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GUILLAUME ANDROZ

Etude d'un laser à fibre de ZBLAN dopée au thulium


émettant dans le proche infrarouge

Thèse présentée
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de doctorat en physique
pour l'obtention du grade de PhilosophiaeDoctor (Ph.D.)

Faculté des Sciences et de Génie


UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC

2010

©Guillaume Androz, 2010


Résumé

Les travaux présentés dans ce document portent sur le développement de lasers à


fibre de ZBLAN dopée au thulium, ainsi que sur l'étude de phénomènes nouveaux liés
à la dynamique des niveaux électroniques. Le verre de ZBLAN est utilisé pour sa faible
énergie de phonons qui a pour effet d'allonger les temps de vie des niveaux électroniques
des ions terre-rare qui le dopent.

Nous présentons dans un premier temps nos travaux sur l'émission d'impulsions
auto-induites par un laser à fibre de ZBLAN dopée au thulium émettant dans la ré-
gion de 800 nm. L'émission laser à une ou deux longueurs d'onde correspond à deux
transitions laser distinctes. Un nouveau régime dynamique auto-induit lorsque les deux
transitions oscillent est rapporté. Nous avons pu reproduire numériquement les obser-
vations expérimentales en utilisant un modèle simple basé sur les équations d'évolution
des populations des niveaux électroniques.

Dans un second temps, nous aborderons le développement de nouveaux lasers à


fibre de ZBLAN utilisant pour la première fois la technologie des réseaux de Bragg
photo-inscrits par laser femtoseconde. A travers l'étude d'un laser monothique à fibre
de ZBL.AN dopée au thulium émettant jusqu'à 2.3 W de puissance à 1480 nm sur
le mode fondamental, nous avons pu mettre en évidence l'intérêt de cette nouvelle
technologie. Le laser présenté offre une efficacité de conversion de 65% à comparer à
la limite quantique qui est de 72%. Les performances de ce laser sont comparées pour
deux longueurs d'onde de pompe à 1064 nm et à 1040 nm. Pour cette dernière longueur
d'onde de pompe, nous avons mis en évidence un phénomène d'avalanche de photons.
IV

De plus, nous avons développé un modèle numérique complet permettant d'optimiser


la cavité laser et d'expliquer son comportement. Enfin, nous présentons nos travaux sur
l'accordabilité en longueur d'onde d'un tel laser. Un stress mécanique purement axial
est appliqué sur la portion de fibre contenant un réseau de Bragg ce qui nous permet
d'accorder la longueur d'onde d'émission du laser sur plus de 20 nm.
Avant-propos

Je tiens à remercier chaleureusement mon directeur de thèse, le professeur Real


Vallée, pour la confiance qu'il m'a témoignée. Ses critiques pertinentes de mon travail et
sa grande expérience m'ont poussé de plus en plus loin dans l'analyse et l'interprétation
de mes résultats expérimentaux. Il m'a ainsi permis d'approfondir mes connaissances
et mes compétences dans un domaine qui ne m'était pas familier de prime abord, mais
pour lequel je ressentais une grande affinité.

Je tiens à remercier tous mes collègues et amis qui m'ont aidé et supporté durant
ces années de travail. En particulier, je voudrais remercier Nicolas Hô (étudiant au
doctorat au moment de mes études) qui m'a montré la voie et qui m'a initié à ce travail
de recherche. Je suis également reconnaissant de l'aide précieuse de Dominic Faucher
(étudiant au doctorat au moment de mes études) et de Martin Bernier (étudiant au
doctorat au moment de mes études) sans qui le projet de développement de lasers tout
fibre n'aurait jamais pu voir le jour.

Un grand merci à tous les techniciens qui sont d'une aide incommensurable et dont le
support en laboratoire est essentiel. Tout particulièrement, mes travaux n'auraient pas
été possibles sans l'aide éclairée de Marc d'Auteuil, les dessins techniques de Stéphane
Gagnon ou encore la fraiseuse de Florent Pouliot.

Enfin, je voudrais témoigner toute ma gratitude à ma famille qui m'a soutenu durant
toutes ces années, à mes parents qui m'ont toujours encouragé et épaulé malgré la
distance, et à Anne-Catherine dont l'appui m'a été d'une aide précieuse. Merci à vous.
à la plus belle petite fille au monde,
à Rosalie
Tout le monde savait que c'était
impossible. Il est venu un
imbécile qui ne le savait pas et
qui l'a fait.

Marcel Pagnol
Table des matières

Résumé v

Avant-propos vi

Table des matières xi

Liste des figures xx

Liste des tableaux xxii

1 Introduction 1
1.1 Motivations 2
1.2 Objectif 3
1.3 Organisation de la thèse 4

2 Propriétés des fibres de ZBLAN 6


2.1 Bref historique 7
2.2 Les verres de ZBLAN 8
2.2.1 Considérations générales sur les verres 8
2.2.2 Les verres de fluorozirconate 10
2.2.3 Synthèse d'un verre fluoré 11
2.3 Propriétés physiques 12
2.4 Propriétés optiques 14
2.4.1 Transparence 14
2.4.2 Dopage 15
2.4.3 Indice de réfraction 16
2.5 La fibre optique de ZBLAN 18
IX

2.5.1 Fabrication de la fibre optique 18


2.5.2 Atténuation . 23
2.5.3 Épissures 25
2.5.4 Préparation des fibres 29
2.6 Réseaux de Bragg dans les fibres de ZBLAN 30

Modélisation d'un laser à fibre T m 3 + :ZBLAN 34


3.1 Cavités laser 35
3.2 Spectroscopie des ions terre-rare 36
3.2.1 Configuration électronique 36
3.2.2 Niveaux d'énergie des ions terre-rare 37
3.2.3 Transitions radiatives 38
3.2.4 Transitions non-radiatives 41
3.2.5 Mécanismes de transfert d'énergie entre ions et absorption mul-
tiphotonique 43
3.2.5.1 Transfert d'énergie résonant 44
3.2.5.2 Transfert d'énergie assisté par phonon 45
3.2.5.3 Relaxation croisée et APTE 45
3.2.5.4 Effet d'avalanche de photons 47
3.2.5.5 Absorption multiphotonique 48
3.3 .application à l'ion thulium Tm 3 + 49
3.3.1 Spectroscopie de l'ion thulium 49
3.3.2 Transitions non-radiatives 51
3.3.3 Mécanismes de pompage 54
3.3.4 Emission spontanée des ions thulium 56
3.3.5 Transferts d'énergie 57
3.3.6 Incertitude sur les sections efficaces 57
3.4 Modèles théoriques 60
3.4.1 Schéma de pompage 60
3.4.2 Équations de populations 62
3.4.3 Évolution de la puissance de sortie - Cas dynamique 63
3.4.4 Évolution de la puissance de sortie - Cas statique 65
3.5 Méthodes de résolution 66
3.5.1 Cas dynamique 66
3.5.2 Cas statique 68

4 Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser é m e t t a n t autour de 800 n m 72


4.1 Introduction 73
4.2 Expérience et résultats 75
4.2.1 Montage expérimental 75
4.2.2 Miroirs externes 76
4.2.3 Schéma de pompage et spectre de fluorescence 76
4.2.4 Émission stimulée 78
4.3 Pulsations auto-induites 80
4.3.1 Résultats expérimentaux 80
4.3.2 Simulations numériques 82
4.4 Discussion 85
4.5 Dynamique non-linéaire et bifurcation 90
4.6 Conclusion 91

5 É t u d e d'un laser t o u t fibre à 1480 n m 93


5.1 Introduction 94
5.2 Résultats expérimentaux 95
5.2.1 Montage expérimental 95
5.2.2 Schéma de pompage 96
5.2.3 Résultats 97
5.3 Théorie 99
5.3.1 Propriétés spectroscopiques 99
5.3.2 Équations d'évolution 101
5.3.3 Résultats et discussion 103
5.4 Optimisation 107
5.4.1 Optimisation de la longueur d'onde de pompe 107
5.4.2 Optimisation de la cavité laser 109
5.5 Émission laser haute puissance 111
5.5.1 Pompage à 1040 nm 111
XI

5.5.2 Pompage à 1064 nm 112


5.6 .Accordabilité du laser 115
5.7 Conclusion 124

Conclusion 125

Bibliographie 130

A Théorie des modes guidés 144

B Modèle d'évaluation de l'indice de réfraction du ZBLAN 148

C Liste des contributions scientifiques 151


Table des figures

2.1 Structure moléculaire d'un composé S1O2 (a) cristallin et (b) vitreux. . 8
2.2 Évolution de l'enthalpie en fonction de la température. Lorsqu'un liquide
est refroidi, il peut atteindre deux états. Si la vitesse de refroidissement
est suffisamment lente, un cristal est obtenu en dessous de la température
Tf, et si le refroidissement est rapide, un état hors équilibre appelé état
vitreux est obtenu en dessous d'une température Tg. Tx est la température
de début de cristallisation lorsqu'un verre est chauffé 10
2.3 Fenêtre de transparence de la silice et du ZBLAN pour des échantillons
de 5 mm d'épaisseur |27| 15
2.4 Comparaison des courbes de dispersion pour un verre de ZBLAN typique
calculées à partir de la formule de Sellmeier et du modèle de Zhang et
18
al. [351 •
2.5 Géométrie d'une fibre optique à saut d'indice. Elle est composée d'un
coeur d'indice de réfraction n c , d'une gaine d'indice n g et d'une gaine
protectrice en acrylate d'indice n p 19
2.6 Préparation d'une préforme de fibre optique selon la méthode du moule
en rotation (Rotational casting) 20
2.7 Technique de manchonnage permettant la fabrication de fibres optiques
monomodes. Un tube de verre est tout d'abord préparé selon la méthode
du moule en rotation. On vient alors y insérer une préforme pré-étirée
au bon diamètre pour qu'elle ne supporte qu'un seul mode de propagation. 21
2.8 Profil d'indice d'une fibre TM2000LVF(2.8) avec un profilomètre NR-
9200 de Exfo 24
2.9 Pertes optiques typiques d'une fibre de verre fluoré de LVF 25
Xlll

2.10 Surface d'une fibre optique de ZBLAN collée entre deux blocs de verre et
polie à angle droit. L'interface colle-fibre n'est pas parfaitement définie
ce qui engendre des problèmes de contamination de la surface de la fibre.
La fibre de verre fluoré, plus "molle" que les blocs de verre, est polie plus
rapidement et ne se trouve donc pas au même niveau que les blocs de
verre 28
2.11 Jonction mécanique entre une fibre de silice et une fibre de ZBLAN dont
la taille des modes est semblable. Les deux fibres sont collées dans des
ferrules en acier polies à angle droit. L'optimisation du couplage s'effectue
avec une monture six axes, puis les ferrules sont collées entre elles avec
de la colle durcie aux UV. La jonction est fixée sur un bloc de cuivre
servant de masse thermique avec de la pâte thermique 29
2.12 Réseau de Bragg dans une fibre optique. Un changement d'indice pério-
dique dans le cœur de la fibre se comporte comme un miroir réfléchissant
à une longueur d'onde satisfaisant à la condition de Bragg \ B 30
2.13 (a) Changement d'indice d'un réseau à pas constant dans le cœur d'une
fibre optique et (b) spectre en réflexion correspondant 31
2.14 (a) Changement d'indice d'un réseau à pas variable dans le coeur d'une
fibre optique et (b) spectre en réflexion correspondant 32
2.15 (a) Spectres en réflexion (trait clair) et en transmission (trait foncé)
d'un FBG à pas constant inscrit dans le cœur d'une fibre de ZBLAN par
laser femtoseconde, et (b) superposition des spectres en réflexion d'un
FBG à pas variable et d'un FBG à pas constant. Le réseau large a une
réflectivité uniforme sur plus de 20 nm. Ces réseaux ont été inscrits par
Martin Bernier au moyen d'un laser Ti :saphir émettant des impulsions
femtoseconde 33

3.1 Différentes configurations de cavités laser à fibre, a) Cavités linéaires b)


Cavité en anneau 35
3.2 Diagramme d'énergie et levée de dégénérescence pour un ion terre-rare. 39
3.3 Taux de relaxation multiphononique des ions thulium pour différents
verres en fonction de l'écart d'énergie entre les niveaux considérés |62). 43
XIV

3.4 Transfert d'énergie résonant entre un ion donneur (D) et un ion accepteur
(A). Le transfert peut être radiatif (a) ou non-radiatif (b) auquel cas
l'interaction est de type coulombienne ou de Van der Waals 44
3.5 Transfert d'énergie entre un ion donneur (D) et un ion accepteur (A)
assisté par phonon. Un phonon d'énergie hw peut être (a) émis ou (b)
absorbé pour satisfaire à la condition de conservation de l'énergie. . . . 45
3.6 Transfert d'énergie assisté par phonons. (a) L'ion accepteur (A) a une
énergie plus basse que l'ion donneur (D), on parle alors de relaxation
croisée ; (b) (A) a une énergie plus élevée ou égale à l'ion (D) : l'APTE. 46
3.7 Effet d'avalanche de photons. La longueur d'onde de pompe n'est ré-
sonante qu'avec la transition «2 —> n 3 de sorte que R\ < < R2. La
relaxation croisée permet alors un peuplement plus efficace du niveau n 2 . 47
3.8 Processus d'excitation par paliers (ou absorption d'un photon par l'état
excité (AEE)) impliquant deux photons a et b mettant en jeu un seul
ion à trois niveaux. Les populations des niveaux 2' et 3' se désexcitent
rapidement vers les niveaux 2 et 3, respectivement. La petite flèche vers
le bas traduit une désexcitation non-radiative et la grosse flèche montre
la transition radiative résultant de l'excitation par paliers [67) 49
3.9 Diagramme des niveaux d'énergie pour l'ion thulium dans la fibre de
ZBLAN et longueur d'onde moyenne associée à chaque transition [51,
68, 69) 50
3.10 Sections efficaces (a) d'absorption des transitions (1) 3 #6 —* 3 #4 ; (2) 3 F 4 —►
3
F 2 ; (3) 3 F 4 ­ 3
F 3 ; (4)3if4 ­ l
G 4 ; ( ô ) 1 ^ ­» 3 P X ; (6)3tf6 ­ 3
i/5 ;
(7) 3 F 4 ­» 3 # 4 ; ( 8 ) ^ 4 ­» l D 2 ; (9) 3 # 6 ­» 3 F 4 et (b) d'émission des tran­
sitions ( l ) 1 ^ ­» 3 F 2 ; (2)XG4 ­ 3
# 5 ; (3) 3 # 4 ­ 3
/ 7 6 ; (4)*G4 ­ 3
tf4 ;
(5)34fV4 ­ 3
F 4 ; (6) l I 6 ­ 3
1£>2 ; (7)1£>2 ­ 1
G 4 ; (8)XG4 ­ 3
F 3 [51] . . . 52
3.11 Spectre des sections efficaces d'absorption des électrons de l'ion thulium
dans leur état fondamental (AEF) [51] 54
3.12 Spectres des sections efficaces de pompe autour de 1100 nm 55
3.13 Schéma de pompage par paliers de l'ion thulium par un laser de longueur
d'onde autour de 1030­1200 nm 55
XV

3.14 Spectre de fluorescence de côté pour une fibre pompée à (a) 1040 nm et
(b) 1064 nm 56
3+
3.15 Processus de relaxation croisée et APTE entre ions Tm 58
3.16 Comparaison des spectres des sections efficaces d'absorption de la tran-
sition 3 F 4 - r AHA mesurés par différents auteurs : (1)[51|, (2)[81[, (3)|82|
et (4)[69|. L'incertitude sur la mesure des sections efficaces selon [51] est
matérialisée par la zone grisée 59
3.17 Diagramme des niveaux d'énergie du thulium utilisé dans nos modèles.
Les transitions à la longueur d'onde de pompe sont repérées par leur taux
de pompage Rij, les transitions aux longueurs d'onde laser de 800 nm
et 1480 nm sont repérées par les taux d'émission stimulée et d'absorp-
tion Wij, les désexcitations spontanées sont notées Aj t et les transferts
d'énergie Xy/u 61
3.18 Variation du flux de photons au passage d'un volume infinitésimal de la
fibre active 63
3.19 Schéma de principe pour l'étude théorique du laser à fibre dans le cas
statique 65
3.20 Algorithme de tir utilisé pour calculer la puissance de sortie du laser en
fonction de la puissance de pompe 69

4.1 Diagramme d'énergie partiel des ions Tm 3 + . AEF : absorption par l'état
fondamental, AEE : absorption par l'état excité, ESP : émission stimulée
de la pompe 74
4.2 Montage expérimental. P I , P2, et A/2 sont respectivement deux polari-
seurs et une lame demi-onde pour former un atténuateur variable. P D
sont des photodiodes, LV une lame de verre, L une lentille asphérique,
HR un miroir hautement réfléchissant pour la région 710-871 nm ayant
également une réflectivité de 17% à la longueur d'onde de pompe, M est
un coupleur de sortie optionnel, RD un réseau de diffraction en réflexion
et OSA un analyseur de spectre optique. La pompe est un laser à fibre
dopée Yb 3 + émettant à 1108 nm 75
4.3 Spectres de transmission des miroirs (a) Ml et (b) M2 77
4.4 Sections efficaces des transitions d'intérêt autour de 800 nm 77
XVI

4.5 Spectres d'émission spontanée amplifiée (ASE) pour une cavité formée
par les réflexions de Fresnel aux deux bouts de la fibre pour différentes
puissances de pompe (en mW) et pour deux longueurs de fibre : (a) 70
cm, (b) 1.8 m 78
4.6 Évolution temporelle de la puissance totale de sortie du laser lorsque les
deux longueurs d'onde ne sont pas séparées par un réseau de diffraction.
Les impulsions moins puissantes sont attribuées à l'émission à 785 nm
(transition 1 G 4 —> 3 // 5 ) et les plus fortes à l'émission à 805 nm (transition
3
// 4 —► 3 H 6 ). Une fibre de 1.8 m est pompée à 500 mW incident à une
longueur d'onde de 1108 nm. La cavité est formée par un haut réflecteur
à l'injection et le 4% de la réflexion de Fresnel à la sortie 79
4.7 Spectres d'émission et courbes laser avec un coupleur de sortie de 55%
de réflectivité à 810 nm et 25% à 785 nm (resp. (a) et (b)), et avec un
coupleur de 45% de réflectivité aux deux longueurs d'onde (resp. (c) et
(d)) 80
4.8 Évolution temporelle des deux longueurs d'onde après que la pompe soit
en marche. La puissance laser à 785 nm est présentée sur le graphique du
haut et la puissance à 805 nm sur le graphique du bas. Une fibre de 1.8
m est utilisée. La cavité est formée d'un haut réflecteur à l'injection et
du 4% de la réflexion de Fresnel à la sortie. La puissance pompe de 300
mW est modulée à l'aide d'un hacheur mécanique à une fréquence de
100 Hz. Son profil temporel est donc un signal carré qui débute à t = 0
s et finit à t = 10 ms 81
4.9 (a) Simulation de l'évolution temporelle des puissances des deux raies
laser, (b) zoom sur une série d'impulsions et (c) densités de population
pour les quatre niveaux d'énergie 86
4.10 Forme d'impulsion expérimentale à 805 nm (points) ajustée à une courbe
de sécante hyperbolique (pointillés) avec l'impulsion obtenue selon notre
modèle numérique. Les deux impulsions prennent la forme d'une sécante
hyperbolique élevée au carré 87
4.11 Détail de l'évolution temporelle des puissances laser et du gain de la
transition concernée au début de l'émission des impulsions 88
XVII

