Vous êtes sur la page 1sur 235

David Platt

SUIS-MOI

Un appel à mourir.
Un appel à vivre.
Préface de Francis Chan
SUIS-MOI
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Follow me : A call to die. A call to live • David Platt
© 2013 • David Platt.
Traduit et publié avec la permission de Tyndale House Publishers, Inc.
Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Suis-moi : Un appel à mourir. Un appel à vivre. • David Platt
© 2014 • BLF Éditions
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Sarah Lecerf, Nelly Yoder


Une coédition BLF Éditions et JPC
Couverture et mise en page : BLF Éditions
Impression n°XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version
Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec
aimable autorisation. Tous droits réservés. Les italiques sont ajoutés par
l’auteur du présent ouvrage.

Coédition BLF Éditions


ISBN 978-2-36249-190-0 Broché
ISBN 978-2-36249-191-7 numérique

Coédition JPC
ISBN 978-2-905253-24-8 Broché

Dépôt légal 1er trimestre 2020


Index Dewey (CDD) : 248.4
Mots-clés : 1. Vie chrétienne. Sanctification.
2. Jésus-Christ. Mandat missionnaire.
3. Église. Évangélisation.
dédicace

À Caleb, Joshua, Mara Ruth et Isaiah…


Plus que tout, je prie que chacun d’entre vous
trouve la vie dans sa mort.
Table des matières

Dédicace.......................................................................................... 7
Préface de F. Chan.................................................................. 11
CHAPITRE UN
Des croyants non convertis........................................... 23
CHAPITRE DEUX
La formidable invitation...................................................45
CHAPITRE TROIS
Religion superficielle et régénération
surnaturelle...............................................................................67
CHAPITRE QUATRE
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et
Sauveur personnel...............................................................87
CHAPITRE CINQ
Enfants de Dieu.....................................................................105
CHAPITRE SIX
La volonté de Dieu pour votre vie...........................127
CHAPITRE SEPT
Le corps de Christ............................................................... 149
CHAPITRE HUIT
Une vision de ce qui devient possible.....................171
CHAPITRE NEUF
Nés pour se multiplier......................................................195
ANNEXE
Projet personnel pour faire des disciples.........215
Remerciements.................................................................... 221
Notes de chapitres............................................................223
Présentation de JPC......................................................226
Préface

Mon parcours personnel


J’ai fait ce que tout le monde attendait de moi : j’ai implanté une
megachurch, écrit un best-seller, fondé une université, implanté
d’autres Églises et donné des conférences. Mais j’avais un énorme
problème : je n’étais pas en paix. Il y avait trop d’incohérences dans
ma vie. Je voyais bien en lisant la Bible que ma vie ne ressemblait
pas à celle de Jésus. Je voyais bien que l’Église du livre des Actes
n’avait rien à voir avec ce que je connaissais. Même si le Christ a
vécu dans une autre culture que la mienne, tout chrétien est appelé
à lui ressembler. J’en ai la conviction. Et l’Église d’aujourd’hui est
appelée à ressembler à celle du livre des Actes, même si celui-ci
décrit des événements uniques de notre histoire.
Quand ma femme, Lisa, et moi-même avons senti que le
Seigneur voulait nous conduire dans une nouvelle aventure, nous
n’avons pas été surpris. Après dix-sept années de ministère floris-
sant dans la même ville (soit toute la durée de notre mariage), nous
avons laissé derrière nous quelques amitiés profondes et irrempla-
çables pour faire un bond dans l’inconnu. Je ne recommande pas
cela à tout le monde. Ce n’est pas le plan de Dieu pour tous, mais ça
l’était pour nous. Cette ville n’était apparemment plus l’endroit où

11
SUIS-MOI

j’étais le plus utile pour répandre l’Évangile. Et cette raison nous a


suffi. Nos décisions ne devraient-elles pas toujours être prises en
fonction de leurs conséquences pour le royaume de Dieu ?
En fait, ce qui me gênait c’était de constater le nombre impres-
sionnant de bonnes Églises qui existaient dans ma petite ville. Et
j’étais mal à l’aise en voyant tant de leaders servir Dieu fidèlement
au sein de notre Église alors que d’autres villes en avaient si peu, ou
en étaient totalement dépourvues. Ma propre incapacité à motiver
les gens à faire des disciples me frustrait. J’étais capable de prêcher
devant une salle comble. Mais pas de convaincre mes auditeurs à
quitter la salle pour aller effectivement faire des disciples. Je savais
susciter un sentiment d’enthousiasme, mais pas un sentiment
d’urgence. Je savais que Jésus voulait davantage pour son Église,
mais je ne savais pas exactement quoi. Et je ne savais pas comment
y amener les gens de mon Église.
Je comprends désormais qu’une partie du problème venait bien
de moi. Nous savons tous qu’il est difficile d’enseigner quelque
chose à nos enfants si nous ne le pratiquons pas nous-mêmes. Je
disais aux gens de faire des disciples alors que moi, je passais tout
mon temps à régler des problèmes d’Église et à préparer des pré-
dications. Je les poussais à parler souvent de leur foi alors que moi,
je ne le faisais que rarement. Je rêvais d’une Église engagée dans
une grande aventure, alors que moi, je vivais un petit train-train
tranquille.
Nous avons vendu notre maison, fait nos bagages et sommes
partis en Asie. J’ai alors retrouvé la paix. Combien c’est étrange de
constater que les temps d’incertitude procurent bien plus la paix
que les temps de facilité ! Nous avons choisi l’Asie parce que j’avais
beaucoup entendu parler de la foi des croyants de là-bas. Je voulais
constater cela de mes propres yeux. Je voulais savoir si le Seigneur
m’appelait vers ces pays. Je pensais que je serais peut-être plus à
ma place à l’étranger, plus utile dans une culture différente. Quelle
qu’en serait l’issue, je profitais à fond de l’aventure. C’était palpitant
de se retrouver ainsi dans des pays étrangers et de prier en famille
pour demander au Seigneur s’il voulait ou non que nous y restions
pour de bon. C’était, à bien des égards, un rêve devenu réalité.

12
Préface

Nous avons beaucoup appris durant ce séjour en Asie. Mais le


Seigneur m’a fait comprendre qu’il y avait encore du travail pour
moi en Amérique du Nord. Je devais appliquer au contexte des
États-Unis ce que j’avais appris des croyants chinois et indiens.
Leur ardeur et leur engagement ressemblaient tant à ce que je lisais
dans les Écritures. Ils étaient, au xxie siècle, un exemple vivant du
christianisme du Nouveau Testament. Ils démontraient avec quelle
vitesse et efficacité l’Évangile pouvait se répandre lorsque chaque
croyant faisait des disciples. Et je suis convaincu qu’une telle menta-
lité et une telle manière d’appréhender l’Église pourraient apporter
des changements semblables dans mon pays.
Encore faut-il le vouloir.
Me voici donc de retour aux États-Unis. Sans connaître avec
certitude le projet de Dieu pour moi. Mais c’est l’une des meil-
leures périodes de ma vie. Je passe la plupart de mes journées à San
Francisco avec un groupe d’amis : nous y annonçons l’Évangile à
qui veut l’entendre. Une personne à la fois. Une Église est en train de
se former. Faire des disciples est au cœur de cette Église, et l’unité y
est naturelle. Nous sommes rapidement devenus une famille. Il est
bien plus facile de mettre les désaccords de côté quand on travaille
avec des compagnons d’armes qui se sacrifient dans le but de faire
des disciples.
Je suis davantage dans la paix quand je cherche à atteindre
ceux qui ne connaissent pas Jésus (je suis moins lâche que dans
le passé). J’ai observé une croissance spirituelle phénoménale
chez mes enfants. J’aime les regarder partager leur foi et voir leur
enthousiasme à la vue du surnaturel. Le Seigneur a souvent répondu
miraculeusement à nos prières. Nous sommes moins attachés aux
choses de ce monde et davantage fixés sur l’éternité. Ma femme et
mes enfants ressemblent de plus en plus à Christ. Notre manière
de vivre est davantage en harmonie avec le Nouveau Testament.
Comme l’a dit ma fille de seize ans après notre première sortie
ensemble pour aller partager notre foi : « C’est comme si on était
sortis tout droit des pages de la Bible ! »
L’Église dont je fais partie est en devenir, mais elle avance dans
la bonne direction. Elle ressemble de plus en plus à ce que je vois
dans les Écritures. On y trouve vie, amour, dévouement, engage-

13
SUIS-MOI

ment et puissance. Je passe le plus clair de mon temps à faire des


disciples et dans ce cadre, mon ministère coule de source.
Pendant trop longtemps, je me suis battu avec les chiffres. Tout
allait bien quand je gérais cinquante personnes, qui eux, en tou-
chaient cinq cents. J’avais l’impression d’être un bon gestionnaire.
Impeccable aussi avec cinq-cents ouvriers qui en atteignaient cinq
mille. Mais c’est là que le système s’est effondré ! On m’avait confié
l’énorme responsabilité de diriger cinq-mille travailleurs. C’est une
sacrée main-d’œuvre ! Qui a produit de bonnes choses. Mais les
ouvriers ne se multipliaient plus. Le résultat ne correspondait pas
à la taille de l’entreprise. J’étais en train de gaspiller les ressources.
La question n’est pas d’avoir une petite ou une grande Église.
Ce qui compte c’est de s’assurer que chaque croyant garde en tout
temps présent dans son esprit le grand ordre de mission de Jésus.
Ce qui compte c’est d’aider l’Église à passer du « Venez et écoutez ! »
au « Allez et racontez ! ». Ce qui compte c’est de voir des chrétiens
embrasser la vraie vie, et l’Église briller avec éclat.

Faire de chaque jour un voyage missionnaire


Peut-être avez-vous déjà participé à un voyage missionnaire.
C’était fascinant, non ? Pendant plusieurs jours, avec d’autres
croyants, vous avez visité un pays étranger, en vous mettant au ser-
vice des chrétiens de ce pays. Ensemble, vous avez ri en mangeant
des plats étranges et en essayant de parler une langue bizarre. Vous
avez pleuré devant l’extrême pauvreté présente tout autour de vous.
Vous êtes peut-être tombé malade vous-même, avez rencontré des
difficultés ou même connu la persécution.
Pourtant, à votre retour, la joie de retrouver le confort de
votre maison a vite cédé la place à une certaine déception. Vous
étiez à nouveau dans le « monde réel ». Vous aviez connu la paix
intérieure, alors que vous serviez le Seigneur à l’étranger. Mais
cette paix s’était tant soit peu évaporée. Vous aviez retrouvé votre
train-train quotidien et aviez l’impression qu’une grande partie de
vos activités n’avait aucune portée éternelle. Et si c’était possible
de conserver l’enthousiasme et la paix ? Et si la vie pouvait être un
perpétuel voyage missionnaire ? Pouvons-nous vivre cela dans le
« monde réel » ?

14
Préface

Non seulement nous le pouvons, mais c’est ce que Dieu veut


pour nous !
Vous rappelez-vous du verset que beaucoup d’entre nous ont
entendu, au tout début de notre vie avec Jésus ? « Le voleur ne vient
que pour voler, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les
brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance » (Jean 10 : 10).
Dieu a prévu pour nous une vie d’abondance. Pleinement satis-
faisante. Pas monotone du tout. Il veut que nos actions aient une
portée éternelle. Il veut que nous travaillions à l’expansion de son
royaume, d’une façon ou d’une autre, là où nous vivons, chaque
jour. Ce qui ne signifie pas que nous devrons tous quitter notre
travail pour déménager à l’autre bout du monde. Mais cela signifie
que nous devons tous trouver le moyen d’entrer chaque jour dans
ses projets.
Paul l’a formulé ainsi : « Aucun soldat en service ne s’embarrasse
des affaires de la vie courante s’il veut plaire à celui qui l’a recruté »
(2 Timothée 2 : 4).
La plupart d’entre nous avons tendance à faire exactement le
contraire ! Nous nous occupons « des affaires de la vie courante »
et rejoignons le champ de bataille de temps à autre, lorsque nous
nous y sentons forcés. Nous servons Dieu ponctuellement : un
voyage missionnaire, une journée spéciale d’évangélisation, une
rencontre de prière. S’embarrasser des affaires de la vie de tous les
jours, c’est devenu normal et acceptable. C’est même applaudi, à
condition de se mettre de temps à autre au service de Dieu. Mais
est-ce que la Parole ne nous invite pas à vivre différemment ? Votre
vie ne serait-elle pas plus « abondante » si vous vous retrouviez tous
les jours sur le champ de bataille ?
Vous pensez peut-être ne pas avoir le choix. Ne sommes-nous
pas obligés de nous « embarrasser des affaires de la vie courante »
quand il y a des factures à payer, une famille dont il faut prendre
soin, et des responsabilités à assumer ?
Absolument pas ! Vous et moi avons été créés pour tout autre
chose.

15
SUIS-MOI

S’il l’ordonne, c’est qu’on peut le faire !


Jésus ne nous aurait jamais donné un commandement impos-
sible à mettre en œuvre.
Quand il permet la tentation, il prévoit aussi le moyen d’en
sortir (1 Corinthiens 10 : 13). Quand il nous donne un service à
accomplir, il nous offre la puissance pour le faire (Philippiens 2 : 12-
13 ; 4 : 13, 19). S’il nous lançait un ordre sans nous octroyer en même
temps la force pour y obéir, notre vie ne serait pas abondante, mais
pleine de frustrations.
Bien terminer un travail est une grande source de joie dans la
vie. Quel bonheur de réussir un examen après avoir étudié comme
un fou ! Quel plaisir de remporter une compétition après avoir
tout donné ! Nous admirons l’athlète olympique qui remporte
la médaille d’or après des années d’intense entraînement. Nous
aimons voir le dur labeur récompensé.
Dieu nous a créés pour des œuvres bonnes (Éphésiens 2 : 10).
Et voilà ce qui est fou : non seulement Dieu nous donne des com-
mandements, non seulement il nous offre la puissance pour obéir
à ces commandements, mais ensuite il nous récompense lorsque
nous avons fait ce qu’il nous avait ordonné de faire ! C’est ça, la vie
abondante.
La tâche la plus mémorable confiée par Jésus est sans doute celle
de Matthieu 28. Elle sort du lot en raison d’un incroyable contexte.
Il est ressuscité des morts, puis il a introduit son commandement par
ces mots : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre ».
Personne ne pourrait oublier ce qui suit une telle introduction :
Allez [donc], faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à mettre
en pratique tout ce que je vous ai prescrit. (Matthieu 28 : 18-20)
Jésus voulait des disciples issus de toutes les nations de la terre.
Aussi a-t-il ordonné aux siens de les atteindre et de les former. Et
c’est exactement ce qu’ils ont fait. Mais ce travail n’est pas encore
terminé. Jésus nous demande de suivre leurs traces. Et d’organiser
toute notre vie autour de cet objectif : accomplir cette mission.
L’Église a démarré en Actes 2 quand trois-mille personnes se
sont converties. On estime que le nombre de chrétiens en l’an 100

16
Préface

s’élevait à vingt-cinq-mille. En l’an 350, ils étaient plus de trente-


millions1.
Comment l’Église a-t-elle pu grandir aussi rapidement, alors
qu’elle était persécutée ? Les premiers chrétiens avaient compris
leur devoir de faire des disciples. Nous retrouvons ce même état
d’esprit dans l’Église chinoise. Et, sans surprise, les chiffres y sont
semblables. En 1950, la Chine annonçait un million de chrétiens.
En 1992, le Bureau national des statistiques chinois en dénombrait
plus de soixante-quinze-millions2. Et si les chrétiens occidentaux
devenaient eux aussi des faiseurs de disciples ? Le réveil ne serait-il
pas au rendez-vous ?
Mais que cette stratégie nous plaise ou non n’a aucune impor-
tance. Nous n’avons pas vraiment le choix. Nous avons reçu un
ordre.
Si votre patron vous confie une tâche au travail et que vous n’en
tenez pas compte, vous prenez un gros risque. La plupart d’entre
nous ne l’envisageraient même pas. Alors, comment osons-nous
ignorer l’ordre du Roi de l’univers, celui qui reviendra un jour en
tant que Juge ?
Ce commandement peut sembler nous dépasser. Beaucoup
ont déjà une vie bien remplie, avec parfois le sentiment d’être sur
le point de craquer. Jésus a dit : « Mon joug est aisé, et mon fardeau
léger » (Matthieu 11 : 30 – Colombe) ; alors, comment peut-il nous
charger d’un tel fardeau ? La réponse est simple : regardez à qui vous
êtes « attelé » ! Imaginez deux bœufs sous leur joug. Maintenant,
imaginez-vous attelé avec Jésus ! Qui ne voudrait pas ça ? N’est-ce
pas plus un honneur qu’un fardeau ?
Jésus conclut son ordre ainsi : « Et moi, je suis avec vous tous les
jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28 : 20). Quel réconfort !
Il promet d’accompagner ses ouvriers jusqu’à la fin du travail. Voilà
ce qui nous donne paix, confiance et même… impatience.

Se priver de quelque chose


Quand quelqu’un m’avoue qu’il « se sent loin de Jésus », je lui
demande s’il est en train de faire des disciples. Après tout, la pro-
messe du Christ d’être avec nous est directement liée à son ordre de

17
SUIS-MOI

faire des disciples. Tout chrétien désire expérimenter la puissance


du Saint-Esprit, mais nous oublions souvent que cette puissance
nous est donnée dans le but de devenir ses témoins (Actes 1 : 8).
Chaque véritable croyant aspire à voir Dieu à l’œuvre. Mais cela
n’est possible qu’en étant son témoin et en faisant des disciples.
Rien n’est plus passionnant que d’expérimenter personnelle-
ment la puissance de Dieu. Nous aurions tous aimé être aux côtés
d’Élie quand il a fait tomber le feu du ciel ! Ou marcher parmi les
lions en compagnie de Daniel. Ou entendre Pierre et Jean ordonner
au paralytique de se lever et de marcher. Mais notons bien que ces
miracles ont eu lieu alors que ces serviteurs de Dieu le proclamaient
dans des situations dangereuses. Nous nous privons de la puissance
de l’Esprit en refusant de vivre par la foi. Nous nous privons de vivre
du Christ quand nous ne sommes pas ses témoins.
Le plus triste dans l’histoire, c’est que nous pourrions vraiment
voir Dieu à l’œuvre. Mais au lieu de cela, nous ressentons de la
culpabilité ! Notre crainte de le suivre dans une vie de faiseurs de
disciples nous laisse face à un sentiment de grande déception.
Vous débattez-vous avec ce genre de culpabilité ?
Vous lisez la Bible et vous croyez que Jésus est le seul chemin
vers le ciel. Vous savez que ceux qui meurent sans Christ ont
devant eux un avenir horrible de souffrance. Pourtant, pour une
raison ou pour une autre, vous ne faites pas grand-chose pour
mettre en garde votre famille et vos amis. Vous ne parlez jamais
de Jésus à vos voisins, collègues et autres personnes que vous
croisez tous les jours.
Vous regardez votre vie et vous pensez : Mais, ça n’a aucun
sens ! Ou bien je ne crois pas vraiment ce que la Bible dit, ou bien je
manque cruellement d’amour. De toute évidence, ma crainte d’être
rejeté passe avant la destinée éternelle de mon prochain !
Pendant une bonne partie de ma vie, j’ai moi aussi connu ce
sentiment de culpabilité. Je savais bien que mes actions n’étaient
pas cohérentes avec ma foi.
Ce n’est pas ce que Dieu désire pour nos vies. Il souhaite nous
libérer de ce sentiment de culpabilité. Il veut nous voir débordant
de vie ! Nous pouvons ignorer cette culpabilité. Ou nous justifier

18
Préface

en nous comparant à d’autres, tout aussi satisfaits avec leur petite


vie tranquille. Mais ce n’est pas la solution. La solution, c’est la
repentance. Le changement.
J’ai remarqué une certaine tendance dans beaucoup d’Églises :
les gens ont désormais du plaisir à entendre des prédications qui
pointent du doigt certains problèmes de leur vie ! Ils sortent du
culte brisés par le poids de leur péché. Mais là où ça devient vrai-
ment tordu, c’est qu’ils peuvent même se sentir victorieux dans
leur détresse. Ils se vantent : « Je viens d’entendre un message très
puissant, et ça m’a profondément interpellé ! » Ils se focalisent
ensuite sur l’interpellation produite par le message, mais pas sur le
changement qui devrait suivre une telle interpellation. En effet, le
changement ne suit pas automatiquement une prise de conscience
d’un problème ! Le sentiment de culpabilité n’est pas toujours une
bonne chose. Il ne l’est que s’il nous conduit de la tristesse à la joie
de la repentance.
Souvenez-vous : le jeune homme riche est reparti triste, alors
que Zachée, qui lui aussi était très riche, a sauté de son arbre tout
heureux (Luc 18 et 19). La différence entre ces deux hommes ? La
repentance. Le jeune homme riche était triste parce qu’il n’était pas
prêt à lâcher prise. Zachée, lui, a abandonné son orgueil et tous ses
biens afin de suivre Jésus, avec joie. C’est ce que Christ veut pour
nous.
Il est temps d’échanger notre culpabilité et notre tristesse pour
la joie du Seigneur.
Sans aucun regret.

En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance qui


conduit au salut et que l’on ne regrette jamais, tandis que la
tristesse du monde produit la mort. (2 Corinthiens 7 : 10)

Bien finir sa course


Nous avons tous fait des erreurs dans le passé. Mais vivre dans
le passé peut nous détruire. Décidons d’utiliser au mieux le temps
qui nous reste sur la terre.
Paul a fait une merveilleuse proclamation en Actes 20 :

19
SUIS-MOI

C’est pourquoi je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du


sang de vous tous, car je vous ai annoncé tout le plan de Dieu
sans rien en cacher. (Actes 20 : 26-27)

Qui n’aimerait pas pouvoir dire cela ? Paul pouvait vivre en paix
avec sa conscience car il avait fait face à ses responsabilités. Il avait
dit tout ce qu’il avait à dire ! À la fin de sa vie, il a pu honnêtement
affirmer :

Pour ma part, en effet, je suis déjà comme sacrifié et le moment


de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai
terminé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de
justice m’est réservée. Le Seigneur, le juste juge, me la remettra
ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui
auront attendu avec amour sa venue. (2 Timothée 4 : 6-8)

Tel un athlète olympique qui attend de recevoir sa médaille


d’or, Paul avait accompli sa tâche. Il n’attendait plus maintenant
que sa « couronne ». Paul avait terminé sa mission. Comme Jésus,
qui a dit : « J’ai terminé ce que tu m’avais donné à faire » (Jean 17 : 4).
Imaginez-vous, en ce moment même, en train de dire cela à
Dieu !
Quoi de plus merveilleux que de pouvoir vous approcher de
son trône en sachant que vous avez terminé la tâche qu’il vous avait
confiée ? Difficile de croire que nous pourrons entendre Jésus nous
confesser devant le Père ! Mais il l’a promis :

C’est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je


le confesserai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux ;
mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai
moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux. (Matthieu
10 : 32-33 – Colombe)

Cessons de nous voiler la face ! Cela fait trop longtemps que


nous n’avons pas goûté à sa présence ni à sa puissance. Il est temps
de dépasser nos peurs et de nous mettre au travail. Ce livre veut
vous aider à vivre dans la paix votre vie de disciple de Jésus, et à
terminer votre vie de faiseur de disciple avec assurance. Ce livre
décrit ce que devrait être le merveilleux voyage vers la vie éternelle
qui est réservée à quiconque répond réellement à la simple invita-
tion de Jésus : « Suis-moi ».

20
Préface

J’ai rencontré David Platt pour la première fois en 2011. Nous


étions tous deux orateurs dans une même conférence. Et nous pen-
sions que ce serait formidable de pouvoir encourager et équiper les
milliers de participants à devenir des « faiseurs de disciples ». Tous
deux avions pour cela l’idée d’un livre qui présenterait le besoin
et, nous l’espérions, mobiliserait les foules. Je suis heureux que cet
ouvrage ait pu voir le jour.
Nous vivons des temps extraordinaires. Des milliers de per-
sonnes en Occident prennent conscience des problèmes de l’Église.
Et elles s’engagent pour que les choses changent. De vrais disciples
de Jésus se lèvent, refusant de continuer à n’être que spectateurs ou
consommateurs. Jésus nous a ordonné d’aller et de faire des dis-
ciples. Alors nous refusons de rester assis en cherchant des excuses !
Je prie que vous rejoigniez les rangs de cette foule grandissante
de chrétiens qui s’engagent à faire des disciples. Et qui réellement
font des disciples. Inlassablement, jusqu’à ce que tous les peuples
de la terre aient reçu l’invitation à suivre Jésus.
Avons-nous le choix d’agir différemment ?
FRANCIS CHAN

21
CHAPITRE UN

Des croyants non convertis

Elle s’appelle Aziza. Son peuple se vante d’être cent pour


cent musulman. Appartenir à la tribu d’Aziza, c’est être musulman.
Tout ce qui la définit est inextricablement lié à l’islam : identité
personnelle, honneur familial, statut relationnel et social. En clair,
si Aziza abandonnait sa foi, elle signerait aussitôt son arrêt de
mort. Si sa famille découvrait qu’elle n’était plus musulmane, elle
lui trancherait la gorge sans hésiter.
Imaginez à présent que vous parlez de Jésus avec Aziza. Vous
commencez par lui dire que Dieu l’aime tellement qu’il a envoyé son
Fils unique pour mourir sur une croix pour ses péchés et devenir son
Sauveur. Alors que vous en discutez, vous pouvez sentir que son cœur
s’ouvre peu à peu à vos paroles. Mais vous sentez en même temps que
son esprit tremble à l’idée de ce que cela lui coûterait de suivre Christ.
La peur au ventre, mais le cœur rempli de foi, elle vous demande :
« Qu’est-ce que je dois faire pour devenir chrétienne ? »
Vous avez le choix.
Vous lui expliquez combien c’est facile : elle n’a qu’à adhérer
à certaines vérités, répéter une certaine prière, et elle sera sauvée.
Tout simplement.

23
SUIS-MOI

Ou vous lui dites la vérité : dans l’Évangile, Dieu l’appelle à


mourir.
Littéralement.
Mourir à sa vie.
Mourir à sa famille.
Mourir à ses amis.
Mourir à son avenir.
Et en mourant, à vivre.
À vivre en Jésus.
À vivre en tant que membre d’une famille planétaire qui com-
prend toute tribu.
À vivre avec des amis de tous âges.
À vivre un avenir de joie éternelle.
Aziza n’est pas un personnage de fiction. Je l’ai rencontrée.
Malgré le prix à payer, elle a réellement choisi de devenir chré-
tienne, de mourir à elle-même et de vivre en Christ. Sa décision l’a
obligée à fuir sa famille et elle s’est retrouvée loin de ses amis. Elle
travaille pourtant aujourd’hui à répandre l’Évangile parmi son
peuple, en faisant preuve de stratégie et d’un sens du sacrifice. Ce
n’est pas sans risques : jour après jour, elle meurt à elle-même pour
vivre en Christ.
L’histoire d’Aziza nous rappelle une vérité fondamentale :
l’appel du Christ est inévitablement un appel à mourir. Et ce,
depuis les débuts du christianisme. Quatre pêcheurs se tenaient
près d’un lac quand Jésus les a interpellés : « Suivez-moi et je ferai
de vous des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19). Il exhortait
ces hommes à laisser derrière eux profession, possessions, rêves,
ambitions, famille, amis, tranquillité et sécurité. Ils devaient tout
abandonner. Jésus répétait souvent : « Si quelqu’un veut me suivre,
il doit renoncer à lui-même ». Dans un monde où tout tourne
autour de notre petite personne (« Protège-toi, défends-toi, amuse-
toi, réconforte-toi, prends soin de toi, mets-toi en avant ! »), Jésus
disait : « Mets-toi à mort ». Et c’est exactement ce qui s’est passé
pour ces quatre pêcheurs. Les Écritures et la tradition racontent

24
Des croyants non convertis

le prix fort qu’ils ont payé pour avoir suivi Jésus. Pierre a été
crucifié à l’envers, André a été crucifié en Grèce, Jacques a été
décapité et Jean exilé.
Ils estimaient pourtant que ça en valait la peine. Ça valait la
peine de tout sacrifier pour Jésus. Ils avaient découvert un amour
qui surpasse toute compréhension, une satisfaction qui ne dépend
pas des circonstances, et une raison d’exister qui l’emporte sur toute
autre ambition sur cette terre. Sans hésiter, ils ont accepté avec joie
de « perdre leur vie » afin de connaître, de suivre et de proclamer
Jésus. En marchant sur les pas de Jésus, ces premiers disciples ont
découvert un chemin qu’il valait la peine de suivre, même au prix
de leur vie.
Deux mille ans plus tard, à quel point nous sommes-nous
égarés loin de ce chemin ? Entraînés par les courants culturels
et religieux, n’avons-nous pas étouffé l’appel pressant de Jésus à
lui abandonner totalement nos vies ? Les Églises sont remplies
de « chrétiens » qui se contentent d’une relation occasionnelle
avec Christ. Ils n’ont de chrétiens que le nom qu’ils se donnent.
Un nombre incalculable d’hommes, de femmes et d’enfants sont
convaincus qu’il suffit de reconnaître certains faits ou de pronon-
cer certains mots pour suivre Jésus. C’est faux ! Des disciples tels
que Pierre, André, Jacques, Jean et Aziza montrent que l’appel de
Jésus n’est pas une invitation à réciter une prière : c’est un appel
pressant à perdre notre vie.
Comment donc oserions-nous croire qu’être chrétien serait
plus facile pour nous que pour eux ? Et comment oserions-nous
refuser de mourir à nous-mêmes pour vivre en Christ ? Oui, il
en coûte de sortir de notre christianisme de surface, culturel et
confortable, mais cela en vaut la peine. Ou plus exactement : il en
vaut la peine. Jésus vaut bien plus qu’une croyance intellectuelle,
et le suivre signifie bien plus que suivre une simple spiritualité du
dimanche. Lorsque nous mourons à nous-mêmes et vivons pour
lui, nous découvrons une joie indescriptible, nous ressentons une
satisfaction profonde, et nous réalisons notre dessein éternel.
Voilà pourquoi j’ai écrit ce livre. Dans un précédent ouvrage,
Radical 3, j’ai cherché à dénoncer des valeurs et des opinions
contemporaines en total désaccord avec l’Évangile, et pourtant

25
SUIS-MOI

largement répandues dans nos Églises. J’y passais en revue les


pensées et les choses de ce monde qu’il nous faut abandonner
pour suivre Jésus. Le but de ce livre-ci est donc de passer à l’étape
suivante : passer des choses que nous abandonnons à la personne
à qui nous nous accrochons. Je veux percevoir non seulement la
petitesse de ce que nous devons délaisser dans ce monde, mais
aussi la grandeur de celui que nous suivons dans ce monde. Je
veux mettre en avant ce que signifie mourir à nous-mêmes et
vivre en Christ.
Je vous invite à me rejoindre dans cette quête. En chemin,
j’aimerais remettre en question des expressions toutes faites répan-
dues parmi les chrétiens d’aujourd’hui. Mon but en faisant cela
n’est pas de reprendre ceux qui ont prononcé ces expressions, mais
simplement d’exposer certains dangers potentiels que cachent ces
clichés populaires. Je ne prétends pas avoir toutes les réponses.
Ni comprendre tout ce qu’implique le fait de suivre Jésus. Mais je
sais que Jésus vaut beaucoup plus que la simple routine religieuse
dans laquelle nous sommes tentés de nous installer tous les jours.
D’autant plus que nous vivons à une époque où le simple fait de
vivre la foi chrétienne est tellement critiqué par la culture et si mal
compris dans l’Église. Quand nous considérerons sérieusement ce
que Jésus avait en tête quand il a dit « suis-moi », nous découvrirons
qu’il offre bien plus que tout ce que le monde peut nous offrir. Nous
pouvons ressentir plus de plaisir en lui, disposer d’une puissance
incroyablement plus grande avec lui et accomplir un dessein bien
plus élevé pour lui. Résultat : sans hésiter, nous accepterons tous
de perdre notre vie volontairement et avec joie, afin de connaître
et proclamer Christ. C’est tout simplement cela que signifie suivre
Jésus.

« Répète cette prière »


Un de mes amis, appelons-le Jeremy, a été exposé au concept
de l’enfer pour la première fois en regardant un épisode de Tom et
Jerry quand il était enfant. Au cours d’une scène particulièrement
frappante, Tom est envoyé en enfer parce qu’il a fait quelque chose
de mal à Jerry. Ce qui était censé être un dessin animé humoristique

26
Des croyants non convertis

a terriblement effrayé Jeremy. Il en a parlé un jour avec un adulte


de son Église.
L’homme s’est penché vers Jeremy et lui a dit :
— Eh bien, toi tu n’as pas envie d’aller en enfer, n’est-ce pas ?
— Non.
— Très bien. Dans ce cas, répète cette prière après moi : Cher
Jésus…
Jeremy a hésité. Après un silence gêné, il a compris qu’il devait
répéter la prière :
— Cher Jésus…
— Je sais que je suis un pécheur, et je sais que Jésus est mort
sur une croix pour mes péchés, a dit l’homme.
Jeremy l’a imité. L’homme a continué :
— Je te demande de venir dans mon cœur et de me sauver de
mon péché.
Là encore, Jeremy a répété ce qu’il avait entendu.
— Amen ! a conclu l’homme.
Puis il a regardé Jeremy et lui a dit :
— Fiston, tu es sauvé de tes péchés, et tu n’auras plus jamais à
te soucier de l’enfer.
Ce que cet homme a dit à mon ami dans l’Église ce jour-là
n’était franchement pas vrai. Ce n’est évidemment pas ce que signi-
fie « répondre à l’invitation de Jésus à le suivre ». Cette anecdote
représente pourtant une tromperie qui s’est répandue comme une
traînée de poudre dans le paysage chrétien.
« Demande seulement à Jésus d’entrer dans ton cœur. »
« Invite simplement Christ dans ta vie. »
« Répète cette prière après moi, et tu seras sauvé. »
La Bible ne mentionne nulle part une telle prière : devrions-
nous nous en alarmer ? Nulle part dans les Écritures, quelqu’un
n’est encouragé à « demander à Jésus d’entrer dans son cœur » ou
« inviter Christ dans sa vie » : devrions-nous nous en inquiéter ?

27
SUIS-MOI

On a convaincu des multitudes de « chrétiens » qu’en prononçant


certains mots, en récitant une certaine prière, levant leurs mains,
cochant une case, signant une carte ou s’avançant à l’appel, ils
seraient chrétiens et leur salut serait garanti pour l’éternité.
Ce n’est pas vrai. Nous avions probablement de bonnes inten-
tions et un désir sincère d’atteindre autant de personnes que pos-
sible pour Jésus. Mais en fin de compte, nous avons réduit à trois
fois rien la définition d’un disciple de Jésus. Nous avons remplacé
les exigences du Christ par des formules banales. Puisqu’il fallait
plaire aux foules, nous avons vidé le christianisme de son sang
pour le remplacer par une sorte de grenadine bien sucrée. Les
conséquences sont catastrophiques. Des multitudes d’hommes et
de femmes pensent en ce moment même être sauvés de leurs péchés
alors qu’ils ne le sont pas. Des millions de personnes dans le monde
se pensent chrétiennes, à cause de leur culture ambiante. D’après
Jésus, elles ne le sont pas.

« Je ne vous ai jamais connus »


Est-ce possible ? Possible de se dire chrétien sans pour autant
connaître Christ ? Absolument. Et d’après Jésus, c’est fort possible.
Vous rappelez-vous de ses paroles vers la fin de son sermon
le plus célèbre ? Entouré de gens considérés comme ses disciples,
Jésus a dit :

Ceux qui me disent : « Seigneur, Seigneur ! » n’entreront pas


tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait
la volonté de mon Père céleste. Beaucoup me diront ce jour-
là : « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton
nom ? » Alors je leur dirai ouvertement : « Je ne vous ai jamais
connus. Éloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal ! »
(Matthieu 7 : 21-23)

Ces mots font partie des paroles les plus effrayantes de toute
la Bible. En tant que pasteur, j’en reste parfois éveillé la nuit. Je
suis hanté par la pensée que parmi ceux qui sont assis à l’Église le
dimanche matin, beaucoup pourraient être surpris de se tenir un
jour devant Jésus et de l’entendre leur dire : « Je ne t’ai jamais connu ;
éloigne-toi de moi ! »

28
Des croyants non convertis

Nous sommes tous enclins à nous laisser berner spirituellement,


chacun d’entre nous. Quand Jésus prononce ces mots en Matthieu
7, il ne parle pas des athées, des agnostiques, des païens ou des
hérétiques. Il parle de gens bons et pieux, d’hommes et de femmes
associés à Jésus qui supposent que leur éternité est assurée, mais
qui seront un jour choqués de découvrir que ce n’est pas le cas. Bien
qu’ils professaient leur croyance en Jésus et accomplissaient toutes
sortes d’œuvres bonnes en son nom, ils ne l’ont jamais vraiment
connu.
Si les foules du ier siècle pouvaient se tromper à ce point, c’est
d’autant plus vrai pour les Églises du xxie siècle. Quand je lis
Matthieu 7, je pense à Tom, un homme d’affaires qui avait été actif
dans l’Église toute sa vie. Il a servi dans pratiquement toutes les
sphères d’activités possibles d’une assemblée. Quand il a commencé
à fréquenter l’Église dont j’étais pasteur, son ancien pasteur nous
a appelés pour vanter ses qualités et nous encourager à l’impliquer
dans notre vie d’Église.
Le seul problème, c’est que Tom n’était jamais réellement deve-
nu un disciple de Jésus. Il avait certes servi dans l’Église pendant
plus de cinquante ans, mais, dit-il : « Pendant toutes ces années,
je me suis assis sur les bancs de l’Église pensant connaître Christ,
alors que ce n’était pas le cas ».
Julie, une étudiante de notre assemblée, a vécu une histoire
semblable. Elle raconte elle-même son parcours :

À l’âge de cinq ans, j’ai prié pour que Jésus vienne dans mon
cœur. Cette prière m’a servi pour un temps de « ticket pour éviter
l’enfer », alors que je continuais à marcher dans le péché. En
apparence, j’étais meilleure que les autres dans mon groupe de
jeunes, ce qui semblait prouver la réalité de ma foi. Il m’arrivait
pourtant d’en douter. Mais, puisque j’avais prononcé cette prière
et que j’avais l’air bien comme il faut, mes parents, pasteurs
et amis me confirmaient que j’étais effectivement une « chré-
tienne ». Ils étaient certains que j’étais passée du bon côté de
la barrière.
Mais mon cœur n’était toujours pas disposé à saisir la grâce.
Et ma prière de petite fille ne suffisait plus pour me rassurer.
Alors, qu’est-ce que j’ai fait ? Ce qu’aurait fait n’importe quelle

29
SUIS-MOI

personne pas encore prête à reconnaître sa misère et son


péché devant le Dieu saint : j’ai « reconsacré » ma vie à Christ.
Un terme que vous ne trouverez nulle part dans l’Écriture, vous
pouvez me croire !
J’étais toujours aussi morte dans mon péché, et je ne me re-
pentais pas. Je continuais à penser que mes bonnes œuvres,
passées et futures, comptaient pour quelque chose. Je pouvais
me sauver moi-même, j’en étais sûre. J’animais des études
bibliques et participais à des voyages missionnaires… mais tout
cela n’avait aucune importance. J’étais toujours, par nature, une
enfant de la colère.
Au cours de ma première année à l’université, j’ai finalement
pris conscience de l’énorme tension existant entre mon être
pécheur et la nature sainte de Dieu. Et pour la première fois,
j’ai compris que la croix servait à justifier Dieu dans sa colère
que j’aurais dû subir. Je suis tombée à genoux, dans la crainte,
les tremblements, l’adoration et les larmes. Et j’ai reconnu que
j’avais besoin de Jésus plus que de n’importe quoi d’autre dans
le monde. Je suis maintenant heureuse de confesser que « j’ai
été crucifiée avec Christ ; ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ
qui vit en moi » (Galates 2 : 20).

Après avoir fréquenté plusieurs années l’Église, Julie a vécu une


transformation radicale : elle ne se contente plus de connaître des
choses sur Jésus, elle vit de Jésus. Elle ne travaille plus pour lui dans
l’espoir de gagner ses faveurs ; elle marche avec lui en conséquence
de sa foi.
Je ne pense pas que les histoires de Tom et de Julie soient excep-
tionnelles. Elles traduisent un problème général du christianisme
d’aujourd’hui. Comme eux, une multitude d’hommes, de femmes
et d’enfants, partout dans le monde, se tiennent confortablement
sous la bannière du christianisme ; sans jamais avoir vraiment
pensé à ce qu’il en coûte de suivre le Fils de Dieu.

Le sentier difficile
C’est pourquoi il est si important de bien entendre les paroles
du Seigneur en Matthieu 7. Il démasque en effet notre dangereuse
tendance à être attirés par ce qui est facile et populaire. Écoutez sa
mise en garde :

30
Des croyants non convertis

Entrez par la porte étroite ; en effet, large est la porte et facile


la route qui mène à la perdition. Nombreux sont ceux qui s’y
engagent. Mais étroite est la porte et difficile le sentier qui
mène à la vie ! Qu’ils sont peu nombreux ceux qui les trouvent !
(Matthieu 7 : 13-14 – Semeur)

En d’autres termes, il existe une route religieuse, large, ac-


cueillante et ouverte. Un chemin sympathique, agréable et très
fréquenté, attrayant et facile. La seule chose qu’on vous demande,
pour pouvoir emprunter ce chemin, c’est de prendre une décision
pour Christ, une fois pour toutes ; ensuite, vous n’avez plus à vous
soucier de ses commandements ou de sa gloire. Vous possédez
désormais un ticket pour le ciel. Et votre péché, qu’il se manifeste
au travers de votre propre justice ou votre indulgence à votre égard,
sera toujours toléré tout au long du parcours.
Mais ce n’est pas la voie de Jésus. Lui nous appelle à un sentier
difficile. Et le mot « difficile » qu’il emploie est associé, dans la Bible,
à souffrance, pression, tribulation, persécution. Oui, son chemin
est difficile à suivre et méprisé par beaucoup.
À peine un peu plus loin dans l’Évangile selon Matthieu, le
Seigneur prévient ses disciples que s’ils le suivent, ils seront trahis,
battus, maltraités, isolés et même tués : « Méfiez-vous des hommes,
car ils vous livreront aux tribunaux et vous fouetteront dans leurs
synagogues. À cause de moi vous serez conduits devant des gou-
verneurs et devant des rois. […] Le frère livrera son frère à la mort
et le père son enfant. […] Vous serez détestés de tous à cause de
mon nom, mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé »
(Matthieu 10 : 17-22).
Un peu plus tard, Jésus félicite Pierre pour sa confession de
foi (« Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant »). Mais il lui reproche
aussi de ne pas avoir saisi la portée de cette déclaration. Comme
beaucoup aujourd’hui, Pierre désirait un Christ sans croix et un
Sauveur sans souffrance. Jésus regarde Pierre et les autres disciples,
et leur déclare : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce
à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ! En effet,
celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à
cause de moi la retrouvera » (Matthieu 16 : 16, 24-25).

31
SUIS-MOI

Peu de temps avant de mourir sur la croix, il leur annonce :


« On vous livrera à la persécution et l’on vous fera mourir ; vous
serez détestés de toutes les nations à cause de mon nom » (Matthieu
24 : 9). Dans chacun de ces passages, l’appel à mourir est clair. La
voie qui mène au ciel est dangereuse, peu fréquentée et elle peut
vous coûter cher dans ce monde. Peu sont prêts à en payer le prix.
Suivre le Maître signifie perdre sa vie. Mais suivre Jésus signifie
aussi trouver une nouvelle vie, en lui.
Il y a quelque temps de cela, je me suis rendu en Afrique du
Nord, à la rencontre de frères et de sœurs persécutés. J’ai discuté
avec un homme dont la jambe avait été broyée lors de l’explosion
de son église quelques mois auparavant. Un pasteur m’a raconté
que les femmes de son assemblée étaient régulièrement kidnap-
pées, frappées et violées, parce qu’elles étaient chrétiennes. Ce
soir-là, j’ai mangé dans une famille où j’ai appris que, non loin
de là, un disciple de Jésus avait été tué d’un coup de poignard en
plein cœur.
On m’a raconté l’histoire de trois chrétiens qui avaient quitté les
États-Unis pour venir travailler dans un hôpital de la région. Une
majorité de gens dans le monde (et beaucoup dans l’Église) auraient
qualifié leur déménagement de pure folie et d’imprudence. Ils
avaient laissé derrière eux confort, carrière, famille, amis, tranquil-
lité et sécurité pour partager la bonté et la grâce de Christ dans un
pays où il est interdit de devenir chrétien. Jour après jour, dans cet
hôpital, ils ont répondu aux besoins physiques tout en partageant
les vérités spirituelles.
Ils savaient que leur travail rencontrait de l’opposition, mais
rien ne les avait préparés au jour où un homme est entré dans
l’hôpital, un faux bandage sur la main. Il semblait porter un bébé
enveloppé dans une couverture. Il est entré dans les bureaux et a
aussitôt soulevé la couverture dans laquelle un fusil chargé était
dissimulé. Il a alors commencé à tirer, puis a parcouru la clinique
pour trouver et abattre ces trois frères et sœurs.
Lors de mon séjour, le dixième anniversaire de cette fusillade
approchait. Nous avons donc mis un temps à part pour nous souve-
nir de ces trois chrétiens. Notre petite cérémonie avait lieu près de
la tombe d’Oswald Chambers. Aussi avons-nous trouvé opportun

32
Des croyants non convertis

ce jour-là, de lire un texte tiré de son célèbre recueil de méditations


quotidiennes, Tout pour qu’il règne. C’était comme si ses mots
avaient été écrits pour cette occasion :

Imaginez que Dieu vous teste et vous demande de faire quelque


chose qui va à l’encontre de tout votre bon sens. Qu’allez-vous
faire ? Obéir ou ne pas obéir ? Dans le domaine physique, une
mauvaise habitude ne peut être brisée sans réelle détermina-
tion. Il en est de même au niveau spirituel. Chaque fois que vous
serez confronté à la volonté de Jésus, vous reculerez ; jusqu’au
jour où vous serez déterminé à remettre votre vie toute entière
dans les mains de Dieu […]

À chaque disciple qui place sa confiance en lui, Jésus-Christ


exige une même audace, un même esprit d’aventure ! Si
quelqu’un veut réussir dans n’importe quel domaine de la vie,
il faut qu’il soit prêt, à un moment ou à un autre, à tout risquer
et à faire le saut. Dans le domaine spirituel, Jésus-Christ vous
demande de risquer tout ce qui vous est cher, tout ce qui, d’un
point de vue bon sens humain, vous paraît raisonnable, pour
sauter par la foi dans la direction qu’il vous indique. Dès que
vous obéissez, vous vous rendrez compte alors que tout ce qu’il
dit est aussi cohérent que du bon sens.

Face à vos raisonnements humains et à votre bon sens, les


propos de Jésus paraissent une pure folie, mais à l’épreuve de
la foi, vous vous apercevrez avec émerveillement que ce sont
les paroles mêmes de Dieu.

Faites entièrement confiance à Dieu, et quand il vous propose


de vivre une nouvelle aventure, acceptez ! Trop souvent, dans les
moments de crise, nous réagissons comme des non-croyants.
Bien peu d’entre nous ont le courage de placer leur confiance
dans le caractère même de Dieu4.

Au regard de la vie de ces trois martyrs, les propos de Chambers


nous poussent à considérer la folie apparente des paroles de Jésus :

Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère,


sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même à sa
propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte
pas sa croix et ne me suit pas ne peut pas être mon disciple. […]

33
SUIS-MOI

Ainsi donc aucun de vous, à moins de renoncer à tout ce qu’il


possède, ne peut être mon disciple. (Luc 14 : 26-27, 33)

Pour n’importe qui au monde, c’est de la pure folie, mais pour


le chrétien, ce sont des paroles de vie. Pour ceux qui choisissent de
s’abandonner à la volonté de Dieu et de placer leur confiance dans
le caractère de Dieu, suivre Jésus est la seule chose qui soit vraiment
raisonnable, quel que soit le chemin sur lequel il nous mène, quel
que soit le prix à payer.

Et la foi alors ?
Mon insistance à propos du prix à payer pour suivre Jésus
pourrait vous paraître surprenante à la lecture de certains passages
de la Bible dans lesquels le salut semble n’exiger qu’un simple acte
de foi. En effet, Jésus a bien déclaré à Nicodème que « Dieu a tant
aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque
croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». Paul et Silas ont
répondu au gardien de la prison de la ville de Philippes : « Crois au
Seigneur Jésus et tu seras sauvé ». Dans sa lettre aux Romains, Paul
a écrit : « Si tu reconnais publiquement de ta bouche que Jésus est
le Seigneur et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité, tu
seras sauvéI ». Il serait facile d’en conclure que, pour devenir ou être
chrétien, nous n’avons qu’à croire en Jésus.
C’est totalement vrai ! Mais il faut bien comprendre ce que
la Bible entend par croire. Et pour cela, il nous faut regarder le
contexte. Quand Jésus appelle Nicodème à croire en lui, il l’appelle
à naître de nouveau : à commencer une vie complètement nouvelle,
consacrée à le suivre. Lorsque le gardien de prison croit en Christ,
il a conscience qu’il rejoint une communauté de chrétiens battus,
fouettés et emprisonnés à cause de leur foi. Le prix à payer pour
suivre le Christ est évident. Et Paul enseigne aux Romains que croire
en la résurrection salvatrice de Jésus, c’est confesser sa souveraineté
sur leur vie.
Ces versets (et de nombreux autres) montrent que croire en
Jésus pour être sauvé signifie bien plus qu’une simple adhésion
intellectuelle. En effet, même les démons « croient » qu’il est le Fils

I
Jean 3 : 16 ; Actes 16 : 31 ; Romains 10 : 9

34
Des croyants non convertis

de Dieu, crucifié et ressuscité (Jacques 2 : 19). Manifestement, une


telle « croyance » ne sauve pas. Elle est pourtant monnaie courante
un peu partout dans le monde. Pratiquement chaque drogué ou
alcoolique à qui je parle dans la rue me dit « croire » en Jésus. Je
rencontre partout des personnes qui reconnaissent un certain
niveau de « croyance » en lui : des hindous, des animistes, des
musulmans. De nombreux « chrétiens » au cœur partagé aiment le
monde et fréquentent l’Église, mais expriment aussi une forme de
« croyance » en Christ.
Il est possible de témoigner publiquement de sa foi, sans qu’elle
soit réelle. Même (ou devrais-je plutôt dire surtout) dans l’Église !
Aux cris « Seigneur ! Seigneur ! » des condamnés de Matthieu 7, le
Fils de Dieu réplique : « Ceux qui me disent : “Seigneur, Seigneur !”
n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement
celui qui fait la volonté de mon Père céleste » (Matthieu 7 : 21). C’est
clair que tous ceux qui affirment croire en lui ne sont pas garantis
de passer l’éternité avec lui. Seuls ceux qui obéissent à Jésus entre-
ront dans son royaume.
En lisant cela, vous avez certainement envie de me poser une
question : « David, es-tu en train de dire que notre salut dépend de
nos œuvres ? » Que les choses soient claires : ce n’est pas ce que je dis.
En réalité, c’est ce que Jésus dit.
Mais attention à ne pas transformer l’Évangile ! Jésus n’annonce
pas que nos œuvres sont le fondement de notre salut. La grâce de
Dieu en est l’unique fondement (une vérité que nous examinerons
de plus près au chapitre suivant). Mais dans notre empressement
à défendre la cause de la grâce, nous ne pouvons pas fermer les
yeux sur ce qui est évident dans ces paroles du Seigneur (et dans
bien d’autres) : n’entreront dans le royaume du Christ que ceux qui
obéissent au Christ. Notre vie doit produire le fruit qui caractérise
la vie de quelqu’un qui suit Jésus. Si ce n’est pas notre cas, nous
sommes fous de penser que nous sommes de véritables disciples
de Jésus.

35
SUIS-MOI

Dangereusement trompés
Selon une étude récente, quatre Américains sur cinq se consi-
dèrent chrétiens. Parmi eux, moins de la moitié participe à une vie
d’Église chaque semaine. Moins de la moitié croit que la Bible est
vraie. Et la grande majorité d’entre eux n’ont pas une perspective
biblique du monde qui les entoure.
Les enquêteurs sont allés plus loin avec cette étude. Ils ont
essayé d’affiner leur recherche en identifiant les « chrétiens nés de
nouveau »… comme s’il pouvait exister une autre sorte de chré-
tiens ! Selon cette étude, ce sont des hommes et des femmes qui
déclarent avoir pris un engagement personnel envers Jésus. Ce
sont des hommes et des femmes qui se disent être en route pour le
ciel parce qu’ils ont accepté le Christ comme leur Sauveur. Selon
cette définition, près de la moitié des Américains se considèrent
« chrétiens nés de nouveau ».
Mais l’enquête montre que les croyances de ces gens et leur
style de vie ne diffèrent quasiment en rien de celles de leurs
compatriotes. Bon nombre d’entre eux sont convaincus que leurs
œuvres peuvent leur assurer une place au ciel. D’autres pensent
que chrétiens et musulmans adorent le même Dieu. D’autres
encore que Jésus a péché quand il était sur la terre. Et de plus
en plus de ces « chrétiens nés de nouveau » se décrivent comme
suivant Jésus marginalement5.
Beaucoup ont conclu, à la lecture de cette étude, que les chré-
tiens ne sont pas très différents des non-chrétiens. Je ne pense
pas qu’une telle interprétation soit juste. Ce qui ressort d’une telle
enquête, c’est plutôt que beaucoup de gens pensent être chrétiens,
mais en réalité ne le sont pas ! Beaucoup pensent être nés de nou-
veau, mais ils se sont dangereusement trompés.
Imaginez que vous et moi nous donnions rendez-vous pour
un déjeuner au restaurant. Vous arrivez le premier. Vous atten-
dez, et attendez, et attendez… Une demi-heure passe et je ne suis
toujours pas là. Je finis par arriver, tout essoufflé, et je vous dis :
« Désolé pour mon retard mais j’ai eu une crevaison en venant ici.
Je me suis arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence et j’ai commencé
à changer ma roue. Malheureusement, sans faire attention, je
me suis retrouvé sur la chaussée et un camion qui roulait à 130

36
Des croyants non convertis

à l’heure m’a heurté de plein fouet. Ça m’a fait un peu mal, mais
je me suis relevé. J’ai fini de changer ma roue et me voilà enfin !
Désolé pour mon retard ».
Si je vous racontais une telle histoire, de deux choses l’une :
soit que je suis en train de vous mentir délibérément, soit que je
suis en train de vivre dans l’illusion la plus complète. Pourquoi ?
Parce qu’un individu qui rencontre de plein fouet un poids lourd
qui roule à 130 km/h ne ressemble plus du tout physiquement à ce
qu’il était avant6 !
De la même manière, je pense pouvoir affirmer ceci : tous ceux
qui rencontrent Jésus face à face, lui le Dieu de l’univers fait homme,
et qui sont profondément touchés par sa grâce, délivrés de la puis-
sance du péché et dont la vie est transformée afin qu’ils puissent
suivre leur nouveau maître, tous ces gens deviennent différents. Très
différents. Tous ceux qui se disent chrétiens alors que leur vie n’est
pas différente de celle des non-chrétiens ne sont de toute évidence
pas des chrétiens.
Cette tromperie est très répandue, partout dans le monde. Je
prie régulièrement pour les pays du monde entier ; récemment,
j’intercédais pour la Jamaïque, un pays censé être chrétien à presque
100 %. Mon guide de prière dit : « Le pays bénéficie du plus grand
nombre d’églises au kilomètre carré au monde, mais la majorité des
“chrétiens” ne vont pas à l’église et ne vivent pas en chrétiens7 ». En
lisant cela, j’étais bouleversé. La conclusion est sans équivoque : une
multitude de Jamaïcains pensent être chrétiens, alors qu’ils ne le
sont pas. Comme des milliers de personnes à travers le monde qui
se disent chrétiens sans suivre Christ.
La duperie spirituelle est dangereuse… et accablante. Nous
pouvons tous nous tromper nous-même. Nous sommes pécheurs
et nous avons tendance à nous voir sous un jour favorable. La
Bible dit que le dieu de ce monde (Satan) aveugle l’intelligence des
incroyants pour les empêcher de connaître Christ (2 Corinthiens
4 : 4). L’une de ses manières d’agir ne serait-elle pas de tromper
les gens ? En leur faisant croire qu’ils sont chrétiens alors qu’ils
ne le sont pas ?

