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Réf.

: TE7535 V1

MPLS
Date de publication :
10 novembre 2003

Cet article est issu de : Technologies de l'information | Réseaux Télécommunications

par Jean-Marie BONNIN

Résumé La commutation de labels permet en premier lieu de remplacer les traitements


longs et complexes associés au relayage de paquets IP par un traitement plus simple.
Elle permet également d'utiliser la signalisation IP pour contrôler des réseaux à
commutation de circuits et ainsi d'intégrer différentes technologies de commutation de
niveau 2 dans un même cœur de réseau. Cet article présente le principe de la
commutation de label et le protocole MPLS, avec ses fonctions avancées.

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MPLS

par Jean-Marie BONNIN


Maître de conférences à l’École nationale supérieure
des télécommunications (ENST) de Bretagne

1. Principes de la commutation de labels ............................................. TE 7 535 - 4


1.1 Commutation de labels ............................................................................... — 4
1.2 Construction des chemins........................................................................... — 5
1.3 Quelques problèmes nouveaux ................................................................. — 6
1.4 Groupe de travail MPLS de l’IETF .............................................................. — 7
2. MultiProtocol Label Switching ............................................................ — 7
2.1 Labels et chemins ........................................................................................ — 8
2.2 Classes d’équivalence ................................................................................. — 9
2.3 Routage hiérarchique .................................................................................. — 9
2.4 Encapsulation............................................................................................... — 11
2.5 Gestion du TTL ............................................................................................. — 11
2.6 Gestion du MTU........................................................................................... — 13
3. Distribution de labels ............................................................................. — 14
3.1 LDP................................................................................................................ — 15
3.2 MBGP............................................................................................................ — 16
3.3 CR-LDP.......................................................................................................... — 16
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3.4 RSVP-TE ........................................................................................................ — 16


4. Aspects avancés et applications ......................................................... — 16
4.1 Ingénierie de trafic....................................................................................... — 16
4.2 Qualité de service ........................................................................................ — 17
4.3 Réseaux privés virtuels ............................................................................... — 17
5. Conclusion ................................................................................................. — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. TE 7 535

la fin de l’année 2001, MPLS (MultiProtocol Label Switching) est le sujet


A d’un grand nombre d’articles et de conférences, mais il est aussi l’objet d’un
nombre croissant d’annonces de la part des constructeurs de matériel réseau.
À l’heure où les premiers services commerciaux s’appuyant sur un cœur de
réseau MPLS/IP apparaissent, l’intérêt de la technologie semble démontré par
leur bon fonctionnement. Il reste nécessaire de bien comprendre MPLS pour être
capable de faire la part des choses. C’est pourquoi, au-delà des effets de mode,
les motivations ayant présidé à la définition de MPLS et les réels apports de
MPLS et des technologies associées dans les cœurs de réseaux modernes doi-
vent être compris.
Le principe premier de la commutation de labels est de remplacer les
traitements longs et complexes associés au relayage de paquets IP par un trai-
tement plus simple. Si l’on considère un autre point de vue, l’objectif est d’uti-
liser la signalisation IP pour contrôler des réseaux à commutation de circuits
et permettre ainsi l’intégration de différentes technologies de commutation de
niveau 2 dans un même cœur de réseau. Dans un réseau IP classique, chaque
routeur décide, en fonction de l’adresse de destination contenue dans l’en-tête
d’un paquet, si celui-ci est destiné à un des sous-réseaux directement connectés
ou, dans le cas contraire, vers quel routeur voisin il doit faire suivre le paquet.
Pour prendre cette décision, il utilise le contenu de sa table de routage, laquelle

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est construite par les protocoles de routage. Cette table associe à des adresses
de réseaux et de sous-réseaux, ou plus généralement à des préfixes d’adresses
IP, le prochain routeur sur le chemin menant vers le réseau de destination. Ce
préfixe pouvant être de longueur variable et l’ordre n’étant pas imposé dans la
table de routage, le routeur doit examiner l’ensemble de la table de routage pour
décider quelle est l’entrée de la table qui correspond le mieux à l’adresse de
destination du paquet. Ce traitement est relativement coûteux du fait de la taille
sans cesse croissante des tables de routage du cœur de l’Internet (environ
100 000 entrées en 2001).
La commutation de labels permet de réduire fortement le coût de cette recher-
che dans la mesure où elle n’est plus effectuée dans les équipements du cœur
de réseau. En fait, chaque équipement interne au cœur de réseau effectue une
seule fois la recherche au moment de la création du chemin. Pour cela, un label
est ajouté dans chaque paquet par les routeurs en frontière du domaine. Ceux-
ci peuvent choisir le label en fonction de différents critères parmi lesquels on
retrouve généralement l’adresse de destination du paquet. Les décisions de
relayage par les équipements dans le cœur du réseau se font sur la base du label
ajouté au paquet. Tous les paquets comportant un même label sont traités de
la même manière par les commutateurs de labels. Ils subissent le même trai-
tement de relayage, et a fortiori, suivent le même chemin jusqu'à la sortie du
réseau à commutation de labels. Les équipements disposent d’une table de
commutation contenant, pour chaque label entrant, l’interface de sortie et un
label sortant.
Un même label peut être associé à des paquets ayant une adresse de desti-
nation correspondant à un préfixe d’adresse différent dans la table de routage
IP ; il suffit qu’ils empruntent le même chemin dans le nuage MPLS. Cela permet
de réduire considérablement la taille des tables de commutation MPLS et la
signalisation nécessaire à l’établissement des chemins. Ainsi, les trafics peuvent
être agrégés beaucoup plus efficacement qu’avec CIDR (Classless InterDomain
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Routing). En effet, pour pouvoir agréger des trafics avec IP, il faut que leurs
adresses soient en quelque sorte contiguës dans l’espace d’adressage, c’est-à-
dire qu’elles aient un certain nombre de bits en commun. De plus, lorsque le
maillage augmente dans le réseau, l’agrégation perd de son efficacité car les
tables de routage contiennent de plus en plus d’exceptions. Un des intérêts de
la commutation de labels est justement de permettre l’agrégation des paquets
en fonction du nœud de sortie du cœur de réseau, et non plus en fonction du
sous-réseau de destination du paquet, comme c’est le cas avec IP. Bien qu’agré-
gés dans le domaine MPLS, dès leur sortie du domaine, les paquets sont à nou-
veau traités comme des paquets IP indépendants et leurs routes peuvent à
nouveau diverger. L’agrégation se fait donc localement sur la base d’infor-
mations locales au cœur de réseau ; elle est par conséquent complètement
transparente pour les réseaux voisins.
Si l’argument de la performance était crucial il y a quelques années, à l’heure
des gigarouteurs, il perd un peu de son importance. Par contre, la technique de
la commutation de labels conserve son intérêt car elle permet d’apporter de nou-
velles fonctionnalités, importantes pour les opérateurs de cœur de réseau. En
effet, si un réseau IP a l’avantage d’être robuste aux pannes et de trouver auto-
matiquement des chemins pour les paquets, il lui manque des fonctions de
gestion plus avancées, comme le partage de charge ou la possibilité de décider
du routage en fonction de la qualité de service, du type de flux ou du prix que
paye le client. La commutation de labels, de par son architecture, autorise la
mise en place de fonctions complexes puisque seuls les nœuds d’entrée du
réseau ont à en assumer la charge.
Un autre argument militant en faveur de la commutation de labels est sa capa-
cité à valoriser les investissements en équipements ATM (Asynchronous Transfer
Mode) ou Frame Relay déjà effectués par les opérateurs. En effet, le traitement
d’un paquet devient relativement simple et peut être le fait d’un simple
commutateur à peine modifié. Il suffit de placer le label dans les champs
contenant les étiquettes de commutation propres à chaque technologie de
niveau 2.

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Il y a deux façons majeures de concevoir le transport de paquets IP sur un


réseau à commutation de niveau 2. La première consiste à reporter toute la
complexité des décisions de routage à la frontière du réseau et à faire établir
les chemins par des entités spécialisées qui utiliseront ensuite la signalisation
propre au réseau commuté (par exemple, Q.2931 pour un réseau ATM) pour éta-
blir des circuits de niveau 2 permanents ou semi-permanents. À l’extrême, un
maillage complet de circuits de niveau 2 relie chaque équipement frontière à
tous les autres et le routeur d’entrée dans le réseau se contente de déterminer
quel est le routeur de sortie. Pour des raisons évidentes, cette approche se limite
à de petits réseaux.
La seconde façon d’opérer est plus innovante ; elle consiste à utiliser les pro-
tocoles de routage IP pour effectuer la signalisation du réseau commuté de
niveau 2. Cette approche permet une mise en place automatique des circuits sur
la base des informations de routage, sans imposer de mécanisme de traduction
d’adresses et de localisation propre aux solutions classiques de transport d’IP
sur infrastructure ATM. Cette solution permet de laisser les décisions de routage
aux protocoles de routage IP qui fonctionnent déjà et qui sont bien connus. De
plus, elle n’est pas incompatible avec des mécanismes de gestion de trafic plus
élaborés qui construiront des chemins en fonction des besoins, ceux-ci cohabi-
tant avec les chemins construits automatiquement.
Nous décrivons ici les points communs des différentes solutions de
commutation de labels en insistant sur les aspects communs avec les standards
MPLS. Ensuite, nous étudions en détail le protocole MPLS lui-même, puis nous
nous penchons rapidement sur les protocoles de distribution de labels. Enfin,
nous abordons les fonctionnalités avancées de MPLS, comme le routage
contraint et les outils d’ingénierie de trafic.
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Sigles et abréviations Sigles et abréviations


AF Assured Forwarding LDP Label Distribution Protocol
ARIS Aggregate Route-based IP Switching LER Label Edge Router
ARP Address Resolution Protocol LIS Logical IP Subnet
ATM Asynchronous Transfer Mode LSP Label Switched Path
ATMARP ATM Address Resolution Protocol LSR Label Switching Router
BGP Border Gateway Protocol MBGP MPLS BGP
BOF Birth Of a Feature MPLS MultiProtocol Label Switching
CE Customer Edge MPλS MultiProtocol Lambda Switching
CIDR Classless InterDomain Routing
MTU Maximum Transfer Unit
CLP Cell Loss Priority
NHRP Next Hop Resolution Protocol
COPS Common Open Policy Service
OSPF Open Short Path First
CR-LDP Constraint Routing – Label Distribution Protocol
OXC Optical Cross Connect
CSR Cell Switched Router
PE Provider Edge
DF Do not Fragment
PPP Point to Point Protocol
DiffServ Differentiated Services
PVC Permanent Virtual Circuit
DLCI Data Link Connection Identifier
RFC Request For Comments
FDDI Fiber Data Distributed Interface
FEC Forwarding Equivalence Class RPV réseau privé virtuel
GMPLS Generalized MPLS RSVP Reservation Protocol
GSMP General Switch Management Protocol RSVP-TE Reservation Protocol – Trafic Engineering
ICMP Internet Control Message Protocol SVC Switched Virtual Circuit
IETF Internet Engineering Task Force TDP Tag Distribution Protocol
IntServ Integrated Services TTL Time To Live
IP Internet Protocol VCI Virtual Channel Identifier
IPX IP Extension VPI Virtual Path Identifier
IS-IS Intermediate System – Intermediate System VPN Virtual Private Network
LAN Local Area Network WDM Wavelength Division Mode

