Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Partie II
Stratégies de synthèse
INTRODUCTION
1. L’équilibre chimique 1
2. La cinétique chimique 4
3. La catalyse 5
4. Les réactions réversibles 6
5. Les réactions compétitives 11
1. Généralités 26
2. Le cas des amines 27
2.1. La protection sous forme de carbamate 27
2.2. La protection sous forme d’amide 28
3. Le cas des acides carboxyliques 29
4. Le cas des aldéhydes et cétones 31
5. La protection des alcools 32
5.1. La protection sous forme d’éther 32
5.2. La protection sous forme d’acétal 33
5.3. La protection sous forme d’ester 34
Exercices 35
1. Généralités 42
1.1. La réaction de Fridel-Crafts 42
1.2. La réaction de Grignard 42
2. Le palladium 43
3. Les réactions pallado-catalysées 44
3.1. Le couplage de Suzuki 45
3.2. Le couplage de Sonogashira 47
3.3. Le couplage de Stille 49
3.4. Le couplage de Mizoroki-Heck 50
3.5. La carbonylation 52
DES EXERCICES 59
1. Le vocabulaire de la chiralité 62
1.1. Généralités 62
1.2. La configuration R et S 63
1.3. D’autres définitions 64
2. Le vocabulaire de la sélectivité 67
3. L’addition sur la double liaison carbone-carbone 69
3.1. L’addition énantiosélective 69
3.2. L’addition stéréosélective 72
4. L’attaque sur le carbonyle 74
4.1. Généralités 74
4.2. L’attaque énantiosélective 74
4.3. L’attaque diastéréosélective 76
5. L’attaque énantiosélective en α du carbonyle 77
5.1. Les copules d’Evans 77
5.2. Les hydrazones lithiées 78
6. L’inversion de configuration 79
7. La synthèse peptidique 81
7.1. La protection 81
7.2. L’activation du groupe carboxylique 81
1. Généralités 83
2. La formation des radicaux libres 85
2.1. La rupture homolytique 85
2.2. A partir d’espèces chargées 85
2.3. A partir de métaux 85
2.4. A partir d’iodure de samarium 86
2.5. A partir de triacétate de manganèse 86
3. La réactivité des radicaux libres 86
3.1. La réaction en chaîne 86
3.2. La réaction non-chaîne 87
4. Des exemples de réactions radicalaires 87
4.1. L’halogénation 87
4.2. La réduction des dérivés halogénés 87
4.3. La formation de liens carbone-carbone 88
5. Les règles de Baldwin 89
6. Des applications 89
1. Généralités 90
2. Les réactions photochimiques 91
2.1. La réaction de Norrish type 1 91
2.2. La réaction de Norrish type 2 91
2.3. La photoréduction intermoléculaire 92
2.4. La photoisomérisation cis-trans 92
1. Introduction 94
2. Les réactions de cycloaddition 94
2.1. Généralités 94
2.2. La formation de cycles à six chaînons : la réaction de Diels-Alder 95
2.3. La formation de cycles à 4 chaînons 98
2.4. La formation de cycles à 5 chaînons :
les réactions 1,3-dipolaires et la click chemistry 99
3. Les réactions sigmatropiques 100
4. Les réactions électrocycliques 102
1. Généralités 103
2. Préparation 103
3. Réactivité 103
BIBLIOGRAPHIE 110
Chapitre 1
EQUILIBRE ET CINETIQUE
1. L’équilibre chimique
K
A B
OH
O
H3C CH2
H3C CH3
Par définition :
[B] - G / RT
K= =e
[A]
B
E E E
A A B A
Dans le cas de l’acétone, le calcul des valeurs des énergies de dissociation des liaisons dans
les formes cétonique et ènolique indique que l’équilibre est déplacé vers la forme cétonique (> 99.999
%).
L’un des moyens de déplacer un équilibre est de modifier la stabilité d’un composant en
solution (= soluté) en changeant, par exemple, la nature du solvant.
• protiques caractérisés par la présence d’un groupe –OH, ce sont les alcools et
les acide carboxyliques,
par opposition aux solvants organiques aprotiques comme le chloroforme, le
dichlorométhane, l’hexane, l’acétone, ….
1
Classification des solvants organiques courants
D’une manière générale, les solvants polaires protiques complexent à la fois les espèces
cationiques et anioniques. Par contre les solvants polaires aprotiques solvatent (stabilisent) plus
facilement les espèces cationiques que les espèces anioniques. On peut, de la même façon, stabiliser
un m étal cation au moyen d’un agent chélatant comme la tétraméthyl éthylènediamine (TMEDA) ou
un éther-couronne.
ROH
(+) (-) H
M X M (+) O X (-) H O
R R
Les équilibres tautomères sont très sensibles aux effets de solvants. Ainsi, dans le cas du 2-
hydroxy-7-isopropyl-1,4-diméthylazulène, l’équilibre tautomère peut être déplacé (quasi) totalement
vers l’une ou l’autre forme en fonction du solvant employé.
O HO
HH H
2
Les composés 1,3-dicarbonylés peuvent exister sous forme dicarbonylée ou sous formes
cétoènoliques E ou Z, la forme cétoènolique Z étant stabilisée par la formation d’un lien H
intramoléculaire dans un pseudo-cycle à six chaînons. Comme nous l’avons vu, chacune de ces
formes donne lieu à ses propres signaux en RMN. Le spectre de la 2,4-pentanedione en solution dans
le chloroforme illustre ce cas. Le passage à une solution dans le diméthylsulfoxyde modifie la position
de l’équilibre.
H
H O
O O O O
H
H H H O
3
2. La cinétique chimique
k
A B
Par définition
-Ea/RT
k=A e
Ou encore
kbT - G # / RT
k= e
h
#
expression dans laquelle ∆G est l’énergie d’activation de Gibbs
CT
E
B
Ea E
A G#
A G
G
B
CR CR
Pour une réaction d’ordre 1, la relation ln [A] en fonction de t est une droite de pente égale à –
k ; pour une réaction d’ordre 2, la relation 1/[A] en fonction de t est une droite de pente égale à k.
4
3. La catalyse
Un catalyseur est une substance qui permet d’accélérer la vitesse d’une transformation
chimique (augmenter le nombre de chocs efficaces) et que l’on récupère intégralement à la fin du
processus. Il ne diminue pas l’énergie d’activation de la réaction proprement dite mais il permet à cette
réaction de suivre un autre chemin réactionnel nécessitant moins d’énergie. Ceci n’est généralement
pas reflété par les graphiques énergie/coordonnées réactionnelles.
réaction catalysée
E
CR
La catalyse peut être
• homogène, si le catalyseur est dissous dans le milieu réactionnel. C’est le cas, par
exemple, de l’utilisation de traces d’acide inorganique pour activer un groupement
carbonyle.
+ H H
O O O
+
+ H
+
-
O
+
• hétérogène, si le catalyseur est dans une phase distincte de celle(s) des réactifs.
C’est le cas, par exemple, de l’utilisation du palladium (solide) pour réaliser les
réactions d’hydrogénation des doubles liaisons.
Exercice
5
La catalyse enzymatique est un cas particulier de catalyse qui conduit souvent à des
6
accélérations de la vitesse d’une réaction par un facteur 10 . L’une des manières dont une enzyme
agit consiste à modifier sa conformation de façon à amener les réactifs à proximité l’un de l’autre.
K
k1
A B
k -1
Il s’agit ici de tenir compte de la constante de l’équilibre mais aussi des vitesses de chacune
des deux réactions composant cet équilibre.
6
E E E
A A A
B B B
CR CR CR
E E E
A B A B A B
CR CR CR
E E
E
B B B
A A A
CR CR CR
Généralement, la réaction d’estérification catalysée par un acide est une réaction d’équilibre.
Pour déplacer l’équilibre vers la formation de l’ester il faut souvent recourir à diverses astuces
expérimentales comme l’emploi d’un appareil de Dean Stark.
7
Les réactions de substitution nucléophile en série aliphatique font aussi appel à la notion de
réactions réversibles. Elles sont très sensibles aux effets de solvants, mais pour des raisons
différentes quand il s’agit d’une SN2 ou d’une SN1
Dans le cas d’une SN2, les solvants polaires protiques solvatent et stabilisent les nucléophiles
anioniques de manière plus importante que les solvants polaires aprotiques (voir plus haut). Ainsi, le
chlorométhane réagit avec l’ion iodure moins vite dans le méthanol que dans le N,N-
diméthylformamide..
8
Dans le cas d’une SN1, les solvants polaires (protiques ou aprotiques) stabilisent le
6
carbocation intermédiaire. Le 2-chloro-2-méthylpropane réagit quelque 3 10 fois plus vite dans l’eau,
plus polaire (ε = 78), que dans l’éthanol (ε = 25).
9
Le pouvoir séparateur de charges d’un solvant (Y) se détermine au moyen de l’équation de
Grunwald-Winstein qui est de la forme :
log k/k0 = ms Y
dans laquelle
Solvant Y
EtOH (100 %) -2.0
EtOH / H2O (80 / 20) 0
EtOH / H2O (50 / 50) 1.66
H2O 3.50
MeOH -1.09
MeOH / H2O (50 / 50) 1.98
AcOH - 1.64
La catalyse enzymatique est caractérisée par une cinétique particulière appelée cinétique de
Michaelis-Menten. Elle est basée sur deux réactions réversibles consécutives.
Dans cette théorie, la réaction enzymatique se déroule en 2 étapes successives.
La première au cours de laquelle l’enzyme E réagit avec un substrat S pour former un
complexe enzyme – substrat ES. Cette première étape est un équilibre réversible rapide. Une quantité
importante de l’enzyme réagit avec le substrat S.
Au cours de la deuxième étape le complexe ES se dissocie pour libérer le produit final P et
régénérer l’enzyme E. Cette étape réversible est plus lente et directement liée à la disponibilité de ES.
Au début de la réaction, la [P] est presque nulle et on ne peut pas tenir compte de la réaction
E + P ES.
La vitesse initiale de la réaction V0 est donc donnée par la réaction la plus lente
ES P + S:
V0 = k2 [ES]
La [ES] est difficilement mesurable. On introduit le terme [E]t qui représente la concentration
totale en enzyme :
10
[E]t = [E] + [ES]
L’enzyme étant le catalyseur [E] <<< [S], on peut supposer que [ES] <<< [S]
Si Km, appelé constante de Michaelis – Menten, égale (k-1 + k2 )/k1 et si Vmax = k2 [E]t, alors
on peut montrer que
Vmax . [S]
Vo = -------------
[S] + KM
Si les réactions ne sont pas réversibles, c’est l’énergie d’activation qui est le facteur principal à
considérer. Le produit qui se formera majoritairement (exclusivement) est le produit à la formation
duquel est associée la plus petite énergie d’activation (formation de C). On dit que la réaction est sous
contrôle cinétique.
