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Cours de transmission par fibre optique Pr.

Abdelkrim Farkhsi

CHAPITRE I
TRANSMISSION PAR FIBRE OPTIQUE

I/ INTRODUCTION

Il n'y a pas si longtemps, lorsque les systèmes numériques les plus rapides transmettaient
l'information à un débit de 270 Mbits/s, le câble coaxial était parfaitement à même de remplir
son rôle de support de transmission. Mais avec l'apparition des nouveaux services liés au
développement du multimédia, un besoin d'un débit de transmission d'informations plus élevé
est apparu, et une alternative au câble coaxial était à trouver : pertes trop élevées, courtes
distances de propagation, performances limitées. La fibre optique remplit très bien ce rôle de
support de transmission. Son utilisation est désormais courante dans les réseaux de
télécommunications.

I.1/ Historique

C’est vers la fin des années 80 que vont apparaître les premiers systèmes de
transmission optique.
En 1970, la compagnie Corming Glass Works de New York, produit la première fibre optique
avec des pertes suffisamment faibles (20dB/Km) pour être utilisée dans les réseaux de
télécommunications (actuellement les pertes sont de l’ordre de 0,2 dB / Km).
Les premières années de la fibre optique sont marquées par des évolutions importantes qui
sont :
 Le passage de la fibre multimode, utilisée dans les premières expérimentations, à la fibre
monomode dont la connexion est plus problématique mais, qui propose des débits sans
rapport avec la première.
La fibre multimode conserve cependant sa pertinence dans d’autres domaines comme
l’aéronautique par exemple.
 Le passage successif de la première fenêtre de transmission autour de 850nm (fibre
multimode) à la deuxième autour de 1310 nm (minimum d’atténuation d’environ 0,3 à 0.4 dB
/ Km), puis à celle autours de 1550 nm (minimum d’atténuation 0,2 dB / Km), qui est la
norme aujourd’hui en matière de réseau.
Ces changements de fenêtres de transmission ont été rendu possibles par l’amélioration des
techniques de fabrication des préformes et au développement des sources optiques.
Si dans les premières années, le réseau optique a un débit qui ne surpasse pas encore celui des
lignes de transmissions utilisant le câble coaxial, il présente quand même un avantage
indéniable face à ce dernier : l’espacement entre chaque répéteur est plus important, de
l’ordre de quelques dizaines de kilomètres (par exemple environ 70Km pour un système à 500
Mbits / s à 1550 nm). Les réseaux de télécommunications reposent donc toujours sur deux
systèmes, la radio et le câble qui de coaxial est devenu optique.
Notons que de 1992 à 1996, vont se bâtir les réseaux « tout optique » de grande capacité
utilisant la fibre monomode standard appelée G-652 dans la norme
ITU – T, chaque fibre optique étant capable de transporter un débit de 2,5 Gbit / s avec un
pas moyen de régénération de 90Km.
La fibre optique est utilisée dans les applications suivantes :

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 Transmissions numériques à haut débit (donnée informatiques, téléphonie, télécopie,


télévisions, etc).
 Réseaux nationaux et internationaux de télécommunications.
 Réseaux locaux en environnement bruité.
 Application vidéo.

I.1.1/ Les avantages de la fibre optique sont :

 Transmission large bande, et débits binaires élevés.


 Affaiblissement minimisé : nombre de répéteurs très réduits et fortement espacés (60 à 70
Km).
 Immunité électromagnétique.
 Faible sensibilité aux facteurs extérieurs (température, humidité, …)
 Faible encombrement et faible poids.

I.1.2/ Les inconvénients de la fibre optique sont ;

 Difficulté d’adaptation avec les transducteurs optoélectronique,


 Exigences micromécanique importantes (connexions, alignement, …)
 Coût d’exploitation encore élevé et personnels spécialisés.

I.1.3/ Les records et perspectives

Le Fraunhofer Institute of Telecommunication de Berlin est parvenu au début 2006, en


coopération avec les Fujitsu Laboratories, à obtenir un taux de transfert de 2,56 Tbit/s (Térabit
par seconde) sur une liaison en fibre optique de 160 Km de long. Un tel débit permettrait de
transférer le contenu d'environ 60 DVD en 1 seconde !

En plus de ce record de vitesse, les chercheurs ont également établi deux records de distance
en transmettant des informations :
- à une vitesse de 1,28 Tbit/s sur une liaison en fibre optique de 240 Km,
- à une vitesse de 160 Gbit/s (Gigabit par seconde) sur une liaison en fibre optique de 4 000
Km.

A la mi-2006, les laboratoires de l'opérateur japonais NTT sont parvenus à maintenir un débit
de 14 Tbit/s sur une distance de 160 Km. Pour y parvenir, NTT a réuni 140 canaux sur une
même fibre, chaque canal étant capable de transporter les informations à un débit de 111
Gbit/s.

Alcatel-Lucent a annoncé, en septembre 2009, avoir établi un nouveau record de vitesse de


transmission de données sur fibres optiques. Les ingénieurs de Bell Labs, centre de recherche
et développement de l'équipementier, sont parvenus à atteindre 15,5 Tbit/s sur une distance de
7 000 km entre Paris et Chicago.

Un record sur une telle distance qui dépasse de dix fois la capacité actuelle des câbles
transocéaniques de dernière génération et qui correspond à l'envoi de 400 DVD par seconde,
ces DVD étant encodés à la norme MPEG2 en simple face (soit 5 Giga octets / DVD).

Pour y parvenir, les équipes de Villarceaux dans le département de l'Essonne ont exploité 155

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longueurs d'ondes différentes sur chacune desquelles ils ont injecté 100 Gbit/s selon la
méthodologie WDM (Wavelength Division Multiplexing) standard. Elles ont pour cela
exploité la détection cohérente, une technique qui permet plus de précisions dans la
décomposition de la lumière que la méthode dite de détection directe

I.2 / Quelques rappels d’optique


I.2.1/ La lumière

La lumière est une onde électromagnétique, caractérisée par sa fréquence  et sa


longueur d’onde :
c

v
Où c est la célérité c = 3 108 m/s et  la fréquence en Hz.
Les ondes électromagnétiques sont constituées d’une association :
 D’un champ électrique E ,
 D’un champ magnétique B .

I.2.2/ Propagation de la lumière.

Dans un milieu transparent et homogène, la lumière se propage en ligne droite.


Les équations de Maxwell montrent que la vitesse de propagation dans une substance
1
diélectrique s’écrit : v (1) avec :    0 r et   0 r .

- 0 
1
( F .m 1 ) est la permittivité du vide,  r est la permittivité de la substance par
36 109
rapport au vide (sans dimension).
-  0  4 10 7 H / m , désigne la perméabilité absolue du vide, r est la perméabilité de la
substance par rapport au vide (sans dimension).
Ainsi dans le vide ou dans l’air nous avons :

1
 r  1 et r  1  c  3.108 ms 1 (2)
0 0

I.2.3/ Spectre de la lumière

Dans le domaine des radiations visibles, le spectre s’étend du rouge au violet, ce qui
correspond dans l’air ou dans le vide aux longueurs d’ondes suivantes :

 Rouge : 700nm
 Orange : 650nm
Jaune : 600nm
Vert : 550nm
 Bleu : 500nm
Violet : 450nm

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A chaque longueur d’onde correspond une couleur. La lumière blanche est constituée d’une
infinité de radiations lumineuses donc de couleurs.

I.2.4/ Indice optique d’un milieu isolant et transparent

Tout milieu transparent est caractérisé par son indice de réfraction (indice optique), noté : n
Son expression est donnée par la relation :
c
n (3),
v
Soit encore :
n  r  r (4)

Remarques :

Les milieux isolants (diélectriques) ont une perméabilité relative r  1 , d’où :


n  r (5)
L’indice de réfraction dans l’air est à peu près égal à celui dans le vide c- à- d n  1 . Celui de
l’eau est 1,33. Notons que l’indice de réfraction n’a pas d’unité.

