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2.

Les barrages
A. ROLES D'UN BARRAGE
Les barrages sont construits pour arrêter les eaux d'un oued en vue de les emmagasiner (stocker) ou de les dériver vers
une autre utilisation bénéfique à l'homme.
Parmi les objectifs d'un barrage on peut citer :
O le stockage de l'eau pour l'alimentation en eau potable,
O le stockage de l'eau pour l'irrigation des terres et la production agricole,
O la lutte contre les crues qui peuvent causer des dégâts considérables (humains et
matériels), O la production de l'énergie hydroélectrique,
O la pisciculture,
O La navigation,
O la plaisance et le tourisme,
O La création de zones humides en vue de la préservation de l'environnement.
Cependant, les investissements pour un barrage sont tellement élevés que l'on préfère dans la plupart des cas réaliser
un barrage à buts multiples.
Lors de l'étude du barrage, il y a lieu d'étudier son impact sur l'environnement:
o rétention des limons fertiles suite au dépôt de sédiments dans la cuvette du barrage,
o prolifération d'algues et de mauvaises herbes qui consomment l'oxygène de l'eau et réduisent ainsi sa qualité,
o inondation de terres fertiles,
o inondation des habitations, parfois des quartiers entiers qu'il faut compenser équitablement (ce n'est pas
facile),
o inondation de cimetières comme dans le cas du barrage de Bou Roumi, wilaya de Ain Defla,
o inondation de sites archéologiques comme dans le cas du barrage d'Assouan en Egypte.

C. LES DIFFERENTS TYPES DE BARRAGES


Toute classification dépend de son objectif. On peut classer les barrages par leur fonction, par leur conception
hydraulique ou par les matériaux avec lesquels ils sont réalisés.
1. Classification par la fonction : On peut avoir des barrages de stockage et de régularisation. Ils
permettent d’emmagasiner les eaux pendant la période humide pour les restituer pendant la période sèche. Cette période peut
être une saison auquel cas nous avons affaire à une régularisation saisonnière (stockage saisonnier) et elle peut durer plusieurs
années et alors la barrage joue le rôle de régulateur interannuel (stockage sur plusieurs années). On peut encore spécialiser les
barrages en fonction des besoins à satisfaire : alimentation en eau potable et industrielle, irrigation, production d’énergie
électrique, pisciculture, loisir et tourisme.
Il existe aussi des barrages de dérivation. Ces structures permettent de modifier les cours de l’eau pour l’orienter
vers des canaux d’irrigation ou un barrage de stockage. Ce type de barrage est réalisé sur des oued qui ont des apports
importants mais ne disposent pas de sites de barrages faisables. Nous avons le cas du barrage de dérivation de l’oued Chiffa
vers le barrage de Bou Roumi ou celui du barrage de Beni Amrane qui détourne une partie des eaux de l’oued Isser vers le
barrage de Keddara.
Il y a enfin les barrages écrêteurs de crues. Ils permettent de laminer les crues et réduire leurs pointes de manière
à ce que les débits sortant ne dépassent pas la capacité de l’oued en aval et ainsi les biens et les personnes sont protégées contre
les inondations. Parfois, dans les zones arides où les crues sont soudaines et dévastatrices, ce type de barrage permet de stocker
le volume de crue et de le restituer à un faible débit à l’aval et permettre ainsi la recharge de la nappe et économiser l’eau qui,
autrement se serait évaporée.
En réalité, il est rare qu’un barrage, qui nécessite de lourds investissements, ne soit utilisé au maximum de ses
possibilités Presque tous les barrages sont à but multiples.
2. Classification par l’emplacement de l’évacuateur de crue : sur la digue, en puits, ou un chenal sur un
des rives.
3. Classification en fonction des matériaux de construction : barrages en
terre, barrages en
enrochement et barrages en béton.
a- Les barrages en terre sont les plus courants car leur réalisation utilise des matériaux récupérés
dans les excavations sur le site et à partir de zones d’emprunt proche, facile à exploiter. En général ces matériaux ne
nécessitent pas de traitement particulier. De plus les caractéristiques topographiques, géologiques et géotechniques du site sont
moins contraignantes pour un barrage en terre que pour un autre type de barrage. Aujourd’hui, les meilleurs sites ont été déjà «
pris », la plupart de ceux qui restent ne conviennent qu’aux digues en terre.
Barrage Bou Roumi (Blida)

