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Les documents contrerévolutionnaires

Réserver l’action pour l’avenir serait une faute ; réserver la vérité en serait une plus grande encore.

Cardinal Pie

Numéro 9 — Novembre 2000

De la résistance seraient légitimées, les résistances les plus


héroïques des peuples se trouveraient
« Peuples, obéissez à celui qui vous
commande. Vous dites que son autorité a été
aux condamnées, le monde serait livré au pur usurpée, nous ne le nions pas ; mais
l’usurpateur, par cela même qu’il a atteint son
gouvernements Non, elle n’est point
but, a aussi acquis un droit. C’est un voleur
qui vous a assailli sur le chemin ; il a dérobé
de fait vraie, cette dégradante votre argent ; mais par cela seul que vous avez
été forcé de le lui livrer, aujourd’hui qu’il le
doctrine qui décide de possède, respectez cet argent comme une
propriété sacrée. C’est un vol, mais ce vol est
la légitimité par le
9 résultat de l’usurpation.
un fait consommé, il ne vous est plus permis de
remettre ce fait en question. »

Présentée sous ce point de vue, la doctrine


Abbé Jacques Balmès, Le empire de la force. Non, elle n’est point vraie, du fait se montre tellement contraire aux
cette dégradante doctrine qui décide de la
protestantisme comparé au légitimité par le résultat de l’usurpation, qui
notions le plus communément admises,
qu’aucun homme raisonnable ne saurait
e
catholicisme, 8 édition, Paris : dit à un peuple vaincu et subjugué par un
usurpateur : « Obéis à ton tyran ; ses droits
l’accepter. Je ne nierai point qu’il n’existe
certains cas où, même sous un gouvernement
Vaton Frères, 1870, Tome sont fondés sur sa force, et ton obligation illégitime, il est à propos de recommander
envers lui sur ta faiblesse. » Elle ne peut être
III, chapitres LV et LVI, pp. vraie, cette doctrine qui effacerait de notre
aux peuples l’obéissance : lorsqu’on prévoit,
par exemple, que la résistance sera inutile,
148-183. histoire une de ses plus belles pages, qui qu’elle ne conduira qu’à de nouveaux
flétrirait la nation espagnole luttant six ans désordres et à une plus grande effusion de
pour son indépendance, et finissant par sang. Mais, en recommandant au peuple la
Y Y Y vaincre le vainqueur de l’Europe. Si le
pouvoir de Napoléon se fût établi parmi
prudence, ne mêlez point de fausses
doctrines au langage de la prudence ; afin de
nous, le peuple espagnol n’en aurait pas calmer l’exaspération de la multitude,

