Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1Faculté
des Sciences économiques et de Gestion de l’Université de Kinshasa en République
Démocratique du Congo.
2Doctorant à la faculté des Sciences et technologies de l’Université de Kinshasa en République
Démocratique du Congo.
Auteur Correspondant : HOLENU Mangenda Holy, Université de Kinshasa , Faculté des
Sciences et technologies/ République Démocratique du Congo
Holyholenu@gmail.com
RÉSUMÉ
Les rues, les quartiers et des espaces publics à Kinshasa sont couverts des déchets de diverses
natures. La problématique de la gestion des déchets ménagers est l’un des problèmes majeur et
récurrent qui gangrène la ville de Kinshasa. Il s’avère, dès lors important, de mettre en place
une approche stratégique de la gestion des déchets qui doit intégrer tous les acteurs afin que
des solutions adéquates soient trouvées. Par conséquent, nous proposons une solution à deux
niveaux, en se basant sur les travaux de l’épistémologie et de l’apprentissage de Papert; à
savoir : niveau individuel ou local et au niveau étatique, collectif ou institutionnel. En même
temps, nous proposons trois piliers stratégiques à la résolution du problème de la gestion des
déchets ménagers à Kinshasa.
Mots-clés : Kinshasa, Ville, Environnement, Déchets, Ordures, immondices, Insalubrité,
Pollution, Gestion, Modèle.
ABSTRACT
The streets, neighborhoods and public spaces in Kinshasa are covered with waste of various
kinds. The problem of household waste of management is one of the major and recurring
problems plaguing the city of Kinshasa. It is trerefore important to implement a strategic
approch to waste management which must integrate all stakeholders so that adequate
solutions are found. Therefore, we propose a two-new solution, bassed on the work of Papert’s
epistemology and learning ; namely : individual or local level and at state, collective or
institutional level. At the same time, we propose three strategic pillars to resolve the problem
of household waste management in Kinshasa.
La ville de Kinshasa est l’une des plus grandes agglomérations de l’Afrique sub-
saharienne. Elle compte à ce jour plus de 15 million d’habitants. Cet accroissement de
la population s’accompagne des problèmes de divers ordres, entre autre celui de
l’insalubrité suite à une mauvaise gestion des déchets.
La gestion des déchets ou des ordures ménagères, est devenue aujourd’hui, un
problème de société auquel nous devons faire face au jour le jour. La gestion des
déchets, devient dès lors, l’une des préoccupations majeures de notre ère dans ce
sens que, pour espérer vivre dans une ville propre et de manière seine, nous devons,
pas à pas, faire face à cette épineuse question de la gestion des déchets ménagers.
Certes, la conjugaison de la croissance d’une population de plus en plus nombreuse,
à une insuffisance des structures appropriées dans le processus de la gestion des
déchets ménagers, laisse la communauté kinoise à la merci des ordures de toutes
sortes. C’est dans cette logique que l’observe à ces jours les déchets, généralement
d’origine ménagère, pullulant à travers toute la ville de Kinshasa. Cette situation,
sans doute, trouble la quiétude de la population qui se trouve obligé à vivre dans un
environnement impropre. Mais il reste à savoir, à quel niveau se situerait le vrai
problème, sinon, ce qu’il faut faire en amont et en aval pour résorber ce problème de
l’insalubrité à Kinshasa.
La production des déchets étant une activité aussi vielle que l’humanité elle-même,
devient dangereuse lorsque les déchets générés par celle-ci nuisent à la santé ou
mettent en péril l’existence de tous les organismes vivants sur terre. Ces déchets
peuvent être solides, liquides, etc.
Retenons que, « La ville de Kinshasa produit 3 millions de tonnes des déchets solides
par an soit près de 8 200 par jour. La production journalière par habitant, selon la
commune de résidence, est évaluée entre 350g et 750 g ». Dans la même optique, Lelo
pense que « la production de déchets municipaux de la ville de Kinshasa, a été
estimée en 2016 à 2 millions de tonnes par an (Lelo, 2008), soit 5 600 tonnes par jour,
pour une population estimée à plus de 12 millions d’habitants ». Tandis que « la
Régie d’assainissement de Kinshasa a affirmé, le 14 novembre 2018, que la ville de
Kinshasa produit 90 000 tonnes de déchets par jour, dont seulement 20 000 tonnes
étaient dégagées au quotidien, faute de moyens ».
Au regard des statistiques sus évoqués, tout porte à croire que la ville de Kinshasa
est très productrice des déchets. Mais en même temps la difficulté de l’élimination de
ces déchets est visible car, il s’observe aujourd’hui des immondices, quasiment, dans
tous les coins et recoins de la ville de Kinshasa.
