisance rénale avec ré-
lisés sont les thiazides. Les inhibiteurs de duction de la clairance de la créatinine au-
l'anhydrase carbonique ne sont aujourd’hui dessous de 30 ml/min ; prévention de l’insuf-
plus utilisés comme diurétiques. fisance rénale aiguë.
L'acétazolamide est un inhibiteur de l’an- Bien que ce ne soit pas un sulfonamide, on
hydrase carbonique. Il agit essentiellement peut ranger l'acide étacrynique dans ce
dans le tubule proximal. Mécanisme d'action : groupe.
l'enzyme anhydrase carbonique (AC) accélère Diurétiques thiazidiques (benzothiazi-
l'établissement de l’équilibre de la réaction : des). Ce sont par exemple l’hydrochlorothia-
zide, le trichlorométhiazide ou le butizide. La
H' +HCO; = H:CO; —— H,0 + CO».
chlortalidone est un analogue thiazidique
Elle favorise dans les cellules tubulaires d'action longue. Ces substances agissent sur
l'apparition d'ions H', qui sont ensuite éli- la partie moyenne du tubule distal ; leur site
minés dans l'urine en échange de l'entrée d'action est un cotransport Na’, CI dans la
d'un Na’. Ces H'se combinent alors dans membrane luminale des cellules tubulaires.
l'urine à des anions HCO; et le CO, peut Ils inhibent la réabsorption d’eau et de NaCI.
pénétrer à travers la membrane de la cellule L'excrétion rénale de Ca” diminue tandis
tubulaire. La cellule contient alors de nou- que celle de Mg” augmente. /ndications : hy-
veau H'et HCO.-. En cas d’inhibition de l’en- pertension, insuffisance cardiaque, résorp-
zyme, cette réaction a lieu trop lentement
tion des œdèmes. Ils sont souvent combinés
et la quantité de Na', de HCO, et d’eau réab-
à un diurétique épargnant le K’, triamtérène
sorbée de cette urine primitive, dont l’écou-
ou amiloride (p. 168).
lement est rapide, sera plus faible. La perte
Les effets indésirables des diurétiques de
de HCO,- conduit à une acidose. L'activité
type sulfonamide peuvent être : a) une hypo-
diurétique des inhibiteurs de l'AC disparaît
Raliémie qui est la conséquence d’une perte
au cours d’une administration à long terme.
accrue de K° dans la partie terminale du tu-
L'’anhydrase carbonique sert également
bule distal où a lieu une augmentation de
pour la production d’eau dans la chambre
l'échange Na’ contre K'; b) une hyperglycé-
de l'œil. Aujourd’hui ne subsistent comme
mie ; c) une hyperuricémie : augmentation de
indications pour les substances de ce type
la concentration d’acide urique dans le sang
que le glaucome et l’épilepsie.
avec un risque de crise de goutte chez les
Le dorzolamide est utilisé en application
sujets prédisposés. Les diurétiques de type
locale lors d’un glaucome pour diminuer la
sulfonamide entrent en compétition avec
pression intérieure de l'œil.
l'acide urique pour le système de sécrétion
Diurétiques de l’anse. Ce sont le furosé-
mide, le pirétanide et d’autres. Après admi- des acides.
nistration orale, apparaît en moins d’une
heure une diurèse importante, qui cepen-
dant ne dure qu'environ 4 heures. L'effet est
rapide, violent et court : « diurèse forcée ». Le
site d’action est la partie épaisse de la bran-
che ascendante de l’anse de Henle. C’est là
qu'ils inhibent un cotransport Na’, K', CF. La
conséquence est une élimination accrue de
RS ASOPINNNETENTN DE. Diurétiques 167

A. Diurétiques de type sulfonamide

|diurétiques de type
sulfonamide

| ais
système à = —
de sécrétion \ 1 hypokaliémie
des acides . - D ' ps

iteurs de l'anhydrase carbon


168 Diurétiques

Diurétiques antikaliurétiques (A) la libération d’aldostérone, par exemple cir-


rhose du foie avec ascites.
Ces substances agissent à la partie terminale
du tubule distal ou à la partie proximale du Vasopressine (ADH) et dérivés (B)
tube collecteur, où Na’ est réabsorbé et
échangé contre K' ou H'. L'activité diuréti- L’ADH, un peptide de 9 acides aminés, est
que est relativement faible. Au contraire des libérée par la post-hypophyse et augmente la
diurétiques de type sulfonamide (p.166), réabsorption rénale de l’eau (hormone anti-
ceux-ci n’entraïînent pas de perte de K' ; bien diurétique). Cet effet est médié par le sous-
plus, il existe un danger d'hyperkaliémie. Ces type de récepteur V..
molécules peuvent être administrées par L'ADH augmente la perméabilité à l’eau
voie orale. (mais pas aux sels) du tube collecteur de la
a) Triamtérène et amiloride : en plus de la manière suivante : les aquaporines, des pro-
filtration glomérulaire, ils sont également sé- téines formant un canal pour les molécules
crétés dans le tubule proximal, ils agissent d’eau, sont stockées sous forme de vésicules
du côté luminal (urinaire) sur les cellules des dans les cellules de l’épithélium tubulaire.
tubules. Tous les deux inhibent l'entrée de Lors de la liaison de l'ADH aux récepteurs V,,
Na’ et donc son échange contre H* ou K:. Ils ces vésicules fusionnent avec la membrane
sont essentiellement utilisés en association luminale et laissent pénétrer l’eau dans le sens
avec les diurétiques thiazidiques (ex. l’'hydro- du gradient osmotique (la zone médullaire
chlorothiazide) car leurs effets opposés sur est hyperosmotique). L'ADH provoque ainsi
l'élimination de K' se compensent tandis que une diminution du volume de l’urine, qui, à cet
leurs actions sur l’excrétion d’eau et de NaCI endroit, représente environ 15 l/jour jusqu’à
s'additionnent. atteindre un volume final d'environ 1,5 l/jour.
b) Antagonistes de l'aldostérone: l'aldosté- Les aquaporines peuvent être à nouveau réu-
rone, stéroïde minéralocorticoïde, augmente
tilisées après internalisation.
la synthèse des protéines constituant les ca- La nicotine augmente (p. 110) tandis que
naux sodiques et des Na-K-ATPases, elle sti- l'éthanol diminue la libération d'ADH. À
mule donc la réabsorption de Na' en échange concentrations plus élevées que celles né-
de K' (CI et l’eau suivent). Son action sur la cessaires pour son action antidiurétique,
synthèse protéique a pour conséquence une l’'ADH stimule la musculature lisse et, entre
augmentation de la capacité de transport autres, les vaisseaux (« vasopressine »). Cet
des cellules tubulaires. La spironolactone effet passe par les récepteurs V,. La pression
ainsi que son métabolite principal la canré- artérielle augmente; une constriction des
none sont des antagonistes des récepteurs artères coronaires peut déclencher une crise
de l’aldostérone et bloquent son action. L’ef-
d’angine de poitrine.
fet diurétique de la spironolactone ne se ma- La lypressine (8-L-lysine-vasopressine)
nifeste pleinement qu'après plusieurs jours agit comme l’ADH. D’autres dérivés de l'ADH
d'administration. On peut penser à deux ex- ne montrent plus que l’une des deux actions.
plications de ce phénomène : a) la transfor- La desmopressine sert au traitement du
mation de la spironolactone en son métabo- diabète insipide (carence en ADH) ; elle est
lite la canrénone, dont l'élimination est plus utilisée en injection ou en pulvérisation
lente et qui donc s’accumule (p. 48); b) le nasale.
fait qu’une inhibition de la synthèse protéi- Felypressine ou ornipressine sont utilisées
que ne devient sensible que lorsque les pro- comme vasoconstricteurs en plus des anes-
téines déjà présentes sont devenues non thésiques locaux (p. 210).
fonctionnelles et doivent être remplacées
par néosynthèse.
Un effet secondaire particulier est l’interfé-
rence avec l’action des stéroïdes androgènes ;
on peut observer l'apparition de gynéco-
masties (grossissements de la poitrine chez
l'homme). /ndications : principalement les cir-
constances associées à une augmentation de
Diurétiques 169

r À. Diurétiques antikaliurétiques

aldostérone

cs \ | antagonistes
de l’aldostérone

canrénone
| synthèse
de protéine
| efficacité du transport|

f 2 —-
amiloride spironolactone

post-
hypophyse
vasoconstriction

ADH = vasopressine D
pérméabilité

duna G-6-6-6-0-6-0-0 su

LK
du tube
collecteur À

desmopressine ornipressine

0-0-0-0-0-0-0-6-©
is felypressine

BAL AD 46000
1
ee
170 Produits contre les ulcères gastriques

Traitement des ulcères de l'estomac daires sont associés à la précipitation dans


et du duodénum l'intestin: diminution de l'absorption
d’autres produits pharmaceutiques par ad-
Dans la région d’un ulcère (ulcus) de l’esto- sorption à la surface des précipités ; perte
mac ou du duodénum, la muqueuse (mucosa) de phosphate lors de la prise de quantités
est attaquée si profondément par le suc diges- importantes d'AI(OH)..
tif que la couche de tissu sous-jacente (sub- Les ions Na’ restent en solution en
mucosa) se trouve exposée. Cette « autodiges- présence des sécrétions pancréatiques ri-
tion » se déclenche lorsque l'équilibre entre ches en HCO; et peuvent être réabsorbés
l'acide chlorhydrique corrosif et le mucus comme le HCO.-. Compte tenu de cette ab-
neutralisant, qui recouvre la muqueuse d’un sorption de sodium, l'administration de
film protecteur, est déplacé en faveur de NaHCO, doit être prohibée dans les mala-
l'acide. Une lésion de la muqueuse peut être dies où l'administration de NaCI doit aussi
accentuée par la bactérie Helicobacter pylori être réduite: hypertension, insuffisance
qui réside dans le mucus. cardiaque, æœdème.
On utilise des médicaments dont les buts Comme le bol alimentaire possède une
thérapeutiques sont les suivants : 1) soula- action tampon, les anti-acides seront pris
gement de la douleur ; 2) accélération de la entre les repas (par ex. 1 et 3h après les
cicatrisation ; 3) diminution des récidives. repas et pendant la nuit). Les anti-acides
Les moyens thérapeutiques sont : I) atténua- non absorbés seront préférés. Comme le
tion des agents corrosifs en diminuant la Mg(OH), a un effet laxatif (à cause de son
concentration d'ions H° (A); ID renforce- action osmotique et/ou de l'effet de Mg” sur
ment de l’action protectrice grâce à des pro- la sécrétion de cholécystokinine, p. 174) et
duits protégeant la muqueuse ; IID élimina- que l’AI(OH), est constipant (à cause de l’ef-
tion d’Helicobacter pylori (p. 172). fet astringent de l'AI*, p. 182), ces deux
anti-acides seront le plus souvent utilisés
Produits diminuant la concentration
en association.
d'ions H*
la. Produits neutralisants. Les groupe- Ib. Inhibiteurs de la production d'acide
ments liant les ions H', comme CO”, HCO, - (B). Le neurotransmetteur acétylcholine,
ou OH font partie avec leurs contre-ions de l'hormone gastrine et l’histamine libérée au
la famille des anti-acides. Les réactions de niveau de la muqueuse stimulent les cellu-
neutralisation qui se produisent dans l’esto- les pariétales de la muqueuse intestinale et
mac après l’administration de CaCO, ou de augmentent la sécrétion d’HCI. L’histamine
NaHCO, sont figurées dans la partie supé- provient des cellules entérochromaffines ;
rieure de la figure (A). Pour les anti-acides sa libération est déclenchée par le nerf va-
qui ne sont pas absorbés, le contre-ion ne gue (via des récepteurs M,) et par la gas-
reste en solution qu'en milieu acide, en trine. Les effets de l’acétylcholine et de
amont de la réaction de neutralisation. l'histamine peuvent être bloqués par des
Après libération par le pancréas d’une sé- antagonistes administrés par voie orale jet
crétion neutralisante, ces ions précipitent qui parviennent à la muqueuse par la circu-
en grande partie en se combinant de nou- lation sanguine.
veau à des groupements basiques, sous La pirenzépine, contrairement à l’atro-
forme par exemple de CaCO, ou de AÏPO,, pine, bloque préférentiellement les récep-
et sont éliminés avec les fèces. L'organisme teurs de l’ACh de type M, et n’atteint pas
est de ce fait à peine gêné par ces contre- non plus le SNC, provoquant donc moins
ions ou les groupements basiques. En cas d'effets secondaires analogues à ceux de
d'insuffisance rénale, la faible absorption l'atropine (p. 104). La cellule pariétale pré-
suffit malgré tout pour provoquer une aug- sente cependant des récepteurs M,, si bien
mentation de la concentration sanguine du que le site d'action de la pirenzépine doit
contre-ion (ex. empoisonnement par le ma- se situer ailleurs (cellules entérochromaffi-
gnésium avec des troubles cardiaques et pes ; transmission ganglionnaire, où les ré-
des engourdissements). Des effets secon- cepteurs M, ont une action modulatrice).
Produits contre les ulcères gastriques 47

— À. Substances favorisant la neutralisation des acides


absorbable non absorbable CaCO3
NaHCO3 antiacides Mg(OH)2

RES.
Na+ HCO;
fs
H2C03

# juil

_ absorption
4 w

— B. Substances diminuant la sécrétion d'acide


N. vague

@) enveloppe
résistante
au suc gastrique
ACh
forme inactive M
© cellule 1
@ forme active entéro-
de l’'oméprazole chromaffine

DSU

inhibiteurs de la pompe à protons anti-histaminique H;,


H
re H3C
4 LAN /
CRE Wa Uo)-au-s
FCO CH? H3C (Cha)
$ NH

, H:C
É
je
Æ ai ."
|
C—NHCH;
oméprazole dt ranitidine CH NO;
172 Produits contre les ulcères gastriques

Comme les doses nécessaires pour inhi- d'un anti-acide, car il ne diminue pas de
ber la sécrétion acide présentent encore des façon globale la concentration d'acide dans
effets secondaires atropiniques, le traite- le suc gastrique. Après administration orale,
ment par la pirenzépine sera abandonné, les molécules de sucralfate s’imbibent de suc
d'autant plus qu'il existe d’autres principes gastrique acide: formation d’un emplâtre.
actifs excellents. Toujours est-il que la piren- Celui-ci adhère à l'emplacement où le revête-
zépine est un exemple d’un antagoniste cho- ment de la muqueuse intestinale est altéré et
linergique présentant une prévalence avérée où affleurent les couches plus profondes.
pour un type de récepteur donné. C'est là que le sucralfate séquestre les H'.
Les récepteurs de l’histamine des cellules Protégée des acides et en même temps de la
pariétales sont de type H, (p. 116) et peuvent pepsine, de la trypsine et des acides biliai-
être bloqués par les antihistaminiques H, res, la muqueuse peut cicatriser plus rapide-
(p.171). À cause du rôle central de l’hista- ment. Le sucralfate doit être pris l'estomac
mine dans la stimulation des cellules parié- vide (1 h avant les repas ou pendant la nuit).
tales, les antihistaminiques inhibent égale- Il est bien supporté ; les ions Al* libérés peu-
ment l'effet des autres stimuli, par exemple vent entraïner une constipation.
celui de la gastrine dans le cas de tumeurs du Le misoprostol (B) est un analogue semi-
pancréas sécrétant de la gastrine (syn- synthétique des prostaglandines possédant
drome de Zollinger-Ellison). Le premier des une stabilité plus importante que les molécu-
antihistaminiques H,, la cimétidine, ne pro- les naturelles de façon à pouvoir être absorbé
voque déjà que des effets secondaires assez et être actif par voie orale. Les prostaglan-
rares, entre autres des altérations du SNC dines libérées localement dans la muqueuse
(par ex. confusion), ou des troubles endocri- gastrique (PGF,,, PGE,) stimulent la produc-
niens chez l’homme (gynécomastie, diminu- tion de mucus par les cellules épithéliales et
tion de la libido, impuissance). La cimétidine diminuent la sécrétion d'HCI par les cellules
peut aussi bloquer dans le foie la dégradation pariétales (B). Une inhibition de la sécrétion
d’autres substances. Les substances appa- physiologique de prostaglandines par des mé-
rues plus tard, la ranitidine et la famotidine, dicaments (par exemple les anti-inflammatoi-
sont actives à doses plus faibles. L'inhibition res non stéroïdiens, p. 204) permet de com-
des enzymes microsomiales du foie diminue prendre l'effet néfaste de ces produits sur la
de façon sensible pour des « charges en sub- muqueuse gastrique: la protection due à la
stances » plus faibles, de sorte que ces pro- couche de mucus est diminuée, tandis que le
duits ne perturbent pas les traitements par contenu en acide de l'estomac est augmenté.
d'autres médicaments. Le misoprostol imite l’action des prostaglan-
L'oméprazole (p. 171) peut entraîner une dines sur la muqueuse et peut donc atténuer
inhibition maximale de la sécrétion d'acide. les effets secondaires des inhibiteurs de la
Après administration orale dans des dragées synthèse des prostaglandines, au moins en ce
résistantes au suc gastrique, il parvient via la qui concerne la muqueuse. Les effets systé-
circulation sanguine jusqu'aux cellules parié- miques supplémentaires (souvent des diar-
tales. Il se forme alors en milieu acide un mé- rhées, risque d'accouchement chez la femme
tabolite actif qui inhibe, grâce à la formation enceinte) limitent considérablement l'utilité
d'une liaison covalente, la pompe qui trans- thérapeutique de ce produit.
porte dans le suc gastrique H° en échange de
K' (H'/K' ATPase). Le lansoprazole, le panto- IL. Élimination d’Helicobacter pylori (©).
prazole et le rabéprazol agissent de la même Ce germe joue un rôle pathogène important
manière que l’oméprazole. L'oméprazole est dans les gastrites chroniques et les ulcères.
un racémique ; le S-oméprazole, déjà disponi- Une solution classique est la combinaison
ble (ésoméprazole), constitue à dose équiva- d’antibiotiques avec l'oméprazole. Au cas où
lente l’'énantiomère le plus actif sans que cela l'amoxicilline (p. 278) ou la clarithromycine
représente un avantage thérapeutique. (p. 284) ne seraient pas bien supportées, on
peut utiliser le métronidazole (p. 282). Les
IL. Agents protecteurs. Le sucralfate (A) sels de bismuth colloïdaux sont certes égale-
contient de nombreux groupements hydro- ment actifs mais présentent le risque d’une
xyde d'aluminium. Il ne s’agit cependant pas surcharge en métaux lourds.
Produits contre les ulcères gastriques 173

— A. Structure et effet protecteur du sucralfate

CH3OR o
sucralfate
: 38 0 RL CAC
ORCH . H RO
RO CH,OR
H OR RO H

R=- SO3[Al(OH)5]

H+ transformation
en milieu acide
-50; A dus R=-SO3[Al(OH)4]" pH <4
<—

gonflement
et formation
d'un emplâtre

dépôt sur
le site
de l’ulcère —+

B. Structure et effet protecteur du misoprostol


(a) cellule épithéliale
mucus
î icielle

ie

principales pro- prostaglandine E,


duisant la pepsine

élimination par ex. :


trithérapie de courte durée

—+ reflux
œsophagien
> ° amoxicilline (2 x 1 000 mg) 7 jours
A clarithromycine (2x 500 mg) 7 jours
—+ ulcère oméprazele (2x 20 mg) 7 jours
gastrique
174 jaxatifs

Laxatifs par exemple de NaCl et de glucose est asso-


ciée à celle d’une quantité d’eau correspon-
Les laxatifs accélèrent et facilitent l'évacua- dante, Au contraire, l'eau reste dans l’intes-
tion des selles en augmentant par suite d'une tin lorsque les molécules ne sont pas
action locale le péristaltisme intestinal et/ou absorbées.
en ramollissant ie contenu de l'intestin. Dans le cas du sulfate de sodium, Na,SO,
et du Mg$50, (sulfate de magnésium), les
1. Laxatifs de lest. La distension de l'intestin anions sulfates ne sont pas absorbés et re-
par le contenu intestinal stimule les mouve- tiennent également les cations pour mainte-
ments vers l'avant de la musculature intesti- nir l'équilibre des charges. Les ions Mg peu-
nale (le péristaltisme). La stimulation des vent en outre stimuler au niveau de la
récepteurs à la tension, situés dans la paroi muqueuse duodénale la libération de cholé-
de l'intestin, entraîne par voie réilexe une cystokinine/pancréatozymine, qui augmente
contraction des muscles (en rouge sur la aussi le péristaltisme. Ces laxatifs appelés
figure A) situés à l'arrière et une relaxation laxatifs salins, provoquent 1 à 3 h après leur
de ceux (en bleu) situés à l’avant du contenu administration (si possible en solution isoto-
de l'intestin, ce qui pousse ce dernier en nique) des selles liquides. Ils sont utilisés
direction de l'anus. pour la vidange de l'intestin (par exemple
Mucilages et fibres (B). Ce sont des subs- avant une opération) ou pour accélérer l'éli-
tances insolubles et non absorbées, qui s’im- mination après un empoisonnement. Les
bibent de fluide dans l'intestin et sonflent. contre-indications sont dues au fait qu'une
Dans la nourriture habituelle, ce sont les faible partie des cations est absorbée. Le sul-
fibres végétales qui servent de lest. Elles sont fate de soude à cause de son contenu en Na‘
formées par les parois non hydrolysables est contre-indiqué en cas d'hypertension,
des cellules végétales. Ces parois cellulaires d'insuffisance cardiaque et d'œdème ; le sul-
contiennent des chaines carbonées qui ne fate de magnésium à cause de la possibilité
sont pas attaquées par les enzymes diges- d'une intoxication par le magnésium dans
tives ; ce sont par exemple la cellulose (mo- une insuffisance rénale.
lécules de glucose liées en 1 — 46 à compa- Le mannitol et le sorbitol pour lesquels la
rer à l'amidon où la liaison est en 1 — 40, membrane cellulaire ne contient aucun sys-
p. 157). Le son (sous-produit de meunerie) et tème de transport, au contraire du glucose,
les graines de lin sont riches en cellulose. agissent également comme laxatifs osmoti-
D'autres sources végétales de mucilages ques.
sont les graines d'ispaghul ou les gommes de Le lactulose, un disaccharide qui n’est pas
karaya. La prise de ces mucilages en préven- hydroiysé par ies enzymes digestives, agit
tion d’un arrêt des selles (constipation) n’est aussi comme laxatif osmotique. La fermenta-
en général associée à aucun effet secondaire. tion du lactulose par les bactéries du côlon,
En cas d'absorption très faible de liquides et provoque une acidification du contenu intes-
lorsque existe un rétrécissement patholo- tinal et une altération de la flore bactérienne.
gique de l'intestin, il est possible cependant Le lactulose est utilisé en cas d'insuffisance
de former un bouchon iléal avec ces muci- hépatique, pour bloquer la formation par les
lages collants. bactéries d'ammoniaque ainsi que son ab-
Laxatifs osmotiques (©). Ce sont des par- sorption (NH, forme absorbée — NH,' non
ticules solubles, mais non absorbées, qui en absorbé), de façon à éviter ainsi un coma
raison de leurs propriétés osmotiques main- hépatique.
tiennent l’eau dans l'intestin : la pression os-
motique du contenu intestinal (concentra-
tion des particules) correspond toujours à
celle de l’espace extracellulaire. La mu-
queuse intestinale ne peut pas maintenir une
pression osmotique inférieure ou supérieure
à celle du contenu intestinal. I} se produit
donc une absorption des solutés de façon
iso-osmotique, ceci signifie que l’absorption
Laxatifs 475
A. Stimulation du péristaltisme par le remplissage de l'intestin
récepteurs à la tension

pe relaxation

cellulose, son, graines de Fr agar-agar


fo s
C. Laxatifs osmotiques
H20
Na+, CF
Hot Lee 4 cé
Nat as CF
CF a” Re œ => 3 -_ HC-OH :
ee H20 a; Le \ 6 G Ho—CH H20.\
] HO HO Ho EE .ie
0 H0 Na+, CF C4

REA _ . ns | absorption
2 iso-Horn :|

| IS

\ HO = —CH mannitol
HC—OH H20
res
176 Laxatifs

2. Substances irritant l'intestin. Les laxatifs efficace vide l'intégralité du côlon. De façon
de ce groupe exercent une action irritante logique, il doit alors s’écouler un temps plus
sur la muqueuse de l'intestin (A). L’absorp- long jusqu’à ce qu’une nouvelle défécation
tion de fluide diminue le péristaltisme, la spontanée soit possible. Craignant la consti-
sécrétion de fluide et le remplissage accru pation, le sujet impatient utilise à nouveau les
de l'intestin le stimulent ; la stimulation de laxatifs, ce qui conduit à l’effet souhaité mais,
terminaisons sensitives entraîne par voie à nouveau, à une vidange de la partie haute
réflexe une augmentation de la motricité du côlon. Après l'arrêt d’un laxatif on ne doit
intestinale. Selon le site de l'irritation, on donc pas être alarmé par la survenue d'une
distingue: l’huile de ricin irritant l'intestin «pause compensatrice » (1).
grêle, l’anthraquinone irritant le gros intes- Dans le gros intestin, le contenu fluide pro-
tin et les substances apparentées, dérivées venant de l'intestin grêle s’épaissit par ab-
du diphénylméthane (p. 178). sorption d’eau et de sels (passant d’environ
1 000 à 150 ml chaque jour). Si sous l’action
Abus des laxatifs. L'idée qu'il est nécessaire d’un laxatif irritant on provoque une vidange
d'aller à la selle au moins une fois par jour prématurée, cela signifie aussi une perte enté-
est très répandue. Le rythme de 3 fois par rale d'eau, de NaCI et de KCI. L'organisme
semaine est cependant tout à fait normal. compense l’appauvrissement en eau et en
L'idée assez répandue dans l’ancien temps NaCI par une sécrétion accrue d’aldostérone
que l'absorption des molécules contenues (p. 162) ; cette hormone en effet stimule leur
dans l'intestin était néfaste pour l'organisme réabsorption rénale. Son effet cependant s’ac-
est sans doute à la base de ce désir de selles compagne d’une élimination rénale de KCI.
plus fréquentes. C’est ainsi que les purges Les pertes entérales et rénales de K' s’addi-
faisaient, il y a longtemps, partie de l'arsenal tionnent et mènent à un appauvrissement de
thérapeutique usuel. On sait aujourd'hui l'organisme en K', et une chute de la concen-
qu'un empoisonnement par les molécules du tration sanguine (hypokaliémie). Cet état s’ac-
contenu intestinal est impossible dans le cas compagne d’une diminution du péristaltisme
d’un fonctionnement normal du foie. Malgré intestinal («paresse intestinale »). Le sujet
tout, les laxatifs se trouvent parfois vendus constate une «constipation », prend de nou-
comme moyen de « purification du sang » ou veau des laxatifs et le cercle infernal est ainsi
bien de « nettoyage de l'organisme ». bouclé (2).
Si l’on remplace l’absence de ballast dans
la «nourriture actuelle » par la prise de com-
posés correspondants (fibres, mucilages), il
n'y a rien à redire. L'utilisation de laxatifs
irritant l'intestin n’est cependant pas sans
danger. Il existe le risque de ne plus pouvoir
aller à la selle sans ce moyen : dépendance
vis-à-vis des laxatifs. La prise chronique de
laxatifs irritants perturbe le contenu de
l'organisme en eau et électrolytes et peut
provoquer des symptômes divers (par ex.
perturbations du rythme cardiaque liées à
une hypokaliémie).

Causes d’une dépendance vis-à-vis des laxa-


tifs (B). Le réflexe de défécation est déclenché
par le remplissage du rectum. Une défécation
normale vide le gros intestin jusqu’à la bran-
che descendante du côlon. L’intervalle de
temps jusqu'à la prochaine défécation spon-
tanée dépend donc de la vitesse avec laquelle
ce segment de l'intestin se remplit de nou-
veau. Un laxatif irritant administré à sa dose
Laxatifs 177
ARRETE EME

A. Augmentation du péristaltisme par une stimulation de la muqueuse

stimulation | péristaltisme
de la muqueuse y é (remplissage?

absorption | sécrétion
de fluide

délai
jusqu'au nouveau
remplissage

remplissage normal après une vidange


—+réflexe de défécation normale du côlon

une durée plus longue est


nécessaire pour que le côlon
soit rempli de nouveau
laxatifs

constipation rétention rénale


de Na* et d’eau

laxatifs

paresse intestinale

hypokaliémie
rénale
perte de K*
entérale de
178 Laxatifs

2a. Laxatifs irritant l'intestin grêle : à action laxative mais dont l'administration
huile de ricin peut entraîner dans quelques cas rares des
réactions allergiques sévères. Le bisacodyl et
L'huile de ricin provient de Ricinus commu- le picosulfate de sodium sont d’abord trans-
nis («palmier du christ », sur la figure sont formés par les bactéries de l'intestin en sub-
présentés un rameau, une grappe de fleurs
stances actives stimulant l'intestin. Après
et une graine). Elle est obtenue par pression prise orale, le bisacodyl subit l'élimination
des graines (représentées grandeur nature
d'un groupement acétyle, est absorbé, conju-
sur l’image). Après prise orale de 10-30 ml gué dans le foie à l’acide glucuronique (ou à
d'huile de ricin, on provoque environ 1/2 à
l'acide sulfurique, p. 38) et enfin éliminé avec
3 h plus tard des selles liquides. Ce n’est pas
la bile dans le duodénum. Environ 6-8 h après
l'huile de ricin qui est active mais l’acide la prise orale, se produit l'émission de selles
ricinoléique. Celui-ci est formé au cours des
molles et bien formées. Sous forme de sup-
réactions typiques de la dégradation des
positoire, le bisacodyl produit son effet en
graisses : la muqueuse duodénale libère
moins d’une heure.
dans le sang l'hormone intestinale, cholécys- Indications des laxatifs irritant le côlon :
tokinine/pancréatozymine ; celle-ci stimule
pour éviter les contractions abdominales
la contraction de la vésicule biliaire et la li- lors des selles : état post-opératoire, infarc-
bération d'acides biliaires ainsi que la sécré-
tus du myocarde, attaque d’apoplexie ; pour
tion de lipase par le pancréas (CCK/PZ sti-
adoucir les douleurs en cas de lésions ana-
mule aussi le péristaltisme intestinal). En les : fissures, hémorroïdes. Les laxatifs sont
raison de son action radicale, l'huile de ricin
strictement contre-indiqués en cas de dou-
ne convient pas au traitement d’une consti-
leurs abdominales d’origine inconnue.
pation normale. Après absorption orale
d’une substance toxique, l'huile de ricin peut 3. Laxatifs lubrifiants. L'huile de paraffine
être utilisée pour accélérer l'élimination du
n'est pratiquement pas absorbée et rend les
poison par les voies naturelles et empêcher
fèces plus glissantes. Elle bloque l’absorp-
son absorption. Dans le cas d’une absorption
tion des vitamines liposolubles. L'absorption
de poisons lipophiles, qui est facilitée par les
de gouttelettes de paraffine peut aboutir à la
sels biliaires, l'huile de ricin n’est pas recom-
formation dans les ganglions lymphoïdes de
mandée.
l'intestin, de granulomes. Par passage dans
le tractus respiratoire, la paraffine peut pro-
2b. Laxatifs irritant le côlon
voquer une pneumonie interstitielle. À cause
de ces effets secondaires, son administration
Dérivés de l’anthraquinone (p. 181 A). Ce
n'est pas recommandée.
sont des produits végétaux. On les trouve
dans les feuilles ou les fruits du séné, l'écorce
de cascara ou de bourdaine (Cortex frangu-
lae, Cascara sagrada), les racines de rhu-
barbe (Rhizoma rhei) ou bien dans les
extraits de feuilles d’aloès (p. 180). La struc-
ture de base des anthraquinones est décrite
dans la figure de la p. 181 A. Dans ces anthra-
quinones, on trouve, entre autres, deux grou-
pements hydroxyle dont l’un est associé à un
sucre (glucose, rhamnose). Après la prise du
glycoside anthraquinonique se produit avec
un temps de latence d'environ 6-8 h l’émis-
sion de fèces molles. Les glycosides ne sont
pas actifs par eux-mêmes mais sont transfor-
més par les bactéries intestinales pour don-
ner la forme active.
Dérivés du diphénylméthane (p. 181 B).
Ils dérivent de la phénolphtaléine, substance
Laxatifs 179

A. Laxatifs irritant l'intestin grêle : huile de ricin 1


=.

Ricinus
communis
Es

vésicule
biliaire

TT é

acide ricinoléique” QE 1 huile de ricin

acide ricinoléique” O-CH

es ricinoléique_ O-CH;,

taltisme

péris

CCK/PZ =
cholécystokinine/pancréatozymine
180 Laxatifs

— À. Plantes contenant des anthraquinones couplées à une chaîne glycosidique


séné bourdaine

rhubarbe aloès
Laxatifs 181
GER ERESRT ET

A. Laxatifs irritant le côlon : dérivés des anthraquinones


O *SUCre

XX
OH © O-Zucker
x. 1,8-dihydroxy-
nthraquinone glycosylée

du sucre

B. Laxatifs irritant le côlon : dérivés du diphénylméthane

Il
O—C—CH3 O—S0Oz Na'

seb O-LO paros—0Q VPN


picosulfate
bisacodyl de sodium

F Fiohém |
x lucuronide
182 Antidiarrhéiques

Traitement d’une diarrhée (sédation, dépression respiratoire, risque


de toxicomanie), on utilise essentiellement
Origines d’une diarrhée (en rouge) : de nom- des dérivés ayant une action périphérique.
breuses bactéries (par ex. celle responsable Tandis que le diphénoxylate peut encore
du choléra) sécrètent des toxines qui inhi- provoquer des actions centrales marquées,
bent la capacité des cellules de l’épithélium à le lopéramide à dose normale ne touche pas
absorber l’eau et le NaC], et qui augmentent les fonctions cérébrales. Il est retransporté
les sécrétions de liquide par la muqueuse. dans le sang par une «pompe» (glyco-
Les bactéries ou les virus pénétrant dans la protéine P) située dans les cellules endo-
paroi intestinale déclenchent une inflamma- théliales de la barrière hémato-encéphali-
tion associée à une augmentation de la sécré- que. Le lopéramide est donc l’opioïde anti-
tion de fluide dans la lumière intestinale. La diarrhéique de choix. En raison du temps de
musculature de l'intestin réagit en augmen- contact plus élevé du contenu intestinal
tant le péristaltisme. avec la muqueuse, l'absorption de fluide
Les buts du traitement avec des anti-diar- peut également être améliorée. À dose trop
rhéiques sont les suivants : 1) empêcher une élevée existe le risque d'une occlusion intes-
perte d’eau et d’électrolytes par l'orga- tinale. Traitement contre-indiqué chez les
nisme ; 2) interrompre les selles fréquentes enfants de moins de 2 ans.
qui ne sont pas dangereuses mais génantes.
Les différentes possibilités thérapeutiques Substances antibactériennes. C'est seule-
utilisées (en vert) répondent plus ou moins ment lorsque les bactéries constituent la
bien à ces buts. cause manifeste de la diarrhée que l’adminis-
Les adsorbants sont des matières non ab- tration de ces substances (p. 280, cotrimoxa-
sorbées avec une surface considérable. Les zole) a un sens. C’est rarement le cas. Il faut
différentes molécules et entre autres les toxi- se souvenir que les antibiotiques altèrent
nes se fixent sur cette surface et sont donc également la flore intestinale de l’organisme,
inactivées et finalement éliminées. Le char- ce qui peut entraîner une diarrhée.
bon médicinal est un charbon de bois ayant Les substances astringentes, par exemple
conservé la structure cellulaire et qui pré- les tannins (dans les «remèdes de bonne
sente une surface particulièrement impor- femme », le thé fort) ou les sels métalliques,
tante. La dose utilisée pour un traitement effi- précipitent les protéines de surface et peu-
cace des diarrhées est de 4 à 8 g. Un autre vent ainsi provoquer une « imperméabilité »
adsorbant est le kaolin, un silicate d’alumi- relative de la muqueuse. La dénaturation des
nium hydraté. protéines ne doit pas toucher les protéines
Solutions orales de réhydratation (pour cellulaires, sinon on aboutirait à la destruc-
1 1 d’eau bouillie, 3,5 g de NaCI, 20 g de glu- tion des cellules. Les astringents peuvent
cose, 2,5 g de NaHCO,, 1,5 g de KCI). Les solu- provoquer une constipation (voir sels d’alu-
tions contenant du glucose et des électroly- minium, p. 170), mais leur effet dans le trai-
tes constituent un apport de fluide qui peut tement des diarrhées est douteux.
être absorbé après administration orale, car Mucilages, par exemple la pectine (la
les toxines n’altèrent pas le transport simul- pomme râpée dans les «recettes de bonne
tané de glucose et de Na‘ au niveau de la mu- femme »). Ce sont des polysaccharides qui
queuse intestinale (ni celui de l’eau). De gonflent en présence d’eau. Ils solidifient
cette façon, les selles fréquentes ne sont cer- ainsi le contenu intestinal mais ne possèdent
tes pas empêchées, mais on remédie avec aucun autre effet favorable manifeste.
succès à la perte d’électrolytes.

Opioïdes. La stimulation des récepteurs


opiacés des plexus nerveux de la paroi in-
testinale inhibe les mouvements propul-
sants le contenu vers l’avant et augmente les
mouvements pendulaires. Cet effet anti-
diarrhéique était autrefois obtenu par admi-
nistration de teinture d’opium, contenant de
la morphine. À cause des effets centraux
Antidiarrhéiques 183
— À. Antidiarrhéiques et leurs sites d'action

sécrétion de fluide

‘ Na*

< = _ glucose

teinture d'opium
contenant
de la morphine NC
1U :

9 LUTTUS CA diphénoxylate
E
1© er Wal A =.
= lopéramide
nhibition du
péristaltisme

récepteurs
opioïdes

— | astringents: |
-®) | ex. tannins

protéines précipitées
à la surface :
épaississement =
de la muqueuse Le
HSE UN
: S

diarrhée *
184 Autres médicaments du tractus gastro-intestinal

Autres médicaments du tractus Par comparaison avec le traitement


gastro-intestinal chirurgical des calculs biliaires, la dissolu-
tion médicamenteuse joue un rôle assez
Agents pour la dissolution des calculs faible.
biliaires (A). Le cholestérol déversé par le Rappelons que l'AUDC a également une
foie dans la bile, insoluble dans l’eau par lui- utilité en cas de cirrhose biliaire primaire.
même, sera maintenu en solution dans la Cholérétiques : ils stimulent la formation
bile sous forme de micelles avec les acides d’une bile plus diluée mais ce principe n’a
biliaires (et des phospholipides). S'il y a pratiquement aucun intérêt thérapeutique.
plus de cholestérol déversé par le foie que Cholagogues: ces agents stimulent la
les acides biliaires ne peuvent en émulsion- contraction et la vidange de la vésicule bi-
ner, il précipite et aboutit à la formation de liaire, par exemple le jaune d'œuf, MgSO,, un
calculs. laxatif osmotique, la cérulétide, un analogue
La bile « non saturée en cholestérol » peut de la cholécystokinine (administration pa-
faire passer le cholestérol précipité sous rentérale). Ces agents sont utilisés pour tes-
forme micellaire et dissoudre ainsi les cal- ter les fonctions de la vésicule biliaire.
culs de cholestérol. On utilise dans ce but Enzymes pancréatiques (B). Ils provien-
une prise orale d’acide ursodésoxycholique nent des animaux de boucherie et servent
(AUDC) ou d'acide chénodésoxycholique de substituants en cas d'insuffisance
(ACDC). Ces deux molécules sont deux iso- pancréatique sécrétoire (entre autres avec
mères naturels des acides biliaires (groupe- troubles de la digestion des graisses et
ment hydroxyle en position 7 f : AUDC; en stéatorrhée). En temps normal, la sécrétion
position 7 &: ACDC). Leur participation au d’enzymes pancréatiques est stimulée par
contenu en acides biliaires de l’organisme une hormone intestinale, cholécystokinine /
est en temps normal très faible (voir le dia- pancréatozymine, libérée dans le sang par
gramme circulaire en A), mais croît de façon la muqueuse intestinale au contact du bol
notable cependant lors d’une prise chroni- alimentaire. Lors de l’administration orale
que : les sels biliaires subissent un cycle en- d’enzymes pancréatiques il faut prendre en
térohépatique. Ils sont en particulier pres- compte le fait que ces enzymes seront par-
que complètement réabsorbés dans l'iléon. tiellement inactivées en milieu acide dans
La faible perte dans les fèces sera compen- l'estomac (particulièrement les lipases).
sée par une néosynthèse hépatique, de sorte Ces enzymes seront donc administrées sous
que le contenu en acide biliaire reste constant des formes galéniques résistantes aux sucs
(3-5 g). L'apport exogène élimine la nécessité gastriques.
d'une néosynthèse hépatique d’acide bi- L'orlistat est un inhibiteur de lipase, admi-
liaire ; la proportion relative du composé ad- nistré par voie orale et qui peut servir de
ministré dans le contenu total s'accroît. traitement contre l'obésité. L'inhibition de
En raison de cette modification de compo- l'absorption des graisses diminue l'apport
sition, le pouvoir d'entraînement du choles- calorique. Des selles grasses, la fréquence
térol par la bile augmente. Les calculs peu- accrue de besoins pressants, des gazs et des
vent être dissous en l’espace d’un traitement flatulences (comme dans le cas d’une insuf-
de 1 à 2 ans, si certaines conditions sont fisance pancréatique) sont des effets secon-
remplies : les calculs sont formés de choles- daires qui incitent les patients à arrêter un
térol pur et sont d'une taille inférieure régime pauvre en graisse.
à 15 mm; les fonctions biliaires sont norma- Lutte contre le météorisme (©). Ces agents
les et il n’y a pas de maladie hépatique ; les sont utilisés contre le météorisme (accumu-
patients sont si possible d’un poids normal. lation excessive de gaz dans le tractus diges-
L'AUDC est plus actif (dose quotidienne 8- tif). Dispersés sous forme de petites bulles
10 mg/kg) et mieux supporté que l'ACDC dans le contenu de l'intestin, ces gaz empé-
(15 mg/kg/jour ; avec très souvent des diar- chent la progression du chyme. Les agents
rhées et une augmentation sanguine des en- «anti-mousse » de type diméticone (diméthyl=
zymes hépatiques). À l'issue d’un traitement polysiloxane) et siméticone, qui sont admi-
couronné de succès peuvent apparaître de nistrés par voie orale, stimulent la sépara-
nouveaux calculs. tion des composants.
Autres médicaments du tractus gastro-intestinal 185

k A. Dissolution médicamenteuse des calculs biliaires

ACDC : ac. cholique


ADCC : ac. désoxycholique
AUDC : ac. ursodésoxycholique |
ACDC : ac. chénodésoxycholique a K

perte <
avec les fèces É )

— B. Libération d'enzymes pancréatiques — C. Lutte contre le météorisme : —


et moyens de substitution diméticone
enzymes pancréatiques d'animaux
de boucherie : protéases,
lipases, amylases

estomac

duodénum

CCK/PZ NET CH CH3 CH;


utilisation | | |
de H3C—Si—o-|-$i—o-si—cH; |
bol alimentaire diméticone | | |
riche en graisses circulation sanguine CH;

lutte contre
le météorisme
186 Produits agissant sur le système moteur

Produits agissant Myotonolytiques (A). Ils diminuent le


sur le système moteur tonus musculaire en renforçant l’action des
interneurones inhibiteurs dans la moelle. Les
La plus petite unité fonctionnelle d’un muscle myotonolytiques sont utilisés pour le traite-
squelettique est la fibre musculaire striée. La ment de contractions musculaires doulou-
contraction est déclenchée par une «impul- reuses, par exemple associées à des maladies
sion» émanant de leurs nerfs moteurs. spinales. Les benzodiazépines augmentent
Conformément au déroulement prévu des l’activité du neurotransmetteur inhibiteur, le
mouvements, le cerveau envoie d’abord une GABA au niveau des récepteurs GABA, qui
impulsion dans la moelle épinière. Cet influx sont des canaux ioniques activés par un li-
aboutit à un motoneurone dans la corne gand (p. 230). Le baclofène stimule les récep-
antérieure de la moelle. Les prolongements teurs GABA, qui font partie des récepteurs
de ce neurone sous forme d'un faisceau de couplés à une protéine G.
fibres motrices parviennent aux cellules Poisons contracturants. La foxine téta-
musculaires. Les mouvements réflexes élé- nique (cause du tétanos) et la strychnine in-
mentaires à des excitations sensitives qui hibent l’activité des interneurones inhibi-
parviennent à la moelle épinière par la racine teurs, qui utilisent un acide aminé, la glycine,
postérieure, se produisent sans intervention comme neurotransmetteur (A). La consé-
du cerveau. Pour éviter une stimulation trop quence d’une propagation non contrôlée des
forte des nerfs moteurs ou une contraction influx nerveux jusqu’à la moelle épinière est
prolongée des muscles en cas d’excitation l'apparition de crampes. La contracture des
persistante d’une terminaison sensitive, des muscles respiratoires constitue un danger
cellules inhibitrices (encore appelées inter- mortel.
neurones inhibiteurs) sont intercalées dans Toxine botulinique. C’est le plus puissant
les circuits nerveux à travers lesquels l’influx poison connu, extrait de Clostridium botuli-
se propage jusqu'à la moelle épinière. num. La dose nécessaire pour tuer un adulte
La transmission neuromusculaire (B) de la est de 0,000003 mg. Elle inhibe la libération
stimulation du nerf moteur à la fibre muscu- d’acétylcholine par les terminaisons nerveu-
laire se produit au niveau de la plaque mo- ses motrices (mais aussi parasympathiques).
trice. L'influx nerveux libère de l’acétylcho- La mort est due à une paralysie des muscles
line (AC) au niveau de la terminaison ; celle- respiratoires.
ci se fixe aux récepteurs nicotiniques de la pla- La toxine botulinique peut être utilisée
que motrice. La stimulation des récepteurs localement, à très faible dose, par exemple
provoque la dépolarisation de la plaque mo- dans le cas de crampes des paupières (blé-
trice et déclenche dans le sarcolemme envi- pharospasme).
ronnant l'apparition d’un potentiel d'action Une augmentation pathologique de la
qui se propage. Le potentiel d'action en- concentration des ions Mg provoque égale-
traîne dans les fibres musculaires la libéra- ment une inhibition de la transmission neu-
tion de Ca” à partir de sites de stockage si- romusculaire.
tués dans le réticulum sarcoplasmique. Le dantrolène agit dans les cellules mus-
L'augmentation de la concentration de Ca? culaires au niveau du couplage électroméca-
entraine la contraction des myofilaments nique, en inhibitant la libération de calciuni
(couplage électro-mécanique). Pendant ce du réticulum. Il est employé aussi bien dans
temps, l’ACh est dégradée par l’acétylcholi- les cas douloureux de spasticité chez des pa-
nestérase (p. 100), l'excitation de la plaque tients atteints de lésions spinales, que dans
motrice disparaît. En conséquence, aucun des maladies musculaires associées à une li-
potentiel d'action ne se déclenche et le cal- bération exagérée de calcium (hyperthermie
cium est pompé de nouveau dans le réticu- maligne).
lum, ce qui entraîne une relaxation des myo-
filaments.
Les molécules importantes sur le plan cli-
nique agissent toutes (à l'exception du dan-
trolène) sur le contrôle nerveux des cellules
musculaires (A, B, p. 188 et suivantes).
Produits agissant sur le système moteur 187

A. Possibilités pour moduler le tonus des muscles squelettiques

anti-parkinsoniens
myotonolytiques dantrolène

PAS
aie
OO contracturants

inhibition _— inhibition
accrue diminuée
interneurone interneurone
inhibiteur inhibiteur

toxine
benzodiazépine se tétanique
ex. diazépam /C8© e L © inhibition
: ee ® agoniste strychnine LOGO VW de la
baclofène antagoniste libération
du En O

récepteur GABA, récepteur GABA;


BE | récepteur glycine

B. Inhibition de la transmission neuromusculaire et du couplage


. électro-mécanique

réticulum
sarcoplasmique
tubules T

dantrolène
inhibe la libé-
| ration de Ca2+
188 Produits agissant sur le système moteur

Myorelaxants provoquant la perte de conscience (narcoti-


que). L'action d’une dose dure environ
Les myorelaxants entraînent un blocage des 30 minutes.
muscles squelettiques en position relâchée. Ils Cette durée d’action peut être raccourcie
se lient aux récepteurs de l’acétylcholine de par la prise d’un inhibiteur de l’acétylcholines-
la plaque motrice et bloquent la transmission térase, par exemple la néostigmine (p. 102).
neuromusculaire (p. 186). Selon que la liaison Compte tenu de l’inhibition de la dégra-
aux récepteurs de l’acétylcholine est asso- dation de l’ACh libérée, sa concentration
ciée à un blocage ou une stimulation de la augmente dans la plaque motrice, l’ACh dé-
plaque motrice, on distinguera les myore- place de façon compétitive la d-tubocurarine
laxants non dépolarisants et les myore- des récepteurs et permet au muscle de se
laxants dépolarisants (p. 190). Associés à un contracter à nouveau.
anesthésique, les myorelaxants empêchent Les effets secondaires de la d-tubocurarine
qu'une intervention chirurgicale ne soit per- peuvent être une libération non allergique
turbée par les contractions musculaires du d'histamine par les mastocytes avec bron-
patient (p. 220). chospasme, urticaire et hypotension. On at-
tribue cependant le plus souvent la chute de
Myorelaxants non dépolarisants tension à un blocage des ganglions.
Curare est le nom du poison végétal des flè- Le pancuronium est un composé de syn-
ches des indiens d'Amérique du Sud. Un être thèse, souvent utilisé aujourd’hui, ne jouant
vivant qui est touché par une flèche enduite aucun rôle sur la libération d’histamine ou le
de curare subit sous l'effet du poison qui se blocage des ganglions. Le pancuronium est
répand rapidement dans son organisme une environ » fois plus actif que la d-tubocura-
paralysie des muscles squelettiques et rine, l’effet dure plus longtemps. On observe
meurt car ses muscles respiratoires se blo- une augmentation de la fréquence cardiaque
quent (paralysie respiratoire périphérique). et de la pression artérielle liées au blocage
L'animal abattu peut être consommé sans des récepteurs muscariniques de l’ACh au
danger car le poison n’est pratiquement pas niveau cardiaque.
absorbé au niveau du tractus intestinal. Le Il existe d’autres myorelaxants non dépo-
principe actif du curare sur le plan médicinal larisants, ce sont: les dérivés du pancuro-
est la d-tubocurarine. Elle possède un am- nium, vecuronium, rocuronium et pipecuro-
monium quaternaire et à l'extrémité opposée nium ainsi que l’alcuronium qui dérive d’un
un atome d'azote protoné à pH physio- alcaloïde, la toxiférine. L’atracurium pos-
logique. Tous les autres myorelaxants possè- sède la particularité d’être dégradé spon-
dent également deux atomes d'azote chargés tanément, sans participation d’enzymes. La
positivement. La présence d’une charge po- disparition de son action est donc indépen-
sitive permanente sur l’ammonium quater- dante des fonctions des organes d'élimi-
naire explique sa très mauvaise absorption nation. Le mivacurium a une structure pro-
intestinale. La d-tubocurarine sera utilisée en che de celle de l’alcuronium, il est hydrolysé
injection i.v. (dose usuelle : environ 10 mg). très rapidement par la cholinestérase : brève
Elle se fixe aux récepteurs nicotiniques de la durée d'action. |
plaque motrice sans les stimuler et agit
comme un antagoniste compétitif de l'AC ;
elle empêche la liaison de l’ACh libérée et
par là même la transmission neuromuscu-
laire. La relaxation musculaire se produit
dans un intervalle de 4 min. La d-tubocura-
rine ne pénètre pas dans le SNC. Le patient
serait alors témoin en pleine conscience de
la paralysie de sa musculature et de son in-
capacité à respirer, sans pouvoir s'exprimer
d’une façon quelconque. C'est pour cette rai-
son qu'il est nécessaire, avant d’administrer
un myorelaxant, de donner une substance
Produits agissant sur le système moteur 189

— À. Myorelaxants non dépolarisants

| d-tubocurarine

non absorbée par l'intestin


OH
Pot
H,C ne
DNS NA ci
0
OH . CN
à
CAN
O0 AH

blocage des récepteurs


de l'AC, pas de dépolarisation
de la plaque 1

respiration antidote : inhi-


relâchement des muscles squelettiques artificielle biteurs de l’acétyl-
et intubation cholinestérase,
(respiration impossible) EP nécessaires ex. néostigmine
(anesthésie !)
190 Produits agissant sur le système moteur

Myorelaxants dépolarisants générer un potentiel d'action dans les mem-


branes environnantes.
La succinylcholine à une utilité clinique Comme la plupart des fibres musculaires
(succinyldicholine, suxaméthonium, A). Dans sont innervées par l'intermédiaire d’une
son cas, il s’agit en quelque sorte d'une ACh seule plaque motrice, l'excitation de celle-ci
double. Comme l’acétylcholine, la succinyl- permet la propagation d’un potentiel d’ac-
choline agit au niveau des récepteurs nico- tion à travers la membrane cellulaire sur
tiniques de la plaque motrice comme un plus de 30 cm. Le blocage des potentiels
agoniste. Malgré tout, elle provoque une d'action maintient la fibre musculaire dans
relaxation musculaire : à l'inverse de l'AC, un état relaxé.
la succinylcholine n’est pas hydrolysée par L'action d'une dose habituelle de succi-
l'acétylcholinestérase. Elle constitue seule- nylcholine persiste seulement une dizaine de
ment un substrat des cholinestérases non minutes. Elle est souvent administrée au dé-
spécifiques (cholinestérases sériques, p. 100). but d’une anesthésie pour faciliter l’intuba-
La succinylcholine sera donc dégradée plus tion. L'action de la succinylcholine n’est pas
lentement que l'AC, persistera quelques augmentée de façon nette par les inhibiteurs
minutes dans la fente synaptique et dépola- de l’acétylcholinestérase. Chez les rares pa-
risera la plaque motrice pendant un temps tients ayant un déficit génétique en pseudo-
correspondant. La dépolarisation de la cholinestérase (estérase non spécifique),
plaque motrice suscite d’abord dans la l'action de la succinylcholine est notable-
membrane des cellules musculaires envi- ment prolongée.
ronnantes la propagation d'un potentiel Comme la dépolarisation prolongée est
d'action et la contraction des fibres muscu- associée à un efflux d'ions K', on peut abou-
laires : après injection intraveineuse on peut tir à une hyperkaliémie (avec danger d’aryth-
observer des petits tressaillements des mies cardiaques). C’est seulement dans quel-
muscles. ques types de muscles (par exemple les
La naissance d’un nouveau potentiel d’ac- muscles externes de l'œil) que les fibres
tion à proximité de la plaque motrice n’est musculaires sont innervées par plusieurs
possible que lorsque celle-ci demeure non plaques motrices. Dans ce cas, la succinyl-
stimulée pendant un certain laps de temps et choline déclenche une dépolarisation répar-
peut se repolariser. Le potentiel d'action re- tie sur la totalité de la fibre. Ceci est associé
pose sur l'ouverture d'une protéine canal à une contraction prolongée : la pression in-
pour les ions Na', à travers laquelle se pro- terne de l’œil s'élève, ce qui doit être sur-
duit un flux d'ions Na' qui dépolarise la mem- veillé pendant une opération de l'œil.
brane. Après quelques millisecondes, les ca- Pour les muscles squelettiques dont le
naux sodiques se ferment automatiquement nerf a été sectionné, on observe que les ré-
(inactivation), le potentiel de membrane re- cepteurs de l’acétylcholine se répartissent
vient à sa valeur de repos, le potentiel d’ac- sur la totalité de la membrane de la fibre.
tion se termine! Aussi longtemps que le Dans ce cas également, la succinylcholine
potentiel de membrane ne s’est pas rappro- produirait une dépolarisation prolongée et
ché de sa valeur de repos, l'ouverture des une contracture ainsi que le déclenchement
canaux sodiques et donc la formation du po- d'une hyperkaliémie. Ceci peut par exemple
tentiel d'action suivant sont impossibles. se produire à la suite d’une opération chez
Dans le cas d’une libération d’acétylcholine, un patient polytraumatisé.
la repolarisation de la plaque motrice et un
retour de l’excitabilité des canaux ioniques
dans les membranes environnantes se pro-
duisent rapidement à cause de la dégrada-
tion très rapide par l’acétylcholinestérase.
Pour la succinylcholine, la dépolarisation de
la plaque motrice et également du domaine
membranaire alentour persiste. Les canaux
sodiques sont maintenus dans un état inac-
tivé et de ce fait il n’est pas possible de
Produits agissant sur le système moteur 191
- À. Effet d'un myorelaxant dépolarisant : succinylcholine

0 CH; HC° CH
\ 1 | I
{T0 CH CH ne CH; H}C—0—C—CH,-CH}—C—0/CH,
{l
H3C CH; 0 €, Ch
acétylcholine succinylcholine RS

&
,| dépolarsation
+ tri 112 _dépolarisation
Fe

ACh propagation succinylcholine


d'un potentiel d'action (PA)
} nn —
cellule
contraction de contraction
/ É muscle
il «pere pres de |’ACh squelet- pas de SEA tioN"de la Sen cho
par l’acétylcholinestérase

i
par l’acétylcholinestérase tique

( |
repolarisation de la plaque motrice dépolarisation durable
de la plaque motrice
ACh

possibilité de la formation
d'un nouveau PA+ ff ossibilité de la formation |
d’un nouveau PA et d'une contraction

potentiel
Bron de membrane
(Has
.…. | > ee”

canal Na
ouvert fermé dépolarisation
prolongée
\ v (ouverture impossible)
pas de repolarisation,
repolarisation
une nouvelle ouverture
fermé du canal sodique
(ouverture possible) est impossible

membrane
de
potentiel membrane
de
potentiel
192 Produits agissant sur le système moteur

Antiparkinsoniens secondaires, dus à une augmentation de la


concentration cérébrale de dopamine, peu-
S'il est nécessaire d'entreprendre un mouve- vent être une hyperkinésie et des perturba-
ment, un influx va être émis par le cortex céré- tions psychiques.
bral et transiter par la moelle en direction des
muscles concernés. En même temps, des Agonistes des récepteurs dopaminergiques.
impulsions seront envoyées dans différentes Pour compenser le déficit central en dopa-
parties du cerveau pour coordonner le mou- mine, on peut utiliser des agonistes dopami-
vement et donneront naissance à des informa- nergiques comme la bromocriptine (p.114),
tions en retour vers le cortex. L'un de ces le lisuride, le pergolide et la cabergoline. Le
circuits moteurs passe par le cervelet et un pramipexol et le ropinirol sont des agonistes
autre par les ganglions de la base. Ce n’est dopaminergiques qui ne dérivent pas de
que lorsque ces boucles de régulation fonc- l'acide lysergique.
tionnent que le mouvement est fluide et dirigé
Inhibiteurs de la monoamine oxydase B
vers son but. La maladie de Parkinson est
(MAO-B). Il existe deux isoformes de monoa-
une altération touchant les ganglions de la
mine oxydase : la MAO-A et la MAO-B. Le foie
base. Les symptômes de cette maladie, qui
contient les deux formes, le corps strié est
survient essentiellement chez les personnes
riche en MAO-B. Cette isoenzyme peut être
âgées, sont un tremblement au repos (tre- bloquée par la sélégiline ; la dégradation des
mor), une rigidité musculaire (rigor), une
amines biogènes (noradrénaline, adrénaline,
pauvreté des mouvements (akinésie) et une
sérotonine) en périphérie ne sera pas inhi-
altération croissante de la qualité de vie. La
bée car la MAO-A demeure fonctionnelle.
lésion primaire est une perte des cellules gan-
glionnaires de la substance noire, dont les Inhibiteurs de la catéchol-O-méthyl-transfé-
neurones dopaminergiques projettent vers le rase (COMT). L'entacapon qui ne pénètre
corps strié (noyau caudé, putamen, voie pas dans le SNC inhibe la dégradation péri-
nigro-striatale) et possèdent une fonction phérique de la L-dopa par la COMT et aug-
inhibitrice. Dans cette zone se trouvent égale- mente ainsi sa biodisponibilité centrale. En
ment les terminaisons de neurones choliner- conséquence il n’est utilisé qu’en associa-
giques excitateurs. On cherchera par des tion avec un traitement par la L-dopa.
moyens pharmacologiques à compenser la
carence en dopamine ou à atténuer l'excès de Anticholinergiques. Les antagonistes des
l'activité cholinergique. récepteurs muscariniques de l’acétylcholine
ayant une action centrale (par ex. benzatro-
L-dopa. On cherche à compenser la carence pine et bipéridène, p.106), permettent de
en dopamine dans le système nerveux diminuer les effets d’un excès relatif de l’acti-
central. La dopamine, qui est une catécho- vité cholinergique (en particulier les trem-
lamine polaire, ne peut pas traverser la blements). Les effets secondaires typiques,
barrière hémato-encéphalique. On utilisera de type atropinique, limitent les doses utili-
donc son précurseur, la L-dihydroxyphény- sables. Il n’est pas possible d'obtenir une dis-
lalanine (L-dopa) qui, en tant qu’acide aminé, parition complète des symptômes.
sera transporté à travers la barrière hémato-
encéphalique puis sera décarboxylé en Amantadine. Au début de la maladie, les
dopamine in situ par la dopa-décarboxylase. symptômes peuvent être atténués avec
La dopamine est également formée par l’acti- l'amantadine. Le mécanisme d’action de
vité de la dopa-décarboxylase en dehors du l’'amantadine consiste vraisemblablement en
cerveau mais elle n’y est pas nécessaire et un blocage du canal ionique du récepteur
ne provoque que des effets non désirés glutamatergique de type NMDA et finalement
(vomissements, hypotension, p.114). La en une réduction de la libération d’acétyl-
formation de dopamine en périphérie peut choline. Dans les stades tardifs de la maladie
être bloquée par l'administration simultanée de Parkinson, on devra combiner plusieurs
d'inhibiteurs de la dopa-décarboxylase (carbi- traitements pour pouvoir contrôler les symp-
dopa, bensérazide). Ces substances ne passent tômes plus sévères. Dans la plupart des cas
pas la BHE, si bien que la décarboxylation on observe alors d’autres signes de dégéné-
dans le cerveau n’est pas affectée. Les effets rescence centrale.
Produits agissant sur le système moteur 193
A. Antiparkinsoniens
CORTEX —
boucle
sélégiline | . de régulation | hmantadine NH;

Fe ||
; de l'activation |
1
û motrice |
Nc —C=H| 1:
n
:
EV-au-en-e | 1
| fécepteur NMDA :
| blocage du pore
inhibition de la dégra- onique, atténuation
dation de la dopamine des neurones
dans le SNC par la MAO-B cholinergiques

dégénérescence
dans là maladie
de Pärkinson
dopaminergique
|
inhibition de la trans-
mission cholinergique

émato-encéphalique
barrière
dopa-
décarboxylase

entacapon
O
HO: ÈS n<@hs
stimulation des récep- | CN °GHs
DE
eurs périphériques HOT SZ
le la dopamine NO,

inhibition de la COMT
périphérique

L-dopa benzatropine

HO

do donc E \eo
COOH 0-CH
précurseur antagoniste
de la dopamine muscarinique
194 Produits agissant sur le système moteur

