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David Platt

QU’A VOULU DIRE


JÉSUS PAR CES MOTS :
« SUIS-MOI » ?

Peut-on se dire chrétien sans

SUIS-MOI

SUIS-MOI
être réellement disciple de
Christ ? Peut-on affirmer croire
en Jésus sans avoir saisi le
cœur de son message ?
David Platt est
Malheureusement, oui. C’est auteur et pasteur de
même bien plus fréquent qu’on l’Église de Brook Hills
à Birmingham (États-
ne le pense ! David Platt nous
Unis). Il enseigne la
exhorte à examiner cette Bible et forme des
question fondamentale : que responsables d’Église
à travers le monde
signifie suivre Jésus ?
entier.
David est marié
« Suis-moi », dit-il. et père de quatre
Deux mots très simples, mais enfants.
qui peuvent tout changer pour
vous. Si vous répondez à cet
David Platt

appel de Jésus, votre vie aura


toujours un sens. Vous débor-
derez de joie! Mais il y aura un
prix à payer. Cet appel n’est David Platt
pas une invitation à réciter une
prière. C’est un appel pressant
et radical à perdre votre vie.
9 782362 491900
ISBN 978-2-36249-190-0 Un appel à mourir.
Un appel à mourir.
Un appel à vivre.
publié au Canada par

Un appel à vivre.
Avez-vous répondu Préface de Francis Chan
à cet appel ? 9 782905 253248
ISBN 978-2-905253-24-8

14,90 €
SUIS-MOI
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Follow me : A call to die. A call to live • David Platt
© 2013 • David Platt.
Traduit et publié avec la permission de Tyndale House Publishers, Inc.
Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Suis-moi : Un appel à mourir. Un appel à vivre. • David Platt
© 2014 • BLF Éditions
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Sarah Lecerf, Nelly Yoder


Une coédition BLF Éditions et JPC
Couverture et mise en page : BLF Éditions
Impression n°XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version
Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec
aimable autorisation. Tous droits réservés. Les italiques sont ajoutés par
l’auteur du présent ouvrage.

Coédition BLF Éditions


ISBN 978-2-36249-190-0 Broché
ISBN 978-2-36249-191-7 ePub
ISBN 978-2-36249-192-4 Mobipocket
ISBN 978-2-36249-193-1 PDF

Coédition JPC
ISBN 978-2-905253-24-8 Broché

Dépôt légal 2e trimestre 2015


Index Dewey (CDD) : 248.4
Mots-clés : 1. Vie chrétienne. Sanctification.
2. Jésus-Christ. Mandat missionnaire.
3. Église. Évangélisation.
dédicace

À Caleb, Joshua, Mara Ruth et Isaiah…


Plus que tout, je prie que chacun d’entre vous
trouve la vie dans sa mort.
Table des matières

Dédicace.......................................................................................... 5
Préface de F. Chan...................................................................9
CHAPITRE UN
Des croyants non convertis.............................................21
CHAPITRE DEUX
La formidable invitation.................................................. 43
CHAPITRE TROIS
Religion superficielle et régénération
surnaturelle...............................................................................65
CHAPITRE QUATRE
Ne faites pas de Jésus votre Seigneur et
Sauveur personnel...............................................................85
CHAPITRE CINQ
Enfants de Dieu.................................................................... 103
CHAPITRE SIX
La volonté de Dieu pour votre vie...........................125
CHAPITRE SEPT
Le corps de Christ................................................................ 147
CHAPITRE HUIT
Une vision de ce qui devient possible.................. 169
CHAPITRE NEUF
Nés pour se multiplier..................................................... 193
ANNEXE
Projet personnel pour faire des disciples........ 213
Remerciements.................................................................... 219
Notes de chapitres............................................................. 221
Présentation de JPC......................................................226
Préface

Mon parcours personnel


J’ai fait ce que tout le monde attendait de moi : j’ai implanté
une megachurch, écrit un best-seller, fondé une université, im-
planté d’autres Églises et donné des conférences. Mais j’avais un
énorme problème : je n’étais pas en paix. Il y avait trop d’incohé-
rences dans ma vie. Je voyais bien en lisant la Bible que ma vie ne
ressemblait pas à celle de Jésus. Je voyais bien que l’Église du livre
des Actes n’avait rien à voir avec ce que je connaissais. Même si le
Christ a vécu dans une autre culture que la mienne, tout chrétien
est appelé à lui ressembler. J’en ai la conviction. Et l’Église d’au-
jourd’hui est appelée à ressembler à celle du livre des Actes, même
si celui-ci décrit des événements uniques de notre histoire.
Quand ma femme, Lisa, et moi-même avons senti que le
Seigneur voulait nous conduire dans une nouvelle aventure, nous
n’avons pas été surpris. Après dix-sept années de ministère floris-
sant dans la même ville (soit toute la durée de notre mariage), nous
avons laissé derrière nous quelques amitiés profondes et irrempla-
çables pour faire un bond dans l’inconnu. Je ne recommande pas
cela à tout le monde. Ce n’est pas le plan de Dieu pour tous, mais ça
l’était pour nous. Cette ville n’était apparemment plus l’endroit où

9
SUIS-MOI

j’étais le plus utile pour répandre l’Évangile. Et cette raison nous


a suffi. Nos décisions ne devraient-elles pas toujours être prises en
fonction de leurs conséquences pour le royaume de Dieu ?
En fait, ce qui me gênait c’était de constater le nombre im-
pressionnant de bonnes Églises qui existaient dans ma petite ville.
Et j’étais mal à l’aise en voyant tant de leaders servir Dieu fidèle-
ment au sein de notre Église alors que d’autres villes en avaient si
peu, ou en étaient totalement dépourvues. Ma propre incapacité à
motiver les gens à faire des disciples me frustrait. J’étais capable
de prêcher devant une salle comble. Mais pas de convaincre mes
auditeurs à quitter la salle pour aller effectivement faire des dis-
ciples. Je savais susciter un sentiment d’enthousiasme, mais pas
un sentiment d’urgence. Je savais que Jésus voulait davantage pour
son Église, mais je ne savais pas exactement quoi. Et je ne savais
pas comment y amener les gens de mon Église.
Je comprends désormais qu’une partie du problème venait bien
de moi. Nous savons tous qu’il est difficile d’enseigner quelque
chose à nos enfants si nous ne le pratiquons pas nous-mêmes. Je
disais aux gens de faire des disciples alors que moi, je passais tout
mon temps à régler des problèmes d’Église et à préparer des pré-
dications. Je les poussais à parler souvent de leur foi alors que moi,
je ne le faisais que rarement. Je rêvais d’une Église engagée dans
une grande aventure, alors que moi, je vivais un petit train-train
tranquille.
Nous avons vendu notre maison, fait nos bagages et sommes
partis en Asie. J’ai alors retrouvé la paix. Combien c’est étrange de
constater que les temps d’incertitude procurent bien plus la paix
que les temps de facilité ! Nous avons choisi l’Asie parce que j’avais
beaucoup entendu parler de la foi des croyants de là-bas. Je voulais
constater cela de mes propres yeux. Je voulais savoir si le Seigneur
m’appelait vers ces pays. Je pensais que je serais peut-être plus à
ma place à l’étranger, plus utile dans une culture différente. Quelle
qu’en serait l’issue, je profitais à fond de l’aventure. C’était palpi-
tant de se retrouver ainsi dans des pays étrangers et de prier en
famille pour demander au Seigneur s’il voulait ou non que nous
y restions pour de bon. C’était, à bien des égards, un rêve devenu
réalité.

10
Préface

Nous avons beaucoup appris durant ce séjour en Asie. Mais le


Seigneur m’a fait comprendre qu’il y avait encore du travail pour
moi en Amérique du Nord. Je devais appliquer au contexte des
États-Unis ce que j’avais appris des croyants chinois et indiens.
Leur ardeur et leur engagement ressemblaient tant à ce que je lisais
dans les Écritures. Ils étaient, au xxie siècle, un exemple vivant
du christianisme du Nouveau Testament. Ils démontraient avec
quelle vitesse et efficacité l’Évangile pouvait se répandre lorsque
chaque croyant faisait des disciples. Et je suis convaincu qu’une
telle mentalité et une telle manière d’appréhender l’Église pour-
raient apporter des changements semblables dans mon pays.
Encore faut-il le vouloir.
Me voici donc de retour aux États-Unis. Sans connaître
avec certitude le projet de Dieu pour moi. Mais c’est l’une des
meilleures périodes de ma vie. Je passe la plupart de mes journées
à San Francisco avec un groupe d’amis : nous y annonçons l’Évan-
gile à qui veut l’entendre. Une personne à la fois. Une Église est en
train de se former. Faire des disciples est au cœur de cette Église, et
l’unité y est naturelle. Nous sommes rapidement devenus une fa-
mille. Il est bien plus facile de mettre les désaccords de côté quand
on travaille avec des compagnons d’armes qui se sacrifient dans le
but de faire des disciples.
Je suis davantage dans la paix quand je cherche à atteindre
ceux qui ne connaissent pas Jésus (je suis moins lâche que dans le
passé). J’ai observé une croissance spirituelle phénoménale chez
mes enfants. J’aime les regarder partager leur foi et voir leur en-
thousiasme à la vue du surnaturel. Le Seigneur a souvent répondu
miraculeusement à nos prières. Nous sommes moins attachés aux
choses de ce monde et davantage fixés sur l’éternité. Ma femme et
mes enfants ressemblent de plus en plus à Christ. Notre manière
de vivre est davantage en harmonie avec le Nouveau Testament.
Comme l’a dit ma fille de seize ans après notre première sortie
ensemble pour aller partager notre foi : « C’est comme si on était
sortis tout droit des pages de la Bible ! »
L’Église dont je fais partie est en devenir, mais elle avance dans
la bonne direction. Elle ressemble de plus en plus à ce que je vois
dans les Écritures. On y trouve vie, amour, dévouement, engage-

11
SUIS-MOI

ment et puissance. Je passe le plus clair de mon temps à faire des


disciples et dans ce cadre, mon ministère coule de source.
Pendant trop longtemps, je me suis battu avec les chiffres. Tout
allait bien quand je gérais cinquante personnes, qui eux, en tou-
chaient cinq cents. J’avais l’impression d’être un bon gestionnaire.
Impeccable aussi avec cinq-cents ouvriers qui en atteignaient cinq
mille. Mais c’est là que le système s’est effondré ! On m’avait confié
l’énorme responsabilité de diriger cinq-mille travailleurs. C’est
une sacrée main-d’œuvre ! Qui a produit de bonnes choses. Mais
les ouvriers ne se multipliaient plus. Le résultat ne correspondait
pas à la taille de l’entreprise. J’étais en train de gaspiller les res-
sources.
La question n’est pas d’avoir une petite ou une grande Église.
Ce qui compte c’est de s’assurer que chaque croyant garde en tout
temps présent dans son esprit le grand ordre de mission de Jésus.
Ce qui compte c’est d’aider l’Église à passer du « Venez et écou-
tez ! » au « Allez et racontez ! ». Ce qui compte c’est de voir des
chrétiens embrasser la vraie vie, et l’Église briller avec éclat.

Faire de chaque jour un voyage missionnaire


Peut-être avez-vous déjà participé à un voyage missionnaire.
C’était fascinant, non ? Pendant plusieurs jours, avec d’autres
croyants, vous avez visité un pays étranger, en vous mettant au
service des chrétiens de ce pays. Ensemble, vous avez ri en man-
geant des plats étranges et en essayant de parler une langue bi-
zarre. Vous avez pleuré devant l’extrême pauvreté présente tout
autour de vous. Vous êtes peut-être tombé malade vous-même,
avez rencontré des difficultés ou même connu la persécution.
Pourtant, à votre retour, la joie de retrouver le confort de votre
maison a vite cédé la place à une certaine déception. Vous étiez
à nouveau dans le « monde réel ». Vous aviez connu la paix inté-
rieure, alors que vous serviez le Seigneur à l’étranger. Mais cette
paix s’était tant soit peu évaporée. Vous aviez retrouvé votre train-
train quotidien et aviez l’impression qu’une grande partie de vos
activités n’avait aucune portée éternelle. Et si c’était possible de
conserver l’enthousiasme et la paix ? Et si la vie pouvait être un

12
Préface

perpétuel voyage missionnaire ? Pouvons-nous vivre cela dans le


« monde réel » ?
Non seulement nous le pouvons, mais c’est ce que Dieu veut
pour nous !
Vous rappelez-vous du verset que beaucoup d’entre nous ont
entendu, au tout début de notre vie avec Jésus ? « Le voleur ne vient
que pour voler, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les
brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance » (Jean 10 : 10).
Dieu a prévu pour nous une vie d’abondance. Pleinement sa-
tisfaisante. Pas monotone du tout. Il veut que nos actions aient une
portée éternelle. Il veut que nous travaillions à l’expansion de son
royaume, d’une façon ou d’une autre, là où nous vivons, chaque
jour. Ce qui ne signifie pas que nous devrons tous quitter notre
travail pour déménager à l’autre bout du monde. Mais cela signifie
que nous devons tous trouver le moyen d’entrer chaque jour dans
ses projets.
Paul l’a formulé ainsi : « Aucun soldat en service ne s’embar-
rasse des affaires de la vie courante s’il veut plaire à celui qui l’a
recruté » (2 Timothée 2 : 4).
La plupart d’entre nous avons tendance à faire exactement le
contraire ! Nous nous occupons « des affaires de la vie courante »
et rejoignons le champ de bataille de temps à autre, lorsque nous
nous y sentons forcés. Nous servons Dieu ponctuellement : un
voyage missionnaire, une journée spéciale d’évangélisation, une
rencontre de prière. S’embarrasser des affaires de la vie de tous les
jours, c’est devenu normal et acceptable. C’est même applaudi, à
condition de se mettre de temps à autre au service de Dieu. Mais
est-ce que la Parole ne nous invite pas à vivre différemment ? Votre
vie ne serait-elle pas plus « abondante » si vous vous retrouviez
tous les jours sur le champ de bataille ?
Vous pensez peut-être ne pas avoir le choix. Ne sommes-nous
pas obligés de nous « embarrasser des affaires de la vie courante »
quand il y a des factures à payer, une famille dont il faut prendre
soin, et des responsabilités à assumer ?
Absolument pas ! Vous et moi avons été créés pour tout autre
chose.

13
SUIS-MOI

S’il l’ordonne, c’est qu’on peut le faire !


Jésus ne nous aurait jamais donné un commandement impos-
sible à mettre en œuvre.
Quand il permet la tentation, il prévoit aussi le moyen d’en
sortir (1 Corinthiens 10 : 13). Quand il nous donne un service à
accomplir, il nous offre la puissance pour le faire (Philippiens
2 : 12-13 ; 4 : 13, 19). S’il nous lançait un ordre sans nous octroyer
en même temps la force pour y obéir, notre vie ne serait pas abon-
dante, mais pleine de frustrations.
Bien terminer un travail est une grande source de joie dans la
vie. Quel bonheur de réussir un examen après avoir étudié comme
un fou ! Quel plaisir de remporter une compétition après avoir
tout donné ! Nous admirons l’athlète olympique qui remporte la
médaille d’or après des années d’intense entraînement. Nous ai-
mons voir le dur labeur récompensé.
Dieu nous a créés pour des œuvres bonnes (Éphésiens 2 : 10).
Et voilà ce qui est fou : non seulement Dieu nous donne des com-
mandements, non seulement il nous offre la puissance pour obéir
à ces commandements, mais ensuite il nous récompense lorsque
nous avons fait ce qu’il nous avait ordonné de faire ! C’est ça, la vie
abondante.
La tâche la plus mémorable confiée par Jésus est sans doute
celle de Matthieu 28. Elle sort du lot en raison d’un incroyable
contexte. Il est ressuscité des morts, puis il a introduit son com-
mandement par ces mots : « Tout pouvoir m’a été donné dans le
ciel et sur la terre ». Personne ne pourrait oublier ce qui suit une
telle introduction :
Allez [donc], faites de toutes les nations des disciples, baptisez-
les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à
mettre en pratique tout ce que je vous ai prescrit. (Matthieu 28 : 18-
20)
Jésus voulait des disciples issus de toutes les nations de la terre.
Aussi a-t-il ordonné aux siens de les atteindre et de les former. Et
c’est exactement ce qu’ils ont fait. Mais ce travail n’est pas encore
terminé. Jésus nous demande de suivre leurs traces. Et d’organiser
toute notre vie autour de cet objectif : accomplir cette mission.

14
Préface

L’Église a démarré en Actes 2 quand trois-mille personnes se


sont converties. On estime que le nombre de chrétiens en l’an 100
s’élevait à vingt-cinq-mille. En l’an 350, ils étaient plus de trente-
millions1.
Comment l’Église a-t-elle pu grandir aussi rapidement, alors
qu’elle était persécutée ? Les premiers chrétiens avaient compris
leur devoir de faire des disciples. Nous retrouvons ce même était
d’esprit dans l’Église chinoise. Et, sans surprise, les chiffres y sont
semblables. En 1950, la Chine annonçait un million de chrétiens.
En 1992, le Bureau national des statistiques chinois en dénombrait
plus de soixante-quinze-millions2. Et si les chrétiens occidentaux
devenaient eux aussi des faiseurs de disciples ? Le réveil ne serait-il
pas au rendez-vous ?
Mais que cette stratégie nous plaise ou non n’a aucune impor-
tance. Nous n’avons pas vraiment le choix. Nous avons reçu un
ordre.
Si votre patron vous confie une tâche au travail et que vous n’en
tenez pas compte, vous prenez un gros risque. La plupart d’entre
nous ne l’envisageraient même pas. Alors, comment osons-nous
ignorer l’ordre du Roi de l’univers, celui qui reviendra un jour en
tant que Juge ?
Ce commandement peut sembler nous dépasser. Beaucoup
ont déjà une vie bien remplie, avec parfois le sentiment d’être sur
le point de craquer. Jésus a dit : « Mon joug est aisé, et mon far-
deau léger » (Matthieu 11 : 30 – Colombe) ; alors, comment peut-il
nous charger d’un tel fardeau ? La réponse est simple : regardez
à qui vous êtes « attelé » ! Imaginez deux bœufs sous leur joug.
Maintenant, imaginez-vous attelé avec Jésus ! Qui ne voudrait pas
ça ? N’est-ce pas plus un honneur qu’un fardeau ?
Jésus conclut son ordre ainsi : « Et moi, je suis avec vous tous
les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28 : 20). Quel récon-
fort ! Il promet d’accompagner ses ouvriers jusqu’à la fin du travail.
Voilà ce qui nous donne paix, confiance et même… impatience.

15
SUIS-MOI

Se priver de quelque chose


Quand quelqu’un m’avoue qu’il « se sent loin de Jésus », je lui
demande s’il est en train de faire des disciples. Après tout, la pro-
messe du Christ d’être avec nous est directement liée à son ordre
de faire des disciples. Tout chrétien désire expérimenter la puis-
sance du Saint-Esprit, mais nous oublions souvent que cette puis-
sance nous est donnée dans le but de devenir ses témoins (Actes
1 : 8). Chaque véritable croyant aspire à voir Dieu à l’œuvre. Mais
cela n’est possible qu’en étant son témoin et en faisant des disciples.
Rien n’est plus passionnant que d’expérimenter personnelle-
ment la puissance de Dieu. Nous aurions tous aimé être aux côtés
d’Élie quand il a fait tomber le feu du ciel ! Ou marcher parmi les
lions en compagnie de Daniel. Ou entendre Pierre et Jean ordon-
ner au paralytique de se lever et de marcher. Mais notons bien que
ces miracles ont eu lieu alors que ces serviteurs de Dieu le procla-
maient dans des situations dangereuses. Nous nous privons de la
puissance de l’Esprit en refusant de vivre par la foi. Nous nous pri-
vons de vivre du Christ quand nous ne sommes pas ses témoins.
Le plus triste dans l’histoire, c’est que nous pourrions vrai-
ment voir Dieu à l’œuvre. Mais au lieu de cela, nous ressentons de
la culpabilité ! Notre crainte de le suivre dans une vie de faiseurs
de disciples nous laisse face à un sentiment de grande déception.
Vous débattez-vous avec ce genre de culpabilité ?
Vous lisez la Bible et vous croyez que Jésus est le seul chemin
vers le ciel. Vous savez que ceux qui meurent sans Christ ont de-
vant eux un avenir horrible de souffrance. Pourtant, pour une rai-
son ou pour une autre, vous ne faites pas grand-chose pour mettre
en garde votre famille et vos amis. Vous ne parlez jamais de Jésus
à vos voisins, collègues et autres personnes que vous croisez tous
les jours.
Vous regardez votre vie et vous pensez : Mais, ça n’a aucun
sens ! Ou bien je ne crois pas vraiment ce que la Bible dit, ou bien je
manque cruellement d’amour. De toute évidence, ma crainte d’être
rejeté passe avant la destinée éternelle de mon prochain !

