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Phytochimie
Plantes médicinales
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4 e édition
revue et augmentée
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Tee & Doc
Il, rue Lavoisier
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internationales
Allée de la Croix Bossée
75008 Paris _L.;;,A,;~ inter 94234 Cachan cedex
Chez le même éditeur
Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs
M. Botineau, 2009
Plantes à risques
D. Frohne, H.J. Pfandër, R. Anton, 2009
Actifs et additifs en cosmétologie
M.-C. Martini, M. Seiller, coord. 3e édition, 2006
Plantes toxiques - Végétaux dangereux pour l'Homme et les animaux
J. Bruneton, 3e édition, 2005
Toxicologie
A. Viala, 2e édition, 2005
Le préparateur en pharmacie: 8 dossiers inséparables
J.-M. Gzengel, A.-M. Orecchioni, coord., 2004
Plantes thérapeutiques
M. Wichtl, R. Anton, 2e édition, 2003
Botanique - Traité fondamental
U. Lüttge, M. Kluge, G. Bauer, 3e édition, 2002
L'assurance-qualité dans les laboratoires agroalimentaires et
pharmaceutiques
M. Feinberg, coord. 2e édition, 2001
DANGER
LE
PHOTOCOPILLAGE
TUE LE LIVRE
© LAVOISIER, 2009
ISBN: 978-2-7430-1188-8 (4e édition, 2009)
ISBN: 2-7430-0315-4 (3e édition, 1999)
ISBN: 2-85206-911-3 (2e édition, 1993)
ISBN: 2-85206-405-7 (l re édition, 1987)
Les informations contenues dans cet ouvrage ont un but pédagogique. Ce dernier ne constitue en aucun cas un
guide de traitement.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées
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et, d'autre part, les analyses et courtes citations iustifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'oeuvre
dans laquelle elles sont incorporées (loi du 1"' juillet 1992 - art. L 122-4 et L 122-5 et Code Pénal art. 425).
Pour Élise et Valentine,
qui rêvent d'un monde plein defleurs
Illustrations. Les illustrations de cet ouvrage ont été réalisées par Annie BRUNETON, d'après
les auteurs suivants:
BERG, D.C. et SCHMIDT, C.F. (1893-1902). Atlas der officinellen Pflallzen, 4 volumes, Verlag von Arthur Felix,
Leipzig: p.22,58,80,90, 104, 126, 150, 158,210,266,278,298,312,332,348,376,422,464,498,510,
516,532,554,568,582,598,616,630,642,658,678,702,706,720,730,736,762,804,828,856,876,884,
892,912,926,946,966,970,976,984,1006,1064,1082,1102, 1112, 1128,1136,1154,1164,1180,1190,
1194,1206,1214,1226.
CHAUMETON, F.P. (1814 ->1818). Flore médicale, 6 volumes, C.L.F. Panckoucke, Paris. (vol. 3 à 6 rédigés avec la
collaboration de Chamberet et Poiret; illustrations par E. Panckoucke et P.J.F. Turpin) : p. 10, 120, 168,224,
232,240,326,392,398,454,650,780,816,992,1016,1024,1076.
LAMARCK, J.B. de MONET, chevalier de (1791 -». Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la
nature, Panckoucke, Paris: p. 1108.
En couverture: Papaver somniferum L. (cultures, Marne [51], France, 2008 - photographie: Annie BRUNETON).
introduction
Le plan des monographies, légèrement remanié, a été systématisé. Toutefois, pour des
plantes mineures ou très peu étudiées, ce plan-type est adapté à la bibliographie (in)-
existante ... Il est également aménagé pour les plantes principalement uti Usées pour
l'extraction de substances définies, dont les propriétés et l'emploi sont décrits:
La plante, la partie utilisée. Bien évidemment, une description botanique ne change pas...
Par contre, les années récentes ont vu la Pharmacopée européenne s'enrichir d'un grand
nombre de monographies nouvelles (ou révisées). Toutes les monographies publiées et mises
en application au 1" avril 2009 ont été prises en compte (6" édition, 2008 et les quatre
premiers suppléments). La présentation de cette rubrique a été restructurée: définition;
description de la plante.; description de la partie utilisée; caractères microscopiques
principaux de la partie de plante utilisée et, remplaçant le paragraphe « essai» des
précédentes éditions, principe de la vérification de l'identité et du dosage;
Emplois. Pour les plantes, les extraits de plantes, les substances définies extraites de
plantes, leurs dérivés et/ou leurs homologues hémisynthétiques ou synthétiques actuellement
commercialisés après avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) standard,
les données utilisées (en particulier les posologies) sont celles de l'AMM.
Pour les autres plantes, la présentation des emplois continue - du moins pour celles qui
sont concernées - d'être fondée sur la dernière révision, dite« Note explicative 4 », de
1'« A vis aux fabricants concernant les demandes d'autorisation de mise sur le marché de
spécialités pharmaceutiques à base de plantes ». Rappelons ici que la procédure décrite par
cet Avis conduit à l'obtention d'AMM dites« allégées », délivrées sur la base d'un dossier de
demande « abrégé ». Si ce dossier est exempt de tout ou partie des essais pharmaco-toxico-
cliniques, il est, pour sa partie pharmaceutique, identique à celui de toutes les spécialités
pharmaceutiques. Pour le consommateur, ces AMM apportent des garanties de qualité et
d'innocuité.
Pour la présente édition, le choix a été jàit de préciser, pour chaque plante de la liste des
plantes d'usage bien établi annexée à la Note explicative, en plus du libellé des indications
thérapeutiques retenues, les contraintes toxicologiques éventuelles auxquelles doit satisfaire
le médicament à base de plante 5. Rappelons ici, c'est important, que la mention
« traditionnellement utilisé dans» précédant les indications thérapeutiques, témoigne dufait
que ces indications n' « ont pas été validées par des essais cliniques».
Comme dans la précédente édition, la rédaction du paragraphe « emplois» prend en
compte les données figurant dans les monographies publiées par la « Commission E » mise
en place dans les années 1980 par le ministère fédéral allemand de la santé (BfArM =
Bundesinstitut für Arzneimittel und Medizinprodukt) pour recenser et évaluer l'efficacité et
la sûreté des plantes communément disponibles 6. Pour cette 4" édition, la référence à ces
monographies a été systématisée et, surtout, étendue. On trouvera ici pour chaque plante
(quand elles existent) : les contre-indications, précautions d'emplois et posologies proposées
par ces monographies.
Depuis la parution de la 3' édition, une Directive européenne sur les médicaments à
base de plantes 7,8 a, en 2004, généralisé à tous les États membres de l'Union européenne
la mise en place d'une procédure simplifiée pour les spécialités dites traditionnelles à base
de plantes. Cet « enregistrement de l'usage traditionnel», proche de la procédure
française des AMM « allégées », a été transposé en droit français en 2007 9 • Dans ce
nouveau cadre, un médicament à base de plantes d'usage « traditionnel» correspond à
des indications qui ne doivent pas impliquer l'intervention d'un médecin,' son dosage et sa
posologie doivent être précisés .. il doit être utilisé par voie orale, par inhalation ou par
voie externe JO et son usage doit remonter à au moins 30 ans, dont au moins 15 ans dans la
Communauté européenne.
La Directive de 2004 a créé, au sein de l'EMEA (Agence européenne du médicament), un
Comité européen des médicaments à base de plantes (HMPC = HerbaI Medicinal Products
Committee). Ce Comité a, entre autres missions, celle d'élaborer une liste positive des
substances végétales (herbaI substances), préparations à base de plantes (herbaI
preparations) et associations (combinations) de plantes pouvant être utilisées dans des
spécialités faisant l'objet d'un« enregistrement de l'usage traditionnel ». Par ailleurs, il
0
établit des monographies communautaires pour: 1 les plantes médicinales d'usage bien
établi dont il évalue la balance bénéfices-risques dans le cadre des indications retenues; 2 0
les médicaments traditionnels à base de plantes. Ces monographies, comme la liste positive,
doivent faciliter l'obtention d'une AMM nationale « simplifiée» (ex. : enregistrement auprès
de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé [AfssapsJ). Au 5 avril 2009,
le Comité avait élaboré et publié 41 monographies. Quinze projets de monographie étaient en
voie d'adoption ou soumis à consultation publique. Environ 70 autres restaient à élaborer 11 •
Les principaux éléments des monographies communautaires publiées ont été pris en
compte dans l'élaboration du paragraphe « emploi» des plantes traitées dans cette 4"
édition. Il en a été de même pour les projets de monographies parus en 2008 : il appartiendra
au lecteur de vérifier en temps utile la concordance des données citées avec celles qui seront
définitivement adoptées à lafin des consultations en cours.
Je tiens à remercier vivement tous ceux qui, à des titres divers, m'ont permis de mener à
bien ce projet, en particulier Gilles BARDELAY, Gilbert FOURNIER, Michel LEBŒUF, Guy LEWIN,
et Erwan POUPON qui ont relu tout ou partie de ce travail et l'ont enrichi de leurs
suggestions. Merci aussi à Florence VANDEVELDE pour m'avoir éclairé sur les arcanes de la
réglementation et à Sébastien BAUD pour un fructueux échange sur l'ayahuasca. Merci enfin
aux éditions LAVOISIER qui ont su insister et trouver les mots pour me convaincre
d'entreprendre et de mener à bien cette entreprise.
NOTES ET RÉFÉRENCES
1. Bruneton, J. (2005). Plantes toxiques - Végétaux dangereux pour l'Homme et les animaux, 3" éd., Tee &
Doc, Paris.
2. Bruneton, J. (2002). Phytothérapie - Les données de l'évaluation, Tee & Doc, Paris.
3. Prescrire Rédaction (2007). Bien utiliser les plantes pour soigner, Rev. Prescrire, 27,563.
4. Cette note comporte 192 plantes. Élaborée en 1997, elle a été publiée en 1998 par l'Agence du
médicament, devenue en 1999l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). En
2002, les annexes de la Note explicative ont été modifiées et complétées pour prendre en compte
l'indication traditionnelle du millepertuis par voie orale dans le traitement des manifestations dépressives
légères et transitoires [J.o. Rép. fr., 2 mars 2002, 4049-4051, texte na J01 J.
5. L'évaluation toxicologique n'est pas nécessaire pour les formes pharmaceutiques les plus proches de la
forme d'utilisation traditionnelle représentée par les tisanes. Dans les autres cas (par exemple celui des
poudres), une étude toxicologique « allégée» est demandée: toxicité aiguë et chronique après quatre
semaines d'utilisation chez le Rat. Des cas particuliers sont envisagés (ex.: tolérance locale et recherche
d'hypersensibilité retardée pour les formes à usage local .. cas des associations, etc.)
6. Traduction anglaise: Blümenthal, M. et al. (1998). The complete German Commission E Monographs -
Therapeutic guide to herbaI medicines, American Botanical Council, Austin.
7. Directive 2004/24/CE du Parlement européen et du Conseil du 31 mars 2004 modifïant, en ce qui
concerne les médicaments traditionnels à base de plantes, la directive 200l/83/CE instituant un code
communautaire relatif aux médicaments à usage humain, J. O. Union Européenne, 30 avril 2004,
Ll36/85-Ll36/90.
8. Pour une analyse globale de cette Directive, voir: Prescrire Rédaction (2007). Spécialités
pharmaceutiques à base de plantes: début d'harmonisation en Europe, Rev. Prescrire, 27, 630-631.
9. Ordonnance na 2007-613 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le
domaine du médicament, J.O. Rép. fr., 27 avril 2007, 7515-7524, texte n 0 34.
JO. C'est-à-dire, se/on le Comité européen des médicaments à base de plantes (HMPC): application cutanée,
nasale ou buccale et éventuellement application vaginale, rectale, oculaire ou auriculaire quand l'usage
traditionnel y fait référence, à condition qu'un effet local y soit recherché et que ces voies ne présentent
pas de risques.
Il. HMPC (2009). Overview on HMPC assessment work - status January 2009. réf. EMEA/HMPC/
278067/2006, 18 février 2009, 4 pages. Disponible sur: http://www.emea.europa.eu/htms/human/hmpc
/hmpcmonographs .htm. Les monographies adoptées ainsi que les projets soumis à consultation publique
avant adoption sont téléchargeables sur le site de l'Agence européenne (http://www.emea.europa.eu).
12. Communiqué de l'Académie nationale de médecine, 6 décembre 2006, 2 pages. Téléchargeable à
l'adresse: 194.l17.215.124/1MG/pdf/avis_187Jichiedie.pdf
13. Selon le Trésor informatisé de la langue française, l'origine du mot est discutée: « parmi de nombreuses
hypothèses, les plus vraisemblables le font remonter soit au mot néerlandais droge vate " tonneaux secs"
d'où, par substantivation, droge étant pris pour la désignation du contenu, "produits séchés; drogues", soit
à l'arabe durawa "balle de blé", cette dernière proposition faiasant problème du point de vue phonétique
et sémantique. » [AT/LF-CNRS : http://atiif.atiiffr/}
14. Cette acception du mot doit toutefois être connue et explicitée, en particulier aux étudiants. On la trouve
en effet dans certains articles du Code de la santé publique et dans la Pharmacopée européenne. Cette
dernière utilise l'expression « drogue végétale» dans la description des méthodes générales de
pharmacognosie (chap. 2.8). Cette expression désigne:« des plantes, parties de plantes ou algues,
champignons, lichens, entiers, fragmentés ou coupés, utilisés en l'état, soit le plus souvent sous la forme
desséchée, soit à l'état frais. Certains exsudats n'ayant pas subi de traitements spécifiques sont également
considérés comme des drogues végétales [... j. » (Ph. eur., 6' éd., 01/2008:1433). L'expression« drogue
végétale» correspond à celle d' « herbaI drug » employée par l'édition anglaise de la Pharmacopée
européenne, expression que le Comité européen des médicaments à base de plante (HMPC) assimile à
celle de« herbal substance ». La Pharmacopée définit aussi les« préparations à base de dogues végétales»
(Ph. eur., 6" éd., 0112008:1434) alias «herbaI drug preparations» (ou pour l'HMPC, des« herbai
preparations» ). Ces préparations « sont obtenues en soumettant les drogues végétales à des traitements
tels que extraction, distillation, expression, fractionnement, purification, concentration ou fermentation. Ce
sont notamment des drogues végétales finement divisées ou pulvérisées, des teintures, des extraits, des
huiles essentielles, des jus d'expression et des exsudats ayant subi un traitement» [... j. »
15. Substance destinée à l'usage thérapeutique qui doit subir une biotransformation, après administration à
un organisme, pour que s'exerce une activité biologique.
16. Sur la classification phylogénétique, voir: (a) - APG (2003). An update of the Angiosperm Phylogeny
Group classification for the orders andfamilies offlowering plants: APG Il, Bot. J. Lin. Soc., 141, 399-
436 .. (b) - Stevens, P. F. (2001 onwards). Angiosperm Phylogeny Website. Version 9, June 2008 http://
www.mobot.org/MOBOT/research/APweb/ (dernière mise à jour disponible: 25 mars 2009) .. voir aussi:
(c) - Spichiger, R.-E., Savolainen, V.V., Figeat, M. et Jeanmonod, D. (2004). Botanique systématique des
plantes à fleurs. Une approche phylogénétique nouvelle des Angiospermes des régions tempérées et
tropicales, 3' édition, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne .. (d) - Judd, W.S.,
Campbell, C.S., Kellogg, EA. et Stevens, PP. (2002). Botanique systématique - Uune perspective phylo-
génétique, De Boeck Université, Paris-Bruxelles.
Sommaire
Le sommaire détaillé figure en tête de chaque chapitre
Intoduction .......................................................................................................................................................vii
Sommaire .......................................................................................................................................................xiii
Abréviations, sigles et acronymes .................................................................................................................xiv
Partie 1 Composés du métabolisme primaire ................................................................................... .1
Glucides ............................................................................................................................................. .3
Introduction, 3 . oses simples, 7. oligosaccharides, 31 . polysaccharides, 39; des
bactéries et champignons, 43; des algues, 49; des végétaux supérieurs, 67 (homogènes,
67 et hétérogènes [gommes et mucilages], 99
Lipides ............................................................................................................................................. 111
généralités, 141. hui/es végétales, 155 . cires, 193 . acétyléniques, 197
Amino-acides, peptides et protéines .............................................................................................213
acides aminés non protéiques, 215 . hétérosides cyanogènes, 219 . glucosinolates, 229 .
autres composés soufrés, 239 . bétalaïnes, 247. protéines édulcorantes, 249. lectines,
251 . enzymes, 255
Partie 2 Composés phénoliques, shikimates, acétates ...................................................................259
Généralités, 261 - Shikimates ........................................................................................................267
Aromagenèse, 267 . phénols, acides phénols, 273. coumarines, 307 . tignanes,
néotignanes, 325 . dérivés d'extension du phénylpropane, 343 [diarylheptanoides,
stilbénoides, styrylpyrones] .flavonoides, 365 . isoflavonoïdes, 411 . néoflavonoides,
420. anthocyanosides, 423. tanins, 441
Polyacétates ................................................................................................................................... .487
quinones, 491 [anthracénosides, 502; naphtodianthrones, 523] . orcinols et
phloroglucinols, 533 [cannabis, 533]
Partie 3 Terpènes et stéroïdes ...........................................................................................................547
Introduction, 549 .. monoterpènes, 559 . huiles essentielles, 567 . oléorésines, 693 .
iridoides, 707. pyréthrines, 731 .. sesquiterpènes, 737, lactones sesquiterpéniques, 751
.. diterpènes, 771 .. triterpènes et stéroïdes, 799. saponosides, 809. cardiotoniques, 869
. autres stéroïdes et triterpènes, 897 .. caroténoïdes, 921
Partie 4 Alcaloïdes ..................................................................................................................................935
Généralités .........................................................................................................................................937
Alcaloïdes dérivés de l'omithine et de la lysine ..............................................................................955
Alcaloïdes tropaniques, 959 . pyrrolizidiniques, 985 . quinotizidiniques, 999,
indolizidiniques, 1007. pipéridiniques, 1011
Alcaloïdes dérivés de l'acide nicotinique ....................................................................................... 1017
Alcaloïdes dérivés de la phénylalanine et de la tyrosine ............................................................. .1 025
Phénéthylamines, 1029. isoquinoléines simples, 1037. benzyltétrahydroisoquinoléines,
1039 [benzylisoquinoléines, 1042; bisbenzylisoquinoléines, 1047; aporphinoïdes, 1057;
protoberbérines et dérivés, 1063; morphinanes, 1077] . phénéthylisoquinoléines, 1101 .
alcaloides des Amaryllidaceae, 1107. alcaloides isoquinoléino-monoterpéniques, 1113
Alcaloïdes dérivés du tryptophane ................................................................................................. 1117
Tryptamines, carbolines [hallucinogènes], 1119. éséré, 1127. ergotines, 1131 .
alcaloïdes indolomonoterpéniques, 1151 [Apocynaceae, 1167; quinquinas, 1178]
Alcaloïdes dérivés de l'acide anthranilique .................................................................................. .1187
Alcaloïdes dérivés de l'histidine (imidazoles) ............................................................................. .1191
Alcaloïdes dérivés du métabolisme terpénique ........................................................................... 1195
Alcaloïdes à structures diverses ..................................................................................................... 1211
Bases puriques ................................................................................................................................. 1215
Annexe. Glossaire des termes botaniques .................................................................................................... 1235
Table des illustrations ..................................................................................................................................... 1241
Index ................................................................................................................................................................ 1243
ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
COMPOSÉS DU
MÉTABOLISME PRIMAIRE
GLUCIDES
Introduction
Les glucides sont des constituants universels des organismes vivants. Parfois appelés
hydrates de carbone l, ce sont, en première approximation, des composés organiques
carbonylés (aldéhydiques ou cétoniques) polyhydroxylés. On englobe dans le groupe
des glucides leurs dérivés d'oxydation ou de réduction (acides uroniques, polyols),
leurs esters et leurs éthers, leurs dérivés aminés (osamines).
On distingue classiquement:
1. Cette appellation découle de leur formule générale C n (HzÜ)m; elle s'est maintenue en langue
anglaise sous la forme carbohydrate (s).
4 GLUCIDES
I.e. 9iJ
. ,
hv 1
Qi2o.•··1 mono-,oligo-,
polyosides
HÉTÉROSIDES
phénols, quinones,
phOspho-énol
~-----I
pyruvate
polyines,
acides gras, lipides, ...
flavonoïdes,
anthocyanosides,
tanins, ...
1 POLYACÉTATES 1
SHIKIMATES
I-l------l~ 1 mévalonat.E31
,----,----,-:---,--,-,--,
................. ~
TERPÈNES ET
cinnamates,
STÉROïDES
lignanes, 1aminoacides 1
coumarines, .. ,
~
quinones
II huiles essentielles,
sesqui- et diterpènes,
1 ALCALOïDES 1 saponosides,
protéines, ... cardénolides,
carotènes, ...
OSES SIMPLES 5
Très classiquement, les hétérosides ne seront pas étudiés ici en tant que tels, mais
dans divers chapitres de l'ouvrage, au titre de leurs génines, supports de l'activité
pharmacologique qui leur est attribuée.
Les oses simples, les oligosides et les plantes qui les contiennent ne seront
envisagés ici que très sommairement: leur importance dans le domaine pharmaceu-
tique, du moins en termes d'applications thérapeutiques, est en effet très limitée.
Par contre, la multiplicité des applications pharmaceutiques et industrielles des
polysaccharides conduira à leur accorder, ainsi qu'aux plantes qui les contiennent, une
place importante, même si c'est souvent leur fonction d'auxiliaire de fabrication et/ou
leur impact diététique et nutritionnel plus que leurs propriétés pharmacologiques qui
retiennent l'attention.
2. Il s'agit là d'une généralisation pratique mais inexacte: les 2-désoxy- et les 6-désoxy-oses
n'ont que n-2 fonctions alcool; on connaît aussi des 2,6-didésoxyhexoses (ex. : chez les digitales).
Oses simples
On supposera ici que le lecteur est familiarisé avec la structure et les propriétés
chimiques des oses, avec les méthodes d'étude propres à ce groupe aussi bien qu'avec
leur biosynthèse, leur catabolisme et leurs fonctions biologiques.
Le principe et la mise en œuvre des méthodes de caractérisation et de dosage des
oses et de leurs dérivés, y compris les techniques de chromatographie (en couche
mince, liquide, gazeuse), font l'objet d'un traitement approfondi dans les ouvrages de
biochimie et de chimie analytique: ils ne seront, de ce fait, pas envisagés ici
8 GLUCIDES
Dénomination
Séries D et L
Si l'on considère le premier terme de la série des oses, le glycéraldéhyde (un aldo-
triose), il possède un carbone asymétrique et peut donc exister sous deux formes
énantiomères, (R) et (S). On définit arbitrairement et par convention le D-glycéral-
déhyde et le L-glycéraldéhyde selon que l'hydroxyle secondaire est orienté à droite ou à
CHO CHO
1 1
CHO CHO H-C-OH HO-C-H
1 1 1 1
H-C-OH HO-C-H HO-C-H HO-C-OH
1 1 1 1
CH 20H CH 20H H-C-OH H-C-OH
1 1
CH 20H CH20H
1
CHO CHO CH 20H CHO CHO
1 21 1 1 1
H-C-OH H-C-OH C=O H-C-OH H-C-OH
1 31 1 1 1
H-C-OH HO-C-H HO-C-H H-C-OH HO-C-H
1 41 1 1 1
H-C-OH H-C-OH H-C-OH HO-C-H HO-C-H
1 51 1 1 1
H-C-OH H-C-OH H-C-OH H-C-OH H-C-OH
1 61 1 1 1
CH 20H CH 20H CH 20H CH 20H CH 20H
Les quatre autres hexoses, épi mères en C-2, ne sont pas représentés: D-altrose (épimère du D-allose) ; D-mannose
(épimère du D-glucose); D-idose (épimère du D-gulose) et D-tallose (épimère du D-galactose). Il en est de même
pour les deux autres pentoses, D-ribose et D-Iyxose.
OSES SIMPLES 9
HO" H
é
H-i=l
Forme cyclique des oses: HO-C-H 0
représentation selon Fischer
H-i- OH
H-C~
1
1
CH 20H
~- D-glucopyranose
a-D-glucopyranose
Représentation en perspective
Cette représentation (de Haworth) permet de mieux visualiser la forme cyclique des
oses. On suppose que le cycle est dans le plan horizontal et l'on place en dessous du
plan tous les substituants qui étaient à droite dans la représentation de Fischer et au-
dessus tous ceux qui étaient à gauche. Du fait de la cyclisation, l'hydroxyméthyle des
aldohexoses pyraniques est amené au-dessus du plan dans la série D, au-dessous dans la
série L.
Rosa canina L.
OSES SIMPLES 11
~
HH~20H
~
CH20~OH
OH H CHa OH H
HO HO H
H OH H OH
Cyclisation du D-glucose: ~-D-glucopyranose Projection selon Hawot1h
HOH2~0OH H~01H
~
HO
CH 2 0H
OH OH OH
Les carbones du cycle étant sp3, ce dernier ne peut être plan et adopte des con-
formations variables: chaise, bateau, demi-chaise, etc_ La conformation privilégiée est
toujours celle qui est la plus stable: dans le cas - de loin le plus fréquent - des
aldohexopyranoses, c'est la conformation chaise qui présente les interactions minimales
et, de ce fait, se trouve favorisée. L'hydroxyméthyle et les hydroxyles secondaires
exerçant entre eux des forces de répulsion mutuelle, c'est la configuration des carbones
OH
H O NOH
HO -
.;O~
(~O OH
H
'-0
OH
OH OH
conformations du ~-D-glucopyranose
porteurs de ces hydroxyles qui détermine la conformation la plus stable de telle façon
que le plus grand nombre de substituants soient en orientation équatoriale. Exemple:
dans le cas du D-glucopyranose, c'est l'anomère ~ qui prédomine dans les solutions de
glucose à l'équilibre et la conformation privilégiée est 4C l , conformation dans laquelle
tous les substituants sont équatoriaux (dans le cas de la conformation lC 4 tous les
substituants sont axiaux et les interactions plus fortes 3).
3. Une telle confonnation existe cependant lorsqu'elle est engagée dans des édifices complexes;
voir certains tanins ellagiques (p. 446 et suivantes) et les esters internes des polysaccharides des algues.
12 GLUCIDES
Ce qui caractérise les oses végétaux, c'est leur grande diversité: pentoses, désoxy-
pentoses, hexoses, désoxy-hexoses, didésoxy-hexoses, acides uroniques, polyols,
esters, éthers. Plusieurs centaines de composés, certains universels, d'autres
étroitement spécifiques d'un groupe végétal, ont été décrits. Certains peuvent exister à
l'état libre, d'autres ne sont connus qu'engagés dans des combinaisons hétérosidiques;
très souvent ils sont inclus dans des polymères. Nous citerons, à titre d'exemple,
quelques oses et dérivés d'oses parmi les plus courants chez les végétaux supérieurs.
Tétroses. Il y a quatre isomères possibles pour ces oses formant deux paires
d'énantiomères: le D- et le L-thréose d'une part, le D- et le L-érythrose d'autre part.
Ils n'existent pas à l'état libre. Le D-érythrose-4-phosphate joue un rôle essentiel
dans l'aromagenèse (cf. composés phénoliques : shikimates, p. 267).
HO OH
HO~~\
HO~
OH
o
OH
HO~OH OH
Hexoses. La plupart ont une distribution quasi universelle: c'est le cas du D-glucose
ou du D-mannose (épimère en C-2 du D-glucose), c'est aussi celui du D-galactose,
épimère en C-4 du D-glucose. Si le glucose est fréquent à l'état libre aussi bien que
combiné dans des structures polysaccharidiques (amidon, cellulose et autres glucanes),
ses épimères en C-2 et en C-4 ne sont presque exclusivement connus qu'à l'état de
polymères (ex. : mannanes, gluco- et galactomannanes des Fabaceae). Le D-galactose
est assez fréquent dans les structures hétérosidiques.
Le cétose correspondant au D-glucose et au D-mannose est le D-fructose. Abondant
à l'état libre dans les fruits, il est tout aussi fréquent à l'état de disaccharide
(saccharose). On le rencontre également dans des oligosaccharides, par exemple dans
les dérivés galactosylés du saccharose: raffinose, stachyose et leurs homologues
supérieurs. Ce cétose peut aussi constituer des polymères de réserve, les fructanes
(inulines, phléine).
OSES SIMPLES 13
OH
HOH3C~O-}
HO
~O\ H3C 0
~ HO~OH HO~OH
OH OH
HO
ex -L -rhamnose ~-D-fucose ~-D-digitoxose
o OH OH
~
H3C~O-----J H0 2C HO
O
HO~ Ho~--~---lU\ OH
CH 3 0 HO~
OH OH
Acides uroniques. Ce sont les produits d'oxydation des hexoses par des
déshydrogénases spécifiques. La fonction alcool primaire est oxydée en acide
carboxylique. Les acides D-glucuronique et D-galacturonique sont des constituants
14 GLUCIDES
CH 2 0H CH 2 0H CH 20H CH 2 0H
D-galactose
li
D-glucose L-rhamnose UDP-D-galactose
li
1 D-glucose-6-P c: 1 ~===i..~ 1 1 ~
D-glucose-1-P ::!IIC:t::=::::::;.. UDP-D-glucose
1 1
li l
1 D-fructose-6-P 1
acideUDP- acideUDP-
D-g:llacturonique D-glucuronique
1
li
D-mannose-6-P 1
l
D-xylose .......E----IUDP-D-xylosel
li
1 D-mannose-1-P 1
l
L-arabinose .......E----I UDP-L-arabinose 1
11
GDP-D-mannosel
1
D -glucose
Bien que présent en quantité notable dans beaucoup d'espèces végétales, le glucose
n'est pas extrait. Il est préparé par hydrolyse enzymatique de l'amidon. Les glucoses
anhydre et monohydraté doivent satisfaire à des essais rigoureux: solubilité, neutralité,
essai limite pour les sulfites, les chlorures, les sulfates, le baryum, l'arsenic, le
cadmium, le plomb, etc. S'ils sont destinés à la préparation de formes administrées en
volumes importants par voie parentérale sans autre procédé approprié d'élimination des
pyrogènes, il peut être exigé qu'ils satisfassent à l'essai des pyrogènes.
Le glucose liquide est une solution aqueuse contenant un mélange de glucose,
d'oligosides et de polyosides. Il contient au minimum 70 % de matières sèches. Son
degré d'hydrolyse, exprimé en équivalent dextrose (ED) n'est pas inférieur à 20 (voir
ci-dessous).
Le glucose s'administre par voie parentérale en solution aqueuse. Les indications
des solutions injectables (à 5 et 10 %) sont: la prévention des déshydratations intra- et
extracellulaires; la réhydratation habituelle lorsqu'il existe une perte d'eau supérieure à
la perte de chlorure de sodium et d'autres osmoles; la prophylaxie et le traitement de la
cétose dans les dénutritions. Moyens d'un apport calorique, ces solutés sont également
des véhicules pour l'apport thérapeutique en période pré-, per- ou postopératoire
immédiate. Les solutions injectables hypertoniques (à 15,20,30 et 50 %) sont destinées
à la nutrition parentérale (apport calorique) et au traitement des hypoglycémies.
L'administration de ces solutions est effectuée en perfusion lente sous surveillance
biologique (glycosurie, acétonurie, kaliémie) avec, le cas échéant, une supplémentation
en insuline et en potassium; ils sont contre-indiqués en cas d'inflation hydrique.
D-fructose
Présent dans pratiquement tous les fruits ainsi que dans le miel, le D-fructose peut
être obtenu industriellement: 1° par hydrolyse de l'inuline (polymère caractéristique de
certaines Asteraceae : topinambour, chicorée); 2° par séparation à partir du sucre
inverti 5; 3° à partir des HFCS.
Il peut être utilisé pour l'alimentation parentérale. C'est également un sucre
intéressant dans le régime des diabétiques et pour l'alimentation de l'effort: sa
résorption intestinale est lente et ne déclenche pas d'insulino-sécrétion ; son
métabolisme est hépatique. C'est aussi, dans le domaine alimentaire 4, un édulcorant:
son pouvoir sucrant est de 1,7 fois celui du saccharose.
4. La part des glucides simples ajoutés dans l'apport énergétique journalier est en moyenne, en
France, de 17 à 23 % chez les enfants et de 12 à 21 % chez les adultes. Même si le niveau de
preuves liant l'apport en glucides simples à diverses pathologies est faible pour des raisons
méthodologiques, l' Afssa a estimé, en 2004, que cette consommation excessive (notamment sous
forme de boissons) est bien en cause dans le développement du surpoids et de l'obésité des enfants.
Elle a recommandé que la réduction de la consommation de glucides simples de 25 % en 5 ans
prônée par le PNNS (Programme national nutrition santé) porte sur les glucides simples ajoutés, en
particulier hors des repas et sous forme de boissons.
5. Mélange de saccharose, de glucose et de fructose obtenu par divers procédés à partir du
saccharose (hydrolyse acide, hydrolyse enzymatique ou inversion par résines cationiques fortement
acides), et dont 50 % de la matière sèche sont constitués de glucose et de fructose.
18 GLUCIDES
liait d'amidon 1
hydrolyse hydrolyse
partielle poussée
1 malto-dextrines
sirops enrichis
en maltose
l
fructose
l l 1 1 sorbitol
maltitol ~
mannitol
D-mannitol
Le mannitol (Ph. eur, 6' éd. - 6.4, [04/2009:0559]) existe à l'état naturel dans la
manne 6 du frêne et en quantités importantes dans le thalle d'algues brunes (laminaires).
Il est préparé industriellement par épimérisation du D-glucose en milieu alcalin puis
réduction catalytique ou électrolytique. On peut aussi l'obtenir par hydrogénation du
D-fructose et cristallisation fractionnée des deux alditols formés.
Emplois. Le mannitol est proposé, par voie orale, dans le traitement symptomatique
des troubles dyspeptiques (ballonnements épigastriques, lenteur à la digestion, états
nauséeux) et en traitement d'appoint de la constipation (de préférence après échec ou
effets indésirables des laxatifs de lest). Posologie (adulte) : 10 g par jour, le soir.
Contre-indication: obstruction des voies biliaires. Il a également été employé pour la
préparation colique avant endoscopie en prenant en compte le risque accru de formation
de gaz coliques. Ce risque a conduit à lui préférer des produits comme le PEG 4000.
Une méta-analyse récente a semblé remettre en cause le bénéfice attendu de la
préparation colique avant chirurgie rectocolique.
En perfusion, on utilise des solutés hypertoniques dans les indications suivantes:
oligo-anuries d'étiologies diverses et d'installation récente (soluté à 10 %) ; réduction de
certains œdèmes cérébraux, hypertension intra-oculaire (soluté à 20 %). Contre-
indications : hyperosmolarité plasmatique préexistante, déshydratation à prédominance
intracellulaire. Par voie intra-veineuse, l'usage du mannitol est interdit chez les sportifs
(arrêté du 25 mars 2005, annexe 1; J.o. du 7 avril).
Très peu hygroscopique et peu cariogène, c'est un excipient pour la formulation de
diverses formes solides. Il est utilisable en alimentation humaine (E421) et comme
édulcorant chez le diabétique.
Petit arbre à feuilles 5-9 foliolées, à fleurs blanchâtres, ce frêne est une espèce
méditerranéenne. Par incision de l'écorce en saison chaude et sèche on obtient un suc,
la manne. Cette manne 6, en « larmes» ou en « sortes», se présente en fragments
jaunâtres et inodores. Le D-mannitol, constituant majoritaire, est accompagné de D-
glucose, de D-fructose et d'oligosaccharides.
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est
possible de revendiquer, pour le suc épaissi du frêne à manne, l'indication thérapeu-
tique suivante (voie orale) : « traitement symptomatique de la constipation ». Aucune
évaluation toxicologique n'est demandée pour la constitution d'un dossier « abrégé»
d'AMM (poudre, suc pour tisane, extrait aqueux et extrait hydro-alcoolique quel qu'en
soit le titre). Comme pour toutes les autres plantes de ce groupe 7, une information
précise du corps médical et du public doit être prévue (voir p. 119).
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BJArM précise que
la manne est utilisée en cas de constipation et d'affections nécessitant l'élimination de
matières fécales molles (fissure anale, hémorroïdes, post-chirurgie ano-rectale).
Posologie: de 20 à 30 g par jour (adulte); de 2 à 16 g par jour (enfant). La manne est
contre indiquée en cas d'obstruction intestinale. Elle peut occasionner nausées et
Oatulences.
meso-xyl ito 1
Le xylitol (Ph. eur., 6' éd .• 63, [01/2009:1381]) est obtenu par hydrogénation ca-
talytique du D-xylose, lui-même issu de l'hydrolyse des xylanes présents dans les rafles
de maïs (il y en a aussi dans le bois de bouleau, la bagasse de canne à sucre, les sciures,
les pailles). Son pouvoir sucrant est proche de celui du saccharose et il procure une
sensation rafraîchissante. Utilisable par voie orale aussi bien que par voie intraveineuse,
substituant du saccharose, le xylitol est métabolisé par le cycle des pentoses après
déshydrogénation en D-xylulose.
7. Sont également retenus dans ce cadre: le fruit du prunier «< pruneau », Prunus domestica L.,
Rosaceae), ceux du pommier (Malus spp.) et du figuier (p. 258), ceux de l'avoine (p. 71) et du seigle, la
pulpe du fruit du nerprun (p. 523), la pulpe du fruit de tamarin (p. 27) ainsi que le son de blé (p. 86),
diverses algues (p. 56 et suivantes), gommes (p. 100 et suivantes) et plantes à mucilages (p. 116-123,
133 et suivantes).
Tamarindus indiea L.
( lSES SIMPLES 23
dentaires dans les groupes traités par rapport aux groupes témoins consommant des
gommes classiques. Est-il plus efficace que le sorbitol? C'est possible, mais les essais
cliniques n'apportent pas de réponse claire à cette question.
*~CH20~OH HO~O OH
~
Ox.
Ht-d~
OH + HO-C-H Réd.
HO
1 HO
CH 2 0H
OH
D-Glucose
*
acide ascorbique acide déhydroascorbique
hémiacétal bicyclique hydraté
de l'acide déhydroascorbique
Sources de vitamine C. L'acide ascorbique est présent en quantité notable dans di-
vers fruits: fruits de l'argousier, de l'églantier, de l'actinidie (= kiwi, Actinidia 'sinensis',
=A. deliciosa [A. Chev.] Liang & A.R. Ferg., A. arguta [Siebold & Zucc.] Miq.,
Actinidiaceae), du paprika (Capsicum annuum L., Solanaceae), du jaboticaba du Brésil
(Myrciaria cauliflora [e. Martius] O. Berg et autres espèces, Myrtaceae) et du cerisier
du Brésil (= cerise des Barbades ou des Antilles = acérola = Malpighia emarginata De.
=M. glabra fpunicifolia] L., Malpighiaceae) pour ne citer que les plus riches .
L'argousier est une plante tolérante à la sécheresse et au froid, répandue dans toute
l'Eurasie où elle a été utilisée pour diverses propriétés médicinales. Elle fait l'objet
d'essais de culture au Canada. Son fruit est particulièrement riche en acide ascorbique
(de 0,5 g à plus de 5 g/kg). La fraction huileuse de la graine, caractérisée par sa teneur
élevée en acides gras insaturés en C 18 (linoléique, a-linolénique) est riche en carotènes
et en tocophérols. Le fruit renferme aussi de 1,5 à 2 g/kg de flavonoïdes (mono- et di-
glycosides de flavonols) et de 1,1 à 3 g/kg de proanthocyanidols. Ce fruit sert à la
préparation de jus, de confitures, d'extraits et de divers compléments alimentaires.
L'huile est utilisée dans la formulation de préparations pour la voie externe .
Le cynorrhodon est constitué par le réceptacle floral et le reste des sépales, débar-
rassés des akènes, séchés, de R. canina L., R. pendulina L. et autres espèces de Rosa. Il
contient au minimum 0,3 % d'acide ascorbique (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1510]).
Évaluation clinique. Des essais cliniques contrôlés versus placebo publiés depuis
2003 ont montré que la poudre de cynorrhodon (5 g par jour) pourrait apporter un
modeste soulagement aux patients souffrant d'arthrose de la hanche et/ou du genou
(douleur, qualité de vie). Toutefois le niveau de preuve de l'efficacité est faible ou
modéré selon l'indication (mal de dos, arthrose) et d'autres essais, indépendants et de
longue durée, sont nécessaires pour juger de l'intérêt clinique réel du cynorrhodon.
Composition chimique. Le karkadé est caractérisé par une forte teneur en acides
organiques (15-30 %) : acides citrique, malique, tartrique, lactone de l'acide hydroxy-
citrique. Elle contient aussi des polysaccharides hétérogènes acides (un rhamno-
galacturonane de type pectique et un arabinogalactane neutre) et de nombreux
composés phénoliques : acide protocatéchique, flavonoïdes (O-glucosides de la
gossypétine), anthocyanosides (delphinidol-3-sambubioside, cyanidol-3-sambubioside
et autres glycosides de ces génines). On note aussi la présence de composés volatils
(notamment des hexénols et de l'a-terpinéol dans le calice et le calicule frais).
La plante, la pulpe. Le tamarin est un grand arbre originaire d'Afrique, au bois dur,
cultivé dans diverses régions tropicales du globe (Inde, Antilles), au feuillage persistant
de feuilles paripennées et aux grappes de fleurs jaunâtres. Le fruit, une gousse
indéhiscente à mésocarpe charnu, peut atteindre 20 cm de longueur et renferme, dans
une pulpe charnue, de 4 à 12 graines irrégulières, dures, comprimées.
La pulpe a une couleur brun rougeâtre et une consistance pâteuse. Elle est souvent
entremêlée de fortes fibres et contient fréquemment des graines dures, luisantes (12 x 6
mm). L'odeur est aromatique, la saveur acidulée.
28 GLUCIDES
La pulpe ne renferme pas plus de 25 % de graines. L'acide tartrique est dosé par
chromatographie liquide après extraction par une solution diluée d'acide phosphorique.
6. CYCLITOLS
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Oligosaccharides
1. Introduction .................................................................................................................... 31
2. Disaccharides .................................................................................................................32
saccharose, plantes à saccharose .......................................................................... .32
betterave ............................................................................................. 33
canne à sucre ...................................................................................... 34
3. Dérivés des disaccharides, maltitol, isomalt.. ................................................................ 35
4. Oligosaccharides ............................................................................................................ 35
5. Cyc10dextrines ............................................................................................................... 37
6. Bibliographie ............................................................................................................... .37
1 . INTRODUCTION
2. DISACCHARIDES
Selon le type de liaison osidique, on distingue les disaccharides non réducteurs (la
liaison se fait entre les fonctions réductrices de chaque ose) et les disaccharides
réducteurs (la liaison implique la fonction réductrice d'un seul ose).
Un seul disaccharide non réducteur a une importance industrielle: le saccharose. Le
tréhalose [= a-D-glucopyranosyl-( 1-> 1')-a-D-glucopyranoside], disaccharide non
réducteur caractéristique des Champignons et autres organismes non photo-
synthétiques n'est pas utilisé.
Si l'on peut détecter de nombreux disaccharides réducteurs dans les végétaux, c'est
toujours en très faible quantité : ce sont en fait des produits de dégradation
d'oligomères, de polymères ou d'hétérosides : le maltose [a-D-glucopyranosyl-(l->4)-
D-glucopyranoside] et le cellobiose [~-D-glucopyranosyl-(l->4)-D-glucopyranoside]
sont issus de la dégradation respective de l'amidon et de la cellulose.
Les autres disaccharides parfois caractérisés sont normalement des éléments
constitutifs de combinaisons hétérosidiques, en particulier celles construites autour
d'une génine phénolique (voir tableau ci-dessous, voir aussi: flavonoïdes).
O-~-D-Glcp-(1->4)-D-Glcp cellobiose
O-a-D-Glcp-(l->4)-D-Glcp maltose
O-~-D-Glcp-(l-> 2)-D-Glcp sophorose
O-~-D-Glcp-(l->3)-D-Glcp laminaribiose
O-~-D-Glcp-(l->6)-D-Glcp gentiobiose
O-~-D-Galp-(l->4)-D-Glcp lactose
O-a-L-Rhap-(l- > 2)- D-Glcp néohespéridose
O-a-L-Rhap-(l->3)-D-Glcp rungiose
O-a-L-Rhap-(l->6)-D-Glcp rutinose
O-~-D-Glcp-(l-> 3)-a-L-Rhap scillabiose
O-~-D-Xylp-(l-> 2)-D-Glcp sambubiose
O-~-D-Xylp-(l-> 2)-D-Galp lathyrose
O-~-D-Xylp-(l->6)-D-Glcp primevérose
~
OH OHO
~
OHO
HO
HO
~oOH
HO 0
HO OH HO o
o HO OH
o
OH OH
a-maltose saccharose
Le saccharose officinal (Ph. eur., 6" éd. - 6.3, [01/2009:0204]) doit satisfaire à des
essais très proches de ceux prescrits pour le glucose. Il est utilisé comme excipient des
tablettes et autres formes pour la voie orale et pour la fabrication des sirops
(concentration minimale de 45 % m/m). L'industrie pharmaceutique emploie un
saccharose modifié physiquement avec ou sans adjonction de maltodextrines pour le
rendre directement compressible. Elle a également fréquemment recours au sirop
simple (Pharmacopée) obtenu par dissolution à chaud de 650 g de saccharose dans
1 litre d'eau purifiée et éventuellement additionnée d'agents antimicrobiens
(d = 1,31-1,33, indice de réfraction = 1,449-1,458).
Le saccharose est le constituant majoritaire (jusqu'à 92 %) des sphères de sucre
(Ph. eur., 6" éd. 6.3, [01/2009:1570]). Il permet de préparer, par transestérification sur
les esters méthyliques des acides stéarique et palmitique d'origine végétale, le stéarate
ct le monopalmitate et de saccharose (Ph. eur., 6" éd. - 6.1, [04/2008:2318-2319]) .
La plante, bisannuelle, est cultivée comme annuelle: le recours à des variétés à fort
besoin de vernalisation permet d'éviter la floraison et, de ce fait, la racine se développe
davantage. Cette racine contient environ 77 % d'eau et 16-17 % de saccharose. Pro-
duction mondiale (2006) : 256 millions de tonnes; cinq pays en produisaient cette
même année plus de 20 millions de tonnes chacun (France, Allemagne, États-Unis
d'Amérique, Russie, Ukraine), quatre plus de 10 millions de tonnes (Chine, Turquie,
Italie, Pologne) et trois plus de 5 millions (Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas).
34 GLUCIDES
4. OLiGOSACCHARIDES
Les oligosaccharides supérieurs (de trois à dix oses) représentent des formes de
réserve spécifiques d'espèces ou de groupes végétaux restreints, ce qui explique leur
intérêt pour le chimiotaxonomiste. Certains sont également impliqués dans la formation
d'hétérosides (trisaccharides linéaires ou ramifiés des flavonoïdes, oligosaccharides des
saponosides, etc., voir, ci-dessous, l'exemple du gypsoside).
~1
0- a-L-Rha
~ 3~ _______
Les plus fréquents des oligosaccharides de réserve sont des dérivés galactosylés du
saccharose, non réducteurs. Comme d'autres formes de réserve, ils sont surtout stockés
dans des graines et dans des organes souterrains. S'ils sont parfois présents dans des
36 GLUCIDES
isomélibiose
melibiose ( ---------~~--------\
o
H~:O~
HO saccharose
HO \~----O
HOH2~O0 HOH2~O0
HO HO
CH 2 0H CH 20H
OH OH
raffinose umbelliférose
a-D-Galp-(1->6)-a·D·GIcp-(1 <->2)-~·D·Fruf a-D-Galp-(1->2)-a-D-GIcp-(1 <->2)-~-D·Fruf
+ a·D-Galp-(1->6) : stachyose
+ a·D-Galp-(1->6) : verbascose
+ a-D-Galp-(1->6) : ajugose Exemples d'oligosaccharides
OLIGOSACCHARIDES 37
5. CYCLODEXTRINES
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Polysaccharides
Il est hors de question, dans ce court chapitre introductif, de détailler la structure, les
propriétés, les fonctions ou les méthodes d'étude des polysaccharides: ce n'est pas
l'objet de la pharmacognosie. Il semble toutefois utile de souligner ici quelques
données de base que le lecteur complétera utilement en se reportant aux traités de
biochimie et aux ouvrages et publications spécialisés.
Les polysaccharides (ou polyosides, ou glycanes) sont arbitrairement définis
comme des polymères de haut poids moléculaire résultant de la condensation d'un
grand nombre de molécules d'oses. Chaque ose est lié à son voisin par l'intermédiaire
d'une liaison osidique formée par élimination d'une molécule d'eau entre l'hydroxyle
hémiacétalique en C-l d'un ose et l'un quelconque des hydroxyles de l'autre molécule
llsidique.
Molécules naturelles, les polysaccharides ont une distribution quasi universelle et ils
assurent, chez les êtres vivants, un grand nombre de fonctions vitales dont certaines
sont, au demeurant, fort mal connues. Responsables de la rigidité des parois cellulaires
des végétaux supérieurs (ou a contrario de la souplesse des thalles des Algues), forme
de stockage de l'énergie (amidon et autres polysaccharides des végétaux, mais aussi
glycogène des animaux), protecteurs des tissus contre la déshydratation du fait de leur
40 GLUCIDES
pouvoir hydrophile, ce sont parfois des substances élaborées par un organisme pour
assurer sa défense (ex. : paroi des micro-organismes).
Beaucoup de polysaccharides sont caractérisés par leur aptitude à former des gels,
c'est-à-dire des réseaux macromoléculaires tridimensionnels solides retenant entre leurs
mailles la phase liquide. La gélification c'est, en quelque sorte, le passage du désordre
(une solution vraie) à un certain ordre créé par l'association partielle de chaînes ou de
segments de chaînes entre eux. Plus les chaînes ou segments de chaînes s'associent,
plus la rigidité du gel augmente: la synérèse partielle (rétractation du gel) peut se
produire. Si l'organisation devient trop importante la structure est proche de celle d'un
précipité. La réversibilité de la gélification implique que les liaisons inter-polymères
soient faibles (liaisons hydrogène, liaisons de coordinence); le corollaire de cette
POLYSACCHARIDES 41
faiblesse des liaisons est qu'il est nécessaire qu'elles puissent s'établir en nombre
suffisant, d'où l'influence déterminante de la structure du polymère sur l'aptitude à la
gélification:
- les homopolymères réguliers forment des zones de jonctions très étendues,
l'organisation de la structure est importante, on peut plutôt parler de précipitation;
- les polymères hétérogènes et dépourvus de séquences régulières sont
dispersés dans le solvant, ils forment des solutions visqueuses;
- les polymères à séquences régulières interrompues par des motifs irréguliers
peuvent former des zones de jonction ponctuelles et conduire à des gels élastiques.
Les zones de jonction peuvent mettre en jeu des structures hélicoïdales (ex. :
agarose, carraghénanes) ou des entassements de chaînes (ex. : pectines, alginates,
voir ci-dessous).
purification est suivie par des déterminations physiques et chimiques: activité optique,
masse moléculaire, composition élémentaire, électrophorèse, etc.
4. MONOGRAPHIES
5. BIBLIOGRAPHIE
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Weinheim.
polysaccharides
des végétaux inférieurs
Polysaccharides
des Bactéries et des
Champignons
À. ce jour, les polymères osidiques utilisés par l'Homme sont, en majorité, issus de
végétaux supérieurs ou hémisynthétisés à partir de polymères naturels; pour nombre
d'entre eux, ils sont connus et employés depuis plusieurs siècles. Leur origine végétale
Il' est pas sans inconvénients : irrégularité de l'approvisionnement en cas de conditions
climatiques inhabituelles et donc fluctuation des prix, qualité inégale et, parfois,
manque de reproductibilité des propriétés physiques consécutif à la variabilité inhérente
au matériau vivant.
Les polymères élaborés par un procédé biotechnologique peuvent pallier ces
inconvénients: ils sont produits dans des conditions contrôlées, avec une constance de
qualité et de propriétés remarquable.
Si, dans l'immédiat, le nombre de polysaccharides produits par des micro-
organismes et autorisés à la vente est restreint, il pourrait, si l'on en juge par le nombre
de produits publiés et en cours d'étude, croître dans l'avenir.
Les dextranes sont des polymères du glucose, des glucanes formés de résidus a,-D-
glucopyranosylliés 1-> 6. Molécules plus ou moins ramifiées et de masse moléculaire
importante (40-50 x 106), les dextranes sont élaborés par une enzyme exocellulaire de
44 GLUCIDES
brûlures étendues et, associé au sorbitol, proposé contre l'œdème initial des infarctus
cérébraux graves. Des réactions assez rares d'hypersensibilité étant toujours possibles,
la perfusion sera très lente au début. Il est préférable, pour prévenir ou atténuer
l'éventuelle réaction anaphylactique déclenchée par le dextran de masse moléculaire
élevée, d'injecter préalablement (par voie IV) un dextran de très faible masse
Illoléculaire (dextran 1000) qui bloque les sites des anticorps, empêchant ainsi la
formation de complexes immuns et la réaction anaphylactique. Le dextran est
également utilisé pour la formulation de collyres indiqués dans le traitement
symptomatique de l'insuffisance lacrymale et pour améliorer le confort des porteurs de
lentilles cornéennes en maintenant un film lubrifiant sur la cornée.
Le sulfate de dextran entre dans la formulation d'associations anti-inflammatoires
proposées, entre autres, en traumatologie (entorses, luxations, contusions), phlébologie
(phlébites superficielles) et rhumatologie (tendinites, arthropathies des petites
articulations) .
Le dextranomère (DCI) est utilisé pour la détersion mécanique des plaies par
absorption des exsudats et des débris tissulaires: plaies suintantes surinfectées ou non,
notamment ulcères de jambe d'origine veineuse, escarres de décubitus.
• GOMME XANTHANE
Origine et obtention. Xanthomonas campes tris est une bactérie aérobie qui se
développe habituellement sur certaines espèces de Brassicaceae où, en utilisant le
substrat végétal, elle élabore un exsudat gommeux (un exopolysaccharide) : la gomme
xanthane.
Industriellement, on produit cette « gomme» en cultivant la bactérie sur des milieux
correctement tamponnés, aérés, agités et contenant des sucres (amidons, mélasses, etc.),
une source d'azote (hydrolysat de caséine, de levures, de protéines de soja) ainsi que
des sels minéraux. Quand la fermentation est terminée, le polymère est précipité par
addition d'isopropanol, filtré, séché et broyé. L'essai du produit officinal vise, entre
autres, à contrôler l'absence de solvants résiduels (CPG), celle d'autres polyosides
..
46 GLUCIDES
• LENTINANE
développera pas non plus les alginates, celluloses, héparine et acide hyaluronique
d'origine bactérienne.
L'emploi de la gomme gellane est envisageable comme gélifiant et texturant dans
les produits destinés à l'alimentation (E418). Le gel formé est stable, ses propriétés
peuvent un être modulées par acylation. Cette gomme est aussi utilisée en pharmaco-
technie et formulation cosmétique.
La gomme curdlane, soluble dans l'eau froide, forme un gel faible dont la fermeté
augmente par chauffage. Elle est utilisée dans plusieurs pays asiatiques pour modifier la
texture du tofu ou des produits à base de poisson.
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polysaccharides
des végétaux inférieurs
1. Introduction ............................................................................................................................49
2. Acide alginique, alginates ......................................................................................................51
3. Carraghénanes ....................................................................................................................... .57
4. Agar-agar ................................................................................................................................61
5. Autres polymères ...................................................................................................................63
6. Bibliographie ..........................................................................................................................64
1. INTRODUCTION
L'un des éléments caractéristiques des divers phylums qui regroupent les algues est de
comporter, à côté d'organismes unicellulaires, des organismes pluricellulaires formant
des thalles complexes, agglomérations de cellules souvent peu différenciées, souples,
dépourvues de lignine. Sauf rares exceptions, la matrice enserrant les cellules des
algues est glucidique et les polysaccharides qui la constituent sont des polymères
capables de former des gels: l'adaptation au milieu marin nécessite plus de flexibilité
que de rigidité, la gravité n'exerçant pas ses effets de la même façon sur celles-ci que
sur les végétaux terrestres.
Les trois grandes classes d'algues auxquelles appartiennent les espèces actuellement
utilisées ont chacune leurs polysaccharides caractéristiques: acide alginique et fucanes
des Phaeophyceae, galactanes sulfatés - carraghénanes et agar-agar - des
Rhodophyceae, polysaccharides complexes, souvent sulfatés, des Chlorophyceae.
D'autres polymères sont également présents chez les algues: cellulose des Chloro-
phyceae, mannanes (Codium, Acetabularia) , xylanes, hémicelluloses et matières
50 GLUCIDES
pectiques, etc. À côté de ces polysaccharides structuraux, les algues renferment aussi
des polysaccharides de réserve: amidon des algues vertes, amidon floridéen des algues
rouges,laminarane - c'est un ~-(l->3)-glucane - des algues brunes. Chez les
Phaeophyceae, les sucres simples dominants sont fréquemment des polyols: D-
mannitol, D-sorbitol.
L'utilisation des algues dans l'alimentation humaine est une pratique courante et
ancienne en Extrême-Orient: le nori (en feuilles ou en paillettes, préparé à partir de
Porphyra), le kombu (des Laminaria séchés) ou le wakame (Vndaria salés ou séchés)
font l'objet d'une très large consommation au Japon. Les algues sont très utilisées pour
la production d'hydrocolloïdes.
La production mondiale d'algues - toutes utilisations confondues - est en
augmentation constante, l'algoculture couvrant plus de 90 % de l'approvisionnement
du marché. En 2005, la production mondiale a été de 7,8 millions de tonnes pour les
algues brunes et de 4,8 millions de tonnes pour les algues rouges. Cette même année, la
Chine a assuré près de 90 % de la production mondiale d'algues brunes, loin devant les
Corées et le Japon. Chine, Philipines, Indonésie et Japon ont assuré l'essentiel du
marché des algues rouges (FAO). La production française d'algues demeure faible, en
particulier celle d'espèces à usage alimentaire.
La relative pauvreté en lipides des algues, leur forte teneur (30-50 %) en
polysaccharides non digestibles - on s'accorde généralement à leur reconnaître le
caractère de fibres alimentaires - , leur richesse en éléments minéraux (cations alcalins
et alcalino-terreux, iode, fer) et en vitamines suscitent un intérêt croissant dans les pays
occidentaux et la consommation, bien qu'encore marginale, augmente rapidement dans
plusieurs pays de l'Union Européenne. Dans le cas particulier de la France, une régle-
mentation normative a été mise en place en 1990 pour onze espèces d'algues qui sont
autorisées comme légumes occasionnels ou comme condiments : 1° algues brunes :
Fucus vesiculosus L., Ascophyllum nodosum (L.) Le Jolis, Himanthalia elongata (L.) S.
Gray, Vndaria pinnatifida (Harvey) Suringar; 2° algues vertes: différentes espèces des
genres Enteromorpha et Vlva (par exemple V.lactuca L.); 3° algues rouges: Porphyra
umbilicalis (L.) Kützing, Palmaria palmata (L.) Kuntze, Chondrus crispus Lingby;
4° spirulines. Les algues ainsi commercialisées doivent répondre à des critères toxico-
logiques: valeurs limites (poids sec) en iode (::;; 5 g/kg [::;; 6 g!kg pour les laminaires '])
et en métaux toxiques: arsenic::;; 3 mg/kg), cadmium (::;; 0,5 mg/kg), étain et plomb
(::;; 5 mg/kg), mercure (::;; 0,1 mg/kg). Lorsqu'elles sont sèches, elles doivent également
satisfaire à des critères microbiologiques (lg) : coliformes fécaux::;; 10, anaérobies
::;; 100, aérobies::;; 10 4 , Clostridium::;; l.
Le principal intérêt économique des algues est d'être une source importante de
polysaccharides aux propriétés épaississantes et gélifiantes: l'industrie mondiale des
1. La plupart des algues dont la consommation est autorisée ont une teneur en iode inférieure à 2
g/kg (poids sec). Les laminaires peuvent en contenir jusqu'à JO g/kg. La concentration de cet élément
est également importante dans les gracilaires (jusqu'à 8,5 g/kg).
l'()I ,YSACCHARIDES DES ALGUES 51
2. L'agriculture utilise encore de grandes quantités de maërl pour l'amendement des sols. Ce
produit est préparé à partir d'espèces d'algues rouges accumulant le carbonate de calcium telles que
f'hymatolithon calcareum (Pallas) Adey & McKibbin ou Lithothamnion corallioides P. Crouan & H.
('rouan (Corallinaceae) récoltées en Irlande. Par contre, l'utilisation directe du goémon ne concerne
plus que quelques zones littorales très délimitées.
52 GLUCIDES
Ces algues géantes (50 à 100 m) de l'océan Pacifique ont une lame divisée en
folioles unilatérales à base renflée en une vésicule creuse qui assure la flottaison en
surface; la division de la lame se poursuit dans le stipe, donnant à celui-ci un aspect
ramifié. Les macrocystis sont particulièrement abondants sur les côtes californiennes,
où des dizaines de milliers de tonnes (humides) sont récoltées annuellement, ainsi que
dans les mers australes .
'I.(lI1e de balancement des marées. Accrochées aux rochers par des disques adhésifs, elles
forment des touffes de lanières rubanées, membraneuses, dichotomes. Chez le varech
vésiculeux (F. vesiculosus), espèce dioïque, spermatocystes ou oogones sont regroupés
dans des conceptacles terminaux et l'on remarque, de part et d'autre de la pseudo-
nervure médiane, la présence d'aérocystes isolés ou groupés par paires, à paroi épaisse.
Le varech se présente en fragments de couleur brun-noir à brun-vert parfois
recouverts d'efflorescences blanchâtres, de consistance cornée, de saveur salée, d'odeur
Illarine caractéristique. Le thalle est une lame ramifiée par dichotomie présentant, chez
les Fucus, une côte médiane appelée pseudo-nervure. Fucus serra tus est dépourvu des
vésicules aérifères qui, chez F. vesiculosus ornent, isolément ou par paires, le thalle. Le
thalle d'Ascophyllum nodosum ne possède pas de pseudo-nervure; il est irrégulièrement
ramifié et présente des vésicules aérifères isolées. L'examen microscopique de la
poudre de fucus (hydrate de chloral) montre notamment des fragments de tissu profond
il cellules allongées, incolores, disposées en filaments et laissant entre elles de vastes
Illéats mucilagineux.
Comme toutes les algues, le varech peut concentrer les métalloïdes et les métaux
lourds, d'où un risque de toxicité. Les spécifications de la Pharmacopée en tiennent
L:ompte et précisant des teneurs limites en arsenic (:5 90 ppm), cadmium (:5 4 ppm),
plomb (:5 5 ppm) et mercure (:5 0,1 ppm) (dosage par spectrométrie d'absorption
atomique). L'indice de gonflement du varech est au moins de 6.
Propriétés. L'acide alginique gonfle dans l'eau mais ne s'y dissous pas, il est
pratiquement insoluble dans l'alcool. Les alginates de cations monovalents et de
magnésium se dissolvent dans l'eau en formant des solutions colloïdales visqueuses à
comportement pseudo-plastique et ce pour de faibles concentrations. L'addition
progressive de cations divalents (calcium) provoque la formation d'un gel élastique,
non thermoréversible : les segments guluroniques à conformation plissée retiennent par
coordination les ions calcium, en coopération avec une chaîne parallèle. Cet
enchaînement régulier de type egg box se reproduit périodiquement: il se forme un
réseau tridimensionnel à zones organisées reliées par les segments poly-M ou poly (M-
G). La structure du polymère est donc l'élément déterminant du comportement
rhéologique des gels d'acide alginique: la proportion des blocs poly-G et leur longueur
conditionnent la formation et la force des gels obtenus en présence de calcium 3.
Dans la pratique, c'est en jouant sur la concentration du milieu en ions calcium que
l'on module la texture et la qualité des gels (utilisation de sels de calcium de solubilité
variable, addition d'agents séquestrants). Les alginates présentent peu d'incompati-
bilités (ammoniums quaternaires, ions métalliques).
3. On peut d'ailleurs remarquer que, in vivo, les tissus les plus anciens et les plus résistants sont
les plus riches en acide L-guluronique.
POL YSACCHARIDES DES ALGUES 55
Essai. L'identité de l'acide alginique est démontrée par la capacité d'une solution
d'alginate de sodium à rester visqueuse (addition de sulfate de magnésium) ou à former
un gel (addition de chlorure de calcium). On note aussi la réaction colorée qui se déve-
loppe après traitement par le 1 ,3-dihydroxynaphtalène en milieu chlorhydrique et à
chaud. L'essai proprement dit comprend un dosage des chlorures « 1 %), l'estimation
de la perte à la dessiccation « 15 %) et du taux de cendres sulfuriques « 8 %), ainsi
que la vérification que le produit satisfait à l'essai limite F des métaux lourds (20 ppm).
La teneur en groupes carboxyle est déterminée par une acidimétrie en retour. L'acide
alginique est exempt d'Escherichia coli et de salmonelles. Le nombre de germes
aérobies totaux (DOAT) n'est pas supérieur à 10 2 UFC/g. Pour certains usages, on peut
procéder à l'analyse de la distribution de la taille des particules.
en pharmacie
• Les alginates et l'acide alginique sont utilisés en pathologie digestive. Ils sont en
règle générale associés à de l'hydrogénocarbonate de sodium et à de l'hydroxyde
d'aluminium et pris après les repas. L'acidité gastrique libère l'acide alginique et
provoque un dégagement de dioxyde de carbone à partir de l'hydrogénocarbonate : il se
l'orme un gel visqueux et mousseux qui constitue une barrière flottante au-dessus du
contenu gastrique. En cas de reflux, celui-ci est limité et le gel protégerait la muqueuse
œsophagienne de l'agressivité du liquide gastrique. Ces polysaccharides sont donc
incorporés dans des préparations destinées au traitement symptomatique des troubles
1iés à l'acidité pathogène: reflux gastro-œsophagien, hernie hiatale, pyrosis,
œsophagite. L'alginate de sodium est parfois proposé comme adjuvant des régimes
restrictifs au cours des traitements de l'obésité.
• L'alginate de calcium est utilisé sous forme de compresses pour recouvrir les
plaies per et post-chirurgicales et les plaies chroniques, pour traiter les plaies avec
saignements et suintements hémorragiques, pour déterger des plaies aiguës et
chroniques présentant une perte de substance (plaies du diabétique, brûlures, escarres,
ulcères veineux, etc.). L'alginate est également commercialisé sous forme de ouate
anti-hémorragique, employée de façon très courante en cas de suintements
hémorragiques en nappe, d'éraflures, d'épistaxis, de petites coupures, ainsi qu'en
stomatologie .
• En pharmacotechnie, les alginates sont recherchés pour leurs propriétés
épaississantes, liantes (stabilisation des émulsions, des suspensions) et désintégrantes
(formulation des comprimés). Ils sont également utilisés pour des formulations retard
(comprimés à matrice hydrophile) et résistantes (gélules entériques), ainsi que pour
56 GLUCIDES
autres utilisations
Acide alginique et alginates sont reconnus comme étant dépourvus de toxicité à
court et long terme et donc autorisés comme additifs alimentaires: acide alginique
(&00), alginates: Na (&01), K (&02), NH4 (&03), Ca (&04), propylène glycol (&05).
L'industrie agroalimentaire les emploie comme gélifiant, épaississant, émulsifiant et
comme rétenteur d'eau (laits gélifiés, glaces, sorbets, boissons, produits de boulangerie,
marmelades, sauces et émulsions diverses, aliments extrudés, etc.). L'industrie textile
est également un gros consommateur d'alginates (épaississant des teintures). Une part
importante du marché des additifs revient aux alginates de propylèneglycol.
3. CARRAGHÉNANES
Les carraghénanes, souvent dénommés carraghénates, sont « obtenus à partir de
diverses algues Rhodophyceae, familles des Gigartinaceae, Solieriaceae, Hypneaceae
et Furcellariaceae, après traitement par de l'eau chaude et précipitation au moyen
d'éthanol, de méthanol, de propanol-2 ou de chlorure de potassium [ ... ] ils contien-
nent au minimum 15 % et au maximum 40 % de soufre, exprimés en sulfates» (Ph.
!:-;c, 10' éd.).
Cette algue, également connue sous le nom de mousse d'Irlande, est une espèce de
petite taille, à cladomes multiaxiaux ramifiés. Elle vit fixée sur les rochers des côtes de
l'océan Atlantique et de la Manche où elle peut être récoltée manuellement. Cette
espèce est également cultivable en bassins.
Les unités A et B sont toujours sulfatées: en C-2 ou en C-4 pour l'unité A, en C-2
ct/ou en C- 6 pour l'unité B. L'unité B peut être le D-galactose ou son éther interne: le
3,6-anhydro-D-galactose. On distingue classiquement sept types de carraghénanes en
fonction de la nature des enchaînements. La structure de ces unités répétitives (l, K, 'A,
~l, V, 8 et ç) est résumée dans le tableau de la page 59.
La variabilité structurale est liée à l'espèce productrice et à de nombreux facteurs
tels que - du moins chez Chondrus crispus - l'alternance des générations:
• l'éthérification interne des unités B (3,6-anhydro-D-galactose) et la formation
t!'hémiesters sulfuriques sur les hydroxyles en C-4 des unités A sont spécifiques du
gamétophyte haploïde;
Chondrus crispus Lingby et Gigartina sp.
l'OL YSACCHARIDES DES ALGUES 59
03SbO0H
_-0 0
Jiy_ ~O 0--
. OH
OH
K-carraghénane À-carraghénane
Propriétés des carraghénanes. La capacité à former des gels et les propriétés des
gels obtenus dépendent de la structure du carraghénane .
• Les K- et l-carraghénanes se dissolvent aisément dans l'eau chaude: la chaîne
macromoléculaire se répartit statistiquement dans l'espace (pelote statistique). À
température normale, les portions régulières des molécules s'associent en doubles
hélices stabilisées par des liaisons interchaînes de faible énergie: il se forme un gel
thermoréversible. L'existence d'irrégularités dans le polymère crée des coudes qui
obligent chaque chaîne à s'associer avec plusieurs chaînes voisines en un réseau
tridimensionnel responsable de la cohérence du gel. Dans le cas des l-carraghénanes,
les groupes sulfate situés sur l'extérieur de la double hélice empêchent, par répulsion
électrostatique, l'association des doubles hélices entre elles: le gel est élastique et ne se
rétracte pas. Les K-carraghénanes pour leur part forment des doubles hélices qui, du fait
60 GLUCIDES
HL (H ~O
HO~OH
OH
R = 80 3- : a-D-galactose-2,6-disulfate
4. AGAR-AGAR (GÉLOSE)
Sources d'agar-agar. Comme les carraghénanes, l'agar-agar est extrait à partir des
thalles de diverses Rhodophyceae, surtout des Floridées. Parmi les nombreuses espèces
qui sont utilisables on peut citer les Gelidium, algues des mers tempérées et chaudes
dont les frondes ont une ramification pennée (G. corneum [Hudson] Lamouroux,
G. amansii Lamouroux). On peut citer aussi divers Gracilaria (G. confervoides
62 GLUCIDES
Greville des côtes de l'Atlantique nord, G.lichenoides Agardh de Java) ainsi que
quelques espèces appartenant aux genres Gelidiella ou Pterocladia.
Toutes ces algues sont de petite taille et vivent fixées sur les rochers. La production
d'agar-agar, initialement japonaise, est maintenant le fait de nombreux pays: Corée,
Espagne, Portugal, Maroc, Chili, Mexique, États-Unis d'Amérique, Australie,
Nouvelle-Zélande, etc.
Les algues, récoltées à partir de leurs gîtes naturels ou cultivées sur des supports
artificiels, sont traditionnellement séchées au soleil avant traitement. Lavées à l'eau
douce, elles sont ensuite extraites avec de l'eau chaude. Après filtration et élimination
des marcs, la majeure partie de l'eau du surnageant est éliminée par une congélation qui
provoque une séparation de phases. In fine , le produit est lavé, décoloré, séché et broyé.
enchaÎnement: enchaÎnement:
---( 1->3)-p-Dgal-(1->4)-a-D-gal--- ---( 1->3)-p-Dgal-( 1->4)-a-L-gal---
(carraghénanes) (agar-agar)
5. AUTRES POLYMÈRES
Furcellarane
Ce polymère dont la structure est proche de celle des K-carraghénanes est isolé de
Fllrcellariafastigiata (L.) Lamouroux, petite algue rouge abondante dans les mers
l'roides (Danemark, Suède). Les propriétés rhéologiques de ses solutions conduisent à
l'utiliser dans l'alimentation animale. Il est parfois préconisé par les phytothérapeutes
(agar danois).
Fucanes
6. BIBLIOGRAPHIE
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polysaccharides
des végétaux supérieurs
Polysaccharides homogènes
1. Amidon ...................................................................................................................................68
A. Principales sources d'amidon ..................................................................................68
céréales productrices d'amidons ...............................................................68
amidons de tubercules et de rhizomes .....................................................72
amidons de graines ...................................................................................74
caractères et essais des amidons ...............................................................74
B. Obtention de l'amidon .............................................................................................75
C. Structure et composition: amylose et amylopectine ..............................................76
D. Propriétés de l'amidon .............................................................................................77
E. Amidons modifiés ....................................................................................................78
F. Emplois des amidons ...............................................................................................79
2. Cellulose .................................................................................................................................79
A. Sources et structure ..................................................................................................79
B . Cotonniers et cotons ................................................................................................81
C. Cellulose et dérivés hémisynthétiques .................................................................... 83
D. Autres plantes à fibres cellulosiques ....................................................................... 84
3. Fibres alimentaires .................................................................................................................84
A. Définition .................................................................................................................84
B. Principaux constituants des fibres alimentaires d'origine pariétale ....................... 85
C. Sources de fibres alimentaires ................................................................................. 86
D. Effets biologiques des fibres alimentaires .............................................................. 87
E. Détermination des fibres alimentaires .....................................................................92
F. Emplois des fibres alimentaires ...............................................................................92
4. Fructanes - Inuline .................................................................................................................93
plantes à inuline (95), autres fructanes .........................................................................96
5. Bibliographie ..........................................................................................................................97
68 GLUCIDES
Parmi les polysaccharides homogènes (on dit aussi homoglycanes), seuls les glucanes
(amidon et cellulose) et les fructanes seront envisagés ici. L'étude des fibres
alimentaires ne sera pas dissociée de celle de la cellulose: certes, la composition de ces
fibres est complexe, mais la cellulose en est le plus souvent l'élément prépondérant.
1. AMIDON
Substance de réserve principale des végétaux, l'amidon est une source énergétique
indispensable à l'alimentation de l'Homme et de nombre d'animaux. Présent dans tous
les organes végétaux, il se concentre préférentiellement:
• dans les graines de céréales (avoine, blé, maïs, orge, riz, seigle, sorgho) et de
légumineuses (féverole, pois, pois chiche, fève, lentille) ou autres (châtaigne);
• dans des fruits: fruit de l'arbre à pain (Artocarpus communis Forst., Moraceae),
banane plantain (Musa x paradisiaca L., Musaceae);
• dans les parties souterraines - on parle alors préférentiellement de fécule - de
diverses espèces: racines tubérisées de la pomme de terre, du manioc ou des ignames,
rhizomes des taros;
• voire dans la mœlle comme c'est le cas pour le sagou, préparé à partir du stipe
d'un palmier, Metroxylon sagu Rottb. (= M. rumphii Martius).
Avec une production mondiale estimée en 1987 à 22,5 millions de tonnes, l'amidon
est un produit de la grande industrie aux applications multiples: la même année, 58 %
(soit 280 000 tonnes) de la consommation française ont été utilisés pour des usages non
alimentaires (textile, papier, carton), la pharmacie et la chimie en consommant 63 000
tonnes.
Céréales. Les Poaceae (on dit encore souvent Graminées) sont des plantes
généralement herbacées, rarement ligneuses, annuelles ou vivaces. Les axes sont
simples, creux (chaumes) et portent des feuilles distiques engainantes à limbe
parallélinerve. Les inflorescences sont complexes, en panicules ou épis d'épillets. La
fleur est réduite à trois étamines et à un gynécée pseudo-monomère.
Le fruit des Poaceae (Bambusoideae exclues) est un caryopse, c'est-à-dire un akène
chez lequel le tégument séminal est soudé au péricarpe; l'embryon est petit, basilaire et
l'()I,YSACCHARIDES HOMOGÈNES 69
('xtérieur par rapport à l'albumen. De dimensions variables selon les espèces, ce fruit
pcut être nu ou entouré par les glumelles adhérentes ou soudées (orge, avoine). La
coupe transversale d'un caryopse montre, de l'extérieur vers l'intérieur :
- un péricarpe à cellules scléreuses qui se vident au cours de la maturation;
- un endocarpe à cellules transverses et à cellules tubulaires;
- un tégument séminal mince recouvrant une couche de cellules riches en
1ipides et en aleurone;
- un albumen à grandes cellules amylacées.
• BLÉS, (Triticum sp.), RIZ (Oryza sp.), MAÏS (Zea mais L.)
Ces plantes de grande culture intéressent la pharmacie pour leur amidon, pour leur
fraction lipidique (huile de germes de blé raffinée ou vierge [Ph. eur., 6c éd.], cf. p.
163), pour leurs fibres (son de blé) ou leur teneur en fibres (riz brun), pour le gluten ou la
zéine (enrobage de comprimés), pour leurs styles (maïs) 1, pour l'insaponifiable de
l'huile de maïs (proposé, sans preuve clinique pertinente, dans le traitement des
parodontopathies, cf. p. 164), pour les produits de transformation de l'amidon: dextrines,
sucres, polyols et pour les sous-produits, matières premières pour les fermentations ou
1. Le style de maïs est constitué par le style séché (Ph. fse, 10' éd.). Il contient au minimum 1,5 %
de potassium déterminé par photométrie de flamme sur la fraction hydrosoluble du résidu d'incinération.
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (I998) admet qu'i! est possible de
revendiquer, pour le style de maïs, les indications thérapeutiques suivantes (voie orale) : tradition-
nellement utilisé 1° pour faciliter les fonctions d'élimination urinaire et digestive: 2° comme adjuvant
des régimes amaigrissants: 3° pourfavoriser l'élimination rénale d'eau. Si le phytomédicament à base
de style de maïs est une poudre, le dossier « abrégé » d'AMM doit comporter une étude toxicologique
allégée. Aucune évaluation toxicologique n'est demandée dans les autres cas (styles pour tisane, extrait
aqueux et extraits hydro-alcooliques quel qu'en soit le titre). Le style de maïs ne fait pas l'objet d'une
monographie de la Commission E du BfArM allemand.
70 GLUCIDES
germes
1
broyage
grossier
l
concentration
t
pression t
broyage fin 1 EXTRAIT 1
alimenta ion,
margarin rie,-_ _ _----,
1 HUILE
h
centrifugation drèches
alimentation
animale,
fermentations
enrobages,
industries diverses
CORN GLUTEN
1 TOURTEAUX 1
amidons modifiés,
FEED·
malta-dextrines,
glucose, acides,
solvants, édulcorants, etc.
l'()I ,YSACCHARIDES HOMOGÈNES 71
Autres céréales
avant la floraison, fraîches ou sèches, sont utilisables sur la seule base d'un usage de
longue date pour favoriser le sommeil et en cas de symptômes modérés de stress.
Posologie quotidienne: 3 g, en infusion, ou extrait liquide aqueux ou alcoolique (1 :4-
6),5 à 15 ml; adultes et adolescents de plus de 12 ans, non recommandé chez la femme
enceinte ou allaitante (réf. EMEAIHMPC/202966/2007, 4 septembre 2008) .
C'est sans doute la première céréale à avoir été mise en culture (7 000 av. J.-C.), au
Moyen-Orient. En dehors de sa valeur biologique et de son importance dans l'industrie
agroalimentaire, l'orge a quelques emplois en pharmacie.
l. La diastase de l'orge germée (Ph. fse, 10' éd.) est constituée par les amylases
obtenues par macération aqueuse à partir de l'orge germée. Elle contient au minimum 1
unité amylasique par mg, c'est-à-dire qu'elle possède une activité enzymatique qui,
dans des conditions définies, libère par hydrolyse d'un substrat d'amidon soluble une
micromole de résidu glucidique réducteur par minute.
2. Le malt. Cette préparation est obtenue par germination des graines en milieu
humide. Après quelques jours, les grains germés sont desséchés, débarrassés de leurs
radicelles (les touraillons) et moulus. Le malt est un aliment très assimilable car la
germination a entraîné une hydrolyse de l'amidon en dextrine et maltose et celle des
protéines en polypeptides et acides aminés. De plus, il est riche en amylase. Le malt est
utilisé en diététique infantile (laits et farines) et chez les insuffisants digestifs.
3. L'hordénine ou N,N-diméthyltyramine. Présente dans les touraillons, c'est un
sympathomimétique faible dont l'action s'exerce principalement au niveau intestinal.
Elle a été utilisée dans le traitement symptomatique des diarrhées de l'adulte et de
l'enfant. Même légers, les effets sympathomimétiques doivent inciter à utiliser prudem-
ment ce composé chez les hypertendus et en cas de traitement par les IMAO.
(plusieurs dizaines de kg) sont très riches en amidon: 25-30 % du tubercule frais (80-
l)() % de la matière sèche). Ils sont consommés bouillis, entiers ou écrasés; séchés, ils
peuvent être transformés en farine ou en flocons. En 2007, plus de 95 % des 52 millions
de tonnes produites dans le monde l'étaient en Afrique (Nigeria, Ghana, Côte d'Ivoire,
Bénin, Ghana, Togo, Éthiopie, Cameroun, etc.). Sur les dioscorées, voir p. 823 et 863 .
• Dans certains cas ce ne sont pas des tubercules mais des rhizomes qui sont
recherchés pour leur valeur alimentaire: les taros, particulièrement riches en amidon,
sont les rhizomes de diverses Araceae tropicales appartenant aux genres Colocasia (c.
esculenta [L.] Schott = taro), Xanthosoma (X. sagittifolium [L.] Schott = tannia),
Cyrtosperma, Alocasia et Amorphophallus. Ils représentent une part importante de
l'alimentation humaine dans les îles et sur le pourtour de l'océan Pacifique, ainsi que
dans certains pays africains (production mondiale en 2007 = Il,9 millions de tonnes :
Nigeria, Ghana, Chine, Cameroun, Côte d'Ivoire, Papouasie-Nouvelle-Guinée, etc.).
Les glucides de ces rhizomes - leur teneur varie de 15 à 30 % du tubercule frais -
sont constitués, à 80 %, par de l'amidon. La présence de raphides d'oxalate de calcium
et/ou de protéines toxiques rend nécessaire une cuisson préalable.
74 GLUCIDES
Amidons de graines
Caractères. Les amidons sont des poudres très fines, blanches (mais l'amidon de
maïs peut être faiblement jaunâtre), insolubles dans l'eau, crissant sous la pression des
doigts. Leur différenciation passe par un examen microscopique attentif dans un
IlIélange, à parties égales, d'eau et de glycérol : grains de taille variable (2-60 !lm) à hile
l't stries très peu visibles de l'amidon de blé; grains anguleux (2-23 !lm) ou arrondis
(25-35 !lm) à hile central et sans stries concentriques de l'amidon de maïs; gros grains
ovoïdes (30-100 !lm) à hile excentrique et stries concentriques de l'amidon de pomme
de terre; petits grains polyédriques (2-5 !lm, fréquemment associés) à hile central et
sans stries concentriques de l'amidon de riz, En lumière polarisée, tous les amidons
présentent une croix noire centrée sur le hile. Dans le cas de l'amidon prégélatinisé, on
remarque la présence de paillettes ou de grains très irréguliers, translucides.
Essai. Identifiés par la morphologie des grains, par leur capacité à former des
empois et à se colorer en bleu en présence d'iode, les amidons doivent satisfaire à
divers essais: acidité; éléments étrangers; perte à la dessiccation (céréales, < 15 %;
pois, < 16 %; pomme de terre, < 20 %); cendres sulfuriques (blé, maïs, pois, pomme de
terre < 0,6 %; riz, < 1 %). Entre des plaques ou prismes polarisants orientés orthogo-
nalement, les grains des amidons (sauf l'amidon prégélatinisé) présentent distinctement
le phénomène de la croix noire. Dans tous les cas l'amidon doit être exempt
d'Escherichia coli et de salmonelles. Le nombre de germes aérobies totaux (DGAT) est
< 10 3 UFC/g et le nombre total de moisissures et levures (DMLT) < 10 2 UFC/g. Les
amidons satisfont à l'essai limite du fer (10 ppm; pois < 50 ppm), ne contiennent ni
plus de 20 ppm de substances oxydantes ni plus de 50 ppm de dioxyde de soufre.
L'amidon de blé a une tenur en protéines totales < 0,3 %.
B. Obtention de l'amidon
L'amidon est extrait, pour l'essentiel, du grain de maïs et des tubercules de pommes
de terre et, dans une moindre mesure, du blé et du manioc.
L'amidon de maïs est préparé de la façon suivante (voie humide) : après élimination
des impuretés (rafles, débris divers) par criblage et ventilation, les grains sont amollis
par un trempage de 30 à 48 heures dans de l'eau portée à 50 oC et additionnée de
dioxyde de soufre. L'eau de trempe, chargée en protéines, en sucres solubles, en acide
lactique, en vitamines et en éléments minéraux, est récupérée: elle servira d'élément de
base dans la composition des milieux de culture destinés aux fermentations industrielles
comme, par exemple, la production d'antibiotiques par des microorganismes (corn
steep liquor). L'excédent, mélangé aux drèches, est écoulé sur le marché des aliments
pour bétail (corn glutenfeed).
Un broyage grossier en milieu aqueux des grains amollis permet d'éliminer, par
différence de densité, les germes, source d'une huile qui n'est pas dépourvue d'intérêt
diététique. Le mélange pâteux résiduel, constitué de fragments de grains dégermés, est
réduit en poudre fine; après tamisage, une centrifugation permet de séparer les
protéines (gluten de maïs) et l'amidon. À ce stade, l'amidon est sous la forme de lait. La
mauvaise conservation de cette forme et le coût de son transport expliquent que la plus
grande partie de la production est immédiatement transformée, sur place. Le reste est
séché. Un quintal de maïs fournit environ 63 kg d'amidon.
76 GLUCIDES
À l'état natif, l'amidon (il serait plus correct de parler des amidons, car la
composition varie quelque peu selon l'origine botanique) existe sous la forme d'une
structure lentement organisée à biosynthèse orientée: le grain. La semi-cristallinité de
celui-ci est attestée par l'apparition, en lumière polarisée, d'une croix noire de
biréfringence. La forme du grain, sa taille et l'emplacement du hile varient selon
l'espèce considérée et, de ce fait, sont souvent des éléments précieux pour
l'identification microscopique d'échantillons (voir ci -dessus). Les grains d'amidon
correspondent à un homopolymère presque pur de D-glucose : 98-99 %. Les autres
constituants sont lipidiques (0,1-0,7 % selon l'origine botanique), protéiques (0,05-
0,5 %) et minéraux (la teneur en cendres varie de 0,05 à 0,3 % ).
La fraction glucidique est un mélange de deux polymères: l'amylose, essentiel-
lement linéaire et l'amylopectine, molécule ramifiée. Les amidons sont nettement
différenciés par leurs teneurs respectives en amylose: 16-17 % chez le riz, 20 % chez la
pomme de terre, 23-24 % chez l'orge, 25-28 % chez le blé,jusqu' à 35 % chez les pois
lisses, exceptionnellement 65-70 % chez les amylomaïs ou, au contraire, moins de 1 %
chez les maïs cireux ou waxy mais.
L'amylose est constitué d'unités de D-glucose dans sa conformation 4C] (la plus
stable) liées quasi exclusivement par des liaisons a-(1->4). On note l'existence d'un
petit nombre de courtes chaînes branchées a-(l->6). Le DP moyen varie selon
l'origine botanique et le mode de préparation de 500 à 6000.
HO~OH 0 OH
HO OH ~O
HO
a-maltose 0 0
OH
L'amylopectine, constituant majoritaire des amidons, est l'un des plus gros
polysaccharides connus, sa masse moléculaire pouvant atteindre, chez certains
cultivars, 107 à 108 • Sa structure est ramifiée en grappe: des chaînes linéaires a-(l->4)
de 15 à plus de 60 unités, réparties selon une distribution trimodale, sont greffées les
unes aux autres par des liaisons a-(l-> 6) qui représentent environ 5-6 % de
l'ensemble des liaisons.
Plusieurs modèles structuraux ont été proposés: le plus classique [schéma] fait
intervenir trois types de chaînes: les chaînes A ne sont pas ramifiées et sont greffées par
leur extrémité réductrice sur des chaînes B. Les chaînes B sont substituées sur un ou
plusieurs de leurs hydroxyles en C-6 par des chaînes A et reliées par leur extrémité
réductrice à une chaîne C. Cette chaîne C est la seule à posséder une extrémité
réductrice libre. Les zones de branchement sont amorphes alors que les zones
correspondant à de courtes chaînes linéaires sont cristallines (elles ont la possibilité de
former une structure hélicoïdale). La proportion relati ve de chaînes courtes et de
1'( li, YSACCHARIDES HOMOGÈNES 77
Sructure de l'amylopectine.
chaînes longues ainsi que le nombre moyen de grappes porté par chaîne longue varient
en fonction de l'origine de l'amidon (tubercules, céréales).
Dans certains amidons (pois ridé, certains génotypes d'orge et certains maïs riches
en amylose) on remarque la présence d'une quantité notable d'un glucane de structure
intermédiaire entre l'amylose et l'amylopectine.
D. Propriétés de l'amidon
3. C'est cette même propriété qui est mise à profit pour retarder le rancissement des pains: la mo-
lécule incluse est dans ce cas un monoglycéride d'acide gras; le mécanisme de cet effet reste obscur.
78 GLUCIDES
E. Amidons modifiés
Dans le but de modifier les propriétés rhéologiques des gels et donc d'étendre les
possibilités d'emplois de l'amidon, il est possible de modifier la structure initiale et ce
de plusieurs façons:
1. En faisant varier les proportions respectives d'amylopectine et d'amylose: c'est
là, pour l'essentiel, un travail de sélection variétale;
2. Par traitement physique: amidons prégélatinisés (cuisson préalable et dés-
hydratation), extrudés ou compactés;
3. Par modification chimique, en jouant sur la réactivité des fonctions alcools
secondaires et primaires :
- oxydation par l'hypochlorite de sodium,
- estérification par l'anhydride acétique (acétates d'amidon), par des acides
phosphoriques (phosphates d'amidon),
- éthérification: obtention d'hydroxyalkylamidons (amidons non ioniques), de
carboxyméthylamidon (anionique) et «cationisation »par greffage d'amines tertiaires
ou d'ammoniums quaternaires,
- hydrogénation, qui s'applique en fait aux oligosaccharides issus de la
dépolymérisation (voir polyols);
4. Par réticulation. L'amidon est traité à une température inférieure à la température
de gélatinisation par de l'épichlorhydrine, du formol, de l'oxychlorure de phosphore ou
des anhydrides d'acides, ce qui induit la formation d'un faible pourcentage de ponts
intramoléculaires. La réticulation diminue le gonflement, augmente la résistance au
cisaillement, permet la stérilisation;
5. Par dépolymérisation contrôlée. L'hydrolyse partielle de l'amidon, qui peut être
obtenue en milieu acide, est maintenant souvent réalisée par voie enzymatique. Elle fait
alors appel à des enzymes déramifiantes (du type pullulanase ou isoamylase) qui
coupent les liaisons a-(l-> 6), à des amylases (a-amylase, produisant des
oligosaccharides ou ~-amylase, induisant une hydrolyse récurrente à partir de
l'extrémité non réductrice des chaînes linéaires et produisant du maltose) et à des
1'( li ,YSACCHARIDES HOMOGÈNES 79
2. CELLULOSE
A. Sources et structure
La cellulose est sans doute le biopolymère le plus universel. Rare chez les
Procaryotes, présente chez d'assez nombreux Thallophytes chlorophylliens (Algues) ou
non (Mycophytes), elle se dépose en microfibriIIes dans les parois cellulaires de tous les
Cormophytes.
Constituant du bois, elle existe à l'état majoritaire dans de nombreuses plantes à
fibres textiles: lin, chanvre, jute, ramie et, presque pure, dans les poils qui recouvrent
les graines des cotonniers. L'une des rares bactéries capable de la synthétiser -
Acetobacter xylinum - pourrait, avec le développement des biotechnologies, devenir
une source de cellulose microfibriIIaire pure.
La cellulose actuellement utilisée provient de la délignification du bois en milieu
acide ou alcalin (industrie papetière) et des linters de coton (industrie chimique); on
peut aussi utiliser les produits de dégradation des pailles. Le coton fibre est utilisé
directement par l'industrie textile. D'autres procédés actuellement développés
permettent de récupérer la cellulose et les autres constituants du bois (hémicelluloses,
lignines). C'est le cas de l'extraction à chaud par le méthanol suivie d'un traitement par
la soude méthanolique; c'est aussi celui de « l'explosion» du bois, traitement très bref
par la vapeur d'eau à 200-250 oC sous une pression de 35-40 bars suivi d'un retour
brutal à la pression normale. Ce procédé conduit à une cellulose de DP contrôlé, à des
mono- et oligosaccharides, à des phénols solubles et à la lignine.
,~OH
'0
O"""""""''''~'HO ~OH ~HO
HO 0
HO
0
0",,,,,,,,,
"""'''HO
0
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OH O"",,,,,,,,,,,HO OH 0
OH OH
une capsule sphérique, ovoïde ou piriforme (4-8 x 3-4 cm), à 3-5 loges multi-ovulées.
Les graines (6-12 par loge) portent de longs poils ou fibres.
Les fibres. Les fibres prennent naissance à la surface de la graine et elles peuvent
être accompagnées d'un duvet de poils courts, le linter: on parle alors de graines
vêtues; dans le cas où le linter fait défaut, on parle de graines nues. Les fibres ont une
coloration blanche, crème, brun clair, parfois verdâtre. Issues d'une cellule
épidermique, elles ont une constitution monocellulaire. Très allongées (la longueur,
influencée par les conditions hydriques, varie de 15 à 40 mm pour un diamètre,
génétiquement déterminé, de 12-25 J..!,m), elles ont une paroi mince recouverte d'une
cuticule cireuse et sont repliées plusieurs fois à l'intérieur du volume carpellaire. Au
cours de la maturation le poil s'épaissit par apposition, sur la face interne de sa paroi, de
couches successives de cellulose. À maturité, le protoplasme central se vide et laisse
place à un lumen; la fibre se vrille, ce qui détermine ses qualités textiles.
Chimiquement, la fibre est composée de cellulose (95 ± 4 %), de protéines
Cl,6 ± 0,3 %), de cires (0,9 ± 0,3 %), de pectines. La cellulose représente 23 à 37 % de
la graine entière sèche. Celle-ci contient en outre 19 à 25 % de protéines, 10 à 28 % de
lipides et jusqu'à 1 % de gossypol, un sesquiterpène toxique pour la majorité des
espèces animales.
Traitement des graines. Après un premier séchage naturel ou par un courant d'air
chaud, le coton graine est nettoyé, débarrassé des débris de capsule et égrené
mécaniquement. Les fibres sont ensuite triées en fonction de leur qualité commerciale.
Si les graines sont vêtues, on récupère le linter qui est destiné à des usages divers
(rembourrages, couvertures, feutres) et à l'industrie chimique.
L'étape suivante est la récupération de l'huile contenue dans les graines: un
broyage laminage conduit à des flocons; la cuisson contrôlée de ceux-ci précipite les
protéines, élimine le gossypol et améliore l'extraction ultérieure de l'huile. Qu'elle soit
extraite par pression ou par solvants, l'huile est démucilaginée, neutralisée, lavée,
décolorée et désodorisée avant d'être livrée à la consommation. Les tourteaux sont
destinés à l'alimentation animale (les ruminants détoxifient en partie le gossypol). Les
farines, sous réserve d'être débarrassées de leur gossypol et non contaminées par des
aflatoxines, peuvent être utilisées pour l'alimentation de l'Homme et des animaux
monogastriques.
1:
Autres produits. L'ouate de cellulose chirurgicale est constituée de fibres isolées,
11011 fasciculées, extraites industriellement du bois par désincrustation thermochimique
slIivie d'un blanchiment. Elle doit satisfaire à des essais très proches de ceux qui
s'appliquent au coton hydrophile.
La cellulose en poudre est utilisée en pharmacotechnie : diluant-liant et désintégrant
l'Il compression, stabilisant de suspensions.
2. Le lin (étudié par ailleurs pour son mucilage (p. 131) et son huile (p. 163]). Les
fibres sont obtenues par fermentation et broyage des tiges, leur teneur en cellulose est
augmentée par blanchiment. Les « fibres péricycliques de la tige de L. usitatissimum L. »
servent à l'obtention du « fil de lin» qui, stérile, constitue un fil chirurgical non
résorbable (fils chirurgicaux, fils non résorbables stériles: Ph. eur., 6e éd., [0112008-
0324]). La Pharmacopée décrit également le fil de lin stérile en distributeur pour usage
vétérinaire [0112008-0608].
3. FIBRES ALIMENTAIRES
A. Définition
La notion de fibre, d'abord appliquée à la cellulose, devenue par la suite fibre brute
(l"est-à-dire résidu végétal qui résiste aux traitements chimiques acides et alcalins
dilués) a évolué vers le concept, plus physiologique, de fibres alimentaires 8 'P.98, terme
initialement employé pour désigner« les résidus végétaux résistant à la digestion par les
L'nzymes endogènes du tractus digestif de 1'Homme» ce qui inclut aussi bien les
lIlacromolécules des parois cellulaires des végétaux que certains polysaccharides
intracellulaires, Une telle définition physiologique explique bien la notion de fibres,
lIlais ne permet pas de les décrire, Pour ce faire, il est nécessaire de prendre en compte
des critères chimiques et de considérer que les fibres alimentaires sont constituées par
« l'ensemble de la lignine et des polysaccharides végétaux autres que les a-glucanes »,
{'ertains auteurs - et certains organismes officiels - réduisent même les fibres
alimentaires aux seuls polysaccharides non amylacés, Pour d'autres, une telle définition
L'st trop étroite: ils remarquent que cette restriction occulte le rôle des lignines aussi
hien que celui de la fraction « résistante» des amidons (5 à 20 g d'amidon intact
atteindraient chaque jour le gros intestin),
On classe habituellement les fibres alimentaires en fonction de leur hydrosolubilité :
fibres insolubles (comme la cellulose) et fibres solubles, La notion de fibre soluble
recouvre celle de polysaccharide complexe comme les pectines (des glycanogalacturo-
lianes) et d'autres hydrocolloïdes susceptibles de former des solutions visqueuses ou des
gels (galactomannanes du guar, hétéroxylanes des plantains, etc,),
L'apport en fibres dans un régime normal provient majoritairement des parois
cellulaires des végétaux qui constituent notre alimentation: fruits, légumes, graines
diverses et produits céréaliers; quelques polymères non pariétaux (gommes, mucilages)
ct certains additifs alimentaires (polysaccharides texturants) participent également à cet
apport en fibres, Sur le plan strictement physiologique, il convient en outre de prendre
en compte des produits comme les amidons résistants (fractions d'amidon natif, amidon
modifié par les traitements thermiques), les produits induits par la cuisson (réaction de
Maillard) et, pour quelques auteurs, certains oligosaccharides,
Définies par leur non-digestibilité, les fibres n'en sont pas moins susceptibles d'être
dégradées au niveau intestinal: sous l'influence de la microflore du côlon, elles
peuvent être plus ou moins transformées, Cette fermentation des fibres se traduit par la
libération, in situ, de dioxyde de carbone, de méthane, d'hydrogène et d'acides gras à
courte chaîne (AGCC, notamment l'acide butanoïque), La capacité des fibres à
fermenter est caractéristique de chaque fibre: en première approximation, on peut dire
que la dégradation bactérienne est d'autant plus importante que la solubilité est élevée,
(b) - la lignine. En général peu abondante dans les tissus végétaux ingérés par
l'Homme (légumes, fruits), c'est un hétéropolymère tridimensionnel formé d'unités
phénylpropaniques. Très hydrophobe, elle s'incruste progressivement dans les parois
secondarisées, conférant ainsi au végétal rigidité, imperméabilité et résistance.
Remarque: on n'envisage ci-dessous que les fibres pariétales stricto sensu; les
galactomannanes et les pectines font l'objet d'un traitement séparé.
Si la plupart des fruits frais (pomme, orange, abricot, prune, ananas, [cités par ordre
décroissant de richesse en fibres totales, c'est-à-dire de 30 à18 %]) et légumes (choux,
carotte, salade, oignon, tomate, de 12 à 9 % de fibres totales) assurent un apport non
négligeable en fibres, cela est aussi le cas des légumes secs (haricot, pois, 20 % de
fibres totales). En pratique, c'est le plus souvent à des produits comme le son de blé que
l'on a recours pour supplémenter la ration alimentaire en fibres (> 40 %, surtout des
fibres insolubles). On peut aussi utiliser les dérivés de l'avoine.
5. Sur la structure et les fonctions de la paroi cellulaire on peut voir: Bacic, A., Harris, P.J. et
Stone, BA. (1988). Structure and function of plant cell walls, in « The biochemistry ofplants, vol 14 :
Carbohydrates », (Preiss, J., éd.), p. 297-371, Academic Press, San Diego.
1'1)1 ,YSACCHARIDES HOMOGÈNES 87
La composition des fibres étant variable, elles n'ont pas toutes la même valeur
hiologique et il est très difficile d'établir une relation précise entre la composition des
lïhres et les propriétés biologiques qui leur sont attribuées. Les effets physiologiques
possibles dépendent pour une grande part de la nature des fibres, de leur granulométrie,
Iil' leur porosité, de leur solubilité: la richesse relative en fibres solubles ou insolubles
dHns l'eau conditionne en grande partie les effets physiologiques 6. La réactivité du
polymère à l'égard d'autres molécules présentes dans le tube digestif (adsorption,
\'upaeité d'échange ionique) est également étroitement dépendante de sa structure. Qui
plus est, les traitements subis par les fibres au cours de la préparation industrielle ou
domestique des aliments modifient leurs propriétés physicochimiques et donc leurs
dTds physiologiques. Une élémentaire prudence s'impose donc avant de généraliser
certains des effets observés, surtout si ceux-ci n'ont pas été validés sur un grand nombre
de sujets et pendant une durée suffisante.
On peut distinguer trois groupes d'effets pour les fibres alimentaires: l'action sur le
lransit intestinal, celle, suspectée, sur la fréquence des cancers colorectaux et les actions
llIétaboliques, sur la cholestérolémie et la glycémie,
L'effet est double, D'abord un effet sur la masse des selles qui est augmentée dans
des proportions souvent importantes (de 127 % après ingestion de 20 g de son de blé).
Cette action est surtout le fait des fibres insolubles et semble liée, entre autres, à la
eapacité de rétention de l'eau par la fraction de fibres non dégradée dans le côlon et à la
taille des fibres. L'augmentation de la population bactérienne participe également à
l'accroissement du volume des fèces. L'autre effet des fibres alimentaires porte sur la
durée du transit qui est normalisée aux alentours de 48 heures: raccourcissement des
Iransits longs, allongement des transits courts. Là encore, cette activité est le fait des
fibres insolubles (son, cellulose). Cet effet d'encombrement est peut-être renforcé par
l'action des acides aliphatiques à courte chaîne (AGCC) formés lors de la dégradation
hactérienne de la partie hydrosoluble des fibres (propionate, butanoate, etc.) : ils
provoquent des contractions phasiques de l'iléon et inhibent les contractions coliques
non propulsives,
Les études épidémiologiques sur des populations ou des groupes socio-
économiques ayant des habitudes alimentaires différentes ainsi que des travaux
expérimentaux mettent clairement en évidence la responsabilité des régimes pauvres en
fibres dans la fréquence de la constipation. D'autres études mettent en lumière le rôle
probable des fibres dans la prévention de la diverticulose colique. Une méta-analyse,
publiée à la fin des années 1980, portant sur 20 essais randomisés, a montré une
6. Les fibres de céréales, pour l'essentiel non hydrosolubles, gonflent en absorbant plusieurs fois
leur masse d'eau alors que les pectines ou les galactomannanes peuvent former des gels ou des
solutions épaissies
88 GLUCIDES
association entre une addition de son de blé (environ 20 g par jour) et l'augmentation du
poids et de la vitesse de transit des selles. Cet effet a, depuis, été confirmé chez des
patients ayant une constipation sans cause organique .
C'est en 1971 que Burkitt a relié la faible prévalence du cancer colorectal observée
chez les Africains avec la consommation par ceux-ci de produits végétaux complets, en
particulier de fibres.
Différents mécanismes, directs et indirects, ont été proposés pour expliquer cette
apparente action protectrice des fibres. Trois effets directs sont couramment évoqués:
adsorption des acides biliaires (soupçonnés d'être des promoteurs de la cancérogenèse
colique) et des cancérogènes hydrophobes - ce qui se démontre in vitro et, dans
quelques cas, chez l'animal - ; dilution des toxines par augmentation du volume fécal;
accélération du transit. Des effets indirects sont également envisagés: modifications du
métabolisme bactérien; rôle des produits de dégradation, notamment des acides gras à
courte chaîne (AGCC, en particulier l'acide butanoïque) qui abaissent le pH du côlon
(ce qui insolubilise les acides biliaires) et qui exercent, au moins in vitro, une action
complexe sur les cellules coliques.
Depuis les constatations de Burkitt, plusieurs dizaines d'études cas-témoins ont été
publiées. Les méta-analyses auxquelles elles ont donné lieu ont souligné l'évidence de
la relation entre un régime riche en fibres (et pauvre en protéines et lipides animaux), et
une moindre fréquence du cancer rectocolique : le risque apparaît d'autant plus faible
que la consommation de fibres augmente. Cela étant, nombre d'études sont, de fait,
difficilement comparables: certaines évaluent le rôle des fibres de fruits, d'autres celui
des fibres de légumes, d'autres encore celui des céréales. Analysées sous cet angle, les
études publiées indiquent que la diminution du risque est plus fréquemment associée à
la consommation de fibres de légumes qu'à celles de céréales, mais leurs résultats ne
sont pas toujours concordants.
De vastes études de cohortes ont été réalisées depuis une trentaine d'années. Aucune
n'a permis d'associer clairement la consommation de fibres alimentaires au risque de
cancer colorectal, pas même les plus vastes et les plus longues d'entre elles (effectifs de
47000 à 89000 sujets suivis pendant des durées variant de 10 à 16 années). Toutefois,
l'étude globale de 725000 dossiers issus de 13 de ces cohortes montre, lorsque
l'analyse est ajustée pour l'âge, une relation inverse entre la consommation de fibres et
le risque de cancer colorectal. Lorsque les autres facteurs de risque sont pris en compte,
cette association n'est plus statistiquement significative. Pour sa part, l'étude
européenne en cours - 520000 sujets suivis à partir de 1993 dans 10 pays - vérifie
l'hypothèse initiale: l'augmentation de la consommation de fibres diminue le risque de
cancer colorectal (http://www.iarc.fr/epic/) .
Les essais d'intervention comparatifs, randomisés et en double aveugle, ont tous été
décevants. Leur critère de jugement principal était la réduction du taux de récidive de
polypes colorectaux après polypectomie; ces polypes adénomateux étant considérés -
c'est une hypothèse - comme les précurseurs de la majorité des tumeurs du gros
l'()I ,YSACCHARIDES HOMOGÈNES 89
illtestin, Différents cas de figure ont été explorés: changement d'habitudes alimentaires
(restriction lipidique et augmentation de l'apport en fibres ou en fruits et légumes);
slipplémentation en fibres insolubles (son de blé) ; supplémentation en fibres solubles
(ispaghul). Dans aucun des cas, il n'a été constaté de diminution du taux de récidive
(sauf dans un cas, mais uniquement chez les hommes). La supplémentation en ispaghul
Il même augmenté ce taux de façon statistiquement significative.
Prenant acte de ces résultats, certains auteurs estiment que, en isolant le facteur
« lïbre », on écarte l'incidence d'une variété de micronutriments qui peuvent jouer, par
des mécanismes divers, un rôle déterminant dans le rôle protecteur attribué aux légumes
et aux fruits (folates, polyphénols antioxydants, vitamines, carotènes, lignanes,
composés soufrés, etc.). Cela est vrai, mais, là encore, les grandes études prospectives
de cohorte de longue durée menées ces dernières années sur les relations entre la
consommation de fruits et légumes et la fréquence du cancer colorectal ne permettent
aucune conclusion définitive.
Si nombre des données accumulées apparaissent décevantes, il demeure que la
consommation de fibres solubles abaisse significativement la cholestérolémie et qu'elle
est - du moins de larges études prospectives l'ont-elles montré - associée à un
moindre risque cardiovasculaire (voir ci-dessous). Ces données ne remettent
absolument pas en cause les recommandations formulées par la plupart des autorités
sanitaires qui recommandent de consommer de fortes quantités de légumes, de fruits et
de céréales entières. Les fruits, les légumes, les grains ont des effets bénéfiques et bien
démontrés sur la santé: effets sur la pression artérielle, sur le risque cardiovasculaire,
sur les accidents ischémiques, etc.
Les travaux publiés concernent essentiellement les interactions entre les fibres et les
sels minéraux, entre les fibres et la cholestérolémie, entre les fibres et la glycémie.
L'influence des fibres sur l'assimilation des minéraux est complexe: d'un côté les
polysaccharides acides peuvent retenir les cations, de l'autre des produits comme le son
sont riches en sels minéraux (mais ceux-ci sont peu absorbables - avant cuisson - du
fait de leur combinaison avec l'acide phytique), Des spécialistes estiment «peu
vraisemblable que des déficits minéraux résultent d'une alimentation riche en fibres ».
L'influence de la ration en fibres sur la cholestérolémie est nette, Chez l'animal, on
montre que l'effet varie selon la nature des fibres: il est minimal avec les sons, maximal
avec les fibres solubles: psyllium, avoine, pectine et guaI',
Comment agissent les fibres? La viscosité des fibres solubles agirait négativement
sur le transport et le métabolisme du cholestérol: en formant un gel, les fibres auraient
un effet séquestrant sur diverses molécules, notamment sur les stérols et les acides
biliaires 7, Ces derniers étant moins disponibles, la formation des micelles nécessaires à
7. On retrouve là un mécanisme de même nature que celui qui est invoqué pour expliciter le mode
d'action des résines synthétiques basiques (colestyramine, DCI) qui inhibent le cycle entéro-hépatique
des acides biliaires et augmentent leur élimination fécale.
Taraxacum officinale Weber
1
~;
Q
1'( li .YSACCHARIDES HOMOGÈNES 91
l'absorption des lipides diminue; de plus, étant moins réabsorbés, ils sont - c'est la
('OIlséquence du rétrocontrôle - davantage synthétisés à partir du cholestérol sérique.
( )11 li également suspecté l'inhibition de la synthèse hépatique du cholestérol par les
lIL'ides gras à courte chaîne libérés par la dégradation bactérienne des fibres dans le
('(lion.
La consommation journalière de fibres solubles (psyllium, guar, pectine ou avoine)
diminue la cholestérolémie. L'analyse des résultats de 67 essais cliniques de bonne
méthodologie (versus placebo ou versus régime pauvre en fibres) a montré que, dans la
gamme des doses habituelles (de 2 à 10 g par jour), 1 g de fibres abaisse la cholestéro-
lémie totale de 0,045 mmol/l (soit 17,3 mg/l). Les fibres diminuent aussi le taux de
1DL-cholestérol: chaque gramme de fibre soluble baisse ce taux de 0,057 mmolll (=
22,1 mg/l). Sans effet notable sur la triglycéridémie, les fibres solubles ne modifient
pratiquement pas le HDL-cholestérol.
Chez l'Homme, les études prospectives de cohorte prouvent de façon solide que
l'apport régulier de fibres est inversement corrélé au risque d'accident cardiovasculaire :
tlne augmentation de 10 g de la consommation de fibres totales est associée à une
diminution de 14 % du risque d'accident coronarien (lC95, 0,78-0,96) et de 27 % de la
mortalité coronarienne. L'effet ne varie pas significativement selon le sexe ou l'âge. La
corrélation la plus forte concerne les fruits et, lorsque l'analyse est faite, les fibres
solubles. (Effectif global 336 244; nombre d'études: 10; suivi de 6 à 10 ans).
En ce qui concerne le niveau tensionnel, l'effet est très modeste: la consommation
de 11,5 g de fibres par jour abaisse de 1,13 mm la pression systolique (non statistique-
ment significatif) et de 1,26 mm la pression diastolique (statistiquement significatif).
L'effet est plus marqué chez les sujets âgés de plus de 40 ans et lorsque le niveau
tcnsionnel est élevé. (Méta-analyse: 24 études controlées; effectif 1404) .
Des études épidémiologiques ont montré que la prévalence du diabète est fortement
diminuée dans les pays en développement où la consommation de produits céréaliers
est forte. Plusieurs travaux réalisés chez des diabétiques ont par ailleurs montré qu'une
supplémentation en fibres solubles (de la gomme guar ou des pectines) réduit la vitesse
d'absorption intestinale du glucose. Si cet effet est net après un repas glucosé et avec
une forte dose de fibres, les résultats enregistrés lors d'études au long cours sont
contradictoires ou difficiles à interpréter. Au mieux, la supplémentation en fibres
solubles aurait un effet très limité sur la glycémie des sujets diabétiques. (Mais une
alimentation riche en polysaccharides complexes a au moins l'avantage de diminuer la
part énergétique apportée par les lipides et les protéines qui peuvent aggraver les effets
du diabète). Comme dans le cas précédent, plusieurs mécanismes d'action sont
envisagés pour expliciter l'action sur l'absorption intestinale du glucose: conséquence
de l'accélération du transit, d'une altération des mouvements de convection de l'eau et
du glucose dans l'intestin, d'une diminution de l'absorption par la muqueuse intestinale,
d'une accessiblité de l'a-amylase à son substrat, d'une variation de l'activité des facteurs
régulant l'activité sécrétoire et la motilité, etc.
92 GLUCIDES
De très nombreuses méthodes ont été proposées pour apprécier la teneur en fibres
d'un végétal: méthodes gravimétriques chimiques utilisant des détergents acides et
neutres, fournissant un résidu fibre dont la composition varie selon le protocole
opératoire; méthodes gravimétriques enzymatiques donnant une valeur globale,
méthodes directes, etc. La méthode officielle (pour les produits au son) consiste à
déterminer la somme des masses des fibres alimentaires solubles et insolubles. Son
principe est le suivant: l'échantillon à analyser est délipidé (oxyde diéthylique) et
l'amidon, gélatinisé par autoclavage, est hydrolysé par incubation en présence
d'amyloglucosidase. Un autre traitement enzymatique (trypsine) élimine les protéines.
On procède ensuite à la pesée du résidu séché (fibres insolubles) et à celle du précipité
obtenu par addition d'éthanol au surnageant issu de l'action de l'amyloglucosidase
(fibres solubles). Le résultat final tient compte des éléments minéraux (calcination) et
des protéines non hydrolysées résiduelles.
Formes d'emplois. Les farines de boulangerie sont très pauvres en fibres, elles le
sont d'autant plus que le taux de blutage (ou d'extraction, c'est-à-dire la proportion
d'amande extraite) est faible. Il existe cependant sur le marché des farines à fort taux
d'extraction (pain complet) et des farines enrichies en son (pain au son).
Les formes les plus couramment utilisées en diététique sont des produits de
biscuiterie enrichis en fibres (biscuits, galettes). On peut également avoir recours à des
formes galéniques, par exemple des formes granulées, des comprimés, etc.
quotidien en fibres est de 20-25 g dans la plupart des pays industrialisés alors qu'il
sl~mble souhaitable de le porter à 35 g.
4. FRUCTANES - INULINE
Les fructanes sont des polymères du fructose liés par une liaison ~-(2->1) à une
lIlolécule de glucose terminale: on peut considérer que ce sont les homologues
supérieurs du saccharose. Comme l'amidon, ils constituent une forme de stockage du
carbone fixé par la photosynthèse; on les trouve exclusivement au niveau vacuolaire.
S'ils sont assez fréquents chez les végétaux, ces polymères s'accumulent surtout
dans une dizaine de familles: inulines des Dicotyledonae, principalement des
/\steraceae, des Boraginaceae et des Campanulaceae, phléine et fructanes branchés des
Monocotyledonae, en particulier des Poaceae et des Alliaceae. Habituellement ils sont
concentrés dans les organes souterrains (racines, bulbes, tubercules, rhizomes) et leur
teneur, variable selon la saison, peut être importante (50 % et plus).
HOH2~OO---H 2C
~
HO
CH 2 0H OH
::o~
néokestose OH HO HO
HO HO
o
HOH2~O0 HOH2VOu~
HO
CH 2 0H
~j
kestose
OH
OH io H2
HOH2C~
HO
CH 2 0H
OH
isokestose
Chez les fructanes de type inuline (Asteraceae, Boraginaceae), l'unité de base est un
motif ~-(2->1)-D-fructofuranosyl (le premier terme de la série est l'isokestose,
trisaccharidique). Chez les fructanes de type phléine (Poaceae), l'unité de base est un
motif ~-(2->6)-D-fructofuranosyl et le premier terme de la série est le kestose. Les
fructanes ramifiés (néokestose et homologues supérieurs sans glucose en bout de
chaîne) sont plus rares (par exemple chez Asparagus officinalis L.).
Les fructanes, polymères très flexibles (il y a en effet trois liaisons entre les cycles:
-C-C-O-C- au lieu de -C-O-C- chez la plupart des polysaccharides), sont lévogyres
ct non réducteurs, très solubles dans l'eau chaude et très sensibles à l'hydrolyse acide.
Le degré de polymérisation, souvent assez faible (de 10 chez l'ail et l'oignon à 250 chez
94 GLUCIDES
Une forte racine pivotante, des feuilles toutes basilaires disposées en rosette et
profondément découpées en lobes inégaux triangulaires, des capitules solitaires de
fleurs jaunes et des akènes surmontés de fines aigrettes caractérisent cette plante
herbacée vivace très commune dans les prairies, les jardins et sur le bord des chemins.
La racine de pissenlit est particulièrement riche en potassium, en fructose et en
inuline : la teneur en fructose est maximale au printemps alors que la teneur en inuline
atteint 40 % en automne. L'amertume de toutes les parties de la plante est due à des
lactones sesquiterpéniques (eudesmanolides et germacranolide : tétrahydro-ridentine,
glucosides du taraxacolide et de l'acide taraxinique). La plante renferme également des
alcools triterpéniques pentacycliques (taraxastérol, pseudotaraxastérol, leurs acétates et
leurs dérivés hydroxylés [amidiol, faradiol]) et des stérols. Les feuilles renferment aussi
des f1avonoïdes.
96 GLUCIDES
5. BIBLIOGRAPHIE
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8. Alors que ce chapitre était mis en page, une nouvelle définition a été proposée par le Codex
commiteefor nutition andfood. Elle prend en compte le caractère polymérique (n ~ 10), la non
digestibilité et inclut les polysaccharides des aliments et, sous condition d'effet démontré, des polymères
synthétiques ou obtenus par des procédés physiques, chimiques ou enzymatiques. Cf. : Cummings, J.H.,
Mann, J.I., Nishida, C. et Vorster, H.H. (2009). Dietary fibre: an agreed definition, Lancet, 373, 365-6.
polysaccharides
des végétaux supérieurs
Polysaccharides hétérogènes
l'liliaux) fréquentes dans le tégument externe des graines, Assez largement distribués, ils
SOllt fréquents chez les Malvales (mucilages acides) et chez les Fabales (mucilages
llL'utres de l'endosperme). Agents de rétention hydrique, ils auraient un rôle actif dans la
gcrmination; leur formation impliquerait les corps de Golgi.
2. GOMMES (EXSUDATS)
Rencontrées dans tout le règne végétal, les gommes sont surtout le fait de quelques
ramilles: Mimosaceae, Rosaceae, Combretaceae, Burseraceae, Rutaceae, etc. La
composition d'une gomme est caractéristique d'une espèce, mais elle peut fluctuer
légèrement en fonction de l'origine géographique et des facteurs environnementaux.
Leur masse moléculaire varie de 2 x 104 à 106 (la polydispersité est souvent importante).
La plupart des gommes sont partiellement méthylées (sur l'hydroxyle en C-4 de l'acide
glucuronique, sur 1'hydroxyle en C-3 du rhamnose) ou acétylées. Les fonctions
carboxyliques peuvent être salifiées,
La plupart des gommes se dissolvent dans l'eau en formant des solutions visqueuses;
certaines, incomplètement solubles, forment des gels, Les solutions diluées de ces
gommes (1 % ou moins) sont généralement précipitées par addition d'éthanol. Elles
sont optique ment actives et la valeur du pouvoir rotatoire est un élément important de
leur identification. L'hydrolyse en milieu acide suivie d'une analyse en CCM des
sucres libérés est également un bon moyen d'identification d'une gomme: c'est celui
que les pharmacopées mettent systématiquement en œuvre (il permet en même temps
cie détecter des mélanges ou des ajouts),
102 GLUCIDES
Origine botanique. Les Sterculia sont des arbres à grandes feuilles pentalobées, à
fleurs apétales, à fruits composés de follicules ligneux. Le parenchyme cortical du tronc
et des branches est parcouru par des canaux sécréteurs dans lesquels s'accumule la
gomme. Outre les espèces mentionnées ci-dessus, la bibliographie mentionne
l'utilisation de S. tragacantha Lindley qui, comme S. tomentosa, est une espèce de
l'Afrique occidentale. Ces espèces africaines fournissent une gomme dite « gomme
M'Bep» alors que la gomme « karaya 1 » est fournie par S. urens qui croît dans les
zones montagneuses et les plateaux secs du centre et du nord de l'Inde. La gomme,
récoltée de préférence avant et après la saison des pluies, est obtenue après incision ou
brûlage. Les exsudats sont réunis, débarrassés des écorces résiduelles et triés selon le
taux de matières étrangères et selon leur couleur. Le produit commercial est
généralement concassé ou broyé (mais le produit en poudre se conserve moins bien).
1. Qu'il ne faut pas confondre avec la gomme haïra, fournie par Cochlospermum gossypïum OC.
1.·:•·
r
ft
l'Il! ,YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES
t:
p-D-Galp
t:
p-D-G1cAp
t:
p-D-Galp
('-2. La chaîne est substituée sur les hydroxyles en C-2 ou C-3 des acides
f1,alacturoniques et sur l'hydroxyle en C-4 de certains rhamnoses par du D-galactose et
de l'acide D-glucuronique. La teneur en acides uroniques est voisine de 40 % et le
degré d'acétylation de 8 %.
La plante. Cet acacia, connu sous le nom d'acacia verek en Afrique de l'ouest (mais
lIussi sous celui de hashab au Soudan), est un petit arbre (4-6 m) à épines courbes, à
l'l'uilles composées bipennées, à fleurs régulières groupées en épis allongés,
l'ylindriques. Les fleurs ont une petite corolle blanche et de longues et très nombreuses
(;Iamines. Le fruit est une gousse droite, rétrécie entre les graines. Cet acacia et les
('spèces voisines qui fournissent la gomme arabique sont spontanés dans la zone
subdésertique africaine, de l'océan Atlantique à la mer Rouge. Les principaux
producteurs sont les pays de la zone sahélienne: Soudan et, dans une moindre mesure,
Sénégal, Mali, Mauritanie. Au Soudan, la gomme est en grande partie fournie par
l'cxploitation de plants établis initialement sur des terres cultivées (gum gardens). La
récolte des gommes exsudées par les arbres spontanés approvisionne également le
Illarché international.
Traditionnellement, l'exploitation des acacias a lieu pendant la saison sèche, sur des
arbres âgés d'au moins cinq ans. On récolte la gomme qui exsude après le tapping,
c'est-à-dire l'écorçage des branches, de part et d'autre d'une incision transversale. On
cnlève des lambeaux d'écorce, sans léser le cambium; celui-ci régénère le phloème et
la gomme exsude pendant quelques semaines. La gomme (un à deux kg par arbre et par
an) est recueillie et classée en différentes catégories commerciales, essentiellement sur
un critère de couleur. Sécheresses, désertification et exploitation intensive tendent à
réduire la production et, au cours des dernières années, le marché a été marqué par une
grande irrégularité. Les utilisateurs habituels ont été contraints de recourir à des
substituts (autres gommes et polysaccharides).
2. Il peut parfois y avoir falsification par des gommes dont la qualité et les petformances sont
inférieures; celles-ci sont assez difficiles à détecter. C'est par exemple le cas de produits comme la
« gomme combretum » sécrétée par Combreful11 nigricans Lepr. ex Guill. & Perr. : les différences
structurales peuvent alors être mises en évidence par des méthodes spectrométriques.
106 GLUCIDES
A G G
1 1 1
U- G G -G
1 1
G -G U-G- G
1 1
A G-A A G-A
1 1 1 1
U-G- G U-G- G
1 1
1 1 1
G A G-A
1 1
U U
G= ~-D-Galp
A = chaînes courtes de L-Araf liées (1-> 3)
ou a-D-Galp-(1->3)-L-Araf
U = a-L-Rhap-( 1-> 4 )-~-D--GlcA ou ~-D-GlcpA (4-0Me)
D'après Stephen, A.M., Churms, S.C. et Vogt, D.C. (1990). Exudate gums, in « Methods in plant
biochemistry,2 : carbohydrates », (Dey, P.M., éd.), p. 483-522, Academie Press, Londres.
Cette gomme est l'exsudat visqueux d'un arbre des forêts de l'Inde et du Sri Lanka.
Produite et récoltée comme la gomme karaya, c'est un polysaccharide complexe qui
contient du D-mannose, du D-galactose, du L-arabinose, du D-xylose, du rhamnose et
dc l'acide D-glucuronique. Elle se disperse dans l'eau en formant des solutions très
visqueuses. Émulsionnant et stabilisant, elle tend à être remplacée par d'autres
polysaccharides (guar et dérivés de la cellulose).
Emplois
• En thérapeutique et diététique. Le mucilage extrait de l'endosperme constitue une
préparation épaississante à utiliser lors des vomissements habituels du nourrisson (laits
antirégurgitation). Sans effet sur le volume du reflux, cette pratique diminuerait plus la
fréquence des vomissements que ne le fait la farine de riz. De fait, la pratique a été peu
évaluée et les résultats des essais disponibles sont contradictoires.
La farine de caroube constitue une préparation absorbante parfois proposée dans le
Iraitement symptomatique des diarrhées du nourrisson et du jeune enfant.
L'administration de la caroube s'accompagne, dans les premières 24 heures, de la seule
couverture des besoins hydriques; la réalimentation est ensuite progressive. Diluée
dans de l'eau ou dans du lait, la caroube ne doit pas bouillir.
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est
possible de revendiquer, pour le fruit sans graines de caroubier, les indications thé-
rapeutiques suivantes (voie orale) : traditionnellement utilisé 1° comme traitement
adjuvant de la composante douloureuse des troubles fonctionnels digestifs; 2° dans le
traitement symptomatique des diarrhées légères. Pour la graine de caroubier (= gomme
de caroube), la même Note n'admet qu'une seule indication (voie orale) : tradition-
nellement utilisé comme adjuvant des traitements amaigrissants. Dans les deux cas,
aucune évaluation toxicologique n'est demandée pour la constitution d'un dossier
« abrégé» d'AMM (poudre). Comme pour tous les autres laxatifs ayant un effet de lest,
une information précise du corps médical et du public doit être prévue (voir p. 119). Ni
le fruit, ni la graine du caroubier ne font l'objet d'une monographie de la Commission
E du BfArM allemand .
produits cosmétiques ainsi que de nombreuses autres industries (textile, papier) y ont
largement recours; elles peuvent aussi utiliser des dérivés hémisynthétiques préparés à
partir de la « gomme» (éthers hydroxyalkyliques, carboxy-galactomannanes
calciques) .
3. S'il est habituel de parler de gomme guar, voire de gomme de guar, il s'agit là d'une utilisation
abusive du mot gomme, ce produit - le guar - résultant non pas d'une exsudation consécutive à un
quelconque traumatisme, mais du simple broyage de l'albumen des graines
PI Il .YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES 113
l,'
f
~. l'Olllille les autres « fibres solubles », avec le métabolisme des glucides et avec celui des
lipides. Au niveau du métabolisme glucidique, plusieurs expérimentations réalisées
dll~Z le sujet normal et chez le diabétique tendent à démontrer que l'addition de guar à
III ration alimentaire diminue l'hyperglycémie et l'insulinémie post-prandiale. Cet effet,
Illsuffisant en lui-même pour normaliser la glycémie chez le sujet diabétique (mais
l'l'l'tains l'estiment malgré tout favorable), serait principalement lié à la forte viscosité
dll guar qui retarde la vidange gastrique et réduit la vitesse d'absorption des sucres au
lIiveau intestinal. Au niveau du métabolisme lipidique, la prise quotidienne de gomme
I-\uar diminue la cholestérolémie et les LDL sans affecter notablement les autres
lipoprotéines, sans abaisser non plus la triglycéridémie. Selon une analyse publiée en
11)99, chaque gramme de guar ingéré abaisse la cholestérolémie totale de 0,026 mmol/l
t't le LDL-cholestérol de 0,033 mmol/l. (Voir aussi, p. 87: fibres alimentaires).
La consommation de guar est-elle susceptible de participer à la réduction du poids?
Plus d'une trentaine d'études et essais cliniques ont évalué ce produit dans le traitement
de l'obésité. Une méta-analyse des essais de méthodologie acceptable a conclu à
l'absence de différence statistiquement significative entre la gomme guar et le placebo.
Toxcité, effets indésirables. La gomme guar n'est pas toxique, mafs de fortes doses
peuvent entaÎner quelques effets indésirables digestifs mineurs (flatulences,
hallonnements). La tolérance intestinale est bonne juqu'à 40 g par jour. Quelques cas
d'allergie respiratoire ont été rapportés chez des personnes exposées à l'inhalation de
poudre de guar. Si la gomme est ingérée sans un volume de liquide suffisant, le risque
existe d'une obstruction œsophagienne ou d'une occlusion intestinale.
Emplois. Si la gomme guar peut être incluse dans la composition des régimes
destinés aux sujets diabétiques, c'est surtout dans la mise au point de régimes propres à
diminuer la cholestérolémie, facteur de risque des maladies cardiovasculaires, qu'elle
peut avoir un intérêt. Associée à un régime hypolipidique et riche en sucres, elle peut
aider à remédier transitoirement à une hypercholestérolémie modérée. La poudre de
guar, éventuellement aromatisée, est préconisée comme «modérateur de l'appétit ». La
gomme guar est également utilisée, en association avec un pansement intestinal ou des
sels d'aluminium et de magnésium, dans le traitement symptomatique des colopathies
avec constipation, et comme antiacide. Pour l'Afssa, il est licite de considérer le guar
comme agent de charge peu calorique, mais pas comme modérateur de l'appétit [2002].
Les solutions de guar (à 1 % et moins), stables pour des pH variant de 4 à 10,5, sont
compatibles avec la plupart des autres hydrocolloïdes végétaux. La viscosité de leurs
solutions est fortement augmentée quand elles sont additionnées de gomme xanthane ..
C'est un émulsionnant et, sous certaines conditions, un gélifiant. Si la pharmacotechnie
l'utilise occasionnellement, les industries agricoles et alimentaires sont de gros
consommateurs eu égard à ses propriétés épaississantes (13412). D'autres industries sont
également utilisatrices de guar : la papeterie, l'industrie minière (floculation, flottation,
filtration), le traitement des eaux, le textile, etc.
Comme dans le cas de la cellulose, on peut préparer des dérivés (hydroxypropyl,
carboxyméthyl) essentiellement destinés à des emplois industriels (textile, raffinage,
industries minières et autres).
114 GLUCIDES
La graine. La graine de fenugrec, aplatie (3-5 x 2-3 x 1 j- 2 mm), est très dure, brun
à brun rougeâtre, et marquée par un sillon qui délimite deux parties inégales.
Microscopiquement (hydrate de chloral), la poudre de graine présente des fragments
comportant un hypoderme à grandes cellules aux parois radiales épaissies en bâtonnets:
P( li ,YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES 115
l'l'trécies à leur extrémité supérieure, elles sont étranglées dans leur partie médiane.
Beaucoup d'autres fragments sont visibles: d'épiderme, d'albumen, de parenchyme
I(;gumentaire, etc. Le fenugrec, caractérisé en CCM (trigonelline révélée par
l'iodobismuthate de potassium), présente un indice de gonflement qui n'est pas
illl'érieur à 6,
Les longues gousses arquées de ces arbres parfois cultivés en Europe à des fins
ornementales fournissent des graines riches en galactomannanes. Les emplois de la
poudre de l'albumen sont, à l'heure actuelle, très restreints. En France, la Note
explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est possible de revendiquer,
pour la graine de Gleditsia, l'indication thérapeutique (voie orale) « traitement
symptomatique de la constipation ». Aucune évaluation toxicologique n'est demandée
pour la constitution d'un dossier« abrégé» d'AMM (poudre de graine). Comme pour
tous les autres laxatifs ayant un effet de lest, une information précise du corps médical et
du public doit être prévue (voir p. 119). La graine de Gleditsia ne fait pas l'objet d'une
monographie de la Commission E du BfArM allemand .
La gomme tara (= huarango, Peruvian carob, gomme du Pérou) est obtenue par
broyage de l'endosperme des graines de cet arbre du nord de l'Amérique du Sud et de
l'Afrique. C'est un galactomannane soluble dont le rapport galactose: mannose est
intermédiaire entre ceux de la « gomme» de caroube et du guar. La force et l'élasticité
de ses gels peuvent être augmentées par addition de gomme xanthane (ELl17). On peut
noter que la poudre de gousses est utilisable pour ses propriétés tannantes.
Compte tenu des difficultés rencontrées pour classer chimiquement des structures
souvent imparfaitement connues, on regroupe ici, sur la base de leur origine botanique
et d'analogies structurales, des plantes que la majorité des auteurs s'accordent à
qualifier de plantes à mucilages, quel que soit le flou qui caractérise cette notion.
A. Plantaginaceae à mucilages
Plusieurs espèces du genre Plantago sont des plantes utilisées en pharmacie: les
graines d'ispaghul et de psyllium doivent leurs propriétés laxatives à des polysaccharides
très hydrophiles et les feuilles de certains plantains indigènes sont, sur la base de la
1'( li .YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES 117
Le psyllium a été proposé (et est parfois utilisé) en cas de syndrome du côlon irri-
table. L'importance de la composante psychosomatique de ce type d'affection la rend
très placebo sensible: cela complique l'évaluation clinique rigoureuse du bénéfice que
l'on peut attendre de l'utilisation du psyllium (et d'autres agents de lest prescrits dans ce
cas). Les essais cliniques randomisés versus placebo publiés ne fournissent pas de
preuve solide de leur efficacité sur ces troubles fonctionnels, en particulier sur la
composante douloureuse. Toutefois, le transit intestinal de certains patients peut être
amélioré. L'intérêt du psyllium en cas de colite ulcéreuse, possible, reste à confirmer.
L'effet de l'ingestion de psyllium sur la glycémie est confirmé par de petites études
cliniques, en particulier sa capacité à atténuer l'élévation de la glycémie consécutive à
la prise des repas. En l'absence d'essais au long cours et de taille suffisante, il est
difficile de préciser l'impact clinique éventuel de cette propriété chez les diabétiques de
type 2.
Plus d'une cinquantaine d'essais cliniques ont évalué l'effet de la consommation
quotidienne d'ispaghul ou de psylliumsur le bilan lipidique. Les méta-analyses opérées
sur les essais méthodologiquement les plus rigoureux ont montré que la consommation
quotidienne d'une dizaine de grammes de psyllium entraîne une diminution modeste,
mais statistisquement significative, du cholestérol total de sujets modérément
hypercholestérolémiques (- 0,028 mmol/l par gramme de psyllium consommé» et du
LDL-cholestérol (- 0,029 mmoVI par gramme de psyllium consommé). On ne note pas
d'effet sensible sur le taux de HDL-cholestérol et sur celui des triacylglycérols. L'effet
semble plus marqué lorsque le psyllium est mélangé aux aliments que lorsqu'il est pris
seul, en dehors des repas. L'intensité de la baisse ne semble pas corrélée à la
cholestérolémie totale initiale, mais les sujets à LDL-cholestérol élevé répondraient
légèrement mieux aux fibres solubles que ceux dont les taux sont moins élevés.
Si le psyllium ne peut pas être utilisé pour abaisser efficacement une cholestéro-
lémie élevée, il est peut être utile - associé à un régime alimentaire adéquat - pour
atténuer une hypercholestérolémie modérée. C'est d'ailleurs ce qu'a estimé la FDA
américaine (en réponse à une demande de la firme Kellog ... ) en autorisant les fabricants
de produits à base de psyllium à revendiquer une allégation reliant la consommation
quotidienne de 10 g de psyllium à une possible réduction du risque cardiovasculaire (à
condition toutefois de bien préciser « dans le cadre d'un régime pauvre en graisses
saturées et en cholestérol»).
La Note explicative publiée en février 1998 s'est attachée à définir, pour les
médicaments laxatifs à base de plantes, « une information précise des professionnels de
santé et du public », Pour le psyllium, l'ispaghul et tous les autres laxatifs ayant un effet
Plantago major L.
," l'()J ,YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES 121
,;-
.f..,1.,
r Ill' Icst (algues, gommes, etc.), cette information est détaillée à l'Annexe IV, § 4.3 et
" Hllivants (p. 77-78). La Note détaille également toutes les mentions que doit comporter
III notice (ibid., p. 79-81). Après avoir rappelé que le médicament est préconisé dans la
~'lliistipation, la notice énumère :
• les cas dans lesquels il ne faut pas utiliser le médicament (certaines maladies de
l'Inll:stin et du côlon, les douleurs abdominales [maux de ventre]). Le flou 4 de cet inti-
lull: est compensé par la mention: « en cas de doute, il est indispensable de demander
l'IIvis de votre médecin ou de votre pharmacien»;
• des mises en garde spéciales concernant les constipations occasionnelle et
l'IlI'\lI1ique. Dans le premier cas, il est rappelé que toute constipation récente inexpliquée
plll' le changement du mode de vie (voyage) ou toute constipation accompagnée de
douleurs, de fièvre, de gonflement du ventre doit conduire à demander un avis médical.
Dllns le second cas, la notice rappelle les origines possibles de la constipation puis
énumère les éléments du traitement: augmentation des apports alimentaires en produits
d'origine végétale (légumes verts, crudités, pain complet, fruits, etc.); augmentation de
III consommation d'eau et de jus de fruits; augmentation des activités physiques (sport,
IIlal'che, etc.); rééducation du réflexe de défécation; éventuellement adjonction de son à
l'IIlimentation. Le cas de l'enfant fait l'objet d'un paragraphe spécial soulignant l'intérêt
lks mesures diététiques et déconseillant l'usage prolongé du laxatif;
• des précautions d'emploi, notamment la nécessité de boire beaucoup d'eau pendant
k traitement;
• le risque d'interactions médicamenteuses et la nécessité de signaler tout autre
Imitement en cours au médecin ou au pharmacien;
• la nécessité pour la femme enceinte de recourir à un avis médical 5 avant d'utiliser
des laxatifs (ou d'en continuer l'utilisation);
• des conseils d'utilisation (ne pas augmenter les doses, ne pas prolonger l'usage
sans avis médical) ;
• les effets indésirables possibles: météorisme abdominal (ballonnement) .
La graine de psyllium est constituée par les graines mûres, entières et sèches de
l', qfi'a L. ou de P. indica L. (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0858]).
Les plantes. Ces plantains sont des herbes annuelles de petite taille à tiges dressées,
il feuilles sans pétiole différencié, opposées ou verticillées. Les inflorescences sont des
épis grêles à bractées courtes (P. afra) ou des épis serrés à bractées pointues, plus
longues que les fleurs (P. indica). Le fruit est une capsule circumscissile à deux graines
4. Le résumé des caractéristiques est, lui, plus précis: syndrome occlusif ou subocclusif,
syndromes douloureux abdominaux de cause indéterminée, fécalome.
5. Le même résumé des caractéristiques prévoit la mention « toutefois le suivi de grossesses
('xJiosées au ... est insuffisant pour exclure tout risque. [ .. .] l'utilisation du ... ne doit être envisagée au
('(lurs de la grossesse que si nécessaire ».
122 GLUCIDES
La graine. La graine de P. aira est lisse, luisante, elliptique (2-3 x 0,8-1 mm),
élargie à une extrémité, de couleur variant du brun clair au brun-noir. Sur la face
ventrale, cette graine est creusée d'un sillon linéaire présentant en son milieu une tache
de couleur plus claire correspondant au hile, et limitée par des bords relevés en forme
de bourrelet. La graine de P. indica est pratiquement identique, un peu moins luisante,
plus large (maximum 1,5 mm).
La graine de psyllium ne doit pas contenir plus de 1 % d'éléments étrangers, y
compris des graines non mûres, verdâtres. Elle ne doit pas contenir de graines
provenant d'autres espèces de plantain: graines à tache centrale sombre sur le sillon
(P.lanceolata L., P. major L.), graines présentant extérieurement des surfaces gris-brun
ou rosâtres (P. sempervirens Crantz, P. ovata Forssk). L'indice de gonflement est au
moins égal à 10 (2.8.4).
Pour la Pharmacopée européenne (6° édition), la partie utilisée est soit la graine
(graine mûre et sèche [01/2008:1333]), soit le tégument de la graine (01/2005:1338),
défini comme« l'épisperme et les assises adjacentes collabées prélevés sur la graine ».
La plante. L'ispaghul est une plante annuelle cultivée en Inde et au Pakistan, aisé-
ment acclimatable à nos régions. La tige, très ramifiée, porte des feuilles linéaires,
lancéolées, dentées, pubescentes. Les fleurs blanches sont groupées en épis cylindriques.
La graine et le tégument. La graine (1,5-3,5 x 1,5-2 x 1-1,5 mm) est ovale, lisse,
beige rosé; sa face convexe possède une tache brun clair occupant environ le quart de la
longueur. Au microscope (réactif lactique), la poudre de graine présente des fragments
d'épisperme à cellules remplies de mucilage; elle comporte en outre des fragments
d'albumen (à aleurone et huile) et, visibles en milieu glycérolé, des grains d'amidon. Le
tégument se compose de fragments ou écailles de couleur beige rosé. La poudre du
tégument apparaît dépourvue de cellules à grains d'aleurone et à gouttelettes d'huile.
L'identité de la graine et de son tégument est confirmée par la CCM des sucres
libérés par l'hydrolyse du mucilage (acide trifluoracétique). L'indice de gonflement de
la graine n'est pas inférieur à 9, celui du tégument n'est pas inférieur à 40.
1:.
r'
•
?
1'( II.YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES 123
La plante, lafeuille. Le plantain lancéolé est une plante vivace à feuilles en rosette,
il limbe aigu au sommet et rétréci à la base en un pétiole grêle (P. lanceolata). Les épis
Ilorifères, cylindriques ou ovoïdes, sont portés par des tiges non ramifiées.
La feuille, lancéolée, peut mesurer jusqu'à 30 cm de longueur et 4 cm de largeur. Le
limbe, atténué à la base en un pétiole en forme de gouttière, présente 3, 5 ou 7 nervures
principales, sensiblement parallèles, saillantes à la face inférieure, de couleur vert-
blanc. La poudre de feuilles, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente des
poils tecteurs coniques unisériés, multicellulaires. Leur cellule basale est plus large que
les autres cellules épidermiques. Elle est suivie d'une cellule courte puis d'au moins
deux cellules longues à paroi épaisse, à lumen étroit et irrégulier présentant des
occlusions conférant au poil une apparence articulée puis d'une cellule terminale à apex
pointu. La feuille ne doit pas contenir plus de 5 % de feuilles de couleur différente. On
doit s'assurer, par CCM d'un extrait hydro-méthanolique, de l'absence de Digitalis
lanata et doser (colorimétriquement) les dérivés cinnamiques totaux.
La feuille de grand plantain est constituée par lafeuille séchée de P. major. Elle
contient au moins 0,2 % d'aucuboside, déterminé par CLHP (Ph. fse, 10c éd.).
Les sous-espèces communes du grand plantain (subsp. major et subsp. intermedia
(OC.) Arcangeli, cf. Flora Europea) sont des plantes vivaces à feuilles en rosette à limbe
ovale, sinué, brusquement rétréci en un pétiole ailé (P. major), elliptique
(P. intermedia) ou lancéolé. L'examen microscopique révèle, entre autres, la présence
de poils de deux types: les poils tecteurs, pluricellulaires, sont longs (200 /lm); les poils
sécréteurs ont un pied unicellulaire et une tête bicellulaire (30 /lm).
Les espèces végétales réparties dans les différentes familles qui constituent cet ordre
des Dillenidae renferment très souvent des cellules ou des canaux mucilagineux. La
pharmacie et la phytothérapie utilisent très couramment des Malvaceae (mauve,
guimauve [Malvoideae], tilleuls [Tilioideae], gomme karaya [Sterculioideae]), mais leur
intérêt n'est pas toujours lié aux polysaccarides (ex. : Theobroma [Byttnerioideae]). Les
autres familles de l'ordre n'ont, en termes d'applications pharmaceutiques ou
industrielles, qu'un intérêt limité, pas forcément lié aux polysaccharides: Bixaceae
(rocouyer [cf. caroténoïdes], gomme kutira), Cistaceae, Elreocarpaceae, etc.
l'()L YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES 125
• Comme la précédente, la mauve est une plante commune. Elle colonise talus et
hords des chemins de presque toute l'Europe. C'est une espèce assez polymorphe,
voisine de la précédente, à tiges peu rameuses. Éventuellement pérenne par des
hourgeons souterrains, elle est plus petite que la guimauve.
Les feuilles de mauve ont 3-7 lobes (sylvestris) ou 5-7 lobes indistincts (neglecta), à
hords dentés, à long pétiole discrètement sillonné et à limbe à pilosité plus importante
sur la face inférieure, à nervures de la face supérieure éventuellement violacées. Les
l'cuilles de M. sylvestris sont plus grandes (12 x 15 cm) que celles de M. neglecta (9 x
j
GLUCIDES
1
126
1
i
9 cm). La poudre (hydrate de chloral) présente des fragments de poils tecteurs effilés en
1
pointe, unicellulaires ou plus rarement en bouquets, fortement ponctués à la base (M. i
sylvestris) et des poils glanduleux en massue à 2-4 cellules (dans les 2 espèces).
Les fleurs, à calicule réduit à 3 pièces libres, ont des sépales triangulaires,
j
pubescents, soudés à la base et des pétales cunéiformes, échancrés sur leur bord
supérieur, violacés et veinés de pourpre. Le tube staminal est couvert de petits poils en 1
ij
étoile. Les carpelles ridés, rangés en cercle autour du style, sont cachés par le tube
staminal. Chez les variétés cultivées, le nombre des pièces varie de 3 à 7 (calicule), de 5 ~
à 8 (calice) et de 5 à 10 (corolle). Les poils tecteurs groupés par 2-6 en étoile (ou isolés)
ainsi que des poils sécréteurs en massue sont visibles dans la fleur pulvérisée (hydrate
de chloral). On y repère aussi des grains de pollen à exine grossièrement échinulée.
L'analyse en CCM des anthocyanosides (fleur) ou des flavonoïdes (feuille) confirme
l'identification; l'indice de gonflement n'est pas inférieur à 15 (fleur) ou à 7 (feuille).
La feuille de mauve contient au maximum 5 % de feuilles portant des pustules rouges
ou brunes remplies de spores oblongues ou ovales de Puccinia malvacearum.
Composition chimique.
• Tous les organes de la guimauve renferment du mucilage. Dans le cas des
racines, il s'agit d'une structure fortement ramifiée composée de D-galactose, de L-
rhamnose et d'acides D-glucuronique et D-galacturonique. Globalement, les
polysaccharides des Malvaceae présentent une parenté structurale importante avec les
polysaccharides pectiques: chaîne rhamnogalacturonique, ramifications par des acides
uroniques et du galactose.
Les racines, comme d'ailleurs les feuilles et les fleurs, renferment des flavonoïdes
(O-glucoside en C-8 de l'hypolaetine, sel de potassium du O-glucoside en C-8 de
l'éther méthylique en C-4' de l'isoscutellaréine-sulfate). On y a également caractérisé
des acides-phénols et du scopolétol.
• Si l'on connaît assez bien la structure des polysaccharides et des glucuronates de
flavones et de flavonols présents dans les feuilles de la mauve - ce sont, comme chez
la guimauve, des dérivés 5,7 ,8-trisubstitués sur le cycle A -, on ne sait que peu de
choses sur la composition des fleurs: flavonoïdes, anthocyanosides (dont certains sont
zwittérioniques), polysaccharides.
6. «Les espèces sont destinées à préparer des infusés, des décoctés ou d'autres préparations
IlIzalogues. Elles sont obtenues par mélange de plantes ou parties de plantes desséchées, mondées,
illcisées ou concassées, puis dépoussiérées. Des sels sont parfois ajoutés. La préparation doit présenter
/Ille homogénéité suffisante. » Les espèces pectorales sont constituées par un mélange à masses égales
dc capitules de pied de chat et de tussilage, de fleurs de violette, de mauve et de guimauve, de pétales
de coquelicot et de corolles de bouillon blanc. On ne sait presque rien du pied de chat (Antennaria
dioÎca Gaertn. = Gnaphalium dioicum L., Asteraceae) en dehors du fait qu'il renferme des flavonoïdes
banals, qu'il stimule l'activité phagocytaire du système réticulo-endothélial et qu'il peut revendiquer
une utilisation (traditionnelle) dans le traitement symptomatique de la toux (voie orale) et comme
antalgique dans les affections de la cavité buccale et/ou de l'oropharynx (collutoire, pastille). Le
tussilage est considéré par certains auteurs comme plante à mucilage, c'est aussi une plante à alcaloïdes
(LI pyrrolizidines, p. 995). La violette (fleur séchée de Viola lutea Huds. [violette d'Auvergne], V.
ca/carata L. [violette des Alpes] ou V. odorata L. [violette odorante], Violaceae) est traditionnel-
lement utilisée dans le traitement symptomatique de la toux et comme traitement d'appoint adoucissant
ct antipmrigineux par voie externe. Le coquelicot renferme des traces d'alcaloïdes (LI isoquinoléines,
p. 1071). La fleur de bouillon blanc (Verbascum thapsus L., V. densiflorum Berto!. [= V. thapsiforme
Schrad] et V. phlomoides L., Scrophulariaceae, Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1853]) est difficile à classer;
les indications qu'elle peut revendiquer (les mêmes que celles de la mauve ou de la guimauve, plus
l'utilisation en bains de bouche) incitent à la considérer ici pour son mucilage. Les fleurs renferment
effectivement 3 % environ de polysaccharides constitués d'acides uroniques, de galactose, d'arabinose.
Elles renferment également des flavonoïdes, des esters osidiques phénylpropaniques, des saponosides,
des iridoïdes (aucuboside, catalpol et dérivés), des lignanes hétérosidiques [EMEAlHMPC/395213/2007].
Tiliia cordata Mill.
1'( li, YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES 129
ROSE TRÉMIERE, Althœa rosea L. Cette autre Malvaceae, surtout utilisée à des fins
ornementales, peut, en France, revendiquer les mêmes indications (fleur, feuille, voie
orale et voie locale) que la guimauve (sauf le traitement symptomatique de la constipa-
lion), avec les mêmes contraintes en ce qui concerne le dossier d'AMM. En Allemagne,
la Commission E du BfArM a estimé que l'efficacité de la rose trémière dans les usages
revendiqués n'était pas démontrée et, qu'en conséquence, elle ne pouvait pas en
recommander l'utilisation à des fins thérapeutiques .
La fleur de tilleul est constituée par l'inflorescence entière séchée de Tilia cordata,
de Tilia platiphyllos, de Tilia x vulgaris ou d'un mélange (Ph. eur., 6c éd., [01/2008:
0957]).
Depuis longtemps en vente libre, fleurs et bractées servent à préparer des infusions
qui seraient légèrement sédatives. La pharmacie utilise aussi l'aubier de tilleul défini
comme étant « l'écorce partiellement privée de suber [ ...] réduite en fragments de taille
variable [ ...] elle correspond à l'écorce détachable avec le bois de l'année, c'est-à-dire la
zone où circule la sève, délimitée à l'extérieur par le suber et à l'intérieur par le bois
ancien» (Ph. fse, 10c éd.). La monographie précise que cet aubier peut provenir des
trois espèces citées en titre ainsi que de T. sylvestris Desf. 7
7. Habituellement considéré comme synonyme de T. cordata Miller; cf. inter alia, Rameau, J.-C.
et al. (1989). Flore forestière francaise, 2, 771, IDF, Ministère de l'Agriculture et de la Forêt, Paris.
130 GLUCIDES
Les tilleuls sont de grands arbres à écorce grise et lisse, à feuilles cordiformes à la
base et brusquement acuminées, plus petites (3-9 cm) chez T. cordata que chez
T. platiphyllos (6-9 [12] cm).
La graine de lin est constituée par les graines mûres et sèches de L. usitatissimum
(ph. eur., 6' éd., [0112008:0095]).
La plante. Le lin est une herbe annuelle dressée à feuilles simples, alternes,
lancéolées. Les fleurs pentamères à pétales bleus sont solitaires, portées par des
ramifications grêles de la tige. Le fruit est une capsule à dix loges monoséminées.
Cultivé très tôt en Europe pour ses variétés « à fibres », le lin est maintenant largement
cultivé pour ses variétés à tiges ramifiées polyflores plus courtes et moins sensibles à la
verse, dites variétés « à graines », au Canada - premier producteur et exportateur du
monde -, en Chine, aux États-Unis d'Amérique, en Inde, etc. En 2005, la production
mondiale de graines s'établissait à 2,7 millions de tonnes. En France, la culture du lin à
132 GLUCIDES
La graine. La graine de lin est allongée, ovoïde, aplatie (4-6 x 2-3 x 1,5-2 mm),
arrondie à l'une de ses extrémités, pointue à l'autre. Son tégument est brun-rouge foncé
ou jaune, lisse et brillant, finement ponctué en surface (loupe). Le hile forme une légère
dépression près de l'extrémité en pointe.
Réduite en poudre et observée au microscope (hydrate de chloral), la graine
présente des cellules du tégument externe, des cellules collenchymateuses arrondies
associées à une assise de cellules scléreuses allongées, des cellules polygonales
pigmentées en orange brun, du parenchyme de l'albumen et des cotylédons renfermant
grains d'aleurone et gouttelettes d'huile. La graine ne contient pas plus de 10 % de
graines mates. Son indice de gonflement est supérieur à 4 (ou supérieur à 4,5 dans le cas
de la graine pulvérisée).