L
moins gardé le droit en vertu duquel il se gardez-vous de répandre des erreurs
es questions jusqu’ici traitées, souleva en 1808 ; la victoire n’aurait pu
touchant l’obéissance due au pouvoir, subversives de tout gouvernement, de toute
légitimer l’usurpation. Les victimes du 2 mai société.
sont très-graves ; cependant la ne légitimèrent point le commandement de
question de résistance contre ce pouvoir est Murat ; et lors même que chaque coin de la
encore plus grave. Il est à remarquer que tous les pouvoirs,
Péninsule eût présenté les horribles scènes même les plus illégitimes, ont un instinct
du Prado, le sang des martyrs de la patrie, plus sûr que les gens qui soutiennent de
Peut-il être permis, en aucun cas, en couvrant d’une ineffaçable ignominie
aucune hypothèse, de résister par la force pareilles maximes. La première chose que
l’usurpateur et ses satellites, n’aurait fait que fait tout pouvoir, dans le premier moment de
physique au pouvoir ? Ne peut-on trouver sanctionner le droit sacré de se soulever pour
nulle part le droit d’ôter le pouvoir ? A quelle son existence, c’est de proclamer sa
la défense du trône légitime et légitimité. Il la cherche dans le droit divin et
limite les doctrines catholiques s’arrêtent- l’indépendance de la nation.
elles en cette matière ? Tels sont les points humain, il l’établit sur la naissance ou sur
extrêmes que nous allons examiner. l’élection, il la fait émaner de titres
Il faut le répéter : le simple fait ne crée le historiques ou du développement subit
droit, ni dans l’ordre privé, ni dans l’ordre d’événements extraordinaires ; mais tout
Certaine doctrine voudrait qu’on dût public ; le jour où un pareil principe serait
obéissance à un gouvernement, par cela seul aboutit au même point : savoir, la prétention
reconnu, ce jour même les idées de raison et à la légitimité. Ce n’est point lui qui se sert du
qu’il est, en considérant uniquement le fait, et de justice disparaîtraient du monde. Certains
même en supposant ce fait illégitime ; il faut, mot fait ; l’instinct de sa propre conservation
hommes, peut-être, eurent en vue de flatter lui dit qu’il lui suffirait de le prononcer pour
avant tout, établir la fausseté de cette les gouvernements par cette doctrine ; ils ne
doctrine : elle est contraire à la saine raison et ôter toute force à son autorité, pour dissiper
songèrent pas qu’ils les ruinaient par la base son prestige, indiquer au peuple le chemin de
n’a jamais été enseignée par le Catholicisme. et répandaient une semence féconde
L’Église, en prêchant l’obéissance aux l’insurrection, se tuer lui-même. Ceci est la
d’usurpations et d’insurrections. Qu’y aura-t- condamnation la plus explicite de la doctrine
puissances, parle des puissances légitimes ; il d’assuré ici-bas, si nous établissons le
cette absurdité, qu’un simple fait puisse que nous combattons : les usurpateurs les
principe que le succès décide de la justice ? plus déhontés savent mieux respecter qu’elle
créer le droit, ne saurait faire partie du N’est-ce point exciter les hommes à
dogme catholique. S’il était vrai que l’on dût ne le fait le bon sens et la conscience
mépriser toute notion de droit, de raison, de publique.
obéissance à tout gouvernement établi, justice ? En vérité, les gouvernements qui se
même illégitime ; s’il était vrai qu’on ne pût trouvèrent défendus par un enseignement si
lui résister, il serait également vrai que le Parfois, les doctrines les plus erronées se
étrange, devaient peu de reconnaissance à couvrent du voile de la douceur et de la
gouvernement illégitime aurait le droit de leurs insensés protecteurs. Cette défense
commander ; car l’obligation d’obéir est mansuétude chrétienne ; nous devons
n’en est point une, c’est une insulte ; plutôt dissiper les arguments qui pourraient nous
corrélative au droit de commander ; par que d’y voir une apologie, on devrait la
conséquent, le gouvernement illégitime se être opposés par les partisans d’une aveugle
regarder comme un cruel sarcasme. Savez- soumission à tout pouvoir établi. « L’Écriture
trouverait légitimé par le seul fait de son vous, en effet, à quoi cela se réduit, et
existence. Dès lors toutes les usurpations sainte, diront-ils, prescrit l’obéissance envers
comment l’on peut formuler cette doctrine ? les puissances, sans distinction aucune ; le
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chrétien ne doit pas faire plus de distinction, A l’époque dont nous parlons, aucune des l’Église militante, a écrit ceci : « Jésus-Christ,
mais se soumettre avec résignation à celles conditions que nous venons de mentionner par sa nette et énergique réponse : Rendez à
qu’il trouve établies. » n’existait ; l’unique parti qu’eussent à César ce qui est à César, a suffisamment déclaré
prendre les gens de bien était de se résigner qu’il suffit du seul fait qu’un gouvernement
Je vois contre cette objection les réponses tranquillement aux calamités de leur temps, existe, pour convaincre les sujets qu’ils sont
suivantes, toutes décisives. 1° La puissance et d’élever leurs prières vers le ciel pour qu’il légitimement obligés d’obéir à ce
illégitime n’est point puissance : l’idée de prît pitié de la terre. Lorsque les armes gouvernement. » Ce que j’ai dit plus haut
pouvoir implique l’idée de droit, sans quoi il décidaient de tout, qui pouvait établir que tel détruit assez, ce me semble, une pareille
n’y a qu’un pouvoir physique, c’est-à-dire la ou tel empereur s’était légitimement élevé ? assertion ; comme d’ailleurs je compte
force. Donc, lorsque la sainte Écriture Quelles règles présidaient à la succession revenir sur l’opinion de cet écrivain et sur les
prescrit d’obéir aux puissances, elle parle des impériale ? Où était la légitimité qu’on aurait raisons dont il l’appuie, je ne m’étendrai
puissances légitimes. 2° Le texte sacré, dû substituer à l’illégitimité ? Résidait-elle point ici à la combattre. J’émettrai toutefois
expliquant pourquoi nous devons nous dans le peuple romain, baisant les chaînes du une observation : l’ouvrage de l’archevêque
soumettre à la puissance civile, nous dit premier tyran qui lui offrait du pain et des jeux ; de Palmyre a été prohibé à Rome : quels que
qu’elle est ordonnée de Dieu même, qu’elle dans l’indigne postérité de ces patriciens qui soient les motifs de cette prohibition, on
est le ministre de Dieu lui-même ; il est clair jadis avaient donné des lois à l’univers ; dans peut assurer que, lorsqu’il s’agit d’un livre qui
que l’usurpation ne se trouve jamais revêtue les fils ou la famille de tel ou tel empereur développe une pareille doctrine, tous les
d’un si haut caractère. L’usurpateur sera, si assassiné, lorsque les lois n’avaient point peuples jaloux de leurs droits pourraient
l’on veut, l’instrument de la Providence, le réglé la succession héréditaire, lorsqu’il souscrire au décret de la sacrée
fléau de Dieu, comme s’intitulait Attila, non arrivait si fréquemment que l’empereur Congrégation.
son ministre. 3° La sainte Écriture prescrit victime de l’usurpation n’était lui-même
l’obéissance aux sujets par rapport à la qu’un usurpateur, monté au trône sur le Puisque l’occasion nous y invite, disons
puissance civile, de la même manière qu’elle cadavre de son rival ? Résidait-elle dans les quelques mots sur les faits consommés ou
la prescrit aux esclaves par rapport à leurs anciens droits de ces peuples conquis, accomplis, qui se rattachent si intimement à la
maîtres. Or, de quels maîtres s’agit-il ? maintenant simples sujets de l’Empire, doctrine qui nous occupe. Consommé ,
Évidemment, de ceux qui avaient un dépouillés de tout esprit de nationalité, accompli, signifie une chose parfaite dans son
domaine légitime, tel qu’on l’entendait alors, ayant perdu jusqu’au souvenir de ce qu’ils genre ; ainsi, un acte sera consommé lorsqu’il
conforme à la législation et aux mœurs avaient été, sans pensée propre à leur servir aura été porté à son complément. Ce mot
régnantes ; s’il n’en était pas ainsi, il faudrait de guide dans l’œuvre de leur émancipation, appliqué aux délits est opposé à tentative. On
dire que le texte sacré fait un devoir de la et impuissants à trouver des ressources dira qu’il y a eu tentative de vol, d’assassinat,
