Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2024 05:50
Documentation et bibliothèques
ISSN
0315-2340 (imprimé)
2291-8949 (numérique)
Découvrir la revue
Tous droits réservés © Association pour l'avancement des sciences et des Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
techniques de la documentation (ASTED), 1996 services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique
d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.
https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/
Jules Larivière
Directeur
Bibliothèque de droit, Université d'Ottawa
Le respect du droit d'auteur selon l'esprit des législations nationales et des conventions internationales n'a jamais été facile pour le
personnel des établissements de diffusion des documents; l'apparition des nouvelles technologies de l'information n'a pas simplifié
leur tâche. Après un rappel de la notion et de l'évolution de l'objet du droit d'auteur et un tour d'horizon des protections légales qui en
ont découlé au Canada et ailleurs, l'auteur démontre que la réforme de 1988 de la loi canadienne sur le droit d'auteur demeure
inachevée car elle n'apporte pas de solution satisfaisante aux problèmes de droit d'auteur reliés aux nouvelles technologies de
l'information documentaire.
New Information Technology and Copyright Las nuevas tecnologias de la informaciôn y el derecho del
autor
Librarians and other information specialists have experienced El respeto del derecho del autor segûn el espiritu de las
some difficulty applying the national legislations and internatio- legislaciones nacionales y de las convenciones internacionales
nal conventions on copyright and the emergence of new informa- nunca fue facil para el personal de los establecimientos que
tion technologies has only complicated matters. Following a brief difunden los documentos. La apanciôn de las nuevas tecnologias
description and history of the notion of copyright and the various de la informaciôn no ha simplificado su tarea. Después de un
legislations in Canada and elsewhere, the author illustrates how resumen de la nociôn y de la evoluciôn acerca del derecho del
the 1988 revision of the Canadian copyright law has fallen short autor y de una vision del conjunto de las leyes protectoras que se
of the mark because it failed to address the application of han producido en Canada y en otros paises, el autor demuestra
copyright to new information technologies. que la reforma de 1988 de la ley canadiense sobre el derecho del
autor queda inconclusa, porque no lleva ninguna soluciôn
satisfactoria a los problemas del derecho del autor relacionados
con las nuevas tecnologias de la informaciôn.
La question du droit d'auteur dans duction et de transmission de l'informa- tes est presque rendue incontrôlable par
les bibliothèques a toujours été un sujet tion documentaire sous toutes ses for- les créateurs et que, de l'autre, d'impor-
contrariant pour les professionnels de mes, alliée à l'incapacité chroniquedes tants distributeurs d'information docu-
l'information documentaire. Comme une législations sur le droit d'auteur à s'adap- mentaire électronique sont à mettre au
épine dans le pied dont on pense s'être ter rapidement aux nouvelles réalités du point des mécanismes de contrôle de la
débarrassée, la question refait surface monde de l'information, font en sorte que consultation de leurs systèmes qui feront
chaque matin à l'ouverture des bibliothè- la profession se retrouve souvent accu-
en sorte que des frais pourraient être
ques. Coincés entre la mission de rendre sée à la fois par les créateurs et les
exigés pour un simple survol.
l'information documentaire facilement et utilisateurs de ne pas respecter leurs
rapidement accessible à leur clientèle et droits (Douglas 1991).
la déontologie professionnelle face au Convaincus que les créateurs ont
respect de la propriété intellectuelle, les Bien que le problème ne soit pas droit à une juste rémunération pour l'utili-
membres de la profession se retrouvent nouveau puisqu'il existe depuis l'enva- sation de leurs oeuvres, les bibliothécai-
souvent sur une corde raide entre les hissement des bibliothèques par les res croient également que les législa-
détenteurs des droits d'auteur et les utili- machines à photocopier, il n'en reste pas tions sur le droit d'auteur doivent assurer
sateurs des oeuvres protégées. moins qu'il atteint aujourd'hui une acuité un équilibre de droits de façon à permettre
sans précédent, compte tenu du fait que aux utilisateurs d'oeuvres protégées d'y
L'incroyable explosion des nouvel- d'un côté, la reproduction sans autorisa- avoir un accès facile et selon des moda-
les technologies de repérage, de repro- tion et à un coût minime de copies parfai- lités raisonnables.
