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Chapitre I / BARRAGES / Classification des barrages / 2018

CLASSIFICATION DES BARRAGES

1. INTRODUCTION

Les capacités du pays dans la distribution d’eau potable destinée à la consommation sont
passées de 1,2 milliard de mètres cubes en 1999 à 3,5 milliards aujourd’hui. Dans son dernier
rapport, Oxford Business Group (OBG) estime que «les efforts déployés par l’Algérie pour
améliorer sa sécurité hydrique vont franchir une étape importante dans les deux ans et demi à
venir avec la mise en service d’une série de nouveaux barrages». OBG se réfère notamment
aux 75 barrages que compte le pays, d’une capacité totale de 6,5 milliards de mètres cubes
(fig1.1).

Figure 1.1 : Les capacités du pays en eau potable, 2017 (existants & prévisionnels)

Ces ouvrages seront renforcés par 9 autres en cours de réalisation qui seraient prêts d’ici
2019. Autre argument d’OBG, le taux de remplissage de ces derniers avait atteint 68%, selon
le ministre du secteur, cité dans le rapport. Il rappelle dans le même contexte « les 80 sites
supplémentaires recensés pour la réalisation de nouveaux barrages, et 30 d’entre eux ont fait
l’objet d’études de faisabilité ».

Le gouvernement entend faire passer à 139 le nombre total de barrages en Algérie d’ici 2030,
et ce faisant, atteindre une capacité de stockage de près de 12 milliards de mètres cubes sur
l’ensemble du pays. OBG s’est également penché sur le dessalement de l’eau de mer et cite la
station de dessalement par osmose inverse de Magtaa à Oran comme pouvant être « l’exemple

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le plus marquant : d’une capacité de traitement de 500 000 m3/jour – permettant


l’approvisionnement en eau potable de 5 millions de personnes –, il s’agit là de la plus grande
usine de dessalement de toute l’Afrique ».

Quant à la station d’El Hamma, elle produit en moyenne 200 000 m³/jour, garantissant
l’approvisionnement en eau de 1,5 million d’habitants d’Alger, la capitale du pays. Le rapport
indique que le groupe américain General Electric a apporté 70% du financement du projet, le
reste étant fourni par l’entreprise du secteur de l’énergie Algerian Energy Company (AEC).
Coentreprise formée entre les groupes publics Sonatrach et Sonelgaz, l’AEC est responsable
de 13 usines de dessalement, dont 11 actuellement en service, d’une capacité totale de 2,1
millions de mètres cubes par jour.

Cela représente une hausse considérable des capacités de dessalement de l’Algérie, qui
s’élevaient à peine à 50 000 m³/jour en 2002, souligne le même rapport. « Ensemble, les
barrages et les infrastructures de dessalement ont multiplié par près de trois la capacité du
pays de distribution d’eau potable destinée à la consommation, celle-ci passant de 1,2 milliard
de mètres cubes en 1999, à 3,5 milliards aujourd’hui », note OBG.

Le rapport souligne que la poursuite des investissements dans ces dernières infrastructures
revêt une importance particulière dans la mesure où les ressources renouvelables d’eau douce
intérieures diminuent. Elles sont passées de 962 m3 par habitant en 1962 à moins de 290 en
2014, selon la Banque mondiale, ajoute OBG. Malgré la priorité accordée à l’investissement
public dans le secteur des ressources en eau, il se pourrait que l’Etat se tourne vers le secteur
privé pour une participation au financement de projets de sécurité hydrique, comme il l’avait
fait pour les stations de dessalement de Magtaa et d’El Hamma. OBG argumente cette option,
par le doublement l’an dernier de la dette publique, qui s’est élevée à 20,36% du PIB et le
besoin d’investissements exprimé en matière d’infrastructures de distribution.

2. HISTORIQUE & DEVELOPPEMENT


On trouve des barrages en terre et des digues en terre dont la construction remonte à
l’antiquité dans nombre de pays. Certains de ces ouvrages ont même atteint des dimensions
considérables pour l’époque, témoin ce barrage construit en 504 Av. JC à Ceylon et qui pour
une hauteur de 21,28 m stockait environ 13 millions de m3. Aujourd’hui comme par le passé
,les barrages en terre sont les plus nombreux dans la liste des ouvrages de retenue réalisés
dans le monde. Dans notre pays, la proportion des digues souples est la plus grande et cette
proportion deviendra encore plus importante à l’avenir.

Pendant longtemps, la construction des ouvrages se fit de façon tout à fait empirique avec de
nombreux échecs et destructions. Des essais de détermination rationnelles de pentes de digues
en terre furent proposées en 1907 par Bassel. Cependant, les progrès dans la théorie et la

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pratique de construction de ces types d’ouvrage furent très faibles jusqu’en 1930.Les progrès
dévirent très rapides à partir de l’élaboration des principes de la mécanique des sols et
suivirent le même développement impressionnant que celui de cette nouvelle science.