I.2.5/ Lois de réflexion et de réfraction

Considérons deux milieux transparents I et II d’indices de réfraction n1 et n2


(voir la figure 1).
A la traversée de la surface séparant ces deux milieux, un rayon lumineux subit une réflexion
et une réfraction.

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Rayon incident L’angle d’incidence i et l’angle


i Rayon réfracté r sont liés par la relation
i réfléchi suivante :
n1 sin i  n2 sin r (6)
Milieu I, n1 On constate qu’une partie du rayon
lumineux est réfléchi dans le milieu
d’indice n1 , l’autre partie est
réfractée dans le milieu d’indice n2 .
L’énergie du rayon réfracté est donc
Milieu II, n2
r soustraite de celle du rayon incident.
Au bout de quelques passages, le
rayon lumineux fini par être
Rayon complètement absorbé.
Figure 1 réfracté

 . Dans ce cas, il n’y a plus


Pour n1 n2 , il existe un angle d’incidence limite IL tel que r 
2
de rayon réfracté, seul subsiste le rayon réfléchi.
Le rayon lumineux se propage alors dans la substance diélectrique sans atténuation.

I.2.6/ Détermination de l’angle d’incidence limite IL

Pour que la réflexion soit totale à l’intérieur de la substance, il faut que l’angle d’incidence

vérifie : I L  i  .
2
Dans ce cas la relation (6) devient :

 n2
n1 sin I L  n2 sin  sin I L 
2 n1
n 
d ' où I L  Arc sin  2  (7)
 n1 

or d ' après la figure 1, i   (8)
2
 
 IL    L , d ' où  L   IL (9)
2 2

II/ FONCTIONNEMENT DE LA FIBRE OPTIQUE

II.1/ Anatomie d’une fibre optique

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La fibre optique est un guide d’onde optique circulaire. Il s’agit en fait d’un cylindre de verre
qui possède des caractéristiques guidantes, c'est-à-dire qu’il guide la lumière en son cœur.
Généralement, on fabrique la fibre optique avec la silice, un matériau qui ressemble à du
verre.
La silice est un composé de silicium (Si) et d’oxygène (O) dont la formule chimique est :
Si O2 .
D’autres matériaux, comme le plastique, peuvent aussi entrer dans la fabrication de la fibre
optique.
Comme la montre la figure 2, la fibre optique est composée d’un cœur d’indice de réfraction
n1 , entouré d’une gaine d’indice n2 et d’une couche protectrice.
Contrairement à la gaine, qui provient généralement d’un matériau de qualité inférieure, le
cœur de la fibre doit être très pur afin de minimiser les pertes d’énergie par absorption.

figure2

Dans la fibre optique, le cœur et la gaine ont des indices de réfraction différents. Pour qu’il y
ait propagation de la lumière, l’indice de réfraction n1 doit être plus grand que celui de la
gaine n2 .
La lumière est donc confinée à l’intérieur du cœur.
La dimension d’une fibre optique se compare à la grosseur d’un cheveu humain et le cœur
peut avoir un rayon aussi petit que 4  m .
La couche extérieure de la fibre protège la partie guidante des facteurs environnementaux et
physique. Sa dimension se situe entre 250 et 900  m .

II.2/ Fabrication d’une fibre optique :


II.2.1/ La préforme

La fibre optique est composée de deux cylindres concentriques de silice. Elle est fabriquée à
partir d’une préforme de silice que l’on étire. La géométrie de la préforme doit respecter
parfaitement le rapport des diamètres du cœur et de la gaine ainsi que leur indices de
réfraction.
La préforme ressemble à une grosse fibre optique très courte. En l’étirant, on obtient un
cylindre beaucoup plus long, mais beaucoup plus mince.
Ainsi une préforme de 10 centimètres de diamètre et de 1 mètre de long peut former par
étirement une fibre de 150Km de long et de quelques micromètres de diamètre.

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Il existe quatre méthodes de fabrication de la préforme. Dans toutes ces méthodes, un chlorure
de silice sous forme de vapeur est oxygéné et déposé sur un substrat.
Ce dernier est un cylindre creux de silice (SiO2) pure appelé ébauche. Ce tube formera une
partie de la gaine. Comme le montre la figure 3 ce tube est monté horizontalement sur un tour
à verre.

Figure 3

Pour que le verre soit le plus uniforme possible on fait tourner le tube ébauche autour de son
axe de symétrie.
La gaine est toute d’abord complétée en déposant une nouvelle couche de silice à l’intérieur
du tube. Cette dernière doit être plus pure que la silice utilisée pour la fabrication du substrat.
Le dépôt se fait en injectant du chlorure de silicium (Sicl4) et de l’oxygène (O2) :

 Si cl4  O2  SiO2  2cl2  .

Afin d’obtenir un verre transparent, le tube est chauffé à l’aide d’une torche alimentée à
l’oxygène et à l’hydrogène. La couche de silice pure ainsi obtenue a un indice de réfraction de
1.45.
Une fois l’épaisseur voulue de la gaine est atteint on fabrique le cœur de la fibre dans l’espace
restant.
Le cœur est aussi constitué de silice, mais pour qu’il ait un indice de réfraction supérieur à
celui de la gaine il faut ajouter une faible concentration de chlorure de germanium (Gecl4 )
aux gaz précurseur.
L’oxydation de ce gaz produit de l’oxyde de germanium GeO2 suivant la réaction suivante :

Gecl4  O2  GeO2  2cl2 .

L’oxyde de germanium pur a un indice de réfraction de 1.60. Lorsqu’ une concentration C de


GeO2 est ajoutée à la silice, le verre obtenu a un indice de réfraction de valeur :

n  nS2i O2  C (nGeO
2
2
 nS2i O2 ) (10)

Pour obtenir un verre dont l’indice de réfraction est de 1.46, il suffit d’une concentration de
6,3 0 0 de GeO2 . Lorsque le dépôt des couches est terminé, la préforme est chauffée pour
amollir la silice et ainsi refermer le tube.

Remarque :

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Lorsqu’on dope la silice avec le fluor ou le bore l’indice du verre diminue. Et lorsqu’il est
dopé par l’oxyde de potassium P2O5 son indice augmente légèrement.

II.2.2/Le fibrage.

Une fois la préforme est terminée, elle est placée verticalement dans le tour de fibrage. Une
haute température est appliquée localement à l’extrémité de la tige de verre jusqu'à ce que la
silice soit remollie. La vitesse de fibrage et la température de chauffage sont des paramètres
clés lors de la fabrication de la fibre puisqu’ils déterminent son diamètre.
La dernière étape de fabrication de la fibre consiste en l’application de sa couche protectrice.

II.3/ Caractéristiques d’une fibre optique


II.3.1/ Ouverture numérique d’une fibre optique.

On appelle ouverture numérique d’une fibre optique l’angle maximum  0 que peut faire le
faisceau lumineux pour assurer sa propagation dans la fibre optique (figure 4).
Son expression est donnée par la relation :
n12  n22
O.N .  sin  0 L   (11)
n0
où :
n1 : représente l’indice de réfraction du cœur
n2 : représente l’indice de réfraction de la gaine
n0 : représente l’indice de réfraction de l’air.
En effet d’après la figure 4, nous avons :

n0 sin 0  n1 sin  (12)


i  I L (incidence limite) nous aurons : 
Si on se place dans le cas où   L   IL
2

n2

 i
0
n1

Figure 4

La relation (12) s’écrit alors :

n0 sin 0 L  n1 sin  L ,
Avec :

sin  L  sin(  I L )  cos I L .
2

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Or nous avons démontré au paragraphe I.2.6 que :

n2 n22
sin I L   cos I L  1 
n1 n12

n22 n12  n22


d ' où n0 sin 0 L  n1 1  2  n12  n22  sin 0 L 
n1 n0

Remarques :

Tout rayon d’entrée situé dans le cône de demi-angle au sommet  0L va se propager dans le
cœur par réflexion totale : on a affaire aux rayons guidés.
Tout rayon en dehors du cône va se réfracter à l’interface et sera perdu dans la gaine optique
et éventuellement dans l’enveloppe protectrice.
Une grande ouverture numérique permet de coupler une grande quantité de la lumière issue
d’une source assez divergente (diode DEL).

