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© plainpicture/John Heseltine
EAN : 978-2-262-08529-2
Du même auteur
Copyright
Dédicace
Introduction
Index
INTRODUCTION
Opération Trust :
l’ancêtre du KGB invente
la dezinformatsia
La lettre de Tallinn
Le retournement
L’arme de la désinformation
La dezinformatsia à l’œuvre
Un cas d’école
La taupinière de Cambridge
Infiltrer l’establishment ?
Le premier maillon
Examen de passage
À droite toute
Pourquoi ce quasi-miracle ?
Pour la raison principale que ces deux services secrets
disposaient d’un réservoir humain fourni. Celui des rescapés de
l’appareil de l’Internationale communiste, le Komintern, familiers de
la clandestinité et connaisseurs des pays où ils étaient appelés à
travailler. Des hommes et des femmes qui risquaient ainsi beaucoup
moins les erreurs de débutant que commettront par exemple les
agents nazis infiltrés à l’aveuglette en Angleterre en 1939-1940
(cf. chapitre 7).
Plutôt que de risquer des gestes de rupture dommageables de
leur part : dénonciation publique des méthodes staliniennes,
reddition à la police ou ralliement à l’hérésie trotskiste, mieux valait
trouver à ces contestataires potentiels un débouché au sein des
services secrets. En faire des espions, c’était prolonger leur
enfermement dans la « grande famille communiste ».
Cynique, le calcul était bon. Les « désertions » se compteront sur
les doigts de la main : Jean Cremet, disparu lors d’une mission en
Chine et dont mon ami Roger Faligot et moi-même avons pu établir
qu’il est mort en Belgique sous un faux nom en 1973 ; Ignace
Poretsky, vieux routier du GRU passé à la dissidence en se
réclamant du trotskisme, puis assassiné en septembre 1937 près de
Lausanne ; Orlov, immigré comme on l’a vu aux États-Unis avec sa
femme et sa fille au bénéfice d’un chantage habile sur ses ex-
employeurs ; Walter Krivitski, ex-résident de l’INO aux Pays-Bas, lui
aussi réfugié aux États-Unis, mais retrouvé mort en février 1941
dans sa chambre de motel fermée à clé.
Quelques-unes des recrues des services provenant du
militantisme kominternien avaient commencé leurs activités au sein
de la Tcheka, tels Theo Maly ou Alexandre Orlov. D’autres se sont
épargné cette étape, à l’image d’Henri Robinson, un des dirigeants
de l’Internationale communiste des jeunes, le « Petit Komintern »,
directement versé dans le renseignement de la « grande »
Internationale et de là dans les rangs du GRU où il va d’ailleurs
exceller.
Comme Radó…
Rêves de jeunesse
Officier de la Luftwaffe
Piloter, c’est un des nombreux rêves de ce jeune homme assoiffé
d’expériences. Il s’inscrit donc à un stage d’observateur maritime
organisé par l’École allemande des aviateurs de Warnemünde, un
des nombreux établissements qui protègent le réarmement du Reich
des regards indiscrets des Britanniques et surtout des Français.
C’est un garçon humilié, meurtri, désespéré, qui tente cette
nouvelle aventure. Les coups des bourreaux SS lui ont gravement
endommagé les reins. Harro souffre de calculs et d’autres
dysfonctionnements qui entravent sa vie sexuelle, jusque-là
épanouie dans un milieu aux mœurs très libres. Faire l’amour lui
procure parfois d’insoutenables douleurs.
Pas toujours, heureusement. L’amour, Schulze-Boysen, intégré
en mai 1934 au ministère de l’Air, le Reichsluftfahrtministerium
(RLM), au sortir de sa formation à Warnemünde, avec le grade de
sous-lieutenant de la Luftwaffe, le rencontre d’ailleurs le 14 juillet sur
la rivière Havel à bord de la yole d’un de ses nouveaux camarades,
Richard von Raffay.
Voici quinze jours, Hitler et ses SS ont décapité la direction de la
SA lors de cette Nuit des longs couteaux qui a conduit Staline à
changer son regard sur le nouveau maître de l’Allemagne. Pour
autant, Libertas Haas-Haye, qui bronze alanguie en ce jour
ensoleillé, n’a d’yeux que pour Harro. Et lui n’a d’yeux que pour cette
magnifique jeune femme de vingt ans.
La branche Kuckhoff
Espions et résistants
Le « pianiste » craque
« Blériot » espion
La traduction russe de Spy and Counterspy : The Development
of Modern Espionage, livre d’un ancien détective de la célèbre
agence Pinkerton, Richard Wilmer Rowan, spécialisé dans les
conflits du monde ouvrier, voire contre le monde ouvrier, est
devenue… une des lectures de chevet de Staline.
Le nouveau maître du Kremlin n’oublie jamais rien. Surtout pas
l’époque où, sous le pseudonyme de « Koba », il fut ce
« révolutionnaire professionnel » clandestin pourchassé et
finalement arrêté par la police secrète du tsar, l’Okhrana.
Le rôle prédominant des services secrets, de la police politique et
de ses avatars, tous soumis à une autorité unique, constitue une
autre ligne de force du communisme. Ce chemin totalitaire
répression-espionnage-dressage idéologique des populations
conduira l’URSS de la Tcheka léniniste et du NKVD stalinien
jusqu’au KGB khouchtchévien, brejnévien et postbrejnévien.
Dans les années 1920, le communisme conserve cependant
toute sa vigueur. Camarade de confiance, ce dont atteste son séjour
à Leningrad pour un stage auprès du Comité central du PCUS(b),
Choumovsky est aussi un ancien élève de l’École des hautes études
techniques Bauman de Moscou. C’est en outre un ami du
constructeur aéronautique Andreï Tupolev, qui l’a signalé à
l’attention de l’INO comme sujet à enrôler au plus vite dans le cadre
de la préparation du premier plan quinquennal censé orchestrer
l’essor fulgurant de l’économie soviétique.
Fulgurant ? Pas tant que cela, car aussi quinquennal soit-il, le
plan reste voué à l’échec sans la maximisation de l’espionnage
industriel à l’étranger. D’abord justifié en première instance par la
nécessité de « construire le socialisme dans un seul pays », le vol
des technologies occidentales va devenir la condition sine qua non
de la survie du régime. D’où le recours intensifié à cette forme
sournoise d’agression qui freinera peut-être, mais n’empêchera pas
la chute finale de l’URSS.
Dans l’Allemagne des années 1920 déjà, l’INO et le
renseignement militaire pratiquent cet espionnage-là sur une grande
échelle. Les États-Unis, eux, en sont quasiment indemnes. D’où ce
programme d’envoi massif outre-Atlantique d’étudiants triés sur le
volet qui : 1) Extorqueront aux capitalistes américains tout ce qu’il y
a à apprendre d’eux. Et 2) Apprendront à espionner tout ce qu’il y a
1
à espionner chez ces mêmes capitalistes .
À cause de la crise de 1929, justement, les grands
établissements privés d’enseignement des États-Unis ont
désespérément besoin d’argent tant les candidatures se sont
tassées, faute de moyens. Pour financer soixante-quinze séjours
d’agents-ressortissants aux États-Unis, l’INO a certes dû puiser dans
ses fonds secrets. Mais Staline l’a dit : le jeu en vaut la chandelle.
Plus exactement, le jeu doit en valoir la chandelle, sinon des
têtes tomberont. « Réussis ou meurs », c’est en effet la loi d’airain
du système. Le succès lui-même n’y constitue pas un gage de
survie. Artouzov le saura à ses dépens, puisqu’en août 1937 le
peloton d’exécution le criblera de balles dans l’intérêt supérieur du
socialisme.
En misant sur Choumovsky, il faut cependant croire que le
directeur de l’INO a pris la bonne décision. « Blériot » allie en effet
compétences technologiques, passion pour l’aviation et
l’aéronautique, sens du contact humain, facilité en langues et
capacité à l’action clandestine.
Sans être formellement le commissaire politique des vingt-cinq
étudiants russes du MIT, il supervise la progression de leurs études,
organise causeries et soirées, veille à ce que la nécessaire
fraternisation avec leurs homologues américains ne débouche pas
sur une compromission avec les capitalistes.
« Stan », son nom familier, ne juge aucune tâche indigne de sa
personne. À la recherche de contributions utiles à recopier, il hante
la documentation du MIT, profite du moindre débat entre étudiants
pour repérer les éléments intéressants et prendre leurs propos en
note. Tout à la main, car nos procédés modernes de duplication
n’existent pas.
Ses heures à la bibliothèque de l’Institut à éplucher les ouvrages
techniques ? Une attitude de professionnel qualifié. Pourquoi en
effet prendre des risques, pourquoi perdre du temps à collecter
clandestinement des « informations noires » (les renseignements
secrets), si on peut les obtenir en consultant des sources ouvertes ?
