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fKC
MEMOIRE
SUR LES
ETATS GÉNÉRAUX; -
LEURS DROITS,
ET LA MANIERE DE LES CONVOQUER.
; , no.
Serment da Jufticier d'Arragon au Rq
au nem des Cortcs,
3
AVERTISSEMENT.
M
ik PV i . y
la mort.
a 3
(O
La liberté laîfîe à ceux qu’elle abandonne
?
de longs êc cruels fouvenirs ; ce font cesfa-
lutaires réminifcences qui garantifTent du dé~
fefpoir ,
quand tous les genres de fervitude
femblent s’accumuler fur les hommes infortu-
nés , fournis depuis long-tems au fceptre du
pouvoir abfolo.
Les defpotes enchaînent vainement les
corps ,
ils ne peuvent dominer les penfées ;
îa génération aéfuelle ,
malgré fes vices ,
s’eft
rendre populaire ;
& fous les ruines éparfes
de notre antique gouvernement a
il a fu dé«
(7 )
de la nation s
mêler les droits imprefcriptibles
nous apprendre ce qu’elle fut , ce quelle &
doit être.
Nos malheurs toujours renaiffans, desfautes
la part des mi-
fans ceffe renouvellées de
conduifant
nous enfin au dernier
niftres ,
exigence.
l’avilifïement le plus pro-
Tombés dans
écrafés de dettes énormes
dévorés
fond 5
,
nationale.
Nous avons trouvé dans les fades de
f
(S)
patrie, Et fubflituer enfin des citoyens à cette
foule d’individus malheureux Sc ifolés , ,
qui depuis deux fiecles rampent fans raifort
comme fans intérêt, fur la vafte furface de
Cet empire.
L’homme efl né libre • jamais l’Etre éter-
nel qui le créa , n’avilit lui -meme fon ou-
vrage 5
en fo nmet tant l’homme à fon fem-
blable. îl voulut que l’être heureux né
,
loin des fers des focietés au milieu des
, ,
Grégoire de Tour».
( 10 )
bafe de la liberté publique. Ils marchèrent à
îa liberté plutôt par fentiment ,
qu’en rai-
donnant leurs principes ;
& les mâles vertus
qu’ils tenoient de leurs peres ,
les accom-
pagnèrent dans les pays qu’ils avoient con-
quis.
S’ils fournirent à l’efclavage civil les peu-
ples vaincus, ils conferverent toujours quant
,
à eux ,
le fentiment profond de leur dignité
personnelle ;
ils connurent parfaitement ce
que c’étoit qu’une loi.
ap. Ducange ,
glejf. 1 oc. campi Mardi.
Aveu remarquable de Clotaire II ,
dans Aimoin ,
de
prême législateur ,
& au roi fon fouverahi
juge.
Le même amour de la liberté animait a
tinuateur de Fredegain ,
ch. 94-* Voyez les caufes de la
dépolition de Thyerry.
tyrannie.
L’excès de l’oppreffion des minières eft
îa fauve-garde des peuples dans les empires
aflervis ; elle les ramene à une conllitution
nationale.
Combien donc s'égarent ces hommes pu-
fillamm.es, qui redoutent ce tems d’eiFervef-
cence publique, ces tems orageux qui don-
1
( 3 )
les éleve ,
êc foutient leur enthoufiafme •
les
paix ,
filence de ntorc ,
produit par la ter-
( *4)
ireur 8c les menaces des tyrans où l’orî
n’ofe fe parler ,
moins encore s’écrire ,
où
Ton s’eftime heureux enfin , au déclin de la
effrayé de la défobéiffance ,
mais plus effrayé
encore des afïaffinaîs qu’on lui commande^
li’ofant brifer les liens de la difcîpline ,
mais
les relâchant fans celle ,
en faifant affez
droits
( i7 )
droits naturels de toutes fociété humaine.
Ceux-là me paroiffent avoir vu l’objet
dans toute Ton étendue ; & en effet , les
droits effentiels des fociétés , écrits par la
main de Dieu, dans le cœur des hommes,
n’en fauroient être effacés par vingt liecles
de defpotifme. D’ailleurs quelle idée ab-
,
pire ,
de confier à autrui le foin de voter
fur leurs plus précieux intérêts ; mais dans
tous les états, cet inconvénient eft balancé
par des obflacles que la loi naturelle dide-
roit ,
au défaut de toute autre.
En Angleterre ,
l’infurrecHon efl permife ;
En Pologne ,
quand elle étoit libre ,
les
pouvoirs.
—" «
Enfin ,
quand la nation affemblée en états
généraux ,
ne put être réunie que par Tes
repréfentans ,
il s’établit aufli-tôt une loi qui
eft ,
j’ofe le dire , le palladium de nos li-
bertés.
C’eft que la nation elle-même eft reftée
maîtrefle de tous fes pouvoirs ; c’eft dans les
aftemblées où elle élit fes repréfentans ,
/
cîaîre ,
non quelle n’aie le droit ,
étant af-
fembiée ,
de prononcer des jngemens ,
s’il
on pourroit
au droit légiflatif , &
le croire s’il
, afluroit que la
nation elle-menie le lui a confié*
Mais, que répondre à Ceux que l’habitude
de la fervitude a tellement dégradés qu’il
,
Eh 1
grands dieux ! s’il efl fur la terre un
homme incapable 5
par fa pofition ,
d’exercer
le pouvoir légiflatif ,
c’efl un roi, & fur-
tout un roi héréditaire. Né dans le foyer de
Ja corruption ,
fes premiers regards fe fixent
fur les ennemis naturels de l’ordre public. Ce
font leurs maximes empoifonnées qui fe font
d’abord entendre à fon inexpérience. Il s’ac-
claves ,
à la fois infolens & bas, dont l’é-
ducation mutila & l’efprit fk le coeur. Si fes
lateurs ,
ils fe fixent fur un trône occupé par
celai qu’il doit remplacer. îl y voit trop iou-
vent l’exercice du plus abfolu pouvoir ,
uni
habiles ,
ont commis de bien grandes fautes
envers peuples, 8c leur fucceifeur apprend
les
fu-
à honorer , comme des loix , des erreurs
nelles qu’il fera de fon devoir de punir dans
le dernier ordre de fies fujets.
fa confiante inexpérience ,
que fera confie le
Mais ,
comment infpirer à un roi les fen~
ïimens d’un citoyen ? Et ,
s’il eff impoffible
qu’ils deviennent jamais les liens, comment
lui donner toutes les connoiffànces qui fe-
roient indifpenfables , à celui qui par état
,
y
( 3 ° )
eft fi formidable ,
que foh exercice , tn des
mains perverfes ,
peut 3
malgré les meil-
leures loix ,
faire du gouvernement le fléau
de la nation.
Un roi ne peut ,
en aucun cas ,
exercer le
pouvoir judiciaire ,
& la raifon en eft évi-
i
( 31 )
femble bon & utile à l'intérêt de tous.
Ainfi, tout tribunal dégradé dans l’opinion
publique, ce mépris fut-il injufte, par cela
feul qu’il eft univerfel il entraîne la deftruc-
tion de ce tribunal avili ; car fi les ioix
forme l’enceinte des corps judiciaires, c’eft
la confiance publique qui doit efTentiellement
en être la bafe.
que chaque citoyen
Il faut
y vienne , plein
d’une refpedueufe
déférence , dépofer en
des mains honorées le dépôt le plus cher
,
celui de fon honneur ,
de fa vie 8c de fa pro-
priété. C’eft aux pieds des juges qu’il vient
foumettre les pallions qui l’égarent ,
8c juf-
qu’aux plus précieux intérêts qui runifTent à
l’intérêt public de fi grands facrifkes ne
:
même ,
en oppofant aux ufurpatio.us du pou-
voir abfoiu ,
le pouvoir de la loi.
C %
X 3 « )
difîbut.
iégîflatif ,
§c enfin s’en emparer.
La nation ne peut être continuellement
affemblée ;
d’ailleurs elle n’agit que par des
x
loix ,
& ceft au pouvoir du Roi à les faire
exécuter.
Plus l’intérêt national diminue 9
plus l’amour
de la patrie s’éteint ;
dès-lors les afTemblées
par difparoître.
