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2015-2016 Semestre de printemps

Université Lyon I PMI/CCP


Problème du 27 avril 2016, durée 1h30.

Problème 1. (
sin(x)
x si x 6= 0
Dans cet exercice on considère la fonction f définie sur [0, +∞[ par f (x) = .
1 si x = 0
1. (a) Montrer que f est continue sur [0, +∞[.
La fonction f est continue sur ]0, +∞[ comme quotient de fonctions continues (la
x
fonction au dénominateur ne s’annule pas sur ]0, +∞[). De plus, f (x) ∼ = 1 donc
x→0 x
lim f (x) = 1 = f (0) et f est continue en 0. Ainsi, f est continue sur [0, +∞[.
x→0
Z π
(b) Montrer que l’intégrale f (x)dx est bien définie.
0 Z π
La fonction f étant continue sur le segment [0, π], l’intégrale f (x)dx est bien
0
définie.
Z M
sin(x)
(c) À l’aide d’une intégration par parties, montrer que la limite lim dx
M →+∞ π x
existe dans R.
Soit M > π. Les fonctions u : [π, M ] → R, x 7→ − cos x et v : [π, M ] → R, x 7→ x1
sont de classe C 1 , et pour tout x ∈ [π, M ], u0 (x) = sin x, v 0 (x) = − x12 . Par intégration
par parties, on a
− cos x M
Z M   Z M
sin(x) cos(x)
dx = − dx
π x x π π x2
Z M
1 cos M cos(x)
= − − dx.
π M π x2
Or pour tout x ∈ R, | cos x| ≤ 1 donc pour tout M ≥ π, cosMM ≤ M 1
. Comme
1 cos M
lim = 0, on en déduit que lim = 0.
M →+∞ M M →+∞ M
Z +∞ Z +∞
cos x 1 1 cos x
De plus, pour tout x ≥ π, ≤ 2 et dx est convergente donc dx
x2 x π x2
π x2
est également convergente.
Z M
sin(x)
Ainsi, la limite quand M → +∞ de dx existe dans R.
π x
Z +∞
(d) En déduire que l’intégrale I = f (x)dx est convergente.
0
Z π Z M
sin(x)
On a montré que f (x)dx est bien définie et que lim dx existe dans
0 Z +∞ M →+∞ π x
R, on en déduit que l’intégrale I = f (x)dx est convergente.
0
2. Soit g une fonction de classe C 1 sur un segment [a, b]. On pose, pour tout entier naturel
Z b
n, Ln = g(t) sin(nt) dt. A l’aide d’une intégration par parties bien choisie, montrer que
a
Ln tend vers 0 quand n tend vers +∞.

1
Soit n ∈ N∗ . Les fonctions g et v : [a, b] → R, t 7→ − cos(nt)
n sont de classe C 1 . Par intégration
par parties, on a
 b b
− cos(nt)
Z
cos(nt)
Ln = g(t) × + dt g 0 (t)
n a a n
1 b 0
Z
cos(nb) cos(na)
=− g(b) + g(a) + g (t) cos(nt)dt,
n n n a
d’où Z b
cos(nb) cos(na) 1
|Ln | ≤ g(b) + g(a) + |g 0 (t) cos(nt)|dt.
n n n a
Or pour tout x ∈ R, | cos x| ≤ 1 donc pour tout n ∈ N∗ ,
 Z b 
1 0
|Ln | ≤ |g(a)| + |g(b)| + |g (t)|dt .
n a
Rb
L’intégrale a |g 0 (t)|dt est un réel fixé (|g 0 | est continue), de même que g(a) et g(b), on en
déduit donc que lim Ln = 0.
n→+∞
(
1 1
π x − sin(x) si x 6= 0
3. On définit une fonction ϕ sur [0, 2 ] en posant ϕ(x) = .
0 si x = 0
(a) Montrer que ϕ est continue sur [0, π2 ].
La fonction ϕ est continue sur ]0, π2 ] par théorème d’opérations. De plus pour tout
sin x − x x3
x ∈]0, π2 ], ϕ(x) = et sin x = x − + o (x3 ) donc
x sin x 6 x→0

x3
sin x − x ∼ − et x sin x ∼ x2 ,
x→0 6 x→0

x
d’où ϕ(x) ∼ − . On en déduit que lim ϕ(x) = 0 = ϕ(0). Ainsi ϕ est continue en 0
x→0 6 x→0
et sur [0, π2 ].
(b) Montrer que ϕ est continûment dérivable sur ]0, π2 ] et calculer sa dérivée.
La fonction ϕ est continûment dérivable sur ]0, π2 ] par théorème d’opérations. De plus
pour tout x ∈]0, π2 ],