soumission, même aux esclaves réduits en contre les forces colossales de leurs maîtres ? d’incendie, lorsque l’entreprise de
servitude par un pur abus de la force. Ainsi Qu’on réponde de bonne foi : Quel objet commettre ces crimes s’est révélée par
donc, de même que l’obéissance à l’égard des pouvait se proposer celui qui, dans de telles quelque acte ; par exemple, on a rompu la
maîtres, prescrite par les Livres saints, ne circonstances, aurait osé quelques tentatives serrure d’une porte, on a attaqué avec une
prive point de son droit l’esclave injustement contre le gouvernement établi ? Lorsque les arme meurtrière, on a commencé de mettre
retenu en servitude, de même l’obéissance légions, à leur gré, élevaient et assassinaient le feu à une matière combustible ; mais le
envers les autorités établies ne doit être successivement leurs maîtres, que pouvait, délit n’est dit consommé que lorsqu’on a
entendue que des autorités légitimes, ou que devait faire le chrétien ? Disciple d’un réellement commis le vol, donné la mort,
lorsque la prudence le conseille pour éviter le Dieu de paix et d’amour, il ne lui était point réussi à allumer l’incendie. De même, dans
trouble et le scandale. permis de prendre part à des scènes l’ordre social et politique, on appellera faits
criminelles ; l’autorité se trouvait incertaine, consommés ou accomplis, une usurpation qui
A l’appui de la doctrine du fait, on allègue la flottante ; ce n’était pas lui qui devait décider aura complètement renversé le pouvoir
conduite des premiers chrétiens. « Ils si elle était légitime ou illégitime : il ne lui légitime, et au moyen de laquelle l’usurpateur
obéissaient, dit-on, aux autorités restait d’autre parti que de se soumettre à la aura déjà pris sa place ; une mesure qui sera
constituées, sans s’inquiéter si elles étaient puissance généralement reconnue. exécutée sur tous les points, comme la
légitimes ou non. A cette époque, les suppression du clergé régulier en Espagne et
usurpations étaient fréquentes ; le trône Les chrétiens, en se mêlant aux troubles l’incorporation de ses biens au trésor ; une
impérial se trouvait fondé sur la force ; ceux politiques, n’auraient réussi qu’à discréditer révolution qui aura triomphé et qui
qui l’occupaient tour à tour devaient la religion dont ils faisaient profession : ils disposera sans partage du sort d’un pays, telle
fréquemment leur élévation à l’insurrection auraient donné aux faux philosophes et aux que celle de nos possessions d’Amérique. Cet
militaire, ou à l’assassinat de leur idolâtres un fondement pour augmenter le éclaircissement nous fait voir que le fait, pour
prédécesseur. Néanmoins, on ne voit pas que catalogue des calomnies dont ils être accompli, ne change pas de nature ; c’est
les chrétiens se soient jamais mêlés de la poursuivaient leur foi. Une rumeur publique un fait achevé, mais ce n’est jamais qu’un
question de légitimité ; ils respectaient le accusait le Catholicisme d’être subversif des simple fait ; est-il juste ou injuste, légitime ou
pouvoir établi ; lorsque ce pouvoir tombait, États, les chrétiens auraient fourni des illégitime, cela n’est nullement exprimé par
ils se soumettaient sans murmure au nouveau prétextes à cette rumeur mensongère ; la cet adjectif. Des attentats horribles qui
tyran. » On ne peut nier que cet argument ne haine des gouvernants et les rigueurs de la jamais ne prescrivent, qui jamais ne cessent
présente, au premier coup d’œil, une persécution s’en seraient accrues. Cette de mériter l’ignominie et le supplice, sont
difficulté grave : quelques réflexions situation, par hasard, s’est-elle reproduite aussi appelés faits accomplis.
cependant suffisent pour en démontrer la dans les temps anciens ou modernes ? La
futilité. conduite des premiers chrétiens pouvait- Que signifient donc certaines phrases si
elle, par exemple, ainsi que certains hommes fréquemment répétées ? « Il faut respecter les
Pour que l’insurrection contre un pouvoir l’ont prétendu, servir de règle aux Espagnols, faits accomplis ; nous acceptons toujours les
illégitime soit légitime et prudente, il faut lorsqu’il s’est agi de repousser l’usurpation de faits accomplis ; c’est une folie de lutter
que ceux qui entreprennent de le renverser Bonaparte ? Peut-elle être imitée par quelque contre des faits accomplis ; une sage
soient sûrs de son illégitimité, aient en vue de autre peuple en de semblables circonstances, politique se plie et se soumet aux faits
lui substituer un pouvoir légitime, et et en fera-t-on un argument pour affermir accomplis. » Loin de moi d’affirmer que tous
comptent d’ailleurs sur la probabilité du dans leur pouvoir toute sorte d’usurpateurs ? ceux qui établissent ces règles, professent la
succès. Ces conditions venant à manquer, le Non, l’homme, parce qu’il est chrétien, ne funeste doctrine qu’elles font supposer.
soulèvement manque d’objet ; ce n’est plus laisse pas d’être citoyen, d’être homme, Souvent nous admettons des principes dont
qu’un emportement stérile, une impuissante d’avoir ses droits, et d’agir d’une manière nous repoussons les conséquences, et nous
vengeance, qui, au lieu d’apporter quelque louable, lorsque, dans les limites de la raison donnons pour bonne une certaine ligne de
avantage à la société, ne sert qu’à faire verser et de la justice, il se dévoue à la défense de ces conduite sans faire attention aux
du sang, à exaspérer le pouvoir qu’on attaque, droits avec une intrépide audace. abominables maximes sur lesquelles elle
et n’a d’autre résultat qu’un redoublement s’appuie. Dans les choses humaines le mal est
d’oppression et de tyrannie. Don Félix Amat, archevêque de Palmyre, si près du bien, l’erreur si près de la vérité, la
dans son ouvrage posthume intitulé Idée de prudence confine tellement avec la timidité
o
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coupable et l’indulgence avec l’injustice, gouvernement n’est point un simple qu’on y fasse attention, les principes
qu’en théorie comme en pratique, il n’est pas particulier, mais un défenseur-né de tous les auxquels s’accommodent les
toujours facile de se tenir dans les bornes intérêts légitimes ? A l’impossible nul n’est gouvernements. L’histoire et l’expérience
prescrites par la raison et la saine morale. tenu. nous enseignent que les faits accomplis sont
Parle-t-on du respect pour les faits respectés lorsqu’ils sont indestructibles,
accomplis, des hommes pervers y Et remarquez qu’il n’est point nécessaire c’est-à-dire lorsqu’ils ont en eux-mêmes
comprennent aussitôt la sanction du crime, en ce cas que l’impossibilité soit physique, il assez de force pour se faire respecter ; en tout
le fruit du pillage assuré dans les mains suffit d’une impossibilité morale. Ainsi, lors autre cas, ils ne le sont point. Et rien de plus
coupables, toute espérance de réparation même que le gouvernement aurait en ses naturel : ce qui ne se fonde point sur le droit,
ôtée aux victimes et le bâillon mis sur leur mains les moyens matériels d’obtenir la ne peut s’appuyer que sur la force.
bouche pour étouffer leurs plaintes. Mais je réparation, il suffirait, pour établir
sais que d’autres, en prononçant ces mots, l’impossibilité morale, que l’emploi de ces De quelle manière est-il permis de
n’ont pas de pareils desseins ; ceux-ci sont moyens dût amener de graves difficultés résister au pouvoir civil ?
dupes d’une confusion d’idées qui vient de ce pour l’État, mettre en péril la tranquillité
qu’ils n’ont point distingué entre les publique, ou répandre pour l’avenir des Il suit, de ce que j’ai dit dans les chapitres
principes moraux et la convenance publique. semences de bouleversements : l’ordre et les précédents, qu’il est permis de résister par la
Ce qu’il faut faire sur ce point, c’est donc de intérêts publics réclament la préférence ; ce force à un pouvoir illégitime. La Religion
discerner et de fixer ; je le ferai en peu de sont les objets primordiaux de tout catholique ne prescrit point l’obéissance
mots. gouvernement ; par conséquent, ce qui ne
pourrait s’exécuter sans les mettre en péril,
Un fait, par cela seul qu’il est consommé,
n’est point légitime, et par conséquent n’est
doit être regardé comme impossible.
L’application de ces doctrines restera une
