Vous êtes sur la page 1sur 5

TFA Géographie 

: Le barrage d’Ilisu

Bonjour à tous et à toutes, nous allons vous parlez aujourd’hui d’un


projet titanesque ayant couté 2,65 milliards de dollars et prit près de 15
ans à être construit : le barrage d’Ilisu en Turquie, plus précisément sur
le Tigre.
Présentons d’abord brièvement ce projet : Comme nous l’avons dit, il a
couté près de 2,65 milliards de dollars à la Turquie et pris 15 ans de
construction. Cet énorme barrage s’étend sur 1820m en longueur et
mesure 135m de hauteur. Ayant une superficie de 313 km2, il peut
contenir jusqu’à 10,4 milliards de m3 d’eau. Ce barrage est qualifié d’un
« rêve vieux de 70 ans ». Mais pourquoi cela, quelles hypothèses
pourraient expliquer cet engouement très prolongé pour un simple
barrage ? En voilà quelques-unes.

L’hypothèse principale expliquant la construction de ce projet est


évidemment la grande génération d’énergie hydroélectrique lucrative. En
effet, ce barrage génère 4,1 milliards de kWh par ans et a rapporté 51
millions de dollars en 3 mois à la Turquie. La Turquie a construit 585
barrages depuis 2002, et pour causes, ceux-ci contribuent à un quart de
l’électricité qui y est consommée annuellement. De plus, cela fortifie
l’économie à l’est de la Turquie qui est bien moins développée que celle
à l’ouest.
Dans le même registre, une autre hypothèse serait tout simplement le
stockage d’eau . En effet, en amont du barrage sera stockée une grande
quantité d’eau facilitant le transport de celle-ci et donc réduisant les
couts pour l’agriculture locale ainsi que l’approvisionnement en eaux des
habitations.
Une autre hypothèse convaincante pour expliquer la construction de ce
projet est l’engouement culturel qu’il va provoquer. En effet, la
construction du barrage d’Ilisu va engloutir de nombreux villages.
Hasankeyf, un petit village de 3000 habitants, est l’un d’entre eux. Ce
village abrite des ruines antiques datant de plusieurs millénaires qui
risquent donc d’être engloutie. John MacGinnis, archéologue dira que :
« D’un point de vue archéologique, ce qui se passe (à Hasankeyf) est un
désastre ».
Toutefois et c’est de là que vient l’argument de l’engouement culturel, les
autorités turques se veulent rassurantes, promettant que non seulement
ces ruines sous-marines pourraient attirer des plongeurs, mais aussi que
les habitants du village ne doivent pas s’inquiéter car leur relocalisation
est inclut dans le budget du barrage. Pour appuyer cette thèse, on peut
aussi mentionner l’exemple du barrage de Birecik sur l’Euphrate, qui, par
la montée des eaux qu’il a provoqué, a fort attiré l’attention du grand
public sur le site gréco-romain de Zeugma, jusque-là très peu connu.
Une dernière hypothèse expliquant la construction du barrage est celle
du waterpower. En effet, le Tigre qui prend sa source en Turquie se
déverse dans le Golfe Persique en passant par l’Irak. Ce fleuve est
important pour les 2 pays, les alimentant en eaux pour l’agriculture et les
populations ainsi qu’en énergie.
L’Irak et la Turquie se dispute sur le sujet de l’eau depuis des décennies,
l’Irak accusant régulièrement la Turquie de garder beaucoup d’eau pour
eux afin d’affaiblir l’économie irakienne. En effet les deux fleuves
passant par l’Irak, l’Euphrate et le Tigre, prennent tout deux leur source
en Turquie. La Turquie a donc un contrôle totale sur les arrivées d’eaux
en Irak, contrôle dont il ne manque pas d’abuser, mis en évidence
notamment par le nombre de barrage en Turquie en constante
augmentation, mais aussi par des conséquences directement visible en
Irak comme par exemple l’eau du Tigre en train de devenir trop salée
pour être potable ou pour être utilisée dans l’agriculture proche de
l’embouchure avec le Golfe Persique.

Parlons maintenant des principaux acteurs de ce projet : la société des


travaux hydrauliques d’état (DSI), le gouvernement turc, le projet du sud
de l’Anatolie  (GAP), les locaux, Internationnal River et enfin le
gouvernement irakien.

Premièrement, parlons du gouvernement turc. C’est lui qui a emprunté à


des banques turques et investi dans le projet. L’histoire du financement
de ce projet est assez longue mais pour faire court : le gouvernement
turc avait d’abord comme projet d’emprunter à des banques américaines
et européennes mais celles-ci imposaient des conditions climatiques et
de préservation du patrimoine trop conséquentes. C’est pour cette raison
que le gouvernement turc a décidé d’emprunter à des banques turques
pour avoir le contrôle total du projet.
Il y a ensuite la société des travaux hydrauliques d’état (DSI). Cette
agence gouvernementale responsable de la gestion de l’eau dans le
pays a été responsable de la planification et de la construction du
barrage d’Ilisu.
Enfin, il y a le projet du sud de l’Anatolie (GAP). Comme son nom
l’indique, il s’agit d’un projet dans le sud de l’Anatolie couvrant 9 régions
différentes. Il s’agit du plus gros projet de la Turquie datant des années
70 et disposant désormais de sa propre structure administrative. Le GAP
était responsable de la communication. Leur but était que la construction
du barrage d’Ilisu soit vue par tout le monde (particulièrement les locaux)
comme un développement économique et social extraordinaire offrant de
nouvelles opportunités de travails et constituant une source d’énergie
durable. Toutefois on constate en rétrospective que leur travail n’a pas
été très bien fait, le projet se faisant vivement critiquer par de nombreux
opposants dont nous allons parler maintenant.