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1. Principes de la commutation Historique


de labels ■ IP over ATM
Au début des années 1990, il est devenu indispensable aux
Avant de détailler le protocole MPLS et les protocoles de distri- opérateurs de réseaux de gérer le trafic IP, y compris sur leur
bution des labels permettant d'établir les chemins, nous décrivons cœur de réseau ATM. Plusieurs solutions ont alors été pro-
les principes de la commutation de labels ainsi que les différentes posées à l’IETF en 1993 et 1994, dont « Classical IP over ATM ».
solutions qui ont été proposées avant que ne se dessine MPLS. Il s’agissait d’utiliser un cœur de réseau ATM comme un autre
réseau de niveau 2. Du fait de la taille des réseaux et de la
nécessité de partager la responsabilité administrative, il s’est
1.1 Commutation de labels avéré nécessaire de séparer un réseau ATM en plusieurs LIS
(Logical IP Subnet). ATMARP était chargé de la résolution
d’adresse à l’intérieur d’un LIS, tandis qu’un autre protocole
Nous avons vu (introduction) qu’un label était ajouté au
proposé plus tard (NHRP) permettait d’effectuer une résolution
paquet IP mais nous n’avons pas précisé comme cela était fait. Sui-
d’adresses franchissant les frontières des LIS et donc d’établir
vant les propositions, ce label se trouve simplement dans l’en-tête
des circuits ATM sur l’ensemble du réseau ATM.
de la trame de niveau 2 (IP Switching) ou dans un en-tête ajouté
entre l’en-tête de niveau 2 et l’en-tête IP (Tag Switching, MPLS). ■ CSR
Dans le premier cas, c’est la logique de traitement de niveau 2 qui
est utilisée dans les routeurs de cœur, tandis que dans le second Toshiba, avec CSR, furent les premiers à proposer d’utiliser
cas, il faut modifier légèrement les routeurs et les commutateurs la signalisation IP (les protocoles de routage IP plutôt que la
pour qu’ils apprennent à traiter un nouvel en-tête très simple. signalisation ATM Q.2931). Les CSR permettaient d’inter-
Ainsi, on dit souvent de MPLS qu’il est un protocole de niveau 2,5 connecter plusieurs LIS sans utiliser NHRP. Malheureusement,
et on le représente entre le protocole de niveau réseau et les pro- cette proposition est arrivée trop tôt ou trop tard, trop tard
tocoles de niveau liaison (figure 1). Du fait de la simplicité des trai- parce que dans le domaine des réseaux d’entreprise, des solu-
tements réalisés dans les équipements de cœur de réseau, il est tions et des matériels haut débit en alternative à ATM avaient
très facile de porter une solution de commutation de labels sur déjà fait leur apparition, trop tôt parce que les BOF qui se sont
diverses technologies de niveau 2. Dans certains cas, MPLS est uti- déroulés fin 1994 et début 1995 à l’IETF n’ont pas réussi à déga-
lisé pour contrôler le plan de commutation existant (ATM, Frame ger un objectif suffisamment précis pour qu’un groupe de tra-
Relay et bientôt WDM), tandis que dans d’autres, il s’agit d’ajouter vail se mette en place.
un nouveau plan de commutation (802.3, PPP et FDDI).
■ IP Switching
En pratique, le label donne suffisamment d’informations aux
équipements du cœur de réseau pour que ceux-ci décident du pro- IP Switching est le nom commercial d’une solution
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chain saut que le paquet doit emprunter, mais aussi des ressources comprenant matériel et logiciel, vendue par Ipsilon à partir de
à allouer au traitement de ce paquet. Nous décrirons (§ 1.2) 1996. Il y a de grandes similitudes entre CSR et IP Switching :
comment les équipements peuvent se mettre d’accord sur la signi- le mode de contrôle dirigé par les données permet de générer
fication d’un label et comment ils établissent les chemins. Un des automatiquement des raccourcis ATM (VCI/ VPI) lorsque des
principes fondamentaux de la commutation de labels est que les flux de données suffisamment persistants traversent le réseau.
équipements sont tous des routeurs IP complets. Ils ne sont bien De plus, grâce à un contrôle externe et au protocole GSMP, la
entendu pas capables de router du trafic IP, encore moins à la solution d’Ipsilon permettait de transformer n’importe quel
vitesse du lien, mais ils disposent de l’ensemble des fonctionnali- commutateur ATM en un IP switch.
tés d’un routeur IP, ce qui permet d’utiliser l’intelligence IP pour ■ Tag Switching
l’établissement automatique des chemins. Outre les fonctions de
routeurs IP, les routeurs-commutateurs de frontière sont aussi Tag Switching est une solution à peine plus récente proposée
capables d’attribuer un label à un paquet IP et donc d’effectuer la par Cisco sur ses routeurs. De toutes les propositions utilisant
recherche de la meilleure correspondance dans la table de la commutation de labels, c’est sans doute la plus aboutie. Elle
routage IP pour chaque paquet entrant dans le réseau et d’en est orientée cœur de réseau. Elle est différente des deux pré-
déduire le label sortant. Ce sont donc les routeurs-commutateurs cédentes en ce que le contrôle est dirigé par la topologie, c’est-
placés à la frontière qui peuvent, par le choix du label, influencer à-dire qu’un raccourci est créé dès lors que le réseau a la
le chemin et la qualité de service qui seront associés au paquet lors connaissance d’une nouvelle destination atteignable (au
de sa traversée du cœur de réseau. La décision peut tenir compte sens IP). De plus, Tag Switching fonctionne aussi au-dessus de
de la seule adresse de destination ou prendre en compte d’autres PPP et de Ethernet (802.3) et non plus seulement au-dessus
éléments contenus dans l’en-tête IP ou appris du contexte (inter- d’ATM. Le protocole de signalisation utilisé est un nouveau pro-
face d’entrée dans le routeur). tocole défini pour l’occasion (TDP) mais une version modifiée
de RSVP est utilisée pour le routage explicite et la réservation
de ressources.

■ ARIS
IPv6 IPv4 IPX Conçu par IBM parallèlement à la solution de Cisco, ARIS
(Aggregate Route-based IP Switching) est très proche de Tag
Switching. Comme son nom l’indique, l’objectif d’ARIS est de
faciliter l’agrégation des préfixes dans le cœur de réseau, ce
MPLS qui montre bien qu’il ne travaille pas au niveau des flux. Le
support d’ATM a été très précisément décrit mais ARIS fonc-
tionne aussi sur des technologies LAN. Malheureusement, si un
Frame FDDI WDM certain nombre d’idées d’ARIS se retrouve aujourd’hui dans
802.3 ATM PPP
Relay … … MPLS, aucune offre commerciale incluant ARIS n’a vu le jour.
ARIS et Tag Switching ont en quelque sorte fusionné pour
donner naissance à MPLS.
Figure 1 – Place de MPLS dans l’architecture réseau

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Nota : la solution IP Switching proposait de tenir compte des champs adresses source et des chemins et procéder à leur établissement dans le réseau. On
destination, ports source et destination mais aussi d’autres champs contenus dans les
paquets.
parle alors de routage explicite. Cette approche est semblable à
l’établissement d’un circuit tel qu’on peut le voir dans un réseau
Le fait que ce traitement complexe ne soit effectué que dans les ATM. Elle suppose que l’entité spécialisée connaisse la topologie
routeurs frontières permet de résister au facteur d’échelle. Il est en exacte du réseau, ce qui peut être difficile à réaliser, surtout si les
effet toujours possible d’augmenter le nombre des routeurs fron- chemins traversent des frontières administratives. Par contre, elle
tières et de répartir les traitements qu’ils ont à effectuer ; par autorise des fonctions avancées de gestion de trafic puisqu’il
contre, il est beaucoup plus difficile d’augmenter le nombre de rou- devient possible d’établir des chemins disposant de certaines
teurs de cœur pour répartir la charge. caractéristiques en fonction des données à transmettre.
La seconde approche est de laisser chaque routeur-commutateur
décider, en fonction d’informations locales, vers quel routeur-
1.2 Construction des chemins commutateur voisin les paquets contenant un label donné devront
être envoyés. C’est l’équivalent de ce qui se passe dans un
Pour qu’un paquet disposant d’un label soit correctement relayé réseau IP et cela permet une configuration automatique des che-
dans le réseau à commutation de labels, il faut que tous les mins. L’inconvénient majeur de cette approche est que l’opérateur
commutateurs sur le chemin du paquet disposent d’une entrée perd en partie le contrôle des chemins empruntés par les données.
correspondant au label contenu dans le paquet dans leur table de Il perd en particulier la capacité de décider des chemins en fonction
commutation. Construire ces tables de commutation revient à éta- des caractéristiques du service qu’il souhaite accorder à des flux
blir des chemins pour les labels. Un chemin est une suite de rou- particuliers.
teurs telle que chaque routeur contienne une entrée dans sa table Le groupe MPLS s’est dans un premier temps focalisé sur la
de commutation avec pour label d’entrée un label de sortie du seconde approche en offrant un mécanisme à commutation de
commutateur précédent et pour label de sortie un label d’entrée du labels entièrement automatique se basant sur les tables de routage
commutateur suivant. IP pour prendre ses décisions. Toutefois, à l’heure de la conver-
Exemple : dans le cas de la figure 2, il existe un chemin préétabli gence des réseaux téléphoniques et informatiques, les arguments
depuis le routeur A vers le routeur E pour le préfixe 10.1.2.0/24. des opérateurs de cœur de réseau ont été entendus et des proto-
coles mettant en œuvre la première approche ont été standardisés.
Il y a essentiellement deux approches pour construire les che- Ainsi, un réseau MPLS permettra de faire cohabiter les deux appro-
mins. La première consiste à laisser une entité spécialisée décider ches.
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3,a → pop
1,a → pop
4,c → 8,a
src : 10.2.2.34 a LER E b
c LSR B a 2,c → 3,a
dst : 10.1.2.128 8,d → 1,a
d a
a b
LSR C L:3 src : 10.2.2.34
c LER A dst : 10.1.2.128
c
b b
10.1.2.0/24 → 1,b
10.1.3.0/24 → 4,a

L:2
L:1
d a
c LSR D
b
1,c → 2,a

LER F

Figure 2 – Exemple de commutation de labels

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Dans MPLS, les chemins peuvent donc être construits a priori, en méthodes semi-automatiques offrant à l’opérateur de réseau un
fonction de la topologie du réseau, tel que cela se passe dans un large éventail de possibilités. De plus, du fait du découplage du
réseau IP. Dans ce cas, un chemin est construit depuis chaque plan de relayage et du plan de contrôle, il est tout à fait possible
entrée du réseau vers chaque destination atteignable. Tous les che- d’utiliser simultanément les différentes méthodes. La seule diffi-
mins sont construits, même ceux qui ne seront jamais utilisés. culté vient alors du choix du bon chemin par le nœud d’entrée et
Nous parlons dans ce cas de construction pilotée par le trafic de l’arbitrage pour l’accès aux ressources dans les équipements puis-
contrôle ou par la topologie. D’autres approches ont été pro- que plusieurs protocoles peuvent demander la réservation de res-
posées. Dans la solution IP Switching d’Ipsilon, les IP Switch sources au sein d’un même équipement de cœur de réseau.
construisaient des entrées dans leur table de commutation
lorsqu’ils observaient un flux susceptible d’utiliser le chemin ainsi
créé. Ainsi, seuls les chemins réellement utilisés consommaient
des ressources dans les commutateurs. Nous disons de cette 1.3 Quelques problèmes nouveaux
seconde approche qu’elle est pilotée par les données. Elle présente
l’avantage d’être entièrement automatique mais elle pose des pro- Un des avantages de la commutation de labels réside dans sa
blèmes importants lorsque le nombre de flux et la taille du réseau capacité à agréger le trafic à l’intérieur d’un cœur de réseau. Mal-
augmentent. En effet, au moindre changement de routage, tous les heureusement, le fait d’utiliser des commutateurs de niveau 2
flux dont le chemin (shortcut ou raccourci dans la terminologie IP (ATM ou Frame Relay) pose des problèmes du fait que tous les
Switching) est détruit sont brutalement traités au niveau IP (ce qui matériels ne sont pas capables de fusionner deux flux provenant
consomme beaucoup plus de ressources), avant d’être à nouveau de circuits différents dans un seul circuit. Les cellules ATM ne
commutés lorsque les nouveaux commutateurs détectent les nou- comprenant ni identificateur de flux, ni de numéro de séquence, il
veaux flux et créent les nouveaux raccourcis. Dans un réseau déjà n’y a aucun moyen pour un commutateur de distinguer les cellules
très chargé et subissant une panne, ce surcroît de travail peut être provenant de deux flux différents. Il est par conséquent incapable
catastrophique. La construction des chemins pilotée par les don- de reconstruire les paquets IP si les cellules de deux paquets diffé-
nées n’est donc pas adaptée à un cœur de réseau, elle n’est rents sont entrelacées. En effet, lorsque l’encapsulation AAL5 est
d’ailleurs pas utilisée dans le cadre de MPLS. Cela dit, MPLS utilisée, un commutateur qui détecte le début d’un paquet attend
n’interdit en rien d’utiliser cette approche au niveau d’un routeur de recevoir une cellule contenant une marque de fin de paquet
frontière. pour le délivrer. Pour qu’il puisse reconstituer les paquets, il faut
Dans la suite (§ 3), nous verrons que MPLS propose plusieurs donc que le commutateur qui fusionne les flux reconstitue les
méthodes pour mettre en place les chemins, de la méthode paquets et envoie toutes les cellules appartenant à un même
manuelle ou configuration statique à la méthode entièrement auto- paquet à la suite les unes des autres. Dans le cas contraire
matique de LDP, MPLS proposant un certain de nombre de (figure 3a ), les paquets reconstitués seront incorrects.
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Last Pa
qu
et
1

