Vous êtes sur la page 1sur 154

La contribution des associations de femmes au développement durable au Burkina Faso

Thèse de Maîtrise

Corinne Guindon

Sous la co-direction de
Orner Chouinard, Ph.D.
et Louis Favreau, Ph.D.

Faculté des études supérieures


et de la recherche
Université de Moncton
Mai 2011

v
1*1 Library and Archives
Canada

Published Héritage
Bibliothèque et
Archives Canada

Direction du
Branch Patrimoine de l'édition

395 Wellington Street 395, rue Wellington


OttawaONK1A0N4 Ottawa ON K1A 0N4
Canada Canada
Yourfile Votre référence
ISBN: 978-0-494-81189-4
Our nie Notre référence
ISBN: 978-0-494-81189-4

NOTICE: AVIS:

The author has granted a non- L'auteur a accordé une licence non exclusive
exclusive license allowing Library and permettant à la Bibliothèque et Archives
Archives Canada to reproduce, Canada de reproduire, publier, archiver,
publish, archive, préserve, conserve, sauvegarder, conserver, transmettre au public
communicate to the public by par télécommunication ou par l'Internet, prêter,
télécommunication or on the Internet, distribuer et vendre des thèses partout dans le
loan, distribute and sell thèses monde, à des fins commerciales ou autres, sur
Worldwide, for commercial or non- support microforme, papier, électronique et/ou
commercial purposes, in microform, autres formats.
paper, electronic and/or any other
formats.

The author retains copyright L'auteur conserve la propriété du droit d'auteur


ownership and moral rights in this et des droits moraux qui protège cette thèse. Ni
thesis. Neither the thesis nor la thèse ni des extraits substantiels de celle-ci
substantial extracts from it may be ne doivent être imprimés ou autrement
printed or otherwise reproduced reproduits sans son autorisation.
without the author's permission.

In compliance with the Canadian Conformément à la loi canadienne sur la


Privacy Act some supporting forms protection de la vie privée, quelques
may hâve been removed from this formulaires secondaires ont été enlevés de
thesis. cette thèse.

While thèse forms may be included Bien que ces formulaires aient inclus dans
in the document page count, their la pagination, il n'y aura aucun contenu
removal does not represent any loss manquant.
of content from the thesis.

1*1

Canada
COMPOSITION DU JURY

Yves Gagnon, Ph.D., Président du jury, Titulaire de la Chaire K.-C. Irving en


développement durable et professeur au programme de Maîtrise en Études de
l'environnement, Université de Moncton
Yvonne Bonzi-Coulibaly, Ph.D., Évaluatrice externe, Vice-rectrice à la recherche de la
Faculté des Études supérieures et de la recherche, Université de Ouagadougou, Burkina
Faso
Orner Chouinard, Ph.D, Co-directeur, Sociologue et professeur au département de
sociologie et au programme de Maîtrise en Études de l'environnement, Université de
Moncton
Louis Favreau. Ph. D. Co-directeur, Sociologue, titulaire de la Chaire de recherche du
Canada en développement des collectivités et professeur au département de travail social
et des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais

Jean-François Thibault, Ph.D., Evaluateur interne, Professeur au département de science


politique et à la Faculté des arts et des sciences sociales, Université de Moncton

i
REMERCIEMENTS

Je dédie cette thèse de maîtrise à toutes les femmes du Burkina Faso, sans qui cette
recherche aurait été possible. Leur humanité, leur amour pour leur famille et leur
communauté et leur persévérance demeureront une source d'inspiration importante pour
moi.

Ceci étant dit, j'aimerais d'abord remercier les membres de l'AME à Koumbili, l'AME à
Siéna, l'Association Di San Daani, la Fédération provinciale de productrices de beurre de
karité et le Groupement féminin Konkudoè pour leur bel accueil et pour leur volonté de
partager leurs expériences de vie avec nous. Sur ce, un gros merci à nos deux interprètes,
Aouya Yogo et Achille Yélémou, qui se sont assis avec nous afin de capter et de saisir le
sens de ces expériences candides.

Merci infiniment à Orner Chouinard, mon directeur de thèse, pour avoir guidé cette
recherche en me partageant son expertise et en facilitant mes contacts à Moncton et au
Burkina Faso. Je le remercie aussi pour son support, sa patience et sa confiance en mes
capacités.

Merci aussi à mon co-directeur, Louis Favreau, pour son expertise et ses conseils. Ses
connaissances m'ont été des plus fondamentales.

Un gros merci au Projet GEBC : 2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD et à l'équipe de


direction du CEPAPE à Ouagadougou pour leur gentillesse et leur appui durant mon
séjour dans leur magnifique pays. J'aimerais particulièrement remercier Madame Yvonne
Bonzi-Coulibaly pour son généreux accueil et pour m'avoir pourvu d'un excellent réseau
de soutien au Burkina Faso.

Sur ce, j'aimerais dire un merci bien spécial à Yacouba Ouedraogo, gestionnaire du
projet GEBC, et à Bienvenue Marie-Claire Ouedraogo, ancienne étudiante au CEPAPE et
chère amie, de m'avoir accompagné sans réserve dans les villages. Ils ont rendu mes
déplacements des plus plaisants et mes expériences des plus mémorables. Je remercie
aussi Daouda Oura de nous avoir accueilli à bras ouverts dans sa maison à Siéna.

M
J'aimerais remercier M. Zibaré, directeur de l'école de Koumbili, pour son hospitalité.
Merci aussi à Amidou Garané, professeur à l'Université de Ouagadougou et gestionnaire
du projet GEBC, ainsi qu'à tous les fonctionnaires qui ont pris le temps de nous
rencontrer et de nous partager leurs connaissances et leur expertise dans le domaine
associatif féminin au Burkina Faso.

Un gros merci à la famille Koné de m'avoir accueilli dans leur maison pendant deux mois
et d'avoir facilité mon ajustement dans un nouvel environnement.

Finalement, j'aimerais remercier du fond de mon coeur ma petite famille - mes parents
Bertrand et Nicole, ma grande sœur Sophie et mon partenaire Chris - d'avoir persévéré
avec moi. Leur appui, sous toutes ses formes, leur encouragement et leur amour ont été
indispensables au succès de cette thèse.

m
RÉSUMÉ

Cette recherche exploratoire a pour objectif de comprendre les contributions de


cinq associations de femmes au développement durable (DD) dans les villages de
Koumbili et de Siéna ainsi que dans leurs chefs-lieux respectifs Pô et Toma au Burkina
Faso. Dans le cadre de cette recherche, le concept du DD se définit en fonction de ses
dimensions environnementale, socioculturelle et économique. De plus, il s'étudie à partir
du rapport qu'il entretien avec le milieu associatif féminin au Burkina Faso.

Notre recherche repose sur cinq études de cas : 1) l'Association des mères
éducatrices (AME) à Koumbili ; 2) l'Association des mères éducatrices (AME) à Siéna ;
3) l'Association Di San Daani à Koumbili ; 4) la Fédération provinciale des productrices
de beurre de karité à Pô et ; 5) le Groupement féminin Konkudoè à Toma. La collecte de
données s'est effectuée lors de rencontres collectives et individuelles avec les membres
de ces associations de femmes et avec d'autres informateurs-clés du ministère de la
Promotion de la femme (MPF), du ministère de l'Environnement et du cadre de vie
(MECV), du Centre international pour l'éducation des filles et des femmes en Afrique de
l'Union africaine (UA/CIEFFA) et de la Direction pour la promotion de l'éducation des
femmes et des filles (DPEF).

Nos données révèlent que les associations de femmes au Burkina Faso sont
confrontées à des défis organisationnels et institutionnels, ainsi qu'à des enjeux
socioculturels importants. La présence de ces Associations dans les villes et les villages
ciblés révèle une féminisation de la pauvreté qui s'avère le produit d'une division
sexuelle du travail, d'une non-reconnaissance des responsabilités domestiques féminines
et d'une inégalité des chances liée à l'éducation, à l'emploi, au salaire et aux droits
fonciers. Tous ces enjeux entraînent une précarisation des modes de vie des populations
qui incitent les associations de femmes à lutter pour leur survie en menant des activités
environnementales, sociales et économiques.

Les cinq Associations de femmes étudiées sont porteuses d'une vision intégrée et
collective de l'action. Elles s'engagent dans des activités de production et de
commercialisation qui répondent aux besoins immédiats et futurs des populations. Leurs

iv
initiatives uniques d'entraide et de partage telles les jardins communautaires et les
cantines scolaires reposent sur un intérêt socioécologique marqué qui contribue à
l'amélioration de la sécurité alimentaire et de la santé. C'est par le biais de ces initiatives
d'intérêt social qui reposent sur la transmission de valeurs nouvelles, la collaboration et
dans certains cas sur la sensibilisation, l'éducation et l'alphabétisation, que les
Associations de femmes s'engagent dans un processus de mise en valeur de la femme et
dans la promotion du DD à Koumbili, Siéna, Pô et Toma. La Fédération provinciale des
productrices de beurre de karité sert de cas exemplaire pour démontrer l'influence que
peuvent avoir les associations de femmes sur le développement local, l'épanouissement
des collectivités et la promotion du DD.

v
TABLE DES MATIÈRES
COMPOSITION DU JURY i

REMERCIEMENTS ii
RÉSUMÉ iv

TABLE DES MATIÈRES vi


LISTE DES CARTES xi
LISTE DES SIGLES xii
CHAPITRE PREMIER 1
Contexte de la recherche 1
1.1 Esquisse des réalités environnementales, économiques,
socioculturelles et politiques du Burkina Faso 1
1.1.1 Contexte environnemental 1
1.1.2 Contexte économique 4
1.1.3 Contexte socioculturel 7

1.1.4 Contexte politique 9

1.1.4.1 L'État, l'indépendance et le mouvement


coopératif. 9

1.1.4.2 L'économie populaire en Afrique 13

1.1.4.3 Le Burkina Faso aujourd'hui (1980-2010) 16

CHAPITRE II 18

Problématique 18

2.1 Objectifs de recherche 20

CHAPITRE III 23

Cadre théorique 23

3.1 Les théories du développement : Développement durable et


développement local 23

3.1.1 Le développement durable 23

vi
3.1.2 Le développement local 27

3.2 L'économie populaire, le DD et les associations de femmes au


Burkina Faso 29

3.3 Questions de recherche 33

3.4 Pertinence du travail de recherche 34

CHAPITRE IV 36

Méthodologie 36

4.1 Stratégie de la recherche 36

4.1.1 L'étude de cas 36

4.1.2 Les unités d'analyse 37

4.2 Terrains d'enquête 37

4.3 Collecte de données 39

4.3.1 La recherche documentaire 40

4.3.2 L'entretien semi-dirigé 40

4.3.2.1 Les informateurs-clés 41

4.3.2.2 La grille d'entretien 42

4.3.3 L'observation directe 43

4.3.4 Collecte de données pour chacune des études de cas 43

4.3.4.1 L'AME à Koumbili 43

4.3.4.2 L'AME à Siéna 44

4.3.4.3 L'Association Di San Daani 44

4.3.4.4 La Fédération provinciale des productrices de


beurre de karité 44

4.3.4.5 Le Groupement féminin Konkudoè 44

4.4 Opérationnalisation des concepts clés de la recherche 44

4.4.1 Dimension environnementale 45

vii
4.4.2 Dimension socioculturelle 45

4.4.3 Dimension économique 46

4.5 Analyse des données 46

4.6 Validité des instruments de mesure 47

CHAPITRE V 48

Résultats et analyse 48

5.1 L'AME à Koumbili et l'AME à Siéna 48

5.1.1 Contextes 48

5.1.1.1 Koumbili 48

5.1.1.2 Siéna 53

5.1.2 Spécificités de l'AME à Koumbili et de l'AME à Siéna ..56

5.1.2.1 Historique 56

5.1.2.2 Fonctionnement 57

5.1.2.3 Activités et formations 59

5.1.3 Contributions de l'AME à Koumbili et de l'AME à Siéna


auDD 61

5.1.3.1 Dimension environnementale 61

5.1.3.2 Dimension socioculturelle 62

5.1.3.3 Dimension économique 66

5.2 L'Association Di San Daani, la Fédération provinciale des


productrices de beurre de karité et le Groupement féminin Konkudoè 68

5.2.1 Contextes 68

5.2.1.1 Pô 68

5.2.1.2 Toma 70

5.2.2 Spécificités de l'Association Di San Daani, de la


Fédération provinciale des productrices de beurre de karité et du Groupement féminin
Konkudoè 72

viii
5.2.2.1 Historique 72

5.2.2.2 Fonctionnement 73

5.2.2.3 Activités et formations 76

5.2.3 Contributions de l'Association Di San Daani, de la


Fédération provinciale des productrices de beurre de karité et du Groupement féminin
Konkudoè 79

5.2.3.1 Dimension environnementale 79

5.2.3.2 Dimension socioculturelle 82

5.2.3.3 Dimension économique 85

CHAPITRE VI 89

Discussion et limites de la recherche 89

6.1 Récapitulation des contributions des associations de femmes à


partir des questions de recherche : Comparaison des résultats de recherche 89

6.2 Comparaison des associations de femmes à partir d'éléments


organisationnels et institutionnels de fonctionnement 92

6.3 L'État burkinabé face aux associations de femmes : Quelques


réflexions 98

6.4 Limites de la recherche 100

CHAPITRE VII 102

Conclusion 102

RÉFÉRENCES 105

ANNEXE 1. FORMULAIRE DE CONSENTEMENT 114

ANNEXE 2. GRILLE D'ENTRETIEN SEMI-DIRIGÉ : ASSOCIATIONS RURALES


ET URBAINES 116

ANNEXE 3. GRILLE D'ENTRETIEN SEMI-DIRIGÉ : MINISTÈRES ET


DÉPARTEMENTS 122

ANNEXE 4. TABLEAU D'INDICATEURS ET INDICES DU DD 129

ANNEXE 5. TABLEAU DE SYNTHÈSE DE L'AME À KOUMBILI 130

ix
ANNEXE 6. TABLEAU DE SYNTHÈSE DE L'AME À SIÉNA 131

ANNEXE 7. TABLEAU DE SYNTHÈSE DE L'ASSOCIATION DI SAN DAANI


132

ANNEXE 8. TABLEAU DE SYNTHÈSE DE LA FÉDÉRATION PROVINCIALE


DES PRODUCTRICES DE BEURRE DE KARITÉ 134

ANNEXE 9. TABLEAU DE SYNTHÈSE DU GROUPEMENT FÉMININ


KONKUDOÈ 136

x
LISTE DES CARTES

Carte 1. Carte administrative du Burkina Faso situant les pays voisins, la capitale
Ouagadougou et les villes et villages étudiés 2
Carte 2. Zones climatiques du Burkina Faso (1961-1990) 3
Carte 3. Migration des isohyetes, ou tendances pluviométriques (1931-2000) 4

XI
LISTE DES SIGLES

AG Assemblée générale

AGR Activités génératrices de revenus

AME Association des mères éducatrices

APD Aide publique au développement

APE Association des parents d'élèves

ARV Anti rétroviraux

A3F Apprentissage du français fondamental et fonctionnel

BM Banque mondiale

CDS Cercle des sécheurs

CNAME Coordination nationale des associations des mères éducatrices

CEPAPE Centre d'étude pour la promotion, l'aménagement et la protection de


l'environnement

CGCT Code général des collectivités territoriales

CMEDH Commission mondiale sur l'environnement et le développement humain

CMNUEH Conférence mondiale des Nations Unies sur l'environnement humain

CVD Conseil villageois de développement

CVF Comité villageois féminin

DAGRIS Développement des agro-industries du Sud

DD Développement durable

DDC Direction du développement et de la coopération

XII
DGRCEF Direction générale du renforcement des capacités et de l'expertise
féminine

DPEF Direction pour la promotion de l'éducation des femmes et des filles

ERE Éducation relative à l'environnement

FEPS Fédération des églises protestantes de Suisse

FMI Fonds monétaire international

FONAENF Fonds pour l'alphabétisation et l'éducation non formelle

FTS Formation en techniques spécialisées

GEBC : 2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD Gestion des écosystèmes basée sur les


communautés au Burkina Faso

GPC Groupement de producteurs de coton

GV Groupement villageois

GVF Groupement villageois féminin

HEKS-EPER Hilfswerk der Evangelischen Kirchen Schweiz-Entraide protestante suisse

IDH Indice de développement humain

IFI Institutions financières internationales

INSD Institut national de la statistique et de la démographie

MAHRG Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources


halieutiques

MATD Ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation

MDM Médecins du monde

MEBA Ministère de l'Enseignement de base et de l'Alphabétisation

XIII
MECV Ministère de l'Environnement et du Cadre de vie

MEF Ministère de l'Économie et des Finances

MPF Ministère de la promotion de la femme

OFNACER Office national de céréales du Burkina Faso

OM Objectifs du millénaire

OMC Organisation mondiale du commerce

ONG Organisation non gouvernementale

ONU Organisation des Nations Unies

ORD Organismes régionaux de développement

PAS Programmes d'ajustement structurel

PDDEB Plan décennal de développement de l'éducation de base

PIB Produit intérieur brut

PNPF Politique nationale de la promotion de la femme

PNUD Programme des Nations Unies pour le développement

PPTE Pays pauvres très endettés

PPUCD Projet Programme universitaire en coopération et développement

SOFITEX Société burkinabé des fibres textiles

UA/CIEFFA Centre international pour l'éducation des filles et de femmes en Afrique de


l'Union africaine

UFMB Union fruitière et maraîchère du Burkina Faso

XIV
CHAPITRE PREMIER

Contexte de la recherche

Le présent chapitre a pour but de contextualiser notre recherche en dressant un


portrait du Burkina Faso. Il est constitué d'une partie principale comprenant quatre sous-
parties qui abordent le contexte environnemental, le contexte économique, le contexte
socioculturel et le contexte politique du pays. Le contexte politique fait d'abord un survol
de la période de l'indépendance du pays en 1960 en traçant l'évolution du mouvement
coopératif. Il décrit ensuite le rôle de l'économie populaire en Afrique et dépeint l'époque
de la mise en place des Programmes d'ajustement structurel (PAS) au Burkina Faso dans
les années 1990.

1.1 Esquisse des réalités environnementales, économiques, socioculturelles et


politiques du Burkina Faso

1.1.1 Contexte environnemental

Le Burkina Faso, pays sahélien connu sous le nom de Haute-Volta avant d'avoir
obtenu son indépendance de la France en 1960, se situe en Afrique de l'Ouest. Il est
d'une superficie de 274 000 km2 avec une population de 14 252 012 millions d'habitants
en 2008 (Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), Indicateurs
récents, 2010). La population étant de 7 964 705 habitants en 1985, cette dernière a
presque doublé en 23 ans (Air Combat Information Group (ACIG) Journal,
http://www.acig.org/artman/publish/article_460.shtml, site consulté le 22 février 2011).
Enclavé par le Mali, le Niger, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte-dTvoire (voir Carte
1), le Burkina Faso ne dispose pas de cours d'eau et de voie maritime. Le port maritime
le plus proche à Cotonou, capitale économique du Bénin, se situe à 900 km de
Ouagadougou, capitale du Burkina Faso (Zagré, 1994). Le pays est néanmoins pourvu
des trois rivières Volta suivantes : Nankambé, Mouhoun et Nazinon (Lemay, 2004).

1
Carte 1. Carte administrative du Burkina Faso situant les pays voisins, la capitale
Ouagadougou et les villes et villages étudiés.
Source Nations Online Project, http.//www nationsonline org/oneworld/map/burkma_faso_map htm, site
consulté le 28 mai 2010)

Le Burkina Faso connaît deux saisons : la saison sèche et la saison des pluies. La saison
sèche constitue la saison la plus longue. Elle débute au mois d'octobre et se termine au
mois d'avril. L'Harmattan, un vent du Sahara, caractérise la saison sèche. Pour sa part, la
saison des pluies est précédée d'un vent qui souffle vers le Nord-Ouest dès le mois de
mars. La saison des pluies, qui est de 3 mois en moyenne, débute officiellement au mois
de mai et se termine au mois de septembre (Zagré, 1994). Le Burkina Faso est également
constitué de trois zones climatiques distinctes : la zone sahélienne, la zone soudano-
sahélienne et la zone soudanienne (voir Carte 2). Ces zones climatiques dénotent la
dépendance et la vulnérabilité croissante des populations face aux enjeux de
pluviométrie, de désertification, d'érosion des sols et de déforestation (Lemay, 2004). Le
pays est « enserré entre l'isoyète 300 millimètres au Nord et 1.300 au Sud » (Zagré, 1994,
p.26) (voir Carte 3). Pas surprenant que le phénomène rampant de désertification au
Burkina Faso, que l'on reconnaît parfois sous le nom de sahélisation ou sahansation,
occasionne une réduction de la fertilité des sols. Ceci pose d'importants enjeux pour la

2
production agricole et donc pour la disponibilité de certaines ressources naturelles telles
les céréales (Zagré, 1994).

(')

ZONES CLIMATIQUES DV BURKINA FASO (imi-W90}


-15

13-

b=s=^3m~~"^-*-
BENIN
GHASA TOGO
LEGENDE:
[_] CSnat Sotaihtn
10- -10
'. ! OKrs
I"- 1 Orra S««tar.»
COTE 0*l¥0 IRE BURKIWiFASÛ

T
fj

Carte 2. Zones climatiques du Burkina Faso (1961-1990)


Source : Ministère de l'environnement et du cadre de vie (MECV),
http://unfccc.int/resource/docs/napa/bfa01f.pdf, site consulté le 7 septembre 2008, p.8)

3
-4
> 1 L JL
miêmmn m& isùmems m mm m m mm
ws-

«-

Carte 3. Migration des isohyetes, ou tendances pluviométriques (1931-2000)


Source : Ministère de l'environnement et du cadre de vie (MECV),
http://unfccc.int/resource/docs/napa/bfa01f.pdf, site consulté le 7 septembre 2008, p.9)

On retrouve cinq types de sols au Burkina Faso: les sols minéraux bruts au Nord,
les sols alluvionnaires à l'Ouest et au Sud-Ouest, les sols ferrugineux tropicaux, les sols
ferrallitiques au Centre-Ouest et les sols bruns volcaniques fertiles. Environ la moitié des
surfaces du territoire national est composée de sols ferrugineux. Ces derniers sont
néanmoins propices à l'agriculture seulement à l'Ouest et au Nord-Ouest du pays (Zagré,
1994).

1.1.2 Contexte économique

L'économie du Burkina Faso s'avère largement dépendante de l'aide extérieure,


ou du soutien financier, des pays du Nord et des Organisations non gouvernementales
(ONG) depuis l'époque coloniale (Vasseur, 2010). Cette dépendance économique
contribue à la détérioration des termes de l'échange sur les marchés internationaux et des
rapports socioéconomiques entre les hommes et les femmes au sein même du pays faute

4
d'un accès équitable à l'éducation, à la santé et au financement sous forme de crédits,
entre autre. Aujourd'hui, l'économie du pays dépend largement d'un secteur agricole à
faible taux de productivité (Lemay, 2004 ; Villalon, 2010). Les activités agricoles
représentant la source principale de revenu des populations, on estime qu'environ 80 %
d'entre elles s'engage dans la production du mais, du mil, du riz et des arachides
(Ouattara et al., 2008 ; Bonzi-Coulibaly, 2010). La sylviculture et l'élevage d'ovins et de
bovins constituent également des secteurs clés de l'économie formelle et informelle.
L'économie informelle met certains services ainsi que l'artisanat, entre autres, à la
disposition des populations et ce, en dépit d'un manque d'accès généralisé aux
ressources. Ces trois secteurs de l'économie de subsistance burkinabé interpellent
particulièrement les femmes qui représentent 51,7 % de la population nationale
(Ministère de l'Environnement et du Cadre de vie (MECV), 2008).

Les activités économiques sur lesquelles dépend le développement du pays sont


restreintes par son contexte géographique et par la disponibilité des ressources naturelles
sur le territoire. Cinquante-sept pour cent du territoire burkinabé est couvert « de forêts
sèches, de forêts-galeries, de savanes boisées et arbustives » (Zagré, 1994, p.26). Cette
diversification des ressources végétales peut sembler prometteuse à première vue pour
l'économie du pays. Mais dans les faits, les arbres lignagers dont le karité, le néré, le
baobab et le tamarinier sont mis en péril par les flux migratoires et les conditions
climatiques difficiles associés à la coupe abusive de bois de chauffe, aux feux de brousse,
aux sécheresses, à l'élevage extensif, à la divagation des animaux et à l'industrie du coton
dans les zones d'exploitation (Zagré, 1994 ; Compaore, 2010).

La production traditionnelle du coton continue à faire partie des politiques


économiques prônées par le gouvernement burkinabé. La popularité du coton et
l'importance économique que lui attribue l'État se manifestent par l'augmentation des
surfaces agricoles qui sont réservées pour sa production. « Le coton [...] constitue [...] la
principale source de devises. Il rapporte aux populations rurales assez d'argent et de ce
fait obtient l'attention des producteurs. Il est cultivé sur les meilleurs sols et reçoit les
intrants » (Toe & Dulieu, 2007, p.75). De plus, l'État estime que l'industrie du coton
transforme progressivement la nature de l'économie burkinabé en introduisant des

5
techniques de production modernes. « Elle est à l'origine, entre autres, d'un
développement spectaculaire de la mécanisation sous la forme de « culture attelée »,
synonyme d'un accroissement de superficies emblavées » (Toe & Dulieu, 2007, p.20).

Les zones cotonnières se sont multipliées avec l'entente qui fut signée en 2004
entre le gouvernement burkinabé, la Société burkinabé des fibres textiles (SOFITEX) et la
société française Développement des agro-industries du Sud (DAGRIS). Cette entente
occasionna la création de deux nouvelles zones cotonnières dans les provinces de la
Tapoa et du Gourma situées à l'Est du Burkina Faso. À Gourma, les flux migratoires ne
cessent d'augmenter depuis l'implantation de l'industrie en 20041. Cela pose
d'importants problèmes au niveau de la préservation des réserves fauniques et floristiques
dans la région (Toe & Dulieu, 2007). Les producteurs de coton collaborent avec les
sociétés de production de textile et les banques et forment des groupements de
producteurs de coton (GPC). Ces groupements, qui possèdent d'ailleurs leurs propres
unions provinciales et départementales, agissent comme relais entre les banques et les
producteurs de coton eux-mêmes. Ils sont donc l'ultime garant des intérêts des
producteurs et sont responsables de remplir certaines fonctions économiques telles
« l'approvisionnement en intrants, la gestion de crédits [...] de campagne (sous forme
d'intrants) et des crédits à moyen terme (équipement), car ce sont des structures qui
bénéficient des crédits octroyés par les banques, en fonction de leurs membres » (Toe &
Dulieu, 2007, p.29). Dans ce contexte, la notion de développement se définit comme
étant « un changement social à l'intérieur d'une collectivité, résultant de forces externes
et internes suivant un dessein ou un projet plus ou moins explicite » (Toe & Dulieu, 2007,
p.20). Or, compte tenu de la proximité des cultures de subsistance avec les cultures de
coton et de l'utilisation des pesticides, l'industrie cotonnière pose des défis sociaux et
environnementaux relatifs à la contamination des produits agricoles et à l'abandon des
cultures vivrières au profit des cultures de rente dont le coton.

Tel est le scénario qui se manifeste également à Koumbili.

6
1.1.3 Contexte socioculturel

Le Burkina Faso regroupe 60 ethnies dont les plus nombreuses sont les Peuls,
Mossis, les Bobos et les Lobi-Dagaris (Favreau et al, 2007). Cette diversité ethnique est
accompagnée d'une diversité linguistique qui, malgré sa richesse sur le plan culturel,
pose certains défis aux populations rurales qui ne maîtrisent que la langue locale. En
dépit de la présence d'une soixantaine de langues, dont le dioula, le fulfulde et le moré, le
français demeure la langue officielle du pays (Lemay, 2004, p.52).

L'influence qu'exercent l'art et la culture dans le pays reflète l'importance de


l'expérience collective en tant que véhicule de la tradition et des mœurs au Burkina Faso.
Chez les Burkinabés, les fêtes peuvent souligner « une récolte fructueuse », ou « la
semence des champs » (Lemay, 2004, p.52). De plus, les rites pratiqués dans les villages
et qui sont associés aux décès, aux naissances et aux mariages se distinguent à l'intérieur
de chaque groupe ethnique. Tous ces groupes accordent néanmoins une grande
importance au lignage et à la famille élargie qui nourrissent à la fois l'esprit collectif, la
solidarité et l'entraide dans un contexte de précarité (Lemay, 2004). Les traits culturels
qui caractérisent la société burkinabé influencent l'accès aux ressources sociales,
économiques et naturelles des hommes et des femmes, de même que les rapports que ces
deux groupes entretiennent entre eux en présence d'une division sexuelle du travail
(Ouedraogo & Ouedraogo, juillet 1998). Ces dynamiques culturelles qui dictent la place
de chacun et de chacune en société burkinabé jouent un rôle déterminant dans
l'émergence des associations de femmes à Koumbili, Siéna, Pô et Toma, lieux où se
trouvent les associations de femmes retenues dans notre étude (voir Cartes 1, 2 et 3)

En raison des enjeux climatiques et d'autres facteurs de précarisation tels, le


faible niveau d'industrialisation, de scolarisation et d'alphabétisation, le Burkina Faso est
reconnu comme un des pays les plus pauvres du monde. En 2009, il occupait
officiellement la 161e position au niveau du PIB/habitant et le 177e rang pour Y Indice de
développement humain (IDH)2 parmi les 182 pays recensés (Programme des Nations

2
L'IDH comprend trois indices de développement socioéconomiques : le niveau d'éducation, l'espérance
de vie et le revenu (Fall et al, 2004).

7
Unies pour le Développement (PNUD),
http://hdrstats.undp.org/en/countries/country_fact_sheets/cty_fs_BFA.html, site consulté
le 9 juillet 2010). L'éducation est jusqu'à ce jour l'une de ces ressources sociales qui
demeurent les moins accessibles aux fillettes et aux femmes. En 2008-2009, le taux brut
de scolarisation au primaire était de 67,7 % pour les filles et de 77,1 % pour les garçons
(INSD, http://www.insd.bf/fr/Tableaux/T0508.htm, site consulté le 9 avril 2010). L'année
scolaire 2008-2009 compte un total de 879 728 inscriptions chez les filles et 1 026 551
inscriptions chez les garçons au niveau primaire à l'échelle du pays (INSD,
http://www.insd.bf/fr/Tableaux/T0520.htm, site consulté le 9 avril 2010). Quelques
facteurs expliquent ces données statistiques, notamment les exigences imposées aux
femmes au niveau du ménage et le manque d'infrastructures scolaires (Ilboudo, 2010).

En zones rurales, l'inégalité des genres est palpable. Les femmes vivent des
contraintes socioculturelles et économiques qui sont renforcées par un manque d'accès à
l'éducation. Puisque seulement 6,7 % de ces femmes sont éduquées et qu'une minorité
d'entre-elles, soit 1,8 %, suivent des cours d'alphabétisation en langue française, on
constate que 91,5 % des femmes étaient toujours analphabètes en 2008 (MECV, 2008).
Par conséquent, il est souvent difficile pour elles de s'épanouir au-delà du foyer familial.
D'un point de vue économique, la participation des femmes aux activités agricoles ne
manque pas. Quatre-vingt huit pour cent d'entre-elles (les femmes constituent presque
52% de la population burkinabé) s'y engagent. Or, peu nombreuses sont les femmes qui
ont accès aux crédits et aux terres agricoles pour leurs activités productives (Gaudet,
2010).

Depuis la colonisation du Burkina Faso, les femmes ont été victimes d'une
division sexuelle du travail. Sous le régime colonial français, la main-d'œuvre masculine
était dirigée dans des activités économiques rentables liées à l'agriculture pendant que les
femmes étaient contraintes à s'investir dans des activités domestiques non réputées, voire
« invisibles » sur le plan économique (Rowan-Campbell, 1999). Jusqu'à ce jour, ces
rapports de production hommes/femmes perpétuent certaines croyances culturelles qui

8
assujettissent les femmes à des injustices socioéconomiques qui limitent leur potentiel
d'intervention et de production au sein de l'économie de marché. Les injustices
auxquelles elles sont confrontées telles le manque d'accès à l'éducation et aux crédits
pour financer leurs activités économiques dévalorisent leurs responsabilités domestiques
liées aux soins des enfants telles la socialisation, la préparation des repas et la
scolarisation (Ouedraogo & Ouedraogo, 1998). Les individus qui obligent les femmes à
remplir leurs exigences de mère de famille sont les mêmes individus qui les accusent de
« rien faire » (Ilboudo, 2010)

Comme l'illustre la section qui suit, les politiques coloniales ont perpétué la
croyance que les femmes n'ont pas leur place dans l'économie formelle et que l'accès à
l'éducation est exclusif aux hommes. Ainsi, si ce n'est que pour une question de survie,
on comprend pourquoi les associations de femmes s'intéressent avant tout à des activités
de promotion de l'éducation, de la santé, de la nutrition et de l'environnement. Ces
activités se développent puis s'exécutent dans des contextes uniques de partage et de
soutien mutuel qui font appel à la participation démocratique et à l'égalité de chaque
individu au sein de l'association en question (Lachenmann, 1994).

1.1.4 Contexte politique

1.1.4.1 L'État, l'indépendance et le mouvement coopératif

L'histoire contemporaine du Burkina Faso est largement marquée par le


colonialisme des XIXe et XXe siècles. À l'époque, les autorités françaises favorisaient une
politique de division interne qui mettait alors le peuple mossi au service du gouvernement
colonial français (Lemay, 2004). Ce n'est qu'après avoir réclamé son indépendance face
aux Français en 1960 qu'un vent de changement souffla dans les quatre coins du Burkina
Faso. Le pays étant dès lors en présence d'un État centralisé, les populations et les
autorités publiques partageait un désir commun : celui du développement. Le président
Maurice Yaméogo3 souhaitait ainsi voir son pays pénétrer l'économie mondiale et
atteindre un niveau de prospérité économique sans précédent avec la mise en place de

Premier président du Burkina Faso jusqu'au coup d'État militaire de 1966.

9
politiques de rattrapage (Gentil, 1986). Le secteur agricole, qui est en soi une source de
survie pour 70 % à 95 % des citoyens burkinabés, jouerait un rôle clé dans le lancement
des économies du Sud (Gentil, 1986).

L'indépendance du pays en 1960 a redéfini le milieu coopératif africain en


identifiant les coopératives rurales, ou paysanneries, de l'époque comme des acteurs
stratégiques de développement. Dans ce contexte, Gentil (1986) définit la coopérative
rurale comme étant « une organisation paysanne spécifique, qui est le résultat, dans un
environnement et une histoire donnée, d'une interaction entre plusieurs forces et
principalement entre l'État et certaines couches de la paysannerie » (p.26). Ainsi, les
coopératives rurales joueraient dès lors un rôle clé dans l'instrumentalisation d'une
approche centralisatrice du développement qui fut celle d'une « intégration progressive
(ou résistance) de la paysannerie au système économique mondial » (Gentil, 1986, p.25).
Cette approche mettait l'accent sur la capacité des appareils d'État à relancer l'économie
burkinabé jusque dans les années 1980.

La nationalisation de la production agricole fut l'un des objectifs de


développement rural identifiés par l'État. Dès 1960, afin d'atteindre cet objectif, les
paysans étaient appelés à contrôler les moyens de production, d'échange et d'exportations
agricoles de l'économie nationale au moyen de la mise en place de coopératives rurales.
Ces dernières étaient sous la direction du gouvernement burkinabé (Fisette & Salmi,
1991) et elles servaient d'« instruments précieux, concurrents ou complémentaires [...]
d'autres organisations (partis politiques, chefferies, confréries religieuses, projets de
développement, sociétés d'État) » (Gentil, 1986, p.60).

L'émergence d'une société civile dynamique au Burkina Faso est en partie


redevable à l'emprise de l'État sur les coopératives rurales. Or, le visage de ces
coopératives ne s'est pas transformé instantanément devant les nouvelles structures
idéologies et politiques d'État. L'évolution des coopératives, qui est d'ailleurs
responsable pour l'influence que détiennent actuellement les associations au Burkina
Faso, se résume plutôt par trois trajectoires. Chacune de ces trajectoires tient compte de
trois mécanismes distincts : les changements politiques, les changements économiques et
la transformation des appareils d'État en tant que mécanismes de développement rural.