4.12 Taux de répétition du laser en fonction de la puissance de pompe injectée. 89


4.13 Doublement et quadruplement de période pour l'émission laser selon la
transition 3 // 4 —> 3 // 6 à une longueur d'onde de 805 nm. La fibre utilisée
a une longueur de 2 m et les puissances pompe sont de (a) 600 mW
et (b) 1 W incident. La cavité est constituée d'un miroir hautement
réfléchissant autour de 800 nm à l'entrée et de la réflexion de Fresnel à
la sortie 90
4.14 (a) Diagramme montrant la puissance laser au pic des impulsions en
fonction de la puissance pompe. Il est possible d'avoir plusieurs séries
d'impulsions pour une même puissance pompe, (b) Notre modélisation
laisse également entrevoir un état chaotique pour certaines puissances de
pompe 91

5.1 Montage expérimental. Un réseau de Bragg est inscrit dans la fibre à


l'entrée de la cavité. Le coupleur de sortie est assuré par la réflexion
de Fresnel (4%) ou par un autre FBG de faible réflectivité. Le laser de
pompe est un laser à fibre dopée à l'ytterbium émettant à 1040 nm ou
un laser émettant à 1064 nm 96
5.2 Diagramme d'énergie partiel des ions Tm 3 + illustrant le schéma de pom-
page par paliers 97
5.3 Courbes de la puissance laser expérimentale (points) et calculée (ligne) en
fonction de la puissance pompe injectée à 1040 nm (carrés bleus) et à 1064
nm (ronds rouges). La fibre a une longueur de 5.45 m, et les coupleurs
d'entrée et de sortie ont une réflectivité de 90% et 4%, respectivement. 98
5.4 Diagramme des niveaux d'énergie du thulium utilisé pour le modèle nu-
mérique 99
5.5 (a) Courbe laser expérimentale (points) et simulée (ligne) en fonction de
la puissance absorbée à 1040 nm et (b) puissance laser en fonction de la
puissance de pompe injectée pour plusieurs valeurs de la section efficace
de la transition 4<\EFl4so- La courbe en bleu correspond à la valeur de
section efficace utilisée pour nos simulations, la courbe verte à une valeur
de section efficace réduite de moitié, et la courbe rouge correspond à une
courbe laser sans AEF 1480 104
XVlll

5.6 Influence de la relaxation croisée X0211 sur les performances du laser . . 105
5.7 Courbes laser expérimentales (points) et simulées (lignes) en fonction
de la puissance pompe absorbée à 1040 nm (ronds rouges) et à 1064
nm (carrés bleus). Une efficacité de conversion de 65% est démontrée
pour les deux longueurs d'onde de pompe. La fibre mesure 5.45 m, et
les réflectivités des coupleurs d'entrée et de sortie sont de 90% et 4%,
respectivement 106
5.8 P uissance de sortie en fonction de la puissance pompe (a) injectée ou (b)
absorbée, pour diverses longueurs d'onde de pompe. La fibre avait une
longueur de 5.45 m et les FBG formant la cavité avaient respectivement
une réflectivité de 90% et 4% à l'injection et à la sortie 107
5.9 Gain net pour la transition 3 i / 4 —► 3 F 4 (donné par l'équation (5.4)) en
fonction de la longueur d'onde de pompe pour différentes puissances de
pompe. La fibre mesure 5.45 m, et les réflectivités des coupleurs d'entrée
et de sortie sont de 90% et 4%, respectivement 109
5.10 Longueur de fibre optimale et puissance laser correspondante en fonction
de la longueur d'onde de pompe pour une puissance pompe injectée de 1.5
W. Les réflectivités des coupleurs d'entrée et de sortie ont été maintenues
à 90% et 4%, respectivement 110
5.11 Évolution de la puissance de sortie du laser pour différentes réflectivités
du coupleur de sortie en fonction de la longueur de la fibre pour une
puissance pompe injectée de 1.5 W à 1053 nm. Les cercles indiquent la
puissance maximale atteinte pour chaque réflectivité. La réflectivité du
coupleur d'entrée est de 90% 111
5.12 P uissance de sortie du laser expérimentale (points) et simulée (ligne)
en fonction de la puissance pompe injectée à 1040 nm, et spectre laser
correspondant (encadré). La fibre mesure 5.45 m et les réflectivités des
coupleurs d'entrée et de sortie sont de 90% et 4%, resectivement 112
5.13 P uissance de sortie du laser expérimentale (points) et simulée (ligne) en
fonction de la puissance pompe injectée à 1064 nm. La fibre mesure 2.8
m, et les réflectivités des coupleurs d'entrée et de sortie sont de 99% et
15%, respectivement 113
XIX

5.14 Spectres en réflexion des réseaux formant la cavité laser. Le réseau étroit
est le FBG fortement réfléchissant (spectre bleu), et le réseau large est le
coupleur de sortie (courbe rouge). Le spectre large est la superposition
des spectres des deux réseaux 114
5.15 (a) Montage expérimental du laser accordable et dispositif de compres-
sion du FBG. Un réseau à pas variable est inscrit à l'entrée de la fibre
(FBGl) et le réseau de forte réflectivité accordable est inscrit à la sortie
de la fibre (FBG2). La réflectivité des réseaux est de « 30% et > 99%
respectivement. La fibre est pompée en configuration contra-propagative
par un laser à fibre dopée ytterbium émettant à 1064 nm. (b) Le dispositif
de compression est constitué d'un piston qui vient compresser un poly-
mère moulé autour de la fibre dans laquelle le FBG fortement réflectif
(FBG2) a été inscrit 116
5.16 (a) Spectres en réflexion des réseaux étroit et large (superposé avec le
réseau étroit) utilisés pour constituer une cavité laser de 1.8 m de long
émettant 1 W de puissance sur une large gamme de longueurs d'onde.
Le pic de réflectivité du spectre du réseau à large bande résulte de la
réflexion des deux réseaux de sorte que l'on ne mesure pas uniquement la
réflectivité du FBGl dans cette région, (b) Spectres laser correspondant
à l'émission de 1 W de puissance sur une plage de longueurs d'onde de
plus de 20 nm 117
5.17 (a) Évolution du spectre laser accordé en longueur d'onde (lignes noires)
et spectre en réflexion des deux réseaux superposés (ligne bleue). La
réflectivité du réseau FBGl est comprise entre 30% et 40% et celle du
FBG2 est de 99%. La fibre mesure 1.6 m. (b) Décalage de la longueur
d'onde de Bragg AA# en fonction de la contrainte appliquée ez 118
5.18 Évolution de la puissance laser en fonction de la longueur d'onde d'émis-
sion pour diverses puissances pompe de 1 W à 6 W. La fibre mesure 1.6
m, la cavité est formée d'un FBG à large bande de réflectivité non uni-
forme comprise entre 30% et 40% et d'un FBG de forte réflectivité dont
la longueur d'onde de Bragg est ajustée en le compressant. La réflectivité
du réseau FBG2 est de 99% 119
XX

5.19 Évolution expérimentale (carrés bleus) et théorique (ronds rouges) de la


puissance laser en fonction de la longueur d'onde d'émission pour une
puissance pompe de 4 YY. Les pertes d'insertion du FBG compressé ont
été maintenues constantes et la réflectivité du FBG à large bande a été
ajustée en fonction de la longueur d'onde d'émission 120
5.20 (a) Pertes au réseau compressé estimées numériquement en fonction de la
contrainte appliquée, et (b) spectre en réflexion du réseau à large bande
FBGl (ligne noire) et sa réflectivité évaluée numériquement (points rouges). 121
5.21 Spectre en transmission du réseau FBG2 (superposé au spectre du réseau
FBGl) lors de sa compression. Les pertes d'insertion s'élèvent à environ
1 dB au maximum, et le spectre du réseau se déforme légèrement sous
l'effet des contraintes appliquées à la fibre 122
5.22 Spectres en transmission d'un réseau lors de la compression de la fibre
pour un moulage imparfait. Le spectre du réseau se déforme à mesure
que la fibre est comprimée et le réseau perd de sa réflectivité. Une fibre
ne restant pas parfaitement droite lors du moulage du polymère peut
conduire à un tel résultat 123

A.l Distribution de puissance des modes LP 0 i à 800 nm, 1064 nm et 1480


nm, et du mode L P n à 800 nm 147

B.l Courbes de dispersion pour un verre de ZBLAN de composition 53ZrF 4 —


37BaF 2 -4LaF i -2AlF i -2NaF-2HfF 4 150
Liste des tableaux

2.1 Propriétés physiques du ZBLAN et de la silice : température de transi-


tion vitreuse Tg, température de début de cristallisation Tx, température
de fusion Tf, coefficient d'expansion thermique Q et coefficient thermo-
optique ^ [21] 13
2.2 Taux de refroidissement critique pour diverses compositions de verre à
base de ZrF 4 - BaF 2 |22] 13
2.3 Coefficients de Sellmeier pour une fibre de ZBLAN de composition ty-
pique (55.8)ZrF 4 - (14.4)PaF 2 - (5.8)LaF 3 - (3.8)44/F3 - (20.2)NaF
[34] 17
2.4 Caractéristiques des fibres utilisées 23
2.5 Types de jonctions entre deux fibres optiques et pertes associées 26

3.1 Paramètres de Judd-Ofelt pour un verre de ZBLAN et un verre de silice


|60| 41
3.2 Temps de vie non-radiatifs associés à diverses transitions électroniques
des ions thulium à température ambiante. A E est la différence d'énergie
entre les deux niveaux considérés. On mentionne également le nombre de
phonons impliqués dans de telles transitions 53
3.3 Comparaison des temps de vie de certains niveaux électroniques des ions
thulium dans une matrice vitreuse de ZBLAN ou de silice. pr m est la
concentration en ions thulium |60) 53
3.4 Coefficients de transfert d'énergie entre ions Tm 3 + dans les fibres de
ZBLAN 58

4.1 Sections efficaces d'absorption et d'émission stimulée utilisées pour nos


simulations 83
XXII

4.2 Taux de relaxations radiatives utilisés pour les simulations 84

5.1 Sections efficaces d'émission et d'absorption à 1480 nm (xl0~ 2 5 m 2 ). . 100


5.2 Taux d'émission spontanée (s - 1 ) 100
_25 3 l
5.3 Coefficients de transfert d'énergie (xl0 m .s~ ) 101
5.4 Sections efficaces d'absorption et d'émission aux longueurs d'onde de
pompe 101

4^.1 Longueurs d'onde de coupure pour les cinq modes d'une fibre ayant pour
ouverture numérique ON = 0.23 146

B.l Paramètres pour le calcul de la dispersion de l'indice de réfraction du


ZBLAN 149
Chapitre 1

Introduction

Les verres fluorés sont des matériaux possédant de nombreuses caractéristiques in-
téressantes pour le développement de lasers émettant dans l'infrarouge et l'infrarouge
proche. Bien que la silice soit encore le matériau de prédilection pour l'étirage de fibres
optiques à faibles pertes, il est possible de fabriquer des fibres optiques de verre fluoré
ayant des pertes suffisamment faibles pour des applications laser. Les fibres de verre
fluoré ont de plus un avantage sur les fibres de silice puisque leur fenêtre de transpa-
rence est beaucoup plus étendue dans l'infrarouge. Comme ce fut le cas pour les fibres
de silice, la recherche sur les fibres de verre fluoré a largement été soutenue par l'in-
dustrie et en particulier par l'industrie des télécommunications. Le développement de
lasers émettant dans la région visible à des longueurs d'onde entre 400 nm et 650 nm a
suscité un grand intérêt pour des applications, par exemple dans le domaine de l'infor-
mation. Après de nombreuses années, la recherche sur les fibres optiques de verre fluoré
suscite un regain d'intérêt avec le développement de sources compactes émettant dans
l'infrarouge pour des applications telles que la spectroscopie ou encore la médecine.
En effet, les lasers à semi-conducteur ou à sel de plomb, bien que peu puissants, font
face à de gros problèmes de dissipation de chaleur à tel point que des dispositifs de
refroidissement cryogénique doivent être mis en place |1). Aujourd'hui, les lasers utilisés
en médecine ou en spectroscopie sont généralement des lasers à l'état solide de type
Ho :YAG, Nd :YAG ou Er :YAG énergivores et encombrants ]2).
Chapitre 1. Introduction 2

Des solutions laser à base de fibre optique de verre fluoré ont été proposées et plu-
sieurs recherches portant sur des lasers à fibre de ZBLAN émettant dans l'infrarouge
et l'infrarouge proche ont été publiées. Ces lasers peuvent émettre de 0.8 //m pour des
fibres dopées au thulium |3|, à presque 4 um pour des fibres dopées Terbium [4| ou au
holmium |5). Toutefois, de nombreux problèmes liés aux verres fluorés ont limité la por-
tée de ces recherches. En effet, le ZBLAN possède un seuil de dommage plus bas que la
silice ; les fibres de verre fluoré sont fragiles, ce qui rend leur manipulation délicate ; leur
coût beaucoup plus élevé que celui des fibres de silice et le manque de composants pour
réaliser des cavités compactes font perdre de l'intérêt à de telles fibres. Par exemple,
une cavité laser à base de fibre de ZBLAN nécessite l'utilisation de miroirs externes
à la cavité ce qui augmente dramatiquement les pertes intra-cavité (particulièrement
pour les hautes longueurs d'onde) ainsi que la complexité du laser puisqu'une atten-
tion particulière doit être portée à l'alignement des miroirs. Ainsi, les lasers à fibre de
ZBLAN ne représentent pas pour l'instant un avantage par rapport aux lasers à l'état
solide. Les travaux présentés dans le présent document portent sur l'étude théorique et
expérimentale de lasers à fibre de ZBLAN dopée au thulium et les avancées technolo-
giques qui y sont reliées et qui nous permettent de raviver l'attrait pour ces fibres. Les
fibres que nous avons utilisées pour réaliser les diverses cavités laser ont été développées
par la compagnie Le Verre Fluoré, découvreur des verres fluorés et spécialiste mondial
reconnu pour la grande qualité de ses fibres optiques spéciales. Par ailleurs, certaines
cavités ont nécessité l'inscription de réseaux de Bragg, opération qui a été mené par
mon collègue Martin Bernier, étudiant au doctorat au moment de la rédaction de cette
thèse.

1.1 Motivations

De nombreux travaux ont été publiés sur des lasers à fibre de ZBLAN dopée au
thulium émettant dans la région du visible, en particulier à 480 nm (voir par exemple
|6|), mais très peu de travaux ont été réalisés sur des lasers émettant dans l'infrarouge
proche. Le thulium présente des transitions électroniques très efficaces dans la région
Chapitre 1. Introduction 3

de 800 nm mais peu d'études leur sont consacrées. Dans des expériences préliminaires,
nous avons constaté que l'émission laser n'était pas continue mais que des impulsions
auto-induites étaient produites périodiquement sans intervention extérieure. Ce phéno-
mène nouveau n'a jamais été répertorié dans la littérature. Nous avons donc cherché
à identifier la source d'un tel régime dynamique en s'appuyant sur une modélisation
théorique simple du laser. Des impulsions auto-induites ont déjà été observées et étu-
diées pour d'autres systèmes laser |7| mais ne peuvent expliquer ce que l'on observe
expérimentalement dans le cas du thulium.

Une autre transition d'intérêt du thulium étudiée surtout pour des applications
d'amplification de signaux de télécommunications de la bande S est une transition
émettant à 1480 nm. Cette transition a toutefois peu été étudiée pour des applications
laser. Une telle longueur d'onde est intéressante pour le domaine des télécommunica-
tions, que ce soit pour pomper des amplificateurs à fibre dopée à Terbium, ou pour
amplifier/générer des signaux de la bande S. Toutefois, cette transition s'avère être
auto-terminée et c'est pourquoi il a fallu se tourner vers les fibres de verre fluoré et des
schémas de pompage optimisés pour réaliser des lasers efficaces |8). Les performances
d'un tel laser sont toutefois limitées par des pertes intra-cavité de près de 2.5 dB dues à
l'utilisation de miroirs. Un nouveau type de cavité pour les lasers à fibre de ZBLAN est
donc nécessaire pour réduire ces pertes. La découverte de la photosensibilité des verres
de ZBLAN grâce à l'absorption multiphotonique |9| et son utilisation pour la réalisation
de réseaux de Bragg dans les fibres de ZBLAN |10| permettrait d'envisager de réduire
fortement les pertes intra-cavité et de fabriquer des lasers efficaces et accordables.

1.2 Objectif

Les fibres de ZBLAN offrent un fort potentiel encore largement inexploité bien que
de nombreuses recherches depuis plus de 20 ans aient été entreprises. L'objectif de cette
thèse est d'étudier et d'optimiser deux lasers à fibre de ZBLAN dopée au thulium. L'un
émet des impulsions auto-induites à 800 nm et l'autre émet de façon continue à 1480
Chapitre 1. Introduction

nm.

Dans le cas du premier laser, nous avons cherché à identifier la cause d'impulsions
auto-induites observées lors de l'étude de transitions laser qui réduisent le gain dispo-
nible pour l'émission laser dans TUV. Une telle observation fortuite n'avait jamais été
rapportée et nous avons cherché à en donner une explication simple.

Dans le cas du second laser, nous proposons un nouveau type de cavité pour les
fibres de ZBLAN utilisant la technologie des réseaux de Bragg photo-inscrits par mon
collègue à l'aide d'un laser Ti-saphir [10]. La longueur d'onde d'émission peut alors être
contrôlée et accordée sur plus de 20 nm. Ce nouveau type de laser ouvre donc la voie
à la réalisation de lasers à fibre de ZBL4\N accordables émettant dans l'infrarouge et
présentant de très faibles pertes intra-cavité. Un laser accordable émettant autour de
3 urn serait par exemple très intéressant pour des applications en chirurgie puisqu'il
serait possible d'optimiser l'interaction laser-tissu et d'éviter les dommages collatéraux.

1.3 Organisation de la thèse

Le chapitre 2 présente les propriétés des fibres de ZBLAN. Nous nous intéresserons à
la fabrication des verres fluorés et aux défis qui y sont liés. Nous verrons ensuite comment
exploiter leurs propriétés tant optiques que physiques pour fabriquer des fibres optiques
présentant le moins de pertes possibles. Nous montrerons alors comment sont fabriquées
ces fibres dans l'industrie, et comment elles sont utilisées et manipulées au laboratoire.

Le chapitre 3 s'attarde sur la modélisation des lasers à fibre dopée au thulium et


les cavités rencontrées dans notre étude. Nous passerons en revue les propriétés spec-
troscopiques des ions terre-rare et en particulier des ions thulium. Ces propriétés nous
permettront alors de construire deux modèles théoriques. Un premier modèle dyna-
mique basé sur l'évolution temporelle des populations des niveaux électroniques sera
utilisé pour l'étude des impulsions auto-induites, et un second modèle statique nous per-
Chapitre 1. Introduction 5

mettra d'optimiser un laser émettant à 1480 nm et de mettre en évidence un phénomène


d'avalanche de photons.

