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Psychologie
de la
perception
PSYCHOLOGIE DE LA PERCEPTION
PSYCHOLOGIE DE LA PERCEPTION
Simon Grondin
Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du
Canada et de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec
une aide financière pour l’ensemble de leur programme de publication.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise
du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
ISBN 978-2-7637-2064-7
PDF 9782763720654
Avant-propos............................................................................................ IX
1 – PSYCHOPHYSIQUE................................................................................ 1
1.1 Détection................................................................................... 1
Seuil absolu et méthode des stimuli constants........................ 2
Théorie sur la détection du signal........................................... 4
1.2 Discrimination........................................................................... 7
Seuil différentiel et méthode des stimuli constants................. 7
La loi de discrimination de Weber et sa forme généralisée...... 9
1.3 Autres méthodes d’estimation des seuils..................................... 11
La méthode de l’ajustement................................................... 11
La méthode des limites.......................................................... 12
Les méthodes adaptatives....................................................... 14
1.4 Échelonnage.............................................................................. 16
Méthodes............................................................................... 17
Loi de Stevens........................................................................ 18
Autres contributions de Stevens............................................. 19
3 – ENTENDRE.............................................................................................. 43
3.1 Organisation perceptive............................................................. 43
Notion de stream................................................................... 44
Illusion de continuité et la mutation d’interruption............... 46
3.2 Localisation sonore.................................................................... 48
Localisation de la direction ................................................... 49
Localisation de la distance...................................................... 50
3.3 Entendre la musique.................................................................. 52
Description technique............................................................ 52
Expérience subjective............................................................. 55
3.4 Entendre la parole...................................................................... 56
Description linguistique......................................................... 56
Analyse technique.................................................................. 57
Perspectives théoriques........................................................... 59
Intermodalité......................................................................... 61
6 – PERCEPTION DE LA FORME................................................................ 97
6.1 Perception des contours............................................................. 97
Bordures et contours subjectifs............................................... 98
Inhibition latérale.................................................................. 99
Les bandes de Mach............................................................... 101
Facteurs influençant la perception des contours...................... 103
6.2 Gestalt : organisation perceptive................................................. 105
Distinction figure/fond.......................................................... 105
Groupement perceptif............................................................ 108
6.3 Théorie des canaux spatiaux multiples........................................ 110
Concepts de base................................................................... 110
Fonction de la sensibilité aux contrastes................................. 113
6.4 Reconnaissance de la forme........................................................ 115
Exemplaires ou caractéristiques ?............................................ 116
Une approche computationnelle............................................ 117
Un modèle structurel............................................................. 118
Les agnosies........................................................................... 119
Appendice A
COURBES ROC..................................................................................... 165
Appendice B
LOI DE FECHNER................................................................................ 167
Appendice C
LE SYSTÈME NERVEUX...................................................................... 171
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................. 179
Avant-propos
IX
1
PSYCHOPHYSIQUE
1.1 Détection
Les différents systèmes sensoriels renseignent sur les changements
physiques ou chimiques pouvant survenir dans l’environnement. Un
objectif fondamental de la psychophysique consiste à évaluer l’amplitude
minimale que doivent avoir ces changements afin qu’un individu puisse en
être averti. Cette amplitude minimale, c’est-à-dire la plus petite quantité
d’énergie pouvant être détectée en l’absence de toute autre stimulation, est
appelée seuil absolu. Sous ce seuil, la sensation n’est pas possible.
Cependant, ce seuil est un point dont l’identification correspond à une
définition opérationnelle pour une méthode donnée. La psychophysique
traditionnelle offre de nombreuses méthodes d’estimation d’un seuil. Les
plus conventionnelles sont celles des stimuli constants, des limites et de
l’ajustement. Pour l’instant, seule la méthode des stimuli constants est
présentée.
1
2 Psychologie de la perception
GUSTAV FECHNER
On pourrait dire que la psychophysique a pris son envol en 1860 avec la
parution du livre Éléments de psychophysique de l’Allemand Gustav
Theodor Fechner (1801-1887). Philosophe et physicien, cet auteur
désirait étudier les liens entre le monde interne et le monde externe. Aussi
connu sous le pseudonyme « Dr Mise », Fechner, qui a travaillé à Leipzig,
avait un esprit particulier. On lui doit notamment différentes méthodes
expérimentales toujours utilisées en psychophysique, mais il s’est
également intéressé, par exemple, aux propriétés du courant électrique, à
l’esthétique expérimentale et même à la vie après la mort. Notons qu’il
existe un congrès annuel de psychophysique, tenu généralement en
octobre, appelé Fechner Day (Fechner est décédé le 22 octobre 1887). Ce
congrès se tient à différents endroits dans le monde sous la supervision de
l’International Society for Psychophysics (http ://www.ispsychophysics.org/),
société fondée en 1985 dans le sud de la France.
Figure 1.1 – Illustration (cas fictif) d’une fonction psychométrique pour le seuil absolu pour le son.
Sur l’axe des y, il y a le pourcentage de fois où l’observateur dit percevoir le son. La ligne verticale
pointillée arrivant sur l’axe des x indique le seuil absolu.
Pour tracer une fonction sur la base d’une série de points, il faut
poser certaines hypothèses. Une première hypothèse est celle selon laquelle
le phénomène étudié soit une variable aléatoire continue. Ainsi croirons-
nous que la distribution discrète obtenue (série de points) est une
approximation d’une fonction continue. Aussi, il faudra poser une
hypothèse sur la forme de cette fonction. Les mathématiques offrent
plusieurs possibilités, mais une fonction souvent retenue en psychologie est
la distribution normale. Le lecteur est probablement déjà familier avec la
notion de distribution normale (courbe normale, ou courbe de Gauss, en
forme de cloche). La fonction utilisée pour tracer une fonction psychomé-
trique est dérivée de la fonction en forme de cloche (fonction de densité de
probabilités) et est appelée fonction normale cumulée. C’est après avoir
tracé cette fonction qu’il sera possible d’estimer précisément la valeur du
seuil. Outre la fonction gaussienne cumulée, les fonctions Weibull et logis-
tiques, qui ont des formes semblables, sont probablement les plus
susceptibles d’être utilisées (Macmillan et Creelman, 1991).
4 Psychologie de la perception
Notions de base
Tableau 1.1
Les quatre situations typiques de la théorie sur la détection du signal
Signal
Présent Absent
Présent Détection correcte Fausse alarme
Réponse
Absent Omission Rejet correct
Unités de mesure
Figure 1.2 – Distributions Bruit et Signal + Bruit de la théorie sur la détection du signal (TDS). La
ligne verticale continue représente ß, le critère décisionnel. La distance entre les lignes pointillées
représente d', l’indice de sensibilité.
(4(p(DC)) × (1 – p(FA))
1.2 Discrimination
Une autre capacité sensorielle fondamentale consiste à essayer de
savoir si deux stimuli sont différents l’un de l’autre. La différence d’intensité
minimale nécessaire pour que deux stimuli puissent être différenciés est
appelée seuil différentiel. Ce seuil différentiel est défini, comme c’était le cas
pour le seuil absolu, de façon arbitraire en fonction de la méthode utilisée,
c.-à-d. sur la base d’une définition opérationnelle. Ce seuil, qui est le point
à partir duquel un observateur devient capable de faire la différence entre
deux stimuli, est parfois aussi appelé la « différence juste perceptible » (DJP,
ou JND en anglais, just noticeable difference).
Figure 1.3 – Illustration (cas fictif) d’une fonction psychométrique pour le seuil différentiel concer-
nant le poids. Sur l’axe des y, il y a le pourcentage de fois où l’observateur dit que le comparateur (Co)
est plus grand (plus lourd) que le standard (St). La ligne verticale pointillée indique sur l’axe des x le
point d’égalité subjective. Les deux autres lignes indiquent les valeurs qui peuvent être utilisées pour
calculer le seuil différentiel (voir texte).
0,50 sur l’axe des y : la probabilité de répondre que le standard est plus long
que le stimulus de comparaison est la même que la probabilité de répondre
que le stimulus de comparaison est plus long que le standard. Par ailleurs,
on appelle erreur constante la différence entre le PES et la valeur du
standard.
Pour ce qui est du seuil différentiel, on peut en extraire deux, un
supérieur et un inférieur, sur cette fonction. Pour obtenir le premier, il faut
soustraire les points sur l’axe des x qui, sur la fonction, correspondent à
0,75 et 0,50 sur l’axe des y. Le raisonnement est le suivant : cette valeur,
0,75, est le point milieu entre une parfaite discrimination (100 %) et la
totale incapacité de discriminer (50 %). Dans le même esprit, on obtient le
seuil différentiel inférieur : les points sur l’axe des x qui, sur la fonction,
correspondent à 0,50 et 0,25 sur l’axe des y. Le 0,25 se trouve au milieu,
entre l’incapacité de discriminer (50 %) et une parfaite discrimination
(0 %). On obtient une valeur unique du seuil différentiel en faisant la
moyenne des deux seuils calculés. On peut aussi calculer directement ce
seuil différentiel en soustrayant les points sur l’axe des x correspondant à
0,75 et 0,25 sur l’axe des y, puis en divisant cette valeur par deux.
Enfin, il faut noter que des erreurs classiques peuvent survenir lors
de la détermination de seuils différentiels avec la méthode des stimuli
constants. Quand les stimuli sont présentés conjointement, c’est-à-dire en
même temps, il faut varier de manière aléatoire l’endroit, à gauche ou à
droite, où est présenté le standard. Cette variation vise à contrer le cas où il
y aura une nette préférence pour un côté ou l’autre. Cette préférence cause
ce qu’il est convenu d’appeler des erreurs spatiales. Lorsque les stimuli à
discriminer sont comparés successivement, plutôt que simultanément, il
risque de se produire un type d’erreur systématique appelé erreur d’ordre
temporel. Dans pareil cas, on aura une tendance plus ou moins marquée à
juger que le premier ou que le deuxième stimulus est de plus grande
magnitude. On assiste souvent à une sous-estimation de la valeur du
premier stimulus, ce qui pourrait être interprété comme une diminution
de la trace laissée en mémoire par celui-ci (Hellström, 1985).
Df = Kf (ou Df/f = K)
où K, la fraction de Weber, est une constante. Cette loi de Weber est en fait
un principe qui fournit un outil pour regarder les mécanismes impliqués
lors de la discrimination de quantités sensorielles dans une modalité senso-
rielle donnée.
Un exemple permettra de saisir pleinement cette loi qui, du reste,
est toute simple. Dans la section précédente, un standard de 250 g était
utilisé. Si l’on sait que le seuil différentiel pour un poids de 250 g est de
25 g, on peut prédire sur la base de la loi de Weber que la différence
minimale pour distinguer deux poids sera de 50 g si le standard est de
500 g. Autrement dit, le ratio entre le seuil différentiel et le standard
demeurera le même, soit 10 % (50/500 ou 25/250) dans le présent
exemple.
