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n° 119 Sommaire

Juin 2017 l Page 2 : De la remédiation à


l’accompagnement : un changement de
paradigme
l Page 16 : L’aide aux élèves dans un cadre
inclusif : de vrais changements
l Page 27 : Les dispositifs, une manière
superficielle de changer ?
l Page 28 : Bibliographie

L’ACCOMPAGNEMENT À
L’ÉCOLE : DISPOSITIFS ET
Dossier de veille de l’IFÉ

RÉUSSITE DES ÉLÈVES


Les précédents Dossiers de veille sur La Par Catherine Reverdy
différenciation pédagogique en classe Chargée d’étude et de
(Feyfant, 2016) l et sur les Représentations recherche au service
et enjeux du travail personnel de l’élève Veille et Analyses de
(Thibert, 2016) ont abordé la thématique de l’Institut français de
l’aide ou de l’accompagnement des élèves. l’Éducation (IFÉ)
Ils se sont intéressés respectivement à
la manière dont les enseignant.e.s s’y
prennent pour adapter leurs pratiques à la
diversité et l’hétérogénéité de leurs élèves,
exemples étrangers et des expérimentations
et à ce que font les élèves quand ils ou elles
françaises, pour soutenir et développer les
se retrouvent seul.e.s face à leur travail, que
pratiques enseignantes visant à faire réussir
ce soit en classe ou en dehors (devoirs à la
tous les élèves, dans le respect du principe
maison par exemple). Ce Dossier de veille
d’inclusion scolaire, qui consiste à apporter
se situe dans le prolongement de ces der-
des réponses et des solutions à tous les
niers, en examinant la question large du
besoins des élèves, que ce soit des besoins
suivi des apprentissages des élèves par les
particuliers ou non.
enseignant.e.s, et plus particulièrement de
leur organisation. Devant la multitude des
dispositifs de soutien des élèves en difficulté Nous envisagerons tout d’abord ce qui a
qui ont vu le jour depuis les années 1990 motivé, de la maternelle au lycée, la mise
(se situant en majorité hors de la classe), la en œuvre des dispositifs destinés à pallier
question de leur efficacité sur la réussite des les difficultés des élèves et le changement
élèves concernés se pose depuis quelques conceptuel profond, aussi bien au niveau des
années, comme en témoigne par exemple le pratiques enseignantes qu’au niveau des
rapport du CNESCO (2016) : « ces politiques politiques éducatives, qui s’est opéré au fur
se révèlent peu efficaces parce qu’elles tra- et à mesure des années. Ceci nous amènera
vaillent à la marge de l’école et des heures ensuite à analyser ce qui est en jeu dans l’ac-
de cours, et qu’elles ne changent pas fonda- compagnement des élèves et les différentes
mentalement ni les pratiques pédagogiques réponses qui existent ou qui sont envisagées
des enseignants ni l’expérience scolaire l
au quotidien de l’élève. » D’autres pistes Toutes les références bibliographiques dans
ce Dossier de veille sont accessibles sur notre
sont envisagées actuellement, à travers les bibliographie collaborative.

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 1/32
en pratique par les enseignant.e.s, soit sur − la différenciation est une pratique
les plans didactique et pédagogique, dans pédagogique visant à organiser et
la classe, soit au niveau de l’organisation à prendre en charge dans le même
globale de l’établissement. temps dans la classe l’avancement de
chaque élève, ce qui en fait un « en-
seignement axé sur les besoins des
DE LA REMÉDIATION À élèves » (Feyfant, 2016).
L’ACCOMPAGNEMENT :
Lescouarch (2014) précise que « les pé-
UN CHANGEMENT DE dagogies de soutien s’opposent à la dif-
PARADIGME férenciation », car il s’agit d’un dispositif
externalisé, qui reprend ce qui a été fait
Nous expliquerons les dispositifs d’aide dans le cadre du cours mais à un rythme
existants à partir de définitions proposées plus lent.
par la recherche, pour éclairer la situation
française, comparée à quelques exemples Le mot « accompagnement » est venu
internationaux. Certaines des définitions se substituer aux autres, mais il faut le
suivantes sont empruntées à Lescouarch prendre au sérieux car il s’agit d’une
(2014), intervenant dans le cadre d’une « rupture relativement radicale », pour la
formation du Centre Alain Savary en juin logique globale mais aussi pour les dispo-
2014 (« Comment soutenir et accompa- sitifs eux-mêmes. Traditionnellement, les
gner la réussite des élèves ? Dispositifs, travaux sur l’accompagnement viennent
apprentissages, trajectoires ») : de la formation des adultes et ont été trans-
posés récemment dans le champ scolaire
− le soutien correspond au rattrapage (Gagnon et al., 2011). L’accompagnement
et à une reprise d’un contenu scolaire. est une forme d’apprentissage et de par-
Deux voies sont possibles : le renfor- tage, riche d’échanges puisqu’il y a une
cement qui utilise le même format pé- relation symétrique implicite dans l’idée de
dagogique que celui de la classe, ou « cheminer ensemble pour apprendre ».
le contraste, qui utilise d’autres formes C’est une situation radicalement nouvelle
pédagogiques, comme le jeu ; et qui ne correspond pas à la forme sco-
− le terme remédiation est également laire française, pour laquelle les postures
utilisé pour décrire le fait de pallier les d’enseignant.e et d’élève ne sont pas éga-
difficultés des élèves, dans une pers- litaires.
pective de « réparation » ;
− l’aide est une relation dissymétrique En filigrane de ces concepts mobilisés,
entre un.e adulte et un.e élève, on perçoit bien la nécessité d’évoquer la
considéré.e en tant que personne ; notion d’individualisation dans un sens
l’aide est moins centrée sur les ques- générique de prise en compte de chaque
tions strictement scolaires et peut être élève en tant qu’individu. Or individua-
l
faite sous la forme d’un soutien ; liser revient-il à « parler d’une modalité Citons également
− l’accompagnement « est aujourd’hui le individualisée voire individuelle, avec en le document
« L’accompagnement
concept le plus mobilisé (pas forcément filigrane la notion de petit groupe, [ou
des enseignants et des
à bon escient). Il s’inscrit dans la sé- s’agit-il] de s’adresser plus particulière- équipes » de Boniface
mantique du verbe accompagner dans ment à chaque élève, chacun étant pris (en 2014) qui fait le
le sens de “cheminer avec”. C’est une en compte dans sa singularité avec de point sur la notion
d’accompagnement.
posture qui rompt avec la logique des surcroît une analyse de ses besoins ? »
formes scolaires traditionnelles » l ; (Pétreault, 2016)
− l’étayage est l’ajustement progressif l
« C’est moins l’étayage
du processus d’apprentissage, en dé- Jurado (2016) insiste quant à elle sur la en lui-même qui
passant la logique de la stricte reprise différence entre l’individualisme compéti- compte que l’endroit
du contenu scolaire, dans une pers- tif (qui peut par exemple apparaitre dans où est placé l’étai,
et tous les élèves
pective d’autonomisation de l’élève ; il l’utilisation exclusive de la notation) et la
n’ont pas besoin qu’il
doit être accompagné d’un désatayage personnalisation, vue comme le lien soit placé au même
progressif l. entre l’individuel et le collectif, entre la endroit » (Glasman
et al., 2015).

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« pédagogie personnalisée et [le] projet « au centre du système éducatif » (MEN,
collectif » de développement des compé- 1989).
tences de chaque élève (OCDE, 2006).
L’idée d’une « aide spécifique » destinée
Nous verrons dans cette partie la manière aux élèves « qui éprouvent des difficul-
dont les très nombreux dispositifs d’aide tés dans l’acquisition du socle commun
ou d’accompagnement sont décrits et ou qui manifestent des besoins éduca-
catégorisés et quelles leçons peuvent être tifs particuliers » est présente dans la
tirées de leur utilisation. loi d’orientation et de programme pour
l’avenir de l’école de 2005. La dernière
COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ loi d’orientation et de programmation
À UN « MILLEFEUILLE DE pour la refondation de l’école de la Ré-
publique de 2013 pose les bases d’une
DISPOSITIFS » D’AIDE AUX école inclusive qui vise à rendre pos-
ÉLÈVES ? sible « l’accès de chacun en fonction de
ses aptitudes et de ses besoins parti-
l
La Cour des comptes Avec l’« affirmation de l’établissement culiers aux différents types ou niveaux
(2015) cite à cette comme échelon pertinent de l’action de la formation scolaire ». Pour la Cour
occasion le discours
du Premier ministre : éducative » depuis les années 1980 et des comptes (2015), cette loi officialise
cette loi « consacr[e] la mise en place de nombreux projets et le passage « de l’aide aux seuls élèves
le principe d’une école partenariats, Barrère (2013a) situe au en difficulté à l’accompagnement pour
qui ne stigmatise plus début des années 2000 l’apparition de tous » l. Le glissement s’est ainsi opéré
les difficultés mais
accompagne tous nombreuses prescriptions nationales dans les textes entre l’idée de remé-
les élèves dans leur et locales dans des domaines comme diation qui serait destinée à quelques
parcours scolaire ». le soutien scolaire, la lutte contre le élèves à l’idée d’inclusion scolaire,
décrochage ou l’inclusion. Le terme c’est-à-dire de prise en compte des be-
« dispositif » est « alors susceptible de soins de tous les élèves. Cette tendance
qualifier cette évolution, et de désigner n’est pas uniquement française puisque
un niveau d’action intermédiaire entre la majorité des pays européens ont mis
des projets locaux, proposés et mis en place des politiques inclusives, de-
en œuvre par les enseignants et les puis plusieurs dizaines d’années pour
équipes pédagogiques et de véritables certains d’entre eux. En effet, le fait que
prescriptions d’innovation et de pro- l’enseignement obligatoire inclut tous
jet » (voir aussi Weisser, 2010). C’est les élèves sans différenciation structu-
ainsi que Barrière (2013a) propose une relle a priori (qui consiste à différencier
acception large des dispositifs : « défi- les parcours des élèves, voir Lafontaine,
nis par le fait de “faire faire” de manière 2017) concerne les États-Unis depuis
pragmatique […], ils peuvent associer les années 1920, l’Europe depuis les
l’idée de contrainte et celle de sou- années 1960-1970 et la France théo-
plesse et d’adaptation. » riquement depuis la loi Haby de 1975
(création du collège dit « unique »), mais
Perspective historique véritablement depuis la fin des années
1990, avec la suppression des classes
La question du traitement des difficultés de 4e et 3e technologiques.
des élèves n’est pas récente puisqu’elle
est liée à la démocratisation de l’ensei- Entre la massification et la personnalisa-
gnement. Prenant ces sources dans les tion des parcours, « l’enjeu est à la fois,
études relatives à la différenciation péda- dans une même urgence, quantitatif et
gogique, commencées dans les années qualitatif : il s’agit d’accompagner tous ces
1970 en France (Feyfant, 2016), le trai- élèves, aux profils multiples, vers l’acqui-
tement des difficultés des élèves appa- sition de compétences diverses. La mas-
rait au niveau politique depuis les années sification des publics se conjugue avec un
1980. La loi d’orientation sur l’éducation objectif d’excellence pour tous, d’égalisa-
de 1989 « encourage de facto l’individua- tion des conditions éducatives et de géné-
lisation de l’enseignement » (Cour des ralisation des prises en charge » (Martin-
comptes, 2015), puisqu’elle place l’élève Van der Haegen & Torres, 2016). Mais

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L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 3/32
les intentions énoncées dans les textes Par exemple, Félix et al. (2012) illustrent
officiels, dont les plus récents sont plutôt le recensement des dispositifs par une
tournés vers la différenciation, n’ont pas figure qui en présente une vingtaine, les
été réellement suivies selon Martin-Van classant dans et hors le temps scolaire,
der Haegen et Torres (2016) puisqu’elles mais aussi dans et hors de l’établisse-
ont entrainé la création de nombreux ment. Pour ces chercheur.se.s, les dis-
dispositifs chargés de l’aide aux élèves, positifs sont pensés de manière verti-
externalisés ou internes à la classe, res- cale, de la maternelle à l’université, et
semblant selon les observateurs exté- de manière horizontale, pour la plupart
rieurs à un « ensemble hétéroclite de me- des difficultés recensées (des « difficul-
sures », un « fourmillement de dispositifs tés ordinaires » liées aux activités sco-
aux terminologies variées et qui évoluent laires jusqu’aux difficultés lourdes liées
sans cesse » (Cour des comptes, 2015 ; à des handicaps).
Suchaut, 2009), ou « un millefeuille de
dispositifs de prise en charge de la diffi- À partir de la notion de « suivi personnalisé
culté scolaire » voire, s’interrogent Félix à la périphérie de la classe », le CNESCO
et al. (2012), « un ensemble résolument présente quant à lui une frise chronolo-
hétérogène ? » gique détaillée par niveau. Tentant de
faire le tri dans ces dispositifs d’aide
aux élèves, la Cour des comptes (2015)
propose de les classer en trois catégo-
« Au fond, la France ne semble ries :
pas avoir tranché entre deux
− « les dispositifs centrés sur les élèves
modèles : celui de la remédiation
en difficulté, autrement dit les disposi-
pour les seuls élèves en difficulté,
tifs de remédiation, en direction des-
par le biais de dispositifs hors
quels la France s’est historiquement
la classe, vers lequel elle s’est
d’abord engagée » ;
tournée en premier ; et celui de
− les dispositifs fondés sur le volonta-
l’accompagnement pour tous,
riat des élèves, sans référence forcé-
d’inspiration beaucoup plus
ment à la difficulté scolaire des élèves,
récente, pratiqué de manière
comme l’accompagnement éducatif en
systématique dans le temps
éducation prioritaire ;
d’enseignement commun. La
− les dispositifs d’individualisation desti-
réforme du lycée de 2010 est
nés à tous les élèves et figurant obliga-
symptomatique à cet égard car
toirement dans leur emploi du temps,
elle introduit simultanément les
comme l’accompagnement personna-
deux logiques (le tutorat et les
lisé dans le secondaire.
stages de remise à niveau pour
la première, l’accompagnement
Enfin Lescouarch (2011, cité par Pétreault,
personnalisé pour la seconde). »
2016) voit trois logiques qui sous-tendent
(Cour des comptes, 2015)
les dispositifs : une logique de renfor-
cement par l’individualisation (soutien l
ou remédiation) ; une logique de sens Le site du ministère
de l’Éducation
donné aux apprentissages (projets inter-
nationale donne une
Catégorisation des dispositifs d’aide disciplinaires) ; une logique de remise en vision d’ensemble
confiance (tutorat). des dispositifs
actuellement en
À quoi ressemblent actuellement ces
vigueur.
dispositifs ? Comment sont-ils articu- La question soulevée par l’évaluation
lés dans l’organisation du temps sco- des dispositifs de suivi des élèves est
laire ? l Diverses études établissent des la suivante : est-il plus efficace d’exer-
catégorisations, selon le lieu ou le temps cer ce suivi dans des dispositifs hors
d’enseignement, selon le niveau de la de la classe comme cela a été fait,
classe ou encore le type de difficulté des dans une logique d’individualisation
élèves. pour une meilleure réussite de chaque
élève, ou de garder tous les élèves en