L'étude du laser émettant à 800 nm sera présentée au chapitre 4. Après avoir mis
en évidence l'observation du phénomène d'impulsions auto-induites, des calculs nu-
mériques nous aideront à la compréhension et à l'interprétation de ces constatations
expérimentales.

Enfin, l'analyse des résultats expérimentaux et théoriques du laser émettant à 1480


nm sera présentée au chapitre 5. Nous y verrons comment la longueur d'onde de pompe
peut influencer le comportement du laser et ses performances, et nous montrerons égale-
ment une technique pour accorder la longueur d'onde d'émission laser qui nous a permis
de réaliser le premier laser tout fibre accordable à base de fibre de ZBLAN.
Chapitre 2

Propriétés des fibres de ZBLAN

Le but de ce chapitre est de présenter les propriétés générales des verres de ZBLAN
et leur utilisation dans la réalisation de fibres optiques. Dans un premier temps, nous
allons montrer la complexité de l'élaboration d'un verre de ZBLAN et les défis qui y sont
reliés. Nous décrirons ensuite les diverses propriétés physiques et surtout optiques d'un
tel verre. Nous insisterons en particulier sur des propriétés très importantes comme
la faible énergie de phonons qui constitue son attrait majeur et dont de nombreuses
autres propriétés découlent. Enfin, nous allons décrire la fabrication des fibres optiques
de ZBLAN, ainsi que leur utilisation en laboratoire.
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN

2.1 Bref historique

Les verres transparents au rayonnement infrarouge ont été étudiés depuis les an-
nées 1940 pour de nombreuses applications comme l'élaboration de lentilles, de fenêtres
transparentes, de milieux laser, de filtres etc. La silice présentant des pertes importantes
au-delà d'une longueur de d'onde de 2 /xm, de nouveaux matériaux ont dû être dévelop-
pés. Les différents candidats sont les verres fluorés à base de métaux lourds (heavy metal
fluoride glasses HMFG), les verres de chalcogénures ou encore les oxydes de métaux
lourds mais ces derniers sont encore très marginaux. Historiquement, les verres fluorés
furent à base de BeF 2 ou de AIF3, mais à cause de leur toxicité et de leur forte tendance
à cristalliser, ils se révélèrent d'un faible intérêt pratique. Il fallut attendre 1975 pour
que Michel Poulain et son équipe de l'Université de Rennes découvrent fortuitement un
nouveau type de verre fluoré. Alors que ces derniers tentaient de fabriquer un cristal de
ZrF 4 — BaF 2 — N a F , il s'est avéré que la structure obtenue était largement amorphe
mais le verre n'était pas stable [11]. Il a ensuite été montré que l'addition de lanthane
puis d'aluminium à la composition du verre [12], et enfin d'un peu de sodium |13| le
rendait beaucoup plus stable et moins propice à la cristallisation |14|. De nombreuses
compositions de verre fluoré ont été étudiées principalement en France, aux États-
Unis et au Japon, mais la structure qui fait désormais office de référence est le verre de
ZBLAN de composition nominale (53)ZrF 4 - (20)-BaF2 - (4)LaF 3 - (3)AIF3 - (20)NaF
en pourcentage molaire |15|. La recherche sur ce type de verre a vite été soutenue par
l'industrie des télécommunications, en particulier pour des amplificateurs optiques |16|.
Toutefois, les nombreuses difficultés techniques liées à l'utilisation et la manipulation
des fibres de verre fluoré ont fortement ralenti leur développement. Ceci dit, depuis
l'apparition de fibres à double gaine qui permettent de réaliser des lasers à fibre à très
haute puissance, on a pu remarquer un intérêt grandissant envers les lasers émettant
dans le proche infrarouge entre 2 //m et 3 Lim, particulièrement pour des applications
en microchirurgie. Nous espérons par ailleurs que les travaux de pionnier de Martin
Bernier 110] et leur application à la réalisation de lasers compacts présentés dans cet
ouvrage |17, 18] contribueront à relancer l'intérêt des fibres de verre fluoré.
Chapitre 2. Propriétés des Gbres de ZBLAN S

2.2 Les verres de ZBLAN

2.2.1 Considérations générales sur les verres

Les verres sont des solides dits amorphes, c'est-à-dire qu'il n'existe pas un arrange-
ment ordonné de ses molécules à courte distance comme c'est le cas pour un cristal (cf.
Fig. 2.1).

FIGURE 2.1: Structure moléculaire d'un composé Si0 2 (a) cristallin et (b) vitreux.

Une grande partie des éléments minéraux à l'état liquide possèdent une faible vis-
cosité et, lorsqu'ils refroidissent, cristallisent rapidement au passage du point de fusion,
indépendamment de la vitesse de refroidissement. Toutefois, il existe des matériaux dont
la viscosité à l'état liquide est élevée et qui, si on les refroidit suffisamment rapidement
à partir d'une température située au-delà du point de fusion, verront leur viscosité aug-
menter jusqu'à ce qu'elle soit si élevée qu'ils s'apparenteront à un solide. Un tel solide
dont la structure s'est figée sans cristalliser est ce que Ton appelle un verre. Le passage
de l'état liquide à l'état vitreux est progressif et continu, contrairement au passage à
l'état cristallin |19|. La formation d'un verre s'effectue donc en refroidissant suffisam-
ment rapidement un matériau dans un état liquide. Pour étudier la formation d'un
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 9

verre, on suit l'évolution d'une grandeur physique comme son volume ou encore son
enthalpie en fonction de la température (cf. Fig. 2.2). Le matériau possède une enthal-
pie élevée aux hautes températures qui diminue lorsqu'il est refroidi jusqu'à atteindre
la température du point de fusion Tf (également appelée température de solidification
ou de mélange T m ). En ce point, deux cas de figure sont à envisager : le liquide peut
cristalliser si le refroidissement est suffisamment lent pour permettre aux germes (ou
nuclei) de croître, ou bien le liquide peut passer à un état de liquide surfondu [19, 20).
Le passage à l'état cristallin se traduit par une chute brutale de Tenthalpie en raison du
fort degré d'organisation du matériau à la température P/, c'est-à-dire une minimisa-
tion de son énergie (cf. Fig. 2.2). Si, par contre, le liquide devient un liquide surfondu,
la courbe se prolonge au passage de Tf et le liquide se contracte jusqu'à atteindre une
viscosité de Tordre de 10 13 Poises. La courbe d'enthalpie marque alors un coude et on
considère alors que le matériau se retrouve dans un état vitreux. La température à
laquelle se produit cette inflection est appelée température de transition vitreuse Tg.
Cependant, à pression constante, la position de Tg n'est pas parfaitement définie. En
effet, celle-ci dépend de la vitesse de refroidissement du liquide, et on ne peut définir
qu'une "zone" de température de transition vitreuse.

Les verres ne sont pas thermodynamiquement parlant un état de la matière puisqu'ils


ne minimisent pas Tenthalpie à une température donnée. Ce sont donc des structures
hors équilibre dont la stabilité peut être précaire. En effet, lorsqu'un verre est chauffé
au-delà de la température de transition vitreuse, il existe une température à laquelle
on commence à voir apparaître des germes cristallins. Cette température de début de
cristallisation Tx est une donnée importante dans l'évaluation de la stabilité d'un verre.
Divers critères ont été donnés pour évaluer la stabilité d'un verre, mais la différence
A P = Tx — Tg apparaît comme un critère très important puisqu'elle est liée à la tendance
du verre à se dévitrifier [21]. Ainsi, lors de l'étirage d'une fibre optique, il sera important
de ne pas chauffer le verre au-delà d'une telle température afin d'éviter toute formation
de cristaux dans la fibre.
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 10

Enthalpie
Liquide/

Liquide v*
surfondir/^

Verre ^ ^

Cristal___.— i

Tg T f
Temptératu

FIGURE 2.2: Évolution de Tenthalpie en fonction de la température. Lorsqu'un li-


quide est refroidi, il peut atteindre deux états. Si la vitesse de refroidissement est
suffisamment lente, un cristal est obtenu en dessous de la température Tf, et si le
refroidissement est rapide, un état hors équilibre appelé état vitreux est obtenu en
dessous d'une température Tg. Tx est la température de début de cristallisation lors-
qu'un verre est chauffé.

2.2.2 Les verres de fluorozirconate

Les verres de ZBLAN font partie de la grande famille des verres fluorés à base de
métaux lourds et plus précisément de la famille des verres de fluorozirconate dont le
principal composant est fluorure de zirconium (ZrF 4 ). Toutefois, le fluorure de zirco-
nium n'existe pas sous forme vitreuse et il est nécessaire de le combiner à un autre
composant comme le fluorure de barium (BaF 2 ) ou le fluorure de thorium (ThFA) pour
obtenir un verre |21). Selon le principe de confusion |19|, l'ajout d'autres composants au
verre améliore sa stabilité en diminuant sa tendance à la cristallisation. En effet, un verre
étant d'un point de vue thermodynamique un état hors équilibre, celui-ci a tendance à
cristalliser. Des verres tertiaires comme le ZrF 4 — BaF 2 — N a F , le ZrF 4 — BaF 2 — LaF 3 ,
ou le ZrF 4 — BaF 2 — ThF 4 ont alors pu être synthétisés. Par ailleurs, il a été montré
que le zirconium pouvait être remplacé intégralement par du hafnium sans que cela
n'affecte les propriétés physiques du verre sauf sa densité et donc son indice de réfrac-
tion. Les verres tertiaires sont déjà très intéressants d'un point de vue stabilité, mais
Chapitre 2. Propriétés des ûbres de ZBLAN 11

ils sont obtenus en refroidissant très rapidement le mélange surfondu. Pour obtenir
des taux de refroidissement plus lents, l'ajout d'un quatrième composant qui permet
de réduire également la taille des échantillons est alors nécessaire. La fabrication de
fibres optiques nécessitant un taux de cristallisation extrêmement faible, un cinquième
composant doit être ajouté à la composition du verre pour le stabiliser encore plus.
Il est toutefois intéressant de noter qu'un verre de ZBLAN (de composition standard
(53)ZrF 4 - (20)£aF 2 - (4)LaF 3 - (3)AIF3 - (20)NaF) est basé à plus de 90% sur un
système tertiaire de ZrF 4 — BaF 2 — N a F . L'ajout de fluorure de lanthane (LaF 3 ) et
de fluorure d'aluminium (44/F3) ne fait que stabiliser le verre. Enfin, sur la base d'un
verre de ZBLAN, d'autres composés fluorés peuvent être incorporés au verre afin de
modifier certaines propriétés physiques ou optiques comme son expansion thermique ou
son indice de réfraction. C'est ainsi que l'ajout de plomb (PbF 2 ), par exemple, permet
d'augmenter l'indice de réfraction du verre, ce qui peut être intéressant pour former le
verre de coeur d'une fibre optique. De même, la substitution de zirconium par du haf-
nium tout comme la substitution de sodium par du lithium permet de diminuer l'indice
de réfraction du verre [22].

2.2.3 Synthèse d'un verre fluoré

Comme nous venons de le voir, les verres fluorés tels que le ZBLAN sont constitués
de plusieurs composants. Chacun des matériaux intervenant dans sa constitution doit
être d'une extrême pureté afin de prévenir tout défaut dans le verre et minimiser les
pertes optiques. Parmi toutes les impuretés qui peuvent s'introduire dans le verre, l'eau
est sans doute la plus critique à cause de sa forte absorption dans l'infrarouge d'une
part, et d'autre part puisqu'elle peut réagir avec les composants du verre et former des
oxydes qui absorbent à leur tour. Un moyen d'éliminer en grande partie l'eau résiduelle
est de chauffer les matériaux à haute température avant de les utiliser.

Les composants du verre sont alors mélangés dans un creuset en or, en platine ou en
carbone vitreux. Le carbone pouvant laisser des résidus dans le verre, c'est un creuset
en platine qui est généralement préféré. Le mélange est alors raffiné en le chauffant au-
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 12

delà de la température de fusion sous atmosphère oxydante afin d'éliminer toute trace
d'eau. Celui-ci s'homogénéise à mesure que la viscosité diminue.

Enfin, le mélange fondu doit être refroidi et mis en forme. La technique qui est
principalement utilisée consiste à se servir du creuset en platine comme moule de sorte
que tout contact avec l'atmosphère est minimisé, ceci afin d'éviter toute contamination.
Cependant, le mélange liquide et solide n'occupant pas le même volume, il se forme
des bulles à la surface du verre lors de la vitrification. Ces bulles ne peuvent pas être
éliminées et le verre ainsi obtenu doit être poli chimiquement ou mécaniquement pour
enlever ces défauts.

Malgré toutes les précautions prises pour ne pas contaminer le verre, la méthode
du creuset reste imparfaite et des verres de très haute pureté dont la transmission ap-
proche la limite théorique ne peuvent pas encore être obtenus. La déposition en phase
vapeur (CVD) a rencontré un franc succès avec la silice. Cette technique qui a révolu-
tionné la fabrication des fibres optiques permet d'obtenir des verres présentant de très
faibles pertes en éliminant presque toute trace d'eau lors de sa synthèse. Malheureuse-
ment, cette technique est difficilement envisageable pour les verres fluorés à cause de la
complexité de leur constitution et de leur stabilité précaire. Enfin, une autre technique
encore peu explorée est la méthode sol-gel qui consiste en une fluorination d'un gel
contenant les oxydes des divers composants du verre |23|.

2.3 Propriétés physiques

Les propriétés physiques d'intérêt du ZBLAN sont résumées au tableau 2.1. La tem-
pérature de transition vitreuse des verres de fluorozirconate varie entre 250 C et 330 C
selon la composition exacte du verre. Le ZBLAN possède une température de transi-
tion vitreuse aux alentours de Tg = 262 C, une température de début de cristallisation
de Tx = 352 C et une température de fusion de Tf = 455 C |21|, ce qui est relati-
vement bas à comparer à la silice par exemple dont Tg = 1175 : C et Tf — 1734 C.
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 13

Il existe deux propriétés remarquables du ZBLAN qui sont, d'une part, son coeffi-
cient d'expansion thermique relativement élevé de 20 x 10 _6 A' _1 contre 0.55 x 10~6K~1
pour la silice [21] et, d'autre part, son coefficient thermo-optique de signe négatif de
^ = -13.5 x Î O " 6 ^ " 1 à 25 C contre jj& = 8.66 x Î O - 6 / ^ 1 pour la silice [24]. Ces
deux propriétés font du ZBLAN un verre très intéressant pour des applications de fe-
nêtre de laser haute puissance puisque la distorsion du chemin optique sous irradiation
(phénomène de lentillage thermique) sera quasiment nulle.

Verre Tg ( C) Tx ( C) 7) ( C) Q (K~l) g (K~l)


ZBLAN 262 352 455 20x10^6 -13.5xl0- 6
Silice 1175 - 1434 0.55 x l O - 6 8.66xl0- 6

TABLE 2.1: Propriétés physiques du ZBLAN et de la silice : température de transition


vitreuse Tg, température de début de cristallisation Tx, température de fusion Tf,
coefficient d'expansion thermique Q et coefficient thermo-optique ^ [21].

Une propriété importante pour l'étirage de fibres optiques est le taux critique de
refroidissement Rc, c'est-à-dire le taux de refroidissement à partir duquel on observe la
formation de cristaux lorsque le matériau se refroidit. Le tableau 2.2 compare les taux
de refroidissement critique pour divers verres fluorés. Plus ce taux est faible, moins le
matériau sera sensible à la cristallisation.

Verre Rc ( C/min)
ZBG 370
ZBLA 60
ZBLALi 20
ZBLAN 0.7

TABLE 2.2: Taux de refroidissement critique pour diverses compositions de verre à


base de ZrF 4 - BaF 2 [22].

D'après le tableau 2.2, on voit que le ZBLAN est un excellent candidat à la fa-
brication de fibres optiques puisqu'il présente un taux de refroidissement critique très
bas, c'est-à-dire que c'est un verre relativement stable. Enfin, une dernière propriété
des verres fluorés et en particulier du ZBLAN est leur grande réactivité avec l'eau. Au
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 14

contact de l'eau liquide ou gazeuse, le ZBLAN se dissout. De plus, les composants du


verre étant peu solubles dans Teau, ceux-ci précipitent à la surface du verre créant ainsi
des défauts qui le fragilisent. Enfin, mentionnons que le ZBL.YN possède une densité
comprise entre 4.35 |21| et 4.51 [25] suivant sa composition, ainsi qu'une masse molaire
de 142.41 g.mol' 1 .

2.4 Propriétés optiques

2.4.1 Transparence

Parmi les propriétés optiques des verres fluorés, l'énergie de phonons est sans doute
la plus importante (bien que ce terme soit quelque peu abusif pour un matériau vitreux,
nous emploierons le mot phonon pour décrire les vibrations internes de la matrice de
verre). En effet, le ZBLAN par exemple possède une énergie de phonons de 500 cm - 1
à comparer à une énergie de phonons dans la silice de 1100 c m - 1 [26|. La transparence
d'un verre dépendant directement de la fréquence de résonance des vibrations du milieu
(fréquence de coupure qui se situe dans l'infrarouge), une énergie de phonons plus basse
traduit donc une fenêtre de transparence du milieu qui s'étend vers l'infrarouge. En
général, la longueur d'onde de coupure dans l'infrarouge est d'autant plus élevée que
la masse molaire des ions constituant le milieu est importante |1, 15]. Dû à sa faible
énergie de phonons, le ZBLAN possède une fenêtre de transparence qui s'étend jusqu'à
environ 6 ^m, alors que la fenêtre de transparence de la silice ne dépasse guère les 2.2
Lim (cf. Fig. 2.3 |27|). De plus, contrairement à d'autres matériaux de faible énergie de
phonons (comme les chalcogénures par exemple), la fenêtre de transparence des verres
fluorés s'étend vers TUV proche ( « 300 nm). Cette caractéristique rend donc les verres
fluorés aussi très intéressants pour des applications de laser visible.

Enfin, de nombreux facteurs extrinsèques influencent la transparence des verres fluo-


rés. Parmi ces facteurs, on peut citer l'absorption des impuretés qui se logent dans le
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 15

100

8
c
(O
Q.
(0
C
2

0,4 0,60,81 2 4 6 8 10 20
Longueur d'onde (nm)
FIGURE 2.3: Fenêtre de transparence de la silice et du ZBLAN pour des échantillons
de 5 mm d'épaisseur [27].

verre lors de sa fabrication comme l'eau, les oxydes, le C 0 2 , les impuretés métalliques
sur les parois des creusets (métaux de transition) mais également les imperfections du
verre comme les micro-inclusions ou les microcristaux. Les oxydes affecteront principa-
lement l'atténuation dans l'infrarouge, alors que les impuretés ioniques diminueront la
transmission dans TUV.

