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Assogba Gbainakpon Damien/ Prédication pour les obsèques de HOUNDJE Idelphonse,

oncle de Fr Ephrem HOUNDJE OP/ Jr 17, 5-10 ; ps 1, 1-2, 3, 4.6/ Lc 16, 19-31/

Chaque jour la lumière apparaît au petit matin et disparait


progressivement au petit soir. Chaque jour l’apparition de la
lumière nous convoque au réveil, au mouvement, à l’action
pour meubler, pour charger la journée d’un contenu afin de lui
donner un sens et de donner un sens à notre propre vie. Et la
disparition progressive de la lumière au petit soir voit nos
activités perdre en intensité et s’éteindre progressivement,
laissant place au repos prolongé.

Ainsi, le jour et la nuit, l’apparition de la lumière et sa disparition


nous imposent un rythme et marque à chaque fois un passage,
le passage d’un jour à autre. Beaucoup d’autres réalités
extérieures s’imposent à nous et rythment notre mode de
fonctionnement.

Il est aussi des réalités intérieures telles que la fatigue qui nous
imposent un changement de rythme, le passage d’une activité
intense à une autre moins intense ou au repos.

Toutes ses réalités naturelles contredisent et défient l’illusion de


la toute puissance de l’homme, nous rappellent notre faiblesse
et notre apparante finitude. Elle nous renvoient à l’évidence de
la dépendance vis-à-vis de Dieu et de l’interdépendance ou la
dépendance réciproque entre nous.

L’évidence de la dépendance vis-à-vis de Dieu et de


l’interdépendance permettent d’évoquer une autre évidence,

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Assogba Gbainakpon Damien/ Prédication pour les obsèques de HOUNDJE Idelphonse,
oncle de Fr Ephrem HOUNDJE OP/ Jr 17, 5-10 ; ps 1, 1-2, 3, 4.6/ Lc 16, 19-31/

celle dont parle l’extrait de l’évangile de ce jour, l’évidence d’un


ailleurs, d’un après ici-bas, de la vie après la vie sur terre.

Cette évidence pose la vie vécue ici-bas comme un pèlerinage,


comme une marche vers, comme une préparation en vue de la
vie d’après.

La tentation est de perdre de vue le caractère temporaire,


éphémère de la vie vécue ici-bas. La réussite sociale, la
richesse, l’intelligence, la force, les honneurs, … et la
satisfaction qu’on en retire peuvent nous donner par moment
l’impression que tout commence ici-bas, que tout se joue ici-bas
sans qu’il n’y ait possibilité que les choses ne passent. Nous
nous efforçons souvent d’entretenir cette impression en
organisant beaucoup d’occasions de réjouissances et en
faisant sentir notre supériorité par l’égoïsme, par l’injustice, par
l’oppression, par la frustration du faible.

L’extrait de l’évangile illustre cette manière de faire en


décrivant simultanément deux styles de vie ; celui de l’homme
riche et celui de l’homme pauvre et malade : « « Il y avait un
homme riche, [dit l’auteur sacré] vêtu de pourpre et de lin fin,
qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son
portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert
d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de
la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses
ulcères. » Cette description de deux styles de vie carrément

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Assogba Gbainakpon Damien/ Prédication pour les obsèques de HOUNDJE Idelphonse,
oncle de Fr Ephrem HOUNDJE OP/ Jr 17, 5-10 ; ps 1, 1-2, 3, 4.6/ Lc 16, 19-31/

opposés crée un contraste qui montre l’indifférence et


l’indolence de l’homme riche devant la souffrance de l’homme
pauvre.

Cette indifférence peut s’expliquer par le sentiment


d’accomplissement de soi, par le sentiment de suffisance et de
sécurité qu’on éprouve eu égard à notre richesse, à notre force,
à notre pouvoir ou à nos relations. On pourrait se dire : j’ai déjà
tout réalisé dans ma vie, j’ai déjà atteint tous mes objectifs, je
n’espère plus rien. Alors pourquoi se préoccuper de la situation
de l’autre.