II.3.2/ Vitesse de phase et vitesse de groupe de l’onde


II.3.2.1/ Vitesse de phase

C’est par définition la vitesse de propagation de la phase, son expression est :


c
v  (13)
n1

II.3.2.2/ Vitesse de groupe

Elle est définie comme étant la vitesse de propagation de l’énergie. C’est aussi la
vitesse à laquelle se propage une impulsion lumineuse dans la fibre. Son expression est
donnée par la relation :

c
vg  v cos   cos  , avec 0   L (14)
n1

Remarques
La valeur minimale de la vitesse de groupe est obtenue lorsque :
c n
   L  vg min  cos  L  c 22 (15)
n1 n1
c
La valeur maximale de la vitesse de groupe est obtenue pour   0  vg  (16)
max
n1

II.3.3/ Différence relative des indices de réfraction 

Par définition, la différence relative des indices de réfraction est donnée par la
relation :

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n12  n22  n1  n2  n1  n2 
 
2n12 2n12
pour n1  n2  n1  n2  2n1
n1  n2
; (17)
n1

La différence relative des indices  s’exprime en 0 0 , en général :  0


0 < 1 00
 0 n1  n2 
 0  100  .
 n1 
L’ouverture numérique s’écrit dans ce cas sous la forme suivante :
n n12  n22 n1
O.N .  1  O.N .  2 (18)
n0 n12 n0

II.3.4./ Mode de propagation

Un mode de propagation correspond à un rayon lumineux possédant une


inclinaison donnée. D’après la loi de Fresnel, un rayon lumineux comprend un nombre fini
de faisceaux.
Dans une fibre optique, les rayons dont l’inclinaison
  L , seront perdus par réfraction dans la gaine optique. A chaque mode de propagation
on associe un angle  n dont la valeur est comprise entre 0 et  L .

II.3.5./ Paramètre de dispersion intermodale

Considérons une fibre optique de longueur L.


c
Dans cette fibre, le mode le plus rapide se déplace à la vitesse vg  ,  le temps de
max
n1
déplacement de ce mode est minimal, et sa valeur vaut :
L n1
tmin  L (19)
vgmax c
n2
Le mode le moins rapide se déplace à la vitesse vg  c ,  le temps de
min
n12
déplacement de ce mode est maximal et sa valeur est :
L L n2
tmax  
vgmin c n12 .

L’écart de temps entre le mode le plus rapide et le mode le plus lent vaut :

L n1
t  tmax  tmin   n1  n2  (20)
c n2

II.3.6 / Produit bande passante longueur

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II.3.6.1/ Bande passante(B.P.)

La bande passante est définie comme étant la quantité que l’on peut transmettre sur
un support pendant un intervalle de temps, on l’exprime en bits par seconde (bps).
Mais elle désigne aussi la longueur de l’intervalle de fréquences utilisables sur un support,
elle s’exprime alors en Hertz (Hz).

On montre que la bande passante d’une fibre optique s’écrit sous forme :

1 c 1
B.P.   (21)
2t 2 L n ( n1  1)
1
n2

L’usage veut qu’on exprime la bande passante en Mhz par km.

II.3.6.2 / Produit B.P.*L

De l’expression de la bande passante nous déduisons que :

c 1
B.P.* L  (22)
2 n ( n1  1)
1
n2

On constate que le produit de la bande passante par la longueur de la fibre est constant.

II.3.7 / Dispersion intermodale

La dispersion intermodale Di est l’élargissement temporel maximum  d’une


impulsion par unité de longueur de la fibre. Son expression est donnée par la relation
suivante :

 tmax  tmin 1 n12 n


Di    (1  2 )  ps / km  (23)
L L c n2 n1

Or, puisque n1 ; n2 , la relation précédente s’écrit sous forme :


1 n12 n1
Di    . (24)
c n2 c

A l’entrée de la fibre optique, on envoie une impulsion lumineuse infiniment étroite (Dirac).
Cette impulsion excite tous les modes de propagation de la fibre ( 0  n  L ).

A la sortie de la fibre, on constate que l’impulsion s’est élargie dans le domaine temporel.
C’est le phénomène de dispersion intermodale.
Si on envoie dans le guide d’onde des impulsions lumineuses qui correspondent à la
transmission d’un signal numérique (ex : 101), en sortie de guide d’onde ces impulsions vont
se déformer (figure 5).

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Si la durée Tb séparant 2 impulsions est suffisamment brève, les signaux se recouvrent en


sortie rendant le décodage impossible.
Il faut dans ce cas augmenter la période du signal numérique  le phénomène de dispersion
modale se traduit par une limitation de la bande passante du guide d’onde.

Mode plus rapide

Figure 5
Mode
plus
lent

. Tp Tp+Tb Tp+2Tb t
0 Tb 2Tb t
1 0 1

II.3.8/ Longueur d’onde de coupure

Le guidage du mode varie avec la longueur d’onde de la manière suivante :


- Aux grandes longueurs d’ondes le mode est guidé.
- Aux courtes longueurs d’ondes, le mode est guidé mais des modes d’ordre supérieur
sont guidés aussi.
La longueur d’onde de coupure est celle au dessus de laquelle la fibre devient monomode.
Son expression est donnée par :

2
c   a  O.N . (25)
2, 405
Où :
a : rayon du cœur,
O.N. : ouverture numérique de la fibre.
En introduisant la différence relative des indices de réfraction on obtient :

2 a
c   n1 2 . (26)
2,405

En dessous de c , le mode fondamental perd de l’énergie au profil des modes supérieurs.

II.3.9./ Atténuation

La mesure d’atténuation spectrale consiste à mesurer l’affaiblissement de la fibre sur une


plage de longueur d’onde (figure 6).

II.3.9.1/ Fenêtre de transmission

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On distingue les 3 fenêtres de transmission suivantes :

 La première fenêtre de 800 à 900 nm :


Pour cette fenêtre l’atténuation est élevée, elle est voisine de 3 dB / km. (Diode LED).
Cette fenêtre n’est utilisée qu’en multimode.
 La deuxième fenêtre s’étend de 1280 à 1330 nm :
Pour cette fenêtre l’atténuation est raisonnable et est de l’ordre de 0,33 dB / km.
La dispersion chronique est nulle (Lasers). Cette fenêtre est largement utilisée.

 La troisième fenêtre de 1525 à 1625 nm :


Elle est constituée de deux sous bandes :
- sous bande C de 1525 à 1565 nm
- sous bande L de 1565 à 1625 nm.
C’est la fenêtre de choix pour quasiment toutes les applications modernes.

II.3.9.2/ Atténuation linéique

Lorsqu’on injecte à l’entrée d’une fibre optique une puissance Pe  P(0) sous forme d’une
onde électromagnétique, cette puissance décroît avec la longueur L de la fibre optique en
fonction de l’atténuation linéique   dB / km  , et à la sortie, on récupère la puissance :

  L 
 
Ps  P  L   P  0 10 10 
(27)

L’atténuation linéique en (dB/Km) est définie par la relation :

1 P 10 P  0
 10  log e  log (28)
L Ps L P  L

Figure 6

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II.3.9.3/ Causes d’atténuation

Les causes des pertes dans les fibres optiques sont multiples, on distingue par
exemple :

* L’absorption par les impuretés


L’ion OH- qui est le principal polluant des fibres de silice, occasionne un maximum
d’atténuation vers 1430 nm.
 La diffusion Rayleigh

Cette diffusion est d’autant plus grande que la longueur d’onde est courte (avec une
1
variation en 4 ), ce qui explique que les communications optiques soient dans

l’infrarouge.

 Les courbures

Un rayon totalement réfléchi dans un guide droit, peut s’échapper par réfraction lorsque
le guide est courbé.