Les Rois les éloignent de tout leur pou-
voir ,
jufques à ce qu enfin les citoyens ,
deve-
nus des fujets ,
cefTent eux -mêmes de les dc-
firer.
venirs confus ,
que l’autorité devient chaque
jour plus abfolue. Elle ufurpe tous les pou-
voirs: les Rois naifïent enfin environnés d’une
autorité illimitée : ils la confervent avec
une fombre jaloufie ,
la regardent comme
un patrimoine ,
& leurs fujets comme un
héritage.
c
]
(37 )
Alors toutes les idée d’une nation s’aîterent
on n’a plu de patrie : où régné le defpotifme
,
s établit l’égoiTme ; ne pouvant être attaché à
aucun bien national on s’attache uniquement
,
à foi ; & le cœur étranger pour jamais à la
chofe publique, fe concentre uniquement
dans
ce qui a rapport à l’individu.
Telle eft la marche plus ou
moins ra-
,
pide ,
qui entraîne les monarchies les plus
libies des leur iiaiflance vers le
, plus abfolu
defpotifme.
S’il a frappé trop long- teins fur une nation*
elle contracte enfin tous les vices des
efcîaves ;
la terreur feule
y tient les hommes enchaînés
fur la glebe qu’ils arrofent de leurs fiieers
;
mais s ils la baignent suffi de leurs larmes
,
I état n eft pas perdu ,
leur cœur vit encore ,
& la liberté peut renaître.
Ainfi que dans ces maladies effrayantes
*
lorfqu une ftupeur léthargique, fmiftre avant-
coureur de la mon ,
fufpend tout mouvement,
que déjà fe fait fentir le froid glacial du trépas ,
alors font employés les remedes les plus vio-
lens, pour que l’excès de la douleur ranimant
,
i ;
C 5
8 >
il fouhaite que ,
dans fon déliré ,
elle accu-
mule dans un jour ,
dans un moment, tous
courageux ,
du fonds de fon cachot ,
éleve fes
efpérances : il voit dans la multiplicité même
de fes tourmens ,
l’inévitable terme où vient fe
brifer la tyrannie.
liberté publique j
il doit être aulfi la derniere
viennent inutiles ;
quand enfin ,
après avoir
tout dévoré ,
il ne lui relie que fes regrets 8c
fon impuïfTançe 8c qu’il fe voit contraint *
,
core ,
& les fomentant fans ceffe.
Alors l’ambition ,
la bafTelle ,
îa cupidité ,
citoyens.
Alors on ruine les propriétés par des im-
pôts ,
on confume la poftérité par des em-
prunts.
Les loix de la veille font annullées par les loix
du lendemain.
Il s’élève bientôt une claffe d'hommes af-
freux ardens fauteurs de la tyrannie" attirés
,
7
chaîner ,
mais des imposteurs ardens a abufer
que le ciel briffe a l’infortune la
du fenl bien ,
piété 8c la religion.
Auffi-tôt fe promulguent ces maximes ern-
poifonnées qui confacrent le defpotifme. Ne de
la corruption de la nation ,
mais honteux de
fon principe n’ayant nul appui folide fur
,
( 42 )
la terre, de facriléges mains lui en apprêtent su
dans le ciel. Voilà le plus épouvantable crime de
la tyrannie.
loix ?
des tyrannies.
empires de l’Orient le pouvoir
Dans les ,
illimités.
; ^ exifte
celt celle des
une étude
premiers
fe che rebutante ,
âges de notre mo-
&
îiarchie.
tude ,
reeueilloient les faits 8c ufages de la
nation.
Ils confignoient ,
dans leurs écrits ,
nos im-<
prefcriptiples droits ;
le flambeau de nos liber-
tés devoit s’éteindre ,
mais leurs ouvrages dé-
voient lui furvivre ,
8c conferver dans leur
i
fein ,
les- étincelles de ce feu facré qu’il efl tem$
enfin de rallumer.
Trois hilloriens ,
tous trois eccléfiafiiques ,
l’année 595
Son ftyie ,
dur 8c fans agrément ,
attache
cependant par fa implicite même ;
on upper-
çoit l’ame naïve de cet hiflorien à chaque page
de Ton hifloire. îi dit ce qu’il a vu ,
ce qu’il a
appris, fans art, fans grâce ; mais je me trompé
fort ,
ou l’on apperçoit dans cette hifloire ,
Frédégaire ,
qui ,
dans le huitième fi ecle ,
Le moine Aimoin ,
dans les quatre livres qui
font de lui ,
& dans cinquième que l’on
le
y a
ajouté après fa mort nous conduit jufques à
,
Français ,
ils élurent Clotaire pour roi des trois
royaumes.
11.. ch.
Li v.
£ 01 .
Nous trouvons dans l’appendix du même
hiflorien : après la mort de Théodoric ,
les
Il nous apprend ,
Ihou 1575 -
n’auroit pas été entraîné par fa haine
,
pour les factions , à outrager un homme
libre ,
dent fon coeur généreux refpedoit les
principes.
Vainement s appuieroit-on du partage deCio-
visentre fes quatre enfans, pour prouver qu'un
royaume , partagé comme une héritage n’était
,
D
( 50 )
rement comment s’opéroient ces partages en
préfence & fous l’autorité de la nation.
Mais fi les preuves de cette vérité nous man-
quoientfous la première race ,
elles font triom-
11
fut roi ,
de féduire les femmes de fes fujets ;
'
D 2
(
“’ ?
f ( 5’
berté à fa fureté ,
de même les fociétés ,
inf-
toute-puiffance , avant
firent nos peres de leur
eufl'ent eux-mêmes marqué
des limi-
qu’ils y
tes, parce que l’immenfité de leurs pouvoirs ,
/imoîn ,
de
99 mune doit y erre examiné & réglé par l’af-
ch^î
Fr ' 1 4 femblée générale, & je dois me conformer à
Greg de M tovt ce quelle aura réfolu
Tours 1
,
1. i , ,
ch. i r Childebert, dans un édit de <$33, s exprime
q et
«wm°p ag j!ainfi: « Nous avons traité quelques affaires en
„ l’affemblée de Mars ,
&. nous en publions le
France de .
i* , . . < ,
præ leg.
iiqufc : quatre des principaux font élus pour lafeiicæ.
rédiger ,
apres le nom de ces quatre chefs élus,
fuit Iedifpofirif de la loi.
D 4
( 57 )
fans le témoignage de l’hilloire ,
qu elles furent
Montefquieu ,
qui les avoient bien méditées 9
puifqu’il les a commentées avec tant de faga-
cité, les honore de cet éloge.
« Il y a dans les loix faliques & ripuaires,
dire ,
chaque peuple fut gouverné par la loi
/
( 53 )
Gr?g «te
nation réunie au champ de Mars, élifoît
Tours , l v. Tes ducs Sc fes comtes : c’étoit des gouver-
neurs dediftriâ: ,
plus ou moins étendus j Sc ce
choix national les inveflilToit atiffi-iôt du pou-
voir judiciaire.
Ces charges étoient amovibles; elles devin-
rent le berceau de nos fiefs héréditaires.
viduelle ,
c’efl que tous pouvoient appeller de
ces fentences à la nation elle-même ,
réunie
au champ de Mars. On pouvait alors acculer
le juge lui-même ,
Sc on recevoit de la nation,
& des Ioix Sc des jugemens.
s
'
(59)
En ces premiers tems, la nation exerçoit
fouverainement le pouvoir judiciaire dans toute
fa plénitude : elle prononçoit des fentences ,
&C
l
<*>)
notre fervitude, 8c celui dont nous allons
bientôt cefTer de nous occuper ,
eft le dernier
berté ,
les français élifoieiit leurs rois ,
leurs
ducs &: leurs comtes : tous les bénéfices mili-
taires amovibles à leur choix , étoient le pri^t
du courage; & la crainte de les perdre, le frein
héréditaire ,
le plus épouvantable fléau dont le
ciel dans fa colere put frapper une nation
libre.