traités protégeant les oeuvres à l'échelle mées ou informatisées). Mais il y a aussi seaux de communication (Canada. Co-
internationale est généralement admise toute la question, beaucoup plus comple- mité.. . Contact... 1995,2). Le plus connu et
par la plupart des pays. De façon à assu- xe et controversée, de la responsabilité le plus utilisé de ces réseaux est évidem-
rer la réciprocité de protection aux créa- des bibliothèques en tant qu'organisa- ment Internet. Il s'agit d'un «ensemble de
teurs, il existe des conventions internatio- tion vis-à-vis la mise en disponibilité sous réseaux informatiques à point d'accès
nales sur le droit d'auteur selon lesquel- limitation de services de reproduction et unique reliant l'utilisateur à un système
les les pays signataires s'engagent à de représentation publique d'oeuvres pro- d'information électronique dont les rami-
étendre leur protection légale aux ressor- tégées. fications s'étendent au monde entier»
tissants des autres pays signataires de la (Canada. Comité... Contact... 1995, 4). Il
convention (Keyes et Brunet 1977). En Les terminaux, les ordinateurs per- compte actuellement plus de cinq mil-
plus des accords sur des aspects très sonnels, les lecteurs de disques opti- lions de noeuds informatiques. Son ryth-
particuliers et des ententes bilatérales ques compacts, les imprimantes au laser me de croissance est phénoménal et
entre les pays, il existe deux conventions et les lecteurs optiques font maintenant constitue une source de renseignements
internationales sur le droit d'auteur, à partie de l'ameublement et de l'équipe- inépuisable que les bibliothécaires ont
savoir la Convention de Berne et la Con- ment conventionnels de la plupart des maintenant intégré à leur collection de
vention universelle sur le droit d'auteur. bibliothèques. L'accès aux banques de référence.
données, bibliographiques ou plein texte,
Droit d'auteur et bibliothèques soit en ligne ou sur disque optique, est un La principale caractéristique des
service que la plupart des bibliothèques nouveaux médias est l'interactivité, c'est-
Les bibliothèques sont les centres mettent à la disposition de leur lectorat et à-dire que l'usager peut interagir avec
d'information documentaire par excellen- le télédéchargement remplace graduel- l'oeuvre qu'il consulte et même créer une
ce. Elles achètent ou se procurent, par lement la photocopie. Finalement, la créa- nouvelle oeuvre à partir des données qui
divers moyens, des documents de diffé- tion d'oeuvres multimédias avec le déve- lui servent de base de travail. Quant à
rentes formes qu'elles organisent, réper- loppement de la technologie numérique l'inforoute, c'est l'éclatement de la notion
torient et rendent disponibles à leurs abon- et l'apparition de l'autoroute de l'informa- de territorialité qui risque de créer le plus
nés. De plus en plus aujourd'hui, elles tion ont révolutionné les méthodes de de problèmes.
offrent à ces derniers une infrastructure prestation des services documentaires
technologique leur permettant d'avoir ac- dans les bibliothèques. Problèmes de droit d'auteur
cès à de la documentation électronique.
