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Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr.

Abdelkrim Farkhsi

CHAPITRE I
TRANSMISSION PAR FIBRE OPTIQUE

I/ INTRODUCTION

Il n'y a pas si longtemps, lorsque les systèmes numériques les plus rapides transmettaient
l'information à un débit de 270 Mbits/s, le câble coaxial était parfaitement à même de remplir
son rôle de support de transmission. Mais avec l'apparition des nouveaux services liés au
développement du multimédia, un besoin d'un débit de transmission d'informations plus élevé
est apparu, et une alternative au câble coaxial était à trouver : pertes trop élevées, courtes
distances de propagation, performances limitées. La fibre optique remplit très bien ce rôle de
support de transmission. Son utilisation est désormais courante dans les réseaux de
télécommunications.

I.1/ Historique

C’est vers la fin des années 80 que vont apparaître les premiers systèmes de
transmission optique.
En 1970, la compagnie Corming Glass Works de New York, produit la première fibre optique
avec des pertes suffisamment faibles (20dB/Km) pour être utilisée dans les réseaux de
télécommunications (actuellement les pertes sont de l’ordre de 0,2 dB / Km).
Les premières années de la fibre optique sont marquées par des évolutions importantes qui
sont :
 Le passage de la fibre multimode, utilisée dans les premières expérimentations, à la fibre
monomode dont la connexion est plus problématique mais, qui propose des débits sans
rapport avec la première.
La fibre multimode conserve cependant sa pertinence dans d’autres domaines comme
l’aéronautique par exemple.
 Le passage successif de la première fenêtre de transmission autour de 850nm (fibre
multimode) à la deuxième autour de 1310 nm (minimum d’atténuation d’environ 0,3 à 0.4 dB
/ Km), puis à celle autours de 1550 nm (minimum d’atténuation 0,2 dB / Km), qui est la
norme aujourd’hui en matière de réseau.
Ces changements de fenêtres de transmission ont été rendu possibles par l’amélioration des
techniques de fabrication des préformes et au développement des sources optiques.
Si dans les premières années, le réseau optique a un débit qui ne surpasse pas encore celui des
lignes de transmissions utilisant le câble coaxial, il présente quand même un avantage
indéniable face à ce dernier : l’espacement entre chaque répéteur est plus important, de
l’ordre de quelques dizaines de kilomètres (par exemple environ 70Km pour un système à 500
Mbits / s à 1550 nm). Les réseaux de télécommunications reposent donc toujours sur deux
systèmes, la radio et le câble qui de coaxial est devenu optique.
Notons que de 1992 à 1996, vont se bâtir les réseaux « tout optique » de grande capacité
utilisant la fibre monomode standard appelée G-652 dans la norme
ITU – T, chaque fibre optique étant capable de transporter un débit de 2,5 Gbit / s avec un
pas moyen de régénération de 90Km.
La fibre optique est utilisée dans les applications suivantes :

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 Transmissions numériques à haut débit (donnée informatiques, téléphonie, télécopie,


télévisions, etc).
 Réseaux nationaux et internationaux de télécommunications.
 Réseaux locaux en environnement bruité.
 Application vidéo.

Les avantages de la fibre optique sont :

 Transmission large bande, et débits binaires élevés.


 Affaiblissement minimisé : nombre de répéteurs très réduits et fortement espacés (60 à 70
Km).
 Immunité électromagnétique.
 Faible sensibilité aux facteurs extérieurs (température, humidité, …)
 Faible encombrement et faible poids.

Les inconvénients de la fibre optique sont ;

 Difficulté d’adaptation avec les transducteurs optoélectronique,


 Exigences micromécanique importantes (connexions, alignement, …)
 Coût d’exploitation encore élevé et personnels spécialisés.

Les records et perspectives

Le Fraunhofer Institute of Telecommunication de Berlin est parvenu au début 2006, en


coopération avec les Fujitsu Laboratories, à obtenir un taux de transfert de 2,56 Tbit/s (Térabit
par seconde) sur une liaison en fibre optique de 160 Km de long. Un tel débit permettrait de
transférer le contenu d'environ 60 DVD en 1 seconde !

En plus de ce record de vitesse, les chercheurs ont également établi deux records de distance
en transmettant des informations :
- à une vitesse de 1,28 Tbit/s sur une liaison en fibre optique de 240 Km,
- à une vitesse de 160 Gbit/s (Gigabit par seconde) sur une liaison en fibre optique de 4 000
Km.

A la mi-2006, les laboratoires de l'opérateur japonais NTT sont parvenus à maintenir un débit
de 14 Tbit/s sur une distance de 160 Km. Pour y parvenir, NTT a réuni 140 canaux sur une
même fibre, chaque canal étant capable de transporter les informations à un débit de 111
Gbit/s.

Alcatel-Lucent a annoncé, en septembre 2009, avoir établi un nouveau record de vitesse de


transmission de données sur fibres optiques. Les ingénieurs de Bell Labs, centre de recherche
et développement de l'équipementier, sont parvenus à atteindre 15,5 Tbit/s sur une distance de
7 000 km entre Paris et Chicago.

Un record sur une telle distance qui dépasse de dix fois la capacité actuelle des câbles
transocéaniques de dernière génération et qui correspond à l'envoi de 400 DVD par seconde,
ces DVD étant encodés à la norme MPEG2 en simple face (soit 5 Giga octets / DVD).

Pour y parvenir, les équipes de Villarceaux dans le département de l'Essonne ont exploité 155

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longueurs d'ondes différentes sur chacune desquelles ils ont injecté 100 Gbit/s selon la
méthodologie WDM (Wavelength Division Multiplexing) standard. Elles ont pour cela
exploité la détection cohérente, une technique qui permet plus de précisions dans la
décomposition de la lumière que la méthode dite de détection directe

I.2 / Quelques rappels d’optique


I.2.1/ La lumière

La lumière est une onde électromagnétique, caractérisée par sa fréquence  et sa


longueur d’onde :
c

v
Où c est la célérité c = 3 108 m/s et  la fréquence en Hz.
Les ondes électromagnétiques sont constituées d’une association :
 D’un champ électrique E ,
 D’un champ magnétique B .

I.2.2/ Propagation de la lumière.

Dans un milieu transparent et homogène, la lumière se propage en ligne droite.


Les équations de Maxwell montrent que la vitesse de propagation dans une substance
1
diélectrique s’écrit : v (1) avec :    0 r et   0 r .

- 0 
1
( F .m 1 ) est la permittivité du vide,  r est la permittivité de la substance par
36 109
rapport au vide (sans dimension).
-  0  4 10 7 H / m , désigne la perméabilité absolue du vide, r est la perméabilité de la
substance par rapport au vide (sans dimension).
Ainsi dans le vide ou dans l’air nous avons :

1
 r  1 et r  1  c  3.108 ms 1 (2)
0 0

I.2.3/ Spectre de la lumière

Dans le domaine des radiations visibles, le spectre s’étend du rouge au violet, ce qui
correspond dans l’air ou dans le vide aux longueurs d’ondes suivantes :

 Rouge : 700nm
 Orange : 650nm
Jaune : 600nm
Vert : 550nm
 Bleu : 500nm
Violet : 450nm

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A chaque longueur d’onde correspond une couleur. La lumière blanche est constituée d’une
infinité de radiations lumineuses donc de couleurs.

I.2.4/ Indice optique d’un milieu isolant et transparent

Tout milieu transparent est caractérisé par son indice de réfraction (indice optique), noté : n
Son expression est donnée par la relation :
c
n (3),
v
Soit encore :
n  r  r (4)

Remarques :

Les milieux isolants (diélectriques) ont une perméabilité relative r  1 , d’où :


n  r (5)
L’indice de réfraction dans l’air est à peu près égal à celui dans le vide c- à- d n  1 . Celui de
l’eau est 1,33. Notons que l’indice de réfraction n’a pas d’unité.

I.2.5/ Lois de réflexion et de réfraction

Considérons deux milieux transparents I et II d’indices de réfraction n1 et n2


(voir la figure 1).
A la traversée de la surface séparant ces deux milieux, un rayon lumineux subit une réflexion
et une réfraction.

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Rayon incident L’angle d’incidence i et l’angle


i Rayon réfracté r sont liés par la relation
i réfléchi suivante :
n1 sin i  n2 sin r (6)
Milieu I, n1 On constate qu’une partie du rayon
lumineux est réfléchi dans le milieu
d’indice n1 , l’autre partie est
réfractée dans le milieu d’indice n2 .
L’énergie du rayon réfracté est donc
Milieu II, n2
r soustraite de celle du rayon incident.
Au bout de quelques passages, le
rayon lumineux fini par être
Rayon complètement absorbé.
Figure 1 réfracté

 . Dans ce cas, il n’y a plus


Pour n1 n2 , il existe un angle d’incidence limite IL tel que r 
2
de rayon réfracté, seul subsiste le rayon réfléchi.
Le rayon lumineux se propage alors dans la substance diélectrique sans atténuation.