2.4.2 Dopage

Les fibres optiques qui nous intéressent sont des fibres optiques actives, c'est-à-dire
des fibres dont le coeur a été dopé avec des ions terre-rare (famille des lanthanides). Les
ions terre-rare sont d'une grande solubilité dans les verres fluorés tels que le ZBL.A.N
puisqu'ils sont très semblables à l'un des composants de ce verre, le lanthane (La) [28-
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 16

30]. Ainsi, le ZBL.YN peut être dopé avec une plus grande concentration d'ions terre-rare
qu'un verre de silice, par exemple, sans que cela ne produise des agrégats (concentration
quenching) qui viennent affecter le temps de vie des niveaux électroniques. Les verres
fluorés peuvent facilement être dopés à des concentrations de quelques pourcentages
molaires alors que les fibres de silice sont généralement dopées avec moins de 0.1 mol%
[31]. La structure de base du ZBLAN est une structure pyramidale de ZrF 4 . Les divers
éléments intervenant dans la constitution du verre sont des modificateurs de la structure
de base et peuvent se loger dans les interstices entre les polyèdres. Les ions terre-rare qui
viennent doper le verre peuvent alors prendre la place d'un ion zirconium ou d'un ion
qui vient modifier la structure de base du verre. Ainsi, Tion terre-rare sera plus ou moins
bien localisé dans la matrice vitreuse. Si Tion terre-rare se trouve à un emplacement
bien défini en remplaçant un ion zirconium par exemple (ce qui est possible dans le
ZBLAN puisque ces ions sont de très grande taille, alors que pour la silice, la structure
pyramidale en S i 0 4 est trop petite pour qu'un ion terre-rare se substitue à un ion
de silicium), le spectre de fluorescence d'une transition électronique sera alors étroit
puisque l'élargissement inhomogène sera réduit. L'existence de deux sites d'occupation
par un ion terre-rare dans un verre fluoré a été mise en évidence par Adam et al. pour
les ions d'eùropium (Eu 3 + ) |29|.

2.4.3 Indice de réfraction

L'indice de réfraction du cœur et de la gaine d'une fibre optique est utilisé dans
nos modèles de laser afin de déterminer le profil des modes se propageant dans la fibre
optique (cf. Annexe A). La connaissance de ces indices est donc indispensable à l'évalua-
tion des performances des lasers dont l'efficacité de pompage dépend du recouvrement
entre les champs aux longueurs d'onde de pompe et de signal.

L'indice, de réfraction des verres de silice a été très largement étudié et est une
donnée bien connue. Il est possible de le calculer en utilisant la formule de dispersion
de Sellmeier |32| :
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN Yl

J i , A A2

avec Ai et A, des paramètres déterminés expérimentalement, et M le nombre de ces


paramètres. Pour les verres fluorés, la détermination d'une formule générique est chose
plus ardue à cause de la grande diversité de compositions chimiques possibles. Toute-
fois, deux modèles ont été proposés. Le premier modèle est une formule de Sellmeier
dont les paramètres sont au nombre de deux, et ce pour une composition de verre de
ZBLAN typique (55.8)ZrF 4 - (14.4)£aF 2 - (5.8)LaF 3 - (3.8)A/F3 - (20.2)NaF |33|.
Les coefficients de Sellmeier pour une telle composition de fibre sont donnés dans le
tableau 2.3 |34).

Coefficient Valeur
Ai 1.168
A2 2.77
A, 0.0954 /xm
A2 25 u.m

TABLE 2.3: Coefficients de Sellmeier pour une fibre de ZBLAN de composition ty-
pique (55.8)ZrF4 - (14.4)£aF2 - (5.8)LaF3 - (Z.S)AIF3 - (20.2)NaF [34]

Un second modèle plus complet a été proposé par Zhang et al. [35|. Pour le construire,
il est supposé que les divers composants du verre ont une interaction négligeable entre
eux de sorte que l'absorption du verre résulte de la superposition de l'absorption dans
TUV et dans l'infrarouge de chaque composant du verre. Ce modèle est détaillé à l'an-
nexe B. La figure 2.4 présente les courbes de dispersion d'un verre de ZBLAN de com-
position typique donnée à la référence [33] pour chacun des deux modèles en question.
On voit sur cette figure que l'écart entre les deux modèles est faible puisqu'il ne dépasse
pas les 5% pour la région 0.7 fxm - 1.8 fim. Toutefois, il serait préférable d'utiliser le
modèle de Zhang si la composition du verre est connue.
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZB LAN 18

1,500

Formule de Sellmeier
1,495 Modèle de Zhang

c 1,490­
O
■+­*

co 1,485­

O 1 ^SO­
TS
8 1,475 H
.y
Ç
1,470­

1,465­
—■ 1 1 1 1 1 1 1 ■ 1 1 1 1 1 1 1 1 1 r—

0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2
Longueur d'onde (nm)
FIGURE 2.4: Comparaison des courbes de dispersion pour un verre de ZB LAN ty­
pique calculées à partir de la formule de Sellmeier et du modèle de Zhang et al. [35]

2.5 La fibre optique de ZB LAN

2.5.1 Fabrication de la fibre optique

Il a été montré que le ZBL.A.N était un verre fluoré très stable face à la cristallisation,
et qu'il possédait en plus des propriétés physiques qui le rendaient propice à l'étirage
sous forme de fibre. Les fibres optiques à saut d'indice comme celles que nous utiliserons
sont constituées de deux verres ayant deux indices de réfraction différents (cf. Fig. 2.5).
Un premier verre constitue le coeur de la fibre, il a un indice plus élevé que le second
verre l'entourant qui constitue la gaine (nc > n g ). Une gaine protectrice en polymère
vient enfin recouvrir la fibre pour lui apporter une résistance mécanique accrue. Les
deux verres constituant la fibre doivent être très similaires en composition de façon
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZB LAN 19

•Coeur
■Gaine
• Gaine protectrice

FIGURE 2.5: Géométrie d'une fibre optique à saut d'indice. Elle est composée d'un
coeur d'indice de réfraction n c , d'une gaine d'indice n g et d'une gaine protectrice en
acrylate d'indice n p

à ce que leurs propriétés thermiques (température de fusion, de vitrification etc.) et


mécaniques (viscosité à la température d'étirage) soient très proches. On s'assure alors
de minimiser la cristallisation à l'interface entre les deux verres due au stress mécanique
lors du refroidissement. Deux approches sont alors possibles [15], soit le verre du cœur de
la fibre est modifié, soit c'est le verre de la gaine. L'indice du cœur de la fibre peut être
augmenté en substituant une partie du A^aF ou du B aF 2 par du PbF 2 , ou bien l'indice
de la gaine peut être diminué en substituant tout ou partie du ZrF 4 par du H fF 4 . Ces
deux approches sont les plus communes bien qu'elles présentent le gros désavantage de
diminuer la stabilité des verres. En effet, la différence entre les températures de début
de cristallisation et de transition vitreuse Tx — Tg passe de 100 C pour le ZB LAN à
8 1 : C pour une substitution avec du hafnium (Hf) et à 88 C pour l'ajout de plomb
(Pb) [15].

La première étape à la fabrication d'une fibre optique est la réalisation d'une pré­
forme dont le diamètre est généralement de quelques centimètres. La seconde étape
consiste à étirer cette préforme en une fibre de diamètre voulu. Enfin, la fibre est re­
couverte d'une gaine protectrice en polymère pour renforcer ses propriétés mécaniques.
La préforme d'une fibre peut être fabriquée de diverses manières, mais c'est la méthode
du moule en rotation (rotational casting process) qui a finalement été adoptée (cf. Fig.
2.6[36|).
Chapitre 2. Propriétés des ûbres de ZBLAN 20

Verre de la gaine

Verre du coeur

Préforme

Four

FIGURE 2.6: Préparation d'une préforme de fibre optique selon la méthode du moule
en rotation (Rotational casting)

Dans un premier temps, les composants du verre de la gaine sont mélangés puis le
verre fondu est versé dans un moule préchauffé à une température avoisinant Tg (cf.
Fig. 2.6). Le moule est alors mis en rotation de façon à ce que le verre forme une couche
homogène à l'intérieur du moule. Une autre méthode consiste à faire le mélange des
composants du verre directement dans le moule qui est alors mis en rotation dans le
four puis refroidi rapidement à une température proche de Tg. Une fois le tube de verre
formant la gaine obtenu, le verre de cœur est alors coulé dans le moule le long d'une tige
de verre ou encore en plongeant le tube de la gaine directement dans le verre de cœur,
ceci afin d'éviter la formation de bulles dans le verre de cœur. La préforme ainsi moulée
est ensuite recuite de façon à relâcher les contraintes mécaniques à l'interface entre les
deux verres de la gaine et du cœur. Une fois refroidie, la préforme obtenue est celle
d'une fibre multimode dont le cœur est relativement large. En effet, cette technique ne
peut être directement appliquée à la fabrication de fibres monomodes car il n'est pas
possible de réaliser des préformes ayant un cœur suffisamment petit pour satisfaire à la
condition d'unimodalité. Pour pallier ce problème, une technique de manchonnage doit
être appliquée |37| (cf. Fig. 2.7). Cette technique consiste à pré-étirer la préforme pour
amener le cœur de la préforme au bon diamètre. Un tube du même verre que celui de
la gaine (manchon) est alors réalisé avec la méthode du moule en rotation dans lequel
on vient insérer la première préforme.
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 21

Préforme manchonnée
,. . . en cours d'étirage
M
Verre de la game

Manchon

FIGURE 2.7: Technique de manchonnage permettant la fabrication de fibres optiques


monomodes. Un tube de verre est tout d'abord préparé selon la méthode du moule
en rotation. On vient alors y insérer une préforme pré-étirée au bon diamètre pour
qu'elle ne supporte qu'un seul mode de propagation.

La préforme ainsi obtenue est celle d'une fibre monomode dont la taille du cœur
peut être parfaitement contrôlée. Une dernière étape doit cependant être faite avant de
pouvoir étirer la fibre, celle du polissage. En effet, il est très important de minimiser
la cristallisation lors de l'étirage des fibres de verre fluoré à la surface de la fibre. La
surface de la préforme étant quelque peu irrégulière, on doit la polir chimiquement et
mécaniquement pour enlever toute aspérité et la recuire pour libérer l'humidité rési-
duelle. Par ailleurs, cette opération se déroule sous atmosphère inerte contrôlée toujours
pour éviter que l'humidité ne vienne attaquer la surface de la préforme.

L'étirage de la fibre s'effectue dans une tour à fibre conventionnelle. La préforme


est placée dans une fournaise à induction assez courte qui limite la zone de chauffage,
toujours pour éviter la recristallisation. De plus, la fournaise est elle-même placée dans
une enceinte à atmosphère contrôlée pour éliminer toute trace d'humidité qui viendrait
fragiliser la fibre. La viscosité des verres fluorés tels que le ZBL4A.N étant très sensible
à la température, un contrôle rigoureux de celle-ci est nécessaire pour éviter des inho-
mogénéités de forme le long de la fibre. Les préformes de ZBLAN sont étirées à une
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 22

température de 312 : C, ce qui correspond à une viscosité de IO5 5 P [15]. Enfin, un revê-
tement en polymère est appliqué autour de la fibre lors de l'étirage pour lui apporter des
propriétés mécaniques accrues, mais aussi pour Tisoler de l'atmosphère ambiante et de
l'humidité qui pourraient endommager sa surface. Mentionnons une deuxième technique
qui consiste à étirer une fibre directement à partir du mélange liquéfié des composants
du verre : la méthode du double (voir triple) creuset. Cette technique présente a priori
l'avantage de réaliser des fibres absentes de toute inclusion cristalline puisque le mé-
lange fondu n'en contient pas. Toutefois, la viscosité des verres fluorés est trop faible à
la température de liquéfaction, et un contrôle précis de la viscosité et de la température
est ardu ; c'est pourquoi cette technique est peu ou pas utilisée dans la pratique.

Nous avons insisté sur la nécessité de bien contrôler la qualité de la surface de la


préforme avant et pendant l'étirage afin de réaliser des fibres présentant le moins de
pertes possibles, et les plus résistantes mécaniquement possible. Ceci dit, les fibres de
ZBLAN restent des fibres très fragiles. En effet, on peut raisonnablement faire l'hy-
pothèse que les contraintes maximales imposable à une fibre correspondent à la force
nécessaire pour casser les liaisons chimiques, soit les liaisons Zr — F pour le ZBLAN et
les liaisons Si — O pour la silice. On prévoit alors une résistance mécanique intrinsèque
d'une fibre de ZBLAN de Tordre de 40% de celle d'une fibre silice qui est d'environ 5
GPa. Il a toutefois été montré que la résistance mécanique des fibres de ZBLAN était
inférieure à 1 GPa |38|.

Les fibres utilisées pour nos travaux sont composées d'un cœur ayant un diamètre
variant de 1.6 //m à 2.9 um entouré d'une gaine d'un diamètre de 125 um ayant un
indice plus faible que celui du cœur :

nc si 0< r < a
n(r) = < n g < n c si a < r < b (2.2)

np si b< r < c

où nc, ng et n p sont respectivement les indices du cœur, de la gaine et de la gaine


Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBL.4JV 23

protectrice. Différentes fibres ont été utilisées lors de nos expériences et leurs carac-
téristiques principales sont données au tableau 2.4. Ces fibres proviennent de deux
fournisseurs qui sont LVF-Le Verre Fluoré et NTT-Nippon Telegraph and Telephon
Corporation.

Fibre Concentration Diamètre Ouverture Longueur d'onde


(ppm) de coeur numérique de coupure
(/xm) ( n m)
TM2000LVF(2.8) 2000 2.8 0.23 880
TM2000NTT(1.6) 2000 1.6 0.31 950
TM2000LVF(2.9) 2000 2.9 0.235 870

TABLE 2.4: Caractéristiques des fibres utilisées

Les fibres provenant du Verre Fluoré ont une résistance mécanique plus élevée et sont
donc plus facilement manipulables. Par ailleurs, la fibre fournie par NTT possède un
cœur très petit de sorte qu'il est difficile d'y injecter efficacement un faisceau laser. Enfin,
des puissances pompe élevées pourront difficilement être injectées dans la fibre de NTT
puisque l'intensité intra-cœur y sera très élevée, ce qui risque d'endommager la fibre.
Cette fibre ne sera donc utilisée que pour faire des tests de couplage avec une fibre de
silice. Les fibres TM2000LVF(2.8) et TM2000LVF(2.9) ont été utilisées respectivement
pour des applications de laser auto-pulsé émettant autour de 800 nm (cf. chapitre 4)
et de laser continu haute puissance à 1480 nm (cf. chapitre 5). Ces fibres possèdent à
peu près les mêmes caractéristiques tant au niveau optique que de la constitution des
verres. Ainsi, les propriétés spectroscopiques que nous donnons seront valables pour ces
deux fibres. Le profil d'indice des fibres a été mesuré avec un profilomètre NR-9200 de
la compagnie Exfo (cf. Fig. 2.8).

2.5.2 Atténuation

Les verres à base de fluorozirconate présentent théoriquement des pertes minimales


de 0.01 dB/km à 2.55 /xm, ce qui est plus petit de deux ordres de grandeur que le
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 24

1.520

1.515

E 1.5104.
c
85
1)1.5054
S
=5 1.500

1,495

1,490 i — | ■—| 1 — | — ■ — | 1 r T ■ 1 "-


- 1 0 - 8 - 6 - 4 - 2 0 2 4 6 8 10
Distance au centre de la fibre (pm)

FIGURE 2.8: Profil d'indice d'une fibre TM 2000LVF(2.8) avec un profilomètre NR-
9200 de Exfo

minimum théorique (et presqu'atteint) pour les fibres de silice qui est de 0.12 dB/km
à 1.55 /xm. De telles pertes peuvent être expliquées par la faible énergie de phonons,
ce qui décale la courbe théorique d'atténuation vers les hautes longueurs d'onde, là où
les pertes par diffusion Rayleigh sont moindres [15]. Une courbe typique d'atténuation
d'une fibre de verre fluoré provenant de la compagnie Le Verre Fluoré [38] est présentée
à la figure 2.9.

On voit sur la figure 2.9 que le minimum des pertes optiques est obtenu pour une
longueur d'onde de Tordre de 2.5 /xm, ce qui est en accord avec la prédiction théorique.
Les pertes d'une telle fibre sont élevées pour des longueurs d'onde en dessous de 1 /xm
à cause de l'absorption par des métaux de transition (purification des composants du
verre difficile, contamination lors de la fabrication de la fibre par les creusets etc.) et de
la diffusion extrinsèque (diffusion de Rayleigh, micro-cristaux) et, pour des longueurs
d'onde au-dessus de 3 /xm, à cause de l'absorption par des groupes hydroxyles (liaisons
O — H aux alentours de 2.9 /xm) et l'absorption multiphononique.
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 25

1000

Longueur d'onde (urn)

FIGURE 2.9: Pertes optiques typiques d'une fibre de verre fluoré de LVF.

2.5.3 Épissures

Certaines cavités laser à fibre comme les cavités en anneau peuvent nécessiter la
jonction de deux fibres. Les jonctions peuvent être de deux types : jonctions mécaniques
ou jonctions fusionnées. Le tableau 2.5 répertorie les pertes standard d'une jonction
entre deux fibres de silice.

Les jonctions fusionnées sont le meilleur choix pour connecter deux fibres de silice.
Les faibles pertes et l'absence d'interface entre les fibres permettent une utilisation des
jonctions fusionnées pour des lasers à fibre de haute puissance. Toutefois, si cette tech-
nologie est relativement aboutie pour les fibres de silice, elle n'est pas applicable pour
l'instant aux fibres de verre fluoré qui présentent une température de fusion beaucoup
plus basse, ce qui rend l'utilisation des fusionneuses à arc électrique impossible. Diverses
techniques alternatives ont alors été proposées, mais aucune n'a pour l'instant été réel-
lement éprouvée. Parmi ces techniques, on peut citer l'utilisation d'un laser C 0 2 pour
chauffer localement les bouts des fibres et ainsi les fusionner [39]. Une autre technique
assez similaire consiste à remplacer le laser CO2 par un filament de tungstène [40]. Ce
procédé est repris par la compagnie Vytran qui commercialise une fusionneuse à fila-
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 26

Type de Pertes
Remarques
jonction typiques
Contact physique entre deux fibres collées dans
une ferrule de céramique. Le contact est
PC 0.2 dB ( « 2%) maintenu par deux ressorts. Les faces des fibres
sont polies à angle droit ce qui procure une forte
réflexion à la jonction (ss -30 dB).
Contact physique entre deux fibres collées dans
une ferrule de céramique. Le contact est
APC 0.2 dB ( « 2%) maintenu par deux ressorts. Les faces des fibres
sont polies à un angle de 8 ce qui diminue la
réflexion à la jonction ( « -65 dB).
Contact physique entre deux fibres clivées à angle
droit maintenues dans un capillaire de verre de
Ultrasplice 0.2 dB ( « 2%) diamètre légèrement supérieur à celui des fibres.
Le capillaire est rempli d'un gel d'indice limitant
ainsi la réflexion à la jonction (RS -45 dB).
Fusion de deux fibres au moyen d'un arc
3 1
Fusionnée IO" dB à 10" dB électrique ou d'un chauffage local. Aucune
réflexion à la jonction n'est sensée être détectée.