10
Cependant, seulement les deux derniers mécanismes ont occasionné la dépendance des
coopératives face aux appareils étatiques (Gentil, 1986).

Le premier mécanisme fut celui des changements politiques des années 1960.
Bien qu'il fut caractérisé par des luttes politiques intenses (« régime militaire, régime
civil présidé par un ancien militaire, suspension des partis, multipartisme total ou limité à
trois [...] ») (Gentil, 1986, p.160), les politiques de développement adoptées par l'État
burkinabé à l'époque n'ont pas réussi à transformer les coopératives et les milieux ruraux
dans lesquelles elles opèrent. La première trajectoire des coopératives rurales est plutôt
reconnue pour la résistance de ces dernières aux bouleversements politiques et pour leur
capacité à éviter la cooptation. Historiquement, à l'époque coloniale et post-coloniale, la
société civile au Burkina Faso est reconnue pour sa capacité à affirmer son indépendance
et à maintenir son autonomie face au pouvoir de l'État (Neveu, 1996 ; Assogba, 1997).On
associe cette capacité d'autonomie au rôle qu'a joué la chefferie traditionnelle auprès des
associations. De plus, le gouvernement burkinabé, qui était une structure politique
décentralisée, a fait appel aux ONG afin d'encourager leur coopération avec les
associations à une époque ou les paysans se méfiaient des « interventions de l'État »
(Gentil, 1986, p. 160).

La deuxième trajectoire de l'évolution du mouvement coopératif correspond aux


changements économiques des années 1960 liés aux sécheresses et à la crise des finances
publiques des États. Ces changements économiques, qui occasionnent la substitution des
cultures d'exportation pour les cultures vivrières et qui incitent les États à transférer
certains de leurs domaines d'activités aux organisations paysannes coopératives,
marquent la disparition progressive des coopératives libérales à partir de 1965 et
transforment le visage des structures paysannes dès le début des années 1970. Au Burkina
Faso, les coopératives libérales, qui étaient jusqu'alors contrôlées par les fonctionnaires
et les missionnaires, sont passées de 136 en 1965 à 71 en 1966. Des 71 coopératives
ayant survécu à cette évolution, seulement quelques coopératives maraîchères et fruitières
existaient encore en 1970. On associe leurs échecs à la diversité de leur champ d'intérêt.
En 1965, on retrouvait trois types de coopératives au Burkina Faso : 1) les mutuelles de
crédit ; 2) les coopératives agricoles ; 3) les coopératives polyvalentes de consommation

11
ou agricoles et; 4) les coopératives non agricoles (professionnelles) (Gentil, 1986). « Ces
créations non soutenues, trop dispersées et de type très divers n'ont pas donné lieu à un
mouvement viable et durable » (Gentil, 1986, p.l 18).

La troisième et dernière trajectoire de l'évolution du mouvement coopératif au


Burkina Faso concernait les 2000 groupements villageois (GV) précoopératifs et
coopératifs qui avaient été mis en place par l'État en 1961 dans le cadre de sa stratégie de
développement rural. « La coopérative étant un sous-produit d'un effort de vulgarisation,
entrepris, pour le compte du gouvernement voltaïque, par des entreprises d'intervention
étrangères », son rôle à l'époque était de distribuer des intrants à crédit et de l'engrais.
L'objectif d'une telle activité était d'encourager l'exploitation vivrière du coton et des
arachides (Gentil, 1986, p.l 19). Puisque les coopératives rurales étaient jusqu'alors des
entités autonomes de l'économie locale, de tels changements économiques et le nouvel
appareil d'État a transformé la nature et le rôle de ces dernières au sein des projets
stratégiques de développement économique. Dès 1972, les coopératives se sont ainsi
concentrées davantage dans la production et l'exportation de produits tels l'arachide et le
coton. Or, notons qu'entre les années 1974 et 1980, la dette extérieure des pays d'Afrique
subsaharienne grimpa de 21 % par année. Leur produit intérieur brut (PIB) connut
également une décroissance de 1 % et « le déficit de la balance des paiements au titre des
biens et services et des transferts privés est passé de 4 milliards de dollars à 14 milliards »
(Fisette & Salmi, 1991, p.352). Ce sont de telles crises qui, ultimement, ont justifié le
renouvellement de la société civile et la multiplication des associations de femmes à
partir des années 1980.

Lorsqu'on fait un bilan de l'évolution du mouvement coopératif au Burkina Faso


à l'aube de l'indépendance et de la modernisation économique, on rencontre trois
phénomènes importants : le contrôle ou l'ingérence de l'État, l'exclusion sociale de
certaines couches de la population dont les jeunes et les femmes et « l'influence » des
projets, ou modèles, de développement et de coopération internationale des grandes
puissances occidentales des années 1990. Ces trois phénomènes sont d'ailleurs la raison
pour laquelle certains groupes d'individus ont choisi de s'insérer dans des groupements
non étatiques et d'affirmer leur autonomie d'action par rapport à l'État (Gentil, 1986).

12
Ces associations démocratiques ont réussi à conserver leur indépendance afin de remédier
à l'exclusion et à la marginalisation des groupes plus vulnérables, dont les femmes.

Le secteur associatif burkinabé a connu une croissance considérable entre les


années 1975 et 1981, passant de 6 associations à 127 associations en 6 ans seulement.
Leurs activités en matière d'éducation, de santé, de stockage de produits et de prêts ont
atteint 200 villages en 1981 (Gentil, 1986). Dès 1982, le Burkina Faso comptait 3600
groupements villageois, la majorité d'entre eux se spécialisant dans la
« commercialisation de produits d'exportation, de crédits et d'intrants agricoles » (Gentil,
1986, p. 184). Notons que ces groupements, qui sont avant tout précoopératifs, peuvent
éventuellement se formaliser et adopter un statut d'union ou de fédération (Gentil, 1986).

1.1.4.2 L'économie populaire en Afrique

La partie précédente illustre les bouleversements politiques et économiques qui


sont survenus à partir de l'indépendance du Burkina Faso, de la mise en place de
politiques de relance par l'État central et de l'apparition des jeux de pouvoir entre l'État,
les groupements et les coopératives. Ce sont ces jeux de pouvoir et la crise de la dette qui,
dès les années 1990, ont poussé l'État burkinabé à demander l'appui des deux grandes
institutions financières internationales qui sont le Fonds monétaire international (FMI)4
et la Banque mondiale (BM) .C'est alors que les Programmes d'ajustement structurel
(PAS), ces derniers ayant éventuellement mené au retrait de l'État des projets de
développement national, ont été préconisés comme moyen pour les pays africains de
sortir de leur précarité socioéconomique à travers leur intégration au « voisinage global »
(Assogba, 2000, p.5). Or, les PAS et leurs mesures de privatisation économique

Ayant pour but de stimuler le commerce international et la croissance économique des pays du Nord, cette
institution financière limite le rôle de l'État et prône des stratégies de développement qui favorisent la
croissance des pays développés au détriment des conditions de vie des pays du Sud (Stiglitz, 2002).

Institution financière internationale qui offre également un soutien technique aux pays en développement,
dont le Burkina Faso (Banque mondiale,
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/EXTABTUSFRENCH/0,contentMDK:
20146544~pagePK:64093409~piPK:64093441~theSitePK:328614,00.html, site consulté le 23 novembre
2009).

13
impliquent souvent la fermeture ou la vente d'entreprises d'État non rentables dans les
secteurs productif et financier, la réduction du rôle de l'État en matière de
commercialisation et la mise en place de toute une série d'incitatifs en faveur de
l'investissement étranger. La libéralisation du commerce et les encouragements à
l'exportation sont des objectifs importants des programmes de stabilisation et
d'ajustement structurel (Fisette & Salmi, 1991, p.353).

Ceci dit, ces programmes ont davantage nourrit des rapports de pouvoir verticaux ou
asymétriques entre les entreprises étrangères et la paysannerie, renforcé la
marginalisation des femmes du secteur économique et perpétué la dégradation de
l'environnement naturel et social des populations (Favreau et al, 2007) avec la montée
de l'insécurité alimentaire occasionnée par les sécheresses (Gentil, 1986).

La réduction des dépenses publiques de l'État en matière de santé et d'éducation


suite à l'intervention des institutions financières au Burkina Faso a justifié un
renouvellement de la société civile au pays. Cette dernière cherche à remédier aux
perturbations d'ordre socioéconomique qui affectent d'amblée les couches sociales
désormais les plus défavorisées, dont les femmes (Assogba, 2000). Les associations de
femmes s'étant multipliées pour répondre aux besoins collectifs des populations, Gentil
(1986) explique que l'articulation entre les domaines d'activités sociales et économiques
permet à ces dernières de s'investir dans des activités de transformation sociale et de
réappropriation des mécanismes de production propres à l'économie populaire en
évolution. « 90 % de la population [...] n'existe pas comme auteur mais comme sujet du
développement » (Assogba, 2000, p. 16). Ainsi, les associations de femmes définissent
leur mandat et la direction que prendront leurs projets en fonction des réalités qui
touchent particulièrement les femmes. Les associations de femmes ressentant directement
les impacts de la crise du développement, elles ont les connaissances pour cibler un bon
nombre d'enjeux et pour mettre sur pied certaines interventions tout à fait légitimes pour
répondre aux besoins de la population dans son ensemble.

Le terme « économie sociale » est utilisé en Occident alors qu'« économie


populaire » est le nom qu'on donne à l'économie dans laquelle évolue la société civile au
Burkina Faso pour remédier aux conséquences de la « mondialisation de l'économie de
marché, au recul de l'État-providence dans différents domaines de la vie sociale [et] aux
effets pervers des PAS » (Assogba, 2000, p.2). Plus précisément, l'économie sociale

14
« représente la réponse que les mouvements sociaux tentent d'apporter aux problèmes de
chômage, de précarité, d'exclusion sociale et de pauvreté que connaissent les personnes,
les collectivités locales et régionales » (Assogba, 2000, p.2). Alors que l'économie
sociale a émergé en Europe au Moyen-Age et en Amérique du Nord à la fin du XIXe
siècle (Assogba, 2000), cette dernière fit son apparition en Afrique seulement au XXe
siècle. On estime ainsi que les « pratiques d'économie populaire sont des formes
d'indigénisation de l'économie moderne par un processus de combinaison et de
réinterprétation des éléments culturels empruntés à l'autochtone et à l'importé ou à la
modernité occidentale » (Assogba, 2000, p. 13).

En ces débuts, l'économie populaire en Afrique fut reconnue pour sa nature


mutualiste. Les activités qui constituaient cette nouvelle économie avaient pour but
d'aider les familles et les communautés à défrayer les coûts associés aux mariages et aux
funérailles, entre autre. Aujourd'hui, l'économie populaire en Afrique noire est
également caractérisée par l'émergence d'entités solidaires tels les associations, les
groupements et les coopératives qui préconisent la mise en place d'une économie
alternative à l'économie néolibérale mondialisée (Assogba, 2000).

Bien qu'ils aient existé avant et durant l'époque coloniale, ces associations,
coopératives et groupements se sont transformés davantage avec l'indépendance du
Burkina Faso en 1960 et plus récemment avec les enjeux économiques qui pèsent
lourdement sur le statut social des femmes burkinabés. Depuis, leurs nouvelles
responsabilités visent à remédient aux « problèmes de chômage, de précarité, d'exclusion
sociale, de pauvreté », d'insécurité alimentaire et économique, d'injustices entre pays du
Nord et pays du Sud, d'analphabétisme et de dégradation de l'environnement (Assogba,
2000, p.2). L'économie populaire justifie ainsi la mise en place de réseaux sociaux
d'échanges et de production pour les populations, notamment les femmes, qui souhaitent
réclamer leur droit au développement, à la santé et à l'éducation (Assogba, 2000 ; Bonzi-
Coulibaly, 2010).

15
1.1.4.3 Le Burkina Faso aujourd'hui (1980-2010)

En 2011, le gouvernement du Burkina Faso demeure sous la présidence de Biaise


Compaoré. Comme l'explique Lemay (2004) dans sa recherche intitulée Rapport
exploratoire de recherche sur les pratiques économiques de commerce équitable au
Burkina Faso et au Sénégal, l'histoire politique du Burkina Faso est loin d'être tranquille.
Les nombreux coups d'État des années 1980 (Ouedraogo, 2004), l'ascension au pouvoir
de Biaise Compaoré en 1987 et les accusations de fraudes électorales qui ont suivi la
victoire de son parti en 1992 marquent la relative instabilité du régime politique. Ce
dernier, connu sous le nom de Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dès 1997,
manque aujourd'hui d'alternance du pouvoir. La résistance des populations burkinabés au
règne politique du président Compaoré et à son parti s'est concrétisée en 2004 par « une
tentative de coup d'État » (Lemay, 2004, p.51).

La situation politique actuelle au Burkina Faso suppose l'influence d'un modèle


économique de distribution inéquitable des ressources économiques et naturelles à
l'échelle nationale et internationale (Assogba, 1997). « La tranche de 10 % des revenus
les plus faibles consomme 2 % des biens, alors que les 10 % les plus riches en
consomment 47 % » (Lemay, 2004, p.58). Ainsi, on constate qu'il y a agrandissement de
l'écart entre les populations rurales et urbaines. Les dettes s'accumulent et nourrissent un
climat d'insécurité qui a pour effet d'immobiliser davantage les pays pauvres très
endettés (PPTE), dont le Burkina Faso qui possédait une dette publique extérieure de
1038 milliards francs CFA en 2004. Cette dette publique extérieure représentait alors
« 90 % de la dette globale » du pays et « 35,8 % de son PIB » (McSween, 2007, p.4). Le
Burkina Faso faisant preuve d'une dépendance marquée sur les grandes puissances
occidentales et leurs marchés (Humphrey et al, 2002), on peut comprendre pourquoi les
PAS, qui ont suscité le désengagement de l'État burkinabé et des pouvoirs publics face
aux services sociaux, semblaient une solution viable pour lutter contre la dette nationale
et les enjeux connexes de précarité socioéconomique. « Encore aujourd'hui, [l'État] est
majoritairement impliqué dans [...] des monopoles étatiques de commercialisation »
(Lemay, 2004, p.59).

16
En 2004, le Burkina Faso adopta le Code général des collectivités territoriales
(CGCT). Grâce à ce dernier, une communalisation rurale fut mise en place en 2006 et le
Burkina Faso connut dès lors la création de 49 communes urbaines et de 302 communes
rurales. Un Conseil villageois de développement (CVD) fut implanté « dans chaque
village de ces 351 communes » (Burkina Faso, octobre 2007, p.8) dans une optique de
développement local (Burkina Faso, octobre 2007). La décentralisation en cours, qui fut
décrétée en 2006-2007, « s'est approfondie [...] avec la mise en place des communes
rurales et des conseils régionaux » (Ministère de l'Économie et des Finances (MEF),
juillet 2007, p.l 1).

Dans le cadre de notre étude, la notion de décentralisation représente une


dimension indispensable à l'approche du développement local.

La décentralisation permet d'abord de manière plus rationnelle les problèmes liés à la


commercialisation des productions locales, aux équipements socioéducatifs et à la gestion
des espaces boisées ou pastorales. La collectivité décentralisée permet également
l'émergence d'un nombre suffisant de leaders locaux capables d'assumer la
responsabilité des structures et des actions mises en place (Bah, 293, p.293).

Se définissant ainsi dans un contexte de « communalisation intégrale », la


décentralisation « est une perche tendue aux femmes pour faire valoir leurs
préoccupations et veiller à leur éligibilité dans les plans communaux et régionaux »
(Ministère de la Promotion de la femme (MPF), mai 2006 p. 13). Koumbili et Siéna font
partie de deux des 302 communes rurales du Burkina Faso, en l'occurrence la commune
de Guiaro dans la province du Nahouri dont le chef-lieu est Pô et la commune de Yaba
dans la province du Nayala dont le chef-lieu est Toma.

Le contexte que l'on a dépeint dans ce chapitre et les enjeux avancés qui décrivent
le paysage burkinabé permettent de mieux comprendre la signification des associations
de femmes pour le DD. Le chapitre qui suit précise avec plus amples détails la raison
pour laquelle elles constituent le cœur de cette recherche sur la portée du DD au Burkina
Faso.

17
CHAPITRE II

Problématique

Le Burkina Faso loge une société civile dynamique. Cette dernière est aujourd'hui
représentée par des réseaux solidaires ou par des organisations collectives formelles et
informelles autonomes tels les associations féminines, les unions, les comités villageois
féminins (CVF), les CVD et les coopératives (Favreau et al, 2007). Or, au moment de
l'indépendance du Burkina Faso en 1960, le mouvement coopératif ne laissait aucune
place aux réseaux associatifs féminins. Étant sous la direction des pouvoirs publics et des
entreprises d'intervention étrangères, les coopératives servaient davantage d'outil
stratégique pour promouvoir les programmes de développement rural de l'État burkinabé
(Gentil, 1986). Ces programmes avaient pour but de permettre à l'État de réclamer son
pouvoir et son autonomie depuis la colonisation. À cette époque, le paysage politique du
pays était néanmoins caractérisé par de nombreux coups d'État et par la popularité des
régimes autocratiques (McSween, 2007).

L'émergence progressive des associations de femmes au Burkina Faso s'est


effectuée en réponse à une mondialisation discriminatoire envers les pays du Sud et plus
particulièrement envers les femmes. En effet, par opposition aux groupements
coopératifs, les associations au Burkina Faso opèrent à l'extérieur des domaines
d'intervention de l'État. Leurs activités sont plutôt représentatives de l'incapacité de
l'État à répondre aux besoins fondamentaux de la majorité des populations (Girard, 1994;
Lachenmann, 1994). Le sociologue Anthony Giddens (2000) formula une définition de la
mondialisation qui, selon nous, s'apparente bien au thème de la résistance des femmes.
Cette définition fut reprise par Nigel C. Gibson (2004) qui décrit le phénomène de la
mondialisation néolibérale comme étant essentiellement la création de réseaux sociaux
étroits entre nations qui s'effectue en fonction de l'exclusion de certaines populations
locales. Cette définition nous permet de comprendre pourquoi la création et le rôle des
Associations de femmes à Koumbili, Siéna, Pô et Toma sont d'autant plus pertinents
aujourd'hui.

18
En cherchant avant tout à lutter pour la survie des collectivités les plus démunies,
les Associations de femmes tentent de remédier aux enjeux environnementaux,
socioculturels et économiques qui se multiplient depuis la mise en place des PAS dans les
années 1990 qui ont fragilisé les pays en développement. Les PAS furent créés pour
réduire les déséquilibres fiscaux des pays en développement « en donnant naissance à des
innovations économiques et sociales de création des richesses » et en occasionnant « la
relance des économies locales » (Favreau, 2005, p. 127). Or, ils ont davantage perpétué le
phénomène de précarisation des populations et la dévaluation du statut de la femme en
société burkinabée. Cette dévaluation fut entamée dès les premiers stades de la
colonisation du pays.

Les associations de femmes au Burkina Faso s'engagent dans une panoplie


d'activités dont l'objectif général est de réclamer un certain pouvoir politico-économique
afin de remédier à la pauvreté et aux enjeux qui la sous-tendent (Lachenmann, 1994). Ce
faisant, Gentil (1986) explique qu'il y a nécessairement chevauchement des contributions
environnementales, sociales et économiques des associations de femmes. Par exemple,
leurs activités peuvent prendre la forme de l'entretien d'un champ collectif dont l'intérêt
est à la fois environnemental (agriculture viable), social (approvisionnement de la cantine
scolaire, prêts de nourriture et amélioration de la santé des populations) et économique
(banque de céréales et vente de produits sur le marché local). L'interdépendance des
activités dans lesquelles s'engagent ces associations est un élément clé de notre recherche
puisqu'elle met de l'avant le fondement même du concept du DD tel que défini par
Corinne Gendron (2007). Selon l'auteure, il est question d'un DD lorsque le point focal
est l'environnement, lorsque l'économie sert d'outil pour remédier aux enjeux
environnementaux et lorsque le social constitue la finalité du projet.

La problématique portant sur le rôle de la société civile et des associations de


femmes dans les pays en développement ont été abordées par Dominique Gentil (1986)
dans le cadre de ses recherches sur l'évolution des mouvements coopératifs et les
groupements paysans. Ses recherches révèlent le caractère indispensable des associations
de femmes en tant que représentantes des collectivités rurales, notamment depuis les
mutations environnementales, sociales, politiques et économiques qui constituent les

19
défis et enjeux de nombreux pays en développement. Or, peu nombreuses sont les études
qui, jusqu'à présent, ont cherché à cibler et à comprendre les contributions
environnementales, sociales et économiques des associations de femmes par l'entremise
d'études de cas. Et encore plus rares sont les chercheurs et chercheures qui ont exploré le
rapport entre les contributions transversales des associations de femmes et le paradigme
du DD au Burkina Faso. C'est l'objectif que nous avons voulu réaliser par le biais de
cette recherche exploratoire, notamment à partir d'une réappropriation des théories du
DD, du développement local et de l'économie populaire en Afrique.

2.1 Objectifs de recherche

Cette recherche portant sur les Associations de femmes au Burkina Faso s'inscrit
dans le cadre du projet intitulé Gestion des Écosystèmes Basée sur les Communautés au
Burkina Faso (GEBC :2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD). Ce dernier est le fruit d'un
partenariat entre l'Université de Moncton au Canada et l'Université de Ouagadougou au
Burkina Faso. Le projet GEBC : 2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD appui l'idée selon
laquelle les institutions postsecondaires peuvent jouer un rôle d'appui important au
niveau de la prise en charge des collectivités dans leur développement au Burkina Faso. Il
fut développé pour contribuer au renforcement des capacités du Centre d'étude pour la
promotion, l'aménagement et la protection de l'environnement (CEPAPE) de
l'Université de Ouagadougou. L'objectif du projet GEBC : 2005-2010-ACDI-AUCC-
PUCD est de permettre aux entités de la société civile, dont les associations et les
organisations paysannes, de contribuer activement à l'élaboration et l'exécution de
projets locaux de développement communautaire. Il s'est concentré sur deux villages aux
caractéristiques climatiques et pluviométriques distinctes : Koumbili à proximité de Pô et
Siéna à proximité de Toma. Les trois axes du projet GEBC : 2005-2010-ACDI-AUCC-
PUCD sont l'environnement, la nutrition et l'éducation. Ces derniers se sont développés
en empruntant une perspective de genre qui a facilité l'identification des activités
féminines reliées à ces trois domaines. Afin d'atteindre ses objectifs et à la lueur de
l'importance des politiques de décentralisation ou de prise en charge des communautés au
Burkina Faso, le projet cherche à renforcer les rapports qu'entretiennent certaines entités
entre elles. Parmi ces entités, on retrouve les services du ministère de l'Environnement et

20
du Cadre de vie (MECV), du ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des
Ressources halieutiques (MAHRH), du ministère de l'Education de base et de
l'Alphabétisation (MEBA), de l'Université de Ouagadougou (par l'intermédiaire du
CEPAPE) et des communes rurales (Ouattara et al, 2008 ; Bonzi-Coulibaly, 2010).

Les contextes environnemental, économique, socioculturel et politique décrits


dans le premier chapitre dépeignent le Burkina Faso comme étant un pays gravement
fragilisé par les séquelles de son histoire coloniale. Les programmes de développement et
de coopération internationale tels les PAS qui ont été mis en œuvre en 1990 n'ont que
renforcé la dépendance du Burkina Faso aux stratégies interventionnistes des pays
étrangers. En raison du désengagement de l'État et de la réduction des dépenses sociales,
les populations, et plus particulièrement les femmes, ont été aux prises avec des
conditions de vie précaires. La multiplication des enjeux environnementaux
(changements pluviométriques, insécurité alimentaire, dégradation des sols et perte de la
biodiversité), sociaux (manque d'accès à l'éducation et aux services de santé) et
économiques (réduction du niveau de vie et augmentation du chômage) au Burkina Faso
a occasionné la transformation de la société civile (Compaoré, 2010). Cette dernière fait
preuve d'un dynamisme remarquable depuis quelques décennies déjà. Les associations de
femmes sont parmi ces entités qui s'érigent pour répondre aux besoins des populations
que l'État ne parvient pas à satisfaire. Les associations de femmes cherchent à
s'approprier de nouvelles avenues de développement local qui permettraient aux femmes
de remédier à leur précarité socioéconomique et de participer à la construction de leur
histoire, de leur identité et de leur émancipation.

Par cette recherche, nous voulons comprendre le rôle et les contributions de


l'AME à Koumbili (commune de Guiaro dans la province du Nahouri), l'AME à Siéna
(commune du Yaba dans la province du Nayala), l'Association Di San Daani à Koumbili,
la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité à Pô (chef-lieu de la
province du Nahouri) et le Groupement féminin Konkudoè de Toma (chef-lieu de la
province du Nayala) au DD. Par « contribution », on entend des activités qui sont menées
par les femmes et qui renvoient aux trois dimensions du DD, soit environnementale,
socioculturelle et économique. Leurs activités, qui sont influencées par les

21
caractéristiques environnementales, économiques, socioculturelles et politiques du terrain
sur lequel elles œuvrent, pourraient prendre des formes différentes. L'agriculture
domestique viable et le maraîchage, la promotion de l'éducation et de la santé, ainsi que
la lutte contre la désertification au moyen de techniques de gestion agraires
traditionnelles ne sont que quelques-unes des activités rencontrées. Nous cherchons
également à comprendre dans quelle mesure les associations de femmes renforcent les
compétences et les capacités individuelles et collectives des femmes tout en les aidant à
valoriser leurs propres contributions au sein de leurs collectivités respectives.

22
CHAPITRE III

Cadre théorique

Le cadre théorique a pour objectif de présenter les théories de développement


relatives à l'émergence des associations de femmes au Burkina Faso. Ce chapitre
comporte quatre parties. La première partie aborde les théories du DD et du
développement local. La deuxième examine la relation entre l'économie populaire, le DD
et les Associations de femmes au Burkina Faso. La troisième annonce nos questions de
recherche et enfin, la quatrième partie évoque la pertinence du travail de recherche.

3.1 Les théories du développement : développement durable et développement local

3.1.1 Le développement durable

La mondialisation a occasionné des bouleversements économiques et a suscité la


fin de Y État-providence ou de l'État centralisateur. Elle a également nourri de nouvelles
réflexions sur les rapports qu'entretiennent les pays, les territoires, les régions, les villes
et les villages entre eux. Ce faisant, la mondialisation a en quelque sorte contribué à
populariser le concept du DD (Sachs, 1993 ; Brunel, 2009). Un survol des théories du
développement et du DD illustrera la façon dont ces dernières intègrent la problématique
« femmes ». Le DD reconnaît l'importance de concilier l'environnement, l'équité sociale
et l'économie et rend l'étude des contributions des associations de femmes des plus
intéressantes (Falquet, 2002).

Les notions de développement et de sous-développement ont fait leur apparition


dans les discours officiels de l'époque de la Guerre froide. Elles évoquaient alors la
nécessité de viser une coopération Nord-Sud par l'entremise d'une stratégie
d'accumulation du capital (Brunel, 2009). Or, nombreux sont les pays, y compris le
Burkina Faso, qui ont été incapables de tirer profit d'une telle politique de développement
libéral. Les secteurs d'éducation et de santé ont gravement souffert et de nombreux
mégas projets agricoles se sont poursuivis au détriment des cultures locales des petits
producteurs. Les investissements dans le domaine agricole ont favorisé davantage les

23
cultures d'exportation ainsi que les secteurs stratégiques de l'État et ils ont posé plusieurs
problèmes pour les populations rurales (Brunel, 2009).

La poursuite d'un développement autocentré au Burkina Faso occasionna une


crise d'endettement sans précédent au sein du pays. Ce dernier manifestant ainsi des
symptômes de précarité économique, sociale et environnementale, le FMI et la BM sont
intervenus suite à la demande de l'État burkinabé et ont introduit les PAS. Ces
institutions financières internationales, comme nous l'avons dit antérieurement, avaient
pour but d'offrir du financement aux pays les plus pauvres afin qu'ils puissent accéder
aux crédits et entamer leur développement suite à la crise d'endettement. Cependant,
certaines conditions accompagnèrent l'allocation de ces ressources, notamment la
dérégulation du marché des capitaux, la privatisation du secteur public et la libéralisation
de l'économie nationale (Brunel, 2009, p. 12). Ainsi, les PAS, « qui remettent en question
les modèles de redistribution mis en place aux indépendances, se traduisent par une
explosion de la pauvreté et du chômage » (Brunel, 2009, p. 14) au Burkina Faso.

Devant la multiplication des enjeux qui ont défini l'ère de la mondialisation


néolibérale à la fin du 20e siècle, la définition dominante du développement a perdu sa
légitimité en tant qu'outil théorique à partir de 1986. C'est alors que la Déclaration des
Nations Unies sur le droit du développement introduit les dimensions sociales et
culturelles à une définition du développement qui, ultérieurement, s'appuyait sur une
vision réductrice du phénomène. La croissance économique et ses mécanismes de
création de richesses ne pouvant plus suffire pour assurer un développement à long terme,
Y Organisation des Nations Unies (ONU) s'approprie une vision adaptée du
développement qui interpelle la participation intégrale de toutes les populations en vue
d'améliorer leur bien-être. Une telle participation « active, libre et significative » suggère
l'idée d'un partage équitable des fruits du développement entre les individus et leurs
nations (Brunel, 2009, p.8).

L''aidepublique au développement (APD) subit une décroissance de 30 % entre


les années 1990 et 2000, sous prétexte qu'elle « encourage le gaspillage, la corruption, la
consommation publique et l'assistanat » (Brunel, 2009, p. 15). L'APD cède sa place à
l'aide humanitaire des ONG. Ces dernières agissent comme pourvoyeurs des ressources

24
nécessaires pour remédier à la pauvreté économique et à certains enjeux tels la croissance
démographique, la détérioration des ressources naturelles et la destruction de la
biodiversité, au Nord comme au Sud. Ces enjeux, qui caractérisent l'ère de
l'altermondialisation, incitent de nombreux acteurs à repenser le développement comme
une sorte de compromis entre l'accumulation des richesses matérielles à tout prix, le
respect des rapports sociaux et l'utilisation ou l'exploitation responsable des ressources
naturelles (Sachs, 1993 ; Brunel, 2009). Ce compromis prend le nom de DD.

Le DD n'est toutefois pas un concept nouveau. Son histoire date des années 1970
à une époque où la croissance démographique mondiale atteignait son apogée et où la
crise de l'énergie de 1973 menaçait l'approvisionnement des ressources naturelles
mondiales (Brunel, 2009). À l'époque, le rapport du Club de Rome, publié en 1972,
dévoilait déjà des informations menaçantes concernant « la croissance de la population,
l'industrialisation, l'utilisation des ressources naturelles non renouvelables, la production
alimentaire et la pollution » (Brunel, 2009, p.24). Ainsi, la première Conférence mondiale
des Nations Unies sur l'environnement humain (CMNUEH) fut entérinée la même année
que le rapport fut publié (Brunel, 2009). Or, malgré l'intérêt grandissant des populations
pour l'environnement depuis l'émergence des principes fondateurs du DD à la conférence
de Stockholm en 1972 (Sachs, 1993), ce n'est que dans les années 1980 que ce concept
connaît un véritable essor sur la scène politique internationale.

La définition du DD telle qu'on la connaît aujourd'hui fut dévoilée par madame


Brundtland en 1987 lors de la Commission mondiale sur l'environnement et le
développement humain (CMEDH). « Le développement durable est un développement
qui résout les besoins du présent sans compromettre la possibilité des futures générations
à résoudre les leurs » (Falquet, 2002, p. 18). En 1990, les ONG ont réalisé que « des
problématiques universelles s'imposent pour la première fois à l'échelle d'un espace
désormais mondial, transcendant les anciens clivages Nord-Sud comme Est-Ouest et
appelant des réponses communes » (Brunel, 2009, p.28). Les ONG se sont ainsi érigées
en tant que garants du DD pour appuyer la société civile des pays en émergence. La
notion de démocratie participative fait ainsi son apparition (Brunel, 2009).

25
Depuis la publication de la définition Brundtland, de nombreux chercheurs
contemporains ont adopté leurs propres définitions complémentaires du DD. Selon
Ilboudo (2010), la démocratie est déterminante de ce développement. La chercheure
affirme qu'un DD « suppose que le respect des droits humains ne soit pas considéré
comme la cerise sur le gâteau d'un développement uniquement fondé sur les
performances économiques et financières » (p. 12). Tout DD doit plutôt, et avant tout,
permettre aux hommes et aux femmes de répondre à leurs besoins fondamentaux par
l'entremise d'un accès équitable aux ressources sociales telle l'éducation. Laulan (2003)
fait preuve d'un raisonnement semblable à celui d'Ilboudo (2010) en stipulant que, « la
problématique du développement durable [...] concerne l'accès aux libertés publiques et
privées, à la démocratie, à l'égalité des chances, à l'enrichissement culturel, bref, à la
civilisation dans son ensemble » (Laulan, 2003, p.233). Il poursuit en disant « que
l'éducation des femmes, de leur émancipation progressive, est l'un des plus puissants
facteurs [...] d'un développement durable » (Laulan, 2003, p.238). Les théories « femmes
dans le développement », « femmes et développement », « femmes, environnement et
développement » et « genre et développement durable » ont longtemps été l'objet des
courants de pensée féministes dans les pays du Sud (Falquet, 2002, p.31). Toutefois, le
besoin de miser un développement respectueux des femmes s'est davantage manifesté
avec l'adoption de Y Agenda 21 au Sommet de Rio (Brunel, 2009) et avec de nouvelles
formulations théoriques comme celle de Laulan (2003).

En 1992, après la Conférence de Rio et suite à l'adoption de Y Agenda 21 qui fit


alors appel à la décentralisation, le DD est enfin considéré comme étant une stratégie de
développement et de coopération internationale. Cette coopération internationale « remet
au centre des priorités publiques la notion de territoire. L'économie n'est plus
décontextualisée de son enracinement local » (Brunel, 2009, p.51). Or, depuis le nouveau
millénaire, alors que les pays occidentaux s'étaient engagés à répondre aux Objectifs du
millénaire (OM), l'état de l'aide au développement et à la coopération s'avère inquiétant.
Le manque de ressources et d'appui au renforcement des capacités des pays du Sud
rappelle le triste scénario de l'APD des années 1970, 1990 et 2000 (Brunel, 2009) ;
l'allocation des ressources financières et techniques par les institutions financières
internationales étant influencée « par des préoccupations stratégiques et géopolitiques »

26
(Brunel, 2009, p.97). Si l'extrême pauvreté mondiale est passée de 40 % à 17 % de 1980
à 2005, l'écart entre les pays riches et les pays pauvres, ainsi qu'entre les populations de
ces pays, ne cesse d'augmenter (Brunel, 2009; Villalon, 2010). Le Burkina Faso est
aujourd'hui confronté à ce phénomène de paupérisation croissant qui a des répercussions
non seulement sur les salaires des individus mais aussi sur les domaines de la santé et de
l'éducation (Villalon, 2010).

3.1.2 Le développement local

De nouveaux espaces de démocratie participative ont favorisé la promotion d'un


développement local au sein duquel peuvent s'identifier les associations de femmes. Le
concept de développement local utilisé dans cette recherche est principalement celui
développé par Louis Favreau (2002, 2008), Lucie Fréchette (2002) et Gérald Larose
(2002). Selon eux, cette nouvelle approche de développement, qui s'est popularisée entre
les années 1990 et 2000, fut proposée en réponse à la faillite du développement « par le
haut » comme ce fut le cas au Burkina Faso. Elle « remet en question [...] l'absence de
démocratisation des initiatives d'un État devenu avec le temps trop centralisé et
bureaucratique » (Favreau, 2008, p.44). Le développement local se définit donc comme
l'une des « nouvelles pratiques sociales basées sur des expériences concrètes de
proximité visant à impliquer les populations locales dans leur propre développement »
(Bah, 2007, p.292). Il réunit des concepts auxquels le gouvernement burkinabé se réfère
souvent dans ses discours récents tels la responsabilisation et l'autonomisation des
populations, la décentralisation, le DD et la participation des populations dans la
réappropriation de leurs projets de développement (Bah, 2007 ; Compaoré, 2010). Bref,
les associations de femmes contribuent au développement local lorsqu'elles s'approprient
des initiatives de lutte contre la pauvreté et d'investissements sociaux. En retour, ces
initiatives s'appuient sur un engagement collectif d'amélioration de la condition humaine
à travers l'instrumentalisation de principes clés tels la responsabilisation, la participation,
l'épanouissement et l'action sociale.

