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CHIMIE ORGANIQUE III

Partie I
Analyse structurale
et analyse quantitative

Vanden Eynde J.J.


CHIMIE ORGANIQUE III

Première partie

ANALYSE STRUCTURALE
et

ANALYSE QUANTITATIVE

J.J. Vanden Eynde


TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION

Chapitre 1. LA SPECTROMETRIE DE MASSE 1

1. Le concept 1
2. L’appareillage schématisé 1
3. Les techniques d’ionisation 2
3.1. Les techniques d’ionisation en phase gazeuse 2
3.2. Les techniques d’ionisation par désorption 4
3.3. Les techniques d’ionisation à pression atmosphérique par évaporation 5
3.4. Conclusions 6
4. Les techniques de séparation des ions 7
4.1. Le spectromètre de masse à secteur magnétique 7
4.2. Le spectromètre de masse à trappe ionique (ion trap) 8
4.3. Le spectromètre de masse à transformée de Fourier 9
4.4. Le spectromètre de masse à temps de vol (ToF) 9
5. Le détecteur 9
6. La résolution 10
7. La spectrométrie de masse en tandem et les techniques apparentées 10
8. L’importance de la valence d’un élément 11
9. L’importance des isotopes 11
10. Exemples de spectres relevés en mode « impact électronique » 12
11. Exemples d’appareils 12
12. L’analyse élémentaire 13
13. Conclusion 13
Le dico 14

Chapitre 2. LA SPECTROSCOPIE D’ABSORPTION ULTRAVIOLET-VISIBLE 16

1. Les ondes électromagnétiques 16


2. Le concept 16
3. Un peu de vocabulaire technique 18
4. Les règles d’additivité 18
5. La pratique 20
5.1. L’appareil 20
5.2. Le relevé des spectres 22
5.3. L’unité de DO 22
5.4. La température de fusion de l’ADN (Tm) 23
6. Et après l’absorption ? 23
6.1. Le diagramme de Jablonski 23
6.2. La spectroscopie de fluorescence 24
7. Le dichroïsme circulaire et l’effet Cotton 26
8. Conclusion 26
Le dico 27
Exercices 28

Chapitre 3. LA SPECTROSCOPIE INFRA-ROUGE 31

1. Les ondes électromagnétiques 31


2. Le concept 32
3. Les fréquences caractéristiques 33
4. Le spectre des différentes classes de produits 35
4.1. Les alcanes 35
4.2. Les alcènes 35
4.3. Les alcynes 35
4.4. Les dérivés aromatiques 36
4.5.Les alcools 36
4.6. Les amines 37
4.7. Les nitriles 38
4.8. Les cétones 38
4.9. Les aldéhydes 39
4.10. Les acides carboxyliques 39
4.11. Les esters 39
4.12. Les halogénures d’acides 40
4.13. Les anhydrides 40
4.14. Les amides 41
4.15. Les éthers 42
4.16. Les dérivés nitrés 42
5. La pratique 44
5.1. L’appareil 44
5.2. L’échantillon 46
6. Les techniques récentes 47
6.1. La technique ATR 47
6.2. La technique DRIFT 48
6.3. La technique PM-IRRAS 48
7. La spectroscopie Raman 48
7.1. Le concept 48
7.2. Les fréquences caractéristiques 50
7.3. L’appareil 52
7.4. Les avantages de la spectroscopie Raman 52
8. Conclusion 52
Le dico 53
Exercices 54

Chapitre 4. LA RESONANCE MAGNETIQUE NUCLEAIRE 63

1. Les ondes électromagnétiques 63


2. Le concept 64
2.1. Le spin nucléaire 64
2.2. L’influence d’un champ magnétique externe 64
2.3. L’expérience de RMN 66
3. Le déplacement chimique (chemical shift) 66
3.1. L’influence du nuage électronique 66
3.2. La notion de déplacement chimique 67
3.3. La référence et la notion de noyaux magnétiquement équivalents 67
3.4. La valeur des déplacements chimiques 68
13
3.5. La valeur des déplacements chimiques pour les noyaux de C 73
4. L’intensité du signal (intégration) 73
5. Le couplage spin-spin 74
5.1. La notion de couplage et de constante de couplage 74
5.2. La grandeur des constantes de couplage 78
5.3. Le découplage de spin ou la double irradiation 81
6. La pratique 83
6.1. L’appareil 83
6.2. L’échantillon 84
6.3. Les effets de concentrations 85
6.4. Les effets de solvants 86
6.5. Les effets des sels de lanthanides 87
1
7. Chiralité et RMN H 88
7.1. La diastéréotopie 88
7.2. Les énantiomères 88
1
8. Rotation empêchée et RMN H 88
9. Les techniques particulières 89
9.1. L’effet Overhauser nucléaire 89
9.2. La technique DNP 89
9.3. La technique DEPT 90
9.4. La RMN à deux dimensions ou la RMN de corrélation 90
10. Les phénomènes de relaxation et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) 91
11. La résonance paramagnétique électronique ou la résonance de spin électronique 92
12. Conclusion 93
Le dico 94
Exercices 96

Chapitre 5. EXERCICES RECAPITULATIFS 105

Chapitre 6. LE DOSAGE DES CONSTITUANTS D’UN MELANGE SANS


SEPARATION PREALABLE 115

1. La spectrométrie de masse 115


2. La spectroscopie UV-visible 115
3. La spectroscopie IR 116
4. La spectroscopie de RMN 117
5. Applications 117
5.1. Dosage d’un mélange naphtalène-anthracène par spectroscopie UV-visible 117
5.2. Etude d’un équilibre par spectroscopie UV-visible 118
5.3. Etude cinétique par spectroscopie UV-visible 119
5.4. Dosage d’un mélange par RMN 119
5.5. Etude d’un équilibre par RMN 120
5.6. Etude cinétique par RMN 120
6. Conclusion 120

Chapitre 7. LA SEPARATION DES CONSTITUANTS D’UN MELANGE


PAR CHROMATOGRAPHIE 121

1. Généralités 121
2. Historique 121
3. Les principales étapes d’une chromatographie 121
3.1. Le dépôt du mélange 121
3.2. La séparation du mélange 121
3.3. La détection 123
4. Les différents types de chromatographie 124
4.1. La chromatographie d’adsorption 124
4.2. La chromatographie d’exclusion stérique 124
4.3. La chromatographie ionique ou par échange d’ions 124
4.4. La chromatographie d’affinité 125
5. Les différents types de chromatographie d’adsorption 125
5.1. La chromatographie sur couche mince (CCM) 125
5.2. La chromatographie sur colonne 127
5.3. La flash chromatography 127
5.4. La chromatographie liquide à haute pression (performance) (HPLC) 128
5.5. La chromatographie liquide à ultra-haute pression (performance) (UHPLC) 128
5.6. L’extraction en phase solide (SPE) 128
5.7. La chromatographie en phase gazeuse (GC) 129
6. L’électrophorèse 129
7. Conclusion 129

BIBLIOGRAPHIE 130

ANNEXES
INTRODUCTION

L’un des buts de la chimie organique est de fournir les outils théoriques et expérimentaux
permettant de concevoir et de réaliser des procédures qui aboutiront à l’isolement de composés
originaux dotés de propriétés souhaitées ou nouvelles. Le rôle du chimiste ne s’arrête toutefois pas à
ces tâches. Il doit en outre pouvoir démontrer que les transformations envisagées ont bien eu lieu, que
les réactifs ont été complètement consommés, que le produit obtenu est celui attendu, que ce produit
est pur, … Face à un dérivé inconnu, il doit aussi être capable d’en déterminer la structure et parfois
l’origine.

Les premiers chapitres de ce cours seront consacrés à la description des méthodes


spectroscopiques permettant de caractériser un produit pur. Globalement, ces méthodes permettent
de répondre aux questions suivantes :

Quelle est la masse du produit ?


Quels sont les groupes fonctionnels présents dans une molécule ?
Comment ces groupes fonctionnels sont-ils agencés dans l’édifice moléculaire ?

Ensuite, nous verrons comment doser les composants d’un mélange et les séparer.
Chapitre 1

LA SPECTROMETRIE DE MASSE

1. Le concept

Un échantillon est vaporisé et ionisé.


Les ions formés sont séparés selon leur rapport « masse/charge » (m/z).
Chaque ion est détecté pour donner naissance au spectre de masse de l’échantillon.

Le pic appelé « ion moléculaire » renseigne la masse moléculaire du produit.


Les autres pics, appelés « ions fragments » sont indicatifs de la structure du produit.
Le pic de base est le pic le plus intense, pas nécessairement l’ion moléculaire.

2. L’appareillage schématisé

1
3. Les techniques d’ionisation

3.1. Les techniques d’ionisation en phase gazeuse

Ces techniques ne sont applicables qu’à des substances dont la tension de vapeur est
– 6
d’environ 10 Torr à une température à laquelle elles restent stables. Souvent il s’agit de produits
dont la masse est inférieure à 1 000 Da.

3.1.1. L’ionisation par impact électronique (EI)

L’échantillon est préalablement vaporisé puis bombardé par un flux d’électrons très
énergétiques (souvent 70 eV), générés par un filament, ce qui conduit à l’éjection d’un électron à partir
des molécules de l’échantillon, pour donner un cation radical, appelé ion moléculaire ou ion parent.

M + e- +.
M + 2e-

Les espèces chargées sont accélérées puis déviées sous l’influence d’un champ magnétique
et ainsi séparées selon leur rapport « masse/charge » (m/z).

L’ion moléculaire acquiert un excédant énergétique qu’il dissipe par rupture de liaisons
covalentes. Ce procédé de fragmentation est prédictible, de sorte que les fragments formés et
collectés sont caractéristiques de la structure du produit vaporisé.

2
3.1.2. L’ionisation chimique (CI)

Un gaz réactif, fréquemment le méthane, est introduit dans la source et ionisé par
bombardement électronique.

A titre d’exemple l’ionisation du méthane fournit les espèces

. . . .
CH4 + e - CH4 + + CH3 + + CH2 + + CH + + C + + H2 + + H +

. .
CH4 + + CH4 CH5 + + CH3

CH3 + + CH4 C2H7 +


C2H5 + + H2

. . .
CH2 + + CH4 C2H3 + + H2 + H

C2H3 + + CH4 C3H5 + + H2

Les molécules de l’échantillon entrent en collision avec ce gaz ionisé et il y a, par des
processus bimoléculaires,
transfert d’un proton pour fournit un ion [M + 1] + ([M – 1] + pour les n-alcanes)
et addition électrophile pour fournir des ions [M + 15] +, [M + 29] +, …

L’ionisation chimique est une technique « d’ionisation douce » permettant essentiellement de


mettre en évidence les ions dits quasi-moléculaires ( [M + 1] + et [M – 1] + ).

3
3.1.3. L’ionisation chimique à pression atmosphérique (APCI)

C’est une électrode à décharge couronne (effet couronne) qui produit le flux d’électrons. Celui-
ci ionise l’air ambiant, crée un plasma et les ions radicalaires de ce plasma (essentiellement des ions
+
agrégats d’eau H (H2O)n formés à partir des traces d’eau et d’azote) induisent l’ionisation de la
substance à analyser sous la forme [M + H] +. Dans cette méthode, un certain degré de fragmentation
est observé.

N2 + e N2 + + 2 e

N2 + + 2 N2 N4 + + N2

N4 + + H2O H2O + + 2 N2

H2O + + H2O H3O+ + OH .

H3O+ + H2O + N2 H+(H2O)2 + N2

H+(H2O)n-1 + H2O + N2 H+(H2O)n + N2

3.2. Les techniques d’ionisation par désorption

Dans ces techniques, les molécules passent directement d’une phase condensée à la phase
vapeur sous forme d’ions. Elles sont essentiellement utilisées pour les composés lourds, non volatils
ou ioniques. Il est à noter que souvent ces techniques servent uniquement à déterminer une masse
moléculaire, éventuellement précise. Les spectres peuvent être compliqués par des pics provenant
d’ions de la matrice.

3.2.1. L’ionisation par désorption de champ (FD)

L’émetteur de champ est une électrode constituée par un fin fil


(10 m de diamètre) souvent en tungstène qui est couvert de micro-
aiguilles en carbone ou en silicium. Cet émetteur est plongé dans une
solution contenant le produit à analyser puis il est soumis à une tension
de 5 – 10 kV et éventuellement chauffé. Les gradients de très haute
tension à l’extrémité des aiguilles conduisent à l’ionisation de l’échantillon
qui est alors expulsé.

4
3.2.2. L’ionisation par bombardement d’atomes rapides (FAB)

Des atomes de xénon ou d’argon très énergétiques (6 – 10 keV) bombardent l’échantillon


dissous dans un liquide de faible tension de vapeur comme le glycérol. Ce bombardement conduit à
l’éjection d’ions positifs et négatifs (faisceau d’ions secondaires).

Dans la méthode LSIMS (liquid secondary ion mass spectrometry), ce sont des ions de
césium (10 – 30 keV) qui bombardent l’échantillon.

+ + -
La technique produit des ions [M + 1] , [M + 23 (Na)] , et [M – 1] . La limite de masse pour le
FAB se situe autour de 10 – 20 kDa et ne renseigne généralement que la masse moléculaire du
produit à analyser.

3.2.3. La désorption-ionisation par plasma (PDMS, fission fragment ionization)

L’échantillon à analyser est bombardé et ionisé au moyen des produits de fission du


Californium 252 ayant une énergie dans la gamme des 80 – 100 MeV. Les ions formés sont
simplement, doublement ou triplement chargés. La technique fournit des renseignements sur des
masses allant jusqu’à 45 kDa. La fragmentation de l’ion moléculaire n’a en général pas lieu.

3.2.4. La désorption-ionisation par laser


+
Des photons sont utilisés pour désorber des ions [M + H] d’une matrice constituée d’un acide
(acide nicotinique, acide 2-aminobenzoique, …) ou d’un alcool (alcool 3-nitrobenzylique, …). Ces
photons sont issus d’un faisceau laser pulsé à CO2 (émission dans l’infra-rouge lointain, 25 – 1000
μm) ou à néodyme/yttrium-aluminium-grenat (Nd/YAG, émission dans l’UV à 266 nm). La méthode,
connue sous l’acronyme MALDI (matrix-assisted laser desorption ionization), permet de mesurer des
masses allant jusqu’à 200 à 300 kDa. Les fragmentations sont rares, les interférences avec les ions
de la matrice sont parfois gênantes.

3.3. Les techniques d’ionisation à pression atmosphérique par évaporation

Dans ces techniques, les ions sont générés à pression atmosphérique ou proche, d’où l’autre
nom donné à la méthode : ionisation à pression atmosphérique (API).

3.3.1. La technique thermospray

L’échantillon est introduit en solution dans l’appareil au moyen d’un tube capillaire chauffé. Le
tube nébulise et évapore partiellement le solvant pour former un courant de fines gouttelettes
introduites dans la source. Lorsque le solvant est entièrement évaporé, les ions de l’échantillon
peuvent être analysés. Cette méthode permet d’étudier des solutions aqueuses.

5
3.3.2. La technique electrospray (ES)

L’échantillon en solution (souvent un solvant polaire volatile) pénètre dans la source via un
capillaire en acier inoxydable entouré d’un flux coaxial d’azote, appelé gaz nébuliseur. L’extrémité du
capillaire est maintenue à une tension élevée par rapport à une contre électrode. Un aérosol de
gouttelettes chargées se forme lorsque la solution quitte le capillaire. L’azote dirige ce flux vers
l’appareil. Dans l’aérosol, la taille des gouttelettes diminue avec l’évaporation de l’échantillon, la
concentration en ions chargés augmente. Quand la répulsion électrostatique entre les ions atteint un
seuil critique, les gouttelettes subissent ce que l’on appelle l’explosion Coulombique, qui libère les
ions dans la phase vapeur. Les ions désolvatés sont ensuite focalisés vers l’analyseur.

3.4. Conclusions

Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques des différentes méthodes d’ionisation.

Technique Ions formés sensibilité Avantages et inconvénients


+
Impact électronique M ng - pg M + parfois absent
Informations structurales
Bases de données existantes
+
Ionisation chimique M + 1, M + 18, etc ng - pg M souvent présent
Peu d’informations structurales
+
Désorption de champ M g - ng Composés non volatils
Bombardements M + 1, M + cation, g - ng Composés non volatils
d’atomes rapides M + matrice Interférence avec la matrice
Désorption plasma M+ g - ng Composés non volatils
Interférence avec la matrice
Désorption laser M + 1, M + matrice g - ng Composés non volatils
Interférence avec la matrice
Thermospray M+ g - ng Composés non volatils
Dépassé
Electrospray M +, M ++, M +++, etc ng - pg Composés non volatils
Classes de composés limitées

6
4. Les techniques de séparation des ions

4.1. Le spectromètre de masse à secteur magnétique

Dans un spectromètre à secteur magnétique, un champ magnétique dévie circulairement la


trajectoire des ions formés. La séparation est basée sur le rapport m/z. A la sortie de la source, les
ions accélérés par une tension V ont une énergie potentielle Ep = z . V qu’ils transforment en énergie
2 2
cinétique Ec = m v / 2 avec z V = m v / 2 (1). En entrant dans le champ magnétique (B) ils
subissent une force (B z v) qui courbe la trajectoire perpendiculairement à la direction initiale et
confère ainsi un trajectoire circulaire de rayon r avec B z v = m v 2 / r (2). En combinant les deux
2 2
équations, il ressort que m/z = B r / 2 V. Comme le rayon de l’appareil est fixe, pour détecter un ion
de masse donnée, il suffit, en principe, de faire varier soit le potentiel d’accélération (V) soit le champ
magnétique (B).

Dans cette configuration, les ions sont séparés sur base de leur moment (masse X vitesse).
Des ions de même masse mais de vitesses différentes atteindront le détecteur (s’ils l’atteignent) en
des points différents. Afin de focaliser tous les ions de même énergie cinétique en un même point, on
insère dans la configuration un analyseur électrostatique (secteur électrique) qui forcera ces ions de
même charge (z) et de même énergie cinétique à suivre la même trajectoire. Dans ce secteur, la force
2
centrifuge vaut m v / r = z E (3). La combinaison des équations (1) et (3) donne r = 2 V / E.
L’analyseur composé d’un secteur magnétique et d’un secteur électrique est dit à double
focalisation.

Il arrive que des ions se forment non pas dans la source, mais dans un secteur. On parle alors
* 2
d’ions métastables, ils apparaissent à la masse apparente m = (m2) / m1 où m1 est la masse de l’ion
parent et m2 la masse de l’ion fille.

7
4.2. Le spectromètre à trappe ionique (ion trap)

Dans un tel analyseur, les ions sont piégés dans une trappe pendant un temps plus ou moins
long et ils sont sélectivement éjectés, en fonction du rapport m/z, pour des combinaisons données des
tensions électriques appliquées aux faces de la trappe.

La trappe ionique conventionnelle (trappe de Penning) se compose de trois électrodes.


L’électrode annulaire est soumise à un champ radio-fréquence sinusoïdal alors que les électrodes
d’entrée et de sortie sont soumises à un potentiel nul, à une tension continue ou à une tension
alternative.

La trappe ionique quadrupolaire (ou quadripolaire, trappe de Paul, QIT pour quadrupolar
ion trap) se compose, dans sa version linéaire (linear ion trap, aussi dénommé LTQ pour linear trap
quadrupole) de quatre barreaux (10 – 20 cm de long) cylindriques parallèles entre eux. Les électrodes
opposées sont unies entre elles et soumises au même potentiel. Les deux autres électrodes sont
également reliées entre elles et soumises à une même valeur du potentiel, mais de signe opposé. Ce
potentiel résulte d’une combinaison d’une tension continue et d’une tension alternative de haute
fréquence. Pour chaque combinaison de ces deux tensions, seuls les ions d’un rapport m/z donné
peuvent traverser le quadripôle et atteindre le détecteur. Un tel analyseur est moins encombrant et
moins onéreux qu’un spectromètre à secteur magnétique.

Dans la trappe quadrupolaire cylindrique (cylindrical ou 3D ion trap), les barreaux sont de
section hyperbolique.

Dans l’orbitrappe, on utilise des champs électrostatiques plutôt qu’une tension alternative.

