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NFC 15-100 : installations électriques provisoires de chantier

Les installations électriques provisoires pour le chantier répondent à des réglementations


très rigoureuses. En France, elles sont mises en application par décrets publiés au « Journal
officiel ». Il convient de distinguer les normes de fabrication, qui s’imposent aux
constructeurs de matériel, et les normes d’utilisation, qui s’imposent aux entreprises de BTP.

Par Jean-luc coupez, directeur général de Walther SARL.

Le Moniteur Matériels

17 juin 2011 \ 00h01

5 min. de lecture

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LE DOMAINE

Le principe de base des installations électriques de chantier consiste à distribuer l’électricité


à chaque poste de travail du site, dans les meilleures conditions et en assurant la protection
des opérateurs ainsi que celle des matériels raccordés au réseau provisoire.

Type de chantier

Les mêmes réglementations s’appliquent aux chantiers de rénovation et aux travaux neufs.
En rénovation, l’installation électrique existante doit être isolée, alors que sur un chantier de
construction neuve, il n’existe pas d’installation électrique. La réglementation distingue une
liste de « chantiers spéciaux » qui font l’objet d’une norme particulière : la norme NFC 15-
100. Ces chantiers spéciaux sont, entre autres :

- les chantiers dans des cuves ;

- les châteaux d’eau ;

- les égouts ;

- les tunnels ;

- les chantiers sur les sites nucléaires ;

- les chantiers en atmosphère explosive.

Source d’alimentation
Le chantier dispose de deux possibilités d’alimentation : le réseau de distribution
d’électricité (ERDF pour la France) ou le groupe électrogène. La première solution est
toujours préférable car elle est source de moindre pollution. Cependant le groupe
électrogène s’impose pour alimenter les chantiers éloignés du réseau ou ceux demandant
une garantie de fonctionnement en cas de coupure du réseau électrique.

Cas particuliers des chantiers de désamiantage

Les chantiers de désamiantage sont considérés comme « chantiers spéciaux » et, à ce titre,
régis par la norme NFC 15-100. Ce sont les extracteurs d’air, appelés également
déprimogènes, indispensables à la ventilation de ces chantiers qui exigent des modifications
particulières dans l’architecture du circuit. Tout d’abord rappelons que le raccordement
électrique du chantier ne peut en aucun cas se faire sur le circuit du bâtiment existant et
doit faire l’objet d’un circuit provisoire parallèle, comme pour tout autre chantier de
rénovation. Ensuite, et même en cas d’alimentation par le réseau ERDF, le circuit doit
comporter des groupes électrogènes de secours qui seront mis sous tension en cas de
coupure générale d’électricité pour garantir une bonne ventilation dans toutes les
circonstances. Ensuite, les extracteurs d’air doivent toujours rester sous tension. L’arrivée du
courant du secteur passe donc par une grille de répartition qui oriente une partie du courant
vers les extracteurs d’air, qui bénéficient ainsi d’un circuit parallèle. C’est sur celui-ci que
sont raccordés les groupes électrogènes de secours via une armoire de basculement
(Normal/Secours) qui assure le passage d’une source d’alimentation à l’autre.

LE RACCORDEMENT

Les tarifs et puissances sont définis par les services ERDF. En France, les tarifs sont ceux du
Tarif jaune. Les intensités vont de 90 A à 400 A selon les besoins du chantier (et surtout de la
présence ou non d’une ou plusieurs grues à tour, très consommatrices). Le coffret de
comptage n’étant plus fourni par ERDF dans la plupart des régions, le chantier doit donc
l’acheter ou le louer.

Arrivée du courant

Seuls les services d’ERDF sont habilités à raccorder le coffret de comptage au réseau de
distribution d’électricité. Il arrive que le câble doive franchir une route pour atteindre le
chantier. La traversée de la route est sous la responsabilité de l’entreprise, qui doit faire une
demande auprès de la mairie ou des services de la DDE. Le câble doit passer à des hauteurs
normalisées pour le passage des véhicules. Des mâts stabilisés par des plots en béton sont
parfois nécessaires pour le maintien des câbles, toujours à la charge de l’entreprise, les
services d’ERDF ne prenant pas en charge cette responsabilité.

LA DISTRIBUTION SUR LE CHANTIER

Les bornes de puissance


Pour éviter tout risque de contact direct ou indirect, les bornes de raccordement d’arrivée
principale doivent être montées dans un boîtier isolant assurant ainsi une protection en cas
de débranchement des fils. Les départs vers les armoires passent par un ou plusieurs
interrupteurs différentiels ainsi que par des disjoncteurs. Les raccordements sur des bornes
de puissance doivent être effectués avec des serre-câbles adaptés à la section des câbles,
afin d’éviter l’arrachement et que les contacts, sous tension, ne se retrouvent pas à l’air
libre.