Il paroît ,
par le traité d’Andeli , ( i ) que
les fiefs y furent accordés à vie : c’étoit le
cement de la troifième ,
fut établie à jamais l’hé-
rédité de nobieffe & de fief. Quand nos ancê-*
( i ) Baluze ,
tom. i ,
convenais apud Andelauna *
587.
Feudorum ,
1. 1 , tic. 1.
Ducange ,
glolh voc. bensficiutfiu
(«*)
très eurent fait cette plaie incurable à l’ordre
public ,
tout fut perdu.
Ainfi ,
dès la naiffance de notre république ,
>* atteindre ,
mais jamais la terreur. Ils fuc-
» combent 1 mais ,
frappé par la mort ,
leur
» afped inanimé ,
annonce encore leur invin-
* cible courage ».
liberté à fa vie ,
facrifioit fai liberté à fa
promefle.
Il fe donnoit lui-même un maître quand
il ne pouvoit autrement acquitter fes dettes ;
la fidélité
tiques établiflbientla paix, l’amour ,
^jamais
dans leurs foyers ; l’égalité. y regnoît;
homme libre ne fut i efclave de
la mere d’un ,
fon époux.
bien
Tacite nous apprend d’eux, un ufage
fait pour toucher les âmes tendres,
( ^ )
« Jamais ,
dit-il ,
chez les germains lesfem- ,
{implicite.
Ainfi ce courtifan ,
élevé dans l’antique châ^
te au de fes peres ,
au fond de quelque pro-
vince pauvre mais au moins éloigné du
,
nous , & fi
•
depuis ces grands hommes ,
les rois
méritèrent le titre de vi&orieux ce fut aux
,
commis de crimes ,
qu’ils n’ont ourdi d’in^
de ord. pal.
£q ors \ Q vo [ j a p 0 rtoit à l’affembU'e du peu-
ple ,
6c demandoît fon confentement (i).
Mars ou de Mai ,
on les nomme Pariemens-
( «9 )
Louis ,
fils de Charlemagne , nous apprend
en quelle forme Ann. 8*2 ,
le confentement de la nation cap. Tribu-
lui étoit demandé. rienfis.
5» à la nation ,
annoncez-le ,
& aufii-tôt tous
.*» s’écrièrent : plaça. Ils le répétèrent trois
« fois : les grands lignèrent, & l’afiTemblée fe
?» fépara ».
C’eft-'a-dire ,
que le peuple confentoit la
loi
,
que l’empereur ia promuîguoit & i’in-
titijloit de fon nom ; c’étoit à cela & au droit
de la propofer, que fe bornoient fes fonc-
tions.
tems oubliées ,
il falloit que le malheur nous
apprît enfin leur ufage. On feroit un volumo
E 3
( 7° )
iî on recueillait toutes les preuves de la puif»
aux cormes ,
& enfin aux mijjl dominici .
pr ince
,
envoyés de fa part pour infpeèf er la
7 Poait’ixxi;
conduite des ducs & des comres : cet établif-
femenr ,
tombé auffi-tôt en défnétude ,
nous
rappelle cependant le changement qui s’opéra
dès-lors dans l’ordre judiciaire. Deux chofes
contribuèrent à altérer l’ordre primitif des
jugemens rendus d’abord par des officiers
à vie ,
le foin de rendre bonne juftice ne fut
plus un objet d’ambition pour les ducs & les
comtes.
La nation, devenue nombreufe ,
ne pou-
voir s’occuper de la difeuffion des affaires par-
ticulières •
les loix civiles fe multipliant fans
celle ,
il fallut confier à une autre puiffance
le pouvoir judiciaire.
Il paroît que dès le fiecle de Charlemagne 9
jugemens ,
par une fente nce injufte ,
ou qu elle
croyoit telle, en appelloit à lui-méme.
Eghinafd ,
le fuetone de Charlemagne
nous a confervé ,
avec une foule de détails
intéreflans fur ce grand homme ,
le fouvenir
fi touchant de la maniéré dont il adminiftroit
la juflice. Le premier des maux que produifit
peuple.
Le partage de fes empires ?
fait entre fes
enfans ,
à l’afTemblée de 806 ,
nous prouve que
l’aveu de la nation pouvoit feule le fandion»
ner 3 & ion teftament ,
fait d’après ce quiLjf
E 4
( 72 )
avoît été refoîii , le confirme encore.
11 eft vrai qu’il paroît que dès-lors
couronne devint héréditaire dans la famille
de Charles-le-Grand. Le droit d’éieclion ne
s’exerçoît que fur les individus qui la corn-t
pofoient.
La plus jufte admiration lui mérita ce
tribut de la reconnoifiançe publique ; mais ,
travaux ,
& fes coupables enfans craignirent
de n’y rencontrer que des juges.
ceUent^ouvra* Pour ravir au peuple fon influence oji ,
iéMahi-f' ob-
augmenta le pouvoir des grands ; il faut des
fur
Nervation com p[i ces aux tyrans : les fiefs devinrent hé-
France, pag. reditaires ; déjà la noblefTe Tétort devenue ^
( 73 )
auffi-tôt nos affemblées changent de forme.
Le dernier capitulaire efl de 921 ; mais déjà
la liberté n’exiftoit plus.
L’hérédité des fiefs amena une autre Conf-
titution , 8c il efl à pré fumer que l’avüifTe-
ment de nos ancêtres à cette époque la nécef-
fita encore davantage. Les ducs, les comtes,
faifirent le prétexte de la guerre continuelle
qu’il falloir faire aux normands ,
pour s’en-
tourer des châteaux inacceflibîes. Dès-lors la
tyrannie féodale parut ,
8c les leix ceiîerenc
de fe faire entendre.
Quand Hugues Capet fut élu roi par fes
pairs, il n’exiftoit plus de liberté nationale
que parmi les feigneurs, 8c leur liberté était
l’excès de la licence.
Ils Croient étrangement égarés ces mo-
s
étoit réfervé.
En effet ,
quel mortel, ayant reçu un cœur
d’homme, peut fonger , fans le plus affreux
défefpoir, qu’auffi-tôt que les loix fe taifènt
aufli-tôt qu’il devient le maître abfolu , tous
fa mémoire !
que fes plus cuifans chagrins
deviennent la confoîation de fesfujets! que
lorfque la mort lui ravit fa femme fes en-
,
fans ,
fa maitrefle chérie le peuple rend
,
dans la juftice ,
les chafla des cœurs des
tyrans.
Abhorré de tous, redouté de tous, il fini
•\
( 77 )
tyrans firent leur repaire. Le peuple ,
devenu
le patrimoine des feigneurs, fe vit réduit à
n'être pins que la propriété d’un maître 6c
,
de courage ?
'
(i) Parlement j en 1204, à Villeneuve-le-Roi, pou1
la police des fiefs.
F
(82)
dès-îors ils eurent la facilité de fuivre des pro-
jets qui , formés fous un régné ,
ne pouvoient
réufîîr que fous un autre. Alors il fe trouva
des rois qui ,
content de préfager la grandeur
future de leurs defcendans ,
oublièrent leur
propre foiblefle , <k ne vécurent que pour
l’ave?iir.
(i)
Elles occafionnérent aufïi la vente des
biens ebMe s
aux roturiers. C’eft de Cette innovation
qu’eft né le droit
dc franc-fief.Ce droit fut le prix du pouvoir que don»
noient les rois aux roturiers d'aequém
des fiefs. Ce fut unë
fni;e de leur politique qui
engagea Phllippé-le-HardU coa-
firmer ce qtte Louis IX avoir établi à ce fujet. Ordonnance
de PhUippe-le-Hatdi de tt 7U Impafelon de France
tom m, pag. tfoj,
,
F 2
(
8 4)
vafTaux (i).
En ces fiecles d’iniquité ,
l’impartialité de
(i) Sens ,
Mâcon ,
S’aint-Picrre-k-Mouftiej: ,
Ver-
a^ndoii.
rent de la liberté ;
m& nos imprefcriptibles
droits nétoient pas encore devenus. l’objet de
l’ambition de leurs enfans , à peine échappés à
la plus honteufe fervitude.
réduifant à i’impuiflànce ,
ils n’euffent été con-
traints de rendre à la nation fes droits pri-
mitifs ,
afin que fous l'influence d’une exigence-
nationale ,
libre ,
les peuples puffent faire de
nouveaux efforts pour foutenirun trône ébranlé
par la tyrannie.