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4/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
Devant l’intérêt pour les dispositifs mis en place par le ministère de
l’Éducation nationale, toujours aussi vif qu’à leur mise en place, plusieurs
institutions ont publié récemment des rapports d’évaluation, de suivi ou
d’analyse :
− le Comité de suivi de la Loi de refondation de l’école (Durand, 2017) dans
son Rapport annuel 2016 ;
− le Conseil national de l’évaluation du système scolaire (CNESCO, 2016)
dans le rapport Inégalités sociales et migratoires : comment l’école am-
plifie-t-elle les inégalités ? ;
− la Cour des comptes dans les rapports L’Éducation nationale face à l’ob-
jectif de la réussite de tous les élèves (Cour des comptes, 2010) et Le suivi
individualisé des élèves : une ambition à concilier avec l’organisation du
système éducatif (Cour des comptes, 2015) ;
− le Centre d’analyse stratégique (2013) dans la Note d’analyse n° 315
« Quelle organisation pour le soutien scolaire ? » ;
− l’Inspection générale de l’Éducation nationale et l’Inspection générale de
l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche (2010, 2013)
dans les rapports n° 2010-144 : Observation et évaluation de l’ensemble
des dispositifs d’aide individualisée et d’accompagnement à l’école, au
collège et au lycée et n° 2013-095 : Le traitement de la grande difficulté
au cours de la scolarité obligatoire.
Ces rapports relèvent la multiplicité des dispositifs, étudient leur mise en
place et décrivent les difficultés méthodologiques pour évaluer leur effet sur
l’amélioration des résultats des élèves, même s’il semblerait que ces effets
soient plutôt négatifs.

classe et de réfléchir à la manière de âge (et donc a priori par niveau) et non en
l suivre au plus près les élèves, quitte à fonction de leurs connaissances l. Dans
Ces questions recourir à d’autres personnels, ensei- ce cadre, les élèves sont supposé.e.s
peuvent également
gnants ou non ? Qu’est-ce que cela avoir les mêmes connaissances et com-
se poser à propos du
redoublement, qui a change ? l pétences et en acquérir de nouvelles au
pu un moment être même rythme. Si les élèves ont des dif-
considéré comme une Nous nous intéresserons par la suite à ficultés d’apprentissage qui empiètent
réponse aux difficultés
deux catégories de dispositifs, les dis- sur le cours de la classe, alors une
des élèves. Les
recherches convergent positifs de remédiation hors la classe et solution qui semble s’imposer est de
pour affirmer, comme les dispositifs d’accompagnement prévus les prendre en petits groupes hors de
Rambaud (2009), que pour tous les élèves, qui sont les deux la classe pour leur permettre de travail-
« le redoublement
pôles des logiques éducatives à l’œuvre ler leurs difficultés et de réintégrer en-
ne favorise pas les
acquisitions scolaires » dans les choix politiques. suite le cours, sans perturbation de ce
et que les effets sur « temps didactique » (Chopin, 2010) qui
la perception de soi est le cœur historique de la mission des
des élèves à long
QUAND L’AIDE SE FAIT
HORS LA CLASSE, DANS enseignant.e.s. Les heures effectuées
terme sont négatifs en
moyenne, conduisant par les élèves dans ce types de disposi-
le plus souvent, pour
L’ÉTABLISSEMENT tifs le sont en plus de l’emploi du temps
un redoublement de la classe, ce qui représente pour ces
précoce, à une Ce type de dispositifs est aussi appe- élèves un temps d’étude plus important
sortie de l’école sans
diplôme.
lé « dispositifs externalisés », ce qui que leurs camarades.
montre bien la référence à la norme de
l
Voir au sujet de la classe, même si le cadre reste celui Remédiation et soutien pour les
l’enseignement mutuel de l’établissement. La classe consti- dispositifs externalisés
Poucet (2009) et la tue en effet historiquement le pilier de
récente émission l’organisation du système scolaire fran-
de radio « Rue des La remédiation est basée sur le fait que
écoles » (mai 2017). çais. Le choix a ainsi été fait à la fin du
l’apprentissage en petits groupes peut
XIXe siècle de regrouper les élèves par

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L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 5/32
favoriser la réussite des élèves par l’at- Les dispositifs actuels ou récents d’aide
tention accrue de l’enseignant.e qui les hors la classe, dans l’établissement, sont
aide à surmonter leurs difficultés. L’ensei- décrits pour partie dans les pages « Les
gnant.e doit donc reformuler ou retravail- dispositifs d’accompagnement pour les
ler son cours dans ces temps particuliers, écoliers, collégiens, lycéens » présentes
pour que les élèves pour qui certaines sur le site du ministère de l’Éducation
notions ne sont pas acquises puissent nationale. Nous avons ajouté d’autres
comprendre à leur rythme et éventuelle- dispositifs qui ont fait l’objet d’analyses
ment s’entrainer à refaire des exercices récentes. Pour le primaire, il s’agit :
pour mieux assimiler le cours. En pri- − des activités pédagogiques complé-
maire, Claus (2016) précise que « très mentaires (APC) actuellement en
schématiquement l’[aide personnalisée] place : « les APC ne relèvent pas du
se traduit par des stratégies de renforce- temps d’enseignement obligatoire
ment, d’approfondissement, de répétition pour les élèves mais s’ajoutent aux
qui confortent des savoirs précaires en 24 heures hebdomadaires d’ensei-
français et en mathématiques à l’école gnement dues à tous et nécessitent
élémentaire et en langage à l’école ma- l’accord des parents concernés »
ternelle. » (Eduscol). Les APC ont remplacé en
septembre 2013 l’aide personnalisée
créée en 2008, mais peuvent englober
L’idée de personnalisation de d’autres formes que l’aide aux élèves
l’apprentissage des élèves est en difficulté, contrairement à l’aide per-
également un des principaux sonnalisée ; le volume horaire annuel
objectifs visés par le soutien qui leur est attribué est de 36 heures
scolaire privé, qui déploie des maximum ;
moyens humains importants − des stages pour les CM1 et CM2 pen-
(paradoxalement en mobilisant dant les vacances scolaires, pendant
des enseignant.e.s de l’Éducation cinq jours, avec trois heures d’ensei-
nationale et des étudiant.e.s) gnement par jour pour « une remise à
pour travailler sur « la maîtrise niveau dans les matières fondamen-
des acquis, la méthodologie, la tales : français et mathématiques. Ils
motivation et la confiance en soi ont lieu dans les écoles. Des groupes
[plutôt] que sur l’apprentissage de cinq ou six élèves sont constitués » ;
de nouveaux contenus scolaires » − des programmes personnalisés de
(Centre d’analyse stratégique, réussite éducative (PPRE), présents
2013). D’après ce rapport du également au niveau du collège, sont
Centre d’analyse stratégique, apparus en 2005 ;
la plupart des enfants qui − pour les élèves ayant des difficultés
bénéficient de ces cours de scolaires plus lourdes les RASED (Ré-
soutien sont des élèves de niveau seaux d’aide spécialisée aux élèves en
moyen ou bon (dans le cadre difficulté) ont été mis en place dans le
d’une stratégie d’orientation ou premier degré en 1990 et comportent
de préparation d’un concours un contrat entre les intervenant.e.s du
par exemple), et non en réseau (enseignant.e.s spécialisé.e.s l
On peut citer
grande difficulté. Parmi leurs à dominante pédagogique et à domi- également les classes
propositions, figure la nécessité nante rééducative qui interviennent d’adaptation (CLAD),
de mettre en place un dispositif dans les écoles lors de séances en les regroupements
de soutien public, disponible d’adaptation (RA)
petits groupes), les enseignant.e.s et attachés au RASED,
pour tous les élèves, utilisant les les parents l. et les classes
espaces numériques de travail, d’intégration scolaire
notamment pour lutter contre les Au lycée, il s’agit : (CLIS) faisant partie de
inégalités territoriales. l’éducation spécialisée,
− des stages de remise à niveau pour pour les enfants qui ne
« les élèves volontaires […] sur recom- sont pas capables de
mandation du conseil de classe. Ces travailler seul.e.s (pour
plus de détails, voir
stages permettent d’intervenir ponc- Rambaud, 2009).

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6/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
tuellement dans le cadre d’une disci- les effets des dispositifs hors la classe sur
pline. Ils constituent une réponse aux la performance des élèves à court terme
difficultés et aux besoins identifiés et (Lescouarch, 2014).
permettent d’éviter le redoublement.
Les séances se déroulent en petits Fanchini (2016) donne un aperçu de l’éva-
groupes : pendant les vacances, sur luation des dispositifs hors la classe, en
une ou deux semaines ; tout au long reprenant les conclusions de Glasman et
de l’année scolaire, hors temps d’en- Besson (2004) : ces évaluations, souvent
seignement » ; qualitatives, montrent comment certain.e.s
− des stages passerelles pour les élèves élèves profitent des dispositifs, et pour-
qui souhaitent changer d’orientation en quoi ; elles font également le constat de
cours ou en fin d’année ; plusieurs effets négatifs pour les élèves, à
− des stages de langues sont également commencer par celui lié intrinsèquement
organisés pour « les lycéens volon- à la nature de ces dispositifs. En effet le
taires (voie générale, technologique fait d’extraire les élèves de la classe pour
et professionnelle) […] Ils se déroulent répondre à leurs difficultés les stigma-
pendant les vacances scolaires sur tise et aboutit à un effet contre-productif
une semaine, à raison de trois heures (Diallo, 2013, 2017). Pour Maulini et
l
par jour pendant cinq jours […] Une Mugnier (2012), « comme le confirment
Les caractéristiques évaluation est effectuée en début les chiffres les plus récents, les politiques
de leur travail de stage et permet la répartition des de soutien externe – collectif ou individua-
sont précisées
par Pierrisnard et élèves dans des groupes de compé- lisé – n’obtiennent pas les effets escomp-
Vannier (2012) : tence. A l’issue de ce stage, les profes- tés », ce qui est résumé par Lescouarch
« Les enseignants seurs peuvent être informés des com- (2014) par la formule : « “Travailler plus
spécialisés sont des pétences acquises par leurs élèves » ; pour apprendre plus”, ça ne marche pas ».
professionnels de l’aide
aux élèves en difficulté. − de la mise en place du tutorat par des
Les contextes enseignant.e.s ou conseiller.ère.s prin- Ce que nous apprend l’enseignement
d’interventions sont cipaux.les d’éducation volontaires. spécialisé : prendre le temps en petits
variés : dans la classe, groupes
hors la classe, en
entretiens (élèves, Au niveau du collège, à part l’accompa-
familles, équipe gnement éducatif, il n’y a pas de dispo- L’enseignement spécialisé a pour cœur de
enseignantes, autres sitif nommément cité dans la page du métier les difficultés des élèves l : les deux
partenaires…). Le ministère mais, paradoxalement, c’est types de personnel enseignant (spécialisé
travail spécialisé n’est
donc pas réductible le niveau où il y a le plus de dispositifs à dominante pédagogique, « maitres et
à la seule aide directe d’aide, très externalisés, et la plupart dé- maitresses E » et spécialisé à dominante
aux élèves, ce qui pendent de l’éducation spécialisée (IGEN rééducative, « maitres et maitresses G »)
constitue une première & IGAENR, 2013) : citons les SEGPA concourent à aider les élèves présentant
spécificité. »
(Section d’enseignement général et tout type de difficulté qualifiée de lourde
l professionnel adapté), les ULIS-collège par la prise en compte globale de l’enfant,
Ceci marque un
« glissement du métier (Unité localisée d’inclusion scolaire), les bien souvent oublié derrière l’élève. Les
de l’aide directe à EREA (Etablissement de rééducation et RASED (Réseaux d’aide spécialisée aux
l’élève vers l’aide d’enseignement adapté), les dispositifs élèves en difficulté) étaient d’ailleurs dans
indirecte au maitre de relais pour les décrocheurs, etc. les années 1990 les seuls dispositifs de
la classe et à la famille
par la collaboration » prise en charge de la difficulté scolaire.
(Ponté et al., 2012), Quelle évaluation pour les dispositifs
glissement qui suit le hors la classe ? Actuellement, avec la multiplica-
passage de l’exclusion tion des dispositifs d’aide, ce sont les
à l’intégration puis
à l’inclusion. De L’évaluation de ces dispositifs est com- enseignant.e.s ayant en charge des
nouvelles recherches plexe et les effets d’un suivi particulier des classes entières (appelé.e.s aussi maitres
sont nécessaires élèves sur leur apprentissage difficiles à ou maitresses ordinaires) qui sont respon-
sur les espaces de mesurer car de multiples facteurs entrent sables de ces difficultés, les personnels
collaboration, mais
en se décentrant en jeu. Les observables portent sur l’en- spécialisés étant davantage formés à oc-
de la classe ou de gagement des élèves et le retour dans la cuper une fonction de conseil ou de per-
l’établissement, sujets classe, qui se voient surtout sur du long sonne-ressource en matière de difficulté
d’étude privilégiées terme, limitant de fait l’intérêt d’évaluer scolaire, voire un rôle de médiateur.rice. l
historiquement.