Très naïfs en matière d’espionnage, les Américains de l’époque
ne prennent en effet guère la peine d’abriter leurs informations
scientifiques et technologiques sensibles. Ce n’est pas en URSS, où
tout est secret, même le bottin téléphonique, qu’on se conduirait
aussi libéralement…
Un tchékiste d’Arménie
Réseau « légal »
LES ALLIÉS
GAGNENT LA GUERRE
SECRÈTE
CONTRE HITLER
L’entrevue de Verviers
Cryptage mécanique
À la fin de la Grande Guerre, l’ingénieur allemand Arthur
Scherbius a conçu une machine à crypter. À partir de 1923, il tente
de la commercialiser. Officiellement, ce spécialiste des moteurs
électriques vise le marché des grandes banques et des sociétés de
négoce international. Secret des affaires oblige, leurs filiales,
implantées dans le monde entier, doivent en effet communiquer avec
la maison mère de façon aussi sûre que possible.
Les messages empruntent soit les lignes télégraphiques
internationales, soit la radiotélégraphie (la transmission en morse
d’un ensemble de chiffres et de lettres sans échanges vocaux
directs). Ils sont donc faciles à intercepter. D’où l’intérêt d’une
méthode de cryptage électromécanique inviolable. Dans l’espoir
d’appâter ses futurs clients, le docteur Scherbius a d’ailleurs baptisé
à dessein sa machine Enigma, un terme nimbé de mystère.
Seulement voilà : des clients du secteur privé, l’ingénieur n’en
aura qu’assez peu. Une particularité qui laisse – première énigme
d’Enigma – la porte ouverte à une version différente des faits. Celle
d’une commande en sous-main par l’armée allemande.
Aux termes du traité de Versailles de juin 1919, la Reichswehr
n’a en effet pas droit au matériel de guerre moderne. À ce détail près
que, dès 1921-1922, ses chefs ont négocié clandestinement des
accords de coopération avec leurs homologues de l’Armée rouge. À
l’abri des regards, les Allemands vont tester sur le territoire russe
une vaste gamme d’armes interdites : tanks, aviation, gaz de
combat. En échange, ils apporteront aux communistes, en mal
d’industries militaires, leur expertise en la matière.
En novembre 1931, quand Hans-Thilo Schmidt s’engage comme
on vient de le voir sur la voie de la trahison, ces accords secrets
germano-soviétiques restent en vigueur. Seule l’arrivée d’Hitler au
pouvoir y mettra fin. Dans le cadre de la politique de réarmement
camouflé, l’Enigma commerciale n’était-elle qu’un leurre ? Si oui, le
capitaine Rudolf Schmidt, en poste entre 1920 et 1923 à l’état-major
des transmissions de la Reichswehr, ne pouvait pas l’ignorer. Or il
n’en a, semble-t-il, jamais soufflé mot à son cadet Hans-Thilo. Rien
2
qui soit parvenu par la suite aux oreilles du SR en tout cas .
Une certitude : le projet Enigma correspond à merveille aux
besoins opérationnels de la nouvelle armée allemande. Avide de
revanche sur ses vainqueurs de 1918, n’envisage-t-elle pas déjà de
leur livrer à l’avenir une guerre mécanisée brutale et rapide ? Celle
que le nazisme présentera plus tard comme la panacée sous le nom
de Blitzkrieg. Et qui dit guerre éclair, dit aussi communications sûres
et rapides, donc Enigma.
Après s’y être refusé une première fois en 1918, l’état-major
allemand, camouflé sous le vocable de « département des
troupes », acquiert les brevets de la machine du docteur Scherbius.
En 1926, la Kriegsmarine met en service l’Enigma navale, variante
adaptée à ses propres exigences. En 1928-1929, c’est le tour de la
Reichswehr. Jusqu’à l’effondrement du nazisme, la Wehrmacht, la
Kriegsmarine, la Luftwaffe, mais aussi les Affaires étrangères et les
services secrets rivaux : l’Abwehr du quai Tirpitz, celui de l’armée, ou
le Sicherheitsdienst de la Prinz-Albrecht-Strasse, celui des SS, en
mettront en service quelque 80 000, voire 100 000 exemplaires. Une
quantité sans comparaison avec le nombre des machines à crypter
alliées telle la C-36 française, commandée à 5 000 exemplaires
seulement au début des hostilités alors qu’on comptait dès cette
époque au moins 30 000 Enigma en état de marche.
La machine de Scherbius
La machine de Scherbius assure le remplacement mécanique
d’une lettre par une autre à travers des circuits électriques
impossibles à analyser de l’extérieur. Tenant dans un coffret en bois
assez design, guère plus volumineux que celui d’une machine à
écrire portative, elle n’est pas encombrante. Soulevons-en le
couvercle. Au premier plan nous apparaît un tableau de connexions
composé de six fiches reliées à des câbles électriques. Enfichées de
manière variable sur le tableau de connexions, ces pièces relient, en
les échangeant, deux lettres entre elles. Comme l’ensemble des
éléments qui composent la clé du jour, leur agencement est fixé à
l’avance par des cahiers de service distribués aux opérateurs une
fois par mois.
Vient ensuite un clavier classique des vingt-six lettres de
l’alphabet, puis un tableau lumineux des mêmes vingt-six lettres
disposées de façon analogue du haut à gauche au bas à droite : Q-
W-E-R-T-Z-U-I-O-A-S-D-F-G-H-J-K-P-Y-X-C-V-B-N-M-L.
Frappe-t-on telle ou telle touche sur le clavier, une lettre, toujours
différente, éclairée par une petite ampoule apparaît sur le tableau
lumineux. Entre-temps, le courant électrique est passé à travers trois
rotors. Deux alphabets de vingt-six lettres, l’un à l’intérieur et l’autre
à l’extérieur, sont inscrits symétriquement sur chacune de ces trois
roues dentées. À toute nouvelle impulsion, le premier rotor tourne
d’un cran. Quand il a effectué un tour complet, soit au bout de vingt-
six impulsions, le deuxième tourne à son tour d’un autre, puis le
troisième, et ainsi de suite. L’ensemble retrouve sa position initiale
au bout de 26 × 26 × 26, soit 17 576 saisies de caractères.
Renouvelé à partir de 1937 et amélioré sans cesse par la suite,
le réflecteur rend l’opération parfaitement symétrique : si A devient
C, alors C peut redevenir A en empruntant le circuit électrique
différent à travers les fiches et les rotors.
Les réglages du mois – et bientôt du jour – effectués selon les
indications du cahier de service, l’opérateur frappe en clair le
message que vient de lui soumettre par écrit son supérieur
hiérarchique. Le texte apparaît crypté sur le tableau lumineux de son
Enigma. On peut le recopier sur papier. Cet informe ensemble de
lettres passe alors dans les mains du radio. Lequel le traduit en
morse, puis l’expédie tel quel sur les ondes. La machine étant
réputée inviolable, qu’importe si l’ennemi en intercepte les
messages : il s’y cassera les dents.
À l’autre bout de la chaîne, le radio destinataire transcrit les
lettres du morse en alphabet romain. Il passe le texte à l’opérateur
Enigma, lequel frappe les lettres en désordre sur son clavier. Reste
à recopier sur une feuille de papier le message qui apparaît alors en
clair sur le tableau lumineux puis à le porter à l’officier responsable.
Le tout n’aura pris que quelques minutes. Simple, rapide, en
phase avec la guerre mécanisée de demain. Conforme en tout point
à la perfection germanique qu’exige la Reichswehr. Sauf que la
perfection n’est pas de ce monde, fût-ce le monde électromécanique
3
d’Enigma .
Scherbius, par exemple, n’a pas identifié ce premier cheval de
Troie : dans son système, une lettre ne peut jamais être changée en
elle-même. Autre faille appelée à se transformer en une sérieuse
lézarde : même porté à dix, le nombre de lettres concernées par le
tableau de connexions ne couvre pas la totalité de l’alphabet.
Conçue à l’usage de dizaines de milliers d’opérateurs formés en
quelques jours, Enigma se veut simple d’emploi. Pour les
communications entre l’état-major et les commandants des grandes
unités, une machine de très haute sécurité sera mise à l’étude, la
Lorenz SZ 40 à douze rotors. Celle-là même qui, perfectionnée en
SZ 42, va servir pendant la guerre aux messages du Führer. Et
qu’au final les cryptanalystes alliés finiront par « casser » elle aussi.
La perfection n’est pas de ce monde, on le disait…
Nous avons compté large, estiment néanmoins les experts de la
Chiffrierstelle, sûrs d’eux. Tous réglages confondus, Enigma pourra
générer à son apogée plus de 10 millions de milliards de circuits
4
électriques différents . L’inviolabilité absolue autrement dit : quelle
machine pourrait bien vérifier cette quantité astronomique de
parcours possibles ?
Hommes et femmes du XXIe siècle, nous connaissons la réponse
à cette question : l’ordinateur. Eux ne peuvent pas même l’imaginer.
Certains d’avoir atteint la quasi-perfection exigée, ils ont oublié le
facteur humain, omis simultanément le pouvoir de la science
mathématique, et ignoré pour finir les ressources de
l’électromécanique, voire de l’électronique.
e
Une triple carence qui va coûter très cher au III Reich. Et ce sont
ses adversaires polonais qui vont lui porter les premiers coups…
La méthode de la « fréquence »
Poker menteur
La bataille de l’Atlantique
Le colosse de Bletchley
Deception Game
La prière du para
Force A
Réseaux « enterrés »
Opération Atlas
L’antiquaire et le juriste
Cadavre en Espagne
Un « officier » à la mer
Intérêts convergents
Der Englandspiel
Le secret du jour J
Jusqu’en 1944, les deceivers alliés ont obtenu les résultats qu’on
connaît en Afrique du Nord ou en Sicile. Avec des bonheurs divers
mais pour un bilan d’ensemble avantageux, leurs manœuvres
initiales ayant servi de banc d’essai.