Bien que la loi de Weber puisse être exacte pour une certaine
étendue d’un continuum sensoriel donné, elle se révèle inexacte pour
certaines valeurs de ce continuum. Cet échec de la forme stricte de la loi de
Weber a mené à une nouvelle formulation de la relation entre le seuil diffé-
rentiel et la magnitude du stimulus.
En fait, la fraction de Weber n’est valide que pour une gamme
limitée sur un continuum sensoriel. Pour des valeurs très basses ou très
élevées, la fraction de Weber est plus élevée. Pour des valeurs basses, cette
augmentation de la fraction peut être décrite facilement sur la base d’une
transformation de la loi de Weber. Il s’agit simplement d’ajouter une
constante, a, interprétée comme le résultat d’un bruit sensoriel :
Df = Kf + a
Si nous reprenons l’exemple ci-dessus, on comprend facilement
que, pour des valeurs faibles, a a beaucoup de poids, ce qui n’est pas le cas
pour des valeurs plus grandes. Si a prend une valeur de 10, le seuil calculé
pour un standard f, de 250 g est de 35, plutôt que de 25 comme ça aurait
été le cas sans le bruit additionnel (a). La fraction de Weber passe donc de
10 % à 14 %. Par contre, pour un standard f, de 2500 g le seuil calculé est
de 260 plutôt que de 250. La fraction de Weber passe donc de 10 % à
10,4 %.
1 – Psychophysique 11
La méthode de l’ajustement
chaque observateur à chaque essai est rapporté au tableau 1.2. On peut voir
qu’en moyenne il y a peu de différence entre eux, mais on comprend qu’il y
a beaucoup plus de variabilité dans les scores de l’observateur B. C’est
l’estimation de cette variabilité qui sert à établir le niveau de sensibilité,
c’est-à-dire, le seuil différentiel.
Tableau 1.2
Valeur d’ajustement d’un stimulus de comparaison obtenue à chaque essai
pour un standard de valeur 100
Observateur/
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Essai
A: 98 99 104 97 102 103 97 102 93 101
B: 91 97 89 108 111 99 93 108 95 100
On peut tout aussi bien mesurer un seuil absolu qu’un seuil diffé-
rentiel avec la méthode des limites. Dans chaque cas, on prévoit la
présentation de deux types de séries de stimuli, une dite ascendante et
l’autre descendante. Cependant, en plus de présenter un seul stimulus à la
fois (seuil absolu) plutôt que deux (seuil différentiel), le moment de cesser
la montée ou la descente change en fonction du type de seuil.
Ainsi, pour estimer un seuil absolu spécifiquement, il faut identifier
d’avance une série de stimuli plus ou moins rapprochés de ce que l’on croit
être le seuil. Ces stimuli seront présentés un à la fois, tantôt dans un ordre
croissant, tantôt dans un ordre décroissant, en alternant d’un ordre à
l’autre. Dans une série de présentations ascendantes, le premier stimulus
présenté est nettement sous le seuil absolu ; on augmente ensuite graduel-
lement l’intensité d’un essai à l’autre, jusqu’à ce que l’observateur rapporte
avoir perçu le stimulus. Dans la même veine, lors d’une série d’essais
descendants, on utilise d’abord un stimulus qui peut être perçu facilement
et l’on diminue peu à peu son intensité, et ce, jusqu’au moment de faire la
transition entre un essai où le stimulus est perçu et celui où il ne l’est pas. Il
faut noter que les séries ascendantes et les séries descendantes ne
commencent pas toutes au même point (tableau 1.3). Cela a pour but de
contourner le problème que pose la possibilité de commettre des erreurs
dites d’anticipation et d’habituation. Pour déterminer le seuil absolu, il
1 – Psychophysique 13
faut faire la moyenne des points de transition, de non perçu à perçu dans
les séries ascendantes, et de perçu à non perçu dans les séries descendantes.
On commet une erreur d’habituation quand on prend l’habitude de
répondre « non » lors d’une série ascendante ou « oui » lors d’une série
descendante. Un tel type d’erreur entraînera dans le premier cas une sures-
timation de la valeur réelle du seuil absolu et dans le second cas une
sous-estimation. Une erreur d’anticipation survient lorsqu’un observateur,
sachant qu’il y aura un point de transition, passe trop rapidement de « oui »
à « non » (série descendante) ou de « non » à « oui » (série ascendante). Dans
le premier cas, l’erreur d’anticipation aura pour effet de surestimer la valeur
du seuil par rapport à ce qu’est le seuil réel, et à la sous-estimer dans le
deuxième cas.
Lorsqu’il s’agit d’estimer un seuil différentiel à l’aide de la méthode
des limites, on utilise deux stimuli, un standard et un stimulus de compa-
raison (tableau 1.4). Ces stimuli sont donc présentés par paires, soit
simultanément, soit successivement. C’est la nature du continuum
sensoriel évalué qui détermine la pertinence du mode de présentation.
Pour le son, par exemple, mieux vaut présenter les stimuli successivement.
Après la présentation des deux stimuli, l’observateur doit déter-
miner si tel stimulus est plus petit ou plus grand que l’autre, ou si ces
stimuli apparaissent comme étant égaux. Les stimuli de comparaison
varient d’un essai à l’autre de telle façon que la difficulté de discrimination
soit peu à peu augmentée. S’il s’agit d’une série ascendante, la magnitude
de ces derniers est augmentée ; pour une série descendante, la magnitude
est diminuée.
Lors de la détermination du seuil différentiel avec la méthode des
limites, la méthode a la particularité de ne pas voir une série, descendante
ou ascendante, s’arrêter lorsqu’un point de transition est observé. En fait,
dans le cas d’une série ascendante par exemple, la première transition que
rencontre l’observateur est celle où le stimulus de comparaison apparaît
être plus petit que le standard puis, l’essai suivant, les stimuli apparaissent
égaux. Il faut continuer à augmenter la valeur des stimuli de comparaison
jusqu’à ce que les stimuli, standard et de comparaison, cessent de sembler
égaux. Il faut atteindre la transition qui mène à l’impression que le stimulus
de comparaison est plus grand que le standard. Dès que cette réponse est
rendue une première fois, la série s’arrête (tableau 1.4). Le même processus
est respecté avec les séries descendantes. Aussi, tout comme c’était le cas
pour le seuil absolu, on alterne les séries ascendantes et descendantes et le
point à partir duquel une série varie d’une fois à l’autre pour les séries
ascendantes et d’une fois à l’autre pour les séries descendantes.
14 Psychologie de la perception
Tableau 1.3
Détermination d’un seuil absolu avec la méthode des limites (valeurs fictives) où l’observateur
indique si oui ou non un stimulus est perçu
Intensité/Série
Ascendante Descendante Ascendante Descendante Ascendante Descendante
16 Oui
14 Oui Oui
12 Oui Oui Oui
10 Oui Oui Non Oui
8 Oui Oui Non Oui Non
6 Non Oui Non Non
4 Non Non Non Non
2 Non Non Non
0 Non Non
0 Non
Points de transition
7 5 9 11 7 9
Tableau 1.4
Détermination d’un seuil différentiel avec la méthode des limites (valeurs fictives)
où l’observateur indique si un stimulus de comparaison est plus petit (P) ou plus grand (G)
qu’un standard de 10, ou si les stimuli sont égaux (E)
Intensité/Série
Ascendante Descendante Ascendante Descendante Ascendante Descendante
18 G
17 G G
16 G G G
15 G G E G
14 G G E E G E
13 E G E E E E
12 E E E E E E
11 E E E E E E
10 E E E E E E
9 E E E P P E
8 E E P P P
7 P P P P
6 P P
5 P P
4 P P
3 P
2 P
Limite supérieure
13,5 12,5 14,5 15,5 13,5 14,5 (M = 14)
Limite inférieure
7,5 7,5 8,5 9,5 9,5 8,5 (M =8,5)
1.4 Échelonnage
Une troisième question fondamentale en psychophysique est celle
de la relation entre la magnitude d’un stimulus physique et la magnitude
psychologique. Une telle question diffère nettement de celle qui est posée
dans le cadre de la loi de Weber qui met en relation deux quantités
physiques. Les présents travaux sont dans la foulée de ceux de Fechner qui
avait proposé, à l’aide d’une méthode indirecte, que cette relation entre la
1 – Psychophysique 17
Méthodes
Loi de Stevens
S = K fb
où S est la sensation, K est une constante dont la valeur dépend des unités
de mesure utilisées et b est l’exposant propre à une dimension sensorielle
1 – Psychophysique 19
Figure 1.4 – Trois types de relation, exponentielle (N > 1), linéaire (N = 1) ou logarithmique (N < 1),
entre la sensation et la magnitude d’un stimulus.
20 Psychologie de la perception
21
22 Psychologie de la perception
La fréquence et la phase
Figure 2.1 – Illustration d’une onde simple (sinusoïdale) pour un son pur de 1000 Hz (ou 1 kHz).
L’amplitude
Figure 2.2 – Alors que l’onde de gauche et celle du centre ont la même amplitude, mais des fréquen-
ces différentes, l’onde du milieu et celle de droite ont la même fréquence, mais sont d’amplitudes
différentes.
130,81 Hz, ce qui ne sera le cas d’aucune autre note (ré, fa, …). Notez
cependant qu’un do de 32,70 Hz comprendra dans ses harmoniques une
fréquence de 65,41 Hz, mais ce dernier do ne comprendra pas de do de
32,70 Hz, la fréquence la plus basse du do de 65,41 Hz étant justement de
65,41 Hz.
Toute aussi cruciale est cette deuxième question : pourquoi, puisqu’il
a la même fondamentale et les mêmes harmoniques, un do de 32,70 Hz
sonne-t-il différemment quand il est joué par un piano plutôt que par une
guitare ? Ces mêmes « do » diffèrent parce que l’importance relative de
chaque harmonique n’est pas la même pour les deux instruments. Les contri-
butions relatives de chaque harmonique dépendent des propriétés des corps
qui vibrent. Si on utilise un oscilloscope, on peut constater que deux « do »
identiques joués tantôt à la guitare, tantôt au piano, ont une même
fréquence, mais que l’onde dessinée n’est pas la même pour chaque
instrument. Dans chaque cas cependant, la configuration sera plus
compliquée que celle d’un son pur (simple sinusoïdale).