(en
terre homogène avec noyau en argile)
Barrage Keddara (Wilaya de Boumerdes)(en terre zonée avec noyau en argile)

Barrage Taksebt (Wilaya de Tizi Ouzou) (en terre zonée avec noyau en argile)

Barrage Deurdeur (Wilaya Ain Defla) (en terre zonée avec noyau en argile)
de Boukourdane (Wilaya de Tipaza)(en terre zonée avec noyau en argile)

Barrage Sidi M'hamed Ben Taïba (Wilaya Ain Defla)(terre zonée avec noyau en argile)

b- Les barrages en enrochement utilisent des enrochements de toutes tailles pour assurer la
stabilité et une membrane imperméable pour garantir l’imperméabilité. La membrane, placée sur la pente amont, peut être une
couche de sol imperméable, une couche de béton bitumineux, des plaques en acier, ou tout autre matériau imperméable. La
membrane peut aussi être un noyau central constitué d’argile imperméable. Les barrages en enrochement nécessitent des
fondations qui ne sont pas assujetties à d’importants tassements qui risqueraient de rompre la membrane imperméable. D’où
les seules fondations viables sont celle constituées de barres rocheuses, de sable ou de graviers compactés.
Les barrages en enrochement comme les barrages en terre nécessitent des évacuateurs de crue ayant une capacité
suffisante pour éviter la submersion de la digue ce qui entraînerait des dégâts importants et graves et souvent la rupture de la
digue et c’est la catastrophe.
Barrage Foum El Keis (Khenchela) (enrochement avec masque en béton armé)

Barrage El Agrem (Wilaya de Jijel) (enrochement avec masque amont en béton armé)

Barrage Bakhada (Wilaya de Tiaret) (enrochent avec masque amont en béton)


Barrage de Bou Hanifia (Wilaya Mascara) (enrochement avec masque en béton bitumineux)

c- Les barrages en béton sont construits sur des sites très étroits en U ou en V constitués de roches
rigides non sujettes à des déformations ou des tassements et pouvant supporter des charges importantes. On peut distinguer
trois types de barrages en béton.
- Barrage-poids : massifs, ces barrages de section transversale triangulaire, résistent à la poussée de l’eau par
leur poids. Ils conviennent très bien à une disposition de l’évacuateur de crue sur la digue. Son poids doit être
suffisamment grand pour qu’il ne glisse pas et ne bascule pas sous l’effet de la poussée de l’eau. Il est soumis
à deux types de forces :
La force de la poussée de l’eau qui est horizontale,
Et la force du poids du barrage qui est verticale et maintient le barrage en place.

Barrage poids
Barrage de Béni Haroun (Mila) (poids)

Barrage Hammam Grouz (Mila) (poids)

Barrage Koudiat Acerdoun (Bouira) (poids)


Barrage Zardesas (Skikda) (poids)

Barrage Djorf Torba (Béchar) (poids)


- Barrages à contreforts : Ils sont constitués :
D’une série de piliers régulièrement espacés à travers le site du barrage. Ils ont une forme triangulaire
et sont orientés perpendiculairement à l’axe du barrage.
Et d’une plate forme adossée aux contreforts. Elle reporte la poussée de l’eau sur les contreforts. Leur
poids et leur forme leur permettent de résister à la poussée de l’eau.
Ils utilisent moins de béton que les barrages-poids.

