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ANTOINE BECHAMP
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Marie Nonclercq
Docteur en Pharmacie

ANTOINE BECHAMP
1816-1908
l'hommeet lesavant
originalitéetféconditédesonœuvre

Préface et Note documentaire par le


Docteur Philippe DECOURT
Ancien Chef de Clinique de la Faculté de Médecine de Paris
Président de l'Association Internationale Claude Bernard

Maloine s.a. éditeur Paris


27, rue de l'Ecole-de-Médecine, 75006 Paris
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? MALOINE S.A. Editeur 1982


La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une
part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et
non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes
citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction
intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants-droit ou
ayants-cause, est illicite » (alinéa 1er de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc
une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.
ISBN 2-224-00854-6
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A la mémoire de:

Madame Mireille Crêmonini-Béchamp


Mesdemoiselles Yvonne et Suzanne Bécharnp
Madame Simone Simonin-Béchamp

pures vestales du Culte de leur grand-père,


et dont ce livre fut le dernier rêve.

A Monsieur Arnaud Gasser, arrière petit-fils, pour


les nombreux ouvrages mis obligeamment à ma disposition.

A tous ceux qui m'ont ouvert les chemins menant vers


des écrits enfouis dans les Archives.
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Préface
On doit féliciter Madame Marie Nonclercq pour la courageuse
publication de son livre sur Antoine Béchamp.

Antoine Béchamp fut l'un des plus grands savants du


XIXème siècle; son oeuvre qui touche à la chimie de synthèse, à
la biochimie, à la médecine (en particulier à la pathologie
infectieuse dont il fut le premier à comprendre la cause micro-
bienne) , à la biologie générale, aux origines de la vie, est
considérable; elle a eu et conserve une grande importance histori-
que car elle se développa au moment où la médecine commençait à
devenir une science en sortant de l'empirisme, et Béchamp fut l'un
des premiers à le comprendre. Pourtant son oeuvre est presque
totalement méconnue aujourd'hui, parce qu'elle a été systématique-
ment falsifiée, dénigrée, pour les intérêts personnels d'un
personnage illustre qui avait, contrairement à Béchamp, le génie
de la publicité et de ce qu'on appelle aujourd'hui "les relations
publiques".

On ne peut malheureusement pas rétablir la vérité sur l'oeuvre


de Béchamp sans parler de l'auteur des principales falsifications
historiques: Louis Pasteur. Elles paraissent incroyables. Mais
les textes sont restés. Les documents se trouvent dans toutes les
grandes bibliothèques scientifiques du monde entier car presque tout
a été publié dans les Comptes-rendus de l'Académie des Sciences et
dans les quatre volumes de la correspondance de Pasteur publiés par
son petit-fils. Ces documents sont irréfutables, écrasants.
Mme Marie Nonclercq les a évoqués avec discrétion; leur importance
pour comprendre la personnalité de l'adversaire de Béchamp est
telle qu'il me parait nécessaire d'ajouter une Note documentaire
que l'on trouvera à la fin de ce volume.
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On est en droit de s'étonner, avec Mme Nonclercq, du sort


réservé à Béchamp par les "historiens". Presque toujours ils
l'ignorent complètement, et dans les cas rarissimes où l'on
parle de lui, on lui attribue des opinions qui ne sont pas les
siennes. Dans la grande Encyclopaedia Britannica3 dans l'
Encyclopaedia Americana, en France dans l'Encyclopaedia Universalis3
Béchamp n'est même pas cité (alors que l'on attribue à Pasteur des
découvertes qu'il n'a pas faites). Le Dictionnaire de la
Biographie française (publication quasi officielle, avec l'appui
du C.N.R.S.), inverse complètement les opinions de Pasteur et de
Béchamp en attribuant à Béchamp les erreurs de Pasteur et à celui-
ci les justes opinions de Béchamp. Dans la Grande Encyclopédie,
on écrit que "Béchamp est vitaliste et adversaire des théories
bactériennes". C'est un comble ! Quand Béchamp soutenait la
théorie parasitaire et microbienne des maladies des vers à soie,
Pasteur (qui n'admettait pas encore la théorie microbienne des
maladies infectieuses) le traitait de "fou" ! Les histoires de
la médecine tiennent des propos analogues. Tout cela est lamenta-
ble.