Il existe une manière de connaître l’importance relative des harmo-
niques d’un son complexe périodique. Pour ce faire, il suffit de procéder à
une analyse de Fourier, du nom de Jean Fourier, physicien français du début
du XIXe siècle. Une telle analyse permet de décrire de façon quantitative
toute onde complexe en une série de composantes simples (ondes sinusoï-
dales), toute onde complexe. C’est intéressant de noter, comme le stipule la
loi acoustique d’Ohm, que l’oreille peut en quelque sorte agir comme un
analyseur de Fourier. Ainsi, si quelques notes sont jouées en même temps, le
système auditif arrive à entendre chacun des sons simples dont est fait le son
complexe qui vient d’être produit.
Parmi les sons complexes apériodiques, il y a les bruits blancs. Ces
sons sont composés du mélange de l’ensemble des fréquences. On donne le
nom de bruit blanc par analogie à la lumière blanche qui désigne, comme
nous le verrons, non pas l’absence de longueurs d’onde qui aurait permis
d’observer une couleur, mais la présence de toutes les longueurs d’onde. Le
bruit blanc donne un son semblable à celui que l’on entend parfois
lorsqu’on tente de syntoniser une fréquence sur un poste de radio et que
l’on passe à des fréquences qui ne permettent pas de capter un poste correc-
tement.
Il est possible de créer des bruits en utilisant un filtre qui ne laissera
passer que les fréquences s’étendant d’une telle valeur jusqu’à une autre.
On parle alors d’une bande passante et celle-ci peut être plus ou moins
étroite. On peut également utiliser des filtres passe-haut qui laissent passer
28 Psychologie de la perception
les fréquences en haut d’une certaine valeur ; ou des filtres passe-bas qui
laissent passer les fréquences en bas d’une certaine valeur.
Par ailleurs, on appelle masquage le phénomène par lequel un son
normalement audible ne peut être entendu à cause de la présence, en
même temps ou presque, d’un autre son (masque). Par exemple, si deux
sons sont présentés simultanément, il se peut que les deux soient entendus.
Dans certaines circonstances, c’est-à-dire selon leur fréquence et leur
intensité relatives, il se peut qu’un son soit entendu et l’autre pas. Le plus
souvent, un son fort masquera un son plus faible ; aussi, un son masquera
des sons de fréquences égales ou plus élevées que la sienne. La gamme de
fréquences susceptibles d’être masquées par un son donné est appelée
bande critique. Le masque n’a pas à être présenté simultanément pour
exercer son influence. Il peut être décalé dans le temps, mais son influence
sera plus grande s’il est présenté un peu avant plutôt qu’un peu après le son
susceptible d’être masqué.
On peut noter que lorsqu’on produit un son pur en laboratoire, ce
son risque de ne pas être net au début (onset) et à la fin (offset). Afin de faire
en sorte que les transitions ne soient pas trop abruptes, on peut utiliser une
montée graduelle vers l’intensité à atteindre et une descente graduelle à la
fin du son. On parle ici de l’enveloppe du son. Cette montée et cette
descente peuvent ne durer que quelques millisecondes chacune et le son
sera adouci. Par ailleurs, si le son est présenté à chaque oreille, on parlera
d’une présentation binaurale, par opposition à une présentation monaurale
si le son est envoyé à une seule oreille.
Alors que les sons aigus sont composés de fréquences élevées, les sons graves
sont faits de fréquences basses. Il existe donc une correspondance directe et
étroite entre la tonie et la fréquence. Cependant, la tonie n’est pas parfai-
tement corrélée à la fréquence. L’intensité, par exemple, est susceptible
d’exercer une certaine influence sur la tonie.
Il est difficile de mesurer directement une dimension subjective
comme la tonie. S. S. Stevens (voir chapitre 1) s’est attaqué à ce problème en
se basant sur des réponses d’observateurs et en travaillant autour d’une
nouvelle unité de mesure, définie de façon opérationnelle. Stevens a donc
élaboré la notion de mel, 1000 mels correspondant à la tonie d’un son de
1000 Hz à 40 dB SPL.
Une deuxième dimension subjective à la base de la perception
auditive est appelée la sonie. Cette qualité sonore renvoie essentiellement à
l’intensité sonore, c’est-à-dire à l’impression qu’un son semble être faible ou
fort. Bien entendu, un son de forte amplitude semblera plus fort qu’un son
de faible amplitude, mais cette impression peut varier en fonction de la
fréquence entendue. De même que Stevens a élaboré le mel, il a aussi mis au
point une unité de mesure de la sonie, le sone, qui correspond à la sonie d’un
son de 1000 Hz à 40 dB SPL.
Le fait que la sonie dépend non seulement de l’intensité sonore, mais
aussi de la fréquence a été mis en relief par de nombreuses expériences
psychophysiques qui ont permis d’élaborer des lignes isosoniques (« equal-
loudness contours » en anglais). Ces lignes, appelées phones et rapportées à la
figure 2.3, sont élaborées sur la base d’un son standard de 1 kHz. Si les
fréquences n’exerçaient aucune influence sur la sonie, les lignes seraient
droites. Ce que révèle la figure par exemple, c’est que la sonie d’un son de
100 Hz et 60 dB SPL sera pareille (environ 50 phones) à celle d’un son de
1 kHz et 50 dB SPL. Notons, en terminant, que cette impression sonore
dépend aussi de la durée de présentation du son puisque pour des sons très
courts (< 200 ms), il faut augmenter l’intensité sonore pour créer un son qui
paraisse aussi fort.
Une troisième dimension subjective de l’expérience auditive
intimement liée à la réalité physique est appelée le timbre. Comme nous
l’avons rapporté ci-dessus, deux sons peuvent avoir une même fréquence
fondamentale et une même amplitude, mais ils pourront néanmoins être
différents sur le plan perceptif. Ce qui cause cette différence est leur timbre,
celui-ci relevant de la composition du chaque son. Rappelons que la compo-
sition, ce sont les arrangements d’harmoniques.
30 Psychologie de la perception
Figure 2.3 – Lignes isosoniques, chacune étant exprimée en phones (Fletcher et Munson, 1933).
Figure 2.4 – Schéma général de l’oreille externe, de l’oreille moyenne et de l’oreille interne (on y
voit aussi les canaux semi-circulaires, qui font partie de l’oreille interne, mais qui servent une autre
fonction que l’audition, en l’occurrence le sens de l’équilibre).
de tonie du son. En fait, vous continuerez à entendre le son, même avec les
oreilles bouchées, mais par conduction osseuse. Cela explique pourquoi nous
avons souvent l’impression de ne pas reconnaître notre propre voix lorsque
nous sommes enregistrés. Quand nous parlons, nous sommes habitués à
entendre à la fois les sons qui ont été transmis par l’oreille externe et l’oreille
moyenne, et par conduction osseuse. Le son transmis par conduction osseuse
n’est pas présent quand on entend un enregistrement de sa propre voix.
La cochlée
Mécanismes centraux
Théorie de la fréquence
En fait, nous savons maintenant que l’activité sur une fibre nerveuse
auditive est générée quand, dans un cycle donné, l’onde est à son plus haut
niveau de pression. Il y a donc une synchronisation entre le changement de
pression occasionné par un stimulus et le moment du déclenchement de
l’activité nerveuse. En anglais, ce phénomène est appelé phase locking. Aussi,
un neurone n’a pas à déclencher son activité à chaque cycle, mais lorsqu’il le
fait, cela arrive toujours au même point du cycle. Par ailleurs, ce phénomène
signifie également qu’il y a dans une fibre du nerf auditif un code temporel à
propos d’une onde sonore. En raison de la période réfractaire nécessaire à
chaque fibre du nerf auditif, le codage temporel commence à être un peu
moins fiable pour des fréquences au-delà de 1000 Hz et devient en quelque
sorte inutile avec des fréquences de plus de 5000 Hz.
Figure 2.7 – Tout en haut, schéma de la membrane basilaire (en gris) lorsque la cochlée est dérou-
lée ; en dessous, illustration de l’onde itinérante, c’est-à-dire du point maximum de déplacement en
fonction de la fréquence du son.
Cette explication de von Békésy fondée sur l’idée d’une onde itiné-
rante permet non seulement de comprendre la perception de la tonie, mais
aussi la perception de la sonie. Celle-ci dépend en fait de la magnitude de
40 Psychologie de la perception
l’onde itinérante. Plus grande est l’intensité sonore, plus amples sont les
mouvements sur la membrane basilaire, ce qui résulte en une plus grande
inclinaison des cils et, conséquemment, en une plus grande activité neurale.
Notons en terminant cette section que la théorie basée sur la
fréquence (principe de la volée) et la théorie de l’emplacement (onde itiné-
rante) sont toutes deux acceptées. On reconnaît généralement que pour les
basses fréquences, on utilise un codage fréquentiel et pour les hautes
fréquences, un codage spatial.
à ces sons pour subir des dommages permanents. Il y a donc un fort prix à
payer lorsque nous nous offrons ce merveilleux luxe que d’écouter de la
musique forte, souvent directement à la source à l’aide d’écouteurs !
Si vous vous exposez à des sons d’environ 85 dB, à raison de 8 heures
par jour, il est tout aussi probable que vous affectiez votre audition. On parle
de fatigue auditive, une fatigue qui cause un déplacement du seuil de
détection du son sur une période plus ou moins longue. Les effets sont les
mêmes, par exemple (1) avec une exposition de 4 heures par jour à des bruits
de 88 dB ou (2) avec une exposition de 15 minutes par jour à des bruits de
100 dB. Cependant, une exposition répétée à des sons encore plus forts
risque d’entraîner un déplacement permanent du seuil. Notons d’autre part
qu’une exposition continue à un son assez fort finit au bout de quelques
minutes par sembler moins fort. Il s’agit là de ce que l’on appelle l’adaptation
auditive.
Par ailleurs, les capacités auditives changent avec l’âge. La diminution
de l’audition avec l’âge est appelée presbyacousie. En particulier, en
vieillissant, le seuil de détection de hautes fréquences devient beaucoup plus
élevé. Ce fait est à ce point connu qu’il est possible pour un jeune de recevoir
un signal sonore indiquant l’arrivée d’un message texte sans qu’un adulte
d’un certain âge (un professeur par exemple !) l’entende. Il est improbable
qu’un adulte de plus de 40 ans entende un son de plus de 15 kHz, ou qu’un
adulte de plus de 50 ans entende un son de plus de 12 kHz. Les hautes
fréquences ont même déjà été utilisées pour faire fuir des adolescents bruyants
qui flânaient dans une cour d’école.
Enfin, parmi les troubles assez graves liés de quelque manière à
l’audition, il y a les acouphènes. Ce problème consiste en une impression
qu’il y a un son ou un bruit, et ce, en l’absence de toute stimulation auditive
externe. De causes variées, ce bruit peut ressembler, par exemple, à un
sifflement ou à un bruissement. Il peut être continu ou intermittent et est
habituellement plutôt aigu. Les acouphènes peuvent indiquer la présence
d’un trouble de l’audition, causé par un dommage à la cochlée, par exemple,
ou survenir après un traumatisme sonore ou lors d’une infection.