FS
le trône ?
qui s’empare de tout par droit ds
naiiïance , & qui femble former autour des
rois une nation nouvelle, ennemie des peuples.
Le nombre de ces nobles ,
envahilfeurs de
toutes les places ,
de toutes les dignités de
l’état ,
fe multiplie à la cour ,
tandis que la
C ?
eit un grand mal que ce relie de vénéra-
tion que nous ont tranfmis ces liecles de honte ;
F 4
( 88 )
motifs étoient enchanteurs. Ce qui n’ et oit ja-
mais arrivé dans aucun fïecie ,
parut alors. Oi^
vit rhéroïfme des anciennes républiques ger-
mer , & s’accroître à côté de la plus horrible
fervîtude ,
tous les fentimens du cœur hu-
main s’empreindre d’un grand caradtere ,
fous la
chaîne même des tyrans.
Le cœur libre en fes afFedtîons ,
n’ayant plus
de patrie à fervir ,
fe dévoua tout entier au
fer vice de l’amour ùC de î’amitié ; &: en ces
îems de violence ,
c’étoit par des aéles d’un
courage inconcevable ,
par des périls fansceffe
renaiffans qu’il falloir fervir ce qu’on aimoit.
Alors une paillon unique fut le fentiment de
toute la vie ,
les fouvenirs de la vieilleife n’eu-
rent qu’un feul objet de réminifcçnce -* par
cette confiance inaltérable ,
ils conferverent
cette pureté ,
ce charme célefle ,
qui embei-
lifToit encore les dernieres lueurs de l’exif-
tence.
Alors on comprit cette vérité ,
aujourd’hui
fi loin de nos cœurs.
« Qu’adorer les femmes ou les pofféder x
« font deux chofes bien différentes » ; que
les délices les plus parfaites de l’amour font
dans l’illufion réunie à l’ëfpoir ,
& que c’eü
eu voulant le bonheur fuprême 5
que l’on cefFe
fes principes ,
fon héroïfme avant qu’elle dé-
générât ,
offrent une leéftire aufli fatisfaifante
qu’utile. C’efl un bofquet de fleurs au milieu
des fables de la Lybie.
fuivant ,
il arrivoit au defpotifmè. Son impé-
tuofité ne lui permit pas de parcourir l’efpace
qui 1 en éloignoit, il le franchit; fans avoir
encore autour de lui les fatellites qui aflRir.ent
élevé ,
l’efprit vif > aimant fa famille mais
;
égaré par le plus perfide minière, (i) ce fléau
de la nation l’entraîna à des actes de tyrannie
qui caùferent fes malheurs 6c ceux du
peuple.
D’immenfes dépenfes nécefïîterent de cruel-
peuple ;
il le vola par des çoncuflions, & le
friponna en altérant les monnôies.
En 12 96 ,
il établit ,
de fa feule autorité ,
le
centième denier fur les immeubles, &Üe cin-r
dénué de toutfecours ?
le malheureux Philippe
appella la nation à fe réunir ,
pour obtenir de
fa générofité ?
ce qu’il ne pouvoir plus efpérer
de lui ravir. Voilà les feuls motifs qui nous
fendirent nos états-généraux»
( 91 )
Voyez p a f- C’efl de ces jours d’infortunes que devoit
quier, liv.u, \
A (
nèrent au cercueil ,
& repofent encore fur fa
tombe.
Ce régne défaftreux eft bien intéreflant à
connoître : c’efl: à cette époque que la nation
.reparut , & bientôt nous verrons nos afTem-
Hées nationales fe refaifîr de nos impreferip-
tibles droits.
Mais la nobleffe héréditaire réunie à l’héré-
dité des fiefs, ayant formé au milieu de la nation
un corps nombreux, dont la terrible puifTaoce
pondérance indcftruftible.
Qu’il nous foit encore permis de nous ari*ê»
ter à ce régné déplorable ,
mais fi intérefiTant
pour nous ,
puifque c’efl à cette époque que
la nation fe refaifit de Tes droits-
En commençant cet écrit ,
nous avons éta-
bli les vrais principes indépendans de toute
autorité hiftorique ,
qui affurent nos libertés
nationales; &: qui nous donneroient le droit
de les revendiquer, eufîions-nous été pendant
deux mille ans ,
le plus alfervi de tous les
peuples- Nous avons enfuise approché notre
hiftoire de ces principes immuables , & nous
y avons trouvé que nos magnanimes ayeux ,
fous la première de fécondé races , avoient joui
de ces droits dans toute leur plénitude. Nous
fommes enfin arrivés à des teins qui feroient
les plus malheureux de notre hiftoire ,
û les
ce légiflative ,
de celle d'accorder l’impôt ,
8c
Nous ne connoiffons ce
qui s’eft fait dans
nos affemblées depuis
1300 à 1400, que par
les ordonnances que les
rois promulguèrent
en vertu des décrets de l’aifemblée,
témoignage des hifloriens.
par le &
11 eft aifë
cependant avec ces feuîs
. matée
riaux, d’élever l’édifice facré de
la liberté
publique; en prouvant que
ces fuprêmes af-
femblées , ainfi que les
les parlemens de la
champs de Mars &
fécondé race, ont
toujours
connu &fuivi les vrais principes
qu’elles fe
font toujours crues
des corps légiflateurs,
feu-
les competentes pour accorder l’impôt,
feules
G
( 98 >
habiles à établir , d’une maniéré nationale *
iakvuiiers i
à compofoient
la
4
°a
l
e
^p certain nombre de pairs, qui
yoi* u- alors un parlement ambulatoire quifuivoit le
roi, le confeilloit ,
tk jugeoit les appels por*
tés à fa cour.
Ces appels fe multipliant à l’infini ,
Philippe
y étoit contraint.
où nous vivons ft
(
( I0 3 )
Voy. Me-
À la mort de Philippe IV, fon fucceffeur, zeraî & Bou-
Iainvilllers.
dénué d’argent , mais très-emprefîé de s’en
procurer ,
fe permit quelques conciliions ,
peuples.
îiets, î. h ,
Malheur, s’écrie un homme, dont l’ame
» étcit auffi énergique que fon amour pour
» l’honneür éroit vrai; malheur aux peuples
» fournis à de tels rois, mais plus malheureux
» les princes qui gouvernent par de tels prin-
préambule , fi &
cruels dans leurs difpofi-
tions.
( io8 5
plus. vrai \ les rois font les enfans des peu-
ples , car c’eft leur volonté qui les créa ,
revenu. Il
y a loin de ce progrès de la rai-
S’il
y eut jamais une perte regrettable, c’eft
celle qu’a fait la nation des verbaux des états
aflemblés fous le roi Jean ; mais trop de mains
avoient intérêt d’anéantir ces monumens pré-
cieux ,
&: la nation avoit trop peu de moyens
de les conferver.
La foule des hifloriens , ardente à flatter
l’autorité qui les paie , & à flétrir le ç ourage
qui a fuccombé , a accumulé fur la mémoire
du fameux Marcel ,
qui fut le mobile & i ’ame
de ces états généraux ,
tous les outrages que
l’on ne doit qu’aux plus vils des humains.
es V, regent, nous
apprennent quels forent
les decrets de ces
affemblées (1). N’oublions
l’afTemblée ,
qui avoit fiatué fur la quantité des
troupes qu’il falloit lever ,
établi leur foide,
l’emploi.
Le quatrième article eft mémorable , en
ce qu’il prouve que déjà aux yeux des états
généraux le parlement étoit un corps na-
tional ,
recevant fur tels ou tels objets les
états ,
dans la préface du troifleme volupae des ordon-
nances du Louvre ,
par SeceuiFe.
l’autorité
( ”3 )
I’aütoHté du parlement ; & dans un autre!
article du même édit, il eft ordonné par
les états ,
que toute juftice foit laifïée aux
parlemens , juges ordinaires.