1 cos x −(sin x)2 + x2 cos x


ϕ0 (x) = − + = .
x2 (sin x)2 (x sin x)2
(c) À l’aide d’un développement limité, calculer la limite de ϕ0 (x) quand x tend vers 0.
On écrit un développement limité à l’ordre 4 du numérateur de ϕ0 au voisinage de 0 :
2
x3 x2
  
2 2 4 2 2
−(sin x) + x cos x = − x − + o (x ) + x 1 − + o (x )
6 x→0 2 x→0

x4 x 4
= −x2 + + x2 − + o (x4 )
3 2 x→0
x4
= − + o (x4 ).
6 x→0

−x4 /6
Ainsi, ϕ0 (x) ∼x→0 x4
= − 16 , et donc limx→0 ϕ0 (x) = − 61 .

2
(d) Montrer que ϕ est de classe C 1 sur [0, π2 ].
On a montré les propriétés suivantes :
– ϕ est continue sur [0, π2 ],
– ϕ est de classe C 1 sur ]0, π2 ],
– ϕ0 (x) admet une limite finie quand x → 0, égale à −1/6.
On en déduit que ϕ est de classe C 1 sur [0, π2 ] et que ϕ0 (0) = −1/6.
4. Dans cette question on fixe un entier naturel non nul n, et on définit In et Jn en posant
Z (2n+1) π Z π
2 sin(t) 2 sin ((2n + 1)t)
In = dt et Jn = dt .
0 t 0 sin(t)
Z π
2 sin((2n + 1)t)
(a) Montrer que In = dt.
0 t
t
On fait le changement de variable (linéaire) suivant : u = 2n+1 . Alors dt = (2n + 1)du
et on a Z π Z π
2 sin((2n + 1)u) 2 sin((2n + 1)u)
In = (2n + 1)du = du
0 (2n + 1)u 0 u
ce qui est bien le résultat demandé, la variable d’intégration étant muette.
(b) Soit t ∈]0, π2 ]. Démontrer que
n
X sin((2n + 1)t) − sin(t)
cos(2kt) sin(t) = .
2
k=1

Indication : On pourra commencer par écrire cos(2kt) sin(t) comme une différence
de deux sinus.
En utilisant la formule suivante : cos a sin b = 21 (sin(a + b) − sin(a − b)), on écrit
n n
X 1 X 
cos(2kt) sin(t) = sin((2k + 1)t) − sin((2k − 1)t)
2
k=1 k=1
n n−1
1 X 1X
= sin((2k + 1)t) − sin((2l + 1)t)
2 2
k=1 l=0
1
= (sin((2n + 1)t) − sin t).
2
(c) Calculer Jn .
En utilisant le résultat précédent, on écrit pour tout t ∈]0, π2 ],
n
sin((2n + 1)t) X
=1+2 cos(2kt),
sin(t)
k=1

et cette formule est encore valide pour t = 0, les deux membres valant 2n+1 en t = 0.
On a donc
Z π/2 n Z π/2
X
Jn = dt + 2 cos(2kt)dt
0 k=1 0
n  π/2
π sin(2kt)
X
= +2
2 2k 0
k=1
π
= .
2

3
5. Montrer que In − Jn tend vers 0 quand x tend vers +∞.
Pour tout n ∈ N∗ ,
Z π/2   Z π/2
1 1
In − Jn = sin((2n + 1)t) − dt = sin((2n + 1)t)ϕ(t) dt.
0 t sin(t) 0

La fonction ϕ étant de classe C 1 sur le segment [0, π2 ], on peut appliquer le résultat de la


question 2. On en déduit que lim In − Jn = 0.
n→+∞
6. En déduire la valeur de I.
π
Par définition de I, on a I = lim In , donc I = lim Jn = .
n→+∞ n→+∞ 2

