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Document A Texte littéraire

Louis Pasteur, chimiste et physicien français (1822-1895), est célèbre, entre autres, pour avoir mis au
point un vaccin contre la rage. Cet extrait raconte comment le savant et son équipe découvrent
l’efficacité du principe de vaccination.

L’équipe de Pasteur ne s’occupait pas que du charbon1. On lui avait aussi demandé de mettre fin au
« choléra des poules », une maladie qui paralysait la volaille avant de la tuer.

Septembre 1879. […] Dans un coin de son laboratoire parisien de la rue d’Ulm, on retrouve une
culture de bacilles2 qui avaient été identifiés comme responsables de cette affection3. Personne ne
s’en était préoccupé durant les deux mois d’été.

Pasteur prélève quelques gouttes du bouillon et les inocule4 à des poules. Qui tombent un peu
malades, mais aucune ne meurt.

Un peu plus tard, ces mêmes poules reçoivent une solution « jeune et neuve » des bacilles. Jour
après jour, on guette fiévreusement leur état. Au bout de deux semaines, la bonne nouvelle est
confirmée : aucune des volailles n’est morte.

Devant ses collaborateurs Chamberland et Roux, Pasteur se serait exclamé : « Ne voyez-vous pas
que ces poules ont été vaccinées ? »

[…] Et c’est ainsi qu’il a baptisé « vaccin » le germe affaibli. […]

Comment atténuer la malfaisance d’un virus ? Tel est le nouveau défi de Pasteur et de son équipe. Le
tout jeune Émile Roux, l’une de ses dernières recrues, va jouer un rôle crucial. Il se murmure que,
déjà, pour le vaccin qui allait sauver les poules, c’est de lui que serait venue l’idée géniale. Il se
chuchote aussi que la contribution de Chamberland, autre assistant, a permis de franchir un pas
décisif… Mais, silence ! C’est Pasteur, le héros de l’histoire. Ne rabotons pas sa gloire. Sauf à
considérer que son premier mérite est justement d’avoir constitué et conservé un tel commando.
Patience, nous y viendrons. […]

Le baron de La Rochette, grand propriétaire, est, à Melun, président de la Société d’agriculture. Il


offre à l’expérience sa ferme de Pouilly-le-Fort.

Le 5 mai 1881, une foule nombreuse déferle à la gare locale de Cesson : paysans, élus, pharmaciens,
vétérinaires… La plupart, sceptiques, ricanent en voyant Pasteur et ses assistants procéder à la
première série d’inoculations : vingt-cinq moutons et cinq vaches parquées dans un hangar.

Le 17 mai, nouvelle inoculation des mêmes animaux avec le virus moins atténué, donc plus virulent
que le précédent.

31 mai : toujours devant la même foule, le bacille du charbon (plus du tout atténué) est inoculé aux
trente animaux vaccinés, mais aussi à vingt-cinq moutons et cinq vaches qui n’ont reçu aucun
traitement. L’attente commence.

Et les tensions montent dans l’équipe : avons-nous choisi le bon vaccin ? Ne fallait-il pas poursuivre
les recherches ? Si les vaccinés meurent, nous devrons, dans la honte, fermer notre laboratoire…

Jours d’angoisse. Nuits sans sommeil, car quelques bêtes traitées souffrent de fortes fièvres.
Une semaine plus tard, quand il revient à Pouilly, des acclamations l’accueillent. Tous les animaux
non vaccinés sont morts : leurs cadavres gisent, alignés sur le sol. Tous les vaccinés broutent ou
gambadent.

Erik Orsenna, La vie, la mort, la vie, 2015, © Librairie Arthème Fayard.

1. Charbon : maladie infectieuse, potentiellement mortelle, qui touche aussi bien l’homme que
l’animal.

2. Culture de bacilles : élevage de microbes, qui se fait dans un liquide appelé « bouillon ».

3. Affection : maladie.

4. Inoculer : introduire dans l’organisme une substance contenant les germes d’une maladie.

Document B Albert Edelfelt, Louis Pasteur, 1885

En peignant ce portrait de Louis Pasteur, un des plus célèbres scientifiques de l’époque, le peintre
finlandais Albert Edelfelt obtient un succès considérable.

ph © Josse/Leemage

travail sur le texte littéraire et sur l’image 50 points • ⏱ 1 h 10

Les réponses doivent être entièrement rédigées.