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L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 7/32
Pierrisnard et Vannier (2012) proposent Un effet unanimement perçu :
d’étudier les ruptures et les continuités quand l’externalisation rime avec la
de l’action du maitre ou de la maitresse stigmatisation des élèves
spécialisé.e par rapport à l’aide dispensée
dans la classe par un.e enseignant.e non Toujours dans le cadre de l’enseigne-
spécialisé.e, dans le cadre du projet de ment spécialisé, dans une recherche
recherche POPS (« Pratiques ordinaires, menée dans la Communauté française de
pratiques spécialisées »). Pour prendre Belgique et à propos des pratiques d’in-
en charge les difficultés des élèves, les clusion scolaire, Tremblay (2015) note
enseignant.e.s spécialisé.e.s à dominante que les dispositifs de « co-intervention ex-
pédagogique ont développé une expertise terne » (pour lesquels les enseignant.e.s
et des pratiques spécifiques à leur inter- spécialisé.e.s prennent à part un groupe
vention auprès d’élèves en petits groupes, d’élèves lorsque leurs camarades sont en
et la plupart du temps dans des disposi- classe) peuvent donc rompre l’équilibre
tifs externalisés. Cette expertise porte par de la classe, qui est important dans les
exemple sur la dimension temporelle : apprentissages : les élèves qui en sont l
d’après Pierrisnard et Vannier (2012), extrait.e.s peuvent être stigmatisé.e.s l et Cette exclusion est
évoquée dans le titre
comme les élèves en difficulté ont du mal avoir à faire des tâches d’apprentissage d’un article de Doudin
à « jouer » avec les différents temps inter- qui finalement s’éloignent de celles qui et al. (2009) : « Le
venant dans l’apprentissage et à faire les sont réalisées dans la classe, agrandis- paradoxe de certaines
liens entre temps et lieux d’apprentissage, sant de ce fait l’écart préexistant avec les mesures d’aide à
l’intégration scolaire :
une partie non négligeable des séances autres élèves de la classe. quand l’aide mène à
d’aide sert à préciser à nouveau les dif- l’exclusion ».
férentes étapes de l’activité à réaliser
et l’articulation des différents éléments Dans le cadre de la gestion des
de savoir, pour que les élèves puissent élèves perturbateurs au niveau
prendre conscience des « aspects tempo- du collège, l’externalisation de
rels critiques » qui existent en classe et leur prise en charge sans souci
qu’ils ou elles peuvent gérer autrement. réel de continuité éducative peut
En effet, Pierrisnard et Vannier (2012) ont être révélatrice de difficultés
montré que les élèves n’arrivent à gérer profondes de l’école à assurer
leur temps en classe qu’à trois conditions : sa mission de prendre en charge
− « avoir pris suffisamment conscience tous les élèves. Moignard et Rubi
de la relativité du temps scolaire, (2013) s’inquiètent ainsi de la
contre l’idée fausse d’un temps néces- « tendance à la personnalisation
sairement universel, continu, progres- de l’accompagnement des élèves
sif, irréversible, entretenue par l’orga- pour traiter l’hétérogénéité
nisation du temps scolaire à tous les des publics et la mobilisation
niveaux […] ; systématique du registre
− avoir développé un rapport critique à psychologique pour apprécier
l’autorité qui donne le temps : ce n’est des problèmes d’abord scolaires
pas au maître de décider seul et a prio- ou plus largement sociétaux […]
ri du temps de l’élève, mais à l’élève de [entrainant] le morcellement de
négocier son temps avec le groupe et l’action éducative. Dès lors, le
le maître en fonction de ses besoins ; jeune accueilli devient un sujet
− avoir pris conscience de ces besoins fragmenté, à qui est interdit le
et de leur possible satisfaction dans statut d’élève, au profit de l’entrée
un environnement temporel co- dans une carrière de bénéficiaires
construit. » et d’usagers de dispositifs
multiples, qui l’éloignent un peu
Étant dans une sorte de « parenthèse spatio- plus encore des exigences de
temporelle », l’enseignant.e spécialisé.e est l’école. »
moins contraint.e du côté du temps didac-
tique, et peut suivre les élèves au plus près
de leur apprentissage.

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


8/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
Cette stigmatisation se voit également gée, entre le temps d’aide et le temps de
dans l’organisation même du temps sco- classe reste un obstacle » aux apprentis-
laire. Toullec-Théry et Marlot (2012), à par- sages, pour Claus (2016), dans le cadre
tir d’une analyse de l’aide personnalisée de l’enseignement primaire. Même chose
mise en place depuis 2008 dans le pre- au niveau de la nature des savoirs qui cir-
mier degré, considèrent ainsi que les dis- culent d’un dispositif à un autre, d’un dis-
positifs externalisés remettent « en cause positif à la classe : « comment [les élèves]
un des principes fondateurs de l’école doivent-ils s’y prendre pour rapatrier, en
primaire française en termes d’aménage- classe, les savoirs construits dans ces
ment et d’organisation du temps scolaire. divers espaces temporels et milieux de
Pour la première fois, tous les élèves ne travail ? Comment et avec l’aide de qui
sont plus assujettis au même temps de vont-ils pouvoir construire des liens et du
scolarisation, le temps collectif passant de sens aux apprentissages dispensés par
26 à 24 heures. Les deux heures hebdo- des personnes différentes quand on sait
madaires ainsi dégagées sont uniquement combien, pour ces élèves-là, il est difficile
destinées à des élèves dont les compé- de trouver de la cohérence aux appren-
tences marquent un écart avec celles de tissages scolaires ? » (Félix et al., 2010).
la classe. »
Du côté des contenus d’enseignement,
La rigidité de la forme et du cadre sco- des études précises révèlent que les
l
« Il s’agit laires est en effet tellement prégnante que tâches demandées aux élèves dans
d’enseignements qui, tout ce qui s’en écarte matériellement se ces dispositifs de soutien sont souvent
n’étant explicitement retrouve écarté symboliquement, comme morcelées et déconnectées du cours et,
assumés par aucune dans une position de hors-jeu. Ceci peut puisque les enseignant.e.s « ont tendance
discipline, cherchent
à s’installer dans un se voir aussi bien pour les pratiques péda- à s’attacher plus à la réussite des élèves
espace interstitiel gogiques inédites que pour certains conte- (via l’apprentissage de procédures de bas
où ils seraient pris nus d’enseignement l qui se retrouvent niveau) qu’à l’apprentissage de notions
en charge par tous. en marge, puisque le terme même de dis- qui permettraient la reconnexion avec le
L’expérience montre
qu’ils ne sont en réalité positif laisse à penser que les contenus temps collectif de la classe » (Marlot &
le plus souvent traités qui y sont faits semblent moins importants Toullec-Théry, 2012 ; Rayou, 2016, dans
par personne… » que ce qui est fait en cours, dans l’« ordre son interview parue dans le dossier res-
(Boissinot, 2014). C’est normal » de la classe, et semblent ne source « Enseigner plus explicitement »
le cas des « éducations
à… » et des projets concerner que quelques élèves. du Centre Alain Savary de l’IFÉ). Cela
interdisciplinaires justifie en quelque sorte le succès du dis-
comme les travaux Ceci entraine forcément une attention positif puisque les élèves « réussissent »,
personnels encadrés moindre à chacun.e des élèves par rapport ne serait-ce qu’à répondre à la question
par exemple (Reverdy,
2015). à l’attention portée à l’avancée du groupe- posée, mais cela se fait donc souvent au
classe. Cela se voit particulièrement bien détriment de la réussite à long terme des
dans les contenus d’enseignement qui ne élèves l.
l
Ce constat est sont pas organisés de manière différen-
conforté par des ciée selon les difficultés : « l’emploi du Une autre explication de cette pratique
études sur les
pratiques d’aide
temps de l’élève en grande difficulté, pour enseignante peut être le fait que les
ordinaire dans le l’essentiel (de 90 à 100 % de l’horaire), enseignant.e.s souhaitent développer la
cadre de la classe est le même que celui des autres élèves » « motivation » des élèves en proposant
montrant que le (IGEN & IGAENR, 2013), c’est-à-dire que des activités moins « scolaires ». Mais
contrat didactique
sous-jacent dans
« la démarche d’individualisation du suivi « ces types de soutien modifient rarement
l’institution scolaire des élèves est en complet décalage avec l’engagement des élèves sur le registre
est de « répondre l’organisation actuelle de l’enseignement cognitif et donc à terme “ne soutiennent
à la question », ce scolaire. » (Cour des comptes, 2015) pas” les apprentissages » (Glasman et al.,
qui entraine dans les
situations d’aide un
2015).
« affaiblissement de Pas de plus-value de l’externalisation
l’enjeu didactique en termes d’apprentissage des élèves
et une prévalence
des formes sur les
contenus » (Toullec-
La question de la continuité pédago-
Théry & Marlot, 2012 ; gique entre la classe et les dispositifs se
Roiné, 2012). pose puisque « la relation, peu envisa-

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 9/32
Dans le triangle de Houssaye (ensei-
Claus (2016), à propos des gner, apprendre, former), l’accompa-
activités pédagogiques gnement se situe du côté d’apprendre
complémentaires en primaire, et de former, le regard part de l’appre-
indique que « de nombreux nant. Or l’idée que les élèves se posi-
enseignants se sentent démunis tionnent eux-mêmes dans leurs appren-
quant à l’analyse précise des tissages est loin d’être une évidence
obstacles cognitifs rencontrés en France lorsqu’on connait le peu de
par leurs élèves ainsi que face à liberté laissée aux élèves en la matière
la mise en œuvre de stratégies (Lescouarch, 2014). De même, l’ensei-
pédagogiques et didactiques gnement différencié, censé se centrer
différentes. » Globalement, pour sur l’apprenant, n’est pas tellement ap-
ces APC, le problème majeur pliqué en France : « Ainsi un nombre li-
reste le diagnostic des difficultés mité d’enseignants en France déclarent
des élèves : « le travail en groupes donner des travaux différents aux élèves
à effectifs réduits est apprécié qui ont des difficultés d’apprentissage
tant par les enseignants que et à ceux qui peuvent progresser plus
par les élèves, il n’a cependant vite (22 % en France, contre 44 % en
de conséquences positives sur moyenne dans les pays de l’enquête
les acquis ou les progrès des TALIS, ou encore 63 % en Angleterre) »
élèves que si une analyse fine (Cour des comptes, 2015).
des difficultés d’apprentissages
est conduite et si les stratégies La question posée par Pétreault (2016)
proposées répondent à cette est donc simple : « Comment faire réus-
analyse. » sir tous les élèves alors qu’ils sont diffé-
rents ? » Il y a un « double objectif péda-
gogique : enseigner à tous les élèves et
s’adapter à chaque cas dans sa singula-
QUAND L’ACCOMPAGNEMENT rité pour le faire réussir ».
SE FAIT DANS LE CADRE DE LA
CLASSE, POUR TOUS LES Voyons, toujours dans les pages « Les
dispositifs d’accompagnement pour
ÉLÈVES
les écoliers, collégiens, lycéens » pré-
sentes sur le site du ministère de l’Édu-
Nous considérerons ici les pratiques cation nationale, quels dispositifs ac-
d’accompagnement qui ont lieu dans tuels ou récents correspondent à cette
la classe elle-même et faites par le, la définition :
ou les enseignant.e.s de la classe, mais
également les pratiques d’accompagne- − en primaire, les activités pédago-
ment qui sont proposées à tou.te.s les giques complémentaires, déjà dé-
élèves dans leur emploi du temps, même crites ci-dessus dans la première
s’il n’est pas assuré par l’enseignant.e catégorie de dispositifs, peuvent
de la classe et n’est pas suivi par l’en- être également l’occasion en pra-
semble des élèves de la classe. tique d’impliquer tous les élèves un
moment ou à un autre de l’année
L’accompagnement, une nouvelle dans un format différent de celui de
la classe, par exemple dans un pro-
manière de penser les difficultés des
jet de classe ou dans le cadre de la
élèves ?
liaison école-collège (voir également
Claus, 2016) ;
Le passage de la logique de soutien ou − au collège et au lycée, tous les
de renforcement à une logique d’accom- élèves bénéficient d’un accompa-
pagnement d’un parcours individuel de gnement personnalisé, qui prend des
l’élève n’est pas évident dans la culture formes différentes selon le niveau
et le cadre français, comme le montre la des classes : au lycée, il est mis en
co-existence des concepts. place depuis 2010 à raison d’environ