Actuellement, on construit des centaines de ces barrages, présentant parfois des hauteurs de
plus de 150 m avec toutes les garanties de sécurité nécessaire. Il faut cependant noter que les
risques d’accidents ont considérablement diminué pour les grands ouvrages alors que les
petits barrages en terre se rompent encore fréquemment ; ceci s’explique principalement par le
manque de précautions et de soins dans la construction des petits barrages ,soins et
précautions qui sont prodigués lorsque le barrage est un grand barrage.

3. CLASSIFICATION DES BARRAGES


3.1 Barrages en béton : les barrages en béton sont des structures constitués d’un matériau qui
supporte mal les efforts de traction. La fondation de ces ouvrages doit être de qualité la plus
homogène possible de façon à éviter les tassements différentiels.

- les barrages poids (fig1.2.a): ils résistent à la poussée de l’eau par équilibre statique. Leur
profil transversal est en gros triangulaire.

Figure1. 2. a : Schéma Barrage poids

- les barrages voûtes(fig1.2.b) : Par leur forme, ces ouvrages transmettent la poussée de l’eau
au massif d’appui en créant des contraintes plus importantes que dans le cas des barrages
poids.les barrages voûtes exigent du rocher de fondation des qualités toutes particulaires et
plus grandes que pour les autres types de barrages.

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Figure1. 2. b : Schéma Barrage voûte

- les barrages à contreforts (fig1.2.c): quand la vallée est trop large et que le volume de béton
pour un barrage poids se révèle trop considérable, le barrage à contreforts peut être une
solution intéressante. Il consiste en des murs de béton, parallèle, de forme triangulaire, plus ou
moins épais ou moins espacés qui résistent à la pression de l’eau par équilibre statique. La
bouchure entre les contreforts peut être plane ou formée de voûtes multiples semi-
cylindriques prenant appui sur les contreforts. On conçoit facilement que ce type de barrage
induit des contraintes sur la surface de la fondation moins élevée que dans le cas d’un
barrage-voûte ou un barrage poids.

Figure 1.2.c : Schéma Barrage à contreforts

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3.2 Barrages en matériaux meubles :

Leur aptitude à supporter les déformations constitue un des caractères essentiels des barrages
en matériaux meubles. Leur aptitude à la répartition de la poussée de l’eau sur une grande
surface en est une autre, essentiel. leur longueur et la hauteur ne sont limités que par le cubage
des matériaux à mettre en œuvre. En revanche, ces barrages sont sensibles aux phénomènes
d’érosion interne, et n’admettent pas de déversement par-dessus leur crête, ce qui conduit :

 D’une part, à étudier précisément leur perméabilité d’ensemble pour que les vitesses
de circulation de l’eau soient suffisamment faibles,
 D’autre part à les équiper d’évacuateurs de crues largement dimensionnées.

- Barrages en terre homogènes (fig1.3.1): ce type de barrage est constitué d’une seule qualité
de matériau (si on exclut les matériaux de protection des talus).le matériau constitutif de la
digue doit être suffisamment imperméable pour faire barrière à l’eau.les talus ont en général
des pentes faibles pour garantir la stabilité.

Figure 1.3.1: Barrage en terre homogène

 Pour le talus amont, à cause des risques de glissement lors de vidange rapide
succédant à une longue période de remplissage.
 Pour le talus aval, en raison également des risques de glissement lorsque le niveau de
l’eau est maintenu élevé et que la saturation dans le corps d la digue est à cote
importante.

Selon la nature des terres, la pente des parements peut varier de 10/1 à 3/1. L’étanchéité est
dans ce cas assurée par la terre elle-même. Il est ajouté différents systèmes de drainage de
haut en bas : coin drainant, tapis drainant prolongé par un drain dans le corps de la digue. En

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effet pour un profil totalement homogène, des suintements apparaissent sur le talus aval, si le
réservoir est plein pendant une longue période. La cote d’apparition de ces suintements
dépend de la pente du talus aval et de la perméabilité du matériau. Très approximativement,
on peut dire que, si aucune précaution n’est prise (drain) que les infiltrations apparaissent sur
le talus aval à 1/3 de la hauteur maximum de l’eau dans le réservoir.

On a rapidement abandonné les profils totalement homogènes (très fréquents autrefois) pour
des profils homogènes mais dans lesquels on dispose des quantités relativement faibles de
matériaux très perméables, à l’aval, pour le contrôle de l’infiltration à travers le barrage. On
dispose ces matériaux perméables soit en ‘drain de pied’ soit en ‘tapis filtrant ou drainant’.