8
4.3. Le spectromètre de masse à transformée de Fourier

Un tel appareil est équipé d’un analyseur à résonance cyclotronique d’ions. Il s’agit d’une
trappe ionique analogue à celles décrites ci-dessus. A l’intérieur de la cellule, chaque ion est situé à
un endroit différent mais tourne sur une orbite perpendiculaire au champ magnétique à une fréquence
cyclotronique proportionnelle à m/z. Une impulsion radio-fréquence excite alors les ions qui sont
accélérés et voient le rayon de leur orbite augmenter. Le courant sinusoïdal induit par le mouvement
des ions de m/z donné est mesuré sur les plaques de détection et converti, par transformée de
Fourier, en spectre de masse.

On parle ainsi de spectrométrie de masse à transformée de Fourier – résonance


cyclotronique d’ions (FT-ICR).

4.4. Le spectromètre à temps de vol (TOF)

A l’entrée de l‘analyseur, tous les ions accélérés par une tension V ont une énergie :
2
z V = m v / 2 (cfr. Equation 1 plus haut).
½
Des ions de masses différentes ont donc des vitesses v = (2 z V / m) .
2 ½
Si le tube de l’analyseur a une longueur L, le temps de vol (t) d’un ion sera de (L m / 2 z V) puisque
v = L / t. Connaissant t, L et V, on en déduit m.

5. Le détecteur

Le détecteur doit mesurer un nombre d’ions positifs. Il s’agit souvent d’un multiplicateur
d’électrons éjectés d’une cathode qui est frappée par les ions issus du spectromètre.

9
6. La résolution

On définit la résolution :

Mn
R= où Mn est la masse la plus élevée
Mn - Mm

Les appareils à basse résolution ou résolution unitaire permettent de faire la distinction entre
des masses unitaires jusqu’à une masse de 3 000 daltons.
Les appareils à haute résolution (R = 20 000 par exemple) permettent de faire la distinction
entre deux composés de même masse unitaire mais de composition différente comme C16H26O2
(250,1933) d’une part et C15H24NO2 (250,1807) d’autre part. On parle ainsi de spectrométrie de
masse à haute résolution (HRMS).

Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques des différents types d’analyseurs. Il est à
noter que résolution et prix varient dans le même sens

Analyseur Gamme de masses (m/z) résolution


Secteur magnétique 1 – 15 000 haute
Trappe ionique (et quadrupôle) 1 – 5 000 basse
Transformée de Fourier 1 – 70 000 haute
Temps de vol illimitée haute

7. La spectrométrie de masse en tandem et les techniques apparentées

La spectrométrie de masse en tandem consiste à mettre en jeu, successivement, deux ou


plusieurs techniques de séparation des ions (analyseurs). Le premier analyseur permet de
sélectionner un ion de masse donnée. Celui-ci passe dans une cellule de collision où il est bombardé
par un gaz inerte (argon, xénon, on parle de CID : collision induced decomposition). L’analyseur
suivant permet d’identifier les fragments (ions « filles ») de cet ion et d’obtenir ainsi de plus amples
informations sur sa structure (il peut s’agir de l’ion moléculaire). On parle de MS/MS ou MS2, MS3. Les
combinaisons les plus classiques sont :
quadrupôle – quadrupôle
secteur magnétique – quadrupôle
secteur magnétique – secteur magnétique
quadrupôle – temps de vol (QtoF).

Une technique apparentée est le couplage de la spectrométrie de mobilité ionique avec la


spectrométrie de masse (IMS/MS). La spectrométrie de mobilité ionique consiste à mesurer le temps
mis par un ion (en phase gazeuse) pour traverser un tube rempli par un gaz. Ce temps est appelé
temps de dérive (drift time). Il permet de calculer le diamètre et partant la taille et la forme de l’ion qui
est entré en collision avec le gaz. Le temps de dérive varie d’un ion à l’autre si bien qu’une première
séparation en ions est réalisée. Chaque type d’ions est ensuite dirigé vers l’analyseur du spectromètre
de masse. Le couplage IMS/MS permet ainsi de séparer, par exemple, un peptide et un lipide de
même masse. Il est aussi question, dans ce domaine, de « drift-time IMS », de « traveling-wave IMS »
et de « FAIMS » (high Field Asymetric Ion Mobility Spectrometry).

10
8. L’importance de la valence d’un élément

Une substance contenant un nombre IMPAIR d’atomes d’azote a une masse moléculaire
IMPAIRE.

9. L’importance des isotopes

Elément Masse atomique Isotope Abondance Masse exacte


relative (%)
1
Hydrogène 1.00794 H 99.985 1.007825
12
Carbone 12.01115 C 98.89 12.00000
13
C 1.11 13.00335
14
Azote 14.0067 N 99.634 14.00307
15
N 0.366 15.00011
16
Oxygène 15.9994 O 99.759 15.99491
18
O 0.204 17.99992
19
Fluor 18.99984 F 100 18.99984
31
Phosphore 30.97376 P 100 30.99376
32
Soufre 32.0660 S 95.00 31.97207
33
S 0.76 32.97146
34
S 4.22 33.96786
35
Chlore 35.4527 Cl 75.53 34.96885
37
Cl 24.47 36.9659
79
Brome 79.9094 Br 50.54 78.9183
81
Br 49.46 80.9163
127
iode 126.90004 I 100 126.90004

114

11
10. Exemples de spectres relevés en mode « impact électronique »

11. Exemples d’appareils

12
12. L’analyse élémentaire

Jusqu’à la naissance de la spectrométrie de masse à haute résolution, l’analyse élémentaire


était la seule méthode permettant de déterminer la formule brute d’un échantillon.

A l’origine (Pregl, 1930), dans cette technique, une masse précise de la substance à analyser
(de l’ordre du mg) était pyrolysée dans un courant d’oxygène et l’on mesurait les quantités d’eau (donc
d’hydrogène), de dioxyde de carbone (donc de carbone) et d’azote formées. La transformation de CO
en CO2 était réalisée par un passage sur un lit d’oxyde de cuivre et de chromate de plomb. Les
masses d’H et de C étaient calculées à partir de l’augmentation en poids de deux tubes préalablement
pesés contenant l’un du perchlorate de magnésium pour l’eau (donc l’hydrogène), l’autre de la chaux
sodée pour le dioxyde de carbone (donc le carbone). La combustion d’une substance contenant de
l’azote conduit à la formation d’azote (N2) et d’oxydes d’azote. Un dispositif à base de poudre de
cuivre permet la réduction des oxydes d’azote en azote et ainsi le dosage en azote total par pesée
également.

Dans une version plus récente (Simon,


1960), les pesées sont remplacées par des
mesures de conductibilité thermique des
mélanges gazeux avant et après passage dans
des pièges sélectifs pour l’eau ou le dioxyde de
carbone. Actuellement, les gaz formés (H2O,
CO2, N2), entraînés par de l’hélium, sont
séparés sur une colonne chromatographique
(voir plus loin dans le cours) puis dosés. La
détermination du pourcentage en oxygène se
fait souvent par défaut.

Aujourd’hui, l’analyse élémentaire reste le seul critère irréfutable de pureté d’un échantillon
homogène (et homogénéisé) d’une substance. Des écarts de 0.4 % maximum par rapport aux valeurs
théoriques calculées pour les éléments courants (C, H, N) sont tolérés pour faire preuve de la pureté
d’un (nouveau) produit.

Il existe des logiciels gratuits permettant de calculer une analyse centésimale, par exemple
http://www.che.hw.ac.uk/research/services/solvent.html.

13. Conclusion

La spectrométrie de masse est une méthode d’identification structurale permettant d’accéder,


essentiellement, à la valeur de la masse moléculaire, et, sous certaines conditions, à quelques
informations plus détaillées. Bien que ne nécessitant que des quantités de produit égales voire
inférieures au milligramme, la méthode est destructive pour l’échantillon. En aucun cas elle ne
constitue, en elle-même, un critère de pureté.

Technique analytique en constant développement, la spectrométrie de masse évolue


aujourd’hui vers des systèmes plus aptes à répondre à des situations de terrain. La miniaturisation et
l’ionisation à pression atmosphérique constitueront à l’avenir un atout majeur de la méthode. Parmi les
avancées d’importance, on peut citer le DART (Direct Analysis in Real-Time) qui permet de générer
des ions à partir d’un échantillon maintenu à température et pression ordinaires.

13
Le dico
Analyse élémentaire
APCI (ionisation chimique à pression atmosphérique)
API (ionisation à pression atmosphérique)
Brome (isotopes)
Carbone (isotopes)
Cation radical
Chlore (isotopes)
CHN
CI (ionisation chimique)
CID (collision induced decomposition)
Cylindrical ion trap
3D ion trap (= Cylindrical ion trap)
Da (Dalton)
DART (direct analysis in real-time)
Décharge couronne
Désorption de champ
Désorption-ionisation par plasma (PDMS)
Désorption-ionisation par laser (MALDI)
Détecteur
Double focalisation
EI (impact électronique)
Electrospray (ES)
ES (electrospray)
Explosion coulombique
FAB (ionisation par bombardement d’atomes rapides)
FD (désorption de champ)
Filament
Fragmentation
FT-ICR (Fourier Transform ion cyclotronic resonance)
HRMS (spectrométrie de masse à haute résolution)
Identité (critère de)
Impact électronique
Impaire (masse)
IMS (ion mobility spectrometry)
Ion fille
Ion fragment
Ion métastable
Ion moléculaire
Ion parent
Ion quasi-moléculaire
Ion trap
Ionisation
Ionisation à pression atmosphérique (API)
Ionisation chimique (CI)
Ionisation chimique à pression atmosphérique (APCI)
Ionisation douce
Ionisation par bombardement d’atomes rapides
Ions agrégats d’eau
Isotope
QToF (quadrupole time of flight)
Linear trap quadrupole
LSIMS (liquid secondary ion mass spectrometry, variante de FAB)
LTQ (linear trap quadrupole)
MALDI (matrix-assisted laser desorption ionization)
Masse précise
Matrice
Mobilité ionique (spectroscopie à)
m/z

14
Orbitrap(pe)
PDMS (plasma desorption mass spectrometry)
Pic de base
Pureté (critère de)
QIT (quadrupolar ion trap)
Résolution (haute, unitaire)
Secteur électrique
Secteur magnétique
Séparation des ions
Spectrométrie de masse à haute résolution (HRMS)
Spectrométrie de masse à transformée de Fourier-résonance cyclotronique d’ions (FT-ICR)
Source
Tandem (spectrométrie de masse en)
Temps de vol (ToF)
Thermospray
ToF (time of flight)
Trappe ionique
Trappe ionique quadripolaire

15
Chapitre 2

LA SPECTROSCOPIE D’ABSORPTION ULTRAVIOLET - VISIBLE

1. Les ondes électromagnétiques

E=h =hc/
– 34
avec h = 6.62 10 Js et c = 3 10 8 m/s

1 cal = 4.18 J et 1 eV = 1.6 10 -19 J

-9 -7 -7
(m) 4 10 4 10 7 10

Unité courante : le nm
16 14 14
(Hz) 7.5 10 7.5 10 4.3 10

E (cal/mol) 7.2 10 6 7.2 10 4 4.1 10 4

16
2. Le concept

La région du spectre visible à l’œil humain s’étend d’environ 320-340 nm à environ 800 nm. La
lumière de l’UV proche englobe des longueurs d’onde plus petites allant de 200 à 320-340 nm. Cela
correspond à des énergies de l’ordre de 167 à 292 kJ/mol pour la lumière visible et 292 à 627 kJ/mol
pour la lumière UV. Envoyer des ondes d’une telle énergie sur des molécules organiques permet
d’induire des transitions électroniques d’une orbitale remplie de type HOMO vers une orbitale vide
dite excitée de type LUMO. On parle donc aussi de spectroscopie électronique.

Moins la différence d’énergie entre les orbitales HOMO et LUMO sera grande et moins il
faudra d’énergie pour réaliser la transition. Donc, plus un système est conjugué, plus il sera facile de
provoquer la transition électronique. On utilisera donc des ondes caractérisées par une plus faible
énergie, donc une plus grande longueur d’onde. C’est le cas dans les systèmes contenant au moins
une double liaison (carbone-carbone).

Les longueurs d’onde caractéristiques des transitions électroniques courantes sont


rassemblées dans le tableau ci-dessous.

Transition Exemples λ (nm)


σ→σ* C-C, C-H 150
n→σ* -O- 185
n→σ* -N< 195
n→σ* -S- 195
n→σ* C=O 190
n→π* C=O 300
π→π* C=C 190
π→π* C=C-C=C 220

17
Si la lumière entrant dans l’échantillon a une intensité égale à I 0 et que l’échantillon absorbe
une certaine quantité d’énergie pour réaliser une transition électronique, la lumière sortant de
l’échantillon aura une intensité égale à I avec I < I0.
On définit la transmittance de l’échantillon

T = I / I0

et l’absorbance (A) ou densité optique (DO)

A = DO = log (I 0 / I) = - log T

Pour autant que l ‘échantillon soit suffisamment dilué, à toute longueur d’onde, l’absorbance
est proportionnelle au nombre de molécules présentes dans l’échantillon et à la longueur de
l’échantillon (cuvette) traversée par la lumière.

A cl

La concentration est exprimée en mole/litre et la longueur de la cellule en centimètre. Souvent


les cuvettes ont une longueur de 1 cm. Le coefficient de proportionnalité est appelé coefficient
d’extinction molaire, représenté par (en l/cm.mol). Ce coefficient correspond à la probabilité qu’ont
les photons d’induire une transition électronique, sachant que certaines transitions sont interdites pour
des raisons de symétrie d’orbitales moléculaires. On définit ainsi la loi de Beer-lambert :

A = log (I 0 / I) = c l

Chaque niveau électronique contenant plusieurs niveaux de vibration (et de rotation), il existe
plusieurs valeurs d’énergie qui sont capables de donner lieu à une transition électronique. Le spectre
d’absorption sera un spectre de bandes larges pour lequel on définit des valeurs de max, c’est à dire
la valeur de la longueur d’onde correspondant à un maximum de la bande d’absorption.

18
Les longueurs d’onde d’absorption les plus fréquentes et les coefficients d’extinction molaires
correspondants sont donnés ci-dessous.

Groupement max (nm) ε (l/cm.mol)


C=C 175 14 000
C≡C 175 10 000
195 2 000
223 150
C=O 160 18 000
185 5 000
280 15
-NO2 200 5 000
274 15
C≡N 165 5
C=C-C=C 217 20 000
C=C-C=O 220 10 000
315 30
C=C-C≡C 220 7 500
230 7 500
benzène 184 60 000
204 7 400
255 204

3. Un peu de vocabulaire technique

Un chromophore : groupe fonctionnel qui absorbe une radiation électromagnétique (ex : C=O, C=C)
Un groupe auxochrome : groupe qui étend la conjugaison d’un chromophore en partageant une paire
d’électrons libre (OR, NR2, …), parfois tout groupe qui étend la conjugaison d’un chromophore (OR,
CO2R, …)
Un effet bathochrome (ou déplacement vers le rouge) : déplacement d’une bande vers les grandes
longueurs d’onde (le rouge)
Un effet hypsochrome (ou déplacement vers le bleu) : déplacement d’une bande vers les petites
longueurs d’onde (le bleu, mais aussi vers les longueurs d’onde inférieures à 320 nm)
Un effet hyperchrome : effet provoquant une augmentation de l’intensité de l’absorption
Un effet hypochrome : effet provoquant une diminution de l’intensité de l’absorption

4. Les règles d’additivité

Les règles de Woodward permettent de prédire un spectre UV-Visible avec une bonne
approximation. Les valeurs à utiliser sont reprises dans les tableaux suivants.
Cas des diènes et triènes conjugués (les effets de solvant sont négligeables)

Systèmes conjugués
Diènes acycliques et hétéroannulaires 215 nm
Diènes homoannulaires 235 nm
Triènes acycliques 245 nm

Contribution des substituants


Alkyle (y compris un cycle) 5 nm
OR 6 nm
SR 30 nm
Cl, Br 5 nm
OCOR 0 nm
-C=C- 30 nm

Si une double liaison est exocyclique par rapport 5 nm


à un cycle
Si une double liaison est exocyclique à deux 10 nm
cycles simultanément

19
5. La pratique

5.1. L’appareil

Schématiquement, un spectrophotomètre UV-visible est constitué de trois parties


essentielles :

SOURCE SYSTEME DE DISPERSION DETECTEUR


DE LA LUMIERE

5.1.1. La source

Il s’agit soit

d’une combinaison de deux lampes, l’une au deutérium pour l’UV (190-380 nm),
l’autre au tungstène ou à un halogénure de tungstène
pour le visible (380-800 nm)
d’une lampe au xénon (190-1000 nm)

5.1.2. Le système de dispersion de la lumière

Il s’agit d’un prisme ou d’un réseau (« grating », D, surface striée réfléchissant la lumière,
caractérisée par un nombre de traits par mm). La présence de miroirs (C,E) est possible.

Ce système peut être placé AVANT l’échantillon. On parle alors d’un monochromateur. Il
décompose la lumière incidente en ses composantes de longueurs d’onde différentes qui sont
envoyées, tour à tour, sur l’échantillon.

20
Le système de dispersion de la lumière peut également être positionné APRES l’échantillon.
Dans ces cas, ce système est appelé un polychromateur plutôt que monochromateur. Il disperse alors
la lumière qui a traversé l’échantillon directement sur le détecteur.

5.1.3. Le détecteur

Il s’agit d’un tube photomultiplicateur, d’une photodiode, de barrettes de (photo)diodes


(« diode arrays », « photodiode array detector », PDA) ou de détecteurs à couplage de charge
(« charge-coupled device », CCD).

5.1.4. Les appareils à simple faisceau et à double faisceau

Avec les premiers, on relève successivement (deux manipulations) le spectre de l’échantillon


et le spectre du solvant ou du témoin (« blanc », contrôle). Avec les seconds, un diviseur de faisceau
(« chopper ») envoie alternativement la lumière vers l’échantillon et vers le témoin.

21
5.2. Le relevé des spectres

Le quartz et certains polymères synthétiques (cuvettes jetables) absorbent en dessous de 190


et 220 nm respectivement. Le verre et le polystyrène (cuvettes jetables) absorbent en dessous de 300
et 340 nm respectivement. Le choix du matériau composant la cuvette est donc essentiel.
4
Les coefficients d’extinction molaire étant de l’ordre de 10 , l’absorbance de 1, la longueur de
-3 –5
la cuvette de 1 cm, les concentrations utilisées varient entre 10 et 10 M. Il est donc nécessaire de
travailler par dilutions successives et avec beaucoup de soin. Par exemple, on tient une cuvette par
les parois qui ne seront pas dans le faisceau lumineux. C’est la raison pour laquelle certaines cuvettes
ont deux faces transparentes et deux faces opaques.

Les spectres étant relevés sur des échantillons en solution, il est impératif, pour avoir une
zone d’analyse la plus large possible, d’utiliser un solvant n’absorbant qu’à faibles longueurs d’ondes
(grande différence d’énergie entre les niveaux HOMO et LUMO). Le choix se porte donc vers l’eau, les
alcanes, les alcools, les haloalkanes.

A de faibles longueurs d’ondes (< 250 nm) sont associées des énergies qui sont suffisantes
pour induire, parfois, des réactions photochimiques et donc dégrader l ‘échantillon. Aussi, lorsque l’on
travaille en balayage de longueurs d’onde, on commence toujours par les grandes longueurs d’ondes.

5.3. L’unité de DO

Certains produits biochimiques sont commercialisés sous la forme de doses


correspondant à un nombre déterminé d’ « unités de DO » (« OD unit »). C’est le cas pour les
oligonucléotides. Une unité de DO (ou aussi pour les oligonucléotides une unité A260) est la quantité
de produit qui, dissoute dans un ml d’eau, donne une absorbance de 1 pour une lecture faite dans une
cuvette de 1 cm de longueur. Une unité de DO d’un ADN double brin correspond à 50 g / mL d’ADN.
On utilise la masse moléculaire de 330 pour effectuer les calculs. C’est la masse moyenne d’un
nucléotide. Pour de l’ARN, une unité DO vaut 40 g / mL.