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


10/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
deux heures par semaine dans les ou deux heures hebdomadaires et
voies générale et technologique et « vise à l’inclusion scolaire de tous
comprend à la fois des activités de les enfants et cherche à soutenir leur
soutien, d’approfondissement des capacité à apprendre et à progres-
connaissances et une aide à l’orien- ser » (page « L’accompagnement des
tation ; en 6e, il est mis en place de- collégiens » du site du ministère). Il
puis 2011 (à raison de trois heures existait dès la fin des années 1990
par semaine depuis 2016) et vise à des dispositifs similaires comme les
aider les élèves lorsqu’ils éprouvent modules et l’aide individualisée.
des difficultés ou à engager « des
actions d’aide méthodologique et On le voit, le concept d’accompagne-
d’approfondissement » (Circulaire ment n’est pas fixé : il peut inclure celui
l de 2011 pour la mise en place de d’aide face aux difficultés ou d’aide mé-
La guidance est l’accompagnement personnalisé en thodologique, celui de guidance l, celui,
l’« ensemble d’activités
ou de services visant à
6e) ; et dans les autres niveaux du relativement flou dans ce cadre, d’« ap-
aider les individus dans collège depuis 2016 à raison d’une profondissement des connaissances ».
leurs décisions, qu’il
s’agisse d’opter pour
une voie de formation
(educational guidance),
Dahm et al. (2017), en étudiant la manière dont les enseignant.e.s s’emparent
de choisir une activité
professionnelle de l’accompagnement personnalisé en langues vivantes, entre « rupture ou
(vocational guidance), continuité » des pratiques proposent une typologie pour l’accompagnement
ou bien des prendre personnalisé, visant des objectifs d’apprentissage différents :
des décisions d’ordre
− accompagnement personnalisé à dominante cognitive, pour développer
personnel. » (Endrizzi,
2009) l’autonomie des élèves ; exemple : « Devenir un meilleur auditeur », en
lien avec le domaine 1 du socle commun de connaissances, de compé-
tences et de culture ;
− accompagnement personnalisé à dominante stratégique, pour choisir et
mettre en œuvre des stratégies (domaine 2 du même socle, dont « Orga-
nisation du travail personnel » et « Outils numériques pour apprendre,
échanger, communiquer », entre autres) ; exemple : « Stratégies de com-
munication : planifier un travail d’écriture/planifier une prise de parole en
continu en s’appuyant sur quelques notes » ;
− accompagnement personnalisé à dominante motivationnelle, pour
développer sa capacité à se fixer des buts d’apprentissage (toujours do-
maine 2 du socle, notamment « Coopération et réalisation de projets ») ;
exemple : « Gérer ses émotions/partager et apprendre ensemble ».

Pour le ministère, l’accompagnement Quels effets de l’accompagnement sur


personnalisé n’est pas un dispositif, mais les élèves ?
« c’est une posture pédagogique de l’en-
seignant » : c’est « une occasion privi- Nous avons vu que l’évaluation des dis-
légiée d’explorer différentes modalités positifs réservés aux élèves en difficulté
d’enseignement : médiation entre pairs, était globalement négative sur les effets
formes diverses de tutorat, séances sur les élèves concernés : est-ce que
d’entraînement, ateliers… L’accompa- la généralisation de cette aide à tous
gnement personnalisé permet aussi de les élèves apporte un réel soutien aux
diversifier les types de regroupements élèves les plus en difficulté ? À tou.te.s
d’élèves : groupe classe, groupes de les élèves ? Citant IGEN et IGAENR
besoins, de compétences… » (document (2010), Barrère (2013b) indique que
ministériel « La réforme du collège en l’aide à tou.te.s les élèves reste « une
10 points »). sorte de satellite à la classe, investi
de manière très diverse par les ensei-

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 11/32
gnants » et ajoute que l’évaluation de alors qu’il faudrait « partir du point de
ces dispositifs est très difficile. vue de l’élève pour bâtir la progression
des apprentissages et de l’évaluation,
Pourtant, dans le cadre de l’école mater- dans la logique du nouveau socle com-
nelle, les préconisations et les pratiques mun » (c’est une des préconisations du
enseignantes sont forcément tournées Comité de suivi de la Refondation).
vers l’accompagnement des élèves. Ils
ou elles sont en effet très différent.e.s Au niveau du lycée, les élèves mêmes
les un.e.s des autres par leur âge, leur semblent porter un regard plutôt cri-
histoire personnelle et leur relation à tique sur l’accompagnement person-
l’école et aux autres élèves sont encore nalisé (Durand, 2016) : le contenu doit
en construction. Les enseignant.e.s pour les lycéen.ne.s répondre à leurs
aménagent alors l’espace et le temps interrogations et leurs difficultés disci-
pour les apprentissages, pour la socia- plinaires (exacerbées par l’arrivée plus
lisation, pour le développement du lan- ou moins imminente du baccalauréat),
gage, etc., modulant l’organisation du les objectifs de valorisation de leurs
temps scolaire au plus près des besoins compétences ou d’accompagnement
des enfants (petits groupes, interactions en termes d’orientation, de soutien ou
individuelles, temps collectif). Collin d’approfondissement ne semblent pas
Rovélas (2016) ajoute que des objectifs atteints. Glasman et al. (2015) font re-
précis doivent être définis et réajustés marquer à juste titre la tension existant
en fonction de la motivation et de la ca- dans les dispositifs de soutien entre les
pacité de mobilisation des enfants, no- objectifs de réussite que sont le « déve-
tamment par l’observation fine de leurs loppement d’apprentissages, la récon-
comportements cognitifs : « cette pra- ciliation des élèves avec les apprentis-
tique régulière de l’observation positive sages scolaires (ou resocialisation) et
est partagée avec les enfants chaque les enjeux de certification ou d’orienta-
fois que la situation le rend possible et tion », tension particulièrement présente
permet de lui faire prendre conscience dans le secondaire.
de son parcours d’apprentissage », par
exemple à travers le carnet de suivi des En étudiant en détail la manière dont se
l
apprentissages. font les régulations l de l’activité des On peut préciser avec
élèves par les enseignant.e.s, Bocchi l’aide de Chabanne
et Dezutter (2011)
Claus (2016) indique qu’en primaire, (2012) montre le rôle primordial des
que « la régulation
les enseignant.e.s peuvent utiliser dif- interactions en classe dans l’appren- réfère […] à l’ensemble
féremment les activités pédagogiques tissage : en pratique, les élèves moins des interventions de
complémentaires en fonction de la pé- avancé.e.s participent moins et sont l’enseignant pour
que l’activité de
riode envisagée : au début de l’année, petit à petit exclu.e.s des activités con-
l’élève et la sienne
seul.e.s les élèves en difficulté bénéfi- sidérées comme trop complexes. C’est soient efficacement
cient de ce dispositif ; en fin d’année, la même chose lors des pratiques coordonnées », quitte
des projets pédagogiques peuvent se d’étayage faites par l’enseignant.e, à ajuster les gestes
professionnels pour
faire sur ces mêmes heures. puisque la complexité de la tâche est
que ce soit bien le cas.
restreinte de manière implicite.
Observant la mise en place de l’accom-
pagnement personnalisé dans les col-
lèges, le Comité de suivi de la Refon-
dation (Durand, 2017) met en évidence
« une situation contrastée et en phase
de démarrage », entre une attention
très tournée vers les disciplines (nou-
veaux programmes applicables à la
rentrée 2016 pour tous les niveaux du
début de l’élémentaire à la fin du col-
lège) et impression de déjà-vu (dispo-
sitifs antérieurs). Il existe sur le terrain
peu de liens avec la logique de cycle,

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


12/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
Rochex et Crinon (2011) qualifient ces deux types de différenciation
productrice d’inégalités comme étant la différenciation « passive » (appelée
aussi « pédagogie invisible » par Bernstein) qui « consiste à proposer des
activités sans explicitation des savoirs et compétences à mettre en œuvre »
et la différenciation « active », qui « consiste à adapter les tâches aux
difficultés pressenties des élèves » (Feyfant, 2016). Dans les deux cas, l’enjeu
d’apprentissage n’est pas accessible à tou.te.s les élèves. Pour illustrer ces
définitions, voici l’exemple de deux enseignantes de première année de
primaire (6-7 ans) en Suisse italophone concernant le guidage des élèves dans
l’entrée dans les pratiques de lecture et d’écriture en italien langue première
(Bocchi, 2012). Il s’avère que les enseignantes favorisent les questions plus
faciles pour les élèves les moins avancés dans l’objectif de les faire réussir, en
les empêchant par la même occasion de prendre le temps de développer leur
propre construction de connaissances : « La nécessité de pouvoir développer
leur activité cognitive étant peu assurée, ces derniers se trouvent ainsi dans
une condition où ils ne peuvent pas assumer la responsabilité d’apprendre ».

Vouloir prendre en compte les besoins des


élèves et pratiquer un accompagnement « Les enseignants s’interrogent
en classe ou dans des dispositifs peut sur le bien-fondé des mesures
donc avoir des effets contre-productifs, qu’on leur demande de mettre
si les enjeux d’apprentissage deviennent en place. Aider, accompagner,
flous pour certain.e.s élèves. Feyfant personnaliser, individualiser,
(2016), à propos du concept même de dif- différencier, tutorer, etc. : à
férenciation pédagogique, pose les ques- quoi renvoie chacune de ces
tions suivantes : la différenciation pédago- prescriptions ? Faut-il faire autre
gique « n’est-elle pas réductrice des ap- chose ou autrement que ce qui
prentissages attendus ? Est-elle destinée se fait en classe et comment ?
aux plus faibles ou à tous ? N’est-elle pas Que devient l’unité classe ?
finalement, qu’un ensemble de pratiques Quelles modalités de l’aide sont
l
quotidiennes, en classe, plus riche, plus mises en œuvre dans la classe,
Voir également les exigeant aussi ? » l hors la classe et en dehors de
recommandations du
jury de la conférence l’établissement scolaire ? »
de consensus LES DISPOSITIFS D’AIDE (Félix et al., 2012). On peut dire
CNESCO/IFÉ-ENS de
Lyon « Différenciation
HEURTENT LES PRATIQUES en ce sens, comme Barrère
pédagogique : PÉDAGOGIQUES (2013b), que la prise en compte
comment adapter de l’hétérogénéité des élèves
l’enseignement pour est « utilisée en particulier pour
la réussite de tous les Pour Félix et al. (2012), l’évaluation des
désigner une des principales
élèves ? » de mars dispositifs d’aide ou d’accompagnement
sources de crise du métier
2017. doit bien entendu s’intéresser aux élèves
enseignant ».
et à leur réussite mais aussi aux pratiques
enseignantes et à l’organisation de l’acti-
vité enseignante, ce qui n’est pas souvent
le cas. En effet, les demandes officielles
de mise en place, qui ne sont pas tou- Le rapport des enseignant.e.s à l’aide
jours formulées clairement, s’ajoutent aux
demandes de maintien des dispositifs en- Pour mieux comprendre la difficulté des
core en vigueur et se placent souvent en enseignant.e.s à pratiquer l’aide vis-à-vis
référence à d’anciens dispositifs ayant été de leurs élèves, voyons la manière dont
jugés inefficaces. Au moment de la mise ils l’appréhendent. Lorsque les pratiques
en pratique, la question de la cohérence enseignantes sont observées au plus
d’ensemble se pose. près, comme l’ont fait Toullec-Théry et

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 13/32
Marlot (2012), les résultats montrent que
les enseignant.e.s ont une « conception Il s’agit surtout d’une histoire de
plutôt “générique” de l’aide, quels que choix pédagogique pour Vincent
soient la situation et les élèves concer- (2012), car les enseignant.e.s
nés », même si ce qu’ils ou elles font lors tranchent souvent lors de la
des séances d’aide personnalisée peut séance en faveur d’une visée
être différent d’un.e élève à l’autre. pédagogique large, au détriment
des difficultés des élèves dans
C’est cette difficulté à passer de la la compréhension de concepts.
« conviction partagée sur la nécessité de Par exemple, pour un cours
tenir compte de la diversité des élèves sur la préhistoire à Genève
pour les faire réussir au mieux » à des pour des élèves de 9-10 ans,
pratiques réelles de classe qui est mise « la recherche constante de
en évidence, notamment dans les re- rassembler sa classe autour des
cherches sur la différenciation (Feyfant, questions philosophiques et
2016). Il faut ainsi que les enseignant.e.s anthropologiques cruciales pour
sachent « prendre conscience de ce qui mieux vivre dans notre monde »
fonctionne pour chaque élève » et « en- prime sur la compréhension
dosser la responsabilité de la réussite de précise des concepts sur la
l’apprenant » tout en « aidant les élèves à préhistoire (Vincent, 2012).
devenir des partenaires efficaces de leur
propre succès », et finalement « réfléchir
au progrès individuel des élèves tout en
gardant en tête leur développement per-
Allant plus loin dans le raisonnement, la
sonnel et les objectifs du programme
Cour des comptes (2015) constate, de
d’études » (Tomlinson & Mc Tighe, 2010,
la part de certain.e.s enseignant.e.s, un
cité.e.s par Feyfant, 2016).
« déni de la difficulté inhérente à l’appren-
tissage scolaire, difficulté qui n’est pas
Selon Bernardin et Rayou (2016), le
perçue comme légitime ». Cela s’accom-
temps que l’enseignant.e consacre aux
pagne souvent :
difficultés d’apprentissage se situe en pra-
− d’une réticence au travail pluridiscipli-
tique plutôt avant l’enseignement, lors de
naire dans des cadres transversaux
la préparation des cours, dans la réflexion
aux disciplines ;
sur la manière de surmonter les obstacles
− d’une réticence vis-à-vis de l’aide à
didactiques potentiels. Lors de la séance,
l’orientation des élèves (pour le tutorat
on retrouve l’idée que l’enseignant.e se
ou l’accompagnement personnalisé) ;
laisse en quelque sorte entrainer par le
− d’une priorité donnée à l’achèvement
temps didactique qui doit se dérouler
du programme de la discipline, donc
conformément à ses prévisions et « va ra-
des dérives sont observées dans l’uti-
rement se consacrer à l’analyse diagnos-
lisation des heures d’accompagne-
tique en temps réel du processus d’ap-
ment personnalisé pour « finir le pro-
prentissage chez l’élève pour renommer
gramme », essentiellement en français
l’activité ». Enfin la multiplicité des disposi-
et mathématiques.
tifs a pour effet pervers que l’enseignant.e
se sent « dessaisi » de la cohérence d’en-
semble du processus d’apprentissage des La mise en place des dispositifs
élèves, puisqu’il ou elle n’est pas seul.e à d’accompagnement fait-elle évoluer les
intervenir auprès des élèves (Bernardin & pratiques ?
Rayou, 2016).
Toullec-Théry et Marlot (2012) se posent la
question de savoir si les pratiques ensei-
gnantes évoluent réellement entre le cours
ordinaire de la classe et les dispositifs d’aide
ou d’accompagnement. Il semblerait que les
représentations des enseignant.e.s sur les
difficultés des élèves et plus généralement