L'approche du développement local au Burkina Faso s'inscrit dans un projet de


décentralisation qui fut créé en 2006. Cette décentralisation traduit une vision concertée
de l'action et repose sur la responsabilisation des collectivités locales dans le cadre de

27
projets de développement qui répondent aux besoins immédiats des populations
concernées. Par définition, le développement local « permet à la population du territoire
concerné de résoudre progressivement ses problèmes et de réaliser ses ambitions dans les
domaines économique, social, culturel et environnemental par la participation active,
individuelle et collective de l'ensemble des citoyens » (MEF, juillet 2007, p. 16). Comme
l'indique le ministère de l'Économie et des Finances (MEF) dans son Guide
méthodologique de planification locale (2007), les principes fondateurs du
développement local sont la participation active des populations, la mise en place d'une
vision commune du développement et de l'action, l'auto-analyse par les populations de
leurs besoins, la gouvernance locale6 et la réappropriation de l'espace collectif (MEF,
juillet 2007).

Dans la foulée des définitions conventionnelles du DD abordée dans la section


précédente et des concepts retenus dans les définitions du développement et du
développement local, la définition du DD de Kafui Akossiwa Amekotou (2004) a été
retenue pour répondre aux objectifs plus pointus de cette étude. La chercheure décrit un
processus de développement qui rassemble les activités qui répondent aux intérêts des
Associations de femmes. Pour Amekotou (2004), le DD se définit comme

un processus qui conduit à l'élargissement de la gamme de possibilités qui s'offre à


chacun. Le développement humain durable est centré sur les personnes. Il se veut plus
démocratique et plus participatif. Il repose enfin sur un juste équilibre entre la population,
l'exploitation des ressources, le développement et la protection de l'environnement
(p.57).

Plus spécifiquement, cette définition décrit la forme que devrait prendre le DD au


Burkina Faso. Elle illustre comment les associations de femmes, par la nature de leurs
interventions auprès des femmes, des collectivités rurales et urbaines et de leur milieu
naturel, peuvent contribuer à la promotion du DD à Koumbili, Siéna, Pô et Toma.

Implique la mise en place de structures d'appui à la société civile, aux pouvoirs locaux et aux populations
(MEF, juillet 2007).

28
3.2 L'économie populaire, le DD et les associations de femmes au Burkina Faso

Notre recherche s'appuie sur le raisonnement d'Assogba (2000) qui établit un lien
entre le DD et l'économie populaire en Afrique noire. L'auteur explique que la
participation de la société civile à la construction de l'économie populaire s'avère un
moyen pour elle de remédier aux déséquilibres de l'État et à son incapacité de répondre
aux besoins des populations. Pour Assogba (2000), puisque le futur de cette économie
populaire repose dans les mains de la société civile et que cette dernière est ultimement
porteuse de transformations sociales et politiques, cette économie populaire pourrait dès
lors promouvoir un DD. En intégrant « les politiques nationales et les programmes de
développement et de coopération internationale, l'économie sociale permettrait le passage
des pratiques de survie aux pratiques de développement durable » en servant d'outil pour
maintenir un équilibre entre les sphères environnementale, sociale et économique dans
une logique de développement (Assogba, 2000, p.3). En d'autres mots, l'économie
populaire deviendrait garante du DD en bénéficiant de « politiques nationales et de
programmes de développement et de coopération internationale » (Assogba, 2000, p.3).
Les associations de femmes étant des acteurs de premier plan de la société civile au
Burkina Faso, elles deviennent à la fois des agentes de l'économie populaire et
potentiellement les promoteurs du DD.

Les réseaux de coopération dans lesquels s'inscrivent les associations de femmes


prennent de l'importance dans un contexte de décentralisation et de développement local.
Un tel contexte libère chez les associations et les entreprises collectives un désir de
« s'associer autrement pour entreprendre autrement » en mettant l'accent sur les
dimensions sociale, économique et politique de l'action collective (Favreau, 2008, p.l 1).
Cette action collective touche davantage les secteurs de l'environnement, de la santé et de
l'éducation (Favreau, 2008)

L'émergence des associations de femmes au Burkina Faso est en partie le résultat


de la transformation des relations sociales et des rapports hommes/femmes qui façonnent
le paysage environnemental, socioculturel et économique des collectivités. Ces relations
et ces rapports sont ancrés dans un contexte politique qui, dans le cas du Burkina Faso,
s'est défini durant la période coloniale et qui a perduré jusqu'après l'indépendance du

29
pays. Par exemple, avant la colonisation, les hommes et les femmes étaient
respectivement protégés par des normes sociales de production agricole traditionnelle qui
leur assurait un accès foncier et une autonomie quant aux biens qu'ils produisaient
(Ahonsi, 1995). Or, cette autonomie s'est effritée avec l'hégémonie politique des grandes
puissances occidentales sur le système économique mondial qui est parvenue à perpétuer
le phénomène de la mondialisation tel qu'on le connaît aujourd'hui.

Certains auteurs, dont Ahonsi (1995), ont étudié l'impact de la mondialisation sur
les rapports de genre et le paysage socioéconomique africain dans un contexte de DD.
Ahonsi (1995) soutient que les disparités hommes/femmes sur l'ensemble du continent
africain et l'état du développement dans ces pays peuvent s'illustrer à partir de l'impact
de la croissance démographique sur la dégradation du patrimoine naturel. L'auteur
soutien que plus les femmes sont subordonnées aux hommes, plus elles sont contraintes à
leurs responsabilités reproductives. Et plus la population augmente, plus l'environnement
se transforme et se dégrade suite à l'exploitation des ressources naturelles et aux
défrichements des terres desquelles dépend la population en croissance. Villalon (2010)
met de l'avant les causes structurelles (discrimination des genres et féminisation de la
pauvreté) de la précarité environnementale des populations au Burkina Faso.

Les femmes jouent [...] un grand rôle dans la préservation de la biodiversité et la


conservation de la fertilité des sols [...] En revanche, sans formation, les femmes
continuent de nuire à l'environnement et peuvent, par conséquent, nuire à la sécurité
alimentaire de leurs enfants. La dégradation de l'environnement dans le monde en
développement est principalement causée par la pauvreté. Les femmes, dans ces
circonstances, sont obligées d'adopter des cultures et des pratiques nécessitant une forte
intensité de main-d'œuvre, ce qui cause l'érosion des sols, la pollution de l'eau et la
diminution des rendements. Et, surtout, les femmes sont moins motivées à prendre des
décisions correctes pour l'environnement puisqu'elles ne sont pas les propriétaires de la
terre et n'ont pas accès aux crédits (Villalon, 2010, p.45)

L'espace interculturel parmi lequel évoluent les associations de femmes suggèrent qu'il
est difficile pour les femmes de lutter pour un DD alors que leur survie est manifestement
menacée. Ici, le concept de « survie » se définit comme étant la capacité de chacune et de
chacun à subvenir à leurs besoins de base dans un contexte de pauvreté. Cette capacité est
dépendante de leur participation à une économie de subsistance locale.

En effet, une cohabitation harmonieuse entre les groupements ou associations


paysannes et les groupements étatiques d'un même territoire n'est pas toujours possible.

30
La cohabitation de ces entités est plutôt sujette à des tensions idéologiques qui, parfois,
vont jusqu'à entraîner une dégradation du milieu naturel duquel elles dépendent. Ouattara
et al. (2008) étudièrent les enjeux liés à l'industrie du coton dans le village de Koumbili
dans la province du Nahouri au Burkina Faso. Les auteurs abordent la question des
conflits socioculturels liés à la gestion de la biodiversité locale, de la production et de la
commercialisation des cultures de rente. Ils expliquent d'abord que l'industrie du coton
n'étant accessible qu'à un nombre limité d'individus, la production et la
commercialisation de cette ressource créent d'importants conflits d'usage. Ces conflits
émergent entre les individus qui s'intéressent aux cultures de rente et ceux qui
s'intéressent davantage aux cultures de subsistance. Selon les chercheurs, le coton
décourage ainsi certaines populations à se mobiliser dans des associations ou
groupements villageois qui, pourtant, ont un devoir d'assurer le bien-être de leur
communauté vivant une situation de précarité difficile (Ouattara et al, 2008). Les modes
d'organisation villageois et l'unité de gestion communautaire étant bouleversés, le chef
de terre perd sa place en tant que garant des droits fonciers et des traditions liées aux
sacrifices et rituels.

De plus, l'industrie du coton entraîne la précarisation des ressources naturelles en


contaminant les eaux et les produits agricoles, en précipitant la dégradation des sols et en
encourageant la déforestation (Ouattara et al, 2008). Or, malgré ces enjeux
fondamentaux, l'industrie du coton continue à s'étendre sur le territoire burkinabé. À
Koumbili, zone de production de coton, on retrouve environ trois groupements de
producteurs de coton et « cela au détriment de la vie communautaire et du renforcement
de la société civile villageoise » (Ouattara et al, 2008, p. 17).

Il est souvent difficile pour les groupements et les associations villageoises


d'assurer leur bon fonctionnement. Ces derniers ont difficilement accès aux ressources
nécessaires pour mettre à terme leurs projets collectifs et pour développer de nouvelles
initiatives (Gentil, 1986). Au Burkina Faso, les femmes ont tendance à se concentrer sur
des activités de subsistance qui ont pour but d'améliorer l'accès des populations aux
services sociaux de base tels l'éducation et la santé. Les associations de femmes et les
Groupements villageois féminins (GVF) leur permettent néanmoins de formaliser leurs

31
activités afin que ces dernières puissent assumer un poids économique plus important au
sein des communautés (Gentil, 1986).

Malgré l'importance de l'économie de subsistance, les acteurs de la société civile


se doivent de faire la transition d'une économie de subsistance à une économie de marché
local. Ce passage aux niveaux supérieurs de l'économie de marché, qui leur permettra de
participer à la construction d'une économie de marché régionale, nationale ou
internationale, dépend ultimement de la capacité de la société civile à s'approprier un
modèle de développement endogène. Dans ce sens, « le développement [durable] est un
processus lié de façon intrinsèque à la capacité des individus à consolider les liens
sociaux des collectivités d'un territoire bien défini » et à la gestion des ressources
naturelles de ce dernier (Assogba, 2000, p.24). Une telle gestion s'effectue en fonction
des idéologies et des caractéristiques culturelles qui constituent ce même territoire
(Assogba, 2000). De plus, les acteurs de l'économie populaire ont besoin du
réengagement de l'État qui saurait assurer l'autonomie d'action des individus et offrir un
encadrement aux populations locales. Cet objectif dépend ultimement de la mise en place
de nouvelles structures institutionnelles, l'élaboration de nouvelles stratégies
économiques et l'introduction de politiques de développement adaptées au phénomène de
la mondialisation en cours (Assogba, 2000). Bref, c'est dans le cadre d'une telle relation
entre l'État et les Associations de femmes que ces dernières pourront redéfinir leur place
dans la sphère économique.

En réponse au désengagement de l'État et aux conditions de vie précaires des


populations, des contrepouvoirs sous forme de groupements, d'organisations et
d'associations se sont transformés au fil des années. Ces structures semblent aujourd'hui
indiquer la construction d'une économie populaire au Burkina Faso parmi laquelle
s'identifient les associations de femmes. Favreau et al (2002) estiment que ces réseaux
de coopération qui constituent l'économie populaire sont représentatifs de l'émergence
d'une société civile internationale. Cette dernière fait la promotion de valeurs telles la
justice sociale, l'égalité entre hommes et femmes, la démocratie et le développement
solidaire basé sur l'épanouissement socioéconomique des populations par l'entremise
d'un dialogue avec les grandes institutions internationales et l'État.

32
Les associations de femmes au Burkina Faso, en plus d'être influencées par les
changements politiques, économiques et institutionnels en cours, sont largement
dépendantes de leur environnement naturel et des conditions climatiques qui caractérisent
leur territoire. Ainsi, les activités de subsistance et les modes d'organisation des
Associations sont appelés à évoluer et à se transformer avec les changements
environnementaux en cours, dont les sécheresses. Ces dernières ont un impact sur la
capacité du pays et des associations à produire et à exporter certains produits sur les
marchés, notamment (Gentil, 1986). L'imbrication ou l'interdépendance des sphères
environnementale, sociale et économique au Burkina Faso est d'ailleurs mise en évidence
par le fait que les associations vont souvent recourir à des activités économiques pour
réaliser un objectif social (Gentil, 1986). Par exemple, elles vont s'engager dans des
activités de maraîchage pour soutenir l'école du village ou pour mettre en place une
banque de céréale qui servira à faire des prêts de nourriture aux populations et à
améliorer conséquemment la santé des individus. Voilà une instrumentalisation du
paradigme du DD tel que défini par Gendron (2007) à la page 19 de ce document.

Les contributions effectives des associations de femmes au DD et


l'instrumentalisation de l'économie populaire au Burkina Faso ont été explorées en
posant quatre questions de recherche.

3.3 Questions de recherche

Quelles sont les contributions environnementales, socioculturelles et économiques de


l'AME à Koumbili dans la commune de Guiaro et à Siéna dans la commune de Yaba
situées respectivement dans les provinces du Nahouri et du Nayala?

Quelles sont les contributions environnementales, socioculturelles et économiques de


l'Association Di Dan Daani, de la Fédération provinciale des productrices de beurre de
karité et du Groupement féminin Konkudoè dans les territoires de Koumbili-Pô de la
province du Nahouri et de Siéna-Toma dans la province du Nayala?

Une fois ces contributions établies, nous avons voulu effectuer une analyse des
changements qui en sont découlés. Nous avons ainsi posé la question suivante :

33
Est-ce que ces contributions ont occasionné des changements environnementaux et socio-
économiques dans les collectivités de Koumbili, Siéna, Pô et Toma?

Enfin, à la lueur de la définition du DD d'Amekotou (2004) (voir page 28) et des


contributions des cinq associations de femmes, nous avons voulu déterminer dans quelle
mesure ces contributions occasionnent des changements qui captent l'essence du DD tel
qu'on l'envisage dans les territoires de Koumbili-Pô et de Siéna-Toma. Plus
précisément :

Dans quelle mesure l AME à Koumbili et Siéna, l Association Di San Daani, la


Fédération provinciale des productrices de beurre de karité et le Groupement féminin
Konkudoè ont-ils produit des changements qui répondent aux objectifs du DD au Burkina
Faso?

3.4 Pertinence du travail de recherche

Cette recherche s'est inspirée de travaux antérieurs dont deux études de cas en
particulier. La première étude de cas (McSween, 2007) ne porte pas spécifiquement sur
les associations de femmes, mais elle aborde la question d'alternatives économiques dans
une perspective de développement local. L'auteure se penche plus particulièrement sur la
problématique du commerce équitable au Burkina Faso et évoque « son potentiel de
transformation sociale et [...] sa contribution au développement local » (McSween, 2007,
p.46) en se basant sur l'expérience du Cercle des sécheurs (CDS) et Y Union fruitière et
maraîchère du Burkina Faso (UFMB). La deuxième étude de cas (Ouedraogo, 2004) de
laquelle nous nous sommes inspirés raconte l'expérience du Groupement des productrices
maraîchères de Oula-Koulsin au Burkina Faso dans une perspective d'économie sociale
et de développement local. Notons que les études portant sur les mouvements sociaux et
coopératifs, les organisations paysannes et l'économie populaire en Afrique et ailleurs
(Gentil, 1986 ; Girard, 1994 ; Jacob, 1994 ; Lachenmann, 1994 ; Neveu, 1996 ; Assogba,
1997, 2000 ; Favreau, 2002, 2005, 2007, 2008; Favreau & Fréchette, 2002 ;) ont été des
sources d'information indispensables à la compréhension des réalités complexes qui
constituent le territoire burkinabé.

34
Notre recherche s'avère pertinente pour au moins deux raisons. La première est
liée au fait que les changements climatiques et les échecs des politiques économiques de
libéralisation des échanges et de privatisation des pays émergents forcent la création de
nouveaux modèles de développement. Dans un tel contexte, la participation de nouveaux
acteurs dans ce processus de création est également encouragée. Par l'entremise de
théories sur le DD, l'économie sociale et le développement local, nous dirigeons notre
attention sur le rôle et les contributions des associations de femmes en tant qu'actrices à
la recherche d'un développement alternatif. Les associations de femmes contribuant au
renouvellement de la société civile et à l'amélioration du bien-être des collectivités
urbaines et rurales, elles sont indispensables pour comprendre les enjeux
environnementaux, socioculturels et économiques qui façonnent les réalités quotidiennes
des populations du Burkina Faso.

La deuxième raison pour laquelle notre recherche est pertinente est que très peu
de travaux de recherche de deuxième cycle se sont jusqu'à présent intéressés
spécifiquement au secteur associatif féminin dans un contexte Nord-Sud, notamment en
lien avec les théories du DD. Les associations de femmes dans les pays d'Afrique sont
difficiles d'accès et les paramètres de recherche qui existent pour étudier les
problématiques qui se rapportent au contexte associatif féminin sont encore limités. Nous
estimons que cette recherche exploratoire contribuera à l'avancement de nos
connaissances sur l'influence des associations de femmes dans l'économie populaire, le
développement local et surtout le DD.

35
CHAPITRE IV

Méthodologie

Après avoir posé les balises théoriques et les questions de recherche, la partie
suivante portera sur la méthode de recherche utilisée pour répondre à ces questions.

4.1 Stratégie de la recherche

Cette recherche exploratoire emploie une approche qualitative de collecte de


données. Cette approche se définit étant un outil en recherche sociale qui privilégie la
collecte de données descriptives afin d'analyser des phénomènes sociaux, ou cas,
uniques. En maximisant la qualité et la quantité de l'information recueillie, le chercheur
ou chercheuse effectue une analyse exhaustive, voire approfondie, du cas en question
(Comeau, 1994).

Cette recherche exploratoire s'approprie également une approche de recherche


monographique. La recherche monographique a pour objectif d'analyser des concepts et
des travaux théoriques qui, en plus d'entretenir des rapports entre eux, servent à décrire
les réalités qui s'apparentent aux études de cas en question. L'approche monographique
« offre une description exhaustive d'une situation, d'un problème, d'une unité
géographiques, etc. » (Roy, 2009, p.206). Dans le cadre de cette étude, elle nous a ainsi
permis de cerner les caractéristiques et les enjeux environnementaux, socioculturels,
économiques et politiques qui dévoilent la raison d'être des associations de femmes à
Koumbili, Siéna, Pô et Toma au Burkina Faso. Notre recherche privilégie l'étude de cas
en tant qu'approche de recherche monographique.

4.1.1 L'étude de cas

Traditionnellement, l'étude de cas est utilisée par les chercheurs et chercheures


qui entreprennent une étude exploratoire et qui souhaitent ainsi comprendre un
phénomène ou une réalité à partir d'un cas (individu, organisation, village, etc.) peu
connu, théorisé et documenté dans la littérature existante. Puisque le phénomène auquel
s'intéressent les chercheurs et chercheures ne peut pas être généralisé sur l'ensemble de
la société à partir des études existantes (Roy, 2009), ils doivent tenter de comprendre les

36
individus, le contexte et les réalités qui constituent ce cas particulier. Pour ce faire, il
importe aux chercheurs et chercheures de maximiser l'information recueillie tout en
limitant le nombre de sujets auxquels on se rapporte. L'étude de cas nous paraissait
appropriée pour cette recherche puisqu'elle permet de mieux comprendre les réalités peu
explorées des associations de femmes au Burkina Faso.

4.1.2 Les unités d'analyse

L'approche qualitative de recherche en sciences sociales peut s'effectuer à partir


d'un nombre limité d'unités ou de sujets d'analyse (Comeau, 1994). Ainsi au départ, nous
avions choisi de poursuivre notre analyse par l'intermédiaire de deux associations de
femmes, soit l'AME à Koumbili et l'AME à Siéna. Nous avons par la suite décidé de
mener des entretiens auprès de trois autres associations de femmes œuvrant dans les
mêmes provinces (Nahouri et Nayala) que les AME. Ces associations sont l'Association
Di San Daani (Koumbili), la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité
(Pô) et le Groupement féminin Konkudoè (Toma).

4.2 Terrains d'enquête

Notre terrain d'enquête s'est étalé sur deux mois, soit du 30 septembre au 29
novembre 2008. Durant cette période, il s'agissait de cibler des associations de femmes
qui répondraient à nos objectifs de recherche et qui contribuent à l'amélioration du bien-
être de leurs communautés. Pour y arriver, nous avons cerné quatre critères de sélection.
Premièrement, les associations de femmes doivent œuvrer dans des régions
géographiques différentes aux climats distincts. Deuxièmement, elles doivent mener des
activités environnementales, socioculturelles et économiques qui s'apparentent aux trois
volets d'intervention identifiés par le projet GEBC :2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD, soit
la protection de l'environnement, la nutrition et l'éducation. Troisièmement, les
associations de femmes sélectionnées doivent être de nature démocratique et disposer de
règlements intérieurs précis qui ont été approuvés par toutes les membres de l'association
(Gentil, 1986). Finalement, les associations de femmes doivent être autonomes, c'est-à-
dire qu'elles doivent maintenir une certaine indépendance face à l'État.

37
Tel que précisé plus haut, au départ, nous avions sélectionné deux associations de
femmes qui répondent à nos critères de sélection : L'AME à Koumbili et l'AME à Siéna.
Ces dernières se situent sur des territoires géographiques différents et particulièrement
vulnérables d'un point de vue environnemental et socioéconomique. L'AME est active à
l'échelle nationale et regroupe des femmes de tous les âges. Elle est munie d'une
Coordination nationale des associations des mères éducatrices (CNAME). Cette
coordination a pour objectif de soutenir les initiatives transversales des AME dans
chacune de leurs zones d'intervention et de valoriser le travail des femmes sur le plan de
la promotion de l'éducation des enfants, notamment des fillettes. Les projets collectifs de
l'AME s'appuient sur des principes clés dont « la liberté d'expression, la critique
objective et l'autocritique, ainsi que l'esprit d'initiative et de sacrifice » (Ministère de
l'Enseignement de base et de l'Alphabétisation (MEBA, 1992, p.l).

Trois autres associations de femmes, qui répondent nécessairement aux critères de


sélection établis, ont ensuite été sélectionnées afin de renforcer notre analyse, soit
/ Association Di San Daani, la Fédération provinciale des productrices de beurre de
karité et le Groupement féminin Konkudoè. Puisqu'elles ont été créées avant l'AME,
nous jugions pertinent de se familiariser avec leur mandat et de comparer leurs activités
avec celles de l'AME. La Fédération provinciale des productrices de beurre de karité et le
Groupement féminin Konkudoè œuvrent à l'extérieur de Koumbili et de Siéna alors que
l'Association Di San Daani est située à Koumbili. Les villes de Pô et de Toma, villes
mères de la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité et du Groupement
féminin Konkudoè, sont cependant les chefs-lieux des communes rurales de Guiaro et de
Yaba dont font partie les villages respectifs Koumbili et Siéna. Ces trois associations de
femmes qui se sont ajoutées nous ont donc permis d'asseoir davantage les réalités
observées dans les AME. Plus précisément, elles nous ont permis de valider les
informations obtenues dans les AME à Koumbili et à Siéna. À notre avis, un tel travail de
comparaison des réalités observées permet de dresser un portrait plus complet du travail
qu'effectuent les associations de femmes dans les collectivités rurales et urbaines du
Burkina Faso.

38
Les chapitres portant sur les études de cas décrivent les spécificités de nos terrains
de recherche, soit Koumbili et Siéna ainsi que leurs chefs-lieux respectifs Pô et Toma.
Les expériences vécues par les femmes au sein de leurs communautés, les enjeux
environnementaux, sociaux et économiques qui donnent un sens à ces expériences et
l'interprétation qu'en font les femmes ont été utiles pour illustrer les terrains de recherche
en question. Ils ont également permis de contextualiser les réalités observées au cours de
notre étude.

En plus d'avoir échangé avec cinq associations de femmes, nous avons effectué
quatre entretiens auprès d'informateurs-clés travaillant au ministère de la Promotion de
la Femme (MPF), au MECV, au Centre international pour l'éducation des filles et des
femmes en Afrique de l'Union africaine (UA/CIEFFA) et à la Direction pour la
promotion de l'éducation des femmes et des filles (DPEF) à Ouagadougou, capitale du
Burkina Faso. L'information en provenance de ces entretiens et les documents que nous
ont fournis les informateurs-clés nous ont permis de comprendre les initiatives et les
politiques qui ont été développées par l'État burkinabé pour appuyer les femmes depuis
quelques décennies. Nous voulons savoir si ces initiatives et politiques de l'État ont
produit des changements positifs, voire importants, sur le terrain pour les femmes. De
plus, nous cherchons à déterminer si l'État entretien réellement un rapport avec les
associations de femmes à Koumbili, Siéna, Pô et Toma. Dans l'affirmative, nous voulons
savoir de quel type de rapport il s'agit.

4.3 Collecte de données

Notre collecte de données qualitative nous a permis de nous familiariser avec


l'interprétation et le sens que donne chacun des interlocuteurs à ses expériences
individuelles dans un milieu particulier et par rapport à certains phénomènes ou enjeux.
Trois outils de recherche ont été utilisés, soit la recherche documentaire (Boisvert, 2009),
l'entretien semi-dirigé (Savoie-Zajc, 2009) et l'observation directe (Laperrière, 2009).
L'utilité de chacun de ces outils est précisée dans les sections qui suivent. Finalement,
dans la dernière sous-section, nous décrivons brièvement le processus de collecte de
données que nous avons emprunté pour chacune des cinq études de cas, soit en fonction
de leurs spécificités.

39
4.3.1 La recherche documentaire

La recension et la lecture de documents scientifiques portant sur le DD en


Afrique, le développement local, les mouvements coopératifs, les mouvements paysans et
l'économie sociale et populaire, entre autres, fut une étape indispensable au processus de
recherche entrepris (Comeau, 2000). « L'essence de la recherche est de faire avancer une
discipline en ébauchant des théories et des pratiques, et en les évaluant ou les modifiant
au besoin » (Boisvert, 2009, p.90). La cueillette de documents officiels en provenance
des ministères et des départements nationaux s'est poursuivie lors de notre séjour au
Burkina Faso. La recherche documentaire nous a permis de nous familiariser avec la
géographie, la démographie et les réalités environnementales, socioculturelles, politiques
et économiques du pays, des provinces, des territoires, des villes et des villages auxquels
nous nous intéressons. Elle nous a également permis de nous familiariser avec la place
qu'occupe la société civile au Burkina Faso et la façon dont elle évolue en présence ou en
l'absence de l'État. Une attention particulière fut ainsi portée aux discours de l'État en
matière de promotion de la femme afin de déterminer les responsabilités qu'il détient
envers la société civile et les associations de femmes sur le terrain.

4.3.2 L'Entretien semi-dirigé

L'entretien semi-dirigé se définit comme « une interaction verbale entre des


personnes qui s'engagent volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir
d'expertise, et ce, pour mieux dégager conjointement une compréhension d'un
phénomène d'intérêt pour les personnes en présence » (Savoie-Zajc, 2009, p.339). Par
l'entremise de l'entretien semi-dirigé, nous voulions faire ressortir les réalités
environnementales, socioculturelles et économiques parmi lesquelles évoluent les
associations de femmes. L'entretien semi-dirigé permet également au chercheur de saisir
les interprétations des répondants. Il donne une signification aux événements vécus et
racontés par ces derniers à travers « leurs représentations sociales, leurs systèmes de
valeurs, leurs repères normatifs, leurs interprétations de situations conflictuelles ou non,
leur lecture de leurs propres expériences, etc. » (Quivy & Campenhoudt, 2006, p. 175).
Bref, le respect du cadre de références des interlocuteurs s'avère un outil indispensable à
la collecte de données et à l'analyse ultérieure de ces données.

40
L'entretien semi-dirigé nous a permis de faire le bilan des expériences uniques
dont jouissent les femmes lorsqu'elles s'impliquent auprès d'une association. Il nous a
également permis de dégager les solutions qu'elles envisagent pour remédier aux enjeux
auxquels elles attestent et qui les intéressent d'emblée.

4.3.2.1 Les informateurs-clés

Nos rencontres sur le terrain ont été organisées par l'équipe de professeurs de
l'Université de Ouagadougou. L'équipe du CEPAPE nous a fourni un encadrement
durant notre période sur le terrain en nous offrant les ressources et le support technique
nécessaires pour pouvoir se déplacer dans les villages et rencontrer les personnes et les
associations de femmes préalablement identifiées. En plus d'avoir guidé notre sélection
d'associations et de nous avoir accompagnés dans les villages, l'équipe de recherche du
CEPAPE nous a aidé à organiser les entretiens semi-dirigés. Les membres avec qui nous
avons voyagé prenaient contact avec les personnes-ressources sur le terrain qui nous ont
ensuite fourni les traducteurs nécessaires pour effectuer les entretiens semi-dirigés.

Le choix des interlocuteurs fut effectué en fonction des contributions que nous
croyons qu'ils ou elles pourraient apporter à nos connaissances sur les associations de
femmes au Burkina Faso. Selon Savoie-Zajc (2009), l'entretien semi-dirigé est un moyen
pour le chercheur ou la chercheuse de donner un sens à des réalités observables à partir
de l'expérience ou des connaissances des collaborateurs à chaque étape de l'étude.

Au total, 11 entretiens semi-dirigés ont été effectués à Ouagadougou et dans les


collectivités rurales et urbaines visées. Nous avons limité nos entretiens semi-dirigés à 11
puisque nous avions atteint la saturation, phénomène qui se produit lorsque « l'ajout de
nouvelles données ne change plus de manière considérable l'interprétation qui se
construit » (Comeau, 1994, p.28). Cinq entretiens semi-dirigés collectifs ont été effectués
auprès de l'AME à Koumbili, l'AME à Siéna, l'Association Di San Daani, le
Groupement féminin Konkudoè et la DPEF. Lors de ces entretiens collectifs, les
membres de chaque association avaient l'occasion d'intervenir à leur guise. Des
entretiens individuels ont également été effectués auprès de la Fédération provinciale des
productrices de beurre de karité et l'Association Di San Daani. Respectivement, des

41
entretiens individuels ont été effectués auprès de trois fonctionnaires et d'un directeur
d'école.

Chaque entretien semi-dirigé fut enregistré afin de permettre un travail d'analyse


ultérieur exhaustif et précis. Tous les interlocuteurs-clés ont été préalablement informés
de l'objectif de notre recherche et des attentes des chercheurs à leur participation au
projet. Selon le protocole éthique, nous avons distribué quelques formulaires éthiques
(voir Annexe 1), soit avant que la chercheuse en fasse la lecture au groupe à l'occasion
des rencontres collectives. Ces formulaires de consentement indiquent que chaque
individu a accepté de participer à la recherche. Leur consentement fut confirmé par
l'entremise d'une signature, d'une empreinte digitale ou d'un consentement oral.

4.3.2.2 La grille d'entretien

Deux grilles d'entretien (voir Annexes 2 et 3) furent développées à partir d'un


modèle existant (Comeau, 2000). Elles furent adaptées en fonction de nos objectifs de
recherche et des interlocuteurs. La grille d'entretien est un outil propre à la recherche
sociale, cette dernière soutenant que « les éléments d'un système social sont des
personnes ou des groupes et les relations sont des interactions entre ces personnes ou ces
groupes. Le social comprend [...] l'écologique, l'économique, le culturel et le politique »
(Gauthier, 2009, p.3).

Chaque grille d'entretien fut divisée en deux parties. La première partie aborde
trois thèmes : les enjeux environnementaux, les enjeux socioculturels et les enjeux
économiques du milieu associatif féminin à Koumbili, Siéna, Pô et Toma. La deuxième
partie s'intéresse aux caractéristiques organisationnelles et institutionnelles des
associations de femmes. Laville & Sainsaulieu (1997) illustrent la complémentarité de
ces deux types de caractéristiques. Ils rappellent que les caractéristiques institutionnelles
d'une association sont essentielles puisqu'elles décrivent la structure de l'association
comme telle. Les caractéristiques institutionnelles renvoient à la nature formelle ou
informelle de l'association, la reconnaissance des compétences individuelles et
collectives des membres par l'association, les rapports qu'entretien l'association avec des
acteurs spécifiques et les partenariats. Pour leur part, les caractéristiques

42
organisationnelles d'une association sont tributaires pour témoigner de son
fonctionnement et donc des activités qui sont menées en son sein. Parmi les
caractéristiques organisationnelles, nous incluons : l'âge de l'association, le nombre de
membres, la division des tâches et des responsabilités, les objectifs et le rapport entretenu
avec d'autres organisations.

Notons que puisque les réalités sociales peuvent être très variables d'un contexte à
l'autre, nous avons modifié la grille d'entretien sur le terrain en fonction des
interlocuteurs qui étaient présents lors de l'entretien semi-dirigé. Cet exercice avait pour
but de maximiser la qualité de l'information recueillie en clarifiant certaines informations
et propos ou encore en modifiant la formulation de certaines questions sur la grille
d'entretien (Comeau, 2000).

4.3.3 L'observation directe

L'observation directe (Laperrière, 2009) s'est effectuée lors des entretiens semi-
dirigés, ainsi que tout au long de nos séjours dans les villes et villages identifiés au
Burkina Faso. Elle a davantage dirigé notre attention sur les particularités culturelles et
idéologiques des réseaux sociaux parmi lesquels se développent et évoluent les
comportements individuels et collectifs des individus. Elle permet également au
chercheur ou chercheuse de rester attentif au déferlement d'événements spontanés qui
sont de portée significative dans le temps et dans l'espace (Quivy & Campenhoudt,
2006).

4.3.4 Collecte de données pour chacune des études de cas

4.3.4.1 L'AME à Koumbili

L'AME à Koumbili comptait plus de 80 membres bénévoles en 2008. Nous avons


effectué un entretien collectif d'environ deux heures et demie auprès de l'Association,
soit en présence d'un traducteur. Le directeur de l'école de Koumbili s'est joint aux
discussions des mères éducatrices.

43
4.3.4.2 L'AME à Siéna

L'AME à Siéna comptait 50 membres bénévoles en 2008. Un entretien collectif


d'environ deux heures et demie fut également effectué auprès d'elle, soit avec l'aide d'un
traducteur. La présidente de l'Association a répondu aux questions en traduisant les
réponses des mères éducatrices. Le directeur de l'école, en plus d'aider à la traduction des
réponses, a répondu à quelques questions.

4.3.4.3 L'Association Di San Daani

Nous avons effectué un entretien collectif auprès des membres bénévoles de


l'Association Di San Daani avec l'aide d'un traducteur assigné par les membres du
CEPAPE de l'Université de Ouagadougou et de la présidente de l'Association.
L'Association Di San Daani regroupe plus de 100 membres. La plupart d'entre elles, y
compris la présidente, ont fourni des éléments de réponse aux questions posées.
L'entretien semi-dirigé fut d'environ deux heures et demie.

4.3.4.4 La Fédération provinciale des productrices de beurre de karité

Notre entretien individuel avec la Fédération provinciale des productrices de


beurre de karité, qui a duré environ une heure, s'est effectué auprès de la présidente de la
Fédération. La Fédération provinciale des productrices de beurre de karité, qui est de
nature formelle, regroupe 1466 productrices et 44 GVF.

4.3.4.5 Le Groupement féminin Konkudoè

En 2008, le Groupement féminin Konkudoè comptait plus de 70 membres. Avec


l'aide d'un traducteur, nous avons effectué un entretien semi-dirigé collectif auprès de lui
d'une durée d'environ deux heures et demi. Nous avons obtenu la participation de
plusieurs de ses membres, bien que la trésorière ait participé davantage. La trésorière a
également traduit les réponses de ses collègues.