Il eft à préfumer que déjà les états généraux
avoient fanâionne uni à la conftitution &
lexiftence des parlemens; mais enfin voici
la
preuve regardés comme des
qu’ils etoient déjà
ç ( t
) C’étoiem-ià les lettres de cachet de ce fiecla,
H
(
n4 )
Tnfege que doivent en faire en tout te ms ces
fuprêmes aifemblées ,
en requérant que les
L’ordonnance de Charles ,
régent ,
du mois
<demars 13 56 , enregiftrée au parlement le 5 du
même mois, compofée de 47 articles, fane-
nouveau ,
que nulle levée de deniers ne feroit
légale fans le confentement préalable des états
généraux.
h\és ils
8
prirent de iages délibérations
ils furent encore affem-
4 ^
,
; mais en
1 3 58 ils furent agités par des troubles , nés de
la diverlité des opinions ; le même homme ne
les rallioit plus.
H a
( ii6 )
la validité en fut-elle difputée avec raifon fous
François II ,
fous ce prétexte très«valable ,
que
cet édit n’étant pas revêtu de l’aveu de la nation
n’étoit pas une loi fondamentale.
?a
& enregiftrer la loi confentie par eux, par
le chancelier qui en confervoit l’original.
H 3
C I«8 )
clofes.
C’étoient des ordres obtenus par la faveur*
pour éluder la rigueur des îojx^. prelentes au &
parlement par ceux qui avoient eu la baffefTe de
les folliciter.
en 1370 ,
& le fage Charles V enjoignit de n’y
io
il défend au
Enfin „
:
à la fa dion de Bourgogne .
établirent des
îoix défaffreufes pour le monarque , & pro-
fitant du tems où il étoit en démence ,
ils le
traînèrent, en 1413 ,
au parlement ; <k là-, en-
fa préfence , ils firent promulguer leurs loix>„
H 4 ,
( no )
las formes defpotiques reçurent dès - lors la'
naiiTance.
( i
) Lorfque Charles VI alla au parlement annuller
ces odieufes loix mêmes perfon- fut fuivi des
, il
y
nages du confeii qui avoient été d’avis de les établir.
L’un d’eux , interrogé fur les caufes de fa différence de
conduite & d’opinion , répondit : « c’eft notre coutume
» de vouloir tout ce que veulent les princes nous nous :
confervatrice, &
ne ceder enfin de s’en occuper
qu’en cedant d’exider.
Les parlemens protederent en
1413 , ont &
toujours protedé depuis contre ces innovations
illégales.
\
( Iîî )
cîennes loix ,, en cet inüant 012 on les viole
toutes.
Ces ufages que n’ofe profcrire le pouvoir
abfolu ,
ne font rien moins qu’indifférens aux
yeux de l’homme qui réfléchit.
leur.
reur ,
entovirés de délations & de craintes ,,
1
( m )
réunir.
Auffi nos cours les ont -elles multipliées
Et , en effet
, ils fe retirèrent pour recevoir
que ce principe ,
iis auroient faitvé la répu-
y rendirent hommage ,
méritent à çe feul
titre ,
tous ceux de la poûérité. Je reviendrai
fans ceffe à ce principe faiutaire ,
nous le ver-
être.
nes ,
conîenoient tous les objets de délibération
qui dévoient être propofés à la diete ; c’eft
volonté générale.
Sous la fécondé race , confuîtée immédiate-
ment après la réda&ion des loix, (a volonté
feule leur imprimoit le caraâere facré d’une loi.
Sous la troifieme ,
quand nos états généraux
reparurent , s’établit aufîi - tôt cette maxime
confiance.
i 57 6 * Bodin eut l’honneur de fortifier cette dotlrine
éperdu ,
à la planche falutaire qui le foutient
ce
faudroit mourir plutôt que d’abandonner
principe ,
car il eft impoflible de vivre libre
rois.
( T 3i )
îî cft une vérité dans l’ordre politique £
'dont les plus terribles
conféquenccs ont tou-
jours démontré l’importance,
& que les peu-
ples ont toujours été enclins
à oublier.
La défiance des changemens
dans l’ordre
établi , & la rigueur à repouffer les innova-
tions propofées par celui
qui defire le pou-
voir abfolu , telles doivent être les fauves-
gardes de la liberté
publique ; elle s’eft tou-
jours perdue parce que la
confiance, l’eljiece
d’idolâtrie du peuple pour les rois dont il croit
etre aimé , l’ont toujours entraîné
bien au-delà
des bornes de la prudence.
Ces défauts tiennent à de grandes
vertus
Le peuple le plus libre le
, plus fier , e ft
aifément féduit par
dis que fouyent fes
la bienveillance ; & tan-
oppreffeurs font guidés
par une politique froide,
impitoyable, il fi»
laiffeegarer par les charmes
décevans des
lentimens d’attachement qu’on
lui témoigne.
Telles furent les erreurs qui
abuferent nos
aïeux fous Charles Vil relies
furent d’autant
plus îrréhltibles que
ce roi avoit
réellement
e grandes qualités;
cependant leurs fuites
furent horribles,
â ce fiecîe que
c’eft
nous
devons reprocher d’avoir
forgé les premiers
anneaux ae la longue
&
lourde chaîne oui
M
nous accable.
j ^
( H1 )
Quand effeêlivement il en
: fa lient les peuples.
fut excédé ,
on lui propofa d établir des com-
foumifes à une difcipline févere ,
pagnies ,
6c dont
toujours prêtes à repoufier l’ennemi,
la permanencelaifieroit au citoyen la linre 6c
chronique de St.
(1 )
Jean Chartier, auteur de la
«ommiiu
( *33 )
Les hifloriens ,
en déplorant cette fatale
I
3
>
( 34 )
treufes, eufïent flétri tous les courages & éteint
toute prévoyance.
Quoi nos peres ne
! fentirent pas que des bras
qui renoncent à défendre eux-mêmes la répu-
blique ,
font faits pour porter des chaînes ;
que
ces chaînes forgées par le defpotifme, font tou-
jours rivées par les foldats qui, étrangers au
peuple dont ils boivent le fang, femblables à
ces animaux farouches & féroces, ne connoif-
fent que la maimqui les nourrit, & à fan gefle,
dévorent , attaquent, déchirent leurs vi&imes.
Charles VII fut le plus malheureux des hom-
mes ; il mefura fes jours par les tourmens.
Dans fon enfance ,
il ne trouva que des en-
nemis cruels dans les auteurs de fa vie ;
fur
ribles ,
qui amènent auflbtot la mort fur leurs
viÛimes ;
en d’habiles mains, ils perdent de
leur funefte véhémence ,
ils ne donnent qu’une
mort lente, & douce, mais ils ne changent
pas de principe , tk leurs élémens recèlent
toujours» la douleur & îe trépas.
l’effroyable Louis XI ,
les mains teintes de
fang , s’empara du fceptre que bientôt i£
changea en poignard !
impaires ,
011 la corruption de tous lés été*»
couronnés en fa perfonne i
&C fi fon régné
épouvantable ne s’eft plus renouvelle , fes
€n plufieurs occurrences.
îl fimble que tant de maux n’ont pu être
C *37 )
produits par un régné de quelques années; mais
qu’on réfléchiffeque ce régné étoit enfin l’époque
où l’imprévoyance politique de Louis le Gros
étoit couronnée d’un plein fuccès. Sous la
individu.
Déjà fur les débris de nos libertés, s’élevoit
la Baftilîe. Louis Xï en fit l’afyîe de fes viérimes*
En fixant ce fombre vafte cachot du defpo-
tifme, chaque françoispeut fe dire quand nos
peres furent afiervis , voilà la prifon qu’éleva
leur tyran.
n yehementer optabat. »
/
r *4* )
Il s’agifloit ,
en 1484^6 conférer îa régence^
de confolider les impôts illégalement établis par
le tyran Louis XI ,
d’en ajouter de nouveaux
encore, pour fubvenir aux dépenfes publiques.
Ce fut pour ftatuer fur tous ces objets effentiels,
que la nation fut convoquée.
fa gloire.
fement de la pragmatique !
n’exiftoient que
verfion des états généraux. Ils
de l’oppreffion
» foudoyés pour le défendre
il faut que
» &
ce font eux qui l’oppriment ;
foudoyent ceux
„ les laboureurs payent Si
frappent Si qui lui ôtent fa fubfiftance
» qui le
baillés aux gens
» 8i cependant les gages font
Si garder les
» de guerre pour le préferver
loix-»P
C’elt en ces termes que les états de 1484, fe
ils fe plai->
plaignoient des violences militaires ;
pas vu le
gnoient Si cependant ils n’avoient
!