Cette accessibilité à l'information docu- Nouvelles technologies Alors que pour certains, l'avènement
mentaire est, règle générale gratuite, mais des nouvelles technologies ne crée pas
il arrive que, pour certains services plus Les expressions «Nouvelles tech- nécessairement de nouveaux problèmes
spécialisés, on exige des frais. Compte nologies» et «Nouveaux médias» sont de droit d'auteur parce que les législa-
tenu qu'il est physiquement et financière- utilisées indistinctement pour exprimer tions actuelles suffisent à protéger les
ment impossible pour une bibliothèque finalement la même réalité, à savoir l'uti- auteurs d'oeuvres de création (Mathieu
de posséder tout ce que ses usagers ont lisation de la technologie numérique pour 1996) et que les dispositions relatives à
besoin, les bibliothèques se prêtent entre la création, la production, le stockage et la l'utilisation équitable offrent une protec-
elles des documents. À cet égard, on transmission de textes, d'images, de tion suffisante aux usagers d'oeuvres pro-
procède encore généralement sans frais sons, etc. Parmi ces nouveaux médias, tégées (Canada. Comité... Sous-comité
quoique, de plus en plus, les bibliothè- les oeuvres multimédias intéressent plus sur le droit d'auteur 1995, 33), pour
ques essaient de recouvrer des coûts. particulièrement le monde de l'informa- d'autres, «les découvertes technologi-
tion documentaire. «Par multimédias, on ques multiplient les possibilités de viola-
Les problèmes de droit d'auteur entend une technologie qui intègre deux tion du droit d'auteur et rendent le paie-
dans les bibliothèques se situent à deux ou plusieurs médias existants ou nou- ment de redevances ainsi que la négocia-
niveaux. D'abord, il y a le personnel mêlé veaux, par exemple, le son, l'image en tion des droits plus difficiles» (NGL 1994,
à certaines activités qui ont une incidence plein mouvement, les vues fixes, les gra- i). Enfin, certains juristes se demandent
directe sur le respect des droits d'auteur. phiques, l'animation, le texte et les don- même si le législateur ne pourrait pas
On pense ici au prêt entre bibliothèques et nées dans un seul et même produite (NGL adopter une loi distincte de celle sur le
à toute la question de la livraison de docu- 1994, 9). Le disque qui permet, sous une droit d'auteur pour régir lesoeuvres élec-
ments ainsi qu'à la reproduction d'oeuvres forme compacte, le stockage et l'afficha- troniques (Guibault 1996). C'est dans ce
audiovisuelles aux fins de développement ge de textes et de graphiques ainsi que la contexte que plusieurs pays ont mis sur
de collections (diapositives, enregistre- lecture audio, est sûrement la forme de pied des groupes de travail chargés «d'étu-
ments de toutes sortes, etc). On doit aussi multimédias la plus répandue dans les dier le cadre juridique entourant la créa-
considérer la situation des employés des bibliothèques. tion et l'utilisation de l'autoroute électroni-
services d'information et de référence qui, que.» (Vaver 1995, 10)
dans le cadre de leurs recherches ou de Quant à l'autoroute de l'information,
leurs activités de formation documentai- il s'agit du résultat de la convergence de Au Canada d'abord, on retrouve le
re, sont appelés à reproduire des parties systèmes de communication et de systè- Comité consultatif sur l'autoroute de l'in-
importantes d'oeuvres protégées (impri- mes informatiques en un réseau de ré- formation, créé en mars 1994, lequel a
présenté en septembre 1995 un rapport droits des créateurs au détriment de ceux optiques compacts et les disquettes sont
intitulé Contact, communauté, contenu: le des utilisateurs (Kurtz 1996). Dans une clairement des oeuvres fixées matérielle-
défi de l'autoroute de l'information. Dès sa analyse qu'il en faisait lors du Sympo- ment, qu'en est-il des textes qui circulent
création, le comité a créé un sous-comité sium canadien sur la technologie numé- à travers des réseaux informatiques?