Last Last

LSR A LSR B a

Last 2 Paquet 1
et
qu
Pa Paquet 2

Non merge capable - LSR

Last Pa
qu
et
1

Last

LSR A LSR B b

Last

Last 2
et
qu Paquet 1
Pa
Paquet 2

Figure 3 – Gestion des routeurs incapables d’agréger des flux

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Malheureusement, pour produire des matériels rapides à moin- Avant d’entrer plus en détail dans le cœur de la technologie
dre coût, les constructeurs n’ont pas pourvu tous les commuta- MPLS, commençons par dérouler un exemple, ce qui nous don-
teurs d’une capacité de traitement suffisante pour assumer la nera l’occasion de préciser le vocabulaire propre à MPLS utilisé ici.
charge induite par la reconstruction des paquets IP. De ce fait, Supposons que nous ayons un cœur de réseau MPLS dont les
MPLS est obligé d’intégrer des mécanismes parfois complexes tables de commutation ont déjà été peuplées par les protocoles de
pour tenir compte de cette réalité. Par exemple, les LSR A et B de distribution de labels. Dans la configuration présentée sur la
la figure 3 établissent deux chemins MPLS au lieu d’un en temps figure 2, lorsqu’un paquet arrive en provenance du réseau 10.2.2.0,
normal. De ce fait, MPLS perd, sur ce type d’équipement, de sa il n’est pas encore étiqueté, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un paquet IP
capacité naturelle à agréger les flux. En contrepartie, il conserve un classique avec une adresse source (10.2.2.34) et une adresse desti-
fonctionnement simple et ne suppose pas de changement dans le nation (10.1.2.128). Le nuage MPLS doit router ce paquet vers le
mécanisme d’encapsulation. Il conserve aussi un bon contrôle des prochain réseau de transit. Il y a deux types d’équipements dans la
délais et de la gigue qui serait perdue si les commutateurs recom- terminologie MPLS : d’une part, le routeur de frontière (LER : Label
posaient les paquets. Edge Router) qui dispose des fonctionnalités IP et MPLS et est
Nota : la gigue est la variation du délai d’acheminement. Certaines applications capable de relayer des paquets IP, d’autre part, les LSR (Label Swit-
s’accommodent d’un délai important à condition que ce soit régulier. ching Router) qui disposent de la logique IP pour le contrôle, c’est-
De la même manière, les cellules ATM et les trames Frame Relay à-dire pour échanger les informations de routage, mais est inca-
ne disposent pas de champ TTL (Time To Live) tel qu’il existe dans pable de relayer le trafic IP. C’est le LER recevant des paquets IP en
les paquets IP. Or, une des contraintes imposées aux concepteurs provenance de l’extérieur du nuage MPLS qui décide quelle est
du protocole MPLS est que le traitement du champ TTL dans le la FEC (Forwarding Equivalence Class) en fonction de l’adresse de
réseau MPLS reste compatible avec l’utilisation du champ TTL dans destination et éventuellement d’autres informations contenues
les réseaux IP. Dans un réseau IP, chaque routeur évalue et décré- dans le paquet. Dans l’exemple, la FEC correspond au préfixe
mente le TTL. Cela est impossible à reproduire dans un réseau ATM 10.1.2.0/24 et le travail du LSR A n’est pas très différent du travail
puisque les cellules ATM ne comportent pas de champ TTL. Il faut d’un routeur IP classique. Lors de cette recherche, le routeur A
donc dans ce cas contourner le problème à l’aide de mécanismes sélectionne la FEC correspondant le mieux aux informations
spécifiques (§ 2.5). contenues dans l’en-tête IP du paquet. Les protocoles de distribu-
tion de labels ou l’intervention d’un administrateur de réseau ont
permis d’associer à chaque FEC une entrée dans la table de
1.4 Groupe de travail MPLS de l’IETF commutation. Cette entrée comporte un label et une interface de
sortie. Le routeur de frontière encapsule alors le paquet dans un
En 2001, la technique de commutation de labels est en cours de paquet MPLS dont l’en-tête contient un label ayant pour valeur 1.
standardisation à l’IETF (Internet Engineering Task Force) et même Le p a q u e t M P L S e s t a l o r s t r a n s m i s a u L S R s u i v a n t , e n
si un doute a longtemps persisté sur l’intérêt que la communauté l’occurrence B. Lorsque le LSR B réceptionne le paquet, il ne
Internet allait manifester pour ce sujet, le nombre important de regarde que les informations contenues dans l’en-tête MPLS. Il
personnes ayant participé (environ 800, ce qui est sans doute un recherche alors la correspondance exacte entre le label contenu
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record) au BOF (Birth Of a Feature) qui décida en 1996 de la créa- dans le paquet 1, et sa table de commutation. Il échange ensuite
tion du groupe de travail MPLS a levé ce doute. MPLS est donc une l’ancien label avec le label trouvé dans la table de commutation 2.
technologie de cœur de réseau très attendue par les opérateurs. Il fait ensuite suivre le paquet vers le prochain LSR, C, sur l’inter-
face indiquée dans la table de commutation. Le paquet poursuit
La charte du groupe de travail stipule que le groupe devra étu- alors son chemin jusqu’à atteindre le routeur de frontière (LER E)
dier puis proposer une solution de commutation de labels qui per- par lequel il quitte le nuage MPLS. Ce LER doit désencapsuler le
mette de conserver le routage IP de l’Internet actuel et de paquet avant de le faire suivre vers le prochain saut IP. Le paquet
bénéficier de l’efficacité des techniques de commutation des quittant le réseau MPLS est ainsi un paquet IP normal, ce qui rend
réseaux de transport sous-jacents (ATM et Frame Relay). La solu- MPLS complètement transparent aux réseaux voisins.
tion proposée par le groupe doit favoriser l’intégration de
On dira que le paquet IP a suivi le chemin (LSP : Label Switched
commutateurs de différentes technologies et être utilisable à
Path) correspondant à la FEC 10.1.2.0/24 et tous les paquets arrivant
grande échelle dans les cœurs de réseau de l’Internet. Elle devra
en A et identifiés par A comme appartenant à cette FEC recevront
proposer une notion de routage hiérarchique et offrir une grande
comme premier label le label 1 et seront traités dans le nuage
capacité d’agrégation des trafics.
MPLS de la même manière ; ils suivront le même LSP. On dira que
Le groupe a en charge la définition de tous les aspects du pro- le LER A est le « Ingress LSR » du LSP correspondant à la FEC
tocole de commutation de labels et de la construction des chemins. 10.1.2.0/24 et le LER E son « Egress LSR ». Cette dernière termino-
Il devra aussi proposer des solutions pour le support du multicast logie n’a de sens que par rapport à un LSP donné.
et la gestion de la qualité de service avec ou sans réservation de Nous pouvons faire plusieurs remarques importantes à partir de
ressources. Ce faisant, il définit les encapsulations spécifiques à cet exemple. D’une part, les labels n’ont de sens que sur un lien,
chaque technologie de niveau 2. c’est-à-dire que la valeur sémantique d’un label est convenue entre
deux LSR voisins, la notion de voisinage étant entendue au sens
des protocoles de distribution de labels. Cela se manifeste dans
l’exemple par le fait que la valeur des labels change à chaque LSR
2. MultiProtocol Label Switching et que la même valeur peut être utilisée plusieurs fois sur des liens
différents. Par exemple, on peut voir figure 2 que la valeur 1 est
utilisée entre le LSR C et le LER E (pour la FEC 10.1.3.0/24) et entre
le LER E et le LSR D (pour la FEC 10.1.2.0/24). D’autre part, et cela
MPLS proprement dit définit principalement le comporte- correspond bien à l’un des objectifs de la commutation de labels,
ment du composant de relayage (§ 2). Il impose aussi quelques le travail complexe est fait par les routeurs frontières, le premier
contraintes sur le composant de contrôle et sur les protocoles doit déterminer la FEC d’un paquet en fonction de son adresse IP
de distribution de labels (§ 3). Nous verrons quelques-unes des de destination et le second doit déterminer le prochain saut en
innovations de MPLS utilisées pour l’ingénierie de trafic et nous fonction de cette même adresse. Les commutateurs internes au
étudierons les applications (§ 4). Nous nous attarderons sur les nuage MPLS n’ont plus quant à eux qu’à assurer la commutation
aménagements qu’il a été nécessaire de prévoir pour adapter la de labels et ne s’occupent plus de déterminer la route qui est entiè-
technique de base MPLS aux technologies de niveau 2 existan- rement déterminée par le premier label associé au paquet par
tes. le LER.

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MPLS ________________________________________________________________________________________________________________________________

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31
Label Exp S TTL

Label : valeur du label Exp : réservé pour usage expérimental S : fin de la pile (dernier label)

Figure 4 – Entrée label

A → –,c 10.1.2.0/24
C → –,a 10.1.3.0/24
D → –,b
A → B,d
E → C,a
B → –,d
F → D,b
10.2.9.0/24 D → –,c a LER E b
10.3.0.0/16 c LSR B a E → –,a
10.2.7.0/24 F → –,b
b d a
a 10.1.2.0/24 (?) → ?,b
LSR C
c LER A 10.1.3.0/24 (?) → ?,b
c
b 10.2.9.0/24 (A) → C,a
b
10.1.2.0/24 (E) → B,a 10.3.0.0/16 (A) → C,a
10.1.3.0/24 (E) → B,a 10.2.7.0/24 (A) → C,a
10.2.9.0/24 (?) → ?,c 10.9.98.0/24 (F) → C,a
10.3.0.0/16 (?) → ?,c 10.14.67.0/24 (F) → C,a
10.2.7.0/24 (?) → ?,c A → C,a
B → C,a
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10.9.98.0/24 (F) → D,b d


10.14.67.0/24 (F) → D,b
a C → –,a
B → –,a c LSR D D → C,a
C → B,a F → C,a
b
D → –,b
A → –,c a
E → B,a b
F → D,b B → –,d
C → –,a LER F
10.1.2.0/24 (E) → C,a
E → C,a 10.1.3.0/24 (E) → C,a

10.14.67.0/24
c

10.9.98.0/24
F → –,b 10.2.9.0/24 (A) → D,b
10.3.0.0/16 (A) → D,b
10.2.7.0/24 (A) → D,b
10.9.98.0/24 (?) → ?,c
10.14.67.0/24 (?) → ?,c
A → D,b
B → D,b
C → –,a
D → –,b
E → C,a

Figure 5 – Tables de routage lorsque les routes externes ne sont pas importées dans le routage interne