16
Préface

Pendant une bonne partie de ma vie, j’ai moi aussi connu ce


sentiment de culpabilité. Je savais bien que mes actions n’étaient
pas cohérentes avec ma foi.
Ce n’est pas ce que Dieu désire pour nos vies. Il souhaite nous
libérer de ce sentiment de culpabilité. Il veut nous voir débordant
de vie ! Nous pouvons ignorer cette culpabilité. Ou nous justifier
en nous comparant à d’autres, tout aussi satisfaits avec leur petite
vie tranquille. Mais ce n’est pas la solution. La solution, c’est la
repentance. Le changement.
J’ai remarqué une certaine tendance dans beaucoup d’Églises :
les gens ont désormais du plaisir à entendre des prédications qui
pointent du doigt certains problèmes de leur vie ! Ils sortent du
culte brisés par le poids de leur péché. Mais là où ça devient vrai-
ment tordu, c’est qu’ils peuvent même se sentir victorieux dans
leur détresse. Ils se vantent : « Je viens d’entendre un message très
puissant, et ça m’a profondément interpellé ! » Ils se focalisent en-
suite sur l’interpellation produite par le message, mais pas sur le
changement qui devrait suivre une telle interpellation. En effet, le
changement ne suit pas automatiquement une prise de conscience
d’un problème ! Le sentiment de culpabilité n’est pas toujours une
bonne chose. Il ne l’est que s’il nous conduit de la tristesse à la joie
de la repentance.
Souvenez-vous : le jeune homme riche est reparti triste, alors
que Zachée, qui lui aussi était très riche, a sauté de son arbre tout
heureux (Luc 18 et 19). La différence entre ces deux hommes ? La
repentance. Le jeune homme riche était triste parce qu’il n’était
pas prêt à lâcher prise. Zachée, lui, a abandonné son orgueil et
tous ses biens afin de suivre Jésus, avec joie. C’est ce que Christ
veut pour nous.
Il est temps d’échanger notre culpabilité et notre tristesse pour
la joie du Seigneur.
Sans aucun regret.
En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance qui
conduit au salut et que l’on ne regrette jamais, tandis que la
tristesse du monde produit la mort. (2 Corinthiens 7 : 10)

17
SUIS-MOI

Bien finir sa course


Nous avons tous fait des erreurs dans le passé. Mais vivre dans
le passé peut nous détruire. Décidons d’utiliser au mieux le temps
qui nous reste sur la terre.
Paul a fait une merveilleuse proclamation en Actes 20 :
C’est pourquoi je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du
sang de vous tous, car je vous ai annoncé tout le plan de Dieu
sans rien en cacher. (Actes 20 : 26-27)

Qui n’aimerait pas pouvoir dire cela ? Paul pouvait vivre en


paix avec sa conscience car il avait fait face à ses responsabilités. Il
avait dit tout ce qu’il avait à dire ! À la fin de sa vie, il a pu honnê-
tement affirmer :
Pour ma part, en effet, je suis déjà comme sacrifié et le mo-
ment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai
terminé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de jus-
tice m’est réservée. Le Seigneur, le juste juge, me la remettra ce
jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront
attendu avec amour sa venue. (2 Timothée 4 : 6-8)
Tel un athlète olympique qui attend de recevoir sa médaille
d’or, Paul avait accompli sa tâche. Il n’attendait plus maintenant
que sa « couronne ». Paul avait terminé sa mission. Comme Jésus,
qui a dit : « J’ai terminé ce que tu m’avais donné à faire » (Jean
17 : 4).
Imaginez-vous, en ce moment même, en train de dire cela à
Dieu !
Quoi de plus merveilleux que de pouvoir vous approcher de
son trône en sachant que vous avez terminé la tâche qu’il vous
avait confiée ? Difficile de croire que nous pourrons entendre
Jésus nous confesser devant le Père ! Mais il l’a promis :
C’est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes,
je le confesserai moi aussi devant mon Père qui est dans les
cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le
renierai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux.
(Matthieu 10 : 32-33 – Colombe)

18
Préface

Cessons de nous voiler la face ! Cela fait trop longtemps que


nous n’avons pas goûté à sa présence ni à sa puissance. Il est temps
de dépasser nos peurs et de nous mettre au travail. Ce livre veut
vous aider à vivre dans la paix votre vie de disciple de Jésus, et à
terminer votre vie de faiseur de disciple avec assurance. Ce livre
décrit ce que devrait être le merveilleux voyage vers la vie éternelle
qui est réservée à quiconque répond réellement à la simple invita-
tion de Jésus : « Suis-moi ».
J’ai rencontré David Platt pour la première fois en 2011. Nous
étions tous deux orateurs dans une même conférence. Et nous pen-
sions que ce serait formidable de pouvoir encourager et équiper les
milliers de participants à devenir des « faiseurs de disciples ». Tous
deux avions pour cela l’idée d’un livre qui présenterait le besoin
et, nous l’espérions, mobiliserait les foules. Je suis heureux que cet
ouvrage ait pu voir le jour.
Nous vivons des temps extraordinaires. Des milliers de per-
sonnes en Occident prennent conscience des problèmes de l’Église.
Et elles s’engagent pour que les choses changent. De vrais disciples
de Jésus se lèvent, refusant de continuer à n’être que spectateurs
ou consommateurs. Jésus nous a ordonné d’aller et de faire des
disciples. Alors nous refusons de rester assis en cherchant des ex-
cuses !
Je prie que vous rejoigniez les rangs de cette foule grandissante
de chrétiens qui s’engagent à faire des disciples. Et qui réellement
font des disciples. Inlassablement, jusqu’à ce que tous les peuples
de la terre aient reçu l’invitation à suivre Jésus.
Avons-nous le choix d’agir différemment ?
FRANCIS CHAN

19
CHAPITRE UN

Des croyants non convertis

Elle s’appelle Aziza. Son peuple se vante d’être cent pour


cent musulman. Appartenir à la tribu d’Aziza, c’est être musul-
man. Tout ce qui la définit est inextricablement lié à l’islam : iden-
tité personnelle, honneur familial, statut relationnel et social. En
clair, si Aziza abandonnait sa foi, elle signerait aussitôt son arrêt de
mort. Si sa famille découvrait qu’elle n’était plus musulmane, elle
lui trancherait la gorge sans hésiter.
Imaginez à présent que vous parlez de Jésus avec Aziza. Vous
commencez par lui dire que Dieu l’aime tellement qu’il a envoyé
son Fils unique pour mourir sur une croix pour ses péchés et de-
venir son Sauveur. Alors que vous en discutez, vous pouvez sentir
que son cœur s’ouvre peu à peu à vos paroles. Mais vous sentez en
même temps que son esprit tremble à l’idée de ce que cela lui coû-
terait de suivre Christ. La peur au ventre, mais le cœur rempli de
foi, elle vous demande : « Qu’est-ce que je dois faire pour devenir
chrétienne ? »
Vous avez le choix.

21
SUIS-MOI

Vous lui expliquez combien c’est facile : elle n’a qu’à adhérer
à certaines vérités, répéter une certaine prière, et elle sera sauvée.
Tout simplement.
Ou vous lui dites la vérité : dans l’Évangile, Dieu l’appelle à
mourir.
Littéralement.
Mourir à sa vie.
Mourir à sa famille.
Mourir à ses amis.
Mourir à son avenir.
Et en mourant, à vivre.
À vivre en Jésus.
À vivre en tant que membre d’une famille planétaire qui com-
prend toute tribu.
À vivre avec des amis de tous âges.
À vivre un avenir de joie éternelle.
Aziza n’est pas un personnage de fiction. Je l’ai rencontrée.
Malgré le prix à payer, elle a réellement choisi de devenir chré-
tienne, de mourir à elle-même et de vivre en Christ. Sa décision
l’a obligée à fuir sa famille et elle s’est retrouvée loin de ses amis.
Elle travaille pourtant aujourd’hui à répandre l’Évangile parmi
son peuple, en faisant preuve de stratégie et d’un sens du sacrifice.
Ce n’est pas sans risques : jour après jour, elle meurt à elle-même
pour vivre en Christ.
L’histoire d’Aziza nous rappelle une vérité fondamentale : l’ap-
pel du Christ est inévitablement un appel à mourir. Et ce, depuis les
débuts du christianisme. Quatre pêcheurs se tenaient près d’un lac
quand Jésus les a interpellés : « Suivez-moi et je ferai de vous des
pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19). Il exhortait ces hommes à
laisser derrière eux profession, possessions, rêves, ambitions, fa-
mille, amis, tranquillité et sécurité. Ils devaient tout abandonner.
Jésus répétait souvent : « Si quelqu’un veut me suivre, il doit renon-
cer à lui-même ». Dans un monde où tout tourne autour de notre
petite personne (« Protège-toi, défends-toi, amuse-toi, réconforte-

22
Des croyants non convertis

toi, prends soin de toi, mets-toi en avant ! »), Jésus disait : « Mets-toi
à mort ». Et c’est exactement ce qui s’est passé pour ces quatre pê-
cheurs. Les Écritures et la tradition racontent le prix fort qu’ils ont
payé pour avoir suivi Jésus. Pierre a été crucifié à l’envers, André a
été crucifié en Grèce, Jacques a été décapité et Jean exilé.
Ils estimaient pourtant que ça en valait la peine. Ça valait la
peine de tout sacrifier pour Jésus. Ils avaient découvert un amour
qui surpasse toute compréhension, une satisfaction qui ne dépend
pas des circonstances, et une raison d’exister qui l’emporte sur
toute autre ambition sur cette terre. Sans hésiter, ils ont accepté
avec joie de « perdre leur vie » afin de connaître, de suivre et de
proclamer Jésus. En marchant sur les pas de Jésus, ces premiers
disciples ont découvert un chemin qu’il valait la peine de suivre,
même au prix de leur vie.
Deux mille ans plus tard, à quel point nous sommes-nous
égarés loin de ce chemin ? Entraînés par les courants culturels
et religieux, n’avons-nous pas étouffé l’appel pressant de Jésus à
lui abandonner totalement nos vies ? Les Églises sont remplies
de « chrétiens » qui se contentent d’une relation occasionnelle
avec Christ. Ils n’ont de chrétiens que le nom qu’ils se donnent.
Un nombre incalculable d’hommes, de femmes et d’enfants sont
convaincus qu’il suffit de reconnaître certains faits ou de pronon-
cer certains mots pour suivre Jésus. C’est faux ! Des disciples tels
que Pierre, André, Jacques, Jean et Aziza montrent que l’appel de
Jésus n’est pas une invitation à réciter une prière : c’est un appel
pressant à perdre notre vie.
Comment donc oserions-nous croire qu’être chrétien serait
plus facile pour nous que pour eux ? Et comment oserions-nous
refuser de mourir à nous-mêmes pour vivre en Christ ? Oui, il
en coûte de sortir de notre christianisme de surface, culturel et
confortable, mais cela en vaut la peine. Ou plus exactement : il en
vaut la peine. Jésus vaut bien plus qu’une croyance intellectuelle,
et le suivre signifie bien plus que suivre une simple spiritualité du
dimanche. Lorsque nous mourons à nous-mêmes et vivons pour
lui, nous découvrons une joie indescriptible, nous ressentons une
satisfaction profonde, et nous réalisons notre dessein éternel.

23
SUIS-MOI

Voilà pourquoi j’ai écrit ce livre. Dans un précédent ouvrage,


Radical3, j’ai cherché à dénoncer des valeurs et des opinions
contemporaines en total désaccord avec l’Évangile, et pourtant
largement répandues dans nos Églises. J’y passais en revue les pen-
sées et les choses de ce monde qu’il nous faut abandonner pour
suivre Jésus. Le but de ce livre-ci est donc de passer à l’étape sui-
vante : passer des choses que nous abandonnons à la personne à qui
nous nous accrochons. Je veux percevoir non seulement la peti-
tesse de ce que nous devons délaisser dans ce monde, mais aussi la
grandeur de celui que nous suivons dans ce monde. Je veux mettre
en avant ce que signifie mourir à nous-mêmes et vivre en Christ.
Je vous invite à me rejoindre dans cette quête. En chemin, j’ai-
merais remettre en question des expressions toutes faites répan-
dues parmi les chrétiens d’aujourd’hui. Mon but en faisant cela
n’est pas de reprendre ceux qui ont prononcé ces expressions, mais
simplement d’exposer certains dangers potentiels que cachent ces
clichés populaires. Je ne prétends pas avoir toutes les réponses.
Ni comprendre tout ce qu’implique le fait de suivre Jésus. Mais je
sais que Jésus vaut beaucoup plus que la simple routine religieuse
dans laquelle nous sommes tentés de nous installer tous les jours.
D’autant plus que nous vivons à une époque où le simple fait de
vivre la foi chrétienne est tellement critiqué par la culture et si
mal compris dans l’Église. Quand nous considérerons sérieuse-
ment ce que Jésus avait en tête quand il a dit « suis-moi », nous
découvrirons qu’il offre bien plus que tout ce que le monde peut
nous offrir. Nous pouvons ressentir plus de plaisir en lui, disposer
d’une puissance incroyablement plus grande avec lui et accomplir
un dessein bien plus élevé pour lui. Résultat : sans hésiter, nous
accepterons tous de perdre notre vie volontairement et avec joie,
afin de connaître et proclamer Christ. C’est tout simplement cela
que signifie suivre Jésus.

« Répète cette prière »


Un de mes amis, appelons-le Jeremy, a été exposé au concept
de l’enfer pour la première fois en regardant un épisode de Tom et
Jerry quand il était enfant. Au cours d’une scène particulièrement
frappante, Tom est envoyé en enfer parce qu’il a fait quelque chose

24
Des croyants non convertis

de mal à Jerry. Ce qui était censé être un dessin animé humoris-


tique a terriblement effrayé Jeremy. Il en a parlé un jour avec un
adulte de son Église.
L’homme s’est penché vers Jeremy et lui a dit :
— Eh bien, toi tu n’as pas envie d’aller en enfer, n’est-ce pas ?
— Non.
— Très bien. Dans ce cas, répète cette prière après moi : Cher
Jésus…
Jeremy a hésité. Après un silence gêné, il a compris qu’il devait
répéter la prière :
— Cher Jésus…
— Je sais que je suis un pécheur, et je sais que Jésus est mort
sur une croix pour mes péchés, a dit l’homme.
Jeremy l’a imité. L’homme a continué :
— Je te demande de venir dans mon cœur et de me sauver de
mon péché.
Là encore, Jeremy a répété ce qu’il avait entendu.
— Amen ! a conclu l’homme.
Puis il a regardé Jeremy et lui a dit :
— Fiston, tu es sauvé de tes péchés, et tu n’auras plus jamais à
te soucier de l’enfer.
Ce que cet homme a dit à mon ami dans l’Église ce jour-là
n’était franchement pas vrai. Ce n’est évidemment pas ce que si-
gnifie « répondre à l’invitation de Jésus à le suivre ». Cette anec-
dote représente pourtant une tromperie qui s’est répandue comme
une traînée de poudre dans le paysage chrétien.
« Demande seulement à Jésus d’entrer dans ton cœur. »
« Invite simplement Christ dans ta vie. »
« Répète cette prière après moi, et tu seras sauvé. »
La Bible ne mentionne nulle part une telle prière : devrions-
nous nous en alarmer ? Nulle part dans les Écritures, quelqu’un
n’est encouragé à « demander à Jésus d’entrer dans son cœur » ou

25
SUIS-MOI

« inviter Christ dans sa vie » : devrions-nous nous en inquiéter ?


On a convaincu des multitudes de « chrétiens » qu’en prononçant
certains mots, en récitant une certaine prière, levant leurs mains,
cochant une case, signant une carte ou s’avançant à l’appel, ils se-
raient chrétiens et leur salut serait garanti pour l’éternité.
Ce n’est pas vrai. Nous avions probablement de bonnes in-
tentions et un désir sincère d’atteindre autant de personnes que
possible pour Jésus. Mais en fin de compte, nous avons réduit à
trois fois rien la définition d’un disciple de Jésus. Nous avons rem-
placé les exigences du Christ par des formules banales. Puisqu’il
fallait plaire aux foules, nous avons vidé le christianisme de son
sang pour le remplacer par une sorte de grenadine bien sucrée. Les
conséquences sont catastrophiques. Des multitudes d’hommes et
de femmes pensent en ce moment même être sauvés de leurs pé-
chés alors qu’ils ne le sont pas. Des millions de personnes dans le
monde se pensent chrétiennes, à cause de leur culture ambiante.
D’après Jésus, elles ne le sont pas.

« Je ne vous ai jamais connus »


Est-ce possible ? Possible de se dire chrétien sans pour autant
connaître Christ ? Absolument. Et d’après Jésus, c’est fort possible.
Vous rappelez-vous de ses paroles vers la fin de son sermon
le plus célèbre ? Entouré de gens considérés comme ses disciples,
Jésus a dit :
Ceux qui me disent : « Seigneur, Seigneur ! » n’entreront pas
tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait
la volonté de mon Père céleste. Beaucoup me diront ce jour-
là : « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton
nom ? » Alors je leur dirai ouvertement : « Je ne vous ai jamais
connus. Éloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal ! »
(Matthieu 7 : 21-23)

Ces mots font partie des paroles les plus effrayantes de toute
la Bible. En tant que pasteur, j’en reste parfois éveillé la nuit. Je
suis hanté par la pensée que parmi ceux qui sont assis à l’Église
le dimanche matin, beaucoup pourraient être surpris de se tenir

26
Des croyants non convertis

un jour devant Jésus et de l’entendre leur dire : « Je ne t’ai jamais


connu ; éloigne-toi de moi ! »
Nous sommes tous enclins à nous laisser berner spirituelle-
ment, chacun d’entre nous. Quand Jésus prononce ces mots en
Matthieu 7, il ne parle pas des athées, des agnostiques, des païens
ou des hérétiques. Il parle de gens bons et pieux, d’hommes et de
femmes associés à Jésus qui supposent que leur éternité est assu-
rée, mais qui seront un jour choqués de découvrir que ce n’est pas
le cas. Bien qu’ils professaient leur croyance en Jésus et accom-
plissaient toutes sortes d’œuvres bonnes en son nom, ils ne l’ont
jamais vraiment connu.
Si les foules du ier siècle pouvaient se tromper à ce point, c’est
d’autant plus vrai pour les Églises du xxie siècle. Quand je lis
Matthieu 7, je pense à Tom, un homme d’affaires qui avait été ac-
tif dans l’Église toute sa vie. Il a servi dans pratiquement toutes
les sphères d’activités possibles d’une assemblée. Quand il a com-
mencé à fréquenter l’Église dont j’étais pasteur, son ancien pasteur
nous a appelés pour vanter ses qualités et nous encourager à l’im-
pliquer dans notre vie d’Église.
Le seul problème, c’est que Tom n’était jamais réellement de-
venu un disciple de Jésus. Il avait certes servi dans l’Église pendant
plus de cinquante ans, mais, dit-il : « Pendant toutes ces années, je
me suis assis sur les bancs de l’Église pensant connaître Christ,
alors que ce n’était pas le cas ».
Julie, une étudiante de notre assemblée, a vécu une histoire
semblable. Elle raconte elle-même son parcours :
À l’âge de cinq ans, j’ai prié pour que Jésus vienne dans mon
cœur. Cette prière m’a servi pour un temps de « ticket pour évi-
ter l’enfer », alors que je continuais à marcher dans le péché.
En apparence, j’étais meilleure que les autres dans mon groupe
de jeunes, ce qui semblait prouver la réalité de ma foi. Il m’arri-
vait pourtant d’en douter. Mais, puisque j’avais prononcé cette
prière et que j’avais l’air bien comme il faut, mes parents, pas-
teurs et amis me confirmaient que j’étais effectivement une
« chrétienne ». Ils étaient certains que j’étais passée du bon
côté de la barrière.