Il est permis de
point digne, par cela seul, de respect. Le question de prudence, sur laquelle on ne peut résister par la force
voleur qui a dérobé n’acquiert point un droit
sur la chose volée ; l’incendiaire qui a réduit
rien établir de général. Cette application
dépend de mille circonstances ; elle ne doit à un pouvoir
une maison en cendres, n’est pas moins digne
de châtiment, ne mérite pas moins d’être
point être résolue par des principes abstraits,
mais en vue des faits présents, appréciés par illégitime.
forcé à des indemnités, que s’il s’était arrêté le tact politique. Ainsi se justifie un certain
dans sa tentative : tout cela est si clair, si respect pour les faits accomplis. On envers les gouvernements de simple fait, car,
évident, qu’il n’y a pas de réplique. Pour dire reconnaît l’injustice de ces faits, mais il n’en dans l’ordre moral, le simple fait n’est rien.
le contraire, il faudrait être ennemi de toute faut pas méconnaître la force ; ne les point Cependant, lorsque le pouvoir est légitime
morale, de toute justice, de tout droit ; il attaquer, ce n’est pas les sanctionner. en soi, mais tyrannique dans son exercice,
faudrait proclamer l’empire exclusif de L’obligation du législateur est de diminuer le est-il vrai que notre foi défende, dans tous les
l’astuce et de la force. Lorsqu’ils dommage le plus qu’il se peut, non de cas, la résistance par la force physique, de
appartiennent à l’ordre social et politique, les s’exposer à l’aggraver en s’attachant à en sorte que ne point résister soit un devoir
faits consommés ne changent pas de nature : vouloir une réparation impossible. Comme il prescrit par ses dogmes ? L’insurrection ne
l’usurpateur, qui a enlevé la couronne au est extrêmement fâcheux pour la société que pourra-t-elle être jamais permise, en aucune
possesseur légitime ; le conquérant qui, au de grands intérêts restent mal assurés, hypothèse, pour aucun motif ? Bien que j’aie
seul titre de la force de ses armes, a subjugué incertains sur leur avenir, il faudra imaginer éliminé déjà bien des questions, il est encore
une nation, n’acquièrent aucun droit par la des moyens qui, sans créer la complicité avec nécessaire de distinguer de nouveau, pour
victoire ; le gouvernement qui aura dépouillé le mal, soient capables de prévenir les fixer exactement le point où s’arrête le
injustement des classes entières de citoyens, dangers d’une situation douteuse, résultat de dogme, où commencent les opinions.
exigé des contributions indues, aboli des l’injustice même.
droits légitimes, ne justifiera point ses actes En premier lieu, il est certain qu’un
par cela seul qu’il aura une suffisante force Une politique juste ne sanctionne point particulier n’a pas le droit de tuer le tyran, de
pour consommer ces iniquités. Cela n’est pas l’injustice ; mais une politique sage ne sa propre autorité. Le concile de Constance,
moins évident ; et s’il y a ici quelque méprise jamais la force des faits. Elle ne les e
session 15 , a condamné comme hérétique la
différence, c’est sans doute que le délit est reconnaît point par une approbation ; elle ne proposition suivante : « Un vassal ou sujet
d’autant plus grand qu’on a causé des les accepte point en s’en rendant complice ; quelconque peut et doit, licitement et
préjudices plus graves, plus étendus, et qu’on mais s’ils existent, s’ils sont indestructibles, méritoirement, tuer tout tyran ; il peut
a donné un scandale public. Tels sont les elle les tolère. Transigeant avec dignité, elle même se servir, à cet effet, d’embûches
principes de la saine morale, morale de tire des situations difficiles le meilleur parti secrètes, de caresses trompeuses ou
l’individu, morale de la société, morale du possible, et fait en sorte de marier les d’adulations, nonobstant tout serment ou
genre humain, morale immuable, éternelle. principes de l’éternelle justice avec les vues pacte quelconque fait avec le tyran, et sans
de la convenance publique. Rien de plus attendre la sentence ou l’ordre d’aucun juge. »
Consultons maintenant la convenance facile que d’éclaircir ce point par un exemple.
publique. Il y a des cas où un fait consommé, Après les grands maux, les énormes injustices (« Quilibet tyrannus potest et debet licite
malgré son injustice, son immoralité, sa de la révolution française, comment était-il et meritorie occidi per quemcumque
noirceur, acquiert une telle force, que, ne pas possible d’opérer une réparation complète ? vassallum suum vel subditum, etiam per
vouloir le reconnaître, s’acharner à le De 1814 pouvait-on remonter à 1789 ? Le clanculares insidias et subtiles blanditias vel
détruire, c’est amener une suite de troubles trône renversé, les classes sociales nivelées, la adulationes, non obstante quocumque
et de bouleversements, et peut-être sans propriété mise en pièces, qui était capable de præstito juramento, sed confœderatione
aucun fruit. Tout gouvernement est tenu de reconstruire l’ancien édifice ? Personne. factis cum eo, non expectata sententia vel
respecter la justice, de faire que les sujets la mandato judicis cujuscumque. »)
respectent ; mais il ne doit point s’entêter à Telle est ma manière de concevoir le
commander ce qui ne serait point exécuté, respect pour les faits accomplis, qu’on ferait Cette décision du concile de Constance
lorsqu’il se trouve privé des moyens d’assurer mieux d’appeler indestructibles. J’essayerai de condamne-t-elle toute espèce
l’exécution de sa volonté. En une pareille présenter ma pensée sous une forme plus d’insurrection ? Non. Elle parle du meurtre
situation, ne point attaquer les intérêts simple et plus sensible. Un propriétaire vient d’un tyran par la main d’un particulier
illégitimes, ne pas s’efforcer d’obtenir d’être chassé de ses possessions par un voisin quelconque ; or, toutes les résistances ne sont
réparation pour les victimes, ce n’est point puissant. Il manque des moyens nécessaires point le fait d’un simple particulier, et il ne
de sa part commettre une injustice : le pour s’en rendre maître de nouveau. Il n’a ni s’agit pas, dans toute insurrection, de tuer le
gouvernement est alors dans la position d’un or ni influence, et le spoliateur en regorge. tyran. Cette doctrine ne fait que condamner
homme qui, voyant des voleurs les mains S’il a recours à la force, il sera repoussé ; aux l’assassinat et prévenir une foule de maux qui
encore chargées du fruit de leur larcin, se tribunaux, il perdra son procès : quel parti lui inonderaient la société, dès qu’il serait établi
trouve impuissant à leur faire restituer ce reste-t-il ? Négocier pour transiger, obtenir que tout particulier peut, de sa propre
fruit de leur crime. L’impossibilité une fois ce qu’il pourra, se résigner dans sa mauvaise autorité, donner la mort au chef suprême.
supposée, qu’importe de dire que le fortune. Après quoi tout est dit. Ce sont là, Qui osera accuser ce principe d’être
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favorable à la tyrannie ? La liberté des Reprocherez-vous à l’Église catholique propres ouvrages, c’était condamner des
peuples ne doit point être basée sur le droit d’avoir mis une sorte de bouclier sur la écoles jusqu’à ce jour tenues pour
de l’assassinat ; la défense de la société ne personne des rois, lorsque vous-mêmes irréprochables. (Affaires de Rome.) L’abbé
doit point être confiée au poignard d’un déclarez cette personne inviolable ? Le sacre Gerbet, dans son excellente réfutation des
frénétique. Les attributions du pouvoir des rois a été pour vous un sujet de risée, et erreurs de M. de Lamennais, après avoir
public s’étendent si loin et sont si diverses, vous déclarez le roi sacré. Il fallait qu’aux observé fort judicieusement qu’en
que, nécessairement, quelques individus dogmes et à la discipline de l’Église fussent réprouvant les doctrines modernes, le
doivent souvent s’en trouver blessés. mêlés, avec une éternelle vérité, des Souverain Pontife avait voulu couper court
L’homme, enclin à la vengeance, grossit principes de politique bien éminents, au renouvellement des erreurs de Wiclef, fait
facilement les dommages qu’il souffre. puisque vous êtes forcés d’imiter l’Église. remarquer qu’à l’époque de la condamnation