2.1 Labels et chemins au niveau matériel. Notons que le label entrant représente pour un
LSR, non seulement le prochain saut, ce qui revient à dire le che-
Avant de poursuivre la description de MPLS, il nous faut préciser min emprunté par le paquet dans le nuage MPLS, mais aussi
quelques définitions. Le label est un entier court (20 bit) qui permet la qualité de service avec laquelle le paquet sera servi et les res-
sources qu’il va utiliser pour le servir. Lorsqu’un LSR applique un
d’identifier un chemin (LSP) et par conséquent une destination
donnée entre deux LSR (figure 4). La valeur de ce label et la signi- label de sortie, cela revient à demander au LSR suivant d’utiliser
les paramètres qu’ils ont préalablement négociés pour ce label.
fication qui lui est associée (le chemin) sont négociées entre deux
LSR voisins. Ce label est ensuite transmis dans le paquet MPLS et Lorsque les tables de commutation sont peuplées, les couples
éventuellement dans l’en-tête de niveau 2 lorsque la technologie label entrant / label sortant matérialisent pour chaque classe d’équi-
de niveau 2 est une technologie de commutation de circuits vir- valence (FEC) connue dans le réseau, un chemin ou circuit virtuel
tuels (ATM, Frame Relay). Cela permet d’assurer la commutation appelé LSP. Chaque chemin ou LSP est défini pour une FEC donnée

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_______________________________________________________________________________________________________________________________ MPLS

ou pour un ensemble de FEC. Un LSP est le chemin qu’empruntent de sortie du réseau. Les FEC sont donc les LER du domaine MPLS.
les paquets de données depuis les routeurs d’entrée (LSR Ingress) Un LER n’a plus qu’à associer à un paquet IP entrant la FEC corres-
vers le routeur de sortie (LSR Egress). Il est soit point à point, pondant à l’adresse du prochain saut BGP du préfixe d’adresse qui
depuis un routeur d’entrée vers un routeur de sortie, soit multi- correspond le mieux à l’adresse de destination du paquet
point à point, depuis les routeurs d’entrée vers le routeur de sortie. (figure 6).
Enfin, dans le cas du multicast, un LSP peut plus généralement être
défini comme un chemin multipoint à point, puisqu’il peut y avoir Exemple : le paquet à destination de 10.1.3.128 correspond au pré-
dans ce cas particulier plusieurs routeurs de sortie du nuage MPLS. fixe d’adresse10.1.3.0/24 dans la table BGP du LER A. À ce préfixe est
Nota : nous ne traiterons pas du multicast dans le cadre de cet article car c’est un sujet associé l’attribut « prochain saut BGP » ayant E pour valeur. Le LER A
encore en évolution. sait donc que le paquet doit parvenir au LER E et considère que le
paquet appartient à la FEC (E) en lui attribuant le label 14. Le paquet
MPLS est ensuite acheminé dans le réseau jusqu’à atteindre le LER E
2.2 Classes d’équivalence qui supprime l’en-tête MPLS et route normalement le paquet vers le
prochain réseau.
La classe d’équivalence (FEC) décrit un ensemble de paquets qui
bénéficieront du même traitement dans le réseau. Cette FEC peut Dans cet exemple, les FEC utilisées correspondent donc aux rou-
regrouper tous les paquets dont la destination correspond à un teurs de sortie du réseau, ce qui réduit radicalement la taille des
même préfixe dans la table de routage. En première approximation, tables de commutation. De plus, les tables de routage des routeurs
nous considérerons qu’une FEC correspond à une entrée (un pré- internes au domaine MPLS n’ont pas à gérer les routes externes et
fixe) dans la table de routage. Elle peut aussi regrouper tous les elles sont donc de taille très réduite (proportionnelle au nombre de
paquets qui sortiront du réseau par un même routeur de sortie, ce routeurs dans le cœur de réseau). Grâce à cela, un opérateur de
qui a l’avantage de mieux agréger les paquets et de réduire le trafic cœur de réseau peut limiter les effets de la croissance exponen-
de contrôle dans le réseau. Enfin, il est possible de travailler avec tielle des tables de routage et ne gérer l’ensemble des routes que
une granularité plus fine, par exemple en identifiant les flux à l’aide sur des routeurs spécialisés aux frontières de son réseau.
d’informations contenues dans l’en-tête IP (adresse source, adresse
destination, port source, port destination, etc.). Cette possibilité n’est
pas encore offerte par les implantations de MPLS. Elle ne sera sans
doute jamais très utilisée dans les cœurs de réseau où une granula- 2.3 Routage hiérarchique
rité de gestion si fine est difficilement praticable. Toutefois, MPLS
n’impose pas d’utiliser la même granularité pour tous les flux. Il est Dans l’exemple précédent, nous avons vu qu’il était possible
possible d’extraire quelques flux sensibles et de leur assurer un trai- d’utiliser MPLS pour transmettre des paquets IP dans un réseau ne
tement différencié dans le réseau. Il suffit pour cela de définir des sachant pas les router, ce qui revient à envoyer les paquets dans
classes d’équivalence spécifiques pour ces flux. Il est toutefois plus un tunnel. Il serait par exemple possible de faire la même chose en
probable que les opérateurs utiliseront les mécanismes définis par utilisant des tunnels IP. Mais MPLS va plus loin et généralise la
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le groupe de travail DiffServ pour assurer un traitement différencié notion de tunnel en proposant une fonctionnalité de routage hié-
des trafics sur la base des classes de trafic. rarchique. Les paquets comprennent plusieurs labels ; ils transpor-
Les classes d’équivalence peuvent être découvertes automati- tent une pile de labels dont seul le label de tête est utilisé pour
quement lors de l’exploration des tables de routage. Elles corres- prendre la décision de relayage. Les labels suivants sont utilisés
pondent alors à des préfixes de routage IP tels que se les lorsque le premier label est dépilé par un LSR. Les LSR peuvent
échangent les routeurs IP. Mais elles peuvent aussi être plus pré- effectuer un certain nombre d’opérations sur la pile de label :
cises et décrire une machine (une adresse IP) ou un flux. Dans ce — modifier la valeur du premier label (replace ) ;
dernier cas, la description de la FEC est plus complexe et prend en — modifier la valeur du premier label et empiler un nouveau label
compte, en plus de l’adresse de destination, l’adresse source, les (replace and push ) ;
numéros de port et d’autres informations contenues dans l’en- — dépiler le premier label (pop ).
tête IP du paquet. Il est à noter que l’évaluation de ces critères pour
déterminer si le paquet appartient ou non à une classe d’équiva- Exemple : lorsque le LSR B (figure 7) reçoit le paquet MPLS
lence n’est faite qu’une seule fois par le LSR Ingress à la frontière contenant le label 1, il trouve dans sa table de commutation l’instruc-
du nuage MPLS. tion de remplacer la valeur 1 par la valeur 7, mais aussi celle d’ajouter
Pour que MPLS fonctionne en mode automatique, il faut impé- un nouveau label à la pile de labels et de faire suivre le paquet vers le
rativement que l’ensemble des LSR internes d’un domaine routeur B’. Entre B et B’ puis B’ et B", les paquets MPLS contiendront
connaissent les mêmes FEC. Pour cela, il est impossible d’agréger non pas un mais deux labels. Les routeurs B’ et B" ne traitent absolu-
les entrées des tables de routage IP à l’intérieur d’un domaine ment pas le niveau intérieur de label (label 7) dont la valeur ne change
MPLS. Seuls les LSR frontières sont à même d’effectuer l’agréga- pas. Le LSR B" trouve dans sa table de commutation, l’instruction de
tion des préfixes. Si l’on permettait l’agrégation des préfixes à supprimer le label de tête. Ainsi, le paquet MPLS qui arrive au niveau
l’intérieur d’un domaine, les LSR en aval ne seraient plus capables de C est exactement équivalent (TTL exclus) à un paquet qui serait
de désagréger les paquets qui, bien que destinés à des réseaux dif- arrivé directement en provenance de B, c’est pourquoi on appelle le
férents, seraient étiquetés avec le même label. LSP entre les LSR B et C un tunnel. De plus, les routeurs B’ et B" n’ont
pas besoin de disposer d’information concernant les routeurs A et B, et
Dans les figures 5 et 6, nous avons représenté une solution uti- rien n’interdit d’agréger plusieurs labels dans un même tunnel.
lisée par certains constructeurs pour réduire le nombre de FEC
dans un réseau. Dans le réseau représenté, les routes externes ne La souplesse apportée par cette notion de pile de labels est très
sont pas importées dans le routage interne, ce qui fait que seuls les utile pour construire des réseaux virtuels au-dessus d’un nuage
routeurs frontières ont connaissance de ces destinations. Pour le MPLS ou pour agréger du trafic au cœur du réseau. Il est possible
routage IP, cela ne pourrait pas fonctionner parce qu’un routeur par exemple de mettre en place deux plans de routage différents,
frontière ne saurait pas où envoyer un paquet IP, et s’il décidait de le premier sert au routage à l’intérieur du domaine MPLS de l’opé-
l’envoyer vers le prochain saut BGP, les routeurs internes ne sau- rateur tandis que le second niveau est spécifique à chaque client.
raient pas quoi faire du paquet. Ainsi, l’effort d’administration s’en trouve réduit à l’intérieur du
Avec MPLS, c’est possible dans la mesure où les routes annon- cœur de réseau puisqu’un seul LSP subsiste entre deux sites
cées par BGP disposent d’un attribut qui précise quel est le pro- clients, tandis que dans le cas contraire, il y en aurait un par route
chain routeur BGP vers la destination. En l’occurrence, c’est le LER annoncée dans le réseau du client.

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MPLS ________________________________________________________________________________________________________________________________

src : 10.2.2.34
Label to Label dst : 10.1.2.128
Label to Label
(A) 17,a → 16,c
(A) 18,a → 17,d
(E) 14,c → 13,a
(E) 13,d → 11,a
src : 10.2.7.192 15,b → 11,a L:11 a LER E b
dst : 10.1.3.128 c LSR B a (F) 21,a → pop,b
a Routing table
b d
a LSR C 10.1.2.0/24 NH BGP ?
c LER A L:14 L:13
c 10.1.3.0/24 NH BGP ?
b b 10.2.9.0/24 NH BGP A
10.3.0.0/16 NH BGP A
Routing table 10.2.7.0/24 NH BGP A
10.1.2.0/24 NH BGP E 10.9.98.0/24 NH BGP F
10.1.3.0/24 NH BGP E 10.14.67.0/24 NH BGP F
10.2.9.0/24 NH BGP ?
d FEC to Label
10.3.0.0/16 NH BGP ? a
10.2.7.0/24 NH BGP ? (A) → 18,a
c LSR D (F) → 21,a
10.9.98.0/24 NH BGP F
10.14.67.0/24 NH BGP F b
Label to Label
a
FEC to Label Label to Label b (E) 11,a → pop
(E) → 14,a (A) 20,b → 19,c LER F
(F) → 22,b (F) 22,c → pop,b Routing table
c
Label to Label 10.1.2.0/24 NH BGP E
10.1.3.0/24 NH BGP E
(A) 16,a → pop
10.2.9.0/24 NH BGP A
19,b → pop
10.3.0.0/16 NH BGP A
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10.2.7.0/24 NH BGP A
10.9.98.0/24 NH BGP ?
10.14.67.0/24 NH BGP ?