27
SUIS-MOI

Mais mon cœur n’était toujours pas disposé à saisir la grâce.


Et ma prière de petite fille ne suffisait plus pour me rassurer.
Alors, qu’est-ce que j’ai fait ? Ce qu’aurait fait n’importe quelle
personne pas encore prête à reconnaître sa misère et son
péché devant le Dieu saint : j’ai « reconsacré » ma vie à Christ.
Un terme que vous ne trouverez nulle part dans l’Écriture, vous
pouvez me croire !

J’étais toujours aussi morte dans mon péché, et je ne me


repentais pas. Je continuais à penser que mes bonnes œuvres,
passées et futures, comptaient pour quelque chose. Je
pouvais me sauver moi-même, j’en étais sûre. J’animais des
études bibliques et participais à des voyages missionnaires…
mais tout cela n’avait aucune importance. J’étais toujours, par
nature, une enfant de la colère.

Au cours de ma première année à l’université, j’ai finalement


pris conscience de l’énorme tension existant entre mon être
pécheur et la nature sainte de Dieu. Et pour la première fois,
j’ai compris que la croix servait à justifier Dieu dans sa colère
que j’aurais dû subir. Je suis tombée à genoux, dans la crainte,
les tremblements, l’adoration et les larmes. Et j’ai reconnu que
j’avais besoin de Jésus plus que de n’importe quoi d’autre dans
le monde. Je suis maintenant heureuse de confesser que « j’ai
été crucifiée avec Christ ; ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ
qui vit en moi » (Galates 2 : 20).

Après avoir fréquenté plusieurs années l’Église, Julie a vécu


une transformation radicale : elle ne se contente plus de connaître
des choses sur Jésus, elle vit de Jésus. Elle ne travaille plus pour lui
dans l’espoir de gagner ses faveurs ; elle marche avec lui en consé-
quence de sa foi.
Je ne pense pas que les histoires de Tom et de Julie soient ex-
ceptionnelles. Elles traduisent un problème général du christia-
nisme d’aujourd’hui. Comme eux, une multitude d’hommes, de
femmes et d’enfants, partout dans le monde, se tiennent conforta-
blement sous la bannière du christianisme ; sans jamais avoir vrai-
ment pensé à ce qu’il en coûte de suivre le Fils de Dieu.

28
Des croyants non convertis

Le sentier difficile
C’est pourquoi il est si important de bien entendre les paroles
du Seigneur en Matthieu 7. Il démasque en effet notre dangereuse
tendance à être attirés par ce qui est facile et populaire. Écoutez sa
mise en garde :
Entrez par la porte étroite ; en effet, large est la porte et facile
la route qui mène à la perdition. Nombreux sont ceux qui s’y
engagent. Mais étroite est la porte et difficile le sentier qui
mène à la vie ! Qu’ils sont peu nombreux ceux qui les trouvent !
(Matthieu 7 : 13-14 – Semeur)

En d’autres termes, il existe une route religieuse, large, ac-


cueillante et ouverte. Un chemin sympathique, agréable et très
fréquenté, attrayant et facile. La seule chose qu’on vous demande,
pour pouvoir emprunter ce chemin, c’est de prendre une décision
pour Christ, une fois pour toutes ; ensuite, vous n’avez plus à vous
soucier de ses commandements ou de sa gloire. Vous possédez dé-
sormais un ticket pour le ciel. Et votre péché, qu’il se manifeste au
travers de votre propre justice ou votre indulgence à votre égard,
sera toujours toléré tout au long du parcours.
Mais ce n’est pas la voie de Jésus. Lui nous appelle à un sen-
tier difficile. Et le mot « difficile » qu’il emploie est associé, dans
la Bible, à souffrance, pression, tribulation, persécution. Oui, son
chemin est difficile à suivre et méprisé par beaucoup.
À peine un peu plus loin dans l’Évangile selon Matthieu, le
Seigneur prévient ses disciples que s’ils le suivent, ils seront tra-
his, battus, maltraités, isolés et même tués : « Méfiez-vous des
hommes, car ils vous livreront aux tribunaux et vous fouetteront
dans leurs synagogues. À cause de moi vous serez conduits devant
des gouverneurs et devant des rois. […] Le frère livrera son frère
à la mort et le père son enfant. […] Vous serez détestés de tous à
cause de mon nom, mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera
sauvé » (Matthieu 10 : 17-22).
Un peu plus tard, Jésus félicite Pierre pour sa confession de
foi (« Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant »). Mais il lui reproche
aussi de ne pas avoir saisi la portée de cette déclaration. Comme
beaucoup aujourd’hui, Pierre désirait un Christ sans croix et un

29
SUIS-MOI

Sauveur sans souffrance. Jésus regarde Pierre et les autres dis-


ciples, et leur déclare : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il
renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive !
En effet, celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la
perdra à cause de moi la retrouvera » (Matthieu 16 : 16, 24-25).
Peu de temps avant de mourir sur la croix, il leur annonce :
« On vous livrera à la persécution et l’on vous fera mourir ; vous se-
rez détestés de toutes les nations à cause de mon nom » (Matthieu
24 : 9). Dans chacun de ces passages, l’appel à mourir est clair. La
voie qui mène au ciel est dangereuse, peu fréquentée et elle peut
vous coûter cher dans ce monde. Peu sont prêts à en payer le prix.
Suivre le Maître signifie perdre sa vie. Mais suivre Jésus signifie
aussi trouver une nouvelle vie, en lui.
Il y a quelque temps de cela, je me suis rendu en Afrique du
Nord, à la rencontre de frères et de sœurs persécutés. J’ai discuté
avec un homme dont la jambe avait été broyée lors de l’explosion
de son église quelques mois auparavant. Un pasteur m’a raconté
que les femmes de son assemblée étaient régulièrement kidnap-
pées, frappées et violées, parce qu’elles étaient chrétiennes. Ce
soir-là, j’ai mangé dans une famille où j’ai appris que, non loin
de là, un disciple de Jésus avait été tué d’un coup de poignard en
plein cœur.
On m’a raconté l’histoire de trois chrétiens qui avaient quitté
les États-Unis pour venir travailler dans un hôpital de la région.
Une majorité de gens dans le monde (et beaucoup dans l’Église)
auraient qualifié leur déménagement de pure folie et d’impru-
dence. Ils avaient laissé derrière eux confort, carrière, famille,
amis, tranquillité et sécurité pour partager la bonté et la grâce de
Christ dans un pays où il est interdit de devenir chrétien. Jour
après jour, dans cet hôpital, ils ont répondu aux besoins physiques
tout en partageant les vérités spirituelles.
Ils savaient que leur travail rencontrait de l’opposition, mais
rien ne les avait préparés au jour où un homme est entré dans
l’hôpital, un faux bandage sur la main. Il semblait porter un bébé
enveloppé dans une couverture. Il est entré dans les bureaux et a
aussitôt soulevé la couverture dans laquelle un fusil chargé était

30
Des croyants non convertis

dissimulé. Il a alors commencé à tirer, puis a parcouru la clinique


pour trouver et abattre ces trois frères et sœurs.
Lors de mon séjour, le dixième anniversaire de cette fusillade
approchait. Nous avons donc mis un temps à part pour nous sou-
venir de ces trois chrétiens. Notre petite cérémonie avait lieu près
de la tombe d’Oswald Chambers. Aussi avons-nous trouvé oppor-
tun ce jour-là, de lire un texte tiré de son célèbre recueil de médi-
tations quotidiennes, Tout pour qu’il règne. C’était comme si ses
mots avaient été écrits pour cette occasion :
Imaginez que Dieu vous teste et vous demande de faire
quelque chose qui va à l’encontre de tout votre bon sens.
Qu’allez-vous faire ? Obéir ou ne pas obéir ? Dans le domaine
physique, une mauvaise habitude ne peut être brisée sans
réelle détermination. Il en est de même au niveau spirituel.
Chaque fois que vous serez confronté à la volonté de Jésus,
vous reculerez ; jusqu’au jour où vous serez déterminé à
remettre votre vie toute entière dans les mains de Dieu […]

À chaque disciple qui place sa confiance en lui, Jésus-Christ


exige une même audace, un même esprit d’aventure ! Si
quelqu’un veut réussir dans n’importe quel domaine de la vie,
il faut qu’il soit prêt, à un moment ou à un autre, à tout risquer
et à faire le saut. Dans le domaine spirituel, Jésus-Christ vous
demande de risquer tout ce qui vous est cher, tout ce qui, d’un
point de vue bon sens humain, vous paraît raisonnable, pour
sauter par la foi dans la direction qu’il vous indique. Dès que
vous obéissez, vous vous rendrez compte alors que tout ce
qu’il dit est aussi cohérent que du bon sens.

Face à vos raisonnements humains et à votre bon sens, les


propos de Jésus paraissent une pure folie, mais à l’épreuve de
la foi, vous vous apercevrez avec émerveillement que ce sont
les paroles mêmes de Dieu.

Faites entièrement confiance à Dieu, et quand il vous propose


de vivre une nouvelle aventure, acceptez ! Trop souvent, dans
les moments de crise, nous réagissons comme des non-
croyants. Bien peu d’entre nous ont le courage de placer leur
confiance dans le caractère même de Dieu4.

31
SUIS-MOI

Au regard de la vie de ces trois martyrs, les propos de Chambers


nous poussent à considérer la folie apparente des paroles de Jésus :
Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère,
sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même à sa
propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte
pas sa croix et ne me suit pas ne peut pas être mon disciple. […]
Ainsi donc aucun de vous, à moins de renoncer à tout ce qu’il
possède, ne peut être mon disciple. (Luc 14 : 26-27, 33)

Pour n’importe qui au monde, c’est de la pure folie, mais pour


le chrétien, ce sont des paroles de vie. Pour ceux qui choisissent de
s’abandonner à la volonté de Dieu et de placer leur confiance dans
le caractère de Dieu, suivre Jésus est la seule chose qui soit vrai-
ment raisonnable, quel que soit le chemin sur lequel il nous mène,
quel que soit le prix à payer.

Et la foi alors ?
Mon insistance à propos du prix à payer pour suivre Jésus
pourrait vous paraître surprenante à la lecture de certains passages
de la Bible dans lesquels le salut semble n’exiger qu’un simple acte
de foi. En effet, Jésus a bien déclaré à Nicodème que « Dieu a tant
aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque
croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». Paul et Silas ont
répondu au gardien de la prison de la ville de Philippes : « Crois
au Seigneur Jésus et tu seras sauvé ». Dans sa lettre aux Romains,
Paul a écrit : « Si tu reconnais publiquement de ta bouche que Jésus
est le Seigneur et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité,
tu seras sauvéI ». Il serait facile d’en conclure que, pour devenir ou
être chrétien, nous n’avons qu’à croire en Jésus.
C’est totalement vrai ! Mais il faut bien comprendre ce que
la Bible entend par croire. Et pour cela, il nous faut regarder le
contexte. Quand Jésus appelle Nicodème à croire en lui, il l’appelle
à naître de nouveau : à commencer une vie complètement nou-
velle, consacrée à le suivre. Lorsque le gardien de prison croit en
Christ, il a conscience qu’il rejoint une communauté de chrétiens
battus, fouettés et emprisonnés à cause de leur foi. Le prix à payer

I
Jean 3 : 16 ; Actes 16 : 31 ; Romains 10 : 9

32
Des croyants non convertis

pour suivre le Christ est évident. Et Paul enseigne aux Romains


que croire en la résurrection salvatrice de Jésus, c’est confesser sa
souveraineté sur leur vie.
Ces versets (et de nombreux autres) montrent que croire en
Jésus pour être sauvé signifie bien plus qu’une simple adhésion in-
tellectuelle. En effet, même les démons « croient » qu’il est le Fils
de Dieu, crucifié et ressuscité (Jacques 2 : 19). Manifestement, une
telle « croyance » ne sauve pas. Elle est pourtant monnaie courante
un peu partout dans le monde. Pratiquement chaque drogué ou
alcoolique à qui je parle dans la rue me dit « croire » en Jésus. Je
rencontre partout des personnes qui reconnaissent un certain ni-
veau de « croyance » en lui : des hindous, des animistes, des mu-
sulmans. De nombreux « chrétiens » au cœur partagé aiment le
monde et fréquentent l’Église, mais expriment aussi une forme de
« croyance » en Christ.
Il est possible de témoigner publiquement de sa foi, sans qu’elle
soit réelle. Même (ou devrais-je plutôt dire surtout) dans l’Église !
Aux cris « Seigneur ! Seigneur ! » des condamnés de Matthieu 7, le
Fils de Dieu réplique : « Ceux qui me disent : “Seigneur, Seigneur !”
n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement
celui qui fait la volonté de mon Père céleste » (Matthieu 7 : 21).
C’est clair que tous ceux qui affirment croire en lui ne sont pas ga-
rantis de passer l’éternité avec lui. Seuls ceux qui obéissent à Jésus
entreront dans son royaume.
En lisant cela, vous avez certainement envie de me poser une
question : « David, es-tu en train de dire que notre salut dépend
de nos œuvres ? » Que les choses soient claires : ce n’est pas ce que
je dis.
En réalité, c’est ce que Jésus dit.
Mais attention à ne pas transformer l’Évangile ! Jésus n’an-
nonce pas que nos œuvres sont le fondement de notre salut. La
grâce de Dieu en est l’unique fondement (une vérité que nous exa-
minerons de plus près au chapitre suivant). Mais dans notre em-
pressement à défendre la cause de la grâce, nous ne pouvons pas
fermer les yeux sur ce qui est évident dans ces paroles du Seigneur
(et dans bien d’autres) : n’entreront dans le royaume du Christ que
ceux qui obéissent au Christ. Notre vie doit produire le fruit qui

33
SUIS-MOI

caractérise la vie de quelqu’un qui suit Jésus. Si ce n’est pas notre


cas, nous sommes fous de penser que nous sommes de véritables
disciples de Jésus.

Dangereusement trompés
Selon une étude récente, quatre Américains sur cinq se consi-
dèrent chrétiens. Parmi eux, moins de la moitié participe à une vie
d’Église chaque semaine. Moins de la moitié croit que la Bible est
vraie. Et la grande majorité d’entre eux n’ont pas une perspective
biblique du monde qui les entoure.
Les enquêteurs sont allés plus loin avec cette étude. Ils ont es-
sayé d’affiner leur recherche en identifiant les « chrétiens nés de
nouveau »… comme s’il pouvait exister une autre sorte de chré-
tiens ! Selon cette étude, ce sont des hommes et des femmes qui dé-
clarent avoir pris un engagement personnel envers Jésus. Ce sont
des hommes et des femmes qui se disent être en route pour le ciel
parce qu’ils ont accepté le Christ comme leur Sauveur. Selon cette
définition, près de la moitié des Américains se considèrent « chré-
tiens nés de nouveau ».
Mais l’enquête montre que les croyances de ces gens et leur
style de vie ne diffèrent quasiment en rien de celles de leurs com-
patriotes. Bon nombre d’entre eux sont convaincus que leurs
œuvres peuvent leur assurer une place au ciel. D’autres pensent
que chrétiens et musulmans adorent le même Dieu. D’autres en-
core que Jésus a péché quand il était sur la terre. Et de plus en plus
de ces « chrétiens nés de nouveau » se décrivent comme suivant
Jésus marginalement5.
Beaucoup ont conclu, à la lecture de cette étude, que les chré-
tiens ne sont pas très différents des non-chrétiens. Je ne pense pas
qu’une telle interprétation soit juste. Ce qui ressort d’une telle en-
quête, c’est plutôt que beaucoup de gens pensent être chrétiens,
mais en réalité ne le sont pas ! Beaucoup pensent être nés de nou-
veau, mais ils se sont dangereusement trompés.
Imaginez que vous et moi nous donnions rendez-vous pour
un déjeuner au restaurant. Vous arrivez le premier. Vous atten-
dez, et attendez, et attendez… Une demi-heure passe et je ne suis

34
Des croyants non convertis

toujours pas là. Je finis par arriver, tout essoufflé, et je vous dis :
« Désolé pour mon retard mais j’ai eu une crevaison en venant ici.
Je me suis arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence et j’ai commen-
cé à changer ma roue. Malheureusement, sans faire attention, je
me suis retrouvé sur la chaussée et un camion qui roulait à 130
à l’heure m’a heurté de plein fouet. Ça m’a fait un peu mal, mais
je me suis relevé. J’ai fini de changer ma roue et me voilà enfin !
Désolé pour mon retard ».
Si je vous racontais une telle histoire, de deux choses l’une :
soit que je suis en train de vous mentir délibérément, soit que je
suis en train de vivre dans l’illusion la plus complète. Pourquoi ?
Parce qu’un individu qui rencontre de plein fouet un poids lourd
qui roule à 130 km/h ne ressemble plus du tout physiquement à ce
qu’il était avant6 !
De la même manière, je pense pouvoir affirmer ceci : tous
ceux qui rencontrent Jésus face à face, lui le Dieu de l’univers fait
homme, et qui sont profondément touchés par sa grâce, délivrés
de la puissance du péché et dont la vie est transformée afin qu’ils
puissent suivre leur nouveau maître, tous ces gens deviennent dif-
férents. Très différents. Tous ceux qui se disent chrétiens alors que
leur vie n’est pas différente de celle des non-chrétiens ne sont de
toute évidence pas des chrétiens.
Cette tromperie est très répandue, partout dans le monde. Je
prie régulièrement pour les pays du monde entier ; récemment,
j’intercédais pour la Jamaïque, un pays censé être chrétien à
presque 100 %. Mon guide de prière dit : « Le pays bénéficie du
plus grand nombre d’églises au kilomètre carré au monde, mais
la majorité des “chrétiens” ne vont pas à l’église et ne vivent pas
en chrétiens7 ». En lisant cela, j’étais bouleversé. La conclusion est
sans équivoque : une multitude de Jamaïcains pensent être chré-
tiens, alors qu’ils ne le sont pas. Comme des milliers de personnes
à travers le monde qui se disent chrétiens sans suivre Christ.
La duperie spirituelle est dangereuse… et accablante. Nous
pouvons tous nous tromper nous-même. Nous sommes pécheurs
et nous avons tendance à nous voir sous un jour favorable. La Bible
dit que le dieu de ce monde (Satan) aveugle l’intelligence des in-
croyants pour les empêcher de connaître Christ (2 Corinthiens

35
SUIS-MOI

4 : 4). L’une de ses manières d’agir ne serait-elle pas de tromper les


gens ? En leur faisant croire qu’ils sont chrétiens alors qu’ils ne le
sont pas ?