On choisit le profil homogène, dans les zones où les matériaux disponibles présentent des
perméabilités peu différentes, ou que les sols à perméabilités très contrastées ne se trouvent
qu’en faibles quantités ou que leur extraction coûte cher.

-Barrages en terre avec noyau étanche (fig1.3.2): Il s’agit de barrages dont le profil se
compose d’un noyau central imperméable, encadre par des zones de matériaux
considérablement plus perméables. Les zones perméables soutiennent le noyau et le protègent
.Elles jouent le rôle de ‘stabilité’ du barrage alors que la zone imperméable assure le rôle
d’étanchéité’.La zone amont garantit la stabilité en cas de vidange rapide, quant à la zone aval
elle agit comme un drain pour le contrôle et le rabattement de la ligne de saturation.
D’ailleurs, pour un contrôle plus sûr de l’infiltration, la zone aval doit présenter une
perméabilité croissante du centre du barrage vers l’extérieur .Le noyau imperméable est en
général constitué d’argile compactée.

Figure 1.3.2:barrage en terre avec noyau étanche

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Les figures ci-dessous (fig1.3.3) montrent les divers arrangements (schématiquement) des
matériaux de différentes classes en fonction des sols de fondation. On remarque que lorsque le
barrage repose sur une fondation perméable, soit on prolonge le noyau central jusqu’au sol
imperméable (b) soit on prolonge vers l’amont le noyau par un tapis imperméable (c).

Figure 1.3.3 : Divers arrangements (schématiquement) des matériaux de différentes classes en


fonction des sols de fondation

Les zones perméables peuvent être réalisées de sable, de graviers, de galets, d’enrochements
ou de mélanges de ces divers matériaux.

-Barrages à masque ou à écran d’étanchéité (fig1.3.4): le barrage comprend un corps de


digue constitué de matériau perméable (sables, graviers, ou enrochements) et un écran de
matériau imperméable formant barrière à l’eau. La forme de cet écran peut varier depuis la
couverture étanche (masque) placé sur la face amont jusqu’au noyau vertical central. Le
matériau constitutif de cet écran peut être de la terre, du béton de ciment, du béton bitumineux
ou d’autres matériaux étanches. Si l’élément imperméable (couverture ou noyau) est en terre,
le barrage n’est considéré comme du type à ‘écran’ que si l’épaisseur de cet écran est à une

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cote quelconque < à la hauteur du massif situé au dessus de cette cote et en tous les cas < à
03m dans le cas contraire c’est un barrage zoné.

Figure1. 3.4: Barrage avec masque d'étanchéité

Pour les petits barrages (hauteur < ou = à 15m), le type de barrage à écran est peu
recommandé. En effet :

 Si le noyau étanche est en terre, la réalisation des filtres nécessaires exige une
précision et un contrôle strict difficiles à obtenir pour de petits ouvrages.
 Si l’écran est rigide (béton), il présente alors l’inconvénient d’être difficilement
accessible pour une inspection ou ne réparation d’urgence en cas de rupture.

Toujours pour les petits barrages, on évitera le masque en terre plaqué sur la face amont en
raison de son prix généralement élevé et de la difficulté de réalisation correcte des filtres
necessaires.de plus, cette couverture de terre imperméable doit être protégée contre l’érosion
par l’action des vagues et donc l’écran est rendu inaccessible an contrôle et aux réparations. Il
est préférable pour les petits barrages lorsque la digue ‘zonée ‘est impossible (peu de
matériaux imperméables disponibles) de réaliser l’étanchéité par un masque en béton (dalles)
ou en bitume.

-Barrages en béton compacté au rouleau (BCR) (fig1.4): Le BCR est un nouveau béton
faisant appel aux techniques de remblai pour sa mise en place. Les utilisations faites à ce jour
par les Américains et surtout les Japonais exploitent son caractère de béton en constituant
avec le BCR d’authentique barrage-poids. Dans d’autres utilisations, on se rapproche des
remblais pour mettre en place des massifs ayant les propriétés d’un massif rocheux de qualité
suffisante pour servir de fondation ou de parties d’ouvrages.

Les BCR sont essentiellement des bétons secs étalés en couches minces et compactés plus
énergiquement par des rouleaux vibrants que par des aiguilles de vibrations classiques. Il
présente cependant l’inconvénient d’une médiocre étanchéité du contact entre deux couches
successives, la perméabilité moyenne d’un massif important tel un barrage laisser à désirer.

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Actuellement, tous les barrages réalisés s’inspirent très directement des solutions adoptées
antérieurement pour les barrages poids et retiennent les profils très voisins des profils
classiques. Cependant les divergences existent sur de nombreux points dans les modalités de
mise en œuvre : agrégats, liants, épaisseur des couches, traitement des joints de reprise,
obtention de l’imperméabilité.

Figure1. 4 : Barrage en béton compacté au rouleau (BCR).

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