Toxicité, effets indésirables. La graine de lin n'est pas toxique. Sous réserve que la
prise de graines soit accompagnée de celle d'un grand volume d'eau, on ne note pas
d'effet indésirable particulier en dehors d'une possibilité de météorisme. Consommées
sans eau, elles exposent à un risque de bézoard. Des cas, très rares, de réactions
allergiques ont été signalés. Il n'a jamais été rapporté de symptomatologie liée aux
hétérosides cyanogènes, même à dose massive. L'usage régulier conduit à une accumu-
lation de thiocyanates dans le sang identique à celle que l'on obserrve chez les gros
fumeurs. La mutagénicité et cancérogénicité de la graine n'ont pas été étudiées.
1'( li ,YSACCHARIDES HÉTÉROGÈNES 133
Évaluation clinique. Alors que certaines études cliniques de petite taille semblaient
illdiquer que la consommation de graines de lin pouvait avoir une incidence bénéfique
sur la cholestérolémie et le bilan lipidique, les essais comparatifs les plus récents ont
l"Ollduit à des résultats contradictoires. Il n'a pas été rapporté non plus d'effet significatif
sllr la glycémie. Un essai randomisé versus placebo (germe de blé) en double aveugle a
Illontré l'absence d'effets sur la densité minérale osseuse de la supplémentation (40 g/j).
Âu cours de cet essai, il n'a pas non plus été observé d'effet différent de celui du
placebo sur les symptômes vasomoteurs de la ménopause alors qu'un petit essai croisé
IIntérieur en avait constaté un. Aucune donnée clinique n'est disponible pour confirmer
ou infirmer le rôle éventuel du lin dans la prévention de cancers.
les crackers. Le Conseil supérieur d'hygiène publique de France a en effet estimé que,
dans ces conditions, elles ne présentaient pas d'effets néfastes sur la santé.
L'incorporation de graines ou autres produits du lin à la ration alimentaire des
animaux permet d'obtenir des produits alimentaires (œufs, viandes, poissons) enrichis
en acides gras polyinsaturés de la série oméga-3.
Fibres de lin. Pour mémoire, rappelons que les fibres, traditionnellement obtenues
par rouissage (c'est-à-dire par fermentation en andains pendant trois à huit semaines, ce
qui dégrade les hémicelluloses) et teillage (c'est-à-dire broyage et séparation des fibres)
sont ensuite blanchies pour augmenter leur teneur en cellulose et utilisées par l'industrie
textile ainsi que pour l'obtention des fils chirurgicaux non résorbales stériles (Ph. eur.,
6c éd., [0112008-0324] et pour usage vétérinaire [0112008:0608]). Selon leur longueur,
les fibres peuvent être utilisées pour le tissage ou pour des produits variés (bourrage,
garnitures, tapis, etc.). Le lin est également utilisé pour la fabrication de certains papiers .
polydispersées, Leur structure et, par voie de conséquence, leurs propriétés dépen-
l'I
dent de la source, des procédés d'isolement et des traitements postérieurs à l'extraction,
Obtention des pectines, L'extraction des pectines se fait, dans l'industrie, à partir de
déchets de citrons (2,5-4 % de la masse de la pulpe fraîche) et de pommes (0,5-1,6 % de
la masse fraîche), c'est-à-dire à partir des pulpes résiduelles obtenues lors de la
fabrication des jus de fruits. Il en existe également de grandes quantités dans les pulpes
de betterave sucrière (p. 33), mais leurs propriétés gélifiantes ne sont pas optimales. Les
produits obtenus sont généralement à fort DM (70-75); si nécessaire ils sont ensuite
désestérifiés partiellement. Après inactivation des enzymes par ébullition - mais l'on
peut aussi travailler sur une matière qui a été soigneusement déshydratée -, la pectine
est solubilisée par des solutions aqueuses acides, à chaud. Le soluté extractif, filtré ou
œntrifugé, le cas échéant débarrassé de l'amidon (digestion par des amylases), est
additionné d'isopropanol : la pectine précipite. La précipitation peut également être
obtenue à l'aide de cations polyvalents. Le précipité est filtré, séché, broyé.
Tcmpérature, pH et durée du traitement en milieu acide conditionnent le DM final. On
peut également réaliser une amidification partielle. En théorie d'autres sources de
pectines sont utilisables: carotte, capitules de tournesol, marc de betterave (mais dans
ce cas la forte acétylation du polymère empêche l'établissement de liaisons inter-
moléculaires et impose de recourir à des artifices pour provoquer la gélification).
Elle aurait un effet négatif sur la biodisponiblité des vitamines. Elle est préconisée par
certains auteurs pour accélérer l'élimination du césium (137Ce) chez les enfants vivants
dans des territoires contaminés à la suite de l'accident de la centrale nucléaire de
Tchernobyl, mais les résultats des essais publiés par les auteurs de cette proposition ont
été jugés insuffisants pour statuer sur l'efficacité réelle du traitement. Sur les fibres
solubles, voir aussi pp. 112 et 118.
L'acide pectique est insoluble dans l'eau et son hydrosolubilité augmente avec le
DM. Les pectates alcalins sont hydrosolubles, les pectates de cations di- et trivalents
sont peu ou pas solubles. Les solutions de pectines sont très visqueuses, leur
comportement est pseudo-plastique: les groupes carboxyliques du polyanion sont
ionisés, les molécules se repoussent, leur conformation est étendue; elles sont fortement
hydratées, indépendantes. Dans des conditions particulières, les solutions préparées à
chaud gélifient par refroidissement. La gélification intervient rapidement, en présence
de calcium, par formation de zones de jonction du type egg box.
Dans le cas des pectines à fort DM, la gélification intervient lentement en milieu
acide et en présence de saccharose: l'acidité diminue la dissociation des carboxyles
résiduels (et donc la répulsion intermoléculaire) et le saccharose « fixe» l'eau qui,
normalement, hydrate le polymère, favorisant ainsi l'interaction polymère-polymère
aux dépens de l'interaction polymère-solvant et donc la formation d'un réseau
tridimensionnel, principalement par mise en jeu de liaisons hydrogène.
Emplois des pectines. L'intérêt des pectines en pharmacie est avant tout lié à leur
hydrophilie : en absorbant l'eau, elles constituent une préparation épaississante du
contenu gastrique, un régulateur du transit; assez rapidement fermentées, elles
favorisent la croissance bactérienne, augmentant ainsi le volume fécal. Elles sont
utilisées aussi bien pour le traitement symptomatique des régurgitations du nourrisson
qu'en cas de diarrhées. Elles sont aussi proposées comme hémostatique.
Utilisables en pharmacotechnie, les pectines sont surtout employées par l'industrie
agroalimentaire comme agent stabilisant et gélifiant (E440 a [pectines] et E440 b
[pectines amidifiées]) : confitures, gelées, confiseries, désserts glacés, sauces, etc.
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8. Depuis une décision de la Commission des Communautés européennes en date du 29 avril 2008 des
conditions particulières sont applicables à la gomme de guar originaire ou en provenance d'Inde. Cette
décision a été prise après constatation que de la gomme de guar produite en Inde était contaminée par un
fongicide (le pentachlorophénol) et des dioxines. La gomme, les denrées alimentaires et les aliments pour
animaux contenant au moins 10 % de gomme sont concernés.
Lipides végétaux : généralités
1 . GÉNÉRALITÉS
Les lipides sont des substances naturelles, esters d'acides gras et d'un alcool ou d'un
polyol. Constituants des structures cellulaires comme les phospho- et les glycolipides
Illembranaires, éléments de revêtement comme les cires ou les cutines, ce sont aussi des
substances de réserve, des sources d'énergie cellulaire.
Ces lipides - on dit aussi « corps gras » - sont des substances hydrophobes et
parfois amphiphiles, solubles dans les solvants organiques apolaires ou peu polaires,
lion volatiles: on parle d'huiles « fixes », par opposition aux huiles « essentielles ».
On distingue habituellement:
- les lipides simples, esters d'acides gras et d'un alcool qui peut être:
.le glycérol, constitutif des triacylglycérols ou triglycérides,
• un alcool aliphatique de masse moléculaire élevée, constitutif des cérides;
- les lipides complexes: phospholipides, glycolipides. Ils jouent un rôle fondamental
dans les organismes vivants, en particulier comme constituants membranaires mais, à
142 LIPIDES
Ce sont des triesters d'un triol, le glycérol, et d'acides gras, c'est-à-dire d'acides
carboxyliques aliphatiques de longueur variable ayant normalement un nombre pair
d'atomes de carbone.
Nature des acides gras. La grande majorité des acides gras végétaux se répartit en
deux groupes: celui des acides gras saturés et celui de leurs homologues insaturés.
Dans les deux groupes, les plus fréquents ont 16 ou 18 atomes de carbone.
Acides gras saturés. Les acides gras à moins de 12 atomes de carbone sont rares
chez les végétaux: on en trouve, surtout les acides en Cg et CIO' dans les
triacylglycérols des graines des palmiers principalement constitués d'acide laurique et
d'acide myristique. Jusqu'en C 14 , les acides gras sont rarement présents en quantité
importante: beurre de laurier (Cd, beurre de muscade (C I4 ). Les acides gras dont la
chaîne comporte 20 atomes de carbone et plus sont également peu fréquents: à
( i (':N I~RALlTÉS 143
Exemples:
Acides gras insaturés. Les plus abondants sont en C IS ' La configuration de la (ou
des) insaturation(s) est en règle générale Zl et, chez les molécules polyinsaturées, les
doubles liaisons se succèdent habituellement selon un motif 1,4-diénique 2 •
1. Les acides gras trans se trouvent naturellement dans le lait, le beurre et les graisses animales -
ils sont formés lors de la biohydrogénation ruminale. Ils apparaissent dans les graisses végétales par
is()mérisation lors de leur hydrogénation partielle (margarines et shortenings abondantes dans les
viennnoiseries et produits de panification industrielle), et au cours des traitements thermiques. La
l'()nsommation des acides gras trans à des niveaux qui dépassent 2 % de l'apport énergétique total est
IIss()ciée à une augmentation significative des risques de maladie cardiovasculaire. L'Afssa a récem-
IIlent recommandé de réduire d'au moins 30 % la consommation des viennoiseries, barres chocolatées,
\'1 pâtisseries de faible intérêt nutritionnel. Voir, en particulier: Afssa (2005). Risques et bénéfices pour la
sllllté des acides gras trans apportés par les aliments - Recommandations (document en ligne, http://www.
Ill'ssa.fr, 216 pages) ; voir aussi: Mozaffarian, D., Katan, M.B., Ascherio, A. et al. (2006). Trans fatty acids
IIlld cardiovascular disease, N. Engl. J. Med., 354, 1601-1613.
2. Remarques sur la nomenclature. Les acides gras n'échappent pas à la règle commune: le car-
h()ne du carboxyle est numéroté l, les insaturations et substituants éventuels sont nommés selon les
règles classiques. Toutefois, des spécialistes des lipides (notamment des physiologistes et des
lIutritionnistes) utilisent fréquemment une nomenclature de type « n-x » où x est le nombre d'atomes de
carbone entre la double liaison distale et le méthyle en bout de chaîne. Cette nomenclature met mieux
\'11 évidence les analogies structurales dans une série. Ainsi, l'acide linoléique est un acide en CI S, n-6,
les acides a- et y-linoléniques sont respectivement n-3 et n-6. On parle aussi d'acides gras w6 ou w3 et
de famille w6 ou w3, le carbone du méthyle terminal étant w (par rapport au C-2, qui est a); ex. :
l'acide linoléique, l'acide y-linolénique et l'acide arachidonique sont des w6. En pratique, on abrège
s()uvent la désignation des acides gras en caractérisant simplement le nombre de carbones et le nombre
dïnsaturations, les deux nombres étant séparés par" : " (ex. : C IS :I)' Il faut en outre préciser la place
des insaturations (ex. : C IS :2 ~9.12) ou C IS :2 (9,12)'
144 LIPIDES
Moins fréquents sont les acides insaturés à chaîne courte (~CI6) ou à chaîne
comptant 20 carbones et plus:
Autres acides gras insaturés. À côté de ces acides gras « classiques », on connaît
de très nombreuses structures particulières, en général limitées dans leur distribution à
un genre, à une famille ou à un groupe de familles. Exemple: les insaturations
habituellement Z peuvent être E (ex. : acide éléostéarique, 08:3 (9Z, IlE, 13E»); l'une des
insaturations peut être une triple liaison (acide crépénynique). Il peut y avoir jusqu'à six
insaturations et il arrive que celles-ci soient conjuguées (acides gras alléniques, ex. :
acide parinarique, C 18 :4 (9E, IlE, 13E,ISE»);
Acides gras cyclisés. Dans quelques cas la chaîne carbonée est partiellement
cyclisée: acides gras cyclopropaniques et cyclopropéniques des Sterculiaceae (acides
malvalique et sterculique) ou de l'huile des graines de litchi (Litchi sinensis Sonn.,
Sapindaceae), acides gras cyclopenténiques des Flacourtiaceae 3, p. 146.
( ;(.:NÉRALITÉS 145
1
C0 2 H acide oléique
C18: 1 (9)
1
13 acide érucique
C0 2 H
C22: 1 (13)
1
12 acide linoléique
C0 2 H
lA C18:2(9,12)
12
acides n-6
acide y-linolénique
C0 2 H C18: 3 (6,9, 12)
10 = ü)-6
1
14 11
C0 2 H acide arachidonique
10
C20: 4 (5, 8, 11, 14)
1
15 12
C0 2 H acide a-linolénique acide n-3
C18:3(9, 12, 15)
= ü)-3
OH
12 acide ricinoléique
C0 2 H
H
/"
C0 2 H acide chaulmoogrique
\
C0 2 H acide sterculique
acide crépénynique
~
o
o
2 0
o 3
o
triacy/g/ycéro/ : tripa/mitate o
Les triacylglycérols sont solubles dans les solvants organiques, y compris dans
l'acétone, ce qui les différencie des lipides phosphorés. Traités par un hydroxyde
alcalin, ils libèrent une molécule de glycérol et trois molécules d'acides gras: l'indice
En dehors de l'Aphloia madagascariensis Clos., qui passe pour diurétique et qui figure encore dans un
très petit nombre de spécialités, les Flacourtiaceae ne sont pas utilisées en France. Les feuilles de cet
Aphloia fournissent une tétrahydroxyxanthone, des tanins et des saponosides, esters en C-28 d'acides
urs-12-én-28-oïques hydroxylés. Dijoux, M.-G., Lavaud, C., Massiot, G. et al. (1993). A saponin from
leaves of Aphloia madagascariensis, Phytochemistry, 34, 497-499.
( 1(.:NI1RALITÉS 147
de saponification que l'on détermine par cette méthode renseigne sur la longueur
Illoyenne des chaînes (voir ci-dessous). Les triacylglycérols d'acides gras insaturés
1'I11l<:issent: laissés à l'air libre, ils deviennent plus ou moins rapidement malodorants.
( 'e phénomène est lié à la peroxydation des acides gras insaturés: les peroxydes formés
pcuvent se polymériser - c'est le but que l'on recherche dans les peintures à base
d'huile de lin ou d'autres huiles siccatives -, ils peuvent aussi se rompre en engendrant
IIldéhydes, cétones et acides d'odeur désagréable.
À température ordinaire, les acides gras sont des liquides si leur chaîne carbonée
compte moins de 10 atomes de carbone; dans le cas contraire, ce sont des solides. Ils
sont tous insolubles dans l'eau et solubles dans les solvants organiques. Lorsqu'ils sont
insaturés, ils absorbent dans l'ultraviolet ce qui permet d'envisager leur dosage. Acides,
ils forment des sels: c'est la base de l'industrie des savons et détergents (sels alcalins,
sels de bases organiques). Acides, ils sont estérifiables : la volatilité des esters
IlIéthyliques, plus grande que celle des acides, permet leur étude en CPG.
• Extraction par pression. On utilise généralement des presses à vis qui donnent un
meilleur rendement en huile que les anciennes presses hydrauliques: elles travaillent
sous une pression plus élevée et, avantage supplémentaire, elles fonctionnent en
continu. Avant d'être pressées, les graines oléagineuses riches en protéines subissent
une cuisson vers 90 oC qui a comme résultante de libérer l'huile en faisant éclater les
structures cellulaires, mais aussi de coaguler les protéines. Un séchage rapide suit le
plus souvent la cuisson.
• Extraction par solvants. Ce type d'extraction peut s'appliquer aussi bien aux
graines intactes qu'aux graines partiellement deshuilées par pressage. Le solvant -
généralement c'est de l'hexane (PE : 65 oC) - est envoyé sur les graines nettoyées,
décortiquées et grossièrement broyées. On récupère ainsi une phase organique, solution
d'huile dans le solvant - le miscella - , et une farine deshuilée imbibée de solvant.
Les installations industrielles fonctionnent habituellement selon un schéma de contre-
courant. Le taux de récupération de l'huile varie de 95 à 99 %.
148 LIPIDES
- neutralisation. Les acides gras libres, toujours présents dans l'huile brute, sont
neutralisés par l'hydroxyde de sodium dilué. Le savon qui se forme (soapstock = pâte
de neutralisation) entraîne par adsorption une partie des impuretés: colorants, phénols,
stérols, cérides, traces métalliques et produits d'oxydation divers. Le savon est séparé
par centrifugation et hydroxyde de sodium en excès éliminé par lavage à l'eau chaude;
- décoloration: par passage sur terres adsorbantes ou sur charbon actif. L'agent
décolorant est éliminé par filtration;
- décirage. Les huiles brutes qui contiennent beaucoup de cires (tournesol, maïs,
coton, etc.) sont débarrassées de celles-ci par refroidissement (wintérisation ou
« frigélisation ») : les cires cristallisées sont éliminées par filtration;
A. Généralités
Le contrôle des plantes à lipides n'est pas différent de celui d'autres plantes:
vérification de l'identité et de l'absence de falsifications puis détermination de la
1 ( 1r":NI~RALITÉS 149
4. Dans l'industrie des oléagineux, on peut utiliser soit la méthode par extraction (détermination
de l'extrait à l'hexane, [norme NF EN ISO 659: 1998]), soit la méthode par spectrométrie de résonance
magnétique nucléaire à basse résolution et à onde continue - méthode rapide (norme NF EN ISO
5511: 1997) ou pulsée (NF EN ISO 10565: 1998).
5. Si l'huile contient des acides gras à chaîne courte, il faut adapter la méthode de méthylation
pour tenir compte de la volatilité et de la solubilité de leurs esters.
Cocos nucifera L.
( ,(:,NÉRALITÉS 151
H H
HO HO
stigmastérol sitostérol
5. Huiles étrangères dans les huiles grasses. Cet essai peut être
réalisé en chromatographie sur couches minces (01/2008:20421), mais les mono-
graphies qui le demandent (toutes sauf l'huile de ricin) prescrivent d'effectuer cette
recherche par chromatographie en phase gazeuse (01/2008:20422).
En CCM, on utilise des plaques préalablement imprégnées par migration d'une
solution éthéropétroléique de paraffine 6. La solution à examiner est constituée par le
mélange des acides gras obtenu par saponification et la solution témoin est constituée
par le mélange d'acides gras issu de la saponification d'un mélange (19-1) d'huile de
maïs et d'huile de colza. Après développement du chromatogramme, les taches
correspondant aux acides gras sont révélées par des vapeurs d'iode.
L'analyse en CPG n'est pas conduite sur l'huile, mais sur les esters méthyliques des
acides gras qui la constituent (méthylation par reflux sous azote dans le méthanol
anhydre en milieu alcalin puis extraction des esters d'acides gras par l'heptane). On
opère par rapport à une solution témoin d'esters méthyliques et le chromatogramme est
soumis à une double évaluation: qualitative (courbe d'étalonnage, longueurs de chaîne
équivalente) et quantitative (intégration). Pour chaque monographie, la Pharmacopée
précise les teneurs minimales et/ou maximales des acides gras normalement contenus
dans l'huile grasse considérée. On peut aussi travailler en température programmée
linéaire.
6. On utilise très couramment des couches de silice imprégnée d'une solution aqueuse de nitrate
d'argent: l'interaction entre les ions Ag+ et les doubles liaisons permet une bonne résolution des acides
gras insaturés (mono-, di- et triènes, Z et E, etc.).
153
7. On peut donc en déduire, si nécessaire, l'indice d'ester, égal à la différence entre l'indice de
saponification et l'indice d'acide. L'indice de saponification peut également être déterminé par
n:llectance dans le proche infrarouge.
8. Dans le cas du rapport A232/ A270, il doit être supérieur à une valeur plancher (plus la
d0composition est avancée, plus la teneur en produits secondaires d'oxydation augmente). Dans le cas
de la seule mesure à 270 nm, la valeur doit être inférieure à la valeur limite publiée. L'oxydation des
huiles au contact de l'air donne naissance à des aldéhydes: cela explique que l'on puisse, si nécessaire,
apprécier l'état d'oxydation en déterminant l'indice d'anisidine (formation de dérivés colorés par
réaction des aldéhydes avec la p-anisidine).
9. Indice d'iode: c'est le nombre qui exprime en grammes la quantité d'halogène, calculée en
iode, susceptible d'être fixée, dans les conditions précisées, par 100 g de substance. Il permet d'évaluer
l'insaturation globale du corps gras. Indice d'hydroxyle (01/2008:20503) : c'est le nombre qui exprime
en milligrammes la quantité d'hydroxyde de potassium nécessaire à la neutralisation de l'acide qui se
combine par acylation à 1 g de substance (applicable, entre autres, à l'huile de ricin).
154 LIPIDES
.'
>;
•
Lipides •
• huiles végétales
1. Huiles faisant l'objet d'une monographie aux pharmacopées européenne ou française . .156
huiles d'amande ........................................................ ,.............. ,............................ ,..... 156
huile d' arachide .......................................................................................................... 157
huile de carthame ........................................................................................................ 159
huile de coco ............................................................................................................... 160
huile de colza .............................................................................................................. 161
huile de coton .............................................................................................................. 163
huile de germes de blé ............................................................................................... .163
huile de lin ................................................................................................................. 163
huile de mais ............................................................................................................... 164
huile de noyaux ........................................................................................................... 164
huile d'olive ................................................................................................................ 165
huile de ricin ............................................................................................................... 166
huile de sésame ........................................................................................................... 169
huile de soja ................................................................................................................ 171
huile de tournesol ........................................................................................................ 174
2. Autres huiles ....................................................................................................................... 175
huiles de palme et de palmiste .................................................................................. .175
huiles utilisées en formulation cosmétique ................................................................ 176
3. Acides gras polyinsaturés : AGE ........................................................................................ 176
AGPI, AGPI-LC, oméga-3 et oméga-6 .................................................................... .176
couvelture des besoins en acides gras essentiels ...................................................... .179
huiles à acide gamma-Iinolénique .............................................................................. 180
huile d'onagre ............................................................................................................. 180
huile de bourrache ...................................................................................................... 181
4. Insaponifiables et composés apparentés ............................................................................ .182
avocatier ..................................................................................................................... 182
tocophérols ................................................................................................................. 183
156 LIPIDES
.HUILE D'AMANDE
L'huile d'amande vierge est l'huile grasse obtenue par pression à froid à partir de
graines mûres de Prunus dulcis (Miller) D.A. Webb var. dulcis ou de P. dulcis (Miller)
D.A. Webb var. amara (D.C.) Buchheim ou d'un mélange des deux variétés (Ph. eur.,
6' éd., [01/2008:0261]).
La définition de l'huile d'amande raffinée est la même, à ceci près qu'elle précise
que la pression à froid est suivie d'un raffinage et qu'un antioxydant approprié peut être
ajouté (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1064]).
L'amandier est une Rosaceae à fleurs blanches ou rosées, originaire d'Asie et très
largement cultivée dans la région méditerranéenne: Espagne, Syrie, Italie, Maroc,
Tunisie, Grèce, Turquie, Algérie, mais aussi en Iran ou encore dans l'ouest des États-
Unis d'Amérique qui produisait en 2005 environ 40 % des amandes consommées dans
le monde. Le fruit est une drupe oblongue à épicarpe vert-clair, velouté: l'amandon. La
graine, ovale et aplatie, possède un tégument mince, ridé et se détachant facilement. La
saveur est douce, huileuse, légèrement sucrée. Les graines des deux variétés amara et
dulcis, riches en huile (50-60 %), se distinguent uniquement par la présence, chez la
variété amara, d'un hétéroside cyanogène, gentiobioside du mandélonitrile : l'amyg-
daloside. Son hydrolyse fournit deux molécules de glucose et, par décomposition du
nitrile mandélique, de l'aldéhyde benzoïque et de l'acide cyanhydrique (cf. p. 220).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C l6 < 0,1; palmitique, 4-9; palmitoléique, < 0, 8; margarique,
< 0,2; stéarique, < 3; oléique, 62-86; linoléique, 20-30; linolénique, < 0,4; arachidique
et béhénique, < 0,2; eicosénoïque, < 0,3 et érucique, < 0,1.
L'insaponifiable de l'huile vierge « 0,9 %) renferme notamment des stérols (Ph.
eur., 6' éd.) : ~-sitostérol (73 à 87 % de la fraction stérolique), .:15-avénastérol (> 10 %),
cholestérol « 0,7 %), campestérol « 4 %), stigmastérol « 3 %), .:1 7 -avénastérol
« 3 %), ,:17- stigmasténol « 3 %), brassicastérol « 0,3 %). Le raffinage modifie peu la
composition stérolique (cf. Ph. eur.).
• HUILE D'ARACIDDE
L'huile d'arachide raffinée est l'huile grasse raffinée obtenue à partir de graines
décortiquées d'Arachis hypogaea L. (Ph. eur., 6' éd., [0112008:0263]).
1. Composition de l'huile de noisette: acides gras saturés: 6-13 %, acide oléique: 66-83 %, acide
linoléique: 8-25 %, Les feuilles de cet arbuste indigène sont parfois utilisées en phytothérapie. En
France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est possible de revendiquer,
pour la feuille de noisetier, trois indications thérapeutiques: traditionnellement utilisé 1° dans le
traitement symptomatique des diarrhées légères (voie orale); 2° dans les manifestations subjectives des
troubles fonctionnels de l'insuffisance veineuse telles que jambes lourdes, et dans la symptomatologie
hémorroïdaire (voie orale et usage local); 3° comme antalgique dans les affections de la cavité buccale
ct/ou de l'oropharynx (usage local: collutoire, pastille). Si le phytomédicament à base de feuilles de
noisetier est une poudre de feuille, le dossier« abrégé» d'AMM doit comporter une étude
toxicologique allégée, Aucune évaluation toxicologique n'est demandée dans les autres cas (feuille
pour tisane, extrait aqueux et extraits hydro-alcooliques quel qu'en soit le titre). Le noisetier de fait pas
l'objet d'une monographie de la Commission E du BfArM allemand. La composition de la feuille est
mal connue, On sait toutefois qu'elle renferme des proanthocyanidols.
Olea europaea L.
IItIlLES VÉGÉTALES 159
1-1 graines qu'elle contient: c'est la cacahuète. Les graines sont formées de deux
l'Otylédons huileux recouverts par un tégument mince, de coloration variable. La teneur
l~1I huile de l'amande peut dépasser 50 % (industriellement, 100 kg de fruits donnent 70
kg de graines qui fournissent elles-mêmes, par pression-extraction, 34 kg d'huile). Les
lourteaux peuvent être utilisés pour l'alimentation du bétail, la teneur de la graine en
protéines variant de 20 à 35 %.
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eUL, 6' éd.) :
< C l6 < 0,4; palmitique, 7-16; stéarique, 1,3-6,5; oléique, 35-72; linoléique, 13-43;
lillolénique, < 0,6; arachidique, 0,5-3; eicosénoïque, 0,5-2,1 ; béhénique, 1-5; érucique,
< 0,5; lignocérique, 0,5-3. Les limites extrêmes données par la Pharmacopée tiennent
l'Oillpte de la variabilité liée à l'origine géographique, les huiles africaines - quelle que
soit la variété botanique considérée - étant beaucoup plus riches en acide oléique (48-
()() %) que les huiles sud-américaines dont, a contrario, la teneur en acide linoléique est
plus importante (35-41 %).
L'insaponifiable (0,6-1 % [Ph. eur. : < 1 %]) renferme notamment du ~-sitostérol et
du campestérol (respectivement 58 à 67 % et 12 à 19 % des stérols totaux), ainsi que de
l'(x- et du y-tocophérol (respectivement 42 à 65 % et 30 à 52 % des tocophérols totaux).
• HUILE DE CARTHAME
type II est riche en acide oléique. L'huile peut contenir un antioxydant approprié (Ph.
eur., 6' éd., [01/2008:2088]).
Le carthame des teinturiers (ou safran des Indes, Asteraceae) est une plante annuelle
dont l'aspect rappelle celui d'un chardon. Le limbe des feuilles, luisant, est bordé de
courtes dents épineuses. Les fleurs, jaune orangé, sont groupées en capitules solitaires
et terminaux à bractées involucrales épineuses. Le fruit est un akène blanc.
Les substances colorantes contenues dans les fleurs sont des C-hétérosides de
chalcones dimérisées à noyau cyclohexanonediénol (carthamine [majoritaire], safflor,
hydroxysafflor, safflomines, tinctormine).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
a. type I. Longueur < C I4 < 0,2; myristique, < 0,2; palmitique, 4-10; stéarique, 1-
5; oléique, 8-21; linoléique, 68-83; linolénique, < 0,5; arachidique, < 0,5;
eicosénoïque, < 0,5; béhénique, < 1.
b. type II. Longueur < C I4 < 0,2; myristique, < 0,2; palmitique, 3,6-6; stéarique,
1-5; oléique, 70-84; linoléique, 7-23; linolénique, < 0,5; arachidique, < 1 ;
eicosénoïque, < 1 ; béhénique, < 1,2.
La fraction stérolique renferme au maximum 0,3 % de brassicastérol.
Emplois. Recherché depuis l'Antiquité pour l'huile contenue dans ses akènes, mais
aussi pour les principes tinctoriaux de ses fleurs (jaune de carthame, rouge de
carthame), le carthame est principalement utilisé pour la production d'huile. L'intérêt
actuel pour les huiles insaturées lui a ouvert le marché des huiles alimentaires, en plus
de ses usages traditionnels (peintures et vernis). Sa production mondiale, sans être
négligeable, est très loin d'égaler celle des oléagineux majeurs. Les principaux pays
producteurs sont le Mexique, l'Inde, les États-Unis d'Amérique, le Kazakhstan, l'Aus-
tralie et, dans une moindre mesure, l'Éthiopie et la Chine. Le carthame est parfois
retrouvé comme adultérant du safran (Crocus sativus) .
• HUILE DE COCO
L'huile de coco raffinée est l'huile grasse obtenue à partir de la partie solide et
desséchée de l'albumen de Cocos nucifera L., puis raffinée (Ph. eur., 6' éd. [01/2008:
1410]).
Le cocotier est une plante ligneuse à port d'arbre: son stipe droit porte une rosette
spiralée de feuilles faussement composées (elles sont en fait divisées en segments par
déchirure). Le fruit est une grosse drupe à endocarpe dur et péricarpe fibreux. La graine
et son endocarpe constituent la « noix de coco» commerciale. L'albumen de la graine
est en partie liquide - d'où son nom de lait de coco - et en partie solide, c'est le
coprah. L'espèce est largement cultivée en Indonésie, aux Philippines, en Inde, et dans
une moindre mesure au Brésil, au Sri Lanka et en Thailande (55 millions de tonnes ont
été produites dans le monde en 2005). Le coprah sec est constitué d'environ 65 % de
III III.ES VÉGÉTALES 161
r lipides. Sous nos latitudes, l'huile de coprah est une « huile concrète» : en dessous de
25-27 oC elle forme une masse blanche, insipide et inodore.
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
l'Ilproïque, < 1,5; caprylique, 5-11 ; caprique, 4-9; laurique, 40-50; myristique, 15-20;
palmitique, 7-12; stéarique, 1,5-5; oléique, 4-10; linoléique, 1-3; linolénique, < 0,2;
IInlchidique, < 0,2 %; eicosénoïque, < 0,2.
Employé en pharmacie pour l'obtention de glycérides semi-synthétiques, le coprah
l'st un produit alimentaire (Végétaline ®) et un produit industriel: il est très utilisé pour
l'obtention de détergents (type laurylsulfate). Dans les pays où sont cultivés les
cocotiers, ils fournissent de nombreux autres produits: tourteaux, vin de palme,
charbon végétal et coïr, c'est-à-dire le péricarpe fibreux que l'on retrouvera sous la
l'orme de balais, de brosses, de tapis, de cordages, etc.
• HUILE DE COLZA
L'huile de colza raffinée est l'huile grasse obtenue à partir des graines de Brassica
lIapus L. et de B. campestris L. par pression mécanique ou par extraction, suivies d'un raf-
linage. Un antioxydant approprié peut être ajouté 2 (Ph. eur., 6' éd. - 6.2, [01/2008: 1369])
Composition en acides gras de l'huile raffinée (principaux acides gras, %, Ph. eur.,
6' éd.) : palmitique, 2,5-6; stéarique, < 3; oléique, 50-67; linoléique, 16-30; linolé-
nique, 6-14 (cf AGE, p. 176-80); eicosénoïque, < 5; érucique, < 2. L'insaponifiable de
huile de colza est riche en stérols (530-790 mgllOO g, ~-sitostérol et campestérol
majoritaires) et en tocophérols Uusqu'à 90 mg/lOO g, y- et a-tocophérol, 2/3 - 1/3).
L'huile de germes de blé vierge est l'huile grasse obtenue à partir de germes de
graines de Triticum aestivum L., par pression à froid ou par tout autre moyen
/llécanique approprié (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1480]). L'huile raffinée peut être
obtenue par extraction suivie d'un raffinage (huile raffinée: 01/2008:1379).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
palmitique, 14-19; stéarique, < 2; oléique, 12-23; linoléique, 52-59 ; linolénique, 3-
10; eicosénoïque, < 2. L'huile de germe de blé est l'une des huiles les plus riches en
tocophérols (130-160 mg/ 100g). La teneur en acides gras insaturés et en tocophérols
de cette huile lui confère un intérêt diététique certain. Elle est aussi utilisée en der-
l1locosmétique .
• HUILE DE LIN
L'huile de lin vierge est l'huile vierge obtenue par pression à froid à partir de
graines mûres de Linum usitatissimum L. Un antioxydant approprié peut être ajouté
(ph. eur., 6' éd., [01/2008:1908]).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C I6 < 1; palmitique, 3-8; palmitoléique, < 1; stéarique, 2-8;
oléique, 11-35; linoléique, 11-24; linolénique, 35-65; arachidique, < 1.
L'huile, très insaturée, assez pauvre en tocophérols, s'oxyde facilement. Elle est
très sensible à l'action de la lumière. Récemment, l'Afssa a estimé que les données sur
le rapport bénéfices - risques d'un usage alimentaire de l'huile de lin étaient
insuffisantes. L'huile utilisée dans les pays qui en autorisent la consommation est
toujours une huile obtenue par pression à froid; il est conseillé de la conserver au
l'roid et de ne pas la chauffer. Présentée comme susceptible d'abaisser le taux de
cholestérol sanguin, l'huile s'est révélée inefficace pour soulager les symptômes de
l'arthrite rhumatoïde. Dans l'industrie, l'huile de lin (obtenue par pression-dissolution)
est un ingrédient important de la fabrication du linoléum, de peintures, vernis et encres.
Sur le lin et son évaluation clinique, voir aussi p. 131.
164 LIPIDES
.HUILE DE MAÏS
L'huile de maïs raffinée est l'huile grasse obtenue à partir des graines de Zea mays
L. par pression ou par extraction, suivies d'un raffinage (Ph. eur., 6 c éd. - 6.2, [07/
2008: 1342]).
Comme les Poaceae céréalières, le maïs est une plante de grande culture (États-Unis
d'Amérique, Chine, Brésil, Argentine, Inde, France, Indonésie, etc.). Ses utilisations,
tant pour l'alimentation humaine et animale qu'industrielles, sont multiples (cf. p. 70).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C 16 , < 0,6; palmitique, 8,6-16,5; stéarique, < 3,3; oléique, 20-
42,2; linoléique, 39,4-65,6; linolénique, 0,5-1,5; arachidique, < 0,8; eicosénoïque,
< 0,5; gadoléique, béhénique, < 0,5; autres acides gras, < 0,5.
L'insaponifiable (0,8-2%) renferme notamment du ~-sitostérol et du campestérol
(respectivement 63 à 70 % et 16 à 21 % des stérols totaux), ainsi que du y- et de l'a,-
tocophérol (respectivement 68 à 89 % et 8 à 22 % des tocophérols totaux). Pour être
conforme à la Pharmacopée, la fraction stérolique ne doit pas contenir plus de 0,3 % de
brassicastérol.
.HUILE DE NOYAUX
L'huile de noyaux est l'huile grasse obtenue à partir des amandes de diverses
espèces de Prunus, par pression à froid (Ph. fse, IOc éd.). La Pharmacopée française
consacre également une monographie à 1'huile de noyaux raffinée « obtenue par
raffinage et désodorisation » de l'huile brute.
Les « noyaux» utilisés sont les amandes des abricots (P. armeniaca L.), pêches (P.
persica Stokes), cerises 4 (P. cerasus L.) et prunes (P. domestica L.).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C 16 , < 0,1 ; palmitique, 4-9; stéarique, < 4; oléique, 58-80;
linoléique, 10-32; linolénique < 0,1; arachidique et gadoléique, < 0,2; érucique, < 0,1.
L'huile, qui ne présente pas d'odeur et de saveur d'amande amère, satisfait aux
essais habituels des huiles et ne contient pas d'huile de tournesol (CPG des stérols).
4. À propos de ces cerises on notera l'intérêt de leur sirop pour l'aromatisation et l'on citera ici un
produit mineur: le «pédoncule du fruit de griottier ». La tradition populaire parle plus simplement de
« queues de cerise» et attribue aux infusés qu'elles permettent d'obtenir des vertus «diurétiques ». La
Note Explicative de 1998 de l'Agence du médicament a repris à son compte cette réputation en
admettant qu'il est possible de revendiquer, pour ces « queues », les indications thérapeutiques suivantes
(voie orale) : « traditionnellement utilisé pour 10 faciliter les fonctions d'élimination urinaire et diges-
tive ; 2 0 pour favoriser l'élimination rénale d'eau ». Si le phytomédicament à base de pédoncule de
griottier est une poudre, le dossier « abrégé » d'AMM doit comporter une étude toxicologique allégée.
Aucune évaluation toxicologique n'est demandée dans les autres cas (pédoncules pour tisane, extrait
aqueux et extraits hydro-alcooliques quel qu'en soit le titre).
IIt/ll.ES VÉGÉTALES 165
l, 'huile raffinée répond à des critères de qualité plus stricts (indices d'acide et de pero-
xyde plus faibles - respectivement < 0,5 au lieu de < 2 et < 10 au lieu de < 15 - ,
il 11 puretés à réaction alcalines); elle ne doit pas être contaminée par l'huile de sésame
(r(;action au furfural). Elle peut être utilisée comme l'huile d'amande .
• HUILE D'OLIVE
L'olivier est un arbre cultivé pour ses fruits alimentaires et, secondairement, pour
ses feuilles utilisées en phytothérapie (cf. p. 717). Les olives sont des drupes ellipsoïdes
( 1-3 x 1-1,5 cm) dont l'épicarpe mince et lisse passe progressivement du vert au
pourpre noirâtre au cours de la maturation. Cet épicarpe recouvre un mésocarpe charnu
l'I huileux entourant lui-même un noyau dur à endocarpe sclérifié. Les fruits, produits
dans toute la zone méditerranéenne (Espagne, Italie, Grèce, Turquie, Maroc, Syrie,
Portugal, Égypte, Algérie, etc.) peuvent être récoltés verts (pour la conserverie) ou à un
stade de maturité plus avancé (pour l'alimentation et les huileries).
Chimiquement, le fruit frais est riche en eau (40-45 %), en glucides (10-20 %) et en
lipides qui représentent environ 30 % du fruit mûr, soit à peu près 50 % du péricarpe et
35-40 % de l'amande (mais l'endocarpe sclérifié étant l'élément pondéralement le plus
important, cette amande ne représente que 15 % de la masse du noyau). Le péricarpe est
également riche en phénols antioxydants.
Obtention de l'huile d'olive. Les olives triées et contrôlées sont traitées le plus
rapidement possible afin de limiter les phénomènes d'hydrolyse et de lipolyse
enzymatiques et microbiennes qui nuisent à la qualité du produit final. Après lavage, les
olives sont broyées à la meule ou dans des broyeurs à disques dentés et malaxées vers
25-30 oC pour que l'huile se ramasse en grosses gouttes ou en poches de phase
lipidique continue. La pâte d'olive est alors soumise à une première pression (presse à
disques, presse continue à vis, presse continue à bandes). Au lieu de presser, il est
possible de fluidifier modérément la pâte avec de l'eau tiède et de centrifuger pour
séparer l'huile, la phase aqueuse et les grignons (la partie solide). L'huile brute - c'est
lin mélange d'huile et d'eau de végétation - est tamisée puis clarifiée par décantation
naturelle ou centrifugation: on obtient ainsi 1'huile de première pression, telle que
l'utilise la Pharmacopée et telle qu'elle est consommée comme huile de table. Les pâtes
résiduelles peuvent subir une deuxième pression et fournir ainsi une huile qu'il faudra
raffiner pour la rendre comestible. L'extraction par solvant de l'huile résiduelle conduit
il un produit dont l'usage ne peut être qu'industriel.
166 LIPIDES
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C 16 < 0,1; palmitique, 7,5-20; palmitoléique, < 3,5; stéarique,
0,5-5; oléique, 56-85; linoléique, 3,5-20; linolénique, < 1,2; arachidique, < 0,7 ;
éicosénoïque, < 0,4; béhénique, < 0,2; lignocérique, < 0,2. Ces limites prennent en
compte les principales variations observées entre les huiles de type" Italie-Espagne"
plus oléiques ou de type" Grèce-Tunisie" plus linoléiques.
L'insaponifiable de l'huile vierge « 1,5 %) renferme des stérols: la Pharmacopée en
précise des teneurs limites : ~-sitostérol et ensemble 115 •23 -stigmastadiénol, clérostérol,
sitostanol, 115- avénastérol et 11524-stigmastadiénol : > 93 %; cholestérol: < 0,5 %; 117_
stigmasténol < 0,5 %; stigmastérol < campestérol < 4 %. Cet insaponifiable renferme
aussi des tocophérols (a-, 52-87 %, ~-, 10-25 %, y-, 7-23 %), des triterpènes, des
pigments (carotènes, chlorophylles).
• HWLE DE RICIN
L'huile de ricin vierge est l'huile grasse obtenue à partir de graines de Ricinus
communis L. par pression à froid. Un antioxydant approprié peut être ajouté (Ph. eur.,
6' éd., [01/2008:0051]). L'huile raffinée est obtenue par pression à froid suivie d'un
raffinage [01/2008:2367].
Le ricin est une Euphorbiaceae herbacée ou arborescente, annuelle ou vivace
suivant les conditions climatiques. La tige, rameuse, porte de grandes feuilles
palmatilobées (5-12 lobes) dont le pétiole et la face inférieure sont, dans certaines
variétés, de couleur pourpre. Toutes les fleurs sont réunies en grappes de cymes, les
mâles à nombreuses étamines à filet ramifié, les femelles à ovaire carpellé et à longs
styles rougeâtres. Le fruit est une capsule tri coque à déhiscence multiple, hérissée de
pointes (mais il existe des variétés inermes). La graine (8-12 [18] x 4-9 [12] mm)
présente généralement un tégument lisse et brillant, le plus souvent gris marbré de
rouge, de noir ou de brun. Une proéminence charnue, la caroncule, prolonge l'extrémité
supérieure; le raphé forme une ligne saillante bien visible sur la face ventrale. Ces
5. Remarque (valable pour toutes les huiles végétales et l'huile de paraffine, mais pas pour la
vaseline) : un arrêté pris le 8 février 2001 a inscrit sur la liste 1 les médicaments contenant des huiles
végétales et administrés par voie nasale. La prescription de ces formes médicamenteuses doit être
restreinte à la durée minimale. Il convient de s'assurer que le patient n'en fait pas un usage abusif.
Cette disposition réglementaire prend en compte le risque de pneumopathie lipoïdique inhérent à ce
type de produit.
IIlJlLES VÉGÉTALES 167
l'aractères la font-ils ressembler à une tique 7 C'est dans tous les cas l'origine latine de
son nom générique (ricinus).
Sans doute originaire d'Éthiopie, le ricin est une espèce qui s'est très rapidement
dispersée: elle s'est naturalisée là où les conditions climatiques étaient favorables, de
l'Afrique au sud de la Russie, de la Méditerranée à l'est de l'Asie. Le même phéno-
mène de naturalisation s'est produit dans le Nouveau Monde après son introduction,
sans doute par les esclaves africains. Là où il est cultivé, on exploite des variétés naines
scion un cycle annuel et ce pour l'obtention de l'huile (Inde, Chine, Brésil).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
acide palmitique, < 2; stéarique, < 2,5; oléique et isomères, 2,5-6; linoléique, 2,5-7 ;
linolénique, < 1 ; eicosénoïque, < 1; ricinoléique, 85-92; tout autre acides gras, < 1.
Emplois. Connue de longue date, utilisée pour l'éclairage en Inde (- 2000 av. J.-c. 7)
aussi bien qu'en Grèce ou dans la Rome antique, l'huile de ricin était aussi recherchée
pour ses propriétés laxatives: c'est un purgatif drastique dont l'usage est à proscrire
lilllnellement. L'huile est dense, visqueuse et non siccative; elle est miscible à l'alcool
l~1 partiellement miscible avec les solvants organiques usuels. C'est avant tout un
produit industriel: utilisée directement dans la fabrication de résines, elle peut aussi être
Iransformée, par exemple par hydrogénation.
L'huile hydrogénée (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1497]) contient principalement le
triglycéride de l'acide 12-hydroxystéarique. Cette huile hydrogénée est un constituant
majeur des graisses lubrifiantes (1 2-hydroxystéarate de lithium).
6. L'intérêt industriel des acides gras hydroxylés a conduit à s'intéresser à une autre huile qui, le
l'liS échéant, pourrait trouver des applications voisines: l'huile de lesquerella. Lesquerella fendleri (A.
('ray) S. Watson est une Brassicaceae annuelle de l'Amérique du Nord dont les graines renferment
25 % d'une huile riche (jusqu'à 55 %) en acide lesquérolique (= lIIZJ-14-hydroxy-eicosénoïque) et
lIl:ides gras insaturés.
À propos des plantes oléagineuses candidates à un développement agronomique et qui ont fait
l'objet d'études approfondies, on peut citer ici Vernonia galamensis (Cass.) Less. (Asteraceae) : l'huile de
ses graines est riche en un acide gras époxydé, l'acide vernolique, qui pourrait avantageusement
rl'mplacer les diluants polluants utilisés dans l'industrie des peintures. On peut aussi citer les
lIombreuses espèces de Cuphea (Lythraceae) dont les graines renferment spécifiquement des
Iriacylglycérols à chaîne moyenne ou courte. Ils pourraient constituer une source régulière d'acides
1Il'luellement fournis par les Arecaceae (= Palmae) (e.g. en CIO' très utilisés par l'industrie [plastiques,
lubrifiants, etc.]), À suivre également, le devenir de Calendula ojficinalis L. et Dimorphotheca
f1ll1l'ialis (L.) Moench (Asteraceae, [9S-hydroxy-18:2(lOE,12Z]), de Limnanthes alha Hartweg ex
Ilcllth. (Limnanthaceae, acide érucique) ou encore d'Euphorbia lagascae Sprengel (Euphorbiaceae).
Ricinus communis L.
,
!
III Il LES VÉGÉTALES 169
• HUILE DE SÉSAME
L'huile de sésame raffinée est l'huile grasse obtenue à partir des graines mûres de
SC'samum indicum L. par pression ou extraction, suivies d'un raffinage. La couleur et
l'odeur de l'huile de sésame peuvent être améliorées par raffinage plus poussé. L'huile
peut contenir un antioxydant approprié (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0433], corr. 6.3).
Le sésame est une Pedaliaceae très rustique dispersée très tôt de l'Afrique à l'Inde et
il l'est de l'Asie. Herbe annuelle de taille modeste (0,6-1,2 m), le sésame possède des
170 LIPIDES
fleurs à corolle bilabiée blanche ou rosée, ressemblant à celles des gueules-de-Ioups (les
Pedaliaceae sont classées près des Scrophulariaceae). L'ovaire biloculaire conduit à une
capsule à quatre loges ou plus contenant de nombreuses petites graines « 3 mm)
ovales, mates, lisses et de couleur variable, qu'elle laisse échapper spontanément à
maturité (d'où, pense-t-on, le « sésame ouvre-toi! »des contes des Mille et Une Nuits).
Cultivé depuis au moins quatre millénaires en Mésopotamie, attesté un peu plus
tardivement en Inde et en Chine, le sésame a été introduit sur le continent sud-américain
par les Portugais. C'est actuellement un oléagineux largement exploité, mais dont la
consommation reste locale : une faible partie de la production mondiale transite sur le
marché international et l'exportation de l'huile est pratiquement inexistante. Les
principaux producteurs sont asiatiques (Chine, Inde, Myanmar, Pakistan, Bangladesh),
africains (Soudan, Ouganda, Tanzanie) ou américains (Amérique centrale).
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Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C l6 < 0,5; palmitique, 7-12; stéarique, 3,5-6; oléique, 35-50;
linoléique, 35-50; linolénique et arachidique, < 1; béhénique et gadoléique, < 0,5 ;
érucique, < 0,1. La composition en triglycérides, établie par chromatographie liquide.
est la suivante (%, Ph. eur., 6' éd., L =linoléique, 0 =oléique, P =palmitique, S =stéa-
rique) : LLL (7-19), OLL (13-30), PLL (5-9), OOL (14-25), POL (8-16), 000 (5-14),
SOL (2-8), POO (2-10).
L'insaponifiable (1-1,5 % ; < 2 % [Ph. eur., 6' éd.]) renferme, outre les lignanes déjà
cités, des stérols (campestérol [18- 19 %], stigmastérol [6-7 %], ~-sitostérol [59-62 %],
ô's-avénastérol [l0-11 %]) et des tocophérols : y-tocophérol et o-tocophérol (respecti-
vement 83 % et Il % des tocophérols totaux).
Emplois. Laxatif doux, l'huile de sésame se conserve assez bien; on peut en outre y
ajouter un antioxydant approprié et la conserver sous atmosphère inerte - opérations
que l'étiquetage doit mentionner. Elle peut être utilisée comme solvant médicamenteux.
IIl1lLES VÉGÉTALES 171
r
r
i
L'industrie des cosmétiques utilise un extrait enrichi en insaponifiable (lignanes)
l'Oll1me antioxydant et antiradicalaire.
Dans les pays producteurs, les graines grillées ou non sont utilisées comme
l'Ilildiment (entières, pulvérisées, en pâte, seules ou en mélange ). L'odeur et la saveur
lb graines grillées sont liées à la formation de dérivés furaniques, de thiols, de phénols,
d de divers composés hétérocycliques azotés (dérivés pyraziniques, pyrroliques,
pyridiniques, etc.) .
L'huile de soja raffinée est l'huile grasse obtenue à partir de graines de Glycine soja
Sicbold & Zucc. et de Glycine max (L.) Merr. (= G. hispida [Moench] Maxim.) par
cxtraction suivie d'un raffinage. L'huile de soja raffinée peut contenir un antioxydant
IIpproprié (Ph. eur., 6' éd. - 6.2, [07/2008:1473]). Cette même 6' édition décrit les ca-
ractères et l'essai de l'huile de soja hydrogénée, obtenue par purification, blanchiment,
hydrogénation et désodorisation [07/2008:1265].
La plante et ses produits. Le soja, Glycine max (L.) Merr., est une Fabaceae qui
Il'cxiste qu'à l'état cultivé; elle est très proche de G. soja Siebold & Zucc. qui est
vraisemblablement son ancêtre spontané. C'est une petite plante herbacée, annuelle, à
tiges dressées volubiles, à feuilles altemes trifoliolées, à folioles ovales et pubescentes.
Lcs fleurs, petites, sont groupées en petites grappes insérées à l'aisselle des feuilles. Le
l'ruit est une gousse; brune, bosselée et très velue, elle renferme 1-4 graines ovoïdes à
sphériques de coloration variable. D'où vient le soja? D'après plusieurs auteurs, il
sc rait originaire non pas de Chine, mais plutôt du continent australien à partir duquel
dcs oiseaux migrateurs l'auraient introduit en Chine.
En dehors de l'huile et des lécithines, les produits de base du soja sont la farine, la
l'arine déshuilée et les protéines (concentrés et isolats). Le soja est utilisé depuis
longtemps en Asie, en particulier sous forme de « lait» (tonyu) obtenu par trempage,
mouture des graines, ébullition et filtration, et sous forme de tofu, sorte de « fromage»
issu de la coagulation, de l'égouttage et du pressage du tonyu (traditionnellement.
Industriellement, on a recours à l'ultrafiltration et à la coagulation en continu). Le tofu
cst consommé frais, cuit (frit) ou fermenté (sufu); il peut être stérilisé (URT) ou
pasteurisé. Les orientaux consomment également des produits fermentés obtenus par
cnsemencement des grains concassés (tempeh, miso, natto) ainsi que des « sauces»
comme le shoyu, hydrolysats de protéines riches en acide glutamique obtenus par une
première fermentation (Aspergillus spp.), un salage, puis une fermentation lactique
prolongée (industriellement le procédé est accéléré et se déroule en continu dans des
bioréacteurs).
Le soja n'a été connu que tardivement en Europe et sa culture a démarré aux États-
Unis d'Amérique au début du XX' siècle. Le marché de cet oléagineux - le plus
important au monde avec 209 millions de tonnes en 2004 - est largement dominé par
Ics États-Unis (82 millions de tonnes). Le Brésil et l'Argentine sont également de gros
producteurs, loin devant l'Inde, la Chine, le Paraguay, le Canada ou la Bolivie. Initiée
172 LIPIDES
en France à la fin des années 1970 après une longue période d'études, la culture du soja
a progressé jusqu'en 2001 pour chuter ensuite fortement: la production était de 141 000
tonnes en 2005, sur 57000 ha. La consommation des soyfoods a également rapidement
progressé en quelques années, le goût du consommateur français privilégiant surtout les
produits sucrés (desserts, boissons aromatisées, yoghourts, etc.).
La graine de soja renferme 15-35 % de glucides (fibres insolubles majoritaires), 35-
40 % de protéines contenant les acides aminés essentiels en bonne proportion et 15-20 %
de lipides (2-3 % de phospholipides). On note la présence de saponosides à génine
triterpénique, de facteurs antitrypsiques thermolabiles, d'acide phytique et de 0,8 à
1,6 % d'isoflavonoïdes : daidzine, génistine et dérivés 6"-O-malonylés (cf. p. 414).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C 14 < 0,1; myristique, < 0,2; palmitique, 9-13; palmitoléique,
< 0,3; stéarique, 3-5; oléique, 17-30; linoléique, 48-58; linolénique, 5-11 (cf. AGE, p.
176-80); arachi-dique, < 1 ; gadoléique, < 1 ; béhénique, < 1.
L'insaponifiable renferme des stérols : ~-sitostérol (47-59 %), stigmastérol (17-
19 %), campestérol (19-23 %), ~5-avénastérol (2-4 %), ~7-stérols (2-4 %), ainsi que des
tocophérols: y- (44-60 %),0- (30-43 %),0:- (5-10 %), ~- (2-3 %).
L'huile de soja hydrogénée renferme de 79 à 89 % d'acide stéarique (c'est une
masse ou une poudre blanche qui fond entre 66 et 72° C).
Emplois (de l'huile). En pharmacie, l'huile de soja raffinée est utilisée pour
l'alimentation parentérale: apport calorique et apport d'acides gras essentiels. La forme
d'emploi est une émulsion HIE à 10 ou 20 %, apportant 1 100 ou 2000 kcal/I; adminis-
tration en perfusion lente sous surveillance médicale; posologie de l'adulte: 1-3 g/kg/j.
Elle peut être hydrogénée. C'est alors une masse blanche principalement composée de
triglycérides d'acides gras saturés: acide stéarique 79 à 89 % et 9 à 16 % d'acide
palmitique. L'utilisation principale de l'huile de soja est bien entendu l'alimentation.
dl' soja, incluses dans un régime pauvre en graisses saturées et en cholestérol, peuvent
r(:dllire le risque de maladie cardiovasculaire en abaissant les taux de cholestérol
NlIllgllin. » Un apport journalier d'environ 25 g par jour de protéines de soja est
1I(:œssaire pour observer un effet cliniquement significatif.
1"cs propriétés hypocholestérolémiantes sont-elles dues aux seules protéines? Ou
hit~1l faut-il tenir les isoflavones présentes dans les fractions protéiques pour co-
rl~spollsables de l'activité hypocholestérolémiante? Plusieurs études tendent à montrer
que les fractions protéiques riches en isoflavones sont plus actives que celles qui ont
(olé privées, partiellement ou totalement, de leurs isoflavones. Cela étant, aucune
('orrélation linéaire dose/effet n'a pu être mise en évidence. Il faut aussi souligner
qll'aucun essai clinique randomisé évaluant des isoflavones pures (de soja ou de trèfle)
Il'a pu apporter la preuve irréfutable d'une activité statistiquement significative de ces
molécules sur le bilan lipidique. Certes, l'extraction alcoolique de la fraction protéique
sl'Illble diminuer son effet hypocholestérolémiant, mais ce procédé n'extrayant pas
IIl1iquement les isoflavones, qu'en conclure? Les différences de composition
(hétérosides? génines ?), les variations individuelles d'absorption et de métabolisme,
lIillSi que l'hétérogénéité des protocoles d'essais ne permettent sans doute pas d'aller
IIU delà du simple constat de la relation inverse qui unit consommation de fractions
protéiques de soja et cholestérolémie.
Les données de l'évaluation, une bonne valeur biologique et l'absence de toxicité
IIltestée par un usage multiséculaire en Asie des produits à base de soja incitent à en
ellcourager la consommation. Le remplacement partiel des protéines animales par des
protéines de soja apporte une contribution intéressante et sans risque connu à
l'amélioration du bilan lipidique des personnes qui doivent contrôler leur
cholestérolémie (au moins en diminuant l'apport en graisses animales saturées ...). Pour
ks consommateurs occidentaux, l'incorporation des protéines dans des aliments
« classiques» évite l'écueil du goût particulier et de l'amertume des produits
lraditionnels, souvent mal acceptés. (Voir aussi, p. 415, les propriétés prêtées aux
isoflavones [= phyto-œstrogènes] de cette Fabaceae).
Autres émulsionnants
• HUILE DE TOURNESOL
L'huile de tournesol raffinée est l'huile grasse obtenue à partir des graines de
Helianthus annuus L. par pression mécanique ou par extraction, suivies d'un raffinage.
Un antioxydant approprié peut être ajouté (Ph. eur., 6' éd. - 6.2, [07/2008:1371]).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras 7, %, Ph. eur., 6' éd.) :
palmitique, 4-9; stéarique, 1-7; oléique, 14-40; linoléique, 48-74. Le trilinoléate (LLL)
et l'oléodilinoléate (OLL) représentent chacun environ 1/3 des triacylglycérols.
L'insaponifiable est caractérisé par la présence de nombreux stérols : le P-sitostérol
est nettement prédominant (60 %), il est accompagné de ~7-stigmastérol (7-14 %) et de
7. On cultive aussi des « tournesols oléiques » dont les triglycérides contiennent au moins 70 %
d'acide oléique. Cette huile alimentaire est plus stable à chaud que l'huile de tournesol « linoléique»
classique. Les variétés à très haute teneur en acide oléique (90 %) sont destinées à un usage industriel.
IIIIII,ES VÉGÉTALES 175
/\'·avénastérol (4-6 %). Les tocophérols sont presque exclusivement représentés par l'a-
IOl'ophérol.
Emplois. L'huile de tournesol est presque autant consommée en France que l'huile
dl' colza (433 000 tonnes en 2004). Le tournesol est également utilisé, après déshuilage,
sous forme de farine (farine d'aleurone). Celle-ci entre dans la formulation de produits
diététiques.
2. AUTRES HUILES
Ces huiles sont fournies par le palmier à huile (Elaeis guineensis Jacq. et E. oleifera
1Kunth] Cortés, Arecaceae [= Palmae] 8). Cette espèce est un grand palmier (15-30 m) à
fruits rougeâtres réunis en « régimes» ovoïdes comptant de 1 000 à 2000 drupes
grosses comme une prune. Il est cultivé dans le sud-est asiatique (Malaisie, Indonésie,
Papouasie Nouvelle-Guinée, Thaïlande) aussi bien qu'en Afrique (Nigeria, Zaïre,
Cameroun, Ghana) et en Amérique du sud (Equateur, Colombie). On utilise les fruits
mOrs: leur pression fournit l'huile de palme (le mésocarpe renferme 65 à 70 % de
lipides). La production d'huile de palme a doublé au cours de la dernière décennie du
XX, siècle et continue de croître régulièrement. Avec 28 millions de tonnes, c'était, en
2005, la 2' huile utilisée dans le monde. On utilise également la« noix» : les fmits sont
séchés, débarrassés du péricarpe et la noix, c'est-à-dire la graine entourée de
l'cndocarpe, est pressée ou extraite à l'aide de solvants: on obtient ainsi l'huile de
palmiste. Ces huiles, comme le coprah, sont solides sous nos latitudes; la présence de
caroténoïdes explique la coloration marquée de l'huile de palme. Les principaux
cmplois de l'huile de palme sont la margarinerie et la savonnerie.
L'huile de tournesol oléique (Oléisol®) entre actuellement dans la compositon de mélanges huileux
offerts au consommateur soucieux « d'équilibrer son alimentation lipidique» ; exemple: tournesol,
Oléisol'·, soja et pépins de raisins pour une composition finale: C 18 :1 (40), C 18 : 2 (45) et C 18 :3 (1,2).
NB: l'huile de pépins de raisin provient de l'expression des graines du raisin, sous-produit
abondant dans les pays viticoles du bassin méditelTanéen. Composition: palmitique, 5,5-11; stéarique,
3-6; oléique, 12-28; linoléique, 58-78; linolénique, < 1. L'insaponifiable renferme des tocotriénols (a-
d y-tocotriénols). L'huile a également quelques débouchés en savonnerie et en lipochimie.
8. On utilise d'autres Arecaceae à huiles. C'est, entre autres, l'exemple du babas su (Orbignya
phalerata Mart.) exploité au Brésil. L'amande de la graine fournit une huile riche en acides à chaîne
lIloyenne (laurique [50 %J, myristique [20 %]). Elle est surtout destinée à des usages locaux. Elle
est également utilisée dans la formulation de cosmétiques.
176 LIPIDES
BEURRE DE KARITÉ. C'est le corps gras retiré des graines d'une Sapotaceae exploitée
principalement au Nigeria, au Mali, au Burkina Faso, au Ghana, etc. Le péricarpe du
fruit de cette espèce, Vitellaria paradoxa Gaertnerf (= Butyrospermum parkii Kotschy),
est comestible. Composition: acide stéarique (28-45 %), acide oléique (42-59 %), acide
linoléique (3-9 %); 7 à 10 % d'insaponifiable majoritairement composé d'alcools
triterpéniques (60-70 %) et d'hydrocarbures insaturés. Les débouchés sont limités à
l'industrie des cosmétiques et à la formulation de quelques pommades cicatrisantes et
protectrices (soleil, intempéries). Le beurre de karité est une matière grasse végétale qui
peut être ajoutée, pendant la fabrication, dans les produits de chocolat dans la limite
maximale de 5 % du produit fini 9.
HUILE D'ARGAN. L'arganier (Argania spinosa [L.] Skeels) est une Sapotaceae épi-
neuse du sud-ouest marocain qui protège le sol de l'érosion et fournit de l'ombre aux
cultures. La pulpe du fruit est un aliment du bétail et la graine fournit une huile nettement
insaturée (acide oléique, 45 %, acide linoléique, 35 %, acide palmitique, 14 %).
L'insaponifiable de 1'huile contient des alcools tri terpéniques (principalement
tétracyc1iques), des stérols (stigmastadiénols, spinastérol), des tocophérols (0,6 g/kg).
Les tourteaux renferment des saponosides, bidesmosides d'acides polyhydroxylés de la
série de l'oléanane. L'huile d'argan, comestible, est utilisée en formulation cosmétique.
Si Ics graisses apportent une quantité d'énergie importante sous un faible volume, tous
It·s acides gras qui les constituent n'ont pas le même rôle ni la même valeur. Certains
NOIlI en effet indispensables: ils sont dits essentiels (AGE) car ils ne sont pas
~ylllhétisés par l'organisme humain (c'est le cas de l'acide linoléique) ou ne le sont en
qllantité suffisante que par l'organisme jeune et bien portant (c'est le cas de l'acide
IIl'11chidonique). On les désigne habituellement sous le nom d'acides gras polyinsaturés
(t\( ;PI), ou, quand leur longueur est strictement supérieure à C 18' d'acide gras
llOlyinsaturés à longue chaîne (AGPI-LC).
~H
cyclo-oxygénase 0-0
acide arachidonique .~
çfC~H
~
Hel H ~
OH
PGF;za
PGI2
~
par la cyclo-oxygénase. ~ """~C02H
Formation des prostaglandines, .",0 . //
tromboxanes, prostacycline o ~ .
(exemples). H =
OH
TXA 2
Les AGE ont un rôle biologique important: constituants des phospholipides des
membranes cellulaires, ils concourraient à assurer leur fluidité; ce sont aussi les
précurseurs des eicosanoïdes : prostaglandines, leucotriènes et thromboxanes dont on
connaît les fonctions multiples comme médiateurs cellulaires et intercellulaires et
comme agents impliqués dans l'agrégabilité plaquettaire ou le phénomène inflam-
matoire. La biosynthèse de ces composés implique notamment l'acide arachidonique,
178 LIPIDES
~
Désaturation,
élongation-désaturation :
formation de l'acide arachidonique.
~H ~
acide dihomo-y-linolénique acide y-linolénique
~
~C02H
~ lipoxygénase
acide arachidonique
H OH
1;,. o
;/ ;/
l'ncrgétique totale sous la forme d'acides gras polyinsaturés, 20 % sous la forme d'acide
oléique, 8 % sous celle d'acides gras saturés. Cela correspond à des apports recom-
mandés quotidiens, pour un homme adulte, de 19,5 g d'acides gras saturés, de 49 g
d'acide oléique, de 10 g en acide linoléique ((06), de 2 g en acide a-linolénique ((03) et
de 0,5 g d'AGPI-LC, valeurs à diminuer d'environ 20 % pour la femme adulte (Affsa).
En prévention cardiovasculaire secondaire, il est établi, sur la base d'essais
d'intervention, que l'augmentation de la consommation d'acide a-linolénique - dans
/1' cadre strict d'un régime type « méditerranéen 10 » - diminue les récidives corona-
riennes, la mortalité cardiovasculaire et la mortalité globale. Par contre, des essais
l"Omparant huile riche en acide a-linolénique versus huile pauvre en cet acide n'ont pas
montré de différence significative de mortalité dans les deux groupes en prévention
primaire II.
10. C'est une alimentation riche en fruits, légumes, poissons et contenant des corps gras à base
d' AGMI et d'acide a-linolénique, comportant moins de viande el de corps gras laitiers.
Il. Toutes sources confondues (huiles, huiles de poissons gras), et sur la base des études de cohorte
(41) et essais randomisés (48) recensés en 2004, il n'apparaît pas de façon claire que la supplémentation
l'n acides gras co3 ait une incidence sur la survenue d'accidents cardiovasculaires et la mortalité
globale. La supplémentation en acides co3 ne diminue en rien le risque de survenue d'un cancer: c'est
1lIissi ce qui ressort d'une récente méta-analyse réalisée sur 20 études de cohortes. La supplémentation
('n acides de ce type n'a pas les mêmes conséquences que de manger davantage de poisson gras (et
donc moins de viande ... ) et en « souhaitant que leur teneur en contaminants ne remette pas en cause le
h{>néfice escompté» [AfssaJ.
12. Il existe en France deux mentions qui permettent de distinguer les huiles en fonction de leur
Icncur en acide a-linolénique. Lorsque l'huile contient plus de 2 % d'acide a-linolénique l'étiquette
doit porter la mention « huile végétale pour assaisonnement ». Si la teneur est inférieure à 2 %
l'éliquette porte la mention « huile végétale pour friture et assaisonnement ». Cette distinction (décret
du 12-02-1973) a été introduite pour tenir compte de la toxicité attribuée aux produits de dégradation
I"ormés lors du chauffage des huiles. En fait, il semble - selon les organisations professionnelles
concernées - que, contrairement aux idées reçues, la quantité de produits formés soit pratiquement
identique queUe que soit la teneur en acides polyinsaturés. L'essentiel réside sans doute dans le mode
d'utilisation: température modérée, renouvellement fréquent du bain de friture. Les « huiles végétales
pour fritures » peuvent contenir un antimoussant (E900 = diméthylpolysiloxane).
À propos d'étiquetage, rappelons que seules les huiles obtenues par des procédés mécaniques
cl n'ayant subi ni raffinage ni traitement chimique ont droit à l'appellation« huile vierge ». Les huiles
/
180
l'apport alimentaire en acide a-linolénique : cet acide est en effet présent en quantité
LIPIDES
l
:1
J
1
1
importante dans les huiles de colza (6-14 %), de noix (9-15 %) et de soja (5-11 %).
Les acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPI-LC) de la famille m6 sont
apportés par la consommation de produits animaux terrestres (viande, œufs). Ceux de la
famille m3 le sont surtout par les poissons.
L'huile d'onagre raffinée est l'huile grasse obtenue à partir des graines
d'O. biennis L. ou d'O.lamarkiana L. par extraction et/ou pression suivie(s) d'un raffi-
nage. Un antioxydant approprié peut être ajouté (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:2104]).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C l6 < 0,3; palmitique, 4-10; stéarique, 1-4; oléique, 5-12;
linoléique, 65-85; y-linolénique, 7-14; a-linolénique, < 0,5.
raffinées portent la dénomination « huile de » quand elles proviennent d'un seul fruit ou d'une seule
graine, celle de« huile végétale» quand il s'agit d'un mélange d'huiles végétales.
llllILES VÉGÉTALES 181
L'huile de bourrache raffinée est l'huile grasse obtenue à partir des graines de B.
(~!fïcinalis
par extraction et/ou pression suivie(s) d'un raffinage. Un antioxydant
approprié peut être ajouté (Ph. eur., 6" éd., [01/2008:2105]).
Composition en acides gras de l'huile (principaux acides gras, %, Ph. eur., 6' éd.) :
longueur inférieure à C l6 < 0,3; palmitique, 9-12; palmitoléique, < 0,6; stéarique, 2-6;
oléique, 12-22; linoléique, 30-41; y-linolénique, 17-27; o.-linolénique, < 0,5;
arachidique, < 0,5; éicosénoïque, 2,8-4,4; érucique, < 3; nervonique, < 4,5.
13. En application locale, les essais sont peu nombreux et leurs conclusions sans réelle portée. Des
rapports de malades feraient état d'une inefficacité, voire d'une aggravation de leur eczéma par les
produits à base d'acide y-linolénique. L'absence de données solides sur la balance bénéfices-risques de
ces formes pour application locale n'empêche pas la commercialisation de produits cosmétiques au
libellé flou (et abusif) « peaux atopiques ». Rappelons que, à ce jour, les recommandations en cas
d'eczéma atopique sont d'éviter les savons détergents, l'exposition de la peau à une température
élevée, le contact avec les vêtements de laine et de recourir à des crèmes émollientes pour lutter contre
la sécheresse cutanée. Le traitement symptomatique de première ligne (mais non dénué d'effets
indésirables) est constitué par l'application de dermocorticoïdes.
182 LIPIDES
• TOCOPHÉROLS
HO
Il a été longtemps postulé que la vitamine E pouvait exercer un effet protecteur lors
des phases précoces d'induction de la cancérogenèse (tractus digestif, poumon), mais
les preuves formelles d'une telle activité restent à apporter: dans l'essai Su.vi.max.
précité on n'a pas noté de différence statistiquement significative de l'incidence des
cancers, sauf chez les hommes (3,5 versus 4,9 % dans le groupe placebo). La plupart
des essais d'intervention publiés constatent cette absence d'effet protecteur.
Le bien-fondé d'un apport supra-physiologique en vitamine E n'est donc pas
démontré. Est-il sans danger? L'analyse d'essais regroupant près de 136000 patients,
sans apporter de réponse définitive et généralisable (elle a d'ailleurs suscité de
nombreuses réactions), a laissé entrevoir qu'une supplémentation quotidienne
importante pourrait augmenter la mortalité globale. Une dose limite de sécurité est
d'ailleurs conseillée par le Conseil supérieur d'hygiène publique de France: 40 mg par
jour.
L'acétate d'a-tocophérol est actuellement indiqué en traitement et en prévention de
la carence en vitamine E. Il est par ailleurs proposé par certains: 1° dans le traitement
de l'incontinence urinaire de la femme et la myopie évolutive; 2° comme adjuvant du
régime diététique chez les patients atteints d'hyperlipoprotéinémie et ne justifiant pas
un traitement hypolipidémiant, ce qui apparaît (non sans raison) contestable aux yeux
de divers auteurs. On le trouve également, mais à faibles doses, dans plusieurs dizaines
de spécialités de conseil pharmaceutique, d'automédication ou de supplémentation
alimentaire, associé à d'autres vitamines, à des flavonoïdes, à de l'huile de poisson, à
des minéraux, etc. Il est très fréquemment incorporé dans les préparations diététiques.
Dans l'industrie agroalimentaire, les tocophérols sont des antioxydants autorisés,
qu'il s'agisse d'extraits naturels provenant d'huiles végétales comestibles riches en
tocophérols (E306) ou de tocophérols synthétiques (a, y, 8, respectivement E307 à 309).
La pharmacotechnie utilise également les propriétés anti-oxygène de ces substances,
souvent en synergie avec l'acide ascorbique.
lonnes d'extrait pour une valeur de 4,36 millions de dollars). Depuis 1995, l'espèce a
6té inscrite sur la liste des espèces retenues par la Convention internationale sur le
commerce des espèces menacées. Des essais de culture ont été réalisés, avec succès.
L'écorce est rouge ou brun foncé; elle se présente en morceaux durs, irréguliers,
l·ourbés. Réduite en poudre et examinée au microscope (hydrate de chloral), elle
présente des sclérites, des macles d'oxalate de calcium, des fibres lignifiées en groupes
il extrémité dentée.
14. Le docosanol en crème vient d'être commercialisé en France pour le traitement des épisodes
lligus d'herpès labial (2008). Son efficacité semble légèrement supérieure à celle d'un placebo, et non
différente de celle de l'aciclovir à 5 %. Il n'induit pas plus d'effets indésirables que le placebo.
186 LIPIDES
un endocarpe brun pâle, dur et fibreux. La graine (12 x 8 mm) a une surface dure,
J'inement ponctuée, brun-rouge, avec une plage plus pâle. L'analyse microscopique de
la poudre (hydrate de chloral) permet d'identifier de nombreux éléments cellulaires
provenant des différents tissus du fruit et de la graine: fragments d'épicarpe, larges
cellules huileuses du mésocarpe, cellules scléreuses habituellement dispersées et
isolées, cellules d'albumen à ponctuations larges et remplies de grains d'aleurone et
d'huile, etc. La détermination des acides gras totaux est réalisée par CPG d'un extrait
du fruit par le diméthylformamide.
Toxicité, effets indésirables. L'extrait n'est pas toxique en aigu. Il n'a pas été
décelé d'effet mutagène ou tératogène. Il est bien supporté et, au cours des essais
cliniques, n'a pas induit plus d'effets indésirables que le placebo. On note parfois
quelques plaintes d'ordre gastro-intestinal. Comme les autres extraits végétaux, l'extrait
de Serenoa n'induit pas de dysfonctionnement sexuel. Un épisode (isolé semble-t-il) de
saignement au cours d'une intervention chirurgicale a été attribué à la prise régulière de
l'extrait de Serenoa.
précise qu'en cas de difficultés mictionnellles une consultation médicale est nécessaire
pour exclure la nécessité d'un autre traitement. Elle s'impose également en cas
d'hématurie ou de rétention urinaire aiguë.
5. BIBLIOGRAPHIE
AFNOR (1993). Recueil de normes françaises. Corps Rras, Rraines oléagineuses, produits dérivés, S'éd.,
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,
composes
apparentés aux
lipides
CIRES
Les cires sont habituellement rencontrées à la surface des feuilles et des fruits où elles
forment, avec la cutine, la cuticule très hydrophobe qui limite la perte en eau, contrôle
les échanges gazeux, participe à la protection contre les agents pathogènes.
Chimiquement, les cires sont des mélanges comprenant des hydrocarbures, des
acides alcanoïques libres et leurs dérivés hydroxylés, des alcanols, des alcanals, des
alcanones et des P-dicétones, des esters. Elles peuvent également contenir des dérivés
terpéniques et des flavonoïdes.
Les hydrocarbures aliphatiques saturés ont une chaîne à nombre impair d'atomes de
carbone, compris entre 17 et 37, le plus souvent égal à 29 ou 31. Dans quelques cas on
trouve les séries homologues iso-C 27 -C 33 et anteiso-C 2S -C 34 . Les esters habituels sont
dérivés des l-alcanols, ils peuvent compter jusqu'à 72 carbones; les plus répandus
correspondent à des acides en C 1S--C 22 et à des alcools en C26--C 2S ' Dans quelques cas
on connaît des diesters de diacides (estolides). Les composants terpéniques, fréquents,
sont des alcools, des cétones ou des acides à squelette triterpénique pentacyclique
(oléanane, ursane, lupane, glutinane). Les triterpénols peuvent être estérifiés par des
acides gras. Les cires sont extractibles par les solvants organiques (hexane,
chloroforme) et analysables en CPG.
En dehors de considérations phytochimiques ou physiologiques, l'intérêt de ces
cires et de leurs constituants est assez limité.
194 LIPIDES
La cire de carnauba est la cire purifiée obtenue à partir des feuilles de C. cerifera
Mart. (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0597]).
Les feuilles de ce palmier du nord-est brésilien (également dénommé C. 'cerifera')
fournit une cire qui est un mélange d'esters d'a1canols et d'acides a1canoïques à longues
chaînes (ex. : C 30).
La cire de carnauba se présente en poudre, en paillettes ou en masses solides. Son
identification est réalisée par une analyse en CCM après dissolution dans le chloroforme
(révélation du triacontanol et d'autres bandes par l'acide phosphomolybdique). L'essai
comprend notamment une détermination du point de fusion (80-88 oC), des indices
d'acide (compris entre 2 et 7) et de saponification (compris entre 78 et 95) ainsi qu'un
dosage des cendres totales « 0,25 %). La cire est utilisée en pharmacotechnie pour le
polissage des comprimés enrobés, ainsi que dans l'industrie agroalimentaire (E903) .
La cire de candelilla est l'exsudat cireux d'un petit arbuste de l'Amérique centrale.
C'est une cire dure, surtout utilisée par l'industrie des cosmétiques (sticks), souvent
mélangée à d'autres cires. Son statut d'additif alimentaire (E902) permet de l'utiliser
pour l'enrobage (confiserie, chocolats) ou comme agent démoulant.
Le jojoba est un arbuste buissonnant dioïque répandu dans les régions désertiques à
faible pluviosité du sud-ouest des États-Unis d'Amérique (de Tucson et Phoenix à San
Diego) et du nord du Mexique (Basse Californie, Sonora). Il est caractérisé par des
feuilles dont la couleur bleu vert est due à l'épaisse cuticule qui les recouvre et qui
limite fortement les pertes en eau. Des cultivars sélectionnés sont cultivés en Amérique
du Sud, en Israël et, expérimentalement, dans quelques zones arides du continent
africain. On plante essentiellement les pieds femelles, la partie utilisée étant constituée
par la graine.
La graine de jojoba renferme jusqu'à 60 % d'une « huile» qui est en fait un
mélange de cérides. Les constituants de cette « huile» sont des esters en C40 , C42 et C44
impliquant les acides eicos-ll-énoïque et docos-13-énoïque d'une part, et des alcools
en C 20 (eicos-l1-énol), en C 22 (docos-13-énol) d'autre part. À côté de cette fraction
cireuse, on note la présence d'hétérosides à génine cyanométhylène-cyclohexylique
(simmondsine, férulate de simmondsine et leurs analogues), ainsi que celle de stérols,
de 4-méthyl et de 4,4-diméthylstérols. Liquide au-dessus de 10 oC, la cire de jojoba est
peu oxydable et son comportement permet de l'utiliser à la place des préparations
traditionnellement obtenues à partir des Cétacés (blanc de baleine). La production de
jojoba demeure limitée malgré des applications potentielles nombreuses et l'intérêt de
l'espèce comme moyen de valoriser des zones arides. Les modifications histologiques
('IRES 195
• POLICOSANOL
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1
composes
apparentés aux
lipides
Dérivés acétyléniques
1 . GÉNÉRALITÉS
Environ 1500 substances possédant une ou plusieurs triples liaisons sont actuellement
connues chez les végétaux supérieurs: Asteraceae, Apiaceae, Araliaceae, et une
vingtaine d'autres familles en élaborent. De tels composés ont également été décrits
chez certains champignons Basidiomycètes et chez les Algues. Leur distribution
restreinte et leur variété structurale en font de bons marqueurs chimiotaxonomiques
(pm· exemple pour la distinction des tribus chez les Asteraceae). Chez certaines espèces,
ils ne sont pas normalement présents, mais peuvent être élaborés à la suite d'une attaque
fongique: c'est le cas chez certaines Fabaceae ainsi que chez quelques Solanaceae
(ex. : production de falcarindiol chez la tomate infectée par un Cladosporium).
198 LIPIDES
12
18
acide lino/éique
OH
OH
-..::::::::=---===----====--=::::::....-I~C02H
*OH
spiro-éthers
2. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES
Dans la majorité des cas, les polyines et les dérivés soufrés qui leur sont biogénéti-
quement reliés sont phototoxiques. Cette activité phototoxique, UV A dépendante, est
particulièrement marquée à l'encontre des nématodes, des larves d'insectes, de certains
champignons (ex. : Candida), de quelques bactéries et de certains virus.
Il n'est pas sans intérêt de remarquer que, dans la plupart des systèmes traditionnels
de médecine, l'utilisation d'Asteraceae pour traiter des affections cutanées coïncide très
souvent avec la présence, dans celles-ci, de composés polyinsaturés ou thiophéniques.
C'est le cas des Aspilia de l'est de l'Afrique, actifs par des thiarubrines 1 qui sont aussi
efficaces sur Candida albicans ou Aspergillus.fitmigatus que la fungizone et plus actifs
que l'amphotéricine. C'est aussi le cas des Bidens utilisés aussi bien en Chine (B.
{}(/rvijlora L., B. tripartita L.) pour le traitement de l'eczéma, des plaies et des ulcères
qu'en Amérique du Sud et centrale (B. pilosa L.) pour celui des candidoses; dans ce cas
la principale substance active est le phénylheptatryine. Un autre exemple est fourni par
les thiophènes des Tagetes (Chine) ou des Porophylum (Colombie). En Europe, la
réputation antidermatosique de la racine de carline (Carlina acaulis L.) est à mettre en
fJ---fJ---(J
S S S
thiarubrine A a-terthiényl
phénylheptatriyne
200 LIPIDES
La racine séchée de cette Asteraceae fait l'objet d'une monographie de la 10' éd. de
la Pharmacopée française (1989). La feuille conserve quelques utilisations.
La plante. Cette plante robuste, bisannuelle, est fréquente dans les terrains incultes et
au bord des chemins de la presque totalité de l'Europe. Ses très grandes feuilles
cordiformes (50 x 30 cm) et ses capitules à fleurs tubuleuses pourpres entourées de
bractées vertes terminées en crochets rendent son identification aisée. L'identification est
confirmée par la mise en évidence des dérivés polyinsaturés (fluorescence de ceux-ci
Sur le sujet, voir: Krief, S. (2003). Métabolites secondaires des plantes et comportement animal:
surveillance sanitaire et observations de l'alimentation des chimpanzés (Pan troglodytes schweillfurthii) en
Ouganda. Activités biologiques et étude chimique de plantes consommées, Thèse, Muséum national
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l'OLYINES 201
OHC~
S S
arctinal
o lappaphène-A
Remarque: cette plante pourrait aussi bien être placée dans le chapitre polysaccharides, compte tenu
de l'activité attribuée par plusieurs auteurs à ceux qui sont présents dans les organes souterrains. Les
fractions lipophiles étant également le support d'une activité, l'échinacée peut tout aussi bien être
envisagée ici, pour ses alcènes et alcynes amidiques ou non.
La racine d'E. angustifolia est constituée des organes souterrains entiers ou coupés,
séchés. Teneur: au minimum 0,5 % d'échinacoside (Ph. eur., 6' éd., [01/2008: 1821]).
La racine d'E. pallida est constituée des organes souterrains entiers ou coupés,
séchés. Teneur: au minimum 0,2 % d'échinacoside (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1822]).
La racine d'E. purpurea est constituée des organes souterrains entiers ou coupés,
séchés. Teneur: au minimum 0,5 % pour la somme de l'acide cichorique et de l'acide
caftarique (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1824]).
Les parties aériennes fleuries d'E. purpurea sont constituées par les parties aérien-
nes fleuries, entières ou coupées, séchées. Teneur: au minimum 1 % pour la somme de
l'acide cichorique et de l'acide caftarique (Ph. eur., 6' éd., [01/2008: 1823]).
Les plantes. Les échinacées sont des plantes robustes à feuilles ovales ou
lancéolées, entières ou plus ou moins découpées (purpurea). Les capitules de grande
taille comprennent des fleurs tubulées pourprées réunies en boule et des fleurs ligulées
tombantes de grande taille généralement roses (ou violacées, ou très pâles).
Les parties aériennes. La tige d'E. purpurea, verte à rouge, porte des feuilles alter-
nes, ovales, rugueuses sur les 2 faces. Le limbe est épais, à nervures claires et saillantes.
Les fleurons ligulés (4-6 cm) sont violets, les fleurons tubulés rose-violet.
La poudre, examinée au microscope (hydrate de chloral) présente de longs faisceaux
de fibres vert-blanchâtre (150-200 /lm x 10-15 /lm), des poils tecteurs à 3 ou 4 cellules à
parois épaisses (dont une cellule apicale très allongée) ayant à leur base des cellules
épidermiques en rosette, etc.
l'OLYINES 203
L'identité des parties aériennes est confirmée par la CCM d'un extrait méthanolique
l~t
par l'analyse des chromatogrammes obtenus lors du dosage. Les acides phénols sont
dosés, après extraction (éthanol à 70 %), par chromatographie liquide.
Composition chimique. De très nombreux composés ont été isolés des racines des
(:chinacées, en particulier: une huile essentielle; des alcaloïdes indolizidiniques et des
polysaccharides dont la structure a été étudiée sur des cultures cellulaires de
,,;. purpurea (fucogalactoxyloglucanes, arabinogalactane); les racines de la même
(~spèce contiennent un glucuronoarabinoxylane.
Toutes les espèces renferment des composés phénoliques dérivés de l'acide
caféique:
- acide caféique, acide chlorogénique et acides dicaféyl-quiniques (la cynarine est
spécifique de E. angustifolia);
- mono- et dicaféate de l'acide tartrique, férulate de l'acide tartrique: le dicaféate
(i/lias acide cichorique) est abondant chez E. purpurea (0,6-2,1 %), pratiquement
ahsent chez E. angustifolia;
- esters osidiques de l'acide caféique (échinacoside : 0,3-1,7 %, sauf chez
,,;. purpurea).
o o
Évaluation clinique. Les échinacées ont fait l'objet de nombreux essais cliniques
visant à évaluer leur efficacité en cas de rhume, que ce soit à titre prophylactique ou à
titre curatif. La qualité méthodologique de la majorité de ces essais (surtout les plus
anciens) est très insuffisante pour que les conclusions de leurs auteurs soient adoptées
sans réserve: forme et dosage différents, critères d'inclusion flous, critères de jugement
différents, méthode de randomisation non précisée, puissance statistique insuffisante,
etc. Nombre d'essais ont évalué des mélanges d'échinacée avec des plantes ou sub-
stances diverses (Baptisia, Andrographis, Eleutherococcus, Adhatoda, acide ascorbique,
etc.), ce qui ôte toute pertinence à leurs conclusions quant à l'efficacité des échinacées.
L'administration continue de préparations d'échinacées (angustifolia et purpurea)
n'est pas efficace pour prévenir la survenue d'un rhume: c'est ce qui ressort d'essais
cliniques contrôlés évaluant, versus placebo et pendant 8 à 12 semaines, le délai
d'apparition d'un épisode infectieux. C'est ce que confirme un essai randomisé, en
double-aveugle, versus placebo et de méthodologie rigoureuse qui a évalué l'efficacité
de préparations d'échinacées (angustifolia) chez des sujets volontairement infectés par
une souche de rhinovirus 7 jours après le début du traitement.
Les préparations d'échinacées ont-elles une efficacité curative en cas de rhume?
Les conclusions des auteurs des synthèses méthodiques des données disponibles
convergent pour souligner que cette éventuelle activité n'est pas solidement démontrée.
Une synthèse méthodique, publiée en 2005, a analysé la qualité méthodologique de
9 essais contrôlés versus placebo identifiés à cette date. Seuls deux essais satisfaisaient
aux onze critères de qualité définis: leurs conclusions étaient négatives. Cinq des 9
essais concluaient plutôt favorablement, mais ne remplissaient que partiellement les
critères de qualité; en particulier, aucun n'avait testé la réalité de l'insu. Ceci est
d'autant plus important que le ressenti de la symptomatologie associée au rhume est
très placebo sensible. Deux autres essais randomisés, en double aveugle versus placebo,
non pris en compte dans la synthèse précitée, ont conclu à l'inefficacité thérapeutique
d'E.purpurea pris dès l'apparition des premiers symptômes de rhume et à celle
d'E. angustifolia pris après l'infestation volontaire des sujets par un rhinovirus.
En 2006, une synthèse méthodique d'un groupe du réseau Cochrane (16 essais, 22
comparaisons dont 19 versus placebo) a conclu que l'efficacité des préparations de
parties aériennes d'E. purpurea est possible en début de rhume, mais que les résultats
l'OLYINES 205
sont inconsistants; sur l'efficacité des autres préparations et sur l'efficacité préventive,
l'elte synthèse a constaté qu'elles n'avaient pas été confirmées par des essais cliniques
indépendants rigoureux.
En 2007, une méta-analyse (14 essais, 16 comparaisons) a conclu que l'échinacée
raccourcissait la durée du rhume plus que le placebo (-1,4 jours, IC95 - 0,64, -2,24) et
en diminuait le risque de survenue. La méthodologie de cette analyse a fait l'objet de
remarques qui peuvent atténuer la valeur de ses résultats.
prévention à court terme et le traitement du rhume. La posologie (jus) est la même que
celle préconisée par la Commission E, mais pendant 10 jours au maximum.
L'échinacée n'est pas recommandée avant 12 ans et contre-indiquée avant 1 an. Elle ne
doit pas être utilisée en cas de maladie auto-immune, d'immunodéficience, de maladies
de la lignée blanche. Pas d'utilisation par la femme enceinte ou allaitante sans avis
médical (réf. EMEA/HMPC/104945/2006Corr., 8 mai 2008).
Pour la racine de E. pallida, un projet de l' HMPC stipule que l'extrait sec et
l'extrait liquide sont utilisés, chez l'adulte et l'adolescent de plus de 12 ans, comme
traitement de soutien du rhume, sur la seule base de l'ancienneté de l'usage, pendant 10
jours au maximum. Risque d'hypersensibilité. Non recommandé chez la femme
enceinte ou allaitante. Posologie: extrait sec (4-8:1),4 x 24 mg; extrait liquide (1:5),
5 x XXV gouttes) (réf. EMEA/HMPC/332350/2008, 4 septembre 2008).
Pour une étude détaillée de ces espèces toxiques, voir: Bruneton, J. (2005). Plantes toxiques - Végétaux
dangereux pour l'Homme et les animaux, 3' éd., pp. 112-120 (ciguës) et 173-175 (lierre), Tee & Doc, Paris .
Plante des marais et des fossés vaseux, la ciguë aquatique (ou ciguë vireuse) est une
espèce herbacée de grande taille (l m et plus) à tige cylindrique, creuse et striée, à
feuilles à limbe tri- ou bi-tripennatiséqué, à ombelles composées dépourvues
d'involucre et munies d'involucelles à 3-5 bractées en alène. La racine, volumineuse,
est creuse et cloisonnée. Chimiquement, cette racine est riche en dérivés acétyléniques.
Le principal est la (-)-cicutoxine ou heptadéca-(8E, lOE, 12E)-trièn-4,6-diyn-l ,14-diol.
L'intoxication, consécutive à l'ingestion des parties souterraines confondues avec
des racines alimentaires, est souvent mortelle (arrêt respiratoire, fibrillation ventri-
culaire); elle se manifeste initialement par une salivation abondante et des douleurs
abdominales puis, à intervalles réguliers, par de violentes convulsions .
Cette plante est fréquente dans les prés et les fossés humides de l'ouest de la France.
Les feuilles sont bi- ou bitripennatiséquées selon leur point d'insertion, à segments
ovales en coin. La racine fasciculée et tubérisée (navet du diable, dead men 's finger's)
laisse exsuder un jus jaune orangé d'odeur marquée.
La substance responsable de la toxicité est la (+ )-œnanthotoxine (= heptadéca-[2E,
8E, 1OE]-trièn-4 ,6-diyn-1,14-diol). Les intoxications, peu fréquentes, sont surtout
observées chez des adeptes d'une nourriture « naturelle» (confusion avec la carotte
sauvage, attrait de l'odeur). Les symptômes observés en cas d'intoxication sont
identiques à ceux provoqués par la ciguë aquatique. Comme cette dernière, l'œnanthe
est parfois à l'origine de pertes dans les troupeaux.
l'OLYINES 207
10 12 14
~ ~ CH 3
~ 17
~ dihydroœnanthétot
HOH 2C
OH
~ ~ ~ CH 3
~
~
HOH 2C eieutoxine
~ ~ ~
~
~ cieutot
HOH 2C
OH
~ ~
~
~ eieudiot
HOH 2C
OH
~ ~
~
~ œnanthotoxine
HOH 2C ~
Le contact des feuilles de cette plante commune (cf. saponosides, p. 842) peut
provoquer des dermites (érythème, vésicules, œdème) voire des réactions différées de
type allergique. Ces dermites sont principalement dues à un polyine, le fa1carinol.
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autres composés
apparentés aux
lipides
Acétogénines
()11 désigne sous ce nom des composés aliphatiques à longue chaîne de 35 ou 37 atomes
de carbone, terminée par un noyau y-Iactone le plus souvent insaturé, linéaire ou, plus
fréquemment, cyclisée en un, deux ou trois noyaux tétrahydrofurane adjacents ou non,
l'un de ceux-ci pouvant laissser la place à un noyau tétrahydropyranne. La chaîne
l'arbonée porte généralement plusieurs substituants oxygénés et la y-Iactone peut être
hydroxylée. Biosynthétiquement, la formation des cycles tétrahydrofuraniques passe,
selon toute vraisemblance, par une extension de cycle sur des dérivés bi-ou triépoxydés
eux-mêmes issus de l'oxydation de 1,5-diènes et de 1,5 ,9-triènes. La lactone terminale
pourrait provenir de la condensation aldolique d'une unité en C3 sur un acide gras à
longue chaîne (en C 32 ou C 34).
Connues depuis une vingtaine d'années - plus de 400 ont été décrites -, elles sont
caractéristiques des seules Annonaceae 1 où elles sont concentrées dans les graines
~
OH OH OH
..--:: H2 )1o
rioclarine (threo/trans/threo/trans/erythro)
OH OH 0
(CH~
0
/(cH 2h
OH OH
glaucaflorine
1. Les Annonaceae sont surtout connues pour leurs fruits comestibles: Annona cherimolia Miller
!l"hcrimoya), A. muricata L. (corossol), A. squamosa (pomme-cannelle), A. reticulata L., Asimina
I!'/loba (L.) Dunal (pawpaw), Rollinia mucosa (Jacq.) Baillon (cachiman), etc. On les utilise parfois
pOlir leurs huiles essentielles. Cela est notamment le cas du Cananga odorata (Lam.) Hook. &
Thomson dont les fleurs fraîches fournissent l'huile essentielle d'ylang-ylang.
Ipomoea sp.
( n'iNÉRALITÉS 211
Toutes ces espèces, majoritairement issues de la zone intertropicale, sont des herbes
volubiles caractérisées par des fleurs à corolle gamopétale en entonnoir ou tubuleuse
puis brusquement évasée, et par des feuilles le plus souvent cordées à la base. on
utilisait autrefois les parties souterraines riches (10-18 %) en glucorésine. Si la structure
de ces composés actifs est restée longtemps mal connue, l'utilisation de techniques
appropriées a permis de montrer que la fraction éthéro-soluble de ces résines
correspond à des glycosides complexes caractérisés par la présence d'un
oligosaccharide majoritairement constitué de 6-désoxyhexoses (rhamnose, fucose). Cet
oligosaccharide constitue la partie osidique d'un hétéroside dont la génine est un acide
gras hydroxylé en C 14 ou C16 (ex. : acide Il S-hydroxydécanoïque ou « acide
jalapinolique ») qui, par son carboxyle, estérifie de façon intramoléculaire un hydroxyle
212 LIPIDES
° "~~ "(f0"
~O~O /'-0-/ o~b
~ OH / 0
o 0;?;J,
o H
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l
ACIDES AMINÉS ET PEPTIDES
PROTÉINES ET ENZYMES
Introduction
Si les acides aminés sont des métabolites indispensables comme éléments constitutifs
des protéines structurales et enzymatiques, ils donnent également naissance à une large
variété de métabolites secondaires: amines, acides à courte chaîne, glucosinolates,
hétalaïnes, mais aussi alcaloïdes (voir quatrième partie) et, après désamination, tous les
composés phénylpropaniques (voir« composés phénoliques »).
La structure et les propriétés chimiques des acides aminés et des peptides, leur
origine biosynthétique, la structure, les propriétés et les fonctions des protéines sont
abordées dans les traités de biochimie: nous limiterons donc le présent chapitre, pour
cc qui concerne les acides aminés, aux seuls acides aminés « atypiques» (c'est-à-dire
non constitutifs des protéines) et aux composés simples qui en dérivent directement, les
glucosinolates et les hétérosides cyanogènes.
De la même façon, et bien que le rôle diététique des protéines végétales soit loin
d'être négligeable, nous restreindrons l'évocation - sommaire au demeurant - de ces
macromolécules à quelques cas particuliers: celui des protéines édulcorantes et celui,
très spécifique, des lectines (protéiques ou glycoprotéiques) 1.
L'utilisation des enzymes en pharmacie aussi bien que dans le domaine médical ou
industriel (chimique ou agroalimentaire) est loin d'être négligeable, mais les enzymes
employées sont rarement issues de végétaux supérieurs : papaïne, bromélaïne et ficine
seront les seules molécules évoquées.
1. Est également exclue l'étude systématique des glycoprotéines végétales responsables d'allergies
(voir, à titre d'exemple, l'arachide, p. 157).
Acides aminés
non constitutifs des protéines
Sil' on connaît près de 300 acides aminés naturels chez les végétaux, une vingtaine
seulement sont des constituants normaux des protéines. En d'autres termes, la grande
lIlajorité de ces composés - amino-acides, imino-acides, amides - peut être
considérée comme faisant partie de la catégorie des métabolites secondaires. Beaucoup
l~xistent à l'état libre, sauf chez les Champignons où ils sont parfois engagés dans de
petits peptides.
CH3-Se-CH2-9H-C02H
NH 2
H2 N,
/p-NH-O-CH2-CH2-9H-C02H CH3-HC=CH-S-CH2-9H-C02H
HN NH 2 NH 2
canavanine S-(I-propényl)-cysteine
H
N
(-)-C0 2 H
Rll
R2
acide azétidine-2 proline acide pipécolique
carboxylique et dérivés et dérivés
0'
N,
N
~C02H
NH 2 3,4-dihydroxy
acide iboténique pyrazolylalanine phénylalanine
A ?02 H Oy C0 2 H
~NH2 NH 2
La fonction de ces acides aminés est souvent aussi mal connue que celle de la
plupart des métabolites secondaires. Leur nombre et leur universalité indiquent
toutefois qu'ils ne sont sans aucun doute pas (pas uniquement) des erreurs métaboliques.
On sait que certains s'accumulent dans les graines de quelques espèces :
disparaissant au cours de la germination ils peuvent, de ce fait, être considérés comme
une forme de stockage de l'azote (ex. : canavanine, homoarginine). Dans d'assez
nombreux cas, ils participent au maintien et à la survie de l'espèce: ainsi agissent ceux
qui inhibent la germination du pollen étranger sur le style de la fleur.
Beaucoup se révèlent toxiques à l'encontre de prédateurs (champignons, micro-
organismes). Il y a là une action antimétabolite, au demeurant très générale, due à
l'interférence de ces composés avec les acides aminés normaux au cours de la
hiosynthèse des protéines. Du fait de leur isostérie par rapport aux acides aminés
normaux, ils ne sont pas distingués par les systèmes enzymatiques du prédateur et les
protéines que celui-ci élabore ne sont pas fonctionnelles (ou bien la biosynthèse
protéique est simplement bloquée), d'où la« toxicité ».
Ces acides aminés sont, dans l'état actuel des connaissances, dépourvus d'intérêt
pharmacologique 2 mais la toxicité de certains d'entre eux pour l'Homme et les animaux
domestiques doit être signalée: p-methyl-L-alanine des Cycas, hypoglycines des
lIckees [Blighia sapidaJ, mimosine, indospicine, séléno ami no-acides et acide
djenkolique des Fabaceae ou encore, dans cette même famille, l'oxalylaminoalanine
des gesses, responsable « d'épidémies» de lathyrisme (pour un développement sur ces
plantes, cf : Bruneton, J. (2005). Plantes toxiques -Végétaux dangereux pour l'Homme et les animaux,
.l'éd., Tec & Doc, Paris).
A. Gesses et lathyrisme
Le lathyrisme est une affection qui a sévi, çà et là, dans le bassin méditerranéen
ainsi qu'en Asie mineure et en Inde où elle peut encore parfois être observée, ainsi
d'ailleurs que dans la corne de l'Afrique. Consécutive à l'ingestion prolongée (3-6
Illois) de graines de différentes espèces de gesses (Lathyrus sativus L., L. cicera L., etc.,
Jlabaceae), cette intoxication se manifeste, chez l'Homme, par une rigidité et par une
diminution de la force musculaire des jambes, puis par leur paralysie progressive. Cet
ensemble de symptômes est lié à une atteinte médullaire et constitue le neuro-
lathyrisme. Chez les animaux, c'est un ostéolathyrisme que l'on peut observer: défor-
Illations des insertions osseuses, disjonctions ligamentaires, déformations du squelette,
kaïnique, principe actif nématicide d'une algue rouge orientale n'est pas, structuralement, très différent.
218 ACIDES AMINÉS, PROTÉINES, ENZYMES
B. Hypoglycines
4. BIBLIOGRAPHIE
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dérivés des
acides aminés
Hétérosides cyanogènes'
1. INTRODUCTION
l ,H cyanogenèse est la faculté que possèdent certains organismes vivants, en particulier
des végétaux, de produire dans des circonstances particulières de l'acide cyanhydrique.
Si l'on excepte les cyanolipides des Sapindaceae, les substances cyanogènes sont
Illujours des hétérosides de 2-hydroxynitriles communément appelés hétérosides
l'yanogènes (ou cyanogénétiques 1). L'hydrolyse de ces hétérosides par des glucosidases
2. Ces composés étant hétérosidiques, la désinence -oside est habituelle en francais. Toutefois
l'usage anglo-saxon semble, dans de nombreux cas, consacré par l'usage: dhurrine, triglochine, etc.
Il (',TÉROSIDES CYANOGÈNES 221
cr H,
(R)-amygdaloside
O-~-D-Gentiobiose
C
" cr H"
(R)-prunasoside
O-~-D-Glc
C
"
o"
~CN
O-~-D-Glc
(S)-sambunigroside
(amygdaline) (prunasine)
~ O-~-D-Glc ~CN
HO ff
1
#
",
HO~
(S)-dhurrine (R)-taxiphylline triglochinine
O<.CN
O-~-D-Glc
OH
purification délicates. Celles-ci, précédées par une inhibition des enzymes (trempage
dans l'air liquide), nécessitent l'utilisation d'alcools et le recours aux techniques
chromatographiques.
Les hétérosides cyanogènes sont facilement détectés par un papier imprégné de
réactifs susceptibles de donner une réaction colorée avec l'acide cyanhydrique qui se
dégage lorsque le matériel végétal est broyé (acide picrique/ carbonate de sodium,
benzidine/acétate cuivrique). Le papier imprégné est placé à l'extrémité d'un tube
renfermant une petite quantité de la plante contusée. Une méthode classique de dosage
consiste à réaliser un entraînement par la vapeur d'eau de la plante placée en suspension
dans de l'eau acidifiée, puis à doser l'acide cyanhydrique dans le distillat à l'aide de
nitrate d'argent. Plus commodément, la chromatographie gazeuse des dérivés triméthyl-
silylés des hétérosides permet l'identification et l'appréciation quantitative simultanées,
même si la teneur globale est faible. Des méthodes par chromatographie liquide ont
également été développées.
Ces composés sont issus des acides aminés via les aldoximes correspondantes
comme le montrent des expériences de marquage. On pense que le processus fait
intervenir deux complexes multi-enzymatiques (ou deux protéines multifonctionnelles),
ce qui évite la dégradation immédiate des produits intermédiaires. Le catabolisme
normal de ces hétérosides conduit à la libération de l'acide cyanhydrique qui est
aussitôt converti en asparagine, via la ~-cyanoalanine formée par réaction de HCN sur
la cystéine.
R-CH 2 -CH-C0 2 H R-CH 2 -CH
1 Il
NH NH
1 1
OH OH
acide aminé N-hydroxyamino-acide aldoxime
(?)
R--CH-C R--CH-C R-CH 2 -C
1 III 1 III III
? N HO N N
ose
dl' concentration dangereuse (0,5-3,5 mg/kg) ne peut être atteinte que par une ingestion
illlportante et rapide de parties de plantes riches en hétérosides cyanogènes: dans le cas
lb l'ruits, leur pulpe ne contient pas d'hétérosides, dans celui des feuilles - généra-
!l'illent riches en hétérosides -, elles ne sont souvent pas très appétentes (ex. : laurier-
l'l'rise). Il faut en plus que les hétérosides soient hydrolysés dans le tube digestif. Par
Il il leurs, il est connu que l'organisme humain a la capacité de détoxifier assez rapide-
!lIent les cyanures en thiocyanates sous l'influence d'une thiosulfate sulfuretransférase
(rhodanese); les thiocyanates ainsi formés sont éliminés par l'urine (30-60 mg/h).
L'intoxication massive se manifeste par des symptômes multiples consécutifs à
l'anoxie cytotoxique provoquée par la combinaison des ions cyanure avec la
l'ytoehrome-oxydase : la réoxydation du cytochrome C est interrompue et l'oxygène
IIlOléculaire ne peut plus être utilisé par la cellule. On observe fréquemment une
lIlodification du rythme respiratoire (il s'accélère et s'amplifie), des céphalées, des
vcrtiges. On note ensuite des troubles de la conscience, puis un coma profond et une
dépression respiratoire. Si la dose est assez faible pour ne pas entraîner une mort rapide,
1111 traitement approprié doit être mis en œuvre très rapidement: lavage gastrique,
oxygénothérapie, nitrite d'amyle, chélation des ions cyanure par l'hydroxocobalamine
Cil perfusion et stimulation des processus de détoxication (thiosulfate de sodium).
fruits. Par contre, chez les animaux herbivores, la consommation massive des feuilles
l~S( le plus souvent mortelle.
Emplois. Le seul emploi de cette espèce est l'obtention de l'eau distillée de laurier-
ccrise. Ajustée à 100 (± 5) milligrammes d'acide cyanhydrique total pour 100 g, elle ne
doit pas contenir plus de 25 mg pour 100 g de ce même acide libre; la teneur minimale
l~n benzaldéhyde est de 300 mg pour 100 g. L'identité de la préparation est déterminée
pal' précipitation des ions CN- sous forme de ferrocyanure et par détection en CCM du
hcnzaldéhyde. L'acide cyanhydrique libre et total est dosé par argentimétrie et le
hcnzaldéhyde par gravimétrie après précipitation sous forme de phénylhydrazone. La
préparation doit être conservée en flacon hermétiquement clos, à l'abri de la lumière.
Traditionnellement, cette eau distillée entre dans la formulation de sirops destinés
HU traitement d'affections broncho-pulmonaires, comme aromatisant et stimulant
rcspiratoire (il a été avancé, mais pas formellement démontré, qu'elle contrebalancerait,
dans les sirops opiacés, l'effet dépresseur respiratoire de ceux-ci).
Pour une étude détaillée de ces espèces toxiques, voir: Bruneton, J. (2005). Plantes toxiques - Végétaux
dangereux pour l'Homme et les animaux, 3' éd., pp. 63-67 (Cycas) et 489-496 (Rosaceae), Tec & Doc, Paris.
Les cotoneasters sont des buissons non épineux, à petits fruits le plus souvent
rouges, très fréquemment utilisés comme couvre-sols ou en bordures dans les parcs et
Ics jardins. Feuilles, fleurs et fruits sont cyanogènes. La teneur en hétérosides du fruit,
variable, est généralement inférieure à 5 mg/lOO g (poids sec).
Contrairement aux précédents, les Pyracantha sont couverts d'épines acérées. Les
organes végétatifs sont dépourvus d'hétérosides cyanogènes et les fruits n'en
rcnferment qu'une très faible quantité. Leurs fruits très colorés attirent tout aussi
fréquemment les enfants que ceux des Cotoneaster et, en première analyse, n'induisent
- au pire - que quelques symptômes digestifs. Les épines acérées des Pyracantha
sont souvent beaucoup plus dangereuses ...
226 ACIDES AMINÉS, PROTÉINES, ENZYMES
Le manioc est l'une des plantes alimentaires les plus anciennement employées par
l'Homme. L'utilisation de sa fécule, la cassave, est attestée dès le troisième millénaire
avant Jésus-Christ. Cette plante demeure aujourd'hui la source principale d'amidon
pour plusieurs centaines de millions de personnes dans les zones tropicales du globe.
Dans nos régions, la fécule de manioc est plus connue sous le nom de tapioca (cf.
plantes à amidon, p. 73).
Comme toutes les autres espèces du genre, M. esculenta est d'origine américaine et
les différents cultivars qui se sont différenciés au cours de sa longue histoire se
répartissent en deux types, improprement dénommés doux ou amer. Les deux types
renferment un hétéroside cyanogène (le linamaroside) mais, alors que cet hétéroside est
préférentiellement localisé dans les parties externes du tubercule dans le cas des
maniocs doux et serait donc éliminé par les modes traditionnels de préparation (grattage
et trempage puis cuisson), il est réparti dans tous les tissus amylifères dans le cas des
maniocs amers. La détoxication peut ne pas être totale et l'ingestion régulière de
cyanures qui en résulte est à l'origine de manifestations toxiques chroniques. Chez les
populations malnutries de certains pays de l'Afrique tropicale, le manioc peut être à
l'origine d'une neuropathie - le konzo - marquée, entre autres, par une paraplégie
spastique et des troubles neuro-ophthalmiques. La fréquence des goitres observée dans
certaines régions d'Afrique serait due à l'activité antithyroïdienne des thiocyanates
issus du métabolisme des cyanures.
(Amérique), etc. La moelle et les ovules fécondés de la plupart de ces espèces sont
riches en amidon, d'ou une utilisation traditionnelle à des fins alimentaires.
L'intoxication aiguë par les Cycadales est bien décrite chez les animaux, qu'ils
soient de rente (moutons, bovins) ou domestiques. Très rare chez l'humain, elle est liée
il la cycasine, un glucoside du méthyl-azoxyméthanol (MAM).
Des manifestations toxiques (ALS-PDC = sclérose amyotrophique latérale et
démence parkinsonienne) ont été observées chez l'Homme là ou les Cycas sont
régulièrement consommés. Dans ce cas, la toxine supposée serait un amino-acide, la ~
ll1éthylamino-L-alanine (BMAA) et, récemment, il a été constaté que cette toxine est
concentrée par la chaîne alimentaire. Élaborée par des cyanobactéries symbiotes des
Cycas, elle est ensuite concentrée par ces plantes, puis par des chauves-souris qui se
Ilourrissent de celles-ci et, enfin, par l'Homme qui, dans les régions concernées (île de
Guam), consomme ces Chiroptères et de la farine de Cycas. La BMAA a été identifiée
dans le cerveau d'habitants de ces îles atteints de l'ALS-PDC et dans celui de patients
résidant dans des zones géographiques dépourvues de Cycas, mais atteints d'une
démence de type ALZHEIMER. Toutefois, cette hypothèse de la responsabilité des Cycas
Ile fait pas l'unanimité.
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Vetter, J. (2000). Plant cyanogenic glycosides, Toxicon, 38,11-36.
dérivés des
acides aminés
Glucosinolates
1. STRUCTURE ET NOMENCLATURE
HSyR
HO/ N
1 UDP-glucose
Lorsque les tissus des plantes à glucosinolates sont lésés, les hétérosides sont hydro-
lysés par une thioglucosidase (<< myrosinase ») toujours présente dans ce type de plante.
Dans tous les cas la génine libérée, instable, se réarrange.
Si le pH est neutre, un réarrangement de type LaSSEN du thiohydroxamate intervient
et il se forme un isothiocyanate très réactif, volatil et d'odeur forte (sauf si la chaîne
(11,lJCOSINOLATES 231
R-N=C=S isothiocyanates
--1-= R-S-C=:N
nitriles
thiocyanates
oxazolidine-2-thione tétrahydro-oxazine-2-thione
R =CH=CH 2 : goitrine
Les glucosinolates peuvent aussi avoir des avantages: pour de nombreux auteurs,
leur présence dans la ration alimentaire (dans les brocolis, les choux, les choux-fleurs
l'l, surtout, les choux de Bruxelles) pourrait avoir un effet protecteur à l'encontre des
substances cancérogènes. Cette hypothèse s'appuie principalement sur des données de
eancérogenèse animale obtenues avec des régimes riches en Brassicaceae ou avec les
isothiocyanates et l'indole-3-carbinol sur différents modèles de cancers chimio-induits.
('es études montrent l'interaction - à doses fortes - des isothiocyanates et de l' indole-
.\-earbinol (du moins lorsque ce dernier est ingéré avant l'exposition au cancérogène)
IIvec le métabolisme des cancérogènes: inhibition de l'activation des procancérogènes
l~t/OU induction des enzymes dites « de phase II » telles que la NAD(P)H qui none
réductase, la glutathion S-transférase ou l'UDP-glucuronyl-transférase qui détoxifient
les métabolites électrophiles susceptibles d'altérer la structure des acides nucléiques.
L'extrapolation des données expérimentales à l'humain est délicate: les dosages
sont généralement inférieurs, on connaît malles quantités de glucosinolates réellement
ingérées (influence de l'espèce végétale, du mode de culture, du mode de préparation et
de cuisson, etc.) et les quantités réellement disponibles (variation individuelles de
métabolisme, etc.). On dispose toutefois de données épidémiologiques convergentes: à
la fin des années 1990, deux analyses des études de cohorte et des dizaines d'études
cas-témoins alors disponibles accréditaient la vraisemblance d'une relation inverse
cntre une consommation importante et régulière de Brassicaceae et la fréquence des
nll1cers, en particulier de l'estomac, du côlon, du rectum et du poumon. La possibilité
de doser spécifiquement les métabolites urinaires des glucosinolates devrait conduire à
des études plus fines et plus fiables visant à préciser l'impact réel, dans une
alimentation riche en fruits et légumes, des Brassicaceae sur la santé, notamment sur la
survenue de cancers.
234 ACIDES AMINÉS, PROTÉINES, ENZYMES
6. PLANTES À GLUCOSINOLATES
Les Brassicaceae, aussi bien que la capucine (Tropaeolaceae), ont aujourd'hui une
utilisation thérapeutique restreinte .
Cette espèce est une plante herbacée habituellement bisannuelle à feuilles rudes, à
fleurs blanches en grappes, à siliques renflées. La volumineuse racine (jusqu'à 50 cm
de long) a une surface noire, sillonnée, rugueuse.
La composition de la racine n'est que partiellement connue. On sait qu'elle
renferme de la glucobrassicine (3-indolylméthylglucosinolate). Les données phar-
macologiques sont quasiment inexistantes: la notion de « draineur hépatique» est
retenue par quelques auteurs. Il n'y a pas de données cliniques fiables sur cette espèce.
1. Depuis août 2007 (décret 2007-1198), la vente au détail et toute dispensation au public d'« huile
essentielle» de moutarde jonciforme et de ses dilutions et préparations ne constituant ni des produits
cosmétiques, ni des produits à usage ménager, ni des denrées ou boissons alimentaires est réservée aux
pharmaciens (Articles L4211-1 et 04211-13 du Code de la santé publique).
2. Comme le rappelle P. DELAvEAu, « ils" font [les sinapismes] sortir l'humeur" - un primitif
dirait" faire sortir les mauvais esprits du corps" ... ». [Delaveau, P., Histoire et renouveau des plantes
médicinales, op. cit., p. 24].
(il,lJCOSINOLATES 235
L'érysimum est constitué par les parties aériennes fleuries séchées de S. officinale
(1,.) Scop= Erysimum officinale L. Il contient au minimum 0,3 % de glucosinolates
totaux exprimés en sinigrine (Ph. fse, 10c éd.).
Cette herbe très commune de nos régions possède des rameaux étalés, des feuilles
isolées, profondément divisées en lobes inégaux, dont le terminal est hasté. Les fleurs,
groupées en petites grappes, sont sur le type 4 caractéristique de la famille. Les siliques
sont longues et velues. Au microscope, on remarque des poils tecteurs unicellulaires, à
parois épaissies et finement ponctuées.
Les glucosinolates sont identifiés par CCM sur un extrait méthanolique purifié par
pasage sur une résine cellulosique anionique, et dosés par chromatographie liquide
IIprès extraction par un mélange d'eau et de méthanol.
• AUTRES BRASSICACEAE
La partie utilisée est le limbe et le pétiole séchés de la feuille de T. majus (Ph. fse,
10" éd.). La grande capucine, originaire de l'Amérique du Sud, est cultivée à des fins
ornementales dans nos régions. Des feuilles rondes et peltées, des fleurs vivement
colorées en forme de casque (ou de capuchon) et des triakènes ridés caractérisent cette
plante herbacée.
Identifiée par ses caractères morphologiques et microscopiques ainsi que par une
réaction de la cyanidine positive, la feuille est contrôlée en CCM (mise en évidence de
l'isoquercitroside dans un macérat méthanolique).
La feuille de capucine renferme des flavonoïdes et un glucosinolate, la gluco-
lropéoline. L'hydrolyse de cet hétéroside se traduit par la libération d'isothiocyanate de
henzyle dont les propriétés antibactériennes et antifongiques sont connues. La graine de
capucine renferme 6 à 10 % d'une huile qui passe pour être l'huile la plus riche
(actuellement connue) en acide érucique (60 à 80 %, majoritairement sous la forme de
1riérucine).
6. BIBLIOGRAPHIE
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282. Voir aussi: Jeffery, E.H. et Araya, M., Physiological effects of broccoli consumption, ibid., 283-
298, ainsi que d'autres chapitres du même fascicule (1), du tome 8 de cette revue: Glucosinolate biology,
bhemistry and biochemistry, and its application to human health and agriculture.
van Poppel, G., Verhoeven, D.T., Verhagen, H. et Goldbohm, R.A. (1999). Brassica vegetables and cancer
prevention. Epidemiology and mechanisms, Adv. Exp. Mecl. Biol., 472, 159-168.
Verhoeven, D.T., Goldbohm, R.A., van Poppel, G. et al. (1996). Epidemiological studies on Brassica
vegetables and cancer risk, Cancer Epidemiol. Biomarkers Prev., 5, 733-748.
dérivés des
acides aminés
La poudre d'ail est obtenue à partir du bulbe d'A. sativum, divisé, cryodesséché ou
séché à température ne dépassant pas 65° C, et réduit en poudre. Elle contient au
minimum 0,45 % d'allicine (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1216]).
La plante. Petite plante herbacée vivace, l'ail est une espèce à feuilles linéaires
cngainantes, à ombelles globuleuses de fleurs blanches ou rougeâtres entourées d'une
longue spathe caduque terminée en pointe, à bulbe formé de caïeux (les « gousses»)
insérés sur un plateau aplati, entourés d'une tunique commune blanchâtre. L'odeur,
lilible, se développe - forte et soufrée - dès que les tissus sont lésés.
La poudre, examinée au microscope (hydrate de chlora!), présente des fragments de
parenchyme et des groupes de vaisseaux spiralés ou annelés. Elle ne doit pas renfenner
d'amidon. L'allicine est dosée par chromatographie liquide sur un macérat aqueux.
1. Chapitre limité volontairement aux thiosulfinates ; mais le soufre n'est pas exceptionnel (ex. :
IIkaloïdes pyrrolidiniques et tropaniques soufrés des Rhizophoraceae [Cassipourea, Bruguiera]).
Allium sativum L.
Al/TRES COMPOSÉS SOUFRÉS 241
o
Il
~SOH ~S"S~
S~S~
C
1 Il
S~
S~O 1 S
claire à partir des données accumulées depuis quelques dizaines d'années dans des
centaines de publications.
Évaluation clinique. Diverses études et essais conduits chez l 'humain ont évalué
les potentialités de l'ail et de ses préparations. Ils ont mis en évidence une faible activité
antiagrégante plaquettaire. Ils ont surtout cherché a évaluer l'activité de ce légume et de
ses préparations sur la cholestérolémie et le niveau tensionnel. Enfin, la question se
pose du rôle que pourrait jouer l'ail dans la prévention de certains cancers.
significative: 8,36 ± 2,66 mm (PAS, 4 essais) et 7,27 ± 1,5 mm (PAD, 3 essais). Chez
les seuls patients normotendus, l'effet antihypertenseur n'est pas significatif (6 [PAS] ou
7 JPAD] essais). Les essais mettaient majoritairement en œuvre de la poudre d'ail, à la
dose quotidienne de 600 à 900 mg (3,6 à 5,4 mg d'allicine). D'autres auteurs, constatant
IL~ relativement faible effet hypotenseur de l'ail, s'interrogent sur sa valeur clinique. Il est
indispensable que des essais mieux dimensionnés et inscrits dans la durée précisent
l'(éventuel) impact de la supplémentation en ail sur le risque cardiovasculaire.
2. On ne cite pas volontairement ici les dermites de contact liées à l'ail, ainsi que les effets
loxiques chez l'animal.
244 ACIDES AMINÉS, PROTÉINES, ENZYMES
o
50H 5/~'-R 5
~5/ ~5/ ~5
------- Il
RsOO ~
\\
CH 3SOH 0 o
zwiebelane
3. De fait, au moins un essai clinique a été publié sur la prévention et le traitement du rhume par
des capsules d'ail (cf. Josling, P. [2001]. Preventing the common cold with a garlic supplement: a double-
blind placebo-controlled survey,Adv. Ther., 18, 189-193).
AllTRES COMPOSÉS SOUFRÉS 245
paiement des glycosides du quercétol et ce dans les oignons colorés: 2,5-6,5 %), des
saponosides (glycosides de furostanols), des stérols et des composés soufrés: sulfoxyde
de trans-(+)-S-(l-propényl)-L-cystéine (= isoalliine) et autres dérivés de la cystéine
(alkyl- et alcénylcystéines et les dérivés sulfoxydes correspondants). Lorsque le bulbe
l'st contusé, les sulfoxydes sont dégradés par l'alliinase, libérant de l'acide pyruvique et
des alkylthiosulfinates instables et rapidement transformés en disulfures (ex. : disulfure
de dipropyle); le trans-( + )-S-(l-propényl)-L-cystéine sulfoxyde est pour sa part
transformé, via l'acide I-propènesulfénique, en S-oxyde de Z-propènethial (= S-oxyde
de thiopropanal). Celui-ci conduit ensuite, par addition sur les acides alkyl-et alcényl
slllféniques, à une série de l-(méthylsulfinyl)-propyl alkyl- (ou alcényl-) disulfures.
D'autres composés ont également été caractérisés dans les extraits: cépaènes
(u-sulfinyldisulfures), zwiebelanes (dérivés disoufrés bicycliques), di- et tripeptides
soufrés. Dans « l'essence» d'oignon, les composés très majoritaires sont des disulfures.
Comme dans le cas de l'ail, la distillation sous vide ne conduit qu'à des thiosulfinates
(1{ = méthyl ou n-propyl, R' = l-propényl ou méthyl; le composé majoritaire étant
IIsymétrique: CHTS(O)S-l-propényl [E,Z]).
Emplois. En France, le bulbe d'oignon ne figure pas sur la liste des espèces rete-
nues par la Note explicative de l'Agence du médicament (1998).
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BfArM précise que
le bulbe d'oignon est utilisé en cas de perte d'appétit et pour prévenir l'athérosclérose.
Posologie: 50 g d'oignons frais par jour ou 20 g d'oignons séchés (ou préparation
équivalente).
246 ACIDES AMINÉS, PROTÉINES, ENZYMES
BIBLIOGRAPHIE
Ail
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dérivés des
acides aminés
Bétalaïnes
On note que la betterave (voir aussi p. 33) peut être valorisée comme source d'acide
D-galacturonique : un hectare de betterave sucrière fournit (théoriquement) 600 kg
d'acide D-galacturonique. Estérifié par des alcools gras, ce dernier conduit à des
tensioactifs émulsionnants, non irritants et biodégradables. Il peut aussi être transformé
en acide mucique, un diacide tétrahydroxylé capable de former des complexes stables
avec les ions métalliques. Cet agent séquestrant est parfois présenté comme une
possible alternative - écologique, il est biodégradable - aux phosphates. Les fruits
des Cactaceae (Opuntia sp., Hylocereus sp.) et diverses espèces d'Amaranthaceae
(Celosia) pourraient constituer des sources intéressantes de bétalaïnes colorantes.
lW~C00
~'
~
cyclodopa
HO,C"" 1 CO,H
H
R =H : bétanidine indicaxanthine
R =glc : bétanine
P
~ OHC
o
~ CHO
H0 2 C"'" NH 2 Ho,c""êlcO,H
H
acide bétalamique
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Protéines édulcorantes
I.cs protéines édulcorantes sont des protéines présentes dans certains fruits et qui
présentent un fort pouvoir sucrant. Elles pourraient donc constituer des édulcorants
Ilaturels, non-caloriques. Sur une demi-douzaine qui ont particulièrement retenu
l'attention, une seule est aujoud'hui commercialisée, la thaumatine. Les autres
dcmeurent des objets de recherche: monelline (voir ci-dessosus), mabinline, brazzéine
l'I pentadine (isolées de Capparaceae (s.l.) : Cappa ris masaikai LevI. et Pentadiplandra
hmzzeana Baill.) ou encore curculine isolée de Molineria latifolia (W.T. Aiton) Herb.
ex Kurz (Hypoxidaceae). La miraculine est quant à elle plus un modificateur de goût
qu'un édulcorant proprement dit.
• THAUMATINE
La thaumatine est un édulcorant puissant: son action est perceptible pour une
concentration de 10-8 M. La sensation sucrée induite par la thaumatine est légèrement
différée; elle persiste 15-20 minutes (arrière goût de réglisse), d'où son intérêt dans des
produits de type gomme à mâcher ou rafraîchisseurs d'haleine. Ni toxique, ni cariogène
elle est, à faible dose, renforçateur des arômes et des flaveurs. À dose plus forte, c'est un
édulcorant intense .
• MONELLINE
Cette molécule est présente dans les fruits d'une Menispermaceae de l'Afrique
occidentale et tropicale, Dioscoreophyllum cuminsii Diels. Cette liane à feuilles
cordiformes de la forêt ombrophile humide porte des grappes denses pouvant compter
une centaine de petites baies rouges. Si la graine est amère (diterpènes), le mucilage
blanchâtre qui l'entoure est particulièrement « sucrant ». Ce comportement est lié à la
monelline, protéine formée de deux chaînes comprenant respectivement 44 et 50 acides
aminés. Si elle est particulièrement efficace (2 000 fois plus sucrante que le saccharose),
la monelline est instable aux pH extrêmes et ne résiste pas au chauffage et encore moins
à la combinaison des deux (elle est détruite à 50 oC à pH 3,2). On manque de plus de
données toxicologiques, ce qui limite sérieusement d'éventuelles applications .
• MIRACULINE
Cette protéine peut être extraite du fruit d'un arbuste de l'ouest africain:
Synsepalum dulcificum Dan. (Sapotaceae). Après environ deux siècles et demi d'oubli
- la première mention de ce fruit « qui pourrait masquer le goût amer des
médicaments» remonte à 1725 - , le fruit « miracle» a retenu l'attention pour ses très
curieuses propriétés: à peu près insipide en lui même, il transforme la saveur acide en
saveur sucrée et modifie la perception de nombreuses flaveurs. Ses propriétés sont liées
à une glycoprotéine, la miraculine, constituée de 473 acides aminés. Ses domaines
d'applications potentiels sont restreints; qui plus est, elle induit un risque de confusion
lié à la persistance (2 heures) de sa capacité à modifier le goût.
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protéines
Lectines
Les lectines, du latin lego, legere (lectum) = lire, choisir, sélectionner, sont des
protéines ou des glycoprotéines d'origine non induite capables de se fixer, de façon
spécifique et réversible, à des résidus osidiques des membranes cellulaires, sans
montrer d'activité enzymatique. La plupart des lectines des végétaux supérieurs sont
localisées dans les graines : elles se forment au cours de la maturation et disparaissent
1I11 cours de la germination. Elles sont surtout fréquentes chez les Fabaceae (arachide,
soja, lentille, Canavalia, haricot, etc.).
Beaucoup de lectines sont capables d'agglutiner les hématies - on parle alors de
phytoagglutinines - et plusieurs d'entre elles le font avec une spécificité de groupe.
Celtaines lectines sont mitogènes, quelques unes peuvent différencier cellules normales
el cellules tumorales; leur toxicité est parfois importante.
Plusieurs lectines sont actuellement disponibles et leurs applications sont
Ilombreuses dans les disciplines biologiques, mais cet aspect de leur connaissance
dépasse le cadre fixé au présent ouvrage (cf. traités de biochimie, d'immunologie,
d'hématologie).
Si les lectines sont souvent uniquement toxiques par voie parentérale, certaines ne
sont pas ou peu détruites par les enzymes du tractus digestif: c'est le cas de l'abrine des
graines de jequirity, c'est celui de la phasine du haricot, c'est aussi celui de la ricine de
la graine de ricin.
L'intoxication par absorption de ce type de toxique se manifeste, 2-3 heures après
l'ingestion, par des vomissements et une diarrhée hémorragique, une perte de fluides et
lin état de choc.
252 ACIDES AMINÉS, PROTÉINES, ENZYMES
Les lectines sont par contre dénaturées par la cuisson: les haricots sont donc
parfaitement comestibles cuits alors que l'ingestion de grains et de gousses crus
entraîne une gastro-entéropathie sévère, mais d'évolution favorable.
Sur les plantes devant leur toxicité à des lectines, voir: Bruneton, J. (2005). Plantes
toxiques -Végétaux dangereux pour l'Homme et les animaux, 3' éd., Tec & Doc, Paris, en particulier:
robinier, glycine (p. 316), Abrus precatorius L. (pp. 323-324), ricin (pp. 305-307), phytolaque (pp. 437-
440).Sur les haricots, voir p. 316 et références citées. Sur les propriétés antinutritionnelles,
voir: Vasconcelos et Oliveira (2004) .
La plante. Cette espèce est un hémi-parasite qui vit, fixé par des racines modifiées
en suçoirs, sur diverses espèces de feuillus: peupliers, pommiers et autres espèces, mais
aussi sur les sapins (le gui des Fagaceae est normalement Loranthus europaeus Jacq.).
Morphologiquement, le gui est un sous-arbrisseau dioïque formant une touffe plus ou
moins sphérique, à feuilles disposées symétriquement à l'extrémité de tiges jaune
verdâtre ramifiées selon une fausse dichotomie. Les fleurs, mâles et femelles, sont
insérées par 2-6 à l'aisselle des feuilles. Le fruit est une baie sphérique charnue,
blanchâtre et translucide à maturité, monoséminée. La feuille était décrite par la 8'
édition de la Pharmacopée française. Elle est jaunâtre, épaisse, coriace et parcourue par
3-6 nervures sensiblement parallèles. Le limbe, elliptique, est comme articulé sur le
rameau et s'en détache facilement.
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Enzymes
La plante. Le papayer appartient à une petite famille réduite à quatre genres. C'est
une espèce arborescente de 3 à 10 m de hauteur à port de palmier: la tige charnue,
marquée par les cicatrices d'abcission des feuilles, est surmontée d'un panache terminal
de grandes feuilles longuement pétiolées et 5-7 lobées. Espèce dioïque, le papayer porte
des baies ovoïdes de taille variable : elles peuvent atteindre 20 à 30 cm de diamètre et
peser 5 kg. À maturité, les papayes sont vert jaunâtre, leur chair est juteuse, jaune
orangé et leur cavité centrale est remplie de graines noires entourées de mucilage. Le
péricarpe des fruits et le mésophylle foliaire sont parcourus par un réseau de laticifères
anastomosés. L'espèce, originaire de l'Amérique centrale, fait l'objet de cultures dans
la quasi totalité de la zone intertropicale (Brésil, Sri Lanka, Thaïlande, Inde, mais aussi
sur le continent africain: Tanzanie, Ouganda, Zaïre).
Le latex. Le latex est recueilli après incision des fruits encore verts; il coagule
rapidement et est récupéré par raclage, puis séché au soleil ou, artificiellement, à une
température inférieure à 50 oC. Le suc de papayer ainsi obtenu se présente en petits
fragments blanc clair ou bruns, d'odeur « proche de la viande grillée» (Pharmacopée),
de saveur faiblement salée, parfois amère.
Essai. L'identification du suc de papayer consiste à observer son action sur une
solution de gélatine en présence d'une solution activatrice de chlorhydrate de cystéine
et à 80 oC pendant une heure: après refroidissement prolongé à 4 oC, il n'y a pas de
256 ACIDES AMINÉS, PROTÉINES, ENZYMES
reprise en gel de la solution traitée (contrairement à un blanc traité dans les mêmes
conditions) .
L'essai comprend principalement un titrage de l'activité estérasique : comparaison
de la vitesse d'hydrolyse de l'ester éthylique de la benzoylarginine par le suc à tester et
par un suc témoin. On opère avec une suspension aqueuse du suc à doser (et du suc
témoin) à pH 7, à 25 oC, en présence de chlorhydrate de cystéine et sous atmosphère
d'azote. A l'aide d'un titrateur automatique, on maintient le pH à 7 par addition
d'hydroxyde de sodium titré au fur et à mesure de la libération de l'acide par l'enzyme.
On en déduit l'activité de la préparation testée. Le suc de papayer doit également
satisfaire à un essai de contamination microbienne (germes aérobies viables totaux,
Escherichia coli, salmonelles, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus).
Pour le dosage de l'activité enzymatique, on peut aussi utiliser le p-nitroanilide de
N-alphabenzoyl-DL-arginine et doser la p-nitroaniline libérée. Pour la chymopapaïne
on aura la correspondance suivante: 1 unité = 1 picokatal = 10- 3 nanokatals.
Propriétés et emplois
1. Chymopapaïne.
Compte tenu de ses propriétés protéolytiques, la chymopapaïne peut, après injection
dans le disque intervertébral, scinder les protéoglycanes constitutifs du matériel discal
nucléaire et, ainsi, constituer une thérapeutique - la chirnionucléolyse - des hernies
discales avec compression radiculaire résistantes à un traitement médical correctement
conduit et suffisamment prolongé. Les contre-indications, le risque de choc
anaphylactique, la neurotoxicité de l'enzyme en cas de fuite intrathécale consécutive à
une faute technique, l'obligation de respecter des conditions d'asepsie strictes expliquent
que la technique ne puisse être mise en œuvre que par un personnel exercé et en milieu
hospitalier (neuraleptanesthésie, contrôle radiologique de la localisation des aiguilles,
surveillance du patient, etc.). L'efficacité de cette technique est presque aussi bonne de
celle du traitement chirurgical, mais les risques de complication seraient moindres. Des
études cliniques contrôlées ont montré une efficacité supérieure à celle d'un placebo et
un taux de guérison voisin de 75 %; le coût du traitement serait nettement inférieur à
celui d'une intervention chirurgicale. La chymopapaïne est actuellement disponible en
lyophilisat associée à du cystéinate de sodium.
ENZYMES 257
2. Papaïne
La papaïne, seule ou associée, est proposée en thérapeutique digestive et en
diététique comme enzyme de substitution en cas d'insuffisance gastrique ou
duodénale: traitement symptomatique des troubles dyspeptiques. En usage local, elle
entre dans la formulation de traitements d'appoint des affections limitées à la muqueuse
dc la cavité buccale et de l'oropharynx, de suites opératoires, de lésions buccales
accidentelles; détersive et cicatrisante, elle est alors associée à un antibiotique et au
lysozyme. Elle peut également entrer dans la formulation des liquides destinés au
nettoyage des lentilles cornéennes.
3. Papayer
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est
possible de revendiquer, pour lafeuille de papayer, l'indication thérapeutique suivante
(voie orale) : traditionnellement utilisé dans le traitement symptomatique de troubles
digestifs tels que: ballonnement épigastrique, lenteur à la digestion, éructations,
Ilatulence. Aucune évaluation toxicologique n'est demandée pour la constitution d'un
dossier « abrégé» d'AMM (poudre, feuille pour tisane, extrait aqueux et extraits hydro-
alcooliques quel qu'en soit le titre). Le suc de fruit peut être utilisé dans la même
indication (poudre uniquement).
En Allemagne, la Commission E du BfArM a estimé que l'efficacité de lafeuille de
papayer dans les usages revendiqués n'était pas démontrée et, qu'en conséquence, elle
ne pouvait pas en recommander l'utilisation à des fins thérapeutiques .
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Partie 2
COMPOSES PHENOLIQUES
shikimates
acétates
Généralités
Les composés phénoliques forment un très vaste ensemble de substances qu'il est
difficile de définir simplement. L'élément structural fondamental qui les caractérise est
la présence d'au moins un noyau benzénique auquel est directement lié au moins un
groupe hydroxyle, libre ou engagé dans une autre fonction: éther, ester, hétéroside. Une
définition purement chimique des phénols est toutefois insuffisante pour caractériser les
composés phénoliques végétaux: elle inclurait des métabolites secondaires possédant
ces éléments structuraux alors même qu'ils appartiennent manifestement à des groupes
phytochimiques bien différenciés. C'est ainsi que de très nombreux alcaloïdes (boldine,
morphine, etc.) et d'assez nombreux terpènes (thymol, gossypol, camosol) possèdent,
dans leur structure, noyau benzénique et hydroxyle phénolique ! Il est donc nécessaire
de faire intervenir un critère biosynthétique pour mieux cerner les limites du groupe.
Dans la nature, la synthèse du noyau aromatique est le fait des seuls végétaux et
micro-organismes. Les organismes animaux sont en effet presque toujours tributaires
soit de leur alimentation, soit d'une symbiose, pour élaborer les métabolites 1 qui leur
sont indispensables et qui comportent cet élément structural (amino-acides, vitamines,
pigments, toxines, etc.).
Les composés phénoliques des végétaux sont issus de deux grandes voies
d'aromagenèse :
• la voie la plus courante est celle qui, via le shikimate (l'acide shikimique), conduit
des oses aux amino-acides aromatiques (phénylalanine et tyrosine) puis, par désami-
nation de ces derniers, aux acides cinnamiques et à leurs très nombreux dérivés: acides
henzoïques, acétophénones, lignanes et lignines, coumarines, etc.;
• l'autre voie part de l'acétate et conduit à des poly-p-cétoesters de longueur
variable - les polyacétates - qui engendrent, par cyclisation (réaction de CLAISEN
OH
CH30~C02H HO~
HO~ HO ~nA
0 0
OCH 3 HO
OH OH
HO~O
,-,:::OH HO
HO
~ 1 1 h
Glc OH OH
OH 0 OH 0
HO 0 OH
CH30~
~ JYl
HO~OCH3
o
physcion xanthoxyline THe
ANTHRAQUINONE BENZOPHÉNONE CANNABINoïDE
GÉNÉRALITÉS 263
A. Coupure homolytique
L'oxydation de l'ion phénate est aisée et conduit à un radical phénoxy, stabilisé par
la possibilité de résonance et très réactif. Cette oxydabilité a des conséquences
analytiques (ex. : réactions colorées avec le chlorure ferrique), pharmacotechniques
(instabilité, incompatibilités avec les métaux) et pratiques (propriétés antioxydantes,
piégeage des radicaux libres). Par ailleurs, la formation aisée de radicaux phénoxy et
leur couplage sont directement impliqués dans les processus biosynthétiques (la
formation de l'acide usnique 3 ou celle des xanthones illustre cette implication).
o
RJ:
V
-e, -H+
•
R'6°
~
a
1
"'6 b c d
OH
R R
Formation du radical
phénoxy, mésomérie.
Exemple de couplage
OH oxyda tif
R
c+d
2. Le terme de polyacétate est pris ici dans un sens restreint excluant les polyacétates linéaires
(acides et alcools gras, carbures et polyines, évoqués dans la partie 1).
3. L'acide usnique (ses isomères l+J ou l-J) est un pigment de structure dibenzofuranique caracté-
ristique des Lichens (Cladonia, Usnea, Lecanora, Ramalina, Evernia, etc.) dans lesquels il peut parfois
atteindre de fortes concentrations (6 % chez des Alectoria). Sa présence dans le lichen d'Islande
(Cetraria islandica [L.] Acharius s.l., Parmeliaceae) n'est pas établie. Plusieurs lichens ont été utilisés
par les médecines traditionnelles dans des indications diverses, parfois en relation avec les propriétés
antibactériennes reconnues à l'acide usnique (mycobactéries, bactéries à Gram positif). L'expérimenta-
tion a aussi mis en évidence des propriétés antifongiques et antivirales (virus de l'herpès). Irritant et
allergisant, l'acide usnique serait à l'origine de dermites de contact observées chez les forestiers et les
utilisateurs de produits antiseptiques et cosmétiques en contenant. L'acide us nique possède une
264 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
y1;('ry; OH
HOXO HOXO HO
HO
0tXX:1°
~
H0dn0::
I~ ------- Il
OH
acide usnique
0... ) 0 ~ OH 0... 0 ~ OH
\::.
gentiséine
L'oxydation des phénols est une réaction fréquemment rencontrée au cours des
processus biosynthétiques. Elle peut conduire à un clivage du cycle aromatique ou à
une hydroxylation de celui-ci. Dans le premier cas, la réaction est catalysée par une
dioxygénase qui incorpore, en présence de sels ferriques, les deux atomes de la
OH OH _
((OHM ((OH
:?'
0... 1
-W-e
0...
1
O.
-.----
. (X.OH_
0 '0-0-
0... 0.. a0...
0-0
0
toxicité notable chez l'animal (DUo de 25 à 40 mg/kg selon l'espèce); il a été impliqué dans la
survenue d'accidents hépatiques graves. Le thalle entier du lichen d'Islande (C. islandica) fait l'objet
d'une monographie à la 6' édition de la Pharmacopée européenne (01/2008:1439).
GÉNÉRALITÉS 265
molécule de dioxygène. Dans le second cas, la réaction est catalysée par une mono-
oxygénase qui incorpore au composé aromatique un seul atome d'oxygène, l'autre étant
réduit par un donneur approprié (AH2 ). Le mécanisme de cette hydroxylation implique
un oxyde d'arène qui s'ouvre avec déplacement du proton.
Si certains composés phénoliques sont directement visibles - cela est le cas des
anthocyanosides des fleurs -, les autres peuvent être mis en évidence en lumière
ultraviolette (directement ou après exposition aux vapeurs d'ammoniac) ainsi que par
des réactions colorées. Ces dernières sont préférentiellement mises en œuvre après
chromatographie d'un extrait éthanolique : une recherche directe sur l'extrait est peu
significative du fait des nombreuses substances qui sont susceptibles d'interférer; il en
est de même pour l'observation des fluorescences. Les réactifs généraux des phénols
sont nombreux: chlorure ferrique, phosphomolybdate-phosphotungstate, vanilline et
autres aldéhydes en milieu chlorhydrique, p-diazoniobenzènesulfonate puis carbonate
de sodium, tétrafluoroborate de p-nitrophényldiazonium puis acétate de sodium
(formant des azobenzènes ou des styrylazobenzènes colorés), 2,6-dichloro-quinone-
chloroimide (réaction de GIBBS, formant des indophénolates), etc. Une certaine
spécificité, la vitesse de la réaction, la coloration obtenue sont, pour certains de ces
réactifs, déterminées par la structure du composé phénolique, ce qui confère à la
réaction une valeur diagnostique qui, si elle n'est pas absolue, n'est pas à négliger.
À l'heure actuelle, la méthode de choix pour l'étude tant qualitative que quantitative
des composés phénoliques est la chromatographie liquide (détection UV-visible à
barrette de diodes, couplage à la spectrométrie de masse, etc.).
O-oN~O
CI
1
.)
j
1
j
j
1
Quercus robur L.
SHIKIMATES
plantes à dérivés du phénylpropane
(P): 0 , ----~)~'oH-2_.
HO'~O ÔH
DAHP
ÔH ÔH
3·déhydroquinate
ÔH
3·déhydroshikimate
COO- COO-
Enz-B:') HH û " " . Enz-B:
t
H---::
EnZ-~)
OH
OH Enz-N
+
C
H---::
OH
)50H---'HO'&OH-2_0-;OÙOH_3_0-P-'o,&)lcoo
OH OH OH OH
3-déhydroshikimate shikimate "".mal, 3-ph"""'" EPSP j4
COo-
Formation du chorismate
1 . shikimate oxydoréductase, NADpt C\)lcoo
2 . shikimate kinase, ATP OH
à partir du
3-déhydroshikimate 3 . EPSP synthase, PEP
4 . chorismate synthase chorismate
L'acide chorismique occupe une position clé dans le métabolisme et son devenir est
multiple:
Réarrangement péricyclique du
chorismate et formation des
acides aminés aromatiques
-00(5'\ -<coo-
. NH 2 6
11-
chorismate OH OH
préphénate L-arogénate L-tyrosine
1. chorismatemutase
2. chorismate mutase-préphénate-déshydratase
~ SCooo-~ SCOO -
3. phénylpyruvate aminotransférase N H2
4. préphénate aminotransférase 3
5. arogénate déshydratase 1 ":
/-
.' 1":
/-
6. arogénate déshydrogénase, NAD'
7. préphénate déshydrogénase, NAD' phénylpyruvate L-phénylalanine
8. 4-hydroxyphénylpyruvate aminotransférase
COO-
C1)lc~
OH
chorismate L-phénylalanine acide cinnamique acide 4-coumarique
CO,H t~ CO,H
: :
acide iso-chorismique acide salicylique cinna mates et dérivés
o=r
H
acide anthranilique
~
l '0
N
H
L-tryptophane
-
ALCALOioES
INDOUQUES
cçr
1""
..---;;
osa 0
C0 2 H C02H
(-> quinones)
Devenir de l'acide chorismique (principales voies)
ArCH=CH-COSCoA !+ a - ArCH=CH-CH 3
""
ArCH=CH-CHO ~
ArCH-CH-CH 2 -O-P-OH (~ (propényl)
ArCH=CH-CH 0H ~
'" 2 H- Ja )b 6H b - ArCH 2 -CH=CH 2
H-
(allyl)
origine probable des allyl et propénylphénols
(a) - Acides benzoïques et dérivés. Les composés de type Ar-Cl (ex. : vanilline,
acide benzoïque) peuvent provenir directement de l'acide 3-déhydroshikimique
(c'est le cas de l'acide gallique) ou de l'acide chorismique (c'est le cas de l'acide
salicylique), mais en règle générale ils sont issus d'une dégradation de la chaîne
latérale des acides cinnamiques correspondants. Si certains composés de type Ar-C 2
proviennent des cinnamates, la plupart des benzophénones sont issues du
Illétabolisme de l'acétate et du malonate.
OH o
~COSCOA ~COSCOA
yJ ~COSCOA
. yJ yJ
R R R
+H~ / p-oxydation
~02
~
Origine possible des -CoASH ~COSCOA
7J
composés de type
Ar-C 2 ou Ar-C 1
R R
(b) - Phénols simples. Les composés phénoliques simples sont assez rares dans la
lIature. Selon toute vraisemblance, ils sont issus de la décarboxylation, oxydative ou
lion, des acides benzoïques: ainsi, l'arbutoside pourrait être issu de la décarboxy-
lation de l'acide 4-hydroxybenzoïque peroxydé. L'acide benzoïque lui-même peut
provenir: soit de l'hydroxylation d'un cinnamate suivie d'une oxydation en ~-céto
ucide et de l'élimination dune molécule d'acide acétique; soit de la décarboxylation
de l'acide phénylpyruvique en acide phénylacétique, lequel subirait ensuite une
hydroxylation (benzylique), une oxydation et, in fine , une décarboxylation.
272 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
9" OH
Q" o
"Q~"-~ ~
o -C0 2
réduction
OH O-Glc
:~
.,;
"î
BIBLIOGRAPHIE
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Londres.
Phénols, acides-phénols
1. Généralités ...........................................................................................................................273
2. Propriétés physico-chimiques, caractérisation, extraction .................................................276
3. Intérêt pharmacologique, emplois ....................................................................................... 277
4. Plantes à phénols simples ....................................................................................................279
busserole ..................................................................................................................... 279
autres Ericaceae (281), hydroquinone .......................................................................281
5. Plantes à acides-phénols ......................................................................................................282
A. Plantes à dérivés de l'acide caféique ..................................................................... 283
artichaut .................................................................................................. 283
romarin ....................................................................................................285
orthosiphon .............................................................................................288
B. Plantes à dérivés de l'acide salicylique ................................................................. 290
reine des prés ..........................................................................................290
saule ........................................................................................................291
C. Autres plantes à acides-phénols ............................................................................ 294
solidage ...................................................................................................294
verge d'or ................................................................................................296
6. Plantes à benzoates et cinnamates : baumes ....................................................................... 297
baumes du Pérou (297), de Tolu ............................................................300
benjoins du Laos (301), de Sumatra ......................................................301
7. Bibliographie .......................................................................................................................303
1 . GÉNÉRALITÉS
I.l~ (erme d'acide-phénol peut s'appliquer à tous les composés organiques possédant au
1110ins une fonction carboxylique et un hydroxyle phénolique. La pratique courante en
274 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
phytochimie conduit à réserver l'emploi de cette dénomination aux seuls dérivés des
acides benzoïque et cinnamique. Certains auteurs sont cependant plus restrictifs: ils
n'utilisent le terme d'acide-phénol que pour les dérivés en C 6-C 1 et incluent les dérivés
cinnamiques dans le groupe, plus large, des phénylpropanoïdes.
Des propriétés chimiques et analytiques peu différentes ainsi que l'intérêt pharma-
cologique relativement limité de ces composés nous incitent à présenter en un seul
chapitre dérivés benzoïques (C 6-C j ) et cinnamiques (C 6-C 3).
OH
(("
~I
catéchol
HO n ~
OH
phloroglucinol
OH
a~"
~I
alcool salicylique
9
CHO
OCH 3
anisaldéhyde
8" <î~
OH
OR RO
~ ~
OH
OR
"2r
HO
::/
~
1
OH
~"
~
*~"
::/1
H3 CO R CH 3 0 ~ OCH 3
OCH 3
OH OH
E-anéthole myristicine R =H, acide p-coumarique alcool sinapylique
R=OH, acide caféique
R =OCH 3, acide férulique
PHÉNOLS, ACIDES-PHÉNOLS 275
HO
~
O~2
~ R~~O~OH
HO R3
1"::
HO / OH 1
/ OH
1. L'acide lithospermique (qui, formellement, est un néolignane ) a été décrit comme un trimère
III' l'acide caféique (Kelley, C.J. et al. [1975]. J. Org. Chem., 40,1804-1815); ultérieurement, le même
1111111a été repris pour désigner un tétramère, l'acide lithospermique B, isolé sous forme de
IIlhospermates de Mg et de K/NH 4 à partir de Salvia miltiorrhiza. Des tétramères isomères (non
dëllol11més) de stéréochimie non précisée ont également été isolés de l'orthosiphon.
276 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Les phénols sont en principe solubles dans les solvants organiques polaires
(méthanol, acétone, acétate d'éthyle, solutions hydro-alcooliques et mélanges); ils sont
solubles dans les solutions d'hydroxyde de sodium et de carbonate de sodium. Les
acides-phénols sont solubilisés par les hydrogénocarbonates ; ils sont extractibles par les
solvants organiques en milieu acide, ce qui autorise des extractions sélectives (ex. :
flavonoïdes/acides-phénols). Les formes hétérosidiques de ces composés phénoliques
sont, classiquement, solubles dans l'eau. Leur hydrolyse passe par un reflux dans du
méthanol chlorhydrique ou par une saponification à température ambiante.
Tous ces composés sont instables. Tous les phénols sont facilement oxydables,
surtout en milieu alcalin. Les dérivés cinnamiques tendent à s'isomériser (E/Z) en
solution aqueuse sous l'influence du rayonnement ultraviolet. Les esters cinnamiques
d'hydroxy-acides (ex. : l'acide caféyl-quinique) s'isomérisent facilement, en milieu
acide ou alcalin, pour donner des mélanges d'isomères de position (acides
chiorogéniques ).
L'analyse des composés phénoliques simples et des acides-phénols d'un végétal est
couramment réalisée en CCM, en CPG (après silylation), CPG/SM et/ou en chroma-
tographie liquide. La CCM utilise des mélanges solvants contenant le plus souvent un
acide (acétique, formique) et des supports du type cellulose ou silice ou un mélange des
deux. Les plaques sont révélées par des réactifs généraux des phénols (chlorure
ferrique, vanilline chlorhydrique, 2,6-dichloroquinonechlorimide en milieu alcalin) ou
par des réactifs plus spécifiques (ex. : 2,4-dinitrophénylhydrazine pour les aldéhydes).
La méthode analytique de choix est la chromatographie liquide. En règle générale, elle
est mise en œuvre sur des phases inverses (ex. : C 1S ), éluées avec des mélanges d'eau,
d'alcools (et/ou d'acétonitrile) et d'acides (pour limiter l'ionisation). La détection se fait
le plus souvent en UV-visible (barrettes de diodes).