Les armoires de distribution

Les armoires de distribution, à installer à proximité des postes de travail, ont parfois des
fonctions bien définies quant à leur utilisation. Elles doivent disposer de protection(s)
différentielle(s) 10 ou 30 mA selon les ambiances, de disjoncteur(s) pour la protection des
prises sur lesquelles se raccordent les outils électriques et les éclairages du poste de travail.

Le carter doit être suffisamment robuste pour résister aux chocs et étanche aux projections
d’eau de pluie : IP44. Dans le cas de chantiers très humides ou de risques importants de
projection d’eau sous pression, son étanchéité doit être renforcée en IP67. Un arrêt
d’urgence est préconisé sur tous les coffrets et armoires ; il doit être à accrochage, bouton
rouge sur fond jaune, conformément à la norme. Il est obligatoire d’intégrer un interrupteur
différentiel de type B pour le raccordement d’une grue ou de toute machine de classe 1,
alimentée en triphasé, équipée d’un variateur de vitesses à conversion de fréquences (NFC
15-100 - décret janvier 2004).

Les câbles

Les câbles doivent être du type HO7RNF, c’est-à-dire en caoutchouc souple, résistant aux
ambiances difficiles (écrasements, chocs, hydrocarbures, ciments, etc.). Ils doivent être
régulièrement contrôlés et protégés contre les chocs et les risques de chute d’objets
risquant de blesser le câble. Tout autre câble blanc, gris, orange ou noir en plastique est
interdit (RO2V…).

Les prises

Seules les prises de courant du type NF ou CEE17 correspondant à la norme IEC/EN 60 309
sont autorisées. Les couleurs varient selon l’intensité :

– le 24 V (prise violette) est principalement utilisé pour les appareils d’éclairage des sous-
sols, des vides sanitaires, des cuves, des châteaux d’eau…

– le 240 V (prise bleue) dit basse tension est principalement utilisé pour les éclairages, les
outillages, les petites machines ;
– le 400 V (prise rouge) alimente les machines de forte puissance disposant de moteurs
asynchrones ou de variateurs de vitesses comme les grues ou les centrales à béton.

LA VERIFICATION DE L'INSTALLATION

Une fois son installation électrique provisoire terminée, l’entreprise doit demander une
vérification auprès d’un organisme agréé. Celui-ci délivrera à l’entreprise un certificat de
conformité. Ce certificat sera demandé par EDF Pro à l’entreprise lors de la mise en service
de son installation. A noter que le Consuel, l’organisme chargé de la vérification de la
conformité des installations neuves ou après rénovation totale, n’a pas étendu son activité
aux installations provisoires de chantiers.

L’HABILITATION DES COMPAGNONS

Selon la nature et le lieu des interventions, les habilitations sont différentes (niveau, tâches
et secteurs géographiques). Les compagnons sont titulaires de titres d’habilitation délivrés
par la direction générale de leur entreprise selon une attestation de formation, par des
compétences techniques et une aptitude médicale.

Interventions autorisées

Personne concernée

Titre d’habilitation

Tâche autorisée

Non électricien

BO

Pénétrer dans un local basse tension pour y effectuer des travaux non électriques.

Non électricien

BOV
Remplacer des fusibles ; réarmer un relais thermique ; manœuvrer un disjoncteur ; vérifier
l’absence de tension avec un appareil de sécurité.

Non électricien

HO

Pénétrer dans un local haute tension pour y effectuer des travaux non électriques.

Electricien, exécutant

B1

Effectuer tous travaux électriques basse tension sous la responsabilité du chargé de travaux.

Electricien, exécutant

H1

Effectuer tous travaux électriques haute tension sous la responsabilité du chargé de travaux.

Electricien, chargé d’intervention

BR

Effectuer un dépannage en basse tension ; effectuer des vérifications d’absence de tension ;


réaliser des essais sur les interventions ; effectuer des consignations simplifiées.

Electricien, chargé de consignation

BC
Effectuer la consignation d’installation basse tension.

Electricien, chargé de consignation

HC

Effectuer la consignation d’installation haute tension.

Electricien, chargé de travaux

B2

Superviser ou effectuer des travaux basse tension.

Electricien, chargé de travaux

H2

Superviser ou effectuer des travaux haute tension

Textes de référence Normes pour la fabrication des équipements

NF EN 60439-4 (NFC 63-424) septembre 1991 ;

Décret n° 88-1056 14 novembre 1988 ;

Fiche de sécurité de l’OPPBTP n° G4F0197 juin 1997 ;

NF EN 60439-4/A1 avril 1996 ;

NF EN 60439-4/A2 février 2000 ;

NF C 15-100, section 704. Normes pour l’utilisation des équipementsCEI/EN 60364, partie 7,
section 704 de 1989 ;

Fiche de sécurité de l’OPPBTP n° G1F0391 février 1997 ;

Fiche de sécurité de l’OPPBTP n° G1F0189 octobre 1993.


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