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CONTRIBUTION À L'ÉTUDE
DE LA STRUCTURE ET
DES PROPRIÉTÉS
DES LAQUES DE GARANCE
Jana SANYOVA
Promoteurs :
Prof Jacques Reisse Thèse présentée en vue
Dr. Liliane Masschelein - Kleiner de l'obtention du grade de
Directeur de l’IRPA Docteur en Sciences Appliquées
Bruxelles
2000/2001
UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES
FACULTÉ DES SCIENCES APPLIQUÉES
SERVICE DE CHIMIE ORGANIQUE
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE
DE LA STRUCTURE ET
DES PROPRIÉTÉS
DES LAQUES DE GARANCE
Jana SANYOVA
Promoteurs :
Prof Jacques Reisse Thèse présentée en vue
Dr. Liliane Masschelein - Kleiner de l'obtention du grade de
Directeur de l’IRPA Docteur en Sciences Appliquées
Bruxelles
2000/2001
i
II.1. Introduction 7
II.2. Description botanique 8
II.3. Cultures anciennes 9
II.4. Colorants de la garance et chimie organique du XIXe siècle 10
II.5. Teintures, "rouge turc" 11
II.6. Laques 12
II.6.1. Terminologie 12
II.6.2. Laque et teinturiers, origine de la laque 13
II.6.3. Le "secret" de la préparation des laques de garance 14
II.6.4. Utilisation des laques de garance comme pigments artistiques 16
II.6.5. Préparation de la laque de garance - procédé 17
II.6.5.1. Extraction 18
II.6.5.2. Substrats et mordants 19
II.6.6. Falsification 22
III.1. Introduction 23
III.2. Complexes alizarine-aluminium : étude bibliographique 24
III.3. Rappels théoriques : complexes, stabilité et spéciation 29
III.3.1. Définitions: 29
Complexes, ligands, chélates, degré de complexation, spéciation
III.3.2. Stabilité des complexes : nature et nombre des liaisons de
complexation 29
III.3.3. Équilibres, constantes et diagrammes de spéciation 31
III.4.1. Introduction 45
III.4.2. Alizarine 48
III.4.3. Quinizarine 55
III.4.4. Purpurine 58
III.5. ESI - MS 66
III.5.1. Introduction 66
III.5.2. Matériel et méthodes 66
III.5.3. Résultats 67
iii
III.5.4. Discussion 68
III.6. SIMS 74
III.6.1. Introduction 74
III.6.2. ToF-S-SIMS : principe 74
III.6.3. Matériel et méthodes 74
III.7. FTIR 79
III.7.1. Introduction 79
III.7.2. Résultats 80
III.7.3. Discussion 86
IV.1. Introduction 89
iv
IV.2.1. Extraction 90
IV.2.2. Analyse par HPLC 90
IV.2.3. Molécules de référence 91
IV.2.4. Chromatogrammes 91
IV.2.5. Étalonnage 93
IV.2.6. Reproductibilité des analyses 93
ANNEXES:
A1.1. Origine des plantes, des échantillons de référence et des réactifs 199
La garance des teinturiers, Rubia tinctorum L., est une plante de la famille des
Rubiacées.
Les différents colorants présents dans les Rubiacées appartiennent à la famille
chimique des anthraquinones : ils ont tous le même squelette de base, auquel
s'ajoutent des groupements (hydroxyles, glycosiles, carboxyles ...) qui en modulent
les propriétés et les couleurs. Les deux plus célèbres sont l'alizarine et la purpurine
(fig. I.1). La découverte d'une voie de synthèse de l'alizarine par Graebe et
Lieberman en 1868 peut être considérée comme un des principaux fondements
historiques du développement de la chimie organique et de la production de
colorants synthétiques.
O O OH O OH
8 1 OH
OH
7 9 2
6 10 3
5 4
O O O OH
(a) (b) (c)
La garance a été utilisée à travers les siècles pour teinter des tissus. La belle teinte
rouge a été obtenue le plus souvent par un mordant à l'aluminium (alun) qui forme
avec les colorants des complexes qui se fixent sur la fibre de textile ou précipitent
et sédimentent dans le fond du bain. Ce sédiment présentant les qualités esthétiques
de la teinture à la garance offre en outre l'avantage d'être insoluble et de pouvoir
par conséquent être utilisé comme pigment organique - laque (cfr § II.2 où sont
discutées les différentes significations des termes "laque" et "pigment"). Comment
ne pas voir là l'origine de l'usage de la laque de la garance dans les arts picturaux ?
Pline décrit les habitudes des teinturiers tyriens (Tyr, actuel Liban), qui séchaient
l'écume collectée dans le bain de leurs cuves et vendaient au prix fort la poudre
pourpre aux peintres. Au XVIIe siècle encore, les teinturiers vénitiens laissaient
2
évaporer les bains épuisés pour obtenir les laques utilisées par les artistes
(Caniparius, 1619).
On connaît par les textes diverses applications dans les arts décoratifs: craie
imbibée de son extrait (Vitruve); os, ivoire, corne teints par bain (Théophile);
résine de lierre colorée par cuisson en sa présence (Jean Le Bègue) en sont des
exemples (cfr annexe 2).
On serait tenté de considérer, vu la pauvreté des sources, que l'emploi de la garance
comme pigment n'avait pas une grande importance à une époque où pourtant sa
place dans la vie économique et culturelle, particulièrement dans le domaine de la
teinturerie, laisse supposer le contraire. L'absence de recettes de laques de garance
avant le XVIIe siècle (Neri, 1612), alors que la littérature contemporaine offre
nombre de recettes de laques d'autres sources, telles que le brésil, le kermès ou la
gaude, intrigue de la même manière.
L'apport de la chimie à la connaissance des matériaux et des techniques artistiques
a depuis lors permis de confirmer l'intuition selon laquelle la laque de garance était
bel et bien utilisée depuis l'Antiquité et les exemples ne manquent pas (cfr annexe
3).
Au XIXe siècle, des chimistes comme Chaptal (1809) ou Russel (1892) suggèrent
d'après leurs analyses la présence de garance dans des pigments gréco-romains,
mais leurs résultats restent cependant à prendre avec précaution, car leurs
méthodes d'analyses ne permettaient pas de séparer les constituants d'un mélange.
Les techniques d'analyse chromatographique ont donné un nouvel essor à
l'identification des colorants présents dans les laques. Masschelein (1967, 1968) a
développé une méthode d'analyse des laques par chromatographie en couche
mince (TLC) et confirmé la présence d'alizarine et de purpurine dans des peintures
et sculptures médiévales de nos régions (Didier et al, 1990). Ensuite une méthode
d'extraction et d'analyse quantitative par la chromatographie liquide à haute
pression (HPLC), développée pour les colorants des textiles (Wouters, 1985,
1989), appliquée à une série d'échantillons de laques anciennes, nous a également
permis de détecter ces deux colorants dans des couches picturales (Sanyova, 1993;
Sanyova/Wouters, 1993; Kirby/White, 1996; Sanyova, 1999). L'HPLC est à l'heure
actuelle la technique la plus utilisée pour les analyses des laques et des colorants de
textile. Elle permet aussi la comparaison entre les proportions d'alizarine et de
purpurine dans des laques et dans des teintures anciennes (Wouters, 1987, 1990,
1993). Sur les fibres on trouve en général plus d'alizarine, réputée plus stable au
vieillissement, que de purpurine. Par contre dans les échantillons de laques
anciennes on trouve plus de purpurine que d'alizarine et il n'est pas exceptionnel
qu'on trouve des laques de garance qui ne contiennent que de la purpurine (Kühn,
1990b et 1993; Sanyova/Wouters, 1993; Karmous et al, 1995 et résultats non
publiés)
Les raisons de ces différences de composition entre teintures et laques restent à
déterminer. Une hypothèse serait l'utilisation d'espèces végétales différentes,
comme le suggèrent les interprétations d'analyses de textiles par Schweppe (1976),
Masschelein/Maes (1978), Hendriks (1989) ou Wouters (1993) qui ont montré la
présence de purpurine mais pas d'alizarine. Il se peut aussi que ces différences
trouvent leur origine dans l'âge (Hill/Richter, 1937) ou les conditions de culture de
la plante, ou dans la méthode de préparation des laques (Kopp, 1864; Kühn,
1990b).
Il est également possible que la purpurine, identifiée après une hydrolyse acide
dans les échantillons, se trouve dans les laques (ou les fibres) sous forme de
3
Les mots "laque" et "pigment" peuvent être pris dans de nombreux sens différents,
et il faut, avant d'aller plus loin, définir ceux qui leur sont donnés ici.
Le mot laque peut signifier : résine végétale (laque de Chine), colorant et résine
d'origine animale (laque indienne, gomme laque) ou pigment organique composé
d'un substrat inorganique (par exemple l'alumine) sur lequel est fixé le colorant.
D'autres significations encore sont dérivées des trois premières. Les laques de
garance dont il est question ici ne sont ni des vernis, ni des résines colorées mais
bien des pigments organiques formés par la complexation et l'adsorption du
colorant organique sur un substrat inorganique, le plus souvent des précipités
d'alumine.
Le mot pigment, du latin pigmentum, possède les définitions suivantes selon les
domaines où il est employé: substance colorée produite par un être vivant
(hémoglobine, pigment biliaire, urinaire, etc.) - en biochimie, matière colorante
végétale (chlorophylle, anthocyanines) - en botanique et matière colorante
insoluble dans l'eau, couleur en poudre - en peinture
A nouveau ces différentes significations sont distinctes : la chlorophylle, par
exemple, est un pigment au sens de la première définition mais pas de la troisième,
puisqu'elle est soluble dans l'eau. Le pigment artistique est insoluble dans le liant
avec lequel il forme la peinture.
Il y a un certain consensus sur le sens des mots pigment et laque dans le cadre de la
technologie des colorants. Herbst et Hunger (1993) séparent les colorants en
teintures et pigments, selon qu'ils sont appliqués sous forme dissoute ou insoluble,
et les pigments en inorganiques et organiques ou laques. Une définition plus
élaborée est donnée par Taylor et Marks (1966) : une laque est un pigment
insoluble dans l'eau, formé, à partir d'un colorant quelque peu soluble dans l'eau,
par un processus de chélatation ou de formation d'un sel, processus dans lequel la
présence d'un substrat est nécessaire et ce substrat forme une partie intégrante du
produit final.
Pour les bio- et phytochimistes, les mots "colorant" et "pigment" sont souvent
synonymes, comme on peut le voir par exemple dans la description par Harborne
(1988) des anthocyanines comme des pigments solubles dans l'eau intensément
colorés.
Nous adoptons dans ce travail la définition de Taylor et Marks (1966) donnée ci-
dessus, selon laquelle le mot laque désigne un pigment constitué d'un sel ou un
complexe cation-colorant, et du substrat, ici l'alumine.
Il est encore utile de rappeler qu'un "complexe" est une association de plusieurs
molécules ou ions, p. ex. ici une ou deux molécules d'alizarine, probablement
déprotonées, et un ion Al+++. Un "chélate", du mot grec signifiant pince de crabe,
est un complexe dans lequel la molécule organique n'est pas liée au cation par une
seule mais par plusieurs liaisons. On dit p. ex. que l'EDTA est en agent chélatant
ou agent complexant "hexadentate", parce que, à pH suffisamment élevé, il forme
simultanément, par ses quatre carboxylates et ses deux atomes d'azote, six liaisons
avec le cation. Grâce à ces multiples liaisons, les chélates sont plus stables que les
complexes monodentates correspondants.
Dans le cas présent, les "complexes" dans les laques que nous étudions sont des
associations entre anthraquinones et aluminium, dans lesquelles selon toute
probabilité un ou plusieurs hydroxyles ont perdu leur proton au profit d'une liaison
avec l'aluminium. Il est plus que probable qu'il s'agit de chélates bidentates, mais la
question de savoir quels seraient les deux groupements impliqués dans le cas de
l'alizarine est une des controverses les plus anciennes de la chimie, et n'est pas
encore tranchée.
L'outil nouveau que constitue la méthode d'extraction douce décrite plus haut
permet une analyse plus fine de la composition des laques de garance, et de
l'influence de différents paramètres sur leur composition, leur couleur et leur
vieillissement.
I.6. Annexes
Afin d'alléger le texte, un certain nombre d'éléments ont été reportés en annexe.
L'annexe 1 donne la liste complète des échantillons décrits dans le texte, le détail
des modes opératoires de préparation de référence et leurs variantes, et les
conditions expérimentales des spectrométries et autres techniques de
caractérisation.
L'annexe 2 décrit quelques "recettes" de préparation des laques trouvées dans les
textes historiques.
L'annexe 3 donne la liste des œuvres d'art dans lesquelles une laque de garance a
été identifiée par différentes méthodes d'analyses.
L'annexe 4 donne les spectres UV-visible et les formules chimiques des différents
composants de la garance cités dans le texte et/ou analysés par HPLC-UV.
L'annexe 5 donne les spectres de masse des colorants et des laques obtenues par
ToF-SIMS.
L'annexe 7 est une liste d'échantillons d'œuvres d'art qui ont pu être analysés à
l'aide de la méthode d'extraction décrite dans ce travail.
II. LA GARANCE À TRAVERS LES ÂGES
II.1. Introduction
L'intérêt pour cette plante s'est ravivé ces dernières années dans le cadre de la
recherche de colorants naturels en chimie alimentaire, bien qu’elle s'avère ne pas
être totalement inoffensive parce qu'elle contient également des substances
mutagènes, telle la lucidine (Kawasaki et al., 1992; Krizsán et al., 1996). L'extrait
aqueux n'est toutefois pas mutagène.
Les noms actuels ou récents de la garance sont en néerlandais krap, meekrap, crap,
crapmede, en allemand Krapp ou Färberrothe, en anglais madder, en italien robbia,
en espagnol rubia.
1
On peut acheter des racines de garance séchées et broyées dans les établissements suivants:
Droguerie Le Lion, Kremer, Senelier
8
La famille des Rubiacées comprend environ six mille espèces, regroupées en cinq
cents genres. Dans nos régions, les rubiacées sont représentées par les six genres
Rubia, Galium, Asperula, Vaillantia, Crucinella et Sherardia, avec soixante et une
espèces principales.
La garance est une plante herbacée, vivace, grimpante, commune en Europe
méridionale (Espagne, Italie, Midi de la France). Les tiges droites à section carrée
sont munies d'aiguillons crochus. Les feuilles sont lancéolées, groupées avec les
stipules en verticilles de quatre à six ensembles. Les fleurs très petites, blanc crème
(couleur de miel), sont groupées en cymes à l'aisselle des feuilles au bout de la
tige. Elles fleurissent en juillet. Les fruits sont de petites baies d'abord rouges puis
noires, lisses, brillantes et mûres en septembre. A l'automne la partie aérienne de la
plante meurt. Seule la racine survit. Ces racines, la partie la plus riche en colorants,
sont de section ronde, très ramifiées. Sur la coupe transversale de la racine
(Decaisne 1837, planche 8, fig.6 = ici fig.II.1) on observe quatre parties :
Les colorants ne sont pas répartis uniformément. Ils se trouvent en plus grande
concentration sous l'écorce, dans le phloème. Les recherches de Hill et Richter
9
(1937) ont également montré que l'alizarine se trouve surtout dans la partie
extérieure du phloème et la pseudopurpurine et rubiadine dans sa partie intérieure.
L'écorce, elle, en contient en quantité plus faible, avec beaucoup de tanins, ce qui
rend les couleurs obtenues plus foncées.
D'autre part, au cours de la vie de la plante, la concentration en colorants
augmente, principalement la pseudopurpurine et l'alizarine, et leur rapport se
modifie au profit de l'alizarine. Hill et Richter (1937) ont observé que dans les
rubiacées en général, l'alizarine ne se trouve pas dans les jeunes plantes et dans les
tiges fines, tandis que la galiosine (précurseur de la pseudopurpurine) y est
abondante.
Pline l'Ancien (Livre XXXIV, chap. LVI, LVII) et son contemporain Dioscoride
signalent que la garance est cultivée dans les champs d'oliviers près de Ravenne en
Italie, et qu'elle y existe aussi à l'état sauvage (Schaefer, 1941). Au VIIIe siècle, le
"Capitulare de villis" témoigne de l'importance accordée à la garance sur les terres
de l'empire de Charlemagne (Leggett, 1944; Brunello, 1973).
Les anthraquinones de la garance ont été le sujet d'un grand nombre de recherches
scientifiques au XIXe siècle.
Robiquet et Colin sont parvenus à isoler l'alizarine de la garance en 1826, et en
1828 ils ont commercialisé un produit appelé "Garancine", une poudre brune, avec
un pouvoir tinctorial quatre à cinq fois plus élevé que celui de la garance. La
"Garancine" est obtenue par décoction des racines de garance dans de l'acide
sulfurique concentré (Perkin/Everst, 1918; Schweppe/Winter, 1997).
La garance a été utilisée à travers les siècles dans l'art des teinturiers, ce dont
témoignent les sources historiques ainsi que les nombreuses analyses de fragments
de textiles.
Au premier siècle de notre ère, Pline l'Ancien, citant son contemporain Dioscoride,
mentionne que la plante appelée "rubia" sert à la teinture des laines et des cheveux,
et au tannage de cuirs (André, 1972). Les recettes de teintures rose et pourpre à la
garance sont aussi données dans le Papyrus de Stockholm (Papyrus Holmiensis) de
la fin du IIIe ou du début du IVe siècle, traduit et discuté par Haleux (1981) (cfr
annexe 2). Plusieurs études ont montré sa présence abondante dans les textiles
coptes (Masschelein-Kleiner/Maes, 1978; Wouters, 1993).
À partir du XIIIe siècle, les manuscrits et les traités contenant les recettes et les
règlements des teinturiers se multiplient. Le plus ancien règlement indépendant des
teinturiers vénitiens "Capitolaribus de Tinctorum" date de 1243, et est suivi par
d'autres règlements de guildes en Italie, France, Espagne, Angleterre, Pays-Bas ou
Allemagne, dont Brunello (1973) donne une description exhaustive. Ces œuvres,
parfois rééditées comme Tbouck vã Wondre, Brussel, 1513 (Braekman, 1986) ou
Plictho de l'arte de tentori, 1548 (Edelstein/Borghetty, 1969), demeurent une
source de renseignements très importante.
Le célèbre "rouge d'Andrinople" appelé aussi "rouge turc" ou "rouge des Indes"
était une teinture de garance sur coton. Les propriétés physico-chimiques des
anthraquinones rendent leur fixation sur le coton aussi difficile qu'elle est facile sur
la laine. Le secret qui permettait de contourner ces difficultés résidait dans la
préparation du coton, et a assuré la prospérité des régions dans lesquelles cette
12
teinture était pratiquée. Il est à noter qu'il s'agit d'une des méthodes les plus
compliquées de teinture connues. La technique, développée en Inde, s'est répandue
via la Perse, l'Arménie, la Syrie jusqu'à la Turquie, il y a mille ans. Elle consiste en
une dizaine de longues opérations y compris la préparation du coton
«...une hallucinante succession de bains d'huile ou de graisse - rances de
préférence - allant, suivant les pays, du suif à l'huile de baleine ou de poisson,
additionnées de cendre de bois et de fiente de mouton, de bouse de vache ou de
crottes de chiens...» (Cardon/Chatenet, 1990).
À partir du XVIIIe siècle, ce procédé est très souvent étudié et les pays qui
maîtrisent son secret se multiplient. Le sujet reste attrayant même pour les
scientifiques du XXe siècle et plusieurs thèses en chimie lui ont été consacrées
(Hoffmann, 1937; Rutishauser, 1940; Kiel/Heertjes, 1963; Roussel, 1984;
Wunderlich, 1993; Soubayrol, 1996)
II.6. Laques
La garance a aussi été utilisée pour la préparation de "laques" de teinte rose, rouge,
brune et pourpre, utilisées comme pigment organique dans l'art pictural. Une
grande confusion règne quant à la définition du mot « laque », comme d'ailleurs du
mot «pigment». Bien que nous ayons déjà très brièvement décrit dans
l'introduction différentes significations possibles du mot "laque", il n'est pas inutile
de revenir à cette question car encore aujourd'hui on rencontre régulièrement un
emploi inapproprié de ce mot.
II.6.1. Terminologie
LAQUE (N. f., réfection de lache (1500) est un emprunt à l’arabe lakk, lui même
repris au persan lãk, qui dérive du sanskrit lãksã qui a deux significations : tache
et cent mille (symbole de quantité XIVe s.) (Rey, 1992).
3/ (N.f.) laque - insecte (Kerria lacca Kerr, 1782) une des cochenilles à laque
produisant une substance résineuse colorée par un colorant rouge (laque
indienne) (Cardon/Chatenet, 1990)
(N.m.) masse résineuse sombre produite par la cochenille à laque (sous-
genre Kerria Targioni-Tozzetti, 1884), appelée plus communément gomme-laque
ou "shellac" en anglais (Cardon/Chatenet, 1990; Roberts/Etherington, 1999).
Par analogie le terme s'applique dès le XVIe siècle à un vernis coloré ou à une
peinture transparente (1548), puis aussi à une préparation culinaire de couleur
rouge qui enduit un mets (1896), ainsi qu'à un produit qui fixe la chevelure (1957),
inventé aux États-Unis en 1955 et employé en France dès 1956 (Rey, 1992).
Les ouvrages encyclopédiques plus anciens présentent des notices plutôt confuses.
Ainsi le Dictionnaire universel de Furetière (1690) mélange-t-il allègrement toutes
les acceptions possibles du terme, y compris le sens "grand nombre" du sanscrit.
On y lit en particulier :
Plus loin, dans ses explications sur la laque - pigment pour les artistes, Furetière
fait la distinction entre les laques produites naturellement qui se forment au fond
des bains après plusieurs teintures («... la laque naturelle, il s'en fait de la lie et
fondrée2 de plusieurs teintures pour les peintres...»), et les laques artificielles,
préparées à partir d’extraits de plantes et d'insectes subissant des traitement variés.
Cette expression "laque artificielle" sera encore utilisée par Diderot et d'Alembert
un siècle plus tard (1777) (cfr annexe 2).
La préparation de ces "laques artificielles" est sans doute liée à l'art des teinturiers,
et on peut supposer que c'est l'esprit d'économie de ces artisans qui a valorisé les
bains "épuisés" de colorant en faisant sécher les suspensions contenant ces belles
poudres (cfr § I.1). Pline raconte dans son XXXVe livre, chap. XXVI, qu'on
fabrique les couleurs en imprégnant de teinture de la craie en même temps que les
étoffes à teindre en pourpre et que la craie absorbe cette couleur plus vite que la
laine. Ensuite il mentionne de la garance utilisée de la même manière. Ce texte
rappelle la recette de Vitruve (cfr annexe 2), qui aurait pu lui servir de source, car
l'œuvre de Vitruve se trouve citée dans la "bibliographie" de Pline (Livre I) .
2
fondrée n.f. (XVIe s.) ~ Lie, sédiment (Greimas/Keane, (1992), p.299, sub verbo "fondrer").
14
On a fait, dans le passé, l'hypothèse que c'est la teinture à "laque indienne" (laccha
en italien), qui est à l'origine du mot laque - pigment (lacca en italien), parce que
les premières laques provenaient justement des bains de cette teinture. Caniparius,
un écrivain vénitien, décrit en 1619 les pratiques des teinturiers de laisser évaporer
le déchet du bain de laque indienne pour obtenir de la laque artificielle utilisée par
les peintres (Caniparius, 1619; Perkin/Everest, 1918).
Mérimée écrit également : «... Il est assez probable que les premières laques
employées en Europe venaient de l'Inde et provenaient de la résine-laque, très
abondante dans ce pays, et de laquelle on retire une matière colorante pourpre,
fort recherchée aujourd'hui pour la teinture...» (Mérimée, 1830)
Des laques préparées à partir de chutes de textile teint, reprises dans de nombreux
textes médiévaux, témoignent aussi de la collaboration entre les peintres et les
teinturiers. Ces documents sont surtout fréquents entre le XIVe et le XVIe siècle,
spécialement en ce qui concerne le kermès et la cochenille (Neri, 1612; Kirby,
1987; Saunders/Kirby, 1994).
La laque de garance occupe parmi toutes ces laques rouges une position
privilégiée. Elle est considérée comme la plus belle et la plus stable. Mais elle est
aussi la plus difficile à préparer correctement! On s'en rend bien compte, en lisant
les 20 pages de Mérimée (1830) à propos de la préparation de cette laque. Mérimée
tient compte des recherches chimiques contemporaines, il applique de nombreux
procédés d'extraction à l'acide sulfurique, l'acide "muriatique" (HCl) ou au "sous-
carbonate de soude" (NaHCO3), mais il est visiblement dépassé par toutes les
réactions acido-basiques complexes des "matières pourpre, violette et fauve" ou de
la "matière extractive brune" comme il appelle les composants de la garance (cfr
annexe 2, § A2.13).
Les recueils de recettes médiévaux sont avares d'informations à propos des laques
de garance, contrairement à toute attente, vu l'importance de la culture de la plante,
son large emploi en teinture et l'abondance des recettes pour les autres laques
rouges, de la cochenille, de la laque indienne, et surtout pour celles du bois rouge
(Caesalpinia sp.), cependant critiqué pour sa faible stabilité à la lumière.
Les historiens s'accordent à estimer que l'absence de recettes de laque de garance
dans les sources antérieures au XVIIe siècle (recette de Neri en 1612, cfr § A2.7),
ne signifie pas qu'elle n'a pas été employée dans la pratique des artistes
(Diderot/d'Alembert, 1777; Mérimée, 1830; Merrifield, 1849; Thomson, 1937;
Laurie, 1967)
Une explication s'impose tout naturellement, à savoir que la préparation difficile de
la laque de garance, était un secret, soigneusement gardé par les peintres, et
transmis oralement dans les ateliers. Dans les sources, du Xe au XIXe siècle, se
dessine une évolution des pratiques des peintres, qui corrobore aussi cette
interprétation. Mérimée décrit cette évolution de la manière suivante:
« Pendant long-temps, les peintres préparèrent ou firent préparer sous leurs yeux
les couleurs, les huiles et les vernis qu'ils emploient. Les élèves étaient chargés de
15
Les manuscrits antérieurs au XVe siècle sont le plus souvent des compilations des
sources précédentes, souvent transcrites par des profanes en la matière, obscures,
dépourvues des détails importants permettant d'obtenir une bonne couleur. La
recette n° 183 du recueil de Jean Le Bègue en est un exemple (cfr annexe 2,
§A2.5).
Au XVIe siècle, lorsque l'imprimerie est déjà bien répandue et que les publications
se multiplient, on remarque la volonté de dévoiler les secrets (Piemontese, 1564;
Merrifield, 18493) et les traités du XVIIe deviennent de plus en plus spécialisés et
théoriques. On voit apparaître les encyclopédies (Furetière, 1690). L'apprentissage
des peintres dans les ateliers disparaît petit à petit au profit d'un enseignement plus
théorique dans les Académies4.
Malgré cette "explosion" des traités au XVIIe siècle, nous n'avons trouvé qu'une
seule recette pour la laque de garance, le n° 118 de l'Arte vetraria de Antonio Neri
(1612). Celle-ci ne donne pas les détails nécessaires pour l'extraction de la garance,
mais est en réalité une adaptation d'une autre recette, celle d'une laque préparée au
départ de laine teinte à la cochenille (cfr annexe 2, § A2.7).
Il faut attendre le milieu du XVIIIe siècle (Margraaf, 1753) pour trouver une laque
de garance bien décrite en détail, qui met en évidence sa différence d'avec les
autres préparations. Cette recette est présentée dans l'Encyclopédie de Diderot et
d'Alembert (1777) sous le titre "laque artificielle", ainsi que dans un traité de
Pfingsten (1789), comme un secret perdu et retrouvé par M. Margraaf (cfr annexe
2, § A2.8).
À la fin du XVIIIe siècle on trouve encore une description abrégée mais bien claire
de la préparation de la garance dans le traité sur l'art de la peinture et de la
composition des couleurs par de Masoul (1797) (cfr annexe 2, § A2.9).
La laque de garance ne perd pas sa position privilégiée au XIXe siècle. Les traités
des couleurs sont abondants et les recettes de laque de garance sont parfois noyées
au milieu de renseignements sur les recherches des chimistes, ce qui rend ces
recettes difficiles à comprendre et à reproduire. Les applications de la recherche
sur la garance, notamment l'isolement des colorants principaux, permettent le
développement de nouvelles laques contenant essentiellement l'un de ces colorants,
celles d'alizarine (préparée au départ de la "Garancine" cfr annexe 2, §A2.16), et
de purpurine et/ou pseudopurpurine (laque de la "Purpurine de Kopp" cfr annexe
2, §A2.16). Après la découverte de la synthèse de l'alizarine puis d'autres colorants,
on commence à disposer des laques de nouvelle génération, qui remplacent les
laques naturelles.
Toutfois les laques de garance n'ont pas tout à fait disparu, et sont fabriquées
encore aujourd'hui, bien sûr en quantité beaucoup moins importante qu'au XIXe
siècle.
3
Manuscrit de Bologne - "Segreti per colori" , Manuscrit de la bibliothèque Marciana de Venise - "
Secreti diversi" .
4
L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture à Paris a été créée en 1648, l'Académie des
Sciences en 1666.
16
Les hypothèses sur l'utilisation des laques de garance avant le XVIIIe siècle ne sont
toutefois pas fondées uniquement sur ces rares informations et les déductions que
l'on peut tirer de l'existence du commerce de la garance.
On dispose, à ce sujet, de plus en plus souvent de renseignements provenant des
études actuelles de laques provenant des œuvres d'art. Les méthodes analytiques et
leur fiabilité ont évolué depuis les premières analyses qui datent du XIXe siècle, de
la microchimie en passant par les méthodes spectroscopiques (UV-vis, IR, Raman),
puis vers les méthodes chromatographiques, permettant de séparer les composants
(cfr § I.1).
Dans la liste chronologique d'analyses publiées qui ont mis en évidence la présence
de la laque de garance (cfr annexe 3), on voit qu'elle était utilisée comme fard
cosmétique à Carthage au IIIe siècle av. J.C. (Karmous et al., 1995), ou comme
pigment au IIIe siècle av. J.C. en Grèce (Wallert, 1995) et à Corinthe au IIe siècle
av. J.C. (Farnsworth, 1951). Elle a été identifiée parmi les pigments dans la
boutique d'un marchand de couleurs à Pompéi (Schweppe/Winter, 1997), et sur des
peintures murales à Stabies près de Naples et à Vaison-la-Romaine en Provence
(Guichart et al., 1990; Barbet, 1997). On peut également trouver la laque de
garance parmi les matériaux de l'ancienne Égypte (Lucas, 1934; Horak, 1998).
Ensuite, la garance a été identifiée dans les pigments d'enluminures françaises des
XIIe et XIIIe siècles, étudiés par Flieder (1968). Masschelein a identifié par TLC
(Serck et al., 1978) une laque de garance sur une sculpture du XIIIe siècle5. Un
nombre plus important d'œuvres des XIVe - XVe siècles ont été soumises à
l'examen de laboratoire et on a constaté que les laques de garance sont
régulièrement présentes dans les glacis rouges ou les couches roses et violettes.
D'après Kirby et White (1996) la garance était le colorant le plus important en
Europe du Nord (Flandre, Hollande, Allemagne) aux XVe et XVIe siècles, ce que
confirment nos analyses de retables anversois et bruxellois de cette période
(Sanyova/Wouters, 1993) ainsi que les nombreuses analyses de peintures et de
sculptures allemandes (Kühn, 1985; 1990a; 1990b; 1993; Brachert et al., 1981;
Taubert, 1978). Au XVIe siècle, on remarque plus fréquemment, à coté de la
5
La sculpture en bois polychromé remonte aux alentours de l'an Mil. Les polychromies des XIe et
XIIe siècles ne comportent que des pigments minéraux, au XIIIe siècle apparaissent des glacis
(couches transparentes colorées) contenant de la laque rouge.
17
Ils n'ont, bien sûr, pas dévoilé leurs secrets, mais il est clair que les paramètres de
la préparation jouent une rôle décisif dans l'obtention de la couleur et de la teinte
d'une laque de garance.
La préparation de ces laques comprend en général l'extraction des colorants de la
plante ou du textile teint, la complexation (ou formation d'un sel) de ces colorants
avec un métal et la fixation de ce complexe / sel sur un substrat. Le précipité
(laque) est ensuite lavé, filtré et séché. Le schéma de cette préparation est esquissé
dans la figure II.2.
6
Ce carbonate de calcium est partiellement transformé en sulfate de calcium par la réaction avec le
sulfate d'aluminium (cfr § I.6.5.2)
18
1/ Extraction
extraction des précurseurs solubles
dans l'eau, déglycolysation de ces
précurseurs en aglycones
2/ Complexation
complexation des aglycones avec
un cation métallique (Al3+, Fe3+,
Cr3+, Ca2+, Ba2+…)
Fig. II.2.
Schéma de préparation d'une laque de garance.
II.6.5.1. Extraction
C'est sans doute la première phase, à savoir l'extraction, qui est la plus complexe. Il
est probable qu'antérieurement au XVIIIe siècle, avant que ne puisse être appliquée
l'approche scientifique à ce problème, il était difficile d'obtenir une bonne qualité
de laque de garance. Il était beaucoup plus aisé d'extraire des colorants d'autres
sources biologiques, telles que cochenille, kermès, bois rouge, leur teinte n'est pas
aussi nuancée, et d'ailleurs les recettes de ces laques antérieures au XVIIIe s. ne
manquent pas. Au XIXe siècle, l'isolement des anthraquinones de garance et
l'influence des conditions de l'extraction sont de mieux en mieux comprises.
Le choix de la plante, la durée, la température ou le pH du bain d'extraction,
peuvent modifier la quantité et la composition des colorants extraits, et donc
affecter la qualité de la laque.
Quant à la plante, c'est son âge, sa provenance ou la partie utilisée qui vont
conditionner la composition qualitative et quantitative des extraits. La garance de
Hollande était très recherchée et souvent recommandée dans les recettes, car la
rigueur dans sa culture garantissait la reproductibilité de la bonne qualité de la
plante. De plus, le tamisage des racines séchées broyées permettait de séparer
l'écorce de l'intérieur des grosses racines. Leuch (1829) décrit les fractions des
produits hollandais ainsi:
« Onberoofder. Composée de toute la racine de la garance, de bois et écorce.
Twee en één. Composée de 2/3 de la racine, et 1/3 de partie extérieure.
Eén en één. Composée d'égale partie de racine entière et de partie intérieure
seulement.
19
On sait déjà que les colorants qu'on cherche à extraire se trouvent dans la plante
sous forme glycosidique (cfr annexe 4). Le glycoside le moins résistant à
l'hydrolyse enzymatique est la galiosine, qui est transformée en pseudopurpurine
(0,005mg de racines extrait dans 3 ml d'eau à 18°C) en moins de 20 minutes,
(Hill/Richter, 1937). Vient ensuite le primvéroside de la lucidine. Le précurseur le
plus stable est l'acide rubérythrique. A température élevée (100°C) ou à pH acide,
les enzymes sont dénaturés. La déglycosilation est donc chimique, et beaucoup
plus lente que la déglycolysation enzymatique. Une température élevée peut
également provoquer la décarboxylation de la pseudopurpurine en purpurine, qui
est moins stable à la lumière, et modifier ainsi la stabilité de la laque finale.
Les aglycones libérés par hydrolyse enzymatique ou chimique sont très peu
solubles dans l'eau et précipitent. Une extraction prolongée peut ainsi diminuer le
rendement final de l'extraction, suite à l'adsorption des aglycones sur les débris des
racines et leur élimination par la filtration. Inversement une température élevée lors
de l'extraction augmente le rendement final, en favorisant l'extraction des
glycosides tout en inhibant leur hydrolyse et la précipitation des aglycones.
Les traités et les manuscrits du XIVe au XVIe siècle mentionnent souvent une
extraction indirecte, à partir de déchets de textiles teints à la cochenille ou au
kermès. Comme on ne dispose d'aucune recette de laque de garance de cette
période, on ne peut que faire l'hypothèse que cette méthode a été également
appliquée aux teintures de garance. On peut poursuivre ce raisonnement et estimer
que les difficultés liées à l'extraction des matières indésirables de la plante
pourraient être résolu par cette technique indirecte. En effet, la laine mordancée à
l'aluminium et plongée dans un bain avec des racines de garance fixe uniquement
les molécules susceptibles se complexer avec ce métal. Dans un deuxième temps,
la récupération des colorants se fait par dissolution en milieu basique et
précipitation sous forme de laque par addition de sulfate d'aluminium.
Il est vrai aussi que cette méthode d'extraction indirecte est plus économique, car
on utilise les chutes de textile et on limite les pertes de colorant.
L'influence de ces deux modes d'extraction sur la stabilité des laques à la lumière a
été étudiée à la National Gallery de Londres par Kirby et Saunders (1994). Selon
eux, les pigments préparés directement à partir des sources biologiques seraient
plus stables que ceux préparés à partir de déchets de textile.
Gettens et Stout (1966) notent que les vraies laques sont précipitées sur les
substrats transparents tel que l'alumine, craie ou gypse, mais aujourd'hui, par
20
extension du mot "laque", on inclut parmi les substrats d'autres matériaux au faible
pouvoir couvrant, par exemple le sulfate de baryum (blanc fixe), l'oxyde de zinc
(blanc de zinc) et l'oxyde d'étain.
Les recettes de laques de garance du XVIIe au XIXe siècle que nous avons
consultées indiquent presque toujours de l'alumine comme substrat, à l'exception
de l'encre de Leuch (1829), qui met un peu de craie dans l'extrait de garance
comment le rapportent déjà Vitruve au Ier siècle av. J.C. et Heraclius au Xe s. (cfr
annexe 2, § A2.1 et A2.5).
Nos analyses de routine de laques prélevées dans des œuvres d'art, montrent
souvent la présence de calcium à côté de l'aluminium.
Il est intéressant de donner un exemple de ce type de laque, trouvé sur une
polychromie du retable anversois d'Opitter (1540), dans le manteau d'un soldat du
"Couronnement d'épines". Les analyses indiquent que le substrat est de la craie et
le mordant (métal complexant), de l'aluminium. Les complexes colorant-
aluminium sont ainsi adsorbés à la surface de la craie. Sur la photo (figure II.3) de
la coupe transversale d'un échantillon prélevé sur la pièce mentionnée plus haut, on
observe un gros grain de carbonate de calcium (+/-100 µm) dont la surface, est
rouge.
Fig. II.3.
Coupe transversale d'un grain du
carbonate de calcium (manteau
d'un soldat du retable sculpté d'Opitter).
Les analyses par SEM EDX (figure II.4) montrent que cette coloration rouge
coïncide avec la présence d'aluminium. On voit également du soufre, (sous forme
de sulfate de calcium), disposé de manière discontinue à la surface du grain.
a b c
Fig. II.4. Cartes de répartition du calcium (a), de l'aluminium (b) et du soufre (c) sur la
coupe de la figure II.3.
21
On peut supposer sur base de ces analyses que cette laque est un exemple du
procédé particulier de préparation dans lequel, au lieu de neutraliser le mélange de
colorants et d'alun par une base soluble, on y ajoute de la craie. Celle-ci devient
alors le substrat, sur lequel se fixent les complexes de colorants et d'aluminium et
dont la surface est partiellement transformé en sulfate de calcium. Nous n'avons
jamais rencontré une recette décrivant une telle procédure pour la laque de garance,
bien qu'il n'en manque pas pour d'autres colorants. Il est possible que les auteurs
des recettes qui recommandent d'ajouter de la craie dans l'extrait de garance sans
passer par la complexation avec l'aluminium (Vitruve, Heraclius et Leuch, cfr
annexe 2), omettent de dire une chose "évidente pour eux", à savoir que cet extrait
contient déjà de l'alun, mais cela reste une hypothèse.
Dans la plupart des cas, depuis Neri (1612) jusqu'à De Puster (1920) (cfr l'annexe
2) le mélange de colorants et d'alun est neutralisé par une base soluble (carbonate
de sodium, de potassium ...), ce qui entraîne la précipitation de l'aluminium en
excès sous forme d'alumine. Celle-ci est alors le substrat, à la surface et/ou dans la
masse duquel se fixent les complexes colorés. Dans les procédés modernes
(Wagner, 1939; Taylor/Marks, 1966; Patton, 1973; Color index, 1971), l'alumine
est d'ailleurs précipitée avant l'addition du colorant. Pour modifier le substrat, on
ajoute parfois du chlorure de baryum. Le baryum précipite les sulfates de
l'aluminium, et ce précipité de BaSO4, lui-même un pigment appelé "blanc fixe",
fait partie du substrat. On remplace parfois le BaCl2 par du CaCl2 : on obtient alors
un précipité de gypse (CaSO4), constituant de la laque appelé "satin white"
(Taylor/Marks, 1966).
On peut remplacer le sel d'aluminium par d'autres, comme par exemple le sel
d'étain (IV), de baryum, de fer (III), de plomb, de magnésium, de calcium ou de
cuivre. On obtient alors des laques des couleurs suivantes: rose (Sn), pourpre (Ca,
Ba, Pb), brun-noir (Fe), violet (Mg) ou jaune (Cu) (Soubayrol, 1996; Pratt, 1947).
D'autres métaux que l'aluminium sont introduits dans l'industrie des teintures au
XVIe siècle, et leur utilisation augmente progressivement aux siècles suivants. Pour
les laques, cette pratique ne commence qu'à la fin du XVIIIe siècle, et reste moins
fréquente (Kirby, 1987). Dans notre série de recettes, le premier procédé, qui
conseille d'utiliser l'étain pour faire une laque de garance et pernambouc, est celui
de Gürth, cité par Schmidt en 1857. On trouve encore des exemples d'addition
d'acétate de plomb à l'extrait de garance dans des procédés décrits par Tingry
(1803) et par Perkin et Everest (1918).
La présence de fer, impureté naturelle de l'alun était à éviter, justement parce qu'il
est complexé préférentiellement par l'alizarine, et lui donne une couleur brun-noir.
Même en faible quantité, il assombrit le rouge brillant des laques de garance. Deux
variétés d'alun commercial sont le plus souvent citées: l'alun de Rome, le plus pur,
et l'alun de roche, considéré comme impur (Baudrimont, 1882).
Dans la littérature moderne sur les pigments organiques (Pratt, 1947; Patton,
1973), et bien que les recettes de préparation en soient absentes, on trouve
l'énumération de laques d'alizarine contenant différents cations et donnant les
couleurs suivantes: aluminium (rouge), fer (brun noir), étain (rouge), calcium
22
(pourpre rouge), magnésium (violet). Les couleurs des laques de garance données
par Schweppe et Winter (1997) diffèrent légèrement des précédentes, mais
correspondent à celles trouvées dans le Color Index (1971): rouge et orange pour
l'aluminium, rouge et rouge bleuâtre pour le calcium, pourpre et violet pour le fer.