I.2.6/ Détermination de l’angle d’incidence limite IL

Pour que la réflexion soit totale à l’intérieur de la substance, il faut que l’angle d’incidence

vérifie : I L  i  .
2
Dans ce cas la relation (6) devient :

 n2
n1 sin I L  n2 sin  sin I L 
2 n1
n 
d ' où I L  Arc sin  2  (7)
 n1 

or d ' après la figure 1, i   (8)
2
 
 IL    L , d ' où  L   IL (9)
2 2

II/ FONCTIONNEMENT DE LA FIBRE OPTIQUE

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II.1/ Anatomie d’une fibre optique

La fibre optique est un guide d’onde optique circulaire. Il s’agit en fait d’un cylindre de verre
qui possède des caractéristiques guidantes, c'est-à-dire qu’il guide la lumière en son cœur.
Généralement, on fabrique la fibre optique avec la silice, un matériau qui ressemble à du
verre.
La silice est un composé de silicium (Si) et d’oxygène (O) dont la formule chimique est :
Si O2 .
D’autres matériaux, comme le plastique, peuvent aussi entrer dans la fabrication de la fibre
optique.
Comme la montre la figure 2, la fibre optique est composée d’un cœur d’indice de réfraction
n1 , entouré d’une gaine d’indice n2 et d’une couche protectrice.
Contrairement à la gaine, qui provient généralement d’un matériau de qualité inférieure, le
cœur de la fibre doit être très pur afin de minimiser les pertes d’énergie par absorption.

figure2

Dans la fibre optique, le cœur et la gaine ont des indices de réfraction différents. Pour qu’il y
ait propagation de la lumière, l’indice de réfraction n1 doit être plus grand que celui de la
gaine n2 .
La lumière est donc confinée à l’intérieur du cœur.
La dimension d’une fibre optique se compare à la grosseur d’un cheveu humain et le cœur
peut avoir un rayon aussi petit que 4  m .
La couche extérieure de la fibre protège la partie guidante des facteurs environnementaux et
physique. Sa dimension se situe entre 250 et 900  m .

II.2/ Fabrication d’une fibre optique :


II.2.1/ La préforme

La fibre optique est composée de deux cylindres concentriques de silice. Elle est fabriquée à
partir d’une préforme de silice que l’on étire. La géométrie de la préforme doit respecter
parfaitement le rapport des diamètres du cœur et de la gaine ainsi que leur indices de
réfraction.
La préforme ressemble à une grosse fibre optique très courte. En l’étirant, on obtient un
cylindre beaucoup plus long, mais beaucoup plus mince.
Ainsi une préforme de 10 centimètres de diamètre et de 1 mètre de long peut former par
étirement une fibre de 150Km de long et de quelques micromètres de diamètre.

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Il existe quatre méthodes de fabrication de la préforme. Dans toutes ces méthodes, un chlorure
de silice sous forme de vapeur est oxygéné et déposé sur un substrat.
Ce dernier est un cylindre creux de silice (SiO2) pure appelé ébauche. Ce tube formera une
partie de la gaine. Comme le montre la figure 3 ce tube est monté horizontalement sur un tour
à verre.

Figure 3

Pour que le verre soit le plus uniforme possible on fait tourner le tube ébauche autour de son
axe de symétrie.
La gaine est toute d’abord complétée en déposant une nouvelle couche de silice à l’intérieur
du tube. Cette dernière doit être plus pure que la silice utilisée pour la fabrication du substrat.
Le dépôt se fait en injectant du chlorure de silicium (Sicl4) et de l’oxygène (O2) :

 Si cl4  O2  SiO2  2cl2  .

Afin d’obtenir un verre transparent, le tube est chauffé à l’aide d’une torche alimentée à
l’oxygène et à l’hydrogène. La couche de silice pure ainsi obtenue a un indice de réfraction de
1.45.
Une fois l’épaisseur voulue de la gaine est atteint on fabrique le cœur de la fibre dans l’espace
restant.
Le cœur est aussi constitué de silice, mais pour qu’il ait un indice de réfraction supérieur à
celui de la gaine il faut ajouter une faible concentration de chlorure de germanium (Gecl4 )
aux gaz précurseur.
L’oxydation de ce gaz produit de l’oxyde de germanium GeO2 suivant la réaction suivante :

Gecl4  O2  GeO2  2cl2 .

L’oxyde de germanium pur a un indice de réfraction de 1.60. Lorsqu’ une concentration C de


GeO2 est ajoutée à la silice, le verre obtenu a un indice de réfraction de valeur :

n  nS2i O2  C (nGeO
2
2
 nS2i O2 ) (10)

Pour obtenir un verre dont l’indice de réfraction est de 1.46, il suffit d’une concentration de
6,3 0 0 de GeO2 . Lorsque le dépôt des couches est terminé, la préforme est chauffée pour
amollir la silice et ainsi refermer le tube.

Remarque :

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Lorsqu’on dope la silice avec le fluor ou le bore l’indice du verre diminue. Et lorsqu’il est
dopé par l’oxyde de potassium P2O5 son indice augmente légèrement.

II.2.2/Le fibrage.

Une fois la préforme est terminée, elle est placée verticalement dans le tour de fibrage. Une
haute température est appliquée localement à l’extrémité de la tige de verre jusqu'à ce que la
silice soit remollie. La vitesse de fibrage et la température de chauffage sont des paramètres
clés lors de la fabrication de la fibre puisqu’ils déterminent son diamètre.
La dernière étape de fabrication de la fibre consiste en l’application de sa couche protectrice.

II.3/ Caractéristiques d’une fibre optique


II.3.1/ Ouverture numérique d’une fibre optique.

On appelle ouverture numérique d’une fibre optique l’angle maximum  0 que peut faire le
faisceau lumineux pour assurer sa propagation dans la fibre optique (figure 4).
Son expression est donnée par la relation :
n12  n22
O.N .  sin  0 L   (11)
n0
où :
n1 : représente l’indice de réfraction du cœur
n2 : représente l’indice de réfraction de la gaine
n0 : représente l’indice de réfraction de l’air.
En effet d’après la figure 4, nous avons :

n0 sin 0  n1 sin  (12)


i  I L (incidence limite) nous aurons : 
Si on se place dans le cas où   L   IL
2

n2

 i
0
n1

Figure 4

La relation (12) s’écrit alors :

n0 sin 0 L  n1 sin  L ,
Avec :

sin  L  sin(  I L )  cos I L .
2

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Or nous avons démontré au paragraphe I.2.6 que :

n2 n22
sin I L   cos I L  1 
n1 n12

n22 n12  n22


d ' où n0 sin 0 L  n1 1  2  n12  n22  sin 0 L 
n1 n0

Remarques :

Tout rayon d’entrée situé dans le cône de demi-angle au sommet  0L va se propager dans le
cœur par réflexion totale : on a affaire aux rayons guidés.
Tout rayon en dehors du cône va se réfracter à l’interface et sera perdu dans la gaine optique
et éventuellement dans l’enveloppe protectrice.
Une grande ouverture numérique permet de coupler une grande quantité de la lumière issue
d’une source assez divergente (diode DEL).

II.3.2/ Vitesse de phase et vitesse de groupe de l’onde


II.3.2.1/ Vitesse de phase

C’est par définition la vitesse de propagation de la phase, son expression est :


c
v  (13)
n1
II.3.2.2/ Vitesse de groupe

Elle est définie comme étant la vitesse de propagation de l’énergie. C’est aussi la
vitesse à laquelle se propage une impulsion lumineuse dans la fibre. Son expression est
donnée par la relation :

c
vg  v cos   cos  , avec 0   L (14)
n1

Remarques
La valeur minimale de la vitesse de groupe est obtenue lorsque :
c n
   L  vg min  cos  L  c 22 (15)
n1 n1
c
La valeur maximale de la vitesse de groupe est obtenue pour   0  vg  (16)
max
n1

II.3.3/ Différence relative des indices de réfraction 

Par définition, la différence relative des indices de réfraction est donnée par la
relation :

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n12  n22  n1  n2  n1  n2 
 
2n12 2n12
pour n1  n2  n1  n2  2n1
n1  n2
; (17)
n1

La différence relative des indices  s’exprime en 0 0 , en général :  0


0 < 1 00
 0 n1  n2 
 0  100  .
 n1 
L’ouverture numérique s’écrit dans ce cas sous la forme suivante :
n1 n12  n22 n1
O.N .   O.N .  2 (18)
n0 n12 n0

II.3.4./ Mode de propagation

Un mode de propagation correspond à un rayon lumineux possédant une


inclinaison donnée. D’après la loi de Fresnel, un rayon lumineux comprend un nombre fini
de faisceaux.
Dans une fibre optique, les rayons dont l’inclinaison
  L , seront perdus par réfraction dans la gaine optique. A chaque mode de propagation
on associe un angle  n dont la valeur est comprise entre 0 et  L .

II.3.5./ Paramètre de dispersion intermodale

Considérons une fibre optique de longueur L.


c
Dans cette fibre, le mode le plus rapide se déplace à la vitesse vg  ,  le temps de
max
n1
déplacement de ce mode est minimal, et sa valeur vaut :
L n1
tmin  L (19)
vgmax c
n2
Le mode le moins rapide se déplace à la vitesse vg  c ,  le temps de
min
n12
déplacement de ce mode est maximal et sa valeur est :
L L n2
tmax  
vgmin c n12 .

L’écart de temps entre le mode le plus rapide et le mode le plus lent vaut :

L n1
t  tmax  tmin   n1  n2  (20)
c n2

II.3.6 / Produit bande passante longueur

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II.3.6.1/ Bande passante(B.P.)

La bande passante est définie comme étant la quantité que l’on peut transmettre sur
un support pendant un intervalle de temps, on l’exprime en bits par seconde (bps).
Mais elle désigne aussi la longueur de l’intervalle de fréquences utilisables sur un support,
elle s’exprime alors en Hertz (Hz).