Antiépileptiques tables. Ce n’est que lorsque la monothérapie


avec des substances différentes n’est pas
L'épilepsie est une maladie cérébrale chroni- suffisante, que l’on recommandera le pas-
que, d’étiologie variable, caractérisée par une sage à une molécule de deuxième intention
excitation neuronale incontrôlée, survenant ou à une association (B), et dans ce cas il faut
par accès et limitée dans le temps. La décharge penser au risque d'interactions pharmaco-
électrique qui peut toucher une zone céré- cinétiques (voir ci-dessous). Le véritable mé-
brale de taille variable peut être mise en canisme d’action des antiépileptiques n’est
évidence sur l’électroencéphalogramme sous pas connu. Chacune des substances semble
forme d’une activité synchronisée et peut se diminuer l’excitabilité par de multiples mé-
manifester par des phénomènes moteurs, sen- canismes. En principe, l’excitabilité d’un neu-
sitifs, psychiques ou végétatifs. Étant donné rone peut être diminuée via l’inhibition d’un
que la zone du cerveau touchée par la stimu- neurone excitateur où la stimulation d’un
lation électrique, mais également l’origine de neurone inhibiteur. Les principaux neurones
la décharge électrique peuvent être très excitateurs utilisent comme neurotransmet-
variables, l'épilepsie peut se manifester sous teur l’acide glutamique, les principaux neu-
différentes formes. D'un point de vue théra- rones inhibiteurs utilisent l’acide y-aminobu-
peutique, on distingue : tyrique (GABA) (p. 197 A).
- les crises généralisées ou focales ; Il existe trois types de récepteurs du glu-
— les crises avec ou sans perte de conscience ; tamate, dont le récepteur NMDA qui joue d'un
— les crises avec ou sans déclencheur connu. point de vue thérapeutique le rôle le plus im-
portant (le N-méthyl-D-aspartate est un ago-
Compte tenu de la courte durée des accès de niste de synthèse très sélectif). Il s’agit d’un
convulsion, un traitement médicamenteux im- canal ionique activé par un ligand, à travers
médiat n’est pratiquement pas possible. Les lequel pénètrent après stimulation par le glu-
antiépileptiques servent surtout à la préven- tamate, des ions sodium mais également
tion des crises et seront utilisés dans ce but calcium. La /amotrigine, la phénytoine et le
de façon chronique. Ce n’est que lorsqu'un phénobarbital inhibent entre autres la libéra-
état épileptique persiste (succession de plu- tion de glutamate : le felbamate se comporte
sieurs accès cloniques-toniques) qu'un traite- comme un antagoniste glutamatergique.
ment d'urgence est appliqué, le plus souvent Les benzodiazépines et le phénobarbital
avec une benzodiazépine, si possible en i.v., renforcent l'activation des récepteurs GA-
ou à défaut par voie rectale. BA, par une libération physiologique de
Les cellules « entraîneuses » sont indispen- GABA (B) (p. 230). L’influx accru de chlore
sables au déclenchement de la crise d’épilep- s'oppose à une dépolarisation de la mem-
sie. Elles se distinguent des autres cellules brane. Le progabide est un analogue direct
nerveuses par l'instabilité de leur potentiel du GABA. La tiagabine bloque l'élimination
de repos, ce qui signifie qu’à la fin d’un po- du GABA de la fente synaptique, en inhibant
tentiel d'action, persiste un courant dépola- la recapture cellulaire. La vigabatrine inhibe
risant.
la dégradation du GABA : la gabapentine aug-
Les interventions thérapeutiques ont mente la disponibilité de l'acide glutamique
donc pour but de stabiliser le potentiel de en tant que précurseur pour la synthèse du
membrane des cellules nerveuses et de dimi- GABA (B).
nuer l’excitabilité. Dans chaque forme d'épi-
lepsie on cherchera d’abord à atteindre à
l’aide d’un médicament une période dépour-
vue de crise. Dans le cas d'accès généralisés,
c'est en général l’acide valproïque qui sera
le premier choix, tandis que dans le cas de
crises focales et en particulier de crises fo-
cales complexes on préférera la carbamazé-
pine. La dose du médicament est augmentée
jusqu’à ce qu'il n'y ait plus d'accès ou que
les effets secondaires deviennent insuppor-
Produits agissant sur le système moteur 195

- À. Crise d’épilepsie, EEG, antiépileptiques

substances pour le traitement d’un état épileptique : benzodiazépines, ex. diazépam

état de veille normal EEG ln crise d’épilepsie


pV uv
150 150

100 100

50 _ 50

0 0
1 sec 1 sec

prévention médicamenteuse d’une crise d'épilepsie

O H CH

LR NC GHs os Ne j o=C CH
ë al N Ÿ Ne
Ne H H
HN
phénobarbital 0 phénytoine éthosuximide

me
4| H3C
3 CH 3
H)C—NH; FRA HC—NH TS el
| | H)C CH
que
L. FCH cr
|
CH
HCH H CH2
2 DA
re
| |
COOH COOH COOH COOH

GABA gabapentine vigabatrine ac. valproïque

B. Indications et choix d’antiépileptiques

accès partiel 13 2 3° choix


(local, focal) u s LE PET |
crise carbama- ac. valproïque | primidone,
simple zépine | |phénytoine | phénobarbital |
| |
crise + lamotrigine ou vigabatrine ou gabapentine
complexe ‘} Î il

>. —————
| |
accès accès tonique- |ac. valproïque | |carbamazépine | | lamotrigine
généralisé clonique (grand mal) | | |phénytoïne | primidone,
| | | phénobarbital
accès tonique |
accès clonique + lamotrigine ou vigabatrine où gabapentine

accès myocloniques ESS


|
F
| éthosuximide
absences

+ lamotrigine ou clonazépam
T
196 Produits agissant sur le système moteur

La carbamazépine, une molécule tricy- d'interrompre le traitement pendant la gros-


clique, son analogue, l'oxcarbazépine, l'acide sesse, car le risque pour l'embryon durant
valproïque et la phénytoine bloquent des une crise est encore plus grand. Dans ces
canaux sodiques dépendants du potentiel et conditions, on s’attachera avec un soin par-
inhibent la propagation de l'excitation élec- ticulier à utiliser la dose la plus faible ayant
trique. une action préventive fiable et on cherchera
L'éthosuximide bloque entre autres un à éviter des altérations du tube neural par
canal calcique neuronal de type T (A). Il oc- l'administration de doses élevées d’acide
cupe une position à part, Car il n’est actif que folique.
dans les cas d’absences. La carbamazépine, la phénytoïne et d’autres
Tous les antiépileptiques présentent des anticonvulsivants induisent dans le foie la syn-
effets secondaires mais avec une intensité thèse d’enzymes participant à la dégradation
très variable. Pratiquement chaque traite- des médicaments. La combinaison d'anti-
ment antiépileptique est accompagné d’une convulsivants mais également l'administration
sédation, d’une baisse de concentration et simultanée d’autres médicaments, peuvent
d’une diminution de la motivation. De plus, conduire à des interactions ayant une réper-
des altérations cutanées ou de la formule cussion clinique (surveillance accrue des ni-
sanguine peuvent imposer un changement veaux plasmatiques).
du produit antiépileptique. Le phénobar- D'autres substances peuvent être utilisées
bital, la primidone et la phénytoïne peuvent dans les épilepsies de l'enfant souvent dif-
conduire à une ostéomolacie (prévention par ficiles à soigner ; ce sont par exemple le bro-
la vitamine D) ou à une anémie mégaloblas- mure, l’ACTH et la dexaméthasone, un gluco-
tique (prévention par l'acide folique). Au corticoïde.
cours du traitement par la phénytoïne on Il faut noter qu’un ensemble de médica-
peut observer chez environ 20% des pa- ments peuvent diminuer le seuil d'apparition
tients un développement des gencives (hy- de crampes (neuroleptiques, l’isoniazide un
perplasie gingivale), antituberculeux, ou les antibiotiques B lacta-
L'acide valproïque est moins sédatif que mes à forte dose) et sont donc contre-indi-
les autres anticonvulsivants, les effets secon- qués chez des patients épileptiques.
daires les plus fréquemment observés sont Les benzodiazépines sont peu utilisées
des tremblements, des douleurs gastro-in- pour des traitements de longue durée à cause
testinales et une augmentation de poids; de l'apparition de phénomènes de tolérance
une chute réversible des cheveux est égale- mais ils constituent le traitement de choix
ment une des conséquences plus rares du pour une crise d'épilepsie.
traitement ; on observe très rarement des at- Le clométhiazol peut également être
teintes hépatiques, dangereuses en particu- utilisé lors de la survenue d’une crise, le plus
lier chez les enfants de moins de trois ans. souvent il servira au traitement d'états agi-
Lors de l’administration de carbamazé- tés, en particulier les délires alcooliques (où
pine, et en particulier à la suite d’une augmen- peuvent apparaître entre autres des convul-
tation rapide de la dose peuvent apparaître, à sions).
côté de la sédation et d’une sensation d’en-
gourdissement, des signes d'intoxication:
nystagmus, ataxie, vision double. On obser-
vera souvent des douleurs gastro-intestinales
et des éruptions cutanées. La carbamazépine
a un effet antidiurétique (sensibilisation du tu-
bule collecteur à la vasopressine — empoi-
sonnement par l’eau).
La carbamazépine est également utilisée
pour le traitement d'une névralgie trigémi-
nale ou de douleurs neuropathiques.
L’acide valproïque, la carbamazépine et
d’autres antiépileptiques augmentent le risque
tératogène. Cependant, il est contre-indiqué
Produits agissant sur le système moteur 197
A. Sites d'action des antiépileptiques au niveau neuronal NO NUM TIME
Na+ Ca2+ / neuroñe eXcitateur
@. récepteur E
a ONMDA | es FAT
AT) . inhibition
— (Rs de la libération
antagoniste du récel Ce 9 Marnets de glutamate
pteur NMDA : és QE) €) HANERe
|
felbamate ee
COR lamotrigine
Rooee
| Ac Ale oique tes Yo) és) phénobarbital
24 mn: ï
canal Caÿ— Eu

bloqueur des ca-| 7


Y,
naux calciques u <e

TROT canal sodique


éthosuximide « voltage »
(valproate) | » A NN | dépendant inhibiteur
, ; du potentiel
| C5) d'action
ie So
2
;
Î
CE
Y 4 F3
C2)
À

carbaämazépine
A « valproate
\ pros phénytoïne

GABAmimétiques
benzodiazépine
barbiturique
; vigabatrine
neurone , tiagabine
inhibiteur gabapentine

B. Sites d'action possibles des antiépileptiques dans une synapse GABAergique

| récepteur
| GABA
potentialisation
_ (B )_ | à inhibiteur
allostérique LE de la
de l'effet F De AD Canal recapture
du GABA L IN chlore de GABA
e | | ) =

GABA-
l- transaminase

| 4 Dre
acide glutamique ! vel | inhibiteur
transaminase / succinate | de la GABA-
/ semi-aldéhyde transaminase

acide succinique
acide %
glutamique| ,

terminaison stimulation indirecte


d’un neurone ; de la dispon
inhibiteur en ac. glutamique
198 Analgésiques

Origine et conduction de la douleur ne peuvent pas être localisées avec préci-


sion par l'individu.
Le terme de douleur désigne un spectre de La connexion entre le neurone afférent 1
sensations dont les caractéristiques peuvent de la voie néospinothalamique et le neurone
être très différentes et dont l'intensité peut 2 ascendant du côté opposé utilise la subs-
aller du désagréable à l’insupportable. Les tance P comme neurotransmetteur. Cette sy-
stimuli douloureux sont enregistrés par des napse ne sera pas influencée par le système
récepteurs physiologiques, peu différenciés antinociceptif descendant (douleur aigué et
sur le plan morphologique (récepteurs sen- perçante provenant de la surface du corps).
sitifs) qui sont en fait des terminaisons ner- Au contraire, un interneurone est associé à
veuses libres. Le corps cellulaire du neurone la connexion du neurone 1 de la voie paléo-
bipolaire afférent 1 est situé dans le ganglion spinothalamique. Cet interneurone est stimulé
spinal. La conduction de la douleur est assu- par la sérotonine (tractus antinociceptif des-
rée par des fibres non myélinisées (fibres C, cendant) et inhibe la synapse P-ergique via
vitesse de conduction 0,5-2 m/s) et des fibres la libération d’enképhalines (opioïdes endo-
myélinisées (fibres Ad, 5 à 30 m/s.). Les ter- gènes). C’est à ce niveau que se situe l’action
minaisons nerveuses des fibres AÔ répon- spinale de la morphine et des autres opiacés.
dent à la chaleur et à de fortes pressions, La conduction des impulsions dans le
tandis que les terminaisons des fibres C réa- tractus néo- et paléospinothalamique est
gissent aux stimuli chimiques formés à la modulée par des fibres descendantes dont
suite d’une lésion tissulaire (H', K', hista- l'origine est dans la formation réticulée et
mine, bradykinine...). Qu'elle soit provoquée qui se terminent dans la moelle épinière au
par un stimulus chimique, mécanique ou niveau du relais entre les neurones 1 et 2
thermique, la sensation douloureuse est for- (système antinociceptif descendant). Par la
tement renforcée en présence de prostaglan- libération d’oligopeptides (enképhalines), el-
dines (p. 200). les peuvent inhiber le passage du neurone 1
Des signaux chimiques sont à la base des au neurone 2.
douleurs consécutives à une inflammation La sensation douloureuse peut être in-
ou une ischémie (angine de poitrine, infarc- fluencée de la façon suivante :
tus) ou encore des fortes douleurs provo- - interruption de la cause de la douleur ;
quées dans la cavité abdominale par une ex- - diminution de la sensibilité des nocicep-
tension ou une stimulation spastique des teurs (antipyrétiques, analgésiques, anes-
organes musculaires lisses, et qui sont entre- thésiques locaux) ;
tenues par une hypoxie s’achevant en tétanie -interruption de la conduction dans les
(douleurs viscérales). nerfs sensitifs (anesthésiques locaux) ;
Les fibres AG et C pénètrent dans la - suppression du relais des influx doulou-
moelle épinière par la racine postérieure; reux dans la moelle épinière (opioïdes) ;
après relais sur un autre neurone la voie - inhibition de la perception de la douleur
croise de l’autre côté et parvient au cerveau (opioïdes, narcotiques) ;
par le cordon antérieur. Au cours de l’évo- - modulation de la prise en compte de la
lution, les tractus néo- et spinothalamiques douleur (antidépresseurs comme coanal-
se sont différenciés. La zone des noyaux tha- gésiques). "
lamiques dans laquelle aboutissent les fi-
bres du tractus néothalamique, envoient
des impulsions dans des aires définies du
gyrus post-central. Un stimulus empruntant
cette voie sera ressenti comme plus aigu et
mieux localisé. Dans le cas des noyaux an-
ciens innervés par le tractus paléospinotha-
lamique, la projection dans le gyrus post-
centralis est diffuse de sorte que cette voie
est considérée comme la voie de conduction
des stimuli donnant naissance à des dou-
leurs sourdes, taraudantes, cuisantes et qui
Analgésiques 199

A. Origine et propagation de la douleur

gyrus post-centralis

sensation : sensation :
aigué, sourde,
rapide, tardive,
localisée diffuse

dépresseurs.
anti- .

antinociceptive
descendante

thalamiquethalamique
néospino-
tractus

inhibiteurs
de cyclooxygénase

inflammation
200 Analgésiques antipyrétiques

Éicosanoïdes (médiée par Cox 2) qui exerce une action


dilatatrice sur les muscles lisses. Par ailleurs,
Formation et métabolisme. Les éicosanoïdes, elle inhibe l'agrégation plaquettaire (p. 152).
prostaglandines, thromboxane, prostacycline Thromboxane À, et prostacycline sont des
et leucotriènes proviennent dans l'organisme antagonistes fonctionnels.
de l'acide arachidonique, un acide gras à Circulation rénale. Lors d’une réduction de
20 carbones et 4 doubles liaisons (acide la perfusion rénale, des prostaglandines
éicosa-tétra-énoïque). L’acide arachidonique, vasodilatatrices seront libérées et s'oppose-
un constituant habituel des phospholipides ront à une hypoperfusion rénale.
de la membrane cellulaire, est libéré sous Utérus. Les prostaglandines jouent un rôle
l’action de la phospholipase A.. Cet acide sert dans le processus de nidation du blastocyste
de substrat aux cyclooxygénases (isoenzy- dans la muqueuse utérine. Les PG stimulent
mes Cox 1 et Cox 2) et aux lipooxygénases. la contractilité utérine (favorisent l’accou-
La formation des prostaglandines (PG), de chement).
la prostacycline et du thromboxane passe Muscles bronchiques. PGE, provoque une
par l'intermédiaire d’un endoperoxyde cycli- vasodilatation.
que. Les éicosanoïdes sont inactivés très ra- Récepteurs de la douleur. Les PG augmen-
pidement, il s’agit de médiateurs locaux qui tent la sensibilité aux stimuli douloureux
ne peuvent atteindre une concentration bio- habituels (p. 198), ce qui signifie que pour un
logiquement active qu’au site de formation. stimulus donné la fréquence du potentiel
Fonctions biologiques. Les prostaglandines d'action au niveau des nerfs sensitifs est aug-
peuvent remplir différentes fonctions selon mentée.
le type de prostaglandine dont il s’agit (PGE, Centre de régulation thermique. Les PG aug-
PGF, PGI = prostacycline) et le site de syn- mentent la valeur de référence dans l’hypo-
thèse. La condition requise pour qu'il y ait thalamus, la température du corps augmente
synthèse est la présence d’une cyclooxy- (fièvre).
génase. L'isoenzyme Cox 1 est présente de
façon durable (constitutive) dans les tissus Les leucotriènes augmentent la perméabilité
concernés. Ceci n’est pas valable pour Cox 2: des vaisseaux et constituent des substances
en général, sa synthèse est d’abord induite chimiotactiques pour les polynucléaires neu-
dans diverses situations physiopathologi- trophiles. En tant que constituants de la slow
ques, par exemple sous l’action de média- reacting substance of anaphylaxis, ce sont des
teurs de l’inflammation comme l’interleukine médiateurs des réactions allergiques (p. 336) ;
1 ou le TNF« (tumor necrosis factor) (p. 331). en association avec les prostaglandines, ils
Les fonctions biologiques présentées en A peuvent déclencher l’ensemble des symptô-
sont attribuées à l’une ou l’autre enzyme mes caractéristiques d’une inflammation (cha-
selon les repères de couleur. leur, rougeur, gonflement et douleur).
Estomac. Les prostaglandines (synthétisées
par Cox 1) ont üne fonction protective car Utilisation thérapeutique. Les dérivés des
elles réduisent la production d'acide et prostaglandines seront utilisés pour le
stimulent la formation de mucus et la circu- déclenchement d'un accouchement et entre
lation de la muqueuse (p. 172). Elles s’oppo- autres pour une interruption de grossesse
sent donc à la formation d’ulcères. En cas (p. 128), dans le cas d’un ulcère de l'estomac
d’ulcère déclaré, les prostaglandines for- (p. 172) ou de désordres circulatoires.
mées par Cox 2 peuvent accélérer sa cicatri- La tolérance est mauvaise car elles ne
sation. peuvent pas être administrées comme hor-
Plaquettes sanguines. Le thromboxane A, mone locale mais doivent plutôt être utili-
(formé par Cox 1) accélère la coagulation sées de façon systémique.
sanguine via la stimulation de l'agrégation
plaquettaire (p. 152) et un rétrécissement du
fragment de vaisseau atteint.
Endothélium. L’endothélium peut se prému-
nir contre la force de cisaillement due au flux
sanguin par la synthèse de prostacycline
Analgésiques antipyrétiques 201
A. Formation et action des prostaglandines

O OH
| LRSON
O
H>C—CH— CH

ac. arachidonique

prostanoïde leucotriènes

par ex. par ex.


prostaglandine F., leucotriène À,
participe aux réactions
allergiques

[cicatrisation ba fièvre >


Le. \#L. d

réaction inflammatoire
impliquée ,
dans la réparation ‘ 4
des lésions tissulaires |.

prostacycline formée par


’endothélium ;
(force de cisaillement) :
E
inhibition de
lagrégation
= vasoconstriction
het rer
one
des potentiels
d’actiion sur les voies
sensitives
[sensibilité des récep-
nidation teurs nociceptifs 4
accouchement
stimulus douloureux
202 Analgésiques antipyrétiques

Analgésiques antipyrétiques cyclooxygénase est inhibée de façon irré-


versible par liaison du groupement acétyl de
Le paracétamol, les acides amphiphiles tels l'AAS et la durée d’action est donc condition-
l'acide acétylsalicylique (AAS), l’ibuprofène née par la nouvelle synthèse de l’enzyme.
et d’autres ainsi que les dérivés de la pyra- De plus, l'acide salicylique peut également
zolone, métamizole et propyphénazone, sont contribuer à l'effet. L'AAS irrite la muqueuse
appelés analgésiques antipyrétiques, car ils de l'estomac (p.204). Chez des patients
possèdent tous, à la différence des analgési- sensibilisés, il peut déclencher une broncho-
ques opioiïdes, la propriété de faire baisser constriction (asthme aux analgésiques) et
la fièvre. d'autres réactions pseudoallergiques (p. 204).
Le paracétamol à une bonne activité Comme l’AAS inhibe l'agrégation des pla-
contre les maux de tête et les maux de dents, quettes (p. 154) sanguines, il ne doit pas être
mais il est moins actif contre les douleurs utilisé chez des patients ayant des troubles
viscérales ou inflammatoires. Son méca- de coagulation. Il faut faire attention au syn-
nisme d'action est inconnu. La molécule peut drome de Reye chez les enfants et les ado-
être administrée per os ou sous forme de lescents ; ce syndrome est observé lors
suppositoire (dose individuelle 0,5-1 g). L'ac- d’une infection virale associée à de la fièvre
tion se manifeste après environ 30 minutes avec prise d'AAS ; son pronostic est mauvais
et dure à peu près 3h. Le paracétamol se (altérations cérébrales et hépatiques). L’ad-
conjugue dans l'organisme avec l'acide glu- ministration d'AAS n’est pas recommandée à
curonique ou l'acide sulfurique au niveau du la fin de la grossesse : diminution des contrac-
groupement OH phénolique, et est éliminé tions, risque de saignement chez la mère et
par le rein sous cette forme. Aux doses thé- l'enfant, fermeture prématurée du canal
rapeutiques, une fraction plus faible sera artériel.
oxydée sous forme d’une N-acétyl-p benzo- Les anti-inflammatoires acides (p. 204 et
quinonimine qui sera éliminée après conju- suivantes) dérivent de l'AAS.
gaison au glutathion. En cas de prise de Le plus puissant des analgésiques anti-
doses élevées (environ 10 g), le niveau de pyrétiques est le métamizole. Il permet d’at-
glutathion dans le foie ne suffit plus à assurer ténuer également les douleurs viscérales.
l'élimination et la quinonimine réagit avec Son mécanisme d'action est inconnu. Il est
certains composants des cellules hépati- absorbé de façon suffisante après adminis-
ques. Les cellules meurent : nécrose hépati- tration orale ou rectale et peut, étant soluble
que. Cependant, si dans les 6-8 h suivant l’ab- dans l’eau, être injecté. Son métabolite actif,
sorption d’une dose élevée de paracétamol, la 4-aminophénazone, a une demi-vie plasma-
on injecte par voie i.v. la N-acétylcystéine, un tique (t,,) d'environ 5 heures. La prise de
donneur de groupements SH, il est possible métamizole est associée à un risque raris-
d'éviter les lésions hépatiques. Un usage ré- sime mais dangereux d’agranulocytose. Chez
gulier pendant des années peut provoquer des personnes sensibilisées, on peut en par-
une altération des fonctions rénales (néphri- ticulier déclencher un choc circulatoire
tes interstitielles). après administration intraveineuse. Le méta-
L’acide acétylsalicylique (AAS) possède à mizole doit être utilisé seulement dans les
côté de son effet analgésique et antipyréti- états douloureux qui ne peuvent pas être
que une action antiphlogistique. Les effets traités par d’autres substances. Vraisembla-
peuvent être attribués à une inhibition de la blement, les propriétés pharmocologiques et
cyclooxygénase (p.200). L'AAS peut être toxicologiques de la propyphénazone sont
utilisé per os en comprimé, ou en solution en identiques à celles du métamizole.
utilisant un comprimé effervescent ou en-
core injecté sous forme de lysinate (dose
analgésique ou antipyrétique 0,5-1 g). L'AAS
est rapidement hydrolysé d’abord dans l’in-
testin et plus tard dans le sang en donnant
l'acide salicylique. L'effet de l’AAS dure plus
longtemps que ne persiste la molécule dans
le plasma (t,, d'environ 20 minutes), car la
Analgésiques antipyrétiques 203

- À. Analgésiques antipyrétiques

fD
| | SC

AUS mn: SN S
ue

A ae The à bonne activité


| inflammatoire , ;
men PMU en, Moins actif

| |paracétamol acide acétylsalicylique métamizole


ls

OH

|
| O
74
HN—C

chronique

broncho-
constriction
et de l'intestin
A hi: risque de saignement ñ
lésion lésion dû à des altérations agranulo-
hépatique rénale de la coagulation du sang _cytose
204 Analgésiques antipyrétiques

Anti-inflammatoires non stéroïdiens d’ulcère de l'estomac, est essentiellement dû


(à côté du caractère acide direct) à une dimi-
À doses relativement élevées (4 g/jour), nution de la synthèse des prostaglandines
l'acide acétylsalicylique (AAS, p.202) peut (PG) qui protègent la muqueuse. Ces altéra-
exercer une action anti-inflammatoire dans tions peuvent être empêchées en utilisant un
les maladies rhumatismales comme par exem- analogue des PG, le misoprostol (p. 172). Les
ple la polyarthrite rhumatoïde. Dans cette PG jouent un rôle dans le contrôle de la circu-
gamme de concentration peuvent cependant lation rénale comme antagonistes fonction-
se manifester des signes de surdosage tou- nels de l’angiotensine Il et de la noradrénaline.
chant le SNC (bourdonnements d’oreille, ver- Si la libération de ces facteurs est augmentée
tiges, étourdissements, etc.). L’élimination de (par ex. en cas d’hypovolémie), une inhibition
l'acide salicylique, le métabolite formé très de la synthèse de PG peut entraîner une dimi-
rapidement à partir de l’AAS, présente comme nution de la perfusion rénale et une altération
particularité d’être dépendante de la dose. des fonctions rénales. Parmi les autres effets
Sauf dans le cas d’une urine alcaline, l'acide secondaires on observe la formation d'œdè-
salicylique est aisément réabsorbé par le rein. mes et une élévation de la pression artérielle.
Une conjugaison hépatique préalable, princi- Chez des patients sensibilisés, peuvent se
palement avec la glycine (acide salicylurique) produire des crises d'asthme, probablement
ou l'acide glucuronique, est une condition par suite d’une diminution des prostaglandi-
nécessaire à une élimination rapide. C’est lors nes bronchodilatatrices et d'une production
de l'administration d’une dose importante accrue de leucotriènes. Comme il ne s’agit pas
que l’on remarque la capacité limitée des d'une réaction d’origine immunologique, des
réactions de conjugaison : l'augmentation de réactions «pseudo-allergiques » de ce type
l'élimination dépend maintenant de l’excré- peuvent survenir avec toutes les molécules de
tion rénale de l'acide salicylique non méta- ce groupe.
bolisé, qui s'effectue assez lentement. La Les inhibiteurs sélectifs de Cox 2 ont été
recherche de médicaments mieux tolérés a développés pour obtenir des AINS mieux
conduit au groupe des anti-inflammatoires supportés. En effet, lors d’une réaction
non stéroïdiens (AINS). On en distingue deux inflammatoire, la Cox 2 inductible joue un
groupes : les substances présentant un carac- rôle important tandis que la Cox 1 qui est par
tère acide (anti-inflammatoires acides) sont exemple nécessaire à la protection de la
des inhibiteurs non sélectifs des cyclooxygé- muqueuse gastrique, ne devrait pas être inhi-
nases. Il s’agit soit d'acides carboxyliques (par bée. En fait, il semble que la fréquence des
ex. diclofenac, ibuprofène, naproxène, indo- troubles gastriques associés à un traitement
métacine) ou d'acides énol (par ex. azapropa- par les inhibiteurs de Cox 2 soit moindre que
zone, phénylbutazone). Comme l’AAS, ces celle observée avec des inhibiteurs non
substances ont une action anti-inflammatoire, sélectifs de Cox. Cependant, en cas d’ulcère
analgésique et antipyrétique. Elles inhibent les déclaré, l’inhibition de la Cox 2 peut ralentir
cyclooxygénases mais de façon réversible, la cicatrisation. Les effets secondaires
contrairement à l’AAS. Ces substances ne rénaux avec en particulier des rétentions de
conviennent donc pas comme inhibiteurs de fluides ne sont pas à exclure car la Cox 2 joue
l'agrégation plaquettaire (p. 154). Les inhibi- également un rôle important dans la fonction
teurs de Cox 2, célécoxib et rofécoxib, repré- rénale. L'absence d'effet des inhibiteurs
sentent un nouveau groupe de substances. sélectifs de Cox 2 sur l'agrégation plaquet-
Leur structure est telle qu'ils s'associent avec taire et la réduction de la synthèse de pros-
une sélectivité plus importante à l’isoenzyme tacycline, dépendante de la Cox 2, par les
Cox 2. Ces substances ne sont pas des acides. cellules endothéliales, peuvent favoriser une
Compte tenu de leur sélectivité pour la Cox 2, tendance aux complications thrombo-embo-
on espère qu'ils seront mieux tolérés que les liques. Il va falloir encore une certaine
inhibiteurs non sélectifs de Cox. période de suivi des pratiques thérapeuti-
Les inhibiteurs non sélectifs de Cox présen- ques avant de pouvoir définir clairement
tent des effets secondaires propres au groupe dans quelles conditions les inhibiteurs sélec-
(B). L'effet secondaire le plus fréquent, une tifs de Cox 2 présentent un avantage par rap-
lésion de la muqueuse gastrique avec risque port aux inhibiteurs non sélectifs de Cox.
Analgésiques antipyrétiques 205
— À. Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

inhibiteurs non sélectifs

0,050-0,15q

EE

S; À acétyl- 6eos
ie à ns

rss

i
salicylique \

:
diclofénac
hs Ax OZ a CH3

PR po
H3C—CH— CH)

ibuprofène

O rofécoxib naproxène

0,6-2,4g

7 0,5-1,0g dose
= journalière

de | rer À

néphropathies asthme induit


induites par les AINS par les AINS
excrétion
d’eau et de sels Ÿ
formation chute des prosta-
d’un œdème glandines broncho-
pression artérielle À dilatatrices

augmentation
Aa des leucotriènes
duite par les AINS bronchoconstric-
teurs et pro-
perse d'un ulcère
inflammatoires
isque de perforation
et de saignement
206 Analgésiques antipyrétiques

Régulation thermique du corps suffisante, on aboutit à une «surchauffe »


et antipyrétiques (hyperthermie).
Le système de régulation de la tempéra-
La température du corps est d’environ ture est en particulier stimulé par une hyper-
37 °C chez l’homme et varie à peu près de activité thyroïdienne. En effet l’hypersécré-
1 °C au cours de la journée. Au repos, envi- tion d’hormone thyroïdienne (élévation du
ron 25 % de la production de chaleur totale métabolisme basal) aboutit à une production
sont fournis par l’activité métabolique du de chaleur accrue qui doit être éliminée pour
foie, 20 % par celle du cerveau, 8% par garder la température du corps à sa valeur
celle du cœur et 7 % par celle des reins. La physiologique ; les patients ont une peau
production de chaleur augmente fortement chaude et transpirent.
lors d’un effort. La contribution absolue de Le centre thermorégulateur de l'hypotha-
ces organes à la production de chaleur lamus peut être déconnecté par des neuro-
varie peu lors d’une période d'activité de leptiques (p.240) (B1) sans que d’autres
l'organisme, si bien que le travail muscu- centres soient déjà touchés. De cette façon,
laire, qui au repos produit environ 25 % de il est possible de refroidir le corps d’un ma-
la chaleur du corps, peut fournir jusqu’à lade sans qu’une réaction se déclenche (fris-
90 % de cette chaleur lors d’une activité sons). Ceci peut être utilisé par exemple en
physique intense. Les vaisseaux sanguins cas de fièvre intense ou d’une opération du
qui irriguent la peau traversent la couche cœur utilisant une circulation extracorpo-
isolante formée par le tissu adipeux et relle, où la température du sang peut être di-
permettent, en fonction du diamètre des minuée jusqu’à 10 C.
vaisseaux et de l'irrigation, de fournir à À doses élevées, l'alcool et les barbituri-
l’environnement une quantité de chaleur ques inhibent aussi le centre régulateur (B1)
très variable. L'irrigation de la peau peut et produisent ainsi un refroidissement du
représenter, selon les besoins, à peine plus corps, qui pour des températures extérieu-
de zéro à 30 % du débit cardiaque. Le trans- res plus basses peut conduire à une hypo-
port de chaleur par le sang, du site de thermie mortelle (mort de froid des ivrognes).
production à l'intérieur du corps vers la Les pyrogènes (par ex. des lipopolysac-
surface du corps, est ainsi une voie com- charides bactériens) déplacent vers le haut,
mode d'élimination de la chaleur. vraisemblablement par l'intermédiaire des
À côté de la perte de chaleur par conduc- prostaglandines (p.200) la valeur du ther-
tion et rayonnement, il est également possi- mostat dans le centre régulateur (B2). L'or-
ble d'éliminer de la chaleur par une produc- ganisme diminue la perte de chaleur par une
tion accrue de sueur. En effet, la sueur vasoconstriction des vaisseaux cutanés
s'évapore et cette évaporation consomme de (sensation de froid) et augmente la produc-
la chaleur (chaleur de vaporisation). La ré- tion de chaleur (frissons, tremblements) de
gulation du flux sanguin cutané et de la pro- façon à adapter la température effective de
duction de sueur par le système nerveux l'organisme à la valeur de référence plus éle-
végétatif permet d'ajuster la valeur effective vée (fièvre). Les antipyrétiques comme le
de la température du corps à la valeur de paracétamol, l'acide acétylsalicylique et le
référence fournie par le centre thermorégu- métamizole (p. 200) rétablissent la valeur du
lateur (A). Le système sympathique peut, thermostat (B2) et entraînent ainsi une chute
soit réduire la perte de chaleur par une va- de la fièvre.
soconstriction, soit, inversement, l’augmen-
ter par une sécrétion accrue de sueur. Le
tremblement des muscles est un moyen de
l'organisme pour augmenter la production
de chaleur.
Si la production de sueur est inhibée par
un empoisonnement par les parasympatho-
lytiques (ex. atropine), le flux sanguin
cutané est augmenté. Si on ne peut parvenir
par cette voie à une élimination de chaleur
Analgésiques antipyrétiques 207
— À. Régulation thermique

de | centre , système sympathique


__ thermorégulateur récepteurs récepteurs
_ (valeur de référence a-adrénergiques cholinergiques
hyperactivité
thyroïdienne
| |
irrigation production
production de la peau de sueur
de chaleur

« ns respiration
è=
SA) : Eee
5
E| El}
re) œ ÈS
(2

TD Ë S
S S | [5 /, | parasympa-
©5 E |} tholytiques
:
à. atropine
FE ) ë (atropine)
production S élimination re
de la chaleur de la chaleur inhibition
de la sécrétion
de sueur
activité
métabolique hyperthermie
A
PPNON |

température corporelle
(valeur réelle)

vas alcool
= }barbiturique
mode préférenti el centre
de mise Ur | thermo- «— entre autres
hors service |
ER
régulateur paralysie

refroidissement mination de chaleur élévation de la valeur


contrôlé non contrôlée de référence
|
hypothermie refroidissement
mort de froid

E
élévation
de la température

NA $e fièvre
os il1 DS
208 Anesthésiques locaux

Anesthésiques locaux précautions nécessaires pour éviter une


distribution dans l’organisme (p.210). En
Les anesthésiques locaux inhibent de façon effet, un passage rapide dans le sang peut
réversible la formation et la transmission des provoquer des réactions secondaires sys-
stimuli électriques dans les nerfs. On recher- témiques indésirables :
che ce type d’action au niveau d’un nerf Par un blocage des neurones inhibiteurs
sensitif lorsqu'il s’agit de pratiquer une inter- dans le système nerveux central: crampes,
vention douloureuse, par exemple une opé- agitation (moyen de lutte contre les cram-
ration chirurgicale ou une extraction pes : injection de benzodiazépine, p. 230) ; à
dentaire. concentration plus élevée paralysie générale
et blocage du centre respiratoire.
Mécanisme d'action. La transmission de Par une inhibition de la transmission de l'ex-
l'information dans les nerfs se produit sous citation dans le cœur :anomalie de la conduc-
la forme d’un potentiel d'action, un change- tion AV, arrêt cardiaque (moyen d’interven-|
ment très rapide du potentiel de membrane, tion : injection d’adrénaline). L'inhibition, par
durant moins de 1 ms. La dépolarisation a les anesthésiques locaux, des phénomènes
pour origine un influx rapide d'ions Na vers d’excitation cardiaque peut être utilisée sur.
l'intérieur de l’axone (A). Cet influx se pro- un plan thérapeutique en cas d’arythmie
duit à travers un canal protéique inclus dans (p. 136).
la membrane qui à l’état ouvert (activé),
laisse pénétrer rapidement de l'extérieur Types d’anesthésie locale. L'utilisation
vers l’intérieur des ions sodium en suivant le d’une anesthésie locale peut s'effectuer par
gradient chimique ([Na'].. environ 150 mM, infiltration dans le tissu à anesthésier (infil-
[Na'],, environ 7 mM). Cet influx rapide de tration), ou par injection dans le faisceau
Na peut être inhibé par les anesthésiques nerveux qui rassemble les fibres sensitives
locaux ; la transmission de l'excitation est provenant de la région à endormir (anesthé-
bloquée (A). sie de conduction pour les nerfs, anesthé-
Les principaux anesthésiques locaux exis- sie spinale pour la moelle épinière), par
tent en partie sous forme cationique amphi- application de la substance sur la peau et
phile (voir aussi p. 212). Cette propriété phy- les muqueuses (anesthésie de contact).
sicochimique facilite l’accumulation aux Dans chaque cas, l’anesthésique local doit
interfaces, domaines frontières entre milieu diffuser jusqu'aux nerfs à anesthésier à par-
polaire et apolaire. Ces molécules se trou- tir d’un dépôt placé sur la peau ou injecté
vent dans les membranes phospholipidiques dans le tissu.
et à l'intérieur des canaux protéiques. Ceci
signifie que, dans certains cas, le blocage Sensibilité élevée des nerfs sensitifs, sensi-
d’un canal sodique résulte de l'accumulation bilité plus faible des nerfs moteurs. La sti-
de l’anesthésique local dans le canal protéi- mulation des nerfs sensitifs est déjà inhibée
que. Il est ceftain que le site d’action peut à des concentrations plus faibles que celles
également être atteint à partir du cytosol et nécessaires pour bloquer les nerfs moteurs.
que le produit doit alors traverser d’abord la Ceci peut provenir d’une plus grande fré-
membrane cellulaire (p. 210). quence des impulsions et d’une plus grände
Des substances non chargées peuvent durée du potentiel d'action dans le cas des
également exercer une action anesthésique nerfs sensitifs. Ou bien c'est en rapport avec
locale ; dans ce cas, le site de liaison doit être le diamètre respectif des nerfs sensitifs et
recherché dans le domaine apolaire du canal des nerfs moteurs ou de l'intervalle entre les
ou dans la membrane lipidique qui l'entoure. nœuds de Ranvier. Dans le cas d’une
conduction saltatoire de l'influx, la: mem-
Effets secondaires liés au mode d'action. brane sera dépolarisée seulement au niveau
Comme l'influx de sodium est bloqué par des nœuds. Comme l'induction de la dépo-
les anesthésiques locaux, non seulement larisation peut encore se produire malgré le
dans les nerfs sensitifs mais dans tous les blocage de trois ou quatre nœuds, la zone
tissus excitables, leur administration doit dans laquelle doit être présente une concen-
être effectuée localement et en prenant les tration d’anesthésique local suffisante pour
Anesthésiques locaux 209

A. Action des anesthésiques locaux


tee local propagation
Na*
= d’une excitation
influx de Na*+ canal sodique
A Cepes activé

bloqué

blocage agitation,
de la conduction crampes, Na
des stimuli paralysie canal sodique
respiratoire bloqué

\ Î Î | $

polaire anesthésique anesthésique


propagation local local
application de l'excitati cationique non chargé
locale arrêt cardiaque apolaire amphiphile

B. Inhibition de la conduction de l’influx dans différents types


de fibres nerveuses
anesthésique local

fibre sensitive AÔ

1 D a TN Ta
ES =: = Æ= = [ETS

C sensitive
et post-ganglionnaire
210 Anesthésiques locaux

inhiber cette conduction, est plus impor- d'action, il faut qu'il existe un gradient de
tante (p. 209 B). concentration suffisamment élevé entre le
Cette relation explique pourquoi les sti- dépôt injecté dans le tissu conjonctif et l’es-
muli sensitifs qui passent par les fibres myé- pace endoneuronal. L’'injection de solutions
linisées de type Aù réagissent à l’administra- en concentration trop faible reste sans effet :
tion d’anesthésiques locaux plus tard et avec par contre il faut éviter des concentrations
moins de sensibilité que les stimuli qui trop élevées à cause du risque d’un passage
empruntent les fibres C non myélinisées. rapide dans le sang et donc du risque associé
Comme les fibres végétatives post-ganglion- d'un empoisonnement systémique.
naires ne comportent pas de couche de myé- Pour obtenir une action locale d’une durée
line, elles seront également bloquées par les suffisante avec des effets systémiques faibles,
anesthésiques locaux. La conséquence de ce on cherchera à maintenir l'anesthésique au
phénomène est une dilatation des vaisseaux site d'action et en particulier dans l’axone des
dans la zone anesthésiée, qui découle d’une nerfs sensitifs. Ceci peut être réalisé en l’uti-
diminution du tonus vasculaire maintenu par lisant associé à un agent vasoconstricteur
le système sympathique. Ce phénomène (l'adrénaline, plus rarement la noradrénaline
nest pas souhaitable (voir ci-dessous). ou un dérivé de la vasopressine). La diffusion
en dehors de l’espace endoneuronal est dimi-
Diffusion et action. Au cours de la diffusion nuée par la réduction du flux sanguin, car le
à partir du site d'injection et de l’espace gradient de concentration gouvernant la diffu-
interstitiel du tissu conjonctif, vers l’axone sion entre l’espace endoneuronal et le capil-
du nerf sensitif, l'anesthésique local doit tra- laire sanguin devient nettement plus faible,
verser le périneurium. Ce périneurium est lorsque le flux de sang ne contenant pas la
composé de plusieurs couches de cellules molécule se réduit. L'addition d’un vasocons-
épithéliales qui sont reliées les unes aux tricteur permet aussi une élimination relative
autres par des zonulae occludentes (p. 22), et du sang dans la zone d'opération. L'inconvé-
qui forment ainsi une barrière hydrophobe nient des vasoconstricteurs de type catécho-
fermée. lamine est l'apparition d’une hyperémie réac-
Les anesthésiques locaux usuels sont des tionnelle dans la zone opératoire après
amines tertiaires, qui dans la gamme de pH disparition de l'effet constricteur (p. 90) ainsi
des liquides de l'organisme sont en partie que l'effet cardiostimulant, lorsque l’adréna-
sous forme de base liphophile (particules line passe dans le sang. On peut aussi utiliser
avec deux points rouges) et en partie sous comme adjuvant vasoconstricteur un dérivé
forme cationique amphiphile (p.212) char- de la vasopressine, la félypressine (l’hyperé-
gée positivement (particules avec un point mie réactionnelle est plus faible, il n’y a pas
rouge et un point bleu). La forme non char- d'effet arythmogène mais un risque de rétré-
gée peut traverser le périneurium et parvenir cissement des artères coronaires). Les vaso-
dans l'espace endoneuronal où une fraction constricteurs ne doivent pas être utilisés lors
de la molécule peut, selon le pH qui règne d'une anesthésie locale au niveau des extré-
dans cet espace, se charger à nouveau. Le mités (doigts, orteils).
même phénomène se reproduit pour le pas-
sage des anesthésiques locaux à travers la
membrane de l’axone (axolemme) jusque
dans l’axoplasme (effet sur le canal sodique
de l'intérieur de l’axoplasme), et pour la
diffusion de l’espace endoneural à travers
l'endothélium non fenestré du capillaire
jusqu'au sang.
La concentration de l’anesthésique local
au site d'action dépendra donc de la vitesse
de passage dans l’espace endoneural, et de
la vitesse de diffusion vers les capillaires
sanguins. Pour qu’une substance puisse
arriver avec une vitesse suffisante au site
Anesthésiques locaux 211
r A. Rétention des anesthésiques locaux au niveau des nerfs périphériques

coupe transversale à travers un nerf péri- espace paroi


périphérique vue au microscope optique neurium endoneural capillaire

DR 4 de
f
4
{

CD) Es) ©
(CD) (AD)
ee 122777727027 OO
« ETS LR

D| co|ce> |@]
e>
©
axolemme
stitium
axoplasme

vasoconstriction,
a parieX AVCCT AG ALNE EE EERE RE

We» lipophile 2XOlemme


1 amphiphile axoplasme
|
|
212 Anesthésiques locaux

Caractéristiques de la structure chimique. qu'à peine possible à cause de la substi-


Les anesthésiques locaux présentent une tution sur l’atome de carbone proche de
structure unitaire commune : ils sont consti- l'azote. L’articaïne comporte sur le cycle
tués en général d’une amine secondaire ou thiophène un groupement carboxyméthyl
tertiaire, l'azote est associé à une chaîne qui peut subir une hydrolyse, donnant nais-
latérale lipophile, le plus souvent un noyau sance à un groupement polaire -COOT. De ce
aromatique. fait, la nature amphiphile est perdue et le mé-
L’anesthésique local, selon sa constante tabolite formé est inactif.
de dissociation (valeur de pK,) et selon la va- La benzocaïne (forme éther) est un mem-
leur du pH du milieu, sera soit sous forme bre de la famille des anesthésiques locaux
d’une amine non chargée, soit sous forme qui ne possède pas d'azote protoné dans la
d’un cation ammonium chargé. La valeur du gamme des pH physiologiques. Elle sera es-
pK, d’un anesthésique loeal classique varie sentiellement utilisée comme anesthésique
entre 7,5 et 9. La valeur du pK, indique la va- de contact.
leur du pH pour laquelle 50 % des fonctions De même seront utilisés comme anesthé-
amines ont capturé un proton. Sous forme siques de contact le polidocanol non chargé
protonée, la molécule possède aussi bien ainsi que la tétracaine, cation amphiphile ou
une extrémité polaire, hydrophile (azote pro- la lidocaïne (par ex. en pommade à 5 %).
toné) qu’une extrémité apolaire lipophile (le
cycle) : elle est amphiphile.
Dans les conditions de pH physiologique et
selon la valeur du pK, de 5 à 50 % environ de la
molécule se trouvent sous forme lipophile non
chargée. Cette propriété est importante, car
l’anesthésique local traverse les barrières lipi-
diques seulement sous cette forme (p. 26), tan-
dis qu'il doit prendre la forme cationique am-
phiphile pour exprimer son activité (p. 208).
Les anesthésiques locaux les plus utilisés
sont soit des esters soit des amides. Cette
caractéristique n’est pas indispensable à
l'activité. Des molécules possédant des chaï-
nes latérales constituées de groupements
méthyls comme par exemple la chlorpro-
mazine (p. 240) ou l’imipramine (p. 234) agi-
ront aussi comme des anesthésiques locaux
dans les modes d’application correspon-
dants. Les anesthésiques locaux possédant
une liaison ester dans la chaîne latérale se-
ront inactivés par hydrolyse dès leur arrivée
dans le tissu. Ceci est un avantage car le
risque d’une intoxication systémique par les
esters est plus faible, mais c’est également
un inconvénient car cette inactivation rapide
signifie une durée d’action brève.
La procaine ne peut pas être utilisée
comme anesthésique de surface car la rapi-
dité de son inactivation est supérieure à la pé-
nétration à travers la peau ou les muqueuses.
La lidocaïne est dégradée par désalkylation
oxydative sur l'azote, en premier lieu dans le
foie.
Dans le cas de la prilocaine et de l’arti-
caïne, cette étape de biotransformation n’est
Anesthésiques locaux 213
A. Anesthésiques locaux et valeur du pH

ne HG Ÿ IC RCE
5 40H
-GHs (e Ÿ+
N- 25 8307
€ LN
Ta er Ho CH
ë cs À Hs

procaïne lidocaïne prilocaïne

L |
CH; HN
ART C7 “CH>—CH;
cH; °c ô

articaine mépivacaïne benzocaïne

<— [H:] concentration en protons

100 0
80 20

60 40

40 ; 60

20 80

0 L me 100
6 7 8 9, 10
valeur du ph —+

forme active forme


cationique de transport
| amphiphile lipophile

FRE
TES + ie
F
DR ENTH pere =>
R—NI
be R"' R"
L &

possibilité de passage
LL PAT. à travers les barrières
; “faible lipophiles Bonne
ARE et la membrane cellulaire
214 Opioides

Analgésiques morphiniques : épinière (inhibition de la conduction doulou-


opioïdes reuse) et du cerveau (atténuation de la propa-
gation des influx, inhibition de la perception
Origine des opioïdes. La morphine est un de la douleur). L’attention et la capacité de
alcaloïde de l’opium (p. 4). L'opium contient, concentration sont diminuées.
à côté de la morphine, d’autres alcaloïdes qui La direction vers laquelle évolue l’état
ne sont pas analgésiques, tels que la papavé- d'esprit du patient dépend du résultat
rine par exemple, une substance spasmoly- final. À côté du soulagement associé à la
tique. Tous les dérivés semi-synthétiques disparition d’une forte douleur survient,
(ex. hydromorphone) ou complètement en particulier dans le cas d’une injection
synthétiques (ex. pentacozine, péthydine, intraveineuse, et également lors de l’arri-
méthadone, fentanyl) qui possèdent les pro- vée rapide de la molécule, une sensation
priétés analgésiques de la morphine, seront de bien-être et de légèreté (euphorie). Le
baptisés opioïdes. L'effet analgésique des désir d'atteindre de nouveau cet état en
opioïdes exogènes est lié à leur affinité pour répétant l’administration d’opioïde, peut
des récepteurs destinés à fixer les opioïdes devenir trop fort : développement d'une dé-
endogènes, propres à l'organisme, (enképha- pendance. Au moment où l’on désire termi-
line, B-endorphine, dynorphine) (A). Les ner une administration régulière apparais-
récepteurs des opioïdes sont présents à la sent des symptômes de sevrage physique
surface des cellules nerveuses. Ils sont pré- (entre autres troubles circulatoires) ou
sents dans différentes zones du cerveau et psychique (agitation, angoisse, dépres-
dans la moelle épinière, mais aussi dans les sion). Les opioïdes remplissent donc les
plexus nerveux du tractus gastro-intestinal et critères d’un produit générant une toxico-
de la vessie, dont ils contrôlent la motilité. manie : dépendance psychique et physi-
Il existe plusieurs types de récepteurs des que ainsi que besoin d'augmenter la dose.
opioïdes (1, k et à) par l'intermédiaire des- La prescription de la plupart des opioïdes
quels sont médiés des effets différents. Tous obéit à des règlements particuliers (ta-
appartiennent aux récepteurs couplés à une bleau des stupéfiants). L’ordonnance pré-
protéine G (p. 66). cise, entre autres, les doses maximales
Opioïdes endogènes. Ce sont des pepti- (dose individuelle, quantité maximale
des dérivés de précurseurs, proenképhaline, journalière, quantité maximale prescrite).
proopiomélanocortine et prodynorphine par Les ordonnances sont rédigées sur des car-
protéolyse. Ils contiennent tous la séquence nets à souche qui doivent être remplis
en acides aminés des pentapeptides Met- et selon des règles imposées. Des analgé-
Leu-enképhaline (A). Les effets des opioïdes siques opioïdes moins actifs comme la co-
peuvent être complètement bloqués par des déine et le tramadol peuvent être prescrits
antagonistes (A) (ex. la naloxone ; exception, de façon normale car le risque de dépen-
la buprénorphine). dance est faible.
L'activité et la capacité des opioïdes à sus-
Mode d’action des opioïdes. La majeure par- citer une dépendance peuvent varier en fonc-
tie des cellules nerveuses réagit aux opioïdes tion des différences d'’affinité et d'activité in-
par une hyperpolarisation (augmentation de trinsèque vis-à-vis de chaque sous-type de
la perméabilité au potassium). L'influx de récepteurs. Une substance peut ne pas agir de
calcium qui se produit dans la cellule ner- façon identique comme agoniste ou antago-
veuse au cours d’une excitation est diminué, niste sur les différents sous-types, mais peut
réduisant de ce fait la libération de neuro- se comporter comme un agoniste sur un SOUS-
transmetteurs excitateurs et la transmission type donné et comme un agoniste partiel / an-
synaptique (A). Cette inhibition peut se mani- tagoniste sur un autre où encore comme un
fester, selon les territoires nerveux, aussi bien pur antagoniste (p. 218). Le risque de dépen-
sur des effets stimulants que sur des effets dance dépend en particulier des propriétés
inhibiteurs (B). cinétiques ; ce n’est qu’en cas d'administration
rapide et massive que sera déclenchée une
Effet des opioïdes (B). L'effet analgésique est griserie. Le danger d’une paralysie des centres
basé sur des effets au niveau de la moelle respiratoires en cas de surdosage existe pour
Opioides 215

— À. Effet des opioïdes endogènes et exogènes au niveau des récepteurs opiacés ——

proopiomélanocortine proenképhaline

B-endorphine

7——— récepteurs des opioïdes

B. Actions des opioïdes


médiés par les récepteurs
opiacés

centre du vague
chémorécepteurs
de l’area postrema
centre oculomoteur”
(noyau végétatif)
attention, humeur

système antinociceptif

| analgésie _— centre respiratoire


— = centre de la toux
muscles lisses
de l'estomac
et de l'intestin
— constipation
spastique
antidiarrhéique

voies urinaires
—ppossibilité
de douleurs à la miction
216 Opioïdes

tous les analgésiques opioïdes puissants. En cas d'utilisation en toxicomanie, la subs-


L'importance d’une possible inhibition du tance (en général l'héroïne = diacétylmor-
centre respiratoire est plus faible pour des phine) sera administrée par injection de
substances agissant sur les récepteurs des façon à permettre un influx rapide dans le
opioïdes comme des agonistes partiels / anta- cerveau. C’est probablement dans ces condi-
gonistes (pentazocine, nalbuphine). tions que l'effet psychique recherché est
Le blocage de la toux par le biais de l’inhi- obtenu de façon particulièrement intense.
bition du centre de la toux, peut être obtenu D’autres modes d'application pourront être
de façon indépendante des effets analgési- choisis en cas de toxicomanie : l’opium sera
ques ou de l’action sur le centre respiratoire fumé, et l'héroïne pourra être reniflée (B).
(antitussifs : codéine, noscapine). Métabolisme (©). La morphine, comme les
Les vomissements observés lors de la pre- autres opioïdes qui comportent un groupe-
mière administration des opioïdes sont la ment hydroxyle, sera éliminée par voie rénale,
suite d’une stimulation des chémorécep- couplée à l'acide glucuronique. La glucuroni-
teurs de l’area postrema (p.340). L'effet dation sur la fonction hydroxyle en position 6
émétique disparaît au cours d’un usage régu- n’altère pas l’affinité pour les récepteurs,
lier, parce que s'établit alors un blocage di- contrairement à l’hydroxylation en position 3.
rect du centre du vomissement.
Les opiacés provoquent par une stimula- Développement d’une tolérance. L’admini-
tion de la partie parasympathique des noyaux stration répétée d’opioïdes peut déclencher
oculomoteurs (noyau de Edinger-Westphal) un phénomène d’habituation affectant les
une dilatation des pupilles (myosis). effets centraux : au cours d’un traitement il
Les effets périphériques touchent la moti- sera nécessaire d'utiliser des doses croissan-
lité et le tonus des muscles lisses du tractus tes pour atteindre une atténuation de la dou-
digestif, les mouvements pendulaires de l'in- leur identique. Les effets périphériques sont
testin sont renforcés, les mouvements vers peu touchés par ces phénomènes de tolé-
l'avant sont inhibés. Le tonus du sphincter rance si bien qu'une constipation peut éven-
anal est fortement augmenté (constipation tuellement, au cours d’un traitement à long
spastique). L'effet anti-diarrhéique est utilisé terme, faire arrêter un traitement utile
sur le plan thérapeutique: lopéramide contre la douleur. Il faudra souvent prescrire
(p. 182). La vidange de l'estomac est ralentie en même temps des laxatifs.
(spasme du pylore), et l'écoulement de la
bile et du suc pancréatique est bloqué, car Antagonistes ou agonistes partiels de la
le sphincter d’Oddi est également contracté. morphine. L'effet des opioïdes peut être
Le fonctionnement de la vessie est égale- inhibé par des antagonistes, naloxone ou nal-
ment affecté, en particulier la vidange de la trexone, indépendamment du type de récep-
vessie est bloquée par suite de l’augmenta- teur mis en jeu (A). Administrés seuls, ils
tion du tonus des muscles du sphincter. n'ont aucun effet chez des individus nor-
maux, mais leur administration peut déclen-
Pharmacocinétique des opioïdes. Les opioi- cher les symptômes du manque chez des
des endogènes (par ex. Met-enképhaline, gens dépendants de l’opium. Compte tenu de
Leu-enképhaline, B-endorphine) ne peuvent son élimination présystémique rapide, la
pas être utilisés sur le plan thérapeutique naloxone ne peut être utilisée que par voie
car, de par leur nature peptidique, ils sont parentérale. La naltrexone est métabolique-
dégradés trop rapidement et ne traversent ment plus stable et sera utilisée par prise
pas la barrière hémato-encéphalique, de orale. La naloxone est un bon antidote dans
sorte qu'ils ne peuvent pas parvenir à leur le cas d'une dépression respiratoire induite
site d'action après administration parenté- par les opioïdes. Il faut noter qu’elle est éli-
rale (A). La morphine peut être administrée minée plus rapidement que la plupart des
per os, par voie parentérale ou par voie péri- opioïdes et qu'il faudra donc l'utiliser le cas,
durale sur la moelle épinière. Le fentanyl a échéant de façon répétée. La naltrexone peut
une activité telle et des propriétés de péné- être employée pour l'entretien d’un traite-
tration si bonnes qu'il peut être administré ment de désintoxication.
sous forme d’emplâtre placé sur la peau (A).
Opioïdes 217

A. Biodisponibilité des opioïdes selon les modes d'application

Met-enképhaline morphine fentanyl

ul ne Sr

C. Métabolisme de la morphine

muqueuse
nasale
‘ex. prise
id'héroïne

injection
intraveineuse

muqueuse
bronchique
ex. fumée
d'opium
l
218 Opioïdes

La buprénorphine se comporte comme un ment lorsque le patient est en proie à des dou-
agoniste partiel/antagoniste sur les récepteurs 11. leurs violentes.
La pentazocine est un antagoniste des récep- La morphine, comme une partie des autres
teurs Li et un agoniste k (A). Avec ces produits il opioïdes (hydromorphone, péthidine, pentazo-
n’est pas possible d'atteindre le même effet anal- cine, codéine) est éliminée rapidement et sa du-
gésique maximum qu'avec la morphine ou le fen- rée d'action est environ de 4h. Pour maintenir
tanyl (B). Une intoxication par la buprénorphine une action analgésique constante, ces substan-
ne peut être bloquée par la naloxone, car cette ces doivent être administrées toutes les 4h. La
molécule se dissocie trop lentement des récep- prise fréquente, y compris pendant la nuit, repré-
teurs opiacés. sente une contrainte dans les maladies chroni-
Le tramadol est un opioïde d'activité modérée ques. En augmentant les doses individuelles on
présentant un risque de dépendance faible à nul. peut arriver à diminuer la fréquence des prises
Le dosage (par voie orale ou parentérale) repré- mais cette pratique est associée avec un dépas-
sente environ 10 fois celui de la morphine, c’est- sement de la concentration thérapeutique néces-
à-dire de 50-100 mg (maximum 400 mg/jour). À saire dans l'organisme et un risque d'effets
cette dose on ne risque pas une inhibition du cen- toxiques indésirables. Une possibilité plus inté-
tre respiratoire. Le mécanisme de l’action analgé- ressante pour diminuer la fréquence des prises,
sique est complexe et dépasse la simple action est l’utilisation de formes retard de la morphine,
au niveau des récepteurs opiacés. Le tramadol d'un emplâtre de fentanyl ou d’opioïdes à durée
est un racémique. L'éniantomère (+) possède une d’action plus longue (L-méthadone). Les proprié-
affinité préférentielle pour les récepteurs 11 et est tés cinétiques de la L-méthadone rendent cepen-
de ce point de vue beaucoup plus actif que dant nécessaire l'ajustement des doses au cours
l'énantiomère (-). Le métabolite O-déméthylé a du traitement (risque d’accumulation) (©).
une affinité encore plus grande. Par ailleurs, les À cause de l’imprégnation relativement lente,
systèmes de transport participant à la recapture le risque de dépendance est très faible (ce risque
de noradrénaline et de sérotonine sont égale- n'existe pas chez les gens qui fument l’opium,
ment inhibés mais avec une énantiosélectivité contrairement à ceux qui se piquent à l'héroïne).
inverse (©). Ces effets font penser à ceux des an- Comme il s’agit dans la plupart des cas de cancé-
tidépresseurs tricycliques qui inhibent la recap- reux au stade terminal, l'apparition d'une tolé-
ture de ces deux neurotransmetteurs et qui peu- rance peut être surmontée par une augmentation
vent être utilisés comme co-analgésiques en cas des doses, on n’a pas à craindre l'apparition
de douleurs sévères. Le principal effet secon- d'une dépendance. Ce n’est que chez les mou-
daire observé, des vomissements, survient chez rants que l’on peut tolérer une certaine euphorie
environ 10 % des patients. associée à une baisse de la vigilance.
En cas de surdosage, son action peut être at- En Allemagne (et sans doute aussi en France),
ténuée par la naloxone. Le tramadol ne peut pas la morphine n'est ordonnée aux cancéreux
apaiser une envie de morphine chez les sujets dé- qu'avec beaucoup de retenue. Moins de la moitié
pendants. des médecins possèdent les carnets à souche
Utilisation. !l faut distinguer deux types de situa- permettant de prescrire les opioïdes. Que l’ori-
tions : 0 gine de cette réticence réside dans la crainte, non
1) Douleurs fortes et aiguës en cas de blessu- fondée, de l'apparition d'une dépendance, ou
res (accidents), d'infarctus du myocarde, etc. ou dans celle des tracasseries administratives, elle
encore pour inhiber le centre respiratoire en cas n'en demeure pas moins.
d'œdème des poumons dangereux. L’administra- Dans des conditions particulières (difficulté
tion de morphine en quantité suffisante et en in- d'une administration orale, effets secondaires
jection intraveineuse ou sous-cutanée est pour périphériques insupportables), les opioïdes peu-
ces indications le moyen de choix. Dans ces trai- vent être administrés continuellement soit au
tements de courte durée il est important de pren- moyen d’une pompe ou bien à proximité de la
dre en compte les risques de tolérance ou de dé- colonne vertébrale sous le contrôle des patients
veloppement d’une dépendance. (avantage : dosages très faibles et niveau d'action
2) Les douleurs chroniques intenses, essen- constant ; inconvénient : pose d’un cathéter).
tiellement chez les patients cancéreux. Dans 1
ces situations, il faut essayer de maintenir un ni-
veau plasmatique actif constant durant de lon-
gues périodes. L'administration doit avoir lieu
avant l'apparition des douleurs et pas seule-
Opioïdes
219
A. Opioïdes : ligands des récepteurs li et k B. Opioïdes : relations dose-effet —

ere
morphine
ES
£ £
ci]

É 4
+ <

pue E
ÿ
ER ») ©
péthidine

Prénorphi
D
bu

analgésique
effet
HO

naloxone dose unique (mg)