Si les réactions sont réversibles et que l’on fournit peu d’énergie au système, seul le produit C
se formera, on est également sous contrôle cinétique. Par contre, si l’on fournit suffisamment
d’énergie au système, C sera à même de se décomposer pour redonner A et A pourra réagir en
franchissant une barrière d’ énergie plus élevée et déplacer ainsi l’équilibre vers le produit le plus
stable (B). On dit que la réaction est sous contrôle thermodynamique.
11
L’addition d’acide bromhydrique sur le 1,3-butadiène illustre cette notion. A basse
température, il se forme essentiellement du 3-bromo-1-butène, la réaction procède via le carbocation
secondaire plus stable. A température ambiante, c’est la formation du 1-bromo-2-butène, l’alcène le
plus substitué donc le plus stable, qui est favorisée.
- 80 °C 81 % 19 %
HBr + Br
Br
20 °C
44 % 56 %
H+
H
+
La réaction de sulfonation du naphtalène est un autre exemple.
Exercice
12
Chapitre 2
1.1. Généralités
Un acide de Bronsted-Lowry est un composé ou un ion qui peut donner un proton à une autre
molécule ou un autre ion. Une base de Bronsted-Lowry est un composé ou un ion qui peut accepter
un proton d’une autre molécule ou d’un autre ion.
[A (-)]
pH = pKa + log
[AH]
(+)
RNH3 + H2O
RNH2 + H3O (+)
pKa
Souvent on parle de pKa d’une amine. Il s’agit en fait du pKa de son acide conjugué.
13
14
15
1.3. La relation de Hammett
O OH O O (-)
(+)
+ H
R R
R pKa
méta para
-NH2 4.60 4.86
-OH 4.08 4.60
-OMe 4.09 4.47
-Me 4.27 4.37
-H 4.20
-F 3.86 4.13
-Cl 3.83 4.00
-Br 3.82 3.97
-I 3.85 4.00
-CN 3.61 3.56
-NO2 3.45 3.45
Si l’on calcule « pKa acide benzoïque –pka acide benzoïque substitué », on obtient les valeurs
reprises dans le tableau ci-dessous. Ces valeurs sont caractéristiques du substituant porté sur le
noyau aromatique et de sa position. Elles portent le nom de « sigma de Hammett pour un
substituant ».
R σ
σm σp
-NH2 - 0.40 - 0.66
-OH 0.12 - 0.40
-OMe 0.11 - 0.27
-Me -0.07 - 0.17
-H 0.00
-F 0.34 0.07
-Cl 0.37 0.20
-Br 0.38 0.23
-I 0.35 0.18
-CN 0.59 0.64
-NO2 0.75 0.75
16
On observe alors que les relations log [K(R) / K(H)]
où ρ (> 0 ou < 0) est appelé constante de réaction. Par définition, ρ vaut 1 pour la dissociation des
acides benzoïques.
L’équation est vraie aussi pour les constantes cinétiques : log [k(R) / k(H)] = ρσ
Une valeur positive de ρ indique qu’un groupe capteur augmente la vitesse de la réaction, une
valeur négative indique que c’est un groupe donneur qui augmente la vitesse.
ρ
Ionisation des acides benzoïques dans l’eau à 25 °C 1.0
Ionisation des phénols dans l’eau à 25 °C 2.1
Ionisation des sels d’anilinium dans l’eau à 25 °C 2.8
Il est à noter que les valeurs de σ caractérisent la somme d’effets mésomères et inductifs. Des
r i
valeurs de σ et σ sont d’ailleurs connues.
Sur la base du modèle de Hammett, il a été montré qu’en série aliphatique, il est également
*
possible de quantifier l’effet inductif d’un substituant. C’est la notion de σ de Taft, définie à partir des
constantes de vitesse de l’hydrolyse alcaline des esters d’acides carboxyliques aliphatiques.
OH - O
O
R + H2O R + C2H5OH
O C2H5 O-
17
1.4. Les réactions de type acide-base en milieu non aqueux
acides forts :
(+) H
O
O
3 H
K éq ~ 10 (+)
O O
(-)
+ HCl + Cl
c'est l'acide
OH O (-) (+) H
O S O O O S O O
O O
+ +
CH3 CH3
acides faibles
bases fortes
NaH R'X
R R R
NH N (-) N R'
R R R
Comme l’amidure de sodium, NaNH2, dans l’ammoniac liquide (ou un alcane ou un éther)
K ~ 1013
-
HC CH + NH2 HC C -
+ NH3
18
Comme les amidures de lithium, par exemple diisopropylamidure de lithium (LDA)
ButLi + HN
LiN + ButH
bases faibles
2. La théorie de Lewis
Toute molécule ou tout ion pouvant accepter une paire d’électrons est un acide. Les
molécules et ions qui réagissent en donnant une paire d’électrons sont des bases de Lewis.
Par exemples :
F(-)
F B F
F O
+ H5C2 C2H5 O
B H5C2 C2H5
F F (+)
(+)
(+) ROH2
H + ROH
(-)
O (+) O ZnCl2
ZnCl2 +
C'est une classification qui équivaut à distinguer, de manière générale, les électrophiles et
les nucléophiles.
(+) (-) (+) (-)
H X ,R X , RNH2, ROH
En synthèse organique, les acides de Lewis sont aussi utilisés comme catalyseurs courants.
Ainsi la réaction de Friedel-Crafts utilise souvent comme catalyseur l’acide de Lewis AlCl3. Il faut
savoir que cette réaction est réversible. La polysubstitution en ortho et para est à considérer comme
un processus sous contrôle cinétique. Pour des raisons de décompression stérique, la trisubtitution en
méta est favorisée.
19
Cl (-)
AlCl3 + RX (+)
Cl Al Cl + R
Cl
(+)
R
R H
H
(+)
(-) Cl
Cl Al Cl
Cl
R H R
H
(+) + HCl + AlCl3
AlCl3
+ Br
3. La théorie HSAB
20
Les acides durs sont des atomes de type accepteurs, de petite taille, avec une forte charge
positive, ils n'ont pas de paire d'électrons sur la couche de valence, ils sont faiblement polarisables et
ont une électronégativité importante.
Les acides mous sont des atomes de type accepteurs, volumineux, avec une faible charge
positive, ils ont une paire libre d'électrons sur la couche de valence p ou d, ils sont fortement
polarisables et ont une électronégativité faible.
Les bases dures sont des atomes de type donneurs, ils sont faiblement polarisables et ont
une électronégativité importante, ils sont difficiles (durs) à oxyder.
Les bases molles sont des atomes de type donneurs, ils sont fortement polarisables et ont
une électronégativité faible, ils sont faciles à oxyder.
η = (I – A) / 2
Selon la théorie HSAB, les interactions dur-dur et mou-mou sont favorables, fortes, au
(-) (+) (+) (-)
contraire des interactions dur-mou. Ainsi OH et H interagissent fortement, H et I interagissent
faiblement.
Dans le cas d'interactions dur-dur, on dit de ces interactions qu'elles sont sous contrôle
électrostatique (combinaison de charges). Dans le cas d'interactions mou-mou, on dit qu'elles sont
sous contrôle orbitalaire (interactions HOMO-LUMO).
Le principe HSAB trouve une de ses applications dans la réactivité des éthers vis-à-vis de HI
dans l’eau.
I-
+ -
H3C H3O / I H3C +
O O H CH3I + CH3OH
H3C H3C
Un autre exemple est l'alkylation 1,2 ou 1,4 des composés carbonylés α,β-insaturés au moyen
d'un organométallique.
4 3
R (-) Y (+) R H
2 O R
1 O
OH
(+)
(-)
O O O (-)
(+)
1, 4 mou
1, 2
dur
(+) (+)
Si Y = Li (dur), l'addition 1,2 sera favorisée :
1) CH3Li
4 3
2) NH4Cl / NH4OH
2 O CH3
1
OH
21
(+) (2+) (-)
Si Y = Mg Cl , alors l'addition 1,4 sera favorisée :
1) CH3MgBr
4 3
2) NH4Cl / NH4OH H3C H
2 O O
1
Pour favoriser l’interaction de type « mou-mou » (addition 1,4), on peut augmenter encore plus
–
le caractère mou de R en l’associant à un atome de cuivre à l’étage d’oxydation + 1. On utilise ainsi
les cuprates de Gilman ou de Normant que l’on prépare selon :
L’orientation de la réaction d’alkylation d’une cétone ènolisable est également régie par la
théorie HSAB. En effet on sait que cette réaction, via la forme ènolique, peut avoir lieu soit sur l'atome
d'oxygène soit sur l'atome de carbone. Dans la théorie HSAB, l'O-alkylation sera favorisée en utilisant
(+) (-)
des agents alkylants durs de type R X . Expériementalement on observe que le pourcentage de O-
alkylation est moins élevé en utilisant RI plutôt qur RCl.
(-)
X dans RX O-alkylation
O O (-)
Cl (-)
60 H
(-)
Br 40
RX
(-) 15 O
I
O OR (-)
+
R
22
diisopropyléthylamine diazobicyclooctane
pKa ~ 10
CH3 CH3
1,8-bis(diméthylamino)naphtalène
H3C N N CH3
proton sponge
pKa ~ 12
diazobicyclononène diazobicycloundecène
N N DBN DBU
N N
pKa ~ 13 pKa ~ 13
pKa ~ 36 pKa ~ 37
SiMe3 LHMDS
LiN
SiMe3 pKa ~ 26
Le caractère nucléophile est lié à l'énergie de l'orbitale moléculaire occupée la plus haute
(HOMO) d'une base. Un thiol est plus nucléophile qu'une amine primaire, plus nucléophile qu'un
alcool.
RSH > RNH2 > ROH
23
Cas particulier : la réaction de (Morita)-Baylis-Hillman
Cette réaction met en jeu un aldéhyde et un alcène activé par un groupe capteur pour fournir,
en présence d’un catalyseur nucléophile, un alcool allylique.
OH
capteur H capteur H
R1
+ R1CHO
H H H H
Elle fut découverte en 1968 par Morita qui réalise l’expérience en présence de
tricyclohexylphosphine P(cyclohexyl)3 comme catalyseur nucléophile. Dans la version développée par
Baylis et Hillman en 1972, c’est le DABCO qui joue le rôle de catalyseur mais aussi, de façon
particulière, de nucléophile.