Barrage à contreforts
- Barrages-voûtes : leur forme leur permet de résister à la poussée de l’eau qu’ils reportent sur les rives et les
fondations. Ils sont constitués d’une voûte, parfois très mince, à simple ou double courbure. Le barrage voûte
nécessite moins de béton qu’un barrage poids. Sa stabilité est assurée par sa forme et non sa masse. Les
barrages voûtes sont construits surtout dans des vallées étroites.
²

Les barrages en béton sont rigides et ne supportent donc pas les déformations générées par des tassements
différentiels de la fondation, des failles ou des séismes.

Barrage Béni Bahdel (Tlemcen) (voutes multiples et Contreforts)

Barrage de Brezina (El Bayadh) (poids voute)


Barrage Foum El Gherza (Biskra) (Voute)

Barrage Tichy Haf (Béjaia) (voute)

Barrage Erraguène (Jijel) (Voutes multiples et contreforts)


Barrage Ksob (M’Sila) (Voutes multiples et contreforts)
D. CALCUL DE LA CAPACITE DE LA RETENUE
Le volume d’un barrage se décompose en quatre parties, qui jouent chacune un rôle spécifique et permettent ainsi
le fonctionnement optimal de l’infrastructure. Nous avons de bas en haut (voir figure ci-dessous) :
- Le volume mort dont le rôle est d’emmagasiner les sédiments charriés par l’oued tout au long de la durée
de vie du barrage.
- Le volume utile qui sert à stocker les eaux pour les restituer lorsque la demande en eau se manifeste.
- Le volume forcé qui permet de laminer les crues en diminuant leur débit de pointe à une valeur acceptable
par l’évacuateur de crues et éviter ainsi la submersion de la digue, ce qui entraînerait sa destruction avec de graves
conséquences sur la digue et les personnes et les biens situés à l’aval du barrage.
- La revanche dont le rôle est d’éviter que des vagues éventuelles dans la cuvette n’entraînent au
débordement par-dessus la digue. Cette revanche permet aussi de tenir compte des tassements éventuels de la fondation du
barrage qui entraîneraient à une élévation du niveau de l’eau au dessus de la crête du barrage.

Figure III – 1 : Décomposition du volume d’un barrage

1. Le volume mort ou garde d’envasement :


L’érosion hydrique est un phénomène complexe et très répandu en zone méditerranéenne et touche
particulièrement les pays du Maghreb dont il menace gravement les potentialités en eau et en sol.
Les infrastructures hydrauliques perdent chaque année une partie de leur volume en raison de leur envasement.
Cet envasement est du à l’érosion des bassins versants et constitue la source principale de la réduction de la capacité des
réservoirs. La connaissance des transports solides permet de déterminer la garde d’envasement (volume mort). Le volume de la
garde d’envasement est aussi fonction de la durée de vie du barrage, qui, elle, est déterminée sur la base de données
économiques.
Le taux d’abrasion est défini comme la quantité de terre arrachée au sol par les pluies et exprimée en t/km 2/an. Ce
taux sert à estimer le volume de sédiment qui arrive chaque année au barrage et ensuite le volume mort ou garde d’envasement
qu’il faut prévoir pour y stocker les sédiments. Il dépend :
a - du relief (accidenté ou pas), d – de l’hydrologie,
b – de la géologie, e – de la végétation,
c – de la climatologie, f – des activités agricoles sur des terrains fragiles et érodables.

2. Le volume utile : Le volume utile est le résultat d’une étude de régularisation. La régularisation comme son
nom l’indique permet de rendre régulier le débit d’un oued qui, à l’origine, est irrégulier. Ainsi le débit de l’oued devient
adapté aux besoins. La régularisation a pour but d’aplanir les pics et les creux d’un hydrogramme de manière à obtenir un plus
grand bénéfice de l’utilisation de ses ressources en eau. L’eau est stockée pendant les périodes où le débit est excédentaire
pour le restituer pendant les périodes où le débit est plus faible que les besoins.

Le volume utile est le volume nécessaire pour réguler les débits, c’est à dire pour stocker les excédents et
satisfaire au mieux les besoins avec une défaillance acceptable. Ce volume dépend de la capacité du barrage, de la régularité
des apports et de la régularité des besoins.