On montre que la bande passante d’une fibre optique s’écrit sous forme :

1 c 1
B.P.   (21)
2t 2 L n ( n1  1)
1
n2

L’usage veut qu’on exprime la bande passante en Mhz par km.

II.3.6.2 / Produit B.P.*L

De l’expression de la bande passante nous déduisons que :

c 1
B.P.* L  (22)
2 n ( n1  1)
1
n2

On constate que le produit de la bande passante par la longueur de la fibre est constant.

II.3.7 / Dispersion intermodale

La dispersion intermodale Di est l’élargissement temporel maximum  d’une


impulsion par unité de longueur de la fibre. Son expression est donnée par la relation
suivante :

 tmax  tmin 1 n12 n


Di    (1  2 )  ps / km  (23)
L L c n2 n1

Or, puisque n1 ; n2 , la relation précédente s’écrit sous forme :


1 n12 n1
Di    . (24)
c n2 c

A l’entrée de la fibre optique, on envoie une impulsion lumineuse infiniment étroite (Dirac).
Cette impulsion excite tous les modes de propagation de la fibre ( 0  n  L ).

A la sortie de la fibre, on constate que l’impulsion s’est élargie dans le domaine temporel.
C’est le phénomène de dispersion intermodale.
Si on envoie dans le guide d’onde des impulsions lumineuses qui correspondent à la
transmission d’un signal numérique (ex : 101), en sortie de guide d’onde ces impulsions vont
se déformer (figure 5).

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Si la durée Tb séparant 2 impulsions est suffisamment brève, les signaux se recouvrent en


sortie rendant le décodage impossible.
Il faut dans ce cas augmenter la période du signal numérique  le phénomène de dispersion
modale se traduit par une limitation de la bande passante du guide d’onde.

Mode plus rapide

Figure 5
Mode
plus
lent

. Tp Tp+Tb Tp+2Tb t
0 Tb 2Tb t
1 0 1

II.3.8/ Longueur d’onde de coupure

Le guidage du mode varie avec la longueur d’onde de la manière suivante :


- Aux grandes longueurs d’ondes le mode est guidé.
- Aux courtes longueurs d’ondes, le mode est guidé mais des modes d’ordre supérieur
sont guidés aussi.
La longueur d’onde de coupure est celle au dessus de laquelle la fibre devient monomode.
Son expression est donnée par :

2
c   a  O.N . (25)
2, 405
Où :
a : rayon du cœur,
O.N. : ouverture numérique de la fibre.
En introduisant la différence relative des indices de réfraction on obtient :

2 a
c   n1 2 . (26)
2,405

En dessous de c , le mode fondamental perd de l’énergie au profil des modes supérieurs.

II.3.9./ Atténuation

La mesure d’atténuation spectrale consiste à mesurer l’affaiblissement de la fibre sur une


plage de longueur d’onde (figure 6).

II.3.9.1/ Fenêtre de transmission

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On distingue les 3 fenêtres de transmission suivantes :

 La première fenêtre de 800 à 900 nm :


Pour cette fenêtre l’atténuation est élevée, elle est voisine de 3 dB / km. (Diode LED).
Cette fenêtre n’est utilisée qu’en multimode.
 La deuxième fenêtre s’étend de 1280 à 1330 nm :
Pour cette fenêtre l’atténuation est raisonnable et est de l’ordre de 0,33 dB / km.
La dispersion chronique est nulle (Lasers). Cette fenêtre est largement utilisée.

 La troisième fenêtre de 1525 à 1625 nm :


Elle est constituée de deux sous bandes :
- sous bande C de 1525 à 1565 nm
- sous bande L de 1565 à 1625 nm.
C’est la fenêtre de choix pour quasiment toutes les applications modernes.

II.3.9.2/ Atténuation linéique

Lorsqu’on injecte à l’entrée d’une fibre optique une puissance Pe  P(0) sous forme d’une
onde électromagnétique, cette puissance décroît avec la longueur L de la fibre optique en
fonction de l’atténuation linéique   dB / km  , et à la sortie, on récupère la puissance :

  L 
 
Ps  P  L   P  0 10 10 
(27)

L’atténuation linéique en (dB/Km) est définie par la relation :

1 P 10 P  0
 10  log e  log (28)
L Ps L P  L

Figure 6

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II.3.9.3/ Causes d’atténuation

Les causes des pertes dans les fibres optiques sont multiples, on distingue par
exemple :

* L’absorption par les impuretés


L’ion OH- qui est le principal polluant des fibres de silice, occasionne un maximum
d’atténuation vers 1430 nm.
 La diffusion Rayleigh

Cette diffusion est d’autant plus grande que la longueur d’onde est courte (avec une
1
variation en 4 ), ce qui explique que les communications optiques soient dans

l’infrarouge.

 Les courbures

Un rayon totalement réfléchi dans un guide droit, peut s’échapper par réfraction lorsque
le guide est courbé.

II.4/ DIFFERENTES TYPES DE FIBRES OPTIQUES.

Suivant les dimensions du cœur et les valeurs des indices de réfraction n1 et n2 ,


2 a
et en utilisant la relation suivante V   n12  n22 , (29)

dans laquelle  représente la longueur d’onde de la lumière utilisée, V est la fréquence
normalisée et a le rayon du cœur, on peut classer les fibres optiques en deux catégories.

 Si V 2, 4  la fibre ne comporte qu’un mode de propagation, elle est appelée


fibre monomode

 Si V 2, 4  la fibre est appelée multi mode et se divise en deux sous catégories :


- Fibre optique multi mode à saut d’indice
- Fibre optique multi mode à gradient d’indice.

II.4.1/ Fibre optique monomode (figure 7)

Le diamètre du cœur de cette fibre est inférieur à 10  m de telle sorte que le parcours de la
lumière devient presque longitudinal.
Le diamètre de la gaine est compris entre 50  m et 125  m . Ce type de fibre nécessite une
source de lumière quasiment monochromatique (diode laser).
Notons qu’une diode laser est un composant optoélectronique à base de matériaux semi-
conducteurs.
Elle émet de la lumière monochromatique cohérente (une puissance optique) destinée, entre
autres, à transporter un signal contenant des informations (dans le cas d’un système de
télécommunications) ou à apporter de l’énergie lumineuse pour le pompage de certains lasers
(lasers à fibre, laser DPSS) et amplificateurs optiques (OFA, Optical Fiber Amplifier). La
diode laser est un composant essentiel des lecteurs et graveurs de disques optiques, dans ce

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cas elle émet le faisceau lumineux dont la réflexion sur le disque est détectée par une
photodiode ou un phototransistor.
Elle trouve également son application dans les dispositifs électroniques de mesure de distance,
de vitesse, de guidage et de pointage précis.

La fibre optique monomode a une bande passante pratiquement infinie (en théorie) mais
requiert des composants chers et des tolérances faibles  elle est devenue la solution
universelle des systèmes de télécommunications.

r
n( R )
n2
n1
a
n1 0 n2

0
a r R

Figure 7

II.4.2/ Fibre optique multi mode à saut d’indice

C’est un guide d’onde dont le diamètre du cœur est grand devant la longueur d’onde.
L’indice de réfraction varie brusquement quand on passe du cœur à la gaine.
Comme le montre la figure 8, le guidage de la lumière se fait suivant des lignes brisées.
Le diamètre du cœur peut atteindre quelques centaines de  m , le diamètre de la gaine est
supérieur mais de même ordre de grandeur.

n(r )
R n1
a
0
n2

0 a R r
Figure 8

II.4.3 / Fibre optique multi mode à gradient d’indice

L’indice du cœur de la fibre diminue suivant une loi parabolique depuis l’axe
jusqu'à l’interface cœur – gaine. Comme le montre la figure 9, le faisceau lumineux suit une

15
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

trajectoire curviligne. Il change de direction brusquement lors du rebond ce qui diminue les
pertes.
Le profile d’indice de cette fibre peut être obtenu en variant la concentration en dopant lors de
la fabrication de la préforme.
L’expression de l’indice de réfraction en fonction de r est :
 r 
n 2 (r )  n 2 (0) 1    ( )  , (30)
 a 
avec
n(r )  n(a) pour r  a et n2 (0)  n 2 (a) .

2n2 (0)

n (0) : représente l’indice de réfraction au centre de la fibre soit n(0)  n1 ,


n( a ) : Indice de réfraction de la gaine (n(a)  n2 ) ,
a : rayon du cœur de la fibre,
 : Paramètre de profil d’indice,   2 , d’où :

 n2  n2 r 
n 2 (r )  n12 1  1 2 2 ( ) 2  . (31)
 2n1 a 

Figure 9
Conclusion :

La comparaison entre les performances des deux types de fibres optiques ainsi que la
comparaison entre les différentes fibres optiques est représentée sur les tableaux I et II

Tableau I : comparaison entre les performances des deux types de fibres optiques

Fibre monomode Fibre multimode


Faible dispersion Forte dispersion
Connexion délicate Connexion facile
Faible atténuation Forte atténuation
Haut débits Réseaux locaux
Longue distance

16
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Tableau II : comparaison entre les différentes fibres optiques.

