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HYMNE NATIONALE : DEBOUT CONGOLAIS

Debout Congolais, Unis par le sort,

Unis dans l'effort pour l'indépendance.

Dressons nos fronts, longtemps courbés

Et pour de bon prenons le plus bel élan, dans la paix.

Ô peuple ardent Par le labeur Nous bâtirons un pays plus beau qu'avant dans la paix.

Citoyens, Entonnez l'hymne sacré de votre solidarité fièrement,

Saluez l'emblème d'or de votre souveraineté

Don béni, Congo ! Des aïeux, Congo ! Ô pays, Congo ! Bien-aimé, Congo !

Nous peuplerons ton sol et nous assurerons ta grandeur.

Trente juin, ô doux soleil Trente juin, du trente juin Jour sacré, soit le témoin, Jour sacré, de
l’immortel

Serment de liberté Que nous léguons À notre postérité pour toujours

ANALYSE ET IDENTIFICATION DES DIFFERENTES VALEURS NATIONALES

« Debout congolais »
« Debout congolais » est une interjection impérative qui marque un rappel des troupes. C’est un mot
d’ordre. Un cri de guerre contre l’impérialisme. Il exprime non seulement la révolte, mais aussi la
rupture. Révolte contre son ancien maitre, rupture d’avec le passé. Un passé tel que décrit par le
Discours de Lumumba. Un discours, qui était tombé à point nommé, tantôt comme une arme que
l’on dégaine pour abattre son bourreau, tantôt comme un couteau qu’on remue sur une plaie encore
fraiche. Désormais Belges et Congolais se regardent comme des chiens de faïence parce le transfert
des souverainetés qui se fait presque dans la précipitation ne suit pas le transfert effectif des
responsabilités. C’est plutôt le début d’un néocolonialisme de mauvais goût.
Placé tout au début, le mot « Debout » est lourd de conséquences. Il sous-entend que les Congolais
étaient longtemps opprimés, maltraités, chosifiés. Ils étaient-là, les yeux bandés, bouches cousues,
assis ou endormis en train de ployer sous le poids des sévices et des injustices. Ils doivent désormais
se lever, se frotter les yeux et agir à l’unisson.
Quel peuple serions-nous si nous nous déterminons vraiment à nous lever ? Un peuple uni comme
l’envisage le point suivant.

 « Unis par le sort,


Unis dans l'effort pour l'indépendance ».

Pour vrai que cela puisse paraitre, l’indépendance du Congo n’a pas été le fruit d’un effort individuel.
L’élite et la brochette des chefs coutumiers qui avaient siégé à la Table ronde représentaient toutes
les couches de la population. Ce groupe d’individus, avec un niveau d’instruction moyen, prouve
comment, pour trouver des grandes solutions du pays, il n’est pas nécessaire d’être un groupe
nombreux. On a besoin de la majorité qualitative plutôt que d’une majorité quantitative parce que la
qualité est en raison inverse de la quantité.
 « Dressons nos fronts, longtemps courbés »