Faut-il conclure que Béchamp ne se soit jamais trompé ?


Evidemment non. Il s'est trouvé à une époque charnière de
l'histoire des sciences, cheminant difficilement au milieu d'une
jungle presque entièrement inconnue. On ne peut, et on ne pourra
jamais dire que les plus grands savants ont toujours tout compris.
Ce serait faux et ridicule. Mais il faut au moins faire connaitre
l'histoire réelle des grands doctrines scientifiques. Détail
typique : on a donné un prix Nobel à Biichner en 1907 pour avoir
découvert la "Zyrnase" en 1897. Il suffit d'ouvrir le dictionnaire
Littré, paru en 1873, le mot "Zymase" y figure déjà, avec la
référence d'une des premières publications de Béchamp qui l'avait
découverte et nommée, et en avait admirablement montré les carac-
tères chimiques et physiologiques, ainsi que son importance capitale
pour les phénomènes de la vie.
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On ne peut reprocher à personne de s'être trompé; mais on


doit rétablir la vérité quand elle a été systématiquement
falsifiée. C'est le but du livre de Mme Nonclercq qui contient
une documentation d'une exceptionnelle richesse. Il est issu
d'une thèse de Doctorat en Pharmacie, à laquelle l'Université de
Strasbourg a attribué la "mention très honorable" et les
"félicitations du jury" en décembre 1981.

Docteur Philippe Decourt


Ancien Chef de Clinique de la
Faculté de Médecine de Paris
Président de l'Association Internationale
Claude Bernard.
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AVANT-PROPOS
"A toutes les grandes découvertes,
souhaitons la contradiction, plutôt
qu'un silence de mort."
M.A. GUENIOT
La critique et son utilité.

En écrivant ce travail, dédié à la mémoire du Professeur


Antoine BECHAMP, nous n'avons songé qu'à essayer de faire le point
sur une des époques les plus importantes de l'Histoire de la
Médecine. Animés d'un violent sentiment d'équité, provoqué par
les découvertes biologiques contemporaines, nous n'avons cherché
qu'à "rendre à César ce qui est à César".

Notre fin de XXème siècle, fervente de contestation dans


tous les domaines, oublie de se pencher sur ce chapitre de la
médecine où les travaux de BECHAMP ont occupé une place impor-
tante mais, si gênante à l'époque, qu'ils ont été systématique-
ment déformés pour les déconsidérer jusqu'à ce qu'on les enterre
complètement malgré les efforts d'esprits ouverts qui les ont
compris et ont cherché à les expliquer et à les faire connaître
pendant la vie du savant ou depuis sa mort.

Anotre époque où la bactériologie et toute la biologie


développent des idées confirmant les conceptions, alors révolu-
tionnaires de BECHAMP, qui n'eut jamais droit, comme suprême
hommage, qu'au titre de "précurseur de PASTEUR", il semble
opportun de se ranger aux côtés du Pharmacien brésilien, Julio
XIMENES, et de tous les hommes d'élite internationaux qui surent
apprécier ses qualités de novateur et trouvèrent au moment de
sa mort, le 15 avril 1908, un porte-parole éminent et impétueux,
venu de New York à Paris depuis quelque temps pour connaître son
"vénéré Maître" : le Docteur Montague R. LEVEPSON, membre de
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l'Ecole médicale de Baltimore, Docteur en philosophie de


l'Université de Gottingen. Cet Américain fit scandale au
"Figaro" en reprochant au journaliste Emile BERR de ne pas
avoir annoncé le décès du savant dédaigné de beaucoup de
"pseudo-scientists" (sic), de "l'homme de science exceptionnel,
auteur de recherches, de découvertes qui ont puissament enrichi
la biologie, la physiologie, la chimie, la pathologie; le grand
mouvement scientifique du dernier siècle a reçu de ses travaux
son impulsion'. (177)