Caractéristiques Fibre Fibre multi mode à saut Fibre multi mode à


monomode d’indice gradient d’indice
Diamètre du coeur 8 à10  m 100 m p  p 600 m 50  m
p  p 100 m
Diamètre de la gaine 125  m 140  m p  p 1000  m 125 m p  p 150 m
Indice du cœur Constant ou constant Décroît du centre
décroissant vers la gaine
Ouverture numérique Très faible 0,30 0, 20 à 0, 27
Bande passante >10 Ghz 20 à 100 Mhz 200 à 1200 Mhz

Caractéristiques Fibre monomode Fibre multi mode à Fibre multi mode à


saut d’indice gradient d’indice
Affaiblissement
-Fenêtre à 850 nm …………… 3 à 20 dB/ Km 2,5 à 4 dB / Km
-Fenêtre à 1330nm 0,3 à 0,5 ……………. 0,6 à 1,5 dB / Km
dB/ Km
-Fenêtre à 1550nm 0,156 à 0,3 …………… ………………..
dB / Km

17
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

CHAPITRE II
ETUDE DES DIFFERENTES DISPERSIONS

I/ DISPERSION CHROMATIQUE
I.1/ Temps de groupe

Lors de l’excitation d’une fibre à gros cœur par une impulsion, l’énergie lumineuse
de celle-ci se répartit sur un grand nombre de rayons qui se propagent suivant des chemins
optiques différents le long de la fibre.
Pour une fibre à saut d’indice, la longueur de ces trajets dépend des angles d’incidences i des
rayons à l’interface cœur gaine.
Chaque rayon Ri est associé à un angle ii et à un mode M i .
Un mode M i est une répartition transversale d’énergie, invariante par translation axiale, qui
résulte de l’interférence des modes associées au rayon Ri .
Le temps de groupe, ou délai de groupe t g est définie comme étant le temps nécessaire pour
qu’une impulsion se propage dans une fibre de longueur L. Son expression est :
L
tg  (32),
vg
Où v g , la vitesse de groupe associée, est définie par :

 d 
vg    (33),
 d 

Avec  la pulsation et  , la constante de propagation axiale, projection sur l’axe de


propagation du module du vecteur d’onde k dont la définition est la suivante :

2
k  n1 k0  n1 (34)

k est le vecteur d’onde dans le vide, et


  k0 n1 cos   n1 cos  (35)
c

Si on travaille à une pulsation  autour de 0 , on peut déterminer t g par son développement


limité :
 d    d 2  
t g  L        
0  2 
 (36)
 d   0  d   0 

Tel que :

18
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

 le premier terme est une constante pour un mode donné, mais change d’un mode à
l’autre ; on l’appelle la dispersion intermodale que nous avons déjà vu (paragraphe
II.3.7).

 le deuxième terme représente la dispersion chromatique due aux différents temps de


propagation des composantes spectrales de l’impulsion.

I.2/ DISPERSION CHROMATIQUE

Dans les fibres optiques monomodes dont le profil est à symétrie de révolution, la
dispersion chromatique est la cause principale de l’élargissement des impulsions.
Avant de commencer l’étude de cette dispersion, il est commode de définir certains
termes.
1/ On appelle indice de groupe N, le rapport défini la relation :

c d
N c (37).
vg d

En introduisant dans la relation (37) l’expression de l’indice effectif ne  , nous
k0
obtenons l’expression finale de l’indice de groupe N :

dne
N  ne  k0 (38).
dk0
En effet,
d  k0 ne  d  k0 ne  dk0
N c c 
d dk0 d
 dn  dk  dk dk dn 
  k0 c e  cne   0   ne c 0  ck0 0 e 
 dk0  d  d d  dk0 

Or comme
 dk0 d  dc d  dk0 k0 1
k0      , d ' où  
c k0  c  d  c
Soit :
dne
N  ne  k0 .
dk0

Le temps de groupe devient par conséquent :

L L d L 2 d 
tg      (39).
vg c  2  2 c d 
d 
  

L’allongement temporel  est définie par :

19
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

dt g
   (40), avec  est la largeur spectral de l’impulsion.
d
La dispersion chromatique Dchrom. peut alors se définir par la relation suivante :

 d 
dL 
 1 dt g 1 dt g d 1 d d 
Dchrom          
L L d  L d d  L d  d
(40)
1
d 
d d 2
    d    2 c  d    2 c  
2 2
Dchrom    2 c 
d  d 2 d d 2  2 d 2 2 0

dt g
En introduisant la relation   k0 ne et la relation (39) dans la relation Dchrom  1  , nous
L d
obtenons :
 d 2 ne
Dchrom   (41).
c d2

L’unité de Dchrom. est (ps nm-1km-1).

Dchrom. Figure 10 : Dispersion chromatique d’1 fibre


standard

Dispersion normale, dispersion Dispersion anormale, dispersion


négative : le rouge va plus vite positive : le bleu va plus vite que
que le bleu.  0 f 0 le rouge.  0 p 0

800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700   nm 
1 b r 1 r b
2 1 2 2 1
2

La démonstration de la relation (41) se fait de la façon suivante :

1 dt g 1 2 d 2  d 
Dchrom     ,
L d 2 c d 2  c d
Or :

20
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

2 d 2 2 dne
  ne k0  ne    2 ne 
 d   d
Et
d 2 2 dne 4 2 d 2 ne 2 dne
   n   .
d2  2 d 3 e  d 2  2 d

d d 2
Soit en substituant et par leurs expressions :
d d2

  2 2 dne 
Dchrom    n  
 c   2 e
 d  
 2  2 dne 4 2 d 2 ne 2 dne 
  ne  
2 c   2 d   3  d  2  2 d  
 d 2 ne

c d2

En première approximation, la dispersion chromatique apparaît comme la somme de la


dispersion du matériau Dmat et de la dispersion du guide Dguide .

Dchrom  Dmat  Dguide

I.2.1 / Dispersion du matériau

La constante de propagation d’un mode dans une fibre optique est donnée par la relation :

2
  ne k0  ne (42)

Avec : n2 ne n1

Le mode étant principalement confiné dans le cœur de la fibre d’indice n1 proche de ne . On


supposera par la suite que :

 ( )  k0 n1 ( ) (43)

21
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

La dépendance de l’indice de réfraction de la silice pure, qui constitue le matériau de base des
fibres optiques utilisées dans les systèmes de télécommunication, en fonction de la longueur
d’onde est représentée sur la figure11.
Le temps de transit d’une onde pour parcourir une fibre optique de longueur L est tel que :

L d  d
tmat  L ,
vg d  d
Avec :
d 2 2 dn1
  2  n1  
d   d
et
d 2 c 2 c
 2 (Puisque   ).
d  

L dn1 
tmat  n  
c  d  
D’où : 1 (44)

n ( )

1.456
1.454
1.452
1.450
1.448
1.446
1.444
1.442
1.440

0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8  (  m)

Figure11 : Evolution de l’indice de réfraction de la silice pure en fonction de la longueur


d’onde.

L’allongement temporel de l’impulsion (ou étalement impulsionnel) est défini par la relation :
dt L  dn dn d 2n 
 mat  mat     1  1   21   ,
d c  d d d 

22
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

 L d 2 n1
D’où :  mat    2   (45)
c d

La dispersion du matériau est définie par la relation :

 mat
Dmat  (46).
L

En tenant compte de (45) l’expression de la dispersion du matériau devient :

 d 2 n1
Dmat   (47)
c d2

L’unité de Dmat est : ps.nm-1.km-1.

I.2.2/ Dispersion du guide

d
Le temps de transit t g s’écrit sous la forme : t g  L avec l’hypothèse que
d
dn1
n1    soit une constante, donc  0 . On élimine ainsi la dépendance de l’indice de
d
réfraction du matériau en fonction de la longueur d’onde.
La fréquence spatiale normalisée V est définie par la relation :

V 2  a 2 k02 n12  n22   U 2  W 2 (48)


Dans laquelle :
- U est la constante de propagation transversale normalisée dans le cœur.
Son expression est :
U a n k
2 2
1 0 2  (49)
- W est la constante de propagation transversale normalisée dans la gaine.
Son expression est :
W a  2
 n22 k02  (50)

La constante de propagation normalisée b est donnée par la relation suivante :

 n
U2 k0 2
b  1 2 ; (51)
V n1  n2
En effet :

23
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 2 2  2 2
a 2    2  n12 k02   n1  2   2  n2 
 1   2 02    02 
k k
b  1
a 2 k02  n12  n22   n1  n2   n1  n2 
2

,
   
  n 2  n 2  n2
b  k0   k0  ;
k0
 n1  n2  n1  n2  n1  n2
Puisque


 ne n1 .
k0

On peut donc faire une approximation de  par :

 ; k0 n2  b  n1  n2  . (52)

Par conséquent, le temps de transit t g peut s’écrire tel que :


L d L d
tg     k0  n2  bn1   ,
c dk0 c dk0 
n1  n2
où :  
n1
Comme
dn1 dn2 d  L d  bk0  
   0  t g   n2  n1 . (53)
dk0 dk0 dk0 c dk0 

En introduisant la fréquence spatiale normalisée V ( V  ak0 n1 2 ), la relation (53)


devient :

L d V .b  
tg   n2  n1  (54)
c dV 

L’évolution du temps de groupe t g en fonction de la longueur d’onde est représentée sur la


figure 12.

24
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t g ( ns )

30

2
1
20

10

0
1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0   m

Figure 12 : Evolution du temps de groupe en fonction de la longueur d’onde

(1) : Fibre optique optimisée à 1310 nm.


(2) : Fibre optique optimisée à 1550 nm.
L’étalement de l’impulsion  g est défini par :

dt g V dt g
g         (56)
d  dV

En tenant compte de la relation (55), l’expression de l’étalement de l’impulsion devient :

V .L.n1. d 2 V .b 
g    (  )  (57)
.c dV 2

En introduisant la relation (57) dans (48) on obtient l’expression suivante de la dispersion du


guide :

gn1. d 2 V .b 
Dguide   V  (58)
L. c. dV 2

L’unité Dguide est  ps /  nm.Km  .