C. Actions énantiosélectives du tramadol


racémique du tramadol
agoniste inhibiteur
des récepteurs ji de la recapture
inhibiteur FLeQ de la nor-
de la recapture ch, adrénaline
de la sérotonine je) CH3=N
@) 7e Le
— D. Administration chronique de morphine et de méthadone
morphine morphine
libération

doses élevées
toutes
les 12 heures préparation
retard
doses faibles
toutes Marre 2

les 4 heures

SUR T7 10
méthadone
intoxication tp=55h
dose élevée

méthadone
|_dose faible

la
de
plasmatique
concentration
substance jours
220 Anesthésiques

Anesthésie et anesthésiques analgésique à action brève, d’un anesthé-


sique injecté, d’un myorelaxant à courte
L’anesthésie est une inhibition réversible des durée de vie et d’une faible dose d’un neuro-
fonctions du système nerveux, provoquée par leptique.
des moyens médicamenteux, et destinée à Dans une anesthésie régionale (anesthésie
réaliser une intervention chirurgicale dans un spinale) avec un anesthésique local (p. 208)
état inconscient, en l’absence de sensations c'est la nociception qui sera interrompue;
douloureuses, sans mouvements de recul ou dans ce procédé il ne s’agit plus d’une anes-
sans réflexes végétatifs puissants (A). thésie (pas de perte de conscience).
L'intensité de l’anesthésie va dépendre de Dans le cas des anesthésiques au sens
celle des stimuli douloureux, c’est-à-dire de strict on peut distinguer selon le mode d’ap-
l'importance de la stimulation des systèmes plication, les anesthésiques inhalés et les
nociceptifs. L'anesthésiste va donc adapter anesthésiques injectés.
l’anesthésie de façon « dynamique » au dé- Les anesthésiques inhalés sont adminis-
roulement de l'intervention. trés via l’air inspiré et sont (pour une partie
À l'origine, l’anesthésie était pratiquée plus ou moins importante) également élimi-
avec un seul produit (par exemple l’éther, nés par cette voie. Ils servent au maintien
première anesthésie ayant pour but le dérou- d'une anesthésie à un niveau satisfaisant. Ce
lement d’une intervention chirurgicale par groupe de substance sera décrit en détail
WGT Morton en 1846 à Boston). Dans une page 222.
telle monoanesthésie, la dose nécessaire Les anesthésiques injectés (p. 224) servent
pour empêcher les réflexes de retrait était souvent à l'induction de l’anesthésie. L’injec-
plus élevée que celle conduisant à la perte tion intraveineuse et l'apparition rapide de
de conscience, et à cette concentration se l'effet sont nettement plus agréables pour les
produisait également une inhibition de fonc- patients que l'inhalation d’un gaz anesthé-
tions vitales (par ex. capacité respiratoire, siant. L'effet des anesthésiques injectés ne
régulation cardiovasculaire) (B). Dans les dure en général que quelques minutes.
anesthésies modernes, les buts de l’anesthé- Sous leur action on peut entreprendre des
sie sont atteints par une combinaison de dif- opérations de courte durée, ou bien on dé-
férents produits (anesthésie combinée). Ce butera une anesthésie par inhalation (intu-
procédé diminue le risque anesthésique. On bation). On cherchera alors à réguler le débit
a donné en C à titre d'exemple, quelques de l'anesthésique inhalé pour pouvoir
substances utilisées dans une anesthésie compenser la diminution de l'effet de l’anes-
combinée, simultanément ou l’une après thésique injecté.
l’autre. Dans une anesthésie par inhalation, Au cours d'anesthésies combinées de lon-
l'ordre dépend de la propriété particulière gue durée on utilise en proportions croissan-
souhaitée (voir ci-dessous). On a déjà décrit tes des anesthésiques injectés à la place des
en détail précédemment les myorelaxants, inhalations (ex. propofol ; anesthésie intra-
les analgésiques opioïdes comme le fentanyl veineuse totale, AIVT).
et l’atropine, un parasympatholytique agis-
sant sur les fonctions végétatives.
Nous allons d’abord présenter quelques
procédés particuliers d’anesthésie, avant de
décrire finalement les anesthésiques.
La neuroleptanalgésie peut être considé-
rée comme une forme particulière d’«anes-
thésie » combinée ; on combine un analgési-
que opioïde à action brève, le fentanyl, avec
un neuroleptique fortement sédatif et à
action distanciante. Ce procédé sera utilisé
chez les patients à risques (très âgés ou avec
un trouble hépatique).
On désigne sous le terme de neurolept-
anesthésie, l'administration combinée d'un
Anesthésiques 221

er
B. Autrefois anesthésie simple ; aujourd'hui anesthésie combinée

anesthésie simple,
ex. éther

sensibilité réduite
à la douleur, analgésie

perte de conscience

relaxation musculaire

_inhibition de centres
nécessaires à la vie

tretien
222 Anesthésiques

Anesthésiques inhalés (il est nécessaire d’avoir 20 % d'oxygène en


volume). N,0 possède une bonne action
Le mécanisme d’action des anesthésiques anesthésique, qui sera utilisée en combinai-
inhalés est inconnu. Compte tenu de la mul- son avec d’autres anesthésiques. En tant que
tiplicité des structures chimiques agissant gaz, le protoxyde d’azote peut être appliqué
comme anesthésique (gaz rares xénon, sans que l’on ait à s'occuper d’autres détails,
hydrocarbures, hydrocarbures halogénés), il demeure inchangé et est expiré quantitati-
il semble exclu d'envisager une interaction vement par les poumons (B).
avec des récepteurs spécifiques. Parmi les L'halothane (point d’ébullition 50 °C),
hypothèses, on envisage une insertion du comme l’enflurane (56 °C), l'isoflurane (48 °C)
produit dans la couche interne lipophile de ou les nouveaux produits de ce groupe le
la double membrane phospholipidique des desflurane et le sévoflurane, doivent être va-
cellules nerveuses, ce qui bloquerait l’excita- porisés avec des appareils spéciaux. Une
bilité électrique et la propagation de la sti- partie de l’halothane administré (jusqu'à
mulation dans le cerveau. Cette proposition 20 %) peut donner naissance à des métabo-
permettrait d'expliquer la corrélation entre lites toxiques (lésions réversibles du foie)
l'intensité de l'effet anesthésique et la lipo- (B). Après une anesthésie à l’halothane peut
philie des anesthésiques (A). Il existe égale- survenir, de façon pratiquement imprévisi-
ment différents éléments suggérant qu’une ble mais rarissime, une lésion hépatique
interaction avec les domaines lipophiles des grave dont le risque augmente avec la fré-
protéines membranaires et en particulier quence des anesthésies et le faible intervalle
des canaux ioniques est importante pour entre deux anesthésies successives (proba-
leur activité. L'activité narcotique sera bilité estimée à 1 cas pour 35 000 anesthé-
donnée sous forme de CAM (concentration sies). Dans le cas d’une anesthésie par l’en-
alvéolaire minimale du narcotique) ; à cette flurane ou l'isoflurane (fraction métabolisée
valeur 50% des patients ne présentent équivalente à 2 % ou 0,2 %), les produits de
aucune réaction de recul face à un stimulus dégradation ne jouent pratiquement aucun
douloureux défini (coupure cutanée). Tandis rôle. L'halothane présente un effet hypoten-
que le protoxyde d’azote (N,0) faiblement seur marqué (vasodilatation et effet inotrope
lipophile doit être respiré en forte concentra- négatif). L'enflurane et l’isoflurane ont une
tion, il est nécessaire d'utiliser des concen- action plus faible sur l’activité circulatoire.
trations beaucoup plus faibles d’halothane, L'halothane sensibilise le muscle cardiaque
un composé lipophile. vis-à-vis des catécholamines. Cet effet est
La vitesse avec laquelle l’action d’un anes- beaucoup moins marqué dans le cas de l’en-
thésique inhalé s’installe et disparaît est très flurane et de l’isoflurane. Enflurane et isoflu-
variable et dépend également du caractère rane possèdent contrairement à l’halothane
lipophile de la substance. Dans le cas du N,0, une action myorelaxante qui s'ajoute à celle
l'élimination s'effectue très rapidement lors- des myorelaxants non dépolarisants.
que le patient est de nouveau ventilé avec de Le desflurane, dont la transformation dans
l'air pur : compte tenu de la pression partielle l'organisme atteint seulement 0,02 %, a une
élevée dans le sang, la force poussant au pas- structure très proche de celle de l’isoflurane,
sage dans l’air (expiré) est importante, et l’or- mais est moins lipophile. Ceci s'accompagne
ganisme peut être rapidement «purgé» du d'une induction ou d’un arrêt rapide de
N,0 à cause de la faible capture dans les tis- l’anesthésie et d’une bonne maniabilité du
sus. Au contraire, la pression partielle dans le produit. Le nouveau produit de cette famille,
sang est faible dans le cas de l’halothane et la le sévoflurane, est également d’action rapide
quantité de produit répartie dans l’organisme et aisément maniable car il n'est métabolisé
est importante, si bien que l'élimination a lieu qu'à 3 % environ.
nettement plus lentement.
Le protoxyde d'azote seul (gaz hilarant
N,0) ne permet pas d'atteindre une profon-
deur d’anesthésie suffisante pour pratiquer
une opération chirurgicale, même lorsqu'il
représente 80 % en volume de l’air inspiré
Anesthésiques 223

r A. Lipophilie, efficacité et élimination du protoxyde d'azote et de l’halothane


effet anesthésiant
faible efficacité, nécessité
d'une pression partielle élevée, chloroforme
liaison relativement faible aux tissus

protoxyde
d'azote

pression partielle de l’anesthésique


tissu sang air inspiré

liaison
pression partielle dans le tissu

e pression
artielle suffisante est plus faible,
jaison relativement élevée
aux tissus

12®

FB. Voies d'élimination de différents anesthésiques inhalés

métaboôtites métabolites

protoxyde
N-O d'azote ÿ ie < x ;
2 : ren ÉRCRGEOn —H
HsC0CHs éther Fe halothane Fe i
È isoflurane
224 Anesthésiques

Anesthésiques injectés observe souvent une perte des souvenirs de


la phase de réveil, cependant les gens se plai-
Des substances appartenant à différents grou- gnent, en particulier au réveil, d'expériences
pes chimiques peuvent susciter une perte de pénibles. Celles-ci peuvent être évitées par
conscience après administration intravei- l'administration de benzodiazépines (ex. mi-
neuse et servir d'anesthésiques (A). À la diffé- dazolam). L'action centrale de la kétamine ré-
rence des anesthésiques inhalés, la plupart side dans une interférence avec le glutamate,
d'entre elles cependant n’agissent que sur un neurotransmetteur excitateur. La kétamine
l'état de conscience et n’ont aucun effet anal- bloque un pore cationique au niveau d’un ca-
gésique (exception : kétamine). L'explication nal activé par le glutamate, appelé récepteur
de cette action est, de façon indiscutable NMDA. Le NMDA, ou N-Méthyl-D-Aspartate,
(sauf peut-être pour le propofol), une inser- est une molécule exogène, agoniste spécifique
tion non spécifique dans la membrane des de ce récepteur. La kétamine peut augmenter
neurones. le rythme cardiaque et la pression artérielle
La plupart des anesthésiques injectés se par l'intermédiaire d’une libération de caté-
caractérisent par une durée d'action brève. cholamines.
La diminution rapide de l'effet repose essen- Le propofol est une substance remarqua-
tiellement sur une distribution : après injec- blement simple à synthétiser, comparable
tion intraveineuse, une concentration élevée aux désinfectants phénoliques (p. 298). Ce
s'établit rapidement dans le cerveau bien ir- produit qui n’est pas soluble dans l’eau doit
rigué, l’anesthésie débute. Avec le temps, le être administré en suspension injectable
produit va se répartir de façon égale dans dans l'huile de soja, les glycérides ou les
l'organisme, ce qui signifie que la concentra- phospholipides ; son action débute rapide-
tion à la périphérie augmente tandis que ment et s’estompe facilement, d’une façon
celle dans le cerveau diminue : distribution très agréable pour le malade. L’intensité de
et dissipation de l’effet anesthésique (A). l'effet est aisément modulable lors d’une ad-
L'effet s’estompe sans que le produit ne ministration de plus longue durée.
quitte l'organisme. Une deuxième injection L'action narcotique de l’étomidate dispa-
de la même dose, immédiatement après dis- raît après quelques minutes en raison du
sipation de l’effet de la dose précédente peut phénomène de distribution, il doit donc tou-
pour cette raison provoquer une action plus jours être combiné avec une benzodiazépine
longue et plus intense. Dans la plupart des ou un opiacé. L'étomidate administré seul
cas ces produits ne seront donc injectés peut provoquer des crampes. Comme il
qu'une seule fois. Le propofol et l’étomidate suscite peu de perturbations végétatives, il
seront cependant perfusés également pen- convient parfaitement pour l'induction d’une
dant une durée plus longue, pour provoquer anesthésie. Il inhibe la synthèse de cortisol,
une perte de conscience. Si aucun anesthési- ce qui peut être utilisé lors d’une hyperacti-
que inhalé n’est utilisé lors d’une anesthésie, vité des glandes surrénales (maladie de
on parle d’une anesthésie intraveineuse totale Cushing).
(AIVT). Le midazolam est une benzodiazépine à
Le thiopental ainsi que le métohexital font dégradation très rapide (p.232) qui peut
partie des barbituriques. Ils provoquent une donc être utilisée pour l'induction d’une
perte de conscience, diminuent le seuil de la anesthésie.
douleur et inhibent les centres respiratoires.
Les barbituriques servent souvent à l’induc-
tion d’une anesthésie.
La kétamine a une action analgésique qui,
selon l’état de la perte de conscience, dure
jusqu'à une heure après injection. La capacité
à induire une perte de connaissance dure seu-
lement un quart d'heure environ. Après son
réveil, le patient peut éprouver une dissocia-
tion entre le monde extérieur et ses sensa-
tions intérieures (anesthésie dissociative). On
Anesthésiques 225

r- À. Principes de la cessation d'activité liée à la distribution dans l’organisme


concentration élevée
SNC : dans le tissu
perfusion tissulaire
| | relativement quantité élevée
| élevée de produit

inj A

périphérie :
perfusion tissulaire
relativement Quantité de produit
faible - relativement faible
| mi de sang mg de produit
| E xIg de Re min x g de Re.

| faible concentration
(usé * __ dans le tissu
2. Passage préférentiel du produit
dans le cerveau

diminution
de la concentration
dans le tissu

_ = = _ Æ = |

= : |

3. Distribution 4.État d'équilibre de ladistribution


B. Anesthésiques injectés
= O re] — 0 CH?CH;
A2 N CH2—CH3 NH—CH3 étomidate
-Nas—(
N CH— (CHz)2— CH kétamine EX
O CH; ci
thiopental sodique
/ O
N° CH—CH=CH2 CH. où C3
NaO—(N—{ CH—C=C—CH}—
Cha H:C—CH bc =
AS
rANIE CH3
métohexital sodique propofol midazolam
226 Hypnotiques

Somnifères, hypnotiques sion qu’il est nécessaire pour un sommeil re-


posant d'utiliser un somnifère et favorise la
Le sommeil est une phase de repos pendant possibilité d'une dépendance.
laquelle se produisent plusieurs phases Selon la concentration dans le sang, les
d'activité cérébrale, répétées de nombreuses benzodiazépines et les barbituriques agiront
fois, et qui peuvent être distinguées les unes comme des calmants et des sédatifs, les ben-
des autres sur un électro-encéphalogramme. zodiazépines étant aussi des anxiolytiques ;
Les phases de sommeil se succèdent 4 à 5 fois à plus forte concentration, ils auront une
par nuit, chacun des cycles étant interrompu action sur le sommeil agité et finalement
par une phase de sommeil dite REM (Rapid sur l'endormissement (C). À dose plus faible
Eye Movements, sommeil « paradoxal » avec c'est l’action anxiolytique des benzodiazé-
mouvements rapides des yeux) (A). Les pério- pines qui prédomine.
des REM sont reconnaissables par un tracé Au contraire des barbituriques, les déri-
EEG comparable à celui d’un état de veille, par vés des benzodiazépines n’ont pas d’action
des mouvements rapides des yeux, des rêves narcotique par voie orale, ils n'inhibent pas
animés et des tressaillements occasionnels de de façon globale l’activité du cerveau (la pa-
certains muscles squelettiques, par ailleurs ralysie respiratoire est pratiquement impos-
atones. En temps normal, une phase REM ne sible) et ils n’affectent pas les fonctions auto-
peut être atteinte qu'après une phase préala- nomes telles la pression artérielle, la
ble NREM (No Rapid Eye Movements, sommeil fréquence cardiaque ou la température cor-
orthodoxe). En cas d’interruptions fréquentes porelle. La fenêtre thérapeutique des benzo-
du sommeil nocturne, la proportion .de som- diazépines est également nettement plus
meil paradoxal diminue. Une diminution de la large que celle des barbituriques.
durée du sommeil REM (normalement envi- Le zolpidem (dont la structure est celle
ron 25 % de la durée totale du sommeil) pro- d'une imidazo-pyridine) et le zopiclone (une
voque pendant la journée une agitation et une cyclopyrrolone) sont des hypnotiques qui en
excitabilité accrue. Dans une période de dépit de leur structure chimique distincte
repos nocturne non perturbé, un déficit en peuvent stimuler le récepteur des benzodia-
sommeil paradoxal sera compensé pendant zépines (p. 230).
les nuits suivantes par un allongement du Les barbituriques à cause de leur fenêtre
sommeil REM (B). thérapeutique étroite (risque d'utilisation
Peuvent servir de somnifère les benzodia- dans des suicides) et des risques de dépen-
zépines (par ex. brotizolam), les barbituri- dance ne sont plus utilisés comme somnifère
ques (ex. pentobarbital), l'hydrate de chloral, ou seulement rarement. La dépendance peut
et les antihistaminiques H, à action sédative. prendre tous les signes d’une toxicomanie
Les benzodiazépines possèdent des récep- (p.214).
teurs spécifiques (p. 224). Le site et les méca- L’hydrate de chloral n’est utilisable comme
nismes d'action des barbituriques et de l’hy- hypnotique que pour de brèves périodes à
drate de chloral sont peu clairs. cause d’une tolérance d'installation rapide.
Tous les somnifères raccourcissent les Les antihistaminiques (par ex. diphén-
phases de sommeil paradoxal (B). Lors de hydramine, doxylamine, p. 116) sont utilisés
l'absorption régulière de somnifères pen- comme somnifère sans ordonnance, dans ce
dant une longue période, on observe que le cas leurs effets secondaires servent come
rapport entre les stades de sommeil se nor- action principale.
malise malgré la prise de somnifère. À l'arrêt
du somnifère se produit une régulation en
sens contraire, la proportion du sommeil pa-
radoxal augmente et se normalise après
quelques jours (B). Comme la phase REM est
associée à des rêves agités, un sommeil où
la proportion de cette phase est accrue sera
ressenti comme moins reposant. Lorsque
l'on essaye d'arrêter la prise régulière d’un
somnifère, ce phénomène donne l’'impres-
Hypnotiques 227

— À. ne des diverses phases du sommeil durant le repos nocturne

2 0 0 6 07 CPOPORU
veille
|A
Sade" ÿ À

stade Il banane)

stade Ill aura

stade IV MAMAN

sommeil REM = Rapid Eye Movements sommeil NREM = No Rapid Eye Movements
feB. Influence d'un somnifère sur les phases du sommeil

rapport
REM

NREM

10 15 20 25 30
nuits nuits nuits
sans avec après
somnifère | somnifère l'arrêt d'utilisation des somnifères

dd LR
h C. Effets des barbituriques et des benzodiazépines en fonction de la dose

barbiturique :
ñ Den paralysant
Ho A 2Fl5
À CH CH
H OGk HESEoue
pentobarbital -
benzodiazépine : io deSe ;
H3C N
DR
Ne es .
s maintien du sommeil
Br ] à : Ur

ci

brotizolam anxiolytique
concentration dans le sang
228 Hypnotiques

Rythmes d'éveil et de sommeil l’activité inhibitrice. Même lors de la prise de


et somnifères benzodiazépines à durée de vie plus longue,
le patient se réveille après 6-8 h de sommeil,
Les mécanismes physiologiques de régu- car, pendant les heures de la matinée, l’acti-
lation du rythme d'éveil et de sommeil ne vité excitatrice est plus importante que la
sont pas bien connus. Ce qui est démontré, somme des inhibitions physiologiques et
c'est que l’activité des neurones histaminer- pharmacologiques (B3). L'effet du somnifère
giques, cholinergiques, glutamatergiques et peut cependant se faire sentir pendant la
adrénergiques est plus élevée pendant la journée, lorsque le patient prend d’autres
phase d'éveil que pendant la phase de som- substances à action sédative (alcool) et réa-
meil NREM. Les neurones que nous venons git de façon inhabituelle : effet de synergie
de citer partent du tronc cérébral principa- (altération de la concentration et des possi-
lement en direction du thalamus où ils stimu- bilités de réaction).
lent les voies thalamo-corticales et inhibent L'écart entre l’activité excitatrice et l’acti-
les neurones GABAergiques. Pendant le som- vité inhibitrice diminue durant la vieillesse,
meil, l’activité électrique en provenance du tandis que la tendance à l'apparition de cour-
tronc cérébral est réduite, ce qui provoque tes périodes de sommeil durant la journée et
en même temps une diminution de l’activa- à l'interruption plus fréquente du sommeil
tion thalamo-corticale et une désinhibition nocturne augmente (C).
de l’activité GABAergique. (A). La modifica- La prise d’un somnifère ne doit pas dé-
tion de l'équilibre entre les neurones excita- passer une durée de 4 semaines car une ac-
teurs (rouge) et les neurones inhibiteurs coutumance peut se développer. Le risque
(vert) conduit à un changement circadien de d'une nouvelle diminution de la disponibi-
la préparation au sommeil : elle est faible le lité au sommeil à l'arrêt du traitement peut
matin, augmente lentement au début de être évité par une réduction graduelle des
l'après-midi (sieste), pour diminuer ensuite doses. Lors de la prescription d’un som-
à nouveau et atteindre finalement son maxi- nifère il faut toujours penser au danger
mum au milieu de la nuit (Bl). d'utilisation en vue d’un suicide. Comme
une intoxication par une benzodiazépine ne
Traitement des troubles du sommeil. Les devient vraiment dangereuse que lorsque
moyens pharmacologiques ne sont indiqués d’autres substances à inhibition centrale
que lorsque le traitement causal est sans effet. sont prises en même temps (alcool) et
Les causes des troubles du sommeil peuvent comme elle peut être traitée de façon spé-
être des chocs émotionnels (peur, stress, cha- cifique (antagonistes des benzodiazépines),
grin), des problèmes physiques (toux, dou- les benzodiazépines doivent être utilisées
leurs) et la prise de médicaments (boissons préférentiellement comme somnifères plu-
contenant de la caféine, sympathomimétiques tôt que les barbituriques administrés autre-
ou certains antidépresseurs). Ces conditions fois comme hypnotiques.
conduisent (comme cela est montré en B2
dans le cas d’un choc émotionnel) à un désé-
quilibre en faveur de l’activité excitatrice. Le
temps de latence entre la mise au repos et le
seuil de sommeil s’allonge, la durée moyenne
diminue et le sommeil peut être interrompu
par plusieurs périodes d'éveil.
Le traitement médicamenteux des troubles
du sommeil s'effectue à l’aide de benzodiazé-
pines (p. 230) à action brève (t,, - 4-6 h, tria-
zolam, brotizolam) ou moyenne (t,, - 10-15 h,
lormétazépam, témazépam). Ces substances
raccourcissent la période précédant l’en-
dormissement, allongeant la durée moyenne
du sommeil, et diminuent la fréquence des
réveils au cours de la nuit. Elles renforcent
Hypnotiques 229

F A. Neurotransmetteurs : états de veille et de sommeil

À
neurones
et neurotransmetteurs |!

histamine
acétylcholine ——
glutamate
noradrénaline —— /
GA GES état de veille | | sommeil NREM

— B. Éveil, rythme de sommeil, perturbation émotionnelle et somnifère

D, DO DO CC

Det LT

SERRE RERO
perturbation émotionnelle

ch
ons
somnifère
230 Médicaments du psychisme

Benzodiazépines nécessaire pour obtenir les effets souhaités


et la dose toxique (dépression respiratoire)
Les benzodiazépines provoquent un change- est pour les benzodiazépines supérieure
ment des réactions émotionnelles aux per- à 100, soit plus de 10 fois supérieure à celle
ceptions, en particulier elles donnent un des barbituriques et des autres sédatifs. Dans
certain flegme en face de situations angois- le cas d’une intoxication, il y a la possibilité
santes : effet anxiolytique. Les benzodiazépi- d'utiliser un antidote (voir ci-dessous).
nes ont des propriétés calmantes (sédatives), Sous l'emprise des benzodiazépines, il
elles empêchent la tendance aux crampes n'est plus possible de réagir rapidement aux
(effet anticonvulsivant), et diminuent le stimuli extérieurs (par ex. conduite d’un
tonus des muscles squelettiques (effet myo- véhicule automobile).
tonolytique). Toutes ces actions reposent Malgré la bonne tolérance aiguë des benzo-
sur le fait que les benzodiazépines renforcent diazépines, il ne faut pas négliger les possi-
l'influence de neurones inhibiteurs dans le bles changements de personnalité (inertie) et
cerveau et la moelle épinière. Ceci est dû à la dépendance associée à une prise régulière.
une interaction avec des sites de liaison spé- Cette dépendance repose vraisemblablement
cifiques, les récepteurs des benzodiazé- sur une accoutumance qui se manifeste à
pines, qui forment une partie des récepteurs l'arrêt du traitement par des symptômes de
GABA,, canaux ioniques stimulés par un manque : angoisse et agitation. Ces symptô-
ligand. Le neurotransmetteur inhibiteur GABA mes favorisent une utilisation prolongée de
(acide yamino-butyrique) provoque une benzodiazépines.
ouverture de canaux chlore : la perméabilité Antagonistes des benzodiazépines. Cer-
au chlore de la membrane des cellules ner- taines molécules comme le flumazénil pos-
veuses augmente, ce qui atténue l’action de sèdent une affinité pour les récepteurs des
stimuli dépolarisants. Les benzodiazépines benzodiazépines et occupent ceux-ci sans
augmentent l’affinité du GABA pour ses modifier la fonction des récepteurs GABA. Le
récepteurs si bien que pour une même flumazénil pourra être utilisé comme anti-
concentration de GABA, on aura une liaison dote lors d’une absorption trop importante
plus élevée au récepteur et un effet plus fort. de benzodiazépines ou chez des patients
L’excitabilité de la cellule nerveuse est dimi- sous sédation par des benzodiazépines pour
nuée. les réveiller après une opération.
Cette action des benzodiazépines peut Tandis que les benzodiazépines en tant
être utilisée sur le plan thérapeutique dans qu'agonistes des récepteurs des benzodia-
les névroses d’angoisse, les phobies et les zépines augmentent de façon indirecte la
dépressions anxieuses. Les benzodiazépines perméabilité au chlore, il existe des agonis-
ne résolvent cependant aucun problème tes inverses qui provoquent une diminution
mais atténuent les réactions face au pro- de cette perméabilité. Ces substances pour
blème et allègent la psychothérapie indis- lesquelles on ne connaît aucune indication
pensable. Elles sont indiquées pour diminuer thérapeutique provoquent agitation, exci-
une stimulation cardiaque liée à l’angoisse tation, angoisse et crampes.
en cas d’infarctus du myocarde, pour dimi-
nuer les troubles du sommeil, dans la pré-
paration des opérations, pour le traitement
des crampes ou l’abaissement du tonus des
muscles squelettiques (myotonolyse en cas
de tensions spastiques).
Les synapses GABAergiques sont présen-
tes uniquement dans le SNC et les benzodia-
zépines n'’affectent que les fonctions contrô-
lées par les synapses GABAergiques. Les
centres qui régulent la pression artérielle, la
fréquence cardiaque et la température du
corps n'en font pas partie. La fenêtre théra-
peutique, évaluée par l'écart entre la dose
Médicaments du psychisme 237
PRESENT

[A. Action des benzodiazépines

R2
\
N_#

18
R3
=N epine
R!

Rl=cI R4
R2= CH;
R$=R?=H diazépam

inhibition
de l'excitation
anxiolyse

hyper-
polari-
sation

Ga
|
E action anticonvulsivante,
sédative et myotonolÿytique canal chlore activité par le GABA
Se

benzodiazépine

inhibition GABAergique inhibition GABAergique


excitation non inhibée normale renforcée
232 Médicaments du psychisme

Pharmacocinétique ront être utilisées comme inducteurs de


des benzodiazépines sommeil ou pour maintenir le sommeil (dési-
gné en B par des surfaces bleu clair), tandis
Toutes les benzodiazépines exercent leur que les substances avec des demi-vies plus
action au niveau des récepteurs des benzo- longues doivent être réservées pour des trai-
diazépines (p. 230). Le choix d’une substance tements anxiolytiques à long terme (surfaces
pour les différentes indications dépend uni- vert clair). Elles permettent de maintenir un
quement de la rapidité de l'effet, de son niveau plasmatique élevé et régulier.
intensité et de sa durée et donc des proprié- Le midazolam sert comme anesthésique
tés physico-chimiques et pharmacocinéti- injecté pour l'induction et l'entretien d’une
ques des molécules. Chaque benzodiazépine anesthésie combinée.
séjourne un temps différent dans l’orga-
nisme, et sera éliminée principalement par Risque de dépendance
biotransformation. L’inactivation peut être L'usage régulier des benzodiazépines peut
accomplie en une seule réaction chimique ou entraîner le développement d’une dépen-
au contraire en plusieurs étapes (ex. dia- dance. Cette relation n’est pas aussi évidente
zépam), avant qu'un métabolite inactif et qu'avec les autres substances pouvant entraï-
propre à l'élimination rénale ne soit formé. ner une toxicomanie, car l'effet des premiè-
Comme les sous-produits sont en partie res benzodiazépines mises sur le marché
actifs et en partie éliminés, mais beaucoup dure très longtemps, de sorte que les symp-
plus lentement que les molécules initiales tômes de manque (le signe éclatant d’une
correspondantes, ils peuvent s’accumuler au dépendance installée) ne se développent
cours d'une administration régulière et fina- que très tardivement. Cette période de man-
lement participer de façon importante à que se manifeste par agitation, nervosité,
l'action souhaitée. Ce sont les substituants excitabilité et angoisse. Ces symptômes
sur le cycle diazépine (diazépam: déal- peuvent à peine être distingués de ceux
kylation sur l’azote en position 1,t,,- 30h; considérés comme les indications des benzo-
midazolam : hydroxylation du groupement diazépines. L'administration d’un antagoniste
méthyle sur le noyau imidazole, t,, - 2 h), ou des benzodiazépines entraîne l'apparition
le cycle diazépine lui-même qui seront d’abord brutale de symptômes de carence. Il faut
touchés par les transformations chimiques. noter que les substances avec une demi-vie
Le midazolam hydroxylé sera éliminé très d'élimination de durée intermédiaire, seront
rapidement par le rein après conjugaison utilisées le plus souvent de façon abusive et
avec l'acide glucuronique. Le diazépam montrent également le risque de dépen-
déméthylé sur l’azote (nordiazépam) est bio- dance le plus élevé.
logiquement actif et sera hydroxylé en posi-
tion 3 du noyau diazépine avec un t,, de 50-
90 heures. Le métabolite hydroxylé (oxazé-
pam) est également pharmacologiquement
actif. Le diazépam est déjà éliminé lentement
et s’accumule donc au cours d’une adminis-
tration régulière, mais cette accumulation
est encore plus forte pour son métabolite, le
nordiazépam. L’oxazépam est conjugué à
un acide glucuronique sur le groupement
hydroxyle avec un t,, d'environ 8h et éli-
miné par le rein (A). En B sont représentées
pour différentes benzodiazépines ou leurs
métabolites actifs les valeurs des demi-vies
d'élimination, figurées par des surfaces
grises.
Les substances avec des demi-vies très
brèves et qui ne donnent pas naissance dans
l'organisme à des métabolites actifs pour-
Médicaments du psychisme 233
A. Biotransformation des benzodiazépines

|
HN
diazepam

sous forme
de glucuronide

oxazepam

métabolites actifs

. 2
B. Vitesse d'élimination des benzodiazépines

triazolam

| brotizolam
oxazépam
lormétazépam
| bromazépam
flunitrazépam
lorazépam
camazépam
nitrazépam
clonazépam

demi-vie
PEmaique d'élimination produit administré
234 Médicaments du psychisme

1. Traitement pharmacologique jours possible de parvenir à des périodes de


des humeurs dépressives guérison spontanée. Enfin, l’état des malades
peut être amélioré dans la plupart des cas
La notion de dépression est utilisée pour un par une prise en charge psychologique inten-
ensemble d'états qui sont caractérisés par sive. On considère actuellement que dans
une détérioration de l'humeur allant d’une une dépression de gravité moyenne, un tiers
forme légère à des formes plus graves. Les environ des suites du traitement est lié à un
principaux types de dépression sont : effet placebo, un autre tiers est dû à la prise
— la dépression endogène dans sa forme grave en charge et le dernier tiers est la suite de la
(dépression majeure) ou dans des formes prise de thymoleptiques. Dans le cas de
plus légères (dépressions mineures) ; dépressions sévères, le traitement médica-
- la dysthymie (dépression névrotique) ; menteux peut aboutir à des pourcentages
- la dépression réactionnelle, réaction (exces- plus favorables. Comme il est très difficile de
sive) à une atteinte psychique ou une mala- collecter des données objectives sur les sui-
die somatique. tes d’un traitement, on ne peut pas prouver
que tel antidépresseur donné ne se serait
La dépression endogène se déroule en géné- pas montré supérieur à un autre. La règle
ral de façon phasique avec des intervalles où qui prévaut est la suivante: en cas de
l'humeur est plus normale. Lorsque des épi- dépression grave on utilisera des composés
sodes maniaques succèdent à des phases tricycliques (et la venlafaxine) et dans les
dépressives, on parle de maladies bipolaires dépressions modérées à légères on emploiera
ou sinon de maladies unipolaires. Exception essentiellement des inhibiteurs sélectifs de
faite de la mélancolie mettant la vie en la recapture de la sérotonine. En ce qui
danger ou d’une souffrance correspondante, concerne un remède naturel alternatif (Hype-
le comportement du malade dépressif peut ricum perforatum), il n'existe que peu de
être très variable : fortement inhibé, anxieux, données convaincantes à propos de ses
agité, coupable, suicidaire, etc. Les états effets, et l’on connaît au contraire des rap-
dépressifs sont souvent associés à des symp- ports à propos d’interférences possibles
tômes somatiques, les patients projettent avec des médicaments. Ce serait une grave
leur humeur sur une zone fragile de leur erreur de traitement que de donner à un
organisme. C’est pourquoi de nombreux malade dépressif, présentant une inhibition
déprimés se rendent d’abord chez des géné- de l'esprit d'entreprise, un agent psychos-
ralistes ou des internistes. Le traitement timulant, comme par exemple une amphéta-
médicamenteux d'une dépression est une mine (A). Un suicide pourrait s’ensuivre.
tâche difficile. Il est d’abord nécessaire de L'action antidépressive des thymolyti-
définir de quel type de dépression il s’agit. ques se met en place avec une latence impor-
On estime ainsi que dans le cas d’une dépres- tante, il se passe en général 1 à 3 semaines
sion névrotique, un traitement psychothéra- avant qu'une amélioration subjective ou
pique intense peut suffir. Dans le cas d’une objective ne soit notable. Par contre, l’alté-
manifestation d'humeur réactionnelle, il est ration des systèmes de neurotransmetteurs
indispensable d'en rechercher la cause. (noradrénaline, sérotonine, acétylcholine,
Dans ces deux états, il peut être utile d'utili- histamine, dopamine) est perceptible immé-
ser des antidépresseurs à titre temporaire. diatement, contrairement aux effets soma-
Le domaine propre d'indication des thymo- tiques. La recapture de la sérotonine et/ou
leptiques est la dépression endogène. C’est de la noradrénaline libérée sera altérée (ce
dans le cas de ces psychoses endogènes qu'il qui signifie une augmentation des concentra-
est cependant difficile d'apprécier l’activité tions dans la fente synaptique), et/ou les ré-
de ce groupe de médicaments. L'une des ori- cepteurs seront bloqués (exemple en A). Ces
gines de ce problème est qu'il n'existe aucun effets, mis en évidence également au cours
modèle animal de la dépression humaine. Il d’expérimentation chez l'animal, sont à
n’est pas possible de tester ces médicaments l'origine des effets secondaires aigus. L’im-
au cours d’expérimentations animales. Un portance de ce phénomène dans l'effet anti
autre problème est que la dépression se dépresseur reste encore mal connu. Il est
déroule par périodes et qu'il est presque tou- probable que l'adaptation des systèmes de
Médicaments du psychisme 235

- A. Effet des antidépresseurs

te rs :
SE (7 imipramine
CCS
L © @
QT
v €
D © N CH3
| #
CHa=CHa—CHoN
CH;
absence d'esprit d'entreprise
Le—3
semaines

à 5-HT ou
=S NA
Ê F,
a

À|
a Fa
M, Hi,G

inhibition blocage
arde e
la deses récep
réceptteurs
.

Le—7
semaines

amphétamine 5 immédiat

t
| (l
ty

DE
(2

se EE)DUr
ïj )
U D normal

Sprit d’ent Se normal


semaines
—9
————————————
236 Médicaments du psychisme

récepteurs à la variation de la concentration la recapture se limite à celle de la sérotonine


ou de l’activité des neurotransmetteurs joue (-HT). L'action antidépressive semble être
un rôle, mais on n’est pas parvenu jusqu'à équivalente ou légèrement plus faible que
présent à éclaircir le mécanisme d'action des celle des substances tricycliques.
thymoleptiques.
Les antidépresseurs peuvent être divisés 3. Inhibiteurs de la monoamine oxydase A
en trois groupes : (thymérétiques). Seul le moclobémide fait
partie de ce groupe. Les substances plus
1. Antidépresseurs tricycliques (A). Ces anciennes comme la tranylcypromine, un
molécules, comme la désipramine, l’amitryp- inhibiteur irréversible, non spécifique, ne
tiline et beaucoup d’autres analogues, possè- sont plus utilisées actuellement. Le moclobé-
dent un cycle hydrophobe central à sept mide inhibe de façon réversible la MAO-A,
côtés. Cette caractéristique introduit un angle qui inactive les amines dans le système
dans le plan du cycle (voir au contraire le nerveux central, noradrénaline, dopamine et
caractère plan des neuroleptiques). Cette par- sérotonine (A). La conséquence de cette inhi-
tie de la molécule peut également comporter bition enzymatique est une élévation de la
quatre cycles (ex. maprotiline). Le système concentration de neurotransmetteurs dans
cyclique comporte une chaîne latérale avec la fente synaptique. Le moclobémide agit
une amine secondaire ou tertiaire, qui peut se moins comme un antidépresseur que comme
trouver sous forme protonée selon la valeur un stimulant de l'énergie vitale. Il est indiqué
de pK,. Ces substances possèdent donc un uniquement dans les dépressions où cette
caractère amphiphile, peuvent s’insérer dans motivation est très affaiblie et contre-indiqué
les membranes et pénétrer dans les cellules. chez les sujets à tendances suicidaires. La
La structure de base des antidépresseurs tri- tranylcypromine inhibe irréversiblement les
cycliques explique également leur affinité deux enzymes MAO-A et MAO-B, si bien que
pour les récepteurs des neurotransmetteurs la capacité du foie à éliminer de façon pré-
et les systèmes de transport. Le blocage des systémique les amines biogènes apportées
récepteurs constitue la base des effets secon- par l'alimentation comme la tyramine (par
daires de ce groupe de substances : tachycar- ex. dans le fromage et le chianti) est forte-
die, inhibition de la sécrétion des glandes ment diminuée. Pour éviter une élévation de
(sécheresse de la bouche), constipation, trou- la pression artérielle, le traitement par la tra-
bles de la miction, troubles visuels, hyperten- nylcypromine était associé à des prescrip-
sion orthostatique (A, en haut). Une sédation, tions diététiques très strictes. Dans le cas du
liée sans doute à une inhibition des récep- moclobémide, le danger est beaucoup plus
teurs H, de l’histamine, comme dans le cas de faible, car seule la MAO-A est inhibée et en
l’amitryptiline, peut s'avérer utile. plus de façon réversible.
Ces effets secondaires apparaissent sans
aucune période de latence et sont également
visibles chez des individus en bonne santé et
dans des études chez l'animal.

2. Inhibiteurs sélectifs de la recapture de


la sérotonine. Ces substances (par ex. la fluo-
xétine) comportent également un azote
protonable ; elles ne possèdent pas un sys-
tème cyclique important mais quelques cycles
aromatiques simples et distincts ; elles pré-
sentent aussi un caractère amphiphile. Leur
affinité pour les récepteurs est nettement plus
faible (pas de blocage des récepteurs de l’acé-
tylcholine ou de la noradrénaline), si bien que
les effets secondaires aigus sont beaucoup
moins marqués que ceux provoqués par les
antidépresseurs tricycliques. L’inhibition de
Médicaments du psychisme 237
A. Différents antidépresseurs

récepteur 5-HT indication effets secondaires


Rs récepteur
Ke opamine dopaminergique

noradrénali e récepteur a-adrénergique

antidépresseurs tricycliques

amitriptyline patient : effets


parasymptholytiques :
ex. tachycardie,
UN sécheresse de
Z CH anxieux, la bouche,
HC—CH}— CH N agité troubles
ŸH de la miction.
Panne v4 récepteur H, central attention :
RFA glaucome
à angle fermé
| imipramine patient :

XD NE + 7. blocage 0.:
H2C— CH—CHo—N tue hypotension
N CH Honnee orthostatique

désipramine patient :
imule l’activité à forte dose:
chomotrice @ * D . dépression
H2C—CHa—CHo—CHoN
/ motivation
inhibée
cardiaque
CH

inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine

fluoxétine patient : nervosité,


troubles
du sommeil,
perte d'appétit,
— vi motivation amaigrissement
BC )-0—CH—CH—CHN inhibée
CH;
inhibiteurs de la MAO,

moclobémide Ï patient : chez les


hypertendus :
attention
o aux amines
Î motivation présentes
inhibée dans la nourriture
238 Médicaments du psychisme

Il. Traitement pharmacologique ques, mais aussi des phases dépressives


des états maniaques dans le cadre d’une maladie bipolaire (A).
3. Traitement complémentaire des dépres-
Une phase maniaque est reconnaissable à sions sévères, résistantes aux traitements.
une humeur surexcitée, un flot d'idées et une
énergie vitale anormalement élevée. Cet état Le traitement par le lithium des épisodes
est représenté en A par une figure colorée maniaques aigus est difficile à conduire car ce
avec des lignes brisées et des couleurs agres- médicament possède une fenêtre thérapeuti-
sives. Les patients se surestiment, montrent que étroite et que le patient atteint n’est pas
une activité sans repos, expriment un flot toujours raisonnable. La concentration séri-
d'idées bizarres et agissent de façon irres- que matinale de lithium doit être comprise
ponsable (sur le plan sexuel, financier, etc.). entre 0,8 et 1,2 mM (contrôles sanguins). Pour
Le lithium est l'atome le plus léger des la prévention des récidives, un niveau sanguin
métaux alcalins (A), auxquels appartiennent un peu plus faible (0,6-0,8 mM) suffit. Pour des
le potassium et le sodium qui jouent un rôle concentrations supérieures à 1,2-1,5 mM on
important dans l'organisme. Les ions li- doit s'attendre à l'apparition d'effets secon-
thium se distribuent rapidement et de façon daires. Le premier symptôme d’empoisonne-
équilibrée dans l’espace intra- et extracel- ment se remarque par un tremblement de
lulaire et ne génèrent donc qu'un faible gra- faible amplitude ; avec une augmentation des
dient de potentiel de part et d'autre de la niveaux sanguins surviennent des pertes de
membrane. Les ions lithium ne peuvent pas concentration, une fatigue, des troubles
être transportés par les Na-K-ATPases pré- rénaux (polyurie, diabète insipide), des diar-
sentes sur les membranes. Les ions lithium rhées, des altérations électrolytiques avec
semblent interférer à l’intérieur des cellules l'apparition d’æœdèmes et/ou une hypothyroï-
avec les mécanismes de transduction des si- die. En cas d'empoisonnements sévères, des
gnaux et peuvent ainsi diminuer l'hydrolyse crampes apparaissent et le patient tombe
des inositols phosphates, ce qui a pour dans le coma. Pour un traitement donné par
conséquence une diminution de la sensi- le lithium, des variations du niveau sanguin
bilité des cellules nerveuses aux neuro- peuvent fréquemment se produire car des
transmetteurs. Le métabolisme des amines variations de la prise quotidienne de sel ou
biogènes apparaît également modifié en des pertes de fluide (diurétiques, diarrhées)
présence des ions lithium. Les résultats que peuvent changer de façon importante l'élimi-
nous venons de citer, observés après l’ad- nation rénale de lithium. Ce traitement néces-
ministration d'ions lithium, ne donnent site de la part du médecin une prise en charge
cependant aucune explication satisfaisante assidue ainsi qu’une coopération de la part du
de l’action thérapeutique de ce médicament patient ou de son entourage.
très simple, d'autant plus que les altéra-
tions somatiques responsables d'un état
maniaque ne sont pas connues. On fait l'hypo-
thèse, comme dans le cas d’une dépression
endogène, que s’est produit un déséquilibre
entre les différents systèmes de neurotrans-
metteurs. Il faut souligner que les ions Li
n'ont aucune action psychotrope chez des
individus sains, bien qu'ils puissent par
contre déclencher chez eux les effets secon-
daires typiques.

Indications d'un traitement par le lithium.


1. Traitement aigu d’une phase maniaque,
l'effet thérapeutique apparaît après plu-
sieurs jours (A).
2. Administration à long terme (6-12 mois)
pour une prévention des épisodes mania-
Médicaments du psychisme 239

r A. Action des sels de lithium dans un état maniaco-dépressif =

4
4jours

dépression
_—
+jours
6

+—
8jours

état normal

esprit d'entreprise normal | |

|
se
lOjours
240 Médicaments du psychisme

Traitement pharmacologique comme des antagonistes. Le blocage des


de la schizophrénie récepteurs dopaminergiques, en particulier
dans les systèmes prélimbiques frontaux,
semble être important. Le temps de latence
La schizophrénie est une psychose endogène qui s'écoule avant que n’apparaisse l’action
qui se développe par poussées successives antipsychotique signifie que les phénomènes
et, dans la plupart des cas, ne se rétablit pas d'adaptation induits par le blocage des récep-
totalement (guérison incomplète). On ne peut teurs contribuent aux effets thérapeutiques. À
pas entrer ici dans les différentes formes de côté des effets antipsychotiques principaux,
la schizophrénie (hébéphrénie, catatonie, les phénothiazines présentent d’autres effets
paranoïa, forme simple). Ce qui est important liés à un antagonisme :
pour le traitement, c’est la séparation des - des récepteurs muscariniques de l’acétyl-
symptômes en deux groupes : choline — effets de type atropinique ;
- symptômes positifs comme les hallucina- - des récepteurs adrénergiques 0, — troubles
tions, les visions, les troubles de la pensée ; de la régulation de la pression artérielle ;
symptômes négatifs comme la perte des - des récepteurs D, de la dopamine dans la
contacts sociaux, l’affaiblissement de l’affect substance noire — troubles moteurs extra-
et l’appauvrissement de la force vitale ; pyramidaux, dans l’area postrema — action
car ces ensembles de symptômes correspon- antiémétique (p. 340), ou dans l’hypophyse
dent à des modes de traitement différents. — augmentation de la sécrétion de prolac-
tine (p. 246) ;
Neuroleptiques - des récepteurs H, de l'hypophyse — origine
Après le début du traitement d’une poussée probable de la sédation.
par un neuroleptique, l'effet propre antipsy- Compte tenu de leurs propriétés amphiphi-
chotique se développe avec une période de les, les phénothiazines peuvent exercer des
latence. De façon aiguë on observe une effets de stabilisation de membrane indésira-
période de sédation associée à une anxiolyse bles au niveau du cœur (action cardiodé-
et une distanciation. Les visions et les hal- pressive). Ces effets additionnels peuvent
lucinations qui tourmentent les patients aussi se manifester chez des sujets en bonne
perdent de leur force (A, atténuation des santé, leur intensité varie d'une molécule à
couleurs vives). Le comportement psychoti- l’autre. Ces effets peuvent être considérés en
que persiste d’abord puis s’atténue en quel- partie comme des effets secondaires et peu-
ques semaines. Dans la plupart des cas on vent en partie participer aux actions théra-
n’aboutit cependant pas à une normalisation peutiques.
complète. Mais même lorsque l’on ne peut Les neuroleptiques n’ont aucune action
parvenir à une normalisation complète, les anticonvulsivante. Compte tenu de leur effet
modifications que nous venons de décrire inhibiteur sur les centres thermorégulateurs,
ont des conséquences pour le malade: le les neuroleptiques peuvent être utilisés lors
supplice que constituent ces altérations de d'un refroidissement contrôlé du corps à
son moi s’estompe, les soins seront allégés l'occasion d’une opération ceten arti-
et la confiance que lui accorde la commu- ficielle, p. 206).
nauté reviendra plus rapidement. Il existe Lors d’une administration chronique de
différentes classes de substances utilisées neuroleptique une lésion hépatique accompa-
pour les traitements neuroleptiques, les phé- gnée de cholestase peut survenir de façon ex-
nothiazines, la butyrophénone et les neuro- ceptionnelle. Un effet secondaire rarissime
leptiques atypiques. mais dramatique est le syndrome malin des
Les phénothiazines dérivent directement neuroleptiques (rigidité des muscles squelet-
d'un antihistaminique H.,. Ce sont la chlor- tiques, hyperthermie, stupeur) qui peut en-
promazine et ses dérivés qui possèdent un traîner la mort en l'absence d'intervention
système cyclique plan formé de trois cycles médicale intensive (entre autres dantrolène).
et une chaïne latérale contenant un azote
protonable. Les phénothiazines possèdent
une bonne affinité pour différents types de
récepteurs et agissent sur chacun d’eux
Médicaments du psychisme 241

A. Action des neuroleptiques dans un état schizophrène TS DESCENTE

Cr neuroleptique

25 de type phénothiazine:
QUE ee joe Ph
9 #
£S
Ê3 Hc CH; ne “h
3 Ch;
m N°]
2
D
< effet souhaité effet indésirable

|= action antipsychotique

D; | dyskinésies somnence
n
v
= antiémétique 2
Lei M glaucome |
(=
3
n « nier 27
M inhibition de la sécré-
tion de salive

hypotension

M tachycardie

arythmie

cholestase

|M L atonie intestinale

|M H troubles de la miction
242 Médicaments du psychisme

Pour les autres phénothiazines (par exem- clozapine on a cru d’abord qu'il s'agissait
ple la fluphénazine substituée sur la chaîne d’un antagoniste sélectif du sous-type de
latérale par une pipérazine), le blocage des récepteurs D, de la dopamine ; on a montré
autres types de récepteurs joue un rôle plus plus tard que la clozapine possède égale-
important par rapport au blocage des récep- ment une activité élevée pour d’autres récep-
teurs D, de la dopamine (p. 243 B). teurs qu’elle va bloquer (p. 243 B). La cloza-
Les butyrophénones (chef de file : l’halopé- pine peut être utilisée lorsque les autres
ridol) ont été introduites après les phéno- neuroleptiques ne peuvent convenir à cause
thiazines. Pour ces produits c’est le blocage de leurs effets moteurs extrapyramidaux. La
des récepteurs D, qui est le paramètre princi- clozapine peut induire une agranulocytose, si
pal (p. 243 B). Les effets secondaires végéta- bien qu’elle ne doit être utilisée qu'associée
tifs anti-adrénergiques ou antimuscariniques à une surveillance régulière de la formule
sont atténués. Les effets secondaires mo- sanguine. Elle à également une action séda-
teurs extrapyramidaux, liés au blocage des tive.
récepteurs D, dans la région nigrostriatale, L'olanzapine est apparentée à la clozapine
persistent cependant et constituent les effets sur le plan structural et l'on espère qu’elle
secondaires cliniques les plus importants, présente un risque d’agranulocytose plus
souvent susceptibles de limiter le traite- faible.
ment. Une dyskinésie précoce peut être notée Le rispéridon possède une structure diffé-
immédiatement après le début du traite- rente de celle des substances que nous ve-
ment, sous la forme de mouvements anor- nons de citer, il présente une affinité élevée
maux et involontaires, touchant essentielle- pour les récepteurs 5-HT,,.
ment la tête, le cou et la région des épaules. Utilisation. En cas de poussées aiguës, on
Après des semaines ou des mois de traite- utilisera essentiellement des neuroleptiques
ment peuvent apparaître des symptômes puissants ; chez des patients très énervés ou
analogues à ceux d’une maladie de Parkinson dans un état de stupeur catatonique il sera
(p.192) ou d'une akathisie (agitation mo- parfois utile d’administrer une perfusion in-
trice). Ces troubles peuvent être traités par traveineuse d’halopéridol. Plus une poussée
des antiparkinsoniens de type anticholiner- sera traitée précocement et plus vite on
giques (par ex. le bipéridène). En général, aboutira à une amélioration de l’état du ma-
ces symptômes disparaissent après l'arrêt lade. Pour la plupart des patients schizoph-
des neuroleptiques. Une dyskinésie tardive rènes, il est nécessaire d'entreprendre des
peut être notée après des années de traite- traitements de longue durée, si bien que
ment, en particulier à l’arrêt des neurolepti- l’on peut choisir des doses plus faibles. Les
ques. Elle est due à une hypersensibilité du neuroleptiques atypiques, qui dans les cas
système des récepteurs de la dopamine et favorables améliorent en particulier les
empire en cas d'administration d’anticho- symptômes négatifs, conviennent particuliè-
linergiques. Le risque de survenue d'effets rement pour les périodes de stabilisation ou
moteurs extrapyramidaux est plus important de prévention des récidives. Les malades de-
avec les butyrophénones qu'avec les phéno- mandent une prise en charge attentive et, si
thiazines, car elles ne possèdent aucune possible, une insertion dans un milieu qui
action anticholinergique, si bien que l’équi- leur convienne. Une des difficultés du traite-
libre entre l’activité des neurones cholinergi- ment provient de ce que les patients ne pren-
ques et des neurones dopaminergiques est nent pas les médicaments dont ils ont besoin
plus perturbé. (prise en charge et information non seule-
Les neuroleptiques atypiques se distin- ment des malades mais également de leur en-
guent des autres groupes que nous venons tourage). Pour surmonter le problème d'une
de citer tant sur le plan de la structure que «compliance » insuffisante, des préparations
sur le plan des propriétés pharmacolo- dépôts ont été développées (par ex. fluphé-
giques. Les effets moteurs extrapyramidaux nazine-décanoate, injection i.m. toutes les
sont plus rares ou sont absents. L'action deux semaines, ou halopéridol-décanoate,
antipsychotique affecte non seulement les injection i.m. toutes les quatre semaines) qui
symptômes positifs mais touche également permettent d'obtenir un niveau sanguin sta-
les symptômes négatifs. Dans le cas de la ble pendant une période donnée.
Médicaments du psychisme 243

— A. Neuroleptiques « conventionnels » et atypiques

=
« symptômes positifs » « symptômes négatifs »

— hallucinations, <CHROphIENIE = perte de motivation


- délires, — diminution de l'affect
— pensées - repli social
incohérentes

butyrophénones H H
| |
N NES CH3
a CY ya CY es
te ar \= \=
Le opN
c è
N
a
>
N
e

halopéridol CH3 CH;


clozapine olanzapine

phénothiazines

{
CN GE N F
fluphénazine rispéridon

B. Profil d'affinité pour d’autres récepteurs par COMparaisONn —


avec celle pour le récepteur D,

chlorpromazine halopéridol fluphénazine rispéridon olanzapine clozapine

l’affinité pour le récepteur D, est placée sur chaque axe à la valeur 1 (cercle gris),
coordonnées logarithmiques
244 Médicaments du psychisme

Psychomimétiques (tirée entre autres des sécrétions de la peau


(substances hallucinogènes d'un crapaud), la mescaline (extraite d’un
ou psychédéliques) cactus mexicain, Arihalonium lewinii, peyotl),
présentent des analogies structurales avec
Les psychomimétiques ont la faculté de la sérotonine et l’adrénaline, on peut sup-
déclencher des modifications psychiques poser l'existence d'une interférence avec ces
analogues à celles qui peuvent se manifester amines biogènes dans le SNC. La structure
au cours d'une psychose : visions, illusions d’autres molécules comme le tétrahydro-
et hallucinations. Cette expérience peut cannabinol (dérivées du Cannabis indica:
donc posséder un caractère fantastique, la chanvre, haschich, marihuana), le muscimol
transformation émotionnelle et du raisonne- (extrait d'un champignon amanite musca-
ment provoquée par ce phénomène paraît ria) ou la phencyclidine, synthétisée comme
folle pour celui qui est à l'extérieur. anesthésique injectable, ne montre pas ces
Une action psychomimétique peut être il- caractères communs. Des hallucinations
lustrée par l'exemple des portraits exécutés peuvent être associées, comme effet secon-
par un peintre sous l'influence de l'acide lyser- daire, à la prise d’autres substances, par
gique diéthylamide (LSD). Il raconte que exemple la scopolamine (au Moyen Âge dans
sous l'effet de la griserie du LSD, arrivant par «le peuplier des sorcières ») ou d’autres para-
vagues, le visage du modèle devient de plus sympatholytiques d'action centrale. Des
en plus grimaçant, phosphorescent dans des substances hallucinogènes naturelles ont
coloris bleu violet et s'agrandit ou se rétrécit été utilisées dans certaines religions par
comme à travers l'objectif d'un zoom. Les des prêtres (chamans) pour parvenir à un
changements confus de proportions entraï- état de transes. Le LSD a été consommé
nent donc une succession de mouvements assez fréquemment dans les années 1960,
bizarres. La caricature diabolique apparaît en particulier par des artistes : art psychédé-
menaçante. lique qui consiste à représenter d’une façon
Les illusions se font également sentir dans qui ne peut pas être appréhendée par la rai-
le domaine de l'audition et de l’odorat : les son, des rêves ou des signes hallucinatoires.
sons sont vécus comme des poutres suspen- Comme il n’est pas possible d’exclure le
dues et les impressions optiques comme des développement d’une dépendance ou d’alté-
odeurs (par ex. d'ozone). Sous l'emprise du rations psychiques durables après la prise
LSD, l'individu se voit par moment de l’exté- d'un psychomimétique, leur production et
rieur et analyse son état. En outre, les fron- leur commerce sont interdits (stupéfiants
tières entre son être et l’environnement s’ef- non en circulation).
facent. Un sentiment exaltant de fusion avec
les autres et le cosmos s'installe. La notion
de durée n'existe plus, il n'y a plus ni avant
ni après. Des objets sont vus qui n'existent
pas. Des expériences sont faites qui ne sont
pas explicables. C’est pourquoi on parlera
d’un effet de dilatation de la conscience à
propos du LSD (révélations psychédéliques).
Le contenu de ces hallucinations peut de
temps à autre être extrêmement menaçant
(bad trip), l'individu se voit éventuellement
poussé à une action violente ou au suicide.
Après la «griserie » du LSD, survient une
phase de grande fatigue avec un sentiment
de honte et de vide humiliant.
Le mécanisme de l’action psychomimé-
tique est inconnu. Comme une partie des
substances hallucinogènes telles le LSD, la
psilocine et la psilocybine (tirées d’un cham-
pignon mexicain, le psilocybe), la bufoténine
Médicaments du psychisme 245
TN Ro

— A. Action psychomimétique du LSD chez un peintre

acide lysergique
diéthylamide
0,0001 g/70 kg HN
246 Hormones

Hormones hypothalamiques PRH: prolactine-RH; son existence est


et hypophysaires hypothétique.
PRIH: inhibe la sécrétion de prolactine,
ce pourrait être la dopamine.
Le système endocrinien est contrôlé par le
Les hormones hypothalamiques sont es-
SNC. Les cellules nerveuses de l’hypotha-
sentiellement administrées par voie parenté-
lamus synthétisent et libèrent des média-
rale à des fins diagnostiques, pour tester la
teurs qui vont gouverner dans l'hypophyse
fonction des cellules de l’adénohypophyse.
antérieure la sécrétion d'hormones ou qui
seront, eux mêmes, distribués dans l’orga-
nisme comme hormones. Modulation thérapeutique des cellules de
Enfin, il y a les hormones de l’hypophyse l’anté-hypophyse. La GnRH sera utilisée
dans les cas de stérilité de la femme d'origine
postérieure : les prolongements des neuro-
hypothalamique pour stimuler la sécrétion
nes hypothalamiques projettent dans la
de FSH et de LH et déclencher une ovulation.
post-hypophyse (neurohypophyse), stoc-
kent à cet emplacement un nonapeptide Dans ce but, il faut imiter le rythme de la
(ADH : hormone antidiurétique) et l’ocyto- sécrétion physiologique (pulsatile, environ
cine, et les libèrent dans le sang en cas de
toutes les 90 min) (administration parenté-
besoin. Les traitements utilisant ces hormo- rale à l’aide d'une pompe spéciale).
nes peptidiques (ADH, p.168, ocytocine,
Analogues des gonadorélines, superago-
p. 128) seront réalisés par voie parentérale nistes : ce sont des analogues de la GnRH
ou en nébulisation nasale. dont l’affinité pour les récepteurs de la GnRH
Les médiateurs hypothalamiques sont sur les cellules de l'hypophyse est beaucoup
des peptides qui atteignent leurs cellules ci- plus élevée. La conséquence d’une stimula-
bles dans l’adénohypophyse par un système tion ininterrompue et non physiologique des
porte, c'est-à-dire par deux zones capillaires récepteurs est une interruption de la sécré-
disposées l’une à la suite de l’autre. La pre- tion de FSH et de LH après une phase initiale
mière est située dans la tige de l'hypophyse ; de stimulation. Buséréline, leuproréline, et
c'est là que les hormones libérées par les ter- d’autres seront utilisés pour bloquer de
minaisons nerveuses des neurones hypotha- cette façon les fonctions gonadiques (« cas-
tration chimique », par exemple en cas de
lamiques diffusent dans le sang. La seconde
comprend les capillaires de l’anté-hypo-
cancer de la prostate en évolution).
physe. À ce niveau, les hormones diffusent
du sang vers les cellules cibles qu'elles Les antagonistes des récepteurs des gona-
contrôlent. Les hormones libérées par les dorélines comme le cétorélix et le ganirélix
cellules de l’anté-hypophyse parviennent bloquent les récepteurs à GnRH de l’adénohy-
dans le sang et sont ensuite distribuées dans pophyse et provoquent ainsi une interruption
l'organisme (1). directe de la libération des gonadotrophines
(2).
Dénomination des médiateurs/hormones La bromocriptine (p.114), un agoniste
de libération. RA : releasing hormone, hor- dopaminergique D,, inhibe les cellules à
mone de libération. RH : release inhibiting prolactine de l’anté-hypophyse (indications :
hormone, hormone bloquant la libération. sevrage, tumeurs hypophysaires sécrétant
GnRH: gonadotrophine-RH = gonadoré- de la prolactine). Une production anormale
line (gonadolibérine) ; stimule la production de STH peut être également réduite (indica-
de FSH (hormone folliculo-stimulante) et de tion : acromégalie).
LH (hormone lutéinisante).
TRH : protiréline ; stimule la sécrétion de L'octréotide est un analogue de la soma-
TSH (hormone thyréostimulante). tostatine. Il sera par exemple utilisé dans le
CRH : corticotropine RH (CRE) ; stimule la cas de tumeurs de l’hypophyse qui sécrètent
sécrétion d'ACTH (hormone adrénocortico- de la GH. L'hormone de croissance nécessite
trope = corticotropine). pour beaucoup de ses fonctions l’interven-
GRH : growth hormone-RH; stimule la libé- tion des somatomédines. Celles-ci sont es-
ration de GH (growth hormone = STH = hor- sentiellement formées dans le foie. La soma-
mone somatotrope). tomédine C (= insulin-like growth factor
GRIH : somatostatine ; inhibe la sécrétion 1=IGF,) joue un rôle important. Le pegvi-
de STH (et aussi d’autres hormones pepti- somant est un antagoniste récemment déve-
diques produites par ex. par le pancréas et loppé du récepteur de la GH, il inhibe la syn-
l'intestin). thèse d’IGF..
Hormones 247

A. Hormones hypothalamiques et hypophysaires

hormones de libération Q DH
hypothalamiques cytocine

synthèse synthèse

libération libération
dans le sang ) dans le sang

synthèse EnREU] |TRH |


et contrôle
de la libération
des hormones application
hypo- parentérale
physaires

cellules
de l’adéno-
hypophyse

ACTH TH(GH) rolactine | ADH bcytocine


|

maturation = 2 to
des ovules ; ES (PP À
estradiol, DER
progestérone thyroxine ï | |
: croissance 2
spermatogenèse ; accouchement
1. testostérone cortisol formation de lait sécrétion de lait "=

@OBSOCOCONTD …@+ rosé


GoRH buséréline cétrorélix
Na libération pulsatile O00006000 antagoniste
8 des récepteurs
2 « superagoniste » de la GnRH

2
Lo

90 min ]
stimulation prolongée
RARE sensibilité des récepteurs de la GnRH } RARE
stimulation rythmique ee
cellules
de
l'hypo-
physe
FSH disparition de la sécrétion d’hormone
2
248 Hormones

Traitement par les hormones insuffisant. L'augmentation de l’action de la


thyroïdiennes TSH pousse la thyroïde à utiliser de façon tel-
lement intensive la faible quantité d’iode dis-
Les hormones thyroïdiennes agissent en sti- ponible qu’une hypothyroïdie n’a pas lieu
mulant le métabolisme. Leur libération (A) mais que la thyroïde grossit. De plus, la
est gouvernée par une glycoprotéine hypo- carence en iode à l’intérieur de la glande thy-
physaire, la TSH, dont la libération est, de roïde stimule la croissance.
son côté, sous le contrôle d’un tripeptide En raison de la régulation de la fonction
hypothalamique TRH. La sécrétion de TSH thyroïdienne selon le principe du rétro-
décroît lorsque la concentration d’hormone contrôle négatif, on peut aboutir en adminis-
thyroïdienne dans le sang augmente. Ce trant T, à une dose (100-150 ug/j) équivalente
mécanisme de rétrocontrôle négatif permet à celle de la production quotidienne d’hor-
d'établir automatiquement une production mone endogène, à un arrêt de la stimulation
d'hormones adaptée aux besoins. thyroïdienne. La glande inactive et mainte-
La glande thyroïde produit essentielle- nue au repos diminue de taille.
ment la thyroxine (T,). La forme active sem- Dans le cas d’un goitre euthyroïdien par
ble cependant être la triiodothyronine (T.). carence en iode, installé depuis un temps
T, est en partie transformée en T, dans l’or- court, il est possible de diminuer la taille de
ganisme et les récepteurs des cellules cibles la thyroïde par une augmentation de l'apport
ont une affinité 10 fois supérieure pour T.. en iode (comprimés d’iodure de potassium).
L'action de T, se produit plus rapidement et Chez des patients âgés, présentant un goi-
dure un peu moins longtemps que celle de tre avec carence en iode, il existe le danger
T,. Le t,, d'élimination plasmatique atteint de déclencher une hyperthyroïdie par l’aug-
environ 7jours pour T, mais seulement mentation de l'apport d’iode (p.251 B):
1,5 jour pour T,. La dégradation de T, et T, après des années de stimulation maximale,
libère de l’iode. Il y a 100 pg d’iode contenus le tissu thyroïdien peut devenir indépendant
dans 150 pg de T,. de la stimulation par la TSH («tissu auto-
Pour l’utilisation thérapeutique, on préfé- nome »). Lors de l'augmentation de l’apport
rera T,. T, est certes la forme active et est d'’iode, la production d’hormone thyroïdienne
mieux absorbée par l'intestin mais avec T,, s'accroît et, à cause des rétrocontrôles néga-
on atteint pourtant un niveau plasmatique tifs, la sécrétion de TSH diminue. L'activité
équivalent car sa dégradation est très lente. du tissu autonome demeure cependant
Puisque l’absorption de T, est maximale à élevée, l'hormone thyroïdienne est libérée
jeun, elle sera administrée environ 1/2h en excès, une hyperthyroïdie induite par
avant le petit déjeuner. l'iode s’est donc installée.

