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Conchy

Une tarte

Pas

Comme

Les

Autres

Dédicace à mon fils kevin


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Dans le petit village de Fleursentbon, vivaient deux amis, deux


vieux; Aristide et Gédéon.

Chaque année pour célébrer l'arrivée de l'été, le village organisait


la fête de la tarte. Rien n'était plus beau que la fête de la tarte. Et
chaque année, Gédéon était l'heureux gagnant, mais... Mais
Aristide ne désespérait pas, c’est pourquoi ce matin là, prit-il
sa tarte, et s’en alla voir son ami.
- Écoute, Gédéon, tu es très fort pour faire une bonne tarte.
- Est-ce que tu es venu pour me dire cela!
- Ben, c'est que je me dis qu'il est possible après tout, que cette
année ce soit moi qui gagne. Regarde donc cette tarte, ce
n’est pas une tarte comme les autres.
- Ce n’est pas une tarte comme les autres, répéta Gédéon.
C’est une tarte toute simple, tu veux dire.
Entendant ces mots, Aristide voulut le traiter d’andouille,
mais il préféra se taire et partir.
Il rentrait chez lui quand un renard l’appela:
- Bonjour l'ami! En voilà une bien jolie tarte!
Aristide fit mine de ne rien entendre. Le renard insista:
- Qu’est-ce qu’il y a?
A ce moment, Aristide lui répondit.
- Tu veux savoir ce qu’il y a?
- Oui, répondit le renard.
- Il y a que je n’aime guère la fête de la tarte.
- Pourquoi? demanda le renard.
- Parce que le gagnant est toujours le même; Gédéon.
- Pas possible, toujours Gédéon ?
- Eh oui, répondit Aristide, c’est ça qui est terrible, toujours
Gédéon!
Le renard réfléchit un moment puis lui demanda:
- Célébrez-vous cette fête aujourd’hui ?
- Oui... Aujourd’hui... répondit Aristide. Le fait est qu’à
l’arrivée de l’été, le village organise la fête de la tarte.
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Justement aujourd’hui dimanche, c’est le 21 juin; c’est


l’été.
Le renard réfléchit une minute et proposa:
- La fleur de jouvence.
- La fleur de jouvence n’existe pas, lui fit Aristide. Tu me
prends pour un imbécile.
- Puisque je te le dis, répondit le renard, tu vas voir.
Alors, pour lui prouver qu’il disait la vérité, il le conduisit
sur un coteau.
- J’ai les pieds en marmelade! Il faut que je m’arrête une
minute et que j’enlève mes sabots et mes chaussettes.
Au moment où Aristide prononçait ces mots, le renard se
dirigea vers une petite fleur et dit :
- Laisse tes pieds tranquilles et regarde là.
- Qu’est-ce que cette fleur là ? lui demanda Aristide.
- C’est la fleur de jouvence, répondit le renard. Cueille la
fleur, presse la tige, puis verse quelques gouttes de son suc
sur ta tarte.
Aristide fit ce que le renard lui demandait.
- Et maintenant?
- Maintenant, mange un tout petit morceau de tarte, et
attends.
- Hum c’est bon. Combien de temps vais-je attendre ?
- L’effet est immédiat.
Tandis qu’il lui répondait, le renard vit que les mains d’
Aristide n’étaient plus fripées mais lisses.
- Que se passe-t-il ? demanda Aristide en rangeant la fleur
dans sa poche. Je me sens tout bizarre, j’ai l’estomac tout
retourné.
- C’est le suc, répondit le renard. Regarde tes mains.
Aristide les examina un instant et s’exclama:
- Mes mains... Incroyable! elles ne sont plus fripées, j’ai des
mains de jeune homme!
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- Et comment ! rétorqua le renard. Il y a une minute tu étais


vieux et faible, et maintenant tu es jeune et fort.
- C’en est fini du gagnant Gédéon, dit Aristide au renard.
Cette fois, c’est ma tarte qui va gagner.
- Eh oui! mon ami, répondit le renard en souriant. Allez on
s’en va.
- Tu peux courir, fit Aristide.
- Et pourquoi ? demanda le renard.
- A cause que cela m’oblige à passer devant la maison de
Gédéon. Je suis redevenu jeune et j’ai peur de tomber nez à
nez avec ce gredin, il est jaloux comme pas deux.
Le renard rit.
- Pourquoi tu ris? demanda Aristide. Tu t’en fous?
- T’en fais pas, il te suffit de demander à paraître vieux.
Après ces mots, il disparut.
- Devenir, vieux! dit Aristide. Et Aristide devint
immédiatement vieux comme les pierres.
Midi sonna au village, c’était l’heure de rentrer à la maison.
Aristide était si content qu’il partit sans attendre. Il
songeait à la tête que ferait ce gredin de Gédéon, lorsqu’il
arriva à la maison.
Il posait juste la tarte sur la table quand il entendit frapper
à la porte. Il alla ouvrir.
- Comment c’est toi Gédéon ? Qu’est-ce qui t’amène ici?
- Notre conversation de ce matin. Te rappelles-tu?
- Oui, pourquoi ?
- C’est bien simple, c’est ma tarte qui va gagner.
Aristide secoua la tête.
- On verra! On verra!
Gédéon ne voulut rien savoir.
- On ne verra rien du tout. Et puis quoi encore! Tu crois
peut-être que c’est ta tarte qui va gagner?!
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- Et pourquoi pas. Tu peux dire que c’est ta tarte qui va