O
H
O
O OO R
N H R
H H
N H
H H H
H
N N
N N
O OH
transfert de proton H
R N
+
H H N
Les bases faibles au sens de Bronsted-Lowry sont de bons groupes nucléofuges (partants).
Ainsi, l'aptitude nucléofuge des ions halogénures est :
(-) (-) (-) (-)
I > Br > Cl > F
(-) (-)
Les bases fortes, comme OH et RO sont de mauvais groupes partants. Ceci explique
pourquoi la substitution de ces groupes est activée par protonation, ce qui a pour effet de les
transformer en groupes partant, respectivement H2O et ROH, donc en bases faibles.
H (+) H - ROH
OR (+)
OR
24
Alternativement, on peut aussi "activer" le groupe OH en le transformant en un meilleur
groupe partant de type sulfonate au moyen des chlorures de sulfonyle correspondants.
O N O
R S Cl + HO R' R S O R'
O O
En série sulfonate, on a :
- 13 -3 -2
25
Chapitre 3
1. Généralités
Plus tard dans la synthèse, il sera nécessaire de déprotéger la fonction protégée afin de lui
rendre ses propriétés initiales.
Ainsi, la réaction entre deux acides aminés peut donner QUATRE dipeptides différents (et de
nombreux peptides).
O O O O
H H H H
H2N N CO2H H2N N CO2H H2N N CO2H H2N N CO2H
Afin de rendre la réaction sélective, il est nécessaire de recourir à la protection d’une fonction
amine dans l’un des acides aminés et d’une fonction carboxylique dans l’autre.
N-protection Z
HN CO2H
H2N CO2H
H
H
C-protection
H2N CO2H H2N CO2 - R
CH3 CH3
Z Z O
H
HN CO2H H2N CO2 - R HN N CO2 - R
+
H CH3 H CH3
déprotection
O
H
H2N N CO2H
H CH3
26
Afin de limiter les effets de ces réactions de protection/déprotection sur le rendement global
des transformations envisagées, il est nécessaire que les réactions de protection ET les réaction de
déprotection se fassent avec un rendement voisin de … 100 %. Le choix de ces réactions de
protection/déprotection est donc fondamental en synthèse organique.
• peu onéreuses
• non toxiques
• faciles à réaliser.
O O
H+
R NH2 + Cl O R N O R NH2
H
carbamate
chloroformate de tertio-butyle
O
R N O
H
t-BOC
R NH Boc
BOC
tertio-butyloxycarbonyle
+
La déprotection est réalisée au moyen d'un acide fort (H3O , TFA/CH2Cl2, HBr).
27
2.2. La protection sous forme d'amide
O O H2O / T
La protection résiste à NaBH4, aux oxydants ainsi qu'aux bases et aux acides modérés.
La déprotection est réalisée au moyen d'un acide fort (HCl, H2SO4) ou d'une base forte (KOH)
et en chauffant. La stabilité vis-à-vis de l'hydrolyse augmente dans le sens
28
29
3. Le cas des acides carboxyliques
H2O / T
O O H + ou OH - O
R + HO R' R R
OH O R' OH
H2 / Pd/C
R'' R''
+
O N O H N O R''
R + C R + C R NH
O H N - O
O N
R'' R'' N R''
carbodiimide
CH3
O
N N
R +
O R'' CH3 R''
N
R NH NH
DMAP (qté catal) -
O
O
N R'' N R''
N CH3
H 3C
O
R +
R''
N HO R'
NH O CH3
-
O R + + N N
N R'' O R' CH3
N CH3
H3C H
R''
+ NH
-
O
N R''
R''
O NH
R + HO
N NH N R''
O R'
C O
N NH
R''
dicyclohexylcarbodiimide NH
DCC O
HN R''
urée
30
4. Le cas des aldéhydes et des cétones
La protection se fait au moyen d'un alcool (deux équivalents), d'un diol ou d'un orthoester.
HO O HO
O + O +
HO O HO
La protection ne résiste pas aux acides. Il est à noter que les acétals cycliques sont plus
stables que les acétals non cycliques vis-à-vis de l'hydrolyse.
SiMe3 H SiMe3
OR O H+ O +
H3C
H3C Si I O SiMe
OR H3C 3 O SiMe
3
H SiMe3
O + H2O OH
+ HO-SiMe3 + H +
O SiMe O SiMe
3 3
31
5. La protection des alcools
H+
ROH + XR' O ROH
R R'
R' = Me, ArCH2, Me3Si
Cl
Cl B Cl
Cl Cl
B Cl
O R'
O R
R R'
H2O
ROH + BCl2(OH)
32
La déprotection des éthers benzyliques se fait aussi par hydrogénolyse (H2 / Pd/C) et par les
acides de Lewis de type BX3, AlX3.
La protection des alcools sous forme d'éther silylé est souvent utilisée pour augmenter la
volatilité des alcools précurseurs en vue d'analyses GC et MS (EI). L'encombrement d'un groupe TMS
conduit à une protection sélective des alcools primaires puis secondaires puis tertiaires. Les ions
fluorures sont de bons agents de déprotection de ces éthers silylés.
O + F- O-
R SiMe3 R + FSiMe3
H2O
ROH
APTS
ROH + *
O RO O
dihydropyrane
DHP
H+ -H+
H H
ROH
H H
+ O
O R O+
H
OMe MeO OR
APTS
ROH +
O O
33
5.3. La protection sous forme d'ester
34
Exercices
1. Le chlorure de trityle (Ph3CCl) permet de protéger sélectivement les alcools primaires. Pourquoi ?
Expliquer le mécanisme de cette réaction.
3. Soit le triol ci-dessous. Quelles seront les deux fonctions protégées par l'action du benzaldéhyde ?
Quelle sera la position des substituants ? Même question pour une protection avec la 3-pentanone.
Pour rappel, les réactions d'acétalisation sont des réactions réversibles
HO
OH OH
Spectre de A
35
5. Une cétone a été protégée, mais l’expérimentateur ne sait plus si il a utilisé du méthanol ou de
l’éthylène glycol. Pouvez-vous l’aider ? De quelle cétone s’agit-il ?
Spectres de la cétone
36
Chapitre 4
Etage - 3 PH3
R3P phosphine
R4P+H
Etage 0 P phosphore
R
Etage + 1 R P O acide phosphinique
OH
OH
R P O acide phosphonique
Etage + 3 OH
OR
R P O dialkyl phosphite
OR
OR
RO P trialkylphosphite
OR
OR
phosphate
Etage + 5 RO P O
OR
2. La RMN
1 13 1 13
Le phosphore 31 a un spin nucléaire de ½. Il est couplé au H et au C (les H et C sont
31 3 4
donc aussi couplés au P). L’observation des constantes de couplage de type J et J est fréquente.
CH3CN
(+ impureté)
H2O
O
LiO P OCH
3
P OLi
H3CO
O
Décalage
TMS non miscible
37
3. Le caractère oxophile
Le phosphore a une grande affinité pour la création d’une liaison P=O, comme dans l’oxyde
de phosphine. La formation de cet oxyde est d’ailleurs la force motrice de nombreuses réactions
mettant en jeu des dérivés du phosphore.
4. Les phosphines
4.1. La chiralité
Tout comme dans le cas de l’atome d’azote, la chiralité peut être détruite par la rapidité de
l’inversion d’une forme vers l’autre (effet parapluie), mais cette inversion nécessite PLUS d’énergie
que dans le cas de l’atome d’azote. Il est donc possible d’isoler des phosphines énantiomères pures.
4.2. L’acidité
L’introduction d’un groupe alkyle sur l’atome de phosphore de la phosphine diminue son
acidité.
pKa - 14 -3 +4 +9
Grâce au doublet électronique sur l’atome de phosphore, les phosphines sont de bons
nucléophiles, meilleures que les amines. Elles forment ainsi des sels de phosphoniums.
R1 R1 +
R4 R2 P R4
-
R2 P + X X
R3 R3
38
4.3.1. La réactivité vis-à-vis des halogènes et des tétrahalogènures de carbone
Les phosphines réagissent facilement avec les halogènes et les tétrahalogènures de carbone
pour fournir des sels de phosphonium très réactifs vis-à-vis des nucléophiles. Ce sont des précurseurs
de choix pour convertir les alcools en dérivés halogénés.
+
Cl
-
R3P + Cl Cl R3P Cl
+ - HCl +
O + R3P Cl
- -
Cl R3P O R' Cl
R' H
base
-
Cl
R3P O + R' Cl
+
Cl
-
R3P + Cl CCl 3 R3P CCl 3
+ - CHCl3 +
+ R3P - -
O Cl CCl 3 R3P O R' Cl + CHCl3
R' H
base
-
Cl
R3P O + R' Cl
H2 +
-
Ph3P + C Cl Ph3P CH2 Cl
H3C H3C
+ base + -
- Ph3P CH
Ph3P CH2 Cl
H3C - HCl H3C
ylure
39
En présence d’un aldéhyde (ou d’une cétone, plus difficilement), cet ylure réagit pour former
un oxophosphetane qui se clive spontanément pour fournir un alcène et l’oxyde de
triphénylphosphine.
O C -
O C
+ - + O
Ph3P CH Ph3P CH Ph3 P
H3C H3C H3C
oxophosphetane
O
O
Ph3P
Ph3 P
H 3C
C’est la réaction de Wittig qui permet de former un alcène à partir d’un composé carbonylé
(aldéhyde ou cétone) et d’un dérivé halogéné.
La réaction de Wittig
Ph3P R'
O
R' CH2X +
base
La réaction est Z-sélective avec les ylures non stabilisés (R’ = alkyle)
R''
O C
H R''
Ph H R'' H R"
- cinétique O
+ O
C R'
Ph3P C Ph P
H Ph3 P H R'
H R' C H
Ph R' faible interaction
H
faible interaction
R''
O C
H H
Ph R'' H
+ - O thermodynamique H R''
C C O
Ph3P Ph P H H R'
H R' R'' Ph3 P
C
R'
Ph R' forte interaction
H
faible interaction
40
Exemples
H
+ O H
Br
H
O OHC O H
Br + O
EtO O EtO O
H O
Exercice
C6H13Br
Ph3P / base 1) TsCl / pyridine C4H9
wittig H+ 2) NaI ? OH
H
O O
H
CHO
C5H11
Dans cette variante, on forme un ester α,β-insaturé (E, la géomètrie est liée à la stabilisation
de l’ylure) à partir d’un aldéhyde, d’un phosphonate et d’une base.