Traitement de substitution dans le cas Prévention par les sels d'inde. Le goitre
d’une hypothyroïdie. Un hypofonctionne- avec une carence en iode est largement ré-
ment de la thyroïde, qu'il soit primaire et lié pandu. Par l'administration de sel de cuisine
à une maladie de la thyroïde ou secondaire iodé, on peut assurer aisément les besoins
via une carence en TSH, sera soigné par en iode (150-300 ng/j d’ PIgeet éviter le goi-
l'administration orale de thyroxine. Pour tre euthyroïdien.
commencer, la dose de T, sera en général
choisie assez faible, car on peut craindre une
augmentation trop rapide du métabolisme
avec le risque d’une surcharge cardiaque
(angine de poitrine, infarctus), et augmentée
graduellement. La dose finale permettant
l'installation d’une euthyroïdie dépend des
besoins individuels (environ 100 ng/j).

Traitement suppressif en cas de goitre


euthyroïdien (B). L'origine d’un goitre est
principalement un apport d'iode alimentaire
Hormones 249

A. Hormone thyroïdienne - libération, action et dégradation

hypothalamus

TRH CH} cH—CO0H


= = = NH É

) 4 Tate L-thyroxine, lévothyroxine


de la sensi- 3,5,3",5'-tétraiodothyronine T4
bilité au TRH = = =
hypophyse

N HO 2 O , \ CH2—CH—COOH
— — |
l I NH2

liothyronine
SE a 3,5,3'-triiodothyronine T3

cellule cible
- 90 ug/j. - 9 ug/) affinité pour le récepteur
ED T3 10
L T4 L il

triiodothyronine

« reverse T3 »
3,3’,5'-triodothyronine ‘ urine fèces 10 20 30 AO jours

B. Goitre par carence en iode et son traitement par la thyroxine


: si)
TSH

inhibition}
|

état apport
normal D E— théral
P eutiqu
Pr T3 1 |
_—
250 Hormones

Hyperthyroïdie et thyréostatiques la synthèse de l'hormone. Deux traitements


sont possibles pour rétablir un état euthyroï-
Hyperthyroïdie. Le fonctionnement anorma- dien dans la maladie de Basedow : a) admi-
lement élevé de la glande thyroïde dans la nistration de thiamide seule avec réduction
maladie de Basedow (A) est dû à la formation progressive de la dose en fonction de la
d'anticorps (1gG) qui se fixent aux récepteurs régression de la maladie ; b) administration
de la TSH et les stimulent. La conséquence de thiamide à dose plus élevée et ajustement
de cette stimulation est une surproduction de l'inhibition de la production d'hormones
d'hormones (avec disparition de la sécrétion par apport simultané de thyroxine. Les effets
de TSH). La maladie de Basedow peut dispa- secondaires des thiamides sont rares, mais
raître spontanément en 1 ou 2 ans. Son trai- il faut faire attention à la possibilité d’une
tement réside donc en premier lieu dans agranulocytose.
l’inhibition réversible de la thyroïde au moyen Les perchlorates administrés par voie
de thyréostatiques. Dans d’autres formes orale sous forme de sels sodiques inhibent
d’hyperthyroïdie, par exemple les adénomes le transport actif d'iodure. Des anémies apla-
thyroïdiens produisant de l’hormone (mor- siques peuvent se produire comme effet se-
phologiquement bénins), l’option thérapeu- condaire. En comparaison des thiamides,
tique de choix est l’ablation du tissu soit par leur importance thérapeutique est faible.
voie chirurgicale, soit par administration
d'iode ] en quantité suffisante. L'iode Substances destinées à une inhibition de
radioactif est capté par la thyroïde et détruit courte durée (©). L'iode à dose élevée
le tissu dans une zone de quelques millimè- ( 6 000 g/j) agit de façon transitoire comme
tres par l'intermédiaire du rayonnement f un thyréostatique dans les états hyperthyroï-
(électrons) émis lors de la décroissance diens, mais en général pas dans les états
radioactive. euthyroïdiens. Comme ce traitement inhibe
Pour les hyperthyroïdies induites par l’iode, également la libération de l'hormone, son
voir p. 248 B. effet se fera sentir plus rapidement que celui
des thiamides.
Thyréostatiques. Ils inhibent la fonction thy- Indications : mise au repos préopératoire
roïdienne. La sécrétion de l'hormone thyroiï- avant une ablation de la thyroïde avec une
dienne est précédée par les événements solution de lugol (5 % d’iode et 10 % d’iodure
suivants (©). L'iode sous forme d’iodure est de potassium, 50-100 mg d'iode/j pour un
activement capté par une « pompe » dans les maximum de 10 jours). Dans les crises thy-
cellules thyroïdiennes. Il se produit alors une réotoxiques, on utilisera l’iode avec les thia-
réduction en iode, une liaison sur la chaîne mides et un f-bloquant. Effets secondaires :
latérale d’une tyrosine de la thyréoglobuline, allergie. Contre-indication : thyréotoxicose
une association de deux groupements tyro- induite par l’iode.
sine iodés avec formation des résidus T, et T.. Les ions lithium inhibent la libération de
Cette réaction, est catalysée par l'enzyme l'hormone. Les sels de lithium peuvent être
peroxydase. Dans l’intérieur du follicule thy- utilisés à la place de l’iode en cas de thy-
roïdien, la thyréoglobuline portant la T, est réotoxicose induite par l’iode pour obtenir
stockée sous forme de colloïde. En cas de une suppression rapide de la fonction thy-
besoin, l'hormone thyroïdienne sera libérée à roïdienne. L'utilisation des sels de lithium
partir du colloïde, après endocytose et hydro- dans les psychoses maniaco-dépressives
lyse par les enzymes lysosomiales. Un effet endogènes est décrite page 238.
thyréostatique peut avoir lieu par une inhibi-
tion de la synthèse ou de la libération de l’hor-
mone. En cas d'interruption de la synthèse, le
colloïde est encore utilisable et l'effet thyréos-
tatique est alors d'apparition lente.

Thyréostatiques pour un traitement de


longue durée (C). Thiamides, dérivés de la
thiourée. Ils inhibent la peroxydase et donc
Hormones 251

OU
— À. Maladie de Basedow — — B. Hyperthyroïdie due à l’iode, dans un goitre
provoqué par une carence en iode

hypophyse

tissu
autonome

Y
anticorps
analogue
de la

— C. Anti-thyroïdiens et leurs sites d'action

-thiamide transformation
: CH3
CL — CH dès |
HR CHe AN : | é l'absorption NES
KR NH Mess €}
OH Lu À 0—CH2—CH3
47
thiamazol O
propylthiouracile méthimazol carbimazol
|

peroxydase

HOME
plus élevée 1}
stockage
dans le colloide

ions |
lysosome Lt lithium
252 Hormones

Utilisations thérapeutiques Effet souhaité. Les glucocorticoïdes sont


des glucocorticoïdes remarquablement actifs comme agents anti-
allergiques immunosuppresseurs et antiphlo-
gistiques dans les réactions inflammatoires
I. Traitements de substitution. Le cortex
exagérées ou chroniques telles l’allergie, la
surrénalien produit un glucocorticoïde, le
polyarthrite rhumatoïde ou d’autres.
cortisol (hydrocortisone) et un minéralocorti-
coïde, l'aldostérone. Ces deux hormones Effets indésirables. Lors d’une administra-
stéroïdes sont d’un intérêt vital pour l’adap- tion brève, les glucocorticoïdes, même à
tation à des situations difficiles comme par doses élevées, ne présentent pratiquement
exemple une maladie ou une opération. Le aucun effet secondaire.
stimulus pour la sécrétion de cortisol est Au cours d'une administration à long
l'ACTH hypophysaire et pour l’aldostérone terme, ils entraînent des altérations qui sont
principalement l’angiotensine II (p.126). En proches de celles observées dans le syn-
cas de dysfonctionnement du cortex sur- drome de Cushing (surproduction endogène
rénalien (insuffisance primaire de la glande de cortisol). Conséquence des propriétés anti-
surrénale, maladie d’Addison) ce sont le cor- inflammatoires : tendance à l'infection, altéra-
tisol et l’aldostérone qu’il faut remplacer, tion des processus de cicatrisation. Consé-
dans le cas d’une production insuffisante quence de l’activité glucocorticoïde exagé-
d’ACTH par l’hypophyse (insuffisance surré- rée : a) augmentation de la néoglucogenèse et
nalienne secondaire) seul le cortisol doit être de la libération de glucose ; sous l’action de
remplacé. Le cortisol est actif par voie orale l'insuline, transformation du glucose en trigly-
(30 mg/j 2/3 le matin et 1/3 l'après-midi). cérides (dépôt adipeux : visage lunaire, épais-
Dans des situations difficiles, la dose sera sissement du tronc, « cou de buffle »), en cas
augmentée d'environ 5 à 10 fois. L’aldosté- d'augmentation insuffisante de la sécrétion
rone, peu active par voie orale, sera rempla- d'insuline « diabète stéroïdien » ; b) dégrada-
cée par la fludrocortisone (0,1 mg/j). tion accrue des protéines (catabolisme pro-
téique) avec atrophie des muscles squeletti-
IL. Traitement pharmacodynamique par les
ques (finesse des extrémités), ostéoporose,
glucocorticoïdes (A). À concentrations éle-
troubles de croissance chez l'enfant, atrophie
vées, supraphysiologiques, le cortisol et les
cutanée. Conséquence de l’activité minéralo-
autres glucocorticoïdes suppriment toutes
corticoïde du cortisol, faible en temps normal
les phases (exsudation, prolifération, cica-
mais maintenant augmentée : rétention d’eau
trisation) de la réaction inflammatoire, c'est-
et de NaC], augmentation de la pression arté-
à-dire du mode de défense de l’organisme
rielle, formation d'œdème : perte de KCI avec
contre les corps étrangers ouirritants. Cette
risque d'hypokaliémie.
action repose sur une multitude de compo-
santes dont la caractéristique commune est Moyens d’atténuer ou d’éviter le syndrome
une modulation de la transcription de gènes de Cushing d’origine médicamenteuse
(p. 64). C’est ainsi que sera stimulée la syn- a) Remplacement du cortisol par des dérivés
thèse d’une protéine, la lipocortine (annexine), ayant une activité minéralocorticoide faible
qui inhibe la phospholipase À,, réduisant (prednisolone) ou nulle (triamcinolone, dexa-
ainsi la libération d'acide arachidonique à méthasone) dont l’activité glucocorticoïde est
partir des phospholipides membranaires et renforcée. Les propriétés glucocorticoïdes,
donc la formation des médiateurs lipidiques anti-inflammatoires et le blocage de la produc-
de l’inflammation, prostaglandines et leu- tion endogène (p. 254) vont cependant de pair
cotriènes (p.200). Les glucocorticoïdes (il n'existe aucun dérivé purement anti-inflam-
diminuent également la synthèse d’une série matoire!) et la partie glucocorticoïde des
de protéines importantes pour les phéno- symptômes de Cushing ne peut être évitée.
mènes inflammatoires, par exemple les inter- Le tableau de la page 253 donne les activi-
leukines (p.308) et d’autres cytokines, la tés relatives de ces molécules par comparai-
phospholipase A, (p.200), la cyclooxygé- son à celles du cortisol dont l’activité miné-
nase 2 (p. 204). À très fortes concentrations ralocorticoïde ou l’activité glucocorticoïde
peuvent aussi apparaître des effets non ont été respectivement prises pour unité.
génomiques (récepteurs membranaires ?). Toutes ces molécules sont actives per os.
Hormones 253

— À. Glucocorticoïdes : effets principaux et secondaires

ex. allergie,
non désiré maladie auto-immune,
rejet de greffe

cicatrisation après lésion


tissulaire, ex. par des bactéries,
souhaité des virus, des champignons,
ou une blessure

action action
minéralocorticoïde concentration élevée, glucocorticoïde
non physiologique 1 diabète
hypertension C SEE sucré
à |
| cortisol a

_ Nat glucose
H,0
2 5%) nfe”
8
| gluconéogenèse

0 acides aminés
; dégradation
| fee
des protéines

a cortisol 1 : V7
2. à NE tin atrophie des tissus
& prednisolone 4 musculaire + ; :
ro) = + f LE
” triamcinolone fonte < # amincissement
sd ,
£ dexaméthasone osseuse ; de la peau
£| aldostérone inhibition de la croissance

o CH20H _ CH20H
(le
Hc CO CO
HO H HO OH

A aldostérone 0 prednisolone

CH20H Fu
E=0 0
— a OH OH:
OH CH;

SRE O |
triamcinolone dexaméthasone
254 Hormones

b) Administration locale. Ceci permet d’at- glucocorticoïde synthétique comme au cor-


teindre une concentration efficace au site tisol. L'administration exogène de cortisol
d'injection sans provoquer de surcharge sys- ou d’un autre glucocorticoïde impose, pour
témique. Les glucocorticoïides rapidement que le niveau réel reste identique au seuil
transformés et inactivés après diffusion affiché, une diminution de la production
autour du site d'application sont particuliè- endogène de cortisol. La libération de CRF et
rement favorables. On utilisera par exemple d’ACTH s'effondre («inhibition des centres
pour une inhalation des glucocorticoïdes supérieurs par les glucocorticoïdes exo-
présentant une élimination présystémique gènes »), entraînant une diminution de la
élevée comme le dipropionate de béclomé- sécrétion de cortisol. L'administration de
thasone, le budésonide, le flunisolide, le pro- doses élevées de cortisol pendant des semai-
pionate de fluticasone (p. 14). Des effets se- nes entraîne une atrophie du cortex surré-
condaires locaux sont cependant possibles. nalien. La capacité de synthèse d’aldostérone
Par exemple en cas d'administration par aé- persiste cependant. Lors d’un arrêt soudain
rosol, un muguet buccal ou un enrouement, du traitement par les glucocorticoïdes, le
dans le cas d’une administration cutanée, une cortex surrénalien atrophié ne peut fournir
atrophie de la peau, des vergetures, une une quantité suffisante de cortisol — carence
télangiectasie, une «acné stéroïdienne » et en cortisol dangereuse. C’est pour cette rai-
dans le cas d’une administration oculaire, son qu'un traitement par les glucocorti-
une altération du cristallin (cataracte) ou une coïdes doit toujours se terminer par une
augmentation de la pression intra-oculaire diminution lente des doses.
(glaucome).
c) Doses aussi faibles que possible. En cas Méthodes pour éviter une atrophie du cor-
d'administration de longue durée, il faudra tex surrénalien. La sécrétion de cortisol est
donner la dose juste suffisante. En cherchant élevée le matin et faible le soir (rythme cir-
à réduire cette dose au minimum, il ne faut cadien). Le soir, la sensibilité des centres
pas oublier que l’apport exogène de gluco- supérieurs au cortisol est élevée.
corticoïdes conduit à une diminution de la a) Administration circadienne: la dose
production propre de l'organisme en agis- journalière de glucocorticoïde sera donnée
sant sur la boucle de régulation. Une très fai- le matin. Le cortex surrénalien a déjà com-
ble dose pourra ainsi être « tamponnée », si mencé sa propre production, la possibilité
bien qu’on n'arrivera pas à atteindre une d’inhibition des centres supérieurs est rela-
concentration élevée, non physiologique, et tivement faible ; dès les premières heures du
que l'effet anti-inflammatoire n'aura pas lieu. matin suivant se produiront de nouveau une
libération de CRF et d'ACTH et une stimula-
Effet d’un traitement par les glucocorticoi- tion du cortex surrénalien.
des sur la production de cortisol par le cor- b) Traitement alterné: une double dose
tex surrénalien. La libération de cortisol est quotidienne sera administrée le matin un
sous la dépendance de l'ACTH hypophy- jour sur deux. Durant le jour sans traitement,
saire, tandis que la sécrétion d’ACTH est elle- il y aura une synthèse endogène de cortisol.
même régulée par un facteur hypothalamique Ces deux méthodes ne mettent pas à l'abri
(CRF = CRH). Dans l’hypophyse et l’hypotha- d'une réapparition des symptômes dela
lamus, il existe des récepteurs du cortisol maladie durant les intervalles entre les trai-
dont l'occupation par le cortisol inhibe la tements.
sécrétion d’'ACTH ou de CRF. Les centres
supérieurs contrôlent si les concentrations
réelles de cortisol (niveau effectif) corres-
pondent aux concentrations souhaitées
(valeur affichée). Si le niveau réel dépasse la
valeur de référence, la production d’ACTH et
donc celle de cortisol diminuent et inver-
sement. C’est ainsi que la concentration de
cortisol oscille autour de la valeur de réfé-
rence. Les centres supérieurs réagissent à un
F
Hormones 255
— À. Libération de cortisol et sa modulation par les glucocorticoïdes

| hypothalamus
PS AIPR IEEE L E

»
hypo-
physe

atrophie X
du cortex
surré-

Î
nalien
glandes
\ surré-
nales

: apport
cortisol exogène
30 mg/j .
production diminution de la pro- disparition de la pro- carence en cortisol
de cortisol duction de cortisol duction de cortisol après un arrêt
en conditions par des doses pour des doses brutal de l'apport
normales de cortisol < à la pro- de cortisol > produc- exogène
tion journalière
concentration
en cortisol induite par les glucocorticoïdes
-— cycle circadien normal

prise matinale inhibition de la pro- élimination au cours la production


de la dose —+ duction endo- —+ de la journée —+ matinale
quotidienne gène de cortisol des glucocorticoïdes de cortisol démarre
exogènes

concentration :
en glucocorticoïde |.
256 Hormones

Androgènes, anabolisants, Indication : substitution en cas d’insuffi-


antiandrogènes sance de la production endogène de T.
Anabolisants. Ce sont des dérivés de la tes-
Les androgènes sont les molécules respon-
tostérone (ex. clostebol, méténolone, nandro-
sables du caractère masculin. L'hormone
lone, stanozolol) qui sont utilisés chez des
sexuelle propre à l’homme est un stéroïde, la
malades gravement atteints, en raison de
testostérone (T), provenant des cellules de
leurs effets bénéfiques sur la synthèse pro-
Leydig, cellules interstitielles des testicules.
téique (possibilité de dopage chez les spor-
La sécrétion de T est stimulée par la LH hypo-
tifs). Ils agissent via la stimulation des récep-
physaire (hormone lutéinisante) dont la libé-
teurs des androgènes et possèdent donc
ration est elle-même activée par la sécrétion
également des effets androgéniques (ex. viri-
pulsatile de la GnRH hypothalamique (gonado-
lisation de l'aspect chez la femme).
réline, p. 246). La T inhibe en un rétrocontrôle
négatif les hormones hypothalamo-hypophy-
Modes d'inhibition
saires. Dans quelques tissus, par exemple la
prostate, la T sera réduite en dihydrotestos- Superagonistes de GnRh (p. 246). Les compo-
térone qui se lie avec une affinité plus élevée sés comme la buséréline, la leuproréline, la
aux récepteurs des androgènes. La dégrada- goséréline, etc., seront utilisés chez les
tion se produit rapidement dans le foie (t,, patients ayant un cancer de la prostate évo-
plasmatique environ 15 min) pour donner lutif (métastases) pour diminuer la sécrétion
entre autres l’androstérone, éliminée par le de testostérone qui stimule la croissance de
rein sous forme de produits conjugués la tumeur. Après une stimulation transitoire,
(17 céto-stéroïdes). En raison du métabolisme la libération de GnRh diminue fortement en
hépatique très rapide, T ne convient pas pour quelques jours et le niveau de testostérone
une prise orale; elle serait certes absorbée baisse aussi fortement qu'après ablation chi-
mais aussi éliminée presque complètement de rurgicale des testicules.
façon présystémique.
Antagonistes des récepteurs des andro-
Dérivés de la testostérone à usage théra- gènes. L’antiandrogène cyprotérone est un
peutique. À cause de ses propriétés de pé- antagoniste compétitif de la T. Il agit en plus
nétration, la testostérone convient parfaite- comme un progestatif, dans la mesure où il
ment pour une application transcutanée diminue la sécrétion de gonadotrophines
sous forme d’emplâtre (système transcu- (p. 262). Indication : chez l’homme, calme la
tané, p. 12). Les esters pour dépôt i.m. sont le libido en cas de sexualité exacerbée, carci-
proprionate et l’heptanoate (énantate) de tes- nome de la prostate. Chez la femme : traite-
tostérone. Ces esters sont injectés par voie ment de manifestations virilisantes, avec le
intramusculaire en solution dans l'huile. cas échéant utilisation de l'effet contraceptif
Après diffusion, les estérases libèrent rapi- important.
dement la forme acide — T. En même temps Le flutamide est un antagoniste du récepteur
que le caractère lipophile, la tendance de des androgènes à la structure différente et qui
l'ester à persister au niveau du dépôt s’ac- ne présente aucune activité contraceptive.
croît ; la durée d'action augmente. L'undéca- Le finastéride inhibe la 5o-réductase qui
noate de T peut être utilisé par voie orale. En catalyse la formation de la dihydrotestosté-
raison de la nature d'acide gras de l’acide rone (DAT) à partir de la T. La stimulation
undécanoïque, l’ester se retrouve dans la androgénique sera donc réduite dans les tissus
lymphe après l'absorption et de là dans la où la DAT est la forme active (ex. la prostate).
circulation en passant par le canal thoraci- Les tissus et les fonctions contrôlées par la T
que et en évitant le foie. La /7-œ-méthyltestos- ne seront pas ou à peine affectés, par exemple
térone est active par voie orale grâce à une les muscles squelettiques, le rétrocontrôle né-
stabilité métabolique accrue. En raison de la gatif de la sécrétion de gonadotrophines et la
toxicité hépatique des androgènes alkylés en libido. Le finastéride pourra être utilisé dans
17 (cholestase, tumeur), leur administration un cas d’hyperplasie bénigne, pour réduire la
doit cependant être évitée. taille de la glande et faciliter la miction.
La mestérolone, active par voie orale, est À dose faible il sera également utilisé contre
la l-a-méthyldihydrotestostérone. les calvities de type alopécie androgénique.
Hormones 257

mode d'inhibition
appli-
cation -superagonistes de GnRH
trans-

gs
cutanée inhibiteur de
Sa-réductase O
finastéride : SU mar D
CH3

O antagonistes
testostérone des récepteurs :
H)C

acétate
H Cl de cyprotérone
dihydro-
FC
testostérone flutamide cH,
| |

hydrolyse
de la liaison
ester
|

canal
thoracique

onjugaison avec sulfate, glucuronate

\ il7-céto-
stéroïde

vaisseaux lymphatiques
258 Hormones

Maturation des ovules principal est le prégnandiol, qui est lui aussi
et ovulation, formation éliminé par les reins après conjugaison.
des œstrogènes
Forme médicamenteuse des œstrogènes.
et des progestogènes
Préparations dépôt pour injection i.m. Ce
sont des esters de l’œstradiol sur les groupe-
La maturation et la ponte des ovules ainsi
ments hydroxyle en 3 ou 17, en solution dans
que la formation associée des hormones
l'huile. La vitesse de libération ou la durée
sexuelles féminines se produisent sous l’effet
d'action varient en fonction du caractère
des gonadotrophines hypophysaires FSH
hydrophobe des chaînes d’acides (p. 256).
(hormone folliculo-stimulante) et LH (hor-
Les esters libérés seront hydrolysés, don-
mone lutéinisante). Dans la première moitié
nant naissance à l’œstradiol. Préparations
du cycle, la FSH induit la maturation de l’ovo-
orales: l'éthinylæstradiol (EE) est métaboli-
cyte en follicule tertiaire qui commence à
quement stable ; après administration orale
synthétiser de l’œstradiol. L'œstradiol favo-
il traverse le foie et agit sur les récepteurs
rise la prolifération de la muqueuse de l’endo-
des œstrogènes comme l’œstradiol. Le mes-
mètre et augmente la perméabilité du mucus
tranol lui-même est inactif, après hydrolyse
cervical aux spermatozoïdes. La libération de
du groupement méthyl porté par l'oxygène
FSH sera inhibée par un mécanisme de rétro-
en C, on obtient de nouveau l’EE comme
contrôle négatif lorsque le niveau d’æœstradiol
forme active. Dans les contraceptifs oraux,
dans le sang se rapproche d’un seuil établi
l'une de ces molécules constitue la compo-
dans les centres supérieurs. Compte tenu du
sante œstrogénique (p. 262). Les œstrogènes
parallélisme entre la maturation de l’ovocyte
conjugués (sulfates) sont extraits de l'urine
et la libération d’œstradiol, l’hypothalamus
de jument et sont présents dans les formes
et l’hypophyse peuvent « suivre » le dévelop-
utilisées pour le traitement des troubles de
pement du phénomène de maturation par la
la ménopause et la prévention de l’ostéopo-
détermination du niveau d'œstradiol. Juste
rose après la ménopause. Dans les prépara-
avant l'ovulation, lorsque le follicule tertiaire
tions pour l'application transdermique, on
presque müûür génère une concentration éle-
utilise un emplâtre, l’œstradiol passe dans
vée d'œstradiol, la boucle de régulation se
l'organisme à travers la peau.
place en rétrocontrôle positif. La sécrétion de
LH atteint de façon transitoire sa valeur la
Formes médicamenteuses des progesto-
plus élevée et déclenche l'ovulation. Après
gènes. Les préparations-dépôt pour l’appli-
l'ovulation, le follicule tertiaire donne nais-
cation i.m. sont le caproate de 17-cœ-
sance au corps jaune (corpus luteum), qui
hydroxyprogestérone et l’acétate de médroxy-
libère de la progestérone sous l’action de la
progestérone. Les préparations orales sont
LH. La progestérone provoque la phase de
des dérivés de l’éthinyltestostérone ou éthis-
sécrétion de l’endomètre et diminue la possi-
térone (par ex. noréthistérone, lynestrénol,
bilité de pénétrer à travers le mucus cervical.
désogestrel, gestodène) ou de l’acétate de
Les follicules restant dans l'ovaire continuent
17-o-hydroxyprogestérone (par ex. l’acétate
à produire des œstrogènes sous l’action de la
de chlormadinone ou de cyprotérone). Les
FSH. Après deux semaines, la synthèse de
substances citées ci-dessus sont principale-
progestérone et d'œstrogènes s'effondre, ce
ment utilisées comme composant progestatif
qui a pour conséquence l'évacuation de la
dans les contraceptifs oraux.
muqueuse sécrétoire de l’endomètre (mens-
Indications. Pour les œstrogènes et les
truation).
progestérones ce sont : la contraception hor-
Les hormones naturelles ne conviennent
monale (p.262), les traitements de substi-
pas pour une administration orale car le foie
tution en cas de carence hormonale (pré-
provoque une élimination présystémique
vention de l’ostéoporose), le saignement et
après leur absorption. L'œstradiol sera
les troubles du cycle. Pour les effets secon-
transformé en œstrone et œæstriol, tous les
daires, voir p. 262. |
trois peuvent être éliminés par le rein après
une conjugaison les rendant plus polaires.
Dans le cas de la progestérone, le métabolite
Hormones 259
TRES RSA RENTRER PE ee 5

A. Estradiol, progestérone et dérivés


hypothalamus hydroxyprogestérone
o æstradiol
GnRH
valérianate
DA
3 semaines |D hypophyse

F5 y
FsH | [LH

V2semaine >
durée d'action

œstradiol progestérone
do

conjugaison

inactivation

progestérone OH

ethinyloæstradiol éthinyltestostérone,
(EE) un progestatif

ci mestranol
HC— 0 3-méthyl-éther
é de l’EE
œstrogène
conjugué
260 Hormones

Principes d'action lever le rétrocontrôle négatif exercé par l’œs-


des anti-æstrogènes tradiol sur la sécrétion de gonadotrophines.
et des antiprogestatifs L'augmentation de la libération de FSH va
alors stimuler la maturation des follicules. Le
clomifène peut être utilisé, par exemple, en
Modulateurs sélectifs des récepteurs des
cas d'insuffisance du corps jaune à la suite
œstrogènes (A). Les récepteurs des œstrogè-
de troubles de maturation des follicules ou
nes appartiennent au groupe des récepteurs
dans le syndrome des ovaires polycystiques.
régulant la transcription (p. 64). L'hormone
Comme il n’est utilisé que pendant quelques
sexuelle féminine, l’œstradiol, est un ago-
jours du cycle, il n’est pas nécessaire de sur-
niste de ces récepteurs. On utilise différentes
veiller les effets chroniques.
molécules qui peuvent exercer des effets
Le tamoxifène est un dérivé du stilbène,
antagonistes des œstrogènes. De façon inté-
administré dans les tumeurs mammaires mé-
ressante, on observe de surcroît des actions
tastasées pour bloquer l’action stimulante
agonistes dans certains tissus. Le mécanisme
des œstrogènes. Le tamoxifène possède éga-
qui sous-tend cette hétérogénéité d'action
lement un effet anti-œstrogène en ce qui
est encore l’objet de recherches (NAT: il est
concerne les douleurs de la ménopause qu'il
sans doute relié à la découverte récente de
va stimuler et non pas apaiser. Il existe à coté
deux formes du récepteur des œstrogènes
de cela des effets œstrogéniques dont il fau-
chez l'homme, ER, et ER, et à l'existence pro-
dra peser les risques lorsque l’on envisage
bable d'homodimères et d’hétérodimères
un traitement par le tamoxifène à titre de
contrôlant la transcription, voir p. 64). Le fait
prévention d’un cancer du sein.
que le profil des effets agonistes et antago-
Le raloxifène a été mis sur le marché pour
nistes soit spécifique de chaque substance à
le traitement et la prévention de l’ostéopo-
l'intérieur de ce groupe peut avoir une
rose associée à la ménopause. Comme le
importance thérapeutique. Ce groupe de
montre le tableau ci-contre, il présente
produits a été baptisé SERM (Specific Estro-
d’autres composantes d’action, avantageu-
gen Receptor Modulators). Il est important de
ses ou génantes.
caractériser le profil d'action d’un SERM par
rapport à celui de l’œstradiol et en particu-
Antagonistes des progestatifs (B). Environ
lier ses effets chez la femme ménopausée.
une semaine après la fécondation, l'embryon
L'administration chronique d’œstradiol aug-
va nidifier dans l’endomètre (sous forme de
mente le risque d'apparition d’un cancer de
blastocyste). Sous l’action de l'HCG (hor-
l'endomètre ; l'augmentation de ce risque
mone choriogonadique), semblable à celle
peut être empêchée par l'administration
de la LH, on observe au niveau de l'ovaire la
simultanée d'un progestatif. La fréquence
formation du corps jaune et une stimulation
des cancers du sein semble augmenter, ce
de la sécrétion de progestérone qui va arrêé-
qui pourrait traduire un effet stimulant sur le
ter les saignements menstruels. La mifépris-
développement des tumeurs ou être simple-
tone est un antagoniste du récepteur de la
ment la conséquence d’une surveillance
progestérone, elle empêche au début de la
médicale accrue aboutissant à la découverte
grossesse le développement de la muqueuse
plus fréquente de cancers existants. L'œstra-
utérine et agit donc à ce moment-là comme
diol augmente le risque thromboembolique. Il
un produit abortif. Son utilisation a suscité
apaise les douleurs de la ménopause. L'admi-
des débats médicaux (comparaison des
nistration d’œstradiol peut bloquer la dégra-
effets secondaires de son utilisation avec
dation d'une partie de la masse osseuse
ceux de la technique par aspiration) et des
survenant à la ménopause, ce qui est proba-
discussions éthiques/idéologiques.
blement favorable en ce qui concerne les ris-
ques de fracture osseuse.
Le clomifène est un dérivé du stilbène, ad-
ministré par voie orale pour le traitement des
troubles de la fertilité chez la femme. En rai-
son de son action au niveau des récepteurs
des œstrogènes de l’hypophyse, il pourrait
Hormones 261

A. Modulateurs sélectifs des récepteurs des œstrogènes (SERM)

clomifène s raloxifène
or SN
CH; |
/ Z O
CH)
O—CH—CHa—N @ \ a _.
à CH L HO s
’ CH3

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hypophyse non Het ee tn
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I EE —
FSH —— PIN EN RNLE
- à æœstrogenes

) 4 art
ovaire
| LR Fe CS J

| |v. ER
ovulation

cancer du sein traitement de l’ostéo-


œæstradiol évolutif porose et prévention
durant la ménopause
en l'absence
de progestérone
œstradiol tamoxifène raloxifène
risque de cancer 1
de l’endomètre

risque de cancer du sein

thrombo-embolie

atténuation des troubles d |


de la ménopause

masse osseuse

B. Antagoniste du récepteur de la progestérone ]

mifépristone corps
p | jaune
embryon OL — nca” {l
ES 7
à re progestérone

nidation dans l’endomètre


262 Hormones

Contraceptifs oraux — Pilule au composant œstrogénique. Hypertension,


rétention de fluide, cholestase, tumeurs béni-
Inhibiteurs d'ovulation. Il est possible d'inhi- gnes du foie, nausée, douleurs de la poitrine
ber la maturation des ovocytes et l'ovulation peuvent se produire. Le risque de tumeur ma-
en mettant à profit le rétrocontrôle négatif de ligne n’est globalement pas augmenté de fa-
la libération des gonadotrophines. L'apport çon significative.
d’œstrogènes exogènes (éthinylæstradiol Minipilule. L'administration ininterrom-
ou mestranol) durant la première moitié du pue d’un progestogène faiblement dosé peut
cycle entraîne une diminution de la produc- aussi empêcher la grossesse. En général,
tion de FSH (obtenue également en présence l'ovulation n’est pas bloquée, l’action repose
de progestogènes). En raison de la diminu- sur les changements provoqués par le pro-
tion de l’effet stimulant de FSH sur le follicule gestatif sur le canal cervical et l'endomètre.
tertiaire, on aboutit à la perturbation de la Ces formules seront rarement utilisées en
maturation d’ovocytes et donc à un blocage raison de la nécessité d’une prise régulière
de l'ovulation. Par l'administration d'œstro- au même moment de la journée, d’une effica-
gènes, on fait en quelque sorte croire aux cité contraceptive plus faible et de saigne-
centres supérieurs que la maturation du fol- ments plus fréquemment irréguliers.
licule tertiaire se poursuit normalement et « Pilule du lendemain ». Elle correspond
qu'une stimulation supplémentaire de la FSH à l'administration à fortes doses d’œstrogène
n'est pas nécessaire. En cas d'apport d’œstro- et de progestérone jusqu’à 48 h après le coït.
gènes seuls dans la première moitié du cycle, Le mécanisme d'action reste mal connu.
les changements de la muqueuse utérine et
du mucus cervical ainsi que les autres effets Inducteurs d'ovulation. Une augmentation
dans l'organisme vont se dérouler normale- de la sécrétion des gonadotrophines peut
ment. Avec l'apport supplémentaire d’un être induite par une administration pulsatile
progestatif (p.258) dans la deuxième moitié de GnRH (p. 246). Un antagoniste des œstro-
du cycle, la phase sécrétoire de l’'endomètre gènes, le clomifène, bloque dans les centres
ainsi que les autres effets pourront être supérieurs les récepteurs qui sont impliqués
déclenchés normalement. Après l'arrêt de la dans le phénomène de rétrocontrôle négatif
prise hormonale, les menstruations appa- et « désinhibe » la libération de gonadotro-
raîtront. phines. On peut utiliser les gonadotrophines
Le cours physiologique de la libération suivantes : l’'HMG provient de l’urine de fem-
d’æstrogène et de progestérone sera repro- mes qui viennent d'entrer en ménopause. À
duit par les préparations dites biphasiques cause de la disparition de la fonction ova-
(séquentielles), voir A. Dans les prépara- rienne, la concentration de gonadotrophines
tions simultanées (phase unique), les æstro- dans le sang augmente et elles passent dans
gènes et la progestérone sont combinés l'urine en quantités détectables. L'HMG est
pendant toute la durée de la période d’admi- constituée de LH et de FSH. À côté de cela, il
nistration. L'administration précoce de pro- existe de la FSH pure, obtenue à partir
gestérone contribue à une inhibition des cen- d'HMG ou par génie génétique. L'HCG, gona-
tres supérieurs, empêche au niveau de dotrophine chorionique humaine, est obtenue
l'endomètre une prolifération normale et la à partir d'urine de femme enceiïnte et agit
préparation à la nidation et diminue la per- comme la LH.
méabilité du mucus cervical aux spermato-
zoïdes. Ces deux derniers effets contribuent
également à l'effet anticonceptionnel. Selon
l'échelonnement de la dose de progestérone,
on peut différencier (A): les préparations à
un, deux ou trois degrés. Dans le cas des pré-
parations simultanées (pilule placebo), l’ar-
rêt de l’apport hormonal déclenche égale-
ment un saignement « de privation ».
Effets indésirables: le risque accru de
thrombose et d’embolie est lié en particulier
Hormones 263
LE SEAT EN RENE

- À. Contraceptifs oraux —

hypophyse hypophyse

FH] | or +7 nn inhibition
wa 4 minipilule

ovulation

cœstradiol progestérone adminis-


T

œstradiol

perméabilité
progestérone aux spermatozoïdes
|
L préparation
1 PARA Se, 21. 0.28 de la muqueuse
à la nidation
jour du cycle de l'œuf

jour du cycle 7 14 21 28

préparations simultanées

préparations à deux degrés

préparations à trois degrés


264 Hormones

Formes d'administration de l'insuline rapide. En cas d'urgence, par exemple un


coma hyperglycémique, elle peut être admi-
L'insuline est produite par les cellules B des nistrée par voie intraveineuse (essentielle-
îlots de Langerhans dans le pancréas. C’est ment en perfusion, car l’action d’une injec-
une protéine (poids moléculaire 5 800) qui tion intraveineuse est de courte durée). En
est formée de deux chaînes peptidiques cas d'administration par voie sous-cutanée,
reliées entre elles par deux ponts disulfure : la plus courante, l’action se fait sentir en 15-
la chaîne À avec 21 acides aminés et la 20 minutes, atteint un maximum après envi-
chaîne B avec 30 acides aminés. Lors d’un ron 3 h et dure à peu près 6h.
apport d’hydrates de carbone par la nourri- Suspensions d'insuline. On injecte une sus-
ture, elle sera sécrétée et empêchera une élé- pension de particules contenant de l'insuline,
vation plus importante de la concentration de qui ne se dissolvent que lentement dans le
glucose dans le sang en stimulant la capture tissu sous-cutané et libèrent l'insuline (insu-
et l’utilisation du glucose par le foie, les cellu- line-retard). Les particules peuvent être
les musculaires et le tissu adipeux. constituées de complexes apolaires et peu
Sur le plan thérapeutique, l'insuline sera solubles dans l’eau entre l'insuline chargée
utilisée en traitement de substitution dans négativement et un partenaire comportant
le diabète sucré (diabetes mellitus). des charges positives, par exemple la prota-
Origine de l'insuline utilisée sur le plan théra- mine, une protéine polycationique. En pré-
peutique (A). L'insuline peut être extraite du sence d'ions zinc, l'insuline forme des cris-
pancréas des animaux de boucherie. L’insu- taux; la taille des cristaux conditionne la
line de porc se distingue de l’hormone hu- vitesse de dissolution. Les insulines intermé-
maine par un seul acide aminé sur la chaîne B, diaires agissent pendant une durée moyenne,
l'insuline de bœuf par deux acides aminés sur les insulines ultra-lentes jusqu’à 24 h et plus.
la chaîne À et un sur la chaîne B. Grâce à ces
faibles différences, les insulines animales ont Modification de la séquence
la même activité biologique que l'hormone en acides aminés
humaine. L’antigénicité est dans le cas de
l'insuline de porc à peine plus élevée et pour Insulines mutées à action rapide. Après
l'insuline de bœuf un peu plus forte que celle administration d’une solution d'insuline nor-
de l'insuline humaine. male, les molécules d'insuline se trouvent
L'insuline humaine peut être obtenue de agrégées au site d'injection sous forme
deux façons : par hémisynthèse à partir de d’hexamères. C’est seulement après la disso-
l'insuline de porc en remplaçant les acides ciation en monomères que l'insuline pourra
aminés modifiés, par génie génétique dans la diffuser aisément dans la circulation. Dans
bactérie E. coli. La production d'insuline mo- l'insuline lispro, deux acides aminés ont été
difiée génétiquement est destinée à changer modifiés, ce qui a pour conséquence une di-
les propriétés pharmacocinétiques (voir ci- minution de la tendance à l'agrégation et
dessous). L'important dans le cas de ces insu- donc une diffusion plus rapide à partir du
lines mutantes est qu'elles conservent leur site d'injection : passage plus rapide et durée
spécificité pour le récepteur de l'insuline (vis- d'action brève. L'insuline aspart présente les
à-vis par ex. du récepteur pour l'IGF,, qui peut mêmes propriétés. Les insulines à action ra-
stimuler la prolifération cellulaire, p. 246). pide pourront être injectées immédiatement
avant un repas, tandis que dans le cas de l’in-
Contrôle de la libération à partir du site d’in- suline normale il faut prévoir un délai de 15-
jection (B). Étant un peptide, l'insuline ne 30 minutes entre la piqûre et le repas.
convient pas pour une forme orale (dégrada-
Insuline mutée à action lente. Dans l’insu-
tion par les protéases dans l’estomac et l’in-
line glargine, une modification assez impor-
testin) et doit être administrée de façon pa-
tante de la séquence en acides aminés mo-
rentérale. Le plus souvent, les préparations
difie la charge de la molécule. La forme
d'insuline sont injectées par voie sous-cuta-
galénique de la molécule est une solution à
née. La durée d’action dépend alors de la vi-
pH 4, mais elle est peu soluble au pH tissu-
tesse avec laquelle l'insuline peut diffuser du
site d'injection à la circulation sanguine. laire et précipite. La dissolution et la diffu-
sion dans la circulation sanguine se dérou-
lent en à peu près 24 heures.
Variations des formes galéniques
Solution d'insuline. L'insuline en solution
est baptisée insuline normale ou insuline
Hormones 265

— À. Insuline humaine

2%, injection sous-cutanée d'insuline

30
28/42 ie IR
extrémité
C terminale

chaîne A

Fe B. Contrôle de la libération depuis le site d'injection


solution d'insuline humaine modification de la séquence en acides aminés
circulation
sanguine

| O| |
D Oo |
a RE |

0 6 12 18 heures | 0 6 12) 18 heures

variation de la forme galénique variation de la séquence en acides aminés

= © | ‘« > |solution Gr

supenson || SSO
IDÉÈLT C)2 | Gurire € 31
Be- 00 nn ë < PAR nn
d'insuline [9arg
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2:

formation de cristal _
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présence | (e] e
d'ions zinc |€ e

0 6 12 18 heures
266 Hormones

Traitement du diabète sucré gestion de sa journée mais réclame un pa-


insulino-dépendant tient bien formé, coopératif et capable.
Dans d’autres cas il sera nécessaire d’uti-
Pathogenèse et complications (A). Le diabète liser un protocole fixe (insulinothérapie
sucré de type 1 apparaît essentiellement chez conventionnelle), par exemple avec injection
l'enfant et chez l'adulte jeune (diabète juvé- d’une insuline combinée (mélange d'insuline
nile). Il est la conséquence d’une disparition normale et d’insuline en suspension) matin et
dans le pancréas des cellules $ sécrétant l’insu- soir en dose pratiquement constante (A).
line. Une prédisposition génétique ainsi qu’un Pour éviter une hypo- ou une hyperglycémie,
facteur déclenchant (infection virale par exem- l'apport en hydrates de carbone de la nourri-
ple) peuvent déclencher une maladie auto- ture doit correspondre à la période de libéra-
immune dirigée contre les cellules $. L'insuline tion de l'insuline à partir du dépôt sous-
doit être substituée (dose journalière d’envi- cutané : régime ! La nourriture (environ 50 %
ron 40 unités correspondant à 1,6 mg). des calories sous forme d’hydrates de car-
Buts du traitement : 1) Empêcher le coma bone, 30 % en graisse, 20 % en protéine) doit
hyperglycémique (diabétique) qui constitue être répartie en petits repas pour atteindre
un danger potentiellement mortel. 2) Empé- une répartition constante des apports : en-
cher les altérations pathologiques dues au cas, souper pour la nuit. Les sucres rapide-
diabète (lésions vasculaires avec oblitération, ment absorbés (sucreries, gâteaux) doivent
infarctus du myocarde, insuffisance rénale) ; être évités (pics sanguins) et remplacés par
il convient pour cela d'éviter également les des hydrates de carbone à digestion lente.
augmentations pathologiques de courte du-
rée de la concentration de glucose dans le Effets secondaires
sang (pics de sucre) par une bonne « équili- Une hypoglycémie est caractérisée par
bration » du malade. 3) Éviter un surdosage des symptômes annonciateurs : tachycardie,
d'insuline avec le danger grave d’une chute de agitation, tremblements, sueur, pâleur. Cer-
sucre (choc hypoglycémique : altérations du tains de ces symptômes sont liés à la libéra-
SNC liées à une carence en glucose). tion d’adrénaline, une hormone mobilisant le
Principes thérapeutiques. Chez les bien glucose. Moyen de lutte : apport de glucose,
portants, la quantité d'insuline libérée est hydrates de carbone à absorption rapide, ou
ajustée «automatiquement » à l'apport en en cas de perte de conscience 10-20 g de glu-
hydrates de carbone ou à la concentration cose i.v. ; dans certains cas, injection de glu-
de glucose dans le sang. Le stimulus essen- cagon, l'hormone pancréatique augmentant
tiel de la sécrétion est une augmentation de le glucose sanguin.
la concentration de glucose dans le sang. La Les réactions allergiques sont rares (par
prise de nourriture et l’activité physique (dé- exemple rougeur au site d'injection ou égale-
versement accru de glucose dans les mus- ment atrophie du tissu adipeux = lipodystro-
cles, diminution du besoin en insuline) vont phie). La lipohypertrophie éventuelle au site
de pair avec des changements correspon- d'injection peut être modifiée en changeant la
dants de la sécrétion d'insuline. place de la piqûre. L’injection sous-cutanée
d'insuline ne permet pas, en dépit d’une
Traitements de substitution par l'insuline bonne gestion, d’imiter complètement la si-
(B). Chez un diabétique, il est en principe tuation physiologique. Chez un sujet bien por-
possible d’administrer l'insuline de la façon tant, le glucose absorbé et l'insuline libérée
dont elle serait libérée chez un sujet bien par le pancréas atteignent le foie ensemble et
portant. Par exemple, l'administration en fin en concentrations élevées. Ceci permet d’ob-
de soirée d’une insuline à action prolongée tenir une bonne élimination présystémique
permettra d’atteindre un niveau de base du glucose et de l'insuline. Chez un diabéti-
suffisant tandis qu’une insuline à action ra- que, l'insuline injectée par voie sous-cutanée
pide sera utilisée avant les repas. Les doses se répartit de façon égale dans l'organisme. Le
administrées seront évaluées en fonction du foie n’est pas traversé par une concentration
niveau de glucose sanguin, mesuré préala- plus élevée d'insuline et il y a moins de glu-
blement par le patient, et de ses besoins, dé- cose extrait de la veine porte. Une quantité
pendants des repas. Ce traitement renforcé plus élevée de glucose parvient dans l’orga-
offre au patient une grande liberté dans la nisme et doit y être utilisée.
Hormones 267

A. Diabète sucré de type 1 : pathogenèse et complications


prédisposition coma diabétique
génétique

influence extérieure, a 2 EN a micro- et macro-


par ex. infection virale _ / | angiopathies diabétiques
lésions tardives : { apoplexie
te < : HE
ion A FA rétinopathie <> €
auto-immune | ; infarctus
des cellules B carence absolue 4 /néphropathie du myocarde
dans les îlots en insuline ( 2
de Langerhans hyperglycémi
yperglycémie —=—— :
neuropathie x DES
artérites

B. Traitements de substitution par l'insuline


E mesure du glucose sanguin

le
on
variable |

mn
_ administ
: Le
_ _
= schér de Sr
ni] ME VEN

C. Action présystémique et systémique de l'insuline


chez un sujet bien portant ou diabétique

bien portant diabétique


268 Hormones

Diabète de type 2 comparaison, l’obèse présentant une résis-


(diabète de l'adulte) tance à l'insuline aura besoin en permanence
d’une libération d'insuline plus importante
Lorsqu'une situation métabolique de type (courbe orange) pour éviter une augmenta-
diabétique (diabète de typell, diabète de tion trop importante de la concentration de
l'adulte) s’installe chez un individu en excé- glucose dans le sang (courbe verte) lors de
dent de poids, il existe la plupart du temps l'absorption de la même quantité de sucres.
une carence relative en insuline : un besoin Si la capacité du pancréas à libérer de
accru en insuline est associé à une diminu- l'insuline s’épuise, on le remarque d’abord,
tion de la sécrétion. après une surcharge en glucose, par une élé-
Le besoin accru en insuline est lié à une vation de la concentration de glucose dans
résistance à l’insuline des organes cibles. le sang (intolérance au glucose, diabète
La diminution de l'efficacité de l’insuline est latent). En cas de diminution ultérieure de la
la conséquence d’une diminution de la den- capacité de sécrétion d'insuline, il ne sera
sité des récepteurs de l'insuline sur les cel- plus possible de maintenir la valeur du
lules cibles et d’une efficacité plus faible de niveau de glucose à jeun (diabète avéré).
la transduction du signal par les complexes
insuline-récepteurs. Il est probable qu’une Prise en charge. Un régime destiné à perdre
suralimentation associée à un stockage du poids entraîne une augmentation de la
accru de triglycérides dans les adipocytes sensibilité à l'insuline et ce bien avant que le
entraîne une libération accrue de ces molé- poids normal ne soit atteint. Ensuite, l’activité
cules signal dans le sang, ce qui diminue la physique est également importante car elle
sensibilité à l'insuline des organes cibles augmente l’utilisation périphérique du glu-
(voir résistine, p.270). La diminution de cose. Lorsque la modification du mode de vie
l'efficacité peut être compensée par une ne suffit pas à éliminer l’anomalie métaboli-
augmentation de la concentration d’insu- que, un traitement avec des antidiabétiques
line. Ce phénomène est représenté de façon oraux (p.270) est alors indiqué. Le traite-
simplifiée à la figure (A), en ce qui concerne ment de première intention est la perte de
le nombre de récepteurs. Chez une per- poids et non l'administration de médica-
sonne en excédent de poids, la liaison maxi- ments.
male de l'insuline (plateau de la courbe) est
diminuée de façon correspondante à la dimi- Syndrome métabolique. Un excès de poids
nution du nombre de récepteurs. Pour de fai- est souvent accompagné d’une diminution
bles concentrations d'insuline, il y aura une de la tolérance au glucose, d’une hyperten-
occupation des récepteurs inférieure à celle sion artérielle et d’une hyperlipidémie : on
observée chez des individus de poids nor- parle alors de syndrome métabolique.
mal. Pour obtenir un effet métabolique donné L'excès de poids et la résistance à l'insuline
(par exemple l’assimilation d’une part de semblent constituer le cœur de cette situa-
tarte) il faut qu'un nombre donné de récep- tion pathophysiologique. L'hyperinsuliné-
teurs soit occupé et qu’une liaison donnée mie qui en résulte induit vraisemblablement
d'insuline soit atteinte. À partir des courbes l'augmentation de la pression artérielle ainsi
de liaison, on peut constater (courbes poin- qu'une hypertriglycéridémie et une hyper-
tillées) que ces conditions peuvent aussi cholestérolémie avec une augmentation du
être réunies dans le cas d’une diminution rapport LDL/HDL. Ces modifications peuvent
du nombre des récepteurs, mais pour une également se produire avant qu'une situa-
concentration d'insuline plus élevée. tion métabolique diabétique soit manifeste.
Il peut alors se produire des atteintes athé-
Développement d’un diabète de l'adulte rosclérotiques des coronaires ainsi qu'une
(B). L'individu de poids normal (à gauche) insuffisance cardiaque.
avale une quantité de sucres donnée ; pour
maintenir l’augmentation de la concentra-
tion sanguine de glucose dans des limites
normales, l'insuline sera libérée en quantités
nécessaires dans la circulation sanguine. Par
Hormones 269

— À. Concentration et liaison de l'insuline chez des individus normaux ou obèses ——

liaison d'insuline

nombre normal de récepteurs

liaison d'insuline / alimentation pi


sur les cellules normale
cibles pour obtenir
un niveau normal
du sucre sanguin
nombre
I de récepteurs
diminué
L
vai |
alimentation
il \ trop riche
| concentration d'insuline rer
IL
B. Développement d'un diabète de l’aldulte
antidiabé-
tiques ? F7}
oraux LA Û

2]
Æ
=n
=
Lo)
=
je)
&
L'
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temps
(°}
=
3
se
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(=
Le]
D
a
©ŸU
=]
C)

diagnostic :
latent avéré
éduction de poids diabète
traitement de 1'° intention I] traitement de 2° int.
270 Hormones

Antidiabétiques oraux par exemple déplacement de la liaison aux


protéines plasmatiques par les sulfamides ou
La concentration de glucose à un instant l'acide acétylsalicylique.
donné est le résultat d’un équilibre entre les Le répaglinid possède le même mécanisme
apports de glucose dans le sang (provenant d’action que les sulfonylurées mais appar-
en particulier de l'intestin et du foie) et l’uti- tient à une autre famille chimique. Après ad-
lisation du glucose sanguin par les organes ministration orale, l'effet apparaît rapide-
et les tissus. Les différentes substances dis- ment et disparaît également très vite, si bien
ponibles pour diminuer une concentration que le répaglinid peut être pris juste avant
trop élevée de glucose dans le sang sont pré- les repas.
sentées à la figure (A) avec une représenta- Le terme de glitazone est une abréviation
tion simplifiée de leurs sites d’action. pour les dérivés des thiazolidinedione, dont
La metformine est un dérivé biguanide font partie le rosiglitazone et le pioglitazone.
capable de normaliser le niveau plasmatique Ces substances augmentent la sensibilité à
du glucose en présence d'insuline. Son méca- l'insuline des cellules cibles. Elles agissent
nisme d’action n’est pas complètement éta- sur le récepteur PPARY des adipocytes (ré-
bli, mais un effet important semble être une cepteur des peroxysomes activés par la pro-
diminution de la libération de glucose par le lifération), un récepteur régulant la trans-
foie. La metformine ne stimule pas la sécré- cription. Elles provoquent une maturation
tion d'insuline et ne favorise pas une hyper- des préadipocytes en adipocytes, une aug-
insulinémie. Il n’y a pas de danger d’hypo- mentation de leur sensibilité à l'insuline et
glycémie. La concentration de triglycérides une augmentation de la capture de glucose.
peut décroître. La metformine a fait ses preu- Les muscles squelettiques sont également af-
ves comme monothérapie du diabète de fectés quoiqu'ils contiennent peu de récep-
type 2 chez l’obèse. Elle peut être combinée teurs. Très récemment on a découvert une
à d’autres antidiabétiques oraux ou à l’insu- protéine, la résistine, qui peut être produite
line. Les effets secondaires les plus fréquents par les adipocytes et entraîner une résis-
sont des pertes d’appétit, des vomissements tance à l'insuline d’autres cellules. Le rosigli-
et des diarrhées. La surproduction d'acide tazone diminue la synthèse de cette pro-
lactique (lactacidose) est une complication téine. Le rosiglitazone et le pioglitazone ne
rare mais dangereuse. La metformine est en sont utilisés qu’en traitement combiné, lors-
particulier déconseillée chez les gens dont la que l'effet thérapeutique obtenu avec la met-
fonction rénale est réduite et ne doit donc formine ou une sulfonylurée, seule, n’est pas
pas être utilisée chez les patients plus âgés. suffisant. L'association à l'insuline est con-
Les antidiabétiques oraux de type sulfo- tre-indiquée. Les effets secondaires sont une
nylurée stimulent la sécrétion d'insuline par prise de poids, une surcharge liquidienne
les cellules 6 du pancréas. Ils inhibent les ca- (avec pour conséquence une contre-indica-
naux potassiques ATP-dépendants et provo- tion en cas d'insuffisance cardiaque, quel
quent ainsi une dépolarisation membranaire. qu’en soit le stade); la fonction hépatique
En temps normal, les canaux sont fermés lors- doit être surveillée (retrait du marché de la
que la concentration intracellulaire de glu- troglitazone à cause de sa toxicité hépatique).
cose, et donc d’ATP, augmente. À ce groupe L’acarbose est un inhibiteur de l’o-gluço-
de substances appartiennent par exemple le sidase présente dans les bordures en brosse
tolbutamide (500-2 000 mg/jour) et le gliben- qui libère ie glucose à partir des disaccha-
clamide (1,75-10,5 mg/jour). Chez quelques rides. Il ralentit l'hydrolyse de ces sucres et
patients l’augmentation de la sécrétion d’insu- donc l'absorption du glucose. Des ballonne-
line n’a pas lieu, dès le début du traitement ; ments et des diarrhées peuvent se produire
chez d’autres on note tardivement un échec par suite d’une augmentation de la fermenta-
du traitement. Il est indispensable d'associer tion des sucres par les bactéries intestinales.
au traitement une réduction de l'apport ali- Le miglitol qui a le même effet sera cepen-
mentaire (diète). L'effet secondaire le plus im- dant absorbé par l'intestin.
portant est un risque d’'hypoglycémie. Un ren-
forcement de l’action du médicament peut
être due à des interactions médicamenteuses,
Hormones 271

— À. Antidiabétiques oraux
metformine, un biguanide glibenclamide, une sulfonylurée 4

Il
NH 50; PNR CE EN C a

0
O=E
\ He
H3C CH
cellule glucose
du pancréas
canal
> h= potassique
ATP ATP-dépen-
dant

inhibe la libération
de glucose par le foie
potentie
de membrane À

LE

foie
FPS insuline

N concentration EL"
E HU > sanguine [ diminution N
| 7 de glucose LE

intestin
US
acarbose, rosiglitazone, une thiazolidinedione
un « faux » tétrasaccharide

Ne N
«
FX 0
disaccharide CH Chi 0 ù CH; if
H3C /
Au |
Fe a = Q © se Q D- ®
n
préadipocytes
O0

Il “AL?
adipocytes
Ro
LR
glucose
a PPARy > sensibilité à l'insuline 4
VIODITOON.
VUUUUUU
QU
ADN Ts de glucose 4
diminue l'absorption
entérale de glucose ; è libération de « résistine » dl
tissu adipeux

douleurs intestinales prise de poids contre-indication en cas

‘Al
d'insuffisance cardiaque
272 Hormones

Substances utilisées pour maintenir dans l’os sous forme d’hydroxy-apatite


l'homéostasie du calcium augmente. En cas de carence en vitamine D,
la minéralisation osseuse est insuffisante
Au repos, la concentration intracellulaire (rachitisme, ostéomalacie). L'utilisation thé-
d'ions calcium (Ca”*) est maintenue à 0,1 1M rapeutique est un traitement de substitution.
(mécanismes impliqués, p. 130). Lors d’une En général, on donne de la vitamine D ; on
stimulation, une élévation d'environ 10 uM peut aussi utiliser le calcifédiol chez des
provoque la contraction des cellules muscu- sujets ayant des troubles hépatiques ou le
laires (couplage électromécanique) ou, dans calcitriol chez les malades du rein. L'activité
les cellules glandulaires, la vidange des ainsi que la rapidité d'apparition de l’action
vésicules (couplage électrosécrétoire). Le ou de sa disparition augmentent dans l’ordre
contenu cellulaire de calcium est en équili- vit. D, 25-OH-vit. D, 1,25(O0H),-vit. D. En cas
bre avec la concentration extracellulaire de de surdosage, se produit une hypercalcémie
calcium (environ 1 000 M) ; de même qu'avec avec dépôt de sels de Ca dans les tissus
la fraction de calcium liée aux protéines dans (principalement les reins et les vaisseaux) :
le sang. Le calcium peut cristalliser en pré- calcinose.
sence de phosphate, sous forme d’hydro- La parathormone, un polypeptide, est sé-
xyapatite, constituant minéral des os. Les crétée par les glandes parathyroïdes lors
ostéoclastes sont des cellules « gloutonnes » d'une baisse de la concentration sanguine de
qui libèrent du calcium à partir de la dégra- Ca”. Elle active les ostéoclastes et favorise la
dation des os. Des changements très faibles dégradation osseuse. Dans le rein, elle sti-
de la concentration extracellulaire de calcium mule la réabsorption du Ca mais augmente
peuvent modifier les fonctions de l'organisme, en revanche l’excrétion de phosphate. La di-
c'est ainsi que l’excitabilité des muscles sque- minution de la concentration de phosphate
lettiques augmente de façon importante avec dans le sang diminue la tendance du Ca” à
une diminution du Ca” (par exemple lors être incorporé dans la trame osseuse. En
d'une tétanie résultant d’une hyperventila- cas de carence en parathormone, on utili-
tion). Trois hormones ont pour fonction sera en remplacement la vitamine D, qui au
dans l’organisme de maintenir constante la contraire de la parathormone est active par
concentration extracellulaire de Ca*. voie orale.