37
SUIS-MOI

L’importance de la repentance
Comment donc réellement suivre Jésus ? Que se passe-t-il
quand un individu est percuté par le poids lourd de la gloire et de
la grâce de Dieu ? Ce livre essaiera de répondre à cette question.
Mais arrêtons-nous d’abord sur une parole du Christ qui résume à
elle-même son appel pressant.
Les tout premiers mots du Fils de Dieu au début de son minis-
tère, rapportés dans le Nouveau Testament, sont catégoriques :
« Repentez-vous ! » ou « Changez d’attitude » (Matthieu 4 : 17). Ce
sont les mêmes termes utilisés par Jean-Baptiste en préparant la
venue de Jésus (Matthieu 3 : 2). Ce même ordre est la base de la pre-
mière prédication chrétienne du livre des Actes. Après que Pierre a
proclamé la bonne nouvelle de la mort de Christ pour le péché, les
gens lui demandent : « Que ferons-nous ? » Pierre ne leur demande
pas de fermer les yeux, de répéter une prière ou de lever la main.
Non. Il les regarde bien dans les yeux et leur dit : « Repentez-vous ! »
(Actes 2 : 37-38).
La repentance est un terme biblique très riche qui sous-entend
une transformation fondamentale de l’esprit, du cœur et de la vie.
Se repentir, c’est faire demi-tour : c’est cesser de marcher dans un
sens pour courir dans la direction opposée. Se repentir, c’est com-
mencer à penser différemment, croire différemment, ressentir les
choses différemment, aimer différemment et vivre différemment.
Le « repentez-vous » de Jésus s’adressait à des pécheurs en
rébellion contre Dieu, comptant sur eux-mêmes pour leur salut.
Majoritairement juifs, ils croyaient que leur héritage familial, leur
statut social, leur connaissance de toutes les lois et leur obéissance
à certaines règles suffisaient pour être justes aux yeux de Dieu.
Jésus les a donc appelé à se repentir et à changer d’attitude.
Cet ordre de Jésus est un appel pressantII à renoncer au péché et à
cesser de dépendre de soi-même pour son salut. Ce n’est qu’en se
détournant de leur péché et d’eux-mêmes et en se tournant vers
Jésus qu’ils pourraient être sauvés.

II
L’expression « appel pressant » traduit le terme anglais summon : convocation, citation
à comparaître, sommation. Il souligne le caractère incontournable de l’appel (note de
l’éditeur).

38
Des croyants non convertis

De la même manière, le « repentez-vous ! » de Pierre était adres-


sé à ceux qui, peu de temps auparavant, avaient crucifié Jésus. Dans
leur péché, ils avaient tué le Fils de Dieu et méritaient à présent le
jugement divin. Pierre les a appelé à se repentir : reconnaître leur
méchanceté, changer de conduite et croire que Jésus est Seigneur
et Christ.
La repentance implique donc d’abandonner une certaine ma-
nière de vivre pour en adopter une nouvelle. C’est fondamental.
Dans l’Ancien Testament, l’Éternel appelle son peuple à se repen-
tir : « Revenez à moi et abandonnez vos idoles, abandonnez toutes
vos pratiques abominables ! » (Ézéchiel 14 : 6). Dans le Nouveau
Testament, se repentir c’est aussi une question de délaisser les
idoles de ce monde pour adorer Dieu seul (voir 1 Thessaloniciens.
1 : 9-10).
Il y a quelque temps de cela, je me trouvais dans une église de
maison en Asie. Nous nous étions réunis dans un lieu isolé et secret,
en périphérie d’un petit village retiré. Les miséreuses maisons de ce
village étaient quasiment toutes des entrepôts d’idoles. Les supers-
titions sataniques abondaient ; les villageois étaient persuadés que
leurs multiples dieux les protégeaient du malheur et pourvoyaient
à leurs besoins.
Durant cette rencontre, une femme a particulièrement attiré
mon attention. Elle écoutait avec avidité tout ce que je partageais
de la Parole de Dieu. Il était évident que le Seigneur était en train
de l’attirer à lui. À la fin de la journée, elle a exprimé le désir de
suivre Jésus. Nous étions émerveillés.
Le lendemain, cette nouvelle sœur en Christ est revenue. Elle
nous a pris à part, le pasteur de l’Église et moi-même. Elle nous
a expliqué que sa maison était remplie de faux dieux qu’elle avait
adorés toute sa vie. Elle voulait s’en débarrasser. Nous l’avons donc
accompagnée chez elle ; quand je suis entré, je suis resté bouche
bée… je ne pouvais pas en croire mes yeux !
C’était une petite maison sombre, de deux pièces. Les murs
étaient recouverts de posters noirs et rouges de faux dieux. Des
statuettes sataniques, en argile et en bois, trônaient absolument
partout dans la maison. Au milieu d’une des pièces, une imposante
idole, au regard terrifiant, était adossée au mur.

39
SUIS-MOI

Nous avons immédiatement décroché les posters et ôté les


statuettes, en priant à voix haute pour cette femme. Nous avons
demandé à Dieu de bénir sa maison pour sa gloire. Puis nous avons
emmené toutes les idoles à notre lieu de réunion et allumé dehors
un grand feu. Ce jour-là, nous avons étudié la Parole de Dieu dans
l’odeur de dieux qui se consumaient lentement !
Cette histoire illustre bien ce qui se passe quand nous nous
repentons de notre péché, que nous renonçons à nous-même et
que nous courons vers le Christ avec foi. Avec humilité et avec joie,
nous brûlons nos anciennes idoles. Nous nous détournons d’elles
et plaçons notre confiance en Jésus. Car nous avons compris que
lui seul est digne de notre adoration.
Devenue chrétienne, cette femme ne pouvait plus se pros-
terner devant de fausses divinités ; elle savait qu’elle devait s’en
débarrasser. De la même manière, Vasu, un frère indien, faisait
chaque jour des offrandes et des prières à une multitude de dieux
hindous. Quand il a commencé à suivre Jésus, il s’est séparé de ces
idoles. Karim, un fervent musulman, a récemment placé toute sa
confiance en Christ, son Sauveur et son Roi. Il s’est repenti, s’est
détourné des enseignements de Mahomet, et a mis ses pas dans
ceux de Jésus.
Dans de telles circonstances, le changement d’attitude apparaît
clairement. Les chrétiens provenant de milieux animistes, hindous
ou musulmans délaissent leurs faux dieux ; leur vie transformée est
signe de leur repentance. Mais qu’en est-il des gens issus d’un milieu
« chrétien », qui ne se sont jamais agenouillés devant des idoles, qui
n’ont jamais offert de sacrifices à de fausses divinités ? À quoi peut
ressembler la repentance dans leur vie ?
Cette question est extrêmement importante. Elle révèle une
lacune majeure dans notre manière de nous percevoir. Quand nous
pensons « idoles » et « faux dieux », nous pensons immédiatement
aux peuplades asiatiques achetant des statuettes de bois, de pierre
ou d’or ; ou aux tribus africaines exécutant des danses rituelles
autour d’un sacrifice sanglant. Mais nous ne pensons jamais aux
millions d’Occidentaux accros de pornographie sur l’internet, ou
de séries télévisées et films douteux. Nous ne pensons pas aux mil-
lions de femmes obnubilées par leur apparence et accro de shopping

40
Des croyants non convertis

pour continuellement accumuler leurs possessions matérielles.


Nous ne pensons pas à tous ceux qui sont amoureux de leur argent,
aveuglés par le matérialisme. Qu’en est-il de tous les efforts que
nous déployons pour grimper l’échelle sociale ? De notre adoration
passionnée du sport ? De notre mauvaise humeur quand les choses
ne vont pas comme nous le souhaitons, de nos inquiétudes quand
nous pensons que les choses n’iront pas comme nous le souhai-
tons ? Nous ne pensons pas à nos excès de table, et nos nombreux
autres excès ! Peut-être plus grave encore que tout le reste, nous ne
pensons pas à nos propres succès spirituels et notre autosatisfaction
religieuse qui nous empêchent bien souvent de reconnaître notre
besoin de Christ. Nous ne pouvons pas comprendre comment un
chrétien à l’autre bout du monde pourrait croire qu’un dieu de bois
pourrait le sauver de quoi que ce soit ! Mais nous n’avons aucun
problème à croire que la religion, l’argent, les possessions maté-
rielles, la nourriture, la célébrité, le sexe, le sport, le statut social
et le succès peuvent être source de réelle satisfaction pour nous.
Et nous pensons avoir moins d’idoles qu’il nous faut abandonner
lorsque nous nous repentons ?
La repentance est une obligation pour tout chrétien, quelle que
soit sa culture. Cela ne signifie pas qu’en devenant chrétiens, nous
devenons soudainement parfaits et n’avons plus jamais aucun souci
avec le péché8. Mais cela veut dire que lorsque nous commençons
à suivre Jésus, nous prenons la décision de nous séparer de notre
ancienne façon de vivre et de prendre un tournant décisif vers une
nouvelle existence. Nous mourons littéralement à notre péché et à
nous-mêmes : à notre égocentrisme, notre autosatisfaction, notre
complaisance, nos efforts personnels et notre vanité. Pour para-
phraser Paul, nous avons été crucifiés avec Christ ; ce n’est plus nous
qui vivons, c’est Christ qui vit en nous (Galates 2 : 20).
Quand Christ vit en nous, tout commence à changer :
Notre manière de penser change. Pour la première fois de
notre vie, nous comprenons enfin qui est Dieu, ce que son Fils a
fait et combien nous avons besoin de lui.
Nos désirs changent. Les choses de cette terre que nous ai-
mions, nous les détestons ; et les choses de Dieu que nous détestions,
nous les aimons.

41
SUIS-MOI

Notre volonté change. Nous allons là où Jésus nous demande


d’aller, nous donnons ce qu’il nous demande de donner et nous
sacrifions ce dont il faut se débarrasser pour vivre une obéissance
sans compromis à sa Parole.
Nos relations changent. Dans l’Église, nous apprenons à don-
ner notre vie par amour pour les autres alors que nous annonçons
ensemble l’Évangile au monde.
En fin de compte, notre raison d’exister change. Nos posses-
sions et notre position ne sont plus nos priorités. Nous ne recher-
chons plus le confort et la tranquillité. Notre sécurité n’est plus
notre objectif, parce que notre petite personne n’est plus notre dieu.
La gloire de Dieu est désormais plus importante à nos yeux que
notre propre vie. Plus nous le glorifions, plus nous avons de plaisir
à être en sa présence, et mieux nous comprenons que c’est bien cela
« être chrétien » selon la Bible.

Le voyage commence
Nous allons regarder de près tous les bouleversements qui se
produisent dans la vie d’une personne qui rencontre Dieu face à face
en la personne de Jésus, et qui entend son appel : « Suis-moi ». Nous
nous laisserons interpeller par la grandeur du moi dans « Suis-moi ».
Nous nous émerveillerons de la beauté de sa grâce. En découvrant
comment Jésus transforme ses disciples de l’intérieur, nous ne
verrons plus la vie chrétienne comme une série de devoirs pesants
organisés, mais comme un véritable plaisir. Nous étudierons de près
certains slogans chrétiens et certaines positions souvent considérés
comme politiquement corrects dans l’Église ; nous essayerons de
comprendre en quoi ils nous empêchent de connaître réellement
Christ et de le proclamer avec passion. Enfin, nous rejoindrons des
frères et sœurs d’un peu partout dans le monde pour participer
ensemble à la réalisation du grand projet initié par le Seigneur avant
même la création de l’univers.
Mais ce voyage ne peut commencer que si nous comprenons
correctement l’expression « être chrétien ». Annoncer que vous
croyez en Jésus sans avoir une vie transformée, c’est passer complè-
tement à côté de ce que signifie suivre Jésus. Ne vous y trompez pas !
Votre relation avec Jésus et votre situation face à Dieu ne dépendent

42
Des croyants non convertis

pas d’une décision prise il y a X années de cela, d’une prière que


vous avez prononcée, d’une carte que vous avez signée, ou d’une
main que vous avez levée. Et la vie chrétienne ne commence pas en
invitant le Christ à venir dans votre cœur. Nous le verrons dans le
prochain chapitre : l’invitation vient de lui.

43
CHAPITRE DEUX

La formidable invitation

À travers toute la Bible, Dieu utilise l’image de l’adoption


pour décrire sa relation avec son peuple. Ma femme, Heather, et moi
avons commencé à saisir la force de cette image quand nous avons
décidé d’adopter notre premier fils.
Nous avons commencé par choisir le lieu d’adoption. Une carte
du monde étalée sur la table, nous avons prié : « Seigneur, guide-
nous vers l’enfant que tu désires pour nous ». Il nous a conduits au
Kazakhstan. C’est tout juste si je savais que ce pays existait ! Mais
après des mois d’intercession, nous avons déposé notre demande
d’adoption pour un enfant kazakh.
Peu de temps après, j’ai raconté à une amie que nous nous
apprêtions à adopter un enfant à l’étranger. Elle s’est écriée : « Un
vrai ? » J’ai pensé : Mais qu’est-ce que c’est comme question ? Non,
on va adopter un « faux enfant », en plastique, et on le posera sur la
cheminée pour pouvoir le regarder. Évidemment que nous adoptons
un « vrai » enfant ! Rassurez-vous, je lui ai répondu un peu plus
gentiment que ça ! Mais pour nous, cela devenait bien réel : nous
serions bientôt une vraie maman et un vrai papa. Pour un vrai fils
ou une vraie fille jusque-là sans vraie famille.

45
SUIS-MOI

La procédure d’adoption internationale s’avère souvent longue


et, à de nombreux égards, exténuante. Certains la décrivent comme
une grossesse de paperasses. Il fallait prouver à deux gouverne-
ments que nous étions la famille idéale pour accueillir un enfant.
Cela a commencé par une étude de notre milieu familial afin
d’obtenir l’agrément des services d’adoption. Un véritable défi pour
nous. Notre maison, à la Nouvelle Orléans, venait d’être ravagée
par l’ouragan Katrina. Aussi vite que possible, grâce à l’aide de
notre famille et de plusieurs Églises des environs, nous avons amé-
nagé un logement de fortune. Une assistante sociale nous a rendu
visite. Elle nous a questionnés sur notre vie, notre famille, notre
mariage et notre philosophie parentale. Après une telle enquête
minutieuse, nous avons le sentiment que nos empreintes digitales
sont désormais fichées dans presque toutes les administrations des
États-Unis !
Des parents adoptifs se devant d’être en bonne santé, nous
avons dû subir une batterie d’examens médicaux. Tout s’est bien
passé jusqu’au test de vision. Je continue de penser que la pièce
était mal éclairée. La main sur l’œil droit, j’ai facilement lu les
grandes lettres avec mon œil gauche. C’était plus difficile pour
les moyennes. J’ai pensé : Tu ne vas quand même pas échouer ici et
retarder toute la procédure d’adoption. Je me suis mis à transpirer
à grosses gouttes. L’infirmière, voyant mes difficultés, m’a suggéré
de changer d’œil. En retirant ma main de mon œil droit, je me suis
rendu compte que, dans ma nervosité, j’avais certainement appuyé
beaucoup trop fort ; tout était maintenant flou. Je ne pouvais même
plus lire les grosses lettres du haut ! J’étais visiblement très nerveux
et l’infirmière m’a dit :
— Monsieur, ne vous inquiétez pas ; allez donc vous asseoir
quelques minutes et laissez votre femme passer l’examen. Vous
pourrez réessayer juste après.
— Bonne idée, ai-je répondu.
Et je me suis assis en essayant de retrouver mon calme et ma
vue. Une fois que j’y suis parvenu, j’ai parfaitement pu, de ma
chaise – avec mes deux yeux ! – lire toutes les lettres. Et je les ai
mémorisées. Quand l’infirmière m’a à nouveau fait passer le test,
avec un œil couvert, j’ai parfaitement réussi à lire absolument toutes

46
La formidable invitation

les lettres ! Elle était ravie. Et moi je pensais : Eh, si vous voulez, je
peux même vous lire toutes les lettres les deux yeux fermés !
Une fois l’agrément obtenu, les multiples empreintes digitales
et les examens de santé derrière nous, l’interminable angoisse de
l’attente a alors commencé. Nous pensions continuellement à notre
enfant. Nous nous demandions si ce serait un garçon ou une fille.
Nous rêvions du jour où il ou elle serait enfin dans nos bras.
Au bout de presque un an, j’ai reçu un e-mail. C’était la photo
d’un garçon. Neuf mois. Abandonné à la naissance. En manque
d’un foyer, d’une maman et d’un papa. J’ai imprimé la photo et
j’ai couru la montrer à Heather. Nous avons ri, pleuré, prié. Deux
semaines plus tard, nous prenions l’avion pour le Kazakhstan.
C’était en 2007, le lendemain de la Saint-Valentin. La directrice
de l’orphelinat nous a conduits dans une petite pièce. Elle nous a
donné toutes sortes d’informations médicales concernant notre
fils. Puis, le grand moment ! Une femme est entrée avec, dans les
bras, un précieux petit garçon de dix mois. Il n’y a pas de mots pour
décrire alors le déferlement d’émotions ! La femme nous l’a tendu.
Et pour la première fois, Caleb Platt a plongé son regard dans celui
d’une maman et d’un papa.
Durant quatre semaines, nous sommes allés voir Caleb à l’or-
phelinat. Nous l’avons pris dans nos bras. Nous lui avons donné à
manger. Nous lui avons chanté des chansons. Nous avons ri avec
lui. Nous avons marché à quatre pattes avec lui. Jusqu’au jour où,
enfin, nous avons pu l’adopter. Il nous fallait passer devant un
juge kazakh. On nous a dit quels vêtements porter, quoi dire et à
quoi nous attendre. Dans la salle d’audience, nos cœurs battaient
la chamade. Après toute une série de questions et de témoignages
concernant l’arrière-plan de Caleb, le juge a déclaré :
— J’accède à la requête d’adoption ; cet enfant est désormais le
fils de David et Heather Platt.
Nous avons quitté la salle les yeux remplis de larmes. Et, pour
la dernière fois, nous nous sommes rendus à l’orphelinat où nous
sommes allés chercher Caleb.
L’Évangile et l’histoire de Caleb ont de nombreux points en
commun. J’aimerais en souligner un, particulièrement important.

47
SUIS-MOI

Une adoption commence à l’initiative d’un parent et non d’un


enfant. Avant même sa naissance, Caleb avait une maman et un
papa qui mettaient tout en œuvre pour l’adopter. Alors qu’il était
seul, la nuit, dans un orphelinat du Kazakhstan, sa maman et son
papa projetaient de l’accueillir. Quand il s’est enfin retrouvé dans
leurs bras, il n’était pas du tout conscient de tout ce qui avait été mis
en œuvre pour en arriver là. Lui-même n’avait absolument rien fait.
Cela semble évident, mais il est important de le noter. Ce précieux
petit garçon de dix mois ne nous avait pas invités à venir l’adopter
au Kazakhstan. Il n’aurait pas su comment mettre en œuvre une
telle demande. Non. Ce petit orphelin est devenu notre fils chéri
grâce à un amour complètement hors de son imagination et de
son contrôle. Il ne nous a pas cherchés. Il en était complètement
incapable. C’est nous qui l’avons cherché.
C’est le cœur même du christianisme. Et nous avons tendance
à passer à côté de cette réalité quand nous disons que nous com-
mençons à suivre Jésus en l’invitant dans notre cœur. La réalité
de l’Évangile est tout autre : nous ne devenons pas enfants de Dieu
à notre initiative. Dieu ne nous accorde pas le salut parce que
nous l’avons invité. Au contraire, avant même notre naissance, il
mettait tout en œuvre pour nous adopter. Alors que nous étions
seuls, empêtrés dans notre péché, il projetait de nous sauver. Seul
un amour complètement hors de notre imagination et de notre
contrôle nous permet d’entrer dans sa famille. La foi chrétienne ne
commence pas quand nous partons à la recherche de Christ. Mais
quand Christ nous cherche. La foi chrétienne ne commence pas par
une invitation que nous lançons à Jésus. Mais par une invitation
que Jésus nous lance.

Les morts ne lancent pas d’invitation


Le premier livre du Nouveau Testament nous raconte l’histoire
des quatre premières personnes que Jésus rencontre et invite à le
suivre. Quatre personnes en train de nettoyer leurs filets au bord de
la mer. Le contexte de cette rencontre remonte loin dans le temps,
à la Genèse – premier livre de l’Ancien Testament. Le premier
homme et la première femme pèchent contre Dieu et sont séparés
de lui. À cause de leur rébellion, ils deviennent orphelins de leur

48
La formidable invitation

Créateur. La suite de l’Ancien Testament raconte l’histoire de leurs


descendants, tous pécheurs.
Meurtre, injustice, immoralité sexuelle et corruption rempli-
ront bientôt les pages de la Bible. À peine six chapitres plus loin,
il devient manifeste que chacun est constamment enclin à faire le
mal, et ce dès l’enfance (Genèse 6 : 5 ; 8 : 21). Le jugement divin face
à cette corruption humaine est à la fois terrifiant et dévastateur :
inondation du monde entier, puis destruction des villes pécheresses.
Une lecture attentive de l’Ancien Testament nous révèle la
punition sévère du péché et des pécheurs :
– Le feu descend du ciel sur Sodome et Gomorrhe. L’Éternel
ordonne à Loth et à sa famille de fuir sans regarder en arrière. La
femme de Loth désobéit, se retourne et perd instantanément la vie
(Genèse 19) ;
– Sur le mont Sinaï, après avoir manifesté sa gloire par le feu,
Dieu donne sa loi ; il ordonne à son peuple, entre autres, de se repo-
ser le jour du sabbat. Peu de temps après, un homme est surpris
en train de ramasser du bois un jour de sabbat. Il est alors amené
devant Moïse et Aaron pour être jugé. L’Éternel déclare qu’en
conséquence de sa désobéissance et de son péché, il doit être lapidé
à mort (Nombres 15) ;
– Acan et sa famille subissent le même sort quand ils déso-
béissent à l’ordre de l’Éternel de ne garder aucun butin après une
bataille (Josué 7) ;
– Nadab et Abihu apportent dans le tabernacle un feu non auto-
risé devant l’Éternel. Ils sont brûlés sur-le-champ (Lévitique 10) ;
– Uzza tend la main vers l’arche de l’alliance pour l’empêcher
de tomber alors qu’il avait reçu l’ordre de ne pas la toucher. Il meurt
sur place (2 Samuel 6) ;
En lisant ces histoires de l’Ancien Testament, beaucoup sont
troublés. Après tout, Dieu n’est-il pas un Dieu d’amour ? Ses puni-
tions pour le péché ne sont-elles pas un peu sévères ? Anéantie
pour avoir regardé en arrière ? Lapidé pour avoir ramassé du bois ?
Brûlés pour une seule mauvaise offrande et tué pour avoir touché
par inadvertance ?

49
SUIS-MOI

De telles questions – bien qu’honnêtes – révèlent un problème


fondamental : celui de notre appréciation « humaine » du péché.
Nous considérons ces punitions disproportionnées : nous ne
réclamerions pas la mort d’un individu qui nous aurait offensés
de la sorte ! Mais le salaire du péché n’est pas déterminé par notre
propre mesure de la faute. Il l’est par la qualité de l’offensé. Si
vous brisez une brindille, vous n’êtes pas très coupable. Si vous
faites du tort à un homme ou une femme, vous êtes vraiment
coupable. Mais si vous péchez contre un Dieu infiniment saint
et éternel, vous êtes infiniment coupable. Et vous méritez une
punition éternelle.
Azim, un ami arabe chrétien, partageait récemment l’Évangile
avec un chauffeur de taxi dans son pays. Celui-ci croyait qu’il fini-
rait certainement au ciel après avoir passé un court séjour en enfer
afin d’y expier ses fautes. Après tout, il n’avait pas fait tant de mal
que ça ! Azim lui a donc demandé :
— Si je vous giflais, qu’est-ce que vous me feriez ?
— Je vous jetterais de mon taxi, a répliqué le chauffeur.
— Et si je giflais un homme au hasard dans la rue, qu’est-ce
qu’il me ferait ?
— Il appellerait certainement ses amis et vous donnerait une
bonne raclée, a répliqué le chauffeur.
— Et si je giflais un policier ? a demandé mon ami.
— Vous seriez battu, c’est certain, puis jeté en prison.
Puis Azim lui a posé une dernière question :
— Et si j’allais voir le roi de ce pays et que je le giflais ? Qu’est-ce
qui m’arriverait ?
Le chauffeur, avec un rire un peu gêné, lui a répondu :
— Vous seriez exécuté.
Azim a alors continué :
— Vous comprenez donc bien que le niveau de sévérité de la
punition dépend de la personne offensée.

50
La formidable invitation

Le chauffeur a ainsi compris qu’il avait largement sous-estimé


la gravité de son péché contre Dieu.
Et vous ? Avez-vous aussi sous-estimé le sérieux de votre péché ?
C’est triste à dire, mais vous avez probablement contracté cette
mentalité dans l’Église. Depuis trop longtemps, nous nous sommes
persuadés les uns les autres que nous étions dans l’ensemble des
gens biens, qui avons juste parfois pris certaines mauvaises déci-
sions. On se dit que, certes, nous avons tous fait des erreurs, menti,
triché, volé ou même prononcé le nom de Dieu en vain. Mais nous
avons juste besoin d’inviter Jésus à venir dans notre cœur et il nous
pardonnera toutes ces vilaines choses !
Nous ne percevons pas la gravité de notre état si nous pensons
ainsi pouvoir lancer à Jésus ce genre d’invitation. Empêtrés dans
notre péché, nous sommes totalement incapables de faire appel à
Christ. Nous ne pensons qu’à fuir loin de Dieu. Nous sommes ses
ennemis, sans véritable besoin de lui. Voilà qui nous sommes réelle-
ment ! Mais nous sommes friands de solution miracle : « Dites-nous
la prière ou les mots qu’il faut répéter, et nous le ferons ! » En fait, au
plus profond de nous-même, notre cœur pêcheur nous manipule.
Nous continuons à vivre pour nous-mêmes tout en cherchant un
moyen de sauver notre peau.
Vous pensez peut-être que j’exagère. Voyez donc ce que la Bible
dit de notre péché :
– Notre péché nous sépare de Dieu. Nous sommes les ennemis
de Dieu (Colossiens. 1 : 21) ;
– Nous sommes esclaves de notre péché, dominés par Satan
(Jean 8 : 34 ; 2 Timothée 2 : 26) ;
– Nous aimons les ténèbres et détestons la lumière (Jean 3 : 20 ;
Éphésiens 4 : 18) ;
– Nous vivons dans l’impureté et l’injustice (Romains 6 : 19) ;
– Notre intelligence est déréglée, aveuglée par le dieu de ce
monde (Romains 1 : 28 ; 2 Corinthiens 4 : 4) ;
– Nos désirs sont tordus, notre cœur est pécheur, et nos passions
malsaines font la guerre à notre âme (Romains 1 : 26 ; 1 Pierre 2 : 11) ;

51
SUIS-MOI

– Notre corps est souillé. Nous sommes moralement mauvais


et spirituellement malades (Romains 1 : 24 ; Genèse 8 : 21 ; Matthieu
9 : 12).
Le témoignage de Paul dans le Nouveau Testament est acca-
blant. Mais il ne fait que reprendre la vérité de l’Ancien Testament :

Il n’y a pas de juste, pas même un seul ;


aucun n’est intelligent,
aucun ne cherche Dieu ;

Tous se sont détournés,


ensemble ils se sont pervertis ;

Il n’y en a aucun qui fasse le bien,


pas même un seul ;

Leur gosier est une tombe ouverte,


ils se servent de leur langue pour tromper.

Ils ont sur les lèvres un venin de vipère ;


leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume.

Leurs pieds courent pour verser le sang,


la destruction et le malheur marquent leur passage,

Ils ne connaissent pas le chemin de la paix.


Il n’y a aucune crainte de Dieu devant leurs yeux. (Ro-
mains 3 : 10-18)

Avons-nous conscience de cela ? Notre problème n’est pas


juste d’avoir pris quelques mauvaises décisions. Notre problème
n’est pas simplement d’avoir fait des erreurs. Notre problème,
c’est que nous sommes, au plus profond de notre être, rebelles
contre Dieu. Et que nous sommes tout à fait incapables de nous
tourner vers lui.
C’est ce que la Bible sous-entend quand elle affirme que nous
sommes morts dans le péché. Paul a écrit aux chrétiens d’Éphèse :
« Vous étiez morts à cause de vos fautes et de vos péchés, que vous
pratiquiez autrefois » (Éphésiens 2 : 1-2). Ce qu’il veut dire c’est que
nous étions complètement morts. Pas partiellement morts. Pas
presque morts. Pas à moitié morts. Pas en quelque sorte morts.
Complètement morts.

52
La formidable invitation

Des morts peuvent-ils inviter quelqu’un à leur redonner la vie ?


Avant votre naissance, avez-vous invité vos parents à vous avoir ?
Quand un homme meurt, invite-t-il les gens à le ressusciter ? Non.
Toutes ces choses sont impossibles aux morts. De la même façon,
en tant que mort dans le péché, vous ne pouvez pas inviter Jésus
à venir dans votre cœur. Dans votre mort, vous avez besoin que
quelqu’un d’extérieur à vous-même vous appelle à la vie et vous
donne la capacité de vivre.

Une initiative pleine de grâce


C’est justement ce que Dieu fait dans sa grâce, et c’est ce que
nous découvrons à travers toute la Bible. Dans un monde corrompu,
l’Éternel appelle Noé et le sauve du déluge. Dans la contrée païenne
d’Ur, il appelle Abraham, l’idolâtre, à devenir le père d’une grande
nation. À Madian, il appelle Moïse, le meurtrier, à conduire hors
d’Égypte son peuple asservi. Après cette délivrance, il déclare au
peuple d’Israël :

Ce n’est pas parce que vous dépassez tous les peuples en


nombre que l’Éternel s’est attaché à vous et vous a choisis.
En effet, vous êtes le plus petit de tous les peuples. Mais c’est
parce que l’Éternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le serment
qu’il avait fait à vos ancêtres, qu’il vous a fait sortir par sa main
puissante et vous a délivrés de la maison d’esclavage, de la main
du pharaon, roi d’Égypte. (Deutéronome 7 : 7-8)

Les Israélites n’avaient aucun mérite. Mais Dieu était plein de


compassion. Et il a choisi de répandre son amour sur eux.
Et cela a continué. Parmi une ribambelle de frères, en apparence
aussi qualifiés les uns que les autres, l’Éternel a choisi David, le plus
jeune, comme futur roi d’Israël. Il a appelé des prophètes comme
Élie, Élisée, Ésaïe et Ézéchiel. Il a dit à Jérémie : « Avant de te former
dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu naisses,
je t’avais consacré, je t’avais désigné prophète pour les nations »
(Jérémie 1 : 5). L’Ancien Testament est rempli de pécheurs, mais c’est
avec ces hommes et ces femmes que Dieu s’est engagé pour qu’ils
reçoivent sa grâce et que sa gloire soit manifestée.

53
SUIS-MOI

Nous ne sommes donc pas surpris d’arriver au livre de


Matthieu, et de rencontrer quatre Juifs, aussi pécheurs les uns
que les autres, au bord d’un lac. Il n’y a rien en eux qui aurait pu
attirer le Christ. J’ai déjà entendu plusieurs prédications basées sur
ce passage de Matthieu 4 : 18-22. On nous explique alors souvent
pourquoi Jésus aurait choisi des professionnels de la pêche comme
premiers disciples : « Les pêcheurs ont habituellement certaines
qualités et perspectives de vie essentielles pour devenir disciples
de Jésus ».
Mais spéculer de la sorte nous fait passer totalement à côté
du cœur de l’histoire. Jésus n’appelle pas ces disciples en raison
de leurs personnalités, mais malgré leurs personnalités. Ils n’ont
pas grand-chose en leur faveur. Issus des classes sociales infé-
rieures, ces Galiléens de la campagne étaient sans instruction.
Probablement pas très respectés, et loin de constituer l’élite
culturelle de l’époque. De plus, leurs lacunes importantes, leur
étroitesse d’esprit, leurs préjugés juifs et leurs rivalités font d’eux
les personnes les moins qualifiées spirituellement pour la tâche à
laquelle Jésus les appelle.
Et c’est bien ça, l’intérêt ! Ces hommes n’ont absolument rien qui
puisse expliquer que Jésus aille les chercher. Pourtant, il vient à eux.
Il s’approche d’eux alors qu’ils sont en plein travail et les invite à le
suivre. Plus tard, il leur dira : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi,
mais c’est moi qui vous ai choisis » (Jean 15 : 16). Ils sont devenus
ses disciples uniquement de son initiative – et invitation.
Depuis ce jour, décrit en Matthieu 4, chaque homme et chaque
femme qui a suivi Jésus partagent la même histoire. Personne n’a
jamais été sauvé parce qu’il ou elle aurait cherché Jésus. Tous ceux
qui un jour ont été délivrés de leurs péchés savent que c’est Jésus
qui les a cherchés. Et que depuis, leur vie a été bouleversée.

Le grand initiateur
Quand nous comprenons que Jésus est celui qui prend l’initia-
tive et que c’est lui qui nous invite à le suivre, tout change !
Nous sommes tout d’abord impressionnés par la grandeur de
celui qui nous a appelés. Nous sommes bouleversés par la puissance

54
La formidable invitation

de ces mots : « Suis-moi ! ». Et cela tout simplement parce que nous


sommes en admiration devant la majesté du « moi » qui prononce
ces paroles.
Avant de raconter la rencontre initiale entre Jésus et ses pre-
miers disciples, Matthieu dresse un portrait révélateur et fascinant
du Seigneur (voir Matthieu 1 à 4). Il le décrit comme le Sauveur,
celui qui vient délivrer les hommes et les femmes de leurs péchés.
Il le présente comme le Christ, le Messie promis ; celui que le peuple
de Dieu attend impatiemment depuis des siècles. Il le montre, dans
le récit de sa naissance, à la fois pleinement homme et pleinement
Dieu. Personne ne lui ressemble ou ne lui ressemblera dans toute
l’histoire de l’humanité. Une naissance acclamée par des sages
qui parcourent des centaines de kilomètres pour s’incliner devant
son berceau. Son ministère est introduit par l’annonce de Jean le
Baptiste : « Il est arrivé ! Le Roi Sauveur des nations et juste Juge
de tous les hommes ! » À la fin du chapitre trois, Matthieu décrit
le ciel qui s’ouvre et Dieu le Père qui déclare : « Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation » (Matthieu 3 : 17). Au
chapitre quatre, il montre Jésus en tant que nouvel Israël qui ne
succombera pas au péché, le nouvel Adam qui régnera victorieu-
sement sur Satan.
Après une telle présentation de Jésus, nous le voyons s’appro-
cher d’un groupe de pêcheurs pour leur dire : « Suivez-moi et je
ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19). Une chose
est parfaitement claire alors : Jésus n’est pas un pauvre enseignant
religieux qui supplie quelques individus à l’inviter dans leur vie.
Oh non ! Il est le Seigneur tout puissant qui mérite la soumission
de chaque être humain.
J’ai reçu un jour, par e-mail, une invitation de la Maison Blanche.
Le courriel était intitulé « Du bureau du Président des États-Unis ».
Totalement inhabituel pour moi ! En lisant « Le Président serait
heureux de vous recevoir tel jour, à telle heure, dans telle pièce de
la Maison Blanche », j’ai pensé que c’était une blague. J’ai donc fait
quelques recherches : le mail s’est avéré authentique !
L’invitation était pour la semaine suivante. Bien que mon
emploi du temps soit généralement très rempli, j’ai tout laissé
tomber pour être au rendez-vous. J’ai rapidement réservé un vol

55
SUIS-MOI

pour Washington, me permettant d’arriver dans les temps pour


rencontrer le Président. Son invitation m’honorait et j’ai bouleversé
tous mes plans pour y répondre.
Une telle réaction (la vôtre aurait sans doute été semblable) par
rapport à un dirigeant de ce monde, au pouvoir pour quatre ou
peut-être huit ans, semble normale. À combien plus forte raison
une invitation du Dieu éternel, qui règne à jamais sur tout l’uni-
vers, devrait-elle bouleverser notre vie ! Avons-nous conscience de
la grandeur de celui qui nous a invités à le suivre ? Il mérite bien
davantage qu’une simple fréquentation d’Église et d’une relation
occasionnelle ! Il est digne d’un abandon total et d’une adoration
suprême.

Le Roi à la porte
Mais l’image d’une invitation du Président des États-Unis ne
ressemble que de très loin à l’invitation du Christ. En effet, Jésus
ne nous a pas invités à nous rendre jusqu’à lui ; c’est lui qui a fait
le voyage jusqu’à nous. C’est comme si, au lieu de m’avoir envoyé
un e-mail, on avait sonné à ma porte ; et que là, le Président en
personne m’avait invité à le rencontrer.
Frank est un membre de notre Église, et il a déménagé en
Thaïlande afin de partager l’Évangile aux étudiants dans ce
pays. Un soir, Annan, un étudiant, l’a invité au cinéma. Un
reportage sur le roi de Thaïlande a été projeté avant le début
du film. Immédiatement, tous les spectateurs se sont levés et
ont applaudi, y compris Annan. Certains ont même pleuré de
joie. Les gens étaient visiblement émus à la seule vue de leur
souverain à l’écran.
À la sortie, Frank a demandé à Annan la raison d’une telle
émotion.
— Oh, Frank ! Nous aimons, nous respectons et honorons
notre roi, parce qu’il se soucie de son peuple. Il quitte souvent son
palais pour se rendre dans les villages afin d’être avec les gens, les
connaître et s’identifier à eux. Nous savons que notre roi aime le
peuple thaïlandais ; et nous, nous aimons notre roi.

56
La formidable invitation

Frank a compris que cette description préparait le terrain au


récit de la vie d’un roi bien plus grand. Il a ainsi pu raconter à
Annan comment Dieu, le Roi de l’univers, nous a tellement aimés
qu’il est venu jusqu’à nous en la personne de Jésus. Pour s’identifier
à nous, au point de prendre sur lui tout notre péché ; afin de nous
sauver et de nous permettre de le suivre. Quand il a saisi cette mer-
veilleuse réalité, Annan a commencé à suivre Jésus. Non pas parce
qu’il avait cherché le Roi Jésus. Mais bien parce qu’il avait compris
que le Roi Jésus l’avait cherché.

Une question d’amour


Quelle merveille ! Admirez la majesté de celui qui a quitté son
trône de gloire pour venir jusqu’à vous et moi ! Mais pour des mul-
titudes de gens dans le monde, c’est l’affirmation la plus farfelue
qui soit !
« Dieu ne s’abaisserait jamais jusqu’à devenir un homme »,
m’ont dit des musulmans du Moyen-Orient. C’était pendant le mois
de jeûne du Ramadan et nous étions au restaurant. Nous étions en
train de dîner (après le coucher du soleil). Ils m’ont demandé ce que
je croyais par rapport à Dieu. Je leur ai parlé de Jésus.
Quand j’ai dit que Dieu était venu jusqu’à nous en la personne
de Jésus, l’un des hommes, Rachid, m’a stoppé net :
— Ce n’est pas vrai. Dieu ne ferait jamais ça. Il est bien trop
grand.
— Je suis d’accord ; mais c’est justement pour cette raison qu’il
est venu sur terre en tant qu’homme, ai-je répliqué.
— Je ne comprends pas, a répondu Rachid.
— Laisse-moi te raconter une histoire, puis je te poserai une
question.
Rachid a consenti, et j’ai continué :
— C’est histoire de moi, et d’une fille. Un jour, j’aimais une
fille et je voulais l’épouser. Quand est venu le moment de lui dire
à quel point je l’aimais et de la demander en mariage, crois-tu que
j’ai envoyé l’un de mes amis pour transmettre le message ?
— Non, bien sûr que non. C’était à toi de le faire.

57
SUIS-MOI

— Exactement. Je devais aller la voir et le lui dire ; parce que,


quand il est question d’amour, il faut y aller soi-même, pas vrai ?
— Oui, c’est bien vrai.
— C’est comme ça que Dieu a montré sa grandeur, ai-je conti-
nué. Il n’a pas envoyé cette personne-ci ou ce prophète-là, ce mes-
sage-ci ou ce messager-là pour nous communiquer son amour. Au
contraire, il est venu lui-même ; parce que quand il est question
d’amour, il faut y aller soi-même.
Rachid a souri. Pour la première fois, son cœur était ouvert à
l’idée que Dieu manifeste la grandeur de son amour non pas en
restant au loin, mais en venant tout près de nous.

La question au cœur de la Bible


Jésus est venu jusqu’à nous, en tant qu’homme de la même
nature que nous, afin de répondre à nos besoins. Il est venu vivre
comme nous ne pouvions pas vivre, en obéissant parfaitement et
totalement à son Père. Il n’a jamais péché, pas même une seule fois ;
c’est ce qui le rend singulièrement capable d’être notre Sauveur. Les
soi-disant chrétiens qui nient la pureté de Christ prouvent qu’ils
ne le connaissent pas vraiment ; il ne peut nous sauver que parce
qu’il est sans péché.
Jésus est venu pour vivre la vie que nous ne pouvions vivre
et pour subir la mort que nous méritions. Tout péché devant le
Dieu infiniment saint et éternel entraîne une punition infinie et
éternelle. C’est bien pour cela que Christ est venu : pour endurer la
sainte colère de Dieu qui nous était destinée.
Mon précédant ouvrage, Radical, a attiré l’attention de bien
des médias. Un jour, un reporter du Birmingham News a écrit la
chose suivante au sujet de ce livre : « Alors que l’expression “Dieu
déteste le péché, mais il aime le pécheur” est souvent utilisée dans
les Églises, Platt prétend que Dieu déteste les pécheurs9 ». C’était
bien une citation de mon livre, mais prise totalement hors contexte.
Des chrétiens inquiets m’ont écrit à ce sujet : « Pasteur, croyez-vous
vraiment que Dieu déteste les pécheurs ? » J’ai reçu quelques e-mails

58
La formidable invitation

pas particulièrement aimables, du style : « Vous prêchez la haine


dans votre Église et partout dans notre ville ».
C’est ainsi qu’en citant la Bible, je me suis attiré bien des en-
nuis… Dieu déteste-t-il vraiment les pécheurs ? Lisez attentivement
les versets 6 et 7 du psaume 5 : « Les vantards ne peuvent résister
devant ton regard. Tu détestes tous ceux qui commettent l’injustice,
tu fais disparaître les menteurs ; l’Éternel a horreur des assassins
et des trompeurs ».
Waouh ! Peut-être que je n’aurais pas dû dire que Dieu détestait
les pécheurs. J’aurais plutôt dû dire qu’il les avait en horreur et qu’il
les faisait disparaître !
Et ce n’est pas une affirmation isolée dans les Écritures. À qua-
torze reprises dans les cinquante premiers psaumes, nous voyons la
colère de Dieu envers le pécheur, son courroux envers le menteur,
etc. Et on ne trouve pas cela uniquement dans l’Ancien Testament.
Si Jean 3 contient le verset le plus célèbre concernant l’amour de
Dieu (au verset 16), il contient aussi l’un des versets les plus négligés
concernant sa colère : « Celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la
vie, mais la colère de Dieu reste au contraire sur lui » (v. 36).
Alors, est-ce vrai que Dieu déteste le péché, mais qu’il aime le
pécheur ? Eh bien, dans un sens, oui, bien sûr ! Mais pas tout à fait.
Réfléchissez ! Comme nous l’avons déjà vu en Genèse, notre
péché n’existe pas en dehors de nous. Il est imbriqué dans l’essence
même de ce que nous sommes. Nous ne faisons pas que pécher ;
nous existons en tant que pécheurs. Quand Jésus est mort à la croix,
il n’a pas simplement payé le prix du péché comme si celui-ci était
distinct de nous. Il n’est pas simplement mort pour nos dérègle-
ments sexuels, nos mensonges, nos tricheries ou autres péchés. Il a
pris sur lui ce que nous, les pécheurs, aurions dû endurer. Il est mort
pour nous, à notre place, en tant que substitut. Comme le dit Ésaïe
53 : « Mais lui, il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à
cause de nos fautes […] et l’Éternel a fait retomber sur lui nos fautes
à tous » (v. 5-6). Quand, sur la croix, Jésus a été pulvérisé sous le
poids de la colère divine, il a subi ce que vous et moi méritions de
subir. Il a reçu le châtiment qui nous était destiné, à vous et à moi,
en tant que pécheurs.

59
SUIS-MOI

Attention ! Ne nous reposons pas sur des clichés simplistes qui


privent la croix de sa vraie signification. Les Écritures sont claires
sur ce point : nous sommes des pécheurs. « Nous étions tous comme
des brebis égarées » (Ésaïe 53 : 6). Dieu est saint et plein d’une juste
colère envers le péché et les pécheurs. Il est également miséricor-
dieux et éprouve un amour saint pour les pécheurs. Mais comment
peut-il à la fois manifester cette colère et cet amour ?
C’est la question au cœur de la Bible. La réponse, c’est la croix
de Christ. C’est là que Dieu manifeste la pleine expression à la fois
de sa colère et de son amour. Quand Jésus est blessé, frappé, affligé,
meurtri, écrasé et puni, par amour pour les pécheurs.
Dieu déteste-t-il les pécheurs ? Absolument ! Regardez à la
croix ! Jésus endure ce que nous méritions.
Dieu aime-t-il les pécheurs ? Absolument ! Regardez à la croix !
Jésus nous délivre de tout ce que nous méritions.
Je pose parfois aux gens la question : « Comment sais-tu que
tu es chrétien ? » Ou : « Comment sais-tu que tu es sauvé de ton
péché ? » Les réponses les plus courantes sont du type : « Parce que
j’ai décidé de croire en Jésus ». Ou : « Parce que j’ai demandé à Jésus
de me sauver il y a X années ». Ou même : « Parce que j’ai donné ma
vie à Jésus ». Remarquez que chacune de ces réponses commence
par : « Parce que je etc. ». De telles réponses ne sont pas fausses, et
je peux vous assurer que mon but n’est pas de jouer sur les mots.
Mais j’aimerais vous rappeler quelque chose de primordial : vous
et moi ne sommes pas délivrés de notre péché parce que nous
avons décidé de faire quelque chose il y a X années de cela. Nous
sommes avant tout délivrés de notre péché parce que Jésus a décidé
de faire quelque chose il y a deux mille ans de cela ! Nous sommes
des pécheurs. Totalement incapables de nous sauver nous-mêmes.
Mais Jésus, dans sa grâce, sa miséricorde et son amour est venu à
nous et nous a invités à le suivre. L’amour de Dieu, manifesté dans
la vie et dans la mort de Christ, est le seul fondement valable d’un
salut authentique.

60
La formidable invitation

Le Dieu qui cherche


Je vous ai raconté comment Heather et moi-même avions prévu
d’adopter notre fils Caleb, bien avant sa naissance ; tout comme
Dieu avait prévu d’adopter ses enfants avant même qu’ils ne soient
nés. C’est ce que Paul veut dire quand il écrit :

Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ […] nous a choisis


avant la création du monde pour que nous soyons saints et sans
défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés à être
ses enfants adoptifs par Jésus-Christ. C’est ce qu’il a voulu,
dans sa bienveillance, pour que nous célébrions la gloire de sa
grâce, dont il nous a comblés dans le bien-aimé. (Éphésiens
1 : 3-6)

Ces paroles suscitent émerveillement et stupéfaction, n’est-ce


pas ? Le Dieu tout-puissant s’intéressait à nous avant même d’avoir
créé le soleil, les étoiles, les montagnes ou les océans. Une telle vérité
est à la fois extraordinaire et époustouflante !
Il a non seulement prévu de nous aimer, mais aussi de nous
rechercher. Malgré notre rébellion et notre résistance égoïste, Dieu,
en Christ, nous cherche. Comme un berger qui laisse ses quatre-
vingt-dix-neuf brebis pour retrouver celle qu’il a perdue, le Seigneur
part à la recherche des siens (Luc 15 : 1-7).
Cette image a pris un jour une nouvelle signification pour
moi. J’étais dans un désert d’Afrique du Nord, en compagnie de
Bédouins, qui n’avaient pour la plupart jamais entendu parler de
Jésus. Mon ami Marc connaissait le chef de famille d’une tribu
bédouine. Il s’appelait Zayed et il nous avait invités, Marc et moi-
même, à lui rendre visite. Il nous a fallu rouler des kilomètres
et des kilomètres, à travers nulle part, pour enfin trouver ces
nomades.
Dès notre descente de voiture, j’ai eu le sentiment d’avoir fait un
bond en arrière dans le temps. Nous avons marché dans le désert et
rencontré des hommes et des femmes assis sous de larges tentes qui
les protégeaient un peu du soleil de plomb. Nous étions entourés de
toutes sortes d’animaux. Zayed nous a invités à nous asseoir auprès
des siens, juste à côté d’un troupeau de brebis et de chèvres. Faisant
preuve d’une hospitalité chaleureuse, ils nous ont offert des choses à

61
SUIS-MOI

grignoter pendant qu’ils faisaient bouillir une sorte de lait sur une
cuisinière de fortune construite à même le sol.
Et nous avons commencé à discuter. Ils nous ont parlé des
différents endroits où ils avaient voyagé ces derniers temps, ils
nous ont décrit leurs habitudes de vie, très proches de la terre. Les
gardiens de troupeaux bédouins ont l’habitude de conduire leurs
familles de lieu en lieu dans le désert. Selon les saisons, ils trouvent
eau et nourriture dans des endroits différents ; ils y construisent des
abris. Leurs animaux constituent leur gagne-pain et leur principale
occupation consiste à s’occuper d’eux quotidiennement.
Au cours de la discussion, je leur ai raconté l’histoire de la brebis
perdue de Luc 15. Jésus y décrit un berger qui, ayant perdu l’une de
ses cent brebis, a laissé les quatre-vingt-dix-neuf autres pour partir
à sa recherche. Quand il l’a trouvée, il l’a mise sur ses épaules et l’a
ramenée. Et tout le monde a pu se réjouir de la brebis retrouvée.
À la fin de mon récit, tous les Bédouins autour de moi acquies-
çaient de la tête. Zayed m’a dit : « Chacune de nos brebis a une
grande valeur. Si j’en perdais une, je deviendrais complètement
fou jusqu’à ce que je la retrouve. Je ne pourrais pas dormir tant que
je ne l’aurais pas trouvée. Et quand je l’aurais retrouvée, je serais
extrêmement heureux ; et ma famille se réjouirait avec moi ».
J’ai souri, puis j’ai ensuite expliqué à Zayed, à sa famille et à ses
amis : « Cette histoire est une image de l’amour de Dieu pour nous.
Il nous a créés et nous avons une grande valeur à ses yeux. Même si
nous nous sommes égarés loin de lui, il vient pour nous chercher. Il
a fait quelque chose qui semble absolument fou pour la plupart des
gens : il a envoyé son Fils mourir sur une croix pour notre péché,
afin que nous puissions être sauvés. Vous vous donnez beaucoup
de mal quand vous recherchez une de vos brebis ; sachez que Dieu
aussi met tout en œuvre pour rechercher ses enfants ; jusqu’à ce
qu’il les trouve ».

62
La formidable invitation

La grâce de Dieu qui fait tomber notre


résistance
Certains diront sûrement qu’il nous faut tout de même croire
à cet amour divin qui vient à notre rencontre, non ? Il n’y aurait
donc pas que Dieu à l’œuvre dans notre salut. Chacun a le choix
d’accepter ou de rejeter la miséricorde de Dieu manifestée en Christ,
n’est-ce pas ?
Absolument. Le mystère de la miséricorde divine ne s’oppose
en aucun cas à la responsabilité de l’homme. Chaque chapitre de
ce livre s’articule autour de la décision de suivre Jésus que chacun
d’entre nous peut prendre. Mais la Bible dit clairement que cette
décision ne commence pas par une invitation à notre propre ini-
tiative ; livrés à nous-mêmes, nous serions perdus à tout jamais.
Si nous pouvons, en tant que pécheurs, chercher un jour Dieu,
c’est uniquement parce que le Christ, notre Sauveur, est d’abord
venu nous chercher. Le Dieu de l’univers est allé par-delà la dureté
de notre cœur, il a vaincu notre résistance égoïste et notre rébel-
lion, afin de nous sauver de nous-mêmes : voilà toute la gloire
de l’Évangile ! Une telle grâce met en lumière la merveilleuse
démarche de Dieu envers nous et crucifie une fois pour toutes
notre orgueil devant lui.
Au Kazakhstan, à notre arrivée à l’aéroport, ma femme et moi
avons fait la connaissance de Vitalina. Cette jeune femme allait
être notre traductrice durant quatre semaines. Elle nous a accom-
pagnés partout pendant notre séjour dans la ville de Caleb. Elle a
commencé par nous conduire jusqu’à un taxi à bord duquel nous
avons tous pris place pour nous rendre à l’orphelinat.
— Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? m’a demandé Vitalina.
— Je suis pasteur.
— Pasteur ? Pourquoi êtes-vous pasteur ? Vous ne savez pas que
Dieu n’existe pas ? Dieu, c’est pour les faibles, m’a-t-elle brutalement
rétorqué.
— C’est vrai, ai-je répliqué en souriant. Je suis faible et Dieu
est fort. Il a fait quelque chose pour moi et en moi que je n’aurais
jamais pu faire par moi-même.

63
SUIS-MOI

Depuis cette première conversation dans le taxi, chaque jour,


j’ai parlé du Seigneur et de son amour à Vitalina. À chaque occasion
qui se présentait, Heather et moi lui avons expliqué que, en Christ,
Dieu nous avait aimés au point de nous adopter. Et que cet amour
nous poussait à adopter Caleb. Au cours de ces quatre semaines,
Vitalina nous a constamment entendus parler de Dieu : celui qui
nous cherche avec fidélité, qui vient à nous dans notre faiblesse et
nous fascine à cause de son amour.
Puis c’est arrivé ! C’était notre dernière soirée dans la ville de
Caleb et nous étions à l’aéroport, sur le point d’embarquer. Nous
avions enregistré nos bagages et reçu nos cartes d’embarquement.
Vitalina m’a alors pris à part.
— J’ai besoin de vous dire quelque chose.
— Oui, ai-je répliqué. Que se passe-t-il ?
— La nuit dernière, j’ai compris que Dieu existe vraiment. Et j’ai
reconnu qu’il vous a envoyés ici pour me chercher. Il a fait quelque
chose pour moi et en moi que je n’aurais jamais pu imaginer. La nuit
dernière, je me suis repentie de mes péchés, et je suis devenue une
disciple de Jésus… Je suis maintenant une enfant de Dieu ! a-t-elle
ajouté avec enthousiasme.
Mon visage s’est éclairé d’un grand sourire, reflet de mon cœur
qui bondissait de joie. Je me suis réjoui avec Vitalina, je l’ai encoura-
gée et j’ai prié pour elle. Ce moment a été très court car l’avion était
prêt à décoller. J’ai pris Caleb et, alors que Heather et moi montions
à bord de l’avion, nous nous sommes retournés ; nous tenions un
enfant dans les bras et disions au revoir à une enfant blottie dans
les bras du Père.
Je loue Dieu de ce qu’il n’a pas voulu que la demande de salut
vienne de nous ! Dans notre péché et notre rébellion, nous ne
l’aurions jamais choisi. Je le loue de ce qu’il a pris l’initiative de
nous appeler à suivre Jésus, et de nous rendre capables de le suivre.
Ainsi, à cause de sa grâce qui vient à bout de nos résistances, nous
trouvons enfin une satisfaction éternelle pour nos âmes.
Être chrétien, c’est être aimé, cherché et trouvé par Dieu. Être
chrétien, c’est avoir compris que votre péché vous séparait de Dieu.
Vous ne méritiez que sa colère. Et pourtant ! Malgré vos ténèbres

64
La formidable invitation

et alors que vous étiez mort, sa lumière a brillé sur vous. Il vous a
parlé. Il vous a invité à le suivre. Sa majesté a ébloui votre âme et
sa miséricorde a couvert votre péché. Par sa mort, il vous a ramené
à la vie. Êtes-vous bien au clair sur cette question : si vous êtes
aujourd’hui son enfant, c’est uniquement par la grâce qu’il vous a
accordée. Pas à cause du bien que vous auriez pu faire, des prières
que vous auriez prononcées, des engagements que vous auriez pris,
des bonnes cases que vous auriez cochées.
En êtes-vous convaincu ?