Il y a d’abord les locaux, ceux de Hasankeyf par exemple. Ils sont pour
l’énorme majorité voire la totalité contre le projet. Ils sont contre la
destruction de leur patrimoine culturel ainsi que de l’environnement aux
alentours du barrage. Il y a même eu quelques manifestions comme
celle à Dargecit, un petit village où plus de 500 personnes se sont
retrouvés pour protester contre la construction de barrage dans la région.
Ensuite, il y a des organisations comme Internationnal River. Cette
organisation n’est pas la seule mais celle-ci a été particulièrement
expressive à propos de leur haine de ce projet. En effet le but de cette
organisation est de protéger les cours d’eau ainsi que les communautés
qui en dépendent. Elle a beaucoup parlé de l’atrocité du projet mais
aussi et surtout amplifié les voix des habitants locaux.
Enfin, il y a le gouvernement irakien. Comme dit plus tôt, il y a une
longue histoire d’accusation du gouvernement irakien sur le
gouvernement turc concernant l’eau et le fait que la Turquie en garderait
trop pour elle intentionnellement pour affaiblir l’Irak. Que ce soit le cas ou
non cela n’a pas empêché l’Irak de s’opposer fortement au projet tout au
long de sa construction.

Parlons maintenant du partage de l’eau au Moyen-Orient. Comme nous


l’avons dit, la Turquie et l’Irak ont une longue histoire de conflit pour le
partage de ce qu’ils appellent « l’or bleu ». L’Irak perd non seulement en
eau potable près de l’embouchure du Tigre à cause du débit mais aussi
en énergie potentielle. En effet comme vous le voyez sur cette carte
l’Irak a aussi construit de nombreux barrage. Quand on voit à quel point
ceux-ci sont lucratifs pour la Turquie on comprend vite le pourquoi de
leur prolifération en Irak. Toutefois le débit réduit leur arrivant depuis la
Turquie pose un dur dilemme à l’Irak : Continuer d’investir et de
construire des barrages au risque de perdre encore plus de terrain sur
l’eau salée du Golfe persique OU laisser tomber une forme d’énergie
lucrative au profit de la population et de l’agriculture

Ensuite, voici une carte parlant de la problématique de la ville de


Hasankeyf. Comme nous l’avons dit, ce village est un des principal
concerné de l’inondation obligatoire pour le fonctionnement du barrage
d’Ilisu. Hasankeyf se situe à 60km du barrage au nord-ouest de celui-ci.
Les habitants du village ont tous été relocalisé à Yéni.

Voyons maintenant l’évolution du territoire en Turquie. Pour voir


l’évolution du territoire nous devons d’abord parler du contexte
géopolitique de la Turquie en 1975 : A cette époque, l’énorme majorité
du PIB se fait à l’ouest du pays laissant le pays dans un grand
déséquilibre. Ce déséquilibre fait que des gens de l’est commencent à
déménager vers l’ouest du pays. C’est pour contrer ce déséquilibre que
sera construit cette année-là en 1975 le Keban dam ou simplement le
barrage de Keban en français. Suite à cela, réalisant le potentiel de
l’hydroélectrique, la Turquie créera le GAP.
Nous en avons déjà parlé pour les acteurs du barrage d’Ilisu mais les
buts et roles de ce projet s’étendent bien au-delà de la simple
communication ; Il a notamment comme objectif de produire de l’énergie
hydroélectrique à l’aide de barrage et d’utiliser ses barrages pour stocker
de l’eau en amont et faciliter l’irrigation des cultures. Il a aussi pour but
d’unifier le pays en modernisant les villes de l’est en les alimentant
toutes en électricité. Cet unification du pays a pour vocation directe de
ralentir cette migration vers l’ouest constatée plus tôt et donc de mieux
contrôler la population et surtout le peuple Kurde.
C’est donc dans ce cadre que seront construits :
 Le barrage de Karakaya en 1987
 Le barrage d’Ataturk en 1992
 Le barrage de Krolkizi et le barrage de Dicle en 1997
 Le barrage de Birecik et le barrage de Karakamis en 2000
 Le barrage d’Ermenck en 2009
 Le barrage de Dernier en 2012
 Et enfin le barrage d’Ilisu en 2018 qui n’est donc finalement pas
particulier et est juste un des nombreux barrage qui s’inscrit dans
le projet titanesque qu’est le GAP
Avant d’arriver à notre conclusion voyons finalement un schéma de
synthèse ainsi qu’un schéma fléché pour se donner une vue d’ensemble
sur le projet

Vous aimerez peut-être aussi