II.4/ DIFFERENTES TYPES DE FIBRES OPTIQUES.

Suivant les dimensions du cœur et les valeurs des indices de réfraction n1 et n2 ,


2 a
et en utilisant la relation suivante V   n12  n22 , (29)

dans laquelle  représente la longueur d’onde de la lumière utilisée, V est la fréquence
normalisée et a le rayon du cœur, on peut classer les fibres optiques en deux catégories.

 Si V 2, 4  la fibre ne comporte qu’un mode de propagation, elle est appelée


fibre monomode

 Si V 2, 4  la fibre est appelée multi mode et se divise en deux sous catégories :


- Fibre optique multi mode à saut d’indice
- Fibre optique multi mode à gradient d’indice.

II.4.1/ Fibre optique monomode (figure 7)

Le diamètre du cœur de cette fibre est inférieur à 10  m de telle sorte que le parcours de la
lumière devient presque longitudinal.
Le diamètre de la gaine est compris entre 50  m et 125  m . Ce type de fibre nécessite une
source de lumière quasiment monochromatique (diode laser).
Notons qu’une diode laser est un composant optoélectronique à base de matériaux semi-
conducteurs.
Elle émet de la lumière monochromatique cohérente (une puissance optique) destinée, entre
autres, à transporter un signal contenant des informations (dans le cas d’un système de
télécommunications) ou à apporter de l’énergie lumineuse pour le pompage de certains lasers
(lasers à fibre, laser DPSS) et amplificateurs optiques (OFA, Optical Fiber Amplifier). La
diode laser est un composant essentiel des lecteurs et graveurs de disques optiques, dans ce

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cas elle émet le faisceau lumineux dont la réflexion sur le disque est détectée par une
photodiode ou un phototransistor.
Elle trouve également son application dans les dispositifs électroniques de mesure de distance,
de vitesse, de guidage et de pointage précis.

La fibre optique monomode a une bande passante pratiquement infinie (en théorie) mais
requiert des composants chers et des tolérances faibles  elle est devenue la solution
universelle des systèmes de télécommunications.

r
n( R )
n2
n1
a
n1 0 n2

0
a r R

Figure 7

II.4.2/ Fibre optique multi mode à saut d’indice

C’est un guide d’onde dont le diamètre du cœur est grand devant la longueur d’onde.
L’indice de réfraction varie brusquement quand on passe du cœur à la gaine.
Comme le montre la figure 8, le guidage de la lumière se fait suivant des lignes brisées.
Le diamètre du cœur peut atteindre quelques centaines de  m , le diamètre de la gaine est
supérieur mais de même ordre de grandeur.

n(r )
R n1
a
0
n2

0 a R r
Figure 8

II.4.3 / Fibre optique multi mode à gradient d’indice

L’indice du cœur de la fibre diminue suivant une loi parabolique depuis l’axe
jusqu'à l’interface cœur – gaine. Comme le montre la figure 9, le faisceau lumineux suit une

15
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

trajectoire curviligne. Il change de direction brusquement lors du rebond ce qui diminue les
pertes.
Le profile d’indice de cette fibre peut être obtenu en variant la concentration en dopant lors de
la fabrication de la préforme.
L’expression de l’indice de réfraction en fonction de r est :
 r 
n 2 (r )  n 2 (0) 1    ( )  , (30)
 a 
avec
n(r )  n(a) pour r  a et n2 (0)  n 2 (a) .

2n2 (0)

n (0) : représente l’indice de réfraction au centre de la fibre soit n(0)  n1 ,


n( a ) : Indice de réfraction de la gaine (n(a)  n2 ) ,
a : rayon du cœur de la fibre,
 : Paramètre de profil d’indice,   2 , d’où :

 n12  n22 r 2 
n (r )  n 1 
2 2
1 2
( ) . (31)
 2 n1 a 

Figure 9
Conclusion :

La comparaison entre les performances des deux types de fibres optiques ainsi que la
comparaison entre les différentes fibres optiques est représentée sur les tableaux I et II

Tableau I : comparaison entre les performances des deux types de fibres optiques

Fibre monomode Fibre multimode


Faible dispersion Forte dispersion
Connexion délicate Connexion facile
Faible atténuation Forte atténuation
Haut débits Réseaux locaux
Longue distance

16
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

Tableau II : comparaison entre les différentes fibres optiques.

Caractéristiques Fibre Fibre multi mode à saut Fibre multi mode à


monomode d’indice gradient d’indice
Diamètre du coeur 8 à10  m 100 m p  p 600 m 50  m
p  p 100 m
Diamètre de la gaine 125  m 140  m p  p 1000  m 125 m p  p 150 m
Indice du cœur Constant ou constant Décroît du centre
décroissant vers la gaine
Ouverture numérique Très faible 0,30 0, 20 à 0, 27
Bande passante >10 Ghz 20 à 100 Mhz 200 à 1200 Mhz

Caractéristiques Fibre monomode Fibre multi mode à Fibre multi mode à


saut d’indice gradient d’indice
Affaiblissement
-Fenêtre à 850 nm …………… 3 à 20 dB/ Km 2,5 à 4 dB / Km
-Fenêtre à 1330nm 0,3 à 0,5 ……………. 0,6 à 1,5 dB / Km
dB/ Km
-Fenêtre à 1550nm 0,156 à 0,3 …………… ………………..
dB / Km

17
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

CHAPITREII

ETUDE DES DIFFERENTES DISPERSIONS

I/ DISPERSION CHROMATIQUE
I.1/ Temps de groupe

Lors de l’excitation d’une fibre à gros cœur par une impulsion, l’énergie lumineuse
de celle-ci se répartit sur un grand nombre de rayons qui se propagent suivant des chemins
optiques différents le long de la fibre.
Pour une fibre à saut d’indice, la longueur de ces trajets dépend des angles d’incidences i des
rayons à l’interface cœur gaine.
Chaque rayon Ri est associé à un angle ii et à un mode M i .
Un mode M i est une répartition transversale d’énergie, invariante par translation axiale, qui
résulte de l’interférence des modes associées au rayon Ri .
Le temps de groupe, ou délai de groupe t g est définie comme étant le temps nécessaire pour
qu’une impulsion se propage dans une fibre de longueur L. Son expression est :
L
tg  (32),
vg
Où v g , la vitesse de groupe associée, est définie par :

 d 
vg    (33),
 d 

Avec  la pulsation et  , la constante de propagation axiale, projection sur l’axe de


propagation du module du vecteur d’onde k dont la définition est la suivante :

2
k  n1 k0  n1
 (34)

k est le vecteur d’onde dans le vide, et


  k0 n1 cos   n1 cos  (35)
c
Si on travaille à une pulsation  autour de 0 , on peut déterminer t g par son développement
limité :

18
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

 d    d 2  
t g  L       0     (36)
 d   0  d   0 
2

Tel que :

 le premier terme est une constante pour un mode donné, mais change d’un mode à
l’autre ; on l’appelle la dispersion intermodale que nous avons déjà vu (paragraphe
II.3.7).

 le deuxième terme représente la dispersion chromatique due aux différents temps de


propagation des composantes spectrales de l’impulsion.

I.2/ DISPERSION CHROMATIQUE

Dans les fibres optiques monomodes dont le profil est à symétrie de révolution, la
dispersion chromatique est la cause principale de l’élargissement des impulsions.
Avant de commencer l’étude de cette dispersion, il est commode de définir certains
termes.
1/ On appelle indice de groupe N, le rapport défini la relation :

c d
N c
vg d (37).