A partir des relations (47) et (58), on définie la dispersion chromatique par :

25
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 d 2 n1 .n1.V d V .b 
2

Dchrom  Dmat  Dguide    (59)


c d2 c. dV 2

Notons que tout au long du calcul, les termes croisés de la dispersion ont été négligés.
Les relations (40), (41) et (59) sont trois expressions différentes exprimant le même
paramètre : la dispersion chromatique.

26
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

PARTIE II

CAPTEURS A FIBRES OPTIQUES

27
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

PARTIE II
CAPTEUR A FIBRE OPTIQUE

INTRODUCTION GENERALE

Les fibres optiques sont le plus souvent associées aux transmissions ou


aux télécommunications. Leurs caractéristiques de faible atténuation et de grande bande
passante ont permis de créer des réseaux terrestres et transocéaniques pour transporter
diverses informations téléphonique ou Internet les fibres optiques sont conçus
essentiellement à partir de silice.)... L'indice de réfraction de la silice (i.e. du verre) varie
en fonction de la longueur d'onde (i.e. dispersion), de la température, de la déformation,
de la pression. Toutes ces influences induisent des modifications sur l'onde se propageant
dans la fibre. Ces modifications sont généralement néfastes pour les télécommunications
mais peuvent être mises à profit pour réaliser des capteurs sensibles à la température, à la
déformation, ...
Les fibres optiques sont très attrayantes à plusieurs points de vue :
dimensions transversales petites,
perturbation faible de son environnement et possibilité d'applications en médecine,
insensibilité aux perturbations électromagnétiques,
faible atténuation : le capteur peut être positionné à grande distance, légèreté,
très intéressant pour les applications spatiales et aéronautiques,
très bonne stabilité dans le temps, bonne résistance à la corrosion.
Néanmoins elles possèdent quelques inconvénients :
la fragilité,
la complexité de la connectique associée,
la limitation en température pour certaines fibres (+85°C pour les fibres en
plastique),
le prix du capteur à fibre optique est (pour l'instant) plus élevé que celui d'un capteur
traditionnel, sans pour autant être plus performant dans les applications usuelles.
L'objet de ce cours est de donner un aperçu sur les différentes techniques utilisées pour
réaliser des capteurs à base de fibres optiques. Nous détaillerons successivement dans ce
cours les différentes techniques de modulation de l'information qui sont :
la modulation d'intensité,
la modulation de phase,
la modulation de polarization.

28
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

CHAPITRE III
CAPTEURS À MODULATION D’INTENSITÉ: EXEMPLES ET APPLICATIONS

INTRODUCTION

Dans cette partie, nous allons nous intéresser aux capteurs à fibres optiques
utilisant la variation de l'intensité lumineuse induite par la quantité à mesurer.
Cette approche est de loin la plus facile à mettre en œuvre car il existe de
nombreuses configurations pour induire une modulation d'intensité. Donc,
toutes les mesurandes peuvent être détectés. Cette technique a aussi l'avantage
d'être peu onéreuse et ne nécessite pas de fibres spéciales ou de montages très
compliqués. Cette technique n'est pas très sensible comparativement aux autres
techniques de modulation. Il est à remarquer que la variation de lumière
détectée par le système peut être due à l'effet de la mesurande ou à d'autres
perturbations. Cet inconvénient est un réel problème qui peut être corrigé par
des méthodes de compensation. La modulation d'intensité par le mesurande
s'obtient par la création de pertes lors de la transmission, en d'autres termes en
faisant sortir la lumière de la fibre optique. Il existe trois techniques de base
pour obtenir ces pertes :
les micro-courbures périodiques
l'interaction avec le champ evanescent
les modifications du couplage entre deux fibres

I/ MICRO COURBURES PERIODIQUES


La figure 1 représente un capteur basé sur le principe des micro-courbures
périodiques. Cette technique s'appuie sur deux phénomènes. Le premier est la création de
pertes dans une fibre optique sous l'effet de petit rayon de courbure, le deuxième est
d'avoir un effet raisonnant grâce à la périodicité des micro-courbures qui va permettre de
coupler deux modes entre eux. La courbure va permettre à la lumière de sortir du cœur de
la fibre optique et donc de créer des pertes soit en faisant sortir une portion du mode
fondamentale LP01, soit en redistribuant l'intensité transportée par chaque mode par
transfert dans les modes de gaines ou à fuites. La structure périodique va avoir l'effet d'un
réseau de diffraction couplant préférentiellement dans un mode de gaine. L'intensité du
couplage donc de la perte dans l'intensité du signal transmis sera proportionnelle à la
"force" des micro-courbures.
Le couplage obtenu par cette méthode a été largement étudié dans de nombreux ouvrages
Pour définir la période des micro-courbures nous pouvons utiliser soit la formule des
réseaux, soit la théorie des modes couplés qui donnent le même résultat. Il est alors facile
de déterminer le pas connaissant les caractéristiques du mode de gaine ou inversement. La
formule reliant les divers paramètres s'écrit :
2
c   g  (1)

29
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Où  c et  g sont respectivement les constantes de propagation du mode fondamental et de


gaine dans lequel la lumière sera couplée,  est le pas des micro-courbures.

Figure1: Transducteur à base de micro-courbures périodiques

Comme mentionné plus haut il est possible d'engendrer des pertes de propagation
uniquement en appliquant un certain rayon de courbure à la fibre, cet effet peut être utilisé
seul pour réaliser un capteur. Les pertes engendrées par le couplage aux modes d'ordres
supérieurs étant faibles dans les fibres monomodes, on peut avoir recours à une fibre
multimode dans la zone sensible pour augmenter cet effet comme présenté sur la figure 2.
Ce capteur est une structure hybride formée par un segment de fibre monomode puis un
de fibre multimode et de nouveau un de fibre monomode. L'injection dans la fibre
multimode par la fibre monomode va produire l'injection dans différents modes dépendant
du type de fibre multimode (gradient d'indice ou saut d'indice) et du positionnement
relatif des deux fibres. L'effet d'une ou plusieurs courbures va donc changer l'intensité
transportée par chaque mode. Enfin, le passage dans la fibre monomode ne va
sélectionner que la lumière transportée par les premiers modes. La sensibilité de la
structure hybride est largement supérieure, comme le montre la figure 2, à celle de la
structure composée uniquement de fibre monomode.

Figure 2: Transducteur à base de micro-courbures à fibre multimode et exemple


d'amélioration de la sensibilité entre une structure hybride (SMS) et conventionnelle.

Les capteurs à base d'une ou plusieurs courbures peuvent être utilisés pour des mesures de :

Déplacement : en laissant libre un des deux blocs.

Pression : en utilisant une membrane élastique pour le déplacement d'un des deux blocs.

Contrainte : plusieurs configurations sont possibles avec une seule courbure pour une
fibre maintenue sur la pièce à mesurer ou des micro-courbures dont l'écartement entre les
blocs est lié à déformation à détecter.

30
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Vibration : un des deux blocs est relié à une masse subissant l'accélération provoquant son
déplacement.

Température : en utilisant les propriétés thermiques des divers matériaux utilisés.

II\ CHAMP ÉVANESCENT

Dans cette section, nous allons présenter une méthode de modulation de l'intensité basée
sur l'interaction directe du mesurande et de l'onde électromagnétique. Les fibres
conventionnelles mono- ou multi-modes assurent le guidage de la lumière par le même
phénomène bien connu de la réflexion totale interne. Il apparaît, lorsque la relation de
Snell-Descartes n'est pas vérifiée ou plus simplement à l'interface entre un milieu d'indice
de réfraction élevé et un d'indice plus faible, que les rayons arrivant sous certaines
incidences sont totalement réfléchis. Néanmoins, la lumière va franchir l'interface et
pénétrer plus ou moins loin dans le milieu de bas indice. Cette partie du champ
électromagnétique est appelé champ évanescent (figure 3-a) et a pour particularité de
décroître de façon exponentielle.

Figure 3: a - Champ évanescent dans une fibre optique.


b - Principe du transducteur à champs évanescent

L'idée de base des capteurs à champ évanescent (figure 3-b) est de faire interagir la
quantité à mesurer et cette partie du champ électromagnétique. Il est donc nécessaire de se
rapprocher le plus possible de la partie guidante, (cœur), pour obtenir une sensibilité
suffisante.
Le problème majeur de ce type de capteur est la faible interaction entre le champ
évanescent et le mesurande. Pour les guides d'ondes, cette interaction est proportionnelle à
la profondeur de pénétration dans la gaine optique. Cette profondeur est reliée aux
paramètres opto-géométriques de la fibre, résumés dans la fréquence normalisée V (voir
la propagation dans les fibres optiques). De façon simple, plus la valeur de V est petite
plus la profondeur de pénétration du champ évanescent est importante.
La configuration la plus simple de ce capteur est celle de la figure 3-b où l’enveloppe
protectrice de la fibre a été retirée et la gaine a été réduite par polissage ou attaque
chimique. Il est alors possible de détecter des espèces chimiques ou gaz par le choix
approprié de la longueur d'onde d'utilisation. La présence du mesurande se traduira par
l'absorption de l'onde évanescente créant ainsi des pertes et donc une modulation de
l'intensité lumineuse.
Afin d'augmenter l'interaction avec le champ évanescent il est possible d'utiliser des fibres
spéciales : fibre en D ou fibre micro-structurées. Il est aussi possible d'effiler la fibre en la

31
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

chauffant jusqu'à la température de ramollissement et en l'étirant. Il est très fréquent


d'avoir recours au dépôt d'une couche plus ou moins fine sur la gaine, ses caractéristiques
optiques changeant avec la substance à détecter, l'onde évanescente sera donc aussi
affectée.