PHÉNOLS, ACIDES-PHÉNOLS 277
Le rôle physiologique et/ou écologique de ces molécules est très mal connu. Leur
intérêt thérapeutique potentiel est très limité: propriétés antiseptiques urinaires de
l'arbutine, propriétés anti-inflammatoires des dérivés salicylés. Les propriétés que la
tradition attribue à des plantes telles que le romarin ou l'artichaut seraient dues, pour
partie, à des esters de dérivés cinnamiques ; toutefois, les données pharmacologiques
sont limitées et les essais cliniques, peu nombreux, sont le plus souvent de qualité
méthodologique insuffisante. Les seules plantes ou parties de plantes de ce groupe qui
sont actuellement utilisées en thérapeutique sont habituellement employées en nature
ou sous la forme de préparations galéniques simples (poudre, extraits, teinture).
Les esters hétérosidiques phénylpropanoïques montrent des potentialités pharma-
wlogiques intéressantes. Certains d'entre eux sont des inhibiteurs enzymatiques:
inhibition de la phosphodiestérase de l'AMPc (forsythiaside, plantamajoside), inhibition
de l'aldose réductase (verbascoside = actéoside). Le verbascoside, le forsythiaside et
leurs homologues inhibent, aussi bien sur des granulocytes humains que sur des cellules
péritonéales de Rat, la 5-lipoxygénase. Il en résulte une inhibition de la formation des
hydroperoxydes et des leucotriènes qui pourrait justifier l'emploi, par la médecine
traditionnelle orientale (Chine, Japon), des fruits de Forsythia dans le traitement de
llIaladies inflammatoires ou allergiques (Lianqiao = F. suspensa [Thunb.] Vahl.,
Oleaceae). On note par ailleurs que plusieurs composés de cette série sont antibacté-
riens et antifongiques, en particulier à l'égard des organismes phytopathogènes.
Les acides-phénols, présents en quantité notable dans les fruits et légumes, sont des
piégeurs de radicaux libres - des antioxydants. Ils jouent donc, comme les flavonoïdes
l't d'autres polyphénols, un rôle reconu dans le maintien d'un bon état de santé et
pourraient participer à la prévention de pathologies en partie liées à un excès de
l'IIdicaux et au stress oxydatif (affections cardiovasculaires et dégénératives). L'acide
l'lliorogénique, comme l'acide caféique, inhibe (in vitro) les réactions de nitrosation et
l'l'l'tains processus d'altération des acides nucléiques.
Arctostaphylos uva-ursi (L.) Spreng.
PHÉNOLS, ACIDES-PHÉNOLS 279
Lafeuille. La feuille de busserole est obovale (7-30 mm x 5-12 mm), à bords lisses
légèrement réfléchis au-dessous, atténuée à la base en un court pétiole, obtuse ou rétuse
au sommet (rétuse = arrondie et incisée en angle rentrant en son milieu). Le limbe est
coriace, épais. La face supérieure, vert foncé brillant et chagrinée par des veinules
creuses, ainsi que la face inférieure plus claire, ont une nervation pennée et finement
réticulée, nettement visible.
La poudre de feuille de busserole, examinée au microscope (hydrate de chloral),
montre: des fragments épidermiques à cellules polygonales à cuticule épaisse; des
stomates anomocytiques entourés de 5 à II cellules annexes et de cicatrices des bases
de poils seulement à l'épiderme inférieur; des groupes de fibres péricyc1iques
accompagnées de files de cellules à prismes d'oxalate de calcium.
L'identité de la feuille est confirmée par la CCM d'un extrait hydrométhanolique
(50-50). Celui-ci doit contenir de l'hydroquinone, de l'arbutoside et de l'acide gallique
(révélation par une solution de dichloroquinonechlorimide puis par une solution de
carbonate de sodium). La feuille contient au maximum 5 % de tiges et la teneur en
feuilles de couleur différente est au maximum de 10 %. Après extraction par l'eau, à
rellux, l' arbutoside est dosé par chromatographie liquide.
OH
9" 9
OH OH
HO
arbuloside hydroquinone acide ursolique
280 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
quinone. On note par ailleurs la présence d'une forte quantité de tanins galliques dérivés
du pentagalloylglucose (10 %). Des flavonoïdes (hypéroside), des tri terpènes (acide
ursolique et autres ursanes), du monotropéoside (un iridoïde) et du picéoside (glucoside
de la 4-hydroxy-acétophénone) ont également été caractérisés dans la feuille.
Évaluation clinique. Un essai clinique d'une durée d'un mois a conclu à l'efficacité
d'un extrait de busserole pour prévenir la survenue d'épisodes de cystite chez des
femmes souffrant de cette infection de façon récurrente. Quel que soit l'éventuel intérêt
de ce constat, il est lié à un usage prolongé non recommandé eu égard aux risques que
présenterait la prise régulière d'hydroquinone (cf. ci-dessous, les restrictions proposées
par la Commisssion E allemande).
• AUTRES ERICACEAE
• HYDROQUINONE
5. PLANTES À ACIDES-PHÉNOLS
Remarque préliminaire. Le choix qui a été fait de placer dans ce chapitre des
plantes telles que le romarin, l'orthosiphon ou la verge d'or est arbitraire et uniquement
dicté par la présence, dans ces plantes, de quantités notables d'acides-phénols. En effet,
2. Voir: Bentley, R. (2006). From misa, saké and shayu to cosmetics : a century of science for kojic
acid, Nat. Prad. Rep., 23, 1046-1062.
3. Mais aussi en Europe. Des produits interdits sont régulièrement saisis par les douanes. Voir
(entre autres). Anonyme (2006). Des produits cosmétiques blanchissants saisis, Ouest-France, 21 novembre
2006 (via Pressens, www.pressens.fr/. consulté le 18 novembre 2007).
PHÉNOLS, ACIDES-PHÉNOLS 283
dans la plupart des cas, les substances responsables de l'activité attribuée à ces plantes
Ile sont pas connues avec certitude.
La plante. L'artichaut est une grande plante herbacée vivace, à feuilles en rosette
pennatiséquées, fortement nervurées, non épineuses (différence avec les cardons). Les
Ileurs, qui apparaissent dès la deuxième année, sont groupées en gros capitules de 10 à
15 cm de diamètre portés par de robustes tiges ramifiées, cannelées, à feuilles sessiles
presque entières. De couleur violette, ces fleurs sont toutes tubuleuses et insérées sur un
réceptacle charnu entouré de bractées charnues à la base et non terminées en pointe.
Réceptacle et base des bractées constituent la partie comestible de ce légume.
L'espèce - un cardon amélioré inconnu à l'état sauvage - est cultivée. Pour
l'ouvrir les besoins de l'industrie pharmaceutique, on peut utiliser aussi bien les feuilles
l'Il rosette de première année récoltées sur des plantes produites spécialement à cet effet
que les feuilles issues de plantations destinées à la production de capitules. Les feuilles
sont alors soit pressées pour fournir un jus qui, concentré et purifié, est destiné à la
préparation d'extraits divers, soit desséchées rapidement après avoir été découpées en
petits fragments.
R,X 02H OH
;/
4'
OH
HO"UO o HO 0..
1
OH
o /uté%/
cynaropicrine R =H : acide ch/orogénique
R = cafféoy/: cynarine OH
OH
feuille sèche), acide succinique, acide lactique, acide fumarique, acide citrique, etc.
(libres ?). La feuille contient également des lactones sesquiterpéniques (cynaropicrine
et autres guaianolides), libres (aguerine, grosheimine) ou glucosylées (cynarascolosides)
qui lui confèrent une grande amertume. Les flavonoïdes (1 %) sont principalement des
hétérosides du lutéolol (7-glucosyl-, 7-gentiobiosyl-, 7-rhamnoglucosyl- [alias scoly-
moside], 4'-glucosyl-lutéolol) et de l'apigénol. La composition en acides-phénols des
extraits dépend du processus extractif, notamment du fait de l'hydrolyse et des
transestérifications qui peuvent intervenir en milieu aqueux. Cela explique les
différences d'activité observées expérimentalement et doit inciter à la prudence quant à
l'extrapolation des données fournies par les essais cliniques.
Pour nombre de pharmacologues, les affections traitées par les cholagogues et les
cholérétiques auraient pour seule origine des irritations de la muqueuse gastrique: dans
l'es conditions, l'intérêt d'accroître la sécrétion de bile ou de stimuler la contraction
vésiculaire n'apparaît pas très clairement. Pour certains praticiens, la sécrétion accrue
d'acides biliaires induite par ce type de substances stimule la motilité intestinale et la
digestion des graisses, d'où leurs effets bénéfiques dans les dyspepsies non-ulcéreuses
el les « irritations» intestinales.
La plante, lafeuille. Le romarin est un arbrisseau touffu, très commun dans tout le
hassin méditerranéen. Il possède des feuilles sessiles, persistantes, opposées, linéaires et
286 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
coriaces, enroulées sur les bords, chagrinées à la face supérieure, tomenteuses à la face
inférieure. Les fleurs, bleu pâle ou lilas clair maculées de taches violettes, sont groupées
en inflorescences spiciformes.
La poudre de feuille, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente: des
fragments d'épidermes (le supérieur à stomates diacytiques, l'inférieur à hypoderme
sous-jacent à grandes cellules irrégulières à paroi épaissie en chapelet); des poils )
tecteurs pluricellulaires ramifiés; des poils glanduleux à tête 8-cellulaire - plus
rarement 1- ou 2-cellulaire.
La feuille ne contient pas plus de 5 % de tiges. Son identité est confimée par deux
CCM : l'une de l'huile essentielle (cinéole, bornéollibre et estérifié) et l'autre de l'extrait
méthanolique (acides caféique et rosmarinique). Les dérivés hydroxycinnamiques
totaux sont dosés, après extraction hydroa1coolique, par une mesure de l'absorbance
après addition de nitrite et de molybdate de sodium. Sur la qualité, voir aussi les normes
NF ISO 11164:1996 (romarin séché) et NF ISO 1342:2001 (huile essentielle).
OH
Toxicité, effets indésirables. L'extrait alcoolique de romarin n'est pas toxique. Pas
plus que son huile essentielle (DUo = 5 ml/kg). Toutefois, la proportion importante de
camphre dans cette dernière doit être prise en considération, ce monoterpène cétonique
étant connu pour être à l'origine de convulsions épileptiformes. Quelques réactions
allergiques au romarin ont été signalées.
Les extraits de romarin sont utilisés par les industriels de l'agroalimentaire pour
leurs propriétés antioxydantes et conservatrices. À noter: lorsque ces extraits sont
désaromatisés, ils ne relèvent plus de la directive « arômes », mais de la directive
« additifs» de l'VE et doivent donc théoriquement faire l'objet d'une expertise
toxicologique avant autorisation.
• L'huile essentielle de romarin est obtenue par entraînement à la vapeur d'eau des
parties aériennes fleuries de R. officinalis (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1846]).
Profils chromatographiques. Type Espagne: a-pinène, 18-26 %; camphène, 8-
12 %; p-pinène, 2-6 %; p-myrcène, 1,5-5 %; limonène, 2,5-5 %; cinéole, 16-25 %; p-
cymène, 1-2,2 %; camphre, 13-21 %; acétate de bornyle, 0,5-2,5 %; a-terpinéol, 1-
3,5 %; bornéol, 2-4,5 %; verbénone, 0,7-2,5 %. Type Maroc et Tunisie: a-pinène, 9-
14 %; camphène, 2,5-6 %; p-pinène, 4-9 %; p-myrcène, 1-2 %; limonène, 1,5-4 %;
cinéole, 38-55 %; p-cymène, 0,8-2,5 %; camphre, 5-15 %; acétate de bornyle, 0,1-
1,5 %; a-terpinéol, 1-2,6 %; bornéol, 1,5-5 %; verbénone, < 0,4 % .
Lafeuille. La feuille (7,5 cm x 2,5 cm), friable, possède un pétiole court, mince,
quadrangulaire, et un limbe ovale à lancéolé, cunéiforme à la base, sombre à la face
supérieure, plus clair et légèrement pubescent à la face inférieure. La nervation est
pennée et présente peu de nervures secondaires. Les nervures principales et les pétioles
sont le plus souvent violacés. Occasionnellement, des inflorescences sont présentes.
La poudre de feuille, examinée au microscope (hydrate de choral) présente des
cellules épidermiques portant des poils coniques, uni-ou bicellulaires et des poils
articulés très longs (450 /lm), unisériés et formés de 3-8 cellules à parois épaisses
ponctuées. Les poils sécréteurs ont une tête quadricellulaire.
La feuille contient au maximum 5 % de tiges d'un diamètre supérieur à 1 mm. La
présence de sinensétine confirme l'identité de la feuille (CCM). Ce flavonoïde est dosé
par chromatographie liquide après extraction par le chlorure de méthylène.
PHÉNOLS, ACIDES-PHÉNOLS 289
Pharmacologie. Il semble que l' ortho siphon n'ait guère été étudié sur le plan
pharmacologique. Une étude fait toutefois état d'une activité significative de l'extrait
aqueux sur l'élimination des ions (Rat, 0,75 g/kg,per os). Une telle activité est sans
doute à rapprocher des effets connus des lithospermates sur le fonctionnement rénal ou
d'une action combinée de différents constituants. Les flavonoïdes lipophiles inhibent la
lipoxygénase et exercent, in vitro, un faible effet antiradicalaire. Certains diterpènes,
anti-inflammatoires, inhibent la production d'oxyde d'azote par les macrophages
activés. L'action antihypertensive observée chez le Rat serait due aux chromènes.
La sommité fleurie de reine des prés est constituée par la sommité fleurie séchée,
entière ou coupée, de F. ulmaria (= Spiraea ulmaria L.). Elle contient au minimum
1 ml/kg de substances entraînables à la vapeur d'eau (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1868]).
La plante, la sommité fleurie. La reine des prés ou ulmaire est une plante herbacée
vivace. La tige, raide et anguleuse, creuse sauf vers le sommet, est striée de sillons
rectilignes. Les feuilles alternes à stipules angulaires brun-rouge comprennent de 3 à 9
paires de folioles inégalement dentées, vert foncé et glabres à la face supérieure,
tomenteuses et plus claires - voire argentées - à la face inférieure. La foliole
terminale est divisée en 3 segments. Les fleurs, blanc jaunâtre, groupées en panicules
cymeuses irrégulières, possèdent 5 sépales velus, 20-40 étamines exse11es, 5 pétales
libres, évasés et un gynécée à 4-6 carpelles. Les fruits, brun-jaune, présentent une
torsion hélicoïdale.
La poudre, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente des poils tecteurs
unicellulaires, les uns très longs, à paroi mince, flexueux et effilés, les autres courts,
coniques, à base et paroi épaissies. Outre des débris de feuilles, on note la présence de
fragments provenant des pièces florales et celle de nombreux grains de pollen sphériques.
La présence, dans la fraction entraînable à la vapeur d'eau de la sommité fleurie, de
l'aldéhyde salicylique et du salicylate de méthyle confirme son identité (CCM révélée
par le chlorure ferrique). La sommité fleurie contient au maximum 5 % de tiges de
diamètre supérieur à 5 mm.
aO" 6
OH CHO C0 2CH 3
O-Glc 0 9
~l
- 'N"
HO 0 ~l
OH
spiréoside aldéhyde salicylique monotropitoside
OH 0
SALICYLATE DE MÉTHYLE
L'écorce de saule est constituée par l'écorce séchée entière ou fragmentée des
jeunes rameaux ou par les morceaux entiers séchés des ramules de l'année de diverses
292 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
espèces du genre SaUx dont S. purpurea L., S. daphnoides Vill. et S.fragilis L. Elle
contient au minimum l ,5 % de dérivés salicylés totaux, exprimés en salicine (Ph. eur.,
6' éd. - 6.1, [04/2008:1583]).
Les plantes. Les saules sont des arbres ou des arbustes dioïques communs dans les
zones humides de toute l'Europe. Les feuilles sont simples, isolées, stipulées, portées
par des rameaux flexibles quand ils sont jeunes. Le pétiole est court. Le limbe, allongé
ou lancéolé, glabre ou finement soyeux à la face inférieure, est souvent finement
dentelé sur les bords. Les fleurs, groupées en chatons dressés, sont apérianthées. La
graine est recouverte d'un duvet cotonneux.
consécutive à la prise d'un extrait de saule est très faible. La posologie préconisée pour
l'écorce de saule et ses préparations correspond à une posologie en acide salicylique
largement inférieure à celle qui est recommandée pour ce composé: cela conduit divers
auteurs à postuler que l'activité attribuée à l'écorce de saule ne serait pas due aux seuls
dérivés salicylés ... In vitro (monocytes), l'extrait éthanolique inhibe la sécrétion de
PGE2 induite par le lipopolysaccharide et inbiberait faiblement les cytokines
pro inflammatoires .
(r0 °
salicoside ~&
salicortine
0;/
~ 1
O-glc
léiocarposide
Emplois. L'écorce de saule sert à préparer l'extrait sec d'écorce de saule (Ph. eur.,
(," éd. - 6.1, [04/2008:2312]). Obtenu avec de l'eau ou un solvant hydroalcoolique (au
Illaximum à 80 % d'éthanol), il renferme au minimum 5 % de dérivés salicylés
l'X primés en salicine.
294 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
l
possible de revendiquer, pour l'écorce de tige de saule, les indications thérapeutiques
suivantes (voie orale) : traditionnellement utilisé 1° dans les états fébriles et grippaux;
2° comme antalgique (céphalées, douleurs dentaires); 3° dans le traitement sympto-
matique des manifestations articulaires douloureuses mineures. Cette dernière
indication est également autorisée pour les préparations destinées à un usage local. Si le
phytomédicament à base de saule est une poudre d'écorce, le dossier « abrégé»
d'AMM doit comporter une étude toxicologique allégée. Celle-ci n'est pas nécessaire
pour l'écorce pour tisane, l'extrait aqueux, les teintures et les extraits hydro-alcooliques,
quel que soit leur titre.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BjArM précise que
l'écorce de saule est utilisée dans les affections fébriles, les douleurs rhumatismales et
les céphalées. Posologie: dose journalière moyenne correspondant à 60-120 mg de i
salicoside.
Au niveau européen, la monographie communautaire élaborée par l'HMPC précise
que l'usage d'un extrait hydro-éthanolique à 70 %, sec (8-14:1) et quantifié en salico-
1
side (15 % en moyenne), est bien établi dans le traitement symptomatique de courte
durée de la douleur dorsale basse (moins de 4 semaines). Les autres formes (teinture,
poudre, écorce, etc.) ont des usages traditionnels (fièvre associée aux refroidissements,
céphalées, douleurs articulaires mineures). Posologie: 1572 mg d'extrait par jour,per os
(soit environ 240 mg de salicoside). L'usage de cet extrait n'est pas recommandé avant
l'âge de 18 ans (sauf après avis médical et en cas d'échec d'une autre thérapeutique).
Une surveillance médicale est nécessaire en cas d'insuffisance hépatique ou rénale,
d'ulcère gastroduodénal, ou de troubles de la coagulation. Cet extrait est contre-indiqué
au cours du troisième trimestre de la grossesse, en cas d'asthme, d'hypersensibilité aux
salicylés, d'ulcère gasrique ou de déficience en G6PD. Son usage n'est recommandé ni
au cours de la grossesse, ni pendant l'allaitement. Ne pas lui associer d'autre salicylé ou
d'autre AINS sans avis médical. Il existe un risque d'interaction avec les anticoagulants
coumariniques. La monographie précise aussi les posologies des formes utilisées selon
l'usage traditionnel (cf. réf. EMEA/HMPC/295338/2007, 14 janvier 2009).
Le solidage est constitué des parties aériennes fleuries, séchées, entières ou frag-
mentées, de S. gigantea ou de S. canadensis ou de leurs variétés ou hybrides et/ou d'un
mélange de ces espèces. Le solidage desséché contient au minimum 2,5 % de flavo-
noïdes exprimés en hypéroside (Ph. eur., 6" éd., [01/2008:1892]).
Les parties aériennes fleuries. La tige, arrondie, sillonnée, rougeâtre par endroits,
pubescente dans sa partie supérieure, porte des feuilles sessiles, lancéolées, à marge
découpée (8-12 cm x 1-3 cm). L'involucre des capitules est formé de bractées vert-
jaune, imbriquées. Un seul rang de fleurs ligulées jaunes et de même longueur que
l'involucre entoure des fleurs tubulées à structure radiale, au moins aussi longues que
les fleurs ligulées. L'ovaire est surmonté d'un pappus blanc à poils soyeux.
L'examen microscopique de la plante pulvérisée (hydrate de chloral) montre, entre
autres éléments, des soies des pappus constituées de poils plurisériés à cellules
allongées dont les extrémités se détachent de la surface, en formant des projections
pointues sur toute la longueur. La poudre ne renferme pas de poils multicellulaires dont
la cellule terminale peut être coudée à angle droit.
Le solidage ne renferme pas plus de 5 % d'éléments brunâtres. Les flavonoïdes,
extraits par l'acétone, sont dosés par colorimétrie (réaction avec le chlorure d'alumi-
nium en milieu acétique).
Évaluation clinique. Le solidage n'a pas été évalué. Plusieurs essais cliniques
placebo conduits en Allemagne tendent à établir l'efficacité d'un mélange
l'('I'SUS
d'extraits de solidage, d'écorces de frêne et de feuilles et écorces de peuplier dans le
traitement des algies rhumatismales (diminution de la dose d'anti-inflammatoires non
stéroïdiens nécessaire pour calmer la douleur).
solidage et verge d'or comme synonymes. La Note prévoit qu'il est possible de
revendiquer, pour cette (ces) espèce(s), les indications thérapeutiques suivantes (voie
orale) : traditionnellement utilisé 1° pour faciliter les fonctions d'élimination urinaire et
digestive; 2° pour favoriser l'élimination rénale d'eau. Si le phytomédicament à base de
« solidage ou verge d'or» est une poudre, le dossier« abrégé» d'AMM doit comporter
une étude toxicologique allégée. Aucune évaluation toxicologique n'est demandée dans
les autres cas (plante pour tisane, extraits aqueux et extraits hydro-alcooliques quel
qu'en soit le titre)
En Allemagne, la seule monographie établie par la Commission E du B.fArM définit
les parties aériennes séchées de S. virga-aurea L. et celles de S. serotina Aiton (=
S. gigantea Willd.), de S. canadensis L. et de leurs hybrides. Le« solidage» ainsi défini
est utilisé comme thérapeutique de « drainage» en cas d'inflammation des voies
urinaires basses, de calculs urinaires et de lithiase rénale et en traitement préventif de
ces ces affections. Posologie: de 6 à 12 g par jour. Ce type de thérapeutique doit être
proscrit en cas d'œdème lié à une insuffisance cardiaque ou rénale. L'administration du
solidage doit s'accompagner d'un apport hydrique suffisant.
Le solidage verge d'or est constitué par les parties aériennes fleuries, séchées,
entières ou fragmentées, de Solidago virgaurea L. La verge d'or desséchée contient au
minimum 0,5 % et au maximum 1,5 % de flavonoïdes, exprimés en hypéroside (Ph.
eur.,6c éd., [0112008:1893]).
La plante. Cette herbe pérenne, qui peut atteindre 1 m de hauteur, possède des
capitules de fleurs jaunes à 6-12 fleurs ligulées périphériques groupés en une panicule
allongée. Elle est commune dans une grande partie de l'hémisphère nord. La tige est
cylindrique et striée. Les feuilles basilaires sont obovales, longuement pétiolées,
dentées en scie sur les bords alors que les feuilles caulinaires, alternes, sessiles, plus
petites, ont un bord entier ou légèrement denté. Un involucre de 2 à 4 rangées de
bractées entoure chaque capitule de 6-12 fleurs ligulées femelles, espacées, jaunes,
deux fois plus longues que les bractées, et 10-30 fleurs tubulées, hermaphrodites, jaunes.
La poudre de verge d'or, examinée au microscope (hydrate de chloral) montre
notamment des poils tecteurs coniques unisériés pluricellulaires dont certains présentent
une cellule terminale en forme d'éventail. Les cellules marginales des nombreuses soies
des pappus se chevauchent vers l'extérieur.
La verge d'or ne renferme pas plus de 5 % d'éléments de couleur brune et au
maximum 5 % d'autres éléments étrangers. Elle doit être exempte de Solidago gigantea
et de Solidago canadensis (absence de quercitroside sur la CCM d'un extrait métha-
nolique). Comme dans le cas du solidage, les flavonoïdes sont dosés par colorimétrie
(réaction avec le chlorure d'aluminium après extraction acétonique).
Les baumes sont définis comme des oléorésines renfermant des proportions
importantes d'acide benzoïque, d'acide cinnamique et de leurs esters. Il n'est donc pas
illogique de placer leur étude après celle des plantes à acides-phénols .
• BAUMIER DU PÉROU,
Myroxylon balsamum (L.) Harms, var. pereirœ (Royle) Harms
=M. pereirœ (Roy le) Klotzsch =M. peruiferum L.I, Fabaceae
Le baume du Pérou est le baume obtenu à partir du tronc scarifié à chaud de
M. balsamum var. pereirae. Il contient au minimum 45 % et au maximum 70 %
d'esters, principalement constitués de benzoate de benzyle et de cinnamate de benzyle
(Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0754]).
Myroxylon balsamum (L.) Harms
PHÉNOLS, ACIDES-PHÉNOLS 299
~o~
benzoate de coniféryle cinnamate de benzyle
1
300 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
difficile, d'ulcère de décubitus, d'ulcère des jambes, d'engelures, de brûlures liées aux
prothèses, d'hémorroïdes. Posologie: préparations contenant 5 à 20 % de baume (pas
plus de 10 % en cas d'utilisation sur une surface étendue). Une tendance prononcée à
l'allergie constitue une contre-indication. Limiter l'usage à une semaine.
Le baume est également utilisé pour la fabrication de cosmétiques et de produits
d'hygiène (savons, détergents, crèmes, lotions) et pour celle de parfums (fixateur). Il
présente l'inconvénient de pouvoir induire des dermites de contact allergiques chez
certaines personnes. Les personnes sensibles au baume du Pérou présentent des
réactions croisées avec la cannelle, les cinnamates, le benjoin .
• BAUMIER DE TOLU,
Myroxylon balsamum (L.) Harms = M. toluiferum H. B. & K., Fabaceae
Le baume de Tolu est l' oléorésine obtenue des troncs de M. balsamum (L.) Harrns
var. balsamum. Il contient de 25 à 50 % d'acides libres ou combinés, exprimés en acide ,
cinnamique (Ph. eur., 6< éd., [01/2008:1596]).
• BENJOIN DU LAOS,
Styrax tonkinensis (Pierre) Craib ex Hartwich, Styracaceae
Emplois. Le benjoin est utilisé pour préparer la teinture de benjoin du Laos qui
contient au minimum 5 % d'acides totaux calculés en acide benzoïque (Ph. eur., 6' éd.,
10112008:2157]). Cette teinture est produite à partir d'une partie de baume et de cinq
parties d'éthanol (de 75 à 96 %). L'absence de benjoin de Sumatra dans la teinture est
vérifiée par CCM : absence de bandes correspondant à l'acide cinnamique et au
L'innamate de méthyle. Le benjoin du Laos ne figure pas à l'annexe 1 de la Note
l'.\plicative de l'Agence du médicament (1998). Il ne fait pas l'objet d'une monographie
de la Commission E du BtArM allemand.
Peu utilisé en pharmacie, le benjoin est antiseptique, cicatrisant, expectorant. Réservé
Il l'usage externe, il entre (sous forme de teinture de benjoin) dans la formulation de
préparations pour inhalation.
Le benjoin est surtout utilisé en formulation cosmétique, en parfumerie où il est
intéressant pour son profil aromatique propre (note « orientale») et comme fixateur des
senteurs plus volatiles, et dans l'industrie agroalimentaire, par exemple en chocolaterie .
• BENJOIN DE SUMATRA
Styrax paralleloneurum Perkins, S. benzoin Dryander, Styracaceae
Cette résine balsamique est un produit pathologique élaboré par Styrax benzoin
1)ryander et, surtout, par Styrax paralleloneurum Perkins, espèces spontanées en
302 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Remarques
Les baumes produits par les Styracaceae ne doivent pas être confondus avec le
storax, baume qui s'écoule, après incision, du tronc de Liquidambar orientalis Miller
(storax du Levant, provenant de Turquie) ou de celui de Liquidambar styraciflua L.
(storax américain, storax liquide, styrax, provenant essentiellement du Honduras).
Comme le nom générique l'indique, les troncs de ces grands arbres de la famille des
Hamamelidaceae laissent exsuder, après un traumatisme, un liquide épais, grisâtre,
ambré qui renferme une forte quantité d'acide cinnamique libre et combiné, du styrène
et une fraction résineuse mal définie (oléananes). Le storax ne semble pas être utilisé en
France pour ses propriétés cicatrisantes et antiseptiques. La fraction volatile de ces
storax est, comme les baumes eux-mêmes, utilisée en parfumerie. Styrène et a-pinène
en sont les constituants majoritaires; le ~-caryophyllène caractérise le storax américain.
PHÉNOLS, ACIDES-PHÉNOLS 303
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Coumarines
1. INTRODUCTION
l,cs coumarines tirent leur nom de « coumarou », nom vernaculaire de la fève tonka
(l>ipteryx odorata Willd., Fabaceae) d'où fut isolée, en 1820, la coumarine. Les
l'Ollinarines sont des 2H-l-benzopyran-2-ones que l'on peut considérer, en première
npproximation, comme étant les lactones des acides 2-hydroxy-Z-cinnamiques. Plus
d'lIl1 millier de coumarines ont été décrites et les plus simples d'entre elles sont
308 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
5 4
R1 :: R3 :: H, R2 :: OH; ombelliférone
1
~
3. BIOSYNTHÈSE
GIC-O~
HO~OAO o
HO~H
::/ l ":
HO ~ 0 0
auraptène peucédanol
<W
o ~
O~
0 0
o~
c90 1XJO 0 0 o ~ 0 0
0 ~o ~ 0 0
~: W 00
OCOCH 3
OCOCH(CH 3)CH 2 CH 3
visnadine chalepensine obliquine
'l,
~~
HO~oAo HO~O~O ~ HO
::/
0-..
1 ~
0 0
ombelliférone déméthylsubérosine
H~O~datiOn
~~ ::/I~
'oo~
0-.. "A
o 0
aldol 5' 0 0-..
0 0
bergaptène marmésine
n~
1) 0 a HO o o
OH
o
RO
(+)-(R)-Iomatille (+)-(S)-columbianine
Les coumarines libres sont solubles dans les alcools et dans des solvants organiques
tels que le dioxyde d'éthyle ou les solvants chlorés avec lesquels on peut les extraire.
Les fonnes hétérosidiques sont plus ou moins solubles dans l'eau. Pour la purification,
COUMARINES 311
• COUMARINE
oec
/'
~
1
OH
~
0
CH2tooH
"0 0
dicoumarol
/'
0
1 ~
/
0TO-g,C
~COOH
mélilotoside
La plante, la partie aérienne. Commun au bord des chemins et dans les friches de
presque toute l'Europe, le mélilot est une petite plante à tige verte et finement ridée
portant des feuilles alternes trifoliolées à 2 stipules lancéolées. Les folioles (0,2 x 3 cm),
acuminées aux 2 extrémités, sont finement dentées, et garnies sur la face inférieure plus l,
pâle de poils fins et courts, notamment à la base. Les fleurs, groupées en inflorescences
racémeuses, ont un calice velu et des pétales jaunes. Les fruits sont des gousses
indéhiscentes, courtes, rétrécies à l'apex, souvent incluses dans le calice.
Examinée au microscope dans l'hydrate de chloral, la poudre de mélilot présente
des poils tecteurs uni sériés tricellulaires à cuticule verruqueuse et dont la cellule
terminale est pliée à angle droit. Cette poudre présente aussi des fragments des
différents tissus (fragments de limbe à stomates majoritairement anomocytiques à 3-6
cellules annexes, pétales à papilles, etc.). Le mélilot, dont l'identité est confirmée par
CCM (présence de coumarine et d'acide o-coumarique) ne renferme pas plus de 2 % de
COUMARINES 315
tiges d'un diamètre supérieur à 3 mm. La coumarine est dosée par chromatographie
liquide après extraction méthanolique.
Toxicité du mélilot dans les fourrages et les ensilages. Dans certaines circonstan-
ces, le mélilot peut subir une contamination fongique qui, métabolisant la coumarine,
produit du dicoumarol anticoagulant. Cette substance diminue la synthèse de la
prothrombine et de certains facteurs de la coagulation. Il en résulte, chez les animaux
consommant foins ou ensilages avariés, des hémorragies parfois mortelles. On observe
des intoxications identiques avec une Poaceae riche en coumarine, la flouve odorante
(Anthoxanthum odoratum L.).
Pour mémoire, rappelons ici que les anticoagulants coumariniques actuellement
commercialisés ont été élaborés sur le modèle du dicoumarol.
La piloselle, encore appelée épervière, est une petite plante gazonnante très
polymorphe des pelouses sèches, à feuilles ovales (1-12 x 0,5-2 cm) disposées en
rosette et couvertes de poils longs, blancs et soyeux, à tige florifère unique, velue,
terminée par un capitule jaune soufre à involucre couvert de poils glanduleux noirâtres.
On utilise la plante entière (Ph. fse, 10' éd.) qui renferme de l'ombelliférone (sous :
forme hétérosidique), des dérivés ortho-dihydroxycinnamiques - au moins 2,5 % -, i
des flavonoïdes, des triterpènes et, dans les racines, de l'inuline. Quelques études,
anciennes, attribuent à l'ombelliférone l'activité bactériostatique de cette plante qui a
constitué autrefois un traitement de la brucellose en médecine vétérinaire.
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est
possible de revendiquer, pour la piloselle, les indications thérapeutiques suivantes (voie
orale) : traditionnellement utilisé la pour faciliter les fonctions d'élimination urinaire et
digestive; 20 pour favoriser l'élimination rénale d'eau. Si le phytomédi-cament à base
de piloselle est une poudre de plante entère, le dossier « abrégé» d' AMM doit
comporter une étude toxicologique allégée. Aucune évaluation toxicologique n'est
demandée dans les autres cas (plante pour tisane, extraits aqueux et extraits hydro-
alcooliques quel qu'en soit le titre).
COUMARINES 317
Autres angéliques
Les angéliques sont largement utilisées en Orient. Cela est en particulier le cas, en
République Populaire de Chine, de A. dahurica (Fisch. ex Hoffm.) Benth. & Hook.f.
dont la racine séchée (baizi) est réputée antipyrétique et analgésique (céphalées, algies
dentaires). Cela est aussi celui de A. sinensis (Oliv.) Diels (danggui) qui, selon la
tradition, serait utile en cas de problèmes gastriques, du fait de ses propriétés
antispasmodiques. Cette espèce, riche en phtalides, polysaccharides et acide férulique,
pourrait aussi améliorer les fonctions pulmonaires en cas de bronchopathie, diminuer
les symptômes liés à la ménopause et être utile en cas de syndrome prémenstruel. Il
n'existe pas de preuve de bon niveau pour valider ces indications découlant de l'usage
traditionnel (le seul essai randomisé versus placebo et en double insu publié n'a pas
validé les effets sur les symptômes vasomoteurs de la ménopause).
Au Japon, c'est surtout A. acutiloba (Sieb. & Zucc.) Kitag. qui est utilisée .
La partie utilisée de l' aspérule est constituée par la partie aérienne séchée de
Asperula odorata L. (synonyme) (Ph. fse., 10' éd.)
L'aspérule est caractérisée par des tiges verdâtres quadrangulaires portant, à chaque
nœud, deux feuilles acuminées (2-4 x 0,5-1 cm), luisantes, à bord rude au toucher,
accompagnées de 4 à 6 stipules identiques aux feuilles (d'où l'aspect verticillé). Les
fleurs (0,3 cm), blanc jaunâtre, ont une corolle en entonnoir, à quatre lobes. Les fruits
sont globuleux, verts et hérissés de poils crochus.
La plante est identifiée par ses caractères microscopiques (épiderme à cellules
lobées, poils tecteurs en forme d'épine ou très longs et à extrémité crochue, etc.) et par
l'analyse, en CCM, d'un extrait méthanolique (mise en évidence des coumarines).
COUMARINES 319
7. FURANOCOUMARINES ET PHOTOTOXICITÉ
Les constituants phototoxiques, communs à toutes ces espèces, sont des furano-
~'oumarines linéaires: psoralène, bergaptène (= 5-méthoxypsoralène = 5-MOP) et
xlIl1thotoxine (= xanthotoxol = 8-MOP); les furanocoumarines angulaires ne sont que
flliblement phototoxiques (pimpinelline, angélicine). Il a été montré que les
l'lInlnocoumarines linéaires peuvent donner lieu à des cyc1oadditions sur les carbones
('-:\, CA et/ou CA', C-5' avec les bases pyrimidiques de l'ADN (préférentiellement
IIVCC la thymine, secondairement avec la cytosine). Ces cyc1oadditions peuvent être
Illono- ou bifonctionnelles et, dans ce dernier cas, établir des liaisons croisées entre les
320 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
paires de bases des acides nucléiques et, ainsi, induire des lésions du génome. Il est
possible que ces propriétés aient un rapport avec la phototoxicité dont le mécanisme
reste à élucider; la stabilisation de l'intercalation entre les brins d'ADN explique la
mutagénicité et la cancérogénicité.
R1 =R2 =H : psoralène
R1 =OCH 3, R2 = H: bergaptène
R1 =H, R2 =OCH 3: xanthotoxine
R1 = R2 = H : angélicine
R1 =R2 =OCH 3 : pimpinelline
Elles appartiennent toutes, au moins pour ce qui concerne les espèces européennes
et si l'on excepte le figuier, Ficus carica L. (Moraceae), soit à la famille des Apiaceae,
soit à celle des Rutaceae.
Le plus souvent, il s'agit d'espèces cultivées et les dermites observées le sont chez
des agriculteurs ou des employés des industries de transformation. Sont ainsi considérés
comme phototoxiques par contact: l'angélique, le céleri, le persil, la livèche et les
nombreuses espèces du genre Citrus. D'autres espèces sont parfois en cause, soit du fait
de leur présence dans notre environnement naturel (c'est par exemple le cas de la
grande berce, Heracleum sphondylium L., du panais, Pastinaca sativa L. ou de la rue,
Ruta graveolens L.), soit parce qu'elles sont cultivées à des fins ornementales comme,
par exemple, les variétés horticoles du dictame blanc ou fraxinelle (le buisson ardent de
la Bible, Dictamnus albus L.) ou encore la berce du Caucase (Heracleum mantegaz-
zianum Sommier & Levier).
Les risques de phototoxicité liés aux produits utilisés dans les produits cosmétiques
et qui comportent dans leur formulation des huiles essentielles de Citrus (en particulier
ceux à base de bergamote) est maintenant limité du fait de la réglementation (voir ci-
après, p. 322). L'utilisation directe de ce type d'huile essentielle peut, elle, entraîner des
désagréments marqués. Il en est de même avec certaines plantes parfois recherchées
COUMARINES 321
pour leurs supposées vertus médicinales 2. Cela étant, les risques de phototoxicité après
ingestion sont très limités: on se méfiera toutefois du céleri qui peut être, rarement il est
vrai, à l'origine de manifestations phototoxiques, notamment chez des patients traités
simultanément par PUVAthérapie .
A. Applications médicales
2. En 2001, deux cas d'effets cutanés indésirables graves ont été rapportés en relation avec la
prise d'une préparation médicinale chinoise contenant des fruits d'une Fabaceae, Psoralea corylifolia
1... riches en furanocoumarines. Un accident du même genre a été relaté, la même année, après une
('xposition solaire consécutive à une aromathérapie par massage à l'huile essentielle de bergamote.
322 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
cristallin (port de lunettes pendant et dans les heures suivant le traitement), vieillissement
cutané et troubles pigmentaires. Lorsqu'elle est utilisée au long cours, la PUVAthérapie
augmente le risque d'apparition de cancers: les études les plus récentes confirment
qu'elle peut induire carcinome spinocellulaire aussi bien que mélanome, et ce de
nombreuses années après le début du traitement. Les spécialistes estiment toutefois que,
sous réserve de limiter le nombre d'indications recevables, de ne pas traiter (sauf
exceptions) les sujets jeunes et les phototypes clairs, de prendre en compte les
traitements antérieurs et d'assurer un contrôle du nombre des séances et des doses
délivrées (maximum 1 500 J/cm2 cumulés), la PUVAthérapie reste utilisable, notamment
en cas de formes sévères et résistantes de psoriasis, parfois invalidantes pour les patients.
Comme les traitements médicamenteux par voie générale (méthotrexate, ciclosporine,
anti-TNF-alpha, etc.) les furanocoumarines sont généralement proposées en dernier
recours, après les traitements en application cutanée, privilégiés en première intention.
Les produits naturels tels que 1'huile essentielle de bergamote ont longtemps été
utilisés comme photodynamisants dans les produits solaires. Ils augmentent le nombre
de mélanocytes et accroissent la production de mélanine par ceux-ci; c'est à ce titre
qu'ils assurent une meilleure protection contre les radiations ultraviolettes. Toutefois,
leur utilisation dans les produits de bronzage aussi bien que dans les produits
cosmétiques n'est pas sans risque: l'apparition des manifestations liées à la
phototoxicité n'est pas exceptionnelle. Cette réaction phototoxique est influencée par de
nombreux facteurs: type de peau, hydratation de la peau, intervalle de temps qui
s'écoule entre l'application des produits contenant les furanocoumarines et l'irradiation,
durée et fréquence des irradiations. Un facteur déterminant dans l'apparition des
dermites est le véhicule employé: pour une même dose, les solutions huileuses (ou les
émulsions huile/eau) n'induisent pas de réactions alors que les solutions alcooliques
favorisent la pénétration et provoquent la phototoxicité.
L'implication démontrée des furanocoumarines dans la genèse de cancers cutanés a
conduit à s'interroger sur le bien-fondé de leur utilisation dans les crèmes solaires et
autres produits. Actuellement, en application des directives européennes, les
furanocoumarines (8-méthoxypsoralène, 5-méthoxypsoralène) figurent sur la liste des
substances qui ne peuvent entrer dans la composition des produits cosmétiques, sauf
teneurs normales dans les essences naturelles utilisées. Dans les crèmes solaires et les
produits bronzants, les furanocoumarines doivent être en quantité inférieure à 1 mglkg
(cf. Directive du 27 juillet 1976, texte consolidé, 2006; 1976L0768-FR-03.10.2006,
http://www.sante.gouv.fr/htrnldossiers/cosmetiques/pdf/dircosmconsol03 .pdf).
sont ni des dérivés d'un acide cinnamique 2-hydroxylé, ni ceux d'isoflavonoïdes. Il est
vraisemblable qu'elles sont formées, comme les néoflavènes, par condensation d'un 1-
phénylpropane sur un arène issu de la condensation d'un polyacétate. Souvent qualifiées
de « néoflavonoïdes » elles seront envisagées ultérieurement pour tenir compte de leur
origine biosynthétique mixte. Les 3-arylcoumarines et les coumestanes sont pour leur
part des isoflanonoïdes.
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Lignanes, néolignanes,
et composés apparentés
1. GÉNÉRALITÉS
Dans l'état actuel des connaissances, il est possible de distinguer quatre groupes de
composés dont la formation implique la condensation d'unités phénylpropaniques :
lignanes, néolignanes, « oIigomères » et norlignanes. De plus, il est d'usage courant de
rattacher à cet ensemble les lignoïdes ou lignanes hybrides.
Le terme de lignane désigne habituellement des composés dont le squelette résulte
de l'établissement d'une liaison entre les carbones ~ des chaînes latérales de deux
unités dérivées du I-phénylpropane (liaison 8-8'). On dit aussi que ce sont des dimères
d'alcools ou d'acides cinnamiques.
Les néolignanes sont également des produits de condensation d'unités phényl-
propaniques, dimères d'allyl- ou de propénylphénols dont la liaison, variable,
n'implique au maximum qu'un seul carbone ~ (liaison 8-3',8-1',3-3',8-0-4', etc.).
Sylibum marianum L.
LlGNANES, NÉOLIGNANES 327
os ~
-:?'
~
-:?'I
~I ~
2a 2b
~o -:?'I
~
3
~ -:?'I
~
4a
~o
-:?'
-:?'I
~
4b
~
~
2c
Principaux types
~ /;
""
/
0
de lignanes. 5 6
2. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
Les données expérimentales sont incomplètes et l'on ne peut donc présenter, sauf
pour quelques molécules particulières, que des hypothèses partiellement vérifiées. Les
lignanes étant optiquement actifs, ils résultent d'un couplage stéréospécifique enzymo-
catalysé (cela a d'ailleurs été démontré chez des Forsythia spp.). En théorie, il est
possible de concevoir que l'oxydation d'un précurseur, par exemple l'alcool coniféry-
lique conduit à un radical qui peut exister sous quatre formes mésomères (cf. schéma)
R
OCH 3
CH 3 0
o
OCH 3
o Œ]
LlGNANES, NÉOLIGNANES 329
OH OH
OH
"
alcool coniférylique
O:0H
O,,::~' ~ NADPH
1
0 0:
OH
((+)·Iaricirésinol
OH
OH
HO HO
NADPH NADP+
(-)·sécoisolaricirésinol (-)·matairésinol
OH OH
Biogenèse des lignanes : exemple du matairésinol
Chez les plantes, lignanes et néolignanes jouent sans doute un rôle important pour
Jeur défense: des propriétés antibactériennes, antifongiques et antinutritives ont été
décrites pour de nombreuses molécules de ce groupe.
A- Intérêt thérapeutique
De nombreux lignanes - aryltétrahydronaphtaléniques et dibenzocyclo-octa-
niques (steganacines) pour la plupart - possèdent des propriétés cytostatiques ou
330 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
o (x
,,'"~
l O-Glc
OCH 3
OCH 3
o
CH30:yH,~:"""H
, \\
1/
0 H
kadsurénone Glc-O (+)-syringarésinol
OCH 3 di-()'~-D-glucoside
intestinale de l'Homme, de certains lignanes présents dans les végétaux. Les principaux
précurseurs de l'entérodiol et de l' entérolactone sont les diglucosides du sécoiso-
laricirésinol et du matairésinol. On a également impliqué, plus récemment, le
pinorésinol et le laricirésinol. La principale source alimentaire de sécoisolaricirésinol
est la graine du lin dont certains cultivars peuvent en contenir jusqu'à 3 %. On en
trouve aussi, en moindre proportion, dans la graine de sésame. Cette substance et les
autres lignanes sont également présents en très faible quantité dans le seigle, les
enveloppes des céréales, le thé et certains fruits et légumes (ail, brocoli, fraise, etc.).
Bien que les tables de composition en lignanes des aliments soient encore incomplètes,
on estime que l'alimentation occidentale pourrait en apporter jusqu'à 1 mg/jour (en
moyenne). Les doses ingérées varient toutefois fortement en fonction des habitudes, les
gros consommateurs de fruits, légumes et céréales en ingérant le plus (remarquons que
ceux-ci ingèrent aussi moins de viande et plus de micronutriments variés, d'où une
difficulté supplémentaire pour l'interprétation des études épidémiologiques).
La plante, le rhizome. Cette petite plante, vivace par un rhizome, possède une tige
aérienne d'une trentaine de centimètres terminée par deux feuilles opposées et
palmatilobées à l'aisselle desquelles est insérée une fleur, solitaire, 3-mère, blanche.
L'espèce est spontanée dans les forêts humides et ombragées de l'est des États-Unis
d'Amérique et du Canada. Le rhizome, coupé en fragments brun rougeâtre (5-20 x 0,5
cm), présente des nœuds sur lesquels apparaissent les cicatrices d'insertion des tiges
aériennes et celles, plus petites et nombreuses, des racines. L'examen microscopique
révèle la présence de cellules à résines, de prismes d'oxalate de calcium et de grains
d'amidon. La morphologie et, surtout, la taille de ces divers éléments permettent de
distinguer P. peltatum et P. hexandrum.
~O~O"
9 H R 0~0Y'SH0
C((X~o ~~o
(10 = 0
H3CO~OCH3
OCH 3
H3CO
V ~I
OH
OCH3
R =CH3, étoposide
podophyllotoxine a-peltatine
R =thiényl, téniposide
j
334 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
1
"1
.~
j
inactifs: c'est le cas, par exemple, de la picropodophyllotoxine. On connaît aussi les J
épi-dérivés, dont la configuration du carbone C-4 est inversée (4-S). l
!
Pharmacologie. La podophyllotoxine et les peltatines inhibent la croissance des "~
tumeurs expérimentales induites chez la Souris. Leur action se situe au niveau des !
microtubules. L'inhibition compétitive de la fixation de la colchicine sur la tubuline 1 J
montre que le mécanisme d'action est de même nature. Comme cet alcaloïde, la!
podophyllotoxine, poison du fuseau, inhibe la polymérisation de la tubuline et stoppe la ·1
division cellulaire au début de la métaphase. La picropodophyllotoxine est !
pratiquement inactive; les glucosides sont moins actifs que les génines, mais leurs l
effets indésirables sont moins marqués. !
Les travaux de synthèse et l'étude des relations structure activité ont permis de 1
mettre au point des dérivés semi-synthétiques alliant une bonne activité et des effets
indésirables relativement limités. Ces produits, des trans-Iactones (2a, 3~), sont
déméthylés en 4'; ils appartiennent à la série épi (4~), conservent le groupement,
méthylènedioxy et la libre rotation de l'aryl en C-l, et ont leur hydroxyle en C-4 engagé 1
dans une liaison hétérosidique avec un glucose dont deux des groupes hydroxyle (en C-'
4" et en C-6") sont bloqués par acétalisation : thiénylidène (téniposide) ou éthylidèneî
(étoposide). Ces dérivés, contrairement à la podophyllotoxine, sont inactifs au niveau 1
de l'assemblage des microtubules, mais arrêtent le cycle cellulaire en fin de phase S ou 1
au début de la phase G2, du fait de leur liaison avec la topoisomérase II, enzyme 1
nécessaire au processus de réplication de l'ADN. 'j
j
La podophyllotoxine est un toxique violent. Par ingestion (ou par contact cutané)'l
elle provoque des troubles digestifs et, plus tardivement, une encéphalopathie et une J
neuropathie périphérique sensitivo-motrice accompagnée d'une forte toxicité
hématologique. Parfois fatale, l'intoxication entraîne le plus souvent des troubles de la
marche et d'autres séquelles neurologiques pouvant persister plusieurs mois.
j
cette solution à 0,5 % est considérée comme le traitement topique de première ligne des
verrues anogénitales chez les patients capables de l'appliquer correctement (application
deux fois par jour pendant trois jours, sans déborder sur la peau saine). Indication
officielle: condylomes acuminés externes de surface inférieure à 4 cm2 , en alternative
aux autres thérapeutiques (cryothérapie, méthodes chirurgicales). Les propriétés
antimitotiques de la podophyllotoxine font de la grossesse et de l'allaitement une
contre-indication absolue; il en est de même chez l'enfant. Chez la femme en âge de
procréer, une méthode efficace de contraception doit être prescrite avant le début du
traitement et pendant toute sa durée.
Il contient au minimum 1,5 % de silymarine, exprimée en silibinine (Ph. eur., 6' éd.,
01/2008: 1860).
î
l
La plante. Le limbe des feuilles de cette plante bisannuelle, marbré de blanc le long
des nervures, est bordé de dents épineuses. Les fleurs, toutes tubuleuses, pourpres, sont
il
réunies en un capitule terminal enserré dans un involucre aux bractées externes .:1
l
épineuses. La plante est commune dans les lieux incultes de l'Europe méridionale, de 1.~
l'Afrique septentrionale et de l'ouest de l'Asie.
ri
Le fruit. Les akènes, de couleur gris pâle à brun, striés de bandes longitudinales j
foncées, sont fortement comprimés (6-8 mm x 3 mm x 1,5 mm). Ils sont surmontés à ~
l'apex d'une collerette jaune paille brillante entourant les restes du style. l
L'examen microscopique de la poudre d'akènes (hydrate de chloral) montre des
groupes de cellules parenchymateuses dont certaines contiennent une matière colorante
d'aspect rouge vif, de très nombreux groupes de grandes scléréides à paroi ponctuée
jaune vif, des cellules du parenchyme cotylédonaire contenant des globules huileux et
des macles d'oxalate dispersées, etc.
Le fruit est identifié par ses caractères macro- et microscopiques et par la CCM d'un ,~
extrait méthanolique qui met en évidence silibinine, taxifoline, silicristine (révélation
par le diphénylborate d'aminoéthanol et le macrogol 400). La silymarine est dosée par 1
chromatographie liquide (somme des aires des pics des différents flavonolignanes), 1
1
n
6:{-0q- ,
OHi
OH l
~ ~
1
HO
/ W'
O.", /; l.1
~ 1 CH 2 0H OCH a .1
OH ~
OH 0 1
'.,
silybine silychristine
OCH 3
OH HO
HOWO.",~
((
OH 1
~I
OH
OH 0
taxifofine HO silydianine
Évaluation clinique. Une synthèse méthodique des essais publiés avant 2004 a
inclus 13 essais randomisés évaluant la silymarine ou un complexe de sylibine versus
placebo ou absence de traitement chez 915 patients souffrant d'hépatite virale (B ou C),
ou d'hépatite d'origine alcoolique, pendant une durée moyenne de six mois (une
semaine à 41 mois). La méta-analyse de ces essais de très faible qualité méthodologique
- 46 % seulement ont été considérés comme étant en double aveugle - a montré
l'absence d'effet de la sylimarine sur la mortalité toutes causes confondues, sur les
complications hépatiques ou sur 1'histologie hépatique. La mortalité liée au foie a été
diminuée de façon statistiquement significative (RR =0,50, IC95 0,20-0,88), mais cette
significativité n'a pas été atteinte dans les essais de meilleure qualité méthodologique
(RR = 0,57, IC95 0,28-1,19). L'actualisation de cette synthèse Guillet 2007, 18 essais,
1088 patients) n'en a pas modifié les conclusions. Cette absence d'effet sur la mortalité
d sur l'histologie avait déjà été constatée par une autre méta-analyse portant sur 14
338 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Emplois. Le chardon-Marie est utilisé pour obtenir de l'extrait sec purifié et titré de
chardon marie (Ph. eur., 6' éd., [0112008:2071]). Cet extrait titre entre 30 et 65 % de
sylimarine exprimée en silibinine.
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est
possible de revendiquer, pour le fruit du chardon-Marie, l'indication thérapeutique
suivante (voie orale) : traditionnellement utilisé dans le traitement symptomatique des !
Le chaparral ou creosote bush est un arbuste des régions arides du sud-ouest des
États-Unis d'Amérique et du Mexique dont les tiges et les feuilles sont recouvertes
d'une épaisse couche de résine. Chimiquement, ces feuilles sont caractérisées par la .
LIGNANES, NÉOLIGNANES 339
1. Ce lignane est l'un des con si tuants de la résine de gaiac (Guiacum officinale L.), petit arbre de
l'Amérique centrale. La teinture de gaiac est un réactif traditionnel utilisé pour la recherche des
oxydases et des peroxydases. Le NDGA peut, en pharmacologie expérimentale, être employé comme
inhibiteur de la lipoxygénase.
340 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
H. rooperi, qui ne figure ni sur la liste des espèces retenues par la Note explicative
de 1998 (France), ni sur celle des monographies de la Commission E allemande, est
utilisé en Allemagne en cas d'hypertrophie bénigne de la prostate, sous forme d'extrait.
Dans ce cas, l'activité attribuée à l'extrait pourrait être due à des hétérosides de stérols .
Le schisandra est constitué par le fruit mûr, entier, séché ou soumis à la vapeur
d'eau puis séché, de S. chinensis. Il contient au minimum 0,4 % de schisandrine (Ph.
eur., 6" éd. - 63 [01/2009:2428]).
schizandrine
Propriétés - évaluation clinique. Des données expérimentales montrent que les
constituants du Schisandra sont anti-hépatotoxiques, régénérateurs du parenchyme
hépatique. Antioxydants, ils diminuent le taux des transaminases et préviendraient la
survenue d'hépatites. Anti-inflammatoires, stimulants de la respiration, ils exercent une
LIGNANES, NÉOLIGNANES 341
Emplois. En France, le Schisandra ne figure pas sur la liste des espèces retenues par
la Note explicative de 1998. Il ne fait pas non plus l'objet d'une monographie de la
Commission E du BfArM allemand.
Le Schisandra est traditionnellement utilisé en République Populaire de Chine, seul
ou associé, dans de très nombreuses indications (toux, dyspnée, etc.). L'extrait
éthanolique des graines ainsi qu'un composé synthétique, le biphényldiméthyl
dicarboxylate, y sont utilisés dans le traitement d'hépatites d'étiologies diverses.
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SHIKIMATES
plantes à dérivés d'extension du
phénylpropane
OH
dicarbonés sont apportés sous la forme activée de malonyl-coenzyme A.
'fJOH +2 x C2 OH
P
:/ 1 • ~-oxydatlon :/ 1
:/
~M ~ ~ ~
o 1+ 3 X C2
CoAS 1
0
1
o 0
0'ÇÇaH:/ Il
o ~
1
OH 0
OH
[STYRYLPYRONES
o 0
OH OH
[XANTHONES 1 :/
o ~
OH
Principales possibilités 0 0
d'extension de l'unité [FLAVONOioES 1
phénylpropanique, [STILBÉNOïoES 1
344 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Dans certains cas, l'initiateur subit une ~-oxydation préalable, l'addition est alors du
type Ar-C 1+ 3 x C2 . C'est un mécanisme de ce type qui est invoqué pour expliquer la
formation de la plupart des xanthones.
Les xanthones et les stilbénoïdes n'étant pas utilisés en thérapeutique et l'intérêt des
styrylpyrones étant limité, une place prépondérante sera accordée aux flavonoïdes,
composés en C 15 chez lesquels deux noyaux benzéniques sont unis par un chaînon de
trois atomes de carbone, Ar-CrAr, selon un enchaînement 1,3-diarylpropane (flavo-
noïdes), 1,2-diaryl-propane (isoflavonoïdes) ou 1,l-diarylpropane (néoflavonoïdes).
Pour des raisons de commodité, et bien que leur biosynthèse ne soit pas strictement
un processus d'allongement, nous plaçons dans cette partie de l'ouvrage les diaryl-
heptanoïdes et les aryl-alcanones, molécules construites autour d'une ou de deux
molécules d'un acide phénylpropanoïque, le plus souvent l'acide férulique.
Diaryl-heptanoïdes
et aryl-alcanones
Ces composés, les curcuminoïdes, les gingérols et leurs dérivés, sont spécifiques de
plusieurs genres de Zingiberaceae. Ils constituent les substances colorantes des
curcumas et les principes piquants du gingembre. Au cours des vingt dernières années,
de nombreuses études ont montré qu'ils développent des propriétés pharmacologiques
multiples .
Le rhizome de curcuma, qui tient depuis des siècles une place de premier plan dans
la médecine traditionnelle indienne, a fait l'objet de très nombreux travaux de
pharmacologie. Ce rhizome est aussi un constituant du curry.
~
OH,,"
~ .---
:/1
HO :/ HO
ar-turmérone ~
-;-/ ~
~
o 0 /'
~.
curcumine H'" 1
(-)-zingibérène ~
Évaluation clinique. Une certaine efficacité du curcuma pour soulager les troubles 1
dyspeptiques a été mise en évidence par un essai clinique randomisé en double aveugle
versus placebo, mais ces résultats doivent être confirmés. En association avec la
sulfazalazine ou la mésalamine, la curcumine (2 g par jour) semble à même d'améliorer
le traitement des rectocolites (à confirmer). Des essais sans insu et/ou de faible effectif
sont actuellement insuffisants pour justifier l'utilisation du curcuma en cas de syndrome
du côlon irritable ou d'ulcère gastroduodénal. La curcumine est inactive à l'encontre
d' Helicobacter pilori et, de plus, certains auteurs suggèrent que l'ulcère gastrique
constitue une contre-indication à l'emploi du curcuma.
Il est possible que la curcumine à dose forte puisse soulager les douleurs
articulaires, mais cela n'est pas confirmé par des essais cliniques versus placebo de
bonne qualité méthodologique.
Aucune conclusion ne peut être tirée des observations cliniques et des petits essais
ouverts qui prétendent démontrer un effet protecteur du curcuma vis-à-vis du cancer
colorectal (et afortiori un effet curatif).
n'ont relevé aucun effet indésirable sévère, même pour des doses très élevées (8 g/j).
Mais les éventuels effets indésirables d'un traitement au long cours ne sont pas connus.
Quelques données expérimentales conduisent à suspecter une interaction possible avec
divers agents anti-cancéreux (ex. : cyclophosphamide). En théorie, une interaction avec
les anticoagulants est envisageable.
Le temoe lawacq est constitué par le rhizome coupé en tranches et séché de C. xan-
t1/11rrhiza. Il contient au minimum 50 ml/kg d'huile essentielle et au minimum 1% de
dérivés du dicinnamoylméthane exprimés en curcumine (Ph. eur., 6' éd., [0112008:
1441]).
Composition chimique. Le rhizome, très riche en amidon (60 %), renferme des
protéines, des lipides (10 %), de 10 à 40 ml/kg d'huile essentielle et une résine. La
composition de l'huile essentielle varie beaucoup selon l'origine géographique, mais les
éléments principaux - des carbures sesquiterpéniques représentant 30 à 70 % de l'huile
essentielle - semblent être constants: (-)-zingibérène, (+)-ar-curcumène, (-)-~-ses
quiphellandrène, E,E-a-famésène, ~-bisabolène, accompagnés d'aldéhydes (citrals) et
d'alcools monoterpéniques dont une partie existe dans le rhizome frais sous la forme
d'hétérosides. Les constituants responsables de la saveur très marquée du gingembre
sont des 1-(3' -méthoxy-4' -hydroxy-phényl)-5-hydroxy-alcan-3-ones. Connus sous le
nom de [3-6], [8], [10] et [12]-gingérols, ces composés ont une chaîne latérale de
longueur variable, respectivement de 7-10, 12, 14 ou 16 carbones. Les gingérols sont
accompagnés des cétones correspondantes, de gingerdiols (3-désoxy-3,5-
dihydroxygingérols), de déoxygingérols (paradols) et d'esters et, dans le rhizome sec,
de produits de déshydratation: les shogaols (ou 5-désoxy-4,5-déhydrogingérols). On
note aussi, mais uniquement dans certaines variétés, la présence de diterpènes
labdaniques (galonolactone et dérivé dialdéhydique) ou celle de diarylheptanoïdes
(curcuminoïdes linéaires et cycliques).
~F
"' ,'U
R =H, ar-curcumène
gingérols (n=1-4,6,8, 10) R =OH, xanthorrhizol
Pharmacologie. Chez la Souris et par voie orale, l'extrait acétonique (75 mg/kg), le
[6]-shogaol (2,5 mg/kg) ou les [6]-, [8]- et [lO]-gingérols stimulent la motilité gastro-
intestinale; leur action est comparable à celle du métoclopramide (10 mg/kg). Cet
extrait et le [6]-gingérol stimulent la sécrétion biliaire (Rat, voie IP).
Expérimentalement, l'oléorésine est hypocholestérolémiante (rongeurs) et le [8]-
gingérol hépatoprotecteur (prévention de la toxicité du tétrachlorure de carbone sur des
hépatocytes de Rat). Un extrait éthanolique freine l'augmentation des taux sériques de
cholestérol et de triglycérides induits, chez le Lapin, par un régime riche en lipides.
Chez des souris mutantes, déficientes en apolipoprotéines, la consommation d'un
extrait de gingembre inhibe l'oxydation des LDL et le développement des plaques
athérosclérotiques. Un extrait sec réduit la production de suc gastrique et protège la
muqueuse contre des agents ulcérogènes tels que l'indométhacine.
Une activité anti-inflammatoire a été rapportée pour des extraits de rhizome de
gingembre (œdème de la patte du Rat, voie orale). Cet effet pourrait être dû à l'inhibi-
EXTENSION DU PHÉNYLPROPANE 351
Évaluation clinique. Chez l'humain, plus de 30 études et essais visant à évaluer les
propriétés anti-émétiques du gingembre ont été publiés: études en laboratoire (chaise
rotative), évaluation de l'effet sur le mal de mer, sur les nausées et les vomissements de
la grossesse, sur les nausées post-opératoires et sur celles induites par certaines
chimiothérapies. Le gingembre a également été partiellement évalué dans le traitement
de l'arthrose.
Mal des transports. L'intérêt clinique du gingembre dans cette indication, possible,
n'est pas établi de façon convaincante.
Nausées et vomissements post-opératoires. Les essais randomisés versus placebo et
en double aveugle qui ont évalué la possibilité de limiter les nausées et les vomis-
sements post-opératoires sont peu concluants: de qualité méthodologique souvent
faible, ils sont réalisés dans des conditions différentes, avec des produits non
standardisés et leurs résultats sont contradictoires. Alors que divers auteurs et une méta-
analyse de données concernant principalement des patients asiatiques ont souligné
l'efficacité du gingembre (comparable pour certains à celle de 10 mg de
métoclopramide), les auteurs de trois synthèses méthodiques avec méta-analyse
récentes ont conclu que l'intérêt clinique de cette plante dans cette indication n'était pas
établi (selon l'une de ces méta-analyses, il faudrait traiter onze patients pour qu'un seul
reste indemne de nausées).
Nausées et vomissements de la femme enceinte. Dans le cas des nausées et des
vomissements de la femme enceinte, une synthèse méthodique publiée en 2005 a retenu
six essais contrôlés, randomisés et en double aveugle de qualité méthodologique
correcte totalisant 675 participantes. Quatre essais (246 patientes) montraient la
supériorité du gingembre (l,5 g d'extrait ou 1 g de poudre par jour en quatre prises) sur
le placebo. À côté de cela, deux autres essais n'ont pas établi de différence d'effet entre
le gingembre et la pyridoxine (alias vitamine B6) (429 patientes). Cela a été confirmé
par les auteurs d'un essai publié en 2007. L'efficacité de la pyridoxine n'étant pas
démontrée, ces essais ne constituent pas une contribution convaincante. Les auteurs du
dernier essai randomisé publié ont conclu à la non-différence d'efficacité du gingembre
(1,95 g/j) et du dimenhydrinate (100 mg/j). L'efficacité du gingembre dans cette
indication est probable, mais reste à confirmer.
352 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
• AUTRES ZINGIBERACEAE
1. Prescrire Rédaction (2001). Nausées et vomissements de la grossesse, Rev. Prescrire, 21, 838-
K46.
354 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES 1
Roxb. = cardamome de Java), sont utilisées, entre autres, dans le curry et autres 1
'~
mélanges aromatiques très prisés des cuisines indiennes et asiatiques
Les graines de certains Aframomum constituent également des épices: cela est le cas
des graines de paradis (= maniguette = graines de Guinée = A. meleguetta Schumann) de
1
l'Afrique occidentale ou des « cardamomes» de Madagascar (A. angustifolium [Sonn.] i
Schumann) ou d'Abyssinie (A. konarina [Pereira] Engl.). La maniguette renferme des
gingérols, des shogaols, des paradols (5-désoxy-gingérols), des gingerdiones et une huile
essentielle riche en caryophyllène et époxycaryophyllène.
Stilbénoïdes
Il est d'usage de regrouper sous ce nom - il a été créé pour souligner la parenté
biogénétique avec les flavonoïdes - les composés phénoliques qui possèdent deux
noyaux benzéniques séparés par un pont éthane ou éthène, c'est-à-dire les bibenzyls et
les stilbènes, ainsi que les produits qui leur sont biosynthétiquement rattachés:
phénanthrènes 2 , 9,1 O-dihydrophénanthrènes, phényldihydroisocoumarines.
Les stilbènes, généralement E, peuvent être libres ou hétérosidiques, parfois
polymériques. Ils sont présents dans de nombreuses familles de végétaux supérieurs (on
en trouve par exemple chez la vigne, l'arachide, ou encore le pin sylvestre). Les
bis(bibenzyls), rares chez les végétaux supérieurs, sont caractéristiques des Hépatiques
(Marchantia, Plagiochila, Radula, Riccardia, etc.).
Les phénanthrènes et dihydrophénanthrènes - on en connaît plus de 200 - sont
surtout présents dans une cinquantaine d'espèces d'Orchidaceae (Bulbophylum,
Cymbidium, Dendrobium, Epidendrum, Ephemerantha, etc.). Sporadiquement, ils sont
aussi présents chez certaines Dioscoreaceae (Tamus communis), Combretaceae
(Combretum), ainsi que chez des Hépatiques (Marchantia). Généralement monomé-
riques, tri- à hexasubstitués, parfois quinoniques, ils peuvent aussi se présenter sous la
forme de dimères.
Stilbènes et bibenzyls, qui sont parfois des phytoalexines, peuvent dans certains cas
être des régulateurs de croissance. Ils sont souvent antifongiques et antimicrobiens, en
particulier les bis(bibenzyls). Leur intérêt pharmacologique demeure toutefois limité:
'1
2. Ne sont pas inclus ici les composés phénanthréniques issus de la dégradation d'alcaloïdes ou
rattachés aux quinones. D'autres phénanthrènes ont une origine diterpénique (ex. : Euphorbiaceae,
Lamiaceae [Plectranthus]). Quelques-uns sont issus d'un processus spécifique (Juncus).
EXTENSION DU PHÉNYLPROPANE 355
;/
OH OH
HO ~ ~
""
//
OCH 3 OCH 3
CH 3 0 CH 30
OH OCH 3 combretastatines OCH 3
pinosylvine
;/
~
OH OH
""
//
HO HO
hydrangénol acide lunularique
Xanthones
Les aglycones et les O-hétérosides ont une distribution restreinte à un petit nombre
de familles (principalement les Clusiaceae et les Gentianaceae) alors que les C-glucosyl
xanthones sont plus fréquentes (elles ont été identifiées dans une vingtaine de familles).
En règle générale, les xanthones sont formées par cyclisation des benzophénones
résultant de l'addition d'unités dicarbonées (en fait le malonyl-CoA) sur un précurseur
en C 6 -C], c'est-à-dire un acide benzoïque issu du raccourcissement d'un acide
cinnamique. La biosynthèse des C-glucosyl xanthones serait analogue à celle des
flavonoïdes.
Au titre des propriétés biologiques de ces molécules, on notera que plusieurs
molécules de cette série (des génines 1,3,5,8-tétrasubstituées) sont des inhibiteurs des
OH
CH~yyç HO OH
0-.. 1 1 ~
1 OCH 3
OH 0 OH ~
bellidifoline mangostine
EXTENSION DU PHÉNYLPROPANE 357
monoamine oxydases (MAO A et, dans une moindre mesure, MAO B), des stimulants
du SNC. Plusieurs xanthones sont fongicides et fortement antibactériennes, certaines
sont des inhibiteurs de l'agrégation plaquettaire, d'autres, telles que la mangostine, sont
des anti-inflammatoires.
Si certaines plantes actuellement utilisées renferment des xanthones, la preuve
d'une responsabilité de ces molécules dans l'activité qui leur est traditionnellement
reconnue reste à apporter (racine de gentiane, sommité fleurie de petite centaurée: voir
plantes à iridoïdes).
Styrylpyrones
Le terme de kava désigne une boisson préparée à partir des parties souterraines du
poivre inébriant, P. methysticum, un arbuste qui croît dans les îles de la Polynésie occi-
dentale (Papouasie Nouvelle-Guinée, Tonga, Samoa, Fidji, Vanuatu) et jusqu'à Tahiti.
Cet espèce dioïque pérenne à feuilles cordiformes ne fructifie pas: elle est propagée par
voie végétative. Décaploïde et stérile, le kava serait issu d'une espèce sauvage avec
laquelle il est parfois confondu: P. wichmannii C. DC., indigène au Vanuatu.
Le kava est traditionnellement préparé en trempant dans l'eau les fragments de
souche et de racines, pulvérisés au pilon ou mâchés - cela faciliterait l'émulsion des
particules de résine et fournirait une préparation plus active. La boisson ainsi obtenue
est consommée depuis plusieurs siècles selon un cérémonial décrit, dès 1785, par J.
COOK. Cette boisson rituelle - elle continue à jouer un rôle culturel important dans
cette région du monde - induit une sensation de bien-être.
Composition chimique. Les constituants actifs des parties souterraines sont les
kavalactones (ou kavapyrones), c'est-à-dire des a-pyrones mono- ou bi-insaturées,
substituées par un groupe styryle ou phénéthyle lui-même substitué (méthoxyle,
méthylènedioxyle) ou non: yangonine, (+)-méthysticine, (+)-dihydrométhysticine, (+)-
kawaïne, (+ )-dihydro-kawaïne, déméthoxyyangonine et des produits minoritaires
(déhydrokavaïne, 7,8-dihydroyangonine, 10- et ll-méthoxyyangonines, etc.). La teneur
en résine peut fluctuer de 3 à 20 % selon les cultivars et la localisation (souche, racines
latérales) et sa composition varie selon le chimiotype.
~
"'" 0
~
"'" 0
<0 ~
CH 30
Évaluation clinique. Près d'une trentaine d'essais cliniques ont évalué l'activité
anxiolytique du kava.
EXTENSION DU PHÉNYLPROPANE 359
En 2003, une synthèse méthodique d'un groupe du réseau Cochrane a retenu douze
essais comparatifs randomisés en double aveugle (700 patients) ayant comparé un extrait
de kava versus placebo. Tous ces essais sauf un ont évalué un extrait commercial,
obtenu par extraction par l'acétone à 75 % et correspondant à 70 mg de kawaïne pour
100 mg. Les patients recevaient des doses variant de 150 à 300 mg d'extrait par jour, le
plus souvent pendant quatre semaines (un seul essai de longue durée, vingt-quatre
semaines). La méta-analyse a porté sur les sept essais (380 patients) dont le critère de
jugement principal était l'évolution du score sur l'échelle de Hamilton pour l'anxiété
(HAM-A, une échelle à 14 items, validée et reconnue pour l'évaluation de l'anxiété).
Les 380 patients inclus souffraient d'une anxiété d'origine non psychotique
diagnostiquée, pour les trois-quarts des patients, selon des critères reconnus (DSM-III-R,
DSM-IV). Pour six de ces essais, le score HAM-A des patients à l'inclusion était
supérieur à 16 (anxiété majeure). Dans quatre essais, il était supérieur à 19. Les auteurs
de cette synthèse ont conclu que l'extrait de kava était significativement plus efficace
que le placebo pour diminuer l'anxiété des patients. Toutefois, cet effet est faible, et des
analyses de sensibilité statistique montrent que la preuve manque de robustesse. Des
essais de plus forte puissance statistique sont donc souhaitables.
Les résultats des cinq essais non pris en compte dans la méta-analyse confirment la
supériorité du kava sur le placebo. C'est également la conclusion des auteurs d'une
autre méta-analyse, publiée en 2005 (mais la significativité statistique de la diminution
du score HAM-A n'est pas atteinte pour les six essais qu'ils ont analysés). Des essais
récents (2006), de très petite taille, ont conclu à l'absence d'effets du kava.
Les essais ayant comparé des extraits de kava à l'oxazepam, au bromazepam, à la
buspirone ou à l'opipramol (une dibenzoazépine) ont noté l'absence de différences
d'effet, mais certains aspects de leur méthodologie laissent à désirer, en particulier les
doses de médicament d'activité établie utilisées.
82, dont 38 en Allemagne) le nombre de cas pouvant probablement être liés au kava
[online, http://www.uni-muenster.de/Chemie.pb/forschen/Kava.html. 151 pages]. Même si ce
chiffre peut ne pas faire l'unanimité, il est certain que dans de très nombreux cas
l'hépatopathie a été attribuée au seul kava sans analyse approfondie du contexte (alcool,
thérapeutiques associées, etc.). D'autres auteurs font aussi remarquer que le kava
engendre moins d'effets indésirables que les benzodiazépines ...
Le mécanisme de la toxicité hépatique demeure inexpliqué. Réaction immunolo-
gique idiosyncratique? Conséquence de l'interaction des lactones avec le cytochrome
P450 ? Et/ou avec le glutathion hépatique? Toxicité de la piperméthysticine (un
,~
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Flavonoïdes
1. INTRODUCTION
Les flavonoïdes lato sensu sont des pigments quasiment universels des végétaux.
Presque toujours hydrosolubles, ils sont, entre autres et pour certains, responsables de la
coloration des fleurs dont le pouvoir attracteur conditionne la pollinisation entomophile.
Tel est le cas des flavonoïdes jaunes (chalcones, aurones, flavonols jaunes) ou celui des
anthocyanosides rouges ou mauves. Quand ils ne sont pas directement visibles, les
flavonoïdes peuvent contribuer à la coloration des fleurs par leur rôle de co-pigments:
tel est le cas des co-pigmentations flavones-anthocyanosides responsables des
colorations bleues. Dans certains cas, la zone d'absorption de la molécule est située
dans le proche ultraviolet: la « coloration» n'est alors perçue que par les insectes qui
sont, là encore, efficacement attirés et guidés vers le nectar et donc contraints à assurer
le transport du pollen, condition de la survie de l'espèce végétale. Les flavonoïdes sont
également présents dans la cuticule foliaire et dans les cellules épidermiques des
feuilles, assurant ainsi la protection des tissus contre les effets nocifs du rayonnement
ultraviolet B (ils absorbent généralement dans la région 280-315 nm). Ils peuvent aussi
participer à la résistance des végétaux aux maladies (ex. : isoflavanes antifongiques,
phytoalexines), voire jouer un rôle dans la relation plante-animal (insectes phytophages,
mais aussi herbivores) : proanthocyanidols, tanins, et certaines 2-phénylchromones.
Tous les flavonoïdes - plusieurs milliers ont été décrits - ont une origine bio-
synthétique commune et, de ce fait, possèdent le même élément structural de base, à
savoir l'enchaînement 2-phénylchromane 1. Ils peuvent être regroupés en une douzaine
de classes selon le degré d'oxydation du noyau pyranique central, lequel peut être
ouvert et recyclisé en un motiffuranique (dihydrofuranone) :
- 2-phénylbenzopyriliums, alias anthocyanes;
- 2-phénylchromones;
- flavones, flavonols et leurs dimères,
- flavanones et dihydroflavonols (dérivés 2,3-dihydrogénés);
- 2-phénylchromanes;
- flavanes,
- flavan-3-ols, flavan-3,4-diols 2;
- chalcones et dihydrochalcones (le cycle pyranique est ouvert) ;
- 2-benzylidène-coumaranones (= aurones).
Certains auteurs appliquent indifféremment le terme de flavonoïde à tous ces
composés. Si l'on peut effectivement - compte tenu de l'homogénéité structurale -
parler de flavonoïdes lato sensu pour ce vaste ensemble, nous préférons séparer ici,
pour tenir compte de leur comportement et de leurs propriétés particulières, les dérivés
flavaniques, les anthocyanosides et les isoflavonoïdes et conserver l'appellation de
flavonoïdes (stricto sensu) pour les flavones, les flavonols, leurs dérivés 2,3-
dihydrogénés, leurs dimères et les flavonoïdes «jaunes », aurones et chalcones.
~OH
R R
3'
HOWV
;//
OH OH
1 4'
~ HO
OH
OH a OH a
FLAVONES FLAVONOLS FLAVANONES
R = H, apigénol R = H, kaempférol R = H, naringétol
R = OH, lutéolol R =OH, quercétol R =OH, ériodictyol
H H H'" À OH
OH a OH OH OH
DIHYDROFLAVONOLS FLA VAN-3-0LS FLAVAN-3,4-DIOLS
R = H, dihydrokaempférol R =H, afzéléchol R =H, leucopélargonidol
R =OH, dihydroquercétol R =OH, catéchol R =OH, leucocyanidol
R OH R
3
;//
OH x- OH
1 4
HO ~ HO HO
4'
2'
OH
OH a a OH
2. DISTRIBUTION, LOCALISATION
Distribution. La présence de flavonoïdes chez les Algues n'a pas, à ce jour, été
démontrée. S'ils sont fréquents chez les Bryophyta (Mousses et Hépatiques), ce sont
toujours des flavonoïdes stricto sensu, majoritairement des 0- et C-hétérosides de
l1avones et des dérivés O-uroniques. Chez les Pteridophyta, la variété structurale des
Ilavonoïdes n'est guère plus grande, les Psylotopsida et Lycopsida étant caractérisées par
la présence de biflavonoïdes, les Equitopsida par celle de proanthocyanidols. Les 0-
hétérosides de flavonols dominent chez les Filicopsida qui, pour certaines, élaborent
également chaIcones ou proanthocyanidols. Chez les Gymnospermae, les proantho-
cyanidols sont remarquablement constants et l'on note la présence, chez les Cycadopsida
ct les Pinopsida (à l'exception des Pinaceae), de biflavonoïdes absents chez les
Gnetopsida; la distribution de ces composés et des hétérosides de flavones et flavonols
qui les accompagnent varie ici nettement en fonction de l'organe (bois, écorce, feuilles).
368 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
C'est chez les Angiospermae que la diversité structurale des flavonoïdes est maximale:
ainsi, une trentaine de types flavonoïdiques ont pu être identifiés chez les Asteraceae. .~
De nombreux auteurs se sont attachés à relier la distribution de ces molécules aux ,~
différents systèmes taxonomiques proposés par les systématiciens contemporains 3: '1
dans les grandes lignes, elle n'est pas en désaccord avec les tendances évolutives mises ~
en lumière par ces systèmes. Elle permet même, en particulier pour les Dicotyledonae, il
de dresser un phylogramme assez cohérent entre les groupes qui ont conservé une forte .~
proportion de caractères ancestraux et ceux qui ont le plus évolué. ~
Dans toutes les classes de flavonoïdes mentionnées ci-dessus, la biosynthèse justifie "
la présence fréquente d'au moins trois hydroxyles phénoliques en C-5, C-7 et C-4' de la
génine; cela étant, l'un d'entre eux peut être absent.
A. Flavones, flavonols
Ces molécules sont les plus nombreuses du groupe: en 2004 on dénombrait plus de
1100 génines de structure connue (530 flavones et 600 flavonols), et environ 1400
hétérosides de flavonols et 700 hétérosides de flavones. Chez ces molécules le cycle A'
est, dans près de 90 % des cas, substitué par deux hydroxyles phénoliques en C-5 et en
C-7. Ces hydroxyles peuvent être libres ou éthérifiés, l'un d'entre eux peut être engagé
dans une liaison hétérosidique. Un troisième hydroxyle, libre chez les chalcones, est
biogénétiquement à l'origine de l'atome d'oxygène du cycle pyranique des autres
flavonoïdes et de celui du cycle furanique des aurones.
eucalyptine T
OH 0
Çy0H
X
CH 3 0 -;/ ;x;/~)I
0 ~ ~
cajaflavanone
1 1
CH 30 ~
OH 0
GlTsimaritine HOyO ~
yjùlOH
~
6
OH
PI 0\
6 1 1
4'" 0 OR
-;/
OH 0 1 3'
HO ~O ~ HO 0 ~
l,
~
li î
1 "" 0
1 Il HO OH
OH 0 OH 0
R =H, amentoflavone
hinokiflavone
R = CH3, bilobétol
370 COMPOSÉS PHÉNOLlQUES
B. Flavanones et dihydroflavonols
Ces molécules sont caractérisées par l'absence de double liaison en 2,3 et par laÎ l
présence de centres d'asymétrie. Chez les flavanones naturelles, le carbone C-2 est 1
normalement de configuration 2S, mais l'on peut trouver la paire de stéréoisomères'ii
dans la même plante (ex. : peruvianosides du Thevetia peruviana). Si, pour les '~
dihydroflavonols, quatre isomères sont théoriquement possibles, la presque totalité des ;;
composés de la série connus à ce jour sont de configuration 2R, 3R, le phényle et 1 ~
l'hydroxyle étant en trans. Les variations structurales sont de même nature que celles '1
qui sont décrites ci-dessus pour les flavones et flavonols. On a décrit de nombreuses .~
flavanones C-prénylées (et leurs dérivés cyclisés, Fabaceae, Moraceae, Rutaceae), C-
méthylées (Asteraceae, Rhododendron, Miconia) , ou encore C-benzylées (Uvaria).
Enfin, on connaît des dimères (voir ci-dessous) et divers adduits (voir, entre autres, les
flavanolignanes du chardon-Marie, p. 336).
'~
C. Biflavonoïdes
.~
Les flavonoïdes peuvent se lier les uns aux autres, en particulier par leurs carbones, ,~
tbr~fls réactifds, C-6 ou Cl-8. Il dse fOd~~ alords ufln dimère: dunflbiflavonoïde; ~a majorité des :.~ l ',I,'.·
.•
D. Chalcones, aurones
E. Hétérosides flavonoïdiques
La partie osidique est, le plus souvent mono- ou disaccharidique. Elle est moins
fréquemment trisaccharidique et, très rarement, tétrasaccharidique. Les monosides sont
formés avec le D-glucose, mais aussi avec le D-galactose ou le D-allose, avec des
pentoses (D-apiose, L-arabinose, L-rhamnose, D-xylose) ou avec les acides D-
glucuronique et D-galacturonique. Tous ces sucres pouvant se combiner dans les
oligosides, la variabilité structurale augmente avec les hétérosides disaccharidiques, et
plus encore avec ceux dont la partie osidique est un tri- ou un tétrasaccharide qui peut
être linéaire ou ramifié (plusieurs dizaines d'enchaînements de ce type sont actuel-
lement connus). Souvent, l'ose (ou l'oside) est acylé (voir, page suivante, quelques
exemples de structures).
La liaison entre la génine et l'ose peut se faire par l'un quelconque des hydroxyles
phénoliques de la génine mais, en règle générale, ce sont surtout l'hydroxyle en C-7 des
flavones et l'hydroxyle en C-3 des flavonols qui sont impliqués. Pour les flavanones, la
liaison implique généralement l'hydroxyle en C-7 et un ose ou un bioside,
éventuellement acylé.
6. Nous reprenons volontairement ici la terminologie anglo-saxonne en vigueur dans tous les
ouvrages et publications sur le sujet. Ne pas confondre un dérivé glucosylé (dérivé du glucose) et un
dérivé glycosylé (dérivé d'un sucre quelconque).
372 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
LOH ~OH
H°Y'Y°i(J~/~ HO"~)/O,,N
Il
~o-ose ~
/ 1
YO-GIC-(S"-p-coumarOYI)
OH 0 OH 0
ose =rhamnose, quercitroside
ose =galactose, hypéroside tiliroside
ose =glucose, isoquercitroside
OH
;/
OH ;/
OH
Glc Ara
HO, ~ 0 ~
OH
x;xO/
Glc
Il
OH 0
GI~O~ 1 0 1 // 1
OH 0
OH 0
saponarine (7-0-glucosyl-isovitexine)
mais ce peut être le galactose ou un pentose) et le carbone C-6 ou C-8 de la génine qui,
si elle est souvent f1avonique, peut aussi bien être d'un autre type: f1avonol, chalcone,
etc. On distingue plusieurs types de structures:
- 1° les mono-C-glycosylflavonoïdes (ex. : scoparoside du genêt à balais);
- 2° les di-C-glycosyl-f1avonoïdes (ex. : isoschaftoside du thé);
- 3° les C-glycosyl-O-glycosylflavonoïdes (ex. : saponaroside de la passiflore);
- 4° les acyl-C-glycosyl-flavonoïdes (ex. : 4"'-O-acétyl-2"-rhamosylvitexine de
l'aubépine).
On note que l 'hétérocycle des dérivés du type 5-hydroxy-C-glycosylflavones
s'ouvre facilement en milieu acide, ce qui explique que ces dérivés s'isomérisent
aisément (6<->8, 8<->6). Cette isomérisation, dite isomérisation de WESSELY-
MOSER, conserve un intérêt pour l'étude structurale de ces composés.
4. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
L'origine des flavonoïdes est inscrite en filigrane dans leur structure. Elle apparaît
bien dans celle des chalcones : condensation d'un « triacétate» (cycle A) et d'un acide
cinnamique (cycle B), la cyclisation engendrant le cycle pyranique central. Cette
hypothèse a été confirmée par l'utilisation de précurseurs radiomarqués et par des
l"
études au niveau enzymatique, aussi bien sur des cultures de tissus que sur la plante
entière (pétales en particulier).
L'étape clé de la formation des flavonoïdes est la condensation, catalysée par la
chalcone-synthase, de trois molécules de malonyl-CoA avec un ester du coenzyme A et
FLA VONOÏDES 373
OH
P
Origine biosynthétique
des flavonoïdes ~I
+ COASy
o 4-coumaroyl GoA
génistéine (isoflavone)
H°Y(°i")~)
1 ~OH
HO;/' OH
Y(vn l
j p- ~ 1
oH
4,6,4'-trihy-
j yY
~ - droxy-aurone
OH 0 OH 0
apigénine j naringétol =naringénine 4,2',4',6'-tétrahydroxychalcone
=apigénol
(flavone) ~OH OH
o,)~)J
HOWI HO
~ OH OH
OH 0 (2R,3R)-dihydrokaempférol kaempférol
j riT°H ~OH
O,)~)
HOWI H°Y(°i"",0
~ OH
~OH
OH OH OH
leucopélargonidol afzéléchol
OH
HO
propélargonidol-B3 (dimère)
OH
OH
pélargonidol _ pélargonidol-3-glucoside
374 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
A. Solubilités et extraction
Si, en règle générale, les hétérosides sont hydrosolubles et solubles dans les alcools,
bon nombre d'entre eux ont une hydrosolubilité plutôt faible (rutoside, hespéridoside).
Les génines sont, pour la plupart, solubles dans les solvants organiques apolaires ;
lorsqu'elles ont au moins un groupe phénolique libre, elles se dissolvent dans les
solutions d'hydroxydes alcalins. L'extraction est réalisée après broyage, lequel peut être
précédé d'une congélation (azote liquide), ou d'un séchage conventionnel. Cette
extraction par solvants peut être suivie d'une extraction liquide-liquide, voire d'une
extraction sur phase solide (SPE, Solid-Phase Extraction).
L'extraction cIasssique est réalisée à l'aide de méthanol ou de mélanges méthanol-
eau (70-90 : 30-10), voire d'un mélange acétonitrile-eau. Il est possible de procéder
ensuite à une évaporation sous vide et, lorsque le milieu ne contient plus que de l'eau,
de mettre en œuvre une extraction liquide-liquide par un solvant non miscible à l'eau
(diéthyléther, acétate d'éthyle), notamment pour extraire les génines. L'utilisation
successive de solvants de polarité croissante peut, le cas échéant, permettre une
purification et un premier fractionnement.
L'extraction sur phase solide (SPE), introduite assez récemment dans le domaine
des polyphénols, met en jeu des silices greffées et, par exemple, une phase aqueuse
légèrement acidifiée contenant les f1avonoïdes extraits. L'éluat (ex. : du méthanol) peut
être directement analysé en chromatographie liquide, éventuellement couplée (SM). Il
est possible de réaliser simultanément l'extraction de l'échantillon et sa purification par
dispersion de celui-ci dans le support greffé (MSPD, Matrix SaUd-Phase Dispersion).
Remarques
1. Si le but de l'extraction est d'obtenir uniquement les génines, on peut réaliser une
hydrolyse chimique ou enzymatique préliminaire. A contrario, l'extraction des
hétérosides nécessite des précautions: basse température, inactivation des enzymes.
2. Les f1avonoïdes lipophiles des tissus superficiels des feuilles (ou des frondes)
sont directement extraits par des solvants moyennement polaires (dichlorométhane); il
faut ensuite les séparer des cires et des graisses extraites simultanément (on peut certes
laver d'abord à l'hexane, mais la sélectivité de ce solvant n'est pas absolue).
La séparation et la purification des différents flavonoïdes sont fondées sur les
techniques chromatographiques habituelles (sur polyamide, sur cellulose, etc.). Comme
pour la plupart des autres métabolites secondaires des végétaux, la chromatographie
1iquide est maintenant la méthode de choix pour l'isolement et le dosage des
hétérosides f1avonoïdiques : phases inverses C 8 ou C 18 avec des solvants du type eau -
acétonitrile, eau - méthanol (+ acide formique, acétique ou trifluoroacétique).
B. Caractérisation
c. Dosage
6. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES
la dépression nécessaire pour provoquer leur rupture. La dépression est obtenue par
l'intermédiaire d'une ventouse appliquée sur la peau et la rupture se manifeste par la
formation de pétéchies. Pour évaluer l'effet sur la perméabilité capillaire, il est possible
de mesurer, chez l'animal, le temps d'apparition au niveau de la peau irritée de
l'abdomen d'un colorant injecté par voie générale. Beaucoup d'autres méthodes
peuvent être employées: inhibition de la fuite capillaire de protéines radiomarquées,
induction de stase veineuse, études sur veines isolées, etc. L'augmentation du tonus
veineux chez l'Homme peut être mise en évidence au moyen de diverses techniques:
pléthysmographie gazeuse, clairance du mXe, etc. On peut aussi apprécier
l'augmentation de la résistance capillaire (albumine radiomarquée).
~
La majorité des auteurs admet aujourd'hui, en l'absence de preuve absolue, l'hypothèse
selon laquelle les radicaux ont une part de responsabilité dans la genèse des lésions
athéromateuses, dans l'apparition de certains cancers ou dans les dégénérescences
nerveuses, voire dans l'arthrite rhumatismale ou la cataracte. C'est sur cette base que se
sont développés de très nombreux travaux, notamment épidémiologiques, sur le rôle
préventif que pourraient jouer des molécules antioxydantes (capables de piéger les
radicaux) comme les flavonoïdes, certains lignanes ou d'autres métabolites réguliè-
rement apportés par la ration alimentaire.
L'effet antagoniste d'une substance à l'égard de la production de radicaux peut être
apprécié expérimentalement. On peut en effet produire des radicaux in vitro par
radiolyse (radical hydroxyle) ou par voie chimique (radical diphénylpicrylhydrazyle) et
les détecter, par résonance paramagnétique électronique dans le premier cas ou
colorimétriquement dans le second. Disposant de radicaux libres, on est à même de
mesurer, in vitro, la capacité antiradicalaire d'une substance à tester sur des modèles de
peroxydation lipidique, ou d'évaluer son activité in vivo par comparaison à celle d'un
antioxydant de référence. De nombreux flavonoïdes Lato sensu et, avec eux, beaucoup
d'autres phénols (en particulier les tocophérols [= vitamine E]), réagissent avec les
radicaux, empêchant ainsi les dégradations liées à leur intense réactivité. Il semble que
la capacité antioxydante d'un flavonoïde dépende de son affinité pour les radicaux et
donc de sa structure (in vitro, les flavanols sont plus actifs que les flavonols, eux-
mêmes plus actifs que les flavanones, etc. 7).
Autres propriétés
Souvent présentés comme anti-inflammatoires - ce qui est compatible avec ce qui
est connu de leurs interactions (in vitro) avec les polynucléaires et les thrombocytes ou
encore avec le métabolisme de l'acide arachidonique -, les flavonoïdes peuvent être
anti-allergiques, hépatoprotecteurs (isobutrine, hispiduline, flavanolignanes),
antispasmodiques sur l'iléon de Cobaye stimulé par divers agonistes (flavonoïdes du
thym et autres Lamiaceae), hypocholestérolémiants (flavanones), diurétiques,
antibactériens, antiviraux in vitro (3-hydroxy et 3-méthoxyflavones non hétéro-
sidiques), etc.
Un petit nombre de flavonoïdes sont anticancérogènes et inhibiteurs de la
croissance des cellules tumorales in vitro: ils peuvent interagir avec les enzymes du
métabolisme des xénobiotiques, avoir des effets anti-initiateurs et/ou antipromoteurs ou
encore être cytostatiques, voire cytotoxiques. La plupart des flavonoïdes sont, in vitro,
antimutagènes; a contrario, quelques flavonols sont, sur les mêmes modèles,
mutagènes s. Les variations d'activité en fonction des caractéristiques structurales
n'autorisent aucune généralisation.
Quel que soit l'intérêt de tous ces travaux, il ne faut pas perdre de vue qu'une activité
démontrée in vitro ne permet en aucun cas de préjuger de son intérêt préventif ou
thérapeutique et l'on doit se garder d'extrapoler hâtivement: les concentrations (in
vitro), les doses et les voies (de l'expérimentation animale) autorisent d'autant moins
cette extrapolation que la biodisponibilité chez l'Homme de ces flavonoïdes est en
général faible ou très faible (quand elle est connue, ce qui n'est pas toujours le cas). Les
activités décrites in vitro ne sont que très rarement corrélées à des effets in vivo, encore
moins à une efficacité et à un bénéfice clinique chez l'humain.
8. L'interprétation des données est souvent délicate. Ainsi, pour le quercétol dont de très
l10mbreux travaux établissent l'activité soit cancérogène, soit co-cancérogène, soit anti-cancérogène,
voire inhibitrice de la croissance de carcinomes ... Sa mutagénicité et sa génotoxicité in vitro semblent
quant à elles moins contestées (mais il inhibe la mutagénicité du benzopyrène). Voir, sur ce sujet:
Suschetet, M. (1997). Microconstituants végétaux présumés protecteurs, in « Alimentation et cancer »,
(Riboli, E., Dec1oître, F. et Collet-Ribbing, c., éds.), chap. 24, p. 458-506, Tec & Doc - Lavoisier, Paris.
382 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Malgré le très grand nombre de travaux publiés sur les potentialités pharmaco-
logiques de ces molécules, il ne semble pas se dégager de règles claires en termes de
relations structure/activité.
10. Tous les flavonoïdes ne sont pas utilisés en thérapeutique. Ainsi, la néohespéridine
dihydrochalcone (= E 959) est un édulcorant intense synthétisé à partir du néohespéridoside (une
molécule naturelle, amère). Utilisable dans la plupatt des produits alimentaires (ex. : 30 mg/kg pour des
boissons non alcoolisées, 20 mg/kg pour un cidre, 50 mg/kg pour des jus de fruits, etc. C'est, aux
faibles doses « 5 mg/kg), un renforçateur de goût. Dose journalière acceptable pour l'Homme: 0-5
mg/kg [Directive européenne de 1994]).
384 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
est du type: «traditionnellement utilisé dans» (codes 15 à 18 de l'annexe 1). Ces remar-
ques, comme d'ailleurs les indications énumérées ci-dessous, sont valables pour les
anthocyanosides, les proanthocyanidols, leurs dérivés et les plantes qui en contiennent.
C'est essentiellement dans le domaine capillaro-veineux que l'on utilise les
flavonoïdes : seuls ou associés, ce sont les constituants habituels des vasculoprotecteurs
et veinotoniques et des topiques utilisés en phlébologie. La plupart des spécialités
actuellement disponibles ont les indications ou propositions d'emploi suivantes:
• traitement des symptômes en rapport avec l'insuffisance veinolymphatique
Gambes lourdes, douleurs, impatiences du primo-décubitus). Ou amélioration des [..].
ou utilisé dans les manifestations fonctionnelles de [ ...];
• traitement des signes fonctionnels liés à la crise hémorroïdaire. Ou utilisé dans
dans les manifestations fonctionnelles liées à [ ...];
Quelques spécialités revendiquent d'autres indications ou propositions d'emploi:
• utilisé dans le traitement symptomatique des troubles fonctionnels de la fragilité
capillaire;
• traitement des métrorragies lors de la contraception par microprogestatifs et des
métrorragies dues au port du stérilet, après leur exploration clinique et paraclinique ;
• traitement symptomatique des ménométrorragies lors d'une contraception par
dispositif intra-utérin;
• utilisé dans les métrorragies induites par le port d'un dispositif intra-utérin après
bilan étiologique;
• utilisé dans (ou traitement d'appoint des) les baisses d'acuité et les troubles du
champ visuel présumés d'origine vasculaire;
• traitement du lymphœdème du membre supérieur après traitement radio-
chirurgical du cancer du sein.
~OCH3 OCH 3
HO/
y )-l0 1 HO
OH a hespérétol diosmétol
7·rutino syl : hespéridoside 7-rutinosyl : diosmine
• RUTOSIDE : 3-0-rutinosylquercétol
• sophora, Sophora japonica L., Fabaceae. Ce grand arbre (l'arbre des pagodes)
l~st
originaire du centre et du nord de la Chine et est cultivé dans nos régions à des fins
ornementales. Ses boutons floraux contiennent, juste avant leur épanouissement, de 15
386 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
à 20 % de rutoside. Traditionnellement utilisés en Orient pour teindre la soie, ils ont été
remplacés par des colorants synthétiques .
.,,'1
,.' Il. Un essai clinique versus placebo, randomisé et en double aveugle a montré qu'une infusion de
sarrasin s'oppose modestement à la formation des œdèmes chez un petit groupe de patients souffrant
d'insuffisance veineuse chronique; il n'a pas été noté d'effet sur les autres symptômes. Cf. Ihme, N.,
Kiesewetter, H., Jung, F. et al. (1996). Leg oedema protection from a buckwheat herb tea in patients with
chronic venous insufficiency : a single-centre, randomised, double-blind, placebo-controlled clinical trial,
Eur. J. Clin. Pharmacol., 50,443-447.
FLA VONOÏDES 387
La plante. Le ginkgo, également nommé arbre aux quarante écus, est un arbre
dioïque à feuilles caduques d'origine orientale, seul survivant d'un ordre qui fut
largement représenté jusqu'à la fin de l'ère tertiaire. Il est caractérisé par des organes
reproducteurs particuliers et par un « fruit» d'odeur désagréable (en fait un ovule
récondé à arille pulpeuse). L'arbre, introduit en Europe au début du XVIII' siècle, fait
l'objet de cultures (Corée, Chine, sud-ouest de la France, États-Unis d'Amérique
iCaroline du Sud]) destinées à alimenter le marché pharmaceutique en feuilles. Celles-
ci, habituellement bilobées, peuvent aussi bien être presque entières ou très divisées. Le
pétiole comporte deux faisceaux de tissu conducteur qui se divisent dans le limbe selon
lin mode dichotomique, ce qui donne à ce dernier un aspect strié très caractéristique.
9
o
R~y}r°H
--0
HO
OH 0 \ o~o
HO~ HO O~/
O~./OH
HO OH
RI =H ou OH; R2 =H ou Glc: RI =R2 =H, ginkgolide A
ex. de flavonoïdes complexes RI = OH, R2 =H, ginkgolide B
de la feuille de Ginkgo biloba L. RI =R2 =OH, glflkgolide C
12. Au Japon, où l'on consomme traditionnellement les amandes cuites, plusieurs cas
d'empoisonnement ont été décrits, surtout chez les enfants. La symptomatologie de cette intoxication est
principalement caractérisée par une perte de conscience et des convulsions. Cela s'explique par
l'antagonisme qu'exerce la 4'-O-méthylpyridoxine à l'encontre de la vitamine B6' indispensable à la
formation de l'acide y-aminobutyrique (GABA) par décarboxylation de l'acide glutamique: la
diminution de la concentration en GABA est à l'origine des convulsions. Les feuilles contiennent
également la toxine, mais la quantité présente dans les médicaments ne représente aucun danger (11
mg/kg sont nécessaires pour induire des convulsions chez le Cobaye, 50 mg/kg pour provoquer sa mort).
La cuisson des graines détruit presque totalement la toxine. Cf. par exemple, Kajiyama, Y., Fujii, K.,
Takeuchi, H. et Manabe, Y. (2002). Ginkgo seed poisoning, Pediatries, 109, 325-327.
FLA VONOÏDES 389
fonne modérée de démence probable. Les critères d'évaluation, différents d'un essai à
l'autre, ont été d'une part un score destiné à quantifier les fonctions cognitives à partir
d'échelles validées (par exemple l'Alzheimer's Disease Assessment Scale [ADAS-Cog])
et d'autre part le score sur l'échelle d'impression clinique globale pour le médecin ou
celle du comportement du patient. Les résultats de ces essais sont discordants. Les uns
montrent l'absence d'effet statistiquement significatif, les autres constatent une
efficacité modeste sur les perfonnances cognitives (à 3 mois, mais pas à 6 mois) et/ou
une efficacité faible ou nulle sur l'amélioration clinique globale. Les données de
l'évaluation de l'effet sur le comportement des malades sont difficilement interpré-
tables. Un essai à trois bras de faible puissance statistique (76 patients) n'a pas trouvé
de différence d'efficacité entre l'extrait de ginkgo (160 mg par jour) et le donépézil
(5 mg par jour), mais la taille de l'essai et les doses utilisées n'excluent pas une
différence entre les groupes. Les données bibliographiques accumulées jusqu'en 2007
sont peu convaincantes. L'efficacité de l'extrait de ginkgo (240 mg/j), s'il en a vraiment
une, est au mieux très modeste et transitoire et sans doute inférieure à celle - faible -
des anticholinestérasiques. Contrairement à ces derniers, l'extrait de ginkgo n'entraîne ,
pas d'effet indésirable notoire J3.
À la fin de l'année 2008, un essai de grande ampleur (3069 sujets volontaires âgés
de plus de 75 ans) et de longue durée (suivi moyen de 6,1 ans) a constaté que la prise
quotidienne d'extrait de ginkgo (240 mg) n'était pas plus efficace qu'un placebo pour
prévenir ou différer l'apparition d'une démence de type ALZHEIMER ou autre (prévalence:
17,9 % versus 16,1 %). De plus, l'extrait de ginkgo n'a pas ralenti la progression de la
sénilité chez les sujets déjà atteints de déficit cognitif léger lors de l'inclusion dans
l'essai (482 des 3069 sujets). L'essai GuidAge, en cours à l'INSERM (2800 sujets
suivis pendant 5 ans), devrait confinner ou infinner ce constat.
- autres affections. L'extrait de ginkgo augmente de façon statistiquement
significative, plus qu'un placebo, le périmètre de marche sans douleur des patients
souffrant de claudication intermittente. La taille de l'effet est toutefois modeste et la
qualité méthodologique des essais analysés inégale: la valeur clinique de cet effet, évi-
dente pour certains auteurs est, pour d'autres, incertaine. Dans le cas des acouphènes,
les auteurs des essais cliniques comparatifs de bonne qualité et d'une synthèse
méthodique ont conclu à l'absence de différence d'effet entre un extrait de ginkgo et un
placebo.
- chez les sujets jeunes et en bonne santé, une synthèse méthodique récente des
données publiées 2007) a clairement montré qu'il n'existe aucun élément convaincant
d'un impact quelconque des extraits de ginkgo sur les différents aspects de la
perfonnance cognitive chez des individus de moins de 60 ans (sur la base de 15 essais
cliniques randomisés en double aveugle versus placebo).
13. Ce qui a conduit certains à énoncer (en 2007) que: « Parallèlement au soutien et autre,l'
mesures non médicamenteuses [ ...J, l'emploi temporaire d'un médicament est parfois acceptable.
Compte tenu de la balance bénéfices-risques peu avantageuse des anticholinestérasiques, un extrait
standardisé de G. biloba est une alternative à moindre risque» (Prescrire Rédaction [2007]. Ginkgo:
bi/oba et maladie d'Alzheimer - Entre placebo et efficacité très modeste, Rev. Prescrire, 27, 592-594). Voir
aussi: Hémorragies liées au Ginkgo biloba? ibid., 618.
FLA VONOÏDES 391
Deux essais comparatifs portant sur plus de 600 personnes, ont montré l'inefficacité
d'un extrait de ginkgo pour prévenir les malaises liés à la haute altitude. Lorsqu'ils sont
conduits versus placebo, les essais cliniques montrent aussi l'absence d'incidence d'un
extrait de ginkgo sur le dysfonctionnement sexuel induit par certains antidépresseurs.
,f
h
Chamaemelum nobile (L.) AlI.
l'LA VONOÏDES 393
La plante. La passiflore officinale est fréquente dans les buissons du sud des États-
Unis d'Amérique et du Mexique. C'est une plante grimpante à feuilles alternes,
longuement pétiolées, à limbe finement denté. Des vrilles permettant la fixation de la
plante partent de l'aisselle des feuilles. Les fleurs, solitaires et de grande taille (5-9 cm
dc diamètre), sont caractérisées par 5 sépales épais, blancs sur la face inférieure, par 5
pétales blancs et par une double couronne d'appendices pétaloïdes rouge pourpre sur
Icur partie extérieure, par des étamines à anthères orangées et par un ovaire I-Ioculaire à
trois branches stigmatiques. Le fruit, ovoïde, ressemble à une petite pomme à chair
jaune, aplatie, verdâtre à brunâtre.
R4 R, Rz R3 R4
R3 N OH vitexine
isovitexine
H
glc
H
H
glc
H
H
H
R'°ix°r V
Rl Yi(
orientine
iso-orientine
saponarine
H
glc
glc
H
H
glc
glc
H
H
OH
OH
H
schaftoside glc H ara H
OH 0 isoshaftoside ara H glc H
vicénine-2 glc H glc H
('rr(
':::::V/'~N
fly
/O~
'OH
H 1
0
harmane maltai
anxiolytiques, et qu'elle est, comme d'autres flavones, un ligand pour les récepteurs
aux benzodiazépines (mais cette flavone n'a pas été identifiée dans l'espèce officinale).
Des travaux de fractionnement bioguidés ont attribué l'action anxiolytique et nombre
d'autres effets (antiasthmatique, spasmolytique, etc.) observés chez l'animal à une
benzoflavone, mais la structure exacte de cette molécule n'a pas été publiée. De très
récents travaux montrent, in vivo (Souris), que l'activité (à forte dose) d'un extrait
renfermant majoritairement des C-flavonoïdes implique le système GABAergique
(l'action est antagonisée par le flumazenil, antagoniste de la fixation des benzo-
diazépines au récepteur GABA-A).
Évaluation clinique. Si l'on exclut les essais cliniques concernant des mélanges de
plantes et/ou de méthodologie sommaire et/ou n'utilisant pas de critères de jugement
cliniques, les données cliniques sur cette plante sont limitées. Aucun essai de la
passiflore versus placebo n'a été publié à ce jour (0612008). Un essai randomisé a testé,
en double aveuble et versus oxazepam (30 mg), une teinture de passiflore (XVL
gouttes) chez 36 patients. Au terme de l'essai (28 jours), il n'y a pas eu de différence
entre les deux groupes en termes de diminution du score HAM-A (échelle de Hamilton
pour l'anxiété). Le résultat de cet essai, non conçu pour tester une équivalence et assez
sommairement rapporté, peut être simplement dû à la faiblesse de l'effectif. Des
résultats de même nature avaient été publiés en 1993 par une équipe japonaise
(passiflore versus mexazolam (étude non vue, citée par Miyasaka et al., 2007).
La fleur de camomille romaine est constituée par les capitules floraux séchés de
la variété double cultivée de C. nobile L. Ali. (Anthemis nobilis L.). Elle contient au
minimum 7 ml/kg d'huile essentielle (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0380]).
La plante. La camomille romaine est une plante vivace à tiges ramifiées, à feuilles
pennatiséquées de teinte vert blanchâtre, velues. Les capitules, blancs à gris-jaune,
solitaires, ne comportent pratiquement que des fleurons ligulés, insérés sur un
réceptacle conique et plein. Ils dégagent une odeur pénétrante, caractéristique. La
plante, fréquente sur les terrains sablonneux de l'ouest et du sud de l'Europe est
cultivée pour les besoins du marché (variété dite à fleurs doubles).
JyO~
OH
~O~
o
5·4 '-dihydroxy-6, 7,3'-triméthoxyflavone thymol esters de l'h.e. de
camomille romaine
t"OH 0
i«)',)'
0;""
o achillicine millefine
Huile essentielle de camomille romaine. L'huile essentielle ne fait pas l'objet d'une
monographie à la Pharmacopée, mais d'une norme AFNOR qui propose un profil
chromatographique : angélate d'isobutyle + méthacrylate d'isoamyle (30-45 %), angé-
late d'isoamyle (12-22 %), angélate de méthyl allyle (6-10 %), angélate de 2-méthyl
butyle (3-7 %), n-butyrate d'isobutyle (2-9 %), a-pinène (1,5-5 %), méthacrylate d'iso-
butyle (1-3 %), isobutyrate d'isoamyle (3-5 %), méthacrylate de 2-méthyl butyle (0,5-
1,5 %), pinocarvone (1,3-4 %), trans-pinocarvéol (2-5 %) [NF T 75-253, 7-1992] .
14. Pour A. millefo/ium L. s. s. la Flora Europea retient, pour nos régions, deux sous-espèces:
hexaploïdes : (a) - subsp. millefolium et (b) - subsp. sudetica (Opiz) Weiss [= subsp. alpestris (Wimm ..
& Grab.) Gremli] ; elle mentionne aussi une forme robuste (= A. montico/a Martin-Donos) qui, pour'
d'autres auteurs, constitue une troisième sous-espèce: (c) - subsp. ceretanul1l Sennen.
FLA VONOÏDES 401
Toxicité. Les données sur la toxicité de la millefeuille sont rares. Chez le Rat,
l' cxtrait aqueux n'a pas induit de manifestations toxiques (1 ,2 g/kg/j x 28 ou 90 jours).
l,cs effets des extraits sur la peau ont été peu étudiés, mais les formulations cosmétiques
nc semblent ni irritantes, ni phototoxiques. Le risque potentiel d'une allergie cutanée
existe pour les personnes sensibles aux Asteraceae à lactones.
composante douloureuse des troubles fonctionnels digestifs. En usage local, une seule
Indication est retenue: traditionnellement utilisé comme traitement d'appoint
"doucissant et antiprurigineux des affections dermatologiques, comme trophique
protecteur dans le traitement des crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres
d'insectes. Si le phytomédicament à base d'achillée millefeuille est une poudre de
HOlllmité fleurie, le dossier « abrégé» d'AMM doit compOtier une étude toxicologique
IIllégée. Celle-ci n'est pas nécessaire pour la sommité fleurie pour tisane, l'extrait
"qucux, les teintures et les extraits hydro-alcooliques, quel que soit leur titre.
Dans une monographie consacrée à l'achillée millefeuille, la Commission E du
IU'ArM allemand reconnaît aux pmiies aériennes deux indications possibles: l'une par
voie orale (perte d'appétit, troubles dyspeptiques tels que des crampes légères du tractus
",,,siro-intestinal), l'autre par voie locale en bains de sièges (chez la femme: crampes
Ill'Ivicnnes basses douloureuses d'origine psychosomatique). Posologie: la voie orale,
4,~ g de plante par jour (ou 3 g de fleurs ou de jus pressé de plante fraîche) ; 2 en bains
0
l
402 COMPOSÉS PHÉNOLlQUES
Autres plantes
Un certain nombre de plantes pourraient figurer dans ce chapitre: c'est le cas, à titre
d'exemple, du genêt à balais (fleur) 15, du sureau (fleur) 15, du bouleau (feuille) 15 et de la
prêle (parties aériennes stériles) qui sont présentées comme susceptibles de favoriser
l'élimination rénale de l'eau. Quel est le rôle des flavonoïdes dans les propriétés que leur
reconnaît la tradition et que ne dément pas formellement l'expérimentation animale?
(mais elle ne les confirme pas toujours de façon nette). La bibliographie n'apporte
quasiment aucun élément de réponse. La question du rôle des flavonoïdes pourrait être
posée dans beaucoup d'autres cas: Chrysanthellum 15, kinkéliba 16, boldo 15 •
La tige de prêle est constituée par les parties aériennes stériles séchées, entières ou
coupées, de E. arvense L. Elle renferme au minimum 0,3 % de flavonoïdes totaux ex-
primés en isoquercitroside (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1825]).
La plante. Cette espèce, commune en France, affectionne les sols humides voire
marécageux, argilo-siliceux. Elle est caractérisée par deux types de tiges: des tiges
fertiles apparaissant au début du printemps et, se développant plus tardivement, des
rameaux stériles. Les tiges fertiles, non chlorophylliennes, ont un épi sporangifère
oblong. Les rameaux stériles (0,2-0,8 m) ont des tiges creuses, articulées aux nœuds,
cannelées à 6-12 sillons peu rudes, et des rameaux secondaires à quatre angles. Aux
nœuds sont insérées des feuilles verticillées, de taille réduite; en forme de dents soudées
à extrémité noire, ces feuilles forment une gaine autour de la tige.
15. Genêt à balai, p. 100 l, sureau, p. 436, bouleau, p. 910, boldo, p.1060, Chrysanthellum, p. 861.
16. KINKÉLlBA. Combretum micranthum G. Don, est un arbuste de la famille des Combretaceae qui
croît dans tout l'ouest du continent africain. On utilise lafeuille (Ph. fse, 10' éd.) qui est connue pour
renfermer des acides phénols, des C-hétérosides de flavones (la teneur minimale exigée par la
Pharmacopée pour la feuille est de 1,2 %, exprimée en vitexine), des proanthocyanidols et autres'
composés phénoliques (plus de Il %), des acides aminés quaternarisés (hydroxystachydrine), des
stérols, des triterpènes. On note la présence de sorbitol, de meso-inositol et de cyclitols. Pour certains'
auteurs, ces polyols seraient les responsables de l'activité hépato-biliaire attribuée à la feuille. L'extrait
méthanolique s'oppose à l'inflammation induite par les carraghénanes (patte de rat). Aucune évaluation
clinique de cette plante ne semble avoir été publiée. En France, la Note explicative de l'Agence du
médicament (1998) admet qu'il est possible de revendiquer, pour la feuille de kinkéliba, les indications
thérapeutiques suivantes (voie orale) : traditionnellement utilisé: 1° pour faciliter les fonctions
d'élimination urinaire et digestive; 2° pour favoriser l'élimination rénale d'eau; 3° comme cholérétique:
et cholagogue. Si le phytomédicament à base de kinkéliba est une poudre de feuille, le dossier,
« abrégé» d'AMM doit comporter une étude toxicologique allégée. Celle-ci n'est pas nécessaire pour
la feuille pour tisane, l'extrait aqueux, les teintures et les extraits hydro-alcooliques, quel que soit leur
titre. Le kinkéliba ne fait pas l'objet d'une monographie de la Commission E du BfArM allemand.
FLA VONOÏDES 403
paracytiques dont les cellules annexes, striées radialement, couvrent les cellules de
garde. Du fait de l'épaississement des parois cellulaires, l'épiderme apparaît crénelé
avec des protubérances en « U ».
La CCM des flavonoïdes contenus dans un extrait méthanolique (révélation au
diphénylborate d'aminoéthanol/macrogol/UV) confirme l'identité et permet de vérifier
l'absence de tiges d'autres espèces et hybrides 17. Les flavonoïdes sont dosés, après
extraction, par mesure de l'absorbance (AlCI 3).
17. Parmi celles-ci, E. palustre L. est réputée toxique du fait de la présence de thiaminase (des cas
d'intoxication de chevaux, revêtant tous les aspects d'une carence aiguë en vitamine BI lincoordination
IlIolrice] ont été rapportés). E.palustre, ne comporte qu'un seul type de rameaux à tige à 6-8 sillons
profonds, à rameaux secondaires 4,5-angulés et verticillés par 8, creux. La présence d'alcaloïdes ne
semble pas constituer un caractère distinctif absolu. La chromatographie liquide des flavonoïdes
spécifiques peut être utilisée pour identifier précisément l'espèce et les contaminations éventuelles.
1:examen microscopique des protubérances épidermiques et des dents des fentes stomatiques - après
L'lIlcination - est également utile: dents en « fermeture éclair » d' E. palustre, dents dites de « requin »
d'Ho arvense.
E. telmateia Ehrh. est connue pour avoir induit une faiblesse musculaire accompagnée d'une
IllIération nette de l'ionogramme et de perturbations de l'ÉCG chez une femme de 84 ans qui l'utilisait
L'II infusion depuis six mois (Miro, 6, Pedrol, E., Nogué, S. et Cardellach, F. (1996). Hiponatremia e
hipopotasemia graves inducidas por el con sumo de Equisetum telmateia, Mecl. Clin. [Barc'elone J, 106, 639).
404 COMPOSÉS PHÉNOLlQUES
d'une prêle varie fortement en fonction du cycle végétatif et leur quantité est sous la
dépendance des facteurs de l'environnement (lumière, eau). Les rameaux fertiles
renferment des flavonoïdes à cycle B modifié (glycosides de protogenkwanine et
dérivés voisins) ainsi qu'une substance se comportant comme un flavonoïde, mais qui
est un glucoside de styrylpyrone.
d'eau bouillante x 3 fois par jour). Son usage n'est pas recommandé avant 12 ans, ainsi
que chez la femme enceinte ou allaitante. En cas de fièvre, de dysurie, d'hématurie au
cours du traitement (ou de persistance des symptômes après une semaine) en référer à
un praticien de santé (réf. EMEA/HMPC/ 394894/2007,3 juillet 2008).
La prêle et ses préparations sont très utilisées dans la formulation de produits
cosmétiques (crèmes pour la prévention des rides, des vergetures, de la cellulite;
crèmes « hydratantes», « affermissantes », « tonifiantes» ; shampoings; produits après-
rasage; gels douche, etc.) et de compléments au statut pas toujours bien défini. Pour sa
part, le purin de prêle est utilisé comme fongicide en agriculture et jardinage biologiques
(1 kg/1 0 1 à 2 kg/15 1, seul ou mélangé au purin d'ortie) .
Cette espèce ne constitue pas à proprement parler une plante médicinale. Les jeunes
Icuilles sont utilisées comme une alternative au thé, en particulier en Afrique du Sud
d'où cette plante est originaire et où elle est cultivée dans la province du Cap. Après la
récolte, les feuilles sont soit séchées immédiatement (green rooibos), soit plus
généralement coupées, roulées, fermentées puis séchées (red bush tea).
Les tiges et les feuilles de cet arbrisseau ne renferment pas de caféine, mais des
Iluorures, une fraction volatile (guaiacol, dérivés de l'hepténone et de l'heptadiénone,
alcool phénéthylique, etc.) et, surtout, des acides-phénols et des flavonoïdes en quantité
plus importante dans les feuilles vertes que dans les feuilles rouges (fermentées). Les
Ilavonoïdes sont majoritairement des C-glucosides de dihydrochaIcones (aspalathine,
nothofagine), accompagnés d'autres C-hétérosides (iso-orentine, orientine, etc.) et
d'hétérosides de flavonols. Au cours de la fermentation, 90 % des dihydrochaIcones
sont transformées (en partie cyclisées).
Les infusions d'Aspalathus sont antioxydantes et antimutagènes sur différents
modèles in vitro. L'activité antioxydante de l'Aspalathus est inférieure à celle du thé
vert (Camellia sinensis); elle décroît après fermentation. Parmi les nombreuses vertus
Ilttribuées à cette plante, on note surtout la réputation sédative des infusions, leur effet
favorable sur la digestion et l'endormissement et, par voie externe, une action supposée
favorable en cas d'érythème, d'eczéma ou d'allergie cutanée.
Les propriétés attribuées à cette plante n'ont, à ce jour, fait l'objet d'aucun essai
l'Iinique publié. La plante ne semble pas toxique et aucun effet indésirable n'a, semble-
I-il, été rapporté. Chez le Rat, on a noté l'induction d'isoenzymes du cytochrome P450,
mais, chez l'humain, aucun cas d'interaction médicamenteuse n'a été rapporté.
Ce « thé rouge» 18, exporté en Europe (normal, biologique, équitable), attire cer-
Illins consommateurs pour son absence de caféine et sa pauvreté en tanins. Des extraits
son! commercialisés pour l'industrie cosmétique.
1R. On trouve parfois, dans les boutiques de « santé » et de produits « bio » un autre thé « rouge », le
( 'Y"/opia intermedia E. Mey. Cette Fabaceae (Podalyrieae) est également originaire d'Afrique du Sud
l'I ses infusions ont des propriétés biologiques voisines de celles de l'Aspalathus (comme beaucoup de
plllilles à polyphénols ... ). Le vrai thé (Camellia) généralement« vert» ou «noir» est parfois« rouge »,
l'Il Asie (thé hong-cha).
406 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
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l
Isoflavonoïdes
en
412 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
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1
isoflavone
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1
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2'-hydroxyisoflavanone
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Icoumestane
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isoflavanol isoflavène 3-arylcoumarine
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ptérocarpane
1
~
/
Principaux types
d'isoflavonoïdes et
interconversions
Biosynthèse
Le mécanisme proposé pour la formation des isoflavonoïdes comprend deux étapes. '
La première est l'oxydation d'une flavanone et son réarrangement, la seconde,
l'élimination d'une molécule d'eau, ce qui conduit à l'isoflavone (ex. : isoliquiritigénine .
ISOFLA VONOÏDES 413
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liquiritigénine
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deshydratase
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0 h
OH
daidzéine
Activité biologique
Chez les végétaux, bon nombre de structures isoflavonoïdiques sont des phyto-
IIlexines, c'est-à-dire des substances produites par la plante en réponse à une infection
pllr un agent pathogène, le plus souvent de nature fongique. On peut les considérer
~'(lInme les produits de défense naturels des organismes qui les produisent. Les
Isollavonoïdes peuvent préexister à l'infection: cela a conduit certains à proposer le
Il'I'me de "phytoanticipine" pour les caractériser. Chez les Fabaceae, les isoflavones
Hl'mblent impliquées dans l'établissement des symbioses avec les Rhizobium.
Les propriétés pharmacologiques des isoflavonoïdes sont peu connues et, quand
('IIL's le sont, demeurent des potentialités théoriques. La première propriété qui a fait
l'ohjet d'une application a été celle, insecticide, des roténoïdes. On connaît aussi depuis
longtemps leurs propriétés œstrogéniques : ces molécules sont à l'origine d'infertilités
chl'/', les ovins consommant du trèfle en excès; elles semblent moins actives chez les
vllrhes, ce qui pourrait être lié à une différence de métabolisme.
414 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Les phyto-œstrogènes sont définis par leur capacité à induire in vivo des effets
comparables à ceux des œstrogènes animaux, effets qui sont liés à leur capacité à se
fixer aux récepteurs des œstrogènes.
Les phyto-œstrogènes sont principalement des isoflavones présentes dans le soja et
quelques autres Fabaceae, et des entérolignanes dont les précurseurs sont présents dans
diverses graines, fruits et légumes (cf. p. 331). D'autres isoflavonoïdes, les cou-
mestanes, caractéristiques du trèfle ou de la luzerne, ont également des propriétés
œstrogéniques 19.
La concentration en isoflavonoïdes de la graine de soja peut atteindre 3 g/kg. Ce
sont des hétérosides acylés dérivant de trois génines isoflavoniques, la génistéine
(5,7 ,4'-trihydroxyisoflavone), la daidzéine (7 ,4'-dihydroxyisoflavone) et la glycytéine.
Les principaux hétérosides sont la 6"-O-malonylgénistine et la 6"-O-malonyldaidzine.
Ces mêmes composés, leurs produits de décarboxylation et de désestérification
(daidzine, génistine) et leurs produits d'hydrolyse (les génines) sont présents dans tous
les produits dérivés du soja: poudre, lait, produits fermentés, etc. Leur forme
(glycoside, génine) et leur teneur varient en fonction du processus industriel mis en
œuvre, d'où la nécessité de calculer et d'exprimer cette teneur en génine.
Si l'apport moyen journalier en isoflavones, exprimé en génines, peut atteindre
45 mg chez certaines populations asiatiques (Japon), la consommation d'un Français
adulte serait voisine de 26 Jlg par jour, en moyenne (hormis les personnes - environ
1 % - qui consomment régulièrement des produits dérivés du soja [tonyu, tofu,
desserts] et qui, de ce fait, peuvent en ingérer 15 mg/jour).
Les isoflavones du soja et leur métabolite intestinal actif, l'équol (métabolite de la
daidzéine), se fixent avec une faible affinité sur les récepteurs aux œstrogènes -
19. Des molécules répondant à la définition des phyto-œstrogènes sont également présentes dans la
réglisse (glabridine) ou encore dans le kudzu (Pueraria l110ntana ILour.1 Merr. var. lobata [Willd.]
Maesen & S. M. Almeida ex Sanjappa & Predeep, Fabaceae). Pour la plupart des autres plantes qui
jouissent d'une réputation d'« œstrogénique », il n'existe pas de preuves de la réalité de cet effet
(sauge, fenouil, actée à grappes, etc.).
Pueraria "/obata" est une liane dont des extraits de racine sont proposés, notamment via l'Internet,
comme « traitement» de la dépendance alcoolique, et comme produit de sevrage tabagique. Si
quelques données expérimentales chez l'animal montrent une diminution de la prise d'alcool après
administrations des isoflavones isolées du kudzu, il n'existe aucune preuve solide de l'effet supposé de
cette plante chez l'Homme. Une molécule isoflavonoïdique isolée de Pueraria, la puerarine, est utilisée
en Chine dans le traitement des accidents vasculaires ischémiques, de la maladie coronarienne et de
l'angine de poitrine. Si certains effets semblent possibles (angine de poitrine), les données des essais
cliniques sont insuffisantes pour en évaluer la réelle efficacité. Cf. (a) - Tan, Y., Liu, M. et Wu, B. (2008).
Puerarin for acute ischaemic stroke, Cochrane Database Syst. Rev., (1), CD004955 ; (b) - Wang, Q., Wu, T.
Chen, X. et al. (2006). Puerarin injection for unstable angina pectoris, Cochrane Database Sysi. Rev., (3),
CD004196.
Une autre espèce de Puera ria (P.mirifica Airy Shaw & Suvatabandhu) développe des propriétés
œstrogéniques. On trouve, sur l'Internet, divers «produits» proposés, sans évaluation pour, entre autres,
« l'augmentation mammaire» [sic] : formes pour administration orale, crèmes « raffermissantes », etc.
Cf. : Cherdshewasart, W., Subtang, S. et Dahlan, W. (2007). Major isoflavonoid contents of the phytoestrogen
rich-herb Pueraria mirifica in comparison with Pueraria lobata, J. Pharm. BiomedAnal., 17,428-434.
ISOFLA VONOÏDES 415
essentiellement sur l'isoforme ~. On tend à les considérer comme des modulateurs des
récepteurs aux œstrogènes (SERM, Selective Estrogen Receptor Modulators) qui ont
un effet ambivalent (œstrogénique ou anti-œstrogénique selon, entre autres, le tissu),
l'effet global étant un effet œstrogénique faible. Par ailleurs, la génistéine est un
inhibiteur de la fonction tyrosine-kinase de certains récepteurs aux facteurs de
croissance, un inhibiteur des topoisomérases ou encore de l'angiogenèse. Les
isoflavones sont aussi des antioxydants.
La faible fréquence des bouffées de chaleur chez les femmes asiatiques et les effets
indésirables du traitement hormonal substitutif ont conduit de nombreux auteurs à
réaliser des essais cliniques pour évaluer l'efficacité des isoflavones œstrogéniques du
soja pour réduire la fréquence et la sévérité de ces symptômes vasomoteurs de la
ménopause. Plusieurs synthèses méthodiques des données publiées entre 2004 et 2007
ont recensé et analysé ces essais. Soulignant la qualité méthodologique le plus souvent
faible des essais publiés, ces synthèses ont conclu à l'absence de preuves de l'efficacité
des produits testés (préparations à base de soja, d'extraits enrichis ou de fractions
isoflavoniques [50-80 mg/jour]) lorsqu'ils sont comparés à des placebos. Une seule
synthèse a souligné le caractère discordant des résultats. Quoi qu'il en soit, lorsque l'on
considère les études concluant en faveur des isoflavones, le niveau de preuve est faible,
d l'effet, sur un symptôme qui évolue déjà favorablement sous placebo et de toute
façon avec le temps, apparaît plutôt modeste. Il n'a pas été noté d'effet sur la sécheresse
vaginale. Chez des femmes ayant été opérées d'un cancer du sein, il n'a pas été
démontré d'effet. Néanmoins, le caractère hormono-dépendant de ce cancer conduit
certains à s'interroger sur le risque potentiel que présente dans ce cas la prise
d'isoflavones. La question d'une possible interaction se pose pour les femmes traitées
par des substances telles que le tamoxifène.
l
416 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
renforcée par le fait que l'incidence de ce cancer augmente chez les asiatiques
migrantes aux États-Unis d'Amérique, et encore plus chez leurs filles qui adoptent le
mode de vie et l'alimentation nord-américains.
Chez les femmes, et en dépit d'un nombre déjà non négligeable d'études épidémio-
logiques (études cas-témoins et études de cohorte), il est particulièrement difficile de
formuler des conclusions fermes. La qualité inégale des études (certaines non conçues a
priori pour tester l'hypothèse), l'hétérogénéité des populations incluses, des différences
notables d'appréciation des apports en soja et d'autres biais expliquent sans doute le
caractère souvent contradictoire des résultats.
Une méta-analyse publiée en 2008 a toutefois apporté un éclairage intéressant sur la
question. En stratifiant les études en fonction de l'origine géographique, cette méta-
analyse a confirmé, sur la base de huit études incluant des asiatiques ou des américaines
asiatiques ayant une alimentation riche en soja, que le risque de cancer du sein, chez ces
femmes asiatiques, diminue d'autant plus que la consommation de soja est élevée (OR
= 0,71, IC95 = 0,60 à 0,85; 20 mg ou plus d'isoflavones/jour versus 5 mg/jour ou
moins), l'effet étant corrélé à la dose. Deux des études ont montré que l'effet protecteur
est surtout associé à une consommation de soja au cours de l'adolescence. La même
méta-analyse conclut à l'absence de relation, chez les femmes occidentales, entre
consommation de soja et diminution du risque de cancer du sein (onze études; OR =
1,04, IC95 = 0,97 à 1,11). Chez ces femmes, la consommation de soja est toujours très
faible « 1 mg/jour d'isoflavones). Et leurs habitudes alimentaires très différentes.
Il faut par ailleurs noter qu'une méta-analyse plus ancienne (2006) portant sur dix-
huit études avait objectivé une diminution modeste du risque (OR = 0,86, IC95 = 0,75 à
0,99, toutes populations confondues), mais que cette diminution n'était pas statisti-
quement significative chez les femmes asiatiques ou d'origine asiatique (OR = 0,83,
IC95 = 0,68 à 1,02). La plus grande prudence s'impose quant à une interprétation des
résultats de cette analyse (et d'autres), beaucoup de données étant inconsistantes et les
études incluses particulièrement hétérogènes.
La seule certitude largement partagée est que rien, dans l'immédiat, ne permet de
recommander la prise de compléments alimentaires à base d'isoflavones - dont par
ailleurs la sécurité d'emploi à long terme n'est pas évaluée - pour diminuer le risque
de cancer du sein chez les femmes occidentales.
Autres cancers. Les études chez l'animal, convergentes, montrent une réduction du '
risque de cancer de la prostate par la consommation de soja. Chez les hommes, quelques
études épidémiologiques (principalement des études d'observation) semblent indiquer
un lien entre consommation de soja et réduction du risque, dans les conditions
d'exposition des populations asiatiques. Cela reste à confirmer. Pour les autres cancers,
les données sont très insuffisantes.
sécurité pour les isoflavones elles-mêmes: la possibilité que des effets indésirables se
manifestent avec des doses élevées et des cures prolongées demeure non évaluée.
Certes, ces isoflavones - la génistéine notamment - ne semblent pas toxiques
chez l'animal, mais les différences de métabolisme inter-espèces et inter-populations
limitent les tentatives d'extrapolation (sans compter que certaines femmes semblent
métaboliser la daidzéine en équol plus que d'autres). On ne connaît pas non plus le
risque que représente le potentiel génotoxique de la génistéine et des génines
apparentées constaté in vitro et chez des rongeurs.
Quel peut être l'impact des phyto-œstrogènes sur la prolifération de l'épithélium
lobulaire mammaire? Net chez les rongeurs, il semble dépendre de nombreux facteurs
associés et être délicat à apprécier chez les femmes. Dans le cas de l'endomètre, on note
qu'un essai clinique versus placebo de longue durée a montré qu'après 5 ans, 3,8 % des
femmes recevant un traitement de 150 mg/jour d'isoflavones présentaient une
hyperplasie de l'endomètre (généralement considérée comme une lésion précancé-
reuse). Aucun cas d'hyperplasie n'était détecté dans le groupe recevant le placebo.
Qu'en est-il de l'utilisation des produits à base de soja chez le nourrisson? La
question est controversée. L'alimentation par des substituts du lait de vache et, plus
tard, par des préparations de suite à base de protéines de soja apporte, par exemple, de 4
à 9 mg/kg de poids corporel par jour d'isoflavones à un nourrisson de quatre mois. Cela
induit des taux plasmatiques de phyto-œstrogènes constamment très élevés, et donc un
risque potentiel. En dehors d'une étude rétrospective par questionnaire, on ne dispose
pas d'éléments pour apprécier l'impact clinique de cette imprégnation. Les études chez
l'animal - elles montrent, entre autres, des effets sur le développement neuroendo-
crinien et immunitaire - incitent toutefois à une certaine prudence dans l'attente
d'indispensables études prospectives (l'évolution des textes réglementaires européens
est prévue).
Dans l'état actuel des connaissances, la dose limite admissible journalière
préconisée en 2005 par le groupe d'experts de l' Afssa est de 1 mg/kg de poids corporel
(exprimés en génines). Ce même groupe a estimé que c'est une « précaution
importante» que d'éviter une consommation élevée d'isoflavones chez les femmes
enceintes ou allaitantes, « notamment sous la forme de compléments alimentaires ».
Dans le même esprit, ces experts, prudents, ont précisé que la consommation de produits
à base de soja chez les nourrissons et les enfants de moins de trois ans « est à éviter ».
La consommation d'isoflavones, quelle que soit leur forme, serait à éviter chez les
hypothyroïdiens, des cas d'hypothyroïdisme ayant été décrits chez de jeunes enfants.
PHYTO-ŒSTROGENES DU TRÈFLE
,
inz
418 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Roténoïdes
Les Derris sont des lianes qui croissent dans le sud-est de l'Asie. D. elliptica
(Roxb.) Benth est une espèce de Malaisie et du Myanmar, également introduite et
cultivée en Afrique. D'autres espèces sont utilisées, en particulier D. malaccensis
(Benth.) Prain. Dans leurs régions d'origine les racines de ces lianes sont tradition-
nellement utilisées comme insecticides et ichtyotoxiques.
La partie utilisée est la racine et, dans le commerce, il est fréquent de trouver un
extrait enrichi titrant environ 30 % de roténone. La teneur en roténoïdes de la poudre de
Derris varie de 3 à 10 %.
La roténone est responsable des propriétés insecticides; active aussi bien par contact
que par ingestion, elle inhibe la chaîne respiratoire mitochondriale dès les premières
étapes (inhibition de la déhydrogénase NADH dépendante).
Considérés comme non toxiques pour l'Homme, les extraits de Derris et la roténone
sont utilisés pour la destruction des ectoparasites des animaux domestiques et par
l'agriculture biologique. Récemment, il a été démontré que l'administration par
perfusion intraveineuse prolongée de roténone induit, chez le Rat, les symptômes
caractéristiques de la maladie de PARKINSON. La particularité de la voie d'administration
n'empêche pas d'attendre avec intérêt des données plus complètes sur le risque que
pourrait faire courir l'usage incontrôlé de cette substance.
Les racines des Lonchocarpus sud-américains (L. urucu Killip & Smith, L. utilis
A.c. Smith) sont utilisées sous les mêmes formes et dans les mêmes buts.
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l
Néoflavonoïdes
o o
Cet arbre aux « belles feuilles », croît dans le sud-est asiatique et de Madagascar
jusqu'à la Polynésie. Son fruit drupacé est riche en huile: par expression, il fournit une
masse pâteuse, improprement appelée baume, riche en triglycérides et qui contient
plusieurs dérivés de type 4.ary1coumarinique : calophyllolide, inophyllolide, cis-
dihydroinophyllolide, etc. Réputé cicatrisant et anti-u1céreux, le « baume» a longtemps
été commercialisé en France comme cicatrisant et analgésique en cas de brûlures. Il
figure toujours au catalogue de producteurs de produits pour la cosmétique (<< huile de
tamanu »).
En 1992, la mise en évidence des propriétés antivirales des calanolides - ce sont
des 4-aryl et 4-alkyl coumarines isolées d'une variété de C.lanigerum Miq. du Sarawak
- a suscité un regain d'intérêt pour ce genre. Les calanolides sont des inhibiteurs non-
nucléosidiques de la transcriptase-inverse, inhibiteurs in vitro de la cytopathogénicité
du HIV -l, Y compris de souches résistantes à l'AZT. Certaines espèces du genre
renferment également des xanthones antifongiques.
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h
Vitis vinifera L.
Anthocyanosides
1. Introduction .........................................................................................................................423
2. Structure des anthocyanosides, origine biosynthétique .....................................................424
3. Propriétés physico-chimiques ............................................................................................ .426
4. Extraction, caractérisation ..................................................................................................428
5. Action pharmacologique et emplois ...................................................................................429
6. Principales plantes à anthocyanosides ................................................................................431
myrtille ...................................................................................................................... .431
cassis ...........................................................................................................................434
vigne rouge ................................................................................................................ .435
sureau noir ................................................................................................................. .436
7. Bibliographie ...................................................................................................................... .438
1. INTRODUCTION
1. Désinences adoptées par la Pharmacopée européenne. Nous préférons maintenir les désinences
-oside (hétéroside) et -01 (alcool), qui nous semblent induire moins de confusion. En anglais, les
désinences -in (sans azote) et -ine (avec azote) sont signifiantes. La transposition systématique en
rrançais conduit parfois à une perte "d'information" (ex. : digoxoside -> digoxine) .
424 COMPOSÉS PHÉNOLlQUES
Rares chez les Gymnospermae, les anthocyanosides sont présents chez toutes les
Angiospermae à l'exception des Caryophyllales : sur la douzaine de familles que
compte cet ordre (sensu Cronquist) seules les Caryophyllaceae et les Molluginaceae en
renferment. Dans les autres familles (Chenopodiaceae, Cactaceae, Phytolaccaceae,
Nyctaginaceae, etc.) la pigmentation des différents organes est le fait de bétalaïnes (ex. :
racine de betterave, fleurs de bougainvillée ou d'amarante).
S'ils sont habituellement caractéristiques des pétales de fleurs (pavot, mauve,
hibiscus) et des fruits (cerise, sureau, aubergine), les anthocyanosides peuvent
éventuellement être rencontrés dans des bractées (Bromeliaceae), dans des feuilles
(Coleus spp.), dans des pétioles (rhubarbe des jardins), voire dans des racines (radis) ou
des bulbes (oignon rouge). Ils s'accumulent le plus souvent dans les vacuoles des
cellules des tissus épidermiques, en solution, plus rarement sous forme d'antho-
cyanoplastes. C'est dans les fruits que leur concentration est la plus élevée: sureau (0,2-
1,8 %), fruits d'aronie (0,4-1,4 %),jus de grenade (0,6-0,7 %), myrtille (0,3-0,7 %),
cassis (0,1-0,45 %), raisin noir (0,03-0,7 %), mûre (0,08-0,3 %), canneberge à gros
fruits (0,07-0,14 %), framboise Uusqu'à 0,7 %), cerise Uusqu'à 0,45 %), amélanches
[Canada] (0,2%), etc. Chez les légumes on note des concentrations notables chez le
chou rouge (0,3 %) et l'oignon rouge (0,02-05 %). Les concentrations varient selon de
nombreux facteurs (lumière, température, etc.) et les techniques agronomiques et <
pas de composé anthocyanique dont tous les hydroxyles sont méthylés ou glycosylés :
au moins un hydroxyle en C-5, C-7 ou C-4' doit rester libre pour permettre la formation
des structures quinonoïdes colorées. Plus récemment, on a décrit des molécules
substituées en C-4 (dans l'oignon). De telles molécules, particulièrement stables, sont
formés dans les vins par une cycIoaddition impliquant la position 4 et l'hydroxyle en C-
S : cela expliquerait non seulement l'absence de perte de couleur au fil du temps, mais
aussi le renforcement de cette dernière.
R, =R, =H: pélargonidol
x- OH
R, =OH, R, =H: cyanidol
8 10
HO
;/' "c:
+ 2 R, = OCH 3, R, = H: péonidol
6~ / 3 OH
5 4
OH R, =R, =OH: delphinidol
Structure des principaux
R, = OCH 3 , R, =OH: pétunidol
anthocyanidols
R, = R, = OCH 3: malvidol
O Z C 02 H
426 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
How,l» Hoy:cl»
~ OH
OOH
• ~ ~ OH
OOH
HO
'--'::: OH
O-Glc
OH OH OH OH
0H 0H 0H
OH 0 OH 0 OH 0
HOWI
O.··"V HoycL0""'V
--------. 1
HoycL0""V
--------- 1
~ OH ~ ~ OH UDP-Glc ~ ~ O-Glc
OH OH OH OH
molécules zwitterioniques (elles sont très labiles dans l'acide chlorhydrique dilué
traditionnellement utilisé pour leur extraction), et bon nombre de structures
anthocyaniques anciennement connues doivent en fait exister sous cette forme. Ceci est
confirmé par l'électrophorèse qui permet de les mettre facilement en évidence et par
l'utilisation de méthodes douces (alcools neutres, acide acétique, acide formique, etc.),
tant pour leur extraction que pour leur purification. On sait enfin qu'il existe des
métalloanthocyanosides de haute masse moléculaire, six molécules d'anthocyanosides
et six flavonoïdes chélatant deux atomes métalliques (Mg et/ou Fe) (par exemple dans
la fleur du bleuet, Centaurea cyanus L.).
Origine biosynthétique
3. PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES
0-
~ 0
0 ./- -0
?'
0 ./- HO 0
O-Glc O-Glc
O-Glc
~' -p ~ OH
O-Glc
+
HO 0 ./-
"
-H+ O-Glc
+H2~ O-Glc
OH
OH ~
~
0
HO ./-
.. .. HO
?'
~
OH
./-
1
./-
O-Glc
O-Glc
O-Glc
O-Glc
l
428 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
(réversible) de dérivés sulfoniques en C-4, stables; cette réaction entraîne une rapide
décoloration des solutions.
4. EXTRACTION, CARACTÉRISATION
Les anthocyanosides sont solubles dans l'eau et les alcools, insolubles dans les
solvants organiques apolaires, instables en milieu neutre ou alcalin. Leur extraction est,
classiquement, réalisée par un alcool (méthanol, l'éthanol est préféré si le produit est
destiné à un usage alimentaire) additionné d'une faible quantité (0,1-1 %) d'acide
chlorhydrique. Pour éviter l'estérification du carboxyle libre des anthocyanosides
acylés par un diacide et, surtout, pour empêcher leur désacylation, il convient d'utiliser
préférentiellement d'autres acides, faibles (acétique, tartrique, citrique) ou volatils
(trifluoroacétique) ou de travailler en milieu neutre (mélanges d'alcools) et d'opérer à
basse température « 30 oC). L'extraction peut aussi se faire par de l'acétone. Les
solutions d'anthocyanosides sont très instables et ne peuvent être conservées que sous
atmosphère inerte, au froid et à l'abri de la lumière.
Industriellement, il est possible de préparer des extraits anthocyaniques par
différents procédés. Le plus ancien est une extraction en milieu aqueux en présence de
dioxyde de soufre suivie de la régénération des anthocyanosides par acidification.
Parmi les procédés plus récents, on peut citer l'ultrafiltration sur membrane de cellulose"
et la fixation/élution sur résines échangeuses d'ions.
La séparation des anthocyanosides fait appel aux techniques chromatographiques :
colonnes de polyamide et de polyvinylpyrrolidone, de résines échangeuses d'ions,
CCM préparative sur cellulose, chromatographie liquide. L'extraction en phase solide
permet quant à elle extraction et première purification.
Pour l'analyse des plantes à anthocyanosides, la chromatographie liquide constitue.
une méthode de choix. Les séparations sont, le plus souvent, effectuées sur des phases"
inverses avec des solvants hydro-alcooliques acides (la séparation porte donc sur les ,"
formes cationiques, sélectivement détectées vers 500-550 nm). Comme pour les'
flavonoïdes, les détecteurs à barrettes de diodes augmentent considérablement les ~
possibilités de la méthode. La strucure des anthocyanosides se prête bien à "
l'électrophorèse capillaire et à ses variantes. Les méthodes plus complexes (LC/MS, '
LC-ESI-MS, FAB-MS, ionisation à pression atmosphérique/MS et autres techniques
adaptées aux stmctures complexes) restent l'exclusivité des laboratoires de recherche.
spécialisés.
Le dosage des anthocyanosides est, en règle générale, spectrophotométrique. Aux "
longueurs d'onde des maximums d'absorption de ces molécules, les interférences sont
exceptionnelles : le dosage peut se faire directement sur une solution alcoolique acide,
ANTHOCY ANOSIDES 429
Comme pour les flavonoïdes stricto sensu, des tests biologiques sur l'animal fondés
sur la diffusion de colorants ont montré, il y a de nombreuses années, que les
anthocyanosides diminuent la perméabilité des capillaires, augmentent leur résistance,
ct exercent un effet anti-œdémateux. L'activité de ces hétérosides serait notamment liée
à la participation du collagène de la paroi vasculaire au contrôle de la perméabilité de
celle-ci. Elle serait en partie due à une inhibition des enzymes protéolytiques de
dégradation de ce collagène (élastase, collagénase); cette activité inhibitrice a d'ailleurs
été mise en évidence in vitro pour des extraits de fruits de cassis (lCso 0,16 et 0,56
mg/ml). Les propriétés au niveau capillaro-veineux ont conduit certains à proposer
l'utilisation des plantes à anthocyanosides et des préparations qui en contiennent pour le
traitement symptomatique des troubles liés à l'insuffisance veinolymphatique et à la
fragilité capillaire (phlébologie, proctologie, gynécologie). Toutefois, les preuves de
l'intérêt clinique de ces plantes et de leurs extraits sont de faible niveau. Les
anthocyanosides ont également été proposés en ophtalmologie en cas de troubles
circulatoires au niveau de la rétine ou de la choroïde et pour l'amélioration de la vision
crépusculaire: ils augmenteraient la régénération du pourpre rétinien (cf. myrtille).
Le fruit frais et le fruit sec de myrtille font l'objet d'une monographie de la Pharma-
copée européenne (6' édition) : le fruit frais de myrtille est le fruit mûr, frais ou
congelé; il contient au minimum 0,3 % d'anthocyanines exprimés en chlorure de
cyanidine 3-0-glucoside (chrysanthémine), [6.1 - 04/2008:1602]. Le fruit sec de
myrtille est le fruit mûr séché; il contient au minimum 1 % de tanins, exprimés en
pyrogallol [6.0 - 0112008:1588].
Composition chimique
• Les fruits de la myrtille sont riches en eau Uusqu' à 90 %), en sucres (3 à 7 %) et
en acides organiques. Des acides-phénols, des flavonoïdes (hypéroside, quercitroside),
des proanthocyanidols (procyanidols Bl-B4) et des flavan-3-0Is monomères (catéchol
ct épicatéchol) ont été identifiés. La teneur en anthocyanosides des fruits frais est
d'environ 0,5 %. Ces hétérosides, une quinzaine, sont des O-glucosides, des 0-
galactosides et des O-arabinosides en C-3 du cyanidol, du péonidol, du delphinidol, du
malvidol et du pétunidol.
2. De fait, le marché mondial de la myrtille (le « bleuet » des Canadiens) est celui « des »
myrtilles, fournies par plusieurs espèces du genre Vaccinium : V. corymbosum L., V. angustifolium
Aiton, V. myrtilloides Michx., etc. Réf. : Ministère de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation du
Québec (2005). Monographie de l'industrie du bleuet au Québec, 54 pages. Téléchargeable sur le site du
ministère: http://www.mapaq.gouy.qc.ca/fr/accueil/
432 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Emplois. Le fruit frais de myrtille sert à préparer l'extrait sec purifié et titré de myrtille,
qui contient entre 32,4 et 39,6 % d'anthocyanines exprimées en chlorure de cyanidine
3-0-glucoside (Ph. eur., 6c éd.- 6.2, [07/2008-2394], corr. 6.4). Les anthocyanosides
de cet extrait sont dosés et identifiés par chromatographie liquide (somme des aires).
Les extraits enrichis en anthocyanosides obtenus à partir des fruits peuvent entrer
dans la composition de médicaments utilisés dans les manifestations fonctionnelles de
l'insuffisance veinolymphatique, le traitement symptomatique des troubles fonctionnels
de la fragilité capillaire, les troubles de la vision mésopique et scotopique (héméralopie,
myopie).
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est
possible de revendiquer, pour lefruit,frais ou sec, et lafeuille, les indications théra-
peutiques suivantes (voie orale ou usage local) : traditionnellement utilisé dans les
manifestations subjectives de l'insuffisance veineuse telles que jambes lourdes et dans
la symptomatologie hémorroïdaire. Les autres indications thérapeutiques possibles
sont: 1° pour le fruit, frais ou sec (voie orale) : traditionnellement utilisé comme
traitement adjuvant de la composante douloureuse des troubles fonctionnels digestifs;
2° pour lefruitfrais (voie orale et usage local) : traitement symptomatique des troubles
fonctionnels de la fragilité capillaire tels que ecchymoses, pétéchies; 3° pour lafeuille
et fruit sec (voie orale) : traitement symptomatique des diarrhées légères. Si le
phytomédicament à base de myrtille est une poudre de fruit frais ou sec, ou de feuille, le
dossier « abrégé» d' AMM doit comporter une étude toxicologique allégée. Celle-ci
n'est pas nécessaire pour la myrtille pour tisane, l'extrait aqueux, les teintures et les
extraits hydro-alcooliques, quel que soit leur titre.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BfArM précise que
le fruit de myrtille est utilisé en cas de diarrhée aiguë ainsi que comme thérapeutique
locale de l'inflammation modére des muqueuses de la cavité buccale. Posologie: de 20
à 60 g par jour (voie orale); décoction à 10 % (usage local).
En ce qui concerne lafeuille, la Commission a estimé que son efficacité n'a pas été
démontrée et que son usage dans un but thérapeutique n'est pas justifié eu égard aux
risques encourus.
Il existerait en effet un risque d'intoxication lié aux fortes doses ou à une utilisation
chronique (soit 1,5 g/kg/j chez l'animal). À propos de ce risque, on remarque que les
données toxicologiques disponibles sont insuffisantes : s'il a effectivement été constaté
chez le Chat des symptômes rappelant l'intoxication par l'hydroquinone, on a vu ci-
dessus que la présence de ce diphénol (ou de ses dérivés) dans la feuille est improbable.
Si l'espèce testée à l'époque était bien V. myrtillus, alors les feuilles renferment une
substance nocive inconnue. En l'absence d'éléments démontrant une quelconque
434 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Si les fruits de cette espèce sont riches en anthocyanosides, c'est surtout aux
proanthocyanidols que l'on attribue leur activité. Ils seront donc évoqués au chapitre :'
suivant (voir p. 477) .
La partie utilisée est constituée par la feuille. Elle contient au minimum 1,5 % de
dérivés flavoniques, exprimés en rutoside (Ph. fse, lO'éd.). On utilise aussi le fruit.
Cet arbrisseau touffu, parfois appelé groseillier noir voire, dans certains ouvrages
« cassissier (?)3 », est cultivé pour ses fruits alimentaires (Bourgogne, Europe centrale).
Il est caractérisé par des feuilles 3-5 lobées dont la face inférieure, claire, est parcourue
de nervures saillantes couvertes de poils tecteurs incurvés, et parsemée de nombreuses
écailles brun-doré (poils sécréteurs). Les fleurs, rougeâtres, groupées en grappes
pendantes, ont un calice velu, plus long que la corolle. Le fruit est une baie noire,
odorante, surmontée des restes du calice.
b
436 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
résidu de cendres. Les polyphénols totaux sont dosés par colorimétrie après réaction
avec l'acide phosphotungstique d'une fraction aliquote d'un décocté et les antho-
cyanosides par mesure de l'absorbance d'un extrait méthanolique acide.