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


14/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
sur les théories d’apprentissage restent l’organisation repose en grande partie sur
identiques entre les deux situations, ce qui les enseignant.e.s, « contraints de trouver,
parait logique. L’organisation des enseigne- seuls, des réponses à leurs questions »
ments peut en revanche être volontairement (Félix et al., 2012).
modifiée pour « faire autrement », notam-
ment grâce à des supports différents. Mais Pour Durand (2016), observant la mise en
au final, les échanges ressemblent plus ou place de l’accompagnement personna-
moins à ce qu’il se passe en classe, mettant lisé au lycée, les pratiques enseignantes
en évidence la « posture surplombante du sont bouleversées dans le cas où le dis-
professeur dans les situations d’aide » qui positif est organisé en alignement horaire
répond à la visée de faire apprendre aux (tou.te.s les élèves d’un niveau sont dans le
élèves une procédure efficace. Pour ces dispositif en même temps), qui « fait explo-
chercheuses, il faut maintenant développer ser à la fois le groupe classe et l’organisa-
l’expertise des enseignant.e.s en matière de tion disciplinaire. L’unité de lieu et l’unité de
repérage des obstacles d’apprentissage et temps de la tragédie scolaire, fondement
de dispositifs d’aide. premier et immuable de l’organisation pé-
dagogique française, sont donc attaquées
de front dans leurs principes mêmes ».
« Nous avons été amenés Les enseignant.e.s se retrouvent alors en
à avancer l’hypothèse que communauté de pratiques pour réfléchir à
l’organisation de dispositifs mettre en œuvre ce dispositif qui touche
multiples et juxtaposés ne permet à « l’identité organisationnelle de l’établis-
pas aux professeurs de construire sement » et qui place les élèves au cœur
un milieu de travail comme ils de l’action. Autrement dit, le dispositif d’ac-
le font dans une organisation compagnement personnalisé « incarne
par classes. Ces dispositifs ne un syndrome assez classique du système
constituent pas des éléments éducatif français : la difficulté pour les pro-
supplémentaires dans un milieu fesseurs à se départir de leur seule identité
inerte, ils transforment le milieu disciplinaire et à assumer sereinement des
de travail des enseignants et tâches de type éducatif » (Durand, 2016).
des collectifs de professeurs qui
y sont associés. Dès lors que
ces gestes d’aide s’inscrivent « L’engagement dans les
dans un genre d’activité qui ne dispositifs produit alors de
relève pas de la “forme scolaire”, grandes ambivalences chez
ils ne peuvent s’inscrire dans les acteurs de terrain. Ces
le prolongement des gestes derniers, pour beaucoup, ont à
traditionnels des professeurs. » la fois un pied dans l’innovation,
(Félix et al., 2012) même prescrite, avec toutes
les opportunités qu’elle recèle
en termes d’initiative et de
développement et un autre pied
dans la lassitude et la fatigue de
Une nouvelle professionnalité
l’acteur, dans une organisation
enseignante ?
qui sait “prendre plus que
recevoir” (Alter, 2008), dans des
D’un point de vue historique, l’activité en- modalités à la fois de plus en plus
seignante est depuis longtemps composée exigeantes et instables à la fois. »
d’un travail d’« aide apportée aux élèves », (Barrère, 2013b)
qui intervient dans les choix réalisés par
les enseignant.e.s dans tous les cours.
Mais pour Félix et al. (2012) ce travail s’est
complexifié et intensifié, les tâches à réali-
On comprend ainsi que les pratiques en-
ser se sont élargies et diversifiées, au point
seignantes soient perturbées en profon-
que les manières historiques de faire ne
deur, et nécessitent une « autre profes-
conviennent plus alors qu’en même temps
sionnalité » à construire (Félix & Saujat,

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 15/32
2008). Il y a risque de déprofessionnalisa- chercheur.se.s tentent donc de s’intéresser
tion du métier, car les enseignant.e.s ne aux processus et aux conditions qui font
peuvent plus « prendre appui sur des dy- émerger la réussite, c’est-à-dire « pas tant
namiques interpersonnelles au sein d’un des “facteurs” de réussite que leur combi-
collectif de travail », ni « se nourrir de l’his- naison féconde dans des configurations
l
toire du métier » (Félix & Saujat, 2008). l locales très différentes, combinaison dont Autrement dit, c’est
on espère pouvoir tirer des enseignements bien l’externalisation
plus généraux » (Glasman et al., 2015 ; et la notion même
L’AIDE AUX ÉLÈVES Fanchini, 2016 ; Piquée & Viriot-Goeldel,
de dispositif qui
perturbent les
DANS UN CADRE 2016). En effet, seule semble pertinente pratiques enseignantes
l’analyse fine à la fois des processus en en se heurtant à
INCLUSIF : DE VRAIS œuvre côté élèves et côté dispositifs : « de des techniques et
des organisations
CHANGEMENTS quel soutien relève tel élève, comment cha-
cun s’inscrit-il dans une dynamique d’ap-
déjà constituées
par la profession et
C’est donc un défi que l’école française prentissage ? […] qu’est-ce qui soutient les incompatibles avec
élèves (ou ne les soutient pas) ? ». Glasman ce que le dispositif
se lance, pour concilier aide efficace aux préconise.
élèves et inclusion de tou.te.s. Dans cette et al. (2015) prétendent ainsi ne pas donner
partie seront abordées les différentes de « recettes » efficaces (à transposer selon
questions qui se posent dans le cadre de le contexte) suite à leur recherche mais plu-
la mise en place des dispositifs d’accom- tôt de « pointer des thèmes de réflexion et
pagnement, en se centrant sur la notion d’action qui paraissent décisifs dans les pro-
d’élève en difficulté, sur la manière dont cessus de réussite ».
les enseignant.e.s peuvent suivre effica-
cement et au plus près les apprentissages Difficultés scolaires… dont les causes
des élèves, et sur la nécessaire mise en semblent externes à l’école
œuvre d’une organisation collective.
La notion d’élève en difficulté est complexe
à définir (Roiné, 2014, 2015 ; Lefeuvre,
2007 ; Dolignon, 2010). Pour Pétreault
« Comment gérer la tension entre (2016), elle apparait « dès la loi de 1975.
deux dangers : décréter que tout Les textes pour le collège indiquent la né-
enseignant devrait pouvoir tirer cessité de mettre en place diverses orga-
parti de la diversité (et culpabiliser nisations : actions de soutien et d’appro-
la profession en cas d’échec) ; fondissement, regroupements d’élèves,
décharger l’école ordinaire de modalités d’aide ou d’accompagnement
chaque problème au profit de qui viennent compléter le principe du col-
dispositifs spécialisés (au risque lège unique. Le lycée ne sera pas exempté
de raffiner l’exclusion au lieu de de l’affirmation de ces principes qui posent
la prévenir) ? Division du travail à chaque fois la question de l’unicité struc-
ou compétences pour intégrer : turelle et des possibilités de modulations
les deux options ne devraient pas et de parcours adaptés à la diversité des
être incompatibles, mais on ne fixe élèves, même s’il faut attendre un arrêté du
pas les mêmes priorités suivant 18 mars 1998 pour créer des modules et
la manière dont le problème est instaurer l’aide individualisée. »
posé… » (Maulini & Mugnier, 2012).
Des chercheur.se.s comme Desombre
et al. (2008) montrent que la catégorisa-
tion des élèves en difficulté dépend en
réalité des normes du système éducatif et
DES ÉLÈVES CACHÉS du métier exercé, et diffère donc selon les
DERRIÈRE LES DISPOSITIFS parents, les enseignant.e.s, spécialisé.e.s
ou non, les psychologues…
Comme il a été vu précédemment, la réus-
site des élèves visée par les dispositifs Les difficultés des élèves ont une dimen-
d’aide est très délicate à définir. Certain.e.s sion multifactorielle. Or, pour le Centre

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


16/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
d’analyse stratégique (2013), « l’élève dit De manière plus fine, pour mieux appré-
en difficulté est “presque toujours consi- hender l’attitude des élèves face à la
déré du point de vue de la seule efficience réalisation d’une activité et comprendre
scolaire”. Autrement dit, l’appréhension du ainsi où résident les difficultés des élèves,
problème ne prendrait pas suffisamment Bucheton a étudié les différentes « pos-
en compte l’environnement social, écono- tures d’élèves » en fonction des situa-
mique et familial de l’élève. » Mais, para- tions et de leur niveau scolaire : il existe
doxalement, alors que seules les difficultés les postures première, ludique-créative,
scolaires sont prises en compte pour un.e réflexive, de refus ou scolaire, cette der-
élève, la responsabilité de ces difficultés nière correspondant à la conformation
l semble ne pas incomber à ce même envi- aux attendus de l’enseignant.e (pour plus
Il s’agit d’une interview
ronnement scolaire, mais aux caractéris- de détails, voir Bucheton, 2011 l). Il s’a-
de Bucheton sur la
plateforme tiques personnelles des élèves ou à leur vère que les élèves en difficulté concilient
NéoPass@ction environnement. Breithaupt (2012) indique deux ou trois postures (scolaire, première,
proposée par le Centre que « cette manière de concevoir les dif- de refus éventuellement) alors que des
Alain Savary de l’IFE-
ficultés d’apprentissage atténue probable- élèves en réussite convoquent l’ensemble
ENS de Lyon.
ment l’effet de responsabilité du maître des postures sur une même tâche deman-
dans l’échec de son élève » : la profes- dée, et surtout « savent en changer de-
sion enseignante ne souhaite pas forcé- vant la difficulté ». Il est noté également
ment se confronter à l’éventuel « rôle de que la posture scolaire est favorisée en-
l’enseignant dans la fabrication de l’échec core actuellement à l’école, même si elle
scolaire » (Breithaupt, 2012). Mais pour ne correspond plus vraiment à la manière
Rambaud (2009), souvent, les causes d’appréhender l’apprentissage, du moins
sont bien scolaires : « Ces enfants en dif- dans les textes officiels.
ficulté pour atteindre les objectifs fixés par
le système éducatif sont, à nos yeux, ni Le problème du diagnostic des besoins
plus ni moins que des enfants en difficulté des élèves
d’adaptation au système éducatif ».
Aussi bien au niveau de la formation des
enseignant.e.s que pour les outils de dia-
Attribution des difficultés des gnostic dont ils ou elles disposent pour
élèves… aux élèves eux-mêmes faire appréhender les besoins des élèves,
« Les résultats des études liées la Cour des comptes (2015) considère
aux mécanismes de l’attribution que les enseignant.e.s français sont mal
causale (Baumberger et al., préparé.e.s à suivre les élèves, « contraire-
2007 ; Do, 2007) montrent que ment à ce qui est affiché dans les textes ».
ce ne sont ni les spécificités du Les évaluations nationales de CE2 et de 6e,
système scolaire en général, ni mises en place en 1989 et abandonnées
les particularités des classes, depuis ont été conçues aussi comme outils
ni les obstacles inhérents aux diagnostics au service des enseignant.e.s.
savoirs qui justifient la demande
d’aide aux élèves en difficulté, Dans les pratiques, le manque d’échanges
mais des attributions internes à entre collègues, à la fois avec ceux ou
l’enfant (et non plus l’élève) et celles qui ont les mêmes élèves dans le se-
ses comportements. Pelgrims et condaire et avec les collègues de primaire
Cèbe (2010) relèvent que le poids dans le cadre du cycle 3, ne permet pas
des attributions psychologiques une vision globale des besoins des élèves.
des élèves […] est renforcé par De manière générale, les enseignant.e.s
les classifications diagnostiques sont particulièrement isolé.e.s en France,
[…] mentionnant que ce sont les contrairement à d’autres régions du monde
élèves qui ont des difficultés, ces comme en Finlande ou dans l’Ontario où
dernières ayant parfois même une des enseignant.e.s spécialisé.e.s dans
origine biologique. » (Breithaupt, la difficulté scolaire (ou des assistant.e.s
2012) pédagogiques) peuvent les accompagner,
voire les former.