II.6.6. Falsification
III.1. Introduction
Le contexte et les objectifs principaux de cette étude spectroscopique ont été déjà
été décrits dans l'introduction générale : il s'agit de déterminer si possible la
structure ("site de complexation") du ou des complexes formés, et de mesurer leurs
constantes de stabilité. Ces deux questions sont liées, puisque la stabilité des
complexes dépend de la nature et du nombre des liaisons, et donc du site de
complexation. Rappelons que celui-ci serait selon certains auteurs constitué par le
carbonyle (O-9) et l'hydroxyle (déprotoné) le plus proche (O-1), selon d'autres par
les deux hydroxyles (O-1 et O-2, déprotonés). Dans la suite de ce texte, nous
appellerons "céto-phénolate" et "diphénolate" ces deux sites de complexation
hypothétiques.
-
Al +++
a/ Al +++ b/ O O
- -
O O O
OH
Suit un rappel théorique sur les complexes, leurs équilibres, l'influence du pH et les
diagrammes de spéciation. L'interprétation des résultats expérimentaux de l'étude
par spectrométrie UV-visible est basée sur certaines propriétés de ces diagrammes
de spéciation.
Les complexes aluminiques sont rouges, alors que la forme acide (H2aliz) est
jaune. Il est donc aisé de déterminer, par spectrométrie UV-visible ou par simple
observation visuelle, dans quelles conditions de pH et de concentration en
aluminium les complexes peuvent se former en solution aqueuse diluée. Les
diagrammes de spéciation expérimentaux ainsi obtenus peuvent nous donner à la
24
La structure des complexes n'est pas nécessairement la même dans les laques et
dans les solutions aqueuses diluées. Au départ d'une solution plus concentrée
(alizarine : sodium : aluminium en rapport molaire 2:1:1), nous avons obtenu un
gel élastique, ce qui implique que des polymères ont été formés. Les spectres de
masse (ES-MS) de ce gel confirment ce fait et permettent de déduire la
composition des complexes formant les "chaînons" de ces polymères. Enfin, des
laques sous forme solide ont été étudiées par spectrométrie infra-rouge (FTIR) et
par spectrométrie de masse (SIMS). En SIMS (Secondary Ion Mass Spectrometry),
le solide est bombardé par des ions lourds tels que Ga+, qui éjectent de la surface
du solide des fragments de celui-ci, analysés par le spectromètre de masse. En
FTIR, les positions de celles des bandes de vibration qui sont influencées par
l'environnement du carbonyle peuvent, par comparaison avec les spectres d'autres
anthraquinones, donner des informations sur le site de complexation.
En 1911 Pfeiffer a montré que, en solution dans le benzol, l'étain sous forme de
SnCl4 se liait, avec élimination d'une molécule d'HCl et donc déprotonation de la
fonction hydroxyle, à une série de molécules porteuses d'un site de complexation
1
le caractère "à mordant" d'un colorant est son aptitude à former un chélate avec un métal
complexant, le "mordant"
25
SnCl3
O O O
OH
o-hydroxy-acétophenone m-hydroxy-acétophenone
SnCl 3
O O O
OH OH
OH
O O
alizarine hystazarine
Fig. III. 3. Fixation ou non du SnCl4 (en solution dans le benzol avec élimination de HCl), en
fonction de la présence ou non d'un hydroxyle en position ortho par rapport au
carbonyle, selon Pfeiffer (1911).
O O
N H2O
O Ca O
O O
H2O H O H2O O O
2
HO HO
Al Ca Al
HO HO
O O H2O H2O O O Fig. III. 4.
O Ca O Structure du complexe de
l'alizarine - aluminium -
N
calcium cristallisé dans la
H2O
pyridine, selon Hoffman
O O (1937).
O O
H2O
O Ca O
O O O O
H 2O
H 2O Al O Ca O Al H2O
O O H 2O O O Fig. III. 5.
Structure du complexe
O Ca O
alizarine-aluminium-calcium
préparés en milieux aqueux
et organique, proposée par
Fierz-David et Rutishauser
O O (1940).
Kiel et Heertjes (1963) ont jugé cette stoechiométrie (Al : alizarine : Ca 2:4:3) et
l'existence de liaisons Al-O-Ca-O-Al peu probables, et ont étudié la composition et
les propriétés de laques purifiées. La structure qu'ils en ont déduite (fig. III.6) est
de stoechiométrie Al:alizarine:Al (1:2:1) ([Al(aliz)2(OH)(H2O)].Ca)). L'aluminium
-
y est lié de manière covalente au carbonyle et au phénolate en C-1, à un ion OH et
une molécule d'eau. La liaison entre le calcium et le phénolate en C-2 n'est
qu'ionique, et n'implique pas de position bien définie pour l'ion calcium.
27
Fig. III. 6.
Structure du complexe alizarine-
aluminium-calcium préparé en
milieux aqueux, selon Kiel et
Heertjes (1963).
O OH
Al Al Al Al
OH
O
Fig. III. 7. Ponts "µ-O-" (a) et "µ-OH" (b) des structures proposées par Wunderlich
(1993) et Soubayrol (1996) pour le complexe alizarine-aluminium
Fig. III. 8.
Structure du complexe
alizarine- aluminium-
calcium crystallisé dans le
DMF, proposée par
Wunderlich (1993).
Inversement, dans le modèle de Soubayrol (fig.III.9), chaque ion Al est lié à deux
dianions d'alizarine par leurs sites "céto-phénolates", et chaque molécule
d'alizarine est liée à une molécule de l'autre complexe (Al(aliz)2)- par des liaisons
carbonyle (O-10) - eau - phénolate (O-2). La charge résiduelle (4-) du cœur du
28
Fig. III. 9.
Structure du complexe
alizarine-aluminium- sodium
préparé en milieux aqueux
et dans le methanol,
proposée par Soubayrol
(1996).
De Hoffman à Soubayrol, toutes les structures proposées l'ont été sur base
d'échantillons qui avaient été soit préparés en milieu organique soit purifiés jusqu'à
l'obtention de laques qui peuvent être très différentes de celles obtenues par les
méthodes traditionnelles, en milieu aqueux et en présence d'un excès d'aluminium.
Certains auteurs estiment que la ressemblance de couleur garantit la
représentativité de leurs laques purifiées, mais il est connu que par exemple la
couleur dépend essentiellement du cation multivalent au cœur du complexe (Al,
Fe, Cr...) et que la nature du cation secondaire alcalin ou alcalino-terreux
l'influence peu (Gerstner, 1959, référence 19). Il est dès lors évident que certains
détails de la structure globale du complexe peuvent être changés sans pour autant
modifier la couleur. Il faut donc essayer d'établir la limite entre les caractéristiques
essentielles des laques, responsables de leurs couleurs, et leurs caractéristiques
secondaires, qui peuvent varier avec le mode de préparation.
Dans la présente étude, nous essayons entre autres de tracer cette limite, et de
vérifier si le site de complexation est de type céto-phénolate ou diphénolate
29
Les structures et les propriétés des chélates en solution aqueuse sont très bien
décrites et expliquées par exemple dans le livre de Chaberek et Martell (1959).
Nous nous limitons ici à rappeler quelques définitions et notions indispensables
pour la discussion.
III.3.1. Définitions :
Complexes, ligands, chélates, degré de complexation, spéciation
Cette définition des complexes par leur caractère réversible ne s'applique bien sûr
qu'aux phases liquide ou gazeuse. Quand on parle de complexes en phase solide,
c'est généralement parce qu'il s'agit de précipités d'associations considérées en
solution comme des complexes.
Les grandes différences entre les constantes de stabilité des différents complexes
s'expliquent essentiellement par la nature des liaisons (degré de covalence), et par
leur nombre (effet chélate).
Les liaisons sont souvent décrites comme électrostatiques (ioniques), semi-
covalentes, ou purement covalentes, tout en sachant que la composante
électrostatique n'est jamais nulle quand les entités associées sont des ions (Al3+,
H+, F- ...) ou des dipôles (H2O, NH3 ...).
Les cations alcalins et alcalino-terreux forment des liaisons purement ioniques. Par
contre les métaux de transition et d'autres cations comme Al3+, forment avec divers
ligands des liaisons semi-covalentes plus ou moins fortes, et leurs constantes de
complexation sont généralement beaucoup plus élevées que celles des alcalino-
terreux.
Pour un même ligand, la stabilité des complexes suit généralement les tendances
suivantes :
- selon la charge : monovalents << divalents < trivalents
- parmi les divalents : alcalino-terreux << Fe < Co < Ni < Cu
- parmi les trivalents : Al < Fe
La première séquence est valable surtout pour les métaux de transition : l'ion Al3+,
contrairement à ceux-ci, n'a qu'une très faible tendance à se lier aux ligands azotés.
On constate que la stabilité des complexes croît avec la basicité des ligands. Les
ligands peu basiques comme les alcools et les éthers forment avec les cations des
liaisons dont l'énergie diffère peu de celle des liaisons d'hydratation. Rappelons
31
L'énergie libérée par cette réaction étant très faible, la formation des complexes
alcool - cation est négligeable. La complexation n'est importante qu'avec les
ligands basiques (RNH2, RCOO-, RO-…). Pour ceux-ci le proton entre en
compétition avec le cation multivalent et il se formera en fonction des cations soit
le complexe soit la forme acide du ligand (RNH3+, RCOOH, ROH…).
Les éventuelles modifications des spectres, soit du ligand soit du cation, donnent
d'abord l'information qualitative qu'il y a bien modification des orbitales et donc
liaison semi-covalente. Elles peuvent ensuite donner des informations plus précises
sur la nature et la stabilité de ces liaisons, soit directement par la nature de l'effet
spectroscopique observé, soit indirectement en permettant de mesurer le degré de
complexation dans différentes conditions, et donc la valeur de la constante de
stabilité. Celle-ci permet bien souvent, par comparaison avec d'autres complexes
connus, d'élucider la nature exacte de la ou des liaisons.
s'associer aux molécules basiques joue un rôle central dans les subtils équilibres de
complexation en solution.
Une des notions de base de la chimie des solutions aqueuses est qu'un acide faible
comme l'acide acétique (fig. III.11) sera, en solution aqueuse, majoritairement sous
forme protonée à pH acide ([CH3COOH] > [CH3COO-]) et déprotonée à pH
basique ([CH3COO-] > [CH3COOH]), et que l'égalité entre ces deux formes
([CH3COOH] = [CH3COO-]) sera atteinte quand le pH sera égal au pKHA (= -log
KHA), en d'autres termes quand la concentration [H+] sera égale à la constante de
dissociation KHA.
1.0
CH3COOH CH3COO
-
0.8
0.0
0 2 4 6 8 10
pH
L'équivalent pour les complexes (fig. III.12) est que la molécule complexante ou
ligand "L" (RNH2, RCOO-...) sera majoritairement sous forme de complexe ([ML]
> [L]) ou sous forme libre ([L] > [ML]), selon que la concentration en cation "M"
libre (Ca2+, Cu2+, Al3+...) sera supérieure ou inférieure à une certaine limite, égale à
nouveau à la constante de dissociation, c.-à-d. à l'inverse de la constante
d'association :
Inversement le cation sera lui aussi majoritairement sous forme libre ou sous forme
de complexe (fig.III.13), selon que la concentration en ligand libre est inférieure ou
supérieure à la même constante d'association :
1.0
- ++
F AlF
0.8
0.4
+++
0.2 log [Al ] = - log K(Al+F->AlF) = - 6,1
0.0
-10 -8 -6 -4 -2 0
+++
log [M] (log [Al ])
1.0
+++ ++
Al AlF
0.8
0.6
[M] / ([M]+[ML])
[ML] / ([M]+[ML])
0.4
-
0.2 log [F ] = - log K(Al+F->AlF) = - 6,1
0.0
-10 -8 -6 -4 -2 0
log [L] (log [F-])
Une conséquence pratique de ces relations est que, si par exemple le degré de
complexation du cation peut être mesuré grâce à une différence entre les spectres
UV-visible du complexe et de la forme libre, comme c'est parfois le cas avec les
métaux de transition (Cu2+, Ni2+...) la constante d'association est donnée par la
concentration en ligand au "virage", c.-à-d. au point auquel [ML] = [L] :
Inversement si c'est le degré de complexation du ligand qui peut être mesuré grâce
à une modification de son spectre UV-visible, comme c'est le cas avec les
complexes aluminium-alizarine, la constante d'association est donnée par la
concentration en cation au "virage", du jaune au rouge pour les complexes
aluminium-alizarine :
1.0
+ -
H,F HF
0.8
8
-
0.6 F HF
auto
proto
lyse
(pH
-> 7) 6
0.4 carbonatation
(pH -> 5,65)
pH
pK = pH = 3,2
HF (p
K=
3,2) 2
0.0 ac
-8 -6 -4 -2 0 ide
f ort
- (pK
log HAtot = log Atot (= log HFtot = log Ftot = log ([HF]+[F ]) log Ftot = <-
2)
-pK + log 2 = 0
-2,9
-8 -6 -4 -2 0
-
log Atot (log Ftot, log ([HF]+[F ])
1.0
+++ - ++
Al ,F AlF
0.8
0.6
0.4
log K (AlF->Al+F) = -6,1 log K (AlF->Al+F) + log 2 = -5,8
0.2
0.0
-10 -5
+++ ++
log Mtot = log Ltot (= log Altot = log Ftot = log ([Al ]+[AlF ])
L'acide carbonique est caractérisé par deux valeurs de pk successives (6,4 et 10,3),
notées pour cette raison avec un k minuscule. En conséquence les trois formes,
H2CO3, HCO3- et CO32- dominent chacune dans une certaine gamme de pH (fig.
III.16).
1.0
- --
H2CO3 HCO3 CO3
0.8
[H2A] / ([H2A]+[HA]+[A])
[HA] / ([H2A]+[HA]+[A])
0.6 [A] / ([H2A]+[HA]+[A])
pk(H2A->H+HA) =
0.4
pH = 6,4 pk(HA->H+A) =
pH = 10,3
0.2
0.0
4 6 8 10 12 14
pH
De même l'ion Al3+ peut fixer, par additions successives, jusqu'à six ions F-. Les
constantes de complexation successives (log ki = [AlFi(3-i)+] / [AlFi-1(4-i)+].[F-]) sont
les suivantes :
Chacun des complexes successifs AlFi est majoritaire dans une certaine gamme de
concentrations en ions F- libres (ki < [F-] < ki+1) (fig. III.17).
37
1.0
+++
Al AlF6
---
0.8
++ +
AlF AlF2 AlF3 AlF - AlF5
--
4
0.6
0.4
0.2
0.0
-10 -8 -6 -4 -
-2 0
log [F ]
H2CO3 → 2 H+ + CO32-
Al3+ + 4 F- → AlF4-
avec
pK (H2CO3 → 2 H + HCO3) = pk (H2CO3 → H + HCO3) + pk (HCO3 → H + CO3) =
6,4 + 10,3 = 16,7
K4 = K (Al + 4 F → AlF4) = k1 . k2 . k3 . k4
2.0
H2CO3
1.5
- +
HCO3 + H -
nmoy(H) = (2.[H2CO3] + [HCO3 ]) / CO3 tot
nmoy(H)
1.0
-
HCO3
0.5 pK(HA->H+A) =
pH = 10,3
--
CO3 + H
+ pK(H2A->H+HA) =
pH = 6,4
0.0
4 6 8 10 12 14
pH
6
---
- AlF6
nmoy(F) = 5,5 : log k6 = -log [F ] = 0,5
5 AlF5
--
-
nmoy(F) = 4,5 : log k5 = -log [F ] = 1,6
4 -
AlF4
-
nmoy(F) = 3,5 : log k4 = -log [F ] = 2,7
nmoy(F) = Εi (i.[AlFi]) / Al tot.
nmoy(F)
3 AlF3
-
nmoy(F) = 2,5 : log k3 = -log [F ] = 3,85
2 AlF2
+
-
nmoy(F) = 1,5 : log k2 = -log [F ] = 5
1 ++
AlF
-
nmoy(F) = 0,5 : log k1 = -log [F ] = 6,1
+++
Al
0
-10 -8 -6 -4 -2 0
-
log [F ]
Fig. III. 19. Nombre moyen de complexation de l'aluminium en fonction de log [F-].
HF + Al3+ H+ + AlF2+
Cette constante de déplacement ou d'échange est le produit des constantes des deux
réactions (complexation et déprotonation) prises séparément :
Les relations entre ces réactions et les constantes correspondantes peuvent être
représentées schématiquement comme suit :
++
AlF
log Kass = 6,1
lo
g
B éc
h
=
2,
9
-
F HF
log Kass = pKdiss = 3,2
Fig. III. 20. Schéma et constantes d'association et d'échange entre HF, F- et AlF++.
+
log [H ]
-8 -6 -4 -2 0
0 0
2 -2
H +
+++
log [Al ] = - log B = -2,9
+
++
F
Al
4 -4
log [Al
>
<-
++
pAl
AlF
F
H
+
+
++
+++
Al
+++ - ++
]
6 Al + F <-> AlF -6
H + F <-> HF
+++
log [Al ] = HF
-
- log K = -6,1 F
-
8 -8
+
8 6 4 2 0
pH pH = pK = 3,2
Fig. III. 21. Equilibre entre F-, AlF2+ et HF. Espèces majoritaires en fonction du pH
et de log[Al+++].
42
à une valeur finalement plus faible (log B ~ 0) que celle de HF calculée ci-dessus
(log B = 2,9). De plus la stoechiométrie de la réaction (deux H+ pour un Al3+)
accentue l'influence du pH sur le degré de complexation, comme nous allons le
voir.
+ 2+
AlL AlHL
log kAlHL++ = 7
log kAlL+ = 16
2- -
L HL H2L
pkHL- = 10,3 pkH2L = 6,5
e) constante d'échange globale : log BAlL+ = - pkH2L - pkHL- + log kAlL+ = -6,5 - 10,3
+ 16 = -0,8
lo
g
BA
lL
+
=
-0
,8
pKAlHL++ = 1,3
+ 2+
AlL AlHL
log kAlHL++ = 7
log kAlL+ = 16
lo
g
lo
b Al
g
b Al
H
L+
L+
+
=
=
0,
5,
5
7
2- -
L HL H2L
pkHL- = 10,3 pkH2L = 6,5
Fig. III. 22. Schéma et constantes de protonation et de complexation d'un catéchol en solution
diluée.
log [H ]
+
pH = pkAlHL++ = 1,3
-14 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2
-2 2 pAl =
H
+
L
0 0
Al
0,5
H
>
<-
2L
H
2 -2
+
Al
4 -4
H
+2
6 -6
AlL
<->
2L
8 -8
log [Al+++]
+
+H
AlL
Al
pAl
10 -10
H2L
12 -12
H
+
L
Al
>
14 -14
<-
L
H
H+ HL <-> H2L
+
Al
Al + L <-> AlL
16 -16
H + L <-> HL
pAl = -
2- HL
log kAlL+ = 18 L -18
16
20 -20
14 12 10 8 6 4 2 0 -2
pH
pH = pkHL- = 10,3 pH = pkH2L = 6,5
Fig. III. 23. Equilibre entre les différentes formes possibles du catéchol en solution
diluée et en présence d'aluminium (constante hypothétiques, cfr texte).
Espèces majoritaires en fonction du pH et de log[Al+++].
III.3.3.8. Conclusions
III.4.1. Introduction
D'autres auteurs ont utilisé les spectres UV pour obtenir indirectement des
informations sur la complexation. Les méthodes de calcul par lesquelles les
constantes sont dérivées des résultats expérimentaux sont souvent difficiles à suivre,
et parfois inappropriées.
Par contre, la liaison entre l'ion Al+++ et le groupement phénolate est suffisamment
forte pour que le complexe AlHaliz++ soit majoritaire dans une certaine gamme de
pH et de concentration en aluminium, comme le montre le diagramme de spéciation
du catéchol de la fig.III.23. Dans le cas du catéchol, une fois la stabilité du complexe
assurée par cette liaison forte avec le groupement phénolate, une liaison secondaire
peut éventuellement se former avec le second groupement phénol, non déprotoné.
Cependant cette liaison ne contribuera pas de manière significative à la stabilité des
complexes. Dans le cas de l'alizarine, une liaison secondaire peut se former avec le
carbonyle. Les carbonyles isolés ne sont pas de meilleurs complexants que l'eau ou
les alcools, mais ici les atomes d'oxygène en C-9 (carbonyle) et en C-1 (phénolate)
sont en résonance, et le caractère quasi-aromatique du cycle hexagonal formé avec
l'Al3+ contribue significativement à la stabilité du chélate ainsi formé.
Il est donc plus probable que, en solution modérément acide, l'aluminium prenne la
place du proton de la fonction phénol en C-1, et soit comme lui stabilisé par une
liaison secondaire avec le carbonyle (site céto-phénolate). En solution neutre ou
basique, il se peut que le second proton phénolique soit déplacé, et que la liaison
secondaire avec le carbonyle soit remplacée par une deuxième liaison forte avec le
second phénolate.
L'objectif des expériences décrites ci-dessous est d'identifier les complexes formés
dans différentes conditions et d'estimer leur stabilité. L'alizarine, la quinizarine et la
purpurine sont étudiées successivement. Pour chacune de ces trois molécules, les
spectres de la forme neutre (p. ex. H2aliz) et du monoanion (p. ex. Haliz-) sont
d'abord observés dans différents solvants. Puis les spectres des complexes obtenus à
différents pH sont comparés. Les formules, les structures et les constantes de
stabilité des complexes sont déduites des rapports [Al3+]/[H+] nécessaires à leur
formation.
48
III.4.2. Alizarine
L'alizarine est un acide faible. Les constantes d'acidité mesurées par Masoud et al.
(1984) sont pK1 = 6,5 +/- 0,2 et pK2 = 10,3 +/- 0,2 (dans 0,14 M NaClO4). Le pK1
mesuré par Biryuk et al. (1968) (dans 40 % éthanol) est très proche (6,71).
On peut distinguer le spectre (dans l'eau, avec 10 % MeOH) des trois formes, H2aliz,
Haliz- et aliz--, sur la figure III.24. La forme jaune H2aliz (pH < 6) absorbe
faiblement à 428 nm, la forme rouge Haliz- (pH 7 à 10) plus fortement à 520 nm. Le
dianion aliz-- (pH > 11) est bleu-violet et présente deux maxima, à 570 et 610 nm.
1.2
0.2
0.0
300 400 500 600 700
wl (nm)
Fig. III. 24. Spectres UV-vis de l'alizarine dans l'eau (44µM) à différents pH.
AlizH2,
1.2
430 nm
1.0
200 µM
0.8 140 µM
80 µM
Abs (AU)
0.6 40 µM
20 µM
-
AlizH , 10 µM
0.4
570 nm
0.2
0.0
400 500 600
wl (nm)
Fig. III.26. Spectres dans le visible de l'alizarine à différentes concentrations dans le DMF.
50
414-422 nm 423-425 nm
CH3CN acétone
100 µM
80 µM
AlizH2
AlizH- 40 µM
20 µM
560 nm
8 µM
200 µM
10 µM
400 450 500 550 600 650 400 450 500 550 600 650
nm nm
426 nm 429-432 nm
CHCl3 MeOH
200 µM
100 µM
80 µM
40 µM
20 µM
200 µM 8 µM
100 µM
80 µM
40 µM
20 µM
8 µM
400 450 500 550 600 650 400 450 500 550 600 650
nm nm
432-437 nm 546 nm
445 nm 430 nm
200 µM
140 µM
EtOH DMF 80 µM
570 nm 40 µM
20 µM
10 µM
200 µM
100 µM
80 µM
40 µM
20 µM
8 µM
400 450 500 550 600 650 400 450 500 550 600 650
nm nm
Fig. III. 27. Spectres dans le visible de l'alizarine à différentes concentrations dans six
solvants organiques.
Wunderlich et al. (1994) aussi ont observé, dans un mélange DMF:eau 9:1, des
maxima de l'ordre de 432 nm pour l'alizarine diprotonée et 567 nm pour le
monoanion, bleu-violet. Le dianion, bleu-azur, absorbait à 592 nm et 636 nm, soit
un "red shift" de 20 à 30 nm par rapport à son spectre dans l'eau (570 et 610 nm, fig.
III.24).
51
0.55
0.50
0.12
abs (AU) (corr. pour dil.)
0.45 0.10
M/L (Al/aliz) =
0.40 0,1 0.08
abs (AU) (corr. pour dil.)
0,5 0.06
0.35
0,5
1 0.04
0.30
1,5
0.02
0.25 2
2,5 0.00
0 1 2
0.20 3 M/L (Al/aliz)
4
0.15 5
0.10
0.05
0.00
200 300 400 500 600 700 800
wl (nm)
M/L (Al/aliz) =
0.015 0
0,1
0,5
0,9
0.10 0.010
abs (AU)
1,8
0.005
abs (AU)
0.05 0.000
400 500 600
wl (nm)
0.00
200 300 400 500 600 700 800
wl (nm)
Fig. III. 29. Spectres d'alizarine 2 µM en présence d'Al2(SO4)3 en concentration croissante.
Chacun de ces tubes contient une solution d'alizarine (10 µM), de sulfate
d'aluminium (de 0,25 à 25 mM, soit 0,5 à 50 mM Al), et d'HClO4 (500 à 0,5 mM,
soit des pH approximatifs de 0,3 à 3,3), dans 25% MeOH). À la plus haute
concentration en aluminium (50 mM, première rangée sur la photo), le virage entre
la forme protonée H2aliz (jaune) et le complexe (rouge) se situe entre pH 1,6 et pH
2,3, c.-à-d. à concentration en proton [H+] entre 25 et 5 mM. À concentration en
aluminium dix fois plus faible (5 mM, deuxième rangée), le virage se situe une unité
pH plus haut, entre 2,6 et 3,3 ([H+] entre 2,5 et 0,5 mM). Finalement, à
concentration dix fois plus faible encore (Al3+ 500 µM), le virage n'est pas
observable sur la photo : il se situe probablement entre pH 3,6 et 4,3 ([H+] entre 250
et 50 µM)., donc en-dehors de la gamme de pH étudiée ici.
Dans ces solutions, les ions aluminium sont en tel excès par rapport à l'alizarine que,
même quand celle-ci est majoritairement sous forme de complexes (solutions
rouges), on peut faire l'approximation que la concentration en aluminium libre [Al3+]
53
est pratiquement égale à la concentration totale, notée CAl. De même, [H+] est
pratiquement égal à la concentration totale en acide perchlorique, notée CHClO4. Les
"axes" log CHClO4 et log CAl de ce montage photographique peuvent dès lors être
considérés comme équivalents aux axes log [H+] et log [Al3+] du diagramme
théorique de spéciation de la fig.III.23.
pkcompl = 3,6 +
log [H ]
pkcompl = 6 +
pkcompl = 7 +
log [H ] log [H ]
-14 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 -14 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 -14 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2
-2 2 -2 2 -2 2
++ ++
HAlL HAlL
0 0 0 0 0 0
++
H A lL
2 -2 2 -2 2 -2
4 -4 4 -4 4 -4
+
A lL
6 -6 6 -6 6 -6 log [Al
log [Al ]
log [Al ]
+
AlL
pAl
pAl
pAl
8 -8 8 AlL
+ -8 8 -8
H2L
+++
+++
+++
H2L ]
H2L
10 -10 10 -10 10 -10
pH pH pH
Fig. III. 31. Spéciation de l'alizarine 10 µM en fonction du pH et de log [Al3+] : trois possibilités
(pkcompl = 3.6; 6 et 7) compatibles avec les résultats expérimentaux à pH 0,3-33.
54
- --
AlizH2 complexes Al AlizH Aliz
426 nm 484-488 nm 520 nm 570 nm
610 nm
Fig. III. 32. Résumé : spectres dans le visible de l'alizarine et de ses complexes avec
l'aluminium.
55
III.4.3. Quinizarine
La quinizarine est moins acide encore que l'alizarine (index Merck : pK1 = 9,5 ;
Kiraly et Martin (1982) : pk1 = 9,92 +/- 0,01, pk2 13,7 +/- 0,01), et plus difficile à
solubiliser dans l'eau.
Dans une solution aqueuse (H2O/MeOH, 96/4, V/V) la quinizarine donne des
solutions légèrement basiques (pH 8), suggérant qu'une partie se trouve sous forme
de sel, le plus probablement de quinizarinate de sodium. La présence de sodium
dans cette quinizarine a été confirmée par les analyses SIMS. Après quelques
heures, le pH n'est plus que de 6,5, sans doute à cause de la carbonatation. A ce pH
comme à pH 1, le spectre dans le visible est constitué d'une bande relativement
large, dont le maximum se situe vers 468 nm. Dans le méthanol et plus encore dans
l'éthanol, on peut distinguer cinq bandes très proches l'une de l'autre, vers 458, 468,
482, 500 et 514 nm (fig.III.33).
467-469 nm
456-458 nm 480-482 nm
498-500 nm
512-514 nm
Fig. III. 33. Influence du solvant sur le spectre dans le visible de la quinizarine.
pH ~13
pH 3 (HClO4)
pH 9 (phosph.)
pH ~12
KOH 0,1 mM (pH ~10)
KOH 10 mM (pH ~12)
KOH 100 mM (pH ~13)
pH ~10
pH 9
pH 3
Fig. III. 34. Spectres dans le visible de la quinizarine (~40 µM, 10% MeOH) à différents pH.
L'effet de l'addition de sulfate d'aluminium (107 µM, pH 4,75) sur le spectre d'une
solution de quinizarine (24 µM, H2O/MeOH 9/1, V/V) est beaucoup moins marqué
(fig.III.35) que celui observé avec l'alizarine (fig.III.37), au moins en partie parce
que, en l'absence d'aluminium, le maximum de la bande d'absorption de la
quinizarine (env. 468 nm) est déjà proche de celui des complexes alizarine-
aluminium (484-488 nm). L'addition d'aluminium diminue l'intensité de cette bande
d'absorption et en modifie la forme. Quand l'aluminium est en large excès (173 µM,
soit Al3+/aliz = 7,2) le maximum est situé vers 482 nm, et deux épaulements sont
visibles vers 515 et 550 nm.
468 nm
251 nm 515 nm
0.3 0.06
550 nm
0.04 M/L = 0
abs (AU) (corr. pour dil.)
M/L = 1,6
482 nm
0.2 M/L = 2,3
0.02 M/L = 7,2
0.00
0.1 400 450 500 550 600 650
0.0
200 300 400 500 600 700 800
wl (nm)
Fig. III. 35. Spectres de quinizarine 24 µM en présence d'Al2(SO4)3 en concentration croissante.
57
517 nm
wl (nm)
Fig. III. 37. Résumé : spectres dans le visible de la quinizarine et de ses complexes
avec l'aluminium.
58
III.4.4. Purpurine
La purpurine, légèrement plus acide que l'alizarine, donne en solution aqueuse des
solutions jaunes et roses à pH acide (large maximum entre 425 et 500 nm,
épaulement vers 520 nm), rouges entre pH 6 et pH 8 (max. vers 510 nm, épaulement
vers 540-550 nm). A partir de pH 10, une couleur bleu-violet intense apparaît, mais
disparaît si rapidement que les solutions étaient déjà presque incolores quand les
spectres ont été pris, d'où l'absence de bande d'absorption significative dans le
visible (fig.III.38 et III.39).
0.8
pH 1 (HClO4)
0.6
pH 4 (HClO4)
abs. (AU)
pH 6 (cit.)
0.4 pH 7 (phos.)
pH 6-7 pH ~10 (KOH)
pH ~11 (KOH)
0.2 pH 4
pH 1
pH 10-11
0.0
200 300 400 500 600 700
wl (nm)
Fig. III. 38. Spectres UV-vis de la purpurine (~40 µM, 10% MeOH) à différents pH.
pH 6-8 : 509 nm
pH 1-4
pH 1 (HClO4)
pH 2 (HClO4)
pH 10 pH 4 (HClO4)
pH 6 (cit.)
pH 6,5 (cit.)
pH 7 (phos.)
pH 8 (phos.)
pH ~10 (KOH)
pH ~11 (KOH)
pH 11-13
pH ~12 (KOH)
pH ~13 (KOH)
wl (nm)
Fig. III. 39. Spectres dans le visible de la purpurine (~40 µM, 10% MeOH) à différents pH.
59
Les bandes sont à nouveau caractérisées par une largeur moindre dans les solvants
organiques (fig.III.40 et III.41). Dans le chloroforme, l'acétone et l'acétonitrile, les
spectres sont indépendants de la concentration entre 10 et 40 µM. Les maxima dans
ces trois solvants sont à 484, 482 et 478 nm respectivement, avec des épaulements
vers 455 nm et 510 nm. Il s'agit probablement là du spectre de la forme protonée
(H3purp, neutre), qui donne dans l'eau un très large maximum entre 425 et 500 nm
(fig.III.38). Dans MeOH et EtOH, il y a clairement équilibre entre deux formes. La
forme neutre, prédominante à plus haute concentration (40 µM), absorbe surtout
vers 485 nm, comme dans les trois solvants précédents. La forme déprotonée
(H2purp-, monoanion), dont l'importance relative augmente avec la dilution (§
III.3.3.2), absorbe à 513 nm dans le MeOH et 522 nm dans l'EtOH, avec des
épaulements vers 485 et 550 nm. Puisque son coefficient d'absorption molaire est
probablement, comme celui du monoanion de l'alizarine, beaucoup plus élevé que
celui de la forme neutre, le fait que son spectre domine ne signifie pas
nécessairement qu'il est majoritaire en solution. Dans le DMF, le maximum
d'absorption d'une solution 80 µM se situe déjà vers 530 nm, avec des épaulements
vers 460, 550 et 600 nm. Avec la dilution, les bandes aux plus hautes longueurs
d'onde (550 et 600 nm) augmentent par rapport à celles à 460 et 550 nm. Les
spectres obtenus sont probablement à nouveau dus à la superposition des spectres de
la forme neutre et du monoanion en proportions variables.
Il y a donc, comme pour l'alizarine, peu d'influence du solvant sur la forme neutre,
mais un effet hyperchrome et bathochrome plus ou moins prononcé sur les bandes
du monoanion.
H 3purp H purp -
2
wl (nm)
Fig. III. 40. Spectres dans le visible de la purpurine dans différents solvants.
60
530 nm 550 nm
460 nm 600 nm
80 µM, DMF
40 µM, DMF
20 µM, DMF
10 µM, DMF
wl (nm)
Fig. III. 41. Spectres dans le visible de la purpurine dans le DMF
497 nm
530 nm
0.15
468 nm
M/L = 0
abs (AU) (corr. pour dil.)
M/L = 1,08
0.10 M/L = 7,71
M/L = 12,3
508 nm
0.05
0.00
400 450 500 550 600 650
wl (nm)
Les pH en-dessous desquels l'acidité empêche la complexation sont plus bas d'une
unité que ceux observés avec l'alizarine et la quinizarine. En conséquence, un virage
supplémentaire peut être observé sur la fig.III.43. Les trois virages se situent à pH
0,6-1,3 à 50 mM Al3+, pH 1,6-2,3 à 5 mM Al3+, et pH 2,6-3,3 à 0,5 mM Al3+
(fig.III.43). A nouveau, la pente séparant le domaine de la forme protonée (H3purp,
neutre) jaune de celui du complexe rouge est égale à 1 (un changement d'une unité
de log(Al3+) déplace d'une unité le pH du virage jaune-rouge). Il s'agit donc à
nouveau de complexes céto-phénolates de stoechiométrie 1:1, et la réaction peut
s'écrire
Les spectres des complexes présentent deux maxima, à 505 et 542 nm en présence
d'aluminium 50 mM (fig.III.44), et à 500 et 530 nm aux plus faibles concentrations
(fig.III.45 et III.40).
62
H3purp complexes
(pH < 1,3) (pH > 1,3)
480 nm 505 nm 542 nm Al (50mM)/ HClO4 (0,5mM)/ pH 3,3
457 nm Al (50mM)/ HClO4 (2,5mM)/ pH 2,6
Al (50mM)/ HClO4 (5mM)/ pH 2,3
Al (50mM)/ HClO4 (25mM)/ pH 1,6
Al (50mM)/ HClO4 (50mM)/ pH 1,3
Al (50mM)/ HClO4 (100mM)/ pH 1
Al (50mM)/ HClO4 (250mM)/ pH 0,6
Al (50mM)/ HClO4 (500mM)/ pH 0,3
wl (nm)
3+
Fig. III. 44. Spectres dans le visible de la purpurine (100 µM, 25% MeOH) en présence d'Al
50 mM, à différents pH.
Al 50 µM
Al > 50 µM
wl (nm)
3+
Fig. III. 45. Spectres dans le visible de la purpurine (100 µM, 25% MeOH) en présence d'Al
50 µM à 50 mM, à différents pH.
63
-
H2purp , complexes (Al 5 mM),
~510 nm ~500 et ~530 nm
H3purp,
~480 nm complexes (Al 50 mM),
~505 et ~540 nm
-- ---
Hpurp et/ou purp
wl (nm)
Fig. III. 46. Résumé : spectres dans le visible de la purpurine et de ses complexes avec
l'aluminium.
Pour caractériser la couleur d'un solide, on mesure son spectre en réflexion. Ensuite
on extrait de ce spectre trois "coordonnées colorimétriques", qui permettent de
comparer de manière objective et standardisée la couleur de ce solide, telle qu'elle
sera perçue par un "observateur de référence" sous une lumière définie. La relation
entre spectre et coordonnées colorimétriques est expliquée en détail au § V.7, dans
lequel les couleurs de différentes laques sont comparées.
Nous revenons sur ce point à la fin du chapitre III, après les études de suspensions et
de laques par d'autres méthodes spectroscopiques.
H2Aliz : complexes Al :
soln poudre soln poudre -
Haliz
2-
aliz
Fig. III. 47. Comparaison des spectres d'alizarine et de ses complexes dans le visible,
en solution (spectres d'absorption) et en solide (spectres de réflexion).
65
Les constantes de déplacement sont tirées directement des rapports [H+]/[Al3+] aux
virages :
- pour l'alizarine et la quinizarine :
log B = log [Al(HL)2+].[H+]/[Al3+].[H2L] = -1 à -0,3
- pour la purpurine :
log B = log [Al(H2purp)2+].[H+]/[Al3+].[H3purp] = 0 à 0,7
III.5.1. Introduction
Dans les mêmes conditions et avec 12,5 g d'alizarine par litre (50 mM), nous avons
obtenu une suspension colloïdale, que nous avons étudiée par spectrométrie de
masse avec "electrospray" (ES-MS). Cette technique permet de détecter les ions et
complexes avec la charge (z) qui était la leur en solution, et non une charge
artificielle due au bombardement de l'échantillon par des ions, comme dans la
spectrométrie SIMS utilisée plus loin pour les laques sous forme solide.
Au repos, la suspension colloïdale, rouge comme les solutions diluées étudiées par
spectroscopie UV-visible, s'est lentement transformée en un gel élastique, ce qui
suggère la formation de chaînes polymères de complexes alizarine-aluminium. Les
spectres de masse, pris avant la gélification, permettent de confirmer la formation
de chaînes polymères et de déterminer la composition de celles-ci.
Cette technique nous permet d'observer les espèces intactes, y compris les
complexes formés par des liaisons non-covalentes, originellement présentes dans la
suspension sub-micronique de la laque d'alizarine préparée dans le milieu aqueux.
Les spectres ont été réalisés sur un spectromètre de masse à trappe d'ions, modèle
"LCQ" de ThermoQuest Finnigan, (Labo de démonstration, Veenendaal ), équipé
d'une source "electrospray". L'échantillon est introduit par injection directe via une
67
III.5.3. Résultats
III.5.4. Discussion
Une série de pics régulièrement espacés est généralement due à une série de
polymères, ou plutôt d'oligomères, tous de même charge mais de degré de
polymérisation différents. La charge est donc due à une des extrémités de la
chaîne, ou éventuellement aux deux. Par exemple, en mode négatif, la série
observée (m/z = 119 + n.142) est attribuée à des oligomères de sulfate de sodium :
[NaSO4- + n.Na2SO4] (masse exacte 119,05 + n. 142,04). Le premier pic (m/z
118,9) est dû au fragment monochargé NaSO4- (m = 119,05, z = -1), le second (m/z
260,7) au fragment [NaSO4- + Na2SO4] (m = 261,1, z = -1), lui aussi monochargé.
La distance entre les pics correspond donc à la masse des maillons neutres
constituant l'oligomère, divisée par la charge de celui-ci (si le fragment de départ
-- -
était SO4 et non NaSO4 , les pics se trouveraient à m/z = 96/2 = 48, (96+142)/2 =
119, etc., avec donc des intervalles de 142/2 = 71). Dans les spectres en mode
négatif de mélanges d'alizarine et de sulfate d'aluminium neutralisés par KOH
plutôt que NaOH, on retrouve une série analogue de pics séparés cette fois de
173,8 unités m/z en moyenne (K2SO4 : m = 174,26).
69
Si par contre la charge des fragments détectés (m/z = 1202,5) est +2, alors
la masse de ceux-ci est en réalité 2405, et celle des chaînons neutres 2 x 288 = 576.
La combinaison de deux molécules d'alizarine (monoanion HAliz-), un ion Al, un
oxygène, un proton et trois molécules d'eau est neutre et donne le nombre de masse
voulu 576 (masse exacte 576,17). Dans ce cas le site de complexation serait
probablement le céto-phénolate, et la formule du chaînon serait Al+++(Haliz-)2(OH-)
(H2O)3. Si le site était le diphénolate, les deux protons supplémentaires déplacés
par l'aluminium devraient être réaffectés aux molécules d'eau, ce qui donnerait soit
-- - --
Al+++(aliz )2(OH )(H3O+)2(H2O) soit Al+++(aliz )2(H3O+)(H2O)3, deux éventualités
nettement moins plausibles que la première.
m = 576
+H z= 0
+3H2O
L'interprétation de leur masse est moins univoque que celle des fragments
neutres. Pour les raisons données plus haut, le nombre de masse doit être pair si le
fragment est doublement chargé, et peut donc être en principe 2404 ou 2406 mais
pas 2405 (s'ils étaient monochargés, leur masse pourrait être 1203 mais pas 1202).
Cependant pour des masses aussi élevées, la différence entre le nombre de masse
(somme des masses des atomes, arrondies à l'unité) et la masse précise peut
approcher d'une unité. La différence entre la masse réelle et la masse mesurée
expérimentalement peut également augmenter.