A - FLEUR
La fleur de sureau est constituée par la fleur séchée de S. nigra. Elle contient au
minimum 0,8 % de flavonoïdes exprimés en isoquercitroside (Ph. eur., 6' éd., :
[0112008: 1217]).
La plante. Le sureau noir, encore souvent classé dans les Caprifoliaceae, est un
arbuste à écorce fendillée et à feuilles imparipennées, très commun dans nos régions. Il
ANTHOCY ANOS IDES 437
est aisément reconnaissable à ses grandes (20 cm) inflorescences de fleurs à l'odeur très
marquée et, plus tard en saison, à ses baies noires à suc rouge violacé et à 3 graines.
Lafleur est assez aisément identifiable: corolle à 5 pétales soudés à leur base en un
tube; filets des étamines, jaunes, alternés aux pétales; calice réduit (5 dents); très
petites bractées (3). Examinée au microscope (hydrate de chloral), la poudre de fleur
montre: des cellules des pétales à idioblastes contenant de nombreux cristaux en sable
d'oxalate de calcium; des fragments de corolle contenant de nombreux globules de
petite taille d'huile volatile; de nombreux grains de pollen 3-porés à exine très finement
ponctuée.
La fleur de sureau ne renferme pas plus de 8 % de pédicules grossiers et d'autres
éléments étrangers, et pas plus de 15 % de fleurs de couleur altérée, brune. La CCM
d'un extrait méthanolique permet de vérifier, après révélation par le diphénylborate
d'aminoéthanol, l'absence d'une bande spécifique caractéristique des fleurs du sureau
hièble (S. ebulus L.). Les flavonoïdes, extraits en milieu acétonique, sont dosés par
spectrophotométrie (AlCI 3).
l
438 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
recommandé avant douze ans ainsi qu'au cours de la grossesse et de l'allaitement (réf.
EMEAlHMPCI283166/2007, 3 juillet 2008).
B - FRUIT
Outre des hétérosides du cyanidol (3-0-glucosyl-, 3-0-sambubiosyl-, 3,5-diglu-
cosyl- et 3-sambubiosyl-5-glucosyl-cyanidols), les baies renferment des flavonoïdes,
des acides (citrique, malique), des sucres et 0,1 ml/kg d'huile essentielle; les graines
contiennent des hétérosides cyanogènes.
Les fleurs du bleuet (Centaurea cyanus L., Asteraceae, Ph. fse, 10c éd.) doivent leur
couleur à des anthocyanosides; elles renferment également des polyines et un poly-
saccharide galacturonique responsable d'une activité anti-inflammatoire mise en .;
évidence sur des modèles animaux. Traditionnellement utilisés en usage local en cas
d'irritation ou de gêne oculaire due à des causes diverses (atmosphère enfumée, effort
visuel soutenu, bains de mer ou de piscine, etc.) ainsi que comme traitement d'appoint
adoucissant et antiprurigineux des affections dermatologiques et comme trophique
protecteur [Note Expl., 1998], les capitules de bleuet sont surtout intéressants pour la i'
note colorée qu'ils apportent dans une tisane composée. Il en est souvent de même pour,
d'autres parties de plantes vivement colorées et citées par ailleurs pour d'autres .
constituants comme la rose (p. 469), la mauve (p. 125) ou l'hibiscus (p. 26). .
ANTHOCY ANOSIDES 439
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Tanins
1. Généralités ............................................................................................................................442
2. Classification des tanins ......................................................................................................443
3. Structure des tanins hydrolysables ......................................................................................444
A. Tanins hydrolysables monomères .........................................................................444
B. Tanins hydrolysables oligomères ..........................................................................449
4. Structure des tanins condensés ........................................................................................... .450
5. Propriétés physico-chimiques, extraction, caractérisation, dosage ................................... .455
A. Propriétés .............................................................................................................. .455
B. Extraction .............................................................................................................. .456
C. Caractérisation ...................................................................................................... .456
D. Dosage ................................................................................................................... .456
6. Propriétés biologiques des tanins ....................................................................................... .458
7. Principales plantes à tanins ................................................................................................. .461
chênes: tanin ofticinal, écorce de chêne .................................................................. .461
hamamélis .................................................................................................................. .463
ratanhia du Pérou ....................................................................................................... .466
K. Autres plantes à tanins utilisées par la phytothérapie ........................................................ .468
Rosaceae .................................................................................................................... .468
autres espèces ............................................................................................................. .471
l). Plantes à oligomères proanthocyanidoliques ..................................................................... .473
aubépine ..................................................................................................................... .473
canneberge ................................................................................................................. .477
autres espèces sources de proanthocyanidols dimères ............................................. .479
10. Plantes à usages divers .......................................................................................................481
cachou noir, cachou pâle ........................................................................................... .481
sources industrielles de tanins ................................................................................... .482
Il. Bibliographie ..................................................................................................................... .482
442 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
1. GÉNÉRALITÉS
Historiquement, l'importance des plantes à tanins est liée à leurs propriétés tannantes,
c'est-à-dire à la propriété qu'ils ont de transformer la peau fraîche en un matériau
imputrescible: le cuir. À l'heure actuelle, le tannage est obtenu par l'intermédiaire de
composés minéraux mais, pendant plusieurs millénaires, il a nécessité le recours
exclusif aux végétaux. C'était le cas, en Europe, du tanin de châtaignier (Castanea
sativa L.) et du tanin de chêne (Quercus robur L., Q. petrœa [Mattuschka] Liebl., etc.)
ou celui, dans d'autres parties du monde, des tanins d'Anacardiaceae (quebracho
[Schinopsis spp.] et sumacs [Rhus spp.]), de Légumi-neuses (acacias [Acacia spp.],
dividivi et tara [Caesalpinia spp.], algarobille [Balsamocarpon sp. '" Caesalpinia sp.])
ou encore de Combretaceae (myrobalans [Terminalia spp.]) , etc. Certains de ces tanins
sont encore recherchés pour l'obtention de cuirs destinés à des usages spécifiques
(maroquinerie).
La résultante du tannage est l'établissement de liaisons entre les fibres de collagène
de la peau, ce qui confère à cette dernière une résistance à l'eau, à la chaleur et à
l'abrasion. Cette aptitude des tanins à se combiner aux macromolécules explique qu'ils
précipitent la cellulose, les pectines, les protéines. Elle explique également leur
astringence, cette âpreté caractéristique: en précipitant les glycoprotéines riches en
proline que contient la salive, les tanins font perdre à celle-ci son pouvoir lubrifiant.
La combinaison entre les tanins et les macromolécules s'établit par l'intermédiaire
d'interactions hydrophobes et de liaisons hydrogène entre les groupements phé-
noliques des tanins et les protéines et autres polymères. D'autres types de liaisons -
irréversibles - doivent également intervenir pour assurer la stabilité dans le temps de
la combinaison entre les tanins et les structures du collagène. C'est le cas des liaisons
covalentes qui s'établissent après oxydation des phénols en quinones. Toutefois, une
condition est nécessaire à la formation de ces liaisons : la masse moléculaire du tanin
doit être comprise entre des limites bien définies. Si celle-ci est trop élevée, la molécule.
ne peut pas s'intercaler entre les espaces interfibrillaires de la macromolécule; si elle est i
trop faible, la molécule s'intercale, mais ne peut pas former un nombre suffisant de;
liaisons pour assurer la stabilité de la combinaison. '
d'atomes rapides (FAB-MS, positive [M+Ht ou négative [M-Hn qui permet, malgré
la polarité et l'instabilité thermique de ces grosses molécules, de déterminer leur masse
moléculaire et d'observer des fragmentations significatives, notamment en ajoutant à la
matrice des sels [KCI, NaCl] qui permettent d'observer des pics à [M+Kt ou [M+Nat.
La RMN ('H, "C) conduit pour sa part à la caractérisation des monomères constitutifs
de la molécule aussi bien que des modes de liaison. La complexité structurale des tanins
implique encore malgré tout le recours à des études chimiques plus ou moins
complexes (hydrolyse des oligomères, dégradations, réarrangements, corrélations,
détermination du DP [degré de polymérisation], etc.).
Tanins hydrolysables. Ce sont des oligo- ou des polyesters d'un sucre (ou d'un
polyol apparenté) et d'un nombre variable de molécules d'acide-phénol. Le sucre est
très généralement le glucose. L'acide-phénol est soit l'acide gallique dans le cas des
fanins galliques, soit l'acide hexahydroxydiphénique (HHDP) et ses dérivés
d'oxydation (déhydrohexahydroxydiphénique =DHHDP; acide chébulique) dans le cas
dcs tanins classiquement (mais improprement) dénommés tanins ellagiques 1. Depuis
1985, plusieurs représentants d'une nouvelle catégorie de tanins ont été isolés. Ces
tanins, les tanins complexes, sont des ellagitanins modifiés résultant de l'addition d'un
HOrrO) (H
HO ~ ( )=.1 OH
H02C C0 2 H
HO HO~ cil{H OH
°
acide e/lagique acide chébulique
b
444 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
En règle générale, les tanins galliques sont des esters de l'acide gallique et du
glucose. Il faut cependant remarquer que les mono- et les digalloylglucoses ne
présentent pas les propriétés classiques des tanins, leur masse moléculaire étant trop
faible. Ces propriétés - en particulier l'aptitude à précipiter les protéines - sont le fait
des triesters et de leurs homologues supérieurs.
Biogénétiquement, l'acide gallique (acide 3,4,5-trihydroxybenzoïque) est issu du
métabolisme de l'acide shikimique. On admet qu'il est habituellement formé par
déshydrogénation directe de l'acide 3-déhydroshikimique ou, dans certains cas
particuliers, par oxydation de l'acide protocatéchique (lui-même dérivé d'un acide en
C 6-C 3 , l'acide caféique). La glucosylation de l'acide gallique fait intervenir l'uridine
diphosphoglucose (UDP-glucose) et l'on admet, sur la base d'expérimentations in vitro,
que le monogalloylglucose formé - la ~-glucogalline - peut ensuite, en fonctionnant
aussi bien comme donneur que comme accepteur de glucose, conduire à un diester, le
l ,6-di-O-galloyl-~-D-glucose, et ainsi de suite via les dérivés l ,2,6-tri-O- et 1,2,3,6- ':
tétra-O-galloy lés, jusqu'au pentagalloylglucose. .
f:H ~ ~H
UDP-Glucose
~
OH
~OH
O~OH
\ • HO (HO 0
HOyOH UDP ~ ~OH
OH OH HO a
acide 3-déhydroshikimique acide gallique
~-1-0-galloyl-D-glucose
=~-glucogalline =1
J CO,H 1
~OH~ ~OH
1/1
h
HO
HO /? t OH
l--f\o
HO HO~O/'
LI=< Q-0H
OH OH
acide caféique acide protocatéchique
HO
H0-o {
0 r
OH
1 (x3)
OH
OH
O~~-~O iD
~ ga ~O ~
H))O
HO_ OH
HO /; /' OH
1,2,3,4,6~p,"l, ~O~"".yf-\l~O~J"",,, ~
OH
HO '-'::: a :/ 1
HO
1 --"
OH
OH Y OH
OH
~ GO~r
origine probable des
GO 6
GO~
esters galliques du glucose
--___
- l..
et filiation des tanins hydrolysables -0 1 OG
GO~
OG OG
2-3 2-4
1
4-6 3-6
(depsides) 1-6
j oligomérisation
(couplage oxydatif inter-moléculaire)
j
• G = galloyl tanins galliques tanins ellagiques et déhydroellagiques
l
l
446 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
2a. Formation des tanins ellagiques. Le couplage oxydatif C-2-C-2' des groupes ';
galloyle de la molécule engendre un motif hexahydroxybiphénylique, dicarboxylique
(acide hexahydroxydiphénique = HHDP). La pentasubstitution du glucose autorise
plusieurs couplages entre les résidus galloyl en position relative 1,2 ou 1,3 pour former
des esters hexahydroxydiphéniques. La molécule peut donc être un ester mono- ou bis-
HHDP, les autres hydroxyles du glucose étant libres ou estérifiés par l'acide gallique,
voire par un acide déhydrodigallique (ex. : acides agrimoniques A et B).
Divers ellagitanins possèdent dans leur structure un enchaînement trigallique -
valonéyl, macaranoyl ou tergalloyl - issu de l'éthérification du groupe HHDP par un
acide gallique (ex. : rugosines A et B). Ce type d'enchaînement peut aussi conduire à
une depsidone (ex. : praecoxine D) ou à une dilactone (ex. : tirucalline A). Les
couplages oxydatifs les plus fréquents impliquent les résidus galloyl en C-2 / C-3 et C-4
/ C-6 d'un glucose en conformation 4C 1. Du fait de l'atropoisomérie, l'HHDP peut être
R ou S, la chiralité pouvant être déterminée par dichroïsme circulaire.
HO HO OH OH HO OH OH OH
Ho~~K5-oH
CO CO
HO**OH
CO CO
Ç} o~j-OH
CO CO
1 1 1 1 1 1
i
;1
TANINS 447
OH OH
HO
HO
HO
HO HO
OH OH
HO HO OH OH
pédunculagine (R =H)
casuarictine (R = G, ~)
tellimagrandine 1/ potentilline (R = G, a)
OH
praecoxine 0 (R = H)
praecoxine C (R = G, ~)
0 HO
tirucallineA OH
0
HO HO OH OH
OH
HO OH OH
HO OH
OH
HO
HO
HO
HO
HO
HO
OH OH
HO HO OH OH HO HO OH OH
"'''OH castalagine
acide agrimonique A --OH vescalagine
6
COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
448
o
HO HO OH OH HO OH
OH
HO OH
HO
a a
o
lîJO~OH
a
I~
<>'0
a
~
OH
OH
HO
HO OH
a HO
a
a OH
HO HO OH OH
géraniine camel/iatanin A
11 (les 2 formes s'équilibrent
en solution) OG
~
OG
OG
OH
a
0 ______ c"O
HO OH
OH Q',C :/'
OH
HOV ;/' OH
1 ~ 1
a 0..
,CO OH
a
_ P~OG
~OG rugosine-D
1 P
G-G * G =gal/oyl, G-G : HHDP
HO HO
a
HO OH
HO a OH
°oo~~OH
a a
HO
HO Q °O~OH
a
a
16
~
O~"":
~
~
a
1
OH
OH
OH
HO~~~O ~;;
a
OH
HO OH a O~O a OH a
-j/ OH acide chébulagique
oenothéine B =---- \ OH ,----------------~
HO OH ~ ____________________________
Exemples de structures de tanins hydrolysables (suite)-J
TANINS 449
Remarques.
(a) - Les composés construits autour d'un autre polyol que le glucose sont rares:
c'est le cas de 1'« hamamélitanin» , ou 2',5-di-O-galloyl-a-D-hamamélose qui, du fait
de sa faible masse moléculaire, ne peut être considéré comme un tanin au sens strict.
C'est aussi le cas de l' acéritanin ou 2,6-di-O-galloyl-l ,5-anhydro-D-glucitol et de ses
450 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
dérivés tri- et tétragalloylés. Un autre exemple est fourni par les dérivés polygalloylés
de l'acide quinique constitutifs du tanin de tara extrait des gousses de Caesalpinia
spinosa (Molina) Kuntze. On connaît aussi des polygalloylshikimates (Castanopsis
sp.). Les gallates de fructose et de rhamnose sont exceptionnels (Saxifraga, Acer).
(b) - On donne parfois le nom de tanin aux polymères du phloroglucinol, halogénés
ou non, qui ont été isolés dans plusieurs genres d'Algues Pheophyceae. Ces polymères
sont également connus sous le nom de phlorotanins.
(c) - On exclut volontairement ici les gallates de flavanols (voir« tanin» du thé, p.
1220), les gallates de glycosyl-flavonols (même si certains présentent des propriétés
biologiques voisines de celles des tanins hydrolysables) ainsi que les gallates
d'hétérosides phénoliques tels que les dérivés galloylés de l'arbutoside isolés d'Arcto-
staphylos sp. (Ericaceae) ou de Bergenia sp. (Saxifragaceae).
Exemples de structures
procyanidoliques dimères
procyanidol 8-3 procyanidol 8-4
COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
452
Proanthocyanidols de type B. Les dimères les plus simples sont les procyanidols B-l,
B-2, B-3 et B-4, c'est-à-dire des proanthocyanidols constitués de deux unités de 2-R, 3-S
(+ )-catéchol et/ou de 2-R, 3-R (-)-épicatécholliés en C-4 -> C-8 selon une configura-
tion a (B-3 et BA) ou ~ (B-l et B-2). On connaît aussi les procyanidols B-5 (épicaté-
HO
HO
OH
OH
OH
~ OH
HOyyO
ly, ~ R
OH
OH HO
cinchonaïnes
R
OH
HO
R
Exemples de structures n ,
proanthocyanidoliques
OH
HO OH
~
~
R
Structure générale d'un proanthocyanidol polymère
R =H, procyanidol; R =OH, prodelphinidol OH
TANINS 453
A. Propriétés
Les tanins se dissolvent dans l'eau sous forme de solutions colloïdales, mais leur
solubilité varie selon le degré de polymérisation (elle diminue lorsque celui-ci
augmente). Ils sont solubles dans les alcools et l'acétone. Les solutions aqueuses ont
une stabilité généralement modérée, variable selon la structure. Ainsi, lors de
l'extraction par l'eau bouillante (c'est-à-dire dans les conditions d'une décoction) un
tanin tel que la géraniine est décomposé en trente minutes en acide gallique, acide
ellagique et corilagine (= l-galloyl-3,5-HHDP glucose). Les formes dimères et oligo-
mères des esters galliques et HHDP du glucose sont également assez instables. Comme
tous les phénols les tanins réagissent avec le chlorure ferrique. Ils sont précipités de
leurs solutions aqueuses par les sels de métaux lourds et par la gélatine.
Tanins hydrolysables et tanins condensés peuvent être distingués sur la base de leur
comportement en milieu acide à chaud.
• Les premiers, polyesters du glucose, sont hydrolysés, libérant le sucre, l'acide
gallique et/ou l'acide hexahydroxydiphénique. Ce dernier se lactonise rapidement en
acide ellagique (ce qui explique la terminologie traditionnelle de tanins ellagiques).
L'hydrolyse des oligomères conduit également à des composés à trois ou quatre cycles
henzéniques dont la structure varie selon la nature de la liaison inter-monomérique.
Exemple: la rugosine D résultant de l'établissement d'une liaison biphényléther entre
un reste galloyle et un reste hexahydroxydiphénoyle, son hydrolyse conduira à un
produit à trois cycles, l'acide valonéique (en fait à la dilactone de celui-ci). Dans le cas
des polygalloylglucoses ayant une chaîne latérale depsidique, les liaisons depsidiques
peuvent être rompues en milieu acide faible et à température ambiante, conditions qui
laissent intactes les liaisons ester engageant les hydroxyles du glucose .
• Dans les mêmes conditions expérimentales, la liaison interflavanique des seconds
est rompue et, en présence d'air, le carbocation formé conduit à un anthocyanidol.
Lorsque les conditions sont contrôlées, cette réaction peut être utilisée pour l'étude
OH
~ OH
HO
OH
Dégradation des procyanidols en milieu acide. OH
,,~
l
456 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
B. Extraction
L'extraction des tanins est, en règle générale, réalisée par un mélange d'eau et
d'acétone (on évite le méthanol qui provoque la méthanolyse des depsides galliques).
Un rendement optimal est obtenu avec les tissus frais ou conservés par congélation ou
lyophilisation car, dans les plantes ou parties de plantes sèches, une partie des tanins est
irréversiblement combinée à d'autres polymères. Après élimination de l'acétone par
distillation, la solution aqueuse est débarrassée des pigments et des lipides par un
solvant tel que le dichlorométhane. Une extraction de cette solution aqueuse par
l'acétate d'éthyle permet de séparer les proanthocyanidols dimères et la plupart des
tanins galliques. Les proanthocyanidols polymères et les tanins galliques de masse
moléculaire élevée restent dans la phase aqueuse. L'obtention de molécules pures,
nécessite le recours à des techniques chromatographiques appropriées, le plus souvent
une (ou des) chromatographie(s) d'exclusion sur gel suivie(s) de chromatographies en
phase inverse, toujours en milieu hydro-alcoolique ou hydro-alcoolo-acétonique.
C. Caractérisation
Avec les sels ferriques, les tanins galliques et ellagiques donnent des colorations et
des précipités bleu-noir et les tanins condensés des précipités brun verdâtre.
Les tanins galliques donnent une coloration rose avec l'iodate de potassium (l'acide
gallique libre est, lui, coloré en orange par ce réactif). Les tanins ellagiques sont colorés
par l'acide nitreux en milieu acétique (d'abord rose, la coloration vire au pourpre puis
au bleu) et les tanins condensés sont colorés en rouge par la vanilline chlorhydrique.
L'analyse des extraits fait appel aux techniques habituelles: CCM (sur cellulose ou
silice, révélation par examen des fluorescences en UV et par les réactifs cités ci-dessus),
chromatographie liquide (phases inverses, solvants alcooliques légèrement acides).
D. Dosage
Le dosage des tanins est délicat: il est difficile d'obtenir une extraction complète et
les méthodes fondées sur le caractère phénolique de ces composés ne sont pas toutes
spécifiques. Certaines méthodes permettent toutefois une certaine sélectivité, en '
particulier à l'égard des seuls tanins condensés. Pour nombre d'auteurs, les meilleures
méthodes pour détecter et doser les tanins sont celles qui visent à évaluer leur capacité .
- spécifique - à précipiter les protéines.
Dosage des tanins condensés Pour évaluer les proanthocyanidols, on peut apprécier
la coloration obtenue après transformation en anthocyanidols par ébullition dans le
II-butanol chlorhydrique. Une accélération de la dépolymérisation et une meilleure
reproductibilité de la réaction sont obtenues par l'addition, dans le milieu réactionnel,
de sels de fer (mais l'absorption à une longueur d'onde donnée variera selon la structure
de l'anthocyanidol formé).
Les proanthocyanidols peuvent aussi être dosés sous forme d'adduit coloré avec la
vanilline en milieu méthanolique acide (HCl). Cet aldéhyde s'additionne en effet sur le
(:-6 des unités fIavaniques dihydroxylées en C-5 et C-7. On peut également utiliser le
IJ-diméthylaminobenzaldéhyde.
La thiolyse, surtout utilisée pour l'étude structurale et la détermination du DP
moyen, peut aussi, couplée à la chromatographie liquide, être une méthode de dosage (y
compris des proanthocyanidols non extractibles).
Dosage des tanins hydrolysables. Dans le cas des tanins galliques, il est possible
d'hydrolyser le tanin en milieu sulfurique, de faire réagir l'acide gallique formé avec de
la rhodanine et de mesurer l'absorbance du produit de la réaction. Éventuellement, on
pcut mettre en œuvre la réaction à l'iodate de potassium.
Pour estimer les tanins ellagiques, on a classiquement recours à la réaction avec
IIN0 2 , après hydrolyse sulfurique. Les carbones non substitués de l'acide ellagique
Iihéré étant susceptibles d'une attaque électrophile, il se forme une quinone oxime.
l
l
458 COMPOSÉS PHÉNOUQUESI
plante: c'est ainsi que, selon la Pharmacopée européenne, l'on détermine les tanins 1
dans les «drogues végétales» (chap. 2.8.14, 6' éd., 0 1 / 2 0 0 8 : 2 0 8 1 4 ) ' 1
C'est un protocole dérivé de la méthode de FOLIN et DENIS qui est retenu pour doser \~
les phénols totaux, extraits par décoction aqueuse: l'ion phénolate - formé par
addition du carbonate de sodium - est oxydé par un mélange d'acides phospho-
tungstique et phosphomolybdique qui, simultanément, est réduit en donnant une
solution colorée bleue dont on détermine l'absorbance. Parallèlement à ce dosage des
1 ,~
phénols totaux, on détermine, par la même méthode et sur une fraction du décocté
traitée par la poudre de peau, les phénols qui ne sont pas adsorbés sur cette poudre. La ï
1
différence d'absorbance correspond à la teneur en tanins (on opère en référence à un !
témoin de pyrogallol). ~
î
l
,:~
~
6. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES DES TANINS '~
l
,~~
La plupart des propriétés biologiques des tanins sont liées au pouvoir qu'ils ont deI
$
former des complexes avec les macromolécules, en particulier avec les protéines ,1
(enzymes digestives et autres, protéines fongiques ou virales). Il en est de même desi
problèmes qu'ils peuvent poser dans l'industrie agroalimentaire (trouble dans les 1 ;1,
sont explorées, ce qui ne permet pas de conclusion nette. Pratiquement toutes les
propriétés biologiques des tanins hydrolysables et des proanthocyanidols ont été mises
en évidence in vitro et à des concentrations souvent sans rapport avec ce qui est
envisageable chez l'humain. Il est d'autant plus aventureux d'évoquer les effets en
thérapeutique (ou sur la santé) de ces molécules (ou extraits) que leur biodisponibilité
est très faible et que la connaissance de leur métabolisme, de la distribution et des effets
de leurs métabolites est parcellaire.
l
460 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Inhibition enzymatique. De façon assez générale, les tanins sont des inhibiteurs ~
enzymatiques: blocage de la 5-lipoxygénase (géraniine, corilagine) ; inhibition de
l'enzyme de conversion de l'angiotensine, de l'activation de la hyaluronidase, des
glucosyltansférases des microorganismes impliqués dans la cariogenèse; inhibition des
topoisomérases par la sanguiine H-6 ou l'acide chébulagique; inhibition de la protéine-
kinase C par les tanins ellagiques et les tanins complexes, etc.
3. Ce terme qualifie (en première approximation) le paradoxe que constitue la moindre mortalit~ ,
par maladies cardiovasculaires des habitants de certaines villes françaises alors même que leur.!
consommation de graisses, associée à une propension certaine à l'inactivité physique, devrait
logiquement conduire à observer une mortalité au moins analogue à celle d'habitants d'autres cité~
occidentales. La seule différence notable relevée entre les populations étudiées est une consommation:
beaucoup plus élevée d'alcool en France - surtout de vin. "
Le raisin est riche en composés phénoliques antioxydants : concentrés dans les « peaux », le rachi8;
et - très majoritairement - dans les graines, ce sont des monomères, des dimères et, surtout, des
polymères du catéchol, de l'épicatéchol et de dérivés voisins, éventuellement galloylés. Ils sont'
accompagnés, selon les variétés, d'anthocyanosides et de flavonoïdes. '.
Dans les vins rouges, la composition varie selon le mode de préparation (une grande partie de.,'
polyphénols reste dans les marcs) et selon le vieillissement qui induit des transformations chimiques
diverses (et pas complètement connues). Cultivar, année et site de production, degré de maturit"
interviennent également pour modifier la composition initiale.
Cela étant, les polyphénols ne sont pas les seuls composants potentiellement actifs des vins. o~r
connaît, au moins expérimentalement, les propriétés antiathéromateuses de l'alcool et l'on sait aussi qu,'
les raisins - et le vin rouge - renferment des trihydroxystilbènes et leurs hétérosides (resvératroli:
picéoside) que l'on a aussi associés aux « vertus » du vin rouge. Aucune étude ne permet d'attribuer
formellement et de façon convaincante à un constituant particulier les propriétés prêtées au vin. f
Sur le resvératrol, voir p. 355. Sur l'impact d'une consommation modérée d'alcool éthylique, voirl
Prescrire Rédaction (2002). L'alcool éthylique: connaître les risques, mais aussi les bénéfices, ReY~
Prescrire, 22, 769-775. "
4. Le raisin et le vin ne sont pas les seules sources alimentaires de proanthocyanidols : pommc.
chocolat, baies, haricots rouges contribuent à un apport journalier qui, chez les américains du nord, cl
d'une cinquantaine de milligrammes. Le thé, lui, apporte un dérivé monomérique, le gallnt
d'épigallocatéchol (voir p. 1220).
TANINS 461
Toxicité. La toxicité potentielle des tanins pour l'Homme est plutôt mal connue. On
connaît par contre bien le risque que représentent les glands et les jeunes feuilles des
chênes (Quercus spp.) pour le bétail. Le pronostic de l'intoxication - elle est marquée
par une constipation initiale opiniâtre et une atteinte rénale profonde - est générale-
ment sombre. Là encore, on ne sait pas si ce sont les tanins ou leurs métabolites qui sont
les véritables agents toxiques.
dense, de coloration variable selon son degré de développement, la galle, dans laquelle
s'accumulent des esters galliques du glucose.
Les galles contiennent des tanins hydrolysables (m-depsides du pentagalloyl-
glucose, pédunculagine, tellimagrandine-II, casuarictine, etc.) en forte proportion (50-
70 % dans le cas de Q. infectoria), des acides gallique et ellagique libres, des stérols et
des triterpènes, de l'amidon. Le tanin officinal (on dit aussi « acide tannique» ou tanin
« à l'éther») est préparé par extraction des galles avec un mélange éther-alcool saturé
d'eau, séparation des phases et évaporation de la couche aqueuse.
Le tanin officinal peut être utilisé comme astringent pour la voie externe (brûlures,
dermites); c'est également un hémostatique. Il présente de nombreuses incompatibilités
(sels ferriques, oxydants, protéines, alcaloïdes, hétérosides, etc.).
Écorce de chêne. L'écorce de chêne est l'écorce séchée et coupée des rejets et des
jeunes branches de Q. robur L., Q. petrœa (Matt.) Liebl. et de Q. pubescens Willd. Elle
contient au minimum 3 % de tanins, exprimés en pyrogallol (Ph. eur., 6 c éd.,
[0112005: 1887]).
NB. Q. robur L. = Q. pedunculata Ehrh. = Q.longipes Steven = chêne pédonculé;
Q.petraea (Matt.) Liebl. = Q. sessilis Ehrh. = Q. sessiliflora Salisb. = chêne sessile =
chêne rouvre; Q.pubescens Willd. = Q. humilis Mill. =chêne tauzin.
Les morceaux d'écorce d'épaisseur inférieure à 3 mm ont une surface externe assez
lisse, faiblement lenticellée. La surface interne est brune, parcourue de stries longitu-
dinales saillantes. La poudre, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente,
entre autres, d'abondantes cellules scléreuses de deux types et des groupes de fibres à
parois épaisses entourées de parenchyme oxalifère (prismes).
Les tanins sont dosés par la méthode générale décrite par la Pharmacopée (2.8.14,
cf. p. 458).
Dans le secteur des vins et alcools, ce sont les copeaux de chênes (naturels ou
chauffés) qui sont utilisés en alternative à la barrique, sous réserve des dispositions
réglementaires en vigueur.
Composition chimique. Par entraînement à la vapeur d'eau, les feuilles (et les
dcOl'ccs) fournissent un distillat riche en carbures aliphatiques (tri-, penta-, hepta-,
l1onacosane) et leurs dérivés oxygénés; ils sont accompagnés de composés mono- et
Nt'Nquiterpéniques. La feuille renferme également des polysaccharides, des glucosides
dl.lllavonois (astragaloside, myricitroside) et jusqu'à 10 % de tanins (lato sensu): acide
: jjlllliquc, polygalloylglucose, hamamélitanin, flavanes monomères libres et estérifiés
. (,,"l1alc d'épicatéchol), proanthocyanidols (oligomères à unités O-galloylées en C-3).
: J,'hlllllamélitanin est le 2',5-di-O-galloyl-a-D-hamamélofuranose (en mélange 2:1 avec
Krameria lappacea (Dombey) Burdet & Simpson
TANINS 465
OH
hamamélitanin
OH OH
son anomère ~). Il n'est présent, dans les feuilles, qu'en faible quantité. Les constituants
polyphénoliques majoritaires sont des procyanidols et des copolymères procyanidols-
prodelphinidols.
Les écorces de tiges sont également riches en tanins et l'hamamélitanin y est
majoritaire. Il est accompagné des très instables anomères a et ~ de son dérivé 1-0-(4-
hydroxybenzoylé) - peut-être celui-ci est-il le véritable hamamélitanin présent dans la
feuille fraîche? -, du dérivé 2',3,5-trigalloylé de l'hamamélo-furanose et de son ester
1-0-(4-hydroxybenzoylé) ainsi que d'un analogue de l'hamamélitanin, le 2' ,4-di-0-
galloyl-D-hamamélopyranose. Les écorces renferment également des proanthocyani-
dols: procyanidols et prodelphinidols dimères ainsi qu'un oligomère. Certains de ces
proanthocyanidols sont estérifiés en C-3 par un acide gallique ou un acide 4-hydroxy-
benzoïque. L'hydrodistillat d'écorces, plus riche en composés oxygénés que
l'hydrodistillat de feuilles, possède un arôme plus fort que ce dernier.
de tanins exprimés en pyrogallol (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0289]). Elle sert à préparer
la teinture de ratanhia (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1888]).
La plante, la racine. Classé dans une petite famille monotypique ayant des affinités
avec les Polygalaceae, le ratanhia dit « du Pérou» est un sous-arbrisseau à fleurs rouges
qui pousse en altitude, du Chili au Pérou. Les racines, presque droites, partent d'un
collet épais et noueux. Le bois est dense, rouge pâle, finement poreux et l'écorce, brun-
rouge foncé, est lisse et fissurée transversalement sur les parties les plus jeunes,
rugueuse à écailleuse sur les parties les plus âgées.
La poudre d'écorce, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente de
nombreux éléments: cellules de suber remplies de phlobaphènes, fragments de
vaisseaux à ponctuations aréolées, fragments de trachéides à ponctuations en fentes,
fibres, etc. L'amidon (eau-glycérol) est simple ou composé à 2-4 grains arrondis. Une
CCM des phénols extraits par macération hydro-éthanolique et réextraction confirme
l'identité. La racine ne contient pas plus de 5% de fragments du collet et de racines de
diamètre supérieur à 25 mm. Les tanins sont dosés par la méthode générale décrite par
la Pharmacopée (2.8.14, cl p. 458).
La Note explicative de 1998 a inscrit, dans son annexe l, plusieurs plantes aux-
quelles la tradition attribue des propriétés qui, pour autant qu'elles soient démontrées,
pourraient être la conséquence - au moins pour partie - de la présence de tanins. La
majorité de ces plantes est fournie par la famille des Rosaceae (aigremoine, alchémille,
benoîte, fraisier, roncier, rosier, tormentille), mais l'on utilise aussi d'autres espèces:
bistorte, herbe à Robert, noisetier, salicaire (et aussi la sangui-sorbe [Rosaceae], qui ne
figure pas sur l'annexe l, mais qui fait l'objet d'une monographie à la Pharmacopée ?
européenne) .
Pour certaines espèces, on ne connaît que très mal leur composition chimique. À
défaut de toujours pouvoir préciser les compositions individuelles, une étude
chimiotaxinomique a montré, dans le cas des Rosaceae, que 1° le genre Rubus est '
caractérisé par la présence de sanguiines H-6 (dimère) et H-ll (tétramère); 2° le genre
Geum par celle de gémine A; 3° les genres Agrimonia, Fragaria et Potentilla par celle
d'agrimoniine. La plupart des Rosaceae contiennent en outre des monomères (ex. :
casuarictine, pédunculagine, tellimagrandines, etc.).
Pour ces espèces mineures, les données cliniques sont le plus souvent inexistantes
ou de qualité méthodologique faible. Les données pharmacologiques sont inexistantes
ou sommaires. Leur emploi en thérapeutique est, sauf cas particulier, restreint.
OH
HO
HO
HO
OH
HO OH
OH
OH
HO HO
OH
agrimoniine :
HO
dimère [rn-GOG (1, 1~J
de la potentilline HO HO OH OH
Rosaceae
• AIGREMOINE
L'aigremoine est la sommité fleurie séchée d' Agrimonia eupatoria L. ; elle con,,;
tient au minimum 2 % de tanins, exprimés en pyrogallol (Ph. eur, 6' éd., [0112008;
:1587]).
TANINS 469
Cette petite plante possède des tiges couvertes de longs poils (0,5 mm) et portant des
feuilles imparipennées à folioles dentées, vert-fonçé à la face supérieure, tomenteuses à
la face inférieure. Les fleurs, à pétales jaunes, sont groupées en épis. Les réceptacles
fructifères ont des soies recourbées en crochet.
La plante renferme des procyanidols dimères (B-1-3, B-6-7), trimères (C-1, C-2 et
autres) ainsi que des glucosides et galactosides du quercétol, du kaempférol et de
l'apigénol. Les extraits d'aigremoine sont antioxydants in vitro, piégeurs de radicaux.
Ils passent pour anti-inflammatoires. L'extrait aqueux développe une activité anti-virale
in vitro (hépatite B). La médecine chinoise utilise les parties souterraines de A. pilosa
Ledeb. (xianhecao) comme antidysentérique et hémostatique.
• ALCHÉMILLE VULGAIRE
L'alchémille est constituée par les parties aériennes fleuries séchées, entières ou
fragmentées de Alchemilla vulgaris L. sensu latiore. Elle contient au minimum 6 % de
tanins, exprimés en pyrogallol (Ph. eur, 6' éd., [01/2008:1387]).
Cette espèce possède des feuilles basales réniformes ou semi-circulaires, vert-gris 7-
Il lobées, d'où son nom de « pied-de-lion ». Ces feuilles, comme les feuilles cau-
linaires stipulées et sessiles, sont fortement pubescentes à la face inférieure. Les fleurs,
apétales, ont un double calice et un seul carpelle. La plante est riche en tanins
hydrolysables (agrimoniine, pédunculagine, laevigatine F), mais ne renfermerait pas de
tanins condensés. On note la présence de triterpènes. Un extrait glycériné pourrait
cicatriser les aphtes et ulcérations buccales mineures (essai sans placebo).
• BENOÎTE
Geum urbanum L. Le rhizome de cette espèce très commune pourrait renfermer
plus de 25 % de tanins (tanins galliques); il contient aussi 3 ml/kg d'huile essentielle (à
eugénol majoritaire) et un arabinosido-glucoside d'eugénol.
• FRAISIER
Fragaria vesca L., rhizome séché (Ph. fse, 10c éd.). Le rhizome contient au mini-
mum 8 % de tanins. Le rhizome du fraisier contient des tanins condensés. Les feuilles
du fraisier des bois contiennent également des tanins hydrolysables (pédunculagine,
agrimoniine) et des flavonoïdes. Elles jouissent d'une réputation de panacée, à ce jour
non justifiée .
• ROSIER
Rosa gal/ica L. (rose rouge) et Rosa centifolia L. (rose pâle, rose cent-feuilles),
pétales et boutons floraux séchés cueillis avant l'épanouissement des fleurs (et, dans
le cas de la rose rouge, débarassés du calice et des étamines) (Ph. fse, 10' éd.). Les
pétales de rose rouge furent longtemps employés pour la confection du Miel Rosat (=
Illellite de rose rouge). Les pétales de rose servent à l'obtention de l'eau distillée de rose.
('ctte eau distillée a une teneur en phényléthanol, déterminée par CPG, comprise entre
0,03 et 0,1 % (Ph. fse, 10' éd.). Éventuellement additionnée d'agents antimicrobiens,
l' cau distillée de rose est utilisée pour ses propriétés astringentes légères (lotions;
collutoires, gargarismes; collyres).
470 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
• RONCIER
Roncier ou ronce, Rubus sp., feuille composée ou foliole (Ph. fse,10' éd.). La feuille
- feuille composée pennatiséquée dont les nervures principales portent des épines -
contient au minimum 5 % de tanins. Ceux-ci sont notamment représentés par des
ellagitanins dimères. La feuille renferme également des acides organiques, des
flavonoïdes et des triterpènes. Au début du siècle, on utilisait aux États-Unis
d'Amérique la décoction de l'écorce des parties souterraines comme antidiarrhéique. En
Allemagne, les feuilles de roncier fermentées entrent dans la composition d'un
succédané ménager du thé (Frühstücketee, Deutscher Haustee). Les fruits, comme ceux
du framboisier (R. idaeus L., à feuilles blanches à la face inférieure), sont comestibles et
peuvent être utilisés pour l'aromatisation.
À propos du framboisier, on note que sa feuille est parée, par les traditions
populaires, de nombreuses vertus: susceptible de préparer à l'accouchement, sédatif des
règles douloureuses, antidiabétique, « purificateur» du sang, etc. Dans les années 1950,
l'étude de son activité sur organe isolé (fragments utérins compris) ne s'est pas révélée S
'J
très concluante et l'on remarque que la Commission E allemande précise qu'aucune de
ces actions n'ayant été démontrée, l'usage thérapeutique de la feuille ne peut être
préconisé. Cette feuille demeure, çà et là, utilisée comme la feuille du roncier, c'est-à-
dire dans le traitement des diarrhées.
préliminaire sans placebo a montré un effet favorable possible sur la colite ulcéreuse
Uusqu'à 3 g/j d'extrait).
Autres espèces
l
472 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
La plante: feuille, fleur et « baie ». Les aubépines sont des arbustes épineux
communs dans presque toutes les zones tempérées de l'hémisphère nord.
Lesfeuilles d'un vert foncé à vert-brun à la face supérieure ont 3, 5 ou 7 lobes obtus
peu profonds (c'est-à-dire pennatilobées ou pennatifides : C.laevigata) ou 3 ou 5 lobes
lIigus plus profonds et écartés (c'est-à-dire pennatiséquées : C. monogyna). Les feuilles
de C. azarolus et de C. nigra sont fortement pubescentes alors que celles des autres
l~spèces sont glabres ou agrémentées de quelques poils isolés.
majoritaires : tétramère D-l, trimère C-l , pentamère et dimère B-2). D'autres auteurs
décrivent soit des concentrations du même type, mais plus faibles en trimère C-l, soit
des teneurs en dimère B-2 qui dépassent 1 % (densitométrie). De fait, il y a des
variations en fonction du temps (fleur en bouton ou épanouie), et sans doute aussi
d'autres facteurs.
6. Ces deux extraits sont différents. Le WS 1442 est obtenu par extraction à l'éthanol aqueux
()5/45) et est titré à 18,75 % d'oligomères procyanidoliques. Le LII32 est obtenu par extraction au
1Il(~(hanol aqueux (70/30) et est titré à 2,2 % de flavonoïdes. D'autres extraits sont disponibles, leur
composition est rarement précisée. L'extrait de fruits semble quant à lui augmenter la charge de travail,
Illuis être sans effet sur la symptomatologie.
476 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
par rapport au placebo la charge de travail maximale mesurée en watts sur bicyclette
ergométrique (n = 380 patients). Les autres résultats montrent que l'extrait d'aubépine
améliore les symptômes (dyspnée, fatigue, 239 patients), réduit le produit pression
systolique x rythme cardiaque (329 patients), et augmente la tolérance à l'effort.
Le nombre d'essais et de patients demeure limité, les critères de jugement ne sont
pas les mêmes dans tous les essais, et les durées courtes. Dans quatre essais, les
traitements associés ne sont pas précisés, ce qui induit une incertitude sur le rôle de
l'extrait d'aubépine. Les auteurs de cette synthèse méthodique ont néanmoins conclu
que l'extrait d'aubépine, en traitement d'appoint de l'insuffisance cardiaque chronique,
apporte un bénéfice en terme de symptômes et de fonctionnement cardiaque. c]
j
Parmi les autres essais non pris en compte par la synthèse, on note qu'un essai'
J
comparatif versus captopril n'a pas mis en évidence de différence d'effet sur la chargej
maximale de travail entre les groupes aubépine (900 mg/j) et captopril (37,5 mg/j). Le],
seul essai randomisé versus placebo évaluant l'effet de 900 mg/j d'extrait d'aubépine 1
sur la progression de l'insuffisance cardiaque, publié en 2008, n'a mis en évidence 1
aucune réduction de cette progression au bout de six mois (patients aux stades II et III, j
fraction d'éjection systolique moyenne 36 % ± 15). Les autres essais ont concerné des
mélanges, ou bien ont évalué l'effet sur d'autres paramètres (pression artérielle), ou
encore sont des essais non aveugles.
La publication des résultats d'un essai clinique européen (SPICE) d'une durée de
deux ans et portant sur plus de 2300 patients ayant une fraction d'éjection::; 35 % f
(échocardiographie) précisera peut-être un peu plus ce que l'on peut réellement attendre
de l'aubépine en thérapeutique: impact sur la fréquence des accidents cardiaques et des
hospitalisations consécutives à la progression de l'insuffisance cardiaque, incidence sur
la mortalité 6.
l,
6. Cet essai était prévu pour prendre fin en 2002. Les premiers résultats n'ont été présentés qu'en,
mars 2007 au 56' congrès de l'American College ofCardiology. Ils montreraient un bénéfice en term.
de survie à six mois et dix-huit mois, mais pas de différence significative de mortalité au bout des deu.
ans de l'essai (d'après ABC [2007]. Trial shows hawthom extract may help extend life of heart failu~
patients, http://abc.herbalgram.org/site/PageServer?pagename=04_0S_Hawthom_SPICE, Consulté 1;
20-03-2008) .
TANINS 477
Composition chimique. Le fruit frais, peu calorique, est très riche en acides
(citrique, quinique, benzoïque, etc.); il renferme également des anthocyanosides (3-0-
galactosides et 3-0-arabinosides du cyanidol et du péonidol), du catéchol et des
flavonoïdes. Les composés caractéristiques sont des proanthocyanidols dimères (A-2,
B-2) et, surtout, trimères de l'épicatéchol à liaison interflavanique de type A.
Évaluation clinique. Les cranberries ont fait l'objet de plusieurs essais cliniques
comparatifs randomisés. Deux essais comparatifs menés chez 150 femmes jeunes et
148 âgées de 21 à 72 ans ayant déjà au moins un antécédent d'infection urinaire ont
évalué, pendant un an, un jus à base de concentré de cranberries (7,5 g), versus
suspension de Lactobacillus ou absence de traitement (50 ml/j) ou, en double aveugle,
un concentré d'extrait + jus de fruits placebo versus concentré placebo + jus de fruits de
cranberry versus double placebo. La méta-analyse des deux essais montre que
l'incidence des infections urinaires à douze mois a été moindre dans les groupes
cranberries que dans les groupes placebo (RR =0,62 [IC95 , 0,40-0,97]). Cette efficacité
pour diminuer l'indidence des récidives sur une année a été récemment confirmée par
une actualisation, plus large, de la méta-analyse (2008, RR =0.65, [IC95 , 0,46-0,90]). )
Deux essais ont été conduits chez des personnes âgées (moyenne = 81 ans). Le plus ,1
récent, et le plus rigoureux (randomisé en double aveugle, analyse en intention de .1
traiter), n'a pas établi de corrélation statistiquement significative entre la consommation ~
régulière de jus (300 ml/j pendant six mois) et la fréquence des infections urinaires il
(critère principal). La faible fréquence observée des infections urinaires (7 dans le ,\
groupe cranberry, 14 dans le groupe placebo) peut expliquer que la significativité ne'
soit pas atteinte. L'incidence des infections symptomatiques à E. coli (critère
secondaire) a, elle, été plus faible dans le groupe cranberry (4 versus 13, p = 0,027).
Dans tous les essais, on observe un fort pourcentage de sorties d'essai (jusqu'à,
31 %), sans doute dues à l'acidité du jus. Des essais complémentaires (en cours),~
devraient préciser l'intérêt des fruits de canneberge par rapport aux antibactériens et:.
apporter des informations sur les posologies et les durées de traitement optimales. Les:
essais conduits chez des patients cathétérisés en raison de problèmes de vidange vésicalo
d'origine neurogène n'ont pas établi l'intérêt du cranberry dans ce cas particulier;
TANINS 479
La vigne est utilisée par la phytothérapie (feuille de vigne rouge, voir p. 435) et par
l'industrie pharmaceutique, qui prépare un extrait purifié standardisé en oligomères pro-
cyanidoliques à partir des graines (pépins) de raisin. Ceux-ci constituent également une
source d'huile.
Expérimentalement, les procyanidols des pépins de raisin sont angioprotecteurs sur
plusieurs modèles mettant en œuvre une altération de la perméabilité capillaire.
Inhibiteurs in vitro de la collagénase, de l'élastase, de la hyaluronidase, de la xanthine-
oydase, de l'enzyme de conversion de l'angiotensine et piégeurs de radicaux, ils
préserveraient le collagène et l'élastine de la dégradation. L'évaluation clinique,
ancienne, tend à montrer une certaine capacité de ces proanthocyanidols (150-300 mg/j)
li atténuer les manifestations fonctionnelles de l'insuffisance veineuse, en particulier
l'œdème, mais la significativité statistique n'est pas atteinte dans un essai de qualité
méthodologique plutôt bonne.
En thérapeutique, les procyanidols des pépins de raisin sont utilisés pour
l'amélioration des symptômes en rapport avec l'insuffisance veinolymphatique (jambes
lourdes, douleurs, impatience du primo-decubitus).
480 COMPOSÉS PHÉNOLlQUES
Si l'intérêt du pin est lié, entre autres, à la térébenthine (cf. plantes à oléorésines),
son écorce est aussi une bonne matière première pour l'obtention d'oligomères
proanthocyanidoliques (comme d'ailleurs beaucoup d'autres Conifères dont les écorces
peuvent renfermer jusqu'à 5 % de procyanidols dimères B-I-B-4).
• Le cachou noir est un extrait aqueux du bois de cœur de Acacia catechu (L.f.)
Willd. (Mimosaceae), concentré par ébullition. Par refroidissement, des cristaux se
Néparent : c'est le katha ou kath qui contient plus de 55 % de catéchol ; la concentration
du surnageant conduit au cutch. Plusieurs milliers de tonnes de ces produits seraient
lIlilisés annuellement dans le sud-est asiatique pour le tannage des peaux, la protection
,b cordes, la teinture des tissus, etc. L'aire de distribution de l'espèce s'étend du sud de
l'ilimalaya (Pakistan, Inde) au Myanmar et à la Thaïlande. Le cachou contient une
jJ,olllme, des f1avonoïdes et des dérivés f1avaniques, monomères (catéchol et
~picatéchol, 10-12 %) et polymères de degré de condensation variable (25-30 %). Les
IIKII)!,CS du cachou sont restreints (confiserie).
• Le terme de cachou est également appliqué à l'extrait aqueux des feuilles et des
Il)!.es d'une Rubiaceae grimpante cultivée en Malaisie et en Indonésie, le gambir
(( II/mria gambir [Hunter] Roxb.). Cet extrait est connu sous le nom de cachou pâle ou
482 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
de cachou cubique. La distinction des deux cachous (noir et pâle) peut se faire sur un
extrait alcoolique alcalinisé par l'hydroxyde de sodium: le cachou pâle donne, après
réextraction du filtrat par de l'éther de pétrole, une fluorescence verte (cette
fluorescence intense est due à 0,05 % d'alcaloïdes indoliques, gambirtannine et
dérivés). Au Royaume-Uni, le cachou pâle est utilisé comme antidiarrhéique. Les États-
Unis d'Amérique et l'Union Européenne autorisent l'emploi de ce cachou pour
l'aromatisation .
Elles sont nombreuses et, si l'utilisation en tannerie est devenue négligeable (au I,.~
moins dans les pays dits développés), d'autres usages sont apparus: revêtements j
protecteurs, adhésifs, plastiques, « vieillissement» des alcools, teintures, etc. Les]
chênes (Quercus spp.) et les châtaigniers (Castanea spp.) sont encore utilisés pour leurs
écorces. Les autres espèces ont une importance variable selon les pays concernés.
Certaines conservent un usage important: c'est par exemple le cas de Acacia mearnsii
De Willd. (Afrique du Sud, Brésil, Kenya, etc.) dont les plantations occupaient encore
350000 hectares dans le monde au début des années 1980; c'est aussi - semble-t-il -
le cas des Schinopsis de l'Amérique du Sud (Anacardiaceae) : S. balansae Engl., S.
haenkeana Engl., S. quebracho-colorado (Schldl.) F. Barkley & T. Meyer =S.lorentzii
(Griseb.) Engl. En Chine, 60 000 tonnes de bois de Myrica esculenta Buch.-Ham. ex D.
Don (Myricaceae) ont été utilisées en 1987 pour le tannage. En Inde, 100000 tonnes de
fruits de Terminalia chebula (Gaertner) Retz. (myrobalan noir, Combretaceae) ont été
produites en 1981.
D'autres plantes continuent d'être utilisées, mais ne semblent pas faire l'objet d'un
commerce international. Citons par exemple:
- des Rhizophoraceae du sud-est asiatique, de l'Indonésie, de la Malaisie ou des
Philippines (Bruguiera gymnorhiza [L.] Sav., Rhizophora mucronata Lam., Ceriops
decandra (Griffith) Ding Hou et autres espèces de ces genres caractéristiques des
mangroves;
- des Anacardiaceae d'Amérique du Nord comme les sumacs: Rhus hirta (L.)
Sudw., f. hirta et f. typhina (L.) Reveal, (= R. typhina, " velvet sumac ");
- des Caesalpiniaceae : divi-divi de l'Amérique tropicale (= cascalote = Caesalpinia
coriara [Jacq.] Willd.) dont les gousses renferment 40 à 45 % de tanins, C. digyna
Rotder, C. brevifolia Baillon, C. paraguariensis (Parodi) Burkart, etc.
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GÉNÉRALITÉS BIOSYNTHÉTIQUES
(a) +C 2 )
(
(b) réduction n
OH
1
CH 3 -C-CH 2 -C0 2 H
1
CH 2 -C0 2 H
l
488 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
hydrogène avec l'enzyme, soit par chélation de sa forme énolique partielle avec des
ions métalliques liés à l'enzyme. À ce stade, il peut y avoir une réduction partielle de
quelques groupes carbonyle ou une alkylation de certains d'entre eux.
La structure de ce poly-~-cétothioester, très réactive, est éminemment favorable à
des réactions intramoléculaires:
- condensation aldolique conduisant à des acides 2,4-dihydroxy-6-alkyl-
benzoïques (l'acide orsellinique et ses homologues) ;
- condensation de Claisen induisant la formation de l-acyl-2,4,6-trihydroxy-
benzène (phloracétophénone et ses homologues, les acylphloroglucinols);
- parfois, la cyclisation intramoléculaire se fait par lactonisation, d'où l'existence
de pyrones. Cette lactonisation peut s'accompagner d'une condensation aldolique, ce
qui aboutit à la formation de chromones, d'isocoumarines, etc.
o
«seOA
0
R H+ 0
o 0
:r~JH+
seoA
l o l
~
~R
R~O
x:JL
1ll
R 0
o 0 0 0 HO -:/ 0
OH
I~
O~O
1
0..
OH
o OH
y OH
d'un ~-polycétoester
HO OH
urushiol
o 1
CH, (CH,), CH~CH (CH"'\~o CH 3 (CH 2 )s CH=CH (CH2h-Q
H0 2 C OH
COSCoA
acide anacardique
o HO
OH 0
o
HO
o
Ho~:l/
~I
~ 0 0
I~
-C-1
----=
OH 0 OH
stérigmatocystine
~ 0
o o
aflatoxine BI
Origine biosynthétique d'un polyacétate complexe: N.B. : les liaisons épaissies rer)ré~;enllenl[.
les unités acétates 'nrr\rn"rp," lflTHC""'L_
exemple de l'aflatoxine BI·
dans la structure (acétate UV 'W"" "'0 Il
(mycotoxine élaborée par Aspergillus sp., cf. arachide) marqué).
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Quinones
1. Introduction ..................................................................................................................492
2. Distribution des quinones ............................................................................................493
3. Biosynthèse ..................................................................................................................493
4. Propriétés, extraction, séparation, caractérisation .................................................... ..495
5. Propriétés biologiques et emplois des plantes à quinones .........................................495
6. Quinones et allergie .....................................................................................................496
7. Plantes à naphtoquinones ............................................................................................497
droséras ................................................................................................................497
noyer ....................................................................................................................499
henné .................................................................................................................. .501
8. Plantes à anthraquinones: hétérosides hydroxyanthracéniques laxatifs ...................502
A. Structure des anthracénosides ........................................................................502
B. Propriétés physico-chimiques, caractérisation ..............................................504
C. Propriétés pharmacologiques ........................................................................ .505
D. Évaluation clinique, toxicité, effets indésirables ..........................................506
D. Emploi des plantes à anthracénosides .......................................................... .507
E. Principales plantes à hétérosides hydroxyanthracéniques ............................511
sénés ................................................................................................ .511
bourdaine ......................................................................................... .513
cascara ............................................................................................. .515
aloès ................................................................................................. .518
rhubarbe ...........................................................................................521
rhubarbe des jardins, canéficier (522), nerprun ..............................523
9. Autres plantes: plantes à naphtodianthrones ............................................................. 523
millepertuis ....................................................................................... 523
10. Bibliographie .............................................................................................................529
l
492 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
1 . INTRODUCTION
o
anthracyclinone naphtodianthrone miltionone
(abiétane-quinone)
Plus de 1200 quinones étaient décrites à la fin des années 1990, principalement
dans le règne végétal: chez les Angiospermae, les Gymnospermae, les Champignons,
les Lichens et, très rarement, chez les Filicopsida. Elles ne sont pas exceptionnelles
dans le règne animal, en particulier chez les Échinodermes et les Arthropodes.
Les benzoquinones simples, caractéristiques des Arthropodes, sont assez rares chez
les végétaux supérieurs où elles semblent spécifiques d'un nombre limité de familles:
Myrsinaceae, Primulaceae, Boraginaceae. La 2,6-diméthoxy-1 ,4-benzoquinone, très
répandue, est sans doute un produit de dégradation de la lignine.
La distribution des naphtoquinones, limitée chez les Champignons, est sporadique
chez les Angiospermae. Là encore, elles sont le fait de genres appartenant à un nombre
assez restreint de familles: Bignoniaceae, Ebenaceae, Droseraceae, Juglandaceae,
Plumbaginaceae, Boraginaceae, Lythraceae, Proteaceae, Verbenaceae, etc.
Les anthraquinones ont une distribution assez large: Champignons, Lichens et,
dans une moindre mesure, Spermaphytes. Elles sont abondantes dans un petit groupe de
familles d'Angiospermae : Rubiaceae, Fabaceae, Polygonaceae, Rhamnaceae,
Asphodelaceae et autres chez lesquelles elles existent assez fréquemment à l'état
d'hétérosides.
3. BIOSYNTHÈSE
La biosynthèse des quinones est caractérisée par la diversité des voies métaboliques
qui permettent aux différents organismes vivants de les élaborer à partir d'un nombre
assez limité de précurseurs: acétate/malonate, mévalonate, phénylalanine.
aloesaponarine-1
voie 1
III
m
~CH3
o
chrysophanol
OH OH
~C02H
Vy ------
OH OH
osa OHNA
acide o-succinylbenzoïque acide 1,4-dihydroxy-2-naphtoïque
anthraquinones
voie 3
Q" _G_P_P__
OH
OH OH OH 0
R1 = H, R2 = OH:
R1 = OH, R2 =H:
Origine biosynthétique des quinones
QUINONES 495
L
496 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
6. QUINONES ET ALLERGIE
Des problèmes de même nature sont rencontrés dans l'industrie des bois exotiques.
Les travailleurs exposés aux sciures sont susceptibles de développer conjonctivites et
réactions nasales. Erythèmes et dermites bulleuses sont également fréquents au niveau
du dos, des mains et des avant-bras, des paupières, de la face et du cou. Très
exceptionnellement, une allergie du même type peut être observée à la suite du contact
prolongé avec un instrument de musique. De nombreuses molécules sont incriminées:
- naphtoquinones comme le lapachol, le désoxylapachol et les composés voisins du
teck (Tectona grandis L., Verbenaceae), des Tabebuia et des Tecoma (lapacho, ipe,
Bignoniaceae) ou comme celles des plaqueminiers (ébènes de Macassar, d'Afrique, des
Célèbes, etc. qui sont des Diospyros spp., Ebenaceae);
- dalbergiones des palissandres d'Asie (Dalbergia latifolia Roxb.), d'Afrique (D.
melanoxylon Guillemin & Perrottet ) ou d'Amérique du Sud (D. nigra [Vell. Conc.]
Henth., D. retusa Hemsley [cocolobo]).
«r>- aY çy W
0 0 0 0
oH
~ 0
~ 1 1
0 0 OH 0 OH 0
lapachonone lawsone juglone plumbagone
7. PLANTES À NAPHTOQUINONES
La plante. Les droséras qui figuraient dans les anciennes éditions de la Pharmacopée
française sont des espèces des marais tourbeux de l'Europe devenues très rares et
maintenant protégées en Europe continentale. D. rotundifolia est une petite plante (5 cm
de hauteur) qui possède une rosette de feuilles longuement pétiolées. Le limbe,
orbiculaire, est recouvert de longs poils rouges à tête globuleuse sécrétant un liquide
visqueux très réfringent (d'où l'appellation populaire d'herbe à la rosée ou de rossolis).
lJne ou deux tiges grêles, dépourvues de feuilles, portent une grappe de fleurs à pétales
hlancs. Les autres espèces européennes diffèrent principalement de la précédente par la
l'orme du limbe: lancéolé et atténué en pétiole chez D. anglica, obovale chez D.
b
Juglans regia L.
QUINONES 499
intermedia. C'est la plante entière qui est utilisée; elle est fréquemment remplacée par
des espèces africaines et malgaches (D. peltata Smith, D. madagascariensis DC.).
Les quinones peuvent être mises en évidence par la CCM d'une teinture. Pour le
dosage, il est possible de mettre à profit la propriété qu'ont les naphtoquinones d'être
entraînables par la vapeur d'eau: les qui nones entraînées dans le distillat sont extraites
par le chloroforme et l'on mesure l'absorbance de la solution organique. Un examen
microscopique attentif de la morphologie des poils sécréteurs semble constituer un outil
important pour cerner l'identité de la plante - spécialement pour identifier les droséras
non européens.
La feuille de noyer est constituée par lafoliole séchée; elle contient au minimum
2 % de f1avonoïdes totaux (Ph. fse, 10e éd.).
La plante, la feuille. Les noyers sont des arbres largement cultivés (Chine, États-
Unis d'Amérique, Iran, Turquie, Union euroéenne, etc.). En France, J. regia est surtout
planté en Périgord et en Dauphiné (36500 t de noix en 2006 [FAO, 2008]). Les feuilles,
500 COMPOSÉS rnJD1".JL1LJU
Emplois
a- feuille. En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) aOInel:li.
qu'il est possible de revendiquer, pour lafeuille de noyer, les indications
suivantes (voie orale) : traditionnellement utilisé dans les manifestations subjectives
l'insuffisance veineuse telles que jambes lourdes, dans la symptomatolo
hémorroïdaire; dans le traitement symptomatique des diarrhées légères. En usage local
six indications sont autorisées: traditionnellement utilisé 1° dans les
subjectives de l'insuffisance veineuse telles que jambes lourdes; 2° dans
symptomatologie hémorroïdaire; 3° dans les démangeaisons et desquamations du
chevelu avec pellicules; 4° comme traitement d'appoint adoucissant et
des affections dermatologiques, comme trophique protecteur dans le traitement
crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres d'insecte; 5° en cas d'er'l'tnf~ml'l.
solaire, de brûlures superficielles et peu étendues, d'érythèmes fessiers; 6° cOlmnlotll
antalgique dans les affections de la cavité buccale et/ou du pharynx (collutoire, pastille)
Si le phytomédicament à base de noyer est une poudre de feuille, le dossier « abrégé
d'AMM doit comporter une étude toxicologique allégée. Celle-ci n'est pas nél~es;sairei.
pour la feuille pour tisane, l'extrait aqueux, les teintures et les extraits hy
alcooliques, quel que soit leur titre.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BfArM précise
lafeuille du noyer séchée ou ses préparations sont utilisées par voie locale en
d'inflammation superficielle modérée de la peau et en cas de transpiration excessive
pieds et des mains. Posologie: de 2 à 3 g pour 100 ml d'eau (décoction), en cOlnplresi,esl.
et bains partiels.
La Commission a estimé que les propriétés attribuées à l'enveloppe du fruit ne
pas démontrées et qu'elle ne pouvait pas en recommander l'usage dans un
thérapeutique. D'après la monographie éditée en 1990 par la Commission, laJ-t,.~ ..."I'.
C)LJINONES 501
8. PLANTES À ANTHRAQUINONES:
HÉTÉROSIDES HYDROXYANTHRACÉNIQUES LAXATIFS
-les génines. Le degré d'oxydation est variable. Chez les anthrones (c'est-à-dire les
lO-H anthracén-9-ones) le carbone C-lO est un carbone méthylénique. Selon le pH, ces
anthrones peuvent être accompagnées de leurs formes tautomères, les anthranols. Dans'
la pratique on désigne souvent les anthrones et les anthranols par le terme de « formes
réduites» et les anthraquinones par celui de « formes oxydées».
Dans certaines conditions (par exemple, lors du séchage des sénés) les anthronesi
peuvent se combiner pour former des dianthrones. Selon que les anthrones constitutives
du dimère ainsi formé sont identiques ou différentes, on parle d'homodianthrones ou
d 'hétérodianthrones.
Les variations structurales observées pour ces génines sont limitées. En dehors des •
deux hydroxyles phénoliques toujours présents en C-I et C-8, seuls les carbones C-3 et;
C-6 peuvent être substitués: le premier l'est toujours et ce par un carbone de degré
d'oxydation variable (méthyle, hydroxyméthyle, carboxyle), le second ne l'est.
qu'éventuellement et ce par un hydroxyle phénolique, libre ou éthérifié par le méthanol. :
«c
0 0 OH
""'-
0
--:?
oxydation
aCe
""'- --:? oCo
""'- 1 --:? --:?
Interconversions
des dérivés
anthracéniques
QUINONES 503
- les hétérosides. Du fait de l'instabilité des anthrones, les génines libres qui
peuvent occasionnellement exister dans les plantes sont toujours des anthraquinones.
Les formes réduites, quant à elles, n'existent que sous la forme combinée, c'est-à-dire
sous la forme d'hétéroside.
Les oses de ces hétérosides sont banals: glucose, rhamnose, plus rarement apiose.
La liaison avec la génine engage normalement l'hydroxyle phénolique en C-8 (dans le
cas du glucose) ou celui en C-6 (dans le cas du rhamnose ou de l'apiose). La génine
peut être liée à deux oses: ainsi, le glucofranguloside A est le 6-0-a-L-rhamnosyI8-0-
13-D-glucosyl émodol.
Il n'est pas rare que les 1,8-dihydroxyanthrones existent sous la forme de C-
glycosides, la liaison se faisant alors entre le carbone C-I du glucose et le carbone C-lO
de la génine, ce qui introduit un centre chiral dans la molécule (voir, entre autres, les
aloïnes A [IO-R] et B [IO-S]). Qui plus est, ces C-hétérosides peuvent être
simultanément des O-hétérosides. Pour reprendre l'exemple précédent, les aloïnosides
sont les 11-0-a-L-rhamnosyl aloïnes (le carbone du groupe hydroxyméthyle en C-3 est
ici numéroté Il).
HO
Exemples de structures
de dérivés
hydroxyanthracéniques
II-D-glucose-O 0 OH HO 0 OH ~-D-glucose-O 0 OH
~
~C02H ~$II"'"
~-D-glucose
~CH20H ~
H ~-D-glucose H
P C0 2 H
o
rhéinosides a, B aloinesA,B rhéine-B-glucoside
est une réaction enzymatique qui ne s'observe que si le séchage est effectué à
température modérée (40 oC). D'autres auteurs estiment que ces dimères ne sont pas
uniquement des artefacts formés au cours du séchage, mais qu'ils pourraient préexistel'
en partie et participer à des systèmes oxydo-réducteurs pouvant avoir une signification
physiologique.
Les anthraquinones sont des composés colorés en orangé rouge, très peu solubles
dans l'eau froide (sauf en milieu alcalin), solubles dans les solvants organiques et les .'
alcools. Les génines carboxyliques sont extractibles par une solution aqueuse
d'hydrogénocarbonate de sodium. Les hétérosides sont solubles dans l'eau et les
solutions hydro-alcooliques. Le traitement des O-hétérosides en milieu acide provoque
leur hydrolyse, mais la coupure de la liaison carbone-carbone des C-hétérosides ne peut
être obtenue qu'en présence de chlorure ferrique. Le même réactif, utilisé cette fois en
milieu neutre, permet de réaliser la transformation des dianthrones en anthraquinones.
En pratique, les dosages prescrits par les pharmacopées opèrent en deux temps:
chauffage à reflux en présence de FeCI 3 , addition d'acide (HCI) et nouveau reflux.
c. Propriétés pharmacologiques
b
506 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Évaluation clinique. Les essais cliniques sont rares, du moins pour des produits ne
contenant qu'une seule préparation, et l'utilisation est essentiellement fondée sur la
tradition et sur les études de pharmacologie animale et humaine. Plusieurs plantes,
préparations ou substances (sénés, extraits et sennosides) ont été évaluées dans le
contexte de la préparation à une intervention chirurgicale ou à une coloscopie. Les
résultats de ces essais ne montrent pas un avantage particulier des antracénosides par
rapport aux autres moyens habituellement mis en œuvre, en particulier l'ingestion
d'une solution de polyéthylèneglycol et d'électrolytes.
Toxicité. Des études de toxicité aiguë ont été réalisées avec les sennosides (DUo>
5 g/kg [per os, Souris]) ou avec un extrait de séné titré à 20 % de sennosides (DUo =
2,5 g/kg [per os, Souris]).
La génotoxicité et la carcinogénicité de certaines anthraquinones ont été largement \
étudiées. Les nombreuses données sur la génotoxicité in vitro des anthraquinones sont:
contradictoires, et variables selon la structure et le test utilisé. Ainsi, par exemple;
l'émodol est génotoxique sur la plupart des modèles in vitro utilisés, alors que les.
préparations à base de séné ne montrent aucun effet génotoxique sur des hépatocytes de:
Rat ou d'autres tests. Les données recueillies chez l'animal dans le cas du séné montrent:
que cette plante n'induit pas de cancérisation au niveau du côlon ou du rectum (Rat,!
deux ans, doses de 25 à 300 mg par jour). L'administration quotidienne d'émodol à des.:
rongeurs, pendant la même durée, n'apporte pas la preuve d'un effet cancérogène. Chez:
l'humain, l'usage répété (quatre mois et plus) d'anthracénosides peut entraîner une'
mélanose colique : certaines études ont montré que la mélanose colique est.
fréquemment associée à un cancer colorectal, mais rien ne démontre que cette mélanose;
puisse être le point de départ de ce cancer. Les quelques données cliniques disponibles:
quant à une éventuelle corrélation entre prise d'anthracénosides et cancérisation recto~'
colique sont contradictoires, et de faible niveau de preuve. ,
On ne dispose pas de données fiables de tératogenèse animale pour les plantes li:
anthracénosides en général. En clinique, aucun effet malformatif ou fœtotoxique n'a ét~'
QUI NONES 507
rapporté. Pour le séné, les études chez l'animal n'ont pas mis en évidence de risque
tératogène.
Les différentes plantes de ce groupe, comme tous les laxatifs, font l'objet d'un
important marché. Elles sont utilisées en nature (tisanes) ou sous forme de préparations
galéniques (poudres et extraits, extraits titrés) dans lesquelles les différents composants
agissent en synergie.
Si l'utilisation de ces plantes et de leurs préparations peut, éventuellement, avoir des
justifications (préparation à des examens radiologiques ou coloscopiques, maintien de
selles molles en cas d'intervention chirurgicale ano-rectale, traitement de constipations
occasionnelles liées à un traitement médicamenteux, à un changement du mode de vie,
ctc. 2), elle doit toujours se faire avec prudence et sur une très courte période (8-10 jours
au maximum). Leur emploi est, sauf exception, réservé à l'adulte.
2. Pour la préparation colique, le PEG associé à des électrolytes est d'usage habituel. Pour le
traitement de la constipation, et si des mesures hygiéno-diététiques s'avèrent insuffisantes, les
médicaments de première intention sont les laxatifs de lest (cf. p. 87, 117 et suivantes). Pour une revue
sur les traitements, voir: Prescrire Rédaction (2004). Constipation de l'adulte - Prise en charge dans le cadre
dcs soins primaires, Rev. Prescrire, 24, 688-698.
L
1
508 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES '~
1
~j
j
Conditions d'utilisation j
En France, Les inconvénients non négligeables inhérents à ce type de composés
ont conduit, dans le cadre des demandes d'autorisation de mise sur le marché des ,il
:r.:l
médicaments à base de plantes, à l'énoncé de règles spécifiques (cf. chapitre IV et ii
'\
annexes II et IV -A de la Note Explicative de 1998). Les principaux points énoncés dans
ce texte sont les suivants: 'l
~
1. La présentation sous forme de tisane en vrac est à proscrire; .)
2. Le nombre de plantes laxatives introduites dans une association est limité à cinq!!
dont au maximum deux plantes à principes anthracéniques. Les mécanismes des plantes 1
ou préparations associées doivent être compatibles ; .~
3 . L'association entre les espèces à principes anthracéniques et les gommes,:
mucilages, pectines ou fibres est admise, mais l'information du corps médical et
pharmaceutique ainsi que du public devra être centrée sur les principes anthracéniques.,
Les mécanismes d'action des parties de plantes ou préparations associées doivent être ','
compatibles;
4. L'utilisation des plantes à principes anthracéniques doit être limitée à des
périodes courtes ne devant pas dépasser huit à dix jours; le conditionnement doit être,
adapté à cette durée;
5. Sachant que la dose maximale journalière chez l'adulte en hétérosides
anthracéniques est de 25 mg (barbaloïne, glucofranguline A, cascaroside A, sennoside',
B) ou de 50 mg (rhéine), la posologie journalière chez l'adulte est calculée en fonction
de la teneur minimale de la partie de plante en hétérosides anthracéniques telle
qu'exprimée aux Pharmacopées française et européenne. Pour permettre la modulation,
individuelle de la posologie journalière, chaque unité de prise doit contenir au plus la;
moitié de la dose usuelle journalière. En cas d'association de plantes entre elles, les'
quantités de chacune doivent être moindres pour tenir compte de l'action cumulative'
des différents constituants dont les doses efficaces sont variables; i'
6. L'administration de laxatifs à principes anthracéniques est contre-indiquée pour
les enfants de moins de dix ans. Elle est déconseillée chez les enfants de dix à quinze~
ans ainsi qu'en cas de grossesse et pendant l'allaitement (le séné peut être utilisé par la;
femme enceinte sur les conseils d'un médecin) ;
7. L'information du corps médical et pharmaceutique doit mentionner les contre"
indications: colopathies organiques inflammatoires (rectocolite ulcéreuse, maladie dt,
Crohn, ... ), syndrome occlusif ou subocclusif, syndromes douloureux abdominaux d "
cause indéterminée, états de déshydratation sévère avec déplétion électrolytique'
enfants de moins de dix ans. Elle doit aussi mentionner les associations déconseillées"
et les associations nécessitant des précautions d'emploi (voir ci-dessus). Elle doit auss,
mettre en garde sur la nécessité de ne pas dépasser huit à dix jours de traitement
L'information doit également préciser que la prise prolongée peut entraîner des troublq
(maladie des laxatifs, situation de dépendance). Comme pour les autres laxatif
QUINONES 509
La feuille de séné est constituée par les folioles séchées de C. senna L. (= C. acu-
tifalia Delile), connu sous le nom de séné d'Alexandrie ou de Khartoum ou de Cassia
angustifalia Vahl., connu sous le nom de séné de l'Inde ou de Tinnevelly, ou par un
mélange des deux espèces. Elle contient au minimum 2,5 % d'hétérosides hydroxy-
anthracéniques (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0206]).
Le fruit séché de chacune des deux espèces fait également l'objet d'une mono-
graphie de la Pharmacopée européenne (6' éd.) : le fruit du séné de Khartoum ou
d'Alexandrie contient au minimum 3,4 % d'hétérosides hydroxyanthracéniques
[01/2008:0207] et le fruit du séné de l'Inde ou de Tinnevelly 2,2 % [01/2008:0208].
Les plantes. Les sénés sont des sous-arbrisseaux à feuilles composées paripennées.
Les fleurs, 4-cyc1iques 5-mères, zygomorphes, ont un calice en quinconce, une corolle
de pétales jaunes veinés de brun à préfloraison imbriquée ascendante, un androcée
partiellement staminodial. Le fruit est une gousse aplatie, parcheminée, déhiscente, à 6-
8 graines.
Les deux espèces sont originaires des régions désertiques. Le séné de Tinnevelly,
originaire d'Arabie, est spontané en Afrique orientale (Somalie) et en Asie, jusqu'au
Punjab. Il est actuellement cultivé au Pakistan et en Inde, dans le sud-est du Tamilnadu
(Madras). Le séné d'Alexandrie croît naturellement dans le nord-est de l'Afrique; il est
récolté et cultivé au Soudan.
L'identité des folioles et/ou des fruits est confirmée par: 10 la CCM d'un extrait
hydro-alcoolique 50-50, révélée par une solution d'hydroxyde de potassium après
I~
oxydation in situ par l'acide nitrique; 2 0 la réaction de BORNTRÀOER (des génines i)~
obtenues par extraction après hydrolyse chlorhydrique des h é t é r o s i d e s ) ' l
La feuille ne contient pas plus de 3 % de parties étrangères et le taux de matières .~
étrangères n'est pas supérieur à 1 %. Dans le cas des fruits le taux d'éléments étrangers .• ·1·,·.
est inférieur à 1 %.
...
Dosage. Les anthracénosides sont, classiquement, extraits par l'eau chaude. La
solution aqueuse, acidifiée (par l'acide chlorhydrique dilué, pour libérer les sennosides
de leurs combinaisons salines), est débarrassée des génines libres éventuellement
présentes par extraction au chloroforme. Après neutralisation par le bicarbonate de
sodium puis centrifugation (pour casser l'émulsion; si l'on centrifugeait avant la
neutralisation, une partie des sennosides, peu solubles en milieu acide, serait perdue), la
solution d'anthracénosides est additionnée de chlorure ferrique et portée à reflux puis
acidifiée par l'acide chlorhydrique (oxydation et hydrolyse). Les génines, extraites par
le dioxyde d'éthyle, sont redissoutes dans une solution d'acétate de magnésium. Après
détermination de l'absorbance, la teneur est calculée et exprimée en sennoside B.
Les folioles et les fruits secs renferment aussi des traces d'anthraquinones libres
« 0,1 %) et une faible quantité d'hétérosides d'anthraquinones (mono- et diglucosides
d'aloe-émodol et de rhéine) et d'hétérosides d'anthrones monomères (glucosides de
rhéine-anthrone et d'aloe-émodol-anthrone). La teneur moyenne des différents organes
en dérivés hydroxyanthracéniques varie de 2 à 5 %. Dans les fruits, ils sont concentrés
dans les péricarpes. Les graines, considérées comme irritantes, sont souvent éliminées.
~-D-glucose-O 0 OH
R
C0 2 H
tineve/line (glucoside)
~-D-glucose-O 0 OH
R C-10 C-10'
C0 2H R R sennoside A
C02H R S sennosideB
CH 20H R R sennoside C
CH 20H R sennoside 0 6-hydroxymusizine (glucoside)
S
Les dérivés dianthroniques n'existent pas dans les folioles et les fruits frais qui
contiennent, majoritairement, les O-glucosides en C-8 de la rhéine-anthrone et de
l'aloe-émodol anthrone. C'est au cours du séchage, vers 40 oC, que les glucosides
d'anthrones sont dimérisés par un processus enzymatique. Si le séchage est effectué à
plus haute température, la liaison hétérosidique est rompue et les anthrones
immédiatement oxydées en anthraquinones.
l
514 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
La bourdaine pennet de préparer l'extrait sec titré de bourdaine (Ph. eur., 6c éd.-
63, [0112009:1214]) qui contient de 15 à 30 % de glucofrangulines (la teneur mesurée
ne s'écarte pas plus de 10 % de la valeur indiquée sur l'étiquette).
~-D-glucose-O 0 OH
a-L-rhamnose-O $
II~
~
o
p
CH 3
glucofranguline A
Pharmacologie, évaluation clinique, toxicité, effets indésirables. Voir généralités.
L
518 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
L'aloès des Barbades est constitué par le suc concentré et séché provenant des
feuilles d'A. barbadensis. Il contient au minimum 28 % de dérivés hydroxyanthra-
céniques, exprimés en barbaloïne (Ph. eur., 6' éd., [0112008:0257]).
L'aloès du Cap est constitué par le suc concentré et séché provenant des feuilles de
diverses espèces d'Aloe, principalement d'A.ferox et de ses hybrides. Il contient au
minimum 18 % de dérivés hydroxyanthracéniques, exprimés en barbaloïne (Ph. eur., 6·
éd., [0112008:0258]).
Chacun des deux aloès, ou le mélange des deux, est utilisé pour préparer, par trai-
tement à l'eau bouillante, l'extrait sec titré d'aloès (Ph. eur., 6' éd., [0112008:0259]),
ajusté à 20 ± 1 % de dérivés hydroxyanthracéniques exprimés en barbaloïne.
Les aloès fournissent également un gel réputé cicatrisant, utilisé par l'industrie des
cosmétiques.
Les plantes. Les aloès (il en existe plus de 150 espèces) sont des plantes à port plus
ou moins arborescent, à feuilles épaisses et charnues, le plus souvent épineuses sur les ,
bords, réunies en rosette dense au sommet d'un « tronc» robuste de longueur variable. ;!
Dans le cas des espèces officinales, les fleurs, rouge écarlate lorsqu'elles sont en bouton :
(aloès du Cap) ou jaunes (aloès des Barbades), sont réunies en grappes denses portées;
par une hampe florale dressée unique (A. barbadensis) ou ramifiée (A.ferox).
Aloe ferox est originaire du sud de l'Afrique; il s'hybride aisément et est cultivable •.
Aloe barbadensis, originaire de l'Afrique du Nord et introduit dès le XVII' siècle aux •
Antilles, est cultivé aux États-Unis d'Amérique (Floride).
Suc d'aloès et gel d'aloès. La section transversale de la feuille montre, sous U~i
épiderme à cuticule très épaisse, un parenchyme chlorophyllien et amylifère, une région!
centrale à cellules à mucilage et, entre les deux, des faisceaux conducteurs isolés à.
péricycle et endoderme marqués. Le suc d'aloès (1'« aloès») est contenu dans les celluleS;,.
péricycliques et s'écoule spontanément de la feuille coupée, alors que le gel d'aloès esf
uniquement constitué par le mucilage des cellules polyédriques de la zone centralel
Traditionnellement, on recueille le suc qui s'écoule spontanément des feuilles coupée~;
et celui-ci est concentré par ébullition. Le suc épaissi se présente sous la forme dd
masses brun foncé (aloès des Barbades) à reflets verdâtres (aloès du Cap). Le gel es'
obtenu après élimination des tissus les plus externes de la feuille.
Les aloès sont identifiés par la fluorescence d'une infusion en présence d.
tétraborate de sodium et différenciés par addition d'eau de brome à la solutio
extractive aqueuse: on obtient soit un précipité jaune (aloès du Cap), soit un précipi ;
QUINONES 519
Composition chimique
Composition du suc d'aloès. Le suc contient 15 à 40 % de dérivés hydroxy-
anthracéniques qui sont des C-glucosides en C-1O de l'aloe-émodol-anthrone: aloïne (=
barbaloïne, voir note 3 , page 517), hydroxy-aloïnes et, chez A.ferox, aloïnoside.
L'aloïne, très largement majoritaire, est en fait un mélange d'aloïne A (lO-R) et
d'aloïne B (lO-S) interconvertibles via la forme anthranolique. Il en est de même pour
l'aloïnoside, dérivé rhamnosylé sur l'hydroxyméthyle en C-3 de l'aloïne. Les hydroxy-
aloïnes permettent de différencier les deux espèces: la 5-hydroxy-aloïne A caractérise
A.ferox, les 7-hydroxy-aloïnes A et B et leurs homologues 8-0-méthylés ne sont
présents que chez A. barbadensis (qui renferme aussi des 10-C-glycosides 10-
hydroxylés).
Le suc contient également une fraction résineuse à partir de laquelle ont été isolés
des C-glucosides en C-8 de 2-acétonyl-7-hydroxy-5-méthylchromones : aloésine et
aloérésine A. Ces chromones majoritaires (A.ferox) peuvent être accompagnés de
faibles quantités de dérivés non C-glycosidiques, de naphto[2,3c]furanes et de 1-
méthyltétralines. Chez A. barbadensis, on note la présence de plusieurs 2-(2-
hydroxypropyl)-chromones C-glucosylées en C-8 (isoaloérésine D, dérivés de l'aloésol,
de l'aloediol, de la noreugénine, isorabaichromone, etc.). On note aussi l'existence, chez
A.ferox, d'une tétraline, la feroxidine, libre ou glycosylée.
HO 0 OH
~ R1
~CH20R 0
R2 $ O
~O~HH "",110
OH
HO/ H. CH 3 0
HO OH HO OH
a/oesone,
a/oérésines A,-C
R = H, a/oïne A R =H, a/oïne B
R = Œ-L-Rha, a/oïnoside A R =Œ-L-Rha, a/oïnoside B
!1
l
520 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Emplois
a- suc: traitement symptomatique de la constipation.
b- gel. En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet
qu'il est possible de revendiquer, pour le mucilage d'aloès, les indications thérapeu.,
tiques suivantes (voie locale) : traditionnellement utilisé 10 comme traitement d'appoint;
adoucissant et antiprurigineux des affections dermatologiques, comme trophique:'
protecteur dans le traitement des crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres ;'
d'insectes; 20 en cas d'érythème solaire, de brûlures superficielles et peu étendues"
d'érythèmes fessiers. Aucune évaluation toxicologique n'est demandée pour la:
constitution d'un dossier« abrégé» d'AMM (mucilage). Les tisanes, extraits aqueux ou
hydroa1cooliques ne sont pas utilisés de façon traditionnelle. ,
Le mucilage d'aloès ne fait pas l'objet d'une monographie de la Commission E du
BfArM allemand.
Le gel est très utilisé dans les produits cosmétiques comme composant hydratant dO'
préparations liquides ou pâteuses: produits solaires et de rasage, baumes pour le.'
lèvres, pommades cicatrisantes, masques, crèmes.
QUINONES 521
La rhubarbe est constituée par les organes souterrains entiers ou coupés, séchés
de R. palmatum L. ou de R. officinale Baillon ou des hybrides des deux espèces ou d'un
mélange. Les organes souterrains sont souvent divisés; ils sont dépourvus des éléments
de tige et de la presque totalité de la partie corticale comportant les petites racines. La
rhubarbe contient au minimum 2,2 % de dérivés hydroxyanthracéniques, exprimés en
rhéine (Ph. eur, 6" éd., [01/2008:0291]).
La plante. Les rhubarbes sont de grandes plantes herbacées, vivaces par un rhizome
volumineux. Les feuilles ont un long pétiole charnu et un large limbe plus ou moins
palmatilobé parcouru, à la face inférieure, par des nervures saillantes, rougeâtres. Les
fleurs, petites, 3-mères, sont groupées en une large panicule. Les parties souterraines
sont volumineuses, brun rouge; elle sont coupées en fragments pour faciliter le séchage.
L'aspect varie selon la provenance (Sichuan, Guangsi, Qinghai, Corée, etc.).
Le canéficier est un arbre des régions tropicales dont on utilise le fruit (la « casse »)
Celui-ci, une gousse indéhiscente cylindrique, contient une pulpe noirâtre riche e
pectines et mucilages et qui contient environ 0,2 % d'anthracénosides. La pulpe est U
4. Les Rhaponticum Hill. (= Stemmacantha Cass.) sont des Asteraceae. Rheum rhaponticu
l'
L. est une espèce bulgare, rare. '
QUINONES 523
laxatif stimulant [Note Expl., 1998], parfois utilisé en pédiatrie en contradiction avec les
recommandations évoquées ci-dessus (mais la teneur en anthracénosides est faible) .
La plante, la sommité fleurie. Le millepertuis est une herbe vivace, très commune
dans les endroits incultes et sur le bord des chemins de l'Europe et de l'Amérique du
Nord. Il possède des tiges dressées et rameuses à deux côtes longitudinales plus ou
moins saillantes. Les feuilles, petites (1,5-3 x 0,5-1 ,5 cm), sont opposées et sessiles, non
Htipulées. Le limbe, vert foncé, est parsemé de ponctuations translucides (poches
H~crétrices schizogènes) et bordé de petits points glanduleux noirs (amas cellulaires
~Ilvahis par des pigments). Les fleurs, groupées en grappes corymbiformes, sont
nisément reconnaissables à leurs 5 pétales jaunes légèrement asymétriques ponctués sur
les bords, comme les 5 sépales verts, de poches sécrétrices noires. Les étamines,
nombreuses, sont soudées en 3 faisceaux et les 3 carpelles sont surmontés de styles
524 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
rouge foncé. On peut aussi observer des fruits et graines immatures, de rares fruits mûrs
(capsules triloculaires sèches) et des graines presque noires, finement ponctuées longi-
tudinalement, cylindriques ou triangulaires.
La poudre de sommité fleurie, examinée au microscope dans l'hydrate de chloral,
présente, entre autres éléments, des fragments de feuilles et de sépales à grandes poches
sécrétrices et cellules pigmentées de rouge. On note aussi l'existence de nombreux
grains de pollen à exine lisse, de cristaux d'oxalate de calcium en oursins, de fragments
d'épiderme dont les cellules polygonales ont une paroi épaissie en chapelet, avec des
stomates de type paracytique ou anomocytique, de fragments du fruit et de la graine,
des trachéides et des vaisseaux ponctués, etc.
La CCM d'un extrait méthanolique met en évidence flavonoïdes, hypéricine et
pseudohypéricine. La sommité fleurie ne contient pas plus de 3 % de tiges de diamètre
> 5 mm et pas plus de 2 % d'autres éléments étrangers. L'hypéricine, extraite par un
mélange d'eau et de tétrahydrofurane, est dosée par mesure de l'absorbance à 590 nm.
Dans l'extrait sec quantifié, les hypéricines d'une part, l'hyperforine et les flavo-
noïdes d'autre part sont dosés par chromatographie liquide.
0 OH
lj
HO R
HO CH 3
"
"
'f.'.
.',
't;~
OH 0 OH
R = CH 3, hypéricine
R= CH 20H, pseudohypéricine hyperforine 'l
1
Les composés caractéristiques du millepertuis sont des dérivés polyprénylés bicycli,
ques du phloroglucinol, instables à l'air et à la lumière, présents dans les fleurs et dans le'
fruits où ils se concentrent à maturité: hyperforine (2-5 %), adhyperforine (0,2-1,8 %)',
Dans la plante, l'hyperforine est formée par prénylations successives (DMAPP
GPP essentiellement issus de la voie du phosphate de désoxyxylulose) d'un
phlorizobutyrophénone, elle même issue de la condensation de trois molécules d,
malonyl-CoA et d'une molécule d'isobutyryl-CoA
QUINONES 525
5. Mais les anti-dépresseurs de nouvelle génération ne sont peut être pas plus efficaces qu'
placebo ... du moins dans les formes de dépression non sévères (Cf. : Kirsch, 1., Deacon, BJ.,
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QUI NONES 527
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Cannabis sativa L.
orcinols et
phloroglucinols
Plante très anciennement utilisée par les médecines ayurvédiques et chinoises (entre
autres comme analgésique et anesthésique), le chanvre diffuse très vite vers l'ouest: les
Assyriens l'ont utilisé comme encens et les Scythes s'ennivraient des vapeurs dégagées
par la résine projetée sur des pierres chauffées. Sa diffusion ultérieure suit l'expansion
de l'Islam. Les médecins britanniques de l'armée des Indes et l'expédition d'Égypte de
Bonaparte furent les principaux responsables de son introduction en Europe, au XIX'
siècle. Il y sera consommé dans les cercles intellectuels - il était fréquemment ingéré
sous forme d'une confiture épaisse, le dawamesk - et exploité par la médecine qui
tentera de l'utiliser dans le traitement de l'épilepsie, des migraines, des névralgies, des
convulsions, des spasmes et des algies diverses. L'inconstance de son activité
thérapeutique, la mauvaise conservation de ses préparations, la difficulté à fixer des
doses optimales, l'apparition d'analgésiques et d'hypnotiques synthétiques conduisirent
à l'abandon progressif de son utilisation et à sa disparition, dans la première moitié du
XX' siècle, de la plupart des Pharmacopées occidentales.
L'usage du cannabis est interdit en France, ce qui n'empêche pas qu'il y soit le
produit illicite le plus consommé 1, le marché de la métropole étant approvisionné en
résine essentiellement par le Maroc, et en herbe par des pays comme les Pays-Bas et la
Belgique (pour une part en achat direct) ainsi que par l'autoculture : 200000 consom-
mateurs auraient actuellement recours à cette autoproduction (culture hydroponique
sous éclairage artificiel).
1. La France est l'un des pays de l'Union européenne qui compte le plus d'expérimentateurs et
d'usagers de cannabis. Notre pays comptait, en 2005, 1,2 million de consommateurs réguliers (au
Illoins 10 fois par mois), dont 550 000 l'utilisaient quotidiennement. La même année on estimait à
'\,9 millions le nombre d'usagers en consommant au moins une fois par an et à 12,4 millions le
lIombre d'expérimentateurs en ayant fait l'usage au moins une fois dans leur vie. En 2005, environ
!I(),5 % des jeunes de 17 ans déclaraient avoir déjà pris du cannabis; environ 28 % déclaraient en
IIvoir pris au cours des trente derniers jours et environ 11 %, surtout des garçons, étaient des
IIlilisateurs réguliers. Au sein des populations plus âgées, l'usage de cannabis diminue rapidement
IIvee l'âge. Expérimentation et usage sont en légère régression depuis 2002. (Chiffres à rapporter au
lIombre de personnes âgées de 12 à 75 ans, soit, en 2005, 46 millions). Ces données et d'autres
l'Iéments du présent chapitre sont tirées de : Cannabis, données essentielles, édité en 2007 sous la
direction de J.-M. Costes par l'OFDT (téléchargeable sur http://ofdt.fr).
i
b
534 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
S'il a été longtemps dit que l'espèce sativa comprenait au moins deux variétés, on
sait qu'en fait le chanvre s'adapte à presque toutes les conditions écologiques: « il
s'ensuit une plasticité qui s'exerce au niveau botanique, chimique et par voie de,;
conséquence pharmacologique» (G. FOURNIER). Le génotype de la plante est;
également déterminant. On distingue trois types de chanvre, sur la base des teneurs en f
f19-tétrahydrocannabinol (f19-THC - on parle couramment de THC - , psychoactif) et;.
en cannabidiol (CBD, non psychoactif mais bon marqueur d'identité) : ;
• type « résine» à forte teneur de THC (> 1 %) et dépourvu de CBD; ce type dei:
composition s'observe avec tous les chanvres croissant dans les zones climatiquesr
chaudes et produisant beaucoup de résine; b
• type « fibre» à très faible teneur en THC et teneur élevée en CBD; (THe,;
< 0,2 %, en fait < 0,1 % pour la majorité des variétés « textiles» sélectionnées et'
cultivées dans les zones tempérées septentrionales); .
• type « intermédiaire », à teneur forte en THC et en CBD ; ce type est
caractéristique du chanvre originaire du bassin méditerranéen.
Chanvre« à résine»
Le cannabis peut être consommé sous plusieurs formes. Classiquement, on
distingue les formes peu concentrées en THC (herbe: 2-6 %) et les préparations plus
concentrées: résine 2 (5-20 %) et huile (> 50 %). En fait, les différences de concen-
tration entre l'herbe et la résine ne sont aujourd'hui plus toujours aussi marquées (en
moyenne et pour ce qui concerne les pays de l'Union européenne).
• Herbe (marijuana). Il s'agit des sommités florifères. Elles sont souvent plus ou
moins mêlées de feuilles, éventuellement de tiges et/ou de graines, séchées, parfois
agglomérées par pression (pétard). Si la marijuana consommée aux États-Unis
d'Amérique titrait en moyenne 4 % de THC en 1997, 1'herbe utilisée en Europe est
beaucoup plus concentrée: en moyenne 7 % de THC pour les produits saisis en France
entre 2000 et 2005. Certaines formes telles que des sommités fleuries de plantes
femelles non pollini sées de variétés sélectionnées (sinsemilla) et cultivées en conditions
contrôlées ont des teneurs beaucoup plus élevées en THC (15-20 %). L'herbe est la
forme classique de la drogue, fréquemment fumée en mélange avec du tabac (joint).
Une part croissante de l'herbe consommée provient de l'autoculture;
• Résine (haschich). Il s'agit dans ce cas de la résine obtenue par séparation des
sommités florifères. Elle est consommée, comme l'herbe, par inhalation de la fumée
(joint). Certains consommateurs réguliers utilisent une pipe à eau dénommée bang,
terme d'origine indienne désignant initialement une forme ingérable de cannabis.
En 2007, la moitié des échantillons de résine récoltés en France auprès des usagers
lors d'une enquête d'observation présentaient un taux de THC compris entre 7 et 12 %
nlors que pour la moitié des herbes ce taux se situait entre 6 et 14 %.
2. Selon Paris et Moyse, la résine pure est le chara, alors que le haschich (Arabie, Égypte) ou le
gll//iah(Inde) sont des sommités femelles engluées de résine. Dans la pratique courante, le terme de
hllschich est synonyme de résine.
536 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
• Huile de cannabis (haschich liquide). C'est une forme très concentrée en THC
(> 50 %), obtenue par extraction du haschich à l'aide de solvants dans des appareils
artisanaux fonctionnant sur le principe de l'extracteur de Soxhlet. C'est une forme dont
l'usage est peu répandu en Europe.
OH
OH
~HO
cannabidiol cannabigérol
Le THC et le CBD existent dans la plante fraîche en partie sous la forme de dérivés;;
carboxyliques (en C-2, ex. : acide tétrahydrocannabinolique). Ils sont accompagnés de.:
leurs homologues à chaîne latérale plus courte (propyl- et méthylcannabinoïdes), de'
leurs précurseurs (ex. : cannabigérol, CBG), de dérivés chromaniques (cannabicyclol,i
cannabichromène), etc. ,~
GPP olivétol
Toxicité. La toxicité aiguë du THC est très faible - sa dose létale n'est pas connue
. ct sa consommation ponctuelle n'entraîne pas de surdose. Il n'a pas été publié de cas
de décès après intoxication aiguë au cannabis. Des risques de mort violente existent
néanmoins: une étude récente (2005) a montré que les conducteurs de véhicules sous
Influence du cannabis avaient, en France, 1,8 fois plus de risques que les conducteurs
\ négatifs d'être à l'origine d'un accident mortel. Le nombre annuel de victimes
d'uccidents de la route attribuables au cannabis serait de l'ordre de 230 (sur une base de
tl 000 décès). Le cannabis pourrait aussi jouer un rôle dans le déclenchement d'infarctus
du myocarde. Par ailleurs, certaines études ont associé la dépendance au cannabis à une
plus grande fréquence des tentatives de suicide.
538 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Les effets du cannabis sur le comportement sont les mieux connus: leur description
a fait l'objet, dès le milieu du XIX' siècle, d'ouvrages médicaux (Moreau de Tours, J.
[1845]. Du haschich et de l'aliénation mentale - Études psychologiques) et de textes littéraires
(T. GAUTHIER, C. BAUDELAIRE 3) qui décrivent bien l'altération des perceptions
consécutive à l'absorption de chanvre. Les effets physiques sont beaucoup plus discrets
(sauf chez le très jeune enfant qui est parfois intoxiqué involontairement: ingestion de
mégots de joints, de fragments de résine, de pâtisseries incorporant du haschich).
3. «Les objets extérieurs prennent lentement, successivement, des apparences singulières; ils se
déforment et se transforment. [...l Les sons se revêtent de couleurs, et les couleurs de musique. [...l Il '
arrive quelquefois que la personnalité disparaît, [ ...l que la contemplation des objets extérieurs vous:
fait oublier votre propre existence, et que vous vous confondiez avec eux. [ ... l Votre attention se,';
reposera un peu trop longtemps sur les nuages bleuâtres qui s'exhalent de votre pipe [...l Par une;;,
équivoque singulière, par une espèce de transposition ou de quiproquo intellectuel, vous vous sentirez,
vous évaporant, et vous attribuerez à votre pipe [, ..ll'étrange faculté de vous fumer. [ ...l. Par bonheur,:,;
cette interminable imagination n'a duré qu'une minute [... ] Mais un autre courant d'idées VOUS,
emporte; il vous roulera une minute encore dans son tourbillon vivant, et cette autre minute sera uno:
autre éternité. Car les proportions du temps et de l'être sont complètement dérangées par la multitud~!
et l'intensité des sensations et des idées. On dirait qu'on vit plusieurs vies d'hommes en l'espac~"
d'une heure. » Et, plus loin: « Mais il faut voir les résultats [...lle haschish l'annihile [la volontélf
le haschish est une arme pour le suicide [...l est isolant [ ...l appartient à la classe des joies solitaires;
il est fait pour les misérables oisifs. [...l Le haschish est inutile et dangereux. » Baudelaire, C. Lei
paradis artificiels, Garnier-Flammarion (1966), Paris. (Le poème du haschish, chap. III, p. 47-48; vol
aussi une autre formulation dans: « Du vin et du haschish comparés comme moyens d.'
multiplication de l'individualité », ibid., IV, p. 177 sqq.). '
CANNABACEAE 539
Risques chroniques.
a- Des études épidémiologiques ont montré qu'une consommation élevée de
cannabis augmente le risque de survenue d'un trouble psychotique, et d'une
schizophrénie en particulier, chez les sujets initialement indemnes de ces troubles (mais
présentant une vulnérabilité préexistante pour ces troubles, déterminée par d'autres
facteurs de risques). La survenue d'un tel trouble est relativement rare, mais le risque
est proportionnel à l'intensité de la consommation. Le développement d'un syndrome
« amotivationnel », surtout chez l'adolescent, n'est pas rare (apathie, retrait social,
difficultés de concentration, fatigabilité, etc.), mais l'autonomie d'un tel syndrome est
contestée. Dans le cas des troubles dépressifs et anxieux, la question est posée de savoir
si l'usage du cannabis est la cause ou la conséquence de la dépression: il semble
cependant que la consommation régulière de cannabis augmente le risque de survenue
d'un trouble anxio-dépressif chez les adolescents.
L'intoxication chronique par le cannabis entraîne une dépendance psychologique
associée à une dépendance physique faible attestée par une tolérance à l'augmentation
des doses. La dépendance au cannabis concernerait 15 % des consommateurs âgés de
15 à 24 ans. Le plus souvent modérée, cette dépendance régresse habituellement
spontanément (la grande majorité des adultes de plus de 30-35 ans abandonnent le
produit), mais peut persister et être sévère ches certains adultes. L'interruption de la
consommation peut provoquer, dans les deux semaines qui suivent, anxiété, irritabilité,
IIgitation et troubles du sommeil.
Dosage des cannabinoïdes. Le dosage dans les inflorescence fait appel aux
techniques classiques de la CPG, méthode qui permet de déterminer les teneurs
respectives des différents cannabinoïdes, et donc de préciser le type: « drogue» à forte
teneur de THC et dépourvu de CBD,« fibre» pauvre en THC et riche en CBD.
La CPG peut être réalisée directement ou après formation de dérivés, ce qui est
parfois nécessaire. Dans les milieux biologiques, on peut utiliser des méthodes
immunologiques ou chromatographiques, chromatographie liquide, CPG/SM (voir
publications et ouvrages spécialisés).
L'usage du cannabis est détectable par des tests salivaires et urinaires, ainsi que par '
une recherche dans les phanères. Le dosage du THC peut être effectué (CPG-SM) dans
le sang et dans l'urine.
La plante. Le houblon est une grande herbe dioïque, vivace, à feuilles 3-5 lobées, à
fleurs femelles groupées en grappes communément appelées « cônes» ou « strobiles ».
Spontané dans les haies et les lisières des bois de l'Europe et de l'Amérique du Nord,
c'est une espèce largement cultivée.
o OH o OH
HO
humulone lupulone
OH
HO
xanthohumol méthylbuténol
542 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES
Effets indésirables. Le houblon n'est pas toxique et il n'a pas été rapporté d'effets
indésirables liés à son utilisation en thérapeutique. La génotoxicité a été peu étudiée, la
cancérogénicité et les effets sur la reproduction sont inconnus. Le houblon peut
provoquer des réactions allergiques chez les personnes sensibles et des dermites de
contact, observées chez les travailleurs de la filière, mais apparemment pas dans le
cadre de l'emploi médicinal. Il est couramment admis qu'une consommation modérée
de bière n'est pas néfaste à la santé (eu égard à la concentration de cette boisson en 8-
prénylnaringénine). On ne sait rien du risque lié à l'utilisation à long terme des
nombreux produits à base de houblon - des mélanges mal caractérisés, au statut
incertain et à l'efficacité non démontrée - qui sont offerts via l'internet, pour, entre
autres,« augmenter la poitrine » ...
H02 C OH
R-Q OH cardanols
R-q OH
OH cardaIs
Des dermites du même type peuvent être provoquées par la laque ou des objets en ,
bois laqué, celle-ci (le kiurushi [d'où « urushiol »]) étant fournie par un Toxicodendron
(T. vernicifluum [Stokes] Barkley) de composition chimique voisine. Il en est de même'
avec l'huile caustique du péricarpe de la noix de cajou (Anacardium occidentale L.),;
avec le péricarpe des mangues (Mangifera indica L.) et avec d'autres Anacardiaceae à.:
alcénylphénols (Semecarpus, Lithraea, etc.). ,1..'
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Partie 3
TERPENOïDES
ET STÉROïDES
t.
l
Introduction ••
généralités biogénétiques
(~Iaborés à partir des mêmes précurseurs, les terpénoïdes et les stéroïdes constituent
sans doute le plus vaste ensemble connu de métabolites secondaires des végétaux. La
très grande majorité des terpènes sont spécifiques du règne végétal, mais on peut en
rencontrer chez les animaux: phéromones et hormones juvéniles sesquiterpéniques des
Insectes, diterpènes des organismes marins (Cnidaires, Spongiaires). Les triterpènes
sont également spécifiques du règne végétal. Les stéroïdes végétaux sont issus, comme
les triterpènes - via le squalène - du mévalonate : le mécanisme de leur formation est
légèrement différent de celui qui aboutit à la formation des triterpènes et, le plus
souvent, leur structure « signe» leur spécificité végétale: cardénolides cardiotoniques,
IIlcamines stéroïdiques, saponosides, phytostérols.
Tous les terpènes et les stéroïdes et c'est là un point commun essentiel, peuvent être
considérés comme formés par l'assemblage d'un nombre entier d'unités
pentacarbonées ramifiées dérivées du 2-méthylbutadiène : déjà, en 1887, O. WALLACH
cnvisageait que les terpènes devaient être construits à partir d'unités isopréniques et,
quelques dizaines d'années plus tard (1953), L. RUZICKA, après plus de trente années
consacrées à l'étude des terpènes, transformait cette hypothèse en une règle générale
dont le principe a été, depuis, confirmé expérimentalement.
1
L
550 TERPÉNOÏDES
Les précurseurs des principales classes de terpènes, formés par des réactions
enzymo-catalysées, sont des esters pyrophosphoriques d'alcools en (CS)n formés par
l'addition séquentielle d'une unité en Cs' le diphosphate d'isopentényle (lPP) sur une
molécule starter, un diphosphate de prénol allylique, le premier terme de la série étant
le diphosphate de diméthylallyle (DMAPP) :
• géranyldiphosphate (GPP), précurseur des monoterpènes en C!O;
• famésyldiphosphate (FPP), précurseur des sesquiterpènes en C 1S ;
• géranylgéranyldiphosphate (GGPP), précurseur des diterpènes en C 20 ;
• géranylfamésyldiphosphate (GFPP), précurseur des sesterterpènes en C 2S ;
• la formation des triterpènes en C 30 (et indirectement des stéroïdes) et des
carotènes en C 40 n'échappe pas complètement à la règle: ils proviennent du squalène et
2XFPP - ~
Nous insisterons par contre ici sur les trois séquences réactionnelles fondamentales
qui justifient l'existence de tous les terpènes et stéroïdes:
- formation des unités réactives en Cs à partir de l'acétate, via le mévalonate ;
- couplage tête-à-queue des unités isopréniques impliquées dans la formation des
IIlono-, sesqui-, di-, sester-, et polyterpènes ;
552 TERPÉNOÏDES
OH
HO HO
acide oléanolique cholestérol
(élimination et migration de méthyles)
~-carotène
H02C~N/CH3
-;/' 1 ~
~ N tétrahydrocannabinol
OCH 3 \H
acide
roténone lysergique
A. Voie du mévalonate
~SCOA __~(1~)__
o 0 o l}~'H
SCoA
(2)
. jî""'"OH
pp_of
(4) : mévalonate-5-diphosphatedécarboxylase
Rosmarinus officinalis L.
GÉNÉRALITÉS 555
CH 3
1 pyruvate
c=o CH 3
1
COO- t~H+
HÜT~
1
t
CHO
H-C-OH
1
1
H -C-OH CH 2 0P
1
CH 2 0P 1-dés oxyxylulose-5-phosphate
GAP
~oPP
2-C-méthyl-D-érythritol-4-phosphate IPP
L'addition du DMAPP sur la double liaison de l'IPP est catalysée par une
pnSnyltransférase, la GPP-synthase; la réaction implique l'ionisation du diphosphate
"'allyle par le départ du groupe diphosphate qui permet l'addition électrophile du
carhocation allylique formé sur la double liaison du diphosphate d'isopentényle. La
l'olldensation s'accompagne de l'élimination d'un proton Hpro-2R de l'IPP, conduisant
rOdes doubles liaisons tout-trans (E).
l
1.
l
l
556
/'
L ~ l ~I
~H XY 'O-PP
Z HE Hs
'.1,'
La même réaction de prénylation peut se poursuivre: l'addition du GPP sur un IPP 'l
1
conduit au farnésyldiphosphate (FPP) et ainsi de suite pour former la série des diphos-j
phates de prénols allyliques homologues. L'élongation est catalysée par des prényl-l
transférases dont certaines sont spécifiques pour une longueur de chaîne donnée. 1
î
~j
triterpène tétra cyclique squalène '1
'" .,
,
;~
i1
:1
GÉNÉRALITÉS 557
PP-Q
-----. R ",";-f
l PP
~~
Biosynthèse des terpènes:
"ri:
3 - formation du squalène
\_,-
F~
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H R
H*
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l
1
l.,
~
Monoterpènes
1. Introduction .........................................................................................................................559
2. Structure ..............................................................................................................................560
3. Origine biosynthétique .......................................................................................................561
A. Monoterpènes réguliers ........................................................................................561
B. Monoterpènes irréguliers .................................................................................... .563
C. Iridoïdes .............................................................................................................. .564
D. Plantes renfermant des monoterpènes, pivoine ...................................................564
4. Bibliographie (voir après les sesquiterpènes) ...................................................................564
1. INTRODUCTION
Constituants les plus simples de la série des terpènes (à l'exception des hémiterpènes,
l'lires) les monoterpènes sont issus du couplage de deux unités « isopréniques ». On en
l:onnaît plus de mille: de structure « régulière », ce sont les éléments habituels des
huiles essentielles; de structure « irrégulière », ils participent à la formation des
pyréthrines et à la composition de certaines huiles essentielles d' Asteraceae; cyclisés en
Illéthylcyclopentanes ils constituent les iridoïdes. La plupart des monoterpénoïdes
llxistent à l'état libre (cf huiles essentielles) mais, depuis quelques années, on met assez
fréquemment en évidence des structures hétérosidiques (on en connaît chez la mélisse,
chez l'hysope 1). Dans le cas particulier des iridoïdes, ce sont au contraire les formes
hétérosidiques qui sont habituelles.
1. Ceux des fruits font également l'objet d'investigations: ils y jouent un rôle important
l'omme précurseurs de l'arôme (pêche, raisin, cerise, framboise) voir, inter alia, Krammer, G.,
Winterhalter, P., Schwab, M. et Schreier, P. (1991). Glycosidically bound aroma compounds in the fruits
nI' l'runus species : apricot (P. armeniaca, L.), peach (P. persica, L.), yellow plum (P. domestica, L. ssp.
,!l'/'il/ca), J. Agric. Food. Chem., 39, 778-781 et réf. citées.
560 TERPÉNOÏDES
Exceptionnels dans le règne animal (sauf chez quelques Insectes), rares chez les
Champignons, ils existent à l'état halogéné chez les Algues et sont largement distribués
chez les végétaux supérieurs, surtout dans certains ordres ou familles: huiles
essentielles des Lamiales, Astérales, Laurales, etc., iridoïdes des Gentianales,
Scrophulariales, Comales, etc.
Nous ne présenterons ici que quelques généralités structurales et biosynthétiques
pour tenter de cerner la notion de monoterpène dans sa globalité. Par contre, les
méthodes d'obtention, les propriétés physico-chimiques, biologiques et pharmaco-
logiques, les procédés de contrôle ainsi que les implications thérapeutiques ou
économiques diffèrent grandement. Seront donc successivement envisagés:
- les huiles essentielles et les oléorésines ;
- les monoterpènes irréguliers (pyréthrines insecticides) ;
- les iridoïdes.
2. STRUCTURE
Si l'on connaît une quarantaine de squelettes monoterpéniques, la grande majorité'
des structures décrites se rattache à un petit nombre d'enchaînements de base issus du,
couplage tête-à-queue de deux unités en Cs en GPP (diphosphate de géranyle, voir:
l'introduction générale) et qui peuvent être:
~myrcane
2p-menthane
~ ~
séco-iridane iridane
p carane
l"
4 ~
(
ciJ
pinane
2
thuyane bornane fenchane
q;
isocamphan· f ;
~'
~ ~ y-< lavandulane
1
' "
l,
3. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
A. Monoterpènes réguliers
1 0
rf I
b(-b(-
,,0
(f)
(-)-3R-LPP / '
~
pyrophosphate o-pp
- 4t (+)-camphre
(+)-3S-LPP de (+)-bornyle
562 TERPÉNOÏDES
de linalyle (LPP) qui reste lié et qui, après rotation autour de la liaison C-2-C-3 (i.e.
passage à la forme cisoïde), s'ionise à nouveau et se cyclise pour donner le cation (4R)-
ou (4S)-a-terpinyle. La plupart des cyclases connues sont également capables de'
catalyser la formation des carbures et ce de façon stéréo spécifique (ex. : (4S)-(-)- '~
limonène chez Mentha spicata, (4R)-(+)-limonène chez Citrus sinensis). cf
Le schéma ci-dessous illustre la potentialité du cation a-terpinyle de conduire, via')
des cyclisations additionnelles sur la double liaison cyclohexénylique résiduelle, des
déplacements de proton et autres réarrangements classiques (type Wagner-Meerwein) l
aux principaux squelettes monoterpéniques. L'étude d'un cas particulier tel que celui de ~
la biosynthèse du (+ )-camphre (chez la sauge officinale) ou du (-)-camphre (chez la ,1
tanaisie ou le romarin) montre que le GPP est converti en LPP puis en diphosphate de ,~
born~le via le ca~ion a-t:rpinyle; le ~orné~l formé par hydrolyse de l'ester diphos-1
phonque est ensmte oxyde (deshydrogenase a NAD). ,'~
.~
Q-PP PP_Q~ ,.~
PP-~8(±)
d--- §~
i! -
;; Q-PP .,
~
GPP
~
«-2b<
(-)-3R-LPP
~-- ~
l
cation a-terpinyle (+)-a-pinène !,:
6 l(-K-d{
(+)-camphène,
(+)-limonène
Seule est ici représentée la série formée à partir
Conversion du GPP en LPP du (-)-3R-LPP (pinènecyciase 1). De la même façon,
la pinènecyclase Il induit, à partir du (+)-3S-LPP, la
Formation du cation a-terpinyle et des
formation de (-)-a-pinène, de (-)-p-pinène, de
principaux squelettes monoterpéniques (-)-limonène, de (-)-camphène ...
réactions d'oxydation catalysées par des oxydases classiques selon un schéma qui
semble assez général: hydroxylation allylique, oxydation de l'alcool en cétone a,~
insaturée correspondante et réduction éventuelle de la double liaison conjuguée. Il
semble que les enzymes impliquées dans ces schémas réactionnels soient, le plus
souvent, spécifiques. Ainsi, chez Mentha piperita, le (-)-limonène est hydroxylé en
(-)-trans-isopipériténol, celui-ci est oxydé en (-)-isopipériténone et une première
réduction conduit à la (+ )-cis-pulégone. Ultérieurement, isomérisation et réductions
conduiront à la (-)-menthone et aux menthols. Chez Mentha spicata la réaction est du
même type, mais la régiospécificité est différente: l'hydroxylation conduit au (-)-trans-
carvéol, oxydé ensuite en (-)-carvone (très partiellement réduite par la suite). Un
mécanisme identique explique la formation de (+ )-cis-sabinol et de (+ )-sabinone à
partir du (+ )-sabinène; la réduction stéréosélective de la (+ )-sabinone conduit ensuite à
la (+)-3-thuyone ou à la (-)-3-isothuyone.
B. Monoterpènes irréguliers
C. Iridoïdes
Le genre Paeonia est peu représenté en Europe (P. officinalis L., P. mascula [L.]
Miller) ; il y est par contre bien connu pour l'intérêt ornemental de plusieurs de ses
espèces et de leurs hybrides, caractérisés par leurs majestueuses fleurs roses, blanches
ou rouges dont le diamètre peut dépasser 20 cm. La racine de pivoine est l'un des i
ingrédients les plus fréquents des prescriptions de la médecine traditionnelle chinoise et'
japonaise (kampo). Selon la Pharmacopée chinoise, la partie utilisée est constituée parc
les racines séchées de P.lactiflora Pallas et de P. veitchii Lynch (== chishao, pivoine ,;
rouge). Lorsque cette racine est cuite à l'eau et pelée, on parle de pivoine blanche (= '
baishao). La médecine traditionnelle utilise également le mudanpi (==moutan cortex),
ou écorce de racine de P. suffruticosa Andrews.
Le constituant majoritaire (0,5-0,6 %) de la racine de P.lactiflora est la paeoni- .'
florine, un glucoside monoterpénique à squelette « en cage» de type pinane. Les'
constituants minoritaires sont également d'origine monoterpénique (oxypaeoniflorine,
paeflorigénone, paeonilactones, etc.). Les composés les plus intéressants de l'écorce de ,
racine de P. suffruticosa sont le paeonol (2'-hydroxy-4'-méthoxy-acétophénone) et ses?
hétérosides. La racine renferme également des hétérosides de monoterpènes qui, ~
comme les acétophénones, existent aussi à l'état de gallates (suffruticosides). '
Pharmacologiquement, la paeoniflorine est antispasmodique et sédative et, comme.
le paeonol, anti-inflammatoire et inhibitrice de l'agrégation plaquettaire. Le paeonol est,:
in vivo, antibactérien. La racine, apparemment peu toxique, est traditionnellement
utilisée comme antispasmodique et analgésique (elle aurait une activité myorelaxante).:
Elle entre également dans la formulation de prescriptions préconisées dans le traitement;
de l'eczéma atopique et dans celle de shampoings. ,;
4. BIB UOGRAPH lE Voir après les généralités sur les sesquiterpènes (p. 749).
monoterpènes
et sesquiterpènes
Huiles essentielles
persil ......................................................................................................610
B. Asteraceae à huiles essentielles ............................................................................611
absinthe ............................................................. '" ..................................611
annoise ..................................................................................................613
estragon ..................................................................................................614
matricaire .......................................................... '" ..................................615
C. Lamiaceae à huiles essentielles ............................................................................620
basilic .....................................................................................................620
calament ................................................................................................622
hysope ....................................................................................................622
lavandes .................................................................................................624
marjolaine ......................................................... '" ..................................627
mélisse ...................................................................................................628
menthe ...................................................................................................631
origan .....................................................................................................639
sarriette ..................................................................................................640
sauges ....................................................................................................641 .
serpolet ..................................................................................................646
thym .......................................................................................................647
autres Lamiaceae ...................................................................................649
D. Lauraceae à huiles essentielles ...................................... '" ...................................651
cannellier de Ceylan ..............................................................................651
cannelier de Chine ................................................................................654
camphrier ...............................................................................................655
sassafras .................................................................................................656
laurier noble ...........................................................................................656 "
autres Lauraceae ....................................................................................657
E. Myrtaceae à huiles essentielles ............................................................................657
giroflier ..................................................................................................657
eucalyptus ..............................................................................................661
arbre à thé ..............................................................................................664
niaouli, cajeput ......................................................................................666
autres Myrtaceae ...................................................................................667
F. Rutaceae à huiles essentielles ...............................................................................668 "..
oranger amer ..........................................................................................668
buchu .....................................................................................................670,
huiles essentielles de Citrus ..................................................................672
G. Autres plantes à huiles essentielles ......................................................................675
muscadier ...............................................................................................675;;
verveine odorante ..................................................................................677 ;;
badianiers ...............................................................................................679
acore ......................................................................................................681\·
citonnelles ..............................................................................................683
12. Bibliographie ......................................................................................................................683 :.
HUILES ESSENTIELLES 567
1. DEFINITIONS
1. Ont cependant droit à l'appellation huile essentielle les produits obtenus à partir des jus de
l'milS pendant leur concentration ou pendant le traitement rapide à ultra haute température «< flash
[lllslcurisation »). Leur dénomination exacte est alors: huile essentielle de jus defruits.
2. Remarque: dans la pratique courante on emploie également le terme d'essence (voire d'huile
l'sscntielle) pour désigner des produits odorants qui ne préexistent pas dans le végétal mais qui
résultent, après l'altération des tissus, de la dégradation enzymatique d'un substrat. C'est en particulier
Il' cas - chez les moutardes - des isothiocyanates libérés par hydrolyse des glucosinolates ou, chez
!los aulx, des produits soufrés volatils provenant de la décomposition de l'alliine. Dans le cas des fruits
1111 parle plutôt d'arômes.
Laurus nobilis L.
HUILES ESSENTIELLES 569
- pommade florale: corps gras parfumé obtenu à partir de fleurs soit par
« enfleurage à froid» (c'est la diffusion des constituants odorants des fleurs dans le
corps gras), soit par « enfleurage à chaud» (c'est la digestion ou immersion des fleurs
dans le corps gras fondu).
- résinoïde : extrait à odeur caractéristique, obtenu à partir d'une matière première
sèche d'origine végétale, par extraction à l'aide d'un solvant non aqueux, suivie de
l'élimination de ce solvant par un procédé physique. Le terme résinoïde est surtout
employé en parfumerie alors que celui d'oléorésine d'extraction est utilisé en
aromatisation alimentaire et en parfumerie.
- absolue: produit ayant une odeur caractéristique, obtenu à partir d'une concrète,
d'une pommade florale ou d'un résinoïde par extraction à l'éthanol à température
ambiante. La solution éthanolique obtenue est généralement refroidie et filtrée dans le
but de supprimer les cires; l'éthanol est ensuite éliminé par distillation.
On verra p. 693 la définition des matières premières végétales associant composés
volatils et autres constituants (ex. : oléorésines naturelles).
Si bon nombre de plantes à huiles essentielles sont utilisées pour leurs vertus
médicinales, beaucoup le sont - au titre de leurs caractères organoleptiques - dans
l'alimentation. Ce sont alors souvent des épices ou des aromates.
- épices: produits végétaux naturels ou mélanges de ceux-ci, exempts de matières
étrangères, utilisés pour donner de la saveur et de l'arôme et pour assaisonner les
aliments; le terme est applicable à la fois au produit entier et au produit en poudre
(norme V 00-001,1990). En pratique et en France, le terme «épices» couvre les épices
traditionnelles et les aromates 3.
- arôme: la notion d'arôme est à la fois différente et plus vaste que celle d'huile
essentielle puisqu'elle s'applique à tout principe odorant qui émane de substances
naturelles ou qui est engendré par un processus physique, chimique ou enzymatique
(café torréfié, viande grillée, poisson, fromage, etc.).
Au sens pharmaceutique, les arômes sont des produits ou des substances destinés à
etrc introduits dans certains médicaments pour en masquer ou en améliorer la saveur ou
l'odeur, à l'exception des substances ayant exclusivement une saveur sucrée, acide ou
salée. Pour le législateur, on entend par arôme: 1° les substances aromatisantes
naturelles (ex.: (-)-menthol d'extraction); 2° les substances aromatisantes identiques
(ex. : vanilline de synthèse); 3° les substances aromatisantes artificielles (ex.: éthyl-
vanilline); 4° les préparations aromatisantes; 5° les arômes de transformation;
6° l'arôme de fumée. Les quatres premières catégories sont définies par la Pharmacopée . '
française (10e éd.) qui reprend ainsi la législation en vigueur (Directive 88/388/CEE ->]
Décret 91-366 du 17 avril 1991 [modifié par le décret 92-814 du 17 août 1992]); elle ;1
précise que les arômes introduits dans les médicaments sont au minimum de qualité .1
'
alimentaire l
.~
,
;~
ft
2. RÉPARTITION, LOCALISATION, FONCTION i
(1
Répartition. Les huiles essentielles n'existent quasiment que chez les végétaux:l
supérieurs: il y aurait, selon Lawrence, 17500 espèces aromatiques. Les genres 1
capables d'élaborer les constituants qui composent les huiles essentielles sont répartis :r.
dans un nombre limité de familles, ex.: Apiaceae, Asteraceae, Cupressaceae, Lamia· .~
ceae, Lauraceae, Myrtaceae, Piperaceae, Poaceae, Rutaceae, Zingiberaceae, etc. .~
Les huiles essentielles peuvent être stockées dans tous les organes végétaux: fleurs .~
bien sûr (bergamotier, tubéreuse), mais aussi feuilles (citronnelle, eucalyptus, laurier ~
noble) et, bien que cela soit moins habituel, dans des écorces (cannelier), des bois (bois ~
de rose, santal), des racines (vétiver), des rhizomes (curcuma, gingembre), des fruits,
(toute-épice, anis, badiane), des graines (muscade).
Si tous les organes d'une même espèce peuvent renfermer une huile essentielle, la ;
composition de cette dernière peut varier selon sa localisation. Ainsi, dans le cas de
l'oranger amer (c. aurantium L. ssp. aurantium, Rutaceae), le « zeste », c'est-à-dire le '.
péricarpe frais du fruit, fournit l'huile essentielle d'orange amère ou « essence de,
Curaçao », la fleur fournit« l'essence de Néroli» et l'hydrodistillation de la feuille, des
ramilles et des petits fruits conduit à « l'essence de petit grain bigaradier». La
composition de ces trois huiles essentielles est différente.
Quantitativement, les teneurs en huile essentielle sont plutôt faibles, assez souvent'
inférieures à 10 ml/kg. Des teneurs fortes comme celle du bouton floral de giroflier;.
(150 ml/kg et plus dans le bouton séché) sont exceptionnelles.
Fonction. La fonction biologique des terpénoïdes des huiles essentielles demeure l~.:
~lus souvent obscure. Il est toutefois vraisemblable qu'ils ont une fonction écologique!
A l'appui de cette hypothèse, on remarquera que le rôle de certains d'entre eux a ét4
établi expérimentalement aussi bien dans le domaine des interactions végétales (agents;
allélopathiques, notamment inhibiteurs de germination) que dans celui des interaction
végétal-animal: protection contre les prédateurs (insectes, champignons) et attractio'
des pollinisateurs. Pour quelques auteurs, ils pourraient constituer des supports à un ;
« communication» et ce d'autant mieux que leur variété structurale autorise le transfe '
de « messages biologiques» sélectifs.
HUILES ESSENTIELLES 571
3. PROPRIÉTÉS PHYSIQUES
Liquides à température ambiante, les huiles essentielles sont volatiles, ce qui les
différencie des huiles « fixes ». Elles ne sont que très rarement colorées. Leur densité
est en général inférieure à celle de l'eau (les huiles essentielles de sassafras, de girofle
ou de cannelle constituent des exceptions). Elles ont un indice de réfraction élevé et la
plupart dévient la lumière polarisée. Solubles dans les solvants organiques usuels, elles
sont liposolubles.
Entraînables à la vapeur d'eau, elles sont très peu solubles dans l'eau. Elles le sont
toutefois suffisamment pour communiquer à celle-ci une odeur. Cette eau est une « eau
distillée florale ». Une préparation voisine est obtenue par mise en solution d'arômes
dans de l'eau purifiée: on parle alors «d'eau aromatisée florale» (Ph. fse, lO e éd.).
4. COMPOSITION CHIMIQUE
A. Terpénoïdes
Dans le cas des huiles essentielles, seuls seront rencontrés les terpènes les plus
volatils, c'est-à-dire ceux dont la masse moléculaire n'est pas trop élevée: mono- et
sesquiterpènes. On a vu précédemment comment la haute réactivité des espèces
cationiques intermédiaires explique la variété structurale: plusieurs milliers de
composés ont été décrits dans ces deux séries.
Monoterpènes. Les carbures sont presque toujours présents. Ils peuvent être
IIcycliques (myrcène, ocimènes), monocycliques (a- et y-terpinène, p-cymène) ou
hicycliques (pinènes, L13- carène, camphène, sabinène). Ils constituent parfois plus de
I)() % de l'huile essentielle (Citrus, térébenthines).
La réactivité des cations intermédiaires (voir ci-dessus, p. 562) justifie l'existence
de nombreuses molécules fonctionnalisées :
- alcools: acycliques (géraniol, linalol, citronellol), monocycliques (menthol, a-
lerpinéol, terpin-l-én-4-ol), bicycliques (boméol, fenchol);
- aldéhydes: le plus souvent acycliques (géranial, néral, citronellal);
- cétones: acycliques (tagétone), monocycliques (menthone, isomenthone,
l'nrvone, pulégone), bicycliques (camphre, fenchone, thuyones);
- esters: acycliques (acétate ou propionate de linalyle, acétate de citronellyle),
1l1Onocycliques (acétate de menthyle, acétate d'a-terpinyle), bicycliques (acétate
d'isobomyle) ;
TERPÉNOÏDES
572
~ ~
myrcène ocimène
2 2 2
a-terpinène y-terpinène p-cymène
.,
® ~
~ P CC( 6
~
-
tCH,OH
~H'OH H~
~H
(t)-linalol
QOH
~
(-)-menthol a-terpinéol
géraniol citronel/ol
®""OH
~HO o~ aD &0 -
/"'--- ~
f
t
~ ~ ;;-;
6
./-
thymol
OH
ascaridol
"
dili-éther
0
cq~
(t)-fenchone
~
1,B-cinéole
J
,t
i:#
- éthers: 1 ,8-cinéole (on dit aussi eucalyptol), dill-éther; mais aussi les éthers
cycliques, tétrahydrofuraniques ou di- et tétrahydropyraniques qui, pour certains, jouent
un rôle majeur dans l'arôme des fruits (oxydes de linalol, oxydes de rose);
- peroxydes: ascaridole;
- phénols: thymol, carvacrol.
Lorsque la molécule est optiquement active - ce qui est presque toujours le cas, la
proportion des deux énantiomères varie considérablement selon l'espèce végétale
mnsidérée. L'un des deux peut être très largement majoritaire, voire pratiquement seul
(> 99 %) : (-)-L'l3- carène de la fraction volatile de l'oléorésine de poivre noir, (+ )-L'l3-
carène de l'huile essentielle de térébenthine, (+ )-(S)-linalol majoritaire de la coriandre,
H-(R)-linalol presque pur du basilic et de la lavande, linalol presque racémique de fruit
de la passion; (+ )-(S)-terpin-l-én-4-01 presque pur de la lavande, (-)-(R)-terpin-l-én-4-
01 prépondérant de l'Eucalyptus globulus, etc.
Sesquiterpènes. Les variations structurales dans cette série sont de même nature que
dans le cas précédent, carbures, alcools et cétones étant les plus fréquents. Il convient de
remarquer que l'allongement de la chaîne (FPP) accroît le nombre des cyclisations
possibles, d'où la très grande variété des structures connues (plus d'une centaine de
squelettes différents ont été décrits). On trouvera ci-dessous quelques exemples de ses-
quiterpènes caractéristiques des huiles essentielles: carbures mono- ou polycycliques
([3.bisabolène, ~-caryophyllène, longifolène), alcools (farnésol, carotol, ~-santalol,
patchoulol), cétones (nootkatone, cis-longipinane-2,7-dione, ~-vétivone), aldéhydes
(sinensals), esters (acétate de cédryle).
di V
~-bisabolène ~-caryophy"ène longifolène
H~
patchoulol
."",/
R p ~OH OH
ÇOy O~
0
èf3fOCOCH'
B. Composés aromatiques
CHO 0
oC°/
j
~
~
~I
CH 3 0 CH 3 0 ~ NH 2 1
OH OCH 3 OH
1
eugénol E-anéthole vanilline anthranilate de méthyle
~ O~
~OH
(3Z)-hexén-l-o/ massoia/aetone
o
2-aeéty/-4-isopropény/ pyridine
H~
o~
y-jasmin/aetone oxyde(s) de lina/o/
~o
(-)-jasmonate de méthyle eabreuva oxyde "A" ~-ionone
HOH2C0'~'
("", N",
HOC ~
OH 2èX"""
6'
"'~
,"-
0 1
l
576 TERPÉNOÏDES
Signalons enfin que, dans les concrètes, il n'est pas rare de trouver des produits de
masse moléculaire plus importante, non entraînables à la vapeur d'eau, mais
extractibles par les solvants: homologues des phénylpropanes, diterpènes, etc.
Remarque
Hétérosides de substances volatiles
En 1993, vingt ans après l'isolement d'un glucoside de linalol à partir des pétales de
rose, plus de 200 hétérosides de substances volatiles avaient été isolés et décrits. Leurs
génines sont en général identiques aux structures que l'on rencontre dans les huiles
essentielles: monoterpènes (linalol, a-terpinéol, menthol, thymol, etc.), sesquiterpènes
(a-cadinol, viridiflorol, a-bisabolol, etc.), phénylpropanes et dérivés (eugénol, vanil-
line, 2-phényléthanol, etc.), alcools aliphatiques (hexénols, octénols, etc.), phtalides,
mais aussi de nombreux C 13 -norisoprénoïdes.
Ces composés semblent avoir une distribution très large: ils sont présents aussi bien
dans des plantes à huiles essentielles (menthe, romarin, Pinus spp., cannelle, céleri, etc.)
que chez des espèces qui n'en élaborent pas. L'étude des arômes des fruits et de leur ori-
gine a conduit à mettre en évidence de nombreux hétérosides de ce type chez la plupart
d'entre eux (Prunus spp. [pêche, abricot, etc.], mangue, ananas, fraise, raisin, etc.).
Existence de chimiotypes
Les chimiotypes - on dit aussi races chimiques - sont très fréquents chez les plantes
à huiles essentielles. L'un des exemples les plus démonstratifs est celui du thym
(Thymus vulgaris L.) de la Méditerranée occidentale. On compte pour cette espèce,
morphologiquement homogène et caryologiquement stable, sept chimiotypes
différents: six dans les garrigues du sud de la France (à thymol, à carvacrol, à géraniol,
à linalol, à a-terpinéol, à trans-4-thuyanol et cis-8-myrcénol) et un, en Espagne, à
cinéole. Le même phénomène s'observe pour d'autres espèces du genre Thymus ainsi
que pour d'autres Lamiaceae: des chimiotypes thymol et carvacrol ont été mis en
évidence chez certaines espèces de Thymbra, Satureja, Majorana, Origanum et
Corydothymus. Pour ne citer qu'un autre exemple, il existe en Guadeloupe trois
chimiotypes du «bois d'Inde », Pimenta racemosa (Miller) J. Moore var. racemosa : un
lype « girofle» riche (56 %) en eugénol et chavicol, un type « citron» à géranial et
néral (40 + 30 %) majoritaires et un type « anisé» dont l'huile essentielle renferme
48 % de méthyleugénol et 32 % d'estragole.
trans-hydrate de sabinène
m yrcénol terpinolène =(+)-4-thuyanol carvacrol thymol
Pour une espèce donnée, la proportion des différents constituants d'une huile
~ssentiellepeut varier tout au long du développement. Ainsi, chez la menthe poivrée
(Mentha x piperita), la diminution de la teneur en (-)-menthone observée au cours du
cycle végétatif correspond à une réduction en (-)-menthol et en (+ )-néomenthol : la
t~neur en (-)-menthol (libre et estérifié) augmente, celle en (+)-néomenthol n'augmente
pas - au contraire - du fait de sa conversion en un dérivé hydrosoluble, le glucoside de
4. De telles règles existent: la norme NF T 75-002: 1996 précise que l'étiquetage doit comporter
(l'ntre autres) : « la désignation commerciale de l'huile essentielle, le nom (latin) de la plante et la
IJ(/r/ie de la plante dont elle est extraite, la technique de production ou le traitement spécifique qu'elle
(/ .l'lIbi : distillation ou pression ». Voir aussi rapport ISOrrR 211 :1999.
La norme NF T 75-004:1976, éqv. ISO 3218:1976 fixe pour sa part les règles de dénomination à
respecter dans les différents cas qui peuvent se présenter (chimiotypes, clones, hybrides
IlItcrspécifiques, origine géographique variée, lieu de production, etc.). La nomenclature botanique est
l'Ile-même normalisée (norme T 75-005: 1988); voir aussi le fascicule de documentation sur la
nomenclature des épices, ISO 676: 1995.
Exemples de dénominations: huile essentielle d'Eucalyptus dives Aiton - riche en cinéole ; huile
l'Hscntielle defeuilles de giroflier; huile essentielle de citron d'Italie - obtenue par expression, etc.
578 TERPÉNOÏDES
5. Il est intéressant de remarquer que ce glucoside transporté au niveau du rhizome est hydrolysé
et réoxydé en (-)-menthone. Cette cétone est oxydée en une lactone ce qui permet l'ouverture du cycle ;'
et l'initiation d'un processus de type p-oxydation. L'utilisation de lactone 3H marquée montre que le,
carbone est réutilisé (formation d'acides gras et de phytostérols marqués). L'existence de ce'
catabolisme et de ce turn-over modifient radicalement la conception classique du monot,erpène qui'
s'accumule, produit final (end product) d'un processus passif. '
Un phénomène de même nature est connu chez la sauge (Salvia officinalis) : la diminution de la,
teneur en (+)-camphre qui est observée lorsque les feuilles ont atteint leur taille maximale correspond à !
la formation d'une lactone et à la solubilisation de celle-ci par glycosylation.
HUILES ESSENTIELLES 579
Dégradation de l'hydrate de
sabinène au cours de l'hydro-
distillation
aussi des réarrangements, des isomérisations, des racémisations, des oxydations, etc. Le
comportement du cis-hydrate de sabinène illustre cette instabilité. Ce composé et son
dérivé acétylé sont les constituants largement dominants de l'essence obtenue par
extraction au pentane après broyage, sous azote liquide, des sommités fleuries de la
marjolaine (Origanum majorana L.). L'hydrodistillation des mêmes rameaux fournit un
produit qui renferme, entre autres, une forte proportion de terpin-l-én-4-ol,
accompagné de 'Y- et d'a-terpinènes ; parallèlement, la teneur en acétate de cis-hydrate
de sabinène devient négligeable. L'expérience conduite avec le cis-hydrate de sabinène
ct son acétate (synthétiques) montre que le simple reflux dans l'eau les décompose: en
30 minutes, il ne reste que 10 % de l'acétate et 85 % de l'alcool alors qu'apparaissent
tcrpin-l-én-4-ol (majoritaire), 'Y~ et a- terpinènes, p-cymène, limonène, terpinolène et
IX-terpinéol. On comprend mieux ainsi les variations importantes de composition que
rait ressortir l'analyse de la bibliographie sur cette huile essentielle (pratiquement de 0 à
40 % pour l'hydrate de sabinène et/ou le terpin-l-én-4-ol).
L'exemple de l'huile essentielle de tea tree (cf. p. 664) confirme l'instabilité des
dérivés hydroxylés du sabinène et complète celui de la marjolaine. Il montre en effet,
dans le cas de cette Myrtaceae, que la teneur initiale en cis-hydrate de sabinène est
dépendante de l'âge des feuilles; il en est de même, mais en proportions inverses, pour
le terpin-l-én-4-ol. Il montre également l'incidence déterminante du pH du milieu sur la
composition du produit final. L'utilisation de H2'80 montre que la formation des dérivés
Il squelette p-menthane implique le cation terpin-l-èn-4-yl et, marginalement,
l'intervention du cation a-terpinyl.
Il faut aussi évoquer, parmi les facteurs qui influent sur la composition, l'incidence
de l'état de la matière première: chez certaines Lamiaceae, un stockage de 24 heures
Nullit pour induire des changements sensibles de composition - lesquels peuvent
d'ailleurs être souhaités. Il faut enfin signaler que la cinétique de distillation n'est pas la
même pour tous les constituants d'une huile essentielle (carbures, alcools, cétones, etc.):
III composition du distillat varie en fonction du temps. On voit donc l'importance qu'il y
i~
580 TERPÉNOÏDES ~
!j
6. PROCÉDÉS D'OBTENTION
• Dans la distillation à vapeur saturée, le végétal n'est pas en contact avec l'eau:
la vapeur d'eau est injectée au travers de la masse végétale disposée sur des plaques '.
perforées. Pour raccourcir le temps de traitement, limiter l'altération des constituants de
l'huile essentielle et économiser l'énergie, il est possible de travailler en surpression
modérée (de 1 à 3 bar). La conséquence de la surpression étant une augmentation de la
température, la qualité du produit peut en souffrir.
La distillation à vapeur saturée peut également être conduite en continu, dans des
installations automatisées. Pour certaines productions (lavande, menthe), on utilise des
alambics mobiles qui sont en fait des bennes de récolte conçues pour être intercalées;
par l'agriculteur lui-même, après remplissage, dans un montage de distillation.
Le principe de la méthode est très simple: les « zestes» sont dilacérés et le contenu
des poches sécrétrices qui ont été rompues est récupéré par un procédé physique. Le
procédé classique consiste à exercer, sous un courant d'eau, une action abrasive sur la,
surface du fruit. Après élimination des déchets solides, l'huile essentielle est séparée do'
la phase aqueuse par centrifugation. D'autres machines rompent les poches par'
dépression et recueillent directement l'huile essentielle, ce qui évite les dégradations'
liées à l'action de l'eau. La plupart des installations permettent en fait la récupération
simultanée ou séquentielle des jus de fruits et de l'huile essentielle, celle-ci étant
recueillie par jet d'eau après abrasion (rayures, pointes) avant ou pendant l'expressioq:,
du jus du fruit. Un traitement enzymatique des eaux résiduaires peut permettre de les
HUILES ESSENTIELLES 581
Autres procédés
Melissa oficinalis L.
HUILES ESSENTIELLES 583
du produit final. L'inconvénient majeur de l'extraction par les solvants est leur manque
de sélectivité: de nombreuses substances lipophiles peuvent, de ce fait, se retrouver
dans les concrètes (huiles fixes, phospholipides, caroténoïdes, cires, certaines
coumarines) et imposer une purification ultérieure. Un autre inconvénient réside dans la
toxicité des solvants: règles contraignantes d'utilisation, problèmes des résidus dans le
produit final. (Voir par exemple, pour les solvants utilisés dans la fabrication des
denrées alimentaires ou de leurs ingrédients: directive 88/344/CEE du 13-06-1988;
arrêté du 19-11-1990 et modifications applicables au 1-01-1994 en application de la
directive 92/l15/CEE du 17-12-1992; dernière modification: directive 97/60/CE).
Au-delà du point critique, un fluide peut avoir la densité d'un liquide et la viscosité
d'un gaz, d'où une bonne diffusibilité dans les solides et un bon pouvoir solvant. Si
plusieurs gaz peuvent en théorie être utilisés, l'intérêt s'est porté initialement sur le
dioxyde de carbone ce qui s'explique si l'on considère ses atouts: produit naturel,
inerte chimiquement, ininflammable, strictement atoxique, facile à éliminer totalement,
sélectif, aisément disponible, peu réactif chimiquement et peu coûteux. Si les
contraintes technologiques sont loin d'être négligeables (le point critique se situe à P =
73,8 bars et T = 31,1 oC) les avantages sont nombreux: capacité à fournir des extraits
dc composition très proche de celle des produits naturels, possibilité de faire varier la
sélectivité, la viscosité, etc. en jouant sur la température et la pression (extraction et
!"ractionnement simultanés), absence d'hydrolyse et de réarrangements. Ces avantages
expliquent le développement actuel du procédé, et ce malgré la lourdeur de
l'investissement. Initialement développée pour décaféiner les cafés, préparer les extraits
de houblon (pour la brasserie) ou dénicotiniser les tabacs, la méthode est maintenant
utilisable pour préparer des extraits d'épices (gingembre, paprika, céleri), des arômes
(thé noir, bois de chêne fumé, etc.) et des essences végétales pures, débarrassées des
584 TERPÉNOÏDES
C-I---+--+-
Le contrôle des plantes à huiles essentielles est codifié par les pharmacopées.
1.'examen morphologique et microscopique n'est en rien particulier à ceci près qu'il est
toujours possible de mettre en évidence les huiles essentielles in situ au moyen de
~~olorants lipophiles appropriés. L'essai de la plante comporte habituellement une étude
NO 111 maire en CCM de l'huile essentielle (obtenue lors du dosage).
des temps d'analyse plus courts (ex.: extraction simultanée par solvant et entraînement
à la vapeur, appareil de LIKENs-NrcKERsoN).
Autres techniques de CPG. Sous certaines conditions, la CPG permet une analyse
chirospécifique, d'autant plus importante que l'on connaît l'incidence de la chiralité sur
l'odeur et que l'on sait qu'origine botanique et rapport énantiomérique sont
habituellement liés. Très utile pour l'étude de l'authenticité du produit, cette technique
rait maintenant appel systématiquement à des phases stationnaires composées de
dérivés de cyclodextrines alkylées ou acylées énantiosélectives. Plus fondamenta-
lement, la CPG chirale permet, entre autres, d'étudier des mécanismes de biosynthèse
ou encore les transformations occasionnées par le processus d'obtention.
L'étude des constituants volatils présents dans un végétal peut également être
réalisée par une méthode développée initialement pour l'étude des arômes: l'analyse
CPG en espace de tête, c'est-à-dire l'analyse de la phase gazeuse en équilibre avec
l'échantillon placé en atmosphère confinée. Le principe de la méthode consiste à piéger
les substances volatiles soit à très basse température, soit par adsorption sur un
polymère hydrophobe, puis à les libérer par chauffage ou désorption et à les étudier en
CPG. Cette technique permet, entre autres, d'apprécier les modifications structurales
induites par le procédé d'obtention. La prudence s'impose toutefois dans les conclu-
sions (piégeage sur organes coupés ou in situ, nature du gaz d'entraînement, etc.).
La possibilité de coupler les chromatographes à divers spectromètres (infra-rouge à
transformée de FOURIER, SM) augmente considérablement la quantité et la qualité des
informations obtenues. En CPG-SM, la comparaison informatique du spectre d'un pic
inconnu avec une ou plusieurs « librairies» de référence permet son identification (à
condition que le niveau de similitude des spectres, inconnu et référence, soit suffisant et
que les indices de rétention soient identiques, dans des conditions opératoires
comparables). L'apparente facilité de la méthode ne doit pas faire oublier que, pour
établir la structure d'un constituant inconnu, l'idéal est de l'isoler pour en faire une
IInalyse spectrale poussée (RMN).
Pour une étude plus fine des huiles essentielles, il peut être utile de procéder à un
pré fractionnement, que celui-ci soit chimique (ex. : séparation des composés insaturés
sous forme de composés d'addition) ou chromatographique, sur colonne ou par CCM
préparative en n'oubliant pas que des réarrangements sont toujours possibles, même sur
des supports désactivés. Plus récemment, on a vu se développer différentes techniques
lI1ultidimensionnelles : chromatographie liquide-CPG ou séquence de deux CPG, en
particulier pour les analyses de composés chiraux (le premier CPG opère un
préfractionnement - en fonction de la polarité ou de la volatilité - et le second sépare
les énantiomères sur une colonne chirospécifique). Actuellement, on assiste au
développement des techniques à deux dimensions en continu utilisant deux colonnes
couplées (de polarité différente). Les couplages chromatographes-spectromètres se sont
nussi beaucoup développés : couplage d'un CPG à un détecteur IR ; à un spectromètre
de masse (c'est maintenant une technique de base); à un spectomètre de masse à temps
de vol; à un IRMS (spectrométrie isotopique par ratio de masse), capable de mesurer le
l'Ilpport isotopique I3C/ 12c. C'est sans doute la méthode la plus élaborée pour étudier
l'nuthenticité d'une huile essentielle, même si, comme l'a souligné JOULAIN, elle ne
permet pas de distinguer la (R)-(-)-carvone de l'essence de menthe crépue et la (R)-(-)-
curvone synthétisée à partir du (R)-( +)-limonène. Signalons enfin les couplages
588 TERPÉNOÏDES '
Notons tout d'abord qu'il arrive à certains de confondre l'activité d'une huile:>
essentielle avec celle de la plante dont elle est issue. Il faut savoir qu'une telle"
superposition n'est que rarement possible: ainsi, 1'huile essentielle de romarin est!
antibactérienne alors que l'infusé de la même espèce est traditionnellement utilisé powr\
le traitement symptomatique de troubles digestifs divers, sur la base de propriétés,
antispasmodiques et cholérétiques peut-être liées à la présence de composés
phénoliques.
Remarquons ensuite que si l'on peut étudier et décrire les effets biologiques et/ou
pharmacologiques d'un monoterpène, d'un sesquiterpène ou d'un alkylbenzène pur ~'
et la bibliographie dans ce domaine est fournie -, il est difficile (impossible 7) d '
parler de pharmacologie, de pharmacocinétique ou de métabolisme d'une huil~
essentielle, c'est-à-dire d'un mélange. En troisième lieu, il convient de souligner que
l'éventail des propriétés attribuées (et parfois expérimentalement démontrées) au
HUILES ESSENTIELLES 589
plantes à huiles essentielles et aux huiles essentielles elles mêmes est trop large pour
permettre des généralisations simplificatrices, mais forcément réductionnistes.
• Propriétés irritantes. Utilisés par voie externe, des produits comme l'essence de
IlSrébenthine provoquent une augmentation de la microcirculation, une rubéfaction
importante, une sensation de chaleur et, dans certains cas, une légère action
/lnesthésique locale: c'est ce que l'on recherchait autrefois dans les embrocations et les
onguents. Aujourd'hui encore, nombreux sont les gels, les crèmes ou les pommades à
buse d'huiles essentielles destinés à soulager entorses, courbatures, claquages et autres
/lIgies articulaires ou musculaires.
Administrées par voie interne, les huiles essentielles déclencheraient des
phénomènes « d'irritation» à différents niveaux. Ainsi, celles d'eucalyptus, de pin, de
niuouli stimuleraient les cellules à mucus et augmenteraient les mouvements de
l'ISpithélium cilié au niveau de l'arbre bronchique. D'autres favoriseraient l'élimination
l'l~nale d'eau par effet local direct (genièvre). La plupart des affirmations de ce type ne
Hont pas argumentées pharmacologiquement. Quant aux essais cliniques, ils sont sauf
, l'liS particuliers, inexistants (ou de qualité méthodologique contestable).
590 TERPÉNOÏDES
Cet aspect de la connaissance des huiles essentielles est d'autant plus important que
le développement de pratiques telles que l'aromathérapie (voir 10, ci-dessous), ainsi
que la connotation « produit naturel» attachée à ces produits conduisent à une,
utilisation souvent abusive. Certains confondent en effet un peu rapidement plantes à
huiles essentielles et huiles essentielles: l'innocuité des premières est, presque toujours, "
un fait établi; la toxicité des secondes est assez souvent démontrée. L'automédication'
(dangereuse) est favorisée par le fait que bon nombre de ces produits sont distribués en
dehors du secteur pharmaceutique, au mépris d'une législation qui réserve la
distribution de certains d'entre eux aux pharmaciens, garantissant ainsi un contrôle
rigoureux d'identité et de conformité.
Toxicité aiguë. En règle générale, les huiles essentielles ont une toxicité aiguë par ;
voie orale faible ou très faible: la majorité de celles qui sont couramment utilisées ont:
une DUo comprise entre 2 et 5 g!kg (anis, eucalyptus, girofle, etc.) ou, ce qui est le plus
fréquent, supérieure à 5 g!kg (camomille, citronnelle, lavande, marjolaine, vétiver, etc.); ,
D'autres, une quinzaine, ont une DL50 comprise entre 1 et 2 g/kg : basilic, estragon,'
hysope (1,5 ml!kg), origan, sarriette (l,37 g/kg), ou encore Melaleuca, sassafras (1 ,9,;~
g!kg) ou wintergreen (0,9-1,25 g/kg). Les plus toxiques sont les huiles essentielles do;
boldo (0,13 g/kg; convulsions apparaissant dès 0,07 g!kg), de chénopode (0,25 g!kg), do;
thuya (0,83 g!kg), de pennyroyal (0,4 g!kg), ainsi que l'essence de moutarde (0,34 g!kg).\)
Les mêmes observations peuvent être faites pour les constituants des huiles,
essentielles. Rares en effet sont ceux qui ont une DUo < 2g/kg: thuyones (:::: 0,2 g!kg)r
pulégone (0,47 g!kg), carvacrol (0,81 g/kg), carvone (1,64 g/kg). '};
Ces données 6, obtenues chez l'animal, ne fournissent que des indications relatives;,
Les observations cliniques chez l'Homme montrent que des intoxications aiguës sont·
possibles, même lorsque la DUo est élevée: le camphre (DUo = 1,47 g/kg) a jadis ét4,
responsable de nombreux accidents (convulsions épileptiformes) et, au moins chez Il.·
jeune enfant, de décès. L'analyse de la bibliographie disponible montre que lei
accidents graves - très souvent observés chez le jeune enfant - sont le fait d'un peU
6. Les valeurs citées ici ne sont que des exemples. Elles sont tirées des compilations publiées
partir de1973 par D.L.J, Opdyke, du RIFM (Research Institutefor Fragrance Materials) sous le titre
Monographs on Fragrance Raw Materials. Publiées d'abord sous forme d'articles, elles l'ont été ensui
sous forme de suppléments à la revue Food and Cosme tics Toxicology : (1 : 1974),12,807-1016 ; (1
1975),13,681-924; (III: 1976),14,659-894; (IV: 1978),16,637-884; (V: 1979),17,695-92.
série continue après le changement de titre de la revue (-> Food and Chemical Toxicology) : (VI
1982, avec C. Letizia), 20, 633-852) ; (VII: 1988),26,; (VIII: 1992),30,1-138. .
Voir aussi, cités dans la bibliographie: Tisserand et Balacs, 1995 ; Adams et al., 1996,2004'
Smith et al" 2002, 2005.