Il fallait implanter au sein du dispositif de guerre secrète ennemi
des agents retournés et leurs fallacieux sous-agents – c’est fait.
Roder le personnel de la LCS, du XX Committee et de la
section B1(a) – on s’y est employé.
Tester les procédures d’intox, donc le degré d’absorption de
l’Abwehr et du SD – on en a à présent une idée précise.
Grossir les effectifs des armées amies, entre autres par l’ajout
d’unités fictives – mission accomplie là encore.
En résumé, on a rassemblé les ingrédients, mitonné les sauces,
préparé les casseroles, les plats, les assiettes, les couverts, dressé
la table et servi les hors-d’œuvre aux tenants de la croix brune.
Ce qu’il faut désormais, c’est leur faire ingurgiter le plat de
résistance. Autrement dit les tromper sur le lieu, la date et la
véritable importance du débarquement en Normandie, opération
unique et non simple diversion avant une poussée dans le Pas-de-
Calais.
Du succès de l’assaut dépend en grande partie l’issue de la
guerre à l’Ouest. Que les Alliés, rejetés à la mer, se voient contraints
de revenir en Angleterre et Hitler gagnera le répit suffisant pour
retourner toutes ses forces contre l’Armée rouge.
Le lieu du drame est fixé : les côtes françaises, et plus
spécifiquement encore, celles de Normandie. Les moyens alliés sont
consistants mais pas écrasants. Avant que les dés roulent sur le
tapis, reste à persuader les nazis que l’assaut aura lieu à un
mauvais endroit et à une mauvaise date. À retarder ses
mouvements. À l’amener à disperser ses forces sur d’autres théâtres
d’opérations plausibles.
C’est le but de l’opération Bodyguard. Une référence aux propos
de Churchill à l’adresse de Staline lors de la conférence Eureka à
Téhéran, quand les dirigeants occidentaux et le dictateur soviétique
se sont entendus pour coordonner, dans une certaine mesure du
moins, leurs efforts d’intoxication de l’ennemi et les poussées
militaires respectives destinées à broyer la Wehrmacht dans un
étau : « En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu’elle doit
être protégée par un rempart de mensonges [bodyguard of lies]. »
Les armes de la deception forgées, il faut lui conférer sur le front
normand le rôle militaire clé qu’elle n’atteint que rarement dans
l’Histoire, à l’inverse de la propagande et de la désinformation de
masse dont les régimes totalitaires se sont fait une spécialité.
Sa feuille de route doit intégrer de manière dynamique quatre
éléments d’appréciation que je me vois contraint d’asséner au
lecteur, ce dont je lui demande d’avance pardon :
a) Du point de vue allemand, si le débarquement doit s’effectuer
en France, l’évidence stratégique désigne le Pas-de-Calais comme
son théâtre principal, même si une diversion sur les côtes
normandes, voire celles du Sud-Ouest, reste possible. Aux
deceivers de maintenir l’ennemi dans cet état d’esprit : assaut dans
le Pas-de-Calais avec le cas échéant diversions dans d’autres
secteurs géographiques, dont la Normandie.
C’est l’objectif d’une première subdivision du plan Bodyguard,
l’opération Fortitude Sud. Dans ce cadre, les désinformateurs
devront jouer sur le fait que trois des dix divisions blindées
allemandes stationnées en France ne peuvent être déplacées sans
l’autorisation expresse de l’Oberkommando der Wehrmacht, et
quatre autres d’entre elles, contrainte plus paralysante encore, sans
l’autorisation personnelle du Führer. C’est donc Hitler lui-même qu’ils
doivent duper.
b) L’aviation alliée surclassant de beaucoup la Luftwaffe, la force
de frappe de l’ennemi réside dans ces dix Panzerdivisionen, dont
huit stationnées au nord de la Loire. Ces unités peuvent broyer les
troupes d’assaut alliées soit à J+1 (thèse du maréchal Erwin
e
Rommel, chef de la 7 armée concernée par la Normandie et tenant
d’une contre-attaque blindée immédiate dès le premier jour du
débarquement), soit à J+3 (thèse de son supérieur hiérarchique, le
maréchal Gerd von Rundstedt, chef des armées allemandes à
l’Ouest, partisan d’un regroupement préalable des chars pour une
attaque massive mieux coordonnée).
c) Afin que des troupes allemandes transférées d’autres pays
européens occupés ne déferlent pas sur la France dans les jours qui
suivront le débarquement, des manœuvres parallèles de deception
sont indispensables pour les fixer sur leurs sites de stationnement.
Ce sera l’objet du second volet de Bodyguard, l’opération Fortitude
Nord : laisser penser à un débarquement quelque part en
Scandinavie, Norvège par exemple. Confié à Dudley Clarke et à son
incontournable Force A, le plan Zeppelin laissera pour sa part
l’ennemi « deviner » un assaut en Méditerranée, soit en Grèce, soit
dans les Balkans.
d) Dans l’idée de faire gober à l’OKW et au dictateur
l’impossibilité matérielle des Alliés d’attaquer avant août ou
septembre, on a d’abord pensé lui présenter, grâce aux deceivers, le
tableau d’armées anglo-américaines en sous-effectifs chroniques,
dotées en sus d’un moral particulièrement bas. Mais comment
réduire le nombre de soldats de son armée alors que pendant des
années on a ancré l’idée contraire dans le cerveau adverse ?
D’autant qu’un des volets de Bodyguard consiste justement à créer
de toutes pièces le FUSAG (First US Army Group), fort de douze
divisions imaginaires, puis vingt, censées, le moment venu, fondre
sur le Pas-de-Calais sous le commandement du général américain
George Patton, la bête noire des bruns. Sagement, on a donc
renoncé à cette intox qui risquait d’être celle de trop.
Classés Bigots
Intoxiquez-moi !
Lily la rebelle
Le Polonais inflexible
Sûr à 98 %
Dossier Enormoz :
les Soviétiques volent les secrets
de la bombe A aux Occidentaux
L’échiquier allemand
Alexandre Korotkov est de retour. En septembre 1940, c’est cet
« illégal » de l’INO qui était venu frapper à la porte de l’appartement
des Harnack afin de reprendre contact avec le couple. Lui encore
qui, alors que l’attaque allemande contre l’URSS venait de
commencer, devait fournir in extremis à l’Orchestre rouge des
moyens de transmission radio qui ne tarderaient d’ailleurs pas à
tomber en panne.
Korotkov fit ses preuves de bon officier bolchevique dès 1937 à
Paris, comme organisateur de l’assassinat de Gueorgui Agabekov,
un dissident de l’INO, puis de la décapitation d’un fidèle de Trotski,
1
l’Allemand Rudolf Klement . Pendant la guerre, il a œuvré au sein
de l’INO-PGU, détaché en 1943 pour des missions en Afghanistan,
puis en 1944 en Pologne et en Roumanie. On l’a aussi vu sur le
front, menant grâce à des agents allemands retournés un « jeu
radio » contre l’Abwehr, le SD ou le 2e Bureau de la Wehrmacht sur
le front oriental, le Fremde Heere Ost (Armées étrangères à l’Est) du
général Reinhard Gehlen.
À partir d’août 1945, Korotkov devient le résident de la PGU en
Allemagne sous la couverture de conseiller politique adjoint. Ne
disposant au départ que de six, puis huit officiers, il s’est installé
dans les locaux de l’administration militaire soviétique du maréchal
Joukov, à Karlshorst, dans la partie est de Berlin. Ses tâches
prioritaires : recruter des agents membres de partis « bourgeois »
comme la démocratie chrétienne.
Conquérants de l’ex-capitale nazie, les Soviétiques en ont profité
pour imposer leur loi. Dès avril-mai 1945, le « Kommando Ulbricht »,
dix cadres marxistes-léninistes allemands de choc, s’est installé à
Berlin. Il tire son sobriquet du nom de Walter Ulbricht, dirigeant
hyperstalinien du KPD qui a passé toute la guerre à Moscou dont il
est désormais l’homme lige en Allemagne.
Parmi ces responsables venus d’URSS prendre les leviers de
commande de la partie orientale du pays, le secrétaire personnel
d’Ulbricht, Wolfgang Leonhard. Un « Kommando » analogue prend
simultanément ses quartiers à Dresde, un troisième à Schwerin. Et
plus tard, fin mai, Markus Wolf, le futur dirigeant des services secrets
est-allemands, tellement proche des Russes qu’ils l’appellent
familièrement « Micha », retrouve Berlin lui aussi.
Un an après cette injection de cadres communistes venus
d’URSS, un ersatz d’unité politique à gauche est réalisé dans la
partie orientale par fusion sous l’enseigne du Sozialistische
Einheitspartei Deutschlands (Parti socialiste unifié d’Allemagne) du
parti social-démocrate SPD et du parti communiste KPD, reconstitué
auparavant par ordre de Moscou.
Les trois têtes du SED sont Ulbricht, Wilhelm Pieck, un vieux
chef communiste allemand, et Otto Grotewohl, dirigeant social-
démocrate d’avant guerre passé avec armes et bagages dans le
camp communiste.