O 5'
(-)
O P OH2C base
(-) H O H 1'
O 3'
H H
OH OH

22
5.4. La température de fusion de l’ADN (Tm)

On appelle température de fusion de l’ADN la température à laquelle la moitié des brins


d’ADN se trouvent sous forme de paires et l’autre moitié sous forme de brins uniques. Cette
température est déterminée en mesurant l’absorbance à 260 nm. L’absorbance augmente avec le
degré de dénaturation, les bases n’étant plus « cachées » dans les hélices. Cette température de
fusion est fonction, entre autres, de la composition de l’ADN : elle est d’autant plus élevée que le
contenu en bases G et C est élevé car ces bases s’associent plus fortement. Il est donc plus difficile
o
de dénaturer l’ADN. La relation est Tm = 69 + 0.41(%G+C).

La détermination de la température de fusion permet aussi de connaître dans quelle mesure


une substance s’intercale dans les sillons de l’ADN. En effet, une telle intercalation conduit à un
affaiblissement des liens entre bases (et une augmentation de l’absorbance).

6. Et après l’absorption ?

6.1. Le diagramme de Jablonski

Dans son état fondamental, une molécule présente un spin global S nul. La multiplicité de
l’état fondamental, définie comme 2S + 1, vaut 1. L’état est dit singulet (S0).

Quand un électron passe dans l’orbitale LUMO, en général il garde son spin. La multiplicité
des cet état est donc encore 1. C’est l’état singulet excité, le premier niveau est dénommé S 1.

Dans cet état S1, le principe de Pauli ne s’applique plus et le système peut évoluer vers une
situation dans laquelle les deux électrons ont des nombres quantiques de spin identiques. La
multiplicité de cet état vaut 3. C’est un état excité triplet T1.

23
Le diagramme de Jablonski explique les différentes manières dont un électron retombe dans
l’état fondamental après excitation. Par une série de processus de relaxation, l’électron peut retomber
dans le niveau énergétique le plus faible du premier état excité. Il peut alors retomber dans l’état
fondamental (sur divers niveaux de vibration) en émettant de la lumière. Ce phénomène est connu
sous le nom de fluorescence. La retombée à l’état fondamental via un état triplet peut donner
naissance à un phénomène de phosphorescence qui, contrairement à la fluorescence, persiste
après extinction de la lumière d’excitation.

La transition S1 -> T1 correspond au processus appelé passage inter-système. Ce passage


est thermodynamiquement favorisé car, d’après les règles de Hund, un état de type T1 est
généralement de plus basse énergie.
1 3
On note aussi (π,π*) et (π,π*) le passage vers l’état excité singulet ou triplet dans le
cas de l’excitation d’une double liaison carbone – carbone.

6.2. La spectroscopie de fluorescence

On parle aussi de fluorimétrie et de fluorophore pour définir le groupement responsable d’un


spectre de fluorescence.

6.2.1. L’appareil

Pour éviter les interférences avec la prise du spectre d’absorption, la lumière émise par
fluorescence est souvent mesurée à 90 ° par rapport à la lumière incidente.

24
6.2.2. Les spectres

Le spectre de fluorescence est symétrique au spectre d’absorption. Ce concept est connu


sous le nom de la règle de l’image dans le miroir ou règle de Kasha Il est toutefois décalé vers les
plus grandes longueurs d’onde (vu que l’électron tombe du niveau énergétique le plus bas du premier
état excité vers différents niveaux de vibration de l’état fondamental). La distance entre les maxima
d’absorption et de fluorescence porte le nom de « déplacement de Stokes » (du nom du physicien
qui décrivit pour la première fois le phénomène de la fluorescence en 1852). La transition de l’état
fondamental au deuxième état excité ne donne pas lieu à un phénomène de fluorescence (cfr.
Diagramme de Jablonski).

Il est important aussi de savoir que l’intensité d’un spectre de fluorescence dépend, bien sûr,
de la longueur d’onde d’excitation (absorption). En effet le nombre d’électrons qui retombent à l’état
fondamental par fluorescence ne saurait pas être supérieur au nombre d’électrons qui sont passés de
l’état fondamental vers un état excité.

Enfin, les spectres sont extrêmement sensibles aux effets d’environnement, si bien qu’un
spectre peut être indicatif d’un changement de pH en milieu physiologique, d’une variation de
concentration en ions, … Une substance permettant de mesurer de tels changements est appelée une
sonde fluorescente. Le tryptophane, par exemple, est une sonde utilisée pour estimer son
environnement : normalement, dans une protéine, il est situé dans une zone hydrophobe. Si la
protéine est dénaturée, le tryptophane est exposé au milieu aqueux. Dans ces deux cas les spectres
de fluorescence seront différents.

25
7. La spectroscopie de dichroïsme circulaire

Une lumière polarisée plane peut être considérée comme la résultante de deux faisceaux de
lumière polarisée circulaire, l’une droite, l’autre gauche. Si l’un de ces faisceaux passe dans un milieu
plus lentement que l’autre, il y aura rotation du plan de polarisation de la lumière. Ce phénomène,
connu sous le nom de biréfringence circulaire ou encore activité optique, se manifeste lorsque
l’indice de réfraction du milieu est différent pour chacun des faisceaux dont question. Dans cette
situation, en outre, les deux faisceaux sont différemment absorbés par le milieu et on parle de
dichroïsme circulaire du milieu. Ce dichroïsme apparaît pour toute molécule optiquement active et
en particulier pour les molécules biologiques. Ainsi la conformation des acides nucléiques et des
protéines est responsable de dichroïsme circulaire.

En général, l’activité optique d’un milieu est mesurée en


utilisant la raie D du sodium à 598 nm. En réalité, la rotation spécifique
varie avec la longueur d’onde de la lumière utilisée dans la mesure.
C’est ce que l’on appelle la dispersion rotatoire (optical rotatory
dispersion, ORD). On parle d’effet Cotton positif lorsque le maximum
du pouvoir rotatoire est précédé d’un minimum. L’effet Cotton est dit
négatif dans le cas inverse.

La spectroscopie de dichroïsme circulaire est une spectroscopie basée sur la mesure de


différences d’absorption de lumières polarisées circulaires droite et gauche en fonction de la longueur
–4
d’onde. Ces différences sont très faibles, de l’ordre de 10 unité d’absorbance. La méthode permet,
entre autres, de déterminer le contenu en hélice d’une protéine, la température de fusion d’ADN, ...

La lumière utilisée est dans une gamme de longueurs d’onde allant de 160 à 300 nm avec des
solutions (20 – 200 μl) contenant 50 μg à 1 mg de substance par mL.

8. Conclusion

La spectroscopie UV-visible est caractéristique des systèmes organiques conjugués. Il s’agit


d’une méthode sensible (< mM), quantitative et non destructive.

26
Le dico
200-320/340 nm
320/340-800 nm
1 cm
ε

A
Absorbance
Additivité
ADN
Auxochrome
Barrette de diodes
Bathochrome
Beer Lambert
Biréfringence circulaire
Blanc
CCD (charge-coupled device)
Chopper
Chromophore
Coefficient d’extinction molaire
Conjugaison
Cuvette
Détecteur
Détecteur à couplage de charge
Diagramme de Jablonski
Diode array
DO
Double faisceau
Densité optique
Dichroïsme circulaire
Dispersion rotatoire (optique)
Effet Cotton
Fluorescence
Fluorimétrie
Fluorophore
Grating
HOMO
Hyperchrome
Hypochrome
Hypsochrome
Jablonski
Kasha (règle de)
Lampe
LUMO
Monochromateur
nm
ORD (optical rotatory dispersion)
PDA (photodiode detector array)
Phosphorescence
Polychromateur
Règle de l’image dans le miroir
Réseau
Simple faisceau
Singulet (état)
Solvant
Source
Stokes (déplacement de )
Système dispersif
T

27
Témoin
Température de fusion de l’ADN
Transition électronique
Transmittance
Triplet (état)
Unité de DO
UV
Visible
Woodward

EXERCICES
1. L’irradiation gamma de la nourriture utilise le cobalt-60 comme source de radiation
19
électromagnétique de 10 Hz. Calculer l’énergie de cette radiation (a) en J et (b) en kJ/mol.

2. Pour une lumière UV de longueur d’onde de 200 nm, calculer (a) la fréquence de cette lumière, (b)
la quantité d’énergie absorbée par une molécule quand elle interagit avec cette lumière et (c) la
quantité d’énergie absorbée par une mole de cette substance.

3. Les énergies de dissociation des liens chimiques dans une molécule organique sont de l’ordre de
400 kJ/mol. Calculer (a) la fréquence et (b) la longueur d’onde de l’onde électromagnétique qui
correspond à cette gamme d’énergie. Dans quelle partie du spectre électromagnétique se situe-t-
elle ?

4. Calculer l’absorbance de solutions pour lesquelles on a mesuré une transmittance de (a) 90 % (b)
95 % (c) 10 % et (d) 5 %.

5. Dix mg d’une substance de poids moléculaire égal à 240 sont dissous dans 10 ml d’éthanol. La
solution est placée dans une cuvette de 1 cm et le spectre UV-visible est enregistré. Un maximum
d’absorption est situé à 340 nm avec une absorbance de 0.65. Quelle est la valeur du coefficient
d’extinction molaire ?

6. Une cétone α,β-insaturée a une masse molaire de 110. Elle présente un λ max à 215 nm avec un ε
de 10 000. Une solution de cette substance dans une cuvette de 1 cm a une absorbance de 2.0.
Quelle est la concentration, en g/L, en cétone dans cette solution ?

7. Calculer le coefficient d’extinction molaire d’un soluté dissous à raison de 1.0 mmol/L quand
l’absorbance mesurée dans une cellule de 1 cm est de 1.5. Que devient l’absorbance si on double la
concentration ?

8. un composé inconnu (0.01 g, MM = 186) est dissous dans 250 mL d’éthanol et son spectre
d’absorption est relevé dans une cuvette de 1 cm. L’absorbance mesurée à l’un des maxima
d’absorption est de 2.2. Quelle est la valeur du coefficient d’extinction molaire à ce maximum ? A une
autre longueur d’onde, on relève un maximum d’absorption avec une absorbance de 1.2. Calculer le
coefficient d’extinction molaire à cet autre maximum.

9. Un échantillon de cyclohexane est contaminé par du benzène. A 260 nm, le benzène a un


coefficient d’absorption molaire de 230. Un spectre UV de ce cyclohexane est relevé (cellule de 1 cm)
et une absorbance à 260 nm de 0.03 est mesurée. Quelle est la concentration en benzène dans
l’échantillon ?

10. Comment distinguer du 1,3,5-hexatriène du 1,3,5,7-octatétraène par spectroscopie UV-visible ?

11. Pour chaque paire d’isomères, l’un d’entre eux absorbe à une longueur d’onde plus élevée.
Lequel ?
a. 1,3-hexadiène et 1,4-hexadiène
b. éthylphénylcétone et benzylméthylcétone
c. 1,2-dihydronaphtalène et 1,4-dihydronaphtalène

28
12. Pour chaque paire de produits, peut-on distinguer les deux produits par spectroscopie UV-
visible (justifier votre réponse) ?

O O

a O O

13. Calculer les coefficients d’extinction molaire à la longueur d’onde donnée pour
L’adénine (9.54 10- 5 M), avec une absorbance de 1.25 à 263 nm ;
La cyclohexanone (0.038 M) avec une absorbance de 0.75 à 288 nm.
Expliquer les différences observées.

14. La but-3-ène-2-one présente une bande d’absorption à 219 nm et une bande à 324 nm. Comment
attribuer ces bandes ? Laquelle est la plus intense ?

15. Suggérer une raison justifiant le fait que le trans-stilbène absorbe à 295 nm et le cis-stibène à 280
nm.

16. Une cétone présente un max à 223 nm, parmi les deux possibilités données ci-dessous, quelle est
la structure la plus probable pour cette cétone ?
O O

17. Comment distinguer les isomères suivants sur base de leur spectre UV-visible ?

18. Pour chacun des dérivés suivants, proposer la structure d’un isomère ayant un spectre UV-visible
différent
O
O OH
H

NO2

19. Une unité de DO d’un ADN double brin correspond à 50 g / mL d’ADN, c’est la quantité de
produit qui, dissoute dans un ml d’eau, donne une absorbance de 1 pour une lecture faite dans une
cuvette de 1 cm de longueur. On utilise la masse moléculaire de 330 pour effectuer les calculs. C’est
la masse moyenne d’un nucléotide. Calculer la valeur du coefficient d’extinction molaire utilisé.

20. Un échantillon d’un oligonucléotide (ADN double brin) composé de 20 nucléotides est vendu par
dose de 5 unités de DO / mL. Quelle est le nombre de mole d’ADN dans l’échantillon et sa
concentration ?

29
21. Des crèmes de protection solaire pour la peau sont à base d’esters de glycérol et d’acide para-
aminobenzoique. Les voiles de bateaux, lorsqu’elles ne sont pas utilisées, sont enroulées et
protégées par une enveloppe en fibre de polyacrylonitrile. Expliquer cette différence.

22. Lorsque du 4-nitrophénol est dissous dans l’eau, la solution est jaune. Par addition de soude, on
assiste à une intensification de la couleur et un déplacement vers une longueur d’onde plus élevée.
Expliquer ce comportement

23. Lorsque du 4-aminophénol est dissous dans l’eau, le maximum d’absorption est situé à une
longueur d’onde plus élevée que dans le cas d’une solution acide de ce même dérivé. Expliquer cette
différence.

Solutions
-15 6
1. a, 6.62 10 J ; b, 4.10 kJ/mol
15 -19
2. a, 1.5 10 Hz ; b, 9.9 10 J ; c, 600 kJ/mol
15
3. a, 10 Hz ; b, 300 nm ; c, l’UV
4. a, 0.041 ; b, 0.022 ; c, 1.000 ; d, 1.301
5. 156 L/cm.mol
-2
6. 2.2 10 g/L
7. a, 1 500; b, 3.0
8. 10 200 et 5 580 L/cm.mol
9. 0.00013 M
10. Le triène absorbe à une plus petite longueur d’onde
11. a, 1,3-hexadiène ; b, éthylphénylcétone ; c, 1,2-dihydronaphtalène
12. a, non ; b, oui ; c, oui
13. 13103 l/cm.mol ; 19 l/cm.mol ; transitions * et n *
14. 219 nm : * ; 324 nm (moins intense) : n *
15. Effet stérique compromettant la planéité
16. La cétone conjuguée (voir tables)
17. Seul le dérivé central est de type biphényle, les deux autres composés sont de type naphtalène
18. par exemple :
O O
HO

NO2

19. 6600 L/cm.mol (20 L/cm.g)


20. 38 nmoles/mL soit 38 M
21. Les deux produits absorbent les rayons UV, la crème solaire est faite de composants non toxiques
que l’on retrouve dans de nombreuses réactions métaboliques
22. En milieu alcalin, c’est l’ion phénolate qui est présent, ce qui augmente le poids des formules de
résonance polarisées
23. Après protonation il y a perte de conjugaison

30
Chapitre 3

LA SPECTROSCOPIE INFRA-ROUGE

1. Les ondes électromagnétiques

E=h =hc/

– 34 8
avec h = 6.62 10 Js et c = 3 10 m/s

(m) 700 10 – 9 10 – 3
infra-rouge infra-rouge
proche lointain
–1
Unité courante : cm , μm
14 11
(Hz) 4.3 10 3.0 10

E (cal/mol) 4 10 4 29

31
2. Le concept

En envoyant sur une molécule des ondes électromagnétiques appartenant au domaine de


l’infra-rouge lointain, on induit des transitions entre les niveaux de vibration (et donc de rotation).
On peut ainsi cibler les liaisons entre atomes et obtenir des informations sur la nature de ces
liaisons (O-H, N-H, C-H, C N, C=O, …).

Il existe deux types de vibrations moléculaires :

Les élongations (stretching)


Les déformations angulaires (bending).

Une vibration d’élongation est un mouvement le long de l’axe de la liaison impliquant


l’augmentation ou la diminution de la distance inter-atomique. Cette élongation peut-être symétrique
ou non symétrique.

32
Une vibration de déformation angulaire consiste en une variation de l’angle formé par deux
liaisons successives ou un mouvement d’un groupe d’atomes par rapport au reste de la molécule.
On distingue :

Le cisaillement (scissor), une déformation symétrique dans le plan


Le balancement (rock), une déformation non symétrique dans le plan
La torsion (twist), une déformation symétrique hors du plan
La rotation plane (wag), une déformation non symétrique hors du plan.

3. Les fréquences caractéristiques

Pour le chimiste organicien, un spectre infra-rouge s’étend généralement de 2.5 m à 15 voire


~
25 m. Par habitude, on utilise plus fréquemment une échelle en nombre d’ondes, ( v ) c’est à dire en
-1
inverse de la longueur d’onde (1/ ) et cette échelle est exprimée en cm . Pour le chimiste organicien,
un spectre infrarouge s’étend donc de 4000 cm –1 à 650 voire 400 cm –1. Il est souvent représenté en
mode de transmittance (% T), parfois en mode d’absorbance. On distingue des bandes larges ou des
bandes d’intensité forte, faible, moyenne, variable.

–1 –1
La région la plus indicative du spectre est située entre 4000 cm et 1500 cm . On y observe,
dans l’ordre, les bandes correspondant aux vibrations des liaisons :

33
Les fréquences d’absorption les plus courantes en spectroscopie IR
pour les molécules organiques

vibration intensité nombre d’ondes (cm –1) remarque


O-H libre w 3600
O-H associé br 3600 – 3000
O-H acide br 3200 – 2500
N-H 1 bande : amine secondaire
m 3400 – 3200
2 ou 3 bandes : amine primaire
C-H str 3300
=C-H w/m 3100 – 3000
-C-H m/str 3000 – 2800
C(O)-H w 2750
C C w 2300
-N=C=O
-N=C=S m 2270 – 2100
-N=C=N-
C=C w 2000 – 1800
C N str 2200
C=O str 1820 et 1750 Anhydride
1815 – 1785 Halogènure d’acide
1780 Cyclobutanone
1745 Cyclopentanone
1750 – 1735 Esters
1740 – 1720 Aldéhyde saturé
1720 – 1710 Cétone saturée
1720 – 1705 Acide
1690 Arylcétone
1690 – 1630 Amide
C=C m/str 1600
NO2 str 1550 et 1350
C-O str 1250 – 1000
br : broad (large) ; m : medium ; w : weak (faible) ; str : strong (forte)

En dessous de 1500 cm –1 s’étend la région du spectre appelée « fingerprint » (empreinte


digitale). Il est hasardeux d’y faire des attributions de bandes. Cette région permet toutefois de
confirmer (ou d’infirmer) la similitude de deux échantillons : seuls deux échantillons identiques ont les
mêmes « empreintes digitales ».

34
4. Le spectre des différentes classes de produits

4.1. Les alcanes

4.2. Les alcènes

4.3. Les alcynes

35
4.4. Les dérivés aromatiques

4.5. Les alcools

La bande correspondant à la vibration O-H est très sensible


aux liens H. Généralement, il s’agit d’une bande large centrée sur
–1
3300 cm et qui est dite bande O-H associé en raison de l’existence
de liens H intermoléculaires.
En phase gazeuse ou en solution très diluée, il est possible
–1
d’observer une bande O-H libre, située vers 3600 cm .
Le déplacement de la bande de vibration O-H de 3600 à 3300
cm –1 en raison de l’association s’explique par l’affaiblissement du lien
O-H (il faut moins d’énergie pour faire vibrer une liaison plus faible).
L’association intramoléculaire s’accompagne aussi d’un
déplacement de la bande O-H vers les plus faibles nombres d’onde.

36
4.6. Les amines

Les amines primaires donnent lieu à deux bandes d’élongation de la liaison N-H vers 3500 et
–1 –1
3400 cm . Les amines secondaires donnent lieu à une bande vers 3300 cm . Un épaulement vers
–1
3200 cm est souvent observé. Il est dû à une harmonique de la vibration de déformation qui
apparaît, pour sa part, vers 1600 cm –1.

37
4.7. Les nitriles

4.8. Les cétones

4.8.1. Les cétones aliphatiques

4.8.2. Les cétones aromatiques

En raison de la conjugaison, la double liaison carbonyle est affaiblie. Faire vibrer cette liaison
nécessite donc moins d’énergie que dans le cas d’une cétone aliphatique.

38
4.9. Les aldéhydes

4.10 Les acides carboxyliques

La bande O-H est très large en raison des associations.

4.11 Les esters


–1
La bande C=O des esters aliphatiques est située vers 1750 – 1735 cm . Les esters
-1
aromatiques et , -insaturés donnent lieu à une bande carbonyle située entre 1735 et 1715 cm .
C’est la conjugaison entre le groupe carbonyle et les doubles liaisons C=C qui est responsable de ce
déplacement vers les faibles nombres d’onde.