Figure 4 : Exemple de frustration de la réflexion totale interne

D'autres capteurs utilisent, comme principe (figure 4), la frustration de la réflexion totale
interne, soit en déplaçant le milieu proche du cœur (capteur de déplacement), soit en
faisant varier l'indice de réfraction du milieu (réfractomètre). Une modulation importante
de l'intensité lumineuse peut être obtenue par cette technique. La Figure 5 représente
l'exemple d'un capteur de déplacement réalisé par ce principe.

Figure 5 : Capteur de déplacement utilisant la frustration de la réflexion totale

III/COUPLAGE ENTRE DEUX FIBRES

Dans cette dernière section consacrée à la modulation d'intensité nous allons traiter
des capteurs à couplage entre deux fibres, ou plus généralement, entre deux guides d'onde.
En effet ce type de capteur englobe les configurations dans lesquelles la lumière est
extraite d'un guide d'onde, interagit avec le mesurande et est couplée dans un autre ou le
même guide d'onde. Ce type de capteur se décline sous de nombreuses architectures
pouvant utiliser des fibres mono- et/ou multimodes. Le couplage entre les deux fibres peut
être en transmission ou en réflexion comme l'illustre la figure 6.
32
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Le point majeur pour l'obtention d'un bon capteur à couplage est la parfaite
connaissance du couplage entre les deux fibres utilisées. De nombreux articles traitent de
ce sujet dans la littérature. Ces travaux étaient motivés pour déterminer les pertes au
niveau des connecteurs. L'approximation gaussienne, très utilisée pour décrire le mode
fondamental, permet de simplifier les calculs et donnent de très bons résultats lors de
l'utilisation de fibre monomode.
Pour les fibres multimodes, il faut utiliser des méthodes plus complexes et élaborées pour
obtenir de bonnes prédictions. Certains modèles comme le tracé des rayons ou
l'illumination uniforme qui consiste à supposer que la fibre émettrice éclaire de façon
uniforme la fibre réceptrice, sont très utilisés pour leur simplicité malgré leur défaillance
lors d'un désalignement important entre les deux fibres.
Ces capteurs à couplage entre deux fibres permettent de mesurer :
- Déplacement,
- Pression,
- Vibration,
- Positionnement, ...
Pour mettre en œuvre ce type de capteur, il suffit donc d'imaginer un montage mécanique
pouvant se déplacer sous l'effet du mesurande voulu.

Figure 6 : Exemple de couplage entre deux fibres en transmission (haut) et en réflexion (bas)

VI/ TECHNIQUES DE COMPENSATION

Lors de l'utilisation des capteurs à modulation d'intensité, il est attendu que les variations
de la puissance optique proviennent uniquement de la quantité à mesurer. Néanmoins,
ceci n'est généralement pas le cas et de nombreuses perturbations indésirées viennent se
mêler au signal. On peut recenser trois sources importantes d'erreur :
les fluctuations de la température affectant les émetteurs. La puissance optique de
sortie n'est pas constante,
les pertes dues aux courbures, aux connecteurs, aux interférences modales, ...,
le vieillissement des composants électroniques, notamment pour les sources
entraînant une baisse de la puissance émise.

33
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Il est donc nécessaire d'avoir recours à une technique de compensation pour les capteurs
dont les performances doivent être stables dans le temps. Les techniques de compensation
ne sont pas uniques car elles dépendent de l'architecture des transducteurs. Elles
s'appuient toutes sur le principe d'ajouter une information supplémentaire dans le système
afin d'extraire les fluctuations dues aux mesurandes. Dans la suite nous présentons
quelques familles de techniques de compensation les plus utilisées, bien qu'il soit difficile
de faire une classification complète.
VI.1/Division spatiale

Le signal est divisé en deux (au moins) et injecté dans deux fibres identiques. Les fibres
sont implantées au même endroit, l'intensité lumineuse véhiculée dans chacune va être
modulée par les diverses perturbations et le mesurande, le signal peut être déduit en
combinant l'ensemble des intensités mesurées. Voici par exemple deux des relations les
plus utilisées :
I1 I1  I 2
signal  et signal  (2)
I2 I1  I 2
Où I1 et I2 représentent les intensités prévenant de chaque fibre. Cette technique est
largement utilisée pour les systèmes de capteurs à couplage. Cette technique simple est
très dépendante du type de capteur utilisé et elle est difficile à mettre en œuvre pour les
capteurs intrinsèques (modulant l'intensité lumineuse sans la faire sortir de la fibre).
VI.2/Fibre de référence

Cette technique peut être vue comme un cas particulier de la division spatiale. Une
fibre supplémentaire, transportant un signal lumineux, suit le même chemin que la fibre
pourvue du capteur. Ce signal est donc exposé aux mêmes pertes et perturbations
provenant de l'extérieur et pourra donc être utilisé comme signal de référence. L'avantage
de cette technique est de pouvoir suivre la dérive de la puissance lumineuse émise par la
source qui est très critique pour les capteurs à modulation d'intensité.
VI.3/ Longueur d'onde de référence

Cette technique utilise, dans sa configuration la plus simple, deux sources optiques
de largeurs spectrales fines à deux longueurs d'onde différentes. On peut aussi remplacer les
deux sources par une source à large bande spectrale mais il faudra, dans ce cas, utiliser des
filtres pour déterminer l'information provenant de chaque longueur d'onde. En partant du
principe que les pertes induites dans le système sont indépendantes de la longueur d'onde
mais que l'amplitude du mesurande à détecter l'est, il est alors possible de réutiliser les
résultats de la division spatiale. En choisissant correctement les longueurs d'onde, il est
parfois possible de prendre une des deux longueurs d'onde comme référence.
VI.4/ Caractéristique intrinsèque du mesurande

Si la quantité à détecter est alternative (les vibrations par exemple), il suffira de faire
une étude spectrale sur le signal électrique provenant du détecteur ainsi le rapport entre la
composante alternative et continue donnera directement l'amplitude du mesurande. Dans
d'autres cas, le mesurande sera proportionnel à la composante continue. Il est aussi possible
d'utiliser des sources modulées.

34
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

V/ RESUME ET CONCLUSION

Nous avons traité dans ce chapitre les techniques les plus significatives des capteurs à
fibres optiques à modulation d'intensité.
En résumé voici les caractéristiques de différents transducteurs :
V.1/ Les capteurs à base micro-courbures

Ce sont des capteurs intrinsèques particulièrement adaptés pour les mesures mettant en
œuvre un déplacement. Leur principe les rend très sensibles et engendre une grande
amplitude de modulation, néanmoins ils n'ont pas une bonne stabilité due à la
redistribution modale dans la fibre.
V.2/ Les capteurs à champ évanescent

Ils sont spécialement employés pour la détection d'espèces chimiques. Leur inconvénient
majeur est la faible interaction entre le mesurande et la lumière (faible amplitude de
modulation), l'amélioration de la sensibilité passe par l'utilisation de fibres spéciales.
V.3/ Les capteurs à couplage entre deux fibres

Ce sont des capteurs extrinsèques souvent utilisés lors de mesure mettant en œuvre un
déplacement. De nombreuses configurations sont possibles mais il est commun d'avoir un
faible taux de couplage donc des fibres multimodes ou des optiques additionnelles doivent
être utilisées.
Conclusion

On peut dire que les capteurs à modulation d'intensité ont des inconvénients, faible
sensibilité et stabilité, nécessitée d'avoir une compensation pour avoir une utilisation sur
le long terme, mais ont l'énorme avantage d'être faciles à mettre en œuvre.

CHAPITRE IV
CAPTEURS A MODULATION DE PHASE, CAPTEURS INTERFEROMETRIQUES :
EXEMPLES ET APPLICATIONS

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Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

INTRODUCTION

L'interférométrie optique a toujours été associée avec la métrologie de précision. Un


interféromètre optique est un instrument dans lequel au moins deux ondes optiques se
superposent en un point de l'espace. De plus, si ces ondes sont cohérentes, l'intensité
résultante varie périodiquement en fonction de la différence de phase ou de chemin
optique et la période est égale à la longueur d'onde. Le déphasage entre les ondes est de
l'échelle des longueurs d'onde donc très précis.
L'utilisation des fibres monomodes et leurs composants permet de réaliser des
interféromètres très robustes pouvant être utilisés ailleurs que dans un laboratoire. Depuis
le début de l'utilisation de la fibre optique, on s'est aperçu que ses propriétés de guidage
étaient liées à son environnement (température, déformation, pression, ...). De fait, une
différence de chemin optique permet de mesurer une variation de la température et la
contrainte.
Ce chapitre concerne les capteurs dont le principe met en jeu la variation du chemin
optique induite par le mesurande. Par interférométrie, en mesurant la différence de
chemin optique, on remonte ainsi au mesurande.