Comme le journaliste de 1908, certains lecteurs éprouveront


peut-être un profond sentiment d'inconfort en s'apercevant que
leurs connaissances issues de l'enseignement traditionnel et bien
enracinées, se montrent erronées ou incomplètes. Si nous n'avons
pas réussi à les convaincre, nous leur demandons de bien vouloir
avoir la curiosité scientifique d'interroger eux-mêmes l'Histoire
et de remonter aux sources dans les publications officielles des
Académies, ce que n'ont pas fait les hagiographes de PASTEUR. Ils
prendront alors conscience que "les vieilles archives sont les plus
impartiaux des juges", et ne manqueront sans doute pas, comme
nous-mêmes, d'arriver à faire table rase de la légende et à
s'enthousiasmer pour notre savant national "volontairement ignoré',
pour qui la Vérité fut la règle d'or pendant toute sa vie.
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INTRODUCTION
"Qu'importe le scandale. Il faut servir
la vérité. "
Saint Grégoire le GRAND

Tout nouveau diplômé, médecin ou pharmacien, sort de la


Faculté avec une somme de connaissances, acceptées de façon
réflexe, qu'il lui semble inutile de discuter ou même d'analyser;
il est tellement sécurisant de pouvoir s'appuyer sur l'enseignement
reçu et de faire entièrement confiance aux professeurs illustres,
reconnus infaillibles par les Maîtres.

Ce fut, évidemment, notre cas, mais au cours de notre


carrière de pharmacien d'officine, le contact quotidien avec le
malade, cet usager volontaire ou contraint du médicament, nous
obligea souvent à entendre le récit d'observations vécues qui
venaient jeter un doute sur certains grands principes enseignés.

Devant des faits qui n'obéissent pas aux théories régnantes,


des questions se posent, des lectures hérétiques reviennent en
mémoire, des noms de chercheurs qui n'ont jamais été prononcés
au cours des études émergent d'écrits peu connus. Par un médecin
breton, le Docteur Yves COUZIGOU, ancien élève au Muséum
d'Histoire Naturelle du Professeur Jean TISSOT, inventeur du masque
à gaz qui sauva bien des "poilus" pendant la guerre 1914-1918,
nous apprenions que, peu de temps avant sa mort, PASTEUR confiait
a son ami le Docteur RENON : "BERNARD avait raison; le microbe
n'est rien, c'est le terrain qui est tout" (113) et nous découvriions
l'existence d'Antoine BECHAMP. Ce pharmacien, médecin, collègue
de PASTEUR à l'Ecole de Strasbourg, montra la véracité des vues
de Claude BERNARD sur la valeur primordiale du terrain propre à
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chaque individu. Ses thèmes de recherche, qui passionnaient les


savants de l'époque, furent les mêmes qu'étudia PASTEUR, c'est
pourquoi il est absolument impossible de ne pas parler de l'un
en faisant connaître l'autre, nous risquons parfois d'être
qualifiés d'iconoclastes, car les conclusions de BECHAMP furent
adoptées, soit intégralement, soit après de maladroites modifi-
cations par son célèbre contemporain.