La réaction de Horner-Wadsworth-Emmons
réaction d'Arbuzov
OCH3
H3CO H3CO +
H3CO P R X H3CO P R CH3X + H3CO P R
O
-
O X O
CH3 CH3
triméthylphosphite phosphonate
Si R = H2C - CO2CH3
c'est le précurseur de
la réaction de
Horner-Wadsworth-Emmons
La réaction de Corey-Fuchs
O CBr2
..
+ - R
BuLi C
CBr2 + R R
Ph3P R Li
H H
H
41
Chapitre 5
1. Généralités
Parmi les réactifs les plus utilisés pour former un lien carbone-carbone, on peut certainement
citer les dérivés halogénés et parmi les réactions les plus fréquentes, la réaction de Friedel-Crafts et la
réaction de Grignard.
+ RX + HX
+ - + -
AlCl3 R X AlCl3 R + AlCl4
R X
AlCl3 + Cl -
Mg H2O
R R
O + RX OH
OMgX
R X + Mg RMgX
R Mg X
Le réactif de Grignard est en équilibre avec une forme dimère qui peut se dissocier en R2Mg
et MgX2. C’est l’équilibre de Schlenk. Un solvant de type éther (ou THF ou moins usité le
diméthoxyéthane, DME) qui stabilise la forme réactive monomère est à même de solubiliser le réactif.
42
La réaction de formation du réactif de Grignard implique l’insertion du métal dans un lien
carbone-halogène. Il s’agit d’une addition oxydante, le métal passe de l’étage d’oxydation 0 à l’étage
+ 2 ; l’atome de carbone change de polarité (principe d’inversion de polarité).
R R
M(0) M (+ 2)
X
X
(+) (-)
R R (2 +)
M M
X
X (-)
(-)
R .
R
M(0)
. R
M (+ 2)
M X
X X
Y
Y
M (+ 2) M(0)
X X
2. Le palladium
Le palladium est un métal de transition ayant 10 électrons de valence qui peut former des
liaisons avec des coordinats, aussi appelés ligands, de façon à remplir ses trois sous-couches, c’est à
2 10 6
dire à atteindre la structure électronique à 18 électrons ns (n-1)d np . Pour atteindre cet état, il faut
donc apporter 8 électrons, souvent sous la forme de 4 doublets.
L 0 L
Pd Pd(0)L4
L L
Le chlorure de palladium(II), PdCl2, est un oligomère insoluble dans la plupart des solvants
organiques. En présence de ligands donneurs, comme la triphénylphosphine, la structure oligomère
est cassée et il se forme des monomère PdCl2L2, stables à l’air et solubles dans la plupart des
solvants organiques. Le complexe PdCl2(PPh3)2 est un solide jaune stable à l’air.
Cl Cl
Cl
Pd
Cl Cl Cl
2 PPh3
[PdCl2]n PdCl2(PPh)3
43
L’acétate de palladium(II) est aussi un produit commercial fréquemment utilisé pour générer,
in situ par réduction, les complexes de Pd(0).
Pd(OAc)2
Il s’agit de réactions mettant en jeu un réactif RX porteur d’un groupe halogène (Cl, Br, I) ou
2
triflate, souvent lié à un atome de carbone sp (alcène, aryle) et un coréactif YR’. Ces réactions
conduisent à la formation d’un lien carbone-carbone entre R et R’.
Après formation du catalyseur au palladium (0) et addition oxydante du précurseur R-X, ces
réactions procèdent
soit par transmétallation (pour les huit premières)
RX
R
L Pd L
L Pd(0) L addition oxydante
X
X Y
Y R'
R R' où Y est un métal
R
transmetallation
évolution et
élimination L Pd L
réductrice
R'
44
3.1. Le couplage de Suzuki
Il s’agit d’une méthode générale de formation d’un lien carbone-carbone mettant en jeu un
précurseur R-X et un borane.
Le couplage de Suzuk i
R'' Pd(0)
RX + R' B R R'
R'' base
La nomenclature
BH3 est un acide de Lewis. La lacune électronique conduit à la formation de dimère B2H6
(diborane) ainsi qu’à des complexes stables BH3.THF, BH3.OEt2, … Les acides boroniques et leurs
esters sont généralement stables à l’air et thermiquement
Préparation
via une addition en syn, le bore se plaçant sur l'atome de carbone le MOINS encombr é
H B
Le 9-borobicyclononane (9-BBN)
H
B
+ BH3 BH
cyclooctadiène
Le dicyclohexylborane
H
B
2 + BH3
45
Le mécanisme de la réaction de Suzuki
Le catalyseur au Pd(0), très sensible à l’air, est généré in situ, à partir d’un sel de Pd(II) et d’une base
qui sert à la réduction de Pd(II) et à piéger l’acide formé au terme de la réaction (pour simplifier
l’écriture, les ligands ne sont pas mentionnés). Le catalyseur au Pd(0) forme alors avec l’espèce
portant le groupe partant un complexe π. Le catalyseur au Pd(0) s’insère dans la liaison carbone-
groupe partant en passant à l’étage d’oxydation +2 (addition oxydante).
L’étape suivante est une réaction de transmétallation (qui en réalité, dans la réaction de Suzuki, a
demandé l’échange préalable du groupe partant X par un anion) puis une élimination réductrice qui
régénère le catalyseur au Pd(0).
46
Le cycle catalytique simplifié se représente donc :
Exemple
H H Ph
H
H
O + Ph H
B
Br H H
H O
Exercice
Quelle est la structure du produit de couplage de Suzuki obtenu au départ des réactifs
suivants ? Quelle est la structure du produit totalement déprotégé ?
O O O
O
I
B(Sia)2 +
Il s’agit d’une réaction de formation d’un lien carbone-carbone mettant en jeu le réactif RX et
un acétylènure de cuivre.
Le couplage de Sonogashir a
Pd(0)
RX + H R" R R"
base / CuI
47
Les acétylènures cuivreux sont explosifs. L’utilisation de Cu(I) en quantités catalytiques rend
la réaction possible dans des conditions moins dangereuses.
R R
+ Cu R" Pd R" + CuX
Pd (+ 2)
X
Y
Y
M (+ 2) M(0)
X X
R
Pd R" R R"
48
3.3. Le couplage de Stille
Il s’agit d’une méthode générale de formation de lien carbone-carbone mettant en jeu le réactif
RX et un stannane.
Le couplage de Stille
Pd(0)
RX + R'' 3Sn R' R R'
base
Les stannanes d’alkyle s’obtiennent par l’action d’un réactif de Grignard sur un oxyde de
bis(trialkylétain) ou un halogènure de trialkylétain.
RX + Mg R MgX R SnBu3
O
Bu3Sn SnBu3
Cl
SnCl4 + 3 SnBu4 SnBu3
Contrairement aux réactifs de Grignard, les organoétains sont stables et distillables. Ils sont
toutefois très toxiques.
Exemple
Br O SnMe3 O
+ CO2Et
CO2Et
49
3.4. Le couplage de (Mizoroki - ) Heck
Il s’agit d’une méthode de formation d’un lien carbone-carbone à partir du réactif RX et un alcène.
Le couplage de Heck
H Pd(0)
R" R
RX + R"
H H
base
Par ce couplage,
Il est à noter que ce couplage permet, entre autres, d’obtenir des dérivés de type stilbène,
comme la réaction de Wittig.
R R Pd(0) R
Pd(0) Pd (+ 2)
X
X X
Le catalyseur au Pd(II) forme un nouveau complexe π avec l’alcène puis il s’additionne en cis sur
l’alcène, le groupe R se fixant sur l’atome de carbone le moins encombré. C’est une réaction de
carbopalladation régiosélective.
H R"
R H H H
R" R" PdX
Pd (+ 2) +
X H H X R (+2)
R Pd
(+2)
Une libre rotation amène un atome d’hydrogène de l’atome de carbone ayant accueilli le groupe R’ et
le groupe Pd sur l’atome de carbone voisin en syn l’un par rapport à l’autre. Ces deux groupes sont
éliminés de la molécule (β-élimination, β par rapport au Pd) pour reformer la double liaison et libérer
un hydrure de Pd(II).
50
En considérant le cycle catalytique, on peut donc écrire :
Exemple
I CHO
+ CHO
H H
H H
Exercices
CHO
I +
H
H
H
OSO2CF3 + CO2CH3
Br
+
51
3.5. La carbonylation
Pd(0) O
RX + CO + NuH R C
base Nu
Il est à noter que d’autres catalyseurs peuvent être utilisés, il s’agit de catalyseurs à base de
cobalt ou de rhodium. L’application la plus importante est la réaction d’hydroformylation des alcènes,
connue sous le nom de procédé OXO dans l’industrie. Elle est à la base de la production de millions
de tonnes d’aldéhydes. Partant des aldéhydes, on accède aux alcools ou aux acides. L’isomère
linéaire est souvent prédominant.
H O
Co ou Rh O
R + CO + H2 R R
H +
*
linéaire ramifié
52
Chapitre 6
O
CrO3 OH
R R Cr base R
OH O O
O
H H
Les dérivés du chrome sont toxiques et polluants. De l’oxydant le plus puissant au moins
puissant, on trouve
+ Cr2O7 2 -
N
H
2
53
1.2. L’oxydation au diméthylsulfoxyde activé
H3C
S O
H3C
RCH2OH RCHO
Cl O
Et3N
Cl O
Cl O
H 3C Cl O H3C + + Cl - +
S O O H3C
S O S Cl
H3C H3C
Cl O - Cl - - CO H3C
- CO2
- Cl -
+
H3C
S Cl NEt3 CH3
CH3 H
H3C H R C O S+
RCH2OH R C O S +
H CH2 -
H CH2
- Cl- H
RCHO + Me2S
malodorant
Elle met en jeu de la dicyclohexylcarbodiimide (DCC) et du DMSO. Elle transforme les alcools
primaires en aldéhydes.
AcO OAc
I OAc
O
Elle transforme les alcools primaires en aldéhydes. Le TPAP est utilisé en quantité
catalytique.
H3C
N+ O Pr4N + RuO4 -
-
O
54
1.3.3. L’oxydation au moyen d’hypochlorite de sodium en présence de nitroxyle
de tétraméthylpipéridine (Tempo)
Elle transforme les alcools primaires en aldéhydes. Le Tempo est utilisé en quantité
catalytique.
NaClO
N
O .
1.4. Des oxydations particulières
PdCl2
CuCl2 / H2O
O
H2C CH2 + O2 H3C
H
PdCl2
CuCl2 / H2O
R + O2 R
CH3
O
1.4.2. L’oxydation d’Oppenauer
Elle permet de transformer un alcool en aldéhyde ou cétone par l’action d’une base dérivée de
l’aluminium en présence d’une cétone (acétone), qui est réduite.