39
4.12. Les halogénures d’acide
-1
La bande carbonyle est située entre 1815 et 1770 cm . Pour les halogénures d’acide
–1
aromatiques, une seconde bande de faible intensité apparaît entre 1750 et 1730 cm , en raison d’un
phénomène appelé résonance de Fermi.

4.13. Les anhydrides

La fonction anhydride donne lieu à deux bandes entre 1820 et 1720 cm –1.

40
4.14. Les amides
–1
Par effet de résonance, la bande carbonyle est située vers 1700-1650 cm . On observe
aussi, généralement, deux bandes N-H pour les amides primaires et une bande N-H pour les amides
secondaires. Toutefois, en raison d’associations, plusieurs bandes N-H sont parfois relevées.

41
4.15. Les éthers

La bande intense correspondant à la vibration de la liaison C-O est située entre 1250 et 1000
-1
cm .

4.16. Les dérivés nitrés


–1
Les deux bandes d’élongation du groupe nitro sont situées vers 1550 et 1350 cm , dans le
fingerprint.

42
Exercice

Proposer une structure compatible avec les données suivantes.

C7H8

Exercice

Quelle réaction conduit aux modifications spectrales suivantes ?

impureté qui serait ?

43
5. La pratique

5.1. L’appareil

Schématiquement, un spectrophotomètre IR est constitué de trois parties essentielles :

Une source
Un système de dispersion de la lumière ou un interféromètre
Un détecteur

SYSTEME DISPERSIF
SOURCE ou DETECTEUR
INTERFEROMETRE

5.1.1. La source

En spectroscopie infra-rouge, la source est constituée par un Globar (baguette de carbure de


silicium chauffée vers 1300 °C) ou par un filament de Nernst (mélange d'oxydes de zirconium,
d'yttrium et de thorium dans un tube fin chauffé à 1900 °C).

5.1.2. Les spectromètres à dispersion

Il s’agit d’appareils à double faisceau. Le rayonnement provenant de la source est divisé en 2


faisceaux : référence et échantillon. Le faisceau échantillon traverse le compartiment échantillon et
grâce à un miroir à secteur tournant (« chopper », C, environ 10 rotations par seconde) est recombiné
au faisceau de référence. Ce faisceau recombiné passe ensuite par la fente du monochromateur à
réseau. Chaque fréquence individuelle est transmise au détecteur par la fente de sortie. Le détecteur
(de type thermocouple) établit le rapport d'énergie des deux faisceaux ( % T) et compense ce rapport
en mettant en mouvement un peigne (H). C’est l’intensité de ces mouvements qui donne naissance au
spectre IR.

44
5.1.3. Les spectromètres à interféromètre ou à transformée de Fourier

Ce type d’appareil met en jeu un interféromètre de Michelson (qui comprend un séparateur de


faisceau, un miroir fixe et un miroir mobile). L’échantillon est placé après l’interféromètre.

Il est toujours nécessaire de relever un spectre en l’absence d’échantillon afin


de soustraire le « bruit de fond » du spectre de l’échantillon.

Les principaux avantages de la spectroscopie IR à transformée de Fourier sont :

- la rapidité (avantage de Felgett) ;


- la sensibilité (avantage de Jacquinot) ;
- la simplicité mécanique ;
- la calibration interne (avantage de Connes) des longueurs d’onde.

Le couplage à un microscope est possible.

45
5.1.3. Les détecteurs

Les détecteurs sont basés sur l’effet thermique du rayonnement infra-rouge. Ils sont de type
thermocouple dans les appareils dispersifs ou pyroélectrique dans les appareils à transformée de
Fourier. Un détecteur pyroélectrique commun est constitué par un cristal de sulfate de triglycine (TGS)
dopé avec de la L-alanine. En dessous d'une température connue comme “point de Curie”, les corps
ferroélectriques, comme le TGS, montrent une forte polarisation spontanée entre certaines faces du
cristal. Si la température d'un tel cristal varie, par exemple sous l'action d'un rayonnement IR, sa
polarisation varie. On obtient ainsi une variation de tension qui est fonction de la variation de
température du cristal. Les appareils à transformée de Fourier utilisent aussi des détecteurs à effet
photoélectrique (détecteurs en photoconduction). Ils sont constitués d’un matériel semi-conducteur
sensible à l’IR. Le détecteur à effet photoélectrique le plus commun est le détecteur MCT (mercure,
cadmium, tellure). Dans un tel détecteur, l'absorption des radiations par ces matériaux amène les
électrons de valence à un état conducteur de plus grande énergie et provoque ainsi une baisse de la
résistance électrique du semi-conducteur.

5.2. L’échantillon

En spectroscopie IR, il est possible d’analyser des gaz, des liquides, des solutions et des
solides. Le support, lorsqu’il y en a un, doit être transparent à l’infra-rouge. Il s’agit souvent de NaCl
–1 –1
(transparent jusqu’à 650 cm ), KBr (transparent jusqu’à 400 cm ), KCl, ZnSe, CaF2, BaF2, quartz, …

5.2.1. L’analyse des gaz

On utilise des cellules de longueurs variables (quelques centimètres).

5.2.2. L’analyse des liquides et des solutions

Les liquides et les solutions sont déposés ou introduits dans un compartiment fermé par deux
fenêtres en NaCl, KCl, .. . Certaines cellules ont un compartiment dont il est possible de régler
l’épaisseur.

46
5.2.3. L’analyse des solides

Les solides sont finement broyés (dans un mortier, préférentiellement en agate) à raison de 1
% dans du KBr. Le mélange est introduit dans une presse afin de réaliser une pastille (transparente)
qui sera placée dans le faisceau IR.

Alternativement, le solide est mélangé à une très faible quantité de nujol (une huile de type
paraffine) de façon à obtenir une pâte qui est déposée entre deux fenêtres, comme pour un liquide.

6. Les techniques récentes

6.1. La technique ATR (attenuated total reflection)

L’échantillon est mis en contact intime avec un cristal de sélénure de zinc (ZnSe) ou de
germanium (Ge), le plus souvent, soit encore de diamant.
Sous un angle d’incidence donné, la radiation IR traverse ce cristal dans lequel elle se
réfléchit plusieurs fois, créant ainsi une onde dite évanescente qui s’étend (0.5 à 5 m) au delà du
cristal vers l’échantillon. Aux longueurs d’onde auxquelles l’échantillon absorbe, l’onde évanescente
est perturbée et ces perturbations sont détectées pour donner naissance au spectre IR attendu.

Les unités HATR (horizontal attenuated total reflection) sont surtout utilisées pour les
applications quantitatives sur des liquides et solutions.

47
6.2. La technique DRIFT (diffuse reflectance infrared Fourier transform)

Quand le rayonnement infra-rouge entre dans un échantillon, une partie est réfléchie par les
particules, une autre partie est absorbée par les particules voisines. Le phénomène est répétitif. Dans
la technique DRIFT, ces rayons réfléchis sont collectés et envoyés vers le détecteur. L’échantillon est
déposé sur une surface abrasive.

6.3. La technique PM-IRRAS (polarization modulation – infrared reflection-adsorption


spectroscopy)

Il s’agit d’une technique d’analyse de couches minces dont l’épaisseur est inférieure à 500 Å.
Elle se prête donc particulièrement bien à l’étude des monocouches. Elle combine un spectromètre à
interféromètre avec un montage optique de modulation de polarisation de la lumière IR.

7. La spectroscopie Raman

7.1. Le concept

La spectroscopie Raman (effet Raman, diffusion Raman) consiste à envoyer une lumière
monochromatique sur un échantillon et à étudier la lumière diffusée à 90° ou à 180°.

On estime généralement qu’un photon sur 10 000 est diffusé élastiquement (c’est à dire sans
changement d’énergie) par un échantillon. Cette lumière diffusée est appelée diffusion Rayleigh et
donne naissance à une bande dite de Rayleigh.

Un photon sur 100 000 000 est diffusé avec une légère perte d’énergie, énergie ayant servi à
modifier la polarisabilité (et non le moment dipolaire comme en spectroscopie IR) des liaisons, leur
nuage électronique (sous l’action du champ électrique de la lumière incidente). Si les molécules
frappées par les photons sont dans l’état vibrationnel fondamental, elles passeront dans un état excité
virtuel et relaxeront en retombant sur un état vibrationnel excité. L’énergie associée à la retombée sur
cet état vibrationnel excité est plus faible que l’énergie incidente (diffusion Rayleigh), ce qui donnera
naissance à une raie dite de Stokes (décalage vers le rouge). Pour les molécules se trouvant dans un

48
état vibrationnel excité au moment de l’interaction avec le photon, la situation est inversée et la
retombée à l’état fondamental libère une énergie supérieure à l’énergie d’excitation. Ceci donnera
naissance à une raie dite anti-Stokes (décalage vers le bleu). L’état fondamental étant plus peuplé, les

raies Stokes sont plus intenses et sont celles généralement observées.

La différence entre les principes de la spectroscopie IR (absorption de la lumière incidente)


et la spectroscopie Raman (diffusion de la lumière incidente) fait que ces deux techniques peuvent
être considérées comme complémentaires : certaines vibrations ne seront actives qu’en infra-rouge,
d’autres qu’en Raman, c’est la règle d’exclusion mutuelle. Certaines vibrations sont toutefois actives
(ou inactives) dans les deux modes.

IR

Cl

Cl

Raman

49
7.2. Les fréquences caractéristiques
–1
Les spectres Raman s’étendent généralement de 500 à 2000 cm . La méthode est
généralement considérée comme une spectroscopie de « finger print ».

50
Les fréquences d’absorption les plus courantes en spectroscopie Raman
pour les molécules organiques

vibration nombre d’ondes (cm –1) Intensité en Raman intensité en IR


C-C 250 – 400 str w
Si-O-Si 450 – 550 str w
C-I 480 – 660 str str
C-Br 500 – 700 str str
C-Cl 550 – 800 str str
C-C 600 – 1300 m m
C-O-C 800 – 970 m w
1060 – 1150 w str
C=C (Ar) 1000 str/m w
1450, 1500 m m
1580, 1600 str m
C-NO2 1340 – 1380 str M
1530 – 1590 m str
CH3 1380 m str
CH2/CH3 1400 – 1470 m m
C=C 1500 – 1900 str w
C=N 1610 – 1680 str m
C=O 1680 – 1820 m str
C≡C 2100 – 2250 str w
C≡N 2220 – 2255 m Str
C-H 2800 – 3000 str m/str
=C-H 3000 – 3100 str w/m
≡C-H 3300 w str
N-H 3300 – 3500 m m
O-H 3200 – 3600 w br
br : broad (large) ; m : medium ; w : weak (faible) ; str : strong (forte)

51
7.3. L’appareil

7.3.1. Les spectromètres à dispersion

Ils sont constitués par une source (laser : 785 ou 830 nm) qui envoie la lumière sur
l’échantillon, un monochromateur (réseau) puis un détecteur qui peut être un tube photomultiplicateur
ou un détecteur à couplage de charge (CCD). Un microscope peut être couplé au spectromètre pour
permettre des analyses à l’échelle du micron. On parle alors de microspectroscopie Raman.

7.3.2. Les spectromètres à transformée de Fourier

Ce sont des appareils équipés d’un laser travaillant à 1064 nm. Contrairement à ce qui se
passe en spectroscopie IR, le FT-Raman ne connaît pas un énorme succès. Ceci s’explique par le fait
que seul le laser à 1064 nm est employé, il est doté d’une faible sensibilité et peu utile pour travailler
en solution aqueuse ou avec des solutions fortement colorées.

7.4. Les avantages de la spectroscopie Raman

L’eau ne donne lieu, en spectroscopie Raman, qu’à une bande de faible intensité au-dessus
–1
de 3000 cm . La méthode est donc particulièrement adaptée à l’étude des solutions aqueuses et,
partant, des systèmes biologiques. Elle est sensible aux changements conformationnels.

Aucune préparation particulière de l’échantillon n’est nécessaire et le verre n’interfère pas


dans la région où apparaissent les bandes des vibrations des composés organiques. L’étude des
composés inorganiques est aussi possible.

Pour des raisons encore controversées, il apparaît que les particules adsorbées sur des
surfaces métalliques (argent, or, cuivre) sont très sensibles à la spectroscopie Raman. C’est ce que
–9
l’on appelle la « surface-enhanced Raman spectroscopy » (SERS). Des limites de détection de 10 à
–12
10 M ont ainsi été atteintes.

Dans le domaine pharmaceutique, la « spatially offset Raman spectroscopy » (SORS) collecte


des données en un point distant du point d’illumination et permet ainsi l’analyse de médicaments sans
devoir les sortir de leur emballage.

Enfin, selon la longueur d’onde de la lumière incidente, la spectroscopie Raman s’étend aussi
aux domaines du visible et de l’UV.

8. Conclusion

La spectroscopie IR permet de mettre en évidence les groupes fonctionnels présents dans


une molécule. Il s’agit d’une méthode sensible et non destructive, applicable à des échantillons
gazeux, liquides ou solides, ainsi qu’à des solutions. Les études quantitatives ne sont pas simples à
réaliser, la loi de Beer-Lambert n’étant pas nécessairement d’application (concentrations trop
élevées).

La spectroscopie Raman est une technique complémentaire à la spectroscopie IR.

52
Le dico
-1
400/650-4000 cm
2.5-15/25 μm

Absorbance
Anti-Stokes (bande)
ATR (attenuated total reflection)
Balancement
Bending (déformation)
Bruit de fond
Cisaillement
-1
cm
Chopper
Déformation
Détecteur
Double faisceau
DRIFT (diffuse reflectance infrared Fourier transform)
Elongation
Fenêtre
Filament de Nernst
Fingerprint
FT-IR
Globar
Infra-rouge proche (700 nm)
Infra-rouge lointain (mm)
Interféromètre
KBr
Lumière diffusée
MCT (mercure, cadmiun, tellure, détecteur)
Michelson (Interféromètre de)
Nombre d’onde
Nujol
Onde évanescente
Photoélectrique (détecteur)
PM-IRRAS (polarization modulation-infrared reflection-adsorption spectroscopy)
Polarisabilité
Pyroélectrique (détecteur)
Rayleigh (diffusion, bande de)
Raman
Rotation-vibration
SERS (surface-enhanced Raman spectroscopy)
Simple faisceau
Source
SORS (spatially offset Raman spectroscopy)
Spectromètre à dispersion
Spectromètre à interféromètre
Spectromètre à FT
Stokes (bande)
Rotation plane
Rotation-vibration
TGS (sulfate de triglycine, détecteur)
Thermocouple (détecteur)
Torsion
Transformée de Fourier
Transmittance

53
EXERCICES
1. Quelle réaction conduit aux modifications spectrales suivantes ?

1.1.

devient

54
1.2.

devient

1.3.

devient

55
1.4.

devient

1.5.

devient

56
2. Proposer une structure compatible avec les données suivantes.

2.1. C3H7NO

2.2. C3H6O2

2.3. C4H8O

2.4. C6H5NO2

57
2.5. C6H7N

2.6. C4H7N

2.7. C3H9N

2.8. C8H9NO

58
2.9. C7H5ClO

2.10. C14H10O3

2.11. C4H6

2.12. C4H6

59
3. Calculer (a) la fréquence et (b) le nombre d’onde correspondant à une lumière de longueur d’onde
de 10 μm.

4. Calculer la fréquence et la longueur d’onde correspondant à une lumière de (a) 2200 cm -1 et (b)
-1
3000 cm .

5. Calculer (a) l’absorbance pour une solution ayant 50 % de transmittance et (b) la transmittance pour
une solution ayant une absorbance de 1.0.

6. Comment distinguer, par spectroscopie IR, du 1-hexyne et du 3-hexyne ?

7. Le polyéthylène et le polystyrène sont fabriqués sous forme de films, comment distinguer l’un de
l’autre par spectroscopie IR ?

8. Même question pour le polyacrylonitrile et le poly(téréphtalate d’éthylène).

9. Comment distinguer, par spectroscopie IR, (a) l’éthylphénylcétone et la benzylméthylcétone, (b)


l’éthylphénylcétone et le 3-phénylpropanal ?

10. Un filtre à air conditionné est contaminé par une substance huileuse qui peut être une huile
minérale (huile de moteur) ou une huile végétale (huile de friture). Le spectre IR du contaminant est
-1
caractérisé par une bande intense vers 1720 cm . Quelle est la nature du contaminant ?

11. Le plastic utilisé pour emballer les aliments peut être du cellophane (acétate de cellulose) ou du
polypropylène. Comment distinguer ces deux types d’emballage ?

12. Comment distinguer, par spectroscopie IR, les composés suivants


a. benzylamine et benzamide
b. 4-aminobenzoate d’éthyle et 4-méthylbenzamide
c. (4-méthoxyphényl)méthylcétone et 4-méthylbenzoate d’éthyle
d. phényléthylcétone et benzylméthylcétone

13. Proposer une structure pour le composé de formule C3H3N et dont le spectre IR est reproduit ci-
dessous.

60
14. Proposer une structure pour le composé de formule C6H10O et dont le spectre IR est reproduit ci-
dessous.

Solutions

1.

O O

1.1. OH O

O
OH
1.2.

1.3.

NO2
1.4. NH2

O O O
1.5.
O O

2.
NO2 NH2
O O O
NH2 OH N NH2

2.1. 2.2. 2.3. 2.4. 2.5. 2.6. 2.7.

61
H
O N O Cl O O

2.8. 2.9. 2.10. 2.11. 2.12.


13 -1
3. a, 3 10 Hz ; b, 1000 cm
-6 13 -6 13
4. a, 4.55 10 m et 6.6 10 Hz ; b, 3.33 10 m et 9 10 Hz
5. a, 0.301 ; b, 10 %
-1
6. La bande ≡C-H vers 3300 cm est absente pour le 3-hexyne
-1
7. Le polyéthylène est un alcane (aucune bande au-dessus de 3000 cm , le polystyrène est un dérivé
-1
aromatique, il y aura donc dans le spectre des pics au-dessus de 3000 cm
-1 -1
8. La bande nitrile est située vers 2200 cm , la bande carbonyle (ester) vers 1700 cm
9. (a) dans le cas de l’éthylphénylcétone la conjugaison fera que la bande carbonyle sera déplacée
vers les nombres d’onde plus faibles ; (b) la bande C(O)-H vers 2750 cm -1 est indicative de la fonction
aldéhyde
10. Une huile végétale, faite d’esters de glycérol
-1
11. L’acétate de cellulose est un ester (bande carbonyle vers 1700 cm ), le polypropylène est un
alcane
12. a, bande carbonyle pour l’amide ; b, position de la bande carbonyle (amide vers les plus faibles
nombres d’onde) ; c, position de la bande carbonyle, bande éther ; d, la bande carbonyle de la
-1
cyclopentanone est située vers 1745 cm ; e, dans le cas de l’éthylphénylcétone la conjugaison fera
que la bande carbonyle sera déplacée vers les nombres d’onde plus faibles
13. Acrylonitrile
14. Cyclohexanone

62
Chapitre 4

LA RESONANCE MAGNETIQUE NUCLEAIRE

1. Les ondes électromagnétiques

E=h =hc/

– 34 8
avec h = 6.62 10 Js et c = 3 10 m/s

(m) 0.03 30

(Hz) 10 10 10 7

unités courantes :
MHz 1000 10
ppm
-4
E (cal/mol) 0.95 9.5 10

63
2. Le concept

2.1. Le spin nucléaire

Tout comme l’électron est caractérisé par un nombre quantique de spin électronique (s = + ½
et – ½), les noyaux sont caractérisés par un nombre quantique de spin nucléaire, I.

I vaut 0 si le nombre de masse et le numéro atomique sont pairs ;


I est entier si le nombre de masse est pair et le numéro atomique est impair ;
I est demi-entier si le nombre de masse est impair.