I/ PRINCIPES GENERAUX

Un capteur peut être défini comme un composant dans lequel le signal optique va être
modulé en réponse au mesurande. Prenons par exemple une source dont le spectre est
connu et le champ électrique E ( ) d'une onde optique à la longueur d'onde  . Le champ
électrique E     après le capteur peut s'écrire:

E     T  X ,   E    (3)

où E    est la matrice de passage du capteur et X est le vecteur caractérisant son


environnement, incluant la température, la déformation, ... La configuration du capteur va
nous permettre de déterminer T et ensuite il suffit d'inverser l'équation précédente pour
obtenir le mesurande. Dans un capteur interférométrique, le mesurande va avoir pour effet
de moduler la phase de l'onde électromagnétique, ce qui se traduit par un changement de
l'intensité de l'interféromètre.
On peut prendre T comme le produit de terme chacun décrivant un effet observable sur le
faisceau transmis :

T   ei B (4)

Où  est la transmittance scalaire,  est le retard de phase et B est la matrice de


biréfringence du composant.  ,  et B sont dépendants de  et du milieu environnant.

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Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Nous pouvons donc réécrire l'équation 3 à l'aide de l'équation 4 en supposant que le


capteur considéré ne modifie pas la polarisation de l'onde :
E      E    ei (5)

La modification de l'onde transmise est obtenue par  ou par  . La transmittance  n'a


en règle générale qu'une petite dépendance au milieu environnant, on peut supposer 
constant. La sensibilité de la fibre aux trois grandeurs (température, déformation,
pression) environnementales s'écrit :
 2  l n 
 n l  (6)
X   X X 

Où l est la longueur de la fibre, n est l'indice effectif du mode fondamentale de la fibre. Le


premier terme dans la parenthèse représente l'extension physique de la fibre et le second
correspond aux variations de l'indice effectif.
La plus grande partie des interféromètres sont à deux ondes (fibres) dans lequel une fibre
est soumise au mesurande et l'autre en est isolée pour servir de référence.
Par exemple, considérons un capteur à fibre optique de déformation. Par simplicité, nous
supposerons que l'élément sensible est une fibre optique de symétrie cylindrique et
isotrope. Nous supposons aussi que le mesurande est purement axial sans composante
transverse. L'application de cette déformation sur la fibre va avoir trois effets :
la fibre est physiquement étirée ou comprimée,
les indices de réfraction du cœur et de la gaine optique sont modifiés donc l'indice
effectif du mode fondamental varie,
les rayons du cœur et de la gaine optique vont être aussi affectés, par conséquent
l'indice effectif du mode fondamental.
Le premier effet est le plus dominant et si nous considérons les autres comme
négligeables, il suffit de modifier la longueur de la fibre d'une longueur d'onde pour
produire un changement d'une période dans l'interféromètre. Néanmoins, le second effet
est de l'ordre de 20% du premier dans la silice fondue et est de signe opposé, ce qui réduit
légèrement la sensibilité. Le troisième effet est plus compliqué. L'indice effectif des
modes guidés de la fibre dépend des paramètres opto-géométriques que sont les indices de
réfraction du cœur et de la gaine optique, des rayons du cœur et de la gaine optique et
enfin de la longueur d'onde de travail. En pratique, le mode fondamental a un indice
effectif proche de l'indice de réfraction du cœur. En réduisant (augmentant) le diamètre de
cœur on fait diminuer (augmenter) l'indice effectif du mode fondamental et donc se
rapprocher (s'éloigner) de l'indice de réfraction de la gaine optique. Toutefois le troisième
effet est négligeable. En tenant compte de l'ensemble des contributions, la sensibilité aux
déformations d'une fibre à   633nm vaut 6.5 106 rad / m .
Une étude similaire peut être menée pour la température où les trois effets sont :
- allongement de la fibre sous l'effet de la chaleur,
- modification des indices de réfraction de la fibre via l'effet thermo-optique,
- augmentation des rayons de la fibre sous l'effet de la chaleur.

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Dans la silice fondue le coefficient d'expansion thermique est très faible, par conséquent
seul le second effet a de l'influence. En tenant compte de l'ensemble des contributions, la
sensibilité thermique d'une fibre à   633nm vaut 100rad / k pour un élément sensible de
un mètre.
On peut aussi regarder les effets de la pression, qui va réduire les dimensions
géométriques (longueur et diamètre) et modifier les indices de réfraction via le coefficient
élasto-optique.
Nous savons qu'un interférogramme est périodique avec une période de 2 radians en
différence de phase ou en terme de différence de marche de  . Afin de remonter à la
valeur du mesurande avec la plus grande précision, il faut pouvoir remonter sans
ambiguïté à la différence de phase ce qui n'est pas facile vue la périodicité de
l'interférogramme.

II/ INTERFEROMETRES A DEUX ONDES

La forme commune d'un interféromètre à deux ondes est la configuration de Mach-


Zehnder représentée sur la figure 7. La source est couplée dans une fibre optique
monomode, l'amplitude est divisée dans deux fibres après le passage dans le coupleur
directionnel CD1. Une fibre représente l'onde de référence tandis que l'autre est l'onde
modulée. Ensuite, les deux ondes sont recombinées à l'aide du second coupleur direction
CD2. Il suffit donc de brancher un photo détecteur à l'une ou l'autre des sorties du CD2
pour obtenir un signal électrique proportionnel à la puissance optique incidente.

Figure 7 : Interféromètre de Mach-Zehnder à fibre optique. CD1 et CD2 sont des coupleurs
directionnels.

On peut démontrer que les intensités vues par les photodétecteurs 1 et 2 s'écrivent :
I1  I 0 1  V cos a  b  (7)
Et
I 2  I 0 1  V cos a  b  (8)

Où a et b sont les phases des ondes signal et référence, I 0 est l'intensité moyenne et V
est la visibilité des interférences. La visibilité dépend de l'intensité relative des deux ondes
signal et référence. La meilleure visibilité est obtenue lorsque les intensités sont
identiques et que la différence de chemin optique entre les ondes signal et référence est
plus petite que la longueur de cohérence de la source. Dans ces conditions, la visibilité est
égale à un. La visibilité est généralement comprise entre zéro et un. Il est à noter que les

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deux intensités I1 et I 2 sont en opposition de phase et que leur somme est constante.
L'accès aux deux sorties peut permettre de compenser les fluctuations éventuelles de la
source.

Figure 8 : Interféromètre de Michelson à fibre optique. CD est un coupleur directionnel.

La figure 8 montre l'interféromètre de Michelson qui est une légère variante de celui de
Mach-Zehnder. Les fibres référence et signal sont chacune terminées par des miroirs qui
renvoient la lumière sur elle-même. Le coupleur directionnel CD sert à la fois à combiner
et à diviser les faisceaux. La sensibilité de cet interféromètre est double par rapport à celui
de Mach-Zehnder grâce à l'aller et au retour du signal dans la zone sensible. Toutefois
cette configuration a un inconvénient important en renvoyant du signal vers la source. Ce
retour peut engendrer des instabilités au niveau de la source, spécialement dans le cas des
diodes laser. Dans la pratique pour éviter ce problème on rajoute juste après la source un
isolateur optique qui ne laisse passer la lumière que dans un sens, et empêche tout retour
vers la source. Les isolateurs optiques utilisent l'effet Faraday pour faire tourner la
polarisation et un polariseur pour bloquer ou non l'onde. L'autre inconvénient d'avoir ce
retour vers la source est de ne plus avoir accès à l'intensité en opposition de phase et de ne
plus pouvoir compenser facilement les fluctuations de la source.
Un autre interféromètre à deux ondes est celui de Sagnac, représenté sur la figure 9. Il a
été principalement développé pour mesurer la vitesse angulaire, comme dans le cas du
gyroscope.

Figure 9: Interféromètre de Sagnac à fibre.


L'onde signal et référence se propagent maintenant dans la même fibre et tournent dans la
boucle à fibre dans le sens horaire et dans le sens trigo. A première vue, il apparaît que les
deux ondes parcourent les mêmes chemins et sont donc toujours en phase, ceci est vrai si
nous avons des effets réciproques. Cependant des effets non réciproques peuvent produire
des déphasages notamment : une vitesse angulaire, un champ magnétique ou un mesurande
dynamique. Prenons pour exemple l'effet d'une déformation mécanique dynamique
s'appliquant près d'une des extrémités de la boucle à fibre. A un instant donné, les ondes
signal et référence arrivant sur le coupleur directionnel pour interférer n'auront pas "vu" la
même déformation, donc le déphasage ne sera plus nul.

39
Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

III/ INTERFEROMETRE A ONDES MULTIPLES

Jusqu'à présent, nous avons seulement considéré des interféromètres à deux ondes.
Cependant des interféromètres à ondes multiples peuvent être aussi utilisés. L'exemple
type est l'interféromètre de Perot-Fabry (FP), représenté sur la figure 10.

Figure 10: Interféromètre de Perrot -Fabry à fibre.

La fonction de transfert d'un Perrot Fabry est bien connue :


I0
I (9)
 
1  F sin  
2

2
Où  est la différence de phase subie par la lumière après un aller-retour dans la cavité et
F est la finesse caractérisant la résolution en déphasage du composant et s'écrit :
4
F (10)
1  R 
2

Où R le coefficient de réflexion des miroirs.


L'intervalle spectral libre, distance séparant deux pics consécutifs, est une autre
caractéristique importante d'un interféromètre de Perrot- Fabry.
c
 
2 Ln

Où c est la vitesse de la lumière, L est la distance séparant les deux miroirs et n est l'indice
de réfraction du milieu.
La sensibilité d'un tel dispositif est augmentée due aux nombreux allers-retours effectués
par les ondes co-propagative et contra-propagative. La réponse typique d'un
interféromètre de Perrot- Fabry pour deux finesses est représentée sur la figure 11. Plus le
coefficient de réflexion des miroirs est important plus le nombre d'aller-retour dans la
cavité est élevé et la finesse est importante.

