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2023 13:33
Documentation et bibliothèques
ISSN
0315-2340 (imprimé)
2291-8949 (numérique)
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https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/
Guy Cloutier*
Université de Sherbrooke
Sherbrooke
Dans le contexte de la révolution informatique Canada que la discussion s’est amorcée au début
qui progresse à un rythme exponentiel, il est de des années soixante-dix; c’est également grâce à
mise que les intervenants que sont les spécialistes l’initiative du Service de la bibliothèque de l’Uni
de l’information et de la documentation s’interro versité de Toronto qu’est né et s’est développé
gent sur le rôle qu’ils accordent et accorderont UTLAS (University of Toronto Library Automa
aux nouvelles technologies de traitement et de tion Systems) à laquelle entreprise furent asso
diffusion de l’information. ciées la majorité des bibliothèques universitaires
du Québec et certaines bibliothèques spéciali
C’est à la suite des développements technolo
sées. Plus près de nous, l’Université du Québec
giques des dernières années qu’on en estarrivé au
innova en développant le réseau BADADUQ
concept de réseau automatisé de bibliothèques,
(Banque de données à accès direct de l’Université
afin de permettre à celles-ci de réaliser deux
du Québec) axé essentiellement sur le repérage
objectifs importants: le partage des ressources, et de l’information, contrairement à UTLAS qui était
la réalisation de projets coopératifs reliés dans un et demeure encore un projet collectif de traite
premier temps au traitement de la documentation. ment informatisé de la documentation. Tout
C’est grâce entre autres au leadership et à la récemment, l’Université du Québec à Montréal
clairvoyance de la Bibliothèque nationale du (UQAM) développait un système intégré de ges
tion de bibliothèques pouvant fonctionner en
réseau, SIGIRD (Système intégré de gestion
* L'auteur est directeur du Service des bibliothèques. informatisée des ressources documentaires).
De plus, en mars 1981, deux comités furent premier lieu une pourvoyeuse d ’information, suite
créés par le Conseil consultatif de la Bibliothèque entre autres à l’explosion de la documentation, à
nationale du Canada afin de le conseiller sur l’automatisation et à l'apparition des bases de
différentes questions relatives au développement données. L’accès à l’information prend de plus en
d’un réseau de bibliothèques décentralisé. Le plus le pas sur l’accès à la documentation comme
Comité du réseau de services bibliographiques et mission première; l’usager dans sa quête d’infor
de communications fera des recommandations mation, fichiers, bases de données, bibliogra
sur divers aspects reliés à la création et au phies, etc., identifie un certain nombre de docu
fonctionnement d’un réseau de communication ments disponibles soit localement soit à l’intérieur
bibliographique, alors que le Comité du réseau de d ’un réseau quelconque. Or cet accès tant à
ressources présentera des recommandations sur l’information qu’à la documentation n’est possible
toute question touchant le partage des ressources en terme de délais raisonnables que par l’intermé
documentaires au pays. diaire des réseaux informatisés; cet accès, il sera
Un réseau informatique de bibliothèques per éventuellement élargi grâceà l’interconnexion des
met de réaliser collectivement, grâce aux techni réseaux et accéléré par les futures technologies
de transmission de texte.
ques d’informatique et de communication, des
objectifs qu’aucun des participants ne pourrait Les développements en matière de réseaux
réaliser individuellement. Il présuppose que les informatisés de bibliothèques sont, au-delà des
buts et objectifs des participants sont similaires en avantages économiques et autres qu’ils repré
ce qui concerne la dimension ressource, la sentent, une nécessité dans toute société le
dimension bibliographique ainsi que la dimension moindrement organisée. Il est en effet impératif
communication des relations qui caractérisent les d’offrir un accès rapide et structuré aux masses
échanges entre les membres du réseau. d’information générées à un rythme effarant; il est
La dimension ressource implique que le réseau tout aussi impératif par la suite de livrer rapide
est constitué de façon à garantir la disponibilité et ment la marchandise, en l’occurence le contenu
ou le document lui-même. La seule solution de
l’accès à la documentation susceptible d’être
demandée par un des participants, notamment par remplacement serait l’autosuffisance institution
nelle, ce qui est évidemment impensable.
la coordination et la rationalisation du dévelop
pement des collections, pour s’assurer que la Il ne faut jamais perdre de vue que les ordina
documentation requise sera rassemblée et acces teurs et toute la technologie des communications
sible à tous. ne sont que des outils et que c’est à nous d’abord
La dimension bibliographique recouvre la créa de déterminer à quelles fins ces nouvelles techno
logies seront utilisées dans nos bibliothèques.