Pour avoir une idée plus claire du concept de la régularisation, prenons le cas de l’approvisionnement en eau d’un
domicile à Alger, dans un quartier où les coupures d’eau sont fréquentes.
On considère les cas suivants :
α) – Les besoins domestiques sont réguliers et à peu près constants : un douche tous les deux jours, la cuisine
tous les jours, une lessive tous les trois jours, etc. On peut, à titre d’exemple, considérer trois possibilités :
α) – 1 : L’approvisionnement en eau est régulier, c'est-à-dire qu’il n’y a pas de coupure d’eau et que chaque fois
qu’un besoins s’exprime, il est satisfait. Dans ce cas, nous n’avons pas besoin de Jerrycans pour stocker l’eau, nous n’avons
pas besoins de régulariser le débit car il est déjà régulier (adapté aux besoins) et donc le volume de stockage est nul, c'est-à-dire
que le volume utile est nul : Vu1 = 0.
α) – 2 : L’approvisionnement en eau est irrégulier, il y des coupures d’eau, l’eau est fournie un jour sur deux par
exemple. Dans ce cas il faut stocker l’eau dans une citerne ou un autre récipient dont la capacité ou volume utile V u2 doit nous
permettre de satisfaire les besoins en eau avec une certaine garantie. Vu2 > Vu1 > 0.
α) – 3 : Les coupures d’eau sont très irrégulières, dans ce cas, nous devons augmenter notre volume utile pour
accroître le degré de garantie que la demande en eau sera satisfaite.
Alors on aura : Vu3 > Vu2 > Vu1 > 0.
β – Supposons maintenant que les besoins sont eux aussi irréguliers. Cette irrégularité additionnelle va exiger un
volume de stockage ou volume utile encore plus grand.
Donc la régularisation est une opération d’optimisation du volume utile : il ne doit pas être trop grand auquel cas
le barrage sera surdimensionné et il y aurait gaspillage d’argent, il ne doit pas être non plus trop petit auquel cas il y aurait
gaspillage de ressource en eau. Cette optimisation s’opère en fonction de plusieurs variables qui sont :
- les apports, -
la demande,
- les pertes (évaporation et infiltration), -
la pluie sur le réservoir,
- et la configuration géométrique du réservoir.

Les apports futurs sont une variable aléatoire que l’on peut estimer d’une manière ou d’une autre grâce à une
étude hydrologique. On peut utiliser les débits historiques et adopter l’hypothèse que les débits passés se reproduiront dans le
futur (ce qui n’est absolument pas vrai). On peut aussi créer des débits artificiels grâce à des méthodes statistiques.

La demande est aussi une variable aléatoire qui va se manifester dans le futur, on ne la connaît pas et l’on sera
obligé de procéder par estimation. On estime la demande en eau à un certain horizon dans le futur. Cette demande peut
concerner l’eau potable, l’agriculture ou l’industrie, les trois ensembles ou tout autre besoin.

Cette demande doit être satisfaite avec une certaine avec une certaine garantie. La population ne peut pas endurer
de pénurie d’eau au delà d’une certaine limite : un jour sur 20 ou un jour sur 50 ou pas du tout.

Un périmètre irrigué, en fonction de la spéculation qui y est développée, ne peut pas aller au delà d’un certain
degré de défaillance, sinon les pertes économiques deviennent inacceptables. Un verger d’arbres fruitiers ne peut pas accepter
une défaillance d’une année sur dix ; la limite serait une année sur 20.

On peut encore pousser le raisonnement plus loin et dire que le consommateur peut accepter de recevoir une
portion de son quota avec une défaillance moindre qu’on peut fixer à l’avance.

Les pertes que sont l’infiltration et l’évaporation ainsi que les pluies sont soit mesurées soit estimées.

La configuration géométrique de la retenue est décrite par deux courbes que sont la courbe Hauteur Capacité et la
courbe Hauteur Surface. Elles sont en général combinées dans un seul graphe appelé Courbe Hauteur-Surface-Capacité
(Courbe HSC). Ces courbes sont tirées à partir du plan topographique de la cuvette dont un exemple est dessiné ci-dessous.