L’importance de la repentance
Comment donc réellement suivre Jésus ? Que se passe-t-il
quand un individu est percuté par le poids lourd de la gloire et de
la grâce de Dieu ? Ce livre essaiera de répondre à cette question.
Mais arrêtons-nous d’abord sur une parole du Christ qui résume à
elle-même son appel pressant.
Les tout premiers mots du Fils de Dieu au début de son mi-
nistère, rapportés dans le Nouveau Testament, sont catégoriques :
« Repentez-vous ! » ou « Changez d’attitude » (Matthieu 4 : 17). Ce
sont les mêmes termes utilisés par Jean-Baptiste en préparant la
venue de Jésus (Matthieu 3 : 2). Ce même ordre est la base de la
première prédication chrétienne du livre des Actes. Après que
Pierre a proclamé la bonne nouvelle de la mort de Christ pour
le péché, les gens lui demandent : « Que ferons-nous ? » Pierre ne
leur demande pas de fermer les yeux, de répéter une prière ou de
lever la main. Non. Il les regarde bien dans les yeux et leur dit :
« Repentez-vous ! » (Actes 2 : 37-38).
La repentance est un terme biblique très riche qui sous-entend
une transformation fondamentale de l’esprit, du cœur et de la vie.
Se repentir, c’est faire demi-tour : c’est cesser de marcher dans un
sens pour courir dans la direction opposée. Se repentir, c’est com-
mencer à penser différemment, croire différemment, ressentir les
choses différemment, aimer différemment et vivre différemment.
Le « repentez-vous » de Jésus s’adressait à des pécheurs en
rébellion contre Dieu, comptant sur eux-mêmes pour leur salut.
Majoritairement juifs, ils croyaient que leur héritage familial, leur
statut social, leur connaissance de toutes les lois et leur obéissance
à certaines règles suffisaient pour être justes aux yeux de Dieu.
Jésus les a donc appelé à se repentir et à changer d’attitude.
Cet ordre de Jésus est un appel pressantII à renoncer au péché et à
II
L’expression « appel pressant » traduit le terme anglais summon : convocation, citation
à comparaître, sommation. Il souligne le caractère incontournable de l’appel (note de
l’éditeur).

36
Des croyants non convertis

cesser de dépendre de soi-même pour son salut. Ce n’est qu’en se


détournant de leur péché et d’eux-mêmes et en se tournant vers
Jésus qu’ils pourraient être sauvés.
De la même manière, le « repentez-vous ! » de Pierre était
adressé à ceux qui, peu de temps auparavant, avaient crucifié
Jésus. Dans leur péché, ils avaient tué le Fils de Dieu et méritaient
à présent le jugement divin. Pierre les a appelé à se repentir : recon-
naître leur méchanceté, changer de conduite et croire que Jésus est
Seigneur et Christ.
La repentance implique donc d’abandonner une certaine ma-
nière de vivre pour en adopter une nouvelle. C’est fondamental.
Dans l’Ancien Testament, l’Éternel appelle son peuple à se repen-
tir : « Revenez à moi et abandonnez vos idoles, abandonnez toutes
vos pratiques abominables ! » (Ézéchiel 14 : 6). Dans le Nouveau
Testament, se repentir c’est aussi une question de délaisser les
idoles de ce monde pour adorer Dieu seul (voir 1 Thessaloniciens.
1 : 9-10).
Il y a quelque temps de cela, je me trouvais dans une église
de maison en Asie. Nous nous étions réunis dans un lieu isolé et
secret, en périphérie d’un petit village retiré. Les miséreuses mai-
sons de ce village étaient quasiment toutes des entrepôts d’idoles.
Les superstitions sataniques abondaient ; les villageois étaient per-
suadés que leurs multiples dieux les protégeaient du malheur et
pourvoyaient à leurs besoins.
Durant cette rencontre, une femme a particulièrement attiré
mon attention. Elle écoutait avec avidité tout ce que je partageais
de la Parole de Dieu. Il était évident que le Seigneur était en train
de l’attirer à lui. À la fin de la journée, elle a exprimé le désir de
suivre Jésus. Nous étions émerveillés.
Le lendemain, cette nouvelle sœur en Christ est revenue. Elle
nous a pris à part, le pasteur de l’Église et moi-même. Elle nous
a expliqué que sa maison était remplie de faux dieux qu’elle avait
adorés toute sa vie. Elle voulait s’en débarrasser. Nous l’avons donc
accompagnée chez elle ; quand je suis entré, je suis resté bouche
bée… je ne pouvais pas en croire mes yeux !

37
SUIS-MOI

C’était une petite maison sombre, de deux pièces. Les murs


étaient recouverts de posters noirs et rouges de faux dieux. Des
statuettes sataniques, en argile et en bois, trônaient absolument
partout dans la maison. Au milieu d’une des pièces, une impo-
sante idole, au regard terrifiant, était adossée au mur.
Nous avons immédiatement décroché les posters et ôté les sta-
tuettes, en priant à voix haute pour cette femme. Nous avons de-
mandé à Dieu de bénir sa maison pour sa gloire. Puis nous avons
emmené toutes les idoles à notre lieu de réunion et allumé dehors
un grand feu. Ce jour-là, nous avons étudié la Parole de Dieu dans
l’odeur de dieux qui se consumaient lentement !
Cette histoire illustre bien ce qui se passe quand nous nous
repentons de notre péché, que nous renonçons à nous-même et
que nous courons vers le Christ avec foi. Avec humilité et avec joie,
nous brûlons nos anciennes idoles. Nous nous détournons d’elles
et plaçons notre confiance en Jésus. Car nous avons compris que
lui seul est digne de notre adoration.
Devenue chrétienne, cette femme ne pouvait plus se proster-
ner devant de fausses divinités ; elle savait qu’elle devait s’en débar-
rasser. De la même manière, Vasu, un frère indien, faisait chaque
jour des offrandes et des prières à une multitude de dieux hin-
dous. Quand il a commencé à suivre Jésus, il s’est séparé de ces
idoles. Karim, un fervent musulman, a récemment placé toute sa
confiance en Christ, son Sauveur et son Roi. Il s’est repenti, s’est
détourné des enseignements de Mahomet, et a mis ses pas dans
ceux de Jésus.
Dans de telles circonstances, le changement d’attitude appa-
raît clairement. Les chrétiens provenant de milieux animistes,
hindous ou musulmans délaissent leurs faux dieux ; leur vie trans-
formée est signe de leur repentance. Mais qu’en est-il des gens issus
d’un milieu « chrétien », qui ne se sont jamais agenouillés devant
des idoles, qui n’ont jamais offert de sacrifices à de fausses divini-
tés ? À quoi peut ressembler la repentance dans leur vie ?
Cette question est extrêmement importante. Elle révèle une la-
cune majeure dans notre manière de nous percevoir. Quand nous
pensons « idoles » et « faux dieux », nous pensons immédiatement
aux peuplades asiatiques achetant des statuettes de bois, de pierre

38
Des croyants non convertis

ou d’or ; ou aux tribus africaines exécutant des danses rituelles


autour d’un sacrifice sanglant. Mais nous ne pensons jamais
aux millions d’Occidentaux accros de pornographie sur l’inter-
net, ou de séries télévisées et films douteux. Nous ne pensons pas
aux millions de femmes obnubilées par leur apparence et accro
de shopping pour continuellement accumuler leurs possessions
matérielles. Nous ne pensons pas à tous ceux qui sont amoureux
de leur argent, aveuglés par le matérialisme. Qu’en est-il de tous
les efforts que nous déployons pour grimper l’échelle sociale ? De
notre adoration passionnée du sport ? De notre mauvaise humeur
quand les choses ne vont pas comme nous le souhaitons, de nos in-
quiétudes quand nous pensons que les choses n’iront pas comme
nous le souhaitons ? Nous ne pensons pas à nos excès de table, et
nos nombreux autres excès ! Peut-être plus grave encore que tout le
reste, nous ne pensons pas à nos propres succès spirituels et notre
autosatisfaction religieuse qui nous empêchent bien souvent de
reconnaître notre besoin de Christ. Nous ne pouvons pas com-
prendre comment un chrétien à l’autre bout du monde pourrait
croire qu’un dieu de bois pourrait le sauver de quoi que ce soit !
Mais nous n’avons aucun problème à croire que la religion, l’ar-
gent, les possessions matérielles, la nourriture, la célébrité, le sexe,
le sport, le statut social et le succès peuvent être source de réelle
satisfaction pour nous. Et nous pensons avoir moins d’idoles qu’il
nous faut abandonner lorsque nous nous repentons ?
La repentance est une obligation pour tout chrétien, quelle que
soit sa culture. Cela ne signifie pas qu’en devenant chrétiens, nous
devenons soudainement parfaits et n’avons plus jamais aucun
souci avec le péché8. Mais cela veut dire que lorsque nous com-
mençons à suivre Jésus, nous prenons la décision de nous séparer
de notre ancienne façon de vivre et de prendre un tournant décisif
vers une nouvelle existence. Nous mourons littéralement à notre
péché et à nous-mêmes : à notre égocentrisme, notre autosatisfac-
tion, notre complaisance, nos efforts personnels et notre vanité.
Pour paraphraser Paul, nous avons été crucifiés avec Christ ; ce
n’est plus nous qui vivons, c’est Christ qui vit en nous (Galates
2 : 20).

39
SUIS-MOI

Quand Christ vit en nous, tout commence à changer :


Notre manière de penser change. Pour la première fois de
notre vie, nous comprenons enfin qui est Dieu, ce que son Fils a
fait et combien nous avons besoin de lui.
Nos désirs changent. Les choses de cette terre que nous ai-
mions, nous les détestons ; et les choses de Dieu que nous détes-
tions, nous les aimons.
Notre volonté change. Nous allons là où Jésus nous demande
d’aller, nous donnons ce qu’il nous demande de donner et nous
sacrifions ce dont il faut se débarrasser pour vivre une obéissance
sans compromis à sa Parole.
Nos relations changent. Dans l’Église, nous apprenons à don-
ner notre vie par amour pour les autres alors que nous annonçons
ensemble l’Évangile au monde.
En fin de compte, notre raison d’exister change. Nos posses-
sions et notre position ne sont plus nos priorités. Nous ne recher-
chons plus le confort et la tranquillité. Notre sécurité n’est plus
notre objectif, parce que notre petite personne n’est plus notre
dieu. La gloire de Dieu est désormais plus importante à nos yeux
que notre propre vie. Plus nous le glorifions, plus nous avons de
plaisir à être en sa présence, et mieux nous comprenons que c’est
bien cela « être chrétien » selon la Bible.

Le voyage commence
Nous allons regarder de près tous les bouleversements qui se
produisent dans la vie d’une personne qui rencontre Dieu face à
face en la personne de Jésus, et qui entend son appel : « Suis-moi ».
Nous nous laisserons interpeller par la grandeur du moi dans
« Suis-moi ». Nous nous émerveillerons de la beauté de sa grâce.
En découvrant comment Jésus transforme ses disciples de l’inté-
rieur, nous ne verrons plus la vie chrétienne comme une série de
devoirs pesants organisés, mais comme un véritable plaisir. Nous
étudierons de près certains slogans chrétiens et certaines positions
souvent considérés comme politiquement corrects dans l’Église ;
nous essayerons de comprendre en quoi ils nous empêchent
de connaître réellement Christ et de le proclamer avec passion.

40
Des croyants non convertis

Enfin, nous rejoindrons des frères et sœurs d’un peu partout dans
le monde pour participer ensemble à la réalisation du grand projet
initié par le Seigneur avant même la création de l’univers.
Mais ce voyage ne peut commencer que si nous comprenons
correctement l’expression « être chrétien ». Annoncer que vous
croyez en Jésus sans avoir une vie transformée, c’est passer com-
plètement à côté de ce que signifie suivre Jésus. Ne vous y trom-
pez pas ! Votre relation avec Jésus et votre situation face à Dieu ne
dépendent pas d’une décision prise il y a X années de cela, d’une
prière que vous avez prononcée, d’une carte que vous avez signée,
ou d’une main que vous avez levée. Et la vie chrétienne ne com-
mence pas en invitant le Christ à venir dans votre cœur. Nous le
verrons dans le prochain chapitre : l’invitation vient de lui.

41
CHAPITRE DEUX

La formidable invitation

À travers toute la Bible, Dieu utilise l’image de l’adop-


tion pour décrire sa relation avec son peuple. Ma femme, Heather,
et moi avons commencé à saisir la force de cette image quand nous
avons décidé d’adopter notre premier fils.
Nous avons commencé par choisir le lieu d’adoption. Une carte
du monde étalée sur la table, nous avons prié : « Seigneur, guide-
nous vers l’enfant que tu désires pour nous ». Il nous a conduits au
Kazakhstan. C’est tout juste si je savais que ce pays existait ! Mais
après des mois d’intercession, nous avons déposé notre demande
d’adoption pour un enfant kazakh.
Peu de temps après, j’ai raconté à une amie que nous nous ap-
prêtions à adopter un enfant à l’étranger. Elle s’est écriée : « Un
vrai ? » J’ai pensé : Mais qu’est-ce que c’est comme question ? Non,
on va adopter un « faux enfant », en plastique, et on le posera sur la
cheminée pour pouvoir le regarder. Évidemment que nous adoptons
un « vrai » enfant ! Rassurez-vous, je lui ai répondu un peu plus
gentiment que ça ! Mais pour nous, cela devenait bien réel : nous
serions bientôt une vraie maman et un vrai papa. Pour un vrai fils
ou une vraie fille jusque-là sans vraie famille.

43
SUIS-MOI

La procédure d’adoption internationale s’avère souvent lon-


gue et, à de nombreux égards, exténuante. Certains la décrivent
comme une grossesse de paperasses. Il fallait prouver à deux gou-
vernements que nous étions la famille idéale pour accueillir un
enfant. Cela a commencé par une étude de notre milieu familial
afin d’obtenir l’agrément des services d’adoption. Un véritable défi
pour nous. Notre maison, à la Nouvelle Orléans, venait d’être ra-
vagée par l’ouragan Katrina. Aussi vite que possible, grâce à l’aide
de notre famille et de plusieurs Églises des environs, nous avons
aménagé un logement de fortune. Une assistante sociale nous a
rendu visite. Elle nous a questionnés sur notre vie, notre famille,
notre mariage et notre philosophie parentale. Après une telle en-
quête minutieuse, nous avons le sentiment que nos empreintes
digitales sont désormais fichées dans presque toutes les adminis-
trations des États-Unis !
Des parents adoptifs se devant d’être en bonne santé, nous
avons dû subir une batterie d’examens médicaux. Tout s’est bien
passé jusqu’au test de vision. Je continue de penser que la pièce
était mal éclairée. La main sur l’œil droit, j’ai facilement lu les
grandes lettres avec mon œil gauche. C’était plus difficile pour
les moyennes. J’ai pensé : Tu ne vas quand même pas échouer ici et
retarder toute la procédure d’adoption. Je me suis mis à transpirer
à grosses gouttes. L’infirmière, voyant mes difficultés, m’a suggéré
de changer d’œil. En retirant ma main de mon œil droit, je me
suis rendu compte que, dans ma nervosité, j’avais certainement
appuyé beaucoup trop fort ; tout était maintenant flou. Je ne pou-
vais même plus lire les grosses lettres du haut ! J’étais visiblement
très nerveux et l’infirmière m’a dit :
— Monsieur, ne vous inquiétez pas ; allez donc vous asseoir
quelques minutes et laissez votre femme passer l’examen. Vous
pourrez réessayer juste après.
— Bonne idée, ai-je répondu.
Et je me suis assis en essayant de retrouver mon calme et ma
vue. Une fois que j’y suis parvenu, j’ai parfaitement pu, de ma
chaise – avec mes deux yeux ! – lire toutes les lettres. Et je les ai mé-
morisées. Quand l’infirmière m’a à nouveau fait passer le test, avec
un œil couvert, j’ai parfaitement réussi à lire absolument toutes

44
La formidable invitation

les lettres ! Elle était ravie. Et moi je pensais : Eh, si vous voulez, je
peux même vous lire toutes les lettres les deux yeux fermés !
Une fois l’agrément obtenu, les multiples empreintes digitales
et les examens de santé derrière nous, l’interminable angoisse
de l’attente a alors commencé. Nous pensions continuellement à
notre enfant. Nous nous demandions si ce serait un garçon ou une
fille. Nous rêvions du jour où il ou elle serait enfin dans nos bras.
Au bout de presque un an, j’ai reçu un e-mail. C’était la photo
d’un garçon. Neuf mois. Abandonné à la naissance. En manque
d’un foyer, d’une maman et d’un papa. J’ai imprimé la photo et
j’ai couru la montrer à Heather. Nous avons ri, pleuré, prié. Deux
semaines plus tard, nous prenions l’avion pour le Kazakhstan.
C’était en 2007, le lendemain de la Saint-Valentin. La direc-
trice de l’orphelinat nous a conduits dans une petite pièce. Elle
nous a donné toutes sortes d’informations médicales concernant
notre fils. Puis, le grand moment ! Une femme est entrée avec,
dans les bras, un précieux petit garçon de dix mois. Il n’y a pas
de mots pour décrire alors le déferlement d’émotions ! La femme
nous l’a tendu. Et pour la première fois, Caleb Platt a plongé son
regard dans celui d’une maman et d’un papa.
Durant quatre semaines, nous sommes allés voir Caleb à l’or-
phelinat. Nous l’avons pris dans nos bras. Nous lui avons donné à
manger. Nous lui avons chanté des chansons. Nous avons ri avec
lui. Nous avons marché à quatre pattes avec lui. Jusqu’au jour où,
enfin, nous avons pu l’adopter. Il nous fallait passer devant un
juge kazakh. On nous a dit quels vêtements porter, quoi dire et à
quoi nous attendre. Dans la salle d’audience, nos cœurs battaient
la chamade. Après toute une série de questions et de témoignages
concernant l’arrière-plan de Caleb, le juge a déclaré :
— J’accède à la requête d’adoption ; cet enfant est désormais le
fils de David et Heather Platt.
Nous avons quitté la salle les yeux remplis de larmes. Et, pour
la dernière fois, nous nous sommes rendus à l’orphelinat où nous
sommes allés chercher Caleb.
L’Évangile et l’histoire de Caleb ont de nombreux points en
commun. J’aimerais en souligner un, particulièrement important.

45
SUIS-MOI

Une adoption commence à l’initiative d’un parent et non d’un en-


fant. Avant même sa naissance, Caleb avait une maman et un papa
qui mettaient tout en œuvre pour l’adopter. Alors qu’il était seul,
la nuit, dans un orphelinat du Kazakhstan, sa maman et son papa
projetaient de l’accueillir. Quand il s’est enfin retrouvé dans leurs
bras, il n’était pas du tout conscient de tout ce qui avait été mis en
œuvre pour en arriver là. Lui-même n’avait absolument rien fait.
Cela semble évident, mais il est important de le noter. Ce précieux
petit garçon de dix mois ne nous avait pas invités à venir l’adopter
au Kazakhstan. Il n’aurait pas su comment mettre en œuvre une
telle demande. Non. Ce petit orphelin est devenu notre fils chéri
grâce à un amour complètement hors de son imagination et de
son contrôle. Il ne nous a pas cherchés. Il en était complètement
incapable. C’est nous qui l’avons cherché.
C’est le cœur même du christianisme. Et nous avons tendance
à passer à côté de cette réalité quand nous disons que nous com-
mençons à suivre Jésus en l’invitant dans notre cœur. La réalité
de l’Évangile est tout autre : nous ne devenons pas enfants de Dieu
à notre initiative. Dieu ne nous accorde pas le salut parce que
nous l’avons invité. Au contraire, avant même notre naissance, il
mettait tout en œuvre pour nous adopter. Alors que nous étions
seuls, empêtrés dans notre péché, il projetait de nous sauver. Seul
un amour complètement hors de notre imagination et de notre
contrôle nous permet d’entrer dans sa famille. La foi chrétienne ne
commence pas quand nous partons à la recherche de Christ. Mais
quand Christ nous cherche. La foi chrétienne ne commence pas
par une invitation que nous lançons à Jésus. Mais par une invita-
tion que Jésus nous lance.