pour étudier spécifiquement la question rique et le droit d'auteur tenu à Ottawa en Sont-ils «fixés» seulement au moment du
du droit d'auteur dans un contexte d'échan- mars 1995, le directeur de l'Institut cana- télédéchargement sur un disque rigide,
ge électronique d'information. Présidé par dien de la propriété intellectuelle, Howard sur une disquette ou sur une copie papier
un juriste versé en la matière, Me Claude •P. Knopf affirme que les recommanda- ou au moment même de leur disponibilité
Brunet, le sous-comité a présenté une tions de ce rapport «pourraient jeter la sur l'écran? Certains, dont les membres
série de recommandations dans un rap- confusion ou même ralentir l'expansion du Sous-comité canadien sur le droit
port intitulé Le droit d'auteur et l'autoroute de l'autoroute de l'information. On peut d'auteur, ont même poussé la réflexion
de l'information. Les membres du sous- soutenir qu'il penche nettement pour les jusqu'à prétendre que la simple consulta-
comité ont su bien cerner la problémati- titulaires de droits d'auteur, qu'il ne tient tion du contenu d'une oeuvre électronique
que de l'équilibre nécessaire des droits pas compte des réalités de tous les jours ou d'une banque de données devrait être
en écrivant que «les possibilités de pirata- dans le domaine de l'inforoute et qu'il considérée comme une activité de repro-
ge ou d'utilisation ou de reproduction non- risque de décourager sérieusement le duction, même si c'est à titre temporaire.
autorisées des oeuvres protégées, et les progrès si l'on y donne suite. » (Knopf 1995)
répercussions économiques potentielles, Le principe de l'utilisation équitable
sont une préoccupation majeure des créa- De son côté, la Communauté euro- est aussi remis en question dans le con-
teurs et des producteurs. Pour les usa- péenne a également mis sur pied, en texte des nouvelles technologies numéri-
gers, les prestataires de services et les février 1994, un groupe de travail qui a ques. Par définition, l'oeuvre numérique
distributeurs, il importe avant tout de sim- publié un rapport dès juin 1994. Connu ne peut être utilisée que par la copie qu'on
plifierles procédures d'obtention des droits sous le nom de rapport Bangemann (du en fait. Pourrait-on alors en venir à consi-
pour l'utilisation d'oeuvres protégées, et nom de son président Martin Bangemann), dérer toute utilisation de la version numé-
de mieux définir la nature et l'étendue de il s'intitule Europe and the Global Infor- rique d'une oeuvre protégée comme une
leurs responsabilités vis-à-vis de la pro- mation Society. Le rapport préconise une violation du droit d'auteur? Il faut sérieu-
tection de ces oeuvres» (Canada. Comi- meilleure harmonisation des législations sement en douter et conclure à la néces-
té... Sous-comité sur le droit d'auteur 1995, nationales sur la propriété intellectuelle et sité de revoir les dispositions relatives à
3). Dans son ensemble, le rapport du la nécessité d'assurer une solide protec- l'utilisation équitable dans le contexte d'un
sous-comité semble manifester un pré- tion légale aux détenteurs de droits environnement numérique. Un autre as-
jugé plus que favorable à l'égard des (Dixonand Self 1994, 465). Finalement, pect relié à l'utilisation équitable est celui
créateurs: à titre d'exemple, on peut men- toujours en 1994, le professeur de droit de la notion de partie importante d'une
tionner la recommandation voulant «que Pierre Sirinelli publiait le rapport d'une oeuvre. Le titulaire du droit d'auteur n'a
le gouvernement fédéral, de concert avec commission française qu'il avait prési- aucun droit sur la reproduction d'une par-
l'industrie, les créateurs et les groupes dée sur les industries culturelles et les tie secondaire de son oeuvre et ne peut
d'usagers, lance une campagne d'infor- nouvelles technologies. donc en interdire la reproduction. Alors
mation sur les obligations des usagers et qu'il est relativement facile de définir une
les droits des créateurs en matière de droit Bien qu'à des degrés différents, tou- partie importante d'une oeuvre dite «con-
d'auteur» (Ibid, 4). L'opposition marquée tes les études identifient un certain nom- ventionnelle» (imprimés, sons, images,
entre les «obligations des usagers» et bre de problèmes que les nouvelles tech- etc.), comment identifier une telle partie
les «droits des créateurs» laisse per- nologies font apparaître. Il y a d'abord la d'une oeuvre multimédia où on retrouve
plexe. Mais c'est surtout la recommanda- facilité avec laquelle on peut produire des des textes, des extraits musicaux et des
tion à l'effet que «l'accès à une oeuvre peut copies tout à fait identiques à l'original. La photographies?