A l’aide d’un planimètre on mesure les surfaces planes S 1, S2, S3, S4 de chaque ligne de niveau et l’on porte sur
un graphe en abscisses les surfaces et en ordonnées les hauteurs ou altitudes correspondantes, et ainsi l’on obtient la courbe
Hauteur-Surface.
Figure III – 2 : Plan topographique de la cuvette d’un barrage

Ensuite, pour tracer la courbe Hauteur-Volume, on commence par calculer les volumes partiels DVi compris
entre les lignes de niveau Hi-1 et Hi , il est donné par l’expression suivante :
DV = (Si-1 + Si ) ´ (H - H i-1 )
i
i
2
où Si = surface par la ligne de niveau Hi.
Le volume initial V1 compris entre le fond de l’oued et la ligne de niveau H1 est considéré comme étant égal à
V = 2´S ´H .
1
1 1
3
Le volume V2 compris sous la ligne de niveau H2 est égal à V2 = V1 + DV2
Le volume Vi compris sous la ligne de niveau Hi est égal à Vi = V + DVi
i-1

Le volume Vn compris sous la ligne de niveau Hn , qui est la hauteur du barrage, est égal à Vn = Vn-1 + DVn ; il
correspond à la capacité totale du barrage. La courbe Hauteur-Volume est obtenue en portant en abscisses les volumes et en
ordonnées les hauteurs.

Il existe plusieurs méthodes de régularisation :


- La régularisation saisonnière,
- La régularisation interannuelle.

3. Le volume forcé pour le laminage des crues : Le volume forcé est la portion du volume du barrage
réservée au stockage temporaire d’une partie des eaux des crues. La submersion d’un barrage lors du passage d’une forte crue
est très dangereuse pour le barrage, particulièrement s’il est en terre. Cette submersion peut entraîne la rupture du barrage avec
toutes les conséquences catastrophiques en aval. La submersion se produit lorsque le dispositif d’évacuation des eaux
excédentaires n’est pas suffisant.
Le laminage d’une crue permet de diminuer son débit de pointe de sorte que les débits maxima sortant puissent
passer sans difficulté par l’évacuateur de crues sans débordement par-dessus la digue, qui en général n’est pas conçue à cet
effet.
Le débit maximum qui passe par l’évacuateur de crue est inférieur à celui de la pointe de la crue à l’entrée de la
retenue.
Le laminage d’une crue est fonction de la forme de l’hydrogramme de crue entrant dans le réservoir, de la
capacité d’évacuation du déversoir de crue et de la forme de la retenue.
L’étude de laminage de crue consiste à déterminer la côte maximale atteinte par le plan d’eau pendant la crue
pour des dimensions économiques du déversoir et de la digue afin d’aboutir à une sécurité optimale (pas de débordement par
dessus la digue).

4. La revanche : La revanche est une hauteur de sécurité en cas de montée accidentelle du plan d’eau au-
dessus du niveau des plus hautes eaux suite a plusieurs causes telles que une crue exceptionnelle, de grosses vagues générées
par des vents violent dans la cuvette, ou un tassement des fondation, etc. Afin d’éviter ce risque, une hauteur de sécurité est à
prévoir. La hauteur de la revanche peut atteindre 2 à 3 m.