65
CHAPITRE TROIS

Religion superficielle et
régénération surnaturelle

Le christianisme est radicalement différent de


toutes les autres religions. Je l’ai compris récemment, lors d’un
voyage en Inde ; j’y ai fait connaissance de communautés hindoue,
musulmane, bouddhiste et sikh.
J’ai passé un moment au bord du Gange. C’est un fleuve sacré
pour les hindous. Chaque année, ils sont des millions à s’y rendre
pour méditer sur ses rives, se baigner ou effectuer des rites religieux.
Selon les traditions védiques (fondement des croyances et pratiques
hindoues), les hindous croient que le Gange est une source de
purification spirituelle ; c’est pourquoi ils s’y lavent régulièrement.
Ils croient également que cette rivière constitue le point de passage
de la mort à la vie. Ils incinèrent donc leurs défunts sur ses berges,
puis dispersent leurs cendres dans le fleuve, leur assurant ainsi un
salut immédiat. (Certains se contentent de jeter les dépouilles dans
le fleuve.) En quittant ce lieu, les gens emportent un peu d’eau,

67
SUIS-MOI

qu’ils utiliseront lors des rituels de purification dans leurs villes


ou villages. L’hindouisme prescrit différents rituels à différents
dieux. Les hindous croient que le chemin qui mène à la rémission
des péchés et à la libération du cycle de la vie et de la mort est pavé
d’hommages au Gange (ou plus précisément à la déesse Ganga,
représentée par le fleuve).
Dans une autre partie de la région, j’ai entendu, cinq fois par
jour, des appels à la prière, par haut-parleurs. Les musulmans y
répondent en se rendant à la mosquée ; ils y récitent des prières,
d’abord courbés les mains sur les genoux, puis prosternés face
contre terre, puis debout. Le prophète Mahomet leur a prescrit,
dans le Coran, d’honorer Allah par ces temps de prière ; à des
moments précis, de manières précises, dans des conditions précises.
J’ai aussi visité un centre de formation de bouddhistes tibétains.
Plus de cinq-cents moines vivent dans cette propriété qui comprend
un monastère, une bibliothèque, une école et deux grands temples.
De tous côtés, des fidèles s’inclinaient devant des statues d’or et de
pierre. Certains tournaient en rond en récitant des mantras et en
activant des moulins à prières. Ces moines suivent les enseigne-
ments de Bouddha et croient qu’il faut suivre le chemin octuple :
vision parfaite, pensée parfaite, parole parfaite, action parfaite,
moyens d’existence parfaits, effort parfait, prise de conscience
parfaite, concentration parfaite.
Ils croient qu’en suivant cette voie lente et difficile vers le salut,
ils pourront entrer un jour dans le nirvana et connaître une libéra-
tion du désir et de la souffrance.
J’ai demandé à l’un de ces moines pourquoi il faisait tout cela.
Il m’a répondu :
— Parce que je veux trouver la paix et le repos.
— Comment allez-vous les trouver ? ai-je demandé.
— Je ne sais pas, je suis toujours en recherche, m’a-t-il répondu.
Lors de ma dernière soirée en Inde, j’ai passé un moment dans
une communauté sikh. Là des gens étaient réunis pour honorer
l’enseignement des dix gurus ayant établi et défini le sikhisme. Les
hommes, qui ont interdiction de se couper les cheveux, portaient
des turbans de différentes couleurs ; les femmes avaient la tête cou-

68
Religion superficielle et régénération surnaturelle

verte. Ils sont entrés dans le temple et se sont inclinés devant les
écritures sikhs, le Guru Granth Sahib. Ce livre saint décrit le chemin
vers la vérité et la vie ; il est le centre du culte sikh. Les fidèles ont
ensuite reçu un petit bol de nourriture : le partage est une tradition
de la religion sikh.
Ces quatre grandes religions ont un dénominateur commun :
dans chacune d’entre elles, un enseignant (ou un groupe d’ensei-
gnants) préconise un chemin à suivre pour honorer Dieu (ou dif-
férents dieux) et connaître le salut (quel qu’en soit son sens).
Dans l’hindouisme, les maîtres antiques ont transmis les tradi-
tions védiques et ses rituels. Dans l’islam, Mahomet a dicté (dans
le Coran) les cinq piliers que tout musulman doit appliquer. Dans
le bouddhisme, le chemin octuple n’est qu’une des quatre nobles
vérités enseignées par Bouddha ; les fidèles doivent suivre des cen-
taines d’autres règles. Dans le sikhisme, dix gurus ont indiqué un
ensemble de préceptes comme étant la voie vers la vérité et la vie.
Le christianisme se démarque radicalement de tout cela. Quand
Jésus est monté sur la scène de l’histoire de l’humanité, il a appelé
des disciples. Il ne leur a pas dit : « Obéissez à telles règles. Observez
telle réglementation. Accomplissez tels rites. Suivez tel chemin. »
Non. Il a dit : « Suivez-moi ! »
Par ces deux petits mots, Jésus a montré que son but n’était pas
de leur enseigner une religion ; mais de les inviter à une relation
personnelle avec lui. Il ne leur a pas dit : « Allez par là pour trouver
la vérité et la vie ! » Il a dit : « C’est moi qui suis le chemin, la vérité
et la vie » (Jean 14 : 6). Son appel était le suivant : « Venez à moi !
Soyez dans ma paix ! Recevez ma joie ! Trouvez en moi un sens à
votre vie ! »
Cet appel est stupéfiant et complètement révolutionnaire ! Mais
c’est le cœur même de la définition d’un disciple de Jésus. Nous
ne sommes pas appelé à croire ou à faire certaines choses. Nous
sommes appelé à nous accrocher au Christ comme à la source de
la vie.
Mais nous avons raté quelque chose ! Avec le temps, le chris-
tianisme n’est devenu qu’une religion parmi tant d’autres, une
option parmi bien des options. Doucement et subtilement, nous

69
SUIS-MOI

avons laissé la foi chrétienne se transformer en un ensemble de


lois, règlements, pratiques habituelles et principes à observer. Les
hindous se baignent dans le Gange ; les chrétiens se font baptiser
à l’Église. Les musulmans prient le vendredi ; les chrétiens louent
Dieu le dimanche. Les bouddhistes récitent des mantras ; les chré-
tiens chantent des cantiques. Les sikhs lisent leur livre saint et
partagent avec les nécessiteux ; les chrétiens lisent leur Bible et
donnent aux pauvres. Attention : je ne veux absolument pas dire
que nous ne devons pas nous faire baptiser, louer Dieu, lire la Bible
ou nous occuper des pauvres ! Mais nous devons être très vigilants,
car nous pourrions très bien faire toutes ces choses sans avoir aucun
lien avec Jésus.

Le poids des lois


Pensez aux personnes à qui Jésus s’adressait en disant : « Suivez-
moi ! » Ces pêcheurs galiléens vivaient dans un monde obnubilé
par les lois et les règlements religieux. Les maîtres de la Loi avaient
déformé les commandements de l’Ancien Testament ; y obéir était
devenu le seul moyen de gagner la faveur de Dieu. Qui plus est,
ces enseignants y avaient ajouté diverses instructions que tout Juif
pieux devait suivre.
La Loi de Dieu dans l’Ancien Testament ordonnait, par exemple,
de ne pas voyager le jour du sabbat. Des enseignants ont commencé
à se demander : « Voyons, qu’est-ce qui constitue un voyage ? Peut-
on se déplacer à proximité de sa maison ? Peut-on se rendre chez
un ami ? Si oui, jusqu’à quelle distance ? » Ils ont alors établi une
nouvelle règle : « Le jour du sabbat, vous pouvez vous déplacer dans
un rayon d’un kilomètre autour de votre maison. Mais si, à l’inté-
rieur de cette zone, vous avez quelque part de la nourriture prévue
pour ce jour de sabbat, alors cet endroit sera considéré comme une
extension de votre maison ; et, à partir de là, vous pourrez vous
déplacer dans un rayon d’un autre kilomètre ». En bref, en plaçant
votre nourriture à des endroits stratégiques, vous pouviez passer
le sabbat à voyager dans toute la ville !
La loi interdisait aussi de transporter une charge le jour du
sabbat. Les maîtres se sont alors demandés : « Qu’est-ce qui est
considéré comme une charge ? Les vêtements en sont-ils une ? » Ils

70
Religion superficielle et régénération surnaturelle

ont donc déclaré que porter ses vêtements sur soi n’était pas une
charge. Mais en transporter un, si ! Il était donc possible de porter
sur soi une veste le jour du sabbat, mais il était interdit d’en trans-
porter une ! Un écrivain a dit :
Les tailleurs ne gardaient même pas une aiguille avec eux le jour
du sabbat, par crainte d’être tentés de raccommoder un vêtement et
d’ainsi travailler. On ne pouvait ni acheter ni vendre, on ne pouvait
pas non plus teindre ou laver le linge. […] On ne pouvait même
pas bouger les chaises de peur de creuser un sillon dans le sol en
les traînant ; une femme n’était pas autorisée à se regarder dans le
miroir, car elle risquait d’apercevoir un cheveu gris et d’être tentée
de l’arracher10.
C’est du temps de toutes ces lois (et pas seulement celles concer-
nant le sabbat) que les disciples de Jésus ont vécu.
Dans un tel contexte, les paroles de Jésus sont pleines de fraî-
cheur : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous un
fardeau, et je vous donnerai du repos. Acceptez mes exigences et
laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur,
et vous trouverez le repos pour votre âme » (Matthieu 11 : 28-29).
Quelle douceur ! Quel contraste avec les : « Redoublez d’efforts,
travaillez plus dur, faites davantage et améliorez-vous » des religieux
de l’époque !
Nous n’avons pas besoin de plus de lois afin de mériter le salut.
Nous sommes pécheurs et nous ne pourrons jamais nous sauver
nous-mêmes. Ce n’est pas le nombre de plongeons dans un fleuve
ou notre bonne manière de prier qui fera la différence ! Ce n’est
pas le nombre de pas que nous faisons sur tel ou tel chemin, ou
le nombre de pauvres que nous aidons. Le mal est profondément
enraciné dans notre cœur. Impossible de le cacher. Nos « bonnes »
prières, « bonnes » paroles, « bons » cantiques, « bonnes » offrandes
et même notre vie « bonne » s’avèrent impuissants. Ce n’est pas
« redoubler d’efforts » dont nous avons besoin. Nous avons besoin
d’un cœur nouveau.

71
SUIS-MOI

Jongler pour Dieu


Jésus n’est pas venu nous offrir une vie religieuse superficielle.
Il est venu nous offrir une vie nouvelle, par une régénération sur-
naturelle. Quelle est la différence ?
La religion superficielle consiste à croire certaines vérités et à
faire certaines actions. Comme évoqué précédemment, ce genre
de croyances foisonne aujourd’hui. C’était déjà le cas à l’époque
de Jésus. Pensez à sa conversation avec Nicodème, un dirigeant
du peuple juif. Comme beaucoup de ceux qui se disent chrétiens
aujourd’hui, Nicodème croyait d’une certaine manière en Jésus,
il le respectait, tout en cherchant à obéir aux commandements
des Écritures. Il priait et se rendait au temple pour adorer Dieu ; il
lisait la Bible et même il l’enseignait. Sa vie était exemplaire : droite,
honorable et vertueuse. Qui plus est, il faisait tout cela pour honorer
Dieu. Vu de l’extérieur, c’était tout bon. Mais quelque chose clochait
à l’intérieur. Malgré tout son côté religieux, Nicodème n’avait pas
de vie spirituelle en lui.
Vous arrive-t-il de vous sentir comme cela ? D’avoir l’impres-
sion que votre foi ne consiste qu’à croire certaines vérités, accomplir
certains actes et cocher certaines cases ? Et tout cela pour gagner
l’approbation de Dieu. Avez-vous le sentiment de ne jamais en faire
assez ? Malgré tous vos efforts pour prier, lire la Bible, donner et
servir dans l’Église. D’être fatigué d’essayer de plaire à Dieu par
vos actions ? Avez-vous l’impression de ressembler à un jongleur
d’assiettes qui essaye de maintenir en l’air le plus grand nombre
possible d’objets sans les casser ? Votre foi est-elle en fin de compte
principalement une obligation, un devoir plutôt qu’un délice ?
Voilà le fléau de la religion superficielle ! S’efforcer constam-
ment de faire des choses sans transformation intérieure. Un écri-
vain a décrit ainsi la version chrétienne de la religion superficielle :

Vous […] cherchez à plaire à Dieu en vous soumettant à des lois


et des règlements extérieurs et en vous conformant à certains
comportements imposés par la société chrétienne au milieu
de laquelle vous avez décidé de vivre. Vous espérez ainsi y être
« acceptable ». En vivant de la sorte, vous perpétuez la tradition
païenne d’une pratique religieuse tout humaine. En cherchant

72
Religion superficielle et régénération surnaturelle

à être droit, vous devenez des idolâtres : vous adorez « le chris-


tianisme » plus que le Christ11 !

Au mépris de sa parole, de sa pensée, de sa volonté et de ses


jugements, des hommes (et des femmes) à travers le monde entier
sont prêts à consacrer à Dieu ce qu’il condamne : leurs efforts
d’hommes et de femmes. Quoi de plus écœurant et pitoyable que
la chair qui tente de se sanctifier12 !

Un cœur nouveau
Jésus a réagi à la religion superficielle de Nicodème par ces
mots : « À moins de naître de nouveau, personne ne peut voir le
royaume de Dieu. […] À moins de naître d’eau et d’Esprit, on ne
peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3 : 3, 5). Que voulait-il
dire ?
Des centaines d’années auparavant, Dieu, par la bouche du
prophète Ézéchiel, avait fait une promesse à son peuple. C’est à cela
que Jésus fait référence :

Je vous aspergerai d’eau pure et vous serez purifiés. Je vous


purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Je
vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit
nouveau. Je retirerai de votre corps le cœur de pierre et je vous
donnerai un cœur de chair. C’est mon Esprit que je mettrai en
vous. Ainsi, je vous ferai suivre mes prescriptions, garder et
respecter mes règles. Vous habiterez le pays que j’ai donné
à vos ancêtres, vous serez mon peuple et je serai votre Dieu.
(Ézéchiel 36 : 25-28)

Comprenez-vous le lien entre naître d’eau et l’Esprit ?


Jésus souligne la promesse de Dieu de donner à son peuple un
cœur nouveau. Un cœur qui serait, avant toute chose, lavé du péché,
purifié de toutes ses impuretés. L’Éternel a fait semblable promesse
par l’intermédiaire du prophète Jérémie : « Je mettrai ma loi à l’inté-
rieur d’eux, je l’écrirai dans leur cœur. […] Je pardonnerai leur faute
et je ne me souviendrai plus de leur péché » (Jérémie 31 : 33-34).
C’est exactement ce que Jésus est venu faire. Le Nouveau
Testament le présente ainsi : « C’est lui qui sauvera son peuple de
ses péchés » (Matthieu 1 : 21). Quand Jean le Baptiste le voit pour

73
SUIS-MOI

la première fois, il s’écrie : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le


péché du monde » (Jean 1 : 29).
L’Écriture est pleine d’images de Dieu lavant le péché de son
peuple. L’Éternel déclare : « Même si vos péchés sont couleur cra-
moisi, ils deviendront blancs comme la neige » (Ésaïe 1 : 18). David
prie : « Lave-moi complètement de ma faute et purifie-moi de mon
péché » (Psaumes 51 : 4). Ces images de l’Ancien Testament ne sont
qu’un avant-goût du pardon qui apparaît finalement, par Christ,
dans le Nouveau Testament. Paul s’adresse ainsi à des personnes
anciennement connues pour leurs nombreux péchés : « Mais vous
avez été lavés, mais vous avez été déclarés saints, mais vous avez
été déclarés justes au nom du Seigneur Jésus » (1 Corinthiens 6 : 11).
Jean écrit : « Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste
pour nous les pardonner et pour nous purifier de tout mal » (1 Jean
1 : 9).
Une telle purification est un cadeau de Dieu. Tout à fait immé-
rité. Offert uniquement par grâce. Pour reprendre les mots de Paul :
« Mais lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les
hommes ont été révélés, il nous a sauvés. Et il ne l’a pas fait à cause
des actes de justice que nous aurions pu accomplir, mais conformé-
ment à sa compassion, à travers le bain de la nouvelle naissance »
(Tite 3 : 4-5). Face à la sainteté divine, nous ne pouvons absolument
rien faire pour nous purifier. La Bible l’annonce clairement. Notre
cœur sera toujours taché par le péché. Même si nous travaillons
d’arrache-pied. Même si nous prions avec ferveur. Même si nous
donnons généreusement. Même si nous aimons jusqu’au sacrifice.
Voici ce que la Bible enseigne : c’est par la foi en Christ, et par la
foi seulement, que nous pouvons être sauvés de nos péchés. La foi
est anti-œuvres. Avoir la foi, c’est avoir compris que vous ne pouvez
rien faire ; mais que Jésus a tout accompli par sa vie, sa mort et sa
résurrection. Avoir la foi, c’est avoir compris que le plaisir que Dieu
trouve en vous ne sera jamais lié à ce que vous faites pour lui ; mais
dépendra toujours de ce que Jésus a fait pour vous.
Venez à Christ, il purifiera votre cœur : l’invitation est simple.
Elle s’adresse à chaque hindou au bord du Gange comme à chaque
lecteur de ce livre. La vérité de l’Évangile est révolutionnaire : nous
n’avons pas à nous laver nous-mêmes de nos péchés. Nous avons

74
Religion superficielle et régénération surnaturelle

juste à nous en détourner et à placer notre confiance en Christ. Et


recevoir un cœur nouveau et purifié. Alors, Dieu, dans sa grâce, ne
se souvient plus de nos péchés.

Aucune trace
Un Anglais avait acheté, à un prix vertigineux, une belle Rolls-
Royce. La publicité annonçait qu’elle ne tomberait jamais, jamais,
en panne. Un jour, à la grande surprise de notre homme, elle est bel
et bien tombée en panne ! Il se trouvait très loin de la ville et a donc
dû téléphoner chez Rolls-Royce : « Vous savez, cette voiture qui ne
devait jamais, jamais, tomber en panne ? Eh bien, elle est en panne ».
Un mécanicien est arrivé rapidement, par hélicoptère, sur le lieu
de la panne. Il a réparé la voiture et le conducteur a pu reprendre
la route. Il s’attendait évidemment à recevoir une facture de Rolls-
Royce. Un tel service devait être très onéreux (ce n’est pas tous les
jours qu’un mécanicien arrive en hélicoptère à l’endroit où votre
voiture est en panne !) Plusieurs semaines après l’incident, la facture
n’était toujours pas arrivée. L’homme voulait clore ce dossier, il a
donc appelé la société Rolls-Royce : « J’aimerais payer la réparation
de ma voiture afin de régler cette histoire une fois pour toutes ». La
réponse de Rolls-Royce : « Monsieur, nous sommes désolés, mais
nous n’avons absolument aucune trace d’un quelconque problème
concernant votre voiture ».
N’est-ce pas merveilleux ? Le Dieu de l’univers affirme à tous
ceux qui viennent à Christ pour recevoir un cœur nouveau : « Je n’ai
absolument aucune trace d’un quelconque problème dans ta vie ».

Notre plus grand besoin


Voilà la Bonne Nouvelle du royaume ! Qui répond au besoin
le plus grand de notre vie. Par Jésus, Dieu pardonne nos péchés et
nous réconcilie avec lui. Mais si nous ne faisons pas attention, nous
pouvons subtilement déformer cette Bonne Nouvelle. Et finir par
ignorer notre besoin le plus grand.
Aujourd’hui, partout dans le monde, des gens pensent que
l’Évangile de Jésus-Christ est synonyme de guérison physique et de
prospérité matérielle. « Venez à Jésus, annoncent-ils, et vous serez

75
SUIS-MOI

physiquement récompensés. » Ce n’est pas le cœur de l’Évangile.


Oui, Jésus est capable de guérir les corps et oui, Jésus a autorité sur
les maladies douloureuses ; mais ce n’est pas le cœur du message de
Jésus. Nous n’irons pas proclamer à travers toute l’Europe : « Placez
votre confiance en Christ et le cancer disparaîtra ! » Nous n’irons
pas crier à travers toute l’Afrique : « Placez votre confiance en Christ
et le sida disparaîtra ! » Nous n’irons pas crier à travers le monde
entier : « Placez votre confiance en Christ et vous serez riche et en
bonne santé ! »
Ceci n’est pas la Bonne Nouvelle du Christ. La Bonne Nouvelle
du Christ est bien plus extraordinaire que cela ! La Bonne Nouvelle
du Christ, ce n’est pas que Jésus vous guérira immédiatement de
toutes vos maladies ; c’est avant tout qu’il pardonnera vos péchés
pour toujours. La Bonne Nouvelle du Christ, ce n’est pas que si votre
foi est suffisamment grande, vous pourriez recevoir une récom-
pense physique et matérielle sur cette terre. La Bonne Nouvelle
du Christ, c’est que si votre foi en Jésus est semblable à celle d’un
enfant, vous serez réconcilié avec Dieu pour l’éternité.
Ne ressemblons pas au paralysé de Matthieu 9 et à ses amis. Ils
sont venus vers Jésus comme s’il n’était qu’un faiseur de miracles
capable de répondre sur-le-champ à leurs besoins physiques. Ils
s’attendaient à une guérison. Mais à leur grande surprise, ils ont
d’abord entendu ces paroles : « Prends courage, mon enfant, tes
péchés te sont pardonnés » (Matthieu 9 : 2). Jésus a ainsi clairement
montré que sa priorité n’était pas de soulager la souffrance, mais
d’en extirper la racine : le péché. Et c’est notre besoin le plus grand.
Durant des années, ma belle-mère a lutté contre un diabète, un
cancer du sein, une neuropathie et une maladie dégénérative des
yeux ; elle a aussi subi plusieurs opérations de la main et a beaucoup
souffert d’un pied. À travers toutes ces épreuves, elle se disait chré-
tienne. Elle croyait en effet en Jésus. C’était une dame respectable,
aimable, bienveillante et généreuse. Elle ressemblait pourtant à
Nicodème : elle savait beaucoup de choses au sujet de Jésus, mais
elle avait besoin de naître de nouveau.
Un jour, tout a changé. Ma belle-mère a compris combien elle
avait besoin de la grâce de Dieu. Elle s’est détournée d’elle-même
et de son péché ; et elle a placé sa confiance en Christ, le Seigneur

76
Religion superficielle et régénération surnaturelle

de sa vie. Dans sa miséricorde, Dieu lui a donné un cœur nouveau :


un cœur purifié de tout péché et plein d’assurance en Dieu.
Alors même qu’elle expérimentait une régénération spirituelle,
son physique se dégénérait de plus en plus. Ses reins ont commencé
à lâcher. Elle a effectué plusieurs séjours à l’hôpital. Finalement, une
nuit, elle a fait une hémorragie cérébrale et elle est partie.
Que s’est-il passé ? Jésus l’a-t-il laissé tomber quand elle avait
le plus besoin de lui ? Pas du tout ! En réalité, il l’avait guérie là où
elle en avait le plus besoin, et elle savait qu’elle pouvait lui faire
confiance. Le témoignage de sa vie (et de sa mort) est simple : vous
pouvez faire confiance à Christ quand vous avez du diabète, vous
pouvez lui faire confiance quand on vous diagnostique un cancer
du sein, vous pouvez lui faire confiance pour votre neuropathie,
vous pouvez lui faire confiance pour votre maladie dégénérative
des yeux, vous pouvez lui faire confiance quand vous souffrez d’une
insuffisance rénale et vous pouvez lui faire confiance quand une
hémorragie massive affecte votre cerveau. Parce qu’au beau milieu
de toutes ces souffrances, vous savez que Jésus a répondu au besoin
le plus fondamental de votre cœur. Vous savez que vous avez été lavé
de tous vos péchés et vous n’avez plus rien à craindre de lui. Vous
avez uni votre vie au seul homme qui ait vaincu la mort et qui ait
extirpé la racine de toute la souffrance, le péché. Vous n’avez donc
aucune raison de vous inquiéter. Même si votre corps ne tient plus.
Même si vous êtes en train d’exhaler votre dernier souffle. Même si
votre cœur cesse de battre. Vous pouvez affirmer la parole de Dieu :
« Mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? L’aiguillon de
la mort, c’est le péché ; et ce qui donne sa puissance au péché, c’est la
loi. Mais que Dieu soit remercié, lui qui nous donne la victoire par
notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Corinthiens. 15 : 55-57).
Le pardon est le plus grand cadeau de Dieu parce qu’il répond à
notre plus grand besoin. Nous avons bien plus besoin d’être purifiés
du péché que d’être guéris du cancer. Nous avons bien plus besoin
du pardon de nos fautes que de l’extraction d’une tumeur. Et c’est
exactement cela que le Christ nous apporte : un cœur nouveau,
lavé de tout péché. Désormais et pour toujours, nous n’avons plus
rien à craindre.

77
SUIS-MOI

Un esprit nouveau
Nous mettons trop souvent un point final ici, mais la foi chré-
tienne ne s’arrête pas là. Le pardon de ses péchés est devenu pour
beaucoup le cœur de leur vie chrétienne. Bon nombre de « chré-
tiens » restent ainsi coincés au niveau du pardon. Ils croient que
Jésus les a purifiés de leurs péchés ; mais ils ne connaissent toujours
pas de changement authentique, radical, réel dans leur vie.
Ce n’est pas ainsi que cela devrait se passer. La promesse de
Dieu, en Ézéchiel, va plus loin : « Je vous donnerai un cœur nouveau
et je mettrai en vous un esprit nouveau. […] C’est mon Esprit que je
mettrai en vous. Ainsi, je vous ferai suivre mes prescriptions, garder
et respecter mes règles » (Ézéchiel 36 : 26-27).
Ce qui nous aide à comprendre ce que Jésus disait à Nicodème :
naître de nouveau signifie naître d’eau et d’Esprit. C’est extraor-
dinaire ! Non seulement Jésus pardonne vos péchés, mais il vous
remplit de son Esprit. Chers amis, laissez-vous interpeller par cette
vérité : quand vous venez à Jésus, il dépose la source de sa vie au
cœur même de votre vie !
Cette vérité est le cœur de l’appel de Jésus à le suivre. Quand
vous devenez chrétien, vous mourez et Jésus devient votre vie. Pour
paraphraser Paul : « Vous êtes morts avec Christ, et vous n’êtes
même plus vivants. Au lieu de cela, Christ est vivant en vous, et la
seule façon pour vous de vivre, c’est par la foi en lui » (Galates 2 : 20).
Paul écrira par la suite : « Et si Christ est en vous, votre corps, il est
vrai, est mort à cause du péché, mais votre esprit est vie à cause
de la justice. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en
vous, celui qui a ressuscité Christ rendra aussi la vie à votre corps
mortel par son Esprit qui habite en vous » (Romains 8 : 10-11). C’est
le message renversant du christianisme : Jésus est mort pour vous
afin de pouvoir vivre en vous. Il ne se contente pas d’améliorer
votre ancienne nature. Il vous en offre une entièrement nouvelle ;
et totalement unie à la sienne.
Quand Heather et moi étions fiancés, nous menions des vies
totalement différentes. Je terminais mes études et j’avais à peine de
quoi survivre. Je mangeais des pâtes chinoises à quasiment tous les
repas ! J’essayais tant bien que mal de m’en sortir. Quand à Heather,
elle enseignait dans une école primaire. Elle avait donc un revenu

78
Religion superficielle et régénération surnaturelle

régulier (c’est-à-dire un bon cash-flow) et pouvait s’offrir autre


chose que des pâtes chinoises.
Au bout de douze mois de fiançailles, nous nous sommes
retrouvés devant nos familles et une foule d’amis, prêts à unir nos
vies. Ce jour-là, j’ai reçu un tas de magnifiques cadeaux. Le plus
important était une épouse resplendissante qui aimait Dieu ! Mais
savez-vous ce que j’ai aussi reçu ?
Un bon cash-flow.
C’était génial ! Avant la cérémonie, je n’avais rien sur mon
compte en banque. À l’instant où j’ai dit « oui », j’ai brusquement
récupéré tout ce qui se trouvait sur le compte en banque de ma
femme ! Sans rien avoir à faire pour le gagner ! Je n’ai pas dû me
rendre à son école et enseigner ses élèves. Je n’ai pas dû me trouver
un emploi. Tout ce qui appartenait à Heather m’appartenait désor-
mais. Tout simplement parce que j’avais uni ma vie à la sienne.
C’est pareil avec Jésus. En beaucoup, beaucoup mieux ! Quand
vous venez à lui, quand vous unissez votre vie à la sienne, tout ce
qui lui appartient est à vous. Oui, sa justice remplace votre injus-
tice. Mais il y a plus. Quand vous venez à lui, son Esprit remplit
votre esprit. Son amour devient votre amour. Sa joie devient votre
joie. Ses pensées deviennent vos pensées. Ses désirs deviennent vos
désirs. Sa volonté devient votre volonté. Son dessein devient votre
dessein. Sa puissance devient votre puissance. La vie chrétienne
consiste donc à « laisser sortir » la vie de Christ qui est en vous. Ni
plus ni moins.
Voilà la différence fondamentale entre religion superficielle et
régénération surnaturelle. La religion superficielle, avec ses vérités
à croire et ses choses à faire, est une contrefaçon de la vie « chré-
tienne ». Elle passe totalement à côté de ce que signifie réellement
suivre Jésus. Par contre, la régénération surnaturelle, conduit à une
vie chrétienne authentique, une vie éveillée par l’Esprit, la vérité,
l’amour, la passion, la puissance et le dessein de Jésus.

79
SUIS-MOI

Être un disciple et devenir un faiseur de


disciples
C’est exactement ce dont Jésus parle après son « Suivez-moi »
aux quatre pêcheurs. Souvenez-vous, il leur a dit : « Suivez-moi et je
ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19). Remarquez
bien que, dans cette invitation, il ne leur dit pas ce qu’il les appellera
à faire, mais bien de ce qu’il leur fera faire. Les missions données
aux disciples ne pourront être accomplies que grâce à son œuvre en
eux. Au fur et à mesure que les disciples suivent Jésus, il transforme
tout en eux : leurs pensées, leurs désirs, leur volonté, leurs relations,
et au plus profond, leur raison même de vivre.
« Suivez-moi, leur dit Jésus, et je ferai de vous des pêcheurs
d’hommes ». Il utilise là une image qui leur est familière. Il les
appelle, dès le début, à une mission qui exigera toute leur énergie :
répandre l’Évangile dans le monde entier ! C’est autre chose que de
sillonner un lac pour y chercher du poisson ! Parce qu’ils sont dis-
ciples de Jésus, ils feront d’autres disciples. Suivre le Christ conduira
chacun d’eux à aller à la pêche d’hommes. À la fin de l’Évangile de
Matthieu, nous retrouvons le Fils de Dieu sur une montagne, avec
ces mêmes disciples. Logiquement il leur dit : « Allez, faites de toutes
les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit et enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je
vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la
fin du monde » (Matthieu 28 : 19-20).
Quelque chose s’est passé entre Matthieu 4 et Matthieu 28 !
Jésus a transformé ses disciples en faiseurs de disciples. Quand ils se
sont retrouvés sur la montagne, ils avaient hâte d’annoncer à tous la
vie, la mort et la résurrection du Christ. Pardonnés de leurs péchés,
et bientôt remplis de l’Esprit de Dieu, ils étaient prêts à sacrifier leur
vie ; pas simplement pour être disciples de Jésus, mais aussi pour
faire des disciples de Jésus. Pêcher des hommes deviendra capital
pour eux. Et cela leur coûtera très cher.
À la Pentecôte, Pierre prêche l’Évangile à des milliers de per-
sonnes, et par la suite, à des foules un peu partout. Nous l’avons
déjà dit : pour avoir refusé de se taire, il est mort crucifié à l’envers,
selon la tradition. André prêchait l’Évangile en Grèce : il a aussi
été crucifié. Jude faisait de même près de l’actuelle Turquie : il a été

80
Religion superficielle et régénération surnaturelle

battu à mort. Thomas faisait des disciples en Inde et a eu le côté


transpercé par une lance. Pour avoir annoncé l’Évangile, Jacques
a été décapité, Philippe lapidé et Matthieu brûlé vif. Ces hommes
ont littéralement donné leur vie pour faire des disciples de Jésus.
Parce qu’ils étaient eux-mêmes des disciples de Jésus.
Ces disciples avaient connu une telle transformation en eux que
cela se manifestait par une multiplication au travers d’eux. Jésus
transformait leurs pensées : ils devenaient convaincus que les gens
avaient besoin d’entendre l’Évangile. Jésus transformait leurs dé-
sirs : ils désiraient ardemment que chacun entende l’Évangile. Jésus
transformait leur volonté : ils se sentaient poussés à donner leur vie
pour proclamer l’Évangile. Jésus transformait leurs relations : par
amour pour les autres ils leur annonçaient l’Évangile, qu’importe
le prix à payer. Ils étaient devenus des faiseurs de disciples au péril
de leur vie. Jésus avait transformé leur raison même d’exister : leurs
vies en ont été bouleversées à jamais.
Et nous ? Avons-nous raté quelque chose ? Christ nous a donné
un commandement qui peut coûter cher : « Allez, baptisez et ensei-
gnez toutes les nations ! » En observant l’Église aujourd’hui, j’ai le
sentiment qu’une mutation s’est opérée : nous avons transformé
l’ordre de Jésus en une invitation plus confortable : « Rassemblez-
vous, faites-vous baptiser et restez sur place ! » Essayez de demander
à des chrétiens autour de vous ce que signifie concrètement « faire
des disciples ». Les réponses risquent de ne pas être très claires et
vous récolterez probablement beaucoup… d’hésitations ! Il semble-
rait que nous nous soyons mutuellement exemptés de nos respon-
sabilités de pêcheurs d’hommes ! La majorité de ceux qui se disent
chrétiens aujourd’hui n’a pas comme objectif dans la vie de faire
de toutes les nations des disciples. En réalité, rien que d’y penser, la
plupart sont effrayés. Il est d’ailleurs bien possible que vous soyez
tenté, ici, de refermer ce livre en pensant : Ce n’est pas pour moi.
S’il vous plaît, ne le fermez pas ! Réfléchissons ensemble. La
Bible n’affirme-t-elle pas que tout disciple de Jésus est censé faire
d’autres disciples de Jésus ? L’appel de Jésus à le suivre n’était-il
pas, dès le début du christianisme, un appel à devenir des pêcheurs
d’hommes ? Et n’avons-nous pas l’impression que les premiers
disciples l’on fait par envie et non par obligation ? Les premiers

81
SUIS-MOI

disciples dans Matthieu 28 ont-ils dû être contraints par Jésus à


obéir à son ordre ? Non. Ils étaient poussés, par une force surnatu-
relle intérieure, à obéir à cet ordre. Même la mort ne pouvait pas
les en empêcher.
Mais alors qu’est-ce qui nous empêche, nous, d’obéir au-
jourd’hui ? Chacun d’entre nous. Pourquoi tant de soi-disant chré-
tiens restent-ils sur la touche ? Ils sont parfois impliqués dans les
rouages du fonctionnement de l’Église mais pas prêts à donner
leur vie pour faire de toutes les nations des disciples. Avec amour,
passion, sacrifice et joie. Avons-nous fait le choix d’une religion
superficielle plutôt que de vivre une régénération surnaturelle ?

Un trop-plein surnaturel
Une liste de choses à faire et à ne pas faire, des principes à res-
pecter et des rituels à observer (pour la plupart semblables à ceux
des autres religions) : si la foi chrétienne ne consiste qu’en cela, nous
n’avons pas grand-chose à offrir au monde. Pourquoi donc choisir
le christianisme plutôt que l’islam ou l’hindouisme s’ils sont fon-
damentalement identiques ? Tout le monde n’est-il pas en train de
suivre des règles en phase avec leurs habitudes religieuses ? Et ne
seront-ils pas tous récompensés un jour, d’une manière ou d’une
autre, pour l’avoir fait ?
Si notre foi chrétienne n’est que religion superficielle, rien ne
pourra nous convaincre de renoncer à notre confort, modifier nos
priorités, sacrifier nos biens, risquer notre réputation ou même
perdre notre vie pour devenir témoins du Christ. Nous avons toutes
les raisons de nous cantonner dans une foi strictement personnelle
qui nous convient très bien, et qu’on n’imposera ni aux gens de son
entourage, et moins encore au monde entier.
Une telle approche superficielle du christianisme conduit tou-
jours à une mentalité de spectateur dans l’Église.
Mais, si le christianisme est effectivement une question de
régénération surnaturelle… Si le Dieu de l’univers a touché notre
âme par sa grâce, s’il a pardonné tous nos péchés et nous a remplis
de son Esprit, alors, une telle mentalité de spectateurs est spiri-
tuellement inconcevable ! Si notre cœur, nos pensées, nos désirs et

82
Religion superficielle et régénération surnaturelle

nos relations ont été radicalement bousculés par le Christ, faire sa


volonté devient alors notre priorité absolue.
Si vous êtes réellement un disciple de Jésus, vous vous senti-
rez obligé, de manière surnaturelle, à faire des disciples. Un vrai
disciple de Jésus n’a pas besoin d’être convaincu, persuadé ou
manipulé. Chaque personne qui suit Jésus selon la Bible devient
pêcheur d’hommes.
Je vous ai parlé, dans mon premier chapitre, de Tom et de Julie.
Tous deux étaient prisonniers d’une foi religieuse et superficielle.
Jusqu’au jour où Christ a saisi leurs cœurs et transformé leurs vies.
Dès sa nouvelle naissance, Tom a mis sa vie à profit pour conduire
les autres à Jésus. Il a animé des études bibliques sur son lieu de
travail. Avec sa femme, il a accompagné des couples, les aidant à
grandir en Christ. Depuis qu’il est sauvé, il a partagé l’Évangile en
Amérique du Sud, en Europe de l’Est et au Moyen-Orient.
De la même manière, depuis que Julie est sauvée, elle s’est aussi
consacrée à faire des disciples sur son campus. Elle a passé quelques
mois en Afrique de l’Ouest ; elle y a annoncé l’Évangile dans une
ville de 90 000 habitants, dont 99,8 % étaient musulmans. Après
avoir fini ses études, elle s’est mariée et a emménagé avec son mari
dans un quartier défavorisé présentant un fort taux de criminalité,
pour y annoncer et y vivre l’Évangile.
Ahmed est médecin sur l’île la moins évangélisée de la terre.
Il est issu d’une famille de musulmans extrêmement fervents et
très riches. Il a fait sept fois le pèlerinage à La Mecque. Mais par la
grâce de Dieu, il a rencontré, dans le cadre de son travail, des mis-
sionnaires chrétiens qui lui ont annoncé l’Évangile. En entendant
parler de Christ, Ahmed a découvert une paix qui lui était jusque-
là totalement inconnue. Il est devenu un disciple de Jésus tout en
sachant que cela lui coûterait cher. Dès que sa famille l’a appris, il
a été ligoté et battu. Sa femme l’a quitté et ses enfants l’ont aban-
donné. Il ne peut plus exercer la médecine. Il vit en permanence
sous une menace de mort de sa famille.
Mais rien ne peut empêcher Ahmed de faire des disciples.
Lorsqu’il a commencé à suivre Jésus, il a demandé à Dieu de se
servir de lui pour annoncer l’Évangile à un millier de personnes
dans le courant de l’année. À la fin de cette première année, il avait

83
SUIS-MOI

annoncé la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu en Christ à plus de


quatre mille personnes !
Sanja vit, dans la pauvreté, en Inde ; elle est maman de deux
petites filles. Quand elle est tombée enceinte de la deuxième, son
mari l’a abandonnée ; il ne voulait pas avoir à payer de dot, plus tard,
pour leurs mariages. Honteuse, Sanja a été obligée de retourner
vivre chez ses parents. Enseignée dans la religion hindoue, elle a été
surprise de découvrir, dans son village, une Église qui s’occupait des
femmes enceintes. Elle y a entendu parler de l’amour infaillible de
Dieu en Christ. Elle s’est repentie de son péché et a placé sa confiance
en Jésus ; elle savait pourtant que cela augmenterait son déshonneur
dans sa communauté. Elle participe aujourd’hui à la vie de son Église
en s’occupant des femmes enceintes dans le besoin. Elle partage
l’Évangile avec tous les hindous qu’elle connaît.
Si vous demandiez à Tom, Julie, Ahmed ou Sanja pourquoi ils
sont ainsi devenus des faiseurs de disciples, aucun ne répondrait en
vous disant que c’est parce qu’ils sont obligés. C’est bien parce qu’ils
le veulent ! Dieu a accordé à ces frères et sœurs un cœur nouveau, un
cœur lavé du péché et rempli de son Esprit. Répandre l’Évangile est
la conséquence naturelle (ou surnaturelle), non pas d’une religion à
laquelle ils adhèrent, mais de leur relation avec Christ.

Êtes-vous né de nouveau ?
Qu’en est-il de vous ?
Êtes-vous plongé dans une religion superficielle, ou avez-vous
fait l’expérience de la régénération surnaturelle ? Qu’est-ce qui est
le plus important à vos yeux : suivre scrupuleusement des pratiques
et des principes chrétiens, ou vous cramponner de toutes vos forces
au Christ lui-même ? Êtes-vous certain d’être pardonné de vos
péchés ? D’être rempli de son Esprit ? En fin de compte, êtes-vous
né de nouveau ?
Tout est nouveau chez le disciple de Jésus : son cœur, sa pensée,
ses désirs, sa volonté, ses relations et son objectif. « Suivez-moi,
disait Jésus, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Ce n’est pas
une invitation à s’engager dans une religion superficielle. C’est une
invitation à savourer le bonheur qui n’existe que dans une relation

84
Religion superficielle et régénération surnaturelle

surnaturelle avec lui. Il vous appelle à être captivé par sa grandeur


et transformé par sa grâce. Détournez-vous de votre péché et de
vous-même ! Et faites-lui confiance, lui le sauveur tout-puissant de
votre âme, celui qui satisfait pleinement.
Mais attention ! Cela ne veut pas dire : « Faites de Jésus votre
Seigneur et Sauveur personnel ! »

85
CHAPITRE QUATRE

Ne faites pas de Jésus votre


Seigneur et Sauveur personnel

Les chrétiens s’expriment souvent ainsi, quand ils


racontent comment ils sont devenus des disciples de Jésus : « J’ai
décidé de faire de Jésus mon Seigneur et Sauveur personnel ». Bien
sûr, c’est toujours merveilleux d’entendre des frères et des sœurs
évoquer le moment où leur cœur s’est ouvert à l’amour de Dieu ;
un amour incroyablement passionné, qui les a entraînés dans
une relation profonde avec le Christ. Mais je me demande si cette
affirmation (« J’ai décidé de faire de Jésus mon Seigneur et Sauveur
personnel ») n’est pas le signe d’une dérive de notre foi chrétienne ;
une dérive subtile, mais réelle.
De plus, cette affirmation minimise l’autorité inhérente de
Jésus. Aucun de nous ne peut décider de le faire Seigneur. Jésus
est Seigneur qu’importe ce que vous ou moi aurions décidé ! La
Bible est claire : un jour, chacun pliera le genou dans le ciel, sur la
terre et sous la terre et toute langue reconnaîtra que Jésus-Christ
est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père (Philippiens 2 : 10-11). La
question n’est pas de savoir si nous ferons Jésus Seigneur. La vraie

87
SUIS-MOI

question est de savoir si vous et moi allons nous soumettre à sa


seigneurie. Voilà ce qui est au cœur de la conversion.
D’autre part, ce qui me gêne davantage avec cette expression,
c’est que nous l’utilisons trop souvent pour promouvoir une foi
chrétienne « sur mesure », avec un Christ adapté à notre petite
personne. Nous avons tous tendance, sans en avoir vraiment
conscience, à modifier le christianisme ; en fonction de nos goûts,
préférences, traditions d’Églises et autres normes culturelles.
Petit à petit et subtilement, nous transformons le Jésus de la Bible
en une personne avec laquelle nous sommes plus à l’aise. Nous
minimisons la portée de ses propos sur le prix à payer pour être
son disciple. Nous méprisons ses avertissements concernant ceux
qui choisissent de ne pas le suivre. Nous ignorons quasiment
tout ce qu’il dit au sujet du matérialisme. Et nous négligeons ses
instructions sur la mission. Nous faisons le tri entre ce qui nous
plaît et ce qui nous plaît moins dans son enseignement. En fin
de compte, nous nous créons un Jésus gentil, inoffensif, politi-
quement correct, ni riche ni pauvre, qui nous ressemble et pense
comme nous.
Mais Jésus ne peut pas s’ajuster en fonction de nos goûts, il
ne peut pas être servi à la carte ! Il ne peut pas être soumis à nos
adaptations, interprétations, innovations, ou transformations ! Il
a parlé de manière claire dans sa Parole, et nous n’avons aucun
droit de l’« ajuster ». C’est lui qui nous ajuste : il bouleverse com-
plètement nos vies ! Il transforme notre intelligence par sa vérité.
En tant que disciples, nous apprenons à lui faire confiance. Et cela
même quand sa Parole est en confrontation (ou en contradiction
même !) directe avec nos présuppositions et nos croyances. Quand
sa Parole remet en question nos convictions profondément an-
crées – ou les convictions de nos familles, amis, culture et même
parfois celles de l’Église. Et alors que nous prenons Jésus au mot,
nous proclamons Jésus au monde. Parce que nous savons en effet
qu’il n’est pas seulement notre Seigneur et Sauveur personnel,
digne de notre approbation personnelle… Il est le Seigneur et
Sauveur de l’univers, digne de la louange éternelle de la part de
chaque être humain.

88
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et Sauveur personnel

Suivre, c’est croire


Une étude récente a montré que beaucoup de gens se disent
« chrétiens » mais ne croient plus en un Dieu Créateur et Maître
de l’univers. Ces « chrétiens » croient que le monde entier est
dieu ; ou que dieu n’est peut-être que la réalisation du potentiel
de chaque être humain. Plus de la moitié de ces « chrétiens » ne
croient pas à l’existence du Saint-Esprit ni à celle de Satan ; et des
millions d’entre eux ne croient pas que Jésus soit le Fils de Dieu.
Près de la moitié de ces « chrétiens » ne croit pas que la Bible soit
totalement vraie13.
J’ai mis le terme chrétiens entre guillemets pour une raison
que j’espère désormais évidente : de tels « chrétiens » ne sont pas
chrétiens. Il est impossible de suivre Jésus sans tenir compte de sa
Parole, sans y croire, sans la prendre au sérieux. En clair, suivre
Jésus, c’est croire Jésus.
Nous avons déjà vu qu’il existe une différence entre une croyance
intellectuelle et la foi qui sauve. Même les démons croient que Jésus
est mort sur la croix et qu’il est ressuscité (Jacques 2 : 10). Être un
disciple du Christ implique bien plus qu’une simple croyance intel-
lectuelle. Même si tout commence par là.
Depuis les débuts du christianisme, croire Jésus est fondamen-
tal à l’action de suivre Jésus. Les Évangiles nous montrent comment
Jésus travaille avec ses disciples : il est constamment en train de leur
enseigner la vérité, constamment en train de remettre en question
leur façon de penser. Par chaque histoire et chaque conversation,
il bouscule leurs raisonnements. Jésus ne les a jamais inscrits dans
une école et ne les a jamais fait asseoir dans une salle de classe ;
mais il utilisait chaque situation, chaque conversation, chaque
miracle, chaque instant pour les pousser à aligner de plus en plus
leurs pensées sur ses pensées.
Puis, quand Jésus a préparé ses disciples à sa mort et son départ,
il leur a promis son Esprit (Notez bien que pour Jésus, le Saint-
Esprit est une réalité), « l’Esprit de la vérité », qui « vous enseignera
toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean
14 : 17, 26). Être son disciple, c’était (et c’est toujours) être attaché à
ses paroles. Il a déclaré : « Si vous demeurez dans ma parole, vous
êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité

89
SUIS-MOI

vous rendra libres » (Jean 8 : 31-32). « Si vous demeurez en moi et


que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous
voudrez et cela vous sera accordé » (Jean 15 : 7). Dès le départ, les
promesses et les privilèges des disciples de Jésus sont liés à notre
action de croire en lui de tout notre cœur.
Quelques années plus tard, Paul parle de la manière dont les
disciples devraient, par l’Esprit de Christ, développer en eux la
pensée du Christ (1 Corinthiens 2 : 16). Il exhorte les chrétiens
romains à être transformés par le renouvellement de leur intelli-
gence (Romains 12 : 2). Il supplie ceux de Colosses de se dépouiller
« du vieil homme et de ses manières d’agir » et de revêtir « l’homme
nouveau qui se renouvelle pour parvenir à la vraie connaissance,
conformément à l’image de celui qui l’a créé » (Colossiens 3 : 9-10).
Il écrit au sujet du combat spirituel : « Nous renversons les raison-
nements et tout obstacle qui s’élève avec orgueil contre la connais-
sance de Dieu, et nous faisons toute pensée prisonnière pour qu’elle
obéisse à Christ » (2 Corinthiens 10 : 5). D’après les Écritures, les
paroles du Christ devraient être au centre des pensées, du cœur et
de la vie de chaque chrétien.

L’autorité de la résurrection
Mais n’est-ce pas un peu fou, au vingt-et-unième siècle, de baser
notre vie sur les paroles d’un homme du premier siècle ? Certains
enseignements bibliques ne sont-ils pas franchement archaïques ?
Faut-il vraiment prendre tous les propos de Jésus à la lettre ? La
culture n’a-t-elle pas évolué et la science progressé depuis son
époque ? Comment pouvons-nous être sûrs que son enseignement
reste encore valable aujourd’hui, deux mille ans plus tard ?
L’autorité des paroles du Christ est intimement liée à la réalité de
sa résurrection. Réfléchissez. Si Jésus n’est pas ressuscité, inutile de
prêter attention à ce qu’il a dit. Il ne serait qu’un maître religieux de
plus, enseignant ses vérités et proposant ses solutions pour une vie
meilleure. En fait, il serait même pire que tous les autres puisqu’il
n’aurait pas été en mesure de tenir sa promesse de résurrection. Si
Jésus n’est pas ressuscité, le christianisme n’est qu’un canular et
les chrétiens sont les gens les plus stupides de la planète (même le
Nouveau Testament le dit en 1 Corinthiens 15) ! Si Jésus n’est pas

90
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et Sauveur personnel

ressuscité, nous avons toute liberté de simplement sélectionner,


dans tout le répertoire des paroles de Jésus, les quelques éléments
qui pourraient nous être utiles aujourd’hui.
Mais si Jésus est réellement ressuscité, s’il a accompli ce que
nul autre n’a jamais fait ou ne fera jamais (vaincre la mort), alors,
nous ne pouvons pas nous contenter d’acquiescer à ses paroles :
nous devons réorienter toute notre vie sur la base de ce qu’il a dit.
Alors ? Jésus est-il vraiment ressuscité ? Est-il effectivement
Seigneur, indépendamment de ce que vous et moi déciderions ?
1. Certains ne croient même pas que Jésus soit mort sur une
croix. Donc d’autant moins qu’il soit ressuscité trois jours plus
tard. De nombreux musulmans, par exemple, prétendent que le
crucifié de ce jour-là ressemblait à Jésus. Ils oublient peut-être que
cette théorie a été inventée 600 années après la crucifixion, par
le prophète Mahomet ! D’autres croient que Jésus a bien été mis
en croix mais qu’il n’y est pas mort. Il aurait juste été grièvement
blessé. Ayant perdu connaissance, les gens auraient pensé qu’il
était mort. Cette explication suppose qu’il a bravement enduré
six procès d’affilée, une longue période sans sommeil, une fla-
gellation, une couronne d’épines, des clous dans les mains et les
pieds, et finalement, après plusieurs heures pendu sur la croix, une
lance enfoncée dans son côté. Puis, après son évanouissement, il
aurait été enveloppé de bandelettes et placé dans un tombeau ;
dont l’entrée était fermée par une grosse pierre et gardée par
des soldats romains. Quelques heures plus tard, il aurait repris
connaissance et aurait rapidement poussé la pierre qui fermait
l’entrée du tombeau ; il se serait faufilé entre les gardes et aurait
tranquillement repris son chemin. Ce n’est sûrement pas l’expli-
cation la plus plausible !
2. D’autres affirment que le tombeau n’était pas vide. C’est
ce qu’on appelle généralement « la théorie du mauvais tombeau » :
le matin de Pâques, bouleversées et affligées par la mort de Jésus,
les femmes se seraient trompées de tombeau et auraient cru par
erreur que Jésus était ressuscité. Par la suite, tous se seraient
rendus au mauvais tombeau. Ah ! Si seulement quelqu’un avait
vérifié la tombe d’à côté ! Cette théorie omet un point important :
les autorités romaines (et juives) ne voulaient absolument pas

91
SUIS-MOI

qu’un groupe d’individus puisse revendiquer la résurrection de


leur chef. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils avaient posté
des gardes à l’entrée du tombeau. Et ils savaient très certainement
quelle tombe il fallait surveiller ! En cas d’erreur, ils auraient pu
de toute manière, très rapidement anéantir le christianisme en
montrant simplement le corps de Jésus qui reposait encore dans
le tombeau juste à côté.
3. D’autres prétendent que ce sont les disciples qui auraient
manigancé cette histoire de résurrection en dérobant le corps
de Jésus. Ainsi, ce petit groupe de Galiléens timides (qui, la nuit
précédente, avaient peur d’admettre qu’ils connaissaient Jésus)
aurait déjoué l’extrême vigilance d’une garde de soldats romains.
D’autres affirment que les disciples auraient simplement été vic-
times de délires (ou au mieux d’hallucinations) pour affirmer
avoir vu Jésus à nouveau vivant. Au premier siècle, la notion de
résurrection était totalement inconcevable, aussi bien dans la
culture gréco-romaine que dans la culture juive. Pourtant, des
centaines de personnes ont affirmé avoir vu Jésus ; certains ont
même mangé, bu et parlé avec lui. En général, les hallucinations
ne mangent pas et ne boivent pas. Qui plus est, ce n’était pas
dans l’intérêt des disciples du premier siècle de proclamer la
résurrection de Jésus : ils pouvaient perdre la vie pour cela (et ils
la perdront effectivement). Pour citer Pascal : « Je ne crois que les
histoires dont les témoins se feraient égorger14 ».
Pourquoi insister autant sur ce point ? Parce que si Jésus est
réellement ressuscité des morts, nous devons prêter attention à
absolument tout ce qu’il a dit. La réalité de sa résurrection valide
à la fois la véracité et le caractère intemporel de son enseignement.
Jésus n’est pas un quelconque maître dont nous pouvons, selon nos
envies, accepter ou ignorer les pensées et les opinions. Quoi que
nous disions (ou décidions), Jésus est Seigneur. Par conséquent, quoi
qu’il dise (ou déclare), nous n’avons pas d’autre choix que d’avoir
confiance en ses paroles.