O Al(O-iBu)3 OH
OH O
+ H3C CH3 + H3C CH3
R1 R2 R1 R2
iBu
O
OH Al(O-iBu)3 Al O iBu
O
R1 R2 R1 R2
H
iBu
O
Al O iBu iBu
O O O
+ Al O iBu
R1 R2 R1 R2 O
H
H3 C CH3
O H
H3 C CH3
La réaction « inverse », c’est à dire la réduction d’une cétone par un alcool (isopropanol) porte
le nom de réduction de Meerwein-Pondorf-Vedleg.
55
2. Les réactions de réduction
La réduction des esters en alcools par l’hydrure de lithium aluminium se fait selon le
mécanisme suivant :
Li + Li
O O
O
+ Li + AlH4 - R OR'
R OR' H
R OR'
H
- AlH
3
O + R'OH
R H
-
Li +
Li + AlH3
O O- O
AlH3
Li + AlH4 - R H H R H
R H
H
H
- AlH
3 H+
H
O
R H
H
La réduction des cétones en alcools par le borohydrure de sodium se fait selon un mécanisme
comparable :
Na+ H OEt Na + -
BH3 H+ OH
O NaBH4 O O -
BH3 O
EtOH H
H H H
H
- BH
3
BH3 réduit les acides en alcools, mais ne réduit pas les chlorures d’acide ni les esters
les amides en amines.
CH3
O
HN O DIBAL AliBu H+
O R CH3 O O
H3C R
R N O R CH3
Y H3C HN O H
H3C
amide de Weinreb
Y = OH, Cl
56
2.2. L’hydrogénation catalytique (hydrogènolyse)
L’hydrogénation catalytique se fait
• préférentiellement sur
les chlorures d’acide pour donner des aldéhydes,
c’est la réaction de Rosenmund
les groupes nitro
les alcynes, qui sont transformés en alcènes cis
c’est la réduction de Lindlar (qui se fait avec du Pd de Lindlar)
• puis sur
les aldéhydes
les alcènes
• puis sur
les cétones
les dérivés N- et O-benzyliques, qui sont débenzylés (déprotection)
R
O N réduction NHR
+ RNH2
H
Cette réaction peut être réalisée en une seule étape au moyen de cyanoborohydrure de
sodium, NaCNBH3, réactif sélectif qui ne réduit pas le dérivé carbonylé.
57
Le tableau ci-dessous résume l’action de différents réducteurs
58
DES EXERCICES …. en vrac
1. Compléter la séquence
1) (CF3CO)2O
H
H3CO N 2) Heck
CH3
H3CO I H
CH3
I CO O O
HO
3. Compléter la séquence
Pd(0)
OTf
+ Bu3Sn
Br I 1) TosCl
NHAc
2) Pd(0)
N CO2CH3
H
HO
3) Pd(0)
5. Compléter
OH
OH
H
TPAP / NMO
OH
OH
6. Le papillon femelle du ver à soie attire ses compagnons en émettant une phéromone appelée
bombykol. Voici sa synthèse, quelle est la formule de cette phéromone ?
Comment déterminer la géométrie des doubles liaisons ?
O
CH2Br n-C4H9Br LiAlH 4
H
OHC
CO2CH3
PPh3 / base PPh3 / base
H3C CHO
CO2C2H5 H3C Br PPh3
+ N
CH3 KHMDS
59
8. Quelle est la structure du produit de la réaction suivante ?
H
H H PdCl2(CH3CN)2
H9C4
SnBu3 +
H DMF
I
OH
H3C Pd(0)(PPh3)4
O O O H SnBu3
O
H
H3CO I
10. Expliquer
OH 1) DMSO / (COCl)2
2) O
N CN
PPh3 base
Br O
11. Expliquer
H3C
O H+ O
S S S S
H3C O O
O H
O O
12. Compléter
2 HCHO
NH3 NaCNBH3
O NaCNBH3
CH3
13. Comment préparer de l’alanine à partir d’acide pyruvique par une réaction d’amination réductrice ?
14. compléter la séquence suivante qui permet de préparer du salmefanol, un médicament pour lutter
contre l’asthme
O O LiAlH4
NaBH4 H2 / Pd sur C / H +
H3C N
O
H3C O
O
CH3
O
60
15. Compéter la séquence suivante.
Justifier l’orientation de la première réaction d’ioduration, quel est le groupement le plus donneur ?
Comment le savez-vous ?
Négliger les mécanismes de cyclisation et formylation.
Quels critères spectroscopiques permettent de confirmer la structure des produits obtenus ?
Br O
O
O 1) H 2 cat NaH / PhCH2Br I2 / Ag2SO4
H
CH3
O O 2) LiAlH4
PPh3 / base
CH3
H O
O I
I2
H3C O 3 O
O O
Pd(0) / CuI / TEA
CH3 O
H3C
t-BuLi H
O
BBr3
O O 3 O
N O
O
H O
CH3
H3C
61
Chapitre 7
1. Le vocabulaire de la chiralité
1.1. Généralités
Une substance est optiquement active lorsqu’elle est à même de faire tourner le plan de
polarisation d’une lumière polarisée. Cet effet se mesure à l’aide d’un polarimètre.
On définit :
[ α ] D = α lu / l c
[ α ] D = pouvoir rotatoire spécifique
l = longueur du tube en dm
c = concentration en g / ml.
Si la substance ne fait pas tourner le plan de polarisation de la lumière, elle est optiquement
inactive. Si la substance fait tourner le plan de polarisation de la lumière vers la droite, elle est dite
dextrogyre, on lui attribue le signe (+). On attribue le signe (-) à une substance lévogyre.
Cette activité optique est liée à la présence d’une asymétrie dans la molécule. Cette
asymétrie rend cette molécule différente de son image dans un miroir. La molécule est dite chirale.
On parle d’un couple d’énantiomères.
Une molécule possédant un atome de carbone substitué par quatre groupements différents
est chirale.
R1
R4
R2 R3
L’activité optique peut aussi être rencontrée dans le cas des allènes et des biphényles
substitués. On parle alors d’atropoisomérie, l’isomérie étant liée à l’absence de rotation au sein de
ces systèmes.
R1 R3 R3 R1
. .
R2 R4 R4 R2
R4 R1
R1 R4
R3 R2
R2 R3
62
1.2. La configuration absolue R et S
CO2H
OH
N
NH2 H
Les notations D pour les sucres et L pour les acides aminés font référence à la position
du groupe OH ou NH2 dans la projection de Fisher et sont issues de la structure du glycéraldéhyde.
H O
CO2H H O
OH H O
H2N H
HO H H HO H
H OH
OH CONH2 CH2OH CH2OH
OH
CH2OH D-glycéraldéhyde L-glycéraldéhyde
acide aminé L
(asparagine)
sucre D
63
1.3. D’autres définitions
Des stéréoisomères sont des substances ayant la même formule brute, le même enchaînement des
atomes mais ils différent par l’arrangement spatial des atomes.
Des énantiomères ou antipodes optiques sont des stéréoisomères. Ils ont une configuration
opposée à tous les centres chiraux.
CH2OH CH2OH
HO H H OH
H OH HO H
CH3 CH3
A part le sens de rotation du plan de polarisation de la lumière polarisée, des énantiomères ont des
propriétés identiques. En RMN, on peut assister à une complication des spectres en raison du
phénomène de diastéréotopie.
Cas de la 3-méthylpentane-2-one
CH2OH CH2OH
HO H H OH
H OH HO H
CH3 CH3
Une forme méso est achirale car la molécule présente un plan de symétrie.
64
Des dérivés racémiques et méso ont des propriétés différentes, notamment des spectres IR différents.
C’est le cas pour l’acide tartrique.
CH2OH
H OH
H OH
CH3
Un composé threo a deux carbones asymétriques portant chacun un substituant identique de part et
d’autre des liaisons verticales dans la projection de Fisher.
CH2OH
HO H
H OH
CH3
Des diastéréoisomères sont des stéréoisomères. Ils ont une configuration identique à un ou
plusieurs centres stéréogènes mais une configuration opposée aux autres centres.
CH2OH CH2OH
H OH H OH
HO H H OH
CH3 CH3
Des épimères sont des diatéréoisomères qui ne se distinguent que par la configuration d’un seul
centre stéréogène.
CH2OH CH2OH
H OH H OH
H OH H OH
H OH HO H
CH3 CH3
65
La résolution des énantiomères, comme la séparation d’un mélange racémique, se fait souvent
par formation de diatéréoisomères.
Ainsi, la synthèse à l’échelle du kilogramme d’acides aminés peut être réalisée par la réaction
de Stecker. C’est au niveau de l’intermédiaire de type nitrile que se fait la résolution.
KCN
NH2 NH2
O H + / H2O
NH4Cl O
R * C R *
R H N OH
CN
66
2. Le vocabulaire de la sélectivité
R R R
O O O
H R O
R
CO2H CH2OH
+ BH3
CO2R CO2R
sélectif de l'acide
La régiosélectivité implique une réaction préférentielle sur un site plutôt que sur un autre.
H Cl H
+ HCl CH2 O attaque en 1,2 ou en 1,4
H3C
H3C
HH Cl
CH2
La stéréosélectivité est la formation préférentielle d’un stéréoisomère parmi tous les stéréoisomères
possibles. On distingue alors
l’énantiosélectivité
H H
époxydation
H H
O O
+
H H
HO HO
HO
95 : 5
ee = 90 %
la diastéréosélectivité
Br Br
Br2 / CCl4
Br + Ph Br
Ph Ph
CH3 CH3 CH3
78 : 22
ds = 78 : 22
67
Des réactions sont stéréospécifiques si des stéréoisomères précurseurs différents donnent des
stéréoisomères finaux différents.
CH3 CH3
+ Br2 H Br Br H
H3C CH3
Br H H Br
CH3 CH3
CH3 CH3
+ Br2 H Br
H3C H Br
CH3
Deux réactions sont stéréoconvergentes si des stéréoisomères précurseurs différents donnent des
stéréoisomères finaux identiques.
AcO O
AcO Br
AcO
AcO O
AcO O
AcO CH3
AcO O
AcO
AcO Br
L’induction de chiralité, c’est l’influence d’un centre chiral de configuration donnée sur la formation
d’un autre centre.