TABLE 2.5: Types de jonctions entre deux fibres optiques et pertes associées.

ment et dont une des applications est la fusion de fibres à basse température de fusion.
Cependant, même si ces deux techniques semblent prometteuses pour fusionner deux
fibres de verre fluoré, la fusion d'une fibre de verre fluoré avec une fibre de silice reste
impossible à cause de la trop grande différence entre leur température de fusion. Une
solution pour fusionner une fibre de verre fluoré avec une fibre de silice serait d'inter-
caler une troisième fibre dont la température de fusion serait plus basse que celle de la
silice mais plus élevée que celle des verres fluorés. Une fibre de phosphate, par exemple,
pourrait être un excellent candidat. Enfin, une jonction entre une fibre de silice et une
fibre de verre fluoré a été possible mécaniquement. Une première approche proposée
par un groupe de l'Université de Braunschweig en Allemagne consiste à coller les deux
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 27

fibres avec de la colle époxy durcie par irradiation UV [41|. Un morceau de fibre de
silice vient alors jouer le rôle de soutien mécanique aux deux fibres épissées et le tout
est solidifié par de la colle époxy. Cette technique est très intéressante puisque les pertes
sont raisonnables (0.4 dB en moyenne), mais son utilisation à haute puissance est im-
possible à cause de la présence d'une interface entre les deux fibres dont Téchauffement
endommage de façon irréversible les fibres. Une jonction mécanique plus élaborée a été
réalisée pour un module d'amplification de la bande S fourni par la compagnie NTT
[42, 43|. Les deux fibres sont collées dans deux blocs de verre polis à angle. Sur la face
polie, un revêtement anti-réfléchissant est déposé afin de réduire les réflexions à Tinter-
face et diminuer le bruit dans l'amplificateur. Les deux blocs de verre sont enfin collés
avec une colle dont l'indice a judicieusement été choisi afin de minimiser les réflexions à
l'interface. Dans le même ordre d'idée, nous avons tenté de polir des blocs de verre dans
lesquels une fibre de ZBL.A.N avait été collée. Le résultat montré à la figure 2.10 n'est
pas à la hauteur de nos espérances. En effet, la forte différence de dureté des verres de
silice et de ZBLAN fait en sorte que la fibre est polie plus vite que les blocs de silice. De
plus, nous avons éprouvé des problèmes de contamination de surface à cause de résidus
de colle qui se déposaient sur la face de la fibre lors du polissage. Enfin, l'équipement
donc nous disposions ne nous a pas permis d'effectuer un polissage parfaitement droit
et plat du bloc.

Une deuxième méthode a alors été élaborée afin d'optimiser le couplage et la qualité
de la surface des fibres. Les fibres de ZBLAN et de silice sont collées avec une colle époxy
standard dans des ferrules. Des ferrules en acier plutôt qu'en céramique sont utilisées
afin de dissiper la chaleur due à d'éventuelles pertes à la jonction. Par ailleurs, l'acier
étant plus mou que la céramique, le polissage de la fibre de ZBLAN s'en trouve facilité.
Le polissage des fibres est effectué successivement avec une taille de grain de 5 /xm, 1
/xm, 0.3 /xm et 0.05 /xm pour un fini optimal. Les deux ferrules sont alors alignées au
moyen d'une monture 6 axes dont les axes de translation sont montés sur des éléments
piézo-électriques. L'alignement se fait de façon dynamique au moyen d'une boucle d'op-
timisation. Les deux ferrules sont alors collées ensemble avec de la colle époxy durcie
aux UV. L'alignement dynamique permet alors de maintenir un couplage optimal entre
les deux fibres lors du séchage de la colle puisque la polymérisation de cette dernière
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 28

Colle

Fibre

Bloc de verre

FIGURE 2.10: Surface d'une fibre optique de ZBLAN collée entre deux blocs de
verre et polie à angle droit. L'interface colle-fibre n'est pas parfaitement définie ce qui
engendre des problèmes de contamination de la surface de la fibre. La fibre de verre
fluoré, plus "molle" que les blocs de verre, est polie plus rapidement et ne se trouve
donc pas au même niveau que les blocs de verre.

induit des contraintes mécaniques sur les ferrules provoquant leur désalignement. Avec
cette technique, un couplage de 97% entre notre fibre de ZBLAN et une fibre de silice de
type HI980 de Corning dont la taille des modes est semblable a ainsi pu être démontré.
Les ferrules sont alors disposées sur une masse thermique afin de maximiser le transfert
thermique due aux pertes de couplage dans les ferrules vers l'extérieur (cf. Fig. 2.11).

Avec ce dispositif, il nous a été possible de maintenir un couplage de plus de 95%


entre les deux fibres jusqu'à une puissance maximale de 400 m W injectée à une lon-
gueur d'onde de 1108 nm pour laquelle les ions thulium présentent une forte absorption.
Toutefois, les pertes de couplage augmentent à de plus fortes puissances dû à Téchauf-
fement des ferrules, ce qui entraine un désalignement des fibres jusqu'à la destruction
de la jonction.
Chapitre 2. Propriétés des ûbres de ZBLAN 29

Colle Ferrules métalliques


Fibre de ZBLAN Fibre de silice

Pâte thermique Bloc de cuivre

FIGURE 2.11: Jonction mécanique entre une fibre de silice et une fibre de ZBLAN
dont la taille des modes est semblable. Les deux fibres sont collées dans des ferrules
en acier polies à angle droit. L'optimisation du couplage s'effectue avec une monture
six axes, puis les ferrules sont collées entre elles avec de la colle durcie aux UV. La
jonction est fixée sur un bloc de cuivre servant de masse thermique avec de la pâte
thermique.

2.5.4 Préparation des fibres

La préparation des bouts de fibre est effectuée en deux temps. Tout d'abord, la gaine
en polymère est ramollie à l'aide d'un gel contenant un solvant, puis elle est simplement
ôtée en nettoyant la partie de la fibre à dégainer. L'extrémité de la fibre est ensuite
préparée par clivage ou par polissage. Alors que le polissage est utilisé pour préparer
des bouts de fibre à angle (généralement de 8 ) pour diminuer les rétro-réflexions de
Fresnel, le clivage est préféré pour la préparation des bouts de fibre à angle droit. Les
fibres de ZBLAN étant plus fragiles que les fibres de silice, les cliveuses traditionnelles
à lame les soumettent à des tensions trop importantes conduisant à une piètre qualité
de surface. Une cliveuse à ultrason (modèle FK11 de YORK) avec une tension de 85 g
est utilisée pour les fibres provenant de Le Verre Fluoré de 125 /xm de diamètre, et une
tension de 60 g pour les fibres provenant de NTT.
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 30

2.6 Réseaux de Bragg dans les fibres de ZBLAN

Depuis la découverte de la fibre optique, on a cherché de plus en plus à y intégrer les


fonctions optiques couramment réalisées à Tair libre comme des miroirs, des coupleurs,
ou des filtres chromatiques. Ceci fut rendu possible par la découverte de la photosensi-
bilité des fibres, c'est-à-dire la possibilité de modifier localement l'indice de réfraction
d'un verre par irradiation UV [44|. Il fut alors possible d'inscrire des structures de phase
ou réseaux (FBG - Fiber Bragg Grating) dans le cœur de la fibre (cf. Fig. 2.12). Une
structure périodique forme alors un miroir à la longueur d'onde qui satisfait à la condi-
tion de Bragg pour un mode donné. Plusieurs types de réseaux existent, mais nous ne

FIGURE 2.12: Réseau de Bragg dans une fibre optique. Un changement d'indice
périodique dans le cœur de la fibre se comporte comme un miroir réfléchissant à une
longueur d'onde satisfaisant à la condition de Bragg AB.

nous intéresserons ici qu'aux réseaux uniformes caractérisés par une amplitude et un pas
de la variation d'indice constant, et aux réseaux à pas variable qui permettent d'élargir
considérablement la plage de longueurs d'onde auxquelles le réseau est réfléchissant.
Les réseaux uniformes forment le type de réseau le plus simple à écrire. Ils résultent de
l'inscription de la figure d'interférences de deux faisceaux dans le cœur d'une fibre. Le
spectre en réflexion présente toutefois de nombreux lobes secondaires très réfléchissants
eux aussi (cf. Fig. 2.13).

Les réseaux uniformes sont utilisés pour réaliser des réflecteurs pour des applications
de laser à fibre, l'émission laser ayant lieu au pic de réflectivité. Le second type de
réseaux que nous allons utiliser sont les réseaux à pas variable (ou réseaux chirpés). Ils
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 31

n
1,0

0,8

0,6

0,4

0.2

0.0 . */\[\Nl\ ïi/YiA^,—r. . ,


1549,7 1549,8 1540.9 1560.0 1550.1 1560,2 1560.3
Longueur (fonde (nm)

(a) (b)

FIGURE 2.13: (a) Changement d'indice d'un réseau à pas constant dans le cœur
d'une fibre optique et (b) spectre en réflexion correspondant.

sont caractérisés par la variation de périodicité du changement d'indice le long du réseau


(cf. Fig. 2.14(a)). La longueur d'onde de Bragg varie donc le long du réseau de sorte que
son spectre est élargi (cf. Fig. 2.14(b)). Par ailleurs, pour une même longueur de réseau,
un FBG à pas variable aura une réflectivité plus faible qu'un FBG à pas constant.
Les réseaux à pas variable sont généralement utilisés pour compenser la dispersion
chromatique dans les réseaux de télécommunication, ou pour réaliser des réflecteurs à
fibre large bande.

Si la photosensibilité des fibres de silice n'est encore pas entièrement comprise, on


sait toutefois qu'elle est due à l'absorption de photons UV par des défauts de la matrice
vitreuse autour de 240-250 nm. Les fibres dopées au germanium sont particulièrement
photosensibles et des changements d'indice de Tordre de IO - 3 ont pu être atteints [45].
Il est aussi possible d'hydrogéner une fibre de façon à augmenter sa photosensibilité et
parvenir à des changements d'indice aussi élevés que IO - 2 [46]. La photosensibilité a
également été observée pour les verres fluorés. En effet, il a été montré que les verres
fluorés étaient photosensibles à une longueur d'onde de 193 nm, ce qui se traduisait
par des changements d'indice très faibles d'environ 10~6 [47]. La photosensibilité des
verres fluorés a pu être améliorée par un dopage avec des ions cérium (Ce) et des
changements d'indice de Tordre de IO - 4 ont été rapportés [48, 49]. Ces changements
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZB LAN 32

­r ' 1 ■ r­ ­i > 1 ' r­

1.0

0.8

0,6

0.4

0,2

0,0
1542 1544 1548
Xi
1548 1550
Longueur d'onde (nm)
1552 1554 1558 1558

(a) (b)

FIGURE 2.14: (a) Changement d'indice d'un réseau à pas variable dans le coeur
d'une fibre optique et (b) spectre en réflexion correspondant.

d'indice restent toutefois relativement faibles et ne peuvent trouver de réelle application.


Cependant, il existe une deuxième méthode de changement d'indice utilisant un laser
à impulsions femtosecondes émettant à 800 nm qui s'applique très bien aux verres
fluorés. Le changement d'indice des verres fluorés par absorption multiphotonique fut
démontré par Davis et al. [9], et des changements d'indice pouvant atteindre IO ­2 ont
pu être rapportés [50]. Cette technique de changement d'indice dans les verres exotiques
a été appliquée avec succès pour la première fois par Martin B ernier qui est parvenu
à photoinscrire des réseaux de B ragg dans une fibre de ZB L.4.N [10]. Des réseaux de
Bragg permanents et hautement réfléchissants à pas constant (cf. Fig. 2.15(a)) ou à
pas variable (cf. Fig. 2.15(b)) ont été inscrits dans une fibre de ZB LAN, et il fut alors
possible de les utiliser pour réaliser un laser émettant à 1480 nm [17, 18].

La figure 2.15(a) montre les spectres en réflexion et en transmission d'un réseau hau­
tement réfléchissant à pas constant. Ce type de réseau sera utilisé pour réaliser le haut
réflecteur d'un laser à fibre de ZBL.A.N émettant à 1480 nm. La longueur d'onde d'émis­
sion est alors parfaitement déterminée et la raie d'émission sera relativement étroite.
Par ailleurs, de faibles pertes de Tordre de 0.3­0.5 dB sont associées à l'écriture de ce
réseau, ce qui est très raisonnable par rapport à l'utilisation d'un miroir diélectrique
externe à la cavité par exemple [51]. Enfin, la figure 2.15(b) présente le spectre en ré­
Chapitre 2. Propriétés des fibres de ZBLAN 33

1455 1460 1465 1470 1475 1460


1475 1480 1485 1490
Longueur d'onde (nm)
Longueur d'onde (nm)

(a) (b)

FIGURE 2.15: (a) Spectres en réflexion (trait clair) et en transmission (trait foncé)
d'un FBG à pas constant inscrit dans le cœur d'une fibre de ZBLAN par laser fem-
toseconde, et (b) superposition des spectres en réflexion d'un FBG à pas variable et
d'un FBG à pas constant. Le réseau large a une réflectivité uniforme sur plus de 20
nm. Ces réseaux ont été inscrits par Martin Bernier au moyen d'un laser Ti rsaphir
émettant des impulsions femtoseconde.

flexion d'un réseau à pas variable réfléchissant sur une large bande de fréquences. Le
pic de réflectivité est dû à un second réseau inscrit à l'autre bout de la fibre et dont le
spectre se superpose au spectre du réseau large. La réflectivité du réseau à pas variable
est relativement uniforme sur plus de 20 nm, ce qui laisse entrevoir la possibilité de
réaliser un laser accordable sur cette plage de longueurs d'onde.
Chapitre 3

Modélisation d'un laser à fibre


T m 3 + :ZBLAN

Ce chapitre a pour but de présenter les modèles de lasers à fibre de ZBLAN dopée
au thulium qui ont été élaborés pour décrire le comportement des lasers émettant dans
la région de 800 nm et à 1480 nm. Dans une première partie, nous allons décrire les
cavités laser expérimentales ainsi que leur mise en place. Nous verrons en particulier
comment il a été possible de réaliser un laser tout fibre grâce à une technique d'écriture
de réseaux de Bragg directement dans le coeur d'une fibre de ZBLAN dopée. Par la
suite, nous mettrons en place les diverses données spectroscopiques des ions thulium
qui dopent la fibre de ZBLAN et qui seront utilisées pour nos modélisations. Enfin,
nous présenterons les modèles propres à chaque type de laser qui a été étudié, c'est-à-
dire un modèle décrivant la dynamique des niveaux pour expliquer le comportement du
laser à 800 nm, et un modèle statique pour étudier les performances d'un laser continu
émettant à 1480 nm.
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à Rbre Tm i + :ZBLAN 35

3.1 Cavités laser

Il existe deux grands types de cavité rencontrés dans la réalisation de lasers à fibre.
Ces diverses architectures sont présentées sur la figure 3.1.
Fibre dopée

SU
Fibre dopée
Laser
pompe
Miroir Miroir Coupleur!
.(EL
dichroïque WDM i Coupleur
Fibre dopée
Laser
pompe •sortie
Laser
pompe FBG FBG
(a) (b)

FIGURE 3.1: Différentes configurations de cavités laser à fibre, a) Cavités linéaires


b) Cavité en anneau.

On distingue tout d'abord les cavités linéaires de type Fabry-Perot (cf. Fig. 3.1a).
Elles sont constituées d'un milieu de gain (la fibre dopée) qui est placé entre deux mi-
roirs formant la cavité. Ces miroirs peuvent être des miroirs diélectriques généralement
en contact direct avec le bout d'une fibre clivée ou polie à angle droit (cf. Fig. 3.1a,
haut), ou des réseaux de Bragg inscrits dans la fibre dopée ou dans un bout de fibre
non dopée épissée à la fibre dopée (cf. Fig. 3.1a, bas). Dans le cas des lasers à fibre,
une autre configuration très populaire est la cavité en anneau (cf. Fig. 3.1b). Une telle
cavité est également très facile à mettre en place en formant une boucle avec la fibre
dopée et un coupleur directionnel. Généralement, la pompe est injectée au moyen d'un
autre coupleur WDM ayant un coefficient de couplage proche de 1 à la longueur d'onde
de pompe et de 0 à la longueur d'onde laser. Une cavité en anneau n'est pas direction-
nelle, c'est-à-dire qu'elle peut émettre dans les deux directions de propagation. On peut
pallier cet inconvénient en intégrant un isolateur dans la cavité qui force l'oscillation
dans un seul sens. Ces deux cavités ont l'avantage d'être entièrement fibrées, donc com-
pactes, et elles présentent de très faibles pertes intra-cavité. Toutefois, les cavités en
anneau unidirectionnelles permettent de réaliser des lasers à largeur de raie plus étroite
puisqu'un tel résonateur ne produit pas d'onde stationnaire et élimine donc le problème
de saturation spatiale inhomogène (spatial hole burning). De plus, elles deviennent très
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm i + :ZBLAN 36

intéressantes lorsque le coefficient de couplage des coupleurs peut être ajusté puisqu'il
devient facile de trouver le point de fonctionnement optimal du laser [52|.

Dans le cadre de la présente étude, il nous est impossible de réaliser des épissures
entre deux fibres ; seules les deux cavités linéaires seront donc utilisées. En effet, comme
nous allons le montrer, une cavité linéaire à base de miroirs diélectriques en contact avec
le bout de la fibre polie ou clivée sera utilisée pour l'étude d'un laser auto-impulsionnel
émettant dans la région de 800 nm (cf. Chap. 4), et des réseaux de Bragg inscrits
directement dans le cœur d'une fibre dopée formeront la cavité pour l'étude d'un laser
émettant à 1480 nm (cf. Chap. 5).

3.2 Spectroscopie des ions terre-rare

Les fibres utilisées pour former les cavités laser qui seront étudiées sont dopées avec
des ions thulium. Les ions thulium sont des ions terre-rare dont les propriétés optiques
ont été très étudiées, en particulier pour des applications d'amplificateur optique dans
le domaine des télécommunications (bande S + ) [53, 54] ou de laser visible |55|. Dans
cette partie, nous allons étudier les propriétés spectroscopiques de Tion thulium Tm 3+
dans une matrice de verre fluoré. Nous mettrons alors l'accent sur les transitions laser
qui seront étudiées ainsi que sur le schéma de pompage utilisé pour réaliser ces lasers
émettant dans le proche infrarouge.

3.2.1 Configuration électronique

Les terres-rares sont les quinze éléments du tableau périodique dont le numéro ato-
mique est compris entre Z = 57 pour le lanthane (La) et Z = 71 pour le lutecium
(Lu). Ces éléments se divisent en deux groupes, les terres cériques ou lanthanides lé-
gers (lanthane, césium, praséodyme et néodyme) et les terres yttriques ou lanthanides
lourds pour les autres. Les terres-rares possèdent toutes une couche électronique 4 / par-
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm i + .ZBLAN 37

tiellement remplie. Elles disposent toutes de la même configuration pour les électrons
de cœur, celle du xénon (Xe), et possèdent également la même structure électronique
externe 5s 2 5p 6 6s 2 :
[Xe]4/"6s 2

L'ionisation des terres-rares produit généralement des ions trivalents. Ce sont les élec-
trons de la couche 6s et de la couche 4 / qui sont perdus, alors que les couches externes
5s25p6 restent pleines. Les électrons 4 / restants sont alors écrantés par les électrons des
couches externes, ce qui rend les ions terre-rare moins sensibles au champ extérieur.