FEC to Label
(A) → 20,b
(E) → 15,a

Figure 6 – Tables de commutation construites automatiquement à partir des tables de routage de la figure 5

10.1.7.0/24 → 1, B 1 → 7, B', push 3 7 → 8, D 8 → D, pop

Tunnel
LER A LSR B LSR C LSR D

10.1.7.88 1 7 8 10.1.7.88

3,7 9,7 7

LSR B LSR B' LSR B" LSR C

1 → 7, B', push 3 3 → 9, B" 9 → C, pop 7 → 8, D

Figure 7 – Routage hiérarchique

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_______________________________________________________________________________________________________________________________ MPLS

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

En-tête de niveau 2 (802.3, PPP, AAL5…)

Label supérieur Exp 0 TTL


Pile de labels
Autres labels d'en-tête MPLS
Label inférieur Exp 1 TTL

Paquet de niveau 3 (IPv4, IPv6…)

Figure 8 – Détail de l'encapsulation générique (shim header )

Pile de labels

L1, s = 0, TTL
L2, s = 0, X
Pile de
labels

L3, s = 1, X En-tête
Payload
IP
Trailer
AAL5

Paquet MPLS
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En-tête de cellule ATM Fin de paquet


Figure 9 – Exemple de l'encapsulation
au-dessus d'ATM

2.4 Encapsulation protocoles de distribution des étiquettes. Bien entendu, lorsqu’un


LSR doit faire passer un paquet MPLS d’une technologie à une
Nous avons vu que les LSR frontières ajoutent une pile de labels autre, il est obligé de recomposer le paquet MPLS et de traiter l’en-
aux paquets IP avant de les faire suivre dans le nuage MPLS. Cette tête MPLS avant de le relayer.
pile de labels correspond à l’en-tête MPLS. Elle comprend une ou
plusieurs entrées de labels. Chacune de ces entrées comprend la
valeur du label sur 20 bit, 3 bit utilisés pour la qualité de service, 2.5 Gestion du TTL
les 8 bit du TTL et enfin 1 bit servant à indiquer si l’entrée est la
dernière de la pile de labels. Cette pile de labels est retirée lorsque Le champ TTL des paquets IP est utilisé pour limiter l’effet
le dernier label est dépilé, en pratique, lorsque le paquet quitte le désastreux des boucles de routage temporaires. Il s’agit d’un entier
nuage MPLS. contenu dans l’en-tête de chaque paquet IP. Il sert à compter le
Cet en-tête MPLS est situé entre l’en-tête de niveau 2 et l’en- nombre de routeurs traversés par un paquet avant que celui-ci
tête IP (figure 8). Il est analysé dans tous les LSR (du moins ceux n’atteigne sa destination. En pratique, l’émetteur du paquet fixe la
qui traitent l’en-tête MPLS). Ceux-ci sont alors capables de traiter durée de vie de celui-ci à une valeur qu’il estime être supérieure au
le champ destiné à la qualité de service et d’effectuer les opéra- plus long chemin existant dans le réseau. Chaque routeur traversé
tions sur la pile de labels. par le paquet décrémente le TTL de 1. Lorsque celui-ci devient nul,
À l’inverse, lorsque les technologies sous-jacentes utilisent la le paquet est détruit par le routeur. Cela signifie probablement
commutation de circuits, MPLS permet d’utiliser la commutation qu’un problème dans le routage fait boucler le paquet dans le
native. Pour cela, une fois le paquet MPLS créé, le premier label est réseau. Le routeur ayant détruit le paquet envoie un message ICMP
recopié dans l’étiquette de commutation de niveau 2, les champs (Internet Control Message Protocol) pour indiquer à l’émetteur
VPI ou VPI/VCI d’ATM ou le champ DLCI de Frame Relay. Dans le cas qu’un paquet a été détruit pour cause d’épuisement de sa durée de
de la commutation optique, le label sera traduit en longueur vie.
d’onde. Pour ATM, par exemple, le découpage du paquet en cellu- Ce mécanisme relativement simple a aussi été utilisé à d’autres
les intervient après l’ajout de l’en-tête MPLS (figure 9). Les cellules fins. Il permet, par exemple, de limiter la distance parcourue par un
ATM ou les trames Frame Relay sont ensuite traitées de la même paquet, ce qui peut être très utile pour limiter l’étendue d’une dif-
manière que les cellules et les trames classiques. Seule la signali- fusion dans le cas d’une découverte de service par exemple. Enfin,
sation qui attribue leur sens aux étiquettes de commutation est il est à la base du fonctionnement d’un des outils d’administration
différente ; elle est basée sur les protocoles de routage IP et sur les les plus répandus dans l’Internet : traceroute. Ce dernier permet

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MPLS ________________________________________________________________________________________________________________________________

3,a → pop
1,a → pop
src : 10.2.2.34 4,c → 8,a
dst : 10.1.3.128 a LER E b
L:4, TTL:12 c LSR B a L:8, TTL:11 2,c → 3,a
TTL : 13 8,d → 1,a

b d a
a LSR C src : 10.2.2.34
L:1, TTL:10
c LER A dst : 10.1.3.128
c TTL : 9
b b

10.1.2.0/24 → 1,b
10.1.3.0/24 → 4,a

d a
c LSR D
b
1,c → 2,a a
b
LER F

c
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Figure 10 – Traitement du TTL dans des frame-LSR standards

d’identifier les nœuds se trouvant sur le chemin allant de la source décrémenté lorsque le paquet traverse un LSR. Enfin, lorsque le
au récepteur d’un paquet. Le fonctionnement en est relativement paquet quitte le nuage MPLS, la valeur du TTL MPLS est recopiée
simple, il s’agit d’envoyer des messages vers la source en augmen- dans l’en-tête IP.
tant progressivement le TTL, depuis 1, qui permet d’atteindre le
Malheureusement, ce fonctionnement très simple n’est pas tou-
premier routeur, jusqu’au maximum, qui permet d’atteindre tous
jours possible. En effet, un certain nombre de LSR ne sont pas
les routeurs et qui correspond au nombre de routeurs composant
capables de traiter les en-têtes MPLS et donc pas capables de
le chemin entre la source et la destination. Ainsi, lorsque le premier
décrémenter le TTL. C’est le cas, par exemple, des commutateurs
message arrive au premier routeur avec un TTL de 1, celui-ci détruit
de niveau 2 (ATM ou Frame Relay) qui commutent les paquets sur
le message et informe la source que le message a été détruit pour
la base des étiquettes contenues dans les en-têtes de niveau 2 et
cause d’épuisement de TTL, ce qui a pour effet d’informer la source
qui, par conséquent, ne traitent jamais l’en-tête MPLS. Or, ces en-
de l’identité du premier routeur. Ensuite, la source émet un second
têtes de niveau 2 ne contiennent pas de champ TTL qu’il serait pos-
message avec un TTL de 2 qui sera détruit par le second routeur,
sible d’utiliser. Les commutateurs optiques qui commutent des lon-
et ainsi de suite jusqu’à ce que le TTL soit suffisamment grand pour
gueurs d’onde posent le même problème.
atteindre la destination. En fin de compte, la source connaîtra tous
les routeurs intermédiaires. Bien sûr, ce mécanisme n’est pas par- Pour gérer cet état de fait, MPLS différencie deux types de LSR,
fait, il ne prend par exemple pas en compte le fait que deux mes- ceux qui sont capables de gérer le TTL, les frame-LSR, et les autres,
sages consécutifs peuvent emprunter des chemins différents ou les ATM-LSR. Les premiers sont capables de reconstituer les
que certains routeurs refusent d’émettre des messages ICMP paquets MPLS au niveau du routeur tandis que les seconds traitent
lorsqu’ils écartent des paquets IP, soit pour des raisons de perfor- des cellules ou plus généralement des trames de niveau 2. Les LSR
mance, soit pour des raisons de sécurité. connaissent, grâce au protocoles d’attribution des labels, le type de
MPLS tente de conserver le fonctionnement du TTL, le principe leurs voisins. Ainsi, un frame-LSR qui envoie un paquet à un ATM-
étant que les paquets traversant un nuage MPLS doivent avoir à la LSR décrémente le TTL non pas de 1 mais du nombre d’ATM-LSR
sortie le même TTL que s’ils avaient traversé un nuage IP. En à suivre avant le prochain frame-LSR. De cette manière, si le
particulier, leur TTL doit avoir été décrémenté de la même quantité, paquet est censé être détruit dans un ATM-LSR, il le sera dans le
correspondant au nombre de routeurs traversés dans le nuage. dernier frame-LSR précédent, qui se charge aussi d’émettre le mes-
Cela doit permettre de reproduire le fonctionnement des réseaux IP sage d’erreur ICMP. Cela est possible parce que le protocole de
et d’interopérer avec ceux-ci. distribution des labels calcule, lors de l’établissement des LSP, le
nombre d’ATM-LSR qui compose chaque tronçon d’ATM-LSR.
Les paquets MPLS comportent donc eux aussi un champ TTL
contenu dans l’en-tête MPLS. Ce mécanisme est illustré par la Nota : un LSR construit sur la base d’un commutateur ATM peut très bien être considéré
comme un frame-LSR s’il est capable de recomposer les trames et s’il est configuré pour le
figure 10. À l’entrée du nuage, la valeur du TTL contenu dans l’en- faire. Il peut même dans certains cas être un frame-LSR entre deux interfaces et un ATM-
tête IP est recopié dans le TTL de l’en-tête MPLS et celui-ci est LSR entre deux autres.

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_______________________________________________________________________________________________________________________________ MPLS

TTL –2
L:null,TTL:10

3,a → pop
1,a → pop
src : 10.2.2.34 4,c → 8,a
dst : 10.1.3.128 1 a LER E b
8 2,c → 3,a 1
TTL : 13 L:4,TTL:12 c LSR B a 8 1
8 8,d → 1,a 1
8
d a
a b
LSR C src : 10.2.2.34
c LER A dst : 10.1.3.128
c TTL : 9
b b
L:null,TTL:10
10.1.2.0/24 → 1,b
10.1.3.0/24 → 4,a

d a
c LSR D
b
1,c → 2,a a
b
LER F

c
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Figure 11 – Traitement du TTL en présence d’ATM-LSR

Exemple : le LSR C (figure 11) est représenté avec une taille l’unité de données qu’elles peuvent transporter. La taille des
réduite pour insister sur le fait qu’il ne dispose pas de toutes les paquets IP étant variable et fixée par l’émetteur du paquet, il peut
fonctions d’un LSR ; en particulier, il ne commute que des cellules et donc arriver que celle-ci soit trop importante pour un lien du
non pas des paquets MPLS. Il ne sait, par conséquent, pas traiter le réseau. IP permet alors à un routeur de fragmenter les paquets
TTL. Pour cette raison, lors de la distribution des labels, son voisin, le trop importants pour une interface et laisse à la destination le soin
LSR B, maintient pour chaque label distribué par C le nombre d’ATM- d’effectuer le réassemblage. Ce mécanisme n’est pas très efficace
LSR que le paquet traversera avant d’atteindre un frame-LSR. Nous ver- et défavorise les flux qui y sont soumis ; nombre d’applications
rons (§ 3) que cela impose des contraintes sur les modes de distri- préfèrent réduire la taille des paquets à la taille maximum acceptée
bution des labels. Le LSR B devient alors capable de décrémenter le par l’ensemble des liens traversés : le MTU (Maximum Transfer
TTL de 2 au lieu de 1 puisque le paquet traverse un ATM-LSR. Ainsi, Unit). Elles disposent pour cela du bit DF (Do not Fragment) dans
lorsque le LER E recompose le paquet, le TTL a bien la bonne valeur. l’en-tête du paquet IP. Ce bit sert à indiquer que les paquets ne doi-
vent pas être fragmentés. Le mécanisme de découverte du MTU
Une alternative qui a été proposée et qui peut être utilisée par un s’appuie sur ce mécanisme pour découvrir le MTU entre une
opérateur de réseau, est de considérer que soit tout le nuage source et une destination. Pour cela, l’application émettrice précise
MPLS, soit seulement les nuages d’ATM-LSR ne représentent qu’un pour chaque paquet émis qu’elle refuse la fragmentation (DF à 1).
seul saut, ce qui empêche le fonctionnement du traceroute. Cela Lorsqu’un routeur doit fragmenter un paquet et que ce bit est à 1,
dit, malgré les mécanismes d’adaptation que nous venons de il détruit le paquet et informe la source que le paquet est trop
décrire, le mécanisme du TTL ne fonctionne pas dans tous les cas. grand par l’envoi d’un message ICMP à la source du paquet.
En effet, à l’intérieur d’un nuage MPLS, rien ne garantit que les rou-
L’application peut alors tenter d’émettre à nouveau les données
tes externes soient distribuées et l’adressage du nuage lui-même avec une taille de paquet plus petite. Par essais et échecs succes-
peut être privé. Dans ce cas, un LSR intérieur au nuage ne sait pas sifs, la source découvre ainsi le MTU du chemin emprunté par les
atteindre au sens IP la source d’un paquet IP. Les messages ICMP paquets.
ne pourront donc pas être envoyés vers la source. Nous verrons
(§ 2.6) qu’une solution a été proposée pour résoudre ce problème Les concepteurs de MPLS ont souhaité que le fonctionnement
mais elle ne fait pas directement partie de la norme. du mécanisme de découverte du MTU soit conservé dans les nua-
ges MPLS. Malheureusement, le principe de la pile de labels
complique un peu le problème du fait que la taille d’un paquet
MPLS peut varier pendant le trajet en fonction des ajouts et
2.6 Gestion du MTU retraits dans la pile de labels. En conséquence, les paquets peu-
vent devenir trop grands à la suite de l’empilement d’un label. Si
Les réseaux IP fonctionnent au-dessus d’un grand nombre de cela entraîne une fragmentation de ceux-ci, l’impact du
technologies différentes qui n’ont pas toutes les mêmes caractéris- mécanisme de pile de labels sur la performance devient impor-
tiques, en particulier en ce qui concerne la taille maximum de tant, surtout dans le cas où il impose une refragmentation des