Passant du particulier au général, il est porté L’unique différence est que vous présentez, de cet hérésiarque, les doctrines de saint
à regarder comme des scélérats ceux qui lui comme l’ouvrage de la volonté des hommes, Thomas et des autres théologiens étaient
nuisent ou le contrarient. Au moindre choc ce qu’elle montrait comme l’œuvre de la bien connues, et que néanmoins personne ne
qu’il éprouve de la part du gouvernement, il volonté de Dieu. crut qu’elles fussent comprises dans la
s’écrie que la tyrannie est insupportable ; condamnation. L’abbé Gerbet, estimant que
l’acte d’arbitraire, réel ou imaginaire, Mais si le pouvoir suprême fait un abus cela suffisait pour ôter à M. de Lamennais le
commis contre lui, devient, à l’entendre, une scandaleux de ses droits, s’il les étend au delà bouclier sous lequel il prétend abriter son
des iniquités infinies qui se commettent, ou des justes limites, s’il foule aux pieds les lois apostasie, a omis de faire le parallèle entre les
le commencement de celles qui vont avoir fondamentales, s’il persécute la religion, s’il deux doctrines. En effet, il suffit de cette
lieu. Accordez à un particulier quelconque le corrompt la morale, s’il outrage la dignité réflexion pour convaincre tout homme
droit de tuer le tyran ; dites au peuple que, publique, s’il attente à l’honneur des judicieux que les doctrines de saint Thomas
pour consommer licitement et citoyens, s’il exige des contribution illégales ne ressemblent en rien à celles de M. de
méritoirement un pareil acte, il n’est besoin et disproportionnées, s’il viole le droit de Lamennais. Néanmoins, il ne me semble pas
ni de sentence, ni d’ordonnance du juge ; ce propriété, s’il aliène le patrimoine de la inutile d’offrir en peu de mots une
crime horrible sera commis à chaque instant. nation, démembre les provinces, le comparaison des deux enseignements ; par le
Les rois les plus sages, les plus justes, les plus Catholicisme, dans ces cas, prescrit-il encore temps qui court, et en ces matières, il est à
cléments, périront victimes du fer ou du l’obéissance ? défend-il de résister ? oblige-t- propos de savoir, non-seulement que ces
poison. Vous n’aurez donné aucune garantie il les sujets de rester comme l’agneau sous les doctrines diffèrent, mais en quoi elles
à la liberté des peuples, et vous aurez exposé à griffes de la bête féroce ? Ne pourra-t-il diffèrent.
des chances formidables les plus chers exister chez les particuliers ni dans les corps
intérêts de la société. principaux, ni chez les classes distinguées des La théorie de M. de Lamennais peut se
citoyens, ni dans la masse totale de la nation, résumer en ces termes : Égalité de nature
L’Église catholique, par cette déclaration le droit de s’opposer, de résister, après que entre tous les hommes, et comme
solennelle, a rendu à l’humanité un immense tous les moyens de douceur, de conséquences nécessaires : 1° égalité de
service. La mort violente de celui qui exerce représentation, de conseil, de prière, auront droits, y compris, les droits politiques ; 2°
le pouvoir suprême n’arrive point d’ordinaire été épuisés ? Dans des circonstances si injustice de toute organisation sociale et
sans amener une effusion de sang et de désastreuses, l’Église catholique laisse-t-elle politique qui n’établit point cette égalité
grands bouleversements ; elle provoque des les peuples sans espérance et les tyrans sans complète, ce qui a lieu en Europe et dans tout
mesures de précaution soupçonneuse qui frein ? l’univers ; 3° convenance et légitimité de
dégénèrent aisément en tyrannie : il en l’insurrection pour détruire les
résulte qu’un crime, motivé par la haine Des théologiens très-graves opinent que la gouvernements et changer l’organisation
excessive de la tyrannie, contribue à l’établir résistance, en de pareilles extrémités, est sociale ; 4° abolition de tout gouvernement
plus arbitraire et plus cruelle. Les peuples permise ; mais les dogmes de l’Église ne pour terme du progrès du genre humain.
modernes doivent être reconnaissants à descendent point à ces détails. L’Église s’est
l’Église catholique d’avoir posé ce principe abstenue de condamner aucune des Les doctrines de saint Thomas sur les
tutélaire et sacré ; pour ne point l’apprécier à doctrines opposées : dans des circonstances mêmes points se réduisent à ceci : Égalité de
sa juste valeur, pour regretter les scènes si pressantes, ne point résister n’est pas une nature entre les hommes, c’est-à-dire égalité
sanglantes de l’Empire romain ou de la prescription dogmatique. Jamais l’Église n’a d’essence ; mais, à côté, inégalités dans les
monarchie barbare, il faudrait n’avoir que des enseigné une pareille doctrine ; qu’on nous dons physiques, intellectuels et moraux.
sentiments bien pervers ou des instincts bien montre une décision de Concile ou de Égalité de tous les hommes devant Dieu,
féroces. Souverain Pontife qui en fasse foi. Saint c’est-à-dire égalité d’origine en tant qu’ils
Thomas d’Aquin, le cardinal Bellarmin, sont tous créés de Dieu ; égalité de fin en tant
On a vu, nous voyons encore, de grandes Suarez et d’autres théologiens insignes qu’ils sont tous créés pour jouir de Dieu ;
nations livrées à de cruelles angoisses par connaissaient à fond les dogmes de l’Église ; égalité de moyens, en tant qu’ils sont tous
l’oubli de cette maxime catholique : l’histoire consultez leurs ouvrages, loin d’y trouver cet rachetés par Jésus-Christ, et qu’ils peuvent
des trois derniers siècles et l’expérience de enseignement, vous y rencontrerez recevoir toutes les grâces de Jésus-Christ :
celui-ci nous montrent que cet l’enseignement contraire. Or, l’Église ne les a mais, à côté, inégalités qu’il a plu au Seigneur
enseignement auguste de l’Église fut inspiré point condamnés ; elle ne les a point d’établir dans les dons de la grâce et de la
par la prévision des dangers qui menaçaient confondus avec ces écrivains séditieux qui gloire.
les peuples. Ici point de flatterie pour les pullulèrent chez les protestants, ni avec les
rois, car ils ne sont pas les seuls à profiter de révolutionnaires modernes, éternels 1° Egalité de droits sociaux et politiques. Cette
cette doctrine : la proposition est générale ; perturbateurs de l’ordre social. Bossuet, égalité est impossible, d’après le saint
elle comprend toutes personnes qui, sous un d’autres auteurs de réputation ne pensent Docteur. Il établit bien plutôt l’utilité et la
titre quelconque, exercent le suprême point comme saint Thomas, Bellarmin, légitimité de certaines hiérarchies ; le
pouvoir, quelle que soit la forme du Suarez ; c’est ce qui rend l’opinion contraire respect dû à celles qui sont établies par les
gouvernement, depuis l’autocrate russe respectable, sans la convertir en dogme. Sur lois ; la nécessité que les uns commandent,
jusqu’au président de la république la plus certains points de la plus haute importance, que d’autres obéissent ; l’obligation de vivre
démocratique. les opinions de l’illustre évêque de Meaux soumis au gouvernement établi, quelle qu’en
souffrent contradiction ; on sait que, soit la forme ; la préférence pour le
Une chose digne de remarque, c’est que les précisément en ce cas d’un excès de tyrannie, gouvernement monarchique. 2° Injustice de
constitutions modernes, sorties du sein des on reconnaissait au Pape, à une autre époque, toute organisation sociale et politique qui n’établit
révolutions, ont rendu, sans y penser, un des facultés que Bossuet lui dénie. point l’égalité complète. Pour saint Thomas,
solennel hommage à la maxime catholique ; c’est une erreur opposée à la raison et à la foi.
elles ont déclaré la personne du monarque L’abbé de Lamennais, dans sa résistance Il y a plus : s’il est vrai de dire que l’inégalité
inviolable et sacrée. Que signifie cela, sinon obstinée contre le Saint-Siège, a rappelé ces fondée sur la nature même de l’homme et de
qu’il est nécessaire de placer cette personne doctrines de saint Thomas et de quelques la société se trouve être un effet et un
sous une sauvegarde impénétrable ? théologiens, prétendant que condamner ses châtiment du péché originel, en ce que cette
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Les documents contrerévolutionnaires n 9 — Novembre 2000 5