C2H5O2C O
+ Br CH2 CO2C2H5
C2H5O2C O
68
3. L’ addition sur la double liaison carbone – carbone
(1) H H
O
OH
H H H
OH
H
H H
(2)
O
OH
H
HO CO2C2H5
(1) L-(+)-DET (10 %)
L Lower face
HO CO2C2H5
tartrate de diéthyle énantiopure
HO CO2C2H5
(2) D-(-)-DET (10 %)
HO CO2C2H5
tartrate de diéthyle énantiopure
tamis moléculaire ( 3 A)
69
Exemple
O O
O
H O H
H O
O + O
O OH
OH OH
H H H
L-(+)-DET 22 : 1
D-(-)-DET 1 : 90
L’intérêt de la procédure réside dans le fait que les époxydes sont précurseurs de
nombreuses fonctions organiques.
HO HO
Br R
HBr
RMgX
CH3ONa O
HO HO
RNH2
H3O +
H3CO RNH
HO
HO
Exercice
La séquence suivante est utilisée industriellement pour préparer la dispature (une phéromone).
Br H2 / Cat
PDC
HO
Sharpless Wittig
D-(-)-DET
70
Noyori a développé des complexes catalytiques à base de BINAP (2,2’-
bis(diphénylphosphino)-1,1’-binaphthyle) et de palladium, rhodium ainsi que ruthénium. Ces
catalyseurs permettent l’hydrogénation énantiosélective de la double liaison carbone-carbone dans
certains alcools allyliques et acides acryliques.
H2
CHR CH2R CH2R
ou
1
R1 CO2H R CO2H R1 CO2H
H H
selon la nature du catalyseur
[(R)-BINAP]Ru(OAc)2
ou
[(S)-BINAP]Ru(OAc)2
H3C H
H2
CO2H CO2H
H3C H3C
O O
[(S)-BINAP]Ru(OAc) 2
O-Pivaloyle = tert-butyl-CO2-
71
Les prix de ces catalyseurs à base de BINAP sont très élevés mais ils sont particulièrement
efficaces à des concentrations inférieures au millième de % en mole. Ceci les rend rentables même
dans l’industrie.
H
H2 HH HH
O CO2H O CO2H HO CO2H
H3 C H 3C
H H
H3 C NHAc H 3C NHAc NH2
O [DIPAMP]RhL2+ O HO
L-DOPA
L’ozonolyse
R2 R1 R2
R1 R2 R1 O
O O
+ O (+) O
3 4 (-)
O R3 O
R R R4 O
3
ozonide R R4
R2 R2
1 R2 R1 R1 O
et R O O
mais pas O ni O
O O
O R3 O 3 4
R3 R4 R R
R4
72
L’oxydation des doubles liaisons par le tétroxyde d’osmium
R2 R2
R1 R2 R1 O
O R1
H2O OH
O O Os
+ Os
R3 O
R3 R4 O O R4
O R3 OH
R4
O R2
R1 R2 R1
O
+ O O
R
R3 R4 H R3 4
R
O H
H O
+ O O
H H H
Cl
L’addition de borane
D D
BH2 H2O2 / NaOH OH
D
BH2
+ H
H H D
D D
L’hydrogénation catalytique
D
H
D
H
+
H H
D D
Elle se fait avec HOX, mais aussi à la NBS (en présence d’eau) ou à la chloramine-T (en présence
d’eau).
O H H
H DMSO Br
+ Br N Br (+)
H OH
H2O H H
O
HO ( - )
halohydrine
O
chloramine-T = Cl HN S
O
73
4. L’attaque sur le carbonyle
4.1. Généralités
Pour minimiser les interactions entre le nucléophile et une paire d’électrons libre de l’atome
d’oxygène, le nucléophile n’attaque pas le carbone du carbonyle suivant un angle de 90 °
(perpendiculairement à la liaison) mais bien selon un angle d’environ 105 - 110 °. C’est la trajectoir e
(l’angle) de Burgi-Dunitz.
Comme le plan du carbonyle coupe l’espace en deux parties, le nucléophile peut attaquer le
carbonyle par chacune de ces deux parties de l’espace. On parle d’une attaque par la face re ou par
la face si.
En conséquence, l’attaque fournit deux énantiomères. On dit que les faces re et si ont une
relation énantiotopique.
A priori, un nucléophile attaquera le groupe carbonyle par les deux faces et l’on obtient un
racémique.
74
Il est toutefois possible d’aboutir à un excès énantiomèrique
C8H17 C8H17
réduction
H
H
HO
O H
H
H H
HO
O H H H
ee = 76 %
LiAlH4
attaque axiale force
le OH en position équatoriale
H H
H
O H OH H
ee = 60 %
C’est le cas du réactif CBS (Corey, Bahski, Shibita), qui est du borane complexé à un catalyseur lui-
même à base de bore.
Le catalyseur se prépare selon :
Le réactif est :
O
réactif CBS HO H
CH3
CH3
ee = 97 %
75
L’attaque se fait préférentiellement du côté portant le plus petit substituant.
Ainsi la séquence suivante permet de préparer l’alcool décrit avec un excès énantiomèrique de 83 %.
O OH
OH OH
R R
O
LAH
O réduction sélective OH
O O
R de la cétone R
O O
ester de 8-phénylmenthol
Dans ce modèle, le groupement « gros » sur le carbone en α du carbonyle est éclipsé par le
groupement carbonyle.
Exemple
76
Le modèle de Felkin (modèle théorique)
Dans ce modèle, le groupement ‘gros’ (qui, dans certains cas, peut être le plus électronégatif
plutôt que le plus volumineux) est placé perpendiculairement au groupe carbonyle. Le substituant
« petit » est en position syn par rapport à R. L’attaque se fait par le côté opposé au groupement
« gros ».
Les copules d’Evans sont un autre exemple d’auxiliaires chiraux permettant de modifier la
sélectivité d’une réaction.
Il s’agit d’oxazolidinones obtenues par l’action du phosgène ou d’un carbonate d’alkyle sur un
aminoalcool de configuration donnée.
Cl
O
OH Cl 1
5 O 2
NH2 (S) O
ou
4 N
H 3
RO
O
(S)-phénylglycinol RO
L’action d’un chlorure d’acide sur cet hétérocycle fournit un réactif prêt pour la synthèse
asymétrique.
O
O
O Cl (S) O
O N
(S)
N O
H
77
Le cycle présent dans cette molécule est plan. Le substituant en position 4 confère à une face
un encombrement notable. L’attaque d’un électrophile en α du carbonyle exocyclique se fera donc
préférentiellement par la face la moins encombrée, donnant ainsi un excès énantiomèrique.
Exemple
O O
base O
(S) O
O E (+) (S) O
N (S) N
N
O O
O (-)
E
O H (+) LDA
+ N N
(S) N (S)
H H2N
O O
CH3 CH3
R-X
N
N N N Li (S)
(S) N Li (S)
N
O
O O
(-) CH3
CH3 CH3
R-X
Li (+)
trans-azaènolate
O3 O Zn/AcOH N
N H 2N (S)
N (S) (S)
N (S) + O N
(S) H O
O R O CH3
R CH3 recyclable
CH3
78
La situation est inversée dans le cas de l’auxiliaire RAMP.
Exemple
RAMP
O CH3I O
H3C
(S)
6. L’inversion de configuration
La réaction de substitution nucléophile bimoléculaire en série aliphatique est une réaction qui
s’accompagne d’une inversion de configuration, appelée inversion de Walden.
Dans cette réaction, les alcools doivent être activés afin d’augmenter le caractère nucléofuge
du groupe hydroxyle. Celui-ci peut être protoné ou converti en ester d’acide sulfonique comme nous
l’avons déjà vu. La réaction de Mitsunobu, aussi appelée inversion de Mitsunobu, permet également
« d’activer » un alcool qui réagira ensuite avec un nucléophile selon un mécanisme de type SN2. De
façon originale, cette réaction met en jeu, en une seule fois, l’alcool, le nucléophile, de la
triphénylphosphine et de l’azadicarboxylate de diéthyle (DEAD).
O
H5C2O N
N OC2H5
O
R OH + NuH R Nu
PPh3
Dans une première étape, la phosphine s’additionne sur la double liaison N=N. Cet anion
arrache un proton à l’alcool créant ainsi un anion alcoolate qui attaque l’atome de phosphore chargé
positivement. C’est une SN2 sur le phosphore. Le nouvel anion azoté formé arrache un proton au
nucléophile, qui doit donc être suffisamment acide (pKa < 11). Le nucléophile chargé négativement
attaque le substrat qui libère l’oxyde de phosphine. La réaction se fait avec une inversion de
configuration au niveau de l’atome de carbone porteur de la fonction alcool.
79
La réaction de Mitsunobu permet, entre autres, de former des esters avec inversion de
configuration de l’alcool, contrairement à ce qui se passe dans une réaction d’estérification classique.
CH3 O CH3 O
R OH +
Cl R' R O R'
CH3 O CH3 O
PPh3
R OH +
HO R' R O R'
DEAD
Il est à noter que cette réaction d’estérification peut être exploitée pour inverser la
configuration d’un alcool.
CH3 O CH3 O
PPh3
R OH +
HO R' R O R'
DEAD
CH3
hydrolyse
R OH
Toutefois, expérimentalement la réaction est difficile car elle nécessite une purification parfois
fastidieuse du produit final.
80
Exemple
S S
O
S S
OH OH Mitsunobu O
O O
OH OH
O
O S S
S S
Exercice
OH
O OH
HO PPh3 / DEAD
7. La synthèse peptidique
7.1. La protection
Voir chapitre 3
(+)
O - H (+) O
HO O O
HO S
R O + S S R O Cl
Cl Cl R O Cl
(-)
NHP - Cl NHP NHP
Cl ( - )
O - SO2
R Cl - Cl ( - )
NHP
Cette réaction est toutefois rapidement suivie d’une réaction intramoléculaire conduisant à la
formation d’une oxazolone et à la perte de la chiralité par l’intervention d’un équilibre ènol-cétone.
O
R R O OH
H Cl R
H O
HN O
O N N
R'
Il est donc nécessaire de procéder à l’activation par des groupes peu sensibles à cette
réaction intramoléculaire comme la dicyclohexylcarbodiiimide (DCC), la diisopropylcarbodiimide (DIC)
ou la 1-éthyl-3-(3-diméthylaminopropyl)carbodiimide (EDC).
81
Cette réaction est éventuellement menée en présence de quantités catalytiques de 4-
diméthylaminopyridine (DMAP), d’hydroxybenzotriazole (BtOH), de pentafluorophénol ou de 4-
nitrophénol, qui activent une seconde fois la fonction carboxylique.