3.2.2 Niveaux d'énergie des ions terre-rare

La position des niveaux d'énergie des ions terre-rare peut être déterminée par la réso-
lution de l'équation de Schrœdinger (Eq.(3.1)) dans l'approximation du champ central.
Dans cette approximation, chaque électron est supposé se mouvoir de façon indépen-
dante dans le champ du noyau atomique. Ces niveaux d'énergie correspondent aux
niveaux des électrons de la couche 4 / . La notation de ces niveaux se fait par convention
selon les valeurs des moments angulaire total J, angulaire orbital L et de spin S. La
2S+1
notation générale prend la forme Lj avec le moment angulaire orbital L qui sera
représenté par les lettres S, P , D , F , G , H . . . suivant la valeur de L = 0 , 1 , 2 . . . Cette
configuration est dite configuration de Russel-Saunders ou "couplage LS". Connais-
sant alors la notation des différents niveaux, il est nécessaire de résoudre l'équation de
Schrœdinger afin de positionner ces niveaux en énergie. Cette équation s'écrit :

Hxl> = Exp (3.1)

où H est l'hamiltonien d'un ion isolé, E son énergie et ip sa fonction d'onde. L'hamil-
tonien rend compte des différentes interactions des électrons avec leur environnement
extérieur (cf. Fig. 3.2). La solution à l'équation pour un tel système dans l'approxi-
mation du champ central est la même que pour un électron unique dans le modèle
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm i + :ZBLAN 38

de l'atome d'hydrogène. Toujours dans cette approximation, il est possible d'ajouter


des hamiltoniens à symétrie non-sphérique pour affiner la structure. Chacun de ces
hamiltoniens sera alors traité comme une perturbation du potentiel à symétrie sphé-
rique et permet de reconstruire la fonction d'onde des électrons [56]. Il est possible de
décomposer cet hamiltonien en quatre termes (3.2) :

H = Hconf + Hei + H s - 0 + H x (32)

avec Hconf l'hamiltonien de configuration (ordre 0). Dans l'approximation du champ


central (symétrie sphérique), ce terme représente la sommé des énergies cinétique et
potentielle des électrons. Il est alors possible de déterminer la position en énergie de
chaque configuration électronique. Pour lever la dégénérescence des niveaux d'énergie,
il est alors nécessaire d'introduire des termes d'ordre supérieur à l'hamiltonien. He[ rend
compte de l'interaction coulombienne électron-électron qui lève la dégénérescence des
niveaux 4 / en 2S4-1 termes 2 S + 1 L. Il est aussi impératif de tenir compte de l'interaction
spin-orbite par le terme H s - 0 qui lève alors la dégénérescence de chacun des 25+1 termes
2S+1
précédents en J sous-niveaux L j . Lorsque l'électron est libre, les niveaux d'énergie
sont alors totalement dégénérés, mais ce n'est pas tout à fait le cas si Tion est introduit
dans un champ cristallin H x . Toutefois, l'addition de ce terme à l'hamiltonien ne lève
que partiellement la dégénérescence. Les sous-niveaux résultant de l'interaction avec le
champ cristallin sont nommés niveaux de Stark et sont déterminés à l'aide de la théorie
des groupes.

3.2.3 Transitions radiatives

Deux types de transition électronique entre deux niveaux L,S,J peuvent avoir lieu :
les transitions dipolaires électriques ou magnétiques. Les transitions dipolaires élec-
triques interviennent seulement entre deux états de même polarité et sont plus fortes
de six ordres de grandeur que les transitions dipolaires magnétiques |57]. De par la
+
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm :ZBLAN 39

2S+1,

2S+I,

:~10 2 cm'

-10 cm

I~103cm-'

Interaction Couplage Perturbation


électron-électron spin-orbite champ cristallin

FIGURE 3.2: Diagramme d'énergie et levée de dégénérescence pour un ion terre-rare.

constitution des verres, les ions terre-rare qui dopent la matrice vitreuse voient leurs
couches 4 / et 5rf couplées, de sorte qu'il existe un mélange d'états de polarité. La force
d'une transition radiative dépend donc du degré de mélange de ces états 4/-5d, donc
de la force du champ cristallin. La théorie de Judd-Ofelt |58, 59] permet de quantifier
cette dépendance par l'intermédiaire de trois paramètres Çl2, Çl4 et il 6 . Ces paramètres
peuvent être mesurés pour un milieu donné et un ion donné, et permettent de calculer
le taux de transitions dipolaires électriques pour chaque paire L,S,J. En pratique, la
théorie de Judd-Ofelt permet de calculer la force d'oscillateur de la transition définie
par :

me l ^abs(em)Mdu (3.3)
fobs(em) — 47Te0 2
~t

où m et e sont respectivement la masse et la charge d'un électron, c la vitesse de


la lumière dans le vide, et oabS(em) la section efficace d'absorption (resp. d'émission) de
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ -.ZBLAN 40

la transition à la fréquence v considérée. Le taux d'émission spontanée est directement


relié à cette force d'oscillateur par la relation :

87T.V2,,2
Aem
~ w^/em (3 4)
-
avec n l'indice de réfraction de la matrice hôte. La théorie de Judd-Ofelt nous donne
un moyen de calculer les composantes de la force d'oscillateur provenant des dipôles
électriques et magnétiques :

fobs(em) = fde, + fdm (3.5a)

' - = .w?fc l < a | | L + 2 S | | 6 > | 2 (3 5c)


'

Dans les équations (3.5b) et (3.5c), les paramètres \de et Xdm sont des facteurs de
correction du champ local pour les dipôles électriques et magnétiques, respectivement.
Le nombre J est le nombre quantique du moment angulaire de l'état initial de la transi-
tion, U ^ est un tenseur unitaire dont les éléments rendent compte du couplage orbital
des électrons entre deux ions et sont tabulés pour les configuration p N , dN et fN. Les
paramètres de Judd-Ofelt Çt2, fi4 et f26 sont déterminés expérimentalement en mesurant
le coefficient d'absorption de Tion pour une transition particulière (on ne retient que
les termes f2t=2,4,6 puisque les autres termes du tenseur s'annulent pour les électrons
en configuration 4/) . Les paramètres de Judd-Ofelt pour des verres de ZBLAN et de
silice sont donnés dans le tableau 3.1.
Chapitre 3. Modélisation d ' u n laser à fibre T m 3 + :ZBLAN 41

Verre Çl2 Çt4 06


( x IO"20 cm2) ( x IO' 20 cm2) ( x IO"20 cm2)
Silice 6.23 1.91 1.36
ZBLAN 1.96 1.36 1.16

TABLE 3.1: Paramètres de Judd-Ofelt pour un verre de ZBLAN et un verre de silice


[60]

3.2.4 Transitions non-radiatives

Si la désexcitation radiative était la seule manière dont les ions terre-rare relaxaient
vers les niveaux d'énergie inférieure, le temps de vie d'un niveau électronique serait
alors simplement la somme des probabilités des relaxations radiatives vers les niveaux
inférieurs. Cependant, la désexcitation d'un niveau fait également intervenir des proces-
sus non-radiatifs. Ces processus peuvent être dus à l'interaction entre deux ions ou ils
peuvent provenir de l'interaction d'un ion avec un ou plusieurs phonons de la matrice
vitreuse. Le temps de vie observé pour une transition électronique est alors la somme
des temps de vie radiatif et non-radiatif |57| :

+ A n r + Ax (3.6)
T eX p Trad

où Tra(i est le temps de vie radiatif, A nr le taux de désexcitation non-radiatif et A x le


taux de désexcitation dû aux transferts d'énergie. L'interaction entre les électrons des
ions dans un état excité et les modes de vibration de la matrice vitreuse donnent alors
lieu à une désexcitation (et plus rarement à une excitation) de Tion. Cette désexcitation
est d'autant plus rapide et probable que les états électroniques sont rapprochés en
énergie. En effet, pour des états dont l'écart en énergie est de Tordre de UBT avec ICB
la constante de Boltzmann, l'agitation thermique est suffisante pour qu'un seul phonon
permette la désexcitation de Tion conduisant à ce que Ton appelle une thermalisation du
niveau électronique. Ceci est particulièrement vrai pour les niveaux Stark dont l'écart
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN 42

en énergie est de Tordre de 100 cm - 1 (cf. Fig. 3.2) puisque Ton a :

^BT n,n _,
210 cm- 1 à T = 293A: (3.7)
hc

Pour des transitions dont l'écart en énergie E — hv est supérieur à l'énergie moyenne
des phonons (w 500 c m - 1 pour le ZBLAN contre s* 1100 cm - 1 pour la silice |26|),
plusieurs phonons sont alors nécessaires à une désexcitation non-radiative. Le taux de
désexcitation non-radiative des ions terre-rare qui dopent le verre dépendant de façon
exponentielle du nombre de phonons nécessaires pour combler le gap d'énergie entre
deux niveaux électroniques (cf. Eq.(3.8)), on voit qu'une telle différence dans les énergies
de phonons se traduit par une différence des taux de désexcitation de plusieurs ordres
de grandeur (cf. Fig. 3.3) [61] :

A n r = B [n(T) + l] p e x p ( - a A £ ) (3.8)

où p = TJ£ est le nombre de phonons nécessaires pour combler le gap d'énergie,


B et a sont des paramètres dépendant du matériau hôte, A E est le gap d'énergie
et n(T) représente l'occupation du mode vibrationnel selon le modèle statistique de
Bose-Einstein et est donné par (3.9) :

n
(T) = ' ( h v , 1 (3'9)
ex l
P(x&) -

La probabilité qu'un ion terre-rare se désexcite dans une matrice de ZBLAN est donc
plus faible que dans une matrice de silice, et le temps de vie des niveaux électroniques
s'en trouve allongé.
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à ûbre Tm 3+ .ZB LAN 43

—°—Tellurite
Phosphate
—«—Borate
"c ——Silk»
o Germanate
c
O — Fluorozirconate
­Sulfure
g.
•44­»

E
c
o
Io
X
d)
OT
■D
d)
"O
X
13 2000 3000 4000 5000 6000 7000
CO

Energie (cm 1 )
FIGURE 3.3: Taux de relaxation multiphononique des ions thulium pour différents
verres en fonction de l'écart d'énergie entre les niveaux considérés [62].

3.2.5 Mécanismes de transfert d'énergie entre ions et absorp­


tion multiphotonique

Dans le but de peupler des niveaux d'énergie plus élevée, il est possible d'utiliser une
seule et même source pour peupler de façon séquentielle les différents niveaux électro­
niques et ainsi convertir les photons pompe de basse fréquence vers des photons émis de
haute fréquence (upconversion). Le principe réside en l'absorption d'un photon par un
état excité (AEE) et ne met en jeu qu'un seul ion. Toutefois, lorsque la concentration
de dopants dans la matrice vitreuse augmente, l'interaction entre ions proches voisins
peut donner lieu à des transferts d'énergie par diffusion. Nous allons détailler dans les
prochains paragraphes les processus de transfert d'énergie les plus courants, à savoir les
processus résonants et non­résonants, la relaxation croisée et l'addition de photons par
transfert d'énergie (ou APTE), et enfin l'effet d'avalanche [63].
+
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm :ZBLAN 44

3.2.5.1 Transfert d'énergie résonant

Pour ce premier type de transfert d'énergie, les différences entre les niveaux d'énergie
des ions mis en jeu doivent être identiques. Un tel transfert d'énergie résonant peut être
radiatif (cf. Fig. 3.4a) ou non-radiatif (cf. Fig. 3.4b). Lorsque le transfert est radiatif,
Tion donneur dans un état excité relaxe en émettant un photon qui est réabsorbé par
un proche ion accepteur. Il est impératif que l'écart d'énergie entre les niveaux de Tion
donneur et de Tion accepteur soit identique pour que Ton puisse parler de transfert
d'énergie résonant. Ce type de transfert se produira donc principalement entre deux
ions de même nature et a pour effet de retenir les photons dans le matériau, ce qui
augmente en apparence le temps de vie du donneur.

(a) (h)

FIGURE 3.4: Transfert d'énergie résonant entre un ion donneur (D) et un ion accep-
teur (A). Le transfert peut être radiatif (a) ou non-radiatif (b) auquel cas l'interaction
est de type coulombienne ou de Van der Waals.

L'autre possibilité de transfert d'énergie résonant est un transfert non-radiatif. Celui-


ci se produit lorsque les deux ions sont suffisamment proches pour que l'excitation passe
de Tion donneur (D) à Tion accepteur (A) sans que le donneur n'aie eu le temps de
relaxer en émettant un photon. Les interactions mises en jeu sont de type coulombiennes
ou de Van der Waals.
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN 40

3.2.5.2 Transfert d'énergie assisté par phonon

Nous avons vu qu'un transfert d'énergie résonant doit faire intervenir des différences
d'énergie identiques, ce qui implique très souvent des ions de même nature dans le même
état excité. Cependant, il est possible de transférer l'énergie de désexcitation à un ion
voisin même si les énergies mises en jeu ne sont pas tout à fait identiques. Afin de
satisfaire aux règles de conservation d'énergie et de moment, ces transferts d'énergie
sont assistés par l'émission ou l'absorption d'un phonon. Ce processus qui est le plus
probable est résumé sur la figure 3.5 :

ZS^ % A C Û
zs—

D D
(a) (b)

FIGURE 3.5: Transfert d'énergie entre un ion donneur (D) et un ion accepteur (A)
assisté par phonon. Un phonon d'énergie hw peut être (a) émis ou (b) absorbé pour
satisfaire à la condition de conservation de l'énergie.

3.2.5.3 Relaxation croisée et A P T E

Les relaxations croisées et l'addition de photons par transfert d'énergie (APTE)


sont deux mécanismes similaires. En effet, il s'agit ici de savoir si l'état final de Tion
accepteur est à une énergie plus basse (relaxation croisée) ou plus élevée (APTE) que
l'état final de Tion donneur (cf. Fig. 3.6). Ces deux mécanismes sont prédominants dans
les verres de ZBLAN dopés au thulium, en particulier à cause d'une énergie de phonons
du ZBLAN très faible.
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm :ZBLAN 46

7\

\Z
gr
gr
S D
&
D
(a) (b)

FIGURE 3.6: Transfert d'énergie assisté par phonons. (a) L'ion accepteur (A) a une
énergie plus basse que Tion donneur (D), on parle alors de relaxation croisée; (b) (A)
a une énergie plus élevée ou égale à Tion (D) : l'APTE.

La relaxation croisée fait intervenir deux ions dans des états d'excitation différents.
L'ion de plus haute énergie relaxe alors en transférant tout ou partie de son énergie à
un proche ion de moindre énergie (cf. Fig. 3.6(a)). L'APTE met en jeu deux ions se
trouvant généralement dans le même état excité mais pas nécessairement. Ici encore,
lors de la désexcitation de l'un des deux ions, l'énergie est transférée à son proche
voisin le promouvant dans un état d'énergie plus élevée (cf. Fig. 3.6(b)). Le mécanisme
d'APTE s'apparente beaucoup au mécanisme d'excitation par paliers par absorption
multiphotonique qui est utilisé pour pomper les ions thulium comme nous le détaillerons
dans la section 3.2.5.5. La différence tient au fait que TAPTE fait intervenir deux ions
qui s'échangent tout ou partie de leur énergie alors que dans le cadre de l'excitation par
paliers, c'est l'absorption de plusieurs photons par un même ion qui l'amène à un état
d'énergie plus élevée.

Dans la littérature, la distinction entre tous ces mécanismes de transfert'd'énergie


n'est généralement pas faite et ils sont tous regroupés sous un seul terme dépendamment
des auteurs, les plus communs étant la relaxation croisée (cross relaxation) et le transfert
d'énergie (energy transfer upconversion).
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZB LAN 47

3.2.5.4 Effet d'avalanche de photons

L'avalanche de photons est un phénomène très important dans le cadre de l'étude


des lasers au thulium émettant à 1480 nm comme nous le verrons au chapitre 5. Il a été
découvert à la fin des années 1970 par Chivian et al. [64] et largement étudié par M.­F.
Joubert [63, 65, 66|. Chivian et al. constatèrent que lorsqu'un cristal fortement dopé
au praséodyme était soumis à un rayonnement résonant avec la transition d'absorption
d'un état excité, la fluorescence provenant d'un niveau d'énergie supérieur augmentait
de plusieurs ordres de grandeur à partir d'un certain seuil. Le phénomène était ici per­
mis par des relaxations croisées qui jouaient le rôle de pompe auxiliaire pour exciter
les ions vers des niveaux d'énergie élevée sans que le laser de pompe ne soit résonant
avec une transition d'absorption de l'état fondamental. On peut résumer ce mécanisme
par le schéma de la figure 3.7. Dans le processus d'avalanche de photons, la longueur

n3
~S
R2

n2«
7^

rv
ion 1 ion 2
FIGURE 3.7: Effet d'avalanche de photons. La longueur d'onde de pompe n'est ré­
sonante qu'avec la transition n2 —> n 3 de sorte que Ri « R2. La relaxation croisée
permet alors un peuplement plus efficace du niveau n 2 .

d'onde de pompe n'est résonante qu'avec la transition n 2 —► n 3 et/ou très faiblement


résonante avec la transition ni —► n 2 de sorte que le taux de pompage R\ « R2.
Dans un premier temps, tous les ions sont au niveau fondamental ti\. Un ion est promu
au niveau d'énergie n 2 et par absorption d'un photon pompe, celui­ci peut immédia­
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN 48

tement se retrouver au niveau n 3 . Comme par hypothèse la concentration des ions est
suffisante pour que des transferts d'énergie entre ions proches voisins aient lieu, il se
produit un transfert d'énergie d'un ion à l'état n 3 vers un ion non encore excité. Le
résultat est que les deux ions se retrouvent désormais dans l'état n 2 et peuvent à leur
tour absorber chacun un photon pompe et par transfert d'énergie donner quatre ions
dans l'état n 2 . Ce phénomène peut alors se reproduire indéfiniment, et par avalanche
un grand nombre d'ions se retrouvent dans l'état d'énergie n 3 . Une caractéristique im-
portante de ce processus est la présence d'un seuil au-delà duquel la fluorescence depuis
le niveau n 3 augmente beaucoup, donc au-delà duquel les niveaux d'énergie supérieure
sont largement pompés. Le seuil n'est pas un seuil discret comme c'est le cas avec le
seuil laser, mais on peut clairement identifier deux régimes de fonctionnement lors de la
mesure de la fluorescence. La modélisation de l'effet d'avalanche de photons |63, 65, 66]
fait apparaître l'importance du rapport des taux de pompage R\/R 2 . En effet, plus
ce rapport est petit, plus le seuil devient discret et ressemble à un seuil laser [63]. En
pratique, cette constatation est faite pour des ratios R\/R 2 < IO -4 .

3.2.5.5 Absorption multiphotonique

Le principe du pompage par absorption multiphotonique ou excitation par paliers


est schématisé à la figure 3.8.