Dans ce premier cas, l'ion Al au centre de la ramification serait lié non pas à
deux ions Haliz- et deux -O-Al..., mais à au moins trois groupements -O-Al-... et au
plus un ion Haliz-. On peut par exemple imaginer un "cœur" AlO4, reliant quatre
complexes [Al(Haliz)2]+ (fig. III.51), et complété par 3 H+ et 16 H2O (m = 2402,
masse précise = 2402,71, z = 2). Il est aussi possible de compléter par 2 H+, 15 H20
et 1 Na+ (m = 2406, masse précise = 2406,68, z = 2. Ces deux possibilités, ainsi
que probablement d'autres, donnent la charge attendue z = 2, mais diffèrent de 1 à
3 amu de la masse observée 2405. De plus il reste à vérifier si elles sont possibles
d'un point de vue stérique.
O
O
O
O
III.6. SIMS
III.6.1. Introduction
Le détecteur, qui sépare les différentes masses par leur temps de vol ("ToF") plus
ou moins long, permet, grâce à sa haute résolution, la détection de faibles débits
d'ions secondaires. De plus la gamme des masses des ions qui peuvent être détectés
s'étend au moins jusque m/z = 10.000, ce qui permet l'analyse des polymères.
(Extrasynthèse) et purpurine (Sigma)), ont été pressés sur une feuille d'indium
utilisée comme support. Le mode de préparation des laques est décrit en détail aux
§ V.3 et A1.2. Les concentrations de départ dans les solutions dont ont été
précipitées ces laques étaient 2 mM anthraquinone et 10 mM Al2(SO4)3 (20 mM
Al+++, rapport M/L = 10).
III.6.3.2. Équipement
Les spectres SIMS en mode statique (positif et négatif), ont été obtenus à l'aide
d'un spectromètre de masse à haute résolution à temps de vol (ToF) de la firme
Charles Evans and Associates, au laboratoire de Physico-Chimie et de Physique
des Matériaux de l'UCL.
La surface des poudres était bombardée avec un faisceau pulsé (duré de pulsation 5
ns) d'ions primaires de 69Ga+ (15 keV) finement focalisé (diamètre 0.5µm). La
surface balayée par ce faisceau était de dimensions 130 µm x 130 µm. Le temps
d'acquisition est 5 minutes pour chaque spectre, ce qui correspond à flux total des
ions primaires ~1012 ions/cm² , et garantit donc une analyse en mode statique
(Poleunis et al, 1997). Les ions secondaires désorbés de la surface de l'échantillon
sont accélérés jusqu'à une énergie cinétique de 3keV (l'énergie initiale est
négligeable) avant leur séparation d'après leur temps de vol à travers un tunnel de 2
m de long, qui est proportionnel à la racine carrée de leur masse (2µs = 1m/z, 63 µs
= 1000 m/z).
Le fait que des complexes de stoechiométrie 1:1 ne soient pas détectés n'implique
pas leur absence. En effet dans de tels complexes il reste à l'atome d'aluminium la
possibilité de former jusqu'à quatre liaisons avec des atomes d'oxygène de
l'alumine. On peut donc s'attendre à ce qu'ils soient beaucoup plus difficiles à
éjecter intacts de la surface de l'alumine
76
HO
O O
Al(Haliz)2, m = 505, z = +1
Al
O O
OH
Fig. III.53. Structure du complexe Al(Haliz)2+ (m = 505, z = +1) détectés en mode positif.
O Al(aliz)2, m = 503, z = -1
O
O
O O
O
Al
Al O O
O O O O
O O
O O
a b
Fig. III.54. Deux structures possibles pour les complexes alizarine-aluminium détectés à m/z
= 503 en mode négatif : site céto-phénolate (a) et diphénolate (b).
Celui-ci est attribué à l'ion Al(Hquin)2 normalement positif, ce qui rappelle que la
haute énergie d'ionisation (15keV) utilisée en SIMS peut entraîner la formation
d'ions de charge inattendue.
L'absence du pic à m/z 503, attribué dans le cas de l'alizarine à l'espèce [Al(aliz)2]-,
peut indiquer deux choses : (1) soit le site de complexation dans [Al(aliz)2]- est
diphénolate et donc naturellement impossible avec la quinizarine, (2) soit il est
céto-phénolate et devrait être possible avec la quinizarine, mais le second
hydroxyle de celle-ci, situé en C-4, naturellement moins acide que l'hydroxyle en
C-2 et beaucoup plus éloigné de l'aluminium que celui-ci, perd moins facilement
son proton.
Les intervalles réguliers (m/z 265, 265 et 264) entre les pics observés en mode
positif suggèrent immédiatement une structure polymère de type Hquin-Al-quin-
Al-quin ... (fig.III.55), rendue possible par la présence de deux sites céto-
phénolates sur les molécules de quinizarine.
O OH
O O
Al
O O
O O
Al
O O
O O
OH
Les laques d'alizarine donnent en SIMS des complexes [Al(Haliz)2]+ et [Al (aliz)2]-
. La stoechiométrie des premiers implique un site céto-phénolate, tandis que celle
des seconds est compatible avec l'un ou l'autre site. Les laques de quinizarine ne
donnent que les premiers, plus une série d'oligomères de formule [Hquin-Al-quin-
Al-...], rendus possibles par la présence de deux sites céto-phénolates sur chaque
molécule.
Il n'est donc pas nécessaire que le colorant soit en excès par rapport à l'aluminium
pour qu'au moins une partie se trouve sous forme de complexes de stoechiométrie
1:2 (p. ex. [Al(Haliz)2]+ ) se forment. L'aluminium excédentaire précipite sous
forme d'alumine. On peut supposer que les complexes sont chimisorbés à la
surface de l'alumine à la fois par leurs fonctions phénols et par leur ion aluminium.
Cette dernière liaison, entre l'aluminium du complexe et un atome d'oxygène de
l'alumine, remplace la liaison Al-O-Al des oligomères de complexes observés par
ES-MS (§ III.5) à rapport M/L = 1/2. L'excès d'aluminium empêche donc la
polymérisation des complexes et la formation d'une suspension trop fine ou d'un
gel, et permet la précipitation d'une laque dont les propriétés physiques, à part la
couleur, sont proches de celles de l'alumine qui est leur constituant principal.
79
III.7. FTIR
III.7.1. Introduction
La bande d’absorption des carbonyles entre 1600 et 1700 cm-1 est fort
sensible à l’environnement de ceux-ci, et est donc susceptible de nous renseigner
sur leur éventuelle implication dans la chélatation de l’aluminium. Ainsi par
exemple dans le cas des substances humiques une augmentation des bandes à 1600
et 1400 cm-1 indique la participation des carboxylates à la complexation (Tan,
1978, cité par Stevenson et Vance, 1989).
O O
H H
(-) (+)
O O O O
OH OH
b/
O O
Fig. III. 56. Résonance entre l'oxygène (a) ou l'azote (b) en C-1 et l'oxygène du
carbonyle du C-9.
80
O H O H
(+)
N N H
H
O O(-)
Fig. III. 57. Résonance entre l'azote en C-2 et l'oxygène du carbonyle du C-9.
III.7.2. Résultats
IR Absorption [cm-1]
70
65
60
55
50
45
%Transmittance
40
615
35
30
810
25
937
1164
20
15
1673
10
1581
1283
693
5
80
75
70
65
60
55
3
1
7
e 50
c
n 0
at 6
ti 45 6
1 4 3
m
s 3 8 9
n 6 8 1
ar 1 5 1
40 3
T 7, 1
% 3
35 7
3
3
30 7
5
4
1
25
20
2
15 9
2
1
10
60
55
3
7
50 8
7 8
9 7
5 4 6 5
92 6
45 60 9 6
01 2
1 7
e
c
n 40
at
ti
m
s
n 3
ar 35 7,
T 7
% 4
4
3
30
2
1 5
3 1
25 7 1 1
5 1
3
1
8
20 8
7 7
1 5
5 2
7 4 1 9
8 1 1
15 0 5 2
3 1 1
6
1
75
70
65
60
e
c
n
at
ti
55
m
s
n
ar
T
% 50
4
7
1
1
0
45 2
6
1
40
6
3
4
1
1 7
8 8
35 5 2
1 1
3
9
3
3
4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500
Wavenumbers (cm-1)
65
60
55
2
1
9
50
45
7
e 47 8 9
2
c 40 5 4 51 6 1
n 6 9 44 3
1
at 6 4 5 11
ti 1 3 1
m
s 6
35 1 2
n 3
ar 1
T 1
%
30
8 6
2 9
9 9
25 2
7
5
0
1
20
15
10 9
9
3
3
4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500
Wavenumbers (cm-1)
72
70
68
4
3,
66 3 1
5 2,
7
3 4
6 6
64 7, 4
7 1
1 5
0, 3
2
62 7
5
8 1
e 2 9,
c 6
n 60 2
at 6
ti 1
m 4
s 58 9 2,
n 4, 5
ar 1
T 4 1
2 1
% 56 9
2
54
52
0
0,
6
50 0
6
48
1
9,
46 7
4
4
3
4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500
Wavenumbers (cm-1)
80
75
70
65
e
c
n
at
ti
m 60 0
s 2
n 0
ar 1 6
6
T 7
% 9
55 8 8
5 3
1 8
6 1
50 2 4 7
5 5 6
1 3
9 1 7
3 1
6 7
45 1
4
9
5
6
4 6
3 4
40 4 1
3 2
8
2
1
4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500
Wavenumbers (cm-1)
65
60
55
50
45
40 9
e 8
c 2
n 1
at 35
ti 8
m 6 8
s 3 5
n 30 6 1
ar 1
T 3
6
% 4
7 1
25 1
5
1
20
15
10
5
1
5 1
1
3
3
4 2
0 3 1
6
4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500
Wavenumbers (cm-1)
III.7.3. Discussion
IV.1. Introduction
IV.2.1. Extraction
b/ HF/LiF/DTPA.
Extraction par HF/LiF/DTPA : la laque est mise en suspension dans 300 µL de
solution HF 2 M, LiF 120 mM, et DTPA 4 mM (H2O/MeOH/DMF/AcEt 2/1/1/1),
à température ambiante. La laque se décolore rapidement. Le surnageant jaune est
filtré (0,5 µm) pour l'analyse par HPLC.
Note:
Le pH du mélange HF/LiF/DTPA n'a pas été mesuré, le HF concentré pouvant
détériorer les électrodes pH en verre. Mais on peut calculer que, le HF étant un
acide relativement faible (pKa 3,2), le pH théorique d'une solution aqueuse 2 M
devrait être 1,5. Le LiF et le DTPA, beaucoup moins concentrés que le HF, ne
devraient pas modifier le pH de plus de quelques dixièmes d'unité. Il a été vérifié
que les pH mesurés dans des solutions aqueuses de HF moins concentrées (0,2 et
0,02 M) correspondaient bien, à moins de 0,1 près, aux pH calculés (1,9 et 2,5).
L'extraction se fait donc à pH beaucoup plus élevé que dans la méthode à l'HCl 6
M (pH < 0).
Système HPLC :
Pompe : Waters 616, à quatre solvants
Injection : vanne manuelle Rheodyne, boucle de 20 µL
colonne : Lichrosorb RP18 (Merck), 5µm, 4 x 125 mm
Détecteur: UV-vis à barrettes de diodes ("DAD"), Waters 991
91
Méthode : La méthode HPLC utilisée est celle développée par J. Wouters (1989).
Éluants : A : méthanol grade HPLC (Merck)
B : eau (MilliQ)
C : acide phosphorique (Acros, 5% dans eau MilliQ, soit 0,1 M, pH 1,2)
Débit : 1,2 ml min-1
Gradient : de 0 à 3 min : isocratique, 30% A, 60% B, 10% C
de 3 à 29 min : gradient linéaire, jusque 80% A, 10% B, 10% C
de 29 à 30 min : isocratique, 80% A, 10% B, 10% C
IV.2.4. Chromatogrammes
0.8
pseudopurpurine
0.6
0.4 xanthopurpurine
-0.006
lucidine rubiadine
primvéroside
alizarine
-0.008
primvéroside
0.2 24 25
inc 27
pupurine
anthragallol
0.0
6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28
temps
Fig. IV.1. Chromatogramme extrait de la laque RT4 par HF/LiF/DTPA.
Temps de
Nom usuel Abreviation
rétention
Alizarine 1,2-Dihydroxyanthraquinone al (aliz) 19
Xanthopurpurine 1,3-Dihydroxyanthraquinone xp 21,8
Quinizarine 1,4-Dihydroxyanthraquinone qu (qui) 26,9
Anthragallol 1,2,3-Trihydroxyanthraquinone ag 17,4
Purpurine 1,2,4-Trihydroxyanthraquinone pu (purp) 21,6
Rubiadine 1,3-Dihydroxy-2-methylanthraquinone ru 26
Lucidine 1,3-Dihydroxy-2-hydroxymethylanthraquinone lc 19,3
Munjistine 1,3-Dihydroxy-2-carboxyanthraquinone mu 18,3
Pseudopurpurine 1,2,4-Trihydroxy-3-carboxyanthraquinone pp 18,9
Galiosine Pseudopurpurine-1-β-O-primvéroside pp-pr 7,5
Acide rubérythrique Alizarine 2-β-O-primvéroside al-pr 12
Lucidin primvéroside Lucidine - 3-β-O-primvéroside lc-pr 13
Rubiadine primvéroside Rubiadine- 3-β-O-primvéroside ru-pr 17,5
INC 27 composant de Rubia tinctorum L. à 27' inc 27 27
93
IV.2.5. Étalonnage
Les coefficients pour la lucidine et l'anthragallol, qui n'étaient pas donnés par
Wouters, ont été calculés de la même manière
Les quantités de laque disponibles pour analyse sont le plus souvent extrêmement
faibles, qu'il s'agisse de prélèvements d'œuvre d'art ou d'échantillons de laques
récupérés après des tests de vieillissement. Cela a pour conséquence des
incertitudes concernant les pesées (surtout au-dessous du mg), et plus encore quant
à la représentativité des échantillons.
Un test des balances analytiques utilisées au laboratoire, par une série de pesées
d'alizarine pure et dosages par HPLC, a montré que la RSD, bonne au-dessus du
mg (< 3% à 1-1,2 mg) passe à 17% pour des poids de l'ordre de 0,2 à 0,3 mg.
Avec la laque "RT1" (annexe 1), la RSD sur quatre extractions d'environ 0,2 mg
par HCl 6 M à 100°C était encore nettement plus élevée (46% pour l'alizarine),
probablement à cause de l'hétérogénéité de la laque. Si les erreurs de pesée
n'affectent que le calcul des teneurs absolues, les problèmes d'hétérogénéité par
contre peuvent modifier également les rapports apparents entre les différents
constituants. De fait les rapports purpurine/alizarine dans ces quatre extraits
variaient entre 0,7 et 1,4, avec une moyenne de 1,08 et une RSD de 30%.
2.0 alizarine
purpurine
pseudopurpurine
1.0 inc 27
précurseur précurseurs
d'alizarine de lucidine
0.5
anthragallol
0.0
5 10 15 20 25
temps
Le plus faible rendement en alizarine est encore plus évident dans la fig. IV.3, dans
laquelle les rendements d'extraction d'une série de laques d'alizarine synthétique
sont comparés pour les deux méthodes d'extraction.
Ces rendements d’extraction sont calculés en considérant une laque idéale, c.-à.-d.
constituée d’un mélange de complexe et d’alumine, en proportions fixées par les
réactifs utilisés. Pour ces calculs approximatifs, on a supposé que les formules des
95
complexes étaient analogues à celles des complexes décrits par Soubayrol (1996),
soit par exemple, pour la laque neutralisée par du bicarbonate de potassium, Al2(µ-
OH)2(C14H6O4)4(H2O)6K4. Le pourcentage idéal en alizarine calculé pour cet
exemple est égal à 240 / (1304/4 + 78*(M/L - 1/2)), où M/L est le rapport molaire
aluminium/alizarine dans les réactifs, 240 g/mol est le PM de l’alizarine, 1304
g/mol celui du complexe, et 78 g/mol celui de l’alumine Al(OH)3 formée par
l’aluminium en excès. Le calcul tient donc compte d’une eau de constitution
estimée à 1,5 molécules par molécule d’alizarine, mais pas de l’eau d’hydratation.
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
ALIZ ALIZ 1 ALIZ 2' ALIZ 3 ALIZ 4 ALIZ 5 ALIZ 6 ALIZ 7 ALIZ 8
HCl 6M / 100°C HF 2M/LiF 0.12M/DTPA 4mM / 20°C
Fig. IV.3. Extraction des laques ALIZ 1 à ALIZ 8 HF/LiF/DTPA et par HCl.
96
+
Des essais complémentaires ont montré qu'en fait l'addition d'un sel de Li (LiF ou
Li2CO3) et de DTPA à l'HF ne semble pas améliorer les rendements d'extraction,
tels que mesurés par HPLC. Les principales différences avec l'extraction par HCl 6
M seraient donc le pH et la présence d'ions F-.
+++
Les ions F- sont connus pour former des complexes très stables avec l'Al
(Nordstrom / May, 1989; Robinson, 1993). Duval (1957) rapporte que cette
+++
réaction a été mise à profit dans différentes méthodes de titrage, soit des ions Al ,
soit des ions F-, et que le HF déplace l'aluminium ainsi que d'autres cations de
leurs complexes, notamment de leurs laques colorées.
+
Les ions H , quant à eux, entrent en compétition avec l'aluminium pour l'alizarine.
Nous avons vu (§ III.4.2) qu'en solution aqueuse un rapport [H+]/[Al3+] de 0,5 est
suffisant pour déplacer l'aluminium de ses complexes avec l'alizarine. Dans le cas
des extractions de laques, il est fort probable que le rapport [H+]/[Al3+] nécessaire
pour déplacer l'aluminium soit plus élevé, et donc le pH plus acide, pour deux
raisons. D'une part la libération de l'aluminium à partir des laques exige
probablement des conditions plus drastiques que la dissociation des complexes en
solution. D'une part la présence de solvants organiques dans le mélange
d'extraction (eau:DMF:MeOH 2:1:1) augmente la solubilité des colorants, mais
diminue celle des ions Al3+ et devrait donc défavoriser la dissociation des
complexes.
La fig IV.4 montre les couleurs d'une série d'extraits de la laque préparée à partir
d'alizarine synthétique "Aliz4", décrite plus en détail en annexe 1, § A1.2.1. Trois
acides (HCl, TFA et HF) sont comparés à même pH (1,5 avant mélange avec le
DMF et le MeOH) et à trois températures. Dans chacun des tubes à essai, environ
2,5 mg de laque ont été mis en suspension dans un mélange de 500 µL de solution
aqueuse de l'acide à pH 1,5 (HCl 30 mM, TFA 30 mM et HF 2 M) et 500 µL de
DMF : MeOH 1:1.
97
Fig. IV.4. Extraction de l'alizarine de la laque ALIZ 4 par HF, HCl et TFA (pH
~1.5) à trois températures différentes.
Cette laque ayant une teneur en aluminium (partiellement sous forme d'alumine)
d'environ 30% en poids, la quantité totale d'aluminium est de l'ordre de 0,75 mg
dans 1 mL, soit ~30 mM. S'il s'agissait non d'une laque en suspension dans un
mélange H2O/DMF/MeOH mais de complexes en solution aqueuse, le virage
rouge-jaune de décomplexation devrait (§ III.4.2) se situer à une concentration
[H+] entre 0,5 et 0,1 fois 30 mM, soit un pH entre 1,8 et 2,5. Or ici seuls les extraits
par HF sont jaunes, et même ceux-ci contiennent encore des traces de laque rouge,
surtout à basse température. Il y a donc, comme on pouvait s'y attendre, à la fois
solubilisation incomplète des laques quel que soit l'acide, et non-décomplexation
de l'aluminium dans HCl et TFA.
La figure IV.5 permet de situer les pH des virages de décomplexation par les trois
acides HF, HCl et TFA. Avec HCl et TFA à pH 0,2, le surnageant est jaune, ce qui
indique que les complexes solubilisés ont été dissociés, mais l'important dépôt
rouge qui subsiste montre qu'une fraction non négligeable de la laque n'est toujours
pas dissoute. Même à pH inférieur à 0, des traces de laque sont encore visibles.
Inversement avec HF le virage jaune-rouge du surnageant se situe entre pH 1,9 et
2,1. A pH 1,9, il reste assez bien de laque non solubilisée, mais à pH 1,5,
pratiquement toute la laque est solubilisée.
Fig. IV.5. Extraction de l'alizarine de la laque ALIZ 4 par HF, HCl et TFA à différents pH.
Une constatation surprenante à première vue est que, si on analyse par HPLC les
surnageants rouges, on ne détecte pas les complexes, à la sortie de la colonne
HPLC, mais bien la molécule libre, identifiable par son temps de rétention et par
son spectre (absorption à 430 nm, et donc couleur jaune). Les teneurs mesurées se
situent entre 75 et 100% de celles des extraits par HF (fig.IV.6).
99
60
50
rdt [%]
40
30
20
10
0
HCl 100°C HCl 20°C TFA 100°C TFA 20°C HF 100°C HF 20°C
Fig. IV.6. Extraction de l'alizarine de la laque ALIZ 4 par HCl, TFA et HF à 100°C et à 20°C
L'alizarine, injectée sous forme de complexes sur la colonne HPLC, est donc
libérée au cours de l'étape de séparation. Le pH de l'éluant étant légèrement plus
élevé que celui des extraits, la seule explication semble être la complexation de
l'aluminium par les ions phosphates de l'éluant. De fait, une fois mélangé (1:1)
avec l'éluant, l'extrait par HCl 30 mM est devenu jaune. Utilisé dans les mêmes
conditions que les autres acides (fig. IV.7), l'H3PO4 5% (0,1 M, pH 1,2) a donné
une solution jaune, mais n'a décoloré qu'une partie de la laque. Les ions phosphates
restent donc moins efficaces que les fluorures pour libérer l'alizarine des ses
laques.
Fig. IV.7. Extraction de l'alizarine de la laque ALIZ 4 par H3PO4, H2SO4 ou HClO4 à
différents pH.
100
Ceci est probablement dû surtout à leur trop grande taille, qui non seulement
ralentit leur diffusion dans le substrat (mélange d'alumine et de complexes
alizarine-aluminium), mais les empêche d'atteindre les ions Al+++ séquestrés au
cœur des complexes.
Puisque les ions phosphates sont capables d'extraire une partie de l'alizarine même
d'une laque solide (fig.IV.7), la turbidité dans les surnageants des extraits par HCl
et TFA laisse supposer que l'alizarine qui y a été détectée par HPLC s'y trouvait en
fait sous forme de particules trop fines pour être retenues par le filtre 0,5 µm, et n'a
été libérée de ces particules qu'après l'injection sur la colonne HPLC, au contact de
l'éluant. Ceci a été vérifié par une seconde analyse des mêmes extraits, après
centrifugation (10 ' à 10 000 RCF): les teneurs des extraits par HCl et TFA
diminuent de 10 à 45%, contrairement à celles des extraits par HF (fig. IV.8).
40
rdt. %
30
20
10
0
C
M
°C
C
C
°C
°C
0°
0°
0°
FO
20
00
20
10
10
l2
D
l1
F
C
4/
F
A
TF
H
C
H
TF
O
H
3P
H
Fig. IV.8. Extraits de laque ALIZ 4 par HCl, TFA et HF centrifugée ou non avant
l'injection dans le système HPLC.
Ceci nous amène à reconsidérer les rôles du lithium et de l'agent chélatant, DTPA
ou DFOM. Il a été dit au début de ce paragraphe que ces deux réactifs
n'amélioraient pas de manière significative les rendements de l'extraction par HF,
mesurés par HPLC. Or les extraits obtenus en présence de HF, Li+ et DTPA sont
tout à fait limpides (fig. IV.5), contrairement aux extraits par HF seul, HF + LiF et
HF + DFOM, qui sont jaunes, mais parfois légèrement troubles et/ou dans lesquels
on peut encore détecter la présence de grains rouges de laque. Il semble donc que
la combinaison du lithium et de l'agent chélatant, sans avoir un rôle aussi central
que celui de la combinaison des ions H+ et F-, complète l'action de ceux-ci.
Les méthodes classiques d'extraction des colorants des laques dans les couches
picturales des œuvres d'art utilisent des acides concentrés (HCl 6 M, H2SO4
1,8M), et ont dès lors le désavantage d'hydrolyser certaines molécules plus fragiles
que l'alizarine ou la purpurine, comme les précurseurs glycosidiques de celles-ci ou
la pseudopurpurine. Une acidité modérée permet d'éviter cette hydrolyse (pH 1,5
dans la solution aqueuse avant mélange 1:1 avec le DMF:MeOH 1:1). Avec les
acides chlorhydrique et trifluoroacétique, ce pH est insuffisant pour assurer la
solubilisation des laques et la dissociation des complexes alizarine-aluminium : un
dépôt rouge important subsiste, et le surnageant est rouge. Avec l'acide
fluorhydrique, la complexation de l'aluminium par les ions fluorures permet la
dissociation des complexes solubilisés (le surnageant est jaune) jusque pH > 1,9, et
la solubilisation quasiment totale de la laque (le dépôt rouge est éliminé presque
totalement) jusque pH > 1,5. Il s'avère que les conditions d'élution (éluant H3PO4),
lors de l'analyse par HPLC, sont propices à la dissociation des complexes. Il est dès
lors possible d'injecter des solutions de complexes (surnageants rouges), et même
des suspensions de fines particules de laque en suspension (surnageants troubles),
et de détecter, à la sortie de la colonne HPLC, au moins une partie de l'alizarine
sous sa forme libre. L'addition de LiF et de DTPA au mélange d'extraction permet
de parfaire la solubilisation des laques (disparition du dépôt rouge) et de la
dissociation des complexes (disparition du trouble dans le surnageant) dans les
échantillons, avant leur injection dans le système HPLC.
102
V. INFLUENCE DE DIFFÉRENTS PARAMÈTRES SUR LA COMPOSITION,
LA COULEUR ET LA STABILITÉ DES LAQUES
V.1. Introduction
Il est utile, avant toute chose, de rappeler ce que l'on entend par laque dans le
contexte de ce travail. Une laque est un pigment organique insoluble dans l'eau,
formé, à partir d'un colorant quelque peu soluble dans l'eau, par un processus de
chélatation ou de formation d'un sel, processus dans lequel la présence d'un
substrat est nécessaire et ce substrat forme une partie intégrante du produit final (§
I.2).
Il apparaît donc qu'une laque est un mélange, de stoechiométrie variable,
impliquant une ou plusieurs molécules colorées et un support solide. Colorants et
support interagissent et il y a simultanément chimi- et physisorption. La couleur
telle que perçue par l'observateur d'un objet peint avec une laque dépendra bien
évidemment d'un ensemble de facteurs et pas uniquement du spectre d'absorption
des colorants tel qu'il peut être mesuré en solution grâce à un spectrophotomètre.
Par ailleurs, pour l'historien d'art, il est important de pouvoir analyser une laque
ancienne pour en retrouver si possible les constituants initiaux et en inférer les
techniques picturales passées. Cette tâche est difficile compte tenu du phénomène
extrêmement complexe de vieillissement des laques dans leur milieux d'application
- peinture.
Nous avons préparé par des techniques standardisées une série de laques au départ
de molécules de synthèse et aussi d'extraits de Rubiacées, et étudié les relations
entre leur composition chimique, leurs caractéristiques physiques, leur couleur et
104
leur résistance au vieillissement. Nous nous posions entre autres les questions
suivantes :
Quelques laques encore ont été préparées selon de tout autres modes opératoires,
inspirés d'autres auteurs, ou achetées dans le commerce.
Après leur précipitation, les laques ont été récupérées par filtration, rincées à l'eau
distillée sur le filtre, puis séchées trois jours à l'air, à température ambiante et à
l'abri de la lumière. Elles ont ensuite été pesées sur leur filtre, afin de vérifier si les
quantités obtenues sont proches de celles qu'on pouvait attendre.
La formule (a) a été proposée par Soubayrol (1996) (cfr fig.III.9), et est
équivalente à celle proposée par Wunderlich (1993) (cfr fig.III.8), après
remplacement des 2 Ca par 4 K et des 4 DMF par 4 H2O. La formule (b) est proche
de celle proposée par Kiel et Hertjes en 1963 (cfr fig.III.6).
Par exemple le poids de laque attendu (mg), si la laque est composée du complexe
de PM 1304 et d'alumine non hydratée, est calculé en multipliant le nombre de
mmole d'alizarine par (1304/4 + 78 (Al/aliz - 1/2)). Comme dans les laques
l'alumine est généralement en large excès par rapport au complexe (le calcul de sa
contribution théorique au poids sec des laques donne environ 25%, 70% et 92%
pour les rapports aluminium/colorant 2, 10 et 50 respectivement), les trois
hypothèses donnent finalement des résultats très proches.
Dans le cas des laques d'extraits de racines, tous ces calculs sont impossibles, la
quantité exacte de colorants mis en œuvre n'étant pas connue. On peut seulement
calculer la quantité de "laque", ou plutôt d'alumine pure, qu'on aurait récupéré si on
avait omis les micro-fragments de racines lors de la préparation, et si tout
l'aluminium se retrouvait donc sous forme d'Al(OH)3.
107
Si on compare, pour l'ensemble des laques, les quantités obtenues avec celles qu'on
aurait attendues si les laques se réduisaient à de l'alumine pure, les rapports sont
1,94 +/- 0,64 pour les laques d'anthraquinones commerciales en général, 1,70 +/-
0,17 pour celles dont le rapport aluminium/colorant est proche de 10, et 2,3 +/- 1
pour les laques d'extraits de racine (tableau V.2). Ces excès de 94%, 70% et 130%,
par rapport à la quantité maximale d'alumine non hydratée récupérable, sont trop
élevés pour être entièrement dus à l'hydratation de l'alumine effectivement
présente. Ils confirment donc que les laques obtenues ne contiennent pas que de
l'alumine, et que l'extraction des colorants des racines est réussie, en ce sens qu'une
quantité relativement importante de composés d'origine végétale se retrouve
incorporée dans les laques d'extraits de racine.
rendement apparent
mmole Al [g] laque
(a) (b) (c)
ALIZ 1 3.2 0.498 1.33 1.42 1.46
ALIZ 2 2 0.389 0.88 1.00 1.06
ALIZ 3 2 0.450 1.02 1.16 1.22
ALIZ 4 10 1.350 1.27 1.33 1.36
ALIZ 5 10 1.214 1.14 1.20 1.22
ALIZ 6 50 2.872 0.69 0.69 0.70
ALIZ 7 10 1.283 1.22 1.28 1.29
ALIZ 8 12.5 1.497 1.18 1.24 1.26
ALPU 10 1.199 1.12 1.18 1.20
ALQU 10 1.124 1.05 1.11 1.13
COL3 10 1.279 1.19 1.26 1.28
COL4 10 1.454 1.27 1.33 1.36
PU 1 2 0.553 1.21 1.37 1.44
PU 2 10 1.249 1.15 1.21 1.24
PU 3 10 1.399 1.29 1.36 1.39
AR 1 2 0.339 0.45 0.49 0.50
AR 2 10 1.217 0.89 0.92 0.94
QUI 1 2 0.441 1.00 1.14 1.20
QUI 2 10 1.422 1.33 1.41 1.43
sur toutes les laques : moy. 1.09 1.16 1.19
SD 0.23 0.24 0.25
%RSD 21.10 20.83 20.86
sur les laques de M/L~10 : moy. 1,21 1,28 1,30
SD 0,09 0,10 0,10
%RSD 7,3 7,5 7,6
(a)-(c) : alumine + complexes de type (a) à (c), cfr texte
108
Certains des précipités étaient très fins (p.ex. Aliz2), et même parfois proches de
colloïdes (Aliz 0, 3 et 5, préparées à haute température). Le filtre de porosité 50
µm était alors insuffisant, et la filtration était répétée avec des porosités de 10 ou
0,45 µm.
À l'inverse la laque Qui2 (quinizarine, M/L = 10) par exemple a donné une pâte
brune, qui en séchant est passée au rose-violet.
La plupart des laques, soit parce qu'elles formaient des pâtes (en général, les laques
contenant de la quinizarine) soit parce qu'elles contenaient de gros grains, ont été
broyées dans un mortier après séchage.
Les photos sur la fig. V.1 montrent la laque Aliz4 (M/L = 10, temp. amb.),
observée sous forme de poudre fixée sur un filtre Millipore en ester de cellulose
(MF HA013), lui-même placé sur un fond blanc ou sur un fond noir, sous une
lumière incidente polarisée ou non. Le fond noir permet de mieux distinguer les
grains individuels et leur taille. La lumière polarisée supprime les reflets à la
surface des grains. Les grains les plus gros sont au moins aussi colorés que les plus
petits. Nous verrons plus loin que leur coloration résiste aussi beaucoup mieux au
vieillissement, ce qui suggère que la substance colorante n'est pas simplement
adsorbée à la surface externe des grains, mais qu'elles se trouve à l'intérieur de
ceux-ci, que ce soit à la surface des pores ou dans la masse de l'alumine.
a b
||
100 µm
c
Fig. V.1.
Laque Aliz4 vue au microscope optique
en conditions d'éclairage différentes : (a)
lumière incidente sur fond blanc, (b)
lumière incidente sur fond noir et (c)
lumière incidente polarisée sur
fond noir.
110
|| ||
100 µm 100 µm
Fig. V.4. Laque de garance (RT29) vue au microscope sous lumière incidente
polarisée à deux grossissements différents.
Aucune cristallinité des laques n'a pu être détectée par diffraction des rayons X.
Les surfaces spécifiques des laques (fig. V.5), mesurées par adsorption / désorption
d'azote et d'hélium (méthode B.E.T.), sont du même ordre de grandeur (96 +/- 18
m2/g) que celles de l'alumine précipitée en l'absence de colorants (échantillon
"Al2O3 ppté.", 93 m2/g) et de l'alumine TLC (échantillon "AD - PU 3", constitué de
purpurine adsorbée sur une alumine TLC, 134 m2/g). Elles sont essentiellement
dues à la porosité interne de l'alumine. Les laques d'alizarine aliz2 (25°C) et aliz3
(90°C), de faible rapport Al/aliz (=2), font exception, avec seulement 2 à 4 m²/g,
proches des 3 à 13 m2/g des poudres d'anthraquinones synthétiques. Ces faibles
valeurs sont typiques de grains de quelques microns dépourvus de porosité interne
: des grains sphériques de 1 µm et de densité 1 donneraient 6 m2/g. Inversement il
faudrait descendre à 60 nm pour atteindre, avec des grains sphériques dépourvus de
porosité, les 100 m2/g des laques riches en alumine, et à 12 nm pour atteindre les
500 m2/g de l'échantillon "AD-aliz4", alizarine adsorbée sur une silice.
112
m² / g
0 50 100 150 480 500
AT 2 102
GV 2 102
GS 2 104
GO 2 103
GM 3 126
GM 2 102
GB 2 117
GA 3 98
GA 2 107
RP 2 97
RT 25 40
RT 24 40
RT 23 34
RT 22 58
RT 21 56
RT 20 2
RT 18 62
RT 17 69
RT 16 74
RT 15 84
RT 13 86
RT 11 73
RT 10 109
RT 9 7
RT 8 113
RT 7 102
RT 6 114
RT 5 102
RT 4 106
RT 3 92
RT 2 106
RT 1 135
AD-ALIZ 4 483
SiO2 470
Al2O3 TLC 135
Al2O3 std. 98
Al2O3 ppté. 93
QUI 2 104
QUI 1 68
QUINIZ 3
AR 2 95
AR 1 77
PU 3 108
PU 2 107
PU 1 91
PURP 2
COL 4 71
COL 3 69
ALQU 57
ALPU 89
ALIZ 8 60
ALIZ 7 113
ALIZ 6 76
ALIZ 5 118
ALIZ 4 102
ALIZ 3 4
ALIZ 2 1
ALIZ 1 97
ALIZ 14
Fig. V.5. Surface spécifique (m²/g) des laques par la méthode B.E.T.
113
V.6.1. Thermogravimétrie :
estimation des teneurs en aluminium, alizarine et eau d'adsorption
alizarine
100
sublimation
80 de l'alizarine
aliz3
60 perte AlPu
% perte
d'eau aliz5
aliz6
40 alumine
20
décomposition
de l'alizarine
0
0 200 400 600 800 1000
Température (°C)
Selon Sato et al (1980), l'eau adsorbée sur l'alumine s'élimine vers 130 °C, l'eau de
constitution vers 250-350 °C. Sur la courbe de l'alumine de la figure V.6 ces deux
étapes ne peuvent être séparées. La légère perte de poids vers 850 °C est
probablement due au passage de l'alumine de la forme η à la forme θ (Léonard et
al., 1969). À 1000 °C il ne reste que de l'Al2O3, qui permet de calculer une teneur
en aluminium de 30% en poids, correspondant à une teneur initiale en Al(OH)3 de
86% Les 14% restant sont probablement l'eau adsorbée (Al(OH)3. nH20, n = 0,8).
L'alizarine en poudre sublime entre 250 et 350 °C, et la fraction non sublimée se
décompose entre 450 et 550 °C. Cette dernière correspond peut-être à la fraction
sous forme sodique (HalizNa) dans l'échantillon commercial.
La courbe de perte en poids d'une laque typique (aliz5, Al/aliz = 10) commence
comme celle de l'alumine, avec perte d'eau (~33%) jusque vers 350 °C. Ensuite
l'alizarine (~17%) se décompose entre 400 et 550 °C.
114
% aluminium : % alizarine :
calculé (cfr texte) pour calculé (cfr texte) pour
Échan- Rapport
alumine + compl. de exp : alumine + compl. de type exp :
tillon : Al/aliz :
type : :
(a) (b) (c) (a) (b) (c)
alumine 34,6 29,6 0 0
Aliz 0 0 100 98
AlPu 10 25,1 26,5 27,0 22,8 23,1 24,3 24,8 20
Aliz2 2 12,2 13,9 14,6 17,5 54,2 61,9 65,0 33
Aliz3 2 12,2 13,9 14,6 16,9 54,2 61,9 65,0 50
Aliz5 10 25,3 26,7 27,2 24,4 22,5 23,7 24,2 17
Aliz6 50 32,2 32,7 32,8 24,9 5,7 5,8 5,8 5
La TGA confirme donc que les laques sont assimilables à des alumines colorées,
que leur composition est proche de celle qu'on peut attendre sur base des
proportions de réactifs utilisés, et que, en équilibre avec l'atmosphère, elles
adsorbent probablement de 5 à 25% de leur poids en eau.
La courbe de perte en poids donnée par Soubayrol (1996) pour son complexe
(aluminium : alizarine : NaOH en rapport molaire 1:2:5) a une allure à première
vue similaire à celles présentées ici, avec une perte de ~15% par déshydratation
avant 300 °C, puis une seconde perte de 15 à 20%. Il y a cependant deux
différences : la seconde perte en poids se situe à température beaucoup plus élevée
(550 - 650 °C) que sur nos courbes, et le résidu à 800 °C fait encore 65% du poids
initial. Sur base de la composition attribuée par Soubayrol à son complexe, le
résidu final devrait être composé de Al2O3 et Na2O en rapport molaire 1:2, et on
peut calculer qu'un résidu de 65% correspondrait à des teneurs de 16% en
115
aluminium et 26% en sodium, soit quatre fois plus qu'attendu. Les conditions
expérimentales choisies par Soubayrol diffèrent des nôtres en deux points, qui tous
deux peuvent contribuer à expliquer les différences dans les résultats. D'une part
l'atmosphère de son expérience était inerte (N2), ce qui peut avoir retardé ou
empêché la décomposition de l'alizarine. D'autre part le gradient de température
était assez élevé (5 °C/min.), peut-être trop élevé pour que l'équilibre ait été atteint:
dans des expériences préliminaires, nous avions constaté que dans nos conditions 3
°C / min était déjà un peu trop rapide, et les courbes de la figure V.6 ont été
obtenues à 2 °C/min.
L'interprétation proposée par Soubayrol pour cette courbe est qu'on peut y
distinguer les deux familles de molécules d'eau d'hydratation qu'il attribue à son
complexe : quatre molécules fortement liées, deux moins liées. Or dans la zone 0-
300 °C, cette courbe est tout à fait comparable aux nôtres, et il semble très
hasardeux d'essayer d'y distinguer plusieurs populations de molécules d'eau.
116
Les teneurs en aluminium et en potassium dans les laques, mesurées par ICP, sont
données dans les tableaux V.4 et V.5.
% aluminium : % potassium :
Échan- Rapport calculé (cfr texte) pour calculé (cfr texte) pour
tillon : Al/aliz : alumine + compl. de type : exp : alumine + compl. de type: exp :
(a) (b) (c) (a) (b) (c)
ALIZ 0 0 0 0 0,07 0 0 --
ALIZ 0 0,5 4,35 5,13 5,36 4,29 0 0 - 0
ALIZ 1 7,4 23,12 24,69 25,28 25,1 4,51 2,41 - 2,1
ALIZ 2 2 12,19 13,92 14,63 22,2 8,8 5,03 - 2,3
ALIZ 3 2 12,19 13,92 14,63 19,8 8,8 5,03 - 2,9
ALIZ 4 10 25,3 26,68 27,19 30,6 3,66 1,93 - 0,3
ALIZ 5 10 25,3 26,68 27,19 32,5 3,66 1,93 - 0,7
ALIZ 6 50 32,24 32,67 32,82 34,7 0,93 0,47 - 0,4
ALIZ 7 10 25,69 26,89 27,19 35,4 0 0 - 0
ALIZ 8 12,5 26,74 27,96 28,41 32 3,09 1,62 - 0,6
ALPU 10 25,12 26,47 26,97 33,6 3,63 1,91 - 0,6
ALQU 10 25,3 26,68 27,19 28,5 3,66 1,93 - 0,9
COL3 10 25,18 26,54 27,04 27,8 3,64 1,92 - 0,1
COL4 10 23,53 24,71 25,15 28,3 3,4 1,78 - 0,3
PURPU 10 0 0 -- 0,1 0 0 - 0,3
PU 1 2 11,76 13,37 14,03 21,2 8,5 4,83 - 0,8
PU 2 10 24,93 26,26 26,76 27,2 3,6 1,9 - 1,8
PU 3 10 24,93 26,26 26,76 32,8 3,6 1,9 - 0,8
ACRUB 0 0 -- -- 0,1 0 0 - 7,4
AR 1 2 7,21 7,78 8 16,3 5,21 2,81 0,3
AR 2 10 19,66 20,49 20,79 25,3 2,84 1,48 - 0,6
QUINIZ 0 0 0 -- 0 0 0 - 0,5
QUI 1 2 12,19 13,92 14,63 19,6 8,8 5,03 - 0
QUI 2 10 25,3 26,68 27,19 33,4 3,66 1,93 - 0,8
ALUMINE -- 34,62 34,62 34,62 39,7 0 0 - 3,2
40
30
% Al
20
10
ALUMINE
PURPU
ACRUB
QUINIZ
ALIZ 0
ALIZ 1
ALIZ 2
ALIZ 3
ALIZ 4
ALIZ 5
ALIZ 6
ALIZ 7
ALIZ 8
ALQU
QUI 1
QUI 2
COL3
COL4
ALPU
PU 1
PU 2
PU 3
AR 1
AR 2
ALIZ
6
%K
0
ALUMINE
PURPU
ACRUB
QUINIZ
ALIZ 0
ALIZ 1
ALIZ 2
ALIZ 3
ALIZ 4
ALIZ 5
ALIZ 6
ALIZ 7
ALIZ 8
ALQU
QUI 1
QUI 2
COL3
COL4
ALPU
PU 1
PU 2
PU 3
AR 1
AR 2
ALIZ
exp. (ICP)
calc. (alum. + compl. type Aliz4Al2(µ-OH)2K4(H20)6)
calc. (alum. + compl. type Aliz2AlK)
calc. (alum. + compl. type Aliz2AlH)
Tableau V.5. Laques des plantes de la famille des Rubiacées: teneur en aluminium et
en potassium, mesuré par ICP et teneur maximales possible (cfr texte -
poids Al utilisé / poids laque obtenu).
