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LA ROSE

BLEUE

Conchy

Dédicace à mon fils kévin


Il était une fois une vieille dame, madame Bellefleur qui
avait un rosier bleu planté dans le jardin.
Le facteur qui s’appelait Honoré avait l’habitude de s’arrêter
pour bavarder un moment avec elle.

Un jour où il faisait sa tournée, il vit la canne à pommeau


tomber par terre. Il la ramassa et la posa contre le mur.
Puis il frappa à la porte, mais personne ne répondit.
Il jeta un coup d’œil par la fenêtre, mais ne voyant pas la
vieille dame il l’appela. Comme elle ne répondait pas, il alla
la chercher dans le jardin, mais tout ce qu’il trouva fut le
rosier pourri sur pied.
Pourtant tout pourri qu’il était, il avait une rose.
Il n’en fallut pas d’avantage pour que le facteur respire son
parfum, et se dirige vers la maison.

Comme il s’arrêta devant la porte, son regard fut attiré par la


canne. Il la prit, puis tira de sa poche son gros mouchoir de
coton et astiqua le pommeau. Il l’astiqua tant et si bien que
le pommeau finit par devenir transparent comme de l’eau.
Ce fut alors que le facteur vit dans le pommeau, Hyppolite,
le nouveau venu, qui secouait le rosier bleu.
-Voilà qui est curieux, pensa-t-il en mettant le mouchoir
dans sa poche.
Il regarda à nouveau et il vit la vieille dame qui n’avait pas
l’air contente du tout.

Il se dit qu’il devait faire quelque chose.


Il posa la canne contre le mur, et s’en fut tout droit trouver
Hyppolite pour lui demander s’il avait vu madame
Bellefleur.
-Non, je ne la connais même pas! lança-t-il en lui fermant la
porte au nez.
Honoré repartit déçu.
Il retourna dans le jardin, mais, cette fois, il y trouva un
chien à la fourrure toute verte.
Une fourrure comme le facteur n’en avait jamais vue.
Il s’approcha du chien, et, quand il examina son col, il vit
qu’il portait un collier trop serré. Le facteur, qui avait bon
cœur, détacha promptement le collier et le jeta sur l’herbe.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit le collier se
ratatiner, et le chien devenir un personnage vêtu de feuillage
et coiffé d’un bonnet.
-Je suis Farfadum le lutin. Et toi?
-Moi, je m’appelle Honoré et je suis facteur. Qui t’a changé
en chien?
-C’est Korrigum, le plus méchant de tous les lutins. Il avait
fait en sorte que je devienne un chien.
Honoré réfléchit quelques secondes puis ajouta:
-J’ai entendu dire qu’un lutin ne peut rompre le sortilège
jeté par un autre lutin.
-Tu as raison seul un humain peut rompre le sortilège. Alors
à moi de te rendre service! Dis-moi s’il y a une chose que je
puisse faire pour te remercier.
-Il y a bien une chose, soupira le facteur, aide-moi à
retrouver madame Bellefleur, la propriétaire.

Brusquement Farfadum se changea en cheval ailé.


-Monte sur mon dos. Nous allons dans mon pays pour
trouver mon ami Gnomum, le lutin violoniste!
-Pourquoi?
-Parce que son violon exauce tous les vœux.
Honoré monta sur son dos.

Et hop! Le cheval s’envola vers la forêt aux lutins.


Lorsque le soleil fut à son zénith, le cheval se posa sous un
grand sapin.
-Descend vite, Honoré!
Alors que le facteur mettait pied à terre et le cheval
redevenait un lutin, ils entendirent un hululement.
-Hou! Hou!
Ils levèrent la tête et virent un hibou aux grands yeux,
perché sur une branche.