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MPLS ________________________________________________________________________________________________________________________________

3,a → pop
ICMP : paquet trop grand et DF = 1 1,a → pop
src : 10.2.2.34 4,c → 8,a
dst : 10.1.3.105
L:4 L:8 L:1 a LER E b
Taille : 1 500 2,c → 3,a
DF = 1 c LSR B a
t = 1 504 8,d → 1,a
d a
a b MTU = 1 500 LSR C src : @LSRB
c LER A dst : 10.2.2.34
c
b b

10.1.2.0/24 → 1,b
10.1.3.0/24 → 4,a
Configuration : MTU = 1 450

d a
c LSR D
b
1,c → 2,a a
b
LER F

c
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Figure 12 – Gestion du MTU et envoi d’un message ICMP lorsque les routeurs internes ne savent pas atteindre la source du paquet IP

fragments à l’intérieur du nuage MPLS. C’est pourquoi, pour évi- Comme nous le verrons (§ 3), cette solution impose de fortes
ter ces fragmentations à l’intérieur du nuage MPLS, le principe contraintes sur le mode de distribution des labels. Aussi, une autre
général est que les fragmentations nécessaires sont effectuées à solution proposée par certains constructeurs est représentée
la frontière du nuage MPLS. Tout paquet fragmentable (DF à 0), figure 12 : le LSR B détruit bien le paquet MPLS et génère un mes-
dont la taille est supérieure à une limite fixée par l’administrateur sage ICMP à destination de la source du paquet IP détruit. Mais au
du réseau, est fragmenté au niveau IP par le routeur d’entrée. lieu d’envoyer le paquet directement vers la source, ce qu’il ne sait
C’est à l’administrateur de s’assurer que la taille des fragments pas faire, il fait suivre le paquet MPLS jusqu’au LSR Egress du LSP.
est suffisamment réduite pour que les ajouts de labels éventuels à Le paquet sera ensuite traité par le LER E comme un paquet IP nor-
l’intérieur du réseau n’entraînent pas une refragmentation supplé- mal et renvoyé vers sa destination, la source du paquet IP détruit.
mentaire. Pour cela, il connaît les technologies employées sur son
réseau et le nombre de labels susceptibles d’être empilés. Lors-
que les paquets ne sont pas fragmentables (DF à 1), les paquets
dont la taille est supérieure au MTU fixé par l’administrateur sont
traités normalement (figure 12). Une fois dans le réseau, si le 3. Distribution de labels
paquet est définitivement de taille trop importante pour un lien, le
paquet est détruit et un message ICMP est envoyé à la source.
Nous avons vu comment et sur quels principes les paquets
Dans l’exemple, du fait de l’ajout d’un label, le paquet est devenu
MPLS étaient relayés sur la base du label se trouvant au sommet
trop grand pour un lien Ethernet. Comme il ne peut pas être frag-
de la pile de labels. Il reste à expliquer comment les LSR d’un
menté, un message ICMP est créé.
nuage MPLS se mettent d’accord sur le sens à attribuer aux labels :
Bien sûr, cela pose les mêmes problèmes que dans le cas du TTL c’est ce que l’on appelle la distribution de labels. Il y a plusieurs
et lorsque le LSR qui détruit le paquet ne sait pas router le mes- manières de peupler les tables de commutation MPLS. La première
sage ICMP vers la source, il est nécessaire que ce soit le premier est de le faire manuellement, ce qui n’est réaliste que pour un
Ingress LSR du LSP qui s’assure que le paquet pourra traverser le nombre très limité de classes d’équivalence (FEC). Il est aussi pos-
LSP. Pour cela, il est aidé par les protocoles de distribution des sible d’utiliser un protocole entièrement automatique qui construit,
labels qui l’informent du MTU du LSP. C’est donc lui qui envoie le sur la base des informations contenues dans les tables de
message ICMP à la source lorsqu’il doit détruire un paquet. routage IP, les LSP pour chacune des classes d’équivalence recon-
nues dans les tables de routage. Avec cette approche, la
Exemple : le LER A (figure 12) devrait détruire le paquet, ayant construction des chemins se fait de proche en proche (hop by hop )
appris que le MTU du LSP correspondant à la FEC 10.1.3.0/24 était de sur un principe de fonctionnement similaire à celui des protocoles
1496 – le plus petit MTU sur le chemin, ici le lien entre les LSR B et C de routage IP. L’utilisation du nouveau protocole de distribution des
(1500), moins le nombre de labels ajouté au paquet IP, ici 1. labels, LDP (Label Distribution Protocol), est un exemple de cette

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_______________________________________________________________________________________________________________________________ MPLS

approche. L’ajout d’information de distribution des labels dans tables de commutation MPLS. Il établit automatiquement pour
BGP4 en est un autre. Enfin, il existe des solutions basées sur un chaque classe d’équivalence un LSP entre les routeurs d’entrée et
contrôle centralisé. Elles offrent des outils pour établir des LSP en le routeur de sortie du réseau (celui par lequel les paquets IP
fournissant explicitement le chemin qu’ils doivent emprunter et la appartenant à cette classe d’équivalence quittent le nuage MPLS).
qualité de service qu’ils doivent assurer. Ces solutions s’appuient Il offre différents modes de distribution et de conservation des
sur deux protocoles, le premier, CR-LDP (Constraint Routing – labels, ce qui lui permet de s’adapter à différentes utilisations, et
Label Distribution Protocol), est une extension de LDP dont il gère les complications imposées par la compatibilité avec les
requiert la présence dans le réseau tandis que le second, RSVP-TE commutateurs ATM et Frame Relay existants. Le principe de LDP
(ReSerVation Protocol – Traffic Engineering), est une modification est simple : chaque LSR attribue un label à chacun des LSR voisins
de RSVP déjà présent dans les équipements de nombreux pour chaque classe d’équivalence qu’il reconnaît dans sa table de
constructeurs. routage. Le voisin pourra ensuite utiliser ce label pour tous les
Nous présentons les protocoles de distribution de labels en paquets de cette classe d’équivalence qu’il lui envoie. Ainsi, le LSR
mode automatique (LDP, § 3.1, et MBGP, § 3.2) en mettant l’accent comprendra qu’il s’agit des paquets de cette classe et il pourra
sur les principes de la distribution de labels automatique. Nous commuter les paquets au niveau MPLS s’il a lui-même reçu un
présentons ensuite les protocoles de distribution de labels non label pour cette classe de la part du LSR qui est le prochain saut IP
automatiques (CR-LDP, § 3.3, et RSVP-TE, § 3.4) qui servent à l’ingé- pour cette FEC.
nierie de trafic et à la gestion de la qualité de service.
Dans la figure 13a, nous prenons l’exemple d’un mode de dis-
tribution souvent utilisé avec des équipements ATM ou Frame
Relay ; il s’agit du mode ordonné à la demande. Le LER Ingress
3.1 LDP découvre dans sa table de routage une route (10.1.2.0/24) pour
laquelle il n’a pas de label. Il demande donc au LSR qui est le pro-
L’article [TE 7 540] est entièrement consacré à la description chain saut IP (ici, le LSR B) d’associer un label à la FEC correspon-
du fonctionnement de LDP. dant à cette route. Le LSR B ne disposant pas encore de label
sortant pour cette destination mais connaissant la route au niveau
IP, fait suivre la demande vers le prochain saut (le LSR C). La
LDP est le protocole de distribution de proche en proche défini demande parcourt de proche en proche le domaine MPLS jusqu’à
par le groupe de travail MPLS de l’IETF. Il est complètement indé- atteindre le LER de sortie (E). Ce dernier détecte que le prochain
pendant des protocoles préexistants. Par contre, il est issu d’un saut pour la destination est en dehors du domaine MPLS, il associe
consensus chèrement acquis au sein du groupe de travail et intè- alors un label (le label 11) à la destination et envoie l’association au
gre, comme c’est souvent le cas, de nombreuses options de fonc- LSR C (étapes 4 et 5). L’attribution de label parcourt alors le réseau
tionnement qui sont autant de concessions faites au consensus. jusqu’à ce que A dispose d’un label pour envoyer les paquets à
LDP fonctionne sur le modèle des protocoles de routage IP. Il uti- destination de 10.1.2.0/24. Dès à présent, les paquets IP seront éti-
lise la table de routage générée par ces derniers pour construire les quetés avec le nouveau label (le label 14) et suivront le LSP créé.
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Routing table Routing table Routing table Routing table


10.1.2.0/24 → B,a 10.1.2.0/24 → C,a 10.1.2.0/24 → E,a 10.1.2.0/24 → X,x

FEC to Label 9 Label to Label 7 Label to Label 5 Label to Label


(10.1.2.0) → 14,a 10 14,c → 13,a 8 13,d → 11,a 6 11,a → pop 4
3
2
1 (E) ?
(E) ? a LER E b
(E) ? c LSR B a

d a
a LSR C (E) L = 11
c LER A (E) L = 14 (E) L = 13
5
9 7

a mode ordonné à la demande

FEC to Label 5 Label to Label 1 Label to Label 3 Label to Label


(10.1.2.0) → 14,a 6 14,c → 13,a 2 13,d → 11,a 4 11,a → pop

a LER E b
c LSR B a

d a
a LSR C (E) L = 11
c LER A (E) L = 14 (E) L = 13
3
5 1

b mode indépendant non sollicité

Figure 13 – Exemple d’établissement d’un LSP avec LDP

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MPLS ________________________________________________________________________________________________________________________________