3
ENTENDRE
43
44 Psychologie de la perception
Notion de stream
1. On pourrait traduire « stream auditif » par fil ou flot auditif, ou encore ligne auditive.
3 – Entendre 45
Figure 3.2 – Impression de galop (à gauche), causé par la proximité dans le temps et en fréquence ;
en éloignant trop, en fréquence, les premier et troisième sons du deuxième, l’impression de galop fait
place à une impression (à droite) qu’il existe deux lignes distinctes.
46 Psychologie de la perception
Figure 3.3 – L’illusion de continuité auditive. Un son avec une interruption silencieuse (a) est perçu
comme étant continu quand l’interruption est remplie par un autre son (b). Cette illusion apparaît
dans des patrons où le son inséré est plus intense que le son discontinu.
Remijn, & ten Hoopen, 2000)2. En fait, le son le plus long qui, lui, est
interrompu semble pour sa part continu. Bref, les sons courts et longs sont
respectivement, sur le plan physique, continus et discontinus, mais sur le
plan perceptif, ils semblent respectivement discontinus et continus.
Il est intéressant de noter ce qui suit à propos de la mutation d’inter-
ruption. Celle-ci peut être créée en utilisant un son synthétique créant la
lettre /a/. Ainsi crée-t-on une situation où un long /a/ et un court /a/ se
croisent, et où le long son est interrompu. Encore une fois, c’est le long son
qui apparaît comme étant continu et le court comme discontinu. Par
contre, la mutation n’a pas lieu si ce sont des voyelles différentes qui se
croisent (Kuroda, Nakajima, Tsunashima, & Yasutake, 2009). Ainsi, si
c’est la voyelle /i/ qui est courte et qui coupe un long /a/, c’est ce dernier
qui sera perçu comme étant interrompu et le /i/ sera perçu comme étant
continu. Autrement dit, il y a concordance entre les stimuli physiques et ce
que l’on perçoit. Il n’y a donc plus de mutation d’interruption. Celle-ci ne
se produit que lorsque les deux sons sont des voyelles identiques ou ont la
même structure spectrale.
Figure 3.4 – Illustration de la mutation d’interruption consiste à attribuer, sur le plan perceptif,
l’interruption au segment plus court plutôt qu’au long comme c’est réellement le cas physiquement
(de Nakajima et coll., 2000).
2. Il est possible de se procurer des démonstrations intéressantes des différents effets acous-
tiques.
Par exemple : Bregman, A. S., & Ahad, P. A. (1996). Demonstrations of auditory scene
analysis :
The perceptual organization of sound [CD]. Cambridge, MA : MIT Press. Par ailleurs, de
nombreux sites Internet rendent accessibles des démonstrations. Parmi d’autres, nous
vous recommandons celui-ci : Nakajima, Y. (2000). Demonstrations of auditory Illusions
and tricks (2nd Ed.) [Internet homepage]. [En ligne] [http ://www.design.kyushuu.ac.
jp/~ynhome/ENG/Demo/illusions2nd.html]
48 Psychologie de la perception
Figure 3.5 – Illustration visuelle de l’illusion auditive de Shepard à l’aide d’une illusion classique,
l’escalier impossible de Penrose.
proviennent les sons et, jusqu’à un certain point, d’avoir une idée de la
distance à laquelle se trouve une source sonore.
Localisation de la direction
marchez sur un trottoir et qu’une moto bruyante, ou une sirène aiguë d’un
camion de pompier passe à côté de vous, ou que vous passez à côté d’un
marteau-piqueur, vous comprendrez que vous avez surtout intérêt à boucher
une oreille plutôt que l’autre pour ne pas trop avoir à endurer le bruit.
En fait, la différence d’intensité à chaque oreille, quand un son arrive
d’un côté plutôt que d’un autre, est attribuable au fait que la tête cause ce
que l’on appelle une ombre partielle. Cette ombre, qui permet d’atténuer un
peu l’intensité du son, est surtout efficace si celui-ci est de hautes fréquences.
Aussi, à défaut d’avoir un pavillon mobile comme l’ont certains animaux,
l’humain a toujours le loisir de faire des mouvements de la tête, de la tourner
dans une direction ou une autre, pour s’aider à localiser le son. On peut ainsi
faire de légères variations des intensités relatives, ou des moments d’arrivée à
chaque oreille, pour localiser la provenance du son.
Si des conditions expérimentales sont créées de telle façon que des
indices basés sur la différence temporelle interaurale indiquent une prove-
nance et que les indices basés sur la différence d’intensité ou le pavillon en
indiquent une autre, ce sont les indices liés à la différence temporelle
interaurale qui aura préséance, à la condition que les sons comportent des
basses fréquences. Sans la présence de basses fréquences, cet indice n’a pas
préséance ; en fait, la direction apparente sera d’abord déterminée par les
indices basés sur la différence d’intensité ou le pavillon (Wightman
et Kistler, 1992). On parle de la fonction de transfert liée à la tête pour
désigner des indices fondés sur la perception binaurale, les différences
d’intensité dans chaque oreille étant beaucoup plus importantes que la
différence temporelle lorsque la source sonore est à proximité, c’est-à-dire à
moins d’un mètre (Brungart, Durlach & Rabinowitz, 1999).
Localisation de la distance
Description technique
Figure 3.6 – Étendue de fréquences couverte par le clavier d’un piano et comparaison avec les voix humaines et certains autres instruments de musi-
que. Les chiffres sous le clavier, qui désignent des notes, sont des valeurs en Hz.
3 – Entendre 55
la durée d’une note (noire, blanche, ronde, croche…). Étant donné l’omni-
présence du temps dans la musique, on ne se surprend pas que des musiciens
soient supérieurs aux non-musiciens pour détecter de minces différentes
temporelles dans des extraits musicaux (Laforest et Grondin, 2004) ou pour
tenir le temps en comptant ou en chantant (Grondin et Killeen, 2009). Par
ailleurs, il ne faut pas confondre rythme et tempo. Ce dernier désigne plutôt
la vitesse à laquelle s’exécute une pièce musicale. Par exemple, quand on
entend les termes italiens allegro ou adagio, on parle du tempo qui est rapide
(allègrement) par opposition à un mouvement lent.
Une série d’éléments très brefs peuvent former un motif (ou
leitmotiv) qui donne une caractéristique à ce que l’on appelle une phrase
musicale. Sur une échelle encore plus globale se dégage une mélodie de la
succession de variations en tonie des différentes notes. Ainsi, une mélodie
n’est pas perçue comme une suite de sons individuels, distincts, mais plutôt
comme un tout cohérent. Cette idée de tout n’est pas sans rappeler qu’il
existe des principes d’organisation du son, comme nous l’avons vu ci-dessus,
et comme nous le verrons au chapitre 6 sur l’organisation de la forme dans le
cadre de l’étude de la vision.
Expérience subjective
Le fait d’aimer ou non certains sons que l’on reconnaît sans peine
comme formant de la musique ne saurait se réduire à l’utilisation de
quelques caractéristiques physiques. Plusieurs facteurs contribuent à l’appré-
ciation subjective de la musique. Parmi ceux-ci, il y a notamment la tradition
musicale et l’habitude. Sur le plan individuel, l’habitude est déterminante,
ce qui n’empêche pas de s’ouvrir à des formes nouvelles de musique. En fait,
l’habitude crée une familiarité qui se révèle parfois déterminante. Il suffit de
constater combien de fois on n’a pas aimé une pièce à la première écoute,
une pièce que l’on a pourtant fini par apprivoiser. Le fait d’être habitué à
une voix ou à un style musical et celui de les reconnaître facilitent l’appré-
ciation. Ce qui paraît mélodieux, pour les uns qui sont habitués, peut
sembler irritant pour les autres qui le sont moins.
On ne peut parler de familiarité et d’appréciation sans parler de la
complexité de la musique. Une pièce complexe, comme l’est souvent la
musique dite classique, peut difficilement être appréciée à la première écoute
sans entraînement à ce style musical. En fait, plus une pièce est complexe,
plus elle risque de prendre du temps (de nombreuses écoutes) avant d’être
appréciée pleinement. En revanche, elle risque d’être appréciée plus
longtemps. Notons enfin que l’appréciation musicale est intimement liée à
56 Psychologie de la perception
Description linguistique
Analyse technique
Tableau 3.1
Les 36 phonèmes de la langue française (tiré du Larousse 2011)
On peut faire une analyse exacte des fréquences qui composent les
sons du langage à l’aide d’un spectrogramme. Le spectrogramme permet de
faire l’analyse, sur une courte période, mais de façon continue, de la contri-
bution de différentes fréquences dans les sons du langage. Sur un tracé
comme celui de la figure 3.7, on voit l’intensité des différentes fréquences
sur l’axe des y, en fonction du temps, sur l’axe des x. Les bandes horizon-
tales foncées sur cette figure sont appelées formants et sont produites lors
de la prononciation de la lettre /a/. Sur la figure, les premiers formants sont
plus bas ; ils correspondent aux fréquences les plus basses.
3 – Entendre 59
Perspectives théoriques
Le fait que des aires du cerveau qui ne font pas partie du cortex
auditif contribuent au traitement du langage peut être interprété comme
un appui à l’idée de la spécificité des mécanismes propres au langage. Non
seulement semblait-il y avoir une certaine spécialisation hémisphérique (à
gauche) du cerveau pour le langage, mais il existe des aires réservées à la
production et à la compréhension du langage. Ainsi, une atteinte à l’aire de
Broca, située dans la partie inférieure du lobe frontal, affecte la capacité de
produire la parole (aphasie de Broca). Une atteinte de l’aire de Wernicke,
dans la partie supérieure du lobe temporal, cause une difficulté de
comprendre le langage. Ainsi, on peut avoir un système auditif intact, c’est-
à-dire ne présenter aucune difficulté à traiter des signaux auditifs non
langagiers, mais présenter quand même des problèmes d’aphasie.
Intermodalité
4. Ce terme vient d’une ballade écossaise, « The Bonnie Earl O’Murray », où « And laid him
on the green » peut sonner comme « And Lady Mondegreen ».
62 Psychologie de la perception
1. L’œil
L’œil, qui est à peu près de forme sphérique et qui a un diamètre de
2 à 2,5 cm, consiste en un ensemble de structures qui permet de transformer
la lumière en un code que le cerveau peut comprendre.