4.4 Opérationnalisation des concepts clés de la recherche

Puisque nous voulons mettre en valeur les contributions des Associations de


femmes, il convient d'appuyer notre recherche sur la théorie du DD telle que définit par

44
Amekotou (2004) à la page 28 du document. Chacun des indicateurs du DD (voir Annexe
4) a servi à extraire les contributions des Associations de femmes à l'étape de l'analyse.
Nous considérons que les Associations de femmes contribuent à la promotion du DD
dans leurs communautés lorsque leurs activités rencontrent au moins un indice
appartenant à chaque indicateur du DD.

4.4.1 Dimension environnementale

Dans le contexte burkinabé, la composante environnementale s'avère


indissociable du bien-être socioéconomique et de la survie des populations puisque les
conditions environnementales dictent dans quelles activités de subsistance les populations
s'engagent. Nous sommes d'avis que les indices de protection de l'environnement
sont intimement liés à la lutte contre la dégradation des ressources naturelles. Nous
croyons également que certaines activités concrètes permettent d'améliorer les conditions
de vie des populations d'aujourd'hui et des générations futures. Ces indices
environnementaux sont les suivants : amélioration de la sécurité alimentaire, lutte contre
les facteurs environnementaux qui menacent la survie de certaines ressources naturelles
et activités de sensibilisation à l'environnement ou Éducation relative à l'environnement
(ÈRE).

4.4.2 Dimension socioculturelle

Tout développement économique dépend avant tout du bien-être social des


populations. Lorsqu'on parle de développement social, on réfère davantage à la
possibilité qu'ont chacun et chacune d'accéder aux mêmes services de santé et
d'éducation et aux ressources qui leur permettent de s'épanouir individuellement et
collectivement dans un environnement libre et équitable. Dans le cadre de cette étude, la
dimension sociale comprend les indices suivants : amélioration de l'accès des filles et des
femmes à l'éducation et à des soins de santé par l'entremise de l'action sociale et de la
sensibilisation, amélioration de l'alimentation ou de la nutrition, promotion de la femme
et de l'égalité des chances par l'entremise de l'action sociale et de la sensibilisation,
épanouissement individuel et collectif dans un contexte libre, équitable et solidaire ainsi
que l'accès à l'alphabétisation.

45
4.4.3 Dimension économique

Le développement économique se définit en fonction des activités génératrices de


revenus (AGR) dans lesquelles prennent part les associations de femmes. Les indices de
ce développement économique sont : la capacité des associations de femmes à mobiliser
des ressources financières tels le microcrédit, la diversification des débouchés
économiques auxquels les femmes ont accès dont les AGR et l'amélioration des revenus
individuels et collectifs des femmes.

4.5 Analyse des données

L'analyse des données s'est effectuée à partir des indicateurs et des indices du DD
identifiés dans la partie précédente. À partir des informations transmises par les
informateurs-clés et puisées dans les documents recueillis qui explorent les enjeux
environnementaux, socioculturels et économiques pertinents à notre sujet de recherche,
nous avons extrait les thèmes, ainsi que les éléments relatifs à ces thèmes, qui
correspondent aux indices conceptuels établis. Nous avons ensuite procédé avec l'analyse
thématique des entretiens à partir des indices établis pour chaque indicateur et à partir des
théories sur lesquelles est basée cette étude.

Les indices d'analyse ont servi à faire un découpage et un codage des


informations. Selon Comeau (1994, p. 19), le découpage « consiste simplement à
déterminer ce qui dans la transcription des entrevues [...] est attribuable à une catégorie
substantive » alors que le codage « permet, par quelques lettres, de reconnaître facilement
et rapidement la catégorie à laquelle on fait référence ». Ces étapes nous ont permis de
déceler les contributions environnementales, sociales et économiques des associations de
femmes.

Bien que les contributions environnementales, sociales et économiques de nos


Associations de femmes aient été répertoriées séparément afin d'en faciliter l'analyse, il
est important de rappeler que les activités environnementales, sociales et économiques de
ces Associations se recoupent sur le terrain. De plus, bien que nous cherchions à étudier
chaque étude de cas de façon indépendante, le processus d'analyse inclut une
comparaison des contributions de chacune des Associations de femmes. Un tel travail de

46
comparaison permet de déterminer les facteurs qui, en réalité, facilitent ou limitent leurs
contributions au DD.

4.6 Validité des instruments de mesure

La validité des instruments de mesure de cette étude repose sur la sélection des
sujets de recherche à partir des critères de sélection préétablis (voir page 36). Ces critères
avaient pour but d'assurer la représentativité de chaque cas.

47
CHAPITRE V

Résultats et analyse

Le présent chapitre discute des contributions des Associations de femmes au DD.


Il est divisé en deux sections principales. La première section combine le cas de l'AME à
Koumbili et de l'AME à Siéna. La deuxième combine le cas de l'Association Di San
Daani, de la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité et du
Groupement féminin Konkudoè. Ces deux sections comprennent les sous-sections
suivantes : 1) contextes ; 2) spécificités des Associations de femmes et ; 3) contributions
des Associations de femmes au DD.

Nous avons développé un tableau de synthèse (voir Annexes 5, 6, 7, 8 et 9) pour


chacune des cinq Associations de femmes à partir des catégories identifiées par Favreau
(2008, p. 18). Ces tableaux mettent en relief la nature des Associations de femmes et
contiennent les informations suivantes : 1) village bénéficiaire ; 2) nombre de membres ;
3) objectifs ; 4) activités ; 5) organisation démocratique ; 6) mode d'affection du surplus
et ; 7) acteurs ou porteurs de projets. Favreau (2008) s'est inspiré de la typologie de
Defourny et Develtere (1999) qui indique que les Associations de femmes possèdent des
caractéristiques qui les rapprochent des entreprises collectives.

5.1 L'AME à Koumbili et l'AME à Siéna

5.1.1 Contextes

5.1.1.1 Koumbili

Le village de Koumbili se situe à 30 km au sud de Pô dans la province du


Nahouri. Il fait partie de la commune de Guiaro et représente l'un des 19 villages de cette
commune. En 2005, Koumbili comptait 2 000 habitants et occupait une superficie de 400
km2. Les milieux urbains et ruraux de la province du Nahouri regroupent 28 834 ménages
et comptent une population totale de 157 071 habitants, soit 76 152 hommes et 80 918
femmes (INSD, http://burkinafaso.coteazur.free.fr/documents/demographie/plaquette.pdf,
site consulté le 11 janvier 2010, p.36).

48
Deux populations autochtones cohabitent dans le village : les Kassena et les
Nankana. L'organisation sociale traditionnelle de ces deux groupes repose sur les
rapports lignagers et le droit d'aînesse (Ministère de l'Administration territoriale et de la
Décentralisation (MATD), octobre 2001, p.6). Chez eux, les femmes jouent un rôle de
soutien vital au sein de la famille et elles jouissent d'une équité foncière avec les
hommes. Certaines d'entre elles appartiennent également des petits ruminants tels les
poulets et les moutons. Ces derniers sont vendus ou utilisés pour les dotes et les sacrifices
afin de perpétuer certaines croyances traditionnelles (Entretien semi-dirigé 1,
communication personnelle, 17 octobre 2008).

Les Mossis sont l'un des groupes migrants à Koumbili. Le portrait socioculturel et
la dynamique familiale des Mossis sont différents de ceux des Kassena et des Nankana.
Les responsabilités des femmes Mossis étant influencées par une structure patriarcale,
leur accès aux ressources est limité et elles disposent ainsi d'une moins grande autonomie
d'action que les femmes autochtones à Koumbili.

À Koumbili, la division du travail s'effectue comme suit. Pendant la saison sèche,


les hommes travaillent au champ et cultivent la terre alors que les femmes s'occupent de
leurs multiples activités socioéconomiques. Pendant la saison des pluies, elles travaillent
au champ, elles sèment, cultivent, labourent et ramassent les amandes de karité, elles
o

récoltent le néré, le tamarinier et le pain de singe à des fins de commercialisation et elles


s'occupent de stocker le bois de chauffage en préparation pour la saison des pluies. Les
femmes s'adonnent également aux travaux champêtres telles la corvée de l'eau et la
préparation des repas et contribuent à l'économie locale en menant des activités « de petit
commerce et de fabrication du dolo9 » (MATD, octobre 2001, p.8). Koumbili dispose

Parlent le Kassem.
g
Nom que l'on donne communément au fruit du baobab au Burkina Faso et en Afrique tropicale. On le
cueille à des fins alimentaires, notamment puisqu'il est riche en vitamine C, en glucides, en phosphore et en
calcium (Centre Mampuya : partenariat pour un développement durable,
http://www.mampuya.org/plantes/baobab.html, consulté le 7 juin 2010).
g
Bière de mil.

49
d'un marché local qui est ouvert tous les trois jours (Entretien semi-dirigé 3,
communication personnelle, 18 octobre 2008).

Bien que Koumbili se situe dans la zone soudano-sahélienne du Burkina Faso, le


village se retrouve à la frontière de la zone soudanienne qui est davantage arrosée pour la
période 1971-2000 (voir Carte 3). Koumbili recevant des précipitations moyennes
annuelles d'environ 900 mm, le village possède un climat humide et un couvert végétal
riche qui se prête bien aux activités de maraîchage. En fait, les flux migratoires des
Mossis vers Koumbili sont associés aux périodes de pluies abondantes, au désir de
disposer de meilleures terres et à la présence du ranch de Nazinga qui fut créé en 1979.
Le ranch est propice aux activités de pêche et de chasse récréatives sur le territoire
(Ouattara et al, 2008). Les collectivités de Koumbili sont confrontées à des enjeux
environnementaux, des clivages sociaux et des conflits d'usage associés aux changements
pluviométriques et aux facteurs structurels (migrations, augmentation démographique,
structures politiques traditionnelles, culture du coton) et idéologiques (opposition des
valeurs entre populations autochtones et migrantes concernant l'importance de certaines
activités agro-sylvo-pastorales pour la conservation du terroir) (Ouattara et al, 2008).

En présence de ces facteurs structurels et idéologiques, certaines femmes


autochtones sont dépouillées de leurs privilèges fonciers et ne disposent souvent que
d'une petite parcelle de terre pour leurs activités agricoles. Pour leur part, les migrantes
doivent s'adresser au chef du village qui décidera de leur droit d'appartenance à la terre.
De plus, la diminution des ressources en eau fait surgir des conflits d'usage et de valeurs
interethniques entre les Kassena et les Mossis. Puisque les pluies tombent abondamment
pendant un mois seulement sur une saison de 3 mois, l'eau du forage seul fonctionnel du
village devient peu accessible et les migrantes doivent souvent faire leur collecte d'eau
pendant la nuit (Ouattara et al, 2008). Les périodes de grandes sécheresses étant plus
fréquentes, les femmes doivent parfois parcourir jusqu'à 5 km par jour pour trouver des
puits d'eau. Notons qu'il est encore plus difficile pour les individus de trouver de l'eau
pendant la saison sèche (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre
2008).

50
Les populations estiment que la quantité de produits alimentaires qui sont vendus
sur le marché local a diminué en raison des changements pluviométriques, de la
déforestation, des feux de brousse, de la présence des champs de coton et de
l'augmentation démographique. « On regarde plus la quantité que la qualité. Avant il y
avait beaucoup à manger, mais maintenant il n'y en a pas assez. Avant les condiments
étaient plus qu'aujourd'hui » (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18
octobre 2008). De plus, les produits qui se sont ajoutés au marché au courant des
dernières années tels les amandes de karité et le poisson sont de moins en moins
disponibles et ils coûtent plus cher (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle,
18 octobre 2008).

Les changements pluviométriques, la déforestation, les feux de brousse, les


cultures de coton et l'augmentation démographique ont affecté la disponibilité des
surfaces cultivables et la qualité des sols. Afin de contrecarrer ces enjeux, les populations
doivent, dans un premier temps, devancer leur saison d'hivernage. Les femmes se
trouvent une petite parcelle de terre et sèment leurs graines de tomate, de piment et de
gombo au mois de mai plutôt qu'au mois de juillet. En commençant plus tôt, elles disent
avoir de meilleures chances d'obtenir des rendements satisfaisants en fin de saison, soit
au mois de décembre (Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre
2008). Dans un deuxième temps, puisque la sécurité alimentaire des populations est
menacée, les femmes choisissent parfois de sécher certains légumes frais afin de pouvoir
nourrir leur famille en cas de sécheresses étendues (Entretien semi dirigé 1,
communication personnelle, intervenante 1, 17 octobre 2008).

En raison des facteurs climatiques défavorables, nombreuses sont les activités


agricoles et sylvicoles qui ont dû être abandonnées par les populations. Par exemple, les
femmes sèment de moins en moins le pois de terre10 parce que la pluviométrie baisse et la
période d'hivernage est devenue trop courte pour garantir de bons rendements. Ainsi,
lorsqu'elles choisissent tout de même de s'atteler à une telle activité, les femmes sont
obligées de retarder la période de semence et de récolte des pois de terre ; la récolte se

Nom communément donné au pois chiche par les populations locales.

51
faisant seulement au mois de septembre. De plus, puisque les terres cultivables sont de
plus en plus rares et que la qualité des sols est réduite, les femmes doivent adapter leurs
moyens de production et cesser de pratiquer la jachère11.

Bien que les sécheresses soient souvent le produit des changements


pluviométriques, elles peuvent également être perpétuées par les facteurs suivants : feux
de brousse, déforestation et culture du coton. Les feux de brousse contribuent aux
sécheresses en détruisant les tamariniers et les arbres de néré. De son côté, la
déforestation entraîne la destruction de certains arbres fruitiers et limite par conséquent la
quantité de fruits comestibles auxquels ont accès les populations. En ce qui a trait
maintenant à la culture du coton, l'activité entretien un lien étroit avec la déforestation et
la désertification. Le coton nécessite de grandes quantités d'eau et l'utilisation de
pesticides. Ce faisant, les sols sont rapidement exploités puis dépouillés de leur fertilité
(Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre 2008) devant la
prolifération de ces cultures et de leurs moyens de production sur le territoire. Les
entreprises étrangères qui viennent s'installer à Koumbili obligent du coup les
populations à couper les arbres sur le territoire et à substituer leurs surfaces agricoles à
des champs de coton. La création « de vastes terrains d'exploitation » pour la culture du
coton devient également attrayante pour certains individus puisque cette industrie leur
permet de remporter un minimum de 50 000 francs CFA12 (Entretien semi-dirigé 3,
communication personnelle, 18 octobre 2008).

Ces individus estiment qu'il n'« y a rien de comparable à la culture du coton »


d'un point de vue financier. Pendant plusieurs décennies, la production forcée du coton a
offert une certaine sécurité alimentaire et financière aux producteurs, à leur famille et à
l'État puisqu'elle assure l'entrée de devises étrangères au pays. Si les producteurs vivent

Technique de rotation des cultures qui maximise la fertilité des sols par l'entremise de leur régénération
(Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre 2008).
12
Le 26 décembre 1945, la France donne une nouvelle dénomination à la monnaie des 14 pays africains
suivants à l'occasion de la ratification des accords de Bretton Woods : le Burkina Faso, le Bénin, la Côte
d'Ivoire, le Mali, la Guinée Bissau, le Niger, le Togo, le Sénégal, le Congo, le Cameroun, la Centrafrique,
le Tchad, le Gabon et la Guinée Équatoriale (Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO),
http://www.bceao.int/internet/bcweb.nsf/pages/musel, site consulté le 23 novembre 2009).

52
des difficultés financières ou si les récoltes sont mauvaises, les producteurs peuvent
vendre quelques-uns de leurs intrants et utiliser cet argent pour nourrir leur famille en
attendant que leur champ récupère. Toutefois, depuis les changements pluviométriques
et l'essor d'enjeux connexes, les populations anticipent un ralentissement éventuel de la
production (Entretien semi-dirigé 3, entretien collectif, 18 octobre 2008).

L'année 2007-2008 enregistre une production de 18 488 tonnes de coton au sud-


ouest du Burkina Faso. Durant cette même période, le pays enregistre une production
totale de 759 858 tonnes de coton (INSD, http://www.insd.bf/fr/Tableaux/T1017.htm, site
consulté le 11 janvier 2010). La popularité de l'industrie du coton dans la région
occasionne la multiplication des conflits entre les Kassena et les Mossis autour des
questions qui portent sur l'économie de subsistance et l'économie de rente à Koumbili.
Les Kassena étant concernés par la dégradation du couvert végétal et par les problèmes
d'insécurité alimentaire, ils accusent les Mossis de s'intéresser au coton au détriment des
cultures maraîchères. « Ce sont les femmes elles-mêmes qui produisent le coton et elles
oublient les autres récoltes » (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18
octobre 2008). À la lumière de ces conflits d'usage, le rapport entre l'industrie cotonnière
et la sécurité alimentaire prend tout son sens.

5.1.1.2 Siéna

Le village de Siéna se situe au nord-ouest de la capitale nationale Ouagadougou


dans la province du Nayala à 15 km du chef-lieu Toma. Il est l'un des 22 villages de la
commune rurale du Yaba. La province du Nayala est constituée de milieux urbains et
ruraux qui, ensemble, comptent 25 654 ménages et une population totale qui s'élevait à
163 433 en 2008 ; soit 81 208 hommes et 82 225 femmes (INSD,
http://www.cns.bf/IMG/pdf/RGPH_2006.pdf, site consulté le 11 janvier 2010, p.33). Le
portrait socioculturel de Siéna se dessine à partir des individus, des cultures, des
religions, des idéologies et des valeurs qui le constituent. Les Samos sont les autochtones
du village.

Les pluies sont plus abondantes au mois d'août, soit durant la période de cueillette du coton.

53
Chez les Samos, le statut social de la femme est favorable en ce qui a trait à son
accès foncier et aux activités qu'elle mène. À titre individuel, les femmes s'adonnent
principalement à l'élevage et au jardinage. Ces activités sont particulièrement valorisées
puisqu'elles approvisionnent le foyer familial et permettent aux femmes de vendre
certains de leurs produits au marché local. Les revenus des femmes sont soit investis dans
les soins de santé des enfants, soit utilisés pour acheter des aliments telle la viande pour
diversifier les repas (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21 novembre
2008).

Siéna possède un climat soudano-sahélien et se situe dans la zone pluviométrique


qui reçoit entre 600 et 900 mm de pluie/année. Le portrait environnemental du village est
donc représenté par un paysage plus aride que la région Centre-Sud du Burkina Faso dans
laquelle se retrouvent le village de Koumbili et la ville de Pô. Les populations du Nayala
sont d'ailleurs actuellement confrontées à une dégradation accélérée du couvert végétal et
des ressources forestières. Les sécheresses se généralisent en raison des précipitations
irrégulières14 et du retard de la saison des pluies. Les collectivités rurales de Siéna qui
vivent essentiellement de l'agriculture et qui dépendent de leurs économies de
subsistance sont ainsi confrontées à une crise socioéconomique sans précédent. Cette
crise occasionne une insécurité alimentaire qui plonge 60,4 % de la population dans une
situation d'extrême pauvreté (SOS Sahel International France,
http://www.sossahel.org/actions_en_cours/nayala_burkina_faso, site consulté le 12
janvier 2009).

À Siéna, les femmes se préoccupent davantage de la désertification puisque cet


enjeu rend d'autant plus difficile la poursuite de leurs activités maraîchères quotidiennes,
en dépit des libertés économiques dont elles disposent. Dans un premier temps, la
désertification réduit les rendements céréaliers et limite les apports de nourriture.

C'est vraiment une difficulté s'il n'y a pas de nourriture [...] Si vous ne mangez pas bien,
vous ne pouvez pas bien travailler. Souvent, les mamans, s'il y a un peu de nourriture,
elles ne mangent pas. Elles gardent ça pour les enfants pour qu'ils mangent pour aller à
l'école [...] Un enfant mal nourrit, qui n'est pas bien rassasié, arrivé à l'école [...] il ne

La pluie tombe abondamment pendant de courtes périodes.

54
peut pas survivre les cours (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21
novembre 2008).

Dans un deuxième temps, la désertification pose problème pour la collecte du bois de


chauffage. Devant marcher de plus en plus loin pour trouver ce bois, les femmes ont des
tâches quotidiennes plus exigeantes et le retard de la saison des pluies et l'insuffisance
des rendements agricoles ne font que contribuer au problème. Les femmes sont obligées
de retarder leurs activités saisonnières d'élevage des petits ruminants, de filage du coton
et de petit commerce. De plus, le port des sceaux est devenu très difficile puisque les
quantités d'eau diminuent et les puits s'éloignent (Entretien semi-dirigé 9,
communication personnelle, 21 novembre 2008). Ceci crée nécessairement des conflits
d'usage. « Les femmes commencent à lutter parce que moi je suis venue devant toi, tu
viens utiliser l'eau devant moi, mais je ne suis pas d'accord » (Entretien semi-dirigé 9,
communication personnelle, 21 novembre 2008).

D'autres problèmes environnementaux s'ajoutent à celui de la désertification. Le


premier enjeu est celui des insectes qui mangent les feuilles de mils et qui dévastent les
cultures de piment. Cette situation est particulièrement inquiétante puisqu'elle perturbe le
rendement des cultures agricoles rentables à Siéna. On estime que le piment peut générer
un revenu d'environ 20 000 francs CFA ou 25 000 francs CFA. Le deuxième enjeu est
celui des feux de brousse qui détruisent les champs cultivables. Ces feux sont causés par
les sécheresses. Le troisième enjeu qui est particulièrement problématique pour les
femmes est celui de la déforestation. Avec la déforestation, les grands lots de fagots sont
de plus en plus difficiles à trouver et les activités de maraîchage du fagot sont
conséquemment mises en péril. Le quatrième et dernier enjeu est l'augmentation
démographique. Cette dernière limite d'abord l'usage des espaces cultivables qui doivent
dorénavant servir de terrains pour bâtir de nouveaux logements. Certaines activités
agricoles devant dès lors être abandonnées, les populations sont aux prises avec une
insécurité alimentaire. De plus, puisque certaines familles autochtones et migrantes sont
appelées à partager leurs lopins de terre entre eux, des conflits liés aux droits fonciers
surgissent. Enfin, plus les familles grandissent, plus les responsabilités et les dépenses
quotidiennes de ces familles augmentent et plus il est difficile pour les parents d'envoyer

55
leurs enfants à l'école (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21 novembre
2008).

La culture du coton occupe une place importante dans l'économie villageoise


puisqu'elle permet aux producteurs de générer des revenus. Or, comme nous l'avons dit
antérieurement, la grande production de coton est motivée par les intérêts de l'État plutôt
que par les intérêts collectifs et les besoins locaux. Notons néanmoins que la popularité
de l'activité décline dans les villages depuis les 10 oui 5 dernières années. Deux facteurs
principaux contribuent à cela. Premièrement, les changements de la saison des pluies
entraînent de longues périodes de sécheresse. La production du coton nécessitant
d'énormes quantités d'eau, les populations s'inquiètent de l'impact de cette ressource sur
les cultures de subsistance et sur la consommation humaine. Elles aimeraient ainsi qu'il y
ait substitution du coton pour des cultures plus adaptées au climat actuel tels l'oseille,
l'arachide et le sésame. Ces cultures sauraient, dit-on, offrir de meilleurs rendements
saisonniers dans un délai plus court de trois mois. Deuxièmement, la vulnérabilité
croissante du coton aux conditions climatiques rend l'exploitation de cette ressource
d'autant plus risquée pour les producteurs d'un point de vue financier. Auparavant, ces
derniers achetaient des intrants au moyen de crédits et ils pouvaient compter sur leurs
profits pour rembourser le coût de ces intrants. Or, puisque leurs rendements de coton ont
visiblement diminué durant les dernières années, les producteurs évaluent aujourd'hui
leurs profits à seulement 30 000 francs CFA alors que leurs intrants peuvent coûter
jusqu'à 40 000 francs CFA. Le remboursement des crédits étant difficile, nombreux sont
ceux qui doivent vendre leurs bœufs pour pouvoir rembourser (Entretien semi-dirigé 9,
communication personnelle, 21 novembre 2008)

5.1.2 Spécificités de l'AME à Koumbili et de l'AME à Siéna

5.1.2.1 Historique

Les AME au Burkina Faso sont nées en 1992 au moment où l'État intégrait les
thématiques « femmes » et « éducation » à ses discours sur le développement. Les AME
sont le fruit d'une initiative nationale qui a pour objectif de valoriser les activités
associatives en matière de promotion de l'éducation et de valorisation du statut de la

56
femme. La communauté de base des territoires du Burkina Faso étant indispensable pour
stimuler un développement local, notamment dans un contexte de décentralisation, l'État
burkinabé s'est familiarisé avec le concept de responsabilisation des populations et plus
particulièrement des femmes dans le domaine de l'éducation.

La politique actuelle est que chaque école puisse mettre en place une AME. Si l'AME est
là, à côté de l'Association des parents d'élèves (APE), ça fait une synergie d'action pour
venir en appui aux enseignants pour vraiment améliorer l'environnement scolaire
(Entretien semi-dirigé 8, communication personnelle, intervenante 1, 3 novembre 2008).

Notons que la décentralisation, en plus de contribuer à « l'efficacité et au succès du plan


d'action pour la promotion de la femme » (MPF, mai 2006, p. 13), constitue l'un des
objectifs stratégiques de la Politique nationale de promotion de la femme (PNPF). Cette
nouvelle politique est le fruit d'une collaboration entre le MPF et la Direction générale
du renforcement des capacités et de l'expertise féminine (DGRCEF). Elle cherche à
« renforcer la participation de la femme au développement socioéconomique, politique et
culturel du pays ainsi que la jouissance de tous ces droits » (MPF, mai 2006, p. 12).

Chacune des AME est instituée à différents moments sur les territoires, et ce, en
fonction des besoins ressentis par les collectivités qu'elle interpelle. Sa mise en place
dépend également des ressources nationales dont elle dispose pour mener à terme ses
activités. En 2008, l'AME à Koumbili existait depuis quatre ans. Pour sa part, le
ministère de l'Enseignement de base et de l'Alphabétisation (MEBA) s'est investi dans la
création de l'AME à Siéna en 2000. Avant d'obtenir son statut d'association autonome en
2000, l'AME à Siéna s'était jointe à l'APE de l'école de Siéna à titre de fonction scolaire
et d'établissement d'appui. L'APE fut créée au moment où l'école de Siéna fut
construite, soit en 1992 (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, intervenant
1,21 novembre 2008).

5.1.2.2 Fonctionnement

Le fonctionnement de l'AME repose sur les principes d'inclusivité et de


démocratie. L'Association invite les mères d'élèves ainsi que tous les enseignants d'une
même institution scolaire, soit primaire, publique ou privée, à faire partie d'un cadre
« destiné à assurer un lien constant et étroit entre l'établissement et les mères
éducatrices » (MEBA, 1992, p.l). Son mandat est de développer et d'harmoniser des

57
approches à l'enseignement qui sont adaptées aux besoins des populations. L'AME veut
également créer un climat d'apprentissage qui puisse garantir l'accès aux enfants, et plus
particulièrement aux filles, « à l'éducation, à l'instruction et à la formation » par
l'entremise de la sensibilisation des collectivités locales concernées (MEBA, 1992, p.l).

L'AME à Koumbili comptait 80 membres en automne 2008 (Entretien semi-


dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre 2008) alors que l'AME à Siéna en
comptait 50 (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21 novembre 2008).
En plus de cotiser 100 francs CFA/mois, chacune des membres, y compris la présidente
de l'Association, est appelée à cotiser des noix de néré et des amandes de karité pour
approvisionner la cantine scolaire. Les cotisations financières mensuelles permettent à
l'association d'acheter les fournitures scolaires nécessaires pour stimuler la réussite
scolaire des élèves (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre
2008).

L'AME est munie d'une unité de gestion administrative, ou bureau. Ce bureau


compte sept membres, soit une présidente, une secrétaire, une trésorière, une secrétaire à
l'organisation, une secrétaire à l'information et deux commissaires. Ce sont les membres
du bureau qui s'occupent d'assigner les responsabilités à chacune des mères éducatrices
telles la préparation des repas et l'entretien de la cuisine scolaire. Ces responsabilités sont
réparties en fonction des compétences et des intérêts personnels de chaque femme
(Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre 2008). Une telle
répartition des responsabilités respecte le cadre organisationnel démocratique sur lequel
repose l'AME. Ce cadre permet à l'Association d'assurer la cohésion et l'unité collective
tant nécessaire à la poursuite et à la réalisation de ses objectifs associatifs. Il garantit
également la valorisation des responsabilités quotidiennes de chaque femme.

Les femmes qui occupent ces postes spécialisés et qui remplissent des fonctions
administratives de gestion et de supervision des activités au sein de l'AME sont élues par
leurs collègues lors de Y Assemblée générale (AG) qui a lieu une fois par année. L'AG a
pour but de sélectionner les membres du bureau, de faire le bilan des activités scolaires
qui seront organisées par l'AME en milieu scolaire durant l'année et de créer un certain

58
engouement chez les membres pour les nouveaux projets qui s'annoncent annuellement
(Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, intervenant 1, 21 novembre 2008).

L'AME à Koumbili et l'AME à Siéna organisent également des rencontres


officielles qui ont lieu six fois par année et trois fois par année respectivement. Ces
rencontres permettent aux mères éducatrices de discuter du rendement des activités en
cours ou achevées, de prendre des décisions appropriées sur des thématiques ou sujets
variés, de discuter des défis qui surgissent au sein de l'Association et d'effectuer une
résolution de problèmes relative à leurs projets dans les cas échéants. « L'année dernière
on a travaillé. Qu'est-ce qui a fait que ça n'a pas marché ? Cette année, comment allons-
nous faire ? » (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, intervenant 1, 21
novembre 2008). Les rencontres renforcent ainsi le sentiment de cohésion sociale.

Le processus de prise de décision démocratique qu'adopte l'AME lors des


rencontres officielles et des assemblées, les ententes collectives qui en découlent et la
division équitable des responsabilités entre les mères éducatrices par les membres du
bureau assurent le bon fonctionnement de l'AME (Entretien semi-dirigé 3,
communication personnelle, 18 octobre 2008). Ce sont les membres du bureau qui sont
chargées d'assigner et de spécifier les responsabilités respectives de chaque femme en
vue de respecter le mandat de l'Association. Le bureau doit cependant appuyer les
décisions, les démarches et les ambitions des mères éducatrices qui disposent toutes
d'une liberté d'expression et d'un droit de vote irrévocables (Entretien semi-dirigé 9,
communication personnelle, intervenant 1,21 novembre 2008). Les mères éducatrices
étant responsables de cibler leurs objectifs collectifs et de mener à terme leurs projets en
fonction des résultats escomptés, elles participent à un processus de prise en charge
communautaire.

5.1.2.3 Activités et formations

Afin de répondre à son mandat, l'AME entreprend de nombreuses activités liées à


l'éducation des enfants, à la santé, à la nutrition et à la protection de l'environnement.
Elle assume les responsabilités suivantes : effectuer des suivis scolaires, agir en tant
qu'appareil de soutien pour les différentes structures de l'école, promouvoir la réussite

59
scolaire des enfants en surveillant leur présence aux cours, s'assurer qu'ils bénéficient
des meilleures conditions sanitaires possibles, travailler pour garantir que les filles
grandissent dans un environnement scolaire et familial qui est propice à leur
épanouissement personnel et à leur bien-être matériel, viser à réduire les tâches
ménagères et/ou les activités de petit commerce qui empiètent sur la performance scolaire
des fillettes, assurer le fonctionnement soutenu de la cantine scolaire, contribuer au
succès des activités économiques et scolaires telle la vente de produits sur le marché
local, l'élevage, le jardinage et le maraîchage et enfin, agir à titre de représentantes des
mères du village en faisant valoir les intérêts, les opinions et les préoccupations de ces
dernières auprès des pouvoirs publics (MEBA, 1992, p.2).

La diversification des activités de l'AME permet à l'Association de promouvoir


les valeurs qui correspondent à une évolution socioculturelle dans laquelle prennent part
certains acteurs clés du développement. Cette évolution améliore le bien-être et
Y autosuffisance des populations. Elle donne également la priorité à l'engagement
collectif et solidaire des femmes au sein d'un territoire spécifique aux caractéristiques
environnementales, sociales, politiques et économiques distinctes.

L'AME à Koumbili et l'AME à Siéna facilitent l'accès des mères éducatrices à


des cours d'alphabétisation en Kassem et en San respectivement. Par l'intermédiaire de
ces cours, l'AME augmente la confiance des femmes en leurs capacités personnelles et
elle les responsabilise quant aux projets qu'elles mènent.

Celles qui sont alphabétisées, qui savent lire et écrire, seront les premières à être
membres de ces associations. Les femmes mêmes, c'est-à-dire leurs camarades, vont les
responsabiliser [...] Donc du coup, les femmes sentent la nécessité de travailler pour que
leurs enfants, y compris leurs filles, aillent à l'école. Et c'est comme ça que le
changement intervient (Entretien semi-dirigé 6, communication personnelle, 27 octobre
2008).

En plus de s'attarder à la lecture, l'écriture et le calcul, les cours d'alphabétisation offerts


par l'AME à Siéna comprennent un volet sur la santé et l'hygiène. Les femmes sont donc
informées sur la prévention et la transmission de certaines maladies telles le VIH/SIDA et
le paludisme.

60
5.1.3 Contributions de l'AME à Koumbili et de l'AME à Siéna au DD
Rappelons que cette partie illustre la forme que prennent les contributions de
l'AME à Koumbili et de l'AME à Siéna en fonction des trois dimensions de la définition
du DD (Amekotou, 2004). Nos résultats d'enquête proviennent des entretiens semi-
dirigés effectués auprès d'elles.

5.1.3.1 Dimension environnementale

À l'époque où l'AME à Koumbili partageait son jardin collectif avec


l'Association Di San Daani, les mères éducatrices étaient conscientes des dangers
associés à la dégradation des sols. Afin de contrecarrer un tel problème, elles utilisaient
de l'engrais organique, ou compost, pour fertiliser les terres. De plus, les mères
éducatrices privilégiaient avant tout l'utilisation de produits et de matériaux naturels
comme les tiges de mil pour construire des clôtures autour du jardin, le balai et la cendre
pour éloigner les insectes et pour pulvériser le jardin. Elles constatent que les engrais
chimiques, les grillages et les pesticides posent des dangers à l'environnement et
augmentent le risque de contracter certaines maladies (Entretien semi-dirigé 3,
communication personnelle, 18 octobre 2008). « Les insecticides sont un problème en ce
moment pour les femmes (vertige, maux de ventre, vomissements, perte de la vue, toux)
donc on préfère utiliser des moyens plus naturels comme la cendre » (Entretien semi-
dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre 2008). Ce faisant, l'AME contribuait à
la santé des populations et à la préservation des ressources naturelles desquelles dépend si
étroitement leur bien-être social et économique. L'AME à Koumbili entretien
actuellement un bosquet derrière la cour d'école qui sert d'espace de reboisement.
L'Association s'intéresse à la croissance progressive des arbres en son sein.

Pour sa part, l'AME à Siéna recourt également à quelques techniques agricoles


durables pour améliorer le rendement de ses cultures. Premièrement, il y a quelques
années déjà, l'Association avait elle aussi clôturé son jardin collectif avec du bois afin de
contrôler les intrusions animales. Les insectes étant néanmoins parvenus à ravager leurs
plants de piments, les mères éducatrices ont tenté de remédier au problème une dernière

61
fois en mettant de la potasse1 et du sel sur les plantes. Deuxièmement, les femmes
entretiennent leurs terres agricoles en les piochant et les entassant, en déposant du fumier
sur leur surface et en les arrosant en préparation pour leurs activités maraîchères. Les
mères éducatrices utilisent du fumier puisqu'il constitue un engrais naturel très efficace,
disent-elles (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21 novembre 2008).
« C'est bien par rapport aux engrais chimiques comme l'urée. Si les choux commencent à
donner des pommes, elles essaient d'utiliser ça par exemple chaque deux ou trois jours »
(Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21 novembre 2008).
Troisièmement, l'AME à Siéna contribue à la sauvegarde de l'environnement en
maximisant l'utilisation des espaces cultivables. L'Association remplace les produits
qu'elle récolte par des plants de mil et de piment (Entretien semi-dirigé 9, communication
personnelle, intervenant 1,21 novembre 2008). Telle la jachère, une telle technique de
rotation des cultures permet de régénérer la terre et d'améliorer conséquemment les
rendements agricoles.