En introduisant dans la relation (37) l’expression de l’indice effectif ne  , nous
k0
obtenons l’expression finale de l’indice de groupe N :

dne
N  ne  k0 (38).
dk0
En effet,
d  k0 ne  d  k0 ne  dk0
N c c 
d dk0 d
 dn  dk  dk dk dn 
  k0 c e  cne   0   ne c 0  ck0 0 e 
 dk0  d  d d  dk0 

Or comme
 dk0 d  dc d  dk0 k0 1
k0      , d ' où  
c k0  c  d  c
Soit :
dne
N  ne  k0 .
dk0

19
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

Le temps de groupe devient par conséquent :

L L d L 2 d 
tg     
vg c  2  2 c d  (39).
d 
  

L’allongement temporel  est définie par :


dt g
   (40), avec  est la largeur spectral de l’impulsion.
d
La dispersion chromatique Dchrom. peut alors se définir par la relation suivante :

 d 
dL 
 1 dt g
1 d 1 d
dt g  d 
Dchrom         
L L d  L d d  L d  d
(40)
1
d 
d d 2
    d    2 c  d    2 c  
2 2
Dchrom    2 c 
d  d 2 d d 2  2 d 2 2 0

dt g
En introduisant la relation   k0 ne et la relation (39) dans la relation Dchrom  1  , nous
L d
obtenons :
 d 2 ne
Dchrom  
c d2 (41).

L’unité de Dchrom. est (ps nm-1km-1).

Dchrom. Figure 10 : Dispersion chromatique d’1 fibre


standard

Dispersion normale, dispersion Dispersion anormale, dispersion


négative : le rouge va plus vite positive : le bleu va plus vite que
que le bleu.  0 f 0 le rouge.  0 p 0

800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700   nm 
1 b r 1 r b
2 1 2 2 1
2
20
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

La démonstration de la relation (41) se fait de la façon suivante :

1 dt g 1 2 d 2  d 
Dchrom    
L d 2 c d  c d
2 ,

Or :

2 d 2 2 dne
  ne k0  ne    2 ne 
 d   d
Et
d 2 2 dne 4 2 d 2 ne 2 dne
 2  n   .
d2  d 3 e  d 2  2 d
d d 2
Soit en substituant et par leurs expressions :
d d2

  2 2 dne 
Dchrom    n  
 c   2 e
 d  
 2  2 dne 4 2 d 2 ne 2 dne 
  ne  
2 c   2 d   3  d  2  2 d  
 d 2 ne

c d2

En première approximation, la dispersion chromatique apparaît comme la somme de la


dispersion du matériau Dmat et de la dispersion du guide Dguide .

Dchrom  Dmat  Dguide

I.2.1 / Dispersion du matériau

La constante de propagation d’un mode dans une fibre optique est donnée par la relation :

2
  ne k0  ne
 (42)

Avec : n2 ne n1

21
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

Le mode étant principalement confiné dans le cœur de la fibre d’indice n1 proche de ne . On


supposera par la suite que :

 ( )  k0 n1 ( ) (43)

La dépendance de l’indice de réfraction de la silice pure, qui constitue le matériau de base des
fibres optiques utilisées dans les systèmes de télécommunication, en fonction de la longueur
d’onde est représentée sur la figure11.
Le temps de transit d’une onde pour parcourir une fibre optique de longueur L est tel que :

L d  d
tmat  L ,
vg d  d
Avec :
d 2 2 dn1
  2  n1  
d   d
et
d 2 c 2 c
 2 (Puisque   ).
d  

L dn1 
tmat  n  
D’où :
c  d  
1

n ( )

1.456
1.454
1.452
1.450
1.448
1.446
1.444
1.442
1.440

0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8  (  m)

Figure11 : Evolution de l’indice de réfraction de la silice pure en fonction de la longueur


d’onde.

L’allongement temporel de l’impulsion (ou étalement impulsionnel) est défini par la relation :

22
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

dtmat L  dn dn d 2 n1 
 mat      1  1     ,
d c  d d d 2 

 L d 2 n1
D’où :  mat    2   (45)
c d
La dispersion du matériau est définie par la relation :

 mat
Dmat  (46).
L

En tenant compte de (45) l’expression de la dispersion du matériau devient :

 d 2 n1
Dmat  (47)
c d2

L’unité de Dmat est : ps.nm-1.km-1.

I.2.2/ Dispersion du guide

d
Le temps de transit t g s’écrit sous la forme : t g  L avec l’hypothèse que
d
dn1
n1    soit une constante, donc  0 . On élimine ainsi la dépendance de l’indice de
d
réfraction du matériau en fonction de la longueur d’onde.
La fréquence spatiale normalisée V est définie par la relation :

V 2  a 2 k02 n12  n22   U 2  W 2 (48)


Dans laquelle :
- U est la constante de propagation transversale normalisée dans le cœur.
Son expression est :

U a n k
2 2
1 0 2  (49)
- W est la constante de propagation transversale normalisée dans la gaine.
Son expression est :

W a  2
 n22 k02  (50)

La constante de propagation normalisée b est donnée par la relation suivante :

23
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

 n
U2 k0 2
b  1 2 ; (51)
V n1  n2
En effet :

 2 2  2 2
a 2    2  n12 k02   n1  2   2  n2 
 1   2 02    02 
k k
b  1
a 2 k02  n12  n22   n1  n2   n1  n2 
2

,
   
  n2    n2   n2
b  k0   k0  ;
k0
 n1  n2  n1  n2  n1  n2
Puisque


 ne n1 .
k0

On peut donc faire une approximation de  par :

 ; k0 n2  b  n1  n2  . (52)

Par conséquent, le temps de transit t g peut s’écrire tel que :


L d L d
tg     k0  n2  bn1   ,
c dk0 c dk0 
n1  n2
où :  
n1
Comme
dn1 dn2 d  L d  bk0  
   0  t g   n2  n1 . (53)
dk0 dk0 dk0 c dk0 

En introduisant la fréquence spatiale normalisée V ( V  ak0 n1 2 ), la relation (53)


devient :

L d V .b  
tg   n2  n1  (54)
c dV 

L’évolution du temps de groupe t g en fonction de la longueur d’onde est représentée sur la


figure 12.
24
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

t g ( ns )

30

2
1
20

10

0
1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0   m

Figure 12 : Evolution du temps de groupe en fonction de la longueur d’onde

(1) : Fibre optique optimisée à 1310 nm.


(2) : Fibre optique optimisée à 1550 nm.
L’étalement de l’impulsion  g est défini par :

dt g V dt g
g         (56)
d  dV

En tenant compte de la relation (55), l’expression de l’étalement de l’impulsion devient :

V .L.n1. d 2 V .b 
g    (  )  (57)
.c dV 2

En introduisant la relation (57) dans (48) on obtient l’expression suivante de la dispersion du


guide :

g n1. d 2 V .b 
Dguide   V  (58)
L. c. dV 2

L’unité Dguide est  ps /  nm.Km  .


A partir des relations (47) et (58), on définie la dispersion chromatique par :

25
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

 d 2 n1 .n1.V d V .b 
2

Dchrom  Dmat  Dguide    (59)


c d2 c. dV 2

Notons que tout au long du calcul, les termes croisés de la dispersion ont été négligés.
Les relations (40), (41) et (59) sont trois expressions différentes exprimant le même
paramètre : la dispersion chromatique.

I.3/ Technique de contrôle et de compensation de la dispersion chromatique

Les réseaux de télécommunication installés utilisent des fibres optiques optimisées à 1310nm,
longueur d’onde pour laquelle la dispersion chromatique est nulle, mais qui travaillent à
1550nm, longueur d’onde pour laquelle elles présentent une dispersion chromatique de
l’ordre de 17 ps/nm.Km.
Pour garantir des débits de communication importants, il faut donc compenser cet étalement
temporel (dispersion chromatique) par l’introduction au sein du réseau, de systèmes actifs ou
passifs.
Pour la fibre standard de mode simple (SSMF) la distance de transmission à 1550nm est
limitée à moins de 100 Km pour des réseaux fonctionnant à un débit de 10Gbit/s.
Pour les systèmes WDM ayant le même débit mais des distances plus grandes, on doit
compenser à la fois la dispersion chromatique et sa pente.
Il en est de même pour les lignes dont le débit est de 40Gbit / s ou plus.
Il existe deux approches pour combattre les effets de la dispersion chromatique. La première
est d’utiliser des fibres avec des dispersions réduites et correspond au cas où l’on doit installer
un nouveau réseau et donc de nouvelles fibres optiques.
La seconde est de créer des modules compensateurs de dispersion chromatique lors de la mise
à jour des lignes de transmission.