Le globe oculaire
63
64 Psychologie de la perception
Figure 4.2 – Démonstration liée à la présence de la tache aveugle. (1) Il faut fixer le X de la rangée du
haut avec l’œil droit tout en gardant l’œil gauche fermé. Du coin de l’œil, vous devriez être en mesure
de voir le point noir situé sur la même rangée. Ensuite, avec un mouvement du bras qui tient le livre,
il faut varier la distance entre l’œil et le X. À une certaine distance, le point noir visible du coin de l’œil
devrait disparaître, même si un peu plus près ou un peu plus loin, il est possible de le voir. (2) Il faut
répéter la démonstration avec la rangée du bas. Cette fois-ci, en fixant le X, vous devriez, à une cer-
taine distance, percevoir une ligne noire non interrompue ; cette interruption, en blanc, devrait dis-
paraître, le cerveau ayant compensé la perte de vision occasionnée par la présence de la tache aveugle.
Enfin, chaque globe oculaire est pourvu des trois paires de muscles
qui permettent de diriger l’œil dans toutes les directions du champ visuel.
Ces paires ont en fait des rôles antagonistes. Les droits supérieur et inférieur
permettent à l’œil de faire des mouvements de haut en bas et de bas en haut ;
66 Psychologie de la perception
les droits interne et externe rendent possibles les mouvements vers la gauche
ou vers la droite ; et les muscles obliques inférieur (qui est plus petit) et
supérieur (qui est plus grand) sont responsables des mouvements de rotation
externe et interne, respectivement.
La rétine
Figure 4.3 – Couches de cellules au niveau de la rétine (adapté de Dowling et Boycott, 1966, avec la
permission de la Royal Society of London).
Entre ces deux niveaux, les réponses sont de types « on-off ». Pour le
deuxième type de champ récepteur, une stimulation au centre provoque des
réponses « off » et autour de ce centre, des réponses « on ». Autrement dit, les
cellules ganglionnaires sont en mesure de recueillir de l’information sur le
centre de leur champ récepteur et sur la région qui l’entoure.
Figure 4.4 – Illustration des patrons d’activation et d’inhibition sur les cellules ganglionnaires avec
l’arrivée, le maintien et la disparition d’une stimulation lumineuse.
Figure 4.5 – Deux types de champ récepteur circulaires : avec un centre « on » (à gauche) ou avec un
centre « off » (à droite). + = activation ; – = inhibition
70 Psychologie de la perception
Tableau 4.1
Caractéristiques de deux types de cellules ganglionnaires
rapprochée du nez, qui croise au niveau du chiasma optique. Les fibres issues
de la région temporale de la rétine restent du même côté. Or, que les fibres
du nerf optique croisent ou non, il n’y a pas de synapse à la hauteur du
chiasma optique. Aussi, passé le chiasma optique, le nerf optique porte le
nom de bandelette optique.
L’information transportée par chaque bandelette optique provient
donc de chaque œil et est acheminée à l’une des deux structures suivantes, le
corps genouillé latéral (CGL) et les tubercules quadrijumeaux, la majeure
partie de l’information visuelle allant vers le CGL. Les tubercules quadriju-
meaux, qui sont une structure primitive du cerveau, n’ont pas de rôle dans la
détection de la nature exacte des stimuli, mais serviraient à situer la prove-
nance de ceux-ci. Les tubercules quadrijumeaux exercent également un
contrôle sur le mouvement des yeux lorsque ceux-ci doivent être déplacés
pour fixer un objet en périphérie.
Pour leur part, les CGL ont une participation beaucoup plus impor-
tante à l’ensemble de la vision. Comme le nom l’indique, ils sont situés sur
les côtés du cerveau et ont la forme d’un genou fléchi. Chacun des deux
CGL, celui de gauche et celui de droite, a un champ récepteur semblable à
celui des cellules ganglionnaires. Ils possèdent également une organisation
rétinotopique, c’est-à-dire que la représentation sur la rétine est maintenue
au niveau des CGL. Parmi les autres caractéristiques des CGL, notons qu’ils
sont constitués de six couches séparées qui ne reçoivent d’information que
d’un seul œil, ils ont un rôle déterminant dans la perception de la forme et,
davantage que les tubercules quadrijumeaux, ils reçoivent beaucoup d’infor-
mation de la fovéa. Conséquemment, ils entrent en jeu dans la perception de
la couleur.
Le cortex visuel
Tableau 4.2
Noms donnés aux cortex visuels primaire et secondaire
Figure 4.6 – Par rapport au champ récepteur, chaque œil reçoit une information inversée et croisée ;
aussi, ce qui est à la droite d’un point de fixation arrive à l’hémisphère cérébral gauche et ce qui est à la
gauche arrive à l’hémisphère cérébral droit.
76 Psychologie de la perception
Figure 4.7 – Problèmes de réfraction souvent causés par une forme anormale du globe oculaire.
Après être passés par le cristallin (en gris), les rayons lumineux arrivent devant la rétine, dans le cas du
myope ou derrière, dans le cas de l’hypermétrope. Un verre biconcave (pour le myope) ou biconvexe
(pour l’hypermétrope) permet de faire la correction.
du cristallin peut dans certains cas occasionner une perte de la vision. Les
cataractes peuvent être congénitales, ou causées par la maladie (cataracte
secondaire) ou des blessures (cataractes traumatiques). Le plus souvent, les
cataractes sont causées par le vieillissement. Elles touchent 75 % des personnes
de 65 ans et plus, et 95 % des personnes de 85 ans et plus. Il est possible de
corriger à l’aide d’une chirurgie les problèmes causés par les cataractes quand
la baisse de vision devient trop importante.
Certains problèmes de vision sont spécifiquement causés par un
problème à la rétine. Un de ces problèmes est la dégénérescence maculaire
sénile, c’est-à-dire liée à l’âge. Avec un tel problème, une personne voit en
quelque sorte très bien partout, sauf là où elle regarde, c’est-à-dire là où se fait
la mise au point ! Il existe aussi des cas de rétinopathie causée par le diabète.
Les problèmes se développent souvent après plusieurs années de diabète. Les
personnes âgées qui ont longtemps souffert de diabète peuvent avoir de
graves problèmes de vision. Aussi, une mauvaise circulation de l’information
au niveau du nerf optique peut être occasionnée par une intoxication ou une
inflammation. Enfin, la vision peut être perturbée par un déplacement de la
rétine. Par ailleurs, certaines blessures peuvent causer un décollement de la
rétine et altérer parfois la vision périphérique, parfois la vision centrale.
Un autre groupe de problèmes des yeux est le glaucome. Il s’agit d’une
cause fréquente de cécité. Le glaucome est une dégénérescence du nerf
optique parfois causé par une très grande pression à l’intérieur de l’œil. Le
glaucome apparaît généralement chez les personnes de plus de 60 ans.
Notons en terminant qu’il existe de nombreux autres problèmes
susceptibles d’affecter la vision. Parmi ceux-ci, il y a des problèmes attri-
buables à une cause musculaire. C’est le cas du strabisme, qui consiste en
une mauvaise centration de l’image (qui n’arrive pas à la fovéa), et qui
occasionne une vision double. Il est causé par un désordre au niveau des
muscles oculomoteurs, par exemple par la paralysie des muscles d’un des
yeux. Le nystagmus, qui désigne un mouvement continuel des yeux, est un
autre problème d’origine musculaire, attribuable cette fois-ci à la présence de
plaques au niveau des yeux. Enfin, on appelle scotomes les déficits du champ
visuel. Ces déficits peuvent être plus ou moins importants et affecter des
parties précises du champ. Dans de rares cas, ce problème peut être causé par
une lésion du cortex visuel.
5
PERCEPTION DES COULEURS
79
80 Psychologie de la perception
Intensité
Figure 5.1 – Longueur des ondes de la lumière visible dans le spectre électromagnétique.
Figure 5.2 – Les trois dimensions fondamentales à la base des différentes nuances de couleurs. À
gauche, on trouve les différentes tonalités, et à droite, les différents carrés sont d’un vert plus ou moins
brillant et plus ou moins saturé.
84 Psychologie de la perception
Couleurs primaires
(CIE), on définit les trois primaires comme étant le bleu (435,8 nm), le
vert (546,1 nm) et le rouge (700 nm).
Figure 5.3 – Expérience de Newton qui montre que la lumière blanche se décompose dans toutes
les couleurs du spectre.
Additionner vs soustraire
Figure 5.4 – Illustration de la couleur résultant d’un mélange additif (à gauche) ou soustractif (à
droite).
Figure 5.5 – Illustration de ce qui résulte du mélange additif à l’aide du cercle des couleurs. Pour une
paire donnée de points diamétralement opposés, si l’on fournit la même intensité de part et d’autre,
on obtient mélange qui conduit au point milieu, c’est-à-dire du gris ou du blanc.
Figure 5.6 – Théorie du compromis de De Valois et De Valois où la vision des couleurs dépend de
l’activité nerveuse à deux niveaux. (1) Des cônes sont particulièrement sensibles aux ondes courtes,
moyennes et longues. (2) Au niveau suivant, il y a des processus antagonistes (les quatre de gauche)
et non antagonistes (les deux de droite). B = Bleu ; J = Jaune ; V = Vert ; R = Rouge ; N = Noir ; W =
Blanc ; + = Activation ; – = Inhibition ; Ligne continue = Activation ; Ligne pointillée = Inhibition.
Figure 5.7 – Arrangement en noir et blanc – toupie de Benham – qui permet, en tournant rapide-
ment, de créer l’impression qu’il y a de la couleur.
Figure 5.8 – Exemple de contraste simultané où le carré rose du milieu semble moins foncé à gauche
qu’à droite.
5 – Perception des couleurs 93
Figure 5.9 – Est-il possible de transformer le drapeau de la Côte d’Ivoire, ci-dessus, en celui de la
France ? Il suffit de fixer le drapeau ci-dessus durant une minute et de regarder par la suite sur une
surface blanche.
Figure 5.10 – Dispositif nécessaire pour produire l’effet McCollough (voir le texte).
vert, mais ce déficit est très rare. Le bleu pourpre et le jaune vert sont vus
comme du gris.
La troisième grande catégorie est le monochromatisme. Extrêmement
rare, ce problème signifie que la vision se résume en nuances de gris. II est
causé par l’absence de fonctionnement des cônes et conséquemment, on ne
se surprend pas que cela résulte en une diminution d’acuité visuelle.
Il faut noter par ailleurs que des troubles de vision des couleurs
peuvent être causés par une atteinte de l’aire V4 du cortex visuel et non
seulement par un problème lié au fonctionnement des cônes. Enfin, il est
possible de détecter les problèmes de vision des couleurs à l’aide du test
d’Ishihara. Ce test consiste en une série de planches colorées sur lesquelles
apparaissent, à travers un ensemble de points, des nombres ou des dessins.
Les gens atteints de troubles de la vision des couleurs ont de la difficulté,
par exemple, à identifier correctement certains nombres lorsqu’ils sont
présentés dans les couleurs qu’ils ont de la difficulté à percevoir.