être assimilé à une reproduction» (Ibid, reproduction de copies parfaites, soit par
11) qui doit inquiéter la profession. Dans télédéchargement ou d'autres moyens, Nouvelles technologies et bibliothèques
un tel contexte, le simple survol sans rend impossible la détection de la source
permission d'une oeuvre protégée de- de la première copie non autorisée et le Les bibliothèques ont été parmi les
viendrait une violation du droit d'auteur. contrôle de l'utilisation de l'oeuvre. Un premières organisations à tirer profit de
deuxième problème que les créateurs l'informatisation de leurs opérations et de
Aux États-Unis, c'est le groupe diri- considèrent très sérieux est la possibilité leurs services. Dès la fin des années
gé par Bruce A. Lehman qui a étudié la pour l'usager d'interagir avec l'oeuvre soixante, on vit apparaître les premières
question des droits de propriété intellec- consultée et de pouvoir ainsi la manipuler banques de données bibliographiques
tuelle dans un environnement de techno- au point de la personnaliser à son gré. qui allaient constituer la base des pre-
logie numérique. Également publié en miers catalogues automatisés et des pre-
septembre 1995, le rapport américain, Il y a aussi toute la question de la miers services de prêts informatisés. Par
intitulé White Paper- Intellectual Property «fixation» de l'oeuvre numérique qui fait la suite, arrivèrent les premières banques
and the National Information Infrastructu- problème. En effet on sait qu'une oeuvre de données commerciales à l'origine des
re a soulevé la controverse car on y favo- doit être fixée sous une forme matérielle services automatisés de référence.
risait une augmentation marquée des pour être protégée. Alors que les disques Aujourd'hui ce sont des établissements
hautement informatisés et souvent à peut l'utiliser et dans quelles conditions électronique que la bibliothèque prêteu-
l'avant-garde dans la prestation de servi- on peut faire du télédéchargement. Cer- se aura d'abord télédéchargé de la ban-
ces documentaires automatisés. taines licences indiquent également qu'on que de données d'un fournisseur de do-
ne peut pas prêter le logiciel ou sa docu- cumentation électronique? Pour les usa-
Les bibliothèques se procurent mentation sans une permission expres- gers des bibliothèques, l'édition électro-
aujourd'hui un très grand nombre de pro- se. nique de revues risque de devenir un
duits informatiques,soit pour leur propre véritable cauchemar, étant donné que le
usage, soit pour les rendre disponibles à Un nouveau problème a fait récem- fournisseur sera en mesure d'exiger des
leur clientèle, à partir de prêts directs ou ment son apparition dans les bibliothè- frais chaque fois qu'on voudra consulter
encore à l'intérieur de réseaux locaux. De ques, à savoir la responsabilité quant à un article de la revue électronique.
plus, elles fournissent à leurs usagers l'ouverture du contenant (habituellement
tout l'équipement nécessaire pour accé- une enveloppe plastique) de produits in-
Tous ces problèmes de droit d'auteur
der à une multitude de banques de don- formatiques. Même si la valeur légale de
reliés aux nouvelles technologies de l'in-
nées ou encore pour avoir accès à des l'avertissement est mise en doute par
formation documentaire sont d'autant
réseaux de réseaux comme Internet. En- plusieurs, il y a quand même lieu d'être
plus complexes que la présente législa-
fin le phénomène de l'édition électroni- prudent à l'égard des produits électroni-
que et de la bibliothèque virtuelle, encore tion canadienne sur le droit d'auteur est
ques qui stipulent que le simple fait de
embryonnaire il y a quelques années à déchirer l'enveloppe plastique constitue tout à fait inadaptée à l'environnement
peine, est aujourd'hui une réalité dans une acceptation de la licence, donc un numérique qu'on retrouve de plus en plus
plusieurs bibliothèques. contrat pour le destinataire. Étant donné dans les bibliothèques. En effet, malgré