» garder &
défendre les droits du roi. »
Après avoir fait de l’inamovibilité des
ma-'
giftrats une loi fondamentale ,
& avoir donné
ainfi à ce corps la derniere fanâion
qui en
faifoit un corps national , ils requirent ex~
prefifement la publication des ordonnances
ôc
« la vérification libre des
parlemens en chaque
» contrée, fuivant les us & coutumes des
» pays ».
K
( MS )
ils firentdes régie mens pour le commerce,
defpotifme a pu
tel , & que frappé par le ,
il
l’éleflion, s’em-
» Parèrent de l’autorité
fuprême, ne furent
» point réputés des rais,
mais des tyrans. Il
porte trêmsmer,t au peup,e
i cTi
celui qui le r gouverne, (
puifque du caraâere
î
uei
^ 16
" feul h ™ me dd P^d le bonheur ou
ma!heUr de t0l5te
Société. Appliquons
« maintenant ces
principes généraux
S’il s’é-
Ve ue 'q ue
” conteftation par rapport
/ ^ à la
« Continuez ,
prince augufte , à marcher
de
t 9 r .
France,
» dune eîpece meurtnere de confeillers qui
» afiiégent l’oreille des princes, & qui creu-
» fent un précipice fous leurs pas. Ils vous
» diront qu’un Roi peut tout qu’il ne fe ,
défolé ,
charme fes douleurs en lifant la vie
K 4
( »
5
4 )
C’efi alors que l’orateur des états, profterné
devant fon trône , lui dit : « Sire ,
les états gé-
fuceedei, »
» accordée au prince qui doit lui
la terre.
blique ,
quelques citoyens vont arrofer de leurs
la pierre qui le couvre; voilà
fon mau-
pleurs
tombe des defpotes qu’il
fblée ! C’efl fur la
régné fortuné ,
mais je n’ai pu m’arreter : il eft
nation ,
mais ils n’ont rien ftatué de nouveau»
.<
4tes, M. le préfident Menant, placé à la cour du feu
J?*!?
paît, in-
roi ,
protégé par cour , a induit la nation
la
Loyfel ,
fort du cloaque affreux de la plus baffe
onzième fiecle ,
exercèrent bientôt la fagacité
îl ajoutoit :
'
0) Digeft. liv. 1 , tit. iv, de conftitutionibus prin-*
dpum.
(2} Il faut abfolunaent. fi l’on yeut être bien inflruiî
(i 5 8)
C eft donc de cette f'ource empoîfonnée
qu’eft fortie la maxime de Loyfel
,/ veut U
roi, fl veut La loi; il a la baffe/Te, il eft vrai , de
l’établir en principe, mais où l’a-t-il trouvé?
Quelle eÛ celle de nos loix
nationales qui
l’étabht ? qu’on nous la
montre fi elle exifte
’
car s i[ étoit VI‘ai que nos aïeux euffent été
a'îez vils pour la confentir, les états généraux
doivent l’anéantir
Elle n exiila jamais que dans les écrits de
Loyfel c efr-là que le pouvoir abfolu
,
l’a trou-
vée & qu auffi-tot il s’en efl: armé. Mais en
fuivant même le texte de la loi romaine il fal-
ioit que ce pouvoir de changer les fantaifies
d’un homme en loix , fût accordé par le peti-
P^ e 9 (0 ^ peut-on croire que jamais les
français aient ete allez avilis
pour inveftir les
rois d’un pareil droit ?
'"u"
•
( M9 )
dépendance. J
voir abfolu ,
&: empêche que tous les caprices
ne fut jamais ,
& les commentateurs de Loyfel
lui-même, ont donné un autre fens à fa fu-
gereufe doétrine ,
eût bien dû nous apprendre quel fut
l’efprit du fiecle où elle fut publiée ,
quel fut le fort du
prince fous qui elle fut connue ,
& du coupable qui fe
déshonora en la promulguant.
En ce fiecle où le lâche Ulpien établiffoit les maxi-
les conféquences ,
mais on n’apperçoil pas aulFi
facilement quels font les appuis d’une telle
opinion : il falloir anéantir les hifloires pour
la faire à jamais prévaloir ; il falloir faire mieux
il fallait priver les hommes de toute efpece
d’entendement.
La qualité de roi par la grâce de Dieu , fut
Lampridius ;
£c au vj liv. d’Hérodien, celui d’Alexan-
dre ,
prince aimable, qui n’eut d’autre tort que d’é-
cc^iter un minlflre pervers qui vouloit lé rendre abfoîif.
que s
C i6i)
ques & aux princes ; tout en ce monde fe fait
glaifir ,
qui annoncent aujourd’hui la volonté abfoluo
h
( 1 ( 52 )
d’un maître ,
font la corruption de ces mots qui
en autre idiome , étoient les témoignages de la puif-
fance légiüative du peuple.
( 1 $3 )
f
I )
Le chancelier de Lhôpital , pourquoi le dégui-
ferions-nous ? ce grand homme , commit une faute il :
L z
C i6i )
p. z6i
adoptée par les pays régis par le droit romain
ne devoit ni ne pouvoit s’appliquer à la fuc~
de haine ;
enfin elle chercha en cette occu-
rence , & pendant tout fon régné , à confom-
mer le malheur des peuples ,
afin de regner au
térêts de la république.
L 1
par la reme , que pour
i m 5
compétente.
Il étoit aifé de prévoir qu’une reine avide
d obtenir la régence & des fubfides , ayant déjà
ufurpé le pouvoir , mais dénuée des moyens
de le foutenir , diminuoit le nombre des repré
fentans ,
pour pouvoir plus aifément les féduire,
à moindres frais s’il falloit les acheter ? avec
moins de tems 5 s’il ne s’agilfoit que de les cor-
femblée de Pontoife.
Il eft fatisfaifant pour nous de voir que ,
remplis de troubles ,
déchirés par des haines
diverfes ,
fe rallioient toujours autour de la
leur décrets.
guerres de religion ,
avoient ébranlé le trône ,
confeils.
33 pour le tout ,
ni en partie , faute de puif-
33 fance. 33 On voit que le 22 , des hommes
vendus à la cour , cherchèrent à corrompre
la fidélité de Bodin ; fa grande ame étoit
H
C Ï7 8 )
55 crois ,
dit-il ,
qu'il n’y a perfonne qui ne foit
raux du royaume ,
en députant vers le roi dé
leur
le remettre en des mains qui pourroient
de
» plus fideles ». Quand on a eu l’honneur
fan&ionner cette fainte do&rine , en bravant
le pouvoir des minières les plus odieux; quand
on a mérité ,
en la confignant dans d’immortels
décrets ,
d’honorables exils, pourroit-on crain-
vertus de Bodin ,
fit aux états cette propofi-
peut-être à re~
tion traîtreufe, qu’on cherchera
corps des états *
nouveller , de choifir dans le
des députés qui formeroient
une efpece de
Déjà aux états de
commiflion intermédiaire.
Blois la noblefie & le clergé avoient accédé
,
encore fé-
aux propofitions du roi. Il falloit
le préfidoit le jour
duire le tiers état; Bodin
l’archevêque d’Embrun vint demander
que
confentement à cette funefte innovation.
fon
même jour, « que le tiers état
Il fut délibéré le
choififfoient, le tiers
« les autres ordres en
M3
( 18a )
affemblée.
De Thou » Mais ce fut à cette même affemblée que l’on
liv. lx C. I X#
fin ,
pour continuer à être encore un mauvais
roi.
De Ti
iiiou,
II arma lui - même les affadi ns du duc de
liv. lv. c. ni. Guife de poignards acérés par fes foins, &
C il leur ordonna de l’égorger. Grand Dieu !
quel
& déshonorée.
Mais avant de defeendre au tombeau, il reçut
en ordonnèrent le redreffement.
odieux moyen ,
frappées dès leur naUTance
du roi.