% aluminium : % potassium :
Èchantillon : calculé calculé
exp. : exp. :
(cfr texte) : (cfr texte) :
RT1 20.8 24.2 17.1 2.2
RT2 15.0 21.6 17.4 2.5
RT3 21.2 19.8 15.4 2.1
RT4 18.5 20.8 15.7 2.0
RT5 21.3 27.3 15.4 1.9
RT6 19.6 21.5 16.2 1.5
RT7 17.6 22.4 17.4 2.0
RT8 17.4 23.1 18.7 2.2
RT9 4.1 4.0 0.0 0.0
RT10 18.5 23.5 18.7 0.5
RT11 15.2 17.5 13.0 2.1
RT13 17.9 21.0 15.5 1.9
RT14 10.2 23.0 0.0 0.9
RT15 16.0 22.2 0.0 0.8
RT16 10.7 17.3 0.0 4.7
RT17 10.8 17.7 22.2 5.9
RT18 19.9 23.1 12.7 10.1
RT19 18.8 21.9 16.5 3.9
RT26 29.0 17.9 0.6 0.0
RT27 17.3 21.3 0.0 0.1
RT28 17.3 21.5 29.3 0.0
RT29 17.3 22.2 0.0 0.0
RP2 17.1 25.9 19.9 2.5
RP3 19.3 27.2 20.5 1.9
RP7 18.1 23.5 21.6 2.5
RP12 18.8 22.2 19.5 1.9
GA2 18.9 22.8 16.0 0.7
GA3 18.5 22.0 15.1 1.7
GA8 16.7 21.5 20.8 2.3
GB2 18.7 22.3 21.1 2.2
GM2 16.2 21.2 20.9 1.9
GM3 19.8 23.1 18.7 1.6
GM8 18.9 26.3 21.5 2.4
GO2 18.3 22.1 17.3 2.0
GS2 18.9 23.1 18.8 1.8
GS3 19.5 25.0 19.6 2.0
GS8 17.6 20.0 20.5 1.9
GV2 18.3 27.8 19.1 2.3
GV3 19.0 25.3 17.4 1.4
GV12 20.0 25.0 19.0 2.0
AT2 19.7 27.3 20.2 2.6
119
Al%calc. %K (ICP)
% Al (ICP)
0 10 20 30 0 2 4 6 8 10
RT1
RT2
RT3
RT4
RT5
RT6
RT7
RT8
RT9
RT10
RT11
RT13
RT14
RT15
RT16
RT17
RT18
RT19
RT20
RT21
RT22
RT23
RT24
RT25
RT26
RT27
RT28
RT29
RP2
RP3
RP7
RP12
GA2
GA3
GA8
GB2
GM2
GM3
GM8
GO2
GS2
GS3
GS8
GV2
GV3
GV12
AT2
% Al %K
Les teneurs en colorants dans les laques, mesurées par HPLC (§ IV.2.2) après
extraction par les méthodes LiF et HA décrites au § IV.2.1, sont données en détail
dans les tableaux V.6, V.7, V.8, V.9, V.10 et V.11. Pour les laques
d'anthraquinones commerciales, ces teneurs mesurées sont comparées aux teneurs
attendues, calculées pour les formules hypothétiques (a) à (c) décrites plus haut (§
V.4.1).
Tableau V.6. Teneurs (%) en alizarine dans les laques d'anthraquinones commerciales,
mesurées par HPLC et calculées.
attendues. Le reste de la différence peut être dû à l'incertitude sur les pesées ou une
extraction incomplète du colorant, mais aussi à une teneur éventuellement plus
faible qu'attendue, suite à la perte d'une partie du colorant (en solution ou en très
petites particules) lors de la filtration des laques.
Tableau V. 10. Teneur des colorants (mg colorant / g de laque) dans les laques des
plantes de la famille des Rubiacées, mesurés par HPLC après extraction
par LiF.
inc. à rdt
mg/g pral prlc ag pp al pu ru some
27' plante*
RT1 13 2.6 1.5 9.6 7.2 0.7 0.2 23 58 11.7
RT2 3.3 1.6 0.5 7.2 5.4 0.5 0.0 7.7 26 7.5
RT3 62 57 0.0 11 2.6 2.4 0.0 0.5 135 27.1
RT4 17 21 1.4 24 10 1.9 0.1 12 87 20.2
RT5 0.8 2.2 0.4 1.1 2.1 0.4 0.0 2.6 9.5 5.9
RT6 10 11 0.1 1.6 2.5 0.2 0.0 2.0 28 5.8
RT7 2.7 3.3 0.6 2.2 5.4 0.5 0.1 9.1 24 5.8
RT8 0.0 0.0 0.6 5.2 8.1 2.1 0.0 11 27 6.5
RT9 0.3 0.1 0.1 0.7 1.7 0.1 0.0 2.0 5.0 5.2
RT10 3.4 3.3 0.6 7.9 7.2 1.1 0.1 11 34 7.9
RT11 0.6 0.3 1.8 0.0 20 3.1 0.0 24 50 14.2
RT13 0.0 0.0 0.4 0.0 2.1 1.8 0.0 3.8 8.0 1.9
RT14 13 6.4 0.5 1.9 4.1 0.4 0.0 3.7 30 25.4
RT15 12 6.2 0.9 6.5 6.7 0.8 0.1 9.9 43 11.3
RT16 0.0 0.0 0.2 0.2 1.5 0.7 0.0 0.4 3.0 0.8
RT17 0.0 0.0 0.2 4.0 4.0 3.3 0.3 1.0 13 4.2
RT18 0.0 0.0 0.0 0.5 0.7 0.1 0.0 0.0 1.4 0.6
RT19 0.2 0.1 0.0 9.1 0.0 1.3 0.0 0.0 11 2.7
RT20 0.7 0.0 2.0 0.0 5.8 15 0.0 1.0 24
RT20 0.6 0.0 1.3 0.0 4.5 12 0.0 0.3 20
RT21 0.0 0.0 0.0 0.0 14 244 0.0 0.0 258
**com.
RT22 0.0 0.0 0.0 0.0 1.9 42 0.0 0.0 44
RT23 0.0 0.0 0.0 101 0.0 31 0.0 0.0 132
RT24 0.0 0.0 0.0 1.6 0.0 0.2 0.0 0.0 1.7
RT25 0.0 0.0 0.0 6.5 0.0 3.1 0.0 0.0 9.6
RT26 0.6 0.0 1.0 8.0 11 0.7 0.2 24 47 13.9
RT27 0.6 0.2 0.0 0.4 1.4 0.4 0.0 0.0 3.4 0.7
RT28 0.3 0.1 0.0 5.4 5.2 0.8 0.0 0.0 14 3.0
RT29 0.6 0.6 0.4 0.2 2.9 0.6 0.0 0.0 5.3 1.2
RT31 0.0 0.0 1.7 4.0 9.7 0.0 0.0 0.0 16 com.
RP2 0.0 0.0 0.1 0.9 0.0 0.2 0.0 1.5 2.8 0.7
RP3 0.0 0.5 0.2 1.5 0.0 0.4 0.0 0.3 2.9 0.7
RP7 0.0 0.2 0.3 1.1 0.0 0.1 2.8 0.0 4.6 1.1
RP12 0.0 0.0 0.0 1.0 0.3 0.0 0.3 0.0 1.6 0.4
GA2 0.0 1.4 0.2 5.6 0.0 0.5 0.1 4.7 12 2.8
GA3 0.0 4.9 0.0 9.4 1.0 0.0 0.0 0.0 15 3.5
GA8 0.0 0.0 0.0 0.7 0.0 1.1 0.0 0.9 3.6 0.9
GB2 0.0 0.0 0.4 0.2 6.1 0.5 0.1 2.7 10 2.2
GM2 0.0 0.0 0.0 1.2 1.1 0.2 0.0 1.1 3.6 1.0
GM3 0.0 4.1 0.0 3.0 0.7 0.7 0.1 0.0 8.7 1.9
GM8 0.0 0.0 0.1 0.6 0.0 0.5 0.0 0.0 1.1 0.3
GO2 0.0 0.1 0.0 0.5 0.0 0.1 0.0 0.2 1.6 0.4
GS2 0.0 1.3 0.2 0.3 2.6 0.3 0.0 1.8 6.7 1.6
GS3 0.0 3.3 0.0 2.6 0.6 0.4 0.0 0.2 7.0 1.6
GS8 0.0 0.0 0.0 0.8 0.7 0.5 0.0 0.9 2.8 0.7
GV2 0.0 0.1 0.0 0.3 0.0 0.0 0.0 0.1 0.4 0.1
GV3 0.0 0.4 0.0 0.6 0.0 0.1 0.0 0.0 1.0 0.2
GV12 0.0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.0 0.2 0.4 0.1
AT2 0.0 4.9 2.2 4.9 0.2 0.6 4.6 7.6 25 5.3
*rdt mg colorants /g racines
**com. laque de garance commerciale
125
Tableau V. 11. Teneur des colorants (mg colorant / g de laque) dans les laques des
plantes de la famille des Rubiacées, mesurés par HPLC après extraction
par HCl.
rdt [%]
mg/g ag al pu ru inc. à 27' some
plante
RT1 0.7 4.8 4.9 0.1 3.4 14 2.9
RT2 0.8 4.3 6.3 0 2 14 4
RT3 0.4 23 35 0.3 0 59 11.9
RT4 0.8 9.7 22 0 4.6 38 8.7
RT5 0 1.5 1.2 0 0.8 3.7 2.3
RT6 0 4.9 2.2 0.1 0.6 8.2 1.7
RT7 1.7 19 7.9 0 12 41 10
RT8 0.4 2.9 5.9 0 1.3 11 2.7
RT9 0 0.5 0.8 0 0.3 1.7 1.8
RT10 0.6 5.3 9.4 0 2.5 19 4.3
RT11 0.4 5.1 4.3 0 4.6 15 4.1
RT13 0.1 1.5 1.9 0.1 0.8 4.5 1.1
RT14 0.4 7.3 6.3 0 1 15 12.8
RT15 0.6 12 16 0.1 4.3 33 8.7
RT16 0.4 1.5 1.1 0.2 0 3.2 0.9
RT17 0.1 0.9 1.5 0 0 2.5 0.8
RT18 0 0 0 0 0 1.2 0.5
RT19 0 0 9.2 0 0 9.5 2.4
RT20 3 0 0 0 0 3 com.*
RT26 1.2 10 27 0.2 3.6 44 12.8
RT31 0.3 1.8 0 0 0 3 com.*
RP2 0 0 0.3 0 0.4 0.7 0.2
RP3 0 0 0.5 0 0 0.5 0.1
RP7 0.1 0 0.2 0.2 1.1 1.8 0.4
RP12 0 0 1.2 0 0 1.3 0.3
GA2 0.2 0 9.8 0.2 1.3 12 2.6
GA3 0.2 1.4 10 0.3 0 12 2.8
GA8 0 0 0.5 0 0 1.1 0.3
GB2 0.3 2.9 3.4 0.1 0.2 6.9 1.6
GM2 0.1 0.5 1.6 0.1 0.1 2.6 0.7
GM3 0 0.6 2.8 0.5 0 3.9 0.8
GM8 0.1 0.1 0.5 0 0.3 1.1 0.3
GO2 0.9 0 0.6 0 0 1.8 0.4
GS2 0.1 0.7 1.6 0 0 31 0.7
GS3 0.9 0.5 1.4 0.1 0 2.8 0.6
GS8 0 0.2 0.1 0 0 0.4 0.1
GV2 0 0 0.04 0 0 0 0.01
GV3 0 0 0.2 0 0 0.3 0.1
GV12 0 0 0.2 0 0 0.3 0.1
AT2 1.5 0 3.7 1.2 0 7.9 1.7
AT2-2 0 0 0.1 0.1 0 0.2 0.1
com.* = laque de garance commerciale
L'effet de différents paramètres sur la composition des laques sera abordé en même
temps que leur effet sur la couleur, après la description de la méthode de
caractérisation et quantification des couleurs.
126
V.7.1. Introduction
Il va être fait appel dans l'étude des couleurs à des notions relativement peu
familières en chimie, dont il peut être utile d'expliquer d'abord la signification.
La caractérisation des couleurs est une question particulièrement complexe, dont
les différents aspects sont traités en détail dans de nombreux manuels
(Hunter/Harold, 1987; Henry, 1980; Corno-Martin, 1981). Nous nous contenterons
ici d'esquisser la démarche et les méthodes permettant de calculer, à partir des
spectres de réflectance, les paramètres "xyz" et "L*a*b*" ou "L*C*h*" pour un
"observateur de référence". Dans le paragraphe suivant nous les illustrerons par les
exemples d'une laine bleue et d'une laque rouge.
sont plus appropriées. Les diagrammes (r,g) respectent eux aussi l'additivité des
couleurs (fig. V.8). Les coordonnées des trois primaires (R;G;B) y sont les
sommets du triangle ((0,1), (1,0), (0,0)) : vert pur (g = 1, r = b = 0), rouge pur (r =
1, g = b = 0) et bleu pur (b = 1, r = g = 0)). Toutes les couleurs qu'on peut obtenir
par une combinaison de deux primaires se trouvent sur la droite qui les relie, et
toutes celles qu'on peut obtenir par une combinaison de trois primaires se trouvent
dans le triangle qu'elle délimitent. Les couleurs des lumières monochromatiques,
dites "couleurs spectrales", forment une courbe qui part du bleu (r = 0, g = 0),
passe par le bleu-vert ou cyan (r < 0, g > 0) avant d'atteindre le vert (r = 0, g = 1),
puis par le jaune et l'orange (r + g = ~1) avant d'atteindre le rouge (r = 1, g = 0). La
droite reliant le bleu ( 435,6 nm, r = 0, g = 0) au rouge (700 nm, r = 1, g = 0) est le
lieu des couleurs dites "non spectrales", les pourpres, qui ne correspondent à
aucune lumière monochromatique. Toutes les couleurs perceptibles se trouvent
dans la région délimitée par la courbe des couleurs spectrales et la droite des
couleurs non spectrales. Quelque part vers le centre de cette région se situe la
couleur d'un objet parfaitement réfléchissant, et donc en principe blanc. Le point
D65 sur la figure V.8. représente la couleur d'un tel objet quand il est éclairé par
l'illuminant de référence D65 (éclairé perpendiculairement, et observé à un angle
solide de 2° avec la perpendiculaire). Suite à la propriété d'additivité géométrique
décrite plus haut, toutes les couleurs situées sur un même segment de droite reliant
le blanc (ici le point D65) et une couleur spectrale seront un mélange de cette
couleur et de blanc : elles auront la même teinte que la couleur spectrale, et seront
d'autant plus saturées qu'elles sont proches de celle-ci. La longueur d'onde de la
couleur spectrale est appelée "dominante" de la teinte. Elle est généralement
proche de, mais pas égale à la longueur d'onde du maximum dans le spectre de
g (= G / (R+G+B))
515 2
510 couleurs spectrales (bleu à vert à rouge)
520
505
525
primaire verte (G),
530
500 mélange des 546,1 nm
primaires 535
couleurs qu'on peut obtenir
bleue et verte 540
par mélange des primaires RGB
495 1 545
550 surface blanche sous
FDom. 555
490 nm, illuminant D65, 2°
490 560
"dominante" F 565
570
de la couleur F 485 575 primaire rouge (R),
580
480 585 700 nm
475
D65 590
600
470 610
465 620
380 780
775
770
765
760
755
750
745
740
735
730
725
720
715
710
705
700
r (= R / (R+G+B))
-1 0 1
primaire bleue (B),
435,6 nm couleurs non-spectrales
(pourpres)
Fig. V.8. Diagramme rg (CIE), explications.
128
Un problème du système RGB est que si toutes les teintes peuvent être reproduites
par un mélange des trois primaires, elles n'atteignent généralement pas la saturation
d'une couleur spectrale pure. Cela s'observe aisément sur le diagramme (r,g) (fig.
V.8). Le bleu-vert obtenu par addition de lumières bleue et verte (435.6 et 546.1
nm) sera plus blanchâtre que celui d'une lumière monochromatique à 490 nm.
Celui-ci peut malgré cela être décrit par des paramètres RGB, mais en attribuant
une valeur négative au paramètre R. Dans la pratique il est bien sûr impossible
d'envoyer une quantité négative de lumière rouge sur la surface blanche. Pour
mesurer un paramètre R négatif à l'aide d'un colorimètre trichromatique, on
ajouterait donc la quantité équivalente de lumière rouge à la lumière blanche
frappant l'objet bleu-vert dont on veut mesurer la couleur.
Pour éviter que l'un des paramètres puisse avoir une valeur négative, la CIE a
complété l'"observateur de référence" par une deuxième série de trois fonctions
colorimétriques (xmoy, ymoy, zmoy), basées cette fois sur des primaires imaginaires.
Étant imaginaires, et ne correspondant donc à aucune longueur d'onde réelle, ces
primaires ne peuvent bien sûr pas être utilisées pour construire un colorimètre
trichromatique. Elles ne sont qu'une fiction mathématique permettant d'extraire des
spectres de nouveaux paramètres, appelés "tristimulus" et notés XYZ (ou leurs
valeurs relatives xyz, où x = X/(X+Y+Z), etc), beaucoup plus proches des
paramètres significatifs pour l'observateur que sont la luminosité, la saturation et la
teinte.
primaire
imaginaire Y
(R+G+B))
y (= Y / (X+Y+Z))
g (= G /
primaire
verte (G),
520525 546,1 nm
515 530
535
510 540
545 couleurs qu'on peut obtenir
550
505 555 par mélange des primaires RGB
560
couleurs qu'on ne 565
primaire
peut pas obtenir 500
570
575 rouge (R),
par mélange des 580
585 700 nm
primaires RGB
495 590
))
595
G+B
600
605 (R+
610
( = R/
490 D65 620
630 r
A B 780
700
primaire
485
imaginaire X
480
475
470
460
380
x (= X / (X+Y+Z))
couleurs non-spectrales
(pourpres)
primaire imaginaire Z primaire
bleue (B),
435,6 nm
Pour tenter de définir un espace de couleurs aussi régulier et isotrope que possible
en termes de résolution entre les couleurs, de nouveaux paramètres, L*a*b* et
L*C*h*, fonctions de la racine cubique des paramètres XYZ, ont été proposés par
la CIE en 1976 (fig.V.10). Ces fonctions ont été définies de manière à ce que l'axe
vertical (L*) corresponde le plus fidèlement possible à la luminosité. Sur cet axe, la
teinte est nulle (a* = b* = 0) : il va donc du noir (L* = 0) au blanc (L* = 100).
L'axe a* va du vert (a* < 0) au rouge (a* > 0), et l'axe b* du bleu (b* < 0) au jaune
(b* > 0). Une verticale parallèle à l'axe L* mais distinct de celui-ci ira par exemple
d'un bleu très sombre à un bleu très clair. Les coordonnées L*C*h* sont la version
cylindrique des coordonnées L*a*b* : C* est la saturation, et h* (paramètre
angulaire) la teinte. L'espace ainsi défini ressemble à l'"arbre des couleurs" de
Munsell (Taylor / Marks, 1966). La distance entre deux couleurs, égale à la racine
carrée de ((∆(L*)2+∆(a*)2+∆(b*)2), est notée ∆(E). Un ∆(E) égal à 1 est à peu près
la plus petite différence perceptible entre deux couleurs pour un observateur
moyen.
b* > 0
C*
h*
a* < 0 a* > 0
b* < 0
À titre d'exemples, les figures V.12 et V.13 donnent les spectres (obtenus par
microspectrophotométrie en réflectance), sous forme linéaire (R) et logarithmique
(absorbance A = log (1/R)), et les positions dans les diagrammes (r,g), (x,y) et
(a*,b*), de la laque RT2 (fig. V.11), et de la laine bleue N° 8, référence classique
dans les études de stabilité à la lumière (fig. V.11). La laque RT2 a été étudiée sous
deux formes: poudre pressée sur une lame de verre, et, en vue des études de
vieillissement, poudre fixée sur un filtre Millipore spécial (§ V.7.3). La laine était
entourée autour d'une lame de verre. À chaque fois, deux spectres ont été pris dans
deux zones différentes de l'échantillon.
Fig. V.11. Vue au microscope de la laque RT2 (gr. 200x) et de la laine bleue de
référence N°8 (gr. 50x) .
laque RT2,
0.3 pressée
455 nm
0.2
R
laque RT2,
sur filtre
0.1
510 nm
590 nm
laine bleue,
STD 8
510 nm
1.6 590 nm
1.4
log (1/R)
laine bleue,
1.2
STD 8
1.0
laque RT2,
sur filtre
0.8
laque RT2,
455 nm pressée
0.6
400 450 500 550 600 650 700
RFLX_EX1.opj, GrABS, Thu, 000427 17:40
wl (nm)
Avec la laine bleue, les deux spectres pris dans des zones différentes de la laine
bleue sont quasiment identiques. Par contre avec la laque pressée il y a une
différence de 3 % à 700 nm, et avec la laque sur filtre une différence de 1,5 %
entre 380 et 550 nm, attribuables à l'hétérogénéité des échantillons.
Les spectres d'absorbance (A(réfl) = log(1/R)) donnent bien sûr une courbe d'allure
identique mais inversée (fig.V.13). On y distingue mieux les positions des maxima
d'absorbance de la laine vers 590 nm et de la laque vers 510 nm. C'est cette fois
entre les deux spectres de la laque filtrée qu'il y a le plus de différence : 0,2 entre
450 et 550 nm, contre 0,05 à 700 nm pour la laque pressée.
133
V.7.2.3. Diagrammes rg et xy
La couleur de la laine bleue, calculée pour l'illuminant D65 à partir des spectres de
réflectance, se situe dans les diagrammes (r,g) et (x,y) (fig.V.14 et V.15) entre le
point blanc (D65) et la région bleue de la courbe des couleurs spectrales. La
"longueur d'onde dominante" (intersection de la droite passant par la couleur et le
point D65 avec la courbe des couleurs spectrales) est 480 nm, légèrement plus
élevée que le maximum de réflectance (455 nm).
Suite à la présence d'une composante bleue dans les spectres de réflectance des
deux échantillons de laque RT2, les droites passant par le point D65 et par les
couleurs des deux échantillons, dans les diagrammes (r,g) et (x,y), ne coupent pas
la courbe des couleurs spectrales, mais la droite des pourpres. Ce caractère pourpre
est, comme attendu, plus marqué pour la laque sur filtre que pour la laque pressée.
g (= G / (R+G+B))
1
laine
bleue, laque RT2,
std 8 sur filtre
r (= R / (R+G+B))
-1 0 1
y (= Y / (X+Y+Z))
XYZ12400.opj, Grexemplesxy, Tue, 000425 18:49
))
(R+G+B
1
g (= G /
laque RT2,
sur filtre
laine laque RT2,
bleue, pressée
D65 ))
std 8 G+B
/ (R+
R
r (=
dominante :
480 nm
x (= X / (X+Y+Z))
0 1
Dans le diagramme (a*,b*), la couleur de la laine est très proche de l'axe b*, côté
bleu (b* < 0). Celles des deux échantillons de laque RT2 sont proches de l'axe a*,
côté rouge (a* > 0). La couleur de la laque sur filtre est plus près de l'origine, donc
moins saturée, et plus proche des pourpres (h* ~ -2 contre ~ 13) que celle de la
laque pressée.
La différence de couleur entre deux zones de l'échantillon est ici aussi plus
importante pour la laque sur filtre (∆Ε=4,5) que pour la laque pressée (∆Ε=1,8).
Elle reste cependant faible par rapport aux 16 à 20 unités qui séparent la laque sur
filtre de la laque pressée.
laque RT2,
laque RT2, pressée
10 sur filtre
D65
0
-10 0 10 20 30 40
laine -10 a*
laque RT2,
bleue,
sur filtre
std 8 -20
-30
b*
-40
Dans ce travail, deux séries de mesures des couleurs des laques ont été réalisées :
d'une part, une sélection de laques d'anthraquinones de synthèse et de laques
d'extraits de Rubiacées sous forme de poudres fixées sur filtres, en vue des études
de vieillissement (tabl. V.13 et V.14), et d'autre part l'ensemble des laques
d'extraits de Rubiacées, sous forme de poudres pressées (tabl. V.12). Or les figures
V.14 à V.16 montrent qu'il y a une différence significative entre les couleurs que
peut donner une même laque, selon qu'elle est pressée sur une lame de verre ou
fixée sur un filtre en ester de cellulose (Millipore MF HA013). Heureusement, les
positions relatives des couleurs de laques différentes ne sont que peu affectées,
comme on peut le voir p.ex. sur la figure V.17 (coordonnées (a*,b*) de quatre
laques de Rubia tinctorum L., pressées et sur filtre). On peut donc comparer entre
elles les couleurs de laques différentes, à condition de veiller à ce qu'elles soient
dans le même état physique.
20
pressées
sur filtre
RT15
RT10
b* (CIE)
10
RT15
RT9
RT2
RT10
RT9
RT2
0
0 10 20 30 40
a* (CIE)
Fig. V.17. Laques pressées et laques sur filtre : déplacement des couleurs dans le
diagramme a*, b* (CIE)
137
Fig. V.18. Alizarine, purpurine, quinizarine et leurs laques, Aliz5, Pu3, Qui2.
Poudres vues au microscope (gr. 200x), peintures sur toile
138
L* a* b* C h x y Y
RT1 34 37 15 40 23 0.49 0.32 8
RT2 29 37 8 38 13 0.47 0.30 6
RT3 31 39 26 47 33 0.54 0.34 7
RT4 24 34 11 36 18 0.49 0.31 4
RT5 43 32 13 35 22 0.44 0.33 13
RT6 40 38 23 44 31 0.49 0.34 11
RT7 47 21 13 25 31 0.40 0.34 16
RT8 26 33 8 34 13 0.46 0.30 5
RT9 69 31 9 32 16 0.39 0.32 39
RT10 28 36 12 38 19 0.49 0.31 5
RT11 28 33 15 36 24 0.49 0.32 6
RT13 39 18 11 21 30 0.40 0.34 11
RT14 38 36 18 40 27 0.48 0.33 10
RT15 31 34 16 38 26 0.49 0.33 7
RT16 58 25 10 27 22 0.39 0.33 26
RT17 47 37 7 38 11 0.42 0.31 16
RT18 75 20 11 23 29 0.37 0.34 49
RT19 66 38 -4 39 -6 0.37 0.29 35
RT20 42 34 13 37 20 0.45 0.32 12.2
RT21 25 34 9 36 15 0.49 0.30 4.5
RT22 37 43 4 43 5 0.45 0.28 10
RT23 33 44 6 45 8 0.47 0.28 8
RT24 68 46 -3 46 -3 0.39 0.29 38
RT25 56 54 1 54 1 0.42 0.28 24
RT26 38 38 9 39 14 0.45 0.31 10
RT27 51 27 9 28 18 0.40 0.32 19
RT28 50 32 7 33 13 0.41 0.31 18
RT29 50 32 10 33 18 0.42 0.32 18
RT30 19 21 14 25 34 0.48 0.35 3
RT31 53 47 20 51 23 0.48 0.32 20.8
RP2 54 29 6 29 12 0.39 0.32 22
RP3 47 32 7 32 12 0.41 0.31 16
RP7 46 20 11 23 29 0.40 0.34 15.5
RP12 57 25 9 27 20 0.39 0.33 24.5
GA2 36 29 9 30 16 0.43 0.32 9
GA3 34 31 14 34 25 0.46 0.33 8
GA8 41 19 6 20 18 0.39 0.33 11.7
GB2 38 32 11 34 19 0.44 0.32 10.3
GM2 46 34 9 35 15 0.42 0.31 16
GM3 37 33 14 36 24 0.46 0.33 10
GM8 47 21 6 22 17 0.39 0.32 16.0
GS2 41 31 11 33 20 0.43 0.32 12
GS3 43 35 16 38 25 0.46 0.33 13
GS8 50 24 9 26 19 0.40 0.33 18.7
GV2 60 18 8 20 24 0.37 0.33 28
GV3 56 23 11 25 26 0.39 0.34 24
GV12 55 8 10 13 53 0.36 0.35 22.9
AT2 31 24 12 27 27 0.44 0.34 7
139
L* a* b* C h x y Y
RT1 25 24 6 25 15 0.43 0.31 5
RT2 25 24 0 23 1 0.40 0.29 4
RT3 23 24 15 28 31 0.48 0.34 4
RT6 32 18 6 19 19 0.39 0.33 7
RT7 26 24 8 25 18 0.44 0.32 5
RT9 58 10 1 10 6 0.33 0.32 25
RT10 23 25 4 25 10 0.43 0.30 4
RT15 24 20 9 22 23 0.43 0.33 4
RT17 42 29 3 29 6 0.40 0.30 12
RT19 62 25 -11 27 -23 0.33 0.28 30
RT24 58 32 -12 35 -21 0.34 0.27 26
RP2 44 10 -7 13 -35 0.31 0.30 19
GA2 29 20 3 20 8 0.39 0.31 6
GB2 32 20 3 21 9 0.39 0.31 7
GM2 38 16 -4 17 -14 0.34 0.30 13
GS2 36 21 6 22 15 0.39 0.32 9
GV2 53 7 -3 8 -19 0.32 0.32 25
AT2 27 17 6 17 19 0.39 0.33 5
RT-L2 21 24 10 26 23 0.47 0.32 3
M/L L* a* b* C* h* x y Y
Aliz 38 17 39 42 67 0.49 0.42 10.3
Aliz 0 0.5 19 18 13 22 35 0.47 0.35 2.7
Aliz 1 7.4 16 19 9 21 26 0.46 0.33 2.1
Aliz 2 2 23 3 5 6 62 0.35 0.35 3.8
Aliz 3 2 22 7 3 8 23 0.36 0.33 3.5
Aliz 4 10 21 18 8 19 24 0.43 0.33 3.1
Aliz 5 10 18 19 8 21 24 0.45 0.33 2.5
Aliz 6 50 43 22 6 23 16 0.39 0.32 13.0
Aliz 7 10 19 19 9 21 25 0.45 0.33 12.8
Aliz 8 12.5 19 18 8 20 24 0.44 0.33 2.7
AlPu 10 31 30 9 32 17 0.45 0.31 6.7
AlQu 10 29 36 5 36 9 0.46 0.29 5.8
col3 10 37 38 6 39 8 0.44 0.29 9.3
col4 10 28 29 1 29 2 0.41 0.29 5.6
Purp 24 4 6 7 58 0.36 0.35 4.1
Pu 1 2 16 13 6 14 27 0.41 0.33 2.0
Pu 2 10 20 24 4 24 11 0.44 0.30 2.9
Pu 3 10 21 30 8 31 14 0.48 0.30 3.1
AcRub 20 15 8 17 28 0.42 0.34 2.9
AR 1 2 26 23 19 30 39 0.49 0.36 4.6
AR 2 10 44 19 14 24 35 0.41 0.35 14.0
Quiniz 32 12 15 19 51 0.41 0.37 7.3
Qui 1 2 22 15 10 18 32 0.42 0.34 3.6
Qui 2 10 19 32 -4 32 52 0.42 0.25 2.7
Aliz-L2 28 37 15 40 23 0.51 0.31 5
Pu-L2 31 44 22 49 27 0.55 0.32 7
Qui-L1 47 36 20 41 29 0.46 0.34 16
141
On savait déjà (chap. IV) que, comme attendu, la teneur en colorants dans les
laques d'anthraquinones de synthèse, mesurée par HPLC, diminue avec le rapport
aluminium / colorant M/L, de ~ 60% (Aliz0, M/L = 0,5) à ~ 4% (Aliz6, M/L = 50).
On peut voir sur les figures V.18, V.19, V.20, V.21 et V.23 que la couleur aussi est
influencée principalement par ce paramètre.
143
V.7.4.1. Alizarine
On peut voir sur les figures V.18 à V.21 que l'alizarine sans aluminium est orange
(poudre) à orange-brun (peinture). Rappelons qu'en solution l'alizarine est jaune
sous sa forme acide (pH < 6) et rouge sous sa forme monodéprotonée
(monophénolate, 7 < pH < 10), propriété à la base de son utilité comme indicateur
de pH. Il est probable que la couleur orange de la poudre d'alizarine synthétique
utilisée ici est partiellement due à ce qu'une partie se trouve non sous forme acide
mais sous forme de sel. De fait de faibles quantités de sodium et d'aluminium ont
été détectées dans l'alizarine à l'occasion de l'étude par spectrométrie de masse
SIMS.
Les laques de rapport M/L = ~10 sont rouge foncé à rouge brun. Les laques Aliz2
et Aliz3, de rapport M/L = 2, sont rouge-brun (fig. V.20 et V.21). Inversement la
laque Aliz6, de rapport M/L = 50, est d'un rouge tirant sur le rose sous forme de
poudre (fig. V.19. et V. 20), et donne la couleur la plus belle et la plus lumineuse
sous forme de peinture sur toile (fig. V. 21 et V. 20).
Les spectres d'absorbance (log (1/R)) (fig. V.22) des laques rouges (M/L = 10) sur
filtres présentent une large bande d'absorption culminant vers 500 nm. En
comparaison, les spectres des laques brunes (M/L = 2) sont beaucoup plus plats, et
inversement la bande d'absorption de la laque Aliz6 (M/L = 50), en plus d'être
moins intense, est légèrement plus étroite.
430 nm 500 nm
(alizarine) (laques)
2.0
1.5
log(1/R)
ALIZ 2, 3, M/L 2
1.0
ALIZ 4,5,7,8 M/L 10
ALIZ 6, M/L 50
Fig.V.22. alizarine
Spectres d'absorbance (log (1/R) 0.5
400 450 500 550 600 650 700 750
wl (nm)
Comme dans le cas de la laque RT2 décrite en exemple plus haut, il y a une
certaine composante bleue dans la couleur des laques, due à l'absorbance plus
faible au-dessous de ~ 430 nm, et qui peut tirer leur teinte vers le pourpre.
40
Alizarine
30
b* (CIE)
20
Aliz - L2
M/L = 2
Aliz1,4,5,7,8
10
Aliz2
Aliz3
Aliz6
M/L > 2
0
10 20 30 40
a* (CIE)
Fig.V.24. Diagramme a*b* (CIE) de l'alizarine, ses laques (Aliz 1-8) et de la laine
teinte par alizarine (Aliz-L2)
V.7.4.2. Purpurine
550 nm) et diminue dans le rouge (> 600 nm). Deux maxima d'absorption peuvent
être distingués, à ~505 et ~540 nm.
505 nm 540 nm
2.0
1.5
log (1/R)
purpurine
PU1, M/L 2
1.0
PU 2,3 ; M/L 10
0.5
400 500 600 700
wl (nm)
Fig.V.25. Spectres d'absorbance (log (1/R) de la purpurine et de ses laques.
20
Pu - L2
b* (CIE)
10 Pu3
Pu1
Pu2
Purpurine
M/L = 2 M/L > 2
0 10 20 30 40
a* (CIE)
À M/L = 10, la couleur est encore plus intense si la laque a été préparée à 90 °C
(Pu3 : a* = 30) qu'à température ambiante (Pu1 : a* = 24), alors qu'à ce rapport
M/L les laques d'alizarine n'étaient pas affectées par la température.
148
V.7.4.3. Quinizarine
2.0
430 nm
1.5 532 nm
log (1/R)
QUI 1, M/L 2
1.0 Quinizarine
QUI 2, M/L 10
Fig.V.27.
Spectres d'absorbance (log (1/R) 0.5
de la quinizarine et de ses laques. 400 500 600 700
wl (nm)
Quinizarine
M/L = 2
0
0 10 20 30
a* CIE40
Qui2
-10
Les laques AlPu, AlQu et AlPuQu ont été préparées à partir de mélanges
alizarine/purpurine, alizarine/quinizarine et alizarine/purpurine/quinizarine, à
concentration totale en colorants constante.
Les poudres (fig.V.19 et V.20) et les peintures (fig.V.21 et V.23) sont de beaux
rouges, avec des variations dans les teintes qui reflètent leur composition. Ainsi
celles qui contiennent de la quinizarine tirent sur le violet.
M/L = 10
10
AlPu
b* (CIE)
AlQu col3
col4
0
10 20 30 40
a* (CIE)
Comme déjà dit plus haut (§ IV.2.2.3 et V.6.3), l'échantillon d'acide rubérythrique
utilisé ici n'est pas une molécule de synthèse mais un extrait commercial, qui
contient en fait non seulement de l'acide rubérythrique vrai (1-OH, 2-O-
primvéroside), précurseur de l'alizarine, mais aussi un autre glycoside (1-OH, 2-
CH2-O-primvéroside, 3-OH), précurseur de la lucidine.
En poudre, ce mélange est brun-rouge, avec aussi des grains jaunes (fig.V.19 et
V.20). Une très petite quantité d'acide rubérythrique pur, obtenue par séparation
par HPLC à pH 2,5, était parfaitement jaune après séchage.
150
Sur filtre, l'absorbance (fig. V.30) diminue avec le rapport M/L, surtout entre 500
et 600 nm, ce qui explique la tendance à l'orange.
2.0
482 nm
1.5
log(1/R)
492 nm
acide rubérythrique
1.0
AR 1, M/L 2
AR 2, M/L 10
0.5
400 500 600 700
wl (nm)
30
20 AR1
b* (CIE)
AR2
10 AcRub
0
10 20 30
a* (CIE)
V.7.4.6. Discussion
Deux explications peuvent être données au fait que les laques aux couleurs les plus
saturées soient les plus riches non pas en colorant, comme on s'y serait attendu,
mais au contraire en alumine.
Fig. V.32. Laques de Rubia tinctorum L. et d'autres Rubiacées. Vue macroscopique des
poudres.
153
Les compositions des laques d'extraits de Rubiacées sont données dans les tableaux
V.10 (après l'extraction par LiF) et V.11 (après l'extraction par HCl) introduits
précédemment. Leurs couleurs, sous forme de poudres et de peintures sur toile,
peuvent être observées sur les figures V.32, V.34 et V.35. Les coordonnées
colorimétriques de ces laques sont rassemblées à la figure V.33 (pressées sur lame
de verre). Elles sont centrées sur une région (a* = 30-37, b* = 8-15) (fig. V.33).
Comme on l'a déjà vu plus haut (§ V.7.3), les positions dans les diagrammes
(a*,b*) (fig. V.17) indiquent que les couleurs sont systématiquement plus saturées
quand les laques sont pressées sur des lamelles de verre que quand elles sont fixées
sur les filtres Millipore (§ V.7.3).
30
RT3
RT6
20
RT14
RT15GS3
RT11 RT1
RT30 GA3 GM3
b* (CIE)
RT7 RT5
AT2 RT10
RT13 RT18 GV3 GS2 RT4
RT16 RT29
10 RT27 GA2 RT9 GM2 RT26
GV2 RT8 RT2
RT28 RT17
RP2 RT23
RT22
RT25
0
0 10 20 30 40 50
RT24
RT19
a* (CIE)
Fig.V.33. Diagramme a*b* (CIE) des laques d'extrait de Rubiacées (poudres pressées).
Fig. V.35. Laques de Rubia tinctorum L. et d'autres Rubiacées. Peintures sur toile.
156
Les laques RT1, RT2 et RT3 (fig. V.32 et V.34) ont été préparées par extraction de
racines de Rubia tinctorum L. pendant 60 min. à 20°C, 60°C et 90°C
respectivement, puis addition du KAl(SO4)2 et précipitation par K2CO3 (mode op.
"RT2" et variantes, § V.2, V.3 et annexe 1, tabl. A1.5).
Les compositions en colorants, mesurées par HPLC (fig. V.36), sont données dans
le tableau V.10 et V.11 (§ V.6.3).
primvéroside
d'alizarine
primvéroside
de lucidine
8
90 °C
6
20 °C
Au.s*10 / mg
4
60 °C pseudopurpurine inc. à 27
alizarine
précurseurs de
pseudopurpurine
2
anthragallol purpurine
5 10 15 20 25
minutes
Fig.V.36. Chromatogrammes des laques RT1 (20°C), RT2 (60°C) et RT3 (90°C)
après extraction par LiF.
20
b* (CIE)
RT1
10
RT2 Fig.V.37.
Diagramme a*b* (CIE) des laques
RT1, RT2, RT3, (poudres pressées).
0
10 20 30 40
a* (CIE)
157
La présence des glycosides se traduit dans les couleurs par une légère tendance à
l'orange (fig.V.32 et V.34), visible aussi bien dans les coordonnées colorimétriques
des laques fixées sur filtre que des laques pressées : la valeur de b* est la plus
élevée pour RT3 (90°C) et la plus basse pour RT2 (60 °), alors que a* reste à peu
près constante (fig. V.37, tabl. V.12 et V.13).
Nous nous sommes inspirés de cette procédure pour la préparation de RT19, laque
de pseudopurpurine. Les morceaux de racine ont été plongés une heure dans une
solution d'acide sulfurique 1% (~ 0,1 M, pH 0,7) à température ambiante. Après
élimination des débris de racine par filtration, la solution a été chauffée à 60°C
pendant une demi-heure. Les précurseurs de la pseudopurpurine se sont
transformés en pseudopurpurine, qui a précipité, tandis que l'acide rubérythrique a
résisté à l'hydrolyse et est resté en solution. Le précipité rouge a été récupéré par
filtration, puis redissout dans le sulfate d'aluminium pour la formation des
complexes avec l'aluminium, qui ont été précipités par ajout de K2CO3.