inégalité a d’injuste et de nuisible, violentes que ces sectaires se permettaient d’opposer une barrière aux excès du tyran.
néanmoins, aux yeux du saint docteur, cette contre les princes, afin d’enflammer la
inégalité n’aurait pas laissé d’exister dans multitude. De semblables égarements ne
l’état d’innocence. 3° Convenance et légitimité sont considérés qu’avec horreur par les Si les gouvernements
de l’insurrection pour détruire les gouvernements catholiques. De même ils considèrent avec
et changer l’organisation sociale. Opinion effroi la doctrine anarchique de Rousseau, sortent du cercle de leurs
erronée et funeste. On doit soumission aux établissant que « les clauses du contrat social attributions, leurs ordres,
gouvernements légitimes ; il convient de sont tellement déterminées par la nature de comme dit saint Thomas,
supporter patiemment ceux même qui l’acte, que la moindre modification les
abusent de leur pouvoir ; on est obligé rendrait vaines et de nul effet... en sorte que sont plutôt des violences
d’épuiser tous les moyens de prière, de chacun rentre alors dans ses premiers droits que des lois.
conseil, de représentation, avant de recourir et reprenne sa liberté naturelle.» (Cont. soc.,
à d’autres moyens ; il n’est licite d’employer la liv. I, ch. VI.) La doctrine des théologiens que
force que dans des cas tout à fait extrêmes, nous avons cités ne renferme point ce germe « Si les gouvernements ne perdent point le
très-rares, et encore ne le peut-on qu’avec d’insurrections et de désastres ; mais, d’un pouvoir par le fait seul qu’ils sont mauvais,
des restrictions infinies, ainsi que nous le autre côté, ces théologiens ne sont comment concevoir, dira-t-on, qu’il soit
verrons ailleurs. 4° Abolition de tout nullement pusillanimes lorsque se présente permis de leur résister ? » Assurément, cela
gouvernement pour terme du progrès du genre la dernière extrémité. Ils prêchent la ne sera point permis lorsqu’ils ne font que
humain . Proposition absurde, songe résignation, la patience, la longanimité ; mais commander dans le cercle de leurs
irréalisable. Nécessité d’un gouvernement vient un moment où ils disent : C’est assez ! attributions ; mais s’ils en sortent, leurs
dans toute réunion ; arguments fondés sur la S’ils ne conseillent pas l’insurrection, ils ne ordres, comme dit saint Thomas, sont plutôt
nature de l’homme ; analogies tirées du corps l’interdisent pas ; en vain voudrait-on exiger des violences que des lois. « Nul ne peut juger le
humain, de l’ordre même de l’univers. d’eux d’enseigner, comme vérité pouvoir suprême, » cela est vrai ; mais au-
Existence d’un gouvernement jusque dans dogmatique, l’obligation de ne pas résister dessus de ce pouvoir restent les principes de
l’état d’innocence. dans des cas extrêmes. Ils ne peuvent raison, de morale, de justice, de religion ; le
enseigner aux peuples comme dogme ce pouvoir, quoique suprême, ne laisse pas
Voilà les doctrines : comparez et jugez. Il qu’ils ne reconnaissent pas pour tel. Ce n’est d’être obligé d’accomplir ce qu’il a promis,
m’est impossible de rapporter les textes du point leur faute si la tempête éclate, si les d’observer ce qu’il a juré. Les sociétés ne se
saint Docteur : ils rempliraient ce volume. vagues se soulèvent en mugissant : nulle main forment point en vertu du contrat idéal de
Néanmoins, si quelque lecteur est bien aise ne saurait les apaiser que la main de Celui qui Rousseau ; mais il existe, en certains cas, de
de les consulter, qu’il lise, outre les passages fait de l’aquilon son coursier et se joue avec la véritables pactes entre les princes et les
insérés dans mon ouvrage, l’opuscule tout tempête. peuples, desquels ni les uns ni les autres ne
entier : De Regimine Principum , les peuvent s’écarter.
Commentaires sur l’Épître aux Romains, les Pendant plusieurs siècles on a professé et
endroits de la Somme dans lesquels le saint pratiqué en Europe une doctrine, objet de Dans la célèbre Proclamation catholique à sa
docteur traite de l’âme, de la création de vives critiques de la part de ceux qui n’ont pieuse Majesté Philippe le Grand, roi des
l’homme, de l’état d’innocence, des anges et jamais pu la comprendre : l’intervention de Espagnes, empereur des Indes, par les conseillers et
de leur hiérarchie, du péché originel et de ses l’autorité pontificale dans les différends le conseil des Cent de la ville de Barcelone, en
effets, surtout le précieux Traité des Lois et entre les peuples et les souverains. Cette 1640, époque si profondément religieuse que
celui de la Justice, où il discute l’origine du doctrine n’était autre chose que le ciel les conseillers allèguent comme un titre de
droit de propriété et du droit de punir. On se intervenant, comme arbitre et juge, pour gloire le culte des Catalans pour la foi catholique,
convaincra ainsi de l’exactitude de tout ce mettre un terme aux discordes de la terre. la dévotion des Catalans pour la Vierge Notre-
que je viens de dire ; on verra combien M. de Dame et le très-saint Sacrement ; à cette époque,
Lamennais a eu tort de présenter, comme La puissance temporelle des papes a été un si souvent taxée de fanatisme et de bassesse,
complices de son apostasie, des écrivains thème de déclamations pour les ennemis de nos conseillers disaient au roi : « Outre
illustres, des saints que nous vénérons sur nos l’Église ; mais cette puissance n’en est pas l’obligation civile, (les usages, les
autels. moins un phénomène social qui a rempli constitutions et actes de la cour de
d’admiration les hommes les plus Catalogne) obligent en conscience, et les
Toute confusion dans des matières remarquables des temps modernes, y violer serait un péché mortel : car il n’est
délicates amène l’erreur ; c’est pourquoi les compris certains protestants. point permis au prince de contrevenir au
ennemis de la vérité ont intérêt à établir des contrat : on fait librement le contrat, mais on
propositions générales, vagues, susceptibles L’Écriture sainte fait un devoir aux esclaves ne peut le révoquer sans injustice. Lors
de mille sens. Ils cherchent avec inquiétude d’obéir à leurs maîtres, même fâcheux ou même que le contrat ne serait point soumis à
un texte favorable à quelqu’une des injustes : tout ce qu’on peut induire de là la loi civile, il est soumis à la loi de raison. Et,
nombreuses interprétations possibles, et relativement à l’ordre civil, c’est qu’un bien que le prince soit le maître des lois, il ne
disent fièrement : « Voyez combien vous êtes prince, par cela seul qu’il est mauvais, ne perd l’est point des contrats qu’il passe avec ses
injustes et ignorants : ce que nous disons, ce point l’autorité sur ses sujets, ce qui vassaux ; car, dans cet acte, il est personne
que vous condamnez, les docteurs les plus condamne cette erreur, que le droit de individuelle, et le vassal acquiert un droit égal
célèbres, les plus accrédités, l’ont dit il y a des commander dépend de la sainteté de celui au sien : le pacte, en effet, doit se faire entre
siècles. » qui le possède. Un pareil principe est égaux. Ainsi, de même que le vassal ne peut
anarchique, incompatible avec l’existence de licitement manquer à la fidélité envers son
Comment donc ne s’est-il trouvé personne la société, s’il était une fois établi, la seigneur, de même celui-ci est tenu à ce qu’il
à Rome pour avertir le Pape qu’en puissance resterait incertaine, flottante ; a promis par un pacte solennel ; c’est même
condamnant les doctrines de l’apôtre de la chaque perturbateur déclarerait déchus de du côté du prince qu’on doit le moins
Révolution, il condamnait aussi l’ange de l’autorité tous ceux qu’il lui plairait de présumer la rupture du pacte. Si la parole
l’École et d’autres théologiens insignes ! En regarder comme coupables. La question que royale doit avoir force de loi, celle qui est
vérité, M. de Lamennais comptait nous agitons est tout autre, et l’opinion des donnée dans un contrat solennel exige
étrangement sur la crédulité de ses lecteurs. théologiens mentionnés par nous n’a rien à encore plus de solidité. » (Proclamation
Probablement il n’a lu les théologiens dont il démêler avec cette erreur. Ces théologiens catholique, § 27.)
parle qu’à la hâte et par fragments ; or, à disent aussi qu’il faut obéir aux princes,
Rome, bien des gens ont consumé leur vie même injustes ou fâcheux ; ils condamnent Les courtisans poussaient le monarque à
entière à les étudier. aussi l’insurrection qui n’a d’autre prétexte user de la force pour faire rentrer les Catalans
que les vices des personnes exerçant le dans l’ordre ; l’armée de Castille se préparait
On sait les déclamations fougueuses de suprême pouvoir : ils n’admettent pas qu’un à pénétrer dans la Principauté. En cette
Luther, de Zwingle, de Knox, de Jurieu, de abus quelconque d’autorité suffise pour extrémité, après avoir épuisé les moyens de
plusieurs autres coryphées du légitimer la résistance ; mais ils ne croient représentation et de prière, les conseillers
Protestantisme pour soulever les peuples point contredire le texte sacré en admettant s’expriment ainsi :
contre leurs princes ; on sait les invectives que, dans des cas extrêmes, il est permis
6 Les documents contrerévolutionnaires no 9 — Novembre 2000