5.1.3.2 Dimension socioculturelle

Tel que le suggère leur nom, l'AME à Koumbili et l'AME à Siéna se concentrent
dans la promotion de l'éducation des enfants. Elles y parviennent en attribuant une
attention particulière au bien-être des fillettes. Leur intérêt pour l'éducation et la réussite
scolaire confirme la corrélation indisputable entre le bien-être individuel et collectif des
populations et leur niveau d'instruction. Cet intérêt constitue leur contribution la plus
significative à la promotion du DD à Koumbili et Siéna (Entretien semi-dirigé 3,
communication personnelle, 18 octobre 2008).

L'AME à Koumbili et l'AME à Siéna encouragent la scolarisation des enfants de


différentes façons. Premièrement, elles s'engagent dans un travail de sensibilisation qui
promeut l'équité hommes/femmes dans les communautés rurales et urbaines. Elles
cherchent à éliminer le stéréotype que l'accès à l'éducation est un droit réservé aux
hommes. Les mères éducatrices jouent un rôle vital dans le succès des initiatives de
sensibilisation et de mobilisation des collectivités puisque comme indiqué dans son plan

Eau fortifiée produite à partir de tiges de mil.

62
d'action, l'Association accorde une place privilégiée à l'action sociale. L'AME étant
ancrée dans la communauté, elle assume bien son rôle de relais entre les femmes, les
populations et les autorités publiques chargées de questions liées à l'éducation et aux
conditions de la femme. Cette sensibilisation invite les hommes et les femmes à
collaborer entre eux et à s'investir auprès de leur communauté. Grâce à l'AME,

on a confiance en soi [...] On prend conscience de soi [...] À partir du moment où je sais
que ma valeur est reconnue et que je sais que je peux effectivement faire quelque chose
pour prouver que là où il y a des blocages je peux apporter ma contribution pour
débloquer [...] certaines situations (Entretien semi-dirigé 6, communication personnelle,
27 octobre 2008).

Deuxièmement, après s'être déplacée dans différents villages, l'AME à Siéna peut faire le
bilan des rencontres qui s'effectuent entre les intervenants variés. Elle peut également
transmettre l'information appropriée aux mères et aux populations (Entretien semi-dirigé
9, communication personnelle, intervenant 1,21 novembre 2008). Les mères éducatrices
« sont là pour vous écouter et véhiculer le message dans les différents foyers » (Entretien
semi-dirigé 9, communication personnelle, 21 novembre 2008). Troisièmement, l'AME à
Koumbili et l'AME à Siéna promeuvent la scolarisation des enfants en encourageant les
parents des élèves à s'investir activement dans l'avenir de leurs enfants. Elles organisent
des rencontres publiques et animent des discussions qui valorisent l'éducation et
renforcent le sentiment d'unité et de communauté (Entretien semi-dirigé 3,
communication personnelle, 18 octobre 2008). Quatrièmement, l'AME à Koumbili et
l'AME à Siéna contribuent à l'épanouissement intellectuel et à l'excellence scolaire des
enfants par l'intermédiaire de l'action sociale et des suivis scolaires. Plus spécifiquement,
elles s'assurent que les élèves exécutent leurs travaux scolaires et qu'ils assistent aux
cours quotidiennement. Lorsqu'elles témoignent de l'absence d'un élève, les mères
éducatrices à Siéna et Koumbili communiquent avec les autorités scolaires en place et les
parents de l'enfant pour déterminer la source du problème et pour éviter toute récurrence.
« Dans le cas des suivis, si elles sont bien organisées et bien mobilisées au sein d'une
école, elles sont renseignées sur les différents mouvements des élèves à l'école »
(Entretien semi-dirigé 8, communication personnelle, intervenante 1, 3 novembre 2008).
Ceci est important puisque les mères éducatrices souhaitent un jour voir les élèves
poursuivre des études de plus haut niveau (Entretien semi-dirigé 3, communication

63
personnelle, 18 octobre 2008). Elles constatent qu'à partir du moment où les enfants sont
scolarisés, ils possèdent les outils nécessaires pour poursuivre des ambitions qui
s'appuient sur la participation équitable des hommes et des femmes et sur la
responsabilisation des collectivités locales.

L'aspect genre chez vous au Canada c'est un thème chaud. Ici également c'est comme ça.
Chez nous en Afrique on dit que quand un homme est bien, c'est parce que sa femme est
bien. Et quand on éduque une fille, on éduque une nation (Entretien semi-dirigé 9,
communication personnelle, intervenante 1, 21 novembre 2008).

L'éducation renforçant l'idée que chacun et chacune détiennent sa place au foyer et au


sein de l'économie locale, les jeunes filles se rendent compte qu'elles ont les
compétences requises pour transformer la vision du développement à Koumbili et Siéna.
« Avant, les gens préféraient mettre les garçons à l'école plus que les filles. Mais
actuellement, grâce à l'association, grâce aux sensibilisations, elles ont vu que vraiment,
mettre les filles à l'école c'est aussi nécessaire » (Entretien semi-dirigé 9, communication
personnelle, 21 novembre 2008).

L'AME à Koumbili stimule la présence des fillettes à l'école en recourant à la


flatterie. « C'est de la flatterie parce qu'avant, ce que les gens pensaient c'était que
l'école est faite pour les hommes » (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle,
18 octobre 2008). Par exemple, les mères éducatrices font référence aux pays occidentaux
et expliquent aux fillettes que dans ces pays, les femmes éduquées ont la chance de
devenir présidente! (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre
2008). Elles partagent ainsi les opportunités qui peuvent se présenter aux jeunes filles qui
choisissent de poursuivre leur éducation. « C'est un avantage pour nous parce qu'on
aimerait un jour qu'un de nos enfants tienne un Bic comme vous » (Entretien semi-dirigé
3, communication personnelle, 18 octobre 2008).

L'AME à Siéna encourage l'échange d'information et de conseils utiles sur la


transmission de certaines maladies courantes dont le VIH/SIDA et le paludisme. Elle
discute également des précurseurs ou symptômes de ces maladies, des meilleurs
traitements disponibles et des moyens préventifs les plus efficaces y compris pour éviter
les eaux stagnantes et favoriser l'utilisation des moustiquaires. Ce partage d'information
se fait à l'occasion des cours d'alphabétisation qui comprennent un volet sur la santé et

64
l'hygiène. Lors de l'AG, l'AME à Siéna organise également des sessions de
sensibilisation complémentaires et fait intervenir des professionnels du domaine de la
santé, dont des infirmières. Il s'agit d'« un appui à la sensibilisation » dans le cadre
duquel l'Association et ses partenaires organisent des groupes de discussion qui portent
sur des thématiques liées à la santé qui pourraient intéresser les femmes (Entretien semi-
dirigé 9, communication personnelle, intervenant 1,21 novembre 2008). Les infirmières
appuient ces initiatives en effectuant des suivis auprès des femmes enceintes et en pesant
les jeunes enfants (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, intervenant 1, 21
novembre 2008).

En plus d'effectuer des suivis scolaires et de s'engager dans l'action sociale et la


sensibilisation des populations, les mères éducatrices à Koumbili et Siéna
approvisionnent l'école en eau, elles nettoient les salles de classe, elles balayent la
cuisine scolaire, elles entretiennent la cour d'école et elles s'engagent auprès de la cantine
endogène. Par le biais d'une collaboration étroite avec l'APE et les enseignants, l'AME à
Koumbili et l'AME à Siéna préparent les repas des élèves, des examinateurs et des
enseignants. Bien que la plupart des aliments fournis proviennent du jardin collectif des
deux Associations, les parents d'élèves à Siéna approvisionnent la cantine scolaire. Ils
donnent l'équivalent de cinq bols de mil16 par enfant et fournissent de l'huile pour la
préparation du couscous. Ce sont les enseignants qui préparent le soumbala17 qu'ils
ajoutent aux sauces des élèves (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle,
intervenant 1,21 novembre 2008). En offrant aux enfants un environnement scolaire sain,
les mères éducatrices à Koumbili et Siéna encouragent la réussite scolaire des élèves et
améliorent leur santé et leur hygiène. « Les effets [...] sont réels » et ils ont un impact sur
leur bien-être à long terme (Entretien semi-dirigé 8, communication personnelle,
intervenante 1, 3 novembre 2008).

Notons que l'alimentation des mères éducatrices à Siéna s'est améliorée grâce à la
qualité et la variété des légumes en vente sur le marché local à l'heure actuelle. Il y a 15

L'AME s'occupe par la suite de vanner le mil et de l'entreposer dans le magasin de l'école.

Produit fait à partir de graines de néré transformées et qui constitue une importante source de potassium.

65
ans, les femmes dépendaient beaucoup sur la potasse pour améliorer leur apport
nutritionnel. Elles entassaient, brûlaient et faisaient bouillir les tiges de mil pour produire
cette eau fortifiée qu'elles ajoutent typiquement aux sauces. Or, depuis que les femmes se
sont jointes à l'Association, on constate que les familles s'alimentent généralement
mieux. «[...] Les 15 années passées [...] comme y'avait pas l'AME, les femmes ne
faisaient pas le maraîchage. Elles faisaient ça peut-être individuellement au niveau de
leurs cases. Mais aujourd'hui, le fait que c'est vraiment pratiqué, ça permet d'avoir des
légumes » (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21 novembre 2008).

5.1.3.3 Dimension économique

L'AME à Siéna mène des activités de maraîchage dans son jardin collectif.
Pendant la saison sèche, les mères éducatrices sèment des produits tels la tomate, le chou,
l'oignon, l'aubergine, la laitue, le mil et le piment. Certains de ces vivres qui proviennent
du jardin collectif sont ensuite écoulés par les femmes sur le marché local, ils constituent
une source de revenus pour l'Association et ils nourrissent les élèves. Les mères
éducatrices à Siéna « travaillent dans le jardin. Elles récoltent, elles vendent puisqu'il y a
certains produits qu'on ne peut pas conserver. Donc elles sont obligées d'écouler.
Maintenant quand elles écoulent, elles ont un revenu. Et ce revenu-là, il appuie l'école »
puisqu'il permet aux mères éducatrices d'acheter certaines fournitures scolaires
(Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, intervenant 1, 21 novembre 2008).
En 2007, l'AME avait équipé sa cantine endogène d'une marmite et d'un plat pour la
préparation du couscous (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle,
intervenant 1,21 novembre 2008).

Bien que l'AME à Koumbili, contrairement à l'AME à Siéna, n'ait pas participé
au marché sur une base collective en 2008, elle a néanmoins stimulé l'intérêt des femmes
pour la commercialisation locale. En effet, leur participation individuelle au marché a
augmenté durant les dernières années (Entretien semi-dirigé 3, communication
personnelle, 18 octobre 2008). L'AME valorise le marché local et encourage la
participation des femmes pour différentes raisons. Dans un premier temps, le marché
revêt un intérêt communautaire puisqu'il permet aux femmes de se tenir au courant des
activités sociales et des événements publics tels les naissances, les décès et les mariages.

66
« Si on reste à la maison, on ne va pas savoir que notre présidente est morte » (Entretien
semi-dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre 2008). Dans un deuxième temps,
la participation des femmes au marché leur permet d'avoir un revenu pour acheter les
condiments nécessaires pour améliorer ou diversifier leurs repas et leurs sauces. « Si on
reste à la maison, on n'aurait pas 25 francs CFA. Si on ne part pas au marché, on ne va
pas faire de la bonne sauce » (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18
octobre 2008). Or, si les activités de maraîchage qui s'effectuent dans le cadre de l'AME
à Koumbili et l'AME à Siéna sont parvenues à améliorer la qualité et la variété des
produits disponibles, dont le chou, les quantités de légumes disponibles ont toutefois été
réduites durant les dernières années en raison des sécheresses (Entretien semi-dirigé 9,
communication personnelle, 21 novembre 2008).

Le marché de Siéna et de Koumbili est parvenu à éveiller l'esprit entrepreneurial


des femmes. Aux jours de marché, soient à tous les trois jours, l'AME à Koumbili invite
les mères de Koumbili et des villages environnants à participer à une rencontre qui
discute des bienfaits liés aux activités commerciales. Ces rencontres permettent aux
femmes de partager leurs expériences et de s'échanger des conseils de maraîchage et de
jardinage pour améliorer leur production et pour encourager leur participation au marché.
« On arrive à se rencontrer, à échanger des produits et à se faire des sous en vendant ce
qu'on produit » (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre 2008).
De son côté, l'AME à Siéna a renforcé l'expertise des mères éducatrices en matière de
production, de commercialisation et de transformation de produits. Par exemple, certaines
femmes transforment aujourd'hui le mil qu'elles récoltent en couscous. Le marché de
Siéna ayant favorisé le partage d'expériences enrichissantes entre femmes, les mères
éducatrices ont développé une grande appréciation pour ses bienfaits.

Au marché, les échanges sont vraiment bons [...] Par exemple [...] vous pouvez vous
demander : « Ah, comment vous avez fait pour avoir un chou comme ça. » [...] Quand tu
es à la maison, tu peux profiter de ces informations là pour travailler [...] Ça peut aussi
vous aider (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21 novembre 2008).

Grâce à la sensibilisation et aux échanges qui s'effectuent entre femmes, les mères
éducatrices à Siéna tirent avantage des opportunités qui se présentent pour améliorer le
bien-être socioéconomique de leur famille. « Par exemple si tu fais le maraîchage, la

67
famille consomme et vous vendez pour faire un peu de revenus pour faire face à d'autres
besoins. C'est ça qui les pousse à aimer l'Association » (Entretien semi-dirigé 9,
communication personnelle, intervenant 1, 21 novembre 2008).

Enfin, contrairement à l'AME à Koumbili, l'AME à Siéna facilite l'octroi des


petits crédits aux mères éducatrices qui souhaitent s'engager dans le petit commerce.
L'allocation de ces crédits s'effectue en fonction du temps qu'investit chaque femme au
marché et de son adhésion à une association. Cette contribution économique de l'AME à
Siéna est notable d'un point de vue de DD puisqu'elle ouvre la porte à des opportunités
de travail qui, jusqu'à maintenant, n'étaient pas disponibles aux femmes à l'extérieur des
associations de femmes.

5.2 L'Association Di San Daani, la Fédération provinciale des productrices de


beurre de karité et le Groupement féminin Konkudoè

5.2.1 Contextes

5.2.1.1 Pô

La ville de Pô, chef-lieu de la commune de Guiaro, se situe à une distance


d'environ 30 km du village de Koumbili dans la province du Nahouri. Elle se retrouve
dans la zone Centre-Sud du Burkina Faso. La ville de Pô compte 10 119 ménages et une
population totale de 51 552 habitants, soit 25 525 hommes et 26 027 femmes (INSD,
http://burkinafaso.coteazur.free.fr/documents/demographie/plaquette.pdf, site consulté le
11 janvier 2010, p.46). Compte tenu de leur proximité géographique, la ville de Pô
enregistre des tendances pluviométriques qui se rapprochent de celles du village de
Koumbili (voir Carte 1). Son territoire est donc plus arrosé que celui de Siéna et Toma.

La division du travail entre les hommes et les femmes dans le village s'effectue
comme suit. Pendant la saison des pluies, les hommes s'investissent dans leurs champs.
Pendant la saison sèche, au moment où les activités agricoles sont au ralenti, ils migrent
vers la province voisine du Ghana afin de se trouver du travail. Le mouvement migratoire
saisonnier des hommes a cependant peu d'impact sur les activités des femmes. Durant
leur absence, ces dernières s'investissent davantage dans leurs activités autonomes de

68
production et de commercialisation du beurre et du savon de karité. Notons qu'à moins
de faire parties d'une association, les femmes ne disposent d'aucun droit foncier. Ce sont
les hommes qui octroient aux femmes les parcelles de terres nécessaires pour poursuivre
leurs activités économiques individuelles (Entretien semi-dirigé 5, communication
personnelle, 20 octobre 2008).

La collectivité de Pô est confrontée à d'importants changements


environnementaux depuis les dernières années. Entre autres, les populations notent une
polarisation des tendances pluviométriques. Les périodes d'abondance et d'insuffisance
des pluies dépouillent à leur tour les sols de leur fertilité et ont un impact sur la
productivité agricole et la sécurité alimentaire. En 2007, des pluies abondantes ont inondé
de nombreux champs et ont entraîné la destruction de certaines espèces d'arbres, dont les
arbres de karité1 . Elles ont également occasionné une augmentation des flux migratoires
dans la ville. Cela a causé une insuffisance de nourriture pour les collectivités locales, un
manque de ressources sur le marché local et donc nécessairement un ralentissement des
activités commerciales (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre
2008). Contrairement à l'année 2007, les précipitations de 2008 étaient largement
insuffisantes.

Les populations de Pô expriment leur inquiétude grandissante pour l'état du


couvert végétal et des rendements agricoles puisque leur survie dépend essentiellement
des activités agricoles. En d'autres mots, sans terres fertiles, les populations n'ont plus de
quoi se nourrir. Les sécheresses étant précipitées par la déforestation et la croissance
démographique, les populations du chef-lieu se préoccupent d'autant plus de leurs
conditions de vie à court, à moyen et à long terme. Les activités économiques que mènent
les individus étant dépendantes des conditions climatiques, ces derniers doivent adapter
leurs activités en fonction de l'état et de la disponibilité des ressources naturelles
environnantes (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008).

Les arbres de karité sont également menacés par la coupe de bois abusive, la production du charbon et
l'industrie du coton dans la région (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008).

69
5.2.1.2 Toma

La ville de Toma, chef-lieu de la commune du Yaba, se situe dans la province du


Nayala dans la région de la boucle du Mouhoun. Elle se retrouve à une distance d'environ
15 km de Siéna. Toma compte 4881 ménages et une population totale de 29 451
habitants, soit 14 632 hommes et 14 819 femmes (INSD,
http://burkinafaso.coteazur.free.fr/documents/demographie/plaquette.pdf, site consulté le
11 janvier 2010, p.41). Tout comme le village de Siéna, la ville de Toma est caractérisée
d'un climat soudano-sahélien et d'une zone pluviométrique qui enregistre entre 600 et
900 mm de pluie/année.

Le portrait socioculturel de Toma s'illustre à partir de rapports patriarcaux.


Contrairement aux femmes habitant le village de Siéna, les femmes à Toma disposent de
droits fonciers bien limités. Les hommes sont propriétaires fonciers et peu nombreuses
sont les femmes qui sont octroyées une quantité suffisante de terres pour poursuivre leurs
activités agricoles individuelles. De plus, nombreuses sont celles qui sont difficilement
capables de mobiliser les ressources financières nécessaires pour acheter des terres
cultivables et pour exercer une certaine autonomie économique. Or, les femmes qui
possèdent des petits ruminants tels des moutons choisissent souvent de s'investir dans
l'élevage. De plus, les femmes réalisent leurs ambitions collectives de production et de
commercialisation grâce à leur adhésion au Groupement féminin Konkudoè (Entretien
semi-dirigé 11, communication personnelle, 22 novembre 2008).

Toma subit une croissance démographique accélérée et les populations ressentent


durement l'impact des changements environnementaux qui prennent de l'ampleur depuis
les quelques dernières années. Parmi ces changements, on note d'abord d'importants
bouleversements pluviométriques. Il y a 10 ou 15 années déjà, la saison des pluies
débutait au mois de mai alors qu'en 2008, les pluies ont commencé seulement au mois de
juillet. Les activités hivernales de jardinage et de récolte du chou, du piment et du mil
sont donc retardées. On constate par conséquent que les changements pluviométriques
sont responsables pour les enjeux socioculturels, tels l'insécurité alimentaire et financière
et la recherche d'activités de substitution telle la culture du coton (Entretien semi-dirigé
11, communication personnelle, 22 novembre 2008).

70
L'industrie du coton, en plus d'être une activité de substitution, constitue l'un des
secteurs stratégiques de l'État, notamment pour son potentiel d'exportation et pour les
devises étrangères qu'elle fait entrer au pays. Ce faisant, certains individus habitant la
ville de Toma sont contraints à s'investir dans la production d'une telle ressource.
Quoiqu'un bon nombre d'entre eux s'entendent pour dire que « le coton habille une
famille » (Entretien semi-dirigé 11, communication personnelle, intervenante 1, 22
novembre 2008), nombreux sont ceux qui perçoivent également les menaces d'une telle
industrie. Depuis que les pénuries d'eau font ravage et que le phénomène de
désertification s'amplifie, l'industrie du coton subit une popularité décroissante. Étant
confrontées à des dilemmes de survie et de conservation des ressources naturelles,
nombreuses sont les populations qui conçoivent difficilement l'abandon de leurs cultures
vivrières au profit du coton (Entretien semi-dirigé 11, communication personnelle, 22
novembre 2008). Or, en dépit de cette opposition croissante, l'État continue à favoriser
ses quotas de production. Les facteurs stratégiques liés à la détérioration de
l'environnement sont ainsi mis en évidence.

Puisque la désertification entraîne une diminution des rendements agricoles, les


populations d'aujourd'hui ne disposent pas des rendements supplémentaires nécessaires
pour s'investir de façon soutenue dans la commercialisation de produits sur le marché
local.

Si on fait notre champ d'arachides, comme y'a pas la pluie, la sécheresse a fait un impact
sur nos arachides. Est-ce qu'on va cultiver la terre sèche, ou bien va aller semer
l'arachide dans une terre qui est sèche? Donc ça a un impact (Entretien semi-dirigé 11,
communication personnelle, intervenante 1, 22 novembre 2008).
De plus, la diminution des ressources en eau limite l'approvisionnement des familles et
crée des conflits entre les femmes qui habitent les différents secteurs de la ville. Ces
dernières sont tenues à marcher en moyenne 2 km par jour pour accéder aux puits qui
parfois sont dépourvus d'eau. Finalement, notons que les sécheresses aggravées par la
déforestation sont responsables pour les feux de brousse qui engendrent à leur tour la
destruction des arbres de karité et de néré. Ces arbres fruitiers, en l'occurrence le karité,
sont pourtant indispensables à plusieurs activités féminines et jouent un rôle vital dans
l'économie locale ; d'où la complexité des enjeux actuels (Entretien semi-dirigé 11,
communication personnelle, 22 novembre 2008).

71
5.2.2 Spécificités de l'Association Di San Daani, de la Fédération provinciale des
productrices de beurre de karité et du Groupement féminin Konkudoè

5.2.2.1 Historique

L'Association Di San Daani est une association de femmes à but non lucratif.
Sans agrément, elle a une ancienneté de 24 ans. Le ministère de l'Administration
territoriale et de la Décentralisation (MATD) lui accorda son statut officiel d'association
le 15 mars 1998 (Association Di San Daani, brochure officielle de l'association). Les
principes de collaboration et d'entraide étant au cœur de ses initiatives de développement
local, on lui donna le nom « Di San Daani » qui signifie « entraide » en Kassem
(Association Di San Daani, brochure officielle de l'association). Au moment de sa
création, l'Association comptait 75 membres. Depuis 2008, elle en compte plus de 100.
L'Association étant de nature apolitique, ses adhérentes sont de religions et de cultures
différentes (Association Di San Daani, brochure officielle de l'association).

Pour sa part, la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité fut


créée beaucoup plus tard que l'Association Di San Daani, soit en 2002. Elle est la plus
jeune des cinq associations ciblées par cette étude. En 2008, elle comptait déjà 1466
productrices et 44 groupements villageois féminins (GVF)19. La Fédération fut mise en
place pour offrir des opportunités de travail aux femmes et pour répondre aux demandes
croissantes des populations pour les produits de karité aux niveaux local, régional,
national et international.

Enfin, le Groupement féminin Konkudoè fut mis en place le 15 avril 1999. Il fut
créé à partir d'une initiative collective de femmes dont l'objectif était de répondre aux
besoins fondamentaux des populations les plus démunies par le biais d'activités de
développement locales. Le Groupement comptait plus de 70 adhérentes à l'automne

19
« Les GVF [...] sont les manifestations organisationnelles et symboliques des projets de développement
provenant de l'extérieur. Le milieu social est donc le siège (d'une) dynamique sociale interne et (d'une)
dynamique sociale externe. La dynamique sociale interne est définie par les structures traditionnelles des
Mossis, à savoir les rapports sociaux fondamentaux [...] la configuration socio-ethnique, les pratiques
associatives, les types de solidarité selon le genre et l'âge, etc. La dynamique sociale externe est définie par
les interventions coloniales [...] qui [...] sont devenues les institutions de planification et de
développement des Etats post-coloniaux » (Assogba, 2004, p.9).

72
2008. Le nombre d'admissions au groupement ne cesse d'augmenter depuis sa création il
y a 11 ans déjà. Bien qu'il soit formel, il n'avait pas encore reçu son statut d'association
en 2008, soit au moment de nos entretiens (Entretien semi-dirigé 11, communication
personnelle, intervenante 1, 22 novembre 2008).

5.2.2.2 Fonctionnement

Les objectifs des trois Associations diffèrent les uns des autres. Cependant, leur
mandat est essentiellement le même : recourir à l'entraide et à la solidarité pour
développer des initiatives qui ont pour but de promouvoir le bien-être des collectivités et
pour nourrir le sentiment d'épanouissement féminin. Les objectifs de l'Association Di
San Daani se rapportent aux thématiques suivantes : la gestion et la protection des
ressources naturelles, la promotion de l'éducation, de l'alphabétisation et de la santé des
femmes et des enfants (notamment la prévention de maladies telles le VIH/SIDA et les
infections sexuellement transmises), la promotion des droits des femmes et des enfants en
recourant à des textes de sensibilisation appropriés, la participation des femmes aux AGR
dans leur collectivité et l'accompagnement des femmes sur le terrain, notamment par
l'entremise de suivis réguliers (Association Di San Daani, brochure officielle de
l'association). Pour ce qui en est de la Fédération provinciale des productrices de beurre
de karité, ses objectifs de développement et de promotion de la femme se réalisent par
l'intermédiaire d'activités de production et de commercialisation de produits de karité
tels le beurre et le savon. De son côté, le Groupement féminin Konkudoè se concentre
dans des activités de commercialisation de céréales et de protection de l'environnement.
Il s'investit également dans la recherche de prêts financiers collectifs et individuels pour
permettre aux femmes de mener de telles activités avec plus de sécurité (Groupement
féminin Konkudoè, 1999).

Chacune des trois Associations dispose d'un bureau. Ce dernier a pour but de
gérer les activités entreprises par l'association en question et donc de veiller à son bon
fonctionnement. Le bureau de l'Association Di San Daani est composé d'une présidente,
d'une vice-présidente, d'une secrétaire générale adjointe, d'une trésorière, d'une
trésorière adjointe, d'une secrétaire chargée des relations extérieures et d'une secrétaire à
l'information (Association Di San Daani, brochure officielle de l'association). Ce sont les

73
membres du bureau qui sont responsables d'assigner les responsabilités à chacune des
membres de l'Association Di San Daani dans le cadre d'interventions qui répondent aux
objectifs spécifiques de l'Association. Les activités de production et de
commercialisation du karité des membres de la Fédération provinciale des productrices
de beurre de karité sont gérées par les membres du bureau également. Ces membres ont
suivi une formation en gestion administrative et sont élues par un processus de vote
démocratique lors de l'AG (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20
octobre 2008). C'est la présidente de la Fédération qui coordonne néanmoins les activités
des productrices et qui effectue les suivis auprès d'elles afin de maximiser les retombées
économiques et d'obtenir les résultats escomptés (Entretien semi-dirigé 5,
communication personnelle, 20 octobre 2008). Grâce aux formations et aux cours
d'alphabétisation en langue locale qui sont offerts par la Fédération, les productrices
détiennent les outils requis pour répondre aux attentes de la Fédération. Le Groupement
féminin Konkudoè est également muni d'une gestion administrative chargée de
coordonner ses activités. Son bureau comprend quatre membres responsables : une
présidente, une vice-présidente, une secrétaire et une trésorière. Le mandat de chacune
d'elles est de trois ans et il n'est renouvelable qu'une fois seulement (Entretien semi-
dirigé 11, communication personnelle, 22 novembre 2008). Seule la présidente peut
assigner les responsabilités aux femmes en fonction des objectifs du Groupement et de
leurs compétences individuelles et collectives.

L'Association Di San Daani, la Fédération provinciale des productrices de beurre


de karité et le Groupement féminin Konkudoè s'appuient sur des principes démocratiques
d'organisation. Chacune de leurs membres jouit d'une liberté d'expression et d'un droit
de vote qui lui permettent de partager sa vision et la direction qu'elle aimerait prendre
avec leurs projets à l'occasion des rencontres officielles et des AG annuelles. Chez
l'Association Di San Daani, ces rencontres permettent d'abord aux femmes de se
familiariser avec les responsabilités qu'elles doivent assumer au sein de l'Association.

Dans le bureau on a la présidente et la secrétaire [...] Si on donne une tâche, c'est votre
tâche. Chaque fois qu'il y a du poisson à fumer ou le jardin à entretenir, on la donne à
cette femme. Mais si c'est pour cultiver le champ de l'association, ça, c'est tout le monde
(Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre 2008).

74
De son côté, la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité organise des
rencontres mensuelles pour les membres du bureau de l'Union. Elle organise également
une AG annuelle au mois de juillet, lors de la saison de la collecte et du stockage des
amandes de karité. Puisque chaque productrice fait partie d'un GVF et que ce GVF est
représenté à l'AG, la représentativité des productrices est assurée à l'occasion de chaque
rencontre lors d'un processus délibératif. La Fédération lance sa campagne annuelle lors
de l'AG (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008). Enfin,
tout comme la Fédération, les membres du Groupement féminin Konkudoè se
rassemblent une fois par mois, soit le dernier samedi du mois, pour partager leurs
expériences et pour discuter du rendement de leurs activités. L'article 11 du Règlement
intérieur du groupement cite les droits suivants :

Participer aux Assemblées générales et voter sur un pied d'égalité avec les autres
adhérents ; élire et être élu; être informé par le bureau sur la situation économique et
financière du Groupement; faire convoquer une Assemblée générale extraordinaire si cela
est de l'avis d'au moins un tiers des adhérents ; demander un contrôle externe dont il
assurera les frais au cas où le résultat révèle le non fondé de la demande ; recevoir sa part
d'excédent ; utiliser les services du Groupement sur un pied d'égalité avec les autres
adhérents ; recevoir ses contributions au capital social libérées, augmentées des intérêts et
ristournes le tout réduit des pertes subies s'il y a lieu (Groupement féminin Konkudoè,
1999, p.2).

Dans le cadre de leurs rencontres, chaque membre peut autoévaluer sa performance et


redéfinir ses priorités en fonction de sa productivité, des objectifs collectifs établis par
l'ensemble des membres et des résultats escomptés.

La mise en œuvre des activités des trois Associations de femmes dépend des
cotisations mensuelles des membres et des revenus collectifs. Chez l'Association Di San
Daani, chaque femme est appelée à cotiser 100 francs CFA/mois. Ces cotisations sont
versées dans un fonds commun qui sert à octroyer certains prêts et à payer les dépenses
de l'association (Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre 2008).
Les cotisations de la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité sont
versées à trois niveaux. D'abord, au niveau des GVF, les productrices sont appelées à
contribuer à un fonds de roulement. Ce dernier permet à la Fédération d'ouvrir un compte
en banque et d'avoir accès à des crédits pour financer ses activités. Le principe du fonds
de roulement est le suivant. Si la Fédération s'avère soudainement incapable de
rembourser ses prêts à la caisse, la caisse peut prendre le fonds de roulement qui se

75
retrouve dans le compte de la Fédération. Il s'agit donc plus précisément d'un filet de
sécurité pour les banques, ce qui facilite l'octroi de prêts aux associations (Entretien
semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008). Deuxièmement, les
productrices s'engagent à remettre 2500 francs CFA au GVF qui, en retour, remet 15 000
francs CFA (une fois seulement) à l'Union de la Fédération afin d'assurer son adhésion à
cette dernière. Finalement, le GVF s'engage à payer une cotisation de 5000 francs
CFA/année à la Fédération. Le Groupement féminin Konkudoè, pour sa part, n'exige
aucune cotisation. Une part des profits collectifs en provenance des activités de petit
commerce sert à fournir une assistance sociale aux femmes et l'autre part revient
directement au Groupement pour financer d'autres activités de commercialisation et de
protection de l'environnement. Chez la Fédération provinciale des productrices de beurre
de karité, la distribution des revenus s'effectue de façon équitable. Une part des revenus
revient directement à la Fédération à titre collectif et l'autre part est répartie entre
chacune des productrices à titre individuel sans traitement préférentiel. L'argent qui
revient à la Fédération sert à défrayer les coûts de déplacement des membres de l'Union
et à financer les activités qui s'effectuent dans le cadre de la Fédération (Entretien semi-
dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008).

5.2.2.3 Activités et formations

L'Association Di San Daani, la Fédération provinciale des productrices de beurre


de karité et le Groupement féminin Konkudoè se concentrent dans des activités
différentes qui ont néanmoins toutes pour but de promouvoir le bien-être et
Y autosuffisance des collectivités locales.

L'Association Di San Daani se spécialise dans la production d'arachides en vue


de « participer à l'amélioration de la condition (de vie) des couches défavorisées du
monde rural » (Association Di San Daani, brochure officielle de l'association, p.2).
L'Association reconnaissant que l'autonomisation des activités des femmes est l'un des
prérequis du développement à Koumbili, elle valorise avant tout les activités de
renforcement des capacités des femmes. Quelques membres de l'Association Di San
Daani ont eu l'occasion de participer à des formations spécifiques de maraîchage et de
séchage et de conservation de poisson grâce à la collaboration du MECV. Le ministère a

76
également offert des formations de culture du coton, de jardinage et de barattage du
beurre de karité (Entretien semi-dirigé 2, communication personnelle, 4 novembre 2008).
Le bureau de l'Association sélectionne les femmes les plus douées, soit cinq femmes
parmi chaque groupe, dans une activité donnée. Enfin, l'Association Di San Daani donne
des cours d'alphabétisation obligatoires en langue locale, elle anime des sessions de
sensibilisation sanitaire maternelle et infantile (Entretien semi-dirigé 1, communication
personnelle, 17 octobre 2008) et elle offre un appui financier aux femmes afin qu'elles
puissent s'investir davantage dans leurs AGR (Association Di San Daani, brochure
officielle de l'association). Nous constatons que de telles opportunités d'apprentissage
contribuent à l'épanouissement individuel et collectif des femmes. En plus de mener des
activités de maraîchage au sein du jardin collectif de l'Association, les membres ont
l'occasion de s'investir dans la commercialisation de céréales et des amandes de karité.
Les femmes participent également à la construction d'une salle d'accouchement
villageoise et d'un magasin pour entreposer les céréales (Association Di San Daani,
brochure officielle de l'Association).

Les activités quotidiennes de la Fédération des productrices de beurre de karité


sont variables d'une saison à l'autre. Pendant la saison des pluies, ou hivernale, les
productrices s'adonnent à leurs travaux champêtres. Elles cueillent et font le stockage des
amandes de karité en préparation pour leurs activités de saison sèche. Leurs journées sont
longues et laborieuses en raison de la nature et de la quantité de travail manuel qu'elles
doivent accomplir. Pendant la saison sèche, les productrices s'occupent des travaux
ménagers et s'engagent dans la production du beurre de karité. Bien que les populations
locales achètent le beurre de karité qu'elles produisent à des fins de consommation, la
Fédération a perfectionné une technique de transformation de la ressource qui lui permet
également de produire du savon de karité. Ces savons sont de plus en plus vendus sur le
marché international (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre
2008).