Hormone dérivée de la vitamine D. Elle pro- La calcitonine, un polypeptide, est libérée


vient de la vitamineD (cholécalciférol). La par les cellules C de la thyroïde en cas d’hy-
vitamine D peut également être formée dans percalcémie. Elle diminue le Ca” en inhibant
l'organisme à partir du 7-déhydrocholestérol, l'activité des ostéoclastes. On l'utilise entre
dans la peau, sous l’action de la lumière autres en cas d’hypercalcémie et d’ostéopo-
ultraviolette. En cas d’ensoleillement insuffi- rose. De façon remarquable, on observe
sant, l'apport dans la nourriture est suffi- qu'une injection de calcitonine peut avoir un
sant ; l'huile de foie de morue est riche en effet analgésique persistant en cas de dou-
vitamine D. L’hormone dérivée de la vita- leurs osseuses sévères.
mine D, métaboliquement active, se forme Une hypercalcémie peut être soignée
par deux hydroxylations : dans le foie en par : 1) une solution de NaCI à 0,9 % et le cas
position 25 (— calcifédiol), puis dans le rein échéant du furosémide — excrétion rénale
en position 1 (— calcitriol, hormone-vita- de Ca’ T ; 2) par la calcitonine qui inhibe les
mine D). L'hydroxylation en 1 dépend de ostéoclastes, la plicamycine ou le clodro-
l'état de l'homéostasie du calcium et sera sti- nate (un diphosphonate) — mobilisation os-
mulée par la parathormone ainsi que par la seuse du calcium L ; 3) par un complexant
chute des concentrations de phosphate et de du calcium, EDTA sodique ou citrate sodi-
Ca” dans le sang. L'hormone-vitamine D que, ainsi que, le cas échéant 4) par les glu-
[1,25 (OH),D,] stimule l'absorption de Ca” et cocorticoïdes.
de phosphate au niveau de l'intestin ainsi
que leur réabsorption par le rein. Par suite
de l'élévation des concentrations de Ca” et
de phosphate, la tendance à la cristallisation
Hormones 273

FeA. Homéostasie du calcium dans l'organisme


S

excitabilité |
électrique | ‘& di
5 trame osseuse
œ cristaux d’hydroxy-
A apatite,
a À
ëe) Ca,a (PO,) (OH)
SIONe M.CA RO, ds
9 LTÉE
|
cellule musculaire | [cellule glandulaire ra
-
eo© —+
l
© 5 M
Ej Ê 7 G ostéoClaste
|
| )
-10M ES CS
O\;

M AN & o w
Dr po le =
!
|
J £a©
2

contraction sécrétion so —
- —H

OH

7-déhydrocholestérol CH;
ne (aus HO HO OH
le cholécalciférol 25-hydroxycholé- 1,25-dihydroxycholé-
vitamine D calciférol calciférol
50-5 000 ug/j calcifédiol calcitriol
50-2 000 ug/j 0,5-2 ug/j
Mie de toie © de morue 23
2 æ
"] vit. D
cellules para- para- — hormone
folliculaires | — LC? Je 7%) thyroïde
de la thyroïde

parathormone
274 Substances antibactériennes

Médicaments contre cide; 2) les bactéries survivent mais ne se


les infections bactériennes multiplient plus : effet bactériostatique. Même
si des variations peuvent se produire dans
Si les bactéries traversent les barrières les conditions thérapeutiques, les différen-
cutanées ou muqueuses et pénètrent dans tes substances peuvent être classées selon
l'organisme, on obtient alors une infection leur principe d'action (soulignés en couleur
bactérienne. L'organisme est souvent capable dans la figure 2).
d'éliminer les bactéries par l'intermédiaire Si la multiplication bactérienne persiste
d’une réaction du système immunitaire, sans sous l’action d’une substance antibacté-
que des symptômes de maladie se manifes- rienne, on à affaire à un phénomène de résis-
tent. Lorsque les bactéries se multiplient plus tance des bactéries. Ces phénomènes peu-
vite que les défenses de l'organisme ne peu- vent reposer sur le fait qu’une souche de
vent les détruire, se déclenche une maladie bactéries en raison de son métabolisme pro-
infectieuse accompagnée de signes inflamma- pre, est naturellement insensible à la subs-
toires, par exemple infection purulente d’une tance (résistance naturelle). Selon qu’une
écorchure ou infection des voies urinaires. substance est capable d'atteindre seulement
Pour le traitement de ces infections, il faut des un petit nombre ou bien de très nombreuses
substances qui affectent les bactéries et empé- espèces bactériennes, on parlera donc d'un
chent donc leur multiplication ultérieure mais antibiotique à spectre étroit (par ex. pénicil-
qui cependant ne touchent pas les cellules de line G) ou bien à spectre large (ex. tétra-
l'organisme (1). cycline). Des souches bactériennes sensibles
En termes de nomenclature, les antibio- au début peuvent devenir résistantes sous
tiques sont produits par des micro-organis- l'influence de substances antibiotiques (ré-
mes (bactéries, champignons) et sont dirigés sistance acquise). Une modification au ha-
«contre la vie » des bactéries mais aussi des sard du patrimoine héréditaire (mutation)
champignons ou des cellules humaines. Les donne naissance à une bactérie résistante.
agents chémothérapeutiques proviennent Sous l'influence de la molécule, les autres
d'une synthèse chimique. Cette distinction bactéries meurent, tandis que le mutant qui
n’est aujourd'hui plus utilisée dans le lan- n'est pas touché se multiplie. L'apparition
gage courant. d'une souche bactérienne à la résistance ac-
Une atteinte spécifique des bactéries sera en quise augmente avec la fréquence d'utilisa-
général possible lorsqu'une substance agit tion d’un antibiotique (par ex. germes résis-
sur une voie métabolique caractéristique des tants dans les cliniques).
bactéries, qui n'existe pas dans les cellules La résistance est également transmissible
humaines. Ceci est particulièrement net pour dans la mesure où l'ADN, dans lequel la ré-
les inhibiteurs de synthèse de la paroi, car les sistance est inscrite (encore appelée plas-
cellules humaines ne possèdent pas de paroi. mide de résistance), peut être transféré à
Les points d'impact des substances antibac- d’autres bactéries.
tériennes sont présentés en (2), dans une cel-
lule bactérienne très simplifiée.
Dans les pages suivantes, il ne sera pas
fait mention de la polymyxine et de la tyroth-
ricine. Ces antibiotiques polypeptidiques
augmentent la perméabilité de la membrane
cellulaire. En raison de leur mauvaise tolé-
rance, ils ne seront utilisés chez l'homme
qu'en application locale.
Le résultat de l’action des substances
antibactériennes peut être étudié in vitro (3).
Les bactéries se multiplient dans des condi-
tions contrôlées sur un milieu nutritif. Si ce
milieu nutritif contient une substance anti-
bactérienne, il faut distinguer deux effets:
l)les bactéries sont tuées : effet bactéri-
Substances antibactériennes 275

A. Principe s d’un traitement antibactérien

substance
anti-
entrée bactérienne
de l'infection
bactérienne
si possible
atteinte
spécifique
de défense des
de l'organisme bactéries cellule de l'organisme bactéries

paroi
cellulaire - membrane
cellulaire
synthèse
d'acide tétra-
hydrofolique

sulfonramide_ M
bactérie | triméthoprime |
pr
| érythromycine
| clindamycine

résistance

souche sensible avec sélection


un mutant non sensible
276 Substances antibactériennes

inhibiteurs de synthèse de la paroi fréquent est une réaction allergique (fré-


bactérienne quence jusqu'à 5 % des malades traités),
dont les manifestations peuvent aller de ma-
Dans la plupart des cas, une paroi cellulaire nifestations cutanées jusqu’à des chocs ana-
entoure les bactéries comme une écorce phylactiques (moins de 0,05 % des cas). Ces
rigide; elle les protège des agressions exté- molécules sont contre-indiquées chez des
rieures et empêche une rupture de la sujets allergiques à la pénicilline. En particu-
membrane cellulaire sous l'influence d’une lier à cause du danger de sensibilisation, les
pression interne (osmotique) élevée. La soli- pénicillines ne doivent pas être utilisées en
dité de la paroi cellulaire repose avant tout applications locales. Des effets neurotoxi-
sur la trame de la muréine (peptidoglycane). ques, principalement des crampes, peuvent
Elle se compose d'éléments de base rassem- survenir lorsque des concentrations très éle-
blés en une énorme macromolécule formant vées agissent sur le SNC, par exemple en cas
un réseau. Ces éléments contiennent les d'administration rapide de doses élevées en
deux sucres aminés N-acétylglucosamine et i.v. ou bien par administration directe dans
acide N-acétylmuramique enchaïînés les uns le liquide céphalo-rachidien.
aux autres. Ce dernier comporte une chaîne La pénicilline G est éliminée au niveau
peptidique. Les « briques » sont synthétisées des reins, essentiellement sous forme in-
dans la bactérie, transportées vers l’exté- changée et de façon très rapide (demi-vie
rieur à travers la membrane cellulaire et plasmatique d’environ 1/2 heure).
assemblées selon le schéma ci-contre. Il est possible de prolonger la durée
Ensuite, l’enzyme transpeptidase relie les d’action : .
chaînes peptidiques de deux polymères voi- 1. Administration à dose plus élevée, pour une
sins de sucres aminés. demi-vie plasmatique identique la concen-
Inhibiteurs de synthèse de la paroi. Ils tration persiste plus longtemps au-dessus
conviennent comme substance antibacté- de la valeur seuil nécessaire à l’action an-
rienne car les cellules humaines ne possè- tibactérienne.
dent pas de paroi. Ils sont bactéricides pour 2. Association avec le probénécide. L'élimi-
les germes qui poussent et se multiplient. nation rénale de la pénicilline G s'effectue
C’est de cette façon qu'’agissent les antibio- en grande partie par le système de sécré-
tiques B-lactames, céphalosporines et pénicil- tion des anions (acides) dans le tubule
lines ainsi que la bacitracine et la vancomycine. proximal (fonction acide du 6-AAP !). Le
probénécide, un acide (p. 326), entre en
La pénicilline (A). La substance originelle de concurrence avec cette voie d’élimina-
ce groupe est la pénicilline G (benzylpénicil- tion et ralentit ainsi l'élimination de la
line). Elle a été obtenue à partir de cultures pénicilline G.
de moisissures, initialement de Penicillium 3. Injection intramusculaire en dépôt. La pé-
notatum. La pénicilline G contient l'élément de nicilline G sous forme anionique (-CO0O
base commun à toutes les pénicillines, l’acide forme avec des substances contenant des
6-aminopénicillanique (6-AAP, p. 279), avec groupements aminés chargés, des sels peu
un cycle f-lactame à 4 côtés. Le 6-AAP lui- solubles dans l’eau (procaïne, p. 212, clé-
même n’a pas d'action antibactérienne. Les mizole un anti-histaminique, benzathine
pénicillines interrompent la synthèse de la une substance dicationique). Selon la
paroi en inhibant la transpeptidase. Si les bac- substance, la libération de la pénicilline G
téries se trouvent dans une phase de crois- à partir du dépôt s'étend sur un intervalle
sance et de multiplication, les pénicillines de temps variable.
provoquent la mort cellulaire (bactéricidie) ;
en raison du défaut de la paroi, les bactéries
gonflent puis éclatent.
Les pénicillines sont bien supportées chez
l'homme. La dose journalière peut aller pour
la pénicilline G d'environ 0,6 g i.m. (= 10 uni-
tés internationales, I Mega UT) jusqu’à 60 g
en perfusion. L'effet secondaire le plus
che Substances antibactériennes 277

A. Pénicilline G : structureset origine, mécanisme d’action et possibilités


pour allonger sa durée d'action

paroi
membrane
cellulaire

bactérie association
par la
transpeptidase
chaîne
nn s d'acides
inhibition de la synthèse pe
: ; À aminés
de la paroi cellulaire Je s
re élément de la paroi

SIl h ONE anticorps

ZTTN CH; allergie


à la pénicilline

neurotoxicité
pour des doses
ÈS très élevées
champignon l
Penicillium notatum

concentration
plasmatique

3 x dose
concentration
bactéricide
minimale

: temps

d'action
durée
jours
en
augmentation de la dose combinaison avec le probénécide préparation dépôt
278 Substances antibactériennes
7

La pénicilline G est très bien supportée pignons et exercent une action bactéricide
mais présente cependant des inconvénients en inhibant la transpeptidase. La structure
(A) qui restreignent son utilité thérapeuti- de base, formée par l'acide 7-aminocéphalos-
que : 1) l'acidité gastrique hydrolyse le cycle poranique, est soulignée en gris dans l’exem-
B-lactame et inactive la pénicilline G qui doit ple de la céfalexine. Les céphalosporines
donc être injectée ; 2) le cycle B-lactame peut sont stables en milieu acide mais beaucoup
également être dégradé par une enzyme bac- des représentants de ce groupe sont mal ab-
térienne (f-lactamase) qui peut être produite sorbés. En raison de la nécessité d’une admi-
en particulier par certaines souches de sta- nistration parentérale, la plupart de ces mo-
phylocoque, ce qui les rend résistantes à la lécules, parmi lesquelles les plus actives,
pénicilline G ; 3) le spectre antibactérien est seront presque exclusivement réservées à
étroit. Il englobe beaucoup de bactéries à l'utilisation hospitalière. Peu d’entre elles,
Gram positif, ainsi que des cocci à Gram né- comme par exemple la céfalexine, convien-
gatif et l’agent de la syphilis mais n’affecte nent à l'administration orale. Les céphalos-
pas beaucoup de germes à Gram négatif. porines sont résistantes à la pénicillinase;
Les dérivés comportant un autre substi- mais il existe des germes synthétisant des
tuant sur l’acide 6-aminopénicillanique pré- céphalosporinases. Quelques dérivés sont
sentent l'avantage (B) : cependant insensibles aussi à cette f-lacta-
1. D'être résistants en milieu acide ce qui per- mase, Les céphalosporines ont un large
met une absorption orale (dans la mesure spectre antibactérien. Les dérivés récents
où l'absorption intestinale est possible). (ex. céfotaxime, cefménoxime, céfopérazone,
Tous les dérivés présentés en B peuvent ceftriaxone, ceftazidime) touchent égale-
être administrés par voie orale. La péni- ment des germes résistants aux autres subs-
cilline V (phénoxyméthylpénicilline) a les tances antibactériennes. Les céphalosporines
mêmes propriétés antibactériennes que la sont en général bien supportées par l’homme.
pénicilline G. Toutes peuvent provoquer une réaction al-
2. D’être résistants à la pénicillinase. Les pé- lergique, certaines peuvent aussi toucher les
nicillines isoxazolyl (oxacilline, dicloxacil- reins, provoquer des saignements (anta-
line, flucloxacilline) conviennent pour le gonisme de la vit. K) ou des intolérances à
traitement (oral) des infections par des l'alcool.
staphylocoques synthétisant des pénicilli-
nases. Autres inhibiteurs de synthèse de la paroi
3. D’avoir un spectre plus large. L’aminopé- bactérienne. Les antibiotiques bacitracine
nicilline, amoxicilline, touche de nombreux et vancomycine perturbent le transport des
germes à Gram négatif, par exemple les co- éléments constitutifs de la paroi à travers la
libacilles ou les salmonelles (typhus). Elle membrane cellulaire et sont actifs unique-
peut être protégée de la dégradation par la ment contre les bactéries à Gram positif. La
pénicillinase par son association avec un in- bacitracine est un mélange de polypeptides
hibiteur de cette enzyme (ac. clavulinique, très néphrotoxique et qui sera uniquement
sulbactam, tazobactam). utilisé localement. La vancomycine est un
L'ampicilline, de structure voisine (pas de glycopeptide. C'est l'agent de choix pour le
groupe 4-OH), a le même spectre d'action traitement (oral) d’une inflammation intesti-
mais est faiblement absorbée (<50 %) et nale pouvant intervenir comme complication
affecte de ce fait particulièrement la flore d’un traitement antibactérien (entérocolite
intestinale (effet secondaire : diarrhée), elle pseudomembraneuse, provoquée par Clostri-
doit donc être uniquement injectée. dium difficile). Elle n’est pas absorbée.
Les carboxypénicillines (ticarcilline) et les
acylaminopénicillines (mezlocilline, azlocilline,
pipéracilline) possèdent un spectre encore
plus large (par ex. contre les bactéries Pseu-
domonas). Ces molécules ne sont pas résis-
tantes en milieu acide ou à la pénicillinase.
Les céphalosporines (©). Ces antibiotiques
B-lactames proviennent également des cham-
Substances antibactériennes 279
— À. Inconvénients de la pénicilline G

ac. 6-aminopénicillanique

SEC

4 A
COOH
pénicilline G

sensibilité à J’acide sensibilité


: à la pénicillinase

péñnicillinase

©
©
RE étroit
d'action
spectre

staphylocoques

B. Dérivés de la pénicilline G
concentration nécessaire
pour inhiber des
acide pénicillinase spectre bactéries sensibles
à la pénicilline G

ACL s cn, |résistant | sensible


énicilline V ja AR
PEINE, d” QE
COOH
étroit

résistant | résistant
S_ CH;
ZEN ch, étroit
oxacilliné Oo

résistant | sensible
CH:
ScHs large
COOH JL
C. Céphalosporines
céfalexine
0 résistant
EN-cH-cu ; Fe mais sensible ee
NH nee NAS AE céphalo-
0) is sporinase large
280 Substances antibactériennes

Inhibiteurs de synthèse grossesse ou chez le nouveau-né). En raison


de l'acide tétrahydrofolique de l’apparition très fréquente de germes ré-
sistants, les sulfonamides ne sont aujourd’hui
L’acide tétrahydrofolique (THF) est un co- que rarement utilisés (introduction 1935).
enzyme d'une étape de synthèse des bases Triméthoprime : inhibe la DHF-réductase
puriques et pyrimidiques. Celles-ci sont des bactérienne, l’enzyme humaine est nette-
éléments constitutifs de l'ADN et des ARN ment moins sensible que l’enzyme bacté-
et sont nécessaires à la croissance et à la rienne (on observe rarement des cas d’apla-
division cellulaire. En cas de carence en sie médullaire). Le triméthoprime, une 2,4-
THF, la multiplication cellulaire est inhibée. diaminopyrimidine, est un agent chimiothé-
THF est synthétisé à partir de l’acide dihy- rapeutique avec une action bactériostatique
drofolique sous l’action de l’enzyme dihy- sur un large spectre de germes pathogènes.
drofolate réductase. DHF provient dans les Il est principalement utilisé comme compo-
cellules humaines, de l’acide folique, vita- sant du cotrimoxazole.
mine qui ne peut être synthétisée par l’orga-
nisme mais doit être captée à l'extérieur. Le cotrimoxazole est une association de
Les bactéries n’ont pas besoin d’acide foli- triméthoprime et d’un sulfonamide, le sulfo-
que car elles sont capables par elles-mêmes méthoxazole. En raison de l'atteinte de deux
de produire de l'acide folique ou plus exac- étapes consécutives dans la synthèse du
tement de l'acide dihydrofolique à partir de THF, l’action antibactérienne du cotrimoxa-
précurseurs. Une perturbation de la voie de zole est meilleure que celle de chacun des
synthèse du THF chez les bactéries est composants. Les microbes résistants sont
obtenue en utilisant le sulfonamide et le rares et il peut se produire un effet bactéri-
triméthoprime. cide. Les effets secondaires correspondent à
ceux de chaque substance individuelle.
Sulfonamides. Leur structure ressemble à
celle de l'acide para-aminobenzoïque (PAB), Sulfasalazine (salazosulfapyridine). Trai-
un élément de base dans la synthèse de DHF tement de la colite ulcéreuse inflammatoire
par les bactéries. Les sulfonamides, en tant et de la maladie de Crohn. Les bactéries in-
que faux substrat, bloquent de façon compé- testinales décomposent cette substance en
titive la transformation du PAB et inhibent la un sulfonamide (sulfapyridine) et en acide 5-
synthèse de DHF. Comme la plupart des aminosalicylique. Ce dernier est évidemment
bactéries ne peuvent pas capter l'acide foli- la molécule anti-inflammatoire (inhibition de
que du milieu environnant, elles s’appauvris- la synthèse de leucotriènes ?) mais doit per-
sent en DHF. Les sulfonamides agissent ainsi sister à forte concentration au niveau de la
comme des bactériostatiques sur un large muqueuse intestinale. L'association à un sul-
spectre d'agents pathogènes. Les sulfonami- fonamide empêche l'absorption précoce dans
des sont produits par synthèse chimique. La les segments supérieurs de l'intestin grêle. Le
structure de base est présentée sur la for- sulfonamide sera absorbé après hydrolyse
mule ci-contre. Le résidu R conditionne la de la liaison et peut provoquer des effets
pharmacocinétique du sulfonamide consi- secondaires classiques (voir ci-dessus). Les
déré. La plupart des sulfonamides sont bien préparations de mésalazine à libération lente
absorbés par voie orale. Ils seront métaboli- permettent de ne pas utiliser le sulfonamide.
sés en proportions variables et éliminés par La sulfasalazine a été à l’origine dévelop-
les reins. La vitesse d'élimination ainsi que pée pour le traitement de la polyarthrite
la durée d'action peuvent varier de façon im- rhumatoïde (p. 330).
portante. Les effets secondaires sont, entre
autres, des réactions allergiques en partie ac-
compagnées de réactions cutanées sévères;
un déplacement de la liaison d’autres produits
pharmaceutiques aux protéines du plasma
ou chez le nouveau-né de la bilirubine (ris-
ques d’ictère du nourrisson et donc contre-
indication durant les dernières semaines de
Substances antibactériennes 281
- À. inhibiteurs de synthèse de l'acide tétrahydrofolique

D
H O O H
\ 74 M
N SN
/ \ 1! \
H OH O R

acide p-aminobenzoiïique sulfonamide

R conditionne
acide folique la pharmacocinétique

(vitamine) durée d'action

sulfisoxazole
acide
| L 6 heures

folique sulfaméthoxazole
(DHF)
CH Le 12 heures

sulfalène

intervalle entre 2 doses

N' Y
FN
HN

triméthoprime

sulfasalazine
(non absorbée)

HOOC

Ho = sd
: Le

é purines, hydrolyse
ÿmidine par les bactéries
bactérie intestinales
LE

_cellule humaine nésalazine. | sulfapyridine a

(Gbacibes)
282 Substances antibactériennes

Inhibiteurs de la fonction de l'ADN au niveau des épiphyses et des articulations


chez les animaux de laboratoire, les inhibi-
L’acide désoxyribonucléique (ADN) sert de teurs de la gyrase ne doivent pas être utilisés
matrice pour la synthèse des acides nucléi- durant la grossesse, l'allaitement et durant la
ques. Les ARN gouvernent la synthèse de croissance. On peut également observer des
protéines et permettent ainsi la croissance lésions hépatiques, un prolongement de la
cellulaire. Une néo-synthèse d'ADN est la durée du QT avec un risque d’arythmie et
condition d’une division cellulaire. Les sub- une phototoxicité.
stances qui inhibent la lecture de l'infor-
mation génomique au niveau de la matrice Les dérivés du nitro-imidazole, par exemple
d'ADN perturbent le centre de contrôle du le métronidazole, altèrent l'ADN en formant
métabolisme cellulaire. Les substances décri- des complexes avec un brin ou en le cassant.
tes ci-dessous conviennent comme substan- Ceci se produit chez les anaérobies stricts,
ces antibactériennes car elles ne touchent pas c'est-à-dire des bactéries se développant en
les cellules humaines. l’absence d'oxygène. Dans ces conditions a
lieu une transformation en un métabolite
Inhibiteurs de la gyrase. L’enzyme gyrase réactif (par ex. hydroxylamine, voir la figure)
(topoisomérase Il) permet d'introduire de qui attaque l'ADN. L'effet est bactéricide.
façon ordonnée un chromosome bactérien C'est au même mécanisme qu’est due l’action
long d'environ 1000 1m dans une cellule cytotoxique sur le protozoaire Trichomonas
bactérienne longue d'environ 1 pm. Dans le vaginalis (responsable d’inflammation du
filament chromosomique se trouvent les vagin et de l’urètre) et Entamoebia histolytica
deux brins d'ADN enroulés en une double (responsable d'inflammation du gros intes-
hélice. Le filament chromosomique de son tin, dysenterie amibienne, et d’abcès hépa-
côté est arrangé en spirales dont la longueur tiques). Le métronidazole est bien absorbé
peut être diminuée en augmentant le degré après prise orale ; il peut être administré en
d’enroulement. La gyrase effectue cette tor- injection intraveineuse ou localement (ovu-
sion comme il est montré dans le schéma en les vaginaux). En raison de la crainte d’alté-
ouvrant et fermant l’hélice, sans qu'il soit rations génétiques, d'effets cancérigènes ou
nécessaire de faire tourner l’ensemble de la tératogènes également chez l’homme, le
boucle. métronidazole ne doit, si possible, pas être
Les dérivés de la 4-quinolone avec une administré pour une période supérieure à
fonction acide en 3 (voir dans la formule la 10 jours et pendant la grossesse ou l’allaite-
partie colorée en vert) sont des inhibiteurs ment. Le tinidazole doit être considéré
de la gyrase bactérienne. Ils semblent empé- comme le métronidazole.
cher la fermeture du brin ouvert et ont de ce
fait une action bactéricide. Ces agents chi- La rifampicine inhibe chez les bactéries
miothérapeutiques sont absorbés après prise l’enzyme qui assemble les ARN, copies de la
orale. Le produit le plus ancien (acide nali- matrice d'ADN (transcription). La rifampi-
dixique) agit Seulement sur les bactéries à cine à une action bactéricide. Sont touchées
Gram négatif et n’atteint une concentration à côté des mycobactéries (tuberculose, lèpre)
active que dans l'urine ; il sert au traitement de nombreuses bactéries à Gram positif ou
des infections des voies urinaires. La nor- négatif. La rifampicine est bien absorbée
floxacine présente un spectre plus large. après administration orale. En raison du ris-
L'ofloxacine, la ciprofloxacine, l’énoxacine que de développement d’une résistance lors
atteignent par ailleurs des concentrations d'utilisation fréquente, elle sert seulement
actives dans l’organisme et seront utilisées au traitement de la tuberculose et de la lèpre
également contre les infections des organes (p. 288).
internes. La rifampicine est contre-indiquée dans le
Les effets secondaires sont en dehors de premier trimestre de la grossesse et durant
troubles digestifs ou d'allergie, des altéra- l'allaitement. |
tions particulières du système nerveux (par La rifabutine, en principe comparable à la
ex. hallucinations, confusion et crampes). À rifampicine, peut cependant être encore
cause d’altérations des cellules des cartilages active en cas de résistance à celle-ci.
Substances antibactériennes 283
A. Substances antibactériennes agissant sur l'ADN
————— = _
11 . £a Àt
EL j inhibiteurs de la gyrase
-.
AéNE ul nt Leveé
AQUINOO
3-carboxyliques

double hélice d'ADN

chromosome
re) bactérien

ARN-polymérase
ADN-dépendante

lésion
de l'ADN
284 Substances antibactériennes

inhibiteurs de la synthèse protéique En termes de nomenclature, « ..….mycine »


provient d’un organisme de type Strepto-
La synthèse protéique correspond à la traduc- myces et «…micine », par exemple gentami-
tion de l'information génétique transmise cine, d’un Micromonospora.
auparavant sous forme d’ARNm (p.282), en 2. Chloramphénicol : il inhibe la peptidyl-
une chaîne peptidique. L’assemblage de cette transférase. Il a une action bactériostatique
chaîne à partir des acides aminés (AA) s'’effec- sur un large éventail de germes. La molécule,
tue sur un ribosome. Le transport des acides assez simple, est aujourd’hui synthétisée par
aminés jusqu’à l’'ARNm est assuré par différen- voie chimique.
tes molécules d'ARN de transfert (ARNE) qui 3. Érythromycine :elle bloque le déplacement
ont chacune lié un AA particulier. À un ARNt du ribosome sur l’'ARNm. Elle agit essentiel-
correspond une unité de code spécifique de lement de façon bactériostatique et touche
lARNm (le codon, se composant de 3 bases). principalement les germes à Gram positif.
En temps normal, l'introduction d’un acide Pour l'administration orale, la base sensi-
aminé comporte les étapes suivantes (A) : ble aux acides se trouve sous forme de sels
1. Le ribosome s'associe à deux codons de (par ex. stéarate) ou d’esters (ex. éthylsuc-
l'ARN. L'un (celui de gauche) est déjà lié cinate). L'érythromycine est bien supportée.
au complexe ARNt-AA, l’AA fait déjà partie Elle convient, entre autres, comme antibio-
de la chaîne peptidique. L’autre (celui de tique de remplacement dans les cas de résis-
droite) est prêt pour la fixation d’un nou- tance ou d'allergie à la pénicilline. La clarithro-
veau complexe ARNt-AA. mycine, l'azithromycine et la roxithromycine
2. Après cette fixation, se forme une liaison sont des dérivés de l’érithromycine avec une
entre son AA et celui du complexe ARNt- sensibilité plus faible aux acides et une
AA voisin (à gauche). Ceci est réalisé par meilleure biodisponibilité après prise orale.
l'enzyme peptidyl-transférase et a pour Les substances que nous venons de citer
conséquence la dissociation de l’AA et de sont les représentants les plus importants
l'ARNt dans le complexe de gauche. du groupe des antibiotiques macrolides (qui
3. Cet ARNt se dissocie de l’ARNm. Le ribo- renferme également la spiramycine).
some peut se déplacer le long de l'ARNm
et s'intéresser au codon suivant. La clindamycine a une action antibactérienne
4. De ce fait, le complexe ARNt-AA qui était à voisine de celle de l’érythromycine. Elle agit
droite, se déplace vers la gauche, et un de façon bactériostatique principalement
nouveau complexe peut maintenant s’as- sur les germes à Gram positif aérobies ainsi
socier à droite. que des germes anaérobies. La clindamycine
est un analogue chloré, semi-synthétique,
Chacune de ces différentes étapes peut être de la lincomycine qui provient, elle, d’un
inhibée par des antibiotiques appartenant à streptomyces. Après administration orale,
des groupes différents. Les exemples décrits la clindamycine, mieux absorbée que la linco-
proviennent tous de micro-organismes de mycine, possède une action antibactérienne
types Streptomyces ; quelques aminoglycosi- plus élevée et sera donc préférée. Les deux
des sont également issus du groupe des substances passent aisément dans le tissu
Micromonospora. osseux.
1. a) Les tétracyclines inhibent la fixation du
complexe ARNt-AA au ribosome. Elles ont Les oxazolidinones, comme le linézolide,
une action bactériostatique et atteignent un sont un groupe de substances récemment
large spectre d'agents pathogènes. découvertes. Elles inhibent le début de la syn-
b) Les aminoglycosides provoquent l’asso- thèse d’une amorce peptidique sur laquelle
ciation d’un complexe ARNt-AA incorrect, ce s'associent le ribosome, l'ARN et le complexe
qui conduit à la synthèse de protéines erro- ARNt-AA initial. Les oxozolidinones ont une
nées. Les aminoglycosides ont une action action bactériostatique sur les bactéries à
bactéricide. Le point fort de leur spectre Gram positif.
d'action porte sur les bactéries à Gram négatif.
Streptomycine et kanamycine servent princi-
palement au traitement de la tuberculose.
Substances antibactériennes 285

A. Synthèse des protéines et sites d'action des substances antibactériennes


H3 SZ CH;

1 0 dou
H3C HO CN
OH
4
— —- OH O HOH O0
() NH
ribosome RE — | tétracycline doxycycline

) Àmi D NH) HO NH
OH
ARNt mise en place Ho o o OH
æ-@ d’un faux (e] O
acide aminé H2C HN NHb CH20H
(0 } Ç
K
aminoglycoside
chaîne peptidique

C
07 CH,

chloramphénicol

chloramphénicol

érythromycine

érythromycine

Streptomyces
286 Substances antibactériennes

Les tétracyclines sont absorbées au ni- également tenir compte de ce danger d’apla-
veau du tractus digestif, certes en quantités sie médullaire en cas d'administration lo-
variables selon la substance, mais cependant cale, par ex. gouttes oculaires, à cause de la
presque complètement pour la doxycycline bonne pénétration du produit.
et la minocycline. Leur administration intra-
veineuse est rarement nécessaire. Les effets Les antibiotiques aminoglycosides se
secondaires les plus fréquents sont des trou- composent de sucres aminés reliés entre eux
bles gastro-intestinaux (vomissements, diar- par des liaisons glycosidiques (voir la genta-
rhées, nausées) dus : 1) à un effet irritant micine C,, un composant du mélange de
direct de la substance sur la muqueuse intes- gentamicines). Ils contiennent de nombreux
tinale ; 2) à une altération de la flore bacté- groupements hydroxyle et amine qui peu-
rienne naturelle de l'intestin (antibiotique à vent lier les protons. Ces composés sont
spectre large) suivie par une colonisation donc extrêmement polaires et traversent
par des agents pathogènes, entre autres un mal les membranes. Ils ne seront pas absor-
champignon, le Candida. La prise simultanée bés au niveau de l'intestin. La néomycine et
d’anti-acides ou de lait pour calmer les dou- la paromomycine seront administrées par
leurs d'estomac est une erreur. En présence voie orale pour éliminer les bactéries intes-
de cations multivalents (par ex. Ca, Mg”, tinales (avant une opération de l'intestin ou
Al, Fe’*/Fe*'), les tétracyclines forment des pour diminuer la production d’ammoniaque
complexes insolubles. De ce fait, ils sont inac- en cas de coma hépatique). Les aminoglyco-
tivés; la capacité d'absorption, l’activité sides utilisés pour le traitement d'infections
antibactérienne et l’effet irritant sur les mu- bactériennes plus sévères doivent être injec-
queuses décroissent progressivement. Étant tés (par ex. gentamicine, tobramycine, nétil-
donné la possibilité de former des comple- micine, amikacine). L'apport local de formes
xes avec le Ca’, la tétracycline a tendance à libérant la gentamicine est également possi-
se déposer dans les dents ou les os en cours ble dans le cas d'infections des os ou des vis-
de croissance. Ceci entraîne une coloration cères. Les aminoglycosides atteignent l’inté-
irréversible des dents en brun-jaune ou une rieur de la bactérie en utilisant les systèmes
inhibition réversible de la croissance osseuse. de transport bactériens. Au niveau du rein, ils
En raison de cet effet secondaire, les tétra- s'accumulent dans les cellules du tubule
cyclines ne doivent pas être administrées à proximal en empruntant un système de réab-
partir du 3° mois de grossesse et jusqu'à la sorption destiné aux oligopeptides basiques.
8° année de la vie. D’autres effets indésira- Les cellules tubulaires peuvent être lésées
bles sont une sensibilité accrue de la peau à (néphrotoxicité généralement réversible).
la lumière ainsi que des lésions hépatiques, Dans l'oreille interne peut se produire une
essentiellement après administration i.v. lésion des cellules sensorielles, de l'organe
d'équilibration et de l'organe auditif (oto-
Le chloramphénicol, un antibiotique à toxicité en partie irréversible).
spectre large, est complètement absorbé
après administration orale. Il se distribue de
façon uniforme dans l'organisme et traverse
facilement les barrières de diffusion comme
la barrière hémato-encéphalique. En dépit de
ces propriétés favorables, l’utilisation du
chloramphénicol est très rare à cause du
danger d’altérations de la moelle osseuse
(utilisation par exemple en cas d'infections
du SNC). Deux formes d'aplasie médullaire
sont possibles : 1) une forme toxique et ré-
versible, dépendante de la dose et apparais-
sant durant le traitement ; 2) le cas échéant,
une forme apparaissant après une période
de latence.de plusieurs semaines, indépen-
dante de la dose et souvent mortelle. Il faut
Substances antibactériennes 287
— À. Tétracyclines, chloramphénicol et aminoglycosides

SN chloramphénicol

de complexes
avec Ca2*, Al+, etc.
avantage :
passage aisé
à travers
les barrières

irritation !
des muqueuses | |

absorption

action
antibactérienne | inconvénient :
sur les bactéries | \ danger
intestinales al d’altération
É de la moelle
osseuse

HO H'NH

lésions du sens
de l'équilibre
et de l’ouïe

les membranes
— administfation
parentérale oligopeptide
basique
système de transport

néphro-
toxicité

pas d'absorption :
stérilisation de l'intestin
288 Substances antibactériennes

Substances contre les infections Pyrazinamide. Son mécanisme d’action est


à mycobactéries inconnu. Il est administré par voie orale,
peut altérer les fonctions hépatiques et dé-
Les mycobactéries sont responsables de clencher une hyperuricémie en interférant
deux maladies : la tuberculose provoquée avec l'élimination rénale d'acide urique.
principalement par Mycobacterium tubercu- Streptomycine. Comme tous les antibioti-
losis et la lèpre par M. leprae. Le principe ques aminoglycosides, elle doit être injectée
général de traitement est l'administration (p. 284); elle lèse l'oreille interne, en parti-
combinée de deux substances ou plus. Le culier le sens de l'équilibre ; en comparaison
traitement combiné empêche la sélection de sa néphrotoxicité est faible.
mycobactéries résistantes. Comme les effets Éthambutol. La raison de sa spécificité
antibactériens de chacun des produits d'action contre les mycobactéries est in-
s’additionnent, il suffit de dosages plus fai- connue. L'éthambutol agit par voie orale. Il
bles pour chaque molécule, ce qui fait dimi- est en général bien supporté. Il peut se pro-
nuer les risques d'effets secondaires. Les duire une lésion particulière du nerf optique,
principales substances ne sont dirigées que dose-dépendante et réversible, avec pertur-
contre l’une de ces deux maladies. bation de la vision des couleurs (rouge/vert,
perte de champ visuel).
Antituberculeux (1) +
Les médicaments de choix sont l’isoniazide, la Substances contre la lèpre (2)
rifampicine, l'éthambutol et à côté de cela la La rifampicine est souvent utilisée en asso-
streptomycine ainsi que le pyrazinamide. ciation avec l’une des deux substances décri-
Les moyens de réserve, plus mal supportés tes ci-dessous voire même avec les deux.
sont l'acide p-amino-salicylique, la cyclo- La dapsone est un sulfone qui de façon
sérine, la viomycine, la kanamycine, l’ami- analogue aux sulfonamides (p. 280) inhibe la
kacine, la capréomycine, l'éthionamide. synthèse de l'acide dihydrofolique. Elle a
Isoniazide. I] a une action bactéricide contre une action bactéricide sur les souches sensi-
les bactéries tuberculeuses en croissance. bles de M. leprae. La dapsone est adminis-
Son mécanisme d'action n’est pas éclairci trée par voie orale. L'effet secondaire le plus
(dans la bactérie se produit une transforma- fréquent est la formation de méthémoglo-
tion en acide isonicotinique qui ne passe pas bine avec une disparition accélérée des
à travers les membranes et s’accumule dans érythrocytes (hémolyse).
les germes). L'isoniazide est très rapidement La clofazimine est un colorant avec une
absorbé après prise orale. L'élimination a action bactéricide contre les germes de la
lieu dans le foie par acétylation. En fonction lèpre et par ailleurs des propriétés anti-
de la vitesse d'élimination, génétiquement inflammatoires. Elle est administrée par voie
déterminée, on distingue deux groupes d’in- orale mais absorbée de façon incomplète. En
dividus : les acétyleurs lents et les acétyleurs raison de son hydrophobie élevée, elle se
rapides. Les effets secondaires notables sont : dépose dans le tissu adipeux et les autres
altération des nerfs périphériques mais éga- tissus et ne disparaît que très lentement de
lement du SNC qui peut être évitée par l’ad- l'organisme (t,, - 70 jours). Un effet indési-
ministration de vit. B, (pyridoxine) ; lésions rable, en particulier chez les patients avec la
hépatiques. peau la plus claire, est une coloration rouge-
Rifampicine. Son origine, son action anti- brun.
bactérienne et ses voies d'administration
ont été décrites page 282. Pour cette subs-
tance en général bien tolérée, il faut signaler
comme effets secondaires : lésions hépati-
ques ; réactions allergiques avec entre autres,
des symptômes de type grippal ; coloration
perturbante mais non dangereuse des flui-
des corporels en rouge/orange ; induction
enzymatique (éviter les contraceptifs oraux).
Pour la rifabutine, voir p. 282.
Substances antibactériennes 289

A. Substances contre les infections à mycobactéries (1. tuberculose ; 2. lèpre)

associations

- diminution
de l'apparition
_de résistances

isoniazide pyrazinamide
OS NHNh o
N Ç
É T NH
N
N
lésions du SNC
et des nerfs périphériques lésion hépatique
HA
(administration HRURS
de vitamine B;) Kc- OH
2e: 4 ñ |
lésions hépatiques d
FA | si

ŸN streptomycine
éthambutol E- acide isonicotinique un antibiotique
0 : aminoglycoside
Il
A | CN
OH HNSAEN
|
NH
HO OH
acide nicotinique

troubles
de l'équilibre
et de l’ouie

lésion hépatique
et induction enzymatique
clofazimine
acide
p-aminobenzoïque

synthèse
dapsone d'acide
folique

Mycobacterium
leprae
290 Antifongiques

Substances contre les infections substances sont éliminées lentement (t,,


provoquées par des champignons plasmatique voisin de 30 heures).
Le naftifin, une allylamine et l’amorolfin,
Les maladies infectieuses dues aux champi- une morpholine, agissent également en inhi-
gnons sont en général limitées à la peau et aux bant la synthèse de l’ergostérol mais en un
muqueuses : mycoses locales. En cas de défi- autre site. Tous les deux sont des antimycoti-
cit immunitaire, on peut observer rarement ques locaux.
une atteinte des organes internes : mycoses Les antibiotiques polyènes. Amphoté-
systémiques. ricine B et nystatine sont d’origine bactérienne.
Les agents les plus courants des mycoses Ils se déposent dans la membrane du champi-
sont les dermatophytes qui après une contami- gnon (sans doute à proximité des molécules
nation de la surface externe résident dans les d’ergostérol) de telle sorte que se forment des
cheveux ou les ongles. pores. L'augmentation de la perméabilité par
Candida albicans : cette levure se trouve de exemple pour les ions K' est responsable de
façon normale à la surface externe de l’orga- l'effet fungicide. L'amphotéricineB touche la
nisme ; une infection des muqueuses et plus ra- majorité des germes responsables des mycoses
rement de la peau où même des organes inter- systémiques. En raison de leur mauvaise ab-
nes peut se produire en cas de diminution des sorption, les antibiotiques polyènes doivent
défenses (par ex. altération de la flore bacté- être administrés en perfusion. Le malade sup-
rienne par des antibiotiques à large spectre, porte assez mal le traitement (frissons, fièvres,
traitement immunosuppresseur). troubles du SNC, réduction de la fonction ré-
Les dérivés imidazolés inhibent la synthèse nale, inflammation au site d'injection). Utilisés
de l’ergostérol. Ce stéroïde est un composant localement sur la peau ou les muqueuses, l’am-
essentiel de la membrane cytoplasmique des photéricine B sert au traitement des mycoses à
cellules de champignon, comparable au cho- Candida. Dans le cas de candidoses intestinales,
lestérol dans les cellules humaines. Sous l’ac- l'administration orale permet un traitement
tion d’un dérivé imidazolé, les champignons ne local, à cause de la mauvaise absorption. La nys-
se développent pas (effet fongistatique) ou tatine sera utilisée seulement localement (dans
même meurent (effet fongicide). Le spectre des la bouche et le tractus gastro-intestinal) et éga-
champignons touchés est très étendu. Les prin- lement contre les mycoses à Candida.
cipaux dérivés imidazolés conviennent seule- La flucytosine est transformée dans les
ment pour une application locale, à cause de Candida en 5-fluoro-uracile sous l’action d'une
leur faible absorption et de leur mauvaise tolé- cytosine désaminase spécifique des levures.
rance systémique (clotrimazole, éconazole, oxi- Ce composé agit comme un antimétabolite et
conazole, et autres dérivés azolés). Très rare- perturbe le métabolisme des ARN et de l'ADN
ment, on observe une dermatite de contact. Le (p.306). L'effet est fongicide. Après prise
miconazole peut être utilisé localement mais orale, la flucytosine est absorbée très rapide-
aussi de façon systémique en courtes perfu- ment. Sa tolérance chez l’homme est bonne.
sions (bien que mal supportées). Souvent il est associé à l’'amphotéricine B ce
Le kétoconazole, grâce à une meilleure ab- qui permet de diminuer les doses utilisées au
sorption, peut être donné en prises orales. cours du traitement.
Les effets secondaires sont rares (à surveiller La griséofulvine provient de moisissures et
le cas échéant un risque de lésions hépati- n'agit que contre les dermatophytes. Elle agit
ques mortelles). À doses plus élevées il peut vraisemblablement dans les champignons
inhiber la synthèse des hormones stéroïdes. comme un poison du fuseau, inhibant les mito-
Le kétoconazole est aujourd'hui utilisé sur- ses. Bien que dirigée contre les mycoses loca-
tout localement. les elle doit être utilisée par voie systémique.
Les dérivés triazolés, fluconazole et itraco- Elle se dépose dans la kératine nouvellement
nazole peuvent être administrés par voie formée. Ainsi «imprégnée » celle-ci ne peut
orale et ont remplacé le kétoconazole pour plus servir de terrain nourricier aux champi-
l'administration systémique à cause de leur gnons. Le temps nécessaire à l'élimination des
meilleure tolérance. À cause de son groupe- dermatophytes dépend de la vitesse de renou:
ment hydroxyle, le fluconazole est assez vellement de la peau, des cheveux et des on:
soluble en milieu aqueux pour être utilisé gles. La griséofulvine peut provoquer divers ef-
sous forme de solution injectable. Ces deux fets secondaires peu caractéristiques.
Antifongiques 291
A. Substances contre les mycoses
paroi cellulaire dérivés azolés

membrane cytoplasmique imidazole


en application locale
ex. clotrimazol

era
cl

triazolés par voie systémique


ex. fluconazol 4

“4
EE ch C-cH NT

fuseau mitotique
d
métabolisme
de l'ADN
et des ARN
EE

NES
F

NT
OH #.
# champignon
filamenteux
dépôt ml la kératine
| | nouvellement formée de la peau,
HO Le Ho De des cheveux et des ongles
« effet d'imprégnation »
S-fluoruracile uracile

LL cytosine
déaminase
ml

flucytosine
292 Virustatiques

Médicaments antiviraux cytes T cytotoxiques, qui reconnaissent les


cellules produisant des virus (présentation
Les virus se composent principalement de de protéines induites par le virus à la surface
matériel héréditaire (acide nucléique, brin de la cellule, p. 308) et les détruisent, ou bien
vert en A), et d’une capside protéique (hexa- à l’aide d'anticorps qui fixent les particules
gone bleu) ainsi que dans de nombreux cas virales extracellulaires et les inactivent. L’ac-
d'une enveloppe (cercle gris) formée d’une tivation des défenses immunitaires spécifi-
double couche phospholipidique dans ques est le but de la vaccination préventive.
laquelle sont insérées des protéines (baton- Interférons (IFN). Ce sont des glycopro-
nets bleus). Les virus ne possèdent aucun téines qui sont libérées, entre autres, par les
métabolisme propre, mais sont multipliés cellules infectées par des virus. Dans les cel-
par les cellules atteintes. Pour pouvoir, à lules voisines, les interférons déclenchent la
titre thérapeutique, bloquer la multiplication synthèse de « protéines antivirales ». Celles-
virale lors d'une infection, on doit inhiber ci inhibent la synthèse des protéines virales
spécifiquement dans les cellules infectées en détruisant (de façon préférentielle) les
les phénomènes métaboliques qui partici- ARN viraux ou en réprimant leur lecture
pent à la multiplication des particules vira- (traduction). Les interférons n’agissent pas
les. Ceci n’est encore possible que dans un de façon spécifique contre un virus donné.
nombre de cas limité. Ils sont cependant spécifiques d’une espèce
Multiplication virale en prenant l’exem- et doivent pour une utilisation thérapeuti-
ple du virus de l’herpès simplex (A). 1. La que être d’origine humaine. Les interférons
particule virale se fixe sur la cellule cible (ad- proviennent par exemple de leucocytes
sorption). Les glycoprotéines de l'enveloppe (IFN-o), de fibroblastes (IFN-B) ou de lym-
entrent en contact avec des structures parti- phocytes (IFN-y. Les interférons sont utili-
culières de la membrane cellulaire. 2. L'enve- sés pour le traitement de certaines maladies
loppe virale fusionne avec la membrane plas- virales ; ils seront utilisés dans certains ty-
mique de la cellule cible et la nucléocapside pes de cancers ou de maladies autoimmu-
(acide nucléique + capside) pénètre à l’inté- nes : INF-« pour le traitement de l'hépatite C
rieur de la cellule (pénétration). 3. La capside chronique ou de la leucémie à tricholeuco-
s'ouvre (uncoating) ; dans le cas du virus cytes, INF-B pour la prise en charge de crises
herpès, ce phénomène se produit au niveau d’herpès graves ou le traitement de scléro-
des pores nucléaires, et l'ADN viral parvient ses multiples.
au noyau cellulaire ; le matériel génétique Antimétabolites virustatiques (B). Ce
du virus va maintenant pouvoir perturber le sont de faux constituants de l'ADN. Un nu-
métabolisme cellulaire. 4a. Synthèse d'acides cléoside (par ex. la thymidine) se compose
nucléiques : le matériel génétique du virus d'une base (ex. la thymine) et d’un sucre, le
(ici de l'ADN) va être reproduit, et des ARN désoxyribose. Dans un antimétabolite, l’un
produits pour permettre une synthèse protéi- de ces constituants est incorrect. Les nucléo-
que. 4b. Les protéines ainsi formées servent sides anormaux vont être activés dans l’or-
« d’enzymes virales » pour la multiplication ganisme grâce à la fixation de trois résidus
du virus (ex. ADN-polymérase et thymidine phosphate pour donner les inhibiteurs pro-
kinase), comme éléments de la capside ou de prement dits (p. 294).
l'enveloppe ou aboutissent dans la mem- Idoxuridine et analogues. Ils sont intégrés
brane cellulaire. 5.Les composants indivi- dans l'ADN, ce qui l'endommage. La synthèse
duels sont assemblés (maturation) et il se de l'ADN humain est également atteinte si
produit 6. une libération des virus-filles, qui bien que ces composés sont réservés à l’ad-
peuvent ensuite se répandre à l’intérieur ou ministration locale (ex. kératite à herpès
à l'extérieur de l'organisme. Dans le cas des simplex).
virus herpès, la multiplication provoque la La vidarabine inhibe l'ADN polymérase
destruction de la cellule cible ce qui déclen- induite par le virus plus fortement que celle
che les symptômes de la maladie. de l'organisme. Elle ne sert aujourd’hui
Moyens de lutte antivirale propres à l’or- qu'au traitement local des infections à virus
ganisme (A). L'organisme peut interrompre herpès.
la multiplication virale grâce à des lympho-
Virustatiques 293

A. Multiplication virale en prenant l'exemple du virus herpès et sites d'actions ——


des composés antiviraux

ÿ défense immunitaire
Z spécifique
5 ex. lymphocytes T
cytotoxiques
antigènes viraux

| ADN polym
rase virale

antimétabolite = faux composant de l'ADN

+
te O
H R R:-1 idoxuridine
3 fausse base : ay -CF,; trifluridine

HOCH>
introduction dans
l'ADN à la place
faux de la thymidine
OH
sucre

1 : aciclovir a
vidarabine o Janciclovir

N< | N HN | DR
ni Ÿ & &
adénine L ” ne. N HNT NT N
:
guanine
HOCH; HOCH; o.| HOCH;
0 4

arabinose oH N, Li # OH

inhibition de l'ADN polymérase virale


294 Virustatiques

L’aciclovir (A) possède parmi les antimé- C'est une autre enzyme virale qui initie la
tabolites le plus haut degré de spécificité et la phosphorylation. Le ganciclovir est moins
meilleure tolérance, car son activation n'in- bien supporté, et les leucopénies ou les
tervient que dans les cellules infectées où il thrombopénies ne sont pas rares.
inhibe essentiellement la synthèse d'ADN Le foscarnet est un analogue d’un diphos-
viral. 1. La première étape de phosphoryla- phate. Lors de l'introduction d’un nucléotide
tion est accomplie par une thymidine kinase dans le brin d'ADN, un résidu diphosphate
qui n’est codée que par les virus herpès sim- sera éliminé. Le foscarnet inhibe l’ADN-poly-
plex et varicella zoster. Les deux autres grou- mérase en interagissant avec le site de fixa-
pements phosphates sont apportés par les tion du groupement diphosphate sur l’en-
kinases cellulaires. 2. Compte tenu de la po- zyme. /ndications : traitement systémique
larité du résidu acide phosphorique, l’aciclo- d'infections sévères à cytomégalovirus chez
vir triphosphate ne passe pas à travers la des malades du SIDA, traitement local pour
membrane et s’accumule dans les cellules in- des infections à virus herpès.
fectées. 3. L'aciclovir triphosphate est bien
accepté comme substrat par l’ADN polymé- Traitement de la grippe (©). L'amantadine
rase virale; il inhibe l’activité enzymatique influence spécifiquement la multiplication
et conduit après introduction dans l'ADN des virus À de l’influenza (virus à ARN, res-
viral à une interruption des chaînes car il ne ponsables de la grippe). Ces virus seront
possède pas le groupement 30H du déso- capturés par endocytose. Il est nécessaire
xyribose, nécessaire à l’accrochage d’un pour la libération de l'ARN viral que les pro-
nouveau nucléotide. L'intérêt thérapeutique tons contenus dans l’endosome pénètrent à
important de l’aciclovir se manifeste en par- l'intérieur du virus. L’amantadine bloque
ticulier lors de graves infections par les virus vraisemblablement un canal protéique pré-
herpès (encéphalite, infection généralisée) sent dans l'enveloppe virale et par lequel les
ou varicella zoster (par ex. zona). Dans ces protons peuvent pénétrer dans le virus, blo-
cas, il sera administré par perfusion i.v. quant ainsi le phénomène d’uncoating. Par
L'aciclovir peut également être utilisé par ailleurs, l’amantadine inhibe la maturation
voie orale, mais l'absorption intestinale est virale. Elle est utilisée à titre préventif, mais
incomplète (15-30 %). Il existe par ailleurs doit si possible être prise avant l'apparition
des formes topiques. Comme la synthèse des symptômes. L’amantadine est également
d’ADN endogène n’est pas altérée, on n’a pas utilisée comme antiparkinsonien (p. 192).
à craindre d’aplasies médullaires. L'aciclovir Les inhibiteurs de neuraminidases bloquent la
est éliminé sans transformation par le rein libération des virus influenzaA et B. En temps
(t2 2h30): normal, la neuraminidase virale dégrade les
Le valaciclovir est un précurseur de l’aciclo- résidus sialiques (ac N-acétylneuraminiques)
vir destiné à une administration orale dans le de la surface cellulaire, permettant ainsi la
cas de maladies herpétiques. Le valaciclovir libération par les cellules hôtes des parti-
est estérifié par la L-valine, un acide aminé, cules virales nouvellement synthétisées. Le
au niveau d’un groupement hydroxyle. Son zanamivir a été mis sur le marché pour le
absorption entérale est donc doublée par traitement des infections de grippe et peut
rapport à celle de l’aciclovir. Dans la paroi réduire la durée de la maladie.’
intestinale ou lors du passage hépatique, le
résidu valine sera hydrolysé par les estéra-
ses donnant naissance à l’aciclovir.
Le famciclovir est une « prodrogue » antiher-
pétique (forme active, penciclovir) ayant une
meilleure biodisponibilité après adminis-
tration orale.
Le ganciclovir (voir formule p. 293) sert
pour le traitement par perfusion d'infections
sévères par des cytomégalovirus (apparte-
nant aussi au groupe des virus herpès). Ces
virus ne contiennent pas de thymidine kinase.
Virustatiques 295
RE
TE EE ET EEE

A. Activation de l’aciclovir et inhibition de la synthèse d'ADN viral


aciclovir

cellule infectée thymidine


herpes simplex
ou varicella zoster

rupture bl
NS de la chaîne
EN

synthèse
d'ADN \ inhibition L

B. inhibiteur de l'ADN — C. Traitement de la grippe


polymérase : foscar net
virus influenza
type A

protéine
canal virale
endosome

inhibition
de l’uncoating |amantadine |

foscarnet inhibiteurs
de neuraminidase
inhibition
de la libération
296 Virustatiques

Médicaments du SIDA monothérapie par l’AZT, l'apparition d’une


dépression de la moelle osseuse associée à
La multiplication du virus de l’immunodé- une leucopénie et une anémie a parfois
ficience humaine (VIH) responsable du SIDA conduit à arrêter le traitement.
peut être inhibée de façon bien ciblée, car La stavudine présente une neuropathie
différentes étapes métaboliques, spécifiques périphérique comme effet secondaire prin-
du virus, se déroulent dans les cellules cipal.
infectées (A). L'ARN viral doit d’abord être La zalcitabine et la didanosine peuvent
retranscrit sous forme d'ADN dans les cellules entraîner des neuropathies périphériques et
infectées. C’est la «transcriptase inverse », des pancréatites.
une enzyme apportée par le virus, qui assure La lamivudine (3TC) semble en comparai-
cette tâche. L'ADN double brin sera intégré son assez bien supportée, mais déclenche
dans le génome de la cellule hôte grâce à des phénomènes de résistance très rapides
l'intégrase virale. La réplication virale, lorsqu'elle est utilisée seule.
contrôlée par l'ADN viral, peut alors avoir
lieu : synthèse des ARN viraux ainsi que syn- Inhibiteurs non nucléosidiques
thèse des protéines virales (enzymes comme La névirapine est un inhibiteur actif de la
la transcriptase inverse et l'intégrase, pro- transcriptase inverse, c’est-à-dire qu’elle n’a
téines de structure comme la protéine de pas besoin d’être phosphorylée. Un effet
matrice située sur la face interne de l’enve- secondaire capital est la formation d’exan-
loppe virale). Les protéines ne sont pas for- thèmes. En monothérapie elle déclenche très
mées individuellement mais toutes ensemble rapidement des phénomènes de résistance.
sous forme d’une polyprotéine. Cette pro- La delavirdine a les mêmes propriétés.
téine précurseur comporte à son extrémité
N-terminale un acide gras (acide myristique) Il. Inhibiteurs de protéase
grâce auquel elle s’ancrera à la partie interne
Les inhibiteurs de protéase empêchent la
du plasmalemme de la cellule hôte. Ces
dégradation des précurseurs protéiques
zones atteintes du plasmalemme seront uti-
inactifs et donc la maturation du virus. Ils
lisées comme enveloppe par des particules
sont administrés par voie orale.
virales bourgeonnantes. Pendant ces évé-
Le saquinavir peut être décrit comme un
nements, une protéase d’abord présente
peptide anormal. Sa biodisponibilité est fai-
elle-même dans la polyprotéine, sépare celle-
ble et son administration peut être accompa-
ci en protéines, à présent fonctionnelles.
gnée de douleurs intestinales. Compte tenu
1. Inhibiteurs de la transcripase inverse, de sa biotransformation par une isoenzyme
inhibiteurs nucléosidiques de cytochrome P 450, il faut s'attendre à
des interférences médicamenteuses. Il existe
Ces molécules ont en commun le fait d’être
d’autres inhibiteurs de protéases : ritonavir,
des nucléosides contenant un sucre anormal
indinavir, nelfinavir, amprénavir.
qui doivent être activés par phosphorylation
(voir la zidovudine en A). Sous forme de tri-
phosphates, ils inhibent la transcriptase
inverse et peuvent conduire à des cassures
des brins lors de la synthèse d’ADN viral. Ces
substances seront administrées par voie
orale, elles se distinguent les unes des autres
par le spectre de leurs effets secondaires et
les mécanismes conduisant à l'apparition de
résistances. Dans le traitement du SIDA, on
utilise aujourd’hui une combinaison de deux
représentants de ce groupe et d’un inhibi-
teur de protéase (voir plus bas) = trithérapie.
La zidovudine (azidothymidine = AZT) a été
le premier médicament disponible contre le
SIDA, mais elle est mal supportée. Lors d’une
Virustatiques 297

A. Médicaments du SIDA

enveloppe

protéine de la matrice

ARN transcriptase
inverse

intégrase

ARN viral %
À inhibiteurs
lAVAVA VI À de la trancriptase
3 inverse

AN 0
CH
ue: ?

na De
0

À)
” N : ex. zidovudine

> ) - inhibiteurs
ei Î de la protéase
NP
viral mr / du VIH _
V4 CR

à SR Vo LAN A
crurtac À
Bb
; HN l 0
| H-N

L#pe
hydrolyse N O
de la polyprotéine

NH
H3C CH3

Re D CH3
virus mature ex. saquinavir :
298 Désinfectants

Désinfectants agir en moins d’un quart d'heure dans les


zones de la peau pauvres en glandes séba-
La désinfection est une inactivation ou une cées et en moins de 10 minutes dans les par-
élimination des germes pathogènes (proto- ties riches en glandes sébacées.
zoaires, bactéries, champignons, virus) dans Désinfection des muqueuses : la quantité
l'environnement de l’homme ou sur l'indi- de germes peut être réduite, même si c’est
vidu lui-même (on parle alors d’antisepti- avec une efficacité moindre que sur la peau,
ques). Elle peut être réalisée par des moyens avec le PVP-iode ou la chlorhexidine (durée
chimiques ou par des procédés physiques d’action 2 minutes).
(non évoqués ici). La stérilisation est l’élimi- Désinfection des plaies : ceci peut être réa-
nation de tous les germes pathogènes ou lisé avec le peroxyde d'hydrogène (H,0, en
non, l’asepsie est une diminution du nombre solution à 0,3 — 1 %, action brève, bouillon-
de germes sur la peau ou les muqueuses. nant au contact du sang et donc asséchant
Les produits pour la désinfection doivent la plaie), avec du permanganate de potas-
si possible inactiver les germes pathogènes sium (solution aqueuse à 0,0015 %, légère-
de façon complète, rapide, et durable et en ment astringent) ainsi qu'avec le PVP-iode, la
même temps posséder une faible toxicité chlorhexidine et les biguanides.
(faible toxicité systémique, bonne tolérance Désinfection des mains par hygiène ou
tissulaire, faible antigénicité) et ne pas alté- avant une opération: la désinfection des
rer le matériel. Ces exigences se trouvent mains est nécessaire après une éventuelle
souvent en opposition avec les propriétés contamination (hygiène) ou avant une inter-
des substances. Dans le choix d’une sub- vention chirurgicale. On se sert en premier
stance il faut donc réaliser des compromis lieu d'alcool mais également de mélanges
selon les buts recherchés. d’alcools et de phénols, de tensio-actifs et
Aujourd'hui, les désinfectants utilisés d'acides. Le mélange avec d’autres substan-
sont les oxydants, les produits halogénés ou ces allonge la durée d’action (rémanence) et
libérant des halogènes, les alcools, les aldé- diminue le caractère inflammable de l'alcool.
hydes, les acides organiques, les phénols et Désinfection des instruments : les instru-
les substances tensio-actives, hier on utili- ments (en particulier ceux qui ne sont pas
sait aussi les sels de métaux lourds. stérilisables à la vapeur ou à la chaleur) peu-
Le mécanisme d’action est une dénatura- vent être désinfectés en utilisant des aldé-
tion des protéines, une inhibition d’enzymes, hydes.
une modification de la charge de surface ou Désinfection des surfaces : elle s'effectue
une déshydratation. L'effet dépend de la avec des aldéhydes en association à des
concentration et, dans la plupart des cas, tensio-actifs cationiques ou des oxydants, ra-
également de la durée d'application. rement avec des acides ou des bases.
Spectre d'action. Les désinfectants inacti- Désinfection des pièces : l'air des pièces
vent les bactéries (bactéries à Gram positif ainsi que les surfaces, dans la mesure où les
— bactéries à Gram négatif — mycobacté- microorganismes sont aisément accessibles,
ries), moins bien leurs formes sporulées et peuvent être désinfectés par vaporisation ou
seuls quelques-uns (formaldéhyde) sont viru- évaporation de formaldéhyde.
cides.
Domaines d'application. Désinfection de
la peau : une diminution du nombre de ger-
mes est souhaitée lors d'une intervention
chirurgicale ou d’une ponction de façon à di-
minuer le risque d'infection de la plaie. On
utilisera les alcools (propanol 1 et 2, éthanol
à 60-90 %), les composés libérant de l’iode
(PVP-iode = polyvinylpyrrolidone-iode à la
place de la teinture d’iode, comme une sorte
de dépôt pour le principe actif, l'iode — ré-
manence), des tensio-actifs cationiques ou
un mélange de ces composants. Ils doivent
Désinfectants 299

— À. Désinfectants
site d'action exemple d'utilisation principe actif

N ) désinfection des sols 1. oxydants sé
he ou des excréments ex. eau oxygénée [%)
permanganate de potassium @” Q
\ peroxy-acides Q Q
genes résistant | ps aldéhÿde NaOCI O
| 1oyens roues <. à 2
ee: tensio-actif R FN
O—OH
désinfection des instruments x
2. halogènes @00O

tensio-actif chlore ;
; hypochlorite de sodium
Die nue AE: aldéhyde teinture d’iode
TS

nn 3. alcools © ©
désinfection de la peau R-OH (R = C;-C,)

régulière ex. mains s


é ex. éthanol
alcool phénol isopropanol
tensio-actif 4. aldéhyde © O le)

désinfection locale ex. formaldéhyde R—C—H


glutaraldéhyde N

teinture chlor- 5. acides organiques


d'iode hexidine
ex. acide lactique

désinfection des muqueuses |


6. phénols O ©
chlor- X OH
hexidine

désinfection des plaies R

non halogénés :
chlor- +! KMnO ex. phénylphénol
hexidine 4] eugénol
thymol
H,0; halogénés :
chlorméthylphénol

7. tensio-actifs
détergents cationiques

les désinfectants ex. benzalkonium


ne permettent pas chlorhexidine
d’inhiber sélectivement les
bactéries €) les 8. sels de métaux lourds €)
virus€) oulesg} champignons O

ex. borate de phénylmercure n


300 Médicaments antiparasitaires

Substances antiparasitaires Chlorphénothane (DDT). Il tue les insec-


(endo- et ectoparasites) tes dès l’absorption de très faibles quantités
de substance, par exemple par contact de
En particulier dans des conditions d'hygiène leurs pattes avec des surfaces traitées (insec-
défavorables, l'homme peut être contaminé ticides de contact). La cause de la mort est
par des organismes pluricellulaires vivant en une lésion du système nerveux accompa-
parasites (nommés ici parasites). La peau et gnée de crampes. Chez l’homme, le DDT agit
les cheveux sont les sites où s'installent les comme un poison du système nerveux mais
ectoparasites par exemple les insectes, puces seulement après la prise de quantités très
et poux, ou les araignées (arachnides) res- importantes. Le DDT est chimiquement sta-
ponsables de la gale. On utilise alors des ble et ne sera dégradé dans l'organisme et
insecticides ou des arachnicides. L'intestin dans l’environnement qu’extrêmement lente-
ou d’autres organes internes peuvent être ment. La molécule très lipophile est stockée
contaminés par des endoparasites. Ce sont dans le tissu adipeux des organismes vivants.
des vers, contre lesquels sont dirigés des Le DDT répandu dans l’environnement comme
antihelminthiques. pesticide peut s’accumuler de façon dange-
reuse au cours de la chaîne alimentaire. C'est
Antihelminthiques. Comme le montre le pour cette raison que son utilisation est in-
tableau ci-dessous, deux substances nouvel- terdite dans de nombreux pays.
les, praziquantel et mébendazole, permettent Lindane. C’est l’isomère y, actif de l’hexa-
le traitement de très nombreuses maladies chlorocyclohexane. Il agit également chez
provoquées par les vers. Les deux sont bien l'insecte comme neurotoxique (et dans cer-
supportées par l'homme. tains cas chez l’homme). Après application
locale, des irritations de la peau et des mu-
Insecticides. Tandis que dans la lutte contre queuses sont possibles. Le lindane affecte
les puces, le nettoyage des vêtements et des également, outre les poux et les puces, les
pièces est suffisant, les poux et les acariens acariens vivant sur la peau (responsables de
seront éliminés chez les individus contami- la gale). Le lindane est mieux dégradé que le
nés par l’utilisation d’insecticides. DDT.