Cette indifférence peut aussi s’expliquer par la peur. La peur


d’être contaminé par la pauvreté du pauvre, la peur de perdre
son rang à force de venir en aide à des personnes qui ne
peuvent rien nous donner en retour (je fais partie des mille
hommes les plus riches du Bénin ou de mon village, si j’aide les
pauvres, je vais perdre mon rang), la peur que le malheur qui
frappe le pauvre ne retombe sur nous (.)

Cette indifférence peut encore s’expliquer par la fuite en avant


ou le déni de la réalité. En effet, La pauvreté de l’autre me
rappelle que la pauvreté existe et qu’il est possible que, de
riche que je suis, je devienne pauvre un jour. La maladie de
l’autre me rappelle (à moi) que la maladie existe et qu’il est
possible que je tombe malade un jour. Alors je feins (je fais
semblant) de ne pas voir la souffrance du pauvre ou du malade

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Assogba Gbainakpon Damien/ Prédication pour les obsèques de HOUNDJE Idelphonse,
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en évitant tout contact avec lui ou en estimant que la pauvreté


et la maladie n’existe que pour les autres et pas pour moi et les
miens. Même la mort n’est pas suffisamment significative pour
m’interpeller et me ramener à la réalité, car mon cœur s’est
détourné du Seigneur et ma confiance a été placée dans un
mortel. A ce propos, le prophète Jérémie écris : « Ainsi parle le
Seigneur : Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel,
qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se
détourne du Seigneur. Il sera comme un buisson sur une terre
désolée, il ne verra pas venir le bonheur. » Et l’extrait de
l’évangile de ce jour nous présente le sort d’une telle personne
à travers la figure de l’homme riche. Après sa mort, il « souffrait
terriblement dans la fournaise ».

Par contre, le sort de l’homme pauvre après sa mort était très


différent : « Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent
auprès d’Abraham. »

Cela nous permet d’attester l’existence de la vie après la vie sur


terre et de souligner que la mort n’est pas la fin de la vie, mais
le passage de la vie limité dans le temps et l’espace à la vie
sans fin, à la vie éternelle.

La logique qui gouverne notre mode de vie change. Elle n’est


plus une logique de l’immédiateté, elle n’est plus une logique de
concurrence qui me pousse à considérer l’autre comme un
adversaire que je dois dominer pour assurer ma survivance,

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elle n’est plus une logique d’accumulation pour se prémunir de


l’incertitude du lendemain.

Pour nous, le lendemain est certain car il dépend de Dieu en


qui nous avons plongé notre vie et de qui nous nous recevons
continuellement. En lui, nous transcendons l’espace et le
temps. Par lui, nos réflexions et nos actions sont empreintes de
l’éternité qui le caractérise. C’est pourquoi nous n’avons
aucune peine à venir spontanément en aide au plus faible au
même de mourir pour lui.

Voilà ce à quoi Papa HOUNDJE s’est engagé en recevant le


sacrement de baptême, voilà ce qu’il s’est évertué à vivre
durant son séjour sur terre, voilà l’héritage spirituel qu’il laisse à
ses enfants et qu’ils ont le devoir d’assumer dignement. Voilà
pourquoi, l’espérance en sa résurrection et plus forte que la
tristesse causée par son départ et le vide que ce départ crée.
Voilà pourquoi nous lui pardonnons ses éventuelles fautes et
nous lui demandons pardons pour les nôtre commises à son
endroit (encontre). Voilà pourquoi nous nous engageons à prier
continuellement pour son salut.

Que le Seigneur nous en accorde la grâce !

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ou pour avoir la conscience tranquille (quand je voit le pauvre,


ça me rappelle que je peux un jour devenir pauvre, malade,
mourir).

est posée ici comme la conséquence de la prise de conscience


d’une autre évidence,

nous rappellent no

leur rythme

Au cours de nos activités journalières, nous observons aussi


des moments de repos dus à la fatigue, des passages

Au cours de la journée, et au cœur de nos activités, la fatigue


nous impose une cessation momentanée,

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