« Finalement, des hommes qui ont voué attention que cette doctrine s’étend à tous faire entendre des cris d’alarme, pour
une inextinguible haine aux Catalans ont les pouvoirs suprêmes, sous toutes les formes présenter le Catholicisme comme une école
travaillé avec tant de succès, par leurs de gouvernement. Les textes de l’Écriture, de maximes séditieuses. L’heure des
continuelles persuasions, que l’on a détourné qui recommandent l’obéissance aux révolutions sonna, les circonstances aussitôt
la rectitude et l’équité de Votre Majesté des pouvoirs, ne se rapportent pas uniquement changèrent. Les catholiques, naguère
moyens de paix et de tranquillité proposés aux rois, mais en général aux puissances séditieux et rigides, furent alors déclarés
par nous, et qui devaient être admis, ne fût-ce supérieures, sans exception ni distinction ; il fauteurs de despotisme, plats adulateurs de la
qu’à titre d’expérience. Pour mettre le s’ensuit qu’on ne pourrait non plus, en aucun puissance civile. Naguère, les Jésuites,
comble à la malice, on propose encore à cas, résister au président d’une république. d’accord avec l’infernale politique de la cour
Votre Majesté, comme une obligation Dira-t-on que les droits du président sont romaine, minaient partout les trônes pour
stricte, de poursuivre l’oppression de la déterminés ? Mais les droits du roi ne le sont- élever sur leurs ruines la monarchie
Principauté au moyen d’une armée, qui ils pas aussi ? N’y a-t-il pas jusque dans les universelle du Pape ; mais le fil de l’horrible
porterait partout le sac et le pillage, selon le gouvernements absolus des lois qui fixent les trame fut découvert ; le monde, sans cela,
caprice du soldat. Ce qui mettrait ce pays limites du pouvoir ? Et n’entendons-nous pas était sur le point d’éprouver un épouvantable
dans le cas de dire (n’étaient l’amour et la à chaque instant les défenseurs de la cataclysme. Or, tandis que les Jésuites sont
fidélité qu’il a eus, qu’il a et aura toujours monarchie répondre cela à leurs adversaires, expulsés, qu’ils expient leurs crimes dans
pour Votre Majesté) qu’un tel manquement qui confondent la monarchie avec le l’exil, la révolution française, prélude de tant
à la foi jurée le laisse libre, chose à laquelle la despotisme ? « Mais, répliquera-t-on, le d’autres, éclate ; la face des choses change
province ne veut seulement point penser et président d’une république n’est que pour un aussitôt. Les protestants, les incrédules, les
qu’elle prie Dieu de ne pas permettre. Et temps. » Et s’il était à perpétuité ? D’ailleurs défenseurs de l’ancienne discipline, les zélés
cependant la Principauté sait par expérience les facultés ne se trouvent ni agrandies, ni adversaires des abus de la cour romaine ,
que ces soldats n’ont de respect ni de pitié amoindries, par cela seul qu’elles ont plus ou comprenant à fond la nouvelle situation, s’y
pour rien, ni pour personne, femmes moins de durée. Si un conseil, un homme, conforment à l’instant. Dès ce moment, les
mariées, vierges innocentes, temples, ou une famille sont revêtus de tel ou tel droit, en Jésuites, les Catholiques, le Pape, ne sont
Dieu lui-même, images des saints ou vases vertu de telle ou telle loi, avec telle ou telle plus ni des séditieux, ni des tyrannicides,
sacrés de nos églises ; il n’est pas jusqu’au restriction, mais par certains contrats et avec mais des soutiens machiavéliques de la
saint Sacrement de l’autel qui n’ait été deux certains serments, ce conseil, cet homme, tyrannie, des ennemis des droits et de la
fois livré aux flammes cette année par ces cette famille, sont obligés à ce qu’ils ont liberté des peuples ; et de même qu’on avait
stipulé et juré, quelle que soit l’étendue de découvert entre les Jésuites et le Pape une
leurs facultés, quelle qu’en soit la durée, à ligue pour fonder la théocratie universelle,
« La Principauté est partout temps ou perpétuelle. Ce sont là des on découvre, grâce aux investigations des
sous les armes, afin de principes de droit naturel, si certains et si philosophes et des chrétiens sévères,
défendre, par-dessus tout, simples, qu’il ne saurait y avoir de difficulté. incorruptibles, le pacte infâme des Papes avec les
Rois pour opprimer, avilir, dégrader la
les saints temples, les Les théologiens, même les plus attachés au misérable humanité.
images sacrées et le très- Souverain Pontife, enseignent une doctrine
saint Sacrement de l’autel, qu’il faut mentionner, à cause de l’analogie Voulez-vous le mot de l’énigme ? Le voici.
qu’elle présente avec le point en discussion. Lorsque les rois sont puissants, lorsqu’ils
loué soit-il à jamais ! » On sait que le Pape, reconnu infaillible règnent tranquilles sur leurs trônes, lorsque
lorsqu’il parle ex cathedra, ne l’est cependant la Providence tient enchaînées les tempêtes,
pas comme simple particulier, et que, en et que le monarque, levant vers le ciel un
soldats. Aussi la Principauté est-elle partout sous cette qualité, il pourrait tomber dans front orgueilleux, commande aux peuples
les armes, afin de défendre, dans une extrémité si l’hérésie. Ce cas échéant, les théologiens d’un air altier, l’Église catholique ne le flatte
pressante et sans espoir de remède, la fortune, la sont d’avis que le Pape perdrait sa dignité ; les point. « Tu es poussière, lui dit-elle, et tu
vie, l’honneur, la liberté, la patrie, les lois, et par- uns soutenant qu’il faudrait le destituer, les retourneras en poussière ; la puissance ne t’a
dessus tout, les saints temples, les images sacrées et le autres que la destitution résulte du seul fait point été donnée pour détruire, mais pour
très-saint Sacrement de l’autel, loué soit-il à qu’il s’est écarté de la foi. Voici donc un cas édifier ; tes prérogatives sont vastes, mais
jamais ! En pareil cas, les sacrés théologiens ne se où la résistance deviendra permise ; et elles ne sont pas sans limites ; Dieu est ton
contentent pas d’établir que la défense est licite ; ils pourquoi ? parce que le Pape se sera juge, comme celui du dernier de tes sujets. »
disent encore que, pour prévenir le mal, l’usage des scandaleusement éloigné de l’objet de son Alors l’Église est accusée d’insolence ; et si
armes est permis à tous, depuis le laïque jusqu’au institution, aura foulé aux pieds la base des quelque théologien se hasarde à fouiller
religieux ; que les biens séculiers et ecclésiastiques lois de l’Église, le dogme, et par conséquent l’origine du pouvoir civil, à marquer avec une
peuvent et doivent contribuer à la défense ; que les aura frappé de caducité les promesses, les généreuse liberté les devoirs auxquels ce
peuples envahis peuvent, puisque la cause touche serments d’obéissance qui lui ont été prêtés. pouvoir doit être soumis, à écrire, en un mot,
tout le monde, s’unir, se confédérer, former des Spedalieri, en énonçant cet argument, sur le droit public avec prudence, mais sans
juntes, afin de s’opposer avec prudence à ces observe que les rois ne sont certainement pas servilisme, les catholiques sont des séditieux.
maux. » (§ 36.) d’une meilleure condition que les Papes, que
la puissance leur a été accordée aux uns et aux La tempête éclate, les trônes sont
Tel était le langage qu’on parlait aux rois à autres in ædificationem, non in destructionem ; renversés ; la révolution commande, verse à
une époque où la religion dominait tout. Les ajoutant que, si les souverains pontifes torrents le sang des peuples, tranche des
conseillers, selon l’usage du temps, avaient eu autorisent cette doctrine par rapport à eux, têtes augustes, le tout au nom de la liberté ;
soin de citer en marge les sources où ils les souverains temporels ne peuvent s’en l’Église dit : « Ce n’est point là la liberté : ce
avaient puisé, et je ne sache pas que leurs offenser par rapport à eux-mêmes. n’est qu’une suite de crimes ; jamais la
doctrines aient jamais été condamnées fraternité et l’égalité, enseignées par moi,
comme hérétiques. On ne pourrait, sans une Étrange et curieuse contradiction ! les n’ont été vos orgies et vos guillotines. » A ce
insigne mauvaise foi, confondre ces protestants et les philosophes incrédules moment l’Église devient une vile adulatrice ;
doctrines avec celles de plusieurs protestants font un crime à la Religion catholique d’avoir ses paroles, ses actions ont indubitablement
et révolutionnaires modernes ; il suffit de permis de soutenir dans son sein qu’en révélé que le Souverain Pontife est le fauteur
jeter un coup d’œil sur ces écrits pour certains cas les sujets peuvent être déliés du du despotisme, la Cour romaine s’est souillée
reconnaître à l’instant combien les principes serment de fidélité ; tandis que d’autres par un pacte infâme.
et les intentions diffèrent. philosophes de la même école lui reprochent
d’avoir prêté appui au despotisme par sa
Lorsqu’on soutient qu’en aucun cas, lors détestable doctrine de la non-résistance, comme
même qu’il s’agirait de ce qu’il y a de plus
précieux et de plus sacré, il n’est permis de
s’exprime le docteur Beattie. Les puissances Y Y Y
directe, indirecte, déclaratoire des Papes ont servi
résister à la puissance civile, on croit fortifier d’épouvantail pour effrayer les rois ; les
les trônes, car c’est presque toujours des principes dangereux des ouvrages de
trônes qu’il est question ; mais il faut faire théologie étaient un excellent prétexte pour
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Les documents contrerévolutionnaires n 9 — Novembre 2000 7