Traitement des maladies provoquées par les vers

Vers (helminthes) Traitement de choix

Vers plats (plathelminthes)


Vers segmentés (cestodes) Praziquantel
Vers non segmentés (trématodes) par ex. du genre Schistosomes Praziquantel
(responsables de la bilharziose)

Vers ronds (nématodes)


RER |
Asticots (Enterobius vermicularis où encore oxyure) Mébendazole
Ascaride (Ascaris lumbricoïdes) |Mébendazole
Trichines (Trichinella spiralis) Mébendazole
Médicaments antiparasitaires 301

r A. Endo- et ectoparasites ; traitements


vers pou
segmentés
ex. ténia

crampe, cl
lésion
des téguments
O=C “
| chlor-
N nel
phénothane
(DDT) cl

vers
ronds.
ex. vers
intestinaux

trouble
système
du
mort
crampes,
nerveux,
d
cl

N° NH—COOCH; cl
cl
hexachlorcyclo-
mébendazole hexane (lindane)

larves
de trichine gale
302 Médicaments antiparasitaires

Antimalariens de souches résistantes augmente avec la


fréquence d'utilisation d’une substance. Une
La malaria est provoquée par le Plasmodium, résistance peut apparaître contre la chlo-
un organisme unicellulaire (protozoaire). roquine et également contre l'association py-
L'agent pathogène est transporté chez riméthamine-sulfadoxine.
l'homme sous forme de sporozoîtes lors de la
piqûre par un moustique anophèle contaminé Choix d’une substance pour la prophylaxie
(A). Les sporozoïtes pénètrent dans les cellu- antimalarienne. La prise continuelle de subs-
les du foie et se développent en schizontes tances antimalariennes durant un séjour dans
(schizontes primaires). Ceux-ci donnent naïis- les zones présentant un danger de malaria
sance à de nombreux mérozoïtes qui passent constitue la meilleure protection contre le
dans le sang. Ce cycle pré-érythrocytaire est développement de la maladie mais cependant
asymptomatique. Dans le sang, ces parasites pas contre l'infection. La primaquine pourrait
envahissent les érythrocytes (cycle érythro- certes agir contre les schizontes primaires de
cytaire). Les mérozoïtes formés seront libérés tous les types de Plasmodium: elle n'est
en même temps par les érythrocytes contami- cependant pas utilisée pour une prophylaxie
nés : lyse des érythrocytes avec accès de fiè- à long terme à cause d'une tolérance peu
vre. Puis les érythrocytes seront de nouveau satisfaisante lors d’une administration de lon-
infectés. La durée de développement du para- gue durée et du danger de développement
site conditionne le temps avant l’apparition d'une résistance. Pour la prévention, on uti-
d'un nouvel accès de fièvre. Dans le cas de lise plutôt les substances contre les schi-
Plasmodium (P.) vivax et de P. ovale, les spo- zontes sanguins. Le produit de choix est la
rozoïtes hépatiques peuvent également don- chloroquine. À cause de sa persistance dans le
ner des hypnozoïtes qui subsisteront sous plasma (t,, plasmatique 3 jours ou plus), une
cette forme pendant des mois et des années prise hebdomadaire est suffisante. Dans les
avant de parvenir au stade schizonte. régions où sévissent des formes résistantes,
Les différentes formes de développement on utilisera comme alternative la méfloquine,
du parasite peuvent être selon les cas élimi- le proguanil ainsi que le cas échéant la doxy-
nées par diverses substances. On connaît le cycline, une tétracycline. Les produits contre
mécanisme d'action de certaines d’entre el- les schizontes sanguins ne bloquent pas
les : la chloroquine et la quinine s'accumulent l'atteinte asymptomatique du foie, mais seule-
dans les vacuoles digestives acides du schi- ment l'infection des érythrocytes responsable
zonte sanguin et inhibent une enzyme qui en des symptômes de la maladie (traitement sup-
temps normal polymérise les groupements pressif). Contre la persistance éventuelle de
hèmes libérés à partir de l’hémoglobine, qui parasites dans le foie, il est nécessaire de
sinon sont toxiques pour le parasite. La pyri- prendre de la primaquine pendant deux
méthamine inhibe la dihydrofolate réductase semaines après la fin du séjour en zone mala-
(p. 280) du protozoaire. Le proguanil donne rique.
naissance à un composé actif appartenant à Il est très important à titre prophylactique
la même famille que la pyriméthamine. Le de se protéger des piqûres de moustique :
sulfamide, sulfadoxine, inhibe la synthèse de moustiquaire, vêtements recouvrant la
l'acide dihydrofolique (p. 280). peau. 3
Pour le choix d’une substance, il faut tenir Pour le traitement on utilise en principe
compte de la tolérance et des phénomènes les mêmes produits ainsi que la quinine et
de résistance. l’halofantrine contre les schizontes sanguins,
et la combinaison pyriméthamine et sulfa-
Tolérance. C’est la quinine, le premier pro- doxine pour les automédications initiales.
duit antimalarien utilisé, qui a la fenêtre thé- Différents dérivés de l’artémisine (tirés de
rapeutique la plus étroite. Les composés la plante chinoise, Qinghaosu, armoise) pos-
récents sont tous bien supportés. sèdent une activité antimalarienne dont le
C’est en particulier chez P. falciparum, res- mécanisme est mal connu. Ils montrent une
ponsable des formes les plus dangereuses de activité thérapeutique comparable à celle de
malaria, qu’on observe le développement de la quinine dans le cas des infections sévères
formes résistantes. La fréquence d'apparition par P. falciparum.
Médicaments antiparasitaires 303

A. Malaria : phases de développement du parasite chez l’homme ;


possibilités de traitement

sporozoiïtes

érythrocyte
schizontes
sanguins

2 jours :
fièvre tierce
P. vivax, P. ovale
3 jours :
fièvre quarte
P. malariae
pas de fièvre
rythmique :
malaria des tropiques
P. falciparum

P. falcip.
304 Cytostatiques
RRQTREFTU

Substances contre les tumeurs provoquent une dépression médullaire. La


malignes production des cellules sanguines dans la
moelle est précédée par une division des
Une tumeur (néoplasme) se compose de cel- cellules souches et de leurs filles. L'inhibi-
lules qui se multiplient sans tenir compte du tion de cette production est d’abord visible
«plan de développement de l'organisme ». Il pour les granulocytes à courte durée de vie
s’agit d’une tumeur maligne (cancer) lorsque (neutropénie), ensuite pour les plaquettes
le tissu tumoral pénètre en le détruisant sanguines (thrombopénie) et finalement
dans le tissu sain environnant et que les cel- pour les érythrocytes dont la durée de vie
lules tumorales disséminées peuvent former est longue (anémie). /nfertilité :elle peut se
dans d’autres organes des tumeurs filles produire par suite de la suppression de la
(métastases). Une guérison nécessite l’élimi- spermatogenèse ou de la maturation des
nation de toutes les cellules malignes (trai- ovocytes. La plupart des cytostatiques af-
tement curatif). Si cela n’est pas possible, on fectent le métabolisme de l'ADN. Il existe
peut chercher à freiner leur croissance pour donc un danger d’altération du patrimoine
prolonger la vie du malade ou améliorer sa génétique des cellules saines (effet muta-
qualité de vie (traitement palliatif). La dif- gène). Une des conséquences possibles est
ficulté des traitements médicamenteux est l'apparition de leucémies qui se déclarent
que les cellules malignes font partie de des années après un traitement cytostatique
l'organisme et ne présentent aucune pro- (effet carcinogène). On peut également crain-
priété métabolique particulière. dre des malformations du fœtus lorsque des
Cytostatiques (A). Ce sont des substan- agents cytostatiques doivent être employés
ces lésant les cellules (cytotoxiques), qui en cours de grossesse (effet tératogène).
touchent en particulier les cellules en voie Les cytostatiques possèdent différents
de division (mitose). Les cellules malignes mécanismes d'action.
se divisant rapidement seront ainsi lésées
de façon préférentielle. L'altération des Altérations du fuseau achromatique (B).
phénomènes de division cellulaire peut non Avant que la cellule ne se divise, les chro-
seulement ralentir la prolifération des cellu- mosomes dédoublés vont se séparer à
les malignes, mais également déclencher un l’aide du fuseau achromatique. Les substan-
processus d’apoptose (suicide des cellules ces appelées poisons du fuseau bloquent cet
touchées). Les tissus avec un vitesse de di- événement (voir entre autres colchicine,
vision plus faible, comme les tissus sains, p.326). Les microtubules constituent un
demeurent pratiquement intacts. Ceci est élément fondamental de ce fuseau achroma-
également valable pour les tumeurs mali- tique. La vincristine et la vinblastine pro-
gnes formées de cellules différenciées se di- viennent d'une plante pérenne, Vinca rosea,
visant rarement. Quelques tissus sains ont et sont donc nommées vinca-alcaloïdes.
cependant, de façon physiologique, une fré- Elles inhibent la formation des microtu-
quence de division élevée. Par la force des bules. Un effet secondaire particulier est
choses, un traitement cytostatique endom- une altération du système nerveux (phéno-
mage également ces tissus. Ceci a pour mènes de transport axonal dépendants des
conséquence les effets secondaires typi- microtubules). ;
ques suivants : Le paclitaxel (taxol) provient des feuilles
La chute des cheveux se produit par suite de l'if. Il inhibe la dépolymérisation des
d’une atteinte des cellules des follicules pi- microtubules et aboutit à la formation de mi-
leux ; les troubles digestifs, par exemple diar- crotubules atypiques. Le docétaxel est un
rhées, proviennent d’un renouvellement in- dérivé semi-synthétique du taxol.
suffisant des cellules de l’épithélium intestinal,
qui ne vivent que quelques jours ; nausées
et vomissements sont dus à une stimulation
des chémorécepteurs de l’area postrema
(p. 340). La tendance à l'infection est liée à
un affaiblissement du système immunitaire
(p.308). Par ailleurs, les cytostatiques
Cytostatiques 305

— À. Chimiothérapie des tumeurs malignes : effets princip aux et secondaires


tissu malin avec les cytostatiques inhibent tissu sain avec
de nombreuses mitoses la division cellulaire peu de mitoses

effet souhaité :
inhibition de le croissance peu d'action
de la tumeur

tissu sain avec ganglions


de nombereuses mitoses lymphatiques

inhibition
de la multiplicatign
des lymphocyte
lésion de la racine des cheveux atteinte du systèm
chute des cheveux immunitaire

tendance à l'infection

NE
effets moelle osseuse
indésirables
inhibition de la production
| de granulocytes,
d’érythrocytes
et de plaquettes

diarrhée Lr
— B. Cytostatiques : inhibition des mitoses par les alcaloïdes de la pervenche
et le paclitaxel (taxol)
microtubules
inhibition de la du fuseau inhibition de la
achromatique dépolymérisation
alcaloïdes
aclitaxel
de la pervenche P

{a
Vinca rosea
VW
306 Cytostatiques

Inhibition de la synthèse d’ARN et d'ADN l'acide folique, entre autres, sous l’action de
(A). La mitose est précédée par un double- la dihydrofolate réductase (p. 280). Le métho-
ment des chromosomes (synthèse d'ADN) et trexate, un analogue de l'acide folique, inhibe
par une augmentation de la synthèse protéi- l'activité de l’enzyme. Les cellules s’appau-
que (synthèse d’ARN). L’ADN existant (gris) vrissent en THF. L'effet de ces antimétabolites
sert de matrice pour la nouvelle synthèse peut être inhibé en présence d'acide folinique
d’ADN et d’ARN (en bleu). L'inhibition de ces (5-formyl THF ; leucovorine).
synthèses est possible par :
Insertion de faux nucléotides (3). Des bases
Une lésion de la matrice (1) : cytostatiques modifiées (6-mercaptopurine, 5-fluorouracile)
alkylants. Ce sont des molécules réactives ou des nucléosides avec des sucres modifiés
qui forment, via leur résidu alkyle, des (cytarabine) agissent comme antimétaboli-
liaisons covalentes avec l'ADN. Par exemple, tes. Ils inhibent la synthèse d'ADN/ARN ou
la fixation sur un azote après élimination provoquent juste après leur incorporation,
d’un atome de chlore peut former un pont la formation d'acides nucléiques modifiés.
entre les deux brins d'ADN. La lecture cor- La 6-mercaptopurine se forme dans l’orga-
recte de l'information génétique n’est plus nisme à partir d’un précurseur inactif l’aza-
possible. Parmi les agents alkylants, on thioprine (p. 37). L’allopurinol, un inhibiteur
trouve : chlorambucil, melphalan, thiotepa, cy- de la formation d’acide urique inhibe la dé-
clophosphamide, ifosfamide, busulfan, lomus- gradation de la 6-mercaptopurine, si bien
tine. Les effets secondaires propres sont: qu'en cas d'administration simultanée il faut
des lésions pulmonaires (busulfan), lésion diminuer la dose de 6-mercaptopurine.
de l’épithélium de la vessie par l’acroléine, Il est souvent possible, grâce à une associa-
un métabolite du cyclophosphamide (que tion de cytostatiques d’atteindre un meilleur
l’on peut éviter en prenant du mesna = mer- effet avec des effets secondaires plus faibles.
capto-2-éthane sulfonate de sodium). Les Après un succès initial, l’activité des pro-
composés contenant du platine, cisplatine et duits peut disparaître parce que se dévelop-
carboplatine, forment également une liaison pent dans la tumeur des cellules résistantes. Il
(mais pas d’alkylation) avec les brins d'ADN. existe différents mécanismes de résistance:
Les antibiotiques cytostatiques s'insèrent diminution de la capture cellulaire, par exemple
dans la double hélice d'ADN. Ceci peut abou- diminution de la synthèse des protéines de
tir à une cassure des brins (par ex. dans le transport qui sont indispensables à la pénétra-
cas de la bléomycine). Les antibiotiques de tion du méthotrexate dans les cellules.
type anthracyclines, daunorubicine et adria- Augmentation d'un système d'excrétion : par
mycine (doxorubicine) peuvent provoquer exemple synthèse de la glycoprotéineP qui
comme effet secondaire particulier une lé- permet le transport hors des cellules de
sion du muscle cardiaque. La bléomycine l'anthracycline, des alcaloïdes de la perven-
peut entraïner une fibrose pulmonaire. che, des épipodophyllotoxines et du paclitaxel
Les inhibiteurs de topoisomérase peuvent (multi-drug resistance, expression du gène
provoquer la rupture des brins d'ADN. mdr-1).
Les épipodophyllotoxines, étoposide et té- Diminution de l'activation d'une « prodro-
niposide, interfèrent avec la topo-isomérase Il, gue », par exemple de la cytarabine, qui est
qui en temps ordinaire coupe les brins d'ADN, toxique sous forme de cytarabine triphos-
les déroule et les referme ; en inhibant cette phate synthétisée dans la cellule.
fermeture, ces composés induisent des cou- Modification du site d'action, par exemple
pures dans les brins d'ADN. Les « técanes », to- augmentation de la synthèse de la dihydro-
potécane et irinotécane, sont des dérivés de la folate réductase pour compenser l'effet du
camptothécine (tirée des fruits d’un arbre chi- méthotrexate.
nois). Ils inhibent la topoisomérase I, qui hy- Réparation des lésions, par exemple aug-
drolyse les ADN simple brin. mentation de l'efficacité des enzymes de répa-
ration de l'ADN en présence de cisplatine.
Inhibition de la synthèse des nucléotides (2).
L'acide téthrahydrofolique (THF) est indis-
pensable à la synthèse des bases puriques
ainsi qu’à celle de la thymidine. Il provient de
Cytostatiques 307
A. Cytostatiques : alkylants et antibiotiques cytostatiques (1), inhibiteurs
de la synthèse de l’acide tétrahydrofolique (2), antimétabolites (3)

ADN lésion Ado,


de la matrice \
N—CH3
alkylation Sr
par attaque HN CC C2
sur un azote ÿ-NH tt
attaque sur un azotet
liaison N —O
du platine FE

insertion ZN ANN° CECI Eee_CH3


d’un antibiotique
ex : doxorubicine H2C
|
H2C ri
rupture de brins SNON—
inhibiteurs =
de topoisomérase : O= N
épipodophyllo- HN
toxine, « técane » NH

alt TR
À il ÿ
F|| inhibition de la syntèse des nucléotides
élément ns |

urine à
P ac. tétrahydro- dihydrofolate
AT folique En gs he ee e
thymine réductase à
nucléotide AP ac. folique
ol HN NN

inhibition par
oiesAN ee

méthotrexate () és)

insertion de faux nucléotides


antimétabolites puriques
sH NH
NZ 2e N7
H
ie
NT ON LL?
NT ON
6-mercaptopurine à la place de adénine
dérivé de l’azathioprine

antimétabolites pyrimidiques

5-fluorouracile à la place de uracile

cytarabine cytosine cytosine

arabinose à la place de désoxyribose


308 Immunomodulateurs

Inhibition des réactions immunitaires tations, dans les maladies auto-immunes et


allergiques. Leur administration systémique
L'inhibition des réactions immunitaires est est associée au danger d’apparition d’un syn-
nécessaire lors de transplantations d'organes drome de Cushing iatrogène (p. 252).
pour éviter le rejet ou dans le cas des mala- La cyclosporineÀ est produite par des
dies auto-immunes. Une immunosuppression champignons et se compose de 11 acides
entraîne cependant un risque de baisse des aminés, en partie atypiques. Après adminis-
défenses contre les agents infectieux et, à long tration orale, l’absorption peut être incom-
terme, un danger de développementde cancers. plète. Elle s'associe dans les lymphocytes T
Une réaction immune spécifique débute à un récepteur cytosolique (cyclophiline). Le
par l'association d'un antigène sur certains complexe ainsi formé inhibe l’enzyme calci-
lymphocytes qui comportent les récepteurs neurine. Cette enzyme (phosphatase) joue
appropriés. Les lymphocytes B reconnaissent un rôle clef dans les événements qui condui-
directement les structures superficielles de sent à la reconnaissance des antigènes par
l'antigène au moyen de récepteurs présents les cellules T. Elle participe à l'induction de
sur leur membrane, qui sont voisins des anti- la synthèse de diverses cytokines et en par-
corps synthétisés ensuite. Les lymphocytes T ticulier de l’interleukine 2.
ont besoin d’une présentation des structures Le succès de la médecine de transplanta-
antigéniques à la surface de macrophages ou tion moderne repose principalement sur l’in-
d’autres cellules à l’aide du MHC (complexe troduction de la cyclosporine À. L'effet se-
majeur d’histocompatibilité, major histocom- condaire majeur est une altération rénale.
patibility complex), pour pouvoir reconnaître Le tacrolimus est issu d’un champignon de
ces antigènes grâce aux récepteurs T. Pro- la famille des streptomycètes, il a les mêmes
ches de ceux-ci on trouve les complexes CD3, propriétés pharmacologiques que la cyclos-
ainsi que CDA4 (pour les cellules T auxiliaires, porine.
«helper ») ou CD8 (pour les cellules T cyto- Le daclizumab et le basiliximab sont des
toxiques). Les protéines CD participent à l’in- anticorps monoclonaux dirigés contre le ré-
teraction avec le MHC. À côté de la reconnais- cepteur de l’IL,. Ils se composent d’un frag-
sance de l’antigène, la stimulation par des ment F,, murin et d’un fragment F. humain.
médiateurs de type cytokine est indispensa- Ils sont utilisés en transplantation contre les
ble à l'activation des lymphocytes. L'interleu- réactions de rejet.
kine 1 est formée par les macrophages et dif-
IL. Perturbations du métabolisme cellulaire
férentes interleukines, dont l’interleukine 2,
par des inhibiteurs de la prolifération cellu-
par les cellules T auxiliaires. Les lymphocytes
laire. Certains agents cytostatiques sont égale-
spécifiques d’un antigène se multiplient et la
ment utilisés comme immunosuppresseurs, à
défense immunitaire se met en route.
des doses plus faibles que celles utilisées pour
I. Interférence avec la reconnaissance de le traitement des cancers. Par exemple l’aza-
l’antigène. L’anticorps anti-CD3 est un anti- thioprine, le méthotrexate et le cyclophospha-
corps monoclonal dirigé contre le CD3 de mide (p.306). L’effet antiprolifératif n'est pas
souris, qui interfère avec la reconnaissance spécifique des lymphocytes et touche aussi
de l’antigène par les lymphocytes T (admi- bien les cellules B que les différentes cellules T.
nistration lors des crises de rejet : muromo- Le mycophénolate mofétil agit plus spécifi-
nab CD3). quement sur la prolifération des lymphocytes
que sur celle des autres cellules. Il inhibe
IL. Inhibition de la formation des cytokines. l'inosine monophosphate déshydrogénase qui
Les glucocorticoïdes modulent l'expression est en particulier nécessaire à la synthèse des
de nombreux gènes. Par exemple, inhibition purines dans les cellules lymphoïdes. Il est
de la synthèse d'IL-1 et d’IL-2, ce qui permet utilisé dans les réactions de rejet aigu.
de comprendre la suppression des réactions
immunitaires dépendantes des cellulesT. IV. Immunsérum anti-cellules T. Il est obtenu
Les glucocorticoïdes interfèrent également chez l’animal après immunisation avec des
en de nombreux sites avec les cytokines et les lymphocytes T humains. Les anticorps s’asso-
médiateurs de l’inflammation. Les glucocorti- cient aux cellules T et les lèsent ; la prépara-
coïdes seront utilisés lors des transplan- tion sert à l’atténuation des réactions de rejet.
Immunomodulateurs 309
NE =

À. Réactions immunitaires et immunosuppresseurs

antigène macrophage cellules infectées


| par un virus
cellules greffées
|cellules malignes

de la transcription
synthèse de cytokines,
de protéine exemple
|étrangères
présentation

| muromonab-
CDS L
anticorps
monoclonal

cyclosporine A

lymphocyte B lymphocyte T
_ [cyclophiline

JI\ transcription
de cytokines, par ex.
prolifération
IL2+
et
daclizumab
différenciation basiliximab
en plasmocytes blocage du
récepteur de l'IL-2

lymphocytes T
cytotoxiques
azathioprine
méthotrexate
cyclo-
lymphokine phosphamide
chimiotactisme
mycophénolate-
mofétil

réactions réactions
immunitaires de type élimination
médiées par hypersensibilité de cellules
des anticorps retardée « étrangères »
a
310 Antidotes

Moyens de lutte contre fonction voisines. Les effets secondaires


les empoisonnements, antidotes possibles sont fièvre, frissons et réactions cu-
tanées.
Les moyens utilisés pour lutter contre les sur- La déféroxamine provient d’un champi-
dosages médicamenteux ont été décrits dans gnon, Streptomyces pilosus. Cette substance
les chapitres correspondants : par exemple présente une forte affinité pour le fer, mais
la physostigmine lors d’une intoxication par ne dissocie cependant pas le fer associé à
l'atropine, la naloxone lors d’un empoisonne- l'hémoglobine ou aux cytochromes. La défé-
ment par les opioïdes, le flumazénil lors d’un roxamine est mal absorbée après prise orale.
surdosage en benzodiazépines, des frag- Pour pouvoir éliminer le fer de l'organisme,
ments d'anticorps pour une intoxication par l'antidote doit être administré par voie pa-
les digitaliques, la N-acétyl-cystéine pour une rentérale. La prise orale sert juste à diminuer
dose trop forte de paracétamol. l'absorption de fer intestinale. Parmi les ef-
Les chélatants (A) servent d’antidotes fets secondaires il faut citer l'existence de
dans les intoxications par les métaux lourds. réactions allergiques.
Ils ont pour fonction de complexer les ions Il faut noter que la saignée, le moyen le
métalliques et donc de les détoxifier. Lorsque plus puissant qui soit pour diminuer le fer de
l'on parle de chélates (du grec chele : dési- l'organisme, ne doit cependant pas être en-
gnant les pinces d’un crustacé) on désigne un visagée dans les conditions de surcharge en
complexe formé entre un ion métallique et fer associées à une anémie.
des substances qui peuvent en de nombreux La D-pénicillamine peut stimuler l’élimi-
sites établir une liaison avec l'ion métallique. nation des ions cuivre (maladie de Wilson)
Compte tenu de leur affinité de liaison élevée, et celle des ions plomb. On peut l’adminis-
les chélatants attirent à eux les ions métalli- trer par voie orale. Il existe pour ce composé
ques présents dans l'organisme. Les chéla- deux indications supplémentaires : dans le
tants ne sont pas toxiques et sont principale- cas de cystinurie avec tendances à la forma-
ment éliminés par les reins ; ils maintiennent tion de calculs de cystine dans les voies uri-
également l'ion métallique sous forme liée naires basses, elle inhibe la formation de cys-
dans l'urine concentrée et le plus souvent tine en formant avec la cystéine un disulfide
acide et l’entraînent ainsi vers l'élimination. très soluble ; dans le cas de polyarthrite elle
Le Na, Ca-EDTA est utilisé pour le traite- peut être utilisée comme traitement de fond
ment des empoisonnements au plomb. Cet an- (p. 330). Le fait que la D-pénicillamine réa-
tidote peut ne pas traverser les membranes gisse avec les aldéhydes et inhibe ainsi la po-
cellulaires et doit être administré par voie pa- lymérisation du collagène, peut être une des
rentérale. À cause de leur affinité de liaison explications de son action thérapeutique.
élevée, les ions plomb déplacent le calcium de Les effets secondaires sont des lésions de la
ses sites de liaison. Le chélate contenant du peau (entre autres diminution de la résis-
plomb sera éliminé par les reins. Parmi les ef- tance mécanique avec une tendance à la for-
fets secondaires le principal est la néphrotoxi- mation de vergetures), lésions rénales, dé-
cité. Le Na, Ca pentetate est un complexe du pression médullaire et altérations du goût.
diéthylènetriaminopenta-acétate (DTPA) qui
sert d’antidote dans les empoisonnements au
plomb ou par d’autres métaux lourds.
Le dimercaprol a été développé durant la
Seconde Guerre mondiale comme antidote
contre des composés organiques de l’arsenic
provoquant des lésions de la vessie (B). Il est
capable de lier différents ions métalliques. Le
dimercaprol se présente sous forme d’une
substance visqueuse, aisément décomposa-
ble qui sera injecté en i.m. sous forme d’une
solution huileuse. L’acide dimercaptopropa-
nesulfonate dont le sel sodique permet l’ad-
ministration orale a une structure et une
Antidotes 311

- À. Formation de complexes entre l’'EDTA et les ions plomb

Ca2+
2Na*

fé EDTA : acide éthylène diamine tétra acétique

FrB. Agents chélatants

dimercaprol (i.m.) déféroxamine D-pénicillamine

SD
N—C
LR RE # OH Ch3
le l »
SH SH HpCr
h
Chr COOH
NH
HS. NH
O% Fe3* PA
ions, arsenic ce
mercure, or an \, ? à jo
Na Se B, B-diméthylcystéine
chélates avec les ions
DMPS O Cu?+ et Pb2+
||
H>C—CH—
CH} —S—07 Na*
rl ||
SH SH O rupture des liaisons
disulfure
cystéine-S-S-cystéine
dimercaptopropane-
sulfonate

inhibition
de la polymérisation
du collagène
312 Antidotes
ARRET ET

Antidotes contre l’empoisonnement par le nophosphorés (p. 102). La phosphorylation


cyanure (A). Les ions cyanure (CN°) parvien- de l’acétylcholinestérase conduit à une inhi-
nent essentiellement dans l’organisme sous bition irréversible et à une surcharge de l’or-
forme d'acide ; celui-ci peut être inspiré dans ganisme en neurotransmetteur. Les consé-
les poumons, se former dans le suc gastrique quences possibles sont une stimulation
acide à partir de sels de cyanure ou être anormale des effets sympathomimétiques
libéré dans le tractus gastro-intestinal à par- ainsi qu'un blocage ganglionnaire et une al-
tir d'amandes amères. Cinquante mg seule- tération de la transmission neuromusculaire
ment de cyanure peuvent être mortels. Les avec un blocage respiratoire périphérique.
ions CN se lient avec une très forte affinité Les bases du traitement sont: 1) protec-
au fer trivalent. Au niveau des cytochromes tion des récepteurs muscariniques par l’atro-
oxydases de la chaîne respiratoire, cette fixa- pine à forte dose ; 2) réactivation de l’acétyl-
tion bloque l’utilisation d'oxygène ce qui cholinestérase empoisonnée par l’obidoxime
provoque une asphyxie interne avec des qui s'associe à l’enzyme, capte le résidu
érythrocytes chargés d'oxygène (couleur phosphate, se solubilise et débarrasse ainsi
rouge claire du sang veineux). l'enzyme de son inhibiteur.
Des petites quantités de cyanure peuvent
être transformées dans l'organisme en thio- L’hexacyanoferrate de fer (« bleu de Ber-
cyanate relativement peu toxique sous l’ac- lin») est un antidote contre l’empoisonne-
tion de la «rhodanide synthétase » (thio- ment par les sels de thallium (par ex. dans
sulfate-sulfotransférase, déjà présente dans les poisons pour rongeurs). Les symptômes
le foie). Les possibilités de traitement sont : de cet empoisonnement sont d’abord des
l'administration intraveineuse de fhiosulfate troubles intestinaux puis des dommages ner-
de sodium pour stimuler la formation de veux et cérébraux et une chute des cheveux.
thiocyanate. La mise en route de ce traite- Les ions thallium sont excrétés dans l’intes-
ment est lente et c'est pourquoi le traitement tin mais réabsorbés de nouveau. Le bleu de
de choix est l'injection i.v. d’un inducteur de Berlin, colloïde insoluble non absorbable, lie
methémoglobine le diméthylaminophénol les ions thallium. Il sera administré par voie:
(DMAP), qui peut convertir rapidement le fer orale pour bloquer l'absorption des ions
divalent de l’hémoglobine en fer trivalent qui thallium immédiatement après la prise du
peut capter les ions CN. L’hydroxycoba- poison ou pour capter les ions thallium
lamine est également un très bon antidote, déversés dans l'intestin lors d’une surcharge
car lion CN s'associe avec une forte affinité en thallium déjà établie et permettre ainsi
sur son atome de cobalt central formant la leur élimination.
cyanocobalamine.

Chlorure de tolonium (bleu de toluidine).


Si le fer de l’hémoglobine est sous forme tri-
valente, on obtient la methémoglobine de
couleur brune ui ne permet pas le transport
d'oxygène. Dans des conditions normales, il
se forme presque constamment de la methé-
moglobine qui est cependant réduite sous
l'action de la glucose 6-phosphate déshy-
drogénase. Les substances qui stimulent la
formation de methémoglobine (B) peuvent
cependant provoquer dans l'organisme une
carence mortelle en oxygène. Le chlorure de
tolonium est un colorant oxydoréducteur,
qui est injecté par voie intraveineuse et
transforme le fer de la methémoglobine en sa
forme réduite.
L'obidoxime est un antidote contre un
empoisonnement par les insecticides orga-
Antidotes 313

A. Empoisonnement par le cyanure et antidotes

cyanure de potassium KCN

SCEN° Na)5203

rhodanide |thiosulfafe désodium


—— REA NRT LE
synthétase

+ CNCNE NL. inducteur


HF # SN > ie D de methémoglobine

complexant

| hydroxocobalamine
ps Vit. B2,

cyanocobalamine Vit. B;;,

B. Poisons et antidotes

inducteur - organophosphates | |hexacyanoferrate de fer


de methémoglobine |Fell![Fell (CN) |

ex. NO; nitrite ex. E600, paraoxon (bleu de Berlin)

F-
vost
kvQ \ aniline
-_ ions
actif ( thallium
onÛ Ÿ nitrobenzol ES
acétylcholinestéra À
:


Cà.
/

ch; —\, =

De Ti
A ë NH, HE ,N—cHa—0—cHi— À, )— CH

N CH; OH

_ chlorure de tolonium réactivateur


- bleu de toluidine obidoxime éliminination de thallium
316 Traitement de maladies particulières
BREL RE D BETETE GA RG LD D2 IRL CE

Angine de poitrine d'une athérosclérose coronaire, la crise


d'angine de poitrine se produit d'abord au
L'attaque douloureuse associée à une crise cours d'un effort (B, chez un malade). Au
d'angine de poitrine indique l'existence d’une repos, la résistance pathologique à l’écou-
carence en oxygène transitoire au niveau du lement sera compensée par une diminution
muscle cardiaque. Le manque d'oxygène est correspondante de la résistance artério-
en général la conséquence d’une irrigation laire: l'irrigation du myocarde est suf-
sanguine insuffisante (ischémie) due à un fisante. En cas d'effort, un élargissement
rétrécissement des artères coronaires. Celui- supplémentaire des artérioles n’est plus
ci est dû: possible, le débit est insuffisant et la dou-
- principalement à une altération athéro- leur se manifeste, Les médicaments qui
mateuse de la paroi vasculaire (coronaro- dilatent les artérioles ne présentent pas
sclérose avec angine d'effort) ; d'intérêt : au repos, se produit dans la zone
- très rarement à un rétrécissement de type du territoire vasculaire sain une stase san-
spasme dans une artère coronaire morpho- guine (steal effect) liée à une dilatation arté-
logiquement saine (spasme coronaire avec riolaire superflue, ce qui peut déclencher
angine survenant au repos) ; une crise d’angine de poitrine.
- plus fréquemment à un spasme coronaire 3. La pression interne des tissus, la tension
dans une portion de vaisseau présentant des parois est due aux capillaires. Pendant
des lésions athéromateuses. la contraction systolique des muscles, on
Le but du traitement est d'empêcher l’état aboutit à un arrêt du flux sanguin qui se
de carence en oxygène et également d’aug- produit principalement pendant la dias-
menter l'irrigation sanguine (apport en oxy- tole, La tension des parois pendant la dias-
gène) ou de diminuer le besoin en oxygène, tole (pré-charge) dépend de la pression et
du volume de remplissage du ventricule.
Paramètres gouvernant l'apport en oxygène. Les nitrates abaissent cette composante
La force motrice du flux sanguin est la diffé- de la résistance à l'écoulement en dimi-
rence de pression entre le début des artères nuant l'apport de sang au cœur.
coronaires (pression aortique) et l'embou-
chure des veines coronaires (pression dans Paramètres gouvernant les besoins en oxy-
l'oreillette droite). Une résistance s'oppose à gène: Le muscle cardiaque utilise la majeure
l'écoulement du sang. Elle se compose de trois partie de son énergie pour la contraction. Le
paramètres. besoin en oxygène augmente en même temps
1. En temps normal, le diamètre des gros vais- que : 1) la fréquence cardiaque ; 2) la vitesse
seaux coronaires est suffisamment impor- de contraction ; 3) la tension de la paroi déve-
tant pour qu'ils ne participent pas de façon loppée pendant la systole (post-charge) ;
notable à la résistance à l'écoulement. En celle-ci dépend du volume de remplissage du
cas d’athérome ou de spasme coronarien, ventricule et de la pression qui doit être
c'est à ce niveau que réside l'obstacle atteinte durant la systole. Avec une augmen-
pathologique’ à l'écoulement. L'athéros- tation de la résistance périphérique, la pres-
clérose coronarienne, fréquente, ne peut pas sion aortique augmente et par là même la
être influencée par des moyens pharmaco- résistance à l’éjection. Les f-bloquants, les
logiques ; le spasme coronaire, plus rare, antagonistes calciques ainsi que les nitrates
peut être éliminé par des vasodilatateurs (p. 318) diminuent les besoins en oxygène.
convenables (nitrate, nifédipine).
2. Le diamètre des vaisseaux résistifs artério-
laires régule l'irrigation sanguine dans le lit
vasculaire coronarien. Le diamètre des
artérioles est fixé en fonction du contenu
du myocarde en O, et en produits méta-
boliques et s’ajuste automatiquement au
débit nécessaire (B, sujet bien portant).
Cette autorégulation métabolique du débit
sanguin explique pourquoi, dans le cas
Traitement de maladies particulières 317

A. Apport en O; et besoin en O;, du myocarde

apport en O;, besoin


pendant en O; pendant
la diastole la systole

résistance à l'écoulement oreillette gauche 1. fréquence

1. diamètre 2. vitesse
des artères coronaires de contraction

2. diamètre
des artérioles force
oreillette
droite temps
. tension des parois
ww 3. tension des parois
durant la diastole durant la systole
= pré-charge = post-charge
pression

aorte
apport :
veineux ?]

résistance
périphérique

— B. Origine de l’angine d'effort chez un individu avec une sclérose


des artères coronaires
individu sain au repos patient avec une sclérose des coronaires
318 Traitement de maladies particulières

Anti-angineux qui peuvent être prises rapidement servent


au traitement des crises. Le moyen de choix
Des substances appartenant aux trois grou- est la nitroglycérine (NTG, 0,824 mg en
pes dont les propriétés pharmacologiques ont sublingual ; début de l’action en 1 à 2 minutes,
déjà été présentées en détail dans d’autres durée environ 30 min). Le dinitrate d’isosor-
pages peuvent être utilisées comme anti- bide (DND) peut être également utilisé (5 à
angineux: ce sont les nitrates organiques 10 mg, sublingal) ; en comparaison de la NTG,
(p. 122), les antagonistes calciques (p. 124), et son action est un peu retardée mais dure plus
les B-bloquants (p. 92 et suivantes). longtemps. Finalement, la nifédipine peut éga-
Les nitrates organiques (A) augmentent le lement convenir (5 à 20 mg, en cassant la cap-
débit sanguin ou l'apport en oxygène. Grâce sule et en avalant son contenu).
à la diminution de l’apport de sang veineux Les nitrates conviennent, sous certaines
au cœur, la tension de la paroi pendant la conditions, à la prévention des accès tout au
diastole (pré-charge) diminue. Ainsi réussit- long de la journée ; pour éviter le développe-
on, en utilisant les nitrates, à diminuer la ré- ment d’une accoutumance aux nitrates, il pa-
sistance à l'écoulement même en cas d'une raît judicieux d’instituer une pause d’environ
angine de poitrine due à une athérosclérose 12 heures dans l’administration. Pour pou-
coronaire. En cas d’angine de poitrine avec voir prévenir durant toute la journée l’appa-
spasme coronaire, l'action vasodilatatrice rition d’une crise, on peut donner le matin et
sur les artères entraïne une disparition du à midi par exemple du DNI (par ex. 60 mg
spasme et une normalisation du débit. Le be- sous forme retard) ou son métabolite le mo-
soin en oxygène décroît à cause de la dimi- nonitrate d'isosorbide. À cause de son élimi-
nution des deux paramètres qui gouvernent nation présystémique dans le foie, la NTG
la tension systolique (post-charge) : le vo- convient peu pour une administration orale.
lume de remplissage du ventricule et la pres- L'apport continu de NTG au moyen d’un em-
sion dans l'aorte. plâtre cutané n'apparaît pas, non plus, réel-
Antagonistes calciques (B). Ils réduisent lement recommandable à cause du dévelop-
le besoin en oxygène en diminuant la pres- pement d’une accoutumance. Dans le cas de
sion aortique, qui est l’un des composants de la molsidomine, le risque d’une accoutu-
la post-charge. mance est nettement plus faible, mais elle
La nifédipine, une dihydropyridine, n’a présente des limitations d'emploi.
pratiquement aucun effet cardiodépresseur : Lors du choix d’un antagoniste calcique, il
elle peut provoquer une tachycardie réflexe faut faire attention aux effets différents de la
avec une augmentation du besoin en oxy- nifédipine ou du vérapamil et du diltiazem
gène. Les substances amphiphiles cationi- sur les performances cardiaques (voir ci-
ques, vérapamil et diltiizem sont cardiodé- dessus).
pressives. La diminution de la fréquence Lorsque l’on donne un f-bloquant, il faut
cardiaque et de la force de contraction en- également penser à la limitation des perfor-
traîne d’un côté la réduction du besoin en mances cardiaques qui découle de l'inhibition
oxygène mais peut, d'un autre côté, altérer du sympathique. À cause du blocage des ré-
de façon dangereuse la fonction cardiaque cepteurs f,, vasodilatateurs, on ne peut pas
par une bradycardie, un bloc AV ou une in- exclure la possibilité qu'un vasospasme
suffisance de contraction. Dans les angines puisse se produire plus facilement. Une mo-
coronaires spastiques, les antagonistes cal- nothérapie par les f-bloquants ne sera recom-
ciques peuvent abolir le spasme et améliorer mandée que dans les cas de sclérose coro-
le débit sanguin. naire mais pas dans les angines spastiques.
B-Bloquants (©). Ils protègent le cœur
contre une stimulation sympathique consom-
mant de l'oxygène en bloquant une augmen-
tation de fréquence ou de vitesse de contrac-
tion médiée par les récepteurs f..

Utilisation des anti-angineux (D). Les sub-


stances qui ne sont pas cardiodépressives et
Traitement de maladies particulières 319

A. Action des nitrates

p} diastole

vaisseaux
pr résistifs
charge } post-charge.

dévelop
apport en O, f besoin en O, }
déclenchement d'un
dilatation des muscles vasculaires ;
spasme coronaire

nitrate par ex. nitroglycérine (NTG) ou dinitrate d’isosorbide (DNI)

— B. Action des antagonistes calciques — — C. Action des B-bloquants

antagonistes
calciques

stimulation
sympathique
relaxation
des vaisseaux
résistifs
B-bloquants

! déclenchement
besoin en O, + d'un spasme coronaire

IL

D. Les différents anti-angineux et leurs domaines d'application


angine de poitrine
avec athérosclérose spasme coronaire

traitement d’une crise NTG, DNI

nifédipine

|nitrate de longue durée

|B-bloquants | antagonistes calciques


320 Traitement de maladies particulières

Infarctus du myocarde patients n'ayant pas subi de fibrinolyse,


baisse avec l'augmentation du temps écoulé
Un infarctus du myocarde à pour origine depuis le déclenchement de l’infarctus. Il
l'occlusion thrombotique d’une artère coro- existe un ensemble de fibrinolytiques utilisa-
naire ou de ses rameaux. La partie du muscle bles par voie i.v. : alteplase, reteplase, uroki-
cardiaque complètement privée d'irrigation nase, streptokinase (p. 150).
sanguine meurt en peu de temps par suite À l'hôpital on peut ensuite conduire sous
d'une carence en glucose et en oxygène. Dans surveillance intensive un traitement adapté,
la zone bordant l’infarctus se produit une cas par cas, aux symptômes observés : l’utili-
sous-alimentation des cellules du muscle car- sation d’anti-arythmiques (par ex. lidocaïne)
diaque, si bien que le potentiel de membrane est nécessaire en cas d’arythmies, en pré-
décroît, devient instable et que se forment sence de troubles bradycardes on utilisera
spontanément des potentiels d'action, qui éventuellement l'ipratropium (ou un stimula-
peuvent conduire à une fibrillation fatale des teur), dans les états tachycardes, les G-blo-
ventricules. La diminution du tissu cardiaque quants sont indiqués. Dans chaque cas il faut
capable d’une activité fonctionnelle à pour administrer des inhibiteurs de l’agrégation
conséquence une réduction du travail cardia- plaquettaire (par ex. l’ac. acétylsalicylique)
que, la chute de la pression artérielle stimule de façon à empêcher la formation de nou-
le système sympathique : on aboutit à une veaux caillots (p. 154).
augmentation de la fréquence cardiaque par L'apparition d’un choc cardiaque rend le
l'intermédiaire des récepteurs $ et à une aug- traitement plus difficile et diminue les chances
mentation de la résistance périphérique via de survie. À la fin de la phase aiguë, c’est la
les récepteurs o&. Le besoin en oxygène du prévention d’un nouvel infarctus qui devient
cœur est accru avec pour conséquence une la préoccupation majeure. Au cours de la pé-
dégradation supplémentaire de la situation riode post-infarctus, le traitement éprouvé est
cardiaque. Les cellules ischémiées perdent l'utilisation de $-bloquants ou dans certains
leurs ions K, dont la concentration extracel- cas d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion.
lulaire va augmenter, entraînant ainsi la sti- À côté d’un traitement médicamenteux de
mulation de fibres nerveuses nociceptives et longue durée, la participation du patient est
l'apparition de douleurs intenses : un méca- nécessaire : les facteurs de risque tels une
nisme supplémentaire d'activation du sys- obésité, un tabagisme, un diabète non traité,
tème sympathique. Le patient présente de une activité physique insuffisante doivent
fortes douleurs, une sensation d’écrasement être éliminés. Le malade doit se nourrir saine-
et a peur de la mort. Il faut noter qu'il existe ment (par ex. moins de graisses et de sel) et
aussi des formes asymptomatiques, qui entretenir sa forme physique. Un chien joueur
peuvent aboutir à de graves problèmes de est un partenaire d'entraînement idéal !
diagnostic.
Le traitement d’un infarctus du myocarde
aigu doit débuter aussi rapidement que pos-
sible. Avant le transport à l'hôpital, indispen-
sable, le patient doit être maintenu au calme :
morphine par voie parentérale contre la dou-
leur et diazépam, le cas échéant par voie
parentérale, pour le calmer (découplage psy-
chovégétatif), ce qui aboutira à une dimi-
nution du besoin en oxygène. Pour soulager
le cœur, on peut utiliser de la trinitrine par
voie sublinguale. Le moyen de traitement
fondamental est ensuite le début immédiat
d'une fibrinolyse visant à dissoudre le
caillot. Ce traitement réussit d’autant mieux
que la formation du thrombus est plus ré-
cente. L'effet thérapeutique, c’est-à-dire une
réduction de la mortalité par rapport à des
Traitement de maladies particulières 321

— À. Infarctus du myocarde : approche pharmacologique d'urgence


mesures immédiates patient

symptomatologie
anxiolyse analgésie
aiguë : forte douleur,
diazépam morphine
sensation

| d'oppression,
peur de la mort
blocage de la stimulation
cardiaque neurovégétative

précharge *porjgharge |

vasodilatation AA
nitroglycérine ‘4 7
ms

soulagement hémodynamique du cœur


(la pression artérielle doit rester suffisante)

efficacité
(réduction de la mortalité)

reperfusion
du myocarde 0
ischémique 1 3 6
RS administration de streptokinase
à après l’infarctus (heures)

sans perdre de temps transport aussi rapide que possible vers un hôpital

antiarythmique parasympatho- B-bloquant


lidocaïine : lytique
ipratropium
contre contre contre

une arythmie ventriculaire bradycardie tachycardie sinusale

LAURE KAXAER LL
en cas de stimulation
neurovégétative (donc
pas lors d'un choc cardiogénique)

inhibiteurs B-bloquants
de l'agrégation
plaquettaire

prévention d’un nouvel infarctus |


322 Traitement de maladies particulières

Hypertension et anti-hypertenseurs B-bloquants (asthme, troubles du rythme).


Cette association a de plus été éprouvée
Une maladie hypertensive est présente (chez depuis longtemps.
un sujet de plus de 18 ans) lorsque la valeur 4. La baisse de la tension artérielle à l’aide
diastolique de la pression artérielle est au- d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion
dessus de 90 mmHg et la valeur systolique (p.126) est utile, en particulier lorsqu'il
au-dessus de 140 mmHg. On parlera d’une existe en même temps une insuffisance car-
hypertension légère si les valeurs diastoli- diaque : on obtient une diminution de la
ques sont comprises entre 90 et 105 mmHg résistance à l’éjection due à la vasodilata-
et d'une hypertension sévère si cette valeur tion et on freine en même temps la sécré-
est supérieure à 115 mmHg. Toute forme, tion d’aldostérone. La combinaison avec un
même légère, d'hypertension, doit être trai- diurétique thiazidique est possible mais
tée car elle peut s'accompagner de consé- doit cependant être utilisée avec précau-
quences qui vont diminuer l'espérance de tion. Ce traitement est apprécié à cause de
vie. Dans la majeure partie des maladies ses résultats durables. On ne possède pas
hypertensives, il n’est pas possible de déter- encore suffisamment d'informations sur les
miner la cause de la maladie. effets à long terme des antagonistes de
l’angiotensine II.
Hypertension essentielle. Les formes d’hyper- 5. Lorsque les résultats obtenus ne sont pas
tension dites secondaires sont la consé- suffisants, on peut aussi utiliser les anta-
quence de troubles rénaux ou endocriniens, gonistes calciques de la famille des dihydro-
de tumeurs des glandes surrénales (phéo- pyridines pour diminuer la pression
chromocytomes) ou se produisent pendant la artérielle. Il est important que le niveau plas-
gestation. Le traitement de ces formes secon- matique de ces antagonistes calciques ne
daires vise à éliminer la cause de la maladie. subisse que de faibles oscillations car sinon
Il existe une série de médicaments actifs on pourrait observer des tachycardies
pour le traitement de l'hypertension essen- réflexes. On préférera donc des produits à
tielle. Ce traitement suffit presque toujours élimination lente, comme l’amlodipine, la
pour faire redescendre la pression arté- félodipine et l'isradipine. Ces molécules
rielle dans la zone normale souhaitée. Le peuvent être associées à des saliurétiques
patient doit cependant adhérer fidèlement ; et/ou des B-bloquants.
les cas de résistance aux traitements sont,
la plupart du temps, la conséquence d’une Il est possible d'aboutir à un traitement satis-
compliance insuffisante. En se basant sur faisant de l'hypertension essentielle avec les
des études élargies concernant l’action aiguë produits que nous venons de citer. D’autres
des traitements et le pronostic à long terme, substances comme les o-bloquants, la réser-
il est possible de faire les recommandations pine, l’a-méthyldopa n'ont plus aucun inté-
suivantes : rêt. Le vérapamil, un antagoniste calcique
1. Nourriture pauvre en sel (<4 g/jour). Ce amphiphile, présente peut-être une indica-
moyen est difficile à respecter dans notre tion particulière lorsque l'hypertension est
mode de vie car il existe des quantités de sel associée à certains troubles du rythme. Il
non signalées dans la nourriture que nous réduit cependant la force de contraction du
achetons. Par ailleurs, certains patients cœur et entraïne très souvent une consti-
refusent la nourriture sans sel. pation.
2. Diminution de la quantité de sel contenue Le traitement d’une poussée hypertensive
dans l'organisme grâce à l’utilisation d’un sera effectué avec la trinitrine, la clonidine,
saliurétique de type thiazidique (par ex. la dihydralazine et le nitroprussiate de so-
hydrochlorothiazide ou autre, p. 166). dium. Lors d’une augmentation importante
3. Lorsque les approches 1 et 2 ne suffisent de la tension au cours d’une éclampsie, l’un
pas, il sera nécessaire d'y ajouter l’utilisa- des moyens appropriés est une perfusion i.v.
tion de $-bloquants. Il faut faire attention de dihydralazine. |
que leur effet ne se manifeste que lente-
ment. Par ailleurs, il faudra naturellement
faire attention aux contre-indications des
Traitement de maladies particulières 323

A. Hypertension artérielle et traitements anti-hypertenseurs


hypertension
RSS Ras > 140 M

maladies associées
— insuffisance cardiaque
— athérosclérose des vaisseaux coronaires,
angine de poitrine, infarctus, arythmies
— athérosclérose des vaisseaux cérébraux :
vasculaire, |crise d'apoplexie
émorragie cérébrale
— athérosclérose des artères rénales,
insuffisance rénale

diminution de l'espérance de vie

k ,
traitement antihypertenseur

1er choix dans le cas


d'une hypertension simple :
— diurétique thiazidique
— régime pauvre en sel (< 4 g/j)

(6)
17 choix s’il y a en plus
une insuffisance cardiaque :
; ÉDIenE = inhibiteur de l'ACE
— antagonistes de l’angiotensine Il

itement de base

dihydropyridine :
d’action longue ou retardée | == avec éventuellement en plus :
(favorable s’il y a en plus - B-bloquants
une angine de poitrine) <

lorsque le traitementt précédent est RÉEL

vérapamil clonidine dihydralazine


(vasodilatateur
(antagoniste calcique (@goniste Le important
cardiodépresseur) d'action centrale) en cas d'éclampsie)

pnvent être utilisés dans les,cas ETES DÉS aux traitements)


324 Traitement de maladies particulières

Différentes formes d’hypotension lytique (ou un stimulateur cardiaque) pourra


et leur traitement médicamenteux stimuler la fréquence cardiaque.