33 cette claufe ,
du très-exprès commandement
33 du roi 33. Sire ,
ajouta cet homme véridique,
« commiffions extraordinaires.
33 Macquignons de nouveaux offices , ver-
M4
C 184 5
Verbal des
33 Ces gensdà évoquent les procès à votre
étatsde Fran-^
conk'û, où ils
y font juges & parties.
3* Us violentent la religion des magiftrats 8c
33 l’autorité des parlemens par interdirions
33 d’entrées & féances-?*.
\
( i8* )
de foibleffes ,
mais dont on aime meme les
erreurs ,
parce que la loyauté & lextreme
Suétone ;
il avoit une ame ,
& Suétone n’en avoit pas.
c i8tf )
extrême de la patrie
,
peuvent s’affembler fans
la convocation du roi.
trine de la magiftrature.
nation de fa ruine ?
que de lui donner un roi;
feroit néceffaire.
égard.
Mais je dis plus ,
il feroit dangereux à
fes vertus.
facrifice.
fublides, & le
.
55 abois ,
il eut recours au grand remede qu’on
55 a accoutumé de pratiquer quand la France
55 eft en danger ;
c’eft la convocation des états
55 généraux.
35 Mais parce que la nécelhté ne lui donnoit
des villes ,
ainfi cette alfemblée différoit en- cx i™ Vsnée
même nom, où ^ 6
1 '
33 d'états généraux ,
parce que la forme ufitée
dit :
,
qui après tout ne au. 15-96.
pouvoir donner que des confeils parodiant
,
Henri ,
malgré l’opinion unanime de fon con-
feil ,
fuivit cet avis. C’eft que le principe en
la juftice ,
portoit dans fon teirtple une tête
couverte de lauriers.
Qj Remontrances de Jacques de la
cureur général
, édition de Paris, dé Chevalier ’i
^
/, , .
page aiz. i.
Na
1
( 196 )
France.
Marie de Médicis afiembla les états généraux
en 1614; leur convocation régulière par baillia-
5
formes antiques ?
les revêtirent de tous les
pouvoirs de la nation.
d’autres
cruel defpotifme devoit les deftiner à
ufages.
facrilege main des courtifans
Déjà la *
N 1
C )
de vceu général ,
puifque Ton n’avoit plus
?? d’argent à leur donner ».
Les états furent donc affemblés,
Mais que) fruit po.uvoit-on en attendre ?
Le menfonge , la perfidie ,
la bafiefie , étoient
Je partage des minières & les refiburçes de la
reine,
erlf&s du pouvoir ?
& de F illufion de fes pro^
meffes,
( '99 )
Il établit indépendance de
1 la couronne de
toute puiflance étrangère
5 & déclara que le
trône de nos rois ne reievoit que de Dieu.
On a, étrangement abufé de cette décifion
pour établir le defpotlfme ; mais jamais le
tiers état en la promuîgant , n’a prétendu
.affranchit les rois du joug des îoix natio^
nales. Il déclara fimpîement > que la cou-
N 4
( 200 )
milles.
( 203 3
des peuples.
Jamais en aucune occurrence ils ne fe
deffaifirent du pouvoir d’accorder ou refufer
l’impôt , de veiller à l’emploi des deniers pu-
blics , 6c ils ont toujours exigé que ce droit
fût clairement reconnu 6c développé.
Aucun moyen ne put les éloigner de ce
principe çonfervateur de nos libertés ,
qu’ils
tude.
Oui , oui , nous le répéterons fans celle ,
cipes ,
fait déjà luire fur notre patrie défolée
le defpotifme ,
fans le concours heureux des
circonftances qui féloignerent. A la mort
de ce tyran ,
la régence de fon fucceffeur
permit aux états de Tours de rétablir nos
libertés.
quil excita ,
les âmes fe fortifièrent ; & du
fein du plus terrible des fléaux ,
naquit cepen-
les
y ( 209
:
)
^
:
;
O
1
( 210 >
Un miniffre roi eff un être abhorré SC
odieux; la nation, que fon empire humilie,
ne peut s'affervir fous lui qu'en s'aviliffant.
croyoit outragé ,
quand les provinces récla^
moient leurs privilèges , &c qu’on vit alors fs
états généraux ,
qui feule pouvoient lui rendra
fa liberté.
rannie de Richelieu.
Richelieu avoit courbé tous les courages ;
flatterie ,
la cupide ambition , le defîr d’oppri-
mer, & la volonté d’endurer des mépris pour
jouir du pouvoir d’opprimer à fon tour; l’in-
naître.
l’ouWi ,
la terreur même du retour à nos li-
O 3
( 2î4 )
nobles , &
frappoit avec dédain fur les droits
& pouvoir des peuples.
le
de ce fier animal ( 1 ) ,
né libre , dompté par la
{ 1 ) Bufrcn ,
hiftoire naturelle de l'éléphant*
( 2ïp )
( i
) Dans un des ouvrages de mon ami M. de Champ-
fort fe trouvent ces deux vers, aufujet de l’inftinci
généreux de l’éléphant.
Dans une race efclave il ne veut point renaître
, ;
Il meurt, mais fans ligner un efclave à fon maître.
Je n’ai pu les oublier, ai alfez préfumé de ion &
am tiépour croire qu’il agréerait que j’introduifilfe fes
beaux vers en profe.
C 220 )
fuccelfeurs ?
confcience , &
qu’il fe juge. Il verra
que le
plus terrible des malheurs pour
la nation ferait
fa perte ; que formé
par nos adverfités qui
,
font les fiennes c’eft à préfent que
, nous.
C 224 )
nelles ;
que déformais font terminées les crifes
cruelles ,
néceflaires peut être - à fon expé-
rience. Qu il fonge que fi le trône étoit encore
leroient ;
que de tous les rois de l’europe ,
il
apprendre
'( 2i 5 )
P
(
né )
relfource de la nation ,
la maniéré de les con-
former ?
y fuppléer ,
les fuivre ? S’il falloir feroit-il
de
poffible de le faire en confervant ce qui nous
notre attention.
Aulïi-tôt que l’étendue d’un empire 8c fou
immenfe population mettent un obllacle in-
de fes commettans.
faut enfuite, pour qu’une afîemblée
Il
foit
nationale que le nombre des
, repréfentans de
la nation foit proportionné à la grandeur & à
la population de l’empire.
Vainement voudroit-on perfuader au
peu-
ple qu une afîemblée peu
nombreufe peut
reprefenter un peuple immenfe. Il ne le croira
pas j parce que, en effet,
cela ne peut pas
eue. Pour que le peuple croie
qu’une affeni-
P 2
(
blée le repréfente ,
il faut que chaque citoyen
puifle croire avoir influé au moins fur le
élu ,
ferait étranger aux trois quarts des vo-
tans. Car ,
de cette maniéré , le peuple ayant a
jjaire un choix ,
fans pouvoir connoître les can-
didats ,
fe croira fort mal repréfenté, 8c fort
aifément trahi.
portables ,
il ne confentira à les faire ,
qu’autant que ,
convaincu de fa fagefie de fes
repréfentans ,
il croira leur devoir ce dernier
hommage, de fléchir devant leurs décrets j
proteftations ,
qui , fi elles étoient générales , la
lonté du prince ,
pourroit - elle fuppléer nos
formes nationales ,
qui peut-être deviendront
cheres à la nation 5 au moment où Ton voudra
les lui ravir ?
faut examiner.
Dans tous les empires ,
dans ceux, mêmes
où le peuple eft afiervi ,
il exifie un befoin
de tous les momens ,
qui force le peuple àfe
circonfcrire , ôc l’autorité à fe prêter â ces
divifions.
P4
( )
8c le plus utile,
nale.
U) On trouve la lettre à la
bibliothèque du Roi,
«1 •
Ms des manuferits; elle
y exifte encore.
<*) Hift. deLaugusdoc de dont YailTette, 1. xxviii
pag. 107.
(
* 3 ^ )
même roi en 1 3 ï 4 :
En 1356,Charles V, régent,
n’ayant pu
obtenir aucun fecours
des états, les congédia
& envoya des commilTaires
demander de° fe-
cours dans toutes les
fénéchaulïees & bailliages
0
du royaume.