2.2. L’influence d’un champ magnétique externe sur un noyau de spin nucléaire non nul
1
Si l’on considère le noyau d’hydrogène, c’est à dire le proton ( H), ou le noyau de carbone
13
isotope 13 ( C), le nombre de spin nucléaire (I) peut prendre deux valeurs : + ½ ou – ½. Cela signifie
que deux niveaux énergétiques, appelés niveaux Zeeman, sont associés à ces valeurs, mais ils sont
confondus (dégénérés) en l’absence de champ magnétique extérieur. En présence d’un champ
magnétique extérieur (B0 ou H0 selon les auteurs), les noyaux vont peupler les deux niveaux
énergétiques, il y a levée de la dégénérescence. Le niveau le plus stable, c’est à dire celui dans lequel
le spin nucléaire est aligné dans le sens du champ magnétique extérieur, sera le plus peuplé, en
accord avec la théorie de Boltzmann :

E/RT
N(+1/2) / N(-1/2) = e

La différence d’énergie entre les deux niveaux Zeeman est faible si bien qu’ils sont presque
également peuplés. Typiquement, la différence de population pour le proton est de 1 noyau/100 000.

La différence d’énergie entre ces deux niveaux est fonction de l’intensité du champ extérieur
selon l’équation :

E = (h / 2 ) B0

est appelé le rapport gyromagnétique. Il est défini comme le rapport entre le moment magnétique et
– 1 – 1)
le moment angulaire du noyau (en rad T s .

7 –1 –1
noyau (10 rad T s )
1
H 26.75
2
H 4.11
13
C 6.73
14
N 1.93
15
N - 2.71
17
O - 3.63
19
F 25.18
31
P 10.84

64
Pour le proton, dans un champ magnétique extérieur de 1.41 T, la valeur de la différence
d’énergie entre les niveaux énergétiques est de 0.00572 cal/mol, ce qui correspond à une onde de
fréquence approximativement égale à 60 MHz. Dans un champ de 7.05 t (5 X 1.41 T), la valeur de la
différence entre les niveaux énergétiques vaut 0.0286 cal/mol, ce qui correspond à une onde de
fréquence approximativement égale à 300 MHz (5 X 60 MHz).

13
Pour le C, dans un champ de 7.05 T, la valeur de la différence d’énergie entre les niveaux
Zeeman correspondant à une onde de fréquence approximativement égale à 75 MHz.

Par ailleurs, soumis à ce champ magnétique extérieur, le


noyau, espèce chargée, qui a un spin nucléaire non nul acquiert
un mouvement de précession autour de l’axe du champ
magnétique extérieur et son axe magnétique décrit un cône dans
l’espace.

Ce mouvement de précession est appelé précession de


Larmor, auquel est associé une fréquence (de précession) de
Larmor. Cette fréquence de précession est proportionnelle à
l’intensité du champ magnétique extérieur selon :

= ( / 2 ) B0

D’un point de vue macroscopique, il y a naissance d’une aimantation (macroscopique) M 0


alignée sur le champ B0.

65
2.3. L’expérience de RMN

On dit qu’il y a résonance magnétique nucléaire lorsque l’on induit des transitions entre les
niveaux énergétiques Zeeman. Pour ce faire, il « suffit » d’envoyer sur un échantillon soumis à un
champ magnétique extérieur une onde (radio-fréquence) qui sera susceptible de faire passer les
noyaux sensibles du niveau le plus stable vers un niveau excité.

La radio-fréquence envoyée devra satisfaire à la relation

h = E = (h / 2 ) B0 soit = ( / 2 ) B0

c’est à dire une fréquence égale à la fréquence de Larmor.

3. Le déplacement chimique (chemical shift)

3.1. L’influence du nuage électronique

Si l’on considère une population de noyaux à spin


nucléaire non nul tous identiques, engendrer une transition
entre deux niveaux énergétiques Zeeman dans un champ
magnétique extérieur donné se fera par interaction avec une
onde d’une seule fréquence donnée. Dans la réalité, ces
noyaux sont entourés d’un nuage électronique caractérisé, lui
aussi, par un spin électronique et donc par un champ
magnétique local qu’il faut « traverser » pour atteindre les
noyaux. Ce champ magnétique local s’oppose au champ
extérieur B0 utilisé dans l’expérience de RMN. Le noyau est dit
blindé (« shielded »).

66
Le champ effectif auquel le noyau est soumis vaut

B effectif = B0 – B local = B0 (1- )

expression dans laquelle est appelé la constante écran.

La fréquence nécessaire pour amener ces noyaux en résonance est

eff = ( / 2 ) Beff

eff = ( / 2 ) (B0 - Blocal)

eff = ( / 2 ) B0 (1 – σ)

Pour une valeur donnée de B0, plus le noyau est blindé (entouré d’électrons, σ élevé) moins
sa fréquence de résonance est élevé.

3.2. La notion de déplacement chimique

Comme dans une molécule organique, ce sont les diverses fonctions organiques présentes
qui déterminent l’environnement électronique (magnétique) dans lequel sont situés les noyaux,
chaque type de noyaux dans un environnement donné résonnera à une fréquence donnée. La mesure
de ces fréquences donne naissance à un spectre de résonance magnétique nucléaire : à chaque
fréquence de résonance correspond un signal sur ce spectre et un type de noyau dans un
environnement donné.

On définit une échelle dite de déplacement chimique, , dont l’unité est le ppm :

=( - référence) / référence

3.3. La référence et la notion de noyaux magnétiquement équivalents

La substance de référence universellement acceptée est le tétraméthylsilane (TMS), il est


souvent employé comme référent interne.

En raison de la faible électronégativité du silicium, les protons des groupes méthyles sont très
blindés. Dans un champ magnétique extérieur de 7.05 T, les protons du TMS résonnent à 300 MHz.
Ils sont tous magnétiquement équivalents et donnent donc lieu à UN signal dans le spectre RMN. En
règle générale (mais il y a des exceptions), les protons présents dans une molécule organique sont
MOINS blindés.

Par convention, le TMS résonne à 0 ppm et son signal est localisé à la droite du spectre.
L’échelle croît à partir du TMS, c’est à dire à partir de 0. Pour le proton, l’échelle de déplacement
13
chimique varie de 0 à 20 ppm. Pour le C, elle varie de 0 à 200 ppm.

67
Un glissement vers la gauche du spectre est dit un déblindage (les noyaux sont moins
blindés) ou un déplacement vers les hautes fréquences. Les expressions champs faibles et champs
forts sont devenues obsolètes. Elles font référence au mode de fonctionnement des appareils de RMN
de première génération.

L’expression =( - référence) / référence devient

= déplacement en fréquence à partir du TMS / fréquence de résonance du TMS

= déplacement en fréquence à partir du TMS / fréquence du spectromètre

De par sa définition, la valeur d’un déplacement chimique ( ) pour un noyau donné ne dépend
pas de l’intensité du champ magnétique extérieur B0.

OH
H2C

CH2
HO

3.4. La valeur des déplacements chimiques

3.4.1. Généralités
13 19
Chaque groupe de protons (ou C, ou F, …) dans un environnement donné conduit à un
signal à un déplacement chimique donné. C’est le premier renseignement que l’on peut tirer d’un
spectre de RMN : le nombre de signaux correspond au nombre de groupes de noyaux
magnétiquement différents dans la molécule.

68
Le tableau suivant donne la valeur des déplacements chimiques les plus fréquemment
observés.

Type de proton δ (ppm) Type de proton δ (ppm)


(R = H ou alkyle, Ar = aryle) (R = H ou alkyle, Ar = aryle)
(CH3)4Si 0.0 R-CH2-OR 3.3 – 3.9
R-OH 0.5 – 6.0 R-CH2-Br 3.4 – 3.6
R-NHR 0.6 – 3.0 R-CH2-Cl 3.6 – 3.8
R-CH3 0.8 – 1.0 ArO-CH2-R 3.9
R-CH2-R 1.2 – 1.4 RCO2-CH2R 4.2
R3-CH 1.4 – 1.7 R-CH2-NO2 4.4
R2C=CR-CHR2 1.6 – 1.9 R-CH2-F 4.4 – 4.5
RCO-CH3 2.0 – 2.4 ArO-H 4.7 – 7.7
R-CH2-COY (Y = OR, NR2) 2.1 R2C=CH2 4.6 – 5.0
RCO-CH2-R 2.1 – 2.6 R2C=CH-R 5.2 – 5.7
R-CH2-NR2 2.2 Hb Ha Ha : 5.8
R –CH2 –CN 2.4 Hc R Hb : 6.0
O Hc : 6.2
Ar-CH3 2.2 – 2.5 Ar-H 6.5 – 8.5
Ar-CH2-R 2.3 – 2.8 R2C=CH-OR 6.8
RC CH 2.5 – 3.1 R2C=CH-Ar 7.0
R-CH2-I 3.1 – 3.3 RCO-H 9.5 – 10.0
RCONH-CH2-R 3.2 RCO2-H 10 - 13

Une autre façon d’envisager les déplacements chimiques :

-R CH3 - R AlkCH2 - R (Alk)2CH - R


Alk 0.90 1.25 1.50
-C=C 1.7 2.0 2.3
-CN 2.0 2.4 2.7
-CONR’2 2.0 2.2 2.4
-CO2R’ 1.9-2.1 2.4 2.6
-COR’ 2.0-2.2 2.4 2.5
-SR’ 2.1 2.5 3.1
-NR’2 2.2 2.7 3.1
-I 2.2 3.2 4.2
-Ar 2.3 2.6 2.9
-Br 2.7 3.4 4.3
-NR’-COR” 2.8 3.3 4.1
-Cl 3.1 3.5 4.2
-OR’ 3.4 3.7 4.0
-N(+)R’3 3.3 3.4 3.9
-OCOAlk 3.7 4.1 5.0
-Oar 3.8 4.0 4.0
-OCOAr 3.9 4.4 5.1
-F 4.3 4.4 4.5
-NO2 4.3 4.4 4.7

69
En général, les effets de substituants sont additifs, c’est la règle de Shoolery.
R1
H2C 1.25 + contribution R1 + contribution R2
R2

H R1
C 1.50 + contribution R1 + contribution R2 + contribution R3
2
R3 R

R Contribution de R
COOH, COOR 0.7
= 0.75
0.9
SR 1.0
NR2 1.0
CN 1.2
COR, CHO 1.2
Ph 1.3
I 1.4
OR 1.5
OH 1.7
Br 1.9
Cl 2.0
OPh 2.3
OCOR 2.7
OCOAr 2.9
NO2 3.0

En série benzènique, l’influence d’un substituant sur le déplacement chimique des protons du
cycle (7.27 ppm) peut être estimée au moyen des valeurs suivantes :

70
3.4.2. Les effets d’anisotropie

Dans les structures de type –CHX, on observe que plus l’hétéroélement X est électronégatif,
plus le signal du proton fixé sur le même atome de carbone est déblindé :

CH3 - X Electronégativité de X des protons du groupe méthyle


CH3 – F 4.0 4.26
CH3 - OH 3.5 3.47
CH3 – Cl 3.1 3.05
CH3 – Br 2.8 2.68
CH3 – I 2.5 2.16
CH3 – C(CH3)3 2.1 0.86
CH3 – Si(CH3)3 1.8 0.00 (par définition)

On pourrait donc s’attendre à observer une bonne corrélation entre le déplacement chimique
d’un proton et le degré d’hybridation de l’atome de carbone qui le porte. Ceci n’est que partiellement
vrai comme en témoigne le tableau suivant :

Structure δ (ppm)
R-CH2-R 0.9
R2C=CH2 4.6 – 5.0
RC CH 2.5 – 3.1

Dans un champ magnétique extérieur B0, les dérivés éthylèniques s’orientent de façon
perpendiculaire à ce champ. Le mouvement des électrons crée un courant induit et un champ
magnétique induit dont la composante diamagnétique (blindante) est située au niveau de la double
liaison C=C. La composante paramagnétique (déblindante) est située sur les groupes portés par les
atomes de carbone de cette double liaison.

Ces effets sont appelés effets anisotropiques.

Ce sont pour des raisons similaires que les groupes portés par une fonction carbonyle
subissent un déblindage notable.

71
Pour les dérivés aromatiques, les cycles s’orientent aussi perpendiculairement au champ
extérieur B0. Le mouvement circulaire des électrons crée un courant de cycle intense induisant un
champ magnétique dont la composante diamagnétique (blindante) est située à « l’intérieur » du cycle.
La composante paramagnétique (déblindante) est située à « l’extérieur » du cycle.

Ainsi, les protons du groupe méthyle du toluène résonnent à 2.34 ppm, ceux d’un groupe
méthyle sur une double liaison dans un système acyclique conjugué à 1.95 ppm. De même, les deux
types de protons du [18]annulène résonnent à des valeurs nettement différentes.

Par contre, dans le champ magnétique extérieur (B0), les molécules acétylèniques s’orientent
parallèlement à ce champ. Le champ induit par le mouvements des électrons est dans le même sens
que B0 à l’extérieur de la triple liaison mais dans le sens opposé à l’intérieur. Un proton sur une triple
liaison subit donc un blindage diamagnétique. Ceci explique le déplacement chimique « anormal »
d’un proton acétylènique (2 – 3 ppm).

72
3.5. La valeur des déplacements chimiques pour les noyaux de 13C

Les tendances observées pour les déplacements chimiques du proton se retrouvent


généralement pour les déplacements chimiques des noyaux de 13C. Ainsi, les déplacements
chimiques sont liés à
- l’hybridation
- l’éléctronégativité des substituants
- l’anisotropie diamagnétique
- la nature du solvant.

4. L’intensité du signal (intégration)

En RMN protonique, l’intensité des signaux (aires, intégrales) est proportionnelle au nombre
de noyaux concernés par chacun de ces signaux.

73
Certains programmes informatiques remplacent cette ligne par des données chiffrées
(normalisables).

13
En RMN du C, l’intensité du signal n’est pas exactement corrélée au nombre de noyaux
concernés par un signal.

5. Le couplage spin-spin

5.1. Les notions de couplage et de constante de couplage

Soient deux protons Ha et Hb chacun situé sur deux atomes de carbone


voisins :

Ha Hb
C C

Le déplacement chimique de Ha dépend de son environnement


magnétique. Le spin nucléaire de Hb peut être orienté dans le sens du champ
magnétique B0 ou dans le sens opposé. Le proton Ha est en réalité soumis à deux
environnements différents dont les effets se transmettent via les électrons des
liaisons Ha – C – C – Hb. On dit que les protons Ha et Hb sont couplés et on parle
de couplage scalaire. Le proton Ha ne donne ainsi pas naissance à une ligne de
résonance mais bien à deux lignes, un doublet. Comme les deux états de spin
nucléaire de Hb sont presque peuplés de la même façon, ces deux lignes de

74
résonance ont une intensité identique. La fréquence de résonance est au centre du doublet. Le
raisonnement est similaire pour Hb. Les protons Ha et Hb apparaissent tous les deux sous la forme de
doublets.

La différence de fréquences de résonance entre les deux branches d’un doublet est appelée
constante de couplage. Elle est exprimée en Hz et est symbolisée part la lettre J. Cette lettre est
précédée d’un chiffre en exposant qui indique le nombre de liaisons séparant les noyaux couplés.
La lettre est souvent suivie de l’indication, parfois entre crochets, des noyaux couplés, par exemple
3
J[Ha-Hb] pour l’exemple ci-dessus.

Des noyaux (différents) couplés entre-eux le sont avec la même constante de couplage : si Ha
est couplé à Hb avec une constante de 7 Hz, Hb est couplé à Ha avec une constante de 7 Hz
également. Des noyaux équivalents ne sont pas couplés entre-eux, puisque dans le même
environnement.

La notion de couplage est généralisable par la règle des


(2 n I + 1) pics

Un noyau entouré de n noyaux équivalents entre-eux mais non équivalents au noyau


1 13 2
concerné donnera naissance à (2nI+1) lignes de résonance. Pour le H et le C, I vaut ½. Pour le H,
I vaut 1.

Dans le cas d’un couplage avec des noyaux équivalents de même espèce de spin nucléaire ½
(tous des protons par exemple), l’intensité des lignes de résonance est donnée par le triangle de
Pascal. On parle de doublet, triplet, quadruplet, …

75
Il est à souligner encore que le couplage hétéronucléaire existe . C’est le cas du couplage 1H
19 1 2 2 13
– F, H – H, H – C, …

Enfin, notons que le couplage avec les protons de type N-H ou O-H est rarement observé car
les amines et les alcools sont souvent contaminés par des traces d’eau ou d’acide qui entraînent des
échanges intermoléculaires. Ces protons, dits labiles, ne résident pas suffisamment longtemps sur
l’hétéroélément pour subir l’influence des noyaux proches. La situation n’est plus vraie dans le cas
d’associations intramoléculaires.

La notion d’échelle de temps en RMN

La notion d’échelle de temps en RMN repose sur le principe d’Heisenberg E t h/2 ou


t 1/2 . Pour deux espèces en équilibre (échange), il sera possible de distinguer ces deux
espèces si l’échange est plus lent qu’approximativement l’inverse de la différence de
fréquence entre les signaux caractéristiques de chacune de ces espèces. Ainsi, dans le cas
de l’éthanol, la constante de couplage H-C-O-H est de l’ordre de 6 Hz. Il ne sera possible de
mesurer cette fréquence que si le proton labile reste plus de 1/6 ème de seconde sur le même
atome d’oxygène.

76
Lorsque deux noyaux sont couplés entre eux et que la différence de déplacement chimique
entre ces noyaux est nettement supérieure à la valeur de la constante de couplage ( > 6 J), on parle
de spectre du premier ordre. Dans ce cas, la distance entre les lignes de résonance permet de
déterminer la valeur de la constante de couplage. On fait référence à des systèmes AX, AMX, … pour
indiquer que > J. C’est la notation de Pople.

Lorsque la différence de déplacements chimiques diminue, on observe tout d’abord un effet


de toit : l’intensité des lignes les plus proches des signaux couplés augmente, l’intensité des lignes
éloignées diminue. Ceci permet dans certains cas de confirmer l’existence d’un couplage entre
protons. Lorsque cette différence de déplacements chimiques diminue encore, on assiste à une
redistribution du nombre de ligne et de leur intensité rendant ainsi difficile une interprétation
rigoureuse des spectres.

77
Un cas extrême est celui des systèmes dits AA’XX’ ou AA’BB’ rencontrés dans les spectres
des composés aromatiques 1,4-disubstitués par deux groupements différents ou 1,2-disubstitués par
des groupements identiques.

2 6
Dans un système 1,4-disubstitué par deux groupements différents, les protons H et H sont
2 3
chimiquement équivalents mais magnétiquement non équivalents. En effet, H est couplé à H avec
3 5 5 2 3 6
une constante J et couplé à H avec une constante J différente de J[H – H ]. Quant à H il est
3 5 5 3
couplé à H avec une constante J et couplé à H avec une constante J. Les systèmes ne sont plus
du premier ordre.

5.2. La grandeur des constantes de couplage

La constante de couplage a un signe (+ ou -) mais qu’il n’est pas possible d’attribuer sur un
spectre de routine. On considère souvent la valeur absolue de la constante de couplage. Cette valeur
dépend de l’environnement au sein d’une molécule, elle est indépendante du champ extérieur. Ainsi
une constante de couplage de 7 Hz est mesurée sur un spectre relevé à 60 MHz comme sur un
spectre relevé à 500 MHz.

Parmi les facteurs affectant la grandeur d’une constante de couplage, on peut citer :
le type de noyaux (H - H, H – 13C, H – F, …)
les effets de substituants
la longueur des liaisons
la valeur des angles de valence
la valeur des angles dièdres.

78
Généralement, le couplage scalaire s’étend au travers de 1 à 3 voire 4 ou 5 liaisons. On parle
de couplage géminal ou vicinal.

Ha Ha Hb
C H C C
b

géminal vicinal
1 1
5.2.1. Les constantes de couplage H – H

H H
CH
C C 6 - 8 Hz C C 4 - 10 Hz
H

H H
C C C H CH
0 - 1 Hz
C C ~ 0 Hz

H
CH
ax-ax : 10 -12 Hz C C 0 - 3 Hz
H H

HH éq - éq : 2 - 5 Hz H
C C
C C 10 - 13 Hz
H H
éq - ax : 2 - 5 Hz
H

H
ortho : 6 - 10 Hz C C C H 2 - 3 Hz
H méta : 1 - 3 Hz H

para : 0 - 1 Hz
C C C CH 2 - 3 Hz
H
H
C C 0 - 3 Hz
O
H
C 1 - 3 Hz
H H

H H
C C 6 - 12 Hz

O
C 1 - 3 Hz
H H H
C C 12 - 18 Hz
H

79
Les lois de Karplus permettent de déterminer un arrangement spatial par mesure des
constantes de couplage géminales ou vicinales.