HUILES ESSENTIELLES 591
Toxicité chronique. La toxicité chronique des huiles essentielles est assez mal
connue, au moins en ce qui concerne leur utilisation dans le cadre de pratiques comme
l'aromathérapie et ce quelle que soit la voie d'administration: les éventuels effets
indésirables ne sont que rarement signalés (encore faut-il qu'ils soient identifiés comme
tels). On dispose par contre de beaucoup de données expérimentales accumulées en vue
d'évaluer le risque que représente leur emploi (surtout celui de leurs constituants ou des
plantes qui en renferment) en tant qu'arômes alimentaires (ou épices, condiments, etc.),
domaine dans lequel les doses ingérées journellement sont le plus souvent très faibles et
où, sauf très rares exceptions, leur innocuité a pu être établie - dans les conditions
habituelles d'emploi.
Les possibles interactions de ces produits (aux doses habituelles de l'aroma-
thérapie) avec des traitements médicamenteux sont, elles aussi, très mal connues.
- en pharmacie. Dans leur grande majorité, ces plantes sont utilisées en nature, e,
particulier pour la préparation d'infusions (menthe, mélisse, verveine, fleurs d'oranger'
HUILES ESSENTIELLES 593
etc.) et sous la forme de préparations galéniques simples. Elles sont également utilisées
pour l'obtention d'huiles essentielles dont certaines peuvent avoir un intérêt
médicamenteux (en particulier dans le domaine des antiseptiques externes) mais qui,
majoritairement, sont surtout destinées à l'aromatisation des formes médicamenteuses
destinées à la voie orale.
Les huiles essentielles constituent par ailleurs le support d'une pratique de soins
pmticulière: l'aromathérapie. Cette médecine « complémentaire », dont les partisans ne
semblent pas s'entendre sur la définition 7, ne sera pas discutée ici. Toutefois, il faut
souligner que la majorité des constituants des huiles essentielles sont lipophiles et, de ce
rait, rapidement absorbés que ce soit par voie pulmonaire, par voie cutanée ou par voie
digestive. II convient donc d'être particulièrement vigilant quant aux doses utilisées et
de proscrire le recours aux huiles essentielles dont la toxicité potentielle est connue. S'il
est évident que la plus grande prudence s'impose lorsque les huiles essentielles sont
lIdministrées par voie orale et a fortiori, en mélange, elles ne doivent pas non plus être
utilisées inconsidérement par voie externe: l'agressivité de certaines d'entre elles à
l'encontre des muqueuses et/ou de la peau doit inciter à ne les utiliser qu'après dilution
dans un véhicule approprié. II est impératif de ne pas laisser ces produits à portée des
jeunes enfants et il serait souhaitable qu'ils soient systématiquement délivrés dans des
conditionnements adaptés et toujours correctement étiquetés.
7. Pour certains, c'est l'utilisation des odeurs et des substances volatiles pour soigner, atténuer ou
pl'l~venir les infections et les indispositions uniquement par le moyen d'inhalations [Buchbauer et
,lIrovctz, 1994] alors que, pour d'autres, les huiles essentielles sont habituellement appliquées sur la
Pl'IIU après dilution dans une huile végétale (massage aromathérapique) [Tisserand et Balacs, 1995]. En
1I1'1I1lCC, elles sont souvent administrées per os ... Ces substances étant absorbées en partie, elles peuvent
IIvoir un effet pharmacologique (qui, souvent, reste à évaluer). Depuis quelques années, différents
Il'llvaux ont tenté d'objectiver l'action « psychodynamique » des produits odorants (aromathérapie et
\lITels du parfumage). La composante psychosomatique de l'effet ressenti est très importante. Certains
IIlIleurs évoquent aussi un mécanisme hédonique (influence, sur le comportement, du plaisir/déplaisir
Ill' Il une odeur) et un mécanisme « sémantique» (lien, dans le souvenir, d'une odeur et d'une situation
~llIolionnelle exceptionnelle). Cf., inter aUa : Jellinek, J.S. (1997). Psychodynamic odor effects and their
IIll'ch:misms, Perfum. Flavor., 22, (09-10), 29-41 et réf. citées. Voir aussi: lavande (p. 625), mélisse
(p. ()29).
594 TERPÉNOÏDES
- dans diverses industries, surtout chimiques, qui utilisent encore, à côté de produits
de synthèse, des isolats: pinènes de la térébenthine (cf. p. 687), sc1aréol (cf. p. 646),
citral du Litsea cubeba en provenance de la République Populaire de Chine (cf. p. 657). '
géraniol de l'huile essentielle de palmarosa (Cymbopogon martinii [Roxb.] W. Watso~:
[Poaceae]), (+)- et (-Hinalol, (+)-citronellal, eugénol, safrole, etc. Ces molécules
constituent des matières premières pour la synthèse de principes actifs médicamenteux,:
de vitamines, de substances odorantes, etc. Ex.: utilisation du safrole (extrait d'Ocotea:
brésiliens ou d'espèces de Cinnamomum de Chine) pour la synthèse dè l'héliotropine'
utilisée en parfumerie ou celle du butoxyde de pipéronyle, un synergiste dei,'
pyréthrinoïdes. "
Conservation
Il va de soi que la relative instabilité des molécules constitutives des huile
essentielles rend leur conservation difficile. Les possibilités de dégradation son.
nombreuses, facilement objectivées par la mesure des indices (peroxyde, réfraction)',
par la détermination des caractères physiques (viscosité, miscibilité à l'alcool, pouvo'
rotatoire) et/ou par l'analyse en CPG. Les risques sont multiples: photoisomérisation ( .!
-> Z-anéthole), photocyc1isation (citrals), coupure oxydative de propénylphénols
peroxydation des carbures et décomposition en cétones et alcools (limonène)'
thermoisomérisation (citrals), etc.
HUILES ESSENTIELLES 595
Ces dégradations pouvant modifier les propriétés et/ou mettre en cause l'innocuité
du produit, il convient de les éviter: utilisation de flacons propres et secs en aluminium,
en acier inoxydable ou en verre teinté antiactinique, presque entièrement remplis et
l'ermés de façon étanche (l'espace libre étant rempli d'azote ou d'un autre gaz inerte),
stockage à l'abri de la chaleur et de la lumière. (Sur les règles d'emballage, de
conditionnement et de stockage, voir la norme AFNOR NF T 75-001: 1996 ; pour les
règles de marquage des récipients, voir la norme NF 75-002:1996).
Le nombre de plantes à huiles essentielles qui font l'objet d'un marché est tel qu'il
n'est pas envisageable de les citer toutes, du moins dans un ouvrage prioritairement
dédié aux plantes qui peuvent présenter un intérêt pour la pharmacie. On présentera
donc ci-après - souvent très sommairement - les plantes qui sont inscrites aux
dernières éditions des Pharmacopées européenne ou française et/ou qui figurent à
l'annexe 1 de la Note Explicative de 1998 concernant les autorisations de mise sur le
marché de médicaments à base de plantes. On y ajoutera quelques plantes qui doivent
être signalées pour leur éventuelle toxicité (c'est le cas de l'acore) ou pour leurs
propriétés aromatisantes souvent mises à contribution dans les formulations
médicamenteuses (c'est le cas des fruits des Citrus). On indiquera, quand c'est le cas, les
lIutres emplois et, par principe, on écartera toutes les espèces qui ne sont utilisées que
dans des domaines extra-pharmaceutiques, même si cela conduit à négliger des plantes
Irès utilisées comme les Poaceae (citronnelle de Java et de Ceylan, vétiver) ou d'emploi
lraditionnel (rose, géranium, jasmin, tubéreuse, etc.). Un classement par indications se
révélant périlleux (ces plantes sont-elles réellement toutes des plantes médicinales ?), le
critère retenu pour cette présentation est celui de la classification botanique
(alphabétique, par familles).
La plupart des Apiaceae à huiles essentielles sont des espèces destinées à l'alimen-
lation et à l'industrie agroalimentaire. En phytothérapie, on leur attribue principalement
des propriétés « digestives » .
Cette espèce, dont les variétés cultivées constituent le céleri (céleri-branche [var.
till/ce Mill.] et céleri-rave [var. rapaceum (Mill.) Gaud]), n'est décrite ni par la
Pharmacopée européenne (6' éd.), ni par la lO c édition de la Pharmacopée française.
'l'mis les organes du céleri renferment une huile essentielle caractérisée par la présence
,k phtalides : sédanolide, (E)- et (Z)-ligustilide, 3-n-butylphtalide, butylidènephtalides,
sédanénolide, etc. Tous les organes renferment aussi des furanocoumarines. Dans le cas
596 TERPÉNOÏDES
La plante. L'aneth odorant est une plante herbacée dont les feuilles alternes, au
limbe tripennatiséqué, se terminent en lanières filiformes d'un vert bleuté. Les fleurs
jaunes, très petites, sont groupées en larges ombelles (20 cm) dépourvues d'involucre et
d'involucelles. La variété horticole est largement cultivée, en particulier en Europe.
Pimpinella anisum L.
IIUILES ESSENTIELLES 599
~ssentielle, de 0,1 à 0,3 g par jour. La même Commission E a estimé que l'activité des
parties aériennes n'était pas démontrée et, qu'en conséquence, elle ne pouvait pas en
r~commander l'utilisation à des fins thérapeutiques.
L'aneth est très utilisé en cuisine, surtout dans le nord de l'Europe (parties aériennes
entières, mais aussi fruits secs, souvent employés comme ceux du carvi) .
Le fruit d'anis est constitué par le diakène entier sec de P. anisum. Il contient au
minimum 20 ml/kg d'huile essentielle (Ph. eur., 6" éd., [01/2008:0262]).
Le fruit. Le fruit se présente sous la forme d'un diakène, ovoïde ou piriforme, vert
jaune ou gris-vert (3-5 x 3 mm). Les méricarpes, attachés par leur sommet à l'extrémité
du carpophore, ont une face commissurale plane et une face dorsale convexe recouverte
d~ poils courts et verruqueux, visibles à la loupe.
Réduit en poudre, le fruit montre (hydrate de chloral) : des poils l-cellulaires parfois
r~courbés, à pointe émoussée, à cuticule verruqueuse; des fragments de nombreux
canaux sécréteurs à ramifications étroites; des fragments d'albumen à grains d'aleurone
ct macles d'oxalate de calcium.
L'identité du fruit est confirmée par la CCM d'un extrait chlorométhylénique qui
IIlct en évidence l' anéthole et des triglycérides (révélation par l'acide phospho-
lIlolybdique). Sur les spécifications de l'anis, voir aussi la norme ISO 7386: 1984.
0,5 % [Candida albicans], méthode par dilution). Chez la Souris, l'huile esssentielle
s'oppose aux spasmes intestinaux induits chimiquement. L'expérimentation montre que )
de faibles doses d'huile essentielle stimulent les contractions de l'iléon alors que les
doses les plus fortes les réduisent. Chez l'animal, l'huile essentielle, bronchodilatatrice,
stimule la sécrétion bronchique et l'expectoration. Elle antagonise les spasmes
chimiquement induits sur le muscle trachéal isolé de Cobaye. L'huile essentielle d'anis,
comme celle du fenouil, aurait des propriétés œstrogéniques dues à l'anéthole. Un
extrait aqueux protège, à forte dose, la muqueuse gastrique de rats de l'ulcération. Ni
les fruits, ni l'huile essentielle n'ont fait l'objet d'une réelle évaluation clinique.
CHO
9 OCH 3
Z-anéthole
OCH 3
E-anéthole
9 OCH 3
anisaldéhyde
H3CO
OCH 3
OCH 3
OCH 3
allyl-tétraméthoxybenzène
OCH 3 OCH 3
OCH 3
myristicine apiole estragole 2-méthylbutyrate du
(méthyl-chavicol) pseudo-isoeugénol
(+)-fenchone
~
sédanolide (+)-carvone (+)-limonène
~~oAo
Constituants des huiles essentielles d'Apiaceae (exemples) bergaptène
L'huile essentielle d'anis (Ph. eur., 6e éd., [01/2008:0804]) est obtenue par entraÎ-
ncment à la vapeur d'eau à partir des fruits mûrs et secs. Elle est identifiée par CCM
(révélation par le 4-acétylbenzoate de méthyle). Elle ne contient pas plus de 0,01 % de
l'enchone ou de fœniculine déterminées par chromatographie gazeuse : la première
caractérise les huiles essentielles de fenouil, la seconde l'huile essentielle de badiane.
Profil chromatographique : l'huile essentielle d'anis contient entre 87 et 94 % de E-
IInéthole et entre 0,1 à 0,4 % de l'isomère Z. Des limites sont également fixées pour les
constituants minoritaires, à savoir: linalol, < 1,5 %; estragole, 0,5-5 %; a-terpinéol,
< 1,2 %; aldéhyde anisique, 0,1-1,4 %; 2-méthylbutyrate de pseudoisoeugényle, 0,3-
2 %. Sur l'huile essentielle, voir aussi la norme ISO 3475:2002.
Emplois. Les textes européens précisent que l'huile essentielle d'anis peut être
utilisée dans les mêmes indications que le fruit, à la dose de 50 à 200 fll 3 fois par jour.
Elle est contre-indiquée chez l'enfant et l'adolescent, et n'est pas recommandée chez la
l'emme enceinte ou allaitante (réf. : EMEA/HMPC/263273/2006, 5 juillet 2007).
602 TERPÉNOÏDES
La plante. Le carvi est une plante bisannuelle ou pluriannuelle qui rappelle, par son
port, une carotte: racine pivotante, feuilles découpées en lanières linéaires, inflores-
cences d'ombelles composées de fleurs à pétales blancs ou faiblement rosés. Répandu /,
de l'Europe centrale à la Sibérie ainsi qu'en Amérique du Nord, le carvi est une espèce
cultivée, principalement en Europe.
Le fruit. Le fruit de carvi est pratiquement cylindrique (3-6,5 x 1-1,5 mm). Les '
méricarpes, généralement libres, glabres, pratiquement falciformes, portent chacun 5 '
minces côtes saillantes (la coupe forme un pentagone pratiquement régulier).
La poudre, examinée au microscope (hydrate de chlora!), présente, entre autres.
éléments, des fragments de cellules sécrétrices polygonales associées à une couche de '
cellules allongées transversalement, et de très nombreux fragments d'endoderme à ';
grains d'aleurone, gouttelettes d'huile et micro-rosettes d'oxalate de calcium.
L'identité du carvi est confirmée par la mise en évidence de la carvone (CCM d'un.
extrait de fruits par l'acétate d'éthyle). Sur le carvi, voir aussi les normes NF V32-150 .
:1987 et ISO 5561: 1990.
8. Le cumin (Cuminum cyminum L.) est une herbacée annuelle cultivée en zone subtropicale dont
ks fruits sont recherchés en cuisine aussi bien en Afrique du Nord qu'en Inde ou dans le sud-est de
l'Asie. Il est moins utilisé en Europe. Les fruits frais renferment du p-menthane-diénal. Lors de
l'()btention de l'huile essentielle, cet aldéhyde est en grande partie transformé en cuminaldéhyde. On
604 TERPÉNOÏDES
L'huile essentielle de carvi (Ph. eur., 6 c éd., [01/2008:1817]) est obtenue par
entraînement à la vapeur d'eau des fruits secs de C. carvi. Elle est identifiée par CCM et
l'on doit vérifier sa pureté chirale par CPG sur ~-cyclodextrine : la (-)-carvone ne
représente pas plus de 1 % de la carvone totale.
Profil chromatographique : l'huile essentielle de carvi contient entre 0,1 et 1 % de
~-myrcène, entre 30 et 45 % de limonène et entre 50 et 65 % de carvone. D'autres
limites sont fixées pour la trans-dihydrocarvone « 2,5 %) et le trans-carvéol « 2,5 %).
L'huile essentielle de carvi entre dans la composition de liqueurs et eaux-de-vie. Sur
l'huile essentielle de carvi, voir aussi les normes NF T75-347: 1986 et ISO 8896: 1987 .
La coriandre est constituée parles diakènes secs de C. sativum L. Elle contient au'
minimum 3 ml/kg d'huile essentielle (Ph. eur, 6c éd. [0112008:1304]).
La plante. La coriandre est une plante annuelle dégageant, à l'état frais, une odeur
plutôt désagréable. Apiaceae typique, elle est caractérisée par des involucelles unilaté-
rales et des fleurs qui sont soit régulières (celles du centre des ombellules), soit à pétales
extérieurs bifides et plus grands que les autres (celles de la périphérie des ombellules).
Elle est surtout cultivée en Europe (Bulgarie, Lituanie, Ukraine, Pays-Bas) ainsi qu'au
Maroc et en Egypte.
Le fruit. Le di akène est plus ou moins sphérique (1,5-5 mm) ou ovale (2-6 mm).
Brun clair et glabre, il présente des côtes primaires peu saillantes et son sommet est
surmonté par un stylopode conique. Les méricarpes sont adhérents.
La poudre du fruit, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente de nom-
breux éléments: gouttelettes d'huile; cellules de l'albumen à microcristaux et microro-
settes d'oxalate de calcium; fragments d'endocarpe à cellules très étroites et alignées
régulièrement; cellules fusiformes de l'assise sclérenchymateuse du mésocarpe; etc.
L'identité du fruit de coriandre est confirmée par la CCM d'un extrait hexanique qui
met en évidence linalol, géraniol et triglycérides (révélation par l'aldéhyde anisique).
Sur la coriandre entière et en poudre, voir aussi la norme NF ISO 2255: 1996.
L'huile essentielle de coriandre (Ph. eur., 6' éd., [0112008:1820]) présente le profil
chromatographique suivant: linalol, 65-78 %; a-pinène, 3-7 % ; limonène, 1,5-5 %); y-
terpinène, 1,5-8 %; p-cymène, 0,5-4 %); camphre, 3-6 %; a-terpinéol, 0,1-1,5 %;
acétate de géranyle, 0,5-4 % ; géraniol, 0,5-3 %. La chromatographie gazeuse chirale
met en évidence (S)- et (R)-linalol : ce dernier ne doit pas représenter plus de 14 % du
linalol total (rapport des surfaces des pics). Voir aussi la norme NF ISO 3516:1997.
L'huile essentielle est très utilisée pour la préparation d'apéritifs et de liqueurs; elle
a également des usages en confiserie .
l
606 TERPÉNOÏDES
-la seconde au fruit de fenouil doux, c'est-à-dire les diakènes et méricarpes secs de
F. vulgare Miller ssp. vulgare var. dulce (Miller) Thellung. Il contient au minimum 20
ml/kg d'huile essentielle. L'huile essentielle contient au minimum 80 % d'anéthole [6< ,
éd., 01/2008:0825].
La plante. Le fenouil est une grande herbe vivace (2 m), aisément identifiable par
son odeur caractéristique. Les tiges, cylindriques et rameuses, portent des feuilles
découpées en lanières filiformes, pétiolées et gainées à la base, sessiles au sommet. Les
ombelles composées, sans involucre ni involucelles, rassemblent des fleurs jaune
verdâtre à pétales tronqués, roulés vers l'intérieur. L'espèce est spontanée dans la
région méditerranéenne et largement cultivée. On récolte les fruits dès leur
jaunissement.
Lefruit. Le fruit du fenouil, doux ou amer, est un diakène presque cylindrique (3-12
mm x 3-4 mm), rétréci au sommet et couronné par un large stylopode. Les méricarpes
glabres, le plus souvent libres, présentent chacun 5 côtes saillantes. L'odeur anisée est
très marquée, la saveur pénétrante et sucrée.
Dans la poudre de fruit de fenouil (doux ou amer) examinée au microscope (hydrate
de chloral), on note la présence: de fragments jaunes de larges canaux sécréteurs
surmontés de cellules allongées transversalement et régulièrement alignées; de
parenchyme réticulé du mésocarpe; de très nombreux fragments d'albumen à grains
d'aleurone et de très petites macles d'oxalate de calcium.
L'identité du fruit des fenouils est précisée par la CCM d'un extrait chlorométhylé-
nique qui met en évidence l'anéthole (fenouil doux et amer) et la fenchone (fenouil
amer). L'essai du fenouil prévoit le dosage par CPG, dans l'huile essentielle, de
l'anéthole et de la fenchone. L'estragole est dosé par la même méthode. L'huile!
essentielle de fenouil amer ne contient pas plus de 5 % d'estragole. Celle du fenouil
doux n'en renferme pas plus de 10 %. Le fruit de fenouil ne contient pas plus de 1,5 %
de pédoncules. Voir aussi, sur la graine de fenouil amer, la norme ISO 7927:1987.
Composition chimique. Les fruits de fenouil renferment des lipides, des acides- .
phénols simples, des acides chlorogéniques et d'autres esters de l'acide quinique, des,
flavonoïdes (glycosides et dérivés glucuronylés de l'ériodyctiol et du quercétol), des:
dérivés du stilbène (glucoside du resvératrol, miyabenols et diglucosides de trimères [=
fœniculosides]), un dérivé benzoisofuranonique, des acides-phénols glucosylés, des·
stérols et de faibles quantités de coumarines et furanocoumarines. Les fruits de fenouil'
amer sont, en moyenne, deux fois plus riches en huile essentielle que ceuX: du fenouil
doux. L'huile essentielle de fenouil doux est majoritairement constituée de (E)-anéthole '
(80 à 95 %) alors que celle du fenouil amer peut renfermer jusqu'à 25 % d'une cétone
monoterpénique, la fenchone. Dans les deux variétés, l'huile essentielle renferme aussi
de l'estragole, des carbures monoterpéniques et de l'anisaldéhyde.
Toxicité, effets indésirables. La toxicité aiguë par voie orale de l'huile essentielle
est assez faible (3-5 g/kg selon les auteurs, Rat). Cela correspond aux DLso connues
pour le E-anéthole (2-3 g/kg selon l'espèce de rongeur; l'isomère Z est vingt fois plus
toxique) et de la fenchone (6,2 g/kg, Rat). Les données animales sur la toxicité
chronique de l'anéthole montrent que celle-ci est négligeable (voir ci-dessus, anis).
L'estragole est faiblement hépatocancérogène chez la Souris (voir p. 592). Les
métabolites de l'estragole Cl '-hydroxy et époxy) sont mutagènes et le l '-hydroxy-
estragole, comme l' estragole, peut former des adduits sur l'ADN. Toutefois, le risque
lié à l'utilisation en infusion de fenouils conformes aux spécifications de la Pharmacopée
semble négligeable eu égard aux faibles teneurs en estragole de ceux-ci. Le fenouil est
faiblement allergisant. L'allergie est croisée avec d'autres Apiaceae (anis, coriandre).
L'effet œstrogénique observé in vitro et chez l'animal est sans signification chez
l'humain dans les conditions habituelles d'utilisation. Des données expérimentales
obtenues chez l'animal peuvent faire suspecter une interaction médicamenteuse entre le
fenouil et la ciprofloxacine.
Emplois
Fenouil doux. En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998)
admet qu'il est possible de revendiquer, pour le fruit de fenouil doux, les indications
0
thérapeutiques suivantes (voie orale) : traditionnellement utilisé 1 dans le traitement
symptomatique de troubles digestifs tels que ballonnement épigastrique, lenteur à la
0
digestion, éructations, flatulence; 2 comme traitement adjuvant de la composante
douloureuse des troubles fonctionnels digestifs. La même Note autorise deux
indications pour la racine de fenouil doux par voie orale: traditionnellement utilisée
pour: 10 faciliter les fonctions d'élimination urinaire et digestive; 2 0 favoriser
l'élimination rénale d'eau. Dans les deux cas, aucune évaluation toxicologique n'est
demandée pour la constitution d'un dossier« abrégé» d'AMM (poudre, racine ou fruit
pour tisane, extrait aqueux et extraits hydro-alcooliques quel qu'en soit le titre).
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BfArM précise que
le fruit du fenouil amer est utilisé en cas de dyspepsie (spasmes modérés, ballon-
nements, flatulences) et en cas d'inflammation des voies respiratoires supérieures. Dans
œtte indication et chez l'enfant, on peut utiliser le sirop ou le miel de fenouil. Posologie
(adulte) : fruits, de 5 à 7 g par jour; sirop ou miel, de 10 à 20 g par jour; teinture, de 5 à
7,5 g par jour. L'usage ne doit pas être prolongé sans avis médical.
b-
608 TERPÉNOÏDES
L'huile essentielle de fenouil amer (Ph. eur., 6 e éd., [01/2008:1826]) est obtenue
par entraînement à la vapeur d'eau à partir des fruits mûrs.
Profil chromatographique : a-pinène, 1-10 %; limonène, 0,9-5 %; fenchone, 12-
25 %; estragole, < 6 %; cis-anéthole, < 0,5 %; trans-anéthole, 55-75 %; aldéhyde
anisique, < 2 % ; rapport a-pinène/limonène > 1.
En Allemagne, la Commission E admet, dans une monographie consacrée à l'huile
essentielle de fenouil, des indications thérapeutiques identiques à celles énumérées ci-
dessus pour le fruit. Posologie: de 0,1 ml à 0,6 ml par jour. Certains auteurs, tenant
compte de la présence d'estragole dans l'huile essentielle, recommandent de ne pas
l'utiliser chez l'enfant.
La monographie communautaire de l' HMPC réserve strictement l'usage de l'huile
essentielle de fenouil amer à l'adulte (> 18 ans) et dans une seule indication:
expectorant en cas de toux associée à un refroidissement. La posologie journalière est
fixée à 200 microlitres en une prise unique ou fractionnée. Le traitement ne doit pas être
poursuivi au-delà de deux semaines. Si l'activité œstrogénique est sans incidence chez
l'humain aux doses habituellement utilisées, des doses excessives pourraient interagir
avec les traitements hormonaux et les contraceptifs oraux. Non recommandée au cours
de la grossesse et de la lactation (réf. EMEA/HMPCI263292/2006, 5 juillet 2007).
Les producteurs et les fabricants d'huile essentielle de fenouil et d'anéthole ne
peuvent vendre ces produits qu'aux fabricants de boissons, pharmaciens, parfumeurs,
fabricants de produits alimentaires ou industriels et négociants exportateurs directs. La
revente en nature est interdite à ces catégories à l'exception des pharmaciens qui ne
peuvent les délivrer que sur ordonnance médicale et doivent inscrire les prescriptions
qui les concernent sur leur registre d'ordonnances (Art. L3322-5 du Code de la santé
publique).
HUILES ESSENTIELLES 609
La plante. La livèche est une grande plante herbacée (1-2 m) à racine pivotante, à
tiges creuses et striées portant des feuilles vert foncé, 2-3 fois divisées à la base, entières
au sommet. Les ombelles composées, à involucre et involucelles, regroupent des fleurs
aux pétales jaunes.
Les organes souterrains. Le rhizome est court, simple ou comportant des protu-
bérances. Les racines (25 cm x1,5 cm) ont une écorce très large, blanc-jaune, et un bois
étroit, jaune-brun. La poudre, examinée au microscope (hydrate de chloral), révèle la
présence de fragments de vaisseaux réticulés et de canaux sécréteurs. L'examen dans le
glycérol révèle de nombreux grains d'amidon, les uns simples et arrondis, les autres
composés, plus grands et comportant plusieurs éléments.
L'essai comprend notamment la recherche d'une contamination ou d'une
substitution par la racine d'angélique (CCM).
Emplois. En France, la livèche ne figure pas sur la liste des espèces retenues par la
Note explicative de 1998 (annexe 1). En Allemagne, la monographie établie par la
Commission E du BfArM précise que la racine de livèche est utilisée en cas d'inflam-
mation des voies urinaires basses et pour prévenir la formation de calculs rénaux.
Posologie: de 4 à 8 g de racine par jour. Les préparations à base de livèche ne doivent
pas être utilisées en cas de néphrite ou d'insuffisance rénale. En cas d'usage prolongé, il
convient d'éviter l'exposition au soleil ou au rayonnement UV.
Feuilles et jeunes tiges sont utilisées en cuisine (salades, sauces, bouillons, etc.).
Racines broyées et fruits sont également comestibles. L'huile essentielle de racines est
utilisée en liquoristerie (NF ISO 11019: 1998).
,
Ir.
610 TERPÉNOÏDES
La Pharmacopée européenne (6' éd.), pas plus que la Pharmacopée française (10'
éd.), ne consacre de monographie à cette plante alimentaire. La 8c édition (1965) de
cette dernière décrivait le fruit. Aujourd'hui, feuille, racine et fruit de persil figurent sur
la liste des plantes pour lesquelles il est possible, en France, d'obtenir une AMM selon
la procédure « abrégée».
ment utilisé pour favoriser l'élimination rénale d'eau». Quelle que soit la partie de la
plante, aucune évaluation toxicologique n'est demandée pour la constitution d'un
dossier « abrégé» d'AMM (poudre, feuille, fruit ou racine pour tisane, extrait aqueux et
extraits hydro-alcooliques quel qu'en soit le titre).
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BfArM précise que
la racine et la tige feuillée du persil sont utilisées en cas de troubles urinaires et en
prévention des calculs rénaux, dans le cadre d'une thérapie de « drainage ». Posologie
(fruits) : 6 g par jour. Racine et plante feuillée sont contre-indiquées chez la femme
enceinte et en cas d'inflammation rénale; elles ne doivent pas être utilisées en cas
d'œdème lié à un dysfonctionnement rénal ou cardiaque. La prise de la racine, de la tige
feuillée et de leurs préparations doit être accompagnée de l'absorption d'une grande
quantité de liquide. La même Commission E considère que l'emploi desfruits de persil
dans un but thérapeutique n'est pas justifié, dans la mesure où leur activité n'est pas
établie et où leur consommation présente un risque réel. Elle rappelle également que
l'huile essentielle de fruit, toxique, ne doit pas être utilisée.
Qu'il soit à feuilles plates ou à feuilles frisées, le persil est l'herbe condimentaire la
plus utilisée dans les cuisines occidentales. En tant que plante médicinale, son usage est
très restreint. Le fruit sert à la préparation d'une huile essentielle utilisée notamment
dans l'industrie agroalimentaire (NF ISO 3527:2001).
La plante. L'absinthe est une plante herbacée, vivace, très aromatique, fréquente
dans la zone méditerranéenne. La feuille d'absinthe est grisâtre et fortement tomenteuse
sur les deux faces. Quand elle est basilaire, elle est pétiolée et son limbe est bi- à
tripennatiséqué. Moins segmentée quand elle est caulinaire, elle est lancéolée quand
elle est apicale. La tige, tomenteuse et rainurée longitudinalement, porte des panicules
axillaires de capitules. Ceux-ci, sphériques à hémisphériques, comportent un involucre
gris et tomenteux et un réceptacle à très longues paillettes et nombreuses fleurs
principalement tubulées,jaunes, hermaphrodites, de 2 mm de longueur.
La poudre d'absinthe, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente de
nombreux poils tecteurs en forme de T, à pédicelle court de 1 à 5 cellules coiffé perpen-
diculairement par une très longue cellule terminale à extrémités fuselées. On note aussi
la présence, entre autres éléments, de paillettes formées d'une très longue cellule sur un
pédicelle formé d'une seule petite cellule.
b
612 TERPÉNOÏDES
La CCM d'une infusion traitée par l'acétate de plomb puis extraite par le chlorure
de méthylène met en évidence l'artabsine et de l'absinthine, ce qui confirme l'identité
de l'absinthe. Celle-ci ne renferme pas plus de 5 % de tiges de diamètre supérieur à 4
mm et son indice d'amertume, mesuré par rapport au chlorhydrate de quinine, est au
moins égal à 10000 (évalué sur des dilutions d'un décocté à 1 g/l).
~
arlabsine 0
..... .
absinthine o
La liqueur d'absinthe - la fée verte - , très en vogue à la fin du XIX' siècle, a été à
l'origine d'un syndome toxique dénommé «absinthisme ». Cette intoxication fréquente
associait aux signes de l'alcoolisme banal - les liqueurs d'absinthes « supérieures»
litraient de 65 à 75" - des crises épileptiformes, des hallucinations et une détérioration
mentale attribuées pendant longtemps à la thuyone. Cette liqueur a été interdite un peu
partout au début du XX' siècle (en 1915 en France) et, actuellement, la délivrance de
l 'huile essentielle d'absinthe et de ses préparations est réservée aux pharmaciens (voir
ci-dessous). Consécutivement à une directive de l'UE de 1988 autorisant l'usage des
plantes contenant des thuyones, les boissons à base d'absinthe sont réapparues dans la
plupart des pays européens. Les textes en vigueur fixent une teneur maximale en
Ihuyone(s) de 35 mglkg pour ces boissons (voir aussi: sauge, p. 641).
La thuyone est-elle la cause réelle de 1'« absinthisme» observé à la fin du XIX'
siècle? Diverses hypothèses ont été formulées, en particulier celle d'un ajout
l'rauduleux de sels de cuivre et d'antimoine. Une récente étude suggère que l'hypothèse
d'un syndrome éthylique aigu est la plus vraisemblable: la thuyone ne jouerait aucun
rôle - ou un rôle marginal - dans l'intoxication.
L
614 TERPÉNOÏDES
limbe est d'autant plus divisé que le point d'insertion sur la tige est bas (de lancéolé à bi-
pennatiséqué). L'inflorescence est une panicule de capitules de fleurs toutes tubuleuses.
La teneur en huile essentielle est faible (1-2 ml/kg) et sa composition est éminem-
ment variable: camphre, boméol, vulgarol et carbures sont constants, mais les thuyones
sont très peu abondantes, voire absentes (la Pharmacopée prescrit d'ailleurs une
recherche de thuyone sur un extrait hexanique: dans les conditions décrites, elle n'est
pas décelable ce qui la distingue d'une autre espèce indigène avec laquelle elle peut être ,
confondue: A. verlotorum Lamotte). S'il est sûr que l'armoise renferme, entre autres,
des flavonoïdes et des polyines, il ne semble pas que les lactones sesquiterpéniques
(vulgarine, psilostachine) soient présentes dans tous les lots étudiés.
L'estragon, qui n'est pas décrit par les pharmacopées (Ph. eur., 6' éd., Ph. fse, 10' ~
éd.), fait l'objet d'une norme ISO (7926:1991). Il en est de même pour son huile'
essentielle (NF-ISO 10015:1999). Il existe plusieurs chimiotypes de ce petit buisson:
dont les tiges dressées portent des feuilles à limbe entier, lancéolé, vert brillant et des'
capitules disposés en longues grappes lâches. Les tiges feuillées renferment une huile "
essentielle à estragole Uusqu'à 80 %), Gis et trans ocimènes, limonène, etc. pour le type;
«français»; il existe aussi un chimiotype à élémicine et sabinène (estragon« russe »).
Le principal usage de l'estragon (feuille fraîche) est d'ordre culinaire. Bien que'
l'estragole soit faiblement hépatocancérogène chez la Souris et mutagène, les quantités;
habituellement employées et la teneur faible en huile essentielle ne constituent pas un '
réel danger pour le consommateur.
titilLES ESSENTIELLES 615
La fleur de matricaire est constituée par les capitules secs de Matricaria recutita L.
(e. recutita [L.] Rauschert). Elle contient au minimum 4 ml/kg d'huile essentielle bleue
ct 0,25 % d' apigénine-7 -glucoside (Ph. eur., 6 e éd., [01/2008:0404]).
Les capitules. Les capitules épanouis comportent, insérés sur un réceptacle conique,
creux et dépourvu de paillettes, 12 à 20 fleurons ligulés marginaux à languette blanche,
ovale, allongée, prolongeant un tube jaune brun à la base, et plusieurs dizaines de
Ileurons tubulés centraux jaunes à 5 étamines épi pétales synanthérées. Le capitule est
cntouré d'un involucre de 1 à 3 rangées de bractées lancéolées à bords scarieux, gris-
brun.
L'examen microscopique (hydrate de chloral), réalisé sur chacune des parties du
capitule après séparation, permet de rechercher les éléments caractéristiques de chacune
d'entre elles (ex. : cellules épidermiques papilleuses des fleurons, poils glanduleux,
histologie caractéristique des ovaires, grains de pollen triangulaires-arrondis, etc.).
L'identité des capitules est confirmée par la CCM de l'huile essentielle qui met en
évidence chamazulène, éne-yne-dicycloéther et (-)-a-bisabolol. La fleur de matricaire
Ile doit pas contenir plus de 25 % de constituants passant à travers un tamis (710) (fleur
brisée). L' apigénine-7 -glucoside est dosé par CLHP après extraction par l'alcool.
dérivé acétylé en 6", par d'autres dérivés mono- et diacylés moins stables et par des
hétérosides du patulétol et du lutéolol. Tous ces dérivés flavoniques s'accumulent dans
les fleurs ligulées en quantité notable. On note aussi la présence de glucosides du
lutéolol ainsi que celle d'hétérosides du quercétol et de l'isorhamnétol (des flavonols).
Dans la fleur sèche, les hétérosides sont partiellement hydrolysés et la concentration en
apigénollibre peut être élevée.
~H H~
)j"O",'H
",
OH
.""Oy
HO"'" o
o o o
plupart des auteurs, cette activité pourrait être due aux flavonoïdes : l'apigénol est plus
actif que la papavérine sur l'iléon de Cobaye isolé, mais aussi à l'un des éthers
bicycliques et au (-)-a-bisabolol qui, dans les mêmes conditions, a une activité voisine
de celle de la papavérine. Les extraits sont faiblement antioxydants in vitro et ils
inhibent l'agrégation plaquettaire
Évaluation clinique. Des observations chez l'Homme ont fait état d'une action
sédative de la matricaire et ont souligné le possible intérêt de ses préparations pour la
voie locale (anti-inflammatoire, anesthésique léger, déodorant). Certaines préparations
de ce type semblent pouvoir atténuer les manifestations de l'érythème provoqué
expérimentalement par le rayonnement ultra-violet.
Plusieurs essais cliniques ont évalué l'effet d'une crème à base de matricaire comme
traitement des inflammations de la peau et des muqueuses: leurs résultats, parfois
contradictoires, sont difficiles à interpréter. Ainsi, alors qu'un essai sans placebo
semblait indiquer qu'un bain de bouche à base de matricaire pouvait prévenir ou
atténuer l'inflammation de la bouche consécutive à une radiothérapie ou à une
chimiothérapie, un essai ultérieur versus placebo n'a pas noté d'activité tangible. Dans
le cas de l'eczéma, les résultats sont tout aussi contradictoires (versus placebo et/ou
hydrocortisone). On peut d'ailleurs remarquer qu'un essai publié en 2000 n'a constaté
aucune différence d'effet entre un simple massage et un massage avec ajout d'huiles
essentielles diverses - dont celle de matricaire - sur l'eczéma atopique de l'enfant
(un effet du contact mère-enfant s'ajoute peut-être à l'effet placebo). L'effet spécifique
de l'extr~it de mat~icair.e ~our soulager la ~ên~ I~ée aux aphtes reste à démo.ntre~., ~
PlUSieurs essais chmques sont parfOis cites comme preuve de l'effIcaclte de la'
matricaire pour atténuer les troubles dyspeptiques. Malheureusement, la préparation :,1,
testée au cours de ces essais contient une dizaine de plantes: l'effet observé ne peut "
donc pas être spécifiquement attribué à la matricaire. La même remarque peut être faite :
à propos d'essais mettant respectivement en œuvre un mélange pectine-matricaire, une "l:
tisane composée (matricaire, fenouil, mélisse, réglisse, verveine) et un mélange
d'extraits (matricaire, fenouil, mélisse) : l'efficacité apparente de ces produits dans le ~
traitement des coliques des jeunes enfants et/ou du nourrisson ne peut pas être reliée à la l
seule matricaire. Selon un essai mettant en œuvre un extrait standardisé, la dyspepsie 1
des patients inclus a été améliorée: l'absence de groupe placebo enlève toute valeur au 1
pourcentage de patients satisfaits du traitement (pourcentage sensiblement identique à j
celui qui caractérise l'effet du placebo dans ce type de plainte ...).
ont été décrits: urticaire généralisée, œdème de la face et des paupières, œdème
pharyngé et obstruction des voies respiratoires en ont été les principaux symptômes.
Des interactions médicamenteuses potentielles existent, notamment avec les
antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants (une observation d'interaction avec la
warfarine a été rapportée en 2006).
b
620 TERPÉNOÏDES
Bon nombre des espèces citées ici sont surtout connues pour leur intérêt dans
diverses industries (parfumerie, liquoristerie, confiserie, produits cosmétiques,
détergents). Beaucoup sont également plus des épices que des plantes médicinales ','
(basilic, origan, thym, etc.). Les principales indications retenues pour ces espèces ,',
concernent le « traitement» des troubles digestifs mineurs et l'usage local
(dermatologie, hygiène). Dans un petit nombre de cas elles concernent les troubles "
mineurs du sommeil (mélisse, lavande) .
Le basilic est constitué par lafeuille séchée d'O. basilicum. Il contient au minimum
2,5 ml/kg d'huile essentielle (Ph. fse, 10' éd.).
La plante, lafeuille. Le basilic est une plante herbacée morphologiquement très "
variable. Annuelle en Europe, vivace en climat tropical, la plante possède des feuilles,
opposées-décussées à limbe ovale, lisse, luisant, souvent cloqué ou crépu. Les fleurs, :
blanches à rosées, sont groupées en pseudo-verticilles; la lèvre inférieure de la corolle'
est formée d'un seul pétale ventral très développé. Sans doute originaire d'Asie, cette.
espèce est cultivée en Europe, sur le pourtour de la Méditerranée, en Inde et dans les
îles de l'Océan indien.
La poudre de basilic, examinée au microscope, montre des poils sécréteurs à tête
bicellulaire, des poils tecteurs légèrement échinulés et des cellules épidermiques à'.
parois très ondulées. Surie basilic séché, voir aussi la norme NF ISO 11163: 1996. .
CH 30
OCH 3 OCH 3
pinocamphone (t)-linalol (R =H) et
méthyl-eugénol estragole (= 3-pinanone) (t)-acétate de linalyle "
(méthyl-chavicol)
(R =COCH 3)
IIUILES ESSENTIELLES 621
..
622 TERPÉNOÏDES
Cette espèce, mal connue et, semble-t-il, assez peu utilisée, a été retenue par la Note
Explicative de 1998. Rangée autrefois par certains dans le genre Satureja, l'espèce
officinale (C. officinalis Moench., Ph. fse, 10c éd.) correspondrait, si l'on suit la Flora
Europea, à la ssp. ascendens (Jordan) P.W. Ball (= C. officinalis auct., non Moench.).
Selon la flore forestière française, le calament officinal est C. sylvatica Bromf. (=
C. officinalis Moench = Satureja calamintha [L.] Scheele). C'est une espèce vivace à
glomérules de fleurs purpurines mesurant moins de 15-20 mm. La sommité fleurie
séchée de cette espèce fournit une faible quantité d'huile essentielle (au moins 6 ml/kg
dans le cas de l'espèce officinale) à néomenthol, pulégone, menthone, isomenthone et
autres monoterpènes. L'huile essentielle de calament possède des propriétés
antibactériennes in vitro.
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet, pour la
sommité fleurie de calament, les indications thérapeutiques suivantes (voie orale) :
traditionnellement utilisé 10 dans le traitement symptomatique de troubles digestifs tels
que ballonnement épigastrique, lenteur à la digestion, éructations, flatulence; 20 comme
traitement adjuvant de la composante douloureuse des troubles fonctionnels digestifs.
Aucune évaluation toxicologique n'est demandée pour la constitution d'un dossier
« abrégé» d'AMM (poudre, sommité fleurie pour tisane, extrait aqueux et extraits
hydro-alcooliques quel qu'en soit le titre). Le calament ne figure pas sur la liste des
monographies de la Commission E allemande .
L'hysope est constituée par lafeuille et la sommité fleurie séchées d' H. officinalis. Elle
contient au minimum 0,3 % et au maximum 1,5 % d'huile essentielle (Ph. Fse, 10c éd.) ..•
poils sécréteurs de type Lamiaceae; des grains de pollen ovoïdes à exine grainée; des
cristaux jaunâtres dans des débris d'épiderme.
l'exception des pharmaciens qui ne peuvent les délivrer que sur ordonnance médicale et
doivent inscrire les prescriptions qui les concernent sur leur registre d'ordonnances
(Art. L3322-5 du Code de la santé publique).
En Allemagne, la Commission E du BfArM estime que l'usage thérapeutique de
l'hysope ne peut pas être justifié, l'efficacité dans les indications revendiquées n'étant
pas démontrée. L'hysope peut être utilisée comme correcteur de goût et d'odeur des
mélanges pour infusion (teneur maximale: 5 %) .
Deux espèces du genre sont utilisées dans le secteur de la parfumerie et des produits
cosmétiques: la lavande vraie, L. angustifolia P. Miller (= L. officinalis Chaix = L. vera
De.) et la lavande aspic, L. latifolia (L.f.) Medikus (= L. spica auct., non L.). À la fin
du XX, siècle, la France demeurait l'un des principaux producteurs de lavande vraie:
en 2000, lavande de population et lavande clonale représentaient 3 800 ha cultivés et
une production de 65 tonnes d'huile essentielle.
Les lavandins, hybrides particulièrement vigoureux des deux espèces précédentes
(L. x intermedia Emeric ex Loisel = L. hybrida Reverchon ex Briq.), sont également
utilisés pour la production d'huile essentielle: avec 17000 hectares cultivés, les
lavandins représentaient, en 2000, environ 60 % des superficies consacrées en France à
la production de plantes à parfum, aromatiques et médicinales .
1. L'huile essentielle de lavande (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1338]) est préparée p~:
entraînement à la vapeur d'eau à partir des sommités fleuries de L. angustifolia.
Cette huile essentielle doit contenir de 20 à 45 % de linalol, de 25 à 46 % d'acétate
de linalyle, de 0,1 à 6 % de terpinén-4-o1 et de 0,1 à 2,5 % de 3-octanone; les teneurs en
lavandulol et acétate de lavandulyle sont respectivement supérieures à 0,1 et 0,2 %;
teneurs maximales sont fixées pour les autres composants : limonène < 1 %;
< 2,5 %; camphre < 1,2 %; a-terpinéol < 2 % (déterminés par CPG). Pureté chirale:
(S)-linalol ne représente pas plus de 12 % et l'acétate de (S)-linalyle pas plus de 1 0/0
Sur l'huile essentielle de lavande, voir aussi la norme NF ISO 3515:2004.
2. Huile essentielle de lavande aspic. La lavande aspic est spontanée dans
mêmes régions que la lavande vraie, mais à des altitudes plus basses. L'huile
tielle d'aspic est obtenue à partir des sommités fleuries récemment coupées
HUILES ESSENTIELLES 627
L. latifolia (L.f.) L. (Ph. fse, 10c éd.). Elle est particulièrement riche en cinéole et en
camphre (15 %).
Profil chromatographique : limonène, 0,5-3 %; cinéole, 20-35 %; camphre, 8-
20 %; linalol, 25-50 %; acétate de linalyle, < 3 %; a-terpinéol, 0,5-3 %. Voir aussi la
nonne NF ISO 4719: 2000 (type Espagne).
aiguës bénignes. En usage local, deux indications sont possibles: 1° en cas de nez
bouché, de rhume; 2° en bains de bouche pour l'hygiène buccale. Aucune évaluation
toxicologique n'est demandée pour la constitution d'un dossier « abrégé» d'AMM
(poudre, marjolaine pour tisane, extrait aqueux et extraits hydro-alcooliques quel qu'en
soit le titre).
En Allemagne, la Commission E du BfArM estime que l'usage thérapeutique de la
marjolaine ne peut pas être recommandé, l'effIcacité dans les indications revendiquées
n'étant pas sufJsamment démontrée. En l'absence d'une évaluation précise du risque, il
convient de ne pas utiliser des pommades contenant des extraits de marjolaine chez les
jeunes enfants .
Composition chimique. Si, malgré sa faible teneur « 0,05 %), c'est surtout 1
essentielle qui a retenu l'attention, d'autres constituants ont néanmoins été isolés de
feuille: triterpènes; acides-phénols dérivés de l'acide caféique : dimère comme
rosmarinique (5 %) et trimères comme les acides mélitriques A et B ; dérivé
benzaldéhyde à structure benzodioxole; flavonoïdes (0,2-0,7 %): isolquerc:itroside,
rhamnocitrine, 7-glucosides de l'apigénol et du lutéolol (cosmosiine,
hétérosides de mono terpènes et d'alcools aromatiques, etc. L'huile essentielle
caractérisée par la présence d'aldéhydes monoterpéniques : citral (géranial + néral)
quantité très variable, mais généralement dans un rapport constant (4/3) et (R)-(
IIUILES ESSENTIELLES 629
9. Pour certains, la perception positive ou négative d'une odeur déclencherait un type d'effet
positif ou négatif sur l'humeur et, en conséquence, des effets (positifs ou négatifs) sur le bien-être
physique et psychologique. Avec les huiles essentielles (et les odeurs en général), il ne faut pas perdre
dc vue que les notions de placebo et d'effet attendu sont des questions centrales: une étude publiée il y
Il une vingtaine d'années a montré que des sujets voyaient leurs performances mathématiques
lIugmentées alors même qu'ils ne respiraient aucune odeur ... La méthodologie des essais publiés sur les
huiles essentielles ne prend pas toujours en compte ces dimensions (sujets naïfs, insu de
l'expérimentateur, etc.).
Mentha x piperita L.
HUILES ESSENTIELLES 631
La feuille de menthe poivrée est constituée par lafeuille séchée entière ou coupée
de M. x piperita. Entière, la feuille contient au minimum 12 ml/kg d'huile essentielle.
Pour la feuille coupée, ce minimum est de 9 ml/kg (Ph. eur., 6e éd., [0112008:0406]).
1':lIe sert à préparer - avec de l'eau ou de l'éthanol à 30-50 % - un extrait sec dont le
litre en acide rosmarinique est ~ 0,5 % (Ph. eur., 6 e éd. - 6.4, [04/2009:2382]).
La plante. La menthe poivrée est une plante vivace d'une très grande vigueur se
propageant par stolons. Elle est caractérisée par des tiges quadrangulaires le plus
NOllvent violacées, par des feuilles simples opposées-décussées, ovales-aiguës, dentées,
ct par des inflorescences de fleurs faiblement bilabiées de couleur pourpre groupées en
tIpis très serrés. Différentes variétés sont mises en culture: menthe Mitcham (forme
1'1I1)('scens de la variété officinalis), menthe blanche (forme palescens de la même
632 TERPÉNOÏDES
variété) et, plus rarement, menthe de Hongrie (forme rubescens de la variété sylvestris).
La multiplication se fait uniquement par voie végétative. Le développement de la plante
nécessite un climat tempéré, un apport en eau et un ensoleillement suffisants. La
récolte, mécanisée, a lieu au début de la période de floraison.
CÎs- et trans-oxydes
de pipéritone ---
r=- :2 :2 ~o ~o
géranyl-PP (-)-limonène (-)-trans
UH
"
(-)-isopipériténone
-
(+)-cis-isopulégone
isoplpériténol
HO""2
/ ~ Cl
U --
OH- -.
0
~ A A
(-)-trans-carvéol (-)-menthol (-)-menthone (+)-pulégone (+)-isomenthone
l t
0:2
(-)-carvone
filiation biogénétique des
principaux monoterpènes
du genre Mentha
° 'OH
Toxicité, effets indésirables. Menthol et huile essentielle de menthe sont assez peu
t()xiques en aigu. Les lésions histologiques cérébelleuses constatées avec l'huile
l'ssentielle chez le Rat (40-100 mg/kg/j, voie orale) sont liées à la pulégone et non au
Illenthol dont les effets, à très forte dose (200-800 mg/kg), ne sont perceptibles qu'au
niveau du foie (augmentation pondérale) et des hépatocytes (vacuolisation). La
plllégone et son produit d'oxydation - le menthofurane - sont hépatotoxiques à dose
forte, mais les teneurs dans l'huile essentieIIe ne semblent pas poser de problème. La
lIlenthone semble mutagène, mais les tests habituels ne détectent pas de mutagénicité
p()ur le menthol et 1'huile essentielle.
On ne connaît pas d'effet indésirable lié à la consommation d'infusions de menthe
p()ivrée. Aux doses habituelles, 1'huile essentielle peut entraîner de rares effets
indésirables: brûlures œsophagiennes, nausées. Chez certains sujets, elle pourrait
dlSclencher ou amplifier des troubles gastro-intestinaux. Par contact, le menthol peut,
plutôt rarement, induire des réactions allergiques.
L'application directe de menthol ou d'huile essentielle de menthe poivrée dans les
lIurines ou sur le visage des nourrissons et des très jeunes enfants peut entraîner
dyspnée, convulsions et coma. On a aussi enregistré des cas de détresse respiratoire
tliguë avec cyanose et arrêt respiratoire. La même remarque s'applique aux pommades
Cl autres formes pour la voie locale à base de menthol.
La menthe crépue (dite aussi menthe verte ou menthe douce [NF V 32-165:1985,
ISO 2256: 1984]) est une espèce voisine de la précédente, cultivée dans les mêmes états
des États-Unis d'Amérique (Oregon, Idaho, Washington). L'hydrodistillation est
généralement précédée par un séchage partiel de 24 heures.
L'huile essentielle de menthe crépue (Ph. fse, 10' éd.) est obtenue par entraînement
li la vapeur d'eau des parties aériennes récemment cueillies de M. spicata L. L'huile
essentielle obtenue à partir de M. cardiaca Gérard satisfait également aux exigences de
la monographie JO. La norme NF T 75-245 [1986] la désigne par le terme « huile
essentielle de menthe verte ou menthe crépue» et précise que sont concernées les seules
variétés ou descendances hybrides de M. spicata donnant une huile essentielle riche en
carvone. La dernière édition de la norme indique les constituants principaux de l'huile
essentielle, mais ne précise pas les teneurs limites. L'huile essentielle officinale
10. La même édition de la Phannacopée définit la menthe verte comme étant « constituée par la
l'cuille séchée de M. viridis L ou M. spicata L. Elle contient au minimum 10 ml/kg d'huile essentielle ».
Elle est identifiée par les caractères microscopiques de la poudre (morphologie des éléments du
trichome) et par la CCM de l'huile essentielle (carvone) (Ph. fse, 10' éd., add. n° 38, arrêté du 25-08-
1997).
638 TERPÉNOÏDES
Cette huile essentielle (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1838]) est obtenue par entraîne-
ment à la vapeur d'eau à partir des parties aériennes fleuries, récemment cueillies, de
M. canadensis L. (syn. M. arvensis L. var. glabrata [Benth.] Fern., M. arvensis var.
piperascens Malinv. ex Holmes), puis séparation partielle du menthol par
cristallisation. Un refroidissement très lent de l'huile essentielle permet d'induire la
cristallisation d'une partie du menthol qu'elle contient.
Profil chromatographique : limonène, 1,5-7 %; cinéole, < 1,5 %; menthone, 17-
35 % ; isomenthone, 5-13 %; acétate de menthy le, 1,5-7 %; isopulégol, 1-3 %;
menthol, 30-50 %; pu1égone, < 2,5 %; carvone, < 2 %); le rapport cinéole (%) /
limonène (%) est inférieur à 1.
Pour sa part, la norme NF T 75-306:1985 définit cette huile essentielle comme étant
obtenue à partir de la« var. piperascens Malinvaud, cultivée au Brésil et en Chine ». La
norme indique par ailleurs deux profils chromatographiques (Chine et Brésil) ; les
limites données par la Pharmacopée correspondent en fait aux extrêmes observés pour ;
chacune des origines. Ex. : limonène: Brésil, 5-7 %, Chine, 1,5-4 % ; menthol: Brésil,
30-40 %, Chine 35-45 %, etc. La limite supérieure proposée pour la menthone est de
32 % (Brésil), celle indiquée pour la pulégone est de 1 % (pour les 2 provenances). La
norme mentionne explicitement qu'il n'y a pas de carvone dans M. arvensis et, enfin,
inclut dans le profil chromatographique le néomenthol (3-4 % [Brésil] et 4-7 % [Chine]
et la pipéritone (2,5-3,5 % [Brésil] et 0,5-1 % [Chine]).
Remarque: l'utilisation d'huiles essentielles de menthe dans l'aromatisation des
denrées alimentaires et des boissons peut conduire à la présence, dans celles-ci, de
pulégone. Le législateur a fixé des limites de concentrations pour cette cétone: denrées.;
alimentaires, 25 mg/kg; boissons, 100 mg/kg; boissons aromatisées à la menthe, 250
mg/kg; confiseries à la menthe, 350 mg/kg.
Menthol
présente sous la forme de petites aiguilles. Les teneurs en thymol et carvacrol de l'huile
essentielle sont déterminées par CPG.
L'origan fournit une huile essentielle généralement riche en thymol et/ou en
carvacrol. Sa composition varie très largement en fonction du chimiotype. Comme les
thyms, l'origan et son huile essentielle possèdent des propriétés antimicrobiennes 1
marquées. L'origan et ses produits n'ont fait l'objet d'aucune évaluation clinique.
toujours le plus abondant (jusqu'à 25 %). On remarque une forte incidence de la période
dc récolte sur la composition; les variations de celle-ci sont indépendantes de la sous-
L'spèce. L'huile essentielle de sarriette est fortement antiseptique in vitro. On ne dispose
d'aucune preuve solide de l'intérêt, en clinique, de cette espèce et de son huile
essentielle.
ne renferme pas plus de 3 % de tiges. Sur les spécifications de cette sauge, voir aussi la
norme NF ISO 11165: 1996.
Sauge trilobée. Chez cette espèce, le limbe de la feuille (0,8-5 x 0,4-2 cm), forte-
ment pubescent sur les deux faces, a une base obtuse avec, parfois, un ou deux lobes
plus ou moins développés. La pubescence du pétiole, comme celle de la face inférieure
du limbe, est blanche. La nervation est indistincte.
La feuille pulvérisée, examinée au microscope (hydrate de chloral), montre un
épiderme supérieur à cellules ponctuées à épaississements en chapelet, et de très
nombreux poils tecteurs ou glanduleux de différents types (tecteurs articulés, droits ou
tortueux; glanduleux à tête 1-,2- ou 8-cellulaire).
La feuille ne renferme pas plus de 8 % de tiges et, sur la CCM d'un extrait
méthanolique, la bande correspondant à la thuyone est absente (ou faible).
dJo
o ~
4
3
~
A",
1 ",(
Emplois.
En pharmacie, la feuille de S. officinalis est utilisée, entre autres, pour l'obtention de,
la teinture de sauge officinale (Ph. eur., 6" éd., [01/2008:1889]) : teinture au 1/10,
dans l'éthanol à 70 %, contenant au minimum 0,1 % d'huile essentielle. 1
comporter une étude toxicologique allégée. Celle-ci n'est pas nécessaire pour la feuille
pour tisane, l'extrait aqueux et les extraits hydro-alcooliques de titre inférieur à 30 %.
Dans le cas de la sauge officinale, une teneur limite en constituant actif doit en outre
être proposée.
En Allemagne, une seule espèce de sauge - la sauge officinale - fait l'objet d'une
monographie publiée par la Commission E du BfArM. Les usages reconnus à cette
sauge (feuille) sont les suivants: en cas de troubles dyspeptiques ou d'hypersudation
(voie orale) et dans les inflammations des muqueuses du nez et de la gorge (voie
locale). Posologie (voie orale) : feuille, de 4 à 6 g par jour; teinture, de 2,5 à 7,5 g par
jour; extrait fluide, de 1,5 à 3 g par jour; huile essentielle, de 0,1 à 0,3 g par jour. En
gargarisme: 2,5 g de feuille pour 100 ml (ou 2-3 gouttes d'huile essentielle ou 5 g
d'extrait pour ce même volume d'eau). Les extraits alcooliques de feuille de sauge et
l'huile essentielle sont contre-indiqués chez la femme enceinte. Leur utilisation
prolongée peut entraîner des convulsions épileptiformes.
La vente au détail et toute dispensation au public d'huile essentielle de sauge et de
ses dilutions et préparations ne constituant ni des produits cosmétiques, ni des produits
1\ usage ménager, ni des denrées ou boissons alimentaires est réservée aux pharmaciens
(Articles L4211-1 et D42l1-13 du Code de la santé publique).
La sauge est utilisée en cuisine, notamment sur les rivages de la Méditerranée
(Italie, Grèce) où elle agrémente de nombreux plats et sauces.
Si les thuyones ne peuvent être ajoutées en tant que telles dans les denrées
alimentaires, elles peuvent y être présentes à la suite de l'adjonction d'arômes préparés à
partir de matières de base naturelles. La législation communautaire prévoit que leur
teneur ne doit pas dépasser 0,5 mg/kg dans les denrées et les boissons, 5 mg/kg dans les
boissons alcoolisées titrant jusqu'à 25 % d'alcool, 10 mg/kg si le titre est supérieur à
25 %, 25 mg/kg dans les denrées alimentaires contenant des préparations à base de
sauge, 35 mg/kg dans les amers .
L'huile essentielle de sauge sclarée est obtenue par entraînement à la vapeur d'eau
des tiges fleuries, fraîches ou séchées, de S. sclarea L. (Ph. eur., 6c éd., [01/2008:1850).
Profil chromatographique : a- et P-thuyone : < 0,2 %; linalol : 6,5-24 %; acétate de
Iinalyle: 56-78 %; a-terpinéol: < 5 %; germacrène-D: 1-12 %; sclaréol: 0,4-2,6 %.
646 TERPÉNOÏDES
sclaréol
~@Q9 sclaréo/ide
ambrox
(oxyde d'ambre)
Le serpolet est constitué par les parties aériennes fleuries séchées, entières ou'
fragmentées, de T. serpyllum L. s.l. Elles contiennent au minimum 3 ml/kg d'huile.
essentielle (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1891]).
Cette petite herbe vivace à tiges couchées, grêles et ramifiées, à feuilles opposées
elliptiques et ponctuées, et à petits glomérules de 6-12 fleurs très odorantes blanches,
roses ou pourpres, est très commune dans nos régions. La plante renferme de 1
6 ml/kg d'une huile essentielle de composition très variable (thymol, carvacrol,
etc.), d'autant plus variable qu'elle n'est pas toujours différenciée de T. pulegioides L.
qu'il existe de nombreuses sous-espèces. On ne sait à peu près rien de la
de cette espèce dont l'efficacité chez l'humain n'a pas été évaluée.
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il
possible de revendiquer, pour le serpolet, les mêmes indications thérapeutiques q
celles qui sont admises pour le thym. L'incorporation de serpolet dans un médicament
base de plante se fait dans les mêmes conditions réglementaires que pour le thym.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BjArM précise
le serpolet est utilisé en cas d'inflammation des voies respiratoires supérieure
Posologie: 6 g de plante par jour.
IIUILES ESSENTIELLES 647
Le thym est constitué par lafeuille et lafleur, entière, détachée des tiges préala-
blement séchées de T. vulgaris ou de T. zygis, ou par un mélange de ces deux espèces. Il
contient au minimum 12 ml/kg d'huile essentielle dont au minimum 40 % de thymol et
carvacrol (Ph. eur., 6' éd. - 6.4, [04/2009:0865]).
Les plantes, la feuille, la fleur. Les thyms sont des sous-arbrisseaux à tiges
dressées, ligneuses, tortueuses et très rameuses. Les rameaux portent des feuilles
opposées, subsessiles. Les fleurs, petites, mauves, zygomorphes, sont groupées en glo-
mérules ovoïdes.
Les feuilles de T. vulgaris, lancéolées ou linéaires (4-12 x 3 mm), ont un limbe
coriace, fortement enroulé sur les bords vers la face ventrale. Leur face dorsale est
marquée par une nervure centrale déprimée; les deux faces sont recouvertes d'un
indument gris à gris-vert. Les fleurs à calice tubuleux, vert, bilabié et obturé après la
Iloraison par une couronne de longs poils raides, ont une corolle brunâtre à l'état
desséché, faiblement bilabiée, deux fois plus longue que le calice.
La feuille de T. zygis est plus petite que celle de T. vulgaris (1,7-6,5 x 0,4-1,2 mm);
linéaire à aciculée, elle est garnie, sur les bords du limbe, de longs poils blancs.
L'examen microscopique de la poudre (hydrate de chloral) montre, entre autres, des
~pidermes à stomates diacytiques, des poils sécréteurs dodécacellulaires, des poils
glanduleux à pédicelle unicellulaire et des poils tecteurs 1-,2-, 3-cellulaires verruqueux,
le plus souvent coudés (T. vulgaris) ou plus ou moins dressés (T. zygis).
Le thym ne doit pas renfermer plus de 10 % de tiges de diamètre supérieur à 1 mm
ct de longueur supérieure à 15 mm. Les feuilles de serpolet - elles portent de longs
poils à la base - doivent être absentes. Le dosage des phénols, pratiqué sur l'huile
,~sscntielle obtenue lors du dosage de celle-ci, est réalisé en CPG. Sur le thym, voir
lIussi la norme NF ISO 6754: 1996.
pour les types à thymol et carvacrol. Des propriétés antivirales (influenza A) ont été
détectées pour l'extrait fluide et l'extrait aqueux inhibe, in vitro, la croissance
d'Helicobacter pylori.
L'activité spasmolytique du thym est le plus souvent attribuée aux phénols de l'huile
essentielle. En fait, LEMLI et v AN DEN BROUCKE ont montré que si les phénols s'opposent
effectivement aux contractions provoquées sur l'iléon et la trachée du Cobaye par
l'histamine, l'acétylcholine ou d'autres réactifs, leur concentration dans les préparations
aqueuses de thym est insuffisante pour justifier à elle seule leur activité. Ces auteurs ont
montré que l'activité spasmolytique de ces préparations est aussi liée à la présence des
polyméthoxyflavones. Le thym doit ses propriétés antioxydantes aux flavones et à un
constituant biphénylique beaucoup plus efficace que le BHT (butylhydroxytoluène) : à
une concentration de 1flM, il inhibe la peroxydation lipidique induite in vitro au niveau
des mitochondries et des microsomes; il inhibe également partiellement la production
de l'anion superoxyde. Chez le Rat, l'administration au long cours d'huile essentielle
s'oppose à la perte de pouvoir antioxydant lié au vieillissement.
Ni le thym seul, ni l'huile essentielle de thym pure n'ont fait l'objet d'une évalua-
tion clinique incontestable. On peut toutefois noter que le thymol serait responsable de
l'efficacité d'une solution pour bains de bouche destinée à combattre les bactéries"
impliquées dans la formation de la plaque dentaire. Cette solution, qui renferme aussi
du menthol et de l'eucalyptol, est également susceptible de réduire la contamination de '
la salive par le virus de l'herpès au cours d'un épisode d'herpès labial.
Toxicité, effets indésirables. La toxicité aiguë de l'huile essentielle est faible (DLSO'
=4,7 g/kg). Celle du thymol varie de 0,9 g/kg à 1,8 g/kg selon l'espèce de rongeur
considérée (pour le carvacrol, elle varie de 0,1 à 0,8 g/kg). Pure, l'huile essentielle
irritante au niveau de la peau et, surtout, des muqueuses. On a observé de rares
réactions allergiques à la plante, pas à l'huile essentielle.
L'huile essentielle de thym (Ph. eur., 6' éd., [0112008:1374]) est obtenue à partir
des parties aériennes fleuries fraîches de T. vulgaris, de T. zygis, ou d'un mélange des 2
l'spèces. C'est un liquide de couleur jaune à brun-rouge très foncé.
Profil chromatographique : ~-myrcène, 1-3 % ; y-terpinène, 5-10 % ; p-cymène, 15-
2K %; linalol, 4-6,5 %; terpinén-4-01, 0,2-2,5 %; thymol, 36-55 %; carvacrol (1-4 %).
Voir aussi la norme NF ISO 14715: 1999 [type Espagne, T. zygis]).
Huile essentielle et thymol entrent dans la formulation de diverses spécialités:
pommades antiseptiques et cicatrisantes, sirops pour le traitement des affections des
voies respiratoires, préparations pour inhalation. L'huile essentielle est largement
utilisée - comme antiseptique - par l'aromathérapie. Le thymol, antiseptique
l'xterne et intestinal, antifongique et anthelminthique, entre dans la composition de
spécialités destinées à l'antisepsie buccale et au traitement d'irritations cutanées.
L'huile essentielle de thym est utilisée dans les secteurs de l'agroalimentaire, de la
parfumerie, des produits d'hygiène (savons, déodorants, etc.).
La cannelle dite de Ceylan est constituée par l'écorce desséchée, privée du liège
externe et du parenchyme sous-jacent, des rejets développés sur les souches taillées de
('. zeylanicum. Nees. Elle contient au minimum 12 % d'huile essentielle (Ph. eur., 6'
éd., [0112008:0387]).
L'huile essentielle de cannelle dite de Ceylan (Ph. eur., 6" éd., [01/2008:1501]) est
ohtenue par entraînement à la vapeur à partir de l'écorce de jeunes tiges de C. verum.
Profil chromatographique : cinéole, < 3 % ; linalol, 1-6 % ; ~-caryophyllène, 1-4 % ;
safrole, < 0,5 %; aldéhyde trans-cinnamique, 55-75 %; eugénol, < 7,5 %; coumarine,
< 0,5 %; trans-2-méthoxycinnamaldéhyde, 0,1-1 %; benzoate de benzyle, < 1 %. Le
654
L'huile essentielle (de feuille) de cannelier dit de Ceylan (Ph. eur., 6' éd.,
[0112008:1608]) est obtenue par entraînement à la vapeur d'eau à partir des feuilles .
C. verum.
Profil chromatographique : cinéole, < 1 %; linalol, 1,5-3,5 %; ~-caryophyllène, 1,5.
7 %; safrole, < 3 %; aldéhyde trans-cinnamique, < 3 %; acétate de cinnamyle, < 2 % i
eugénol, 70-85 %; coumarine, < 1%. Les pics du cinéole, du safrole, de l'aldéhyd~
trans-cinnamique et de la coumarine peuvent être absents sur le chromatogramme.
aussi la norme ISO 3524:2004 (type Sri Lanka) .
HO o
RO
L'huile essentielle de cannelier (Ph. eur., 6° éd., [01/2008:1496]) est obtenue par
tlnlraÎnement à la vapeur d'eau des feuilles et jeunes rameaux de C. eassia Blume
(C'. aromatieum Nees).
Profil ehromatographique : aldéhyde trans-cinnamique, 70-90 % ; acétate de cinna-
Illyle, 1-6 %; eugénol, < 0,5 %; coumarine, 1,5-4 %; trans-2-méthoxycinnamaldéhyde,
,1·15 % (l'eugénol peut être absent). Voir aussi la norme NF ISO 3216:1997 (type
Chine) .
Le camphrier est un grand arbre asiatique (Taïwan, Chine) qui a longtemps été
~xploité pour la production de (+ )-(lR)-camphre, obtenu par refroidissement et
Llislillation de l'huile essentielle présente dans le bois (Hon-sho oil). Le camphre
l'IIcémique, analeptique cardiaque et respiratoire, est facilement obtenu par synthèse.
Après cristallisation et filtration du camphre, l'huile essentielle peut être distillée et
rl'Ilctionnée en 3 fractions: légère, moyenne - elle contient 80 % de safrole - et
luurde, riche en sesquiterpènes. Ces 3 fractions sont également connues sous les noms
. 1'\.lSpectifs d'huile de camphre blanche, brune et bleue. Certains chimiotypes de
(', mmphora fournissent, à partir de leurs feuilles, l'huile dite « ho oil de Formose»
donl le constituant majoritaire (75-85 %) est le (-)-linalol; cette source industrielle
, (,ioncurrence des sources plus traditionnelles comme le bois de rose du Brésil.
D'autres Cinnamomum chinois sont exploités pour la production du « sassafras de
('hi ne » (C. porreetum [Roxb.] Kosterm., C. rigidissimum H.H. Chang), source de
"" l'mie, également concurrente des Oeotea brésiliens.
656 TERPÉNOÏDES
Litsea cubeba (Lour.) Pers. L'huile essentielle du fruit de ce petit arbre tropical
est responsable de son odeur citronnée. Elle est caractérisée par sa richesse en citral
(géranial + néral,jusqu'à 85 %)
Les Myrtaceae - 3 800 espèces dont près de 700 Eucalyptus et 500 Syzygium -
sont caractérisées par la présence, dans leurs tissus, de poches sécrétrices d'huiles
essentielles. Ces huiles essentielles sont, souvent, antiseptiques .
L'huile essentielle de clou de girofle (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1091]) est obtenue . . .
par entraînement à la vapeur d'eau à partir des boutons floraux séchés. Identifiable par'
CCM, elle contient de 75 à 88 % d'eugénol, de 5 à 14 % de ~-caryophyllène et de 4 à .
15 % d'acétyleugénol. (Voir aussi la norme NF ISO 3142:1997).
Toxicité, effets indésirables. Par voie générale et à forte dose (0,5 ml/kg),
essentielle de girofle est toxique, notamment pour le jeune enfant chez lequel
provoque dépression du SNC, nécrose hépato-cellulaire, convulsions et/ou
majeurs de la coagulation. Rapidement métabolisé et excrété, majoritairement
et très faiblement époxydé, l'eugénol n'est pas cancérogène. Il est caustique à l'égard
la peau et des muqueuses.
L'huile essentielle de clous est utilisée aussi bien pour l'obtention de produits
d'hygiène que dans différents secteurs de l'industrie des produits alimentaires.
L'industrie chimique peut utiliser cette huile essentielle pour produire de l'eugénol,
point de départ pour diverses synthèses, notamment celle de la vanilline. L'eugénol est
en fait isolé de l'huile essentielle de feuilles (80-92 %) ou de celle hydrodistillée à partir
des griffes (83-92 %) (normes NF ISO 3141 :1997 et 3143: 1997). L'huile essentielle de
feuille est également décrite par la Pharmacopée française (10' éd.) .
• EUCALYPTUS spp.
La plante. Le gommier bleu est un très grand arbre dont le tronc s'exfolie en
Inmbeaux et qui est caractérisé par un dimorphisme foliaire très marqué: feuilles des
jeunes pousses et des rejets opposées, sessiles, vert glauque, cireuses, à limbe arrondi;
feuilles des rameaux âgés alternes, courtement pétiolées, vert grisâtre, coriaces,
pendantes, à limbe falciforme. La fleur possède quatre sépales, rugueux et cireux,
soudés en une urne à quatre pans dont le « couvercle », formé par les quatre pétales
soudés, se détache à l'anthèse et laisse apparaître de nombreuses étamines. L'espèce,
d'origine australienne, a été introduite dans de nombreuses régions du monde, y
compris en Europe (zone méditerranéenne) où elle est largement plantée (Portugal,
Hspagne, Italie).
662 TERPÉNOÏDES
~ ~ /~ OHC
" ,-
........
1,8-cinéole macrocarpal H OH i
Toxicité, effets indésirables. Les doses létales publiées pour l'huile essentielle et le
cinéole sont assez élevées, du moins par voie orale (DUo: huile essentielle [Souris] =
3,32 g/kg, [Rat] =4,44 g/kg; cinéole [Rat] = l,56 g/kg ou 2,48 g/kg selon les auteurs).
I\n administration subaiguë (0,5-1 g/kg, 28 jours), on note des effets sur le foie et les
reins. L'administration au long cours (80 semaines) de 32 mg/kg/j de cinéole à des
souris ne provoque aucune manifestation décelable de toxicité. Le cinéole n'est pas
mutagène. Plusieurs observations permettent de penser que 1'huile essentielle
d'eucalyptus est neurotoxique à doses fortes, cette action pouvant être consécutive à
une inhibition, par le cinéole, de la consommation en oxygène et des gradients ioniques
tissulaires au niveau encéphalique. Le cinéole est aussi un inducteur des enzymes des
ll1icrosomes hépatiques, d'où un risque, mal connu, d'interactions médicamenteuses.
Chez l'Homme, l'ingestion de 10 à 30 ml d'huile essentielle est potentiellement
m0\1elle, mais les données bibliographiques sont contradictoires. De très nombreux cas
d'intoxication ont été publiés, particulièrement chez l'enfant. Selon la dose ingérée -
mais la corrélation symptomatologie/dose est faible - on note des troubles digestifs
(vomissements) et une altération du niveau de conscience, parfois des difficultés
respiratoires; souvent, le patient est asymptomatique. Un usage topique excessif et
étendu peut entraîner une symptomatologie identique.
L'huile essentielle d'eucalyptus (Ph. eur., 6" éd., [01/2008:0390]) est obtenue par
entraînement à la vapeur d'eau suivi de rectification, à partir des feuilles fraîches ou des
tiges terminales fraîches de plusieurs espèces d'Eucalyptus riches en 1 ,8-cinéole. Les ;:
espèces principalement utilisées sont: E. globulus Labill., E. polybractea R.T. Baker,
E. smithii R.T. Baker.
Profil chromatographique : 1,8-cinéole, ~ 70 % ; a-pinène, traces-9 % ; ~-pinène, <:
1,5 %; a-phellandrène, < 1,5 %; limonène, traces-12 %; camphre, < 0,1 %.
En 1993, l'AFNOR incluait dans sa norme NF T 75-225 les huiles essentielles
entières (crues) provenant d'un broyat en vert ou d'une méthode traditionnelle ainsi que,
les huiles essentielles rectifiées sous vide « 70-85 » et « 80-85 ». Ces quatre produits "
renferment respectivement un minimum de 48, 58, 70 et 80 % de cinéole. L'huile crue ':
de broyat est caractérisée par la présence de 6 àlO % d'aromadendrène. Ce dernier,;,
comme le globulol et le trans-pinocarvéol, disparaît dans les produits rectifiés. Les'
huiles crues renferment 10 à 20-22 % d'a-pinène. La teneur en limonène et en p-;
cymène peut doubler lors de la rectification.
L'ESCOP, citant la FDA, préconise les doses suivantes pour l'huile essentielle'
(adulte) : 1° en inhalation, 12 gouttes pour 150 ml d'eau bouillante; 2° en pommade à;
1,3 % jusqu'à 3 fois par jour; 3 ° en comprimés à sucer, de 0,2 à 15 mg à renouvelel','
toutes les 30 ou 60 minutes; 4° en bains de bouche, 20 ml d'une solution à 0,91 mg/m},!;
Huile essentielle d'eucalyptus et cinéole entrent dans la composition de spécialités au
titre de leur activité antiseptique, « décongestionnante » des voies respiratoires: sirops;
pâtes, pastilles, gouttes pour instillations nasales, préparations pour inhalation, etc. Le
cinéole peut être utilisé pour favoriser le passage transcutané d'autres substances. Il es
recommandé de ne pas introduire de cinéole dans les produis cosmétiques destinés au '
enfants de moins de 36 mois et d'en limiter la concentration à 1,12 % pour ceux qui son
destinés aux enfants de 3 ans à 6 ans (Afssaps, 08/2008) .
L'huile essentielle de mélaleuca (Ph. eur., 6" éd., [01/2008:1837]) est obtenue p
entraînement à la vapeur d'eau à partir des feuilles et des tiges terminales d
IIlJlLES ESSENTIELLES 665
La désignation de tea tree ou, en français, d'arbre à thé, est une source de confusion.
I\vec le théier (Camellia sinensis [L.] Kuntze) bien sûr, mais aussi avec d'autres
Myrtaceae car, en Australie, le vocable de tea tree est parfois appliqué à d'autres
l~spèces du genre Melaleuca L. ainsi qu'à des espèces d'un genre proche, le genre
I.l'ptospermum Forster & Forsterf
Le tea tree est un petit arbre originaire du nord-est de la Nouvelle-Galles du Sud où
l'on récolte ses feuilles pour la production de l'huile essentielle. Les constituants
majoritaires de celle-ci sont généralement le terpin-l-én-4-ol (cf p. 579) et des carbures
(terpinènes), mais certains chimiotypes de distribution géographique restreinte
fournissent une huile essentielle dont la concentration en cinéole peut atteindre 60 %.
Profil chromatographique : a-pinène, 1-6 %; sabinène, < 3,5 %; a-terpinène, 5-
13 %; limonène, 0,5-4 %; cinéole, < 15 %; y-terpinène, 10-28 %; p-cymène, 0,5-12 %;
terpinolène, 1,5-5 %; terpinén-4-01, > 30 %; aromadendrène, < 7 %; a-terpinéol, 1,5-
K%.Voir aussi la norme NF ISO 4730:2005.
L'huile essentielle de tea tree a également été essayée dans le traitement des
vaginites (série de cas), des pellicules (en shampooing, versus placebo), en cas de can-
didose buccale (essai non comparatif), comme antiseptique pour l'hygiène buccale,
contre la formation de la plaque dentaire et en cas de gingivite chronique, ou encore
dans d'herpès labial (bains de bouche, versus placebo).
L'huile essentielle de tea tree pourrait faciliter la guérison des plaies infectées, mais
les essais disponibles, non comparatifs, mettent en œuvre des mélanges d'huiles
essentielles. Selon un essai comparatif, les préparations topiques à base d'huile
essentielle de tea tree sont plus efficaces que des préparations à base de chlorhexidine
pour éliminer les staphylocoques résistants à la méthicilline présents sur la peau et les
lésions infectées, mais elles sont moins efficacs que la mupirocine au niveau nasal.
Globalement, les essais disponibles, souvent uniques et d'effectif insuffisant, sont
de qualité méthodologique inégale, et pas toujours optimale. Il est possible que les
produits à base d'huile essentielle de tea tree aient un intérêt dans certaines affections
dermatologiques et pour l'hygiène buccale, mais le niveau de preuves reste faible en
l'absence d'essais complémentaires.
Toxicité, effets indésirables. La DUo (Rat) de l'huile essentielle se situe entre 1,9
et 2,6 ml/kg. On connaît plusieurs cas d'intoxication consécutifs à l'ingestion de l'huile
essentielle, notamment chez le jeune enfant. Ils se sont traduits par de l'ataxie, de la :
somnolence et, au moins dans un cas, par un état comateux. Appliquée sur la peau, .
l'huile essentielle peut provoquer des irritations cutanées. On connaît aussi des cas de .
réaction d'hypersensibilité, immédiate et intense. L'huile essentielle n'est pas.
génotoxique. Au cours des évaluations cliniques, on n'a observé que de très rares effets
indésirables.
Ce petit arbre, originaire des Moluques, est une espèce à feuilles persistantes. Il cro
en Australie, dans le sud-est asiatique, en Nouvelle-Calédonie où il abonde dans toute~
les savanes, ainsi qu'à Madagascar. L'huile essentielle des feuilles - sa teneur avoisine
15 ml/kg en Nouvelle-Calédonie qui en a été longtemps le principal producteur ~t
contient, majoritairement et le plus souvent, du cinéole. En fait, il existe plusieut'
chimiotypes, comme cela a été montré dans le cas des arbres malgaches: type·
nérolidol, viridiflorol, cinéole/viridiflorol. L'essence de niaouli, connue sous le nom d
Goménol® lorsqu'elle est purifiée par traitement à l'oxyde de plomb (cf. Ph. fse, 8e éd.)'
IIUILES ESSENTIELLES 667
<.:st un antiseptique. Elle conserve quelques usages en ORL dans des associations
proposées comme traitement d'appoint de rhinites et d'infections bronchopulmonaires
(<.:x. : solutions pour pulvérisation nasale, mélanges pour inhalations, suppositoires).
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BJArM précise que
l'huile essentielle de niaouli (= M. viridiflora Sol. ex Gaertn. [?]) est utilisée en cas
d'encombrement des voies respiratoires. Posologie: 10 voie orale, 0,2 g par prise et de
0,2 à 2 g par jour; 2 0 voie nasale, solution huileuse à 2-5 %; voie externe, solution
huileuse à 10-30 %. Contre-indications pour la voie orale: maladies inflammatoires du
tractus gastro-intestinal et des voies biliaires, hépatopathies. Les préparations à base
d'huile essentielle de niaouli ne doivent pas être appliquées sur la figure et dans le nez
des jeunes enfants .
Le cajeput est un arbre qui croît en Australie, en Inde et dans les pays du sud-est de
l'Asie. L'huile essentielle des feuilles (5-25 ml/kg) contient, selon la provenance, jusqu'à
(IS % de cinéole. L'huile essentielle de cajeput, traditionnellement utilisée dans le sud-
<.:st de l'Asie, en Chine et en Indonésie pour le traitement des lésions cutanées infectées
d en inhalation en cas d'affection des voies respiratoires, est antibactérienne in vitro.
Parfois utilisée en aromathérapie, elle entre dans la formulation de baumes
IIntiprurigineux.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BJArM pour cette
huile essentielle (ex M. "leucodendra") décrit une quarantaine d'associations de celle-
<:i avec d'autres huiles esentielles et/ou d'autres produits, ainsi que les indications
r<.:vendiquées pour ces associations. La teneur en cinéole de l'huile essentielle de
cajeput a conduit la Commission a estimer que l'utilisation de ces associations comme
rubéfiant en cas de douleurs rhumatismales est justifiée. Il n'existe pas de données sur
I<:s usages par voie orale. Les restrictions d'usage chez le jeune enfant sont les mêmes
que pour les huiles essentielles d'eucalyptus ou de niaouli .
• AUTRES MYRTACEAE
L'huile essentielle de myrte (M. communis L.), peu utilisée en pharmacie, renferme
de J'acétate de myrtényle, de l'a-pinène, du cinéole, du myrténol, du linalol, du
méthyleugénol, etc. D'autres Myrtaceae connaissent des usages alimentaires: c'est le
cas de la toute-épice ou piment de la Jamaïque, Pimenta dioica (L.) Merr., des Caraibes
d de l'Amérique centrale dont on utilise le fruit presque mûr et séché, riche (30-50
ml/kg) en huile essentielle à eugénol (80 %), méthyleugénol, cinéole, chavicol,
caryophyllène. Les feuilles d'une espèce voisine, Pimenta racemosa (Miller) J. Moore,
sont également intéressantes. L'huile essentielle qu'elles fournissent, dite bay oi!, est
1I1oins riche en eugénol (50 %), mais renferme 20 % de chavicol et des dérivés
Il li phatiques (octanone, octénol); elle passe pour antiseptique et trouve un débouché en
parfumerie et dans la formulation de produits cosmétiques
668 TERPÉNOÏDES
La plupart des Rutaceae élaborent des huiles essentielles dans les poches
schizolysigènes qui caractérisent la famille. Certaines ont une utilisation restreinte, c'est
le cas des huiles essentielles de Skimmia laureola (De.) Decne. (à linalol et acétate de
linalyle) ou du santal des Indes Occidentales, Amyris balsamifera L. [bois chandelle
d'Haïti]). Cela est aussi le cas de l'absolue de Boronia megastigma Nees ex Bartling
cultivé en Tasmanie et en Nouvelle-Zélande: riche en ionones, elle est utilisée comme
aromatisant dans les produits alimentaires. D'autres représentants de cette famille
comptent au nombre des leaders du marché mondial des huiles essentielles (Citrus
spp.). Certaines ont été développées assez récemment (Clausena producteurs
d'anéthole). Le nombre d'espèces parées de vertus médicinales est restreint: buchu,
orange amère (voir aussi: citroflavonoïdes, p. 384 et Pilocarpus, p. 1191) .
La plante. L'oranger amer est un petit arbre à tronc ramifié en branches épineuses
principalement cultivé dans la zone méditerranéenne (orange de Séville). Ses feuilles,
ont un limbe ovale, coriace, articulé sur un pétiole ailé, dilaté en une aile de 6-7 mm de
large.
Les fleurs, blanches ou blanc-jaune, ont un calice gamosépale en étoile, cinq pétales
épais ponctués de poches sécrétrices, une vingtaine d'étamines soudées à la base par.
leurs filets par groupes de 4 ou 5. L'examen microscopique de la poudre de fleurs,.
(hydrate de choral) révèle la présence de très nombreux grains de pollen sphériques à 3.,
5 pores germinatif et celle de fragments de larges poches sécrétrices schizolysigènesli
Le mésophylle des sépales renferme de gros cristaux prismatiques d'oxalate de
calcium. Lorsque la poudre est examinée dans une solution d'hydroxyde de potassium.
des cristaux d'hespéridine, jaunes , sont visibles.
L'épicarpe et le mésocarpe se présentent en fragments irréguliers. Durs et
cassants, de couleur jaunâtre à brun-rouge (surface externe) et jaunâtre à blanc-brUIr
Il UILES ESSENTIELLES 669
(surface interne), ces fragments ont une saveur amère et épicée. Fragments de poches
sécrétrices lysigènes, cellules contenant un cristal prismatique d'oxalate de calcium,
cellules polygonales remplies de granulations pigmentées rouge-orange sont visibles
dans la poudre (hydrate de chloral).
L'identité de l'épicarpe/mésocarpe et de la fleur est confirmée par une CCM après
extraction par le méthanol (flavonoïdes, révélés par le diphénylborate d'aminoéthanol).
Dans le cas de l'épicarpe et du mésocarpe, on détermine le taux de matières extractibles
(> 6 %) et la teneur en huile essentielle. Dans celui de la fleur, on procède au dosage
eolorimétrique des flavonoïdes (magnésium et acide chlorhydrique).
Note. En France, on utilise aussi l'oranger doux. On peut revendiquer pour cette
espèce la même indication thérapeutique pour les médicaments à base de feuille ou de'.
fleur que dans le cas de l'oranger amer. Par contre, dans le cas du zeste, l'indication
autorisée, unique, est différente: traditionnellement utilisé dans le traitement.
symptomatique des troubles fonctionnels de la fragilité capillaire cutanée, tels que:'
ecchymoses, pétéchies. Cette indication se fonde sur la présence, dans ce zeste, d'une:
forte concentration en flavonoïdes (voir« citroflavonoïdes », p. 384). Les contraintes,
toxicologiques du dossier d' AMM sont les mêmes: inexistantes. 'i
Le buchu est constitué par lafeuille séchée de Barosma divers. Il contient au,'
minimum 13 ml/kg d'huile essentielle (Ph. fse, 10' éd.). Les espèces utilisées sont Ici
buchu court ou rond, B. betulina (Berg.) Bartl. & Wendl., le buchu ovale, B. crenulata;.
(L.) Hook. et le buchu long, B. serratifolia (Curt.) Willd .. La Pharmacopée précise qu~;
« les échantillons de droguerie sont le plus souvent des mélanges d'espèces officinales ».\;
La définition de la Pharmacopée française appelle deux remarques. Outre le fait qu~
les botanistes donnent la priorité à Agathosma sur Barosma, les publications les plua:'
récentes n'évoquent que deux espèces productrices de « buchu », le buchu rondi
A. betulina (Bergius) Pill. et le buchu ovale, A. crenulata (L.) Pill. : elles précisent p
ailleurs que l'hybridation spontanée entre espèces croissant dans les mêmes zone •.
géographiques est très marquée et les formes intermédiaires de feuilles très communes
Notons cependant que Wichtl évoque, lui aussi, l'existence d'un autre buchu, le buch
long, A. serratifolia (Curt.) Spreeth.
La plante, la feuille. Les Agathosma (Barosma) sont des petits arbustes endé,
miques dans les zones d'altitude de la région du Cap (Afrique du Sud), à petites feuill
courtement pétiolées, glabres et coriaces, à odeur et saveur forte. La poudre de feuil1
est caractérisée par la présence de fragments d'épidermes et de sphéro-cristaux d'
IIUILES ESSENTIELLES 671
diosmoside (= diosmine) se colorant en jaune par une solution de KOH. Il est possible
(mais la Pharmacopée ne le demande pas) de différencier A. betulina et A. crenu/ata en
('CM ou en CPG, sur la base de la présence ou de l'absence de diosphénols.
OH
~o ~o ~(
OCH 3
RO 0
SH
oxyde de OH 0 R =rutinose .-
p·menthane-8-thiol-3-one pipéritone diosphénol diosmine
Pharmacologie. La feuille, qui passe pour être antiseptique urinaire (alors que les
seuls tests réalisés in vitro sur les germes classiques des infections urinaires ont souligné
que l'activité des extraits de feuille est négligeable), n'a fait l'objet d'aucune étude chez
l'animal. L'huile essentielle est modérément antiseptique, moins que les extraits) et
Npasmolytique (iléon isolé de Cobaye). La richesse en pulégone de certaines huiles
essentielles de buchu conduit à ne pas en recommander l'utilisation en aromathérapie.
i Aucun essai clinique publié ne valide les indications traditionnelle de cette plante.
L'huile essentielle de bergamote est extraite sans chauffage et par des traitements
mécaniques du péricarpe du fruit frais de C. aurantium L. ssp. bergamia (Wight & "
Arnott) Engler; elle contient de 0,15 à 0,35 % de bergaptène (Ph. fse, 10' éd.).
Profil chromatographique : I3-pinène, 5-9,5 %; limonène, 33-42 %; y-terpinène, 6- :
10,5 %; linalol, 7-15 %; acétate de linalyle, 22-33 %; géranial, < 0,5 % . '
Le résidu d'évaporation est important: 4,2 à 6,5 %. La teneur en bergaptène est,'
estimée par chromatographie liquide. Sur l'huile essentielle de bergamote, voir aussi les \
normes NF ISO 3520: 1999 (huile essentielle) et NF ISO 7358:2003 (détermination de
la teneur en bergaptène).
Les principaux consommateurs de l'huile essentielle de bergamote (éventuellement:
privée de bergaptène) sont la parfumerie (eaux de Cologne, etc.) et les produits'
cosmétiques (sur l'aspect thérapeutique des photodynamisants, voir au chapitre'
coumarines). Le Comité scientifique européen sur les produits cosmétiques a estimé,.;
dans une opinion publiée en octobre 2000, que la teneur en huiles essentielles dO
bergamote (feuille, péricarpe, variétés risso et melarosa) dans les produits cosmétiques:
appliqués sur des zones de peau suceptibles d'être exposées au rayonnement solairet
devrait être limitée à 0,4 % (SCCNFP/0389/00). Le même texte précise, dans le cas d~
l'oranger amer, que cette teneur maximale est de 1,4 %, dans celui de la lime de 0,7 0/0,
et dans celui du citron de 2 %. Pour les autres espèces (oranger doux, pamplemousse';
etc.), la restriction proposée est de limiter la teneur en bergaptène à 15 ppm dans le.
produits cosmétiques destinés à être appliqués sur la peau, et à 1 ppm dans les produi
bronzants et les protecteurs solaires .
1
~CHO
~
~HO 2 2 CH,-(CH,joCHO
Le péricarpe frais d'orange amère également appelée orange bigarade (C. auran-
lium L. ssp. aurantium, cf. p. 668) fournit, par expression, une huile essentielle assez
semblable à celle de l'orange douce, moins riche en composés carbonylés : 96-98 % de
limonène et autres carbures (myrcène, a-pinène, etc.), 0,4-0,5 % d'aldéhydes
nliphatiques, environ 0,1 % d'aldéhydes monoterpéniques. Voir aussi la norme NF T
75-334: 1989 .
L'huile essentielle de citron (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0620]) est obtenue par des
moyens mécaniques appropriés, sans chauffage, à partir du péricarpe frais de C. limon
(1,.) Burm.f.
Profil chromatographique : ~-pinène, 7-17 %; sabinène, 1-3 %; limonène, 56-
7X % ; y-terpinène, 6-12 %; ~-caryophyllène, < 0,5 %; néral, 0,3-1,5 %; a-terpinéol, <
0,6 %; acétate de néryle, 0,2-0,9 %; géranial, 0,5-2,3 %; acétate de géranyle, 0,1-
O,X %. Voir aussi la norme NF IS0855:2004.
674 TERPÉNOÏDES
1.00
On vérifie l'absence de bergaptène (décelable par
0.75 f---.
A
ilî',!, \
CCM à 365 nm) et on détermine l' absorbance par
analyse spectrométrique dans l'ultraviolet (composés
Y\ ,
,,,
carbonylés). Pour ce faire, on pratique l'enregistre-
0.50
,, ''
\\
\,
\1 1
ment du spectre entre 260 nm et 400 nm, puis l'on
mesure le segment CD (en différence d'absorbance).
D\ Le segment CD est le segment qui relie le point C du
1\\ 1\ maximum d'absorption à 315 nm au point D,
0.25 1---- - intersection de la projection de C sur l'axe des
\\B longueurs d'onde et de la tangente commune aux
deux parties de la courbe d'absorption (la valeur C -
o
260 280 300 320 340 360 380 400
1"- D varie de 0,20 à 0,96; pour l'huile essentielle de
Longueur d'onde (nm) citron de type Italie, elle n'est pas inférieure à 0,45).
L 'huile essentielle de mandarine (type « Italie») est extraite sans chauffage et par
des traitements mécaniques de l'épicarpe et d'une partie du mésocarpe frais du fruit de
C. reticulata Blanco, (Ph. fse, 10' éd.).
Profil chromatographique : a-pinène, 2-3 %), ~-pinène, 1,2-2 %; myrcène, 1,5-2;
limonène, 65-75 %; y-terpinène, 16-22 %; p-cymène, < 0,5 %; terpinolène, < 1 %;
méthylanthranilate de méthyle, 0,3-0,6 %. Voir aussi la norme NF ISO 3528:1997.
La variété américaine (connue aussi sous le nom de tangérine) fournit pour sa part :
une huile essentielle composée à près de 90 % de limonène .
On désigne sous ce nom les huiles essentielles obtenues par distillation des feuilles,'
des ramilles et des petits fruits verts des espèces considérées. La cotnposition de ces',
huiles essentielles est très différente de celles provenant de l'expression des péricarpes
Exemples: 1° huile essentielle de petitgrain citronnier (Italie), à composés carbonylés
(14-33 %) ; 2° huiles essentielles de petitgrain bigaradier et bergamotier à acétated
linalyle, linalol, limonène, etc.; 3° huile essentielle de petitgrain mandarinier à N
méthylanthranilate de méthyle majoritaire (45-63 %); 4° huile essentielle de petit grai ';
- Paraguay à acétate de linalyle (40-55 %) et linalol (15-30 %). Toutes ces huiles
essentielles font l'objet de normes: NF ISO 8899:2004,8901 :2004,8898:2004 e'
3064:2001. (
IILJILES ESSENTIELLES 675
H'CO~ ~CO~CH'OH
H3CO~O~
OCH 3 OH OCH 3
fragransol-C myristicanols
par la muqueuse du côlon (voir aissi p. 660). Les propriétés attribuées à la muscade
n'ont fait l'objet d'aucune évaluation clinique rigoureuse.
Toxicité. Le safrole est hépatocancérogène par voie orale chez les rats et les souris,
ses métabolites interagissent avec l'ADN. Génotoxique sur différents modèles, le
safrole induit mutations géniques et aberrations chromosomiques. On connaît aussi -
et de longue date - les propriétés « hallucinogènes» de la muscade, observées dans
différents contextes (détenus, adolescents, etc.). Pour certains auteurs, les effets
« hallucinogènes» ne seraient que la manifestation d'une toxicité générale. La muscade
ne peut donc pas être considérée comme un hallucinogène stricto sensu : les enquêtes
ethnobotaniques n'ont d'ailleurs trouvé aucune trace d'un usage de ce type en Indonésie.
L'activité psychotrope de la muscade (euphorie, hallucinations) semble liée à la
myristicine et aux produits voisins: certains n'excluent pas que ces phénylpropanes
soient transformés, par transamination dans l'organisme humain, en dérivés tel que le
MMDA (3-méthoxy-4,5-méthylènedioxyamphétamine). Les effets indésirables
nombreux expliquent sans doute le caractère très marginal de cet usage particulier.
Plusieurs cas d'intoxication par ingestion de doses fortes de muscade (5-15 g) ont été
décrits. Les symptômes sont proches de ceux de l'intoxication atropinique.
L'huile essentielle de noix muscade (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1552]) est obtenue
par entraînement à la vapeur d'eau des noix séchées et broyées de M.fragrans
Profil chromatographique : a-pinène, 15-28 %; ~-pinène, 13-18 %; sabinène, 14- .
29 %; car-3-ène, 0,5-2 %; limonène, 2-7 %; y-terpinène, 2-6 %; terpinén-4-ol, 2-6 %;
safro1e, < 2,5 %; myristicine, 5-12 %.Voir aussi la norme NF ISO 3215: 1999.
IIIIILES ESSENTIELLES 677
La feuille de verveine odorante est constituée par les feuilles séchées, entières ou
fragmentées, d'Aloysia citriodora Palau (syn. A. triphylla [L'Hér.] Kuntze; Verbena
(riphylla L'Hér.; Lippia citriodora Kunth.). Elle contient au minimum 2,5 % d'actéo-
side exprimé en acide férulique et au minimum 3 ml/kg d'huile essentielle (feuilles
l'litières) ou au minimum 2 ml/kg (feuilles fragmentées) (Ph. eur., 6' éd. [0112008:
IH34], corr. 63).
La plante. La verveine odorante est un arbrisseau ramifié dont les longues tiges
IInguleuses et cannelées portent des feuilles rudes, courtement pétiolées, verticillées par 3
(ou parfois par 4). Les fleurs, disposées en épis, possèdent 4 pétales soudés à la base en
\111 tube, et étalés en 4 lobes bicolores: blancs sur la face externe, ils sont bleu violacé sur
11I1~lce interne. L'espèce, originaire de l'Amérique du Sud, peut être cultivée sur le pour-
lour méditerranéen.
Lafeuille. La feuille de verveine est simple, à limbe étroit, lancéolé, aigu, à bords
ondulés recourbés vers la face supérieure. La nervure médiane est très saillante à la faee
illférieure et les nervures secondaires sont dirigées vers les bords du limbe. Après
hroyage, la feuille présente une odeur caractéristique, rappelant celle du citron.
Examinée au microscope (hydrate de chloral), la poudre de feuille présente de
Ilombreux poils cystolithiques unicellulaires, courts, à parois épaisses, à base entourée
de cellules disposées en rosette et, sur l'épiderme inférieur, un grand nombre de
stomates anomocytiques et de poils sécréteurs subsessiles à tête globuleuse.
L'identité de la verveine est confirmée par la CCM d'un extrait méthanolique. Elle
Ile doit pas contenir de verveine officinale (Verbena offïcinalis) : absence de bande
spécifique sur la CCM d'identification. L'actéoside est dosé par chromatographie
liquide, après extraction par une solution titrée d'acide férulique dans l'éthanol à 60 %.
La badiane est le fruit composé séché d' I. verum. Il contient au minimum 70 ml/kg
d'huile essentielle et au minimum 86 % de trans-anéthole dans l'huile essentielle (Ph.
l~\II·., 6' éd., [01/2008:1153]).
~
oo
o
, i ,""OH
H6°)=0 OCH 3
o
anisatine pseudo-anisatine E-anéthole
Cette plante d'origine asiatique est assez commune sur le bord des étangs et des'
marais de l'Europe et de l'est de l'Amérique du Nord. Parlois appelée roseau odorant, J,
elle est vivace par un rhizome et caractérisée par des feuilles rougeâtres à la base et des :,
fleurs groupées en un épi compact à axe charnu entouré par un spathe de grande taille.
Polytypique, l'espèce comprend plusieurs variétés: var. americanus (Raf.) Wulff (2n,
Amérique), var. calamus L. (3n, Europe, stérile) et var. angustatus Bess. (4n, Inde,
variété «Jammu »); il existerait également une variété indienne hexaploïde.
Composition chimique. Le rhizome fournit une huile essentielle dont la teneur varie '
de 20 à 90 ml/kg. L'huile essentielle de la variété européenne renferme des dérivés:
mono- et sesquiterpéniques (camphène, p-cymène, ~-gurjunène, a-sélinène, 8- l
cadinène, linalol, a-terpinéol, a-cadinol, acorénone, calamendiol, iso-shyobunone, etc.)
et des dérivés phénylpropaniques dont la teneur ne dépasse que rarement 10 % et qui
sont surtout représentés par la ~-asarone (Z-isoasarone). Celle-ci est absente dans:
l'huile essentielle de la variété américaine. La ~-asarone est prépondérante dans celle de :
la variété indienne: jusqu'à 96 %. L'huile essentielle du triploïde contient de :
l'acorénone, celle du tétraploïde de la y-asarone.
~-
CH 3 0
OCH 3
H'CO~OCH' ~/
OCH 3 OCH 3 o "
acorénone y-asarone ~-asarone shyobunone
(cis-isoasarone)
1
,~
~i
HUILES ESSENTIELLES 683
• CITRONNELLES, Poaceae
Les citronnelles sont des herbes vivaces à feuilles linéaires en touffes, raides, à
fleurs en épis. On distingue pricipalement :
-la citronnelle indienne (lemongrass), Cymbopogon citratus (De.) Stapf,
-la verveine des Indes ou herbe de Malabar, C.flexuosus (Nees ex. Steud.) Stapf,
- la citronnelle de Java, C. winterianus Jowitt,
-le palmarosa ou géranium des Indes, C. martinii (Roxb.) Wats.,
- la citronnelle de Ceylan, C. nardus (L.) Rendl.
Les huiles essentielles de citronnelle sont réputées insectifuges. Elles sont
principalement utilisées dans la formulation des cosmétiques et de produits d'hygiène.
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monoterpènes
sesquiterpènes
Oléorésines et produits
,
apparentes
1. DÉFINITIONS ET EXEMPLES
Oléorésines
- Burseraceae, ex.: élémi de Manille. Cette oléorésine est fournie par un arbre
des Philippines, Canarium luzonicum (Miq.) A. Gray; elle est notamment utilisée en
savonnerie. Par distillation sèche sous pression réduite de l'oléorésine (ou par entraîne-
ment à la vapeur d'eau), on prépare l'huile essentielle d'élémi (norme NF ISO 10624:
1998 1) qui renferme limonène (45-72 %), a-phellandrène (10-24 %), sabinène (3-8 %),
élémicine (0,5-8 %), élémol (1-15 %) et a-terpinéol (0,4-2 %);
- Dipterocarpaceae, ex.: les produits du gurjun, fixateurs en parfumerie et
matière première pour la préparation du guiazulène, sont obtenus à partir des sécrétions
de divers Dipterocarpus du sud-est asiatique;
- Caesalpiniaceae, ex.: le copahu des Copaifera spp. provenant de l'Amérique
du Sud, utilisé comme fixateur en parfumerie et dont la fraction volatile contient plus de
50 % de caryophyllène.
Gommes-résines, gommo-oléorésines
lM
furanoeudesma-I,3-diène
ç9Q
'" 0 1
curzérénone
h
AOHélémol
/~},<
~
(J(:: ~
1,3,5-undécatriènes
cembrène 2-méthoxy-3-isobutylpyrazine (galanolènes)
abaissent la glycémie des rongeurs et l'on a noté en effet protecteur de doses élevées de
myrrhe sur la muqueuse gastrique des rats.
En Égypte, une spécialité à base de myrrhe a été préconisée dans le traitement de
diverses parasitoses, notamment en cas d'infection à schistosomes (S. mansoni).
Plusieurs publications tendent à démontrer la réalité de cette activité antiparasitaire,
chez l'Homme ou le Mouton. Toutefois, une étude conduite chez des rongeurs et des
essais cliniques randomisés versus praziquantel ont, en 2005, conduit leurs auteurs à
conclure à l'absence d'activité ou à une efficacité très faible. On ne peut donc pas
considérer que la myrrhe présente un réel intérêt dans ce type d'indication.
Baumes
Résines
Selon la norme citée ci-dessus, une résine est le résidu de distillation d'une
oléorésine naturelle. Les ouvrages de pharmacognosie semblent faire un usage moins
restrictif de ce terme: ils parlent couramment de résine d'euphorbe, de résine de gaïac,
de résine de chanvre, de résine de scamnonée, de résine de jalap, etc. En fait, les progrès
de la phytochimie ont, assez souvent, permis de connaître la composition de ces
« résines» ce qui incite à les évoquer dans les chapitres correspondants: diterpènes
(résine des grindélias), terpénophénols (résine de chanvre), glycosides complexes des
résines de Convolvulaceae, etc.
2. PINS ET TÉRÉBENTHINES
Presque tous localisés dans l'hémisphère nord, les pins produisent, dans des canaux
sécréteurs, une oléorésine, la térébenthine. Si la térébenthine de Bordeaux est
traditionnellement obtenue à partir du pin des Landes (Pinus pinaster Aiton), elle est
698 TERPÉNOÏDES
de la production sont absorbés par l'industrie des parfums et des arômes, le reste est
destiné à des industries diverses (solvants, colles, détergents, etc.). La colophane,
collante, émulsifiante et décapante, est utilisée dans de nombreuses industries (encres,
adhésifs, papiers, baguettes de soudure, etc.), en nature et après transformation
chimique (estérification, cycloaddition d'acide maléique ou fumarique, hydrogénation,
dimérisation, etc).
L'huile essentielle de térébenthine type ibérique (P. pinaster) fait aussi l'objet d'une
norme internationale (ISO 11020: 1998). Il en est de même pour l'huile essentielle de
térébenthine de type Chine (P. massoniana Lamb., ISO 21389:2004).
2. Les pins se reconnaissent à leurs petits bouquets de 2-5 aiguilles réunies à leur base en un petit "
rameau très court. Les sapins et les épicéas se distinguent par la morphologie des rameaux ayant perdu
leurs feuilles: les cicatrices forment des coussinets (épicéas) ou ne sont pas en relief (sapins) ; les cônes
des épicéas sont pendants et tombent à terre, ceux des sapins sont dressés et restent sur l'arbre. Les
mélèzes (à feuilles caduques), comme les cèdres (à feuilles persistantes), ont des rameaux longs à '
feuilles isolées décurrentes et des rameaux courts à feuilles en bouquet. Les ifs, parfois confondus avec'
les sapins, ont des feuilles à pétiole décurrent sur le rameau. Les Cupressaceae (sauf les Juniperus) ont
des feuilles en écailles.
3. Les bourgeons de pin sylvestre et ceux de sapin argenté (A. alha Miller = A. pectinata [Lam.] "
OC.) figurent sur la Note Explicative de 1998. Le bourgeon séché de pin sylvestre (Ph. fse, 10' éd.) ,
contient au minimum 5 ml/kg d'huile essentielle. Il est possible de revendiquer les mêmes indications;
pour les deux bourgeons: par voie interne, traditionnellement utilisé dans le traitement symptomatique
de la toux et des affections bronchiques aiguës bénignes et, par voie externe, en cas de nez bouché, de ",
rhume ainsi que comme antalgique dans les affections de la cavité buccale et/ou du pharynx.
OLÉORÉSINES 701
- l'huile essentielle de « pin}) du Canada, Abies balsamea (L.) Miller qui contient
8 à 16 % d'acétate de bornyle (à ne pas confondre avec le« baume» du Canada qui est
l' oléorésine récoltée après incision des troncs de la même espèce) ;
- l'huile essentielle d'épicéa, fournie par des espèces d'origine nord-américaine,
Picea mariana (Mill.) Britton, Stems & Poggenb. (black spruce) et P. glauca (Moench)
Voss (white spruce). La teneur en acétate de bornyle oscille entre 37 et 45 %. L'espèce
la plus commune en Europe est P. abies (L.) Karsten ssp. abies (= P. excelsa [Lam.]
Link =P. vulgaris Link.), à feuilles tétragonales vert foncé .
Juniperus communis L.
OLÉORÉSINES 703
d'odeur fortement aromatique, il est souvent recouvert d'une pruine bleuâtre et marqué
en son sommet par trois fentes convergentes. Les graines, à 3 arêtes aiguës, sont
soudées par leur face externe à la base de la partie charnue du cône. La cône ne
renferme pas plus de 5 % de cônes immatures ou décolorés et au maximum 2 %
d'autres éléments étrangers. Sur les spécifications des baies de genièvre, voir aussi les
nonnes NF V32-169:2004 et ISO 7737:1984.
Toxicité. La toxicité aiguë de l'huile essentielle est négligeable chez les rongeurs
(DLso = 6,28 g/kg [Rat, per os]). Le pseudo-fruit et l'huile essentielle sont réputés
toxiques: irritants au niveau de l'épithélium rénal, ils pourraient induire des hématuries.
Cela n'est pas confirmé, du moins chez les rongeurs: l'administration continue (28
jours) de 0,1 à 1 g/kg d'huile essentielle ou de 0,4 g/kg de terpinénol à des rats ne s'est
soldée par aucun signe clinique, histologique ou biochimique de néphrotoxicité. Chez le
même animal, on a observé un effet abortif pour l'extrait éthanolique à 50 % (300
mg/kg,per os). Par voie externe, l'huile essentielle peut provoquer divers désagréments,
en particulier des irritations cutanées. Pour certains auteurs, la toxicité rénale attribuée
autrefois à l'huile essentielle de genièvre aurait pu être liée à une falsification par de
l'essence de térébenthine.
L'huile essentielle de genièvre (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1832]) est obtenue à ','l',',
•.•
sabine (Juniperus sabina L., Cupressaceae). Très irritante, et même vésicante, cette
huile essentielle à sabinène et/ou à acétate de sabinyle doit être connue pour sa toxicité
(embryotoxique chez les rongeurs). La vente au détail et toute dispensation au public
d'huile essentielle de sabine 4 et de ses dilutions et préparations ne constituant ni des "
produits cosmétiques, ni des produits à usage ménager, ni des denrées ou boissons,
alimentaires est réservée aux pharmaciens (Articles L4211-1 et D421 1-13 du Code de, .,
la santé publique).
La parfumerie utilise pour sa part les huiles essentielles de cèdre obtenues à partir '
des bois de divers Cedrus (C. atlantica [Endl.] Carrière, C. deodara [D. Don] G. Don
f.), mais aussi de Cupressus (C.funebris Endl. ou bois de cèdre de Chine, NF ISO'
9843:2002) et de Juniperus (J. mexicana Schiede ou bois de cèdre du Texas, NF ISO
4725:2004; J. virginiana L. ou bois de cèdre de Virginie, NF ISO 4724:2004; J.
procera Hochst. ex Endl., d'Afrique orientale).
Pour d'autres usages des Gymnospermae, se reporter à d'autres chapitres de cet,
ouvrage: Ginkgo (flavonoïdes, p. 387), cyprès (proanthocyanidols, p. 481), ifs;
(diterpènes, p. 779). Sur l'intérêt des autres classes de Gymnospermae, voir l'utilisation:',
et la toxicité des Ephedra (p. 1030) la toxicité des Cycadales (hétérosides cyanogènes,!,
p. 226). D'autres utilisations, anecdotiques, peuvent être mentionnées: par exemple, la
comestibilité des graines du pin pignon.
4. BIBLIOGRAPHIE
Encens .'
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blanc" (Thuya occidentalis L.), de "cèdre de Corée" (Thuya koraenensis Nakai) et de thuya (Thuya}
plicata Donn ex D ..oon). '1
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Arnica montana L.
monoterpènes
Iridoïdes
1. Généralités ..........................................................................................................................707
2. Structure des iridoïdes ........................................................................................................708
3. Origine biosynthétique .......................................................................................................710
4. Extraction, caractérisation ..................................................................................................711
5. Propriétés biologiques et pharmacologiques .....................................................................712
6. Principales plantes à iridoïdes ............................................................................................713
harpagophyton ...........................................................................................................713
olivier .........................................................................................................................717
gentiane ......................................................................................................................719
petite centaurée ..........................................................................................................722
ményanthe .................................................................................................................723
verveine officinale .....................................................................................................724
lamier blanc ...............................................................................................................725
gaillets ........................................................................................................................726
7. Bibliographie ......................................................................................................................727
1. GÉNÉRALITÉS
Les iridoïdes stricto sensu sont des monoterpènes caractérisés par un squelette
cyc1openta[c]pyranique, parfois désigné par le terme d'iridane (cis-2-oxabicyclo-
14,3,0]-nonane). Lata sensu, il est admis d'inclure dans ce groupe les séco-iridoïdes,
issus des précédents par rupture de la liaison 7,8 du noyau cyc1opentanique. Certains
auteurs limitent même leur définition à la seule notion de « méthy1cyc1opentane ».
Le groupe comprend majoritairement des hétérosides d'iridoïdes (plus de 300
structures nouvelles ont été décrites entre 1994 et 2005), des hétérosides de séco-
708 TERPÉNOÏDES
iridoïdes (au moins 150 structures nouvelles décrites durant la même période), des
composés non hétérosidiques (on en connaît plus de 100) et quelques composés
caractérisés par l'ouverture de leur cycle pyranique. On écartera ici les « alcaloïdes»
comme la skytanthine : si certains sont bien des produits naturels, d'autres ne sont que
des artéfacts d'extraction, un atome d'azote remplaçant l'oxygène pyranique. On
laissera aussi de côté les enchaînements sécoiridoïdiques combinés à une amine dérivée
du tryptophane ou de la phénylalanine (cf. alcaloïdes indoliques et isoquinoléiques).
WO
11
,~r
10
B 9
1
iridane
H
~o
iridodial
~ ~~H' 0
népétalactone
0
skytanthine
Les iridoïdes tirent leur nom de celui de fourmis du genre lridomirmex à partir
desquelles furent isolées des substances impliquées dans les mécanismes de défense
propres à ces insectes: iridodial, iridomyrmécine et composés apparentés. Des
structures aussi simples existent d'ailleurs chez les végétaux: népétalactone de Nepeta
cataria L. (Lamiaceae), ou teucriumlactone C de T eucrium marum L. Ces dernières ont
des propriétés marquées : les effets de la première sur les chats lui ont valu des noms
évocateurs - chataire, cataire, herbe-aux-chats, Katzenmelisse, catnip). En fait, les
structures aussi simples sont rares. On verra ci-dessous que les iridoïdes, qui
comportent habituellement dix atomes de carbone, peuvent aussi en comporter plus et
que les variations structurales sont nombreuses, de la simple fonctionnalisation jusqu'à ,
la formation de structures polycycliques.
Le groupe, biosynthétiquement homogène, n'est représenté, à l'exception des
quelques structures propres aux Insectes, que chez les Dicotyledonae. On peut même .'
remarquer que les iridoïdes sont préférentiellement élaborés par des Asteridae :
Dipsacales, Gentianales, Lamiales, Plantaginales, Rubiales, Scrophulariales (Oleaceae, i
Scrophulariaceae, Acanthaceae, Bignoniaceae, Pedaliaceae, etc.), ce qui en fait des
marqueurs chimiotaxinomiques intéressants.
La quasi totalité des glycosides d'iridoïdes lato sensu sont des glucosides, la liaison \
hétérosidique s'établissant entre l'hydroxyle porté par le carbone anomérique du
D-glucose et l'hydroxyle en C-l de la génine. Ce glucose peut éventuellemnt être acylé
(acides caféique, férulique, benzoïque). On connaît quelques structures dans lesquelles:
la partie osidique de la molécule est un oligosaccharide (ex.: rehmanniosides). On:
connaît aussi des structures dans lesquelles un glucose est lié à l'hydroxyméthyle en 1
C-ll (Caprifoliaceae, ex.: ébuloside). Les iridoïdes non hétérosidiques peuvent êtr~
alcaloïdiques (skytanthine), polycycliques (pluméricine), esters (valépotriates), étherli,
IRIDOÏDES 709
internes (rehmaglutine B), etc. Les séco-iridoïdes non hétérosidiques sont exceptionnels
(Syringa sp., Olea [Oleaceae]).
Les iridoïdes ont généralement dix atomes de carbone. Le carbone C-ll est habi-
tuellement inclus dans un groupe carbométhoxyle (loganoside, géniposide) ou
carboxylique (monotropéoside); plus rarement, ce groupe est remplacé par un
hydroxyméthyle (Valerianaceae, Caprifoliaceae), voire par un aldéhyde ou un méthyle
(lamioside). Dans d'autres cas, ce carbone C-ll est tout simplement absent:
aucuboside et dérivés, catalpol et dérivés, harpagoside, scrophulosides, mélitoside. Le
cycle pyranique n'est que très exceptionnellement ouvert (c'est le cas du gentiobioside
de l'iridodial ou du népétariaside, précurseur de la népétalactone).
Les variations structurales observées sont nombreuses. Elles ont permis à certains
de proposer des subdivisions à l'intérieur du groupe. On note que le méthyle
normalement porté par le carbone C-8 peut être plus ou moins oxydé: hydroxyméthyle
HOW
C0 2CH 3
O-Glc HO
m' ~
'-':::
H O-Glc
0
CH
A':~ -
O-Glc
COOH
HOm ~ 0
H O-Glc
aucuboside
~~I'
H
COOH
népétariaside
HO
sP Ij
HO
~ H
'-':::
O-G1c
monotropéoside
0
CH
o
tP H
0
O-Glc
O~
HO/
~ H
O-Glc
S=P ' O-Glc
~
0
~CH'
HOOC COOH
Dans les deux groupes (iridoïdes et séco-iridoïdes) on connaît des structures ':
« dimères» (ex. : centauroside de Centaurium erythrea Rafn.) voire « trimères» ainsi;
que de nombreuses structures acylées aussi bien sur la partie osidique (Gentianaceae)·
que sur la génine (ex. : amarogentioside). .
3. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
L'étude de l'origine biosynthétique des iridoïdes a été largement stimulée par le rôle
de premier plan que joue un composé comme le sécologanoside dans l'élaboration des,.
alcaloïdes indolomonoterpéniques et de certains alcaloïdes isoquinoléiques : 1 .
condensation du sécologanoside avec la tryptamine ou la 3,4-dihydroxyphényloi
éthylamine conduit, respectivement, à la strictosidine et au désacétyl-ipécoside, c'est-à-;
dire aux précurseurs immédiats des alcaloïdes indoliques des Apocynaceae, des
Loganiaceae et des Rubiaceae d'une part (cf p. 1152), des isoquinoléines des ipécas e·
de certaines autres Rubiaceae d'autre part (cf p. 1115).
L'incorporation d'acide mévalonique aussi bien que de géraniol marqués dans de~
structures iridoïdiques et dans des alcaloïdes indoliques démontre le caractèr '
terpénique de ces métabolites. Plusieurs processus ont été suggérés comme, p
exemple, celui - il a été démontré - qui fait intervenir la cyc1isation du dialdéhyd
provenant de l'oxydation du 8-hydroxygéraniol en iridodial (ou en 8-épi-iridodial). L
glucosylation et l'oxydation de l'iridodial conduisent au loganoside, précurseu
immédiat de la plupart des iridoïdes. Le même processus s'applique au 8-épi-iridodi
qui conduit, via le 8-épiloganoside, à l'antirrhinoside aussi bien qu'à l'aucuboside ou Il
gardénoside.
IRIDOÏDES 711
./.~O
1t>
C0 2 CH 3
H0
I~O -
IO-GIC
~
HO
O~<
fTtYc
OH
o
$CH'
• O-Glc 1 H O-Glc
~
Origine biogénétique simplifiée des iridoïdes alcaloïdes indolomonoterpéniques
C'est au niveau du loganoside que s'opère l'ouverture de cycle qui conduit aux
s6co-iridoïdes. Celle-ci, par un mécanisme qui reste à élucider, conduit au
s6cologanoside, précurseur de tous les séco-iridoïdes et, par voie de conséquence, des
ulcaloïdes indoliques incorporant ce motif.
4. EXTRACTION, CARACTÉRISATION
L'extraction de ces hétérosides est rendue particulièrement délicate par leur grande
instabilité. C'est cette instabilité qui explique le noircissement qui, très rapidement
uprès la récolte, intervient chez bon nombre de végétaux renfermant des iridoïdes. Cette
Instabilité explique aussi le nom de pseudo-indican ou d'hétéroside chromogène donné
lIutrefois à certains de ces composés.
L'extraction est menée à bien à l'aide de solvants polaires (alcools de titre variable)
l't une première séparation est fréquemment obtenue par réextraction du résidu extractif
dissous dans l'eau à l'aide de solvants non miscibles de polarité croissante. Le
I"ractionnement proprement dit est assuré par chromatographie sur alumine, sur charbon
(risque d'adsorption irréversible), sur polymère poreux (ex.: XAD-2) avec des éluants
polaires et, de plus en plus, par chromatographie liquide sur phase inverse. La
purification fait appel aux procédés chromatographiques classiques.
La détection des iridoïdes dans une plante ou partie de plante peut être effectuée à
"Bide du réactif de TRIM et HILL, solution diluée de sulfate de cuivre et d'acide
l'hIOl·hydrique. Pour la révélation des CCM on peut utiliser un réactif non spécifique -
lu vanilline sulfurique - ou, tout simplement, HCI, à chaud.
712 TERPÉNOÏDES
La plante. L'harpagophyton (H. procumbens) est une plante pérenne: les tiges
naissent d'un tubercule « primaire» relié à un réseau de racines fortement tubérisées
(tubercules « secondaires»). Les tiges, rampantes et rayonnantes, portent des feuilles
opposées vert bleuté. La plante est caractérisée par ses grandes (4-6 cm) fleurs solitaires
dont le tube,jaune clair, s'évase en une corolle lobée d'un rouge violacé profond et par
son fruit, une capsule ligneuse garnie d'aiguillons terminés par une couronne de
crochets courbes et acérés (le nom de griffe du diable découle de l'agitation frénétique
qui saisit les animaux dans les sabots ou la toison desquels ils se sont incrustés).
H. zeiheiri et ses sous-espèces diffèrent légèrement du type procumbens par les
caractères des fleurs et du fruit.
Les harpagophytons sont des plantes xérophiles spécifiques du sud du continent
africain: Namibie - c'est, avec 283 tonnes exportées en 2004, le principal producteur
mondial - Bostwana et Afrique du Sud (province du Cap, Transvaal). Les plantes
croissent habituellement sur les sols riches en oxyde de fer des savanes semi-
désertiques et tendent à devenir rudérales. En une dizaine d'années (1995-2004), environ
5 000 tonnes de racines ont été prélevées dans le sud de l'Afrique et des mesures de
l,il plante renfenne de 0,5 à 1 % d'iridoïdes (catalpol et son dérivé benzoylé en 6, verproside, etc.). La
véronique ne figure pas à l'annexe 1 de la Note explicative de l'Agence du médicament (1998). Aucune
lb propriétés qui lui sont attribuées n'ayant été validée, la Commission E allemande a précisé qu'elle
Ile pouvait en approuver l'usage thérapeutique.
714 TERPÉNOÏDES
procumbide harpagoside
administrés par des voies différentes, à des doses disparates (et presque toujours
massives). De plus, on ne dispose que de très peu de données obtenues sur des modèles
reflétant une chronicité de l'inflammation. Au cours des années 1980, il a été montré que
l'activité anti-inflammatoire d'un extrait aqueux est observée lorsque l'extrait est
administré par voie intrapéritonéale ou intraduodénale, mais pas quand on utilise la voie
orale (in vivo, sur l'œdème de la patte du Rat induit par les carraghénanes, doses de 0,2 à
1,6 g/kg). L'inactivation gastrique de l'extrait est d'autant plus probable qu'il a été établi
qu'un traitement de l'extrait en milieu acide, préalablement à son administration
intraduodénale au Rat, fait disparaître son activité. Testé dans les mêmes conditions,
l'harpagoside est inactif alors qu'il participe à l'action analgésique périphérique que l'on
I11ct en évidence expérimentalement pour l'extrait aqueux (100 mg/kg, IP).
ln vitro, une action des iridoïdes au niveau de la sécrétion des cytokines impliquées
dans la réaction inflammatoire est envisagée. ln vitro également, l'harpagoside et les
cxtraits inhibent partiellement la biosynthèse du thromboxane B2 et des leucotriènes.
Les extraits d'harpagophyton semblent aussi inhiber directement la cyclo-oxygénase II,
la production de monoxyde d'azote et la synthèse de TNF-u par les monocytes activés.
Pal' contre, l'éventuel effet sur la production d'eicosanoïdes chez des volontaires sains,
possible, n'a pas été clairement démontré par des études aux résultats discordants. On a
également noté une activité d'extraits d'harpagophyton sur la production, par les
chondrocytes, d'enzymes dégradant la matrice du cartilage, ainsi qu'une faible
inhibition de l'élastase.
La feuille d'olivier est constituée par la feuille séchée d'O. europaea L. Elle
contient au minimum 5 % d'oleuropéine (Ph. eur., 6' éd.· 6.3, [01/2009:1878]).
La feuille sert à préparer l'extrait sec de feuille d'olivier. Préparé avec de l'éthanol
1\ 65-96 %, sa teneur en oleuropéine est ~ 16 % (6' éd.· 6.4, [04/2009:2313]).
3. Parmi les espèces pour lesquelles il est possible, en France, de revendiquer cette indication,
figure la scrofulaire (Serolularia nodosa L.) dont la composition rappelle celle de l'harpagophyton :
lIl'ides-phénols; flavonoïdes; harpagoside, harpagide, aucuboside, scrophulosides Al-A8 ; on y a
('gaiement caractérisé des hétérosides phénylpropaniques (verbascoside, scrophulosides B l-B2). La
pharmacologie et la toxicologie de cette espèce n'ont été que très peu étudiées. La scrofulaire est aussi
Il'IIditionnellement utilisée en usage local en cas d'érythème solaire, de brûlures superficielles et peu
1~lcndues, d'érythèmes fessiers. Si le phytomédicament à base de sommité fleurie ou de racine de
Hl'rofulaire est une poudre, le dossier « abrégé » d'AMM doit comporter une étude toxicologique
IIlIégée. Celle-ci n'est pas nécessaire pour la scrofulaire pour tisane, l'extrait aqueux, les teintures et les
rxlraits hydro-alcooliques, quel que soit leur titre [Note Expl., 1998]. Voir, entre autres: Stevenson, P.c.,
Simmonds, M.S., Sampson, J. et al. (2002). Wound healing activity of acylated iridoid glycosides from
'''''''l'hu/aria nodosa, Phytother Res., 16, 33-35.
718 TERPÉNOÏDES
La feuille, entière et coriace, est rétrécie à la base, mucronée à l'apex; ses bords,!
entiers, sont réfléchis (30-50 mm x 10-15 mm). La face supérieure est vert gris, lisse et
luisante; la face inférieure, blanchâtre, est pubescente le long des nervures. La feuille a :
une saveur amère.
La poudre de feuille, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente de;
nombreux poils peltés en écusson, de grande taille, formés de 10 à 30 cellules
rayonnant à partir d'un pédicelle unicellulaire central. On note aussi la présence de ;
nombreuses sclérites : longues et à parois très épaisses, elles peuvent se terminer en;
pointe émoussée ou fourchée. L'oleuropéine (alias oleuropéoside) est mise en évidence'
par CCM et dosée par chromatographie liquide, après extraction méthanolique.
,,
Ho~OlO~CHO
HO~
.~
NnO~O
Jc~o
HO H CO 2CH 3 l'
i
OH
"':
oleuropéoside ~ 0 oléacine
O-Glc
Évaluation clinique. La feuille de l'olivier n'a pas fait l'objet d'une évaluation
l'Iillique rigoureuse. En dehors d'un essai ouvert récent, les observations cliniques chez
l'humain sont rares, anciennes, d'une méthodologie sommaire et peu probantes. Malgré
œla et en dépit d'une toxicité peu étudiée, les adeptes de la phytothérapie ont volontiers
recours à la feuille de l'olivier pour aider à maintenir un niveau de pression artérielle
rllisonnable. La faible stabilité des iridoïdes les conduit à préférer les formes stabilisées.
l)cs émulsions d' oleuropéoside semblent réduire l'érythème cutané dû aux VVB.
La plante. La gentiane est une grande herbe robuste (1-1,5 m), vivace par une
souche, à feuilles parallélinerves, opposées-décussées, embrassantes au sommet de la
tige, à fleurs jaune d'or groupées en pseudo-verticilles à l'aisselle des feuilles.
Commune dans les régions montagneuses de l'Europe, elle croît le plus souvent entre
, 1000 et 2500 mètres d'altitude. La plus grande partie de la consommation française est
l'ouverte par la récolte (1000 à 1500 tonnes) pratiquée, pour l'essentiel, en Auvergne.
L'espèce peut aussi être cultivée.
Gentiana lutea L.
II~IDOÏDES 721
~ ~HO0
, //
OH
OH
'\-1o
H
01
~H ~H
HO HO 0 y
HO HO ~ OH
sweroside amarogentioside menthiafoline
o '-':: OCH 3
D?l 1
HO'--:;:;
o
1
.--:;:;
OH
l'appétit. Aucune évaluation toxicologique n'est demandée pour la constitution d'un "
dossier « abrégé» d'AMM (poudre, organes souterrains pour tisane, extrait aqueux et ,
extraits hydro-alcooliques quel qu'en soit le titre).
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BfArM précise que'~
la racine de gentiane est utilisée en cas de troubles digestifs tels que la perte d'appétit,;
les ballonnements ou les flatulences. Posologie: (a) - teinture, de 1 à 3 g par jour; (b) • i
extrait fluide, de 2 à 4 g par jour; (c) - racine, de 2 à 4 g par jour. Contre-indications: i'
ulcères gastro-duodénaux. Effets indésirables possibles: maux de tête occasionnels;
chez les personnes sensibles. '
La petite centaurée est constituée par les parties aériennes fleuries, séchéesi;
entières ou fragmentées, de Centaurium erythrœa Rafn. s.l. comprenant C. majus (H. et!
L.) Zeltner et C. suffruticosum Ronn. (syn. Erythrœa centaurium Pers.; C. umbellatum
Gilibert; C. minus Gars.). (Ph. eur., 6e éd., [01/2008:1301]). ~ç
;.
;;."
La plante. Cette petite plante herbacée, annuelle ou bisannuelle, spontanée dans lei;
prés et les clairières de l'Europe et de l'Amérique du Nord, est caractérisée par une tig~i
dressée garnie de feuilles opposées décussées et terminée par une cyme corymbiformo;;
de fleurs tubulées roses. La tige, creuse et marquée par des crêtes longitudinales, porté,
des feuilles sessiles, entières, décussées, glabres. Les fleurs, groupées en cyme biparel
ont une corolle à tube blanchâtre se divisant en 5 lobes lancéolés de 5-8 mm d .
longueur et de couleur rose. L'ovaire est supère et les 5 étamines sont fixées au tube d
la corolle. Le fruit est une petite capsule à graines brunes fortement ridées.
Examinée au microscope (hydrate de chloral), la petite centaurée pulvérisé
présente de très nombreux éléments provenant de la tige (vaisseaux et cellule,
médullaires), des feuilles (stomates anisocytiques, mésophylle à cristaux d'oxalate d
différents types), et des différentes parties de la fleur.
L'indice d'amertume, déterminé par rapport à celui du chlorhydrate de quinine'
n'est pas inférieur à 2000 (c'est la réciproque de la dilution qui peut encore êtr
qualifiée d'amère; l'indice d'amertume de la quinine est fixé, par définition, à 200 0 .
pour une dilution au centième dans l'eau d'une solution à 0,1 g de chlorhydrate d'
quinine dans 100 ml d'eau [Pharmacopée: 6" éd., 1: 2.8.15]).
Plusieurs auteurs placent le genre dans une petite famille (5 genres) détachée des
Gentianaceae et que Cronquist range dans les Solanales : les Menyanthaceae.
La plante, lafeuille. Espèce vivace aux fleurs blanches à anthères rouge violacé, le
ményanthe est une herbe des zones très humides assez commune en Europe, sauf dans
la zone méditerranéenne.
La feuille, à 3 folioles égales, sessiles et obovales (10 cm x 5 cm), possède un
pétiole strié longitudinalement et longuement gainé. Les folioles, vert foncé à la face
supérieure, plus claires à la face inférieure, ont une nervure médiane saillante, large,
blanchâtre, striée. En microscopie, la poudre de feuille (hydrate de chloral) présente des
stomates anomocytiques avec des cellules annexes striées radialement ainsi que des
fragments de parenchyme du mésophylle avec de larges espaces intercellulaires
(aérenchyme). L'indice d'amertume est au minimum de 3 000 (voir, ci-dessus,
centaurée).
effet bénéfique du décocté de rhizome qui pourrait agir par inhibition de la biosynthèse '
des prostaglandines, du LTB4 et du PAF.
La verveine officinale est constituée par les parties aériennes, entières ou,
fragmentées, séchées, de V. officinalis, récoltées pendant la floraison. La verveine offi·'
cinale renferme au minimum 1,5 % de verbénaline (Ph. eur., 6' éd., [0112008:1854]).
Les parties aériennes. La tige, brun-vert, quadrangulaire, porte des petites feuilles-_
sessiles, non lobées et à bords crénelés et dentés, et des grandes feuilles pétiolées,
pennatiséquées à bords dentés émoussés. Les surfaces sont rugueuses et velues. Les',_
fleurs, groupées en épis allongés, ont une corolle rose clair à lilas.
Réduites en poudre et examinées au microscope (hydrate de chloral), les parties'
aériennes présentent: des poils tecteurs l-cellulaires, longs (500 !lm), à base large e.
entourés d'un simple anneau de cellules épidermiques arrondies et bombées; de rares:
poils secréteurs soit à tête renflée ovale 8-cellulaire sur pied l-cellulaire, soit à tête 4.8~
cellulaire aplatie sur pied pluricellulaire; des fragments de feuilles; etc. .1
La CCM d'un extrait méthanolique des parties aériennes permet de vérifie'
l'absence de verveine odorante (également détectable par l'odeur). La verbénaline es
dosée par chromatographie liquide.
La corolle séchée et mondée fait l'objet d'une monographie (Ph. fse, 10' éd.).
La plante. Improprement appelée ortie blanche, cette espèce fut officinale au XIX'
siècle pour ses fleurs. Cette plante, commune aux bords des chemins et dans les haies,
est une herbe vivace dont les feuilles acuminées-dentées, mais non urticantes,
rappellent celles des orties.
O~OH
~CH' RO
~Oo
0
O~OH
O-Glc
H O ) l ) J ;o-
HO
'1 OH 1
/- OH
verbénaloside HO OH
R =H : verbascoside (= actéoside)
R = CH 3 : eukovoside
~ S=QCH'
CH
H0d=PHO
H :2 3
HO' 0
Ac-O H O-Glc
= H O-Glc
- O-Glc
aspéruloside lamalbide hastatoside
En France, la Note Explicative de 1998 précise que les parties aériennes du gaillet:
peuvent entrer dans la composition de phytomédicaments traditionnellement utilisé~
dans le traitement symptomatique des états neurotoniques des adultes et des enfants\;
notamment en cas de troubles mineurs du sommeil. De quel gaillet s'agit-il? Il esf
regrettable que le texte ne soit pas plus précis, car l'usage et les manuels de botanique.
dénomment gaillet plusieurs espèces du genre Galium : G. mollugo L. (caille lait blanc~
gaillet mollugine), G. verum L. (caille lait jaune), Cruciata laevipes Opiz [= G. cruciatd
(L.) Scop.] (gaillet croisette), G. aparine L. (gratteron), G. palustre (gaillet des marais),
G. uliginosum L. (gaillet des fanges), etc. Les quatre premiers étaient inscrits sur la lis '
révisée des plantes médicinales (édition du 01-01-1993). Aucun ne figure sur la liste '
des plantes médicinales (révision de 2005). Si le phytomédicament à base de gaillet es
une poudre de parties aériennes, le dossier « abrégé» d' AMM doit comporter une étud ,
toxicologique allégée. Celle-ci n'est pas nécessaire pour le gaillet pour tisane, l'extr .
aqueux, les teintures et les extraits hydro-a1cooliques, quel que soit leur titre. ,
IRIDOÏDES 727
7. BIBLIOGRAPHIE
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Menyanthes trifoliata L.
monoterpènes
irréguliers
Pyréthrines
'1. . ~
arlemisia-cétone santolinatriène acétate de lavandulyle rotrockène
• PYRÈTHRE DE DALMATIE,
Tanacetum cinerariifolium (Trev.) Schultz Bip.
=Chrysanthemum cinerariaefolium (Trev.) Vis., Asteraceae
L'utilisation des pyrèthres pour lutter contre les insectes remonte à l'Antiquité: le
pyrèthre du Caucase (C. coccineum Willd. et C. marshalii Aschers) était utilisé contre
les poux. Si le pyrèthre de Dalmatie (également appelé chrysanthème insecticide) est
d'un emploi plus récent (sans doute au début du XIX' siècle), il a suscité de nombreux
732 TERPÉNOÏDES .
La plante, le capitule. Herbe en touffes, à tiges dressées (50-80 cm), vivace par un
rhizome, le pyrèthre est caractérisé par des feuilles profondément divisées et:
recouvertes sur les deux faces d'un enduit cotonneux dense. Les capitules, solitaires et .,
entourés de 2-3 rangées de bractées écailleuses et pubescentes, rappellent ceux des
IL Leucanthemum (marguerites) : fleurs femelles ligulées blanches en périphérie d'un.
réceptacle presque plat et nombreuses fleurs hermaphrodites, tubuleuses, jaunes, au:
centre. On utilise les capitules épanouis (c'est en effet dans les jeunes akènes que la.
teneur en pyréthrines est maximale). Les capitules se distinguent aisément de ceux des.:
Leucanthemum par la morphologie des fleurs périphériques dont le ligule tridenté est'
plus fortement veiné. ,,'
Sans doute originaire de l'actuel Iran et initialement produit dans les zones;
montagneuses côtières des Balkans, où il est indigène, il a été très tôt cultivé, d'abordi
au Japon puis dans plusieurs pays africains: hauts plateaux du Kénya et de Tanzanie,i:
ainsi qu'en Amérique du Sud (Équateur) et en Tasmanie où ont été mises en place des;,
cultures de clones très productifs et à floraison synchronisée, multipliés pa~
micropropagation in vitro. Si la production a nettement diminué depuis une dizain,
d'années, la demande en produits naturels reste forte, en particulier pour les.
préparations insecticides à usage ménager.
R1 = CH 3, R2=H: (S)-bioalléthrine
l'YRÉTHRINES 733
Les deux acides constitutifs des différents esters ont comme élément structural
prédominant un noyau cyclopropanique substitué. Dans les deux cas la configuration du
carbone 1 est (R) et l'orientation de la chaîne isobuténylique est trans par rapport au
carboxyle (le carbone C-3 est S). Dans la série I, l'acide est l'acide pyréthrique et, dans
la série Il, on note une fonctionnalisation de la chaîne isobuténylique par un
c<lrbométhoxyle : c'est l'acide chrysanthémique.
Les alcools sont des alcools secondaires - les réthrolones - qui ont en commun
1111 noyau méthylcyclopenténolonique et qui se distinguent par la nature de la chaîne
latérale: (2'-Z)-2' ,4'-pentadiénylique (pyréthrolone), (2'-Z)-2'-penténylique
(cinérolone) ou (2'-Z)-2'-buténylique (jasmolone). Tous ces esters sont des composés
liquides, huileux, non hydrosolubles, instables. Mono- et diesters, ils seront facilement
hydrolysés, insaturés ils seront facilement photoisomérisés et oxydés, aussi bien sur la
chaîne isobuténylique de l'acide que sur celle, mono- ou biinsaturée, de l'alcool: on
t'stime que la « demi-vie» des pyréthrines naturelles à la lumière du jour ne dépasse pas
IIIlC dizaine de minutes.
Propriétés biologiques des pyréthrines. Les pyréthrines sont toxiques pour les
Illlimaux à sang froid : poissons, batraciens, insectes. Ces insecticides « de contact»
SOllt caractérisés par un knock down important (c'est-à-dire une aptitude à précipiter
l'insecte au sol), mais leur effet létal est moins marqué. Encore convient-il de nuancer
t'clte affirmation: l'ester méthylique des composés de la série II est rapidement dégradé
par les cellules nerveuses des insectes et, de ce fait, l'effet létal de ceux-ci est faible
Idors que leur aptitude à paralyser les insectes est grande. A contrario, le knock down
des esters de la série I est moins marqué, mais leur stabilité plus prolongée augmente
leur effet létal. Les pyréthrines ont également des propriétés insectifuges (repellent).
Les pyréthrines sont des poisons nerveux qui agissent aussi bien au niveau des
lïhres sensitives que des fibres motrices, entraînant incoordination, hyperactivité puis
paralysie et mort de l'insecte. L'expérimentation sur axone géant de blatte montre
qu'elles maintiennent ouverts les canaux à sodium, provoquant une série continue de
potentiels d'action, induisant une inexcitabilité pouvant devenir irréversible. La
photoinstabilité des pyréthrines ne permet pas de réaliser des dépôts insecticides
persistants et leur efficacité est limitée dans le temps. Leur toxicité aiguë pour l'Homme
l'I les animaux domestiques est négligeable par voie orale (DUo aux environs de 2
g/kg) et leur labilité exclut la possibilité d'effets cumulatifs. Il ne semble pas que les
esters naturels induisent de résistance. Pour augmenter l'activité et retarder la
détoxification par l'insecte, il est habituel d'utiliser les pyréthrines en association avec
dcs molécules dites « synergistes » telles que le butoxyde de pipéronyle.
-CH'--N~
o
2 3
L'autre voie d'accès à des analogues structuraux passe par une modification d"
l'acide cyclopropanique. Si l'on ne peut toucher à la configuration du carbone 1 (qÙ
doit rester R), il est possible de modifier la chaîne isobuténylique: inversion de so
orientation par rapport au carboxyle (trans / cis), remplacement par un group
dichlorovinyle (ex. : perméthrine, cyperméthrine) ou dibromovinyle (deltaméthrine). L'
géométrie de la double liaison (composés non symétriques) a également une influenc.
sur l'activité (elle est E dans le cas de l'acide chrysanthémique et Z chez les diester
nor-pyréthriques plus récemment développés). Cette insaturation peut d'ailleurs ê
supprimée; il en est de même de la chaîne elle-même (fenpropathrine). D'autres série
dépourvues de l'élément cyclopropanique, ont été développées (fenvalérate).
l'YRÉTHRINES 735
perméthrine deltaméthrine
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Valeriana officinalis L.
Sesquiterpènes
1. Généralités ..........................................................................................................................737
2. Intérêt des sesquiterpènes ...................................................................................................738
6. Principales plantes à sesquiterpènes ..................................................................................740
valériane .....................................................................................................................740
pétasite .......................................................................................................................746
4. Bibliographie ......................................................................................................................749
1 . GÉNÉRALITÉS
''l'
"."
'h
"1
"
cadinanes et
autres décalines
cation germacradIënyle
la double liaison 6(7) fait l'objet d'un tableau
voir aussi: lactones sesquiterpéniques
séparé, page 481 (bisabolane),
II~-~
~ bisabolane
~-p +
1 1 1 1
P <%J J "'''~
~+ ~
J ,J \
~ or cédrane
~~ santalane cuparane
fl longifolane widdrane
La racine de valériane est constituée par les organes souterrains séchés, entiers ou,
fragmentés de V. officinalis L. s. 1., comprenant le rhizome entouré des racines et les
'h'
,.", stolons. Les organes souterrains entiers ou fragmentés contiennent au minimum 4 ml/kg.
d'huile essentielle et au minimum 0,17 % d'acides sesquiterpéniques, exprimés en
acide valérénique; les organes souterrains coupés contiennent au minimum 3 ml/kg
d'huile essentielle et au minimum 0,10 % d'acides sesquiterpéniques, exprimés en'
acide valérénique (Ph. eur., 6' éd., [0112008:0453]). .
La racine de valériane sert à préparer:
- l'extrait hydro-alcoolique sec de valériane. Il est produit à partir de la racine en;
utilisant de l'éthanol de 45 à 80 % (VN) ou du méthanol de 40 à 55 % (VN), sa teneur?
en acides sesquiterpéniques est au minimum de 0,25 % exprimés en acide valérénique!
(Ph. eur., 6' éd., [0112008:1898]); ,
- l'extrait aqueux sec de valériane, produit à partir de la racine avec de l'eau au,
minimum à 60 0 C. Sa teneur en acides sesquiterpéniques est au minimum de 0,02 %,
exprimés en acide valérénique (Ph. eur., 6' éd. - 6.4, [04/2009:2400]); '
- la teinture de valériane, dont la teneur en acides sesquiterpéniques est au)
minimum de 0,ül5 % (Ph. eur., 6' éd., [0112008:1899]). '
La plante. V. officinalis sensu lato est une espèce collective très polymorphe'
regroupant, à l'état naturel, plusieurs sous-espèces différant entre elles par leur degré
ploïdie. Le type, diploïde, 2n = 14 (V. officinatis), est une herbe vivace à tige creuse e
cannelée portant des feuilles en rosette à la base, opposées sur la tige, pennatiséquées
Les feuilles comprennent de Il à 19 folioles lancéolées, toutes de même largeur. Le
fleurs zygomorphes, pentamères, blanches ou rosées, sont groupées en inflorescence
cymeuses terminales. Le gynécée 3-carpellé et l-loculaire par réduction conduit à u
akène exalbuminé. Le calice se développe en aigrette plumeuse (pappus). L'espèc
commune dans les bois humides, les fossés et au bord des cours d'eau de presque tou
l'Europe, est cultivée pour les besoins de la droguerie.
Les autres sous-espèces 1 ont des caractères très proches. V. offïcinalis ssp. colli '
(Wallr.) Nyman (2n = 28) a des feuilles à 15-27 folioles, toutes de même largeur
V. officinalis ssp. sambucifolia (Mikanf.) Celak = V. excelsa Poiret, (2n = 56) a de,
feuilles à 5-9 folioles, la foliole terminale étant nettement plus large que les autre"
-'.,' Contrairement à celui des autres sous-espèces, le rhizome de cette dernière e
nettement stolonifère (stolons épi- et hypogés). D'après la Flora Europea, V. repe
Host. (= y. procurrens Wallr.) pourrait être considérée comme une quatrième sou
espèce. On adjoint souvent à l'espèce des taxons de statut incertain et de distributio,
restreinte (ex.: V. satina Pleigel ou V. versifolia Brügger).
1. Nous reprenons ici les subdivisions indiquées par la Flora Europea. Pour sa part la flore
France (Guinochet, M. et de Vilmorin, R., [1975], éditions du CNRS, Paris, 2, p. 514 sq.) réduit
officinalis l.s. à V. officinalis (inc!. V. collina WaiL) et à V. sambucifolia (inc!. V. procurrens Walr.).
SI \SQUITERPÈNES 741
La racine de valériane est fournie par la culture, laquelle concerne les octoploïdes.
Lcs efforts d'amélioration ont, depuis une quinzaine d'années, porté sur la teneur en
composés sesquiterpéniques.
~
~-AC
C0 2 H
CM o ~6
CHO
teneur en acide valérénique et ses dérivés (0,2-0,7 %) des meilleures variétés cultivées
est maximale en mars, époque à laquelle elle pourrait atteindre 0,9 %. D'autres
sesquiterpènes sont volatils: valérénal, valérianol, valérénol et ses esters (acétate,
valérate), valéranone, alcool kessylique, eudesmatriène et autres carbures. Ces sesqui-
terpènes constituent une fraction de l'huile essentielle qui renferme également de
nombreux monoterpènes (acétate de bomyle, acétate de myrtényle, camphène, etc.). La
fraction volatile représente de 2 à 20 ml/kg de la racine sèche; sa composition varie
selon la sous-espèce, la saison, les conditions de culture et, surtout, le procédé
d'obtention (racine sèche ou fraîche, hydrodistillation ou extraction).
Les iridoïdes - des valépotriates - sont ici très spécifiques. Non hétérosidiques,
ce sont des esters lipophiles de triols dérivés de l'iridane, 8,1O-époxydés 2,3(4)-5(6)-
diéniques (valtrate, isovaltrate, acévaltrate) ou 3(4)-monoéniques (dihydrovaltrate,
isovaléroxy-hydroxydihydrovaltrate [IVHD]). De structures très proches les uns des
autres - ils se différencient surtout par la nature des acides aliphatiques (acétique [Ac],
isovalérique [iso V]) estérifiant les trois hydroxyles en C-I , C-7 et C-II -, ils forment
un mélange difficile à séparer dans lequel valtrate et isovaltrate sont largement
majoritaires. La teneur en valépotriates est généralement comprise entre 0,8 et 1,7 %.
Ces composés sont particulièrement instables: ils s'hydrolysent puis se décomposent
rapidement sous l'influence de l'humidité, de la chaleur (> 40 oC) ou de l'acidité (pH <
3) pour conduire à des aldéhydes dépourvus des subsituants en C-I et C-7, insaturés,
colorés en jaune (baldrinal, homobaldrinals). Conservée à 20 oC, une teinture de racine
ne contient plus, deux semaines après sa préparation, qu'environ 1/3 des valépotriates
initialement présents. Les baldrinals, eux-mêmes très réactifs, se polymérisent, ce qui
peut expliquer qu'ils ne sont pas non plus détectables dans ces conditions. L'expérience
montre par ailleurs que les valépotriates, non extractibles par l'eau, ne sont extraits de la
racine que par des solutions hydro-alcooliques titrant au minimum 70 % d'éthanol
(l'extraction n'est réellement efficace qu'avec l'éthanol pur). On a en outre isolé des
parties souterraines de la plante des traces d'alcaloïdes (actinidine, naphtyridyl-
méthy1cétone), divers acides-phénols et de l'acide y-amino-butyrique.
auteurs eux-mêmes atténuent fortement la portée de leur conclusion (on note aussi que
l'un des essais inclus mettait en jeu un mélange). Les auteurs de la troisième synthèse
méthodique de la bibliographie (publiée en 2007), ont procédé à l'analyse critique
détaillée de 37 études et essais, avec ou sans insu, testant une monopréparation ou un
mélange et regroupés selon la nature de la préparation utilisée (extrait alcoolique,
aqueux, etc.). Ils ont conclu à l'inefficacité de la valériane: inefficacité sur les critères
objectifs, mais aussi et contrairement aux auteurs de la synthèse de 2006, absence d'une
efficacité clairement démontrée sur l'impression subjective. Impression dont ces
auteurs semblent mettre en doute le bien-fondé clinique de l'appréciation ... ce qui
apparaît pourtant justifié si l'on se réfère au caractère éminemment subjectif de la
«plainte» d'insomnie 3 .
L'ensemble de ces données ne fournit aucune conclusion définitive. Il semble
toutefois, et un essai de méthodologie correcte l'a mis en évidence dès 1994, qu'un
extrait de valériane exerce un effet favorable sur la qualité ressentie du sommeil 4 • Cet
effet sur l'impression globale ressentie par certains patients à l'issue du traitement, au
mieux modeste comparé à celui d'un placebo, a été récemment relevé par un essai
norvégien (405 patients, 2 semaines). On notera aussi que deux essais versus oxazépam
à dose faible (mais sans bras placebo) ont montré que l'effet de l'oxazépam sur des
critères subjectifs d'évaluation de la qualité du sommeil n'était pas significativement
différent de celui de la valériane. D'autres essais cliniques sont malgré tout nécessaires,
en particulier pour préciser les conditions de l'emploi de cette plante dans un domaine
où la part de subjectivité est grande 5.
La valériane est parfois préconisée comme anxiolytique. Les données cliniques
disponibles, peu nombreuses, ne permettent pas de confirmer le bien-fondé de cette
indication.
3. On écarte bien sûr de ce raisonnement les insomnies associées à des pathologies organiques ou
psychiatriques.
4. Curieusement, les résultats de cet essai sont présentés négativement par les auteurs de la syn-
thèse de 2007, positivement par ceux des revues de 2000 et 2006 ... qui, eux, ne retiennent que le choix,
binaire: amélioré ou pas. Voir: Vorbach, E.U., Gortelmeyer, R. et Brüning, J. (1996). Therapie von
Insomnien. Wirksamkeit und Vertriiglichkeit eines Baldrianpriiparats, Psychopharmakotherapie, 27,109-11. "
Voir aussi: Prescrire Rédaction (2005). Plainte d'insomnie - Une place pour la phytothérapie traditionnelle,
Rev. Prescrire, 25, 110-114.
5. Et où ont toute leur place des traitements non médicamenteux, le recours prolongé aux
hypnotiques étant déconseillé eu égard aux risques d'effets indésirables et de dépendance.
SESQUITERPÈNES 745
lendemain matin, ni leur temps de réaction, ni leur concentration que ce soit après la
première prise ou après quatorze jours de traitement. Quelques rares cas d'hépatite ont
été rapportés, le plus souvent imputables à d'autres plantes présentes dans le mélange
ingéré. Dans un cas, imputable à la valériane, l'identité et la pureté de la plante n'ont
pas été vérifiées.