Le témoignage de l’auteur
anorfyme, con-
temporain de Charles VI
, d’après lequel le La-
boureur a écrit l'hiftoire
de ce prince, nous
apprend qu’en 1411, Ton
étoit fiprelTé d’alfem-
ler les états que
,
l’on envoya des couriers aux
villes & aux chefs lieux des bailliages, pour élire
des députés mais quelque diligence que
;
l’on
pût faire , les états ne s’alfemblerent que le
3
janvier 141a.
( *38 )
nos affemblées.
On peut aifémeht conclure de ce que nous dit
tion de ce tems ,
d’épargner les frais qu’on
feroit obligé de faire , en les convoquant par
bailliages.
décrets.
On
remarque aux états de Blois
une augmen-
tai de députés, qui nous
prouve clairement
que chaque nouvelle fénéchaulfée
jouilfoir, auffi-
tôr après fon éreéHon,
du droit d’envoyer des dé-
putes aux états généraux;
& comme il eft prefque
împoftîble d’être auffi bien
inftruit de ce qui re-
garde une province étrangère
,
qu’on l’eft de tout
ce qui importe a la
fienne , on me permettra
, en
cette occurrence, de citer le Languedoc rpour
exemple.
Lors des états de Tours en 1484, le Lan-
guedoc étoit divifé en trois fénéchauflees
qu on y nomme encore les anciennes fénéchauf-
fées , de Touloufe, Carcaildnne,
celles
Beau-
caire de Nifmes.
( MO )
raux.
les liftes*
-)
(
242 }
tars ;
mais ces états ne repréfentent en aucun©
maniéré les trois ordres dont eft compofee la
province (i).
mais cahiers
cette fuorêrae afiembîéc leurs doléances ;
les
chargés»
des députés des fénéchaufféesen feront furement
Il faudra feulement prouver au roi, t°. qu’il eilinté-
royal ,
il lui efi: cependant impolfible de payer davan-
Les évêques
y encrent en vertu de leurs di-
gnités 8c le fécond ordre de
Féglife n’y envois
pas de députés.
Les barons entrent en vertu
y des terres
rju ds achètent
, & auxquelles le roi attribue
le droit d’entrée mais
-,
ils ne font élus par per-
fonne , & par conféquent ne repréfentenr
perfonne.
Levers ne peutérat
y être repréfenté pat
lesomciers municipaux de
quelques villes *
plus utile ,
mais a qui ? Ce ne feroit pas au
peuple , à qui il importe fur-tout que fes dé-
cien (tfage.
Q 5
(
2 4 <> )
la bàfe de l’état
}
il eft l’état lui-même : les au^.
fance nationale ;
c’eft par lui que tout l’état
Q4
( >4* )
devenoient gênantes.
I>ne objection que j’ai entendu développer
fivec allez de force , c’eft qu’aux états de i6"i4,
le tiers état n étoit pas repréfenté parce que
,
procès-verbal de Rapine.
}
(
250 )
ardeur d
y parler empêche chacun d’y déve-
1
meilleure.
Mais , feroit-il vrai que la confufion eft le
opinions ?
la république.
Il n’eft aucune forte de défendre qui ne foit
Ce défir ,
qui ne peut-être exaucé , efi un
nouveau fupplice. Si le ciel nous eût deftinés
au même bonheur , fa bienfaifante main eut
creufé des gouffres profonds fur nos frontières
elle
y eût conduit les eaux de la mer. Cette
défenfe naturelle eft le palladium de la liberté
angloife.
faudroit alors ,
pour procurer a l’état toute la
maines.
Il exifte en France un homme (i) plein
de cette forte de courage ,
qui lutte fans
relâche contre les difficultés. Cet homme
épris de l’amour du bien public , a parcouru
de nos milices ,
il l’a remplacé par un éra-
bliflement ,
dont les développements préfen-
tent l’enfemble le plus lumineux , comme le
publique.
Il en eft un cependant ,
qui peut les feippléèï
convaincre qu’autant
1
il eft beau de mourir
i
_
pour la patrie ,
autant il eft cruel 8c lâche de
nourrit.
confervatrices
( *57 )
occurrence.
Le droit d’impofer le peuple efl un droit
qu’on n’a pu exercer qu’en l’ufurpant. Le
pouvoir fuprême des états généraux à cet
égard
n’a jamais été révoqué en doute.
Les rois
l’ont reconnu en toute occafion , & les états
généraux l’ont établi de nouveau à chaque
alfemblée.
R
( M8 )
impofer •
c’eft renoncer fimplement à arra-
valide ,
doit être ordonné &: fanétionné par la
nation.
a inf-
qui fe préfenteront à tous les efprits
1
,
dette
tant qu’il s’agira de prononcer fur
la
royale.
partie de la nation,
cider du fort d’une
conduite en cette occurrence
de dont la
( *59 )
Il paraîtra je l’efpere,
, dans cette foIemneUe
affemblée quelques-uns de ces
, hommes faits
pour commander aux <jpji,ions , dont la vido-
rieufe éloquence,
allumfepar le génie, enchaî-
nera tous les fentimens bas
& perfonnels qui
pourraient égarer les cœurs.
Us nous apprendront que ce
que l’on nom-
me le déficit du
gouvernement , eft le tréfor
de la nation
; q ue fans ce déficit , la fervitude
R a
(
i6o )
bourfe ;
que la liberté doit fe payer , & qu’il
nemi de la nation ,
que de combler par quelque
moyen que ce fût ,
ce déficit qui nous alarme,
notre concours :
w
Qu’il nous faut un ti; mais qu’il faut aufti
quer à fa parole ?
Sa vie ,
confumée par les regrets & le fouve-
notre bien ,
quelle doit être employée toute
H 5
(
Mi )
occuper fans 0
, trahir nos intérêts ,
s’ils n’ortt
tres ;
mais il eft eifentiel d’en convaincre les
peuples ,
afin que les états généraux ,
qui ne
voudront pas perdre un tems précieux en vaines
difputes , ne foient pas inquiétés par l’opinion
publique ,
quand leurs fages délais ,
â ftatuef
même du nécefiaire
,
pour obtenir une conflit
tution 8c la liberté.
Nous devons donc efpérer de nos repréfen-
tans, qu’ils éléveront autour des propriétés une
( )
pléer ,
la .nation entière ne pouvant établir une
telle puiffance mais ils chargeront les cours
;
infçu ,
pour peupler tous les cachots du
royaume.
Il eft tems de mettre un terme à cette vexa-
tion honteufe. Cet opprobre ne doit plus flétrir
la nation.
ina&if.
Mais les lettres de cachet font les jouiffances
de fes miniftres.
cule ,
qui veut que dans une famille . le crime
d’un individu foit une flétrifture pour tous.
potifme.
Mais quand le préjugé ferait auiïi fondé en
raifon ,
qu’il eft abfurde ,
quoi î ce fera pour
trouvé un fcélérat ,
que vous vous refervez
l’ufage d’un pouvoir habituellement employé
à humilier les courages , a venger des haines
de miniftre ,
ou des colères de maîtreftes !
Les rois ,
je le répété , font trop élevés
Note 9 iz Octobre.
nationale ,
qu elle eft utile , c’eft précifément
parce que les mêmes motifs
,
qui obligent à
multiplier les tribunaux de juftice inférieure,
S
(
z 74 )
confiftance ,
font précifément les mêmes' qui
de la Lorraine ,
n’ont pas tous le droit d’en-
nécelTaire ,
elle eft donc permife.
La nation ,
en admirant la fagefte de fon
fouverain ,
verra fans aucune crainte les no-
tables appelés à fon confeil. Pourrait -elle en
gufte aftemblée ,
qui doit la régénérer, ne pa-
ra iffoit pas a toutes les provinces une aftemblée
léeale, réeuliere ôc nationale.
( *75 )
anciennes fénéchauflees.
Sénéchaujfée de Beaucaire .
Sénéchaujfée de Carcajfonne.
page 352,
Sénéckauffée du Buy.
Sénéckauffée de Carcaffonne.
uter,
(
1 77 )
de 1 6 1 4.
conful , T.