Jgém

Exercice

Dessiner l’aspect du spectre RMN protonique de l’acétate de vinyle en tenant compte des
2 3 3
constantes de couplage suivante Jgém : 3 Hz, Jcis : 10 Hz, Jtrans : 15 Hz.

1 13
5.2.2. Les constantes de couplage H – C
13
Dans le cas de la RMN C , la grandeur des constantes conduit à une superposition des
lignes et une complication notable des spectres. On procède alors à des expériences permettant de
réduire la valeur de ces constantes (off resonance), voire de les annuler (broad band decoupling).

OH

Type de couplage Valeur


1 1 13
J[ H- C] ~150 Hz
2 1
J[ H-13C] ~ quelques Hz

1 19
5.2.3. Les constantes de couplage H – F

Type de couplage Valeur


1 1 19
J[ H- F] 40 – 80 Hz
3 1
J[ H-19F] 1 – 30 Hz
3
J cis [1H-C=C-19F] 0 – 20 Hz
3 1 19
J trans [ H-C=C- F] 10 – 50 Hz
3 1 19
J ortho [ H- F] 7 – 12 Hz
4
J méta [1H-19F] 4 – 8 Hz
5
J para [1H-19F] 0 – 3 Hz

80
5.2.4. Les constantes de couplage 13C – 2H

Le solvant CDCl3 ( = 77.0 ppm) donne lieu, sur les spectres RMN 13C, à un triplet dont les
1 13 2 1 13
trois pics ont la même intensité ( J[ C – H] = 31.5 Hz) . L’acétone deutériée ( CD3 ~ 30 ppm ; J[ C
2 1 13 2
– H] = 19.5 Hz) et le DMSO deutérié ( CD3 ~ 43 ppm ; J[ C – H] = 22.0 Hz) donnent lieu à 7 pics.

13
5.2.5. Les constantes de couplage C – 13C
13 13 13
L’abondance naturelle du C est de 1.11 %, la probabilité d’observer un couplage C– C
est, par conséquent, très faible dans le cas d’un produit non enrichi.

5.3. Le découplage de spin ou la double irradiation

Lorsque, pendant la prise d’un spectre, une radiofréquence est appliquée à la fréquence
exacte de résonance d’un noyau, les transitions entre les deux états de spin nucléaire sont tellement
rapides que les noyaux environnants dans la molécule ne sont plus capables de faire la différence
entre ces deux états. On perd ainsi la notion de couplage.

Ceci permet
de confirmer le couplage entre noyaux
de simplifier le spectre.

81
Il peut s’agir de découplage homonucléaire ou hétéronucléaire. Cette pratique porte les noms
de
spin tickling lorsqu’il s’agit de découplage homonucléaire

broad band découpling lorsqu’il s’agit de découplage hétéronucléaire dans lequel


toutes les informations de couplage sont perdues

off resonance lorsqu’il s’agit de découplage dans lequel la multiplicité est gardée mais
les valeurs des constantes de couplage sont réduites.

82
6. La pratique

6.1. L’appareil

La première génération d’instruments (1950-1970) utilisait des


aimants permanents ou des électroaimants ne dépassant pas 100 MHz
pour la résonance du proton. Ils opèrent en « mode continu » (continous
wave, CW), c’est à dire en balayage de champ (field sweep) en gardant la
radiofréquence constante. Le relevé d’un spectre nécessitait plusieurs
minutes.

Dans les appareils dits à transformée de Fourier, le champ magnétique est maintenu constant
et l’échantillon est irradié par une courte impulsion qui fait passer tous les spins nucléaires d’un niveau
énergétique vers l’autre en même temps. Le signal enregistré est un FID (free induction decay) qui
contient toutes les informations concernant le retour des moments magnétiques à leur état d’équilibre.
L’intensité de ce signal décroît au cours du temps pour s ‘annuler lorsque les noyaux résonnant à
cette fréquence sont revenus à leur état d’équilibre. Par traitement mathématique (transformée de
Fourier), ce FID est converti en spectres de lignes.

Le relevé d’un spectre nécessite quelques secondes. Il existe des appareils opérant jusqu’à 1
GHz (23.5 T). Les appareils de routine opèrent à 300-500 MHz.

Un peu de vocabulaire technique

La RMN à température variable, « faire les shims » ou « shimmer », « se locker ».

83
6.2. L’échantillon

L’échantillon est très souvent mis en solution dans un solvant deutérié : CDCl3,
diméthylsulfoxyde d6 [DMSO d6, (CD3)2S=O], acétone d6, … Le degré de deutériation n’atteignant pas
100 %, on peut détecter, sur les spectres de RMN protonique, un pic résiduel dû à la fraction non
deutériée du solvant. Ce pic apparaît à 7.23 ppm pour le chloroforme (singulet), 2.5 ppm pour le
DMSO (multiplet), 2.0 ppm pour l’acétone (multiplet). La présence d’eau (solvant hygroscopique,
produit non sec, …) est évidemment détectable ! Une goutte de TMS est ajoutée comme référent,
souvent interne. L’absence de signaux non attribuables à la substance étudiée sur un spectre
témoigne d’une substance dont la pureté est au moins supérieure à 95 %. Pour rappel, dans les
13 13
spectres RMN C, le C du chloroforme résonne à 77 ppm sous la forme d’un triplet en raison du
13 2
couplage C- H.

Pour les spectres RMN protonique de routine, on utilise 1 – 20 mg de substance dissoute


dans 0.5 – 0.6 mL de solvant deutérié dans un tube de 5 mm de diamètre.

84
Le tube est en rotation (20 – 40 cps) afin de compenser les inhomogénéités de champ. Avec
les appareils opérant en CW, il était fréquent d’observer des bandes de rotation de part et d’autre de
chaque signal, séparées du pic central par un nombre de Hz égal à la vitesse de rotation (20 – 40 Hz).

Le relevé d’un spectre RMN 13C nécessite plus d’accumulations de FID (abondance naturelle
13 1
et sensibilité du C qui est de 1.6 % par rapport au H). Le temps de l’expérience peut être raccourci
en utilisant plus de substance et en employant des tubes de 10 mm de
diamètre.

Le relevé de spectres RMN d’échantillons solides (non dissous)


est possible grâce à la technique de la rotation à l’angle magique
(magic angle spinning, MAS). L’échantillon tourne à une fréquence
comprise entre 1 000 et 70 000 cps à un angle de 54.74 ° par rapport au
champ magnétique. La technique est encore améliorée par une
13
séquence d’impulsions dite de cross-polarization (CP). La technique C
CP/MAS permet l’enregistrement de spectres de solides avec une
excellente résolution.

6.3. Les effets de concentration

Le déplacement chimique des protons N-H et O-H est variable en fonction de la concentration.
Ceci s’explique par la variation de la force des liens H soluté-soluté en fonction de la concentration. La
situation n’est plus vraie en cas d’associations intramoléculaires.

85
6.4. Les effets de solvant

Chaque solvant ayant ses propres affinités pour une molécule, les interactions solvant-soluté
dépendent de la nature du solvant et celles-ci influencent l’environnement dans lequel se trouve la
molécule étudiée. Il n’est donc pas surprenant de constater que les déplacements chimiques sont
(légèrement) différents pour un même échantillon dissous dans des solvants différents. Ces
différences se marquent surtout pour les protons de type O-H et N-H, essentiellement quand un
solvant conduit à la rupture de liens H intramoléculaires.

Les influences du solvant peuvent aussi se faire sentir différemment au sein d’une même
molécule. C’est l’effet d’ASIS (asymetric shift induced by solvent) que l’on rencontre dans les cétones
, -insaturées, lorsque l’on passe de solutions chloroformiques à des solutions benzèniques.

86
Dans le cas des amines, des alcools et des acides, les protons de type N-H et O-H
s’échangent facilement de façon intermoléculaire en raison des interactions soluté-soluté, soluté-
solvant et soluté-impureté (eau, traces d’acide inorganique, …). Ces protons sont dits labiles. Si dans
un échantillon on introduit une (petite) quantité d’eau lourde (D2O), ces protons N-H ou O-H
s’échangeront facilement avec le deutérium. On assiste ainsi à la disparition du signal N-H ou O-H.
Sur le spectre on relève un nouveau signal qui est celui de l’eau (HOD, H2O) vers 3.5 ou 5.0 ppm,
selon la concentration en eau.

6.5. L’influence des sels de lanthanides

En raison de leur caractère paramagnétique, les sels de lanthanides créent en solution des
champs magnétiques secondaires qui affectent l’environnement des protons voisins d’un
hétéroélèment capable de donner une paire d’électrons libre (O et surtout N). On assiste alors à un
déplacement important (déblindage avec les sels d’europium, blindage avec les sels de
praseodynium) de ces protons sur les spectres.

87
7. Chiralité et RMN 1H

7.1. La diastéréotopie

Parfois les protons d’un groupe méthylène peuvent être couplés entre eux. C’est le cas
lorsque ce groupe est voisin d’un centre asymétrique comme dans l’acide aspartique

NH2 X
HO2C H2C * H W H2C * Y
CO2H Z

En effet, en observant les projections de Newman, on relève que les deux protons du groupe
méthylène sont toujours dans un environnement différent. Ils sont donc magnétiquement (et
chimiquement) différents, et donc couplés. Ces deux protons sont dits diastéréotopiques (si l’un de
ces deux protons est remplacé par un substituant quelconque, on crée des diastéréoisomères).

La notion ne se limite pas à la présence d’un centre stéréogènique mais elle s’étend à tout
groupe manquant de symétrie.

7.2. Les énantiomères

Deux énantiomères ont des spectres de RMN identiques (car une radiofréquence est une
onde achirale). L’addition d’un composé chiral susceptible de former deux complexes (sels)
diastéréoisomères conduit à la différentiation des énantiomères. Il en est de même par l’utilisation d’un
solvant chiral.
1
8. Rotation empêchée et RMN H

Certains amides conduisent à des spectres de RMN 1H inattendus dans la mesure où il y a


dédoublement des signaux dus aux protons des groupes portés par l’atome d’azote. En raison de la
délocalisation électronique, la liaison C-N acquiert un caractère partiel de double liaison ce qui freine
la rotation autour de cette liaison C-N. Les deux substituants portés par l’atome d’azote sont donc le
plus souvent dans des environnements différents.

(-)
O O
R1 R1
N (+) N
R2 R2
Si le poids de la formule de résonance polarisée est élevé, la rotation autour de la liaison C-N
1 2
sera très ralentie et les groupes R et R donneront lieu à deux signaux distincts. Si la distance entre
ces deux signaux est , le principe d’Heisenberg prédit que ces deux signaux seront distincts pour
autant que t reste supérieur à /2, t étant lié à la constante de vitesse de rotation autour de la
liaison C-N.

88
L’équivalence magnétique sera rétablie en augmentant la vitesse de rotation autour de la
liaison C-N, c’est à dire, par exemple, en chauffant la solution. La température de coalescence est la
température à laquelle les deux pics deviennent non distinguables.

9. Les techniques particulières

9.1. L’effet Overhauser nucléaire (NOE)

Dans une expérience de découplage de spin, l’irradiation à la fréquence de résonance d’un


noyau provoque un changement d’environnement que ressentent les noyaux spatialement proches
(moins de 4 Å) du noyau irradié. On parle de couplage dipolaire. Ceci est vrai même en l’absence de
couplage scalaire entre les noyaux concernés. Ce changement d’environnement conduit à une légère
augmentation de l’intensité des signaux dus à ces noyaux spatialement proches.

9.2. La technique DNP (dynamic nuclear polarization)

Typiquement, la différence de population entre les deux niveaux Zeeman pour le proton est de
1 noyau pour 100 000. Augmenter cette différence, c’est à dire augmenter la polarisation des spins
nucléaires, permet d’augmenter la sensibilité de la méthode. Pour ce faire, la technique DNP consiste
à transférer la plus grande polarisation des spins électroniques vers les spins nucléaires en irradiant,
avec une radio-fréquence de l’ordre de 250 GHz, des solutions contenant des radicaux libres stables.
Cette augmentation de sensibilité permet de mettre en évidence des intermédiaires réactionnels dont
le temps de vie est assez court et elle facilite les études cinétiques.

89
9.3. La technique DEPT (distortionless enhancement by polarization transfer)

L’expérience DEPT consiste à irradier à la


fréquence de résonance du proton au moyen d’une
séquence d’impulsions d’angles variables et à relever
13
le spectre C. C’est une variante élaborée du braod
band decoupling qui impose une phase positive,
nulle ou négative au signal observé. Dans la
technique classique (angle d’impulsion de 135°,
DEPT 135), tous les signaux CH3 et CH pointent vers
13
le haut, les signaux CH2 vers le bas, les C ne
portant pas de protons n’apparaissent pas. Dans une
expérience DEPT 90, seuls les signaux CH sont
observés.

9.4. La RMN à deux dimensions ou la RMN de corrélation

La technique consiste à corréler les groupes de noyaux couplés entre eux. Cette corrélation
1 1 1 13
peut être homonucléaire ( H- H) ou hétéronucléaire ( H- C). Les spectres à deux dimensions sont le
résultat du traitement des informations obtenues au terme de différentes séquences d’impulsions. On
parle de
spectres COSY 1H-1H (Correlation SpectroscopY)
spectres HECTOR 13C-1H (Heteronuclear CORrelation) avec détection du carbone
1 13
spectres HMQC H- C (Heteronuclear Multiple Quantum Correlation) avec détection du
proton.
1 1
9.4.1. Les spectres COSY H- H

Dans ces spectres, la diagonale est constituée de « taches » qui correspondent aux différents
signaux présents sur le spectre protonique représenté horizontalement et verticalement. Les zones de
part et d’autre de la diagonale sont symétriques (donc identiques).

90
9.4.2. Les spectres HECTOR et HMQC
1 13
Les deux types de noyaux étant différents ( H et C), il n’y a pas de diagonale caractéristique.

10. Les phénomènes de relaxation et l’imagerie par résonance magnétique (IRM, imagerie
médicale)

A l’échelle macroscopique, lever la dégénérescence des niveaux Zeeman correspond à créer


un vecteur magnétisation, M, selon un axe z, parallèle au champ magnétique extérieur. Sous
l’influence d’un second champ, B, perpendiculaire au champ statique B0, et à la fréquence de
précession de Larmor, l’aimantation M bascule dans le plan XY (pulse de /2 ou 90°). Les populations
dans les deux niveaux énergétiques de spin nucléaire sont identiques. Cette situation ne dure pas et
lentement l’aimantation se rétablit sur l’axe z. Ce rétablissement est possible grâce aux phénomènes
de relaxation : la relaxation longitudinale et la relaxation transversale.

91
La relaxation longitudinale est liée à des interactions dipôle-dipôle qui sont des interactions
magnétiques spatiales entre spins. On parle de relaxation spin-réseau, elle est caractérisée par une
constante de temps T1. Il faut environ 5 T1 pour rétablir l’équilibre. Cet intervalle de temps est
important car c’est de lui que dépend l’intensité du signal. Pour les petites molécules organiques, T 1
est de l’ordre de 0.5 à 5 secondes, ce qui veut dire que l’intervalle de temps idéal entre deux
séquences d’impulsions est d’une vingtaine de secondes. En pratique, on procède différemment : on
utilise une excitation de 30 – 60 ° de façon à réduire l’intervalle de temps entre deux impulsions.

La relaxation transversale correspond à une perte de la magnétisation dans le plan xy qui


n’intervient pas dans la restauration de l’équilibre énergétique. Elle porte le nom de relaxation spin-
spin, l’énergie étant dispersée entre spins en précession. Elle est également caractérisée par une
constante de temps T2, souvent égale à T1, jamais supérieure à T1.
Relaxation transversale

La largeur de raie à mi-hauteur d’un pic dans un spectre RMN est liée à T2 par la relation 1/2
= 1/ T2. Pour les noyaux de spin > ½, la relaxation transversale se fait essentiellement par des
gradients de champ électrique. On parle de relaxation quadripolaire qui élargit les signaux et annule
partiellement le couplage spin-spin.

L’imagerie médicale

En modifiant les paramètres d’acquisition, notamment le temps de répétition entre deux


excitations, il est possible de faire apparaître les différences de temps entre T 1 et T2 dans les tissus
d’un organisme. Ces différences sont transcrites en termes de contrastes d’images. Ainsi, en utilisant
un temps de répétition court entre deux excitations, on obtient une image dite en pondération
atomique. Dans ce cas, la substance blanche du cerveau apparaît plus claire que la substance grise.
Le liquide céphalo-rachidien, situé entre la substance grise et l’os apparaît nettement plus foncé.
L’injection d’un produit de contraste augmente la sensibilité de la méthode. En utilisant des temps de
répétition longs, on obtient une image dite en pondération tissulaire qui permet de distinguer les
liquides (eau, oedèmes), les tissus et les graisses.

11. La résonance paramagnétique électronique (EPR) ou la résonance de spin électronique


(ESR)

Dans cette technique, ce sont des spins électroniques qui


sont excités. La méthode permet de mettre en évidence les espèces
chimiques qui possèdent un ou plusieurs électrons non appariés,
c’est à dire les radicaux libres et les complexes inorganiques
possédant un ion métallique de transition. Les expériences sont
réalisées au moyen de micro-ondes de fréquences voisines de 9 à 10
GHz (qui sont générées par un klystron) pour des champs
magnétiques de l’ordre de 0.35 T. La méthode est très sensible, avec
des limites de détection de l’ordre de la nanomole.

92
En EPR, les positions de résonance sont exprimées au moyen de leur valeur g, sachant que
l’énergie d’une transition est donnée par

E=h = g B0 e h / 4 me c

avec B0 = valeur du champ magnétique extérieur


e = charge de l’électron
me = masse de l’électron
c = vitesse de la lumière

Le nombre g est une constante de proportionnalité qui vaut 2.002319 pour un électron libre. Les
valeurs pour divers radicaux sont données dans la figure suivante :

.CH .C H . .
3 2 5 H2C CH H2C C CH2
H
2.00255 2.00260 2.00220 2.00254

.
O O
.+ -
N O

2.0155 2.00585

Pour un radical ayant M noyaux équivalents de spin I, le nombre de lignes EPR sera de (2
MI+1). Dans le cas du radical CH3, on observe 4 lignes, dans le cas du radical phényle on relève 7
lignes.

12. Conclusion

La résonance magnétique nucléaire est la méthode d’investigation structurale non destructive


la plus puissante en chimie organique. En constante évolution, il existe maintenant des séquences de
pulses qui permettent d’acquérir simultanément les données relatives à différents noyaux comme le
1
H, le 13C et 15N. (PANACEA pour Parallel Acquisition Nmr, an All-in-one Combination of Experimental
Applications, E. Kupce, R. Freeman, J. Am. Chem. Soc., 130, 10788 (2008)).

Non limitée à l’étude des molécules organiques, les récents développements de la RMN ont
donné naissance à l’IRM, un outil de diagnostic médical des plus performants aujourd’hui.