Jésus et l’enfer
À la lumière de ces affirmations, examinons un des thèmes les
plus clairement présentés dans la Bible, mais des plus controversés

92
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et Sauveur personnel

dans notre culture. Jésus en a souvent parlé. Jésus a expliqué à ses


disciples que Dieu lui a donné toute autorité pour juger tous les
peuples, partout, pour toute l’éternité. Il déclare dans Jean 5 :

Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils


afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui
qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé. En
vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui
croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle ; il ne vient pas en
jugement, mais il est passé de la mort à la vie. […]

En effet, tout comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a


donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné [aussi]
le pouvoir de juger, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne vous
en étonnez pas, car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les
tombeaux entendront sa voix et en sortiront : ceux qui auront
fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait
le mal ressusciteront pour le jugement. (Jean 5 : 22-24, 26-29)

La scène de jugement à laquelle Jésus fait référence est décrite


dans Apocalypse 20 :

Je vis alors un grand trône blanc et celui qui y était assis. La


terre et le ciel s’enfuirent loin de lui et l’on ne trouva plus de
place pour eux. Je vis les morts, les grands et les petits, debout
devant le trône. Des livres furent ouverts. Un autre livre fut aussi
ouvert : le livre de la vie. Les morts furent jugés conformément
à leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans ces livres. La mer
rendit les morts qu’elle contenait, la mort et le séjour des morts
rendirent aussi leurs morts, et chacun fut jugé conformément
à sa manière d’agir. Puis la mort et le séjour des morts furent
jetés dans l’étang de feu. L’étang de feu, c’est la seconde mort.
Tous ceux qui ne furent pas trouvés inscrits dans le livre de vie
furent jetés dans l’étang de feu. (Apocalypse 20 : 11-15)

Cette réalité simple et pourtant solennelle de la Parole de Dieu


est incontestable : quiconque confesse Jésus comme Seigneur sera
sauvé à tout jamais et quiconque rejette Jésus comme Seigneur sera
condamné à tout jamais. Comme le disait le professeur écossais
James Denney : « S’il n’y avait qu’une seule vérité dans toutes les
Écritures, ce serait celle-ci : ceux qui refusent obstinément de se
soumettre à l’Évangile, qui refusent d’aimer et d’obéir à Jésus-

93
SUIS-MOI

Christ s’exposent à une perte inestimable et définitive lors de son


avènement. Ils entreront dans une nuit qui ne verra jamais plus
d’aurore15 ».
Cet enseignement a toujours été clair à travers des siècles
d’histoire de l’Église. Mais diverses voix, sous la bannière du chris-
tianisme contemporain, annoncent désormais que l’enfer n’existe
pas réellement – ou du moins qu’il n’est pas un lieu de souffrance
éternelle. Ces affirmations prennent généralement la forme de
questions provocatrices. Dieu a-t-il réellement dit qu’il enverrait les
pécheurs en enfer ? Dieu a-t-il réellement dit qu’une personne devait
croire en Jésus pour aller au ciel ? Dieu a-t-il réellement dit… ?
De telles questions tendent à déformer la Parole de Dieu. Nous
devrions toujours nous montrer prudents quand une question
commence par : « Dieu a-t-il réellement dit… ? » Ce sont précisé-
ment ces mots qui ont causé la chute de l’homme en Genèse 3. Le
serpent trompeur a séduit Adam et Ève pour les amener à douter
de l’amour de Dieu et de sa Parole : « Dieu a-t-il réellement dit :
“Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin” ? » (Genèse
3 : 1 – Colombe). Par cette question, Satan a convaincu ce couple
que l’amour de Dieu était sujet à leur propre opinion, et la Parole
de Dieu soumise à leur propre interprétation. Il a élevé les pensées
de l’homme au-dessus de la vérité divine. Et le péché a fait son
entrée dans le monde.
Ah ! Si nous pouvions retenir la leçon ! C’est toujours dangereux
de transformer Jésus et sa Parole pour qu’ils nous paraissent plus
agréables. En tant que disciples de Jésus, nous devons toujours le
prendre au mot et lui faire entièrement confiance.
Que se passe-t-il donc quand nous prêtons attention à ce que
Jésus dit à propos de l’enfer et que nous y croyons vraiment ? Il
décrit un lieu d’atroces souffrances :

Si ta main te pousse à mal agir, coupe-la. Mieux vaut pour toi


entrer manchot dans la vie que d’avoir les deux mains et d’aller
en enfer, dans le feu qui ne s’éteint pas. Si ton pied te pousse à
mal agir, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer boiteux dans la vie
que d’avoir les deux pieds et d’être jeté en enfer. Et si ton œil te
pousse à mal agir, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer dans
le royaume de Dieu avec un seul œil que d’avoir deux yeux et

94
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et Sauveur personnel

d’être jeté dans l’enfer, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne


s’éteint pas. (Marc 9 : 43-48)

Comme en Apocalypse 20 : 15, la Parole de Dieu affirme que :


« tous ceux qui ne furent pas trouvés inscrits dans le livre de vie
furent jetés dans l’étang de feu ». De la même manière, Apocalypse
21 : 8 décrit l’enfer comme « l’étang ardent de feu et de soufre ».
Vous vous demandez peut-être : le feu n’est-il pas simplement
une image dans ces passages ? Ces versets ne sont-ils pas symbo-
liques ?
Peut-être.
Mais si ce sont des symboles, que représentent-ils ? Une retraite
hivernale ou des vacances estivales ? Non. Le feu ardent et le soufre
fumant ne symbolisent certainement pas un lieu agréable. Ces
images représentent un endroit terrifiant.
L’enfer est, d’après Jésus, un lieu de tourments conscients et
d’obscurité totale (Luc 16 : 22-23 ; Matthieu 22 : 13). Ailleurs dans
le Nouveau Testament, l’enfer est décrit comme un endroit de
dévastation sans fin dans lequel les gens sont séparés de la présence
du Seigneur et de sa puissance glorieuse (2 Thessaloniciens 1 : 9).
Plus effrayant de tout, l’enfer dure éternellement. Jésus a opposé
punition éternelle et vie éternelle (Matthieu 25 : 46). Jean a écrit au
sujet des pécheurs : « La fumée de leur tourment monte aux siècles
des siècles » (Apocalypse 14 : 11).
Comme l’a dit Thomas Watson : « En enfer, les méchants
seront toujours en train de mourir, mais ils ne mourront jamais.
La fumée de la fournaise monte au siècle des siècles. Oh, qui
peut donc supporter ce supplice éternel ? Le mot « éternel » brise
le cœur ». Les auditeurs de Jonathan Edwards, prédicateur du
xviiie siècle, étaient « exhortés à imaginer ce que pourrait être le
supplice de brûler comme un charbon ardent, non pas pour un
instant ou un jour, mais pour “des millions de millions de siècles”,
tout en sachant qu’à la fin de ces millions d’années leur tourment
ne venait que de commencer, et qu’ils ne pourront “jamais, jamais,
en être délivrés16” ».
Nous ne croyons plus aujourd’hui à l’horreur de l’enfer. Nous
employons facilement des expressions comme « C’est un jeu d’en-

95
SUIS-MOI

fer ! » ou « C’était un week-end d’enfer ! » Ce qui prouve que nous


n’avons aucune idée de ce dont nous parlons. L’enfer est une réalité
que nous ne pouvons ni ne devons ignorer. Jésus l’a annoncé. Face à
un Dieu saint, une colère ardente et éternelle est le destin qui attend
chaque pécheur perdu. Il l’a dit. Très clairement.

Jésus et le ciel
Heureusement, Jésus a parlé du ciel, tout aussi clairement ! Il
déclare : « C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit
en moi vivra, même s’il meurt ; et toute personne qui vit et croit
en moi ne mourra jamais » (Jean 11 : 25-26). « Quiconque croit en
[moi] ne péri [ra] pas » (Jean 3 : 16). Jésus promet à ses disciples de
leur préparer une place (Jean 14 : 1-6) et cela nous réconforte. Un
endroit où tous ceux qui croient en lui habiteront avec Dieu, dans
« un nouveau ciel et une nouvelle terre », où Dieu « essuiera toute
larme de leurs yeux, la mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil,
ni cri, ni douleur, car ce qui existait avant a disparu » (Apocalypse
21 : 1, 4). Maintes et maintes fois, Jésus promet une joie infinie et la
vie éternelle à tous ceux qui se détournent d’eux-mêmes et de leur
péché pour placer leur confiance en lui.
Les paroles de Jésus à propos de l’éternité encouragent tous
ceux qui lui font confiance. Daniel, un membre de notre Église
dans la trentaine, semblait être l’incarnation même de la santé, de
la force et de la forme physique. Mais, suite à des douleurs soudaines
d’estomacs, il a subi une batterie d’examens médicaux et on lui a
diagnostiqué un cancer. Il a été opéré quelques semaines plus tard.
À son réveil, il a reçu, lui, sa femme et leur petite fille, la nouvelle
qu’ils n’attendaient pas :
— Quand nous avons ouvert votre estomac, nous avons constaté
que le cancer s’était déjà répandu dans tout votre corps. Nous ne
pouvons malheureusement rien faire pour l’arrêter.
Les médecins ont ajouté :
— Il ne vous reste probablement que quelques semaines à vivre.
Je suis allé le visiter à l’hôpital alors qu’il était mourant. En
route, je pensais : Qu’est-ce que je vais lui dire ? Que je suis désolé

96
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et Sauveur personnel

que ça lui soit arrivé, à lui ? Que j’aurais aimé que ça se passe dif-
féremment ?
Mais je m’inquiétais pour rien. Tous ceux qui ont rendu visite à
Daniel ce jour-là ont été grandement surpris. Il les a tous accueillis
en pointant du doigt le ciel et en leur annonçant, avec le plus sincère
des sourires :
— Aujourd’hui, je serai avec Jésus !
J’ai alors compris que mes : « Je suis désolé que ça te soit arrivé »,
ou : « J’aurais aimé que ça se passe différemment » n’avaient pas leur
place ici. En fait, j’ai quitté sa chambre ce jour-là un peu jaloux ! Par
la puissance des paroles du Seigneur, cette chambre d’hôpital avait
été transformée en un lieu d’adoration. Ce frère, disciple de Jésus,
savait dans sa tête et croyait dans son cœur que « Christ est ma vie
et mourir représente un gain » (Philippiens 1 : 21).
Croire vraiment tant au ciel qu’à l’enfer change radicalement
notre façon de vivre ici sur la terre. L’espérance du ciel nous encou-
rage, et l’horreur de l’enfer nous contraint. Nous savons qu’il existe
autre chose par-delà ce monde. Nous savons que chaque habitant
de cette planète n’est ici sur terre que pour une courte durée ; puis
l’éternité nous attend tous. Une éternité remplie soit de délices
éternels, soit d’une condamnation éternelle.
Jésus a dit : « Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs
d’hommes ». C’est clair, si nous croyons que le Christ est venu
nous délivrer de l’enfer pour nous offrir le ciel, nous n’avons pas
d’autre choix que de passer notre vie à le faire savoir. Les gens qui
nous entourent sont peut-être en train de marcher sur le chemin
qui mène à la souffrance éternelle. Le gars assis à côté de moi au
café, l’étudiant qui lit à côté de moi à la bibliothèque, mes collègues
de bureau, mes voisins. Nous devons leur parler du Christ qui seul
conduit à la satisfaction éternelle. En tant que disciple du Christ,
nous ne pouvons pas faire autrement. Comment est-ce possible
pour un chrétien de rester les bras croisés et de se taire ? Alors que
sa famille, ses amis, ses voisins, ses collègues et ses connaissances
sont sur le bord de la falaise, sur le point de basculer vers l’obscurité
éternelle.

97
SUIS-MOI

Alors ? Croyez-vous aux paroles de Jésus ? À ce qu’il a dit sur


l’enfer autant qu’à ce qu’il a dit sur le ciel ? Vos pensées (et votre vie)
ont-elles été totalement transformées par sa vérité ?

Croire, c’est proclamer


Suivre Jésus nécessite de le croire ; et le croire conduit à le pro-
clamer. Par conséquent, une foi privée en un Christ ressuscité est
concrètement inconcevable. Pourtant aujourd’hui, la foi chrétienne
privée est un fléau dans notre culture et dans l’Église.
Des foules de soi-disant chrétiens expliquent (ou du moins
pensent) : « Jésus m’a sauvé. Je suis d’accord avec ses enseigne-
ments. Mais qui suis-je pour dire aux autres ce qu’ils devraient
croire ? Qui suis-je pour leur dire que ce qu’ils croient est faux,
et que ce que je crois est vrai ? Et qui plus est, qui suis-je pour
leur dire que s’ils ne croient pas en ce que je crois, ils passeront
l’éternité en enfer ? »
Je comprends aisément ce sentiment. Je me suis retrouvé un
jour au centre d’une véritable marée humaine, quelque part au
nord de l’Inde. Si vous n’êtes jamais allé dans ce pays, pensez foule.
Des tas et des tas et des tas de gens. Pour être plus précis, environ
1,2 milliard, dont 600 millions vivent dans le nord du pays. Des
rues encombrées et des bidonvilles entourés de villages à n’en plus
finir recouvrent tout le pays. Et une disparité économique énorme :
l’Inde compte plus de 300 millions de personnes vivant sous le seuil
de la pauvreté.
Mais la pauvreté de l’Inde n’est pas uniquement physique : elle
est également spirituelle. Les Églises de ce pays avec lesquelles nous
travaillons estiment qu’environ 0,5 % de la population du nord de
l’Inde est chrétienne. Autrement dit, 99,5 % des Indiens du nord
ne croient pas en Christ pour leur salut.
Sachant cela, j’ai regardé cette marée humaine tout autour de
moi et j’ai pensé : Qui suis-je pour venir jusqu’ici dire à ces gens ce
qu’ils devraient croire ? Qui suis-je pour leur dire que tous leurs dieux
– hindous, musulmans, bouddhistes, sikhs ou autres – sont faux et
que Jésus est le seul vrai Dieu ? Qui suis-je pour dire aux 597 millions
de non-chrétiens qui m’entourent que s’ils ne se détournent pas de

98
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et Sauveur personnel

leurs péchés et ne placent pas leur confiance en Jésus, ils passeront


l’éternité en enfer ?
Oser affirmer que les 597 millions d’hindous, de musulmans,
de bouddhistes et de sikhs qui m’entouraient ce jour-là iraient
en enfer s’ils ne croyaient pas en Jésus ? Cela me paraissait extrê-
mement arrogant, déplacé au possible, et manquant terriblement
d’amour ! Et oui, effectivement, cela serait arrogant, totalement
déplacé, et manquant profondément d’amour, sauf si… Sauf si ce
que je disais était vrai.
Si Jésus n’est qu’un maître à penser de plus, dans l’histoire de
l’humanité, s’il n’est qu’un homme parmi tant d’autres à proposer
un système de pensée et une manière de vivre… Ce serait bien un
signe d’arrogance et de manque d’amour, ce serait pure folie pour
moi (ou pour quiconque) de se rendre à l’autre bout du monde
pour annoncer aux foules qu’ils doivent soit suivre Jésus, soit subir
l’enfer. Mais Jésus est bien plus qu’un maître à penser religieux. Il
est vraiment Dieu, Sauveur et Roi ressuscité. Celui qui a payé le prix
pour les pécheurs et a préparé le chemin du salut éternel. Parler par-
tout de lui est donc la seule chose qui ait du sens. Rester silencieux
alors que 597 millions d’hindous, de musulmans, de bouddhistes
et de sikhs vont en enfer : ça, c’est de l’arrogance, le comble même
de l’arrogance. Ne pas sacrifier sa vie afin d’annoncer la Bonne
Nouvelle à chaque individu et parmi chaque peuple de la planète
tout entière, ça, c’est le comble de la haine.

Poussés par le Sauveur du monde


Quand vous croyez vraiment les paroles de Jésus et que vous
prenez conscience de sa majesté, vous comprenez que son objectif
n’est pas simplement de devenir votre Seigneur et Sauveur person-
nel. Il n’est pas mort sur la croix uniquement pour s’occuper de
votre petite personne.
Les chrétiens disent parfois : « Quand Jésus est mort sur la
croix, c’est pour moi qu’il est mort ». Il y a sans aucun doute une
part de vérité dans ces paroles, puisque le Fils de Dieu est mort
pour vous et pour moi (Galates 2 : 20). Mais nous ne devons pas
en rester là. Le Christ a lui-même annoncé qu’il mourrait afin
que « la repentance et le pardon des péchés [soient] prêchés en son

99
SUIS-MOI

nom à toutes les nations » (Luc 24 : 47). Il a fait plus que mourir
pour vous et moi ; il a donné sa vie pour racheter « pour Dieu […]
des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de
toute nation » (Apocalypse 5 : 9). Les disciples de Jésus savent qu’il
n’est pas seulement leur Seigneur et Sauveur personnel, digne de
leur reconnaissance. Les disciples de Jésus savent qu’il est le Maître
de l’univers, le Sauveur du monde, digne des louanges du monde
entier, pour toute l’éternité.
Les disciples ne peuvent donc pas s’empêcher de faire de toutes
les nations des disciples. Si nous croyons réellement les paroles de
Jésus et si nous reconnaissons sa valeur, nous nous sentons dans
l’obligation de prendre part à cette tâche. Nous passons notre vie
à appeler des centaines de millions d’Européens et d’Américains à
se détourner du péché et à placer leur confiance en Jésus ; car il est
digne de leur adoration. Nous faisons des disciples en Afrique, où
plus de trois mille tribus animistes adorent toutes sortes d’esprits
et de faux dieux qui ne méritent pas la gloire. Nous faisons des
disciples au Japon, au Laos et au Vietnam, où 350 millions de
personnes pratiquent le bouddhisme, alors que Bouddha ne mérite
pas leur louange. Nous faisons des disciples en Inde, au Népal et
au Bangladesh, où plus de 950 millions d’hindous adorent un
nombre incalculable de dieux qui n’en valent pas la peine. Nous
faisons des disciples en Chine, en Corée du Nord et à Cuba, où
plus d’un milliard de personnes ont grandi dans un communisme
qui refuse de croire dans le Dieu qui règne sur tout l’univers. Nous
faisons des disciples en Asie centrale et au Moyen-Orient, où plus
d’un milliard et demi de musulmans suivent un faux dieu. Nous
faisons des disciples parmi tous ces peuples et dans les endroits
les plus difficiles, parce que nous sommes absolument convaincus
de la mort et de la résurrection de Jésus, seul digne d’être exalté
comme Seigneur.

Tout ce dont nous avons besoin


Quand nous croyons ses paroles, nous nous sentons enhardis
pour vivre dans l’adoration de Jésus. Il a déclaré : « Si vous demeurez
en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez
ce que vous voudrez et cela vous sera accordé » (Jean 15 : 7). Sans

100
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et Sauveur personnel

doute l’une des promesses les plus stupéfiantes de la Bible ! Oui,


Jésus a bien affirmé : « Vous demanderez ce que vous voudrez et
cela vous sera accordé ».
Pour bien comprendre cette promesse, il faut la remettre dans
son contexte. Jésus vient juste d’annoncer à ses disciples sa mort
prochaine sur la croix, suivie de sa résurrection puis de son ascen-
sion au ciel. Il a ajouté que, du ciel, il leur enverrait son Esprit pour
leur donner la puissance d’aller faire des disciples partout dans le
monde. Ils ont eu confiance en sa parole, se sont mis au travail, Jésus
leur ayant promis de pouvoir à tous leurs besoins dans l’accomplis-
sement de cette tâche.
Donc, sur la base de cette promesse, je ne peux pas demander à
Dieu de me donner une nouvelle maison, un meilleur travail ou une
vie plus confortable. Non. Mais sur la base de cette promesse je peux
lui demander : « S’il te plaît Seigneur, accorde-moi tout ce dont j’ai
besoin pour répandre ta vérité, à partir de mon lieu d’habitation et
jusqu’aux extrémités de la terre. » C’est le genre de prière à laquelle
Dieu répond toujours ! C’est garanti !
Il y a quelques années de cela, Heather et moi nous sommes
rendus en Asie de l’Est ; dans un endroit où très peu de personnes
avaient entendu parler de Jésus. Heather a eu l’occasion de parta-
ger l’Évangile à maintes reprises avec une jeune fille qui s’appelait
Meilin. Celle-ci semblait particulièrement réceptive à l’Évangile ;
mais, en même temps, il était évident qu’elle n’était pas prête à
reconnaître Christ comme Seigneur. Elle nous posait beaucoup
de questions. Nous demandions continuellement à Dieu de nous
donner les mots, la sagesse et la grâce nécessaires pour lui partager
l’Évangile de manière claire.
Nous avons passé deux semaines avec elle puis le jour du départ
est arrivé. Nous avions fait nos bagages. Nous avions dit au revoir
à ceux qui continueraient à partager l’Évangile après notre départ.
Ils étaient en train de prier et d’étudier la Bible à l’intérieur du bâti-
ment ; nous étions dehors, attendant notre taxi, et nous pouvions
les entendre parler entre eux.
C’est alors que, sortant de nulle part, Meilin est arrivée. Elle
s’est précipitée vers Heather et l’a prise à part pour s’empresser de lui
raconter qu’elle se détournait de son péché pour placer sa confiance

101
SUIS-MOI

en Christ ! Quelle joie pour Heather ! Les personnes à l’intérieur de


la maison n’avaient absolument aucune idée de ce qui se passait à
l’extérieur. Ils étaient en train de lire à voix haute Psaumes 46 : 11.
Je voyais les larmes couler sur le visage d’Heather alors qu’elle priait
avec Meilin. Et j’entendais en même temps les gens dans le bâtiment
qui lisaient ces paroles : « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu ! Je
domine sur les nations, je domine sur la terre ». Le Sauveur, qui règne
à la droite du Père, désire accorder aux siens tout ce dont ils ont besoin
pour célébrer son nom dans le monde entier.

La grande histoire
Et nous, disciples de Jésus, avons-nous pris conscience de la
beauté de cette grande histoire dont nous faisons partie ? Nous
vivons dans un monde déchu ; monde de péché, de souffrance et de
mort. Pendant des siècles, toute la création a attendu impatiemment
la venue d’un Roi capable de reprendre en main ce monde décadent.
Il est venu en la personne de Jésus-Christ. Durant son temps sur
terre, il a guéri les malades, délivré les possédés, redonné la vue
aux aveugles, fait marcher les paralysés et ressuscité les morts. Puis
il a fait ce que personne d’autre dans l’Histoire n’avait jamais fait
et ne fera jamais plus. Après trois jours durant lesquels son cœur
avait cessé de battre, il a choisi de revenir à la vie. Il est ressuscité,
victorieux sur le péché, sur le diable et même sur la mort. Comme
le dit l’Écriture : « On lui a donné la domination, la gloire et le règne,
et tous les peuples, les nations et les hommes de toute langue l’ont
servi. Sa domination est une domination éternelle qui ne cessera
pas et son royaume ne sera jamais détruit » (Daniel 7 : 14).
Jésus n’est plus mort. Il est vivant. À l’œuvre. Il est apparu à
ses disciples, il a mangé et bu avec eux, puis il les a envoyés en
disant : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre.
Allez donc, faites de toutes les nations des disciples » (Matthieu
28 : 18-19).
Autrement dit : « En vous appuyant sur la réalité de ma résur-
rection et en ayant confiance dans la vérité de mes enseignements,
allez et dites-le au monde entier ! » Il est ensuite monté au ciel, sous
leurs yeux. Il est aujourd’hui assis à la droite du Père « dans les
lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de

102
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et Sauveur personnel

toute puissance, de toute souveraineté et de tout nom qui peut être


nommé, non seulement dans le monde présent, mais encore dans
le monde à venir » (Éphésiens 1 : 20-21).
Jésus ne passe pas son temps assis là-haut à regarder ce qui se
passe sur terre. Par l’Esprit qu’il a donné, il exhorte à proclamer
la vérité aux quatre coins du monde. Et c’est là que nous sommes
concernés. En tant que disciples de Jésus, nous sommes tous sur la
ligne de front d’une bataille spirituelle acharnée. Une bataille pour
les âmes des hommes et des femmes tout autour de nous et partout
dans le monde. Le Fils de Dieu, le Roi des rois, notre Sauveur, est
au-dessus de nous, assis sur son trône céleste. Il a toute autorité dans
le ciel et sur la terre. Il intercède pour nous jour et nuit. Et il s’engage
à nous accorder tout ce dont nous avons besoin pour annoncer à
toute personne captive du péché, de Satan et de la mort : « Il y a une
Bonne Nouvelle. Détournez-vous du péché et de la mort ; placez
votre confiance dans le Roi vainqueur de la tombe, celui qui donne
la vie. Et vous vivrez avec lui pour toujours ! »
Voilà pourquoi nous nous mettons au travail. Nous sommes
des disciples de Jésus qui aimons sa Parole et qui avons confiance
dans sa vérité. Nous ne sommes pas juste des hommes et des
femmes ayant décidé, un jour, de faire de Jésus notre Seigneur
et Sauveur personnel. Nous sommes des hommes et des femmes
totalement consacrés à la proclamation de Jésus comme Seigneur
de l’univers, Sauveur du monde. En tant que disciples, nous lui
faisons entièrement confiance. Et nous lui obéissons, et nous
faisons des disciples.

Un désir profond
Croyez-vous Jésus ? Votre intelligence a-t-elle été transformée
par son enseignement ? Il a dit : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la
vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14 : 6 – Colombe). Mais
aussi : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin
que quiconque croit en lui en périsse pas mais ait la vie éternelle »,
puis : « Celui qui ne croit pas [en lui] est déjà jugé » (Jean 3 : 16, 18).
En clair, si vous ne croyez pas Jésus quand il dit cela, vous n’êtes
pas son disciple. Si vous le croyez, alors vous ne pouvez pas vous
empêcher de faire des disciples.

103
SUIS-MOI

Vous et moi ne faisons pas des disciples par simple sens du


devoir. Nous faisons des disciples parce que cela est devenu le désir
le plus profond de notre cœur.

104
CHAPITRE CINQ

Enfants de Dieu

Quand nous sommes rentrés du Kazakhstan avec


Caleb, nous nous sommes très vite rendu compte, Heather et moi,
que les gens peuvent dire toutes sortes de choses bizarres quand ils
vous voient avec un enfant clairement d’une autre origine ethnique
que la vôtre… Par exemple :
— Qu’il est mignon ! Et vous avez aussi des enfants à vous ?
Notez-le bien : c’est LA question à ne JAMAIS poser à des
parents adoptifs ! Chaque fois qu’on nous pose cette question, nous
mourons d’envie de répondre :
— Écoutez bien, nous allons vous confier un secret : il est à nous.
Et puis, parfois, en regardant Caleb, les gens comprennent qu’il
a été adopté, et ils me demandent alors souvent :
— Avez-vous déjà rencontré sa vraie mère ?
Je leur réponds du tac au tac :
— Mais bien sûr ! En fait, je suis marié avec elle. Elle s’appelle
Heather.
Ils répondent généralement :

105
SUIS-MOI

— Oui, bien sûr, mais enfin… vous voyez ce que je veux dire.
Et j’en remets une louche :
— Tout à fait, mais vous aussi, vous voyez ce que je veux dire.
Ma chère femme n’est pas une fausse mère, c’est la vraie, l’authen-
tique maman de cet enfant !
D’autres supposent que Caleb ne connaît pas grand-chose de
ses antécédents familiaux et culturels ; alors, ils nous demandent
si nous avons l’intention de lui en parler. Nous leur répondons :
— Absolument ! En fait, nous avons déjà commencé. Vous
serez peut-être surpris, mais sachez que Caleb connaît plein de
choses sur sa famille. Il sait tout de la vie de son grand-père ! Il n’a
malheureusement jamais eu l’occasion de le rencontrer, puisque
mon père est décédé avant l’adoption de Caleb. Mais notre fils a des
tas de photos de lui et il connaît toutes les histoires qu’on raconte
à son sujet. La vidéo « Papi » est l’une de ses préférées. Il connaît
aussi tout de son autre grand-père, de ses deux grands-mères, de
ses cousins et cousines, de ses oncles et tantes, grands oncles et
grands-tantes. Son patrimoine familial est plus riche qu’il n’aurait
pu jamais l’imaginer.
Son héritage culturel est lui aussi important. Il a lu des livres
comme Winnie l’Ourson. Il chante à tue-tête dans toute la mai-
son : « Une souris verte qui courait dans l’herbe ; je l’attrape par
la queue, je la montre à… » (Si vous pouvez terminer cette phrase,
il se pourrait bien que votre héritage soit le même que celui de
Caleb !) Caleb se régale avec la nourriture de sa culture : il aime les
barbecues, les frites, les hamburgers, les gâteaux d’anniversaire.
Il connaît la musique de sa culture. Il n’est peut-être pas capable
de reconnaître l’hymne national kazakh, mais il sait reconnaître,
dès les premières secondes, toutes les chansons populaires de sa
nouvelle culture17 !
Vous comprenez, Caleb est notre fils. Ce n’est pas un étranger
ou une personne de passage dans notre famille. Il n’est pas un peu
du Platt, un petit bout de Platt ou une sorte de Platt. C’est un vrai
Platt, avec tout ce que cela implique (pour le meilleur et pour le
pire).

106
Enfants de Dieu

De telles questions ou remarques proviennent en général de


personnes pleines de bonnes intentions ; mais elles ont en elles néan-
moins un potentiel de gêne profonde auprès des parents adoptifs. Et
surtout, elles démontrent combien nous ne comprenons pas du tout
ce que signifie pour un enfant d’être adopté dans une famille. Et si
nous ne comprenons pas ce qui est au cœur du processus d’adoption,
pas étonnant alors que nous ayons tant de mal à vivre comme des
enfants adoptés par Dieu, vivre la famille de Dieu !
Quand Caleb est devenu notre fils, ce n’était pas la fin d’une
histoire. C’était au contraire le commencement de son aventure en
tant que Caleb Platt. Aujourd’hui, Caleb sait que je suis son père
et qu’il est mon fils ; pas seulement à cause de l’amour dont j’ai
fait preuve il y a plusieurs années en allant jusqu’au Kazakhstan
pour l’adopter, mais à cause de l’amour que je lui manifeste
aujourd’hui. Son statut au sein de notre famille est certes basé sur
ce qu’un juge Kazakh a déclaré à l’époque. Mais sa vie est fondée
sur la relation que nous développons ensemble tous les jours : on
joue ensemble aux voitures, au ballon, on court dans le jardin,
on chante ensemble.
Et pourtant, le plaisir que procure l’adoption humaine n’est
qu’une pâle image de l’adoption divine. Notre statut devant Dieu a
certes été fixé un jour à un moment précis : quand nous nous sommes
détournés de notre péché et de nous-mêmes et que nous avons placé
notre confiance en Jésus, notre Seigneur et Sauveur. Mais, notre vie
est fondée désormais sur une relation d’amour permanente, de tous
les jours, et de chaque instant. Dieu, notre Père, nous comble nous
ses enfants de son amour. Voilà une raison supplémentaire de refuser
de nous contenter d’une forme édulcorée de christianisme qui aurait
sa genèse dans des formules du style : « J’ai répété telle prière il y a
tant d’années de cela ». Être chrétien, c’est bien plus que cela. En tant
que fils et filles de Dieu, nous suivons Jésus et cherchons à trouver de
plus en plus notre bonheur dans notre relation avec le Père. Et cela
bouleverse toute notre vie.

Serviteur ou fils ?
L’Ancien Testament nous présente Dieu avec bien des noms
magnifiques et des titres majestueux. Mais il y est rarement décrit

107
SUIS-MOI

comme un « Père » – quinze fois seulement, pour être exact. Par


contre, dans les Évangiles (les quatre premiers livres du Nouveau
Testament) Dieu nous est présenté comme « Père » à 165 reprises ! Et
toujours – à une exception près – dans un contexte d’enseignement
de Jésus à ses disciples.
Par exemple, lors du Sermon sur la montagne : « Voici donc
comment vous devez prier : “Notre Père céleste […]” » (Matthieu
6 : 9). C’est la première fois que les Écritures encouragent quelqu’un
à s’adresser à Dieu comme « Père ». C’est stupéfiant ! Les disciples
du Christ sont des privilégiés : ils peuvent connaître Dieu, l’adorer,
lui parler, développer une relation avec lui en tant que « Père ».
J. I. Packer explique dans son livre Connaître Dieu que le point
capital que nous devons saisir pour comprendre la vie chrétienne,
c’est bien celui de la paternité de Dieu. Il écrit :

Qu’est-ce qu’un chrétien ? Il existe bien des réponses à cette


question. Mais la meilleure me semble être la suivante : le chré-
tien est celui qui a Dieu pour Père. […] Pour savoir dans quelle
mesure quelqu’un a compris la foi chrétienne, vérifiez l’impor-
tance qu’il attache à l’idée d’être enfant de Dieu et d’avoir Dieu
pour Père. Si ce n’est pas cela qui inspire et dirige sa louange,
ses prières et sa conception même de la vie, c’est qu’il n’a pas
réellement compris ce qu’est le christianisme18.

Ou… c’est qu’il n’est pas chrétien du tout. John Wesley a été
l’un des prédicateurs les plus influents du xviiie siècle. Il a grandi
dans un foyer chrétien et, d’après de nombreux témoignages, a
vécu ce qui semblait être une vie chrétienne exemplaire. Diplômé
d’honneur de l’université d’Oxford, il a été ordonné pasteur de
l’Église anglicane. Il visitait régulièrement les prisonniers à Londres
et distribuait généreusement des vivres aux enfants pauvres et aux
orphelins. Il étudiait la Bible avec avidité et priait régulièrement
tout au long de la journée. Il a jeûné parfois durant quarante jours
successifs. Il participait à plusieurs rencontres d’Église chaque
semaine. Il a même été missionnaire auprès des Amérindiens de
Géorgie, une colonie britannique.
Mais, à son retour en Angleterre, il a confessé dans son journal
qu’il n’était pas chrétien : « Moi qui me suis rendu en Amérique
pour convertir les autres, je ne m’étais moi-même jamais converti

108
Enfants de Dieu

à Dieu ». Mais comment Wesley aurait-il pu faire tout ce qu’il a fait


sans être chrétien ? Un peu plus loin, il a écrit dans son journal :
« J’avais la foi d’un serviteur, mais pas celle d’un fils19 ».
Malgré toutes ses bonnes actions, John Wesley n’avait jamais
développé une relation avec Dieu comme son Père.
Et vous ? Connaissez-vous Dieu en tant que Père ? Votre foi est-
elle celle d’un serviteur ou celle d’un fils ? La pensée que vous êtes
un enfant de Dieu inspire-t-elle votre louange, vos prières et votre
conception même de la vie ?

Le plaisir du Père
Mes enfants me procurent beaucoup de plaisir ; et j’espère
qu’ils ont du plaisir à m’avoir comme leur papa. J’aime être avec
eux, prendre soin d’eux, subvenir à leurs besoins et jouer avec eux.
Quand quelqu’un me demande quels sont mes loisirs, je pointe du
doigt mes enfants.
Avec mes fils, nous avons régulièrement des « soirées entre
gars ». On embarque quelque chose à manger puis on fait un truc
sympa ensemble avant de rentrer à la maison. Quand ils étaient
un peu plus jeunes, je les aidais ensuite à se laver et à se mettre en
pyjama. Un jour, je me trouvais dans la chambre de Caleb, sur le
point de le mettre en pyjama, quand on a sonné à la porte. Mon
petit Caleb, nu comme un ver, m’a tout de suite proposé :
— Je vais aller ouvrir la porte !
Je lui ai bien sûr répondu :
— Pas question p’tit bonhomme ! On ne va pas ouvrir la porte
quand on est tout nu ! Tu restes là. Je reviens tout de suite.
Il a souri et je suis descendu. J’ai ouvert la porte… à deux jeunes
filles mormones !
— Bonsoir Monsieur, ont-elles commencé, nous sommes de
l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
Ah non, ai-je pensé. Habituellement, j’aime profiter de telles
rencontres. Mais ce soir-là, ce n’était vraiment pas le bon moment
pour inviter ces filles à entrer pour discuter. Pendant qu’elles conti-
nuaient leur laïus, je réfléchissais. Que pourrais-je bien leur dire,

109
SUIS-MOI

de bref et concis, pour leur faire comprendre gentiment et avec com-


passion, sans les offenser : « J’aimerais sincèrement que vous puissiez
croire seulement en Christ et en la Bible. Et je souhaite vivement que
vous arrêtiez de répandre, dans tout le voisinage et dans le monde
entier, un faux évangile fondé sur des enseignements mensongers ! »
Tout à coup, en plein milieu d’une phrase, elles se sont arrêtées,
bouche bée. À leur expression, j’ai compris ce qui se passait : mon
fils, complètement nu, était en train de danser en haut de l’escalier !
Les filles ont souri et ont bien compris que ce n’était peut-être
pas le meilleur moment pour discuter. Elles sont donc parties.
J’étais à la fois gêné et rassuré : mes paroles n’auraient pas pu les
offenser davantage que mon fils leur montrant ses fesses !
C’est dans ce genre de moments que je réalise quel plaisir j’ai
à être papa. Évidemment pas à cause de ce que Caleb avait fait ce
soir-là ! Mais simplement à cause des rires, de la joie, de l’amour
et même des difficultés que je partage avec mes enfants. L’une des
plus belles choses que je vis en tant que père, c’est de trouver du
plaisir dans mes enfants.
Je suis d’autant plus émerveillé quand je lis 1 Jean 3 : 1 : « Voyez
quel amour le Père nous a témoigné pour que nous soyons appelés
enfants de Dieu ! » Jean s’écrie : « Regardez ! Voyez combien le Père
trouve son plaisir en vous et en moi : nous sommes ses enfants ! »
Le reste du Nouveau Testament montre combien Dieu notre
Père prend plaisir à pourvoir à nos besoins, à nous pardonner,
nous conduire, nous protéger, nous soutenir et nous réconforter ;
mais aussi à nous diriger, nous purifier, nous discipliner, à pour-
voir à tous nos besoins, nous appeler par notre nom, et même
nous promettre de partager un jour avec nous son héritage. Le
Dieu tout-puissant a du plaisir à faire tout cela pour nous, ses
enfants20.
Pendant plusieurs années, Caleb et moi nous amusions souvent
ainsi : je le montrais du doigt à l’autre bout de la pièce et je criais :
« J’aime Caleb ! » Il me répondait en hurlant : « J’aime Papa ! »
Un jour, nous étions en train de jouer de la sorte et Caleb riait
aux éclats quand tout à coup, il s’est arrêté de rire. Il m’a regardé
et m’a demandé :

110
Enfants de Dieu

— Tu m’aimes moi ?
— Oui, mon petit gars, je t’aime toi, ai-je répondu.
Il m’a alors posé ce qui semble être sa question préférée :
— Mais pourquoi ?
— Parce que tu es mon fils.
— Mais pourquoi ? a-t-il à nouveau demandé.
Là, je me suis dit : Ça, c’est une bonne question ! De tous les
enfants du monde, pourquoi ce précieux petit bonhomme-là est-il
devenu mon fils ? J’ai brusquement repensé à ces mois de travail
et de recherche qui nous ont finalement conduits au Kazakhstan,
Heather et moi ; à tous les hauts et les bas du processus d’adop-
tion et à toutes ces fois où nous avons douté de pouvoir un jour
enfin avoir des enfants. Mes yeux se sont remplis de larmes.
Caleb était un peu perdu, se demandant peut-être s’il ne devrait
pas arrêter un jour de poser ces « pourquoi » à son papa. Je lui ai
alors répondu :
— Tu es notre fils, parce que nous t’avons désiré. Et nous
sommes venus te chercher pour que tu aies une maman et un papa.
Est-ce que cela ne vous coupe pas le souffle d’entendre Dieu
vous dire : « Je t’aime ». Et vous, dans votre péché, de lui demander :
« Mais pourquoi ? » Et de l’entendre vous répondre : « Parce que tu
es mon enfant ». Et vous d’insister : « Mais pourquoi m’appeler ton
enfant chéri, moi, un pécheur sans espoir ? » Et lui de vous dire :
« Parce que je te désirais. Je suis venu te chercher pour que tu puisses
me connaître en tant que ton papa ».

Foi et sentiments
Ce plaisir n’est toutefois pas censé être vécu à sens unique. Mes
enfants me procurent un immense bonheur ; mais j’espère que leur
papa est aussi pour eux source de joie ! Il est évident qu’ils ont du
plaisir à vivre avec moi : il n’y a qu’à voir leurs sourires quand je
les lance en l’air ou la vitesse à laquelle ils courent vers moi pour
se jeter dans mes bras !
Ne devrait-il pas en être de même entre un disciple et Dieu ?
Si vous êtes un disciple de Jésus, Dieu prend plaisir à vous chérir.

111
SUIS-MOI

Mais vous, éprouvez-vous de la joie à l’aimer ? Une joie palpable,


évidente ?
Quand Jésus fait de nous ses disciples, il aligne nos pensées sur
ses pensées. En suivant Jésus, nous faisons nôtre sa vérité et nous
adoptons toutes ses idées. Mais être son disciple implique beaucoup
plus qu’un simple assentiment mental. Cela implique un amour
passionné pour lui.
Il est impossible de séparer la foi dans le Christ des sentiments
que nous éprouvons pour le Christ. Jonathan Edwards a clairement
souligné ce point dans son livre Religious affections [Des affec-
tions religieuses]. Ce pasteur a vécu à une époque où l’Église était
divisée entre deux camps : d’un côté, ceux qui mettaient l’accent
sur les émotions au détriment de la vérité, et de l’autre, ceux qui
mettaient l’accent sur la vérité au détriment des émotions. Dans
différentes Églises de son époque, les chrétiens semblaient se laisser
emporter dans des cultes hautement émotionnels mais dépourvus
de la Parole de Dieu. En réaction, d’autres chrétiens préconisaient
un attachement sans failles à la Parole de Dieu, mais leurs cultes
étaient dépourvus de toute émotion.
Jonathan Edwards affirmait toutefois qu’il était impossible de
vivre l’un sans l’autre :

Quand il s’agit de nos petits plaisirs de la vie, de nos ambitions,


notre réputation ou nos relations avec les autres, nos désirs sont
souvent fervents, nos appétits solides, notre amour chaleureux
et affectueux, notre zèle ardent. Dans tous ces domaines, nos
cœurs sont souvent tendres et sensibles, facilement émus et
impressionnés, grandement intéressés et très engagés. Nos
échecs nous dépriment ; nos succès et notre réussite nous
enthousiasment et nous rendent joyeux. Mais… dans le domaine
spirituel, combien nous nous sentons mornes ! Nous avons des
cœurs de marbre. Nous pouvons rester froids et insensibles
alors que nous entendons parler de l’amour d’un Dieu qui a
donné son Fils bien-aimé, Jésus le Christ ! Un amour d’une hau-
teur, d’une profondeur, d’une largeur et d’une longueur infinies !
[…] S’il y a bien un domaine de la vie dans lequel nous devrions
être émotionnels, c’est bien dans notre vie spirituelle ! Quoi de
plus stimulant, de plus passionnant, de plus attachant et de plus
désirable au ciel ou sur terre que l’Évangile de Jésus-Christ ?

112
Enfants de Dieu

[…] Le message de l’Évangile devrait nous affecter émotionnel-


lement. Sa beauté et sa gloire devraient nous toucher. Toucher
notre cœur, nous émouvoir au plus profond de notre être. Nous
devrions avoir honte d’être aussi peu affecté émotionnellement
que nous le sommes21.

D’après Edwards, la foi alimente les sentiments. La véritable


connaissance intellectuelle de Dieu implique naturellement et
nécessairement un profond désir émotionnel pour lui.

Le pain de vie
Jonathan Edwards n’était pas le premier à souligner ces vérités.
La relation entre la foi et les sentiments, l’intellect et l’émotion,
l’attention et l’affection est évidente partout dans la Bible ; elle est
particulièrement évidente dans les enseignements de Jésus à travers
les Évangiles. Après que Jésus a nourri plus de cinq mille personnes
avec cinq pains et deux poissons, la foule qui l’entourait est bien sûr
devenue de plus en plus impressionnante : qui n’aime pas manger
gratuitement ? Les gens lui posaient des questions. Mais Jésus a
redirigé leurs pensées de nourriture pour le corps vers la nourri-
ture pour l’âme. Ce jour-là, son échange avec la foule l’a conduit
naturellement vers cette affirmation triomphale : « C’est moi qui
suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui
qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jean 6 : 35).
Jésus a ainsi tiré parti des besoins de ces foules pour les aider
à comprendre qui il était et ce que cela voulait dire de le suivre.
Nous avons tous été créés avec des appétits : nous avons par
exemple besoin d’air, d’eau, de nourriture, d’amitiés. Dieu a dit à
Adam dans le jardin d’Éden : « Tu peux manger et profiter ! » (voir
Genèse 2 : 16). Le jardin paradisiaque d’Adam et Ève n’était pas un
lieu où ils vivaient sans envie ni besoin. C’était au contraire un
endroit où leur Créateur répondait à tous leurs désirs et besoins.
Vous et moi avons des appétits auxquels notre Créateur a
prévu répondre. Dieu nous a « formatés » avec des envies d’eau, de
nourriture, d’amis, des besoins de connaître notre raison d’être sur
cette terre, notre objectif dans la vie. Tous ces désirs servent à nous
pousser vers Dieu, lui le donateur de toute bonne chose et l’unique
source de toute satisfaction.

113
SUIS-MOI

Pourtant, en Genèse 3, les appétits de l’homme l’ont conduit


loin de Dieu. Analysez le péché initial : il s’agissait bien d’une ques-
tion d’appétits et de désirs. Relisez l’histoire : « La femme vit que
l’arbre était porteur de fruits bons à manger, agréables à regarder
et précieux pour ouvrir l’intelligence. Elle prit de son fruit et en
mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle et il en
mangea » (Genèse 3 : 6). Voici l’amorce du péché : pour trouver leur
satisfaction, l’homme et la femme se sont tournés vers les choses
de cette terre plutôt que vers leur Créateur. Pour la première fois au
monde, l’homme, sous la pression de ses envies, a cherché à trouver
son plaisir en dehors de Dieu. Malheureusement, en cherchant à
remplir leurs estomacs, Adam et Ève se sont éloignés de celui qui
était seul capable de combler leurs âmes.
Des siècles plus tard, Dieu enseignera à nouveau son peuple à
compter uniquement sur lui pour satisfaire tous ses besoins. Alors
qu’ils erraient dans le désert, les Israélites désirèrent de la nourri-
ture. Dieu, dans sa grâce, leur a envoyé le pain du ciel (la manne
miraculeuse). Ils recevaient chaque jour une nourriture suffisante.
Dieu leur a rappelé ainsi qu’il pourvoyait fidèlement à leurs besoins
fondamentaux (voir Exode 16 ; Deutéronome 8 : 3).
Les gens qui s’adressaient à Jésus en Jean 6, et qui désiraient
recevoir davantage de pain, connaissaient bien cette histoire. Ils
lui ont parlé du pain du ciel donné par Moïse et lui ont demandé
quelle sorte de pain Jésus pourrait leur offrir. Sa réponse a été sans
équivoque : « Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel,
mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel » (Jean 6 : 32).
Jésus annonçait ainsi que le pain qui vient de Dieu est nettement
supérieur à la manne de Moïse. Les gens ont alors bien sûr exigé :
« Donne-nous toujours ce pain-là » ! (Jean 6 : 34) ; le décor était alors
planté pour que Jésus fasse son étonnante déclaration : « C’est moi
qui suis le pain de la vie […] Celui qui vient à moi n’aura jamais faim
et celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jean 6 : 35). Par cette
affirmation péremptoire, Jésus rappelait à la foule qu’il était celui
que Dieu avait envoyé pour rassasier leurs âmes. Jésus leur disait :
« Si vous désirez être comblés, placez votre foi en moi ! »
Cette déclaration nous aide à mieux comprendre ce que signifie
devenir (ou être) un disciple. Venir à Jésus ou croire en Jésus, c’est

114
Enfants de Dieu

se tourner vers lui pour qu’il rassasie notre âme pour toujours.
Venir à Jésus, c’est goûter et voir combien il est bon et trouver en lui
l’assouvissement de tous nos désirs. Croire en Jésus, c’est éprouver
un bonheur bien supérieur à tous les plaisirs éphémères de cette
terre, un bonheur éternel.
Notre Créateur est venu jusqu’à nous, en Christ, pour combler
nos désirs ; le monde n’a rien de comparable à nous offrir. Même
si les plaisirs du monde ne sont pas tous mauvais ! Je vous ai décrit
les moments de plaisir que je vis avec ma famille, des plaisirs qui
ne sont que la partie visible de l’iceberg. Dieu nous offre tant de
sources de plaisir sur cette terre ! Il nous a donné des papilles gus-
tatives pour que nous puissions trouver du plaisir dans la bonne
nourriture. Des yeux pour avoir du plaisir à découvrir des paysages
époustouflants. Des oreilles pour avoir du plaisir à apprécier une
belle musique. Des corps pour connaître le plaisir de l’intimité
physique avec un conjoint.
Nous sommes « programmés » pour rechercher tous ces plaisirs.
Mais n’oublions pas que notre besoin le plus grand n’est pas quelque
chose, mais quelqu’un. Le véritable bonheur ne se trouve pas dans tous
ces cadeaux qui nous sont offerts sur cette terre, mais bien dans le
généreux Donateur. « En effet, le pain de Dieu, c’est celui qui descend
du ciel et qui donne la vie au monde » (Jean 6 : 33).

Le plaisir véritable
Nous, les disciples de Christ, pourrions bien passer complète-
ment à côté de ces réalités. Jésus est certes pour nous le seul capable
de nous délivrer de nos péchés. Mais nous oublions souvent qu’il
est aussi le seul capable de rassasier notre âme. Nous plaçons notre
foi en Jésus et nous croyons en son pardon. Mais nous n’éprouvons
pas d’émotion pour lui, pas de sentiment de satisfaction en lui.
Ils sont nombreux, ceux qui se disent chrétiens et qui pensent
que venir à Christ implique abandonner toutes les choses du monde
que nous aimons pour embrasser d’autres choses que – soyons
honnêtes – nous aimons beaucoup moins. Même si nous sommes
prêts à « prendre une décision pour Christ » afin de sauver notre
peau pour l’éternité, les choses du monde… nous les aimons, et
nous les recherchons. Nous sommes donc pris entre deux feux.

115
SUIS-MOI

Nous pensons avoir compris que nous devons faire tous nos efforts
pour suivre le Christ. Mais au plus profond de nous, les choses de
ce monde, ses plaisirs, ses acclamations, ses richesses… tout cela
nous est tellement attrayant ! Et c’est cela qui explique que la vie de
ceux qui se disent chrétiens est bien souvent difficile à différencier
de celle des non-chrétiens. Nous affirmons notre foi en Christ, mais
nous sommes tout aussi sensuels, humanistes et matérialistes que
n’importe qui autour de nous.
Cela ne devrait pas être ainsi. Quand nous venons réellement
à Christ, notre soif est étanchée à la fontaine de la vie et notre faim
apaisée par le pain du ciel. Nous découvrons que Jésus est la source
suprême de satisfaction ; nous ne désirons rien en dehors de lui.
Nous prenons conscience que l’ensemble des plaisirs de ce monde,
ses acclamations, ses richesses ne sont rien à côté de lui. Quand
nous plaçons notre confiance en Christ, il transforme nos appétits :
nous commençons à aimer les choses de Dieu que nous détestions
et à détester les choses du monde que nous aimions.
Quel rôle cela joue-t-il dans notre lutte contre le péché ? Le
péché reste toujours attirant, même pour le chrétien qui a goûté à
la bonté de Dieu. Comment un disciple de Jésus peut-il résister aux
tentations de plaisir dans le péché ? Comment le jeune chrétien qui
se débat avec la pornographie peut-il désormais combattre l’attrait
des images séduisantes de son ordinateur ? Une chrétienne qui a
les moyens de s’acheter une maison plus grande, une voiture plus
luxueuse, des vêtements plus chics et des aliments plus raffinés ;
comment peut-elle résister à la tentation de se faire plaisir, au
mépris des besoins spirituels et matériels criants autour d’elle ?
Il n’y a que deux options possibles. La plus courante (et pourtant
la plus illusoire) est d’essayer de vaincre le péché en travaillant dur
pour transformer nos actions. Comme dans la religion superficielle,
nous cherchons souvent à apprivoiser nos désirs avec une liste de
choses à faire et à ne pas faire. Nous faisons ce que les adeptes de
toutes les autres religions font : nous pratiquons certains rites et
nous nous concentrons sur certaines disciplines, pour tenter de
vaincre le péché de l’extérieur.
Il existe cependant une autre option : au lieu d’essayer de vaincre
le péché en travaillant dur pour transformer nos actions, nous pou-

116
Enfants de Dieu

vons vaincre le péché en faisant confiance au Christ qui lui peut


transformer nos affections. Souvenez-vous de ses paroles de Jean
6 : « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en
moi n’aura jamais soif ». Voici comment nous triomphons du plaisir
du péché : en laissant Christ triompher de nous par la puissance
de sa satisfaction. La convoitise, le mensonge, l’avarice, la soif de
posséder ou la pornographie nous promettent de trouver le plaisir :
nous combattons leur attirance en trouvant notre satisfaction en
Christ ! Nous savons, nous croyons et nous avons l’assurance que
Jésus est bien meilleur. Nous refusons de nous adonner à tel ou tel
péché, parce que nous avons trouvé un bonheur supérieur en notre
Sauveur. Nous ne vaincrons pas le péché en travaillant d’arrache-
pied pour transformer nos actions mais plutôt en faisant confiance
à Jésus qui transforme nos affections.
Et il le fait ! Jésus promet une joie permanente à tous ceux qui
le suivent. C. S. Lewis écrit :
Lorsque les courants de pensées modernes prétendent que
désirer ce qui est bon pour nous et soupirer après le plaisir sont
des attitudes répréhensibles, je les soupçonne d’être influencés
par Kant et les Stoïciens, et en aucun cas par la foi chrétienne.
En effet, si l’on considère, dans les Évangiles, le nombre im-
pressionnant de promesses de récompenses – et leur nature
surprenante – il semblerait bien que notre Seigneur ne trouve
pas nos désirs trop intenses, mais au contraire bien trop faibles.
Nous sommes des créatures aux cœurs partagés, qui perdons
notre temps avec l’alcool, le sexe et les ambitions personnelles
alors qu’une joie infinie nous est proposée. Nous ressemblons
à ce pauvre gamin qui préfère continuer à faire des pâtés dans
la boue de son bidonville parce qu’il ne peut pas comprendre le
sens de l’offre qu’on lui a faite : aller passer de merveilleuses
vacances à la plage. Nous sommes bien trop facilement satis-
faits22.

Quand Jésus transforme nos désirs, nous prenons conscience


que si nous avons des problèmes avec le péché, ce n’est pas parce
que nous recherchons trop le plaisir. Mais plutôt parce que nous
ne le recherchons pas assez. C’est tragique de voir des « chrétiens »
vivre exactement comme des non-chrétiens ; courant sans fin de
tentation en tentation – une plus grande maison, accumuler plus

117
SUIS-MOI

de choses, de nouveaux loisirs, une plus grande notoriété, un succès


plus important ou un style de vie plus confortable. Une telle pour-
suite des plaisirs de cette terre reflète un manque de contentement
en Christ. Les gens semblent profondément effrayés à l’idée de
renoncer à ces choses, par crainte d’être insatisfaits dans ce monde.
Mais les disciples de Jésus délaissent volontiers toutes ces bricoles
sans valeur parce qu’ils ont trouvé en Christ un trésor inestimable.
La recherche passionnée d’une vraie satisfaction, profonde et du-
rable, conduit toujours à Jésus.
Plus Christ comble les besoins de notre âme, plus il transforme
nos goûts. Plus nous marchons avec lui, plus nous voulons être près
de lui. Plus nous le connaissons, plus nous l’apprécions. Et cela
change tous les aspects de la vie chrétienne.