La rencontre des petites-filles d'Antoine BECHAMP, vivant


chichement d'une rente viagère, celle de notre éminent confrère,
le Docteur Pierre BACHOFFNER, "héritier" de l'officine créée par
BECHAMP à Strasbourg en 1843, divers ouvrages citant les travaux
de BECHAMP à côté de ceux de PASTEUR, comme Les fermentations du
chimiste SCHUTZENBERGER; d'autres, voulant plus largement faire
justice à BECHAMP et jeter la lumière sur ses travaux, comme ceux
des Docteurs Hector GRASSET, François GUERMONPREZ, du Professeur
Paul PAGES, du Docteur Philippe DECOURT, nous ont fait découvrir
l'histoire extraordinaire d'un très grand savant, complètement
étouffée par la"légende intangible et sacrée de PASTEUR" (155)

Nous connaissions l'histoire Image d'Epinal par l'écrit


de René VALLERY-RADOT, gendre de PASTEUR, "Histoire d'un savant
par un ignorant", ainsi que par le suivant, publié en 1900 :
"La vie de Pasteur" :

"panégyrique plus complet, où l'oeuvre de son beau-père


est longuement citée, celle des autres diminuée; les
contradicteurs ne sont évoqués que sous forme d'allusions
sommaires et dédaigneuses." (111)
"C'est dans cette biographie tendancieuse, ou chez les
auteurs qui s'en sont inspirés, que les historiens des
Sciences (hormis quelques exceptions quasi inconnues,
surtout étrangères) ont pris leur documentation sans se
référer aux sources officielles des Académies des Sciences
ou de Médecine. Alors 3 avec stupeur, on se rend compte des
omissions et des attributions déplacées. On s 'aperçoit que
les disciples de PASTEUR n'ont jamais cité le nom de
BECHAMP, ni discuté ses idées. "
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Nous ne sommes pas les premiers à désirer faire sortir des


oubliettes un des "soldats inconnus de la Science". (154)

En 1957, Yves ROBIN consacrait sa thèse à l'étude de la


rage, et avant d'exposer les travaux de Pierre-Victor GALTIER,
Savant et Professeur de bactériologie a l'Ecole Nationale
Vétérinaire de Lyon, s'exprimait ainsi :

"La phalange scientifique ne peut-elle compter dans ses


rangs que des héros ? On ne vainc jamais seul; mais grâce
à ces "ouvriers de la première heure", à ces hommes qui
"courent en tenant le flambeau devant le char du triom-
phateur" (et que ce même char écrase souvent pour aller
plus vite dans l'adoration des foules), un seul donc
bénéficie et profite du triomphe, et rien ni personne
désormais ne peuvent ébranler sa gloire tant elle est
enracinée dans le coeur des hommes et dans l 'histoire.
PASTEUR fut ce triomphateur de génie...
. . . I l serait puéril3 pourtant3 de croire que PASTEUR fut
seul l'artisan de sa gloire3 de son rayonnement.
PcAi1' 0N n'a-t-il pas dit : "La découverte dans les sciences
biologiques en particulier est rarement l'oeuvre exclusive
d'un seul mais l'aboutissement de la collaboration des
savants à travers les années et même à travers les siècles.
Le merveilleux mérite de l'invention trouve en réalité sa
source dans le jaillissement d'un cerveau, de l'étincelle
qui allume le flambeau dont la mèche a été tissée lentement3
f i l par fil, par de nombreux ouvriers du Savoir" ?
C'est peut-être par ignorance de ces principes que l'on
combla PASTEUR d'une gloire aussi éclatante3 si bien que
pour beaucoup, c 'est PASTEUR qui, le premier, a compris
ce que c 'est que la fermentation; avant lui, on ne voyait
dans ce phénomène qu 'une transformation plus ou moins vague
et indéterminée dans sa cause et dans ses origines; sur la
génération spontanée, les idées qui avaient cours n 'étaient
qu'idées d'enfant : PASTEUR vint heureusement tirer la
science du chaos où elle gisait; quant à la pathologie des
maladies microbiennes, elle n'était encore, si on en croit
DUCLAUX, qu'une "Terre promise" où nul n'avait su s'orienter.
On avait3 avant lui, découvert des bacilles, tels la
bactéridie charbonneuse, mais les notions en étaient encore
confuses et seul3 PASTEUR, aux dires de ses disciples,
devait apporter la lumière dans ces ténèbres. C'est sans
doute pour cela que BIOT a pu dire de PASTEUR, "Il éclaire
tout ce qu'il touche". Si bien qu 'aujourd 'hui, pour des
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esprits trop crédules, fermentations, génération spontanée


et microbes, tout cela se confond en un même symbole :
tout cela c 'est PASTEUR.
Nous nous garderons de tomber dans l'exagération contraire.
Mais... "