93
Le dico
γ (rapport gyromagnétique)
δ (déplacement chimique)
σ (constante écran)
1.41 T / 0.00572 cal mole - 1 / 60 MHz
13
C
19
F
1
H
2
H
(2 n I + 1) pics (règle des)

AB, AA’BB’, AX, …


Aimantation (vecteur)
Anisotropie
ASIS (asymetric shift induced by solvent)
Blindage
Broad band decoupling
CDCl3
Champ effectif
Champ magnétique extérieur
Coalescence (température de)
Concentration (effets de)
Constante de couplage
Constante écran
Continous wave (CW)
COSY (RMN de corrélation)
Contraste (agent de)
Couplage dipolaire (NOE)
Couplage scalaire (J)
CW (continous wave)
Déblindage
Découplage de spins
Déplacement chimique
DEPT
Deutérié (solvant)
Diastéréotopie
DMSO d6
DNP (dynamic nuclear polarization)
DQFCOSY (RMN de corrélation)
Double irradiation
Doublet
Dynamic nuclear polarization (DNP)
Eau lourde
Echange à l’eau lourde
Echelle de temps
Effet de toit
EPR (electronic paramagnetic resonance)
ESR (electronic spin resonance)
Europium (sels d’)
FID
Free induction decay (FID)
Fréquence de Larmor
FT
Géminal
HECTOR (RMN de corrélation)
Hétéronucléaire
HMQC (RMN de corrélation)
Homonucléaire
I (spin nucléaire)

94
Imagerie par résonance magnétique
Intégrale / intégration
IRM
J (constante de couplage)
Karplus (loi de)
Labile (proton)
Lanthanides (sels de)
Lock (se locker)
Magic angle spinning
Magnétiquement équivalents (noyaux)
MAS (Magic angle spinning)
MHz
Mouvement circulaire des électrons
Niveaux Zeeman
NOE
Nombre atomique
Nombre de masse
Nuclear Overhauser effect
Off resonance
Ondes radio
Orientation dans un champ magnétique extérieur
PANACEA
Pople (notation de, AB, AA’BB’, AX, …)
ppm
Précession
Quadruplet
Radical (libre)
Rapport gyromagnétique
Relaxation longitudinale (T1)
Relaxation transversale (T2)
Résonance paramagnétique électronique (EPR)
Résonance de spin nucléaire (ESR)
RMN 2D
RMN de corrélation
Rotation à l’angle magique
Rotation empêchée
Shims (faire les, « shimmer »)
Shoolery (règles de)
Solvant (effet de)
Spin nucléaire
Système du premier ordre
T (Tesla)
T1 (Temps de relaxation)
T2 (Temps de relaxation)
Temperature variable
Temps de relaxation (T1, T2)
Tétraméthylsilane
TMS
Transformée de Fourier
Triangle de Pascal
Triplet
Tube RMN
Vicinal

95
EXERCICES
1. Un signal RMN est observé à 930 Hz par rapport au TMS. Si l’appareil opère à une fréquence de
15.1 MHz, quel est le déplacement chimique de ce signal ?

2. A 60 MHz, à combien de Hz par rapport au TMS se situe un signal apparaissant à 7.5 ppm ?

3. Une station radio locale émet à 95 MHz en VHF (very high frequency) et à 810 kHz en ondes
moyennes. Calculer les longueurs d’onde correspondant à ces fréquences.

4. Avec un appareil opérant à 60 MHz, un signal apparaît à 144 Hz par rapport au TMS. Quel est le
déplacement chimique de ce signal ?

5. Le signal pour les protons du groupe CH2 de l’alcool benzylique apparaît à 4.6 ppm. Quelle est la
différence en fréquence, exprimée en hertz, entre ce signal et celui du TMS si le spectre est relevé à
l’aide d’un appareil opérant à a) 300 MHz, b) à 60 MHz ?

6. A combien de Hz correspond 1 ppm sur un spectre relevé à l’aide d’un appareil opérant à a) 100
MHz, b) à 250 MHz, c) à 500 MHz ?

7. Prouver que pour un type de noyau donné le déplacement chimique ne dépend pas de l’intensité du
champ magnétique extérieur B0.

8. Chacun des composés suivants ne donne qu’un seul signal en RMN protonique. Proposer une
structure compatible
a) C2H6O b) C3H6Cl2 c) C6H12 d) C4H6

9. Voici le spectre de RMN protonique d’une substance de formule C9H10O2. Calculer le nombre de
protons responsables de chaque signal

10. Soient les deux isomères de formule

O O
CH3
CH3
H3C O CH3 H3C O
CH3 CH3
H3C

a) prévoir le nombre de signaux dans les spectres de RMN 1H et 13C


b) en RMN protonique, prévoir le rapport d’intensité de ces signaux et leur déplacement chimique

11. Prédire le déplacement chimique des protons présents dans l’acrylate d’éthyle
O
O

96
12. Prédire le déplacement chimique des protons dans le 4-méthoxybenzoate de méthyle (C9H10O3)

13. Prédire le déplacement des protons dans le phénoxyacétate de méthyle (C9H10O3)

14. Prédire le nombre de signaux et la multiplicité des signaux observés sur le spectre RMN
protonique des dérivés suivants

O O O
H3C CH3 CH3
H3C C CH3 C C H3C CH
H2 H2 H2
CH3

15. Comment distinguer, en RMN protonique, le 1,1-dichloroéthane du 1,2-dichloroéthane ?

16. Comment distinguer, par RMN 13C les dérivés suivants :


pentane, 2-méthylbutane, 2,2-diméthylpropane ?
13
17. Combien de signaux observera-t-on sue le spectre C des composés suivants ? Quelle sera la
multiplicité de ces signaux dans une expérience d’off resonance ? Quel sera l’aspect du spectre DEPT
135 ?

O O O
O
H3C O CH3
a b c d

e f g h

18. Quelle est la structure du composé de formule C5H10O dont le spectre de RMN protonique est
représenté ci-dessous

97
19. Quelle est la structure du composé de formule C7H14O dont le spectre de RMN protonique est
représenté ci-dessous

20. Prévoir le spectre RMN protonique de l’acétate de méthyle et du 1,1-dichloro-3-chloro-2,2,-


diméthylpropane

21. Quelle est la structure de l’arylcétone de formule brute C8H7ClO dont le spectre de RMN
protonique est représenté ci-dessous

98
22. Attribuer les spectres suivants à trois composés parmi
a) acétate d’éthyle b) 4-éthyliodobenzène c) acétate d’isopropyle d) 1-nitropropane e) iodure
d’éthyle

99
23. Tracer le diagramme de la multiplicité du signal Hm dans la structure

Ha HmR'
Ha C C C R"
Ha R Hx

sachant que Jam = 5 Hz et Jmx = 11 Hz

24. Un composé de poids moléculaire égal à 72 contient uniquement du carbone, de l’hydrogène et de


13
l’oxygène. Son spectre RMN C est composé de 4 signaux à 8 (q), 30 (q), 37 (t) et 208 (s) ppm.
Quelle est la structure de ce composé ?

25. Les protons des groupes méthyles du 15,16-diméthylpyrène résonnent à – 4.2 ppm. Expliquer ce
comportement « anormal ».

26. Déterminer la structure des composés dont la description suit :


Le spectre RMN protonique d’un alcool (C5H12O) est constitué de un singulet (intensité 1), deux
doublets (intensité 3 et 6) et deux multiplets (intensité 1 pour chaque multiplet). Traité par HBr, on
obtient un bromure d’alkyle (C5H11Br) dont le spectre est constitué de un singulet (intensité 6), un
triplet (intensité 3) et un quadruplet (intensité 2).

27. Déterminer la structure de l’ester de formule brute C5H8O2 dont la description suit :

100
28. Déterminer la structure du composé de formule brute C7H16O4 dont la description suit :
Le spectre de RMN protonique est constitué de un triplet (1.95 ppm, intensité 1), un singulet (3.3 ppm,
intensité 6) et un triplet (4.5 ppm, intensité 1).

29. Le spectre de RMN protonique de la procaine (anesthésiant dentaire local) est représenté ci-
dessous. Interpréter le spectre

101
30. Déterminer la structure du composé de formule brute C9H12 dont la description suit :

13
31. Déterminer la structure d’un plastifiant qui est un ester aromatique dont le spectre RMN C est
constitué des signaux suivants : 14, 19, 30, 65, 129, 131, 132, 167 ppm.

32. Corréler les spectres de RMN 13C et les structures suivantes

Br

I II III IV V VI

102
33. Sachant que la deutériation du chloroforme est incomplète, quelle est en réalité l’aspect du pic dû
13
au solvant en RMN C en broad band decoupling ?

Solutions

1. 61.5 ppm

2. 450 Hz

3. 3,15 m et 370 m

4. 2.4 ppm

5. a) 1380 Hz b) 276 Hz

6. a) 100 Hz b) 250 Hz c) 500 Hz

7. Voir cours, dans la relation = déplacement en fréquence à partir du TMS / fréquence de


résonance du TMS les valeurs de B0 s’annulent.

8. a) diméthyl éther b) 2,2-dichloropropane c) cyclohexane ou ou 2,3-diméthylbut-2-ène d) but-2-


yne

9. 5/2/3
1 13
10. a) 2 signaux en RMN H et 4 signaux en RMN C
b) 2.0 et 1.5 ppm ; 3.5 et 1.2 ppm

11. 6.2 ; 6.0 ; 5.8 ; 4.1 ppm

12. 3.8 ; 3.9 ; 7.22 ; 7.87 ppm

13. 3.45 ; 4.2 ; 7.07 ppm

14. a) s, q, t b) t, q c) s, m (7 pics), d

15. Nombre de signaux, déplacements chimiques, intégrales, multiplicités

16. déplacements chimiques et nombre de signaux (3, 4, 2)

17. a) 3 ; q, s, q ; haut, nul, haut


b) 5 ; q, s, t, t, q ; haut, nul, bas, bas, haut
c) 3 : q, t, s : haut, bas, nul
d ) 2 ; q, d ; haut, haut
e) 1 ; t ; bas
f) 5 ; q, s, d, d, d ; haut, nul, haut, haut, haut
g) 5 ; q, d, s ,d, d ; haut, haut, nul, haut, haut
h) 3 ; q, s, d ; haut, nul, haut

18. pentane-3-one

19. 4,4-diméthylpentane-2-one

20. a) 2 s de même intensité vers 2.3 et 3.6 ppm


b) 3 signaux dans un rapport 6/2/1 vers 0.9, 3.5 et 5.8 ppm

21. 4-chloroacétophénone

22. I (e) ; II (d) ; III (a)

103
23.

24. Butanone

26.
OH Br
(via un réarrangement de carbocation)

27.

O O

28.

O O
O

29. g, f, e, d, b et c, a

30. isopropylbenzène

31. Phtalate de butyle

32. a/III ; b/I ; c/V ; d/II ; e/IV ; f/VI

33.

104
Chapitre 5

EXERCICES RECAPITULATIFS
1 13
1. Prédire les spectres IR, H RMN et C RMN de la butanone, du propanoate d’éthyle, du
propanoate de vinyle, de l’acétate de propyle.
13
2. Déterminer la structure du produit dont les spectres IR et RMN C sont représentés ci-dessous

13
3. Déterminer la structure du produit dont les spectres IR et RMN C sont représentés ci-dessous

4. Comment distinguer, par spectroscopie (diverses méthodes) les deux composés dans les paires
suivantes

O
O
b
H

O O
c O

105
5. Déterminer la structure du composé dont la description suit :
–1
Un composé (C4H7NO) absorbe en IR à 2990 et 2240 cm . les autres pics apparaissent dans le
fingerprint. En RMN protonique on relève un triplet (2.6 ppm, 2 H), un singulet (3.3 ppm) et un triplet
(3.5 ppm). L’intensité de ces deux signaux correspond à 5 protons.

6. Déterminer la structure du composé dont la description suit :


Un composé (MM = 122) ne contient que du carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène. Son spectre de
RMN protonique est constitué de un singulet (2.15 ppm, 3 H), un singulet (3.45 ppm, 3 H) et un
groupe de quatre pics centrés sur 6.7 ppm (4 H).

7. Déterminer la structure du composé dont la description suit :


–1
Un composé (C5H10O2) présente, en IR, une absorption intense à 1750 cm . Son spectre RMN
protonique est constitué de un doublet (1.2 ppm, 6 H), un singulet (2.0 ppm, 3 H) et un septuplet (4.95
ppm, 1 H).

8. Déterminer la structure du composé dont la description suit :


–1
Un composé (C8H12O2) présente, en IR, une absorption intense à 2990 cm et 1760 cm-1. Son
spectre RMN protonique est constitué d’un singulet à 1.3 ppm.

9. Déterminer la structure du composé de formule brute C8H10O2 dont la description suit :

106
10. Déterminer la structure du composé de formule brute C10H12O2 dont la description suit :

11. Déterminer la structure du composé de formule brute C6H11O2Cl dont la description suit :

107
12. Déterminer la structure du composé de formule brute C6H10O2 dont la description suit :

13. Déterminer la structure du composé de formule brute C4H8O3 dont la description suit :

108
14. Déterminer la structure du composé de formule brute C10H10Br2O dont la description suit :

15. Déterminer la structure du composé de formule brute C4H11N dont la description suit :

109
16. Déterminer la structure du composé de formule brute C8H12 dont la description suit :

17. Quand l’acétone est traitée par une base, on obtient un liquide ayant les caractéristiques
suivantes :
-1
IR : 1620, 1695 cm
1
H NMR : 1.9 (3 H, s) ; 2.1 (6 H, s) ; 6.15 (1 H, s) ppm
13
C NMR : 20, 27, 31, 124, 154, 197 ppm
+.
M : 98 uma.
Quelle est la structure de ce composé ?

18. Attaqué par l’ion méthoxyde, la 2,2-diméthylcyclopropanone subit une réaction d’ouverture de
cycle pour donner le produit dont les caractéristiques spectrales sont :
–1
IR : 1160, 1740 cm
1
H NMR : 3.6 (3 H, s) ; 1.2 (9 H, s) ppm
+.
M : 116 uma
UV : transparent au-dessus de 200 nm
Quelle est la structure de ce produit ?

19. Déterminer la structure du composé dont la description suit :

1
H NMR : 2.4 (3 H,s) ; 7.0-7.5 (4 H, m) ppm
13
C NMR : 20 (q) ; 112 (s) ; 117 (s) ; 126 (d) ; 130 (d) ; 131 (d) ; 132 (d) ; 141 (s) ppm
+.
M : 117 uma

110
20. Déterminer la structure du composé dont la description suit :

1
H NMR : 2.4 (3 H, s) ; 7.5 (2H, m) ; 7.9 (2 H, m) ppm
13
C NMR : 21 (q) ; 120 (d) ; 123 (d) ; 129 (d) ; 135 (d) ; 140 (s) ; 148 (s) ppm
+.
M : 137 uma

21. Déterminer la structure du composé dont la description suit :

1
H NMR : 3.9 (3 H, s) ; 7.0 (1 H, s, échangeable à l’eau lourde) ; 7.1 (1 H, d apparent) ;7.4 et 7.45 (2 H
superposés, m) ; 9.8 (1 H, s) ppm
13
C NMR : 56 (q) ; 109 (d) ; 114 (d) ; 127 (d) ; 130 (s) ; 147 (s) ; 157 (s) ; 191 (s) ppm
+.
M : 152 uma

22. L’huile essentielle des graines d’anis a un composant majoritaire de formule C10H12O. Son spectre
UV présente une bande vers 250 nm et dans son spectre IR on note une vibration C-O. En RMN
protonique, il y a des signaux à 1.8 ppm (3 H, d, J = 6 Hz), 3.8 (3 H, s), 6.8 (2 H, d apparent, lignes
séparées de 10 Hz), 7.2 (2 H, d apparent, lignes séparées de 10 Hz). En plus, il y a un système qui
n’est pas du premier ordre à 60 MHz mais qui peut être analysé de la manière suivante (200 MHz) :
13
6.33 (1 H, d, J = 16 Hz), 6.10 (1 H, dq, J = 16 Hz, 6 Hz). Le spectre de RMN C est caractérisé par
les signaux à 18 (q), 55 (q), 113 (2 C, d), 123 (d), 129 (2 C, d), 130 (d), 131 (s), 159 (s). L’oxydation
douce de ce composé par le dichromate acide fournit un composé dont la description suit. Quelle est
la structure de ces deux produits ?

111
13
RMN C : 55 (t), 114 (s), 129 (2 C, d), 131 (s), 164 (2 C, d), 190 (s) ppm

112
23. Le principal constituant odorant de la cannelle est une substance de masse 132 (C9H8O) dont le
–1
spectre IR est caractérisé par une bande intense à 1690 cm . Le spectre UV est constitué d’une
bande à 284 nm et une absorption faible à 308 nm. Sur le spectre RMN protonique, on observe des
signaux à 6.7 (1 H, dd, J = 16 Hz, 8 Hz), 7.4 (5 H, m), 9.75 (1 H, d, J = 8 Hz) ppm. Sur le spectre 13C,
les signaux sont situés à 128.2 (2 C, d), 128.3 (2 C, d), 128.8 (2 C,d), 131.0 (d), 134.0 (s), 152.0 (d),
193.0 (d). Quelle est la structure de ce composé (en tenant compte de la stéréochimie) ?

24. Un échantillon de Dacron (Terylene) et un échantillon de nylon sont hydrolysés et on isole, dans
chaque cas, l’acide formé. Quelle est la structure de l’acide formé à partir de Dacron sachant que sa
formule brute est C8H6O4, que son spectre de RMN protonique est caractérisé par les signaux à 8.2
13
(intensité 2, s) et 12.5 (intensité 1, s large échangeable à l’eau lourde) ppm, que son spectre RMN C
est caractérisé par les signaux à 130 (4 C, d), 140 (2 C, s) et 176 (2 C, s) ppm. Même question pour
l’acide formé à partir de nylon sachant que sa formule brute est C6H10O4, que son spectre de RMN
protonique est caractérisé par les signaux à 1.5 (intensité 2, t), 2.3 (intensité 2, t) et 11.0 (intensité 1, s
13
large échangeable à l’eau lourde) ppm, que son spectre RMN C est caractérisé par les signaux à 26
(2 C, t), 37 (2 C, t) et 182 (2 C, s) ppm.

25. Le benzaldéhyde réagit avec l’acétone en milieu basique pour fournir un dérivé de masse 146
–1
caractérisé, en IR, par une bande intense à 1650 cm .En RMN protonique, on relève des signaux à
13
2.3 (3 H, s), 6.7 (1 H, d, J = 16 Hz), 7.4 (5 H, m), 7.5 (1 H, d, J = 16 Hz) et en RMN C on observe
des signaux à 27 (q), 127 (d), 128 (2 C, d), 129 (2 C, d), 130 (d), 135 (s), 144 (d) et 198 (s) ppm.
Quelle est la structure et la stéréochimie du produit obtenu ?

Solutions

1. Voir cours

2. cyclohexane

3. acétone

4. Voir cours

5.
N
O

6.
O

7.
O

8.
O

9.
OH
O

10.
O
O
H

113
11.
O

Cl O

12.
O
O

13.
HO O

14.
Br
O

Br

15.
NH2

16.

17.
O

18. Diméthylpropionate de méthyle

19. o-tolunitrile ou méta (mais pas l’ortho)

20. m-nitrotoluène

21. 4-hydroxy-3-méthoxybenzaldéhyde (vanilline)

22. Anéthole (1-(4-methoxyphényl)propène), 4-méthoxybenzaldéhyde

23. Trans-cinnamaldéhyde

24. Acide téréphtalique et acide adipique

25. Benzylidèneacetone

114
Chapitre 6

LE DOSAGE DES CONSTITUANTS D’UN MELANGE SANS SEPARATION PREALABLE

En raison de l’existence d’une relation entre la hauteur ou l’aire d’un signal sur un spectre et la
concentration de l’échantillon analysé, il est possible, dans de nombreux cas favorables, de doser les
constituants d’un mélange sans devoir recourir à leur séparation.

1. La spectrométrie de masse

La spectrométrie de masse ne se prête pas à de tels dosages, l’intensité des pics étant plutôt
liée à des contenus énergétiques internes et des énergies de liaisons dans les ions.

2. La spectroscopie UV-visible

La loi de Beer-Lambert indique qu’à chaque longueur d’onde, l’absorbance mesurée est
proportionnelle à la concentration. La connaissance de l’absorbance (mesure expérimentale) et du
coefficient d’extinction molaire permet donc de calculer la concentration d’un échantillon de
concentration inconnue.

A = log (I 0 / I) = c l

Par ailleurs, le relevé de l’absorbance à partir d’échantillons de concentrations différentes


permet d’établir une droite d’étalonnage à partir de laquelle il sera possible de déterminer la
concentration d’un échantillon de concentration inconnue, sans devoir connaître son coefficient
d’extinction molaire.

Comme les absorbances sont des grandeurs additives, le spectre d’un mélange de deux
composés est la somme des spectres de chacun des deux composés formant le mélange, avec, à
toute longueur d’onde,

A mél = A 1 + A 2 = ( 1 c1 + 2 c 2) l

La connaissance des coefficients d’extinction molaire des constituants est nécessaire. Il faut
soit connaître la nature des constituants eux-mêmes afin d’avoir accès aux coefficients
d’extinction molaire (via la littérature, une base de données, …) ;
soit disposer des constituants seuls (et connaître leur masse moléculaire) afin de relever leur
spectre et calculer les coefficients d’extinction molaire.

115
Pratiquement, on mesure la DO d’un mélange
à une longueur d’onde à laquelle un seul composant absorbe ou à une longueur d’onde à
laquelle un composant a un coefficient d’extinction molaire nettement supérieur à celui de
l’autre ( 1 >> 2 ou 1 << 2) ;
à deux longueurs d’onde (au moins).