Les valépotriates, inhibiteurs de la synthèse des acides nucléiques, sont des
nucléophiles fortement cytotoxiques (cellules d'hépatomes), mutagènes et géno-
toxiques. Quand ces molécules sont présentes dans la préparation (par exemple dans un
extrait alcoolique de titre élevé fraîchement préparé), elles se dégradent très vite. Leurs
produits de dégradation (les baldrinals) conservent, avant d'être détoxifiés par
conjugaison, une cytotoxicité et une mutagénicité résiduelle: ils peuvent donc, en
théorie, constituer un risque au niveau digestif. Bien que ce risque ne soit pas
documenté, il est préférable d'utiliser des préparations dépourvues de valépotriates
(ex. : extraits de titre alcoolique faible, extraits aqueux).
Il semble qu'aucun cas d'interaction médicamenteuse impliquant la valériane n'ait
été publié. L'expérimentation (in vitro et in vivo) montre que les préparations de
valériane n'inhibent que très faiblement, et sans conséquence significative, les enzymes
fi cytochrome P450. Chez l'animal, l'extrait de valériane augmente la durée du sommeil
induit par les barbituriques.
sommeil» (une prise unique de 30 à 60 minutes avant le coucher et, en cas de besoin,
une autre prise plus tôt dans la soirée). Une intervention ponctuelle est sans intérêt et le
traitement optimal recommandé s'étale sur 2 à 4 semaines. Ne pas dépasser 4 prises par
jour. La posologie par prise est identique à celle préconisée par la Commission E pour
les extraits hydro-alcooliques, peu différente pour les autres formes: de 0,3 à 1 g de
racine (poudre), de 1 à 3 g (extrait aqueux), 15 mg (huile essentielle), 15 mg (jus de ,
j
plante). L'usage chez la femme enceinte ou allaitante n'est pas recommandé. L'utili·
sation simultanée avec des sédatifs requiert un diagnostic et un avis médical. La
valériane peut altérer la capacité à conduire véhicules et machines (réf. EMEA/HMPCI
340719/2005,26 octobre 2006).
Aux États-Unis d'Amérique où, en 2002, une enqête a montré qu'environ deux
millions de personnes avaient utilisé de la valériane dans la semaine précédant (
l'enquête, l'AHRQ (Agency for Healthcare Research and Quality) a estimé en 2005,
mais à partir d'un nombre très restreint d'essais, que les preuves étaient insuffisantes
pour conclure à l'efficacité de cette plante dans le traitement de l'insomnie (www.
ahrq .gov /downloads/pub/evidence/pdf/insomnialinsomnia. pdf).
La plante. Le pétasite est une Asteraceae herbacée vivace des prairies humides et
des bords de ruisseaux de l'Europe et du sud des États-Unis d'Amérique. Ses grandes'
feuilles basales peuvent mesurer jusqu'à 1 m de longueur et 0,6 m de largeur (elles
peuvent servir de chapeau 6). Les fleurs, toutes tubuleuse, rose clair et d'odeur vanillée,
sont groupées en petites grappes de capitules.
6. Pétase, n.m. : coiffure à larges bords arrondis, à fond bas, utilisée par les voyageurs, spectateurs,
paysans, etc. pour s'abriter du soleil et de la pluie (Atilf-CNRS, Trésor de la langue française"
informatisé, en ligne, http://atilf.atilf.fr/tlf.htm). La feuille servait pour envelopper les mottes de beurre '"
(-> butterbur, nom anglais de la plante).
SESQUITERPÈNES 747
Les fragments de feuilles présentent une nervure réticulée, proéminente sur la face
inférieure tomenteuse (poils tecteurs pluricellulaires à cellule basale large et
cylindrique. La CCM permet d'écarter les chimiotypes dépourvus de pétasine.
pétasol
Évaluation clinique. Deux essais randomisés en double aveugle ont évalué, versus
placebo, la capacité d'un extrait de rhizome de pétasite à prévenir la survenue de crises
de migraine. Le plus vaste a inclus 233 patients migraineux (au sens de l'International
Headache Society) dans 3 bras (extrait de pétasite 2 x 50 mg/j, 2 x 75 mg/j et placebo)
pendant 4 mois. L'extrait, titré en pétasine, ne renfermait pas de pyrrolizidines
"détectables". L'extrait (2 x 75 mg/j) a diminué de façon statistiquement significative le
nombre de crises de migraine, plus que le placebo (- 45 % versus - 28 % selon
l'analyse en intention de traiter), soit une crise mensuelle en moins par rapport au
placebo pour une fréquence mensuelle initiale de 6 crises. L'efficacité à long terme -
elle semble diminuer en fin d'essai - demeure à étudier, ainsi que l'innocuité.
Plusieurs essais cliniques ont cherché à mettre en évidence la capacité d'un extrait de
feuille de pétasite (au CO 2 , dépourvu de pyrrolizidines) à atténuer la symptomatologie de
la rhinite allergique. Les plus récents, randomisés, ont comparé en double aveugle deux
doses de cet extrait à un placebo (186 patients) ou le même extrait à la fexofénadine et à
un placebo (330 patients). Les auteurs de ces essais de très courte durée (2 semaines)
ont conclu que l'extrait était plus efficace que le placebo et aussi efficace que la
fexofénadine pour atténuer les symptômes de la rhinite (éternuement, rhinorrhée,
picotement des yeux, etc.). Un autre essai a fourni un résultat non concluant. De petits
essais comparatifs indiquent que l'extrait de pétasite n'a aucune propriété anti-
allergique. Les potentialités dans l'asthme, du moins comme adjuvant, restent à préciser.
748 TERPÉNOÏDES
"
Toxicité, effets indésirables. S'il apparaît, au vu des essais cliniques et des études'
de suivi, que le pétasite n'induit pas d'effet indésirable notable (rares troubles gastro."
intestinaux), la question de l'éventuelle présence de pyrrolizidines reste posée. De très;
rares cas de lésions hépatiques ont été signalés avec un extrait CO 2 de rhizome, ce qui a';
conduit l'Institut suisse des produits thérapeutiques à exiger une mise en garde des'
consommateurs puis, en 2004, à suspendre la licence de certaines spécialités distribuées,
dans ce pays (sachant qu'il existe des antimigraineux d' efficacité prouvée). Il est,
l
possible que le principe toxique ne soit pas une pyrrolizidine : il serait alors intéressant
de savoir si les pétasites utilisés appartenaient à un chimiotype à furopétasine ... La;
balance bénéfices-risques est clairement négative, du moins pour les extraits et;
préparations qui n'ont pas été privés de leurs alcaloïdes pyrrolizidiniques (cf p. 989).\
• GOSSYPOL
Les graines des cotonniers (Gossypium spp., Malvaceae) sont parsemées de gland.
ovoïdes ou sphériques contenant divers pigments dont le gossypol, netteme'
majoritaire. Ce pigment est présent dans toutes les variétés de cotonniers et sa tene ;
varie de 0,3 à 2 % de la masse de la graine.
Composé bis-naphtalénique et polyfonctionnalisé, le (±)-gossypol est très réactif:1
se combine avec les amines distales des lysines protéiques ce qui diminue nettement)
valeur nutritionnelle des tourteaux de coton. Relativement toxique, il est éliminé d
tourteaux en mettant à profit sa thermolabilité.
Administré à diverses espèces animales, le (±)-gossypol induit, chez le mâle, u ,
oligospermie significative. Chez les femelles, on note un effet antinidatoire : l'activi,
est due à l'isomère (-). En Chine, le gossypol a été administré à des homme
volontaires. Après deux mois de traitement, une oligospermie apparaît, ainsi que,
nombreuses formes anormales de spermatozoïdes. L'efficacité, liée à la destruction d
"
tubules séminifères, s'accompagne d'effets indésirables non négligeables: hyp
kaliémie, troubles gastro-intestinaux, troubles de la libido, fatigue, stérilité prolong
Les manifestations toxiques sont principalement liées à l'isomère (+). Ces effÎ
pourraient être limités par une diminution de la posologie journalière.
SI ':SQUITERPÈNES 749
4. BIBLIOGRAPHIE
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sesquiterpènes
! Lactones sesquiterpéniques
1. Structure ...............................................................................................................................752
2. Intérêt des lactones sesquiterpéniques ................................................................................753
3. Principales plantes à lactones sesquiterpéniques ...............................................................755
armoise annuelle (qinghao) .......................................................................................755
arnica ..........................................................................................................................759
aunée ...........................................................................................................................763
grande camomille .......................................................................................................764
4. Lactones sesquiterpéniques et allergie ................................................................................767
5. Bibliographie .......................................................................................................................768
1. STRUCTURE
Les structures des lactones sesquiterpéniques sont variées, mais se rattachent toutes:
au produit de cyc1isation, cyc1odécadiénylique, du 2E,6E-farnésyldiphosphate. Bien;
que les preuves expérimentales soient rares, il est admis que les principaux squelettes:
dérivent, via les germacranolides 2, de la cyc1isation du cation cyc1odécadiénylique.'
Logiquement, la structure du produit de cyc1isation dépend de la conformation
initiale adoptée par le macrocyc1e et de la position des doubles liaisons qui permettent
des cyc1isations intramoléculaires électrophiles variées: l'enzyme impliquée dans la ;
réaction doit agir comme une matrice pour le précurseur, elle doit conditionner la :
stéréospécificité du processus. Certains des schémas biosynthétiques proposés sont
rendus plausibles par l'existence de synthèses biomimétiques.
P'~""~""j/
1
germacrano/ide ~
13
:t2r élémano/ide
o
guaiano/ide 0
ct2r~
eudesmano/ide 0 érémophilano/ide 0
.11
2. La nomenclature consiste à ajouter le suffixe -olide au nom du squelette sesquiterpéniqu!
indiquant ainsi le caractère lactonique. Dans le cas particulier des germacranolides, la configuration ~
doubles liaisons détermine quatre sous-groupes: germacrolides (trans, trans), héliangiolides (1(10,
lrans, 4-cis), mélampolides (1 (10)-cis, 4-trans) et cis, cis-germacranolides.
l ,i\CTONES SESQUITERPÉNIQUES 753
• sur les insaturations, qui peuvent être réduites ou oxydées (époxydes, hydro-
xyles); quand il existe des hydroxyles, ils sont fréquemment estérifiés.
Il n'existe pas de méthode d'extraction spécifique des lactones sesquiterpéniques.
( )n peut les extraire par le dichlorométhane ou par un mélange oxyde diéthylique-éther
dc pétrole-méthanol et fractionner les extraits par une technique chromatographique
appropriée, Différents réactifs permettent la révélation des CCM : les vapeurs d'iode,
une solution diluée de KMn04' la vanilline sulfurique, le chlorure de cobalt en solution
sulfurique aqueuse, etc.
H'
~o ~
;/""', OH
O~
o
HO o 0
ténuline vernolépine (t)-a -santonine
%
""O~OH
o OH
/~
b
HO 0
cnicine ambrosine
3, C'est à cette catégorie qu'appartient la santonine, principe actif d'une plante qui fut longtem~
utilisée comme vermifuge: le semen contra (Artemisia cina Berg. ex Polj., Asteraceae). On utilisait l'
capitules qui, outre IO-20ml/kg d'huile esentieIJe à cinéole, renferment 2-3 % de lacton
sesquiterpéniques : santonine et autres eudesmanolides de structure voisine. La santonine, longtemS!
prescrite comme nématicide, a été abandonnée eu égard à sa toxicité non négligeable (troubles gas
intestinaux et visuels, céphalées, vertiges).
4. À propos des Ambrosia, et bien que les lactones sesquiterpéniques ne soient pas en cause,
peut noter ici que plusieurs espèces du genre, non médicinales, sont responsables d'allergl
polliniques. Sont notamment impliquées: A. trifida L. et A, artemisiifolia L. (absinthe du Canad'
Cette dernière, une mauvaise herbe initialement confinée sur les talus, les remblais et les terres incul
se répand depuis plusieurs années en France, Son expansion est particulièrement importante dans4
couloir rhodanien. Sur la répartition de la plante, les textes réglementaires, l'allergie, les moyens'
lutte, etc. voir, entre autres, le site élaboré par la DRASS de la région Rhône-Alpes(http,
,', www.ambroisie.info/); voir aussi: Laaidi, M., Laaidi, K., Besancenot, J.P. et Thibaudon, M. (200
Ragweed in France: an invasive plant and its allergenic pollen, Ann. Allergy Asthma. lmmunol.,
195-201. Ce problème de l'allergie aux pollens des ambroisies est bien connu en Amérique du Nord,
la petite et la grande « herbe à poux » (ragweed, A. artemisiifolia et A. trifida) constituent l'une
principales causes d'allergies polliniques: dans l'est du Canada, cette plante occasionnerait d,
problèmes de santé à 10-12 % de la population.
l ,IICTONES SESQUITERPÉNIQUES 755
~
"'9 ,. "0
1 1 11 ,.. " "
"
.i1ï"'9
HO ""'" ","0
,/'
O~Q",
o "",," :
H""OH R ""'OH ""OH
o : o : o :
Ao AO Ao
coriamyrtine R =H : lutine picroloxinine pseudo-anisatine
R =OH : hyenanchine
butyrique (GABA) n'est pas très éloignée de celle des sesquiterpènes convulsivants
présents chez les Illicium (anisatine et dérivés, voir p, 680). Cf. : Bruneton, J. (2005).
l'IlIntes toxiques -Végétaux dangereux pour ['Homme et les animaux, 3' éd, Tec & Doc, Paris).
Diverses plantes renfermant ce type de composés sont vues par ailleurs : artichaut
(p, 283), camomille romaine, achillée (flavonoïdes, pp, 396 et 399), matricaire (p. 615),
chicorée, pissenlit (polysaccharides, p. 95), bardane (p. 200), etc. Nous ne citerons ici
que l'arnica, l'aunée, la grande camomille et, acquisition majeure récente de la
Ihérapeutique antipaludique, l'armoise annuelle (qinghao) .
La plante, Cette armoise, utilisée par la médecine traditionnelle chinoise pour traiter
Ics fièvres et la malaria, est une espèce d'origine asiatique qui est également présente
"UIlS le centre et le sud de l'Europe et en Amérique du Nord. Plante herbacée annuelle,
Il'Ûs odorante et à tiges dressées de grande taille (jusqu'à 2 m de hauteur), l'armoise
IInlluelle est caractérisée par de grandes panicules de petits capitules globuleux de 2-3
mm de diamètre à involucre blanchâtre, et par des feuilles profondément divisées qui
disparaissent après la floraison.
~~ ~
"'\O_q' ..
~ l'IH
o
o o
acide artéannuique artéannuine B : 1 artémisitène : 2
= acide artémisinique
~
."'\O_q'
R =CH 3 : artéméther
~
CI
OR
""'H
~~OH OH
R =C2H5 : artééther
R =COCH 2CH 2C0 2Na : artésunate sodique yingzhaosu artéflène (Ra 42-1611)
La fleur d'arnica est constituée par le capitule, entier ou brisé, séché, d'Arnica
/l/olltana. Elle contient au minimum 0,4 % de sesquiterpènes lactoniques exprimés en
liglate de dihydrohélénaline (Ph. eur, 6 c éd. - 6.1, [04/2008:1391], corr. 63).
La fleur d'arnica est utilisée pour produire la teinture d'arnica (teinture au 1/l0
duns l'alcool à 60-70 %; cette teinture contient au minimum 0,04 % de sesquiterpènes
lue toniques (Ph. eur., 6c éd., [0112008: 1809], corr. 63).
L'arnica est une espèce anciennement utilisée pour ses propriétés « vulnéraires» en
lisage externe (vulnus, eris, blessure -> vulnerarius : qui est propre à la guérison des
plaies et blessures). C'est une espèce rare, actuellement protégée, et qui est parfois
1'l~l11placée par une autre espèce du genre: A. chamissonis Less. ssp.foliosa (Nutt.)
Maguire.
La plante, le capitule. L'arnica est une petite plante pérenne des prairies d'altitude,
~ l'cuilles entières, oblongues et velues, en rosette à la base. L'arnica est aisément
Identifiable à ses grands capitules (20 mm) de fleurs jaune orangé portés par un
pédoncule de 2-3 cm et entourés par un involucre de 18-24 bractées aiguës à leur
760
13
héléna/ine arnifolines
Hient une responsabilité dans cette action: on connaît leur capacité à inhiber la
migration des polynucléaires et la rupture des membranes lysosomiales; on a surtout
noté la capacité de l'hélénaline à inhiber l'activation du facteur de transcription NF-KB.
Une activité inhibitrice sur l'agrégation plaquettaire a également été signalée, mais une
dilution homéopathique (5CH) ne modifie ni le temps de saignement ni d'autres
paramètres de la coagulation chez l'Homme. Les préparations d'arnica et leurs
constituants sont, expérimentalement, anti-microbiens, antifongiques, anti-
inflammatoires, et cytotoxiques sur diverses lignées cellulaires.
Toxicité, effets indésirables. L'hélénaline est toxique par voie orale, la DLso étant
de 85 mg/kg chez le Hamster, ou de 150 mg/kg chez le Mouton. Des références fort
Hnciennes font état d'into){ications marquées par des vomissements, un dysfonction-
nement respiratoire et cardiaque, des expectorations sanglantes, des troubles cérébraux
el même de décès consécutifs à la prise de préparations d'arnica à des fins abortives.
Toutes les formes galéniques d'arnica sont allergisantes et l'on observe
fréquemment, chez les sujets sensibles, des réactions croisées avec les Asteraceae et
Illitres espèces à lactones.
Évaluation clinique. Différentes formes d'arnica ont été évaluées chez l'humain:
Inula helenium L.
I,ACTONES SESQUITERPÉNIQUES 763
L'aDnée est consituée par la racine et le rhizome séchés d' lnula helenium (Ph.
l'se, 10' éd.).
La plante, les organes souterrains. L'aunée est une grande plante vivace à feuilles
hasales lancéolées et feuilles caulinaires cordiformes. Les grands (6-8 cm) capitules
odorants de fleurs jaunes ont des fleurs ligulées très étoites, disposées en un seul rang.
Le rhizome et les racines se présentent en fragments irréguliers d'odeur balsamique
el de saveur aromatique et amère, fréquemment excoriés, ce qui laisse apparaître un
parenchyme cortical grisâtre. Coupe et poudre montrent, en microscopie, des grains
d'inuline en amas et des cellules contenant de la résine. Trois CCM permettent: de
vérifier l'absence d'alcaloïdes (contamination par des racines de belladone); de mettre
en évidence les produits d 'hydrolyse sulfurique de l'inuline; d'étudier les lactones
sesquiterpéniques après hydrodistillation, notamment de caractériser l'alantolactone.
çty0
alantolactone isoalantolactone
Par hydrodistillation des parties souterraines, on isole 1-3 % d'une fraction odorante qui
se solidifie partiellement à la température ordinaire (produits de dégradation des
lactones).
La plante, les parties aériennes. La grande camomille est une grande (70-80
. ., herbe vivace, originaire d'Asie mineure, assez commune dans les endroits incultes
" l'Europe, à tiges presque quadrangulaires, plus ou moins ramifiées, portant des
alternes polymorphes, et à large corymbe de 5 à 30 capitules longuement pédicellés.
La tige, cannelée longitudinalement, porte des feuilles ovales, pennées
bipennées, divisées en 5-9 segments à limbe crénelé aux bords, plus ou
pubescentes sur les deux faces. Les capitules (s'ils sont présents) ont un ""ua", ...
variant de 12 à 22 mm. Des bractées étroites, scarieuses, membraneuses et se rp<-,m",r,,"
forment un involucre hémisphérique. Les fleurs centrales tubulées, j
1.t\CTONES SESQUITERPÉNIQUES 765
canine
o o
·'''111
tanaparthi ne-a-peroxyde
o
séco-tanapartholide A
9Rtparthénolide
o
~~~~
costunolide
o
artémorine
0
reynosine
0
santa marine
0
Composition chimique. L'odeur forte de la plante est due à une huile essentielle (3-
H ml/kg dans les feuilles) dont les constituants majoritaires sont le camphre et l'acétate
dc trans-chrysanthémyle (ce dernier peut être partiellement hydrolysé en chrysan-
thémol dans les parties aériennes sèches). On note aussi la présence de flavonoïdes,
glucuronates de flavones hydrosolubles dans les vacuoles et éthers méthyliques de
l1avonols lipophiles sur les épidermes des fleurs et des feuilles. Le principe actif
supposé est une lactone sesquiterpénique, le parthénolide. Ce germacranolide, isolé des
lots européens aussi bien que nord-américains, serait absent de certains échantillons
dans lesquels on note la présence d'un eudesmanolide, la santamarine (également
présente, à côté du parthénolide, dans les plantes nord-américaines). Dans pratiquement
tous les lots étudiés, on trouve aussi d'autres germacranolides (costunolide et dérivés,
urtémorine), des eudesmanolides (reynosine) ainsi que des guaianolides (canine,
lIrtécanine, tanaparthine, dérivé de la cumambrine B, etc.). Certaines variétés seraient
particulièrement riches en parthénolide (f.floculosum) et la teneur en cette lactone varie
766 TERPÉNOÏDES
comme c'est le cas pour les alcaloïdes de l'ergot ou le sumatriptan? C'est une hypothèse.
Il n'est pas exclu que d'autres constituants interviennent dans l'activité de la grande:
camomille: flavonoïdes (?) et acétate de chrysanthémyle dont on connaît les propriétés'
inhibitrices de la prostaglandine-synthétase.
On sait par ailleurs que le parthénolide inhibe la voie NFK'B. C'est aussi un inhi-
biteur de la tubuline carboxypeptidase, empêchant l'accumulation anormale de tubuline 1
détyrosinée à son extrémité C-terminale dans les cellules tumorales. Il pourrait de ce;
fait constituer un nouvel anticancéreux multifonctionnel Cl' accumulation de cette,
tubuline détyrosinée au cours de la croissance tumorale est reliée au mauvais pronostic;
des cancers).
convaincante que la grande camomille est plus efficace qu'un placebo pour prévenir la
survenue des crises migraineuses étaient insuffisants. Un essai plus récent (2005) a mis
cn évidence une efficacité modeste de l'extrait par le dioxyde de carbone (3 x 6,25 mg/j
len parthénolide]) chez des patients ayant eu en moyenne 4,8 crises migraineuses dans
le mois précédant leur inclusion dans l'essai 6: les patients recevant la grande camomille
ont eu 0,6 crise mensuelle en moins que ceux recevant le placebo.
6. Dans un essai antérieur, les auteurs de cet essai avaient constaté ['absence de différence
statistiquement significative d'effet entre le placebo et la grande camomille chez 147 patients
llIigraineux, que ce soit sur le critère de jugement principal (nombre de crises) ou sur les critères
secondaires (durée et intensité des crises). Seule une analyse du sous-groupe des 49 patients ayant la
plus grande fréquence de crises avait révélé un avantage à la grande camomille. D'autres essais -
IlIdépendants - sont souhaitables pour confirmer ces constatations.
768 TERPÉNOÏDES
molécules se lient aux protéines pour former des allergènes qui induisent la
sensibilisation des lymphocytes. C'est bien entendu la réactivité de l'a-méthylène-y. ,
lactone qui est enjeu. Les espèces maraîchères (artichaut, cardon [cynaropicrine],
endive [lactucopicrine]) et horticoles (chrysanthèmes [artéglasine], marguerites, asters,
cosmos, gaillardes, rudbeckias, etc.) ainsi d'ailleurs que le tournesol (niveusine) et
certaines espèces médicinales (camomille romaine [p. 396], matricaire [p. 615],
millefeuille [p. 399], grande camomille, arnica ou aunée [voir ci-dessus]) sont à ,
l'origine de divers cas de dermites papuleuses et de conjonctivites chez les
professionnels concernés: agriculteurs, horticulteurs ou fleuristes.
Les Asteraceae ne sont pas les seules espèces à lactones allergisantes. Des dermites
peuvent en effet être observées avec le laurier-sauce (costunolide et autres lactones), ,;
ainsi qu'avec des Jungermanniales (Hepaticophyta) appartenant au genre Frullania : ;
F. dilatata (L.) Dum., F. tamarisci (L.) Dum., et autres (frullanolide et autres lactones,
eudesmanolides et érémophilanolides).
On peut également observer des dermites de contact d'origine allergique avec des
articles de parfumerie à base d'Asteraceae (arnica, camomilles).
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Diterpènes
t
!
"
1. Introduction ..........................................................................................................................771
2. Principaux types stucturaux. Origine biogénétique ............................................................772
3. Intérêt des diterpènes ...........................................................................................................774
4. Toxicité des plantes à diterpènes .........................................................................................776
A. Esters du phorbol, de l'ingénol et composés apparentés ......................................776
B. Autres structures diterpéniques toxiques ..............................................................778
5. Plantes à diterpènes utilisées en thérapeutique ...................................................................779
A. Ifs ............................................................................................................................779
B. Grindélias ............................................................................................................... 785
C. Lamiaceae à diterpènes ..........................................................................................786
marrube ...................................................................................................786
ballote ......................................................................................................788
lierre terrestre .........................................................................................789
D. Gattilier .................................................................................................................790
6. Plante à diterpènes ayant un intérêt potentiel: herbe sucrée du Paraguay ........................792
7. Autres plantes à diterpènes ..................................................................................................793
Andrographis paniculata ...........................................................................................793
Salvia miltiorrhiza ......................................................................................................794
Salvia divinorum .........................................................................................................795
8. Bibliographie ........................................................................................................................796
1. INTRODUCTION
Composés acycliques
Ce ne sont pas les plus fréquents. Ils peuvent être linéaires comme le capsianoside j
':::::
OH O-Glc
capsianoside zoapatanol
Composés cyclisés
Il existe deux modes de cyclisation du GGPP précurseur:
• cyclisation induite par le départ du groupe diphosphate, formation d'un[
carbocation et alkylation d'une double liaison par celui-ci. Il s'agit le plus souvent de'
celle de l'isopropylidène terminal, ce qui conduit à la formation d'un macrocycle. Le
cation macrocyclique poly-insaturé est très réactif. Il peut être stabilisé (ex. : formation:
des cembranoïdes de l'exsudat gommeux des feuilles de tabac) ou, c'est fréquent,:,
conduire par substitution nucléophile intramoléculaire à une structure polycyclique:
taxane, tigliane, daphnane, ingénane;
• cyclisation acido-catalysée du GGPP similaire à celle qui intervient dans
l'élaboration des triterpènes mais sans époxydation préalable: il se forme un;
décahydronaphtalène substitué. Ce type de cyclisation conduit à deux sériesi
énantiomères, différant par les configurations opposées des carbones C-5, C-9 et C-IO.
La série est dite « normale» lorsque la fusion des cycles A et B est identique à celle de~
stéroïdes et « ent » (énantio) lorsque c'est l'antipode: ex. labdane et ent-Iabdane t
kaurane et ent-kaurane, etc. (en fait on omet habituellement le préfixe« normal »). t
Diterpènes bicycliques. L'orientation vers l'une ou l'autre série est gouvernée p "
la conformation du précurseur linéaire (GGPP) sur la surface de l'enzyme catalysant 1
IllTERPÈNES 773
O-pp
Cyclisation du géranyl-géranyl-PP :
formation des labdanes et des
ent-Iabdanes.
15
(série normale)
~
W"t
19 18
H
HO ~ ~
Formation des clérodanes HO
et exemples de structures O~dOH
caractéristiques des Teucrium o isoteuflidine teucrine G
774 TERPÉNOÏDES
énantiomériques sont connues, les substituants en C-8 et C-9 peuvent être dans une
relation cis ou trans et la fonctionnalisation peut être importante (cf germandrées).
Q-PP
15 16
17
acide abiétique
formation des pimaranes (abiétanes)
- les enchaînements tétracycliques sont pour leur part issus (formellement) de la;
cyclisation du cation ent-pimarényl. Le schéma ci-dessous illustre certaines de ces:
possibilités de cyclisation
~.ç±9
.j ~. ,,"eJ'mM'
ç(f
~
= -----
r ./
squelette des
gibberel/ines ent-kauranes ent-atisanes
'II ~
Il l'heure actuelle produit par l'industrie chimique ou pharmaceutique pour être utilisé à
lb fins thérapeutiques.
Plusieurs plantes renfermant des diterpènes font l'objet de formulations de phyto-
Ihérapie ou entrent - sous la forme de préparations galéniques simples - dans la
l'omposition de spécialités allopathiques. C'est le cas des grindélias et des Lamiaceae à
lllarrubiine qui seront évoqués ici bien que rien (ou presque) ne permette de postuler
IIlle responsabilité quelconque des diterpènes qu'ils renferment dans l'activité qui leur
l'si attribuée, et qui n'ajamais été évaluée par des essais cliniques bien conduits.
Plusieurs plantes à diterpènes sont utilisées en Asie dans différentes situations
pilthologiques : Salvia miltiorrhiza en cas d'affections cardiovasculaires (p. 794),
II/ldrographis paniculata en cas d'infection respiratoire (p. 793), Tripterygium wilfordii
1look. (Celastraceae) en cas d'arthrite rhumatoïde et d'autres affections 1.
Les diterpènes ne sont pas pour autant dépourvus de potentialités thérapeutiques ou
de propriétés pharmacologiques:
- propriétés antihypertensives de la forskoline du Plectranthus barbatus Andr. (=
('oleus forskohlii 2 Lamiaceae);
- propriétés anti-PAF des ginkgolides (cf. Ginkgo, p. 387);
- propriétés antitumorales de diterpènes tétracycliques dérivés de l' ent-kaurane
inhibiteurs du NF-KB (oridonine, ponicidine, lasiokaurine, eriocalyxine B, etc.) des
Isodon (I.I·odon [Benth.] Spach = Rabdosia Hassk., Lamiaceae). Certains lsodon ont été
utilisés en Chine par la médecine traditionnelle, aussi bien comme antitumoraux que
l'omme anti-inflammatoires (Isodon rubescens [Hemsl.] Hara et autres espèces);
a=<a OH
OH
prostratine rosmanol ballotinone
OH
oridonine grayanotoxine 1
#
O~uW
a " ,. 0"
KOaSO
Koaso;:Oa , 6H
C0 2 H
atractyloside salvinorine A
"--OAO
1
Plusieurs espèces végétales doivent leur toxicité à des esters diterpéniques cl,
structure complexe, de type tigliane, ingénane ou daphnane. Ces composés ont u
distribution restreinte à deux familles, les Thymel<eaceae et les Euphorbiaceae.
11iTERPÈNES 777
Les teneurs sont en général faibles et la composition est toujours très complexe: les
graines de croton renferment 25 esters du phorbol et du 4-désoxyphorbol (RI' R 2 =
nl'étate, tiglate, butyrate, octanoate, décanoate, dodécanoate, etc.). La même com-
plexité de composition est observée avec les dérivés des autres squelettes: mono-, di- et
Iricsters de l'ingénol; orthoesters d'acides gras et de daphnanes polyhydroxylés
(résiniféronol et dérivés: huratoxine et composés apparentés), etc.
HO HO HO
4. Une étude détaillée des plantes brièvement citées ici a été publiée dans un ouvrage spécifique:
IIruneton, J. (2005). Plantes toxiques -Végétaux dangereux pour l'Homme et les animaux, 3' éd., Tec & Doc,
Paris. Voir notamment: Euphorbiaceae, pp. 291-310; chardon à glu, lampourde et Callilepis; pp. 197-
203 ; Pinus ponderosa, pp.77-78; ifs, pp. 81-88. Pour des références plus récentes voir, par exemple:
10 - Koca, 1. et Koca, A.F. (2007). Poisoning by mad honey : a brief review, Food Chem. Toxicol., 45, 1315-
1:118; 2° - Zaim, N., Guemouri, L., Lamnaouer, D. et Benjouad, A. (2008). Étude de quatre cas d'intoxication
pllr Atractylis gummifera L. au Maroc, Thérapie, 63, 49-54; 3° - Merani, R., Sa-Ngiampompanit, T., Kerdraon,
Y. et al. (2007). Euphorbia lactea sap keratouveitis : case report and review of the literature, Cornea, 26, 749-
752; 4°_ Savvidou, S., Goulis, J., Giavazis, l, et al. (2007). Herb-induced hepatitis by Teucrium polium L. :
l'eport oftwo cases and review of the literature, Eur. J. Gastroenterol. Hepatol., 19,507-511.
5. Quelques auteurs rapportent que, dans les temps anciens, les mendiants avaient recours à ces
espèces végétales pour induire rougeurs et pustules propres à provoquer la pitié des passants. Les
IlItoxications par les Daphne, communes lorsque le garou était utilisé à des fins médicinales (révulsif,
illducteur d'abcès « de fixation »), sont devenues exceptionnelles.
778 TERPÉNOÏDES:
Des diterpènes toxiques sont présents dans 14 des 300 genres que compte la famille
des Euphorbiaceae : Aleurites 6, Croton 7, Excoecaria, Euphorbia, Hippomane (mance- '
nillier), Hura, Jatropha, Sapium, pour ne citer que les plus connus.
Les teneurs en composés toxiques sont habituellement très faibles (0,05-0,1 %) ..;
Tous sont irritants pour la peau et les muqueuses et leur toxicité par voie orale est;
importante chez les animaux, et aussi chez l'Homme. En France métropolitaine, ce sont'
surtout les euphorbes (spontanées ou ornementales) qui sont en cause. Elles sécrètent.
un latex irritant contenant des esters de l'ingénol et du 5-désoxyingénol agressifs au ~
niveau de la peau, mais aussi au niveau oculaire.
On connaît aussi, notamment en Asie mineure, des intoxications consécutives à,
l'ingestion de miels élaborés par des essaims ayant butiné des rhododendrons qui'
renferment de la grayanotoxine 1 (= acétylandromédol) responsable de l'hypotension et.
des altérations du rythme cadiaque qui caractérisent l'intoxication.
6. Aleurites spp. : espèces asiatiques dont les graines fournissent des huiles siccatives: huile de
Tung (ou Toung, dite de bois de Chine), huile d'abrasin (A.fordii Hems!., A. montana Lour.).
7. On utilisait autrefois l'huile de croton, Croton tiglium L. Ce toxique violent ne doit pas être'
confondu avec le croton d'appartement, Codiaeum variegatum (L.) Blume, var. pictum Muel!. Arg. Q
11iTERPÈNES 779
Les germandrées (T. chamaedrys et les espèces voisines) renferment des diterpènes
lactoniques de la série du neo-clérodane : teufline, teucrines A-G, teucvine, teuflidine,
isoteuflidine, etc. La responsabilité directe de la toxicité incombe au noyau furanique
qui caractérise ces diterpènes. Ces derniers provoquent la mort rapide et massive des
cellules par apoptose en augmentant le calcium intracellulaire et en stimulant diverses
enzymes calcium-dépendantes.
Des hépatopathies ont été observées par la suite avec d'autres espèces du genre:
'/'. polium, T. capitatum L., T. viscidum Blume.
C'est vraisemblablement à une confusion ou à une substitution par une germandrée
qu'ont été dus les cas d'hépatotoxicité liés à la scutellaire (Scutellaria lateriflora L.,
l ,amiaceae). Les parties aériennes séchées de cette espèce américaine 8 ont été utilisées
dans certains pays pour leurs propriétés sédatives et anticonvulsivantes. Elles sont
parfois maintenant proposées sous forme de teinture comme anxiolytique, en dépit
d'une évaluation clinique inexistante chez des patients anxieux.
Les ifs, dont la toxicité pour l 'Homme et les animaux domestiques est connue
depuis la plus haute Antiquité, fournissent aux cliniciens, directement ou indirectement,
deux molécules diterpéniques antitumorales au mécanisme d'action original, le
paclitaxel et le docétaxel.
La plante. Les huit espèces de ce genre unique de la famille des Taxaceae sont
toutes localisées dans l'hémisphère nord. Elles sont caractérisées par des feuilles en
lIiguilles aplaties et molles, subdistiques (disposées presque dans un plan), marquées à
la face inférieure par deux bandelettes stomatiques vert jaunâtre. Les fleurs mâles ont 6-
14 anthères en forme de bouclier et l'appareil femelle est réduit à un ovule entouré
d'écailles. L'ovule fécondé est entouré d'un arille rouge, charnu à maturité. Un examen
microscopique de la coupe de la feuille montre un épiderme à cellules fortement
cutinisées, ainsi que l'absence d'hypoderme et de canaux à résine.
8. Ne pas confondre cette scutellaire avec Scutellaria baicalensis Georgi dont les racines sont
oflïcinales en République Populaire de Chine où elles constituent, sous le nom de huangqin, l'une des
plantes les plus utilisées par la médecine traditionnelle, principalement comme anti-inflammatoire.
lilles sont également employées au Japon (wagon), souvent dans des mélanges. Elles renferment, en
quantité très variable, plus de trente flavonoïdes dont beaucoup sont non substitués sur le noyau B ou
substitués en C-2' ou C-2', C- 6'. Le composé majoritaire (12-17 %) est une flavone, la baicaline, dérivé
(i-glucuronylé en 7 de la baicaléine (= 5,6,7-trihydroxyflavone). Baicalin, baicaléine et wogonine sont
(-gaiement présentes dans les préparations à base de Scutellaria lateriflora, en quantité très variable
selon les lots. Sur S.lateriflora, voir entre autres: Awad, R., Arnason, J.T., Trudeau, V. et al. (2003).
l'hyloehemical and biologie al analysis of skullcap (Scutellaria lateriflora L.) : a medicinal plant with
IIllxiolytic properties, Phytomedicine, 10, 640-649.
Taxus baccata L.
1)ITERPÈNES 781
L'espèce européenne est l'if à baies, T. baccata L., un grand arbre dioïque à crois-
sance lente et à longévité exceptionnelle. Hors d'Europe, on rencontre surtout
r. brevifolia Nutt. et T. canadensis Marshall en Amérique du Nord et, en Asie, l'if du
.lapon, T. cuspidata Siebold & Zucc. ou l'if de l'Himalaya, T. wallichiana Zucc. Très
proches les unes des autres, difficiles à distinguer, ces espèces peuvent parfois
1 s'hybrider. C'est le cas de T. baccata et de T. cuspidata qui conduisent au T. x media
Rehder dont les nombreux cultivars ('hicksii', 'densiformis', 'fastigiata', etc.) sont
recherchés pour leur valeur ornementale.
L'if à baies, autrefois abondant, a été très largement exploité pour fabriquer des arcs
- la qualité de ceux-ci expliquerait en partie la supériorité anglaise à Crécy en 1346 et
Azincourt en 1415 - puis, en ébénisterie et marqueterie, pour les qualités remarquables
de son bois (dureté, homogénéité, grain, etc.). Poussant aussi bien à l'ombre qu'au
soleil, s'accommodant de la plupart des sols, supportant les grands froids aussi bien que
la taille, il est fréquemment planté dans les parcs et jardins à des fins ornementales.
~+
~ /;
opp
GGPP
-
~
verticillène
20
taxa-4(5),11(12)-diène
CH HO 6 0'"
taxaI 65y~
00
o~
taxine8 10-désacétylbaccatine 11/
782 TERPÉNOÏDES
Les constituants les plus intéressants sont des diterpènes tricycliques à noyau
taxane : taxol, taxusine, taxagufine, baccatine III et dérivés, taxine (c'est un mélange
complexe de taxines A et B et de leurs dérivés), céphalomannine, taxicines et dérivés,
etc. Certains, comme les baccatines, sont strictement diterpéniques, d'autres sont des
amides comme le taxol - un ester de la désacétylbaccatine III et de la N-benzoyl-
phénylisosérine - ou comme les taxines qui sont des esters de l'acide 3-diméthylamino-
3-phénylpropionique. Du fait de la présence d'azote dans leur molécule, les amides
diterpéniques sont parfois considérés comme des pseudo-alcaloïdes.
Biogénétiquement, les taxoïdes sont issus de la cyclisation, enzymo-catalysée par
une cyclase, du GGPP (issu de la voie du 2-C-méthyl-D-érythritol phosphate) en
verticillène bicyclique puis en taxa-4(5),11(12)-diène. Celui-ci est ensuite diversement
fonctionnalisé : oxygénation multiple (cytochrome P450), transfert d'acyl, oxydation,
formation de l'oxétane, puis élabotaion de la« chaîne latérale ».
Les travaux des organiciens ont aussi conduit à l'élaboration, à partir de la même
10-désacétylbaccatine III, d'esters dans lesquels la N-benzoyl-phénylisosérine est
remplacée par un analogue structural. L'un de ces analogues, le N-débenzoyl-N-tert-:.
butoxycarbonyl-lO-désacétyltaxol (= docétaxel [DCI]), a été commercialisé en Franc~1
en 1996 sous le nom de Taxotère ®. >
En dépit des connaissances accumulées dans le champ des relations structureil
activité et dans celui des modalités de fixation des taxoïdes sur la tubuline, le docétaxe~
reste, en 2008, le seul analogue du paclitaxel commercialisé. D'autres - développés Pat\j
Sanofi-Aventis, Bayer, Bristol-Myers-Squibb, etc. - sont en essai clinique de phase II,'
t
9, Isolé par Wall et Wani sous le nom de taxoI. Mais la firme Bristol Myers a déposé le nom d
sa spécialité sous le même nom de Taxol ®, ce qui rend ambiguë cette dénomination et conduit à lu
préférer celle de paclitaxel (au moins dans le domaine de la thérapeutique).
DITERPÈNES 783
Autres voies d'accès au taxol et à ses dérivés. Deux synthèses totales du taxol ont
été publiées dès 1993. Elles demeurent, à ce jour et comme celles qui ont été
développées depuis, totalement académiques. Les efforts déployés dans le domaine de
la culture de tissus ont conduit à de nombreuses publications et à l'obtention de
rendements significatifs. Il semble qu'une production de taxol par cette voie soit
réalisée en Allemagne la. On a par ailleurs découvert des champignons endophytes des
ifs (Taxomyces andreanae, Pestalotiopsis microspora) capables d'élaborer des taxanes
en faible quantité (60-70 fA g/l dans le meilleur des cas).
docétaxel
10. D'après Kingston (2007) qui cite: Leistner, E. (2005). Arzneimittel aus der natur. Die Biologie
der taxan, Pharm. Unserer Zeit., 34, 98-103. Confirmé par d'autres sources (non publiées).
Il. Des substances possédant un mécanisme d'action du même type ont été isolées en 1996 d'une
myxobactérie : Sorangium cellulosum. Ces produits, les épothilones A et B, sont des macrolides. Par la
suite, d'autres substances d'origine naturelle appartenant à cette classe des « stabilisants des
microtubules » ont été isolées de bactéries (cyclostreptine) et, surtout, d'organismes marins: éponges
(discodermolide, dictyostatine, laulimalide, peloruside A, cératamines) et coraux (éleuthérobine,
sarcodictyines). Les épothilones et leurs analogues pour lesquels plusieurs voies de synthèse ont été
développées font actuellement l'objet d'essais cliniques de phase II (désoxyépothilone B,
IIminoépothilone B, desméthyl-méthylsulfanylépothilone B) et, pour deux d'entre eux, de phase III :
épothilone B (patupilone) et ixabépilone (analogue lactamique de l'épothilone B). L'ixabépilone
(lxempra ®), associée à la capecitabine, a été approuvée en 2007 par la FDA pour le traitement des
cancers du sein résistants aux taxoïdes et à l'anthracycline.
Voir, entre autres: 1° - Altmann, K.-H. et Gertsch, J. (2007). Anticancer drugs from nature - Natural
products as a unique source of new microtubule-stabilizing agents, Nat. Prad. Rep., 24, 327-357; 2° -
l ,cchleider, RJ., Kaminskas, E., Jiang, X. et al. (2008). Ixabepilone in combination with capecitabine and as
lllonotherapy for treatment of advanced breast cancer refractory ta previaus chematherapies, Clin. Cancer
Iles., 14,4378-4384; 3° - Vahdat, L. (2008). Ixabepilone : a novel antineoplastic agent with low susceptibility
10 multiple tumar resistance mechanisms, Oncalogist., 13, 214-221.
784 TERPÉNOÏDES
une maladie avancée ou résiduelle après laparotomie initiale, en association avec le '
cisplatine; traitement de deuxième intention du cancer de l'ovaire chez les patientes
présentant un carcinome métastatique de l'ovaire après échec du traitement classique à ,
base de sels de platine.
Par la suite, d'autres indications lui ont été reconnues 12 :
- traitement des carcinomes métastatiques du sein pour les patientes en échec, ou "
non candidates, au traitement classique à base d'anthracycline;
- traitement, en association avec le cisplatine du cancer bronchique non à petites:,
cellules chez les patients qui ne sont pas candidats à une chirurgie potentiellement "
curative et/ou une radiothérapie;
- traitement des patients en stade avancé du sarcome de Kaposi lié au SIDA et après
échec d'un traitement antérieur par des anthracyclines liposomales.
La toxicité du paclitaxel est importante: aplasie médullaire (anémie, neutropénie
sévères), infections, neuropathie périphérique (paresthésie), myalgies, arthralgies,
hypotension, alopécie, nausées, vomissements; il s'y ajoute celle du solvant l3 , une huile'
de ricin hydrogénée polyoxyéthylénée.
Pour la posologie et les protocoles de traitement, se reporter aux ouvrages spécialisés.:
12. Sur l'évaluation clinique de ces molécules et des différents protocoles, se reporter aux mét '
, , analyses publiées. Voir en particulier la série d'articles parus depuis 1995 dans la Revue Prescrir'
(rubriques rayon et dossiers principalement). Voir aussi les avis de la HAS.
13. Pour éviter le recours au solvant (huile de ricin polyoxyéthylénée ou polysorbate 80);
différentes stratégies pharmacotechniques font l'objet d'études: nanoparticules, liposome
émulsions, etc. On a aussi mis au point aussi des combinaisons (docosahexaénoate, polyglutamates),
1)ITERPÈNES 785
L'if: une plante toxique 4, p. 777. La toxicité de l'if a été exploitée aussi bien à des
fins guerrières (poison de flèches) que pour commettre des meurtres voire, plus
rarement, au cours de tentatives de suicide. À l'heure actuelle, les centres antipoisons
enregistrent surtout des appels liés à l'ingestion des pseudo-fruits par les jeunes enfants.
Très fréquemment, la graine (qui contient les principes toxiques) est ingérée non
mâchée ou recrachée - son contenu est amer -, ce qui explique la rareté des cas
graves. L'intoxication par les feuilles, annoncée par des signes digestifs (nausées,
vomissements, douleurs abdominales) et neurologiques (somnolence, léthargie), est
earactérisée par de l'hypotension et des troubles du rythme cardiaque: bradycardie et
arythmie ventriculaire généralement fatale en l'absence d'une intervention immédiate en
service spécialisé. Il n'existe pas de traitement spécifique.
OH
La plante. Les grindélias officinaux sont des plantes herbacées califomiennes qui
possèdent des feuilles semi-amplexicaules, rigides, dentées, vernissées et présentant, à
la face inférieure, un réseau caractéristique formé par les nervures secondaires. Les
786 TERPÉNOÏDES
inflorescences sont des capitules hétérogames de couleur jaune orangé, entourés d'un
involucre de bractées imbriquées, coriaces et armées de pointes recourbées, vernissées
et parsemées de petites lentilles de résine marron. Un examen microscopique met en
évidence des poils sécréteurs massifs et globuleux, des poils tecteurs pluricellulaires,
des éléments rigides à bords munis de dents aiguës, des grains de pollen échinulés.
L'essai comprend une CCM des flavonoïdes (révélation en lumière ultraviolette) et des
diterpènes (révélation par la vanilline sulfurique) ainsi que l'évaluation des matières
insolubles dans l'hexane dont la teneur est au minimum de 6 %.
C. Lamiaceae à diterpènes
L'activité de ces Lamiaceae peu utilisées n'est pas démontrée. Rien ne relie
formellement les activités supposées à la présence de ce type de molécules .
Le marrube blanc est constitué par les parties aériennes fleuries séchées, entières
ou fragmentées, de M. vulgare. Elles contiennent au minimum 0,7 % de marrubiine
(Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1835]).
DITERPÈNES 787
La plante. Le marrube est une plante vivace dont les tiges quadrangulaires,
recouvertes d'un abondant duvet blanchâtre quand elles sont jeunes, portent des feuilles
pétiolées (3 cm) à bords crénelés ou dentés. Le limbe (l ,5-4 cm x 1-3,5 cm), à nervation
pennée et saillante à la face inférieure, est recouvert de poils blancs, fins et d'aspect
laineux, surtout sur la face inférieure. Les fleurs, groupées en amas axillaires serrés, ont
un calice persistant à (5 + 5) épines recourbées terminées en crochet. La corolle à 4
lobes est blanc terne.
La poudre de marrube, examinée au microscope (hydrate de chloral), présente de
très nombreux poils tecteurs, tordus ou vrillés, de 100 à 200 !lm de long, 1- ou 2-6-
cellulaire(s), unisériés, à jonction renflée, et des poils en bouquet soit à 15-20 branches
sur un pied court, soit sessiles et à branches moins nombreuses. On note aussi la
présence de poils sécréteurs de plusieurs types, ceux de l'intérieur du calice atteignant
1 mm de long.
L'identité du marrube est confirmée par CCM après extraction méthanolique. Après
extraction par le méthanol chlorhydrique, la bande correspondant à la marrubiine est
plus intense (transformation de la pré-marrubiine).
La marrubiine est dosée par chromatographie liquide après extraction par le
méthanol en milieu chlorhydrique (on dose donc la marrubiine et son précurseur).
La ballote noire est constituée par les sommités fleuries séchées de B. nigra. Elle
renferme au minimum 1,5 % de dérivés de l'acide ortho-dihydroxycinnamique totaux,
exprimés en actéoside (Ph. eur., 6" éd., [01/2008:1858]).
La plante. La ballote noire, parfois dénommée marrube noir, est une plante herbacée
très commune dans les décombres et les lieux incultes. Elle est particulièrement
polymorphe: la Flora Europea recense six sous-espèces en Europe dont deux sont.
fréquentes dans nos régions: subsp. nigra et subsp.fœtida (Lam.) Hayek. Les tiges
quadrangulaires striées longitudinalement portent des feuilles vert-gris, fortement
duveteuses sur les deux faces, à limbe ovale, irrégulièrement crénelé sur les bords. Les
fleurs, à calice fortement pubescent et à 10 nervures saillantes, ont une corolle pourpre à •
lèvre supérieure pubescente sur sa face externe et à lèvre inférieure trilobée à lobe
médian échancré.
La poudre de ballote, vert-gris, est floconneuse. Examinée au microscope (hydrate
de chloral), elle présente, outre des fragments d'épiderme foliaire à cellules à parois
sinueuses, un grand nombre de longs poils tecteurs à 4 cellules ou plus, à jonctions
épaissies et renflées et à parois ponctuées et des poils secréteurs moins nombreux et de
deux types (tête uni-, bi-, ou pluricellulaire).
Les esters phénylpropaniques sont mis en évidence par la CCM d'un extrait métha...
nolique et dosés par spectrophotométrie après extraction éthanolique (nitrite de
sodiumlHCl puis molybdate de sodiumlNaOH) .
."
" Composition chimique. Les sommités fleuries de ballote renferment jusqu'à 5,5 %
"1
d'esters de l'acide caféique : acide caféoyl-malique et glycosides phénylpropanoï.
diques (verbascoside [= actéoside], forsythoside B, arenarioside, ballotétrusild
alyssonoside, angoroside A, lavandulifolioside), des flavonoïdes (lactate et
."
"
lactate du lutéolol, vicénine-2, tangérétine) et des dérivés labdaniques furaniques :
composé majoritaire d'échantillons commerciaux est le 13-hydroxyballonigrolide
D'autres analyses ont mis en évidence, dans des échantillons d'origines diverses •
balloténol, 7 -oxo-marrubiine (ballotinone), 7 a-acétoxymarrubiine ainsi qu'
structure préfuranique, la préléosibirine.
DITERPÈNES 789
Le lierre terrestre est constitué par les parties aériennes séchées de G. hederacea
(Ph. fse, 10' éd.).
Cette plante est placée dans ce chapitre dans la mesure où elle est réputée contenir
de la marrubbine. En renferme-t-elle? C'est ce que laisse supposer l'essai prescrit par la
Pharmacopée (CCM).
La plante. Le lierre terrestre est une petite plante vivace stolonifère, fréquente dans
les sous-bois et au bord des haies. Les feuilles sont cordiformes, crénelées sur les bords
et velues à la face inférieure. Les fleurs ont une corolle bleu-violet. La coupe de la
feuille présente des poils tecteurs lisses, certains à l'allure de petites épines, et de
nombreux poils sécréteurs parfois enfoncés dans des cryptes.
Le fruit de gattilier est le fruit entier, mûr, séché de V. agnus castus L. Il COJlltH!nti
au minimum 0,08% de casticine (Ph. eur., 6 c éd., [0112008:2147], corr. 6.2).
Composition chimique. Les fruits du gattilier renferment une huile à acides gras
insaturés, des flavonols polyméthoxylés lipophiles (casticine, eupatorine, pendulétine)
des C-flavonoïdes (orientine, vitexine) et des iridoïdes (agnuside, aucuboside). Ils
renferment aussi de nombreux composés terpéniques : monoterpènes et sesquiterpènes
(huile essentielle, spathulénol); diterpènes labdaniques (vitetrifolines, rotundifurane,
vitexilactone) et dérivés du clérodane (incomplètement caractérisés); triterpènes
(viticostérone E, un ecdystéroïde). La sommité fleurie renferme des iridoïdes
(aucuboside, agnuside, agnucastosides et autres dérivés de l'acide mussaenosidique), de
l'huile essentielle et des flavonoïdes.
correspondant à 30 à 40 mg/j de fruit par jour. On peut parfois observer des réactions ~
cutanées. Un gonflement des seins et des troubles de la menstruation nécessitent la:
consultation d'un médecin.
Cette herbe vivace à feuilles oblongues et crénelées et à saveur sucrée est originaire,~
des zones d'altitude du Brésil et du Paraguay; elle a été introduite et est cultivée dans dé::
nombreuses régions du globe, en particulier en Asie (Japon, Corée, Taïwan). {,
Les feuilles renferment une série d'hétérosides formés à partir d'un acide ent-;
kaurénoïque hydroxylé : le stéviol (stévioside, rébaudiosides A-F, dulcoside A). CeSè
hétérosides, à la fois glycosides (bio- ou triosides) et esters de glucose, différent entre'
eux par la nature et l'enchaînement des sucres. Le stévioside peut représenter plus d '
10 % de la masse de la feuille sèche. On peut l'extraire par l'eau, le réextraire par 1 .
butanol et, généralement, le purifier par filtration sur charbon et cristallisation. Le~
proportions respectives des différents hétérosides sont variables. Le stévioside et 1.•
rébaudioside possèdent un pouvoir sucrant environ 200-250 fois plus élevé que celui d '.
saccharose et peuvent donc constituer des édulcorants.
Couramment utilisé au Japon, le stévioside est également commercialisé au BrésiL'
en Corée, etc. Aux États-Unis d'Amérique, feuille et extraits peuvent être vendu'
depuis 1995, mais uniquement comme supplément alimentaire. Le stévioside n'est pa
'l autorisé dans l'Union européenne.
Le stévioside est dépourvu de toxicité aiguë et à court terme, mais le question':
nement sur son innocuité alimente depuis plusieurs années le débat des spécialistes
.,~
Ainsi, les experts du SCF européen (Scientific Committee on Food) estimaient, en 1999
que les données disponibles étaient insuffisantes pour émettre un avis favorable sur c
édulcorant (carcinogénicité, effet sur la fertilité, tératogénicité) [http://ec.europa.e
food/fs/sc/scf/out34_en.html]. Par la suite, d'autres auteurs se sont montrés plus partagé
sur l'interprétation des données.
En 2008, le JECFA (Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives) q
avait demandé des études complémentaires, fixait une DJA (dose journalière admissibl
pour le stévioside à 0-4 mg/kg (http://www.fao.orglaglagnlagns/lfiles/jecfa69_final.pdf). Dans
même temps, on a vu paraître plusieurs publications témoignant du développement,
1llTERPÈNES 793
L'andrographis est constitué par les parties aériennes séchées d'A. paniculata
(pharmacopée de la République Populaire de Chine, 1997).
Composition chimique. Les différents organes de cette plante renferment des acides
phénols, des xanthones et, surtout, des flavonoïdes et des diterpènes. Les flavonoïdes
sont notamment représentés par des flavones oxygénées en C-2', souvent méthoxylées
cn C-8 (et polyméthoxylées) : wogonine et dérivés, skullcapflavone et dérivés. Les
ditcrpènes - une vingtaine ont été identifiés - ont un squelette ent-labdane, certains
élant sous une forme hétérosidique : andrographolide, andrographoside, andro-
grapanine, néoandro-grapholide, isoandrographolide, 14-désoxy-l1 ,12-didéhydro-
IIlldrographolide, acide andrographique, andrographisine, etc.
14. Pour l'infonnation du lecteur, la plupart de ces publications sont co-signées par des employés de
('oca Cola et de Cargill Inc., co-promoteurs du rébaudioside. (Mais, dans ce domaine aussi, il faudrait
pouvoir examiner les conflits d'intérêts potentiels de tous les auteurs et experts ... ). Truvia® et Pure-Via®
(~ base de rébaudioside) ont été commercialisés respectivement par Coca-Cola et Pepsi dans le cadre
de la réglementation nord-américaine en vigueur en 2008, dans l'attente de l'évolution de celle-ci.
794 TERPÉNOÏDES
Emplois. Pour l'OMS (2002), l'emploi des parties aériennes dans la prophylaxie et
le traitement symptomatologique du rhume, de la sinusite, de la pharyngite, des'
infections urinaires basses et de la diarrhée aiguë repose sur des données cliniques.
fait, pour ces deux dernières indications, l'assertion de la monographie de l'OMS ne·
repose que sur des essais isolés, non confirmés. Si cette plante est largement proposée
via l'internet (capsules, comprimés), c'est sous la forme de produits au statut le
souvent incertain qui n'apportent aucune garantie au consommateur (y compris
préparations très concentrées en andrographolide, dont on ignore tout des pOltentlaJ.ltéi9!.
toxiques à court et long terme) .
Les racines de cette plante herbacée aux fleurs pourpres ou violacées groupées
épis constituent un remède traditionnel des médecines orientales. Inscrites à
Pharmacopée de la République populaire de Chine, elles y sont réputées
bactéricides, stimulantes circulatoires (stase, œdème) et utilisées depuis une
d'années dans le traitement de certaines maladies cardiaques.
Il (:~
.
..., '"
,"",.,"'
'l,
Composition chimique. La composition des racines est bien connue, au moins en
If',_
qui concerne les pigments lipophiles qui confèrent aux parties souterraines
coloration brun rouge. Ceux-ci sont des quinones diterpéniques à squelette abiétane :
quinones (tanshinones 1 et II-A,B, V, VI et dérivés [tanshinols, tanshindiols],
tanshinone, przewaquinones, miltirone, miltionones, etc.) et para-quino
(isotanshinones, danshenxinkun A-C) sont accompagnées de dérivés lactoniques.
Des dérivés phénoliques hydrophiles ont également été isolés, dimères
oligomères de l'acide caféique : acide rosmarinique, acides lithospermiques A et
acides salvianoliques (A-K) , dérivé benzofuranique aldéhydique (salvinal), etc.
IliTERPÈNES 795
Cette sauge, parfois dénommée « menthe magique », est une espèce pérenne origi-
naire de la province mexicaine d'Oaxaca (Mexique). Ses feuilles étaient tradition-
nellement utilisées par les guérisseurs mazatèques pour le traitement de diverses
ullections organiques et mentales et pour induire, grâce à leurs propriétés
hullucinogènes, des expériences de divination.
maximum au bout d'une à deux minutes. Les effets se dissipent généralement après 20
à 40 minutes.
La prise du produit entraîne à doses fortes des effets psychédéliques - ce qui est
rare pour une molécule non azotée (cf. p. 1119) -, puis des effets déstabilisants : dis-
torsion spatio-temporelle angoissante, perte d'identité, anesthésie; une perte de
connaissance peut survenir. La salvinorine A, inactive sur les récepteurs habituellement
sollicités par les hallucinogènes, est un agoniste sélectif des récepteurs opioïdes kappa
connus pour être impliqués dans l'analgésie et certains troubles psychodysleptiques.
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triterpènes
et stéroïdes
Généralités
l,cs triterpènes - plus de 4 000 composés construits sur plus de 40 squelettes différents
connus à la fin du XXc siècle - sont des composés en C 30 issus de la cyclisation du 3S-
2,3-époxydo-2,3-dihydro-squalène ou, plus rarement, du squalène lui-même. Presque
toujours hydroxylés en C-3 (du fait de l'ouverture de l'époxyde), les triterpènes
présentent une très forte unité structurale: les différences majeures sont d'ordre
configurationnel et liées à la conformation adoptée par l'époxysqualène (ou le
squalène) avant la cyclisation; le cation issu de cette cyclisation peut ensuite subir une
série de déplacements 1,2 de protons et de méthyles rationalisant l'existence des
dilférents squelettes tétra- et pentacycliques qui caractérisent ce groupe.
L'unité structurale est également fortement marquée chez les stéroïdes: des
composés aussi différents quant à leurs propriétés que les phytostérols, les saponosides,
les ecdystéroïdes, les glycosides cardiotoniques ou les alcamines stéroïdiques ont tous
le même squelette de base.
30
24
27
21
23
22
26
24 23
29 28
triterpène tétracyclique * stéroïde * triterpène penta cyclique
• des carbones surnuméraires en 24 sont numérotés 24' et 24'
800 TERPÉNOÏDES
• intérêt des phytosérols pour préparer des margarines et autre produits alimentaires .
pouvant participer à la baisse de la cholestérolémie;
Si les stéroïdes des animaux, des champignons, des algues et des végétaux
supérieurs sont issus d'un processus commun qui conduit, via le mévalonate, de
l'acétate à l'époxysqualène, un examen plus attentif montre qu'ensuite les voies
hiosynthétiques divergent sensiblement. Le premier stérol synthétisé par les animaux et
les champignons est le lanostérol; celui-ci est ensuite transformé en cholestérol chez la
plupart des animaux et en ergostérol chez les champignons. Dans le cas des eucaryotes
capables de photosynthèse (Algues, Bryophyta, Pteridophyta, Gymnospermae,
!\ngiospermae), tous les stérols (phytostérols, cardénolides, spirostanes, solanidanes)
sont issus de la déméthylation progressive du cycloarténol et de l'ouverture de son
cycle 9~-19-cyclopropanique. Ces organismes végétaux ont en outre la possibilité de
cycliser l'époxysqualène dans une conformation qui conduira spécifiquement aussi bien
!lUX triterpènes tétracycliques libres des laticifères des Euphorbiaceae qu'aux
saponosides à génine tri terpénique pentacyclique ou aux triterpènes modifiés des
Rutales (quassinoïdes, méliacines, limonoïdes).
Cyclisation initiale
L'ouverture de l'époxyde initie la cyclisation. Pour que celle-ci puisse avoir lieu,
l'enzyme de cyclisation doit stabiliser la conformation du polyisoprène de telle sorte
que les impératifs stéréoélectroniques de la cyclisation soient respectés. C'est de la
conformation initiale de l'époxysqualène sur la surface de l'enzyme que dépend
l'orientation de la biosynthèse vers les stéroïdes et les cucurbitacines d'une part et les
1ri terpènes stricto sensu d'autre part :
HO
2,3·époxydo-2,3-dihydrosqualène
h
802 TERPÉNOÏDES
migrations sont rendues possibles par la disposition trans-antiparallèle des protons et '
méthyles en C-17, C-13, C-14 et C-8);
3. Un cas un peu particulier est constitué par les triterpènes dépourvus d'hydroxyle "
en 3. Ils sont habituellement issus de la cyclisation directe du squalène : hopanes "
(caractéristiques des sédiments naturels), femanes (la conformation du précurseur est de
type chaise-chaise-chaise-chaise-bateau);
o
shionone c,.9(l1i-fernène boehmerol
o
malabaricol ex -polypodatétraène
Devenir du squalène :
origine des triterpènes
et des stéroïdes
2,3-époxydosqualène
HO
R
fi
III III
protostanes ~R dammaranes
~
H
R ~R
euphol, tirucallol
triterpènes modifiés
cucurbitanes cycloartanes
stéroïdes triterpènes pentacycliques
l
Citrullus colocynthis Arn.
TRITERPÈNES ET STÉROÏDES: GÉNÉRALITÉS 805
Comme cela a été dit ci-dessus, les animaux et les champignons élaborent du
lanostérol - le réarrangement se termine par l'expulsion du proton en C-9 - alors que
les végétaux élaborent le cyc1oarténol : le réarrangement se termine par la formation du
cyclopropane, la réaction étant vraisemblablement enzymo-catalysée.
Le passage d'un squelette en C30 à un squelette en C 27 ou moins, c'est-à-dire aux
stéroïdes, implique au minimum une déméthylation progressive en C-4 et en C-14; on
note également une rupture du cyc1opropane et un déplacement de la double liaison
engendrée par cette rupture. Les deux méthyles en C-4 sont perdus par une suite
d'oxydations (CH 3 -> CH 20H -> CHO -> C0 2H) terminée par une décarbo-
xylation. Une oxydation préalable de l'hydroxyle en C-3 conduit à un a-cétoacide, ce
qui facilite la décarboxylation finale. Le méthyle en C-14 est éliminé après oxydation
sous forme d'acide formique.
etc.
Principe de l'élimination des méthyles en 4
Si, chez les animaux, la chaîne latérale reste intacte (cholestane) ou est tronquée
(cholanes en C 24 , prégnanes en C 21 ) voire même éliminée (androstanes en C r9 ,
œstranes en C 18 ), chez les végétaux elle peut être fonctionnalisée et cyclisée
(spirocétals, alcamines, ecdystéroïdes), raccourcie (prégnanes) et fonctionnalisée
(cardénolides, conanines) ou - c'est fréquent - posséder un ou deux carbones
supplémentaires sous la forme d'un groupe méthyle (ou méthylène) ou éthyle (ou
éthylidène) fixé en C-24. Cette caractéristique des phytostérols en C 28 ou C 29 des
végétaux supérieurs se retrouve également chez les algues (fucostérol), chez les
champignons (ergostérol) et chez les organismes marins.
H3CCS~
H3CCs~ H
\~\
+
\ti\~ la
~ ~
"" +
\ \ \ \
Exemples de modifications de la chaÎne latérale en 17 des phytostérols
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TRITERPÈNES ET STÉROÏDES: GÉNÉRALITÉS 807
HO
/
HO
~-amyrine
(poursuite
OLEANANES
réarran ent
(2 migrations 1,2)
o
friedeline taraxastérol a-amyrine
FRIEDELANES TARAXASTANES URSANES
(3 migrations 1,2)
HO
multiflorénol
TERPÉNOÏDES
808
solanidane
/ prégnane
1. Introduction ......................................................................................................................... 81 0
2. Structure des saponosides ................................................................................................... 810
A. Structure des génines ...........................................................................................811
B. Structure des hétérosides ......................................................................................814
3. Extraction, caractérisation, dosage .....................................................................................815
4. Propriétés biologiques et pharmacologiques ..................................................................... 819
5. Matières premières pour l'hémisynthèse des stéroïdes .....................................................822
A. Sapogénines .......................................................................................................... 823
B. Autres matières premières .................................................................................... 825
C. Conversion des matières premières en stéroïdes d'intérêt thérapeutique ........... 827
6. Principales plantes à saponosides ......................................................................................829
A. Plantes à saponosides principalement anti-inflammatoires ................................ 829
réglisse ................................................................................................... 829
marronnier d'Inde .................................................................................834
B. Plantes à saponosides utilisables en phlébologie et proctologie ......................... 837
fragon ..................................................................................................... 837
ficaire ..................................................................................................... 840
C. Plantes à saponosides utilisables dans le traitement de la toux ..........................841
polygala .................................................................................................841
lierre ....................................................................................................... 842
primevère ............................................................................................... 844
D. Plantes à saponosides utilisables en dermatologie ..............................................846
hydrocotyle ...........................................................................................846
souci ....................................................................................................... 848
E. Plantes à saponosides « adaptogènes » ................................................................850
ginseng ...................................................................................................850
éleuthérocoque ......................................................................................855
810 TERPÉNOÏDES
1. INTRODUCTION
Les saponosides constituent un vaste groupe d'hétérosides très fréquents chez les
végétaux. Ils sont caractérisés par leurs propriétés tensio-actives: ils se dissolvent dans
l'eau en formant des solutions moussantes. C'est d'ailleurs sur leur tensio-activité
qu'est fondée l'utilisation multiséculaire de certaines plantes qui en renferment: la
saponaire (Saponaria officinalis L.) qui tire son nom du latin sapo, saponis (le savon) a,
pendant longtemps, constitué dans nos régions un détergent ménager d'usage courant
tout comme l'ont été, sous les tropiques, les fruits de divers « savons indiens » (sapo +
lndia ->Sapindus) : S. saponaria L., S. marginatus Willd. La plupart des saponosides
possèdent des propriétés hémolytiques et sont toxiques à l'égard des animaux à sang
froid, principalement les poissons. Ces propriétés n'étant pas communes à tous les'
saponosides, elles ne peuvent pas être prises en compte dans une définition de ces
composés: il est préférable d'en donner une description structurale, à défaut d'une'
définition chimique simple et non ambiguë 1•
Les saponosides retiennent l'attention aussi bien pour leur exploitation industrielle
- certains sont des matières premières destinées à l 'hémisynthèse de molécules'
médicamenteuses stéroïdiques - que pour leurs propriétés pharmacologiques.
Plusieurs plantes à saponosides sont utilisées par l'industrie pharmaceutique pour
l'obtention de formes galéniques, d'autres ont des applications en phytothérapie.'
L'industrie des cosmétiques exploite notamment leurs propriétés détergentes.
1. Outre le problème posé par la place à accorder aux « alcaloïdes » stéroïdiques, dire - sans
de précisions et comme le font un peu rapidement certains - que les saponosides sont des hèt,éro:SlCl~18.
à génine triterpénique ou stéroïdique reviendrait à considérer la plupart des stéroïdes végétaux
des saponosides ... (ce qui n'est pas le cas, ex. : cardénolides).
SAPONOSIDES 811
.génines stéroïdiques
\ ~""H
l " (:n:;
26 H
néosapogénine: 25 S·spirostane
spirostane
Squelettes et configurations
des génines stéroïdiques des
(
F 0
'oro"" (:n:;
""~""'" "< ",
fi
saponosides isosapogénine : 25 R-spirostane
!
l
812
~"'"
HO tigogénine HO smilagénine
fi H
125 R, H-5 al 125 R, H-5 ~1
HO sarsasapogénine HO yamogénine
H
1 25 S, H-5 ~1 [ 25 S, ,é\-5,6 1
H H
~""" ~"""
HO"".
HO
agigénine digitogénine
OH
• génines triterpéniques
HO
HO
acide bétulinique
exemples de génines
R=H : protopanaxadiol
triterpéniques
abrusogénine R =OH : protopanaxatriol
814 TERPÉNOÏDES
Les oses constitutifs des saponosides sont banals: D-glucose (Glc), D-galactose'
(Gal), L-arabinose (Ara), L-rhamnose (Rha), D-xylose (Xyl), D-fucose (Fuc) et,
26~
\ o~
~·D·Glc H
sarsaparilloside
H
bidesmoside de sarsasapogénine
(furostanol)
~·D·Glc
Exemples de structures
de saponosides
",
:\
li
acide primulique A •
J monodesmoside de la protoprimulagénine A
,~
(oléanane)
• D'après Hoslellmann et Marston (1995), op. cit.
mimonoside A
SAPONOSIDES 815
moins chez les saponosides triterpéniques, acide D-glucuronique (GlcA). Les amino-
sucres sont exceptionnels.
L'hétéroside peut ne comporter qu'un ose et une génine, mais cela n'est pas le cas le
plus fréquent. Généralement, la partie sucrée de l'hétéroside est constituée par un ou
deux oligosides, linéaires ou ramifiés (ou par un ose et un oligoside). La molécule peut
compter jusqu'à Il oses (3 à SIe plus souvent). Les oses et oligosides peuvent être liés à
la génine par une liaison de type éther ou par une liaison de type ester et, selon que la
molécule compte un ou deux chaînons saccharidiques, on dit qu'il s'agit d'un mono- ou
d'un bidesmoside.
L'extraction et, surtout, la séparation des saponosides sont délicates. En effet, si les
saponosides sont souvent présents dans les plantes en quantité notable, c'est sous forme
de mélanges complexes. La forte polarité, la relative fragilité et les très faibles
différences structurales entre des constituants de masse moléculaire importante font
JEsculus hippocastanum L.
Si\PONOSIDES 817
qu'il est souvent long et difficile d'obtenir une molécule pure, intacte. De plus, ces
molécules cristallisent très mal, elles sont hygroscopiques et ne donnent que rarement
des points de fusion nets et sans décomposition.
Extraction. Les saponosides sont solubles dans l'eau et donc extractibles par ce
solvant, généralement à l'ébullition. Cela étant, si le milieu aqueux se prête bien à une
lyophilisation ultérieure, il est aussi favorable à 1'hydrolyse des bidesmosides. Il est
donc souvent préférable de recourir à des alcools (méthanol, éthanol) ou à des solutions
hydro-méthanoliques après délipidation préalable par l'éther de pétrole, 1'hexane voire
le chloroforme. Il peut s'avérer judicieux, pour inactiver les estérases généralement
présentes dans le matériau végétal, de mettre en œuvre un traitement initial approprié
(HCI dilué). En faisant varier les proportions d'eau et de méthanol, on peut espérer
obtenir spécifiquement mono- et bidesmosides. Les solvants polaires solubilisant de
Ilombreux composants, on a longtemps procédé, après l'extraction initiale, à un partage
entre l'eau et le n-butanol ; ce dernier solubilise les saponosides qui sont ensuite
précipités par addition au milieu d'un solvant tel que le dioxyde d'éthyle. Pour enrichir
les extraits en saponosides et opérer un préfractionnement, il peut être utile de recourir à
l'utilisation de résines (ex. : Amberlite XAD2®, Diaion HP20®. On peut aussi utiliser la
chromatographie d'exclusion sur gel.
de Gypsophila paniculata L. - est, par définition, de 30000. L'unité est la quantité en;
ml de sang de bœuf dilué au 1/50 qui est totalement hydrolysée par 1 g de substance.
L'inconvénient de la méthode est double: IOdes substances tensio-actives non sapono- ,
sidiques peuvent interférer et, 2 0 , certains saponosides ne sont que peu, voire pas, ,
hémolytiques (glycyrrhizine, sarsasaparilloside).
En France, l'arrêté du 7-11-1996 (art. 3) a maintenu en vigueur la détermination de ';
l'indice de mousse (Ph. fse, 10' éd., VA.A). Cet indice est le degré de dilution d'un i
décocté aqueux de la plante ou partie de plante qui, dans des conditions déterminées,
donne une mousse persistante. En pratique, cet indice est déterminé sur un décocté
obtenu par ébullition prolongée (30 minutes) de 1 g de plante dans 100 ml d'eau. On ,
opère dans une série de tubes calibrés, avec des dilutions croissantes de ce décocté. Les .
tubes sont agités: l'indice de mousse est la dilution de la plante dans le tube qui donne,
une hauteur de mousse égale à 1 cm après 15 minutes de repos. Remarquons que;
certains saponosides, notamment des bi- et tridesmosides, ne forment pas de mousse.
stable, et que quelques extraits végétaux, dépourvus de saponosides, peuvent mousser.
après agitation.
glycyrrhétique). Il faut donc recourir à des gradients d'acétonitrile aqueux acidifié, s '
phase inverse, avec détection à des courtes longueurs d'onde. On peut aussi utiliser 1
couplage avec la spectrométrie de masse, particulièrement utile pour établir 1 ',
composition de mélanges complexes de structures inconnues. '
SAPONOSIDES 819
Dosage. Le dosage peut être colorimétrique (ex. : marronnier d'inde) ou, plus
l'ouramment, faire appel à la chromatographie liquide (ex. : réglisse, ginseng, petit
houx, etc.). Éventuellement, le dosage peut être spectrophotométrique après séparation
des constituants en CCM et élution des taches ou, directement, densitométrique.
Il n'est pas rare que des saponosides soient cytotoxiques (a-hédérine, astragaloside, .
gracilline, avicines, certains ginsénosides), voire même antitumoraux in vivo:
tubeimoside 1 de Bolbostemma paniculatum (Maxim.) Franquet (Cucurbitaceae),
saponosides de Crocosmia sp. (Iridaceae). D'autres molécules inhibent la formation de
tumeurs induites (par le benzanthracènerrPA, ou le virus d'Epstein-BarrrrPA).
Il est également assez fréquent que ces molécules aient une très forte activité
spermicide (il y a quelques années, il a été procédé à des essais de crèmes pour la voie
vaginale). L'activité est, assez logiquement, corrélée avec l'activité hémolytique.
Chez les homéothermes et par voie orale, la toxicité des saponosides est le plus'
souvent faible 2, leur absorption étant sans doute modérée pour une majorité d'entre
eux. Il n'en est pas de même lorsqu'ils sont administrés par voie parentérale.
La toxicité des saponosides chez les animaux à sang froid est connue depuis .
l'Antiquité. Elle explique l'emploi de certaines plantes pour attraper les poissons
(Serjania [Sapindaceae], Balanites [Zygophyllaceae], Schima [Theaceae], etc.). Des
doses voisines de 1 à 5 ppm sont généralement suffisantes pour faire éclater les capil-
laires branchiaux et, ainsi, interrompre respiration et équilibre osmotique. Dans les •
années 1980, c'est l'activité molluscicide des saponosides qui retenait l'attention. Celle-
ci, souvent très importante (elle est fréquemment de l'ordre de 1 mg/l), est le fait des
seuls monodesmosides. Certaines molécules sont particulièrement toxiques à l'encontre
d'espèces des genres Biomphalaria et Bulinus qui sont les points de passage obligés du .
cycle des schistosomes : les extraits des fruits de Phytolacca dodecandra L'Hérit.
(Phytolaccaceae) et de ceux de diverses Fabaceae (Swartzia sp., Tetrapleura sp.) ont
d'ailleurs été testés en Afrique en vue de leur utilisation éventuelle pour la désinfection
des eaux infestées, en complément de la chimiothérapie des schistosomiases. Encore·
faut-il, entre autres conditions, que l'ichtyotoxicité de ces produits soit minimale et que
leur innocuité à court et à long terme chez l'Homme soit établie.
Plusieurs plantes connues et utilisées pour leur effet anti-inflammatoire et anti-
œdémateux doivent ces propriétés à des saponosides : c'est vrai pour la racine de la
réglisse et la graine du marronnier d'Inde (pp. 829 et 834), ce l'est aussi pour des·
plantes de la médecine traditionnelle chinoise (Bupleurum 3 spp., Apiaceae). Des·
saponosides tels que ceux qui sont isolés de Solidago virgaurea L. (p. 296), Camellia
sinensis (L.) Kuntze (p. 1219) ou Sanicula europaea L. (Apiaceae) ont les mêmes
2. Notons que les saponosides sont tenus pour responsables (ou co-responsables) des photo- .
sensibilisations hépatogènes provoquées chez les moutons par di verses espèces appartenant aux genres
Agave, Bracchiaria, Narthecium, Panicum ou Tribulus. Les génines (diosgénine, yamogénine), .
isomérisées et glucuroconjuguées, cristallisent et obstruent les voies biliaires: il en résulte la rétention:
d'un métabolite de la chlorophylle à propriétés photodynamisantes (et peut-être hépatotoxique), la :
phylloérythrine. Cf. Flapyen, A. (1996). Do steroidal saponins have a role in hepatogenous photosensi;.
tization disease in sheep? Adv. Exp. Med. Biol., 405, 395-404.
cas qui ont fait l'objet d'études chez l'animal, on a constaté que l'absorption intestinale
des hétérosides en l'état était très faible. Si la génine n'est pas en elle-même phannaco-
logiquement active, cela compromet la possibilité d'observer une activité importante.
Cette faible résorption intestinale a au moins un avantage: elle permet que la toxicité de
ces molécules fréquentes dans l'alimentation soit généralement négligeable per os.
En marge du problème - encore très peu étudié - de la pharmacocinétique des
saponosides, on peut penser que leur tensioactivité module l'absorption d'autres
molécules, qu'il s'agisse d'autres constituants de la plante (synergies en phytothérapie)
ou de médicaments (possibilités d'interactions ?) ; là encore, les données disponibles
sont parcellaires.
En dehors des potentialités pharmacologiques des saponosides, on note qu'ils
retiennent aussi l'attention pour les propriétés édulcorantes parfois intenses que
présentent certains d'entre eux. On connaît depuis longtemps celles de la réglisse et de
ses extraits - largement utilisés dans la formulation de boissons ou de confiseries -, .
on connaît moins bien celles d'autres saponosides : mogrosides et siaménoside des
fruits - ils sont utilisés au Japon - de Siraitia grosvenorii (Swingle) C. Jeffrey
(Cucurbitaceae), abrusosides des feuilles du jéquirity (= liane-réglisse = Abrus
precatorius L. [Fabaceae]), périandrines des racines de la réglisse du Brésil (Periandra,
dulcis Mart. [Fabaceae]), cyc1ocaryosides et ptérocaryosides des feuilles de Pterocarya "
paliurus Batal. (Juglandaceae), osladine du rhizome de la fougère-réglisse (Polypodium
glycyrrhiza D. Eaton [Polypodiaceae]). Comme la glycyrrhizine, ces composés ont un ,.
arrière-goût qui rend difficile leur utilisation comme substitut du sucre. Leurs structures
très différentes posent d'intéressants problèmes de relations structure/activité. Une
question tout aussi intéressante est posée par les curieuses propriétés des acides
gymnémiques du Gymnema 5 et des dammaranes des feuilles du jujubier et de l'arbre à
raisin (Ziziphus jujuba Miller, Hovenia dulcis Thunb., [Rhamnaceae]) : ces molécules:
annulent la perception du goût sucré.
A. Sapogénines
Les sapogénines ont été les premières molécules à être exploitées. Diosgénine -
toujours utilisée - , hécogénine, smilagénine et sarsasapogénine sont les plus
intéressantes.
Sources de diosgénine
consommées (après cuisson) dans les régions tropicales du globe. Certaines espèces
renferment des alcaloïdes issus du métabolisme de l'acide nicotinique. Beaucoup
renferment une quantité variable de saponosides à génine stéroïdique. Seules les
espèces ayant une teneur en saponosides supérieure à 2 % peuvent avoir un intérêt·
industriel. On peut utiliser des espèces de l'Amérique centrale: D. composita Hemsl.,
D.floribunda M. Martens. & Galeotti, D. mexicana Gill., D. spiculiflora Hemsl. ainsi
que des espèces indiennes (D. deltoidea Wall.) et des espèces chinoises (D. zingi- .'
berensis C.H. Wright, D. panthaica Prai & Burk.).
La récolte des tubercules sauvages est possible mais elle est très réglementée et tout'
à fait insuffisante. La culture des dioscorées n'est pas particulièrement difficile: elle
nécessite un sol propre, bien drainé et, compte tenu du caractère lianescent de ces
espèces, des supports adaptés (bambous, treillis métalliques). Les tubercules atteignent
une taille suffisante pour la récolte après deux ou trois ans. La récolte prend place à la
chute des feuilles. Rendement moyen: dans le cas de D.floribunda, il est de 16-18 :
tonnes de tubercules par hectare, soit environ 500 kg de diosgénine.
Extraction de la diosgénine
~il
1
diosgénine HO hécogénine
Sources d'hécogénine
• AGAVES,
Agave sisalana Perrine, A.fourcroydes Lemaire, Agavaceae
Ces génines sont constitutives des saponosides présents (1-3 %) dans les racines de
diverses espèces du genre Smilax (Smilacaceae). Les espèces potentiellement utilisables
proviennent de l'Amérique centrale (S. aristolochiaefolia Miller, S. regelii Killib &
Morton) ou du nord de l'Amérique du Sud (S.febrifuga Kunth.). On retrouve des
saponosides du même type dans diverses espèces du genre Yucca, Agavaceae de
l'Amérique centrale et du sud des États-Unis d'Amérique qui ne semblent pas
6:onomiquement intéressantes (sur les yuques, voir la note 17, p. 861).
alcalin des bois de résineux pour l'obtention de la pâte à papier), matières cireuses de la
canne à sucre.
HO
l~~'tt5:~~'OH AcO
OAc
* en 3: DAc diosone acétate de déhydroprégnénolone
Si\PONOSIDES 827
OH
Schéma (simplifié) des interconversions
possibles en série stéroïdique
La plupart sont la résultante o
de biotransformations
IACO
1 acétate de déhydroprégnénolone
o
OH
-N 0 0
1
OH
AcO 0 0
acétate de déhydro-
prégnénolone oxime progestérone hydrocortisone
l OH
AcO o
testostérone
Glycyrrhiza glabra L.
SAPONOSIDES 829
La racine de réglisse est constituée par la racine et les stolons séchés, entiers ou
coupés, mondés ou non, de G. glabra L. et/ou de G. inflata Batalin et/ou de G.
uralensis Fischer. Elle contient au minimum 4 % d'acide glycyrrhizique (Ph. eur., 6'
éd., [01/2008:0277]).
La racine de réglisse sert à préparer l'extrait fluide éthanolique titré de réglisse,
titré entre 3 et 5 % d'acide glycyrrhizique (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:1536). La
Pharmacopée décrit également le glycyrrhizate d'ammonium (01/2008:1772),
mélange des isomères 18a et 18~ (majoritaire).
La plante. La réglisse est une plante vivace, à tiges dressées (1-1,5 m), striées,
garnies de feuilles alternes, composées, imparipennées à 7-17 folioles entières. Les
inflorescences - des grappes dressées - sont composées de fleurs de teinte lilas plus
ou moins foncé. Le fruit est une petite gousse aplatie (l,5-2,5 cm), étranglée entre les
graines.
La racine. La racine et les stolons de la réglisse ont une odeur et une saveur
typiques. La racine est peu ramifiée. Les stolons, cylindriques, peuvent atteindre
plusieurs mètres. Ils sont habituellement coupés en fragments de longueur variable et
d'un diamètre de 1 à 2 cm. Comme la racine, ils ont une écorce gris-brun, striée
longitudinalement. Leur cassure, grenue et fibreuse, fait apparaître: un suber mince,
une écorce interne épaisse, jaune clair et striée radialement et un cylindre ligneux
compact, jaune, rayonné. Les stolons se différencient des racines par la présence d'une
mœlle centrale. La racine mondée est dépouvue de la partie externe de l'écorce.
L'examen microscopique de la poudre (hydrate de chloral) révèle la présence de
fragments de fibres jaunes, allongées (700-1200 x 10-20 !lm), à parois épaisses et à
lumen ponctiforme, souvent accompagnées de files de cellules cristallifères à prismes
d'oxalate de calcium (10-35 x 2-5 }lm). On remarque également la présence de
vaisseaux du bois dont les parois, jaunes, lignifiées, présentent des ponctuations
aréolées avec fente. L'absence de fragments de suber caractérise la racine mondée.
Examinée dans un mélange d'eau et de glycérol, la poudre présente de nombreux grains
d'amidon simples, arrondis ou ovales, mesurant de 2 à 20}lm de diamètre.
On vérifie, par CCM et après hydrolyse chlorhydrique et extraction (dioxyde
d'éthyle) de la poudre de racine, la présence de l'acide glycyrrhétique (UV) et celle de
l'isoliquiritigénine (aldéhyde anisique). L'acide glycyrrhizique (= glycyrrhizine) est
dosé par chromatographie liquide après extraction par une solution d'ammoniaque.
Traditionnellement, les différentes variétés de réglisse (d'Espagne [typica Regel &
Herder], de Russie [glandulifera Waldst. & Kit.] , de Perse [d'Iran, de Turquie, violacea
Boiss.]) proviennent de plantes sauvages et de cultures qui sont souvent « semi-
sauvages» au Proche-Orient (Irak, Syrie), en Afghanistan, etc. L'Espagne a cultivé la
830 TERPÉNOÏDES
réglisse depuis plusieurs siècles. Le marché mondial (environ 40 000 tonnes par an) est
approvisionné en racines et/ou en extraits par l'Espagne, la Turquie, l'Irak, la Syrie, la
Russie. La réglisse en provenance d'Orient est surtout fournie par G. uralensis Fischer
(gan cao, réglisse de l'Oural, réglisse de Sibérie) et par G. inflata (zhang guo gan cao),
largement cultivées en République Populaire de Chine et en Mongolie. États-Unis
d'Amérique et Royaume-Uni sont actuellement les plus gros importateurs.
Plusieurs présentations commerciales sont disponibles: réglisse en bâtons (on peut
encore en trouver dans les officines et sur les marchés), réglisse en sorte, racine brute
destinée à l'extraction, réglisse ratissée (pelée). L'extrait brut de réglisse (suc de
réglisse) est obtenu par décoction des racines préalablement lavées, filtration puis
concentration sous pression réduite. Il peut être en blocs ou en poudre.
OR
?'
HO ?' OH ~
°
~OR
HOWO,,"'V
H 1
glycyrrhizine
mélanges de plantes). Celle du suc sur l'ulcère se résume à un essai des années 1980 de
méthodologie sommaire et qui a mis en œuvre, versus cimétidine, un association du suc
avec des ... anti-acides.
L'intérêt de la réglisse en tant qu'adjuvant au traitement de l'hépatite C n'est pas
démontré par des essais rigoureux. Un patch à la réglisse semble plus efficace qu'un
placebo pour traiter les aphtes. De possibles effets sur l'eczéma n'ont pas été confirmés
de façon solide.
6. Il est difficile de définir la notion de consommation excessive, car il existe une grande
variabilité individuelle dans la susceptibilité à l'acide glycyrrhizique. Certaines personnes ont une
activité 11 ~-hydroxystéroide déshydrogénase-2 réduite (polymorphisme génétique 7).
Sont particulièrement concernés les consommateurs de boissons à base de concentrés (diabétiques,
sportifs, certains patients en cure de désintoxication alcoolique) et les amateurs de confiseries à base de
réglisse. Hypertension et insuffisance rénale favorisent J'intoxication.
La teneur en acide glycyrrhizique varie de 5 à 40 g/kg dans les confiseries (soit de 90 à 480 mg par
boîte selon la marque). Elle est de 23 g/l dans les concentrés liquides, de 0,5 g/l dans les boissons à
diluer (soit pour ces dernières une concentration finale de 65 à 100 mg/l de boisson préparée).
SAPONOSIDES 833
pastille) comme antalgique dans les affections de la cavité buccale et/ou du pharynx. La
Note Explicative énumère diverses précautions d'emploi: ne pas utiliser en cas
d'hypertension sauf avis médical; ne pas associer à un traitement corticoïde; dose
maximale: infusion, 8 g par jour (racines); extrait, 3 mg/kg d'acide glycyrrhizique par
jour; poudre, 5 g par jour. Tenir compte d'ingestion simultanée de réglisse (boisson,
confiserie 6). Aucune évaluation toxicologique n'est demandée pour la constitution d'un
dossier « abrégé» d'AMM (poudre, racine pour tisane, extrait aqueux et extraits hydro-
alcooliques quel qu'en soit le titre).
La racine de réglisse peut être employée en nature: c'est souvent un aromatisant
dans les mélanges pour infusion. Elle est principalement utilisée pour la préparation
d'extraits: extrait fluide éthanolique titré de réglisse, suc de réglisse, extrait sec, etc.
utilisés en pharmacie comme aromatisants et pour leur activité propre.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BJArM précise que
la racine de la réglisse est utilisée en cas d'inflammation des voies respiratoires
supérieures et en cas d'ulcère gastroduodénal, l'action cicatrisante de l'ulcère ayant été
démontrée cliniquement. Posologie: racine, de 5 à 15 g par jour, soit de 200 à 600 mg
d'acide glycyrrhizique; suc, de 0,5 à 1 g par jour en cas d'infection respiratoire - de 1,5
à 3 g par jour en cas d'ulcère gastroduodénal. Contre-indications: troubles hépatiques,
cirrhose du foie, hypertension, hypokaliémie, insuffisance rénale sévère, grossesse.
Effets indésirables: effet minéralocorticoïde en cas d'usage prolongé. Interactions
médicamenteuses: la perte potassique due aux diurétiques thiazidiques peut être
augmentée; la réglisse peut accroître la sensibilité aux digitaliques. La durée du
traitement de doit pas dépasser 4 à 6 semaines sans avis médical. Il n'y a pas
d'inconvénient à utiliser la réglisse comme correcteur du goût jusqu'à une dose
quotidienne maximale de 100 mg d'acide glycyrrhizique.
Selon l'European Scientific Cooperative on Phytotherapy (ESCOP), l'extrait fluide
de réglisse (Pharmacopée) s'utilise à la dose de 5 à 15 ml par jour en plusieurs prises en
cas d'ulcère gastroduodénal et de gastrite, et à la dose de 1,5 à 5 ml en cas de toux ou
d'encombrement bronchique. La réglisse ne peut être utilisée chez l'enfant (de plus de
4 ans) que dans le traitement de la toux, sous forme de préparation aqueuse et avec une
posologie adaptée à la masse corporelle.
L'acide glycyrrhétique (= acide glycyrrhétinique = enoxolone [DCI]) est princi-
palement utilisé par voie locale pour ses propriétés anti-inflammatoires. Il entre dans la
composition de crèmes (protecteurs cutanés, crèmes solaires), de suppositoires (utilisés
en proctologie), et de préparations destinées au traitement des inflammations de la
cavité buccale. Selon l'indication thérapeutique, il peut être associé à un vasoprotecteur,
à un antibactérien, ou à un anesthésique local.
La réglisse est largement employée dans les industries du secteur agroalimentaire
qui apprécient, entre autres, son pouvoir sucrant et son rôle de renforçateur de goût. Elle
est notamment présente dans les boissons: apéritifs anisés avec ou sans alcool, sodas,
bières brunes, etc., ainsi que dans les produits de confiserie. L'étiquette doit mentionner:
a - « contient de la réglisse» (à la suite de la liste d'ingrédients, sauf si le terme
« réglisse» y figure déjà ou s'il figure dans la dénomination sous laquelle le produit est
commercialisé) pour les confiseries ou boissons dont la concentration de ces substances
(acide glycyrrhizique ou son sel d'ammonium) est ~ 100 mg/kg ou 10 mg/l;
834 TERPÉNOÏDES
Les graines de cette espèce ornementale sont utilisées depuis la fin du XIX' siècle
en phlébologie et en proctologie. Elles font l'objet d'une monographie dans la dernière
édition de la Pharmacopée française (10 éd.).
C
Composition chimique
Les cotylédons de la graine, très riches en amidon (40-50 %) et autres sucres,
renferment des lipides (6-8 %), des hétérosides de flavonols, di- et triglycosides du
quercétol et du kaempférol, des cyclitols et des saponosides. Ces derniers représentent
jusqu'à 10 % de la masse des cotylédons. Les saponosides « totaux », connus sous le
nom d'aescine (= escine), sont un mélange de plusieurs hétérosides dérivés de deux
génines triterpéniques de la série de l'oléan-12(l3)-ène : la proto-aescigénine et le
baringtogénol-C (aescines Ia,b, Ha,b, III, etc.). Les deux génines sont polyhydroxylées
(en C-3, C-16, C-21, C-22, C-28 et, dans le cas de la proto-aescigénine, en C-24) et
leurs hydroxyles secondaires en C-21 et C-22 sont estérifiés par des acides aliphatiques
de faible masse moléculaire (acide éthanoïque, acide tiglique, acide angélique). La
liaison osidique s'établit entre l'hydroxyle en C-3 de la génine et l'acide D-
glucuronique d'un trisaccharide variable.
Les téguments de la graine renferment des proanthocyanidols, oligomères du (-)-
épicatéchol. Le procyanidol B-2, majoritaire, est accompagné d'autres dimères
monopontés (B-5) et dipontés (A-2, A-4 [4~ ->6], A-6, A-7 [4~ ->8]), différents entre
SAPONOSIDES 835
eux par leur 2' pontage, 2p ->5 ou 2p ->7. Les téguments renferment aussi des trimères
simples (monopontés : C-l) ou construits à partir d'une unité dipontée de type A (4P
->8, 2p ->7), les aesculitanins (A-D), ainsi que des tétramères (aesculitanins E-G).
L'écorce du tronc, particulièrement riche en tanins, renferme 2-3 % de coumarines
(esculoside, voir p. 313).
R1 =OH (protoescigénine)
~ OH
ou H (baringtogénol) OH
~---3
~~O
R2 =angéloyl, tigloyl,
a-méthylbutyryl,
~2
isobutyryl. ~
7. Dans l'essai le plus vaste, publié en 2000 (355 patients: marron d'Inde, 143; compression,
142; placebo, 70), la compression a été plus efficace que le placebo pour diminuer le volume de la
jambe de façon statistiquement significative (p < 0,01), alors que l'extrait de marron d'Inde ne l'a pas
été (p = 0,115). Il est intéressant de remarquer que lorsque c'est l'évolution des symptômes subjectifs
qui est évaluée, la différence (non statistiquement significative) est en faveur de l'extrait de marron
d'Inde ... L'analyse en sous-groupes a montré que la différence de réduction de volume est d'autant plus
grande en faveur de la compression que l'insuffisance veineuse est prononcée. Selon les auteurs qui ont
analysé ces deux essais, la non différence entre l'extrait de marron et la compression constatée lors du
premier essai publié en 1996 serait liée au fait que les patients inclus présentaient une insuffisance
veineuse légère (stade 1: dilatation des veines du pied, tendance à l'œdème) contrairement à l'essai de
2000 (stades II : troubles trophiques divers [284 patients] et IlIa : ulcère cicatrisé [71 patients])
[Ottilinger et Greeske, 2001, op. cit., voir p. 865].
SAPONOSIDES 837
est une poudre (de graine ou d'écorce de tige), le dossier « abrégé» d'AMM doit
comporter une étude toxicologique allégée. Celle-ci n'est pas nécessaire pour le
marronnier pour tisane, l'extrait aqueux, les teintures et les extraits hydro-alcooliques,
quel que soit leur titre.
Ces phytomédicaments sont, le plus souvent, des associations de la graine ou de son
extrait avec d'autres plantes ou avec leurs extraits (hamamélis, hydrastis, vibumum,
etc.). L'aescine entre actuellement dans la composition de spécialités destinées à la voie
orale (traitement des hémorroïdes) ou à la voie locale; topiques en phébologie, traite-
ment des aphtes et affections buccodentaires.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BfArM précise que
la graine du marronnier est utilisée en cas de symptômes d'insuffisance veineuse
chronique (douleur et sensation de pesanteur des jambes, crampes nocturnes dans les
mollets, prurit et œdèmes des jambes). Posologie quotidienne: 100 mg, exprimés en
aescine (soit 2 fois 250 à 312,5 mg d'un extrait titré à 16-20 % d'aescine). La même
Commission E a estimé que les propriétés attribuées à lafeuille, à l'écorce et à lafleur
de marronnier ne sont pas démontrées et qu'elle ne pouvait pas en recommander
l'usage dans un but thérapeutique.
Au niveau européeen, le projet de monographie communautaire élaborée par
l'HMPC reconnaît un usage bien établi pour l'extrait sec (4,5-5,5,50 % éthanol-eau)
titrant de 16 à 20 % d'aescine. La proposition de posologie est, en cas d'insuffisance
veineuse chronique et après diagnostic médical, de 240 à 290 mg d'extrait (50 mg
d'aescine), deux fois par jour, pendant au moins 4 semaines. Cet extrait est réservé à
l'adulte et n'est pas recommandé chez la femme enceinte ou allaitante. Le projet de
monographie détaille également les formes, posologies et indications correspondant à
l'usage traditionnel (réf. EMEA/HMPC/2253 1912008, 4 septembre 2008).
Le petit houx est constitué par les organes souterrains entiers ou fragmentés
séchés de R. aculeatus. Il contient au minimum 1 % de sapogénines totales, exprimées
en ruscogénines (mélange de néoruscogénine et de ruscogénine) (Ph. eur., 6' éd. - 6.1,
[04/2008: 1847]).
La plante, les organes souterrains. Le petit houx est une plante ligneuse, vivace par
un rhizome, à tiges en touffes dressées robustes portant des cladodes, fausses feuilles
terminées par un aiguillon acéré. La fleur, verdâtre, est insérée au centre d'une petite
bractée, sur le cladode. Le fruit est une baie écarlate conférant aux rameaux une certaine
valeur décorative. La plante, très commune en Europe, est caractéristique des bois et
des taillis.
Le rhizome est formé de fragments noueux, ramifiés, articulés, jaunâtres, d'environ
5 mm d'épaisseur pour 5 à 10 cm de longueur. La surface est marquée d'anneaux
838 TERPÉNOÏDES
minces séparés les uns des autres, de 1-3 mm d'épaisseur. Le rhizome porte de
nombreuses racines longues et sinueuses.
L'examen microscopique des organes souterrains pulvérisés (hydrate de chloral)
montre en particulier des amas de scléréides aux cellules de formes variées, un
parenchyme aux parois fines contenant des raphides d'oxalate de calcium, des groupes
de fibres et de petits vaisseaux à ponctuations en fentes, et un endoderme de cellules
irrégulièrement épaissies.
Une CCM met en évidence les ruscogénines après reflux en milieu chlorhydrique et
extraction (CH2 Cl2 ). Les sapogénines sont dosées par chromatographie liquide après
extraction éthanolique en milieu alcalin, hydrolyse chlorhydrique et réextraction
(butanol).
O~
ruscoside
'"."
HO
R =o-~-D-Glcp-(1->3)-o-a-L-Rhap-(1->2)-O-a-L-Arap-(1-»
Évaluation clinique, effets indésirables. Il n'existe que très peu d'essais cliniques
évaluant des monopréparations de petit houx. Un essai randomisé versus placebo et en
double aveugle, conduit pendant 12 semaines chez 166 patientes souffrant
d'insuffisance veineuse chronique, a été publié en 2002 en Allemagne. Au terme de
l'essai, l'extrait de fragon diminuait plus que le placebo le volume de la jambe, son
diamètre et celui de la cheville de façon statistiquement significative. Les symptômes
subjectifs étaient également améliorés. Plus d'une trentaine d'essais de qualité
méthodologique inégale ont été réalisés avec un mélange d'extrait de fragon,
d'hespéridoside-méthylchalcone et d'acide ascorbique: si ce mélange a une efficacité
réelle et modeste en tant que traitement des symptômes de l'insuffisance veineuse ou de
la crise hémorroïdaire, on ne peut pas préciser la contribution du petit houx à cet effet.
Toutefois, certains essais ont montré la supériorité du mélange sur la di os mine dans le
cas de certains symptômes. Les préparations à base de petit houx ne semblent pas avoir
été comparées à la contention élastique.
Le petit houx n'est pas connu pour induire des effets indésirables sévères. Ces
dernières années, les centres de pharmacovigilance français ont enregistré une douzaine
de cas de diarrhée chronique et de colite lymphocytaire consécutifs à la prise d'une
spécialité contenant (entre autres) du petit houx.
La ficaire est une petite herbe vivace à feuilles ovales cordées et luisantes, à fleurs à
6-12 pétales à onglet d'un jaune brillant, s'épanouissant dès le mois de mars. La partie
utilisée est formée de tubercules charnus en forme de massue; elle est riche en amidon
(grains lenticulaires à hile excentrique et linéaire) et doit renfermer au moins 20 % de
« saponines brutes» déterminées par simple gravimétrie après extraction par l'éthanol à
80 %. L'essai comprend également l'analyse en CCM des saponosides - elle met en
évidence deux taches principales - et celle des génines qui ne montre qu'une tache
principale (acide oléanolique).
La plante, les organes souterrains. Le polygala de Virginie est une petite (20-30
cm) plante herbacée vivace à feuilles lancéolées sessiles, à épis serrés de fleurs blanches
irrégulières à sépales pétaloïdes de taille inégale. L'espèce senega est spontanée dans
l'est du Canada et dans les états du nord-est des États-Unis d'Amérique. L'espèce est
devenue rare mais d'autres sont utilisables: c'est en particulier le cas de la variété
latifolia Torr. & Gray, cultivée au Japon.
La souche, irrégulière, brun-gris, est prolongée par une racine de couleur jaune à
brun, simple ou multiple, d'une dizaine de centimètres de longueur et d'un diamètre de
1 mm à 8 mm au collet diminuant régulièrement vers l'extrémité. Cette racine est
généralement tortueuse, sans racines secondaires (sauf dans les variétés et espèces
japonaises riches en radicelles); elle est marquée par une crête longitudinale décurrente
en hélice étirée, plus ou moins distincte.
L'analyse microscopique de la coupe transversale de la racine permet de voir un
phelloderme dont les cellules contiennent des gouttelettes d' huile, un liber
particulièrement développé dans la région de la crête et, parfois, des structures
secondaires anormales formant un ou deux rayons cunéiformes dans le liber et le bois.
La poudre, examinée au microscope (hydrate de chloral) montre de nombreux
fragments, notamment du tissu lignifié à trachéides ponctuées, des cellules à gouttelettes
li' huile, etc. ; on note l'absence de cellules scléreuses et de cristaux.
La CCM des saponosides extraits par l'alcool à 70 % complète l'identification faite
par l'analyse de la poudre et de la coupe (révélation par l'aldéhyde anisique, puis par
l'acide phosphomolybdique).
o
HO
"'OH 0
OCH 3
sénégine III
OCH 3
842 TERPÉNOÏDES
La feuille de lierre est constituée par les feuilles séchées, entières ou fragmentées
d'Hedera helix, récoltées au printemps. Elle contiennent au minimum 3 %
d'hédéracoside C (Ph. eur., 6c éd., [01/2008:2148]).
La plante, lafeuille. Cette plante très commune pousse jusqu'à 1200 m d'altitude
dans les bois, les haies et les rochers frais. Affectionnant les zones ombragées ou semi-
ombragées, le lierre grimpe en s'attachant sur les arbres ou les murs 8. Il possède des
8. L'adhésion sur le support mettrait en œuvre des nanoparticules sécrétées par les disques
adhésifs (et des liaisons faibles type liaison hydrogène). Cf Zhang, M., Liu, M., Prest, H. et Fischer, S,
(2008). Nanoparticles secreted from ivy rootlets for sUlface climbing, Nano Let/., 8, 1277-1280.
SAPONOSIDES 843
O~=~4-1
~G·~R~
o 28~- 1
1--" 2 1-- 3
(~O
hédéracoside C
a·hédérine
hédérag énine
La plante, les organes souterrains. La primevère est caractérisée par des feuilles
presque ovales brusquement rétrécies en un pétiole large, par une hampe florale
couverte de duvet et par des fleurs jaune vif à calice tubuleux et renflé à dents obtuses;
la corolle, concave, présente 5 taches orangées au sommet du tube. P. elatior possède
des fleurs à corolle large et plane,jaune pâle, sans taches et à calice aux dents aiguës.
Le rhizome, brun-gris et noueux, est accompagné de fines racines cassantes, jaune
clair à blanc-jaune (P. veris) ou brun clair à brun-rouge (P. elatior). La présence, dans
la poudre, de groupes de cellules scléreuses fortement ponctuées est caractéristique de
P. elatior. Les tissus de revêtement portent des poils absorbants. Examinée au
microscope dans le glycérol, la poudre présente des grains d'amidon. Il est prescrit de
rechercher l'éventuelle présence de racine de Vincetoxicum hirundinaria (CCM).
Les parties aériennes. Les feuilles, de cette herbe vivace largement distribuée en
Inde et dans l'océan Indien, de Madagascar à l'Indonésie, sont alternes et à bords
crénelés, réniformes, orbiculaires ou oblongues, palminerves à 7 nervures. Elles sont
parfois réunies aux nœuds. L'inflorescence, si elle est présente, est généralement
réduite à une ombelle simple de 3 fleurs pentamères, très petites (2 mm). Le fruit est un
diakène comprimé.
La poudre d'hydrocotyle, examinée au microscope (hydrate de cloraI) présente de
nombreux fragments d'épiderme à stomates paracytiques, des poils tecteurs
pluricellulaires I-sériés, de l'oxalate de calcium en prismes et macles, etc.
La CCM d'un extrait par l'alcool à 30 % confirme l'identité (triterpènes révélés par
l'aldéhyde anisique). Les parties aériennes renferment au maximum 5 % de parties
souterraines et 2 % de matières étrangères. Le dosage des triterpènes est mis en œuvre
après extraction méthanolique (chromatographie liquide).
Composition chimique. L'hydrocotyle renferme des traces d'huile essentielle (~- '
caryophyllène, a-humulène, germacrène-D, trans-~-farnésène, a-copaène, etc.), des'
stérols, des hétérosides de flavonols, des polyines et des saponosides : asiaticoside
(0,3 %) et madécassoside (1,5-2 %). De fait, ceux-ci ne sont pas des hétérosides vrais, .
mais des esters: esters en C-28 d'un trisaccharide (a-L-Rha 1->4 ~~D-Glc 1->6~
D-Glc 1-» et d'acides triterpéniques dérivés de l'ursane : acide asiatique (= acide 2a,
3~, 24-trihydroxy-urs-12 (l3)-én-28-oïque) et acide madécassique (= acide 6~"
hydroxy-asiatique = 2a, 3~, 6~, 24-tétrahydroxy-urs-12(13)-én-28-oïque). Quelle que
soit l'origine géographique des échantillons, les analyses les plus récentes ne retrouvent'
pas les composés mineurs anciennement mentionnés dans certains échantillons indiens. '
madécassoside
La plante, lafleur. Le souci des jardins est une petite plante herbacée cultivée, à
tiges robustes et anguleuses, à feuilles sessiles. Les fleurs tubulées ont une corolle à 5
lobes jaune, rouge orangé ou violet-rouge et un tube brun-jaune ou brun orangé. Les
fleurs ligulées ont un ligule jaune tridenté et un tube velu plus ou moins falciforme.
L'examen microscopique de la poudre de fleur (hydrate de chloral) met en évidence
des fragments de corolles contenant des gouttelettes huileuses ou des prismes et de
petites macles d'oxalate de calcium, de longs poils pluricellulaires bisériés, des poils
glanduleux à tête ovoïde et des grains de pollen 3-porés à exine finement échinulée.
Le taux de bractées est < 5 % et celui des autres éléments étrangers est < 2 %. Les
flavonoïdes sont dosés colorimétriquement (AICI 3).
Composition chimique. La composition des fleurs de souci est assez bien connue:
flavonoïdes (0,3-1,5 % d'oligosaccharides en C-3 de l'isorhamnétol et du quercétol),
acides-phénols, carotènes (lycopène) et xanthophylles, huile essentielle (2-3 ml/kg) à
dérivés sesquiterpéniques oxygénés (cadinols), polysaccharides. On n'y a pas
caractérisé de lactones sesquiterpéniques, mais du loliolide et des ionones. Les
composés triterpéniques sont particulièrement abondants: dérivés mono-, di- et
trihydroxy lés, libres et estérifiés, du lup-20 (29)-ène, de l' 01éan-12 (13 )-ène, du tarax -20
(30)-ène, du tarax-20(21)-ène [=\/f], de l'urs-12(13)-ène: (J.- et ~-amyrine, arnidiol,
faradiol, ursadiol, calenduladiol, héliantriols. Plusieurs saponosides ont également été
isolés et identifiés (calendulagl ycosides, calendulosides). Ce sont des bidesmosides
(esters du glucose en C-28) et des monodesmosides de l'acide oléanolique : la liaison
osidique se fait avec un glucose ou un acide D-glucuronique qui peuvent être seuls ou, '
au contraire, le premier élément d'un di- ou d'un trisaccharide, linéaire ou ramifié. La
teneur en saponosides varierait de 2 à 10 % en fonction de la variété et de l'époque de la .
récolte.
Le souci est largement utilisé par l'industrie des cosmétiques comme adoucissant,
cicatrisant, hydratant (laits, crèmes, savons, produits après-soleil, etc.). Il est dans ce cas
plus connu sous le nom de « calendula ».
Les ginsengs 9 sont des plantes qui, dans la médecine orientale, jouissent d'une
réputation très ancienne de tonique, de reconstituant, de « générateur d'une jeunesse
nouvelle» même si, pharmacologiquement, il est difficile de cerner ces propriétés. Cette
activité supposée explique le nom générique de Panax, formé à partir des mots grecs pan
(tout) et akos (remède). Cette panacée (panakeia) 10 serait le remède universel.
Le ginseng est constitué par la racine séchée entière ou coupée, désignée sous le
nom de ginseng blanc ou soumise à la vapeur et séchée, désignée sous le nom de
ginseng rouge de P. ginseng. Le ginseng contient au minimum 0,4 % de la somme de
ginsénosides Rgl et Rbl (Ph. eur., 6< éd., [01/2008:1523]).
9. Seules les espèces du genre Panax sont des ginsengs. Le « ginseng de Sibérie» est, certes,
Araliaceae, mais d'un genre différent (voir éleuthérocoque, p. 855). On a vu fleurir dans UllJllOl<;m~,
réseaux commerciaux des plantes affublées du nom de ginseng qui n'ont strictement rien à voir avec
Panax et qui n'en présentent pas les « supposés» effets: ginseng du Brésil (Pfaffia paniculata
Kuntze, Amaranthaceae), ginseng péruvien, «< maca », Lepidium meyenii Walp.,
ginseng indien ('ashwagandha', Withania somnifera [L.J Dunal, Solanaceae), ginseng des femmes,
ID. Pierre Delaveau rappelle que Panacée, sœur d'Hygie 0, est la fille d'Asclépios, dieu de
Médecine. Le « caducée» des pharmaciens montre le serpent d'Épidaure se désaltérant dans la
d'Hygie. Le même serpent s'entoure autour du bâton d'Asclépios pour former l'attribut des médecinS.
Quant au vrai caducée, emblème d'Hermès à deux serpents, c'est une toute autre histoire ...
Delaveau, P. [1992]. La mémoire des mots en médecine, pharmacie et sciences, Louis Pariente, Paris, p.
et suivantes.). 0 (Hygie -> hygiène).
SAPONOSIDES 851
O-~-D-Glc-(6<-1 H-D-Glc
"::
ginsénoside Rb1
~-D-Glc-(1->2)-~-D-Glc-O
Il. Pas dans l'état actuel du niveau de preuve: Jang, D.1., Lee, M.S., Shin, B.e. et al. (2008). Red
fl,inseng for treating erectile dysfunction : a systematic review, Br. 1. Clin. Pharmacol., 66, 444-450.
852 TERPÉNOÏDES
ginseng aurait un effet stimulant sur le SNC, elle augmenterait la résistance à la fatigue
et au stress, améliorerait la mémoire, aurait un effet anabolisant, serait un aphrodisiaque
et agirait en complément des thérapeutiques des affections cardiovasculaires et des
cancers. C'est du moins ce qui est rapporté sur la seule base d' « obvervations » chez
l'humain et de différentes études réalisées chez l'animal avec de fortes doses souvent
administrées par voie parentérale. Périodiquement, des articles de synthèse tentent de
résumer l'essentiel de ces données.
Évaluation clinique. Il n'y a que peu de travaux de bonne qualité qui évaluent
l'intérêt thérapeutique du ginseng: évaluations de multi-préparations, et/ou de produits
mal définis, études non comparatives, protocoles d'essais de qualité méthodologique
insuffisante, critères de jugement mal définis, etc., la rigueur est rare.
- ginseng et activité physique et mentale. Sauf exception, le ginseng n'a été évalué
que chez des volontaires sains (bicyclette ergométrique). La majorité des essais
randomisés versus placebo et en double aveugle publiés n'a pu mettre en évidence un
effet statistiquement significatif d'un extrait de ginseng (200 à 400 mg/j x 3 à 8
semaines) sur les paramètres mesurés (consommation en oxygène, rythme respiratoire,
etc.). Dans le cas des performances cognitives, certains essais ont détecté une
amélioration des performances aux tests psychométriques, d'autres n'ont mesuré aucun
effet, voire l'effet inverse. Chez des patients âgés, hospitalisés, l'administration de
ginseng (versus placebo) n'a modifié ni la durée d'hospitalisation, ni les résultats des
tests cognitifs et psychométriques.
- ginseng et glycémie. Plusieurs études canadiennes versus placebo ont montré que
la prise de ginseng américain 13 pouvait diminuer la glycémie au cours d'une épreuve
d'hyperglycémie provoquée chez des sujets diabétiques de type Il et chez des sujets
sains. Un essai randomisé en double aveugle de 12 semaines versus placebo chez des
sujets diabétiques, réalisé par les mêmes auteurs, n'a mis en évidence aucune efficacité
clinique du ginseng en complément du traitement (ou régime) habituel (critère de
jugement: hémoglobine glyquée HbAlc). Il a toutefois été noté une amélioration de la
tolérance au glucose et de l'index de sensibilité à l'insuline.
- ginseng et affections des voies respiratoires supérieures. Trois essais cliniques
versus placebo randomisés et en double aveugle ont montré, chez 198 personnes âgées
d'une part et chez 323 patients âgés de 18 à 65 ans d'autre part, qu'une fraction
polysaccharidique standardisée du ginseng américain était plus efficace qu'un placebo
pour prévenir la survenue d'affections respiratoires aiguës d'origine virale chez les
premiers, et diminuer (modestement) la fréquence, la durée et la sévérité des rhumes
chez les seconds (mais cette étude a été critiquée, et la pertinence clinique de la
réduction de fréquence est inconnue).
- ginseng et risque cardiovasculaire. En 2006, une synthèse méthodique de la
hibliographie a relevé des résultats contradictoires quant aux effets du ginseng sur le
13. L'effet est étroitement dépendant de l'espèce et de la provenance du ginseng utilisé: il peut être
IIbscnt, voire s'inverser. Cf. : Sievenpiper, J.L, Amason, J.T., Leiter, L.A. et Vuksan V. (2004). Decrea-sing,
lIlill and increasing effects of eight popular types of ginseng on acute postprandial glycemic indices in healthy
IlIlinans : the role of ginsenosides, J. Am. Coll. Nutr., 23, 248-258.
854 TERPÉNOÏDES
bilan lipidique tandis que des études suggéraient la possibilité d'une faible activité
hypotensive. Dans le même temps, les auteurs d'un essai contrôlé de 12 semaines ont
conclu à l'absence d'effet du ginseng sur la pression artérielle systolique de sujets
hypertendus. Aucun élément solide ne justifie l'utilisation du ginseng pour prévenir le
risque cardiovasculaire.
- autres effets. Il n'existe pas de preuve solide de l'intérêt du ginseng pour atténuer
les symptômes associés à la ménopause. Son action en cas de dysfonction érectile est
envisageable: les essais disponibles, de faible qualité méthodologique, ne permettent
pas de conclusion tranchée.
• ÉLEUTHÉROCOQUE,
Eleutherococcus senticosus (Rupr. & Maxim.) Maxim., Araliaceae
2296) est un bidesmoside comprenant dix oses, deux molécules d'acide 3,5-dihydroxy-
6-méthyl-octanoïque et un oléanène polyfonctionnalisé, l'acide quillayique .
• ou ~·D·Xyl [65:35J
saponoside 08·21 A
en aigu (DUo = 1,625 g/kg, Souris) et à long terme (pas d'effet pour une dose de 0,7
g/kg/j x 84 semaines, Souris). Plusieurs pays autorisent d'ailleurs l'emploi de ce bois de
Panama comme additif.
Deux parties de la saponaire sont utilisées: les parties aériennes, c'est à dire la tige
feuillue, éventuellement fleurie et séchée et la souche radicante, c'est-à-dire les
rhizomes et les racines séchés (Ph. fse, lO'éd.).
La plante. La saponaire est une plante herbacée à tiges rondes, à feuilles ovales ou
lancéolées, opposées décussées, sessiles et à 3 nervures principales, à fleurs blanches ou
rose pâle rassemblées en panicules, à calice très allongé et strié de rouge, à capsule
monoloculaire.
L'identification de la saponaire passe par un examen microscopique des coupes et
des poudres. L'indice de mousse est supérieur à 1000 (parties aériennes) ou à 2000
(souche radicante). Dans les deux cas, le contrôle comprend une CCM, soit des
sapogénines après hydrolyse sulfurique des saponosides et extraction chloroformique
(souche radicante), soit des flavonoïdes après extraction par l'alcool à 60 % (parties
aériennes). Cette dernière CCM permet de détecter une éventuelle falsification par
Silene vulgaris (Moench) Garcke (= S. inflata L.).
Diverses plantes réputées diurétiques mais d'intérêt très limité comme l'asperge
(Asparagaceae, Ph. fse, 10' éd.) ou l'herniaire 15 (Herniaria glabra L., H. hirsuta L.,
14. Au Japon, ce sont des extraits du péricarpe du fruit de l'arbre à savon (Sapindus mukorossi
Gaertn., Sapindaceae) qui sont utilisés dans les extincteurs. Antifongiques et antibactériens, ces extraits
sont autorisés par le Ministère de la santé japonais comme ingrédient pour les formulations cosmétiques,
Les saponosides de cette espèce sont, majoritairement, des glycosides de l'hédéragénine. Cette « noix de
lavage» est actuellement vendue en France comme lessive biologique dans les magasins spécialisés.
15. L'herniaire ne figure pas à l'annexe 1 de la Note explicative de l'Agence du médicament (1998),
Pour la Commission E du BfArM allemand, H. glabra est faiblement spasmolytique mais, son
efficacité n'étant pas démontrée, elle n'en recommande pas l'usage. La plante est utilisée par certains
dans différentes affections (troubles rénaux, arthrite, rhumatismes, troubles respiratoires). La plante est
riche en dérivés triterpéniques, esters oligosidiques en C-28 des acides médicagénique, 16-hyctroxy.
médicagénique et gypsogénique. Cf. 10 - Freiler, M., Reznicek, G., Schubert-Zsilavecz, M. et al. (1996),
Struktur der Triterpensaponine aus Herniaria glabra, Sei. Pharm., 64, 359-365; 20 - Rhiouani, H., El-Hilaly,
J., Israili, Z.H. et Lyoussi, B. (2008). Acute and sub-chronic toxicity of an aqueous extract of the leaves of.
Herniaria glabra in rodents, J Ethnopharmacol., 118, 378-386.
St\PONOSIDES 861
La luzerne (alfalfa) est plus connue comme plante fourragère que pour ses
(éventuelles) vertus médicinales. Tous les organes de l'espèce type, des espèces
voisines et de leurs hybrides renferment des saponosides, glycosides de soyasapo-
génoIs, bidesmosides et tridesmoside d'oléanènes acides (acide médicagénique, 16a-
hydroxymédicagénique, hédéragénine) estérifiés par un oligosaccharide sur le
carboxyle en C-28 et glycosylés en C-3 (et en C-16 dans le cas du tridesmoside). La
luzerne renferme également des composés phénoliques (coumestrol) ainsi que de la L-
canavanine, surtout concentrée dans les graines (0,8-1,5 % contre 0,1 % dans les
feuilles).
Emplois. La luzerne semble très peu employée en France (à des fins médicinales ...).
Plante fourragère (ca 600 000 ha en France [2004]) en partie utilisée sous forme
deshydratée (100000 tonnes/an), la luzerne fournit par coagulation des jus de pressage·
des feuilles un concentré protéique utilisé en alimentation avicole. Sa richesse en .
xanthophylles permet la coloration de la chair des poulets et des œufs. Les feuilles de.
luzerne sont utilisées pour l'obtention d'une large gamme de produits pour l'alimenta-
tion animale, la diététique, l'industrie pharmaceutique, etc. (en particulier des protéines
« blanches»). Les graines germées, crues, sont utilisées en alimentation humaine.
Si\I'ONOSIDES 863
L'écorce de cette espèce latino-américaine est, sur la base des traditions héritées des
Mayas, utilisée au Mexique dans le traitement de diverses affections dermatologiques.
l,a poudre d'écorce, saupoudrée sur les brûlures, serait analgésique et favoriserait la
n:génération tissulaire comme cela a été rapporté lors d'accidents (explosions,
Iremblements de terre).
M. tenuiflora, « l'arbre de peau », est un petit arbre endémique en Amérique
l'Cntrale et dans le nord de l'Amérique du Sud, caractérisé par des feuilles bipennées,
des épis denses de fleurs blanches et une gousse lancéolée inerme comprimée entre les
graines. La poudre d'écorce, d'odeur faible et de saveur farineuse, renferme de
Ilombreux grains d'amidon, des fibres libériennes et des cellules scléreuses entourées
de cellules cristallifères, des cellules de suber à contenu brun rouge.
L'analyse chimique de l'écorce a montré qu'elle renferme de la N,N-diméthyl-
Iryptamine, des 2-phénoxychromones, des hétérosides de phytostérols et des mono- et
hidesmosides de l'acide oléanolique et de l'acide machérinique (= acide 21~-hydroxy
oléanolique) : les mimonosides A-C. ln vitro, les mimonosides ont une action
cytotrophique sur les fibroblastes murins et humains, activant et prolongeant la
multiplication cellulaire pendant une dizaine de jours. Ceci pourrait expliquer, au moins
partiellement, les effets que l'on reconnaît à l'écorce. On note également un effet de
synergie avec divers immunostimulants (concanavaline A, lipopolysaccharides).
Il ne semble pas que cette espèce soit utilisée en France à des fins thérapeutiques;
elle entre toutefois dans la formulation de préparations « cosmétologiques » dont les
allégations sont à la limite de la thérapeutique .
Les dioscorées (ignames) constituent, dans les zones tropicales du globe, l'une des
hases de l'alimentation. Certaines espèces sont considérées comme médicinales,
Ilotamment en Extrême-Orient. La plupart renferment des saponosides (furostanols,
spirostanols, prégnanes), ce qui peut leur conférer différentes propriétés pharmaco-
logiques et conduit à leur utilisation dans l'industrie des stéroïdes (cf. p. 823).
Depuis une quinzaine d'années de nombreux compléments alimentaires et autres
crèmes ou lotions au statut incertain à base de « yam » sont offerts au consommateur
pour des « indications» variées, et ce sans aucune justification scientifique.
Certaines firmes, relayées par des sites aux motivations variées, laissent en effet
entendre que la plante est une source de progestérone et de DHEA (déhydroépi-
androstérone) et, qu'à ce titre, cette «biohormone » soulagerait, entre autres, les
864 TERPÉNOÏDES
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stéroïdes
Hétérosides cardiotoniques
1. Introduction ...........................................................................................................................870
2. Distribution ............................................................................................................................870
3. Structure .................................................................................................................................871
A. Structure des génines .................................................................................................871
B. Structure de la partie osidique ...................................................................................873
C. Structure des hétérosides ...........................................................................................874
relations structure-activité ......................................................................875
4. Origine biosynthétique ..........................................................................................................875
5. Propriétés physico-chimiques, caractérisation, dosage ........................................................ 877
A. Caractérisation ...........................................................................................................877
réactions colorées: des sucres, des génines ..........................................877
réactions de fluorescence .......................................................................878
B. Dosage ........................................................................................................................878
6. Pharmacologie .......................................................................................................................879
7. Emplois des plantes à hétérosides cardiotoniques ...............................................................880
8. Indications thérapeutiques .................................................................................................... 880
9. Principes de la prescription ................................................................................................... 881
10. Plantes utilisables pour l'extraction d'hétérosides ............................................................... 882
digitales ....................................................................................................................... 882
scille ........................................................................................................................... 888
strophanthus ................................................................................................................ 890
Il. Plantes toxiques à hétérosides cardiotoniques ...................................................................... 891
laurier-rose ..................................................................................................................891
thevetia, muguet .......................................................................................................... 893
hellébores .................................................................................................................... 894
12. Bibliographie ....................................................................................................................... 894
870 STÉROÏDES
1 . INTRODUCTION
2. DISTRIBUTION
3. STRUCTURE
Remarquablement homogène, cette structure comporte une génine stéroïdique de
type cardénolide (en C 23 ) ou bufadiénolide (en C 24 ) et une partie osidique, le plus
souvent oligosidique.
digitoxigénine
A/B cis - BIC trans - CID cis
CARDÉNOLIDES : b
digitoxigénine (H-S~)
uzarigénine (H-Sa) o o
BUFADIÉNOLIDE :
scillarénine
HO HO
872 STÉROÏDES
o o o
o o o o
La majorité des oses rencontrés dans les hétérosides cardiotoniques sont quasiment
spécifiques de ces molécules. Ce sont des 2,6-didésoxyhexoses comme le D-digitoxose
(= 2,6-didésoxy-D-allose) et des 2,6-didésoxy-3-méthylhexoses comme le L-
oléandrose (= 2,6-didésoxy-3-méthyl-L-mannose) ou le D-diginose (= 2,6-didésoxy-3-
méthyl-D-galactose) .
À côté de ces oses particuliers on rencontre également des 6-désoxyhexoses (L-
rhamnose, D-fucose) et des 6-désoxy-3-méthylhexoses tels que le L-thévétose ou 6-
désoxy-3-méthyl-L-glucose) et le D-digitalose (= 6-désoxy-3-méthyl-D-galactose).
H~ H~
HO
CH 3 0 OH HO
OH
OH CH 3 0~ OH
OH
H3 C OH OH
HO~OH
HO
HOH~
H3 CO
HO
~ HO
OH
~-D-digitoxose ex -L -oléandrose ex -L -rhamnose
OH
H~OH H~ OH HOH~
H3 CO
OCH 3 OH OH
Le glucose peut également être présent dans les structures hétérosidiques ; il est
alors généralement à l'extrémité d'un oligoside. Notons enfin qu'un hydroxyle d'un ose
peut être acétylé (voir plus loin: acétyldigoxine).
874 STÉROÏDES
o
HO _ <OHO
H~~ o
HOo o
H~h-o~O\
~ HO
0
OCH 3
K-strophantoside
OH
R =P-D-glc-(1->4)-a-L-rha-(1-»: convalloside
o R = a-L-rha-(1-» : con valla toxine
o
o
H3C/",-O-/
HO~
bryophylline A (= bryotoxine G) HO OH ouabaïne
o
o
o
)î+O"H
"",lo+o
H FI
orbicuside A usharidine
Les structures sont un peu différentes chez les Asclepiadaceae et les Crassulaceae.
('hez ces familles, l'existence de génines hydroxylées en C-2 autorise la formation d'une
structure cyclique (tylédoside A, uscharidine, calotropine). Dans le cas des Crassu-
laceae, la liaison avec le sucre peut même être triple (orbicuside). Chez cette même
ramille, la structure peut ne pas être hétérosidique : la bryophylline A des Kalanchoe est
un l ,3,5-ortho-acétate et d'autres bufadiénolides sont de simples esters (acétate ou
gluconate).
Relations structure-activité.
4. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
On admet actuellement que les cardénolides sont issus de la condensation, par une
malonyl-CoA transférase, d'un dérivé de la série du prégnane (un 20-cétoprégnane
ronctionnalisé tel que la 5p-prégnan-3,14,21-triol-20-one) avec une unité malonyl. La
réduction de la double liaison en 4,5 fait intervenir une 5p-réductase spécifique. Le
mécanisme de l'introduction de l'hydroxyle en C-14 avec inversion de la configuration
reste à préciser.
Drimia maritima (L.) Stearn
HÉTÉROSIDES CARDIOTONIQUES 877
En règle générale, les hétérosides sont plutôt solubles dans l'eau, légèrement
solubles dans l'éthanol et le chloroforme: la digitoxine est beaucoup plus soluble dans
le chloroforme que la digoxine, laquelle est assez soluble dans l'éthanol dilué et le
mélange éthanol-chloroforme. Les deux sont très peu solubles dans l'acétate d'éthyle.
Des hétérosides primaires comme le lanatoside C sont hydrosolubles, solubles dans le
dioxane, très peu solubles dans le chloroforme (l g dans 2 litres), quasiment insolubles
dans le méthanol. La présence de la lactone fragilise la molécule: possibilité
d'ouverture en milieu alcalin.
A. Caractérisation
Réactions colorées. Elles peuvent être dues aux sucres ou aux génines.
Réactions des sucres. Les seules réactions des sucres présentant un intérêt sont
celles qui sont spécifiques des 2,6-didésoxyhexoses. La réaction couramment mise en
œuvre est celle au xanthydrol, également connue sous le nom de réaction de PESEZ:
addition de xanthydrol à une solution d'hétérosides dans l'acide acétique concentré puis
chauffage au bain-marie; il se développe une coloration rouge.
On peut aussi utiliser la réaction de KELLER-KILIANI : addition d'acide sulfurique
concentré contenant des traces de sels ferriques à une solution d'hétéroside dans l'acide
acétique concentré contenant également des sels ferriques; il se forme un anneau brun-
rouge et la solution acétique se colore lentement en bleu-vert. À noter que des
hétérosides comme l'ouabaïne (dont la partie osidique est un rhamnose, c'est-à-dire un
6-désoxyhexose) ne donnent pas cette réaction, mais que d'autres hétérosides de 2,6-
didésoxyhexoses non cardiotoniques donnent une réaction positive: c'est le cas des
digitanol-hétérosides à D-diginose (c'est-à-dire à 2,6-didésoxy-3-méthyl-D-galactose)
comme le diginoside ou la digifoléine.
Réactions dues aux génines. On peut mettre en œuvre les réactions classiques des
stéroïdes, mais leur manque de spécificité en limite l'intérêt. Dans le cas des
cardénolides, il est beaucoup plus intéressant de recourir à des réactions relativement
878 STÉROÏDES
Réactions de fluorescence
B. Dosage
6. PHARMACOLOGIE
gnosie et est traité en détail dans des ouvrages spécialisés. Nous noterons simplement
ici qu'une molécule peu hydroxylée comme la digitoxine est lipophile: administrée par
voie orale, elle est rapidement et entièrement résorbée; elle est fortement fixée par les
protéines plasmatiques et son élimination par voie biliaire et rénale est lente (1/2 vie> 6
jours, très variable selon le patient). La digoxine, moins lipophile, est moins bien
résorbée au niveau intestinal (80 %) ; peu liée aux protéines plasmatiques, elle diffuse
rapidement dans les tissus; peu métabolisée, elle s'élimine principalement et assez
rapidement par voie rénale (1/2 vie = 36 heures). Une molécule très polaire comme
l'ouabaïne ne peut être administrée que par voie IV (la résorption digestive est très
mauvaise), et son élimination rénale est rapide. Les concentrations plasmatiques non
toxiques se situent respectivement entre 10 et 25 ng/ml et 0,8 à 2 ng/ml pour la ,
digitoxine et la digoxine.
Ces plantes ne sont pas utilisées en nature et les formes galéniques, du fait de leur ;
activité inconstante, ont été abandonnées au profit des hétérosides purs fournis par '
l'industrie extractive. En France, ce sont les différents hétérosides obtenus par :,
extraction des feuilles de la digitale laineuse qui sont employés en pratique médicale ;
courante. L'ouabaYne des Strophanthus, longtemps recherchée pour l'urgence, n'est plus;
commercialisée.
8. INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES
9. PRINCIPES DE LA PRESCRIPTION
Les premiers signes d'un éventuel surdosage sont d'ordre digestif (nausées,
vomissements, parfois diarrhées) puis, souvent, visuels (coloration jaune de la vision,
scotomes scintillants) et neuro-sensoriels (confusion, névralgies). Les troubles
cardiaques sont surtout des blocs auriculo-ventriculaires et des bradycardies sinusales,
plus rarement des tachysystolies auriculaires ou des fibrillations ventriculaires, etc. En
cas de surdosage le traitement doit être suspendu et des mesures adéquates mises en
œuvre. Les intoxications, favorisées par l'insuffisance rénale et certaines associations
médicamenteuses, nécessitent l'hospitalisation en service spécialisé. Les fragments Fab ï
d'anticorps anti-digoxine constituent un antidote efficace à l'intoxication massive.
laches rouge vif cernées de blanc. L'androcée est didyname, le style filiforme. Le fruit
l'st une capsule 2-loculaire ovoïde entourée d'un calice persistant; il libère, par
déhiscence septicide, des graines nombreuses et minuscules. L'espèce est spontanée sur
les terrains siliceux de l'Europe occidentale où elle se développe dans des stations rni-
ombragées; elle est absente des régions méditerranéennes. Son habitat est assez dense
dans certaines régions pour avoir permis un ramassage des plants sauvages. En fait
l'espèce a longtemps été cultivée.
La digitale laineuse est une espèce vivace, calcicole, à feuilles sessiles, lancéolées,
acuminées au sommet, glabres, à marge entière. Les fleurs sont groupées en une longue
grappe dense. Les bractées de l'inflorescence et le calice sont très velus; la corolle, de
couleur blanc crème veinée de brun, est fortement bilabiée, la lèvre inférieure étant de
même longueur que le tube alors que le lobe supérieur bifide est très court. L'espèce est
originaire des régions centrales et méridionales de l'Europe où elle pousse sur les
pentes calcaires ensoleillées. La digitale laineuse utilisée pour l'extraction provient
uniquement de la culture. L'espèce, assez peu exigeante, se cultive bien, même sur des
terrains peu calcaires. Des variétés sélectionnées sont cultivées en Hollande.
z;d"",
R-O
R =H : diginigénine HO digitogénine
R =digitalose : digitalonine H
R =diginose : diginoside
R =H : digitoxigénine
R =OH : gitoxigénine
R =O·CHO : gitaloxigénine o o
purpureaglucoside A
2. La nature hétérosidique de ces molécules impose naturellement une désinence ·oside ; toutefois!
l'usage et la Pharmacopée conduisent à retenir la désinence ·ine.
IIÉTÉROSIDES CARDIOTONIQUES 887
o
OH O~ OH
HO~O
HO
~O~O\ ~O
OH~é' ~~é
.0
H
OH
l I/anatoside C désacétyl-Ianatoside C
o l~ ~-D-glucose
O~ OH
~==~. ~O/R* ~ digoxine
HO~O/R* 0
r 0
~é ' 'lcH 3C02H
1 1
Emplois des digitales. La digitale pourpre a servi autrefois à préparer des formes
galéniques simples (poudre, teinture); en Europe, elle n'est pratiquement plus utilisée
pour l'extraction des hétérosides.
Sont actuellement commercialisés en France: la digitoxine (digitaline), la digoxine
et le désacétyl-lanatoside C (DCI : deslanoside). Quelques pays utilisent un dérivé
hémisynthétique, la ~-méthyldigoxine (médigoxine).
Posologies
Digoxine (liste 1). Disponible en comprimés à 0,25 mg ou 0,125 mg, en solution
buvable (0,05 mg = 1 ml) ainsi qu'en solution injectable IV (1 ampoule = 0,5 mg) et
solution injectable pédiatrique (1 ampoule = 0,05 mg). La dose d'attaque, chez l'adulte,
est de 1 à 2 mg/jour en plusieurs prises, la dose d'entretien de 0,25 mg/ jour en une ou
deux prises. Posologies à diminuer en fonction de la créatininémie chez l'insuffisant
rénal (il y a une bonne corrélation entre la clairance rénale de la créatinine et celle de la
digoxine). DM: 1 mg/prise; 2 mg/jour.
La plante, le bulbe. La scille est une plante méditerranéenne, vivace par un bulbe
volumineux formé d'écailles emboîtées et dont la masse peut atteindre 3 à 4 kg. Les
feuilles sont entières, lancéolées; les fleurs, 3-mères à sépales pétaloïdes, sont disposées
en une longue grappe serrée sur une hampe florale de 1 à 2 m de hauteur. Le bulbe de
scille faisait l'objet d'une monographie à la 8' édition de la Pharmacopée française; elle
est officinale dans plusieurs pays. Les écailles moyennes, épaisses et charnues, sont
découpées transversalement pour faciliter le séchage. De ce fait, la scille commerciale
se présente en lanières cornées de coloration variable; hygroscopique, elle se conserve
mal. La coupe et la poudre sont caractérisées par la présence de grosses raphides
d'oxalate de calcium (200-500 x 5-15Ilm), isolées ou groupées en paquets.
Composition chimique. Le bulbe renferme des fructanes, des tanins condensés, des
flavonoïdes, et jusqu'à 4 % de bufadiénolides. Les constituants majoritaires sont des
hétérosides de la scilIarénine ou scillarigénine (glucosciIlarène A et sciIlarène A) ou de
son dérivé hydroxylé en C-l1 p, la scilliphaeosidine (scillaphaeoside et glucoscillaphae-
oside). On note également la présence de scillicyanoside. Par hydrolyse enzymatique, le
scillarène A perd une molécule de glucose pour conduire à la proscillaridine A.
L'hydrolyse en milieu acide de la proscillaridine A ne conduit pas à la génine, la
scillarénine, mais au produit de déshydratation de celle-ci, la scillaridine.
Les autres espèces du groupe maritima ont une composition différente
qualitativement ou quantitativement: V. hesperia a une composition voisine, mais est
beaucoup moins riche (1-2 % de bufadiénolides totaux); V. pancration ne contient pas
de sciIlarène A, mais du scillirubroside et du scilliroside (alors que c'est une espèce à
bulbe blanc), ce dernier constituant étant également présent chez les tétraploïdes
égyptiens à bulbe blanc. A contrario, des espèces à bulbe rouge ne contiennent pas (V.
aphylla) ou peu (u. numidica) de scilliroside.
La forme tétraploïde de D. indica, espèce indienne utilisable pour l'extraction
industrielle, a une composition très voisine de celle de D. maritima : elle s'en distingue
cependant par l'absence de glucoscillarène A et par la présence de 3-rhamnosyl-
sciIIiglaucosidine ; elle s'en distingue également par la coloration rouge qui se
développe lorque l'on additionne la poudre d'une goutte d'iode.
scillaridine
OH 0
HO~O H
3C
T-----O-J
OH ~OH
scillarèneA
proscillaridine A
R =H : scillirubroside o R =H : scilliglaucoside o
R =OCOCH 3 : scilliroside R =OCOCH 3 : scillicyanoside
o o
~-D-Glc-O
O-~-D-Glc
Pour une étude détaillée de ces espèces toxiques, voir: Bruneton, J. (2005). Plantes toxiques - Végétaux
dangereux pour l'Homme et les animaux, 3' éd., Tee & Doc, Paris. Entre autres: pp. 139-145 (Nerium),145-
148 (Thevetia), 401-402 (Convallaria) , 479 (Helleborus) et 518-523 (Digitalis). Pour des références plus
récentes, voir la bibliographie ci-dessous.
• DIGITALES
!::oz
Strophanthus hispidus De.
1
,
HÉTÉROSIDES CARDIOTONIQUES 893
o
thévétioside HO~ oléandrine
H3 CO
o o o o
a-L-Rha-O a-L-Rha-O
OH OH
R =CHO : con val/a toxine lokundjoside
R =CH 20H : conval/atoxol
D-digitalose). L'intoxication par le laurier-rose n'est pas rare chez l'animal, surtout
dans les zones géographiques ou l'espèce est abondante. Elle n'est pas exceptionnelle
chez l'Homme, qu'elle soit volontaire ou consécutive à une confusion .
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Autres stéroïdes
autres triterpènes
1. Introduction ..........................................................................................................................898
2. Autres stéroïdes ....................................................................................................................898
A. Plantes à stéroïdes .................................................................................................898
guggul .....................................................................................................898
condurango .............................................................................................900
B. Plantes pouvant devoir tout ou partie de leur activité à des phytostérols ............901
grande ortie .............................................................................................90 1
/3-sitostérol ..............................................................................................904
extraits de pollen .....................................................................................905
courge ......................................................................................................906
C. Phytostérols hypocholestérolémiants ....................................................................907
3. Autres triterpènes .................................................................................................................909
A. Cucurbitacines .......................................................................................................909
B. Triterpènes divers ..................................................................................................910
bouleau ....................................................................................................910
actée à grappes ........................................................................................911
Salai guggal ............................................................................................914
C. Triterpènes modifiés ..............................................................................................915
limonoïdes ...............................................................................................915
Rutaceae ............................................................................................915
Meliaceae, lilas de Perse ...................................................................916
quassinoïdes ............................................................................................917
4. Bibliographie ........................................................................................................................918
898 STÉROÏDES
1 . INTRODUCTION
HO ajugalactone
ecdysone
o o
2. AUTRES STÉROïDES
A. Plantes à stéroïdes
(Baluchistan). La « gomme» est récoltée à intervalles réguliers dans les semaines qui
suivent l'incision superficielle de l'écorce du tronc et des grosses branches. Sèche et de
bonne qualité, elle se présente en fragments vermicellés translucides, jaune pâle ou
verdâtres, de saveur aromatique et amère, d'odeur balsamique.
o
Z-guggulstérone E-guggulstérone
Évaluation clinique. Plusieurs études et essais réalisés en Inde ont montré que des
produits à base de guggul réduisaient la cholestérolémie totale de 10 à près de 30 %. De
900 STÉROÏDES
fait, et deux synthèses méthodiques récentes l'ont souligné, ces études n'apportent pas
une preuve de bon niveau de l'effet (pas d'insu, pas de randomisation, faible effectif,
etc.). Un essai randomisé en double aveugle versus placebo a été conduit par une équipe
de Philadelphie chez 103 patients qui ont reçu, quotidiennement pendant 8 semaines, 3
x 1 g ou 3 x 2 g d'extrait standardisé à 2,5 % de guggulstérones. Les patients des
groupes guggul ont vu leur taux de LDL-cholestérol augmenter de 4 et 5%. Le
cholestérol total, le HDL-cholestérol et les triglycérides n'ont pas été modifiés (ces
derniers ont été abaissés chez les patients qui avaient un LDL-cholestérol initial> 1,6
g/l). Des différences de comportement alimentaire expliquent-elles la contradiction
entre cet essai et les essais indiens? Aucun essai n'a comparé directement le guggul à
un traitement de référence (statines). Par ailleurs, l'intérêt du guggul dans le traitement
des algies articulaires n'est pas démontré.
1. Il a également été rapporté, pour l'extrait (0,9 g/j), un cas possible de rhabdomyolyse . Cf. :
Bianchi, A., Cantù, P., Firenzuoli, F. et al. (2004). Rhabdomyolysis caused by Commiphora mukul, a natural
lipid-Iowering agent, Ann Pharmacother., 38, 1222-1255.
AUTRES STÉROÏDES 901
(on sait seulement que les hétérosides sont toxiques, in vitro, sur des cellules tumorales
1sarcome 180]). L'écorce stimulerait les sécrétions salivaires et gastriques.
P-o
H
La plupart des végétaux supérieurs élaborent des stérols substitués en C-24a (24-
méthyl- et 24-éthyl stérols) 2. Les formes ~ ne sont généralement présentes qu'à l'état de
traces, sauf chez les trachéophytes les plus primitifs, les Bryophyta et les Hepaticophyta 3 .
Si les phytostérols jouent un rôle important dans la physiologie du végétal, leurs
éventuelles propriétés pharmacologiques ne retiennent guère l'attention .
La feuille d'ortie est constituée par les feuilles séchées, entières ou fragmentées
d'Urtica dioica L., d' Urtica urens ou du mélange de ces deux espèces. Teneur: au
3. En première approximation, les 24~-méthyl (ou éthyl) stérols sont caractéristiques des
Champignons et de certaines Algues. Les 24-méthylène stérols sont présents chez les algues brunes
mais aussi dans certaines familles de végétaux supérieurs (Asteraceae, Cucurbitaceae, etc.).
ft
902 STÉROÏDES
La plante, la feuille. Cette mauvaise herbe étant nitrophile, elle est très commune
autour des habitations, dans les décombres et les fossés. La tige quadrangulaire porte des
feuilles vert sombre. Le limbe, à bords découpés en dents de scie, peut mesurer jusqu'à
10 cm de longueur et 5 cm de largeur. Il porte, sur les 2 faces, des poils urticants 4 et des
poils tecteurs, plus abondants sur les nervures et les bords de la face inférieure. Pétiole
et tiges portent aussi des poils urticants. Les fleurs, généralement unisexuées, sont
disposées en longues grappes ramifiées insérées à l'aisselle des feuilles.
Examinée au microscope (hydrate de chloral), la poudre de feuille d'ortie présente
des poils urticants de 2 mm de long constitués d'une seule cellule allongée et fuselée à
pointe cassante, issue d'une base multicellulaire saillante. Les poils tecteurs sont plus
petits « 700 f..lm). On note la présence de nombreux cystolithes à masses denses de
carbonate de calcium.
La feuille d'ortie, dont l'identité est confIrmée par CCM, ne renferme ni plus de 5 %
de tiges, ni plus de 5 % d'autres éléments étrangers (en y incluant les inflorescences).
Les acides sont dosés par chromatographie liquide après extraction méthanolique.
4. L'action urticante est due au liquide contenu dans les poils et qui est libéré au moindre choc qui;
casse leur extrémité, les transformant ainsi en une véritable aiguille hypodermique. Ce liquide contient
de l'acétylcholine, de l'histamine et, d'après des travaux publiés en 1990, des leucotriènes. Cf: Oliver, .
F., Amon, E.U., Breathnach, A. et al. (1991). Contact urticaria due to cornrnon stinging nettIe (Urtica dioica) "
- Histological, ultrastructural and pharrnacological studies, Clin, Exp. Dermatol., 16, 1-7.
AUTRES STÉROÏDES 903
Évaluation clinique. Parmi les dizaines d'essais publiés, seul un nombre restreint
évaluent la racine d'ortie en monopréparation, versus placebo, en double aveugle et
avec randomisation. Les deux essais les plus anciens, de faible puissance statistique, ont
conduit à des résultats contradictoires. Les deux plus récents ont évalué, conformément
aux recommandations actuelles, l'impact sur le score IPSS 5. Ils ont concerné des patients
il symptomatologie moyenne (IPSS voisin de 18). Dans les deux cas, l'extrait a été plus
efficace que le placebo de façon statistiquement significative, mais faiblement, du moins
dans l'essai le plus vaste et le plus long (246 patients, durée: un an; IPSS : - 5,7 ± 0,8
versus - 4,7 ± 0,8, P = 0,023). Dans ce même essai, il n'a pas été constaté d'effet statisti-
quement significatif ni sur le débit maximal, ni sur le résidu postmictionnel. Tous les
autres essais, en double aveugle ou non, ont été réalisés avec des mélanges d'un extrait
d'ortie et d'un extrait d'une autre plante, par exemple le Serenoa repens. On ne peut
donc pas en tirer de conclusions claires quant à l'effet spécifique de l'extrait de racines
d'ortie. Sur l'intérêt des extraits végétaux dans le traitement de l'hypertrophie bénigne de
la prostate, voir les remarques de l' ANAES, p. 186.
Plusieurs essais cliniques, en majorité méthodologiquement inapropriés, suggèrent
que l'extrait de feuille est efficace en cas de douleurs articulaires. En l'état actuel des
données, la preuve de l'(éventuelle) existence d'une telle activité reste à apporter. Il n'y a
pas non plus de preuve solide d'une activité diurétique.
Toxicité, effets indésirables. Les données publiées sur la toxicité des extraits de
feuilles d'ortie concernent surtout des voies spécifiques (intrapéritonéale, intraveineuse).
La DLSO per os serait de 1,3 g/kg chez le Rat. Dans le cas de la racine, elle serait> 30
g/kg. Il n'a pas été rapporté d'effet indésirable autre que mineur lié à l'emploi des
extraits d'ortie dans les conditions habituelles de posologie et de durée.
5. Le score IPSS (International Prostate Symptom Score) est fondé sur la réponse à sept questions
évaluant la sévérité des symptomes urinaires. Il varie de 0 à 35. Un IPSS de 8 à 19 correspond à un
patient moyennement symptomatique. Un score supérieur à 20 à des symptômes sévères. On évalue
IIl1ssi couramment la qualité de vie (score de 1 à 6).
904 STÉROÏDES
~-SITOSTÉROL
6. Le phytostérol tel qu'il est défini par la Phannacopée européenne (6' éd., 01/2008:1911) est un,
mélange naturel obtenu à partir de plantes des espèces [sic] Hypoxis, Pinus et Picea. Il contient au';
minimum 70 % de P-sitostérol. Il contient en outre au maximum: 15 % de sitostanol et de campestérol;;
5 % de campestanol, de L'l.7-stigmastérol et de stigmastérol, 0,5 % de brassicastérol et de cholestérol,
(dosés par ePG après silylation).
AUTRES STÉROÏDES 905
glucosides. Ils sont en général préparés à partir de plantes appartenant au genre Hypoxis
(cf. p. 339), Picea ou Pinus. Le mécanisme d'action de ces stérols est inconnu.
/" /"
~
H H H
EXTRAITS DE POLLEN
Les graines de courge furent officinales jusqu'au début du XXc siècle. Elles ont été '
longtemps utilisées pour leurs propriétés vermifuges (une spécialité tcenicide à base de
graines de courge a été commercialisée en France jusqu'au début des années 1980).
Depuis quelques années, certains pays européens commercialisent l'huile de semences ,
de courge comme traitement médicamenteux de l'hypertrophie bénigne de la prostate.
Cette grande plante annuelle à très longues tiges couchées est caractérisée par de
grandes feuilles couvertes de poils raides, par des vrilles ramifiées, par de grandes (5-10
cm) fleurs 5-mères, unisexuées (2 paires d'étamines unies + 1; ovaire 3-carpellé),
gamopétales, jaunes, et par une baie très volumineuse renfermant de nombreuses
graines dans une pulpe spongieuse. La graine est aplatie, blanchâtre (15-20 x 8-10 x 2-
3 mm). Amincie en goulot oblique à l'une de ses extrémités, elle est bordée d'un ','
bourrelet arrondi.
c. Phytostérols hypocholestérolémiants
Les phytostérols végétaux les plus fréquents ont une structure proche de celle du
cholestérol animal. Ils en diffèrent par leur chaîne latérale qui comporte un ou deux
carbones supplémentaires. Les plus fréquents sont des 24-éthylstérols (sitostérol) et des
24-méthyl-stérols (campestérol) qui peuvent aussi être insaturés en C-22-23 :
stigmastérol (24-éthyl) et brassicastérol (24-méthyl).
Ces phytostérols sont présents en quantité notable dans les huiles où ils constituent,
avec les tocophérols, l'essentiel de la fraction insaponifiable 7. On en trouve aussi dans
certaines graines et, dans une moindre mesure, dans les fruits et les légumes. L'apport
alimentaire journalier moyen varie, pour l'alimentation occidentale, entre 150 et
:l00 mg (pour un apport moyen de cholestérol de 400 mg/j). Si l'apport alimentaire en
phytostérols et en cholestérol est du même ordre de grandeur, il n'en est pas de même
de leur concentration plasmatique, celle des phytostérols étant < 0,5 % de celle du
cholestérol (ce qui est dû à une très faible absorption des phytostérols, et à la synthèse
endogène du cholestérol).
7. Les phytostérols sont présents dans les bois. Ils peuvent donc être récupérés dans les sous-
produits issus du traitement des pins en vue de la production de la pâte à papier (tall-oil). La seule
différence entre les phytostérols issus de cette source et ceux provenant des huiles alimentaires réside
dans les proportions respectives des stérols (voir au chapitre« Lipides: huiles végétales », pp. 156-175).
Dans le cas des bois, le sitostérol est largement majoritaire. Les produits de réduction des phytostérols
de bois sont principalement constitués de sitostanol.