que dans les bibliothèques, le courrier est toutes les interprétations et les contor-
Tous ces produits et toutes les utili- habituellement abondant et ouvert par un sions juridiques qu'on veut bien faire par-
sations de ces nouvelles technologies personnel dont ce n'est pas la tâche et la ticulièrement en regard de la notion d'uti-
sont évidemment soumis aux diverses responsabilité légale de lire et d'accepter lisation équitable, il n'y a véritablement
législations nationales sur le droit d'auteur les conditions d'une licence (donc d'un qu'une seule autorisation de reproduc-
ainsi qu'aux conventions internationales contrat), il y a lieu de s'assurer que les tion: c'est celle permise une fois le droit
en vigueur dans les pays signataires. produits électroniques reçus par courrier expiré, soit cinquante ans après la mort de
C'est ainsi qu'au Canada, on peut faire sont traités par du personnel idoine. l'auteur. Il s'agit là d'une autorisation plu-
des copies de sauvegarde d'un logiciel et tôt difficile à invoquer dans le cas des
en modifier le langage informatique pour Compte tenu de l'importance juridi- nouveaux médias et des nouvelles tech-
le rendre compatible avec son ordinateur que de la licence, il est absolument né- nologies. Dans ce contexte, le pouvoir de
en vertu de l'article 27(2) I) et m) de la Loi cessaire d'y porter une attention toute négociation des licences est nettement
canadienne sur le droit d'auteur. Mais les particulière de façon à bien mesurer les du côté des fournisseurs étant donné
produits électroniques sont aussi, pour engagements qu'on prend. Ainsi dans que, contrairement à d'autres législations
un très grand nombre, soumis à des li- les établissements d'enseignement où comme celle des États-Unis, les biblio-
cences qui établissent les conditions d'uti- on met des banques de données à la thèques ne bénéficient pas d'exceptions
lisation par les bibliothèques et leur clien- disposition des usagers des bibliothè- au droit de reproduction d'oeuvres proté-
tèle. Une licence est d'abord et avant tout ques, la licence spécifiera habituellement gées. Au Canada, le problème de repro-
un contrat, c'est-à-dire un accord légal qui qu'il doit s'agir d'étudiants ou de profes- duction de telles oeuvres dans un contex-
lie les parties (le titulaire du droit d'auteur seurs de la maison. Il faut donc alors te d'utilisation équitable reste entier dans
et l'acquéreur de l'oeuvre protégée). Il est prévoir des mécanismes de contrôle, ou le nouvel environnement technologique
important de noter qu'elle est d'abord négocier des licences adaptées si le grand et tout le débat autour de la photocopie se
soumise aux exigences des lois qui ré- public peut les consulter. On peut toujours
gissent le droit d'auteur et les contrats poursuit autour du télédéchargement. La
négocier des licences particulières avec loi canadienne sur le droit d'auteur pré-
dans la juridiction où on a acquis le produit un fournisseur. Si certaines conditions ne
ou utilisé la technologie. Ainsi, un titulaire voit, à l'article 27 paragraphe 2, qu'on peut
conviennent pas à une bibliothèque, le
de droit d'auteur ne pourrait pas dans le faire une utilisation équitable d'une oeuvre
fournisseur acceptera parfois des clau-
cadre d'une licence étendre la durée du à certaines fins, à savoir pour des fins
ses différentes du contrat-type.
droit d'auteur au-delà de la période pré- d'étude privée, de recherche, de critique,
vue par la législation nationale ou prévoir de compte rendu ou en vue d'en préparer
L'édition électronique et son impact
des pénalités que ne lui accordent pas les un résumé destiné aux journaux. Il faut
sur le prêt entre bibliothèques et la livrai-
lois en vigueur. De plus, il faut se rappeler donc des conditions précises pour invo-
son de documents est aussi un tout nou-
qu'une licence ne constitue pas un trans- quer l'argument de l'utilisation équitable.