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Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Figure 11: Transmission d'un Perrot –Fabry en fonction du déphasage et pour deux finesses
différentes.

De façon pratique, il est relativement difficile de déposer des miroirs de haute réflectivité
en bout de fibre, cependant Stone a montré qu'il était possible d'obtenir une finesse de
300. De fait, les interféromètres de Perrot-Fabry les plus communs utilisent simplement la
réflexion de Fresnel de 4% qui a lieu à chaque extrémité d'une fibre nue dans l'air, leurs
transmissions ressemblent à celle de la faible finesse de la figure 11. Il est aussi possible
d'utiliser comme miroir de cavité des réseaux de Bragg.

VI/ INTERFEROMETRIE A DEUX LONGUEURS D'ONDE

Nous l'avons vu précédemment un interférogramme est périodique lorsque l'on


superpose des ondes monochromatiques. Afin d'élargir la plage d'utilisation, il est
possible de faire interférer des ondes ayant des longueurs d'onde très proches, cette
technique peut être aussi employée dans les interféromètres à fibre.
Lorsqu'un interféromètre à deux ondes est illuminé par deux sources monochromatiques
de longueur d'onde 1 et 2 , chacune d'elles va donner un interférogramme avec une
certaine visibilité (prenons un pour simplifier) et une certaine intensité moyenne I 0
(identique pour 1 et 2 là encore pour simplifier), donc l'intensité finale est :
  2 nl    2 nl 
I  I 0 1  cos     I 0 1  cos   (11)
  1    2 

Cette expression peut être réécrite :


     
I  I 0 1  V cos   nl  2 1   (12)
  12  
Où V représente la fonction visibilité des franges et s'écrit :
   
V  cos   nl  2 1  (13)
 12 
Dans cette configuration la résolution est équivalente à celle d'un interféromètre à une
seule longueur d'onde. En revanche la plage sur laquelle la mesure est obtenue sans
ambiguïté est reliée à la période deV, en conséquence la plage de mesure est augmentée
d'un facteur 2 .
2  1

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VI/ INTERFEROMETRIE A FAIBLE COHERENCE

Nous l'avons déjà mentionné au début de ce chapitre, pour que les franges d'un
interférogramme soient visibles il faut que la différence de chemin optique entre les ondes
soit inférieure à la longueur de cohérence de la source lc et vaut :

2
lc  (14)

Où  est la longueur d'onde centrale et  est la largeur spectrale de la source.
Typiquement, les diodes laser ont une longueur de cohérence comprise entre les dizaines
de centimètres et les mètres, alors que pour les DEL (Diode Electroluminescente) elle
varie entre les dizaines et les centaines de micromètres. En conséquence, en illuminant un
interféromètre avec une source à faible cohérence, il est possible d'identifier la position
pour laquelle la Différence de Chemin Optique (DCO) est nulle en cherchant la position
où les franges ont la meilleure visibilité. On peut donc utiliser cette technique pour lever
l'ambiguïté sur l'ordre des franges (déplacement réel du système de franges) qui est un
problème récurent en interférométrie. Ainsi la plage de mesure est augmentée.

Figure 12 : Double interféromètre à fibre. La différence de chemin optique du second


interféromètre est variable.

Il est possible de mesurer la DCO d'un interféromètre en utilisant la configuration de la


figure 12. Ce montage est constitué d'un double interféromètre, un pour la mesure et
l'autre pour la référence, dont le deuxième à la possibilité de faire varier sa propre DCO.
Pour mieux comprendre le rôle de ce deuxième interféromètre, étudions l'influence de la
DCO variable du second interféromètre sur l'intensité vue par le détecteur. Si la DCO est
proche de zéro des franges sont observées. Lorsque la DCO est augmentée au delà de la
longueur de cohérence de la source les franges disparaissent. En continuant d'augmenter
la DCO de façon à s'approcher de celle de l'interféromètre de mesure, des interférences
peuvent alors réapparaître. Ces interférences sont obtenues entre les deux ondes suivantes
et si leur déphasage est inférieur à la longueur de cohérence de la source :
Onde 1 : l'onde prenant le long chemin de l'interféromètre de mesure et le petit
chemin de l'interféromètre de référence.
Onde 2 : l'onde prenant le petit chemin de l'interféromètre de mesure et le long
chemin de l'interféromètre de référence.
En conséquence la visibilité des franges montre un maximum local, comme le montre la
figure 13, lorsque les interféromètres de mesure et de référence ont leurs DCO égales.
Une fois la DCO déterminée, l'obtention du mesurande est immédiate.

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Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Figure 13 : Représentation schématique des franges d'interférences d'un double interféromètre


en fonction de la différence de chemin optique (DCO).

Dans la pratique il existe différentes voies pour faire varier la DCO d'un interféromètre.
Les méthodes les plus simples sont basées sur le déplacement d'un miroir, monté sur une
platine motorisée de translation, afin de faire varier la longueur d'un des bras de
l'interféromètre . Cette technique est simple et offre une large gamme de variation mais
possède l'inconvénient d'être en espace libre. Il faut donc extraire la lumière de la fibre
puis la réinjecter, ce qui est source de pertes et demande une bonne précision de
positionnement des éléments optomécaniques. Il est toutefois possible de réaliser cette
variation de longueur sans faire sortir la lumière de la fibre, pour cela la fibre est collée
sur un élément piézoélectrique se dilatant ou se contractant en fonction du signal
électrique appliqué. Cette technique a cependant une gamme de variation très limitée.

VII/ DETERMINATION DE LA PHASE

Dans un montage interférométrique, la clé pour déterminer le mesurande est la mesure


sans ambiguïté et avec une bonne sensibilité de la différence de phase. Les montages vus
précédemment ont une intensité variant comme les équations 7 et 8.

Si l'on suppose que la phase de l'onde signal ( a ) est composée d'un terme continu et d'un
harmonique d'amplitude faible, la détermination du mesurande sera liée à la configuration
de l'interféromètre comme le montre la figure 14 et la meilleur sensibilité sera obtenue
pour la position Q. On dit alors que les ondes (signal et référence) sont en quadrature.
Cette position est obtenue lorsque la différence de phase est :

a  b   N (15)
4
Certaines techniques sont basées sur l'ajustement de b (phase de l'onde référence) pour
maintenir l'interféromètre en quadrature. On peut donc soit :

Figure 12: Détermination de la phase pour deux points particuliers

- faire varier la longueur de la fibre à l'aide d'élément piézoélectrique .

43
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- faire varier la longueur d'onde de la diode laser en contrôlant le courant d'injection


voire la température.
Des techniques passives sont aussi possibles, elles utilisent des séquences prédéterminées
de déphasage de l'onde référence. Prenons par exemple les cas où l'on déphase

successivement de radians, l'intensité en sortie est :
2
   
I1  I 0 1  V cos    i   (16)
  2 
Avec i variant entre 1 et 4.
Une combinaison des quatre intensités donne le déphasage :
I 3  I1
tg    (17)
I4  I2
Pour finir, on peut citer la méthode basée sur l'ajout d'un décalage alternatif de b qui
s'apparente à la modulation de phase de la porteuse. L'intensité s'écrit :

I  I 0 1  V cos a  b  mt  (18)

La démodulation est obtenue par des techniques de boucle à verrouillage de phase (Phase-
locked loop) très bien connues en électronique.

RESUME ET CONCLUSION

Les capteurs interférométriques sont très largement utilisés pour la détection de divers
mesurandes. Le plus commun et le plus simple des capteurs interférométriques est
sûrement le capteur de déformation, il permet de suivre l'évolution de la structure. Il peut
être par exemple noyé facilement dans une pièce en matériau composite. Les faibles
dimensions de la fibre permettent de ne pas altérer les caractéristiques de la pièce. Des
configurations où la zone sensible est très longue sont aussi envisageable néanmoins on a
plus souvent recours à des capteurs distribués. Pour surveiller par exemple les ouvrages
d'art (ponts, barrages, ...) la méthode la plus courante est à base de réseaux de Bragg.
Cependant l'interférométrie peut être plus appropriée. L'utilisation d'un double
interféromètre est alors utile pour interroger les différentes zones sensibles (via la
variation de la DCO). Ces zones sont généralement des cavités d'air disposées tout au long
de l'ouvrage.
Il est aussi possible de mesurer des déformations transverses. Néanmoins elles induisent
de la biréfringence dans la fibre et sont donc mieux détectées par un capteur à modulation
de polarisation (voir chapitre suivant).
L'ensemble des mesurandes induisant une déformation sur la zone sensible est facilement
détectable, d'autres quantités sont mesurables comme les champs électrique et magnétique
par effet magnéto- et électro-optique.

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Cours sur les capteurs à fibres optiques Pr. Abdelkrim Farkhsi

Les techniques interférométriques permettent des mesures fines et très sensibles mais sont
limitées par les techniques qu'il faut mettre en œuvre pour obtenir le déphasage sans
ambiguïté. C'est pourquoi les réseaux de Bragg leurs sont préférés.
La sensibilité intrinsèque de la fibre optique à la température est l'un des ses
inconvénients majeurs, il faut utiliser des techniques discriminatoires pour séparer les
mesurandes. Cet effet est bien-entendu très intéressant si l'on veut faire un thermomètre.

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