Les morts ne lancent pas d’invitation


Le premier livre du Nouveau Testament nous raconte l’his-
toire des quatre premières personnes que Jésus rencontre et invite
à le suivre. Quatre personnes en train de nettoyer leurs filets au
bord de la mer. Le contexte de cette rencontre remonte loin dans
le temps, à la Genèse – premier livre de l’Ancien Testament. Le
premier homme et la première femme pèchent contre Dieu et sont
séparés de lui. À cause de leur rébellion, ils deviennent orphelins

46
La formidable invitation

de leur Créateur. La suite de l’Ancien Testament raconte l’histoire


de leurs descendants, tous pécheurs.
Meurtre, injustice, immoralité sexuelle et corruption rempli-
ront bientôt les pages de la Bible. À peine six chapitres plus loin,
il devient manifeste que chacun est constamment enclin à faire le
mal, et ce dès l’enfance (Genèse 6 : 5 ; 8 : 21). Le jugement divin face
à cette corruption humaine est à la fois terrifiant et dévastateur :
inondation du monde entier, puis destruction des villes péche-
resses.
Une lecture attentive de l’Ancien Testament nous révèle la pu-
nition sévère du péché et des pécheurs :
– Le feu descend du ciel sur Sodome et Gomorrhe. L’Éternel
ordonne à Loth et à sa famille de fuir sans regarder en arrière. La
femme de Loth désobéit, se retourne et perd instantanément la vie
(Genèse 19) ;
– Sur le mont Sinaï, après avoir manifesté sa gloire par le feu,
Dieu donne sa loi ; il ordonne à son peuple, entre autres, de se re-
poser le jour du sabbat. Peu de temps après, un homme est surpris
en train de ramasser du bois un jour de sabbat. Il est alors ame-
né devant Moïse et Aaron pour être jugé. L’Éternel déclare qu’en
conséquence de sa désobéissance et de son péché, il doit être lapidé
à mort (Nombres 15) ;
– Acan et sa famille subissent le même sort quand ils déso-
béissent à l’ordre de l’Éternel de ne garder aucun butin après une
bataille (Josué 7) ;
– Nadab et Abihu apportent dans le tabernacle un feu non au-
torisé devant l’Éternel. Ils sont brûlés sur-le-champ (Lévitique 10) ;
– Uzza tend la main vers l’arche de l’alliance pour l’empêcher
de tomber alors qu’il avait reçu l’ordre de ne pas la toucher. Il
meurt sur place (2 Samuel 6) ;
En lisant ces histoires de l’Ancien Testament, beaucoup sont
troublés. Après tout, Dieu n’est-il pas un Dieu d’amour ? Ses pu-
nitions pour le péché ne sont-elles pas un peu sévères ? Anéantie
pour avoir regardé en arrière ? Lapidé pour avoir ramassé du bois ?
Brûlés pour une seule mauvaise offrande et tué pour avoir touché
par inadvertance ?

47
SUIS-MOI

De telles questions – bien qu’honnêtes – révèlent un problème


fondamental : celui de notre appréciation « humaine » du péché.
Nous considérons ces punitions disproportionnées : nous ne ré-
clamerions pas la mort d’un individu qui nous aurait offensés de
la sorte ! Mais le salaire du péché n’est pas déterminé par notre
propre mesure de la faute. Il l’est par la qualité de l’offensé. Si vous
brisez une brindille, vous n’êtes pas très coupable. Si vous faites
du tort à un homme ou une femme, vous êtes vraiment coupable.
Mais si vous péchez contre un Dieu infiniment saint et éternel,
vous êtes infiniment coupable. Et vous méritez une punition éter-
nelle.
Azim, un ami arabe chrétien, partageait récemment l’Évan-
gile avec un chauffeur de taxi dans son pays. Celui-ci croyait qu’il
finirait certainement au ciel après avoir passé un court séjour en
enfer afin d’y expier ses fautes. Après tout, il n’avait pas fait tant de
mal que ça ! Azim lui a donc demandé :
— Si je vous giflais, qu’est-ce que vous me feriez ?
— Je vous jetterais de mon taxi, a répliqué le chauffeur.
— Et si je giflais un homme au hasard dans la rue, qu’est-ce
qu’il me ferait ?
— Il appellerait certainement ses amis et vous donnerait une
bonne raclée, a répliqué le chauffeur.
— Et si je giflais un policier ? a demandé mon ami.
— Vous seriez battu, c’est certain, puis jeté en prison.
Puis Azim lui a posé une dernière question :
— Et si j’allais voir le roi de ce pays et que je le giflais ? Qu’est-
ce qui m’arriverait ?
Le chauffeur, avec un rire un peu gêné, lui a répondu :
— Vous seriez exécuté.
Azim a alors continué :
— Vous comprenez donc bien que le niveau de sévérité de la
punition dépend de la personne offensée.
Le chauffeur a ainsi compris qu’il avait largement sous-estimé
la gravité de son péché contre Dieu.

48
La formidable invitation

Et vous ? Avez-vous aussi sous-estimé le sérieux de votre pé-


ché ? C’est triste à dire, mais vous avez probablement contracté
cette mentalité dans l’Église. Depuis trop longtemps, nous nous
sommes persuadés les uns les autres que nous étions dans l’en-
semble des gens biens, qui avons juste parfois pris certaines mau-
vaises décisions. On se dit que, certes, nous avons tous fait des
erreurs, menti, triché, volé ou même prononcé le nom de Dieu en
vain. Mais nous avons juste besoin d’inviter Jésus à venir dans
notre cœur et il nous pardonnera toutes ces vilaines choses !
Nous ne percevons pas la gravité de notre état si nous pensons
ainsi pouvoir lancer à Jésus ce genre d’invitation. Empêtrés dans
notre péché, nous sommes totalement incapables de faire appel à
Christ. Nous ne pensons qu’à fuir loin de Dieu. Nous sommes ses
ennemis, sans véritable besoin de lui. Voilà qui nous sommes réel-
lement ! Mais nous sommes friands de solution miracle : « Dites-
nous la prière ou les mots qu’il faut répéter, et nous le ferons ! »
En fait, au plus profond de nous-même, notre cœur pêcheur nous
manipule. Nous continuons à vivre pour nous-mêmes tout en
cherchant un moyen de sauver notre peau.
Vous pensez peut-être que j’exagère. Voyez donc ce que la Bible
dit de notre péché :
– Notre péché nous sépare de Dieu. Nous sommes les ennemis
de Dieu (Colossiens. 1 : 21) ;
– Nous sommes esclaves de notre péché, dominés par Satan
(Jean 8 : 34 ; 2 Timothée 2 : 26) ;
– Nous aimons les ténèbres et détestons la lumière (Jean 3 : 20 ;
Éphésiens 4 : 18) ;
– Nous vivons dans l’impureté et l’injustice (Romains 6 : 19) ;
– Notre intelligence est déréglée, aveuglée par le dieu de ce
monde (Romains 1 : 28 ; 2 Corinthiens 4 : 4) ;
– Nos désirs sont tordus, notre cœur est pécheur, et nos pas-
sions malsaines font la guerre à notre âme (Romains 1 : 26 ; 1 Pierre
2 : 11) ;

49
SUIS-MOI

– Notre corps est souillé. Nous sommes moralement mau-


vais et spirituellement malades (Romains 1 : 24 ; Genèse 8 : 21 ;
Matthieu 9 : 12).
Le témoignage de Paul dans le Nouveau Testament est acca-
blant. Mais il ne fait que reprendre la vérité de l’Ancien Testament :
Il n’y a pas de juste, pas même un seul ;
aucun n’est intelligent,
aucun ne cherche Dieu ;

Tous se sont détournés,


ensemble ils se sont pervertis ;

Il n’y en a aucun qui fasse le bien,


pas même un seul ;

Leur gosier est une tombe ouverte,


ils se servent de leur langue pour tromper.

Ils ont sur les lèvres un venin de vipère ;


leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume.

Leurs pieds courent pour verser le sang,


la destruction et le malheur marquent leur passage,

Ils ne connaissent pas le chemin de la paix.


Il n’y a aucune crainte de Dieu devant leurs yeux.
(Romains 3 : 10-18)

Avons-nous conscience de cela ? Notre problème n’est pas juste


d’avoir pris quelques mauvaises décisions. Notre problème n’est
pas simplement d’avoir fait des erreurs. Notre problème, c’est que
nous sommes, au plus profond de notre être, rebelles contre Dieu.
Et que nous sommes tout à fait incapables de nous tourner vers lui.
C’est ce que la Bible sous-entend quand elle affirme que nous
sommes morts dans le péché. Paul a écrit aux chrétiens d’Éphèse :
« Vous étiez morts à cause de vos fautes et de vos péchés, que vous
pratiquiez autrefois » (Éphésiens 2 : 1-2). Ce qu’il veut dire c’est que
nous étions complètement morts. Pas partiellement morts. Pas
presque morts. Pas à moitié morts. Pas en quelque sorte morts.
Complètement morts.

50
La formidable invitation

Des morts peuvent-ils inviter quelqu’un à leur redonner la vie ?


Avant votre naissance, avez-vous invité vos parents à vous avoir ?
Quand un homme meurt, invite-t-il les gens à le ressusciter ? Non.
Toutes ces choses sont impossibles aux morts. De la même façon,
en tant que mort dans le péché, vous ne pouvez pas inviter Jésus
à venir dans votre cœur. Dans votre mort, vous avez besoin que
quelqu’un d’extérieur à vous-même vous appelle à la vie et vous
donne la capacité de vivre.

Une initiative pleine de grâce


C’est justement ce que Dieu fait dans sa grâce, et c’est ce que
nous découvrons à travers toute la Bible. Dans un monde corrom-
pu, l’Éternel appelle Noé et le sauve du déluge. Dans la contrée
païenne d’Ur, il appelle Abraham, l’idolâtre, à devenir le père
d’une grande nation. À Madian, il appelle Moïse, le meurtrier, à
conduire hors d’Égypte son peuple asservi. Après cette délivrance,
il déclare au peuple d’Israël :
Ce n’est pas parce que vous dépassez tous les peuples en
nombre que l’Éternel s’est attaché à vous et vous a choisis.
En effet, vous êtes le plus petit de tous les peuples. Mais
c’est parce que l’Éternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le
serment qu’il avait fait à vos ancêtres, qu’il vous a fait sortir par
sa main puissante et vous a délivrés de la maison d’esclavage,
de la main du pharaon, roi d’Égypte. (Deutéronome 7 : 7-8)

Les Israélites n’avaient aucun mérite. Mais Dieu était plein de


compassion. Et il a choisi de répandre son amour sur eux.
Et cela a continué. Parmi une ribambelle de frères, en appa-
rence aussi qualifiés les uns que les autres, l’Éternel a choisi David,
le plus jeune, comme futur roi d’Israël. Il a appelé des prophètes
comme Élie, Élisée, Ésaïe et Ézéchiel. Il a dit à Jérémie : « Avant
de te former dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant
que tu naisses, je t’avais consacré, je t’avais désigné prophète pour
les nations » (Jérémie 1 : 5). L’Ancien Testament est rempli de pé-
cheurs, mais c’est avec ces hommes et ces femmes que Dieu s’est
engagé pour qu’ils reçoivent sa grâce et que sa gloire soit manifes-
tée.

51
SUIS-MOI

Nous ne sommes donc pas surpris d’arriver au livre de


Matthieu, et de rencontrer quatre Juifs, aussi pécheurs les que les
autres, au bord d’un lac. Il n’y a rien en eux qui aurait pu atti-
rer le Christ. J’ai déjà entendu plusieurs prédications basées sur
ce passage de Matthieu 4 : 18-22. On nous explique alors souvent
pourquoi Jésus aurait choisi des professionnels de la pêche comme
premiers disciples : « Les pêcheurs ont habituellement certaines
qualités et perspectives de vie essentielles pour devenir disciples
de Jésus ».
Mais spéculer de la sorte nous fait passer totalement à côté
du cœur de l’histoire. Jésus n’appelle pas ces disciples en raison
de leurs personnalités, mais malgré leurs personnalités. Ils n’ont
pas grand-chose en leur faveur. Issus des classes sociales infé-
rieures, ces Galiléens de la campagne étaient sans instruction.
Probablement pas très respectés, et loin de constituer l’élite cultu-
relle de l’époque. De plus, leurs lacunes importantes, leur étroi-
tesse d’esprit, leurs préjugés juifs et leurs rivalités font d’eux les
personnes les moins qualifiées spirituellement pour la tâche à la-
quelle Jésus les appelle.
Et c’est bien ça, l’intérêt ! Ces hommes n’ont absolument rien
qui puisse expliquer que Jésus aille les chercher. Pourtant, il vient
à eux. Il s’approche d’eux alors qu’ils sont en plein travail et les in-
vite à le suivre. Plus tard, il leur dira : « Ce n’est pas vous qui m’avez
choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis » (Jean 15 : 16). Ils sont
devenus ses disciples uniquement de son initiative – et invitation.
Depuis ce jour, décrit en Matthieu 4, chaque homme et chaque
femme qui a suivi Jésus partagent la même histoire. Personne n’a
jamais été sauvé parce qu’il ou elle aurait cherché Jésus. Tous ceux
qui un jour ont été délivrés de leurs péchés savent que c’est Jésus
qui les a cherchés. Et que depuis, leur vie a été bouleversée.

Le grand initiateur
Quand nous comprenons que Jésus est celui qui prend l’initia-
tive et que c’est lui qui nous invite à le suivre, tout change !
Nous sommes tout d’abord impressionnés par la grandeur de
celui qui nous a appelés. Nous sommes bouleversés par la puis-

52
La formidable invitation

sance de ces mots : « Suis-moi ! ». Et cela tout simplement parce que


nous sommes en admiration devant la majesté du « moi » qui pro-
nonce ces paroles.
Avant de raconter la rencontre initiale entre Jésus et ses pre-
miers disciples, Matthieu dresse un portrait révélateur et fascinant
du Seigneur (voir Matthieu 1 à 4). Il le décrit comme le Sauveur,
celui qui vient délivrer les hommes et les femmes de leurs pé-
chés. Il le présente comme le Christ, le Messie promis ; celui que
le peuple de Dieu attend impatiemment depuis des siècles. Il le
montre, dans le récit de sa naissance, à la fois pleinement homme
et pleinement Dieu. Personne ne lui ressemble ou ne lui ressemble-
ra dans toute l’histoire de l’humanité. Une naissance acclamée par
des sages qui parcourent des centaines de kilomètres pour s’incli-
ner devant son berceau. Son ministère est introduit par l’annonce
de Jean le Baptiste : « Il est arrivé ! » Le Roi Sauveur des nations et
juste Juge de tous les hommes ! À la fin du chapitre trois, Matthieu
décrit le ciel qui s’ouvre et Dieu le Père qui déclare : « Celui-ci est
mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation » (Matthieu
3 : 17). Au chapitre quatre, il montre Jésus en tant que nouvel Israël
qui ne succombera pas au péché, le nouvel Adam qui régnera vic-
torieusement sur Satan.
Après une telle présentation de Jésus, nous le voyons s’appro-
cher d’un groupe de pêcheurs pour leur dire : « Suivez-moi et je fe-
rai de vous des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19). Une chose
est parfaitement claire alors : Jésus n’est pas un pauvre enseignant
religieux qui supplie quelques individus à l’inviter dans leur vie.
Oh non ! Il est le Seigneur tout puissant qui mérite la soumission
de chaque être humain.
J’ai reçu un jour, par e-mail, une invitation de la Maison
Blanche. Le courriel était intitulé « Du bureau du Président des
États-Unis ». Totalement inhabituel pour moi ! En lisant « Le
Président serait heureux de vous recevoir tel jour, à telle heure,
dans telle pièce de la Maison Blanche », j’ai pensé que c’était une
blague. J’ai donc fait quelques recherches : le mail s’est avéré au-
thentique !
L’invitation était pour la semaine suivante. Bien que mon em-
ploi du temps soit généralement très rempli, j’ai tout laissé tom-

53
SUIS-MOI

ber pour être au rendez-vous. J’ai rapidement réservé un vol pour


Washington, me permettant d’arriver dans les temps pour ren-
contrer le Président. Son invitation m’honorait et j’ai bouleversé
tous mes plans pour y répondre.
Une telle réaction (la vôtre aurait sans doute été semblable) par
rapport à un dirigeant de ce monde, au pouvoir pour quatre ou
peut-être huit ans, semble normale. À combien plus forte raison
une invitation du Dieu éternel, qui règne à jamais sur tout l’uni-
vers, devrait-elle bouleverser notre vie ! Avons-nous conscience de
la grandeur de celui qui nous a invités à le suivre ? Il mérite bien
davantage qu’une simple fréquentation d’Église et d’une relation
occasionnelle ! Il est digne d’un abandon total et d’une adoration
suprême.

Le Roi à la porte
Mais l’image d’une invitation du Président des États-Unis ne
ressemble que de très loin à l’invitation du Christ. En effet, Jésus
ne nous a pas invités à nous rendre jusqu’à lui ; c’est lui qui a fait
le voyage jusqu’à nous. C’est comme si, au lieu de m’avoir envoyé
un e-mail, on avait sonné à ma porte ; et que là, le Président en
personne m’avait invité à le rencontrer.
Frank est un membre de notre Église, et il a déménagé en
Thaïlande afin de partager l’Évangile aux étudiants dans ce pays.
Un soir, Annan, un étudiant, l’a invité au cinéma. Un repor-
tage sur le roi de Thaïlande a été projeté avant le début du film.
Immédiatement, tous les spectateurs se sont levés et ont applau-
di, y compris Annan. Certains ont même pleuré de joie. Les gens
étaient visiblement émus à la seule vue de leur souverain à l’écran.
À la sortie, Frank a demandé à Annan la raison d’une telle
émotion.
— Oh, Frank ! Nous aimons, nous respectons et honorons
notre roi, parce qu’il se soucie de son peuple. Il quitte souvent son
palais pour se rendre dans les villages afin d’être avec les gens, les
connaître et s’identifier à eux. Nous savons que notre roi aime le
peuple thaïlandais ; et nous, nous aimons notre roi.

54
La formidable invitation

Frank a compris que cette description préparait le terrain au


récit de la vie d’un roi bien plus grand. Il a ainsi pu raconter à
Annan comment Dieu, le Roi de l’univers, nous a tellement aimés
qu’il est venu jusqu’à nous en la personne de Jésus. Pour s’identi-
fier à nous, au point de prendre sur lui tout notre péché ; afin de
nous sauver et de nous permettre de le suivre. Quand il a saisi cette
merveilleuse réalité, Annan a commencé à suivre Jésus. Non pas
parce qu’il avait cherché le Roi Jésus. Mais bien parce qu’il avait
compris que le Roi Jésus l’avait cherché.

Une question d’amour


Quelle merveille ! Admirez la majesté de celui qui a quitté son
trône de gloire pour venir jusqu’à vous et moi ! Mais pour des mul-
titudes de gens dans le monde, c’est l’affirmation la plus farfelue
qui soit !
« Dieu ne s’abaisserait jamais jusqu’à devenir un homme »,
m’ont dit des musulmans du Moyen-Orient. C’était pendant le
mois de jeûne du Ramadan et nous étions au restaurant. Nous
étions en train de dîner (après le coucher du soleil). Ils m’ont de-
mandé ce que je croyais par rapport à Dieu. Je leur ai parlé de
Jésus.
Quand j’ai dit que Dieu était venu jusqu’à nous en la personne
de Jésus, l’un des hommes, Rachid, m’a stoppé net :
— Ce n’est pas vrai. Dieu ne ferait jamais ça. Il est bien trop
grand.
— Je suis d’accord ; mais c’est justement pour cette raison qu’il
est venu sur terre en tant qu’homme, ai-je répliqué.
— Je ne comprends pas, a répondu Rachid.
— Laisse-moi te raconter une histoire, puis je te poserai une
question.
Rachid a consenti, et j’ai continué :
— C’est histoire de moi, et d’une fille. Un jour, j’aimais une
fille et je voulais l’épouser. Quand est venu le moment de lui dire
à quel point je l’aimais et de la demander en mariage, crois-tu que
j’ai envoyé l’un de mes amis pour transmettre le message ?

55
SUIS-MOI

— Non, bien sûr que non. C’était à toi de le faire.


— Exactement. Je devais aller la voir et le lui dire ; parce que,
quand il est question d’amour, il faut y aller soi-même, pas vrai ?
— Oui, c’est bien vrai.
— C’est comme ça que Dieu a montré sa grandeur, ai-je conti-
nué. Il n’a pas envoyé cette personne-ci ou ce prophète-là, ce mes-
sage-ci ou ce messager-là pour nous communiquer son amour. Au
contraire, il est venu lui-même ; parce que quand il est question
d’amour, il faut y aller soi-même.
Rachid a souri. Pour la première fois, son cœur était ouvert à
l’idée que Dieu manifeste la grandeur de son amour non pas en
restant au loin, mais en venant tout près de nous.