Ouvrages recommandés

• Saint Thomas d’Aquin, Petite somme


politique, 1997. Disponible à SA D. P. F.
• P. Jean-Jacques Marziac, Précis de la
doctrine sociale de l’Église à l’usage des chefs d’état,
Les éditions pontificales suppléantes, 1991.
Disponible à SA D. P. F.
• Robert Martel, La Contrerévolution en
Algérie, Diffusion de la Pensée Française, 2e
édition, 1972. Disponible à SA D. P. F.
• Jean Sévillia, Le Chouan du Tyrol, Librairie
Académique Perrin, 1991. Disponible à SA
D. P. F.
• Colonel Pierre Chateau-Jobert, Doctrine
d’action contrerévolutionnaire, Éditions de
Chiré, 1986. Disponible à SA D. P. F.
• Colonel Pierre Chateau-Jobert, La
Confrontation Révolution Contrerévolution,
Diffusion de la Pensée Française, 1975.
Disponible à SA D. P. F.
• Yves-Marie Salem-Carrière, Quand
l’espérance est militaire, Éditions du Cèdre,
1985. Disponible à SA D. P. F.
• Yves Salem, Saint Vincent de Paul et l’armée,
Éditions du Cèdre, 1974. Disponible à SA D.
P. F.

Adresses

- SA D. P. F., BP 1, 86190 Chiré-en-


Montreuil, France. Tél. : 05 49 51 83 04 ; fax :
05 49 51 63 50 ; http://www.sadpf.com.

99
Oraison contre les persécuteurs

Brisez, nous vous prions, Seigneur,


l’orgueil de nos ennemis, et réprimez leur
présomption par la force de votre bras. Par
Notre-Seigneur Jésus-Christ votre Fils, qui,
étant Dieu, vit et règne avec vous, en l’unité
du Saint-Esprit, dans tous les siècles des Au terrible torrent de boue constitué par les
siècles. Ainsi soit-il. livres sortis de l’officine ténébreuse des impies,
sans autre but, sous leur forme éloquente et leur
99 sel perfide, que de corrompre la foi et les mœurs et
d’enseigner le péché, le meilleur remède, on en
Prière à saint Michel Archange peut être assuré, est de leur opposer des écrits
salutaires et de les répandre.
Saint Michel Archange, défendez-nous S. S. Léon XII, Lettre Diræ librorum, 26 juin 1827.
dans le combat ; soyez notre secours contre
la méchanceté et les embûches du démon. 9
Les documents contrerévolutionnaires
« Que Dieu lui commande », nous le reproduisent des textes de doctrine et
demandons en suppliant ; et vous, Prince de d’histoire contrerévolutionnaires. Face au
la milice céleste, repoussez en enfer, par la déferlement de littérature révolutionnaire à
puissance divine, Satan et les autres esprits vil prix qui outrage la majesté divine, détruit
mauvais qui rôdent dans le monde pour la morale chrétienne, incite aux pires péchés,
perdre nos âmes. Ainsi soit-il. et perd les âmes par millions, c’est le devoir
(Indulgence de trois ans ; plénière, une fois par mois, pour la des catholiques de redoubler d’effort pour
récitation quotidienne, aux conditions ordinaires (confession, diffuser la saine littérature catholique.
communion, visite d’une église avec prière aux intentions du
Souverain Pontife). Pén., 12 novembre 1932.)
Abonnement gratuit sur demande.

Toute reproduction est autorisée.

Correspondance : I. Kraljic, C.P. 311, succ. Côte-


des-Neiges, Montréal (Qc), H3S 2S6, Canada.
Email : i.k@sympatico.ca. URL :
http://www3.sympatico.ca/i.k/pdr.html

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