En 1905, Philippe ROCHE avait présenté sa thèse pour le


doctorat en Médecine sur "Les fermentations", a Paris, dans des
termes identiques et allait jusqu'à dire :

"Ces exagérations constituent au fond une injustice


regrettable pour tous ceux (et ils sont nombreux) qui, ne
s'appelant pas PASTEUR, ont néanmoins, par leurs travaux,
préparé la route au grand savant, ou même ont avancé à
côté de lui...
...Pour nous et pour tous ceux qui ont étudié de près la
question, il est de toute évidence qu'on a beaucoup trop
idéalisé l'oeuvre de PASTEUR; sans nier catégoriquement
l'influence des devanciers du maître, on l'a en somme
réduite à néant, et l'on s'est plu à représenter ses dé-
couvertes comme les actes d'un génie révélateur qui a semé
le miracle partout où i l s'est arrêté. Si vous n'êtes pas
convaincus, écoutez plutôt DUCLAUX; ses paroles sont inté-
ressantes parce qu'elles donnent, mieux que tout commentaire,
une idée de cet hyperbolisme dans l 'éloge qui amuse peut-être
autant qu'il étonne :
"L'esprit de PASTEUR, c'est l'oiseau qui vole; on ne le voit
que lorsqu'il se pose ou prend son essor. Pourquoi s'est'-il
abattu ici et non là ? Pourquoi a-t-il pris cette direction
et non une autre pour s'envoler vers de nouvelles découvertes ?
Si vous pouviez le savoir et nous le dire, PASTEUR ne serait
plus un génie échappant à l'analyse... PASTEUR n'est pas un
savant comme les autres; sa vie scientifique est une admi"
rable unité; elle a été le développement logique et harmo-
nieux d'une même pensée. Sans doute, il ne savait pas quand
il faisait ses premières études de cristallographie, qu'il
aboutirait un jour à la prévention de la rage. Mais
Christophe COLOMB ne savait pas non plus, en partant, qu'il
découvrirait l'Amérique. Il devinait qu'en allant toujours
dans la même direction, il découvrirait quelque chose de
nouveau. Ainsi a fait PASTEUR. Dès ses premiers travaux,
il a eu devant lui un problème de vie. Il a trouvé la route
pour l'aborder et, depuis, il a toujours marché dans la
même voie, consultant la même boussole. Sans doute, il a
traversé des pays bien divers où il a laissé sa trace.
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"Mais il ne les cherchait pas, ils étaient sur son


chemin; et la grandeur de ses découvertes fait que
l'histoire de son esprit, même réduite à un procès-
verbal, peut revêtir les allures d'un roman d'aven-
tures qui serait uy<2T.' "
"Tout cela est fort bien, et à la vérité, il faut recon-
naître que cette façon de représenter PASTEUR comme un
grand aventurier de génie, allant de-ci de-là extraire
des ténèbres de la science les merveilles qui y demeu-
raient ensevelies, que cette façon d'éloge, dis-je, était
bien faite pour rallier tous les esprits au drapeau d'un
même culte. Le malheur, et c'est là ce que nous voulons
démontrer, c'est que les aventures qu'il allait traverser
lui étaient connues pàr avance, et que les pays nouveaux
qu'il allait parcourir se présentaient à lui avec des voies
toutes tracées. Cela, du reste, ne supprime pas le mérite
du savant; mais cela diminue singulièrement la gloire du
novateur."