La poudre est d'un rose (fig.V.32 et V.34) fort proche de celui d'une laque
commerciale (RT24 : "Garance rose clair" de Blockx, cfr. annexe 1), dont le
colorant principal est aussi la pseudopurpurine, mais en quantité plus faible (1,6
mg/g). On peut supposer que cette laque a aussi été préparée par une variante de la
méthode de Kopp. Dans son Compendium pour les artistes, Blockx ne livre pas
son secret mais précise que les nuances des différentes laques de garance sont
obtenues par des variations du mode de préparation.
Pressées ou sur filtre, les deux laques ont des valeurs négatives de b* (-3 à -12) et
h* (-3° à -23°) (fig.V.38), ce qui indique que leur couleur est plus pourpre ou
moins orange que celle des laques d'alizarine.
Fig.V.38. 0
Diagramme a*b* (CIE)
10 20 30 40 50
des laques de
RT24
pseudopurpurine, a* (CIE) RT19 RT24
(poudres pressées et sur filtre). RT19
-10
1
Qui donne la purpurine par décarboxylation.
158
V.7.5.3. Macération des racines dans l'eau avant extraction des colorants
Lors de la préparation des laques RT8 et RT13, les racines ont macéré dans l'eau à
température ambiante un et dix jours respectivement avant l'extraction à 60°C.
L'alizarine, de 5,4 mg/g (laque de référence RT2), monte à 8 mg/g (RT8, un jour
de macération) puis retombe à 2 mg/g (RT13, dix jours) (fig. V.39, tabl. V.10). La
pseudopurpurine tombe de 7,2 mg/g à 5,2 mg/g puis à 0, et les faibles quantités de
glycosides encore présents après 1 h (ac. rub. 3,2 mg/g, préc. luc. 1,6 mg/g) ont
disparu après 24 h.
alizarine
2.5
24 heures (RT8)
pseudopurpurine
2.0
1heure (RT2)
AUs*10/mg
1.5
inc. à 27'
1.0
240 heures (RT13)
purpurine
précurseur
d'alizarine
0.5 précurseur
de lucidine anthragallol
0.0
10 15 20 25
temps [min]
Fig.V.39. Chromatogrammes des laques RT8 (24h), RT2 (1h) et RT13 (240h)
après extraction par LiF.
La laque RT8 est d'un rouge proche de celui de la laque de référence RT2. Par
contre la laque RT13 est brune (fig.V.32, V.34 et V.40), probablement à la fois à
cause de la disparition de l'alizarine et de la pseudopurpurine, par précipitation à la
surface des débris de racines enlevés à la filtration, et de l'extraction progressive de
tannins.
20
Temps de macération
RT1
RT13
b* (CIE)
10
RT8
Fig.V.40.
Diagramme a*b* (CIE) des laques 0
RT2, RT8 et RT13 (poudres pressées). 10 20 30 40
a* (CIE)
159
Dans le passé, les extractions des colorants végétaux pouvaient se faire à différents
pH; neutre dans "l'eau claire", acide dans les solutions de sulfate d'aluminium,
basique dans la "lessive de bois".
Pour nos laques RT6 et RT7 (fig. V.32 et V.35), les extractions des colorants des
racines se sont faites dans des solutions de sulfate d'aluminium (pH 4) et de K2CO3
(pH 8) respectivement.
Après l'extraction dans le sulfate d'aluminium (RT6, pH 4) on retrouve un
peu de glycosides (précurseurs de l'alizarine et de la lucidine, 10 et 11 mg/g) et très
peu d'aglycones (pseudopurpurine, alizarine, purpurine). La dégradation des
glycosides par les enzymes a pu être inhibée par le pH et par la forte concentration
en aluminium. Il est aussi possible que les aglycones, d'autant moins solubles que
le pH est acide, et les éventuels complexes avec l'aluminium aient été perdus lors
de la filtration des restes de racines.
La laque RT7 (K2CO3, pH 8) contient autant d'alizarine (5,4 mg/g) que la
laque RT2, mais nettement moins de pseudopurpurine (2,2 mg/g contre 7,2 mg/g),
probablement hydrolysée (fig. V.41).
alizarine
2.5 RT2
RT6
pH 8 (RT7) RT7
2.0 pseudopurpurine
pH 6 (RT2)
précurseur
d'alizarine précurseur
1.5 de lucidine
AUs*10/mg
1.0
0.5
purpurine
anthragallol
0.0
10 15 20 25
temps [min]
Fig.V.41.
Chromatogrammes des laques RT6 (pH 4), RT7 (pH 8) et RT2 (pH 6) après extraction par LiF.
la RT2. 10 RT2
a* (CIE)
160
Dans les anciennes recettes on trouve des variations des bases utilisées lors de
l'étape de précipitation, le plus souvent le carbonate de potassium mais aussi de
sodium ou de calcium, éventuellement des urines (annexe A2).
Pour une série de laques, nous avons choisi d'autres bases que le K2CO3 : CaCO3
(RT9), Na2CO3 (RT10) et NH3 (RT15). La laque RT9 se distingue nettement des
autres par sa couleur rose pâle (fig.V.32 et V.34). Les chromatogrammes (fig.V.43)
confirment que cette laque est la moins riche en colorants. La teneur en glycosides,
le rapport alizarine / pseudopurpurine et les coordonnées b* et h* (fig.V.44) des
trois autres laques croissent dans le sens RT2 (K2CO3) < RT10 (Na2CO3) < RT15
(NH3).
RTPARAM2.opj, Graph1, Tue, 000425 15:11
alizarine
Na2CO3 (RT10)
2.5
pseudopurpurine
K2CO3 (RT2)
2.0
AUs*10/mg
1.5
NH4OH (RT15)inc. à 27'
1.0
précurseur CaCO3 (RT9)
d'alizarine précurseur
0.5 de lucidine purpurine
anthragallol
0.0
10 15 20 25
temps [min]
20
Base RT15
RT10
b* (CIE)
10 RT9
RT2
Fig.V.44.
Diagramme a*b* (CIE) des
10 20 30 40 laques RT2, RT9, RT10 et
a* (CIE) RT15 (poudres pressées).
161
Les laques RT4 et RT5 ont été préparées à partir d'extraits non pas de la racine
entière coupée en morceaux, mais respectivement de l'intérieur et de l'écorce de la
racine. La première est foncée, la seconde claire (fig.V.32 et V.34). Dans les
coordonnées colorimétriques (poudres pressées) cette différence se traduit surtout
par la luminosité L* : 23 (intérieur) < 28 (racine entière) < 42 (écorce).
La laque RT4 (intérieur) est très riche en aglycones et glycosides (fig.V.45) : elle
contient assez bien d'alizarine (10 mg/g) et surtout de la pseudopurpurine (24
mg/g), ainsi que des précurseurs de l'alizarine (17 mg/g) et de la lucidine (21
mg/g). Inversement la laque RT5 (écorce) est très pauvre en colorants, et contient
deux fois moins de pseudopurpurine (1 mg/g) que d'alizarine (2 mg/g).
7 pseudopurpurine
6
intérieur (RT4)
alizarine
4
Au.s*10 / mg
2
écorce (RT5) inc. à 27
1 purpurine
anthragallol
5 10 15 20 25
temps (minutes)
20
intérieur ou écorce
RT5
RT4
b* (CIE)
10
RT2
. Fig.V.46.
Diagramme a*b* (CIE) des laques
RT4, RT2 et RT5 (poudres pressées). 10 20 30 40
a* (CIE)
162
La couleur de RT17 est proche de celle de RT2 (fig.V.47). Celles de RT16 et RT18
sont moins saturées, la première parce que l'extraction à la cendre de chêne est
moins efficace, la seconde parce que la laine teinte à 60°C est plus pâle et pauvre
en colorants.
b* (CIE)
20
RT18
RT16
10
RT-L2 RT2
b*(laques) RT17
b*(laine)
0
10 20 30 40
a* (CIE)
Fig.V.47. Diagramme a*b* (CIE) de la laine teinte par Rubia tinctorum L., RT-L2,
et des laques RT2, RT16, RT17, RT18 (poudres pressées).
163
Nous avons préparé des laques à partir de huit Rubiacées autres que Rubia
tinctorum L., des trois genres Rubia, Asperula et Galium : Rubia peregrina L.
(RP), Asperula tinctoria L. (AT), Galium aparine (GA), Galium boreale L. (GB),
Galium molugo L. (GM), Galium odoratum L. (Scop.) (GO) aussi appelée
Asperula odorata L., Galium sylvaticum L. (GS) et Galium verum L. (GV).
L'origine des échantillons de ces plantes est donnée dans le tableau A1.1. Plusieurs
nous ont été offerts par M. Van Belle, du Jardin Botanique National (JBN) de
Meise. D'autres ont été collectés dans la nature, et leur identification a été
confirmée par Mme Billet du JBN.
Les compositions de deux de ces laques, RT2, RP2 et GV2, peuvent être
comparées à celle de la RT2 dans le chromatogramme de la figure V.48). La laque
de Rubia peregrina L. contient cinq fois moins de pseudopurpurine (1 mg/g) que
Rubia tinctorum L., et peu ou pas d'alizarine. La laque de Galium verum L. est
encore plus pauvre, avec seulement 0,2 à 0,3 mg/g de son principal colorant, la
pseudopurpurine.
0.3 alizarine
pseudopurpurine
RUBIA TINCTORUM
(x 0,15)
0.2 inc. à 27'
Au.s*10 / mg
RUBIA PEREGRINA
GALIUM VERUM
0.1 (x 2,5)
précurseur
d'alizarine
précurseur de alizarine purpurine
lucidine
0.0
5 10 15 20 25
temps (minutes)
Fig.V.48. Chromatogrammes des laques RT2 , RP2, et GA2, après extraction par LiF.
164
Parmi les autres espèces, nous n'avons trouvé d'alizarine en quantité appréciable
(fig. V.49) que dans la laque de GB2 (Galium boreale L., 6,1 mg/g), et de
pseudopurpurine que dans GA2 (Galium aparine L., 5,6 mg/g ) et AT2 (Asperula
tinctoria L., 4,9 mg/g). Cette dernière contient également une quantité importante
des précurseurs de la lucidine (4,9 mg/g), trois fois plus que RT2.
al
pp
6 pral
mg colorant / g laque
prlc
0
RT2 RP2 GA2 GB2 GM2 GO2 GS2 GV2 AT2
Comme avec Rubia tinctorum L., les laques contiennent systématiquement plus de
précurseurs de la lucidine et de pseudopurpurine quand elles ont été préparées
après extraction à 90°C (fig.V.50).
165
60 précurseur de la lucidine 12
pseudopurpurine
2 (60°C) 10 2 (60°C)
3 (90°C) 3 (90°C)
5
mg colorant / g laque
8
4
6
3
4
2
1 2
0 0
RT RP GA GM GS GV RT RP GA GM GS GV
Les laques GA2, GA3 et AT2 (figures V.32 et V.35), bien que riches en
pseudopurpurine (5,6, 9,4 et 4,9 mg/g) et pauvres en alizarine (0, 0,2 et 1 mg/g), ne
sont pas roses comme les laques de pseudopurpurine RT19 (recette adaptée de
Kopp) et RT24 (laque commerciale, Blockx), mais au contraire au moins aussi
oranges que RT2, comme en attestent leurs positions dans le diagramme (a*,b*)
(h* = 16°, 25° et 27° contre 13°) (fig. V.51). Cette tendance à l'orange peut être
attribuée aux précurseurs de la lucidine et probablement aussi à l'inconnue à ~27'
(seul pic plus important sur le chromatogramme de GA2 que sur celui de RT2).
30
Recette 2 et 3
RT3
20
GS3
b* (CIE)
GA3GM3
AT2
GV3 GS2GB2
10 GA2 GM2
GV2 RT2
RP3
RP2
0 10 20 30 40
a* (CIE)
Fig.V.51. Diagramme a*b* (CIE) des laques préparées des Rubiacées (poudres
pressées).
166
Les principaux colorants retrouvés dans nos laques de Rubia tinctorum L. après
hydrolyse par la méthode LiF sont la pseudopurpurine, l'alizarine et les
précurseurs de l'alizarine et de la lucidine. Des quatre, seule l'alizarine est détectée
après hydrolyse par la méthode à l'HCl 6 M. Une partie de la pseudopurpurine est
détectée sous forme de purpurine.
Les couleurs des laques couvrent une large gamme de nuances : rouges, pourpres,
oranges, bruns, violets, roses.... Les diagrammes colorimétriques montrent qu'à
part la nature du colorant, le principal facteur influençant la couleur est le rapport
aluminium / colorant, qui augmente la saturation de la teinte (C*, distance par
rapport à l'origine), même si la couleur peut parfois paraître plus "pâle", ce qui
relève en fait de la luminosité (L*, axe vertical) et non de la saturation (distance
par rapport à cet axe). L'évolution de la couleur avec le rapport aluminium /
colorant dépend du ou des colorants présent(s) : les complexes aluminiques de la
pseudopurpurine et de la purpurine tirent la teinte vers le pourpre (paramètre
angulaire h* plus faible ou négatif), ceux des autres colorants (de l'alizarine et des
glycosides ?) vers l'orange (h* plus élevé).
Quelques-uns des échantillons après vieillissement peuvent être vus sur la figure
V.52. À chaque fois une moitié de l'échantillon a été protégée de la lumière par une
feuille d'aluminium, afin de servir de témoin et de s'assurer que le vieillissement
observé est bien dû à la photodégradation et non à un autre processus. On constate
d'une part que les plus gros grains gardent le mieux leur couleur, et d'autre part,
avec les anthraquinones de synthèse et leurs laques, que le vieillissement est
d'autant plus rapide que le colorant est dilué dans l'alumine.
Fig. V.52. Sélection des échantillons (anthraquinones, ses laques et laques des
plantes) soumis au vieillissement, dont la moitié à gauche a été protégée.
169
0.8
0.6 laine 8
laine 6
y (CIE)
laine 1
0.4
laine 3
0.2
b* (CIE)
10
0.0 0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 -10 0 10 20 30 40
x (CIE) a* (CIE)
-10
-20
laine8
Fig. V.53.
Diagrammes xy et a*b* (CIE) laine6 -30
de la décoloration des références - laines bleues.
Les noms des échantillons
sont à l'origine de la courbe (point t0).
-40
laine1
-50 laine3
0.8 Aliz2
Aliz4
Aliz6
0.6
y (CIE)
0.4
Alizarine
Alizarine
40
0.2
30
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8
x (CIE)
20
b* (CIE)
Aliz - L2
10
Aliz4
Aliz2
Aliz6
0
-10 0 10 20 30 40
Fig. V.54. a* (CIE)
Diagrammes xy et a*b* (CIE)
-10
de la décoloration de l'alizarine,
ses laques et de la laine teinte par alizarine.
170
Purpurine
Pu1
0.8
Pu2
0.6
y (CIE)
0.4
20
0.2
b* (CIE)
15
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 10
x (CIE) Purpurine Pu1
5 Pu2
0
-10 -5 0 5 10 15 20 25 30
Fig. V.55. a* (CIE)
Diagrammes xy et a*b* (CIE) -5
de la décoloration de la purpurine
et de ses laques.
-10
Quinizarine
0.8
Qui1
0.6
y (CIE)
Qui2
0.4
25
0.2
20
b* (CIE)
Quinizarine
0.0 15
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8
x (CIE) Qui1
10
5
a* (CIE)
0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Qui2
-5
Fig. V.56.
Diagrammes xy et a*b* (CIE) -10
de la décoloration de la quinizarine
et de ses laques.
171
0.8
AR1
AR2 ACRUB
0.6
y (CIE)
0.4
25
b* (CIE)
0.2
20
AR1
15
AR2
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8
10
x (CIE)
AcRub
5
Fig. V.57.
Diagrammes xy et a*b* (CIE)
0
de la décoloration de l'"acide rubérythrique" -5 0 5 10 15 20 25 30
-10
0.8 AlPu
col3
col 4 AlQu
0.6
y (CIE)
0.4
0.2
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8
x (CIE)
15
b* (CIE)
10
AlPu
AlQu
5 col3
col4
0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Fig. V.58. a* (CIE)
Diagrammes xy et a*b* (CIE) -5
de la décoloration des laques
de mélanges d'anthraqinones.
-10
172
RT9 RT6
0.8 RT3
RT2
0.6
y (CIE)
0.4
0.2
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8
20
b* (CIE)
x (CIE)
15
RT3
10 RT7
5 RT6
Fig. V.59. RT9 RT2
Diagrammes xy et a*b* (CIE) 0
de la décoloration des laques -5 0 5 10 15 20 25 30
-10
-15
Une exception manifeste, aussi bien sur les diagrammes xy que sur les diagrammes
a*b*, est le mélange vendu comme acide rubérythrique, dont la couleur évolue
dans une direction toute différente de celles de ses laques. Il perd l'essentiel de sa
couleur initiale brun-orange (a* = 15, b* = 8) dès les premières heures, puis se
stabilise dans un brun-jaune (a* = 0 - 4, b* = 8 -10). Il est probable que la
décoloration initiale rapide n'est due ni à l'acide rubérythrique proprement dit, ni au
précurseur de la lucidine également présent, mais à d'autres impuretés encore, et
que l'élimination de ces impuretés lors de la préparation des laques explique le
comportement plus classique de celles-ci.
On peut aussi distinguer des différences entres les couleurs finales vers lesquelles
tendent les laines d'une part, et les laques sur filtre d'autre part. Les laines, après
décoloration totale, sont jaunâtres (b* > 0) plutôt que blanches, d'où par exemple le
détour de la référence 1 par une teinte verdâtre (a* < 0) avant de continuer vers le
jaune pâle, couleur de la laine vieillie (après quinze jours elle atteint a* = -0,7 et b*
= 10). La référence 8, la plus résistante à la lumière, ne pâlit pratiquement pas sur
les quinze jours de vieillissement accéléré. Dans le cas des laques, après leur
décoloration totale, la couleur bleuâtre du filtre transparaît et tire les couleurs
finales, surtout celles d'extraits de Rubiacées, vers un point proche de l'axe b*, côté
négatif cette fois (b* = -10). La laque RT9, peu colorée mais contenant de la craie,
couvre mieux le filtre et tend vers un blanc plus pur après vieillissement (b* = -2).
173
20
15 aliz4
laine5
∆E
10 aliz1
laine6
5 alizarine
laine7
laine8
0
aliz3
aliz-L2
0 20 40 60 80 100 120
heures
Fig. V.60. Exemples d'attribution de grade de stabilité.
Ces grades sont élevés (>6) pour les anthraquinones pures et leurs laques de
rapport aluminium/colorant = 2, ils sont moyens (3-6) pour les laques plus riches
en aluminium. La figure V.61 montre bien, pour les laques d'alizarine, de
purpurine et de quinizarine, cette relation entre teneur en colorant et grade de
stabilité. On y vérifie aussi que les laques d'alizarine sont légèrement plus
résistantes que les laques de purpurine.
8 ,3
l iz2
A
7
i1 u1
Qu P
6 ,7
il z4 liz1
A A
grade
5
iz8 iz5
Al Al
i2
Qu
4 3
iz 6 2,
Al Pu
3
0 100 200 300 400 500 600 700
mg aliz / g laque (calc)
Sur les photos de la figure V.62 on constate que les plus gros grains se décolorent
moins vite que les plus petits. Malgré cela les laques de granulométrie plus fine
parce que préparées à 90°C (Aliz3, Aliz5 et Pu3) sont aussi stables, ou à peine
moins, que les laques correspondantes préparées à température ambiante (Aliz2,
Aliz4 et Pu2) (tabl.V.15 et fig.V.62). L'effet de la granulométrie sur la stabilité des
couleurs est donc beaucoup plus faible que celui de la concentration en complexes
colorants (fig.V.61).
La décoloration plus lente des gros grains pourrait a priori s'expliquer par la
protection des colorants au cœur de ceux-ci, soit par absorption de la lumière par
les couches externes, soit par ralentissement de la diffusion de l'oxygène, si celui-ci
contribue à la dégradation. Cependant les laques, composées principalement
d'alumine, ont une porosité et donc une surface spécifique importantes et largement
indépendantes de la taille de grains. L'oxygène, qui peut contribuer à la
dégradation des colorants, est libre de diffuser assez librement à l'intérieur des
grains. La première explication semble donc la plus plausible: la décoloration
progresserait à partir de la surface externe des grains. La vitesse de décoloration,
exprimée par exemple en microns par jour, serait d'autant plus faible que la
concentration en colorants, et donc l'absorption de la lumière par les couches
externes, sont importantes. Dans des peintures, le liant et le vernis limiteraient en
plus la diffusion de l'oxygène, ce qui pourrait ralentir encore le vieillissement.
nécessaires aurait alors dépassé la capacité de l'appareil. Les laques n'ont donc été
récupérées et analysées par HPLC qu'à la fin du test, quand beaucoup étaient déjà
totalement décolorées. Les résultats sont donnés dans le tableau V.16. On retrouve
un peu d'alizarine, de purpurine, ou des primvérosides de l'alizarine et de la
lucidine, mais toujours en quantités très faibles, inférieures à un dixième des
quantités de départ. Même les poudres d'anthraquinones pures avaient perdu plus
de 90% du colorant originellement présent, malgré l'apparente stabilité de leur
couleur. Aucune trace de pseudopurpurine n'a été retrouvée, même dans les laques
qui en étaient riches au départ.
mg colorant / g laque
nom après extraction par HCl nom après extraction par LiF
al pu qui pra1 prlc al pu qui
Aliz 54.13 0 0 Aliz 0 0 40.12 0 0
Aliz1 0.70 0 0
Aliz2 1.85 0 0 Aliz2 0 0 15.45 0 0
Aliz3 1.99 0 0 Aliz3 0 0 3.93 0 0
Aliz4 0.05 0 0
Aliz5 0.08 0 0 Aliz5 0 0 0.85 0 0
Aliz6 0.01 0 0 Aliz6 0 0 0.40 0 0
Aliz7 0.03 0 0
Aliz8 0.05 0 0
AcRub 0 0 0 AcRub 0 0 0.27 0 0
AR 1 0 0 0 AR 1 0.33 0.05 0.02 0.012 0
AR 2 0 0 0 AR 2 0 0 0.01 0 0
AlPu 0.16 0.05 0
AlQu 0.20 0 0.215 AlQu 0 0 0.24 0.013 0.60
col3 0.06 0.045 0.032 col3 0 0 0.09 0.72 0
col4 0.01 0 0.003
Purp. 0.16 3.28 0 Purp. 0 0 0 46.5 0
Pu1 0.03 0.26 0
Pu2 0.04 0.17 0
Pu3 0.01 0 0 Pu3 0 0 0.01 1 0
Quiniz. 0.02 0.01 3.185 Quiniz. 0 0 0 0.41 50.11
Qui1 0 0 0.688 Qui1 0 0 0.12 0 17.35
Qui2 0 0 0.113
RT 1 0.02 0 0 RT 1 0 0 0.07 0 0
RT 2 0.007 0 0 RT 2 0 0 0.03 0 0
RT 3 0 0 0 RT 3 0.17 0.07 0.02
RT 6 0.003 0 0 0 0 0 0 0
RT 7 0.018 0 0 RT 7 0 0 0.037 0 0
RT 10 0.013 0.005 0 RT 10 0 0 0.038 0 0
RT 19 0.002 0 0 RT 19 0 0 0.010
RT 24 0.002 0 0 0 0 0
RT 15 0.003 0 0 0 0 0 0 0
RT 17 0.004 0 0 RT 17 0 0 0.014 0 0
GV 2 0.002 0 0 GV 2 0 0 0.003 0 0
GA 2 0 0 0 GA 2 0 0 0 0 0
GB 2 0.018 0.003 0 GB 2 0 0 0.030 0 0
GS 2 0.002 0 0 GS 2 0 0 0.016 0 0
GM 2 0.004 0 0 GM 2 0 0 0.013 0 0
AT 2 0 0 0 AT 2 0 0 0.015 0 0
RP 2 0.002 0 0 RP 2 0 0 0.013 0 0
177
Le constituant principal des laques étudiées ici est une alumine amorphe et
poreuse. Elle leur confère une surface spécifique élevée (~100 m2/g), indépendante
de la taille des grains, et une certaine hydratation (de l'ordre de 15% de son poids).
Les teneurs en colorants mesurées par HPLC après extraction au LiF sont
généralement de quelques mg par g, et, pour les laques d'anthraquinones de
synthèse pour lesquelles ce calcul est possible, proches des teneurs idéales
attendues sur base des proportions des réactifs mis en œuvre.
V.9.3. Conclusions
Pour revenir aux questions posées au début de ce chapitre, on peut donc leur
apporter les réponses suivantes :
- tant de facteurs peuvent jouer un rôle qu'il est difficile d'identifier avec certitude
l'espèce utilisée en se basant sur la composition de la laque.
126
V.7.1. Introduction
Il va être fait appel dans l'étude des couleurs à des notions relativement peu
familières en chimie, dont il peut être utile d'expliquer d'abord la signification.
La caractérisation des couleurs est une question particulièrement complexe, dont
les différents aspects sont traités en détail dans de nombreux manuels
(Hunter/Harold, 1987; Henry, 1980; Corno-Martin, 1981). Nous nous contenterons
ici d'esquisser la démarche et les méthodes permettant de calculer, à partir des
spectres de réflectance, les paramètres "xyz" et "L*a*b*" ou "L*C*h*" pour un
"observateur de référence". Dans le paragraphe suivant nous les illustrerons par les
exemples d'une laine bleue et d'une laque rouge.
sont plus appropriées. Les diagrammes (r,g) respectent eux aussi l'additivité des
couleurs (fig. V.8). Les coordonnées des trois primaires (R;G;B) y sont les
sommets du triangle ((0,1), (1,0), (0,0)) : vert pur (g = 1, r = b = 0), rouge pur (r =
1, g = b = 0) et bleu pur (b = 1, r = g = 0)). Toutes les couleurs qu'on peut obtenir
par une combinaison de deux primaires se trouvent sur la droite qui les relie, et
toutes celles qu'on peut obtenir par une combinaison de trois primaires se trouvent
dans le triangle qu'elle délimitent. Les couleurs des lumières monochromatiques,
dites "couleurs spectrales", forment une courbe qui part du bleu (r = 0, g = 0),
passe par le bleu-vert ou cyan (r < 0, g > 0) avant d'atteindre le vert (r = 0, g = 1),
puis par le jaune et l'orange (r + g = ~1) avant d'atteindre le rouge (r = 1, g = 0). La
droite reliant le bleu ( 435,6 nm, r = 0, g = 0) au rouge (700 nm, r = 1, g = 0) est le
lieu des couleurs dites "non spectrales", les pourpres, qui ne correspondent à
aucune lumière monochromatique. Toutes les couleurs perceptibles se trouvent
dans la région délimitée par la courbe des couleurs spectrales et la droite des
couleurs non spectrales. Quelque part vers le centre de cette région se situe la
couleur d'un objet parfaitement réfléchissant, et donc en principe blanc. Le point
D65 sur la figure V.8. représente la couleur d'un tel objet quand il est éclairé par
l'illuminant de référence D65 (éclairé perpendiculairement, et observé à un angle
solide de 2° avec la perpendiculaire). Suite à la propriété d'additivité géométrique
décrite plus haut, toutes les couleurs situées sur un même segment de droite reliant
le blanc (ici le point D65) et une couleur spectrale seront un mélange de cette
couleur et de blanc : elles auront la même teinte que la couleur spectrale, et seront
d'autant plus saturées qu'elles sont proches de celle-ci. La longueur d'onde de la
couleur spectrale est appelée "dominante" de la teinte. Elle est généralement
proche de, mais pas égale à la longueur d'onde du maximum dans le spectre de
g (= G / (R+G+B))
515 2
510 couleurs spectrales (bleu à vert à rouge)
520
505
525
primaire verte (G),
530
500 mélange des 546,1 nm
primaires 535
couleurs qu'on peut obtenir
bleue et verte 540
par mélange des primaires RGB
495 1 545
550 surface blanche sous
FDom. 555
490 nm, illuminant D65, 2°
490 560
"dominante" F 565
570
de la couleur F 485 575 primaire rouge (R),
580
480 585 700 nm
475
D65 590
600
470 610
465 620
380 780
775
770
765
760
755
750
745
740
735
730
725
720
715
710
705
700
r (= R / (R+G+B))
-1 0 1
primaire bleue (B),
435,6 nm couleurs non-spectrales
(pourpres)
Fig. V.8. Diagramme rg (CIE), explications.
128
Un problème du système RGB est que si toutes les teintes peuvent être reproduites
par un mélange des trois primaires, elles n'atteignent généralement pas la saturation
d'une couleur spectrale pure. Cela s'observe aisément sur le diagramme (r,g) (fig.
V.8). Le bleu-vert obtenu par addition de lumières bleue et verte (435.6 et 546.1
nm) sera plus blanchâtre que celui d'une lumière monochromatique à 490 nm.
Celui-ci peut malgré cela être décrit par des paramètres RGB, mais en attribuant
une valeur négative au paramètre R. Dans la pratique il est bien sûr impossible
d'envoyer une quantité négative de lumière rouge sur la surface blanche. Pour
mesurer un paramètre R négatif à l'aide d'un colorimètre trichromatique, on
ajouterait donc la quantité équivalente de lumière rouge à la lumière blanche
frappant l'objet bleu-vert dont on veut mesurer la couleur.
Pour éviter que l'un des paramètres puisse avoir une valeur négative, la CIE a
complété l'"observateur de référence" par une deuxième série de trois fonctions
colorimétriques (xmoy, ymoy, zmoy), basées cette fois sur des primaires imaginaires.
Étant imaginaires, et ne correspondant donc à aucune longueur d'onde réelle, ces
primaires ne peuvent bien sûr pas être utilisées pour construire un colorimètre
trichromatique. Elles ne sont qu'une fiction mathématique permettant d'extraire des
spectres de nouveaux paramètres, appelés "tristimulus" et notés XYZ (ou leurs
valeurs relatives xyz, où x = X/(X+Y+Z), etc), beaucoup plus proches des
paramètres significatifs pour l'observateur que sont la luminosité, la saturation et la
teinte.
primaire
imaginaire Y
(R+G+B))
y (= Y / (X+Y+Z))
g (= G /
primaire
verte (G),
520525 546,1 nm
515 530
535
510 540
545 couleurs qu'on peut obtenir
550
505 555 par mélange des primaires RGB
560
couleurs qu'on ne 565
primaire
peut pas obtenir 500
570
575 rouge (R),
par mélange des 580
585 700 nm
primaires RGB
495 590
))
595
G+B
600
605 (R+
610
( = R/
490 D65 620
630 r
A B 780
700
primaire
485
imaginaire X
480
475
470
460
380
x (= X / (X+Y+Z))
couleurs non-spectrales
(pourpres)
primaire imaginaire Z primaire
bleue (B),
435,6 nm
Pour tenter de définir un espace de couleurs aussi régulier et isotrope que possible
en termes de résolution entre les couleurs, de nouveaux paramètres, L*a*b* et
L*C*h*, fonctions de la racine cubique des paramètres XYZ, ont été proposés par
la CIE en 1976 (fig.V.10). Ces fonctions ont été définies de manière à ce que l'axe
vertical (L*) corresponde le plus fidèlement possible à la luminosité. Sur cet axe, la
teinte est nulle (a* = b* = 0) : il va donc du noir (L* = 0) au blanc (L* = 100).
L'axe a* va du vert (a* < 0) au rouge (a* > 0), et l'axe b* du bleu (b* < 0) au jaune
(b* > 0). Une verticale parallèle à l'axe L* mais distinct de celui-ci ira par exemple
d'un bleu très sombre à un bleu très clair. Les coordonnées L*C*h* sont la version
cylindrique des coordonnées L*a*b* : C* est la saturation, et h* (paramètre
angulaire) la teinte. L'espace ainsi défini ressemble à l'"arbre des couleurs" de
Munsell (Taylor / Marks, 1966). La distance entre deux couleurs, égale à la racine
carrée de ((∆(L*)2+∆(a*)2+∆(b*)2), est notée ∆(E). Un ∆(E) égal à 1 est à peu près
la plus petite différence perceptible entre deux couleurs pour un observateur
moyen.
b* > 0
C*
h*
a* < 0 a* > 0
b* < 0
À titre d'exemples, les figures V.12 et V.13 donnent les spectres (obtenus par
microspectrophotométrie en réflectance), sous forme linéaire (R) et logarithmique
(absorbance A = log (1/R)), et les positions dans les diagrammes (r,g), (x,y) et
(a*,b*), de la laque RT2 (fig. V.11), et de la laine bleue N° 8, référence classique
dans les études de stabilité à la lumière (fig. V.11). La laque RT2 a été étudiée sous
deux formes: poudre pressée sur une lame de verre, et, en vue des études de
vieillissement, poudre fixée sur un filtre Millipore spécial (§ V.7.3). La laine était
entourée autour d'une lame de verre. À chaque fois, deux spectres ont été pris dans
deux zones différentes de l'échantillon.
Fig. V.11. Vue au microscope de la laque RT2 (gr. 200x) et de la laine bleue de
référence N°8 (gr. 50x) .
laque RT2,
0.3 pressée
455 nm
0.2
R
laque RT2,
sur filtre
0.1
510 nm
590 nm
laine bleue,
STD 8
510 nm
1.6 590 nm
1.4
log (1/R)
laine bleue,
1.2
STD 8
1.0
laque RT2,
sur filtre
0.8
laque RT2,
455 nm pressée
0.6
400 450 500 550 600 650 700
RFLX_EX1.opj, GrABS, Thu, 000427 17:40
wl (nm)
Avec la laine bleue, les deux spectres pris dans des zones différentes de la laine
bleue sont quasiment identiques. Par contre avec la laque pressée il y a une
différence de 3 % à 700 nm, et avec la laque sur filtre une différence de 1,5 %
entre 380 et 550 nm, attribuables à l'hétérogénéité des échantillons.
Les spectres d'absorbance (A(réfl) = log(1/R)) donnent bien sûr une courbe d'allure
identique mais inversée (fig.V.13). On y distingue mieux les positions des maxima
d'absorbance de la laine vers 590 nm et de la laque vers 510 nm. C'est cette fois
entre les deux spectres de la laque filtrée qu'il y a le plus de différence : 0,2 entre
450 et 550 nm, contre 0,05 à 700 nm pour la laque pressée.
133
V.7.2.3. Diagrammes rg et xy
La couleur de la laine bleue, calculée pour l'illuminant D65 à partir des spectres de
réflectance, se situe dans les diagrammes (r,g) et (x,y) (fig.V.14 et V.15) entre le
point blanc (D65) et la région bleue de la courbe des couleurs spectrales. La
"longueur d'onde dominante" (intersection de la droite passant par la couleur et le
point D65 avec la courbe des couleurs spectrales) est 480 nm, légèrement plus
élevée que le maximum de réflectance (455 nm).
Suite à la présence d'une composante bleue dans les spectres de réflectance des
deux échantillons de laque RT2, les droites passant par le point D65 et par les
couleurs des deux échantillons, dans les diagrammes (r,g) et (x,y), ne coupent pas
la courbe des couleurs spectrales, mais la droite des pourpres. Ce caractère pourpre
est, comme attendu, plus marqué pour la laque sur filtre que pour la laque pressée.
g (= G / (R+G+B))
1
laine
bleue, laque RT2,
std 8 sur filtre
r (= R / (R+G+B))
-1 0 1
y (= Y / (X+Y+Z))
XYZ12400.opj, Grexemplesxy, Tue, 000425 18:49
))
(R+G+B
1
g (= G /
laque RT2,
sur filtre
laine laque RT2,
bleue, pressée
D65 ))
std 8 G+B
/ (R+
R
r (=
dominante :
480 nm
x (= X / (X+Y+Z))
0 1
Dans le diagramme (a*,b*), la couleur de la laine est très proche de l'axe b*, côté
bleu (b* < 0). Celles des deux échantillons de laque RT2 sont proches de l'axe a*,
côté rouge (a* > 0). La couleur de la laque sur filtre est plus près de l'origine, donc
moins saturée, et plus proche des pourpres (h* ~ -2 contre ~ 13) que celle de la
laque pressée.
La différence de couleur entre deux zones de l'échantillon est ici aussi plus
importante pour la laque sur filtre (∆Ε=4,5) que pour la laque pressée (∆Ε=1,8).
Elle reste cependant faible par rapport aux 16 à 20 unités qui séparent la laque sur
filtre de la laque pressée.
laque RT2,
laque RT2, pressée
10 sur filtre
D65
0
-10 0 10 20 30 40
laine -10 a*
laque RT2,
bleue,
sur filtre
std 8 -20
-30
b*
-40
Dans ce travail, deux séries de mesures des couleurs des laques ont été réalisées :
d'une part, une sélection de laques d'anthraquinones de synthèse et de laques
d'extraits de Rubiacées sous forme de poudres fixées sur filtres, en vue des études
de vieillissement (tabl. V.13 et V.14), et d'autre part l'ensemble des laques
d'extraits de Rubiacées, sous forme de poudres pressées (tabl. V.12). Or les figures
V.14 à V.16 montrent qu'il y a une différence significative entre les couleurs que
peut donner une même laque, selon qu'elle est pressée sur une lame de verre ou
fixée sur un filtre en ester de cellulose (Millipore MF HA013). Heureusement, les
positions relatives des couleurs de laques différentes ne sont que peu affectées,
comme on peut le voir p.ex. sur la figure V.17 (coordonnées (a*,b*) de quatre
laques de Rubia tinctorum L., pressées et sur filtre). On peut donc comparer entre
elles les couleurs de laques différentes, à condition de veiller à ce qu'elles soient
dans le même état physique.
20
pressées
sur filtre
RT15
RT10
b* (CIE)
10
RT15
RT9
RT2
RT10
RT9
RT2
0
0 10 20 30 40
a* (CIE)
Fig. V.17. Laques pressées et laques sur filtre : déplacement des couleurs dans le
diagramme a*, b* (CIE)
137
Fig. V.18. Alizarine, purpurine, quinizarine et leurs laques, Aliz5, Pu3, Qui2.
Poudres vues au microscope (gr. 200x), peintures sur toile
138
L* a* b* C h x y Y
RT1 34 37 15 40 23 0.49 0.32 8
RT2 29 37 8 38 13 0.47 0.30 6
RT3 31 39 26 47 33 0.54 0.34 7
RT4 24 34 11 36 18 0.49 0.31 4
RT5 43 32 13 35 22 0.44 0.33 13
RT6 40 38 23 44 31 0.49 0.34 11
RT7 47 21 13 25 31 0.40 0.34 16
RT8 26 33 8 34 13 0.46 0.30 5
RT9 69 31 9 32 16 0.39 0.32 39
RT10 28 36 12 38 19 0.49 0.31 5
RT11 28 33 15 36 24 0.49 0.32 6
RT13 39 18 11 21 30 0.40 0.34 11
RT14 38 36 18 40 27 0.48 0.33 10
RT15 31 34 16 38 26 0.49 0.33 7
RT16 58 25 10 27 22 0.39 0.33 26
RT17 47 37 7 38 11 0.42 0.31 16
RT18 75 20 11 23 29 0.37 0.34 49
RT19 66 38 -4 39 -6 0.37 0.29 35
RT20 42 34 13 37 20 0.45 0.32 12.2
RT21 25 34 9 36 15 0.49 0.30 4.5
RT22 37 43 4 43 5 0.45 0.28 10
RT23 33 44 6 45 8 0.47 0.28 8
RT24 68 46 -3 46 -3 0.39 0.29 38
RT25 56 54 1 54 1 0.42 0.28 24
RT26 38 38 9 39 14 0.45 0.31 10
RT27 51 27 9 28 18 0.40 0.32 19
RT28 50 32 7 33 13 0.41 0.31 18
RT29 50 32 10 33 18 0.42 0.32 18
RT30 19 21 14 25 34 0.48 0.35 3
RT31 53 47 20 51 23 0.48 0.32 20.8
RP2 54 29 6 29 12 0.39 0.32 22
RP3 47 32 7 32 12 0.41 0.31 16
RP7 46 20 11 23 29 0.40 0.34 15.5
RP12 57 25 9 27 20 0.39 0.33 24.5
GA2 36 29 9 30 16 0.43 0.32 9
GA3 34 31 14 34 25 0.46 0.33 8
GA8 41 19 6 20 18 0.39 0.33 11.7
GB2 38 32 11 34 19 0.44 0.32 10.3
GM2 46 34 9 35 15 0.42 0.31 16
GM3 37 33 14 36 24 0.46 0.33 10
GM8 47 21 6 22 17 0.39 0.32 16.0
GS2 41 31 11 33 20 0.43 0.32 12
GS3 43 35 16 38 25 0.46 0.33 13
GS8 50 24 9 26 19 0.40 0.33 18.7
GV2 60 18 8 20 24 0.37 0.33 28
GV3 56 23 11 25 26 0.39 0.34 24
GV12 55 8 10 13 53 0.36 0.35 22.9
AT2 31 24 12 27 27 0.44 0.34 7
139
L* a* b* C h x y Y
RT1 25 24 6 25 15 0.43 0.31 5
RT2 25 24 0 23 1 0.40 0.29 4
RT3 23 24 15 28 31 0.48 0.34 4
RT6 32 18 6 19 19 0.39 0.33 7
RT7 26 24 8 25 18 0.44 0.32 5
RT9 58 10 1 10 6 0.33 0.32 25
RT10 23 25 4 25 10 0.43 0.30 4
RT15 24 20 9 22 23 0.43 0.33 4
RT17 42 29 3 29 6 0.40 0.30 12
RT19 62 25 -11 27 -23 0.33 0.28 30
RT24 58 32 -12 35 -21 0.34 0.27 26
RP2 44 10 -7 13 -35 0.31 0.30 19
GA2 29 20 3 20 8 0.39 0.31 6
GB2 32 20 3 21 9 0.39 0.31 7
GM2 38 16 -4 17 -14 0.34 0.30 13
GS2 36 21 6 22 15 0.39 0.32 9
GV2 53 7 -3 8 -19 0.32 0.32 25
AT2 27 17 6 17 19 0.39 0.33 5
RT-L2 21 24 10 26 23 0.47 0.32 3
M/L L* a* b* C* h* x y Y
Aliz 38 17 39 42 67 0.49 0.42 10.3
Aliz 0 0.5 19 18 13 22 35 0.47 0.35 2.7
Aliz 1 7.4 16 19 9 21 26 0.46 0.33 2.1
Aliz 2 2 23 3 5 6 62 0.35 0.35 3.8
Aliz 3 2 22 7 3 8 23 0.36 0.33 3.5
Aliz 4 10 21 18 8 19 24 0.43 0.33 3.1
Aliz 5 10 18 19 8 21 24 0.45 0.33 2.5
Aliz 6 50 43 22 6 23 16 0.39 0.32 13.0
Aliz 7 10 19 19 9 21 25 0.45 0.33 12.8
Aliz 8 12.5 19 18 8 20 24 0.44 0.33 2.7
AlPu 10 31 30 9 32 17 0.45 0.31 6.7
AlQu 10 29 36 5 36 9 0.46 0.29 5.8
col3 10 37 38 6 39 8 0.44 0.29 9.3
col4 10 28 29 1 29 2 0.41 0.29 5.6
Purp 24 4 6 7 58 0.36 0.35 4.1
Pu 1 2 16 13 6 14 27 0.41 0.33 2.0
Pu 2 10 20 24 4 24 11 0.44 0.30 2.9
Pu 3 10 21 30 8 31 14 0.48 0.30 3.1
AcRub 20 15 8 17 28 0.42 0.34 2.9
AR 1 2 26 23 19 30 39 0.49 0.36 4.6
AR 2 10 44 19 14 24 35 0.41 0.35 14.0
Quiniz 32 12 15 19 51 0.41 0.37 7.3
Qui 1 2 22 15 10 18 32 0.42 0.34 3.6
Qui 2 10 19 32 -4 32 52 0.42 0.25 2.7
Aliz-L2 28 37 15 40 23 0.51 0.31 5
Pu-L2 31 44 22 49 27 0.55 0.32 7
Qui-L1 47 36 20 41 29 0.46 0.34 16
141
On savait déjà (chap. IV) que, comme attendu, la teneur en colorants dans les
laques d'anthraquinones de synthèse, mesurée par HPLC, diminue avec le rapport
aluminium / colorant M/L, de ~ 60% (Aliz0, M/L = 0,5) à ~ 4% (Aliz6, M/L = 50).