II. / DISPERSION DE POLARISATION


II.1/ Dispersion de polarisation

Le mode fondamental d’une fibre optique monomode  LP01  est composé de deux
modes électromagnétiques dégénérés caractérisés par deux directions de polarisation
perpendiculaires (figure 13). Dans une fibre monomode « idéale », ces deux modes, notés
y
LP01x et LP01 , se propagent à des vitesses identiques.

Les modes LPlm présentent une dégénérescence d’ordre 2 si l  0 . Cette


dégénérescence est d’ordre 4 si l  0 . La figure 14 illustre le cas du mode antisymétrique LP11 .
En guidage faible, les modes LPlm sont des combinaisons de modes exacts (TE, TM et HE) ou
(HE et EH), sur la figure 15 est représenté un exemple d’une telle combinaison. Il en résulte
aussi que les modes exacts sont en première approximation des combinaisons des LPlm
polarisés le long de x et y ainsi que le montre la figure 16.

26
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

Figure 13 :
Représentation des
modes dégénérés du
mode  LP01 
LP01x
LP01y

Figure 14 : représentation des modes dégénérés du mode LP11 . Sa dégénérescence


est d’ordre 4

TE01 HE21 LP11

+ =

Figure 15 : Exemple de décomposition d’un mode LP sur la base


des modes exacts

27
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

LP11 LP11 TE01

+ =

Figure 16 : Exemple de décomposition d’un mode exact sur la base des


modes LP

Lorsque la fibre présente une biréfringence, qui peut être due à des contraintes (élongation,
courbures, micro courbures, …), on observe une levée de dégénérescence des constantes de
propagation entre les deux modes. Les deux composantes du mode se propagent alors à des
vitesses différentes.
La propagation simultanée dans la fibre de ces deux modes de polarisation introduit un
phénomène de dispersion dite de polarisation.
On peut définir la variation de constante de propagation comme étant :

   x   y (60)

Avec  très petite devant les constantes de propagation  x et y . On exprime également la
2 
longueur de battement LB par : LB   (61).
 y   x n

La longueur de battement est définie comme la longueur de propagation après laquelle chaque
état de polarisation se retrouve identique à lui-même.
Le concept de dispersion de polarisation est plus difficile à appréhender que celui de
dispersion chromatique du fait du couplage aléatoire des modes de polarisation.
Ce phénomène rend nécessaire une analyse statistique de la dispersion de polarisation avec
comme conséquence immédiate le fait que la valeur obtenue (en picoseconde) n’est qu’une
valeur moyenne. Celle-ci dépendant de tous les paramètres extérieurs (température, pression,
contrainte etc..), il est généralement admis que cette valeur fluctue au cours du temps et suit
une loi de probabilité de Maxwell Boltzmann. Pour la métrologie, ceci induit que toute
mesure effectuée devra être moyennée dans le temps.
Cette dispersion est faible, de l’ordre de quelques dixièmes de ( ps/ Km ) , pour une fibre
monomode standard.

II.2 / NOTION DE MODE GUIDE

Les ondes planes associées aux rayons totalement réfléchis interfèrent. Parmi tous les
angles d’inclinaison  , certains correspondent à une condition de phase qui construit une

28
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

interférence identique tout le long de l’axe z. Ce sont les modes guidés. Il y a donc un nombre
limité de modes guidés.

II.2.1/ Définition d’un mode

La fibre optique est un guide d’onde caractérisé par son profil d’indice n  r  invariant le
long de l’axe de propagation z. le champ électromagnétique obéit aux équations de Maxwell.
A une fréquence v   , on cherche les modes, c’est-à-dire les solutions sous la forme
2
séparable :

E  e ( r ,  ) e i (  z  t ) et H  h  r ,   ei (  z t ) , (62)

 
où e , h est la distribution d’amplitude du champ électromagnétique dans le plan de section
droite  r ,   tels que définis sur la figure 17, z est l’axe de la fibre et est la constante de
propagation du mode.

r

Figure 17 : système de coordonnées cylindriques  r ,  , z 

Selon les conditions aux frontières, on distingue deux types de modes :


1/ un mode guidé si le champ électromagnétique s’annule à l’infini  le spectre des modes
guidés est discret.

2/un mode rayonné ou mode de radiation si le champ électromagnétique ne s’annule pas à


l’infini. Les modes de radiation appartiennent à un continuum.

Les modes sont caractérisés par deux indices v et m reliés respectivement aux dimensions
r et  . L’indice m appartient à un spectre discret si le mode est guidé. L’ensemble des
modes guidés et rayonnés forme une base orthogonale sur laquelle tout champ peut être
décomposé.
Il en résulte que la puissance totale transportée est la somme des puissances transportées par
chaque mode.

II.2.2/ Approximation scalaire.

29
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

Dans le cas général les équations sont vectorielles et les solutions modales peuvent, ou
non, avoir des composantes longitudinales.
Les modes qui n’ont pas de composantes longitudinales de champ électrique sont les modes
transverses électriques TEvm , de même il existe des modes transverses magnétiques TM vm .
Les autres modes sont hybrides, c’est-à-dire qu’ils ont des composantes électriques et
magnétiques transversales et longitudinales. Ces modes sont notés : HEvm et EH vm .
Le saut d’indice n d’une fibre optique est ordinairement de quelques millièmes.
Dans ce cas particulier où les indices du cœur et de la gaine sont voisins on parle d’un
guidage faible, et on peut se contenter d’une approximation scalaire (sans égard à la
polarisation). Les solutions sont transverses électromagnétique (TEM) c’est-à-dire que les
composantes longitudinales sont, dans cette approximation, nulles.
Pour la plupart des études, cette approche simplifiée est suffisante d’autant plus que l’on peut
compléter le calcul scalaire par un calcul perturbatif pour tenir compte des corrections de
polarisation.
Dans le cadre de l’approximation scalaire les champs modaux sont polarisés linéairement et la
notation LP le rappelle. On note par la suite E une composante linéairement polarisée du
champ électrique ( E x ou E y ).

II.2.3/ Exemple : Cas d’une fibre optique à saut d’indice

Lorsqu’on a affaire à un guide homogène par morceau l’équation d’onde scalaire est
valable, en guidage faible, dans chaque couche et pour chaque composante du champ
électrique (ou magnétique). On peut donc écrire :

1 2E c
E  0 , v . (63)
v 2 t 2 n

Si on cherche un mode, c à d une solution de type : E  e  r ,   e


i (  z t )
on doit résoudre
l’équation de Helmholtz :
 
t e  k02 n2   2 e  0 (64)

-  t est le Laplacien transverse d’expression en coordonnées cylindriques :

2 1  1 2
t    (65)
r 2 r r r 2  2

- n  n( r ) est l’indice de réfraction de chacune des couches.


- k0 est le vecteur d’onde dans le vide :
2 
k0   .
 c

30
Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

De plus, on cherche les solutions telles que la partie transversale du mode se sépare en partie
radiale et partie azimutale :

cos l
e  r ,     (r )     (r )  cos l er  sin l e  , (66)
sin l

Avec l entier positif ou nul qui donne le nombre de zéro azimutaux du champ.
Ainsi lorsque l  0 , les modes n’ont pas de dépendance azimutale et sont donc à symétrie
circulaire. D’une façon générale, on doit résoudre l’équation :

 2 1  l 2
  2    k02 n 2   2   0 (67)
r 2
r r r

une équation différentielle de Bessel si  k0 n ou de Bessel modifiée si  k0 n .