La spectroscopie UV-visible permet ainsi


de doser les constituants d’un mélange
d’étudier un équilibre (tautomérie, pKa, association médicament-cible, complexes par transfert
de charge, …) ;
de réaliser une étude cinétique, …

Un point sur les spectres UV-visible où l’absorbance d’un mélange ne varie pas en fonction de
la concentration des constituants (et, partant, du temps dans le cas d’une cinétique) est appelé point
isobestique.

3. La spectroscopie IR

La technique ne se prête pas particulièrement bien aux analyses quantitatives car


les concentrations utilisées sont généralement supérieures à celles auxquelles la loi de beer-
lambert est valable (linéaire) ;
peu de solvants n’absorbent pas dans l’IR, compliquant ainsi quelque peu les études en
solution ;
les superpositions de pics sont fréquentes dans la plupart des régions des spectres
–1
(fingerprint, 3000 cm ) ;
l’épaisseur des cellules ne peut dépasser 1/5 de la largeur à mi-hauteur de la bande étudiée
(au delà de cette valeur, les pics s’élargissent et s’étalent).

116
4. La spectroscopie de RMN

En RMN protonique, l’intensité d’un signal (intégrale) est directement proportionnelle au


nombre de noyaux donnant lieu à ce signal, donc à la concentration en solution. Un rapport
d’intégrales (ramenées à un même nombre de protons) est, par conséquent, dans un rapport de
concentrations.

La RMN protonique permet ainsi, comme la spectroscopie UV-visible,


de doser les constituants d’un mélange
d’étudier un équilibre (tautomérie, pKa, association médicament-cible, complexes par transfert
de charge, …) ;
de réaliser une étude cinétique, …

La RMN protonique et la spectroscopie UV-visible sont des méthodes parfois


complémentaires : la première a trait à des concentrations de l’ordre de 10 – 2 M, la seconde à des
–4
concentrations de l’ordre de 10 M.

5. Applications

5.1. Dosage d’un mélange naphtalène – anthracène par spectroscopie UV-visible

La figure ci-dessous représente le spectre UV-visible de quelques hydrocarbures aromatiques


polynucléaires.

On suppose les spectres, et donc les coefficients d’extinction molaire, connus. On note que à
375 nm, seul l’anthracène absorbe. A partir du spectre d’un mélange naphtalène-anthracène, la
mesure de l’absorbance à 375 nm permet de calculer la concentration en anthracène. La mesure de
l’absorbance à 220 nm ou à 290 nm permet de déduire la concentration en naphtalène.

Il est à remarquer que le raisonnement est valable pour le calcul du degré de pureté d’une
substance.

117
5.2. Etude d’un équilibre par spectroscopie UV-visible

5.2.1. Détermination du pK a d’un phénol

Le pKa d’un phénol se définit par

pK a = - log K a avec K a = [PhO -] [H +] / [PhOH]

L’analyse des formes de résonance de l’ion phénolate et du phénol montre que ces deux
espèces doivent avoir des spectres UV-visible différents. La connaissance de ces spectres permettra
de calculer la concentration en chacune de ces deux espèces dans une solution.

PhO (-
)

PhOH

5.2.2. Etude d’un équilibre tautomère

En solution la 2-hydroxypyridine et la 2-pyridone sont deux formes tautomères en équilibre.


Afin de doser ces formes, il faut en connaître les spectres. Ceci est, a priori, impossible les deux
formes ne pouvant être isolées. Un artifice permet toutefois de résoudre ce problème. Il consiste à
relever le spectre de formes dites bloquées, c’est à dire d’analogues dans lesquels l’hydrogène labile
a été remplacé par un groupe dont l’influence sur le spectre UV-visible de la structure étudiée est
faible (nulle). Un groupe aliphatique (de petite taille) répond à cette exigence. Ainsi, il est raisonnable
d’admettre que le spectre UV de la 2-hydroxypyridine est quasiment identique à celui de la 2-
méthoxypyridine. Celui de la 2-pyridone est quasiment identique à celui de la 1-méthyl-2-pyridone.

N OH N O
H

N O CH3 N O
CH3

Ayant à sa disposition ces deux formes bloquées (ce qui n’est pas nécessairement simple !),
il est possible de déterminer la composition du mélange tautomère dans différents solvants, à
différentes températures, …

118
Un autre exemple :

5.3. Etude cinétique par spectroscopie UV-visible

Mesurer la variation d’absorbance au cours du temps


permet d’accumuler les données concentration – temps et donc
d’étudier la vitesse de réactions chimiques.

5.4. Dosage d’un mélange par RMN

Faire un rapport d’intégrales revient à faire un dosage. Il


« suffit » d’attribuer les signaux à chacun des composants et d’identifier
des signaux non superposés.

Le principe est valable pour déterminer la pureté d’un produit.


L’absence de signaux « inattendus » témoigne d’une pureté supérieure
à 95 %.

L’emploi de réactifs de déplacement chimique chiraux (voir le


chapitre sur la RMN point 8.2.) permet le dosage d’énantiomères. On
parle généralement d’excès énantiomère (ee) :

ee = [(C a – C b) / (C a + C b)] X 100 %

où C a et C b sont les concentrations en chacun des énantiomères (les


intégrales normalisées des complexes diastéréoisomères).

119
5.5. Etude d’un équilibre par RMN

Pour autant que l’équilibre soit lent à l’échelle de temps de la RMN (voir le chapitre sur la
RMN point 5.2.), il est possible d’effectuer un dosage des espèces en équilibre et de déterminer les
caractéristiques de cet équilibre (K, G, influence de la température, de la nature du solvant, …). Le
cas des composés 1,3-dicarbonylés est une illustration de cette matière.
H
H O
O O O O
H

H H H O

5.6. Etude cinétique par RMN

La mesure de la variation des intégrales au cours du temps permet de réaliser une étude
cinétique comme dans le cas de l’estérification de l’acide trifluoroacétique par l’alcool benzylique.
O HO O
F3C + F3C
OH O

6. Conclusion

Diverses méthodes spectroscopiques permettent le dosage des constituants d’un mélange


(éventuellement en évolution). Parmi celles-ci la spectroscopie UV-visible et la RMN protonique
occupent des places privilégiées.

120
Chapitre 7

LA SEPARATION DES CONSTITUANTS D’UN MELANGE PAR CHROMATOGRAPHIE

1. Généralités

Plusieurs méthodes de séparation des constituants d’un mélange ont déjà été utilisées lors
des travaux pratiques de chimie organique. Il s’agit de
La recristallisation, basée sur des différences de solubilité de solides ;
La distillation, basée sur des différences de températures d’ébullition de liquides ;
La sublimation, basée sur des différences de températures de sublimation de solides ;
L’extraction (par solvant actif), basée sur des différences de coefficients de partage ou de
réactivité de produits dissous
La précipitation, basée sur des différences de solubilité ou de réactivité de produits dissous.

Une autre méthode de séparation est basée sur la différence d’interactions des constituants
d’un mélange pour un support solide donné. La méthode est appelée chromatographie.

2. Historique

C’est en 1906 qu’un botaniste russe Mikhail Tswett sépara des pigments
végétaux, comme la chlorophylle, sur une colonne de craie. Il donna le nom de
chromatographie à cette technique qu’il définit comme l’enregistrement graphique de
couleurs. Le terme est tiré du grec : khrôma, la couleur et graphein, écrire.

3. Les principales étapes d’une chromatographie

3.1. Le dépôt du mélange

Généralement, le mélange est dissous dans un solvant inerte vis-à-vis des


constituants et du support, ainsi que facilement éliminable.

Le mélange est déposé sur le support ou injecté dans une colonne contenant ce
support.

3.2. La séparation du mélange

Après dépôt, il est nécessaire de faire migrer les composants sur le support, appelé phase
stationnaire. C’est un solvant ou un gaz, appelé phase mobile, qui joue ce rôle. En fonction des
interactions entre les constituants du mélange, le support ET la phase mobile, les constituants du
mélange se déplaceront plus ou moins vite sur ce support.

3.2.1. La phase stationnaire

Souvent il s’agit d’un solide polaire, en l’occurrence de la silice, parfois de l’alumine. L’acidité des
groupements silanols est proche de celle du phénol (pKa ~ 10).

121
Les dérivés les moins polaires ont peu d’affinité pour ce type de support et ils seront élués les
premiers.

Si l’on souhaite éluer en premier des composés polaires, on recourt à une phase stationnaire
apolaire, dite inverse (reversed stationary phase). Il s’agit alors, généralement, de silice sur laquelle
sont greffées des chaînes alkyles linéaires de 8 à 18 atomes de carbone.

Il existe également des phases stationnaires chirales (par greffage d’un énantiomère pur, d’un
éther couronne, …) sur lesquelles deux énantiomères migrent à des vitesses différentes.

3.2.2. La phase mobile

Souvent c’est un solvant organique, parfois de l’eau.

Sur une phase stationnaire normale (polaire), on utilise des solvants peu polaires. Sur une
phase stationnaire inverse, on utilise des solvants polaires comme l’acétonitrile, le méthanol, l’eau.
Pratiquement, on emploie fréquemment des mélanges de solvants et des gradients d’élution.

La notion de polarité d’un solvant est une notion complexe qui ne se limite pas à la valeur d’un
moment dipolaire ou d’une constante diélectrique. Elle englobe l’ensemble des facteurs qui
contribuent au fait qu’un solvant est capable de solvater et stabiliser des charges électriques.

122
Tableau : solvants classés par ordre de polarité croissante et leur limite de détection en spectroscopie
UV

Solvant Limite de détection en UV (nm)


Hexane 210
Toluène 285
Chloroforme 250
Dichlorométhane 250
Ether 220
Acétone 330
Acétate d’éthyle 260
Acétonitrile 210
Méthanol 210
Eau 190

3.2.3. Le temps de rétention

C’est le temps mis par un constituant du mélange pour parcourir la phase stationnaire.

3.3. La détection

Les types de détection sont innombrables. Ils vont de l’observation visuelle à la détection par
un réfractomètre, un conductimètre, un électromètre, un spectrophotomètre (UV-visible, fluorescence,
RMN, spectromètre de masse, ….). La succession des signaux correspondant à la détection d’un
composant du mélange constitue un chromatogramme.

Le couplage d’une méthode de séparation chromatographique à une analyse spectroscopique


porte le nom de « hyphenated technique ».

La quantité de chacun des constituants présents dans le mélange peut être déterminée par
mesure de l’aire des pics du chromatogramme, à partir d’une droite (courbe) de calibration de la
substance à analyser ou d’un référent interne ayant lui aussi été chromatographié.

123
4. Les différents types de chromatographie

4.1. La chromatographie d’adsorption

C’est la plus fréquente en chimie organique. L’adsorption est liée à


des interactions dipolaires
des liens H
des complexes
X+
X+

X + = SiO2 ou Al2O3
des complexes par transfert de charge
des effets stériques.

4.2. La chromatographie d’exclusion stérique (size exclusion chromatography, SEC) ou


la chromatographie par perméation de gel (GPC)

Des gels à base de polydextran réticulé et gonflés dans l’eau ont la capacité de séparer des
mélanges de macromolécules solubles dans l’eau. Des gels à base de polystyrène, gonflés dans un
solvant organique, permettent, quant à eux, de séparer des polymères (synthétiques) non solubles
dans l’eau.

Les molécules les plus grosses, incapables de pénétrer les grains du gel, ne seront pas
retenues par le support et seront donc éluées les premières. C’est l’inverse d’une filtration !

Sephadex

4.3. La chromatographie ionique ou par échange d’ions

Dans ce type de chromatographie, la phase stationnaire est composée


d’une substance ionisée. Si la matrice est chargée positivement (ammonium p.ex.),
les anions qui lui sont associés (hydrogénocarbonate p.ex.) seront facilement
échangeables avec les anions (chlorures p.ex.) du soluté. On parle dans ce cas de
colonne anionique (car il y a échange d’anions). Les espèces non ionisées ne sont
pas retenues sur la colonne et éluées très vite. La progression de l’espèce ionique
du soluté dépendra de son affinité pour le support. Les éluants sont des solutions
salines aqueuses, chargées en acide ou en base, contenant parfois un peu de
méthanol, d’acétone ou d’acétonitrile.

124
4.4. La chromatographie d’affinité

Elle exploite des interactions spécifiques de type ligand-protéine. Ainsi, les contaminants
d’une protéine peuvent être élués tandis que la protéine se lie à un ligand immobilisé sur la matrice.
La protéine est ensuite « libérée » en modifiant les conditions d’élution (pH, salinité, …).

5. Les différents types de chromatographie d’adsorption

5.1. La chromatographie sur couche mince (CCM) ou la chromatographie planaire

La méthode porte aussi le nom de chromatographie sur plaque ou de TLC (par référence à
l’anglais Thin Layer Chromatography).

Une couche de silice, d’alumine ou de silice modifiée (phase inverse) est coulée sur une
plaque de verre ou de plastique. Le mélange en solution (quelques gouttes) est déposé (« spotté »)
en bas de la plaque et celle-ci est plongée dans un petit volume de solvant d’élution (attention le
mélange ne doit pas se diluer dans le solvant). Il s’agit d’une chromatographie ascendante. Parfois du
papier remplace la plaque de silice ou d’alumine.

125
Les produits sont révélés en raison de leur couleur ou en présence d’iode, par fluorescence (si
le support contient un indicateur de fluorescence), par coloration, … Dans une technique toute récente
(N.J. Smith, M.A. Domin, L.T. Scott, Org. Lett., 10, 3493 (2008)), les diverses taches présentes sur
une plaque ont directement été analysées par spectrométrie de masse au moyen d’une source DART.

On définit le Rf (retardation factor) comme le rapport entre la distance parcourue par un


produit et la distance parcourue par le solvant.

La chromatographie à deux dimensions existe.

Applications

détermination de la pureté d’un produit (un seul spot)


avancement d’une réaction (modification de l’intensité des spots)
recherche des conditions de séparation pour la chromatographie sur colonne

126
5.2. La chromatographie sur colonne

Si le support est de l’alumine, le solvant est introduit dans la colonne puis l’alumine. On laisse
le solvant lentement s’écouler de façon à ce que la colonne d’alumine se tasse. Le mélange à séparer
(souvent en solution, quelques mL) est délicatement déposé sur la colonne, puis on le laisse
s’adsorber sur le sommet de la colonne avant d’introduire, délicatement, le solvant.

Si le support est un gel de silice, on prépare ce gel en mélangeant la silice au solvant et l’on
introduit ce gel dans la colonne. On procède ensuite au tassement de la silice et au dépôt du mélange
à séparer. Les gels de silice sont souvent composés de particules ayant des tailles de 15 à 60 m et
des pores de 40 à 100 Å (60 Å est la taille la plus appropriée pour la plupart des applications). Des
pores trop petits peuvent donner lieu à une chromatographie d’exclusion stérique.

Une colonne de chromatographie ne doit jamais « aller à sec ».

Applications
purification d’un produit
séparation d’un mélange.

5.3. La flash chromatography

La phase mobile est poussée sur la colonne (prétassée) avec une pression allant de 0 à 5
bars. Le détecteur est souvent un spectrophotomètre UV-visible.

127
5.4. La chromatographie liquide à haute pression ou haute performance (HPLC)

La phase mobile est poussée sur la colonne (prétassée) avec une pression allant de
20 à 100 bars (~ 1 mL / min). On parle parfois de MPLC (middle pressure liquid chromatography) pour
une gamme de pression allant de 5 à 25 bars (entre la flash chromatography et l’HPLC). Le détecteur
peut être un spectrophotomètre UV-visible, un fluorimètre, un réfractomètre, un spectromètre de
masse, un appareil de RMN, …

5.5. La chromatographie liquide à ultra-haute pression (UPLC)

La phase mobile est poussée sur la colonne (prétassée) avec une pression allant jusqu’à
1000 bars.

5.6. L’extraction en phase solide (SPE)

L’expression est réservée à l’utilisation de petites colonnes (quelques centimètres) prêtes à


l’emploi contenant un support spécifique fonctionnalisé pour une application précise. Par exemple on
immobilise un aldéhyde (impureté) sur un support aminé (par formation d’une imine). Il s’agit plus
d’une filtration que d’une chromatographie.

128
5.7. La chromatographie en phase gazeuse (GC)

La technique est réservée à des produits volatils. La


phase mobile est un gaz (hélium, azote, argon, hydrogène)
appelé gaz vecteur. L’injecteur (quelques microlitres) et la
colonne sont placés dans un four thermostatisé. La phase
stationnaire peut être de la silice mais aussi un « liquide » peu
ou non volatil. Dans ce cas, on parle de chromatographie de
partage plutôt que de chromatographie d’adsorption. La
méthode est rendue très sensible par l’emploi de colonnes
dites capillaires dont la longueur est de plusieurs dizaines de
mètres.

Le couplage GC/MS est fréquent et utilisé dans de


nombreuses analyses de pollution d’air. La technique « head
space » est une technique qui permet l’injection du volume
gazeux se trouvant au-dessus de l’échantillon contenu dans un
flacon.

6. L’électrophorèse

Il ne s’agit pas d’une méthode chromatographique à proprement parler car elle ne fait pas
appel à des interactions soluté-phase stationnaire-phase mobile. Elle permet néanmoins de séparer,
sur un support, des produits de charges électriques différentes qui migrent différemment lorsqu’ils sont
soumis à une différence de potentiel. La technique est essentiellement utilisée en biochimie.
L’absence de front de solvant nécessite l’emploi de référents.

7. Conclusion

Les méthodes chromatographiques constituent un outil indispensable au chimiste organicien


pour séparer les composants d’un mélange ou vérifier et améliorer la pureté d’une substance. Les
applications pratiques sont nombreuses, comme la mise en évidence de l’ajout d’un chiffre sur un
chèque au moyen d’un bic (encre) différent de celui utilisé au départ.

129
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2z_last_denaturation_electrophoresis_27.jpg








132
ANNEXES
Année académique ….– ….

BAC 3 CHIMIE
Chimie organique
Analyse d’un échantillon inconnu

NOM, Prénom :
Echantillon N°

Aspect, point de fusion, …

Renseignements tirés du spectre de masse

Renseignements tirés du spectre IR

Renseignements tirés des spectres RMN


Caractérisation des produits
™ Spectroscopie de résonance magnétique nucléaire

Bruker AMX-300 (300 MHZ pour le proton dans un champ magnétique de 7.1 T). Les
déplacements chimiques sont exprimés en ppm par rapport au TMS utilisé comme référent
interne

™ Spectroscopie infrarouge

Perkin-Elmer FTIR 1760 K

™ Points de fusion

Les points de fusion (non corrigés) ont été relevés à l’aide d’un microscope à plaque chauffante.

™ Spectrométrie de masse

Waters QToF 2

Modes opératoires
Tous les réactifs utilisés sont commerciaux (Aldrich, Acros organics).
(39)
1. Synthèse du 4-(4-phénylpipérazine-1-yl)benzonitrile (6)
Un mélange de 4-fluorobenzonitrile (50 mmol ; 6.05 gr) et de 1-phénylpipérazine (50 mmol ; 7.4
ml ; 8.1 gr) dans du DMA (50 ml) en présence de carbonate de potassium (50 mmol ; 6.9 gr) est
chauffé à reflux durant 8 heures. Après refroidissement, le produit est précipité à l’eau puis filtré. Le
solide est ensuite abondamment lavé à l’eau puis à l’éthanol.
- Point de fusion : 165.7-167.9 °C
–1
- IR (KBr) : (cm ) : 2214 , 1602, 1510, 1496, 1385

5' 6' 5 6 5 6

4' N N C N

3' 2' 3 2 3 2

1 2 6 3’ 5’
- H RMN (DMSO d6 ) : 7.62 (2H, d, J = 9 Hz, H et H ) ; 7.34 (2H, t, J= 7 Hz, H et H ) ;
3 5 2’ 6’ 4’
7.14 (2H, m, H et H ) ; 7.03 (2H, d, J = 7 Hz, H et H ) ; 6.81 (1H, t, J = 7 Hz, H ) ; 3.52 (4H, t, J =
5 Hz, CH2-N-Ar-CN) ; 3.32 (4H, t, J = 5 Hz, CH2 -N-C6H5 )
+
- HRMS (ESI-ToF) MH C17H18N3 : masse mesurée : m/z 264,1508
masse calculée : m/z 264,1501
- Rendement : 73 %

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