L’autre mode couramment utilisé est le mode indépendant non protocole, il peut être intéressant d’utiliser RSVP-TE à la place de
sollicité (figure13b ). Dans ce mode, chaque LSR découvre dans sa CR-LDP. RSVP a été modifié pour mieux résister au facteur
table de routage de nouvelles routes et attribue des labels corres- d’échelle et supporter les fonctionnalités utiles à l’ingénierie de tra-
pondant à ses voisins. Au final, les LSP établis sont les mêmes que fic. Il intègre donc les mécanismes de routage explicite strict ou
dans le cas précédent mais l’établissement est moins long et lâche et les fonctions de réservation de ressources permettant de
consomme moins de ressources lors de l’établissement puisque fixer des contraintes à l’établissement d’un chemin.
les LSR doivent gérer des demandes en attente pendant un temps Le mode de fonctionnement de RSVP-TE est resté proche
beaucoup plus court. Par contre, ce mode utilise plus de trafic de de celui de RSVP, ce qui le différencie de CR-LDP. En particulier,
contrôle puisque, pour une direction donnée, un LSR va attribuer RSVP-TE est un protocole qui ne fiabilise pas toutes ses transmis-
un label à chacun de ses voisins, y compris à ceux qui n’en ont pas sions, contrairement à CR-LDP qui fonctionne au-dessus de TCP. De
l’utilité. Il n’a en effet aucun moyen de savoir s’il est ou non le pro- plus, il utilise des états temporaires et il lui est donc nécessaire de
chain saut pour une destination donnée. les rafraîchir régulièrement.
Il existe d’autres combinaisons possibles entres les différents Lorsqu’un routeur d’entrée veut établir un chemin, il transmet
modes de distribution, ainsi que des modes de conservation des une demande. Celle-ci parcourt le réseau en utilisant les informa-
labels différents. tions contenues dans les tables de routage jusqu’à atteindre un
nœud de sortie. Lorsque la demande de label parcourt le réseau,
tous les éléments intermédiaires ayant traité la demande d’établis-
3.2 MBGP sement conservent non seulement la FEC concernée, mais aussi
les ressources demandées, l’identification du LSP et le routeur pré-
MBGP (MPLS BGP) est une extension de BGP permettant de dis- cédent (celui dont ils ont reçu la demande). Ces informations per-
tribuer des associations de labels en même temps que des routes mettront de faire remonter l’attribution d’un label depuis le nœud
externes. L’intérêt de ce protocole est de réduire le trafic de de sortie jusqu’au nœud d’entrée. C’est le routeur de sortie qui
contrôle induit par la distribution des informations de commu- décide, parce qu’il est le dernier routeur du domaine, d’attribuer ou
tation en utilisant les messages déjà utilisés pour envoyer les infor- non un label pour la demande.
mations de routage. MBGP fonctionne en collaboration avec un Contrairement à CR-LDP, RSVP-TE n’utilise pas toute la
autre protocole de distribution de labels, en général LDP, puisqu’il mécanique de LDP, comme la gestion du voisinage et l’établisse-
ne peut créer une association qu’entre des routeurs frontières. ment des sessions. Il a donc été nécessaire d’ajouter à RSVP-TE un
Ainsi, grâce à lui, deux routeurs frontières peuvent se mettre mécanisme de Hello permettant de raccourcir le temps de détec-
d’accord pour associer un label à une route externe. Les paquets à tion des pannes et de fiabiliser les échanges.
destination de cette route seront envoyés dans le réseau vers le
routeur frontière de sortie avec ce label. Celui-ci n’aura pas besoin
d’examiner l’en-tête IP pour faire suivre le paquet vers le prochain
saut. Cette fonction est principalement utilisée dans le cadre de
4. Aspects avancés
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réseaux privés virtuels. Dans ce cas, deux niveaux de labels sont


utilisés : le premier label correspond à la route dans le VPN
concerné et le second label correspond au LSP permettant d’attein-
et applications
dre le prochain saut BGP, c’est-à-dire le routeur frontière de sortie
du cœur de réseau. Les principaux atouts de la technologie MPLS concernent sa
capacité à intégrer des solutions de gestion de la qualité de service
et d’ingénierie de trafic sur un réseau IP. En effet, les opérateurs ont
3.3 CR-LDP besoin de contrôler leur réseau plus finement que ce que leur per-
met le routage IP classique, sans pour autant abandonner la sou-
plesse qu’il apporte. Du fait qu’un chemin virtuel est créé pour
Pour supporter ces fonctions supplémentaires, des extensions
transporter les paquets IP, MPLS est un candidat idéal pour suppor-
ont été apportées à LDP : CR-LDP permet de définir des LSP dont
ter des fonctions évoluées d’ingénierie de trafic et ajouter des fonc-
on précise tout ou partie des LSR traversés. La création de ces LSP
tionnalités de gestion de la qualité de service dans les cœurs de
est initiée par les LER frontières sur la base des informations de
réseau. De plus, MPLS permet de déployer des fonctions évoluées
routage véhiculées par le protocole de routage interne, à condition
en reportant la complexité de mise en œuvre aux frontières du
qu’il soit à état des liens (OSPF, IS-IS). L’attribution des labels se fait
réseau et en conservant de bonnes propriétés de résistance au fac-
en mode « par l’aval, ordonnée et à la demande », ce qui signifie
teur d’échelle.
que la demande de label parcourt le réseau de proche en proche en
fonction des informations de routage explicites. Lorsqu’elle atteint
le LSR destination (Egress LER), elle reprend le même chemin en
sens inverse pour attribuer effectivement les labels. Le message de 4.1 Ingénierie de trafic
demande de label contient la liste des LSR à traverser, chaque
entrée pouvant être stricte ou lâche. Une entrée stricte correspond C’est une des applications les plus immédiates de MPLS. On
au fait qu’il ne doit pas y avoir de LSR entre le précédant LSR et appelle ingénierie de trafic le fait de répartir la charge sur l’ensem-
celui contenu dans l’entrée. Une entrée lâche correspond au fait ble du réseau en établissant des chemins explicitement routés et
qu’il faille atteindre le LSR en empruntant le routage IP classique, en contrôlant la répartition du trafic sur différents chemins. Pour un
un certain nombre de LSR ne sont donc pas spécifiés. opérateur, c’est une fonction cruciale qui lui permet de mieux ren-
Les messages échangés sont sensiblement les mêmes que ceux tabiliser son investissement.
de LDP, seul leur contenu change un peu avec l’ajout d’un TLV Avec des réseaux IP, les opérateurs ne disposent que de peu
décrivant la route à emprunter et la bande passante à réserver. d’outils pour :
— partager la charge entre plusieurs chemins ;
— router explicitement le trafic ;
3.4 RSVP-TE — router différentes qualités de service sur différents chemins et
éventuellement réserver des ressources.
Lorsque les équipements dans le réseau supportent RSVP et que Pour assurer ces fonctions, ils doivent jongler entre les méca-
les équipes gérant le réseau ont déjà acquis un savoir-faire avec ce nismes de niveau 3, comme le partage de charge et la manipula-

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_______________________________________________________________________________________________________________________________ MPLS

tion de métrique, et les mécanismes de niveau 2, comme la rvations effectives dans les équipements. Pour cela, le modèle de
configuration des circuits virtuels qui permet de créer une topolo- RSVP est sans doute le plus abouti.
gie logique correspondant aux besoins.
Si pour le modèle IntServ, la différenciation des qualités de ser-
Le routage explicite proposé par IP est inefficace parce qu’il sup- vice est faite en fonction du label — il y a un chemin différent établi
pose que chaque paquet contienne la description du chemin pour chaque réservation de ressources —, le problème est plus
emprunté dans le réseau, ce qui présente deux défauts majeurs : complexe pour le modèle DiffServ (Differentiated Services). En
une surcharge importante des paquets et un traitement complexe effet, dans celui-ci, la différenciation est normalement assurée
dans les routeurs internes du réseau pour chaque paquet. MPLS grâce à un champ de l’en-tête IP. Dans le cas de MPLS, il est pos-
permet de router explicitement un LSP. Les traitements supplé- sible d’utiliser le champ expérimental de 3 bit, mais cela ne couvre
mentaires dans les équipements de cœur ne sont effectués que pas tous les comportements DiffServ possibles. Il est possible
lors de la mise en place du LSP au prix de la conservation d’un état d’utiliser, comme dans le cas du modèle IntServ, la différenciation
très réduit dans les équipements traversés par le LSP. Un certain en fonction du label, mais cela pose un problème pour les classes
nombre d’outils sont proposés pour établir des chemins explicite- AF (Assured Forwarding). En effet, pour chaque classe AF, il y a
ment routés : CR-LDP et RSVP-TE. Ils permettent en outre d’asso- trois comportements différents, correspondant à trois niveaux de
cier des caractéristiques de qualité de service aux chemins et de priorité. Or, les paquets à l’intérieur d’une classe AF ne doivent pas
subordonner leur établissement à la disponibilité de ressources subir de déséquencement et doivent donc partager les mêmes files
dans les équipements intermédiaires. d’attente dans les routeurs. Malheureusement, certaines implanta-
tions de MPLS attribuent automatiquement une file d’attente diffé-
Grâce au fait qu’il reporte le choix du chemin emprunté parmi
rente pour chaque label. De ce fait, les trois priorités d’une classe
l’ensemble des LSP établis en un point unique (le LSR Ingress),
AF ne peuvent être différenciées que par l’utilisation du champ
MPLS autorise la mise en place de fonctions évoluées de partage
expérimental de l’en-tête MPLS.
de charge et de routage différencié en fonction d’informations
contenues dans l’en-tête du paquet ou de l’interface d’entrée. Il suf- Il y a donc deux types de LSP différents lorsque l’on utilise MPLS
fit pour cela de créer un ou plusieurs chemins concurrents pour dans une architecture DiffServ : les E-LSP pour lesquels les diffé-
une FEC donnée et de décider de la route empruntée en fonction rentes qualités de service sont différenciées en fonction du champ
d’informations complémentaires : champ dans l’en-tête IP, prove- expérimental (EXP) de l’en-tête MPLS, et les L-LSP pour lesquels la
nance du paquet, état d’occupation des liens, etc. différenciation est faite en fonction du label. Dans le cas des L-LSP,
il faut signaler le comportement à utiliser au moment de la création
du chemin, ce qui est du ressort des protocoles d’attribution des
labels. De ce fait, ils sont utilisables quelle que soit la technologie
4.2 Qualité de service de commutation utilisée au niveau 2. Dans le cas des E-LSP, il peut
s’agir d’une configuration uniforme de tous les équipements du
Malgré ce que l’on peut souvent lire dans la presse spécialisée, réseau qui partagent une même définition des comportements Diff-
MPLS n’est pas à proprement parler une solution pour la qualité de Serv. Par contre, pour les E-LSP, il n’est pas toujours possible de
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service dans les réseaux IP. Par contre, il offre un certain nombre traduire le champ EXP dans l’en-tête de niveau 2. Dans le cas
d’outils favorisant la mise en place d’une offre de qualité de service d’ATM, seul le bit de priorité à l’écartement (CLP : Cell Loss Priority)
dans un cœur de réseau IP. De plus, de par son principe de fonc- peut être utilisé à cette fin.
tionnement découplant relayage et signalisation, il autorise, Il n’y a pas de protocole de signalisation spécifique pour la qua-
comme toutes les autres technologies à commutation de circuits, lité de service. Les informations nécessaires peuvent être
une gestion fine des ressources. MPLS propose deux fonctionnali- transportées par CR-LDP et RSVP-TE, et éventuellement par LDP, si
tés particulièrement intéressantes pour mettre en place une offre l’établissement de LSP spécifique pour chaque classe de service
de qualité de service dans un réseau IP. Le premier outil est le rou- DiffServ est automatique. Ces protocoles qui signalent les informa-
tage contraint dont nous avons vu qu’il pouvait être utilisé avec les tions de qualité de service au moment de l’établissement des che-
deux protocoles CR-LDP (§ 3.3) et RSVP-TE (§ 3.4). Le second outil mins travailleront en collaboration avec les protocoles chargés de
est le routage hiérarchique (§ 2.3) qui va permettre d’agréger à transporter les paramètres de configuration des équipements
l’intérieur du cœur de réseau de l’opérateur tous les trafics ayant (COPS : Common Open Policy Service), par exemple la significa-
le même nœud de sortie et devant bénéficier du même traitement tion des huit valeurs possibles du champ EXP. De toute manière,
de qualité de service. Cette agrégation permet de réduire le surcoût quel que soit le type d’architecture de qualité de service utilisé
de signalisation lié à la gestion de différentes qualités de service. dans le nuage MPLS, il va de soi que des protocoles différents peu-
MPLS n’étant pas lui-même une solution de qualité de service, il vent travailler conjointement sans que cela ne complique le fonc-
s’intègre dans deux architectures de gestion de la qualité de ser- tionnement de MPLS, le seul problème étant alors d’arbitrer entre
vice proposées à l’IETF : IntServ et DiffServ. Pour le cas de l’archi- les protocoles l’accès aux ressources des équipements. En particu-
tecture IntServ (Integrated Services), il va de soi que l’on ne lier, il n’y a aucune contre-indication à utiliser LDP et BGP4 pour la
considère plus la réservation de bout en bout mais plutôt la distribution automatique et RSVP-TE pour les chemins spécifiques.
réservation de ressources à l’intérieur du cœur de réseau pour un
flux de trafic correspondant non pas à des flux applicatifs mais plu-
tôt aux flux d’un réseau client du cœur de réseau. On travaille donc
sur des échelles plus importantes et avec des variabilités moins 4.3 Réseaux privés virtuels
importantes, ce qui permet de réduire le problème de la résistance
au facteur d’échelle. Nous donnons seulement une présentation succincte de l’utili-
sation des RPV (réseau privé virtuel) avec MPLS.
MPLS intervient dans ces architectures comme outil de signali-
Nota : pour plus de détails, le lecteur est invité à se reporter à l’ouvrage de référence [1].
sation et propose deux modes de description des ressources. Le
premier mode dans le protocole RSVP-TE est très proche de celui Aujourd’hui, les RPV le plus souvent déployés le sont sur la base
de RSVP et correspond donc parfaitement, non seulement aux d’une infrastructure virtuelle construite au-dessus du réseau de
implantations existantes de RSVP, mais aussi au modèle IntServ. Le transport d’un ou de plusieurs opérateurs. Cette infrastructure est
second mode dans le protocole CR-LDP permet de décrire les mise en place à l’aide de tunnels qui peuvent être de différents
ressources comme elles le sont dans les réseaux ATM et Frame niveaux. Il peut s’agir de PVC ATM, de lignes louées ou de tunnels
Relay. De toute manière, quel que soit le mode de description des IP sécurisés ou non. Dans ce cas, les équipements de chaque site
ressources nécessaires, il est toujours indispensable de traduire les sont directement reliés, au sens des protocoles de routage, avec
réservations signalées par les protocoles de signalisation en rése- tous les équipements des sites vers lesquels il existe un tunnel. On