N
N - NH
O - NH O O
O O
R + N N R
R O N
OH N
N N N - CO2
N
N
NH
82
Chapitre 8
1. Généralités
coupure homolytique
A B
A . . B A + B
coupure hétérolytique
Les radicaux libres sont souvent peu stables, donc très réactifs. Ils sont mis en évidence par
RPE. Il s’agit d’espèces monoélectroniques. On dit aussi qu’ils possèdent un électron célibataire, un
électron libre ou encore un électron non apparié. Ce sont généralement des intermédiaires réactifs
ayant une durée de vie courte.
Tout comme on parle de HOMO et LUMO, dans le cas de la formation d’un radical, on parle
de SOMO pour « Semi Occupied Molecular Orbital.
LUMO
SOMO
HOMO
La facilité avec laquelle on forme un radical libre est liée à la force de la liaison rompue.
C2H5 – I 53 PhO - H 86
C2H5 – Br 69 HOO - H 88
Bu3Sn – H 74 Me3Si - H 90
(Me3Si)3Si – H 78 H3CS - H 92
PhS – H 82 HO - H 119
83
.
CH2 CH2
.
. CH
2
Ar
. Ar
Ar =
Ar
La présence des groupes tertio-butyles volumineux est importante pour éviter la dimérisation.
Les radicaux nitrosyles sont persistants.
. R' R' .
R + N O N O
R
nitroso
radical nitrosyle
N
O .
TEMPO
Un radical libre n’a pas la mémoire de la stéréochimie du produit de départ, l’inversion
pyramidale ne nécessite que quelques kJ/mole (moins de 10).
.
.
Il existe des radicaux électrophiles, ce sont des radicaux dont la SOMO est basse en
énergie.
. Cl . Br RO
. .CHX R
CO2R
. R
NO2
.
2
CO2R NO2
84
et des radicaux nucléophiles, dont la SOMO est haute en énergie.
. O N O .
. . .
R3Sn
.
Un radical et le carbanion correspondant peuvent avoir un caractère opposé, c’est une autre
illustration du principe d’inversion de polarité (cfr. Halogénure et réactif de Grignard ou de Wittig).
-
CO2R CO2R
R . R
CO2R CO2R
caractère caractère
électrophile nucléophile
peroxyde
N N 2 . + N2
NC CN NC
azobisisobutyronitrile
R+ + 1e- R+
.
R- + 1e- R-
.
Les métaux comme Li, Na, Mg dissous dans l’ammoniac liquid permettent la formation de
radicaux libres.
85
2.4. A partir d’iodure de samarium
Sm 0 excès
Sm 0 + I2 [SmI3] SmI2
solution solution
vert foncé bleu foncé
SmI2
.
R X R
O O Mn(OAc)3
O O
.
3. La réactivité des radicaux libres
Un initiateur, utilisé en quantité catalytique, va former des radicaux qui vont ensuite réagir
avec l’espèce propagatrice, utilisée en quantité stoechiométrique.
Exemples d’initiateurs :
Les peroxydes
R O O R R O
.
peroxyde de benzoyle
O
O
Ph O
. CO2 + Ph
.
Ph O Ph O
eau oxygénée
Fe 2+
+ H2O2 3+
.
Fe + 2 HO
86
L’AIBN
N N 2 . + N2
NC CN NC
azobisisobutyronitrile
Les hexaalkyl diétains
2 Bu3Sn
.
Bu3Sn-SnBu3
Exemples d’initiation :
R O O R R O
.
. .
R O + HBr R OH + Br
AIBN et Bu3SnH (hydrure de tributylétain) Bu3Sn
.
3.1.2. La propagation
Le radical propagateur, plus réactif que le radical initiateur, réagit sur le substrat et génère un
nouveau radical qui va évoluer.
.
Prop + Subst radical
.
Souvent ce radical réagit avec le propagateur lui-même pour former un nouveau radical
propagateur et permettre à la réaction de se poursuivre.
Prop
. . .
Prop + Subst radical Produit + Prop
Exemple
Initiation : RO-OR / HBr Br
.
H Br
. Br .
Propagation : Br + . Br
H + Br
3.1.3. La terminaison
Br
Br
. + Br
. Br
Dans ce cas, il n’y a pas d’initiateur et elle ne peut donc pas être inhibée par une quantité
catalytique de pièges à radicaux. La réaction non-chaîne avec transfert d’électrons conduit à la
formation de radicaux cations ou de radicaux anions.
87
4. Des exemples de réactions radicalaires
4.1. L’halogénation
lumière
Cl
+ Cl2
initiation
N N 2 . + N2
NC CN NC
azobisisobutyronitrile
. + Bu3SnH H + Bu3Sn
.
NC NC
propagation
Bu3Sn
. + R-X
.
Bu3SnX + R
. RH + Bu3Sn
.
R + Bu3SnH
Il est à noter que l’action des dérivés de l’étain sur les dérivés halogénés est la façon la plus
courante de former des radicaux alkyles.
. .
Bu3Sn + RX R
. .
R
R + CN CN
. H
.
R R + Bu3Sn
CN + Bu3SnH CN
Exemple :
Bu3SnH
O O O O
AIBN
EtO OEt + O EtO OEt
Cl O
88
Exercice
Expliquer pourquoi la réaction de copolymerisation radicalaire entre l’acétate de vinyle et l’
acrylate de méthyle fournit un polymère de structure bien déterminée.
CH3 CH3
Bu3SnH CH3
O O O O O
OAc AIBN O
OAc OAc
+
acétate de vinyle n
acrylate de méthyle
Bu3Sn-H
radical
Me3SiO
. SnBu3 nucléophile
N N
H H
Bu3Sn
SPh SPh
. .
N N
H H
Il s’agit de règles empiriques qui permettent de prévoir la taille du cycle formé dans une
réaction radicalaire de type
. ou
89
2
Trig si le radical attaque un atome sp (double liaison)
3
Tet si le radical attaque un atome sp (simple liaison)
.
5-endo-tet
6. Des applications
De nombreuses reactions métaboliques et biologiques sont de type radicalaire.
90
Chapitre 9
L’ACTIVATION PHOTOCHIMIQUE
1. Généralités
Dans son état fondamental, une molécule présente un spin global S nul. La multiplicité de
l’état fondamental, définie comme 2S + 1, vaut 1. L’état est dit singulet (S0).
Quand un électron passe dans l’orbitale LUMO, en général il garde son spin. La multiplicité de
cet état est donc encore 1. C’est l’état singulet excité, le premier niveau est dénommé S1.
Dans cet état S1, le principe de Pauli ne s’applique plus et le système peut évoluer vers une
situation dans laquelle les deux électrons ont des nombres quantiques de spin identiques. La
multiplicité de cet état vaut 3. C’est un état excité triplet T1.
91
2. Les réactions photochimiques
Sous activation photochimique, les dérivés carbonylés peuvent subir une rupture de la liaison
α. C’est la réaction de Norrish, type 1. Elle affecte l’état excité singulet.
R .
lumière
R R * . O
O O
R R R
.. O
O
O
..
O O
.
.
La réaction de Norrish type 1 est fréquente en phase gazeuse et, par suite d’une seconde
réaction de Norrish type 1, il y a extrusion de monoxyde de carbone.
O - CO . .
O
..
O H
O H * O
H
.
R2 lumière 2
R R2
R 1
R1
R 1 .
HO R2
O 2
R R1
1 +
R CH3
92
2.3. La photoréduction intermoléculaire
Dans l’état excité triplet, les dérivés carbonylés peuvent facilement être réduits par
arrachement d’un atome d’hydrogène à une molécule donneur comme un alcool et plus
particulièrement l’isopropanol.
R'OH
R lumière R * R
. O
H .
O O + R'O
R R R
HO OH R
R R R OH R
R R H R OH
R'O
pinacole
Par excitation photochimique d’une double liaison carbone-carbone, un électron passe dans
une orbitale π anti-liante et conduit à la perte du caractère de double liaison. On passe alors par un
état relaxé qui évolue vers l’état fondamental aussi bien vers la forme cis que vers la forme trans. A
partir d’un isomère pur, on obtient donc un mélange dont la composition dépend, entre autres, de la
valeur du coefficient d’extinction molaire à la longueur d’onde de l’excitation.
93
Chapitre 10
1. Introduction
Dans ce type de réactions, il n’y a pas de charge sur l’intermédiaire. Les électrons impliqués
se déplacent autour d’un cercle.
Réactions de cycloaddition
Réactions sigmatropiques
Réactions électrocycliques
Ces réactions obéissent à des règles particulières connues sous le nom de règles de
Woodward et Hoffmann. Elles sont basées sur la théorie des orbitales moléculaires. Elles seront
brièvement évoquées dans ce cours mais pas discutées dans les détails.
2.1. Généralités
Il s’agit de réactions mettant en jeu deux partenaires qui vont s’additionner pour former un
cycle. L’exemple le plus connu est celui de la réaction de Diels et Alder. Cette réaction met en jeu un
diène (4 électrons π) et un diènophile (2 électrons π), elle est de type [4 + 2].
94
Les réactions de cycloaddition sont des réactions concertées synchrones, tous les
électrons étant en mouvement en même temps, les deux liaisons sigma se formant simultanément.
Si la réaction fait intervenir des centres de natures différentes pour la formation les liaisons
sigma, les distances entre les atomes impliqués ne sont pas identiques et la réaction est asynchrone,
un lien se formant plus vite que l’autre.
R R R
N N N
+
O O O
La réaction de Diel-Alder est une réaction thermique et réversible qui met en jeu un diène
qui doit être en s-cis. Le diènophile peut être un dérivé acétylènique ou un benzyne formé in situ.
Un benzyne s’obtient
Br - Br
Br
+ NH2
benzyne
O O O
NaNO2 OH T
OH OH O
NH2 N2 N2
O - CO2
- N2
O
N2
95
Souvent, le diène est riche en électrons tandis que le diènophile est pauvre en électrons.
Dans le cas de réactifs non symétriques, un problème de régiosélectivité se pose.
MeO
MeO CO2H
+
CO2H
CO2H
MeO
CO2CH3
MeO
MeO H CO2CH3 H
+ H
H3CO2C H CO2CH3
+
CH3
CH3
H3C
exo
endo
préférentiellement
Toutefois, lorsque des interactions π – π favorables entre le diène et le diènophile peuvent exister,
alors cinétiquement le produit endo est favorisé (contrôle cinétique). Comme la réaction est réversible,
le système est à même d’évoluer vers le dérivé exo. De telles interactions ont lieu lorsque le
diènophile porte au moins un groupe carbonyle ou une autre insaturation.