Désirer la Parole de Dieu


Quelle est la place du désir dans la vie chrétienne ? Il est cen-
tral. Pourquoi le disciple de Jésus lit-il la Bible ? Parce qu’il a envie
d’entendre la parole de Dieu !
Heather est partie à l’université alors que j’étais encore au lycée.
À l’époque, nous n’étions théoriquement que des amis ; mais elle
me manquait beaucoup plus que tous ceux qui avaient obtenu leur
bac avant moi. Quelques jours après son départ, j’ai décidé de lui
envoyer une lettre. En la relisant aujourd’hui, je me sens honteux
(pour des raisons que vous allez vite comprendre) !
La voici (avec, entre parenthèses, mes commentaires) :
Chère Heather,
Ma poule, je suis tellement content que tu aies appelé ce soir.
(Ma poule ? Qu’est-ce que c’est que cette façon d’interpeller une
fille ? Je sais très bien que dans ce genre de courrier, il faut bien peser
chaque mot. Je ne sais absolument pas pourquoi j’ai commencé
par « ma poule ». Apparemment, on venait juste de discuter et j’ai
continué sans trop réfléchir…)
J’ai voulu t’appeler jeudi, vendredi, samedi, dimanche et aujourd’hui,
mais j’ai pensé que tu étais trop occupée.

118
Enfants de Dieu

(N’importe quoi ! On ne dit pas des trucs comme ça ! Je suis


censé dire que moi, j’étais très occupé. Visiblement, ce n’était pas
le cas.)
Quand j’ai entendu ta voix, c’était tellement génial que je ne peux pas
exprimer ce que j’ai ressenti. Tu avais l’air tellement géniale.
(Là, ça doit être la phrase la plus nulle que vous n’ayez jamais
lue ! « Génial » ? Et pas seulement une, mais deux fois ! Et ce n’est
pas fini ! C’est de pire en pire ! Et y en a trois pages ! Mais passons
directement à la fin…)
Tu sais, ma poule, je ne suis pas en train de faire du remplissage en
écrivant tout ça.
(Ma poule, encore une fois ? Et bien sûr que si tu fais du rem-
plissage ! Je n’avais jamais eu de petite amie de ma vie, et ça se
voyait, non ?)
Ma vie n’est plus la même maintenant que tu n’es plus là. Et ne plus
pouvoir te parler et passer du temps avec toi, ça me manque. Tu me
manques grave.
(Grave ? Vraiment ? N’importe quoi !)
Je prie pour toi, ma poule.
(Pour ceux qui comptent, ça fait trois « ma poule » en huit
lignes.)
En Christ,
(Et ce n’est pas de sa faute à lui…)
David

J’aimerais pouvoir vous dire que j’ai créé cette lettre de toutes
pièces, mais malheureusement, ce n’est pas le cas… C’est un vrai
courrier que j’ai vraiment envoyé ! Je l’avais complètement oublié
(certains souvenirs sont faits pour être oubliés) ; si je l’ai aujourd’hui
dans mes mains, c’est parce que ma chère épouse l’a ressortie de ses
cartons le jour de notre dixième anniversaire de mariage. Les yeux
pleins de larmes, elle m’a remercié de l’avoir ainsi cherchée inlassa-
blement et avec passion. Elle m’a remercié pour mon amour fidèle,
à travers les années, avant notre mariage et après notre mariage.
Ces mots qui semblent ridicules pour n’importe quel lecteur exté-

119
SUIS-MOI

rieur, ont pour elle une valeur inestimable. Ils sont l’expression de
la relation intime qui nous unit.
Les paroles des Écritures paraissent ennuyeuses et sans intérêt
pour ceux qui ne sont pas nés de nouveau. Beaucoup iraient même
jusqu’à dire qu’elles sont ridicules. Mais pour les disciples de
Jésus – des hommes et des femmes dont le cœur a été transformé
par la recherche inlassable et passionnée du Christ, et par son
amour fidèle – pour eux, elles ont une valeur inestimable. Ils ne se
contentent pas de les lire ; ils les méditent. Ils ne se contentent pas de
les examiner ; ils y trouvent leur plaisir. Ils ne se contentent pas de
les analyser ; ils les appliquent. Les paroles de Jésus sont l’expression
de la relation intime qui unit les disciples à leur maître.
Les auteurs bibliques parlent ainsi de la Parole de Dieu. Le
psalmiste David écrit : « Les décrets de l’Éternel sont droits, ils
réjouissent le cœur. […] Ils sont plus précieux que l’or, que beaucoup
d’or fin ; ils sont plus doux que le miel, même le miel qui coule des
rayons. […] Pour celui qui les respecte, la récompense est grande »
(Psaumes 19 : 9, 11-12).
De la même façon, l’auteur du psaume 119 confie à Dieu :
J’ai autant de joie à suivre tes instructions que si je possédais
tous les trésors. (v. 14)

Mon âme est rongée par le désir qui la porte constamment vers
tes lois. (v. 20)

Tes instructions font mon plaisir, ce sont mes conseillères.


(v. 24)

Je fais mes délices de tes commandements, je les aime. (v. 47)

Combien j’aime ta loi ! Je la médite toute la journée. (v. 97)

Tes instructions sont pour toujours mon héritage, car elles font
la joie de mon cœur. (v. 111)

J’ouvre la bouche et je soupire, car j’ai soif de tes commande-


ments. (v. 131)

Je me réjouis de tes promesses comme celui qui trouve un


grand butin. (v. 162)

120
Enfants de Dieu

Je respecte tes instructions et je les aime beaucoup. (v. 167)

Et vous ? Aimez-vous passionnément la Parole de Dieu ? Quand


vous l’ouvrez, avez-vous le sentiment d’y découvrir un trésor ines-
timable ? Les mots écrits sur ses pages sont-ils pour vous source de
joie ? La Bible doit devenir le pain quotidien des disciples. « Toute
parole qui sort de la bouche de Dieu » est plus importante, plus pré-
cieuse, plus chère et plus désirée que tout petit-déjeuner, déjeuner
ou dîner (Matthieu 4 : 4 ; citant Deutéronome 8 : 3).

Besoin de communion
De même, pourquoi le disciple de Jésus prie-t-il ? Tout simple-
ment, parce qu’il a terriblement besoin d’être en communion avec
Dieu.
Et pourtant, nous avons tendance à ne pas comprendre cette
réalité. La plupart d’entre nous avons appris à prier et à penser la
prière comme une simple liste de requêtes : « Seigneur, bénis-moi,
aide-moi, protège-moi et donne-moi ! » Ce sont bien souvent les
seuls mots qui sortent de notre bouche quand nous courbons la
tête. Nos prières sont en fait une énumération de nos besoins et
de nos envies. Nous sommes donc contents quand Dieu y répond
positivement, et perplexes quand il ne le fait pas.
Et si prier était tout autre chose que de donner à Dieu une liste
de choses à faire ? Après tout, Jésus a dit à ses disciples : « Votre père
sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez »
(Matthieu 6 : 8). Dieu n’est pas assis dans le ciel, bloc-notes et crayon
à la main, à attendre que vous passiez vos commandes ! Prier, ce
n’est pas le tenir informé de ce qu’il sait déjà ; c’est bien plus profond
et bien plus merveilleux.
Le disciple ne prie pas pour communiquer des informations à
Dieu, mais pour développer son intimité avec Dieu. Voilà pourquoi
Jésus dit à ses disciples : « Entre dans ta chambre, ferme ta porte et
prie ton Père qui est là dans le lieu secret » (Matthieu 6 : 6). Trouvez
un endroit, dit Jésus. Mettez un temps à part. Soyez seul avec Dieu.
Cela révolutionnera votre vie. Pas seulement votre vie de prière :
votre vie tout entière ! Aucun mot ne peut décrire ce qui se passe
quand un disciple se retrouve seul avec Dieu. Quand, dans un en-

121
SUIS-MOI

droit calme, derrière une porte close, nous sommes en communion


avec le Dieu de l’univers, infiniment grand et extraordinairement
bon, nous ressentons une joie incomparable.
Jésus l’a promis : « Et ton Père, qui voit dans le secret, te le
rendra » (Matthieu 6 : 6). Cette récompense nous atteint au plus
profond de nos émotions. Quand nous ressentons l’immense ten-
dresse du Seigneur, nous lui offrons nos prières d’adoration. Et nous
pouvons chanter avec le psalmiste :

Ô Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche. Mon âme a soif de toi, mon


corps soupire après toi, dans une terre aride, desséchée, sans
eau. […] Je serai rassasié comme par une nourriture succulente
et abondante, et, avec des cris de joie sur les lèvres, je te célé-
brerai, lorsque je penserai à toi sur mon lit, lorsque je méditerai
sur toi pendant les heures de la nuit. (Psaumes 63 : 2, 6-7)

Mais, une telle adoration joyeuse peut ensuite céder la place


à une profonde tristesse, en raison du péché qui demeure encore
dans nos cœurs. Peu importe si notre péché nous semble parfois si
minime ; notre Père est infiniment saint et parfaitement digne de
notre obéissance absolue. Aussi, nous tremblons à l’idée d’avoir,
d’une manière ou d’une autre, désobéi à sa volonté ou déshonoré
son nom dans notre vie. Nous pouvons nous identifier à Esdras qui
s’est écrié : « Mon Dieu, je suis dans la confusion. J’ai honte, mon
Dieu, de lever le visage vers toi, car nos fautes sont nombreuses au
point de nous submerger et notre culpabilité est si grande qu’elle
atteint le ciel » (Esdras 9 : 6).
En confessant alors la gravité de nos fautes, nous nous souve-
nons de la grâce de notre Sauveur. Et notre prière se transforme à
nouveau en reconnaissance. Nous nous rappelons Romains 8 : 1
(« Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui
sont en Jésus-Christ ») et la honte de notre péché disparaît alors
que nous courrons nous réfugier à l’ombre de la miséricorde de
notre Père. Nous sommes bouleversés de réaliser que nous pou-
vons nous tenir devant le Dieu tout puissant, revêtus de la justice
de son Fils. Indépendamment des circonstances actuelles de notre
vie, notre cœur déborde de louange car nous savons ce que nous
méritons à cause de notre péché. Mais nous avons aussi l’assu-
rance, que grâce à son sacrifice, nous serons un jour près de lui.

122
Enfants de Dieu

Nous développons ainsi une communion avec Dieu, comme des


enfants reconnaissants qui aiment passer du temps avec leur Père.
Adoration respectueuse ; tendresse profonde ; confession et
repentir sincères ; reconnaissance et louanges passionnées : c’est
dans ce contexte que nous présentons alors à Dieu tous nos besoins
en lui demandant d’y répondre. Nous lui exprimons les désirs de
nos cœurs, non pas pour lui communiquer une liste d’informations,
mais parce que nous savons qu’il pourvoit à tous nos besoins. Au
travers de cette relation, nous comprenons que Dieu a imaginé
cette discipline de la prière pour notre plaisir et pour notre plus
grande joie.

Du plaisir dans chaque discipline


Il en est de même pour toutes les autres disciplines de la vie
d’un disciple. Pourquoi louons-nous Dieu ? Parce que nous désirons
Dieu. Nous le louons parce que nous aimons être en sa présence.
C. S. Lewis exprime cela merveilleusement :

Je n’avais jamais remarqué que tout plaisir suscitait sponta-


nément la louange. […] Le monde résonne de louanges : les
amants louent leurs maîtresses, les lecteurs leur poète favori,
les marcheurs la campagne et les joueurs leur passe-temps
favori. […] Je crois que nous aimons faire l’éloge de ce que nous
apprécions, car la louange ne fait pas qu’exprimer notre plaisir :
elle le complète ; elle en est le parfait accomplissement23.

Quand nous apprécions quelque chose, nous parlons de notre


plaisir. Quand nous aimons quelqu’un, nous le crions sur les toits.
N’est-ce pas cela le cœur de la louange ? Dire la grandeur de celui
que nous aimons par-dessus tout ?
Pourquoi jeûnons-nous en tant que disciples de Jésus ? Parce
que nous nous régalons de la gloire de Dieu. Le jeûne est l’expression
extérieure d’une réalité intérieure. En nous abstenant d’un repas,
en jeûnant un jour ou une semaine, nous nous rappelons que notre
âme a davantage faim de la présence de Dieu que notre estomac est
affamé de nourriture. Nous sommes « rassasiés » en lui et par lui. Et
rien dans ce monde ne peut se comparer à ce genre de satisfaction.
Le jeûne n’est une discipline logique dans la vie chrétienne que si

123
SUIS-MOI

elle est associée à ce désir de nous rassasier d’avantage du Christ.


En jeûnant, nous proclamons : « Nous désirons bien plus qu’apaiser
notre faim : nous voulons que ton règne vienne ! » (voir Matthieu
6 : 9-18)
Pourquoi sommes-nous généreux en tant que disciples de
Jésus ? Parce que nous sommes débordants de reconnaissance
pour tout ce que Dieu nous a donné. Alors que nous suivons Jésus,
Dieu ne nous oblige pas à partager nos ressources. En réalité, il
nous libère pour nous rendre capables de donner. Nous sommes
conscients du trésor spirituel qui nous a été offert en Christ et
nous ne pouvons pas nous empêcher de distribuer nos trésors
matériels pour sa gloire. Paul a écrit : « En effet, vous connaissez
la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ : pour vous il s’est fait
pauvre alors qu’il était riche, afin que par sa pauvreté vous soyez
enrichis » (2 Corinthiens 8 : 9). Et plus loin : « Que chacun donne
comme il l’a décidé dans son cœur, sans regret ni contrainte, car
Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Corinthiens 9 : 7). Un
disciple de Jésus ne donne pas par obligation ou pour atténuer un
sentiment de culpabilité. Un disciple de Jésus donne parce qu’il
est bouleversé par la grâce de Dieu.
Et enfin, pourquoi partageons-nous l’Évangile ? Pourquoi les
disciples de Jésus font-ils des disciples de Jésus ? Certainement
pas parce que nous sommes forcés à le faire ou parce que nous
nous sentons coupables si nous ne le faisons pas. Notre motivation
est toute simple : au plus profond de nous, nous aspirons voir de
plus en plus de gens découvrir Jésus. Dans sa bonté infinie, sa
grandeur, sa grâce, sa miséricorde, sa majesté, sa force, Dieu a
définitivement étanché notre soif en Christ. Voilà pourquoi, pleins
d’enthousiasme, nous sommes impatients d’annoncer à tous ceux
qui ont soif où se trouve la source de vraie satisfaction. Faire des
disciples est la conséquence normale d’un trop-plein de plaisir à
être disciple du Christ.

Se réjouir en Dieu le Père


La vraie question serait donc : avez-vous trouvé votre plaisir en
Dieu ? Êtes-vous bouleversé, en cet instant même, à l’idée que vous
êtes son enfant ? Avez-vous réellement goûté au plaisir que Dieu

124
Enfants de Dieu

vous offre ? Ce plaisir a-t-il généré en vous un désir de lire sa Parole,


prier, le louer, jeûner, partager vos biens, annoncer l’Évangile, et
toutes sortes d’actions découlant de votre attachement à Dieu ?
Nous voici au cœur même de ce que signifie suivre Jésus ! Suivre
Jésus c’est trouver son plaisir en Dieu le Père au travers du Christ,
son Fils. Quand cela devient une réalité dans votre vie, votre raison
d’exister est radicalement bouleversée.

125
CHAPITRE SIX

La volonté de Dieu
pour votre vie

Matthieu, un membre de notre Église, a travaillé de


nombreuses années au sein d’une organisation chrétienne, dans
un pays presque exclusivement musulman où les chrétiens étaient
durement persécutés. Là-bas, venir à Christ pouvait coûter très
cher. Le jour même de leur conversion à Christ, les hommes et les
femmes étaient invités à dresser une liste de tous les non-croyants
qu’ils connaissaient (ce qui représentait bien souvent quasiment
toutes leurs connaissances). Ils devaient ensuite entourer les noms
des dix personnes les moins susceptibles de les tuer à cause de leur
nouvelle foi. Puis ils étaient encouragés à partager l’Évangile, dès
que possible, avec chacune d’elles. Ils le faisaient et c’est ainsi que
l’Évangile s’est répandu dans ce pays.
Cela ressemble beaucoup à Matthieu 4, n’est-ce pas ? « Suivez-
moi et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19).
Dès que les gens commençaient à suivre Jésus, ils se mettaient à
pêcher des hommes.
Malheureusement, un grand nombre (peut-être la majorité) de
ceux qui se disent chrétiens n’agit plus ainsi. Beaucoup n’ont même

127
SUIS-MOI

jamais partagé l’Évangile avec qui que ce soit ! Et la plupart de ceux


qui l’ont un jour fait, n’encouragent pas aujourd’hui qui que ce soit
à suivre Jésus.
Mais pourquoi donc ? Pourquoi si peu de chrétiens vont-ils
personnellement pêcher des hommes, alors que cela devrait être
leur principale mission ? Aurions-nous peut-être mal compris le
but premier pour lequel Dieu nous a créés ? Et se pourrait-il que,
par conséquent, nous passions à côté d’une de plus grandes sources
de plaisir que Dieu avait imaginé pour nous ?
Quand Jésus transforme nos pensées et nos désirs, il révolu-
tionne notre raison de vivre. Comprendre cela est capital pour
discerner et faire la volonté de Dieu en tant que disciple de Jésus.

La question classique
Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ? C’est très proba-
blement la question la plus couramment posée par les chrétiens
aujourd’hui. Des questions se bousculent continuellement dans
notre tête et nous avons sans cesse des décisions à prendre. Avec en
prime une interrogation : « Quelle est la volonté de Dieu ? »
Certaines décisions semblent peu importantes. Je lis quoi ce
mois-ci ? Je mange où aujourd’hui ? À la maison ? Au restaurant ?
Lequel ? Repas mexicain ? Chinois ? Italien ? Un hamburger ? Je fais
quoi si mon enfant de deux ans pique une crise ? Et si c’est mon ado
de seize ans ? Et si c’est moi qui pique une crise ?
Certaines questions entraînent des décisions plus graves, qui
peuvent parfois bouleverser la vie. Est-ce que je devrais sortir avec
ce gars, cette fille ? Est-ce que je devrais aller à la fac ? Où ? Pour
étudier quoi ? Quelle carrière envisager ? Se marier ? Avec qui ? Des
enfants ? Combien ? Je vais habiter où ? Quel style de vie ?
Nous croulons ainsi sous une myriade de questions et de déci-
sions à prendre. Et au milieu de tout cela, la question classique :
quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ? Qu’est-ce qu’il attend de
moi ? Comment discerner sa volonté ?
Nous nous comportons comme si la volonté de Dieu était
perdue. Et pour la retrouver, nous avons mis au point une sorte de
méthodologie…

128
La volonté de Dieu pour votre vie

D’abord « la méthode du doigt au hasard ». Fermez les yeux,


ouvrez votre Bible au hasard et mettez le doigt sur un verset ; puis
ouvrez les yeux et découvrez les projets qu’il a pour vous ! Un de
mes amis, au lycée, avait repéré une fille ; mais elle ne s’intéressait
pas du tout à lui. Alors qu’il cherchait désespérément comment
attirer son attention, il a mis au hasard le doigt sur Romains 8 : 25 :
« Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons
avec persévérance ». C’était comme si une voix avait retenti du ciel !
Il voyait enfin clair ! Attends simplement, disait le Seigneur, et elle
viendra à toi. Le problème c’est que ce verset n’avait certainement
pas été écrit afin de donner de l’espoir à un ado désespéré qui se
cherchait une copine. Il avait été écrit pour apporter de l’espoir à
des gens qui souffraient et attendaient impatiemment le jour où
ils verraient enfin le Christ. Il est clair que la fille en question n’a
vraisemblablement pas entendu de son côté la même voix céleste
que mon ami !
Il y a aussi « la méthode du miracle époustouflant ». Cherchez,
comme Moïse un buisson ardent ou, comme Paul une lumière
aveuglante, et vous trouverez assurément la volonté de Dieu. Le
gros problème avec cette méthode, c’est qu’elle n’est apparemment
pas très répandue. J’ai interrogé de nombreuses personnes : très peu
d’entre elle avait déjà parlé avec un buisson (ou en tout cas parlé
avec un buisson qui leur a répondu), très peu avait été aveuglée par
une lumière sur une route. Il semblerait bien que ce ne soit pas la
méthode préférée de Dieu.
Alors pourquoi pas « la méthode des coïncidences frap-
pantes » ? Elle consiste à rechercher des coïncidences curieuses,
surgies de nulle part, pour nous dire ce que nous devrions faire.
Imaginez que vous vous apprêtez à entrer à la fac. Vous ne savez
pas si vous devez vous inscrire en licence de maths ou plutôt en
licence de langues. Vous vous réveillez en plein milieu de la nuit
et vous regardez l’heure : il est 2 h 22. La nuit suivante, vous vous
réveillez et votre réveil indique 3 h 33. Vous vous dites qu’il se
passe quelque chose d’étrange, et ce soir-là, vous vous couchez
tout excité. Cette nuit-là, vous vous réveillez à 4 h 44 ! Stupéfait,
vous sautez du lit et tombez à genoux. Le Seigneur a parlé. Ce
sera les maths !

129
SUIS-MOI

Mais peut-être que Dieu voulait juste vous dire de prendre un


somnifère pour dormir toute la nuit ?
Vous êtes toujours ce même étudiant. Vous vous baladez sur le
campus en pensant à la personne que Dieu veut que vous épousiez.
Vous tapez machinalement dans une canette de coca que quelqu’un
a laissé traîner par terre. Brusquement, vous levez la tête et aperce-
vez un groupe de filles. Au beau milieu de ce groupe, une jeune fille
porte un chemisier rouge vif. Et là, vous vous arrêtez net. Encore
une fois, le Seigneur a parlé. Vous regardez la canette de coca, puis
la fille en rouge, puis la canette de coca. C’est très clair : Dieu vient
de vous montrer la femme de vos rêves.
Évidemment, à ce moment précis, vous fondez toute votre
compréhension de la volonté de Dieu pour votre avenir sur un
événement particulier : c’est Dieu qui a fait en sorte que quelqu’un
jette une canette de coca juste sur votre chemin. Heureusement que
votre petit pollueur ne buvait pas du sprite ce jour-là, sinon vous
auriez repéré la fille au tee-shirt vert ! Et vous auriez alors épousé
la mauvaise personne et fichu votre vie en l’air ! Plus la sienne, et
celle du gars qu’elle était censée épouser, etc. En clair, vous auriez
tout fait rater pour tout le monde.
Et la liste continue. Il y a « la méthode de la toison », qui consiste
à mettre Dieu à l’épreuve pour s’assurer de sa volonté. Également
« la méthode de la voix douce », qui préconise d’attendre que Dieu
parle d’une voix douce et calme. Quand l’intensité de sa voix cor-
respond à nos critères de douceur et de calme (quels qu’ils soient),
nous reconnaissons sa volonté. Il y a aussi « la méthode de la porte
ouverte » selon laquelle si le Seigneur nous présente une opportu-
nité, alors c’est manifestement sa volonté que nous la saisissions.
Une variante de celle-ci est « la méthode de la porte fermée » : si
prendre une décision pour quelque chose nous paraît difficile, alors
manifestement Dieu ne veut pas de cette chose pour nous (selon
cette méthode, Dieu ne voudrait jamais que nous fassions quoi que
ce soit de difficile24 !).
Pleins de bonnes intentions, nous testons toutes sortes de
méthodes afin de trouver la volonté de Dieu pour nos vies. Mais,
que se passerait-il si la volonté de Dieu n’était jamais censée être
trouvée ? La volonté de Dieu nous a-t-elle jamais été cachée ? Le

130
La volonté de Dieu pour votre vie

Père a-t-il vraiment préparé pour ses enfants une espèce de gigan-
tesque chasse aux œufs de Pâques pour que nous puissions trouver
sa volonté ? Et confortablement assis dans les cieux, il nous dirait :
« Froid… Froid… Ah, tu chauffes un peu… Chaud… Très chaud ! »
Et si en cherchant ainsi la volonté de Dieu, nous passions totalement
à côté de ce que veut dire être un disciple de Jésus ?

Une question plus importante


Être disciple transforme non seulement nos pensées et nos
émotions, mais également notre volonté. En venant à Christ, nous
mourons à nous-mêmes. Et comme l’apôtre Paul, nous affirmons :
« J’ai été crucifié avec Christ ; ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ
qui vit en moi » (Galates 2 : 20). Nos vies sont intégrées à celle de
Jésus et nos voies totalement soumises à sa volonté.
C’est précisément ce qu’illustre le baptême quand nous nous
engageons en tant que disciples de Jésus. Paul a demandé aux chré-
tiens de Rome : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés
en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Par
le baptême en sa mort nous avons donc été ensevelis avec lui afin
que, comme Christ est ressuscité par la gloire du Père, de même
nous aussi nous menions une vie nouvelle » (Romains 6 : 3-4). En
se faisant baptiser, le chrétien fait une déclaration publique : il est
mort au péché et vivant en Christ. Tout comme Jésus est mort, le
disciple est mort à lui-même. Et tout comme Jésus est ressuscité, le
disciple vit désormais en Christ.
J’ai véritablement saisi la signification du baptême alors je tra-
vaillais parmi des Églises clandestines en Asie. J’enseignais un jour
dans une maison, à partir du texte de Matthieu 28, et je parlais de
l’ordre de Jésus de faire des disciples. J’ai alors expliqué que Jésus
avait ordonné aux chrétiens de se faire baptiser. J’ai souligné que le
baptême était une étape clé dans la vie de toute personne qui se met
à suivre le Christ, un pas d’obéissance essentiel, incontournable. Il
est le symbole de son identification avec la mort et la résurrection
de Jésus.
Deux hommes, Li et Huan, ont alors annoncé qu’ils n’avaient
pas encore été baptisés et qu’ils souhaitaient l’être. Le lendemain,
Jiang, pasteur de cette Église de maison, m’a donc demandé d’ap-

131
SUIS-MOI

porter un enseignement complémentaire sur le baptême. C’est en


étudiant des passages comme Romains 6 que tout est devenu très
clair pour moi. J’ai soudain réalisé que ces deux hommes avaient,
dans leur pays, l’interdiction formelle de s’identifier à Christ par
le baptême. Prendre cette décision représentait un tournant décisif
dans leur vie et pouvait s’avérer dangereux. Touché par cette prise
de conscience, j’ai terminé notre temps autour de la Parole en rap-
pelant à Li et à Huan que se faire baptiser ce jour-là pourrait leur
coûter très cher.
Jiang a alors immédiatement demandé à ces deux frères de
venir au milieu de la pièce. Tout le monde était silencieux. Li, un
jeune d’environ vingt ans, était venu à Christ depuis peu. Jiang lui
a demandé simplement :
— Li, es-tu prêt à te faire baptiser, sachant que cela pourrait te
coûter la vie ?
Déterminé, Li lui a répondu sans hésiter :
— J’ai tout sacrifié pour suivre Jésus. Oui, je veux être baptisé.
Huan était un adolescent, venu lui aussi récemment à Christ.
Devant l’assemblée, Jiang lui a demandé :
— Huan, es-tu prêt à te faire baptiser, sachant que cela pourrait
te coûter la vie ?
La voix légèrement tremblante, Huan a répondu :
— Jésus est mon Seigneur. Je ferai tout ce qu’il me dit de faire.
Ce jour-là, Li et Huan ont été baptisés, au péril de leur vie. En
regardant ces frères s’identifier à Christ par le baptême, je savais
qu’à partir de ce moment-là, leurs vies seraient complètement
transformées. Ils avaient tout donné à Jésus : ce qu’ils étaient, ce
qu’ils avaient, ce qu’ils feraient et ce qu’ils seraient. Ils avaient
complètement et joyeusement soumis leur vie à la volonté de Dieu.
Ces frères d’une Église de maison d’Asie ne perçoivent pas la
volonté de Dieu comme nous le faisons. Nous en parlons trop sou-
vent de manière négative.
Les gens disent (ou du moins le pensent) : « Je ne sais pas si je suis
prêt à aller partout où le Seigneur me demandera d’aller ». « J’ai peur
de savoir où il pourrait m’emmener. Et s’il m’envoyait en Afrique, ou

132
La volonté de Dieu pour votre vie

me disait d’aménager dans une maison plus petite ? Ou s’il chambou-


lait toute ma vie ? » Résultat : nous vivons dans l’inquiétude, et nous
hésitons à dire à Dieu : « J’irai là où tu me conduiras et je donnerai
tout ce que tu me demanderas de donner ».
Mais comment est-ce possible qu’un chrétien puisse avoir peur
de dire cela à Dieu ? N’est-il pas notre Père ? Si mes enfants me
disaient : « Papa, cette semaine, nous ferons tout ce que tu penses
être le meilleur pour nous ». Qu’est-ce que je ferais ? Est-ce que je
ferai tout pour rendre leur semaine la plus misérable possible ? Bien
sûr que non ! J’honorerais leur confiance en les orientant vers ce
qu’il y a de meilleur pour eux. C’est vrai que je ne suis pas parfait,
et que je ne sais pas toujours ce qui est le meilleur pour eux ! Mais
Dieu, lui, le sait. Il est un Père parfait ; il ne fait pas d’erreurs. Il
veut notre bien plus que nous ne le désirons nous-mêmes. Alors
pourquoi ne pas soumettre, dans la joie, notre volonté à la sienne ?
Voilà ce que signifie être un disciple. C’est ce que nous avons
déclaré et démontré lors de notre baptême : nous avons perdu
notre vie en Christ, et nous nous sommes abandonnés avec joie à
sa volonté.
Est-ce vrai pour vous ? Êtes-vous soumis, entièrement et sans
hésitation, à la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit ? Si ce n’est pas le
cas, qu’est-ce que cela implique dans votre relation avec lui ? Sous-
estimez-vous les soucis que Dieu a pour votre bien ? Comme s’il
ne savait pas ce qui est le meilleur pour vous ? Ou surestimez-vous
votre sagesse, comme si vous saviez mieux que lui, ce qui est le
meilleur pour votre vie ?

Marcher dans la volonté de Dieu


De telles questions nous font prendre conscience qu’il est
bien plus important de simplement connaître Dieu et de lui faire
confiance que de « rechercher sa volonté ». Nous aimerions trouver
des recettes toutes faites et des solutions faciles pour discerner cette
volonté divine. Toutes les méthodes mentionnées précédemment
(le doigt au hasard, le miracle époustouflant, les coïncidences frap-
pantes, les toisons, la voix douce, la porte ouverte et la porte fermée)
en sont des exemples. Nous voulons trouver des raccourcis pour
connaître la pensée de Dieu. Mais ce n’est pas ce que Dieu a prévu

133
SUIS-MOI

– ou devrais-je dire, ce n’est pas sa volonté. Il ne se préoccupe pas


de nous amener du point A au point B par la route la plus rapide, la
plus facile, la plus calme et la moins dangereuse possible. Ce qu’il
veut, c’est que vous et moi le connaissions de mieux en mieux en
lui faisant toujours plus confiance.
Après la parution de mon premier livre, j’ai reçu toutes sortes
de questions et de commentaires à propos de certains aspects
de la vie chrétienne dans notre culture occidentale. Les gens me
demandaient par exemple : « À quoi ressemble quelqu’un qui vit
de manière radicale pour Jésus ? Quelle sorte de voiture devrais-je
acheter ? Est-ce que je devrais avoir une voiture ? Dans quel genre de
maison devrais-je vivre ? Est-ce que je devrais adopter des enfants ?
Est-ce que je devrais partir en mission à l’étranger ? »
Ces questions sont sincères et honnêtes, mais je les trouve assez
gênantes. On dirait que les gens ont besoin de cases à cocher ou
de critères à suivre pour être sûrs qu’ils obéissent à Dieu. Mais si
nous n’y prenons pas garde, de telles questions nous détournent
de ce que signifie suivre Jésus. Christ nous a donné des comman-
dements dans l’Écriture ; mais aucune réglementation spécifique
pour savoir comment vivre la radicalité de ces commandements
aujourd’hui. Par contre, il nous propose de développer une relation,
entre lui et nous.
Alors, allons à lui ! Passons du temps avec lui ! Écoutons atten-
tivement sa Parole et mettons-la en pratique ! Et il nous conduira et
nous guidera selon sa volonté. Nous comprendrons que sa volonté
n’est pas une feuille de route qui attend d’être dénichée quelque
part. C’est une question de relation permanente. Voilà la fontaine
de laquelle coule un style de vie radical.
Oswald Chambers illustre bien cela en parlant d’un homme
qui marchait sur un chemin à travers bois. Et Chambers de poser
la question suivante : à quel moment cet homme se demandera-t-il
où est le chemin ? Réponse : Uniquement quand cet homme aura
quitté ce chemin. Tant que notre homme marche sur le chemin,
il n’a jamais à se demander : « Mais où donc est le chemin ? » À la
lumière de cette image, Chambers écrit :
Être en profonde relation avec Dieu au point de ne pas avoir
besoin de lui demander quelle est sa volonté, c’est toucher au

134
La volonté de Dieu pour votre vie

terme de la discipline d’une vie de foi. Quand votre relation à


Dieu est ce qu’elle devrait être, vous découvrez une vie de liberté
et de joie parfaite. Vous êtes vous-même la volonté de Dieu. Vos
décisions de tous les jours sont dans sa volonté, à moins qu’il
ne vous arrête en chemin. Vous prenez ces décisions dans un
contexte relationnel d’amitié profonde avec Dieu. Vous savez
que s’il vous arrivait de vous tromper, il serait toujours là pour
vous dire : « Stop ! » Et dans ce cas, arrêtez-vous immédiate-
ment25.

L’objectif du disciple de Jésus n’est donc pas de répondre à la


question : « Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ? » Mais plutôt
de marcher dans sa volonté, jour après jour, instant après instant.

La volonté de Dieu révélée


Plus nous connaissons Dieu et marchons dans sa volonté, plus
nous comprenons combien c’est folie de penser qu’il voudrait nous
la cacher. Son désir de nous voir discerner sa volonté est infiniment
plus grand que notre désir de la découvrir. Il le désire tellement qu’il
nous la révèle dans sa Parole.
Dieu a une volonté, et il l’a clairement exprimée. De la première
à la dernière page de la Bible : il souhaite racheter des hommes et
des femmes de toute nation, de toute tribu, de toute langue et de
tout peuple, par sa grâce et pour sa gloire. Au commencement de
l’histoire, Dieu crée l’homme et la femme pour qu’ils jouissent
de sa grâce et le glorifient sur toute la terre (Genèse 1 : 26-28). Les
patriarches nous montrent ensuite comment il bénit son peuple
pour que sa bénédiction se répande sur tous les peuples (Genèse
12 : 1-3 ; 26 : 4 ; 28 : 14). Le psalmiste dans l’Ancien Testament a
également compris que c’est la volonté de Dieu : « Que Dieu nous
fasse grâce et nous bénisse, qu’il fasse briller son visage sur nous !
Ainsi l’on connaîtra ta voie sur la terre et ton salut parmi toutes
les nations » (Psaumes 67 : 2-3). Les prophètes font écho à ce cri,
et font le lien entre le salut que l’Éternel offre à son peuple et sa
volonté de sauver tous les peuples. Le livre d’Ésaïe se termine par
la promesse de Dieu d’envoyer son peuple vers toutes les nations
pour proclamer sa gloire :

135
SUIS-MOI

Je viens rassembler toutes les nations de toutes les langues ;


elles viendront et verront ma gloire. Je mettrai un signe au milieu
d’elles et j’enverrai plusieurs de leurs rescapés vers les autres
nations […] qui n’ont jamais entendu parler de moi ni vu ma gloire
– et ils révéleront ma gloire parmi les nations. (Ésaïe 66 : 18-19)

Habakuk annonce le jour où « la terre sera remplie de la


connaissance de la gloire de l’Éternel, tout comme le fond de la
mer est recouvert par l’eau » (Habaquq 2 : 14).
On retrouve également dans le Nouveau Testament cette volon-
té de Dieu d’être adoré parmi toutes les nations. Dans les Évangiles,
alors que son temps sur terre touche à sa fin, Jésus commande à
ceux qui le suivent d’aller vers les nations. Il dit à ses disciples de
faire des disciples, de prêcher l’Évangile et de proclamer sa gloire
jusqu’aux extrémités de la terreIII.
L’histoire des débuts de l’Église et les Épîtres du Nouveau
Testament mettent en lumière ce même accent. En Romains 15, Paul
définit ainsi la raison de la mort de Christ sur la croix : « J’affirme
[en effet] que [Jésus-] Christ est devenu le serviteur des circoncis
pour prouver que Dieu est vrai en confirmant les promesses faites
à leurs ancêtres. Quant aux non-Juifs, ils célèbrent Dieu à cause
de sa bonté » (Romains 15 : 8-9). En d’autres termes, Christ n’est
pas mort uniquement pour Israël, le peuple de Dieu de l’Ancien
Testament, mais aussi pour que toutes les nations puissent louer
Dieu pour son salut. C’est pourquoi Paul décrit, quelques versets
plus loin, comment sa volonté est désormais soumise à celle de
Dieu : « Je me suis fait un point d’honneur d’annoncer l’Évangile
là où Christ n’avait pas été annoncé », ainsi « ceux à qui il n’avait
pas été annoncé verront, et ceux qui n’en avaient pas entendu parler
comprendront » (Romains 15 : 20-21).
Pierre fait écho à ce dessein divin en affirmant que Dieu sou-
haite « qu’aucun ne périsse mais que tous parviennent à la repen-
tance » (2 Pierre 3 : 9). À la fin de la Bible, cette volonté de sauver
des hommes et des femmes de toute nation, de toute tribu, de tout
peuple et de toute langue est accomplie. Jean écrit en Apocalypse
7 : 9-10 :

III
Matthieu 28 : 18-20 ; Luc 24 : 47-49 ; Actes 1 : 8.

136
La volonté de Dieu pour votre vie

Après cela, je regardai et je vis une foule immense que personne


ne pouvait compter. C’étaient des hommes de toute nation, de
toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient
debout devant le trône et devant l’Agneau, habillés de robes
blanches, des feuilles de palmiers à la main, et ils criaient d’une
voix forte : « Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône
et à l’Agneau ».

La volonté de Dieu est évidente de la Genèse à l’Apocalypse.


Du commencement à la fin, Dieu désire être adoré. Sa volonté c’est
que tous les peuples entendent, reçoivent, acceptent et répondent à
l’Évangile de sa grâce. Pour sa gloire, et à travers le monde entier !
Rien de surprenant que, dans l’Évangile de Matthieu, les pre-
mières paroles de Jésus à ses disciples soient : « Suivez-moi et je
ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Un peu plus tard, Jésus
a enseigné à ses disciples qu’il était « venu chercher et sauver ce
qui était perdu » (Luc 19 : 10) ; et que, comme le Père l’avait envoyé
dans le monde, il les enverrait, eux aussi, dans le monde (voir Jean
17 : 18). Pas étonnant non plus que ses dernières paroles pour eux
soient : « Allez [donc], faites de toutes les nations des disciples »
(Matthieu 28 : 19).
Voici donc la volonté de Dieu pour le monde : créer, appeler,
sauver et bénir son peuple afin qu’il répande sa grâce et sa gloire
parmi les nations. Cette volonté de Dieu n’est pas censée être recher-
chée ; elle est censée être respectée. Inutile de nous demander quelle
est la volonté de Dieu : nous avons été créés pour marcher dans sa
volonté. Inutile de demander à Dieu de nous la révéler pour notre
vie ; nous devons plutôt lui demander d’aligner notre vie sur sa
volonté déjà révélée.
La volonté de Dieu pour nous disciples de Jésus, c’est de faire
des disciples de Jésus dans toutes les nations du monde. La question
que nous devrions nous poser est donc la suivante : « Quelle est la
meilleure manière de faire de toutes les nations des disciples ? »
Mais une fois cette question posée, nous comprenons que Dieu
désire tant nous voir vivre sa volonté, qu’il vient habiter en nous
afin de la réaliser.

137
SUIS-MOI

Le but de l’Esprit dans la Bible


Vous pensez peut-être : N’es-tu pas en train de simplifier la
volonté de Dieu exagérément ? Elle consiste certainement à bien
davantage que simplement prêcher l’Évangile à tous les peuples et
faire de toutes les nations des disciples. Dans un sens, vous avez
raison. La volonté de Dieu, ce n’est pas simplement que les gens
viennent à Christ. Vous êtes-vous toutefois déjà demandé pourquoi
Dieu nous a donné son Esprit ? Quand nous avons commencé à
suivre le Christ, Dieu a uni notre vie à la sienne en mettant en nous
son Esprit. Mais pour quelle raison Jésus devrait-il venir habiter
en nous ?
Le Nouveau Testament apporte plusieurs réponses à cette ques-
tion. Le Saint-Esprit réconforte et convainc de péchés, il accorde des
dons et guide le disciple de Christ. Le Saint-Esprit est son aide et
son conseiller ; il ouvre son esprit pour qu’il comprenne la Parole de
Dieu et incline son cœur à l’adoration de DieuIV. Mais son objectif
principal est celui qui apparaît clairement quand, pour la première
fois, il a rempli les disciples.
Jésus leur avait promis : « Vous recevrez une puissance lorsque
le Saint-Esprit viendra sur vous, et vous serez mes témoins à
Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extré-
mités de la terre » (Actes 1 : 8). Il leur avait déjà dit de « faire des
disciples » et de prêcher « la repentance et le pardon des péchés […]
en son nom à toutes les nations », parce qu’ils étaient « témoins de
ces choses » (Matthieu 28 : 19 ; Luc 24 : 47-48). Sa volonté pour leur
vie était qu’ils soient des témoins ; il enverrait donc son Esprit pour
les rendre capables de respecter sa volonté et d’obéir.
Mais que veut dire « être un témoin » ? Tout simplement parler :
dire qui est Jésus, ce qu’il a fait et comment il sauve. Examinez
l’œuvre du Saint-Esprit dans la Bible et vous en serez convaincus !
Regardez rapidement les récits de l’Ancien Testament dans lesquels
des personnes ont été remplies de l’Esprit de Dieu. À chaque fois,
l’esprit est donné dans un but particulier. Sauriez-vous l’identifier
dans chacun de ces six exemples ?

IV
Jean 4 : 24 ; 6 : 63 ; 14 : 15-17, 25-26 ; 15 : 26-27 ; 16 : 4-15 ; 1 Corinthiens 2 : 6-16 ; 12 : 1-11 ;
Galates 5 : 22-23.

138
La volonté de Dieu pour votre vie

L’Éternel descendit dans la nuée et parla à Moïse. Il prit de l’Esprit


qui était sur lui et le mit sur les 70 anciens. Dès que l’Esprit reposa
sur eux, ceux-ci prophétisèrent. (Nombres 11 : 25)

En levant les yeux, Balaam vit Israël qui campait par tribus.
Alors l’Esprit de Dieu fut sur lui. Balaam prononça son oracle
[…]. (Nombres 24 : 2-3)

L’Esprit de l’Éternel parle par moi et c’est sa parole qui est sur
ma langue. (2 Samuel 23 : 2)

Alors l’Esprit de Dieu revêtit Zacharie, le fils du prêtre Jehojada.


Il se présenta devant le peuple et lui annonça […]. (2 Chroniques
24 : 20)

Tu as fait preuve de patience envers eux de nombreuses années


durant, tu les as avertis par ton Esprit, par l’intermédiaire de tes
prophètes, et ils n’ont pas prêté l’oreille. (Néhémie 9 : 30)

Alors l’Esprit de l’Éternel est tombé sur moi et m’a dit : « An-
nonce : “Voici ce que dit l’Éternel […]” ». (Ézéchiel 11 : 5)

L’Esprit de Dieu est ici toujours associé à la parole. Tous ceux


qui ont reçu l’Esprit de Dieu ont prophétisé (annoncé la Parole de
Dieu). Dans le Nouveau Testament, Luc décrit à huit reprises des
gens clairement remplis de l’Esprit. Essayez de déterminer leur
point commun :

[Jean-Baptiste] sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin ni


boisson alcoolisée et il sera rempli de l’Esprit saint dès le ventre
de sa mère. Il ramènera beaucoup d’Israélites au Seigneur, leur
Dieu. (Luc 1 : 15-16)

[Élizabeth] fut remplie du Saint-Esprit. Elle s’écria d’une voix


forte […]. (Luc 1 : 41-42)

Son père Zacharie fut rempli du Saint-Esprit et prophétisa en


ces termes […]. (Luc 1 : 67)

[Les disciples] furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent


à parler en d’autres langues, comme l’Esprit leur donnait de
s’exprimer. (Actes 2 : 4)

139
SUIS-MOI

Alors Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : « Chefs du peuple


et anciens [d’Israël] […] ». (Actes 4 : 8)

Quand ils eurent prié, l’endroit où ils étaient rassemblés trem-


bla ; ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils annonçaient la
parole de Dieu avec assurance. (Actes 4 : 31)

Ananias partit. Une fois entré dans la maison, il posa les mains
sur Saul en disant : « Saul mon frère, le Seigneur [Jésus], qui
t’est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m’a envoyé
pour que tu retrouves la vue et que tu sois rempli du Saint-
Esprit. » Aussitôt il tomba comme des écailles de ses yeux et
il retrouva la vue. Il se leva et fut baptisé ; après avoir pris de
la nourriture, il retrouva des forces. […] Il resta quelques jours
avec les disciples qui étaient à Damas et se mit aussitôt à
proclamer dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu.
(Actes 9 : 17-20)

Alors Saul, qui s’appelait aussi Paul, rempli du Saint-Esprit,


s’adressa à lui en le regardant droit dans les yeux :

— Charlatan plein de ruse et de méchanceté, fils du diable,


ennemi de tout ce qui est bien, quand cesseras-tu de fausser les
plans du Seigneur qui sont droits ? (Actes 13 : 9-10 – Semeur)

Dans ces huit cas, chaque fois que quelqu’un est rempli du Saint-
Esprit, il se met à parler26.
Quand la Bible répète ainsi un message, encore et encore, aussi
bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, il est sage d’y
prêter attention. Quand l’Esprit remplit le peuple de Dieu, c’est
clairement dans un but bien précis : la proclamation verbale de la
Parole de Dieu et la réalisation ultime de la volonté divine.
C’est exactement ce que Jésus a accompli au travers de l’Église
du Nouveau Testament. Bien que remonté au ciel (Actes 1), il a
continué à œuvrer. Il a répandu la puissance de son Esprit sur son
peuple. Il a ajouté chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. Il
est apparu à Paul pour le sauver et l’appeler à annoncer l’Évangile
aux nations. Il est apparu à Pierre pour le conduire à accepter
les non-Juifs dans l’Église. Pendant que les croyants l’adoraient
(Actes 13), il a mis à part, par son Esprit, Paul et Barnabas pour
qu’ils répandent l’Évangile dans de nouvelles contrées. Il a guidé

140
La volonté de Dieu pour votre vie

son peuple, selon les moments, vers différentes villes. Alors que
l’Évangile était prêché, il a ouvert les cœurs à la foi. Il a fait toutes
ces choses par son Esprit répandu sur ses disciplesV.

Le but de l’Esprit dans notre vie


Et Jésus agit de même aujourd’hui. Au premier siècle, il a
rempli ses disciples de sa puissance et de sa présence afin qu’ils
accomplissent son dessein. Au xxie siècle, il remplit chacun de
ses disciples de sa puissance et de sa présence afin qu’ils accom-
plissent eux aussi son dessein. Nous avons pourtant tendance à
ne pas le voir. Cela transparaît souvent dans notre façon de parler
du Saint-Esprit.
J’entends souvent des chrétiens dire : « Eh bien, je partage
l’Évangile chaque fois que le Saint-Esprit m’y conduit ». Il y a là,
certes, une part de vérité. Nous souhaitons que le Saint-Esprit
guide toutes nos actions. Mais en même temps, nous devons nous
rappeler qu’il vit en nous précisément pour faire connaître l’Évan-
gile au travers de nous. Si vous avez le Saint-Esprit en vous, vous
pouvez considérer que vous êtes officiellement conduit à témoi-
gner ! Inutile d’attendre qu’un frisson vous parcoure le dos ou
qu’un message spécial apparaisse dans le ciel pour confirmer que
vous devez parler aux gens du Christ ! Ouvrez simplement votre
bouche, parlez de la vie, de la mort et de la résurrection de Christ :
c’est précisément pour cela que Jésus est en vous. Autrement dit,
en annonçant les merveilles de l’Évangile, vous accomplissez la
volonté de Dieu.
J’entends également parfois des gens qui se disent chrétiens
annoncer : « Moi, je ne témoigne pas par mes paroles, mais par ma
vie ». Là encore, il y a une part de vérité. Il est souhaitable que le
caractère de Christ soit manifeste dans notre comportement. Et en
même temps, quand Jésus a dit à ses disciples qu’ils recevraient son
Esprit et qu’ils seraient ses témoins dans le monde, il ne les appelait
pas simplement à être sympa avec les gens de leur voisinage. Au
tribunal ou ailleurs, la fonction première d’un témoin est de parler !
Nous l’avons déjà dit : dix des onze apôtres ayant entendu les paroles
de Jésus rapportées en Actes 1 sont devenus des martyrs. Non pas
V
Actes 2 : 33, 47 ; 9 : 1-31 ; 10 : 1-48 ; 13 : 1-4 ; 16 : 6-10, 14.

141
SUIS-MOI

à cause de leurs bonnes actions. Ils ont été assassinés parce qu’ils
ont témoigné de la Parole de Dieu.
Partout dans le monde, certains de nos frères et sœurs sont
emprisonnés, battus, persécutés et tués. Non pas à cause de leur
sourire au travail ! Les martyrs, du premier siècle à aujourd’hui,
sont morts parce qu’ils annonçaient l’Évangile. Il y a une certaine
part de bêtise, voire d’insolence, à affirmer « le témoignage de notre
vie suffit », particulièrement dans les régions du monde où nous
avons toute liberté de proclamer l’Évangile !
Dieu nous a donné un Évangile à croire, un Esprit pour avoir sa
puissance, et une langue pour parler. Et tout ceci dans un objectif
bien précis – un objectif grandiose, glorieux, universel, qui va au-
delà de l’histoire et qui exalte Dieu. Depuis le commencement des
temps jusqu’à aujourd’hui, Dieu est à l’œuvre ; il attire les gens à lui
et se sert de nous pour accomplir sa volonté.

L’attente quotidienne du disciple


Le croyez-vous ? Croyez-vous que le Seigneur est à l’œuvre dans
votre entourage et qu’il veut se servir de vous, en accord avec sa
volonté, pour accomplir son œuvre ?
Il y a plusieurs années, j’ai passé quelques semaines dans une
ville d’Inde. Les personnes avec lesquelles nous travaillions pour
annoncer l’Évangile dans ce lieu relativement peu évangélisé nous
ont demandé de nous rendre chaque soir dans un parc très fré-
quenté. Ils nous ont dit :
— Nous croyons que le Seigneur est à l’œuvre dans le cœur
des habitants de cette ville ; il veut qu’ils connaissent son amour.
Il a révélé Jésus à certains d’entre eux par des rêves et des visions ;
d’autres ont entendu parler de lui et désirent en savoir davantage.
Puis ils ont ajouté : Votre travail est donc d’aller à la rencontre des
personnes dont le cœur a été préparé par Dieu, et de leur partager
l’Évangile.
Ils ont ensuite demandé à Dieu de nous diriger vers ceux qui
seraient prêts à entendre parler de Jésus ; puis ils nous ont envoyés.

142
La volonté de Dieu pour votre vie

Je me suis rendu chaque soir dans ce parc, au cœur de la ville,


plein d’assurance. Ma confiance ne reposait pas sur ma personnalité
ou sur ma capacité à annoncer l’Évangile. Elle était plutôt fondée sur
cette réalité : Dieu était déjà à l’œuvre dans la vie des gens, à travers
tout ce parc. Il désirait leur salut et les attirait à lui. Cela ne veut pas
dire que tous ceux à qui nous avons parlé ont répondu positivement
à l’Évangile. Mais beaucoup l’ont fait. Nous avons eu de nombreuses
conversations très riches à propos de l’Évangile. Certaines de ces
personnes devinrent disciples de Jésus. Ainsi, l’équipe avec laquelle
j’ai travaillé et moi-même avons eu le privilège de participer à
l’œuvre surnaturelle du Seigneur dans la vie de ces gens.
Dieu ne souhaite-t-il pas que nous abordions chaque journée
de notre vie de cette manière ? Nous n’avons pas idée de tout ce
qu’il est peut-être en train de faire dans la vie de ceux que nous
côtoyons au travail, à la maison ou ailleurs. Il les a peut-être placés
sur notre chemin pour que nous leur annoncions l’Évangile. Et
peut-être que quand nous le ferons, il leur ouvrira les yeux afin
qu’ils voient sa gloire. C’est ainsi que vivaient les disciples, il y a
deux mille ans de cela, ils s’attendaient chaque jour à l’action de
Dieu dans leur vie.
Imaginez-vous aujourd’hui dans un café. Une dame est instal-
lée à la table voisine. Et si Dieu l’avait préparée à entendre l’Évan-
gile ? Et s’il avait parfaitement réglé les détails de son existence
pour qu’elle soit prête à une discussion à propos de Jésus ? Et s’il
désirait vous utiliser aujourd’hui, pour lui annoncer l’Évangile qui
va changer sa vie à tout jamais ?
Là, vous pensez : Comme si c’était si simple, dans un café, de
commencer à parler de Jésus avec sa voisine de table ! Nous avons
tous des craintes qui remontent rapidement à la surface : celle
d’offenser la personne, de ne pas trouver les bons mots, d’être
rejeté ou simplement d’entamer une conversation embarrassante.
Ces inquiétudes sont le signe que nous oublions qui nous sommes
vraiment. Nous sommes les disciples du Christ et nous avons été
crucifiés avec lui : ce n’est plus nous qui vivons, c’est lui qui vit en
nous ! Il a uni sa vie à la nôtre en déposant son Esprit en nous. Sans
lui, nous avons bien raison d’avoir peur ; mais avec lui, nous avons
toutes les raisons d’avoir confiance.

143
SUIS-MOI

Par nos propres forces, nous ne pouvons qu’échouer. Il suffit de


penser au côté choquant de l’Évangile que nous annonçons : nous
disons aux gens qu’ils sont foncièrement mauvais, condamnés par
leur péché et destinés à l’enfer ! Que le fils d’un charpentier juif qui
prétendait être le Fils de Dieu a été cloué nu sur une croix en bois il
y a deux mille ans. Et qu’aujourd’hui, leur éternité dépend de leur
décision à renoncer à eux-mêmes et à le déclarer comme Seigneur,
Sauveur et Roi. De prime abord, ce message semble difficile à
entendre, n’est-ce pas ? Qui pourrait y croire ?
Les gens croiront l’Évangile pour la même raison que vous y
avez cru vous-même : parce que le Saint-Esprit ouvrira leurs yeux
pour qu’ils voient la gloire de Dieu et acceptent sa grâce. Au cours
des deux derniers millénaires, Dieu a choisi d’attirer les hommes
à lui par la proclamation – par la puissance de son Esprit – de sa
Parole. Il appelle chacun d’entre nous à faire de même aujourd’hui.
Si nous obéissons fidèlement à sa volonté, il se montrera lui-même
fidèle et bénira sa Parole.