E. SECURITE ET GESTION DU BARRAGE

1. Définition du risque
Une crue d’un cours d’eau est un débit suffisamment important qui déborde les rives naturelles ou artificielles en un ou
plusieurs points du parcours d’un cours d’eau. Une crue est aussi définie comme une augmentation brutale du débit d’un cours
d’eau. On dit aussi qu’un oued est en crue lorsque son débit dépasse le débit moyen annuel.
Les crues sont fonction de la taille du bassin versant et des phénomènes climatologiques qui ont été à la base de cet
écoulement exceptionnel qu’est la crue.
Lors d’une crue, les eaux envahissent les terres avoisinantes qui sont en général exploitées par l’homme : habitations,
industries, agriculture ou autres investissements permettant à l’homme de vivre et de s’épanouir.
Nous avons eu des cas de crues exceptionnelles à Bab El Oued en Novembre 2001 et à Ghardaïa en 2008. Les dégâts
causés se sont élevés à des centaines de vies humaines et des milliards de Dinars.
Afin d’éviter que les crues ne perturbent les activités de l’homme, il devient important qu’elles soient contrôlées de
façon à ce que les dégâts causées ne dépassent pas une certaine limite acceptable.
Cette limite doit être fixée, car une protection avec un risque zéro n’existe pas ou coûte très cher à la communauté.
La définition du risque est la suivante :
= Danger ´ Vulnérabilité
Risque
Gestion de la catastrophe
Le risque est défini comme l’ensemble des conséquences de l’évènement dangereux (crue dans notre cas) : pertes en
vies humaines, dégâts matériels et à l’environnement.
Le danger est défini comme le phénomène naturel (crue), la force externe qui cause les dégâts.
La vulnérabilité est définie comme la faiblesse ou la force (résistance) des éléments exposés au danger.
La gestion de la catastrophe est l’ensemble des mesures prises pour lutter contre le danger.
Le danger que ce soit un tremblement de terre, une inondation ou une sécheresse doit être évalué sur la base de données
historiques sur des catastrophes de même nature qui sont survenues dans le passé. On doit déterminer la nature, la gravité, lé
fréquence, l’étendue, l’heure, la durée et la période de retour. Les données sur l’évènement doivent être mesurées, les annuaires
consultés ainsi que les études antérieures. Les données doivent être analysées et le danger quantifié.
La vulnérabilité (faiblesse / résistance des éléments exposés au danger) de la région exposée au danger doit être
évaluée : population (densité, structure), habitat, infrastructures, monuments archéologiques etc. Une description détaillée doit
être réalisée afin de permettre d’établir une carte de vulnérabilité.
La gestion de la catastrophe consiste en des mesures diverses prises avant, pendant et après la catastrophe, comme par
exemple :
· La vigilance, l’éducation, la législation et la réglementation,
· La prévention et les mesures de réduction de la catastrophe,
· Prévision, alerte et préparation,
· Les capacités d’intervention,
· La participation des autorités et des associations.
Les mesures de réduction des conséquences de la catastrophe peuvent être classées en quatre groupes :
· Les mesures techniques : construction d’infrastructures (barrage, aménagement fluvial, reboisement, etc.),
· L’aménagement du territoire en différentes zones de différentes vulnérabilités,
· Les capacités de gestion et institutionnelles : capacités de construction, expertise, éducation, formation, etc.),
· Vulgarisation : prise de conscience de la population, information et participation).