« Le parti unitaire sera un parti socialiste allemand indépendant.
Il doit représenter les intérêts des travailleurs dans les villes et les
campagnes, eu égard aux nécessités allemandes », précise la
résolution fondatrice du nouveau mouvement.
Une « voie allemande vers le socialisme » semble ainsi se
profiler. La théorise à cette époque Anton Ackermann, de son vrai
nom Eugen Hanisch, un des leaders communistes les plus en vue
bien qu’il n’appartienne pas à l’écurie Ulbricht. La situation
allemande de l’après-Seconde Guerre mondiale est tout à fait
différente de celle de la Russie de 1917, argumente-t-il. La classe
ouvrière s’y trouve majoritaire.
Or, séduisante sur le papier, la greffe KPD-SPD prend mal sur le
terrain. Aux municipales de la partie est de Berlin d’octobre 1946, le
SPD rafle 49 % des voix, la démocratie chrétienne 22 %. Avec ses
petits 20 % le SED arrive avant-dernier, les libéraux du LPD
plafonnant à 9 %. C’est dire si le phagocytage en douceur voulu par
Staline comme première étape de la conquête sans violence de
l’Allemagne tout entière ne fonctionne pas.
L’incendie de la guerre froide, qui ne faisait jusque-là que couver,
se déclare l’année suivante. Journaliste radio, Markus Wolf partage
avec son épouse un luxueux cinq-pièces au centre de Berlin. Ce
futur maître espion passe ses fins de semaine dans une résidence
voisine du lac de Wannsee, pas très loin du pont de Glienicke où
s’effectuera en 1962 le premier échange d’espions négocié entre
l’Est et l’Ouest (cf. chapitre 15). C’est en 1947, lors d’une balade
près du lac, que Leonhard, ancien camarade de chambre de Wolf
pendant la guerre à l’école du Komintern de Kouchnarenkovo, au fin
fond de la Bachkirie, apprend de la bouche de son ex-cothurne que
la politique d’unité avec les sociaux-démocrates dans l’espoir d’une
convergence entre socialistes réformistes et communistes est en
passe d’être jetée aux orties :
— Wolfgang, tu devrais faire attention. Tu parles un peu trop d’un
socialisme spécifiquement allemand. La ligne est sur le point de
changer.
Et comment ! Staline a tranché : on abandonne le projet
d’Allemagne unifiée et neutre glissant doucement dans l’orbite
soviétique pour aller vers une fracture Est-Ouest, droit vers la guerre
froide. Wolf, qui a l’oreille des Russes beaucoup plus que son
camarade, le sait pertinemment. Cette information cruciale, ne la
tient-il pas du colonel Sergueï Toulpanov, le très influent responsable
de la propagande de l’administration militaire soviétique en
Allemagne ? D’où cet avertissement amical.
— Voyons, « Micha », rétorque Leonhard, je suis au secrétariat
central du parti unifié. La ligne, je suis payé pour la connaître.
— Il y a des institutions plus élevées que « ton » secrétariat.
Dans ton intérêt, Wolfgang, je voulais te prévenir des changements,
insiste Wolf.
Institutions plus élevées : les Russes, autrement dit. Donc bien
entendu leurs polices et leurs services secrets, toujours en proie à
une fâcheuse tendance à se marcher sur les pieds, résultat de la
politique stalinienne du diviser la communauté soviétique du
renseignement pour mieux régner.
D’abord structuré sur place par Ivan Serov, fils de paysan devenu
directeur adjoint du NKGB – qui fut aussi un des bourreaux des
officiers polonais assassinés à Katyń et autres lieux
d’extermination –, le contre-espionnage du MVD en Allemagne
passera rapidement aux mains du général Nikolaï Kovaltchouk,
ancien commandant du SMERCH, le contre-espionnage de l’armée
soviétique d’Ukraine. À lui de juguler toute forme d’opposition
politique et, naturellement, toute forme d’infiltration de l’est de
l’Allemagne par les services secrets occidentaux.
Comptons aussi avec les protégés de Beria, à savoir Bogdan
Koboulov, responsable du Directoire des biens soviétiques en
Allemagne lui-même placé sous les ordres de Merkoulov, patron du
même Directoire, mais pour toute l’Europe. Des responsabilités
certes bien moindres que celles des deux compères aux heures de
gloire de Beria. Mais qui, selon toute probabilité, leur ont évité le
Goulag dans la mesure où ils demeurent partie prenante du
complexe nucléaire soviétique, apanage de leur protecteur.
Face à eux, les membres de l’Office of Strategic Services, dont
on se souvient dans quelles circonstances leur chef, « Wild Bill »
Donovan, de passage à Moscou, fut confronté en décembre 1943 à
Gaïk Ovakimian, l’ex-vedette de l’espionnage scientifique et
technologique russe aux États-Unis (cf. chapitre 4).
Arrivés par avion à Berlin en juillet 1945 seulement, plus de deux
mois après la prise de la ville par l’Armée rouge et le débarquement
du « Kommando Ulbricht », les officiers de l’OSS vont constituer la
Berlin Operations Base sous la direction de Dana Durand, assisté de
Peter Sichel, futur œnologue et producteur de vins originaire de
Mayence. Jusqu’à la Noël 1945, Richard Helms, futur directeur de la
CIA de 1966 à 1973, aura supervisé la mise en place de cette BOB.
Les services secrets américains connaissent à la fois des chutes
d’effectifs drastiques à la fin de la guerre – moins 90 % – et des
restrictions budgétaires de la Maison-Blanche conduisant à divers
changements de missions et de nom. La BOB va ainsi dépendre de
plusieurs organismes de tutelle : OSS jusqu’à sa dissolution ;
Strategic Services Unit ; Office of Special Investigations ; Central
Intelligence Group ; et donc CIA à partir de septembre 1947.
Encore devra-t-elle réaliser un subtil équilibre avec le
détachement allemand de l’Office of Policy Coordination, l’OPC, une
sorte d’interface entre la branche Action clandestine de l’Agence
centrale de renseignements toute neuve et le Département d’État.
Cet OPC doit traduire sur le terrain les consignes de « guerre
politique » délivrées par George Kennan. Il est placé sous la
direction de Frank Wisner, un anticommuniste passionné prototype
du Cold Warrior, le « combattant de la guerre froide ».
C’est dire si côté américain aussi les structures se chevauchent
et, souvent, se concurrencent.
Ce que constate en tout cas la BOB, aux avant-postes berlinois
de la guerre secrète contre le communisme, c’est la mainmise
policière croissante de l’URSS sur la zone d’occupation de l’Armée
rouge en Allemagne orientale. En raison de leur infériorité
numérique écrasante face aux services secrets soviétiques et de
leur manque de connaissance de la nouvelle réalité allemande, les
Américains décident à partir de l’été 1946 de mettre en selle
l’organisation de renseignements de Reinhard Gehlen. Général aux
ambitions très élevées et à l’anticommunisme virulent, l’ancien chef
du Fremde Heere Ost leur a habilement fait valoir sa connaissance
de l’Armée rouge. D’abord tenu en suspicion en tant qu’ex-serviteur
e
du III Reich, un séjour aux États-Unis en compagnie de six officiers
de son ancien état-major au FHO a convaincu les Américains de lui
faire confiance. Installée dans deux bâtiments, le château de
Kransberg et un pavillon de chasse réquisitionnés, son organisation
dite OG (pour Gehlen) ou Org prendra ses quartiers à partir
du 6 décembre 1947 dans des baraquements de Pullach, près de
Munich. Cette période étant celle de la Saint-Nicolas, fête très
populaire en Allemagne, le lieu sera immédiatement baptisé « Camp
Nicolas ».
À Berlin, la BOB, sise dans le secteur d’occupation américain, a
jeté son dévolu sur un immeuble de trente-deux pièces et deux
étages souterrains qui servait tout récemment encore à l’état-major
de la Wehrmacht dans le quartier de Dahlem relativement épargné
par les bombardements et les combats passés. Elle tente de réagir à
la pénétration soviétique par des voies originales.
Opération Cimetière
STASI kidnapping
Le mystère Field
« Facteur d’éclatement »
Entremetteur rouge
Berlin à l’été 1954. Le Mur n’existe pas. On passe facilement de
l’Est à l’Ouest en métro, à pied ou en voiture. Et réciproquement, ce
qui permet au KGB, au GRU et à la STASI d’un côté, à l’OG, à la
CIA, au MI6 ou au Service de documentation et de contre-
espionnage français, le SDECE, d’entretenir des foules d’agents
dans l’autre camp. La ville compte alors quelque 10 000 officiers de
renseignements, agents secrets simples ou doubles, informateurs de
toute sorte et de tout calibre, affabulateurs, voire escrocs à
l’information. Un paradis pour barbouzes.
Pour Otto John, ce sera l’enfer.
Après l’écrasement de la révolte ouvrière de Berlin-Est, les deux
Allemagnes se font face sans que rien semble devoir changer. À
l’Est, c’est l’Allemagne-STASI, capitale Pankow. À l’Ouest,
l’Allemagne fédérale aux agences de renseignements rivales,
capitale Bonn, ville rhénane de 300 000 habitants.