A cet effet, plusieurs études mentionnent qu’il faut plus de sensibilisation et plus
d’implication de la population dans le processus de la gestion durable des déchets
pour remédier au problème de l’insalubrité à Kinshasa.
~3~
Tout en étant d’accord avec ces approchent, cet article s'interroge sur ce que pourra
être la cause profonde, susceptible de servir d’élément explicatif de la persistance de
l’insalubrité à Kinshasa en dépit des multiples programmes de lutte contre celle-ci.
Répondre à cette préoccupation de notre étude nécessite de démontrer que la
sensibilisation et l’implication ne suffisent pas. Mais il faut plutôt il faut mettre
l’accent sur la formation et la conscientisation de la population Kinoise sur le bien
fondé du respect de biens publics mais aussi il faut réunir les conditions de
l’émergence d’une chaine de valeur du domaine dans le domaine de la gestion des
déchets ménagers.
Car, il est connu de tous que, les déchets sont inévitablement, présent dans le
quotidien du Congolais en général et du Kinois en particulier. D’où la nécessité de la
mise d’une approche globale dans la gestion des déchets qui devait s’organiser, dans
sa chaine de valeur, depuis la production des déchets à la réutilisation ou la
revalorisation desdits déchets.
Pour ce faire, l’atteinte des résultats escomptés nous a permis de faire recourt à une
observation systématique d’un échantillon de 250 ménages dont la taille moyenne
était de 6 individus. En suite, par l’induction, nous tentons d’apporter une réponse
adéquate à la question de la gestion des déchets dans la ville de Kinshasa
conformément à la mathétique de Papert.
La question relative aux déchets en RDC semble n’est pas être prioritaire car il
n’existe aucune réglementation allant dans ce sens. Les autorités de quelques grandes
agglomérations, telle que la ville de Kinshasa, prennent des initiatives de « Salongo »
pour rendre la ville propre.
~5~
A la suite d’une enquête menée sur 250 ménages dans la ville de Kinshasa, nous
avons voulu établir une relation entre le niveau de revenu et la production des
déchets. Tel que le montre le tableau ci-dessous.
La problématique d’une gestion efficace des déchets à Kinshasa doit passer, à notre
avis, par le changement de la conception même de la notion du bien public. Ce
dernier étant « un bien non rival ou non excluable. La consommation de ce bien par
un agent n’affecte donc pas la quantité disponible pour les autres agents ».
Le bien public est dès lors, au centre de l’une des principales préoccupations sur
laquelle les efforts doivent être conjugués pour que la conception de celui-ci
contribue positivement à la gestion des déchets dans nos lieux publics.
La problématique de la gestion du bien public préoccupe, aussi bien les industriels,
les privés, les manages et les individus. Car sans doute, « l’exploitation des
industrielles altère gravement le milieu naturel suite à une gestion de déchets qui ne
respecte pas la notion du bien collectif ». Nous avons donc intérêt à bien gérer nos
déchets pour espérer de garantir le bien-être collectif.
En effet, une mauvaise gestion, par la population Kinoise, d’un bien public, ne
concourt pas au bien-être collectif. En d’autres termes, une gestion durable ou
soutenable des déchets à Kinshasa, doit passer par la conception de ce qu’un bien
public.
Contrairement à la définition précédente, on peut également retenir que « les biens
publics sont les fondements de la civilisation ». Cette considération fait l’objet d’une
éducation de la population Kinoise jusqu’au point où « notre réflexion touche un fait
essentiel : la redécouverte de nos valeurs anthropologiques de terroir comme
fondation d’une pensée et d’une culture économiques : l’humanisme
communautaire ».
~6~
Donc, les Kinois doivent se dire que la gestion des déchets est une affaire de tous et
de chacun. Le rejet des déchets doit se faire de manière responsable. Pour une gestion
optimale des déchets, les ménages et tout Kinois doit s’interdire de jeter des ordures
dans la rue (décharge sauvage) et dans les caniveaux pour dire que ce bien
n’appartient à personne, c’est un bien public ou encore, comme cela se dit à Kinshasa
« bien de l’Etat ».
La conception et la gestion du bien public par la population, est l’une des
préoccupations fondamentales sur laquelle les efforts devront être menés pour que
les ménages kinois comprennent qu’un bien public doit être entretenu, non
seulement par l’autorité, mais aussi et surtout par chacun et par tous.