La question au cœur de la Bible


Jésus est venu jusqu’à nous, en tant qu’homme de la même
nature que nous, afin de répondre à nos besoins. Il est venu vivre
comme nous ne pouvions pas vivre, en obéissant parfaitement et
totalement à son Père. Il n’a jamais péché, pas même une seule fois ;
c’est ce qui le rend singulièrement capable d’être notre Sauveur.
Les soi-disant chrétiens qui nient la pureté de Christ prouvent
qu’ils ne le connaissent pas vraiment ; il ne peut nous sauver que
parce qu’il est sans péché.
Jésus est venu pour vivre la vie que nous ne pouvions vivre
et pour subir la mort que nous méritions. Tout péché devant le
Dieu infiniment saint et éternel entraîne une punition infinie et
éternelle. C’est bien pour cela que Christ est venu : pour endurer la
sainte colère de Dieu qui nous était destinée.
Mon précédant ouvrage, Radical, a attiré l’attention de bien
des médias. Un jour, un reporter du Birmingham News a écrit la
chose suivante au sujet de ce livre : « Alors que l’expression “Dieu
déteste le péché, mais il aime le pécheur” est souvent utilisée
dans les Églises, Platt prétend que Dieu déteste les pécheurs9 ».
C’était bien une citation de mon livre, mais prise totalement hors
contexte. Des chrétiens inquiets m’ont écrit à ce sujet : « Pasteur,
croyez-vous vraiment que Dieu déteste les pécheurs ? » J’ai reçu

56
La formidable invitation

quelques e-mails pas particulièrement aimables, du style : « Vous


prêchez la haine dans votre Église et partout dans notre ville ».
C’est ainsi qu’en citant la Bible, je me suis attiré bien des en-
nuis… Dieu déteste-t-il vraiment les pécheurs ? Lisez attentive-
ment les versets 6 et 7 du psaume 5 : « Les vantards ne peuvent
résister devant ton regard. Tu détestes tous ceux qui commettent
l’injustice, tu fais disparaître les menteurs ; l’Éternel a horreur des
assassins et des trompeurs ».
Waouh ! Peut-être que je n’aurais pas dû dire que Dieu détes-
tait les pécheurs. J’aurais plutôt dû dire qu’il les avait en horreur et
qu’il les faisait disparaître !
Et ce n’est pas une affirmation isolée dans les Écritures. À
quatorze reprises dans les cinquante premiers psaumes, nous
voyons la colère de Dieu envers le pécheur, son courroux envers le
menteur, etc. Et on ne trouve pas cela uniquement dans l’Ancien
Testament. Si Jean 3 contient le verset le plus célèbre concernant
l’amour de Dieu (au verset 16), il contient aussi l’un des versets les
plus négligés concernant sa colère : « Celui qui ne croit pas au Fils
ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu reste au contraire sur
lui » (v. 36).
Alors, est-ce vrai que Dieu déteste le péché, mais qu’il aime le
pécheur ? Eh bien, dans un sens, oui, bien sûr ! Mais pas tout à fait.
Réfléchissez ! Comme nous l’avons déjà vu en Genèse, notre
péché n’existe pas en dehors de nous. Il est imbriqué dans l’essence
même de ce que nous sommes. Nous ne faisons pas que pécher ;
nous existons en tant que pécheurs. Quand Jésus est mort à la
croix, il n’a pas simplement payé le prix du péché comme si celui-ci
était distinct de nous. Il n’est pas simplement mort pour nos dérè-
glements sexuels, nos mensonges, nos tricheries ou autres péchés.
Il a pris sur lui ce que nous, les pécheurs, aurions dû endurer. Il est
mort pour nous, à notre place, en tant que substitut. Comme le dit
Ésaïe 53 : « Mais lui, il était blessé à cause de nos transgressions,
brisé à cause de nos fautes […] et l’Éternel a fait retomber sur lui
nos fautes à tous » (v. 5-6). Quand, sur la croix, Jésus a été pulvérisé
sous le poids de la colère divine, il a subi ce que vous et moi méri-
tions de subir. Il a reçu le châtiment qui nous était destiné, à vous
et à moi, en tant que pécheurs.

57
SUIS-MOI

Attention ! Ne nous reposons pas sur des clichés simplistes qui


privent la croix de sa vraie signification. Les Écritures sont claires
sur ce point : nous sommes des pécheurs. « Nous étions tous
comme des brebis égarées » (Ésaïe 53 : 6). Dieu est saint et plein
d’une juste colère envers le péché et les pécheurs. Il est également
miséricordieux et éprouve un amour saint pour les pécheurs. Mais
comment peut-il à la fois manifester cette colère et cet amour ?
C’est la question au cœur de la Bible. La réponse, c’est la croix
de Christ. C’est là que Dieu manifeste la pleine expression à la fois
de sa colère et de son amour. Quand Jésus est blessé, frappé, af-
fligé, meurtri, écrasé et puni, par amour pour les pécheurs.
Dieu déteste-t-il les pécheurs ? Absolument ! Regardez à la
croix ! Jésus endure ce que nous méritions.
Dieu aime-t-il les pécheurs ? Absolument ! Regardez à la croix !
Jésus nous délivre de tout ce que nous méritions.
Je pose parfois aux gens la question : « Comment sais-tu que
tu es chrétien ? » Ou : « Comment sais-tu que tu es sauvé de ton
péché ? » Les réponses les plus courantes sont du type : « Parce que
j’ai décidé de croire en Jésus ». Ou : « Parce que j’ai demandé à Jésus
de me sauver il y a X années ». Ou même : « Parce que j’ai donné ma
vie à Jésus ». Remarquez que chacune de ces réponses commence
par : « Parce que je etc. ». De telles réponses ne sont pas fausses, et
je peux vous assurer que mon but n’est pas de jouer sur les mots.
Mais j’aimerais vous rappeler quelque chose de primordial : vous et
moi ne sommes pas délivrés de notre péché parce que nous avons
décidé de faire quelque chose il y a X années de cela. Nous sommes
avant tout délivrés de notre péché parce que Jésus a décidé de faire
quelque chose il y a deux mille ans de cela ! Nous sommes des pé-
cheurs. Totalement incapables de nous sauver nous-mêmes. Mais
Jésus, dans sa grâce, sa miséricorde et son amour est venu à nous
et nous a invités à le suivre. L’amour de Dieu, manifesté dans la vie
et dans la mort de Christ, est le seul fondement valable d’un salut
authentique.

58
La formidable invitation

Le Dieu qui cherche


Je vous ai raconté comment Heather et moi-même avions pré-
vu d’adopter notre fils Caleb, bien avant sa naissance ; tout comme
Dieu avait prévu d’adopter ses enfants avant même qu’ils ne soient
nés. C’est ce que Paul veut dire quand il écrit :
Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ […] nous a
choisis avant la création du monde pour que nous soyons
saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a
prédestinés à être ses enfants adoptifs par Jésus-Christ.
C’est ce qu’il a voulu, dans sa bienveillance, pour que nous
célébrions la gloire de sa grâce, dont il nous a comblés dans le
bien-aimé. (Éphésiens 1 : 3-6)

Ces paroles suscitent émerveillement et stupéfaction, n’est-ce


pas ? Le Dieu tout-puissant s’intéressait à nous avant même d’avoir
créé le soleil, les étoiles, les montagnes ou les océans. Une telle vé-
rité est à la fois extraordinaire et époustouflante !
Il a non seulement prévu de nous aimer, mais aussi de nous
rechercher. Malgré notre rébellion et notre résistance égoïste,
Dieu, en Christ, nous cherche. Comme un berger qui laisse ses
quatre-vingt-dix-neuf brebis pour retrouver celle qu’il a perdue, le
Seigneur part à la recherche des siens (Luc 15 : 1-7).
Cette image a pris un jour une nouvelle signification pour
moi. J’étais dans un désert d’Afrique du Nord, en compagnie de
Bédouins, qui n’avaient pour la plupart jamais entendu parler de
Jésus. Mon ami Marc connaissait le chef de famille d’une tribu
bédouine. Il s’appelait Zayed et il nous avait invités, Marc et moi-
même, à lui rendre visite. Il nous a fallu rouler des kilomètres et des
kilomètres, à travers nulle part, pour enfin trouver ces nomades.
Dès notre descente de voiture, j’ai eu le sentiment d’avoir fait
un bond en arrière dans le temps. Nous avons marché dans le dé-
sert et rencontré des hommes et des femmes assis sous de larges
tentes qui les protégeaient un peu du soleil de plomb. Nous étions
entourés de toutes sortes d’animaux. Zayed nous a invités à nous
asseoir auprès des siens, juste à côté d’un troupeau de brebis et de
chèvres. Faisant preuve d’une hospitalité chaleureuse, ils nous ont

59
SUIS-MOI

offert des choses à grignoter pendant qu’ils faisaient bouillir une


sorte de lait sur une cuisinière de fortune construite à même le sol.
Et nous avons commencé à discuter. Ils nous ont parlé des dif-
férents endroits où ils avaient voyagé ces derniers temps, ils nous
ont décrit leurs habitudes de vie, très proches de la terre. Les gar-
diens de troupeaux bédouins ont l’habitude de conduire leurs fa-
milles de lieu en lieu dans le désert. Selon les saisons, ils trouvent
eau et nourriture dans des endroits différents ; ils y construisent
des abris. Leurs animaux constituent leur gagne-pain et leur prin-
cipale occupation consiste à s’occuper d’eux quotidiennement.
Au cours de la discussion, je leur ai raconté l’histoire de la bre-
bis perdue de Luc 15. Jésus y décrit un berger qui, ayant perdu
l’une de ses cent brebis, a laissé les quatre-vingt-dix-neuf autres
pour partir à sa recherche. Quand il l’a trouvée, il l’a mise sur ses
épaules et l’a ramenée. Et tout le monde a pu se réjouir de la brebis
retrouvée.
À la fin de mon récit, tous les Bédouins autour de moi acquies-
çaient de la tête. Zayed m’a dit : « Chacune de nos brebis a une
grande valeur. Si j’en perdais une, je deviendrais complètement
fou jusqu’à ce que je la retrouve. Je ne pourrais pas dormir tant que
je ne l’aurais pas trouvée. Et quand je l’aurais retrouvée, je serais
extrêmement heureux ; et ma famille se réjouirait avec moi ».
J’ai souri, puis j’ai ensuite expliqué à Zayed, à sa famille et à
ses amis : « Cette histoire est une image de l’amour de Dieu pour
nous. Il nous a créés et nous avons une grande valeur à ses yeux.
Même si nous nous sommes égarés loin de lui, il vient pour nous
chercher. Il a fait quelque chose qui semble absolument fou pour
la plupart des gens : il a envoyé son Fils mourir sur une croix pour
notre péché, afin que nous puissions être sauvés. Vous vous don-
nez beaucoup de mal quand vous recherchez une de vos brebis ;
sachez que Dieu aussi met tout en œuvre pour rechercher ses en-
fants ; jusqu’à ce qu’il les trouve ».

60
La formidable invitation

La grâce de Dieu qui fait tomber notre


résistance
Certains diront sûrement qu’il nous faut tout de même croire
à cet amour divin qui vient à notre rencontre, non ? Il n’y aurait
donc pas que Dieu à l’œuvre dans notre salut. Chacun a le choix
d’accepter ou de rejeter la miséricorde de Dieu manifestée en
Christ, n’est-ce pas ?
Absolument. Le mystère de la miséricorde divine ne s’oppose
en aucun cas à la responsabilité de l’homme. Chaque chapitre de
ce livre s’articule autour de la décision de suivre Jésus que chacun
d’entre nous peut prendre. Mais la Bible dit clairement que cette
décision ne commence pas par une invitation à notre propre ini-
tiative ; livrés à nous-mêmes, nous serions perdus à tout jamais.
Si nous pouvons, en tant que pécheurs, chercher un jour Dieu,
c’est uniquement parce que le Christ, notre Sauveur, est d’abord
venu nous chercher. Le Dieu de l’univers est allé par-delà la du-
reté de notre cœur, il a vaincu notre résistance égoïste et notre
rébellion, afin de nous sauver de nous-mêmes : voilà toute la gloire
de l’Évangile ! Une telle grâce met en lumière la merveilleuse dé-
marche de Dieu envers nous et crucifie une fois pour toutes notre
orgueil devant lui.
Au Kazakhstan, à notre arrivée à l’aéroport, ma femme et moi
avons fait la connaissance de Vitalina. Cette jeune femme allait
être notre traductrice durant quatre semaines. Elle nous a accom-
pagnés partout pendant notre séjour dans la ville de Caleb. Elle a
commencé par nous conduire jusqu’à un taxi à bord duquel nous
avons tous pris place pour nous rendre à l’orphelinat.
— Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? m’a demandé Vitalina.
— Je suis pasteur.
— Pasteur ? Pourquoi êtes-vous pasteur ? Vous ne savez pas
que Dieu n’existe pas ? Dieu, c’est pour les faibles, m’a-t-elle bruta-
lement rétorqué.
— C’est vrai, ai-je répliqué en souriant. Je suis faible et Dieu
est fort. Il a fait quelque chose pour moi et en moi que je n’aurais
jamais pu faire par moi-même.

61
SUIS-MOI

Depuis cette première conversation dans le taxi, chaque jour,


j’ai parlé du Seigneur et de son amour à Vitalina. À chaque occa-
sion qui se présentait, Heather et moi lui avons expliqué que, en
Christ, Dieu nous avait aimés au point de nous adopter. Et que
cet amour nous poussait à adopter Caleb. Au cours de ces quatre
semaines, Vitalina nous a constamment entendus parler de Dieu :
celui qui nous cherche avec fidélité, qui vient à nous dans notre
faiblesse et nous fascine à cause de son amour.
Puis c’est arrivé ! C’était notre dernière soirée dans la ville de
Caleb et nous étions à l’aéroport, sur le point d’embarquer. Nous
avions enregistré nos bagages et reçu nos cartes d’embarquement.
Vitalina m’a alors pris à part.
— J’ai besoin de vous dire quelque chose.
— Oui, ai-je répliqué. Que se passe-t-il ?
— La nuit dernière, j’ai compris que Dieu existe vraiment.
Et j’ai reconnu qu’il vous a envoyés ici pour me chercher. Il a fait
quelque chose pour moi et en moi que je n’aurais jamais pu imagi-
ner. La nuit dernière, je me suis repentie de mes péchés, et je suis
devenue une disciple de Jésus… Je suis maintenant une enfant de
Dieu ! a-t-elle ajouté avec enthousiasme.
Mon visage s’est éclairé d’un grand sourire, reflet de mon
cœur qui bondissait de joie. Je me suis réjoui avec Vitalina, je l’ai
encouragée et j’ai prié pour elle. Ce moment a été très court car
l’avion était prêt à décoller. J’ai pris Caleb et, alors que Heather
et moi montions à bord de l’avion, nous nous sommes retournés ;
nous tenions un enfant dans les bras et disions au revoir à une
enfant blottie dans les bras du Père.
Je loue Dieu de ce qu’il n’a pas voulu que la demande de sa-
lut vienne de nous ! Dans notre péché et notre rébellion, nous ne
l’aurions jamais choisi. Je le loue de ce qu’il a pris l’initiative de
nous appeler à suivre Jésus, et de nous rendre capables de le suivre.
Ainsi, à cause de sa grâce qui vient à bout de nos résistances, nous
trouvons enfin une satisfaction éternelle pour nos âmes.
Être chrétien, c’est être aimé, cherché et trouvé par Dieu.
Être chrétien, c’est avoir compris que votre péché vous séparait
de Dieu. Vous ne méritiez que sa colère. Et pourtant ! Malgré vos

62
La formidable invitation

ténèbres et alors que vous étiez mort, sa lumière a brillé sur vous.
Il vous a parlé. Il vous a invité à le suivre. Sa majesté a ébloui votre
âme et sa miséricorde a couvert votre péché. Par sa mort, il vous a
ramené à la vie. Êtes-vous bien au clair sur cette question : si vous
êtes aujourd’hui son enfant, c’est uniquement par la grâce qu’il
vous a accordée. Pas à cause du bien que vous auriez pu faire, des
prières que vous auriez prononcées, des engagements que vous au-
riez pris, des bonnes cases que vous auriez cochées.
En êtes-vous convaincu ?

63
CHAPITRE TROIS

Religion superficielle et
régénération surnaturelle

Le christianisme est radicalement différent de


toutes les autres religions. Je l’ai compris récemment, lors d’un
voyage en Inde ; j’y ai fait connaissance de communautés hindoue,
musulmane, bouddhiste et sikh.
J’ai passé un moment au bord du Gange. C’est un fleuve sacré
pour les hindous. Chaque année, ils sont des millions à s’y rendre
pour méditer sur ses rives, se baigner ou effectuer des rites re-
ligieux. Selon les traditions védiques (fondement des croyances
et pratiques hindoues), les hindous croient que le Gange est une
source de purification spirituelle ; c’est pourquoi ils s’y lavent ré-
gulièrement. Ils croient également que cette rivière constitue le
point de passage de la mort à la vie. Ils incinèrent donc leurs dé-
funts sur ses berges, puis dispersent leurs cendres dans le fleuve,
leur assurant ainsi un salut immédiat. (Certains se contentent de
jeter les dépouilles dans le fleuve.) En quittant ce lieu, les gens em-

65
SUIS-MOI

portent un peu d’eau, qu’ils utiliseront lors des rituels de purifica-


tion dans leurs villes ou villages. L’hindouisme prescrit différents
rituels à différents dieux. Les hindous croient que le chemin qui
mène à la rémission des péchés et à la libération du cycle de la vie
et de la mort est pavé d’hommages au Gange (ou plus précisément
à la déesse Ganga, représentée par le fleuve).
Dans une autre partie de la région, j’ai entendu, cinq fois par
jour, des appels à la prière, par haut-parleurs. Les musulmans y
répondent en se rendant à la mosquée ; ils y récitent des prières,
d’abord courbés les mains sur les genoux, puis prosternés face
contre terre, puis debout. Le prophète Mahomet leur a prescrit,
dans le Coran, d’honorer Allah par ces temps de prière ; à des mo-
ments précis, de manières précises, dans des conditions précises.
J’ai aussi visité un centre de formation de bouddhistes tibé-
tains. Plus de cinq-cents moines vivent dans cette propriété qui
comprend un monastère, une bibliothèque, une école et deux
grands temples. De tous côtés, des fidèles s’inclinaient devant des
statues d’or et de pierre. Certains tournaient en rond en récitant
des mantras et en activant des moulins à prières. Ces moines sui-
vent les enseignements de Bouddha et croient qu’il faut suivre le
chemin octuple : vision parfaite, pensée parfaite, parole parfaite,
action parfaite, moyens d’existence parfaits, effort parfait, prise de
conscience parfaite, concentration parfaite.
Ils croient qu’en suivant cette voie lente et difficile vers le salut,
ils pourront entrer un jour dans le nirvana et connaître une libéra-
tion du désir et de la souffrance.
J’ai demandé à l’un de ces moines pourquoi il faisait tout cela.
Il m’a répondu :
— Parce que je veux trouver la paix et le repos.
— Comment allez-vous les trouver ? ai-je demandé.
— Je ne sais pas, je suis toujours en recherche, m’a-t-il répondu.
Lors de ma dernière soirée en Inde, j’ai passé un moment dans
une communauté sikh. Là des gens étaient réunis pour honorer
l’enseignement des dix gurus ayant établi et défini le sikhisme. Les
hommes, qui ont interdiction de se couper les cheveux, portaient
des turbans de différentes couleurs ; les femmes avaient la tête

66
Religion superficielle et régénération surnaturelle

couverte. Ils sont entrés dans le temple et se sont inclinés devant


les écritures sikhs, le Guru Granth Sahib. Ce livre saint décrit le
chemin vers la vérité et la vie ; il est le centre du culte sikh. Les
fidèles ont ensuite reçu un petit bol de nourriture : le partage est
une tradition de la religion sikh.
Ces quatre grandes religions ont un dénominateur commun :
dans chacune d’entre elles, un enseignant (ou un groupe d’ensei-
gnants) préconise un chemin à suivre pour honorer Dieu (ou dif-
férents dieux) et connaître le salut (quel qu’en soit son sens).
Dans l’hindouisme, les maîtres antiques ont transmis les tra-
ditions védiques et ses rituels. Dans l’islam, Mahomet a dicté (dans
le Coran) les cinq piliers que tout musulman doit appliquer. Dans
le bouddhisme, le chemin octuple n’est qu’une des quatre nobles
vérités enseignées par Bouddha ; les fidèles doivent suivre des cen-
taines d’autres règles. Dans le sikhisme, dix gurus ont indiqué un
ensemble de préceptes comme étant la voie vers la vérité et la vie.
Le christianisme se démarque radicalement de tout cela.
Quand Jésus est monté sur la scène de l’histoire de l’humanité, il
a appelé des disciples. Il ne leur a pas dit : « Obéissez à telles règles.
Observez telle réglementation. Accomplissez tels rites. Suivez tel
chemin. » Non. Il a dit : « Suivez-moi ! »
Par ces deux petits mots, Jésus a montré que son but n’était pas
de leur enseigner une religion ; mais de les inviter à une relation
personnelle avec lui. Il ne leur a pas dit : « Allez par là pour trouver
la vérité et la vie ! » Il a dit : « C’est moi qui suis le chemin, la vérité
et la vie » (Jean 14 : 6). Son appel était le suivant : « Venez à moi !
Soyez dans ma paix ! Recevez ma joie ! Trouvez en moi un sens à
votre vie ! »
Cet appel est stupéfiant et complètement révolutionnaire !
Mais c’est le cœur même de la définition d’un disciple de Jésus.
Nous ne sommes pas appelé à croire ou à faire certaines choses.
Nous sommes appelé à nous accrocher au Christ comme à la
source de la vie.
Mais nous avons raté quelque chose ! Avec le temps, le chris-
tianisme n’est devenu qu’une religion parmi tant d’autres, une
option parmi bien des options. Doucement et subtilement, nous

67
SUIS-MOI

avons laissé la foi chrétienne se transformer en un ensemble de


lois, règlements, pratiques habituelles et principes à observer. Les
hindous se baignent dans le Gange ; les chrétiens se font baptiser
à l’Église. Les musulmans prient le vendredi ; les chrétiens louent
Dieu le dimanche. Les bouddhistes récitent des mantras ; les chré-
tiens chantent des cantiques. Les sikhs lisent leur livre saint et par-
tagent avec les nécessiteux ; les chrétiens lisent leur Bible et don-
nent aux pauvres. Attention : je ne veux absolument pas dire que
nous ne devons pas nous faire baptiser, louer Dieu, lire la Bible ou
nous occuper des pauvres ! Mais nous devons être très vigilants,
car nous pourrions très bien faire toutes ces choses sans avoir au-
cun lien avec Jésus.