Les activités du Groupement féminin Konkudoè se distinguent également d'une


saison à l'autre. Pendant la saison des pluies, les membres du Groupement sèment et
récoltent leurs produits collectivement dans les champs individuels des hommes ainsi que

77
dans leur champ collectif en brousse. Pendant la saison sèche, elles s'investissent
davantage dans des activités de petit commerce. Au marché, les femmes vendent des
produits tels du dolo, des arachides et des céréales qu'elles cultivent dans le champ
collectif du Groupement, de la pâte d'arachide et du soumbala. En effet, bien que le
Groupement se spécialise dans la commercialisation des arachides et de la pâte
d'arachide, son champ collectif lui permet également de semer et de cultiver des céréales,
des arbres de néré, ainsi que quelques légumes pendant la saison des pluies. Notons
cependant que puisque les pluies sont moins abondantes qu'auparavant et que les sols
sont plus secs par conséquent, les femmes éprouvent de la difficulté à faire pousser
certains produits. Les rendements de mil, d'arachides et d'amandes de karité étant plus
faibles, les revenus des femmes diminuent de pair avec la multiplication des enjeux
environnementaux contemporains (Entretien 11, communication personnelle, 22
novembre 2008).

Les productrices de beurre de karité sont formées et alphabétisées pendant 3 mois


par année pour une période de 2 ans (Entretien semi-dirigé 8, communication
personnelle, intervenante 1, 3 novembre 2008). En plus de se concentrer dans la lecture,
l'écriture et le calcul, ces cours d'alphabétisation comprennent un volet sur l'hygiène et la
santé. La Fédération provinciale des productrices de beurre de karité s'est ainsi investie
dans la traduction de documents en Kassem qui traitent de la maladie du VIH/SIDA et de
sa transmission mère-enfant. Une fois les cours d'alphabétisation complétés, la
Fédération offre aux productrices la possibilité de participer à des formations en
techniques spécialisées (FTS) gratuitement. Ces FTS, en plus de contribuer au
perfectionnement de leurs techniques de production de savon et de tricot, servent de porte
d'entrée à Y Apprentissage du Français fondamental et fonctionnel (A3F). De telles
conditionnantes d'accès sont une façon pour la Fédération d'encourager les femmes à
suivre des cours et des formations qui les éduquent, qui augmentent leur niveau de
compétences en production et commercialisation et qui améliorent conséquemment leur
bien-être à long terme. Enfin, la Fédération provinciale des productrices de beurre de
karité contribue au renforcement des capacités des femmes et à la création d'emplois.
Une fois formées, alphabétisées et suivies pendant 4 ans, les productrices disposent des
compétences et des qualifications nécessaires pour occuper un poste comme animatrice

78
ou superviseure au sein de la Fédération. Afin de jouir de telles opportunités
enrichissantes, les productrices doivent également faire preuve d'un esprit d'équipe sans
pareil. Ce sont les membres de la fédération qui sélectionnent elles-mêmes ces
animatrices et ces superviseures (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20
octobre 2008).

Pour sa part, le Groupement féminin Konkudoè, contrairement à l'Association Di


San Daani et à la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité, n'offre
aucune formation ou cours d'alphabétisation à ses membres. Ces derniers étant pourtant
indispensables au renforcement des capacités des femmes, ils contribueraient à dynamiser
davantage leurs activités de petit commerce (Entretien semi-dirigé 11, communication
personnelle, 22 novembre 2008).

5.2.3 Contributions de l'Association Di San Daani, de la Fédération provinciale


des productrices de beurre de karité et du Groupement féminin Konkudoè au DD

Cette section avance et compare les contributions de l'Association Di San Daani,


de la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité et du Groupement
féminin Konkudoè en fonction des leurs dimensions environnementales, socioculturelles
et économiques respectives.

5.2.3.1 Dimension environnementale

L'agriculture, la sylviculture et l'élevage sont des secteurs clés de l'économie


burkinabé en zones urbaines et rurales. Nous constatons que les changements climatiques
et environnementaux des dernières années, ainsi que leurs effets sur la disponibilité et la
régénération des ressources naturelles locales, sont une préoccupation constante pour les
collectivités de Koumbili, Pô et Toma. Ces dernières dépendent de ces ressources pour
leur survie. Ainsi, les membres de l'Association Di San Daani, de la Fédération
provinciale des productrices de beurre de karité et du Groupement féminin Konkudoè,
malgré les défis qui se posent à elles aux niveaux structurel et financier, recourent dans la
mesure du possible à des techniques de gestion durable des ressources naturelles sur
lesquelles elles dépendent.

79
Il y a quelques années déjà, l'Association Di San Daani s'était engagée dans une
lutte incessante contre la désertification et ses enjeux connexes. À l'époque où elle
disposait d'un jardin potager fonctionnel, les membres de l'Association utilisaient du
fumier organique pour fertiliser le sol. Le jardin faisait pousser des haricots, du mais, du
mil, du soja, des arachides, des pois de terre, de l'oseille, du sésame et des piments
(Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre 2008).

Aujourd'hui, en absence de ce jardin collectif, l'intérêt de l'Association pour la


lutte contre la désertification se manifeste toujours. Dans un premier temps, cet intérêt
s'illustre à partir de sa valorisation de la zone de réserve de Koumbili. La zone de réserve
fut mise en place pour contrôler les défrichements de terrains qui occasionnent
l'extinction d'espèces lignagères et animales dans le village et qui précipitent le
phénomène de désertification.

Au niveau de la zone de réserve là, c'est pour ne pas tout couper [...] Puisque si on laisse
ça, en moins de deux ans là, ils vont détruire tout [...] Y'a des animaux, les enfants ne
connaîtront même pas certains animaux (Entretien semi-dirigé 2, communication
personnelle, 4 novembre 2008).

Dans le cadre de ce projet de réserve, l'Association Di San Daani s'est investie dans un
important travail de sensibilisation qui encourage les populations à protéger les
ressources naturelles se retrouvant à l'extérieur et à l'intérieur des propriétés familiales.

Et puis on voit aussi de temps en temps qu'au niveau des concessions là, les gens essaient
de planter des arbres. Par exemple les manguiers [...] En 1990, y'avait qu'un seul
manguier [...] au bout du village. Donc avec la sensibilisation et autres là, avec les
sorties, leurs rencontres, on voit une différence (Entretien semi-dirigé 2, communication
personnelle, 4 novembre 2008).

Dans un deuxième temps, l'Association Di San Daani veut remédier à la désertification


avec la mise en place de certaines infrastructures locales, y compris avec la construction
d'un forage.

Pendant la saison pluvieuse, il y a un peu de l'eau partout. Mais souvent pendant la saison
sèche, ce n'est pas suffisant donc il faut parcourir 4 à 5 km pour aller aux puits des Peuls
et aux bas-fonds. Il n'y a pas beaucoup d'eau du tout (Entretien semi-dirigé 1,
communication personnelle, 17 octobre 2008).

L'Association a pu contribuer à la construction du forage dans le village grâce à l'appui


financier du projet GEBC : 2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD. Les membres de

80
l'Association Di San Daani ont ramassé le sable et le gravier nécessaires pour bâtir cette
infrastructure.

La déforestation constituant un problème de premier plan dans les villes de Pô et


Toma, la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité et le Groupement
féminin Konkudoè s'intéressent davantage à la lutte pour la protection des ressources
lignagères. À Pô, puisque les arbres de karité sont utilisés pour la production du charbon,
ils sont l'une des ressources lignagères les plus gravement touchées par le phénomène de
déforestation. Devant cet enjeu, les productrices qui dépendent de la disponibilité des
amandes de karité sont responsables de sensibiliser les populations sur l'importance des
arbres fruitiers pour la lutte contre la pauvreté des femmes et pour le développement
socioéconomique de la ville dans son ensemble (Entretien semi-dirigé 5, communication
personnelle, 20 octobre 2008). Avide défenseur des ressources lignagères, le Groupement
féminin Konkudoè emprunte lui aussi des stratégies de sensibilisation pour contrôler les
enjeux liés à la déforestation. Il avise plus particulièrement la collectivité de Toma de ne
pas couper le bois frais afin d'assurer la durabilité des ressources (Entretien semi-dirigé
11, communication personnelle, intervenante 1, 22 novembre 2008).

Inspirée par les exploits de l'Association Song-Taaba dans la production du


beurre de karité et dans la promotion de l'alphabétisation et de l'éducation, de
l'agriculture et de l'écocitoyenneté, de la santé, des droits humains et du développement
socioéconomique des femmes dans les communautés rurales du Burkina Faso
(Association Song-Taaba, http://www.song-taaba.org/taaba-org-f.htm, site consulté le 23
août 2010), la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité s'est
récemment lancée dans la production et la commercialisation de produits de karité
biologiques. Cette initiative a pour but de protéger l'environnement et de diversifier sa
clientèle. Les productrices s'y prennent en cultivant d'abord leurs amandes de karité dans
des champs qui ne présentent aucune trace de pesticides. Par la suite, afin de rentabiliser
l'activité, la Fédération demande l'appui d'agriculteurs spécialisés. Ensemble, ils
organisent des formations qui montrent aux femmes comment préparer et utiliser du
fumier organique. Ce fumier est étendu sur les champs afin que la qualité des amandes de
karité puisse répondre aux critères de certifications biologiques établis par les

81
compagnies pour la vente de produits sur les marchés internationaux (Entretien semi-
dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008).

5.2.3.2 Dimension socioculturelle

On observe une détérioration de la qualité des sols à Koumbili (Soulama, 2010).


Cependant, on constate qu'il y a eu une amélioration de l'alimentation et de la nutrition
des femmes depuis qu'elles se sont jointes à l'Association Di San Daani et au
Groupement féminin Konkudoè. Le Groupement encourage les femmes à s'investir dans
des activités de maraîchage dans son champ collectif pour quelques raisons.
Premièrement, le maraîchage permet de diversifier les produits disponibles, dont le tô20,
les haricots, le riz et le couscous. Deuxièmement, il permet de varier les repas et les
sauces qui accompagnent le tô (Entretien semi-dirigé 11, communication personnelle,
intervenante 1, 22 novembre 2008). Cette amélioration de l'alimentation et de la qualité
des produits disponibles a été accompagnée d'une amélioration de l'état de santé des
femmes.

Il y a quelques années, l'Association Di San Daani avait créé une banque de


céréales qui jouait un rôle important au niveau de la subsistance des familles. Bien que
cette banque en question n'existe plus en raison des conditions climatiques défavorables,
elle permettait autrefois aux membres de l'Association de vendre du mais, du mil et des
amandes de karité et de donner des prêts alimentaires aux familles défavorisées (Entretien
semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre 2008). Aujourd'hui, l'Association
contribue à ravitailler le marché local, à diversifier les produits disponibles sur ce marché
et à améliorer leur qualité.

Le Groupement féminin Konkudoè s'investit dans une initiative semblable à celle


de la banque de céréales qui fut développée par l'Association. Certains membres du
Groupement offrent parfois, à titre individuel, des prêts de céréales à leurs collègues
nécessiteuses. Des emprunts peuvent également être offerts par le Groupement sous
forme de prêts financiers proviennent des revenus collectifs générés par la vente

Céréale de mil.

82
d'arachides. Ces prêts peuvent aider aux femmes à défrayer les coûts liés à la
scolarisation de leurs enfants dans les cas échéants.

L'esprit de solidarité que manifestent l'Association Di San Daani, la Fédération


provinciale des productrices de beurre de karité et le Groupement féminin Konkudoè joue
un rôle primordial dans la promotion de la santé de leurs membres. Par exemple, en
offrant un soutien moral et financier sans précédent aux femmes dans le besoin,
l'Association Di San Daani et le Groupement féminin Konkudoè permettent à ces
dernières d'acheter les médicaments et les aliments qu'elles nécessitent. « Si on a un
problème, on essaie de se voir et d'aider cette femme qui est en besoin » (Entretien semi-
dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre 2008). De plus, le Groupement féminin
Konkudoè valorise la sensibilisation communautaire et le partage d'informations et de
conseils divers. En plus d'être renseignées sur les meilleures façons de préparer les repas
et sur les techniques de maraîchage les plus efficaces, ses membres sont également
sensibilisées sur la façon de prévenir certains infections et maladies. Ces sessions de
sensibilisation ont pour but d'encourager les femmes à se renseigner sur leur état de santé
et à s'engager dans un dialogue avec d'autres femmes afin d'améliorer leur état d'être.
Ainsi, bien que le Groupement dispose de peu de moyens financiers, il fait preuve de
contributions sociales importantes au sein de sa communauté (Entretien semi-dirigé 11,
communication personnelle, intervenante 1, 22 novembre 2008).

La plus grande contribution socioéconomique du Groupement est sa capacité de


promouvoir l'épanouissement individuel et collectif de ses membres. L'entraide et la
solidarité que cultive le Groupement par l'entremise des rencontres s'avèrent le meilleur
moyen pour développer le sentiment de prise en charge communautaire des populations
qui sont durement touchées par la pauvreté et la précarité de leur environnement naturel.
L'entraide, le partage d'information et la solidarité sont également un moyen pour les
membres du Groupement féminin Konkudoè de concilier leurs intérêts individuels à
l'intérieur de projets collectifs de développement tels le maraîchage et la
commercialisation de produits locaux.

De son côté, la Fédération provinciale des productrices de beurre de karité, grâce


au généreux appui qu'elle reçoit de l'organisation à but non lucratif Médecins du monde

83
(MDM), parvient à sensibiliser les femmes qui sont atteintes de la maladie VIH/SIDA. Ce
travail de sensibilisation s'effectue d'abord lors des cours d'alphabétisation qui sont
offerts par la Fédération et il se poursuit au sein des GVF. Dans le cadre de ces
sensibilisations, l'organisation MDM offre des tests de dépistage du VIH/SIDA et donne
un appui technique et moral aux femmes qui sont déjà atteintes de la maladie en
sollicitant d'autres spécialistes du domaine de la santé, dont les infirmières.
L'organisation, en plus de distribuer des antirétroviraux (ARV) aux femmes, passe
également certains examens et effectue les suivis nécessaires auprès des productrices
enceintes. Elle s'occupe de leur dossier personnel jusqu'à ce qu'elles accouchent
(Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008).

L'Association Di San Daani et la Fédération provinciale des productrices de


beurre de karité sont actives sur le plan de la scolarisation des enfants et des fillettes. Les
contributions de l'Association à la promotion de l'éducation se manifestent à trois
niveaux. Premièrement, les cotisations lui permettent d'acheter les fournitures scolaires
nécessaires pour garantir un environnement sain et agréable pour les élèves qui
fréquentent l'école de Koumbili. Deuxièmement, l'Association s'investit dans l'action
sociale en veillant à la présence de chaque élève en salle de classe. Troisièmement,
l'Association stimule la scolarisation des fillettes en encourageant les mères des enfants à
réduire les tâches ménagères et agricoles auxquelles elles s'attardent. L'Association veut
s'assurer que les enfants assistent régulièrement aux cours afin d'améliorer leur
performance académique (Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17
octobre 2008). De son côté, la Fédération contribue à la promotion de l'éducation des
enfants en sensibilisant les parents d'élèves sur l'importance de l'éducation pour le
développement. La Fédération a d'ailleurs reçu un don de vélos21 qui avait pour but de
faciliter les déplacements des productrices qui s'engagent auprès de ces campagnes de
sensibilisation (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008).

La source de ce don est inconnue.

84
Chaque membre de l'Association Di San Daani doit suivre des cours
d'alphabétisation en langues locales. À l'occasion de ces cours, les femmes apprennent à
lire, à écrire et à compter.

Kofi Annan disait que l'éducation est la base de tout développement. Donc nous on s'est
dit que tant que nos membres seront toujours illettrés, tant que nos membres ne seront pas
formées, on a beau multiplier le financement, on a beau multiplier les actions, mais sans
alphabétisation, elles ne pourront jamais prendre conscience [...] Comme il y a
maintenant une école dans le village, cette génération-là, quand ils vont aller au collège,
quand ils vont aller à l'université, quand ils vont revenir, je pense qu'eux même ils vont
commencer à sensibiliser leurs parents, leurs frères ou ceux qui n'ont pas eu la chance
d'aller à l'école (Entretien semi-dirigé 2, communication personnelle, 4 novembre 2008).

En effet, l'alphabétisation transforme peu à peu la vie des femmes. Par exemple, depuis
qu'elles ont appris à lire et à compter, elles suivent des formations en séchage de poisson
offertes par l'Association Di San Daani en collaboration avec le MECV. Ces formations
montrent aux femmes comment peser et additionner les quantités de poisson qu'elles
vendent au marché. Les formations leur partagent également certaines techniques de
jardinage, de plantation d'arbres et de production de beurre de karité. Les membres de
l'Association profitent ainsi des opportunités qui se présentent à elles et qui, ultimement,
contribuent à améliorer leurs compétences en matière de production et de
commercialisation. Leur maîtrise de nouveaux outils ou techniques contribue
parallèlement à améliorer les revenus collectifs de l'Association (Entretien semi-dirigé 1,
communication personnelle, 17 octobre 2008).

5.2.3.3 Dimension économique

L'Association Di San Daani valorise le sentiment de prise en charge des femmes en


encourageant leur participation à des activités de maraîchage et de séchage de poisson.
Puisque ces activités ont aidé à ravitailler le marché de Koumbili, qui célébra d'ailleurs
ses 5 ans en novembre 2008, elles alimentent parallèlement le sentiment
d'accomplissement personnel. Le marché « a de l'importance. Il y a les rencontres
d'abord. On se rencontre, on fait passer l'information et on échange nos produits avec
d'autres femmes » (Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre
2008). Tous les trois jours, les femmes de Koumbili et des environs se rencontrent au
marché pour vendre leurs produits frais et transformés, dont le piment, le gombo, le

85
beurre de karité, le soumbala, le tamarinier , les céréales, les amandes de karité et le
poisson. Les populations rurales ayant l'habitude de consommer du tô, de l'haricot, du
gombo, de l'oseille, des feuilles de baobab et du boulvaka23 régulièrement, le marché
local permet aux femmes de vendre et de consommer une meilleure variété de légumes et
de céréales afin de diversifier leurs repas (Entretien semi-dirigé 1, communication
personnelle, 17 octobre 2008).

Bien que la vente de produits locaux s'effectue sur une base individuelle plutôt
que sur une base collective, l'Association s'engage dans un important travail de
sensibilisation avec ses membres. Ces sensibilisations ont pour but de promouvoir les
nombreux avantages socioéconomiques que peut offrir le marché.

C'est le développement qui a amené l'instauration du marché à Koumbili.


Individuellement, les femmes se débrouillaient [...] Les femmes vendent du tamarin [...]
Y'en a même qui vendent le charbon. Donc tout ça a permis beaucoup. Sur 100, 90 % des
femmes ont des vélos maintenant [...] C'est grâce à leur participation au marché qu'elles
peuvent se permettre d'en acheter (Entretien semi-dirigé 2, communication personnelle, 4
novembre 2008).

L'Association invite ainsi les femmes à célébrer leur autonomie dans un climat de
partage et d'entraide unique.

Les membres de l'Association Di San Daani génèrent un revenu qui revient à


l'Association et qui est ensuite divisé par trois. Un tiers de ce revenu collectif revient
directement aux femmes alors que les deux tiers qui restent sont déposés dans le compte
de l'Association. L'argent du compte collectif sert à acheter du nouveau matériel pour
l'Association, à subventionner les initiatives d'action sociale développées par celle-ci et à
payer les déplacements des membres de l'Association. Ces déplacements leur permettent
d'assister à des formations ou des activités à l'extérieur du village (Entretien semi-dirigé
1, communication personnelle, 17 octobre 2008).

On rencontre un scénario semblable chez le Groupement féminin Konkudoè.


Puisque ce dernier encourage également la participation de ses membres au marché local,

Arbre fruitier sauvage qui pousse dans les régions tropicales.

Viande sauvage.

86
il contribue à augmenter les revenus des femmes dans le cadre de leurs activités
collectives de commercialisation. Chaque membre du Groupement vend ses produits au
nom du Groupement et les profits qui sont tirés sont ensuite distribués équitablement
entre chacune des membres. Ces dernières disposant dès lors d'un petit revenu
supplémentaire, elles peuvent approvisionner leur foyer familial (Entretien semi-dirigé
11, communication personnelle, intervenante 1, 22 novembre 2008).

Au Burkina Faso, les initiatives féminines sont mieux appuyées et encadrées


lorsqu'elles sont développées dans le cadre de projets collectifs. Les conditions actuelles
d'accès aux crédits témoignent de cela. Lorsqu'une femme soumet une demande
individuelle de crédit, les institutions financières nationales exigent que cette femme leur
fournisse une garantie sous forme de parcelles de terre. Pourtant, cela s'avère
généralement difficile, voire impossible, pour elle compte tenu des restrictions liées aux
droits fonciers. Or, puisque les associations de femmes contribuent au développement
local en s'investissant dans des projets collectifs d'intérêts socioéconomiques et
écologiques, les banques facilitent leur accès au crédit en acceptant qu'on mette à leur
disposition un fonds de roulement, ou caution solidaire (Entretien semi-dirigé 7,
communication personnelle, 31 octobre 2008). En d'autres mots, toute association qui
souhaite bénéficier d'une assistance financière doit soumettre une demande de caution
solidaire qui contraint chaque membre de l'association en question à rembourser sa part
de l'emprunt collectif (Ouedraogo & Ouedraogo, 1998, p.20). On constate que la
Fédération provinciale des productrices de beurre de karité facilite l'accès des
productrices aux crédits de la Caisse populaire2* qui leur permet de mener à terme leurs
activités collectives de développement (Entretien semi-dirigé 5, communication
personnelle, 20 octobre 2008).

La contribution économique la plus marquante de la Fédération provinciale des


productrices de beurre de karité est sa production et commercialisation de produits de
karité. Les productrices estiment que c'est grâce au karité qu'elles ont pu réclamer leur
autonomie à l'extérieur de la sphère familiale et qu'elles jouissent aujourd'hui d'une

La Caisse populaire est sensible au microcrédit.

87
certaine autosuffisance économique. Au fil des années, le niveau de compétitivité de
l'activité et la disponibilité d'emplois pour les femmes dépendent largement de la
capacité de la Fédération à conquérir les marchés locaux, régionaux, nationaux et
internationaux. La Fédération s'est ainsi donnée comme objectif d'augmenter
progressivement la quantité de beurre de karité produite. Dans cette optique de
productivité, la Fédération a livré 8 tonnes de beune de karité à un client américain en
automne 2008. Or, si le marché international s'avère beaucoup plus rentable pour la
Fédération, il est également beaucoup plus compétitif et donc très difficile à pénétrer.
Ainsi, la Fédération est constamment à la recherche de nouveaux débouchés
économiques, d'où son intérêt pour le beurre de karité biologique.

88
CHAPITRE VI

Discussion et limites de la recherche

Dans ce chapitre, nous mettons en valeur les ressemblances et les différences


entre les cinq associations de femmes en discutant leurs contributions au DD. Nous
illustrons comment ces contributions sont dépendantes de certains facteurs
organisationnels et institutionnels de fonctionnement. Dans cette optique, le rôle de l'État
dans le soutien des associations de femmes au Burkina Faso est exploré.

6.1 Récapitulation des contributions des associations de femmes à partir des


questions de recherche : Comparaison des résultats de recherche

Les deux premières questions de recherche cherchaient à déterminer les


contributions environnementales, socioculturelles et économiques des cinq Associations
de femmes. Les résultats de notre étude exploratoire révèlent que l'AME à Koumbili,
l'AME à Siéna, l'Association Di San Daani, la Fédération provinciale des productrices de
beurre de karité et le Groupement féminin Konkudoè ont des contributions
environnementales, socioculturelles et économiques semblables. Chacune de ces
Associations de femmes cherche à remédier à certains enjeux qui, en plus de constituer
des facteurs de paupérisation, limitent l'exercice des compétences féminines dans les
domaines environnemental, socioculturel et économique.

En ce qui a trait à leurs contributions environnementales, chaque Association de


femmes évite la surexploitation des terres et elle lutte contre la désertification. L'AME à
Siéna optimise l'utilisation des espaces cultivables en faisant la rotation des cultures et
contribue simultanément à régénérer les surfaces agricoles. Le bosquet de l'AME à
Koumbili et le jardin communautaire de l'AME à Siéna contribuent à éveiller la
conscience environnementale des populations en servant d'espace physique pour
échanger des conseils de jardinage et des techniques de reboisement. Enfin, l'Association
Di San Daani lutte contre la déforestation par l'entremise des sensibilisations et de la
mise en place de la zone de réserve à Koumbili.

89
Quant à leurs contributions socioculturelles, l'AME à Koumbili, l'AME à Siéna et
la Fédération provinciale des productrices de beune de karité promeuvent d'abord
l'éducation des enfants et plus particulièrement celle des fillettes. L'AME à Koumbili,
l'AME à Siéna, l'Association Di San Daani et le Groupement féminin Konkudoè
contribuent également à améliorer la santé et la nutrition des populations. Ces
Associations de femmes se lancent dans des activités de maraîchage et elles stimulent la
participation des femmes au marché. Les revenus des AGR permettent d'acheter de
meilleurs produits. De surcroît, le jardin collectif de l'AME à Siéna représente une
activité fonctionnelle qui a pour but de subvenir aux besoins alimentaires immédiats des
familles, de nourrir les élèves et de soutenir le marché local de Siéna. L'AME à Siéna,
l'Association Di San Daani et le Groupement féminin Konkoduè améliorent la santé de
leurs membres par l'entremise des sensibilisations qui portent sur la transmission et la
prévention du VIH/SIDA et du paludisme. Pour l'AME à Siéna, ces sensibilisations
s'effectuent dans le cadre des cours d'alphabétisation offerts par l'Association. Le
Groupement féminin Konkudoè anime également des sessions d'information qui portent
sur le jardinage et la préparation des repas. Notons que l'AME à Koumbili, l'AME à
Siéna et la Fédération provinciale des productrices de beune de karité font de l'action
sociale. Elles s'engagent dans un travail important de valorisation des femmes et de
reconnaissance de leurs contributions à la promotion du DD, notamment en se déplaçant
dans les villages voisins pour promouvoir l'importance de l'éducation pour le
développement. Enfin, l'Association Di San Daani et la Fédération provinciale des
productrices de beune de karité offrent des cours d'alphabétisation. Pour l'Association,
ces cours servent de porte d'entrée à des formations variées qui s'offrent aux femmes.

Finalement, les contributions économiques de l'AME à Koumbili, l'AME à Siéna,


l'Association Di San Daani, le Groupement féminin Kondudoè et la Fédération
provinciale des productrices de beune de karité renvoient à la diversification des
débouchés économiques accessibles aux femmes sous forme d'AGR. Dans cette logique
de diversification économique, la Fédération s'engage depuis quelques années dans la
production de beune de karité biologique. L'AME à Siéna et l'Association Di San Daani
facilitent également l'accès des femmes à certaines formations techniques. Ces
formations améliorent leur expertise en matière de production, de transformation et de

90
commercialisation de produits, notamment dans des activités de maraîchage et de séchage
de poisson qui ravitaillent le marché local et qui augmentent les revenus collectifs et
individuels. L'AME à Siéna mobilise les petits crédits nécessaires pour ces activités de
petit commerce. De leur côté, l'AME à Koumbili et la Fédération provinciale des
productrices de beurre de karité tentent de pallier le manque de financement auquel sont
confrontées les femmes. L'AME à Koumbili offre des prêts aux mères éducatrices qui
souhaitent s'investir davantage dans les activités de commercialisation alors que la
fédération facilite l'accès des productrices aux microcrédits. Enfin, en plus d'améliorer
les revenus des productrices, la Fédération provinciale des productrices de beune de
karité est active au niveau du renforcement des capacités des femmes, des formations et
de la création d'emplois. Une fois alphabétisées, les productrices ont l'occasion
d'occuper un poste en tant qu'animatrices ou superviseuses au sein de la Fédération.

Après avoir extrait les contributions des Associations de femmes, nous voulions
déterminer si ces contributions ont occasionné des changements environnementaux,
socioculturels et économiques dans les communautés concernées. Nous constatons que
les Associations de femmes parviennent, bien qu'à petite échelle, à améliorer
progressivement le bien-être individuel et collectif des populations locales. Elles y
parviennent par l'entremise de l'instrumentalisation de principes clés tels la participation,
la responsabilisation, l'épanouissement et l'action sociale. Les profits qui sont générés
par les Associations de femmes sont sans doute trop limités jusqu'à présent pour servir
d'investissements collectifs pour la mise en place de nouvelles infrastructures sociales
(écoles, dispensaires, etc.). Néanmoins, les revenus collectifs reviennent présentement
aux membres sous forme de prêts ou d'emprunts. Ce faisant, les Associations de femmes
subviennent aux besoins alimentaires de leurs membres et contribuent à améliorer leur
état de santé. Les revenus collectifs peuvent également servir à l'achat de matériaux et
d'outils et à financer les déplacements des membres. Enfin, les Associations de femmes
cherchent à s'approprier une nouvelle voie de développement qui leur permettra de
participer à la construction de leur identité en tant que femmes et auteures autonomes de
leur émancipation.

91
6.2 Comparaison des associations de femmes à partir d'éléments organisationnels et
institutionnels de fonctionnement

L'énergie et le dynamisme avec lesquels les associations de femmes sont capables


de s'investir dans leurs activités quotidiennes sont variables. Afin qu'elles puissent être
agentes de changements qui contribuent à la promotion du DD dans leurs collectivités
respectives, nous soutenons que les associations de femmes doivent disposer de quatre
éléments organisationnels et institutionnels de fonctionnement. Ces éléments sont : 1) les
rapports avec d'autres associations ou organisations/structures locales ; 2) la participation
équitable des femmes aux projets de développement ; 3) les partenariats entre
organisations nationales ou internationales et les associations de femmes et ; 4) l'accès
aux formations. Chacun de ces éléments fut identifié à partir de nos observations de
tenain.

Premièrement, les rapports qu'entretiennent les associations de femmes avec


d'autres associations ou organisations/structures locales sont indispensables à la
promotion du DD puisqu'ils favorisent une « synergie d'action » entre les différents
acteurs du développement (Entretien semi-dirigé 8, communication personnelle,
intervenante 1, 3 novembre 2008). Deuxièmement, la participation équitable des femmes
aux projets de développement signifie que chacune d'elles a l'occasion de participer à des
activités qui font appel à la solidarité et qui favorisent le bien-être des populations. Les
AGR, en plus d'offrir de nombreux bienfaits économiques, créent un contexte de partage
dans lequel les femmes peuvent librement exprimer leurs préoccupations et proposer des
solutions aux enjeux collectifs discutés (Entretien semi-dirigé 8, communication
personnelle, intervenante 1, 3 novembre 2008). Troisièmement, en ce qui a trait à la
résistance du modèle économique dominant de faciliter l'accès des femmes au crédit pour
leurs activités et à la nécessité de promouvoir une mondialisation par le bas, les
partenariats entre les organisations nationales ou internationales, gouvernementales et
non gouvernementales, et les associations de femmes sont indispensables à la promotion
du DD. Ils permettent aux associations de femmes de bénéficier de l'appui nécessaire
pour rentabiliser leurs AGR et pour s'investir dans la sensibilisation et l'action sociale en
fournissant du financement, une éducation, des cours d'alphabétisation et des formations

92
variées aux femmes. Le gouvernement burkinabé considère les partenariats comme étant
un moyen efficace pour stimuler un développement local dans un contexte de
décentralisation. En ce sens, les partenariats entre acteurs formels/informels et
étatiques/non étatiques auraient pour but de donner des recommandations aux
associations de femmes et de contribuer à la création de réseaux solidaires qui s'appuient
sur « un système à base communiquant » (Entretien semi-dirigé 6, communication
personnelle, 27 octobre 2008). Enfin, l'accès aux formations encourage l'épanouissement
individuel et collectif de la femme en lui permettant de perfectionner ses habiletés
personnelles et en favorisant la capitalisation des AGR (Entretien semi-dirigé 6,
communication personnelle, 27 octobre 2008). Bref, ces quatre éléments contribuent à
l'instrumentalisation du DD en mettant les femmes au centre de l'action. Nous insistons
davantage sur la façon dont les rapports, les partenariats et les réseaux de concertation
influencent l'organisation, l'exécution et la pérennisation des activités des associations de
femmes. La Fédération provinciale des productrices de beune de karité est un cas
exemplaire de l'importance des partenariats. La Fédération réussit à diversifier ses
marchés et ses domaines d'activités, à augmenter sa marge de profits et à améliorer les
conditions de vie des productrices en participant à la création d'un marché local fort.

Nos données révèlent une conélation positive entre la présence de réseaux


d'appui extérieur et la diversification des activités des Associations de femmes. D'abord,
nous constatons que les initiatives de l'AME à Koumbili et de l'AME à Siéna sont
appuyées par les recommandations du bureau de l'APE. Par l'intermédiaire de cette
collaboration, ces deux Associations s'engagent à améliorer l'accès des enfants à
l'éducation. « Les rapports entre l'AME, l'APE et les structures décentralisées et
déconcentrées de l'État en matière d'éducation et les agences des Nations Unies » sont
au cœur de la promotion et de l'avancement de l'éducation au Burkina Faso (Entretien
semi-dirigé 6, communication personnelle, 27 octobre 2008). L'absence d'un tel réseau
d'appui au développement et à la coopération constitue une impasse aux contributions
des associations de femmes au DD.

Les initiatives de l'AME à Koumbili et de l'AME à Siéna sont également


soutenues par les membres du personnel enseignant et de la direction de l'école du

93
village. Cette jonction entre ces entités favorise l'harmonisation de leurs différentes
approches au développement dans un contexte d'appui, de partage et de synergie de
l'action (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, intervenant 1,21 novembre
2008). En tant que conseillers et interprètes pour les mères éducatrices, les enseignants
facilitent la communication et la mise en place d'activités de réseautage entre les
différents membres de la communauté. Ils expriment l'importance des projets associatifs
féminins aux collectivités locales et ils facilitent la mise sur pied de projets qui répondent
aux intérêts collectifs et féminins (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle,
18 octobre 2008).

L'AME à Koumbili et l'AME à Siéna ont bénéficié d'un appui financier soutenu
de la part du projet GEBC : 2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD. Le projet, en plus d'avoir
fait un don de bicyclettes pour faciliter les déplacements des mères éducatrices entre les
différentes localités, a collecté des fonds pour la promotion de l'éducation et les activités
de sensibilisation dans le village (Entretien semi-dirigé 9, communication personnelle, 21
novembre 2008). De plus, grâce à leurs liens avec les membres du projet GEBC : 2005-
2010-ACDI-AUCC-PUCD, l'AME à Koumbili et l'AME à Siéna sont actives sur le plan
de la sensibilisation à l'environnement dans les écoles (PPUCD, 2004). L'AME à
Koumbili entretien un deuxième partenariat avec le Ranch de Nazinga qui constitue une
zone de tourisme et de chasse sportive et qui couvre 40 % du tenitoire de Koumbili
(Ouattara et al, 2008). Le ranch a financé la construction de la cuisine scolaire à
Koumbili et il a envoyé du riz, des cubes de bouillon Maggi et de l'huile pour
approvisionner la cantine scolaire (Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle,
18 octobre 2008). Enfin, l'AME à Siéna reçoit l'appui de professionnels de la santé qui
sont recrutés par le ministère de la Santé. Ces professionnels en question collaborent avec
l'AME à Siéna pour animer des sessions de sensibilisation à la santé une fois par année,
soit à l'occasion de l'AG.

L'Association Di San Daani et la Fédération provinciale des productrices de


beune de karité entretiennent des rapports avec d'autres associations et
organisations/structures locales et reçoivent l'appui de certains ministères et ONG. Il y a
quelques années déjà, l'Association Di San Daani entretenait un rapport de

94
commercialisation avec l'Association Song-Taaba qui lui fournissait des amandes de
karité à des fins de vente (Entretien semi-dirigé 2, communication personnelle, 4
novembre 2008). De surcroît, en plus de bénéficier de sa proximité à l'AME à Koumbili,
l'Association Di San Daani profite de l'appui de trois partenaires à la coopération et au
développement, soit le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), le projet GEBC :
2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD et le MECV (Entretien semi-dirigé 1, communication
personnelle, 17 octobre 2008). Aucune précision n'a été apportée quant à la nature des
contributions du FEM auprès de l'Association Di San Daani. Pour leur part, le projet
GEBC : 2005-2010-ACDI-AUCC-PUCD a soutenu par une contribution financière d'un
an l'augmentation du nombre de fillettes qui fréquentaient l'école de Koumbili alors que
le MECV collabore davantage au niveau des formations offertes aux membres de
l'Association (Entretien semi-dirigé 1, communication personnelle, 17 octobre 2008).