Grammaire et compétences linguistiques

▶ 1. Expliquez la formation du mot « fiévreusement » (l. 11-12) et son sens dans le texte. Le mot
« fièvre » (l. 45) est-il à prendre dans le même sens ? (6 points)
▶ 2. « Et les tensions montent dans l’équipe : avons-nous choisi le bon vaccin ? Ne fallait-il pas
poursuivre les recherches ? » (l. 41-42)

a) Comment sont rapportées les paroles dans ces phrases ? (2 points)

b) Est-ce une manière habituelle de procéder ? (2 points)

▶ 3. « Mais, silence ! C’est Pasteur, le héros de l’histoire. Ne rabotons pas sa gloire. » (l. 23-24)

a) Quels sont les types de phrase employés ? (2 points)

b) Qui parle et à qui ces phrases sont-elles adressées ? (3 points)

▶ 4. « Une semaine plus tard, quand il revient à Pouilly, des acclamations l’accueillent. Tous les
animaux non vaccinés sont morts. » (l. 46-47)

Réécrivez le passage suivant en remplaçant « il » par « ils », et « animaux » par « bêtes ». Vous ferez
toutes les modifications nécessaires. (10 points)

Compréhension et compétences d’interprétation

▶ 5. a) Quelles sont les deux expériences successives racontées dans ce texte ? (2 points)

b) Quels points communs pouvez-vous relever entre ces expériences ? (2 points)

▶ 6. Pour quelle raison, le 31 mai, le bacille du charbon est-il aussi inoculé aux animaux non
vaccinés ? (3 points)

▶ 7. Expliquez précisément quels sont les sentiments de Pasteur et de son équipe tandis qu’ils
attendent les résultats des expériences. (5 points)

▶ 8. Ce texte dresse-t-il le portrait d’un homme ou d’un projet collectif ? Justifiez votre réponse par
des renvois précis au texte. (5 points)

▶ 9. Quels sont les rapports entretenus entre le texte et le tableau ? (4 points)

▶ 10. Quelle impression se dégage du tableau ? Selon vous, est-ce la même que celle dégagée par le
texte ? Pourquoi ? (4 points)

dictée 10 points • ⏱ 20 min

Le titre, la source de l’extrait et les noms Victor Hugo, Louis Pasteur et Franche-Comté sont écrits au
tableau.

Erik Orsenna

La vie, la mort, la vie, 2015

© Librairie Arthème Fayard

Ils se seront détestés

Victor Hugo et Louis Pasteur. Le grand écrivain et le grand savant. Les deux phares qui, au-delà de la
France, éclairent encore le monde. Deux bienfaiteurs de l’humanité. L’un, explorateur des vertiges
de l’âme, a rendu leur dignité aux misérables et, pour cela, demeure célébré de l’Amérique latine à
la Chine. L’autre, découvreur des sources de la vie, a triomphé de la rage. Tous les deux nés dans
cette province appelée Franche-Comté pour les libertés qu’elle savait défendre. […] L’un chérissait la
liberté, l’autre la science. Quand, l’un après l’autre, la mort finit par les rattraper, le même hommage
leur fut rendu […]. Ensemble, ils résument leur siècle.

Rédaction 40 points • ⏱ 1 h 30

Vous traiterez au choix l’un des deux sujets.

Votre rédaction sera d’une longueur minimale d’une soixantaine de lignes (300 mots environ).

Sujet de réflexion

Selon vous, les découvertes scientifiques sont-elles nécessairement une source de progrès pour
l’humanité ? Vous présenterez votre réflexion dans un développement organisé, en prenant appui
sur des exemples tirés de vos lectures et de votre culture personnelle.

Sujet d’imagination

Vous avez fait une découverte qui révolutionne le quotidien. Vous écrivez une lettre au président de
l’Académie des sciences pour lui présenter les vertus de votre découverte et le convaincre de
soutenir vos travaux de recherche.

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