On peut voir sur les figures V.18, V.19, V.20, V.21 et V.23 que la couleur aussi est
influencée principalement par ce paramètre.
143
V.7.4.1. Alizarine
On peut voir sur les figures V.18 à V.21 que l'alizarine sans aluminium est orange
(poudre) à orange-brun (peinture). Rappelons qu'en solution l'alizarine est jaune
sous sa forme acide (pH < 6) et rouge sous sa forme monodéprotonée
(monophénolate, 7 < pH < 10), propriété à la base de son utilité comme indicateur
de pH. Il est probable que la couleur orange de la poudre d'alizarine synthétique
utilisée ici est partiellement due à ce qu'une partie se trouve non sous forme acide
mais sous forme de sel. De fait de faibles quantités de sodium et d'aluminium ont
été détectées dans l'alizarine à l'occasion de l'étude par spectrométrie de masse
SIMS.
Les laques de rapport M/L = ~10 sont rouge foncé à rouge brun. Les laques Aliz2
et Aliz3, de rapport M/L = 2, sont rouge-brun (fig. V.20 et V.21). Inversement la
laque Aliz6, de rapport M/L = 50, est d'un rouge tirant sur le rose sous forme de
poudre (fig. V.19. et V. 20), et donne la couleur la plus belle et la plus lumineuse
sous forme de peinture sur toile (fig. V. 21 et V. 20).
Les spectres d'absorbance (log (1/R)) (fig. V.22) des laques rouges (M/L = 10) sur
filtres présentent une large bande d'absorption culminant vers 500 nm. En
comparaison, les spectres des laques brunes (M/L = 2) sont beaucoup plus plats, et
inversement la bande d'absorption de la laque Aliz6 (M/L = 50), en plus d'être
moins intense, est légèrement plus étroite.
430 nm 500 nm
(alizarine) (laques)
2.0
1.5
log(1/R)
ALIZ 2, 3, M/L 2
1.0
ALIZ 4,5,7,8 M/L 10
ALIZ 6, M/L 50
Fig.V.22. alizarine
Spectres d'absorbance (log (1/R) 0.5
400 450 500 550 600 650 700 750
wl (nm)
Comme dans le cas de la laque RT2 décrite en exemple plus haut, il y a une
certaine composante bleue dans la couleur des laques, due à l'absorbance plus
faible au-dessous de ~ 430 nm, et qui peut tirer leur teinte vers le pourpre.
40
Alizarine
30
b* (CIE)
20
Aliz - L2
M/L = 2
Aliz1,4,5,7,8
10
Aliz2
Aliz3
Aliz6
M/L > 2
0
10 20 30 40
a* (CIE)
Fig.V.24. Diagramme a*b* (CIE) de l'alizarine, ses laques (Aliz 1-8) et de la laine
teinte par alizarine (Aliz-L2)
V.7.4.2. Purpurine
550 nm) et diminue dans le rouge (> 600 nm). Deux maxima d'absorption peuvent
être distingués, à ~505 et ~540 nm.
505 nm 540 nm
2.0
1.5
log (1/R)
purpurine
PU1, M/L 2
1.0
PU 2,3 ; M/L 10
0.5
400 500 600 700
wl (nm)
Fig.V.25. Spectres d'absorbance (log (1/R) de la purpurine et de ses laques.
20
Pu - L2
b* (CIE)
10 Pu3
Pu1
Pu2
Purpurine
M/L = 2 M/L > 2
0 10 20 30 40
a* (CIE)
À M/L = 10, la couleur est encore plus intense si la laque a été préparée à 90 °C
(Pu3 : a* = 30) qu'à température ambiante (Pu1 : a* = 24), alors qu'à ce rapport
M/L les laques d'alizarine n'étaient pas affectées par la température.
148
V.7.4.3. Quinizarine
2.0
430 nm
1.5 532 nm
log (1/R)
QUI 1, M/L 2
1.0 Quinizarine
QUI 2, M/L 10
Fig.V.27.
Spectres d'absorbance (log (1/R) 0.5
de la quinizarine et de ses laques. 400 500 600 700
wl (nm)
Quinizarine
M/L = 2
0
0 10 20 30
a* CIE40
Qui2
-10
Les laques AlPu, AlQu et AlPuQu ont été préparées à partir de mélanges
alizarine/purpurine, alizarine/quinizarine et alizarine/purpurine/quinizarine, à
concentration totale en colorants constante.
Les poudres (fig.V.19 et V.20) et les peintures (fig.V.21 et V.23) sont de beaux
rouges, avec des variations dans les teintes qui reflètent leur composition. Ainsi
celles qui contiennent de la quinizarine tirent sur le violet.
M/L = 10
10
AlPu
b* (CIE)
AlQu col3
col4
0
10 20 30 40
a* (CIE)
Comme déjà dit plus haut (§ IV.2.2.3 et V.6.3), l'échantillon d'acide rubérythrique
utilisé ici n'est pas une molécule de synthèse mais un extrait commercial, qui
contient en fait non seulement de l'acide rubérythrique vrai (1-OH, 2-O-
primvéroside), précurseur de l'alizarine, mais aussi un autre glycoside (1-OH, 2-
CH2-O-primvéroside, 3-OH), précurseur de la lucidine.
En poudre, ce mélange est brun-rouge, avec aussi des grains jaunes (fig.V.19 et
V.20). Une très petite quantité d'acide rubérythrique pur, obtenue par séparation
par HPLC à pH 2,5, était parfaitement jaune après séchage.
150
Sur filtre, l'absorbance (fig. V.30) diminue avec le rapport M/L, surtout entre 500
et 600 nm, ce qui explique la tendance à l'orange.
2.0
482 nm
1.5
log(1/R)
492 nm
acide rubérythrique
1.0
AR 1, M/L 2
AR 2, M/L 10
0.5
400 500 600 700
wl (nm)
30
20 AR1
b* (CIE)
AR2
10 AcRub
0
10 20 30
a* (CIE)
V.7.4.6. Discussion
Deux explications peuvent être données au fait que les laques aux couleurs les plus
saturées soient les plus riches non pas en colorant, comme on s'y serait attendu,
mais au contraire en alumine.
Fig. V.32. Laques de Rubia tinctorum L. et d'autres Rubiacées. Vue macroscopique des
poudres.
153
Les compositions des laques d'extraits de Rubiacées sont données dans les tableaux
V.10 (après l'extraction par LiF) et V.11 (après l'extraction par HCl) introduits
précédemment. Leurs couleurs, sous forme de poudres et de peintures sur toile,
peuvent être observées sur les figures V.32, V.34 et V.35. Les coordonnées
colorimétriques de ces laques sont rassemblées à la figure V.33 (pressées sur lame
de verre). Elles sont centrées sur une région (a* = 30-37, b* = 8-15) (fig. V.33).
Comme on l'a déjà vu plus haut (§ V.7.3), les positions dans les diagrammes
(a*,b*) (fig. V.17) indiquent que les couleurs sont systématiquement plus saturées
quand les laques sont pressées sur des lamelles de verre que quand elles sont fixées
sur les filtres Millipore (§ V.7.3).
30
RT3
RT6
20
RT14
RT15GS3
RT11 RT1
RT30 GA3 GM3
b* (CIE)
RT7 RT5
AT2 RT10
RT13 RT18 GV3 GS2 RT4
RT16 RT29
10 RT27 GA2 RT9 GM2 RT26
GV2 RT8 RT2
RT28 RT17
RP2 RT23
RT22
RT25
0
0 10 20 30 40 50
RT24
RT19
a* (CIE)
Fig.V.33. Diagramme a*b* (CIE) des laques d'extrait de Rubiacées (poudres pressées).
Fig. V.35. Laques de Rubia tinctorum L. et d'autres Rubiacées. Peintures sur toile.
156
Les laques RT1, RT2 et RT3 (fig. V.32 et V.34) ont été préparées par extraction de
racines de Rubia tinctorum L. pendant 60 min. à 20°C, 60°C et 90°C
respectivement, puis addition du KAl(SO4)2 et précipitation par K2CO3 (mode op.
"RT2" et variantes, § V.2, V.3 et annexe 1, tabl. A1.5).
Les compositions en colorants, mesurées par HPLC (fig. V.36), sont données dans
le tableau V.10 et V.11 (§ V.6.3).
primvéroside
d'alizarine
primvéroside
de lucidine
8
90 °C
6
20 °C
Au.s*10 / mg
4
60 °C pseudopurpurine inc. à 27
alizarine
précurseurs de
pseudopurpurine
2
anthragallol purpurine
5 10 15 20 25
minutes
Fig.V.36. Chromatogrammes des laques RT1 (20°C), RT2 (60°C) et RT3 (90°C)
après extraction par LiF.
20
b* (CIE)
RT1
10
RT2 Fig.V.37.
Diagramme a*b* (CIE) des laques
RT1, RT2, RT3, (poudres pressées).
0
10 20 30 40
a* (CIE)
157
La présence des glycosides se traduit dans les couleurs par une légère tendance à
l'orange (fig.V.32 et V.34), visible aussi bien dans les coordonnées colorimétriques
des laques fixées sur filtre que des laques pressées : la valeur de b* est la plus
élevée pour RT3 (90°C) et la plus basse pour RT2 (60 °), alors que a* reste à peu
près constante (fig. V.37, tabl. V.12 et V.13).
Nous nous sommes inspirés de cette procédure pour la préparation de RT19, laque
de pseudopurpurine. Les morceaux de racine ont été plongés une heure dans une
solution d'acide sulfurique 1% (~ 0,1 M, pH 0,7) à température ambiante. Après
élimination des débris de racine par filtration, la solution a été chauffée à 60°C
pendant une demi-heure. Les précurseurs de la pseudopurpurine se sont
transformés en pseudopurpurine, qui a précipité, tandis que l'acide rubérythrique a
résisté à l'hydrolyse et est resté en solution. Le précipité rouge a été récupéré par
filtration, puis redissout dans le sulfate d'aluminium pour la formation des
complexes avec l'aluminium, qui ont été précipités par ajout de K2CO3.
La poudre est d'un rose (fig.V.32 et V.34) fort proche de celui d'une laque
commerciale (RT24 : "Garance rose clair" de Blockx, cfr. annexe 1), dont le
colorant principal est aussi la pseudopurpurine, mais en quantité plus faible (1,6
mg/g). On peut supposer que cette laque a aussi été préparée par une variante de la
méthode de Kopp. Dans son Compendium pour les artistes, Blockx ne livre pas
son secret mais précise que les nuances des différentes laques de garance sont
obtenues par des variations du mode de préparation.
Pressées ou sur filtre, les deux laques ont des valeurs négatives de b* (-3 à -12) et
h* (-3° à -23°) (fig.V.38), ce qui indique que leur couleur est plus pourpre ou
moins orange que celle des laques d'alizarine.
Fig.V.38. 0
Diagramme a*b* (CIE)
10 20 30 40 50
des laques de
RT24
pseudopurpurine, a* (CIE) RT19 RT24
(poudres pressées et sur filtre). RT19
-10
1
Qui donne la purpurine par décarboxylation.
158
V.7.5.3. Macération des racines dans l'eau avant extraction des colorants
Lors de la préparation des laques RT8 et RT13, les racines ont macéré dans l'eau à
température ambiante un et dix jours respectivement avant l'extraction à 60°C.
L'alizarine, de 5,4 mg/g (laque de référence RT2), monte à 8 mg/g (RT8, un jour
de macération) puis retombe à 2 mg/g (RT13, dix jours) (fig. V.39, tabl. V.10). La
pseudopurpurine tombe de 7,2 mg/g à 5,2 mg/g puis à 0, et les faibles quantités de
glycosides encore présents après 1 h (ac. rub. 3,2 mg/g, préc. luc. 1,6 mg/g) ont
disparu après 24 h.
alizarine
2.5
24 heures (RT8)
pseudopurpurine
2.0
1heure (RT2)
AUs*10/mg
1.5
inc. à 27'
1.0
240 heures (RT13)
purpurine
précurseur
d'alizarine
0.5 précurseur
de lucidine anthragallol
0.0
10 15 20 25
temps [min]
Fig.V.39. Chromatogrammes des laques RT8 (24h), RT2 (1h) et RT13 (240h)
après extraction par LiF.
La laque RT8 est d'un rouge proche de celui de la laque de référence RT2. Par
contre la laque RT13 est brune (fig.V.32, V.34 et V.40), probablement à la fois à
cause de la disparition de l'alizarine et de la pseudopurpurine, par précipitation à la
surface des débris de racines enlevés à la filtration, et de l'extraction progressive de
tannins.
20
Temps de macération
RT1
RT13
b* (CIE)
10
RT8
Fig.V.40.
Diagramme a*b* (CIE) des laques 0
RT2, RT8 et RT13 (poudres pressées). 10 20 30 40
a* (CIE)
159
Dans le passé, les extractions des colorants végétaux pouvaient se faire à différents
pH; neutre dans "l'eau claire", acide dans les solutions de sulfate d'aluminium,
basique dans la "lessive de bois".
Pour nos laques RT6 et RT7 (fig. V.32 et V.35), les extractions des colorants des
racines se sont faites dans des solutions de sulfate d'aluminium (pH 4) et de K2CO3
(pH 8) respectivement.
Après l'extraction dans le sulfate d'aluminium (RT6, pH 4) on retrouve un
peu de glycosides (précurseurs de l'alizarine et de la lucidine, 10 et 11 mg/g) et très
peu d'aglycones (pseudopurpurine, alizarine, purpurine). La dégradation des
glycosides par les enzymes a pu être inhibée par le pH et par la forte concentration
en aluminium. Il est aussi possible que les aglycones, d'autant moins solubles que
le pH est acide, et les éventuels complexes avec l'aluminium aient été perdus lors
de la filtration des restes de racines.
La laque RT7 (K2CO3, pH 8) contient autant d'alizarine (5,4 mg/g) que la
laque RT2, mais nettement moins de pseudopurpurine (2,2 mg/g contre 7,2 mg/g),
probablement hydrolysée (fig. V.41).
alizarine
2.5 RT2
RT6
pH 8 (RT7) RT7
2.0 pseudopurpurine
pH 6 (RT2)
précurseur
d'alizarine précurseur
1.5 de lucidine
AUs*10/mg
1.0
0.5
purpurine
anthragallol
0.0
10 15 20 25
temps [min]
Fig.V.41.
Chromatogrammes des laques RT6 (pH 4), RT7 (pH 8) et RT2 (pH 6) après extraction par LiF.
la RT2. 10 RT2
a* (CIE)
160
Dans les anciennes recettes on trouve des variations des bases utilisées lors de
l'étape de précipitation, le plus souvent le carbonate de potassium mais aussi de
sodium ou de calcium, éventuellement des urines (annexe A2).
Pour une série de laques, nous avons choisi d'autres bases que le K2CO3 : CaCO3
(RT9), Na2CO3 (RT10) et NH3 (RT15). La laque RT9 se distingue nettement des
autres par sa couleur rose pâle (fig.V.32 et V.34). Les chromatogrammes (fig.V.43)
confirment que cette laque est la moins riche en colorants. La teneur en glycosides,
le rapport alizarine / pseudopurpurine et les coordonnées b* et h* (fig.V.44) des
trois autres laques croissent dans le sens RT2 (K2CO3) < RT10 (Na2CO3) < RT15
(NH3).
RTPARAM2.opj, Graph1, Tue, 000425 15:11
alizarine
Na2CO3 (RT10)
2.5
pseudopurpurine
K2CO3 (RT2)
2.0
AUs*10/mg
1.5
NH4OH (RT15)inc. à 27'
1.0
précurseur CaCO3 (RT9)
d'alizarine précurseur
0.5 de lucidine purpurine
anthragallol
0.0
10 15 20 25
temps [min]
20
Base RT15
RT10
b* (CIE)
10 RT9
RT2
Fig.V.44.
Diagramme a*b* (CIE) des
10 20 30 40 laques RT2, RT9, RT10 et
a* (CIE) RT15 (poudres pressées).
161
Les laques RT4 et RT5 ont été préparées à partir d'extraits non pas de la racine
entière coupée en morceaux, mais respectivement de l'intérieur et de l'écorce de la
racine. La première est foncée, la seconde claire (fig.V.32 et V.34). Dans les
coordonnées colorimétriques (poudres pressées) cette différence se traduit surtout
par la luminosité L* : 23 (intérieur) < 28 (racine entière) < 42 (écorce).
La laque RT4 (intérieur) est très riche en aglycones et glycosides (fig.V.45) : elle
contient assez bien d'alizarine (10 mg/g) et surtout de la pseudopurpurine (24
mg/g), ainsi que des précurseurs de l'alizarine (17 mg/g) et de la lucidine (21
mg/g). Inversement la laque RT5 (écorce) est très pauvre en colorants, et contient
deux fois moins de pseudopurpurine (1 mg/g) que d'alizarine (2 mg/g).
7 pseudopurpurine
6
intérieur (RT4)
alizarine
4
Au.s*10 / mg
2
écorce (RT5) inc. à 27
1 purpurine
anthragallol
5 10 15 20 25
temps (minutes)
20
intérieur ou écorce
RT5
RT4
b* (CIE)
10
RT2
. Fig.V.46.
Diagramme a*b* (CIE) des laques
RT4, RT2 et RT5 (poudres pressées). 10 20 30 40
a* (CIE)
162
La couleur de RT17 est proche de celle de RT2 (fig.V.47). Celles de RT16 et RT18
sont moins saturées, la première parce que l'extraction à la cendre de chêne est
moins efficace, la seconde parce que la laine teinte à 60°C est plus pâle et pauvre
en colorants.
b* (CIE)
20
RT18
RT16
10
RT-L2 RT2
b*(laques) RT17
b*(laine)
0
10 20 30 40
a* (CIE)
Fig.V.47. Diagramme a*b* (CIE) de la laine teinte par Rubia tinctorum L., RT-L2,
et des laques RT2, RT16, RT17, RT18 (poudres pressées).
163
Nous avons préparé des laques à partir de huit Rubiacées autres que Rubia
tinctorum L., des trois genres Rubia, Asperula et Galium : Rubia peregrina L.
(RP), Asperula tinctoria L. (AT), Galium aparine (GA), Galium boreale L. (GB),
Galium molugo L. (GM), Galium odoratum L. (Scop.) (GO) aussi appelée
Asperula odorata L., Galium sylvaticum L. (GS) et Galium verum L. (GV).
L'origine des échantillons de ces plantes est donnée dans le tableau A1.1. Plusieurs
nous ont été offerts par M. Van Belle, du Jardin Botanique National (JBN) de
Meise. D'autres ont été collectés dans la nature, et leur identification a été
confirmée par Mme Billet du JBN.
Les compositions de deux de ces laques, RT2, RP2 et GV2, peuvent être
comparées à celle de la RT2 dans le chromatogramme de la figure V.48). La laque
de Rubia peregrina L. contient cinq fois moins de pseudopurpurine (1 mg/g) que
Rubia tinctorum L., et peu ou pas d'alizarine. La laque de Galium verum L. est
encore plus pauvre, avec seulement 0,2 à 0,3 mg/g de son principal colorant, la
pseudopurpurine.
0.3 alizarine
pseudopurpurine
RUBIA TINCTORUM
(x 0,15)
0.2 inc. à 27'
Au.s*10 / mg
RUBIA PEREGRINA
GALIUM VERUM
0.1 (x 2,5)
précurseur
d'alizarine
précurseur de alizarine purpurine
lucidine
0.0
5 10 15 20 25
temps (minutes)
Fig.V.48. Chromatogrammes des laques RT2 , RP2, et GA2, après extraction par LiF.
164
Parmi les autres espèces, nous n'avons trouvé d'alizarine en quantité appréciable
(fig. V.49) que dans la laque de GB2 (Galium boreale L., 6,1 mg/g), et de
pseudopurpurine que dans GA2 (Galium aparine L., 5,6 mg/g ) et AT2 (Asperula
tinctoria L., 4,9 mg/g). Cette dernière contient également une quantité importante
des précurseurs de la lucidine (4,9 mg/g), trois fois plus que RT2.
al
pp
6 pral
mg colorant / g laque
prlc
0
RT2 RP2 GA2 GB2 GM2 GO2 GS2 GV2 AT2
Comme avec Rubia tinctorum L., les laques contiennent systématiquement plus de
précurseurs de la lucidine et de pseudopurpurine quand elles ont été préparées
après extraction à 90°C (fig.V.50).
165
60 précurseur de la lucidine 12
pseudopurpurine
2 (60°C) 10 2 (60°C)
3 (90°C) 3 (90°C)
5
mg colorant / g laque
8
4
6
3
4
2
1 2
0 0
RT RP GA GM GS GV RT RP GA GM GS GV
Les laques GA2, GA3 et AT2 (figures V.32 et V.35), bien que riches en
pseudopurpurine (5,6, 9,4 et 4,9 mg/g) et pauvres en alizarine (0, 0,2 et 1 mg/g), ne
sont pas roses comme les laques de pseudopurpurine RT19 (recette adaptée de
Kopp) et RT24 (laque commerciale, Blockx), mais au contraire au moins aussi
oranges que RT2, comme en attestent leurs positions dans le diagramme (a*,b*)
(h* = 16°, 25° et 27° contre 13°) (fig. V.51). Cette tendance à l'orange peut être
attribuée aux précurseurs de la lucidine et probablement aussi à l'inconnue à ~27'
(seul pic plus important sur le chromatogramme de GA2 que sur celui de RT2).
30
Recette 2 et 3
RT3
20
GS3
b* (CIE)
GA3GM3
AT2
GV3 GS2GB2
10 GA2 GM2
GV2 RT2
RP3
RP2
0 10 20 30 40
a* (CIE)
Fig.V.51. Diagramme a*b* (CIE) des laques préparées des Rubiacées (poudres
pressées).
166
Les principaux colorants retrouvés dans nos laques de Rubia tinctorum L. après
hydrolyse par la méthode LiF sont la pseudopurpurine, l'alizarine et les
précurseurs de l'alizarine et de la lucidine. Des quatre, seule l'alizarine est détectée
après hydrolyse par la méthode à l'HCl 6 M. Une partie de la pseudopurpurine est
détectée sous forme de purpurine.
Les couleurs des laques couvrent une large gamme de nuances : rouges, pourpres,
oranges, bruns, violets, roses.... Les diagrammes colorimétriques montrent qu'à
part la nature du colorant, le principal facteur influençant la couleur est le rapport
aluminium / colorant, qui augmente la saturation de la teinte (C*, distance par
rapport à l'origine), même si la couleur peut parfois paraître plus "pâle", ce qui
relève en fait de la luminosité (L*, axe vertical) et non de la saturation (distance
par rapport à cet axe). L'évolution de la couleur avec le rapport aluminium /
colorant dépend du ou des colorants présent(s) : les complexes aluminiques de la
pseudopurpurine et de la purpurine tirent la teinte vers le pourpre (paramètre
angulaire h* plus faible ou négatif), ceux des autres colorants (de l'alizarine et des
glycosides ?) vers l'orange (h* plus élevé).
Quelques-uns des échantillons après vieillissement peuvent être vus sur la figure
V.52. À chaque fois une moitié de l'échantillon a été protégée de la lumière par une
feuille d'aluminium, afin de servir de témoin et de s'assurer que le vieillissement
observé est bien dû à la photodégradation et non à un autre processus. On constate
d'une part que les plus gros grains gardent le mieux leur couleur, et d'autre part,
avec les anthraquinones de synthèse et leurs laques, que le vieillissement est
d'autant plus rapide que le colorant est dilué dans l'alumine.
Fig. V.52. Sélection des échantillons (anthraquinones, ses laques et laques des
plantes) soumis au vieillissement, dont la moitié à gauche a été protégée.
169
0.8
0.6 laine 8
laine 6
y (CIE)
laine 1
0.4
laine 3
0.2
b* (CIE)
10
0.0 0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 -10 0 10 20 30 40
x (CIE) a* (CIE)
-10
-20
laine8
Fig. V.53.
Diagrammes xy et a*b* (CIE) laine6 -30
de la décoloration des références - laines bleues.
Les noms des échantillons
sont à l'origine de la courbe (point t0).
-40
laine1
-50 laine3
0.8 Aliz2
Aliz4
Aliz6
0.6
y (CIE)
0.4
Alizarine
Alizarine
40
0.2
30
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8
x (CIE)
20
b* (CIE)
Aliz - L2
10
Aliz4
Aliz2
Aliz6
0
-10 0 10 20 30 40
Fig. V.54. a* (CIE)
Diagrammes xy et a*b* (CIE)
-10
de la décoloration de l'alizarine,
ses laques et de la laine teinte par alizarine.
179
VI.1. Résumé
Nos résultats montrent que, au moins en solution aqueuse diluée et acide, le site de
complexation est le céto-phénolate et la stoechiométrie 1:1 (spectres UV-vis., §
III.4.2). En solution plus concentrée et neutre ou légèrement basique, il peut
également se former des complexes de stoechiométrie 1:2, dont la couleur est par
ailleurs pratiquement identique à celle des complexes de stoechiométrie 1:1. Quand
les réactifs sont mis en présence en rapport stoechiométrique et neutralisés par
NaOH (aluminium:alizarine:NaOH 1:2:5), les complexes 1:2 ainsi formés peuvent
même polymériser en formant entre eux des liaisons Al-O-Al (spectres ES-MS de
suspensions gélifiantes, § III.5). Cependant, dans la pratique de la préparation des
laques, aujourd'hui comme dans le passé, l'aluminium est présent en large excès
par rapport à l'alizarine. Dans ces conditions, les complexes, au lieu de
polymériser, s'adsorbent à la surface des grains d'alumine formés par l'aluminium
en excès (spectres SIMS de laque en poudre, § III.6). Nous n'avons trouvé aucune
indication de la formation de complexes 2:4, tels que ceux synthétisés par
180
L'évolution des couleurs en fonction du temps d'exposition suggère que les laques
d'alizarine sont légèrement plus stables que celles de quinizarine et de purpurine.
L'analyse des laques de Rubiacées après vieillissement montrent que :
- dans les laques fort concentrées au départ, la majorité des colorants peut être
dégradée sans que la couleur perceptible ait fort changé
- on retrouve des glycosides même après vieillissement, alors que la
pseudopurpurine disparaît totalement, peut-être transformée en purpurine par
décarboxylation.
182
A l'observation au microscope, on constate que les grains les plus petits ont
tendance à décolorer plus vite. Cependant globalement le principal facteur
affectant l'évolution de la couleur n'est pas la granulométrie mais la concentration
en colorants. Il semble donc que les complexes de colorants adsorbés à la surface
de la porosité interne des grains d'alumine soient protégés de la lumière par les
complexes adsorbés dans les couches plus externes, et que cette protection soit
proportionnelle à la concentration en colorant.
VI.2. Conclusions
Le recours aux sciences exactes dans le cadre de l’étude des œuvres d’art s’est
particulièrement développé à partir des années Trente du XXe siècle. Les musées
font régulièrement appel au concours de chimistes, de physiciens, de biologistes…
afin de s’assurer de l’authenticité ou de l’intégrité d’un objet, de déterminer ses
conditions de conservation, d’identifier les techniques et les matériaux utilisés par
les artistes. Ils répondent ainsi à une demande commune des historiens et des
amateurs d’art qui, de plus en plus, portent leur intérêt sur l’ensemble des éléments
intervenant au sein du processus de création.
Le travail de détective précédemment évoqué est donc délicat et ceci d’autant plus
que le scientifique ne peut abîmer l’œuvre d’art qu’il soumet à l’analyse : il doit
donc nécessairement utiliser le plus souvent des méthodes de microanalyse et donc
des techniques très sensibles adaptées à des micro-échantillons.
Cette liste de sujets abordés n’est pas exhaustive, mais elle permet de comprendre
notre démarche qui a consisté à pousser aussi loin qu’il nous était possible, l’étude
d’une classe importante de substances et matériaux colorants, en envisageant
certaines questions importantes auxquelles l’historien d’art attend des réponses.
Nous avons ainsi abordé le problème extrêmement difficile du vieillissement, mais
nous considérons que ce que nous avons pu faire dans ce domaine constitue au
mieux une ébauche de ce qui devrait être fait. Les transformations des vernis
laques, pigments, matériaux support, constituent sans aucun doute un des défis
scientifiques les plus ardus que rencontre le chimiste qui étudie des œuvres d’art.
Les simulations par vieillissement accéléré constituent une des voies d’approche
du problème et c’est celle que nous avons adoptée. Les quelques expériences que
nous avons pu mener débouchent sur une conclusion évidente : pour être conduite
à terme une telle étude requièrerait des années de travail. En effet, il conviendrait
de pouvoir effectuer de véritables études de cinétique de dégradation en analysant
à intervalles réguliers les produits formés sur de longues périodes de temps dans
des conditions d’irradiation différentes. L’hypothèse de base de ces simulations
selon laquelle une irradiation à haute intensité durant un temps court donne une
image de l’effet d’une irradiation à faible intensité durant des temps très longs,
devrait pouvoir être testée. Tout laisse à croire qu’il s’agit là au mieux d’une
hypothèse grossière : la coloration de la peau par irradiation solaire une demi-heure
chaque jour pendant quatorze jours n’est pas la même que celle obtenue par une
irradiation de sept heures consécutives ! Certes, cette comparaison est imparfaite et
doit être considérée comme une boutade. Elle doit toutefois nous rappeler que
l’apport de l’expérimentation au problème du vieillissement n’est pas aussi simple
qu’il ne pourrait paraître.
A l’issue de cette thèse, nous considérons donc que ce problème du vieillissement
des œuvres d’art reste l’une des grandes questions auxquelles les chimistes doivent
tenter d’apporter des réponses.
Enfin, nous avons veillé dans ce travail à comparer des laques préparées selon les
recettes anciennes à des complexes anthraquinones–Al3+ tels que les chimistes
travaillant selon les standards actuels peuvent les préparer.
C’est sur cette dernière remarque que nous clôturerons cette conclusion : une
œuvre d’art est destinée à être vue le plus souvent et jugée sur base de critères
subjectifs. C’est un objet élaboré dans un contexte historique donné. Ces aspects :
"subjectivité" et "historicité" doivent pouvoir être intégrés à la démarche
scientifique du chimiste qui s’occupe d’œuvres d’art. Ce n’est pas toujours aisé !
185
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ANNEXE 1
A1. MATÉRIEL ET MÉTHODES
A1.1.1. Plantes
Plusieurs échantillons de Rubiacées nous ont été offerts par M. Van Belle, du
Jardin Botanique National (JBN) de Meise. D'autres ont été collectés dans la
nature. Leur identification a été confirmée par Mme Billet du JBN. Ils sont repris
dans le tableau A1.1 avec l'abréviation utilisée pour signaler les laques préparées à
partir de ces plantes.
Quelques anthraquinones ont été fournies par Sigma et Extrasynthèse. D'autres ont
été offertes au Dr Wouters par le prof. Thomson de l'Université d'Aberdeen et par
le prof. Golikov de l'Université de Moscou. Ils sont repris dans le tableau A1.2
avec les codes utilisés dans ce travail.
A1.1.4. Réactifs
Tableau A1.4. Origine, grade et masse moléculaire (M) des réactifs.
Les six modes opératoires de référence, dont un résumé a été donné au début du
chapitre IV, sont détaillés ci-dessous (A1.2.1)
Il sont suivi de trois modes opératoires qui ne peuvent pas être considéreé comme
des variantes des précédents (A1.2.2).
Le tableau A1.5. donne pour chacun des échantillons le mode opératoire de
référence les détails par lesquels sa préparation en diffère.
Une suspension d'alizarine (241 mg ou 1 mmol dans 500 mL H2O, pH ~ 4,4) a été
soumise pendant 10 minutes à un bain à ultra-sons, puis agitée à l'aide d'un barreau
magnétique pendant 10 minutes à température ambiante (Notons que, selon l'index
Merck, la solubilité de l'alizarine dans l'eau à 25 °C n'est que de 2,5 µM, soit mille
fois moins que la concentration de la suspension préparée ici). Après addition de
50 mL d'une solution de sulfate d'aluminium chaude (Al2(SO4)3.18H2O, à 66,6 g/L
ou 100 mM, pH ~ 2,8, 95 °C, soit un rapport Al/aliz de 10), elle est restée 10
minutes sous agitation. La suspension rouge ainsi obtenue (pH ~ 3,3) a été
neutralisée par K2CO3, 0,1M jusqu'à pH 7. Un précipité a commencé à se former
dès les premiers ajouts de K2CO3. La suspension a été filtrée sur papier filtre noir
de porosité ~ 50 µm. Le filtrat était incolore. Le précipité sur le filtre a ensuite été
lavé abondamment avec de l'eau distillée. Le précipité, rouge foncé, a été séché
pendant 72 h, à l'air mais à l'abri de la lumière. Après rinçage, le précipité a été
pesé sur le filtre puis récupéré et broyé à l'aide d'un pilon et d'un mortier.
a) Mordançage
La laine est lavée avec une solution à 3 % de "Varsapon NZ9" (détergent non
ionique, type R-O(CH2CH2O)n-1- CH2CH2OH), et soigneusement rincée d'abord
à l'eau courante, puis à l'eau déminéralisée.
Après essorage, elle est conditionnée à 65% d'humidité relative et à 20°C pendant
48 heures.
201
25 g de fibres sont agités dans 750 ml d'une solution contenant 2.5g (10% du
poids de la laine) du sulfate d'aluminium et de potassium (KAl(SO4) 3.12H2O) et
2.0 g (8% du poids de la laine) de tartrate de potassium (KOOC-CH(OH)-
CH(OH)-COOH) à température ambiante. La suspension est portée à 100°C en 60
minutes, maintenue à cette température pendant 45 min., puis ramenée lentement à
température ambiante. Les fibres sont rincées d'abord à l'eau courante, puis à l'eau
déminéralisée. A nouveau, après essorage, la laine est conditionnée à 65%
d'humidité relative et à 20°C pendant 48 heures.
b) Teinture
Un lot de la laine mordancée (~5g) est ajouté au bain de teinture constitué de 150
ml d'eau distillé et 5 g de racines de garance coupées en morceaux de 0.5 à 1 cm
(rapport laine : garance : eau 1:1:30). La température est amenée très lentement (30
minutes) à 60°C et y est maintenue pendant 60 minutes. On laisse la laine teinte
dans le bain jusqu'au refroidissement à la température ambiante. Elle est ensuite
abondamment rincée
Référence 4: "RT2",
exemple de laque d'extrait de Rubiacées : recette standardisée
Deux grammes de racines broyées ont été plongés dans 30 ml d'eau distillée et
portés à l'ébullition. Cette température a été maintenue pendant 35 minutes, jusqu'à
ce que le volume de l'eau soit réduit à 24 ml. Les racines ont été séparées encore
chaudes par filtration sur un tissu de coton puis ont été essorées pour en extraire la
202
solution (brun-rouge). Dans cette solution a été ajouté de l'alun (1,4g ou 2,8
mmol). La suspension formée a été transvasée dans un récipient contenant du
Na2CO3 (0,5g dans 2 ml ou 2,4 mmol). La laque précipitée a été filtrée, lavée et
séchée à l'air à l'abri de la lumière, pesée sur le filtre puis récupérée et broyée dans
un mortier.
Les morceaux de racines (2g) sont plongés une heure dans une solution d'acide
sulfurique 1% (~0,1 M, pH 0,7) à température ambiante. Après élimination des
débris de racines par filtration, la solution est chauffée à 60°C pendant une demi-
heure. Les précurseurs de la pseudopurpurine se transforment en pseudopurpurine,
qui précipite, tandis que l'acide rubérythrique résiste à l'hydrolyse et reste en
solution. Le précipité rouge est récupéré par filtration, puis redissout dans l'alun
pour la formation des complexes avec l'aluminium, qui sont ensuite précipités par
ajout de K2CO3, 0,1M jusqu'à pH 7.
La laque a été ensuite filtrée, lavée, séchée et broyée.
Les morceaux de racines (2g) ont été mis dans un sac en coton et triturés dans un
mortier avec 2,5 ml d'eau distillée, puis essorés. Cette opération a été répétée 10
fois. Tout le liquide récupéré (+/- 5 ml de couleur brun - rouge) a été porté à
ébullition et on a observé la formation d'un précipité. Ensuite nous avons versé
cette suspension dans une solution bouillante de sulfate d'aluminium et de
potassium (KAl(SO4) 3.12H2O, 1,5 g dans 1,2ml d'eau). Puis tout en mélangeant,
on a ajouté 1 ml de la solution saturée de K2CO3 (500mg/ml ou 3,6M). On a laissé
203
Tableau A1.5. Liste de échantillons et des détails pour lesquels leurs préparation
diffère des modes opératoire de référence
38 ALIZ-L2 153 mg alizarine, 4,9g laine, bain H2O /MeOH 9/1, 80°C
53 RT 10 précipitation Na2CO3
extraction à pH=4 (1.5 mM KAl(SO4)2.12H2O) après 24 h de
54 RT 11
macération
RT2
55 RT 13 macération 240 h
56 RT 14 (erreur: 2x 3 mmole KAl(SO4)2.12H2O), précip. NH4OH
57 RT 15 précipitation NH4OH
78 GS 2 Galium sylvaticum L.
79 GS 3 Galium sylvaticum L., extraction à 90°C
80 GS 8 Galium sylvaticum L., macération 24 h
81 GV 2 Galium verum L. RT 2
82 GV 3 Galium verum L., extraction à 90°C
83 GV12 Galium verum L., macération 48 h
83 AT 2 Asperula tinctoria L.
Les échantillons ont été solubilisés dans l'eau ou dans un solvant organique et
placés dans des cellules en quartz. Les spectres UV-Vis ont été enregristrés à l'aide
d'un spectrophotomètre de firme Hewlet Packard, modèle HP 8452 A à barrette de
diodes et/ou de Perkin Elmer, modèle Lambda 40 à monochromateur avec la
sélection des longueurs d’ondes.
IRPA
Spectrométrie infrarouge des poudres.
IRPA
Teneur en colorants des extraits des plantes et des laques.
Deux méthodes d'extraction (§ IV.2.1) des colorants à partir des laques et des
plantes ont été appliquées parallèlement. La première est l'extraction par le HCl 6N
dans un mélange MeOH/H2O, 1/1, et la deuxième l'extraction par HF 2N /LiF /
DTPA dans un mélange H2O/MeOH/DMF/AcEt, 2/1/1/1, avant l'injection dans
HPLC. Le chapitre IV est consacré au développement de cette deuxième méthode
d'extraction cfr IV.3.
L'équipement et la méthodes d'analyse des extraits par HPLC sont décrit au §
IV.2.2.
Pour les particules plus petites que la longueur d'onde de la lumière (de 0,1 à
0,4µm) on utilise une cellule PIDS (Polarisation Intensity Differential Scattering).
Ce dispositif permet de mesurer le rapport entre la longueur d’onde de la lumière et
la taille de la particule.
Principe de la méthode:
La méthode est basée sur l'adsorption physique d'un gaz inerte, à une température
constante, sur la surface accessible aux molécules de gaz. L'équation de Brunauer,
Emet et Teller permet d'évaluer à basse pression le volume d'une couche
monomoléculaire adsorbée à la surface.
p 1 c −1 p 1
⋅ = ⋅ +
( p 0 − p ) V ads c ⋅V m p0 c ⋅V m
p = pression partielle du gaz adsorbé
po = tension de vapeur (pression de vapeur à saturation)
Vads = volume de gaz adsorbé à la pression p
Vm = volume de gaz nécessaire pour couvrir la surface d'une couche monomoléculaire
c = constante liée à la chaleur moyenne d'adsorption de la couche monomoléculaire du gaz.
209
La constante c est d'habitude très grande, ce qui permet de faire les approximations
c-1 = c et 1/c.Vm = 0, d'où
p 1 1 p
⋅ = ⋅
( p 0 − p ) V ads Vm p0
Équipement:
Les mesures ont été réalisées sur un appareil Micromeritics 2200, sous un mélange
azote / hélium, 3/7. L'échantillon préalablement dégazé est plongé dans l'azote
liquide afin de provoquer l'adsorption, et ramené ensuite à température ambiante
pour la désorption. L'appareil calcule et affiche la surface de l'échantillon à partir
du volume de gaz désorbé.
Équipement:
La TGA permet de suivre les variation de poids d'un échantillon en fonction de la
température. L'équipement est composé d'une thermobalance (microbalance
Setaram mtb 10-8) à fléau à laquelle sont suspendus deux creusets en quartz, l'un
avec l'échantillon pesé avec précision et l'autre avec une référence. Les deux
creusets sont introduits dans un four allant jusqu'à 1000°C, équipé d'un système de
programmation de température. Nous avons utilisé un gradient de 2°C par minute.
La perte de poids et la température sont transmises à un enregistreur graphique.