La vie transformée
En transformant nos pensées et nos désirs, Jésus rend notre vie
conforme à sa volonté. Il l’a fait pour Luc, un membre de l’Église
dont j’ai le privilège d’être pasteur. J’ai vu le Seigneur bouleverser
ses pensées, ses désirs, sa volonté.
À la fac, Luc vivait comme tous les étudiants. Il avait entendu
parler de l’amour de Dieu ; le Seigneur lui parlait mais il refusait de
l’écouter en se noyant dans l’alcool. Par la grâce de Dieu, Luc a réalisé
un jour combien son existence était vide de sens, malgré sa recherche
constante de plaisirs. Il raconte : « Une nuit, j’ai crié à Dieu et je lui
ai demandé de changer ma vie, grâce à Jésus ». Cette nuit-là, Jésus
a sauvé Luc de son péché. Luc est mort à lui-même et il est devenu
vivant en Christ. Peu de temps après, il s’est fait baptiser.
Luc est vite devenu un homme d’affaires prospère, avec d’im-
portantes ressources financières. Parallèlement, il grandissait dans
sa compréhension de ce qu’est un disciple de Jésus. Après avoir
entendu un jour une prédication sur la volonté de Dieu d’être adoré
dans le monde entier, Luc m’a écrit :

144
La volonté de Dieu pour votre vie

David, je comprends maintenant pourquoi le Seigneur a béni


mon entreprise : c’est uniquement pour que je puisse accomplir ses
desseins dans ce monde. Il ne m’a pas béni pour que je conduise une
BMW, que je vive dans une grande maison ou que je connaisse une
certaine gloire. Il m’a béni pour que lui soit glorifié !
Quand il a commencé à comprendre cette volonté de Dieu pour
le monde, Luc s’est mis à méditer et à mémoriser la Parole de Dieu.
Il m’a dit un jour : « Avant, je ne prenais même pas ma Bible pour
aller à l’église, mais aujourd’hui, la Parole de Dieu est en train de
changer ma vie. Ma Bible ne reste jamais très longtemps au même
endroit : je la prends avec moi au travail et partout où je me déplace.
Je veux vraiment mieux connaître Jésus. Je veux suivre Jésus ».
Luc a rapidement mémorisé le Sermon sur la montagne
(Matthieu 5 à 7). Il me racontait : « J’ai toujours été grand lecteur
d’ouvrages d’affaires, très friand de séminaires professionnels, de
conférences pour booster ma motivation au travail… Cette soif a
complètement disparu : Dieu l’a remplacée par une faim pour sa
Parole. Je suis actuellement en train de lire tout l’Ancien Testament.
L’Écriture devient vivante au fur et à mesure que je découvre la
beauté de l’interaction entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
En lisant avidement la Parole, je suis encouragé par le Seigneur
et, jour après jour, il transforme mes désirs ». Luc ne pouvait pas
se contenter de puiser dans la Parole de Dieu pour lui-même : il a
commencé à l’enseigner à l’Église.
Au fur et à mesure que son amour pour la Parole de Dieu aug-
mentait, sa passion pour Christ dans la prière grandissait. Voici ce
qu’il m’a écrit un jour (Stéphane est l’un de ses amis) : « Stéphane et
moi avons prié ensemble pour la première fois ce matin. Waouh !
Je pensais que nous allions simplement prier pour les différents
sujets de notre cellule de maison, mais nous n’avons même pas eu
le temps d’y venir ! Nous étions bien trop occupés à nous retrouver
dans la présence Seigneur. Le Saint-Esprit était tellement palpable
que c’était presque écrasant. Après une heure et demie de prière,
nous avons tous les deux relevé la tête, les yeux pleins de larmes, en
nous disant : “Mais, qu’est-ce qui vient de nous arriver ?” »
Après un autre temps de prière semblable à celui-ci, Luc a écrit
à Stéphane : « Stéphane, après notre temps de prière, ce passage

145
SUIS-MOI

m’est venu à l’esprit : “Goûtez et voyez combien l’Éternel est bon !


Heureux l’homme qui cherche refuge en lui !” (Psaumes 34 : 9). Ce
matin, nous avons littéralement goûté et vu que le Seigneur est
bon ».
Un autre jour, Luc m’a dit : « Nous avons encore vécu un mo-
ment extraordinaire de prière ce matin ; nous avons prié pendant
près de deux heures. C’était incroyable de voir à quel point Dieu
est bon et combien il désire que nous intercédions et que nous
parlions avec lui. Il fait naître en moi un désir non seulement de
prier avec d’autres personnes, mais également de prier sans cesse
pour toutes choses ».
Cette nouvelle vie de prière a aussi conduit Luc à jeûner régu-
lièrement. Il a commencé à vouloir expérimenter la présence de
Dieu de manière toute nouvelle. Sauter quelques repas est devenu
pour lui une manifestation extérieure d’un désir intérieur. Luc a
commencé littéralement à se délecter de la Parole de Dieu.
Entre-temps, l’entreprise de Luc a continué à se développer ; et
il a été invité à prendre la parole lors du congrès national annuel de
sa société. Il était nerveux, mais il savait que le Seigneur lui avait
donné cette occasion pour parler du Christ. Alors, sous différentes
formes, il a intégré l’Évangile dans tout son discours. Il est retourné
s’asseoir et un directeur, assis en face de lui à table, lui a dit : « Luc,
je ne comprends pas grand-chose à tout ce que vous venez de dire,
mais j’aimerais beaucoup en savoir plus ». Luc a alors expliqué
l’intégralité de l’Évangile à tous ceux qui étaient assis autour de sa
table. Puis il a demandé au directeur : « Voulez-vous vous détourner
de vos péchés et de vous-même et placer votre confiance en Jésus
comme Sauveur et Seigneur ? » À la grande surprise de Luc – et
alors que dix personnes regardaient – il a répondu oui. Ce soir-là,
il est devenu un disciple de Jésus.
Au cours de ces dernières années, par la grâce de Dieu, Luc a
pu partager l’Évangile avec bon nombre de ses collègues de travail.
Plusieurs d’entre eux sont venus à Christ. Il a aussi voyagé dans
plusieurs pays, loin de chez lui, et Dieu lui a ainsi ouvert les yeux
sur l’urgence de la situation spirituelle et matérielle du monde.
Luc a compris que le cœur de Dieu battait pour les nations, et sa
vie personnelle, sa famille et son entreprise en ont été bouleversés.

146
La volonté de Dieu pour votre vie

Luc et son épouse ont adopté un enfant. Désormais, une partie des
bénéfices de son entreprise part vers des œuvres qui agissent en
faveur de ceux qui se meurent, physiquement et spirituellement.
Luc veut passer sa vie à faire de toutes les nations des disciples.
Un jour, Luc s’est agenouillé devant Dieu et il est devenu chré-
tien. Le Luc d’aujourd’hui est radicalement différent du Luc de ce
jour-là. En transformant ses pensées et ses désirs, Jésus a aligné la
vie de cet homme sur sa volonté. Luc savoure la Parole de Dieu et
marche dans la volonté de Dieu. Pas de doute possible en voyant la
passion de son cœur et l’étincelle dans ses yeux ! En clair, Luc aime
suivre Jésus et il aime pêcher des hommes.

Une nouvelle façon de vivre


Mais ne croyez pas que la vie de chaque disciple va ressembler
en tout point à celle de Luc ! Loin de là. Dans sa divine créativité,
Christ nous forme de multiples façons pour servir, par divers
moyens, à différents endroits et dans différentes situations.
Mais une chose reste constante. Quand nous nous tournons
vers Jésus, il nous transforme. Quand nous mourons à nous-mêmes,
nous vivons en lui. Il nous donne un cœur nouveau - purifié du
péché et rempli de son Esprit. Il nous donne une nouvelle intelli-
gence – une manière de penser complètement transformée. Il nous
donne de nouveaux désirs – des appétits que l’on ne connaissait
pas. Et il nous donne une nouvelle volonté – un style de vie radi-
calement différent.
La volonté de Dieu pour chaque disciple de Jésus c’est de faire
des disciples de Jésus. Aucun d’entre nous n’a besoin d’attendre
une voix douce, des coïncidences frappantes ou des signes dans
le ciel pour comprendre ce que le Seigneur veut que nous fassions
de notre vie. En fait, nous n’avons pas à attendre du tout. Tout
comme les nouveaux croyants dans le pays musulman où travail-
lait Matthieu, dès que nous nous mettons à suivre le Christ, nous
devons commencer à pêcher des hommes. Nous découvrons alors
ce plaisir particulier que l’on ressent, non pas en recherchant la
volonté de Dieu, mais en vivant la volonté de Dieu tous les jours. Et
mieux encore : nous découvrons que nous appartenons à toute une
communauté de frères et de sœurs engagés dans le même projet.

147
CHAPITRE SEPT

Le corps de Christ

La salle était pleine à craquer, le public fasciné.


« Je vous invite à baisser la tête et fermer les yeux », a annoncé le
prédicateur. Ce que nous avons tous fait.
Puis il a déclaré : « Ce soir, j’aimerais vous appeler à placer
votre foi en Dieu. Ce soir, je vous supplie d’entrer dans une relation
personnelle avec Jésus, peut-être pour la première fois de votre vie.
Que les choses soient bien claires : je ne vous invite pas à rejoindre
l’Église. Je vous invite simplement à venir à Christ ». Pendant que,
avec passion, le pasteur suppliait les gens de prendre une décision
personnelle, beaucoup de personnes ont quitté leur chaise et se sont
avancées pour s’engager avec le Christ.
Il y avait pourtant un problème. Ces personnes avaient été
trompées : on leur avait dit qu’il était possible de s’engager avec
le Christ sans s’engager avec l’Église. La réalité est pourtant toute
autre : il est bibliquement impossible de suivre Jésus sans rejoindre
son Église. En fait, si quelqu’un se dit chrétien sans être un membre
actif d’une communauté, il y a de grande chance qu’il ne soit pas
en train de suivre Jésus du tout.
De tels propos peuvent paraître hérétiques à certains (peut-
être même à beaucoup). Vous pourriez demander : « Êtes-vous en

149
SUIS-MOI

train de dire qu’on devient chrétien en rejoignant une Église ? »


Absolument pas ! L’appartenance à une Église ne fait certainement
pas de quelqu’un un chrétien.
Mais en même temps, s’identifier à la personne de Christ, c’est
joindre sa vie à celle de son peuple. Soumettre sa vie à ses com-
mandements, c’est s’engager envers son Église. Il est bibliquement,
spirituellement et concrètement impossible d’être un disciple de
Christ (et encore moins de faire des disciples de Christ) sans être
totalement engagé dans une famille de chrétiens.
Beaucoup de gens pensent toutefois que c’est possible, et ils
essaient de vivre comme si c’était effectivement possible. C’est
presque devenu chez certains un signe de maturité spirituelle. Ces
« chrétiens » qui ne souhaitent pas être engagés dans une Église
locale s’en défendent en disant : « J’aime Jésus, mais je ne supporte
pas son Église ».
Vraiment ?
L’Église n’est-elle pas l’épouse de Christ ? Et si je vous disais :
« Vous savez, je vous aime beaucoup, mais est-ce que je vous ai déjà
dit que je ne supporte vraiment pas votre femme ? » Prendriez-vous
cela comme un compliment ?
L’Église n’est-elle pas aussi le corps de Christ ? Et si ma femme
me disait : « David, je t’aime, mais je ne supporte pas ton corps ! »
Je peux vous assurer que je ne prendrais pas ce genre de remarque
pour un compliment !
C’est impossible de suivre pleinement Jésus sans aimer son
Épouse d’un amour désintéressé. Et c’est impossible d’aimer Christ
sans aimer son corps. Jésus va jusqu’à s’identifier à l’Église, son
corps quand il demande à Saul sur la route de Damas : « Saul, Saul,
pourquoi me persécutes-tu ? » (Actes 9 : 4). En effet, Saul avait per-
sécuté les chrétiens, pas le Christ directement. Mais Jésus lui dit :
« Quand tu les touches, c’est moi que tu touches ! ».
Venir à Christ, c’est faire partie de son Église. Ceux qui suivent
Jésus ont le privilège d’être associés à sa famille. En mourant à
nous-mêmes, nous vivons pour les autres. Et tout ce que Christ
fait en nous a un effet sur tous ceux qu’il a placés autour de nous.
Reconnaissons-le et vivons, dans l’Église, les relations spéciale-

150
Le corps de Christ

ment prévues par Dieu pour son peuple ; c’est capital si nous vou-
lons être des disciples et faire de toutes les nations des disciples.

Qu’est-ce que l’Église ?


Nous avons une bien fausse idée de ce qu’est l’Église aujourd’hui.
De la même manière que nous avons fortement affaibli le sens du
mot chrétien. La majorité des Occidentaux associent désormais
« Église » à « bâtiment ».
Nous entendons des questions du genre : « Où se trouve ton
église ? » ou « Où vas-tu à l’église ? » Il est courant aujourd’hui qu’un
pasteur dépense une fortune pour rénover et reconstruire « son
église ». Des équipes de constructeurs chrétiens partent construire
des « églises » dans des pays pauvres. De nos jours, implanter une
« église » est presque devenu synonyme de trouver un bâtiment
d’église, ou d’en construire un.
Et nous ne nous contentons pas de penser qu’une Église est
avant tout un bâtiment. Nous évaluons aussi les Églises en fonction
de leurs programmes d’activités : cette Église est connue pour ses
activités originales pour les enfants, celle-ci pour son ministère
auprès des étudiants, celle-là pour ses rencontres pour les couples
ou pour les divorcés… Les Églises sont souvent axées sur des pro-
grammes adaptés aux différentes générations et étapes de la vie.
Cette tendance à associer l’Église à des programmes et des
bâtiments est symptomatique de notre manière d’attirer les gens
à « l’église » : nous nous adaptons à leurs habitudes de consom-
mateurs ! Pour être une « église » attractive et prospère, il faut un
bâtiment facile d’accès, avec un joli terrain et un grand parking.
Une fois que les gens sont entrés dans le bâtiment, il faut des pro-
grammes adaptés aux enfants, une musique qui plaît à tous et une
prédication ciblée selon les besoins des auditeurs. Pour résumer, il
faut : une place de parking pour chacun et un bon café à l’accueil ;
une garderie à thème avec un toboggan et des jouets appropriés, un
programme super-cool pour divertir les ados, des musiciens pro-
fessionnels et un excellent prédicateur (capable, en fin de matinée,
de finir le culte dans les temps !)

151
SUIS-MOI

Dieu avait-il tout cela en tête quand il a créé son Église ? Ou


mieux encore : avait-il alors en tête quelques éléments parmi tout
cela ? Associer une Église à son bâtiment peut nous sembler parfai-
tement normal, mais cette idée est totalement étrangère au Nouveau
Testament. Nulle part l’Église n’y est décrite comme un édifice. Elle
n’y est jamais non plus associée à son programme d’activités. La
plupart des choses que nous associons aujourd’hui à l’Église sont
au mieux extra-bibliques (elles ajoutent quelque chose à la Parole
de Dieu) et, au pire, non bibliques (elles sont contraires à la Parole
de Dieu).
Le Nouveau Testament présente une tout autre image de l’Église.
Pas un bâtiment, mais un corps composé de différents membres ; et
une famille composée de frères et sœurs à la fois morts à eux-mêmes
et vivants en Christ. La mort de Jésus, son Esprit, son Évangile,
ses souffrances et sa vie : voilà ce qui unit les chrétiensVI. L’Église
selon la Bible n’est pas constituée de personnes qui se garent les
unes à côté des autres, et qui participent à des programmes assises
les unes à côté des autres. Non. L’église est constituée de personnes
qui, ensemble, partagent la vie de Christ, jour après jour, semaine
après semaine.
C’est le schéma mis en place dès le début entre Jésus et ses dis-
ciples. Jésus aimait ces douze hommes ; il les servait, les enseignait,
les encourageait, les corrigeait, il cheminait avec eux. Il a passé
plus de temps avec eux qu’avec toutes les personnes rencontrées au
cours de son ministère mises bout à bout ! Ensemble, ils ont marché
sur des chemins désertiques, visité des villes grouillant de monde,
navigué et pêché sur le lac de Tibériade. Ils ont prié ensemble dans
le désert et dans les montagnes, dans les synagogues et au Temple.
Jésus partageait sa vie avec eux et leur apprenait ainsi comment
vivre, comment aimer.
Et c’est ainsi que le Nouveau Testament imagine les disciples de
Jésus : des gens qui vivent les uns à côté des autres et les uns pour les
autres. L’Église selon la Bible est une communauté de chrétiens qui
prennent soin les uns des autres, qui s’aiment les uns les autres, qui
s’accueillent les uns les autres, qui s’acceptent les uns les autres, qui

VI
Voir respectivement 1 Corinthiens 10 : 16 ; 2 Corinthiens 13 : 14 ; Philippiens 1 : 5 ; 3 : 10 ;
et 1 Jean 1 : 3-7.

152
Le corps de Christ

sont serviteurs les uns des autres, qui s’édifient et s’enseignent les
uns les autres, qui se pardonnent les uns les autres, s’encouragent
les uns les autres, se réconfortent les uns les autres, qui prient les
uns pour les autres, qui confessent leurs péchés les uns aux autres,
qui s’estiment les uns les autres, qui s’exhortent les uns les autres,
qui manifestent de la bonté les uns envers les autres, partagent leurs
biens les uns avec les autres, qui se réjouissent, pleurent et souffrent
les uns avec les autres, qui veillent les uns sur les autres27.
Tous ces « les uns les autres » ne dépeignent pas un groupe de
gens qui se rendent dans un bâtiment pour y trouver une multitude
de programmes adaptés à leurs besoins. Non. Ce sont des gens qui
ont décidé de sacrifier leur vie afin de s’aimer les uns les autres. En
son nom, et au nom de Silas et de Timothée, l’apôtre Paul a écrit
à l’Église de Thessalonique : « En effet, maintenant nous vivons,
puisque vous tenez ferme dans le Seigneur » (1 Thessaloniciens 3 : 8).
Ces trois hommes avaient donné leur vie afin de voir ces chrétiens
tenir ferme en Christ. De même, Paul appelait les chrétiens de
Philippes « mes très chers frères et sœurs que je désire tant revoir,
vous qui êtes ma joie et ma couronne » (Philippiens. 4 : 1). L’Église
est une communauté de croyants qui s’aiment les uns les autres,
et où chacun désire ardemment que l’autre connaisse Christ, et
grandisse en lui.

Un autre genre de communauté


Cette image conduit donc l’Église à une tout autre approche de
la communauté. Dans les Évangiles, Jésus ne parle que deux fois de
l’Église avec ses disciples. Une première fois en Matthieu 16, quand
Pierre confesse Christ comme Seigneur, et Jésus lui répond que
l’Église sera construite sur cette confession. Puis, deux chapitres
plus loin, Jésus donne quelques instructions à ses disciples sur le
sujet de la discipline et la restauration dans l’Église. Selon Jésus,
quand un frère ou une sœur tombe dans le péché, est pris dans
une situation de péché, et ne se repent pas de son péché, l’Église
devrait confronter cette personne afin de la faire revenir à Christ.
En Matthieu 18, Jésus explique comment mettre en œuvre un tel
processus afin de ramener une telle personne sur le droit chemin.
Ce processus peut éventuellement conduire à exclure de l’Église

153
SUIS-MOI

les pécheurs non repentants (un exemple de ce processus est cité


en 1 Corinthiens 5).
Cet enseignement sur la discipline et la restauration au sein de
l’Église devrait nous interpeller ! Il ne se trouve pas à la 100e place
sur une liste de 101 choses que Jésus nous demande de faire. Il est
au contraire en tête de liste, juste après l’importance de le confesser
comme Seigneur. La question de la discipline dans l’Église n’est pas
un thème optionnel pour les chrétiens ; c’est indispensable, fonda-
mental. Elle n’est pas facultative, mais obligatoire.
Et pourtant, nous la traitons souvent comme une option. Juste
imaginer l’existence d’une sainte police dans nos églises, à l’affût
de quiconque sortirait du droit chemin, nous conforte dans notre
position que ce n’est vraiment pas une bonne idée. Nous nous
créons alors toutes sortes de bonnes raisons pour mettre de côté la
discipline dans l’Église.
C’est légaliste, disons-nous. Ça va à l’encontre de la grâce de
Dieu. Dans Matthieu 7 : 1 Jésus le dit bien : « Ne jugez pas afin de
ne pas être jugés » ? Qui sommes-nous pour montrer du doigt le
péché des autres alors que nous sommes nous-mêmes si loin d’être
parfaits ? Les gens vont quitter l’Église si nous commençons à dis-
cipliner les disciples de Jésus ! Une Église qui veut grandir ne fera
certainement pas ce genre de pub : « Nous sommes une Église qui
discipline les pécheurs ».
J’ai récemment déjeuné avec un confrère et je lui ai raconté
que mon assemblée essayait de mettre en œuvre un processus de
discipline et de restauration. Il m’a répondu : « Je suis bien curieux
de savoir comment ça va évoluer. Appelle-moi dans quelques
semaines… si tu es toujours pasteur de cette Église » !
Eh bien, par la grâce de Dieu, je suis toujours pasteur de cette
Église ! Nous avons certes encore un long chemin à parcourir
pour mettre en œuvre ce processus ; mais je suis plus que jamais
convaincu que la discipline et la restauration sont essentielles à la
vie de chaque disciple de Jésus, et pour chaque Église qui confessent
son nom. Évidemment, si ce processus est mal géré, nous pourrions
glisser vers le légalisme. Mais si la discipline et la restauration sont
vécues selon la Bible, elles se transforment en une manifestation on
ne peut plus claire de l’amour de Dieu sur la terre.

154
Le corps de Christ

Nous vivons à une époque où il est plus facile, plus convenable,


même plus apprécié de rester tranquillement assis dans son coin en
affirmant : « Ce que les autres font ne regarde qu’eux et Dieu. Leur
péché, c’est leur vie, leur décision et leur responsabilité ». Mais heu-
reusement que Dieu n’agit pas ainsi avec nous ! Heureusement qu’il
nous a recherchés malgré notre péché, et qu’il met tout en œuvre
pour nous éloigner de ce qui nous détruit ! Et n’aimerions-nous pas,
nous aussi, être entourés de gens qui nous aiment suffisamment
pour veiller sur nous et nous avertir quand nous nous engageons
sur la voie destructrice du péché ?
Dietrich Bonhoeffer a déclaré : « Rien ne peut être plus cruel
que cette forme d’indulgence qui laisse simplement le prochain
dans son péché. Et rien ne peut être plus miséricordieux qu’une
sévère réprimande qui sort le frère de sa voie coupable28 ». Dans
son livre Vivre en disciple : Le prix de la grâce, il s’en prend à
« l’adhésion superficielle » qui avait envahi l’Église à son époque ;
et appelle les chrétiens à revenir à ce que signifie vraiment suivre
Christ. Il explique combien l’amour de Dieu, sa grâce et son par-
don pour les pécheurs sont précieux. Et combien il ne faudrait
surtout pas les dévaloriser par une approche laxiste du péché
dans l’Église. Il dit :
Si l’Église refuse de reconnaître la dure réalité du péché, elle
n’aura aucune crédibilité lorsqu’elle abordera la question du
pardon. Une telle Église n’est pas à la hauteur de ce qui lui a
été confié de plus sacré ; elle marche d’une manière indigne de
l’Évangile. C’est une Église infidèle qui dilapide le précieux trésor
du pardon offert par notre Seigneur. Et ce n’est pas suffisant de
déplorer que le péché de l’homme gangrène aussi ses œuvres
bonnes. Il faut concrètement nommer, punir, et condamner des
péchés précis […] L’Église se doit de mettre en place une disci-
pline d’Église, par soucis de sainteté, pour le bien des pécheurs,
et pour son propre bien. C’est essentiel. Si l’Église veut marcher
d’une manière digne de l’Évangile, elle se doit de maintenir une
discipline ecclésiale. La sanctification c’est, à la fois enlever le
monde de l’Église, mais aussi séparer l’Église du monde.
L’objectif d’une telle discipline, ce n’est pas de créer une commu-
nauté de gens parfaits, mais plutôt une communauté d’hommes
[et de femmes] qui vivent du pardon miséricordieux de notre Sei-

155
SUIS-MOI

gneur. La discipline dans une communauté est alors au service


de la grâce de Dieu, une grâce si précieuse29.

Dieu est un Père bienveillant qui cherche ses enfants égarés ; en


prenant soin de nos frères et sœurs captifs du péché, nous reflétons
sa grâce.
Les gens font souvent référence à Matthieu 7 : 1. Il faudrait
toutefois poursuivre au moins la lecture jusqu’au verset 5. Jésus
a mis en garde ses disciples de ne pas juger la « paille » du péché
dans l’œil de l’autre quand ce même péché est une « poutre » dans
le sien. Il continue ainsi : « Hypocrite, enlève d’abord la poutre de
ton œil, et alors tu verras clair pour retirer la paille de l’œil de ton
frère ». Dieu est évidemment le seul à avoir autorité en matière de
jugement. Pourtant, en Matthieu 7 : 5, Jésus demande à ses disciples
de retirer le péché de leur vie puis d’aider les autres à faire de même.
La pire chose que nous pourrions faire face à un frère ou une sœur
piégé dans le péché, serait de dire : « Ce n’est pas à moi de juger ! »
Je sais que ma vie présente des zones d’ombre et que je suis
vulnérable face au péché. C’est pourquoi j’ai demandé à des gens qui
me connaissent bien : « Si vous me voyez pécher, ou prêt à tomber
dans le péché, je vous en supplie : ne vous servez pas d’excuse ultra-
spirituelle pour ne pas m’aider ! Sortez-moi de là ! »
1 Corinthiens 5 fait mention d’un homme de l’Église qui vivait
dans l’immoralité sexuelle flagrante (il couchait avec la femme
de son père !), et il ne s’en repentait pas. Paul dit aux chrétiens
de l’Église de Corinthe que cet individu doit être confronté à son
péché. S’il refuse de se repentir, il doit être exclu de l’Église. Ce qui
est particulièrement intéressant dans ce passage, c’est que Dieu tient
les membres de l’Église pour responsables de ce péché. Ils n’étaient
bien sûr pas coupables d’immoralité sexuelle mais ils étaient res-
ponsables de ne pas s’en occuper.
Cela va complètement à contre-courant de ce que nous pensons
habituellement. Notre approche du péché est très individualiste.
« Ce péché, c’est le problème de ce frère-là ! » nous disons-nous à
nous-même, et les uns aux autres. C’était exactement le discours des
chrétiens de Corinthe mais Paul les a repris sévèrement. Le péché
de cet homme, c’est le problème de toute l’Église !

156
Le corps de Christ

Voilà la base pour comprendre la beauté d’une communauté


biblique centrée sur le Christ. Dans l’Église, nous nous appartenons
les uns aux autres, nous nous préoccupons les uns des autres : nous
sommes donc responsables les uns des autres. Être membre d’une
Église, c’est bien davantage que d’être assis à côté de quelqu’un
d’autre pour chanter ensemble quelques cantiques une fois par
semaine. Être membre d’une Église, c’est prendre conscience que
nous sommes responsables d’aider nos frères et sœurs à grandir en
tant que disciple de Jésus. Et eux ont la même responsabilité envers
nous. Dans notre combat quotidien pour suivre Christ dans un
monde rempli de péché, nous avons terriblement besoin les uns
des autres.
Mais, si nous pratiquons cette discipline dont Jésus parle, ne
prenons-nous pas le risque de voir certains quitter l’Église, ou au
moins l’éviter ? C’est possible. Mais n’oublions pas que l’Église, ce
n’est pas notre corps : c’est le corps de Christ que Dieu souhaite voir
grandir. En tant que pasteur, j’ai plein d’idées pour attirer plus de
monde dans mon Église. Je pourrais adoucir un peu la force de mes
messages. Avoir une musique plus cool et dans le vent. Distribuer
de l’argent à ceux qui viennent ! Faire une série de prédications
sur le sexe (ça semble être à la mode en ce moment !). Être un
innovateur en matière de culte, tout faire pour accrocher les gens
et leur donner envie de venir. Mais d’une manière générale, nous
pouvons utiliser notre temps et nos ressources de deux manières
dans l’Église : soit en essayant de faire ce que nous pensons être
le meilleur, soit en croyant et acceptant que Dieu sait ce qui est le
meilleur pour l’Église.
Les premières instructions de Jésus concernant l’Église (en
Matthieu 18) ne décrivaient pas la création d’un espace de vie
accueillant et chaleureux. Mais plutôt d’une communauté où le
péché est dénoncé : simplement, ouvertement mais sévèrement. Et
je me demande bien pourquoi…
Pourquoi Dieu a-t-il littéralement exécuté sur place un couple
de l’Église de Jérusalem à cause de leur péché. Avez-vous déjà lu
attentivement cette histoire dans Actes 5 ? Cela se passe au cours
des premiers jours de l’Église. Celle-ci se développait extrêmement
rapidement et des milliers de personnes venaient à Christ. Mais,

157
SUIS-MOI

en raison de leur malhonnêteté, Ananias et Saphira furent frappés


et moururent sur-le-champ. Ça, c’est de la discipline ! Dieu lui-
même s’est occupé du péché dans son Église et nous ne pouvons
qu’imaginer les conséquences d’une telle discipline sur l’ensemble
de la communauté… Vous n’attirerez sans doute pas beaucoup de
nouvelles personnes dans votre assemblée si les gens y meurent
pendant l’offrande !
Quel est le secret de la croissance de votre Église ?
Oh, et bien, demandez à Dieu de tuer deux ou trois personnes
pendant l’offrande : ça marche à tous les coups !
Quand moi je lis cette histoire, je me demande : Qu’est-ce que
Dieu est-il en train de faire ? Est-ce qu’il essaie de ralentir la crois-
sance de l’Église ?
Mais si je continue ma lecture aux versets 13 et 14, je suis
stupéfait ! Tout de suite après avoir raconté la mort d’Ananias et
de Saphira, Luc écrit : « Personne d’autre n’osait se joindre à eux,
mais le peuple les tenait en grande estime. Le nombre de ceux qui
croyaient au Seigneur, hommes et femmes, augmentait de plus en
plus ». Voici donc comment Dieu fait grandir son Église : en travail-
lant à la sanctification des chrétiens. Dieu fait croître son Église en
rendant ses disciples désireux de refléter sa justice et d’honorer sa
sainteté.
Il est temps de mettre de côtés les idées ridicules du genre :
il faut tout mettre en œuvre pour faciliter l’entrée des gens dans
l’Église, ne pas parler de sainteté, atténuer la gravité du péché. Nous
pourrions ainsi attirer les foules, mais nous passerions à côté de la
raison d’être de l’Église. Tout le monde peut attirer les foules, mais
l’Église, c’est autre chose.
À travers toute l’histoire de l’humanité, Dieu a décidé d’accom-
pagner un peuple qui, par sa grâce, deviendrait un peuple si saint,
si pur et si entièrement dévoué à sa cause, qu’il redouterait l’idée
même de la désobéissance. Un peuple au sein duquel le péché serrait
pris si au sérieux que les membres s’entraideraient continuellement
les uns les autres afin d’en éviter à tout prix les pièges dangereux
et mortels. C’est par l’intermédiaire de ce peuple à part que Dieu a

158
Le corps de Christ

choisi de révéler au monde sa grandeur, sa sainteté, sa puissance et


sa pureté (Ézéchiel 36 : 22-23 ; 1 Pierre 2 : 9).
Vous pensez peut-être : « OK, mais où est passée la grâce dans
tout ce discours de discipline ? » La réponse est simple : la grâce de
Dieu est au cœur même de la discipline. En tant que disciples de
Jésus, nous sommes morts à l’indifférence au péché, dans notre
propre vie et dans celle des personnes que nous aimons. Nous
savons que, pour nos péchés, Christ a payé le prix suprême. Nous ne
souhaitons donc jamais mépriser la valeur de sa mort. En tolérant le
péché, dans notre vie ou dans l’Église, nous bafouons le sacrifice de
Christ. Nous ne suivons pas simplement un Sauveur qui pardonne
notre péché ; nous suivons un Sauveur qui nous purifie du péché.
Et nous chérissons suffisamment sa mort pour traiter sérieusement
le péché dans son Église.
Pendant bien trop longtemps, au nom de la croissance de
l’Église, nous n’avons pas tenu compte des commandements de
Christ. Nous avons ignoré les passages comme Matthieu 18, Actes 5
et 1 Corinthiens 5, prétendant que nos beaux dictons et nos pro-
grammes bien ficelés étaient plus efficaces pour attirer les gens
dans l’Église. Résultat : aujourd’hui, quand on voit le christianisme
progresser, on applaudit des pasteurs précurseurs, des églises inno-
vantes, des cultes attractifs. Il est grand temps que cela change ! Seul
le Dieu de l’univers, grand et saint, est digne de recevoir la louange
pour la croissance de l’Église. Il manifeste sa gloire en attirant des
pécheurs à lui, de manière inexplicable, par la pureté d’un peuple
racheté au prix de son sang.

« Flirter » avec l’Église


L’Église est une communauté de chrétiens qui se soucient les
uns des autres. Et parce qu’ils se soucient les uns des autres, ils vont
se discipliner les uns les autres face au péché, puis vivre ensemble
la grâce les uns avec les autres, en Christ. Mais, soyons honnêtes,
ceci n’est pas facile. C’est pourquoi de nombreux chrétiens prennent
aujourd’hui tout leur temps pour se décider avant de s’engager
comme membres d’une communauté.
Quand j’étais au lycée, je n’avais pas beaucoup de succès avec les
filles. En fait, je n’avais aucun succès ! Jusqu’à ce qu’elle débarque à

159
SUIS-MOI

ce camp de jeunes auquel je participais. Un bruit courait : elle me


trouvait mignon ! Et là, je me suis dit : Ouh la la… il y a une fille qui
me trouve mignon. Qu’est-ce que je dois faire ? J’ai commencé par lui
parler, puis j’ai pris mon courage à deux mains et lui ai demandé de
sortir avec moi et quelques amis. Par la grâce de Dieu, elle a dit oui !
Nous avons donc commencé à sortir ensemble : on s’appelait tous
les jours et on passait beaucoup de temps ensemble dans différentes
activités. Tout allait très bien jusqu’au jour où j’ai décidé que je n’avais
plus envie de passer tout ce temps au téléphone avec elle. J’avais des
tas d’autres choses qui se passaient dans ma vie et je ne voulais plus
m’investir autant dans cette relation. Un soir, je lui ai donc annoncé
que Dieu, ma famille et mon travail scolaire étaient plus importants
qu’elle à mes yeux. Et oui ! Je lui ai bien dit mon travail scolaire ! Inutile
de préciser que cette première expérience en matière de relation avec
une fille n’a pas duré bien longtemps…
Enfin, jusqu’à ce qu’elle commence à sortir avec un de mes
meilleurs copains. Et là, je me suis dit : Mais qu’est-ce qui t’est passé
par la tête ? Heureusement pour moi, j’ai eu l’occasion de lui parler à
nouveau et d’apprendre à la connaître. Au point que nous sommes
devenus les meilleurs amis du monde, et que… nous avons décidé
de nous marier ! Depuis cette conversation d’un soir, il y a des an-
nées de cela, mon épouse s’est montrée pleine de grâce envers moi.
Mais qu’en est-il de l’épouse de Christ ? Une certaine tendance
s’est développée depuis quelques années : on apprend à « fréquenter
l’Église », on apprend à « flirter avec l’Église ». Joshua Harris (qui,
au passage, a écrit d’excellents ouvrages concernant les relations
entre garçons et filles) a écrit un livre remarquable à ce sujet,
intitulé Stop Dating the Church ! : Arrêtez de flirter avec l’Église !
Cette expression « flirter avec l’Église » fait référence à notre atti-
tude de consommateurs dans la grande foire aux Églises. Nous
papillonnons d’une assemblée à une autre ; un dimanche ici, un
dimanche là, selon notre humeur. Nous remplaçons même l’Église
par certaines activités spirituelles. Après tout, nous sommes chré-
tiens. Nous faisons partie de l’Église universelle. À quoi ça sert de
s’engager dans une Église locale ?
Nous « flirtons » avec l’Église pour diverses raisons. Nous
sommes tous naturellement plus ou moins indépendants, auto-

160
Le corps de Christ

suffisants et autonomes. Les notions de soumission réciproque,


responsabilité mutuelle et interdépendance nous semblent très
éloignées de notre système de pensée. En fait, elles nous font peur !
Et qui plus est, nous sommes des indécis perpétuels. Nous « flir-
tons » avec différentes Églises parce que nous n’arrivons pas à
décider quelle est celle que nous préférons. Nous appliquons notre
mentalité de consommateurs à la recherche d’Églises : le meilleur
produit au meilleur prix le dimanche matin ! En cherchant toujours
la meilleure affaire, nous développons une attitude critique envers
l’Église. Nous trouvons quelque chose à redire à chaque Église
visitée. Et même quand nous nous installons finalement quelque
part, nous restons très sensibles à ce que nous n’aimons pas dans
cette assemblée.
Mais dans l’ensemble, nous sommes souvent indifférents.
Rejoindre une Église locale et s’y engager, est-ce réellement impor-
tant ? N’est-ce pas une simple formalité – une formalité inutile d’ail-
leurs ? Beaucoup de ceux qui se disent chrétiens ne comprennent
tout simplement pas pourquoi il serait nocif de « flirter » avec
l’Église. Pourquoi il serait nécessaire de s’engager avec une Église ?
Il semblerait que l’Église ait elle-même contribué à cette menta-
lité. Elle a connu dans son histoire des périodes où l’appartenance à
une communauté était extrêmement importante pour les chrétiens.
Mais aujourd’hui, de nombreuses personnes me diraient que si je
veux que les gens lisent mon livre, c’est bien la dernière chose dont
je devrais parler ! Elles me diraient qu’aujourd’hui, être membre
d’une Église ne veut plus dire grand-chose. Par exemple, l’une des
principales dénominations chrétiennes des États-Unis annonce
regrouper plus de 43 000 Églises, soit près de seize millions de
membres. Et pourtant, seulement six millions d’entre eux parti-
cipent à une rencontre hebdomadaire au sein de cette dénomina-
tion. Ça représente beaucoup de malades tous les dimanches ! De
toute évidence, être membre d’une Église ne signifie plus grand-
chose en soi aujourd’hui.
Et c’est pour cela que beaucoup prétendent que nous devrions
tout simplement arrêter de parler de cette idée d’appartenance à
une communauté locale. Mais ce serait, d’après la Bible, une grave
erreur.

161
SUIS-MOI

Membres d’un corps


L’Église est décrite dans tout le Nouveau Testament comme un
corps ; les chrétiens en sont les membres. Dans 1 Corinthiens 12,
Paul les présente ainsi à dix reprises : « En effet, comme le corps est
un, tout en ayant plusieurs membres, et comme tous les membres
du corps, malgré leur nombre, ne sont qu’un seul corps, – ainsi en
est-il du Christ. Car c’est dans un seul esprit que nous tous […]
avons été baptisés ». Il continue : « Ainsi le corps n’est pas (formé
d’) un seul membre, mais de plusieurs. […] Dieu a placé chacun des
membres dans le corps comme il a voulu. […] Maintenant donc il y
a plusieurs membres et un seul corps ». Puis il conclut : « Vous êtes
le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part »
(1 Corinthiens 12 : 12-27 – Colombe).
Peut-être que vous pensez : Évidemment, nous sommes tous
membres du corps de Christ, c’est-à-dire du corps de Christ universel.
Tous ceux qui croient en Christ font partie du corps de Christ univer-
sel. Et c’est vrai. Quand nous venons à Jésus, nous rejoignons tous
ceux qui le suivent à travers le monde entier, et ceux qui l’ont suivi
depuis les débuts de l’histoire de l’Église. Mais est-ce que l’Écriture
n’enseigne que cela ?
Il semblerait bien que non. Certes, la Bible parle souvent de
l’Église universelle, faisant référence aux chrétiens de tous les
temps. Dans l’épître aux Éphésiens, par exemple, Paul en parle à
neuf reprises. Il écrit : « À celui qui peut faire, par la puissance qui
agit en nous, infiniment plus que tout ce que nous demandons ou
pensons, à lui soit la gloire dans l’Église [et] en Jésus-Christ, pour
toutes les générations, aux siècles des siècles ! » (Éphésiens 3 : 20-
21). Il est clair que dans ce texte, Paul prie afin que Dieu reçoive la
gloire de tous les croyants unis dans toute l’Église au travers toutes
les générations.
Mais la Bible parle bien moins souvent de l’Église univer-
selle (comme ici dans la lettre aux Éphésiens) que des Églises
locales. Le terme ekklesia (Église) est employé 114 fois dans le
Nouveau Testament, mais au moins 90 d’entre elles font référence
à des assemblées locales de chrétiens. Le livre des Actes parle par
exemple de « l’Église de Jérusalem », 1 Corinthiens fait référence
à « l’Église de Dieu qui est à Corinthe », Galates s’adresse « aux

162
Le corps de Christ

Églises de la Galatie », et Paul écrit deux de ses lettres à « l’Église des


ThessaloniciensVII ». Ailleurs, la Bible mentionne même des Églises
qui se réunissent dans des maisonsVIII. Paul écrit en 1 Corinthiens
16 : 19 : « Les Églises d’Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, ainsi
que l’Église qui se réunit dans leur maison, vous saluent chaleu-
reusement dans le Seigneur ».
Toutes ces références à des assemblées locales qui se réunissent
dans des endroits bien précis sont très intéressantes : en effet, la
Bible ne parle pas d’elles comme des sections de l’Église universelle
ou des parties de l’Église mondiale. Paul n’écrit jamais « à la partie
de l’Église qui se réunit à Corinthe ». Il écrit au contraire « à l’Église
de Dieu qui est à Corinthe ». Il nous prouve ainsi, à travers tout le
Nouveau Testament, que les croyants se réunissent dans des corps
de Christ locaux qui deviennent les expressions tangibles et visibles
du corps de Christ universel.
L’implication est évidente. Les croyants dans la Bible étaient unis
les uns aux autres au sein de corps locaux. Le Nouveau Testament
ne s’adresse à aucun moment à des chrétiens qui n’appartiennent
pas eux-mêmes à une Église locale. Toutes les lettres du Nouveau
Testament sont adressées à des gens qui font partie d’une Église
locale bien précise. Par conséquent, tout disciple de Jésus qui
lit honnêtement le Nouveau Testament devrait se demander : À
quel corps local de croyants est-ce que j’appartiens ? Si Paul devait
m’écrire une lettre aujourd’hui, à quelle Église serais-je associé en
tant que membre ?

Engagé dans une Église


Cette appartenance à une Église locale est absolument cruciale
pour tout chrétien. Écoutez à nouveau les paroles de Jésus dans
Matthieu 18 :
Si ton frère a péché [contre toi], va et reprends-le seul à seul. S’il
t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais s’il ne t’écoute pas, prends
avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle
sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les
VII
Actes 11 : 22 ; 1 Corinthiens 1 : 2 ; Galates 1 : 2 ; et 1 Thessaloniciens 1 : 1 et 2 Thessalo-
niciens 1 : 1.
VIII
Romains 16 : 5 ; Colossiens 4 : 15 ; Philémon 1 : 2.

163
SUIS-MOI

écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église,


qu’il soit à tes yeux comme le membre d’un autre peuple et le
collecteur d’impôts. (Matthieu 18 : 15-17)

Notez bien que Jésus mentionne « l’Église ». Il ne dit absolument


pas que, si un croyant refuse de se repentir de son péché, il faut en
parler au corps de Christ universel, partout dans le monde. Il fait
référence à un groupe de croyants local bien précis, dont ce frère
est membre.
De même, quand Paul parle d’un frère de l’Église de Corinthe, il
dit : « Chassez le méchant du milieu de vous » (1 Corinthiens 5 : 13),
cela signifie l’exclure de la communauté. Et il s’agit très clairement
d’un membre de cette Église locale. À Corinthe, un croyant était soit
dans l’Église (en tant que membre) soit en dehors de l’Église. Et se
trouver en dehors de cette Église de Corinthe (ne pas être membre
de cette Église), c’était une chose extrêmement grave.
L’importance pour chaque chrétien d’être membre d’une com-
munauté est également évidente quand la Bible évoque la direction
de l’Église. Dans le chapitre 13 d’Hébreux, les chrétiens reçoivent
l’ordre suivant : « Obéissez à vos conducteurs et soumettez-vous à
eux, car ils veillent sur votre âme en hommes qui devront rendre
des comptes. Ils pourront ainsi le faire avec joie et non en soupirant,
ce qui ne vous serait d’aucun avantage » (Hébreux 13 : 17). Ce verset
illustre l’importance – à deux niveaux différents – d’appartenir à
une Église.
D’abord, il rappelle aux dirigeants de la communauté que Dieu
leur demande de prendre soin des croyants dans le contexte de
l’Église locale. En tant que pasteur, je suis personnellement res-
ponsable devant Dieu des chrétiens qu’il m’a confiés. Qui sont-ils ?
Suis-je responsable de tous les membres de l’Église universelle ?
Certainement pas ! Je ne suis, en tout cas, pas responsable d’eux
comme je le suis de chaque disciple de Jésus au sein de l’assemblée
dont je suis pasteur. En tant que pasteur de cette Église, c’est un
grand honneur pour moi de vivre chaque jour cette responsabilité
devant Dieu et de veiller sur les âmes des frères et sœurs de la
communauté.
Hébreux 13 : 17 ordonne aussi aux chrétiens d’obéir à leurs
conducteurs. Cela veut-il dire qu’ils doivent obéir à tout dirigeant

164
Le corps de Christ

de l’Église universelle ? Assurément pas ! C’est un ordre donné à


tout chrétien de se soumettre aux responsables de son Église locale.
Voilà qui met beaucoup de chrétiens mal à l’aise ! Obéir à mes
responsables et me soumettre à leur autorité ? Dès que nous enten-
dons des mots comme « obéir » ou « se soumettre », nous avons en
tête des images de chefs autoritaires qui imposent leur leadership
à coup de baguette. Ou des dirigeants abusifs qui profitent de leur
position pour exploiter ceux qu’ils sont censés conduire. Et l’Église
n’est pas irréprochable sur ce point ! On ne compte plus les histoires
de responsables d’Église qui détournent des fonds, tombent dans
l’immoralité sexuelle, ou assouvissent leur orgueil aux dépens des
gens qui les suivent. Vous avez malheureusement peut-être été
personnellement affecté par ce genre de situation.
Qui plus est, l’idée de soumission est pour beaucoup synonyme
d’inégalité. Les gens partent du principe que le dirigeant est supé-
rieur au soumis. Mais l’Écriture ne comprend pas la soumission de
cette manière. Elle enseigne que le Fils est soumis au Père et que
l’Esprit est envoyé par le Fils ; pourtant le Père, le Fils et le Saint-
Esprit sont d’égale valeur. De même, la Bible exhorte les enfants à
se soumettre à leurs parents. Cela ne veut pas dire que les enfants
ont moins de valeur que leur papa ou leur maman.
Pas d’abus d’autorité ni d’inégalité flagrante chez les responsables
d’Église tels que la Bible les décrit ! Mais de l’amour et de l’abnégation.
Jésus déclare à ses disciples que « si quelqu’un veut être le premier, […]
qu’il soit l’esclave de tous » (Marc 10 : 44). L’autorité dans le royaume
de Dieu est toujours une autorité de serviteurIX.
La Bible enseigne que les conducteurs de l’Église sont des servi-
teurs de Christ. Ils ont la responsabilité d’enseigner sa vérité et non
leurs propres pensées. « Souvenez-vous de vos conducteurs qui vont
ont annoncé la parole de Dieu » (Hébreux 13 : 7). Les responsables
dans l’Église n’ont autorité que dans la mesure où ils enseignent la
Parole de Dieu. C’est pour cette raison que l’auteur de l’épître aux
Hébreux dit : « Obéissez à vos responsables ». Si les responsables
enseignent la Parole de Dieu, ceux qui suivent le Christ vont logi-
quement vouloir leur obéir. Et, par là même, ils vont obéir à Christ.

IX
Actes 20 ; 1 Timothée 3 : 1-13 ; Tite 1 : 5-9 ; 1 Pierre 5 : 1-5.

165
SUIS-MOI

Mais s’ils enseignent autre chose que la parole de Dieu, ils perdent
automatiquement leur autorité pour conduire le peuple de Dieu.
Dieu n’a pas mis en place dans l’Église les responsables unique-
ment pour enseigner, mais aussi pour démontrer ce que la parole de
Dieu devient une fois qu’elle est transformée en actions. Hébreux
13 : 7 poursuit : « Considérez quel est le bilan de leur vie (celle de vos
responsables) et imitez leur foi ». Dieu a donc donné des conduc-
teurs à l’Église, non seulement pour communiquer sa Parole, mais
aussi pour illustrer concrètement ce qu’elle devient une fois mise
en pratique. Les chrétiens ont ainsi sous leurs yeux un modèle de
ce que veut dire suivre Christ. C’est pourquoi les qualifications
requises pour les dirigeants de l’Église en 1 Timothée 3 et en Tite 1
sont tellement claires : un responsable d’Église doit être un exemple
de vie que les autres chrétiens peuvent imiter sans hésiter.
Alors ? Est-ce utile ou non de s’engager dans une Église locale,
sous l’autorité de responsables qui enseignent fidèlement et mo-
dèlent constamment le caractère de Dieu ? Absolument ! Et d’après
les Écritures, c’est même nécessaire. C’est le dessein de Dieu pour
chaque disciple de Jésus.
Nous pourrions continuer à explorer ainsi tout le Nouveau
Testament pour mieux comprendre l’importance d’être membre
d’une communauté de disciples de Jésus. L’importance de recon-
naître la responsabilité des membres de nommer des responsables
(Actes 6 : 2-6), de s’assurer que l’Évangile est prêché dans l’assem-
blée (Galates 1 : 6-9 ; 2 Timothée 4) et d’envoyer des missionnaires
(Actes 13 : 1-3). Mais j’espère que vous avez déjà perçu combien
la Bible va à l’encontre de l’individualisme occidental et d’une
Église de style consommateur. Elle oblige tout chrétien à se poser
la question : « Suis-je un membre actif et redevable au sein d’une
Église locale ? »
La question n’est pas simplement de savoir si votre nom est ins-
crit dans un registre de membres quelque part dans une église ; ou
si vous fréquentez régulièrement une assemblée. La vraie question
est celle-ci : « Suis-je engagé dans une Église locale, dans laquelle
je partage ma vie avec d’autres suiveurs de Christ, dans une rede-
vabilité réciproque et sous une direction en phase avec la Parole
de Dieu, pour la gloire de Dieu ? » Si je me contente de flirter avec

166
Le corps de Christ

l’Église locale (ou de carrément l’ignorer), je m’oppose au dessein de


Dieu pour ma vie chrétienne. Ça, c’est l’enseignement du Nouveau
Testament. Il est impossible de suivre Christ sans s’engager dans
une Église locale.

Église locale, dessein mondial


Et de toute manière, pourquoi voudrions-nous vivre notre foi
en dehors de l’Église ? Certes, les Églises ne sont pas parfaites ; elles
connaissent toutes sortes de problèmes. Mais n’est-ce pas simple-
ment parce que nous en faisons partie ? Et si vous trouvez un jour
une Église parfaite, surtout ne la rejoignez pas ! Sinon – c’est certain
– elle perdrait sa perfection !
Si vous dites que vous suivez le Christ, je vous encourage à
examiner votre engagement actuel dans l’Église locale. Comme cela
se faisait dans l’Église du Nouveau Testament, êtes-vous en train
de partager votre vie avec d’autres croyants : dans un amour et un
service les pour les autres ? Vous souciant réellement du bien-être
et de la croissance des uns et des autres ? En allant si nécessaire
jusqu’à la discipline et la restauration des uns avec des autres ?
Servez-vous Christ sous la direction de responsables aimants et
attachés à Dieu, qui enseignent avec clarté la Parole de Dieu et qui
modèlent le caractère de Dieu fidèlement ?
Je suis tout ému par le fait même de vous poser ce genre de ques-
tions. Mais, en tant que pasteur, je perçois l’importance du projet de
Christ pour son Église. Quand des hommes et des femmes meurent
à eux-mêmes et vivent en Christ, Dieu les réunit, en tant que frères
et sœurs, au sein d’une famille de foi. Dans cette communauté, des
chrétiens vivent ensemble régulièrement des moments d’adoration ;
ils se mettent au service les uns des autres de manière désintéressée ;
ils se protègent les uns les autres dans l’amour ; ils partagent leurs
biens les uns avec les autres avec générosité ; ils se soucient les uns
des autres avec compassion. Dans ce genre de communauté, on
aime se voir les uns les autres tenir ferme dans le Seigneur.
Et alors que nous sacrifions notre vie pour le bien des autres
dans l’Église, nous démontrons l’amour de Christ au monde. Jésus
a dit à ses disciples : « Je vous donne un commandement nouveau :
Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi,

167
SUIS-MOI

aimez-vous les uns les autres. C’est à cela que tous reconnaîtront
que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour
les autres » (Jean 13 : 34-35). Dieu a dit que le monde reconnaîtra
les disciples de Jésus à leur amour particulier les uns pour les
autres. Quand Jésus a prié pour eux avant sa crucifixion, il a dit au
Père : « Je […] prie […] que tous soient un comme toi, Père, tu es en
moi et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient [un] en nous
pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jean 17 : 20-21).
L’Écriture l’affirme : C’est en voyant la vie de Christ dans
l’Église que les gens croiront à l’amour de Dieu pour le monde.
Voilà une raison de plus pour chaque disciple de Jésus de s’enga-
ger dans l’Église ! Afin que la gloire de Dieu soit manifestée
au monde ; et même au-delà du monde. Dans Éphésiens – une
lettre qui traite longuement de l’unité dans l’Église – Paul prie
pour que « les dominations et les autorités dans les lieux célestes
connaissent maintenant par le moyen de l’Église la sagesse infini-
ment variée de Dieu » (Éphésiens 3 : 10). Le dessein de Dieu est de
montrer sa grandeur aux anges et aux démons par le biais de son
Église. Nous étions autrefois, vous et moi, l’objet de sa colère ; nous
sommes devenus l’objet de son affection. Dieu nous donne la vie,
pardonne notre péché et nous remplit de son Esprit. Il nous fera
régner un jour avec le Christ afin que les créatures célestes, mais
aussi les démons de l’enfer sachent que le Dieu infiniment sage,
aimant et puissant est digne de la louange de toutes créatures, à
travers tous les siècles.
Voici la raison fondamentale pour laquelle tout chrétien doit
être membre d’une Église : tout disciple de Jésus recherche avant
tout la gloire de Dieu. Mais vous pensez peut-être : Eh bien, je peux
vivre pour la gloire de Dieu seul dans mon coin, non ? D’une certaine
manière, nous sommes effectivement censés refléter la gloire de
Dieu dans tout ce que nous faisons. Mais voici ce que dit la Bible :
ce n’est pas à travers vous, ou à travers moi que la gloire de Dieu
est manifestée avec le plus d’éclat. C’est au travers de nous ! Dieu
met en place son Église et annonce à toutes les créatures, dans les
cieux, sur la terre et sous la terre : « Voici l’épouse et le corps de mon
Fils, acquis au prix de son sang ; pour être mon peuple, recevoir ma
puissance, jouir de ma présence et proclamer mes louanges. Pour
toujours et à jamais ».

168
Le corps de Christ

Faire partie de l’Église est un privilège. Venir à Christ, c’est


devenir un membre de sa communauté. Il est bibliquement, spiri-
tuellement et concrètement impossible d’être un disciple de Christ
(et encore moins de faire des disciples de Christ) sans être totale-
ment engagé dans une famille de chrétiens. Car quand les croyants
s’unissent et vivent ensemble au sein d’Églises locales, rien n’est
assez puissant pour arrêter la propagation de l’Évangile de Dieu
jusqu’aux extrémités de la terre.