6
PERCEPTION DE LA FORME
On pourrait dire que nous vivons dans un monde où nos rétines sont
assaillies de partout. Des milliers de stimulations potentielles dans l’envi-
ronnement immédiat sont susceptibles d’atteindre notre œil. Ces stimula-
tions variées résultent des interactions entre les propriétés des surfaces et
celles des sources lumineuses (intensités et longueurs d’onde). De plus,
notre environnement est parfois fixe, parfois pas ; tantôt, des choses sont en
mouvement et tantôt, c’est nous qui bougeons. Il y a donc constamment
une variété inouïe de stimulations sur la rétine. Pourtant, nous arrivons à
tout instant à extraire de toute cette information quelque chose d’intelli-
gible ; par surcroît, nous y arrivons sans effort. Cette formidable efficacité
est rendue possible grâce à quelques mécanismes de base.
97
98 Psychologie de la perception
Figure 6.1 – Exemples de contours subjectifs. On peut voir un triangle et un carré à gauche, et une
ligne horizontale à droite.
Inhibition latérale
Figure 6.2 – Illustration de l’effet d’inhibition latérale exercée sur une cellule, A, déjà activée par une
source lumineuse, par l’arrivée d’une stimulation lumineuse sur une cellule, B, située à proximité de A.
6 – Perception de la forme 101
Figure 6.3 – Variations de luminance (ligne en noir) et de brillance (ligne en vert) correspondant à
l’image en noir et blanc. Les flèches indiquent les bandes de Mach. C’est un peu plus foncé sous la
flèche de gauche, et un peu plus clair sous la flèche de droite.
Figure 6.4 – Autre illustration des bandes de Mach où une série de stimuli, chacun de luminance uni-
forme, apparaissent plus clairs dans la partie gauche et plus foncés dans la partie droite.
I×T=C
Figure 6.5 – Disque et anneau de l’expérience de Werner (1935). Voir le texte pour les explications.
Distinction figure/fond
sur un mur, il y a une manière de regarder. Notre regard est porté sur l’objet
dominant de notre champ visuel, le tableau ; pour sa part, le champ
avoisinant, le mur, sert de fond. Il existe donc une distinction fondamentale,
la figure par opposition au fond, dans notre manière de regarder. Ces deux
parties du champ comportent leurs propres caractéristiques. Dans une scène
visuelle, le contour semble appartenir à la figure plutôt qu’au fond. La figure
ressemble à quelque chose et semble être plus rapprochée que le fond. Il peut
parfois y avoir une ambiguïté dans la figure, comme à la figure 6.6, qui
pourra se résoudre en fonction de la manière de voir. À la figure 6.6, à droite,
le noir est perçu comme fond et ce sont des losanges blancs qui sont perçus
spontanément. À la figure 6.6, à gauche, les losanges blancs s’imposent
beaucoup moins spontanément. En fait, l’idée que le blanc puisse constituer
le fond s’impose un plus facilement que sur la figure de droite. En consé-
quence, nous percevons beaucoup plus facilement des losanges noirs.
Figure 6.6 – Illustration de la propension à voir, à droite, des losanges blancs sur fond noir alors qu’à
gauche, on peut tantôt voir des losanges noirs sur fond blanc ou des losanges blancs sur fond noir.
mince) est plus facilement perçue comme figure qu’une image plus grande.
Il s’agit de la grosseur relative. Ainsi, à la figure 6.7-b, on perçoit plus
facilement une croix grise qu’une croix blanche à gauche, et l’inverse à
droite. En fait, les croix minces de la figure 6.7-b s’impose encore plus que
les croix de la figure 6.7-a.
Par ailleurs, un facteur très puissant est la symétrie (ou la régularité).
Quand des objets ou des figures sont symétriques, ils ont plus de chances
d’être perçus comme figures. Ainsi, parce que les quatre morceaux noirs de
la figure 6.7-c sont sur un fond de page blanche, on tend à les percevoir
comme figures. Pourtant, il aurait été possible de percevoir une figure
blanche entre les deux morceaux noirs du centre mais en étant très irrégu-
lière, elle n’arrive pas à s’imposer. De plus, les deux morceaux noirs étant
symétriques, ils s’imposent perceptivement, encore plus que ne le font les
deux morceaux noirs les plus à droite.
Quand une image se trouve à l’intérieur d’une autre, elle risque
aussi d’être reconnue comme figure plutôt que comme fond. Ce facteur est
appelé inclusion (on parle parfois de surroundedness, en anglais). Ainsi, le
carré au milieu de la figure 6.7-d, à gauche, n’agit pas comme fond mais
fait partie d’une figure complexe entourée d’un cercle. Pourtant, des
portions du cercle auraient pu faire partie de la figure si ce qui s’était
imposé perceptivement avait été des éléments comme ceux de la portion de
droite de la figure 6.7-d.
Notons qu’il existe différents autres facteurs objectifs susceptibles de
contribuer à la distinction figure/fond. Par exemple, les motifs à l’intérieur
d’une image peuvent être déterminants pour percevoir une figure ; ce
facteur est appelé l’articulation interne. Aussi, différents facteurs subjectifs
sont également susceptibles d’influencer cette distinction. Parmi ces
facteurs, il y a l’expérience antérieure de la personne qui perçoit de même
que ce vers quoi l’attention est portée. Que des traits individuels exercent
une influence sur ce qui est tiré d’une scène visuelle donnée ne surprendra
guère les psychologues cliniciens qui utilisent des tests projectifs.
108 Psychologie de la perception
Groupement perceptif
crivent dans une continuité les uns par rapport aux autres, tendent à être
perçus comme s’ils formaient une unité. Ce qui est perçu à la figure 6.8-c, ce
sont deux lignes qui se croisent, plutôt que les deux éléments illustrés tout
juste à la droite de ces lignes.
Plus récemment, dans ce que l’on pourrait appeler une Gestalt
moderne, d’autres principes d’organisation perceptive ont été dévoilés. Ces
autres principes sont très puissants. Le premier est celui de la connexité
(connectedness, en anglais). Le fait de connecter des éléments ensemble,
comme on le fait à la figure 6.8-d, fait en sorte que les autres principes
n’arrivent pas s’imposer. De même, les éléments faisant partie d’une même
région sont perçus comme étant ensemble. On parle ici du principe de région
commune, illustré à la figure 6.8-e.
Par ailleurs, il existe d’autres lois de la Gestalt. Par exemple, la loi de
la fermeture selon laquelle le système visuel tend à percevoir une figure
comme étant fermée, qu’elle le soit complètement ou en partie ; si elle n’est
pas complètement fermée, le système se charge de le faire (voir les contours
subjectifs, figure 6.1). Aussi, plus une forme est régulière ou symétrique,
plus elle s’impose au système perceptif. Il s’agit de la loi de la prégnance,
aussi appelée loi de la bonne forme (et parfois de la symétrie). Enfin, un
autre facteur très puissant qui organise la manière de voir est lié au fait que
certains éléments bougent. S’ils bougent dans la même direction, on les
perçoit comme étant groupés ensemble. Il s’agit ici de la loi du sort (ou
destin) commun (ou loi du mouvement commun).
Figure 6.8 – Illustrations des lois de la Gestalt : a) proximité ; b) similarité ; c) bonne continuité ;
d) connexité ; e) région commune.
110 Psychologie de la perception
Concepts de base
Figure 6.9 – La fréquence spatiale est beaucoup plus élevée en C qu’en A ou B, mais ces deux der
nières diffèrent en raison du contraste qui est plus élevé en B qu’en A.
Figure 6.10 – Les grillages de la colonne de gauche diffèrent en raison de leur phase tandis que ceux
de la colonne de droite diffèrent en raison de leur orientation.
112 Psychologie de la perception
Dans la vie de tous les jours, les scènes visuelles sont rarement aussi
simples, ou aussi bien découpées, que celles décrites dans les figures 6.9 et
6.10. La figure 6.11-E par exemple est plus complexe. Pourtant, elle contient
une série d’éléments plus simples. En utilisant une procédure mathématique
appelée analyse de Fourier, il est possible de décomposer une scène complexe
sur la base d’éléments plus simples, en l’occurrence une série d’ondes sinusoï-
dales. Les grillages 6.11-A et 6.11-B permettent de former le grillage 6.11-D.
Si l’on ajoute le grillage 6.11-C à 6.11-A et 6.11-B (ou à 6.11-D), on obtient
la figure complexe rapportée en 6.11-E. Notez que la fréquence spatiale en
6.11-C est beaucoup plus élevée que celle en 6.11-B, qui est elle-même
beaucoup plus que celle en 6.11-A.
Figure 6.11 – Le grillage en E est complexe, mais est constitué en fin de compte du mélange des
grillages A, B et C, le grillage D résultant du mélange de A et B.
Figure 6.12 – Image en blocs d’Abraham Lincoln, floue de près, mais plus claire en s’éloignant (de
Harmon et Julesz, 1973, avec la permission de l’American Association for Advancement of Science).
Exemplaires ou caractéristiques ?
sont détectés et les grands traits de l’image sont tirés. On peut comparer
cette étape à celle de l’ébauche au crayon d’un artiste peintre. Vient ensuite
une représentation en 2,5D où les caractéristiques sont plutôt organisées
en fonction de l’orientation, de la profondeur, des ombres ou de la texture.
À cette étape, l’objet n’est pas encore un tout structuré. Toute l’information
tridimensionnelle n’est pas pleinement saisie. À ce point du traitement,
l’esquisse dépend du point de vue de l’observateur et du coup, un
changement de perspective pourrait empêcher la reconnaissance. La
troisième étape est celle du modèle en 3D. Il est centré sur l’objet plutôt
que sur le point de vue de l’observateur. Les surfaces sont structurées en
composantes volumétriques.
Un modèle structurel
Figure 6.14 – Quelques exemples de géons, structures de base du modèle de reconnaissance par
composantes de Biederman (1987).
6 – Perception de la forme 119
Les agnosies
121
122 Psychologie de la perception
Indices binoculaires
Le fait d’avoir deux yeux, et d’avoir une certaine distance entre eux,
permet d’avoir une meilleure perspective sur ce qui se passe dans notre
environnement. Il est possible de percevoir la profondeur avec un seul œil,
mais certains indices requièrent le fonctionnement conjoint des deux yeux.
Ces indices, appelés binoculaires, sont très puissants, car ils ajoutent de la
précision à notre appréciation de la troisième dimension.