908 STÉROÏDES
Effets indésirables. Les stérols et les stanols sont considérés comme sûrs : on ne
leur connaît que de très rares effets indésirables (troubles du transit, réactions
allergiques). Il a été noté que la consommation régulière de ces produits (aux doses
habituellement préconisées) entraîne une diminution de la concentration plasmatique en
p-carotène et, dans une moindre mesure, en tocophérols. Toutefois, aucune consé-
quence de cette baisse du p-carotène n'est actuellement connue et l'on en ignore les"
effets à long terme.
Quel peut-être le risque de la présence des phytostérols dans le plasma? Il demeure :
très hypothétique. Toutefois, une étude suggère que des patients ayant une sitostérolémie
modérément élevée voient leur risque d'événement cardiovasculaire accru (mais ne
faut-il pas alors mettre en balance la diminution du risque liée à la diminution de la
cholestérolémie?). Ces produits ne conviennent pas aux sujets souffrant d'une anomalie
génétique particulièrement rare, la phytostérolémie héréditaire. Il n'a pas été publié
d'interaction des phytostérols avec l'absorption ou la biodisponibilité de médicaments.
8. D'autres denrées alimentaires peuvent être concernées en Europe: sauces salade, laits, laits fer-
mentés, yogourts, boissons lactées, certains fromages, boissons au soja et sauces épicées, à condition que
ces aliments soient conditionnés de façon à être divisés en portions apportant 3 g maximum par jour.
En France, l'Afssa n'est pas favorable à l'ajout de phytostérols dans les fromages et les spécialités:
fromagères car l'aliment vecteur est inapproprié et il existe un risque de cumul de doses avec d'autres
produits (tels que les margarines allégées) enrichis en phytostérols. L'Agence s'est par contre montrée:
favorable à l'ajout dans les yogourts, sur la base d'une enquête de consommation fournie par le!
pétitionnaire (fabricant).
/\ UTRES TRITERPÈNES 909
3. AUTRES TRITERPÈNES
A. Cucurbitacines
OCOCH 3
HO
ment en homéopathie. Les intoxications liées à ces plantes sont le plus souvent dues à
des confusions (par exemple de la coloquinte avec une courgette ou un concombre), ou
à une utilisation médicinale traditionnelle (suc d'Ecballium en instillation nasale, etc.).
La bryone, Bryonia cretica L. subsp. dioica (Jacq.) Tutin est fréquemment incriminée
pour ses fruits, des baies rouges à maturité, qui peuvent provoquer la convoitise des
enfants, et des symptômes le plus souvent digestifs. La bryone figure sur la liste B des
plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée (IOC éd., IV.7.b), c'est-à-dire que c'est
une espèce « dont l'évaluation du rapport bénéfice/risque est négative ».
B. Triterpènes divers
9. Des indications identiques peuvent être revendiquées en France pour la racine de bugrane
(Note explicative de 1998). Cette Fabaceae d'Europe également connue sous le nom d'arrête-bœuf
(Ononis spinosa L.) renferme un triterpène issu d'une« double » cyclisation du squalène, l'onocérine.
Rien ne prouve que cette substance intervienne dans l'activité - elle reste d'ailleurs à démontrer,
pharmacologiquement et cliniquement. La racine d'ononis renferme aussi des stérols, des iso-
flavonoïdes (isoflavones [glycosides de la formononétine et de la biochanine-A et leurs dérivés
malonylés], ptérocarpanes) et moins de 1 ml/kg d'huile essentielle. En Allemagne la Commission E du
lyArM approuve l'emploi de la bugrane dans la prévention et le traitement des lithiases rénales et
wmme lavage du système urinaire lors de poussées inflammatoires. Posologie: de 6 à 12 g par jour
Quassia amara L.
 UTRES TRITERPÈNES 913
Évaluation clinique. Plusieurs dizaines d'essais évaluant l'effet de l'actée sur les
symptômes de la ménopause ont été publiés. Très souvent de méthodologie sommaire,
ils ne sont pas toujours indépendants et, majoritairement, concluent en faveur de l'extrait
d'actée. Certaines synthèses récentes font de même - ou soulignent le caractère mitigé
des résultats -, mais elles ne définissent pas clairement leurs critères d'inclusion. Une
synthèse méthodique publiée en 2008 n'a recensé que 6 essais (1112 patientes) randomi-
sés et en double aveugle évaluant une monopréparation d'actée à grappes, dont 5 versus
placebo. Des produits et des doses très différents, des critères de jugement disparates ne
prenant qu'une fois sur deux en compte la fréquence journalière des bouffées de chaleur
et le bilan contrasté des résultats conduisent à conclure à l'absence de preuve
convaincante de l'efficacité des extraits d'actée à grappe pour réduire les symptômes de
la ménopause. Il demeure envisageable que ces extraits exercent un modeste effet sur la
se vérité des symptômes à court terme. Un essai rigoureux de longue durée (un an, 351
patientes) n'a pas établi de différence d'effet statistiquement significative entre un
placebo et un extrait standardisé d'actée sur la fréquence des bouffées de chaleur. Un
914 STÉROÏDES
essai chez des femmes ayant eu un cancer du sein a conduit au même constat. Aucun
essai clinique ne valide l'emploi en cas de dysménorrhée. Les essais évaluant les extraits
d'actée sur l'anxiété et les perturbations psychologiques sont ininterprétables dans la
mesure où ils ont mis en œuvre un mélange d'actée et de millepertuis.
OH
~-D-Xyl-O
C0 2H ,
cimicifugoside acide 3-0-acétyl-ll-cétoboswe/lique \,
étudiée sur différents modèles animaux (arthrites induites et œdèmes) et il a été établi
que l'AKBA et, dans une moindre mesure, l'acide boswellique, sont, in vitro, des
inhibiteurs spécifiques de la 5-lipoxygénase, donc de la synthèse des leucotriènes. Un
extrait enrichi en AKBA freine, in vitro et chez le Rat, la production des cytokines pro-
inflammatoires
Des études préliminaires chez le Rat ont souligné l'absence de toxicité, aussi bien en
aigu qu'en chronique (lg/kg/j x 6 mois) de ces acides triterpéniques. Des observations
cliniques réalisées chez des patients souffrant d'arthrite rhumatoïde - la méthodologie
de ces essais n'est pas précisée - ont conduit certains à penser que ce produit, bien
toléré, pourrait constituer une thérapeutique d'appoint. Un seul essai clinique randomisé
en double aveugle versus placebo testant une monopréparation a constaté la supériorité
d'un extrait de Boswellia sur le placebo chez des patients souffrant d'arthrose du genou
(75 patients, 90 jours, 100 ou 250 mg/j d'extrait titré à 30 % d'AKBA). Ce possible
effet doit être confirmé par d'autres équipes. Tous les autres travaux cliniques publiés
ont été conduits avec des mélanges de plantes.
Les données cliniques susceptibles de valider l'emploi des préparations à base de
Boswellia serrata dans le traitement de l'asthme, de la colite ulcéreuse ou encore de la
maladie de Crohn sont très insuffisantes.
Boswellia serrata ne figure pas à l'annexe 1 de la Note explicative de l'Agence du
médicament (1998). Cette espèce ne fait pas non plus l'objet, en Allemagne, d'une
monographie de la Commission E du BfArM. Remède traditionnel de la médecine
ayurvédique, il est utilisé en Inde pour le traitement de divers états inflammatoires,
notamment sous la forme d'un extrait (douleurs rhumatismales, inflammation du tube
digestif et des voies respiratoires, affections cutanées diverses).
c. Triterpènes modifiés
Limonoïdes
HO HO HO
tirucalla-7,24-dién-3~-ol apotirucallol
0 0 0
OH
C02H
a a
HO
acide limonoique obacunone gédunine ~
î
~l
j
Rutaceae. Les limonoïdes des Citrus n'ont pas d'intérêt pharmaceutique. Ils sont!
responsables de l'amertume qui se développe graduellement dans les jus de fruits après .1
leur préparation. Cette amertume est commune à tous les Citrus alors que l'amertume)
immédiate, spécifique à certaines espèces (pamplemousse), est due à des hétérosides dei
flavanones. Dans le fruit frais et intact, l'acide limonoïque monocarboxylique existe J
sous la forme d'un sel, non amer. Après expression du jus, il y a acidification et l
lactonisation en limonine, amère. Commercialement cette amertume différée peut poserj
divers problèmes qui pourraient justifier l'élimination biotechnologique des substances 1
qui en sont responsables. '.
j
J
AUTRES TRITERPÈNES 917
o
o
quassine
Origine (schématique) des quassinoïdes
HO
brucéantine azadirachtine
Quassinoïdes
La plupart de ces principes amers des Simaroubaceae ont un squelette en C20 (ou en
C 19); un certain nombre conservent une partie de la chaîne latérale de leur précurseur
commun et, de ce fait, ont un squelette à 25 carbones. Toutes les molécules du groupe
sont fortement oxygénées et lactoniques.
Diverses plantes à quassinoïdes ont été utilisées autrefois pour des propriétés
Ioniques ou insecticides (pucerons, poux). C'est le cas des quassias: quassia du
Suriname (Quassia amara L.) et quassia de la Jamaïque (Picrasma excelsa [Sw.]
Planchon), grands arbres des Caraïbes dont on utilisait le bois, riche en quassine,
considérée comme amère et apéritive 10. L'intérêt potentiel des Simaroubaceae est lié
uux activités biologiques marquées d'un certain nombre de quassinoïdes. C'est
918 STÉROÏDES
notamment le cas des quassinoïdes en C20 isolés des Brucea, Ailanthus, Simarouba,
Castela et autres Simaba qui possèdent des propriétés cytostatiques. Cette activité est le
fait des structures pontées (8,11 ou 8,13), estérifiées (en C-15 ou en C-6), insaturées au
niveau du cycle A et hydroxylées en C-11 et C-12 comme, par exemple, la brucéantine.
Plusieurs quassinoïdes, pour la plupart en C 20 et pontés sont, in vitro et à très faible dose
(IC50 < 0,02 f..lg/ml), antimalariques. Certains sont également amœbicides.
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hydroa\coolique est commercialisée depuis 1910. Il s'agit de la Quintonine®, qui renferme également aussi
l'extrait fluide hydro-a\coolique de racine de gentiane, de la teinture de cannelle, de la teinture de (l111In(ll1inn·!
de la teinture de kola et de la teinture d'orange amère.
/\ UTRES TRITERPÈNES 919
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terpénoïdes
Caroténoïdes
1. GÉNÉRALITÉS
L
922 STÉROÏDES
17 1B 19 20
Cl èX eX 2
"~" 1 ___
,
'~
l
3 4 6 ,î
~ Y E- K 1
1
19 i
16 17 j
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
1B
~-carotène =~,~-carotène
o-carotène = (6R)-E,\jI-carotène
o canthaxanthine =~,~-carotène-4,4'-dione
( 't\ROTÉNOÏDES 923
présqualène, l'ion carbonium n'est pas stabilisé par l'apport d'un proton d'un NADPH
Illais par le départ d'un proton; il se forme un carbure 15,15'- insaturé, le phytoène. Le
phytoène est ensuite progressivement dé saturé en phytofluène, ç-carotène,
neurosporène et, infine, lycopène. La ou les extrémités insaturées peuvent se cycliser à
la suite de la protonation de la double liaison terminale et, ultérieurement, les composés
formés peuvent être oxydés (hydroxylation en C-3), époxydés, voire partiellement
dégradés (apocaroténoïdes, acides caroténiques). L'enchaînement cyclopentanique de
type K trouve son origine dans le réarrangement d'un 5,6-époxy-~-carotène. Pour
Illémoire, on notera que quelques bactéries non photosynthétiques élaborent des
homologues en C45 et C50 des caroténoïdes.
Ces pigments sont largement répandus dans la nature : ils s'accumulent en effet
dans les chloroplastes de tous les tissus photosynthétiques. ~-Carotène, lutéine,
violaxanthine et néoxanthine sont présents dans les feuilles de presque tous les
végétaux. Les caroténoïdes s'accumulent aussi dans des pétales de fleurs (souci,
Origine biosynthétique
des carotènes
o-pp
phytoène
phytofluène
ç-carotène
000_00 j
Iycopène ------ ------- cyclisation de la ou des extrémités
924 STÉROÏDES
pensée, œillet d'Inde), dans des fruits qui peuvent renfermer les caroténoïdes
chloroplastiques ou accumuler d'autres dérivés (capsanthine des piments;
apocaroténoïdes des Citrus; lycopène de la tomate), dans des racines (carotte:
carotènes), dans des graines (maïs: zéaxanthine) où leur concentration peut, parfois,
être très élevée (rocou). Beaucoup plus rarement, on les rencontre chez des
Champignons. Localisés dans les complexes protéiques des photosystèmes de la
membrane des thylakoïdes, les caroténoïdes interviennent dans la photosynthèse: leur
système polyénique à électrons délocalisés permet la collecte et la transmission des
quanta bleu-vert (450-500 nm) de l'énergie lumineuse. Ils sont aussi (et surtout?)
photoprotecteurs à l'égard des radiations nocives (réaction avec l'oxygène singulet,
prévention de la photo-oxydation). La conjugaison des doubles liaisons de ces
molécules en fait de très efficaces piégeurs de l'oxygène monomoléculaire singulet
produit au cours des processus photochimiques. Ce sont par ailleurs des molécules ;,
susceptibles d'agir comme des antioxydants : ils captent le radical peroxy qui
s'additionne sur le polyène avant de conduire à divers produits oxygénés.
Q;:
a ,
~
H+
~'" ~",
élimination de Ha : type ~
X-Enz ellmlnallon de Rb: • type E
• X-Enz
Hb
HO
'(lIT 0
Principe de la formation
des cycles terminaux
cancers ont suggéré, globalement, la possibilité d'un rôle protecteur des caroténoïdes
alimentaires à l'encontre de divers cancers.
Au cours des dernières années, des études prospectives et plusieurs essais
d'administration journalière et pendant plusieurs années de carotènes à l'Homme ont été
entrepris: globalement, ils ont montré l'absence d'effet du ~-carotène sur l'incidence des
néoplasmes malins. Dans le cas du cancer du poumon, une synthèse méthodique
publiée en 2008 a agrégé six essais cliniques randomisés impliquant le ~-carotène et 25
études prospectives. Ses auteurs ont constaté l'absence de corrélation statistiquement
significative entre les caroténoïdes et le risque de cancer du poumon (RR = 1,10, IC95 :
0,89-1,36). Ces résultats confirment ceux d'une analyse antérieure qui avait concerné
400000 sujets suivis pendant 7 à 10 ans, et avait conclu à l'absence d'association entre
Ics caroténoïdes de la ration alimentaire et le risque de cancer du poumon (RR = 0,98,
le 95 : 0,87-1,11). Dans les études de cohorte qui ont trouvé une relation inverse, celle-
ci est généralement modeste et peut résulter d'autres facteurs (par exemple de la
consommation globale de fruits et de légumes).
D'autres études ont, au contraire, établi que la supplémentation en carotènes
augmentait le risque de cancer du poumon chez les fumeurs (méta-analyse: 4 études,
109000 sujets, RR = 1,24, IC95 :1,10-1,39).
La relation négative que certains suspectaient entre l'apport en carotènes et la
morbidité cardiovasculaire n'a pas été non plus confirmée. Plus globalement, les
carotènes n'ont pas d'incidence statistiquement significative sur la mortalité globale.
C'est ce qu'a montré l'étude Su.vi.max, après un suivi de 7,5 ans de 13000 adultes
consommant quotidiennement un complément à base de carotène, de vitamines C et E
ct de sélénium. C'est aussi ce qu'ont démontré d'autres études de grande ampleur: une
méta-analyse rassemblant 68 essais d'intervention et regroupant 232 000 sujets a mis en
lumière l'absence d'effet des carotènes seuls ou associés à d'autres antioxydants sur la
mortalité (toutes causes confondues: RR = 1,02, IC95 : 0,98-1,06).
Le lycopène et sa principale source alimentaire, la tomate, sont-ils utiles pour
prévenir le cancer de la prostate? Les études épidémiologiques évaluant l'incidence de
la consommation de tomates et/ou de lycopène sont nombreuses et leurs résultats
contradictoires. Si certaines études montrent qu'une forte consommation de tomates est
liée à une diminution très modeste de la fréquence des cancers de la prostate, d'autres,
de grande taille (suivi de 29 000 hommes pendant 4 ans) ne constatent pas de lien
statistiquement significatif entre la supplémentation en lycopène ou la consommation
d'aliments riches en lycopène et le risque de cancer prostatique. Répondant à la
demande d'industriels de la tomate qui souhaitaient revendiquer une allégation
« anticancer » pour leurs produits, la FDA a estimé que les preuves étaient insuffisantes
pour justifier une telle allégation sans un avertissement clair des consommateurs sur
l'insuffisance des preuves (cancer de la prostate), ou sur le caractère improbable de la
réduction du risque (autres cancers). Les résultats des essais sur le rôle du lycopène
dans la prévention des maladies cardiovasculaires sont tout aussi contradictoires.
Toutes ces données ne changent en rien les conclusions que l'on est par ailleurs
conduit à tirer des études sur le rôle d'une consommation régulière et significative de
fruits et de légumes sur la santé (fruits et légumes qui ont, rappelons-le, une
composition complexe ... et qui se substituent alors pour partie à d'autres aliments).
b
Capsicum annuum L.
( 't\ROTÉNOÏDES 927
• Les caroténoïdes peuvent, dans la mesure où ils interfèrent avec les processus de
photo-oxydation, présenter un intérêt en cas de photosensibilisation liée aux différentes
l'ormes de porphyries ainsi qu'en cas de photodermatose : photosensibilité médica-
menteuse, urticaire solaire, poussée estivale de lupus érythémateux. Ces produits (~
carotène et canthaxanthine, en association) sont utilisés par voie orale; ils sont contre-
indiqués en cas d'atteinte rétinienne et de glaucome. Le risque de cristallisation de la
canthaxanthine au niveau rétinien impose une surveillance médicale de la vue
lorsqu'elle est utilisée pendant plus de deux mois par an. Les porteurs de lentilles de
contact doivent tenir compte du risque de coloration.
Ni le lycopène, ni les autres caroténoïdes testés dans des essais contrôlés, n'ont eu
d'effet préventif dans la dégénérescence maculaire liée à l'âge.
• Les carotènes sont également utilisés dans la formulation des « pilules à bronzer» :
ils provoquent, à dose suffisante, une coloration de la peau au niveau de laquelle ils
s'éliminent (sans pour autant protéger la peau du rayonnement UV).
HO
~ ~ ~ ~ ~
capsanthine
~ ~ ~ ~
+r . OH
H041 0
"1
0
~ ~ ~ ~ ~
capsorubine
~ ~ ~ ~
+r . OH
CAROTÉNOÏDES 929
Composition chimique. Les piments sont riches en acide ascorbique; ils contien-
nent également des flavonoïdes, des oligosaccharides, des hétérosides diterpéniques
(capsianosides), un hétéroside de furostanol (capsicoside) et divers produits volatils.
Leur coloration est due à la présence de 0,1 à 0,8 % de caroténoïdes à terminaison
cyclopentanique dont la teneur augmente au cours de la maturation: la capsanthine (35
Ù 50 %) est une 3,3'-dihydroxy-~,K-carotén-6'-one; elle est accompagnée de
capsorubine (6 à 10 % = 3,3'-dihydroxY-K,K-carotèn-6,6'-dione), de violaxanthine (7 à
10 %), de ~-carotène (10 à 18 %), de capsanthinone, de cryptocapsine, de lutéine, de
zéaxanthine, etc. La saveur piquante des piments forts et enragés est due à une teneur
très variable en amides: les capsaïcinoïdes. Le composé majoritaire de cette série est la
capsaïcine, vanillamide de l'acide 8-méthyl-non-6-énoïque; elle est accompagnée de
dihydrocapsaïcine, de nordihydrocapsaïcine et de divers homologues. La teneur en
capsaïcinoïdes, très faible chez les poivrons, est d'autant plus élevée que l'espèce est
piquante.
Évaluation clinique. L'interprétation des essais cliniques est délicate car la brûlure
initiale due à la capsaïcine rend très difficile l'expérimentation en aveugle. En dépit de
quelques discordances, les essais cliniques versus placebo randomisés et en double
aveugle publiés montrent que cette molécule exerce une action analgésique faible ou
modérée, mais supérieure à celle du placebo et ce dans les différentes formes d'algies
neuropathiques (diabétiques, consécutives à une intervention chirurgicale, à un cancer,
ctc.). Pour les spécialistes elle serait donc un appoint intéressant, ou un palliatif en cas
d'insensibilité ou d'intolérance à d'autres traitements. Des organismes comme la FDA
ont approuvé l'utilisation de la capsaïcine en application locale, pour ces indications et
pour le soulagement des douleurs arthrosiques et arthritiques: la spécialité corres-
pondante (Zostrix") est utilisable en France dans le cadre d'une ATU. Au vu des essais
publiés, il semble que les préparations à base de capsaïcine pour la voie externe exercent
un effet bénéfique modeste en cas de lombalgie; elles pourraient donc être utiles au
moins comme adjuvant. Ces préparations soulageraient les patients arthrosiques mieux
qu'un placebo. L'efficacité en cas de douleur post-zona doit être confirmée.
930 STÉROÏDES
d'intervalle sur la même zone. Le traitement est contre-indiqué sur la peau lésée et en .
cas d'allergie aux produits à base de paprika.
Les fruits de diverses espèces et cultivars du genre Capsicum (poivrons, paprika,
piment de Cayenne, chillies) sont très largement consommés à des fins alimentaires,
surtout pour relever des alimentations monotones (riz, maïs, cassave, etc.) ; ils sont
aussi utilisés comme épice, seuls ou en mélange. Les industries agroalimentaires
utilisent le paprika et l'oléorésine de paprika comme agent de coloration et
d'aromatisation. La capsanthine et la capsorubine, comme l'extrait de paprika, sont des
pigments autorisés (E160c).
L'oléorésine peut être utilisée pour la confection de bombes aérosols pour
l'autodéfense et la dispersion de manifestants .
Le rocouyer est un arbre originaire de l'Amérique tropicale, naturalisé dans tous les
pays tropicaux (Inde, Afrique de l'Est), exploité en Amérique du Sud et Centrale, mais 1
aussi en Afrique de l'Est. Certains en font l'espèce unique d'une famille mono-
générique à laquelle d'autres rattachent aussi les genres Cochlospermum et Amoreuxia.
Ses fleurs, roses, rappellent celles de l'églantier. Ses fruits, capsules ovoïdes d'environ
CAROTÉNOÏDES 931
"':::
bixine
C0 2CH 3
~-D-Glc-O
;XHO1
R =H : crocétine
R =~-D-Glc-(1->6)-~-D-Glc-(1-» : crocine picrocrocine
La plante. Le safran une petite plante herbacée, vivace par un « corme» ("bulbe")
d'où partent, regroupées dans une gaine membraneuse, des feuilles très étroites
parcourues par une lame blanchâtre. Les fleurs, solitaires, régulières, de type 3, ont un
périanthe longuement tubuleux (15 cm), rose violacé. Le style est divisé en 3 stigmates
filamenteux, rouge foncé, à extrémité distale fendue longitudinalement, enroulés en
cornet étroit, à bords finement crénelés. L'odeur du stigmate est aromatique, sa saveur
légèrement amère et piquante. La production mondiale de safran (environ 200 tonnes
par an) est principalement couverte par l'Iran et, secondairement par le Maroc, la
Grèce, l'Espagne.
932 STÉROÏDES
doivent être confirmés par d'autres essais et d'autres équipes. Des doses massives de
safran seraient toxiques (1,5 g et plus). Le risque allergique, connu, semble
exceptionnel. Dans les conditions habituelles d'utilisation, le safran ne présente pas de
risque.
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Partie 4
ALCALOïDES
»
Généralités
1. Définition .............................................................................................................................937
2. Historique .............................................................................................................................940
3. État naturel, distribution, localisation ..................................................................................942
4. Propriétés physico-chimiques ..............................................................................................944
5. Détection, caractérisation ....................................................................................................945
6. Extraction des alcaloïdes .....................................................................................................947
7. Dosage .................................................................................................................................. 951
8. Origine biosynthétique .........................................................................................................953
9. Action pharmacologique et emplois ...................................................................................953
10. Bibliographie ........................................................................................................................954
Le nombre des produits décrits, leur diversité structurale et l'éventail de leurs activités
pharmacologiques font des alcaloïdes l'un des groupes les plus importants de substances
d'origine naturelle d'intérêt thérapeutique: dans un ouvrage traduit il y a une quinzaine
d'années, G. RICHTER écrivait que leur nombre « est à peine concevable 1 ». Sur le plan
de la variété structurale et biosynthétique la réflexion n'est pas aussi exagérée qu'on
pourrait le penser. .. et le nombre de structures décrites continue de croître.
1. DÉFINITION
Le terme d'alcaloïde a été introduit par W. MEISNER au début du XIX' siècle pour
désigner des substances naturelles réagissant comme des bases, comme des alcalis (de
l'arabe al kaly, la soude et du grec eidos, l'aspect). Il n'existe pas de définition simple et
précise des alcaloïdes et il est parfois difficile de situer les frontières qui séparent les
alcaloïdes des autres métabolites azotés naturels.
Initialement définis comme des substances azotées, basiques, d'origine naturelle et
de distribution restreinte, les alcaloïdes ont une structure complexe. Leur atome d'azote
est inclus dans un système hétérocyclique et ils possèdent une activité pharmacologique
significative; pour certains auteurs, ils sont issus du seul règne végétal. Ils existent à
l'état de sels et ils sont biosynthétiquement formés à partir d'un acide aminé.
Ces éléments caractérisent ce que l'on peut appeler les alcaloïdes vrais. Nombre
d'auteurs distinguent par ailleurs les proto-alcaloïdes et les pseudo-alcaloïdes.
'è9~' N
1 a"",~
1 H
CH 3 H
CH 3-NH
~-skytanthine paravallarine (+)-coniine
Les proto-alcaloïdes sont des amines simples dont l'azote n'est pas inclus dans un
système hétérocyclique ; ils ont une réaction basique et sont élaborés in vivo à partir
d'acides aminés. Diverses substances répondent à cette définition: des amines simples
comme la sérotonine, la mescaline du peyotl ou la cathinone du thé des Abyssins, mais
aussi les bétaïnes (qui résultent de la quatemarisation de l'azote des acides aminés) ;
certains auteurs incluent les bétalaïnes (parfois appelées chromo-alcaloïdes) dans ce
groupe (ex. : bétanine).
GIC-O~
CH 30 r y J HO
~~A0
N CO 2 NH
H0'():J 2
1 1
CH30~ NH 2 '0-. N
OCH 3 H
mescaline
Ho,e"&eo,HH sérotonine
bétanine
GÉNÉRALITÉS 939
caféine (-)-cathinone
(1-&m!Rha
frangulanine a-chaconine
En pratique, il est admis par tous que ne sont pas des alcaloïdes: les amines simples,
les bétalaïnes, les peptides 2, les acides aminés, les amino-sucres, les porphyrines, les
alkylamines et les arylalkylamines, au moins celles qui sont largement distribuées (a
contrario des produits de distribution restreinte comme l'éphédrine sont le plus souvent
reconnus comme alcaloïdes). Pour tous les autres composés on parle couramment
d'alcaloïde: il ne viendrait à l'esprit de personne de dénier cette qualité à la colchicine,
à la coniine ou à l'aconitine.
On peut donc dire qu'un alcaloïde est un composé organique d'origine naturelle (le
plus souvent végétale), azoté, plus ou moins basique, de distribution restreinte et doué,
à faible dose, de propriétés pharmacologiques marquées. Le regroupement d'un tel
ensemble est par ailleurs confIrmé par des réactions communes de précipitation avec les
« réactifs généraux des alcaloïdes» (voir ci-dessous).
On notera pour clore ce paragraphe l'intéressante défInition donnée par PELLETIER 3:
« An alkaloid is a cyclic organic compound containing nitrogen in a negative oxidation
.I·tate which is of limited distribution among living organisms. » Dans ces conditions, les
2. Mais la limite est parfois subtile: il n'y a pas de différence majeure entre les polypeptides
cycliques des amanites (amatoxines, phallotoxines, etc.) et des a/ca/aides peptidiques tels que la
frangulanine : les seconds voient leur macrocyc1e fermé en 1,3 ou 1,4 sur un noyau benzénique, alors
que les premiers sont généralement classés comme polypeptides stricts. Une remarque du même
ordre justifie l'appartenance des macrocycles dérivés de la spermidine ou de la spermine au groupe
des alcaloïdes (leur cycle comporte au moins une liaison non peptidique).
940 ALCALOIDES
amines et leurs oxydes, les amides et les ammoniums quaternaires sont inclus, les
dérivés nitrés (ex. : acide aristolochique) sont exclus, ainsi que les amides acycliques et!
4
les polyamines. Cette définition permet, selon son auteur , d'inclure caféine, colchicine, .,•: 1.•·,
éphédrine ou ricinine dans le groupe des alcaloïdes. On notera que cette définition .
exclut le critère d'activité, l'auteur faisant remarquer que n'importe quel composé
administré à dose suffisante aura un effet sur un organisme vivant (ce que l'on a parfois "
peut-être trop tendance à oublier...).
2. HISTORIQUE
3. Pelletier, S.w. (\983). The nature and definition of an alkaloid, in « Alkaloids, chemical and i
biological perspectives », op. cit., 1, p. 26 sq. ~
\~
4. Qui prend la précaution de préciser, à propos du qualificatif de « cyclic » : « a cyclic structure in
.1:
.,
1
( ; ÉNÉRALITÉS 941
Ct;Ç
~
liN
~ N -0
nitidine F harmane G
Du plus simple '"
quinine J '" au plus complexe:
CH 3
<~J""'C=o
Exemples de structures
alcaloïdiques illustrant
N 0 les principaux systèmes
hétérocycliques rencontrés,
Pilocarpine H
L'hétérocycle de base est surligné :
A : pyrrolidine
(X? OH
B : pipéridine
C : pyrrolizidine
D : quinolizidine
E : tropane
CH 3 0
leurosidine G
vasicine F : isoquinoléine
G: indole
H : imidazole
J : quinoléine
L nOCH3
'r"'o~
""II." 0
"OH
o OCOCH 3
)
o
cusparine J aconitine
1
t
l
942 ALCALOIDES
clinique - c'est celui des alcaloïdes binaires des Catharanthus -, dans beaucoup
d'autres des analogues structuraux ont été synthétisés et commercialisés (dérivés des
alcaloïdes de l'ergot de seigle) et des potentialités pharmacologiques intéressantes ont
été mises au jour, suscitant des développements dans les directions les plus variées
(synthèse, relations structure/activité, étude de récepteurs, etc.).
5. Remarquons à ce propos que les amides des Taxaceae (ex. : taxol) sont souvent traités dans les
ouvrages généraux consacrés aux alcaloïdes ... et parfois considérés comme des diterpènes.
GÉNÉRALITÉS 943
Pendant longtemps, les alcaloïdes ont été considérés comme des produits du
métabolisme des seuls végétaux. En fait, les structures alcaloïdiques existent également
chez les animaux. Dans certains cas ce sont des produits formés à partir des alcaloïdes
contenus dans les végétaux inclus dans la ration alimentaire de l'animal: c'est le cas de
la castoramine issue de la métabolisation des alcaloïdes des nénuphars que consomme
le castor, c'est celui des alcaloïdes pyrrolizidiniques présents chez certains papillons.
Dans d'autres cas, les alcaloïdes isolés semblent être des produits du métabolisme de
l'animal: c'est en particulier le cas chez des Amphibiens Urodèles (salamandres), ou
~N
lA.)l",
N
1
CH 3
OH
OH
~;:J
o
H 1 N\\
:?' 1 N ~ l
~ N H
H 0
roquefortine
944 ALCALOIDES
Localisation
Chez le végétal, les alcaloïdes existent sous la forme, soluble, de sels (citrates,
malates, tartrates, méconates, isobutyrates, benzoates) ou sous celle d'une combinaison
avec les tanins. La microchimie permet de montrer que les alcaloïdes sont le plus
souvent localisés dans les tissus périphériques : assises externes des écorces de tige et
de racine, tégument des graines, etc. La basicité et les actions antimétabolites de la
plupart de ces molécules imposent leur compartimentation: elles sont normalement
stockées dans les vacuoles cellulaires, que ces dernières soient spécifiques (dans les
laticifères) ou non. Le plus souvent la synthèse de ces alcaloïdes s'effectue au niveau de
sites précis (racine en croissance, cellules spécialisées de laticifères, chloroplastes) ; ils
sont ensuite transportés dans leur site de stockage.
Fonction
Comme pour beaucoup d'autres métabolites secondaires, on ne sait pratiquement
rien du rôle des alcaloïdes dans les végétaux. Certains pourraient intervenir dans les
relations plantes-prédateurs en protégeant les premières contre l'agression des seconds:
si l'on admet que la diversité structurale est le reflet d'une adaptation constante, cette
hypothèse s'en trouve confortée. Si certains auteurs estiment que ce sont des
métabolites terminaux, des « déchets» inutilisables, c'est très peu probable: dans
plusieurs cas il a été montré qu'ils se comportent comme des métabolites
intermédiaires. Substances de réserve? Régulateurs de croissance? La question reste
sans réponse.
4. PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES
Les alcaloïdes ont des masses moléculaires variant de 100 à 900. Si la plupart des
bases non oxygénées sont liquides à température ordinaire (nicotine, spartéine, coniine),
celles qui comportent dans leur formule de l'oxygène - et c'est le cas de la quasi
totalité des structures connues - sont normalement des solides cristallisables, rarement
colorés (berbérine). Presque toujours capables de dévier la lumière polarisée, les bases
cristallisées donnent des points de fusion nets, sans décomposition surtout au dessous
de 200 oc. En règle générale, les alcaloïdes bases sont insolubles ou très peu solubles
GÉNÉRALITÉS 945
dans l'eau, solubles dans les solvants organiques apolaires ou peu polaires, solubles
dans les alcools de titre élevé.
La basicité des alcaloïdes est très variable, cette propriété étant étroitement fonction
de la disponibilité du doublet libre de l'azote. Des groupements électro-attracteurs
adjacents à l'atome d'azote diminuent la basicité, des groupements électro-donneurs
l'exaltent: la colchicine et la pipérine sont, du fait de l'existence du carbonyle de
l'amide, pratiquement neutres. Le système hétérocyclique peut lui-même être de
basicité variable: chez la pyridine - à six électrons 1t - , mais aussi chez la quinoléine
et l'isoquinoléine, le doublet de l'azote est disponible et la basicité est nette. Dans le cas
du pyrrole ou de l'indole, le doublet de l'azote participe à l'aromaticité, ils ne sont pas
basiques (ils ont même un caractère acide). Autre exemple: la pyrrolidine, insaturée,
est une base forte. La basicité est également influencée par des contraintes stériques (au
moins dans les molécules polycycliques complexes). Soulignons enfin que la basicité
est un facteur d'instabilité pour ces molécules qui, à l'état de base et en solution, sont
sensibles à la chaleur, à la lumière, à l'oxygène.
0 N
1
Q
H
1
0 1
0 N
1
CO
~ N
\
H H H H
pyrrole pyrrolidine pipéridine pyridine indole
CO
~
N
.---;
CO
::::-... 1 .---;N (~O
quinoléine isoquinoléine pipérine
La basicité des alcaloïdes permet de former des sels avec des acides minéraux
(chlorhydrates, sulfates, nitrates) ou organiques (tartrates, sulfamates, maléates). Les
sels d'alcaloïdes sont généralement solubles dans l'eau et les alcools dilués, ils sont,
sauf rares exceptions, insolubles dans les solvants organiques. Les sels cristallisés se
conservant plutôt bien, ils constituent la forme commerciale habituelle pour ces
molécules.
5. DÉTECTION, CARACTÉRISATION
Une technique de détection doit être, autant que faire se peut, rapide, simple,
reproductible, sensible; elle doit pouvoir être mise en œuvre sur un échantillon
minimal. Les méthodes de détection actuellement employées sont précédées d'une
extraction et consistent, dans le cas le plus général, en une précipitation des alcaloïdes
par des réactifs d'une assez bonne spécificité: les réactifs généraux des alcaloïdes.
L'extraction préliminaire peut être une extraction « classique» des alcaloïdes (vide
infra) ou, plus rapidement, une macération dans un alcool: la solution alcoolique est
Conium maculatum L.
GÉNÉRALITÉS 947
évaporée et le résidu repris par de l'eau acidifiée; après filtration les alcaloïdes sont
recherchés dans le filtrat.
Ces réactions générales de précipitation sont fondées sur la capacité qu'ont les
alcaloïdes de se combiner avec des métaux et des métalloïdes: bismuth, mercure,
tungstène, iode, etc. Dans la pratique, on emploie la solution iodo-iodurée, le tétra-
iodomercurate de potassium - il est connu sous le nom de réactif de MAYER - et le
tétraiodobismuthate de potasium, plus connu sous le nom de réactif de DRAGENDORFF. Il
est également possible d'utiliser le réactif silico-tungstique (mélange d'oxydes de
tungstène et de silicium) ou des solutions d'iodo-platinates alcalins. La spécificité de
ces réactifs n'est pas absolue: des protéines, des a-pyrones, certaines coumarines et des
hydroxy-flavones, des lignanes et autres composés peuvent donner des réactions
faussement positives avec le réactif de DRAGENDORFF.
D'autres réactifs peuvent être utilisés pour mettre en évidence les alcaloïdes, notam-
ment ceux qui donnent des réactions colorées caractéristiques de groupes d'alcaloïdes:
-le p-diméthylaminobenzaldéhyde pour les alcaloïdes de l'ergot de seigle;
- le sulfate de cérium et d'ammonium qui différencie les indoles Gaunes), les
dihydroindoles (rouges), les ~-anilinoacrylates (bleus), les oxindoles;
-la ninhydrine pour les arylalkylamines;
-la réaction de VITALI-MORIN pour les esters de l'acide tropique;
- les réactifs au chlorure ferrique en milieu chlorhydrique (tropolones) ou
perchlorique (Rauwolfia).
Les réactions citées ci-dessus permettent de caractériser la présence des alcaloïdes,
mais sont insuffisantes pour vérifier l'identité d'une plante ou partie de plante; elles ne
donnent pas non plus de renseignements sur la composition d'un mélange. Dans ce but et
comme pour la plupart des autres métabolites secondaires des végétaux, les méthodes
couramment mises en œuvre sont la CCM et la chromatographie liquide, en phase
normale ou en phase inverse (avec des solvants de type eau-méthanol ou eau-
acétonitrile). Le réactif de DRAGENDORFF, la solution iodo-iodurée (ou les vapeurs
d'iode), l'iodo-platinate de potassium ou le sulfate de cérium et d'ammonium sont
couramment utilisés pour la révélation des plaques de CCM. La non-volatilité de la quasi
totalité des alcaloïdes limite l'utilisation de la CPG à quelques cas particuliers. Pour des
exemples, on se reportera à la Pharmacopée et à la bibliographie spécialisée.
L'extraction des alcaloïdes est fondée, en règle générale, sur le fait qu'ils existent
habituellement dans la plante à l'état de sels et sur leur basicité, c'est-à-dire sur la
solubilité différentielle des bases et des sels dans l'eau d'une part, dans les solvants
organiques d'autre part.
Le matériel végétal renferme souvent des quantités appréciables de graisses (c'est
particulièrement vrai pour les graines), mais aussi de cires, de terpènes, de pigments et
autres substances lipophiles qui peuvent perturber le processus extractif, notamment en
induisant la formation d'émulsions. On évitera plus ou moins totalement ces problèmes
Ir
948 ALCALOIDES
• 1re Étape: la plante ou partie de plante pulvérisée et délipidée est mélangée à une
solution aqueuse alcaline qui déplace les alcaloïdes de leurs combinaisons salines; les
bases ainsi libérées sont ensuite solubilisées dans un solvant organique.
• 2e Étape: le solvant organique contenant les alcaloïdes bases est séparé du marc
et, si nécessaire, concentré partiellement par distillation sous pression réduite. Le
solvant est alors agité avec une solution aqueuse acide : les alcaloïdes se solubilisent
dans la phase aqueuse sous forme de sels tandis que les impuretés neutres restent dans
la phase organique. L'opération est répétée autant de fois qu'il est nécessaire jusqu'à ce
que la phase organique ne contienne plus d'alcaloïdes.
Les acides utilisés sont très variables (chlorhydrique, sulfurique, sulfamique,
tartrique, etc.), mais sont toujours employés en solutions très diluées (1-5 %).
plante pulvérisée
concentration
épuisement par un
Principes de acide dilué - - - - - - - -..
l'extraction (HCl, H 2S04 , etc.)
des alcaloïdes
en milieu alcalin
; hapomtion
ALCALOïDES TOTAUX
950 ALCALOIDES
est poursuivi jusqu'à ce que tous les alcaloïdes soient repassés en phase organique (ce
qui peut se vérifier aisément par la négativité de la réaction de MAYER effectuée sur la
phase aqueuse). Cette étape de purification peut se faire, comme la précédente et selon
les quantités mises en jeu, dans une ampoule à décantation ou dans des appareils plus
ou moins complexes: perforateurs, extracteurs centrifuges .
• En dernier lieu, le solvant organique contenant les alcaloïdes bases est décanté,
débarrassé des traces d'eau qu'il peut renfermer par déshydratation sur un sel anhydre ,
(par exemple le sulfate de sodium) et évaporé sous pression réduite. Il reste alors un i
Quelle que soit la méthode choisie pour extraire les alcaloïdes ce ne sont pas des
produits purs qui sont obtenus mais des alcaloïdes totaux, mélanges complexes de bases
qu'il est nécessaire de séparer. Dans le meilleur des cas l'un des alcaloïdes est
majoritaire et peut être obtenu par cristallisation directe: c'est l'exemple de la quinine
qui est cristallisée sous forme de sulfate basique par simple neutralisation des liqueurs
acides d'extraction par du carbonate de sodium jusqu'à pH 6. Dans d'autres cas les '
divers alcaloïdes du mélange ont des basicités différentes ce qui permet d'envisager des
GÉNÉRALITÉS 951
réextractions par une phase non miscible et ce à des pH variables. Dans de très
nombreuses circonstances il est obligatoire de recourir aux méthodes classiques de
résolution d'un mélange complexe, en particulier aux techniques chromatographiques
(sur silice, sur alumine, sur résines échangeuses d'ions, etc.). Au laboratoire ces
techniques, mais aussi la CLHP et la CCM préparatives, sont les plus utilisées.
7. DOSAGE
Il faut distinguer le dosage des alcaloïdes totaux et celui d'un alcaloïde particulier
dans une plante ou partie de plante donnée .
• Pour le dosage d'un constituant ou d'un groupe de constituants dans une plante
ou partie de plante déterminée, on aura recours à des techniques spectrophotométriques,
colorimétriques, fluorimétriques, densitométriques. Les méthodes spectrophoto-
métriques sont très sensibles et assez fréquemment préconisées: dosage des alcaloïdes
de type quinine et de type cinchonine par mesure de l' absorbance à deux longueurs
d'onde dans les écorces de quinquina, dosage de la caféine dans la feuille de thé, etc. Si
le dosage ne peut être effectué directement, il est possible de séparer le composé à doser
par CCM et de procéder à la mesure de l'absorbance après élution des taches (ex. :
dosage de l'ajmalicine dans les racines de Catharanthus). Les méthodes
colorimétriques peuvent également être appliquées au dosage d'un alcaloïde (ou d'un
groupe), ex. : dosage des bases faibles dans le Rauwolfia.
Bien entendu, la chromatographie liquide remplace le plus souvent avantageusement
ces méthodes « classiques ». Cela est vrai dans la pratique quotidienne des laboratoires
spécialisés et de l'industrie mais aussi pours les méthodes de contrôle imposées par les
Pharmacopées: elles ont, par exemple, la Pharmacopée européenne a remplacé le
dosage gravimétrique (complexe) de la morphine dans l'opium ou celui, acidimétrique,
des alcaloïdes de la feuille de boldo par une technique de ce type. Toutefois, les dosages
« classiques» demeurent en vigueur pour de nombreuses plantes (belladone,
ipécacuanha, etc.), en particulier celles dont les monographies sont encore en vigueur
dans la 10' édition de la Pharmacopée française.
b
952 ALCALOIDES
PYRIDINE N
o PYRROLIDINE
Q 1 PYRROLIZIDINE
CO
TROPANE
INDOLIZIDINE
D
H2N H2N
lysine
C0 2H
1
Acides aminés
01 V 0 OH
QUINAZOLINE
et origine des
principaux
hétérocycles
.
-
acide
OH préphénique t ((0) N
I~ ~N:~
1
BENZOXAZINE ;
R ~
~ 1 NH
C02H
2
lX; H ~~
I ~
(JO
tryptophane N
phénylalanine - tyrosine
\
INDOLE
/
0=) ~nUCléOtides}- ~N) ~C02H
NH2 ~ ~1:
N
H histidine 1
8. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
Elle ne saurait être traitée en termes généraux : on l'évoquera pour chaque grand
groupe d'alcaloïdes dans les chapitres correspondants. Notons simplement ici que le
précurseur est - pour les alcaloïdes vrais - un acide aminé: ornithine, lysine,
phénylalanine, tyrosine, tryptophane, histidine, acide anthranilique. Le tableau de la
page 952 rassemble les principaux systèmes hétérocycliques de base et les relie à leurs
précurseurs. On notera également que la formation du système hétérocyclique passe
généralement par un processus inter- ou intramoléculaire simple: formation d'une base
de Schiff ou, fréquemment, réaction de MANNICH. On remarquera que la formation de
l'alcaloïde peut nécessiter l'intervention d'une seule molécule d'acide aminé (hygrine,
cathine), de deux molécules du même acide aminé (quinolizidines, benzyliso-
quinoléines), plus rarement de deux acides aminés différents (tubulosine) ou de
plusieurs molécules du même (spartéine). Quand la molécule comporte des carbones
supplémentaires, ils sont apportés par des éléments largement impliqués dans d'autres
métabolismes : acétate (tropanes), diméthy lallyldiphosphate (ergolines, furo-
quinoléines) ou plus spécifiques à un groupe particulier de végétaux comme le
sécologanoside (alcaloïdes indolo-monoterpéniques). Oxydations allyliques, couplages
oxydatifs, oxydation des noyaux aromatiques, estérifications, éthérifications, etc.,
justifient l'existence des nombreuses variations structurales. Dans le cas particulier des
alcaloïdes terpéniques, les précurseurs ont une origine strictement terpénique et
l'amination de la molécule est tardive.
Les alcaloïdes sont des substances particulièrement intéressantes pour leurs activités
pharmacologiques qui s'exercent dans les domaines les plus variés:
- au niveau du système nerveux central, qu'ils soient dépresseurs (morphine,
scopolamine) ou stimulants (strychnine, caféine) ;
- au niveau du système nerveux autonome: sympathomimétiques (éphédrine) ou
sympatholytiques (yohimbine, certains alcaloïdes de l'ergot de seigle), parasympatho-
mimétiques inhibiteurs des cholinestérases (ésérine [= physostigmine], pilocarpine,
galanthamine), anticholinergiques (atropine, hyoscyamine, scopolamine), ganglio-
plégiques (spartéine, nicotine).
On notera aussi l'existence de curarisants, d'anesthésiques locaux (cocaïne),
d'antifibrillants (quinidine), d'antitumoraux (vinblastine, camptothécine), d'anti-
paludiques (quinine), d'amoebicides (émétine).
Ces différentes activités (et d'autres) conduisent à une utilisation pharmaceutique
des plantes à alcaloïdes. Si certaines ne sont employées que sous la forme de
préparations galéniques (belladone, stramoine, jusquiame noire), beaucoup ne sont que
des matières premières pour l'extraction industrielle des alcaloïdes qu'elles renferment:
morphine de la paille de pavot ou de l'opium 6, scopolamine des Duboisia, ajmalicine
10. BIBLIOGRAPHIE
Séries
The alkaloids - Chemistry and physiology, 1950 ->, (devient The alkaloids - Chemistry and biology en 1983
[vol. 21 -> 49, 51-52] puis The alkaloids - Chemistry and biology [vol. 50, 53->]). Édité initialement
par Manske, R.H. (1-16), puis par Manske, R.H. et Rodrigo, R.G. (17-20), Brosssi, A. (21->36 puis
38-->40), Brossi, A. et Suffness, M. (37), Brossi, A. et Cordell, G.A. (41,45) et Cordell, G.A. (42-44,
46-», Academie Press, New-York,San Diego, etc.
Le dernier volume paru est le nO 66 (2008).
Alkaloids - Chemical and Biological Perspectives, 1983 ->, (Pelletier, S.w., éd.), John Wiley, New York.
Le dernier volume paru est le n° 15 (2001).
Voir aussi
Alkaloids, The Royal Society of Chemistry, Londres, 13 volumes de 1972 à 1983; depuis 1984, la série est
intégrée à : Natural Product Reports (tome 26 en 2009) : plus de 150 articles dans le domaine des.
alcaloïdes (sources, structure, synthèse, etc.).
alcaloïdes
dérivés
de l'ornithine et de la lysine
Introduction
1. Des structures du même type se forment par interaction de ['acide nicotinique : c'est le cas des
chromones pyridiniques d'une plante médicinale de l'ouest de l'Afrique, Schumanniophyton
lIIagnificum (K. Schumann) Harms (Rubiaceae).
956 ALCALOIDES
HO
L'utilisation d'acides aminés marqués à l'azote 1sN montre que c'est l'azote
terminal (8 ou ë) qui est incorporé et le marquage au tritium permet de démontrer qu'en
règle générale le proton en C-2 est retenu, ce qui exclut que les a-cétoacides (2-oxo-5-
aminopentanoïque ou 2-oxo-6-aminohexanoïque) soient les précurseurs des cycles: ce
sont plus vraisemblablement les aldéhydes (4-aminobutanal et 5-aminopentanal), en
équilibre avec les formes cycliques (L'1 1-pyrrolidéine et L'1 1-pipéridéine) qui sont les
véritables précurseurs des structures pyrrolidiniques et pipéridiniques.
la biosynthèse (voir, entre autres, l'origine des alcaloïdes tropaniques, p. 963 et les
références citées p. 981).
phosphate de pyridoxal
* le même mécanisme
H2N~O
pourrait être appliqué
à l'ornithine
GÉNÉRALITÉS 957
~
0&9
~I
0
o
alcaloïdes des
Elaeocarpaceae
N
N
1
pyrrolidines
simples phénanthroindolizidines
(Asclepiadaceae)
H'C-N~H
o N
OR
nicotine tropanes
11 (Solanaceae)
!(6!OCO..R->------I
~o
pyrrolizidines Principales possibilités
(Asteraceae, Boraginaceae ... ) biosynthétiques de la
D,' -pyrrolidéine et de la
D,' -pipéridéine
indolizidines
o
(Fabaceae)
N l-------4--~~1
quinolizidines ~J~
des Fabaceae
11
sécurinine
(Euphorbiaceae)
~ r"î '(
R~N~R-------;;J
1
a R
0lR~ b
Ry()
o
pipéridines : a, Lobeliaceae amides alcaloïdes des alcaloïdes des
b, Crassulaceae ex. : Piperaceae Lythraceae Lycopodiaceae
..
958 ALCALOIDES
/CH 2 -
type Mannich
R-N-C
(
H "CH-COSCOA
9 1
CH-COSCoA CO-R
1
CO-R Réactivité des
bases de Schiff
R-OC-CH-
H 1\-" G G
R-N=C-CH-
~TdH-R'
H 1 1
-C-NH-R'
1
cocaïne
type aldol
o N
H
o
G~ ~
__ YxCOSCOA
_ C~+
~ COSCoA __ ~
~
o 9 CO~
H2 C 0 0
-.>,
L'intérêt pharmacologique et thérapeutique des alcaloïdes dérivés de l'ornithine et
de la lysine est très inégal. Si certains sont d'un emploi courant en thérapeutique
(atropine, scopolamine), d'autres ont maintenant une utilisation restreinte ou historique
(spartéine, lobéline, arécoline). Beaucoup doivent être connus pour leur toxicité:
pyrrolizidines de Boraginaceae et Asteraceae souvent parées de vertus médicinales,
quinolizidines de Fabaceae fréquentes dans notre environnement du fait de leur
caractère ornemental, sans oublier la nicotine du tabac. Un petit nombre présente des
propriétés pharmacologiques intéressantes: cela est le cas de certaines indolizidines
(castanospermine) qui agissent efficacement contre les rétrovirus ou de l'huperzine
testée dans le contexte de la maladie d'Alzheimer.
Le tableau de la page 957 regroupe les types structuraux les plus fréquents
biosynthétiquement rattachés à 1'ornithine et à la lysine.
Alcaloïdes tropaniques
Ces alcools peuvent être répartis en deux séries selon l'orientation de l'hydroxyle
porté par le carbone C-3. On distingue ainsi les dérivés du 3a-hydroxytropane 1 (ex. :
8
H3C-:~2
'~
6 3
tropanol OH pseudo-tropanol
tropane (3a-hydroxytropane) (3p-hydroxytropane)
scopanol ecgonine
1. On tend à généraliser la notation endo/exo pour ces structures: le tropanol est le 8-méthyl-8- 1
B. Acides
(/'CO,"
acide tropique acide apotropique
(acide atropique)
acide a-truxillique
c. Alcaloïdes (esters)
Les structures les plus représentatives sont regroupées dans les tableaux ci-après. Les
deux configurations (axiale et équatoriale) sont possibles pour le groupe N-méthyle.
Chez la plupart des alcaloïdes étudiés, c'est la position équatoriale qui est largement
prédominante à l'équilibre, mais chez des alcaloïdes comme la scopolamine, la double
substitution en C-6 et C-7 favorise la configuration axiale de ce méthyle. De plus, la
nature du solvant peut être déterminante. Un petit nombre d'alcaloïdes improprement
appelés dimères sont des diesters tropaniques d'acides dicarboxyliques (truxillines,
belladonines, schizanthine D). Exceptionnellement, les alcaloïdes tropaniques peuvent
avoir une structure pyronique (chez les Proteaceae, ex. : bellendine)
De tels alcaloïdes esters sont particulièrement fragiles. Ainsi, la (-)-hyoscyarnine
conduit rapidement, aussi bien en milieu acide qu'en milieu alcalin, au tropanol et à
l'acide (-)-tropique, lequel, par déshydratation intramoléculaire, est transformé en acide
apotropique (= acide atropique) optiquement inactif. Dans le cas de la (-)-scopolarnine
962 ALCALOÏDES
o /
H'C-NRH H'C-N~:yO
H:C~~~
apoatropine
Oro o 1
~
H
cocaïne
0
= H
H
meteloïdine
0
~
o
1
knightinol schizanthine 0
(appelée aussi hyoscine par les anglo-saxons), l'hydrolyse acide ou alcaline conduit aux
acides (-)- et (±)-tropique et à l'oscine. Celle-ci est un composé optiquement inactif,
dédoublable sous forme de benzoates, résultant de l'attaque nuc1éophile de l'OH en C-3
sur l'un ou l'autre des carbones de l'époxyde. Dans les conditions douces d'une
hydrolyse enzymatique, il se forme du scopanol instable, facilement converti en oscine.
OH
/
ro o H
HO
hyoscyamine
acide apotropique
(acide atropique)
H3 C-N
~ H3 C-N
0- iftHt:
o
)\~H
l "" ~O~
o ~ a
scopolamine
acide tropique,
acide atropique oscine
Dans les mêmes conditions la cocaïne, elle, est hydrolysée en ecgonine, méthanol et
acide benzoïque; son hydrolyse ménagée conduit à la benzoylecgonine.
ALCALOÏDES TROPANIQUES 963
2. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
b
964 ALCALOÏDES
--;NVH3 C
1
HN~H
H3 C
1
o
Œl~
CH 3
ornithine N-méthylputrescine 4-méthylaminobutanal
+ acéto
acétyl GoA
tropanone carbométhoxytropanone 1
o /
H'C-
NR H3C~N\~O
~OH
"
OH
tropanol méthylecgonine
ObH
(S)-phénylalanine acide (R)-phényllactique acide (S)-tropique
ALCALOÏDES TROPANIQUES 965
Les alcaloïdes esters de l'acide tropique sont aisément caractérisés par la réaction de
VITALI-MoRIN: après traitement par l'acide nitrique fumant et reprise du résidu par
l'acétone, il se développe une coloration violet foncé en présence d'une solution
éthanolique d'hydroxyde de potassium. On peut utiliser cette réaction pour réaliser un
dosage colorimétrique : la sélectivité de la réaction permet l'évaluation des seuls esters
tropiques dans un mélange d'esters du tropanol (un alcaloïde comme la littorine ne
donne pratiquement aucune réaction).
Les alcaloïdes tropaniques peuvent être facilement mis en évidence en CCM,
éventuellement quantifiable (densitométrie après réaction de DRAGENDORFF ou autre). La
chromatographie gazeuse donne de bons résultats, avec des colonnes capillaires et une
détection classique ou un couplage à la spectrométrie de masse. Le cas échéant, la faible
volatilité des alcaloïdes peut être améliorée par formation de dérivés triméthylsilylés.
Cette technique est en particulier utilisable pour l'analyse de la feuille de coca et, après
extraction, pour celle des produits susceptibles de contenir de la cocaïne. La
chromatographie liquide donne de bonnes séparations sur phase inverse (CI8), si
nécessaire avec un système de paires d'ions (ex. : sulfate de dodécyle). La détection
peut faire appel à l'UV (ou aux barrettes de diodes), à la réfractométrie ou, là encore et
sous certaines conditions, à un couplage (LC/MS, LC/UV/MS). Plusieurs protocoles
recourant à l'électrophorèse capillaire et aux techniques dérivées ont été publiés.
La feuille de belladone est constituée par les feuilles seules ou mêlées de sommités
florifères et, parfois, fructifères, séchées d'A. belladonna. Elle contient au minimum
0,3 % d'alcaloïdes totaux, exprimés en hyoscyamine. Parmi ces alcaloïdes,
l'hyoscyamine nettement prépondérante est accompagnée de faibles quantités de
scopolamine (hyoscine) (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0221]).
br
Datura stramonium L.
ALCALOÏDES TROPANIQUES 967
La feuille de stramoine est définie de la même façon, à ceci près que le minimum
spécifié pour les alcaloïdes totaux est de 0,25 % et que « l'hyoscyamine est accompa-
gnée de quantités variables de scopolamine» (Ph. eur., 6' éd., [01/2008:0246]).
La feuille de jusquiame noire est la feuille seule ou mêlée de sommité florifère et
parfois fructifère, séchée, de H. niger. La teneur en alcaloïdes totaux est au minimum
de 0,05 % (Ph. fse, 10' éd. [2007]).
Les plantes
La belladone est une plante indigène, assez rare en France. Plante vivace par une
souche rhizomateuse, à tiges dressées (1-1,5 m), elle croît dans les clairières et les
décombres, de préférence en terrain calcaire. Les fleurs, habituellement solitaires, ont
une corolle campanulée à lobes brun violacé ou jaune brun. Le fruit, une baie
subglobuleuse à 2 loges de la taille d'une cerise et d'un noir brillant, est entouré à la
base par le calice persistant et développé.
La stramoine est abondante en Europe où elle affectionne terrains incultes et bords
des chemins. C'est une espèce annuelle vigoureuse de 0,8-1,2 m de hauteur. Les fleurs,
solitaires, grandes (8-10 cm de long), ont un calice à cinq sépales plissés longitudi-
nalement et une corolle tubuleuse, plissée, blanche. Le fruit, une capsule tétraloculaire à
déhiscence multiple, est couvert d'épines rudes.
La jusquiame noire peut être annuelle ou bisannuelle selon la variété. D'origine
asiatique, elle pousse de préférence sur des sols sablonneux: terrains vagues, talus et
décombres de toute l'Europe et de l'Amérique du Nord. La tige est velue et visqueuse,
simple ou ramifiée. Les fleurs, groupées en une courte grappe à l'aisselle d'une grande
bractée, ont une corolle à cinq lobes d'actinomorphie incomplète, jaune grisâtre veinés
de violet ou de pourpre noirâtre. Le fruit est une capsule biloculaire s'ouvrant par un
couvercle (= pyxide) entourée par un calice persistant, accru, durci et à dents épineuses.
Les feuilles
Les feuilles de belladone, souvent froissées et agglomérées, ont un limbe elliptique,
à base atténuée et à bords entiers (5-25 x 3-12 cm). Les tiges florifères aplaties portent
des feuilles géminées de taille inégale à l'aisselle desquelles sont insérées des fleurs
solitaires.
Examinée au microscope (hydrate de chloral), la poudre de feuille de belladone
présente des cellules épidermiques à parois sinueuses et à cuticule striée; de nombreux
stomates principalement anisocytiques; des poils tecteurs pluricellulaires, unisériés à
cuticule lisse; des cellules de parenchyme contenant des microcristaux cunéiformes
d'oxalate de calcium; etc.
Les feuilles de stramoine ont un limbe ovale ou ovale triangulaire, acuminé,
souvent asymétrique à la base, profondément découpé en lobes inégaux pointus. La
feuille âgée est pratiquement glabre, les nervures des feuilles jeunes sont pubescentes.
Les tiges, vert à vert pourpre, courbées et tordues, ridées, souvent ramifiées, portent, à
l'aisselle des rameaux, une fleur solitaire à corolle infundibuliforme blanc-brun ou
pourprée ou un fruit immature.
L'examen microscopique de la poudre de feuille de stramoine montre (hydrate de
chloral) des cellules épidermiques à cuticule lisse, des poils tecteurs coniques unisériés
968 ALCALOÏDES
à 3-5 cellules aux parois verruqueuses, des cellules du parenchyme lacuneux contenant
des macles d'oxalate de calcium et, éventuellement, des éléments provenant de la tige,
des fleurs et des semences.
Les feuilles de jusquiame peuvent être sessiles, elle sont alors cordées à la base, ou
courtement pétiolée et atténuées à la base. Le limbe est fortement pubescent et visqueux
sur les deux faces, notamment au niveau des nervures principales; ses bords,
irréguliers, sont découpés en lobes irrégulièrement dentés. Les nervures latérales
forment un angle prononcé avec la nervure principale et se poursuivent jusqu'au
sommet des lobes.
Examinée au microscope (hydrate de chloral), la poudre de feuille de jusquiame
noire présente des poils tecteurs pluricellulaires unisériés, des poils sécréteurs à tête
claviforme bi- ou pluricellulaire, un parenchyme lacuneux à macles d'oxalate de
calcium, éventuellement des éléments de l'inflorescence, etc.
Dans tous les cas (belladone, stramoine, jusquiame), l'identité est confirmée:
- par une CCM des alcaloïdes totaux (révélation par une solution d'iodobismuthate
de potassium, puis par une solution de nitrite de sodium. La bande correspondant à
l'hyoscyamine vire du brun au brun-rouge mais pas au bleu-gris (atropine);
- par la caractérisation des esters de l'acide tropique par la réaction de VITALI-MORIN:
nitration à chaud du résidu d'alcaloïdes totaux (acide nitrique) et coloration d'une
solution acétonique du produit nitré par une solution alcoolique d'hydroxyde de
potassium. Il se développe une coloration violette.
Les feuilles ne renferment pas plus de 3 % de tiges d'un diamètre supérieur à 5 mm
(belladone, stramoine) ou pas plus de 2,5 % de tiges d'un diamètre supérieur à 7 mm.
Le dosage est classique: acidimétrie en retour après extraction des alcaloïdes totaux.
Composition chimique. Les trois espèces sont riches en substances minérales: 12- "
15 % (belladone), 15-18 % (datura officinal), 18-20 % (jusquiame noire). La feuille de
belladone renferme de petites quantités d'une coumarine, le scopolétol; les autres
plantes n'en renferment que des traces. L'odeur nauséabonde de la jusquiame noire est
due à de la tétraméthylputrescine.
(-)·hyoscyamine (-)-scopolamine
La teneur en alcaloïdes totaux de la feuille varie selon l'espèce: de 0,3 à 0,6 % chez la
belladone, de 0,2 et 0,5 % chez le stramoine et de 0,04 à 0,15 % chez la jusquiame noire.
Chez la belladone, l'hyoscyarnine représente au moins 90 % des alcaloïdes, la teneur en
scopolamine étant très faible. Chez le datura et la jusquiame, les proportions hyos-
cyarnine/scopolamine sont très variables: généralement voisines de 2/3-113 à 3/4-1/4.
ALCALOÏDES TROPANIQUES 969
Pharmacologie
1. Atropine. Atropine et hyoscyamine ont la même activité: ce sont des parasym-
patholytiques. L'hyoscyamine est plus active que l'atropine racémique, mais c'est cette
dernière qui est habituellement préparée et utilisée. L'atropine est un inhibiteur des
récepteurs muscariniques localisés dans les organes périphériques innervés par les
fibres post-ganglionnaires du parasympathique, ainsi que dans le système nerveux
central. Elle inhibe de façon compétitive et réversible la fixation de l'acétylcholine sur
ses récepteurs et cet antagonisme entraîne, au niveau des organes concernés, des effets
d'apparence sympathomimétique :
- au niveau cardiaque et après une bradycardie temporaire, l'atropine élève le
rythme par suppression de l'action freinatrice du vague;
- au niveau vasculaire, les effets tensionnels sont peu marqués (mais, aux doses
toxiques, on observe une vasodilatation des vaisseaux capillaires cutanés, surtout au
niveau de la face);
- au niveau des fibres lisses, l'atropine induit un relâchement des fibres, une
inhibition motrice: diminution du tonus, de l'amplitude et de la fréquence des
contractions péristaltiques intestinales, paralysie des uretères, induction d'une rétention
urinaire, diminution du tonus des voies biliaires, opposition à l'activité broncho-
constrictrice de l'acétylcholine;
- au niveau de l'ensemble des sécrétions. Les sécrétions salivaire, sudorale,
bronchique, lacrymale et gastrique sont freinées (aux doses toxiques, l'inhibition de la
production de sueur provoque une fièvre importante);
- au niveau oculaire, l'alcaloïde induit une mydriase passive, par paralysie des
muscles constricteurs iriens. On note également une paralysie de l'accommodation
(cycloplégie) consécutive à la perte de tonus des muscles ciliaires (l'œil reste réglé pour
la vision d'objets lointains) et une augmentation de la pression intra-oculaire.
À côté de ces effets sur le système nerveux autonome, l'atropine exerce des effets
consécutifs à son interaction avec les récepteurs muscariniques centraux. Ces effets ne
se manifestent généralement qu'aux doses toxiques: excitation importante, agitation,
désorientation, exagération des réflexes, hallucinatio,ns, délire, confusion mentale,
insomnie.
2. Scopolamine. L'activité parasympatholytique de cet alcaloïde est identique à
celle de l'atropine, du moins quant à ses effets périphériques. Ses effets sur le SNC sont
nets et différents: action sédative, tranquillisante, hypnotique, amnésiante. Potentiali-
satrice des neuroleptiques, elle est, à haute dose, « incapacitante ». Chez certains
patients, elle peut provoquer des hallucinations.
délibéré. Cette plante est en effet, comme d'ailleurs les Brugmansia, recherchée par
certains - en règle général des individus jeunes - pour sa réputation d'« halluci-
no gène » (ce qu'elle n'est pas vraiment). Infusions de feuilles (ou macérations
alcooliques), graines en l'état, feuilles ou fleurs en cigarettes, etc. sont régulièrement la
cause d'intoxications signalées par les services hospitaliers spécialisés.
L'ingestion de datura ou de belladone provoque, tout comme le surdosage médi-
camenteux, une symptomatologie caractéristique: après un délai très court on note une
rougeur de la face, une sécheresse de la bouche et des muqueuses, une soif intense et
une faiblesse musculaire. L'accélération cardiaque est importante (120-150
battements/minute), la mydriase et l'hyperthermie constantes. Les hallucinations
visuelles et auditives et le délire s'accompagnent d'agitation, d'incoordination motrice,
d'agressivité, parfois de convulsions; somnolence ou coma s'installent. La récupération
est longue (1-3 jours). L'état mental de l'intoxiqué peut le conduire à des gestes
inconsidérés, mettant parfois sa vie en péril. L'intoxiqué est obligatoirement mis en
observation, et éventuellement traité (charbon, sédatifs, etc.). L'emploi de la
physostigmine (= ésérine, un inhibiteur des cholinestérases, cf. p. 1127) serait justifié
dans quelques cas particuliers.
traitement symptomatique des râles agoniques liés à une accumulation des sécrétions
dans le pharynx et la trachée (0,2 à 0,6 mg de scopolamine base par injection).
La scopolamine est également utilisée dans la prévention des symptômes du mal
des transports. Dans cette indication, pour laquelle les essais cliniques versus placebo
ont démontré son eficacité, on utilise un système adhésif à appliquer sur la peau et
libérant progressivement la scopolamine au travers d'une membrane.
ALCALOÏDES TROPANIQUES 973
Ce« datura arborescent» est un petit arbre caractérisé par de grandes fleurs (17-25
cm de longueur) à corolle tubuleuse jaune orangé veinée de rouge. L'arbre est assez
fréquemment planté dans les zones villageoises ou urbaines de plusieurs pays andins :
Colombie, Équateur, Pérou.
Reproduite par micropropagation in vitro de clones sélectionnés, cette plante a été
cultivée en Équateur à partir des années 1970 dans des zones d'altitude élevée (3 000
m). Les feuilles renferment environ 0,8 % d'alcaloïdes totaux à scopolamine très
majoritaire. La production équatorienne, destinée à l'extraction de la scopolamine, a été
estimée à 400 tonnes de feuilles sèches par an en 1990. D'autres daturas arborescents
ou leurs hybrides sont également utilisés à des fins extractives. Selon Griffin et Lin
(2000), le rendement annuel atteindrait 16,2 kg de scopolamine à l'hectare (pour B.
sanguinea). B. sanguinea, comme d'ailleurs d'autres espèces américaines (Datura
inoxia Mill. du Mexique, Brugmansia suaveolens [Humb. & Bonp!. ex Willd.] Bercht
& J. Pres!., Brugmansia arborea [L.] Lagerh. de l'Amazonie et de la Colombie, et
autres espèces) est connu en Amérique du Sud pour ses propriétés hallucinogènes.
Cultivés çà et là à des fins ornementales, les Brugmansia ("angel's trumpet") sont
régulièrement impliqués dans des intoxications (voir ci-dessus: toxicité) .
Les duboisias sont des petits arbres à feuilles alternes, étroites, à panicules de fleurs
blanches tubulées, à baies noires. Les deux espèces sont australiennes: D. myoporoides
est largement répandu sur toute la côte est du continent, D. leichardtii est localisé à la
974 ALCALOÏDES
région de Brisbane. Les feuilles des deux espèces, ainsi que celles de leurs hybrides,
sont riches en alcaloïdes. On peut les cultiver, ainsi que leurs hybrides. L'influence de
la saison est particulièrement nette chez les hybrides interspécifiques : la teneur en
scopolamine décroît de janvier à juin et augmente de juin à septembre. Cette
scopolamine est très largement majoritaire (de 1,5 à 2,5 %), accompagnée, chez les
hyrides d'une petite quantité de 6-hydroxyhyoscyamine. Dans les années 1990, la
production australienne avoisinait 500 tonnes (rendement: 10 à 15 tonnes de feuilles
fraîches par hectare et par récolte, 3 récoltes par an) .
Plusieurs synthèses des alcaloïdes naturels sont possibles, mais elles ne concur-
rencent pas l'extraction. De nombreux travaux ont également été effectués dans le
domaine des cultures tissulaires in vitro. Les faibles taux obtenus ne permettent pas, à ce
jour, d'envisager une production industrielle. Il faut toutefois remarquer que de réelles
possibilités existent via la mise en culture en fermenteur des « hairy roots », formes
particulièrement productives obtenues par infection à l'aide d'Agrobacter rhizogenes.
6. AUTRES SOLANACEAE
Cette plante chinoise (zang qie) est un constituant des préparations anesthésiques
traditionnelles. Ses racines renfennent des alcaloïdes, l'anisodine et l'anisodamine.
L'anisodamine [(- )-3a-tropoyloxy-6~-hydroxytropane], stimulante du SNC,
anticholinergique et antispasmodique, est utilisée pour le traitement des entérites aiguës
et des chocs septiques (dysenterie bacillaire); dilatant les capillaires, elle augmente la
microcirculation. L'anisodine [(- )-3a-(2' -hydroxy-tropoyloxy)-6~,7~-époxytropanel,
est un dépresseur du SNC, antagonisé par la physostigmine, principalement utilisé dans
les céphalées migraineuses .
• Datura metel L.
Cette espèce annuelle d'origine indienne est naturalisée dans tout le bassin
méditerranéen. Ses feuilles renferment environ 0,5 % d'alcaloïdes totaux majoritai-
rement constitués de scopolamine, accompagnée de norscopolamine, d'hyoscyamine,
de météloïdine. Elles peuvent être utilisées à des fins extractives .
• Hyoscyamus muticus L.
anisodamine anisodine
1
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des régions andines; elle est aussi la source de la cocaïne, alcaloïde actuellement sans
intérêt thérapeutique, mais qui alimente un trafic et un usage illicite en expansion. Si
l'usage que faisaient les indiens de la feuille de coca est connu en Europe depuis le
début du XVI" siècle, la coca n'a eu aucune application avant l'isolement, en 1859, de
la cocaïne. La thérapeutique a alors utilisé cet alcaloïde pour ses propriétés
anesthésiques et, compte tenu de ses propriétés stimulantes, elle caressa l'espoir d'en
faire un traitement de la morphinomanie. L'intérêt porté à la cocaïne fut sans doute en
partie dû à la monographie que lui consacra S. FREUD en 1884, même si ce dernier prit
par la suite ses distances avec cet alcaloïde. L'accumulation des données sur ses effets
néfastes conduisit à limiter son usage à l'anesthésiologie, à la mise au point d'anesthé-
siques locaux synthétiques (xylocaïne, 1906) et à la mise en place, dès le début du
siècle, des premières législations restrictives. Les dernières décennies du XX' siècle ont
été marquées par l'apparition de nouvelles formes et voies d'administration (pâte,
crack) et, dans de nombreux pays, par une expansion rapide de l'utilisation illicite 2.
L'histoire de la coca ne peut être évoquée, même sommairement, sans évoquer la
mise au point en 1885, par un pharmacien américain, J.S. PEMBERTON, du «french wine
of Coca, ideal tonic », imitation d'une préparation commercialisée en France depuis
1863 et internationalement connue, le vin Mariani. Rapidement, Pemberton changea sa
formule, remplaçant l'alcool par de l'extrait de cola et substituant de l'eau gazeuse à
l'eau plate: le Coca-Cola® était né (A.G. CANDLER, 1892), il ne restait plus qu'à
enlever la cocaïne de la formule initiale ce qui fut fait au début du siècle (1903) .
La plante, lafeuille. Le cocaier est un arbuste cultivé, taillé à une hauteur variable
selon les régions de production (70-80 cm dans les Yungas de Bolivie). Les rameaux,
de coloration rougeâtre (d'où le nom générique: erutros - xulon), portent des feuilles
ovales, entières, courtement pétiolées. Les fleurs, pentamères, sont blanc jaunâtre. Le
fruit est une petite drupe rouge. La feuille de l'espèce type a un limbe légèrement
acuminé (2,5-7,5 x 1,5-4 cm), marqué plus ou moins nettement sur la face inférieure par
2. En 2008, l'office des Nations unies contre la drogue et le crime (UN-ODC) a estimé à 994
tonnes la production potentielle de chlorhydrate de cocaïne pour l'année 2007. La production était
concentrée sur 181600 hectares répartis entre trois pays: Colombie (61 %), Pérou (29 %) et Bolivie
(10 %). La même année et en Europe, la prévalence de consommation au cours de la vie a été estimée à
au moins 12 millions de personnes (3,6 % des adultes européens). Consommation au cours de l'année
précédente: 4 millions d'adultes européens ou un tiers des usagers au cours de la vie. Consommation
au cours du mois précédent: environ 2 millions d'Européens. Ces chiffres masquent de grandes
variations selon les pays et les âges. Principaux pays concernés: Royaume-Uni, Espagne, Italie,
Irlande, etc. ; principale catégorie concernée: adultes de 15 à 34 ans. (OEDT, Rapport annuel 2008,
chapitre 5, Cocaïne et crack, p. 63-72, op. cit.).
b
978 ALCALOÏDES
deux lignes courbes qui délimitent un espace ovalaire de part et d'autre de la nervure
centrale. La saveur est faiblement amère; l'odeur faible (feuille fraîche) est nettement
aromatique (feuille sèche); la mastication entraîne plus ou moins rapidement une
sensation d'anesthésie de la langue et des muqueuses. L'examen microscopique révèle
la présence, dans la coupe et dans la poudre, d'un épiderme à cuticule à protubérances
serni-circulaires m a r q u é e s . l
Dans le cas des Erythroxylum cultivés pour la production de feuilles riches en 1
cocaïne, il apparaît que l'on peut distinguer trois taxons morphologiquement très l
proches - trois variétés - rattachés à deux espèces, E. coca et E. novogranatense :1
• E. coca Lam. var. coca, originaire des Andes péruviennes et boliviennes: c'est le :l
1
cocaier actuellement cultivé dans la région orientale humide de la Cordillère, dans les 1
zones de Cusco et de Huanuco au Pérou et, en Bolivie, dans les Yungas et dans la zone
de Cochabamba. Les feuilles sont vert sombre, le limbe est elliptique, large; sa nervure
centrale forme une crête aiguë à la face supérieure; les stipules sont persistants; l'écorce
de la tige est verruqueuse. Une autre variété, la var. ipadu Plowman, est cultivée dans
les basses-terres du bassin amazonien par des ethnies semi-nomades : cette forme serait
en fait un cultivar multiplié par voie végétative et non un taxon isolé;
• E. novogranatense (Morris) Hieron var. novogranatense. Cette variété forestière
croît en Colombie et au Venezuela. Les feuilles, d'un vert jaunâtre brillant, ont un limbe
elliptique et allongé; les stipules se désintègrent;
• E. novogranatense (Morris) Hieron var. truxillense (Rusby) Plowman. La variété
est caractéristique des zones sèches du nord du Pérou et de l'Équateur. Les feuilles ont ;
un limbe elliptique, très étroit, vert pâle; les stipules sont marcescents ou persistants.
Comme dans la variété précédente, l'écorce de tige est lisse, les lignes latérales du limbe
sont plus ou moins visibles, la crête de la nervure est aplatie.
L'étude de la composition en flavonoïdes et des expériences d'hybridation suggèrent' \
que E. novogranatense truxillense est intermédiaire entre E. coca et E. novogranatense \
novogranatense, mais que ce n'est pas un hybride. Les trois taxons représenteraient une
série évolutive dont l'ancêtre serait E. coca coca: c'est en effet la seule forme qui puisse '
se reproduire sans l'intervention de l'Homme.
R= \ ~
d~
cocaïne ~ N
1
R= CHa
hygrine
cinnamylcocaïne
l
980 ALCALOÏDES
5. En termes de risque, il faut aussi prendre en compte des risques induits par les substances qui
coupent généralement (et parfois massivement) la cocaïne. S'y ajoute, en cas d'administration IV, le
risque infectieux.
6. C'est l'excès de ce sel qui produit des craquements lors du chauffage, d'où le nom de crack.
ALCALOÏDES TROPANIQUES 981
8. POLYHYDROXYNORTROPANES
Les polyhydroxynortropanes sont des molécules qui, à ce jour, ont été isolées chez
les Solanaceae, les Erythroxylaceae, les Convolvulaceae, les Moraceae et les
Brassicaceae. Les calystégines - elles sont caractérisées par la présence d'un
hydroxyle sur le C-l - peuvent être tri-, tétra- ou pentahydroxylées (calystégines A, B
ou C). Dans le cas des Solanaceae, elles ont été isolées dans les genres Atropa, Datura,
Duboisia, Scopolia, Solanum et Physalis ainsi que dans des fruits alimentaires
(calystégine B2 : piment, tomate). Alcaloïdes très hydrosolubles, ils ne sont pas isolés
par les méthodes classiques, mais à l'aide de résines échangeuses d'ions après
extraction hydro-méthanolique. Les calystégines sont présentes, parfois en quantité
importante (de 5 à 316 mg/kg de matière sèche), dans le tubercule de pomme de terre,
mais leur incidence sur la santé n'est pas connue.
OH
):""OH A ""OH
kNJ-OH
~ H ~ calystegine A3
~N~OH
~ H ~ calystegine BI
HOr------:
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Cocaïne
La bibliographie sur la cocaïne et l'addiction qu'elle engendre est particulièrement abondante. Sur les
différents aspects de la question voir, entre autres, le site de la MILDT (documents, ressources
documentaires, liens, etc. [sur l'ensemble des drogues]):
MILDT (Mission intenninistérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies), http://www.drogues.gouv.fr/
Voir aussi
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ALCALOÏDES TROPANIQUES 983
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l
Tussilago farfara L.
Alcaloïdes pyrrolizidiniques
1. Introduction ..........................................................................................................................985
2. Structure générale des alcaloïdes ........................................................................................986
3. Biosynthèse ..........................................................................................................................988
4. Toxicité .................................................................................................................................988
A. Chez les animaux ...................................................................................................988
B. Chez l'Homme .......................................................................................................989
C. Structure et toxicité ................................................................................................989
5. Principales plantes à alcaloïdes pyrrolizidiniques ..............................................................990
bourrache ....................................................................................................................990
consoude .....................................................................................................................993
tussilage ......................................................................................................................995
séneçon commun ........................................................................................................996
crotalaire .....................................................................................................................997
6. Bibliographie ........................................................................................................................997
1 . INTRODUCTION
C'est essentiellement chez les Asteraceae et les Boraginaceae qu'ont été isolés des
alcaloïdes pyrrolizidiniques. Dans les deux cas, de nombreux genres sont concernés:
Adenostyles, Cineraria, Doronicum, Erechtites, Eupatorium, Farfugium, Gynuria,
Kleinia, Ligularia, Petasites, Senecio, Tussilago, etc. (Asteraceae), Alkanna, Amsickia,
Anchusa, Borago, Cynoglossum, Echium, Heliotropium, Lithospermum, Myosotis,
Nonea, Rindera, Symphytum, Trichodesma, etc. (Boraginaceae). Ils ont également été
caractérisés, plus sporadiquement, dans une dizaine d'autres familles: Fabaceae
(Crotalaria) , Apocynaceae, Euphorbiaceae, Orchidaceae, Poaceae, Santalaceae, etc.
986 ALCALOÏDES
L'intérêt thérapeutique de ces alcaloïdes est nul, même si certains sont cytostatiques
in vitro. En fait, c'est leur toxicité qui retient l'attention. Ils sont en effet à l'origine de
manifestations toxiques graves observées sporadiquement chez l'Homme (utilisation
inconsidérée de plantes dites médicinales, consommation de céréales contaminées) et,
plus fréquemment, chez les animaux. La plupart des alcaloïdes de ce groupe sont
également mutagènes et inducteurs de tumeurs hépatiques. La présence de molécules
hépatotoxiques et cancérogènes dans des plantes dont l'usage est recommandé par les
médecines traditionnelles, mais dont l'intérêt thérapeutique n'est pas démontré
(tussilage, consoude, bourrache, crotalaires, héliotropes, cynoglosse, séneçons, etc.),
conduit à s'interroger sur le bien-fondé de leur utilisation.
La grande majorité de ces alcaloïdes sont des esters formés entre des amino-alcools
et un ou deux acides aliphatiques carboxyliques.
Les amino-alcools, désignés également sous le nom de nécines, sont des dérivés de
la pyrrolizidine, c'est-à-dire de l'azabicyclo[3,3,O]octane. La configuration en C-8 est
variable, le plus souvent H-8a. Le cycle n'est pas obligatoirement insaturé en 1,2, mais
il est toujours substitué par un groupe hydroxyméthyle en C-l. On peut distinguer
plusieurs types de nécines en fonction du degré d'hydroxylation de la molécule:
hydroxylation réduite au seul alcool primaire du groupe hydroxyméthyle
(isorétronécanol, supinidine, labumine), présence d'une fonction alcool secondaire en
C-7 (rétronécine, héliotridine, platynécine) et plus rarement d'un troisième hydroxyle,
en C-2 (rosmarinécine) ou en C-6 (crotanécine). Dans quelques cas l'oxydation en C-8
conduit à une ouverture de l'édifice bicyclique (otonécine).
H~OH
1
CHa
rosmarinécine crotanécine otonécine
Les acides (acides néciques lato sensu) sont des acides aliphatiques en Cs' C7 , Cs
ou CJO. Ces acides, parfois simples (acide angélique, acide tiglique, en Cs), sont le plus
souvent spécifiques de ce type d'alcaloïdes, qu'il s'agisse des acides mono-
carboxyliques à structure hydroxyisopropylbutanoïque en C7 (acides lasiocarpique,
ALCALOÏDES PYRROLIZIDINIQUES 987
e0 2 H
~
acide angélique
HO
~ ,,'
HO'
acide (+)-trachélanthique
Ho~H HO'"
acide (-)-viridiflorique
~e02H
'" OH
acide tiglique
~e02H
HOOe "H
acide sénecique
~:-
e0 2 H
e0 2H
acide isatinécique
)?J HO W ~OH
R
1'".OH
m :ru
0
rij
1
1 /...
-.. ::::: 0
O ~ 0
o tt
o . \:
N
z
symphytine trichodesmine R =H : sénécionine
R =OH : rétrorsine
Z
intermédine R =H : sénéciphylline échimidine
R =OH : ridelliine
988 ALCALOÏDES
3. BIOSYNTHÈSE
Une étude fine de la biosynthèse des nécines a montré que la formation de ces
composés ne passe pas par la condensation (théorique) d'une molécule de putrescine
avec son produit de désamination. En fait, la condensation NAD+ dépendante de deux
molécules de putrescine (ou d'une molécule de putrescine et d'une molécule de
spermidine) conduit à un intermédiaire symétrique, l'homospermidine (= N-(4-
aminobutyl)-l ,4-diaminobutane). Cette dernière est ensuite cyclisée selon une séquence
classique: désamination oxydative, formation d'une base de Schiff, nouvelle
désamination oxydative et réaction de Mannich intramoléculaire.
putrescine x 2
Biosynthèse de la
rétronécine .'
1 .' désamination oxydative
2 .' formation d'une base de Schiff +
3 .' réaction de Mannich rétronécine
4. TOXICITÉ
B. Chez l'Homme
Les diverses plantes de ce groupe n'ont, semble-t-il, jamais été à l'origine d'une
intoxication aiguë chez l'Homme. Elles sont par contre à l'origine d'intoxications
chroniques marquées par une perte d'appétit, des douleurs et une distension
abdominales, de l'ascite, une hépatomégalie. Biochimiquement, l'élévation des
transaminases, de la phosphatase alcaline et de la y-GT est importante. La biopsie
révèle un syndrome veino-occlusif : les veines centro-Iobulaires sont oblitérées par une
fibrose réticulée.
De telles intoxications chroniques ont été décrites avec des plantes « d'usage
traditionnel» (ex. : consoude, voir plus loin) et ce dans toutes les régions du monde, par
exemple avec les fleurs du « thé à sonnettes» (Crotalaria retusa L.) traditionnellement
utilisées en cas de syndromes grippaux et pulmonaires à la Guadeloupe. En 1988,
l'OMS a recensé 280 espèces appartenant à 40 genres différents contenant des
alcaloïdes pyrrolizidiniques. Une soixantaine de ces espèces étant, dans leurs pays
d'origine, considérées comme des « plantes médicinales », il est probable que les
intoxications qu'elles provoquent sont plus nombreuses que ne le laisse supposer
l'analyse de la bibliographie internationale.
Le syndrome veino-occlusif peut aussi être consécutif à l'ingestion de céréales
contalinées, ou d'infusions de plantes mal identifiées (Gnaphalium/ Senecio, Tussilago/
Adenostyles, etc.) ou falsifiées.
C. Structure et toxicité
Tous les alcaloïdes pyrrolizidiniques n'ont pas la même toxicité. En règle générale,
les monoesters sont moins toxiques que les diesters acycliques, eux-mêmes moins
toxiques que les diesters macrocyc1iques. Pour être toxique, l'alcaloïde doit être
déshydrogéné en 1,2 et, au moins, monoestérifié. Les vrais responsables de la toxicité
sont les dérivés pyrroliques résultant de l'oxydation des pyrrolizidines au niveau des
microsomes hépatiques : les structures pyrroliques se comportent comme des agents
alkylants à l'encontre de ces nucléophiles biologiques que sont les macromolécules
nucléiques et protéiques. Sous certaines conditions, les N-oxydes peuvent être réduits
990 ALCALOÏDES
et, ainsi, conduire à des pyrrolizidines toxiques. La nécrose des cellules endothéliales
des veines centrolobulaires conduit à l'infiltration et à l'œdème de leurs parois. Il en
résulte une hypertension portale et, secondairement, une fibrose: c'est la maladie
veino-occlusi ve.
On utilise la fleur séchée et la sommité fleurie séchée de bourrache (Ph. fse., Hl" éd.).
en une crosse inclinée (une« cyme unipare scorpioïde »). Des pétales bleu vif, des
sépales velus et des étamines conniventes à filets noirs appendiculés en come rendent
l'identification aisée. Celle-ci est confirmée par une étude microscopique (mise en
évidence de nombreux poils cystolithiques dégageant du dioxyde de carbone après
traitement par l'acide lactique) et une caractérisation des alcaloïdes. Les oses
constitutifs du mucilage sont caractérisés en CCM après extraction et hydrolyse acide
de celui-ci.
('(OH
ët> ~
o H<._. OH
Ht~JO
. H .f0~
N '\
HO'
Iycopsamine
cb N
0
Ihésinine
entorses, des myalgies dorsales et comme cicatrisant (les essais, sans placebo,
comparaient une crème à 10 % versus une crème à 1 %).
Ces divers éléments permettent-ils de faire pencher favorablement la balance
bénéfices-risques des préparations de consoude? Sans doute non, compte-tenu du
niveau limité de la preuve, de la cancérogénicité des pyrrolizidines, et de l'existence de
moyens de prise en charge reconnus des entorses et de la douleur associée (immobili-
sation partielle, paracétamol, etc.).
La fleur de tussilage est constituée par le capitule de T.farfara (Ph. fse, 10' éd.).
Elle fait partie des espèces pectorales et est utilisé à ce titre. Dans plusieurs pays
européens, on utilise la feuille: c'est notamment le cas en Allemagne.
La plante, le capitule. Le tussilage est une petite plante vivace très commune en
Europe et en Asie septentrionale qui, dès le début du printemps, fournit des capitules de
t1eurs jaunes portés par une hampe écailleuse et d'odeur agréable rappelant celle de la
cire jaune. Les feuilles apparaissent plus tard: disposées en rosette, cordiformes et
coriaces, elles sont velues à la face inférieure. Le capitule est constitué d'un involucre
de bractées linéaires disposées sur 2 rangs, de fleurs périphériques ligulées (femelles) et
de fleurs tubuleuses centrales, fonctionnellement mâles.
~
° 0y0"-
CHa
OYOH
senkirkine tussilagine tussilagone
à 6 g de feuille. L'apport journalier en pyrrolizidines doit être inférieur à 10 Ilg. Pour les
extraits et les jus pressés de plante fraîche, la teneur en alcaloïdes pyrrolizidiniques à
squelette déhydro-l ,2-nécine doit être inférieure à 1 Ilg (N-oxydes compris). Le
tussilage ne doit pas être utilisé plus de 4 à 6 semaines par an. Il est contre-indiqué chez
la femme enceinte ou allaitante.
Le tussilage continue d'être utilisé en phytothérapie (espèces pectorales, tisanes
composées). La consommation de préparations à base de tussilage est-elle dangereuse?
Les avis sont partagés. Pour certains auteurs, une tasse d'infusion de capitules
renfermant en moyenne 1 ppm d'alcaloïdes, il n'y a pas lieu de condamner cette plante.
Pour d'autres, la présence d'alcaloïdes hépatotoxiques, même en très faible quantité,
doit inciter à en proscrire l'usage régulier. Pour trancher, il faut tenir compte du fait que
le bénéfice n'est pas cliniquement établi ...
Cette petite herbe « 40 cm) annuelle est l'une des plus abondantes « mauvaises
herbes» de nos jardins. Elle fleurit et se resème presque toute l'année. Les fleurs, toutes
tubuleuses, sont groupées en capitules plus hauts que larges et entourés sur toute leur
hauteur d'un rang de bractées tachées de noir au sommet. Toute la plante renferme des
alcaloïdes (0,05 -0,1 %) : sénéciphylline, sénécionine, rétrorsine, spartioidine,
usaramine, intégerrimine. La plante entière fut officinale en France. Elle est présentée,
sans preuve pharmacologique (et encore moins clinique) comme susceptible
d'améliorer la circulation veineuse. C'est surtout une espèce dangereuse qui, comme
d'autres espèces du genre Senecio, a été impliquée dans la survenue de maladie veino-
occlusive.
Le séneçon commun ne figure pas à l'annexe 1 de la Note explicative de l'Agence
du médicament (1998). Cette espèce ne fait pas non plus l'objet, en Allemagne, d'une i
HO ~ ~OH
O 0
1
1 11 ,.
o tb o 1::1
N
, ~
0
R1 :OH, R2 : H : amabiline E
R1 : H, R2 : OH : supinine monocrotaline R: H : intégerrimine
R : OH : usaramine
6. BIBLIOGRAPHIE
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Alcaloïdes quinolizidiniques
OCH a
H
CHaO
lasubine 1 OCHa
Iycopodine nupharidine (Lythraceae) OCH 3
1000 ALCALOÏDES
L-Lysine --
c: C NH
NH2
2
--
CHO
NH 2
~CI
~NH+
Sl" cJP"
ÇHO CHO ÇHO
cbd:: +
dy
/O"~
o
cb cUc-
/1
Â'~~
H~~ çOP
o
N
N
=
H
La fleur de genêt à balai est la fleur séchée de C. scoparius (L.) Link. (= Sarotham-
/lUS scoparius [L.] Wimm. ex W. D. J. Koch) (Ph. fse, 10' éd.).
La plante. Cette espèce est un arbrisseau buissonnant silicicole (50-250 cm), très
commun dans toute l'Europe. Il est caractérisé par des rameaux dressés anguleux,
glabres, au sommet desquels sont insérées des feuilles simples et sessiles alors qu'à leur
base ils portent des feuilles pétiolées et trifoliolées. La fleur a un calice court, bilabié,
scarieux et un style enroulé. Le fruit est une gousse velue, aplatie, noire à maturité.
Ce genêt est souvent confondu avec le genêt d'Espagne, Spartium jU/lceum L.,
espèce très commune dans la zone méditerranéenne, largement utilisée en
ornementation et connue pour la toxicité de ses graines (elles renferment de la cytisine).
Le genêt d'Espagne se distingue du genêt à balai par sa taille plus élevée, ses rameaux
cylindriques, ses fleurs à calice à une seule lèvre et à style droit. Il n'est pas utilisé en
médecine, mais ses fleurs sont employées pour l'obtention d'une absolue de
composition complexe utilisée en parfumerie.
d'AMM doit comporter une étude toxicologique allégée. Celle-ci n'est pas nécessaire
pour la fleur pour tisane, l'extrait aqueux et les extraits hydro-alcooliques de titre
inférieur à 30 %.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E du BfArM précise que
les rameaux du genêt à balai sont utilisés en cas de troubles fonctionnels cardiaques et
circulatoires. Posologie quotidienne: extrait hydro-alcoolique en quantité équivalente à
1-1,5 g de rameau. La présence de tyramine rend possible une interaction avec les
IMAO. En ce qui concerne lafleur, utilisée dans des mélanges, la Commission a estimé
que son utilisation thérapeutique n'était pas justifiée, du fait du risque d'interactions et
de l'absence de preuve d'efficacité. La fleur peut toutefois être utilisée dans les
mélanges pour amélioration l'aspect (teneur maximale 1 %).
Les rameaux de genêt peuvent servir à l'extraction de la spartéine. Le sulfate de
spartéine (Ph. fse, 10' éd.) a été utilisé en cas de tachycardie sinusale d'origine neuro-
tonique, d'éréthisme cardiaque, ainsi qu'en obstétrique (ocytocique).
çbP
o
cytisine (-)-spartéine (-)-Iupanine
Le cytise est un arbuste des coteaux calcaires dont de nombreuses variétés sont
cultivées à des fins ornementales. Feuilles trifoliolées, fleurs jaune d'or en grappes
pendantes et gousses noires, velues à l'état jeune, sont caractéristiques de l'espèce. Les
alcaloïdes sont surtout concentrés dans les graines. La cytisine et les composés voisins 1
sont responsables de la toxicité. Le plus souvent, les symptômes de l'intoxication sont;
limités à des brûlures de la bouche et de la gorge et surtout à des vomissements
précoces et persistants qui empêchent une absorption massive des alcaloïdes.
l'efficacité, les effets indésirables, l'innocuité à moyen et long terme de cet alcaloïde.
Le dossier clinique comporte une dizaine d'essais mais, sauf exception, ceux-ci n'ont
pas été réalisés selon une méthodologie de qualité minimale (versus placebo et/ou
versus un traitement reconnu). L'efficacité, possible, et la balance bénéfices-risques,
doivent être mieux évaluées par des essais bien conduits et de durée suffisante. En dépit
de la faiblesse de l'évaluation, la cytisine est utilisée dans des pays de l'est de l'Europe
pour le sevrage tabagique, à la dose de 9 mg par jour (comprimés à 1,5 mg, fabriqués en
Bulgarie, où près de 80000 traitements auraient été vendus en 2006).
Travaillant sur les relations structure-activité de la cytisine, des chimistes organi-
ciens ont exploré l'impact du remplacement du cycle pyridonique par un cycle
aromatique et, après élimination d'un carbone, évalué l'activité d'une benzazapine.
L'activité cholinergique de celle-ci est faible, mais sa double nitration, suivie de la
condensation du dérivé réduit (diaminé) avec le glioxal conduit à une quinoxaline,
puissant agoniste partiel des sous-unités a4~2 du récepteur à l'acétylcholine. Ce produit
(une tétrahydropyrazinobenzazépine) est commercialisé depuis peu (varénicline, DCI)
pour le sevrage tabagique. Son efficacité semble du même ordre que celle de la nicotine
(pas d'essais comparatifs directs). Divers effets indésirables ont été notifiés pour cette
substance, troubles digestifs et troubles neuropsychiatriques (céphalées, rêves
anormaux et cauchemars, insomnies, dépressions et idées suicidaires) .
o ~rJ
yN~A~ CO
o
huperzine A anagyrine lupinine
récemment, des intoxications par les organo-phosphorés. Elle renferme des triterpènes
et 0,2 % d'alcaloïdes en C 16-N 2 (flabellidanes) : huperzines A et B, lycodine,
lycodoline, serratinidine, etc.
démence. Ces démences sont, en effet, caractérisées - entre autres - par un déficit 1
cholinergique des systèmes de neurotransmission centraux. Près d'une vingtainej
d'essais cliniques ont été conduits en République Populaire de Chine pour évaluer cette!
potentialité. Tous ont été publiés dans des revues en langue chinoise. Les auteurs d'une ~
revue structurée publiée en 2008 par la Cochrane Library ont analysé 6 essaisl
comparatifs d'une durée de 8 à 36 semaines, regroupant 454 patients âgés, pour 5 'i
essais, de 66 à 78 ans, souffrant de maladie d'Alzheimer diagnostiquée selon des,
critères reconnus (DSM, etc.), mais de durée et de sévérité non ou mal rapportées. À
l'issue de ces essais, il est apparu que l'huperzine (0,2 - 0,4 mg par jour) était plus
efficace que le placebo pour améliorer (modestement) les scores mesurant les fonctions·
cognitives (MMSE, ADAS-Cog), l'impression clinique globale, les perturbations'
comportementales ou les performances fonctionnelles. .
De fait, comme le soulignent eux-mêmes les auteurs de la revue, ces données:
n'autorisent aucune conclusion quant à l'efficacité et à l'intérêt clinique de l'huperzine::
pour cinq des six essais la qualité méthodologique est très faible (pas de double aveugle "
pour trois d'entre eux, critères d'inclusion et d'exclusion disparates, méthode de'
randomisation inadéquate ou non précisée, sorties d'essai non détaillées, absence'
d'analyse en intention de traiter, effectif faible, etc.). S'il est possible que l'huperzine,:'
comme d'autres anticholinergiques, améliore transitoirement l'état des patients,'
d'autres essais cliniques, rigoureux et de puissance statistique adéquate, sont'
nécessaires pour l'affirmer. Un essai multicentrique actuellement en cours aux États- .
Unis d'Amérique devrait apporter des éléments d'information complémentaires:,
http://www.clinicaltrials.gov/show/ NCT00083590).
Effets indésirables. Peu d'effets indésirables ont eté rapportés: vertiges, nausées et,
vomissements, insomnie, anorexie, etc. Il faut toutefois mentionner que les anti-:
cholinestérasiques peuvent occasionner des effets indésirables graves (des cas mortels:
ont été enregistré en France ces dernières années. Il n'a pas été publié de cas~
ALCALOÏDES QUINOLIZIDINIQUES 1005
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Lobelia inflata L.
il
1
Alcaloïdes indolizidiniques
B Ba 1 H
:0)2 ""CO
..
~
. .
N
5 4 3
/' l '
HO ~ .. ,
dendroprimine Ipalbldme
OCH 3 0
~
CH 3 0
«)~
N ..",
""'OH
N}/;
• (-)-SWAINSONINE ET (+)-CASTANOSPERMINE
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Alcaloïdes pipéridiniques
La plante. La lobélie enflée, originaire des Appalaches, est une plante herbacée
annuelle de petite taille (20-50 cm) à tige dressée, fortement ramifiée. Les feuilles,
sessiles, ont un limbe dentelé sur les marges. Les fleurs, bleu pâle, sont accompagnées
de bractées foliacées et réunies en grappes terminales; leur calice renflé devient
vésiculeux après la floraison (inflata).
un temps, certains pays l'ont préconisé, sans preuve, pour le sevrage tabagique. Son rôle
potentiel dans le traitement de la dépendance à la métamphétamine fait l'objet d'études.
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H
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Q. ",)l
H
1 H
lobéline pelletiérine
Le grenadier est un arbuste abondant en Afrique du Nord. Ses fleurs à 5-7 pétales
rouge écarlate et son fruit - une baie cortiquée arrondie surmontée des dents du
calice - le rendent facilement identifiable. La pulpe du fruit est la matière première du
véritable sirop de grenadine. Les écorces de racine ont été employées comme anthel-
minthique (surtout tœnicide) jusqu'à la première moitié du XX· siècle. Elles renferment j
0,5-0,7 % d'alcaloïdes totaux: (-)-pelletiérine, isopelletiérine et analogues méthylés sur
l'azote. Elles ne sont plus utilisées.
Le jus du fruit ("pomegranate", très en vogue) est particulièrement riche en poly-'
phénols antioxydants, en particilier en flavanols et ellagitanins (punicalagine,
granatines, punicacortéines, etc.), flavonoïdes et anthocyanosides. La consommation
régulière de ce jus pourrait limiter certains facteurs de risque cardiovasculaire, en
particulier l'athérosclérose. Concentré, il pourrait améliorer le bilan lipidique de sujets
hypercholestérolémiques et protéger les lipides sanguins de l'oxydation. Toutefois, il
n'existe pas d'études publiées établissant une quelconque relation entre la consom- • :jj
mation de jus de grenade et la fréquence de survenue d'un accident cardiovasculaire. '
De possibles effets protecteurs à l'encontre de processus tumoraux (cancer de la
prostate notamment) ne sont à ce jour confirmés par aucune étude prospective
contrôlée. Quelques données recueillies chez la Souris ne permettent pas de préjuger de
l'intérêt de ce jus en cas de maladie neurovégétative.
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CDOOOI24. '1
Amides pipéridiniques : Piperaceae
Le poivre est l'une des épices les plus anciennement connues. Utilisé depuis des temps
immémoriaux en Inde, il était connu en Grèce et dans la Rome antique. C'est le fruit du
poivrier, plante vivace peut-être originaire du sud-ouest de l'Inde (côte de Malabar) et
cultivée maintenant en Inde (Kerala), au Vietnam, en Indonésie (Kalimantan, Sumatra),
en Chine, en Malaisie (Sarawak), au Sri Lanka, mais aussi en Amérique du Sud
(Brésil).
Le poivrier est une liane à tige ligneuse volubile fixée sur son support par ses
rameaux latéraux. Les feuilles à limbe ovale aigu et parcouru par 3-4 nervures presque
parallèles sont alternes, les fleurs apérianthées et sessiles sont groupées en épis
pendants de 20-30 unités. Le fruit est une baie de 4-8 mm de diamètre, passant du vert
au rouge au cours de la maturation. On distingue classiquement:
• le poivre vert. C'est la baie entière fraîche cueillie verte. Généralement conservé
en solution aqueuse acide (ou surgelé, ou pasteurisé), il est très aromatique;
• le poivre blanc. C'est le fruit récolté à pleine maturité. Après plusieurs jours
d'immersion dans l'eau, les fruits sont débarrassés du péricarpe et de la partie externe
du mésocarpe puis séchés;
• le poivre noir. Les épis sont récoltés dès que les premières baies virent au rouge.
Après séchage, les fruits sont séparés des rafles. Le fruit séché est sphérique (3-6 mm),
particulièrement dur. Sa surface, brun noir, est très ridée.
Le poivre doit son odeur à la présence de 10 à 35 ml/kg d'huile essentielle riche en
carbures terpéniques et sa saveur brûlante à des amides (5-10 %). Le principal
constituant est la pipérine, amide de la pipéridine et de l'acide pipérique. Les autres
amides sont pipéridiniques (pipéranine, pipérettine, pipéronéines), pyrrolidiniques (ex. :
pipéryline), ou isobutylaminiques (pipercine, guinéensine). L'acide qui les constitue
possède une chaîne latérale de longueur variable (de 5 à 13 atomes de carbones).
Les poivres 1 (P. longum, P. nigrum) sont fréquemment employés par la médecine
ayurvédique; dans plusieurs cas, il semble qu'ils augmentent la biodisponibilité des
composés actifs avec lesquels ils sont absorbés (par inhibition enzymatique). Chez le
Rat, l'absorption de poivre augmente la sécrétion biliaire et, à long terme, l'activité des
pipérine
1014 ALCALOÏDES
BIBLIOGRAPHIE
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Alcaloïdes pipéridiniques
non issus du métabolisme de la lysine
Ces alcaloïdes forment un groupe restreint qui comprend des pipéridines substituées par
une chaîne aliphatique latérale courte (coniine, pinidine) ou longue (carpaïne, cassine,
prosopine). Ces alcaloïdes sont élaborés à partir d'un polyacétate qui incorpore un atome J
1. Un certain nombre d'espèces du genre sont employées comme substitut du poivre noir: sauf
exceptions, elles sont consommées sur place et ne font pas l'objet d'exportation. Exemples: P.longum L.
(poivre long du Bengale), mais aussi P. retrofractum Vahl (= P. officinarum [Miq.] e. DC., poivre long
de Java), P. saigonense De. ou encore, en Afrique, le poivre des Aschantis, P. guineense Thonn. et en
Amérique du Sud, P. aduncum L. (cordoncillo), etc.
D'autres ont des propriétés médicinales comme le cubèbe P. cubeba L.f., d'Indonésie, réputé
antiseptique et employé comme tel en aromathérapie, ou encore le matico P. angustifolium Lam., épice
et plante médicinale en Amérique du Sud.
Remarque: divers « poivres » ne sont pas des Piper. Ainsi le poivre de Guinée est une
Annonaceae : Xylopia œthiopica (Dunal) A. Rich., le poivre de Cayenne est un Capsicum (Solanaceae)
et le poivre (ou piment) de la Jamaïque un Pimenta (Myrtaceae). On connaît aussi le poivre d'eau
(Persicaria [Polygonum] hydropiper [L.] Opiz), le poivre du Japon ou du Sichuan dit aussi poivre anisé
(Zanthoxylum spp.), le poivre rose (ou pepper tree : Schinus molle L.), etc. Pour l'anecdote, on connaît
aussi la « poivrette », graine de Nigella saliva L. (Ranunculaceae) également appelée cumin noir...
ALCALOÏDES PIPÉRIDINIQUES 1015
cassine prosopine
o
carpaïne cryptophorine
Célèbre pour avoir provoqué la mort de Socrate, le fruit de la ciguë a été utilisé
pendant deux millénaires pour ses propriétés antinévralgiques. Si la plante est
actuellement délaissée, il faut rappeler sa toxicité importante, même si les cas
d'empoisonnement chez l'humain sont exceptionnels.
Les principaux alcaloïdes de la ciguë sont la coniine, la conhydrine et leurs dérivés
N-méthylés, la y-conicéine, etc. Le fruit mûr peut renfermer plus de 1,5 % d'alcaloïdes,
surtout de la coniine. Dans les parties végétatives, c'est la y-conicéine qui est
prépondérante, surtout en début de végétation (de plus elle est 6 à 8 fois plus toxique).
La coniine bloque la transmission nerveuse au niveau des ganglions et de la jonction
neuro-musculaire, ce qui entraîne une paralysie musculaire progressive et infine, la
mort par asphyxie. Tous les animaux peuvent être intoxiqués par la plante, mais la
sensibilité au poison varie selon les espèces. Chez les femelles gestantes, la ciguë peut
induire des malformations congénitales.
o
HOJ~~--oH0
oSO~ -. H2 N)
(1
O~-
t y-conicéine
Origine de la coniine,
~ ~ a",,~
alcaloïdes de la grande ciguë
1 H
H 0 H OH H
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Nicotiana tabacum L.
Alcaloïdes dérivés de
l'acide nicotinique
ex oE
0
of? ~
OCH 3
eN
CH 3 -N ~ 1 0 0
0- H
N N 0 N
1
CH 3
analabine dioscorine ricinine anibine
Les tabacs, N. tabacum L., N. rustica L. et leurs nombreux cultivars, sont cultivés
pour la production de feuilles destinées à être fumées. Plantes toxiques, ils contiennent
des alcaloïdes dont le principal, la nicotine, est utilisable en phytopharmacie; cet
alcaloïde est actuellement proposé dans le traitement de la dépendance tabagique.
Bien que cette plante soit économiquement et socialement d'une grande importance
nous ne mentionnerons ici que quelques points essentiels: l'histoire des tabacs, leur
production marchande (agronomie, traitement, préparation, commercialisation), leur
1018 ALCALOÏDES
toxicité, leur impact sur la santé publique et les réglementations qu'ils ont suscitées font
l'objet d'une multitude d'ouvrages et d'articles auxquels on se reportera utilement.
On rappelera ici que le tabac était - en 1492 - fumé, prisé et chiqué en Amé-
rique, mais également employé comme plante médicinale et au cours de pratiques
magico-religieuses. Initialement utilisé en Europe comme médicament, semé en France
par André THÉVET 1 en 1556, conseillé à Catherine de MÉDICIS par Jean NICOT, il eut un
succès et une diffusion très rapides: prisé, chiqué et, à partir du XVII' siècle, fumé. Les
accusations formulées par certains médecins (déjà, mais il faut dire que son décocté fut
testé en lavements), l'excommunication entraînée par son usage dans les églises (en
1628, soit 364 ans avant l'interdiction de fumer dans les lieux publics en France) et la
création d'un impôt sur le tabac (RICHELIEU, 1629) n'enrayèrent pas la progression de
son usage. L'État comprit alors que son intérêt était sans doute de contrôler ce produit:
le monopole des tabacs naquit en 1674; il résistera trois siècles (à l'origine le privilège
de vente fut affermé par COLBERT à la Compagnie des Indes). Si la consommation de
tabac baisse régulièrement, elle reste considérable: en 2008, 54,4 milliards de cigarettes
ont été vendues en France (contre 80,5 milliards en 2002).
La plante, Ce sont surtout les variétés améliorées de N tabacum qui sont cultivées.
Ce tabac, le grand tabac, est une plante annuelle atteignant 2 m de hauteur, caractérisée
par de très grandes (50-70 x 30-45 cm) feuilles alternes, sessiles ou embrassantes et des
panicules de fleurs à corolle tubuleuse évasée, rosée à rouge carminé,
-C0 2
-2[H] O,"'{)
0..
N
1 H 1
CH 3
0 "",0
~C02H
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N
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CH 3 ~..N~ C0 H 2
Composition chimique. Les feuilles de tabac vert sont riches en glucides (40 % :
amidon, pectine, cellulose, sucres solubles), en protéines et en acides organiques (15-
20 %). La teneur en alcaloïdes, très variable, est sous la dépendance des pratiques
2 Le conseil bref d'un soignant est associé à un taux d'arrêt pendant au moins un an de 6 %
versus 4 % en l'absence de conseil.
ALCALOÏDES PYRIDINIQUES 1021
jusqu'au sud de la Chine et aux Philippines, ainsi qu'en Malaisie et en Indonésie; il est
également présent dans l'est de l'Afrique (Tanzanie). La graine, masse dure ovoïde de 2
cm de diamètre et de couleur brun cannelle, peut être consommée fraîche ou après
traitement dans l'eau bouillante ou bien encore après séchage précédé ou non d'un
découpage. C'est parfois le fruit frais, entier, qui est utilisé (Taïwan).
Chimiquement, la graine contient 50-60 % de glucides, 15 % de lipides, des flavan-
3-01s et des tanins condensés et 0,2-0,5 % d'alcaloïdes: arécoline, arécaïdine, guvacine
(= acide tétrahydronicotinique), guvacoline. Le fruit vert, entier, est particulièrement
riche en substances phénoliques : tanins condensés (9 % de la masse sèche), tanins
hydrolysables (7 %), flavanes (8,4 %) et phénols simples (5,6 %).
fréquemment une salive également colorée en rouge par les produits d'oydation des
polyphénols contenus dans la noix d'arec. Chez les mâcheurs invétérés, gencives et
d"," ,e colorent en muge VITant au nOIT avec le temp'o 1
ALCALOÏDES PYRIDINIQUES 1023
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Chelidonium majus L.
ALCALOïDES
dérivés
de la phénylalanine et de la
tyrosine
GÉNÉRALITÉS
Un très grand nombre de structures alcaloïdiques sont issues du métabolisme des acides
aminés aromatiques et, en première approximation, il s'agit presque toujours
d'alcaloïdes isoquinoléiques. En effet, nous ne prenons pas ici en considération des
structures comme celle de l'halfordinol ou de l'annuloline, oxazoles issus de la
cyclisation interne de cinnamamides, comme celle de la withasomnine, dérivé pyrazolé
rare, ou comme celles des dicétopipérazines qui sont des mycotoxines.
En ce qui concerne les alcaloïdes élaborés à partir de plusieurs acides aminés, ils
seront préférentiellement - et arbitrairement - considérés comme des dérivés de ces
autres précurseurs azotés: c'est le cas des phénanthroindolizidines des Tylophora 1 et
autres Asclepiadaceae formés à partir de l'ornithine, c'est aussi celui de la sécurinine (un
~C02H
sécurinine
Ho,,,,~o,H H
indicaxanthine
1. Les phénanthroindolizidines ont des propriétés anti-amibiennes et sont actives contre les
Candida. La tylophorine, extraite d'une plante traditionnellement utilisée en Inde (Tylophora
asthmatica Wight. & Am. (Asc1epiadaceae), a été testée dans le traitement de l'asthme, mais se révèle
être toxique. Des alcaloïdes du même type sont présents chez les Vincetoxicum.
1026 ALCALOÏDES
1. Tétrahydroisoquinoléines 2 simples
C'est ici l'acide pyruvique ou la leucine qui réagit avec l'arylalkylamine issue de la
décarboxylation de l'acide aminé aromatique pour former une l-alkyltétrahydro-
isoquinoléine. La réaction avec le formaldéhyde (ou son équivalent) conduit à une
tétrahydroisoquinoléine. Ces tétrahydroisoquinoléines sont relativement rares: on les
trouve surtout chez les Caryophyllales : Cactaceae (Lophocereus, Pachycereus,
2. On exclut ici les alcaloïdes naphtylisoquinoléiques. Ces alcaloïdes, présents chez les
Ancistroc1adaceae et les Dionchophyllaceae (Ancistrocladus, Triphyophyllum, Dionchophyllum) sont
biosynthétiquement formés à partir de l'acétate via un poly-~-cétoester. Plusieurs naphtylisoquino-
léines inhibent fortement la croissance de Protozaoires (Plasmodium, leishmanies et trypanosomes).
Cf. : Bringmann, G., (2003). From tropicallianas to novel antiplasmodial agents: the naphthylisoquinoline
alkaloids, in « Drugs against parasitic diseases " R&D methodologies and issues. Discoveries and drug
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site de l'université de Dundee: www.personal.dundee.ac.ukJ-ahfairla/R026%20full.pdf).
On note que d'autres naphtylisoquinoléines, les michellamines A-F (dimères atropoisomères),
inhibent complètement l'effet cytopathique du HIV-l et du HIV-2 à l'égard de cellules lymphoïdes
humaines in vitro. Les michellamines agissent en inhibant la transcriptase-inverse et, plus tardivement,
en inhibant la formation du syncitium. Cf. : McMahon, J.B., Currens, MJ., Gulakowski, RJ. et al. (1995).
Michellamine B, a nove! plant alkaloid, inhibits human immunodeficiency virus-induced cell killing by at
least two distinct mechanisms, Antimicrob. Agents Chemother., 39, 484-488.
ISOQUINOLÉINES 1027
xy~
~ 1 N ~ 1 N
"'- "'-
~
C02H (HO)~
(HO)
~ 1 NH
2
---1
(Ho)N ~m2
phénylalanine
tyrosine
!
benzyltétrahydro-
bétalaïnes isoquinoléines
O-Glc
alcaloïdes
phénéthylisoquinoléines isoquinoléino-
monoterpéniques
t
'/-I
W
tropolones o
alcaloïdes des
Amaryllidaceae
XLl?
Pour plus de clarté, les substituants sont volontairement Principaux types d'alcaloïcles isoquinoléiques
omis (H ou CH 3 sur l'azote; OH, OCH 3, O-CHZ-0, ou
H sur les carbones aromatiques)
1028 ALCALOÏDES
3. Phénéthylisoquinoléines
formation des alcaloïdes, mais l'une des deux perd un atome de carbone pour former un
enchaînement C6C 2 -N -C]C 6 qui n'existe que dans cette seule famille botanique
(Clivia, Crinum, Galanthus, Haemanthus, Leucojum, Sprekelia, Sternbergia, etc.).
5. Alcaloïdes isoquinoléino-monoterpéniques
1. INTRODUCTION
Les phénéthylamines sont présentes dans de très nombreux végétaux. Certaines sont
spécifiques (éphédrine, mescaline, cathinone) et ont des propriétés pharmacologiques
marquées, d'autres sont des produits habituels du métabolisme des acides aminés
aromatiques: tyramine, phényléthylamine. Si la concentration de ces produits de
décarboxylation dans les plantes alimentaires ou médicinales est en général trop faible
pour induire des manifestations néfastes, elle est parfois suffisante pour jouer un rôle
dans la survenue d'épisodes migraineux. Analogues structutaux des catécholamines
(adrénaline, noradrénaline), les phénéthylamines végétales développent des propriétés
pharmacologiques voisines.
Les effets de ces phénéthylamines - en particulier de la tyramine - peuvent
devenir graves chez les patients traités par les IMAO : la tyramine n'est plus
métabolisée au niveau intestinal et hépatique, il y a alors un risque de poussée
hypertensive. Il conviendra donc, chez ces personnes, d'être attentif à l'emploi de
certaines plantes ou parties de plantes riches en tyramine et substances apparentées
(ex. : les fleurs du genêt à balais), voire à celui de certains légumes (avocat, choux,
concombre, épinard) et de certains aliments élaborés (fromages).
1030 ALCALOÏDES
2. PLANTES À PHÉNÉTHYLAMINES
Les plantes. Les éphédras sont des sous-arbrisseaux dioïques à port de prêles à
rameaux grêles, anguleux et striés. Leurs feuilles sont réduites à des écailles mem-
braneuses. Les fleurs femelles, réduites à l'ovule, sont entourées de bractées rouges et
charnues à maturité. Les fleurs mâles sont groupées en châtons jaunâtres.
Les espèces qui renferment des quantités notables d'alcaloïdes sont pour la plupart
asiatiques: E. equisetina Bunge et E. sinica Stapf de Chine, E. intermedia Schrenk &
C.A. Meyer et E. gerardiana Wal. ex Stapf de l'Inde et du Pakistan. Une dizaine
d'espèces sont présentes en Amérique du Nord: c'est le cas du thé des Mormons,
E. nevadensis S. Watson. En Europe, le genre est peu représenté (E. major Host.,
E. procera Fisch. & C.A. Meyer, E. campylopoda C.A. Meyer ou encore E. distachya
L. des côtes atlantiques [raisin de mer]) et, à l'exception de E. major, la plupart de ces
espèces, comme d'ailleurs les espèces nord-américaines, auraient une teneur en
alcaloïdes nulle ou négligeable.
~
"
en,
c:/'
en'1
H OH
CH 3
NH-CH3
""'H c:/'
~
1
H pH
CH 3
NH-CH 3
""'H
a:
~
1
OH
CH 3CO-SCoA
•
;dl
/'
l
H OH
'<" 0_ _ _ _
CH 3NH 2
en'"
c:/'
~
H OH
Saccharomyces sp,
PHÉNÉTHYLAMINES 1031
montre que les préparations à base d'éphédra peuvent provoquer des accidents
cardiovasculaires (infarctus), des accidents vasculaires cérébraux, des troubles
psychiatriques, etc. Plusieurs dizaines de décès et d'accidents cardiovasculaires graves
ont été recensés juqu'en 2002, notamment en Amérique du Nord.
Les préparations à base d'éphédrine ou de pseudoéphédrine utilisées en pulvérisation
nasale comme décongestionnant exposent à des effets indésirables graves, en particulier
chez l'enfant. L'association de ces décongestionnants à des sympathomimétiques par la
même voie ou par deux voies différentes (orale et nasale) expose à un risque d'accident
vasculaire grave.
Obtention de l'éphédrine. L'éphédrine peut être extraite des éphédras. Elle peut
aussi être obtenue par synthèse. Par exemple par une conversion biologique du
benzaldéhyde en (R)-I-phényl-l-hydroxy-2-propanone (= L-phényl-acéty1carbinol) par
une levure (Saccharomyces sp.). Le carbinol est ensuite traité par la méthylamine.
1. Les autres substances naturelles interdites par le Code 2009 sont la cathine (5 J..ll/ml dans
l'urine), la cocaïne, la strychnine, la morphine et les cannabinoïdes. Sont également interdits (par voie
intraveineuse) le dextran et le mannitol (produits de masquage). La caféine et la synéphrine sont,
comme la pseudoépéhédrine, inscrites dans le programme de surveillance de la prévalence d'usage.
1034 ALCALOÏDES
comme une substance interdite, mais est inscrite sur le programme de surveillance 2009
(pour en déterminer la prévalence d'usage), cf http://www.wada-ama.org/fr/prohibitedlist.ch2
Le khat (ou cath, chat,jat, tschatt, etc.) est un arbuste dont la taille, modeste dans les
zones arides (1-2 m), peut atteindre 10 m et plus en zone tropicale. Les feuilles, très
polymorphes, sont persistantes. Également dénommé thé des Abyssins, il serait
originaire de la come de l'Afrique (mais certains pensent qu'il est originaire du Yémen).
Reproduit habituellement par voie végétative, il est cultivé dans le sud-est de la
péninsule arabique (Ta'izz, Yémen), en Somalie, au Soudan, en Éthiopie (Harrar) et
jusqu'au Kenya (district de Meru) et à Madagascar. Les feuilles des extrémités des
branches sont récoltées le matin et soigneusement emballées (feuilles de bananier,
papier humide, plastique) pour éviter le séchage et le flétrissement.
(-)-cathinone (+)-norpseudoéphédrine
:;?lYyo 0
~ 1 ~H 0
~ CH 3 ~ 1
laire est comprise, selon la nature des acides estérifiant le sesquiterpène polyhydroxylé,
entre 600 et 1200. Structuralement, elles sont très proches des constituants à compor-
tement alcaloïdique présents chez les fusains et chez certaines espèces de May tenus .
Utilisation du khat. Les feuilles fraîches - elles sont généralement vendues dans
les 24 heures qui suivent leur récolte - constituent un masticatoire connu et utilisé
pour ses propriétés stimulantes. Dans des pays comme le Yemen, l'usage du khat
constitue une pratique culturelle très ancienne qui, en accompagnant différents
événements de la vie sociale, participait au renforcement des liens sociaux. Dans
d'autres pays, la consommation vise principalement à rechercher les effets
pharmacologiques des alcaloïdes (utilisation comme coupe-faim et/ou pour réduire la
sensation de fatigue, etc.). Traditionnellement, les feuilles (50 à 200 g) sont mâchées,
une à une, conservées un temps dans la bouche puis, le plus souvent, recrachées.
Les estimations les plus récentes (2002, 2006) fixent le nombre d'usagers réguliers
à plus de 20 millions de personnes (nord-est de l'Afrique, Yemen). Son usage,
officiellement interdit dans certains états, est plus ou moins toléré dans d'autres. Parfois,
il contribue massivement à l'économie nationale (Ethiopie). Le khat fait l'objet d'une
exportation aérienne vers les grandes métropoles occidentales, essentiellement à
destination des communautés émigrées.
L'emploi du khat pose, dans la mesure où il a très souvent débordé le cadre des
traditions socio-culturelles, des problèmes socio-économiques importants liés aussi
bien à la malnutrition que peut entraîner la mastication (et à ses conséquences en termes
de santé publique) qu'à l'induction de comportements axés sur la recherche du produit
(désintégration familiale, absentéisme, etc.). Et ce, sans oublier l'impact sur l'activité
1036 ALCALOÏDES
agricole (rentabilité supérieure de la culture par rapport à des cultures vivrières). Cette
plante n'étant pas utilisée en thérapeutique, on se reportera à (l'abondante)
bibliographie qu'elle a suscitée. (Voir, entre autres, les synthèses citées ci-dessous).
En France, la cathinone figure sur la liste des substances dont la production, la mise
sur le marché et l'emploi sont interdits (cf. : arrêté du 10 septembre 1992 et textes
antérieurs, J. O. Rép.fr., 20-09-1992, p. 13039 sq.). Le khat est contrôlé par Il pays
européens; au Royaume-Uni, une évaluation des risques réalisée en 2005
recommandait de ne pas le contrôler.
3. BIBLIOGRAPHIE
Éphédra
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Alcaloïdes isoquinoléiques
'k tétrahydroisoquinoléines simples
Considéré comme plante divine par les Aztèques, ce cactus est un hallucinogène
particulièrement actif. C'est la« plante quifait les yeux émerveillés », les hallucinations
visuelles étant dues à l'action d'une phénéthylamine, la mescaline, sur le système
nerveux central.
Le peyotl est une cactacée globuleuse, charnue, mamelonnée et non épineuse,
atteignant au maximum 20 cm de hauteur et 5-10 cm de diamètre. La tige charnue est
divisée en 5-14 côtes saillantes elles-mêmes fragmentées en « tubercules». Ces
derniers portent à leur sommet une aréole inerme d'où émerge, sur un coussinet pileux,
une fleur solitaire, rose, blanche ou jaune. Le peyotl croît du nord du Mexique au
Texas, sur de hauts plateaux calcaires. On utilise la partie aérienne, découpée en
tranches qui sont séchées au soleil (mescal buttons). Sa récolte fait, traditionnellement,
l'objet d'un rite religieux complexe.
Le peyotl renferme une grande quantité de mucilage et une cinquantaine de dérivés
azotés: phénéthylamines et tétrahydroisoquinoléines (plante fraîche: 0,5-1 %, mescal
buttons: 6 %). Les phénéthylamines sont la mescaline (= 3,4,5-triméthoxy-
phénéthylamine) et ses dérivés N-substitués (N-formyl, N-acétyl, N-méthyl),
l'hordénine, la 3-déméthyl- et la 3,4-déméthylmescaline, la tyramine et ses dérivés
méthylés à l'azote, la dopamine, etc. Les tétrahydroisoquinoléines principales sont
l'anhalamine, l'anhalonidine, l'anhalidine, la pellotine, la lophophorine. Elles sont
issues de la condensation d'une phénéthylamine avec un a-cétoacide (acide
glyoxylique, acide pyruvique).
1038 ALCALOÏDES
dopamine
BIBLIOGRAPHIE
Gennaro, M.C., Gioannini, E., Giacosa, D. et Siccardi, D. (1996). Determination of mescaline in '
hallucinogenic cactaceae by ion-interaction HPLC, Analyt. Letters, 29, 2399-2409.
1 Des effets identiques sont observés à la suite de la consommation d'un breuvage (la cimora)
préparé à partir d'un cactus cierge, le cactus de San Pedro ou aguacolla, Echinopsis pachanoi (Britton
& Rose) Friedrich & Rowley (= Trichocereus pachanoi Britton et Rose) traditionnel-Iement utilisé
dans les Andes (Pérou, Bolivie). Beaucoup d'autres Cactaceae renferment des substances azotées
hallucinogènes (Carnegiea, Coryphantha, Gymnocactus, etc.).
Alcaloïdes isoquinoléiques
'te benzyltétrahydroisoquinoléines
1. Introduction
Couplage oxydatif
Cette diversité structurale est liée à la possibilité qu'ont ces molécules phénoliques
de se prêter à diverses réactions et, en particulier, à des réactions de couplage via des
radicaux: c'est le couplage oxydatif classique des phénols. Le radical phénoxy formé
par oxydation de l'ion phénate, stabilisé par résonance, est en effet très réactif: selon
ISOQUINOLÉINES 1041
R
c+d
OH OH
R' R'
-- réduction
réarrangement réarrangement OH
diénol-benzène diénone-phénol
La presque totalité de ces molécules simples sont des dérivés 1,2,3 ,4-tétrahydrogénés :
des benzy 1tétrahydro isoquinoléines. Dans quelques cas, exceptionnels, elles sont
aromatiques: c'est le cas de la papavérine. Presque toutes ces molécules sont, pour des
raisons biogénétiques, 6,7-disubstituées sur le noyau isoquinoléique et mono-, di- ou
trisubstituées sur le benzyle: les dérivés les plus fréquents sont les dérivés du type
coclaurine (12-monosubstitués) et ceux du type réticuline (lI ,12-disubstitués). On
connaît quelques produits substitués en C-lO (ce sont sans doute des catabolites d'autres
isoquinoléines). Dans la mesure où elles sont précurseurs de tous les autres alcaloïdes
isoquinoléiques, ces benzyltétrahydroisoquinoléines sont présentes dans la quasi totalité
des végétaux capables d'élaborer des structures isoquinoléiques plus complexes.
Potentiellement, certaines d'entre elles ont des propriétés pharmacologiques
intéressantes: c'est le cas de l'higénamine de Annona squamosa L. et de Aconitum
japonicum Thumb., stimulante du myocarde.
CH 3 0 CH 3 0 CH 3 0
HO HO
H
a '-':::
CH 3 0 1~ ~ OH
13
OH
1. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
HO~ HO
~ CO\H HO~ 2
NH N'H
~
:
1 NH dopamine \
HO/' H""
HO ~ 2 CHO ; - - -
~ norcoclaurine 1 ""
/
HO N \
OH
tyrosine 4·hydroxy-
phénylacétaldéhyde CH 3 0
;/
/ 1""
/
OH
CH~:~~ l "N'CH
"H
3
CH~:~/"'CH, C::~~ 1 .
"H
l "N'CH3coclaurine
"H
HO ;/ HO ;/ ;/
1 ...-.-- l' 1
CH 3 0 ::::.... HO ::::.... HO ::::....
réticuline N·méthylcoclaurine
2. PAPAVÉRINE
çg-::------a---~--~
aporphinoïde
x:&1 ~ 1
:
.."N
érythrinane
/N
1
/
'-'::
;;
"""" ~
~
----Q------~'
bisbenzyltétrahydroisoquinoléines
1
1
N~
o '-'::
o
promorphinane,
morphinanediénone
~, ~N- ~-
XI ~
benzyltétrahydroisoqui oléine morphinane
hasubanane
(le précurseur est trisubstitué
OH sur le noyau benzylique).
pa vine
1
BENZYLISOQUINOLÉINES 1045
N"
o
o
tétrahydro-
protoberbérine
benzyltétrahydroisoquinoléine
protoberbérine
protopine
rhoeadine
spirobenzyltétra-
hydroisoquinoléine
benzophénanthridine
Principales structures dérivées de la
benzyltétrahydroisoquinoléine (suite).
indénobenzazép ine
Pour plus de clarté,les substituants sont volontairement omis (H ou CH 3
sur l'azote; OH, OCH 3, O-CH 2-O, ou H sur les carbones aromatiques).
1046 ALCALOÏDES
1. POCI 3
CH30~1 2. Pd/C CH 30 :/'
CH 30 ~nOu_)N'H
décalille'
CH 30 "'"
CH30~ CH30~
CH 30
N N0 2
CH 3 0
N COCI
1 t OCH 3 OCH 3
CH30~,-,:: 2 CH30m
"",1 NO- NH "",1
CH 30 2 CH 30 2
Synthèse de la papavérine
1. NaOCH 3 ; 2. Na/Hg, AcOH (exemples)
1. GÉNÉRALITÉS
2. CURARES
OH HO
~ OCH~O ~ ~ OCH 3 CH 3 0
tha/igrisine
~ OH 0
~ :;/
~ OCH~O ~
/imacine
OH
OH~O ~
oxyacanthine
OCH 3 CH 3 0
5'-hydroxyapate/ine
OCH 3 0
:;/
~
OH CH 3 0
tunit érine
j OCH
3(O :
OCH 3 HO
séco-antioquine
~ o
~
OCH 3 CH 3 0
curine
Bisbenzyltétrahydroisoquinoléines :
~
exemples de structures mono-, bi- et tripontées
OCH 3 \ CH 3 0/ 1
>1' la thalicarpine est un ({ dimère benzyl-
1) OCH 3 ~
lélrahydroisoquinoléique-aporphinique
tha/icarpine'
BISBENZYLISOQUINOLÉINES 1049
substances actives. Ultérieurement, ces dernières ont été directement extraites à partir
des plantes. Il y a peu, on commercialisait encore en France la diallylnortoxiférine,
molécule dimère qui peut être obtenue par transformation de la toxiférine ou par
hémisynthèse à partir d'alcaloïdes monomères du type strychnine extractibles de
diverses espèces de Strychnos (voir ci-dessous).
Origine botanique. Les curares en tube du haut Amazone (Brésil, Pérou) sont
principalement constitués d'extraits de tiges de Menispermaceae appartenant au genre
Chondrodendron (C. tomentosum RuÎz. & Pavon) et au genre Curarea très proche
(C. toxicofera [Wedd.] Bameby & Krukoff, C. candicans [Rich.] Bameby & Krukoff).
On sait aussi qu'occasionnellement ces curares pouvaient renfermer des extraits
d'autres Menispermaceae appartenant aux genres Sciadotenia Miers, Ahuta AubIet,
Telitoxicum Mold. et Cissampelos L. 2.
Les curares en calebasse doivent leur activité aux extraits d'écorces de tronc de
différentes espèces arbustives ou lianescentes appartenant au genre Strychnos
(Loganiaceae) : S. toxifera R. Schomb. (Guyanes, Colombie, Venezuela), S. castel-
naeana Wedd. (Pérou, Brésil), S. letalis Barb., S. guianensis (AubI.) Mart. (Brésil,
Guyanes, Équateur, Colombie), S. rondetelioides Spruce ex Benth., S. hrachiata Ruiz
& Pav., S. amazonica Krukoff et d'autres espèces 3.
Les curares en pot renferment presque toujours un mélange d'extraits de
Menispermaceae et de Loganiaceae.
Dans les curares tels que les préparaient les Indiens du bassin amazonien, il a été
rapporté que les extraits végétaux à alcaloïdes actifs (Chondrodendron, Strychnos)
étaient mélangés à des produits toxiques ou supposés tels - crochets et foies de
serpent, etc. -, ainsi qu'à des extraits végétaux épaisissants destinés à favoriser
l'adhérence du poison sur les flèches et/ou à d'autres végétaux censés accroître la
toxicité (Capsicum annuum par exemple). On connaît cependant des cas où l'extrait
actif est utilisé seul: Strychnos des Nambikwaras du Mato Grosso, extraits de Curarea
des Waorani de l'est de l'Équateur, etc.
2. Si tous ces genres sont connus pour élaborer des alcaloïdes bisbenzyltétrahydroiso-
quinoléiques, les fractions étudiées et publiées ne livrent, le plus souvent, que des bases tertiaires.
Seul C. tomentosum fournit de la (+)-tubocurarine.
3. Une vingtaine d'espèces ont été utilisées pour l'obtention de curares. Elles ne sont pas
uniquement liées au continent sud-américain: S. usambarensis Gilg. (au Rwanda), et S. ignatii P.
Bergius (en Malaisie) entrent dans la composition de poisons curarisants.
A contrario, en Amérique du Sud, les plantes à alcaloïdes ne sont pas les seules à être mises à
contribution pour fabriquer des poisons de flèches: différentes ethnies de la Colombie, de
l'Équateur et de l'ouest du Brésil ont utilisé le latex de divers Naucleopsis spp. et d'un Maquira.
Ces Moraceae renferment des hétérosides cardiotoniques toxiques proches de ceux des
Strophanthus des poisons de chasse africains. Cf. : Shrestha, T., Kopp, B. et Bisset, N.G. (1992). The
Moraceae-based dart poisons of South America. Cardiac glycosides of Maquira and Naucleopsis species,
J. Ethnopharmacol., 37,129-143.
BISBENZYLISOQUINOLÉINES 1051
seconds indoliques; dans les deux cas toutefois, ce sont des dimères, bis-ammoniums
quaternaires. Leur activité pharmacologique étant identique nous ne les dissocierons
pas, même si, biosynthétiquement, les alcaloïdes des Loganiaceae sont des dérivés du
tryptophane (cf p. 1163).
6:(0 OH
:/
0-.
H
'-'::::
0 N/ CH3
:/
/ 0-.
GJ "H
OH CH 30
(t)-tubocurarine
go OH
:/
0-.
'-'::::
HO
/ C-toxiférine
0 CH 30
(t)-isochondrodendrine
Pharmacologie. Les curares naturels sont des curares non dépolarisants, longtemps
dénommés pachycurares 4. Uniquement actifs par voie parentérale, acétylcholino-
compétitifs, ils bloquent la conduction de l'influx nerveux au niveau de la plaque
motrice, sans modifier la conduction nerveuse ni empêcher la contraction musculaire
par stimulation directe. Les curares non dépolarisants, dépourvus d'action propre, se
fixent compétitivement sur les récepteurs nicotiniques cholinergiques de la plaque
motrice: le potentiel d'action ne peut donc plus apparaître et la contraction musculaire
est inhibée.
L'action des curares se manifeste en plusieurs étapes: hypotonie musculaire, atonie
avec perte du tonus puis paralysie progressive. Les curares non dépolarisants exercent
une action myorelaxante sur les muscles striés: la paralysie touche en premier les
muscles du cou, puis ceux des membres; elle gagne ensuite les muscles abdominaux et
respiratoires et, infine, s'étend au diaphragme. Le sujet curarisé éprouve une grande
fatigue, ne peut plus fixer le regard, ses membres deviennent lourds et progressivement
sa tête puis ses membres se paralysent complètement, le diaphragme est atteint en
dernier (soit en 3-5 minutes à la dose minimale retenue pour l'intubation). L'effet des
curares est temporaire et, si l'arrêt respiratoire est évité (respiration artificielle), les
muscles redeviennent fonctionnels selon une séquence inverse. La durée de la
curarisation est variable selon la structure du curare: la récupération de 25 % de la force
musculaire est obtenue en 90 minutes dans le cas de l'alcuronium; cette durée est
considérablement raccourcie avec des curares non dépolarisants synthétiques comme
l'atracurium ou le mivacurium (curarisation en 2-4 minutes, durée d'action clinique, 15
minutes, récupération à 95 %,30 minutes). Un curare comme la tubocurarine ne
provoque ni perte de conscience, ni analgésie, ni perte des sensations; la molécule ne
franchit pas la barrière hémato-encéphalique. Elle n'est que très peu ganglioplégique.
4. Pachy- évoquant le fait que ce sont de grosses molécules, par opposition aux leptocurares ou
curares dépolarisants, à chaîne carbonée courte et flexible comme le suxaméthonium (=
succiny1choline) .
BISBENZYLISOQUINOLÉINES 1053
et le chlorure de mivacurium, le second ayant une durée d'action réduite de moitié par
rapport à celle du premier. Le dernier produit de ce type commercialisé en France est le
dibésylate de cisatracurium, c'est-à-dire l'un des isomères de l'atracurium, le (IR-cis,
l'R-cis) obtenu par condensation de la (R)-tétrahydropapavérine et du diacrylate de 1,5-
pentanediol et purification chromatographique;
~
CH 3
vécuronium, DCI
O={o
rocuronium, DCI
CH30 OCH 3
G> "CH3 CH 3 "
N
G>
CH 3 0 N'(CH2h·CO-O-(CH2)s-O-CO- (CH 2h/ OCH 3
"::
atracurium, DCI ~
CH 30 OCH 3
OCH 3 OCH 3
CH 30 OCH 3
::/ "::
~
G> "CH3 CH 3 "
N
G>
~
CH 30 N,(CH2h-O-CO-(CH2h-CH=CH-(CH2)2-CO-O- (CH 2h/ OCH 3
::/
~ mivacurium, DCI
CH 30 OCH 3 CH 30 OCH 3
OCH 3 OCH 3
1054 ALCALOÏDES
Ces alcaloïdes ont une structure très différente ce celle des curares stricto sensu. Ils
ne sont donc cités ici que dans un souci d'homogénéité pharmacologique. Cela étant, ce
ne sont que des I-benzyltétrahydroisoquinoléines ayant subi un couplage oxydatif
intramoléculaire un peu particulier.
Le genre Erythrina (Fabaceae) est un genre tropical représenté en Amérique
centrale et du Sud par environ 70 espèces, souvent arborescentes. Il est également
présent en Afrique (30 espèces) et en Asie tropicale (12 espèces). Plusieurs espèces du
genre sont employées pour leur valeur décorative et leurs graines bicolores peuvent
servir à confectionner colliers et bracelets. Comme le rappelle le nom générique, leurs
fleurs sont le plus souvent d'un rouge écarlate. La plupart des espèces du genre
renferment des alcaloïdes isoquinoléiques tétracyc1iques, structuralement très proches
les uns des autres: diénoïdes (ex. : érysotrine, érythraline), alcénoïdes (ex.: érythratine)
et lactones issues de l'oxydation du noyau benzénique (ex. : érythroïdines).
Pharmacologiquement, ces alcaloïdes sont curarisants per os et très toxiques.
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1056 ALCALOÏDES
HO 0
CH 3 0 CH 3 0 CH 3 0
OH
CH 30 CH 3 0 CH 3 0
OH 0 OH
CH 3 0
OH OH
HO CH 3 0
/
CH 3 0
N-H
0 CH 30 CH 3 0
0 OH
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IV. Aporphinoïdes
CH 3 0 CH 3 0 10~ CH 3 0
9
OCH 3 HO
~ O~
CHaO
<o
, ~
N
'CH HO
H 3
: ,"'IOH
R (-)-ushinsunine mélosmine OH
1. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE.
CH~:27~
Principales voies biogé-
nétiques conduisant aux
alcaloïdes aporphiniques
CH30WN 1 1 N'CH 3
o ') 'CH3
o '-. --_ HO ;/
1
CH 3 0 ~
1
CH 3 0 ~
corytubérine
1 N
HO ~ 'CH3
HO ;/ CH 3 0 CH 3 0
CH,O " 1 \ o HO
réticuline
CH 30 CH 30
0 OH
CH 30
CH'O~
1 N CH'0;g?
1 N
HO ~ 'CH3 o '":) 'CH3 HO
CH30 ; / - CH30 ;/ ~
1 CH 30
HO ~ 0'" /
0
orientaline
CH~:~~
CH 3 0
HO 1 N'CH 3
CH 3 0 ;/
CH 3 0 ~I
isothéba ïne
~ 1
l
.1
molécules peuvent aussi provenir d'un réarrangement (diénol-benzène, diénone-l
1
phénol) d'une pro-aporphine (c'est-à-dire de la spirodiénone issue d'un couplage'l
oxydatif impliquant le carbone C-9 d'une benzyltétrahydroisoquinoléine). ,I ~
Expérimentalement et chez l'animal, certaines aporphines montrent un assez large i
éventail de potentialités pharmacologiques: dépresseur du SNC (corydine), antagoniste ;l
dopaminergique (bulbocapnine), antitussif (glaucine), antifongiques (certaines "
oxoaporphines), etc. :l
Deux aporphines seulement sont à l 'heure actuelle incluses dans des spécialités ~1
pharmaceutiques disponibles sur le marché français: l'une, la boldine, est extraite des 'l
feuilles et des écorces d'un arbre d'Amérique du Sud - le boldo - l'autre, . ~
)
;t
l
'1
1
i
1
APORPHINOÏDES 1059
l'apomorphine, est un produit synthétique qui n'existe pas à l'état naturel et qui,
originellement, résulte du traitement, en milieu acide et à chaud, de la morphine.
2. APOMORPHINE
HO HO
~
150'
morphine
HOY)
) HO~
~(±)
g? ~ ~
c±!+ (±)
1 ~ N-CH 3
+ (±) (±) H 1
~ ~ ~
1 1
N-CH 3 , 3
N-CH , 3
N-CH H
H H HH HH
HO ~ HO ~ HO ~
1 --- 1 -- 1 Réarrangement de la
HO ~ HO ~ HO ~ morphine en milieu acide:
formation de l'apomorphine
apomorphine
La plante. Le boldo est un petit arbre à feuilles persistantes strictement localisé dans
la partie du Chili qui bénéficie d'un climat de type méditerranéen. C'est une espèce
dioïque: fleurs mâles à périanthe jaune pâle, fleurs femelles uniovulées coriduisant à
une drupe glauque, translucide.
4. BIBLIOGRAPHIE
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Généralités (suite de la page 1041). Voir aussi p. 954 1
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v. Protoberbérines et dérivés
1 . GÉNÉRALITÉS
Les protoberbérines sont des alcaloïdes tétracycliques quaternaires ou tertiaires (on
parle alors de tétrahydroprotoberbérines) assez largement distribués: Berberidaceae,
Menispermaceae, Ranunculaceae mais aussi Annonaceae ou Papaveraceae. Leurs
possibilités biogénétiques sont importantes, en particulier via les protopines, issues de
la rupture de la liaison entre le C-14 et l'azote.
Comme les autres alcaloïdes isoquinoléiques, les protoberbérines sont formées à
partir d'une benzyltétrahydroisoquinoléine : le carbone C-8 provient de la cyclisation
oxydative du N-méthyle d'une molécule de ce type. Cette cyclisation, catalysée par une
« berberine bridge enzyme» (BBE), ferait intervenir un ion méthylène iminium
(correspondant à l'oxydation du N-méthyle) qui, réagissant en ortho ou en para du
phénol libre porté par le cycle C, conduit à une tétrahydroprotoberbérine 2, 3, 9, 10-
tétrasubstituée ou à son homologue pseudo (2, 3, 10, II-tétrasubstitué).
Parmi les nombreux dérivés issus de l'oxydation et du réarrangement des tétrahydro-
protoberbérines, certains présentent des propriétés pharmacologiques intéressantes.
0 0
?'
H\\'"
<0 '0.. <0 0
OH OCH 3 OCH 3
9
~
11 10 OCH 3 OCH 3 OCH 3
0 0 0
<0 <0 \0
OCH 3 OCH 3
L'hydrastis est constitué par le rhizome et la racine séchés, entiers ou coupés d'Ho
canadensis. Il contient au minimum 2,5 % d'hydrastine et 3 % de berbérine (Ph. eur.,
6' éd. - 6.1, [04/2008:1831]).
La plante. L'hydrastis est une plante herbacée pérenne à court rhizome horizontal
portant de nombreuses racines grêles. La tige, dressée, porte deux ou trois feuilles
palmatilobées et une seule fleur terminale, blanc verdâtre. La plante, connue sous le
nom de sceau d'or, est indigène dans l'est de l'Amérique du Nord où elle était utilisée
par les indiens Cherokee.
,~
Emplois. Hydrastis canadensis ne figure pas à l'annexe 1 de la Note explicative de
l'Agence du médicament (1998). Cette espèce ne fait pas non plus l'objet, en
Allemagne, d'une monographie de la Commission E du BfArM.
La teinture et la teinture-mère homéopathique sont encore utilisées dans quelques
associations destinées au traitement des manifestations subjectives de l'insuffisance
veineuse (hamamélis, fragon, marron d'Inde, viburnum). L'hydrastis entre dans la
composition de diverses préparations homéopathiques. Il est très utilisé en Amérique du
Nord, particulièrement en usage local: inflammation des voies nasales et des oreilles,
infections oculaires, inflammations des muqueuses ou de la peau.
L'hydrastis est parfois associé à l'échinacée dans des préparations destinées à
prévenir et soigner rhume et grippe. Cet usage ne repose sur aucune donnée validée.
AUTRES ISOQUINOLÉINES 1067
La plante. La fumeterre officinale et les espèces voisines sont des plantes herbacées
annuelles à feuilles vert glauque bi- à tripennatiséquées. Les fleurs irrégulières ont un
pétale supérieur prolongé par un éperon. Le fruit est une silicule indéhiscente. On utilise
les parties aériennes fleuries. La diagnose de ces espèces envahissantes des terrains
cultivés est difficile; l'espèce officinalis est d'ailleurs divisée en deux sous-espèces qui
se distinguent par le nombre de fleurs de l'inflorescence et la taille des sépales (ssp.
officinalis Sell et ssp. wirtgenii [Koch] Arcangeli).
Composition chimique. La plante est surtout connue pour ses alcaloïdes (0,3 %) :
une centaine de composés ont été décrits dans les différentes espèces du genre qui ont
été étudiées. L'alcaloïde principal de F. officinalis est la protopine; on note aussi la
présence de cryptopine, de sinactine, de spirobenzyltétrahydroisoquinoléines
(fumaritine, fumariline, parfumine), celle de tétrahydroprotoberbérine et peut-être celle
d'indénobenzazépines comme la fumaritrine ou la fumarofine. On note aussi la
présence de malates d'acides hydroxy-cinnamiques (acide caféique, acide férulique) qui
ne sont présents en quantité notable (1,2 % pour le dérivé caféique) que dans une plante
soigneusement séchée ou lyophilisée.
to
o
CHaO
)
o
protopine fumaritrine
La plante. La chélidoine est une herbe vivace commune dans les murailles, les
décombres et les fossés. Elle est caractérisée par une souche épaisse et des feuilles
molles, vert-bleu et glabre à la face supérieure, irrégulièrement pennées (folioles ovales
à oblongues, foliole terminale souvent trilobée). Les fleurs ont 2 sépales profonds se
détachant facilement et 4 pétales jaunes. Le fruit est une silique glabre et bosselée. La
rupture des tissus de la plante provoque l'écoulement d'un latex orangé réputé
caustique.
Examinée au microscope (hydrate de chloral), la poudre de chélidoine montre des
stomates anomocytiques sur la face inférieure des fragments de feuille, des poils
tecteurs à paroi fine et fragmentée, des tubes laticifères associés, etc. L'identité est
confirmée par une CCM des alcaloïdes totaux. Ceux-ci sont dosés par spectrométrie
après addition d'acide chromotropique en milieu sulfurique.
o
N <o
o
)
o
sty/opine
o
)
sanguinarine
Origine des benzophénanthridines
AUTRES ISOQUINOLÉINES 1069
La sanguinaire est une herbe vivace à latex rouge commune en Amérique du Nord,
de la Floride au Québec et jusqu'aux rives du Mississipi. Les alcaloïdes, présents dans
toutes les parties de la plante, sont surtout concentrés dans le rhizome (4-7 %). Le
constituant majoritaire (50 %) est une benzophénanthridine, la sanguinarine; il est
accompagné de dérivés du même type: chélérythrine (25 %), sanguilutine,
sanguirubine, chélirubine, chélilutine et autres alacaloïdes isoquinoléiques.
La sanguinarine est douée de propriétés antimicrobiennes, antifongiques et anti-
inflammatoires (œdème de la patte du Rat). Inhibiteur de l'ATPase Na/K dépendante et
inotrope positif, c'est une molécule qui interagit avec les acides nucléiques. Le chlorure
de sanguinarine est utilisé en bains de bouches et dentifrices, en particulier aux États-
Unis d'Amérique: se fixant électivement sur la plaque dentaire, il en inhibe 98 % des
bactéries à des concentrations variant de 1 à 161lg/m1 (activité voisine de celle de la
chlorhexidine) .
sanguinarine ché/érythrine
1070 ALCALOÏDES
• PAVOT DE CALIFORNIE,
Eschscholtzia californica Cham., Papaveraceae
La partie utilisée est constituée par les parties aériennes fleuries séchées. Elles
contiennent au minimum 0,5 % et au maximum 1,2 % d'alcaloïdes totaux, exprimés en
californidine (Ph. fse, 10' éd.).
La pùmte. Cette petite plante qui égaye très fréquemment nos jardins de ses corolles
orangées est originaire de la Californie où elle colonise de vastes étendues, aussi bien
sur les dunes côtières que dans les plaines et les vallées arides. C'est une plante
annuelle, caractérisée par des tiges cannelées, des feuilles vert glauque découpées très
profondément en segments linéaires et par des fleurs à 2 sépales caducs dont la corolle,
le soir venu, se referme en redressant ses 4 pétales libres, jaunes à jaune orangé. De
nombreuses étamines entourent un ovaire uniloculaire conduisant à une capsule linéaire
s'ouvrant par deux valves.
L'identité de la plante est confirmée par la CCM des alcaloïdes totaux, lesquels
sont titrés par protométrie en milieu non aqueux après extraction par le méthanol,
précipitation sous forme d'iodomercurates en milieu chlorhydrique et décomposition du
complexe sur un gel de silice échangeur d'ions .
5. Il est intéressant de comparer cet essai de 3 mois, 264 patients, publié en 2004, à un essai sur un
mélange de même nature pris en compte en 2002 par la Commission de la transparence pour rendre un
avis sur un produit de même composition. Selon cet avis, et après inclusion de 203 patients (61 étant
exclus pour non respect des bonnes pratiques cliniques dans les centres correspondants), « aucun
élément ne démontre une différence cliniquement significative par rapport au placebo ». Essai: Hanus
et al., op. cit.; avis de la Commission: www.has-sante.fr/portail/ jcms/c_244359/avismedicamentct031330pdf
AUTRES ISOQUINOLÉINES 1071
\
rhoeadine eschscholtzine
Le pétale, rouge foncé à brun-violet fonçé, est très fin et souvent chiffoné. Réduit en
poudre, il présente (en microscopie) de nombreux faisceaux vasculaires à vaisseaux
spiralés. Les pétales ne doivent pas contenir plus de 2 % de capsules. Le pouvoir
colorant est déterminé par une mesure d'absorbance sur un extrait à l'éthanol dilué.