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 17/32
Souvent, dans les dispositifs de remé- de façon personnelle, voire créative »
diation, le diagnostic des difficultés des (Martin-Van der Haegen & Torres, 2016 ;
élèves est trop tardif ou les aides pro- Kim & Sensale Yazdian, 2014), « en pré-
posées sont trop ciblées, comme nous tendant soutenir les progrès des élèves
l’avons déjà vu avec la fragmentation plutôt que sanctionner leurs lacunes »
des contenus et « l’évanouissement des (Maulini & Mugnier, 2012)
savoirs » (Toullec-Théry, 2015). De plus,
il n’y a pas d’obligation pour les élèves à L’engagement des élèves
suivre les dispositifs, et le diagnostic est dans leur apprentissage
alors pour partie fait par l’école, et pour
partie par les parents s’ils ou elles esti- Faisant le point sur les études portant
ment que leur enfant en a besoin. C’est sur l’engagement des élèves dans leur
ainsi que le Centre d’analyse stratégique apprentissage, Harbour et al. (2015)
(2013) précise que les programmes per- montrent que trois pratiques enseignantes
sonnalisés de réussite éducative (PPRE) peuvent favoriser cet engagement : utili-
utilisent comme critères de « sélection » ser les techniques de modelage (« les
des élèves leurs résultats mais également enseignant.e.s aident les élèves à clarifier
« un critère beaucoup plus flou de capa- ce qu’ils ou elles font aussi bien que la
cité de l’élève à progresser ». De même, raison pour laquelle ils ou elles le font »),
détaillant les dispositifs d’aide personna- donner l’occasion en classe entière ou
lisée puis désormais d’activités pédago- individuellement de répondre aux enjeux
giques complémentaires, Claus (2016) de l’apprentissage (activité, tâche à réa-
signale également, outre le niveau des liser, questions…) et faire des retours sur
élèves, « la conviction des intervenants l’apprentissage des élèves. On retrouve le
de pouvoir les aider à progresser », pri- sens donné aux apprentissages, l’impli-
vilégiant ainsi comme critère de sélec- cation réelle dans l’apprentissage (et non
tion les difficultés ponctuelles. Le Centre la simple réponse à une question ensei-
d’analyse stratégique (2013) suggère jus- gnante) et le suivi au plus près des élèves.
tement de s’inspirer des critères existant
au niveau des aides spécialisées. Mais
Rambaud (2009) signale que le jugement « Accompagner [les élèves] dans
des enseignant.e.s sur leurs élèves, qui leurs apprentissages consiste
intervient forcément lors de la sélection autant à leur montrer comment
des élèves dans les dispositifs, peut affec- résoudre les difficultés qu’à leur
ter la perception de soi des élèves (au permettre de progresser de façon
niveau de leurs compétences scolaires, autonome. […] Accompagner
sociales et comportementales). un élève c’est l’aider à ne plus
avoir besoin d’aide » (document
Il faut également prendre en compte les ministériel de 2016 : « La réforme
tensions existant pour les enseignant.e.s du collège en 10 points »)
entre le temps accordé aux élèves lors
des dispositifs et le temps d’analyse de
leurs difficultés ou de l’aide qui leur a
été apportée, dans l’objectif de l’ajuster Les élèves doivent donc parvenir, ce qui
aux besoins des élèves (Glasman et al., est particulièrement difficile lorsqu’ils
2015). Dans ce cadre, l’évaluation est vue ou elles sont en difficulté, à prendre en
comme une « régulation interactive des charge leur savoir (phénomène de dévo-
apprentissages, dans laquelle le guidage lution, concept de Brousseau, qui est
s’ajuste aux retours des élèves » (Jurado, l’action de l’enseignant visant à rendre
2016). les élèves responsable de leur appren-
tissage, Athanases & de Oliveira, 2014).
Le portfolio, outil emblématique de l’éva- Il faut ainsi qu’ils ou elles acquièrent une
luation formative, est « plus qu’un outil : certaine autonomie et une certaine res-
il actualise cette démarche réflexive per- ponsabilisation. Les programmes de 2016
sonnalisée de formation et d’évaluation. Il du cycle 3 indiquent dans cet esprit que,
permet de faire la preuve de ses talents « en gagnant en aisance et en assu-

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


18/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
rance dans leur utilisation des langages doxale d’avoir à développer l’autonomie
et en devenant capables de réfléchir des élèves tout en les aidant : faut-il aller
aux méthodes pour apprendre et réali- jusqu’au bout de la dévolution, qui cor-
ser les tâches qui leur sont demandées, respond au fait de ne pas tout enseigner
les élèves acquièrent une autonomie qui pour laisser à l’élève le loisir d’apprendre
leur permet de devenir acteurs de leurs par lui-même et de prendre en charge
apprentissages et de mieux organiser leur en partie son apprentissage ? Faut-il au
travail personnel. » contraire rassurer les élèves et les enga-
ger dans un processus de réussite, quitte
La proposition faite aux élèves dans les à ne pas laisser se faire complètement
établissements du secondaire étudiés par la dévolution ? Félix et Saujat (2008)
Glasman et al. (2015) de choisir eux ou utilisent une analyse ergonomique pour
elles-mêmes leurs dispositifs de soutien mieux comprendre comment ce dilemme
et d’aide est un des leviers pour leur faire s’inscrit dans les manières qu’a chaque
l
prendre des responsabilités et développer enseignant.e de comprendre les prescrip-
Les résultats des leur engagement l. tions qui lui sont faites. En observant en
recherches montrent particulier un enseignant intervenant en
que le terme
« engagement » QUELLES PRATIQUES DE SUIVI séance d’aide au travail personnel, les
est plus adapté DES ÉLÈVES ? auteur.e.s montrent les difficultés aux-
que le terme de quelles il se heurte lorsqu’il essaie de faire
« motivation » dans le utiliser des fiches méthodologiques aux
cadre de l’amélioration Comment concilier les pratiques profes- élèves pour qu’ils ou elles apprennent à
de la réussite des
sionnelles en classe, tout à fait classiques devenir autonomes : « je suis sûr qu’il est
élèves (Thibert, 2016).
dans leur forme, et l’animation des dis- plus difficile d’enseigner un élève sans lui
positifs d’aide, transversaux à plusieurs montrer qu’en lui montrant, maintenant je
classes, dépendant de l’organisation glo- sais que c’est beaucoup plus rassurant
bale de l’établissement, et à appréhender pour lui qu’on lui montre... [...] quand ils
en équipe pédagogique élargie ? Com- sont à la maison... qui va leur montrer ?
ment les articuler pour se concentrer sur [...] on se rend compte aussi que ces
tous les élèves à la fois ? fiches méthodologiques, ça ne marche
jamais, ce n’est jamais complètement...
Face aux changements qui modifient l’or- adapté au problème de l’élève » (Félix
ganisation des pratiques enseignantes, & Saujat, 2008). Pour les auteur.e.s, la
comme l’accompagnement personnalisé faiblesse des prescriptions entraine des
qui nous intéresse ici, Maulini et Mugnier tâches que les enseignant.e.s ont à définir
(2012) distinguent trois aspects interdé- eux-mêmes et elles-mêmes, et qui sont
pendants en jeu : forcément inachevées et entremêlées.
− les innovations elles-mêmes ;
Pour favoriser certaines postures d’élèves
− les « sauts logiques » ou conflits socio-
qui sont moins voire pas utilisées par les
cognitifs que les innovations impliquent
élèves les plus en difficulté, Bucheton a
(« représentations sociales, préjugés,
étudié également les postures dévelop-
coutumes mis en question par l’inno-
pées par les enseignant.e.s lors des in-
vation, et suscitant des oppositions
teractions avec les élèves. Elles sont au
internes ou externes à l’école ») ;
nombre de six : les postures de contrôle,
− les ajustements opérés par les
d’accompagnement (« laisser le temps
enseignant.e.s, « autrement dit le
qu’il faut aux élèves pour réfléchir »,
dosage du changement à effectuer
Bucheton, 2011), de lâcher-prise, de sur-
pour avancer sans (trop) se diviser, ni
étayage ou de contre-étayage, posture
mettre l’innovation en danger ».
d’enseignement, de « magicien.ne ». Il
s’avère que, lorsque l’enseignant.e adopte
Pratiques enseignantes favorisant une posture de contrôle, les élèves ont
l’autonomie des élèves davantage tendance à adopter une pos-
ture première ou une posture scolaire ;
Les enseignant.e.s se trouvent dans si l’enseignant.e adopte des postures de
les dispositifs d’aide en situation para- lâcher-prise ou d’accompagnement, alors

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 19/32
les élèves n’ont plus de postures de refus les réponses aux questions soulevées
et adoptent plus volontiers une posture par l’accompagnement sont extrêmement
réflexive. délicates à trouver dans le seul cadre de
la classe. Une piste proposée par Gregory
Cela met en évidence un système com- et al. (2014) consiste à accompagner les
plexe formé par la situation de classe enseignant.e.s avec un programme de
dépendant d’une dynamique partagée, coaching et de feedback (« My Teaching
et évolutive dans un même cours. On Partner ») destiné spécifiquement à dé-
comprend mieux pourquoi il est illusoire velopper l’engagement des élèves dans
de vouloir agir sur les seul.e.s élèves en l’activité, programme qui obtient des effets
difficulté en les isolant ou sur les seules mesurés mais positifs sur l’engagement
pratiques enseignantes en imaginant la des élèves.
classe comme homogène, et pourquoi

Se donner les moyens de développer l’autonomie des élèves ?


Une « question vive qui traverse le monde de l’enseignement primaire en
France [est] la disparition programmée des RASED et de leurs personnels
spécialisés et leur substitution par les dispositifs d’aide personnalisée.
C’est, de la part des politiques, faire preuve d’un manque d’analyse et d’une
propension à mobiliser des arguments qui confinent aux “allants de soi” ;
comme si aider les élèves en difficulté se résumait à les réunir en groupe
à effectif réduit, comme si les modalités d’organisation prenaient le pas
sur les aménagements didactiques. En effet, les maîtres E [à dominante
pédagogique], par la spécificité de leur action (et non par le contexte de
groupe à effectif réduit), permettent aux élèves en difficulté entre autres, de
gérer le temps des apprentissages de manière plus autonome en mettant
en lien les différents temps et lieux de l’apprentissage et en construisant des
rapports de causalité entre les procédures utilisées et les résultats obtenus. »
(Marlot & Toullec-Théry, 2012)

Réponses pédagogiques et didactiques ces travaux de recherche ; la mise en


aux difficultés d’apprentissage œuvre de ces préconisations peut ne
pas avoir les effets escomptés dans des
Pour les didacticien.ne.s des disciplines, situations de classe, toujours uniques
les difficultés d’apprentissage sont un (Roiné, 2012). Dans ce cadre, « il appa-
objet d’étude très riche : si la plupart raît donc très périlleux de viser à iden-
des élèves n’arrive pas à surmonter tifier ce qui, dans le fonctionnement
certains « obstacles didactiques », il didactique, relève spécifiquement des
est nécessaire que l’enseignant.e com- caractéristiques cognitives des élèves.
prenne pourquoi et modifie sa manière Par ailleurs, l’entrée didactique permet
de présenter les notions concernées. de révéler des connaissances autre-
Les recherches en didactique identi- ment invisibles, notamment dans le
fient donc ces obstacles, et cherchent cadre d’épreuves standardisées, à l’ins-
dans les théories et les pratiques en- titution scolaire. » (Giroux, 2013)
seignantes le moyen de les surmonter.
Ces études fines n’augurent pas forcé- Les études menées en sociologie ap-
ment de la réussite des élèves à tous portent également un éclairage sur la
les coups : elles ne couvrent pas tout manière de répondre aux difficultés des
le spectre des obstacles didactiques ; élèves. Pour lever les « malentendus
certains de ces obstacles peuvent ne sociocognitifs » (Kahn, 2012), il parait
pas être forcément de nature didac- utile d’expliciter aux élèves ce qui leur
tique ; les enseignant.e.s peuvent est « caché » par la culture scolaire.
ignorer ou méconnaitre l’existence de L’explicitation par les élèves eux-mêmes
ou elles-mêmes de leurs schémas de

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


20/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
pensée permet à l’enseignant.e de voir différentes et pour tenir compte de leur
ce qui peut faire obstacle dans leur ap- mise en œuvre différente dans les éta-
prentissage, et d’intervenir en réorien- blissements.
tant l’activité ou en prenant en charge
l’explicitation. Mais ce qu’il faut explici- En allant plus loin et en considérant
ter exactement, la façon de le faire et le comme dispositif ce que l’enseignant.e
moment propice pour le faire dépendent met en place dans sa classe pour aider
de la situation et ne peuvent pas être ou accompagner les élèves, peut être
« hors-sol » : « on ne peut pas tout ex- étudiée la manière dont le dispositif lui-
pliciter avant que les problèmes ne se même a été construit et influencé par les
posent » (Rayou, 2016). Pour Rayou et représentations enseignantes et la ma-
Cèbe (2016), « le moment de l’aide per- nière dont il transforme à son tour les pra-
sonnalisée pourrait cependant être le tiques : « Parce qu’ils sont multiples, mais
bon lieu, le laboratoire de l’explicitation, aussi opératoires de “petites transforma-
à condition d’identifier les besoins et de tions”, les dispositifs rendent difficilement
se poser les bonnes questions, de pré- lisible leur appréhension globale. Leur
parer les contrôles en anticipant ce que complexité, leur nombre, leurs redon-
l’enseignant va demander. » dances, leur fragilité structurelle peuvent
être facilement objet de critiques, mais
Un travail original centré sur les élèves leur force réside sans doute dans l’échelle
en grande difficulté est présenté par à laquelle, précisément, ils se constituent
Giroux (2013) et concerne l’application en solution, celle d’un niveau immédiat
des théories de didactique des mathé- de l’action. S’ils ne transforment pas en
matiques aux élèves en grande diffi- profondeur l’institution scolaire, leur pré-
culté scolaire. Elle remarque ainsi entre sence lui permet sans doute de gérer bien
autres que la dévolution aux élèves est de ses doutes actuels, que ce soit sur les
à accompagner plus finement et qu’il faut plans curriculaire, pédagogique ou éduca-
maintenir un enjeu mathématique pour tif. » (Barrère, 2013a)
soutenir l’engagement mathématique et
cognitif des élèves. Prenant l’exemple des dispositifs d’aide
individualisée aux élèves, Barrère (2013b)
Des difficultés inhérentes à la nature se demande pourquoi, malgré des résul-
même des dispositifs tats de recherche très réservés sur leur ef-
ficacité et très difficiles à obtenir (comme
Pour évaluer les dispositifs d’aide aux nous l’avons vu dans ce Dossier), ils conti-
élèves, la mesure de la moyenne des nuent à être mis en place dans les éta-
performances des élèves en ayant blissements. En fait, plus les demandes
bénéficié n’est pas forcément le bon d’évaluation des dispositifs et donc les
moyen d’entrée, comme les évalua- références à leur potentielle efficacité sont
l tions décrites précédemment et mon- nombreuses, plus paradoxalement leur
Durand (2016) fait le
même constat pour le trant peu d’effets positifs le confirment. évaluation est difficile, voire impossible.
lycée : « À ce jour, les Cette mesure peut cacher en effet de Dans l’étude de Glasman et al. (2015),
inspections générales
grandes disparités et certain.e.s élèves « le levier organisationnel semble plus fa-
n’ont pu donner au cilement activé que le levier pédagogique.
ministre de l’Éducation peuvent bénéficier effectivement du dis-
nationale un bilan positif lorsque d’autres non, bénéfice qui […] Un peu comme si l’organisation, la
encourageant de la peut être également retiré sur un autre mise sur pied d’un dispositif suffisait d’elle-
mise en œuvre de
registre que le registre cognitif, comme même à étayer [l’apprentissage]. » Après
l’accompagnement tout, quel.le enseignant.e ne voudrait pas
personnalisé, dont les registres identitaire-symbolique et
personne dans culturel (Glasman et al., 2015). Par ail- aider ses élèves à surmonter leurs difficul-
l’institution ne songe leurs, il faut évaluer de manière fine la tés quel que soit le dispositif ? l
pourtant à remettre en
question l’intérêt pour
manière dont les élèves s’emparent ou
les élèves ; il en est au contraire détournent les dispositifs
d’ailleurs allé ainsi pour qui leur sont proposés (Glasman et al.,
les autres dispositifs 2015). Tout ceci concourt à ne pas éva-
de ce type, aux bilans
toujours mitigés ».
luer de manière globale les dispositifs
pour ne pas « mélanger » des données