Le mécanisme proposé fait intervenir deux photons pour peupler le niveau supérieur
de la transition laser par l'absorption d'un premier photon depuis l'état fondamental
(AEF) puis d'un deuxième depuis un état excité (AEE). Ce mécanisme est différent
d'une absorption à deux photons faisant intervenir un processus non-linéaire en ce sens
que l'état intermédiaire est un niveau d'énergie réel et non virtuel. Un premier photon
"a" fait passer un ion dans son niveau d'énergie fondamental à un niveau excité 2'. La
population du niveau 2' décroît alors rapidement et de façon non-radiative (générale-
ment assistée de plusieurs phonons) vers un niveau métastable 2. L'électron peut alors
relaxer de façon radiative vers le niveau fondamental. Une relaxation non-radiative est
aussi possible mais moins probable car l'écart d'énergie entre les deux niveaux est beau-
C
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3 + :ZBLAN 49

-3'

-2'

S -2

Haser

FIGURE 3.8: Processus d'excitation par paliers (ou absorption d'un photon par l'état
excité (AEE)) impliquant deux photons a et b mettant en jeu un seul ion à trois
niveaux. Les populations des niveaux 2' et 3' se désexcitent rapidement vers les niveaux
2 et 3, respectivement. La petite flèche vers le bas traduit une désexcitation non-
radiative et la grosse flèche montre la transition radiative résultant de l'excitation par
paliers [67].

coup plus grand que l'énergie de phonons, en particulier dans le cas des verres fluorés.
Enfin, un autre photon " b " peut être absorbé par Tion dans l'état 2. Cet ion passe alors
à un niveau d'énergie 3', puis relaxe rapidement vers le niveau 3 dont le temps de vie
est suffisant pour que puisse se produire l'effet laser.

3.3 Application à l'ion thulium Tm 3 +

3.3.1 Spectroscopie de l'ion thulium

L'élément thulium est le plus rare des éléments terre-rare ; il est presque aussi difficile
à trouver que l'argent ou l'or et se rencontre dans des minerais tels que le monazite.
Il a une masse molaire de 169 g.mol - 1 et une masse volumique de 9321 k g . m - 3 . Sa
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ .ZB LAN 50

configuration électronique [Xe]4/ 13 6s 2 est très similaire au lanthane qui entre dans
la composition du ZB L.AN. La substitution d'un atome de lanthane par un atome de
thulium ne modifie donc que peu les propriétés optiques du verre. Nous reportons sur
la figure 3.9 le diagramme des niveaux d'énergie pour Tion thulium. Il est à noter que
nous utilisons la convention de couplage spin­orbite non négligeable pour la notation
des niveaux électroniques. La précision doit être faite puisque certains articles adoptent
une autre convention de couplage spin­orbite nulle qui a pour effet d'inverser dans la
notation les niveaux 3 F 4 et 3 H 4 .
Les transitions d'absorption d'intérêt sont les transitions 3 H 6 —► 3H*„ 3 F 4 —» 3 F 3

4.10 ­

3.10­
1
^

E O
r^

1
(D 4
G.

C
LU

=3.
X
o in
1.10­ r­

c
o

0 ­J H
FIGURE 3.9: Diagramme des niveaux d'énergie pour Tion thulium dans la fibre de
ZBLAN et longueur d'onde moyenne associée à chaque transition [51, 68, 69].
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à Bbre Tm 3+ .ZBLAN 51

et 3 H 4 —» l G 4 qui sont toutes centrées autour de 1.2 pm et qui nous permettront


d'exciter les ions thulium à des niveaux d'énergie élevée avec une seule source laser.
Les transitions laser qui seront étudiées dans cet ouvrage sont les transitions 1 G 4 —»
3
He„ 3 H 4 —* 3H$ d'une part, et la transition 3 H 4 —* 3 F 4 d'autre part. Ces transitions
émettent respectivement dans la région de 800 nm et de 1480 nm. Les sections efficaces
d'absorption et d'émission pour Tion thulium ont été largement étudiées par P. Laperle
|51|, et nous en donnons ici les spectres pour les transitions qui seront étudiées tout au
long de cet ouvrage (cf. Fig. 3.10).

Pour réaliser ces mesures, les spectres d'absorption à faible signal et d'émission ont
tout d'abord été mesurés, puis les sections efficaces en ont été déduites en combinant les
théories de Fùchtbauer-Laudenburg (F-L) et McCumber. Les relations F-L permettent
de calculer les sections efficaces des transitions en ne mesurant que les spectres d'inten-
sité de l'absorption et de l'émission |70). La méthode de réciprocité de McCumber donne
une relation simple entre les sections efficaces d'absorption et d'émission d'une même
transition, de sorte qu'en la combinant avec les relations F-L, seul le spectre d'absorp-
tion (resp. d'émission) est nécessaire pour connaître les sections efficaces d'absorption
et d'émission (resp. d'émission et d'absorption) [51, 69|.

3.3.2 Transitions non-radiatives

Le tableau 3.2 donne les temps de vie non-radiatifs calculés pour diverses transi-
tions du thulium, ainsi que le nombre de phonons nécessaires à la désexcitation |51|,
et le tableau 3.3 nous donne une comparaison des temps de vie mesurés pour deux
niveaux électroniques dans le ZBLAN et la silice. D'après ces données du tableau 3.2,
nous voyons que la différence d'énergie entre les niveaux supérieurs et inférieurs des
transitions 3 F 2 —y 3 F 3 , 3 F 3 —» 3 H 4 et 3 H 5 —» 3 F 4 est faible de sorte que la probabilité
de désexcitation non-radiative est très élevée (i.e. le temps de vie du niveau supérieur
est court) car elle ne nécessite que peu de phonons. Cette dernière remarque nous per-
mettra de regrouper les niveaux ( 3 F 2 3 F 3 3 H 4 ) d'une part, et ( 3 H*, 3 F 4 ) d'autre part
en un seul niveau dans notre modèle. Enfin, nous avons mentionné qu'un phonon pou-
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3 + :ZB LAN 52

E
S

8
8
c
o

co
600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Longueur d'onde (nm)
(a)

8
8

CO T
r
r
600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Longueur d'onde (nm)
(b)

FIGURE 3.10: Sections efficaces (a) d'absorption des transitions (1) 3 #6 —> 3 H 4 ;
(2) 3 F 4 ­» 3
F 2 ; (3) 3 F 4 ­ 3
F 3 ; (4) 3 H 4 ­y l
G 4 ; (5) l D 2 ­» 3
P y ; (6) 3 H 6 ­» 3
H5;
3 3 1 3 3
(7) F 4 ­♦ H 4 ; ( 8 ) ^ 4 ­> D 2 ; (9) # 6 ­» F 4 et (b) d'émission des transitions
l 3 3 3 3
(\) D2 ­ F 2 ; ( 2 ) ^ 4 ­» # 5 ; (3) // 4 ­ tf 6 ; (4) , G 4 ­ 3
# 4 , (5)34^4 ­ 3
F4 ;
( ô ) 1 ^ ­» 3 1Z) 2 ; (7)x£>2 ­» l G 4 ; (B )lGA ­» 3 F 3 [51]
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre T m 3 + : ZBLAN 53

Transition AE nb phonons ■A n r

cm ­ 1 s­ 1
3 3
F4 ­ H6 6010 12 1.44 x 10~3
3
Hb ­ . 3F4 2241 4 2.04 x IO5
3
H 4 ­e 3 H 5 4391 9 4.62 x 10°
3 3
F3 ­ H4 1978 4 8.00 x IO5
3
F 2 ­> 3 F 3 578 1 8.68 x 108
l
G 4 ­> 3 F 2 5988 12 1.44 x IO ­ 3

TABLE 3.2: Temps de vie non­radiatifs associés à diverses transitions électroniques


des ions thulium à température ambiante. A F est la différence d'énergie entre les deux
niveaux considérés. On mentionne également le nombre de phonons impliqués dans
de telles transitions.

Niveau Tsuice (ms) BT Z LAN (ms)


électronique (pr m = 112 x IO20 cm 3 ) (pr™ = 0.36 x IO20 cm 3 )
3
H144 0.02 1.51
3
F4 0.42 11.2

TABLE 3.3: Comparaison des temps de vie de certains niveaux électroniques des ions
thulium dans une matrice vitreuse de ZB LAN ou de silice, pxm est la concentration
en ions thulium [60]

vait également être absorbé afin d'exciter un électron à un niveau d'énergie supérieure.
Ce processus peut être mis à profit afin de thermaliser des niveaux Stark pour rendre
possible l'absorption d'un photon. Toutefois, le refroidissement n'est possible que si la
relaxation radiative est favorisée par rapport à la relaxation non­radiative, ce qui néces­
site une énergie de phonon faible. L'absorption du photon pompe n'étant alors possible
que par l'absorption d'un ou plusieurs phonons, il en résulte un refroidissement de la
matrice vitreuse dopée. La démonstration d'un tel procédé a été faite, par exemple,
pour Tion ytterbium dans un verre de ZB LAN [71, 72|.
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN ôl

3.3.3 Mécanismes de pompage

Il a été démontré à maintes reprises (voir par exemple |73-76|) qu'il était possible
d'exciter les ions avec un laser pompe dont les photons ont une énergie moindre que
l'énergie du niveau pompé ou autrement dit, avec un laser pompe de fréquence moindre
que la fréquence des photons émis par le niveau pompé lorsque celui-ci relaxe vers son
état fondamental (upconversion en anglais). Ce mécanisme de pompage par excitation
par paliers est d'autant plus efficace que l'énergie des phonons de la matrice est faible,
puisque le temps de vie des niveaux intermédiaires s'en trouve allongé [67|. Au regard
du spectre d'absorption de Tion thulium (cf. Fig. 3.11), il est possible d'exciter ses
électrons avec des longueurs d'onde autour de 480 nm, 690 nm, 800 nm et 1200 nm.

V H
E
H-*«
-

8 3-- VH.
3
fa
c
o
"i "4
f
400
!,
600
i\l\ 800 1000
J v
1200
Longueur d'onde (nm)

FIGURE 3.11: Spectre des sections efficaces d'absorption des électrons de Tion thu-
lium dans leur état fondamental (AEF) [51].

Le pompage de Tion thulium peut s'effectuer selon un schéma classique de laser à


trois ou quatre niveaux [77], ou bien selon un schéma d'excitation par paliers [55, 78].
Toutefois, le manque de sources de pompage efficaces dans TUV proche, puissantes
et compactes rend un pompage direct difficile. La région autour de 1100 nm apparaît
alors très intéressante pour un pompage par excitation par paliers puisque, comme
nous le voyons sur la figure 3.12, il apparaît clairement que les transitions 3 H 6 —y 3 H 5 ,
3
F 4 —y 3 F 3 et 3 H 4 —y l G 4 se recoupent pour des longueurs d'onde se situant entre 1030
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN 55

nm et 1200 nm où des sources laser puissantes existent.

1000 1100 1200 1300


Longueur d'onde (nm)

FIGURE 3.12: Spectres des sections efficaces de pompe autour de 1100 nm

Dans la mesure où une énergie de phonons faible comme dans le ZBLAN rend
les niveaux d'énergie supérieure métastables, il est possible de pomper le niveau 1 G 4
du thulium par un mécanisme d'excitation par paliers faisant intervenir trois photons
comme illustré à la figure 3.13.

:'G.

■H
1

FIGURE 3.13: Schéma de pompage par paliers de Tion thulium par un laser de
longueur d'onde autour de 1030-1200 nm
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ .ZB LAN 5G

Le principe de ce mécanisme est identique à celui présenté sur la figure 3.8 avec non
plus un, mais deux paliers : les niveaux 3 F 4 et 3 H 4 . L'énergie de phonons dans le ZBL.\N
étant beaucoup plus faible que l'énergie mise en jeu dans les transitions 3 // 5 —► 3 H 6 ,
3
F 3 —y 3 F 4 et ?G4 —► 3 H 4 , une relaxation non­radiative des niveaux métastables est
alors peu probable. L'excitation par paliers est donc possible pour les ions thulium dans
une matrice de ZB LAN.

3.3.4 Emission spontanée des ions thulium

Les spectres de fluorescence de côté d'une fibre de ZBLAN dopée avec 2000 ppm (en
masse) d'ions thulium sont présentés sur les figures 3.14(a) et 3.14(b) lorsque la fibre
est pompée à 1040 nm et 1064 nm, respectivement.

1
m
5. ­60­
11
g ­60

J ­70­

g ­80

f
£
­90

­100­
400
In 600 800 1000
iWw
1200 1400 1600 400 600 800 1000 1200 1400 1600
Longueur d'onde (nm) Longueur d'onde (nm)

(a) (b)

FIGURE 3.14: Spectre defluorescencede côté pour une fibre pompée à (a) 1040 nm
et (b) 1064 nm.

On voit sur ces deux figures que le choix de la longueur d'onde de pompe est très
important lorsque Ton veut réaliser un laser à fibre dopée au thulium utilisant un schéma
de pompage par excitation par paliers. Par exemple, on remarque que l'utilisation d'un
laser émettant à 1064 nm permet de peupler plus efficacement le niveau d'énergie l G 4
qu'un laser émettant à 1040 nm. En effet, l'émission spontanée autour de 480 nm, de
780 nm et de 1200 nm est plus importante lorsque la fibre est pompée à 1064 nm,
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ -.ZBLAN 57

ce qui prouve que le niveau XG4 est mieux peuplé. Par ailleurs, la figure 3.14(b) fait
apparaître une bande de fluorescence à 455 nm (transition l D 2 —y 3 F 4 ). L'efficacité de
pompage du niveau l G 4 a donc également une influence directe sur la populations des
niveaux supérieurs, en particulier le niveau l D 2 qui est peuplé à partir du niveau XG4
grâce à un processus de relaxation croisée. Enfin, mentionnons que ces deux spectres
de fluorescence ont été mesurés au seuil d'un laser émettant à 1480 nm, ce qui explique
la raie étroite et intense à 1480 nm.

3.3.5 Transferts d'énergie

Comme nous l'avons montré auparavant, il existe des processus de transfert d'énergie
entre ions proches voisins qui permettent de peupler des niveaux d'énergie supérieure,
mais qui dans certains cas limitent également le gain disponible d'une transition laser.
Les processus d'intérêt pour les fibres de ZBLAN dopées aux thulium sont les relaxa-
tions croisées et TAPTE [51 j. Les transferts d'énergie qui peuvent avoir une influence
non-négligeable sur les transitions laser que nous allons étudier sont répertoriés à la
figure 3.15.
Les coefficients de transfert d'énergie ont été évalués par P. Laperle [51) et M. Eichhorn
|79, 80] et leurs valeurs sont données dans le tableau 3.4. Ces coefficients ont été déter-
minés en mesurant le temps de vie des différents niveaux électroniques et en comparant
les résultats avec une modélisation des équations de population des niveaux.

3.3.6 Incertitude sur les sections efficaces

Afin de construire notre modèle théorique, il est nécessaire de connaître le plus


précisément possible les sections efficaces de chacune des transitions laser. Cependant,
ces sections efficaces ne sont pas très bien connues et peu répertoriées dans la littérature.
De plus, la mesure des sections efficaces dépend grandement du milieu hôte des ions
thulium et les données peuvent grandement différer d'un auteur à l'autre comme nous
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3 + .ZB LAN 58

3 G.

. X
3324
I
i
%
X X
2314 331S

0
x<211 x c 312
H
x, 102 x 0 422

FIGURE 3.15: Processus de relaxation croisée et APTE entre ions Tm 3 +

Processus Coefficient de Valeur


transfert d'énergie (10 ­ 2 5 m 3 ^" 1 ) Réf.
(SF4, 3 F 4 ) ­ (3He, 3 H 4 ) 4^1102 6 |79, 80]
3
(3He, H 4 ) ­ (3F4, 3 F 4 ) ­^0211 13 [51]
( 3 H 6 , G 4 ) —► ( 4IÏ5, H 4 ) Ao312 80 [51]
l
(3He, D 3 ) ­ (lF2, 3H4) ­^0422 259 [51]
(3H4, l G 4 ) ­ (1Z)2, 3 F 4 ) A^2314 480 [51]
l l 3 3
( G4, G4) ­ ( P2, F 4 ) A3315 95 [51]
l l 3 l
( G4, G4) ­ ( F3. D 2 ) ^3324 70 [51]

TABLE 3.4: Coefficients de transfert d'énergie entre ions Tm 3 + dans les fibres de
ZBLAN

pouvons le constater sur la figure 3.16 où nous avons tracé les spectres des sections
efficaces d'absorption de la transition 3 F 4 —y 3 H 4 pour quatre auteurs [51, 69, 81, 82].
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN 59

Ces mesures ont été effectuées pour un verre de ZBLAN dopé avec 2000 ppm d'ions

2,5-

X
2.0
g F*
£ ro
Q u. 1,5
W n

1 O
ced
nsiti 1,0

S 5
0.5
1
0,0-1
1300 1600

FIGURE 3.16: Comparaison des spectres des sections efficaces d'absorption de la


transition 3 F 4 -* 3 H 4 mesurés par différents auteurs : (1)[51], (2)[81], (3)[82] et (4)[69].
L'incertitude sur la mesure des sections efficaces selon [51] est matérialisée par la zone
grisée.

thulium [51], pour un verre de fluoroindogalate (30)P6F 2 — (15)/nF 3 — (20)GaF 3 —


(15)ZnF 2 - (18.5)CaF 2 - (1.5)TmF 3 [81], pour un verre de ZBLAN dopé avec 2000
ppm d'ions thulium [82], et pour un verre de ZBLAN contenant 2.5 mol% de PbF 2 et
des concentrations en thulium allant de 0.1 mol% à 3 mol% |69|. Nous avons choisi
de prendre les mesures réalisées par P. Laperle [51] dans notre modèle puisque les
fibres utilisées sont très similaires à celles que nous rencontrons dans cette étude, et
puisque de nombreuses sections efficaces sont répertoriées dans cet ouvrage. Il est à
noter toutefois qu'une précision de ±30% est attendue sur ces mesures et que certains
ajustements seront peut-être nécessaires afin de rendre compte de ce qui est observé
expérimentalement. Avec une telle incertitude de mesure (cf. zone grisée Fig. 3.16), les
données apportées par les différents auteurs cités sont cohérentes entre elles.
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZB LAN 60

3.4 Modèles théoriques

3.4.1 Schéma de pompage

Le diagramme d'énergie complet que nous avons utilisé dans notre modèle est repré­
senté à la figure 3.17. Sur cette figure, les niveaux 3 F 2 et 3 F 3 sont très proches en énergie
et relaxent rapidement vers le niveau inférieur 3 H 4 de sorte que Ton peut considérer ces
trois niveaux comme n'étant qu'un seul et même niveau d'énergie. Le même raisonne­
ment peut être effectué avec les niveaux 3 Fi et 3He, ainsi qu'avec les niveaux l Ie, 2Po, 2 Pi
et 2 P 2 . Les densités de population normalisées des niveaux regroupés 3 H 6 , ( 3 F 4 3 if 5 ),
( 3 H 4 3 F 2 , 3 F 3 ), 1 G 4 , l D 2 et ( l h ? Po,2 P i 2 P2) sont alors notées no, ni, n 3 , n 4 et n 5 , res­
pectivement. Comme nous l'avons vu à la figure 3.12, les spectres des sections efficaces
d'absorption des transitions 3He —y 3 //s, 3 Fi —► 3
F 3 et 3 H 4 —y 1 G 4 se superposent
pour des longueurs d'onde allant de 1030 nm à 1200 nm. Il est alors possible au moyen
d'une seule source lumineuse émettant à l'intérieur de cette plage de longueurs d'onde
d'exciter de façon séquentielle les niveaux 3 Fi, 3 H 4 et l G 4 . Un tel schéma de pompage
à excitation par paliers est permis dans les fibres de verre fluoré puisque chaque niveau
électronique en question voit sa durée de vie allongée par rapport à une fibre de silice
où les relaxations non­radiatives nécessitent moins de phonons. Les taux d'absorption
et d'émission à la longueur d'onde de pompe choisie sont notés R t j. Le niveau d'énergie
élevée *G4 peut alors relaxer vers les niveaux 3He ou 3 H 5 en émettant un photon à 480
nm ou à 785 nm, respectivement. La transition qui nous intéresse dans le cas présent est
la transition l G 4 —y 3H$ de sorte que le choix des miroirs formant la cavité laser sera
très important pour que la transition à 480 nm ne puisse pas osciller. Par ailleurs, nous
nous intéresserons à la relaxation du niveau 3 H 4 vers le niveau fondamental ou vers le
niveau 3 F 4 accompagnée de l'émission d'un photon à 805­810 nm ou à 1480 nm, res­
pectivement. Une fois encore, la section efficace d'émission de la transition 3 H 4 —* 3 F 4
étant plus faible que la section efficace de la transition 3 H 4 —> 3 i / 6 , une attention par­
ticulière sera portée au choix des miroirs formant la cavité selon la longueur d'onde
d'émission étudiée. Les taux d'absorption et d'émission stimulée pour les transitions
laser à 1480 nm ou autour de 800 nm sont notés Wij. L'émission spontanée du niveau
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3 + :ZB LAN 61

JP uTuTI J= ­"­
K \" \

n
rig X

o
X

­ X
m
5 o
< X

4
ê
04
c ­* <
■a g
X c
=6=
Ê
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t &

<

Il
|£ §00
rD

­ro

.ti o i i
M 00
£ ™
«0 ^

04
CL
£

LTI
rsl

FIGURE 3.17: Diagramme des niveaux d'énergie du thulium utilisé dans nos modèles.
Les transitions à la longueur d'onde de pompe sont repérées par leur taux de pompage
Rij, les transitions aux longueurs d'onde laser de 800 nm et 1480 nm sont repérées par
les taux d'émission stimulée et d'absorption Wij, les désexcitations spontanées sont
notées A,, et les transferts d'énergie Xijki
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN 62

j vers le niveau d'énergie inférieure i est notée Aji. Enfin pour compléter le modèle,
il pourra s'avérer important de tenir compte des processus de relaxation croisée Xiju-
En effet, ces processus d'excitation/désexcitation influent sur la population des niveaux
laser en les peuplant/dépeuplant et peuvent donc jouer un rôle important dans l'étude
des performances du laser, tout particulièrement pour l'émission laser à 1480 nm |83|.