169
CHAPITRE HUIT

Une vision de ce qui


devient possible

Imaginez votre Église. Ne pensez ni à un bâtiment, ni à


un parking, ni à des activités, ni à des programmes. Uniquement à
des individus. Qu’ils soient trente, cinquante, cent, cinq-cents ou
deux-mille, pensez seulement aux gens de votre Église.
Des gens qui vivent dans un monde de péché et de rébellion,
de souffrance et de douleur. Où plus de trois milliards d’hommes,
de femmes et d’enfants survivent avec moins de 1,50 € par jour. Où
un milliard de personnes vivent dans la pauvreté la plus absolue,
dans des villages reculés et des bidonvilles ; où des centaines de
millions de gens meurent de faim et de maladies, que l’on pourrait
facilement prévenir et guérir. Un monde où des milliards de gens
sont enrôlés dans des religions de mensonges. Où deux milliards
de personnes n’ont jamais entendu l’Évangile. Ils sont tous (des
milliards de gens !) sur une voie qui les mène à l’enfer éternel – une
souffrance qui jamais, jamais, jamais ne finira.
Vous et les gens de votre Église avez été transformés par l’Évan-
gile de Christ. Vous savez que Jésus est mort sur la croix et qu’il
est ressuscité des morts pour sauver les gens de leur péché. Vous

171
SUIS-MOI

savez, pour l’avoir vécu vous-même, que lui seul peut véritablement
rassasier l’âme. Vous lui avez abandonné votre volonté et aspirez
à être ses témoins dans le monde entier. Dieu vous a réunis, en
tant que frères et sœurs, dans une Église locale, avec une mission
mondiale : faire de toutes les nations des disciples. Il a rempli cha-
cun d’entre vous de la puissance de son Esprit pour vous donner
– individuellement et collectivement – la capacité d’atteindre le
monde avec l’Évangile.
Si vous n’aviez que des gens ordinaires autour de vous (pas de
bâtiments, pas de programmes, pas de professionnels à plein temps,
pas d’activités) et que vous étiez chargés de répandre l’Évangile de
par le monde entier… Par où commenceriez-vous ? Par rassem-
bler tout votre argent dans une seule et même cagnotte afin de le
dépenser dans la construction d’un bâtiment où vous pourriez vous
réunir ? Par rechercher le meilleur prédicateur possible, les meil-
leurs musiciens et personnel compétent pour organiser de belles
présentations et des programmes d’activités qui plairont à votre
famille et vos enfants ? Vous commenceriez par dépenser toutes vos
ressources dans ce qui est le plus confortable, le plus sympathique
et le plus agréable, pour vous ?
Ni votre Église ni la mienne ne feraient cela. En tout cas pas
si nous croyons réellement la Parole de Dieu, et si nous regardons
honnêtement le monde comme Dieu le voit.
Si nous pensons aux milliards de personnes qui sont perdues
(dont un grand nombre n’a jamais entendu parler de l’Évangile) et
aux centaines de millions qui meurent de faim et de soif, nous ne
dirons certainement pas : « Allez ! Dépensons tout notre argent pour
construire un bâtiment pour adorer Dieu ! »
La Bible ne dit d’ailleurs nulle part qu’il soit important de
construire un lieu d’adoration. Elle affirme par contre que nous
sommes nous-même ce lieu d’adoration, nous sommes le temple de
Dieu. Le Nouveau Testament ne nous demande pas de construire
un bâtiment où les gens viendront à nous. Par contre, il nous
ordonne de donner notre vie en allant vers les autres.
De même, si nous croyons réellement la Bible, nous ne réser-
verons pas le service chrétien à une équipe de professionnels dans
l’Église. Chaque chrétien a en effet reçu l’Esprit de Dieu en vue du

172
Une vision de ce qui devient possible

service. Pourquoi vouloir pousser sur la touche une majorité de


serviteurs, qui ont l’esprit de Dieu en eux, et limiter le service pour
Dieu à une poignée de personnes ?
Non ! Bien sûr que non. Nous nous lèverions tous !
Chacun et chacune d’entre nous. Nous nous disperserions
aussi vite que possible pour aller faire connaître l’Évangile au plus
grand nombre.
Ce serait pourtant difficile, et probablement coûteux. Donc,
même si nous nous dispersions, nous nous retrouverions très
régulièrement. Non pas pour nous regarder un spectacle, ou pour
prendre des cours. Mais plutôt pour partager nos vies : les joies et
les difficultés que nous expérimentons alors que nous vivons pour
annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre. Pour nous
encourager les uns les autres, nous enseigner les uns les autres,
adorer le Seigneur les uns avec les autres, partager nos biens les
uns avec les autres, sacrifier nos vies les uns pour les autres. Puis
nous nous disperserions à nouveau pour poursuivre la tâche de
faire connaître l’Évangile au plus grand nombre. Nous ferions cela
semaine après semaine, année après année. Et nous ne nous arrê-
terions que lorsque la Bonne Nouvelle de Jésus aura été répandue
de nos maisons à nos communautés, de nos communautés à nos
villes, de nos villes aux nations de toute la terre.
Laissez-moi vous dresser un portrait de l’Église à ses tout
débuts.
Un petit groupe d’une douzaine d’hommes a répondu à une
invitation qui a changé leur vie : « Suivez-moi et je ferai de vous
des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19). Ils ont ensuite observé
Jésus, l’ont écouté et ont appris de lui comment aimer, enseigner et
se mettre au service des autres ; comme lui le faisait. Puis est venu
le moment où ils l’ont vu mourir sur une croix pour leurs péchés
et, trois jours plus tard, ressusciter des morts. Peu de temps après,
il les a réunis sur une montagne et leur a annoncé : « Tout pouvoir
m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les
nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit et enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je
vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la
fin du monde » (Matthieu 28 : 18-20). Tout comme il le leur avait

173
SUIS-MOI

annoncé dès le début, ces hommes qui le suivaient allaient désor-


mais devenir des pêcheurs d’hommes. Son mandat missionnaire,
plein d’autorité, était devenu leur seule ambition !
Puis un jour, ils se sont rassemblés avec un autre groupe (ils
étaient environ 120 en tout) et ils ont attendu. Jésus, fidèle à sa
promesse, leur a envoyé son Esprit et, sur-le-champ, ils ont com-
mencé à proclamer l’Évangile. Ils ont quitté Jérusalem et se sont
dispersés en Judée, en Samarie et sont allés jusqu’aux extrémités
de la terre. Et en une seule génération, le nombre des disciples a été
multiplié par 400.
Comment cela s’est-il produit ?
Grâce à de somptueux bâtiments, ou des programmes inno-
vants ? Non. Il n’y avait rien de tout cela.
Grâce à des responsables talentueux ? C’est vrai, Dieu avait
nommé certaines personnes à des postes particuliers dans l’Église.
Mais, du temps des Actes, l’Évangile s’est surtout répandu parce que
des gens ordinaires, rendus puissants par une présence extraordi-
naire, ont proclamé l’Évangile partout où ils allaient. Ce sont des
chrétiens anonymes (pas des apôtres) qui, les premiers, ont évan-
gélisé la Judée et la Samarie. Ce sont des croyants dont on ignore
les noms qui ont fondé l’Église d’Antioche, point de départ de la
mission auprès des non-Juifs. Ce sont des disciples inconnus qui ont
répandu l’Évangile dans toute l’Asie. Des disciples ont été formés
et des Églises se sont multipliées là où les apôtres n’avaient jamais
posé le pied. La Bonne Nouvelle de Jésus ne s’est pas répandue grâce
à d’illustres prédicateurs, mais grâce à des gens ordinaires trans-
formés par la puissance de Christ. Qui, de maison en maison, sur
les marchés, dans les échoppes et le long des chemins, amenaient,
jour après jour, les gens à Jésus.
Voilà comment l’Évangile a été introduit dans le monde au
cours du premier siècle. Par des chrétiens, morts à eux-mêmes,
et remplis de l’Esprit, des faiseurs de disciples. Des suiveurs de
Jésus devenus pêcheurs d’hommes. Des disciples qui faisaient des
disciples. Ils n’étaient pas connus pour leur association à Christ et
son Église ; mais pour leur abandon entier à Christ et à sa cause. Le
mandat missionnaire de Jésus n’était pas à leurs yeux une option
parmi d’autres… C’était un ordre à exécuter. Ils connaissaient une

174
Une vision de ce qui devient possible

joie inimaginable alors qu’ils œuvraient, avec Jésus, à l’avancement


de son royaume. Même s’ils devaient faire face à d’innombrables
difficultés et subir une incroyable persécution !
Moi, je veux faire partie d’un tel mouvement. Je ne veux pas pas-
ser ma vie à construire des bâtiments ou inventer des programmes
d’Église plus sympathique les uns que les autres. Je ne veux pas non
plus établir un royaume qui tourne autour de mes dons limités et
de mon leadership si imparfait. Je veux faire partie d’un peuple qui
croit réellement que chacun a reçu l’Esprit de Dieu afin de répandre
l’Évangile. Je veux faire partie d’un peuple qui sacrifie joyeusement
les plaisirs, les loisirs et les biens de ce monde afin de vivre pour le
trésor du monde à venir. Je veux faire partie d’un peuple qui a aban-
donné toute ambition terrestre en faveur d’une aspiration éternelle :
faire de nouveaux disciples de Jésus et voir les Églises se multiplier,
de nos maisons à nos communautés, de nos communautés à nos
villes, de nos villes aux nations de toute la terre.
Ce mouvement nous concerne tous. Chaque chrétien devient
pêcheur d’hommes. Chaque disciple fait des disciples. Assez de
spectateurs ! Mais plutôt des gens ordinaires qui, de manière ex-
traordinaire, vont répandre l’Évangile dans le monde entier. Des
hommes et des femmes, de tous horizons, avec des dons et des
qualités différents, qui font des disciples et multiplient les Églises ;
dans toutes les sphères de la société et aux quatre coins de la planète.
Voici le dessein de Dieu pour son Église. Les disciples de Jésus ne
peuvent se satisfaire de moins que cela !

Une stratégie toute simple


Je vous propose un petit voyage dans un pays du Moyen-Orient
où la conversion au christianisme est interdite. Dans ce pays, il est
illégal d’annoncer l’Évangile à un musulman. Et il est illégal pour
un musulman de devenir chrétien. Dans un contexte si hostile,
on pourrait penser que l’Évangile pourrait être étouffé. Ce n’est
heureusement pas le cas.
Un petit groupe de chrétiens y fait des disciples et y multiplie
les Églises. Ces frères et sœurs n’ont rien du genre extravagant ; ils
sont, au contraire, assez quelconques. Ils sont là-bas à la tête d’une
entreprise commerciale qui emploie des hommes et des femmes

175
SUIS-MOI

musulmans. Ils sont déterminés à aimer les gens et les conduire à la


vie éternelle en Christ. Leur stratégie est simple : faire des disciples
selon Matthieu 28.
Ils commencent par partager l’Évangile. Vous vous deman-
dez peut-être : Je croyais que c’était illégal d’annoncer l’Évangile !
Comment peuvent-ils faire cela ?
Eh bien, ces frères et sœurs savent que le Saint-Esprit vit en eux
afin qu’ils soient des témoins ; et rien ne peut les arrêter de parler
de leur Sauveur. Ils ne peuvent pas s’en empêcher. L’Évangile de
la grâce de Dieu est trop merveilleux pour qu’ils le gardent pour
eux-mêmes ; ils sont heureux de risquer leur vie pour le partager. À
leurs yeux, ce n’est pas une forme de soumission radicale à Christ.
C’est tout simplement normal qu’un disciple de Christ soit pêcheur
d’hommes.
Ils partagent toutefois l’Évangile avec beaucoup de sagesse. Leur
objectif est d’introduire des filés de l’Évangile dans le tissu de toutes
leurs relations avec les musulmans. Chaque conversation, chaque
échange commercial, chaque repas ou réunion de travail peut deve-
nir un moment propice pour parler de Dieu : dire qui il est, combien
il nous aime, ce qu’il fait dans le monde et surtout ce qu’il a fait
pour nous en Christ. Bien sûr, chaque discussion ne comprend pas
une présentation exhaustive de l’Évangile ! Ils essaient simplement
d’en glisser quelques filés dans toutes leurs conversations ; un peu
comme s’ils étaient en train d’introduire divers fils de couleur pour
créer un tissu magnifique. Et ils prient pour que, en son temps, le
Seigneur ouvre les yeux de ces hommes et ces femmes ; et qu’ils
découvrent la beauté de l’Évangile, et viennent à Christ.
Quand j’ai eu la chance de voir de mes propres yeux comment
ces chrétiens travaillaient à cette mosaïque, j’ai été étonné de
constater à quel point ce « partage de l’Évangile » peut être naturel
(ou devrais-je dire, surnaturel). Dans leurs échanges quotidiens, au
travail ou à la maison, ces frères et sœurs partagent des histoires
de Jésus et les vérités de la Parole de Dieu. Dans un magasin, j’ai
entendu Marc, un des frères qui travaille dans ce pays, qui racontait
au commerçant – musulman – ce que Jésus avait fait pour lui et sa
famille pendant la semaine. Au cours d’un dîner dans une famille

176
Une vision de ce qui devient possible

musulmane, j’ai écouté Kim parler en toute simplicité de l’immense


amour de Dieu.
Je me suis retrouvé un soir avec Robert, un autre frère qui tra-
vaille dans ce pays. Nous avons discuté jusqu’à tard dans la nuit,
avec un groupe de musulmans, de la divinité de Jésus ; c’est l’un
des obstacles majeurs à leur conversion à Christ. Ils considèrent
cette doctrine à la fois comme un blasphème et une offense. Je dois
admettre que j’étais assez nerveux de me trouver ainsi dans une
pièce, à l’étage, à deux heures du matin, entouré de musulmans
que je venais juste de rencontrer, dans un pays où il est illégal
d’annoncer l’Évangile. Qui plus est, nous discutions de l’aspect
de l’Évangile qui pour eux est le plus litigieux, provocateur, voire
même insultant à leurs yeux.
Ces hommes étaient pourtant ouverts à l ’Évangile.
Certainement à cause de la manière de vivre de gens tels que
Marc, Kim et Robert. Les croyants qui travaillaient au sein de
cette entreprise avaient de toute évidence gagné le droit d’être
écoutés. Ils étaient honnêtes dans leur travail et respectaient les
autres salariés. Ils prenaient soin les uns des autres et se souciaient
de chaque salarié de l’entreprise. Ils témoignaient concrètement
l’amour de Dieu à ceux qui passaient par des moments difficiles.
Ils demandaient à leurs collègues malades ou dans le besoin
s’ils pouvaient prier pour eux – ce qui, la plupart du temps, était
accepté avec joie. Alors que ces chrétiens priaient pour eux au nom
de Jésus, ces hommes musulmans voyaient la bonté de Dieu en
action. Et cela correspondait parfaitement à ce qu’ils entendaient
constamment dire au sujet de sa grâce.
Résultat : ils venaient à Christ. Ils prenaient secrètement à part
des gens tels que Marc, Kim et Robert, et leur posaient des ques-
tions au sujet du salut que Jésus offre. Un par un, le Seigneur les
attirait à lui ; mais aussi leurs familles et leurs connaissances. Ce
n’était facile pour personne : plus les gens venaient à Christ, plus
ils se mettaient en danger.
Nous n’avons pas toujours bien conscience du lien qui existe
entre la persécution et l’expansion de l’Évangile. Nous pensons
souvent que la persécution est une chose horrible, et de bien des
façons, c’est vrai. Mais la persécution est souvent aussi un signe de

177
SUIS-MOI

la progression de l’Évangile. Personne ne se préoccupe du chris-


tianisme quand, dans un pays ou parmi un peuple, l’Évangile
sommeille et personne ne vient à Christ. L’opposition ne commence
à se faire sentir que lorsque l’Évangile se répand et que les gens se
convertissent. D’où la question : Même si nous ne la recherchons
pas, est-ce que d’une certaine manière la persécution ne serait-elle
pas souhaitable ?
Se convertir au christianisme est clairement illégal dans ce
pays. Mais, le souci principal des nouveaux chrétiens, ce n’est pas
les lois de leur pays ou la police du pays. Le souci principal de ces
jeunes chrétiens, c’est bien les membres de leur famille et de leur
communauté. Quitter l’islam pour suivre Jésus, c’est amener la
honte sur sa famille et ses amis. Les nouveaux croyants risquaient
donc d’être éjectés de leur foyer, ou même tués pour sauver l’hon-
neur de leur famille.
Ils savaient qu’ils rencontreraient de l’opposition à cause de
leur foi ; mais ils étaient toujours plus nombreux à venir à Christ.
Pourquoi ? Parce qu’ils étaient bouleversés par le portrait de grâce,
d’amour, de bonté et de salut en Christ, que des chrétiens tels que
Marc, Kim et Robert leur avaient brossé.
Qui plus est, Marc, Kim et Robert ont continué de prendre
soin de ces nouveaux croyants. Ils savaient que faire des disciples
implique de les baptiser et de leur enseigner à obéir à Jésus. Ils
s’appliquaient donc à leur apprendre ce que signifie suivre Christ ;
et à les aider, dans leur contexte particulier, à obéir à ses comman-
dements. Ils ont réuni ces nouveaux chrétiens en Églises où ils se
sont baptisés les uns les autres. Ils ont alors commencé à adorer
Dieu ensemble, à s’encourager les uns les autres, prendre soin les
uns des autres, et accomplir tous les « les uns les autres » que nous
avons relevés dans les Écritures. Et ils ont commencé à partager et
à manifester la grâce et l’amour de Dieu avec d’autres musulmans ;
comme Marc, Kim et Robert l’avaient fait avec eux. Ensemble, ils
ont commencé à faire des disciples et à multiplier les Églises. Et
tout cela, dans l’un des endroits les plus hostiles du monde, et d’une
façon telle que seul le Seigneur peut en recevoir la gloire.
Marc, Kim et Robert sont des chrétiens ordinaires, de simples
suiveurs de Jésus qui vivent l’un à côté de l’autre, et qui travaillent

178
Une vision de ce qui devient possible

ensemble pour faire des disciples et multiplier les Églises. En


pensant à eux, je ne peux m’empêcher de me poser des questions :
Pourquoi ne sommes-nous pas tous en train de faire comme eux ?
Pourquoi la vie de chaque chrétien dans le monde ne ressemble-t-elle
pas d’avantage à celle de ces simples disciples de Jésus ?
Chacun d’entre nous se trouve bien évidemment dans une
situation et des circonstances différentes ; mais n’est-ce pas là une
bonne chose ? Et si Dieu nous avait placés à des endroits diffé-
rents, avec des emplois différents et des dons différents, auprès de
personnes différentes, précisément pour que chacun d’entre nous
fasse des disciples et multiplie les Églises ? Et si tous les chrétiens
pouvaient le faire ? Et si tous les chrétiens devaient le faire ?

Tisser des filés d’Évangile


Pourquoi ne pouvons-nous pas tous parler de Christ avec la
même intentionnalité que Marc, Kim et Robert ? Et si, chaque
jour, nous introduisions délibérément des filés de l’Évangile
dans le tissu de chaque conversation ? L’Évangile, c’est une Bonne
Nouvelle : le Seigneur de l’univers, juste et plein de grâce, a posé
son regard sur des hommes désespérément pécheurs. Et a envoyé
son Fils – Jésus-Christ, Dieu fait homme – prendre sur lui, à
la croix, la colère divine à l’encontre du péché ; et montrer, par
la résurrection, sa puissance sur le péché. Ainsi, quiconque se
détourne du péché et croit en lui est réconcilié avec Dieu pour tou-
jours. L’Évangile, de par ses nombreuses facettes et ses différents
éléments, est facile à raconter. Tout chrétien peut répondre à ces
questions : qui est Dieu ? Quel est le vrai problème de l’homme ?
Qui est Jésus ? Pourquoi est-il venu sur la terre ? Comment être
sauvé ? Pourquoi est-il si important d’être sauvé ? Alors, dans
nos conversations quotidiennes, parlons de Dieu et du péché de
l’homme ; de l’œuvre parfaite de Christ, de la nécessité de la foi
et de l’éternité. Introduisons des filés de cette Bonne Nouvelle
dans le tissu de chacun de nos échanges ! Et prions que le Seigneur
ouvre les yeux de ceux qui nous entourent afin qu’ils voient la
beauté de sa gloire. Et qu’ils croient à l’Évangile de sa grâce.
Concrètement, parlons continuellement de Dieu autour de
nous ; comme d’une personne que nous connaissons, que nous

179
SUIS-MOI

aimons et que nous adorons. Au lieu de parler, comme des athées,


de la chance et du hasard, annonçons jour après jour, à ceux qui ne
le connaissent pas, qui est Dieu et ce qu’il fait ! Dans nos conversa-
tions de tous les jours, parlons de Dieu en tant que Créateur, Juge
et Sauveur !
Parlons aussi du vrai problème de l’homme : le péché. Ce n’est
peut-être pas la meilleure chose à faire que d’interpeller un col-
lègue près du distributeur de café en lui annonçant : « Sais-tu que
tu es un terrible pécheur, déjà condamné, et qui a besoin d’être
sauvé ? » Sinon, la seule chose dont il voudra être sauvé, c’est de
vous ! Beaucoup de non-chrétiens (peut-être même la plupart)
sont choqués quand nous parlons de leur besoin « d’être sauvés ».
Mais il ne faut pas pour autant cacher la réalité du péché. Parlons
humblement du sérieux du péché dans notre vie ; mais aussi dans
notre monde où règnent la méchanceté, la souffrance, la maladie,
la douleur et la mort.
Puis, parlons clairement et avec beaucoup de compassion de la
personne et de l’œuvre de Jésus, chaque jour. Parlons de sa vie – ses
guérisons, ses enseignements, ses miracles, son service. Parlons de
sa mort. Les gens qui nous entourent savent-ils à quel point nous
sommes reconnaissants pour la croix de Christ ? Et proclamons sa
résurrection ! Nous sommes chrétiens, alors parlons des difficul-
tés de la vie avec une espérance profonde et une joie surnaturelle !
Chacune de nos épreuves – peu importe à quel point elle peut être
pénible – est une occasion de diriger les regards de ceux qui nous
entourent vers Dieu. Lui seul donne cette satisfaction profonde
qui surpasse toute notre souffrance. Nous parlons du cancer avec
confiance et de la mort avec plaisir : nous savons que vivre c’est
Christ, et mourir est un gain.
De quoi de plus important pourrions-nous bavarder ? Nous
parlons tous les jours de météo, de nourriture et de sport ; même
avec ceux qui ne connaissent pas Jésus. Et si nous leur parlions de
ce qui a une valeur éternelle ? Que pourrions-nous faire de mieux ?
Que pourrions-nous faire aujourd’hui de plus important que de
parler aux autres de l’amour du Dieu de l’univers ; et de son désir
qu’ils le connaissent et soient sauvés de leurs péchés pour toujours ?
Et que pourrait-il y avoir de plus passionnant que de voir, juste sous

180
Une vision de ce qui devient possible

nos yeux, une personne transformée pour l’éternité, alors qu’elle


se détourne de ses péchés et place sa confiance en Christ comme
son Sauveur ? Sa vie (et celle de beaucoup d’autres qui croiseront
son chemin à l’avenir) sera complètement différente pour des mil-
liards d’années (et même plus) ! Grâce à ce que vous et moi avons
la possibilité de dire aujourd’hui.
Nous communiquons chaque jour par email, Facebook, Tweeter
et SMS avec des gens qui vont passer l’éternité soit au ciel, soit
en enfer. La vie est trop courte pour la gaspiller en conversations
banales alors que de lourdes réalités éternelles sont en jeu. Tout
comme vous et moi n’avons aucune certitude d’être encore en vie
ce soir, les gens qui nous entourent n’ont pas l’assurance de se lever
demain. Alors, ayons la volonté d’intégrer délibérément les filés
d’Évangile dans le tissu de chacune de nos conversations, même
les plus ordinaires ! Cela ne sera pas toujours facile. Mais l’éternité
de ces gens est en jeu !

Prière et salut
Et allons plus loin ! Cherchons des occasions pour inviter les
gens à se détourner de leurs péchés et d’eux-mêmes afin de pla-
cer leur confiance en Jésus comme Seigneur et Sauveur. Nous ne
sommes pas seulement là pour que les gens entendent l’Évangile ;
nous désirons de tout notre cœur voir des gens qui répondent à
l’Évangile ! Appeler les gens à se repentir et à croire peut paraître
osé et vous rendre mal à l’aise. Mais que ce soit quelque part au
Moyen-Orient, ou dans votre bureau au travail, c’est incontestable :
ce genre d’appel est profondément biblique.
Rappelez-vous toutefois que notre objectif n’est pas juste de
réussir à faire répéter une prière aux gens. Même si la prière est
une réponse biblique et appropriée à l’Évangile. L’apôtre Paul l’a
écrit : « Toute personne qui fera appel au nom du Seigneur sera
sauvée » (Romains 10 : 13). En se basant sur ce verset (et d’autres
semblables), des chrétiens ont créé différentes versions de ce qu’on
appelle souvent la « prière de repentance » et ils encouragent les gens
à la répéter après eux, afin d’être sauvés. Ce genre de prière n’est
pas mauvais en soi et a été utilisé par de nombreuses personnes au
moment de leur conversion. Beaucoup de prédicateurs – comme

181
SUIS-MOI

Billy Graham ou Louis Palau – se sont servis d’une telle prière


pour conduire de nombreuses personnes à Christ. N’oublions pas
cependant que notre objectif n’est pas d’appeler les gens à réciter
une prière. Nous les appelons à perdre leur vie pour en trouver une
nouvelle en Christ.
Sur cette question de la « prière de repentance », je pense que
nous devons être clairs et prudents. Après tout, aucune prière de ce
genre – telle que nous la concevons aujourd’hui – n’est mentionnée
dans les Écritures, ni même dans l’histoire de l’Église. À aucun
endroit, nous pouvons lire quelque chose du genre : « Et maintenant,
courbez la tête, fermez les yeux et répétez après moi » suivi d’une
certaine « prière de repentance ».
En effet, cette prière risque d’être considérée comme une simple
formule magique. Je rencontre constamment des personnes à la
recherche de cases à cocher afin d’être en règle avec Dieu et obtenir
leur passeport pour l’éternité. Mais il n’y a pas de case à cocher !
Nous ne sommes sauvés que par la grâce, uniquement au moyen
de la foi en Christ seul. Cette foi qui sauve est anti-œuvres (cf.
Éphésiens 2 : 9 : « pas par les œuvres, afin que personne ne puisse
se vanter »). Veillons donc attentivement à ne jamais transmettre
l’idée que nos actions (ou nos paroles) peuvent nous procurer le
salut devant Dieu.
J’ai aussi pu souvent constater des abus dans l’utilisation de
cette « prière de repentance ». Les gens la récitent sans aucune
compréhension réelle de l’Évangile. Ou ils la redisent, encore et
encore, afin d’être bien sûrs que leur salut est verrouillé. D’autres
font cette prière sans avoir aucune idée de ce qu’il en coûte de suivre
Christ. J’ai vécu cela personnellement. Plusieurs fois, à l’enfance et à
l’adolescence, je me suis demandé si j’étais vraiment sauvé. Allongé
sur mon lit, je me disais : Bon, si je récite encore cette prière… en y
pensant vraiment cette fois, alors je saurai que je suis sauvé. Oui, j’ai
moi-même constaté bien des abus dans l’utilisation de cette « prière
de repentance ». Dans des contextes très différents, dans mon pays
et à l’étranger ; parmi les enfants, les jeunes, les adultes. Des per-
sonnes sont invitées à « réciter la prière » et à « lever la main » alors
que, malgré de bonnes intentions, tout ce qui est dit est centré sur
l’être humain et non sur Dieu. Cela frise souvent la manipulation.

182
Une vision de ce qui devient possible

En tant que pasteur, j’ai vu les conséquences de ce genre d’abus


chez de nombreuses personnes qui avaient un jour prononcé une
telle « prière de repentance ». Plus tard dans leurs vies, elles se sont
rendu compte qu’elles n’étaient pas sauvées.
En fin de compte, cette prière devient souvent, pour beau-
coup, le fondement malsain d’une certaine assurance de salut.
Des hommes, des femmes, des ados, des enfants ont souvent été
rassurés de cette manière : « Si tu as dit cette prière, alors tu peux
être certain d’être sauvé, à tout jamais ! » Mais une prière récitée
n’est pas la meilleure garantie du salut. Selon la Bible, l’assurance
du salut ne vient que de l’œuvre de Christ, et pas d’une quelconque
action de notre part. Objectivement, les chrétiens regardent dans le
passé à l’œuvre du Christ à la croix. Subjectivement, ils regardent
aujourd’hui son œuvre dans leur vie. Et en toute fin, ils gardent
constamment un œil sur ses promesses inébranlables concernant
leur avenir30. L’assurance de notre salut ne se trouve ni dans une
prière, ni dans une décision prise il y a X années de cela. L’assurance
de notre salut se découvre en plaçant notre confiance dans le sacri-
fice de Christ pour nous, en expérimentant au quotidien la présence
de son Esprit en nous, en obéissant au commandements que le
Christ nous a laissés, et en manifestant son amour tout autour de
nous. Il serait sage de notre part de ne pas distribuer automatique-
ment de passeport pour l’éternité à ceux dont la vie ne porte pas le
fruit de la foi, de la repentance, de l’obéissance et de l’amour selon
la Parole de Dieu.
Ceci dit, j’aimerais redire que la prière est une réponse juste et
biblique à l’Évangile. Il ne suffit pas d’annoncer l’Évangile, il faut
aussi inviter les gens à demander à Dieu de les sauver. Mais il n’est
pas nécessaire de leur souffler ce qu’ils devraient dire pour être
sauvé. D’ailleurs, d’une certaine manière, pour les raisons citées
précédemment, ce n’est pas bon de le faire. Suite à une présentation
claire et complète de l’Évangile, si des personnes découvrent qui
Dieu est, ce qu’est le péché, qui est Jésus et ce qu’il a fait pour nous,
elles seront peut-être prêtes à se repentir et à croire à Jésus (à se
détourner de leurs péchés et à placer leur confiance en lui comme
Seigneur et Sauveur). Elles n’ont pas alors besoin de réciter certains
mots ou certaines phrases ! Leur cœur a été éveillé à l’Évangile par
l’Esprit de Dieu. Et celui-ci les rend plus que capables de se repentir,

183
SUIS-MOI

de croire en lui et réclamer sa miséricorde, en se soumettant à sa


majesté. Alors, oui, encouragez-les à le faire ! Mais sentez-vous aussi
libre de les laisser seules avec Dieu ! C’est parfois mieux ainsi. Cela
peut vous éviter de manipuler – inconsciemment ou involontaire-
ment – des circonstances, des situations, ou une décision. Quand
vous invitez quelqu’un à se soumettre à Christ, faites confiance au
Saint-Esprit pour amener cette personne au salut.
Et puis, c’est peut-être le plus important de tout, quand
quelqu’un se repent et place sa confiance en Christ, soyez prêts
à accompagner ce nouveau disciple de Jésus ! Rappelez-vous que
notre objectif n’est pas de compter les conversions. Notre objectif,
c’est de faire des disciples.

Digne d’être imité


Faire des disciples, c’est bien davantage que conduire des
gens à placer leur confiance en Christ. Faire des disciples, c’est
les enseigner à suivre Christ. Cela implique que nous devons
montrer, particulièrement aux nouveaux chrétiens, à quoi res-
semble la vie de Jésus mise en pratique. Souvenez-vous comment
les conversations de Marc, Kim et Robert à propos de l’Évangile
étaient toujours accompagnées d’actes concrets, illustrations
du caractère de Dieu dans leur vie. Les gens qui nous entourent
n’ont pas seulement besoin de nous entendre parler de Christ, ils
veulent le voir en nous !
Ce que Paul a écrit aux nouveaux frères et sœurs à Thessalonique
le dépeint clairement : « Notre Évangile ne vous a pas été prêché en
paroles seulement, mais avec puissance, avec l’Esprit saint et avec
une pleine conviction. Vous savez en effet comment nous nous
sommes comportés parmi vous à cause de vous. Vous-mêmes, vous
êtes devenus nos imitateurs et ceux du Seigneur en accueillant la
parole au milieu de grandes difficultés, avec la joie du Saint-Esprit »
(1 Thessaloniciens 1 : 5-6). Paul, Silas et Timothée avaient raconté
la puissance de l’Évangile tout en en démontrant les effets dans
leur vie. Pour partager l’Évangile avec les hommes et les femmes
de Thessalonique, ils menaient intentionnellement une vie digne
d’être imitée. Et quand les Thessaloniciens sont venus à Christ, ils
ont suivi l’exemple donné par ces trois frères.

184
Une vision de ce qui devient possible

C’est aussi ça, faire des disciples ! Nous devons, vous et moi,
mener intentionnellement une vie digne d’imitation ! À la maison
comme au travail ; dans notre famille et avec nos amis. En tant
que conjoints, parents ou enfants. Patrons ou employés. En tant
qu’enseignants ou entraîneurs, avocats ou médecins ; concierges,
consultants, serveurs, vendeurs ou comptables. En reproduisant le
caractère du Christ, en annonçant la vérité du Christ et en mani-
festant l’amour du Christ, nous honorons l’Évangile du Christ aux
yeux de tous ceux qui sont en train de devenir ses disciples.
Qui plus est, nous enseignons aux gens à obéir aux comman-
dements de Christ. D’aucuns diront : « N’est-ce pas le travail des
prédicateurs ? » Ils n’ont pas tout à fait tort ! Dieu a clairement
appelé certains dans l’Église à enseigner sa Parole de manière
formelle X, et leur a donné les capacités de le faire. En même temps,
il a ordonné à tous les chrétiens d’enseigner sa Parole de manière
relationnelle.
Dans son grand ordre de mission de Matthieu 28, Jésus dit à
tous ses disciples d’aller, de baptiser et d’enseigner aux gens à obéir
à tout ce qu’il leur a prescrit. Ce type d’enseignement ne nécessite
ni don particulier ni cadre spécifique. Il peut avoir lieu partout :
à la maison, dans le voisinage, au travail, en voiture, lors de réu-
nions ou de repas. Là où, tous les jours, nous vivons, travaillons,
nous reposons. En Deutéronome, l’Éternel s’était adressé ainsi aux
parents : « Tu les répéteras à tes enfants ; tu en parleras quand tu
seras chez toi, quand tu seras en voyage, quand tu te coucheras et
quand tu te lèveras. Tu les attacheras à tes mains comme un signe
et ils seront comme une marque entre tes yeux. Tu les écriras sur
les montants de la porte de ta maison et sur les portes de tes villes »
(Deutéronome 6 : 7-9). Voici à quoi ressemble l’Église de Christ
décrite dans les Écritures : un groupe de personnes qui partagent
la même foi et dont les conversations sont imprégnées de la Parole
de Dieu, chez eux, au travail et partout où ils sont.

Toutes les nations


En tant que disciples de Jésus, tout comme Marc, Kim et Robert,
nous partageons, montrons et enseignons la Parole de Dieu. C’est
X
1 Timothée 3 : 2 ; 5 : 17 ; Jacques 3 : 1

185
SUIS-MOI

cela « faire des disciples ». Jésus nous a demandé de le faire dans


toutes les nations. L’expression employée pour « toutes les nations »
(en Matthieu 28 : 19) est panta ta ethnê, ce qui signifie littéralement
« toutes les ethnies », ou « tous les peuples ».
Beaucoup de gens comprennent mal ce verset, pensant aux
nations telles que nous les concevons aujourd’hui. Jésus ne fait pas
référence aux quelque deux-cents nations géopolitiques actuelles. Il
est clair qu’il ne parlait ni des États-Unis ni de la France, puisque ni
l’un ni l’autre n’existait au premier siècle ! Il parlait des familles, des
tribus et des clans, communément appelés ethnies. Des spécialistes
bibliques, anthropologiques et missiologiques ont étudié les ethnies
représentées dans le monde aujourd’hui ; ils en ont identifié plus de
onze mille. Onze mille groupes de personnes partageant une langue
et une culture. Beaucoup d’entre elles se côtoient dans un même
pays. En Inde par exemple, ou dans une ville comme New York,
plusieurs ethnies, avec chacune sa langue et ses caractéristiques
culturelles, vivent les unes à côté des autres.
La Bible se termine sur cette image : des hommes et des femmes
de chacune de ces ethnies se tiennent autour du trône de Christ et
chantent des louanges à Dieu. Le livre de l’Apocalypse décrit « une
foule immense que personne ne pouvait compter. C’étaient des
hommes de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute
langue. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’Agneau,
habillés de robes blanches, des feuilles de palmiers à la main, et ils
criaient d’une voix forte : “Le salut est à notre Dieu qui est assis sur
le trône et à l’Agneau” » (Apocalypse 7 : 9-10). Dans ce même livre,
nous lisons que Jésus est mort pour racheter des hommes « pour
Dieu […] de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute
nation » (Apocalypse 5 : 9).
Le dessein éternel de Dieu est clairement de sauver, par Christ,
des gens de toute ethnie (ethnê). C’est donc tout naturellement que
Jésus ordonne à ses disciples d’aller et de faire des disciples parmi
toutes les ethnies (ethnê). Jésus nous a ordonné, à nous ses disciples,
de faire des disciples dans toutes les ethnies de la planète.
Vous vous demandez peut-être à quel point nous avons réussi
à atteindre cet objectif aujourd’hui ? Eh bien, sur les quelque onze-
mille ethnies représentées dans le monde aujourd’hui, plus de six

186
Une vision de ce qui devient possible

mille sont toujours classées comme « non atteintes » par l’Évangile.


Techniquement, être « non atteint » signifie compter moins de deux
pour cent de chrétiens évangéliques. Vivre dans un tel « peuple non
atteint » signifie que vous n’avez que peu, voire pas du tout accès à
l’Évangile ; il est très probable que vous êtes né, que vous vivez et
que vous mourrez sans jamais entendre que Christ peut vous sauver
de vos péchés. Plus de six mille ethnies, soit environ deux milliards
de personnes sur la planète, sont classées « peuple non atteint ».
Les disciples de Jésus ne peuvent pas accepter cela ! Notre
Sauveur nous a ordonné de faire des disciples dans chaque ethnie ;
nous n’avons pas d’autre choix que d’obéir. Mais ce choix nous
convient ! Nous qui avons reçu la vie de Christ en nous, nous dési-
rons ardemment partager son amour.

Prier, donner, aller


Alors, nous prions. Nous le supplions : « “Notre Père qui es
aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne ; que
ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel” (Matthieu 6 : 9-10).
Que ton nom soit loué et que ton royaume se répande parmi tous
les peuples de la terre ! ». Prions pour de nouveaux chrétiens et une
multiplication des Églises parmi les Arabes saoudiens et les Turcs
iraniens ; parmi les Lohars d’Asie du Sud, les Somalis d’Afrique
du Nord et les Brahmanes d’Inde. Et parmi les quelque six-mille
autres ethnies !
Nous prions, et nous donnons. Selon une étude récente, les
chrétiens d’Amérique du Nord donneraient en moyenne 2,5 % de
leurs revenus à leur Église locale (cette estimation me semble bien
généreuse, mais admettons que ce soit vrai31). Et ces Églises uti-
lisent en moyenne 2 % de ces dons pour la diffusion de l’Évangile à
l’étranger. Autrement dit, quand un chrétien d’Amérique du Nord
gagne l’équivalent de cent euros, il donne – par l’intermédiaire de
son Église locale – cinq centimes pour les besoins de la mission
dans le monde !
Cela ne devrait pas se passer ainsi parmi ceux qui suivent
véritablement Jésus ! Nous n’avons pas seulement été sauvés de nos
péchés, nous avons aussi reçu de grandes richesses matérielles. Pour

187
SUIS-MOI

reprendre les mots de Steve Corbett et Brian Fikkert : « Les ensei-


gnements de la Bible devraient atteindre les chrétiens d’Amérique
du Nord au plus profond de leur cœur. Nous sommes en effet les
personnes les plus riches de toute la planète32 ».
Et pourquoi sommes-nous si riches ? La réponse se trouve
dans les Psaumes : « La terre donne ses produits ; Dieu, notre Dieu,
nous bénit […] et toutes les extrémités de la terre le craignent »
(Psaumes 67 : 7-8). Dieu accorde des richesses matérielles à son
peuple dans un but bien précis : afin que Dieu soit adoré à travers
le monde entier. Les disciples de Jésus vivent dans la simplicité
afin de donner généreusement, car ils préfèrent voir la gloire de
Christ se répandre à travers toutes les nations de la terre, plutôt
que de vivre dans plus de confort, avec davantage de biens maté-
riels, ou même dans le luxe.
Nous prions, nous donnons et nous partons. Nous partons de
plusieurs manières, en empruntant différents chemins, pour aller
vers divers peuples. Certains partent pour une semaine ou deux,
pour aller donner un coup de main à des faiseurs de disciples à long
terme, pour s’impliquer dans différents programmes de formation
de disciples à travers le monde entier. Dans mon église, presque
chaque semaine des équipes de frères et sœurs quittent notre
assemblée pour aller annoncer et manifester l’amour de Christ à
différentes ethnies du monde entier.
L’une de ces équipes est récemment rentrée de la plus grosse île
non atteinte par l’Évangile au monde. Presque cinquante ethnies
différentes y vivent, et quasiment aucune n’a d’Église. Là-bas, des
millions de gens n’ont jamais rencontré un seul chrétien dans leur
vie, jamais entendu parler de Jésus.
Nous y avons donc envoyé une équipe qui a travaillé aux côtés
des quelques rares chrétiens de l’île. Ils se sont rendus ensemble,
à pied, avec quelques interprètes, dans quelques villages perdus,
jamais évangélisés. Tout en marchant, ils priaient, demandant à
Dieu de faire ce qu’il avait fait dans la vie de Lydie : ouvrir le cœur
d’une personne pour qu’elle croie (Actes 16 : 11-15). Et il l’a fait !
Cette équipe a annoncé l’Évangile à une famille. C’était la première
fois qu’ils entendaient parler de Christ ! Et cette famille a placé sa
confiance en Christ. Depuis, les chrétiens de cette île font un tra-

188
Une vision de ce qui devient possible

vail de suite et une Église est née dans le village de cette famille.
Les membres de notre équipe sont revenus tout joyeux d’avoir pu
conduire à la foi en Christ les premiers croyants d’une nouvelle
ethnie ! Quel privilège !
En s’impliquant ainsi dans le plan de Dieu pour le monde, nous
ne nous arrêterons pas là. Partons pour plus longtemps – deux
mois, deux ans – comme le Seigneur nous conduit ! Envoyons de
toutes nos Églises des disciples de Jésus un peu partout dans le
monde. Des jeunes qui viennent de finir le lycée, des étudiants, des
jeunes diplômés, des jeunes retraités… Notre Église le fait plusieurs
fois par an.
Certains partent pour une ou deux semaines, d’autres pour
un an ou deux ; beaucoup partent pour le long terme. Les disciples
de Jésus se laissent guider par l’Esprit ; et ils font leurs bagages,
vendent leurs biens et partent vivre à l’autre bout du monde parmi
des peuples « non atteints ». Certains sont pasteurs ou mission-
naires, formés spécialement pour ce ministère, et c’est très bien.
Mais je suis persuadé que d’autres secteurs d’activité peuvent en
bénéficier. Il existe de larges potentiels inexploités de forces vives
parmi les disciples de Jésus ; les chrétiens ont une magnifique
occasion à saisir pour « atteindre » le monde entier en postulant
à l’étranger.
Dieu nous a donné accès à l’éducation, à la formation et au
développement des compétences dans de nombreux domaines
(médecine, affaires, sport, enseignement, ingénierie). Toutes ces
qualifications peuvent être utiles un peu partout dans le monde.
Que se passerait-il si les disciples de Jésus cessaient de penser qu’ils
doivent obligatoirement vivre et travailler dans leur propre pays ?
Et s’ils se mettaient à chercher délibérément un travail parmi
les « nations » du monde entier ? Et si les jeunes de nos Églises
étudiaient avec l’objectif d’exercer leur métier parmi les peuples
« non atteints » ? Et si ces jeunes partaient tout simplement étudier
à l’étranger afin de faire des disciples dans des régions non encore
atteintes par l’Évangile ? Et si les chefs d’entreprise cherchaient,
par leurs activités, à « atteindre » de nouvelles ethnies ? Et enfin, si
les disciples de Jésus quittaient leur travail, dans les lieux les plus

189
SUIS-MOI

christianisés de la planète, afin de rechercher un emploi dans un


endroit où peu de chrétiens vivent ?
Jean est homme d’affaires et Alicia, son épouse, professeur des
écoles. Ils sont membres de notre Église. Ils ont compris combien
Dieu aspire à voir sa gloire éclater parmi toutes les nations. Alors un
jour, ils se sont dits : « Et si, plutôt que de le faire ici, nous exercions
nos métiers parmi des gens qui n’ont aucun accès à l’Évangile ? »
Cette démarche leur a paru comme une évidence. Ils ont donc
déménagé en Asie. Ils font désormais des disciples au sein d’un
peuple « non atteint » en exerçant leurs métiers d’homme d’affaires
et de professeur.
Que se passera-t-il si, un jour (ou… quand, un jour), des mul-
titudes de chrétiens-faiseurs de disciples comprennent (compren-
dront) enfin combien Dieu aspire à voir sa gloire éclater parmi tous
les peuples ? C’était l’essence même du mouvement morave, des
siècles avant l’arrivée de l’ère technologique et de la mondialisation.
Un croyant morave sur soixante a quitté son pays pour répandre
l’Évangile parmi les nations du monde entier. Ils subvenaient eux-
mêmes à leurs besoins en exerçant divers métiers tout en faisant
des disciples dans de nombreux pays.
Un historien a écrit : « La contribution principale des Moraves
a été de mettre l’accent sur le fait que tout chrétien est un mission-
naire ; et qu’il doit témoigner à travers ses activités ordinaires de
chaque jour. Si l’exemple des Moraves avait été étudié plus atten-
tivement par les autres chrétiens, les hommes d’affaires auraient
conservé une place de choix au cœur du mouvement missionnaire
mondial33 ». Grâce à cette mobilisation massive d’hommes et de
femmes ordinaires, les Moraves ont envoyé dans le monde plus de
missionnaires en une vingtaine d’années que tous les protestants
réunis au cours des deux siècles précédents.
Serait-ce possible d’imaginer une telle mobilisation au-
jourd’hui ? Si nous reconnaissons réellement que chaque disciple
est lui-même un faiseur de disciples, et si nous comprenons que
Jésus nous a effectivement ordonné de faire des disciples parmi
toutes les ethnies de la terre… ne pourrions-nous pas faire exploser
le nombre de chrétiens qui quittent nos Églises pour s’en aller de
par le monde ? Tant que nous nous contentons d’envoyer unique-

190
Une vision de ce qui devient possible

ment à l’étranger des « professionnels », pasteurs ou missionnaires,


l’Évangile continuera à se répandre parmi les peuples non atteints,
mais lentement. Mais que se passerait-il le jour où des étudiants,
des célibataires, des couples, des familles, des retraités s’éparpille-
ront à travers les nations du monde afin que la gloire de Dieu y soit
connue ? Avec leurs dons, leurs compétences, leurs passions et leur
formation ! Pourrions-nous alors voir le grand ordre de mission de
Matthieu 28 (faire des disciples et multiplier les Églises dans toutes
les nations) se réaliser sous nos yeux, dans notre génération ?

Et si nous le faisions, vraiment ?


Ne sous-estimez jamais l’impact généré par un groupe de dis-
ciples qui font des disciples ! Je suis en train de finaliser l’écriture
de ce chapitre en Inde. Je viens juste de passer un moment avec
deux frères en Christ, Anil et Hari, et avec leurs familles. Ils vivent
dans l’un des endroits les plus misérables du monde, autant d’un
point de vue matériel que spirituel. C’est dans leur région que vivent
les Indiens les plus pauvres de leur pays : cinq mille personnes en
moyenne y meurent chaque jour. Anil et Hari estiment à environ
0,1 % la population chrétienne évangélique dans cette région de
l’Inde. Cela signifie – selon les affirmations de la Parole de Dieu –
qu’environ 4 995 de leurs compatriotes sont précipités chaque jour
dans le tourment éternel.
Anil est directeur d’école et Hari éleveur de poulets. Ils aiment
leur travail ; mais leur véritable passion c’est d’annoncer l’Évangile
aux gens de leur entourage. Il y a trois ans, ils sont passés par un
temps de grand découragement. Face à une importante résistance
à l’Évangile, ils se demandaient si quelqu’un finirait par venir un
jour à Christ…
Et puis, Anil et Hari ont assisté à une conférence où, tout à
nouveau, ils ont été mis au défi de faire des disciples. Ils ont été
encouragés à trouver un village totalement « non atteint » (c’est-à-
dire sans aucune Église ni le moindre chrétien) et à le traverser en
annonçant à toute personne rencontrée : « Nous sommes ici au nom
de Jésus, et nous voudrions prier pour vous et pour votre maison ».
Sur le coup, Anil et Hari pensaient que c’était plutôt de la folie et

191
SUIS-MOI

que cela ne marcherait jamais ; mais comme ils étaient découragés


et à court d’idées, ils ont tout de même décidé d’essayer.
Dans le premier village, un homme s’est approché d’eux. Anil
a commencé à dire ce qu’il avait prévu dire :
— Je suis ici au nom de Jésus…
L’homme l’a tout de suite interrompu :
— Jésus ? J’en ai un peu entendu parler. Pouvez-vous m’en dire
plus ?
Anil était bouleversé. Il a regardé Hari, puis s’est retourné vers
l’homme :
— Cela nous ferait très plaisir !
— Très bien, alors, attendez un instant. Je vais aller chercher ma
famille et quelques amis pour qu’ils entendent eux aussi.
Anil et Hari, abasourdis, sont entrés dans la maison de cet
homme. En quelques minutes, plusieurs villageois les avaient re-
joints. Anil et Hari ont annoncé l’Évangile, et les gens du village leur
ont dit qu’ils voulaient en savoir davantage. En quelques semaines,
vingt d’entre eux sont devenus des disciples de Jésus.
Mais l’histoire ne se termine pas là. Anil et Hari ont encou-
ragé ces vingt personnes à trouver des villages où ils pourraient
faire ce qu’eux-mêmes avaient fait. Cet enseignant et cet éleveur
de poulets avaient pris le temps de faire des disciples parmi une
poignée de villageois qui, à leur tour, se sont rendus dans d’autres
villages pour y faire eux aussi des disciples, qui, à leur tour, se
sont rendus dans d’autres villages pour y faire des disciples…
Résultat : depuis ce jour, il y a trois ans, environ 350 Églises ont
été implantées ! Dans 350 villages qui n’avaient jamais entendu le
message de l’Évangile !
Qui pourrait imaginer ce qui se passerait si tous les chrétiens
commençaient à faire des disciples ? Dans un esprit de prière,
humblement, simplement, intentionnellement. Et si chacun d’entre
nous, suiveurs du Christ, devenait réellement pêcheur d’hommes ?
C’est la méthode que Dieu a imaginée pour répandre sa grâce

192
Une vision de ce qui devient possible

infinie jusqu’aux extrémités de la terre ; pour sa gloire. Et c’est à ce


style de vie que Dieu appelle chacun de ses enfants : afin que nous
nous délections de sa grâce alors que nous propageons sa gloire à
travers toutes les ethnies de la terre.

193
CHAPITRE NEUF

Nés pour se multiplier

Un des livres qui a le plus impacté ma vie, c’est le livre


de Dawson Trotman : Born to reproduce [Nés pour se multiplier].
Alors que j’étais étudiant, un homme que je connaissais à peine
m’a un jour interpellé dans une librairie chrétienne. Il m’a tendu
un petit livret en me disant : « Tu dois lire ça ». Je l’ai lu, et ça a
transformé ma vie.
En seulement quelques pages, Dawson Trotman démontre que
« chaque personne née dans la famille de Dieu doit se multiplier ».
Il constate néanmoins que la plupart des chrétiens ne se multi-
plient pas, et il le déplore : « Vous rencontrez, dans n’importe quel
rassemblement de chrétiens, des hommes et des femmes qui sont
chrétiens depuis cinq, dix, vingt ans… mais qui sont incapables
de vous donner le nom d’une seule personne qui, grâce à eux, vit
aujourd’hui pour Jésus-Christ34 ». C’est pour l’auteur un véritable
problème. C’est selon lui la raison pour laquelle l’Évangile n’a pas
encore atteint toutes les nations du monde.
En revanche, « au premier siècle – sans radio ni télévision ni im-
primerie – l’Évangile s’est répandu à tout le monde connu d’alors ;
parce que [l’Église primitive] produisait [des chrétiens] qui se

195
SUIS-MOI

multipliaient ». Dawson Trotman se sert de l’exemple de la famille.


Un couple se reproduit naturellement pour avoir des enfants dans
le contexte du mariage, et Trotman d’affirmer que « chaque enfant
[de Dieu] doit devenir un “reproducteur” 35 ».
J’ai mieux compris cette illustration quelques années plus tard.
Je vous ai déjà raconté notre merveilleuse aventure de l’adoption
de Caleb. Cette adoption a été précédée de bien des jours sombres
et difficiles. Pendant des années, ma femme et moi avions espéré
avoir des enfants biologiques. Finalement, convaincus que cela ne se
produirait jamais, nous avons entamé des démarches pour l’adop-
tion de Caleb. Deux semaines après notre retour du Kazakhstan,
je suis rentré à la maison un soir tard. Heather était encore debout ;
c’était inhabituel.
— Est-ce que tout va bien ? lui ai-je demandé.
— Assieds-toi, m’a-t-elle répondu.
Inquiet, je me suis assis à côté d’elle sur le canapé. Elle m’a
regardé et a prononcé trois mots incroyables :
— Je suis enceinte.
J’étais sans voix. Après des années et des années d’espoirs
déçus, nous ne pensions plus que cela puisse nous arriver ; c’était
totalement imprévu ! Quelque neuf mois plus tard, Heather m’a
réveillé au beau milieu de la nuit :
— C’est sans doute une fausse alerte, mais je pense que nous
devrions aller à l’hôpital.
C’était une froide nuit de décembre. À l’hôpital, on nous a
dit qu’il n’y avait pas de place pour nous ! Là, je me suis dit : C’est
normal, à cette époque de l’année ! Noël, un bébé, pas de place…
Eh bien… Peut-être devrions-nous partir à la recherche d’une étable
avec une mangeoire ?
Le personnel de l’hôpital a donc commencé par nous installer
dans un débarras. Quelques heures plus tard, nous avons enfin
pu être déplacés dans une vraie chambre. Mais mon stress était
plus fort que mon enthousiasme. Pour faire court : je ne suis pas
un grand fan des hôpitaux. Et voir du sang, c’est pas mon truc !