CERVA, Tervuren
Analyse quantitative de l'aluminium et du potassium.
Équipement:
Les mesures par spectrométrie d’émission atomique ont été réalisées dans un
plasma d’argon à couplage inductif (ICP-AES) de marque Varian, modèle Liberty
220 (Mulgrave, Australie). Il s’agit d’un spectromètre sous vide à sélection
séquentielle des longueurs d’onde à l’aide d’un monochromateur. L’échantillon,
210
sélectionné et distribué par un passeur automatique (Varian SPS-5) est amené sous
forme d’aérosol par l’intermédiaire d’une pompe péristaltique et après passage
d’un nébuliseur pneumatique (type V-groove) et d’une chambre de brouillard
cyclonique (les deux Glass Expansion, Australie) dans le plasma (argon ionisé,
température entre 3 000 et 10 000°C) ou a lieu l’atomisation et l’excitation).
L’étalonnage de la méthode est préalablement réalisé à l’aide de solutions aqueuses
multi-éléments acidifiées (2% HNO3). Les éléments ont été mesurés aux longueurs
d’onde suivantes : Al 396.15 nm, K 769. 87 nm. Comme il s’agit d’une méthode
comparative, les inconnues sont comparées à une droite d’étalonnage
préalablement établie pour chaque élément. Les valeurs obtenues des
concentrations trouvées en solution sont ensuite automatiquement recalculées pour
les poids (en solide) et volumes (mise en solution) analysés de l’échantillon.
INCC, Bruxelles
Mesures des coordonnées colorimétriques des poudres avant et pendant le test de
vieillissement (Les rapports entre spectres de réflectances et coordonnées
colorimétriques sont expliqués dans le § V.7.1- 4)
IRPA - INCC
Tests de vieillissement accéléré des poudres, attribution de grade de la résistence
à la lumière.
Principe:
Le vieillissement accéléré est un test qui permet d'évaluer, en temps relativement
court, la stabilité physique et chimique des matériaux à long terme. Le deuxième
objectif de ces tests est d'élucider les réactions chimiques (mécanisme de
1
polytetrafluorethylène
211
Équipement:
Appareillage SUNTEST CPS+ de la firme Rycobel, à lampe à arc de xénon comme
source de rayonnement, et à refroidissement par air SUNCOOL. La lampe
(puissance 1600 W) éclairement énergétique 765 W / m² (~180 klux)) est entourée
d’un système de filtres constitué d’un cylindre en quartz (absorbe les radiations
inférieurs au 270 nm), d’un cylindre additionnel de verre spécial pour les UV (290
nm) et d’un cylindre de filtre à chaleur pour réduire de manière régulière le
rayonnement IR. L’espace entre la lampe à arc de xénon et le dispositif de filtration
est refroidi par un courant d’air qui est évacué à l’extérieur de l’appareil. La
surface de la zone irradiée est de 500 cm²
212
L’appareil d’exposition est maintenu dans une enceinte isolée afin de réduire les
effets des variations de la température ambiante. Un système de ventilation fournit
un volume d’air variable dans la chambre d’essai et sur les échantillons. La
température de l’air (22°C ± 3°C) et du panneau noir (35°C± 2°C) est
automatiquement contrôlé en modifiant la proportion du mélange d’air frais de
laboratoire et d’air chaud de l’appareil. L’appareil est également équipé d’une
minuterie afin de contrôler la durée d’exposition.
215
ANNEXE 2
Merrett Ch.(1662) : The Art of Glass wherein are show the wayes to make and colour
Glass, Pastes, Enamels, Lakes, and other Curiosities. Written in Italian by Antonio Neri,
and Translated into English, with some observations on the Author. London
p. 178. Lake of Brasil and Madder very fair. Chap. CXVIII.
Massoul C. de (1797):
A Treatise on the Art of Painting and the Composition of Colours. London
p. 208. Lake from vegetables substances.
Tingry P. F. (1803) :
Traité théorique et pratique sur l'art de faire et d'appliquer les vernis. Genève
p. 72. Laque N°2 - Laque carminée extraite de la Garance.
Tingry P. F. (1830) :
The Painter's and Colourman's Complete Guide. 3rd ed., Sherwood, Gilbert & Piper,
London
p. 119. Carminated lake from Madder.
p. 120. Another process for Madder Lake.
Marcucci L. (1816) :
Saggio analitico-chimico sopra i colori minerali, 2 ed, Rome, 1816,
p.120. Cap. I. Delle lacche vegetabili
p.121. Lacca rossa di Robbia
217
Mérimée J.-F.-L.(1830) :
De la peinture à l'huile, ou des procédés matériels employés dans ce genre de peinture,
depuis Hubert et Jean Van Eyck jusqu'à nos jours, Paris (fac-simile réalisé en 1981 pour
EREC Puteaux).
p. 144. Laque de garance.
Goovaerts A. (1896) :
Les ordonnances données en 1480, à Tournai, aux métiers des peintres et des verriers.
Compte rendu des séances de la Commission Royale d'Histoire, ou Recueil de ses
Bulletins, 5e série, VI.
p. 147. Ordonnaces faictes pour les paintres et voiriers de la ville et cité de
Tournay.
p. 178-180. Art. 44.
_________________
1. On fait aussi des couleurs pourpres en teignant de la craie avec la racine de la garance,
et à partir de l'Hysgine, tout comme à partir d'autres fleurs on obtient d'autres couleurs.
c'est ainsi que les peintres de revêtements, lorsqu'ils veulent imiter le sil attique, jettent
dans un récipient, avec de l'eau, des violettes séchées, et les mettent au feu à bouillir;
ensuite, quand la décoction est à point, ils la versent dans un linge, puis, l'exprimant avec
les mains, recueillent dans un mortier l'eau colorée par les violettes; ils y versent de la
craie, la broient, et obtiennent du sil attique.
_________________
Teignez en rose comme suit : saupoudrez de cendre les pelotes de laine, faite pénétrer,
lavez avec le jus de la terre à potier, rincez, mordancez comme écrit plus haut (plusieurs
recettes de mordançage : alun (100), alun + urine (102); alun + fleur de cuivre + noix de
galle (99) scorie de fer + vinaigre(98), chaux, alun, urine, bain successifs (107)). Après le
mordançage, rincez à l'eau de mer. Ayez de l'eau de pluie chaude au point de n'y pouvoir
plonger la main. Ensuite, prenez de la racine séchée (garance) et pilée finement, un quart
de mine par mine de laine, et un quart de chénice de farine de haricots. Mêlez ensemble en
versant du vinaigre blanc. Saupoudrez-en le chaudron, remuez, mettez les laines dans le
chaudron et remuez de nouveau constamment pour homogénéiser. Quand elles vous
paraîtront avoir absorbé, donnez l'éclat par l'alun, rincez à l'eau de mer, séchez à l'ombre
en prenant garde à la fumée.
_________________
Les recettes 175 à 189 décrivent un procédé de teinture en rouge appelé "pandius", dont le
sens est obscur (Berthelot 1893). Deux de ces alinéas (188 et 189) utilisent l'extrait de
garance "coctio rubiae".
219
Pandius. CLXXV.
Mitte vermiculum libram j. coccarin libram j. (Coccarin nascitur, sicut supra dictum est,
in foliis ceri) cinnaberin ; j, lazurin primi ; j. commisces ; tere diligenter in mortario, et
mitte de urina expumata libras XV. coques in cacabo novo, donec ad dimidiam partem
veniat ipsa urina. Postea pisa grana, cum cinnaberin trita, in lintheolo delava, sicut supra
continentur, donec consumetur.
Item CLXXXVIIJ.
Cinnaberin ; j. iotta conchilii ; j. coction rubiae ; coction finisci simul; teres primum
cinnaberin semotim ; post hoc commisces omnia, et repones in vase vitreo, sicut et cetera.
Item CLXXXVIIIJ.
Tolles iottam rubiae, et addis gallae ; iij. teresque utiliter ; tolles ex iotta rubiae libram ij.
et mittes in vase vitreo cum ipsa galla trita, et dimittes par ij. dies infundi : post haes
colas, et addas calcitrin z. j. cinnabarin solidos ij. utrumque teres, et mittes ea cum
supradictis rebus, et decoques donec veniat ad tertiam partem.
_________________
There is a plant called madder (herba rubrica), the root of which is long, slender and red.
It is dug up, dried in the sun, pounded in a mortar with a pestle, lye is poured over it and it
is heated in an unused pot. After it has been well boiled, the tusk of an elephant, or bone of
a fish, or horn of stag, becomes red when placed in it. From these bones or horns, one can
make knops in turned work for the crosiers of bishops and abbots, and smaller knops
appropriate for various uses. When you have turned these with sharp tools, you smooth
them with shave-grass, then, collecting the scrapings in a linen cloth, you rub vigorously
on top of the work as it is rotated and they will shine all over. You can also polish horn
handles, hunting horns in a cloth but, finally, do not forget to rub them over with walnut
oil.
_________________
If you wish to make excellent sinopis, take lac, that is the gum of ivy, and madder, and boil
it for a short time in a jar with water, and afterwards take it out of the jar, and let it cool a
little. Then grind it well in a mortar, and strain it through a cloth, squeezing it well out,
and afterwards heat it carefully in a basin or saucer, taking care not to let it boil, but only
simmer. And while it is on the fire put it frequently with twig upon your rod to try it; if it is
thick enough, remove it from the fire, and let it cool and harden, so that you may be able
to make it into cakes, cut it up, and put it into a small hole, and keep it for use.
220
LII. [242] On the mixture of colors, and what the colors are,
particulary lakes, which are used for want of other colors.
It is evident that all colours are corrupted by mixing them ; although, indeed, in tempering
"folium", lime made from hard stone is used, lest the colour should fade for want of body.
For when "folium" is distempered with a pernicious quantity of albumen, that is white of
egg, it can [not?] be employed with great beaty and advantage. The juice of dragon's
blood, and "sandis", that is, madder - is used either pure or with red chalk; other juice of
a similar kind are also mixed with green or yellow earth. "Crisicula" [chrysocolla] comes
from Macedon, and is dug in copper mines. Indicus by its name shows whence it is
brought.
LV. [245] Of lakes ; and how they are made of various substances in various manners.
Purple colours are also made by straining [a decoction of] boiled madder roots. So also
other colours are dyed with flowers. Thus, when painters wish to imitate sil atticum they
put dried violets (Viola lutea) into a vase of water over the fire to boil, and, when boiled
down, they are strained through a linen cloth, and rubbed down in a mortar with chalk,
and so a colour like sil atticum is made. In the same manner, tempering "vaccinium" with
milk, a very elegant purple colour is made ; so the herb which is called "litea" (Reseda
luteola) gives out an azure juice ; and a very deep green colour is also made. Thes are
called "infectivi"; and are used for want simple colours. In the same manner, also, mixing
formosa or angularia with glass, they make colours with it.
_________________
A2.6. Vernis de garance utilisé par les luthiers Italiens entre 1550 et 1750
(interprétations de l'auteur, sans faire les références à ses sources)
1/ Fermentation of Madder.
1200 cc. 1% Acetic Acid
120 gms. Ground Madder Root
The madder was powdered, RT, Dutch assay, Penick. It was suspended in the dilute acetic
acid solution with shaking so that thorough wetting occurred. The top of the container
remained open to the air and was merely covered with a piece of screening or netting. The
fermentation was permitted to continue for 24 hours in warm weather and longer in cooler
weather. The mixture was filtered on the cloth, and the madder was washed with very little
water, about 250 cc. to avoid loss of the colouring matter. The residue on the cloth was
removed to a plate and permitted to dry thoroughly; the filtrate was discarded.
The madder lost 15 to 20 % of this original weight in the fermentation and filtration.
Acetic acid may be preferable to tartaric acid as the latter is completely non volatile and
may remain in the madder requiring more thorough washing, with accompanying loss of
colouring matter.
221
The rosin should be in the form of small, clear pieces; powdered rosin that has
been exposed to air and oxidation should be rejected. The rosin is used in slight excess as
the resulting solution can be readily decanted from the undissolved residue. The potassium
hydroxide water solution is very dilute; about 1,0 % of a good commercial grade is
satisfactory; if it is more concentrated, then more rosin is added until a slight excess of
rosin remains undissolved.
After standing four to six days in a tightly stoppered bottle, with frequent shaking,
nearly all of the rosin dissolves and the solution acquires an amber colour. If warm water
is used, the solution of the rosin in the lye is more rapid. The bottle is then permitted to
stand for a few more days whereupon the clear solution of the potassium rosinate may be
decanted from residue.
The dried madder extract was completely soluble in the alcohol after warming. This
solution (10%) was added to the 80 cc. water, and the yellow mixture was then poured into
the potassium rosinate solution. Insufficient alkali was present to solubilize all the madder
extract, which necessitated the addition of 5 % KOH solution. More alum solution than
usual was required to produce an acid reaction because of the extra alkali added. The
filtrate gave a slight precipitate with diluted NH4OH solution indicating a very small
excess of aluminium salt
The resin produced in this preparation possessed the desired properties for varnish -
making. It was completely soluble in turpentine, and this solution yielded a transparent
film that was red in colour. A varnish was prepared containing 2,0 gms. resin, 4 cc.
turpentine, and 2 cc. raw linseed oil; the varnish was clear and the film on glass was
transparent.
_________________
Piglia libra una di cimatura di panni lani bianchi, che siano di lana fine, tiene questa
cimatura in acqua fresca per uno giorno, poi spremi bene, & questo si fa per le-[p.
100]varli l’untuosita che ha quando si cima, che se li da sopra di cotenna, poi allumina
questa in questo modo cioè.
Piglia oncie quattro di allume di roccha, & oncie due di tartaro crudo polverizzato messo
in paioletto piccolo contre fiaschi di acqua in circa, come cominciera a bollire, metti
drento la cimatura, & lassala bollire drento per meza hora a fuoco lento, poi levala dal
222
fuoco, & lassala freddare per sei hore, poi cava la cimatura, & lavala con l’acqua chiara,
& lassavela stare per due hore poi spremi bene la cimatura dall’acqua è lasciala
asciugare.
Acqua fresca fiaschi quattro, crusca di grano libre quattro, Pilatro di levante oncie un
quarto, sieno Greco oncie un quarto, metti in paiuolo ogni cosa, & lassa sopra fuoco, che
venghi tiepida l’acqua, che vi possa tenere dentro le mani, & levala del fuoco, & cuopri il
paiuolo, con panno acciò il colore vi si mantenga assai lassa cosi per ventiquattro hore,
poi decanta questa liscia, o Maestra per il suo uso.
Piglia poi un paiuolo pulito, & drento metti tre fiaschi di acqua fresca, & un fiasco di
detta maestra, & quando bolle metti il chermesi pesto in questa maniera, in uno mortaio
di bronzo pesta oncie una di chermisi, & passalo per staccio che si pesto bene, passando
tante volte, che tutto passi per staccio, da ultimo piglia un poco di tartaro crudo, &
pestalo nel mortaio, & il tartaro piglierà tutto la tintura attaccata al fondo del mortaio, &
del pestello. questo tartaro mescolalo con il chermesi stacciato, & come l’acqua del
paiuolo bolle metti drento tutto il chermesi, & lassa tingere l’acqua, per il dire di uno
Miserere.
Piglia poi la cimatura di sopra alluminata, che prima sia stata in una catinella di acqua
fresca per mezza hora, & quando l’acqua è bene tinta dal chermesi, piglia la cimatura &
spremila bene da l’acqua, & cosi buttala nel paiuolo, & con un bastoncello rivolgi bene la
cimatura nel paiuolo, acciò si tinga bene, & lassa stare sopra fuoco meza hora, pero che
bolla pianamente, poi leva dal fuoco il paiuolo, & cava la cimatura mescolando con legno
pulito, & mettila [p. 101] in una catinella piena di acqua fresca & in capo di meza hora
scola tutta l’acqua,& metti nuova acqua fresca, poi scolo,& spremi bene, & metti a
sciugare [sic] in luogo che non vi calchi polvere tenendola distesa, acciò non muffassi, &
riscaldassi, avvertasi, che il fuoco sia sempre lento bene, perche con fuoco gagliardo la
tintura piglia il nero, di-poi farai una lisciain questa maniera, cioè.
Piglia cenere di Sermenti, o di Salci, o altra cenere di legne dolcie, mettila sopra uno
canovaccio lino addoppiato, & sopra metti acqua fresca pianamente, & lassa colare in
una Catinella, & ritorna il colato sopra le cenere due volte, & lassa la liscia posare
ventiquattro hore, acciò la cenere dia in fondo, & sia ben pulita, e chiara., e allora
decante in altra catinella lassando la terrestreità a parte che non é [sic] buona. Piglia di
questa liffia [sic], mettila in un paiuolo pulito, & dentro a freddo metti la cimatura tinta in
chermisi & fa bollire a fuoco temperatissimo, che in questa maniera la liscia si tingera in
colore rosso, & esubererà la tintura dalla cimatura, & per prima piglia in poco di
cimatura, & spremila bene, & se la troverai iscolorita leva dal fuoco il paiuolo che sara
segno che la liscia havera esuberato la tintura del chermisi dalla cimatura.
Habbi una calza di panno lino, che stia sospesa sopra una catinella grande capace, & per
questa calza di panno lino cola tutta la tintura del paiuolo, & la cimatura ancora vadi
nella calza, quando è scolata spremi la calza ove[sic] è la cimatura, per aver tutta la
acimatura poi lava la calza da i peli della cimatura arrovesciandola acciò venghi pulita &
netta.
Poi habbi oncie dodici di allume di rocca polverizzata, & messo in un bicchiere grande
d’acqua fresca, & lassalo stare tanto che tutta l’allume si dissolva nell’acqua, come è
dissoluto tutto in acqua accomoda bene la sua calza di panno lino bene lavata da’ peli
della cimatura, sopra duoi bastoni, che stia sospesa in aria, & larga in bocca, e stretta in
fondo bene, che sia cucite a foggia di piramide tonda, & sotto la calza si tenga una
223
catinella pulita, poi piglia acqua alluminata del bicchiere, & butta la tutta nella catinella
dove è la tintura del chermesi, che di subito vedrai che detta acqua fara separare la
tintura del chermesi, come un Congulo, allora con un pignatta pulito butta sopra la cal-
[p. 102]-za tutta la detta tintura, e liscia, che la liscia colera dalle calze chiara, & la
tintura del chermesi si attachera alla calza, e come è ben colata tutta l’acqua, se per sorte
colassi alquanto colorita tornala di nuovo sopra la calza, & cosi lascera tutta la tintura
nella calza, & la lissia [sic] a questa seconda volta colera biancha, & scarica di tintura,
& la tintura rimarrà tutta nella calza, allora piglierai uno mestoligno di legno pulito, & di
su la calza va mestiando la lissia, la quale vi sara attaccata grossa bene, habbi a ordine
mattoni nuovi cotti, & sopra essi distendivi pezzuole di lino, & sopra queste pezzuole
distendi la Lacca, che staccherai della calza, & lassala asciugare bene, distendendola non
molto grossa, acciò asciughi presto, che quando sta troppo ne l’humido muffa, & fa brutto
colore, però si potra quando il mattone hara succiato di molta humidità, pigliare un’altro
mattone nuovo, che in questa guisa secchera più presto, come è secca, si lieva dalle
pezzuole line, che sara Lacca buona per pittori, come io più volte ho fatto in Pisa,
avvertendo che se il colore fusse troppo carico se li dia più allume di roccho, & se è
troppo scarico manco allume di roccho, che cosi si fanno colori secondo i gusti, e volonta.
Laccha del Verzino, & della Robbia, assai bello. Cap. CXVIII.
Se vuoi cavare la laccha da questi materiali da ciascuno da per se, farai in tutto, & per
tutto, come sopra si dice del chermisi, tingendo l’acqua con uno di questi materiali, però
non darai tanto allume per oncia, come dai al chermisi ha la tintura più profonda che non
ha il verzino, & la robbia pero gli darai la sua proportione, che con la pratica troverrai,
& anco a una libra di cimatura darai più verzino, o robbia, perche non hanno tanta
tintura, un pezzo quanto ha il chermisi, & in questa maniera haverai lacca assai belle per
pittori, con manco spesa, che non è con il chermisi, & quella della robbia in particolare
verra bellissima & di colore assai vistolo.
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If you would make a Lake of these materials each of them by themselves, you shall do in
every thing as befor said of Cochineel, colouring the water with one of these materials, but
you shal not use to much Alum by an ounce as you did in Cochineel, for Cochineel hath
it's tincture deeper than Brasil, & Madder have. Wherfore you shall give them their
proportion, which you shall find by practice. And also to one pound of Flox you shall use
more Brasil or Madder, for they have not so great a tincture weight to weight as
Cochineel hath. And in this manner you shal have a very fair Lake for Painters, and with
less charge than from Cochineel, and that from Madder in particular will arrise most fair
and very fightly.
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224
_________________
Eine sehr schoene Lacca aus dem Brasilien=Holz und der Faerbe=Roethe1 zu extrahiren.
Wann man aus dem Brasilien=holz oder dergleichen Specien eine Laccam extrahiren will;
so muss man auf eben solche Art / wie oben von den Kermesin=Beeren ist vermeldet
worden / verfahren / Jedoch also das man auf jede Unz des Brasilien=Holzes oder
Faerber=Roethe / weniger von dem Alaun / als zu den Kermesin=Beeren / nehme, denn es
lieget in den Beeren die Farb tieffer , verborgen / und stecket viel fester ? derinnen / als in
den andern benden.
Derowegen mus man den den Alaun mit Maas und Bescheibenheit / welches die Ubung
lehren wird / hinzu lezen.
Uber dieses / so mus man auf jedes Pfund der Wolle / mehr von dem Holz oder der
Faerber=Roethe nehmen / dennsie haben weniger Farb / als die Kermesin=Beer ben sich
: und solche Weise wird man aus diesen benden fuer die Mahler eine sehr schoene
Laccam bereiten koennen / auch mit geringern Untosten / als aus den Kermesin=Beeren.
Insonderheit kan solche mit der Faerber=Roethe geschehen / als welche eine serh schoene
Laccam von herrlicher Farb zu geben pfleget.
Im 118. Chapitel
Hat der Autor gelehrt / wie man eine Lacca aus der Brasilie machen sol. Diesen Modum
bin ich gesolget / und habe selbigen ganz richtig befunden / nachdeme habe ichs einen
guten Freund gewiesen der macht sie noch auf den heutigen Tag / und verkaufft solche
denen Mahlern mit guten Nuzen / als welchen sie weisn solche wol tieffet (wie die Mahler
reden) sonderlich dienstlich ist. Das Zugiessen des Alauns gibt sich selber. Imuebringen
hat hierinnen der Autor das geringste nicht verhalten. Was aber
_________________
1
Garance
225
Personne n'ignore combien les bons peintres font de cas des couleurs qui joignent à la
beauté la durée; & en effet, quelques perfections qu'ils mettent dans les productions de
leur art, si les couleurs qu'ils y emploient s'effacent, soit d'abord, soit à la longue, le
tableau perd tout son prix & ne ressemble plus à celui qui étoit sorti des mains du peintre.
C'est ce qui engage ces artistes à soumettre aux plus fortes épreuves les couleurs qu'ils
veulent employer. Pour cet effet ils prennent, autant que je le sais, celle qui soutiennent le
plus long-tems l'action des rayons du soleil, & ne s'y ternissent pas. Ils broient les
couleurs avec un peu d'huile du pavôt par expression, & font avec ces couleurs une ou
plusieurs raies sur les vitres d'une fenêtre qui soit l'exposition du soleil la plus forte & la
plus longue; & ils jugent de leur durabilité par le tems plus ou moins long pendant lequel
elles s'y soutiennent. La couleur qui survit, pour ainsi dire, à toutes les autres, est d'autant
plus estimée qu'elle subsiste le plus long-tems.
En 1753, quelques amis, dit M. Margraff, me donnerent une semblable couleur
rouge, qu'ils tenoient de M. Pesne, célèbre peintre de la cour de Berlin, qui l'employoit
comme une des plus durables, mais dont la composition étoit demeurée inconnue à la mort
d'un homme qui la fournissoit, & qui en possédoit seul la préparation, me priant de la
retrouver, s'il étoit possible. Le total n'alloit pas au delà d'une demi-dragme; ce qui
n'empêcha pas que je ne tentasse l'entreprise, & ne fisse les expériences suivantes.
Je posai un peu de cette couleur sur la lanque humide, & je remarquai qu'elle
avoit été attirée par la lanque & y étoit demeurée attachée. Là-dessus j'en jettai un peu
dans l'esprit de nitre; je ne remarquai point d'effervescence, mais la solution du mêlange
se fit fort tranquillement, sans que la surface s'élevât le moins du monde, d'où je conclus
que la base de cette couleur étoit une terre précipitée de l'alun par un alkali, & ensuite
bien édulcorée, à laquelle s'attachoient les parties de tel ou tel corps coloré, & souffroit
en même tems la précipitation. La base étant ainsi connue, il s'agissoit de trouver la partie
colorante.
Comme la cochenille passe pour donner une des couleurs rouges les plus belles &
les plus durables, & qu'on en fait aussi de belles lacques pour la peinture, j'essayai d'en
lier la substance colorée avec une terre d'alun. Je fis bouillir diverses quantités de
cochenille pulvérisée avec de bon alun de Rome & autant d'eau qu'il convenoit; je filtrai
la décoction par un papier brouillard; je précipitai la lessive colorée au moyen d'une
solution nette de sel alkali fixe, préparé du tartre, je l'édulcorai avec de l'eau bouillante,
je la fis sécher, & j'obtins quelques couleurs, belles à la vérité, mais inférieures
néanmoins pour la beauté & pour la durée à celle qu'on m'avoit donnée; elles tiroient plus
au cramoisi, & ne soutenoient pas long-tems les rayons du soleil, qui les privoient bientôt
de leur lustre. Je remarquerai ici que dans la préparation des couleurs susdites & de
celles dont j'ai encore à parler, je ne me suis servi que de l'alun de Rome, parce qu'il ne
contient point de parties martiales, & que j'ai toujours employé de l'eau distillée nette.
J'ai suivi les mêmes procédés pour diverses épreuves faites avec des grains de
kermès, avec de la gomme lacque en bâtons, avec ces grains qu'on trouve aux racines du
polyganum cocciferum, comme aussi avec toutes sortes de bois de teinture, tels que celui
de Fernambuc & autres; quelques-uns donnoient à la vérité d'assez beaux produits, mais
aucuns ne soutenoient long-tems les rayons du soleil, quelques-uns même s'y ternissoient
d'abord : sur-tout il ne s'en trouvoit point qui égalât la laque que j'avois reçue, par
rapport à la vivacité de la couleur, d'un rouge de sang enflammé.
Là-dessus je pensai à la garance, dont on fait un très-grand usage dans la
teinture. On en trouve chez tous les droguistes, mais de qualités fort différentes. La
meilleure, qui est celle de Hollande, coûte 12 à 16 gros la livre. J'en pris deux onces,
auxquelles je joignis autant d'alun de Rome le plus pur & le mieux choisi. Je fis dissoudre
l'alun dans un pot vernissé, où j'avois mis auparavant trois quartes d'eau distillée que
226
j'avois fait bouillir; je remis le pot au feu & l'en retirai aussi-tôt que l'eau commença à
bouillir; je jettai ensuite la quantité susdite de garance dans cette eau bouillante, je lui fis
faire encore un ou deux bouillons, je retirai le tout du feu, & je filtrai le mêlange par un
filtre double papier blanc. Je laissai reposer pendant une nuit cette liqueur, afin que le
peu de poussiere qui pouvoit avoir passé par le filtre, allât entièrement à fond. Je versai
tout doucement l'eau colorée d'un rouge clair dans le vaisseau de terre qui avoit été de
nouveau nettoyé; je fis chauffer encore une fois le tout, & je versai dessus une solution de
sel de tartre tout-à-fait limpide & aussi claire que de l'eau, jusqu'à ce que la garance eût
cessé de se précipiter. Je mis le précipité coloré sur un nouveau filtre double, je fis
entièrement écouler le fluide, & je versai sur la poudre rouge qui demeurée dans le filtre
de l'eau qui passoit au travers n'eût plus aucun goût salin; après quoi je fis sécher
entièrement la couleur sur un fourneau modérément chauffé, & elle se trouva du plus beau
rouge foncé, parfaitement semblable à la couleur qui m'avoit été donnée, & même d'une
plus belle apparence.
J'envoyai aussi-tôt à mes amis de cette couleur, afin qu'ils en donnassent à M.
Pesne pour l'éprouver, & à quelques temps delà, ils m'assurent que c'étoit non-seulement
la couleur perdue que j'avois retrouvé, mais qu'elle étoit beaucoup plus belle, & qu'il
résultoit des épreuves auxquelles on l'avoit soumise, qu'elle seroit parfaitement durable.
J'en ai moi-même tracé des raies sur une vitre, après l'avoir mêlée, comme je l'ai dit ci-
dessus, avec de l'huile de pavot; & depuis seize ans il n'est arrivé aucun changement à
cette couleur qui demeure aussi belle qu'elle l'étoit le premier jour. Ainsi elle est fort
préférable à toutes celles qu'on pourroit tirer tant de la cochenille que d'autres végétaux.
On voit aisément que cette couleur, par rapport aux drogues qui y entrent, sera
beaucoup moins coûteuse que celle qu'on feroit avec la cochenille ; cependant la grande
quantité d'eau distillée qu'il faut employer pour son édulcoration, en augmente assez
considérablement le prix; & si l'on vuoloit substituer de l'eau crue, fût-elle de rivière ou
de pluie, la couleur ne deviendroit jamais aussi belle qu'avec de l'eau distillée.
C'est en prenant, comme on l'a dit, parties égales de garance & d'alun, qu'on
obtient la couleur désirée, mais si l'on change les proportions dans la préparation, cela
donne toutes sortes de nuances de la même couleur. Deux parties de garance avec une
partie d'alun donnent une couleur fort foncée. J'ai pris encore une demi-partie de garance
& une partie d'alun, & les ayant traitées de la manière susdite, le produit a été fort beau,
mais plus clair. J'ai aussi tiré une couleur agréable d'une partie de garance avec deux
parties d'alun, mais encore de la claire. Une partie de garance & quatre parties d'alun
font un très beau rouge couleur de rose; & les variations répondent ainsi aux autres
changement que souffrent dans la préparation les proportions entre la garance & l'alun.
Au lieu de verser sur l'extraction qui venoit de parties égales de garance & alun,
une solution de sel de tartre, je servis pour la précipitation, d'une solution de lessive de
sang, composée de parties égales de sang, & d'une partie de sel de tartre , comme je l'ai
enseigné, dit M Margraff, dans mes Œuvres chymiques, tome I, p. 127. Cela me donna
aussi une belle couleur, mais beaucoup plus pâle que celle qu'avoit produite la solution de
l'alkali le plus pur. Je mêlai aussi quelque peu de cette extraction avec de la solution de
regne minéral, & j'eus de même un rouge, mais moins beau, je versai sur cette extraction
quelques gouttes de solution d'étain, qui réchauffe beaucoup la couleur rouge de la
cochenille, je n'obtins pas pourtant une couleur aussi belle que la premiere, mais elle étoit
plus noirâtre.
J'ai exactement mêlé ensemble le précipité que l'alkali avoit tiré d'une once d'alun
de Rome dissous dans de l'eau & qui avoit été auparavant édulcoré au mieux, avec
l'extraction filtrée de la solution d'une once de garance & d'une demi-dragme de sel de
tertre; & ayant de nouveau soigneusement édulcoré le tout avec de l'eau bouillante. J'ai
obtenu par ce moyen une couleur, belle à la vérité, mais pâle.
J'ai encore cherché à insinuer les parties colorantes de la garance dans une terre
calcaire en faisant bouillir le tout avec un peu de sel de tartre; je filtrai la solution qui
avoit beaucoup de peine à passer à travers le papier; je versai là-dessus une bonne
quantité de solution de craie avec l'acide de nitre; il se précipita quelque chose; j'y versai
227
de nouveau un peu de sel de tartre dissous, jusqu'à ce que toute la craie de la solution que
j'y avois précédemment mêlé, se fût précipitée; je fis ensuite l'édulcoration sur le filtre, &
j'obtins un précipité d'une couleur médiocrement foncée, mais qui après avoir été
desséchée, se laissa dissoudre tout de suite, en écumant avec force, dans l'acide tant du
nitre que du sel, aussi bien que dans le vinaigre concentré & distillé; & dans celui-ci il
trouva après que toute la terre calcaire eût été dissoute par le vinaigre, une substance
rouge qui s'attachoit aux doigts comme une espèce de résine.
Toutes ces couleurs, en particulier celle où entre la terre d'alun, sont fort utiles
pour les peintures à l'eau sur des murs, & s'y conservent sans moindre changement, tout
aussi bien que la peinture à l'huile; seulement elle ne sont pas aussi brillantes. Un examen
plus particulier de la garance que j'ai entrepris, me mettra peut-être en état de fournir de
plus grands détail sur la belle couleur que je n'aurois jamais cru se trouver renfermée
dans ce végétal & pouvoir en être tirée.
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Verfertigung einer dauerhaften rothen Farbe für die Maler, welche verlohren
gegangen war und wieder entdeck ist: von Herrn Markgraf.
Endlich nahm ich der besten Färberröthe 2 Unzen, und eben so viel des besten Römischen
Alauns, lösete den Alaun in 3 Quartier destilliertem Wasser in einem glasurten Topf auf,
setzte ihn an das Feuer, und nahm ihn wieder weg, sobald das Wasser zu kochen anfing.
Ich warf die Färberröthe hinein, und liess es einigemals aufstossen, und da es kalt
geworden, durch doppeltes weisses Löschpapier gehen. Diese Färbebrühe liess ich einige
Zeit stehen, damit sich die feinen mit durchgegangenen Unreinikeiten zu Boden setzen
mögten. In die abgegossene und etwas erwärmte Farbe goss ich langsam klar aufgelöstes
Weinsteinsalz, und zwar so lange, bis sich alle Teilchen präzipitiert hatten. Diesen
Niedeschlag süsste ich öfters mit reinem kochenden destillierten Wasser aus, bis kein
salziger Geschmack mehr bemerkt werden konnte, und trocknete ihn auf einem mässig
warmen Ofen. Auf diese Weise bekam ich eine sehr schöne dunkelrote Farbe.
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L'expérience d'ailleurs éclaire assez vite sur la connaissance des choses convenables de la
substance principale et des réactifs. On fait bouillir 1 partie de la garance dans 12 - 15
parties d'eau propre et on continue l'ébullition jusqu'à ce que la liqueur du bain soit
réduite à 2 livres (2 parties) environ (978,29g). On passe cette décoction par un linge fort
que l'on exprime, on ajoute à la décoction 4 once de l'alun (122,28g). La teinte alors est
d'un beau rouge écarlate, qu'elle conserve, si on fait le mélange avec un argile propre.
Dans ce cas on expose la bouillie épaisse qui en résulte sur un filtre à linge qui reçoit un
simple lavage pour emporter l'excédent de l'alun. La laque qu'on retire des séchoirs
conserve cette couleur primitive éclatante donnée par l'alun.
Mais si pour le travail de cette laque on agit par décomposition en présentant au bain une
liqueur alcaline, l'alun se décompose prive le bain de son mordant et la laque qu'on
obtient après les lavages subséquents paroît avec la couleur du bain de garance sans
addition, elle est d'un rouge brun. Pour ce second travail, il faudroit employer 7 - 8 onces
de l'alun (244,57 g) pour chaque livre de garance (487,14 g). Ce genre de laque obtenue
par décomposition est très fine, mais elle n'a pas le rouge vif qu'on recherche; on peut
cependant le lui procurer si on détrempe avec eau alumineuse le précipité lavé et avant
qu'il soit sec.
Si on aiguise le bain aluminé de garance avec l'acétate de Pb (sel de saturne) ou avec
l'arséniate de potasse (sel neutre arsenical) on obtient par l'addition du Na2CO3 (alcali
minéral) une laque rose, dont la couleur est plus ou moins développée.
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Enclose two ounces troy of the finest crop madder in a bag of fine and strong
calico, large enough to hold three or four time as much. Put it into a large marble or
porcelain mortar, and pour on it a pint of cold, clear soft water. press the bag in every
direction, and pound and rub it about with pestle as much as can be done without tearing
it; and when the water is loaded with colour, pour it off. repeat this process till the water
comes off slightly tinged, for which about five pints will be sufficient. Heat all the liquor in
an earthen or silver vessel till it near boiling, and then pour it into a large basin, into
which a troy ounce of alum dissolved in a pint of boiling soft water has been previously
put. Stir the mixture together, and while stirring, pour in gently about an ounce and half of
saturated solution of subcarbonate of potash. Let it stand till cold to settle ; pour off the
clear yellow liquor; add to the precipitate a quart of boiling soft water, stirring it well;
and when cold separate, by filtration, the lake, which should weight half an ounce.
If less alum be employed the colour will be same-what deeper; with less than three-fourths
of an ounce the whole of colouring matter will not unite with the alumina.
Fresh madder root is equal, if not superior to the dry.
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Vendedo che la sola parte estrattiva colorata ottenuta per mezzo dell'acqua dal
vegetabile, non formava che delle tinture senza corpo, le quali o poco, o nulla sarebbero
state atte agli usi per la pittura, a tale effetto si è cercato di darle un corpo unendola con
una terra sottile, che potesse abbracciare, ed a questa combinazione gli si è dato il nome
di Lacca. Due sono li mezzi posti in opera per ottenerla, e sono, o decomponendo per
mezzo di un alcali l'allune di rocca, o solfato d'allumina, che prima si era posta nella
tintura, ed in questo modo si precipita l'allumina unita alla parte colorante, e si ha la
lacca. O si cerca d'impregnare qualche terra argillosa con ripetute imerzioni di tinture
colorante ben cariche, e si viene in tal modo ad ottenere la stessa come si vedrà nel porre
in opera, questi metodi nelle diverse operazioni.
Questa si fa colla decozione della detta radice, la quale è conosciuta sotto diversi nomi
perchè i Francesi la chiamano Garance, i tedeschi KrappWurzel, ed è la rubbia
Tinctorum de Linneo, la medesima alligna in molte parti, ma la migliore è quella che ci
viene dalla Zelanda. Il metodo di fare questa lacca, è di porre in un vaso di terre
inverniciato ben grande libre 15 (5086gr,08) di acqua, ed una lib. (339gr,07) di rubbia di
Zelanda, e si fa bollire finchè sia ridotto il fluido à libre 12. (4068gr,86) si filtra per tela
forte, e con aspressione si fa sortire tutto il fluido, a questo vi si uniscono oncie otto
(226gr,05) di allume di rocca, si passa il liquore in altro vaso, dove vi sia una libra
(339gr,07) di acqua piovana che tenga in soluzione oncie tre (84 gr,77) di sale de tartaro
alcalino, o carbonato di potassa, si formerà all'istante la precipitazione accompagnata da
effervescenza, per cui resterà sulla superficie del liquore della schiuma, che si deve
togliere, indi si raccoglie il precipitato sopra di un filtro di tela guarnito di carta suga, e
230
sopra il medesimo, si lava con acqua tiepida per lavarle il sapore di salso, e si fa seccare
all' ombra. Volendola di un colore più scuro si aumenta la dose della rubia, se vuole di
colore di rosa, la radice prima di adoperarla si lava co dell'acqua.
La sudetta lacca si può anche ottenere senza la precipitazione dell'allume anzi il Sig.
Tingry è di sentimento che il colore resti più vago, e si fa con unire la bolitura calda che
vi sieno discolte sole tre oncie (84 gr,77) di allume, ad una terra argillosa pura, questa
poi si raccoglie sopra il filtro, ed è sufficiente una sola lavatura per levarle l'allume
eccedente. Io sono di sentimento che la decomposizione dell'allume si possa fare prima di
unirla alla decozione, e quando questa è ben lavata si può farne uso invece della terra,
che possa superare l'allumina nella bianchezza, e nella sottigliezza della grana. Questa
fra le lacche vegetabili è la più stabile e sembra che ripeta la sua stabilità dell'esser una
tintura ricavata da una radice, alla quale sia communicata la parte colorante da sostanze
minerali nell' interno della terra. E del suo stabile colore non se ne può dubitare, essendo
stata adoperata dai pittori del secolo XV., il quale costantemente si vede che regge anche
a' tempi nostri, mentre nell'epoca delli sudetti sapiamo che non era giunta a noi la
cocciglia, giacchè si sà, che venne la prima volta in Inghilterra nell'anno 1665, epoca
posteriore dei grandi coloristi Italiani, e Fiamminghi. Il processo sudetto per la
formazione di questa lacca, può servire per fare tutte le altre lacche vegetabili, con le
tinture estratte dai legni, fiori e radici, ma poche sono quelle stabili nel colore.
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Action de la lumière.
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Laque de garance.
La laque de garance est non seulement la plus solide des couleurs extraites des matières
tinctoriales, elle est aussi celle qui donne les rouges les plus purs. J'ai déjà fait voir
qu'elle était connue des anciens et qu'elle a du être employée dès le XV. siècle.
Pour préparer cette laque, Néri prescrit de teindre d'abord avec de la garance des
tontures de laine, et lorsqu'elles sont chargées d'autant de teinture qu'elles peuvent en
prendre, de les faire débouillir dans une lessive de cendres, puis de précipiter avec de
l'alun la matière colorante, contenue dans le débouilli.
Je crois qu'il y a erreur dans cette description. La matière colorante pourpre contenue
dans la garance est très peu soluble dans les alcalis non caustiques, tels que celui d'une
lessive de cendres . il faut faire l'inverse, c'est à dire dissoudre dans une solution d'alun la
matière colorante contenue dans la teinture, et précipiter par un alcali. J'ai obtenu, par
231
2
J'ai lieu de croire que si on commençait par laver avec de l'eau acidulée la laine teinte, la
lessive alcaline dissoudrait ensuite la matière colorante, surtout à l'aide de la chaleur.
232
3
Ou peut, à ce moment, délayer la garance dans de l'eau acidulée par l'acide muriatique,
l'écoulement de l'eau en devient plus rapide.
233
Précipitation de la laque.
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_________________
Art. 44.
Item que does en avant il ne soit personne aucune qui puist ouvrer de painture, en nulle
manière que ce soit, ou puist estre, soit des couleurs, ostieux5 et estophes6 appartenants
ausdiets paintres cyaprès déclaré : c'est assavoir pour ledicts hostieulx, pinchiaux7,
brousses8, trinques, renelz, grateuses, et tous autres ostieux, appartenant audit mestier; ne
4
Voiriers pour verriers.
5
Ostieux ou hostieulx pour outils.
6
Estophes pour métaux.
7
Pinchiaux pour pinceaux.