Supposons maintenant que la fibre est constituée de deux couches : le cœur d’indice n1 et de
rayon a et la gaine optique d’indice n2 et de rayon infini. Avec les conditions aux limites à
l’infini ( r   ) et à l’interface cœur gaine (r = a), on trouve les solutions pour un mode
guidé :
r
J l (U . )
 (r )  a (68) dans le cœur ,
J l (U )

r
kl (W . )
 (r )  a
(69) dans la gaine optique.
kl (W )

Où J l est une fonction de Bessel et k l une fonction de Bessel modifiée d’ordre l , U et W


sont des paramètres modaux liés à la constante de propagation par les relations :


U 2  a 2 k02 n12   2  (70)

W 2  a2  2
 k02 n22  (71)
De telle sorte que :
U 2 W 2  V 2 (72)

V est la fréquence normalisée (paramètre du guide).

III / LES DIFFERENTS TYPES DE FIBRE MONOMODE ET LEURS


CARACTERISTIQUES

L' UIT-T a dans un premier temps normalisé la fibre monomode G-652 (fibre à dispersion
non décalée) qui compte plus de 80 millions de Km de fibres installées dans le monde, puis la
fibre monomode G-653 (fibre à dispersion décalée, notamment utilisée dans les câbles sous-
marins).

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Cours de transmission par fibre optique Pr. Abdelkrim Farkhsi

Ainsi est née, sous la spécification G-655, la fibre NZDF (Non Zero Dispersion Fiber), fibre à
dispersion non nulle, utilisée aujourd'hui dans les infrastructures terrestres et sous-marines
longue distance.
Plus récente, la fibre G 657 supporte de très faibles rayons de courbure ce qui est utile pour
réaliser le câblage notamment à l'intérieur des bâtiments. On trouve deux catégories de cette
fibre, la A et la B, mais seule la fibre G 657 A est compatible avec la G 652.

Type de fibre monomode G 652 G 653 G 655 G 657


Année de mise en service 1983 1985 1994 2005
Longueur d’onde de coupure en nm 1310 1550 1550 1260-
1625
Affaiblissement pour 1285    1330 nm (dB/km) 0,4 0,5 0,5 0,35
Affaiblissement à 1550nm (dB/km) 0,25 0,25 0,25 0,21
Dispersion chromatique à 1285    1330 nm (ps/nm.km) 3,5 23 23 3,5
Dispersion chromatique à 1550nm (ps/nm.km) 19 3,5 3,5 18
Dispersion du mode de polarisation en ps/kmp1/2 0,5 0,5 0,5 0,2

Lucent Technologies, après avoir déjà conçu une fibre G-655 "TrueWave" garantissant
l'homogénéité des performances de ce type de fibre dans la bande 1528-1565 nm, a réalisé
une fibre optique "All Wave" capable de fonctionner sur une large étendue du spectre de
lumière, à savoir : 1300 nm - 1400 nm - 1550 nm (fenêtre pour le WDM) - 1620 nm, en
utilisant un nouveau procédé breveté de purification permettant d'éliminer les molécules d'eau
résiduelles dans le coeur de la fibre, molécules d'eau qui rendaient inutilisables les fibres dans
certaines zones du spectre optique.
Le tableau suivant compare les distances maximales autorisées par les fibres G 652 et G 655
du fait de la dispersion induite pour différentes valeurs du débit de transmission :

\ Débit 2,5 Gb/s 10 Gb/s 40 Gb/s


Type de fib \
Fibre standard G 652 1000 km 60 km 3 km
True Wave G 655 6000 km 400 km 25 km

A l'opposé, il existe des fibres optiques en plastique, à bas coût et à faibles performances,
utilisées en milieu local perturbé, par exemple, pour réaliser les circuits de commande-
contrôle dans un avion ou dans un métro.

IV/ LIGNE DE TRANSMISSION A FIBRE OPTIQUE

IV.1/ INTRODUCTION

Trois éléments sont essentiels pour utiliser la fibre comme moyenne de transmission :

 Emetteur : diode laser


 Support de transmission : fibre optique
 Récepteur : photodétecteur

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De façon très schématique, le laser convertit un signal électrique issu d'un appareil de
communication (téléphone, ordinateur,...) en un signal optique. Ce signal optique est
acheminé par la fibre jusqu'au détecteur qui fait l'opération inverse du laser, c'est à dire qu'il
convertit un signal optique en un signal électrique.

IV.2/ COMPARAISON DES DIFFERENTS SUPPORTS

Paires
Support Coax Ondes radio Infra rouge Fibres optiques
torsadées
Propagation guidée guidée libre/dirigée dirigée guidée
silice,
Matériau cuivre cuivre
polymères
B.P. KHz-MHz MHz GHz GHz THz
forte avec Pb
Atténuation forte variable très faible
fréquence obstacles
Sensibilité
forte faible forte forte nulle
perturbations EM
Confidentialité limitée correcte nulle relative élevée
Transport
oui oui non non expérimental
d'énergie
Coût interface très faible faible assez faible moyen élevé
Coût support très faible élevé nul nul élevé
téléphone,
réseaux bas Télécomma
réseaux
et moyens mobiles, nde, hauts débits
locaux haut
Applications débits, satellites, communica longues
débits,
hauts débits hertzien tions distances
vidéo
courtes «indoor»
distances

IV.3/ EVOLUTION DE LA CAPACITE DE TRANSMISSION

L’augmentation de la capacité de transmission des fibres optiques a été rendu possible grâce à
des avancées technologiques marquantes telle que :

 La fibre monomode à faibles pertes


 Les fibres à dispersion décalée
 Les diodes laser fonctionnant à 1.55µm
 L’amplificateur à fibre
 Technique du wdm

On a réussi à faire coïncider le minimum d'atténuation et le minimum de dispersion des fibres


(grâce aux fibres à dispersion décalées) autour de 1550nm et il se trouve que cette valeur
correspond approximativement au milieu de la bande de gain de l'amplificateur à fibre dopée
à l'Erbium.

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CHAPITRE III

TECHNIQUES DE TRANSMISSION

Le principe du WDM (Wavelength Division Multiplexing) ou multiplexage en longueur


d'onde est d'acheminer plusieurs longueurs d'ondes sur une même fibre, chaque longueur
d'onde correspondant à un canal de transmission. Chaque laser est modulé par un canal
comprenant un signal à émettre, chaque laser émet une longueur d'onde différente. Le
multiplexeur (MUX) se charge d'injecter les différentes longueurs d'ondes dans la fibre et le
démultiplexeur (DEMUX) fait l'opération inverse.

I/ LE MULTIPLEXAGE EN LONGUEUR D'ONDE (WDM)

I.1/ Principe

Le multiplexage en longueur d'onde (Wavelength Division Multiplexing, WDM), consiste


à envoyer dans une seule fibre N porteuses optiques à différentes longueurs d'onde
transmettant chacune un débit Db. Ce n'est plus l'axe du temps qui est découpé en périodes
pour chaque utilisateur mais la bande passante. Et chaque sous-bande est affectée à une voie
(Figure III-1). Ainsi plusieurs transmissions peuvent être faites simultanément, chacune sur
une bande de fréquences particulières (Figure III-2). Ce procédé est encore appelé
multiplexage en fréquence (Frequency Division Multiplexing, FDM). Ces deux termes
recouvrent la même notion, mais par habitude, on parle de multiplexage en longueur d'onde
lorsque la séparation entre deux canaux est relativement grande (typiquement plus de 1 nm),
tandis que l'on parle de multiplexage en fréquence lorsque cet écart est relativement petit.

AAAAAAAA BBBBBBBB

BBBBBBBB AAAAAAAA

CCCCCCCC CCCCCCCC

Figure III.1 : Répartition des sous-bandes dans le cas d'un multiplexage WDM.

Figure III.2 : Transmission de données optiques effectuée avec chacune une fréquence
propre.

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I.2/ Description

L'utilisation du multiplexage WDM nécessite un ensemble de diodes laser émettant à des


longueurs d'ondes différentes mais assez proches (dans le voisinage des 1550 nm), et de
multiplexeur/démultiplexeur optiques pour combiner/séparer l'ensemble des signaux optiques
dans/de la fibre. La Figure III.3 représente un exemple d'une liaison utilisant le multiplexage
WDM

Figure III.3 : Schéma de principe du multiplexage WDM dans les communications par fibre
optique (avec 3 longueurs d'ondes).