Les pétales de cette petite plante herbacée commune au bord des chemins et dans
les lieux incultes de toute l'Europe jouissent d'une réputation de sédatif léger et
d'antitussif. On sait qu'ils renferment des anthocyanosides et une faible quantité
d'alcaloïdes (0,07 %) du même type que ceux qui sont présents dans le reste de la
plante: l'alcaloïde majoritaire est une tétrahydrobenzazépine, la rhœadine. La
pharmacologie de cet alcaloïde n'est pas connue, mais on peut noter que des dérivés
voisins sont des antagonistes dopaminergiques, neuroleptiques. Aucune étude clinique
ne valide les indications traditionnelle de cette plante.
En France, la Note explicative de l'Agence du médicament (1998) admet qu'il est
possible de revendiquer, pour le pétale de coquelicot les indications thérapeutiques
suivantes (voie orale) : traditionnellement utilisé dans 10 les troubles de l'éréthisme
cardiaque de l'adulte (cœur sain); 2 0 le traitement symptomatique des états
1072 ALCALOÏDES
• Corydalis turtschaninovii Bess. f. yanhusuo Y.H. Chou & C.C. Hsü. Cette
Fumariaceae et d'autres espèces du genre sont utilisées dans le traitement de douleurs
d'origine diverses (neuralgies, dysménorrhées, céphalées). L'activité analgésique du
tubercule (yanhusuo) est principalement liée à une tétrahydroprotoberbérine, la
tétrahydropalmatine. Cet alcaloïde est sédatif, hypnotique et tranquillisant comme
AUTRES ISO QUINOLÉINES 1073
6. Ces propriétés ont été décrites et étudiées par plusieurs auteurs. Elles sont à rapprocher de
l'utilisation, au Vietnam, des racines de Stephania rotunda Lour. comme sédatif. Notons au
passage que, dans ce pays, on a recours à divers Coptis, Berberis et Thalictrum pour le traitement
des dysenteries et autres infections intestinales; elles renferment toutes de la berbérine [cf.
Khuong-Huu, Q. (1986). The importance of medicinal plants in Vietnam, in« Advances in
medicinal phytochemistry », (Barton, D. et Ollis, W.D., éds), John Libbey Ltd., Londres] ; voir
aussi: Dung, N .-X., et Loi, D.-T. (1991). Selection of traditional medicines for study, J.
Ethnopharmacol., 32, 57 -70, qui mentionnent également, dans les mêmes indications, un
Fibraurea à berbérine (Menispermaceae).
1074 ALCALOÏDES
S. tetrandra et A.fangchi ont été interdits à la vente en France en 1998 (décret 98-
397 du 20-05-1998). Par la suite, d'autres plantes ont été interdites d'importation, de
prescription, de délivrance et d'administration à l'Homme: Aristolochia clematitis et
Asarum europaeum (sauf l'importation pour l'obtention de médicaments homéo-
pathiques à des dilutions supérieures à la 12' dilution centésimale hahnemanienne
(décision du 29 janvier 2001). À la même date une décision 7 a interdit la préparation, la
prescription, la délivrance et l'administration de préparations magistrales, hospitalières,
officinales contenant des Aristolochiaceae, d'autres plantes contenant des acides
aristolochiques ou des aristolactames et des plantes pouvant être substituées par des
espèces contenant de tels dérivés, notamment du fait de leur dénomination chinoise,
mutong oufangji.
La décision a inclus, dans la première catégorie: Sausurrea cernuus (Saururaceae),
Schefferomitra subaequalis et Goniothalamus sesquipedalis (Annonaceae), Stephania
cepharantha (Menispermaceae), Doryphora sassafras (Monimiaceae) et plusieurs
Piperaceae : Piper longum (sauf le fruit), P. boehmerifolium, P. attenuatum et Piper
hamiltonii. Dans la deuxième catégorie figurent: Akebia quinata et A. trifoliata
(Lardizabalaceae), Clematis amandii et C. montana (Ranunculaceae), Cocculus
laurifolius, C. orbiculatus et C. trilobus (Menispermaceae) .
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décret 98-397 (voir sur legifrance). Sur le sujet, voir aussi: Inspection régionale de la pharmacie
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Fumaria officinalis L.
VI. Morphinanes
OH OCH 3
nudaurine morphine erromangine
1078 ALCALOÏDES
tique ne peut être que la réticuline, sa substitution étant la seule à autoriser le couplage
oxydatif ortho-para conduisant au motif phénanthrénique.
Le pavot somnifère (feuilles, capsules [liste 1] et graines) était inscrit à la 8' édition
de la Pharmacopée française. La 9' édition consacrait une monographie à l'opium de
l'Inde et la IO c défmissait l'opium brut. C'est aussi ce que fait le texte maintenant en
vigueur, c'est-à-dire la 6' édition de la Pharmacopée européenne: l'opium brut est le
latex séché à l'air, obtenu par incision des capsules encore vertes de P. somniferum L. Il
contient au minimum 10 % de morphine et au minimum 2 % de codéine (par rapport au
latex desséché). L'opium brut n'est destiné qu'à servir de matière première dans la
fabrication de préparations galéniques. Il n'est pas délivré tel quel [01/2008:0777].
CH30~1 CH30:(\1
HO ~ 0
~N-C~
1 -
rYPN-CH3
CH30~ .. CH30~ n
OH 0 o
CH 3 0 CH 3 0
HO HO
HO CH 3 0
o
réticuline salutaridinoll salutaridine
o
thébaïne néopinone codéinone
morphine
codéine
HO HO
Biosynthèse
de la morphine
CH 30 0
oripavine morphinone
1080 ALCALOÏDES
L'intérêt de l'Homme pour le pavot remonte à plus de 4500 ans. L'exploitation des
capsules est attestée en Europe (Suisse, Allemagne, Jura, sud de l'Espagne) au Néo-
lithique récent : elles y étaient sans doute employées pour la valeur alimentaire des
graines qu'elles contiennent. Un peu plus tard, le pavot apparaît en Méditerranée
orientale (Crète) où il est utilisé (de 1600 à 1400 av. J.-c.) pour d'autres usages, sans
doute religieux, peut-être médicinaux, comme le suggère une statuette du mycénien
ancien où apparaissent des capsules de pavot scarifiées. Le pavot continue sa
progression vers l'est, pour partie transporté 2 dans des vases en forme de capsules vers
Chypre et l'Égypte. Bijoux, épingles et autres objets, ainsi d'ailleurs que la décoration
des tombes et de divers monuments 3 attesteraient de son usage en Égypte à partir de la
XVIII' dynastie (à partir de 1500 av. J.-C.). Des objets du même type sont également
présents, aux mêmes époques, en Anatolie. L'opium (la graisse de lion) et le pavot (la
plante de la joie) auraient également été connus des Assyriens. Plus près de nous, la
médecine grecque l'emploie pour soulager les douleurs et DroSCORIDE distingue
l'opium, suc de la capsule, et le meconium, obtenu en faisant infuser la plante coupée.
Ingrédient de la thériaque de GALIEN dont l'usage devait se perpétuer au cours des
siècles, l'opium devient, au XVII' siècle, le principe actif du laudanum de SYDENHAM
(teinture d'opium safranée) qui demeurera, jusqu'à la généralisation de l'usage du
chlorhydrate de morphine, l'analgésique le plus utilisé. Introduit très tôt en Orient par
les Arabes, il Y est connu et utilisé pendant plusieurs siècles pour ses vertus
médicinales, l'habitude de le fumer n'apparaissant qu'à la fin du XVII'siècle : on sait
comment le développement fulgurant du commerce de l'opium organisé par les
Britanniques aboutit à la première guerre de l'opium (1839-1842), point de départ de
l'ouverture (forcée) de la Chine aux nations occidentales. Pour sa part, l'Occident ne
sera touché par l'opiomanie qu'à la fin du XVIII" siècle: l'opium y sera mangé
(opiophagie) ou fumé et ce jusqu'à la mise en place de législations restrictives (France:
1908 ; première convention internationale: La Haye, 1912) 4. La morphinomanie en
2. Sous forme d'opium? C'est une hypothèse: les résultats des analyses laissent subsister le doute
(pas de recherche d'alcaloïdes). D'autres auteurs ont également établi la présence de morphine dans des
vases d'albâtre égyptiens retrouvés dans une tombe de la XVIII' dynastie. En réalité, un travail très
documenté publié par N.G. Bisset en 1994 met très sérieusement en cause la validité de cette assertion
émise au début du siècle: les méthodes les plus modernes (chromatographie gazeuse couplée à la
spectrométrie de masse, radio-immunologie) n'ont pas permis la caractérisation de la morphine dans
ces vases. Il est également peu probable que ce type de vase ait été connu à cette époque en Égypte. Si
cette analyse n'apporte pas la preuve absolue que ces vases n'ont pas servi à contenir de l'opium, elle
permet aux auteurs une intéressante mise au point sur l'histoire du pavot en Méditerranée orientale.
Voir: Bisset, N.G., Bruhn, J.G., Curto, S. et al. (1994). Was opium known in 18'" dynasty ancient Egypt? An
examination of materials from the tomb of the chief royal architect Kha, J. Ethnapharmacal., 41, 99-114.
3. La publication de Bisset et al. souligne que la stylisation rend, dans quelques cas, l'identification
douteuse et que « rnany pictures in tarnbs bear sarne sirnilarity ta P. rhoeas and are accepted as
representing that species ».
4. Sur l'histoire de la consommation d'opium dans l'empire de Chine et la mise en place des
conventions internationales successives, voir: ONU-Office on drugs and crime (2008). A century of
international drug control, in «2008 Warld drug repart », pp. 173-222. Document téléchargeable sur le site
de l'UN-ODC: http://www.unodc.org/
MORPHINANES 1081
vogue à la fin du XIX' siècle a maintenant cédé la place à une pratique parfois mortelle
et en expansion, l'héroïnomanie.
La production liciteS de l'opium, limitée dès les années 1950 à 7 pays, est à l'heure
actuelle circonscrite à l'Inde, les besoins de l'industrie pharmaceutique mondiale en
alcaloïdes étant principalement couverts par l'extraction directe à partir de la paille de
pavot (cf. p. 1084). La plus grande partie de la morphine produite industriellement est
transformée, surtout en codéine. La consommation de morphine est en augmentation
constante depuis la généralisation de l'emploi des formes destinées à la voie orale et les
incitations répétées des autorités sanitaires à mieux prendre en charge la douleur. Il faut
toutefois noter que la croissance actuelle et à venir de la consommation totale d'opiacés
est de plus en plus due à la croissance rapide du marché des opioïdes de synthèse .
A. La plante
Le pavot est une plante annuelle à tige principale dressée de 1 m - 1,5 m, à feuilles
alternes, amplexicaules, glabres et le plus souvent vert glauque, celles de la base
pennatiséquées, celles du sommet simplement dentées. La fleur, solitaire, est
actinomorphe: son calice comprend deux sépales qui tombent lorsque s'épanouissent
les quatre pétales de la coroBe. CeBe-ci, blanche, rouge ou violacée selon le cultivar,
entoure de très nombreuses étamines à anthères noires et un ovaire supère uniloculaire
par fusion des 8-12 carpelles. Cet ovaire, divisé par des cloisons incomplètes et
surmonté par un plateau stigmatique aplati, conduit à une capsule ovoïde ou sphérique,
parfois indéhiscente, renfermant une multitude de graines minuscules. Après incision,
toutes les parties de la plante laissent s'écouler un latex blanc.
La taxinomie du genre est complexe, une centaine d'espèces étant réparties, selon
les auteurs, en 9 ou 12 sections. Initialement rangés dans la section Mecones Bernh.,
5. Les cultures illicites de pavot sont en expansion rapide, retrouvant presque les niveaux atteints
à la fin des années 1990. Cela est dû à un développement massif des cultures afghanes qui avaient été
drastiquement réduites en 2001. En 2007, les surfaces consacrées dans le monde à la culture du pavot
étaient estimées à 236000 ha (1930000 ha en Afghanistan, 28000 ha au Myanmar [Birmanie]). La
production mondiale illicite d'opium était évaluée la même année à environ 8900 tonnes, 92 % étant
fournis par les pavots de l'Afghanistan dont le rendement atteint 42,5 kg/ha, 5 % par le Myanmar. La
production d'opium au Mexique et en Colombie a considérablement diminuée depuis quelques années.
En 2006, les saisies mondiales déclarées ont été de 384 tonnes d'opium (principalement en Iran), celles
de morphine de 46 tonnes, celles d'héroïne de 58 tonnes.
Le nombre d'usagers d'opiacés a été estimé (pour 2006) à 16,5 millions dans le monde, plus de
70 % d'entre eux consommant de l'héroïne (15-64 ans - prévalence de 0,4 % - répartition: Asie 57, %;
Europe, 22 %, ensemble du continent américain: 13 %). En Europe, la prévalence atteint 0,7 %, soit
3,6 millions d'usagers (170000 en France).
Source: ONU-Office on drugs and crime (2008). OpiurnlHeroin market, in« 2008 World drug report»
pp. 37-63. Document complet (310 pages) téléchargeable sur le site de l'UN-ODe: http://www.unodc.org/
On peut voir aussi, du même organisme, le Résumé analytique enfrançais, 16 pages: en ligne: http://www.un-
ngls.orglsite/article_fr.php3?id_article=250
Papaver somniferum L.
MORPHINANES 1083
P. somniferum L. et P. setigerum DC. sont maintenant isolés dans une section Papaver
caractérisée par la présence d'alcaloïdes rattachés au squelette morphinane. S'agit-il de
deux espèces différentes? Les avis des spécialistes sont partagés: au vu des très
nombreuses publications consacrées au genre Papaver, il ressort que si certains auteurs
parlent de deux espèces, d'autres considèrent P. setigerum comme une sous-espèce de
P. somniferum : P. somniferum L. ssp. setigerum (De.) Corb. Pour quelques auteurs -
et c'est la position adoptée par la Flora Europœa - il Y aurait trois sous-espèces de P.
somniferum : deux cultivées (ssp. somniferum et ssp. songaricum Basil) et une
sauvage: ssp. setigerum (De.) Corb., à capsule plus petite. Sans entrer dans le détail on
peut souligner que les spécialistes sont également partagés sur l'origine de
P. somniferum, la majorité estimant toutefois que la sous-espèce (ou l'espèce)
setigerum est la forme ancestrale.
Peut-on parler de variétés? L'ancienneté de la mise en culture du pavot par
l'Homme est à l'origine d'une très grande variabilité morphologique (couleur des fleurs
et des graines, déhiscence, etc.). Plusieurs systèmes de classement ont été proposés et la
prolifération des cultivars issus de l'effort d'amélioration entrepris depuis une trentaine
d'années ne simplifie pas les choses. La Pharmacopée européenne a d'ailleurs supprimé
toute référence à la notion de variété 6.
À titre d'exemple, on peut citer ici les distinctions qu'opéraient les anciens ouvrages
classiques de Pharmacognosie 7 :
- le pavot à fleurs et graines blanches, cultivé en Inde. Les capsules, ovoïdes, sont
dépourvues de pores de déhiscence; on parle traditionnellement de variété album;
- le pavot noir, traditionnellement cultivé en Europe pour ses graines. Les fleurs de
ce « pavot œillette» sont violacées, les graines sont grises. La capsule, plus globuleuse
que celle du pavot blanc, est déhiscente par des pores sur le bord du plateau
stigmatique; il est connu sous le nom de variété nigrum ;
- le pavot d'Asie mineure, à fleurs pourpres. La capsule est large (10-12 cm)
globuleuse; les graines sont noir violacé (variété glabrum).
B. Production
6. Les choses sont loin d'être simples: une étude assez ancienne portant sur 1600 spécimens a
montré une très grande variabilité des caractères morphologiques et a conduit son auteur à distinguer
sept sous-espèces et trente-six variétés; pour d'autres botanistes, il convient de distinguer des
« convariétés » elles-mêmes subdivisées en variétés. D'autres auteurs estiment même « qu'il est
impossible d'un point de vue botanique de distinguer des variétés précises ».
7. a - Paris, R.-R. et Moyse, H. (1981). Précis de mntière médicale (2' éd.), Masson, Paris, 2, p. 186;
b - Evans, W.c., (1996). Trease and Evans'pharmncognosy (14' éd.), W.B. Saunders, Londres.,p. 367.
1084 ALCALOÏDES
précautions, une à une: l'incision, simple ou multiple, doit être suffisante pour
sectionner les laticifères, mais ne doit pas atteindre l'endocarpe, sous peine de voir le
latex s'écouler à l'intérieur de la capsule. Les capsules peuvent être incisées à plusieurs
reprises. Le latex blanc qui s'écoule coagule et brunit rapidement. Le matin suivant
l'incision, les écoulements de latex sont recueillis par raclage, agglomérés et séchés à
l'air libre. Après plusieurs jours de séchage, l'humidité résiduelle est de l'ordre de
10 %; finalement le produit est façonné en pains d'environ 5 kg. En 2007, l'Inde
cultivait environ 6000 ha de pavot, surface en forte diminution du fait de stocks très
importants.
8. Source: OICS (2008). Stupéfiants - Évaluations des besoins du monde pour 2009 - Statistiques pour
2007,429 pages, téléchargeable sur http://www.incb.org/incb/fr/narcotic_drugs_2008.html. Voir en
particulier la 4' partie: Renseignements statistiques sur les stupéfiants (offre de matières premières
opiacées et demande d'opiacés pour les besoins médicaux et scientifiques - observations - tableaux
statistiques - etc. [pp. 109-140]). Et rapports des années antérieures (téléchargeables sur le même site).
MORPHINANES 1085
principalement le fait de l'Australie. Au fil des ans, la part de l'opium dans le total des
matières premières utilisées a diminué et cette lente régression devrait se poursuivre :
81 % de la morphine et 92 % de la thébaïne utilisées provenaient en 2006 de
l'extraction des pailles. Celles-ci ont permis la production de 330 tonnes de morphine,
92 tonnes de thébaïne, 22 tonnes d'oripavine et 15 tonnes de codéine.
En 2007, la production mondiale d'opium a été de 282 tonnes (soit 31 tonnes
d'équivalent morphine) dont 95 % étaient produite en Inde, une faible quantité étant
produite en Chine (12,8 tonnes destinées au seul marché intérieur). Trois pays (l'Inde,
les États-Unis d'Amérique et le Japon) ont extrait 98 % de l'opium indien (642 tonnes
extraites en 2007, soit 70 tonnes d'équivalent morphine).
c. L'opium 10
L'opium est constitué par des masses brun-noir de taille variable, de saveur
piquante et amère, d'odeur caractéristique et de consistance variable (devenant dures et
cassantes par séchage).
L'examen microscopique, pratiqué sur un échantillon séché et mis en suspension
dans une solution d'hydroxyde de potassium, montre des granulations de latex
agglomérées en masses irrégulières et des filaments allongés brun-clair. On peut
observer des fragments d'épicarpe, des débris de vaisseaux, des cristaux réfringents et
quelques rares grains d'amidon.
L'identité de l'opium peut être vérifiée en additionnant directement l'extrait aqueux
de chlorure ferrique : il apparaît une coloration rouge qui ne disparaît pas par addition
d'acide chlorhydrique (caractérisation de l'acide méconique). On met également en
œuvre une caractérisation en CCM des principaux alcaloïdes contenus dans un extrait
réalisé avec de l'alcool à 70 % (révélation à l'iodobismuthate de potassium).
Les alcaloïdes sont dosés par chromatographie liquide après extraction des
alcaloïdes. Cette extraction est réalisée par macération sous agitation ultrasonique dans
9. Pour l'opium, comme pour la paille, l'équivalent morphine (ou thébaïne) est calculé par l'OICS
sur la base du rendement industriel. Les alcaloïdes minoritaires convertibles en morphine ou en
thébaïne sont pris en compte et ajustés par des taux de conversion appropriés (codéine, oripavine).
10. Les autres parties de la plante (capsules, graines) sont volontairement négligées ici. À propos
des graines, qui constituent une source d'huile insaturée, on note qu'elles sont traditionnellement
utilisées en Europe centrale dans la fabrication de pains et de gâteaux; il en est de même en Amérique
du Nord. La teneur en huile des graines peut atteindre 40 %, l'acide linoléique étant largement
dominant (70 %). Les esters éthyliques des acides gras de l'huile d'œillette sont utilisés comme
opacifiant en radiologie (lymphographie, fistulographie, sialographie).
Les graines de pavot contiennent des quantités variables (mais faibles) d'alcaloïdes: morphine (4-
250 mg/kg) et codéine (0,4-60 mg/kg), une grande partie de ces alcaloïdes provenant en fait de la
contamination par le latex. L'expérience a montré que l'ingestion de graines, dans les conditions
habituelles de consommation, n'engendre aucun des symptômes caractérisant la prise d'opiacés. Par
contre ces derniers sont détectables dans l'urine des consommateurs, ce qui peut conduire à des
difficultés d'interprétation de contrôles positifs. L'usage de quantités massives de graines comme
stupéfiant est exceptionnelle. Cela n'est pas le cas des capsules et de la paille, parfois détournées à cette
fin dans certains pays de l'est de l'Europe.
1086 ALCALOÏDES
L'opium peut renfermer de 10 à 15 % d'eau. Les sucres sont abondants (20 %) ainsi
d'ailleurs que les acides organiques: acides lactique, fumarique, oxaloacétique, et
surtout acide méconique (plus de 5 %). Ce dernier (une pyrone dicarboxylique) n'existe
que chez un nombre très limité de pavots et peut être utilisé comme marqueur
d'identité. Les principes actifs sont représentés par 10 à 20 % d'alcaloïdes. La
concentration en morphine de l'opium actuellement exporté par l'Inde varie entre 9,5 et
12 %, la concentration en codéine est d'environ 2,5 % et la concentration en thébaïne se
situe entre 1 et 1,5 %.
La teneur en alcaloïdes et la composition des pailles de pavot varie selon l' origgine
et les variétés (à morphine [ML à thébaïne [TL etc.). Pendant la période 2004-2006, le
rendement industriel moyen en morphine anhydre (concentré de paille de pavot)
obtenue à partir de la paille de pavot (M) a été de 1,81 % en Australie, 1,09 % en
France, 1,01 % en Espagne et 0,38 % en Turquie (OICS, 2007 8).
Morphinanes
La morphine, alcaloïde majoritaire du groupe des morphinanes est aussi l'alcaloïde
le plus abondant dans l'opium (10-12 %). C'est une molécule pentacyclique qui
possède cinq centres asymétriques: seul l'énantiomère naturel (lévogyre) est actif (5R,
6S, 9R, 13S, 14R). La présence d'un hydroxyle phénolique (en C-3) confère à cet
alcaloïde des solubilités particulières: solubilité dans les solutions d'hydroxydes
alcalins ou alcalino-terreux par formation de morphinates et solubilité classique des
alcaloïdes (mais la morphine base est très peu soluble dans l'éther). La fonction
phénolique est également à l'origine des propriétés réductrices de la molécule:
possibilité de caractériser la molécule en présence de sels ferriques.
Le phénol en C-3 et l'hydroxyle en C-6 peuvent être éthérifiés ou estérifiés: à côté
de dérivés naturels comme la codéine ou la thébaïne on peut ainsi accéder à des dérivés
hémisynthétiques (voir ci-dessous); il faut toutefois remarquer que l'estérification ou
",~
-j
1
R =H : morphine thébaïne
R =CH 3 : codéine
•
~.l,
1
MORPHINANES 1087
CH 3
1
CH 3 0 0 0
N'CH 3
CH 3 0 <
0 < 0
OCH 3 CH 3 0 CH 3 0 OCH 3
'-'::
~
OCH 3 OCH 3 OCH 3
papavérine noscapine narcéine
(= narcotine) OCH 3
CH'O~
CH 3 0 0 -;/
< ~ ~ N, 1
CH 3 0 0 HO ""H CH 3
H'"
OCH 3 0 HO -;/
'-'::
~
) CH 3 0 ~
1
OCH 3 0
0 CH 3 0
< 0 CH 3 0
0
Opium:
autres alcaloïdes
OCH 3 0
canadine cryptopine
)
OCH 3 0
1088 ALCALOÏDES
Autres alcaloïdes
Un autre alcaloïde pondéralement important dans l'opium est la (-)-noscapine
(= narcotine). Ce composé est une base très faible, ses sels sont peu solubles et sa
structure lactonique le rend sensible aux pH alcalins. D'autres dérivés du même groupe
(des phtalyltétrahydroisoquinoléines) sont présents en quantités plus faibles
(narcotoline); ils sont accompagnés de sécophtalylisoquinoléines : narcéine, nor-
narcéine, narcéinirnide.
On trouve dans l'opium des benzyltétrahydroisoquinoléines (laudanine, lauda-
nosine, laudanidine, codamine, réticulines, etc.) ainsi qu'un dérivé isoquinoléique, la
papavérine (teneur moyenne: 0,5-1,5 %). P. somniferum élabore également d'autres
types structuraux: aporphines (isoboldine, corytubérine), tétrahydroprotoberbérines et
protoberbérines (coreximine, canadine, berbérine, coptisine), benzophénanthridines
(sanguinarine), protopines (protopine, cryptopine, allocryptopine), morphinanediénones
((- )-salutaridine).
• effet analgésique. La morphine induit une analgésie sélective: elle déprime très
fortement la perception nociceptive, elle élève le seuil de perception de la douleur.
L'activité psychodysleptique de l'alcaloïde participe également à l'action analgésique:
elle entraîne, de la part du sujet, une certaine indifférence à l'égard de sa douleur. Les
activités psychomotrices de la morphine varient selon l'espèce animale et, chez
l'Homme, sont fonction de l'existence préalable de douleurs. Ainsi, alors que l'on
observe chez le sujet souffrant une sédation, une indifférence aux sensations physiques
ou psychiques et, parfois, un état d'euphorie lié à une diminution de la réaction
psychoaffective à la douleur, il est fréquent que l'administration de morphine entraîne,
chez le sujet normal, une agitation plus ou moins intense, du délire, de l'anxiété, des
nausées, etc.
La morphine, agoniste pur (/-1 et faiblement K), agit en reproduisant l'action des mor-
phinopeptides endogènes au niveau des récepteurs présynaptiques des fibres myélinisées
de faible diamètre véhiculant les informations d'origine nociceptive : il s'ensuit une
inhibition de la libération de la substance P, neurotransmetteur de la douleur.
Ce mécanisme d'action permet également de comprendre l'origine de la
dépendance: la morphine inhibe la production d'enképhalines et, parallèlement, le
nombre de récepteurs augmente, d'où la tolérance. Lors du sevrage, les récepteurs ne
peuvent être saturés par leurs ligands naturels: ainsi s'explique le « syndrome de
sevrage », expression clinique de la dépendance physique.
MORPHINANES 1089
effets périphériques
per os, son effet s'additionne avec celui d'antalgiques tels que le paracétamol; il est de
plus assez prolongé dans le temps. En raison du polymorphisme génétique de
l'isoforme du cytochrome P450 impliquée dans la dégradation de la codéine en
morphine (CYP2D6), la réponse analgésique peut varier d'un individu à l'autre, certains
(7 à 10 % en Europe) étant des métaboliseurs déficients, d'autres des métaboliseurs
ultra-rapides. Chez les premiers, la codéine est donc relativement ou totalement
inefficace. Chez les seconds, le risque de surdosage est augmenté.
G. Emplois
Opium. L'opium et ses préparations ainsi que le concentré de paille de pavot sont
classés comme stupéfiants (annexe 1, à l'exception des préparations relevant d'un autre
classement) .
L'opium et la paille de pavot sont utilisés pour l'extraction des alcaloïdes. L'opium
reste utilisé pour l'obtention de formes galéniques et de quelques spécialités, mais la
consommation mondiale de ces préparations d'opium (incluses au tableau III de la
Convention de 1961) est maintenant faible (16,6 tonnes/an en moyenne selon l'OICS).
Morphine par voie orale. La gamme, large, des produits disponibles comprend
différentes formes et présentations contenant principalement du sulfate de morphine
sous divers dosages:
- des formes à libération immédiate:
• solutions buvables en ampoules de 10 mg, 20 mg, 30 mg ou 100 mg, sirop
(aromatisé) à 5 mg/ml (30 ml),
• gélules à 5 mg, 10 mg, 20 mg et 30 mg,
• comprimés à 10 mg et 30 mg ;
- des formes à libération prolongée:
• gélules à 10 mg, 20 mg, 30 mg, 50 mg, 60 mg, 100 mg et 200 mg (certaines
administrables toutes les 12 heures, d'autres toutes les 24 heures),
• comprimés à 10 mg, 30 mg, 100 mg et 200 mg.
Les microgranules contenus dans les gélules, le contenu des ampoules buvables et
le sirop de sulfate de morphine peuvent être administrés dans une alimentation fluide
(malades dysphagiques) ou dans une sonde de nutrition entérale. Comprimés et
granules ne doivent être ni écrasés, ni croqués (risque de surdosage).
Il. L'OMS définit 3 paliers d'intervention en cas de douleur: palier (ou niveau) n° 1, antalgiques
non morphiniques : paracétamol, acide acétylsalicylique et autres AINS; palier n° 2, antalgiques
morphiniques mineurs: codéine, dihydrocodéine, dextropropoxyfène, tramadol; palier n° 3, morphine,
hydromorphine, oxycodone, etc.
MORPHINANES 1093
augmentation, qui peut être de l'ordre de 50 %, est obtenue soit par diminution de
l'intervalle de prise, soit par augmentation de la dose. Chez les patients recevant des
formes à libération prolongée, l' ajustement de la posologie (de 10 à 50 %) peut être
obtenu par des interdoses de formes à libération immédiate. La posologie est ajustée
périodiquement, sans limite supérieure tant que les effets indésirables peuvent être
maîtrisés. Pour les formes à libération immédiate, la dose journalière est généralement
répartie en six prises. Le traitement par les formes à libération prolongée est géné-
ralement mis en place après initiation du traitement par une forme à libération
immédiate. Pour les traitements en aigu, la posologie répond à des protocoles
spécifiques.
Morphine par voie parentérale. Les formes injectables sont (sauf deux exceptions)
des solutions de chlorhydrate de morphine. Une dizaine de dosages sont disponibles (en
ville), entre 0,5 mg et 500 mg. Il existe en outre des spécialités d'usage hospitalier
(certaines sont rétrocédables).
La voie parentérale n'est pas la mieux adaptée au traitement des douleurs
chroniques, sauf si la voie orale est inefficace ou n'est pas possible: dysphagie,
déglutition impossible, occlusion intestinale, vomissements incontrôlés. On a alors
recours à la voie SC continue (pousse-seringues, pompes, diffuseurs) ou à la voie IV en
perfusion continue. Ces voies permettent l'administration auto-contrôlée.
Posologie (voie parentérale). Doses usuelles pour la voie voie SC (la moitié des
doses pour la voie orale) : adulte, 5 mg/prise - 30 mg/24 heures; enfant: 0,5 mg/kg à
répartir sur 24 heures, uniquement à partir de 6 mois. Dans le cas de la voie IV, les
doses usuelles sont divisées par 3 par rapport aux doses pour la voie orale (3,33
mg/prise et 20 mg/24 heures chez l'adulte; 0,3 mg/kg chez l'enfant à partir de 6 mois, à
répmtir sur 24 heures). La voie intramusculaire, douloureuse, n'est pas recommandée
Morphine par voie péridurale et sous-arachnoïdienne. Cette voie est justifiée par
la localisation des récepteurs morphiniques dans les cornes postérieures de la mœlle
épinière. Elle permet d'obtenir une analgésie médullaire de longue durée. L'analgésie la
plus longue est obtenue par injection intrathécale : l'injection directe dans le LCR
raccourcit le délai d'action et la très faible absorption sanguine conduit à une analgésie
qui dépasse souvent 24 heures. Le risque de dépression respiratoire semble faible, mais
il existe, décalé dans le temps. Aux autres effets indésirables s'ajoutent les risques
inhérents à la technique d'administration.
Effets indésirables. Les principaux effets indésirables qui peuvent survenir sont:
- une constipation, presque inévitable, elle doit être prise en charge préventivement
(mesures hygiéno-diététiques, laxatifs, etc.);
- des nausées et des vomissements qui cèdent généralement après 4-5 jours de
traitement;
- de la somnolence, qui cède également en quelques jours;
- chez le sujet âgé, de l'agitation ou une sédation, des cauchemars et des hallucinations.
La somnolence croissante est un signe précoce de l'apparition d'une dépression
respiratoire; elle s'accompagne progressivement d'une bradypnée. Le surdosage
nécessite un arrêt du traitement et des mesures appropriées (oxygène, naloxone,
transfert éventuel en réanimation).
Dans le contexte du traitement de la douleur, l'augmentation des doses ne relève pas
le plus souvent, d'un processus d'accoutumance. Le demande réitérée du patient
témoigne presque toujours d'un besoin d'antalgique: l'addiction est exceptionnelle
chez les malades traités par des opioïdes. Le risque de survenue d'un syndrome de
sevrage est prévenu par la diminution progressive de la posologie.
Pour l'enfant de plus de 12 mois, on dispose en France d'un sirop aromatisé dosé à
1 mg de codéine base par ml (sous forme de phosphate) : 2 à 4 mg/kg124 heures (en 4 à
6 prises), sans dépasser 1 mg/kg/prise et 6 mg/kg124 h.
Noscapine
La noscapine, qui a été peu évaluée, est utilisée dans le traitement des toux non
productives gênantes en particulier à prédominance nocturne (60 mg/j chez l'adulte, 0,5
mg/kg/j chez l'enfant, répartis en 4 prises). Traitement à limiter à quelques jours.
Disponible sous la forme d'un sirop associant un antihistaminique et la noscapine fixée
sur une résine carboxylique. Contre-indiquée dans la toux de l'asthmatique et en cas
d'insuffisance respiratoire. Peut entraîner constipation et somnolence, voire, rarement,
nausées et états vertigineux. Interactions médicamenteuses avec les morphiniques.
12. Certains sirops destinés au traitement symptomatique de la toux sont parfois détournés de leur
usage à des fins de toxicomanie. Cela est rendu aisé du fait de l'exonération des spécialités concernées
(il y a exonération lorsque la quantité de codéine remise en une fois ne dépasse pas 300 mg avec un
maximum de 20 mg par prise ou une concentration inférieure ou égale à 0,1 % pour les formes non
divisées en prises). En 2005, le 6' rapport national du dispositif TREND notait que cette pratique
semblait devenue marginale en France (Bello, P.- Y, Toufik, A., Gandilhon, M. et Evrard, 1. (2005).
Phénomènes émergents liés aux drogues en 2004. OFDT, 178 pages. Téléchargeable sur le site de l'OFDT :
http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/publi/rapports/rap05/epfxpble.html
1096 ALCALOÏDES
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1
~. ~. ~.
. ~ N-CH3 . ~ N-CH3 . ~ N-CH3
H H H
HO"" / HO'.... / CH CO-O"'· /
codéthyline pholcodine 3 diacétylmorphine
(héroïne)
13. Les agonistes-antagonistes ont une affinité plus forte que celle de la morphine pour les récepteurs,
mais leur activité antalgique est plus faible. Leurs propriétés antagonistes ne se manifestent qu'en présence
d'un morphinique agoniste qu'ils déplacent de son récepteur, diminuant ainsi son action. Leur activité est
caractérisée par un effet plafond. Les agonistes activent les récepteurs et entraînent une réponse dose-
dépendante. Les antagonistes, peu ou pas intrinsèquement actifs, lèvent l'action des agonistes.
MORPHINANES 1097
b- Les comprimés de chlorhydrate pour la voie sublinguale (à 0,4 mg, 1 mg, 2 mg, 6
mg et 8 mg) sont utilisés, comme la méthadone, pour le traitement substitutif des
pharmacodépendances majeures aux opiacés, dans le cadre d'une prise en charge
médicale, sociale et psychologique. Elle est utilisée à grande échelle en France depuis
1996 dans ce but (80000 personnes recevaient ce traitement en 2003). La prescription
doit être faite sur ordonnance sécurisée (pour les dosages supérieurs à 0,2 mg [voie
orale] pour une durée maximale de 28 jours ; fractionnement à 7 jours, sauf mention
expresse du prescripteur).
HO~
N~ o~:Nf
Agonistes et antagonistes HO
morphiniques :
structures et 0"" '" 1 é 1 ;
principes d'obtention
HO H HO H
O~
~Br ~
t na/oxone 11 B:a/trexone
CHao~
H~NH
HO~ 1. AC20
~I •.~ 1 2. BreN.
HBr-H 20
3. H30+
~
0\ . Q,.. .
. ~ N-CH a . ~ N-CH a
HO H HO H
o o o
oxycodone oxymorphone ~ noroxymorphone
1.HA,tH HO 1
CHao~~
~
2. H2/Pdl'
1 I
~ ~ Y
'---
Q Q,... N
~ À N-CH a
HO H
--
~O
CHao"" 1
thébaïne
L -_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _~
HO""
na/buphine
l' \
étorPhine diprénorphine
CHaO CHaO HO
/ /
CHaO CHaO
buprénorphine
HO
fortes doses ou à des doses répétées. Elle a été utilisée, sous forme de chlorhydrate,
dans le traitement de l'insuffisance respiratoire liée aux opiacés. On lui préfère
actuellement un antagoniste pur, la naloxone.
3. BIBLIOGRAPHIE
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Le colchique, connu des Grecs pour sa toxicité, est utilisé dans l'empire byzantin dès le
V' siècle pour le traitement de la goutte. Rejeté par « la Faculté» au début du XVI'
siècle, il réapparaît à la fin du XVIII' siècle sous forme de teinture: « deux onces de
racine dans quatre onces de vin rectifié». Il faudra attendre un siècle pour que les
chimistes parviennent à cristallliser la colchicine (LABORDE et HOUDÉ, 1884), soixante
ans de plus pour établir sa formule (DEWAR, 1945) et une vingtaine d'années
supplémentaires pour qu'une première synthèse soit publiée (WOODWARD, 1963). La
synthèse de la (-)-(aS, 7S)-colchicine continue de stimuler l'imagination et les efforts
des chimistes: la colchicine naturelle présente en effet une asymétrie moléculaire liée à
la non-coplanéité des cycles benzénique et tropolonique. Ces deux cycles forment entre
eux un angle de torsion d'environ 53° et l'hélicité est dans le sens inverse des aiguilles
d'une montre. La torsion de la molécule est indispensable à l'établissement de la liaison
avec la tubuline : l'énantiomère (aR) ne se lie pas. Or cette liaison, en empêchant la for-
mation des microtubules, conditionne l'activité antimitotique de l'alcaloïde.
La plante, les graines. Plante herbacée des prés humides de l'Europe, le colchique
serait originaire des rives orientales de la mer Noire (Colchide, actuellement partie de la
Géorgie). Également dénommé safran des prés, il est caractérisé par un cycle végétatif
particulier. En octobre, le bulbe tuniqué émet un groupe de 2 à 6 fleurs trimères à
périanthe coloré en rose violacé s'épanouissant en six lobes étalés terminant un très
long tube étroit (10-15 cm), à ovaire restant au niveau du bulbe, sous le sol; après le
Colchicum autumnale L.
PHÉNÉTHYLISOQUINOLÉINES 1103
repos végétatif hivernal apparaissent des feuilles oblongues, linéaires et, dans le même
temps, l'ovaire fécondé (le fruit) sort de terre et poursuit sa maturation: c'est une petite
capsule septicide triloculaire rappelant vaguement une noix (d'où, chez l'enfant, une
possibilité d'intoxication). La pérennité de l'espèce est assurée par un bulbe de
remplacement qui, chaque année, se développe aux dépens de l'ancien.
La graine de colchique est petite: son diamètre ne dépasse pas trois millimètres.
Globuleuse, elle est particulièrement dure. Son tégument, brun rougeâtre et finement
ponctué, se développe anormalement sur un côté de la graine en formant un strophiole
qui renferme de l'amidon.
L'extraction de la colchicine, pratiquée habituellement sur les graines, peut aussi
concerner les bulbes. Une autre source potentielle de colchicine est constituée par une
Colchicaceae d'origine indienne, Gloriosa superba L., dont les graines renfermeraient
en moyenne 0,9 % de colchicine.
CHaO
2~
CHaO HO
autumnaline
colchicine androcymbine
HO OCH a
OCH a
prouve qu'elle est le précurseur du noyau tropolone. Si les carbones C-3 et C-4' de la
tyrosine deviennent respectivement les carbones C-12 et C-9 de la colchicine (cf.
schéma), cela implique une expansion de cycle avec inclusion du carbone benzylique
de la tyrosine dans le cycle heptagonal ainsi formé.
C'est l'isolement d'une diénone heptacyclique, l'androcymbine, à partir d'une plante
botaniquement proche du colchique (Androcymbium sp.) qui a permis de reconstituer le
schéma probable de la biosynthèse. La réalité du processus est confortée par
l'incorporation de la O-méthyl-androcymbine marquée. On note aussi que le précurseur
supposé de l'androcymbine, c'est-à-dire l'autumnaline, a été isolé d'un Colchicum et
qu'elle est également incorporée. La perte du carbone C-2 de la tyrosine au cours du
réarrangement rend bien compte de la fragmentation postulée (elle est sans doute
consécutive à une hydroxylation).
CHaO + 1H
N
CHaO
y
phénylalanine 0
0
CHaO
tyrosine
biogenèse de la colchicine: origine des différents carbones
(~
C02H)_HO ~
1 NH 1
R ~ 2 CH 0
3
~
2 CH 3 0
autumnaline
CH 3 0
CH 3 0
CH 3 0
3
\ CH 0
CH 3 0
CH 3 0 CH 3 0
CH 3 0
o
CH 3 0 \
CH 3 0
CH 3 0
Emplois. La colchicine est indiquée dans l'accès aigu de goutte. Posologie (per os) :
3 mg le 1" jour (en 3 prises), 2 mg en 2 prises le 2' et le 3' jour, 1 mg les jours suivants.
Autres indications: prophylaxie des accès aigus chez le goutteux chronique
notamment lors de l'instauration du traitement hypo-uricémiant; autres accès aigus
microcristallins (chondrocalcinose et rhumatisme à hydroxyapatite) ; maladie
périodique (alias fièvre familiale méditerranéenne) ; maladie de Behçet (1 mg/j dans
ces autres indications). La colchicine est contre-indiquée en cas d'insuffisance rénale
grave et d'insuffisance hépatique sévère.
Actuellement, nombreux sont ceux qui estiment que, compte-tenu de sa balance
bénéfices-risques défavorable, la colchicine ne devrait être employée qu'en cas d'échec
d'un anti-inflammatoire (paracétamol ou ibuprofène).
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Alcaloïdes isoquinoléiques
~ alcaloïdes des Amaryllidaceae
Origine biosynthétique
La biosynthèse de ces composés est assez complexe mais, dans ses grandes lignes,
découle d'un couplage oxydatif intramoléculaire qui intervient sur un précurseur du
type C6C r N-C]C 6 . Selon que ce couplage est para-ortho', ortho-para' ou para-para',
il justifie l'existence des différents types structuraux connus (une quinzaine) : type
galanthamine (P-o'), type lycorine (o-p'), type haemanthamine, crinine(p-p'), etc. Des
réarrangements secondaires peuvent intervenir (par exemple, à partir du type crinine :
homolycorine, tazettine, graciline, gracilamine, etc.).
L'unité en C6C2 est directement issue d'une molécule de tyrosine alors que l'unité en
C 6C] trouve son origine dans une molécule de phénylalanine. Cette dernière est
transformée en acide cinnamique puis hydroxylée (acide caféique); après élimination
de deux carbones, le 3,4-dihydroxybenzaldéhyde formé se condense avec la tyramine
pour former la norbelladine puis la méthylnorbelladine sur laquelle interviendront
ultérieurement les couplages oxydatifs précités.
Narcissus sp.
AMARYLLIDACEAE 1109
A
lJjJ\
H0Y)
CH,0Y)"~)
H0xY'N-R HO~\H
/'1
CH 3 0
""'-
O-méthyl-norbelladine et dérivés: différentes possibilités de couplage
Chez toutes les espèces incriminées dans les intoxications (Amaryllis, perce-neige
[Galanthus], jonquille, narcisse [Narcissus], etc.), les alcaloïdes sont surtout concentrés
dans les bulbes. Les accidents (autres que les dermites de contact) sont de fait assez
rares et presque toujours dus à la confusion entre les bulbes d' Alliaceae comestibles
(oignon, échalote) et ceux des Amaryllidaceae communes des jardins (ex. : narcisse, N.
pseudonarcissus L. et autres espèces). L'ingestion de ces bulbes, comme celle des
feuilles qui peuvent être confondues avec celles des poireaux, induit assez rapidement
nausées et vomissements, puis diarrhée profuse. L'évolution est normalement favorable
et rapide. Le principe toxique le plus fréquent est la lycorine, un inhibiteur des
cholinestérases qui, à faible dose, provoque salivation, vomissements, diarrhées et, à
plus forte dose, paralysie et collapsus. Parmi les potentialités thérapeutiques offertes par
ces alcaloïdes, on note les propriétés antitumorales de la narciclasine (Narcissus tazetta
L. ) et de la pancrastatine (Hymenocallis) et de structures voisines.
o
homolycorine galanthamine isocraugsodine
1. Alzheimer's Disease Assessment Scale-Cognitive subscale fondé sur des tests évaluant la
mémoire, le langage, l'orientation et les praxies. Le score varie de 0 à 70. Les experts considèrent
qu'il y a probabilité de réponse clinique lorsque le patient a une amélioration d'au moins 4 points sur
l'échelle ADAS-Cog, mais cette définition ne fait pas consensus, et la HAS souligne que l'intérêt
d'une telle variation« n'est pas clairement établi aux yeux du patient et de son entourage ». Tous les
essais n'utilisent pas les mêmes échelles. Ceci, joint à la difficulté de classement des patients lors de
l'inclusion, rend difficile l'appréciation de l'apport du produit en termes cliniques.
AMARYLLIOACEAE 1111
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2. Mini-Mental State Examination, outil standardisé pour évaluer les fonctions cognitives; le score
varie de 0 à 30 et est d'autant plus bas que l'atteinte est sévère. Les patients inclus dans les essais de la
galantamine ont généralement un score MMSE de IO à 25. COR: échelle clinique de démence.
Cephaelis sp.
Alcaloïdes isoquinoléiques
~ isoquinoléino-monoterpéniques
Les plantes. Sous-arbrisseaux vivaces de faible dimension (20-40 cm), les ipécas
ont des feuilles opposées décussées à stipules interpétiolaires laciniées, des fleurs
blanches groupées en une cyme compacte (étymologiquement: réunies en tête).
L'ipéca annelé mineur (ipéca du Matto Grosso, ipéca de Rio, ipéca du Brésil) est
spontané dans les zones forestières humides du sud du Brésil (et de la Bolivie). Les
racines sont séchées (soleil, feu) et coupées avant d'être exportées. Des cultures ont été
tentées aussi bien au Brésil que dans d'autres zones tropicales (Malaisie, Birmanie,
Inde), mais avec un succès relatif (conditions pédologiques strictes, délai de 3-4 ans
avant la récolte. L'ipéca annelé majeur (ipéca de Costa Rica, ipéca de Carthagène, ipéca
de Colombie) provient essentiellement de l'Amérique centrale: Costa Rica, Nicaragua.
HO
HO
ipécoside
OR
HO
?'
HO ~
Tyr
MVA CH 3 0 2 C
désacétylisoipécoside
dopamine
H
N
H
protoémétine
CHO
1116 ALCALOÏDES
Pharmacologie. Les préparations d'ipéca sont, à doses faibles et par voie orale, des
émétiques. L'action vomitive sans doute due une stimulation directe périphérique et à
une stimulation au niveau des centres bulbaires (CTZ), impliquerait les récepteurs HT3
à la sérotonine.
L'émétine est un amœbicide qui détruit les formes tissulaires de l'amibe, Entamœba
histolytica, responsable de la dysenterie amibienne; elle n'est active sur les kystes qu'à
des concentrations toxiques pour l'Homme. L'émétine inhibe la synthèse protéique des
cellules animales et végétales et des protozoaires. Elle perturbe - et peut même
inhiber - la synthèse de l'ADN.
L'émétine, qui s'élimine lentement, est toxique pour l'Homme: cardiotoxicité
(arythmies), hypotension, faiblesse musculaire, troubles gastro-intestinaux caractérisent
l'intoxication.
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2. Racines d'ipécacuanha (30 g), folioles de séné (100 g), serpolet (30 g), fleurs de coquelicot
(125 g), sulfate de magnésium (100 g), vin blanc (750 g), eau de fleur d'oranger (750 g), eau potable
(3000 g), sucre (q.s.) ; liste II, exonéré à 650 g (disponible sous forme d"'extrait pour" sirop).
ALCALOïDES
dérivés
du tryptophane
INTRODUCTION
Très vaste groupe d'alcaloïdes - sans doute le plus vaste de tous -, le groupe des
alcaloïdes issus du métabolisme du tryptophane a été particulièrement étudié à la suite
de l'isolement, en 1953, de la réserpine, constituant antihypertenseur et tranquillisant
des racines d'une Apocynaceae, Rauvolfia serpentina. Quelques années plus tard,
l'intérêt thérapeutique de ces structures indoliques s'est trouvé confirmé par la mise en
évidence des propriétés antitumorales des alcaloïdes binaires de la pervenche de
Madagascar, Catharanthus roseus. L'intérêt pharmacologique de ce groupe
d'alcaloïdes se double d'un intérêt chimique évident: la variété structurale qu'il offre,
les questions biosynthétiques qu'il soulève et les défis synthétiques qu'il propose sont
autant de thèmes stimulants; la masse de publications disponibles traduit bien les
interrogations qu'il a suscitées.
Le tryptophane est le précurseur de ces alcaloïdes mais, si l'on excepte les amines
(assimilées par habitude à des alcaloïdes bien qu'elles ne répondent pas à la stricte
définition que l'on donne habituellement de ceux-ci), il n'est pas le seul: acétate,
mévalonate, sécologanoside et autres éléments peuvent se combiner à la tryptamine,
d'où la variété structurale évoquée précédemment.
souvent avec les tryptamines et ont, pour la plupart d'entre elles, les mêmes propriétés:
elles seront évoquées simultanément.
3. Dérivés de l'ergoline
Ils sont très spécifiques de quelques rares végétaux supérieurs (Convolvulaceae) et
de champignons Ascomycètes. Bien que majoritairement d'origine fongique, ils seront
évoqués dans cet ouvrage, eu égard à leur impact thérapeutique.
4. Alcaloïdes indolomonoterpéniques
Ce sont de loin les plus nombreux. Incorporant une unité monoterpénique en CIO
(ou C 9 ), ils ont une distribution restreinte à un petit nombre de familles d'Angio-
spermae, les principales étant les Apocynaceae, les Rubiaceae et les Loganiaceae. Sur
la base de leur biosynthèse, on inclura dans ce groupe d'alcaloïdes indoliques les
alcaloïdes quinoléiques des Cinchona (quinquinas) : ils dérivent en effet du même
précurseur, la strictosidine.
~
1
N
1
CHa
H
R =H : tryptamine
R =C02H : tryptophane gramine girinimbine
CS9
11"::
~
N
.---;N o
o /-
o--+--
canthin-6-one borre/ine paspa/icine
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Tryptamines, ~-carbolines
1. GÉNÉRALITÉS
voient des indoles « virtuels ». Dans les deux cas, on remarque d'emblée l'analogie
structurale étroite avec les neuromédiateurs (sérotonine, adrénaline, noradrénaline).
L'interaction de ces molécules avec les récepteurs à la sérotonine entraîne des
modifications des perceptions physiologiques (colorations différentes et « sonorisations»
troublées). Elle entraîne aussi une modification de la conscience qui induit des change-
ments des émotions, construit des significations modifiées des perceptions, et provoque
un surgissement de productions de l'inconscient et de rêves « éveillés », en lien avec
l'abaissement des filtres psychiques qui organisent le refoulement habituel. L'halluci-
nogène induit un état modifié de conscience [Sueur et al.,1999].
L'expérimentation des végétaux hallucinogènes (essentiellement des champignons,
«psilos » ou « champis» indigènes et d'origines diverses) n'est pas rare en France. Le
nombre de personnes âgées de 12 à 75 ans ayant consommé des champignons
hallucinogènes au moins une fois au cours de leur vie est estimé à environ l ,5 million
de personnes, et celui des usagers au cours d'une année à environ 200 000 (données
2003). Les consommateurs sont essentiellement des jeunes (4,2 % des jeunes de 17 ans
ont expérimenté une fois les champignons), et tout spécialement le milieu festif
« alternatif» [Beck et al., cités par Reynaud-Maurupt, 2006]. Les hallucinogènes
n'entraînent ni dépendance ni tolérance. Leurs effets indésirables possibles (hors
Datura) sont plutôt mal connus.
Les plantes et les champignons hallucinogènes sont connus depuis la nuit des temps,
et leur utilisation, enracinée dans la vie sociale de la plupart des civilisations connues, a
été la source de pratiques magico-religieuses (chamanisme) et le support de rites
initiatiques. Dans certaines civilisations, leur utilisation aurait participé au fondement
de leur « culture». Chez les ethnies qui considèrent que la maladie est la résultante de
forces spirituelles, elles constituent un remède, au moins dans le cas de maladies
1. Il faut toutefois remarquer que l'amanite tue-mouches (Amanita muscaria [L. ex Fr.] Hooker)
traditionnellement utilisée en Sibérie par les chamans « pour entrer en contact avec les esprits »
provoque des effets (hallucinations auditives et visuelles, excitation transitoire puis état stuporeux) qui
ne doivent rien à des structures indoliques. La toxicité de ce champignon - qui pour certains serait le
dieu Soma de l'Inde antique - est due non seulement à la muscarine et à ses diastéréoisomères dont
les effets sont liés à leur affinité pour les récepteurs cholinergiques, mais surtout à des composés de
structure apparentée: muscimol,
acide iboténique et muscazone qui
sont des agonistes du GABA (ce qui HO~\
N,O NH,
s'explique par l'analogie structurale
avec cet acide aminé). Sur l'amanite HO 0
L·(+)·muscarine
tue-mouches, voir: Michelot, D. et muscazone acide iboténique muscimol
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«Ethnobotany. Evolution of a discipline », (Schultes, R.E. et von Reis, S., éds.), p. 385-390, Chapman &
Hall, Londres.
TR YPT AMINES 1121
2. AGARICACEAE hallucinogènes
psi/ocine psilocybine
2. Pour une approche de l'usage dans les sociétés traditionnelles et le chamanisme, voir Sueur et al.
(l re partie, 1999, pp. 15 sqq.) et réf. citées. Voir aussi, à titre d'exemple, le travail de S. Baud (2008).
1122 ALCALOÏDES
Il s'agit ici d'arbres à fleurs jaunes appartenant au genre Virola comme, par
exemple, V. elongata (Benth.) Warb. (= V. theiodora Warb.), V. calophylloidea
Markgraf, ou V. calophylla (Spruce) Warb. dont l'écorce de tronc est recherchée par
quelques tribus du cours supérieur de l'Orénoque. Le mode de préparation peut varier
sensiblement. Souvent, la poudre est préparée à partir de l'écorce imprégnée de la
résine rouge qui s'écoule après l' écorçage : les couches internes et la résine sont
grattées, séchées au feu et réduites en poudre; parfois, l'écorce est bouillie et la résine
recueillie puis concentrée. Connue sous divers noms (yakee, parica [Colombie], epéna,
nyakwana [Brésil, Venezuela]), la drogue était, selon les tribus, réservée aux sorciers ou
prisée par tous les hommes adultes. La poudre contient, parfois en quantité considérable
- jusqu'à II % dans certains échantillons -, des dérivés de la tryptamine : N,N-
diméthyltryptamine et son dérivé 5-méthoxylé, ainsi que des traces de carbolines. Le
mécanisme de l'effet par voie orale demeure mal compris: autres constituants actifs?
ou inhibiteurs de la dégradation des amines? L'effet de la drogue est particulièrement
marqué: agitation et excitabilité intenses suivies d'une dépression voire d'une perte de
conscience.
C'est également dans le bassin de l'Orénoque (Brésil, Venezuela, Guyana) que l'on
trouve cette drogue, le yopo ou niopo, constituée par les graines d'Anadenanthera
peregrina (L.) Speg. (Piptadenia peregrina [L.] Benth.). La N,N-diméthyltryptamine,
son homologue mono-méthylé à l'azote et ses dérivés 5-hydroxylé (bufoténine) et 5-
méthoxylé constituent les principes actifs des « fèves ». Les graines sont torréfiées,
broyées et inhalées à l'aide de tubes de bambou ou d'os creux d'oiseaux. Comme avec
TRYPTAMINES 1123
l'epéna, on note une incoordination motrice du sujet et, assez souvent, celui-ci perçoit
les objets grossis (macropsie). Une autre espèce, A. colubrina (Vell.) Benth. (vi/ca,
hui/ca), de composition chimique voisine, a été utilisée de la même façon depuis au
moins trois millénaires dans le nord du Chili et de l'Argentine. Comme celles de la
précédente, ses graines continuent d'être utilisées par les chamans, mélangées à de la
cendre végétale.
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1
N
H
1 R2
HO~NH2
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N
H
1
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tryptamine , N-mono- et
N,N-diméthyltryptamine sérotonine bufoténine
Une espèce sud-américaine de cette famille, l'ayahuasca (= liane des morts, liane
amère), fournit un breuvage hallucinogène connu sous le même nom d'ayahuasca, et
utilisé dans le nord-ouest de l'Amazonie (Brésil, Pérou, Équateur, Colombie). Des
tronçons de cette liane à petites fleurs roses sont nettoyés, grattés et écrasés pour séparer
les fibres du bois. Les morceaux sont portés à ébullition dans l'eau pendant plusieurs
heures, plus rarement mis à macérer dans l'eau froide. La base de la préparation est
Banisteriopsis caapi (Spruce ex Griseb.) C.V. Morton, plante purgative, médicinale et
psychoactive. La teneur en alcaloïdes totaux de l'écorce varie de 0,05 à près de 2 %, et
les alcaloïdes identifiés sont presque tous des dérivés de la ~-carboline : harmine,
tétrahydroharmine, harmaline, harmol, etc. Si elle est parfois utilisée seule, l'écorce de
Banisteriopsis est habituellement mélangée à d'autres Malpighiaceae (yagé ou
chagropanga = Diplopterys cabrerana [Cuatrec.] Gates), et à des plantes appartenant à
d'autres familles: Rubiaceae (feuilles de chacruna =Psychotria viridis RUIZ & Pavon)
et plus occasionnellement des Solanaceae comme Brunfelsia grandiflora D. Don (=
chiric sanango). Dans certaines régions, on ajoute aussi des feuilles de Brugmansia
suaveolens (cf. p. 970-73), ou de tabac (Nicotiana sp.). La nature des plantes ajoutées
est fonction du but recherché.
Rn;ç 0..
l
N
H
I~
./ON
R = H: harmane
R =OH : harmol
R =OCH 3 : harmine
n;ç
R 0..
l
N
H
1
./0
N
R =OH : harmalol
R =OCH 3 : harmaline
cette voie), mais cette seule explication est peut-être insuffisante, la plante étant parlois
utilisée seule. Réputée pour ses propriétés « télépathiques », ce breuvage était employé
pour purger et pour enseigner, pour accéder à la connaissance de « la vraie réalité». Son
usage a survécu çà et là, y compris en milieu urbain, aussi bien comme panacée que
pour permettre aux guérisseurs pratiquant la médecine traditionnelle métisse de
déterminer les causes de la maladie, de traiter des affections psychosomatiques ou
d'accéder à la connaissance des plantes à utiliser pour traiter le patient. On note
également une utilisation dans le cadre de syncrétismes religieux (ex. : culte du Santo
Daime au Brésil). L'intoxication par l'ayahuasca entraîne des nausées et des
vomissements, des vertiges, puis des visions colorées et des modifications visuelles, une
« capacité paranormale de relation avec "l'autre monde", ou de communication à
distance» [Sueur et al. 1999].
Depuis quelques années, l'ayahuasca a diffusé en Amérique du Nord aussi bien
qu'en Europe, mais son usage serait extrêmement rare en France 3. En outre, l'attirance
pour les pratiques chamaniques susciterait un « tourisme chamanique » vers l'Amérique
du Sud. Si aucun décès lié à l' ayahuasca n'est connu, ce breuvage peut être à l'origine de
soumission involontaire (soumission chimique) et, potentiellement, d'accidents comme
on en connaît avec les Datura et Brugmansia (du fait de la conscience perturbée).
En 2005, un arrêté a classé Banisteriopsis caapi, B. rusbyana 4, Psycho tria viridis,
Diplopterys cabrerana, Mimosa hostilis 4, Peganum harmala, 1'harmine, 1'harmaline, la
tétrahydroharmine, l'harmol et l'harmalol sur l'annexe IV de la liste des substances
classées comme stupéfiants (Arrêté du 20 avril 2005, J.O. du 3 mai 2005). La diméthyl-
tryptamine est également classée comme stupéfiant (annexe III).
Cette plante herbacée à feuilles très divisées croît dans le nord du continent africain
et jusqu'au nord des Indes et en Mandchourie. Ses graines renferment 3-4 %
d'alcaloïdes identiques à ceux de l'ayahuasca : harmine, harmol, harmaline et dérivés
voisins. La drogue est réputée stimulante du système nerveux central et, dans certaines
régions de l'ouest de l'Asie, il est connu que les graines jetées dans le feu dégagent des
vapeurs enivrantes.
7. CONVOLVULACEAE
Bien que les principes actifs de diverses Convolvulaceae ne soient pas des
tryptamines, on peut les évoquer ici, compte tenu de leurs propriétés hallucinogènes,
comparables à celles des drogues précédemment citées.
3. OFDT (2008). Toxicomanie et usages de drogues à Paris: état des lieux en 2007 et évo-
lutions. Téléchargeable sur: http://www .ors-idf.org/etudes/pdf/rapporctrendparis2007 .pdf
4. Banisteriopsis rusbyana (Nied.) C.V. Morton = Diplopterys longialata (Nied.) W.R. Anderson &
C. Davis: Mimosa hostilis (Mart.) Benth. = Mimosa tenuijlora (Willd.) Poir. [USDA-GRIN].
TR YPT AMINES 1125
Les espèces impliquées - les volubilis sacrés du Mexique - ont une importance
historique comparable à celle des champignons sacrés. Décrites initialement sous leurs
noms aztèques d' ololiuqui et de tlitlitzin, les plantes employées au cours des pratiques
religieuses, médicales et magiques, ont été identifiées à Turbina corymbosa (L.) Raf.
(ololiuqui, coaxihuitl) et à Jpomoea tricolor Cav. (= J. violacea auct. = tlitlitzin). On
continue d'y recourir dans certaines régions du Mexique pour prédire l'avenir,
diagnostiquer et guérir les maladies.
Les substances actives des graines de ces volubilis sont, comme les précédentes,
issues du métabolisme du tryptophane, via la tryptamine : l'ergine, le lysergol et
diverses c1avines (élymoclavine, chanoc1avine, etc.) sont des alcaloïdes également
décrits chez certains Ascomycètes 5 dont les propriétés hallucinogènes sont connues
depuis longtemps (cf. ergot de seigle, p. 1135). Les teneurs en alcaloïdes totaux sont
généralement faibles (T. corymbosa : 0,012 %, J. violacea : 0,06 %). Les propriétés
pharmacologiques de ces composés sont bien connues, elles ont été particulièrement
étudiées dans le cas d'un dérivé synthétique, le diéthylamide de l'acide lysergique ou
LSD 25 (voir au chapitre suivant).
OH OH
Les graines d'une espèce voisine, Argyreia nervosa (Burm.f.) Bojer (Hawaian
baby woodrose, rose des bois, "graine à LSA"), diffusées sur l'Internet, sont parfois
utilisées en Europe, comme celles des volubilis. Quelques cas de psychose avec
hallucinations ont été récemment publiés (Suisse, Allemagne).
BIBLIOGRAPHIE
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définition du chamanisme amazonien, ethnographiques.org, Numéro 15 - février 2008.20 pages. En
ligne: http://www.ethnographiques.org/2008/Baud.html (consulté le 10 janvier 2009).
5. Des alcaloïdes du même type ont été caractérisés chez lpomoea asarifolia Roem & Schult.
Toutefois, lorsque la plante est traitée au cours de sa croissance par des fongicides, elle ne contient plus
ces alcaloïdes. Ce fait, et la disparition du champignon confirmée par microscopie, ont conduit les
auteurs à supposer que la présence des dérivés lysergiques dans cette Convolvulaceae pourrait être liée
à l'infestation fongique (Kucht , S., GroB, J., Hussein, Y. et al. (2004). Elimination of ergoline alkaloids
following treatment of Ipomoea asarifolia (Convolvulaceae) with fungicides, Planta, 219, 619-625. C'est
peut-être aussi une symbiose qui explique que l'on ait trouvé une ergoline bromée sur le C-2 dans un
organisme marin du genre Eudistoma.
1126 ALCALOÏDES
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Alcaloïdes de l'éséré
La graine de cette liane africaine fut officinale. Elle constitue une source d'un inhibiteur
des cholinestérases, la physostigmine (également dénommée ésérine). Il a été
récemment établi que cet alcaloïde peut aussi être obtenu par voie fermentaire : il est
élaboré, avec un rendement qui peut atteindre 0,88 g/l par un Streptomyces (S.
griseofuscus NRRL 5324).
La plante, la graine. Cette liane volubile dont les feuilles trifoliolées rappellent un
haricot grimpant est spontanée sur le bord des cours d'eau du golfe de Guinée (Nigeria,
Cameroun, Gabon). La graine, longue de 2-3 cm et large de 12-15 mm, a un tégument
brun et brillant. Inodore, insipide et très dure, elle est marquée sur sa face convexe par
un sillon clair de 2-3 mm de largeur.
éséridine
Physostigma venenosum Balf.
PHYSOSTIGMINE 1129
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Ergolines
1. GÉNÉRALITÉS
Tous les alcaloïdes de ce groupe sont des dérivés d'un noyau tétracyclique octahydro-
indoloquinoléique,l'ergoline.
Si l'on sépare très couramment les clavines, les dérivés lysergiques simples et les
ergopeptines, il est également possible - et moins ambigu - de classer les différents
alcaloïdes connus en fonction de leur noyau de base. On est ainsi amené à distinguer:
1. Les ergolines. Elles peuvent être substituées en C-8, le plus souvent par un
méthyle (ex. : festuclavine) ou un hydroxyméthyle (ex. : dihydrolysergol) ou, rarement,
en C-8 et C-9 ;
1132 ALCALOÏDES
3. Les 9-ergolènes. C'est à ce groupe que sont rattachés les principaux alcaloïdes
de l'ergot de seigle, qu'ils aient une structure d'amino-acide (ex. : ergométrine), de
peptide à motif cyclol (ergopeptines) ou de peptide sans motif cyclol (ergopeptames);
OH OH
O-R OH
14
Ces alcaloïdes ont été initialement caractérisés dans l'ergot du seigle, Claviceps
purpurea. En fait, le genre Claviceps comprend une cinquantaine d'espèces et plusieurs
d'entre elles sont susceptibles de parasiter des Poaceae, céréalières ou non, le plus
souvent des Paniceae. Ex. : C. purpurea sur Secale cereale, C. paspali sur Paspalum
sp., C.fusiformis sur Pennisetum, etc. Si C. purpurea élabore surtout des ergopeptines
et C. paspali des dérivés lysergiques simples, la plupart des autres Claviceps
synthétisent des clavines. Les Claviceps peuvent aussi parasiter des Juncaceae et des
Cyperaceae.
ERGOLINES 1133
3. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
Ctt3 (SAM)
PP~~". f
diméthylallyl-
tryptophane
OH H
chanoclavine agroclavine
OH H OH OH
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ERGOLINES 1135
C'est avant l'an mille qu'apparaissent les premières descriptions précises du « feu
sacré» ou « feu de Saint Antoine», c'est-à-dire des épidémies d'ergotisme qui, pendant
des siècles, ont ravagé une partie de l'Europe ' . L'ergotisme, conséquence de l'ingestion
de céréales contaminées par le champignon, se présentait couramment sous deux
formes: dans la forme gangréneuse l'atteinte commençait par une inflammation
douloureuse des extrémités et se poursuivait par un engourdissement, un noircissement,
un dessèchement des tissus pouvant aboutir à la pel1e spontanée des membres au niveau
d'une articulation; dans la forme convulsive ou « mal des ardents» des mouvements
involontaires des membres, l'agitation mentale, le délire, les perturbations sensorielles,
voire des spasmes et des convulsions épileptiformes douloureuses dominaient la
symptomatologie. Certains auteurs ont noté une relation entre la géographie et la forme
que prenait l'intoxication, ce qui pourrait être lié à des variations de composition
chimique de l'ergot. La fréquence de l'ergotisme a diminué rapidement avec les progrès
de l'agriculture et la diversification de l'alimentation; des épidémies d'ergotisme ont
toutefois eu lieu dans le nord et l'est de l'Europe jusqu'au XIX' siècle et en Russie, ou
plus de Il 000 cas ont été recensés en 1926-27. Plus récemment (1977 -1978),47 décès
liés à la consommation de céréales contaminées ont été rapportés en Éthiopie 2.
2. Demeke, T., Kidane, Y. et Wuhib, E. (1979). Ergotism - A repOli on an epidemic, 1977-78, Ethiop.
Med. J., 17,107-113. Il faut aussi noter que le bétail est encore périodiquement victime des ergots (c.
purpllrea) qui se développent sur diverses Poaceae. Les principaux troubles observés sont une
diminution ou un arrêt de la lactation (porcins, bovins, chevaux). On observe fréquemment des diar-
rhées, de la fièvre, de la boîterie (bovins), des gangrènes (volailles). Chez les chevaux, l'intoxication
est rare mais souvent aiguë (agalactie et motiinatalité). Un cas de gangrène chez un chat a été publié.
Voir, entre autres: (a) - Copetti, M.V., Santurio, J.M., Boeck, A.A. et al. (2002). Agalactia in mares
fed with grain contaminated with Claviceps pllrpllrea, Mycopathologia, 154,199-200; (b) - Ilha, M.R,
B
A. Le champignon, le sclérote
À première vue, le champignon existe sous deux formes: la forme végétative qui
est un stroma conidiogène appelé sphacélie et la forme de résistance qui est le sclérote.
La sphacélie est formée du mycélium dont les hyphes ont envahi l'ovaire de la fleur de
seigle. C'est à l'extrémité de certains hyphes que se différencient les conidiospores,
organes de la reproduction asexuée. Le tout baigne dans un miellat sucré et visqueux, la
« miellée» du seigle. Le sclérote est une masse allongée, arquée, pourpre noirâtre,
destinée à passer l'hiver sur le sol. Ces deux formes alternent selon un cycle complexe:
- le cycle sexué commence au printemps avec la formation, sur le sclérote, de
masses stromatiques pédicellées contenant chacune de nombreuses ascothécies, c'est-à-
dire des follicules ouverts par un ostiole et contenant les asques. Les ascospores
filamenteuses (60-70 x 2 !lm) libérées et emportées par le vent vont infester les fleurs
du seigle. Le mycélium se développe alors en un stroma conidiogène, des phialides
atypiques produisant les conidiospores ;
- les conidiospores, véhiculées par les insectes, assurent une reproduction asexuée
du gamétophyte haploïde mycélien.
Le sclérote mesure de 1 à 4 cm de longueur pour un diamètre de 3 à 8 mm; il est
aminci aux extrémités. La surface est noirâtre, légèrement crevassée. La cassure est
nette, blanchâtre. L'odeur, aminée, s'accentue avec le vieillissement.
Loretti, A.P. et Barros, C.S. (2003). Hyperthermie syndrome in dairy cattle associated with con-
sumption of ergots of Claviceps purpurea in southern Brazil, Veto Hum. Toxicol., 45,140-5.
Des intoxications peuvent survenir avec d'autres espèces, et d'autres Claviceps, ex.: mycotoxicoses
à Paspalum distichum L, ou contamination d'ensilages de maïs par des Cyperus ergotés. Cf. Naudè,
T.W., Botha, Cl., Vorster, J.H. et al. (2005). Claviceps cyperi, a new cause of severe ergotism in dairy
caule consuming maize silage and teff hay contaminated with ergotised Cyperus esculentus (nut sedge)
on the Highveld of South Africa, Onderstepoort J. Veto Res., 72, 23-37.
3. Des ethnies de l'Amérique du Sud ont utilisé, de la même façon (c'est-à-dire pour provoquer
l'accouchement) des Cyperus infectés par un champignon producteur d'ergopeptines, Balansia cyperi.
1138 ALCALOÏDES
4. Schiff, PL (2006). Ergot and its alkaloids, Am. J. Pharm. Educ., 70, 98 (en ligne, 10 pages).
ERGOLINES 1139
Fermentation industrielle
• Il Y a une centaine d'années que l'on sait développer les Claviceps sur milieu
synthétique mais de nombreuses difficultés, en particulier la dégénérescence des
souches de C. purpurea, ont empêché la mise au point d'un procédé commercialement
rentable jusqu'aux années 1960-70. Les différents Claviceps se cultivent à des pH
voisins de 5,5 qu'il est souhaitable d'ajuster avec des sels d'ammonium des acides du
cycle de Krebs (succinate, citrate). Fréquemment, la production d'alcaloïdes est
conditionnée par la concentration du milieu en phosphates et, pour beaucoup de
souches, par des concentrations précises en éléments minéraux (fer, zinc, cuivre, bore)
qui influencent directement la productivité. L'oxygénation des cultures doit être
intense. La différenciation cellulaire et la production d'alcaloïdes sont contrôlées par
l'apport en nutriments: un milieu riche provoque la formation d'hyphes mycéliens
abondants, sans production d'alcaloïdes. La production de ceux-ci est déclenchée par
un appauvrissement du milieu en certains nutriments. Pour beaucoup de souches, c'est
la teneur en phosphates qui conditionne le passage de la trophophase (prolifération
mycélienne) à l'idiophase (différenciation biochimique). Le tryptophane, ajouté en
début de fermentation, se comporte comme un inducteur enzymatique et, de ce fait,
augmente la quantité d'alcaloïdes formés.
Alcaloïdes produits. Deux démarches sont utilisables. La première consiste à
produire des ergolènes simples, l'acide paspalique ou l'hydroxy-éthylamide de l'acide
lysergique, ces deux composés étant biosynthétisés par Claviceps paspali Stevens et
Hall avec des rendements largement supérieurs à 2 g/l. D'autres Claviceps sont
susceptibles de produire des clavines avec des rendements beaucoup plus élevés.
Une fois isolés des jus de culture, les dérivés de type ergolène sont transformés -
le premier par isomérisation, le second par hydrolyse - en acide lysergique, matière
première pour la synthèse des alcaloïdes non peptidiques utilisés en thérapeutique
(ergométrine, etc.). Certaines clavines peuvent également être des matières premières
pour la synthèse de produits plus complexes.
La seconde démarche, plus récente, aboutit à la production directe d'ergopeptines,
en particulier d'ergocryptine, à partir de souches de C. purpurea et, peut-être, à partir
d'autres espèces. La fermentation est longue et les ergopeptines seraient obtenues avec
un rendement de l'ordre du g/l. La culture peut être orientée par l'adjonction au milieu
des acides aminés précurseurs du peptide tricyclique souhaité.
La spécificité du système de synthèse n'étant pas très marquée, il est possible
d'introduire dans le milieu des amino-acides abiogènes et d'obtenir ainsi des composés
alcaloïdiques non naturels, nouveaux, en vue de tests pharmacologiques.
Dans tous les cas, il faut extraire les produits en tenant compte qu'une partie reste
intracellulaire (résines échangeuses d'ions).
1140 ALCALOÏDES
C. Composition chimique
OH 0 OH
HO $
~ 1
OH 0
clavorubine
~
1---::
C02H
&.x\ CH a0 2 C OH
xanthone monomère, constitutive des ergochromes
10' g'
. 'r ?ç0-fR
H11 '
1'm-
~
«i;
N
7' 8'
N'" N 5, 0 N'" N Hl"'0
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H 3' ..
Fio H H 0 i H
R
p-ergosine p-ergocryptine
H 06
exemple d'ergopeptame :
ergométrine ergine ergocristame
1142 ALCALOÏDES
o HO
D. PHARMACOLOGIE
L'action pharmacologique des alcaloïdes de l'ergot, complexe, trouve son origine
dans l'analogie structurale qu'ils présentent avec la noradrénaline, la dopamine, et la
sérotonine (voir ci-dessous). Cette parenté structurale explique l'affinité des alcaloïdes
et de leurs dérivés pour les récepteurs à ces ligands et leur capacité à y exercer des effets
agonistes ou antagonistes. Elle explique également que si ces alcaloïdes développent
une activité préférentielle au niveau d'un type précis de récepteur (a-adrénergique,
dopaminergique ou sérotoninergique) ils agissent aussi, au moins partiellement, sur les
autres types de récepteurs: on comprend ainsi la complexité de leur action.
N N N
(1
N'H JC{?N'H
W
1
1~
~ I/,
HO /, HO /,
lisuride pergolide
Méthy~rgométrine
Indications thérapeutiques
a- Par voie intramusculaire, le maléate de méthylergométrine (liste 1) est indiqué en
cas d'urgence obstétricale: 10 en cas d'hémorragie de la délivrance et du post-partum,
après césarienne, après curetage et interruption de grossesse par aspiration ou curetage,
en cas de subinvolution ou atonie utérine, après expulsion de l'enfant. L'administration
doit se faire sous contrôle tensionnel strict.
La méthylergométrine est contre-indiquée au cours de la grossesse; au cours du
travail jusqu'au dégagement de l'épaule postérieure de l'enfant dans les présentations
céphaliques ou, en cas de présentation anormale, jusqu'à son dégagement total; en cas
de pré-éclampsie ou d'éclampsie, d'hypertension artérielle sévère, d'affection
vasculaire oblitérante, etc. Sauf indication formelle et pour une courte durée « 3 jours),
la méthylergométrine n'est pas utilisable chez la femme qui allaite.
b- Par voie orale (solution buvable, comprimés), la méthylergométrine est utilisée:
10 dans les hémorragies de la délivrance et du post-partum (en relais des ocytociques
par voie parentérale); 20 dans les métrorragies d'origines diverses: suites de couches
liées à une atonie utérine ou avortement spontané, en l'absence de rétention placentaire
- interruption de grossesse par aspiration ou curetage - retours de couche hémorra-
0
giques; 3 en traitement d'appoint des ménorragies en dehors de la grossesse après bilan
étiologique (mais, dans cette dernière indication, certains estiment que le rapport
bénéfices/risques est défavorable).
1146 ALCALOÏDES
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Alcaloïdes
indolo-monoterpéniques
1 . INTRODUCTION
Comme cela a été dit dans l'introduction générale aux alcaloïdes dérivés du
tryptophane, la distribution de ce très vaste groupe d'alcaloïdes est pratiquement limitée
à trois familles de l'ordre des Gentianales : Apocynaceae, Loganiaceae et Rubiaceae,
celle des Apocynaceae étant la plus importante eu égard au nombre d'alcaloïdes isolés,
au nombre de ceux qui sont ou ont été commercialisés et à leurs potentialités
pharmacologiques, exploitées ou non.
La caractéristique la plus remarquable des alcaloïdes de ce groupe est sans doute
leur origine biosynthétique commune: tous les composés connus proviennent d'un
précurseur unique, la strictosidine. Encore hétérosidique, cette molécule est issue de la
condensation d'une molécule de tryptamine et d'un aldéhyde monoterpénique, le
sécologanoside, lequel - cela a été explicité au chapitre « iridoïdes » (cf. p. 711) -
provient, via les diphosphates de diméthylallyle et d'isopentényle, le géraniol et
l'iridodial, de l'acide mévalonique.
gS H
H
~
/00
OH
tryptamine strictosidine
Origine de la strictosidine
La diversité structurale de ce groupe qui compte sans doute plus de 3 000 composés
différents est trop importante pour être prise en compte dans le présent ouvrage: on ne
donnera ici que quelques exemples parmi les plus représentatifs.
Une première source de variabilité structurale est liée au fragment tryptaminique.
Exemple: le tryptophane qui, dans la très grande majorité des cas, est incorporé sous
forme de tryptamlne peut ne pas se décarboxyler - c'est le cas des alcaloïdes des Adina
et autres Rubiaceae (voir ci-contre: adifoline). Autre exemple: la chaîne éthanamine de
la tryptamine peut perdre un carbone, c'est ce que l'on observe chez les ellipticines ou
chez l'uléine. Dans quelques cas, rares, un réarrangement intervient qui transforme
l'indole initial en quinoléine (cf. quinquinas).
ALCALOÏDES INDOLO-MONOTERPÉNIQUES 115~
HO
ajmaline icajine
OH
;NI'''",,,C
'- . .'. .-'. '.., /' 2
C0 2CH 3
CH 3 0
vindolinine
CH30
CH 3 0 0
C02CH3 -to
ervatamine conopharyngine vincathicine
L'autre source de variabilité structurale - de fait c'est la plus importante - est liée
au fragment monoterpénique qui est susceptible de réarrangements multiples: les
exemples du tableau de la p. 1156 illustrent quelques unes des possibilités parmi les
plus caractéristiques (la partie monoterpénique des molécules provenant du séco-
loganoside est figurée en traits épaissis).
2. ORIGINE BIOSYNTHÉTIQUE
A. De la tryptamine à la strictosidine,
origine du précurseur commun
[
~OPP~
Jl .
Ct;(
X' --> ':~'"
(~
l',-CCRYNANTHEANE
lb - STRYCHNANE
1
V 17
17->20 / \ 17->14
[ASPIDOSPERMANE 1 3~~~
14 15
16 17
<8
19
... ~
\
16 . 141
17
3 21
1 20
19
18
I/BOGANE
1. La simplification opérée ici est volontaire et centrée sur les alcaloïdes qui présentent un intérêt
thérapeutique. On peut en particulier voir une publication ancienne mais qui demeure intéressante
même si de nombreuses structures ont été décrites depuis: Kisakürek, M.V., Leeuwenberg, AJ.M. et
Hesse. M. (1983). A chemotaxonomic investigation of the plant families of Apocynaceae, Loganiaceae, and
Rubiaceae by their indole alkaloid content, in «Alkaloids - Chemical and biological perspectives », (Pelletier,
S.W., éd.), vol. 1, p. 211-376, John Wiley, New York. On pourra également voir les ouvrages cités dans
l'introduction générale, en particulier celui de Geoffrey CORDELL.
2. La numérotation utilisée ici est celle, dite biogénétique, proposée en 1965 par LE MEN et
TAYLOR; elle présente l'avantage de bien mettre en évidence la remarquable homogénéité structurale
masquée par une diversité qui n'est qu'apparente.
1156 ALCALOÏDES
O-Glc 17
type
" ellipticine "
N
H
hétéroyohimbane 17
17 17 0
strychnane
corynanthéane
3
yohimbane
14
~
21 15
16 20 ----.. 15
N
H
17
ibogane
14
15
14
alcaloïdes binaires
aspidospermane éburnane des Catharanthus
ALCALOÏDES INDOLO-MONOTERPÉNIQUES 1157
- groupes II et III: la liaison C-2-C-3 est rompue ainsi que la liaison C-15-C-16
de l'unité monoterpénique. La refermeture peut intervenir par établissement d'une
liaison C-17-C-20 (groupe II, aspidospermane, éburnanes, etc.) ou d'une liaison C-17
-C-14 (groupe III, iboganes).
En termes de chimiotaxinomie l, p. 1155, il est intéressant de noter qu'un accroissement
de complexité structurale entraîne une plus grande spécificité de distribution. Ainsi, les
alcaloïdes intégrant une unité monoterpénique réarrangée sont plus évolués que ceux
chez lesquels elle n'est pas remaniée: ils n'existent que chez les seules Apocynaceae
alors que les Loganiaceae (considérées comme l'ancêtre commun des Rubiaceae et des
Apocynaceae) ne renferment que des alcaloïdes du type l (corynanthéane, vallesia-
chotamane, strychnane).
type lb : strychnanes
Dans ces structures (ex. : strychnine) une liaison C-3-C-7 remplace la liaison C-3
-C-2 : il est envisagé qu'une ~-oxydation de l'indole en hydroxyindolénine conduise à
un oxindole à partir duquel l'établissement d'une liaison C-2-C-16 devient possible
(formation de la préakuammicine). La suite des transformations est plus évidente: perte
du carbométhoxyle et passage à la méthylène indoline (nor-C-fluorocurarine). Cette
dernière conduit aussi bien à l'aldéhyde de WIELAND-GUMLICH (= Na-désacétyl
diaboline, cf. noix-vomique, p. 1163) qu'à son dérivé déshydroxylé en C-18. Dans les
deux cas, il y a réduction de la double liaison 2,16. Ces deux aldéhydes peuvent se
dimériser: c'est le processus qui conduit aux ammoniums quaternaires curarisants (cf.
curares, p. 1051). La strychnine elle-même est issue de l'alkylation par l'acéto-acétyl-
CoA de l'aldéhyde de WIELAND-GUMLICH sous sa forme hémi-acétalique, suivie d'une
cyc1isation sur l'azote indolidinique.
1158 ALCALOÏDES
H
O-Gle
OH OH
strictosidine dialdéhyde 4,21-déhydrocorynanthéine
~ aldéhyde
OH
cathénamine déhydrogeissoschizine diènamine
H'\'"
~
CH 3 0 2C
OH OH
hétéroyohimbanes geissoschizine yohimbanes
o:'~
3 N
o
H
CH 30 2C 1~
H
OH strychnanes
type sarpagine
et dérivés
t
type ajmaline
Origine biosynthétique
\
des alcaloïdes indoliques
de type ,.
Formation de quelques
squelettes dérivés (/a, lb)
[schéma très simplifié]
stemmadénine préakuammicine
ALCALOÏDES INDOLO-MONOTERPÉNIQUES 1151)
On ne connaît que partiellement les étapes et les mécanismes qui conduisent d'un
intermédiaire de type corynanthéane aux squelettes aspidospermane et ibogane. Il faut
toutefois remarquer que l'évolution qui a conduit à la préakuammicine et à la
stemmadénine peut se poursuivre: après migration de la double liaison 19-20 en
position 20-21, la coupure C-15 -C-16 donne naissance à un ester acrylique, la
déhydrosécodine. L'intervention d'un intermédiaire comme la déhydrosécodine dans la
formation des aspidospermanes aussi bien que dans celle des iboganes n'est qu'une
hypothèse: encore faut-il souligner que des transformations de ce type réalisées in vitro
laissent présager de sa validité.
OH
stemmadénine
I~
0yÇ
0-
1
N
N
~
H
1 Co,cH,
~v
N
H
~~~ H C0 2 CH 3
HO
C0 2 CH 3
catharanthine
HOO
vindoline
vinblastine
leurosine
anhydrovinblastine
CH 3 0
L'existence d'alcaloïdes indoliques dans les feuilles des Cinchona laissait présager
une biosynthèse à partir du tryptophane: des expériences de marquage montrent que cet
amino-acide, ainsi d'ailleurs que le géraniol, le loganoside ou la strictosidine, sont
effectivement incorporés. L'incorporation de la strictosidine et la rétention du proton en
C-3 montrent que le réarrangement est tardif; l'utilisation de l'azote 15N indique que
l'azote de la quinoléine est l'azote indolique Na du tryptophane et celle du 14C démontre
ALCALOÏDES INDOLO-MONOTERPÉNIQUES 1161
~H
~N)J ~ 2
N N
o"M~,,"O-G'C
H H
H +
H"" CH 30 2 C CHO
~ 0
tryptamine CH 3 0 2C
sécologanoside strictosidine corynanthéal
X
H
CHO 0
N
X
H :?'
"'",ç ~ CHO
NH 2
fi
cinchonaminal
R R
Origine biosynthétique
quinine quinidine des alcaloïdes des quinquinas
cinchonidine cinchonine
Loganiaceae
Rubiaceae
Dans l'état actuel des connaissances, on peut dire que moins de 10 % des genres
que comprend cette famille élaborent des alcaloïdes à partir d'une unité mono-
terpénique. Ce sont surtout des genres appartenant aux tribus les plus primitives de la
sous-famille des Rubioideae (Psychotrieae : Cephaelis [Psychotria]) et de celle des
Cinchonoideae (Naucleae : Adina, Nauclea; Cinchoneae : Cinchona, Corynanthe,
Pausinystalia, Remijia, Mitragyna, Uncaria, etc.).
Apocynaceae
Tous les genres de cette famille qui renferment des alcaloïdes indoliques
appartiennent aux différentes tribus de la seule sous-famille des Plumerioideae :
Carisseae (Hunteria, Melodinus, Picralima, etc.), Plumerieae (Alstonia, Aspido-
sperma, Catharanthus, Vinca, etc.), Tabernaemontaneae (Crioceras, Tabernanthe,
Tabernaemontana, Voacanga), Rauwolfieae (Kopsia, Ochrosia, Rauwolfia, Vallesia,
etc.). Si tous ces genres élaborent des alcaloïdes de type 1 (corynanthéane), ils ne sont
pas tous capables de procéder au réarrangement de la partie non tryptaminique vers le
ALCALOÏDES INDOLO-MONOTERPÉNIQUES 1163
CH 3 0
CH 3 0
roxburghines
OH
pauridianthine
Loganiaceae
R,
nor-C-fluorocurarine
aldéhyde de Wieland·Gumlich OH
(Na·désacétyldiaboline)
Rubiaceae
Le yohimbe est un grand arbre répandu dans les forêts du Cameroun, du Gabon et
du Congo dont on utilise l'écorce du tronc. Celle-ci se présente en fragments cintrés à
surface externe brun rouge recouverte de plaques grisâtres de lichen, à face interne
satinée, finement striée, brun fauve.
1166 ALCALOÏDES
CH 3 0 2C""
OH OH
yohimbine corynanthine
Évaluation clinique. La plupart des essais qui ont évalué la yohimbine dans le
traitement de l'impuissance sont anciens et de méthodologie insuffisante, ce qui a
conduit à considérer que son efficacité clinique spécifique n'était pas clairement
démontrée. Toutefois, les auteurs d'une méta-analyse de sept petits essais randomisés
en double insu versus placebo publiée à la fin des années 1990 ont conclu que la
yohimbine était plus efficace que le placebo. Quoiqu'il en soit, ces données demeurent
très limitées. Par ailleurs la yohimbine n'a pas démontré son intérêt dans le traitement
de l'obésité.
Apocynaceae
.PERVENCHE TROPICALE
=PERVENCHE DE MADAGASCAR, Catharanthus roseus (L.) G. Donj.
Les parties aériennes de cette espèce pan tropicale sont employées depuis une
quarantaine d'années à des fins extractives: elles renferment des alcaloïdes prescrits en
chimiothérapie anticancéreuse, le plus souvent dans le cadre d'un protocole de poly-
chimiothérapie.
La racine séchée de pervenche tropicale contient au minimum 0,4 % de serpentine
et d'ajmalicine (Ph. fse, 10' éd.). Elle constitue une source industrielle d'ajmalicine
(comme d'ailleurs les racines d'autres espèces du genre Catharanthus).
C0 2 CH 3
catharanthine
R =CH3 : vinblastine
R =CHO : vincristine * numérotation biogénétique vindoline
Toxicité. Comme la plupart des molécules exerçant une activité antitumorale, les
alcaloïdes binaires du Catharanthus ont une toxicité élevée.
La vinblastine est fortement leucopéniante, ce qui limite la posologie. Elle induit par
ailleurs des troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, constipation d'aspect
occlusif, etc.). On peut également observer des troubles neurologiques (céphalées,
neuropathies périphériques, troubles auditifs et vestibulaires et effets neurovégétatifs),
des troubles respiratoires et cardiovasculaires, ainsi qu'une alopécie.
La vincristine exerce surtout des effets neurotoxiques centraux (crises convulsives
possibles), périphériques (paresthésies, douleurs névritiques, myalgies) et
neurovégétatifs (constipation pouvant aller jusqu'à l'iléus paralytique. Beaucoup
d'autres effets indésirables peuvent être observés: alopécie (fréquente), dyspnée,
céphalées, cécité transitoire, ulcération buccale, azoospermie, etc.
• La vinblastine (sulfate, liste 1) dont l'efficacité est bien établie, est en général
utilisée dans la cadre de protocoles de polychimiothérapie en association, le cas
échéant, à la chirugie et à la radiothérapie. Elle est indiquée dans le traitement de la
maladie de HODGKIN et des lymphomes non hodgkiniens, des cancers du testicule, du
sein, de l'ovaire, du rein et de la vessie, du sarcome de KAPOSI, des choriocarcinomes et
dans certains cas d'histocytose, en 1rc, 2' ou 3' intention en fonction du type de cancer.
D'après l'expertise de l'Institut national du cancer, la vinblastine garde une place
importante en cancérologie, sauf dans le cas du cancer de l'ovaire. Dose usuelle: 5-7
mg/m2 de surface corporelle/semaine, (adulte). La vinblastine ne s'utilise que par voie
intraveineuse stricte en perfusion, car elle est nécrosante pour les tissus.
1 - VINDÉSINE (Del)
Des très nombreux analogues structuraux étudiés au cours des trente dernières
années un seul, la vindésine, est commercialisé. Cet alcaloïde peut être préparé à partir
de la vinblastine (formation de l'hydrazide de 16-désacétylvinblastine [hydrazine] et
réduction de l'acylhydrazide par le nickel de Raney dans le méthanol; une variante
consiste à former l'acylazide [par action de l'acide nitreux] puis l'amide [traitement par
NH3 anhydre]).
,-------'---. ,-------'---. ,-------'---. ,-------'---.
OH OH OH OH
~ ~ ~ ~
16 ~
C0 2 CH 3 A oAN 3 OANH
o NH-NH 2
vinblastine
1
t 2
(pour simplifier, seul le
C·16 est représenté ici).
Vi
* Vi = vindolinyl anhydrovinblastine
1. RC03H
) 2. (CF3COhO
1172 ALCALOÏDES
1. vindoline
• par un coenzyme;
2. réduction * NaBH 4 conduit à la 15',20'·anhydro·
vinblastine, oxydable en vinblastine.
OH
* Vi = vindolinyl
OH
+ 15',20'-anhydrovinblastine
ALCALOÏDES INDOLO-MONOTERPÉNIQUES 117:~
---------------------------------------------------------,
d'obtenir la vinblastine à partir de matières premières non rares et assez peu chères
comme la catharanthine et la vindoline 4.
Théoriquement, on peut espérer obtenir les alcaloïdes binaires en activant la
position 16 d'un ibogane tétracyclique adéquat pour permettre l'attaque nucléophile du
carbone C-lO de la vindoline. Biosynthétiquement - on l'a vu ci-dessus - , les
alcaloïdes binaires sont issus du couplage d'un aspidospermane (la vindoline) avec un
ibogane (la catharanthine) : la réaction s'accompagne de la rupture de la liaison C-16-
C-21 de la partie ibogane.
C'est sur la base de cette constatation qu'a été développée la méthode d'accès la
plus efficace: une réaction de POLONOVSKI modifiées appliquée au O-trifluoroacétate du
N'b-oxyde de catharanthine entraîne la rupture de la liaison C-16-C-21; en présence de
vindoline il y a attaque du C-1 0 de celle-ci et, si les conditions sont bien choisies (basse
température, conditions anhydres), la réaction conduit à la configuration en 16'
souhaitée. Après réduction régiosé1ective à très basse température du dihydro-
pyridinium intermédiaire, l'énamine résultante peut être directement oxydée dans la
position souhaitée par simple aération en présence de perchlorure de fer et en milieu
dilué. La réduction du mélange d'iminiums conduit à un mélange de vinblastine
(majoritaire), de leurosidine (épi mère en C-20') et d'une faible quantité d'anhydro-
vinblastine. Ce procédé se distingue des synthèses antérieurement publiées par
l'absence d'utilisation de réactifs toxiques pour l'oxydation de l'anhydro-vinblastine
(dérivés de l'osmium ou du thallium).
L'un des intérêts de ce type de réaction est d'ouvrir une voie d'accès à des
structures binaires variées qui peuvent présenter un intérêt pharmacologique.
Un dérivé bifluoré (20',20') préparé à partir de la vinorelbine - la vinflunine -,
est actuellement en développement clinique .
La feuille de cette espèce (Ph. fse, 10' éd.) est une source industrielle de vincamine.
La plante, lafeuille. La petite pervenche est une plante herbacée à tiges couchées
s'enracinant par places, portant des feuilles persistantes, opposées, coriaces, à limbe
luisant et à nervation pennée (50 x 20 mm). Les fleurs, solitaires et 5-mères, ont une
corolle en tube à la base, à 5 lobes d'un bleu soutenu, étalés, tronqués. Le fruit est formé
de deux follicules. Commune dans toute l'Europe, la petite pervenche croît préférentiel-
lement dans les bois frais et les rochers ombragés. La feuille est identifiée par ses
4. La synthèse est dite biomimétique car elle reproduit le schéma de biogenèse tel qu'il se produit
in vivo (dans la plante). Voir aussi la note 6, page suivante.
5. La réaction de POLONOVSKI est une réaction entre un anhydride d'acide et un N-ox.yde ; elle
induit soit la rupture d'une liaison C-H, soit la rupture d'une liaison C-C ; elle est gouvernée par des
facteurs stériques et électroniques. Dans le cas du Nb-ox.yde de catharanthine les liaisons C-16 - C-21
et C-S - C-6 sont antiparallèles à la liaison N -> 0 et peuvent donc être rompues. L'ion immonium
formé au cours de la réaction étant conjugué dans le cas d'une rupture C-16 - C-21, c'est celle-ci qui
est favorisée.
1174 ALCALOÏDES
C0 2CH 3
vincamine vinpocétine vincadifformine
6. La vincamine peut être produite par extraction, par synthèse totale ou par une synthèse
« biomimétique » à pattir de la tabersonine. Celle-ci est un alcaloïde de type aspidospermane présent en
quantité importante dans les graines d'Apocynaceae appartenant au genre Voacanga. La tabersonine
(formule p.1160), insaturée en 14-15, est hydrogénée en vincadifformine. On induit ensuite un
« basculement » à 90° des carbones non tryptaminiques, formant ainsi la vincamine et son épimère en
C-16. Le procédé est dit biomimétique, car il reproduit le mécanisme par lequel la vincamine se forme
dans la plante: on voit là l'un des intérêts qu'il y a à comprendre ces mécanismes biogénétiques .
ALCALOÏDES INDOLO-MONOTERPÉNIQUES 117~
CH 3 0 N
HH
o ~I 0
YO~~ OCH
E 18
:/ 3 3
0 VOCH
b 17 1
OCH 3 ""
OCH 3 1 ./-
OCH 3 OCH 3
réserpine OCH 3 rescinnamine OCH 3
1176 ALCALOÏDES
HO
Pharmacologie
Réserpine. En provoquant une déplétion périphérique en catécholamines, cet
alcaloïde induit une chute durable de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque.
La déplétion en médiateurs au niveau central expliquerait une action sédative et
neuroleptique. La rescinnamine et la déserpidine ont les mêmes activités.
Ajmalicine (= raubasine). Spasmolytique a-bloquant, inversant à dose forte les
effets de l'adrénaline, l'ajmalicine (raubasine) est un modérateur de l'activité des
centres vasomoteurs, surtout du centre bulbaire. Elle augmente transitoirement le flux
sanguin cérébral et est légèrement anxiolytique.
Ajmaline. Antiarythmique ralentissant de façon importante la vitesse de
dépolarisation des cellules auriculaires et ventriculaires (diminution de l'excitabilité,
ralentissement de la conduction, allongement de la période réfractaire dans le tissu
contractile), l'ajmaline est un composé toxique.
CH30~
liN
~ N
H
ibogaïne
7. Une autre plante à alcaloïdes indoliques présentée comme possédant des propriétés du même
type est largement promue sur l'Internet et a été signalée en région parisienne en 2005-2006 (et saisie
en 2008), le kratom. Il s'agit d'une Rubiaceae, Mitragyna speciosa Korth. Ses alcaloïdes, de type
corynantheane (mitragynine, 7-hydroxymitragynine) sont des analgésiques agonistes des récepteurs
opioïdes Il et K. Cf, entre autres: Takayama, H. (2004). Chemistry and pharmacology of analgesic indole
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;peciosa korth), Addiction, 103, 1048-1050.
Sur l'ibogaïne, voir aussi Sueur et al., (2000). 2, 27-30 et réf. citées (voir p. 1126).
1178 ALCALOÏDES
D'après des travaux publiés à la fin des années 1970 8 , c'est en observant des
mineurs indiens frissonnants après avoir été exposés au froid et à 1'humidité
consommer de la poudre d'écorce macérée dans l'eau que les missionnaires jésuites
eurent l'idée, au début du XVII' siècle, d'utiliser cette poudre pour traiter les fièvres.
Quelques années plus tard, la « poudre de la Comtesse 9» arrive en Espagne où l'on
reconnaît rapidement les vertus des écorces de cet « arbre de la fièvre de la région de
Loxa ». Rapidement, et sous l'impulsion des membres de la Compagnie de Jésus, la
« poudre des jésuites» est connue dans toute l'Europe. Le crédit accordé par les
médecins à l'écorce et la spécificité de son action sur le paludisme conduisirent à sa
reconnaissance officielle alors même que l'identité de l'espèce productrice demeurait
inconnue: le genre Cinchona sera créé par C. LINNÉ en 1742 au vu des échantillons
rapportés du Pérou par CM. DE LA CONDAMINE quelques années plus tôt.
En 1820, PELLETIER et CAVENTOU isolent la quinine, ouvrant ainsi la voie à
l'isolement d'autres alcaloïdes: près d'une trentaine ont été décrits chez les divers
quinquinas. La quinine a été synthétisée en 1944. Depuis lors, d'autres synthèses -
académiques - ont vu le jour et la biogenèse a été en grande partie élucidée.
15 19 10
20 18 11
21
Les plantes. Le genre Cinchona comporte une quarantaine d'espèces, des arbres
qui, dans leur habitat naturel, atteignent 15 à 20 mètres de hauteur. Les feuilles,
opposées décussées, ont une nervation pennée souvent rougeâtre, comme le pétiole. Les
8. Guerra, F. (1977), cité par: Gramiccia, G. (1987). Notes on the early history of Cinchona
plantations, Acta Leidensia, 55, 5-13.
9. L'écorce aurait guéri la comtesse de Chinchon, femme du Vice-Roi du Pérou. Si l'histoire
n'est qu'une légende, la comtesse passera malgré tout à la postérité: Linné lui dédiera - en
oubliant malencontreusement le h - le genre Cinchona.
ALCALOÏDES INDOLO-MONOTERPÉNIQUES 1179
fleurs régulières, blanches ou rosées, 5-mères, ont une corolle à lobes couverts de poils
blancs; elle sont groupées en grappes de cymes terminales.
Tous les quinquinas sont originaires du versant oriental de la Cordillère
amazonienne où ils sont localisés entre 1500 et 3000 m d'altitude de part et d'autre de
l'équateur (de la Colombie à la Bolivie, du 10' degré de latitude nord au 20' degré de
latitude sud) dans des zones de forte pluviosité, d'hygrométrie élevée, de température
moyenne et relativement constante.
essentielle. Cette dernière est présente en quantité très faible dans les échantillons
commerciaux (0,005 %); à côté de l'a-terpinéol, du linalol, du limonène et autres
terpènes elle renferme Il % d'anhydride 2-hexyl-3-maléique.
La teneur en alcaloïdes totaux et en quinine varie selon l'espèce: 3-7 [0-4]
(quinquina jaune), 4,5-8,5 [1-3] (quinquina rouge), 5-8 [2-7,5] (quinquina gris), 5-14
[3-13] (quinquina ledgeriana) 10. Les principaux alcaloïdes des écorces ont une structure
quinoléique: un noyau quinoléique, éventuellement substitué en C-6', est relié par un
carbone porteur d'un hydroxyle secondaire à un noyau bicyc1ique : une quinuclidine.
Les alcaloïdes majoritaires sont des stéréoisomères, la quinine et la quinidine et leurs
homologues déméthoxylés en C-6' : (-)-quinine et (-)-cinchonidine (8S, 9R), (+)-
quinidine et (+ )-cinchonine (8R, 9S). On connaît également les épibases (inversion de la
configuration en C-9), les hydrobases (réduction de l'insaturation vinylique 10(11» et
les épihydrobases. Les carbones asymétriques C-3 et C-4 ont toujours la même confi-
guration (3R, 4S). À côté de ces alcaloïdes quinoléiques, on note la présence
d'alcaloïdes minoritaires, de structure indolique (ex. : cinchonamine); ces dérivés
indoliques sont largement majoritaires dans les feuilles des quinquinas.
épiquinidine
10. D'après Paris, R.-R. et Moyse, H. (1971). Précis de matière médicale, 3, p. 341, Masson, Paris.
Mais ces auteurs considèrent les quinquinas jaune et ledgeriana comme deux entités différentes?
1182 ALCALOÏDES
(acide monovalent) ou Q2+, X 2- (acide divalent) et sont beaucoup plus solubles dans
l'eau que les sels «basiques ». Cette différence de solubilité entre les deux séries de sels
est mise à profit pour l'extraction et la purification de la quinine. Les solutions de
quinine dans les acides oxygénés présentent une fluorescence bleue intense en lumière
ultraviolette; cette fluoresence disparaît par addition d'acide chlorhydrique.
Pharmacologie
Qu i n i n e. Cet alcaloïde est avant tout un antimalarique. Il est actif sur les formes
intra-érythrocytaires, jusqu'au stade trophozoïte jeune (in vitro, les trophozoïtes âgés et
les schizontes sont résistants). Active sur Plasmodium vivax,falciparum, malariae et
ovale, elle est inactive sur les sporozoïtes et les formes tissulaires; son action sur les
gamétocytes est pratiquement nulle.
Au niveau myocardique la quinine, comme la quinidine, mais à un degré moindre,
diminue l'excitabilité, la conductibilité et la contractilité. La quinine n'est que très
modestement antipyrétique et analgésique; elle est faiblement curarisante au niveau de
la plaque motrice.
camptothécine
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alcaloïdes
dérivés
de l'acide anthranilique
Quinoléines,
acridones, quinazolines
ro
40H
6:/ 1":3
7 ~ 1
N 2 0
8 H
acide
anthranilique 4-hydroxy-2-quinolinone chimanineB
~
y~Aol~
CH 3 0
OH
H
:m
/
CH 3 0
I'
o
N
1
CH 3
0
~
O~H3
1 + OH
~ N-0 0
1 _
HO CH 3 CI
OCr( OH
vasicine fébrifugine
ALCALOÏDES QUINOLÉIQUES 11Hl)
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Pilocarpus pennatifolius Lemaire
alcaloïdes
dérivés
de l'histidine
Imidazoles
saison sèche pour permettre leur régénération, mais celle-ci serait insuffisante pour éviter
l'extinction des espèces exploitées. Les feuilles sont ensuite séchées au soleil et triées en
catégories commerciales. Depuis une dizaine d'années, des cultures irriguées ont été
mises en place dans l'état de Maranhi'io, état qui assure 95 % de la production brésilienne.
La culture simultanée de Pilocarpus avec des Tagetes (ou des Sesamum) permettrait de
contrôler efficacement les nématodes qui constituent le principal danger pour les cultures
de Pilocarpus. Les feuilles sont récoltées mécaniquement, séchées et expédiées vers les
installations d'extraction qui assurent, à Pamaîba, la production des sels de pilocarpine.
En Amérique du Sud, le terme de jaborandi est utilisé pour désigner diverses plantes
appartenant à des familles variées et notamment plusieurs espèces de Rutaceae. Les
jaborandis vrais appartiennent au seul genre Pilocarpus :
• jaborandi de Ceara, P. trachylophus Bolmes. Les folioles sont plus petites que
celles du P.jaborandi, leur limbe est coriace et recouvert, surtout sur la face inférieure,
de poils recourbés;
H'~J"~O
H3 C
(\NJ"",û=0
\
N 0
'
N 0
(38,4R)-(+)-pilocarpine isopilocarpine
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Aconitum napellus L.
alcaloïdes
dérivés
du métabolisme terpénique
Alcaloïdes terpéniques
Les Nymphaeaceae de nos régions sont des plantes aquatiques herbacées rhizoma-
teuses, à feuilles cordées généralement flottantes, à grandes fleurs solitaires, émergées,
régulières, jaunes (Nuphar) ou blanches (Nymphaea). Le rhizome de ces espèces
renferme des alcaloïdes sesquiterpéniques ; la plupart ont une structure quinolizidinique
(désoxynupharidine, nupharolidine, nuphacristine), certains sont pipéridiniques
(nuphamine), d'autres sont des dimères et incorporent un atome de soufre (thiobinu-
pharidine, 1- et l'-épithiobinupharidine, dérivés hydroxylés de la thiobinupharidine).
Les nénuphars sont susceptibles de concentrer des métaux, y compris les métaux lourds
toxiques. In vitro, la 6,6' -dihydroxythiobinupharidine inhibe la croissance de divers
champignons (Histoplasma sp., Trichophyton sp., Blastomyces sp., etc.). Les propriétés
attribuées aux nénuphars ne semblent pas avoir fait l'objet d'étude pharmacologique.
Aucun essai clinique ne valide les indications traditionnelles du nénuphar jaune.
Ce petit arbuste commun dans les bois est dépourvu d'intérêt médicinal mais peut
être signalé pour ses fruits réputés toxiques. Ceux-ci, des capsules, sont très
caractéristiques: les quatre lobes de la capsule, roses à maturité, lui ont valu
l'appellation populaire de «bonnet d'évêque ». Les graines, amères, sont entourées
d'un arille charnu et coloré. Elles renferment une petite (0,1 %) quantité d'alcaloïdes et
des hétérosides cardiotoniques, glycosides de la digitoxigénine (évonoside, évobioside,
évonomoside). Les alcaloïdes sont des polyesters de polyols sesquiterpéniques :
l'hydrolyse de l'évonine fournit cinq molécules d'acide acétique, un acide pyridinique
dicarboxylique (l'acide évonique) et un sesquiterpène octahydroxylé, l'évoninol.
Ce type d'alcaloïdes n'est pas rare chez les Celastraceae : on en trouve chez le cath
(Catha edulis, p. 1034), ainsi que dans les genres May tenus et Tripterygium.
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Ac? CAc
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2. ALCALOïDES DITERPÉNIQUES
"",,,(OCH 3
CH 3 9
"'['OCH 3
.. ,\\\
CH 3 0
delphinine Iycoctonine hétératisine
Alcaloïdes diterpéniques :
exemples de structures
veatchine atisine
La biosynthèse de tous ces alcaloïdes est assez mal connue: le mécanisme de l'intro-
duction de l'atome d'azote, le stade où celle-ci se réalise et l'origine du groupe N-éthyle
demeurent hypothétiques .
La plante, la racine. L'aconit napel est une plante herbacée assez polymorphe,
vivace par une racine tubérisée. La tige, dressée, porte des feuilles alternes fortement
pennatiséquées en 3 à 7 segments eux-mêmes divisés en lobes étroits. Les fleurs sont
groupées en grappes. Le calice est formé de 5 sépales bleu violacé; le sépale postérieur,
très caractéristique par sa forme de casque, enveloppe les sépales latéraux. Les pétales
sont réduits (cornets nectarifères et languettes).
La racine encore utilisée provient de la récolte de la plante dans ses gîtes naturels :
essentiellement dans les zones montagneuses de l'ouest de l'Europe et jusqu'à
l'Himalaya. On récolte normalement le tubercule latéral (tubercule de remplacement)
au moment de la floraison.
La racine est napiforme, pointue (5-8 x 2-3 cm). Sa surface est brun noirâtre, striée
longitudinalement; sa cassure est nette, blanchâtre. La racine est inodore, sa saveur est
douce puis âcre et accompagnée d'une sensation de fourmillement et d'engourdissement
de la langue.
OC~
OCH
CH 3 <?
"'' ' f
'''''11110
3
~
1
CH 3<?
"""F.
"""OH '
"''''''''OH O
",II."
. "OH
OH
6CH 3
CH 3 0 aconitine CH 3 0 aconine
CH30
R =H: hypaconitine
R =OH: mesaconitine
Pharmacologie - toxicité. L'aconitine excite puis paralyse aussi bien les termi-
naisons nerveuses périphériques que les centres bulbaires. Elle induit ralentissement
respiratoire et dissociation auriculo-ventriculaire. Son activité la rapproche d'autres
neurotoxines (grayanotoxine 1, batrachotoxine) qui agissent au niveau des canaux
sodiques et entravent la repolarisation.
L'aconit est l'une des plantes les plus toxiques 1 connues: 25 fig/kg (IV) provoquent
chez le Rat des contractions ventriculaires chez 100 % des animaux et un taux de
mortalité de 90 %. La dose moyenne mortelle d'aconitine chez l'Homme serait de 3 mg
(soit de 2 à 4 g de racines). Le genre Aconitum est d'ailleurs l'un des genres qui a été le
plus employé dans la fabrication des poisons de flèches et ce depuis au moins trois
millénaires, en Orient aussi bien qu'en Occident. La dénomination de certaines espèces
(aconit tue-loups, A. vulparia, A. lycoctonum, ou encore wolfsbane des Anglo-Saxons)
rappelle d'ailleurs l'usage qui en était fait pour éliminer les animaux sauvages: loups,
renards, ours, mais aussi rongeurs. Les auteurs latins rapportent l'utilisation de la racine
d'aconit à des fins moins avouables: c'était un moyen efficace d'éliminer des
personnes indésirables.
1. Pour une présentation détaillée détaillée des espèces toxiques citées dans ce chapitre, voir:
Bruneton, J, (2005). Plantes toxiques - Végétaux dangereux pour l'Homme et les animaux, 3' éd., Lavoisier,
Paris: aconits et dauphinelles, pp. 466-473, morelle douce-amère, pp. 546-550, morelle noire, pp. 551-
552, généralités et pommes de terre, pp. 543-546.
1200 ALCALOÏDES
Emplois en Orient. La médecine chinoise fait souvent appel aux aconits auxquels
elle attribue des propriétés antirhumatismales et analgésiques, anesthésiques et
antinévralgiques. Elle utilise en particulier: 1° le chuanwu, racine séchée de Aconitum
carmichaeli Debx.; 2° le caowu, racine séchée de Aconitum kusnezoffi Rchb.; 3° le
zhichuanwu et le zhicaowu, racines « préparées» de ces deux espèces; 4° le fuzi,
racines latérales de A. carmichaeli. Ces espèces renferment toutes des alcaloïdes
diterpéniques : aconitine, hypaconitine, mesaconitine, etc., l'alcaloïde majoritaire
variant selon l'espèce considérée. Toutes ces plantes, inscrites à la Pharmacopée de la
République Populaire de Chine, sont prescrites, après préparation, sous forme de
mélanges pour décoctions dont les indications sont les suivantes; rhumatisme, arthrite,
douleurs post-traumatiques, fractures, hémiplégies.
La « préparation» des racines consiste à les tremper dans l'eau, puis à les cuire
pendant 4 à 6 heures ou à les traiter par la vapeur durant 6 à 8 heures. Seules les racines
préparées doivent être utilisées. La préparation des aconits est une pratique commune
aux médecines orientales et indiennes. Ainsi, au Japon, le procédé de traitement est du
même type: l'aconit préparé (le kako-bushi-matsu) est obtenu par passage des racines à
l'autoclave à 110 oC, pendant 40 minutes. Il se forme des composés l5-céto-pyro,
beaucoup moins toxiques. En Inde, les tubercules d'aconit (A.ferox Wall. ex Ser.) sont
traditionnellement mis à macérer dans de l'urine de vache et à la lumière du soleil
pendant 3 jours; l'urine est renouvelée chaque jour. Ce traitement réduit la quantité
d'alcaloïdes de 60 %.
La préparation des aconits provoque l'hydrolyse partielle des composés natifs, ce
qui diminue fortement la toxicité: la DUo de l'aconitine est de 0,12 mg/kg (Souris, voie
IV) alors que, dans les mêmes conditions, celle de la benzoylaconine est de 23 mg/kg et
celle de J'aconine de 120 mg/kg
Le fuzi exerce une action cardiotonique (inotrope positif) qui ne disparaît pas
lorsque l'aconitine est hydrolysée; cette activité, mise à profit par les cliniciens chinois,
serait due à une I-benzylisoquinoléine triphénolique, l'higénamine. Cette molécule,
synthétisée, possède effectivement de telles propriétés.
Ces plantes ornementales (pied d'alouette) sont toutes des plantes potentiellement
toxiques. Il en est de même de la staphysaigre (D. staphysagria L.) dont les graines
étaient encore recherchées au début du XX' siècle pour les propriétés parasiticides
ALCALOÏDES TERPÉNIQUES 1201
externes de leurs décoctions (herbe aux poux, survivance d'un usage plus que bi-
millénaire). L'un des alcaloïdes fréquents chez les Delphinium, la méthyllycaconitine,
est un curarisant qui bloque la conduction cholinergique au niveau post-synaptique. En
Amérique du Nord, les Delphinium sont régulièrement responsables de pertes dans les
troupeaux.
Pour mémoire, on peut signaler ici que la toxicité des Erythrophleum (Cresal-
piniaceae) est due à des diterpènes azotés. Ces molécules (cassaïne et composés
apparentés) sont des esters d'amino-éthanols (ex. : N-méthyléthanolamine) et d'acides
diterpéniques tricycliques (cassanes). Ces plantes sont connues aussi bien pour la
toxicité de leurs feuilles pour le bétail (E. chlorostachys [F. Muell.] BailI., Australie)
que pour celle de leurs écorces de tronc traditionnellement utilisées comme poison de
guerre et pour des ordalies (E. suaveolens [Ouill. & Perr.] Brenan et autres espèces du
genre, Afrique tropicale). Ces diterpènes azotés sont des cardiotoxiques de type
digitalique; leur toxicité disparaît par saponification.
o o
'>(0 0
1
cassaïne daphniphylline
3. ALCALOïDES TRITERPÉNIQUES
Ils sont très rares: la daphnyphylline et les alcaloïdes voisins (yuzurimine) semblent
être les seules molécules connues de ce groupe. Elles ont été isolées d'espèces
asiatiques du genre Daphniphyllum classé par certains auteurs dans la famille des
Euphorbiaceae et par d'autres dans celle, monogénérique, des Daphniphyllaceae.
4. ALCALOïDES STÉROïDIQUES
• Les alcaloïdes en C21 sont des dérivés du prégnane possédant un substituant azoté
en C-3, en C-20 ou dans ces deux positions. L'azote peut être extracyclique avec un
1202 ALCALOÏDES
R =OH : iréhine
holaphyllamine R = N(CH 3)2 : kurchessine conessine
H mitiphylline
• Les alcaloïdes en C27 sont présents chez les Solanaceae et les Melanthiaceae :
a- Dans le cas de la famille des Solanaceae ce sont des stéroïdes vrais, dérivés
azotés du (22R, 25S)-solanidane comme la solanine ou la chaconine (ce sont des
glycosides de la solanidine) ou du spirosolane qui peut être soit (22R, 25R) - cela est
le cas de la solasonine et de la solamargine (des glycosides de la solasodine) -, soit
(22S, 25S) comme dans le cas de la tomatine ou de la sisunine (des glycosides de la
ALCALOÏDES STÉROÏDIQUES
N-(CH3h
cyclobuxine buxamine
tomatidine). Dans tous les cas le méthyle en C-25 est équatorial. Ces alcaloïdes
existent, dans les plantes, sous la forme d'hétérosides et sont étroitement apparentés,
structuralement et biogénétiquement, aux saponosides à génine stéroïdique avec
lesquels ils partagent bon nombre de propriétés physico-chimiques et biologiques.
épirubijervine
\ proto vératrine A
HO
Pharmacologie. Les alcaloïdes du vératre, très toxiques sur les animaux à sang
froid 2, augmentent la perméabilité du canal sodique rapide au niveau des membranes
des cellules excitables, ce qui engendre la survenue de décharges itératives après une
stimulation unique. Les terminaisons des fibres vagales afférentes au niveau du sinus
coronaire et du ventricule gauche sont les plus sensibles à la dépolarisation : leur
stimulation entraîne, par un mécanisme réflexe, une augmentation du tonus
parasympathique qui se traduit par une bradycardie et une hypotension sévère. La
stimulation des barorécepteurs du sinus carotidien et celle des centres vasomoteurs
accroît l'effet hypotenseur. Les alcaloïdes du vératre sont également émétisants et, à
haute dose, ont une action directe (toxique) au niveau du myocarde.
2. On employait autrefois la poudre de vératre comme parasiticide externe. On peut d'ailleurs noter
qu'un emploi identique était fait d'une autre Melanthiaceae renfermant des alcaloïdes stéroïdiques de
structure voisine (cévadine, vératridine) : la cévadille (Schoenocaulon officinale A. Gray), espèce
d'origine américaine (Mexique, Venezuela) particulièrement toxique. Ces espèces étaient employées
en mélange avec les graines de staphysaigre et les feuilles de tabac (poudre des Capucins).
Veratrum album L.
ALCALOÏDES STÉROÏDIQUES 1207
toxicité 1 (p. 1199) doit être connue des praticiens de santé, même si les intoxications qu'elle
suscite sont devenues très rares. L'origine de l'intoxication est presque toujours la
consommation d'un vin de gentiane artisanal: la confusion est fréquente entre ces deux
espèces qui partagent le même habitat.
L'intoxication se traduit très rapidement par un engourdissement des extrémités, des
signes digestifs (nausées, vomissements) puis de la bradycardie, de l'hypotension et de
l'arythmie .
• AUTRES VÉRATRES
La plante n'étant pas indigène, on notera simplement pour mémoire les propriétés
tératogènes de la cyclopamine et des alcaloïdes voisins présents dans le vératre des
Montagnes rocheuses (V. californicum Durand) : ils sont la cause de malformations
cranio-faciales (en particulier de la cyclopie) observables chez les brebis. Les vératres ne
sont pas les seules Melanthiaceae qui doivent leur toxicité à des alcaloïdes stéroïdiques :
les Zigadenus de l'Amérique du Nord provoquent des accidents qui se traduisent par une
symptomatologie identique à celle qui résulte de l'ingestion de racines de vératre.
Les alcaloïdes stéroïdiques des Solanaceae sont rattachés à deux groupes, celui du
solanidane - il est caractérisé par un enchaînement indolizidinique - et celui du
spirosolane chez lesquels l'azote est inclus dans un enchaînement oxoazaspirodécane,
ce qui justifie que certains auteurs les considèrent comme des « saponosides azotés».
Comme ces derniers, les alcaloïdes stéroïdiques existent d'ailleurs sous la forme
d'hétérosides dont la partie osidique est généralement un oligoside : trios ide (solatriose,
chacotriose) ou tétroside (commertétraose, lycotétraose).
Biosynthétiquement, ces alcaloïdes sont issus du métabolisme du cholestérol:
l'isolement de structures cholestaniques oxydées en C-22 et C-26 et de dérivés
pipéridiniques hydroxylés en C-16p (ex. : étioline, teinémine) permet de reconstituer
les étapes probables de la formation des deux types, solanidane et spirosolane. L'azote
est vraisemblablement apporté par transamination d'un 26-hydroxycholestérol avec un
acide aminé (arginine). La formation de la pipéridine implique une oxydation préalable
de l'amino-26-cholestérol sur le carbone C-22. Dans le cas des oxoaza-spirodécanes, on
remarque que les deux configurations sont possibles pour le carbone C-22 :
tomatididénol et solasodine, tomatidine et soladulcidine. Il est possible que le motif
spiro soit la résultante de l'addition nucléophile d'un hydroxyle en C-16 sur l'imine (ou
l'iminium) issu de l'oxydation de l'amine pipéridinique secondaire.
Les gluco-alcaloïdes sont solubles dans l'eau et, comme les saponosides, ce sont des
tensioactifs. Moins sensibles que les alcaloïdes vrais à l'action précipitante des réactifs
généraux (DRAGENDORFF, MAYER), ils peuvent être mis en évidence sur les plaques de
CCM par des réactifs comme le trichlorure d'antimoine, la vanilline chlorhydrique ou
1208 ALCALOÏDES
l'aldéhyde anisique en milieu sulfurique. Ils sont extractibles par une solution aqueuse
acide, précipitables par l'ammoniaque et cristallisables (difficilement) dans un alcool.
HO etioline
so/anocapsine
RO RO
R =H: tomatidéno/ R =H : tomatidine
R =solatriose : a-so/amarine R =Iycotétraose " tomatine
Cette espèce, dont la tige fut longtemps considérée par la médecine populaire
comme diurétique et « dépurative », est très commune dans nos régions. C'est une
plante herbacée grimpante facilement identifiée par ses fleurs à étamines saillantes en
tube dont les cinq pétales violets sont tachés de jaune à leur base ainsi que par ses fruits,
petites baies rouges réunies en grappes. Il existe plusieurs races chimiques chez
S. dulcamara et la teneur en alcaloïdes varie en fonction de l'organe: elle est maximale
ALCALOÏDES STÉROÏDIQUES 1209
dans le fruit vert (jusqu'à 0,65 % de la masse sèche) et devient très faible dans le fruit
mûr comme cela s'observe couramment dans d'autres espèces de la famille (tomate,
aubergine, etc.). La plante renferme aussi des saponosides, bidesmosides d'un
furostanol, la protoyamogénine (solayamacinosides A et B) ou monodesmosides d'une
spirostan-26-one (soladulcosides). Les cas d'ingestion correspondant à une réelle
intoxication sont très raresl.p.1l99.
Les glycoalcaloïdes sont présents dans les feuilles (30-90 mgIlOOg), les fruits (40-
100 mg/100 g), les fleurs (200-500 mgllOO g) et surtout les germes (500 mg/100 g et
plus). Les principaux (a-solanine et a-chaconine) sont accompagnés de leurs
homologues partiellement hydrolysés (P et y-solanines, Pet y-chaconines) et, parfois,
de produits voisins (a et p-solamarine, tomatidénol). Dans les conditions normales, les
tubercules entiers ne renferment que de faibles quantités de glycoalcaloïdes (25-100
mg/kg de masse fraîche), concentrés dans la « peau» et les couches cellulaires sous-
jacentes 3. L'épluchage en élimine de 60 à 95 %. La germination, le verdissement,
l'illumination et les traumatismes (chocs, coupures 4, etc.) entraînent une élévation de la
teneur en alcaloïdes qui peut devenir très importante. Les alcaloïdes, stables à la
cuisson, sont toxiques: nécrosants des muqueuses gastriques et intestinales (activité de
type saponoside au niveau des membranes ?), ce sont aussi des inhibiteurs des
cholinestérases. Les intoxications, particulièrement rares, sont marquées par des
3. Rappelons que les tubercules renfennent aussi des calystégines (cf. p. 981).
4. D'où l'élévation constatée (290 mg/kg) dans les « chips» et les frites si le délai entre la prépa-
ration et la cuisson (ou la surgélation) est trop important.
1210 ALCALOÏDES
troubles digestifs, de la fièvre, plus rarement par un état confusionnel, une respiration
rapide et une baisse de la pression sanguine l,p. 1199,
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Alcaloïdes
à structures diverses
Ces polyamines formées par transfert d'un (ou de deux) reste(s) propylamine sur la
putrescine (sans doute via la S-adénosylméthionine décarboxylée) ne sont pas
exceptionnelles chez les végétaux, qu'elles soient libres ou amidiques (ex. : tricouma-
roylspermidine des fleurs d'aubépine). Dans un nombre plus restreint d'espèces, elles
sont à l'origine de la formation de composés macrocyc1iques réagissant comme des
alcaloïdes: au moins l'un des atomes d'azote se condense avec le carboxyle d'un acide
carboxylique, fréquemment un acide cinnamique (lunarine, pleurostyline, périphylline,
homaline). Leur intérêt pharmacologique est mal connu.
CH 3 0
)H-0
may/ansine ~~
-
/;
/ sanjoinine A
(frangufoline)
~
H O~
IH ~
N~N--J
H
HO"'"
7-hydroxypleurocorine H palus/rine
Le jujubier est un petit arbre souvent épineux. Ses fruits, ronds ou ovoïdes, rouges à
maturité, sont comestibles. Originaire de Chine, le jujubier est acclimaté dans les zones
méridionales de l'Europe et dans le sud des États-Unis d'Amérique. Les jujubes
renferment des acides tri terpéniques et des saponosides ; les graines renferment des
saponosides et des f1avonoïdes. Les feuilles contiennent des saponosides et des
alcaloïdes isoquinoléiques. Écorces de tiges et graines de plusieurs espèces du genre
renferment de petites quantités d'alcaloïdes peptidiques. L'extrait du fruit du jujubier
pourrait exercer un effet favorable sur la constipation.
Maytansinoïdes
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Camellia sinensis (L.) O. Kuntze
Bases puriques
1. GÉNÉRALITÉS
Les bases puriques sont des composés à noyau purine, hétérocycle qui, formellement,
résulte de l'annellation d'un noyau pyrimidine à un noyau imidazole. Leur origine
biosynthétique qui n'implique pas un acide aminé, leur caractère amphotère ainsi que
leurs solubilités particulières (solubilité dans l'eau chaude et dans les solvants chlorés)
font que ces composés sont, le plus souvent, considérés comme ne faisant pas partie de
la classe des alcaloïdes. C'est évident pour les nucléotides, de distribution universelle,
ce l'est moins pour certains composés aux propriétés pharmacologiques marquées
comme la caféine, la théophylline ou la théobromine: nombreux sont les auteurs et les
ouvrages qui traitent des « alcaloïdes puriques ». En dehors des nucléotides constitutifs
des acides nucléiques (adénine, guanine) et des esters phosphoriques des nucléosides
(ATP, etc.), le noyau purine n'est pas très fréquent chez les végétaux.
1216 ALCALOÏDES
La kola est décrite par la Pharmacopée européenne, le thé noir (feuille), le thé vert
(feuille), le café vert (graine), le maté (feuille) et le guarana font l'objet d'une
'monographie de la 10' édition de la Pharmacopée française.
o
~lH3
H
H'C1Jc~)
H3C"
o1 . Jl~
N
1
N o N
1
N
CH 3 CH 3
caféine théophylline
Caféine
Elle agit principalement au niveau du système nerveux central et du système
cardiovasculaire :
- sur le système nerveux central. Stimulant cortical, la caféine stimule l'état d'éveil,
facilite l'idéation, diminue la sensation de fatigue. Des doses très fortes peuvent induire
de la nervosité, de l'insomnie, des tremblements. Elle stimule le centre respiratoire
bulbaire, accroissant la sensibilité de celui-ci à l'action du dioxyde de carbone;
- sur le système cardiovasculaire. La caféine développe une action inotrope positive,
une tachycardie et une augmentation du débit cardiaque, une légère action
vasodilatatrice périphérique, une discrète activité diurétique.
BASES PURIQUES
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -_ _ _~"..,.....,..~.,:"eèF.
1217
.~'\I;!IIj·'B~Ii'.lI!'.UfKjl!;
Théophylline
La théophylline est un inhibiteur des récepteurs Al de l'adénosine et un inhibiteur
de la phosphodiestérase. C'est surtout son action au niveau bronchopulmonaire et
respiratoire qui retient l'attention. La théophylline induit une relaxation non spécifique
sur le muscle lisse bronchique en s'opposant aux effets des divers médiateurs
bronchoconstricteurs. Elle interfère également avec les mouvements calciques
intracellulaires et stimule la musculature striée. On note aussi une stimulation
respiratoire, par augmentation de la sensibilité des centres bulbaires au dioxyde de
carbone. Les autres activités sont de même nature que celles de la caféine: activité
psychostimulante, effets cardiovasculaires modestes (légèrement inotrope et
vasodilatateur); l'activité diurétique, liée à une augmentation de la filtration
glomérulaire et à une diminution de la réabsorption tubulaire du sodium et de l'eau, est
beaucoup plus marquée que celle de la caféine.
Caféine et théophylline sont très rapidement absorbées après administration orale;
leur métabolisme est hépatique, leur élimination urinaire. La demi-vie plasmatique de la
théophylline varie dans de larges proportions selon les individus ce qui nécessite une
adaptation individuelle de la posologie.
sociologiques et diététiques, impact sur la santé publique, etc. Il n'est donc pas qucstion
de prétendre apporter ici des données originales Toutefois, la théophylline et la caféinc
sont des substances pharmacologiquement actives utilisées dans la formulation de
médicaments et les plantes à caféine usuelles sont inscrites à la Pharmacopée : ces
raisons justifient leur présentation sommaire, selon le plan habituel.
Le thé vert est constitué par la feuille jeune, non fermentée, soumise à une dessic-
cation rapide à chaud, puis séchée de C. sinensis et de ses variétés cultivées. Il contient
au minimum 2 % de caféine (Ph. fse, 10' éd.).
Le thé noir est constitué par lafeuille jeune,fermentée, soumise à une dessiccation
rapide à chaud, puis séchée de C. sinensis et de ses variétés cultivées. Il contient au
minimum 2, 5 % de caféine (Ph. fse, 10' éd.).
o le thé noir, flétri une vingtaine d'heures, roulé, fermenté en atmosphère humide
puis séché à l'air chaud. Il représente 80 % du marché mondial;
ole thé 0010ng. Peu connu en Europe, il n'est que partiellement fermenté.
La« fermentation» de la feuille du théier, en permettant qu'agissent les polyphénol-
oxydases, modifie sa composition, son aspect, son odeur ainsi que le goût et l'arôme de
l'infusion qu'il sert à préparer (on devrait sans doute plutôt parler d'oxydation
enzymatique partielle que de fermentation). La teneur en caféine n'est pratiquement pas
modifiée par la fermentation.
La feuille. La feuille de thé vert, vert grisâtre, est généralement roulée, repliée,
tordue sur elle-même. Les bords des 3/4 supérieurs du limbe présentent des dents
composées d'un coussinet portant une pointe noirâtre recourbée en griffe. De grosses
sclérites jaune vif, ramifiées, et des macles d'oxalate de calcium incluses dans les
parenchymes palissadique et lacuneux sont visibles au microscope dans la poudre
. (réactif lactique). Même si la feuille de thé noir commercial se présente généralement
en fragments roulés et cassants, on peut y reconnaître des éléments caractéristiques, en
particulier la dentelure de la partie supérieure du limbe; les caractères microscopiques
de la poudre (et de la coupe) sont identiques. Les bases puriques extraites par l'alcool à
60 % sont identifiées par CCM (révélation par de l'alcool iodo-ioduré après
pulvérisation d'alcool chlorhydrique). La caféine est dosée par chromatographie
liquide, après extraction méthanolique.
OH
HO
HO
OH OH
HO
OH
HOyyOi """ OH HOyyOi """ OH
~"'OH ~""OH
OH OH
théasinensine C théaflavine
HO~OH 0H
o}
1 ~ OH
::;;.--
~
a
OH
HOyco"", ~
l " ,"0
6c
/1
~O
OH
OH
OH
HOycx 1
0.
OH 1
'.::::
.---;:.
~ OH
EGCG OH
OH OH
théaflagal/ine 3-0-gal/ate de (--)-épigal/ocatéchol
Propriétés. Diverses propriétés sont attribuées au thé. Il fut d'ailleurs, en Orient, une
plante médicinale avant d'être une boisson. On connaît ses effets stimulants, liés à la
caféine, et son action sur la diurèse. Certains estiment qu'il exercerait un effet protecteur
contre la carie dentaire. Les supposées vertus amaigrissantes du thé vert n'ont pas été
confInnées par des essais cliniques en double insu versus placebo chez des sujets obèses.
Les flavanols du thé vert sont antimutagènes in vitro et s'opposent à la formation de
mutagènes (nitrosamines) ou à l'expression de leur mutagénicité (hydrocarbures
polycycliques aromatiques). Chez l'animal, il a été établi que les infusions et extraits de
thé vert et l'EGCG s'opposent à la cancérisation expérimentale de différents organes
(peau, poumon, duodénum, côlon, etc.). Comme beaucoup d'autres phénols structura-
1222 ALCALOÏDES
lement voisins, les flavanes de la feuille de théier sont des antioxydants, des piégeurs de
radicaux libres. In vitra, ils s'opposent aux réactions de peroxydation des lipides. La
biodisponibilité de ces polyphénols est faible.
La bibliographie sur les effets bénéfiques supposés du thé vert chez l'Homme,
pléthorique, est souvent peu convaincante. Dans le domaine du risque cardiovasculaire, les
données actuelles sont plutôt en faveur d'une action bénéfique mais, en dépit de l'intérêt
de certaines études, elles demeurent contradictoires. Des études épidémiologiques
rétrospectives tendent à relier consommation de thé et diminution de la fréquence de
plusieurs types de cancers, mais elles ne constituent pas une preuve suffisante. Seules
des études d'intervention prospectives, rigoureuses, sur de larges cohortes, pourront
confirmer ou infirmer le possible intérêt de cette boisson largement consommée.
La partie utilisée du café vert est constituée par la graine, privée du tégument et
séchée de C. arabica L., de C. canephora Pierre ex Frëihner et leurs variétés. Le café
vert contient au minimum 1 % de caféine (Ph. fse, 10' éd).
C. arabica est originaire des zones montagneuses du sud-ouest de l'Éthiopie.
Cultivé initialement par les Arabes, son emploi s'est rapidement étendu à l'ensemble du
monde islamique. Introduit en Europe par les Vénitiens (1615), il arrive en France en
1644 (Marseille), à la Cour en 1669 et est vendu au public dès 1672. Peu après, le
premier « café» ouvre à Paris (le Procope). R.-R. PARIS et H. MOYSE rapportent que
380 établissements de ce type étaient ouverts dans la capitale en 1720 (mais il y en avait
plus de 2 000 à Londres en 1715) : la banalisation de son usage n'avait pu être enrayée
par les condamnations médicales plus inspirées par les pressions ... des marchands de
vin 1 que par des observations objectives! Malgré les précautions prises (aucun grain de
café ne pouvait être exporté hors des zones sous influence arabe sans avoir été chauffé,
et donc sans avoir perdu son pouvoir germinatif) quelques pieds furent introduits aux
Antilles, au Brésil 2 (qui devait devenir le premier producteur mondial), en Inde, à
Ceylan. Les difficultés sanitaires des plantations asiatiques conduisirent ultérieurement
à la mise en culture d'autres espèces - en Afrique tropicale (c. canephora, C.liberica)
- puis à celle d'hybrides.
La plante. Les caféiers sont des petits arbres à feuilles entières (10-15 x 4-6 cm)
persistantes, coriaces, luisantes. Les fleurs, blanches et odorantes, sont groupées en
verticilles à l'aisselle des feuilles. Le fruit est une drupe verte, devenant rouge à
maturité, renfermant habituellement deux graines plan-convexes accolées par leur face
plane. Si deux espèces seulement fournissent l'essentiel du café marchand (C. arabica
et C. canephora) il existe de nombreuses espèces de caféiers à l'état sauvage dans les
forêts tropicales de l'est de l'Afrique.
La graine. La graine est ovale (10-15 x 6-8 mm), convexe sur la face dorsale,
aplatie sur la face ventrale, laquelle est parcourue par un sillon longitudinal, le hile.
Dure et verdâtre, elle est dépourvue d'odeur. L'examen microscopique de la poudre de
café vert met surtout en évidence des fibres fusiformes provenant du tégument et des
1. En France. En Italie l'opposition fut surtout celle des prêtres. Au Royaume-Uni, son usage
déclencha l'ire de ligues de femmes dont les maris fréquentaient davantage les cafés que le domicile
conjugal. CHARLES II s'associa à cette méfiance ... très provisoirement: onze jours après la
proclamation interdisant les coj/ee houses, la proclamation inverse était publiée! Ailleurs, les édits
autoritaires de FRÉDÉRIC de Prusse (avec comme raison que lui-même buvant de la bière les autres
devaient en faire autant) n'eurent pas plus de succès. Le plus raisonnable fut sans doute GUSTAVE III de
Suède qui ordonna la réalisation d'un essai clinique (versus thé) sous contrôle médical sur des jumeaux
condamnés à mort pour meurtre: las! Juges, médecins et roi moururent bien avant les heureux
condamnés qui durent au café (et au thé) de vivre tranquillement plus de 83 ans ... Cf. Smith, R.F.,
(1985). A history of coffee, in Clifford, M.N. et Willson, K.C., op. cit., p. 1-12.
2. Où il fut apporté par un officier qui l'avait obtenu, caché dans un bouquet de fleurs, en
témoignage d'affection de la part de la femme du gouverneur de la Guyane française.
1224 ALCALOÏDES
Production. Le café «en grain» est obtenu par voie humide (fermentation, lavage)
ou par voie sèche (séchage puis décorticage mécanique) à partir du café « en cerise »,
c'est-à-dire à partir des drupes. Le dépulpage élimine l'épicarpe rouge et le mésocarpe
charnu; il conduit au café « en parche ». C'est après déparchage (élimination de
l'endocarpe sc1érifié) que l'on obtient le café « en grain» (ou fève). La production
mondiale de café (7,74 millions de tonnes en 2007 selon la FAO) est principalement le
fait de l'Amérique du Sud (Brésil, 2178000 tonnes; Colombie, 710000 tonnes; Pérou,
230000 tonnes) et de l'Amérique centrale (Mexique, 320000 tonnes, Guatemala,
216000 tonnes, Honduras, 200000 tonnes, etc.). Les caféiers sont également cultivés
en Asie (Vietnam (l 060000 tonnes), Indonésie, 665000 tonnes, Inde, 275000 tonnes,
etc.) et en Afrique (Éthiopie, 325000 tonnes, Côte d'Ivoire, 170000 tonnes, etc.).
etc.) voir, entre autres, le Manuel diagnostique et statistique des troubles I11CllluliX
(DSM-IV-TR,2004).
La plante. Le cacaoyer est caractérisé par l'insertion directe de ses fleurs sur le
tronc et sur les grosses branches ainsi que par ses fruits très typiques : indéhiscentes et
volumineuses (15-20 x 10-12 cm), les cabosses - c'est leur nom - ont une paroi
coriace jaune à rouge marquée par des sillons verruqueux. Elles renferment 20 à 40
graines, les fèves, enfermées dans une pulpe blanche.
À l'état frais les fèves sont inodores, très astringentes et amères: elles ne prendront
leur couleur brune qu'après fermentation prolongée et dessiccation. La torréfaction et le
laminage ultérieurs feront apparaître les qualités gustatives remarquables du cacao et
des produits dérivés (<< chocolats» du commerce).
finale en polyphénols, ainsi d'ailleurs que la forme ultime: poudre de cacao (la plus
riche), chocolat noir, chocolat au lait, "chocolat" blanc. Le chocolat noir constitue
malgré tout l'un des apports alimentaires potentiels les plus importants en flavanols et
proanthocyanidols (avec les pommes, le vin rouge et le thé). Les bases puriques sont
représentées dans la fève par la théobromine 3 (1-3 %) et la caféine (0,05-0,3 %).
Emplois. Le beurre de cacao n'est plus guère utilisé comme excipient gras; il est
avantageusement remplacé par des produits hémisynthétiques plus faciles d'emploi et
3. Cette teneur en théobromine explique la toxicité du chocolat et des coques du fruit pour certains
animaux, en particulier les chiens: une dose supérieure à 0,3 g/kg peut être mortelle chez cet animal.
L'intoxication est marquée par de la diarrhée, de l'incontinence urinaire, des symptômes neurologiques
(convulsions, coma).
1228 ALCALOÏDES
Les plantes, la graine. Les kolatiers sont des arbres de moyenne grandeur (10-15
m) croissant dans les zones équatoriales de l'Afrique de l'Ouest: de la Sierra Leone au
Nigeria et jusqu'au Gabon. L'espèce la plus utilisée est Cola nitida. On cultive aussi
des espèces voisines telles que C. acuminata, C. verticillata (Thonn.) Stapf ex A.
Chev., etc. Les fruits comportent 2-6 follicules ligneux, volumineux (8-12 x 4-8 cm),
groupés en étoile; ils sont généralement cueillis avant maturité. Les follicules sont
ouverts et les graines (5-10 par follicule) récupérées sont laissées quelques jours en tas
ou immergées dans l'eau. On élimine alors le tégument pulpeux qui s'est désagrégé.
Dans ses régions d'origine, la noix de cola est consommée fraîche (mastication).
Selon l'espèce et la variété, la graine est blanche, rosée ou rouge clair à l'état frais; à
l'état sec elle est brun acajou foncé et, chez C. nitida, se partage en deux cotylédons
sensiblement plan-convexes, presque toujours séparés dans la graine commerciale
(<< kolas-demi », 3-4 x 2-2,5 x 1-2 cm). Chez C. acuminata, la graine se fragmente en 4-
6 morceaux irréguliers, plus petits que chez C. nitida (<< kola-quart»).
La poudre de kola est riche en grains d'amidon, observables au microscope dans
une solution de glycérol à 50 % : ovoïdes ou réniformes, mesurant de 5 Jim à 25 Jim,
ces grains ont un hile étoilé excentique et sont striés concentriquement.
La morphologie de la kola, les caractères microscopiques de sa poudre et la
présence des bases puriques dans un extrait par l'alcool à 60 % (CCM révélée par de
l'alcool iodo- ioduré après pulvérisation d'alcool chlorhydrique) permettent
l'identification. La caféine est dosée par chromatographie liquide, après extraction
méthanolique.
BASES PURIQUES 1229
Propriétés. Les propriétés attribuées à la kola sont celles qui sont habituellement
revendiquées pour la caféine: stimuler le SNC et diminuer la sensation de fatigue.
Le maté vert est constitué par lafeuille d'I.paraguariensis, soumise à une dessic-
cation rapide à chaud et incisée (Ph.fse, 10' éd.). Sa teneur en caféine est au minimum
de 0,8 %.
• GUARANÂ,
Paullinia cupana Kunth ex H.B K. var. sorbilis (Mart.) Ducke
(= P. sorbilis C. Mart.), Sapindaceae
La graine de guarana est constituée par la graine soumise à une rapide dessiccation
à chaud de P. cupana. Elle contient au minimum 5,5 % de caféine (Pf. fse, lOc éd.).
La pâte de guarana est constituée par la pâte séchée, obtenue par écrasement de
l'amande, soumise à une rapide dessiccation à chaud et humidifiée, de P. cupana. Elle
contient au minimum 3 % de caféine (Pf. fse, 10' éd.)
La plante, la graine, la pâte. Paullinia cupana est une plante grimpante à petits
fruits rouge vif dont on utilise la graine. Traditionnellement, celle-ci est débarrassée de
BASES PURIQUES 1231
son tégument, grillée, et broyée avec de l'eau pour former une pâte qui est roulée en
bâtons (bastêio), séchée au soleil, puis soumise au fumage: on l'utilise râpée.
La graine est plus ou moins sphérique, glabre et luisante. Examinée au microscope
(réactif lactique), la poudre de graine présente de nombreux grains d'amidon, des
cellules de l'épisperme à bords lobés et des cellules scléreuses à parois canaliculées.
La pâte de guarana se présente en cylindres de couleur brune; sa saveur, astringente
et amère, rappelle celle du cacao. Après extraction par le dichlorométhane en milieu
ammoniacal, les bases puriques sont caratérisées par la coloration rouge que prend le
résidu extractif chauffé à sec en présence d'acide chlorhydrique et de peroxyde
d'hydrogène (réaction dite de la murexide).
L'identité de la graine ou de la pâte est confirmée par la CCM d'un extrait par
l'alcool à 60 % (caféine, théobromine, révélation par de l'alcool iodo-ioduré après
pulvérisation d'alcool chlorhydrique). La caféine est dosée par chromatographie liquide
après extraction méthanolique.
6. BIBLIOGRAPHIE
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Annexe
glossaire des termes botaniques
1236 PHARMACOGNOSIE, PHYTOCHIMIE, PLANTES MÉDICINALES
Abaxial Situé du côté opposé à l'axe (qui se rapporte à la partie inférieure d'une
feuille).
Acaule Se dit d'un végétal dont la tige, réduite, semble absente.
Aciculaire En forme d'aiguille.
Adaxial Situé du côté de l'axe (qui se rapporte à la partie supérieure d'une feuille).
Accrescent Une pièce florale est accrescente lorsque sa croissance continue après la
fécondation.
Actinomorphe Se dit d'une fleur à symétrie radiale.
Acuminé Le limbe d'une feuille est acuminé lorsqu'il se termine brusquement en
une pointe effilée.
Adventice Se dit d'une plante originaire d'une autre contrée et non volontairement
introduite; espèce « indésirable » dans une culture.
Adventif, ve Se dit d'un organe qui apparaît dans une présentation inhabituelle (ex. :
racines adventives sur la tige du lierre).
Aigrette Faisceau de poils portés par certains fruits ou graines pour faciliter leur
dispersion par le vent.
Akène (litt: qui ne s'ouvre pas) Fruit sec indéhiscent dont la graine n'est pas
soudée au péricarpe. [S'il est soudé, c'est un caryopse; ex : grain de blé].
Amplexicaule Feuille ou bractée dont la base élargie embrasse la tige à son point
d'insertion.
Androcée Ensemble des organes mâles (étamines) d'une fleur.
Anthère Partie terminale de l'étamine, formée de loges polliniques.
Anthèse Épanouissement de la fleur.
Arille Production d'origine tégumentaire qui se développe au niveau ou autour
d'une graine après la fécondation et jamais adhérente à celle-ci.
Axillaire Qui se situe à l'aisselle d'un organe.
Baie Fruit charnu à pépins.
Bilabié Qualifie un calice ou une corolle dont les pièces sont soudées en deux
lots constituant chacun une lèvre.
Bisannuelle Se dit d'une plante dont le cycle végétatif s'étale sur deux années (elle
fleurit, fructifie et meurt la 2' année).
Bractée Petite feuille (plus ou moins modifiée) à l'aisselle de laquelle se différencie
une fleur ou une inflorescence. Elles peuvent être nombreuses (entourant le
capitule des Asteraceae), développées et enveloppantes (spathe des
Araceae), etc.
Caduc, uque Se dit d'un feuillage qui tombe en cours d'année.
Calice Ensemble des pièces externes (les sépales) du périanthe.
Calicule Pièces vertes doublant le calice chez certaines Angiospermes
(Malvaceae, Rosaceae).
ANNEXE: GLOSSAIRE 1237
Épi Inflorescence indéfinie formée d'un axe portant des fleurs ou des groupes
de fleurs (épillets) sessiles échelonnés sur l'axe (le rachis) (Poaceae,
Polygonaceae).
Épiphyte Se dit d'un végétal qui se développe sur un autre végétal (sans relation
trophique) (ex: Bromeliaceae, Orchidaceae).
Étamine Organe mâle de la fleur.
Filet Partie inférieure de l'étamine portant l'ovaire.
Fleuron Fleur unitaire d'un capitule.
Foliole Nom donné à chacune des divisions d'une feuille composée.
Follicule Fruit sec, constitué par chacun des carpelles non soudés d'un gynécée
pluricarpellé, déhiscent par une seule fente.
Glomérule Inflorescence formée de nombreuses fleurs sessiles fixées au même
niveau sur un axe.
""Gousse Fruit sec normalement déhiscent, formé d'un seul carpelle et s'ouvrant
par deux fentes
Grappe Inflorescence indéfinie formée d'un pédoncule portant, de façon alterne,
des fleurs pédicellées s'épanouissant de la base au sommet.
Gynécée Ensemble des organes femelles de la fleur, c'est-à-dire des carpelles.
Hile Petite plaque à la surface d'une graine, marquant l'emplacement de la
formation (le funicule) qui reliait l'ovule à la paroi de l'ovaire.
Hispide Qui possède des poils longs.
Imparipennée Se dit d'une feuille composée pennée possédant une foliole terminale,
donc un nombre impair de folioles.
Indéhiscent Qui ne s'ouvre pas spontanément (cf. akène).
Indusie Formation membraneuse protégeant, chez les Fougères, les sores de
sporanges.
Inflorescence Ensemble des fleurs regroupées sur le même axe. Elle peut être indéfinie
(l'apex est occupé par un bourgeon, les fleurs les plus âgées se trouvent à
la base de l'axe) ou définie (l'apex est occupé par une fleur, les fleurs
s'épanouissent de l'apex vers la base). Inflorescences indéfinies: grappe
(et épi), corymbe, ombelle, capitule. Inflorescence définie: cyme.
Involucre Ensemble des bractées groupées à la base d'une ombelle ou d'un
capitule.
Lenticelle Pore permettant les échanges gazeux à travers le suber.
Ligule Corolle de certaines Asteraceae dont les 5 pétales soudés forment une
languette déjetée latéralement (les « pétales blancs» de la marguerite
sont en fait les ligules des fleurs périphériques du capitule).
Limbe Partie plate et élargie de la feuille.
Monoïque Plantes à fleurs mâles et femelles séparées, mais portées par le même individu.
ANNEXE: GLOSSAIRE 1239
A G
Acacia senegal ............................ .104 Gentiana lutea .............................720
Achillea millefolium ............... ..... .398 Gigartina sp ...................................58
Aconitum napellus .................... .1194 Glycyrrhiza glabra ...................... 828
Aesculus hippocastanum ......... ..... 816 Gossypium herbaceum .. ................. 80
Allium sativum ............................. 240
Aloe sp ......................................... 516 H
Arctostaphylos uva-ursi ......... .278 Hydrastis canadensis ................. 1064
Arnica montana ...........................706
Atropa belladona ......................... 970 1
Inula helenium .............................762
c Ipomoea sp .................................. .210
Came Ilia sinensis ...................... .1214
Cannabis sativa .......................... .532 J
Capsicum annuum ....................... 926 Juglans regia ...............................498
Cassia senna ............................... .510 Juniperus communis ....................702
Cephaelis sp ............................... 1112
Chamaemelum nobile .................. 392 K
Chamomilla recutita .................... 616 Krameria lappacea ......................464
Chelidonium majus ................... .1024
Chondrus crispus .......................... .58 L
Cinchona pubescens ................. .l180 Laurus nobilis ..............................568
Citrullus colocynthis .................... 804 Lobelia iriflata ............................ 1006
Citrus limon ................................. 376
Claviceps purpurea ................... .1136 M
Cocos nucifera ............................ .l50 Melilotus officinalis .................... .312
Colchicum autumnale ............... .l102 Melissa officinalis ........................ 582
Conium maculatum ...................... 946 Mentha piperita ...........................630
Menyanthes trifoliata ...................730
D Myristicafragrans .......................678
Datura stramonium ...................... 966 Myroxylon balsamum ................. .298
Digitalis purpurea ....................... 884
Drimmia maritima ....................... 876 N
Narcissus sp .............................. .l108
E Nicotiana tabacum ..................... 10 16
Erythroxylum coca .......................976
o
F Olea europaea ............................ .l58
Fumaria officinalis ................... .l076
1242 PHARMACOGNOSIE, PHYTOCHIMIE, PLANTES MÉDICINALES
Pour faciliter la consultation de l'index, les noms communs des plantes sont en caractères gras. Les
dénominations latines (et les termes en langue étrangère) sont en italique. Les titres de chapitres sont en
GRANDES CAPITALES. Les familles botaniques sont en PETITES CAPITALES. Le signe« *» suivant le nO de page
renvoie à la représentation de la formule développée du produit cité. Lorsque le terme cité est inclus dans une note
infrapaginale, le nO de la page est suivi de la lettre« n ».