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MPLS ________________________________________________________________________________________________________________________________

dit d’une telle infrastructure qu’elle est overlay. Ce type d’infra- est très souple et autorise l’administrateur à gérer l’ensemble du
structure présente plusieurs inconvénients, parmi lesquels une réseau automatiquement grâce à LDP, sans pour autant lui interdire
charge d’administration et de maintenance importante et une mau- des traitements spécifiques pour certains trafics. Enfin, comme
vaise résistance au facteur d’échelle, à la fois pour le réseau de dans le cas d’ATM, rien n’interdit de transporter des données autres
transport et pour les clients qui ne peuvent augmenter indéfini- que IP ; il existe par exemple des propositions pour transporter
ment le nombre de sites reliés à un RPV. directement de l’Ethernet au-dessus de MPLS [2], ce qui permet de
Pour cela, une nouvelle forme de RPV a été proposée. Il s’agit profiter de la notion de VLAN au-dessus d’une infrastructure IP.
des VPN BGP/MPLS. Ceux-ci sont basés sur un modèle de pair à
Il n’en reste pas moins que MPLS a pris beaucoup de retard, à
pair (peer to peer ) dans lequel chaque routeur des sites du client
tel point que son avenir a été mis en doute par l’arrivée sur le
(CE : Customer Edge), est relié à un routeur du réseau de transport
marché de routeurs gigabits à des prix abordables. Aujourd’hui, la
(PE : Provider Edge). Ainsi, la relation de routage n’existe plus
question ne se pose plus en ces termes dans la mesure où la
directement entre les CE, mais entre un CE et un PE, ce qui limite
valeur ajoutée de MPLS ne réside plus seulement dans la per-
fortement le nombre de relations de voisinage (au sens des proto-
formance. Il existe maintenant un ensemble cohérent de RFC
coles de routage) et par conséquent le trafic de contrôle engendré.
[Doc. TE 7 535] qui définissent le plan de commutation et une
On utilise la fonctionnalité de routage hiérarchique de MPLS grande partie des protocoles de distribution des labels. Il reste
pour séparer les plans de routage. Il y a un plan de routage qui ne néanmoins beaucoup de travail en ce qui concerne l’ingénierie de
concerne que le réseau de transport et qui permet de relier les PE trafic, le multicast, le support d’autres niveaux physiques et la tolé-
entre eux par des LSP le plus souvent établis automatiquement rance aux pannes.
avec LDP. L’autre plan permet de relier entre eux les sites des
clients par l’intermédiaire des tables de routage virtuelles (une par Les réseaux se déploient et les constructeurs offrent des produits
site directement attaché) maintenues par les PE. Les labels sont complets supportant une part importante des fonctionnalités de
distribués par BGP4 en même temps que les routes des sites MPLS. Les opérateurs de leur côté déploient des réseaux commer-
clients qui sont externes au sens du réseau de transport. Les fonc- ciaux sans impact sur les utilisateurs. MPLS est donc une techno-
tions avancées de BGP (notion de communauté) permettent de logie mature pour les fonctions de base, mais il y a encore des
limiter la circulation des données en contrôlant la diffusion des limitations en ce qui concerne l’interopérabilité des équipements
annonces de route. de différents constructeurs. C’est pourquoi le forum MPLS et
Aujourd’hui, la mise en place d’un service de VPN est sans divers groupes plus ou moins indépendants des constructeurs
doute, avec la mise en place de réseaux de test et d’expérimenta- assurent des tests d’interopérabilité et en annoncent les résultats.
tion, la première motivation de déploiement d’un réseau MPLS. Il Cela dit, il n’est pas difficile d’activer MPLS sur un réseau mono-
existe d’ores et déjà de nombreux services commerciaux de VPN constructeur et des efforts sont faits pour assurer l’interopérabilité
basés sur cette solution. des équipements. Il est, par contre, difficile d’offrir un service équi-
valent aux SVC d’ATM, surtout lorsque des frontières administra-
tives de domaines sont franchies. En contrepartie, l’intégration de
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nouvelles technologies dans un réseau existant (WDM) est facilitée


par l’utilisation de MPLS dans le réseau.
5. Conclusion Aujourd’hui, MPLS continue son évolution à travers une
nébuleuse de nouvelles propositions [3][4][5]. Elles s’appuient sur
Avec l’évolution rapide des technologies de transports à haut une idée commune qui consiste à utiliser une couche de niveau 2,5
débit, il devient évident qu’ATM n’est plus une solution d’avenir entre la couche réseau et la couche liaison pour gérer les commu-
pour les cœurs de réseaux IP, d’une part parce qu’il est difficile tateurs de différentes technologies avec un protocole unique. Il
d’intégrer d’autres technologies dans une signalisation ATM, et s’agit de créer une nouvelle couche générique qui serait aux opé-
d’autre part parce que la taxe de cellule (cell tax ) devient prohibi- rateurs de cœur de réseau ce que IP est aux applications. Une nou-
tive lorsque le débit augmente et qu’on ne sait plus construire de velle aire a d’ailleurs été créée à l’IETF pour regrouper ces travaux :
cartes capables de segmenter et de réassembler des paquets en la SUB-IP Area. GMPLS est, par exemple, une généralisation de
cellules à la vitesse des liens. MPLS est donc une solution promet- MPLS qui vise à fournir un outil d’administration unique pour les
teuse parce qu’elle permet d’intégrer très facilement de nouvelles commutateurs de niveau 2. MPλS est quant à lui un développe-
technologies dans un cœur de réseau existant (si on excepte ment spécifique de MPLS pour les commutateurs tout optique
l’aspect de l’administration qui suppose la plupart du temps des (OXC : Optical Cross Connect), qui permettra d’utiliser les lon-
développements spécifiques à chaque technologie). De plus, elle gueurs d’onde (λ) en lieu et place des labels MPLS.

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P
O
U
MPLS R

E
par Jean-Marie BONNIN
Maître de conférences à l’École nationale supérieure
N
des télécommunications (ENST) de Bretagne

Bibliographie S
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RFC 3033. – The Assignment of the Information
Field and Protocol Identifier in the Q.2941 Gene-
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MPLS-based Layer 2 VPNs
draft-kompella-ppvpn-12vpn-00.txt
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Autres documents de travail
ric Identifier and Q.2957 User-to-user Signaling
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RFC 3034. – Use of Label Switching on Frame Relay
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[3] Generalized MPLS – Signaling Functional
Description
draft-ietf-mpls-generalized-signaling-04.txt
Les drafts sont accessibles depuis la page
http://www.ietf.org/ID.html ou par FTP
ftp://www.ietf.org/internet-drafts.
Networks Specification.
RFC 3035. – MPLS using LDP and ATM VC Swit-
I
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[4] Generalized MPLS Signaling – CR-LDP exten-
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RSVP-TE : Extensions to RSVP for LSP Tunnels
draft-ietf-mpls-rsvp-lsp-tunnel-08.txt RFC 3036. – LDP Specification.
RFC 3037. – LDP Applicability.
R
draft-ietf-mpls-generalized-cr-ldp-03.txt Constraint-Based LSP Setup using LDP
[5] Generalized MPLS Signaling – RSVP-TE draf-ietf-mpls-cr-ldp-05.txt RFC 3038. – VCID Notification over ATM Link for
extensions MPLS Support of Differentiated Services LDP.
RFC 3063. – MPLS Loop Prevention Mechanism.
draft-ietf-mpls-generalized-rsvp-te-03.txt draft-ietf-mpls-diff-ext-09.txt
LSP Modification Using CR-LDP RFC 3107. – Carrying Label Information in BGP-4. P
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Les références [2] à [5] sont accessibles depuis


la page http://www.ietf.org/ID.html ou par FTP draft-ietf-mpls-crlsp-modify-03.txt
Dans les Techniques de l’Ingénieur
ftp://www.ietf.org/internet-drafts.
Ouvrages
LSP Hierarchy with MPLS TE
draft-ietf-mpls-lsp-hierarchy-02.txt
TOUTAIN (L.) et RUBINO (G.). – Routage dans les
réseaux Internet. H 1 428, traité Informatique
L
DAVIE (B.) et REKHTER (Y.). – MPLS : Technology
and Applications. Morgan Kaufmann Publishers
(2000).
Request For Comments
RFC 2702. – Requirements for Traffic Engineering
Over MPLS.
(2000).
BONNIN (J.-M.). – LDP. TE 7 540, traité Réseaux et
télécommunications (2002).
U
S
Organismes
Internet Engineering Task Force (IETF) MPLS Forum
http://www.ietf.org http://www.mplsforum.org
Le site de l’IETF donne accès aux documents produits par les groupes de Ce regroupement d’industriels et d’universitaires a pour objectif de favori-
travail de l’IETF, en particulier les groupes MPLS, Traffic Engineering et VPN. ser le déploiement de réseaux MPLS. Il offre une liste assez complète d’adres-
Groupe de travail de MPLS de l’IETF ses relatives à MPLS.
http://www.ietf.org/html.charters/mpls-charter.html

Sites Internet
MPLS Resource Center Ce site donne les dernières nouvelles du marché concernant MPLS :
annonces de produits, annonces de déploiement de réseaux ou d’intention. Il
http://www.mplsrc.com
traite aussi des problèmes d’interopérabilité.
Site de ressources, c’est un portail qui donne accès à toute une documen- Crihan
tation concernant MPLS : livres et articles, annonces de constructeurs et
d’opérateurs de réseaux, vendeurs de produits supportant MPLS, LDP et les http://www.crihan.fr/MPLS/mpls.html
outils d’administration. On trouve aussi des informations relatives aux tech- Ce site décrit les expérimentations MPLS effectuées par le Renater dans le
nologies associées à MPLS : GMPLS, MPλS. Une liste assez complète de cadre du programme de test Quantum/TEN 155. Les premières expérimen-
manifestations dont les thèmes sont liés à MPLS est régulièrement mise à tations portaient sur les fonctions de base de MPLS en environnement mono-
jour. constructeur. Aujourd’hui, ces expérimentations se poursuivent dans le cadre
de NGN/Geant et se proposent d’évaluer les fonctions avancées de MPLS
(QoS, support de DiffServ, ingénierie de trafic, etc.), l’objectif final étant d’étu-
MPLS World News dier la possibilité d’offrir des services similaires à ceux qui existent sur ATM
http://www.mplsworld.com avec MPLS sur plate-forme multiconstructeur.

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