La convergence binoculaire
La disparité rétinienne
Indices monoculaires
on connaît assez bien la taille normale d’une carte. Si l’on n’est pas dans des
conditions particulières comme celles qui causent des illusions optico-
géométriques (voir ci-dessous), on peut miser sur la combinaison de cette
connaissance et de la grandeur rétinienne pour estimer la taille. On appelle
cet indice la grandeur familière. Ainsi, si l’on regarde une pièce qui
ressemble à une pièce de deux dollars canadiens (ours polaire), et si on le
fait dans un environnement où d’autres indices de perception de la
profondeur ne sont pas disponibles, on posera l’hypothèse que la taille de
cette pièce est normale pour estimer à quelle distance elle se trouve. S’il
devait arriver que cette pièce soit en fait de plus petite taille (parce qu’un
ami joue un tour ou qu’un chercheur en psychologie de la perception
étudie les mécanismes de la perception de la profondeur), l’on serait induit
en erreur et l’estimation de la distance serait erronée.
Un indice de perception de la profondeur puissant et très exploité
dans le domaine du dessin est appelé perspective linéaire. Lorsque deux
lignes comme celles représentées à la figure 7.1 convergent vers un point de
fuite, elles donnent une impression de profondeur. Les points les plus
rapprochés les uns des autres semblent les plus éloignés de l’observateur.
Plus la partie de l’image est éloignée, plus petite est la distance entre chaque
ligne occupée sur la rétine. Ce que nous voyons dans le monde réel en trois
dimensions peut ainsi être transposé sur une image en deux dimensions en
jouant sur la distance entre les objets dessinés et sur leur taille.
126 Psychologie de la perception
Figure 7.1 – Bien que les rails soient parallèles, la distance entre eux semblent s’amenuiser en allant
du bas de l’image vers le milieu, ce qui induit une forte impression de profondeur. Il s’agit ici d’un
exemple de la perspective linéaire.
Figure 7.2 – Lorsque des gradients de texture sont uniformes, comme sur la gauche, aucune impres-
sion de profondeur n’est créée ; par contre, la compression des points et leur taille hétérogène, sur la
droite, donnent une impression de profondeur.
Figure 7.3 – Si l’on ne voit que les deux cartes de gauche, on peut facilement s’imaginer qu’il s’agit
de cartes de même taille, le 5 de cœur étant plus éloigné que le 3 de trèfle. Il n’est pas possible d’en
arriver à la même conclusion avec les cartes de droite en raison du recouvrement. Parce que le 5 de
cœur recouvre une partie du 3 de trèfle, le 5 de cœur doit nécessaire se trouver en avant de l’autre
carte (c’est-à-dire être plus près) ; du coup, il n’est pas possible de croire que ces cartes sont de la
même taille.
Figure 7.4 – La hauteur relative est un indice très fort de perception de la distance. Lorsqu’on regarde
les choses au sol, plus elles se trouvent haut dans le champ visuel, plus elles sont loin. On comprend
sans difficulté que C est plus éloigné que B qui est plus éloigné que A. Lorsqu’on regarde le ciel, la
hauteur est aussi un indice mais cette fois-ci, plus un objet se trouve en hauteur dans le champ visuel,
plus il est rapproché. Ainsi, le nuage D est plus éloigné que le nuage E, qui est lui-même plus éloigné
que le nuage F.
7 – Perception de la profondeur 129
Figure 7.5 – Impressions de profondeur (concave versus convexe) créées par un jeu d’ombres. Les
images de gauche et de droite sont identiques mais ont subi une rotation de 180 degrés.
Tableau 1
Résumé et classification des indices de perception de la profondeur
dire que des indices puissent conduire à une certaine réversibilité. C’est le cas
du cube de Necker (figure 7.6) où, selon que l’on considère que la surface 1
recouvre la surface 2, ou que la surface 2 recouvre la surface 1, la surface 1
sera vue comme étant au premier plan ou en arrière-plan. De même, l’utili-
sation en peinture de certains effets de recouvrement peut conduire à la
construction de jolies scènes qui semblent réelles, mais qui ne pourraient
d’aucune manière être observées dans la nature. L’artiste néerlandais Maurits
Cornelis Escher est passé maître dans l’élaboration de scènes mettant en jeu
ce genre de tromperie. Pour voir certaines œuvres de l’artiste, il suffit de
taper son nom sur un moteur de recherche d’Internet. De même, en tapant
« trompe-l’œil » sur Internet, on a accès à de nombreuses autres illustrations
qui permettent de constater combien une juste utilisation des indices de
perception de la profondeur par des artistes peintres permet de créer de
puissantes impressions, parfois vertigineuses, d’une troisième dimension.
Nous reviendrons plus loin sur certaines impressions particulières, les
illusions, causées par une utilisation particulière des indices de perception de
la profondeur.
Figure 7.6 – Le cube de Necker, à gauche, peut être vu comme celui du centre ou celui de droite.
Types de constance
Interprétations et investigations
Figure 7.7 – Schéma de la situation expérimentale élaborée par Holway et Boring (1941). Dc =
Distance du stimulus de comparaison (10 pieds ~ 3 m) ; Ds = Distance du stimulus standard (de 10
à 120 pieds ~ de 3 à 36 m) ; O = observateur.
Figure 7.8 – Résultats de l’expérience de Holway et Boring (1941 – voir leur figure 22) où sont
regroupées les quatre conditions expérimentales : (1) vision binoculaire ; (2) vision monoculaire ; (3)
vision monoculaire avec pupille artificielle et (4) vision monoculaire avec pupille artificielle et indices
réduits. Les lignes pointillées désignent les résultats attendus dans les cas d’une constance perceptive
parfaite (diagonale) et d’une constance perceptive nulle (pente nulle). (1 pouce ~ 2,54 cm ; 1 pied ~
30 cm).
Gibson adopte donc une position dite écologique où seules les situa-
tions naturelles permettent de réellement comprendre le système visuel.
Dans cette psychologie gibsonienne, l’environnement nous fournit non
seulement spontanément des stimulations physiques précises, mais aussi une
information quant à la fonction de ce qui est observé (quand il s’agit d’un
objet par exemple). Voir une chaise active aussi dans le cerveau de l’obser-
vateur ce à quoi sert une chaise, s’asseoir. Dans la terminologie gibsonienne,
cette idée que percevoir est indissociable de la fonction est appelée affordance
(c’est-à-dire, ce que nous fournit ce qui est observé).
Variété d’illusions
Il existe bien entendu des effets visuels très forts comme ceux causés
par les contours subjectifs décrits au chapitre précédent. En plus de ces effets,
il y a quelques centaines d’illusions qu’un lecteur intéressé peut découvrir en
consultant des ouvrages plus anciens (Coren et Girgus, 1978 ; Shepard,
1990) ou simplement en allant sur certains sites accessibles par Internet.
Nous ne nous attarderons ici qu’à présenter les plus classiques ou certaines
des plus spectaculaires. Plusieurs de ces illusions ont été dévoilées au
XIXe siècle et portent le nom de la personne qui les a fait connaître.
La classification de ces illusions en nombre restreint de catégories
demeure un exercice difficile à faire (Coren, Girgus, Ehrlichman et
Hakstian, 1976). Certaines classifications comme celle de Gregory (1997)
peuvent en fait comporter de nombreuses nuances. Celle de Piaget est plus
simple. Bien qu’il soit davantage reconnu pour ses travaux sur le dévelop-
pement de l’intelligence, Jean Piaget s’est penché en profondeur sur le rôle
de la perception dans la connaissance. Certains de ses travaux, notamment
regroupés dans un ouvrage intitulé Les mécanismes perceptifs (Piaget, 1961),
portent en particulier sur les illusions et sur les variations de leur ampleur
avec l’âge. Inspiré par Alfred Binet, qui distingue les illusions optico-géomé-
triques innées et acquises, Piaget parle plutôt d’illusions primaires et
d’illusions secondaires. Une illusion primaire, aussi appelée effet de champ, a
pour propriété fondamentale de ne pas varier qualitativement avec l’âge.
Cependant, l’aspect quantitatif, c’est-à-dire la force d’une illusion de ce type,
variera avec l’âge. Aussi, Piaget ne va pas jusqu’à dire comme Binet qu’il
138 Psychologie de la perception
s’agit d’un effet inné. Les illusions secondaires sont plutôt celles découlant
d’activités perceptives. Ces activités provoquent une diminution de certaines
illusions primaires et l’apparition de nouvelles illusions.
La figure 7.9 permet de faire connaissance avec les illusions basées sur
des effets d’angle. Cette catégorie d’illusions est très puissante. On compte
parmi celles-ci la spectaculaire illusion de Sanders où les barres obliques
traversant un des parallélogrammes sont étonnamment de la même
longueur. Parmi les autres illusions de ce type, il y a celles de Zöllner,
d’Hering et de Poggendorff.
Figure 7.9 – Dans l’illusion de Sanders (en haut à gauche), les barres obliques traversant un des
parallélogrammes sont de même longueur ; dans l’illusion de Poggendorff (en bas à gauche), on a
l’impression que, des deux segments à la droite du rectangle gris, c’est celui du haut qui est en conti-
nuité avec celui qui se trouve à la gauche du rectangle ; dans l’illusion de Zöllner (en haut à droite),
les lignes verticales sont parallèles ; de même, dans l’illusion d’Hering (en bas à droite), les lignes
horizontales sont parallèles.
Figure 7.10 – Illusion de Müller-Lyer (à gauche), où la ligne horizontale du bas semble plus longue
que celle du haut ; les lettres sur l’illustration de droite servent une explication donnée dans le texte.
Figure 7.11 – Ces armoires comportent des indices qui rappellent l’illusion de Müller-Lyer. Les deux
longues lignes verticales noires paraissent d’égale longueur. Pourtant, celle de droite est plus courte
d’environ 15 %. Les deux lignes verticales ne sont pas placées dans le même contexte. Même en inté-
grant les parties en bois juste en-dessous et juste au-dessus de cette ligne de droite, celle-ci demeure
plus courte que la ligne noire de gauche.
140 Psychologie de la perception
Figure 7.13 – Effet créé lorsque deux personnes se trouvent dans une chambre d’Ames (photo du
dessus). En dessous, une vue en plongée de cette chambre. Si l’observateur (point noir) croit que la
personne 2 se trouve à la position 3, c’est-à-dire à une même distance que la personne 1, comme le
laissent croire les indices de profondeur de cette chambre, alors il croira que la personne 2 est beau-
coup plus petite, car la grandeur rétinienne de cette dernière est beaucoup plus petite que celle de la
personne 1.
142 Psychologie de la perception
Figure 7.14 – Illustration des illusions de Delboeuf (en haut) et de Titchener (en bas).
Figure 7.15 – Illustrations de l’illusion de la verticale. Le chapeau de magicien (à gauche) est-il plus
large que haut, ou plus haut que large ? Cela semble-t-il à peu près d’égale longueur ? Il faut le mesu-
rer ! À droite, les lignes horizontale et verticale ont-elles la même longueur ?