La Fédération provinciale des productrices de beune de karité possède des GVF


avec lesquels elle entretien un rapport étroit. Ces GVF créent une synergie entre les
activités de chaque groupement qui constitue la Fédération. Contrairement à
l'Association Di San Daani qui reçoit un appui à la formation de la part du MECV, l'État
n'intervient toutefois pas auprès de la Fédération. Cette dernière bénéficie néanmoins
d'un réseau de coopération important, notamment grâce à l'appui d'organisations à but
non lucratif variées. Premièrement, l'ONG suisse Hilfswerk der Evangelischen Kirchen
Schweiz - Entraide protestante suisse (HEKS-EPER)25 défraye les coûts de location de
l'atelier de production de la Fédération (Entretien semi-dirigé 5, communication
personnelle, 20 octobre 2008). Puisque les productrices ont des missions à l'extérieur de
Pô, notamment à Tiébélé et à Guiaro26, l'ONG HEKS-EPER finance les formations de
renforcement des capacités qui sont mises à la disposition des productrices.
Deuxièmement, le Fonds pour l'alphabétisation et l'éducation non formelle
(FONAENF), autre partenaire de la Fédération, intervient spécifiquement au niveau de
l'alphabétisation des productrices. Cette Association à but non lucratif fut créée par l'État

25
L'HEKS-EPER a obtenu son titre de fondation en 2004, bien qu'elle fut fondée par la Fédération des
églises protestantes de Suisse (FEPS) en 1946.
26
Deux des cinq communes de la province du Nahouri.

95
burkinabé en 2002 pour soutenir les projets qui sont créés dans le cadre du Plan décennal
de développement de l'éducation de base (PDDEB) (Direction du développement et de
la coopération (DDC), http://www.cooperation-
suisse.admin.ch/burkinafaso/fr/Accueil/Les_Programmes_en_cours/Education_de_base_
et_formation/Fonds_pour_l_Alphabetisation_et_l_Education_Non_Formelle_FONAEN,
site consulté le 3 décembre 2009). Troisièmement, la Fédération provinciale des
productrices de beurre de karité contribue à améliorer l'alimentation et la santé des
productrices grâce à l'appui généreux de la Caisse populaire. Cette dernière octroie des
petits crédits aux productrices qui leur permettent de travailler, de générer un revenu et de
s'acheter les produits et les aliments nécessaires pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Dans certains cas, les crédits alloués permettent également aux femmes de défrayer les
coûts de scolarisation de leurs enfants. Les bénéficiaires sont tenues à rembourser les
prêts selon les modalités établies par l'institution financière. Enfin, l'organisation MDM
a aidé la Fédération provinciale des productrices de beune de karité à développer un
nouveau volet d'alphabétisation. Ce volet inclut des thématiques qui portent sur la santé
et l'hygiène (Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008).

Enfin, contrairement à l'Association Di San Daani et à la Fédération provinciale


des productrices de beune de karité, le Groupement féminin Konkudoè ne bénéficie
d'aucun soutien moral et financier de la part de partenariats ou de réseaux de
concertation. L'État et les associations à but non lucratif étant complètement absents du
tenitoire, certaines contraintes empêchent l'orchestration d'un bon nombre de projets par
le groupement (Entretien semi-dirigé 11, communication personnelle, 22 novembre
2008). Dans un premier temps, le Groupement aimerait pouvoir construire des diguettes
en pienes sauvages afin de capter l'humidité dans les champs et maximiser la rétention
d'eau sur le tenain. Ceci lui permettrait de prendre part dans des activités de jardinage et
de reboisement qui demandent des quantités d'eau plus importantes. Dans un deuxième
temps, le Groupement aimerait construire des fosses fumières pour fertiliser les sols. Pour

Cette politique ayant été élaborée pour améliorer le système d'éducation de base au Burkina Faso, elle
s'appuie sur les principes du développement participatif et harmonise les actions d'intervenants locaux et
internationaux (MEBA, http://www.meba.gov.bf/SiteMeba/plans/pddeb.html, site consulté le 9 juillet
2010).

96
ce faire, il devrait collecter le fumier à l'aide de chanettes pendant la saison pluvieuse.
Or, le Groupement ne dispose pas des outils nécessaires pour mener à terme un tel projet
(Entretien semi-dirigé 11, communication personnelle, 22 novembre 2008). Dans un
troisième temps, le Groupement féminin Konkudoè aimerait augmenter ses activités de
production ainsi que la participation des femmes au marché local. Enfin, le Groupement
souhaite un jour avoir l'occasion de comparer ses approches de développement avec
d'autres associations. En partageant ses expériences associatives avec d'autres entités aux
ambitions comparables, le Groupement pounait harmoniser ses stratégies d'action et
améliorer ses résultats (Entretien semi-dirigé 11, communication personnelle,
intervenante 1, 22 novembre 2008).

Tel que mentionné précédemment, la Fédération provinciale des productrices de


beune de karité connaît beaucoup de succès dans le secteur associatif. Elle appuie les
AGR des femmes et met à leur disposition des formations variées de renforcement des
capacités. C'est grâce aux partenariats et à la concertation entre acteurs du
développement que l'intégration des femmes aux secteurs économiques au Burkina Faso
est possible. L'amélioration du bien-être socioéconomique des populations liée à
l'éducation, la santé, l'alimentation et l'hygiène est la conséquence d'une telle intégration
(Entretien semi-dirigé 5, communication personnelle, 20 octobre 2008).

L'AME à Koumbili et l'AME à Siéna ne produisent pas les mêmes résultats que
la Fédération provinciale des productrices de beune de karité en matière de productivité
et de rentabilité de leurs activités. Les ressources humaines et les partenariats desquels
elles dépendent et les fonds qu'elles reçoivent étant limités, l'AME à Koumbili et l'AME
à Siéna, tout comme le Groupement féminin Konkudoè, sont confrontées à certains
obstacles. Premièrement, bien que les mères éducatrices créent un engouement autour de
l'importance de l'éducation et de la nutrition, leurs sensibilisations n'ont pas encore
réussi à provoquer des changements visibles au-delà des écoles pour toucher le milieu
familial. La capacité d'action des AME est contrainte par le fait que les mères éducatrices
agissent à titre de bénévoles et que leurs activités sont ainsi non rémunérées. De plus,
puisque l'État et les ONG sont absents des territoires sur lesquels oeuvrent les deux
AME, les revenus modestes que génèrent les mères éducatrices dans le cadre de leurs

97
activités associatives ne suffisent pas pour diversifier leurs domaines d'activités
(Entretien semi-dirigé 3, communication personnelle, 18 octobre 2008).

Les associations de femmes veulent avant tout répondre aux besoins immédiats
des populations locales et de leurs familles. Certaines associations de femmes bénéficient
de petits crédits qui pounaient contribuer à diversifier leurs AGR, soit environ 50 000
francs CFA. Or, la plupart d'entre elles sont tout de même portées à se spécialiser dans la
production et la commercialisation de produits qui poussent à l'état sauvage. Nos
observations confirment que plutôt que de chercher à rentabiliser au maximum leurs
activités, les associations de femmes préfèrent vendre des produits moins coûteux qui
s'écouleront plus rapidement sur le marché afin de pouvoir nounir leurs familles
(Entretien semi-dirigé 7, communication personnelle, 31 octobre 2008).

6.3 L'État burkinabé face aux associations de femmes : Quelques réflexions

Nombreux sont les discours du gouvernement burkinabé qui insistent sur


l'importance des partenariats pour le développement et la promotion des initiatives
associatives féminines. L'État dit investir généreusement dans le financement de
programmes, de campagnes de sensibilisation et de projets nationaux et communautaires.
Ces derniers auraient pour but d'augmenter la présence des femmes et des filles dans les
écoles et les centres d'alphabétisation à l'échelle du pays. C'est d'ailleurs dans le cadre
de cette mission et à la lueur des résultats escomptés que fut développé le PDDEB le 14
septembre 2002. La communauté de base est indispensable pour stimuler un DD,
notamment dans un contexte de décentralisation et de mise en place des communes
rurales. L'État dit ainsi comprendre que la responsabilisation des femmes dans le
domaine de l'éducation s'avère incontournable (Entretien semi-dirigé 8, communication
personnelle, intervenante 1, 3 novembre 2008). On apprend également que la DPEF
s'avère active au niveau de la promotion de l'éducation, de l'alphabétisation et du
renforcement du rapport « filles-femmes-MEBA » (Entretien semi-dirigé 8, entretien
collectif, intervenante 1, 3 novembre 2008). Cette direction nationale a pour but
d'encadrer et de suivre les associations de femmes sur le tenain. Elle leur apporte
certaines recommandations pour contrecaner les défis socioculturels et structurels qui se
posent à elles et qui limitent leurs retombées socioéconomiques. En ce qui a trait au MPF,

98
ses discours officiels qui portent sur la valorisation des femmes se sont popularisés
depuis la création du ministère en 1997. Ces discours semblent à première vue marquer la
volonté du gouvernement burkinabé à viser un développement humain durable par
l'intermédiaire d'initiatives nationales de promotion de la femme dans les domaines
social, culturel et économique (MPF, juin 2004, p.l).

Pourtant, nos données et nos observations de tenain révèlent que l'État n'est pas
encore parvenu à livrer des résultats concrets, voire satisfaisants, sur le plan de
l'encadrement des associations de femmes sur le tenitoire pour la promotion du DD.
D'ailleurs, on observe davantage des difficultés importantes dans le domaine de la
coopération et des partenariats. Rappelons que nos études de cas ne permettent pas de
généraliser nos données. Cependant, nous constatons que l'AME à Koumbili, l'AME à
Siéna, l'Association Di San Daani et le Groupement féminin Konkudoè, malgré la mise
en vigueur de la politique de décentralisation qui fut décrétée en 2006 par le
gouvernement burkinabé, bénéficient très peu d'un accès aux ressources nationales sous
forme d'emplois, d'éducation formelle et de crédits pour les AGR. Les difficultés
auxquelles sont confrontées les associations de femmes, notamment au niveau de leur
liberté d'action et de leur autonomie financière, illustrent dans quelle mesure les
associations de femmes sont aujourd'hui sujettes à des contraintes socioculturelles et
structurelles. Ces contraintes sont difficilement remédiables dans le contexte présent et
renforcent la discrimination faite aux femmes (MPF, juin 2004, p.ii).

Devant les obstacles actuels liés à l'analphabétisme et au manque de scolarisation


des femmes et des filles, l'inégalité des chances et les difficultés qu'elle pose au
développement des collectivités sont d'autant plus critiques. Nous soutenons néanmoins
les propos d'Assogba (1997, 2004), de Sachs (1993) et de Gaudet (2010) qui disent
qu'avec l'encadrement étatique approprié sous forme d'une allocation soutenue de
ressources économiques et d'une mise en place de politiques publiques appropriées,
l'AME à Koumbili, l'AME à Siéna, l'Association Di San Daani, le Groupement féminin
Konkudoè et la Fédération provinciale des productrices de beune de karité pounaient
participer à la construction d'une société humaine, durable, démocratique et équitable.
Pour Assogba, « le transfert des responsabilités doit s'accompagner d'un transfert de

99
pouvoir. Si le désengagement de l'État a favorisé la création politique du mouvement
paysan africain, ce dernier a besoin, pour se consolider et s'épanouir, que ce même État
lui assure un environnement social et économique » (Assogba, 1997).

La valorisation du statut de la femme par les associations de femmes met l'accent


sur la complémentarité des contributions hommes/femmes plutôt que sur la subordination
de la femme à l'homme (Entretien semi-dirigé 6, communication personnelle, 27 octobre
2008). Cette valorisation de la femme entraîne à notre avis une émancipation féminine
progressive qui prend la forme d'une reconnaissance des compétences et des capacités
des femmes qui est indispensable au développement local et au DD. Comme l'exprime
Ouedraogo (2004) dans son étude de cas sur le Groupement des productrices maraîchères
de Oura-Koulsin au Burkina Faso, « les femmes ont réussi à s'affirmer et à se
transformer de plus en plus en actrices du développement local. Cette expérience
contribue à enrichir les organisations paysannes de l'économie sociale » (Ouedraogo,
2004, p.56).

6.4 Limites de la recherche

La première limite renvoie à la durée du tenain. Rappelons que notre séjour au


Burkina Faso n'a été que de deux mois. Ayant sous-estimé le temps nécessaire pour
s'adapter et pour s'approvisionner aux réalités complexes du Burkina Faso, nous
regrettons de ne pas avoir eu l'occasion d'assister à une AG ou à une rencontre officielle
d'association. Cela nous aurait permis de développer une meilleure compréhension des
réalités que nous ont partagés les informateurs-clés lors des entretiens semi-dirigés. La
deuxième limite conespond à l'espace culturel complexe et aux banières linguistiques.
Bien que nous avons communiqué en français avec les interlocuteurs à Ouagadougou, la
plupart des femmes qui habitent en milieu rural parlent en langue locale. Ce défi nous a
mené à demander la présence de traducteurs. Or, les réponses des femmes étant passées
par le biais d'un tiers parti, il y avait place pour des « eneurs » d'interprétation. Nous
avons ainsi conoboré l'information transmise en posant des questions de clarification à
d'autres intervenants à l'occasion de rencontres individuelles informelles, en consultant
différentes sources d'informations écrites et en ayant recours à l'observation directe.
D'où la pertinence de la triangulation des outils méthodologiques qualitatifs. La

100
triangulation permet au chercheur de minimiser les eneurs d'interprétation et de mesure.
Elle encourage le recours à des méthodes complémentaires de collecte de données qui
mettent en valeur l'expertise et l'expérience de différents interlocuteurs concernant des
questions ou enjeux particuliers. Nous sommes ainsi parvenus à combler les lacunes les
plus évidentes de chaque méthode (Roy, 2009). Finalement, notre tenain consistant de 11
entretiens, nous avons évité de généraliser nos résultats et les avons interprétés avec
prudence. Nous avons eu le privilège d'être encadrés par l'équipe du CEPAPE. Les
ressources qui ont été mises à notre disposition par le centre, tant pour cibler les
informateurs-clés que pour nous accompagner sur le tenain dans les sites à l'extérieur de
Ouagadougou, sont inestimables. Également, grâce au CEPAPE, nous avons eu
l'occasion de vivre dans une famille burkinabé impliquée dans le domaine du
développement international à Ouagadougou. Ceci a grandement facilité nos contacts
avec la culture du Burkina Faso.

101
CHAPITRE VII

Conclusion

Le Burkina Faso est l'un des pays les plus pauvres du monde. Rappelons que le
pays occupait la 177e position sur les 182 pays recensés pour le développement humain
en 2009 (PNUD,
http://hdrstats.undp.org/en/countries/country_fact_sheets/cty_fs_BFA.html, site consulté
le 9 juillet 2010). Les enjeux environnementaux, socioculturels et économiques identifiés
à Koumbili, Siéna, Pô et Toma se multipliant, les Associations de femmes dans ces
villages et villes incitent la mobilisation des femmes autour de projets qui cherchent
d'emblée à améliorer les conditions de vie des populations locales dans leur ensemble.

Les contributions environnementales des cinq associations de femmes renvoient à


la lutte contre l'exploitation des tenes et la désertification. À cet égard, la mise en place
des jardins communautaires est un outil indispensable. D'un point de vue socioculturel,
l'AME à Koumbili, l'AME à Siéna et la Fédération provinciale des productrices de
beune de karité font preuve de contributions liées à la promotion de l'éducation des
fillettes. De plus, les deux AME, ainsi que l'Association Di San Daani et le Groupement
féminin Konkudoè, sont impliqués dans la promotion de la santé et de la nutrition de leur
collectivité respective. Enfin, en ce qui a trait toujours aux contributions socioculturelles,
l'Association Di San Daani et la Fédération provinciale des productrices de beune de
karité promouvoient l'alphabétisation au sein de leur collectif féminin. En ce qui a trait
aux contributions économiques des cinq Associations de femmes, chacune d'elle joue un
rôle primordial au niveau de l'amélioration de l'accès des femmes à l'emploi à travers la
diversification des débouchées économiques. Alors que l'AME à Siéna parvient à
améliorer l'obtention de petits crédits des femmes pour leurs activités de petit commerce,
l'AME à Koumbili et la Fédération provinciale des productrices de beune de karité
réussissent à pallier le manque de financement auquel sont confrontées les femmes à
l'aide de prêts et de microcrédits. L'AME à Siéna et l'Association Di San Daani
parviennent également à offrir des formations techniques qui améliorent les compétences
féminines en matière de production, de transformation et de commercialisation. Enfin, la

102
Fédération provinciale des productrices de beune de karité a un impact sur le
renforcement des capacités des femmes, l'accès aux formations et la création d'emplois.

Tel que mentionné ci-haut, les contributions des Associations de femmes sont
liées à la promotion de l'éducation des enfants, de la nutrition et de la santé, aux activités
commerciales locales et à la protection de l'environnement par l'entremise des champs et
des jardins communautaires qui améliorent la sécurité alimentaire. Nous constatons que
leurs contributions transversales conespondent aux objectifs du DD puisqu'elles
promeuvent les bases d'un modèle de développement alternatif. L'AME à Koumbili,
l'AME à Siéna, l'Association Di San Daani, la Fédération provinciale des productrices de
beune de karité et le Groupement féminin Konkudoè naissent dans des contextes
politiques et socioéconomiques difficiles et plutôt défavorables à l'égard des populations
rurales du Burkina Faso et plus particulièrement à l'égard des femmes. Ainsi, elles
cherchent à remédier aux lacunes de l'État dans les secteurs environnemental, social et
économique en visant l'amélioration des compétences collectives féminines. Les
Associations de femmes y parviennent en ouvrant la porte aux femmes à de nouvelles
opportunités de formation et de divertissement. Par l'entremise de la sensibilisation et de
l'alphabétisation, les Associations de femmes s'engagent dans un travail de
transformation progressive des rapports humains/nature et des rapports hommes/femmes.
Elles contribuent plus particulièrement à redéfinir les responsabilités des hommes et des
femmes dans le développement et de repenser leur accès aux services sociaux,
notamment à l'éducation. L'objectif est d'améliorer la reconnaissance et la valorisation
des compétences féminines et l'accès à tous et toutes aux mêmes opportunités
socioéconomiques.

Pourtant, si les cinq Associations de femmes reconnaissent les bienfaits des


partenariats et de la concertation entre associations, organisations, groupes ou individus,
leurs expériences démontrent que ces rapports ne vont pas de soi. Il reste encore du
chemin à parcourir avant que les Associations de femmes à Koumbili, Siéna et Toma
puissent remédier à leur pauvreté et contribuer à la réalisation de projets de DD plus
ambitieux à long terme. Nous constatons que l'absence de tels réseaux partenariaux sur
ces trois territoires reflète avant tout le manque de politiques nationales et d'initiatives de

103
développement qui accompagnent et encadrent les Associations de femmes sur le tenain.
En d'autres mots, l'État devra jouer un rôle central dans le renforcement des capacités
féminines. Mais étant donné l'état de développement du pays, dans quelle mesure cela
est-il possible?

Les contributions économiques de l'AME à Koumbili et de l'AME à Siéna sont


appréciables. Cependant, les mères éducatrices à Koumbili expliquent que les difficultés
financières qu'elles rencontrent sur le tenain ont un impact palpable sur la nature et
l'impact de leurs activités. Tant et aussi longtemps que les associations de femmes
lutteront pour leur survie en absence des outils organisationnels et institutionnels requis
pour les aider à sortir de cette pauvreté, elles n'auront pas l'énergie, voire le désir, pour
soutenir un DD par l'entremise d'initiatives écologiques et socioéconomiques variées.

Les associations de femmes ne peuvent pas soutenir le poids du sous-


développement et elles ne doivent pas être considérées comme garantes du DD. Nous
soutenons toutefois qu'elles doivent devenir les sujets, ou bénéficiaires, de nouvelles
politiques de développement qui sous-tendent le DD. Ici, tout développement durable et
viable nous semble impossible sans la contribution des femmes. Nous souhaitons que
notre exploration des contributions et des besoins que ressentent les associations de
femmes à Koumbili, Siéna, Pô et Toma saura encourager la création et la poursuite de
nouvelles politiques publiques de développement. Ultimement, ces politiques auraient
pour but d'améliorer simultanément la condition féminine et les contextes
environnemental, socioculturel et économique des populations concernées. Souhaitons
que l'État et la société burkinabés reconnaissent l'importance de la participation des
femmes dans l'intérêt général du pays.

104
RÉFÉRENCES

Ahonsi, B. A. (1995). Gender Relations, Démographie Change and the Prospects for
Sustainable Development in Africa. Afrique et développement, XX(4), 85-114.
Amekotou, K. A. (2004). La promotion du développement durable par le renforcement
des capacités (éducation et formation) des femmes et des jeunes filles par l'ONG
ASMENE au Togo, 53-58. In Colloque de développement durable. Leçons et
perspectives (Tome II) [En ligne]. Disponible : http://www.francophonie-
durable.org/atelier-a2.html. Ouagadougou : Organisation internationale de la
francophonie, 353p.
Assogba, Y. (1997). Mouvement paysan et développement au tiers-monde : le cas de
l'Afrique noire francophone. In J.-L. Klein, P.-A. Tremblay & H. Dionne (Éds.),
Au-delà du néolibéralisme. Quel rôle pour les mouvements sociaux? (pp. 111-
121). Sainte-Foy : Presses de l'Université du Québec.
Assogba, Y. (Novembre 2000). Gouvernance, économie sociale et développement
durable en Afrique. CRISES (Collection Études théoriques, no ET0019) [En
ligne]. Disponible : https://depot.erudit.Org/bitstream/001688dd/l/ET0019.pdf
Outaouais : Université du Québec en Outaouais, 30p.
Assogba, Y. (2004). Introduction à l'analyse des dynamiques organisationnelles de
l'économie sociale et populaire en Afrique. CRDC (Série Recherches, no 33) [En
ligne]. Disponible : https://depot.erudit.Org/bitstream/001926dd/l/R33.pdf.
Outaouais : Université du Québec en Outaouais, 22p.
Bah, I. (2007). La coopération internationale décentralisée et le développement des
communautés en Afrique de l'Ouest (Guinée, Mali et Burkina Faso). In L.
Favreau & A. S. Fall (Éds), L'Afrique qui se refait : Initiatives socioéconomiques
des communautés et développement en Afrique noire (pp. 292-303). Québec :
Presses de l'Université du Québec.
Boisvert, D. (2009). La recherche documentaire et l'accès à l'information. In B. Gauthier
(Éd.), Recherche sociale. De la problématique à la collecte de données (5e éd.).
(pp. 89-108). Sainte-Foy: Presses de l'Université du Québec.
Bonzi-Coulibaly, Y. (2010). Les femmes et le développement durable. Réflexions sur la
place de la femme dans les projets de développement au Burkina Faso. In J.D.
Gaudet et L. Lafortune (dir.), Les grands enjeux des femmes pour un
développement durable, (pp. 71-79). Québec : Presses de l'Université du Québec.

Brunel, S. (2009). Développement durable. Paris : Presses Universitaires de France,


127p.
Comeau, Y. (1994). L'analyse des données qualitatives. CRISES (Études théoriques, no
ET9402) [En ligne]. Disponible :

105
https://depot.erudit.Org/bitstream/001759dd/l/ET9402.pdf. Laval : Département
de counseling et orientation Université Laval, 31p.
Comeau, Y. (2000). Grille de collecte et de catégorisation des données pour l'étude
d'activités de l'économie sociale (2e éd.). CRISES (Études théoriques, no
ET9605) [En ligne]. Disponible :
https://depot.erudit.Org/bitstream/001745dd/l/ET9605.pdf. Laval : Équipe de
l'économie sociale Université Laval, 20p.
Compaoré, N. P. (2010). Le défi du développement humain durable par les femmes et les
hommes. In. J.D. Gaudet et L. Lafortune (dir.), Les grands enjeux des femmes
pour un développement durable, (pp.81-101). Québec : Presses de l'Université du
Québec.
Fall, A. S. et al. (2004). Altermondialisation, développement et démocratie : la
contribution des organisations de coopération internationale (OCI). CRDC (Série
Comparaisons internationales, no 10) [En ligne]. Disponible :
https://depot.erudit.Org/bitstream/001845dd/l/CI10.pdf. Québec : Chaire de
recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC), 30p.
Falquet, J. (Éds.). (2002). Écologie : Quand les femmes comptent. Paris : L'Harmattan,
214p.
Favreau, L. (2005). Mouvement citoyen international et développement social. De
nouveaux espaces de dialogue interculturel. Nouvelles Pratiques sociales [En
ligne], 17(2). Disponible :
http://www.erudit.org/revue/nps/2005/vl7/n2/011230ar.pdf, 126-143.
Favreau, L. (2008). Entreprises collectives. Les enjeux sociopolitiques et territoriaux de
la coopération et de l'économie sociale. Québec : Presses de l'Université du
Québec, 332p.

Favreau, L. et al. (2002). Économie sociale, développement local et solidarité


internationale : esquisse d'une problématique. Nouvelles pratiques sociales [En
ligne], 15(1). Disponible :
http://www.erudit.org/revue/nps/2002/vl5/nl/008258ar.pdf, 15-24.
Favreau, L. et al. (2007). Le commerce équitable au Sénégal et au Burkina Faso. État des
pratiques et perspectives de développement. In L. Favreau & A. S. Fall (Éds.),
L'Afrique qui se refait : Initiatives socioéconomiques des communautés et
développement en Afrique noire (pp. 223-242). Québec : Presses de l'Université
du Québec.

Favreau, L., & Fréchette, L. (2002). Mondialisation, économie sociale, développement


local et solidarité internationale. Sainte-Foy : Presses de l'Université du Québec,
251p.
Fisette, J., & Salmi, M. (1991). Le désengagement de l'État en Afrique et les initiatives
locales : la naissance de nouvelles formes de partenariat. Cahiers de géographie

106
du Québec [En ligne], 35(95). Disponible :
http://www.erudit.org/revue/cgq/1991/v35/n95/022182ar.pdf, 349-368.
Gaudet, J. D. (2010). L'égalité des genres pour un développement durable. Discourir,
c'est bien, mais agir, c'est mieux. In J.D. Gaudet et L. Lafortune (dir.), Les grands
enjeux des femmes pour un développement durable, (pp.23-31). Québec : Presses
de l'Université du Québec.
Gauthier, B. (2009). Introduction. In B. Gauthier (Éd.), Recherche sociale. De la
problématique à la collecte de données (5e éd.) (pp. 1-17). Sainte-Foy: Presses de
l'Université du Québec.

Gendron, C. (2007). Le développement durable comme compromis. La modernisation


écologique de l'économie à l'ère de la mondialisation. Québec: Presses de
l'Université du Québec, 276p.
Gentil, D. (1986). Les mouvements coopératifs en Afrique de l'Ouest. Interventions de
l'État ou organisations paysannes. Paris: Éditions L'Harmattan, 269p.
Gibson, N. C. (2004). Africa and Globalization : Marginalization and Résistance. Journal
ofAsiam and African Studies, 39(1-2), 1-28.
Girard, C. (1994). Politiques publiques de coopération au développement organisations
paysannes africaines : l'exemple des communautés européennes. In J.-P. Jacob &
Ph. Lavigne Delville (Éds.), Les associations paysannes en Afrique. Organisation
et dynamiques (pp. 235-253). Paris : Éditions Karthala.
Humphrey, C. R. et al. (2002). Environment, Energy, and Society : A New Synthesis.
Belmont : Thomson Learning Group, Inc., 343p.
Ilboudo, M. (2010). Les grands enjeux des femmes du Sud pour un développement
durable. Les femmes, la citoyenneté et le développement : la révolution éthique.
In J.D. Gaudet et L. Lafortune (dir.), Les grands enjeux des femmes pour le
développement durable, (pp.9-21). Québec : Presses de l'Université du Québec.
Jacob, J.-P. (1994). Gouvernance, imputation, redondance. Réflexions sur la multiplicité
des intervenants et la multiplication des organisations paysannes. In J.-P. Jacob &
Ph. Lavigne Delville (Éds.), Les associations paysannes en Afrique. Organisation
et dynamiques (pp. 255-270). Paris : Éditions Karthala

Lachenmann. G. (1994). Civil Society and Social Movements in Africa. In J.-P. Jacob &
Ph. Lavigne Delville (Éds.), Les associations paysannes en Afrique. Organisation
et dynamiques (pp. 61-95). Paris : Éditions Karthala.
Laperrière, A. (2009). L'observation directe. In B. Gauthier (Éd.), Recherche sociale. De
la problématique à la collecte de données (5e éd.) (pp.311-336). Sainte-Foy:
Presses de l'Université du Québec.

107
Laulan, Y. M. (2003). Développement durable et condition féminine. In M. Boiteux
(Éd.), L'Homme et sa planète (pp.233-242). Paris : Presses Universitaires de
France.
Laville, J.-L., & Sainsaulieu, R. (Éds.). (1997). Sociologie de l'association : Des
organisations à l'épreuve du changement social. Paris : Desclée de Bouwer,
404p.
Lemay, J-F. (Décembre 2004). Rapport exploratoire de recherche sur les pratiques
économiques de commerce équitable au Burkina Faso et Sénégal. CRDC (Série
Rapports de recherche, no 10) [En ligne]. Disponible:
https://depot.erudit.Org/bitstream/001910dd/l/RR10.pdf Outaouais: Université du
Québec en Outaouais, 113p.

Neveu, É. (1996). Sociologie des mouvements sociaux. Paris : Éditions La Découverte,


123p.
Ouattara, I. et al. (décembre 2008). Changements climatiques, migrations et défis de la
gestion de l'environnement : le cas d'un village au cœur de la tourmente au
Burkina Faso. Vertigo, 8(3) [En ligne]. Disponible :
http://vertigo.revues.org/6582, 32p.

Quivy, R., & Campenhoudt, L. V. (2006). Manuel de recherche en sciences sociales.


Paris : Dunod, 253p.
Rowan-Campbell, D. (1999). Development with Women. Development in Practice
Reader. Oxford : Compiled by Oxfam, 11-31.
Roy, S.N. (2009). L'étude de cas. In B. Gauthier (Éd.), Recherche sociale. De la
problématique à la collecte de données (5e éd.) (pp. 199-225). Sainte-Foy: Presses
de l'Université du Québec.
Sachs, I. (1993). L'écodéveloppement. Paris: Syros, 120p.
Savoie-Zajc, L. (2009). L'entrevue semi-dirigée. In B. Gauthier (Éd.), Recherche sociale.
De la problématique à la collecte de données (5e éd.) (pp.337-360). Sainte-Foy:
Presses de l'Université du Québec.
Sow, A. (1995). L'intérêt de l'analyse du genre dans la relation économique entre la
femme rurale et son environnement : le cas de Niadiène en Moyenne Casamance.
Afrique et développement, XX(4), 29-59.
Sow, F. (1996). Les relations de genre dans l'environnement en Afrique. Dakar :
Université Cheik Anta Diop, 21p.

Stiglitz, J. E. (2002). La grande désillusion. Paris : Fayard, 407p.


Vasseur, L. (2010). Les traditions et l'engagement des femmes dans les communautés
rurales des pays du Sud. In. J.D. Gaudet et L. Lafortune (dir.), Les grands enjeux

108
des femmes pour un développement durable, (pp. 59-69). Québec : Presses de
l'Université du Québec.
Villalon, L. (2010). Les grands défis des femmes des pays du Sud pour bâtir la sécurité
alimentaire. In. J. D. Gaudet et L. Lafortune (dir.), Les grands enjeux des femmes
pour un développement durable, (pp. 33-50). Québec : Presses de l'Université du
Québec.

Zagré, P. (1994). Les politiques économiques du Burkina Faso. Une tradition


d'ajustement structurel Paris : Éditions Karthala, 244p.
Documents d'organisation
Association Di San Daani. Pamphlet officiel de l'association [Brochure], Ouagadougou,
5p.
Burkina Faso. Ministre de l'administration tenitoriale et de la décentralisation, Ministre
de l'agriculture, de l'hydraulique et des ressources halieutiques, Ministre des
finances et du budget, Ministre de l'économie et du développement, Ministre de
l'environnement et du cadre de vie & Ministre des ressources animales. Avec
l'appui technique et financier du projet ADEPAC/PNUD. (Octobre 2007). Guide
du Conseil Villageois de Développement (CVD). Ouagadougou : Journal officiel
du Faso, 60p.
Burkina Faso. Ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation. (Octobre
2001). Plan local du développement. Province du Nahouri. Pô : Haut-
Commissariat, 137p.
Burkina Faso. Ministère de l'administration tenitoriale et de la décentralisation.
(Septembre 2008). Coordination nationale des associations des mères
éducatrices. Ouagadougou : Ministère de l'administration tenitoriale et de la
décentralisation, Direction générale des libertés publiques et des affaires
publiques & Direction des organisations et associations de la société civile, 3p.
Burkina Faso. Ministère de la promotion de la femme. (Juin 2004). Étude diagnostique de
la situation de la femme au Burkina Faso pour l'élaboration de la politique
nationale de la promotion de la femme. Ouagadougou : Manufacture des Arts
graphiques, 133p.
Burkina Faso. Ministère de la promotion de la femme. (Juin 2004). Politique nationale de
la politique de la femme. Ouagadougou : Imprimerie « Les Dix M », 38p.
Burkina Faso. Ministère de la promotion de la femme. (Mai 2006). Plan d'action pour la
promotion de la femme 2006-2010. Ouagadougou : Impression IAG, 73p.
Burkina Faso. Ministère de l'économie et des finances. (Juillet 2007). Avec l'appui
technique et financier du projet ADEPAC/PNUD. Guide méthodologique de
planification locale. Comment élaborer et mettre en œuvre un plan communal de
développement (PCD). Ouagadougou : Ministère de l'économie et des finances,

109
Direction générale de l'aménagement du territoire du développement local et
régional, 163p.
Burkina Faso. Ministère de l'enseignement de base et de l'alphabétisation. (1992) Statut
de l'association des mères éducatrices. Ouagadougou : Ministère de
l'enseignement de base et de l'alphabétisation, Direction générale de
l'enseignement de base & Direction de la promotion de l'éducation des filles, 3p.

Burkina Faso. Ministère de l'environnement et du cadre de vie. (Octobre 2008). Plan de


promotion des activités en faveur des femmes dans le secteur de l'environnement.
Ouagadougou : Ministère de l'environnement et du cadre de vie, Direction des
études et de la planification 41p.
Canada. Agence canadienne de développement international (ACDI). (Décembre 2004).
Projet PUCD Volet 1. Gestion des écosystèmes basée sur les communautés au
Burkina Faso. Plan d'implantation du projet. (No de projet S062590-001).
Moncton: Université de Moncton, 121p.

Groupement féminin Konkudoè. (1999). Règlement intérieur [Brochure]. Toma :


Assemblée Générale Constitutive, 8p.
Sites Internet
Air Combat Information Group (ACIG) Journal. Burkina Faso and Mali : Agachar Strip
War, 1985 [En ligne]. Disponible :
http://www.acig.org/artman/publish/article_460.shtml, site consulté le 22 février
2011.
Association Song-Taaba des femmes unies et développement (ASFUD). Qui sommes-
nous [En ligne]. Disponible : http://www.song-taaba.org/taaba-org-f.htm, site
consulté le 23 août 2010.

Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Histoire du Franc CFA [En
ligne]. Disponible : http://www.bceao.int/internet/bcweb.nsf/pages/musel, site
consulté le 23 novembre 2009.
Centre international pour l'éducation des filles et des femmes en Afrique. Objectifs [En
ligne]. Disponible : http://www.cieffa.org/spip.php7article8, site consulté le 5
mars 2009.
Centre Mampuya : partenariat pour un développement durable. Baobab, Pain de singe
[En ligne]. Disponible : http://www.mampuya.org/plantes/baobab.html, site
consulté le 7 juin 2010.
Direction du développement et de la coopération (DDC). Fonds pour l'alphabétisation et
l'éducation non formelle (FONAENF) [En ligne]. Disponible :
http://www.cooperation-
suisse.admin.ch/burkinafaso/fr/Accueil/Les_Programmes_en_cours/Education_de

110
_base_et_formation/Fonds_pour_l_Alphabetisation_et_l_Education_Non_Formel
le_FONAENF, site consulté le 3 décembre 2009.
Fonds monétaire international (FMI). Le FMI en un clin d'œil [En ligne]. Disponible :
http://www.imf.0rg/external/np/exr/facts/fre/glancef/.htm, consulté le 10
septembre 2009.