Une immobilité qui démoralise le docteur John. La présence
d’ex-hitlériens dans l’administration Adenauer lui pèse par ailleurs de
plus en plus. Ainsi passe-t-il à côté du projet stratégique du
chancelier chrétien-démocrate : non pas revenir au nazisme, mais
bien au contraire inventer les voies qui tireront l’Allemagne vers la
démocratie.
Sans compter l’administration au quotidien du BfV qui ennuie
profondément son propre président. Or, si le BfV intéresse peu le
docteur John, les Soviétiques, eux, s’intéressent beaucoup à lui. Un
de leurs agents locaux, Max Wonsig, a signalé dès 1953 que John
sympathisait avec le docteur Wolfgang Wohlgemuth surnommé
« Wo-Wo », un gynécologue et play-boy berlinois, communiste de
l’espèce mondaine.
Otto et « Wo-Wo » se sont croisés pendant la guerre à l’hôpital
de la Charité où le médecin soignait Hans John, grand blessé.
Infirmière, la sœur de Wonsig connaît bien Wohlgemuth. D’après
elle, Otto John, très désenchanté, critique volontiers Adenauer, se
1
plaignant sans cesse du retour en grâce d’ex-nazis . Il ne
demanderait paraît-il qu’à rencontrer des gens des services
soviétiques pour en discuter avec eux.
Max Wonsig propose alors à ses officiers traitants du KGB
d’organiser une entrevue avec « Wo-Wo ». Cette prise de contact
aura lieu le 21 janvier 1954 dans une « pièce conspirative » de
Karlshorst. Les Soviétiques assurent Wohlgemuth que John, s’il en
était d’accord, pourrait rencontrer des « personnalités politiques
importantes » de l’Est pour envisager avec elles des initiatives allant
vers la réunification allemande.
Un habillage politique nécessaire du fait qu’on n’attrape pas les
mouches avec du vinaigre, fussent celles du contre-espionnage
fédéral. « Je peux organiser un rendez-vous dans mon appartement
de Berlin-Ouest », propose l’obligeant « Wo-Wo ».
Trop risqué, estiment les gens du KGB, créé en 1954. Comme on
parlait autrefois de « tchékistes », on les appelle les « kaguébistes »
ou plus simplement, les « guébistes ».
D’un autre côté, John écarte l’idée d’un rendez-vous en Suisse.
En tant que président du BfV, pas question pour lui de disparaître
plus de quelques heures, même pour des échanges qu’il croit sans
doute strictement politiques – à moins qu’il n’estime indispensable
de faire mine de les prendre comme tels.
Quoique sceptique sur les chances de réussite de l’opération, le
directeur du KGB pour toute l’Allemagne a donné un feu vert de
principe. Bon professionnel, le général Evgueni Pitovranov connaît
les aléas du renseignement qui lui ont valu d’être arrêté fin 1951 sur
ordre de Beria, avant d’être rappelé l’année suivante pour
réorganiser la PGU.
Reste à trouver une date de passage à l’acte. Soit, dans le cas
d’Otto John, de passage à l’Est.
Retour à Berlin-Est
De nouveau à la maison
À cette date où tout espoir d’une Allemagne « neutre » satellite
de l’URSS est mort, les Soviétiques se désintéressaient déjà d’Otto
John, dont ils confieront la gestion quotidienne aux Est-Allemands.
Sous le prétexte d’une « action terroriste des services spéciaux de
l’Ouest » qui n’a jamais été à l’ordre du jour, la STASI se contente de
le mettre sous surveillance, lui assignant des gardes du corps
chargés de contrôler ses mouvements.
Pas difficile puisque la police politique est-allemande a dégotté à
son « hôte » un emploi fictif au Comité pour l’unité allemande de
l’université Humboldt, près de la fameuse porte de Brandebourg. En
cas de besoin, on le sort de ce placard, comme en avril 1955, quand
le journaliste Henrik Bonde-Henriksen, correspondant du Berlingske
Tidente de Copenhague, vient l’interviewer. Ou le jour où Kouchine
le recontacte pour préparer ensemble la visite à Moscou du
chancelier Adenauer en septembre.
Atout précieux en 1954, l’ex-président du BfV ne représente déjà
plus qu’un individu encombrant. Déprimé, désœuvré, écœuré, on le
voit tourner en rond, méditant ce retour à l’Ouest qui, au fond,
arrangerait tout le monde.
Sans doute en parle-t-il avec sa femme Lucie sur une ligne
écoutée des deux côtés : à Berlin-Est et à Londres où elle s’est
repliée. L’orange pressée à fond, pourquoi ne pas abandonner
l’écorce à qui voudra bien s’en saisir ? Il se trouve que Bonde-
Henriksen est à la fois un familier de Louis-Ferdinand de
Hohenzollern, le vieux compagnon de John au sein de la
clandestinité antinazie, et un ami du colonel Hans Lunding, le patron
du renseignement militaire danois, le Forsvarets
Efterretningstjeneste, qu’il a connu dans la Résistance.
Lunding, pas de meilleur trait d’union entre les Anglo-Américains
et les Russes. Responsable à Berlin des services spéciaux
britanniques, le colonel Abbots se déclare prêt lui aussi à faciliter le
retour de John à Berlin-Ouest.
Une hypothèse dont Bonde-Henriksen s’est ouvert auprès
de Franz Josef Strauss, secrétaire d’État en charge du ministère de
la Justice désormais. Lequel a répondu – mensongèrement, la suite
de l’histoire le montrera : « Dites au docteur John qu’il peut revenir
sans le moindre risque. Mais naturellement, nous aurons beaucoup
de questions à lui poser. »
Lunding et les Soviétiques commencent à bâtir des plans. Le
plus simple ne serait-il pas d’effectuer le trajet de Berlin-Est à Berlin-
Ouest en voiture de façon aussi banale qu’en sens inverse avec
« Wo-Wo » à l’été 1954 ?
Toutes les parties s’accordent sur un scénario. Le lundi
12 décembre 1955 vers 16 h 45, le docteur John sort de l’université
Humbolt, monte dans la Ford verte de Bonde-Henriksen, chausse
des lunettes, enfouit son visage sous une écharpe de laine. La
voiture remonte Unter den Linden, les Champs-Élysées berlinois,
jusqu’à la porte de Brandebourg. Les « Vopos » est-allemands la
laissent d’autant plus facilement passer qu’ils ont reçu des
instructions dans ce sens. John et Bonde-Henriksen roulent au-delà
du monument aux morts soviétiques. À 16 h 52, ils sont à l’Ouest.
Deux places d’avion leur sont réservées. Une fois à Bonn, la
capitale fédérale provisoire, John se constitue prisonnier au premier
commissariat de police venu.
Toujours naïf – son trait de caractère dominant –, l’accusé
s’attendait à être reçu à bras ouverts ! Ce chrétien aurait pourtant dû
savoir que l’espionnage n’a rien à voir avec l’Évangile où l’enfant
prodigue est accueilli à bras ouverts par son père.
Docteur John et Mister Otto
Harvey la Teigne
Né en 1915 dans l’Indiana, Harvey a perdu son magistrat de père
à l’âge de dix mois. Il sera élevé par sa mère, ancienne étudiante
d’Oxford et l’une des rares femmes enseignantes à l’université
d’Indiana. Spécialiste de la littérature élisabéthaine, un des jeux
favoris de cette intellectuelle est d’échanger avec son fils des
répliques de Shakespeare. Pas si inculte que ça, l’ami Bill. Mais
c’est vrai qu’il le cache bien.
Journaliste adolescent dans le journal local de son grand-père, le
jeune homme se marie et suit des études de droit pour réaliser
qu’avocat, ce ne sera jamais son truc.
En 1939, il trouve sa voie en intégrant le FBI. Avec son équipe,
Harvey parvient à infiltrer le consulat allemand à New York, réussite
remarquée en haut lieu qui conduira à l’arrestation de plusieurs
agents de l’Abwehr. Mais en octobre 1945, premier faux pas : la
mise sous écoute téléphonique d’un suspect non autorisée par John
Edgar Hoover lui vaut une première réprimande.
Harvey la Teigne fait bientôt partie de l’équipe chargée d’exploiter
les révélations d’Elizabeth Bentley, l’ancienne maîtresse de Jacob
Golos, dont nous savons comment il assurait, et elle avec lui,
l’interface entre les services secrets soviétiques et l’appareil
clandestin du PC américain, le CPUSA.
Travaillant d’arrache-pied sur le cas spécifique d’Alger Hiss,
Harvey est de ceux dont les éléments de preuve seront jugés
insuffisants par la justice pour condamner cet agent soviétique,
étoile montante du Département d’État qui écopera tout de même
d’une peine de prison pour parjure en raison de la ténacité du
sénateur républicain de Californie, le futur président Richard Nixon.
Lequel glanera à cette occasion la haine de l’establishment libéral et
le surnom de « Richard le Tricheur » appelé à lui coller à la peau.
Nouveau dérapage en juillet 1947. Un soir qu’Harvey a un peu
trop bu lors d’une soirée de poker entre G-Men à Arlington, sa
voiture verse sur le bas-côté. Et lui de s’endormir, enfreignant la
règle qui veut qu’un agent du FBI téléphone à son bureau toutes les
deux heures s’il n’a pas laissé un numéro où le joindre.