Afin d'assurer une bonne qualité de transmission du multiplex dans la fibre, il est
important de déterminer l'espacement minimum à respecter entre les longueurs d'onde émises
par chacune des sources. Cette grandeur dépend de plusieurs choses : qualité de la fibre,
qualité des multiplexeur/démultiplexeur, longueur de transmission, qualité des sources, débit
des données de chaque source ...

La fibre optique transporte alors un débit numérique égal à N * Db. Cette dernière est
souvent définie comme la capacité du système.

I.3/ Application

L'intérêt premier du WDM est de permettre le transport de débits d'informations très


importants sur une même fibre, à destination de plusieurs utilisateurs. On trouve aujourd'hui
des systèmes à 4x10 Gbits/s, 16x10 Gbits/s. Dans un futur proche, des systèmes à 40 Gbits/s
par longueur d'onde seront installés. Mais le véritable point de départ du développement des
systèmes de transmission WDM s'est fait lorsqu'il a été associé à l'amplification optique
(FigureIII.4). En effet, l'apparition des amplificateurs à fibre dopée à l'Erbium (EDFA) a
permis l'amplification simultanée de l'ensemble des N canaux d'un multiplex, sans distorsion
du signal utile. Envoyer N canaux dans une fibre optique plutôt que N fibres devenait un
avantage économique indiscutable. Si, il y a encore peu de temps, l'espacement entre canaux
était de l'ordre de 1nm, le terme de DWDM (Dense DWM) est maintenant utilisé. En effet,
avec l'apparition, sur le marché, de lasers accordables de très bonne qualité, l'espacement
entre les longueurs d'onde a pu être progressivement réduit, et est descendu à 0,8 nm ou 0,4
nm.

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Figure III.4 : Utilisation du WDM couplé avec l'amplification optique.

Une seconde application du WDM concerne les réseaux locaux. Chaque abonné se voit
alors attribuer une longueur d'onde, c'est à dire une "couleur", comme le montre la Figure
III.5. Cette méthode présente l'avantage de permettre une évolution continue du réseau par
l'adjonction de nouveaux services ou de nouveaux abonnés simplement par insertion d'une
nouvelle longueur d'onde.

Figure III.5 : Réseau local à répartition en longueur d'onde.


I.4/ Le multiplexage en longueur d'onde combiné au multiplexage temporel

Il est à noter que rien n'empêche à chaque signal de modulation d'une diode laser issu
d'une étape de multiplexage temporel dans le domaine électronique, d'être ensuite multiplexé
avec d'autres signaux à d'autres longueurs d'onde. Associer TDM et WDM est d'ailleurs la
situation la plus fréquente. Dans ce cas, après démultiplexage optique et photodétection, une
étape de démultiplexage temporel permet la restitution des signaux temporels " bas débit ".

Il existe d'autres techniques de multiplexage.

I.5/ L'accès multiple à répartition de codes (CDMA)

Par exemple, nous pouvons citer l'Accès Multiple à Répartition par Code (noté aussi Code
Division Multiple Access, CDMA), basé sur l'affectation d'un code à chaque station ou
utilisateur. Chaque bit correspondant au 1 est remplacé par une séquence de M créneaux,
différente pour chaque utilisateur et définie comme la signature (le code) de celui-ci. Un
nombre important de messages peut donc être envoyé sur une même ligne de transmission
(Figure III.6). Le destinataire possédant la bonne " clé " pourra décoder le signal qui lui est
adressé parmi toutes les informations transmises.

Cette technique connaît un véritable essor dans le domaine de la téléphonie cellulaire, et des
recherches sont actuellement effectuées pour l'appliquer dans le domaine optique.

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Figure III.6 : Système utilisant la technique du CDMA.

II/ LE MULTIPLEXAGE TEMPOREL (TDM)

Le multiplexage TDM (Time Division Multiplexing, multiplexage à répartition temporelle


(MRT) ) consiste à affecter à un utilisateur unique la totalité de la bande passante pendant un
court instant, ceci à tour de rôle pour chaque utilisateur (Figure III.7). L'allocation de cette
bande passante se fait en divisant l'axe du temps en périodes de durée fixe, et chaque
utilisateur ne va transmettre que pendant une de ces périodes déterminée (Figure III.8). Un
intervalle de temps fixe (IT) est successivement assigné à une source.

Le multiplexage TDM permet alors de regrouper plusieurs canaux de communications à


bas débits sur un seul canal à débit plus élevé (par exemple, conception d'un débit 40 Gbits/s,
à partir de 4 séquences à 10 Gbits/s).

Figure III.7 : Répartition des périodes dans le cas d'un multiplexage TDM.

Figure III.8 : Représentation d'un multiplex TDM (4 voies vers 1) en fonction des données
initiales.

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II.1/ Optique (OTDM)

Le multiplexage temporel peut être réalisé optiquement (OTDM, Optical Time Division
Multiplexing). L'émetteur est constitué de N sources optiques en parallèle modulées au débit
Db bits/s (Figure III.9). Cette technique nécessite que les signaux optiques soient ensuite
codés de type RZ pour que les impulsions codées aient désormais une durée inférieure à Tb/N
et que le multiplexage optique puisse se faire sans recouvrement optique.

Par exemple, un signal modulé à 40 Gbits/s peut être obtenu par multiplexage des sorties
codées RZ de 4 modulateurs optiques attaqués par des trains à 10 Gbits/s.

Figure III.9 : Synoptique d'un multiplexage OTDM.

Le multiplexage optique temporel n'est pas utilisé uniquement pour accroître les débits
transmis. Il fournit aussi une technique d'accès utilisable dans les réseaux locaux. Le temps est
partagé entre les différents utilisateurs : chacun d'eux, dispose d'une tranche temporelle pour
émettre. Les différents signaux sont " assemblés " pour être transmis sur une porteuse optique
unique (Figure III.10).

Figure III.10 : Réseau local à répartition temporelle.


II.2/ Electronique (ETDM)

L'OTDM a son équivalent en électronique, l'ETDM (Electronic Time Division


Multiplexing). Dans le cas de l'ETDM, le codage RZ et " l'assemblage " des données se font
électriquement (Figure III.11).

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Figure III.11 : Synoptique du multiplexage ETDM.

Le haut débit obtenu est ensuite utilisé pour la modulation du courant de polarisation d'une
diode laser et il n'y a qu'un seul signal lumineux émis. Cette étape est schématisée sur la
Figure III.12 par la présence de trois circuits électroniques et d'un multiplexeur électronique
(circuit rapide).

Figure III.12 : Schéma de principe du multiplexage ETDM dans les communications par fibre
optique.

On retrouve ce type de multiplexage temporel sur les canaux T1 aux Etats-Unis qui
regroupent 24 voies à 64 Kbits/s en une voie à 1,544 Mbits/s ou sur les canaux E1 en Europe
qui regroupent 30 voies analogiques en une voie à 2,048 Mbits/s.

Les canaux T1 ou E1 peuvent être multiplexés entre eux pour former des canaux à plus
hauts débits (Figure III.13). Cette hiérarchie des débits est appelée hiérarchie numérique
plésiochrone ou PDH (Plesiochronous Digital Hierarchy).

Figure III.13 : Multiplexage temporel dans la hiérarchie PDH en Europe.

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Cette technique présente toutefois un inconvénient dans le cas de la PDH. L'accès ou


l'insertion d'une information dans un canal E4 oblige à démultiplexer l'ensemble du train
numérique.

De même les technologies SONET (Synchronous Optical NETwork) et SDH


(Synchronous Digital Hierarchy) utilisées comme techniques de transport dans les réseaux
téléphoniques des grands opérateurs pratiquent un multiplexage temporel pour assembler
plusieurs lignes en une seule ligne de débit supérieur.

Outre le multiplexage temporel, il existe d'autres méthodes pour concentrer N signaux


dans un seul canal.

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