8
Brousses pour brosses.
236
aussi des estophes, comme fin or, or partit, or clinquant, rgent, foelle de batteur, piau de
tainte de toutes coulleurs, ne de toutes autres estophes, dont on use à présent audit mestier
; ne aussi des coulleurs, comme blancq de plonc9, chéruse10, blanc et noir commun, et azur
de Liège, vermeillon 11, mynne12, roze13, sinopre14, lac15, graynne16, florée de warance17,
brésil, azur18, chendre d'azur19, florée20, inde21, lecquemous22, foel23, vert de gris24, vert de
montaigne25, vert de vessie, vert de glay, machicot26, orpieument27, okere28, brun d'ausoire,
rouge commun, bol arménicq29, ne de toutes autres coulleurs lesquelles se destempent à
olle, ou vernis, à colle ou gomme, ou choses semblables, se ceulx qui dessusdicts couleurs,
ostieux et estophes useroient, n'avoient à ce faire esté premiers receuz, sur encourre en dix
solz tournois d'amende, celui ou ceulx et pour chascune fois que ains le feroient.
9
Le blanc de plomb aussi dit ceruse pure, parce que c'est la plus beau blanc dont on puisse se servir en einture.
10
Chéruse pour céruse. La céruse est du blanc de plomb broyé avec de la craie ou marne.
11
Pour vermillon. Il y avait le vermillon véritable, fait de cinabre et le vermillon d'Angleterre, qui n'est qu'un
mélange de cinabre et de minium.
12
Mynne pour minium, chaux de plomb pulvérisé, d'un beau rouge orange, très vif.
13
Roze pour rose, teinte qui s'obtient par un peu de carmin, une pointe de vermillon et du blanc de plomb.
14
Sinopre pour sinople, c'est-à-dire vert.
15
Lac pour laque. Il y avait la laque fine de venise, faite de cochenille, et la laque rouge, faite de craie teinte
de bois d'écarlate, de boit du Brésil ou autres.
16
Graynne pour graine. On composait des jaunes qu'on appelait stil-de-grain. La graine d'Avignon, qui servait
à les faire, provient d'un arbrisseau nommé petit noirprun.
17
Warance pour garance.
18
Azur se disait en général de toute belle couleur bleu de ciel.
19
Chendre d'azur dite aussi cendre bleue. On la trouve dans les mines de cuivre en Pologne et aussi peu en
Auvergne.
20
Florée pour indigo moyen.
21
L'inde, plus clair et plus vive que l'indigo.
22
Lecquemous, c'est-à-dire tournesol.
23
Feul était une teinte bleue.
24
Vert-de-gris aussi dit verdet, préparé surtout en languedoc et en Provence.
25
Vert-de-montagne aussi dit vert-de-Hongrie, minéral qu'on trouve en petits grains comme du sable dans les
montagnes de Kernhausen, en Hongrie; broyé il fait foncer les couleurs.
26
Machicot pour massicot, qui est de la céruse opu de blanc de plomb, calciné per un feu modéré; il y avait de
trois sortes : du blanc jaunâtres, du jaune et du doré.
27
Orpieument pour orpiment, qui est une couleur jaune.
28
Okere pour ocre.
29
Bolarménicq pour bol d'Arménie, terre onctueuse et argileuse, douce, fragile, de couleur rouge ou jaune.
Autrefois, le bol d'Arménie venait du Levant et surtout d'Arménie.
237
_________________
Based on this assumption, the commercial process of Kopp was devised, and this is
specially interesting as it afford a fairly complete method for the isolation of the phenolic
constituents of this dyestuff.
Ground Madder is extracted with a cold aqueous solution of sulphurous acid, and the
solution, after addition of 2 - 3 pr cent. of hydrochloric acid (33 per cent.), is heated to
60°C. A red flocculent precipitate of purpurin is thus thrown down which was collected,
washed, dried, and sold under the name of "commercial purpurin" or "Kopp's purpurin"30.
This product was until recently prepared to a very small extent in France for the
manufacture of a rose-red lake, and for this purpose gives results differing in some respect
from those produced by artificial dyestuff.
Kopp's purpurin, in fact is not pure purpurin, but consists mainly of a mixture of
this colouring matter with three other substances : pseudo-purpurin, purpuroxanthin, and
carboxylic acid or munjistin.
Garancine. The preparation of this product result from the observation in 1827 of
Robiquet and Colin, that by treating ground madder with an equal weight of concentrated
sulphuric acid the various principles of the madder were destroyed with the exception of
the colouring matter alizarine. We know further that the glucoside of the root is
decomposed by the action of the acid. This first product was termed "charbon
sulphurique", but soon the method of its preparation was slightly altered, and it then
received the name "garancine".
Garancine is made by mixing, in the wooden tank with false bottom, 100kilos. ground
madder, 1000 litres water, and 2 kilos. sulphuric acid, 168°T (sp. gr. 1,84), stirring up and
allowing the whole macerate for about twelve hours. The liquid is then drawn off, the
residue mixed with a little water and 30 kilos. strong sulphuric acid, and the whole boiled
for 2 - 3 hours. After running off the acid liquor, the garancine remaining is washed with
water till free from acid, drained, pressed, dried and ground.
The colouring power of garancine is three to four times that of good madder. it dyes more
readily, giving yellower toned reds and pinks, and greyer lilacs. They are not so fast to
soap as the madder colours, but since, in the case of printed calicoes, the unmordanted
white parts are not so much soiled in the dye-bath, the operation of soaping can be
omitted.
Flowers of Madder was first made in 1851 by Julian and Rogner of Sorgues. It can be
prepared by macerating ground madder with sulphuric acid (1 - 2 per cent. on the weight
of madder), then washing, draining, pressing, drying, and grinding. In this manner all
soluble, mucilaginous, and sugary matter, etc., is removed, decomposition of the glucoside
by fermentation occurs, and residue has nearly double the colouring power of the original
30
C.I. Natural Red 15
238
madder. The waste liquor were neutralised, allowed to ferment with the addition of yeast,
and the distilled to gain the alcohol. 100 kilos. madder yielded 45 - 60 kilos. flowers of
madder and 10 litres alcohol, suitable for making varnish, etc.
Commercial Alizarine or Pincoffin was introduced in 1852 by Schunck and Pincoff, who
prepared it by submitting ordinary garancine to the action if high pressure and
superheated (150°C.à steam. By this treatment the veratin and rubiretin present in the
garancine were said to be destroyed, while the alizarin remained intact, and the product
yielded in consequence more brilliant purples, and less soaping was required to clear the
white or unmordanted portions of printed calicoes.
Madder lakes
In the preparation of madder-lake extraction of madder with boiling water was avoided, in
order not to dissolve those impurities which would cause the production of less brilliant
lake. It was usual, first of all, to decompose the glucoside of the madder, and thus increase
the actual colouring matter, by a steeping in slightly tepid water and allowing the mixture
to ferment for twenty-four hours, the to wash with cold water and extract with alum
solution at 60-70°C, employing about equal weight of madder and alum. The hot filtered
alum solution of colouring matter was precipitated as an alumina lake by adding sodium
carbonate and the precipitate was washed.
1/ Another method was to precipitate impurities from a hot filtered decoction of
madder by adding a small quantity of lead acetate, then filtered, add solution of alum and
precipitate with sodium carbonate.
2/ Matters could be arranged as to precipitate basic aluminium sulphate instead of
aluminium hydroxide, namely, by adding an insufficiency of sodium carbonate to the
cooled solution af alum and colouring matter and then boil the mixture.
3/ Garancine was preferable to madder for preparing madder-lake, since it does not
contain any of colouring matter in the form of glycoside ruberythric acid, and the soluble
impurities have also been for the most part removed. Thus 1 kilo garancine was repeatedly
extracted for several hours with 20 litre of boiling water containing 0.25 - 0.5 kilo alum,
and the solution filtered hot through flannel. On cooling, the colouring matter separated
from the filtrate as flocculent precipitate. This was collected and dissolved in ammonia,
and the filtered solution precipitated with alum, or stannous chloride, or a mixture of both.
The colour intensity of the lake varied with proportions of ammonia and precipitant
employed.31
4/ So-called "crystallised madder - lake" were such as contained a certain quantity
of potassium or sodium sulphate, etc.
5/ Madder-pink-lake was simply madder-lake diluted with about seven parts of
"blanc fixe" (precipitated barium sulphate)
_________________
Pubetz (1872) describe the manufacture of madder lakes. Madder lakes can be
manufactured either from madder or madder preparation such as garancine or Kopp's
31
C.I. Natural Red 10, n° 75330
239
purpurin. The madder or the garancine is extracted by boiling it with an alum solution
and precipitated with a soda potassium arsenate or borax solution. Before extraction,
sugar can be removed from the madder by an alcoholic fermentation. The quality of
madder lake depends significantly on alum extract being precipitated hot; otherwise the
free alizarin, which separates as brown material from the alum solution during cooling,
will colour the madder lake brown. Madder lakes, according to the type of manufacture,
possess various red colours.
Purpurin madder lake is prepared from one part purpurin (or Kopp's purpurin) combined
with one part alum; the product is finely pulverised and washed with cold water. A
yellowish red liquid runs off, which yields a rose-red lake at 80°C with addition of a small
amount of soda. The extracted residue is treated with a 5% alum solution, the solution is
filtered boiling and is then saturated with magnesium carbonate until red flakes appears.
In this fashion a beautiful red lake is obtained.
a/ For a fine quality product ground madder is allowed to stand for twenty-four hours in
water at 27°C to 38°C; then an alum solution is added that contains approximately the
same amount of alum as the madder used. The mixture is heated to 71°C, the liquid is
filtered and the madder lake is precipitated with sodium carbonate. Exceeding the
temperatures given above should be avoided as undesirable products, which may influence
the colour and brilliance of the madder lake, will otherwise be dissolved by the alum
solution.
b/ For a madder lake of moderate quality, the manufacturing process can be changed as
follow: 100 lbs. of ground madder is put into a fine-mesh cloth bag in a tank to which 250
gallons of water is added in small portions until the colouring matter is completely
extracted. The solution is filtered, brought to a boil, and a solution of 100 lbs. alum in 150
gallons if water is added, followed by 75 lbs. of potassium carbonate in 60 gallons of
water under constant agitation. The solution is allowed to stand for twelve hours and the
precipitated madder lake filtered off to avoid the extraction of brown products and
tannins, which are produced upon longer cooking. The lake is dried at a moderate
temperature.
c/ To prepare madder lake from garancine : 100 lbs. of garancine is boiled for three hours
with 250 gallons of water; 100 lbs. of alum dissolved in water is then added and combined
solution is boiled for two hours. It is the filtered hot though a flannel cloth, and a solution
of 1 3/4 lbs. of tin (II) chloride in water is added, using only enough to ensure complete
precipitation of the alumina lake; the alumina lake is filtered off using a flannel cloth, the
residue is rinsed well with water and dried at a moderate temperature.
Rose madder (pink madder) is prepared by extracting powdered madder for one day with
cold 3% to 4% sulfurous acid. Sulfuric acid, about 2%, is added to the extract, which is
heated to 55°C. The purpurin carboxylic acid (pseudopurpurin), which precipitated in
flakes, is redissolved in alum solution. The lake is precipitated from the liquid, warmed to
70°C, by the addition of soda (4.5 - 5 kg to 30 kg of alum). If the precipitation of rose
240
madder is performed on chalk (calcium carbonate) a brighter shade of color lakes can be
obtain by dissolving the pseudopurpurin in sodium hydroxide solution and precipitating
with aluminium sulfate.
Alizarin lake.
ANNEXE 3
Cologne, vers Apôtres Jean et Paul, estrade à TLC Kühn, 1990a,b garance +
1330 Paul gauche, azurite
couche
violette
Cologne, vers Fragment de extérieur du TLC Kühn, 1990a,b garance (sans
1380-1400 retable de sainte manteau, alizarine) +
Elisabeth couche rose blanc de
plomb
Byzance, Icones byzantines glacis rouge TLC Vranopoulou, peut-être
XIVe - XVIIIe et postbyzantines 1993 garance
s.
Drove Vierge trônant glacis rouge non précisée Brachert /Kobler garance
XIVe s. (RealLexikon
1981) colonne
778
Milan, XVe s. Léonard de Vinci couches roses microchimie Kühn 1985 garance
: Cène et tous les
glacis rouges
Cologne, Maître de sainte glacis rouge TLC Kühn, 1990a,b garance, bois
1400 - 1405 Véronique: Petit rouge +
Calvaire azurite
Cologne, vers Maître ancien de glacis rouge TLC Kühn, 1990a,b garance
1410 la Sainte Parenté:
Polyptyque de la
Sainte Parenté
Cologne, Maître de sainte glacis rouge TLC Kühn, 1990a,b garance (pu
1400 - 1415 Véronique: brun sans
Vierge aux pois alizarine)
de senteur
Cologne, Crucifixion non précisé TLC Kühn, 1990a,b garance
1410 - 1420
Cologne, Martyre de sainte casque du TLC Kühn, 1990a,b garance+
1411- 1413 Ursule devant la premier soldat blanc de Pb,
ville de Cologne à gauche de la jaune double
ville oxyde,
azurite, noir
de charbon
Cologne, Maître de sainte glacis rouge TLC Kühn, 1990a,b garance +
1400 - 1415 Véronique: Christ du manteau de azurite
en croix avec Pierre
Marie, Jean et
sept apôtres
Cologne, Volet d'un vêtement du TLC Kühn, 1990a,b garance,
1415 - 1420 triptyque, Ange et Christ, gris blanc de Pb,
Marie de violet azurite, noir
l'Annonciation de charbon
Cologne, Calvaire de la cavalier droit, TLC Kühn, 1990a,b garance
1417 - 1420 famille glacis rouge
Wasservass du brocart
Cologne, Grande Passion: vêtement de TLC Kühn, 1990a,b garance (pu
1420 - 1425 Portement de la l'homme à sans
Croix gauche, alizarine)
couche rouge
Cologne, Grande Passion: Drapé en haut TLC Kühn, 1990a,b garance (pu
1420 - 1425 Flagellation du à droite, sans
Christ couche rouge alizarine)
semi -
transparente
243
Gand, 1432 Van Eyck : glacis rouge, HPLC Brikman et al., al, pu, + (mu,
Agneau Mystique agneau 1990 xp, ru, pp)
France, vers Maître de Moulin glacis rouge HPLC Kirby/White, garance (a),
1500 (Jean Hey) : du chapeau de 1996
Charlemagne et la Joachim (a);
rencontre de manteau rose probablement
Joachim et de garance (b)
d'Anne à la Porte Charlemagne
dorée (b)
Huy, 1510- Retable de saint manteau de HPLC Sanyova 1998 garance
1520 Quirin de Neuss saint Quirin
de Huy (sculp.)
Italie, 1520 - Altobello dei vêtement du HPLC Kirby/White, garance
1525 Melone: Christ 1996
Portement de
Croix
Anvers, 1530 Retable de la décor peint, HPLC Sanyova, 1999 garance +
Passion d'Oplinterrobe B1, kermès
sgrafitto,
manteau, bord
Genly Sainte Marguerite robe, lettre HPLC Sanyova 1996 garance +
(Hainaut), rouge cochenille
1535 - 40
Anvers, 1535 Retable d'Enghien glacis rouge HPLC Sanyova/ garance +
sur or Wouters, 1993 kermès, bois
rouge
Anvers, 1555 Retable de glacis rouge HPLC Sanyova/ garance +
Bouvignes sur or Wouters, 1993 kermès, bois
rouge
Zurich, 1600 - Verre peint: couche rouge FTIR Haff, 1999 probablement
1650 Vulcain surprend garance sur
Mars et Vénus alumine+
noir de
charbon
Delft, 1655 Jan Vermeer : IR Kühn 1968 (cité garance
Christ dans la par Schweppe
maison de Marthe 1997
et Marie
ANNEXE 4
O
2 Tectoquinone 2-Methyl CHCl3 Kawassaki et al.,
CH3
anthraquinone 1992
3 Alizarine O OH 248.1 nm
orange Schweppe, 1993;
OH p. 200
1,2-Dihydroxy EtOH, MeOH, H2O
anthraquinone (peu) C.I. 75330
430.2 nm
O 200.00 250.00 300.00 350.00 400.00 450.00 500.00 550.00 600.00 650.00 700.00 750.00
nm
O OH 281.9 nm
p. 202
1,3-Dihydroxy EtOH, MeOH
anthraquinone C.I. 75340
414.9 nm
OH 338.6 nm
5 Quinizarine O OH 2 4 8 .1 n m
orange Schweppe, 1993;
p.Schweppe 204
1,4-Dihydroxy 2 2 5 .7
2 0 3 .3 n m
n m
CH3COOH EtOH-
anthraquinone rouge alcalie-violet C.I. 58050
2 7 8 .2 n m
4 8 0 .2 n m
O OH 3 2 7 .3 n m
2 0 0 .0 0 2 5 0 .0 0 3 0 0 .0 0 3 5 0 .0 0 4 0 0 .0 0 4 5 0 .0 0 5 0 0 .0 0 5 5 0 .0 0 6 0 0 .0 0 6 5 0 .0 0 7 0 0 .0 0 7 5 0 .0 0
nm
6 Purpurine O OH 255.7 nm
rouge Schweppe, 1993;
p. 207
1,2,4-Trihydroxy OH
203.5 nm
EtOH, Ether
anthraquinone H2O -mieux C.I. 75410
293.1 nm
479.5 nm
qu'alizarine
O OH 200.00 250.00 300.00 350.00 400.00 450.00 500.00 550.00 600.00 650.00 700.00 750.00
nm
purpurine (pu) 24.0 68 m inute s, 200 - 798 @ 3.9 nm , from purpurine
7 Anthragallol 281.9 nm
OH 538.0561.
nm 3 nm 627.2 nm
670.0 nm708.9 736.
nm 1759.5 nm0 n
nm775.
O
200.00 250.00 3 00.00 3 50.00 4 00.00 450.00 500.00 550.00 600.00 650.00 700.00 7 50.00
nm
246
O
8 2-Méthoxy MeOH: jaune pâle Thomson, 1971;
anthraquinon OCH3 p.370
210, 272, 340, 390 nm EtOH
O
O OH
9 1 - Hydroxy - 2 - MeOH: jaune Schweppe, 1993;
CH3
méthyl antraquinone p. 201
230, 258, 275, 345, 388 nm EtOH
O OH
11 Alizarine- 2- OCH3
jaune Schweppe, 1993;
méthylether 1- p. 202
Hydroxy - 2 - méthoxy EtOH
antraquinone
O
O OH
16 Quinizarin acide 2- jaune - orange Schweppe, 1993;
COOH
carboxylique 1,4- p. 205)
Dihydroxy -2 - carboxy
anthraquinone
O OH
O OH
17 Anthragalol - 2,3 - OCH3 MeOH: jaune Schweppe, 1993;
diméthyl éther p. 206
1Hydroxy - 2, 3 - 210, 250, 285, 410 nm EtOH, MeOH
OCH3
diméthoxy anthraquinon O
O OH
19 Christofin rouge orange Schweppe, 1993;
O p. 205
H3C
O OH
203.3 nm
281.9 nm
244.4 nm
anthraquinone O
00.00 2 50.00 300.00 3 50.00 40 0.00 450.00 50 0.00 550.00 6 00.00 650.00 700.00 75 0.00
nm
23 Rubiadine O OH
244.4 nm
jaune Schweppe, 1993;
CH3 p. 202
1,3-Dihydroxy -2 - EtOH, non soluble
méthyl anthraquinone dans H2O et les C.I. 75350
OH 414.9 nm
O alcalies
00.00 2 50.00 30 0.00 350.00 4 00.00 4 50.00 50 0.00 55 0.00 600.00 6 50.00 70 0.00 75 0.00
nm
O OH
25 Munjistine orange Schweppe, 1993;
COOH
p. 203
289.4 nm
1,3-Dihydroxy -2 -
carboxy anthraquinone OH
O 418.7 nm
200.00 250.00 3 00.00 350.00 400.00 4 50.00 5 00.00 550.00 600.00 6 50.00 700.00 750.00
nm
259.4 nm
C.I.75420 nat
COOH 491.7 nm
C.I.58220 syn
O OH
705.0 nm
200.00 25 0.00 300.00 350.00 400.00 450.00 5 00.00 550.00 600.00 650.00 700.00 750.00
nm
β - D-
O OH
29 Rubiadine-3-β orange Schweppe, 1993;
CH3
primvéroside p. 203
O CH2 O
O O
O HO HO OH
OH
OH OH
407,2
O OH
30 β - D-
Rubiadine-3-β CH3
Schweppe, 1993;
glucoside p. 230
O CH2 OH
O
O HO OH
OH
primvéroside 1992
O
259.3 nm
acide rubérytrique
H2O, MeOH
référence de Golikov
1
414.9 nm
334.8 nm
00.00 250.00 300.00 350.00 400.00 450.00 500.00 550.00 600.00 650.00 700.00 75 0.00
nm
251,9
Galiosine
203,3
= 289,5
Pseudopurpurine-1-
β-D- primvéroside 430,2
β -D-
Lucidine - 3-β O OH
CH2OH
34 primvéroside
O CH2 O
O O
O HO HO OH
OH
OH OH
203.3 nm
35 primvéroside de la 266.9 nm
H2O, MeOH
lucidine
référence de Golikov
3
407.2 nm
0 0.00 2 50.00 30 0.00 3 50.00 40 0.00 4 50.00 50 0.00 5 50.00 60 0.00 6 50.00 70 0.00 7 50.00
nm
249
OH
35 Molugine COOCH3 Kawassaki et al,
1992
O
H3C
HO
O
37 Lapachol méthyl éther OCH3 CHCl3 Kawassaki et al.,
1992
CH3
O CH3
HO
39 Octadecyl ferulate H3CO COO(CH2)17CH3 CHCl3 Kawassaki et al.,
1992
HO
40 Icosyl ferulate H3CO COO(CH2)19CH3 CHCl3 Kawassaki et al.,
1992
HO
251
ANNEXE 5
A5. SPECTRES OBTENUS PAR TOF - SIMS.
H+ Alizarine
Na + C5H12N+
CH 3O + Ca +
C3H5O 2+
Al+ C2H4O + C2H5O 2+ C3H5O 3+
ToF SIMS Intensity (counts)
Ga+
K+ Aliz 4
Al+
H+ Na + Ga+
Mass (m/z)
Ca+ Quinizarine
H+ C2H3+
NH 4+ C3H7O+
CH 3O+
ToF SIMS Intensity (counts)
Na +
Ga+
Al+ Qui 2
H+ K+
Na + Ga+
Mass (m/z)
H+ Purpurine
C2H3+ C2H8N+
CH 3O+
C3H7O + C3H5O 2+
C3H5O 3+
ToF SIMS Intensity (counts)
CH 3+
Na + Ga+
Al+
Pu 2
K+
H+ Na + Ga+
Mass (m/z)
Fig. A5.1. Spectres Tof-SIMS des colorants (alizarine, quinizarine et purpurine) et de leurs
laques (Aliz 4, Qui 2, Pu 2) en mode positif, intervalle de m/z de 1 à 100 amu.
252
(AZ)+ Alizarine
ToF SIMS Intensity (counts)
C8H5O 3+ Aliz 4
(AZ)+
283 +
Mass (m/z)
(QUI)+
Quinizarine
ToF SIMS Intensity (counts)
(QUI)+ Qui 2
(QUI-AlO) +
(QUI-Al)+
Mass (m/z)
(PU)+
Purpurine
(AZ)+
ToF SIMS Intensity (counts)
(PU-CH 3)+
C8H5O3+ (QUI)+
C8H5O3+
Pu 2
(PU)+ 283+
Mass (m/z)
Fig. A5.2. Spectres Tof-SIMS des colorants (alizarine, quinizarine et purpurine) et de leurs
laques (Aliz 4, Qui 2, Pu 2) en mode positif, intervalle de m/z de 100 à 300 amu.
253
Mass (m/z)
348 +
Quinizarin
e
369 +
ToF SIMS Intensity (counts)
(QUI 2-Al) +
Qui 2
Mass (m/z)
314 +
Purpurine
477 +
505 +
ToF SIMS Intensity (counts)
(AZ 2-Al) +
Pu 2
(QUI 2-Al) +
Mass (m/z)
Fig. A5.3. Spectres Tof-SIMS des colorants (alizarine, quinizarine et purpurine) et de leurs laques
(Aliz 4, Qui 2, Pu 2) en mode positif, intervalle de m/z de 300 à 600 amu.
254
707 +
Alizarine
ToF SIMS Intensity (counts)
811 +
Aliz 4
n
Mass (m/z)
664 + Quinizarin
e
ToF SIMS Intensity (counts)
995 +
(QUI 3-Al2)+
Qui 2
(QUI 4-Al3)+
(QUI 5-Al4)+
664 +
Mass (m/z)
Purpurine
ToF SIMS Intensity (counts)
Pu 2
Mass (m/z)
Fig. A5.4. Spectres Tof-SIMS des colorants (alizarine, quinizarine et purpurine) et de leurs laques
(Aliz 4, Qui 2, Pu 2) en mode positif, intervalle de m/z de 800 à 1400 amu.
255
O- Alizarine
O- Aliz 4
CH - OH - C2H-
C4H-
Cl -
Cl -
Mass (m/z)
Cl - Quinizarin
O- e
ToF SIMS Intensity (counts)
CH - OH - Cl -
C2H- C4H-
O-
Qui 2
OH - C2H- Cl -
CH - C4H-
Cl -
Mass (m/z)
O-
Purpurine
OH -
ToF SIMS Intensity (counts)
CH - C2H- C4H-
Cl - Cl -
O-
Pu 2
OH -
C2H- C4H-
CH -
Cl - Cl -
Mass (m/z)
Fig. A5.5. Spectres Tof-SIMS des colorants (alizarine, quinizarine et purpurine) et de leurs laques
(Aliz 4, Qui 2, Pu 2) en mode négatif, intervalle de m/z de 10 à 50 amu.
256
(AZ)-
Alizarine
ToF SIMS Intensity (counts)
C6H- HSO 4-
210-
C6H-
Aliz 4
HSO 4-
(AZ)-
210-
Mass (m/z)
C6H-
(QUI)- Quinizarine
SO 3-
fatty ac. fatty ac.
HSO 4-
ToF SIMS Intensity (counts)
207 -
274 -
C6H-
Qui 2
HSO 4-
(QUI)-
210 -
Mass (m/z)
(PU)-
Purpurine
ToF SIMS Intensity (counts)
C6H- HSO 4-
AlO 2-
C2H3O 2- Pu 2
C6H-
HSO 4-
(PU)-
Mass (m/z)
Fig. A5.6. Spectres Tof-SIMS des colorants (alizarine, quinizarine et purpurine) et de leurs
laques (Aliz 4, Qui 2, Pu 2) en mode négatif, intervalle de m/z de 50 à 300 amu.
257
319 -
Alizarine
(AZ 2-Al) -
Aliz 4
319 -
Mass (m/z)
319 -
Quinizarine
447 -
519 -
427 -
478 -
ToF SIMS Intensity (counts)
476 -
447 -
Mass (m/z)
303 -
Purpurine
ToF SIMS Intensity (counts)
Pu 2
Mass (m/z)
Fig. A5.7. Spectres Tof-SIMS des colorants (alizarine, quinizarine et purpurine) et de leurs
laques (Aliz 4, Qui 2, Pu 2) en mode négatif, intervalle de m/z de 300 à 600 amu.
258
Qui 2
Alizarine
ToF SIMS Intensity (counts)
768 - Aliz 4
Mass (m/z)
Quinizarine
ToF SIMS Intensity (counts)
(QUI 3-Al2)-
Qui 2
Mass (m/z)
Purpurine
ToF SIMS Intensity (counts)
Pu 2
Mass (m/z)
Fig. A5.8. Spectres Tof-SIMS des colorants (alizarine, quinizarine et purpurine) et de leurs
laques (Aliz 4, Qui 2, Pu 2) en mode négatif, intervalle de m/z de 600 à 1400 amu.
259
ANNEXE 6
Dans les premiers essais, des échantillons d'environ 0,2 mg de laque de garance des
teinturiers (Rubia tinctorum L.) RT1, décrite au chap. IV, ont été extraits par 250 µL
d'HCl 6 N à 105 °C (Wouters, 1989), puis par des variantes de cette méthode, avec
HCl dilué(§ A6.1) et TFA (§ A6.2). La teneur en alizarine de cette laque étant de
l'ordre de 1%, la concentration dans ces extraits était au plus de l'ordre de 8 mg/L, soit
30 µM.
Dans les essais suivants (solvants seuls, agents chélatants, HF/Li2CO3, § II.C.3 à
II.C.5), suite à la présence d'importants résidus solides, l'évaporation de l'extrait a été
remplacée par la filtration du surnageant. Le volume total, n'étant plus limité par le
temps nécessaire à l'évaporation, a été porté à 1 mL, et la quantité d'échantillon à env.
10 mg (soit donc de l'ordre de 100 mg/L d'alizarine, ou 400 µM).
Avec l'HCl ccé (6N, dans MeOH/H2O, 1/1; 10 min. à 100°C ; évaporé à sec sous vide,
repris dans le MeOH/H2O, 1/1) on retrouve principalement l'alizarine, la purpurine, et
la molécule non identifiée baptisée " RT27 ", toutes trois à 6-7 µg/mg (fig.A6.1). Trois
autres, l'anthragallol , la munjistine et la rubiadine, sont retrouvés à 0,5-1 µg/mg. Les
RSD% calculés sur quatre expériences indépendantes sont importantes (40 - 70%)
10
µg colorant / mg laque
Fig. A6.1.
0
Extraction de la laque "RT1"
par HCl 6N dans MeOH/H2O pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
1/1; 10 min à 100°C.
260
L'extraction à l'HCl plus dilué (0,6N) donne des résultats comparables (fig.A6.2) ,
compte tenu des barres d'erreur, pour les six molécules déjà citées. Toutefois on
retrouve en plus environ 1 µg/mg des primvérosides de l'alizarine et de la lucidine, ce
qui confirme leur présence dans la laque et leur hydrolyse par l'HCl concentré. Il serait
tentant d'attribuer la teneur légèrement plus élevée en alizarine, dans les extraits à
l'HCl concentré, à l'hydrolyse de son primvéroside, mais on ne peut conclure de
manière certaine, compte tenu des erreurs.
extraction de RT1 par HCl 0.6N
12
10
µg colorant / mg laque
Fig. A6. 2.
Extraction de la laque "RT1" 0
par HCl 0,6N dans MeOH/H2O
pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
1/1; 10 min à 100°C.
La redissolution dans le DMF, plutôt que dans le MeOH, donne des résultats très
comparables (fig. A6.3), sauf pour le RT27, qui varie de manière apparemment assez
aléatoire.
extraction de RT1 par HCl :
influence de la conc. (6N, O,6N) et du solvant final (MeOH, DMF)
12
µg colorant / mg laque
10
0
pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
HCl 6N ds. MeOH/H2O, pH -1.27, 100°C, évap., repr. d s MeOH
HCl 6N ds. MeOH/H2O, pH -1.27, 100°C, évap., repr. d s DMF
HCl 0.6N ds. MeOH/H2O, pH 0.08, 100°C, évap., repr. ds MeOH
HCl 0.6N ds. MeOH/H2O, pH 0.08, 100°C, évap., repr. ds DMF
Fig. A6.3. Extraction de la laque "RT1" par HCl 6N et 0,6Ndans MeOH/H2O, 1/1; 10 min à
100°C, ensuite évaporation sous vide et redissolution dans MeOH ou DMF.
261
10
µg colorant / mg laque
0
pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
HCl 6N ds. MeOH/H2O, pH -1.27, 100°C, évap., repr. ds MeOH
HCl 6N ds. MeOH/H2O, pH -1.27, 60°C, évap., repr. d s MeOH
Fig. A6.4. Extraction de la laque "RT1" par HCl 6N dans MeOH/H2O, 1/1; 10 min à 60°C et à
100°C.
Le TFA (pKa 0,3) est un acide fort, bien que moins que l'HCl (pKa -7). Les
concentrations utilisées ici, 0,05-10%, correspondent à 6mM - 1,3M, et donnent des
pH compris entre 2,2 et 0,2. Les rendements apparents, croissants avec la
concentration en TFA (fig. A6.5), sont meilleurs que ceux obtenus avec l'HCl (fig.
A.6.6), sauf pour l'alizarine et la pseudopurpurine. Mais la diminution de l'alizarine
(7,3 µg/mg, soit 30,3 µmole/g), par rapport d'extraction à l'HCl 6N à 60 °C (12,5
µg/mg, soit 52 µmole/g), est à peu près compensée par l'augmentation de son
primvéroside, qui passe de 3,5 à 9,7 µg/mg (soit de 6,5 à 18,2 µmole/g). Celui-ci est
donc encore hydrolysé à 50% au moins par le HCl 6 N à 60 °C.
262
10
µg colorant / mg laque
0
pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
TFA 0,05 % (6 mM) ds H2O:MeOH 1:1, 10' 100°C,évap., repr. ds MeOH
TFA 0,5 % (60 mM) ds H2O:MeOH 1:1, 10' 100°C, évap. ,repr. ds MeOH
TFA 1 % (130 mM) ds H2O:MeOH 1:1, 10' 100°C,évap., repr. dans MeOH
TFA 10 % (1,3 M) ds H2O:MeOH 1:1, 10' 100°C, évap., repr. ds. MeOH
Fig. A6.5. Extraction de la laque "RT1" par TFA de différentes concentrations (de 0,05% à 10%)
dans MeOH/H2O, 1/1; 10 min à 100°C.
10
µg colorant / mg laque
0
pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
HCl 6N ds. MeOH/H2O, pH -1.27, 100°C, évap., repr. ds MeOH
HCl 6N ds. MeOH/H2O, pH -1.27, 60°C, évap., repr. d s MeOH
TFA 10 % (1,3 M) ds H2O:MeOH 1:1, 10' 100°C, évap., repr. ds. MeOH
Fig. A6.6. Extraction de la laque "RT1" par TFA 1,3M dans MeOH/H2O, 1/1; 10 min à 100°C et
par HCl 6N dans MeOH/H2O, 1/1; 10 min à 60°C et à 100°C.
Comme on pouvait s'y attendre, l'extraction par des solvants purs (10 mg de laque
dans 1 mL solvant, 30 min à 90 °C à reflux, surnageant filtré sur 0,5 µm) donne des
rendements très faibles (MeOH, DMF) à pratiquement nuls (AcEt) (fig. A6.7).
10
µg colorant / mg laque
0
pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
Fig. A6.7. Extraction de la laque "RT1" par MeOH, par DMF et par acétate d'éthyle; 30 min à
90°C.
Les constantes de complexation de l'ion Al+++ par les chélatants classiques EDTA et
DTPA sont de l'ordre de 17 et 19,5 respectivement (logK = 17,6 et 20,3, à force
ionique µ = 0,01 M, dans la compilation de Norvell (1977 ), 16,5 et 18,7 à µ = 0,1 M
dans celle de Orvig (1993)). Celles de quelques acides 1,2-hydroxy-benzene- et -
naphatalene-sulfoniques, molécules porteuses comme l'alizarine d'un groupement
alpha-diphénolate, vont de 14,9 à 16,6 (µ = 0,1 - 1 M)(Orvig 1993). Si, comme on
peut le supposer, la constante d'association de l'alizarine est du même ordre de
grandeur, l'EDTA et le DTPA devraient avoir une bonne chance, surtout en
concentrations élevées, de libérer l'aluminium de ses complexes avec celle-ci.
Cependant il faut rappeler que ces constantes expriment l'équilibre avec les formes
totalement déprotonées des molécules (dianion de l'alizarine, tétraanion de l'EDTA,
pentaanion du DTPA), qui sont très largement minoritaires en solution acide. La
complexation est donc d'autant plus inhibée que le pH est bas, et ce de manière
différente pour l'alizarine, l'EDTA et le DTPA en fonction de leurs différents pK.
Dans la pratique, les rendements obtenus avec EDTA et DTPA à différents pH (figs.
A6.8, A6.9 et A6.10) DTPA RT1 pH 2, DTPA RT1 pH 8,5, EDTA RT1) sont
264
relativement bons pour le primvéroside de l'alizarine et le inc. 27', mais faibles pour
les autres molécules, et surtout pour l'alizarine et la purpurine. Il est possible que ceci
s'explique par le jeu des concentrations et des constantes de complexation et d'acidité,
qui mènerait finalement chaque fois à des équilibres en faveur des complexes de
l'alizarine. Mais il se peut aussi qu'il s'agisse d'un problème non pas d'équilibre mais
de cinétique, et que, dans les laques, l'aluminium soit trop bien séquestré pour être
accessible aux molécules volumineuses que sont l'EDTA et le DTPA.
10
µg colorant / mg laque
0
Fig. A6.8. pral ag pp pu RT27
Extraction de la laque "RT1"
DTPA(15 mM, pH 2,2)/MeOH; 1/4, 90°C
par DTPA à pH 2,2
dans 80% de MeOH, DTPA(15 mM, pH 2,2)/DMF; 1/4, 90°C
DMF et AcEt; 30 min à 90°C. DTPA(15 mM, pH 2,2)/AcEt; 1/4, 90°C
10
µg colorant / mg laque
Fig. A6.9. 0
Extraction de la laque "RT1" pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
par DTPA à pH 8,3
DTPA,NH4OH (15 mM, pH 8,3)/MeOH,1/4, 90°C
dans 80% de MeOH,
DTPA,NH4OH (15 mM, pH 8,3)/DMF,1/4, 90°C
DMF et AcEt; 30 min à 90°C.
DTPA,NH4OH (15 mM, pH 8,3)/AcEt,1/4, 90°C
265
10
µg colorant / mg laque
8
Fig. A6.10. 2
Extraction de la laque "RT1"
par EDTA à pH 2,8 0
(25%meOH) et le sel disodique pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
d'EDTA à pH 4,6
EDTA (3mM, pH 2,8)/MeOH; 1/4, 90°C
(25 % de DMF ou AcEt). EDTA-Na2 (134 mM, pH 4.6)/DMF; 1/4, 90°C
EDTA-Na2 (134 mM, pH 4.6)/AcEt; 1/4, 90°C
Dans l'espoir que de petits ions puissent se glisser au cœur des complexes et les
dissocier, des ions Li+ et F- ont été ajoutés au mélange d'extraction (Li2CO3 120 mM,
HF 2,7 M, DTPA 4 mM, pH env. 2,5).
Les résultats pour deux extractions, à deux rapports laque / solution différents (3 mg /
1650 µL et 0,3 mg / 425 µL), sont donnés à la fig. A6.11. Les rendements sont bons
pour toutes les molécules. Les écarts entre les résultats des deux extractions sont
inférieurs à 16% pour l'alizarine, les deux primvérosides et le inc. 27', mais de plus de
80% pour la purpurine.
14
12
10
8
6
4
2
0
pral prlc ag pp aliz pu ru RT27
Li2CO3 0.12M+HF4M+DTPA 4mM dans MeOH/DMF/AcEt (1/1/1), 20°C (9 mg laque / 1650 µL)
Li2CO3 0.12M+HF4M+DTPA 4mM dans MeOH/DMF/AcEt (1/1/1), 20°C (0.28 mg laque / 420 µL)
Li2CO3 0.12M+HF4M+DTPA 4mM dans MeOH/DMF/AcEt (1/1/1), 20°C, MOY
Fig. A6.11. Extraction de la laque "RT1" par Li2CO3 120 mM, HF 2,7 M, DTPA 4 mM, pH env.
2,5.
266
A6.6. Résumé
Dans cette étude exploratoire, deux méthodes ont été trouvées, l'extraction à 100°C par
TFA 1,3M (§A6.2) et l'extraction à température ambiante par un mélange
HF/Li2CO3/DTPA (§ A6.5), qui permettent d'égaler les rendements en alizarine de la
méthode HCl concentré à 100°C, tout en préservant les précurseurs tels que les
primvérosides de l'alizarine et de la lucidine. Les rendements des trois méthodes pour
la laque RT1 sont comparées à la figure A6.12.
extraction de RT1 :
comparaison HCl - TFA - Li2CO3/HF
16
14
µg colorant / mg laque
12
10
0
pral prlc ag mu pp aliz pu ru RT27
HCl 6N ds. MeOH/H2O, pH -1.27, 100°C, évap., repr. ds MeOH
TFA 10 % (1,3 M) ds H2O:MeOH 1:1, 10' 100°C, évap., repr. ds. MeOH
Fig. A6.12. Extraction de la laque "RT1" par HCl 6N dans MeOH/H2O, 1/1 à 100°C, par TFA
1,3M 6N dans MeOH/H2O, 1/1 à 100°C et par Li2CO3 120 mM, HF 2,7 M, DTPA 4
mM, pH env. 2,5.
267
ANNEXE 7
Les colorants présents dans une dizaine d'échantillons de glacis (couches transparentes
contenant des laques) rouges, prélevés sur des polychromies et des peintures dans le cadre des
études entourant leur restauration à l'IRPA, ont pu être analysés après extraction par le
mélange HF/LiF/DTPA. Bien qu'elle n'ait pas été optimisée pour les échantillons historiques,
dans lesquels les laques sont enrobées dans des liants le plus souvent oléo-résineux et
polymérisés par vieillissement, la méthode d'extraction par LiF/HF/DTPA a donné des
résultats prometteurs. Huit des dix échantillons contenaient de l'alizarine(al) et de la purpurine
(pu). Les deux autres contenaient respectivement de l'acide carminique (ca) de l'acide
flavokermésique (fk) et de l'acide kermésique (ka), les principaux constituants de la cochenille
et du kermès.
Description de
N° Oeuvre Localisation Composition
l'échantillon
St Jean Baptiste – Glacis rouge sur or 2 fk, 47 al,
EH 1 robe de St Jean Baptiste
sculpture XIXe s. poli 51 pu
Retable de la Parenté, Glacis rouge sur or
EH 2 robe de Salomé, 37 al, 63 pu
Bruges, XVIe s. mat
Glacis rouge sur une
EH 3 idem Raisin, élément végétal 100 ca
sous -couche bleue
Laque rose dans une
Zébédée, poudre grattée
EH 4 idem couche opaque au dos 39 al , 61 pu
au dos de la sculpture
de la statuette
Retable Ham-sur- Fragment Adoration brocart appliqué,
EH 5 53 al, 47 pu
Heure 1470 des Mages, Gaspard glacis rouge sur or mat
Fragment Visitation,
EH 6 idem glacis rouge sur or 71 al, 29 pu
Zacharie, manteau, col
Fragment Adoration
Glacis rouge foncé sur
EH 7 idem des Mages, Balthazar, 52 al, 48 pu
argent
turban