L’impératif « Dressons nos fronts » renforce l’appel à sortir du sommeil, à se frotter les yeux et de
prendre une direction à suivre, aller vers un idéal commun. Les fronts longtemps courbés
représentent les années où l’on était enchaîné comme des bêtes de somme, où l’on était des chairs à
canon, des chairs à impôts. L’époque où l’on se faisait couper les bras pour n’avoir pas récolté un kilo
de caoutchouc et où l’on se faisait engraisser, castrer pour être vendu comme un esclave. Les
« fronts longtemps courbés » signifie que l’on était humilié, battu, exploité, violé, etc. Ce sort était
réservé à tout Congolais, d’où l’incise « Unis par le sort ». Triste sort, certes, que le maître réservait à
ses esclaves, à ceux dont on vole les richesses, parce que les colonisés sont considérés comme
des « sauvages » à qui il fallait amener la « Civilisation ».
 « Et pour de bon, prenons le plus bel élan, Dans la paix »
Quand on rompt avec le passé, on regarde l’avenir en face. Avec détermination. Avec optimisme.
C’est le moment de faire des promesses, de dresser un plan d’action. L’hymne national nous place
devant un défi à relever quand il enchaine : « Et pour de bon, prenons le plus bel élan … ». Les
auteurs font confiance à toute la postérité qu’ils considèrent comme un peuple ardent, un peuple
fort, capable de donner le meilleur de soi-même pour construire un pays plus beau qu’avant
 « Nous bâtirons un pays plus beau qu'avant
Dans la paix. »
La paix n'est pas l'absence de guerre, mais une vertu qui naît de la force de l'âme. La paix véritable ne
devrait pas être seulement un état passager, mais une garantie pour un avenir meilleur. C’est
pourquoi l’Hymne national invite les Congolais, une fois débout, à prendre le plus bel élan, à bâtir un
nouveau pays plus beau qu’avant, mais dans la paix.
Selon l’idéal de notre chant patriotique, l’absence de guerre n’est pas en réalité la seule condition
pour garantir la paix. Il y a plus ! La façon dont le peuple jouit de ses droits et libertés. Voilà ce qui
devrait être le plus bel élan, en rapport à notre hymne national. Malheureusement, le concept paix
est resté dans l’imaginaire populaire comme chimérique et utopique, ce qui entraine notre sous-
développement, disons mieux, notre retard à décoller pour le futur Congo qui est un véritable don.

 « Don béni, Congo ! Des aïeux, Congo »

Le Congo notre pays est un Don béni. Dire qu’il est un abîme de richesse du sol et de sous-sol est une
fâcheuse tautologie. Mais c’est une honte de voir que l’or, le diamant, le cobalt, l’uranium, l’étain, le
coltan contrastent avec la misère de la population en même qu’ils provoquent la convoitise des
voisins et des multinationales dont le progrès industriel en dépend en grande partie. Et ce don béni,
nous l’avons reçu de nos aïeux.
En principe, quand on obtient un don, on l’aime et on le garde précieusement. Aimons-nous
suffisamment notre don béni ?

 « Bien-aimé, Congo ! Nous peuplerons ton sol


et nous assurerons ta grandeur »

Une des promesses semble avoir été tenue, bien tenue. « Nous peuplerons ton sol ». Ici le pari a été
bien gagné car quand on lit l’horloge de la démographie congolaise, les proportions sont
inquiétantes. En quelques décennies, le sol congolais, malgré ses dimensions incommensurables a
été bien peuplé. De 15.000.000 d’habitants que l’on était au jour de l’indépendance, nous voici à plus
ou moins 80.000.000. Malheureusement le progrès n’a pas suivi la même courbe dans le domaine
économique, social et politique pour assurer la grandeur de ce don bien aimé.
Le Congo nouveau que l’hymne envisage, est un Congo qui doit jouir de ses richesses pour être
prospère. Un Congo émergeant et grand où seraient construites des routes modernes, des écoles,
des centres hospitaliers, un Congo salubre où il ferait bon vivre.
.
 « L'immortel Serment de liberté »

A tous les niveaux de nos engagements solennels nous sommes liés par un serment. Un serment
règlemente les rapports entre les individus. Par conséquent, quand on fait un serment, on est obligé
de le respecter sous peine de s’attirer des mauvais sorts ou des imprécations. Selon la tradition
africaine, ainsi que nous avions eu à l’évoquer plus haut, les malheurs, les maladies, les mauvaises
récoltes, les décès, la stérilité, la sécheresse sont les conséquences de non-respect de certains
serments.
Quand nous chantons notre hymne national, nous promettons de léguer un héritage important à
notre postérité. C’est l’immortel serment de liberté, car comme qui dirait, mieux vaut être pauvre
dans la liberté que d’être riche dans l’esclavage. Il n’y a pas de dignité sans liberté. Pour plus de
dignité, nous devons préférer la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage. Accepter
d’être heureux sans être libre, c’est tromper sa propre conscience.

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