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 21/32
l
2015). Pour les enseignant.e.s, les temps Cette logique se voit
de concertation ne suffisent pas dans le également à un niveau
La multiplication des dispositifs, plus large (Rey, 2016) :
qui n’est pas propre au domaine premier comme dans le second degré, où il « Les critiques faites
des difficultés des élèves mais y a assez peu de mobilisation des conseils parfois au système
qui est générale dans le système pédagogiques pour l’accompagnement scolaire peuvent
des élèves, alors que ça devrait être « un alors, grâce à [la
éducatif depuis les années logique de dispositif],
2000, indique un « nouvel âge rôle central ». En Angleterre par exemple se combiner sans se
de l’organisation scolaire » (Webster et al., 2011), la fonction d’assistant.e contredire : il est à la
(Barrère, 2013a), au croisement de pédagogique (teaching assistant), qui a fois immobile et en
pour rôle d’aider les enseignant.e.s en évolution permanente,
problématiques pédagogiques et stable et instable, et
organisationnelles, et favorisant classe à faire mieux apprendre leurs élèves, ses acteurs de terrain
des pratiques pédagogiques « en semble actuellement remise en cause. Les peuvent être […] décrits
rupture avec le face-à-face habituel assistant.e.s pédagogiques (qui représen- comme résistants
taient en 2010 43 % des personnels de au changement et
d’un enseignant et du groupe- débordés par ce
classe » (Barrère, 2013a). « Des l’enseignement primaire et secondaire) sont qu’il leur fait faire. »
organisations autres que par classes en effet critiqué.e.s pour leur efficacité alors (Barrère, 2013b)
sont alors devenues “possibles” que leur rôle pédagogique s’accroît et re-
pour les enseignants, dans l’esprit quiert davantage d’attention au moment de l
des cycles (groupes de besoins ou leur recrutement et de leur formation, ainsi « C’est parce
que l’activité
de compétences, rassemblant des qu’au niveau de l’organisation des temps
d’enseignement est
élèves d’un même cycle, d’âges de concertation avec les enseignant.e.s contrariée que les
différents, etc.) » (Pince-Salem, (Webster et al., 2013). professeurs recourent
à des significations
2016). C’est le cas du dispositif sociales familières […],
« Plus de maitres.ses Le travail collectif ne fonctionne pas
avec en contrepartie
que de classes » qui est devenu bien dans les établissements français : le sentiment de “mal
« un levier potentiel de modulation Félix et al. (2012) font le constat qu’il faire son travail”

de la forme scolaire classique en est souvent basé sur le registre per- d’enseignant. Ce
sentiment provient
favorisant la collaboration au sein sonnel et non professionnel l, ce qui
d’une dissociation
d’une équipe. » (Pince-Salem, 2016) entraine un risque de déprofessionna- dans le travail
lisation du métier. Il existe les mêmes d’aide dans lequel
types de conflit entre l’enseignant.e l’enseignant n’a pas
à enseigner mais à
ordinaire et l’enseignant.e surnuméraire
devenir un “travailleur
ou l’enseignant.e spécialisé.e, comme sur autrui”, dans le
UNE ORGANISATION le remarquent Ponté et al. (2012) pour sens de Dubet (1999),
COLLECTIVE POUR MIEUX lesquel.le.s une tension est générée par à savoir mettre autrui
(l’élève) au travail sur
CERNER LES DIFFICULTÉS ? l’objet même du travail des un.e.s et des
lui-même, affranchi
autres : focalisation d’un côté sur « l’or- des conditions de
ganisation développementale de la prise l’étude. » (Félix et al.,
Les difficultés évoquées ci-dessus pour
en charge par les maitres E », donc sur 2012)
les pratiques enseignantes proviennent et
la dimension « enfant » des élèves en
influencent à la fois l’organisation du tra-
difficulté ; et de l’autre « cadrage ins- l
vail dans l’établissement pour Maulini et À titre d’illustration,
titutionnel de l’organisation […] de la un maitre E déclare :
Mugnier (2012), ce qui rend cette dernière
classe » l. « Nous (maître E) on se
particulièrement difficile à faire évoluer : soit dit, que l’apprentissage
les professionnels se retrouvent contraints de la lecture ce n’est
Dans des établissements du secondaire
d’appliquer des règles sans réfléchir, soit pas un an, pour
étudiés pour leur soutien particulier aux apprendre à lire, c’est
on permet aux équipes de situer l’action,
élèves (internats d’excellence, micro- toute la scolarité
de réorganiser la forme scolaire, mais en
lycées…), la dimension cognitive d’aide primaire, voire encore
évitant de devoir tout réinventer l. après. » (Ponté et al.,
n’est pas la seule à être prise en compte
2012)
(Glasman et al., 2015). Ces établissements
Organisation du travail collectif ont mis en place en effet des étayages va-
dans l’établissement riées qui comportent, outre plusieurs dis-
positifs d’aide aux élèves, d’autres struc-
En pratique, le travail en équipe en France tures pour permettre une ouverture cultu-
n’est pas aussi important que dans d’autres relle, un accompagnement personnalisé
pays (TALIS 2013, voir Cour des comptes, sous la forme de tutorat par un adulte,

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


22/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
« une visée d’exigence [de niveau] dans Un dispositif comme « Plus de maitres.ses
la bienveillance », notamment à travers un que de classes » fait également changer
statut différent dévolu à l’erreur, et un cer- le regard collectif des enseignant.e.s sur
tain pragmatisme pédagogique, qui aide à la difficulté elle-même, qui « peut être tra-
« gérer les tensions entre les différentes vaillée en collectif en différenciant la pé-
visées : apprentissages scolaires et déve- dagogie, et pas seulement en petit groupe
loppement » des élèves ou, dit autrement, de niveau. » (Pince-Salem, 2016)
entre réussite scolaire et réussite éduca-
tive (Glasman et al., 2015). Pour cela, les La co-intervention en classe au service
équipes travaillent en interdépendance, des difficultés des élèves ?
sous un cadre commun effectif et en par-
tageant leur expertise. Dans le cadre plus large de l’inclusion
scolaire, l’UNESCO préconise le dévelop-
Faisant l’hypothèse que l’accompa- pement du co-enseignement, et en donne
gnement personnalisé est « un espace la définition suivante : un enseignement
de transgression beaucoup plus puis- avec « au moins deux professionnels tra-
sant qu’il n’apparait au premier abord », vaillant dans la même classe au même
Durand (2016) montre que deux nouveau- moment » (UNESCO, 1994).
tés sont apportées par le dispositif :
− une réelle implication pédagogique de Au niveau national, le co-enseigne-
la direction, dans le choix des formes ment suppose implicitement un travail
pédagogiques dans lesquelles peuvent commun assez poussé entre les deux
se faire l’accompagnement personnalisé enseignant.e.s de même statut, au-delà
et dans le choix des disciplines scolaires de la co-intervention pour laquelle en gé-
concernées (enveloppe horaire globale néral un.e enseignant.e joue le rôle prin-
l et non pré-distribuée par discipline) ; cipal et l’autre l’accompagne dans la ges-
C’est ainsi que − une organisation de l’emploi du temps tion des élèves par exemple l.
Tremblay (2015) parle
pour la Communauté
des élèves susceptible de « s’affranchir
française de Belgique à la fois de l’organisation par division et Hors de l’hexagone, le cadre du
de « co-intervention de la correspondance entre un ensei- « co-teaching » reste la plupart du temps
interne » lorsque les gnement et un groupe classe », même si celui de l’inclusion scolaire. Par exemple,
professionnel.le.s
dans les faits, les directions privilégient le Finnish National Core Curriculum de
de l’enseignement
spécialisé interviennent un attachement des heures d’accompa- 2011 indique que « le co-enseignement,
auprès d’un élève gnement personnalisé aux disciplines situé dans le cadre de l’inclusion, est
particulier dans le « importantes » de la filière concernée. une stratégie pour s’assurer que tous les
cours de la classe,
élèves ont accès au même curriculum »
l’enseignant.e de la
classe restant le ou la (Takala & Uusitalo-Malmivaara, 2012). Il
seul.e responsable de « Expliciter et réorienter l’activité, s’agit le plus souvent de l’enseignement
l’enseignement donné. comme cela serait souhaitable, commun d’un.e enseignant.e spécialisé.e
La « co-intervention
nécessite que l’enseignant ait et d’un.e enseignant.e « de classe », et
externe » concerne
le travail au même une connaissance en amont de la non de deux enseignant.e.s « de classe »
moment sur les élèves nature des principaux obstacles (Murawski & Lochner, 2011 ; Fluijt et al.,
d’un même groupe, que les élèves vont rencontrer. 2016).
mais dans un espace
séparé. Au-delà de l’observation de ses
élèves, cela nécessite de créer L’inclusion en Finlande se situe surtout au
des espaces de travail collectif, niveau du changement d’organisation mis
intégrant les différents membres en place récemment : il y a pratiquement
de la communauté éducative un.e enseignant.e spécialisé.e par école,
intervenant dans le processus mais qui fait surtout travailler les élèves en
d’apprentissage des élèves, pour groupes de soutien plutôt qu’en séances
échanger, mutualiser, expliciter, de co-enseignement. La promotion du co-
comprendre, développer une enseignement au niveau national était un
expertise collective » (Bernardin moyen de faire changer les pratiques et la
& Rayou, 2016). culture enseignantes.

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 23/32
Différent du travail collaboratif entre Les résultats de tou.te.s les élèves,
enseignant.e.s qui peut recouvrir tous comme les performances en lecture/écri-
les types de coopération possibles, le co- ture, leurs comportements et leurs compé-
enseignement suppose pour Takala et tences sociales bénéficient du co-ensei-
Uusitalo-Malmivaara (2012) une unité de gnement, qui est destiné à « améliorer la
temps, de lieu et d’action, comme pour la qualité de l’enseignement offert à tous les
scène d’un théâtre. Elles ajoutent qu’il est élèves », dans une perspective non plus
nécessaire d’avoir un travail en commun corrective des difficultés, mais plutôt quali-
de : tative (Tremblay, 2015 ; Takala & Uusitalo-
Malmivaara, 2012). Tremblay (2015) met
− co-préparation (co-planning) avant le
cependant en garde contre une utilisation
cours ;
exclusive du co-enseignement, domma-
− co-intervention (co-instruction) pen-
geable surtout si elle reste superficielle
dant le cours ;
ou mal organisée dans les classes, en
− co-évaluation (co-assessment) pour
particulier pour les élèves à besoins par-
avoir des regards différents sur les
ticuliers qui semblent avoir besoin d’une
élèves et pour faire le bilan de la
certaine forme d’individualisation hors la
séance commune, dans le but d’amé-
classe.
liorer les séances futures (voir aussi
Fluijt et al., 2016, sur l’importance de
la réflexion collective).