Ses collègues du Bureau fédéral présents à la soirée ont beau
témoigner qu’il n’avait pas bu plus que les autres ce soir-là, une
enquête interne est ouverte. Transféré à titre de sanction de New
York à Indianapolis, le chasseur de taupes ne supporte pas cette
mise loin du cœur. Il donne sa démission. Quelques semaines plus
tard, la CIA ouvre toutes grandes ses portes à ce spécialiste
reconnu dont elle commence par faire le chef d’une de ses
meilleures unités.
Malgré la confiance aveugle de James Angleton, le directeur du
contre-espionnage de la « Compagnie », en son ami anglais Kim
Philby, Bill Harvey, dont la grossièreté apparente cache un flair et
des capacités d’analyse impressionnants, sera le premier à déceler
que l’officier de liaison britannique entre le MI6 et la CIA pourrait
bien être un agent soviétique.
La réponse technologique
Opération Gold
2, Carlton Gardens
Dès l’été 1953, Conway, Rowlett et Fellon – ce dernier porteur
d’une étude préliminaire sur la faisabilité du tunnel – ont rencontré à
Londres les représentants de la Section Y, la sœur jumelle du Staff D
au MI6, spécialisée dans les écoutes, l’interception des
communications et la « sonorisation » des locaux adverses.
Commande cette petite unité le discret et timide colonel Tom
Gimson, en retraite des Irish Guards. Sa secrétaire, Pam, est la
veuve d’un Russe blanc héros de ces « scorpions du désert »
qu’Hugo Pratt immortalisera dans sa série dessinée éponyme, le
major Vladimir Peniakov, dit « Popski ».
Même au sein du service secret, l’existence de la Section Y reste
top secret. Elle dispose de locaux séparés de Broadway Buildings,
ceux du MI6. En l’occurrence, un hôtel particulier dans le centre de
Londres, du style dit « géorgien ». Désuet d’apparence avec ses
lourdes portes vertes et son escalier monumental à rambarde en fer
forgé, mais discret, le lieu appartenait à lord Herbert Kitchener, héros
national anglais et ministre de la Guerre en 1914 qui périt deux ans
plus tard, victime d’un naufrage. Au 2, Carlton Gardens, l’hôtel
o
voisine avec l’immeuble d’affaires du n 4 qui, à partir de juillet 1940,
abrita le quartier général de la France libre. Quant au no 1, c’est la
résidence privée du secrétaire d’État aux Affaires étrangères.
Au 2 seront discutées les modalités de plus en plus complexes
de la construction du tunnel de Berlin (nom de code « Poire »). Pour
son creusement, les Royal Engineers vont travailler main dans la
main avec leurs homologues du génie de l’US Army. Les Américains
fourniront les indispensables dollars nécessaires à cette coûteuse
opération. Ainsi le veut en effet le nouveau rapport des forces issu
de la Seconde Guerre mondiale entre agences de renseignements
des deux pays : autrefois maîtres à penser et professeurs, les
Anglais n’aspirent plus qu’à un rôle de brillant second. S’ils « collent
au corps » de l’allié d’outre-Atlantique, c’est dans l’espoir, assez
hypothétique mais partagé alors par tout l’establishment britannique,
de reprendre un jour la main.
Une source potentiellement productive, mais dont les Russes
connaissent l’existence depuis le début du projet, ou presque. La
PGU dispose en effet d’un agent dans la place. Et quel agent !
Le « candidat mandchou »
Un document que Blake va passer aux Russes car s’il a été muté
à Berlin en 1955, ce nouveau poste, de façon paradoxale, le prive
d’informations sur le tunnel en raison du strict cloisonnement entre le
travail d’espionnage classique et les opérations TECHINT de
creusement imposées par le tandem Harvey-Lunn. Mais l’agent
double possède toujours le droit d’accès à des textes top secret.
Voilà le paradoxe : dans ce milieu des années 1950 où la hantise du
lavage de cerveau travaille les élites occidentales, personne au MI6
n’aurait l’idée de soupçonner Blake d’être devenu de son propre chef
un « candidat mandchou ».
Il est vrai que l’agent double a menti à tout le monde.
Particulièrement à Gillian Allan, cette secrétaire de la Section Y
épousée en octobre 1954 et dont il aura deux enfants. Patriote et
fille d’un expert des affaires soviétiques au MI6, le colonel Arthur
Allan, jamais la jeune femme ne l’aurait suivi dans la voie de la
trahison.
Les Soviétiques, eux, se méfient de tout le monde. Ainsi le veut
la nature de leur régime. Certains de l’existence d’une taupe
occidentale en leur sein grâce aux révélations de l’agent
« Diomède », ils se livrent à une enquête classique de contre-
espionnage : on dresse la liste complète de ceux qui ont pu avoir
accès au compte rendu des propos de Joukov ou ont assisté
personnellement à son discours, on vérifie leurs antécédents, on les
met sous surveillance, on raye des noms après vérification de
manière à bâtir une short list à raccourcir au fur et à mesure.
De fil en aiguille, le nom de Popov finit par sortir du chapeau.
Arrêté en février 1958, il sera fusillé en janvier 1960, non sans avoir
poussé la loyauté envers les Américains jusqu’à glisser un mot à son
contact moscovite de la CIA, Russell Langelle, l’avertissant que le
KGB, l’ayant identifié, voulait se servir de lui pour infiltrer la
« Compagnie ».
Condamné par la justice anglaise pour trahison, évadé en
octobre 1966 de la prison de Wormwood Scrubs puis réfugié à
Moscou, Blake aura beau nier toute responsabilité dans la mort de
Popov, c’est tout de même grâce à lui que les Soviétiques ont
identifié l’infortuné colonel.
« Les vieux espions ne meurent jamais », dit un adage anglais.
Tard du moins dans le cas de Blake, décédé près de Moscou en
décembre 2020 à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans. Soit quelques
jours après John Le Carré, le mondialement célèbre auteur de La
Taupe et de quelques autres chefs-d’œuvre. S’il n’aimait pas
beaucoup les services d’espionnage et de contre-espionnage
anglais dont il avait fait partie, Le Carré, de son propre aveu,
détestait plus encore ceux qui les trahissaient.
« Un brillant professionnel », dira au contraire de Blake l’ex-
colonel du KGB Vladimir Poutine. Comme éloge funèbre, c’était bien
normal compte tenu des immenses services rendus à l’URSS par le
disparu.
Laissons donc « Diomède » partir avec sa conscience de
« chrétien communiste athée » vers l’au-delà des agents doubles, si
toutefois cet au-delà existe. Que cet ancien résistant – la part la plus
honorable de son existence – ait trahi le secret du tunnel de Berlin,
qu’il en ait livré les données détaillées à son nouvel officier traitant,
Sergueï Kondrachev, fut à tout prendre moins grave moralement que
la perte de dizaines de personnes. Mais « professionnellement »
parlant, pour parler comme l’inamovible président de la Fédération
de Russie, c’était autre chose. Un petit retour sept décennies en
arrière nous en convaincra aisément…
Pendant la trahison, le tunnel continue
« Découverte fortuite »
L’affaire Abel
Homo sovieticus
Détenu RI-80016
Procès-spectacle
Après un procès-spectacle de douze semaines dans la salle des
colonnes de Moscou comme seuls les régimes totalitaires peuvent
en monter, Gary Powers, qui a avoué tout ce que les Soviétiques
voulaient, a écopé en guise de récompense d’une peine
5
« clémente » de dix années de détention en août 1960 .
Pendant le procès, les tractations continuent. Très indirectes,
pour raison d’État, elles prennent beaucoup de temps.
Le 11 septembre 1961, onze mois après la condamnation de
Powers, Donovan reçoit une lettre de « Mme Abel ». En voici le
passage essentiel : « Il ressort de toutes nos précédentes
communications qu’il n’y a plus qu’une façon de procéder : la
libération simultanée de F. Powers et de mon mari peut être
envisagée. »
À Washington, où se rend maître Donovan, on hésite. C’est
qu’en termes de renseignement, bien des choses sont en train de
changer. Jugé seul responsable du fiasco de la tentative de
débarquement d’une brigade d’anticastristes cubains en avril 1961
dans la baie des Cochons, Allen Dulles est sur le point d’être limogé
par John Kennedy (cf. chapitre 17).
Dulles limogé
Un placement à échéance
Vanité et trahison
Le mur de la honte
« We survived. »
Remarque à l’auteur d’un haut gradé de la CIA résumant
à ses yeux la guerre froide
18
« Montée en structure »
« Micha » gorbatchévien
Chtorm 333 :
les Russes envahissent l’Afghanistan
Voisins et ennemis
Au « royaume de l’insolence »
La résolution N P176/125
L’engrenage
Amin « liquidé », Babrak Karmal, le protégé du KGB, prend sa
place dès le lendemain, au sortir d’un avion en provenance de
Bagram.
L’ultime serrement de boulons a eu lieu la veille, le 26 décembre,
dans la datcha de Leonid Brejnev. Le plan d’action en cours y a été
approuvé. Brejnev en ordonne le deuxième volet, l’opération
Chtorm 333.
Il va s’accompagner de quelques manœuvres de dezinformatsia.