Etudiant Les fermentations, Philippe ROCHE va, inévitablement,


parler de BECHAMP et nous apprendre que cet "inconnu" a, non
seulement ouvert la voie, mais l'a "hardiment parcourue", nous
sommes tentés de compléter la comparaison d'Emile DUCLAUX, en
rappelant l'existence du navigateur florentin Américo VESPUCCI,
qui mit le pied sur le Nouveau Continent un an avant l'astucieux
gênois.

En fouillant les archives officielles, comptes-rendus des


Académies des Sciences et de Médecine, où sont conservées les
discussions, les réclamations de priorité des savants contemporains,
en lisant les quatre volumes de la "Correspondance de PASTEUR",
recueillie, annotée et publiée par son petit-fils, il apparait que
ce poème épique constitue une monstrueuse injustice envers tous
ceux qui, par leurs travaux, ont préparé la route au célèbre chimiste
érigé en père de la médecine, ou même l'ont largement dépassé. L'on
arrive à être confronté à un grave problème, tant on se heurte à
un dogme solide : le nom de PASTEUR constitue à lui seul l'image
de marque de la France dans le monde entier, aussi
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"est-il curieux de remarquer à quel point on supporte


mal habituellement que PASTEUR ait pu se tromper, ou
puiser des idées chez les autres". (111 )

Déjà en 1905, Philippe ROCHE reconnaissait :

"Nous ne dissimulons pas que les opinions exprimées dans


les lignes qu'on va lire cadrent mal avec celles qui
sont aujourd'hui acceptées et risquent fort, au premier
abords de troublerpar leur brutalité même, certains
esprits adeptes inconscients de traditions consacrées." ( 155)

Le temps a passé; petit à petit, des évènements ignorés


émergent pour appuyer les dires de ces jeunes "esprits enthou-
siastes de vérités".

Brièvement, citons-en quelques-uns :


Ayant vécu "à l'ombre de PASTEUR", son neveu, le Docteur
Adrien LOIR, révèle, seulement en 1538, certains détails inédits,
familiaux ou scientifiques, où nous découvrons que le contradicteur
de son oncle, même courtois, fut toujours traité avec

"violence et rancune, devenant (un) ennemi comme tous ceux


qui lui tenaient tête et ne partageaient pas ses théories".
(140 )

Tandis qu'en 1967, François DAGOGNET, admirateur fervent du


grand savant, va signaler que :

"Déjà de son vivant, PASTEUR devra renoncer à des solutions


qu'il avait défendues avec acharnement."

Et qu'à propos de la maladie des vers à soie en particulier,

"Il finira bon grémal gré, par donner raison à ses


adversaires. " ( 108)

Ici, nous pouvons nommer BECHAMP, mais il est noyé dans le


pluriel !
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La curiosité du Docteur Philippe DECOURT mise en éveil


le pousse à enquêter; il interroge en 1971 le Professeur Paul
PAGES afin de retrouver des documents à Montpellier. Avec chagrin,
il apprend qu'Eugène ESTOR, fils du Professeur Alfred ESTOR,
collaborateur et ami de BECHAMP, fut, après la mort de son père,
intimidé par des personnages éminents venus de l'Institut "lui
faire comprendre" qu'il ruinerait la réputation scientifique de
son père en gardant ses travaux; par piété filiale, le fils avait
tout détruit, même la correspondance que n'avaient pas manqué
d'échanger les deux amis après le départ de BECHAMP à Lille.

Les publications scientifiques ont, heureusement, gardé la


preuve indestructible du travail exceptionnel du Professeur Antoine
BECHAMP.

Son magistral ouvrage, publié non sans difficultés en 1883 :

LES MICROZYMAS
dans leurs rapports avec l 'hétêrog&nie, l'histogenie, la physiologie
et la pathologie.
Examen de la panspermie atmosphérique continue et discontinue,
morbifère ou non morbifère.

nous donne ses conférences de trente ans d'enseignement â ses élèves


montpelliérains puis lillois.