L’illusion de la lune
Figure 7.16 – Si l’on demande à des observateurs de montrer le point milieu entre l’horizon et le
zénith, ils ne montrent pas le point B (un angle de 45 degrés, indiqué avec le chiffre 1 sur la figure) ;
ils pointent plutôt vers le point D (angle 2). Le point B est le point milieu entre A et C, C (le gros
point blanc) étant là où se situe réellement la lune ; et D est le point milieu entre A et E, E (le petit
point noir) étant là où l’observateur croit que la lune se trouve). Pour un observateur, montrer le
point milieu correspond à viser le point D si l’on pose l’hypothèse qu’il perçoit la voûte céleste comme
étant aplatie. La lune est donc jugée plus rapprochée (E) lorsqu’elle est au zénith que lorsqu’elle est à
l’horizon (le gros point noir) (Kaufman et Rock, 1962).
Bref, la lune serait perçue comme étant plus grosse à l’horizon qu’au
zénith, car le cerveau la croirait plus éloignée à l’horizon. Cette explication
n’a de sens que si l’on comprend bien l’idée de constance perceptive, c’est-
à-dire le principe stipulant que la distance perçue et la grandeur projective
sont intimement liées lors de l’estimation de la taille des objets. De plus
nombreuses explications et descriptions relativement à l’illusion de la lune
se trouvent chez Hersherson (1989) ou Ross et Plug (2002).
L’impression que les repères contribuent à l’impression de distance a mené
à une règle de base de la sécurité aquatique. Si vous chavirez d’une embar-
cation après vous être considérablement éloigné de la rive sur un lac, il faut
faire attention avant de décider de retourner à la nage plutôt que de
chercher à s’agripper à l’embarcation. Parce que sur l’eau il n’y a généra-
lement pas de repères (parfois une île, parfois d’autres embarcations), vous
pourriez avoir l’impression trompeuse d’être toujours près de la terre. Une
évaluation inadéquate de la distance pourrait provoquer un épuisement
avant d’avoir regagné la rive.
8
PERCEPTION ET ATTENTION
147
148 Psychologie de la perception
nombreuses. Bien que l’étude des mécanismes d’attention fondée sur des
approches neuroscientifiques s’est grandement accrue depuis 30 ans (voir
Gazzaniga, Ivry et Mangun, 2009), le présent chapitre ne visera qu’à faire
un survol des principaux concepts liés à l’étude de l’attention que
fournissent les études comportementales provenant de la psychologie
cognitive depuis près de 60 ans.
Cécités
Préparation spatiale
Préparation temporelle
Figure 8.1 – Résultats de Posner et Cohen (1984) pour démontrer l’effet consécutif d’inhibition
(inhibition-of-return) ; points noirs : cible avec indice ; points blancs : cible sans indice.
8.3 Sélectivité
Puisqu’une multitude de stimuli de l’environnement atteignent
constamment nos récepteurs sensoriels, il y a là présente, à notre portée,
une multitude de renseignements. Ce qui est amené à la conscience dépend
de ce vers quoi l’attention est portée. Il n’est pas possible de tout entendre
ou de tout voir en même temps. Il faut en quelque sorte choisir et ce choix
s’opère grâce à la sélectivité attentionnelle. Il est possible de faire la mise au
point sur une source spécifique d’information. Par exemple, tous les
étudiants savent que l’on peut très bien avoir l’air d’écouter en classe mais
être en fait en train de regarder du coin l’œil (de diriger son attention vers)
une autre personne de la classe ! De même, ce n’est pas parce que la
personne en face de vous vous regarde dans les yeux lors d’un souper au
restaurant qu’elle n’est pas en train de suivre la conversation de la table
voisine ! Dans les paragraphes suivants, nous décrirons comment se fait
l’étude de la sélectivité dans les modalités sensorielles visuelle et auditive.
154 Psychologie de la perception
Sélectivité visuelle
Sélectivité auditive
n’est imposée (pour l’oreille gauche ou pour l’oreille droite), les partici-
pants rapporteront des informations des deux oreilles, non pas dans l’ordre
chronologique dans lequel les chiffres sont arrivés, mais oreille par oreille.
Ce genre de travaux amène à poser la question à savoir à quel niveau
agit l’attention dans la séquence de traitement de l’information. Broadbent
(1958) a émis l’idée qu’il existe un filtre attentionnel, une espèce de goulot
qui ne peut laisser passer qu’une quantité limitée d’information. En fait,
selon ce chercheur, un système central de traitement de l’information est
chargé de recevoir l’information des différents canaux sensoriels pour
éventuellement déterminer leur signification sur la base de ce qui est
entreposé en mémoire. Le filtre servirait à éviter une surcharge de travail à
ce système central en ne laissant entrer que les stimuli ayant certaines
caractéristiques. Le filtre ne permet pas d’aller d’un canal sensoriel à l’autre.
Si c’était le cas, il deviendrait possible d’écouter plus d’une conversation à
la fois. La sélectivité s’opérerait donc rapidement, c’est-à-dire au niveau des
caractéristiques acoustiques. Ainsi, la sélection de l’information aurait lieu
à un bas niveau, avant qu’une analyse sémantique ne soit faite.
À la suite des travaux de Broadbent, des études comme celle de
Gray et Wedderburn (1960) ont montré que le filtre attentionnel opérerait
plutôt une sélection tardive. Dans cette étude, on fait entendre simulta-
nément à chaque oreille, par exemple, des messages comme les suivants :
arrive à une oreille spécifiquement. Ces résultats appuient l’idée d’un filtre
tardif (voir Deutsch et Deutsch, 1963) ou, dans les termes de Treisman
(1960), l’idée qu’il s’agirait d’un atténuateur plutôt que d’un filtre.
Plutôt que de chercher où se situe le filtre ou l’atténuateur dans la
séquence de traitement de l’information, les théoriciens du domaine de
l’attention ont éventuellement mis l’accent sur une distinction entre processus
automatiques et processus d’attention contrôlée (Johnston et Dark, 1986).
De façon plus générale, cette approche montre une préoccupation pour les
capacités attentionnelles, c’est-à-dire pour la distribution des ressources atten-
tionnelles dans différentes tâches. Cette approche dépasse le cadre du présent
ouvrage qui porte sur la perception. Les ressources en attention étant limitées,
les chercheurs dans ce domaine d’étude désirent connaître la charge mentale
de différentes tâches cognitives, jusqu’à quel point ces dernières sollicitent ou
non les mêmes ressources et comment des tâches peuvent s’automatiser. À
une époque où l’on cherche à gagner du temps au point d’utiliser le téléphone
cellulaire durant la conduite automobile, on comprend l’importance de bien
connaître les charges attentionnelles imposées par les tâches (Strayer et
Johnston, 2001).
Afin d’avoir rapidement une idée de ce à quoi peut ressembler une
activation automatique d’un processus, il suffit de s’exposer à l’effet Stroop
(Stroop, 1935 ; MacLeod, 1991). Cet effet apparaît lorsqu’on essaie de
nommer la couleur avec laquelle est écrit chacun des mots d’une série de mots
désignant justement une couleur. Il est très difficile de faire abstraction de la
signification du mot (la couleur désignée par la lecture) lorsqu’on cherche à
nommer la couleur avec laquelle un mot donné est écrit. La lecture n’est pas
une exigence de la tâche, mais elle s’impose automatiquement et cause ainsi
une interférence. Pour vous en convaincre, utilisez la figure 8.2. Essayez de
voir combien de temps il vous faut pour nommer chaque couleur dans la
série du bas (couleurs sans lettres). Ensuite, essayez de voir combien de temps
il vous faut pour nommer chaque couleur dans la série du haut (mots). Il
devrait y avoir une différence de plusieurs secondes. Vous pouvez aussi essayer
de simplement lire chaque mot dans la série de mots. Encore une fois, vous
constaterez que ça prend beaucoup moins de temps pour lire que pour
nommer les couleurs de cette même série.
8 – Perception et attention 159
Figure 8.2 – Exemple d’un effet Stroop. Nommez la couleur (en bas) de chacun des 20 rectangles
(5 rangées de 4 couleurs) prend beaucoup moins de temps que de nommer la couleur (en haut) dans
laquelle est écrit chacun des mots. Cette démonstration illustre un effet d’interférence causé par
l’activation automatique de la lecture des mots.
Figure 8.4 – Si l’on cherche un Z dans l’ensemble de stimuli en bas, à gauche, la taille de l’ensemble
visuel est sans importance ; par contre, si l’on cherche un O dans l’ensemble de stimuli en bas, à
droite, la taille de l’ensemble visuel devient importante. Dans le premier cas, le Z émerge spontané-
ment (pop-out).
165
166 Psychologie de la perception
Figure A.1 – Sur cette courbe ROC (Receiver Operating Characteristics), la sensibilité (d') est la même
partout. C désigne un observateur conservateur et A un observateur audacieux. C et A auraient donc
différents critères décisionnels (ß).
Bref, pour atteindre une DJP, le stimulus dans cet exemple doit
avoir une valeur de 13. La prochaine DJP survient lorsque l’intensité est de
16,9. Rapportées sous forme graphique, ces valeurs montrent que la
relation entre les DJP, sur l’axe des y, et la valeur des stimuli, croît de façon
logarithmique (figure B.1, en haut). Si c’est plutôt la valeur logarithmique
167
168 Psychologie de la perception
des stimuli qui est utilisée sur l’axe des x, la relation devient linéaire
(figure B.2, en bas).
Figure B.1 – Relation entre la valeur d’une « différence juste perceptible » (DJP) et l’intensité des
stimuli sur une échelle linéaire (en haut) et sur une échelle logarithmique (en bas).
Appendices 169
DJP = K log f
1. Les nerfs
Les neurones sont les unités fondamentales du système nerveux, car
ils permettent de faire circuler l’influx nerveux, donc de transmettre l’infor-
mation à travers le corps. Les nerfs sont des regroupements d’axones dans
le système nerveux périphérique, un axone étant la partie du neurone
constituant le prolongement du corps cellulaire jusqu’à de nombreuses
ramifications.
La transmission de l’influx nerveux des récepteurs à la moelle
épinière se fait par la voie des nerfs. Le système nerveux périphérique est
notamment composé de 12 paires de nerfs crâniens et de 31 paires de nerfs
rachidiens. Les nerfs crâniens, que l’on désigne par les chiffres I à XII,
portent aussi un nom qui renseigne sur leur fonction. Certains nerfs sont
strictement efférents, d’autres strictement afférents, et d’autres, comme le
171
172 Psychologie de la perception
Le cortex cérébral
Tableau C.1
Divisions du système nerveux central et divers termes qui y sont associés
Tableau C.2.
Voies centrales de transmission de diverses informations sensorielles
179
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