veau problème de droit d'auteur pour les
fert de propriété du droit d'auteur. Ainsi la De plus, seule une personne peut y pré-
bibliothèques. En effet, un certain nombre
plupart d'entre elles stipulent que le titu- tendre et une bibliothèque ne pourrait
de questions se poseront face à cette
laire des droits demeure propriétaire du satisfaire aux conditions nécessaires à
nouvelle façon d'obtenir l'information do-
logiciel; elle n'est qu'une autorisation pour l'utilisation équitable. On se retrouve alors
cumentaire. Par exemple sera-t-il possi-
l'utiliser. Elles établissent l'environnement à la merci des licences qu'on veut bien
ble d'emprunter, par prêt entre bibliothè-
(monoposte ou réseau) dans lequel on consentir.
ques, la copie d'un article d'un périodique
Conclusion Giiibault, Lucie. 1996. La propriété intellectuelle Magnusson, Dennis N. et Victor Nabhan. 1982.
et la technologie numérique: à la recherche Les exceptions à laprotection du droit d'auteur
d'un compromis satisfaisant. Les Cahiers de au Canada. Ottawa: Consommation et Cor-
On comprendra peut-être mieux porations Canada, p. 2.
propriété intellectuelle 8 (2): 213.
maintenant pourquoi le Sous-comité sur
le droit d'auteur du Comité consultatif sur Keyes, A.A. et C. Brunet. 1997. Le droit d'auteur Mathieu, Paul-André. 1996. Multimédia, inforoute
l'autoroute de l'information ne favorise , du Canada: propositions pour la révision de et droit d'auteur. Le Journal du Barreau 28
pas des modifications majeures à la loi la loi. Ottawa: Ministre de la Consommation (6): 18.
canadienne sur le droit d'auteur en ce qui et des Corporations, p. 19.
NGL, Le Groupe Nordicité ltée. 1994. Étude sur
concerne les exceptions et considère que les nouveaux médias et le droit d'auteur:
Knopf, Howard P. 1995. Le droit d'auteur et rapport final. Ottawa: Industrie Canada.
«/es dispositions relatives à l'utilisation
l'inforoute: catalyseur de progrès ou cause de
équitable offrent une protection suffisante paralysie? Symposium sur la technologie Tamaro, Normand. 1995. Loi sur le droit d'auteur :
aux usagers d'oeuvres protégées par droit numérique et le droit d'auteur (1995, Lac texte annoté. 3e éd. Scarborough: Carswell. p.
d'auteur sur l'autoroute de l'information et . Meech, Québec). Ottawa: Ministre des Tra- 266 et 299.
qu'Une convient donc pas de les modifier» vaux publics et des Services gouvernemantaux,
(Canada. Comité... Sous-comité sur le p. 60. Vaver, David. 1995. Rajeunir le droit d'auteur,
droit d'auteur 1995, 33). Pourquoi irait-on numériquement. Symposium sur la technolo-
Kurtz, Leslie A. 1996. Copyright and the National gie numérique et le droit d'auteur (1995, Lac
modifier une loi qui sert bien les intérêts information infrastructure in the United Sta- Meech, Québec). Ottawa: Ministre desTra-
d'un groupe qu'on favorise au détriment tes. European Intellectual Property Review vaux publics et des Services gouvernementaux,
d'un autre envers lequel on manifeste peu 18 (3): 120. p. 10.
de sympathie?
Letogiddintégré Ack)^^
Sources consultées • des recherches br^enâejs<^mHW d'aJÉ: à l'écran
•dfc notesj^tfthesauriis^ #
Canada. Comité consultatif sur l'autoroute de l
Cette publication annuelle informatisée est égalemmt offerte en version imprimée.
'information. 1995. Contact, communauté,
contenu: le défi de l'autoroute de l'informa- Poste de travail individuel 5 Version imprimée
tion: rapportfinal.Ottawa: Le Comité. No de catalogue: SN13-2-2-19964WC No de catalogue: SN13-2-2-1996e
Canada: $ $ 9 , 9 5 , Canada: $74.95,
Canada. Comité consultatif sur l'autoroute de Autres pays: $59.95US Autres pays: $74.951)8