+
CO2CH3
CO2CH3
H3CO2C
exo
endo
sous contrôle cinétique
O
OCH3
96
Lorsque le diène est de type cis – cis ou trans – trans, les substituants sur les atomes de
carbones terminaux se retrouvent en cis dans le produit final. Selon les règles de Woodward-
Hoffmann, cela correspond à un mouvement disrotatoire.
H
CO2CH3
CO2CH3
+
H
CO2CH3 H CO2CH3
H
Ph
CO2CH3 Ph
+ CO2CH3
CO2CH3 CO2CH3
Ph
Ph
CO2CH3 CH3
CH3 CO2CH3
+
CO2CH3 CO2CH3
CH3
CH3
Il existe
CN CN
OCH3 OCH3
+
97
Des réactions de Diels-Alder catalysées
Un acide de Lewis peut augmenter le pouvoir électroattracteur dans le diènophile. Ceci renforce la
régiosélectivité.
O AlCl 3
CH3 AlCl3 CH3 O
OCH3 OCH3
+ +
CH3 O CH3
OCH3
O
OCH3
sans catalyseur 90 10
avec catalyseur 98 2
Il a été observé que l’anhydride maléique peut aussi réagir avec un alcène simple selon
O O
+ O O
H H
O O
Enfin, il est à noter que la formation des cycles à 10 chaînons est thermiquement permise et répond
aux mêmes règles que la réaction de Diels-Alder.
O + O
O
O
lumière
+
98
Les composants gardent leur géométrie dans le produit final, géométrie qui est celle qui
correspond à un état de transition le moins encombré (il n’y a ni exo ni endo dans ce type de réaction).
O
O H3CO2C H H3CO2C
CO2CH3 O
+ H
CO2CH3 H3CO2C CH3 H3CO2C
CH3
En ce qui concerne la régiosélectivité, les règles sont inversées par rapport à ce qui se passe
thermiquement.
O O
H
H
+
H3C CH3 H3C CH
3
Il existe des cycloadditions thermiques [2 + 2] qui mettent en jeu des cétènes et des
isocyanates.
O O
+ C
O O
+ C
N
N SO2Cl
SO2Cl
lactame
Dans ces réactions 1,3-dipolaires, le diène est remplacé par un dipôle constitué de trois
atomes et quatre électrons. L’alcène porte le nom de dipolarophile. Les alcènes simples et les alcènes
déficitaires en électrons sont de bons dipolarophiles.
B
A A B
La régiosélectivité est interprétée en terme d’affinité du centre négatif pour un centre positif.
R O R
N + N O
O
R
O
R
99
La stéréochimie est liée à une approche du dipolarophile par son côté le moins encombré. Il
n’y a pas de règles endo/exo dans ces cas.
O
N
+ N O
O
H
R H
O
R
Une nitrone
R O R
N N O
Un oxyde de nitrile
O
N N O
C
R
R
Un diazoalcane
R R R R
N N
N N
Un azoture
R R
HN N
N
N
N
N
Ces réactions procèdent souvent avec d’excellents rendements dans des conditions
expérimentales douces. Elles font partie d’une tendance connue sous le nom de « click chemistry ».
La sigmatropie est la migration d’une liaison sigma le long d’un système pi. On parle de
réarrangement (transposition) de type [n,m]. Les valeurs attribuées à n et m correspondent aux
positions que va occuper la liaison sigma après migration, la numérotation ayant été faite à partir de la
liaison rompue.
1 2 [3,3]
3
liaison O
qui va O
être rompue 1 3
2
100
Ce type particulier de réarrangement porte le nom de réarrangement de Claisen.
[3,3]
O O HO
R R
R R
N N
2
3 1
BuLi [2,3] H+
O O OH
O
O
2 1
2 1
S S
O O
3
R 1 R
2
Il existe aussi des transpositions d’hydrogène [1,5] sigmatropiques. Dans cette numérotation,
1 signifie que l’ancienne et la nouvelle liaison sigma sont sur le même atome. C’est donc une
migration de cet atome autour d’un système conjugué.
R H 1
R
[1,5]
1 H H
2 5 H
3 4
101
4. Les réactions électrocycliques
CH3 T CH3
CH3
CH3
102
Chapitre 11
LES CARBENES
1. Généralités
Un carbène est une espèce neutre qui contient un atome de carbone n’ayant que six électrons
de valence.
orbitale p
H H
H H
C C
atome de carbone
orbitale sp2 hydridé sp2
carbène triplet
carbène singulet
observable par RPE
2. Préparation
H2C N N N2 + : CH2
H2C N N
• par α-élimination
NaOH Cl
H Cl : C
Cl - HCl Cl
Cl
LDA R
H R : C
Cl Cl
Cl
3. Réactivité
• Les carbènes réagissent par insertion dans les doubles liaisons carbone-carbone pour former
des dérivés du cyclopropane
Cl
+ CCl2
Cl
CHBr3 H3C
H3C Br
t-BuOK Br
H3C
H3C
103
Les carbènes réagissent aussi par insertion dans une liaison carbone-hydrogène pour former
un lien carbone-carbone
H
R CH R C H
O O
:
H3 C H H3C H
H H H
:
H R
R CH O
O + O
O
Les carbènes attaquent les groupes O-H (N-H) pour former des liens O-R (N-R)
CH3
CH2
O O
R H
+ : CH2 O R
R H
ylure
Le diazométhane permet ainsi de préparer des esters méthyliques à partir d’acides et des
éthers méthyliques à partir d’alcools.
L’une des applications les plus importantes est vraisemblablement l’intervention des carbènes
dans les réactions de métathèse des oléfines.
Une réaction de métathèse des oléfines est un échange de groupements entre deux oléfines.
R1 R2 H H R1 R2 H H
+
+
H H R3 R4 R3 R4 H H
Il a été montré que les carbènes peuvent être stabilisés sous forme de complexes avec les
métaux de transition.
(Ph3P)nRuCl2 PPh3
Ph Cl Ru
N HC
N Ph Cl PPh Ph
3
complexe de Grubb
104
Le complexe de Grubb est un catalyseur (2 % en mole) dans la réaction de métathèse des
oléfines.
cycloaddition
[2 + 2]
N N
Tos Ph
Tos Ru
Ph3P
Cl Ru Ph métallocyclobutane
Cl PPh3
H
H C
N CH + Ph
N
Ph Tos Ru
Tos Ru
cycloaddition H C Ru
2
Ru [2 + 2]
HC C
H
N N
Tos Tos
H
C Ru nouveau complexe
cycloaddition H + qui va attaquer le substrat
H2C Ru
[2 + 2] HC CH
HC
N
N
Tos
Tos H H
cycloaddition -
[2 + 2] H H
N N H
Tos N
Tos Ru H
H Tos Ru
Ph3P
Cl Ru H
Cl PPh3
Ru
N
Ru Tos
ce complexe va perdre de l'éthylène
et ce sera ainsi dans la suite du cycle catalytique
N
H Tos
Ru
H +
N
Tos
105
Chapitre 12
Rétrosynthèse et synthons
Lorsque la structure d’une molécule cible est connue, on appelle rétrosynthèse ou analyse
rétrosynthétique la démarche intellectuelle qui consiste à partir de cette structure et à planifier sa
préparation, étape par étape, jusqu’aux précurseurs les plus simples ou commerciaux. On utilise une
flèche dite rétrosynthétique pour illustrer la démarche.
O O
Ph N CH3 + Cl CH3
H Ph NH2
Le fait de « casser » par la pensée un lien s’appelle une déconnexion et on parle de site de
déconnexion. On indique alors la nature du lien rompu par déconnexion et la fonction correspondante.
Les synthons sont les réactifs schématiques créés par la déconnexion. On leur associe une charge
(+ ou -) qui reflète la charge partielle des atomes impliqués dans la liaison.
O C-N amide
O
Ph N CH3 + CH3
H Ph NH
L’abréviation TGF est utilisée pour une « transformation de groupement fonctionnel », c'est-à-
dire une réaction n’impliquant pas la rupture d’une liaison dans la démarche rétrosynthétique.
On parle de déconnexion de type 1,2-diX pour impliquer un époxyde et 1,3-diX pour impliquer
une réaction sur un système carbonylé α,β-insaturé.
1,2-diX
N
H + H2N
OH O
1,3-diX O
O
Nu 3
Nu 2 1
Une déconnexion 1,2 C-C correspond à la rupture d’une liaison C-C dont un des atomes de
carbone est porteur d’un groupe carbonyle alors qu’une déconnexion 1,1 C-C correspond à la rupture
d’une liaison C-C dont un des atomes de carbone est porteur d’un hydroxyle. Ce dernier provient
vraisemblablement d’un groupe carbonyle dans le réactif réel.
1
CO2Et
2 CO2Et
1,2 C-C
1,1 C-C
OH
Ph OH O
CH2
H Ph
H H
106
DES EXERCICES … en vrac (II)
1.
O
O BrMg
O Cl O
O N
O NH
Me2S/CuBr/THF
NaH/THF
addition 1,4 pourquoi ?
O O
LiBH4/THF OH
O N TsCl/CH2Cl2
Et3N
OTs
Me (moins volumineux) vers le haut NaCN/DMF
(-)
add 1,4 en présence de Cu pour rendre R mou
(fin chapitre 2)
HO
O
CN
NaOH/H2O HO
LiAlH4/THF
2.
HH
H
+ C N O
N
H O
3.
L’encombrement place deux noyaux aromatiques perpendiculairement au plan du cycle
cyclopentadiènone.
Ph O
Ph
O O
Ph
Ph O
107
4.
Bu3SnH
I H3C H H
AIBN
H3C H3C
H3C
H H
H3C H H
H3C
H3C H3C
H3C
H3C H H
5.
O O
Mn(OAc)3 CH3
CO2Et
AcOH
CH3 CO2Et
hydrolyse
O O
CO2Et CH3
CH3 CO2Et
6.
OBenzyle
SnBu3 OBenzyle
CO2Et
CO2Et
I
Et3B
7.
Norrish 1
CH3 lumière
CH3 CH3
O
H3C CH3
HO
108
8.
RO
CH3
CH3
O
O
SPh R
O O
SPh
R' OR
RO
O O
OH DEAD/PPh3/NuH S CH3 HS CH3
H3C Ph H3C Ph
109
BIBLIOGRAPHIE
Livres
Articles
www. Chemguide.co.uk
www.thecatalyst.org
www.chem.ucalgary.ca
www.wpi.edu
en.wikipedia.org
www.chm.bris.ac.uk
www.cem.msu.edu
110