Pour mieux déconsidérer feu Amin, on lance par exemple la rumeur
qu’il aurait été trouvé « dans les bras d’une belle Afghane »
retranché dans son bar personnel. Adultère plus alcool : un mélange
détonant en pays musulman.
Dans les jours qui suivent, cinq divisions franchissent la frontière
pour s’emparer des principales villes du pays. Le Politburo
triomphe : l’« offensive impérialiste » a été annihilée en même temps
que l’« agent de la CIA » Amin. Or ce qu’il vient de faire, c’est planter
un clou supplémentaire dans le cercueil de l’URSS.
L’Afghanistan s’apprête en effet à devenir le Vietnam soviétique.
À cette différence près que le régime communiste, à bout de forces
économiquement, ne parviendra jamais à surmonter l’épreuve. Les
Américains ont perdu leur guerre d’Indochine au prix de la mort de
près de 60 000 d’entre eux et de plus d’un million de Vietnamiens.
Ces dix années de combat retardateur leur auront au moins permis
de gagner le temps suffisant pour que l’Asie, qui aurait pu basculer à
court terme vers le communisme en cas de victoire rapide d’Hanoï,
puisse s’engager dans la voie du développement sous la forme des
« dragons » économiques.
Les dix années d’enlisement en Afghanistan ne feront au
contraire que précipiter la chute du communisme soviétique, au prix
de presque 30 000 soldats de l’armée russe et de 1 200 000 morts
afghans. En cause : la vigoureuse riposte de ces Occidentaux que le
Politburo croyait au bout du rouleau…
Contre-attaque « impérialiste »
Let it bleed
Cherchez la sortie
« Farewell » :
les Français marquent un point
Graine de guébiste
Combines et carambolage
La DST embraie
Bonjour « Farewell »
Un mètre quatre-vingt-dix-huit
Caméra miniature
« Farewell » : un bilan
Opération RYaN :
le monde au bord de l’holocauste
nucléaire
De la Loubianka au Kremlin
L’ancien diplomate change de secteur après Budapest pour
passer au département des pays socialistes au Comité central.
En 1965, le voilà chargé d’une sorte d’audit des « organes ». Deux
ans plus tard, en 1967, le président du KGB, Vladimir Semitchastny,
est écarté par Brejnev. Andropov lui succède.
Sa mission : rendre le KGB plus efficace aussi bien dans son rôle
de police politique que dans ses activités d’espionnage à l’étranger.
Elle lui va comme un gant, de fer plutôt que de velours. Dès
l’été 1967, il crée une structure spécifique du KGB, la cinquième
direction, chargée de réprimer les « éléments antisoviétiques ».
Gare aux refuzniks et autres dissidents considérés comme
l’émanation de l’étranger. Dans la mesure où ils nient l’évidence
historique du communisme, ces « malades mentaux » seront
internés dans des prisons psychiatriques liées au KGB.
En décembre 1967, Brejnev vient à la Loubianka soutenir le zèle
épurateur d’Andropov. Le secrétaire général délivre ce message qu’il
croit frappé au coin du bon sens, mais qui ne l’est qu’à celui de la
médiocrité : « Dans le renseignement, il peut arriver qu’une
opération se termine en fiasco. Mais on ne peut justifier le fiasco qui
serait le résultat de mauvais calculs, d’une absence de
professionnalisme, de la perte de vigilance. »
La haute nomenklatura soviétique vit depuis des décennies dans
un monde clos aussi bien idéologiquement que géographiquement.
En foi de quoi, l’idée manichéenne qu’elle se forge du
« capitalisme », de l’« impérialisme » et des autres mots en « isme »
dont elle raffole apparaît de plus en plus abstraite. Comment saurait-
elle où donner de la tête quand le monde s’obstine à différer de ses
propres schémas ?
En juillet 1978, le KGB cesse d’être rattaché au Conseil des
ministres pour devenir un organisme du Parti, le KGB du PC de
l’URSS. Un statut plus flatteur puisqu’en Russie le Parti décide de
tout.
S’il appuie l’émergence du jeune Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire
du PCUS chargé de l’agriculture, Andropov est frappé de plusieurs
maladies, dont celle de Parkinson. Intellectuellement, il développe
une forme aiguë de paranoïa. Autopersuadé que les Occidentaux
s’apprêtent à lancer une attaque nucléaire surprise contre l’URSS, il
va commettre la pire erreur possible pour un chef de service secret,
et bientôt un chef d’État et de gouvernement : imposer un sens
obligatoire à ses officiers de renseignements.
Potentiellement tragique pour l’humanité, cette erreur porte un
nom de code. Elle s’appelle opération RYaN…
Un refuznik à la PGU
La dixième direction
KAL 007
er
Ce 1 septembre 1983, à 3 h 25 du matin, heure de Tokyo, un
chasseur soviétique Sukoï SU-15 lance deux missiles en direction
du vol 007 de la Korean Airlines. À 3 h 38, le Boeing 747, éventré de
toute part, s’écrase en mer d’Okhotsk, cœur de la flotte soviétique
du Pacifique.
Aucun survivant parmi les deux cent quarante-neuf passagers et
les vingt-neuf membres d’équipage. Dans le climat de paranoïa
galopante généré par l’opération RYaN, un enchaînement d’erreurs
et d’approximations vient d’aboutir à une tragédie.
Après avoir survolé la péninsule du Kamtchatka, territoire
soviétique voisin du Japon, le Jumbo Jet Anchorage-Séoul via Tokyo
venait de passer au-dessus de l’île de Sakhaline, soviétique elle
aussi. Si son pilote, Chung Byong In, avait poursuivi cette trajectoire
de façon rectiligne, il aurait probablement survolé Vladivostok, le
plus grand port de la marine russe en Extrême-Orient.
D’où la réaction précipitée, disproportionnée et par la suite très
mal assumée de la chasse soviétique. Fièvre obsidionale RYaN
oblige, l’ordre était d’abattre sans états d’âme tout appareil violant
l’espace aérien de l’URSS.
Selon la version diffusée sous le manteau en Occident par le
KGB, la dérive du Boeing s’écartant délibérément de son plan de vol
aurait permis aux Américains non seulement de prendre des clichés
aériens, mais aussi de scruter grâce aux interceptions
électromagnétiques des « grandes oreilles » de la NSA, très
présente dans cette zone ultrasensible d’Extrême-Orient, le modus
operandi de la défense russe, ses temps et ses schémas de réaction
face à un événement imprévu.
Sauf que l’appareil abattu par le Sukoï n’était pas américain mais
sud-coréen ! Qu’il ne s’agissait pas d’un avion de reconnaissance de
l’US Air Force ou de l’US Navy, mais d’un vol commercial. Et que les
Soviétiques ont perdu leur sang-froid au point de tuer les passagers
innocents d’un Jumbo Jet civil. D’espionnage technologique, aucune
preuve, même si le KGB s’emploiera dès les jours suivants à tenter
diverses contre-rumeurs comme celle que l’on vient de citer.
Un fait subsiste : depuis l’année précédente, une trentaine de
techniciens de la NSA œuvraient secrètement sur le sol nippon au
programme Clef d’écoute des fréquences de l’Armée rouge
d’Extrême-Orient. L’opération était menée à l’insu des Japonais, ce
qui explique qu’après la tragédie le gouvernement américain n’ait fini
par la reconnaître que de très mauvaise grâce. Mais en quoi
l’existence du programme Clef, à supposer que le KGB en ait eu
connaissance en septembre 1983, justifiait-elle les deux tirs mortels
contre le Boeing ?
Le monde entier s’indigne du drame. Ronald Reagan le premier
qui dénonce « le massacre aérien, un acte barbare d’une violence
inhumaine ». Tandis que l’URSS hurle à l’affaire d’espionnage,
invoquant son droit à se défendre… contre des civils, le Congrès des
États-Unis vote une augmentation des crédits de défense. À travers
la grille d’analyse RYaN qui a force de loi à Iassenevo, ce vote
parlementaire ne peut être qu’une preuve supplémentaire
qu’Andropov, désormais secrétaire général du PC soviétique, avait
raison dès le départ. L’« ennemi principal » s’apprête bien à frapper.
Deux mois plus tard, cette analyse spécieuse autant que
dangereuse semble confirmée par l’exercice Able Archer…
Trahison
Adieu, Poliakov
Trouvez le traître !
Dans ces conditions, qui irait supposer qu’un gars aussi aimable
a balancé les noms de toutes les taupes de la CIA ou du FBI qu’il
connaissait, les envoyant délibérément à la mort ? Le traître avait
ses raisons. Ignobles : s’il a livré ces agents au KGB, les
condamnant ainsi à mort, c’était justement pour qu’aucun d’entre
eux ne soit en mesure de révéler à son officier traitant américain
que, d’après la rumeur d’Iassenevo, la PGU disposait d’une taupe au
sein de la CIA. Six pieds sous terre ou au Goulag pour vingt ans, ces
hommes ne risquaient plus de parler. Un raisonnement mafieux qu’il
est tout de même difficile d’imaginer chez le collègue de travail à qui
on fait la bise le matin.