Quatre-vingt cinq pour cent du volume san- Accès d’hypotension. Troubles de la régula-
guin sont localisés dans le système vasculaire tion orthostatique. Lors du passage de la posi-
veineux ; à cause de la faible pression qui y tion couchée à la position debout (orthostase),
règne (pression moyenne environ 15 mmHg), le sang présent dans le système basse pres-
on parle de système basse pression. Les 15 % sion s'écoule en direction des pieds, parce
restants remplissent le lit artériel que l’on que sous le poids de la colonne de sang les
nomme système haute pression à cause de veines de la moitié inférieure du corps s'’élar-
la pression élevée (environ 100 mmHg). La gissent. La chute du volume d’éjection est en
pression sanguine dans le système artériel partie compensée par une élévation de la fré-
est la force motrice pour l'irrigation des quence cardiaque. La diminution restante du
organes et des tissus. Le sang déversé par ce débit cardiaque peut être équilibrée par une
système s’accumule dans le système basse élévation des résistances périphériques, de
pression et est repompé par le cœur dans le sorte que la pression artérielle et l'irrigation
système haute pression. sanguine soient maintenues. Une altération de
La pression artérielle (en abrégé PA) dé- la régulation orthostatique se produit lorsque
pend: la contre-régulation n’est pas suffisante : la
1. De la quantité de sang « injectée » par le pression sanguine chute, l'irrigation du cer-
cœur dans le système haute pression, par veau décroit et apparaissent en conséquence
unité de temps. Le débit cardiaque est des malaises tels des étourdissements, « tout
fonction du volume d’éjection, c'est-à- devient noir devant les yeux », ou même des
dire du volume sanguin propulsé à cha- pertes de conscience. Dans la forme sympatho-
que battement cardiaque, et de la fré- tonique, les réflexes sympathiques agissent de
quence cardiaque ; le volume d’éjection façon accrue (augmentation plus importante
est entre autres conditionné par le retour de la fréquence cardiaque et de la résistance
veineux. périphérique, c’est-à-dire de la PA diast.) et ne
2. De la résistance contre laquelle l’écoule- peuvent donc compenser la réduction de
ment du sang doit lutter, c'est-à-dire de la l'apport veineux. En termes de prévention,
résistance périphérique ou de l’étroitesse l'utilisation de sympathomimétiques ne pré-
des artérioles. sente donc que peu d'intérêt. L'important
serait d’abord un entraînement du système
Baisse prolongée de la pression artérielle cardio-vasculaire. Par voie médicamenteuse,
(PA syst. demeurant < 105 mmHg). L'hypotonie l'augmentation de l'apport veineux est pos-
essentielle primaire n’a dans la plupart des sible de deux façons. Une augmentation de
cas aucun caractère maladif. Si des symptô- l'apport de sel de cuisine accroît les réserves
mes tels que fatigue et étourdissements d'eau et de sel et par la même le volume
surviennent, on doit recommander un entraï- sanguin (contre-indications : par exemple
nement du système circulatoire plutôt que hypertension et insuffisance cardiaque). Une
des médicaments. constriction des vaisseaux veineux capacitifs
L'hypotension secondaire est la consé- peut être déclenchée par la dihydroergota-
quence d’une maladie sous-jacente et c’est elle mine. Il reste à déterminer dans quelle mesure
qu'il convient de traiter. Si le volume d’éjec- cet effet ne peut pas également être atteint sur
tion est faible par suite d’une insuffisance car- le plan thérapeutique par un o-sympathomi-
diaque, un glycoside cardiaque pourra aug- métique. Dans la forme asympathotonique,
menter la force de contraction et le volume très rare, les sympathomimétiques sont par
d'éjection. Si la diminution du volume d’éjec- contre certainement recommandés.
tion est la conséquence d’un volume sanguin
insuffisant, on pourra y remédier en cas de
perte de sang par une solution remplaçant le
plasma, en cas de carence en aldostérone par
l'administration d’un minéralocorticoïde. En
cas de bradycardie, un agent parasympatho-
Traitement de maladies particulières 325
SR == —— =

HeA. Possibilités d'augmenter une tension artérielle trop faible

système basse système haute


pression pression

B-sympathomimétiques
glycosides parasympa-
cardiaques tholytiques
LL

volume d’éjection x fréquence


= débit

intestin

étroitesse a-sympatho-
mimétiques
+—— des artérioles

. retrécissement des vaisseaux veineux


capacitifs par ex. dihydroergotamine minéralo-
ou éventuellement o-sympathomimétique corticoïde
326 Traitement de maladies particulières

La goutte et son traitement avec des anti-inflammatoires tels que l’indo-


métacine ou la phénylbutazone. Dans les
L'origine de la goutte, une maladie métabo- cas sévères, les glucocorticoïdes peuvent
lique, est une élévation de la concentration également être prescrits.
sanguine en acide urique, le produit de dégra- Pour la prévention d’une crise de goutte,
dation des purines (hyperuricémie). Par il faut ramener la concentration d’acide uri-
accès, une précipitation de cristaux d'urate de que dans le sang en dessous de 6 mg/100 ml.
sodium se produit dans les tissus.
La crise de goutte typique consiste en une Régime: les aliments riches en purine
inflammation très douloureuse du gros orteil (noyaux cellulaires) sont à éviter, par exem-
et des articulations de la cheville. L'inflam- ple les abats. Le lait, les produits laitiers et
mation se développe d'abord à cause des ef- les œufs sont pauvres en purine et sont
forts de l'organisme pour se débarrasser des recommandés. Le café et le thé sont autori-
cristaux par phagocytose (1-4). Les granulo- sés car la caféine, une méthylxanthine, ne
cytes neutrophiles enveloppent les cristaux participe pas au métabolisme des purines.
grâce à leurs mouvements amiboïdes et les
capturent (2). La vacuole de phagocytose fu- Uricostatiques: ils diminuent la production
sionne avec un lysosome (3). Les enzymes ly- d'acide urique. L’allopurinol et son métabo-
sosomiales ne peuvent cependant pas dé- lite, l’alloxanthine (oxypurinol), qui s'accu-
truire l’urate de sodium. Si les cristaux se mule dans l'organisme, inhibent la xanthine
déplacent au cours de mouvements amiboï- oxydase qui catalyse la transformation de
des ultérieurs, la membrane des phagolyso- l'hypoxanthine en xanthine puis en acide uri-
somes se rompt. Les enzymes se répandent que. Ces précurseurs sont facilement élimi-
dans le granulocyte, le détruisent et lèsent le nés par le rein. L’allopurinol est administré
tissu environnant. Des médiateurs inflamma- par voie orale (300-800 mg/jour). Il est très
toires comme par exemple des prostaglandi- bien supporté à l'exception de rares réac-
nes sont libérés (4). Des granulocytes attirés tions allergiques et constitue le moyen pré-
s'accumulent et périssent de la même façon. ventif de choix. Au début du traitement se
L'inflammation se renforce et une crise de produisent des crises de goutte que l’on peut
goutte se déclenche. éviter en donnant en même temps de la col-
Le but du traitement de la crise de goutte chicine (0,5-1,5 mg/jour). Les uricosuriques
est d'interrompre la réaction inflammatoire. comme le probénécide ou la benzbroma-
Le remède de choix est la colchicine, un rone (100 mg/jour) ou la sulfinpyrazone sti-
alcaloïde de la colchique (Colchicum autom- mulent l'élimination rénale d'acide urique. Ils
nale). Ce composé est connu comme un occupent le système de réabsorption des aci-
poison du fuseau, car il bloque les mitoses des dans le tubule proximal de sorte que
en métaphase en inhibant les protéines celui-ci n'est plus disponible pour le trans-
contractiles du fuseau achromatique. Son ac- port d’acide urique. En cas de dosage trop fai-
tion dans les crises de goutte repose sur l'in- ble, c'est seulement le système de sécrétion
hibition des protéines contractiles dans les des acides qui sera inhibé car il a une activité
neutrophiles, ce qui bloque leurs mouve- de transport plus faible ; l'élimination d'acide
ments amiboïdes et donc la phagocytose. urique est alors interrompue et une crise de
Les effets secondaires les plus fréquents d’un goutte est possible. Chez les patients avec
traitement par la colchicine sont des dou- des calculs dans les voies urinaires, les urico-
leurs abdominales, des vomissements et des suriques sont contre-indiqués.
diarrhées, correspondant tout à fait à l'inhi-
bition des mitoses dans l'épithélium de l’es-
tomac et de l'intestin, qui se divise très rapi-
dement en temps normal. La colchicine est
principalement administrée par voie orale
(0,5 mg/h par ex. jusqu'à ce que les douleurs
cèdent ou qu'apparaissent des troubles gas-
tro-intestinaux ; dose maximale 10 mg). Une
crise de goutte peut également être traitée
Traitement de maladies particulières 327

A. La goutte et son traitement

allopurinol hypoxanthine

Ÿ 1 xanthine i
oxypurinol oxydase xanthine

6 EN
lysosome 1B

cellule
phagocytaire

réabsorption
des acides

sécrétion desacides

j
328 Traitement de maladies particulières

Ostéoporose quotidien de calcium doit représenter 1 g/jour


avant la ménopause (correspondant à -11
L'ostéoporose correspond à une diminution de lait) et 1,5g après. L'apport de vita-
de la masse osseuse («fonte osseuse »), qui mine D, qui stimule l'absorption intestinale
touche de la même manière la trame de l'os et de Ca, s’est révélée utile chez les personnes
les substances minérales. On aboutit à un âgées, dont l'alimentation est peu diversifiée
tassement des vertèbres avec des douleurs et l'exposition au soleil faible.
osseuses, un dos rond et un raccourcissement
Traitement. La néosynthèse de l'os sera in-
du tronc. Le col du fémur et le radius distal
duite par des fluorures administrés par
sont fréquemment atteints par des fractures.
exemple sous forme de fluorure de sodium. Le
La base de cette fonte osseuse est un déplace-
fluor stimule les ostéoblastes. Il sera inséré
ment de l'équilibre entre synthèse osseuse par
dans l’hydroxyapatite à la place du groupe-
les ostéoblastes et dégradation osseuse par
ment hydroxyle (p. 273), ce qui rend plus dif-
les ostéoclates, en direction de la dégradation.
ficile la dégradation par les ostéoclastes
Classification : ostéoporose idiopathique:
mais conduit à une minéralisation plus faible
type 1 : chez les femmes atteignant la méno-
et à une réduction des capacités mécaniques
pause ; type 2 : chez les hommes et les femmes
de l'os nouvellement formé. Comme on ne
après 70 ans. Ostéoporose secondaire comme
sait pas encore avec certitude dans quelles
conséquence de maladies sous-jacentes (ma-
conditions la tendance aux fractures décroït,
ladie de Cushing par ex.) ou provoquées par
l'administration de fluorure n’est pas encore
des médicaments (par ex glucocorticoïdes ou
un traitement de routine.
traitement chronique à l’héparine). Dans ce
La calcitonine (p. 272) inhibe le fonction-
cas, l’origine peut en être éliminée.
nement des ostéoclastes et la dégradation de
Ostéoporose post-ménopause. Après la mé- l'os. En tant que peptide elle doit être admi-
nopause se déclenche une poussée de dégra- nistrée par injection (ou également via la mu-
dations. Plus la masse osseuse de départ est queuse nasale en pulvérisation). La calcito-
faible et plus tôt on atteindra une proportion nine de saumon est plus active que la
de perte osseuse qui déclenchera les dou- calcitonine humaine, car elle est éliminée
leurs. plus lentement.
Les facteurs de risques sont : une méno- Les biphosphonates ont une structure
pause précoce, une activité physique insuffi- proche de celle du pyrophosphate de l’orga-
sante, le tabagisme ou l’abus d’alcool, un nisme et vont donc s’incorporer comme lui
poids insuffisant ou une nourriture pauvre dans la substance osseuse minérale mais
en calcium. avec une affinité plus importante. À l'occa-
sion du remodelage des os, les ostéoclastes
Prévention. La poussée de dégradations captent les biphosphonates et les accumu-
osseuses après la ménopause peut être em- lent. En raison de leur ressemblance de
pêchée par l’administration d’œstrogènes. structure avec les phosphates riches en
On utilisera souvent des œstrogènes conju- énergie, les biphosphonates agissent comme
gués (p. 258). Comme le traitement par les des poisons métaboliques et lèsent les osté-
œstrogènes seuls augmente le risque d’un oclastes. L'étidronate, le premier des biphos-
cancer de l’endomètre, on doit administrer phonates, inhibait la dégradation osseuse
en même temps des progestatifs comme par mais bloquait également la minéralisation de
exemple dans le cas d’une contraception l'os, si bien qu'il était nécessaire d'introduire
orale combinée (exception, après une hysté- des pauses dans le traitement. Dans le cas
rectomie). Une administration cyclique per- des molécules plus récentes, comme l’alen-
met de maintenir des règles. Le risque de ma- dronate et le risédronate, l’inhibition des
ladies thromboemboliques est accru. Les ostéoclastes est l'effet prédominant, ce qui
cancers du sein sont observés un peu plus autorise une prise continue pour le traite-
fréquemment. L'action cardioprotectrice de ment (voire la prévention) de l’ostéoporose.
cet apport hormonal reste discutée. L'apport Compte tenu du risque de lésions de l’œso-
hormonal peut se poursuivre pendant 10 ans phage, la prise du médicament doit s’accom-
et plus. Le rapport risque/efficacité doit être pagner de précautions particulières.
réexaminé à intervalles réguliers. L'apport
Traitement de maladies particulières 329

A. Os : état normal, ostéoporose

état normal ostéoporose

RER) 3

steve,
intenses)

E] substance osseuse de base, ostéoïde

B. Ostéoporose : présentation des possibilités pharmacologiques de prévention —


et de traitement
après la ménopause sels de calcium
œstrogène 1à 1,5 g Ca?*
et progestatifs par jour

inhibition
de la dégra-
dation osseuse

veterrettPreue es fOMTPeE mes Se à


2924520096,
ses See tete à7 5e
e% 286320:
4 + e e: 2956. +=

1
calcitonine

peptide
de 32 acides
Dar Sd op rs er Es 6 à à 0% Ban es a 0 8:6e aminés

RIRE d
© 2 Lostéobiastes ]77°." oméodase ]17
—_— er re vus
ee aber
:
se)
FA Fepror acide pyrophosphorique biphosphonate hausses
à per DSIQques endogène terre dones
modifiées
* oH oH
OH
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| HOT PC PO TS
HO—P—O—P—OH Mole o PNR MR Dee he SA
I Î 0 cH0 A
O O ereteer se.)
p ex. ac (CH) Mn ses es eee ss
alendro- DA te RS ee 0e nes
= nique NH2 ÉD
330 Traitement de maladies particulières

Polyarthrite rhumatoïde synthèse des prostaglandines (p. 204; inhi-


et son traitement biteurs non sélectifs de Cox ou inhibiteurs de
Cox 2) et par les glucocorticoïdes. Lors d’une
L'arthrite rhumatoïde ou polyarthrite chro- administration nécessairement chronique
nique (A) est une maladie inflammatoire évo- peuvent se manifester des effets secondaires
lutive qui gagne par poussées successives les importants. La progression de la destruction
articulations, principalement les petites arti- des articulations n’est arrêtée ni par les inhi-
culations des doigts et des pieds. La polyarth- biteurs de Cox ni par les glucocorticoïdes.
rite rhumatoïde a vraisemblablement pour On désigne sous le terme de médicaments
base une réaction anormale du système de fond les substances qui peuvent agir sur
immunitaire. La réaction erronée peut être les événements majeurs du processus in-
favorisée et déclenchée par différentes condi- flammatoire, peuvent diminuer le recours
tions (par exemple dispositions génétiques, aux AINS et aux glucocorticoïdes et vont
usure due à l’âge, refroidissement, infection). ralentir la progression de la maladie. On re-
L'élément nuisible conduit à une inflamma- commandera leur utilisation précoce. Leur
tion de la membrane synoviale (membrane action se manifeste après plusieurs semai-
tapissant les articulations), dont la consé- nes d'utilisation. Le méthotrexate (p. 306) et
quence est la libération d’un antigène qui le léflunomide freinent la prolifération des
entretient le phénomène inflammatoire. lymphocytes. Ce composé diminue dans les
L'antigène est capté par des cellules syno- lymphocytes la synthèse cellulaire des nu-
viales capables de le présenter, ce qui aboutit cléotides pyrimidiques (via une inhibition de
à une activation et à une prolifération de lym- la dihydroorotate déshydrogénase). En ce qui
phocytes et en particulier de cellules T auxi- concerne la cyclosporine A, reportez-vous à
liaires (p.308). L’intensité de la réaction la page 308. L'utilisation de l’azathioprine et
inflammatoire augmente à l’occasion des inte- du cyclophosphamide est également basée
ractions entre lymphocytes et macrophages. sur leurs propriétés immunosuppressives.
Des médiateurs stimulant l’inflammation se- L'action de la chloroquine ou de l’hydroxy-
ront libérés par les macrophages, dont les chloroquine ou celle des sels d’or (aurothio-
plus importants sont des cytokines comme malate, aurothioglucose, i.m., ou auranofine,
l'interleukine 1 et le TNFœ (tumor necrosis fac- moins actif per os) est probablement due à
tor &). Le TNFa peut déclencher une multitude une accumulation lysosomiale entraînant
d'effets pro-inflammatoires (B) qui sont utiles une altération des fonctions phagocytaires.
dans la lutte contre les micro-organismes in- L'anticorps chimérique, infliximab, et la pro-
fectieux mais nuisibles lors d’une polyarthrite téine fusion, étanercept, capturent le TNFo,
rhumatoïde. Les cytokines stimulent l’expres- si bien que cette cytokine n’est plus capable
sion du gène codant pour la Cox 2, et donc la de se fixer aux récepteurs présents sur la
formation de prostaglandines favorisant l’in- membrane des cellules cibles. Le mécanisme
flammation. La réaction inflammatoire aug- d’action de la D-pénicillamine ou de la sulfa-
mente l’activité des lymphocytes et des salazine est inconnu. Les substances que
macrophages, donnant ainsi naissance à un nous venons de citer présentent des risques
cercle vicieux. Les fibroblastes synoviaux pro- d'effets secondaires, dont certains sont im-
lifèrent et libèrent des enzymes destructeurs. portants. La sulfasalazine et le méthotrexate
Il se forme une excroissance caractéristique présentent un rapport efficacité/risque rela-
où pannus, le cartilage articulaire et le tissu tivement favorable. Il est possible d'utiliser
osseux sous-jacent seront alors détruits. On une combinaison de ces traitements de fond.
voit enfin apparaître un raidissement du tissu L'élimination chirurgicale de la synovie
conjonctif de l'articulation. Des maux asso- enflammée (synovectomie) procure souvent
ciés extra-articulaires peuvent égalemen{?se aux patients des phases plus longues sans
manifester. Le développement de la maladie souffrir. Lorsqu'elle est réalisable, elle est
est associé à des douleurs violentes et à une entreprise, car tous les moyens pharmacolo-
réduction de la mobilité. giques sont associés à des effets secondaires
Traitement pharmacologique: les symp- importants.
tômes de l’inflammation peuvent être sou-
lagés de façon aiguë par des inhibiteurs de
Traitement de maladies particulières 331

A. Polyarthrite rhumatoïde
prédisposition génétique
facteurs de l’environnement

facteur |infection
déclenchant blessure

|sufsalazine le

cytokines, oH
par ex. NA N.
. - IL-1, TNFo == À NNle
Le | |infliximab Sr

NH
| ; /C2Hs étanerceptp À| MES
HLC—CHCHo— CH N HOOC—}(CH>)1— CH COOH
î CH E
chloroquine Fe — méthotrexate
synthèse
or (sels) _ macrophages HT
ieTA lymphocytes |és :
es purines |
I — léflunomide
| synthèse
es pyrimidines |
— cyclosporine À
synthèse IL-2
ans les cellules T
auxiliaires |
|D-pénicilamine |

fraction du
( récepteur
étanercept du TNFa
ÉLOrE protéine de fusion
chimérique fragment

récepteur
du TNFo
COUONCE OO È sono corece)]
AVANT TUUNNU
A
XX XX SHssoccessse)

activation
vaisseaux : ie :
- prolifération Mamophagess fanion os:
- adhésion des' s— Se ä
chimiotactisme
- d'un
formation
pannus
- dégradation
cellules sanguines
. 332 Traitement de maladies particulières

La migraine et son traitement cas de migraine et n'ont aucun effet sur


d’autres maux de tête. L'action particulière
Le terme de migraine désigne un tableau dou- de ces deux substances est vraisemblable-
loureux qui est associé en premier lieu avec ment liée à leur propriété commune de sti-
de violents maux de tête et des nausées et muler les récepteurs 5-HT,;,, un sous-type de
qui survient par accès de fréquence irrégu- récepteurs de la sérotonine. L'ergotamine
lière et d'une durée de plusieurs heures. présente également une affinité pour les ré-
Chez une partie des patients, il existe une cepteurs de la dopamine (— nausée et
«aura» typique qui annonce une crise et vomissements) ainsi que pour les récepteurs
peut être décrite par une chute du champ o-adrénergiques et 5-HT, (— tonus vascu-
visuel, prenant souvent la forme d’une image laire, augmentation de l'agrégation plaquet-
avec des contours extérieurs crénelés (spec- taire). Les effets secondaires vasculaires
tre de fortifications) et également par l’inca- peuvent entraîner en cas d'utilisations fré-
pacité des yeux à se fixer sur des objets quentes des altérations circulatoires sévères
précis, par une hypersensibilité des orga- (ergotisme). De plus, en cas de prise fré-
nes des sens, par une photophobie et une quente (> 1 fois par semaine), l’ergotamine
fringale de certains aliments. L'origine exacte peut de façon paradoxale déclencher elle-
de ces maux est inconnue. La crise migrai- même des maux de tête qui, bien que leurs
neuse a vraisemblablement pour origine caractéristiques soient différentes (douleurs
une libération de médiateurs inflammatoires perforantes), peuvent conduire le patient à
à l’extrémité des fibres nociceptives affé- reprendre de l’ergotamine. Il s’installe ainsi
rentes (inflammation neurogène) ou une un cercle vicieux qui risque, après une utili-
altération de la circulation cérébrale. À côté sation chronique et inappropriée d’analgési-
d’une prédisposition individuelle, un facteur ques et d’ergotamine, d’aboutir à des lésions
déclenchant de la crise est nécessaire, par rénales et des troubles circulatoires irréver-
exemple une forte tension psychique, un sibles.
manque de sommeil. Le traitement pharma- L'ergotamine et le sumatriptan n’ont qu'une
cologique a deux buts : interruption de la biodisponibilité réduite par voie orale. La
crise et prévention d'accès futurs. dihydroergotamine peut être administrée en
injection intramusculaire ou par injection
Traitement des crises. De façon symptoma- intraveineuse lente, le sumatriptan par voie
tique, les maux de tête seront traités par des sous-cutanée, en pulvérisation nasale ou en
analgésiques (paracétamol, acide acétylsali- suppositoires.
cylique), les nausées par le métoclopramide Les autres triptans comme le zolmitriptan,
(p. 114, p. 340) ou la dompéridone. Compte le naratriptan et le rizatriptan ont une
tenu de l’inhibition de la vidange gastrique meilleure biodisponibilité que le sumatrip-
liée à la crise de migraine, l'absorption des tan après administration orale.
médicaments peut être ralentie de façon
telle qu'aucune concentration plasmatique Prévention des crises. La prise régulière de
efficace ne puisse être atteinte. Le méto- molécules aussi différentes que le proprano-
clopramide qui stimule la vidange gastrique, lol ou le métroprolol (B-bloquants), la flunari-
augmente l'absorption des substances zine (action comme antagoniste de l’histamine
analgésiques et favorise ainsi l’action des et de la dopamine et comme anti-calcique), le
antalgiques. Si l'acide acétylsalicylique est pizotifène (un antagoniste de la sérotonine
administré par voie i.v., sa disponibilité est dont la structure est proche de celle d’un anti-
assurée, c’est pourquoi l'administration i.v. dépresseur tricyclique) et le méthysergide
est recommandée en cas de crise migrai- (antagoniste sérotoninergique partiel) peut
neuse. réduire la fréquence des crises de migraine.
Si les antalgiques s'avèrent n'être pas suf- Le traitement de première intention est l’un
fisamment efficaces, on peut alors dans la des B-bloquants cités plus haut.
plupart des cas interrompre une crise ou em-
pêcher le déclenchement d’une crise qui
s'annonce par l’ergotamine ou le sumatrip-
tan. Ces deux substances n'agissent qu’en
Traitement de maladies particulières 333

A. Traitement des crises migraineuses

ac. acétylsalicylique 1 000 mg


ou paracétamol 1 000 mg

en l'absence d'effet

à à |
CR NUE 2 E
)
1 mg 1-2 mg (7


/4

méto-
clopramide

migraine :

mal de tête,
hypersensibilité
aux odeurs,
aux goûts,
aux bruits,
à la lumière,
nausées, inflammation
vomissements, neurogène,
scintillements œdème local,
vasodilatation

activité anti-
migraineuse

réaction
psychotique

vomissement,
nausée

agrégation
plaquettaire

Vaso-
constriction
334 Traitement de maladies particulières

Traitement des refroidissements benzocaïne et la tétracaïne : la présence d’un


groupement NH, en para sur le noyau phényl
Lorsque l'on parle de refroidissements, en peut déclencher une allergie, p. 213) on peut
langage courant « coups de froid », « grippe », obtenir, mais seulement pendant quelques
«infection grippale » (la grippe est au sens instants, une disparition de la douleur/gêne.
strict une infection assez rare par le virus Il faut cependant penser au risque de sensi-
influenza), il s’agit d’une inflammation aiguë bilisation.
et infectieuse des voies respiratoires supé-
rieures. Les symptômes, éternuements, cCoryza Toux. Étant donné que la toux permet
(à cause d’une rhinite), enrouement (laryn- d’expectorer les sécrétions formées et accu-
gite), douleurs de gorge et difficultés à déglu- mulées dans le tractus bronchial au cours
tir (pharyngite, amygdalite), toux avec d'un refroidissement, l'interruption de ce pro-
catarrhe d’abord séreux puis muqueux (tra- cessus physiologique n’a de sens que lorsque
chéite, bronchite), douleurs musculaires, se manifeste une toux d'’irritation (toux sèche,
fièvre et dégradation de l’état général peu- sans production de sécrétions). La codéine et
vent apparaître isolément ou avec diverses la noscapine (p. 216) bloquent la toux, en inhi-
combinaisons, simultanément ou successi- bant au niveau central le réflexe de toux.
vement. La dénomination provient de l’idée
répandue autrefois qu’un refroidissement Accumulation de mucosités. Les expecto-
était à l’origine de ces maux. En général, rants stimulent l’expectoration du mucus
cette maladie est provoquée par des virus bronchique en rendant le mucus plus fluide :
(rhino, adeno, parainfluenza virus) qui sont soit en dégradant les substances contenues
transportés par des «projections » prove- dans le mucus (mucolytiques comme par ex.
nant de la toux ou d’éternuements. la N-acétylcystéine) ou bien en favorisant la
production de mucus moins épais (bouil-
Moyens thérapeutiques. Un traitement causal lottes chaudes). On peut se demander, lors
avec des antiviraux n’est pas possible à l’heure d’un refroidissement, si les mucolytiques
actuelle. Les symptômes d’un refroidissement sont vraiment indiqués et si les expectorants
s'estompent spontanément. L'administration tels l’ambroxol et la bromhexine changent de
de médicaments n’est pas obligatoire. Les façon efficace la consistance du mucus.
moyens utilisés adoucissent les symptômes. L'acétylcystéine est indiquée dans la muco-
viscidose.
Rhume. La production de sécrétions peut être
interrompue par des parasympatholytiques. Fièvre. Les analgésiques antipyrétiques (acide
Il faut s’accommoder des autres actions de acétylsalicylique, paracétamol, p.202) ne
type atropinique (p.104 et suivantes). C’est sont indiqués que dans des fortes fièvres. La
pourquoi les parasympatholytiques sont à fièvre est une réaction naturelle de l'orga-
peine utilisés ; il est vraisemblable cependant nisme aux infections et un indicateur com-
que lors de l’utilisation d’antihistaminique H, mode de leur déroulement.
(composant de nombreux traitements) c’est
leur action parasympatholytique qui est utili- Douleurs articulaires, maux de tête. On
sée. Administrés localement (gouttes nasales), peut utiliser les analgésiques antipyrétiques
les o-sympathomimétiques provoquent une contre les douleurs articulaires ou les maux
vasoconstriction et un dégonflement de la de tête accompagnant un refroidissement.
muqueuse nasale (il est à nouveau possible de
respirer par le nez) et, de façon secondaire,
une diminution des sécrétions nasales (p. 90).
Lors d’une administration régulière pendant
une longue période, existe le danger d’une
lésion de la muqueuse nasale (p. 90).

Difficultés à avaler et maux de gorge. En


suçant des pastilles contenant des anesthé-
siques locaux (lidocaïne, attention pour la
Traitement de maladies particulières 335
RE

A. Produits utilisables en cas de refroidissement

acide douleur
administration locale acétylsalicylique —7* articulaire
d'o-sympatho-
Ne: maux de tête
mimétiques
(gouttes nasales) P aracétamol a —" \ N
D UE

(9 dégonflement de la
œ muqueuse nasale, possibilité
\ e de respirer par le nez Rue
attention :
antihistaminiques H; accoutumance
attention : sédation

œ æ æ

ATAE RE siques locaux æ ® ;


attention : danger : maux de gorge
de sensibilisation à |

antitussif : Se aUTE
CO MEN

7 - N | toux
codéine
H3CO 0 OH
expectorants : Q pe
ete re É
RE 7 cod formation de glaire

acétylcystéine it
Fa accumulation dans
| se 4 Br les voies respiratoires
LnaUIse NH d’un mucus épais
chaud
| CH
Br CH>—N
infusion de sureau >
Te bromhexine
336 Traitement de maladies particulières

Traitement anti-allergique et le tissu conjonctif, ils agissent en rétrécis-


sant les vaisseaux et, à cause de la diminution
La réaction allergique médiée par les I£E (p. 72) du flux sanguin, en diminuant l'œdème et les
s'accompagne de la libération d'histamine sécrétions (p. 90), par exemple dans le rhume
(p. 116) et de la formation d'autres médiateurs des foins. Compte tenu du risque de lésion des
(entre autres les leucotriènes p. 200) par les muqueuses ils doivent dans tous les cas être
mastocytes. Les conséquences sont : relaxa- administrés pendant de courtes périodes.
tion des muscles vasculaires ; la dilatation des b) Adrénaline : administrée en i.v., elle
vaisseaux entraîne localement une rougeur, constitue le traitement le plus efficace en cas
comme par exemple au niveau du tissu de choc anaphylactique : elle contracte les
conjonctif de l'œil, et de façon systémique vaisseaux, diminue leur perméabilité et di-
une chute de la pression artérielle (en cas de late les bronches.
choc anaphylactique). Élévation de la perméa- c) Les G,-sympathomimétiques, tels la ter-
bilité vasculaire avec passage de fluide dans butaline, le fénotérol, le salbutamol, sont uti-
les tissus : gonflement du tissu conjonctif au lisés dans l'asthme bronchique ; en général lo-
niveau du nez («rhume des foins ») ou de la calement, par inhalation, en cas d'urgence par
muqueuse bronchiale ; urticaires cutanées. voie parentérale. Même par inhalation, des
Contraction de la musculature des bronches quantités non négligeables de produit actif
avec asthme bronchique. Stimulation de la peuvent parvenir dans la circulation (effets
musculature de l'intestin avec des diarrhées. secondaires, battements de cœur, tremble-
ment, agitation, hypokaliémie). Le salmétérol
1. Stabilisation des mastocytes. Le cromo- et le formotérol possèdent après une inha-
glycate bloque la libération des médiateurs lation une durée d'action de 12 heures. Ces
par les mastocytes mais simplement après B;-mimétiques d'action longue seront utilisés
une administration chronique. | est administré pour le traitement des cas d'asthme sévères.
par voie locale :œil, muqueuse nasale, arbre Donnés le soir ils peuvent empêcher la sur-
bronchique (inhalation), muqueuse intesti- venue d’une crise jusqu’au matin suivant.
nale (voie orale, pratiquement aucune ab-
d) Théophylline: elle appartient aux
sorption). Indications : prévention du rhume méthylxanthines. Tandis que la caféine (1,3,7-
des foins, de l'asthme allergique et également
triméthylxanthine, théine) a principalement
des allergies alimentaires. Le nédocromil a la
une action stimulante sur le SNC et contracte
même action.
les vaisseaux cérébraux, la théophylline pré-
2. Blocage du récepteur de l’histamine. Ce sente simultanément une action notable,
sont principalement les récepteurs H, qui bronchodilatatrice et diurétique. Les effets
participent aux réactions allergiques. Les an- sont dus à l’inhibition d’une phosphodiesté-
tihistaminiques H, (p.116) sont en général rase (augmentation d’'AMPc, p. 66) ainsi qu’à
administrés par voie orale. Leur effet théra- une action antagoniste au niveau des récep-
peutique est cependant souvent décevant. teurs de l’adénosine. En cas d’asthme bron-
Indication : rhume des foins. chique, la théophylline peut être donnée par
voie orale pour prévenir une crise, par voie
3. Blocage des récepteurs des leucotriènes.
parentérale pour interrompre une crise. En
Le montelukast est un antagoniste des récep-
cas de surdosage, peuvent se produire des
teurs pour les (cystéinyl-leucotriènes. Les
crampes et des arythmies cardiaques.
leucotriènes déclenchent des spasmes bron-
e) Les glucocorticoïdes (p.152) agissent
chiques et stimulent les inflammations aller-
de façon très efficace dans le traitement des
giques de la muqueuse bronchique. Le mon-
allergies, vraisemblablement parce qu'ils in-
telukast sera utilisé par voie orale dans la
terviennent à différents endroits dans le pro-
prévention de l'asthme. Il est également actif
cessus. Indications : rhume des foins, asthme
contre l'asthme aux analgésiques (p. 202) et
bronchique (si possible administration locale
contre l’asthme d'effort.
de produits ayant une forte élimination pré-
4. Antagonistes fonctionnels des média- systémique, par ex. béclométhasone, budéso-
teurs de l’allergie nide flunisolide, propionate de fluticasone)
a) Les o-sympathomimétiques tels la na- ainsi que choc anaphylactique (i.v. à dose
phazoline, l'oxymétazoline, la tétryzoline sont élevée) ; il est probable que se produisent
utilisés localement sur les muqueuses nasales également des effets non génomiques rapides.
Traitement de maladies particulières 337

kA. Traitement contre l'allergie —-


® _® an tigène (ex. pollen, pénicilline)
& I9gE
stabilisation
des mastocytes

libération LE
d'histamine leucotriènes

2 CH}—CH>— NH N des récepteurs|

24 se x] |

ï \ / récepteur |
récepteur
à l'histamine

réaction de la cellule cible

perméabilité des muscles lisses vasculaires

| | hvasodilaæ
tation
LL
ET
| œdème

ueuse de l'œil
|mmélque | oûsmuqueuse nasale:
É s rougeur, gonflement
naphazoline 19 É

1
Cars H
338 Traitement de maladies particulières

Asthme 2° degré. Si dans la première étape il est


nécessaire d'utiliser les B,;-mimétiques plus
Définition. Blocage respiratoire survenant d'une fois par semaine, cela indique une ag-
par crises à la suite d’un rétrécissement des gravation de la maladie. On utilisera alors une
bronches lié à une hypersensibilité bron- substance anti-inflammatoire, essentiellement
chique. un glucocorticoïde par voie aérosol (p. 254).
Il n’est pas rare que le patient asthmati- Dans certains cas on peut également utiliser
que sous-estime le degré de gravité réelle de un «stabilisateur des mastocytes » (p. 336)
sa maladie. Dans ces conditions, la mesure avec de bons résultats. On peut également ci-
de la vitesse maximale d'expiration forcée ter comme alternative la théophylline par
(peak-flow) par les patients est un moyen im- voie orale et sous forme retard (p. 336). Il faut
portant associé au traitement. Après un ap- souligner ici que la théophylline présente à
prentissage adapté, le patient peut réagir de côté de son action bronchodilatatrice une ac-
lui-même à une modification de l'intensité de tion anti-inflammatoire avérée. La fenêtre thé-
la crise par un changement de médication rapeutique est faible (stimulation cardiaque
(dans le cadre d’un plan de traitement préa- ou centrale : surveillance du niveau sanguin).
lablement établi par le médecin). Un anti-leucotriène comme le montelukast
Pathophysiologie. La maladie est essentiel- (p. 336) peut également être envisagé. L’admi-
lement due à une inflammation d'origine nistration de glucocorticoïdes inhalés doit
allergique de la muqueuse bronchique. C’est être régulière, l'amélioration se manifeste
ainsi par exemple que les leucotriènes qui dans un délai de quelques semaines. Dans le
sont synthétisés au cours d'une réaction cas d'une utilisation appropriée de glucocor-
immune à IgE (p.72) ont un effet chimio- ticoïdes inhalés présentant une élimination
tactique sur les cellules inflammatoires. À présystémique importante, «la peur de la
l'inflammation est associée une hypersensi- cortisone » est infondée (effets secondaires
bilité des bronches envers des stimuli spas- locaux éventuels :muguet, enrouement). On
mogènes. Si bien qu'à côté des antigènes, peut éviter un muguet par une administration
d’autres stimuli peuvent déclencher des précédant le petit déjeuner ou le repas du
crises d'asthme (A). Par exemple dans soir. Plus l'utilisation de B;-mimétiques in-
l'asthme d'effort, l'inspiration profonde de halés à la demande est faible et plus le traite-
l'air froid environnant est un agent déclen- ment anti-inflammatoire est efficace.
chant important. Un exemple de déclenche- 3° degré. On augmentera la dose de gluco-
ment provoqué par un médicament est celui corticoïde inhalée et on utilisera en plus un
des inhibiteurs de cyclooxygénase (p. 204). bronchodilatateur d’action longue : essentiel-
Bases de traitement. L'élimination des déclen- lement un B,-mimétique d'action longue en in-
cheurs des crises d'asthme est un moyen halation (salmétérol, formotérol, p. 336). L’as-
important mais pas toujours réalisable. Les sociation peut donner de meilleurs résultats
médicaments qui diminuent l'inflammation qu'une simple augmentation de la dose de glu-
allergique ou, atténuent l’hypersensibilité cocorticoïde. À la place d'un B;-mimétique
bronchique touchent au centre des événe- d'action longue on peut aussi envisager l’ad-
ments pathophysiologiques : glucocorticoï- ministration par voie orale de théophylline re-
des et agents stabilisant les mastocytes. Les tard, l'administration d'un agoniste f,, sous
bronchodilatateurs (f,-sympathomimétiques, forme retard, ou celle d’un anti-leucotriène.
et ipratropium) agissent de façon symptoma- Dans ie 4° degré on utilisera le glucocorti-
tique. coïde inhalé à une dose plus élevée et on
Le schéma par étapes (B) fournit un cadre ajoutera dans certains cas un glucocorti-
donnant les possibilités d’intensification du coïde systémique, par voie orale.
traitement en cas d’aggravation de la maladie.
1° degré. Les médicaments de choix pour
le traitement d’une crise d'asthme sont des ,-
mimétiques à courte durée d'action, utilisés en
inhalation, comme le salbutamol et le fénoté-
rol. Leur action se manifeste quelques minu-
tes après l’inhalation et dure 4-6 heures.
Traitement de maladies particulières 339

- À. Asthme bronchique : pathophysiologie et axes de traitement

ÊÆ allergène

inflammation

antigènes 2
hypersensibilité
\
des-bronches
| ES
infections, \ |
ozone, ==—
SO;, NO,

me ns broncho-
stimulus spasme

poussières
air froid à
médicaments

ire ’
APM À Er / / |
AR | Er |/ IV | |
À: RS
réduire bloquer dilater les
_ . l'exposition | l’inflammation bronches

B. Schéma du traitement de l'asthme par niveaux


substances recommandées pour les adultes
et les enfants au-dessus de cinq ans
(d’après : Global Initiative for Asthma. « À Pocket
Guide for Asthma Management and Prevention », ‘
1998) glucocorticoïdes
par voie
systémique

bronchodilatation durable

en cas de nécessité
B,-mimétique d'action longue,
en inhalations

inhibition de l’inflammation, inhalations régulières

glucocorticoïdes
à élimination présystémique élevée =
doses faibles doses moyennes _ doses élevées

< 1 x/semaine £< 4 x/jour < 4 x/jour

asthme léger asthme de sévérité moyenne asthme sévère


340 Traitement de maladies particulières

Vomissements et anti-émétiques baptisées anti-émétiques dépend de l’état pré-


sent de l'individu (remplissage de l’estomac,
Le vomissement est une vidange de l’esto- excès d'alcool), des circonstances extérieures
mac dirigée en sens inverse. Le pylore est (exemple du comportement des autres voya-
fermé, tandis que le cardia et l’œsophage se geurs) et du type de mouvement. Les médica-
détendent, de telle sorte que sous la pres- ments seront avalés 30 min avant le début du
sion produite par la contraction des muscles voyage et la prise sera répétée toutes les 4-
de la paroi abdominale et du diaphragme, le Gheures. La scopolamine peut également
contenu de l'estomac est refoulé vers la bou- assurer une protection de 1 à 3 jours en utili-
che. L'accès aux voies aériennes est fermé sant un emplâtre placé sur la peau 6-8 heures
par l’épiglotte. En général un vomissement avant le début du voyage.
est précédé par une phase de sécrétion de
salive et de bâillements. La coordination de Vomissements durant la grossesse. Ils se
ces phénomènes a lieu dans le centre médul- produisent principalement pendant le premier
laire du vomissement, qui peut être stimulé trimestre de la gestation ; en conséquence,
par différents effecteurs. Ils sont médiés par le traitement pharmacologique tombe pen-
l'organe de l’équilibre, les yeux, le nez, la dant la période de sensibilité maximale du
langue et des terminaisons sensitives dans fœtus à une atteinte chimique. C’est pour-
la muqueuse du tractus digestif. Par ailleurs, quoi les anti-émétiques (antihistaminiques
des événements psychiques peuvent égale- et éventuellement neuroleptiques, p. 240)
ment stimuler le centre du vomissement. Les doivent être utilisés en premier lieu lorsque
mécanismes à la base des cinétoses (mal de les vomissements provoquent une altération
mer ou mal des transports) ou des vomisse- sérieuse de l’eau et des électrolytes mater-
ments durant la grossesse ne sont pas con- nels qui peut mettre en danger l'embryon.
nus.
Le centre du vomissement ne peut pas Vomissements associés à l’utilisation de
être atteint directement par des substances médicaments. Pour empêcher les vomisse-
polaires car il est situé sous la barrière hé- ments après administration de cytostatiques
mato-encéphalique. De façon indirecte, des (en particulier le cisplatine), on peut utiliser
substances qui ne pénètrent pas dans le cer- les antagonistes 5-HT,;, ondansétron, grani-
veau peuvent cependant activer le centre du sétron et tropisétron. On peut également
vomissement en stimulant les chémorécep- envisager les antagonistes dopaminergiques
teurs de l’area postrema. D, comme le métoclopramide (possibilité
de dyskinésie matinale) ou le dompéridone
Traitement anti-émétique. Le vomissement (ne passe pas la BHE) ou encore des neuro-
peut être une réaction normale de l’orga- leptiques (lévomépromazine, halopéridol),
nisme, par exemple lors de l'absorption éventuellement associés aux glucocorticoïdes
orale d’un poison. Les anti-émétiques seront (dexaméthasone).
indiqués dans le mal des transports, dans les
Les vomissements survenant après une
vomissements de la grossesse, pour éviter
opération, pendant un traitement par des ra-
les vomissements post-opératoires ou asso-
diations ionisantes, une crise d’urémie ou
ciés à la prise de médicaments, et ceux
des maladies accompagnées d’une augnien-
accompagnant un traitement par les radia-
tation de la pression intracérébrale, pour-
tions ionisantes.
ront également être traités par des neurolep-
tiques ou le métoclopramide.
Cinétoses. Il est possible à titre préventif
d'empêcher les symptômes d’une cinétose
avec la scopolamine (un parasympatholyti-
que, p. 106), avec des antihistaminiques H,
(p. 116) de type diphénylméthane (ex. diphen-
hydramine, méclozine). Tous les parasympa-
tholytiques ou tous les antihistaminiques H,
ne conviennent cependant pas de façon
systématique. L'efficacité des substances
Traitement de maladies particulières
particuliè 341

— A. Stimulants possibles du centre du vomissement ; anti-émétiques

F——cinétoses
ex. mal de mer
vomissements —
de la grossesse
chémo-
récepteurs

centre du vomissement
d'origine
psychologique

ens L & Ë area bostrema


de l'équilibre

(vomissements provoqués
par des médicaments)

sensitives dans la bouche,


le pharynx et l'estomac

+ con
0-6.

re

H2N OCH;
C0 —= CHREAUEENS Éi /eHs
d NH CH} CH N
CH3
OH
diphenhydramine métoclopramfüe Es

no méclozine ne _

pas.)
[ \- CH2 ondarsétron@ ”. s:

ral F0: a S-HT,


CH;
342 Traitement de maladies particulières

Médicaments pour le traitement local L'application locale de médicaments


du glaucome sous forme de gouttes oculaires est gênée
par une difficulté pharmacocinétique. Le
Sous le terme de glaucome on désigne une produit doit passer de la surface de l'œil
augmentation de la pression interne de l'œil, (cornée et conjonctive) jusqu'aux organes ci-
qui atteint en temps normal une valeur com- bles et en particulier les muscles des corps
prise entre 15 et 20 mmHg, c’est-à-dire une ciliaires ou ceux de l'iris, l’épithélium sécré-
valeur supérieure à la pression veineuse. La toire des procès ciliaires ou les vaisseaux
pression interne de l'œil résulte de l’équili- uvéo-scléreux (B). La concentration de la
bre entre la production d'humeur aqueuse et substance utilisée va être diluée par les lar-
son élimination. L'origine la plus fréquente mes et le produit va s’écouler par le canal la-
d'un glaucome est une altération du drai- crymal jusqu'à la muqueuse nasale où il
nage. L'humeur aqueuse est sécrétée par les pourra être réabsorbé. Au cours du passage
cellules épithéliales du procès ciliaire et à travers la conjonctive, il se produit un drai-
s'écoule dans le canal de Schlemm après nage vers les vaisseaux sanguins. Le produit
avoir traversé le labyrinthe trabéculaire (flè- qui parvient dans la chambre antérieure de
che bleue en A). Quatre-vingt cinq à 90 % de l'œil y sera dilué par l’humeur aqueuse et
l'humeur aqueuse emprunte cette voie, une les molécules seront finalement entraïînées
fraction plus faible parvient cependant dans dans le canal de Schlemm. Pour atteindre
les vaisseaux uvéo-scléreux, et donc égale- les concentrations nécessaires au niveau
ment dans le système veineux. Le glaucome des organes cibles (107° à 10-° M selon les
à angle ouvert apparaît lorsque le passage molécules), il faudra atteindre dans les gout-
de l'humeur aqueuse à travers le réseau tra- tes oculaires une concentration d'environ
béculaire est insuffisant, si bien que le drai- 10-?M (ce qui correspond selon la masse
nage par le canal de Schlemm se fait mal. moléculaire du produit à environ 0,5 mg/
Dans le glaucome à angle fermé, beaucoup goutte). La quantité de produit présente
plus rare, l'iris peut se placer au premier dans une goutte oculaire est si importante,
plan dans l’angle de la chambre et bloquer la qu'elle susciterait des réactions générales
voie conduisant au canal de Schlemm. Les par voie systémique. Des gouttes oculaires
relations locales existant dans l'angle ciliaire peuvent ainsi déclencher des réactions du
ont été représentées fortement agrandies système circulatoire ou de l'arbre bronchi-
dans la case entourée de rouge. = que même en cas d'utilisation adéquate.
Les substances suivantes peuvent être uti- Compte tenu de cette possibilité, il existe un
lisées pour le traitement local du glaucome certain nombre de contre-indications selon
à angle ouvert chronique : les produits utilisés.
- pour diminuer la production de l'humeur
aqueuse : les B-bloquants (par ex. timolol),
les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique
(comme la dorzolamide) et les agonistes ©,
(clonidine, brimonidine) ;
— pour augmenter le drainage à travers le laby-
rinthe trabéculaire: les parasympathomi-
métiques (ex. pilocarpine) et pour stimuler
le passage dans la circulation uvéo-scléreuse
un dérivé de prostaglandine (latanoprost).
La pilocarpine stimule le muscle ciliaire et le
muscle du sphincter de l'iris. La contraction
de ces deux muscles modifie la disposition
géométrique des trabécules et facilite donc
le drainage de l'humeur aqueuse.
Seule la diminution de la production d’hu-
meur aqueuse joue, à côté des gestes chirur-
gicaux, un rôle dans le traitement du glau-
come à angle fermé.
Traitement de maladies particulières 343

conjonctive

sclérotique

augmentation de l'élimination
pilocarpine muscle ciliaire
latanoprost

procès ciliaires

canal de Schlemm inhibiteurs de la formation


de l’humeur aqueuse : B-bloquants,
inhibiteurs d’anhydrase carbonique,
agonistes &2

cornée
humeur aqueuse

canal de Schlemm Scléro- }/n


+ | _ (déversement dans tique 4
iris (4 le le système veineux)

cristallin

B. Barrière de diffusion
pour des gouttes oculaires ...°: |
concentration : .

film
de larmes
humeur aqueuse

organes cibles
| potentiels:

sphincter pupillaire
muscle dilatateur
| de la pupille
|_ épithélium ciliaire
gouttes oculaires
concentration : muscle ciliaire
- 102M

\ AC élimination parle
Ù NS canal de Schlemm

vers la muqueuse
nasale vaisseaux sanguins
ee AN
344

Lectures complémentaires
3owman WC, Rand MJ. Texthook of pharma- ques. Paris, Genève, Frison-Roche, Slatkine,
cology, 2° édition, Oxford, Blackwell Scientific 3° édition, 1998,
Publication, 1980,
Guide national de Prescription 2002. Paris,
Hardman JG, Linbird LE, Molinoff PB et al,
Édition du Vidal,
The pharmacological basis of therapeutics,
9° édition, New York, McGraw-Hill, 1996,
Offerman $S, Rosenthal W, Encyclopedic refe-
Schorderet M, Pharmacologie, des concepts rence of molecular pharmacology. Heidel-
fondamentaux aux applications thérapeuti- berg, Springer, 2002.
Liste des médicaments
346

Liste des médicaments


Un produit est caractérisé par une déno- médicaments qui donne pour les produits
mination admise sur le plan international ou commerciaux les plus vendus la dénomina-
dénomination commune internationale. Dans tion internationale correspondante. Pour des
cet Atlas de Pharmacologie, les différentes produits très utilisés, il existe en général plu-
substances sont essentiellement désignées sieurs voire jusqu’à vingt ou trente dénomi-
par cette appellation commune. Pour les uti- nations commerciales. Le nombre des médi-
lisateurs qui n’ont appris à connaître les mé- caments sur le marché est donc nettement
dicaments que par leurs noms commerciaux plus important que le nombre des substan-
et désirent connaître le nom du produit lui- ces actives et il est impossible de les citer
même, nous avons préparé cette liste de tous.

Dénomination Nom de la substance Dénomination Nom de la substance


commerciale active commerciale active

A Anahelp® adrénaline
Anakit® adrénaline
Actilyse® t-PA, alteplase
Anausin° métoclopramide
Actosolv® urokinase
Ancotil® flucytosine
Acuitel® quinalapril
Androcur” cyprotérone (acétate)
Acylanide” acétyl-digoxine
Androtardyl® testostérone
Adalate® nifédipine
Adrénaline adrénaline
Anexate° flumazénil
Aguettant® Anrate° benzbromarone +
Adriblastine” doxorubicine allopurinol
Advil° ibuprofène Ansatipine® rifabutine
Aerocid” diméticone Antra° oméprazole
Agrastat® tirofiban Anturan® sulfinpyrazone
Agram° amoxicilline Aphtiria® hexachlorocyclo-
Agyrax° méclozine hexane/lindane
Akindol° paracétamol Apranax° naproxène
Akineton® bipéridène Aprovel” irbésartan
Albatran° papavérine Aptine® alprénolol
Aldactone” spironolactone Aracytine® cytarabine
Aldomet® méthyl-DOPA Arava® léflunomide
Alkéran° melphalan Aredia® acide pamidronique
Allerga® diphénhydramine Aricept® donépézil
Allochrysine® aurothiopropanol Arolac° lisuride
sulfonate Arpamyl° vérapamil
Alloférine” alcuronium Arsacol® acide ursodésoxy-
Alopexy° minoxidil cholique
Alphacaïne® articaïne Arsiquinoforme® quinine
Alphagan° brimonidine Ascofer® fer
Altilev® nortriptyline Aspardoxine® pyridoxine/
Alupent® orciprénaline vitamine B,
Amiklin® amikacine Aspirine acide acétylsalicylique
Amlor® amlodipine Asthmalgine® éphédrine |
Amodex® amoxicilline Atacand® candisartan
Amycor” bifonazole Athérolip 500° clofibrate
Anador° nandrolone Athymil® miansérine
Liste des médicaments 347

Atropine Aguettant® atropine C


Atrovent® ipratropium
Calciparine® héparine
Augmentin® clavulanique (acide) +
Calcitar° calcitonine
amoxicilline
Calsyn° calcitonine
Avlocardyl® propranolol
Camphopneumine® codéine
Azantac® ranitidine Campto® irinotecan
Capergyl°® dihydroergotoxine
B Capramol® acide
£-aminocaproïque
Bacitracine Diamant bacitracine
Captolane® captopril
Bactekod® sulfaméthoxazole + ®
Carbocaïne mépivacaïne
triméthoprime
Cardioquine® quinidine
Bactrim® sulfaméthoxazole +
Carudol° phénylbutazone
triméthoprime ®
Catalgine acide
Baypen® mezlocilline
acétylsalicylique
Baypress® nitrendipine
Catapressan ®
clonidine
Bécilan° pyridoxine/ Caverject® alprostadil
vitamine B, Cébénicol® chloramphénicol
Bécotide® béclométasone Cefobis° céfopérazone
Béfizal® bézafibrate Celance® pergolide
Bélustine® lomustine Celebrex° celécoxib
Bénémide® probénécide Celectol® céliprolol
Benzo-gynoestryl® estradiol (benzoate) Cellcept® mycophénolate-mofétil
Beprane° propranolol Celltop® étoposide
Berotec® fénotérol Célocurine® succinylcholine/suxa-
Bétaferon® interféron f méthonium
Bétanol° métipranolol Cemix® cefménoxime
Betapressine® penbutolol Cépévit® ménadione
Bexol® codéine Céporexine® céfalexine
Biclinocil® pénicilline G Cétrotide® cétrorelix
Bilkaby° ménadione Cérubidine® daunorubicine
Biltricide® praziquantel Chenodex® acide
Bisolvon® bromhéxine chénodésoxycholique
Bléomycine bléomycine
Chibro-proscar” finastéride
Chibro-atropine atropine
| Roger Bellon
Chilral® éphédrine
Bricanyl° terbutaline
Chloraminophène® chlorambucil
Briem® bénazepril
Chlorumagène® magnésium
Brietal® méthohexital
(hydroxyde)
Bristamox amoxicilline
Cibacalcine® calcitonine
Bristopen® oxacilline
Cibacène® bénazépril
Bromocodyl® codéine Ciflox® ciprofloxacine
Brufen° ibuprofène Cisplatine cisplatine
Bupivacaïne bupivacaïne Cisplatyl° cisplatine
Aguettant® Citanest® prilocaïne ‘:
Burinex® bumétanide Claforan® céfotaxime
Buscopan° N-butyl scopolamine Clamoxyl° amoxicilline
Buspar° buspirone Claramid® roxithromycine
Butazolidine® phénylbutazone Clarityne” loratadine
Liste des médicaments
348
Clastoban® acide clodronique Desférol® déféroxamine
Clivarine® réviparine Désuric® benzbromarone +
Clofirem® clofibrate allopurinol
Clomid® clomifène Detensiel® bisoprolol
Cloranautine® dimenhydrinate Détoxalgine® acide
Cognex® tacrine acétylsalicylique
Colchicine Houdé colchicine Dexambutol® éthambutol
Colchimax® colchicine Di-hydan° phénytoïne
Colimycine® polymixine B Diamox® acétazolamide
Comptan® entacapone Diapid® vasopressine (lysine)
Constrilia® tétryzoline Diarsed® diphénoxylate
Contalax® bisacodyl Dicertan® papavérine
Contramal® tramadol Diclocil® dicloxacilline
Coragoxine® digoxine Didronel® acide étidronique
Corbionax® amiodarone Digitaline Nativelle digitoxine
Cordarone® amiodarone Dilatrane® théophylline
Corgard® nadolol Dipentum° olsalazine
Corotrope® milrinone Diprivan® propofol
®
Cortancyl® prednisone Direxiode quinoléine (dérivés)
Cortisone Roussel cortisone Distilbène® diéthylstilbestrol
Corvasal® molsidomine Disulone® dapsone
Coumadine® warfarine Dobutrex® dobutamine
Coversyl® périndopril Docémine” cyanocobalamine
Cozaar® losartan Docetaxel” taxotère
Crixivan® indinavir Dodécuvit® hydroxocobalamine/
Cromoptic® cromoglycate = acide vitamine B,,
cromoglicique Dolcidium® indométacine
Cuthéparine® héparine Dolipol® tolbutamide
Cymevan° ganciclovir Doliprane® paracétamol
Cynomel® triidothyronine Dolosal® péthidine
Cytotec® misoprostol Dolsom® prométhazine
Donormyl° doxylamide
D Dopergine® lisuride
Dostinex® cabergoline
Daktarin® miconazole Doxygram® doxycycline
Dalacine® clindamycine Dramamine® dimenhydrinate
Dantrium® dantrolène Drill® tétracaine
Daonil® glibenclamide Droleptan® dropéridol
Décadron® dexaméthasone dulcolax bisacodyl

Décapepty triptoréline Duphalac® lactulose
Dédrogyl® calcifédiol/25-OH-D, Durabolin® nandrolone
Dépakine® valproïque (acide) Dysalfa® térazosine
Dépo-provera® médroxyprogesté-
rone (acétate)
E
Déprényl° sélégiline
Dergotamine® dihydroergotamine Édalène® cimétidine
Dérinox® naphazoline Édécrine® acide étacrynique
Deroxat paroxétine Edex® alprostadil |
Désatura® benzbromarone Édulcor® codéine
Désernil Sandoz méthysergide Efferalgan® paracétamol
Li éd 349

Effortil® étiléfrine Fervex® phéniramine


Elavil® amitriptyline Fiboran® aprindine
Elbétrine® glycéryltrinitrate Flagyl® métronidazole
(nitroglycérine) Flavoquine® amodiaquine
Élentol® hexachlorocyclo- Flécaïne® flécaïnide
hexane/lindane Flixotide® fluticasone
Elisor® pravastatine Flodil® félodipine
Eminase® anistreplase Floxyfral® fluvoxamine
Endoxan° cyclophosphamide Fluanxol® flupentixol
Enoxor° enoxacine Fludex® indapamide
Epivir® lamivudine Fludrocortisone fludrocortisone
Eprex° époétine Fluimucil® acétylcystéine
Equibar® méthyl-DOPA Fluorouracile Roche fluorouracile
®
Ergodose dihydroergotoxine Fluothane® halothane
Erypo® érythropoïétine Fonx® oxiconazole
Érythrocine® érythromycine Foradil°® formatérol
Érythrogram® érythromycine Forane® isoflurane
Esidrex® hydrochlorothiazide Fortal® pentazocine
Esméron® rocuronium Fortovase® saquinavir
Estemid® érythromycine Fortum°® ceftazidime
Estraderm® estradiol (percutané) Fortzaar® losartan
Estrofem® estradiol + estriol Fosamax® ac. alendronique
Ethinylestradiol éthinylestradiol Foscavir® foscarnet
Roussel Fozitec® fosinopril
Ethrane® enflurane Fractal® fluvastatine
Etiaxil® aluminium (chlorure) Fragmine® héparine de bas poids
Eucalyptine Le Brun° codéine moléculaire
Euglucan® glibenclamide Fraxiparine® héparine de bas poids
Eulexine® flutamide moléculaire
| Eupantol® pantoprazole Frénolyse® acide tranexamique
Euphon® codéine Fumafer” fer
| Eurelix pirétanide Fungizone® amphotéricine B
|
Eusaprim® cotrimoxazole
Evista® raloxifène G
Exacyl° acide tranexamique
Exelon® rivastigmine
Gabitril® tiagabine
Exomuc® acétylcystéine Gardénal® phénobarbital
Extencilline ®
benzathine pénicil-
Gastrozépine® pirenzépine
line/pénicilline G Gel de polysilane diméticone
Génésérine® physostigmine/
ésérine
F
Gentalline® gentamicine
Fansidar® pyriméthamine + Gentogram® gentamicine
sulfadoxine Glucinan° metformine
Fasigyne® tinidazole Glucophage” metformine
| Fazol® isoconazole Glucor® acarbose
| Feldène® piroxicam Gonadrotrophine HCG
fentanyl Janssen fentanyl chorionique Endo°
Fero-grad° fer Gopten° trandolapril
Ferrostrane® fer Griséfuline® griséofulvine
350 Liste des médicaments
mm

Gynergène" ergotamine Invirase® saquinavir


Gynovlane” éthinylestradiol Isméline® guanéthidine
Isoptine® vérapamil
H Isopto-carbachol® carbachol
Isuprel® isoprénaline
Haemaccel® gélatines
Ivadal” zolpidem
Halcion® triazolam
Haldol® halopéridol
J
Halfan° halofantrine
Harmonet® gestodène Josacine® josamycine
Hémineurine® clométiazole Justor cilazapril
Hémocaprol® acide £-amino- Juvépirine® acide
caproïque acétylsalicylique
Hémoclar® héparine de bas poids
moléculaire K
Hémodex® dextran
Hexomédine” tétracaïine Kabikinase® streptokinase
Hibidil® chlorhexidine Kamycine® kanamycine
Hismanal° astémizole Kaologeais° kaolin
Hivid® zalcitabine Kéal° sucralfate
Holoxan
®
ifosfamide Kéforal” céfalexine
Humagel° paromomycine Kenacort® triamcinolone
Hycamtin® topotécan Kerlone® bétaxolol
Hydrocortancyl® prednisolone Kétalar® kétamine
Hydrocortisone cortisol/hydro- Kétoderm® kétoconazole
Roussel cortisone Kiadone® éphédrine
Hygroton® chlortalidone Korec® quinalapril
Hyperstat® diazoxide Kytril® granisétron
Hypnomidate® étomidate
Hypnovel® midazolam L
Laccoderme zinc (oxyde)
I Dalibour®
Icaz° isradipine Lamictal® lamotrigine
Iduviran® idoxuridine Lamprène® clofazimine
Ikaran° dihydroergotamine Langoran® isosorbide (dinitrate)
Homédine® iloprost Lanzor® lansoprazole
Imigrane® sumatriptan Largactil® chlopromazine
Imodium® lopéramide Lariam® méfloquine ,
Imovane® zopiclone Larodopa® lévodopa
Imukin° interféron gamma Laroxyl° amitriptyline
Imurel® azathioprine Lasilix® furosémide
Indocid® indométacine Ledertrexate® méthotrexate
Iniprol® aprotinine Lénitral® glycéryltrinitrate
Innohep° tinzaparine (nitroglycérine)
nocor® amrinone Leponex® clozapine
nophylline® théophylline Lescol® fluvastatine |
Integrilin® eptifibatide Levophed® noradrénaline
Intétrix® quinoléine (dérivés) Levothyrox® thyroxine
introna° interféron o2b Lexomil Roche bromazépam
Liste des médicaments 351
SE SR CE 0 SO de 7 OEM SE D 2 OO DCR. à ÉSSRRRS Ce A ue CEE ERUD D ES

Lincocine® lincomycine Mitracine® mithramycine/


Liorésal® baclofène plicamycine
Lipanthyl° fénofibrate Mivacron® mivacurium
Lipavlon® clofibrate Moclamine ®
moclobémide
Lipur® gemfibrozil Modamide® amiloride
Liquemine® héparine Modécate® fluphénazine
Locéryl® amorolfine Moditen® fluphénazine
Lomudal® cromoglycate = acide Modopan° lévodopa +
cromoglicique bensérazide
®
Longacor” quinidine Modustatine” somatostatine
Lonoten® minoxidil Mogadon® nitrazépam
Lontanyl° testostérone Moneva° gestodène
Lopressor® métoprolol Moscontin® morphine
Lopril® captopril Motilium® dompéridone
Lovenox® enoxaparine Mucinum° phénolphtaléine
Loxen® nicardipine Mucofluid® mesna
L-thyroxine Roche thyroxine Mucolator® acétylcystéine
Lucrin® leuproréline Muxol® ambroxol
EEE
me. Ludiomil® maprotiline Myambutol® éthambutol
Lumitens°® xipamide Mycostatine” nystatine
Lutéran® chlormadinone Mydriaticum°® tropicamide
Lutrelef® gonadoréline Mynocine® minocycline
Lysanxia® prazépam Mysoline® primidone
Lytos® acide clodronique
N
M
Nalador® sulprostone
Mag 2° magnésium Nalorex® naltrexolone
(hydroxyde) Naramig® naratriptan
Manicol® mannitol Narcan° naloxone
Mannitol mannitol Nasalide® flunisolide
Mantadix® amantadine Natirose® glycéryltrinitrate
Maxi-tyro® tyrothricine (nitroglycérine)
Médrocyl° méthylprednisolone Nausicalm® dimenhydrinate
Médrol® méthylprednisolone Navoban°® tropisétron
Méliane® gestodène Naxy° clarithromycine
Méréprine® doxylamide Nebcine® tobramycine
Mestinon® pyridostigmine Négram° acide nalidixique
Méthadone AP méthadone Néo-codion® codéine
Méthergin® méthylergométrine Néo-mercazole® carbimazole
Métoclopramide métoclopramide Néomycine Diamant néomycine
Mexitil® mexilétine Néoral® ciclosporine
Mifégyne” mifépristone Népressol® dihydralazine
Mikelan® cartéolol Nétromicine nétilmicine
Millianovlar éthinylestradiol Neurolithium® lithium
Minipress°® prazosine Neurontin° gabapentine
Minirin® desmopressine/ADH Nidrel® nitrendipine
Mirapexine ®
pramipexole Nimbex® cisatracurium
Misulban® busulfan Nimotop® nimodipine
Liste des médicaments
352
Nipride® nitroprussiate B
de sodium
Paludrine® proguanil
Nisis°® valsartan
Pantestone® testostérone
Nivaquine® chloroquine
Paraplatine® carboplatine
Nizoral® kétoconazole Pariet® rabéprazol
®
Noctamide lormétazépam Pariéval® vincamine
Nolvadex® tamoxifène Parlodel® bromocriptine
Norcuron” vecuronium Pavulon® pancuronium
Norfor® noréthistérone Pentasa lavement® mésalazine
Noriel°® flunitrazépam Pentothal® thiopental
‘Normison® témazépam Pepdine® famotidine
Noroxine® norfloxacine Pepsane® diméticone
Norprolac® quinagolide Péridys° dompéridone
Norvir® ritonavir Pergotime® clomifène
Novalgine® métamizole Pertofran® désipramine
Novazam® diazépam Pervincamine® vincamine
Novobédouze® hydroxycobalamine/ Pévaryl° éconazole
vitamine B,, Phanurane® canrénone
Novocaïne® procaïne Pharyngine® thyrothricine
Novonorm® repaglinide Phénergan® prométhazine
Nozinan® lévomépromazine Phospholine iodide ecothiopate
Pilo 1 pilocarpine
Nubain°® nalbuphine
Pipérilline® pipéracilline
Nysporil° nystatine
Pirilène® pyrazinamide
Plasmacair® dextrans
O Plasmagel® gélatines
Odrik° trandolapril Plasmion® gélatines
Œstrogel® estradiol (percutané) Plavix® clopidogrel
Oflocet® ofloxacine Plurexid® chlorhexidine
Ogast® lansoprazole Polysilane upsa® diméticone
Olcam® piroxicam Pondéral® fenfluramine
Oncovin® vincristine
Praxadium® nordazépam
Prepulsid® cisapride
Ophtaphénicol® chloramphénicol
Primobolan® méténolone
Opticron® cromoglycate = acide
Primpéran® métoclopramide
cromoglicique
Prinvil® lisinopril
Oracilline® pénicilline V
Prodasone® médroxyprogesté-
Orgaran® danaparoïde
rone (acétate)
Oromédine® tétracaine
Progestérone retard hydroxyprogestérone
Orthoclone CD.° muromonab CD, Pharlon
Ospen° pénicilline V Progestogel® progestérone
Otrivine® xylométhazoline Prograf® tacrolimus
Otylol® tétracaïne Progynova® estradiol (valérate)
Ovamezzo® lynestrénol Propiocine® érythromycine
Ovariostat® éthinylestradiol + Propylthiouracile propylthiouracile
lynestrénol Prostigmine® néostigmine :

Ovestin® estriol Prostine E,° dinoprostone


Oxadilène® papavérine Prototapen® probénécide +
Oxovinca® vincamine ampicilline
Liste des médicaments 353
TS

Proviron®
®
mestérolone Salazopyrine” sulfasalazine/salazo-
Prozac® fluoxétine sulfapyridine
Psychostyl® nortriptyline Salbumol® salbutamol
Pulmicort® budésonide Sandimmun® cyclosporine/ciclo-
Purganol® phénolphtaléine sporine
Purinéthol® 6-mercaptopurine Sandostatine® octréotide
Pyopen® carbénicilline Sanmigran® pizotifène
Scopos® scopolamine
Sectral® acébutolol
Q
Securopen® azlocilline
Questran® colestyramine Séglor® dihydroergotamine
Quinimax® quinine Seloken° métoprolol
Séresta® oxazépam
R Sérévent® salmétérol
Serpasil® réserpine
Raniplex® ranitidine
Sévorane” Sévoflurane
Rapifen® alfentanil
Sibélium® flunarizine
Rapilysin® retéplase
Simulect® basiliximab
Regitine® phentolamine Sinemet® carbidopa + lévodopa
Relenza® zanamivir Sinex Lachartre oxymétazoline
Remicade® infliximab Singulair° montelukast
Renitec® énalapril Sintrom° acénocoumarol
Réopro® abciximab Sisolline® sisomicine
Requip® ropinirole B-Sitostérol sitostérol
Retrovir® azidothymidine/zido- Solnicol® chloramphénicol
vudine Soludactone® canrénone
Revasc® désirudine Solupred° prednisolone
Rhonal° acide acétylsalicylique Sophidone® hydromorphone
Ridauran® auranofine Soprol® bisoprolol
Rifadine® rifampicine Soriatane® alcitrétine
Rimactan® rifampicine Sotalex® sotalol
Rimifon® isoniazide Spanor® doxycycline
Risordan® isosorbide (dinitrate) Spasmag® magnésium (sulfate)
Risperdal® rispéridone Spasmavérine® benzocaïne
Rivotril® clonazepam Speciafoldine® acide folique
Roaccutane® isotrétinoïne Spécilline G° pénicilline G
Rocaltrol® calcitriol/1.25-0H,-D, Spiroctan® spironolactone
Rocéphine® ceftriaxone Sporanox° itraconazole
Roféron A° interféron œ2a Stagid® metformine
Rohypnol® flunitrazépam Staporos° calcitonine
Rovamycine® spiramycine Stédiril® éthinylestradiol
Rulid® roxithromycine Stérogyl® vitamine D
Rythmarone ®
amiodarone Stilnox° zolpidem
Rythmodan® disopyramide Streptase® streptokinase
Rythmol® propafénone Streptomycine streptomycine
Diamant
Suprane” desflurane
S
Suprefact” buséréline
Sabril® vigabatrine Surbronc® ambroxol
354 Liste des médicaments