Tout à coup, le rapace quitta la branche et vola à tire d’ailes


pour leur montrer le chemin.
Après avoir longtemps marché, Honoré et Farfadum
arrivèrent à l’endroit où se trouvait Gnomum.
Farfadum fut tout surpris de le trouver assis contre le tronc
d’un arbre, endormi.
Il lui tapota l’épaule mais il fut impossible de le réveiller car
il dormait à poings fermés.
Tout à coup, Farfadum s’aperçut qu’il manquait son violon.
-Ça c’est du Korrigum tout craché! lança-t-il.
Sans l’écouter d’avantage, le facteur colla son oreille à une
fissure de l’arbre, et entendit un air de violon. Il souffla trois
fois dans la fissure et l’écorce se décolla.
-Où est le violon? s’inquiéta Honoré.
-Ne t’inquiète pas, répondit Farfadum. Bouchons-nous les
oreilles avec les doigts, le violon apparaîtra, tu verras.
Le facteur fit ce que le lutin lui avait conseillé: quand ils
eurent bouché leurs oreilles avec leurs doigts, le tronc
s’ouvrit. Et là, ils virent le violon apparaître.
-Et maintenant? demanda Honoré.
-Maintenant, répondit Farfadum. Place ta mâchoire sur la
mentonnière, et l’archet fera le reste.
Et c’est exactement ce qui se passa.
Le violon se mit aussitôt à jouer le concerto pour lutin, et
Gnomum se réveilla.
-Tu es venu! s’exclama Gnomum.
-Oui, dit Farfadum. Et devine quoi? c’est Honoré qui t’as
libéré du sort.
-Merci Honoré, je ne me serais jamais réveillé si tu n’avais
pas rompu le sortilège que m’avait jeté Korrigum. Pour te
remercier demande-moi ce que tu veux.
-Je ne veux rien d’autre que retrouver madame Bellefleur.
Gnomum pinça aussitôt les cordes avec sa main droite et
ordonna au violon de l’aider.
Aussitôt les lettres H, Y, P, O, L, I, T, T et E, sortirent de la
tête du violon et tous trois se trouvèrent dans le jardin de
madame Bellefleur.
-Voilà le rosier, dit Honoré à Gnomum.
Celui-ci l’examina de près.
Puis il pinça les cordes du violon avec sa main droite et
ordonna au violon de l’aider.
Tout à coup, arriva Hyppolite.
C’est alors qu’Honoré décida de lui demander une nouvelle
fois s’il avait vu madame Bellefleur.
-Non, répondit Hyppolite, le repoussant d’un geste brusque.
Et voilà que tous les deux commencèrent à se chamailler.
-A-t-on jamais vu pareil menteur?
-Comment? coupa Hyppolite. Tu me traites de menteur?
-Eh oui! dit le facteur.
-Pourquoi?
-Parce que je t’ai vu.
-Impossible.
-Je te dis que t’ai vu, insista Honoré.
-Où m’as-tu vu?
-Dans le pommeau!
-Tu veux dire dans le pommeau de la canne? répliqua
Hyppolite d’un air moqueur. La belle affaire!
Cette fois, c’en était trop pour Gnomum.
-Ça suffit! il va falloir demander à mon violon de trancher
cette querelle.
A peine eut-il pincé les cordes avec sa main droite qu’il
demanda au violon de l’aider.
D’un coup, les lettres, O, R, R, I, G, U, M, K, sortirent de la
tête du violon et se dirigèrent tout droit vers Hyppolite.
-Dis-nous donc quel est ton nom? suggéra Gnomum.
Hyppolite réfléchit un instant et dit:
-Je suis Korrigum!
C’est ainsi que fut révélé le vrai nom du nouveau venu;
Korrigum le lutin maléfique.
Comme il déclara que c’était lui qui avait enfermé madame
Bellefleur dans la rose bleue, il n’avait plus aucune raison de
la laisser prisonnière de la rose.
C’est pour cela que Honoré le regarda et lui fit signe de
libérer la vieille dame.
Korrigum ne protesta pas et accepta.
Il marmonna des mots magiques et délivra madame
Bellefleur en même temps que le rosier se couvrit de belles
roses bleues.
Quant à lui, il s’enfuit aussi loin que ses jambes purent le
porter.

Plus jamais on ne le revit.

FIN

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