Pour l’instant, Ames n’est d’ailleurs qu’un nom dans une longue
liste de traîtres possibles qu’il s’agit d’élaguer afin de la réduire à
quatre ou cinq items. Un type dont le changement peut tout de
même surprendre. Après son retour du Pakistan, où il coordonnait la
guerre américaine secrète d’Afghanistan contre l’occupant russe,
Milton Bearden s’en est aperçu. Les deux hommes ne s’étaient pas
croisés depuis plusieurs années. Et voilà qu’à un Rick aux dents mal
soignées et aux vêtements à la diable succédait un Rick aux
quenottes resplendissantes et aux vestons de sport à 1 000 dollars
pièce, qui roulait en Jaguar et changeait fréquemment de bolide.
Que s’était-il donc passé ? L’héritage colombien de Rosario,
prétendait Ames. Sa famille était très riche. Un officier a fait le
voyage à Bogota pour vérifier sommairement que là-bas le clan était
bien connu et semblait à la tête de gros moyens. Que n’a-t-il eu le
temps de pousser plus avant ses investigations : il aurait appris
qu’entre-temps la ruine financière de la belle-famille de Rick était
survenue.
On pouvait trouver un peu trop luxueuse la villa du couple Ames
achetée 540 000 dollars. Mais que répondre à Rick quand il
prétendait d’un air dégagé : « Je me suis mis un sacré crédit sur le
dos, mais avec l’argent de Rosario, on a de quoi voir venir » ? Là
encore, personne n’avait vérifié. Dommage car l’enquête démontrera
que la maison avait été payée cash et que le crédit allégué n’existait
pas.
Comme certains des agents arrêtés par le KGB travaillaient sous
la coresponsabilité de la « Compagnie » et du FBI, une structure
commune est créée. D’un côté les quatre mousquetaires de la CIA,
de l’autre les agents du Bureau fédéral rattachés à la task-force
ANLACE, spécialement créée à cette occasion en novembre 1986
au sein du FBI.
ANLACE est commandée par Tim Caruso. Pas CIA friendly pour
un dollar, ce vétéran fait immédiatement comprendre qu’il n’est là
que par ordre supérieur. Alors le CI/STF s’efforce de nouer des liens
plus amicaux avec les autres G-Men, comme Jim Holt – un des
anciens officiers traitants de Valery Martinov –, Art McLendon ou la
G-Woman Barbara Campbell.
Le problème, c’est qu’il s’agit de gens de terrain qui n’ont que
dédain pour les analystes. Tout en comprenant que Jeanne
Vertefeuille se donne un mal fou pour rentrer toutes les données sur
ordinateur, ils ne voient qu’un médiocre intérêt à ce travail de
bureau. Comme si faire du contre-espionnage ce n’était pas avant
tout brasser et croiser le plus d’éléments possible, jusqu’au moment
où un nom se dégagera du lot.
Cahin-caha, l’enquête avance donc, mais au milieu de
discussions de boutique dont subsisteront force traces.
La trahison de Robert Hanssen
Le Sénat enquête
C’est pour l’argent qu’Aldrich Ames a trahi, c’est par l’argent qu’il
tombera. L’épluchage minutieux des dossiers passés à la moulinette
informatique ne cesse en effet de raccourcir la liste des
« possibles ».
Dan Payne s’est-il souvenu de la manière dont Eliot Ness et ses
« incorruptibles » ont fait tomber Al Capone ? Par des contrôles
fiscaux. Puisqu’on s’intéresse à Ames et à son train de vie
surprenant pour un GS-14, l’équivalent à la CIA d’un lieutenant-
colonel dans l’armée à 70 000 dollars annuels, pourquoi ne pas
enquêter sur ses comptes bancaires ?
Un travail difficile compte tenu de la discrétion coutumière de ces
établissements. Quant au contrôle des cartes de crédit du couple
Ames, il ne donne rien puisque Rosario et Rick paient la plupart de
leurs dépenses en liquide, et pour cause !
À ce stade, Payne n’enquête d’ailleurs pas sur les ressources et
les dépenses du seul Ames, mais sur celles d’une petite vingtaine de
suspects. Le service de renseignements financiers américain, le
FinCEN, est mis sur le coup. Un travail de fourmi, partiel au
demeurant, car on ne peut pas tout vérifier et qu’on ne connaît pas
toutes les banques dans lesquelles des comptes ont été ouverts. Il
finit quand même par payer. Payne peut en effet établir deux points
cruciaux concernant Ames :
1) Le suspect dépose par intermittence des sommes de 15 000
à 30 000 dollars en liquide dans plusieurs banques différentes
appartenant à diverses enseignes. Ce, dans un intervalle très court :
le même jour ou le lendemain. On peut en déduire qu’il reçoit ces
billets de quelqu’un. Une démarche qui n’a rien à voir avec un
héritage, lequel se débite rarement par liasses de liquide.
2) Contrairement à ce qu’Ames raconte dans l’espoir de
détourner les soupçons, la belle villa du couple a été payée
comptant et lui n’a souscrit aucun crédit.
Tout cela prend énormément de temps. Fin 1993, la religion des
chasseurs de taupes est cependant faite : Ames, qu’on a déjà muté
par prudence au département de lutte antidrogue de la
« Compagnie », travaille bien pour les Russes. Pour la PGU puis,
après décembre 1991, pour son héritier, le SVR. C’est dire s’il a
réussi le grand écart entre l’URSS de Gorbatchev et la Russie de
Boris Eltsine.
Au FBI d’en collecter les preuves : surveillance du courrier,
filatures, écoutes téléphoniques. Le dispositif Van Eck de captation à
petite distance – une camionnette garée dans la rue par exemple –
des radiations des touches frappées sur un clavier d’ordinateur et
des signaux du tube cathodique pour reconstituer des textes rédigés
sur le même PC est mis en œuvre. Il permettra de retrouver les
messages que l’agent double tirait et déposait dans ses boîtes aux
lettres pour ses traitants russes. Des textes détruits sur son
ordinateur et que le tribunal retiendra pour la première fois de
l’histoire judiciaire américaine comme pièces à conviction.
Ames se montrait prudent, mais les écoutes téléphoniques
permettront d’établir que Rosario, si elle n’y participait pas de
manière active, savait la trahison de son mari. Or elle était citoyenne
des États-Unis désormais.
Décidé à tirer les marrons d’un travail commun où la CIA a pris
plus que sa part, le FBI décide de faire de l’arrestation du couple un
événement médiatique à son seul profit. C’est sous l’œil des
caméras qu’Aldrich et Rosario Ames sont arrêtés par les G-Men
le 21 février 1994. Un bon coup de pub pour le Bureau fédéral.
L’impression générale est que la CIA était infiltrée et que c’est le FBI,
bon samaritain, qui a tiré d’affaire cette inconsciente.
Ames passe aux aveux. Le 28 avril, devant la cour fédérale
d’Alexandria, il plaide coupable. Se sachant condamné, son souci
est désormais de protéger Rosario, la femme pour les beaux yeux
de laquelle il a trahi, la mère de son enfant. Jugé responsable de la
mort d’au moins une dizaine d’agents exécutés par le KGB, ceux
qu’il avait dénoncés de peur qu’ils ne mettent le contre-espionnage
américain sur sa piste, il écopera de la prison à vie. Rosario, de six
années pour complicité.
L’affaire va connaître de forts prolongements politiques. Deux
jours après l’arrestation du couple, le président Bill Clinton et le vice-
président Al Gore réunissent à la Maison-Blanche James Woolsey,
le patron de la CIA, ainsi que des membres des commissions des
affaires étrangères de la Chambre des représentants et du Sénat.
Au menu de la rencontre, cette question : la découverte des activités
coupables d’Ames aura-t-elle des conséquences dans les rapports
avec l’URSS ?
La réponse est non, mais du coup le Comité sur le
renseignement du Sénat décide d’enquêter sur le cas Ames. Dix-
sept élus, dont le sénateur du Massachusetts et futur candidat
malheureux à la présidence John Kerry, participeront à ces travaux
sous la direction du président du Comité, Dennis DeConcini. Un
sénateur démocrate de l’Arizona qui se donnera même la peine
d’interviewer Ames dans sa prison le 5 août 1994.
Pour Langley, le rapport du Comité va se révéler meurtrier. Il se
place en effet entièrement du point de vue du FBI, épargné par des
critiques virulentes qui tombent comme la grêle sur la
« Compagnie ». Impliquée dans de nombreux scandales dans le
passé, la CIA n’a pas aussi bonne presse que le Bureau fédéral. Le
fait qu’elle ait mis tant de temps, presque dix ans, à démasquer le
traître en son sein n’arrange rien, même si ce long délai tient pour
une part au manque de coordination entre ses enquêteurs du
CI/STF et ceux de la task-force ANLACE.
On rit au FBI et on pleure à la CIA. Mais comme dit le proverbe,
mieux vaut attendre la fin de l’histoire. Pour Hanssen, ce sera son
arrestation le 18 février 2001 puis sa condamnation à la prison à vie
le 10 mai 2002. Il apparaîtra alors clairement qu’aucune des deux
agences fédérales n’a été épargnée par la trahison. Trois en
comptant la NSA avec Pelton et consorts. Et qu’aucune d’entre elles
n’a fait preuve de la nécessaire vigilance.
En 2002, de toute façon, l’URSS n’existe plus depuis dix ans et
cette guerre froide qui nous a occupés pendant quatre décennies est
terminée.
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