Synactène ACTH Triflucan” fluconazole


Syntocinon” oxytocine Trimysten” clotrimazole
Trinitrine nitroglycériné/
T trinitrine
Trolovol® Dpéniciilamine
Tagamet® cimétidine Trusopt® dorzolamide
Tahor® atorvastatine Tussisédal® nogcapine
Taloxa® felbamate Tylciprine® tranylcypromine
Tareg” valsartan Tylenol® paracétamol
Taxol* paclitaxel
Tazocilline® tazobactam U
Tédarol” triameinolone Ulcar® sucralfate
Tédralan® éphédrine Unacim® sulbactam
Tégrétol” carbamazépine Urgo-apray” chlorhexidine
Teldane” térfénadine Urion® alfuzosine
Telfast® fexofénadine Urokinase Choay urokinase
Témesta” lorazépam Ursolvan® acide ursodéaoxy-
Temgésic” buprénorphine cholique
Ténormine® aténolol Utrogestan® progestérone
Téralithe® Hthium
Terfluzine* trifluopérazine V
Tériam® triamtérène
Valium® dinzépam
Tévélen® éprosartan
Valproate de #0dium acide valproïque
Thalidomide® thalidomide
Roland-Marie
Théophylline Bruneau théophylline
Vancocine® vancomycine
Thiotépa Roger Bellon thiotépa
Vamoline" désogestrel
Tibicorten® triamelnolone
Véhem® téniposide
Ticarpen® ticarcilline
Velbé" vinblastine
Ticlid® ticlopidine
Ventoline® salbutamol
Tilomycine® chloramphénicol
Vératran” clotiazépam
Tigason® étrétinate Vibramicyne® doxycycline
Tilade” nédocromil Videx® didanosine
Tildiem® diltiazem Vincator® vincamine
Timacor® timolol Vioxx® rofécoxib
Tinset® oxatomide Vira.A° vidarabine
Tixair® acétyleystéine Viracept® nelfiaavir
Tocogestan® hydroxyprogestérone Viramune® névirapine
Tofranil® imipramine Virophta® trifluridine |
Tolexine® doxycycline Viacéraigine® métarmizole
Tolyprine” AZAPropazone Visken® pindolol
Topalgic® tramadol Vitacarpine® pilocarpine
Torental® pentoxifylline Vitadone” vitamine D
Totapen” amplcilline Vitamine B, pyridoxine
Tracrium® atracurium Vitamine cyanocobalamine
Tractocile® atosiban Vitamine D, cholécalcitérol
Transcycline® rolitétracycline Vitamine K,/ phytoménadione !
Trasicor® oxprénolol Vitalipide®
Trécator” éthionamide Voldal® dicloténac
Triatec® ramipril Voltarène® dicloténac
Liste des médicaments 465

x Zenapax" dacthdnal
Zoril" atavuiline
Xalatan° latanoprast
Xanturic® allopurinol Zestril" latnopril
Xatral" alfuzosine Zithromax!" aslthronmvene
Xénical” orlistat Zocor" ahnivaatatihe
® (lil
Xylocaine lidocaine Zoladex gonéréliie
Xylocard” lidocaine Zomig" #0bnitriptan
Zophren! oudanaëtron
Z Zovirax" aclelovii

Zaditen° kétotifène Zoxan! doxasoalie

Zarontin” éthosuximide Zyloric" allopurinol


Zeclar® clarithromycine Zymolren" aprotthine
Zeffix" lamivudine Zyrtec" Céline
Zélitrex” valaciclovir Lyprexa! olansapine
Aciclovir 292
- triphosphate 294
Abciximab 154 Acétylsalicylique (acide)
Absence 196 - agrégation plaquettaire 154
Acarbose 270 — AINS 204
Accommodation 98 - analgésique, antipyrétique 202
Accouchement — et hydroxycoumarine 146
— déclenchement, substances 128 - et migraine 332
- induction 200 - et refroidissements 334
— inhibition 128 Acides
- prématuré 84 — anti-inflammatoires 202, 204
ACE, Angiotensin Converting Enzyme — £-aminocaproïque 150
- diurétiques 162 — biliaires 158
— hypertension essentielle 322 — gras 20, 159
- inhibiteurs 126 - inhibiteurs de la production d'acide 170
— insuffisance cardiaque chronique 134 - neutralisation 170
Acébutolol 94 - organiques et désinfection 298
Acénocoumarol 147 - et pénicillines 278
Acétazolamide 166
— sécrétion 170
Acétique (acide) 35
- et urée 326
Acétylateurs rapides ou lents 278
Acidose lactique 270
Acétylcholine, ACh
Acipimox 160
- parasympathique 98
Acitrétine 74
- production d'acide par l'estomac 170
Acroléine 113
- synapse cholinergique 100
Acromégalie 246
— système moteur 186
ACTH 246, 252
- système sympathique 82
Activité intrinsèque 60, 62
- et thymoleptiques 234 - énantiosélectivité 62
- transmission, ganglionnaire 108 — sympathomimétique 94
Acétylcholine (récepteurs) Acylaminopénicilline 278
- muscariniques 100
Acyltransférase 38
- nicotiniques 100, 108, 186 Adaptine 26
Acétylcholinestérase 186 Addison (maladie d’) 252
- biotransformations 34 Adénine 307
— inhibiteurs 188 Adénohypophyse 246
- myorelaxants 190 Adénome thyroïdien 250
- parasympathomimétiques 102 Adénosine (récepteurs) 336
- synapse cholinergique 100 Adénosine monophosphate 3’5°
Acétylcoenzyme À cyclique (AMPc) 66
- réaction de couplage 38 Adénovirus 334
- synapse cholinergique 100 Adénylate cyclase 66
- synthèse du cholestérol 158 ADH 164, 168
N-Acétylcystéine 202 ADN 282, 292
- et refroidissements 334 - inhibiteurs de synthèse 306
Acétyldigoxine 134 — polymérase 282, 292
N-Acétylglucosamine 276 Adrénaline 82
N-Acétylmuramique (acide) 276 - et allergies 336
Index 359

- relation structure-activité 86 Amantadine 192, 294


— récepteurs adrénergiques 82, 84 Ambroxol 334
— récepteurs &,, postsynaptiques 90 Amide (liaison) 34
Adriamycine 306 Amidon
Adsorbants 182 — comme excipient 8
Aérosols 12, 14 — propriétés colloïdales 156
Affinité 56 Amikacine 286
Agoniste(s) 60 — et tuberculose 288
— compétitif 60 Amiloride 168
- inverse 60 Amine biogène 114, 116, 118
— partiel 60 p-Amino-benzoïque (acide) 280
— 0, et glaucome 342 7-Amino-céphalosporinique (acide) 248
AIDS voir SIDA (296) Aminoglycosides 284, 286
Aire sous la courbe (AUC) 46 6-Amino-pénicillanique (acide) 276, 279
Ajmaline 138 Aminopénicilline 278
Akathisie 242 4-Aminophénazone 202
Albumine 5-Amino-salicylique (acide) 280
- liaison des médicaments 30 p-Amino-salicylique (acide) 288
Alcaloïdes 4. Amiodarone 138
Alcoo! 206, 298 Amitriptyline 236
Alcool déshydrogénase 68 Amlodipine 124
Alcuronium 188 — hypertension essentielle 322
Aldéhyde (désinfection) 298 Ammoniaque 174
Aldostérone Amorolfine 290
- diurétiques 162 Amoxicilline 172, 278
— - épargnant le potassium 168 AMPc 66
— insuffisance cardiaque chronique 134 Amphétamine 88, 110, 234
— réabsorption du sodium par les reins 164 Amphiphile 212
— et traitement par les glucocorticoïdes 252 Amphotéricine B 290
Aldostérone h Ampicilline 278
- antagonistes 162 Ampoule 12
- sécrétion 126 Amprénavir 296
Alendronate 328 —. Amrinone 120, 134
Alfuzosine 90 Anabolisants 256
Alkylants 306 / Analgésique(s)
Alkylation 34 - antipyrétiques 202
Allergie - et asthme 336
- traitement 336 14,7 - mauvaise utilisation 332
Allopurinol 326 \ — et refroidissements 334
Alloxanthine 326 Le - de type morphiniques 214
\J \
Allylamine, 290 | Androgène(s) 256
Aloès 180 — récepteurs 256
Alprénolol 95 J
-- antagonistes des 256
Alprostadil 120 Androstérone 256
Alteplase 150 Anémie
— infarctus du myocarde 320 - macrocytaire hyperchrome 140
Aluminium — mégaloblastique 140, 196
— hydroxyde 170 - microcytaire hyperchrome 140
— sels astringents 182 - traitement 140
Alzheimer (maladie d’) 102 Anesthésie
Amanita muscaria 244 - dissociative 224
360 Index
DE
SERRE
RE ESGRALON

— intraveineuse totale 220, 224 — oraux 270


Angine de poitrine 122, 314 - sulfonylurés 270
- prévention d’une crise 92 Anti-diarrhéiques 182
- - douleurs 198 Antidotes 310
Angiotensin Converting Enzyme, ACE 34, 126 Anti-émétiques 114, 340
Angiotensinase À 35 Anti-épileptiques 194
Angiotensine 34 Anti-helminthiques 300
- diurétique 162 Antihistaminiques H, 116, 226
- glucocorticoïdes 252 - et rhume 334
- insuffisance cardiaque chronique 134 Antihistaminiques H, 116, 172
Angiotensine Il Anti-hypertenseurs 322
- antagonistes 126 Anti-inflammatoires non stéroïdiens 204, 330
- diurétiques 162 Anti-malariens 302
— hypertension essentielle 322 Anti-métabolites
— insuffisance cardiaque chronique 134 - cytostatiques 306
Angiotensinogène 126 - virustatiques 292
Anhydrase carbonique (inhibiteurs de) 166, Anti-mycotiques 290
342 Anti-œstrogènes 260
Aniline 313 Anti-parasitaires 300
Anions (résines éch Antiparkinsoniens 192
Anophèles 302 Antipyrétiques 200, 206
Anorexigènes 88 Antiseptiques 298
Anse (diurétique de) 166, 168 Anti-sympathotoniques 96, 128
Antagonistes 60, Antithrombine II] 148
Anti-thrombotiques 146
Anxiolyse 230
Apoferritine 142
Apolipoprotéines 158
Apoptose 304
Appareil juxtaglomérulaire 126
Anthracyclines 306 | Aprotinine 146
Anthranol 181 Aquaporine 168
Anthrone 181 Arabinose 293
Anti-acides 170 Arachidonique (acide) 200, 252
Anti-androgène 256 Area postrema 110
Anti-anémique 140 - et chémorécepteurs 340
Anti-angineux 316 Area Under Curve, AUC 46
Anti-arythmiques 136 Arécoline 102
- actions 138 Arihalonium lewinii 244 l
— bloquant les canaux sodiques 138 ARN, voir Ribonucléique (acide)
- cationiques amphiphiles 138 Artémisine 302
Antibiotiques 274 Artères coronaires 314
- cytostatiques 306 Artériosclérose et nicotine 112
Anticholinergiques 192 Arthrite
Anticoagulants 146 - et douleurs rhumatismales 204
— oraux 146 - rhumatoïde 330
Anticonvulsivants, anti-épileptiques 194 Arthus (réactions d’) 72
Anticorps 72 Articaïne 212
Antidépresseurs 88, 234 Arythmies cardiaques
-tricycliques 236 - empoisonnement par les glycosides 132
Antidiabétiques - traitement 136
Index 261

Ascaris lumbricoides 300 Benzétimide 62


Ascorbique (acide) 140 Benzocaïne 212
Astémizole 114 Benzodiazépines 226, 230
Asthme bronchique 92, 338 - antagonistes 228, 230
Aténolol 94 - antiépileptique 196
Atonie vésicale 102 - dépendance 232
Atosiban 128 - pharmacocinétique 232
Atracurium 188 - récepteurs 230
Atropa belladona 105 - troubles du sommeil 228
Atropine 70, 98, 104, 312 Benzylpénicilline 276
— empoisonnement 106 Bézafibrate 160
Aura/migraine 332 Bicouche membranaire 20
Auranofine 330 Bifonazol 280
Aurothioglucose 330 Biguanides 270
Aurothiomalate 330 Bile 32
Autorégulation métabolique 302 Bilharziose 300
Axolemme 204 Biodisponibilité 18, 46
Axoplasme 210 — absolue 42
Azathioprine 306 - relative 42
— et immunosuppression 308 Bioéquivalence 46
— et polyarthrite rhumatoïde 330 Biotransformation 34
Azidothymidine 292 - polymorphisme génétique 32
Azithromycine 284 Bipéridène 192
Azlocilline 278 Biphosphonate et ostéoporose 328
Azolés 290 Bisacodyl 178
Bléomycine 306
Blocage muqueux 142
B
a-Bloquants 90
B-Bloquants 92, 316 et suivantes
Bux 26
- cardiosélectivité 94
Bacitracine 276, 278
Baclofène 186
— différentes molécules 94
Bactéricidie 274 - et glaucome 342
Bamipine 116 - hypertension artérielle essentielle 322
Barbituriques 226 - insuffisance cardiaque chronique 134
Barorécepteurs 110 Bordure en brosse (cellules à) 22
Barrière, lipophile 16 Bowman (capsule de) 164
— hémato-encéphalique 24, 26 Bradycardie sinusale 92, 104
— placentaire 74 Bradykinine 126
— vasculaire 24 Brimonidine 342
Basedow (maladie de) 248 Bromhexine 334
Bases puriques 304 Bromocriptine
— déclenchement d’un accouchement 128
Basiliximab 308
Bateman (fonction de) 46 — inhibition de la prolactine 114, 246
Béclométhasone dipropionate 14 —et maladie de Parkinson 192
— et allergie 330 Bronches 14
— utilisation 254 — effet des prostaglandines 200
Bénazépril 126 - structure de l’épithélium 22
Bensérazide 192 Bronchite
Benzalkonium 299 - chronique 112
Benzatropine 192 — obstructive 104
Benzbromarone 326 Bronchodilatateurs 128
362 Index

- et asthme 338 Cancérogénicité 6


Bronchodilatation 84, 104 Candesartan 126
- prostaglandines 200 Candida albicans 290
Brotizolam 226 Cannabis indica 244
- comme somnifère 228 Canrénone 168
Budésonide 14, 254 Capréomycine 288
- et allergie 336 Capillaires (structure) 24
- en inhalation 14 Capsule de Bowman 166
Bufoténine 244 Captopril 34, 126
Buprénorphine 218 Carbachol 102
Bupropion 110 Carbamate 102
Buséréline 246, 256
Carbamazépine 194
- anti-épileptique 196
Buspirone 116
Busulfan 292 Carbénicilline 278
Butizide 166 Carbénoxolone 166
N-Butylscopolamine 104, 107, 126 Carbidopa 192
Carbimazol 244, 245
Butyrophénone 240, 242
Carboplatine 306
Butyrylcholinestérase 100
Carboxypénicilline 278
Carcinogène 292
C Cardiosélectivité 94
Cardiostéroide 132
Ca ATPase 130 - fenêtre thérapeutique 134
Cabergoline 114, 192 Cascara sagrada 178
Calcium Castration chimique 246
— bloqueur des canaux 124 Catatonie 246
- canal 138 Catécholamines 84, 86
- carbonate de 170 Catéchol-O-méthyl transférase (COMT) 82
— et coagulation sanguine 144 - inhibiteur 192
- complexant 144 Céfalexine 278
Cefménoxime 278
— homéostasie 272
Céfopérazone 278
- et hypercalcémie 272
Céfotaxime 278
— et ostéoporose 326
Ceftazidime 278
Caféine 336
Ceftriaxone 278
- et troubles du sommeil 228
Cellule pariétale 170
— et ostéoporose 328 Cellulose 174
Calcifédiol 272 ‘ - acétate de 10
Calcinose 272 Centre d'asymétrie 62
Calcitonine 272 Céphalosporinase 278
- et ostéoporose 328 Céphalosporines 278
A Calcitriol 272 Certoparine 148
Calmoduline 84 Cérulétide 184
CAM (concentration alvéolaire moyenne) 222 Cestodes 300
Camptothécine 306 Cétirizine 116
Canal 17-Céto-stéroides 252
— calcique 20, 128, 136 Cétrorelix 246
— chlore 230 Champignons (lutte contre les) 290
- potassique 136 Charbon médicinal 182
— sodique 136, 208 Charges partielles 58
Canaux ioniques activés Chélatants 310
par un ligand 64 Chénodésoxycholique (acide) 184
Index 363

Chimiotactisme 70 Clostridium difficile 278


Chimiothérapie 274 Clotrimazole 290
Chlorambucil 306 Clozapine 242
Chloramphénicol 284, 286 Coagulation sanguine 144
Chlorhexidine 298 Co-analgésiques 198
Chlore (perméabilité au) 224 - et refroidissements 334
Chlormadinone (acétate) 258 Cocaïne 88
Chloroquine Codéine 4, 214
- comme anti-malarien 302 Cœur, besoin en oxygène 316
- comme anti-rhumatismal 330 Colchicine 304
Chlorphenothan (DDT) 300 — et goutte 326
Chlorpromazine 234 Colchicum automnale 326
Cholécalciférol 262 Colestipol 160
Cholécystokinine Colestyramine 160
— formation de calculs 184 Colite 280
- laxatifs 174, 178 — pseudomembraneuse 278
Cholestérol 158 Collagène 156
Choline 20 Colloïde 156
- comme précurseur de l’acétylcholine 100 — et thyroïde 250
Choline acétyltransférase 100 Coma, diabétique 260
Cholinestérase non spécifique 190 Complément 70
Chronotropie 82 Complexes immuns et vasculitis 70
Chylomicrons 158 Compliance 50
Cilazapril 126 Comprimés effervescents 8
Cimétidine 116, 146, 172 COMT 82
Cinétique plasmatique d'un médicament 48 — et dopamine 114
- durant une administration régulière 48 Conjugaison 38
— surface sous la courbe/AUC 46 Constantes
Ciprofloxacine 282 - de dissociation à l'équilibre 56
Cire 10 - de vitesse 44
Cisapride 118 Constipation et laxatifs 176
Cisplatine 306 Contergan 74
Citrate 144 Contraceptifs oraux 262
Clairance 18, 22, 28, 44, 48 Contracture 133
Clarithromycine 172, 284 Corps jaune 258
Clathrine 26 Corps strié 114
Claviceps purpurea 129 Cortex surrénalien
Clavulanique (acide) 278 - atrophie 252
Clemastil 116 — hormones 252
Clindamycine 284 - insuffisance 252
Clinique (investigations) 6, 74 Corticolibérine, CRH, 246
Clofazimine 288 Cortisol 252
Clofibrate 160 Cortisone (métabolisme) 36
Clométhiazol 196 Cotrimazol 280
Clomifène 260, 262 Cotrimoxazole 182
Clonidine 96 Coumarine 146
— et glaucome 342 Couplage électromécanique 272
- et hypertension 322 - cœur 130
Clopidogrel 154 - muscle 186
Clostébol 256 Cox, inhibiteurs
Clostridium botulinum 186 - non sélectifs 204
r Index

- sélectifs 204 Delavirdine 296


Cox-2 330 Demi-vie 44
Crampes 194 Dents (maux de) 203
Crèmes Dépendance
- hydrophiles 16 - et benzodiazépines 232
- lipophiles 16 - et opioïdes 218
CRF 246 Dépolarisation d'une membrane 138
Crohn (maladie de) 280 - diastolique 84
Cromoglycate 116, 336 — et influx de calcium 139
- et inhalation 14 Dépression
Cross-over (études) 74 - anxieuse 230
Curare 188 - endogène 234
Cushing - névrotique 234
— maladie de 284 Dermatophytes 290
- syndrome de 252 Désalkylation 36
Cyanocobalamine 140 Désamination 36
Cyanure, empoisonnement et antidote 312 Desflurane 222
Cycle entéro-hépatique 38 Désinfection 298
Cyclooxygénase 200 Désintégration 10
- plaquettaire 154 Désipramine 236
- inhibiteurs, et asthme 338 Désirudine 148
Cyclophosphamide Desloratadine 116
- et arthrite rhumatoïde 330 Desmopressine 168
- et immunosuppression 308 Desmosomes 22
Cyclosérine 288 Désogestrel 258
Cyclosporine À 308 Désoxyribose 293
Cyclothymie 238 Désulfuration 36
Cyprotérone (acétate) 258 Détergents 298
Cytarabine 306 Dexaméthasone 252
Cytochrome P450 32 Dexétimide 62
Cytochrome oxydases 32 Dextran 156
Cytomégalovirus 284 Diabète
Cytosine désaminase 290 — insipide 168
Cytostatiques 306 — sucré
- alkylants 306 - - insulinodépendant 266
— effets secondaires 306 — - latent 268
— mécanismes d'action 306 - - de type Il 268
— et vomissements 340 Diacétylmorphine 216
Diacylglycérol 66
2-4-Diaminopyridine 280
D Diaphragme et pores endothéliaux 24
Diarrhée 182
Daclizumab 308 Diastéréo-isomères 62
Daltéparine 148 Diazépam 320
Danaparoïde 148 Diazoxide 120
Dantrolène 186, 240 Dicloxacilline 278
Dapsone 288 Didanosine 296
Daunorubicine 306 Diète
DDT 102 — et diabète 268
Deféroxamine 310 - et goutte 326
7-Déhydrocholestérol 272 Diéthylstilbestrol 74
Index 365
EE
Diffusion — action 114
- barrière de 20 - agonistes D, 192
- et passage membranaire 26 - agonistes des récepteurs 192
Digitaliques 132 - antagonistes D, et vomissements 340
Digitalis purpurea 133 - sous-types de récepteurs 114
Digitoxine 50, 134 - et thymoleptiques 234
Digoxine 134 Dopamine $-hydroxylase 82
Dihydralazine 120 Dorzolamide 166
— et hypertension 322 - et glaucome 342
Dihydroergotamine 128, 324 Dose d’un médicament 2, 68
- et migraine 332 - et durée d'action 66
Dihydrofolate 280 - d'entretien 50
Dihydrofolate réductase 280, 302 - relation avec l'effet 52
Dihydro-orotate déshydrogénase 330 Douleurs 198
Dihydropyridine 124 - conduction 198
Dihydrotestostérone 256 - et prostaglandines 200
1,25-Dihydroxycholécalciférol 272 - récepteurs nociceptifs 110, 200
Diltiazem 124, 138, 318
- sensations 198
Dimenhydrinate 116
- viscérales 192
Dimercaprol 310
Double aveugle (étude) 74
Dimercaptopropane sulfonate 310
Doxazosine 90
Diméthylaminophénol 312
Doxorubicine 306
Diméthylpolysiloxane 184
Doxycycline 286
Diméticone 184
- et malaria 302
Dimétindène 116
Doxylamine 226
Diminution des défenses immunitaires 308
Dragée 8
Dinoprost 128
Dromotrope 84
Dinoprostone 128
Dropéridol 214, 234
Diphenhydramine 226
DTPA (diethylène triamino-pentaacétate) 310
Diphénolméthane 176
Dynorphine 214
Diphénoxylate 182
Dyskinésie tardive 242
Dipôle 58
Disopyramide 138
Dispersion 12 E
Disse (espace de) 24, 32 *
Dissociation (constante de) 212 E 600 36, 102, 103
Distribution 18, 22, 28, 46 E 605 36, 102
— volume de 44 EC: 54
Diurétiques 162 et suivantes Éconazole 290
- et insuffisance cardiaque chronique 134 Ectoparasites (traitements des) 300
— épargnant le potassium 168 Eczéma de contact 70
— osmotiques 164 EDTA (ac. ethylène diamine tétraacétique)
- sulfonamide 166 144
Docetaxel 304 EEG
Dompéridone — et crise d’épilepsie 188
- et migraine 332 — et stades du sommeil 220
— et vomissements 340 Éicosatétraénoïque (acide) 200
Donépézil 102 Éicosanoïdes 200
DOPA-décarboxylase 192 Élimination 42
Dopage 88 — hépatique 44
Dopamine 82, 114 — présystémique 18, 42, 49
366 Index
ES

- rénale 44 Estérase 34
Embryon 73 Esters et hydrolyse 34
Emplâtre transdermique 12, 16, 18 Estomac (action des prostaglandines) 200
Émulsion 8, 16 Estradiol 258
Énalapril 126 - benzoate 259
Énantiomères 62 - valérianate 259
Encaïnide 136 Estriol 258
Endocytose 26 Estrone 258
Endoparasite (traitements) 300 Étacrynique (acide) 166
Endoperoxydes cycliques 200 Etanercept 330
B-Endorphine 214 Ethambutol 288
Endosome 26 Éthanol 298
Endothélium - élimination 44, 68
— barrière entre sang et tissus 24 Éthinylestradiol 258, 262
— formation d'EDRF/NO 122 Éthinyltestostérone 256
- formation de prostacyclines 154 Éthionamide 288
- du glomérule 40 Éthistérone 258
— types 24 Éthoforme 212
Enflurane 222
Éthosuximide 196
Étidronique (acide) 328
Enképhalines 34, 198, 216
Étiléfrine 86
Énoxacine 282
Énoxaparine 148
Étofibrate 160
Étomidate 224
Entacapon 192
Étoposide 306
Entamoebia histolytica 282
Étrétinate et grossesse 74
Enterobius vermicularis 300
Étude (s)
Éphédrine 86
- croisées 74
Épilepsie 166, 194
- préclinique 6
Épipodophyllotoxine 306
- randomisée 74
Épithélium
Eugénol 289
— bronchique et tabac 112
Euthyréose 248
- stratifié 22
Expectorants 334
Époxy (formation de composés) 36
Extracellulaire, espace 28
Éprosartan 126 Expériences de liaison 56
Eptifibatide 154
Ergocornine 128
Ergocristine 128 F
Ergocryptine 128
Ergométrine 128 Fab (fragments) 130
Ergostérol 280 Facteur
Ergot de seigle 126 - intrinsèque 142
. Ergotamine et migraine 332 - plaquettaire 144
Ergotisme 128, 332 Famciclovir 294
Érythroblastes 142 Famotidine 172
Érythromycine 284 Felbamate 194
Érythropoièse 140 Félodipine 124
Érythropoïétine 140 - et hypertension essentielle 322
Espace Felypressine 210
— endoneuronal 210 Fenêtre thérapeutique 70
— extracellulaire 28 Fenfluramine 88
- interstitiel 28 Fenotérol
- plasmatique 28 - et allergie 336
Index 367

— et asthme 338 - réactions de conjugaison 38


— bronchodilatation 84 - sinus hépatiques 32
- inhibition de l’accouchement 128 - structure des capillaires 24
Fentanyl Folia sennae 178
- cinétique 216 Folinique (acide) 306
- dénomination 214 Folique (acide) 140, 280
— neuroanalgésie 220 Fonction de Bateman 47
Fer Fonction exponentielle 44
— carence en 140 Fongicide/fongistatique 290
— sulfate 142 Formaldéhyde 298
Ferritine 142 Formes
Féxofénadine 116 - galéniques 8, 9
Fibres nerveuses et anesthésie locale 208 - racémiques 62
Fibrillations ventriculaires 320 Formotérol
Fibrine 144 - et allergie 336
Fibrinogène 144 — et asthme 338
Fibrinolyse, infarctus du myocarde 320 5-Formyl-tétrahydrofolate 306
Fibrinolytiques 144, 150 Foscarnet 294
Fibroblastes 292 Fosinopril 126
Fick (loi de) 44 FSH (hormone folliculo-stimulante) 246
Fièvre 200 - inhibition de la synthèse 262
Filtration glomérulaire 40 - et maturation des ovocytes 258
Finastéride 256 Fumeur (toux du) 112
Flécaïnide 138 Furosémide 166
Flucloxacilline 278 Fuseau (poison du) 304
Fluconazole 290 — et colchicine 326
Flucytosine 290 — et griséofulvine 290
Fludrocortisone 252
Flumazénil 230
Flunarizine et migraines 332 G
Flunisolide
— et allergie 336 GABA (ac. y-aminobutyrique) 64
— inhalation 14, 254 — antiépileptiques 194
5-Fluorouracile 290, 306 - myotonolytique 186
Fluorures 328 - récepteurs 186
Fluoxétine 118, 236 - récepteurs GABA,, benzodiazépines 230
Fluphénazine 242 Gabapentine 194
Flutamide 256 Galénique 8
Fluticason (propionate) 248 Galien Claude 2
- et allergie 336 Gallopamil 124
— inhalation 14 Ganciclovir 294
— utilisation locale 254 Ganglions 80, 108
Flutter auriculaire 136 - blocage et d-tubocurarine 188
Fluvastatine 160 Ganglioplégiques 108, 128
Fluvoxamine 230 Ganirelix 246
Flux ioniques et myocarde 138 Gastrine 170
Foie Gaz hilarant 222
— abats et vitamine D 272 Gélatine 16, 156
- cycle entéro-hépatique 38 Gemfibrozil 160
— et élimination des médicaments 32 Gentamicine 286
— et lactulose 168 Gestodène 258
AR D ARE 2 De AR D 2 A SUR

GH 246 GRIH 246


Glandes Grippe 294, 334
— endocrines 24 Griséofulvine 290
— sudoripares 80 Grossesse
— surrénales 108 - et prise de médicaments 72
Glaucome - et vomissements 340
— à angle fermé 342 Growth Hormone voir GH
Glibenclamide 270 GTP 64
Globulines et liaison du calcium 272 Guanéthidine 96
B-Globulines et liaison des médicaments 30 Gynécomastie 168
Glomérule 40, 164 Gyrase (inhibiteurs de) 282
Glomus carotidien 110 Gyrus post-centralis 198
Glucocorticoïdes
- et allergie 336
H
- asthme bronchique 338
— inhibition de la synthèse du cytokines 308
H' et sensation douloureuse 198
— polyarthrite rhumatoïde 330
H'/K:-ATPase 170
- traitement, 252 Hahnemann, Samuel 76
Glucose, formule 169 Hallucinogènes 244
Glucose-6-phosphate-déshydrogénase 70, 312 Halofantrine 302
o-Glucosidase 270 Halogène (désinfectant) 298
Glucuronidase 38 Halopéridol 242
Glucuronidation 38 - et vomissements 324
Glucuronique (acide) 39 Halothane 222
Glucuronyltransférase 32 Hallucinations 244
Glutamate 194 Hallucinogènes 244
Glutamine et réactions de conjugaison 38 Haptène 70
Glutaraldéhyde 298 Haschich 4, 244
Glutathion 123 HCG 256
Glycérol 20 HDL 152
Glycine Helicobacter pylori 170, 172
- et réactions de conjugaison 38 Helleborus niger 133
Glycogénolyse 66, 84 Helminthes 300
Glycosides cardiaques 20, 132 Hème 138
GMPc 122 Hémodilution 148, 150
GnRH 246, 256 Hémoglobine (synthèse) 140
Goitre et carence en iode 242 Hémosidérose 142
Gomme de Karaya 174 Henle (anse) 164
Gonadotropines 246, 256, 258 Héparine 144, 148
Goséréline 256 Hépatite C 292
Goudrons 113 Hépatocytes 32
Goutte (traitement) 326 - contenu en cholestérol 160
Gouttes Héroïne 216
- nasales 90, 334 Herpès simplex 292
- oculaires 8 Herpès zoster 292
Gradient 44 Hexachlorocyclohexane 300
Grand mal (crise de) 194 Hexaméthonium 108
Granisétron 118 His (faisceau) 135
Granulocytes 70 Histamine 116, 170
Granulocytopénie 70 - récepteurs 114
GRH 246 — - blocage 336
DRE
TEE EN A Index 369

- traitement des allergies 336 Hyperthyréose 250


— et thymoleptiques 234 Hyperuricémie 326
Histidine 116 — et diurétiques 166
HIV 296 — et laxatifs 176
HMG CoA réductase 158 et suivantes Hypnotiques 226
Hohenheim Theophrastus von 2 Hypnozoïtes 302
Homéopathie 76 Hypoglycémie 266
Homogénéisation 56 Hypokaliémie
Hormonet(s) 20 — et diurétiques 166
— ACTH, adrénocorticotrope 246 - et laxatifs 176
- antidiurétiques 168 Hypolipidémiants 158
- folliculo-stimulante (FSH) 246 Hypophyse
— hypophysaires 246 - antéhypophyse 246
— hypothalamiques 246 — post-hypophyse 246
- lutéinisante (LH) 246 Hypotension 324
— sexuelles 256, 258 - primaire, essentielle 324
- somatotropes 246 - secondaire 324
— thyréotrope (TSH) 246 Hypothalamus 246
— thyroïdienne 248 Hypothyréose 248
5-HT/sérotonine 114 Hypoxanthine 326
Hydrochlorothiazide 166
— et hypertension essentielle 322
Hydrocortisone 252 I
Hydrogel 16
Hydrolyse 34 Ibuprofène 202
Hydromorphone 214 Idoxuridine 292
Hydrophilie 16, 42 lfosfamide 306
- et élimination 42 Iloprost 120
Hydrophobie et liaison aux protéines 30 Imidazole (dérivés) 290
Hydroxyapatite 328 Imidazopyridine 226
25-Hydroxycholécalciférol 273 Imipramine 236
Hydroxycobalamine 140, 312 Immunogène 70
Hydroxycoumarine 146 Immunosuppresseurs 308
Hydroxyéthylamidon 156 - et polyarthrite rhumatoïde 330
Hydroxylases à fonctions mixtes 32 Indométacine 326
Hydroxyméthyl glutaryl coenzyme A réduc- Induction enzymatique 32, 50, 60
tase (HMG CoA réductase) 158 - et antiépileptiques 188
Hydroxyprogestérone 258 - et rifampicine 278
Hydroxytryptamine/5 HT 116 Infarctus du myocarde 320
Hypercalcémie 272 - benzodiazépines 230
Hyperémie, réactive 90 - douleurs 198
Hyperglycémie 166 Infliximab 330
Hyperkaliémie 168 Influenza virus 294
- myorelaxants 190 Inhalation 14
Hyperlipoprotéinémie 158 — et anesthésiques 14, 220
Hypersensibilité 68 Inhibiteurs de l’enzyme de conversion 118,
Hypertension 322 132
- essentielle 322 - dans l'hypertension 306
- inhibiteurs de l'enzyme de conversion 126 Inositol triphosphate 66
Hyperthermie 206 Inotrope 84
— maligne 186 Insecticide 102, 300
370 Index
re |

Insuffisance cardiaque Kératine 290


- diurétiques 162 Kétamine 224
- inhibiteurs de l’enzyme de conversion 126 Kétoconazole 290
- traitement chronique 134 Kinétose 340
Insuffisance rénale 162 - prévention 106
Insuline (origine, récepteurs) 264-268 Kininase II 126
Intégrine GP IL,/HI, 154
Interactions
— dipôle-dipôle 58 li
— électrostatiques 58
Lactacidose 270
- hydrophobes 58
B-Lactamase 278
— ion-dipôle 58
B-Lactame (cycle) 276
Interféron (IFN) ox, B, y 292
Lactulose 174
Interleukine 1 308
Lait
— et arthrite rhumatoïde 330
- formation et sécrétion 247
Interleukine 2 252
- passage des médicaments dans le 72
Interneurone 186
Lamivudine 296
Intoxication, par les métaux lourds 310
Lamotrigine 194
Inuline 28
Langerhans (îlots de) 264
lode
Lansoprazole 172
- carence 248
Latanoprost 342
— prophylaxie par les sels 248
Laxatifs 174
- teinture 298
- dépendance aux 176
1 [ode 248
—irritant l'intestin 176, 178
lodure de potassium 248, 250
- osmotiques 174
Ipratropium
- salins 174
- asthme bronchique 338
- usage abusif 176
— bradycardie sinusale 136
LDL oxydées 160
— bronchodilatation 104
Lécithines 20, 21
— inhalation 14
L-dopa 192
- traitement d’un infarctus 320
Leflunomide et polyarthrite rhumatoïde 330
Irbesartan 126
Lépirudine 148
Irinotecan 306
Lèpre (traitement) 288
Isoconazole 280
Leucocytes 292
Isofurane 222
Leuconostoc mesenteroides 157
Isoniazide 288
Leucotriènes 200
Isonicotinique, (acide) 288
— et asthme 338
Isopropanol 286
— blocage du récepteurs 336
Isosorbide (dinitrate) 122, 318
- traitement par les glucocorticoïdes 254
Isotrétinoïne et grossesse 74
Isoxazolyl-pénicilline 278 Leucovirine 306
Isradipine 124 Leu-enképhaline 214
- et hypertension essentielle 322 Leuproréline 246, 256
Itraconazole 290
Lévétimide (énantiosélectivité) 62, 63
Lévocétirizine 116
Leydig (cellules de) 256
K LH 246, 256, 258
Liaison(s)
Kd 56 - amides 34
Kanamycine 284 - covalente 58
- et tuberculose 288 - différents types 58
Index 371

Libération — propriétés colloïdales 156


— pulsatile 246 Macrophages 140
— des substances 9 Magnésium
Lidocaïne — empoisonnement par 170
— anesthésie locale 212 — hydroxyde 170
- antiarrythmique 136 - stéarate 16
- traitement d’un infarctus du myocarde 320 - sulfate 170
Ligand 56 Mal de mer 106, 340
Lincomycine 284 Maladie
Lindane 300 - d'Addison 252
Linézolide 284 — d'Alzheimer 102
Linsidomine 122 - de Basedow 248
Lipocortine 252 - de Crohn 280
Lipolyse 66, 84 - de Cushing 284
Lipooxygénase 200
— Parkinson 192
Lipophilie 16, 42
— sérique 72
— et élimination 42
- de Wilson 310
— et passage à travers les membranes 26
Malaria 302
Lipoprotéines (métabolisme) 158
Manie (traitement) 238
Lipoprotéine-ipase 158
Mannitol
Liquide interstitiel 28
- action diurétique 162
Lisinopril 126
Lisuride 192 — action laxative 174
Lithium MAO 86, 88
— et manie 238 - B 192
- et thyréotoxicose 250 — inhibiteurs 88, 192
Lomustine 294 Maprotiline 236
Lopéramide 182, 216 Marijuana 4, 244
Loratidine 116 Masse (loi d'action) 56
Lorazépam 227 Mastocytes 72
Lorcaïnide 136 - stabilisation et asthme 116, 338
Lormétazépam 228 Maux de tête 197, 316
Losartan 126 Mazindol 88
Lovastatine 160 Mébendazole 288, 289
Low Density Lipoproteins 152 - Mebhydroline 116
LSD 144, 244 Meclozine 116
Lugol (solution) 250 Médicaments
Lupus érythémateux 120 - allergie aux 70
Lymphocytes 70 — biotransformation (réactions de phases let
Lymphokines 72 ID) 32, 34, 38
Lynestrénol 258 - cinétique plasmatique 48
Lypressine 168 — courbes de liaison 56
Lysergique (acide) 128, 244
- découverte 4
Lysosomes 26
— développement 6
- et dilatation bronchique 128
M - dose et durée d’action 66
- dose d'entretien 50
Macrolide 284 — effets secondaires 68
Macromolécules - effets sur des organes isolés 54
- distribution dans l'organisme 28 — élimination 32
- et passage endothélial 24 — étude clinique (phases 1 à 4) 6
372 Index

— étude prospective 76 Méthylcellulose 16


- formes galéniques 8 Méthyldigoxine 134
- interactions 32 a-Méthyl-DOPA 322
- liaison maximale/B,,,. 56 o-MéthyI-NA 96
- liaison aux protéines plasmatiques 30 a-Méthyl-dihydroxyphénylalanine 96
- et malformations 74 Méthyldopamine 96
- mise sur le marché 6 Méthylergométrine 128
- relation dose-effet 52 Méthyltestostérone 256
Méthylxanthine 320
Médroxyprogestérone (acétate) 258
Méthysergide 128
Méfloquine 302
-et migraine 332
Melphalan 306
Membrane Métoclopramide
— étude de liaison 56 - et migraine 332
- passage à travers 26 - et vomissements 340
— potentiel de 136 Métoprolol 332
- protéines intégrales 20 Métronidazole 172, 282
Mevalonate 158
- stabilisation 138
Mexilétine 138
Membrane basale 24
Mezlocilline 278
- et glomérules 40
Miconazole 290
Ménadione (vitamine K,) 146
Microcirculation 148
Menstruations et effet des prostaglandines
Midazolam 224
200
Mifépristone 260
Mépéridine 210
Migraine (traitement) 118, 332
Mépivacaïne 207
Milrinone 134
6-Mercaptopurine 306
Minéralocorticoïdes 252
Mérozoiïtes 302
— et hypotension 324
Mésalazine 280
Minipilule 262
Mescaline 118, 244
Mestranol 258, 262
Minocycline 286
Métabolisme 32 Minoxidil 120
— et liaison aux protéines plasmatiques 30 Misoprostol 172
Mivacurium 188
Métabolite 34
Moclobémide 88, 236
Métamizol 202
Molsidomine 122, 318
Metamphétamine 86
Monoamine oxydase 82, 88
Métastases 304
— et dopamine 114
Métaux
- alcalins 238 - inhibiteur 88
lourds 310 - inhibiteurs de MAO-A 236
Met-enképhaline 214 - inhibiteurs de MAO-B 192
Meténolone 256 Monooxygénase 36
Météorisme 184 Montelukast 336
Metformine 270 - et asthme 338
Méthadone 214 Morphine 4, 70
Méthohexital 224 - antagonistes 216
Méthotrexate 140, 306 - hypersensibilité 68
- et polyarthrite rhumatoïde 330 - test de hérissement de la queue 52
-immunosuppression 308 - traitement d’un infarctus du myocarde 320
Méthoxy-verapamil 124 Morpholine 290 |
N-méthyl-D-aspartique (acide) NMDA 194, a-Motoneurones 186
224 Mucolytique 334
Méthylation 36 Mucus bronchique et expectorants 334
Index 373

Multiplication virale 292 Néphrite et allergie aux médicaments 72


Muqueuse (structure de l’épithélium) 22 Néphron 164
Muréine 276 Nerf
Muscarine 100 - facial 98
Muscimol 244 - glossopharyngé 98
Mutagénicité 6 - oculomoteur 98
Mycobacterium tuberculosis 288 - vague 98
Mycobactéries (traitements) 288 Nétilmicine 286
Mycophénolate-mofétil 296 Neuraminidase, inhibiteurs 294
Mycose 290 Neurohypophyse 246
- locale 290 Neuroleptiques 114, 206
— systémique 290 - atypiques 240
Mydriase 104 - et schizophrénie 240
Myorelaxants 188 Neurones (pré/post-ganglionnaires) 82
— dépolarisants 190 Neutropénie et cytostatiques 304
Myosine 84 Névirapine 296
Myosine-kinase 84 Névrite et allergie aux médicaments 72
Myotonolyse 230 Nicardipine 122
Myotonolytiques 186 Nicotiana tabacum 112
Nicotine 98, 108
- effet ganglionnaire 108
N
- et fumée du tabac 112
NA voir Noradrénaline - modification des fonctions physiologiques
Na’, K', CF, cotransport 166 110
Na-citrate et hypercalcémie 272 - récepteurs 98, 108
Na (canal) 20, 138, 190, 208 Nicotinique (acide) 160
— inactivation 138 Nidation, prostaglandines 200
— bloqueurs 132, 136, 208 Nifédipine 124, 316
Na/Ca (échange) 132, 134 Nimodipine 124
Na-EDTA et hypercalcémie 272 Nisoldipine 124
Na (influx) 139 Nitrates 316
Na/glucose (cotransport) 20 - organiques 122, 318
Na-K-ATPase 20, 132 — tolérance 122, 318
Naftifine 290 Nitrazépam 232
Nalbuphine 216 Nitrendipine 124
Nalidixique (acide) 282 Nitroglycérine/trinitrine 122
Naloxone 214, 216 Nitro-imidazole 282
Naltrexone 216 Nitroprussiate de sodium 122
Nandrolone 256 - et hypertension 322
Naphazoline 84, 90 Nitrosamine 113
— et allergie 336 Nitrostigmine 102
Narcéine 4 Niveau plasmatique 46
Narcose 220 NMDA, récepteur 224
Narcotiques 220 NO 100, 122
Naunyn, Bernhard 3 N,0, gaz hilarant 222
Nédocromil 116, 336 Nocicepteurs 198
Nelfinavir 296 Nœud atrio-ventriculaire 137
Nématodes 300 Noradrénaline 82
Néomycine 286 - relation structure-activité 86
- pommade 16 — et thymoleptiques 234
Néostigmine 188 Nordiazépam 232
374 Index

Noréthistérone 258 Oxydants (rôle désinfectant) 298


Norfloxacine 282 Oxydase à fonction mixte 32
Noscapine 4, 216 Oxydation (réaction) 32, 36
- et refroidissements 334 Oxymétazoline et allergie 336
Noyau caudé 192 Oxypurinol 326
Nutrition parentérale 12
Nystatine 290
P

O P 450 32
Paclitaxel 304
Obidoxime 312 Pamidronate 328
Occlusion 16 Pancréas 264
Octréotide 246 - insuffisance excrétoire 184
Ocytocine 246, 128 - structure des capillaires 24
Œdème 162 Pancréatozymine 174, 178
- du cerveau 164 Pancuronium 188
Œstrogènes 258 Pantoprazole 172
- antagonistes 260 Papavérine 4, 214
— conjugués 258 Paracelse 2, 68
— et ostéoporose 328 Paracétamol 202
- préparations contenant des 262 - et migraine 332
Ofloxacine 282 — et refroidissement 334
O-glucuronide 38 Paraffine 178
Olanzapine 242 Paralysie respiratoire 188
Oméprazole 172 Paranoïa 240
Opioïdes 182, 214 Paraoxon 102
— cinétique 216 Parasites 300
— endogènes 198, 214 Parasympathique 80
— récepteurs 214 — activation 110
Opium — organisation 98
— alcaloïdes 214 Parasympatholytiques 104
- teinture 4 - contre-indications 106
Or (sels d’) 330 - empoisonnements 206
Orciprénaline 86 — et refroidissements 334
Organophosphorés 102 Parasympathomimétiques 102
Ornipressine 168 — directs/indirects 102
Osmodiurétiques 162 Parathion 102
Ostéoblastes 328 Parathormone 272
Ostéoclastes 272 Parkinson (maladie de) 192
Ostéomalacie 196, 272 Paromomycine 286
Ostéoporose 252, 328 Paroi cellulaire (inhibiteurs de synthèse) 276
- homéostasie du calcium 272 Pavot 4
— post-ménopause 260 Peau
Ovocyte (maturation) 247 - dermatologie 16
Ovulation 258, 260 - structure de l’épithélium 22
Ovule vaginal 12 Pectine 182
Oxacilline 278 Pédiculose 300 |
Oxalate 144 Penbutolol 94
Oxazépam 232 Penciclovir 294
Oxiconazol 290 Pénétration des virus 292, 296
Index 375

Pénicillamine 330, 331 Phosphatidylinositol 20


Pénicilline (allergie à la) 276 Phosphatidylsérine 20
Pénicilline G 276 et suivantes Phosphodiestérases 66
Pénicilline V 278 - inhibiteurs 336
Pénicillinase 278 Phosphokinase 84
- inhibiteurs 278 Phospholipase À, 252
Pentazocine 214, 218 Phospholipase C 66
Pentobarbital 226 Phospholipides 144, 158, 200
Peptidases 34 - et coagulation sanguine 144
Peptidyltransférase 284 - et double membrane 20, 21
Perchlorate 250 - et lipoprotéines 158
Pergolide 192 - rôle de barrière 22
Périndopril 126 Phosphorique (acide) 20
Périneurium, anesthésie locale 210 Physostigmine 102
Période réfractaire 138 - et empoisonnement par l’atropine 106
Péristaltisme
Phytoménadione (vit. K,) 146
— et anti-diarrhéiques 182
Pilocarpine 102, 104
— et laxatifs 174
Pilule
Peroxydase (thyroïde) 250
- anticonceptionnelle 260
Peroxydes 298
- du lendemain 262
Péthidine 214
- séquentielle 262
Petit mal (crise) 194
- simultanée 262
Peyotl-244
PGE, 128 Pindolol 102
PGF,0: 128 — et glaucome 342
Phagolysosomes 26 Pipéracilline 278
Pharmacocinétique 6, 44, 48 Pirenzépine 170
- fonction de Bateman 48 Pirétanide 166
Pharmacodynamie 4 Pizotifène et migraine 332
Pharmacogénétique 68 pK 40, 212
Phase I, réactions de 32, 34 Placebo (étude contrôlée contre) 76
Phase Il, réactions de 32, 34, 38 Placenta 128
Phénacétine (métabolisme) 36 Plaque motrice 100
Phencyclidine 244 Plaquettes sanguines (thrombocytes) 152
Phéniramine 116 Plasma (substituts) 156
Phénobarbital 194 Plasmine 150
Phénol 298 Plasminogène (activateur) 150
Phénolphtaléine 178 Plasmodium 302
Phénothiazine Plathelminthes 300
— antagonisme 240 Poison 2, 70
- et schizophrénie 240 Polarité 58
Phénoxybenzamine 90 - et solubilité 42
Phénoxyméthylpénicilline 278 Polonium (iodure) 248
Phenprocoumone 50 Polyarthrite rhumatoïde 330
Phentolamine 90 Polydocanol 212
Phénylbutazone 326 Polyènes (antibiotiques) 280
Phénylphénol 298 Polyéthylène glycol 16
Phénytoiïne 138, 194 Polyglutamine (et acide folique) 140
Phéochromocytome 322 Polymyxine 274
Phétidine 214 Polyvinyl pyrrolidone-iode 298
Phobie 230 Pores protéiques 138
Phosphatidylcholine 20, 21 Post-charge 316
376 Index

Potassium — À 66
— ions et douleur 198 -C 66
- permanganate 298 Protéines plasmatiques
Potentiel d'action 136, 186 — et élimination des substances 30
- et cœur 138 — propriétés colloïdales 156
- et muscle squelettique 190 Prothrombine 144
Potentiation (homéopathie) 76 Protonation et élimination rénale 40
Poumon et métabolisme des médicaments Protozoaires 300
42 Pseudo-allergie 202, 204
Poux (traitement contre) 300 Psilocine 244
Pravastatine 160 Psilocybine 244
Prazépam 233 Psychédéliques 244
Praziquantel 300 Psychisme (médicaments du) 230-244
Prazosine 90 Psychomimétiques 244
Prednisolone 252 Psychose 234
Pression artérielle 322 Puces (traitement contre) 300
Pression intra-oculaire 104 Pupille (dilatation) 104
Pression orthostatique et régulation 324 Purine 280
Prilocaïne 212 Purkinje (fibres de) 137
Primaquine 302 Pyrazinamide 288
Primidone 189, 190 Pyrazolidine et dérivés 202
Probénécide 276, 326 Pyridylcarbinol 160
Procaïnamide 138 Pyriméthamine 302
Procaïne 138, 212 Pyrogène 12, 206
Prodynorphine 214 Pyrophosphate 328
Proenképhaline 214
Progestérone 248-253
Proguanil 302
Q
Prolactine 246
Quinalapril 126
Prométhazine 70, 116
Quinidine 138
Pro-opiomélanocortine 214
- structure spatiale 62
2-Propanol 298
Quinine 62, 302
Proprafénone 138
Quinolone 282
Propofol 220, 224
Propranolol 94
— énantiosélectivité 62 R
- métabolisme 36
- et migraine 332 Rachitisme 272
Propyphénazone 202 Raloxifène 260
Prostacycline 154, 200 Ramipril 126
Prostaglandines 200, 252 Ranitidine 116, 172
- inhibiteurs de synthèse 330 Ranvier (nœud de) 210
Prostate, hyperplasie bénigne 90 Rauwolfia 96
Protamine 148 Réactions
Protéases 144 - anaphylactiques 72
Protéines - cytotoxiques 70
- inhibiteurs de synthèse 284 - immunitaires, inhibition 308
— synthèse 284 - du métabolisme 34
Protéines G 64 Récepteurs 58, 60 |
— récepteurs couplés aux 64 — études de liaison 56
Protéine kinase - mécanismes de transduction 64
Index 377
D DR ES RE EU ASE

— spécificité 69 — et lèpre 288


Récepteurs adrénergiques 82 — et tuberculose 288
— & pré/post-synaptiques 90, 96 Risédronate 328
— sous-types 84 Risperidon 242
Récepteurs © Ritonavir 296
— post-synaptiques 96 Rivastigmine 102
— pré-synaptiques 82 Rizatriptan 118
- et transduction des signaux 66 — et migraine 332
Récepteurs B 84 Ropinirol 192
Récepteurs cholinergiques 100 Rosiglitazone 270
- M, 104 Roxithromycine 284
- M, 104 Rythme veille-sommeil 228
- muscariniques 98, 100, 104
Récepteurs GABA, 64, 186, 230
S
Récepteurs GABA, 186
5o-Réductase 256
Salazosulfapyridine 280
Réduction 36
Salbutamol 84, 86
Refroidissement (traitement) 334
— et allergie 336
Règle d'équivalence 76
Rein - et asthme 338
- circulation et action des prostaglandines Salicylique (acide) 199
200 - glucuronidation 38
- diurétiques 162 - liaison aux protéines 30
- élimination des médicaments 40 - structure 35
— structure du glomérule 40 Salmétérol
— et allergies 336
REM (sommeil) 226
Rémanence 298 - et asthme 338
Rénine-angiotensine-aldostérone (système) Saliurétiques voir Diurétiques 162
120, 162 Saquinavir 296
Répaglinide 270 Schistosomes 300
Repolarisation 138 Schizontes 302
Réserpine 96 Schizophrénie (traitement) 240
— et hypertension 322 Schlemm (canal de) 105
Résistance des bactéries 274 Schmiedeberg, Oswald 3
Résistine 270 Scopolamine 22, 106, 244, 340
Retard (produit) 10, 50 Sécrétion active 40
Réticulum endoplasmique 32 Seigle (alcaloïdes de l’ergot) 128
Réticulum sarcoplasmique Sélégiline 192
— et cœur 128 Sels métalliques 182
— et muscle squelettique 186 Sérine 20
Sérotonine 88, 118, 152
Reverse T, 248
- et antidépresseurs 236
Rhabdomyolyse 160
Rhinovirus 334 - inhibiteurs de recapture 234
Rhodanide synthétase 312 - récepteurs 118
Rhume 332 - récepteurs 1D, 332
Ribonucléique (acide), ARN 282, 306 - et thymoleptiques 234
Ricin (huile) 176 Sévoflurane 222
Ricinoléique (acide) 176 Sibutramine 118
Ricinus communis 176 SIDA 296
Rifabutine 282 Signaux (transduction des) 66
Rifampicine 282 Silice 16
Streptokinase 150
Simvastatine 160 —et traitement des infarctus du myocarde
Sirop 8 320
Site Streptomyces 310
- d'action cellulaire 20 Streptomycine 284
- d'administration d'un médicament 18 — et tuberculose 288
— de liaison 56 g-Strophantine 134
B-Sitostérol 160 Strychnine 186
Slow reacting substance of anaphylaxis, SRS- Substance P 198
À 200 Substantia nigra 114
SNC (système nerveux central) Succinylcholine 190
- et structure des capillaires 24 Sucralfate 172
Sodium (Na) Sucre sanguin 266
- carbonate acide, antiacide 170 Sueur, formation 206
— hypochlorite 298 Suggestion (force de) 76
- picosulfate 174 Sulfadoxine 302
- sulfate 174 Sulfalène 281
- thiosulfate 122 Sulfaméthoxazole 280
- urate 326 Sulfapyridine 280
Somatomédine 246 Sulfasalazine 280
Somatostatine 246 - et polyarthrite rhumatoïde 330
Sommeil Sulfate de calcium 8
— altérations 226 Sulfate et conjugaison 38
— paradoxal 226 Sulfones 288
— préparation au 228 Sulfonamides 280
— seuil 228 Sulfotransférase 38
Sulfoxide 36
: — stades 226
Sulfurique (acide) 39
Somnifères 226
Sulprostone 128
— dépendance 226
Sumatriptan 118
Sorbitol 164, 174
- et migraines 118
Sotalol 138
Suppositoires 12
Spasme coronaire 318
Surdosage 70
Spasmolyse 128
Suspension 8, 16
Spécificité d’organe et effets secondaires des
Suxaméthonium 190
médicaments 58, 70, 71
Sympathique, activation 80
Spectre large/étroit et antibiotiques 274
Sympathique (système) 80
Spiramycine 284
— organisation 82
Spironolactone 168
Sporozoiïtes 302 — tonus 96
Stanozolol 256 a-Sympatholytique 90 ,
Staphylocoques 279 B-Sympatholytiques (B-bloquants) 92
Status epilepticus 194 — cardiosélectifs 94
Stavudine 296 — différents B-bloquants 94
Stérilisation 298 — et glaucome 342
Stéroïdes — et hypertension essentielle 322
— et diabète 252 - et insuffisance cardiaque chronique 134
— et transduction des signaux 66 Sympathomimétiques
voir aussi Aldostérone, Androgènes, Gluco- - directs 84
corticoïdes, Œstrogènes, Progestogènes — -relation structure-activité 86 |
STH 246 — indirects 88
Streptocoques 151 a,-Sympathomimétiques 84, 90
Index 379

— et allergie 336 - inhibiteurs de synthèse 140, 280


- et refroidissements 334 Tétryzoline 84, 90
B,-sympathomimétiques 128 — et allergie 336
- et allergie 336 Thalamus 199
— et asthme 338 Thalidomide 74
Synapse Thallium 312
— adrénergique 82 - Théine 336
— cholinergique 100 Théophylline 120, 128
— ganglionaire 108 — et allergie 336
— P-ergique 198 Thermorégulation 200
Thiamide 250
Synergie 60
Thiazides 166
Syncythiotrophoblaste 74
Thiocyanate 312
Synovectomie 330
Thiopental 224
Système nerveux
Thiourée 250
- autonome 80
Thioxanthène 236
- central
Thrombine 154
— -inhibition 106 - inactivation 148
— - troubles après empoisonnement par les Thrombocytes 152
glycosides cardiaques 132 - activation 152
— somatique 80 - agrégation 152
— végétatif 80 - inhibiteurs 154
Système réticulo-endothélial 142 Thrombocytopénie et médicaments 72
Thrombokinase tissulaire 144
Thrombopénie induite par l'héparine 148
JE
Thrombose 144
Thromboxane A,, 152
T, (triodothyronine) 242 Thymérétiques 236
T, (thyroxine) 242 Thymidine kinase 294
Tabac et épithélium bronchique 112 Thymol 299
Tachycardie sinusale 135 Thymoleptique 234
Tachyphylaxie 88 Thyréoglobuline 250
Tacrine 102 Thyréostatique 250
Tacrolimus 308 Thyroxine T4, 248
Talc 16 Thyroxine binding globulin, TBG 30
Tawara (faisceau) 137 Tiagabine 194
Tazobactam 278 Ticarcilline 278
Teinture 4 Ticlopidine 154
Témazépam 228 Tight junction 22
Téniposide 306 Timolol 94
Tensio-actifs (désinfectants) 298 Tinidazole 282
Tératogénicité 6, 74 Tirofiban 154
Térazosine 90 Titane (oxyde) 16
Terbutaline 84 TNF (tumor necrosis factor) o. 330
— et allergie 336 Tobramycine 286
Testostérone 256 Tocaïnide 138
Tétanie hypocalcémique 144 Tocolyse 84, 128
Tête polaire 20 Tolbutamide 270
Tétracyclines 284 et suivantes Telérance 216
Tétrahydrocannabinol 244 Tolonium (chlorure de) 312
Tétrahydrofolique (acide) Toluidine 312
—et cytostatiques 306 Topoisomérase II 282, 306
380 index
|

Topotecan 306 — transverse 130


Tout ou rien (principe du) et effets des médi- Tyrosine kinase 64
caments 52
Toux 334
e
Toxicité 6
Toxicologie 6 lcère gastrique (traitement) 170, 172
Toxine ricosurique 326
- botulinique 186 rine primitive 162
- tétanique 186 rique (acide) 164, 326
tPA (tissue plasminogen activator) 150 rokinase 150
Traduction 284 rsodésoxycholique (acide) 184
Traitement palliatif 304 rticaire 72
Tramadol 214, 218 tetérus, action des prostaglandines 200
ete
tete
hate
Trandolapril 126
Transcobalamine 140
V
Transcortine 30
Transcriptase inverse 292, 296 Valaciclovir 294
Transcription 282 Valproïque (acide) 188, 189
Transferrine 30, 142 Valsartan 126
Transmetteurs (seconds messagers) 20, 66 Vancomycine 276, 278
Transmission neuromusculaire 186 Van der Waals (liaisons) 58
Transpeptidase 276 Vanylmandélique (acide) 82
Transport Varicelle (virus) 294
— énantiosélectivité 62 Varicosité 82
— à travers les membranes 26 Vasculitis 72
- mucociliaire 14 Vaseline 16
— —et fumée du tabac 112 Vasoconstricteur et anesthésie locale 210
- protéine de 20 Vasodilatateurs 120, 316
— systèmes de et rein 40 Vasopressine 168
— vésiculaire 26 Vécuronium 188
Tranylcypromine 88, 236 Veine porte et hypophyse 246
Trématodes 300 Vérapamil 24
TRH 246 - et angine de poitrine 318
Triamcinolone 252 - anti-arythmique 138
Triamtérène 168 - et hypertension 322
Triazolam 228 Vers
Trichinella spiralis 300 - plats 300
Trichlorméthiazide 166 - ronds 300
Trichomonas vaginalis 282 Very low density lipoproteins, VLDL 158
Triglycérides 158 Vésicule biliaire 32
Triiodothyronine (T,) 248 Vidarabine 292
Trimétaphan 98, 108 Vigabatrine 194
Triméthoprime 280 VIH 296
Troglitazone 270 Vinblastine 304
Tropisétron 118 Vinca rosea 304
Troubles du sommeil 228 Vincristine 304
TSH 240, 242 Viomycine et tuberculose 288
Tuberculose et traitement 288 Virus (lutte contre) 334
d-Tubocurarine 98, 188 Virustatiques 334, 292
Tubule Vitamine
— distal 158 — À (acide rétinoïque) et grossesse 74
ndex 381
REGARD
QUA ERMERE ELU VESTE

—B,, (carence) 140 Wilson (maladie de) 310


— C 142
— D 272
— K 144 X
-K, 144
—K, 144
Xanthine-nicotinate 160
—K, 144
Xanthine oxydase 326
Voie
Xylométazoline 84, 90
— buccale 18
- intramusculaire 18
— intraveineuse 18 Z
- perlinguale 18
- rectale 18 Zalcitabine 296
— sous-cutanée 18 Zanamivir 294
Volume sanguin 28 Zidovudine/AZT 296
Vomissement (centre du) 340 Zinc
— et insuline 264
- oxyde 16
W
Zollinger-Ellison (syndrome de) 172
Zolpidem 220
Warfarine 147 Zonula occludens 22, 24
Wepfer, Johann Jakob 3 Zopiclone 226
Composition : Nordcompo

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