tion et l’utilisation des bases de données bibliogra
phiques requises pour assurer l’exécution des Si nous n’avons pas fait l’effort de préciser nos
différentes fonctions bibliographiques telles que objectifs, en ce qui est des besoins à satisfaire
le catalogage, la localisation, etc. chez nos usagers, nous nous réveillerons avec une
La dimension communication du réseau se “quincaillerie” qui nous donnera peut-être l’air
rapporte à toute l’infrastructure de télécommuni d ’être à la mode, mais qui engendrera beaucoup
cation nécessaire au transfert des données et, de déceptions et de frustrations parce qu’elle nous
éventuellement, au transfert des documents eux- entraînera à sacrifier une partie de nos objectifs
mêmes et ce, pour permettre tant l’exécution des institutionnels, ou parce qu’elle drainera une trop
fonctions bibliographiques que l’accès aux res grande partie de nos ressources compte tenu des
avantages obtenus.
sources du réseau.
Il va de soi que les besoins d’une grande
S’il est une question qui a engendré beaucoup
de discussions durant les dernières années dans bibliothèque universitaire ou d ’une bibliothèque
le milieu des bibliothèques, c’est bien toute cette de recherche varient énormément comparative
question des réseaux informatisés de bibliothè ment à ceux d’une bibliothèque publique ou d’une
ques, dont l’implantation et le développement sont bibliothèque scolaire et qu’en conséquence les
composantes bibliographiques et les éléments de
la suite logique des efforts entrepris précédem
communication ne peuvent être complètement
ment pour l’automatisation des bibliothèques; et
similaires; les objectifs, le volume d’activités et les
déjà pointe à l’horizon une nouvelle phase ou
ressources sont trop différents.
étape, consécutive également aux deux premiè
res, soit l’interconnexion des réseaux. On ne saurait encore une fois trop insister sur le
fait que les nouvelles technologies ne sont qu’un
Il est important de souligner que toute cette
moyen de mieux servir nos usagers, et sur la
évolution traduit un changement important dans
nécessité que nous définissions nous-mêmes nos
la mission traditionnelle de nos bibliothèques.
propres objectifs afin de bien adapter l’outil à la
Alors que la mission première de la bibliothèque a
satisfaction des besoins de nos usagers.
toujours été d’être une pourvoyeuse de documen
tation imprimée et audiovisuelle, il devient de plus C’est cette même définition de nos besoins et de
en plus évident - sans doute davantage au niveau nos objectifs - exercice qui n’a jamais été fait au
des bibliothèques de recherche et des bibliothè Québec - qui pourra nous éclairer sur les orienta
ques spécialisées - que la bibliothèque devient en tions à prendre en matière de développement de
réseaux informatiques de bibliothèques. Par Il y a de fait plusieurs possibilités, qu’il nous
exemple, est-il préférable d’avoir en premier lieu appartient de définir en fonction de nos objectifs,
un réseau régional, regroupant les différentes priorités et ressources; les spécialistes de l’infor
bibliothèques d’une même région quitte, par la matique et des communications sauront très bien
suite, à développer des réseaux sur une base adapter ou développer l’outil qui satisfera aux
institutionnelle e.g. réseau des bibliothèques de exigences du modèle que nous aurons défini.
l’Estrie et réseau des bibliothèques universitaires Nous devons prendre conscience du rôle qui est
du Québec? Un second modèle pourrait être un le nôtre face au développement et à l’implantation
ensemble de réseaux sur une base institution de réseaux informatiques de bibliothèques. Il
nelle, e.g. le réseau des bibliothèques universi nous appartient de représenter les intérêts de nos
taires, le réseau des bibliothèques de collège, usagers et de nous assurer que nos objectifs
etc... Un troisième modèle - le moins souhaitable institutionnels seront bien servis lorsque le mo
pour des raisons de flexibilité, d’objectifs institu ment sera venu de faire le saut.
tionnels, de besoins, de normes etc. - pourrait être
un réseau unique regroupant toutes les biblio La meilleure façon de nous préparer, c’est sans
thèques quels que soient leurs objectifs, leur aucun doute d’accumuler le maximum d’informa
rattachement institutionnel, leur dimension ou tion et de nous familiariser le plus possible avec
leur localisation. ces nouveaux concepts.