196
Nés pour se multiplier

Heather le sait ; aussi, ce que j’ai entendu un peu plus tard ne m’a
guère surpris.
La sage-femme parlait à Heather :
— Le médecin qui va vous accoucher permet aux maris de
participer à l’accouchement, s’ils le souhaitent.
Heather, en riant :
— Mon mari ne ferait jamais ça !
Mon orgueil avait pris un sacré coup ! Mais là, j’avais une
chance de montrer à ma femme de quoi j’étais capable. Sans vrai-
ment penser à ce que je disais, j’ai lancé :
— J’aimerais beaucoup participer à l’accouchement.
Heather m’a regardé avec un grand sourire :
— Tu ferais vraiment ça ?
— Oui… bien sûr, ai-je balbutié. Qui ne voudrait pas assister à
la naissance de son bébé ?
La sage-femme a tout de suite tout mis en œuvre pour préparer
l’accouchement. Heather, toujours souriante, s’était installée dans
son lit. Et moi, je suais à grosses gouttes ! Qu’est-ce qui m’a pris ? Je
ne supporte pas la vue du sang ; je me sens mal rien que de me trou-
ver dans cette pièce. Et je me suis porté volontaire pour participer à
l’accouchement de mon enfant ?
Il me fallait trouver un truc ! Alors j’ai décidé d’aborder cette
expérience comme si c’était un voyage missionnaire. À l’étranger,
vous faites des choses inhabituelles : vous mangez des choses que
vous ne mangez pas habituellement, et vous buvez des choses que
vous ne buvez pas habituellement. À Rome, fais comme les Romains.
Donc à l’hôpital, fais comme les médecins !
De plus, tu as un doctorat, me suis-je rassuré. Bon, d’accord, pas
en médecine, mais en théologie ! Mais quelle différence ? En fin de
compte, un docteur, c’est un docteur !
Je faisais les cent pas en attendant le vrai docteur. Enfin, il est
arrivé. Pendant que j’enfilais une blouse et des gants, il m’a pris
à part et m’a expliqué comment les choses allaient se passer. Il a

197
SUIS-MOI

employé tout un jargon médical auquel je n’ai rien compris. Puis


il m’a demandé :
— Vous avez compris ?
J’ai répondu sans hésitation :
— Bien sûr, docteur !
Mais la réalité, c’était que j’étais mort de peur ! J’en étais malade.
Je vous passe les détails… Quelques minutes se sont écoulées
et il m’a donné le signal ! Je devais me baisser et placer ma main
gauche sous la droite. Je me sentais un peu comme un joueur de
football américain. Avec une sage-femme à ma droite et une autre
sur ma gauche, j’étais prêt : j’attendais qu’on me passe le ballon.
Tout à coup, une petite tête est sortie, et le temps s’est arrêté.
J’ai attrapé Joshua, un enfant pour lequel nous avions prié pendant
des années, et je l’ai posé sur le ventre de ma femme chérie. Caleb,
notre fils aîné, attendait dans la pièce à côté. Nous n’aurions pas pu
inventer un tel scénario, c’est clair. Seul Dieu, dans sa grâce créative
et sa sagesse souveraine, aurait pu imaginer une telle histoire. Et
le scénario s’est corsé davantage encore depuis ! Quelques années
plus tard, nous avons adopté notre fille Mara Ruth en Chine. Et…
devinez ce qui s’est passé trois mois plus tard ! À notre grande sur-
prise, Heather était à nouveau enceinte !
Toutes ces années de stérilité ont été pour Heather et moi des
années de souffrances et de douleur. Nous désirions tellement avoir
des enfants. Mais, mois après mois, nos espoirs étaient déçus. Nous
savions qu’un problème physique empêchait cette bénédiction et
cela nous frustrait continuellement.
Mais le Seigneur s’est servi de cela pour m’apprendre quelque
chose à propos de la vie chrétienne. Dieu a « programmé » ses
enfants pour qu’ils se multiplient spirituellement. Il a tissé dans
l’ADN de chaque chrétien le désir et la capacité de se multiplier.
De la même manière qu’un couple désire ardemment la naissance
naturelle d’un bébé, chaque chrétien désire ardemment le salut sur-
naturel des pécheurs. Tous ceux qui connaissent l’amour de Christ
aspirent à multiplier la vie de Christ. Dieu forme, façonne et même
remplit de son Esprit les chrétiens, précisément dans cet objectif.

198
Nés pour se multiplier

Nous pouvons donc affirmer que, si la relation d’un chrétien


avec Christ n’engendre aucune multiplication, c’est que quelque
chose ne va pas dans sa vie spirituelle. Autrement dit : si un chrétien
ne conduit pas des hommes et des femmes à Christ, il y a quelque
chose qui ne va pas comme il faut.
Être un disciple de Jésus, c’est faire des disciples de Jésus.
Comme nous l’avons déjà vu, il en est ainsi depuis le premier
siècle, quand Jésus a invité quatre hommes à le suivre. Ses paroles
ont résonné dans tout ce livre : « Suivez-moi et je ferai de vous des
pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19). Au lieu de sillonner la mer
à la recherche de poissons, ces hommes iraient semer l’Évangile
sur toute la terre – ce qui est bien plus important. Ils sacrifieraient
leur vie, non pas simplement pour être des disciples de Jésus, mais
pour faire des disciples de Jésus. Et le plan de Dieu pour les disciples
du vingt-et-unième siècle est exactement identique. Jésus appelle
chacun de ses disciples à faire des disciples qui eux-mêmes feront
des disciples. Et ceci jusqu’à ce que toutes les ethnies de la terre
connaissent l’Évangile.
Mais quelque chose ne va pas. Mais alors, pas du tout. Quelque
part en chemin, nous avons perdu de vue ce que signifie être un
disciple de Jésus. Et nous avons mis de côté son ordre de faire des
disciples. Nous avons terriblement dilué ce que signifie « suivre
Jésus » et complètement ignoré le commandement de devenir des
pêcheurs d’hommes. Résultat : une mentalité de spectateur s’est
installée. Cette mentalité affecte notre volonté de faire des dis-
ciples, elle freine la diffusion de l’Évangile à travers le monde, et
contamine nos cœurs au point où nous ne savons plus du tout ce
que signifie être un chrétien aujourd’hui.

Un projet personnel pour faire des disciples


Ce livre n’est qu’une timide tentative d’attaquer un mal dont
souffre le christianisme contemporain. Des multitudes d’hommes
et de femmes prétendent, bien souvent à la légère ou à tort, être
chrétiens. J’ai donc examiné ce que signifie réellement « suivre
Jésus ». Devenir chrétien, c’est répondre à l’invitation pleine de
grâce de Dieu en Jésus-Christ. Être chrétien, c’est abandonner la
religion superficielle pour embrasser la régénération surnaturelle.

199
SUIS-MOI

Alors que nous nous mettons en route pour suivre le Christ, il


transforme nos pensées, nos désirs, notre volonté, nos relations et
notre raison de vivre. Chaque disciple de Jésus existe pour faire des
disciples de Jésus, là où ils se trouvent, et parmi toutes les ethnies
de la planète. Il n’existe pas de spectateur parmi eux. Nous sommes
tous nés pour nous multiplier.
Êtes-vous en train de vous multiplier ? Pour citer Dawson
Trotman : « Messieurs, où est votre homme ? Mesdames, où est votre
femme ? Où se trouve celui ou celle que vous avez conduit à Christ
et qui marche désormais avec lui ? […] Combien de personnes,
que vous avez gagnées à Christ et qui vivent maintenant pour lui,
pouvez-vous nommer aujourd’hui36 ? »
Je ne cherche pas à vous culpabiliser si vous ne pouvez pas
répondre à ces questions (ni de vous rendre orgueilleux si vous avez
une liste de noms à me donner) ! Mais je vous pose ces questions
afin que vous réfléchissiez à la façon dont la vie de Christ en vous
pourrait être multipliée au travers de vous de par le monde.
Peut-être faut-il commencer par vous poser cette première
question : Est-ce que je veux me multiplier ? Au plus profond de vous-
même, aspirez-vous à voir des gens venir à Christ grâce à vous ?
Si votre réponse n’est pas un oui franc et massif, examinez votre
cœur. Christ est-il en vous ? Croyez-vous sa Parole – cette Parole
qui affirme que seul Christ sauve les pécheurs ? Que Dieu seul est
digne d’être adoré ? Que tous ceux qui refusent la grâce de Dieu
en Christ passeront l’éternité en enfer ? Qu’est-ce qui est précieux à
vos yeux ? La joie de le connaître et le désir de le proclamer à votre
entourage ? Vous êtes-vous abandonné à sa volonté pour votre vie :
être son témoin dans le monde ?
Vivez-vous cela ? Sinon, peu importe votre décision d’il y a X
années et peu importe l’Église où vous vous êtes rendu la semaine
dernière : il se peut qu’en réalité, vous ne soyez pas chrétien ! Suivre
Christ, cela implique de porter ces fruits. Si vous n’avez pas ce désir
de vous multiplier, si vous n’aspirez pas à voir des gens venir à Christ
au travers de vous, alors « examinez-vous vous-même [s] pour sa-
voir si vous êtes dans la foi », selon les termes de 2 Corinthiens 13 : 5.
Christ est-il en vous ? S’il ne l’est pas (si votre cœur, vos pensées et
votre volonté n’ont pas été transformés par le pardon de vos péchés

200
Nés pour se multiplier

et le don de son Esprit), je vous en supplie : aujourd’hui, mourez au


péché et à vous-même, et trouvez la vie en Christ !
Si par contre vous avez envie de vous multiplier, en tant que
disciples de Jésus, et si vous aspirez à voir d’autres venir à Christ
au travers de votre vie, alors je vous invite à être intentionnel
et à progresser dans cette direction ! Chaque année, je remplis
moi-même ce que j’appelle un « Projet personnel pour faire des
disciples ». C’est ma façon de définir comment, par la grâce de
Dieu, je prévois suivre Christ de tout mon cœur et « pêcher des
hommes » pendant cette nouvelle année. Dans notre Église,
chaque responsable et chaque nouveau membre ébauchent un tel
projet. Ma prière, c’est que tous les membres de mon assemblée
mettent ainsi en place un projet intentionnel de suivre Jésus et de
devenir des pêcheurs d’hommes.
Alors que ce livre touche à sa fin, je vous invite donc, vous
aussi, à mettre en place un tel processus pour déterminer com-
ment vous allez concrètement suivre Jésus, et comment vous allez
partir à la pêche d’hommes et de femmes. Si tout ce que vous
retenez de la lecture de ce livre, c’est simplement une compréhen-
sion légèrement améliorée de ce que signifie « être un disciple de
Jésus », quel gaspillage ! Mais si – et c’est ma prière – à la lecture
de ce livre, vous avez bien mieux compris ce que signifie, pour
vous, de vivre en disciple de Jésus, et que cela vous pousse inexo-
rablement à devenir un faiseur de disciples, autour de vous, et à
travers le monde entier… alors ces quelques pages auront pour
vous une portée éternelle.
En tant que disciples de Jésus, voici six questions auxquelles je
vous invite à réfléchir. À la fin de cet ouvrage, des pages sont spé-
cialement conçues pour y écrire votre projet. Mais sentez-vous libre
de le rédiger sur le support de votre choix. Les questions principales
sont simples ; les questions supplémentaires vous aideront à mieux
saisir concrètement ce que veut dire suivre Jésus dans chacun de ces
différents domaines. Ces questions ne sont sans doute pas exhaus-
tives mais elles sont, je le crois, essentielles. Qu’elles vous aident à
comprendre ce que signifie réellement suivre le Christ. C’est mon
espoir, c’est ma prière.

201
SUIS-MOI

1. Comment vais-je remplir mes pensées de


la vérité ?
Suivre Jésus, c’est croire Jésus. Et pour le croire, il faut l’écouter.
Un disciple est un apprenti. Continuellement attentif aux paroles
de son Maître. Et transformé par son enseignement.
Nous devons donc veiller à remplir intentionnellement nos
pensées de sa vérité. L’apôtre Paul l’a dit ainsi : « Portez vos pensées
sur tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est
juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est digne d’être aimé, tout ce
qui mérite l’approbation, ce qui est synonyme de qualité morale
et ce qui est digne de louange » (Philippiens 4 : 8). En concentrant
nos pensées sur les choses qui plaisent à Dieu, nous nous proté-
geons de la manière de penser du monde. Et plus nous écoutons et
connaissons Christ au travers de sa Parole, plus nous l’aimerons et
l’honorerons dans le monde.
Prenez le temps de réfléchir à la manière dont vous veillerez à
intentionnellement remplir vos pensées de sa vérité. Posez-vous les
questions suivantes :
Comment vais-je lire la Parole de Dieu ? Vous allez peut-être
commencer par prévoir la lecture d’un chapitre par jour. Puis, ce
projet deviendra peut-être une lecture de deux, trois, quatre, ou
même plus, chapitres par jours. Vous pourriez utiliser éventuel-
lement un plan de lecture qui couvre toutes les Écritures sur une
certaine période37. La Bible étant la Parole de Dieu révélée à ses
enfants, chaque chrétien ne devrait-il pas la lire en entier ?
Comment vais-je mémoriser la Parole de Dieu ? Au cours
de votre lecture, cherchez des versets, des paragraphes ou même
des chapitres qui semblent tout particulièrement importants et
applicables à votre vie. Apprenez-les par cœur. Vous pourriez com-
mencer par un verset par semaine. Puis, alors que votre désir de
graver la Parole de Dieu dans votre cœur grandira, vous pourriez
en mémoriser davantage.
Comment vais-je grandir dans ma connaissance de la Parole
de Dieu grâce aux gens qui m’entourent ? Lire, étudier et com-
prendre la Bible ne sont pas que des projets individuels : ce sont aussi
des actions communautaires. Comme nous l’avons vu au chapitre

202
Nés pour se multiplier

sept, nous avons tous besoin de pasteurs (y compris moi-même


en tant que pasteur !) pour nous enseigner fidèlement la Parole de
Dieu. Et de frères et sœurs pour nous encourager constamment avec
la Parole de Dieu. Alors ? En tant que membre d’une Église, et dans
votre vie personnelle de chrétien, quel est votre projet pour être
régulièrement nourri de la Parole de Dieu cette année, au travers
des autres, et avec eux ?
En établissant votre plan de lecture, de mémorisation et de
compréhension, n’oubliez pas que votre objectif n’est pas d’être
informé, mais d’être transformé ! Croire en Jésus, c’est suivre Jésus.
C’est-à-dire pas seulement écouter la vérité du Christ, mais mettre
en pratique la vérité du Christ. En tant que disciple, ne vous conten-
tez pas de croire la Parole de Dieu : l’objectif c’est d’obéir à la Parole
de Dieu ! Alors que vous projetez de remplir vos pensées de la vérité,
prévoyez aussi de suivre celui qui est la Vérité.

2. Comment vais-je alimenter mon


attachement à Dieu ?
Alors que je vous encourage à vous poser ces questions et à
y répondre, j’ai bien conscience du danger qui nous guette : la
discipline dans la vie d’un disciple peut devenir automatique et
monotone. Toutefois, notre objectif n’est pas juste de connaître
Dieu, mais bien de l’aimer. Et plus nous lisons sa Parole, plus nous
nous délectons de sa gloire.
Et cela est valable pour toutes les autres disciplines de la vie d’un
chrétien. L’adoration, la prière, le jeûne ou nos dons nourrissent
notre attachement à Dieu. Continuez donc, à l’aide des questions
suivantes, à rédiger votre projet :
Comment vais-je adorer ? La Bible nous dit que la vie tout
entière est adoration. Paul, par exemple, a écrit aux chrétiens de
Rome : « Je vous encourage donc, frères et sœurs, par les com-
passions de Dieu, à offrir votre corps comme un sacrifice vivant,
saint, agréable à Dieu. Ce sera de votre part un culte raisonnable »
(Romains 12 : 1). Et à ceux de Corinthe : « Ainsi donc, que vous
mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout
pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10 : 31). Imaginez de quelle

203
SUIS-MOI

manière vous pourriez adorer Dieu dans toutes les sphères de votre
vie. Puis, puisque la Bible nous exhorte clairement à rejoindre
régulièrement notre assemblée pour adorer (voir Hébreux 10 : 24-
25), prévoyez donc de vous réunir chaque semaine avec des frères
et sœurs. Vous exprimerez ainsi tous ensemble, dans l’adoration,
votre besoin de Dieu.
Comment vais-je prier ? Jésus a dit : « Mais toi, quand tu pries,
entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là
dans le lieu secret » (Matthieu 6 : 6). En d’autres termes, trouvez-
vous un coin tranquille et mettez du temps à part pour être avec
le Père. Vous pensez peut-être : La Bible n’enseigne-t-elle pas que
nous devons prier constamment ? C’est vrai ! Nous le lisons en
1 Thessaloniciens 5 : 17. Mais je sais, par expérience personnelle,
que le fait de réserver un temps spécifique à la prière deviendra la
meilleure façon d’alimenter une vie de prière constante, tout au long
de la journée. Alors ? Quel moment et quel endroit choisirez-vous
pour être en communion avec votre Père ? De simplement mettre
un temps et un lieu à part changera votre vie de disciple de Jésus.
Comment vais-je jeûner ? L’idée même du jeûne vous est peut-
être totalement nouvelle. Mais les recommandations de Jésus à ses
disciples semblent impliquer qu’ils mettraient régulièrement la
nourriture physique de côté fin de se régaler de Dieu seul (Matthieu
6 : 16-18, par exemple). Si vous n’avez jamais jeûné, je vous encou-
rage à commencer par renoncer à un repas. Une fois par semaine
(ou une fois toutes les deux ou trois semaines), privez-vous du petit-
déjeuner (ou du déjeuner ou du dîner). Et passez cette heure à prier
et à lire la Parole de Dieu. Vous vous habituerez à cette pratique
et découvrirez très vite la valeur de ce temps seul avec le Seigneur.
Envisagez alors de renoncer à deux repas dans une journée, puis de
jeûner pendant vingt-quatre heures. Avec le temps, vous pourrez
envisager de jeûner régulièrement pendant plusieurs jours d’affilée
et de manière régulière. Quoi qu’il en soit, prévoyez de vous priver
régulièrement de nourriture afin d’apprendre à vous régaler de
Dieu !
Comment vais-je donner ? Donner n’est peut-être pas la pre-
mière chose qui vous vient à l’esprit quand vous pensez à alimenter
votre attachement à Dieu. Mais quand Jésus parle de donner dans la

204
Nés pour se multiplier

Parole, il associe ce geste directement au jeûne et à la prière. Après


avoir enseigné ses disciples sur ces trois sujets, il continue ainsi :
« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre […], mais amassez-
vous des trésors dans le ciel. […] En effet, là où est ton trésor, là aussi
sera ton cœur » (Matthieu 6 : 19-21). Voyez-vous le lien qui existe
entre notre argent et nos affections ? Jésus n’affirme pas seulement
que nos possessions révèlent ce qu’il y a au fond de notre cœur. Il
dit aussi que notre cœur va toujours suivre notre argent. Une des
manières les plus efficaces d’alimenter votre attachement à Dieu
c’est de donner de vos ressources, par obéissance à Dieu. Alors ?
Comment allez-vous donner à l’Église, et à ceux qui sont dans le
besoin, autour de vous, et partout dans le monde. Le disciple de
Jésus donne intentionnellement, généreusement, dans un esprit
de sacrifice, il donne avec joie ! Donner de la sorte alimentera un
amour désintéressé pour Dieu, et cet amour pour Dieu triomphera
de nos désirs égoïstes pour les choses de ce monde.
Suivre Jésus, ce n’est pas seulement lui faire confiance intel-
lectuellement ; c’est aussi s’attacher à lui avec nos émotions. Il est
impossible de séparer la véritable foi en Christ de sentiments pro-
fonds pour lui. Adorons, prions, jeûnons et donnons ! C’est ainsi
que nous alimenterons notre attachement à lui.

3. Comment vais-je annoncer l’amour de


Dieu en tant que témoin dans le monde ?
La volonté de Dieu dans le monde et pour notre vie c’est de
répandre son Évangile, sa grâce et sa gloire parmi tous les peuples
de la terre. Au lieu de chercher à connaître sa volonté pour vos vies,
posons-nous plutôt la question suivante : « De quelle manière puis-
je aligner ma vie sur la volonté de Dieu qui désire que je devienne
son témoin dans le monde ? » Cette question générale entraîne des
questions plus spécifiques.
Qui ? Vous vous souvenez sans doute d’un certain Matthieu
dans le chapitre 6. C’est un membre de mon Église qui a vécu dans
un pays musulman où les nouveaux convertis dressaient une liste
de leurs connaissances, puis s’engageaient à partager l’Évangile à
ceux qui étaient les moins susceptibles de les tuer. Puisque vous

205
SUIS-MOI

êtes en train de lire ce livre, vous ne vivez sans doute pas dans un
tel pays ! J’aimerais néanmoins vous lancer le même défi. Il n’y a
sûrement pas, autour de vous, beaucoup de gens prêts à vous tuer
à cause de votre foi en Christ. Mais vous êtes entourés de gens
qui ne sont pas chrétiens ! Prenez donc une minute pour écrire
les noms de quatre, cinq ou peut-être dix d’entre eux, que Dieu
a placés sur votre chemin. Puis commencez à prier pour chacun
d’entre eux, afin que, par la puissance de son Esprit, Dieu les attire
à lui pour leur salut.
Comment ? Vous et moi avons chaque jour des occasions
d’annoncer l’Évangile. J’ai décrit, au chapitre 8, comment Marc,
Kim et Robert cherchent constamment à introduire des filés de
l’Évangile dans le tissu de toutes leurs conversations. Et vous, que
pouvez-vous faire ? Pensez à vos lieux de vie, travail, loisirs. Pensez
aux gens que Dieu y a placés près de vous (y compris ceux dont
vous venez de faire la liste). Comment pouvez-vous commencer
à leur parler intentionnellement de Dieu, du péché de l’homme,
de l’œuvre de Christ en faveur des hommes et de notre besoin d’y
donner suite ? Vous engagerez-vous à prier chaque matin, afin que
Dieu vous accorde la grâce nécessaire pour introduire des filés
de l’Évangile, tout au long de la journée ? Soyez intentionnels !
Saisissez les occasions que Dieu vous présentera pour annoncer
tout le message de l’Évangile et inviter quelqu’un à placer sa
confiance en Christ !
Quand ? Ne restez pas les bras croisés à attendre que quelqu’un
vous pose des questions sur Jésus ! Au contraire, imaginez plutôt des
manières de manifester l’amour de Christ et parler de lui ! Pensez
tout particulièrement aux personnes sur votre liste ! Comment
délibérément créer des occasions qui vous permettront de leur
annoncer l’Évangile ? En les invitant à déjeuner ou à dîner ? En
vivant quelque chose ensemble, peut-être durant une journée ou un
week-end ? Par quel autre moyen ? En leur écrivant tout simplement
un petit courrier ?
Tout en identifiant le qui, en réfléchissant au comment et en
planifiant le quand, n’oubliez pas le pourquoi ! Tout cela peut sem-
bler fabriqué de toutes pièces, et peut sonner faux. Mais n’oubliez
jamais ce qui est en jeu ! Chaque personne placée par Dieu dans

206
Nés pour se multiplier

votre entourage est un pécheur ayant infiniment besoin d’un


Sauveur. Vous étiez un jour cette personne ; mais quelqu’un a décidé
de vous chercher, pour vous annoncer l’Évangile. Et c’est bien pour
cet objectif que, dans sa grâce, Dieu a décidé de vous sauver. Mettez
donc fin à votre quête de la volonté de Dieu pour votre vie. Avec
la Parole de Dieu dans votre bouche, et l’Esprit de Dieu dans votre
cœur, décidez aujourd’hui de suivre plutôt la volonté de Dieu pour
votre vie !

4. Comment, en tant que membre d’une


Église, vais-je manifester l’amour de Dieu ?
La Bible va totalement à l’encontre de l’individualisme occi-
dental et d’une Église de consommateurs. Chaque chrétien doit
donc se demander : « Suis-je un membre actif et responsable d’une
Église locale ? » Il ne s’agit pas de savoir si votre nom est écrit sur
un registre de membres quelque part ou si vous fréquentez régu-
lièrement une assemblée. La véritable question est celle-ci : « Suis-je
engagé dans une Église locale au sein de laquelle je partage la vie
d’autres chrétiens, dans un esprit de redevabilité mutuelle, et sous
une direction fidèle à la Parole de Dieu, pour la gloire de Dieu ? »
Si la réponse est négative, voici une première question :
Où ? Mon Église organise tout au long de l’année un cours
de quatre semaines pour les nouvelles personnes qui souhaitent
rejoindre notre assemblée. Pendant ces rencontres, je demande
alors à chacun des participants : « Ce corps de Christ local est-il
celui où vous pourrez le mieux faire des disciples ? » J’encourage
ceux qui répondent « oui » à rejoindre notre communauté ; non
pas en tant que spectateurs, ou joueurs sur la touche, mais en tant
que participants à la mission. Et j’encourage ceux qui répondent
« non » à chercher une autre assemblée où ils pourront, de manière
plus efficace, obéir à l’ordre missionnaire de Christ. Où pourrez-
vous le plus efficacement faire de toutes les nations des disciples ?
Où se trouvent les responsables que vous pourrez suivre en toute
confiance parce qu’ils enseignent et vivent fidèlement la Parole de
Dieu ? Où se trouvent les personnes que vous allez aider et aux-
quelles, en tant que disciple de Jésus, vous allez vous soumettre ?

207
SUIS-MOI

Répondre à ces questions et vous engager dans une Église locale


vous amèneront à vous poser une nouvelle question.
Quoi ? Pensez à l’Église dont vous êtes membre et réfléchissez à
ce que vous pourriez faire pour édifier (et être édifié par) ce corps
de Christ. Y a-t-il des gens que vous pourriez aider d’une manière
toute particulière ? Y a-t-il certains besoins auxquels vous pourriez
répondre, certaines responsabilités dont vous pourriez prendre
la charge ? Que ferez-vous afin de sacrifier votre vie pour le bien
des gens de cette assemblée ? Et que ferez-vous pour vous assurer
d’avoir des frères et des sœurs qui veillent sur votre vie en Christ,
et qui seront prêts à vous interpeller si vous commencez à vous
éloigner de lui ?
Suivre Christ, c’est aimer son Église. Bibliquement, spirituelle-
ment et concrètement, c’est impossible d’être un disciple de Christ
(et encore moins de faire des disciples de Christ) sans être totale-
ment engagé dans une famille de chrétiens. Alors ? Comment, en
tant que membre d’une Église, passerez-vous votre vie à manifester
l’amour de Dieu ?

5. Comment vais-je répandre la gloire de


Dieu parmi tous les peuples ?
Le dessein éternel de Dieu est de sauver les gens par Christ.
L’ordre de mission du Christ pour chacun de ses disciples c’est
clairement de faire des disciples, et précisément « de toutes les
nations », de chaque ethnê du monde. Donc, où que vous viviez,
qu’allez-vous faire pour que votre vie ait un impact sur chaque
nation, chaque tribu, chaque langue et peuple de la terre ? Cette
question ne s’adresse pas aux missionnaires extraordinaires. C’est
une question pour des disciples ordinaires. Voici quelques pistes
qui vous permettront de participer à la propagation de la gloire de
Dieu jusqu’aux extrémités de la terre : réfléchissez-y !
Comment vais-je prier pour les nations ? Vous et moi pouvons
prendre part à l’œuvre de Dieu dans le monde, à genoux, dans nos
maisons. Alors, prions passionnément pour que le royaume de Dieu
vienne et pour que sa volonté soit faite sur toute la terre. Des outils
tels que Operation World ou le Projet Josué (infos gratuites en ligne)

208
Nés pour se multiplier

peuvent vous aider à prier pour les différentes nations du monde.


Planifiez de prier pour les nations en général, et pour les peuples
« non atteints » en particulier.
Comment vais-je donner aux nations ? J’ai évoqué au cha-
pitre huit le fait que, quand un chrétien d’Amérique du Nord
gagne l’équivalent de cent euros, seulement cinq centimes de ces
100 euros seront utilisés pour annoncer l’Évangile aux nations
du monde ! Changer cette triste réalité-là où vous vivez ! Quelles
envies allez-vous sacrifier afin de subvenir aux besoins du monde,
et plus particulièrement au besoin de chaque ethnie d’entendre
l’Évangile ? Partout dans le monde, une partie de nos frères et
sœurs meurent de faim ; partout dans le monde, des hommes et
des femmes ne connaissent pas la Bonne Nouvelle du salut en
Jésus-Christ. Qu’allez-vous faire pour convaincre votre assemblée
de revoir ses priorités en matière de budget, afin de financer ces
besoins dans le monde ? Prévoyez de faire des sacrifices afin d’uti-
liser votre argent pour le bien des nations.
Comment vais-je aller vers les nations ? Réfléchissez à des
moyens de partager l’Évangile avec d’autres ethnies, particulière-
ment les « non atteintes » (c’est-à-dire sans aucun accès à l’Évangile).
Dans votre réflexion, faites preuve de stratégie, de créativité et de
sagesse ! Certaines de ces ethnies sont arrivées en Europe, et sont
peut-être même installées dans votre commune. Comment pour-
riez-vous atteindre ces musulmans somalis, Arabes égyptiens,
bouddhistes tibétains, ou tout autre groupe ? Envisagez aussi de
partir en voyage à la rencontre de différents peuples : pour une ou
deux semaines, un an ou deux, ou… dix ou vingt ans ! Réfléchissez
à toutes les possibilités de passer du temps à l’étranger, d’y partir en
famille ou d’aller y travailler, afin d’annoncer l’Évangile à toutes les
nations. Car c’est bien pour cela que vous avez été créé.
Dans mon Église, nous parlons régulièrement de ce qu’on
appelle le « chèque en blanc ». En devenant disciple du Christ, nous
lui avons signé un « chèque en blanc » avec notre vie. Ce qui signifie
qu’il a le droit de nous dépenser, comme il le souhaite, pour ré-
pandre l’Évangile dans le monde. Notre temps lui appartient, notre
argent lui appartient, notre famille lui appartient et notre avenir lui
appartient. Sans condition. Nous voulons aller là où il nous conduit,

209
SUIS-MOI

donner ce qu’il nous demande de donner et obéir à tous ses ordres.


Chaque fois que sentons que Dieu veut conduire notre Église vers
un nouveau peuple « non atteint », nous demandons alors à tous les
membres de l’assemblée de ressortir leur « chèque en blanc » et de
le remettre sur la table. C’est une manière pour nous tous de dire à
Dieu : « Si tu veux que j’y aille, je suis prêt ! ».
Dieu a-t-il un « chèque en blanc » avec votre vie ? Avez-vous tout
mis sur la table et lui avez-vous demandé : Comment veux-tu que je
(ou que notre famille) donne aux nations ? Comment veux-tu que
je (ou que notre famille) aille vers les nations ? Veux-tu que nous
déménagions à l’étranger afin d’y répandre ta gloire ? Si vous lui
posez ces questions dans la prière, il y répondra clairement. Comme
nous l’avons vu, plus encore que nous ne le désirons nous-mêmes,
Dieu désire que sa volonté soit accomplie au travers de nous. Alors
que nous marchons dans ses pas, il nous conduira vers les peuples,
vers les endroits et les situations où nous serons plus à même de
faire de toutes les nations des disciples. Pour la gloire de son nom !

6. Comment vais-je former quelques


faiseurs de disciples ?
Les questions que je viens de vous poser au sujet des nations de
par le monde pourraient vous sembler lourdes à porter… Comment
pouvons-nous effectivement jouer un rôle dans la diffusion de
l’Évangile à travers toutes les ethnies de la terre ? Chose étonnante,
la réponse est très simple.
Réfléchissez ! De toute l’Histoire, Jésus a été l’homme le plus
passionné pour étendre la gloire de Dieu à tous les peuples. Et qu’a-
t-il fait ? Il a passé sa vie à investir dans une poignée d’hommes. Sa
stratégie pour atteindre le monde entier était claire : transformer
un petit groupe de personnes en faiseurs de disciples.
Comme nous l’avons vu, Dieu pourra nous conduire à aller
vivre n’importe où dans le monde. Mais, partout, la tâche restera
la même. Que vous soyez pasteur responsable d’une Église ou une
maman qui travaille à la maison, que vous viviez dans les mon-
tagnes du nord de l’Afghanistan ou dans un petit village au fin

210
Nés pour se multiplier

fond de la Normandie, Dieu a ordonné à chaque disciple de faire


des disciples. Aucun chrétien n’en est dispensé. Et aucun chrétien
ne devrait y échapper. Nous devons tous regarder autour de nous
et nous poser la question : Que vais-je faire pour accompagner un
petit groupe de personnes qui deviendront des faiseurs de disciples ?
D’autres questions découlent de celle-ci :
Comment vais-je les rassembler ? Faire des disciples c’est
d’abord identifier un petit groupe d’hommes, ou de femmes (en
fonction de votre sexe, partant du principe que l’on forme mieux des
disciples quand des hommes forment des hommes, et des femmes
forment des femmes). Pensez à deux, trois ou quatre personnes que
Dieu a placées dans votre sphère d’influence et que vous pourriez
conduire à faire des disciples. Demandez à Dieu des noms en
particulier. Si vous avez des difficultés à trouver, demandez l’aide
d’un pasteur ou d’un responsable de votre Église. Puis invitez ces
personnes à passer du temps avec vous dans l’objectif de grandir
ensemble en Christ.
Comment vais-je les enseigner à obéir ? Faire des disciples,
c’est leur apprendre à obéir aux commandements du Christ.
Comment mettrez-vous cela en pratique avec les personnes que
vous accompagnerez ? Qu’avez-vous besoin de leur enseigner
de la Parole de Dieu ? Comment le faire de manière à ce qu’elles
apprennent à lire et à comprendre la Parole d’eux-mêmes ? Lisez
peut-être un livre de la Bible ensemble ; ou utilisez un guide
d’étude biblique. Peu importe, mais ne vous contentez pas de
leur donner des informations. Concentrez-vous sur leur trans-
formation. Chaque fois que vous vous réunissez, demandez-leur
comment elles s’en sortent dans leur vie de disciple de Jésus et de
pêcheurs d’hommes, ou de femmes. Commencez peut-être avec
les six questions que nous avons développées dans ce chapitre.
Elles pourront les aider à mettre en place leur propre plan d’action
pour être un disciple, et faire des disciples. Ces questions peuvent
vous servir à leur demander comment elles suivent Jésus et à qui
elles parlent de lui (elles pourront aussi vous poser ces mêmes
questions). Cette redevabilité réciproque, pleine de grâce, motivée
par l’Évangile, est absolument fondamentale pour être un disciple
et faire des disciples.

211
SUIS-MOI

Comment vais-je devenir un modèle d’obéissance ? C’est là


que faire des disciples commence à devenir intéressant et stimulant !
Nous avons vu en Matthieu 4 que Jésus nous a appelé à le suivre.
Et pourtant, quand nous commençons à le suivre et à devenir des
pêcheurs d’hommes, nous nous retrouvons dans une position où
nous encourageons d’autres personnes à nous suivre. Paul a dit aux
chrétiens de Corinthe : « Suivez-moi comme je suis Christ » (voir
1 Corinthiens 11 : 1). Et à ceux de Philippes : « Ce que vous avez
appris, reçu et entendu de moi et ce que vous avez vu en moi, met-
tez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous » (Philippiens
4 : 9). Paul avait vécu devant tous ces chrétiens d’une telle manière
qu’il pouvait maintenant leur dire : « Suivez mon exemple ». Cela ne
veut certainement pas dire qu’il était parfait ; et nous n’avons certai-
nement pas besoin d’être parfaits pour faire des disciples ! Mais les
personnes que Dieu vous a confiées doivent voir, entendre et sentir
la vie de Christ en vous. Invitez-les donc chez vous. Laissez-les vous
observer dans votre famille. Montrez-leur comment prier, étudier
la Bible et partager l’Évangile. Concrètement, former des faiseurs
de disciples, c’est dire à ces personnes : « Suivez-moi ». Alors soyez
intentionnellement pour ces gens un exemple de ce que signifie
suivre Christ !
Comment vais-je les envoyer ? Vous enseignerez les com-
mandements de Christ, et vous vivrez comme Christ a vécu. L’un
de ces commandements, que vous êtes en train de vivre avec eux,
c’est celui d’aller et de faire des disciples. L’objectif pour ceux que
vous accompagnerez, n’est donc pas de suivre Jésus : l’objectif, pour
chacun d’entre eux, c’est de devenir des pêcheurs d’hommes ! Donc
le moment viendra où, à votre tour, vous les enverrez eux aussi
chercher un petit groupe de personnes. Entre-temps, vous leur
aurez montré ce que signifie faire des disciples ; maintenant vous
les envoyez à leur tour faire la même chose ! Bien évidemment,
vous continuerez à les encourager, les aider, les enseigner, à prendre
soin d’eux et à prier pour eux. Mais maintenant vous les envoyez
et ils investiront à leur tour du temps avec d’autres, tout comme
vous avez passé du temps avec eux. Et c’est ainsi que littéralement
l’Évangile se multiplie, de par le monde, au travers des disciples
que vous aurez formés.

212
Nés pour se multiplier

Francis Chan et moi-même avons développé un matériel appelé


MultiplyXI. Notre but est d’aider concrètement les disciples à for-
mer des faiseurs de disciples. Que vous utilisiez ce matériel, une
autre ressource ou simplement la Parole de Dieu, l’objectif reste
le même : engagez-vous à passer toute votre vie à accompagner un
petit groupe de personnes pour en faire des faiseurs de disciples.

L’appel du Roi
C’était la stratégie de Jésus pour répandre la Bonne Nouvelle
de la grâce et de la gloire de Dieu dans le monde entier. Il y a deux
mille ans, il arpentait les rues et les chemins d’Israël. Il était en train
d’amorcer une révolution. Mais sa révolution ne tournait pas autour
de foules ou de multitudes. Cette révolution dépendait juste d’une
poignée d’hommes. Ces quelques disciples avaient appris à penser
comme lui, aimer comme lui, enseigner comme lui, vivre comme
lui, servir comme lui. Jésus a transformé ceux qui le suivaient, et
ils sont devenus des pêcheurs d’hommes. Vous et moi connaissons
l’Évangile aujourd’hui parce que cette poignée d’hommes a été
fidèle à sa mission : former des faiseurs de disciples.
Alors, soyons fidèles nous aussi ! Nous suivons Jésus. Nous
sommes morts à nous-mêmes et nous vivons désormais en Christ. Il
nous a délivrés de nos péchés et a rassasié notre âme. Il a transformé
nos pensées par sa vérité, comblé nos désirs par sa joie et conformé
notre conduite à sa volonté. Il nous a réunis dans des corps de
croyants appelés Églises locales pour que nous accomplissions un
mandat extraordinaire : proclamer son Évangile et manifester sa
gloire à tous les peuples du monde entier.
Cette tâche requiert l’implication de chacun d’entre nous. Le
grand ordre de mission de Jésus ne prévoit pas de spectateurs !
Dieu invite chacun de ses enfants à être en première ligne dans la
mission suprême de toute l’histoire de l’humanité. Chaque disciple
de Jésus a été appelé, aimé, créé et sauvé pour faire des disciples
de Jésus, qui font des disciples de Jésus, qui font des disciples de
Jésus… jusqu’à ce que toutes les ethnies de la planète célèbrent la
XI
Disponible gratuitement en ligne à l’adresse suivante : www.multiplymovement.com
(anglais). Une version française sera prochainement disponible (voir sur le site de
BLF Éditions : www.blfeditions.com).

213
grâce et la gloire de Dieu. Alors, en ce jour-là, chaque disciple de
Jésus (chaque disciple du Christ et pêcheur d’hommes) verra le
visage du Sauveur et contemplera la splendeur du Père. Ce sera une
scène d’une beauté indescriptible, un bonheur éternel, qui jamais,
jamais, ne disparaîtra.
Cela vaut la peine de mourir pour cet appel.
Cela vaut la peine de vivre pour ce Roi.

214
Faire des disciples :
mon plan d’action

Notez ici vos réponses aux questions du chapitre neuf « Nés


pour se multiplier ».

1. Comment vais-je remplir mes pensées de la


vérité ? (voir page 202)

Comment vais-je lire la Parole de Dieu ?

Comment vais-je mémoriser la Parole de Dieu ?

Comment vais-je grandir dans ma connaissance de la Parole de


Dieu grâce aux gens qui m’entourent ?

215
2. Comment vais-je alimenter mon
attachement à Dieu ? (Voir page 203)

Comment vais-je adorer ?

Comment vais-je prier ?

Comment vais-je jeûner ?

Comment vais-je donner ?

3. Comment vais-je annoncer l’amour de Dieu


en tant que témoin dans le monde ? (Voir page 205)

216
Qui ?

Comment ?

Quand ?

4. Comment, en tant que membre d’une


Église, vais-je manifester l’amour de Dieu ?
(Voir page 207)

Où ?

Quoi ?

217
5. Comment vais-je répandre la gloire de Dieu
parmi tous les peuples ? (Voir page 208)

Comment vais-je prier pour les nations ?

Comment vais-je donner aux nations ?

Comment vais-je aller vers les nations ?

218
6. Comment vais-je former quelques faiseurs
de disciples ? (Voir page 210)

Comment vais-je les rassembler ?

Comment vais-je les enseigner à obéir ?

Comment vais-je devenir un modèle d’obéissance ?

Comment vais-je les envoyer ?

219
Remerciements

Il a fallu une bonne dose de grâce pour que ce livre devienne


une réalité ! Et je suis reconnaissant à Dieu pour plusieurs per-
sonnes, et pour bien des raisons.
Je suis reconnaissant à Dieu pour toute l’équipe des éditions
Tyndale, et en particulier pour Ron et Lisa. Leurs encouragements,
leur patience et leur confiance sont allés bien au-delà de ce que je
méritais.
Je suis reconnaissant à Dieu pour Sealy : sans son travail achar-
né et son amitié si précieuse, je me serais certainement perdu en
cours de route.
Je suis reconnaissant à Dieu pour l’équipe de Radical : Jim pour
son leadership désintéressé, Cory pour son soutien fidèle, Angela
pour son service passionné, David pour sa sagesse bienveillante, et
toutes les personnes de cette équipe pour leur humble consécration.
Je suis reconnaissant à Dieu pour les gens qu’il a mis sur mon
chemin, tout au long de ma vie, et qui m’ont montré avec puissance
ce que signifie être un disciple de Jésus, et ce que signifie faire des
disciples de Jésus. Je ne redirai jamais assez l’importance de leur
influence dans ma vie. Que ce soit des gens comme Francis, mon
partenaire dans le ministère, ou comme Jim et Mark, des conseillers
dans le ministère, ou encore, à travers le monde entier, des hommes
comme Anil et Hari : leur impact sur ma vie a été réel et profond.
Je suis reconnaissant à Dieu pour les anciens, les collaborateurs
et les membres de l’Église Brook Hills. Je n’arrive toujours pas à
croire que ces frères et sœurs me permettent d’être l’un de leurs
bergers ! Cet ouvrage est le fruit de notre famille de foi alors que
nous donnons nos vies, tous ensemble, afin d’obéir au grand ordre
de mission de Jésus.
Je suis reconnaissant à Dieu pour les membres de ma famille. Ce
sont bien eux qui ont sacrifié le plus pour que ce livre voie enfin le

221
jour. Je l’ai dédié à mes quatre enfants, mais eux comme moi savent
très bien que la véritable héroïne de notre maison, c’est leur maman.
Je suis reconnaissant à Dieu pour Heather, ma merveilleuse épouse.
Son amour pour Christ resplendit dans son amour pour moi, son
soutien, son aide, ses encouragements et ses attentions. Les mots
ne peuvent décrire à quel point je suis béni.
Plus que tout, je suis reconnaissant à Dieu pour sa formidable
invitation à devenir un disciple de Jésus. Je n’ose pas penser à ce
que je serais aujourd’hui sans sa grâce au travers de l’Évangile. Je
prie que cette grâce envers moi porte beaucoup de fruit à sa gloire
(Jean 3 : 30).

222
Notes de chapitres

Introduction
1 Rodney Stark, Cities of God, New York : HarperCollins, 2006, p. 67.
2 Asian Report, n° 197, Oct. – Nov. 1992, p. 9.
3 David Platt, Radical : Taking back your faith from the American dream, Multno

Chapitre un
4 Oswald Chambers, Tout pour qu’il règne, entrée du 30 mai. Traduit par l’éditeur.
Consultable sur le site de Godieu.com. URL : <http://godieu.com/doc/oswald-
chambers/index.html> (page consultée le 4 juin 2014).
5 Barna Group, « Barna study of religious change since 1991 show significant
changes by faith group », 4 août 2011 ; Barna Group, « Most American christians
do not believe that Satan or the Holy Spirit exist », 10 avril 2009.
6 J’ai entendu cette illustration pour la première fois il y a plusieurs années, dans
une prédication de Paul Washer.
7 Jason Mandryk, Operation World: The definitive prayer guide to every nation,
Downers Grove (USA) : IVP, 2012. Entrée « Jamaïque ». URL : <http://www.
operationworld.org/jama> (page consultée le 5 juin 2014).
8 C’est plutôt l’inverse : contrairement au non-croyant, le chrétien se trouve dans
une bataille incessante contre l’idolâtrie et l’immoralité de ce monde. Ce genre
de repentance continue, quotidienne, découle de la repentance initiale de notre
vie chrétienne. Nous étudierons plus en profondeur cette dynamique dans les
pages suivantes.
9 Greg Garrison, « Birmingham’s Church at Brook Hills pastor pens book telling
christians to avoid worldly wealth », in The Birmingham News, 12 juin 2010.

Chapitre trois
10 John MacArthur, Commentaire MacArthur, Matthieu, vol. 2, coll. Les Com-
mentaires bibliques, Trois-Rivières (Québec) : Impact, 2011.
11 W. Ian Thomas, The Saving life of Christ and the mystery of godlyness, Grand
Rapids (USA) : Zondervan, 1988, p. 181.
12 Ibid., p. 101, p. 85.

223
Chapitre quatre
13 Barna Group, « Most American christians do not believe that Satan or the Holy
Spirit exist », 10 avril 2009.
14 Blaise Pascal, Pensées, Paris : Dezobry et E. Magdeleine, 1852, article XXIV,
pensée 46, p. 327. Gary Habermas, sans doute le spécialiste de la résurrection
de Jésus le plus renommé actuellement, qui a fait des quantités de recherches
sur le sujet et en a débattu avec de nombreux spécialistes, conclut : « Suite à ce
qu’ils avaient vu et vécu, les disciples, Jacques et Paul, ont été transformés et
en ont témoigné ; la résurrection historique de Jésus en est la seule explication
plausible ». À la fin de son traité exhaustif sur la résurrection, N. T. Wright écrit :
« Le tombeau vide et Jésus ressuscité ne sont pas des inventions des premiers
chrétiens. Personne ne s’attendait à de tels phénomènes. Aucun type d’expérience
de conversion n’aurait inventé cela. Suggérer le contraire, c’est arrêter de faire de
l’histoire et entrer dans un monde de fantasmes ».
15 James Denney et Alexander Maclaren, The Epistles of St. Paul to the Colossians
and Philemon, Expositor’s Bible, vol. 31, New York : Armstrong, 1905, p. 300.
16 Richard Hofstadter, America at 1750: A Social portrait, New York : Vintage,
1973, p. 240.

Chapitre cinq
17 Quelques éléments du texte original ont été modifiés lors de la traduction, en
particulier dans ce chapitre, afin de s’adapter au contexte culturel de nos lecteurs
francophones (prénoms, chansons populaires, types de nourriture, etc.).
18 J. I. Packer, Connaître Dieu, Mulhouse : Grâce et vérité, 1984, p. 237-238.
19 John Wesley, The Journal of the Reverend John Wesley, 29 janvier 1738. Voir en
français Orlando Boyer, Les Héros de la foi, Nîmes : Vida, 1985. URL : <http://
sentinellenehemie.free.fr/bio_johnwesley1.htm>.
20 Voir Matthieu 6 : 11-15 pour pardonner ; Matthieu 6 : 25-33 pour pourvoir à nos
besoins ; Romains 8 : 14 pour conduire ; Romains 8 : 15 pour protéger ; 1 Corin-
thiens 8 : 6 pour soutenir ; 2 Corinthiens 1 : 3 pour réconforter ; 1 Thessaloniciens
1 : 11 pour diriger ; 1 Thessaloniciens 1 : 13 pour purifier ; Hébreux 12 : 5-11 pour
discipliner ; Jacques 1 : 17 pour donner ; Jude 1 : 1 pour appeler ; Colossiens 1 : 12
pour promettre son héritage.
21 Jonathan Edwards, Religious Affections, abrégé et mis à jour par Ellyn Sanna,
Uhrichsville (USA) : Barbour Publishing, 1999, p. 46-48.
22 C. S. Lewis, The Weight of Glory and other addresses, Grand Rapids (USA) : Eerd-
mans, 1965, p. 1-2. Cité dans Au risque d’être heureux, Marpent : BLF, p. 28.
23 C. S. Lewis, Réflexions sur les Psaumes, Le Mont-Pèlerin : éditions Raphaël, 1999,
p. 135-137.

224
Chapitre six
24 Les titres de ces méthodes pour trouver la volonté de Dieu ne viennent pas de
moi. Je les ai trouvés dans différentes sources et adaptés pour les utiliser ici.
25 Oswald Chambers, Tout pour qu’il règne, entrée du 20 mars. URL : <http://go-
dieu.com/doc/oswaldchambers/index.html>.
26 Seul Luc 1 : 15-16 n’est pas très explicite à ce sujet. Mais souvenez-vous qu’il
s’agissait d’une prophétie concernant le précurseur de Christ, Jean-Baptiste ; son
but dans l’histoire de la rédemption était de proclamer haut et fort la venue du
royaume de Dieu.

Chapitre sept
27 Voir 1 Corinthiens 12 : 25 pour prendre soin ; Jean 13 : 34-35 pour s’aimer ;
1 Pierre 4 : 9 pour exercer l’hospitalité ; Romains 15 : 7 pour s’accueillir ; Romains
12 : 10 pour s’honorer ; Galates 5 : 13 pour se mettre au service ; Romains 15 : 14
pour donner des conseils, pour vous avertir ; Colossiens 3 : 13 pour pardonner ;
Hébreux 10 : 24 pour se motiver ; 1 Thessaloniciens 5 : 11 pour se fortifier et
s’encourager ; 2 Corinthiens 1 : 3-7 pour se réconforter ; Jacques 5 : 16 pour prier
pour et confesser ses péchés ; Philippiens 2 : 3 pour s’estimer ; Romains 14 : 19
pour s’édifier ; Colossiens 3 : 16 pour enseigner ; Éphésiens 4 : 32 pour manifester
de la bonté ; Actes 2 : 45 et 2 Corinthiens 8 à 9 pour partager ses biens ; Romains
12 : 15 pour pleurer ; 1 Corinthiens 12 : 27 pour se réjouir ; Galates 6 : 1-5 et Mat-
thieu 18 : 15-20 pour veiller.
28 Dietrich Bonhoeffer, De la vie communautaire et Le livre de prières de la Bible,
Genève : Labor et Fides, 2007, p. 92.
29 Dietrich Bonhoeffer, Vivre en disciple : Le prix de la grâce, Genève : Labor et
Fides, 2009, p. 247. Traduction de l’éditeur.

Chapitre huit
30 C’est là que des livres tels que 1 Jean fondent bibliquement notre assurance de
croyants.
31 Generous Giving, « Key statistics on generous giving », URL : <http://library.
generousgiving.org/page.asp?sec=4&page=311> (page consultée le 11 juin 2014).
32 Steve Corbett et Brian Fikkert, When helping hurts : How to alleviate poverty
without hurting the poor… and yourself, Chicago : Moody publishers, 2012, p. 41.
33 William Danker, cité dans Ruth Tucker, From Jerusalem to Irian Jaya : A Biblio-
graphical history of Christian missions, Grand Rapids : Zondervan, 2004, p. 99.
Voir aussi en français ce qu’en dit le Mouvement de Lausanne (p. 58s). URL :
<http://www.lausanne.org/docs/2004forum/LOP59_IG30french.pdf > (page
consultée le 13 juin 2014, ndé).

225
Chapitre neuf
34 Dawson Trotman, Born to Reproduce, 5, 12. Extrait du site Discipleship Library.
URL : <http://www.discipleshiplibrary.com/pdfs/AA094.pdf> (page consultée le
11 juin 2014).
35 Ibid., 14, 10.
36 Trotman, Op. cit., p. 13, 10.
37 Vous pouvez trouver différents plans de lecture sur Internet, comme : <http://
www.bible1an.com/calendrier_de_lecture>, <http://www.bibliquest.org/Lec-
ture_Journaliere-00.htm#lecture_en_un_an>, ou encore <http://www.lueur.org/
bible/plans.php> (pages consultées le 11 juin 2014).
Coéditeur de Suis-moi
Évangéliser les jeunes et être au service de l’Église locale
À Jeunesse Pour Christ France, nous voulons être sensibles
à tous les besoins des jeunes afin de leur donner un maximum
d’atouts pour les responsabiliser dans le monde d’aujourd’ hui et
de demain.
Nous les aidons à trouver leur identité en Christ en leur
permettant de mettre à profit leurs dons au bénéfice du corps
du Christ en général mais en particulier au bénéfice de l’ Église
locale.
L’avenir des jeunes : notre passion !

JPC France, c’est…


Des camps
Des camps d’évangélisation,
d’évangélisation d’actions sociales et
sur la plage citoyennes dans les
villes de France

Des séjours
Des formations
pour enfants et
de disciples
adolescents

Des soirées inter-églises


pour édifier et unir les Un cursus
jeunes en vue de louer missionnaire
le Seigneur, le prier et le à JPC France
servir

Plus d’infos :
www.jpcfrance.com
JPC France est membre du CNEF, de la FPF et de JPC International.
Du même éditeur

Au risque d’être heureux


Fais de l’Éternel tes délices
John Piper
Un chrétien peut-il faire du bonheur le
but de sa vie ? Oui, répond John Piper !
Parce que Dieu nous a créés pour être
heureux en Lui. C’est ce que l’auteur
appelle « l’hédonisme chrétien ». Terme
controversé, et pourtant pleinement fidèle
à l’injonction biblique : « Fais de l’Éternel
tes délices ». Notre raison d’exister est de glorifier Dieu en trouvant
en lui notre bonheur éternel. Quand Dieu devient ainsi notre trésor,
la source de notre entière satisfaction, il est pleinement honoré ! Plus
notre satisfaction en Dieu est grande, plus il est glorifié en nous.
112 pages • Réf. 2153

Le choix de la pureté
Principes de Dieu pour affronter la
tentation sexuelle.
Randy alcorn
Un chrétien peut-il défendre la pureté
sexuelle de nos jours ? Biblique et pratique,
l’auteur puise dans sa longue expérience
de conseiller pour aborder le sujet avec
sagesse et honnêteté. Avec un sens aigu des
réalités il propose des pistes pertinentes
pour aujourd’hui. Valables pour les jeunes et les moins jeunes, mariés
ou non. Ce livre facile à lire, mais surprenant, vous encouragera
à emprunter résolument le chemin de la pureté, source d’une joie
véritable.
128 pages • Réf. 2130
GARY THOMAS
VOUS AVEZ DIT OUI
À QUOI ?
ET SI DIEU AVAIT
IMAGINÉ LE MARIAGE
AUSSI POUR VOUS
RENDRE SAINT…
Encore un livre sur « le mariage idéal » ? Pas si sûr !
L’auteur jette un pavé dans la mare de notre soif
d’épanouissement personnel. Sa thèse : considérez
le mariage comme une excellente discipline
de vie. Elle oriente votre couple, jeune ou
expérimenté, vers le don de soi, à
l’exemple de Jésus. Ce livre,
enrichi d’exemples pratiques,
remet en question votre
responsabilité dans le
couple et dans votre
relation à Dieu. 336 pages
Réf. 2154

Retrouvez nos vidéos sur


www.vousavezditouiaquoi.fr
Recevez gratuitement 12 livres par an
blfeditions.com/club
Donnez-nous votre avis sur ce livre
monavis@blfeditions.com
Lisez plus grâce aux livres audio
blfaudio.com
Trouvez votre prochaine lecture
parmi plus de 4000 titres
blfstore.com

Passionné à juste titre


BLF Éditions • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tél. (+33) (0) 3 27 67 19 15 • info@blfeditions.com
blfeditions.com
QU’A VOULU DIRE
JÉSUS PAR CES MOTS :
« SUIS-MOI » ?

Peut-on se dire chrétien sans


être réellement disciple de
Christ ? Peut-on affirmer croire
en Jésus sans avoir saisi le
cœur de son message ?
David Platt est
Malheureusement, oui. C’est auteur et pasteur de
même bien plus fréquent qu’on l’Église de Brook Hills
à Birmingham (États-
ne le pense ! David Platt nous
Unis). Il enseigne la
exhorte à examiner cette Bible et forme des
question fondamentale : que responsables d’Église
à travers le monde
signifie suivre Jésus ?
entier.
David est marié
« Suis-moi », dit-il. et père de quatre
Deux mots très simples, mais enfants.
qui peuvent tout changer pour
vous. Si vous répondez à cet
David Platt

appel de Jésus, votre vie aura


toujours un sens. Vous débor-
derez de joie! Mais il y aura un
prix à payer. Cet appel n’est
pas une invitation à réciter une
prière. C’est un appel pressant
et radical à perdre votre vie.
9 782362 491900
ISBN 978-2-36249-190-0
Un appel à mourir. publié au Canada par

Un appel à vivre.
Avez-vous répondu
à cet appel ? 9 782905 253248
ISBN 978-2-905253-24-8

17,90 €

Vous aimerez peut-être aussi