2. Mesures préventives et gestion du barrage


a - Programme de fonctionnement et de maintenance du barrage: Le personnel chargé de la gestion
et de l'entretien du barrage doit avoir suivi toutes les étapes de la réalisation du barrage de manière à avoir une connaissance
précise de toutes les composantes du barrage. Un programme de fonctionnement du barrage doit être établi et le personnel
chargé de la gestion du barrage doit être en mesure de l'appliquer scrupuleusement.
Ce fonctionnement concerne la première mise en eau du barrage, les lâchers d'eau, les dispositions à mettre en
œuvre en cas de crue, de sécheresse, de vidange du barrage. Ces mesures concernent aussi la vérification du fonctionnement
des drains, etc.
Les conditions de la première mise en eau du barrage doivent définies à l'avance et suivies à la lettre, car c'est le
premier test de la bonne tenue du barrage. Pendant la première mise en eau tous les ouvrages du barrage doivent être surveillés
de très près. Un rapport détaillé de cette première mise en eau doit être établi.
L'inspection et l'entretien de la digue et des ouvrages annexes doivent être menées d'une manière régulière. Tous
les faits inhabituels, les incidents doivent être rapportés immédiatement en utilisant les procédures prédéfinies.
En plus des inspections de routine, des examens approfondis et détaillés doivent être menés tous les 5 ans.
l'ampleur de ces inspections dépendent des dimensions du barrage, des risques encourus, de la complexité des organes du
barrages et des antécédents rencontrés.
Des inspections subaquatiques doivent être programmées pour inspecter la face amont du barrage et des ouvrages
noyés (tour de prise, vidange de fond).
Une procédure écrite doit être établie par le bureau d'étude qui a conçu et contrôlé la réalisation du barrage. Cette
procédure écrite doit être scrupuleusement suivie par les personnel chargé de la maintenance du barrage. Toute déviation de
cette procédure doit être d'abord approuvée par la hiérarchie.
b - Inspection et entretien du barrage: Le contrôle et la maintenance du barrage doivent être menés en
suivant scrupuleusement les instructions et les procédures écrites établies pour le barrage concerné.
Pendant un remplissage rapide du réservoir en cas d'une crue importante, la face avale du barrage ainsi que les
fondations doivent être inspectées à des intervalles réguliers afin de déceler des comportements inhabituels.
En cas de tremblement de terre, de vents violents des vérifications doivent être aussi menées. Profiter lorsque la
barrage est vide ou presque vide, pour inspecter les ouvrages et les équipements noyés; et vérifier aussi l'absence de zone
d'infiltration des eaux.
Pendant les périodes de hautes eaux, lorsque le barrage est plein, une attention particulière doit être portée à la
partie non immergée de la face amont du barrage, la crête, la face avale, le parements et la zone en aval de la digue en vue de
relever les situations ou comportement anormaux : fuite d'eau, fissures, etc.
L'inspection des barrages en terre consiste à chercher l'existence de fissures, d'éboulements, d'affaissements, de
détérioration de la protection de la face avale du barrage, de suintement d'eau, de fuites d'eau, des zones marécageuses. La face
amont du barrage est sujette à l'action des vagues et des débris flottants qui peuvent affecter son imperméabilité.
La maintenance des barrages en terre consiste à enlever les débris flottants de la face amont de la digue, à
remplacer les enrochements de protection manquants, entretenir les voies d'accès, contrôler les mauvaises herbes et les
rongeurs. Vérifier les appareils de mesure sur la digue et ses environs. Contrôler l'accès au barrage et prévenir le vandalisme.
La maintenance des barrages en béton doit vérifier l'état du béton des faces amont et aval, de la crête, des
galeries. Les joints de contraction doivent être vérifiés. Les instruments de mesure installés dans les divers ouvrages du barrage
doivent être fonctionnels en permanence. Les dépôts de carbonate de calcium dans le système de drainage doivent être
nettoyés.
Un programme d'inspections régulière permet de constater et de suivre l'évolution des divers problèmes qui
peuvent survenir, la vitesse de détérioration qui peuvent servir de base pour programmer les travaux de maintenance de
réparation et de réhabilitation.

c - Fonctionnement du barrage: Les barrages de stockage d'eau doivent fonctionner de manière à satisfaire
le plus de besoins possibles tout en respectant une certaine hiérarchie dans ces besoins: alimentation en eau potable, irrigation,
eau industrielle, contrôle de crues, pisciculture, récréation, sport, protection de l'environnement, production d'énergie
électrique, etc.
Une bonne connaissance de l'hydrologie de la région permettra :
- une gestion sécurisée en vue de permettre le laminage des crues et éviter une surverse par dessus la digue; ce qui
serait catastrophique dans le cas d'un barrage en terre ou en enrochement.
- d'optimiser le stockage de l'eau pour une future utilisation.
Une protection doit être menée contre les glissements de terrain sur les versants de la cuvette, ce qui éviterait une
diminution du volume du réservoir du barrage et une augmentation de son envasement. Une lutte contre la prolifération des
plantes aquatiques doit être menée pour éviter une eutrophisation des eaux du barrage.

F. BIBLIOGRAPHIE
- United States Department of the Interior, Bureau of reclamation, Design of small dams, a water resource publication,
Unites States Government printing office, Denver, Colorado, 1987.

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