Fonds pour l'environnement mondial (FEM). [En ligne]. Disponible : http :


//www.environmentcanada.gc.ca/international/unorgs/femf.htm, site consulté le
15 février 2010.
Hilfswerk der Evangelischen Kirchen Schweiz (HEKS-EPER). Organisation [En ligne].
Disponible: http://www.heks.ch/fr/portrait/organisation/, site consulté le 13
janvier 2010.
Institut national de la statistique et de la démographie (INSD). Tableau 10.17 : Évolution
de la production de coton par région (en tonnes) [En ligne]. Disponible :
http://www.insd.bf/fr/Tableaux/T1017.htm, site consulté le 11 janvier 2010.

INSD. (Juillet 2008). Recensement général de la population et de l'habitation de 2006 du


Burkina Faso. Résultats définitifs [En ligne]. Disponible :
http : //burkinafaso. coteazur. free. fr/documents/demographie/plaquette .pdf, site
consulté le 11 janvier 2010, 52p.

INSD. Tableau 05.08 : Évolution du taux brut de scolarisation du primaire (en %) [En
ligne]. Disponible : http://www.insd.bf/fr/Tableaux/T0508.htm, site consulté le 9
avril 2010.
INSD. Tableau 05.20 : Évolution des effectifs du primaire par sexe et par région [En
ligne]. Disponible : http://www.insd.bf/fr/Tableaux/T0520.htm, site consulté le 9
avril 2010.
INSD. Indicateurs récents [En ligne]. Disponible : http://www.insd.bf/fr/, site consulté le
9 avril 2010.
Nations Online Project. Administrative Map of Burkina Faso [En ligne]. Disponible :
http://www.nationsonline.org/oneworld/map/burkina_faso_map.htm, site consulté
le 28 mai 2010.
Ministère de l'enseignement de base et de l'alphabétisation (MEBA). Politiques et plans
sectoriels : le PPEB [En ligne]. Disponible : http://www.meba.gov.bf/SiteMeba
/plans/pddeb.html, site consulté le 9 juillet 2010.
Ministère de l'environnement et du cadre de vie (MECV). Programme d'action national
d'adaptation à la vulnérabilité et aux changements climatiques (Pana du Burkina
Faso) [En ligne]. Disponible : http://unfccc.int/resource/docs/napa/bfa01f.pdf, site
consulté le 7 septembre 2010, 76p.

111
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Human Development
Report 2009 [En ligne]. Disponible :
http://hdrstats.undp.org/en/countries/country_fact_sheets/cty_fs_BFA.html, site
consulté le 9 juillet 2010.
Sos Sahel International France. Actions en cours. Nayala - Burkina Faso [En ligne].
Disponible:
http://www.sossahel.org/actions_en_cours/actions_en_cours/nayala_burkina_faso
site consulté le 12 janvier 2009)
Études de cas
McSween, N. (mars 2007). Sous la direction de L. Favreau. La contribution du commerce
équitable au développement local au Burkina Faso: Les cas de l'Union des
producteurs maraîchers du Burkina Faso et du Cercle des sécheurs (Série
Mémoires, no 11). Thèse de Maîtrise, Université du Québec en Outaouais, 164p.
Ouattara, L, Chouinard, O., Tranchant, C. C , & Vanderlinden. (2008). Changements
climatiques, migrations et défis de la gestion de l'environnement : le cas d'un
village au cœur de la tourmente au Burkina Faso. Vertigo, 8(3) [En ligne].
Disponible : http://vertigo.revues.org/6582, 1-32.

Ouedraogo, S. (février 2004). Sous la direction de Y. Comeau. Le groupement des


productrices maraîchères de Oula-Koulsin (Burkina Faso). CRISES (Études de cas
d'entreprises d'économie sociale, ES0402) [En ligne]. Disponible :
https://depot.erudit.Org/bitstream/001262dd/l/ES0402.pdf. Montréal : Université
du Québec à Montréal, 61p.

Ouedraogo, C , & Ouedraogo, A. (juillet 1998). Etude exploratoire sur le crédit accordé
aux femmes dans la province du Bazenga (Burkina Faso). Ouagadougou : Unité
d'enseignement et de recherche en démographie, 44p.

Soulama, S. (2010). Culture du coton et biodiversité des sols de la zone de Guiaro :


impact socio-environnemental de l'utilisation des pesticides. Thèse de Maîtrise en
études de l'environnement, Faculté des études supérieures et de la recherche,
Université de Moncton, 134p.
Toe, P., & Dulieu, D. (2007). Ressources naturelles entre conservation et développement.
Vers une activité agricole alternative dans la périphérie du « Parc régional W »
(Burkina Faso). Paris : Éditions L'Harmattan, 114p.

Entretiens semi-dirigés
Entretien semi-dirigé 1 : Association Di San Daani, entretien collectif, 17 octobre 2008
Intervenante 1 : Présidente de l'association
Entretien semi-dirigé 2 : Présidente de l'Association Di San Daani, Entretien individuel,
4 novembre 2008

112
Entretien semi-dirigé 3 : AME à Koumbili, entretien collectif, 18 octobre 2008
Entretien semi-dirigé 4 : Directeur d'école de Koumbili, entretien individuel, 18 octobre
2008
Entretien semi-dirigé 5 : Présidente de la Fédération provinciale des productrices de
beune de karité, entretien individuel, 20 octobre 2008
Entretien semi-dirigé 6 : fonctionnaire du UA/CIEFFA, entretien individuel, 27 octobre
2008
Entretien semi-dirigé 7 : fonctionnaire du MPF, entretien individuel, 31 octobre 2008
Entretien semi-dirigé 8 : DPEF, entretien collectif, 3 novembre 2008
Intervenante 1 : fonctionnaire
Intervenante 2 : fonctionnaire
Entretien semi-dirigé 9 : AME à Siéna, entretien collectif, 21 novembre 2008
Intervenant 1 : Directeur d'école de Siéna
Entretien semi-dirigé 10 : fonctionnaire du MECV, entretien individuel, 19 novembre
2008
Entretien semi-dirigé 11 : Groupement féminin Konkudoè, entretien collectif, 22
novembre 2008
Intervenante 1 : Trésorière du groupement

113
ANNEXE 1 :

Formulaire de consentement

Chère Madame,

Merci de participer à cet entretien semi-dirigé dans le cadre de ma recherche sur les
contributions des associations de femmes en matière de développement durable au
Burkina Faso. Notre rencontre, qui ne dépassera pas 90 minutes, a pour objet de discuter
avec vous des problématiques (environnementales, sociales et économiques) qui touchent
votre pays. Je souhaite connaître la nature des activités animées par votre association de
femmes en vue de comprendre comment ces activités contribuent au développement de
votre communauté. Je souhaite avoir l'opportunité de m'asseoir avec vous et de discuter
des buts de vos activités en m'attardant à vos interprétations concernant des thématiques
clés. Plus spécifiquement, j'aimerais comprendre la place que vous occupez et le rôle que
vous desservez au niveau du perfectionnement des soins de santé, de l'accès à
l'éducation, de la lutte contre la désertification, de l'accès à l'eau, de la protection des
écosystèmes et de la lutte contre la corruption, entre autres. Une meilleure compréhension
de votre collaboration avec certains agents de développement dans la réalisation de vos
activités (ONG nationales et internationales, États, société civile et autres associations
formelles et informelles) sera également visée.

J'aimerais vous rappeler que toute information qui sera divulguée lors de l'entretien
semi-dirigé sera utilisée à des fins scientifiques seulement et que votre anonymat est
assuré. L'information recensée sera confidentielle et aucun nom ne sera mentionné dans
les documents ultérieurs. Il est possible que je procède par un enregistrement de notre
entretien afin de faciliter le processus d'analyse qui s'ensuivra. Si tel est le cas, vous
serez avisé de mon intention et votre niveau de confort face à cette procédure sera
respecté, sans préjudice.

Bien sûr, je souhaite que nous puissions compléter l'entrevue et que cette expérience soit
enrichissante pour vous. Or, si vous vous sentez, à un moment ou l'autre, inconfortable
ou insatisfaite avec la direction que prend l'entrevue, vous êtes libre de ne pas répondre à
la question donnée, d'intenompre l'entrevue ou encore, de mettre fin à celle-ci, sans
préjudice. Votre participation est volontaire et vous avez la liberté de me faire part de vos
commentaires et/ou préoccupations lors de notre rencontre.

Lors de ma présence sur le tenain et pendant notre rencontre, je compte recourir à une
technique d'observation directe qui aura lieu de façon spontanée et sporadique. Nos
échanges ayant pour but de mieux saisir vos interprétations et impressions sur des
thématiques données dans un contexte de développement, les notes que je prendrai en
fonction de mes observations serviront d'aide-mémoire. Elles feront l'objet d'un journal
de bord qui sera utilisé à des fins strictement analytiques. Veuillez noter que votre

114
anonymat est assuré et que vous avez la liberté de me faire parvenir vos réactions et/ou
préoccupations face à ce processus d'observation.

Si vous avez des préoccupations de nature éthique concernant ce projet ou souhaiter


formuler une plainte, vous pouvez contacter le bureau de la Faculté des études
supérieures et de la recherche de l'Université de Moncton à l'adresse suivante :
Université de Moncton, Édifice Taillon, Moncton, Canada, El A 3E9. Vous pouvez
également contacter le bureau par téléphone au 01 506 858-4310 ou encore, par courrier
électronique (fesr@umoncton.ca).

Afin de confirmer votre accord de participer à cette recherche académique, nous vous
prions de signer ce formulaire de consentement.

Merci pour votre généreuse coopération.

Signature de l'interlocuteur Date Signature de l'intervieweur

Corinne Guindon
Au soin du bureau de la Maîtrise en études de l'environnement
01 506 858-4498
Université de Moncton
Campus de Moncton
Couniel : ecg4819@umoncton.ca

115
ANNEXE 2 :

Grille d'entretien semi-dirigé : Associations rurales et urbaines

Partie I : Enjeux environnementaux, socioculturels, économiques et politiques et activités


du milieu associatif féminin à Koumbili, Siéna, Toma et Pô

1. Est-ce que la saison des pluies a changé depuis 10 ou 15 ans ?

2. Est-ce que vos activités quotidiennes ont changé avec le changement de la saison
des pluies ? Comment ?

3. Est-ce que vos activités changent avec la saison des pluies et la saison sèche ?

4. Est-ce que les pluies ont eu des impacts sur la fertilité de vos tenes? Est-ce que
les pluies ont eu d'autres impacts ?

5. Est-ce que les sécheresses vous préoccupent ?

6. Est-ce que vous êtes familières avec d'autres problèmes environnementaux dans
la région ?

7. Est-ce que ces problèmes vous affectent directement ? Comment ?

8. Est-ce que certaines de vos activités quotidiennes cherchent à réduire ces


problèmes environnementaux ?

9. Selon vous, est-ce le manque de fertilité de vos tenes est due à des problèmes
autres tels la déforestation, l'augmentation de la population, la culture du coton,
etc.?

10. Est-ce qu'on cultive beaucoup le coton à Siéna et Koumbili ?

11. Est-ce vous croyez que le coton est important pour votre survie ?

12. Qui cultive beaucoup le coton à Siéna et Koumbili ?

13. Est-ce que les femmes ont accès aux tenes autant que les hommes ?

116
14. Est-ce que les tenes utilisées pour le coton limitent l'accès des femmes (à
l'intérieur et à l'extérieur de l'association) à des tenes ?

15. Est-ce que les hommes travaillent dans le village ou à l'extérieur du village ?

16. Quand les hommes quittent le village, est-ce que vos activités quotidiennes
changent ?

17. Est-ce que vous avez un jardin ?

18. Qu'est-ce que vous semez (légumes, céréales, etc.)? Sont-ils entreposés ?

19. Comment est-ce que vous entretenez et protégez votre jardin ?

20. Comment est-ce que vous l'anosez ?

21. Quelles distances parcourez-vous pour aller chercher de l'eau ?

22. Est-ce que l'eau crée des conflits dans le village ?

23. Avez-vous accès à de l'eau potable ? Est-ce que vous y avez accès grâce aux
initiatives de votre association ?

24. Est-ce que vous avez des animaux (moutons, chèvres, poulets, etc.) ?

25. Comment est-ce que vous les nourrissez ? Les abreuver ?

26. Est-ce que vos animaux et jardins nourrissent votre famille ?

27. Qu'est-ce que vous mangez dans une journée ?

28. Est-ce que votre alimentation a changé dans les 10-15 dernières années ?

29. Est-ce que votre alimentation s'est améliorée depuis que vous faites partie de
l'association ?

30. Comment sont votre santé et celle de votre famille ?

31. Est-ce que votre santé a changé depuis que vous faites partie de l'association ?
Quel type de changements est-ce que vous observez ?

117
32. Est-ce que les activités de votre association aident au niveau de l'accès aux soins
de santé dans le village ? Comment ?

33. Est-ce que l'association augmente ou diminue vos tâches quotidiennes ? Quelles
sont les conséquences de ceci ?

34. Comment est-ce que l'association aide vous et votre famille ?

35. Est-ce que vous vendez des produits sur le marché ?

36. Est-ce que votre participation au marché est importante pour vous ? Pourquoi ?

37. Est-ce que vous aimeriez y participer plus ? Pourquoi ?

38. Est-ce que vous participez au marché plus souvent depuis que vous faites partie
de l'association ?

39. Est-ce que vos filles vont à l'école ?

40. Est-ce que l'association vous aide à envoyer vos filles à l'école ? Comment ?

41. Est-ce que les terres que vous utilisez pour semer vos légumes, céréales, etc.
appartiennent à votre famille, votre village (collectif) ?

42. Est-ce que les femmes dans votre village ont toujours accès à des tenes pour
semer leurs légumes et céréales même si elles ne font pas partie d'une
association?

Partie II: Caractéristiques organisationnelles et institutionnelles des activités des


associations de femmes

2.1 Caractéristiques organisationnelles

1. L'association existe depuis quelle année ?

2. Je m'intéresse aux activités de votre association. Pourriez-vous me décrire ce que


vous faites dans une journée à Siéna ou Koumbili ?

3. Est-ce que chaque femme a des responsabilités spécifiques dans l'association ?

118
4. Est-ce que vous comprenez bien quelles sont vos responsabilités dans
l'association ?

5. Comment est-ce que vous déterminez quel est votre rôle dans l'association ?

6. Est-ce que vous vous rencontrez régulièrement (une fois par semaine) pour
discuter du fonctionnement de l'association et des activités que vous menez ?

7. Je comprends que l'Association des mères éducatrices joue un rôle important au


sein du village. Pourquoi ?

8. Quels sont les objectifs de votre association dans le village ?

9. Qu'est-ce que votre association a fait pendant la dernière année pour accomplir
ces objectifs ?

10. Est-ce que vous rencontrez des enseignants (rapport avec organismes locaux) ?

Si oui, comment ce rapport avec les enseignants aide-t-il l'association ? Quel rôle
jouent-ils ?

11. Est-ce que l'association vous donne un accès à l'éducation ? Si oui, qu'est-ce que
vous apprenez ? Sinon, aimeriez-vous avoir accès à l'éducation ?

12. Est-ce que vous vendez vos légumes, céréales, etc. sur le marché ?

13. Est-ce que vous vendez les animaux ?

14. Qu'est-ce que vous faites avec l'argent que vous ramassez ?

15. Est-ce que vous faites du bénévolat auprès de l'association ? De quel type
d'activités s'agit-il ?

16. Est-ce que vous recevez quelque chose en retour pour votre travail bénévole ?

17. Est-ce que l'association reçoit l'appui d'autres organismes pour ses activités
(ONG, État) ? Quelles sont ces entités.

18. Pourquoi est-ce que vous faites partie de cette association dans votre village ?

119
19. Combien de membres font parties de votre association ?

20. S'il y a cotisation, est-elle versée dans un fonds commun ?

21. Comment sont financées les activités des femmes dans le village ?

22. Est-ce que l'association se spécialise dans un produit et/ou service particulier ?

23. Pourquoi est-ce que votre association a décidé de se spécialiser dans ce(s)
service(s) et/ou produit(s) ?

24. Est-ce que chaque membre de votre association se charge d'une tâche spécifique
liée au développement du produit ou du service offert ?

25. Quels sont les rôles des femmes dans l'association ?

26. Est-ce que le travail des femmes dans l'association aide à réaliser les objectifs de
l'association ?

27. Est-ce que votre association offre des activités de formation (éducation,
renforcement des capacités, recherche d'emploi) à ses membres ?

28. Est-ce que vous assistez à des formations qui vous expliquent votre rôle dans les
activités de l'association ? Y'a-t-il certains avantages à cela ?

29. En tant que membres, quels ont été les avantages et les désavantages de ces
activités de formation ?

2.2 Caractéristiques institutionnelles

1. L'association est-elle formelle ou informelle (fonctions sont hiérarchisées ou


non)?

2. Comment votre association formelle implique-t-elle les femmes dans le processus


de prise de décision (composition du conseil d'administration et du conseil
exécutif, rôles occupés par les femmes, taux de participation aux assemblées,
etc.)?

3. Dans votre association formelle, combien de femmes remplissent des postes de


décideur ?

120
4. Est-ce que certaines femmes de l'association sont membres du Conseil villageois
de développement (CVD) ?

5. Est-ce que votre association informelle dépend de rapports particuliers avec des
acteurs spécifiques ? Lesquels ?

6. Est-ce que l'association informelle reconnaît les compétences individuelles et


collectives de ses membres ?

Si oui, comment ces compétences sont-elles conciliées pour respecter les intérêts
de tous et pour garantir le succès des activités l'association ?

121
ANNEXE 3 :

Grille d'entretien semi-dirigé : Ministères et départements

Partie I : Enjeux environnementaux, socioculturels, économiques et politiques et activités


du milieu associatif féminin à Koumbili, Siéna, Pô et Toma

1. Selon vous, quels sont les enjeux actuels qui portent atteinte aux femmes? Au
fonctionnement des associations de femmes (analphabétisme, manque
d'éducation, accès limité à un travail rémunéré, manque de financement, tâches
domestiques trop lourdes, accès limité à des postes de décision) ?

2. Est-ce que ces mêmes enjeux posent des défis en matière de développement
durable au Burkina Faso ? Pourquoi ? Quels sont ces défis ?

3. Qu'est-ce qui, selon vous, incite une mobilisation des femmes dans le secteur
associatif ?

4. J'aimerais me familiariser avec le contexte socioculturel à Siéna et Koumbili (ou


au Burkina Faso en général). Est-ce qu'il existe une répartition du travail entre les
hommes et les femmes ?

5. Est-ce que cette répartition des activités limite l'accès des femmes à du travail
rémunéré ?

6. Y'a-t-il des contextes spécifiques d'ordre politique, économique, social et


environnemental qui ont influencé une telle répartition (période précoloniale
versus postcoloniale) ?

7. Cette division du travail constitue-t-elle un défi devant être surmonté afin que le
Burkina Faso puisse accéder à un développement durable ?

8. Croyez-vous que les responsabilités et compétences des femmes au sein du


ménage sont transférables vers leurs activités associatives ?

122
9. Est-ce que les associations de femmes parviennent efficacement à valoriser les
compétences et le travail quotidien des femmes dans le développement ?
Comment est-ce avantageux pour les femmes et le développement durable ?

10. Est-ce que cette valorisation augmente le degré d'influence des femmes dans leur
communauté (accès à de nouveaux espaces de pouvoir) ? Comment ?

11. Est-ce que la charge d'activités des femmes les empêche, en quelque sorte, de
s'engager dans des activités génératrices de revenus ?

12. Est-ce que les associations de femmes permettent d'alléger ces tâches
quotidiennes ? Comment ?

13. En général, est-ce que les femmes ont accès à des tenes pour leurs semences ?

14. Est-ce que cet accès est plus facile ou plus difficile pour les femmes que pour les
hommes ?

15. Pourquoi croyez-vous que les femmes s'intéressent au milieu associatif au


Burkina Faso en général ?

16. Selon vous, quels sont les obstacles les plus importants pour atteindre un
développement durable au Burkina Faso ?

17. Selon vous, est-ce que les associations de femmes sont présentement confrontées
à des obstacles importants ?

18. Quels sont les plus grands obstacles aux activités des associations de femmes ?

19. Quelle est votre interprétation du concept « développement durable »? Pouvez-


vous me fournir une définition ?

20. Comment l'analphabétisme des femmes et le manque de scolarisation des jeunes


filles influent-ils sur le développement du Burkina Faso et des communautés
rurales plus particulièrement ?

123
21. Est-ce que le phénomène de désertification constitue un problème de premier plan
au Burkina Faso? À Siéna et Koumbili ?

22. Est-ce que le type d'activités auxquelles s'adonnent les femmes change selon les
saisons sèches et les saisons des pluies ?

23. Comment est-ce que la désertification affecte les activités quotidiennes des
femmes dans le village ?

24. Est-ce que les activités agro-industrielles de coton, par exemple, prédominent au
Burkina Faso ?

25. Est-ce que vous diriez que ces industries ont des impacts sur l'environnement
naturel? Quels sont ces impacts à Siéna et Koumbili ?

26. Diriez-vous que les projets de développement initiés par les pays du Nord pour les
pays du Sud (sous l'égide de la BM et du FMI, entre autres) ont contribué à
modifier les activités des femmes dans le village et au Burkina Faso en général ?
Comment ? Quelles sont ces activités ?

Partie II : Caractéristiques organisationnelles et institutionnelles des activités des


associations de femmes

2.1 Caractéristiques organisationnelles

1. Quel est le mandat du Ministère auprès des associations de femmes au Burkina


Faso? À Siéna et Koumbili ?

2. Est-ce que le Ministère a élaboré certaines politiques en faveur d'une coopération


avec les associations de femmes dans le développement durable ? Quelles sont ces
politiques ?

3. Est-ce que certaines initiatives furent développées suite à ces politiques? Qu'elles
sont- elles ?

4. Votre Ministère a-t-il développé certaines initiatives en faveur des associations de


femmes et du développement durable ? Quelles sont ces associations ? Quelles

124
sont ces initiatives ? Quels domaines touchent-elles (environnemental, social,
économique) ?

5. Quel est l'objectif de telles initiatives ?

6. Est-ce que les initiatives qui ont été mises en place jusqu'à présent en faveur des
associations de femmes ont eu des débouchées positives au niveau de la
scolarisation et l'alphabétisation ? Quels autres impacts sociaux ont été ressentis ?

7. Outre les retombées sociales, est-ce que ces mêmes initiatives ont occasionné des
changements à d'autres niveaux également, soit environnementaux et
économiques ?

8. Est-ce que le Ministère offre des formations aux femmes qui sont membres des
associations féminines ?

9. Êtes-vous familière avec l'Association des mères éducatrices (AME) oeuvrant à


Siéna et Koumbili ?

10. Entretenez-vous un rapport avec l'AME ?

11. Quelles sont vos initiatives auprès d'elle ?

12. Est-ce que vous diriez que les associations des femmes sont importantes pour le
développement durable ? Pourquoi ?

13. Quels avantages les associations de femmes offrent-elles à leurs membres ?

14. Quel est l'état des responsabilités des femmes au niveau de leur village et de leur
famille depuis leur insertion dans une association ?

15. Est-ce que les associations de femmes créent des emplois pour les femmes dans
leurs communautés ? Activités génératrices de revenus ?

16. Est-ce que les associations de femmes aident dans la construction de certaines
infrastructures sociales liées à la santé (dispensaires), à l'éducation et à
l'environnement ?

125
17. Est-ce que les associations de femmes font appel à des donneurs ?

18. Quel est le rôle des dons et des subventions dans la construction des
infrastructures ?

19. Croyez-vous donc que les associations de femmes sont un moyen pour les
femmes de participer à leur propres développement et émancipation ? Pourquoi ?

20. Le marché fournit-il présentement des opportunités de travail pour les femmes;
opportunités qui sont génératrices d'emplois et de revenus ?

21. Est-ce que les produits dans lesquels se spécialisent les associations de femmes
sont distribués aux familles ou est-ce qu'ils sont plutôt vendus par l'entremise
d'agents intermédiaires telles les unions régionales ou nationales ?

22. Est-ce que les produits ou services dans lesquels se spécialisent les associations
ont tendance à dominer le marché actuellement ?

23. Est-ce que ces produits ou services entrent en compétition avec les services et
produits offerts par d'autres agents (État, entreprise privée, autres associations) ?

24. Croyez-vous qu'il est plus difficile pour les associations de femmes de recevoir
un appui externe ?

25. Je crois comprendre que l'État burkinabé a développé le Fonds pour les activités
génératrices de revenus spécialement pour aider les femmes. Est-ce qu'elles ont
donc facilement accès à du financement pour leurs activités ?

26. Est-ce qu'un tel accès a changé les activités quotidiennes des associations de
femmes ?

27. Est-ce que les associations de femmes ont recours au microcrédit ?

28. Quels ont été les avantages du microcrédit pour les femmes et leurs familles ?

29. Est-ce que le microcrédit offre aux femmes un meilleur accès aux tenes et aux
formations ?

126
30. Quelle sorte de rapport est-ce que l'association entretien avec l'extérieur
(partenariat, alliance, autonomie) ?

31. Est-ce que l'association entretien un rapport avec le secteur privé (banques,
industries et commerces)? Quel type de rapport (financier, éducation,
sensibilisation) ?

32. Est-ce que les associations entretiennent des rapports entre elles ou avec d'autres
groupements de femmes ? Quel type de rapport ? Est-ce avantageux pour elles ?

33. Est-ce que vos rapports avec les associations renferment des avantages pour les
femmes, leurs familles et leurs communautés ? Quels sont-ils ?

34. Est-ce que l'association entretien un rapport avec des ONG ? Quel type de
rapport?

35. Est-ce que vous diriez qu'une synergie entre les différents partenaires de la
coopération est indispensable au fonctionnement de l'association ? Pourquoi ?

36. Pouvez-vous me décrire quelles ont été les débouchées de vos politiques et de vos
initiatives pour les associations de femmes ?

37. À votre connaissance, est-ce qu'il y a eu des avancements au niveau des activités
de l'Association des mères éducatrices (AME) à Siéna et Koumbili ?

38. Puisque vous entretenez un rapport de coopération avec les associations de


femmes, vous participez à la création et à l'exécution de certains projets. Une fois
votre mandat terminé auprès de l'association, comment assurez-vous la
pérennisation des projets ?

39. Selon vous, quels sont les critères de base pour la réussite des associations de
femmes ?

2.2 Caractéristiques institutionnelles

1. Les associations avec lesquelles vous coopérez sont-elles formelles ou informelles


(fonctions hiérarchisées ou non) ?

127
2. Comment l'association formelle implique-t-elle les femmes dans le processus de
prise de décision (composition du conseil d'administration et du conseil exécutif,
rôles occupés par les femmes, taux de participation aux assemblées, etc.) ?

3. Est-ce que l'association informelle reconnaît les compétences individuelles et


collectives de ses membres ? Si oui, comment ces compétences sont-elles
conciliées pour respecter les intérêts de tous ?

4. Selon vous, est-ce qu'une telle conciliation des compétences est déterminante du
succès de l'association de femmes ? Comment ?

128
ANNEXE 4 :

Tableau d'indicateurs et indices du DD

Indicateurs Indices

Dimension • Activités de sensibilisation à l'environnement ou


environnementale éducation relative à l'environnement (ÈRE)
• Amélioration de la sécurité alimentaire
• Lutte contre enjeux environnementaux qui menacent la
survie de certaines ressources naturelles
Dimension sociale • Amélioration de l'accès des filles et des femmes à
l'éducation et à des soins de santé (action sociale et
sensibilisation)
• Amélioration de l'alimentation et de la nutrition
• Épanouissement individuel et collectif dans un contexte
libre, équitable et solidaire
• Promotion de la femme et égalité des chances (action
sociale et sensibilisation)
• Alphabétisation
Dimension • Mobilisation des ressources financières nécessaires à
économique l'organisation et à la pérennisation des projets
(microcrédit)
• Diversification des débouchées économiques (AGR)
disponibles aux femmes
• Amélioration des revenus des femmes

129
ANNEXE 5 :

Tableau de synthèse de l'AME à Koumbili

Village bénéficiaire Koumbili

Nombre de membres Plus de 80 en automne 2008.

Objectifs Promotion de l'éducation des enfants et des


fillettes.

Activités Sensibilisation de la communauté (hommes


et femmes) face à l'importance que
comporte l'éducation pour le
développement, action sociale et suivis
scolaires (tenir compte de la présence des
enfants aux cours), alphabétisation des
membres (lecture, écriture, calcul),
préparation de repas pour les élèves,
entretien du domaine scolaire (balayage de
la cuisine et entretien de la cour d'école),
animer rencontres qui font la promotion
des avantages liés à la participation des
femmes au marché.

Organisation démocratique Les membres du bureau, ces dernières


effectuant des fonctions administratives,
sont élues de façon démocratique à l'AG.
Les autres membres ont la liberté de
discuter du fonctionnement de l'association
et des activités qui se déroulent en son sein
lors des rencontres (organisées au besoin, à
la demande des membres).

Mode d'affection du surplus Les revenus individuels des femmes, qui


proviennent de leur participation au marché
local, sont investis dans l'achat de
condiments pour nourrir la famille. Ils
servent également aux cotisations.

Acteurs ou porteurs de projet Regroupement de femmes bénévoles de


tous les âges qui s'effectue au nom du
développement et de la solidarité.

130
ANNEXE 6 :

Tableau de synthèse de l'AME à Siéna

Village bénéficiaire Siéna

Nombre de membres 50 mères éducatrices en automne 2008.

Objectifs Promouvoir l'éducation des enfants et des


fillettes (assurer la réussite scolaire en
s'occupant du domaine scolaire).

Activités Fonctionnement de la cantine scolaire


(approvisionnement et préparation des
repas quotidiens pour les élèves),
entreposer le mil (contribution des parents)
dans le magasin de l'école, effectuer des
suivis quotidiens des travaux scolaires des
élèves, préparation du soumbala,
maraîchage (augmenter la qualité et la
quantité des aliments disponibles grâce à la
production, la commercialisation et l'achat
de produits écoulés sur le marché local),
entretien d'un jardin (faire pousser vivres
utilisés pour la préparation des repas des
élèves et agir en tant que source de revenus
pour l'association), sensibilisation sur la
prévention de maladies courantes,
représentation des mères auprès des
pouvoirs publics, faciliter l'accès aux petits
crédits à travers la participation active des
femmes au marché.

Organisation démocratique Participation des membres au processus de


prise de décision de l'association. Des
rencontres sont organisées et animées par
l'AME au besoin.

Mode d'affection du surplus Les revenus servent à l'achat de fournitures


scolaires et aux dépenses de l'association.

Acteurs ou porteurs de projets Regroupement de femmes bénévoles de


tous les âges qui s'effectue au nom du
développement et de la solidarité.

131
ANNEXE 7 :

Tableau de synthèse de l'Association Di San Daani

Village bénéficiaire Koumbili

Nombre de membres Plus de 100 membres en automne 2008.

Objectifs Contribuer au développement du village et


à l'amélioration des conditions
socioéconomiques des populations les plus
défavorisées en cherchant à améliorer le
bien-être des femmes et des fillettes.

Activités « Alphabétisation et éducation, santé


(maternelle et infantile, lutte contre les IST
et le VIH/Sida), AGR), gestion des
ressources naturelles, appui à la
vulgarisation des textes portant sur les
droits de la femme et des enfants, suivis
d'accompagnement des acteurs à la base »
(Association Di San Daani, brochure de
l'association, p.2), gestion de la banque de
céréales, scolarisation des enfants et des
fillettes (action sociale et sensibilisation),
alphabétisation des membres en langue
nationale (lecture, écriture, calcul),
participation à la construction de forages
(lutte contre la désertification),
participation au marché local (encourager
les femmes à s'engager dans des activités
telles le séchage et la vente de poissons),
sensibilisation quant aux avantages du
marché, animer sessions de formation sur
le séchage de poisson et le jardinage,
participation aux AGR.

Organisation démocratique Un tiers des revenus qui proviennent des


AGR est distribué directement aux femmes
alors que le deux tiers restant est déposé
dans la caisse de l'association. Il sert à
acheter du nouveau matériel, à payer les
déplacements des membres qui doivent
travailler à l'extérieur du village et à
subventionner les initiatives d'action
sociale de l'association.

132
Mode d'affection du surplus Les cotisations des membres financent les
dépenses liées à l'entretien du domaine
scolaire.

Acteurs ou porteurs de projets Regroupement de femmes bénévoles. Elles


sont, pour la plupart, membres de l'AME à
Koumbili également.

133
ANNEXE 8 :

Tableau de synthèse de la Fédération provinciale des productrices de beurre karité

Village bénéficiaire Pô

Nombre de membres En 2008, la fédération comptait 44 GVF et


1466 productrices.

Objectifs Production et vente de beune de karité et


de savon de karité.

Activités Promotion de l'éducation des fillettes,


production et vente de produits de karité
sur marchés locaux, nationaux et
internationaux, alphabétisation des femmes
(lecture, écriture, calcul, hygiène, santé),
sensibilisation sanitaire (maladies, suivis
avec femmes enceintes) grâce à des
partenariats avec l'AGUPEO et Médecins
du monde, formations en techniques
spécialisées (FTS) dans la production du
savon et le tricot, cours de français
fondamental (AFFF), sensibilisation
environnementale (protection des arbres
fruitiers) s'inscrivant dans la lutte contre la
pauvreté des femmes, production et
commercialisation de produits de karité, y
compris produits biologiques, faciliter
l'accès au crédit et au financement pour ses
membres, possibilités d'avancements
(postes d'animatrices et de superviseures)
pour les femmes qui sont proprement
formées, alphabétisées et suivies par la
fédération.

Organisation démocratique Les productrices se rencontrent une fois par


mois pour faire le bilan de leurs activités.
Elles disposent d'un droit de vote et d'une
liberté d'expression face au déroulement
des activités auxquelles elles prennent part
avec leurs collègues. Une AG a lieu une
fois par année. Les GVF auxquels font
partie les productrices sont représentés à
l'AG. Les décisions prises lors de
l'assemblée sont le fruit d'un processus
délibératif dans lequel prennent part les

134
membres. Le lancement de la campagne
annuelle de la fédération s'effectue lors de
l'AG.

Mode d'affection du surplus Une part des profits est remise à


l'association (sers à défrayer les coûts de
déplacement des membres de l'Union et à
financer les activités de la fédération) alors
que la part qui reste est distribuée
directement aux productrices sur une base
individuelle.

Acteurs ou porteurs de projets Le travail des femmes est récompensé par


l'entremise de l'affection d'un revenu qui
provient de la commercialisation de leurs
produits.

135
ANNEXE 9 :

Tableau de synthèse du Groupement féminin Konkudoè

Village bénéficiaire Toma

Nombre de membres Plus de 70 membres en automne 2008.

Objectifs Se spécialise dans la production et la


commercialisation de la pâte d'arachide sur
le marché local et dans la protection du
patrimoine naturel par l'entremise
d'activités sociales diverses.
Activités Maraîchage, participation à des sessions de
sensibilisation, production et
commercialisation (petit commerce) de
denrées alimentaires (céréales, néré, pâte
d'arachide, arachides, soumbala), défense
et protection de ressources lignagères (lutte
contre la coupe de bois frais), entretien
d'un champ collectif pour les récoltes,
entraide par l'entremise d'emprunts qui
s'effectuent par le groupement au nom de
la solidarité.

Organisation démocratique Des rencontres sont organisées (dernier


samedi du mois) afin de revoir le
fonctionnement du groupement et pour
faire le bilan des activités qui sont menées
en son sein. La participation des femmes
aux AG leur garantit un statut égalitaire et
un droit de vote.

Mode d'affection de surplus L'argent que les femmes collectent grâce


au petit commerce est investi dans des
activités socioéconomiques et
environnementales collectives.

Acteurs ou porteurs de projets Femmes de la communauté qui


s'investissent à titre de bénévole au nom de
l'entraide.

136
137

Vous aimerez peut-être aussi