Observation de pratiques lors de séances de co-enseignement en Belgique


(deux premières années de l’enseignement primaire, Tremblay, 2015)
« Une différenciation a posteriori se marque par les mesures de remédiation
apportées aux élèves en difficulté (ex. : tutorat, remédiation individuelle,
enseignement alternatif, etc.) ou à des enrichissements avec des élèves
plus avancés. Cette différenciation a posteriori s’effectue sur la base
d’une évaluation des besoins des élèves et vient également nourrir la
différenciation a priori. […] Dans d’autres classes, le coenseignement a
permis la mise en œuvre de portfolios, d’évaluations systématiques en
lecture, etc. (que les enseignants n’utilisaient pas lorsqu’ils enseignaient en
solitaire). »

Les compétences des enseignant.e.s Takala et Uusitalo-Malmivaara (2012),


sont également améliorées avec le co- « le co-enseignement permet non seule-
enseignement : capacité à différencier ment de diminuer le poids et de réduire
et à adapter leur enseignement pour le stress mais rend également le travail
les enseignant.e.s « ordinaires » ; en- plus appréciable. Bien qu’il soit peu uti- l
« Au travers de la
seignement dans leur zone d’expertise lisé, le co-enseignement est vu comme littérature portant sur
« tout en connaissant les attentes et un outil de développement ; les béné- différents dispositifs,
exigences d’une classe d’enseignement fices sont clairs et les freins peuvent qu’ils concernent l’aide
au travail personnel
ordinaire » pour les enseignant.e.s être dépassés. » l ou des pratiques
spécialisé.e.s. D’après l’enquête de professionnelles
Tremblay (2015) dans l’enseignement Côté inconvénients, le co-enseigne- différentes, il apparait
primaire, les modalités de co-ensei- ment en Finlande reste au niveau de que le regard du
professionnel sur
gnement (et donc les compétences des l’innovation et n’entre pas vraiment l’activité des élèves,
enseignant.e.s spécialisé.e.s ou non) dans la culture enseignante, même surtout si ce regard est
sont flexibles selon les enseignant.e.s et lorsqu’un programme incite financière- décentré, permet de
les séances et évolutives dans le temps, ment les enseignant.e.s à le pratiquer mieux diagnostiquer
les difficultés
et ne sont pas incompatibles avec l’uti- et même si le regard sur le co-enseigne- rencontrées. La co-
lisation d’autres pratiques complémen- ment est toujours bienveillant. L’obs- intervention s’avère un
taires de co-intervention, modulées se- tacle majeur à première vue semble mode d’organisation
lon les besoin des enseignant.e.s. Pour le temps de préparation commun pour précieux et pertinent. »
(Thibert, 2016)

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


24/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
les enseignant.e.s (Takala et Uusitalo- cation prioritaire sont concernées, mais
Malmivaara, 2012). « Les limites du le dispositif peut s’étendre (et s’étendra
co-enseignement sont principalement dans les faits) à d’autres écoles ayant
dues à des facteurs institutionnels des besoins similaires.
(ex. : le manque de temps, l’appui de
la direction, etc.) mais également à Contrairement aux dispositifs précé-
des facteurs sociaux ou identitaires » dents, « Plus de maitres.ses que de
l
On peut se demander (Tremblay, 2015 ; Combes, 2014). classes » est ainsi d’emblée pensé
en utilisant les comme un travail en équipe pédago-
réflexions de Barrère
Focus sur les enseignant.e.s gique, puisque les différentes étapes de
(2013b) si « Plus
de maitres.ses que surnuméraires et le dispositif « Plus de sa mise en œuvre consistent à analy-
de classes » est le maitres.ses que de classes » ser les ressources existantes ; à rédi-
signe d’un retour à ger par l’équipe enseignante un projet l
l’utilisation de projet,
pour répondre à la difficulté scolaire,
ou en tout cas d’un Dès 2006 ont été affecté.e.s, dans l’édu-
équilibre entre le projet inclus dans le projet d’établissement ; à
cation prioritaire, des « professeur.e.s
(et l’engagement fort faire valider par l’IEN ce projet. L’idée
référent.e.s » dans les établissements
des partenaires) et du dispositif est que le maitre + ou la
le dispositif (vision scolaires pour assurer la nouvelle mis-
maitresse + (M+) soit majoritairement
organisationnelle). sion « d’articulation des dispositifs d’ac-
En tout cas, il s’inscrit dans la classe avec ses collègues,
compagnement à la scolarité » (Félix
pleinement dans une et pas seulement chargé.e de coor-
& Saujat, 2008). Les « préfet.e.s des
prise de décision donner les actions (ce qui a pu être le
collective locale au études » les ont remplacé.e.s à la ren-
cas des enseignant.e.s surnuméraires
service de la réussite trée 2010, toujours en éducation prio-
des élèves, impliquant précédent.e.s, voir Pince-Salem, 2016).
ritaire, en ayant en charge notamment
les enseignant.e.s. On le voit, il s’agit avant tout d’un travail
« le décloisonnement des dimensions
Pour plus de détails en commun pour les équipes pédago-
sur le leadership des éducative et pédagogique ; le renfor-
giques, avec des formations prévues.
enseignant.e.s, voir cement des relations avec les parents
Reverdy et Thibert Des initiatives locales et nationales se
et les partenaires ; l’organisation de la
(2015). font d’ailleurs dans ce sens, comme en
continuité des apprentissages ; le suivi
Loire-Atlantique où, suite à une forma-
personnalisé des élèves » (voir la page
tion de l’IFÉ, « le comité de pilotage
Eduscol « Préfets des études : le vade-
départemental s’est attaché à repérer
mecum »). Félix et Saujat (2008) ob-
les actions qui semblent les plus profi-
servent que les prescriptions faites sont
tables pour les élèves, d’en repérer les
assez floues et que le travail réalisé,
facteurs d’efficacité […] regroupés en
dépendant de chaque enseignant.e ou
cinq grandes catégories (organisation
presque, va bien au-delà de la classe.
de l’école, co-préparation et analyse
de séance, mise en œuvre auprès des
À la rentrée 2013 se met en place un
élèves, posture des enseignants, forma-
nouveau dispositif d’enseignant.e.s
tion et pilotage) [et qui] permettent d’en-
surnuméraires : « Plus de maitres.ses
visager des transferts de compétences
que de classes ». Consistant en l’affec-
des enseignants dans une pratique de
tation dans les écoles d’un maitre ou
classe ordinaire, en l’absence de maître
d’une maitresse supplémentaire pour
supplémentaire. » (Pince-Salem, 2016)
favoriser de « nouvelles organisations
pédagogiques, en particulier au sein
Comme pour la loi de la refondation de
même de la classe, […] le dispositif
2013, un Comité national de suivi est
ne se substitue pas aux aides spéciali-
constitué pour accompagner la mise en
sées, qui gardent toute leur pertinence
œuvre du dispositif. Il produira à lui seul
pour les élèves en grande difficulté. La
entre 2013 et 2015 trois notes d’étape
détermination des modalités d’interven-
et un rapport (Comité national de suivi
tion est à définir en équipe, selon des
du dispositif « Plus de maitres.ses que
contextes que les maîtres connaissent
de classes », 2015).
précisément, en fonction des besoins
des élèves » (voir la circulaire n° 2012-
201 du 18 décembre 2012). Dans un pre-
mier temps seules les écoles de l’édu-

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 25/32
− davantage de rétroactions (et plus ra-
« La mise en place [du dispositif pides) entre élèves et enseignant.e.s ;
« Plus de maîtres que de − aspect positif du travail collectif, no-
classes »] depuis la rentrée 2013 tamment autour de « la nature des
a permis d’identifier de nouvelles difficultés rencontrées par les élèves
modalités de travail pour les et leur traitement », mieux appréhen-
enseignants ; dans les écoles dée par les enseignant.e.s des écoles
concernées, les enseignants ne concernées ;
pourront plus jamais travailler − accompagnement devenu nécessaire
comme avant. Le dispositif a fait des formateur.rice.s (échanges de pra-
[…] sortir les enseignants d’un tiques réclamés, notamment au niveau
exercice solitaire de leur métier local) ;
en posant la difficulté scolaire des − tous les acteur.rice.s interrogé.e.s
élèves, comme l’affaire de toute disent que le dispositif permet de
une équipe d’école, mais aussi « prévenir, lutter et réduire les inéga-
l’affaire d’une circonscription, lités scolaires, en apportant un regard
sur un territoire donné. » (Pince- précis sur les difficultés et besoins des
Salem, 2016) élèves ».

Les pratiques pédagogiques des


enseignant.e.s sont modifiées, le ou la
Entre 2013 et 2016, 2 300 enseignant.e.s M+ apportant souvent un étayage, car les
ont participé à ce dispositif, et environ habitudes de travail sont bousculées par l
7 000 étaient prévus à la rentrée 2017 l « l’acceptation du regard et le partage de Avec le changement
ministériel, il est
(Pince-Salem, 2016). Dans un bilan com- gestes professionnels » (Pince-Salem, prévu à la place le
plet fait par le Centre Alain Savary de l’IFÉ 2016). Des tensions sont observées dans « redéploiement »
(« Plus de maitres que de classes, un dis- le travail du ou de la M+ entre le diagnos- de 2 300 postes
positif qui fait changer l’école ? », Picard, tic de la nature des difficultés d’appren- d’enseignant.e.s du
primaire dans un
2016), un maitre + ou une maitresse + tissage des élèves (« observation in-vivo nouveau dispositif
(M+) travaille en moyenne dans huit ou travaux d’élèves, dans des moments consistant à diminuer
classes, le plus souvent de cycle 2. En collaboratifs institués ») et la construc- de moitié la taille des
moyenne, il ou elle réalise une interven- tion « des scénarios pédagogiques qui classes de CP des
réseaux d’éducation
tion d’une heure par classe, 3 fois par se- cherchent à résoudre ces difficultés, mais prioritaire REP+, puis
maine. Les mises en œuvre et les critères tout en restant “maniables” pour les ensei- à terme des classes
de sélection des écoles bénéficiaires sont gnants (sans quoi elles risquent d’être de CE1 et dans tous
très diverses selon les académies (Pince- trop couteuses à mettre en œuvre, trop les réseaux REP et
REP+ (voir la page
Salem, 2016), ainsi que les modalités lointaines des pratiques “acceptables” par ministérielle « Rentrée
pédagogiques des M+ : prise en charge eux) » (Picard, 2016). 2017 : 4 mesures pour
d’un groupe d’élèves en classe, ou sépa- bâtir l’École de la
rément, ou co-enseignement, ou encore L’évaluation du dispositif est intégrée au confiance »).
co-intervention. Souvent il y a séparation projet, mais se révèle difficile à mettre
des élèves en groupes de besoins, mais en œuvre avec la diversité des pratiques
avec plus d’élèves que dans les RASED adoptées par les équipes pédagogiques.
(seulement 15 % du temps d’intervention La priorité est-elle de se concentrer sur
des M+ se déroulent avec des groupes de l’évaluation (quantitative et qualitative)
moins de 6 élèves). de l’amélioration des apprentissages des
élèves ou de celle de la modification des
Sont également notés dans le même bilan pratiques enseignantes (Pince-Salem,
plusieurs bénéfices du dispositif, même si 2016) ?
le travail des enseignant.e.s « n’est pas
simplifié ni allégé, bien au contraire » :
− aide à la gestion des groupes ;
− amélioration du climat de classe et
donc de l’engagement des élèves dans
la tâche ;

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


26/32 L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
LES DISPOSITIFS, de manière indifférenciée […] et des pro-
jets locaux à l’initiative des acteurs, trop
UNE MANIÈRE dépendants de leur énergie individuelle
et trop indépendants parfois des visées
SUPERFICIELLE DE politiques et ministérielles. Les dispositifs
CHANGER ? constituent en quelque sorte une offre de
réformes à géométrie variable, dont le po-
Face aux tensions et aux échecs qui se- tentiel de contrainte et de contestation est
couent le système éducatif français, la adouci, euphémisé par son éclatement
montée en puissance des dispositifs de même » (Barrère, 2013b). Cette réflexion
toute sorte, au-delà des dispositifs d’aide nous permet a minima de mieux com-
aux élèves, depuis les années 1990, prendre l’étonnement du Centre d’analyse
est selon Barrère (2013b) le signe que stratégique (2013) sur le fait que tous les
leur « principale efficacité réside peut- établissements n’appliquent pas de la
être, précisément, dans leur capacité à même manière les réformes engagées.
faire échapper l’institution à ses difficiles Elle peut nous éclairer également sur
débats sur les finalités. » Les acteurs et les tensions perçues par les personnels
les actrices du système éducatif, pour ré- enseignants entre la mise en place de
pondre à l’urgence de certaines situations nouveaux dispositifs et les réformes enga-
(comme des élèves en difficulté) s’inves- gées (comme la mise en œuvre simulta-
tissent forcément dans les dispositifs pro- née de l’accompagnement personnalisé
posés, et ne peuvent plus que critiquer et des enseignements pratiques interdis-
leur redondances ou leur « mise en cohé- ciplinaires en cycle 3 et les nouveaux pro-
rence », laissant de côté au passage les grammes pensés en termes curriculaires).
débats sur les finalités éducatives. Et elle pourra peut-être rendre plus lisible
la mise en place de nouveaux disposi-
Ceci n’empêche pas pour autant les trans- tifs prévus pour la rentrée prochaine, en
formations, mais qui se font en douceur : espérant que l’évaluation de ceux déjà en
« Les dispositifs se situent à un niveau place ne se base pas uniquement sur les
intermédiaire entre une réforme globale résultats des élèves.
qui concernerait tous les établissements

Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 27/32
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Dossier de veille de l’IFÉ • n° 119 • Juin 2017


L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves 31/32
n° 119
Juin 2017

Pour citer ce dossier :


Reverdy Catherine (2017). L’accompagnement à l’école : dispositifs et
réussite des élèves. Dossier de veille de l’IFÉ, n° 119, juin. Lyon : ENS de
Lyon.
En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accu
eil&dossier=119&lang=fr

Retrouvez les derniers Dossiers de veille de l’IFÉ :


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avec l’oral. Dossier de veille de l’IFÉ, n° 117, avril. Lyon : ENS de Lyon.
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l Endrizzi Laure (2017). Recherche ou enseignement : faut-il choisir ?
Dossier de veille de l’IFÉ, n° 116, mars. Lyon : ENS de Lyon.
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