Le poids des lois


Pensez aux personnes à qui Jésus s’adressait en disant :
« Suivez-moi ! » Ces pêcheurs galiléens vivaient dans un monde
obnubilé par les lois et les règlements religieux. Les maîtres de la
Loi avaient déformé les commandements de l’Ancien Testament ; y
obéir était devenu le seul moyen de gagner la faveur de Dieu. Qui
plus est, ces enseignants y avaient ajouté diverses instructions que
tout Juif pieux devait suivre.
La Loi de Dieu dans l’Ancien Testament ordonnait, par
exemple, de ne pas voyager le jour du sabbat. Des enseignants ont
commencé à se demander : « Voyons, qu’est-ce qui constitue un
voyage ? Peut-on se déplacer à proximité de sa maison ? Peut-on se
rendre chez un ami ? Si oui, jusqu’à quelle distance ? » Ils ont alors
établi une nouvelle règle : « Le jour du sabbat, vous pouvez vous
déplacer dans un rayon d’un kilomètre autour de votre maison.
Mais si, à l’intérieur de cette zone, vous avez quelque part de la
nourriture prévue pour ce jour de sabbat, alors cet endroit sera
considéré comme une extension de votre maison ; et, à partir de là,
vous pourrez vous déplacer dans un rayon d’un autre kilomètre ».
En bref, en plaçant votre nourriture à des endroits stratégiques,
vous pouviez passer le sabbat à voyager dans toute la ville !
La loi interdisait aussi de transporter une charge le jour du
sabbat. Les maîtres se sont alors demandés : « Qu’est-ce qui est
considéré comme une charge ? Les vêtements en sont-ils une ? » Ils

68
Religion superficielle et régénération surnaturelle

ont donc déclaré que porter ses vêtements sur soi n’était pas une
charge. Mais en transporter un, si ! Il était donc possible de porter
sur soi une veste le jour du sabbat, mais il était interdit d’en trans-
porter une ! Un écrivain a dit :
Les tailleurs ne gardaient même pas une aiguille avec eux le
jour du sabbat, par crainte d’être tentés de raccommoder un vê-
tement et d’ainsi travailler. On ne pouvait ni acheter ni vendre,
on ne pouvait pas non plus teindre ou laver le linge. […] On ne
pouvait même pas bouger les chaises de peur de creuser un sillon
dans le sol en les traînant ; une femme n’était pas autorisée à se
regarder dans le miroir, car elle risquait d’apercevoir un cheveu
gris et d’être tentée de l’arracher10.
C’est du temps de toutes ces lois (et pas seulement celles
concernant le sabbat) que les disciples de Jésus ont vécu.
Dans un tel contexte, les paroles de Jésus sont pleines de fraî-
cheur : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous
un fardeau, et je vous donnerai du repos. Acceptez mes exigences
et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de
cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme » (Matthieu 11 : 28-
29). Quelle douceur ! Quel contraste avec les : « Redoublez d’ef-
forts, travaillez plus dur, faites davantage et améliorez-vous » des
religieux de l’époque !
Nous n’avons pas besoin de plus de lois afin de mériter le salut.
Nous sommes pécheurs et nous ne pourrons jamais nous sauver
nous-mêmes. Ce n’est pas le nombre de plongeons dans un fleuve
ou notre bonne manière de prier qui fera la différence ! Ce n’est
pas le nombre de pas que nous faisons sur tel ou tel chemin, ou
le nombre de pauvres que nous aidons. Le mal est profondément
enraciné dans notre cœur. Impossible de le cacher. Nos « bonnes »
prières, « bonnes » paroles, « bons » cantiques, « bonnes » offrandes
et même notre vie « bonne » s’avèrent impuissants. Ce n’est pas
« redoubler d’efforts » dont nous avons besoin. Nous avons besoin
d’un cœur nouveau.

69
SUIS-MOI

Jongler pour Dieu


Jésus n’est pas venu nous offrir une vie religieuse superficielle.
Il est venu nous offrir une vie nouvelle, par une régénération sur-
naturelle. Quelle est la différence ?
La religion superficielle consiste à croire certaines vérités et à
faire certaines actions. Comme évoqué précédemment, ce genre
de croyances foisonne aujourd’hui. C’était déjà le cas à l’époque
de Jésus. Pensez à sa conversation avec Nicodème, un dirigeant
du peuple juif. Comme beaucoup de ceux qui se disent chrétiens
aujourd’hui, Nicodème croyait d’une certaine manière en Jésus, il
le respectait, tout en cherchant à obéir aux commandements des
Écritures. Il priait et se rendait au temple pour adorer Dieu ; il li-
sait la Bible et même il l’enseignait. Sa vie était exemplaire : droite,
honorable et vertueuse. Qui plus est, il faisait tout cela pour ho-
norer Dieu. Vu de l’extérieur, c’était tout bon. Mais quelque chose
clochait à l’intérieur. Malgré tout son côté religieux, Nicodème
n’avait pas de vie spirituelle en lui.
Vous arrive-t-il de vous sentir comme cela ? D’avoir l’impres-
sion que votre foi ne consiste qu’à croire certaines vérités, accom-
plir certains actes et cocher certaines cases ? Et tout cela pour ga-
gner l’approbation de Dieu. Avez-vous le sentiment de ne jamais
en faire assez ? Malgré tous vos efforts pour prier, lire la Bible,
donner et servir dans l’Église. D’être fatigué d’essayer de plaire à
Dieu par vos actions ? Avez-vous l’impression de ressembler à un
jongleur d’assiettes qui essaye de maintenir en l’air le plus grand
nombre possible d’objets sans les casser ? Votre foi est-elle en fin
de compte principalement une obligation, un devoir plutôt qu’un
délice ?
Voilà le fléau de la religion superficielle ! S’efforcer constam-
ment de faire des choses sans transformation intérieure. Un écri-
vain a décrit ainsi la version chrétienne de la religion superficielle :
Vous […] cherchez à plaire à Dieu en vous soumettant à des lois
et des règlements extérieurs et en vous conformant à certains
comportements imposés par la société chrétienne au milieu
de laquelle vous avez décidé de vivre. Vous espérez ainsi y être
« acceptable ». En vivant de la sorte, vous perpétuez la tradition
païenne d’une pratique religieuse tout humaine. En cherchant

70
Religion superficielle et régénération surnaturelle

à être droit, vous devenez des idolâtres : vous adorez « le


christianisme » plus que le Christ11 !

Au mépris de sa parole, de sa pensée, de sa volonté et de ses


jugements, des hommes (et des femmes) à travers le monde en-
tier sont prêts à consacrer à Dieu ce qu’il condamne : leurs efforts
d’hommes et de femmes. Quoi de plus écœurant et pitoyable que
la chair qui tente de se sanctifier12 !

Un cœur nouveau
Jésus a réagi à la religion superficielle de Nicodème par ces
mots : « À moins de naître de nouveau, personne ne peut voir le
royaume de Dieu. […] À moins de naître d’eau et d’Esprit, on ne
peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3 : 3, 5). Que voulait-il
dire ?
Des centaines d’années auparavant, Dieu, par la bouche du
prophète Ézéchiel, avait fait une promesse à son peuple. C’est à
cela que Jésus fait référence :
Je vous aspergerai d’eau pure et vous serez purifiés. Je vous
purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Je
vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit
nouveau. Je retirerai de votre corps le cœur de pierre et je vous
donnerai un cœur de chair. C’est mon Esprit que je mettrai en
vous. Ainsi, je vous ferai suivre mes prescriptions, garder et
respecter mes règles. Vous habiterez le pays que j’ai donné
à vos ancêtres, vous serez mon peuple et je serai votre Dieu.
(Ézéchiel 36 : 25-28)

Comprenez-vous le lien entre naître d’eau et l’Esprit ?


Jésus souligne la promesse de Dieu de donner à son peuple un
cœur nouveau. Un cœur qui serait, avant toute chose, lavé du pé-
ché, purifié de toutes ses impuretés. L’Éternel a fait semblable pro-
messe par l’intermédiaire du prophète Jérémie : « Je mettrai ma loi
à l’intérieur d’eux, je l’écrirai dans leur cœur. […] Je pardonnerai
leur faute et je ne me souviendrai plus de leur péché » (Jérémie
31 : 33-34).
C’est exactement ce que Jésus est venu faire. Le Nouveau
Testament le présente ainsi : « C’est lui qui sauvera son peuple de

71
SUIS-MOI

ses péchés » (Matthieu 1 : 21). Quand Jean le Baptiste le voit pour


la première fois, il s’écrie : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le
péché du monde » (Jean 1 : 29).
L’Écriture est pleine d’images de Dieu lavant le péché de son
peuple. L’Éternel déclare : « Même si vos péchés sont couleur cra-
moisi, ils deviendront blancs comme la neige » (Ésaïe 1 : 18). David
prie : « Lave-moi complètement de ma faute et purifie-moi de mon
péché » (Psaumes 51 : 4). Ces images de l’Ancien Testament ne sont
qu’un avant-goût du pardon qui apparaît finalement, par Christ,
dans le Nouveau Testament. Paul s’adresse ainsi à des personnes
anciennement connues pour leurs nombreux péchés : « Mais vous
avez été lavés, mais vous avez été déclarés saints, mais vous avez
été déclarés justes au nom du Seigneur Jésus » (1 Corinthiens
6 : 11). Jean écrit : « Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et
juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de tout mal »
(1 Jean 1 : 9).
Une telle purification est un cadeau de Dieu. Tout à fait im-
mérité. Offert uniquement par grâce. Pour reprendre les mots de
Paul : « Mais lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour
pour les hommes ont été révélés, il nous a sauvés. Et il ne l’a pas fait
à cause des actes de justice que nous aurions pu accomplir, mais
conformément à sa compassion, à travers le bain de la nouvelle
naissance » (Tite 3 : 4-5). Face à la sainteté divine, nous ne pou-
vons absolument rien faire pour nous purifier. La Bible l’annonce
clairement. Notre cœur sera toujours taché par le péché. Même si
nous travaillons d’arrache-pied. Même si nous prions avec ferveur.
Même si nous donnons généreusement. Même si nous aimons
jusqu’au sacrifice.
Voici ce que la Bible enseigne : c’est par la foi en Christ, et par
la foi seulement, que nous pouvons être sauvés de nos péchés. La
foi est anti-œuvres. Avoir la foi, c’est avoir compris que vous ne
pouvez rien faire ; mais que Jésus a tout accompli par sa vie, sa
mort et sa résurrection. Avoir la foi, c’est avoir compris que le plai-
sir que Dieu trouve en vous ne sera jamais lié à ce que vous faites
pour lui ; mais dépendra toujours de ce que Jésus a fait pour vous.
Venez à Christ, il purifiera votre cœur : l’invitation est simple.
Elle s’adresse à chaque hindou au bord du Gange comme à chaque

72
Religion superficielle et régénération surnaturelle

lecteur de ce livre. La vérité de l’Évangile est révolutionnaire : nous


n’avons pas à nous laver nous-mêmes de nos péchés. Nous avons
juste à nous en détourner et à placer notre confiance en Christ. Et
recevoir un cœur nouveau et purifié. Alors, Dieu, dans sa grâce,
ne se souvient plus de nos péchés.

Aucune trace
Un Anglais avait acheté, à un prix vertigineux, une belle Rolls-
Royce. La publicité annonçait qu’elle ne tomberait jamais, jamais,
en panne. Un jour, à la grande surprise de notre homme, elle est
bel et bien tombée en panne ! Il se trouvait très loin de la ville et a
donc dû téléphoner chez Rolls-Royce : « Vous savez, cette voiture
qui ne devait jamais, jamais, tomber en panne ? Eh bien, elle est
en panne ».
Un mécanicien est arrivé rapidement, par hélicoptère, sur le
lieu de la panne. Il a réparé la voiture et le conducteur a pu re-
prendre la route. Il s’attendait évidemment à recevoir une facture
de Rolls-Royce. Un tel service devait être très onéreux (ce n’est pas
tous les jours qu’un mécanicien arrive en hélicoptère à l’endroit où
votre voiture est en panne !) Plusieurs semaines après l’incident,
la facture n’était toujours pas arrivée. L’homme voulait clore ce
dossier, il a donc appelé la société Rolls-Royce : « J’aimerais payer la
réparation de ma voiture afin de régler cette histoire une fois pour
toutes ». La réponse de Rolls-Royce : « Monsieur, nous sommes
désolés, mais nous n’avons absolument aucune trace d’un quel-
conque problème concernant votre voiture ».
N’est-ce pas merveilleux ? Le Dieu de l’univers affirme à tous
ceux qui viennent à Christ pour recevoir un cœur nouveau : « Je
n’ai absolument aucune trace d’un quelconque problème dans ta
vie ».

Notre plus grand besoin


Voilà la Bonne Nouvelle du royaume ! Qui répond au besoin
le plus grand de notre vie. Par Jésus, Dieu pardonne nos péchés
et nous réconcilie avec lui. Mais si nous ne faisons pas attention,
nous pouvons subtilement déformer cette Bonne Nouvelle. Et fi-
nir par ignorer notre besoin le plus grand.

73
SUIS-MOI

Aujourd’hui, partout dans le monde, des gens pensent que


l’Évangile de Jésus-Christ est synonyme de guérison physique et
de prospérité matérielle. « Venez à Jésus, annoncent-ils, et vous se-
rez physiquement récompensés. » Ce n’est pas le cœur de l’Évan-
gile. Oui, Jésus est capable de guérir les corps et oui, Jésus a autorité
sur les maladies douloureuses ; mais ce n’est pas le cœur du mes-
sage de Jésus. Nous n’irons pas proclamer à travers toute l’Europe :
« Placez votre confiance en Christ et le cancer disparaîtra ! » Nous
n’irons pas crier à travers toute l’Afrique : « Placez votre confiance
en Christ et le sida disparaîtra ! » Nous n’irons pas crier à travers
le monde entier : « Placez votre confiance en Christ et vous serez
riche et en bonne santé ! »
Ceci n’est pas la Bonne Nouvelle du Christ. La Bonne Nouvelle
du Christ est bien plus extraordinaire que cela ! La Bonne Nouvelle
du Christ, ce n’est pas que Jésus vous guérira immédiatement de
toutes vos maladies ; c’est avant tout qu’il pardonnera vos péchés
pour toujours. La Bonne Nouvelle du Christ, ce n’est pas que si
votre foi est suffisamment grande, vous pourriez recevoir une ré-
compense physique et matérielle sur cette terre. La Bonne Nouvelle
du Christ, c’est que si votre foi en Jésus est semblable à celle d’un
enfant, vous serez réconcilié avec Dieu pour l’éternité.
Ne ressemblons pas au paralysé de Matthieu 9 et à ses amis. Ils
sont venus vers Jésus comme s’il n’était qu’un faiseur de miracles
capable de répondre sur-le-champ à leurs besoins physiques. Ils
s’attendaient à une guérison. Mais à leur grande surprise, ils ont
d’abord entendu ces paroles : « Prends courage, mon enfant, tes pé-
chés te sont pardonnés » (Matthieu 9 : 2). Jésus a ainsi clairement
montré que sa priorité n’était pas de soulager la souffrance, mais
d’en extirper la racine : le péché. Et c’est notre besoin le plus grand.
Durant des années, ma belle-mère a lutté contre un diabète,
un cancer du sein, une neuropathie et une maladie dégénérative
des yeux ; elle a aussi subi plusieurs opérations de la main et a
beaucoup souffert d’un pied. À travers toutes ces épreuves, elle se
disait chrétienne. Elle croyait en effet en Jésus. C’était une dame
respectable, aimable, bienveillante et généreuse. Elle ressemblait
pourtant à Nicodème : elle savait beaucoup de choses au sujet de
Jésus, mais elle avait besoin de naître de nouveau.

74
Religion superficielle et régénération surnaturelle

Un jour, tout a changé. Ma belle-mère a compris combien elle


avait besoin de la grâce de Dieu. Elle s’est détournée d’elle-même
et de son péché ; et elle a placé sa confiance en Christ, le Seigneur
de sa vie. Dans sa miséricorde, Dieu lui a donné un cœur nouveau :
un cœur purifié de tout péché et plein d’assurance en Dieu.
Alors même qu’elle expérimentait une régénération spirituelle,
son physique se dégénérait de plus en plus. Ses reins ont commen-
cé à lâcher. Elle a effectué plusieurs séjours à l’hôpital. Finalement,
une nuit, elle a fait une hémorragie cérébrale et elle est partie.
Que s’est-il passé ? Jésus l’a-t-il laissé tomber quand elle avait
le plus besoin de lui ? Pas du tout ! En réalité, il l’avait guérie là où
elle en avait le plus besoin, et elle savait qu’elle pouvait lui faire
confiance. Le témoignage de sa vie (et de sa mort) est simple : vous
pouvez faire confiance à Christ quand vous avez du diabète, vous
pouvez lui faire confiance quand on vous diagnostique un cancer
du sein, vous pouvez lui faire confiance pour votre neuropathie,
vous pouvez lui faire confiance pour votre maladie dégénérative
des yeux, vous pouvez lui faire confiance quand vous souffrez
d’une insuffisance rénale et vous pouvez lui faire confiance quand
une hémorragie massive affecte votre cerveau. Parce qu’au beau
milieu de toutes ces souffrances, vous savez que Jésus a répondu
au besoin le plus fondamental de votre cœur. Vous savez que vous
avez été lavé de tous vos péchés et vous n’avez plus rien à craindre
de lui. Vous avez uni votre vie au seul homme qui ait vaincu la
mort et qui ait extirpé la racine de toute la souffrance, le péché.
Vous n’avez donc aucune raison de vous inquiéter. Même si votre
corps ne tient plus. Même si vous êtes en train d’exhaler votre der-
nier souffle. Même si votre cœur cesse de battre. Vous pouvez af-
firmer la parole de Dieu : « Mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est
ta victoire ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et ce qui donne
sa puissance au péché, c’est la loi. Mais que Dieu soit remercié,
lui qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! »
(1 Corinthiens. 15 : 55-57).
Le pardon est le plus grand cadeau de Dieu parce qu’il répond
à notre plus grand besoin. Nous avons bien plus besoin d’être pu-
rifiés du péché que d’être guéris du cancer. Nous avons bien plus
besoin du pardon de nos fautes que de l’extraction d’une tumeur.