gagner, autant de fois que tu veux. Mais moi, je te dis que
c’est MA tarte qui va gagner, insista Aristide.
- Un peu de bon sens, voyons! railla Gédéon. Des
récompenses, enfin des cuillères en bois, je veux dire, tu
n’en as pas.
Je n’en ai pas! Et après ? qu’est-ce que cela peut te faire à
toi?
- J’ai une fois de plus raison, reprit Gédéon.
Alors Aristide le regarda droit dans les yeux, et lui dit:
- Écoute-moi bien je crois qu’il vaut mieux que tu prennes
tes cliques d’une main, tes claques de l’autre, et que tu t’en
ailles. Sans ça, je te donne un coup de pied au derrière!
Tiens-toi le pour dit.
- Quoi? Un coup de pied au derrière? répéta Gédéon. Tant
que tu y es mets moi à la porte.
Aristide ne chercha pas midi à quatorze heures. Il lui fit
signe de sortir.
- Tout ça pour une tarte! dit l’autre. Ya de quoi tomber à la
renverse.
Gédéon n’eut pas plus tôt prononcer ces mots, qu’Aristide
lui lança:
- On se rejoint sur la place de la mairie à trois heures,
MOSIEUR.
Aussitôt après avoir fermé la porte, son estomac fit du
bruit.
- Oh des gargouillis, se dit Aristide. Cela veut dire que mon
estomac crie famine. Je vais préparer une omelette au lard,
puis je piquerai un petit roupillon.
Aristide passa le temps ainsi; à manger et à faire un petit
somme.

Heureusement à trois heures précises, le chant mélodieux


d’une linotte le sortit de son sommeil. Aristide partit content
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car il savait que sa tarte allait surprendre. Il marcha un


quart d’heure, puis il arriva sur la place.
Ayant repéré un attroupement de personnes autour d’une
grande table, il décida de s’approcher. Le maire allait
mordre dans la tarte de Gédéon lorsque Aristide se dit qu’il
devait faire quelque chose:
- Attendez une minute, pourquoi ne pas goûter à ma tarte?
Elle n’est pas comme les autres.
A ces mots, le maire reposa la tarte de Gédéon sur la table
et demanda:
- Qu’a-t-elle donc de spécial ta tarte, Aristide?
- Je pense qu’elle va vous surprendre.
- Oh non, coupa Gédéon n’en faites rien, Aristide est arrivé
en retard. C’est ma tarte que vous devez goûter en premier.
- Ça suffit! hurla le maire. Il réfléchit quelques secondes,
puis déclara:
- Plutôt que de goûter à ta tarte Aristide, j’ai décidé de
goûter à celle de Gédéon.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le maire croqua dans la tarte à
pleines dents.
- Alors? demanda Gédéon.
- Alors j’avoue que cette tarte est meilleure que les
précédentes. Tu t’es vraiment surpassé cette fois.
- Tu entends Aristide? Je t’avais bien dit que c’est ma tarte
qui gagnerait.
Sans plus les écouter, le maire croqua brusquement dans la
tarte d’Aristide.
- Alors? demanda Aristide.
- Alors j’avoue que non seulement cette tarte est un régal
pour mes yeux, mais en plus elle est un véritable délice
pour mes papilles.
Au moment où le maire prononçait ces mots, il se sentit
tout bizarre.
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- Que se passe-t-il ? cria-t-il affolé. J’ai l’estomac tout


retourné.
- C’est la tarte monsieur le maire. Je vous l’avais dit ce n’est
pas une tarte comme les autres.
- Tu ne vas pas me dire qu’elle est magique!
Aristide regardait les mains de monsieur le maire et ne dit
mot pendant quelques instants. Puis, subitement, il lui dit:
- Regardez vos mains.
A peine eut-il examiné ses mains que le maire lui dit:
- C’est vrai qu’elles sont lisses. J’ai des maindC’est bien la
tarte la plus incroyable que j’ai jamais mangée. Tu as
raison, Aristide, ce n’est pas une tarte comme les autres.
Cette fois, tu es le gagnant.
Mais avant que la foule s’eût mise à applaudir, le maire
s’était tourné vers Gédéon et avait ajouté :
- Gédéon, tu es bien sûr second.
Cette fois, Gédéon ne protesta pas, et lorsque Aristide le vit
applaudir, il se mit à distribuer des petits morceaux de
tarte avec une telle ardeur que bientôt il n’eût eu plus une
miette. Peu de temps après, les vieilles personnes
devinrent jeunes.

FIN
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