Ses autres ouvrages, trouvés dans les bibliothèques ou


exhumés des greniers de ses descendants que les soucis matériels
submergèrent, dévoilent abondamment ses prophétiques intuitions
contrôlées scrupuleusement par de nombreuses expériences.

C'est pourquoi nous nous sentons envahis par le désir ardent


de faire écho à l' "Appel à la France" lancé en 1957 par le Pharma-
cien brésilien Julio XIMENES
"pour qu'elle médite sur l'oeuvre de son fils méprisé -
A. BECHAMP". (171)
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Julio XIMENES écrivait à cette date pour commémorer le


centenaire de la découverte du microzyma, dont la théorie,
pour lui,

"permettait de comprendre les phénomènes qui s 'accomplissent


dans la matière des êtres vivants".

Nous souhaitons que notre travail, écrit avec la plus


entière bonne foi et en toute simplicité, ne soit pas considéré
comme une résurgence des polémiques malheureuses du XIXème siècle,
mais qu'il constitue un irrésistible encouragement à rechercher
et faire connaître les sources des opinions universellement
admises aujourd'hui par les microbiologistes, les bactériologistes,
les immunologistes et de notre XXème siècle, qui bien souvent font
du "béchampisme" sans le savoir, comme Monsieur Jourdain faisait
de la prose !

BECHAMP verrait alors se réaliser son espoir confiant

"en l'avenir de la théorie microzymienne base de la médecine,


comme la théorie lavoisiérienne est devenue la base de la
chimie." (122)

Nous sommes obligés de constater la même idée exprimée avec


concision par les deux savants : chez LAVOISIER, pour le règne
minéral, dans sa célèbre formule :

"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. If

Chez BECHAMP, pour les êtres organisés, dans l'épigraphe de son


ouvrage encyclopédique :

"Rien n'est la proie de la moy't-,


Tout est la proie de la vie. "
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CHAPITRE 1
L'HOMME

"La recherche de la sincérité et de


la vérité est le plus difficile et
le plus ingrat des combats."
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A B A S S ! N G (MOSELLE)

MAISON NATALE

BUSTE EN BRONZE
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Combien nombreux sont ceux qui se demandent :


Qui est Antoine Béchamp ? ■
j
t

La partie de l'Histoire des Sciences qui traite de la décou-


verte ,,dès maladies microbiennes conserve des zones
d'ombre où sont cachés des noms tels que ceux d'Ignace
Semmelweiss, Jean Hameau, Casimir Davaine, Henri Tous-
saiot,-PiBrre-Victor Galtier... et dans le coin le plus sombre,
celui d'Antoine Béchamp ; alors que ses conceptions jugées
« révolutionnaires » à son époque, se voient « découvertes »
et mises en pratique de nos jours par les chercheurs les plus
avancés de la biologie moléculaire, de l'immunologie, de la
microbiologie, de la virologie. Pour les tenants de ces disci-
plines, il ne devrait plus faire de doute que, si leurs notions
nouvelles ne recouvrent pas exactement celles du
« microzyma », elles les ont, pour s'établir, largement utili-
sées.
Telle est l'opinion du Docteur Marie Nonclercq, étayée par
des documents solides, souvent inédits, puisés dans les
archives officielles et familiales, ainsi que dans divers manus-
crits exhumés des bibliothèques.
Ce livre, d'après le Docteur Georges Schaff, professeur de
Physiologie à la Faculté de Médecine de Strasbourg, est un
écrit original et captivant, qui retrace les péripéties surpre-
nantes d'une belle page ignorée de l'Histoire des Sciences et
de la Médecine au xixe siècle.
Il fait sourdre l'eau vive où nombre de savants, et notam-
ment Pasteur, se sont abreuvés fructueusement et clandesti-
nement.
C'est le récit d'une histoire douloureusement vécue, aussi
passionnant qu'un roman.
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
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