75
SUIS-MOI

Et c’est exactement cela que le Christ nous apporte : un cœur nou-


veau, lavé de tout péché. Désormais et pour toujours, nous n’avons
plus rien à craindre.

Un esprit nouveau
Nous mettons trop souvent un point final ici, mais la foi chré-
tienne ne s’arrête pas là. Le pardon de ses péchés est devenu pour
beaucoup le cœur de leur vie chrétienne. Bon nombre de « chré-
tiens » restent ainsi coincés au niveau du pardon. Ils croient que
Jésus les a purifiés de leurs péchés ; mais ils ne connaissent tou-
jours pas de changement authentique, radical, réel dans leur vie.
Ce n’est pas ainsi que cela devrait se passer. La promesse de
Dieu, en Ézéchiel, va plus loin : « Je vous donnerai un cœur nou-
veau et je mettrai en vous un esprit nouveau. […] C’est mon Esprit
que je mettrai en vous. Ainsi, je vous ferai suivre mes prescrip-
tions, garder et respecter mes règles » (Ézéchiel 36 : 26-27).
Ce qui nous aide à comprendre ce que Jésus disait à Nicodème :
naître de nouveau signifie naître d’eau et d’Esprit. C’est extraor-
dinaire ! Non seulement Jésus pardonne vos péchés, mais il vous
remplit de son Esprit. Chers amis, laissez-vous interpeller par
cette vérité : quand vous venez à Jésus, il dépose la source de sa vie
au cœur même de votre vie !
Cette vérité est le cœur de l’appel de Jésus à le suivre. Quand
vous devenez chrétien, vous mourez et Jésus devient votre vie.
Pour paraphraser Paul : « Vous êtes morts avec Christ, et vous
n’êtes même plus vivants. Au lieu de cela, Christ est vivant en
vous, et la seule façon pour vous de vivre, c’est par la foi en lui »
(Galates 2 : 20). Paul écrira par la suite : « Et si Christ est en vous,
votre corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais votre esprit
est vie à cause de la justice. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité
Jésus habite en vous, celui qui a ressuscité Christ rendra aussi la vie
à votre corps mortel par son Esprit qui habite en vous » (Romains
8 : 10-11). C’est le message renversant du christianisme : Jésus est
mort pour vous afin de pouvoir vivre en vous. Il ne se contente
pas d’améliorer votre ancienne nature. Il vous en offre une entiè-
rement nouvelle ; et totalement unie à la sienne.

76
Religion superficielle et régénération surnaturelle

Quand Heather et moi étions fiancés, nous menions des vies


totalement différentes. Je terminais mes études et j’avais à peine
de quoi survivre. Je mangeais des pâtes chinoises à quasiment
tous les repas ! J’essayais tant bien que mal de m’en sortir. Quand
à Heather, elle enseignait dans une école primaire. Elle avait donc
un revenu régulier (c’est-à-dire un bon cash-flow) et pouvait s’of-
frir autre chose que des pâtes chinoises.
Au bout de douze mois de fiançailles, nous nous sommes re-
trouvés devant nos familles et une foule d’amis, prêts à unir nos
vies. Ce jour-là, j’ai reçu un tas de magnifiques cadeaux. Le plus
important était une épouse resplendissante qui aimait Dieu ! Mais
savez-vous ce que j’ai aussi reçu ?
Un bon cash-flow.
C’était génial ! Avant la cérémonie, je n’avais rien sur mon
compte en banque. À l’instant où j’ai dit « oui », j’ai brusquement
récupéré tout ce qui se trouvait sur le compte en banque de ma
femme ! Sans rien avoir à faire pour le gagner ! Je n’ai pas dû me
rendre à son école et enseigner ses élèves. Je n’ai pas dû me trouver
un emploi. Tout ce qui appartenait à Heather m’appartenait dé-
sormais. Tout simplement parce que j’avais uni ma vie à la sienne.
C’est pareil avec Jésus. En beaucoup, beaucoup mieux ! Quand
vous venez à lui, quand vous unissez votre vie à la sienne, tout ce
qui lui appartient est à vous. Oui, sa justice remplace votre injus-
tice. Mais il y a plus. Quand vous venez à lui, son Esprit remplit
votre esprit. Son amour devient votre amour. Sa joie devient votre
joie. Ses pensées deviennent vos pensées. Ses désirs deviennent vos
désirs. Sa volonté devient votre volonté. Son dessein devient votre
dessein. Sa puissance devient votre puissance. La vie chrétienne
consiste donc à « laisser sortir » la vie de Christ qui est en vous. Ni
plus ni moins.
Voilà la différence fondamentale entre religion superficielle et
régénération surnaturelle. La religion superficielle, avec ses vérités
à croire et ses choses à faire, est une contrefaçon de la vie « chré-
tienne ». Elle passe totalement à côté de ce que signifie réellement
suivre Jésus. Par contre, la régénération surnaturelle, conduit à
une vie chrétienne authentique, une vie éveillée par l’Esprit, la vé-
rité, l’amour, la passion, la puissance et le dessein de Jésus.

77
SUIS-MOI

Être un disciple et devenir un faiseur de


disciples
C’est exactement ce dont Jésus parle après son « Suivez-moi »
aux quatre pêcheurs. Souvenez-vous, il leur a dit : « Suivez-moi
et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4 : 19).
Remarquez bien que, dans cette invitation, il ne leur dit pas ce
qu’il les appellera à faire, mais bien de ce qu’il leur fera faire. Les
missions données aux disciples ne pourront être accomplies que
grâce à son œuvre en eux. Au fur et à mesure que les disciples sui-
vent Jésus, il transforme tout en eux : leurs pensées, leurs désirs,
leur volonté, leurs relations, et au plus profond, leur raison même
de vivre.
« Suivez-moi, leur dit Jésus, et je ferai de vous des pêcheurs
d’hommes ». Il utilise là une image qui leur est familière. Il les ap-
pelle, dès le début, à une mission qui exigera toute leur énergie :
répandre l’Évangile dans le monde entier ! C’est autre chose que de
sillonner un lac pour y chercher du poisson ! Parce qu’ils sont dis-
ciples de Jésus, ils feront d’autres disciples. Suivre le Christ condui-
ra chacun d’eux à aller à la pêche d’hommes. À la fin de l’Évangile
de Matthieu, nous retrouvons le Fils de Dieu sur une montagne,
avec ces mêmes disciples. Logiquement il leur dit : « Allez, faites
de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du
Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à mettre en pratique tout
ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours,
jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28 : 19-20).
Quelque chose s’est passé entre Matthieu 4 et Matthieu 28 !
Jésus a transformé ses disciples en faiseurs de disciples. Quand ils
se sont retrouvés sur la montagne, ils avaient hâte d’annoncer à
tous la vie, la mort et la résurrection du Christ. Pardonnés de leurs
péchés, et bientôt remplis de l’Esprit de Dieu, ils étaient prêts à
sacrifier leur vie ; pas simplement pour être disciples de Jésus, mais
aussi pour faire des disciples de Jésus. Pêcher des hommes devien-
dra capital pour eux. Et cela leur coûtera très cher.
À la Pentecôte, Pierre prêche l’Évangile à des milliers de per-
sonnes, et par la suite, à des foules un peu partout. Nous l’avons
déjà dit : pour avoir refusé de se taire, il est mort crucifié à l’envers,
selon la tradition. André prêchait l’Évangile en Grèce : il a aussi

78
Religion superficielle et régénération surnaturelle

été crucifié. Jude faisait de même près de l’actuelle Turquie : il a été


battu à mort. Thomas faisait des disciples en Inde et a eu le côté
transpercé par une lance. Pour avoir annoncé l’Évangile, Jacques
a été décapité, Philippe lapidé et Matthieu brûlé vif. Ces hommes
ont littéralement donné leur vie pour faire des disciples de Jésus.
Parce qu’ils étaient eux-mêmes des disciples de Jésus.
Ces disciples avaient connu une telle transformation en eux
que cela se manifestait par une multiplication au travers d’eux.
Jésus transformait leurs pensées : ils devenaient convaincus que les
gens avaient besoin d’entendre l’Évangile. Jésus transformait leurs
désirs : ils désiraient ardemment que chacun entende l’Évangile.
Jésus transformait leur volonté : ils se sentaient poussés à donner
leur vie pour proclamer l’Évangile. Jésus transformait leurs rela-
tions : par amour pour les autres ils leur annonçaient l’Évangile,
qu’importe le prix à payer. Ils étaient devenus des faiseurs de dis-
ciples au péril de leur vie. Jésus avait transformé leur raison même
d’exister : leurs vies en ont été bouleversées à jamais.
Et nous ? Avons-nous raté quelque chose ? Christ nous a donné
un commandement qui peut coûter cher : « Allez, baptisez et en-
seignez toutes les nations ! » En observant l’Église aujourd’hui, j’ai
le sentiment qu’une mutation s’est opérée : nous avons transformé
l’ordre de Jésus en une invitation plus confortable : « Rassemblez-
vous, faites-vous baptiser et restez sur place ! » Essayez de deman-
der à des chrétiens autour de vous ce que signifie concrètement
« faire des disciples ». Les réponses risquent de ne pas être très
claires et vous récolterez probablement beaucoup… d’hésitations !
Il semblerait que nous nous soyons mutuellement exemptés de nos
responsabilités de pêcheurs d’hommes ! La majorité de ceux qui
se disent chrétiens aujourd’hui n’a pas comme objectif dans la vie
de faire de toutes les nations des disciples. En réalité, rien que d’y
penser, la plupart sont effrayés. Il est d’ailleurs bien possible que
vous soyez tenté, ici, de refermer ce livre en pensant : Ce n’est pas
pour moi.
S’il vous plaît, ne le fermez pas ! Réfléchissons ensemble. La
Bible n’affirme-t-elle pas que tout disciple de Jésus est censé faire
d’autres disciples de Jésus ? L’appel de Jésus à le suivre n’était-il
pas, dès le début du christianisme, un appel à devenir des pêcheurs

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SUIS-MOI

d’hommes ? Et n’avons-nous pas l’impression que les premiers dis-


ciples l’on fait par envie et non par obligation ? Les premiers dis-
ciples dans Matthieu 28 ont-ils dû être contraints par Jésus à obéir
à son ordre ? Non. Ils étaient poussés, par une force surnaturelle
intérieure, à obéir à cet ordre. Même la mort ne pouvait pas les en
empêcher.
Mais alors qu’est-ce qui nous empêche, nous, d’obéir au-
jourd’hui ? Chacun d’entre nous. Pourquoi tant de soi-disant chré-
tiens restent-ils sur la touche ? Ils sont parfois impliqués dans les
rouages du fonctionnement de l’Église mais pas prêts à donner
leur vie pour faire de toutes les nations des disciples. Avec amour,
passion, sacrifice et joie. Avons-nous fait le choix d’une religion
superficielle plutôt que de vivre une régénération surnaturelle ?

Un trop-plein surnaturel
Une liste de choses à faire et à ne pas faire, des principes à
respecter et des rituels à observer (pour la plupart semblables à
ceux des autres religions) : si la foi chrétienne ne consiste qu’en
cela, nous n’avons pas grand-chose à offrir au monde. Pourquoi
donc choisir le christianisme plutôt que l’islam ou l’hindouisme
s’ils sont fondamentalement identiques ? Tout le monde n’est-il pas
en train de suivre des règles en phase avec leurs habitudes reli-
gieuses ? Et ne seront-ils pas tous récompensés un jour, d’une ma-
nière ou d’une autre, pour l’avoir fait ?
Si notre foi chrétienne n’est que religion superficielle, rien ne
pourra nous convaincre de renoncer à notre confort, modifier nos
priorités, sacrifier nos biens, risquer notre réputation ou même
perdre notre vie pour devenir témoins du Christ. Nous avons
toutes les raisons de nous cantonner dans une foi strictement per-
sonnelle qui nous convient très bien, et qu’on n’imposera ni aux
gens de son entourage, et moins encore au monde entier.
Une telle approche superficielle du christianisme conduit tou-
jours à une mentalité de spectateur dans l’Église.
Mais, si le christianisme est effectivement une question de ré-
génération surnaturelle… Si le Dieu de l’univers a touché notre
âme par sa grâce, s’il a pardonné tous nos péchés et nous a remplis

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Religion superficielle et régénération surnaturelle

de son Esprit, alors, une telle mentalité de spectateurs est spiri-


tuellement inconcevable ! Si notre cœur, nos pensées, nos désirs et
nos relations ont été radicalement bousculés par le Christ, faire sa
volonté devient alors notre priorité absolue.
Si vous êtes réellement un disciple de Jésus, vous vous senti-
rez obligé, de manière surnaturelle, à faire des disciples. Un vrai
disciple de Jésus n’a pas besoin d’être convaincu, persuadé ou ma-
nipulé. Chaque personne qui suit Jésus selon la Bible devient pê-
cheur d’hommes.
Je vous ai parlé, dans mon premier chapitre, de Tom et de Julie.
Tous deux étaient prisonniers d’une foi religieuse et superficielle.
Jusqu’au jour où Christ a saisi leurs cœurs et transformé leurs vies.
Dès sa nouvelle naissance, Tom a mis sa vie à profit pour conduire
les autres à Jésus. Il a animé des études bibliques sur son lieu de
travail. Avec sa femme, il a accompagné des couples, les aidant à
grandir en Christ. Depuis qu’il est sauvé, il a partagé l’Évangile en
Amérique du Sud, en Europe de l’Est et au Moyen-Orient.
De la même manière, depuis que Julie est sauvée, elle s’est
aussi consacrée à faire des disciples sur son campus. Elle a passé
quelques mois en Afrique de l’Ouest ; elle y a annoncé l’Évangile
dans une ville de 90 000 habitants, dont 99,8 % étaient musul-
mans. Après avoir fini ses études, elle s’est mariée et a emménagé
avec son mari dans un quartier défavorisé présentant un fort taux
de criminalité, pour y annoncer et y vivre l’Évangile.
Ahmed est médecin sur l’île la moins évangélisée de la terre.
Il est issu d’une famille de musulmans extrêmement fervents et
très riches. Il a fait sept fois le pèlerinage à La Mecque. Mais par la
grâce de Dieu, il a rencontré, dans le cadre de son travail, des mis-
sionnaires chrétiens qui lui ont annoncé l’Évangile. En entendant
parler de Christ, Ahmed a découvert une paix qui lui était jusque-
là totalement inconnue. Il est devenu un disciple de Jésus tout en
sachant que cela lui coûterait cher. Dès que sa famille l’a appris, il
a été ligoté et battu. Sa femme l’a quitté et ses enfants l’ont aban-
donné. Il ne peut plus exercer la médecine. Il vit en permanence
sous une menace de mort de sa famille.
Mais rien ne peut empêcher Ahmed de faire des disciples.
Lorsqu’il a commencé à suivre Jésus, il a demandé à Dieu de se

81
SUIS-MOI

servir de lui pour annoncer l’Évangile à un millier de personnes


dans le courant de l’année. À la fin de cette première année, il avait
annoncé la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu en Christ à plus de
quatre mille personnes !
Sanja vit, dans la pauvreté, en Inde ; elle est maman de deux
petites filles. Quand elle est tombée enceinte de la deuxième, son
mari l’a abandonnée ; il ne voulait pas avoir à payer de dot, plus
tard, pour leurs mariages. Honteuse, Sanja a été obligée de retour-
ner vivre chez ses parents. Enseignée dans la religion hindoue, elle
a été surprise de découvrir, dans son village, une Église qui s’oc-
cupait des femmes enceintes. Elle y a entendu parler de l’amour
infaillible de Dieu en Christ. Elle s’est repentie de son péché et
a placé sa confiance en Jésus ; elle savait pourtant que cela aug-
menterait son déshonneur dans sa communauté. Elle participe au-
jourd’hui à la vie de son Église en s’occupant des femmes enceintes
dans le besoin. Elle partage l’Évangile avec tous les hindous qu’elle
connaît.
Si vous demandiez à Tom, Julie, Ahmed ou Sanja pourquoi ils
sont ainsi devenus des faiseurs de disciples, aucun ne répondrait
en vous disant que c’est parce qu’ils sont obligés. C’est bien parce
qu’ils le veulent ! Dieu a accordé à ces frères et sœurs un cœur
nouveau, un cœur lavé du péché et rempli de son Esprit. Répandre
l’Évangile est la conséquence naturelle (ou surnaturelle), non pas
d’une religion à laquelle ils adhèrent, mais de leur relation avec
Christ.

Êtes-vous né de nouveau ?
Qu’en est-il de vous ?
Êtes-vous plongé dans une religion superficielle, ou avez-vous
fait l’expérience de la régénération surnaturelle ? Qu’est-ce qui est
le plus important à vos yeux : suivre scrupuleusement des pra-
tiques et des principes chrétiens, ou vous cramponner de toutes
vos forces au Christ lui-même ? Êtes-vous certain d’être pardonné
de vos péchés ? D’être rempli de son Esprit ? En fin de compte,
êtes-vous né de nouveau ?

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Religion superficielle et régénération surnaturelle

Tout est nouveau chez le disciple de Jésus : son cœur, sa pensée,


ses désirs, sa volonté, ses relations et son objectif. « Suivez-moi, di-
sait Jésus, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Ce n’est pas
une invitation à s’engager dans une religion superficielle. C’est une
invitation à savourer le bonheur qui n’existe que dans une relation
surnaturelle avec lui. Il vous appelle à être captivé par sa grandeur
et transformé par sa grâce. Détournez-vous de votre péché et de
vous-même ! Et faites-lui confiance, lui le sauveur tout-puissant de
votre âme, celui qui satisfait pleinement.
Mais attention ! Cela ne veut pas dire : « Faites de Jésus votre
Seigneur et Sauveur personnel ! »

83
David Platt
QU’A VOULU DIRE
JÉSUS PAR CES MOTS :
« SUIS-MOI » ?

Peut-on se dire chrétien sans

SUIS-MOI

SUIS-MOI
être réellement disciple de
Christ ? Peut-on affirmer croire
en Jésus sans avoir saisi le
cœur de son message ?
David Platt est
Malheureusement, oui. C’est auteur et pasteur de
même bien plus fréquent qu’on l’Église de Brook Hills
à Birmingham (États-
ne le pense ! David Platt nous
Unis). Il enseigne la
exhorte à examiner cette Bible et forme des
question fondamentale : que responsables d’Église
à travers le monde
signifie suivre Jésus ?
entier.
David est marié
« Suis-moi », dit-il. et père de quatre
Deux mots très simples, mais enfants.
qui peuvent tout changer pour
vous. Si vous répondez à cet
David Platt

appel de Jésus, votre vie aura


toujours un sens. Vous débor-
derez de joie! Mais il y aura un
prix à payer. Cet appel n’est David Platt
pas une invitation à réciter une
prière. C’est un appel pressant
et radical à perdre votre vie.
9 782362 491900
ISBN 978-2-36249-190-0 Un appel à mourir.
Un appel à mourir.
Un appel à vivre.
publié au Canada par

Un appel à vivre.
Avez-vous répondu Préface de Francis Chan
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