Problème 2.
Dans cet exercice, on fixe un entier n ∈ N∗ , un R-espace vectoriel E de dimension n, ainsi qu’un
endomorphisme f de E vérifiant ker(f ) = Im(f ).
1. Montrer que n est un entier pair et déterminer le rang de f (qu’on notera p dans la suite
de l’exercice) en fonction de n.
Par le théorème du rang, on a n = dim(E) = dim(ker(f )) + dim(Im(f )) = 2 dim(Im(f )) =
2p, donc n est pair, et p = n/2.
2. Montrer que f ◦ f = 0.
Soit x ∈ E. Alors par définition de Im(f ), f (x) ∈ Im(f ). Comme Im(f ) = ker(f ), on a
donc f (f (x)) = 0. Ainsi f ◦ f = 0L(E) .
3. Réciproquement, montrer que si g est un endomorphisme de E tel que dim(E) = 2 rang(g)
et g ◦ g = 0, alors ker(g) = Im(g).
Soit g un endomorphisme de E tel que dim(E) = 2 rang(g) et g ◦ g = 0.
Montrons d’abord que Im(g) ⊂ ker(g). Soit y ∈ Im(g). Alors il existe x ∈ E tel que
y = g(x). On a donc g(y) = g(g(x)) = 0, c’est-à-dire y ∈ ker(g). On a bien montré
Im(g) ⊂ ker(g).
De plus, par le théorème du rang, dim(ker(g)) = dim E − rang(g) = rang(g). On en déduit
donc l’égalité Im(g) = ker(g).
4. Justifier qu’il existe un sous-espace vectoriel F de E tel que ker(f ) ⊕ F = E, et que
dim(F ) = p.
ker(f ) est un sous-espace vectoriel de E, il admet donc un supplémentaire F dans E, et
on a dim F = dim E − dim(ker(f )) = 2p − p = p.
Dans la suite on fixe un tel F ainsi qu’une base e1 , . . . , ep de F .
5. Montrer que (f (e1 ), . . . , f (ep )) est une base de Im(f ).
Le cardinal de la famille (f (e1 ), . . . , f (ep )) étant égal à la dimension de Im(f ), il suffit
pour montrer que cette famille est une base de Im(f ) de montrer qu’elle est génératrice.
Soit y ∈ Im(f ). Alors il existe x ∈ E tel que y = f (x). Par la décomposition E = ker(f )⊕F ,
il existe x0 ∈ ker(f ), z ∈ F tels que x P = x0 + z, et comme (e1 , . . . , ep ) est une base de F ,
il existe (λ1 , . . . , λp ) ∈ R tel que z = pi=1 λi ei . Alors par linéarité de f ,
p

p
X p
X
y = f (x0 ) + λi f (ei ) = λi f (ei ).
i=1 i=1

La famille (f (e1 ), . . . , f (ep )) est bien une famille génératrice de Im(f ).

4
6. Pour tout i compris entre 1 et p, on pose ep+i = f (ei ).
Montrer que la famille (e1 , . . . , e2p ) est une base de E.
Le cardinal de la famille (e1 , . . . , e2p ) étant égal à la dimension de E, il suffit pour montrer
que cette famille est une base de E de montrer qu’elle est libre.
2p
X
Soit (λ1 , . . . , λ2p ) ∈ R2p tel que λi ei = 0. Alors en appliquant f , comme f (0) = 0, on a
i=1

2p 2p
!
X X
0=f λi ei = λi f (ei )
i=1 i=1
p
X p
X
= λi f (ei ) + λi+p f (f (ei ))
i=1 i=1
Xp
= λi f (ei ) car f ◦ f = 0.
i=1

2p
X
Or, (f (e1 ), . . . , f (ep )) est libre donc λi = 0 pour tout i = 1, . . . , p. On a donc λi ei = 0,
i=p+1
p
X
c’est-à-dire λp+i f (ei ) = 0. On utilise encore le fait que (f (e1 ), . . . , f (ep )) est libre pour
i=1
en déduire que λi = 0 pour tout i = p + 1, . . . , 2p.
(bonus) Ecrire la matrice de f dans la base obtenue à la question précédente.
Pour tout i = 1, . . . , p, f (ei ) = ep+i et f (ep+i ) = f (f (ei )) = 0 donc la matrice de f dans
la base (e1 , . . . , e2p ) est
 
0 ... ... 0 0 ... ... 0
 .. .. .. .. 
 . . . . 
 .. .. .. .. 
 
 . . . . 
 
 0 ... ... 0 0 ... ... 0 
 
 1 0 ... 0 0 ... ... 0 
 
 0 . . . . . . ... ... .. 

 . 

 .. . . . . .. .. 
 . . . 0 . . 
0 ... 0 1 0 ... ... 0

où chaque bloc est de taille p × p.

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