L’insalubrité est une réalité à Kinshasa, pour mettre fin à cette situation, nous
proposons l’application de cette approche dans ce sens qu’elle insiste sur le fait que
la population et les ménages restent les principaux acteurs dans la production des
déchets. Ils doivent être formés pour qu’ils saisissent la quintessence de la gestion
des déchets.
Chaque acteur doit, non pas rejeter la responsabilité sur l’autre mais doit plutôt
s’intégrer dans le processus d’apprentissage de la gestion responsable des déchets.
Cette gestion doit partir de chaque agent économique, de chaque ménage, etc.
Ainsi, nous pouvons appliquer cette approche constructionnisme de l’approche
mathétique de Papert qui se repose sur l’étude logico-intuitive qui établit le rapport
avec quelque chose de connu et de devoir s’emparer du nouvel élément et de se
l’approprier.
~7~
La mathétique étant l’étude des processus d’apprentissage, nous exerçons notre
apprentissage aussi bien au niveau individuel et au niveau global pour une bonne
gestion des déchets ; à savoir :
CONCLUSION
La production des déchets et toute nature des ordures, est l’une des plus anciennes
activités exercée par l’homme sur la terre. Mais cette activité s’est accrue au cours du
siècle dernier avec l’intensification de la production industrielle. Les ordures que
déverse l’homme sur la nature, dénature l’environnement.
La mauvaise gestion des déchets ménagers et industrielle à Kinshasa, fait de ce
dernier une ville mal propre, que nous désignons par « ville poubelle », par le simple
fait que les ordures sont déversées à n’importe quel endroit de la ville sans aucune
contrainte.
Cette façon de se comporter, dénote de la mauvaise conception et compréhension de
la population kinoise sur ce qu’on entend par bien public.
Aujourd’hui tapisse, sur toutes les rues et quartiers de Kinshasa, les déchets de toutes
sortes que la population se permet de jeter sans gêne car, dans son entendement, tout
lieu public apparaît comme une zone de non droit, appartenant à personne et donc
on peut se permettre d’y faire ce que l’on peut.
Ainsi donc cet article propose la sensibilisation et la formation de la population voire
des leaders locaux, comme solution de lutte contre l’insalubrité à Kinshasa. Sans elle,
~9~
la gestion efficiente et la valorisation rentable des déchets ne serait pas possible. Mais
aussi et surtout, elle propose trois piliers sur lesquels la formation devait être axée.
Pour les études avenir, l’instrument juridique doit être mis à contribution pour
recadrer toute déviation aux règles et principes de la protection de l’environnement.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BALZILE, B., The Objective of the firm (Objectif privilégié de l’entreprise), Département
des relations industrielles de l’Université de Laval, Volume 22, numéro 4, 1987.
BEITONE, A., Biens Publiques, biens collectifs Pour tenter d’en finir avec une confusion de
vocabulaire, Décembre 2009.
BENASSY-QUÉRÉ, A., Coeuré, B., Jacquet, P. et Pisani-Ferry, J., Politique économique,
3ème Ed. De Boeck, Bruxelles, 2012.
BRESSER, PEREIRA, L., Le Sous-développement industrialisé in Tiers-monde 1976, tome
17 n°68.
GOFFAUX, J., Problèmes de développement, éd. CRP, Kinshasa, 1986.
IFDD, Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles, Québec,
Canada, 2019.
LELO cité par Vuni Simbu, A., Holenu Mangenda, H., Puela Puela, F., Kinsungila
Wamba, J.P., Aloni Komanda, J., et Nzau-di-Mbudi, C., Étude de la gestion actuelle des
déchets urbains À Kinshasa par observation le long E l’avenue Université, Université de
Kinshasa, Faculté des Sciences, Département des Géosciences, Environnement,
Ingénierie et Développement, 2022.
PAUL STREETEN, Les pionniers du développement, éd. Economica, Paris à la Banque
mondiale, 1988.
STANLEY, E. et MORSE, R., Mécanisme et politique du développement, éd. France
empire, Paris, 1970.
TRISTAN TURLAN, LES DÉCHETS, Collecte. Traitement. Tri. Recyclage, 2013,2018.
TSHIUNZA MBIYE ET Kä MANA, Le nouvelle homme congolais, Promouvoir les valeurs
d’étique pour sortir de la crise économique et socioculturelle, Les éditions du Cerdaf, 2014.
TURIN, L., Combat pour le développement, éd. Économie et humanisme, 1965.
~ 10 ~
Emmanuel Monga
Professeur à l’Université de Lubumbashi
RDCongo
mongaemmanuel80@gmail.com
Virginie Musenga
Professeure à l’Université Pédagogique Nationale
RDCongo
virginiemusenga@gmail.com