3.4.2 Équations de populations

Sur la base du schéma de pompage (3.13) et du diagramme d'énergie (cf. Fig. 3.17),
le modèle décrivant le laser peut être développé. Comme il a déjà été mentionné, deux
longueurs d'onde laser révèlent un intérêt particulier, soit autour de 800 nm et de
1480 nm. Afin de modéliser le laser, il est nécessaire de décrire et résoudre l'évolution
temporelle et spatiale des populations électroniques de chaque niveau considéré en même
temps que l'évolution des puissances laser. De manière tout à fait générale, il est possible
d'écrire l'équation d'évolution de la population d'un niveau d'énergie i de la façon
suivante :

- T f - / . R H n j - ^ 2 R i i n i + ^ 2 Wjinj - 2 2 w H n i

+ Y2 AJiUJ ~ S Ai Ui
i + Yl Xmnink (3.10)
j>i j<i j,k,l

+ 2 2 J N j k i i njn k - ^ X^kiriinj - 2 > ^ x njkn 2


j,k j.k.l j,k

où n, = Ui(f,t) = Ni(f,t)/C représente la densité normalisée de population à l'ins-


tant t et à la position r, C étant la concentration des ions (ions.m -3 ) dans le cœur
de la fibre, et Ar, la densité de population des ions dans l'état i. Par ailleurs, les taux
d'émission et d'absorption aux longueurs d'onde de pompe et de signal sont donnés par
(3.11) et (3.12) :
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN 63

Ojj\
Rii = Rij(f.t) = PP(z)Hr,<t>) (3.11)
hc
WiJ = W i j (r,t) = Ps(z)xl>(r,4>) (3.12)
~hc~

avec Oij la section efficace de la transition i —» j , P p (z) et P s (z) les puissances de


pompe et de signal à la distance z et tp(r, 4>) le profil normalisé du mode considéré (cf.
Annexe A).

3.4.3 Évolution de la puissance de sortie - Cas dynamique

FIGURE 3.18: Variation du flux de photons au passage d'un volume infinitésimal de


la fibre active.

Considérons le cas présenté à la figure 3.18. On suppose qu'une partie des ions sont
dans un état excité et que les photons incidents entraînent leur désexcitation de façon
stimulée. Entre les sections z et z + dz, le flux de photons donné par 4> = Ijhv où / est
l'intensité et hu l'énergie d'un photon s'apprécie de dtp :

d(f> = C n o t p d z (3.13)

au passage dans la section de fibre dz. o représente la section efficace de la transition


considérée, C la concentration en ions dans la fibre, et n la densité normalisée d'ions
dans l'état excité. Considérant que les photons se déplacent à la vitesse de groupe vg
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ B­.Z LAN 64

dans la fibre, cette portion dz de la fibre sera parcourue en un temps dt = dz/v g , de


sorte que Ton peut réécrire l'équation (3.13) sous la forme

—d<p = Cno(t>dt (3.14)


V
9

On cherche à modéliser la dynamique d'un laser pouvant émettre selon deux transi­
tions autour de 800 nm, soit les transitions XG4 —y 3 H 5 à 785 nm et 3 H 4 —> 3 i / 6 à 805
nm. L'évolution temporelle des flux de photons pour ces deux transitions peut alors se
mettre sous la forme :

­ = (<73in3(*) ­ o S n o ^ C M t ) ­ Q i M t ) + ^siM*) (3.15a)


Vg d t
l_d^l = (ffaofl2(f) _ r j ^ n o ^ C M t ) ­ ot2cf>2(t) + ^2on2(f) (3.15b)
Vg dt

oùCT31et o­iQ représentent les sections efficaces d'émission des transitions l G 4 —► 3 H 5


et 3 H 4 —* 3 He émettant respectivement à 785 nm et à 805 nm, o 02 et o 02 étant les
sections efficaces d'absorption du niveau fondamental vers le niveau 3 H 4 respectivement
à 785 nm et à 805 nm. 0i>2 représentent les flux de photons à 785 nm et à 805 nm. Les
deux derniers termes de ces équations représentent respectivement les pertes associées à
la propagation dans la fibre et l'émission spontanée qui permet au système de démarrer
par lui­même, mais ce terme devient négligeable dès que l'effet laser est initié. Il est à
noter que ces équations d'évolution des flux de photons sont résolues en même temps que
les équations d'évolution des populations électroniques, de sorte que Ton ne considère
aucune propagation dans la fibre.
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBLAN 65

3.4.4 Évolution de la puissance de sortie - Cas statique

Le cas statique se rapporte à l'étude d'un laser émettant à 1480 nm selon la transition
3
H 4 —y 3 F 4 . Contrairement au cas dynamique, on tient compte de la propagation de la
fibre, et ce dans les deux sens (cf. Fig. 3.19).

R, P»

H T

z=0 z=L
FIGURE 3.19: Schéma de principe pour l'étude théorique du laser à fibre dans le cas
statique.

La pompe peut être injectée d'un côté ou de l'autre de la fibre et la sortie laser peut
également être d'un côté comme de l'autre. Aux extrémités de la fibre, on a placé des
miroirs Ri et R2 en z = 0 et z = L, respectivement, L étant la longueur de la fibre.
On considère que le laser oscille en continu et qu'à chaque puissance pompe correspond
un point de fonctionnement du laser, c'est-à-dire une valeur unique de puissance laser.
Afin d'améliorer la précision de la résolution numérique, nous avons tenu compte des
transferts d'énergie entre ions et calculé l'évolution de la population des niveaux d'éner-
gie supérieure. L'équation de propagation des signaux de pompe et de signal à 1480 nm
peuvent s'écrire de manière générale :

dP(z)
dz J <
0
/ C f j P OjiUj - ^ ^ a ' j n i 1 tP(r^ fyrdrdtj) - a P(z)
Jo
\i.j>i i.j>i J
(3.16)

avec ni — Ui(f) et a qui traduit les pertes de propagation. Par ailleurs, la puissance
locale à la distance z est en fait la somme des puissances se propageant dans les deux
sens. Il est alors possible de scinder l'équation (3.16) en deux selon P(z) = P + (z) +
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ .ZBLAN 66

P~(z). L'évolution de la puissance de pompe à l'intérieur de la fibre peut alors s'écrire


de la manière suivante :

—J-— = - 2TTC / (cr^no + o\ 2 ni + o^3n2 + op4hn4


(3.17)
-ol 2 n 3 jil) p (r,4>)rdr - a p ] P±(z)

De même, l'évolution de la puissance laser à 1480 nm peut s'écrire

dP*(z) = 2trC / (o 2 l n 2 - o\ 2 ni - os0inQ + os32n3 + <7^n4


dz (3.18)
s
- o 3 4 n 3 + o- b4 n b )ip um (r, 4>)rdr - a, 480 Pi 4m (z)

avec o\f = Oij(\s,p) la section efficace de la transition i —y j à la longueur d'onde


de pompe (p) ou de signal (s).

3.5 Méthodes de résolution

3.5.1 Cas dynamique

Comme nous l'avons déjà mentionné, la modélisation de la dynamique du laser


émettant selon deux transitions dans la région de 800 nm ne fait pas intervenir de
propagation le long de la fibre. On ne considère donc l'évolution des puissances et des
populations de niveaux que dans une section infiniment petite dz de la fibre. Pour des
raisons de convergence du système, nous avons également choisi de travailler avec des
flux de photons (p(t) plutôt qu'avec des puissances laser. Pour effectuer la conversion
entre ces deux grandeurs, nous avons choisi d'utiliser Taire du mode laser plutôt que la
section de la fibre afin de tenir compte du recouvrement du mode (cf. Eq. (3.19))
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZB LAN 07

o (3.19)
■niv:

où u\ est la taille du mode i de la fibre à la longueur d'onde considérée. Il s'en suit que
le taux de pompage d'un niveau électronique ne considérant que le mode fondamental
sera alors donné par

«(!/) = 4>(u) (3.20)


■ïïhvwl

Le système d'équations d'évolution formé par les équations de population des ni­
veaux électroniques (3.10) et de flux de photons (3.15) est alors résolu en utilisant une
méthode de Runge­Kutta d'ordre 4 à pas variable. La résolution de ce système nous
donne alors l'évolution des populations et des puissances en fonction du temps pour
une section de fibre infiniment courte.
La méthode de Runge­Kutta est une méthode bien connue de résolution numérique
d'équations différentielles ou de systèmes d'équations différentielles avec des conditions
initiales à l'origine. On cherche à connaître alors la valeur de la fonction y étudiée sur
un intervalle [x0X/] que Ton subdivise en sous­intervalles [x0Xi], [0:1X2] • • ■ [x,x, + i]...,
[x/_iX/] satisfaisant à l'équation différentielle / ( x , y) = 0. La méthode de Runge­Kutta
d'ordre 4 permet d'évaluer la fonction y ^ i par

Vi+i = Vi + â6 (*i + 2^*2 + 2 k * + h ) (3.21)

avec
ki = / ( x . y)
*( h, h
h = f[x+­kl.y+­
h h (3.22)
rf , \
h = f ( x + ­k 2 . y + ­ J
h = f (x + hk3, y + h)

où h = x i + i —Xt est le pas de résolution. Ce paramètre est très important puisqu'un


Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ -.ZBLAN 68

paramètre trop grand résultera en une solution de l'équation trop approximative, mais
un paramètre trop petit fera en sorte également que la solution s'éloigne de la trajectoire
par effet d'accumulation des erreurs d'arrondi. .\fin d'optimiser la taille du pas, nous
utilisons une méthode de Runge-Kutta dite "à pas variable". Elle consiste à choisir
un pas hQ par défaut, le pas de résolution ne pouvant être plus grand que ho- On
calcule alors dans un premier temps y (1) (x, -f ho) à partir de y(x,) par la méthode de
Runge-Kutta standard. On recommence alors l'évaluation de la fonction au point x,+i
en calculant tout d'abord j/(x, + 4?) à partir de y(x,), puis y (2) (x, + ho) à partir de
y(Xi + ^ ) toujours par la méthode de Runge-Kutta d'ordre 4. La comparaison entre
les deux valeurs y^(Xi + h 0 ) et t/ 2 )(x, + h0) nous indique si le pas par défaut ho est
trop grand ou non. Si le pas est trop grand, on choisit alors un pas hi plus petit et on
recommence le calcul de y,+i avec ce nouveau pas. Si par contre le pas est adapté, on
passe alors à l'étape suivante en reprenant un pas ho.

3.5.2 Cas statique

Contrairement au cas dynamique, nous tenons compte de la propagation dans les


deux sens des puissances laser de pompe et de signal à 1480 nm comme nous l'avons mon-
tré aux équations (3.17) et (3.18). La méthode de résolution est un peu plus complexe
que dans le cas dynamique puisque nous ne résolvons pas les équations de population
et de puissance en même temps. Pour ce faire, nous utilisons un algorithme dit de "tir"
(cf. Fig. 3.20) qui consiste en une méthode d'essai-erreur sur la valeur du signal laser.
Pour effectuer l'intégration des puissances le long de la fibre, nous l'avons découpée en
segments de 5 cm de long, et la section de la fibre est découpée en 10 segments égaux.

Dans un premier temps, pour une puissance de pompe injectée donnée, on estime
la puissance laser circulant dans le sens des z positifs en z = 0. C'est la puissance
de "tir" P t \ r . Une première estimation des puissances se propageant en sens inverse
est donnée par l'équation (3.23) obtenue en supposant que TASE est négligeable en
première approximation.
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à Gbre Tm 3+ .ZBLAN 09

Puissance laser
de "tir"

Calcul des populations


pour une section z -> z+dz

Propagation des z<L


puissances pompe
et laser sur z-> z+dz

z=L

Modification de Application des


la puissance "tir" conditions aux limites

Application des Calcul des populations


conditions aux limites pour une section z -> z-dz

Propagation des z>L


puissances pompe
et laser sur z-> z-dz

z=0

non Condition de
convergence

oui
Puissances de sortie du
laser pour une certaine
puissance pompe

FIGURE 3.20: Algorithme de tir utilisé pour calculer la puissance de sortie du laser
en fonction de la puissance de pompe.

1 P + (0f
P-(Z) = (3.23)
P+ Ri

Les puissances sont alors toutes déterminées sur le premier segment de fibre, on
peut alors calculer les populations des différents niveaux électroniques sur cette même
portion de fibre en fonction des puissances totales P = P + -\-P~. Les puissances pompe
et laser sont alors propagées vers la section de fibre suivante, où le calcul des populations
Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm3+ .ZBLAN 70

est à nouveau mené. Lorsque Ton arrive en bout de fibre, le calcul est repris mais en
sens inverse afin de calculer les puissances se propageant dans le sens z~ en appliquant
les conditions aux limites (3.24) sur les puissances se propageant dans le sens z + .

P-(L) = R 2 P + (L)(\-Ct 2 } ' (3.24a)

P + (0) = i ? i P - ( 0 ) ( l - a i ) (3.24b)

avec Ri et R2 la réflectivité du coupleur à l'entrée et à la sortie de la fibre respec-


tivement, et a, la perte associée à ces coupleurs. Après un aller-retour, on a donc des
valeurs de puissance se propageant dans les deux sens pour chaque portion de fibre. Un
deuxième tir est alors effectué en modifiant légèrement la puissance de "tir" :

F g = P g x 0.9 (3.25)

Nous disposons maintenant de deux vecteurs d,e puissances F (1) et P ^ pour la


pompe et pour le signal laser à 1480 nm pour deux puissances de tir légèrement dif-
férentes. Chaque valeur d'un vecteur représente la puissance laser considérée sur un
segment de fibre. La norme euclidienne de la différence entre ces deux vecteurs consti-
tue Terreur commise entre deux itérations pour une puissance laser donnée. On construit
enfin la condition de convergence comme la norme de ces erreurs et on la compare à la
tolérance choisie pour notre calcul (cf. Eq.(3.26)).

Erreur Pi = J Yl { P ff ' ^ Y (326a)


y segments

Condition = ^Erreur 2 ?. (3.26b)


Chapitre 3. Modélisation d'un laser à fibre Tm 3+ :ZBL.\N 71

Si la condition est inférieure à la tolérance, le calcul s'arrête et on peut reprendre


la procédure pour une autre puissance de pompe injectée dans la fibre. Si la norme est
supérieure à la tolérance, on choisit alors comme nouvelle puissance de tir la puissance
à z = 0 obtenue lors du dernier calcul après un aller-retour et en lui appliquant les
conditions aux limites (3.24). Ce choix du prochain tir n'est pas celui développé dans
la théorie de la méthode de "tir" classique [84], mais elle a le mérite de converger un
peu plus rapidement en limitant le nombre d'itérations nécessaires pour peu que les
puissances de tir de départ soient bien choisies.
Chapitre 4

Dynamique auto-impulsionnelle d'un


laser émettant autour de 800 nm

Dans ce chapitre, nous présentons les résultats de nos travaux sur l'émission laser
des ions thulium dans la région de 800 nm [3|. Nous étudions ici l'émission laser selon
une ou deux transitions électroniques des ions thulium. Nous avons mis en évidence un
nouveau type de laser auto-impulsionnel émettant dans la région de 800 nm et dont
l'origine découle directement de la dynamique particulière des niveaux de Tion thulium.
Cette dynamique a été reproduite numériquement à l'aide d'un modèle théorique simple
se basant sur les équations d'évolution des taux d'occupation des niveaux électroniques.
Le comportement dynamique singulier mis en évidence dans cette étude résulte de la
forte réabsorption du signal par l'état fondamental et de la compétition de gain entre
les deux transitions.
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 73

4.1 Introduction

Le pompage par excitation par paliers permet, comme nous l'avons vu précédem-
ment, d'exciter les ions dopant la fibre vers des niveaux d'énergie plus élevée que l'énergie
d'un photon pompe. Ce processus est facilité dans les fibres de verre fluoré comme le
ZrFi — BaF 2 — LaF 3 — AIF 3 — N a F (ZBLAN) dû à leur faible énergie de phonons
comparativement aux fibres de silice ( « 500 c m - 1 pour le ZBLAN contre ss 1100 cm - 1
pour la silice fondue |26|). L'émission laser dans la région de 800 nm par des lasers à
fibre Tm 3 + :ZBLAN utilisant un schéma de pompage par excitation par paliers a été
rapportée pour la première fois par Allain et al. |85[. Des transitions laser à 455 nm,
480 nm, 820 nm, 1.48 pm, 1.51 pm, 1.88 pm et 2.32 pm ont également été observées
expérimentalement en utilisant une ou deux longueurs d'onde de pompe dans la région
de 670 nm [55, 85]. Initialement, l'émission dans le bleu nécessitait cependant un refroi-
dissement de la fibre par de l'azote liquide à 77 K [55] pour permettre l'excitation par
paliers. Plus récemment, un laser à fibre Tm 3 + : ZBLAN émettant à plusieurs longueurs
d'onde dans la région de 800 nm a été rapporté |86, 87]. Ce laser était pompé par un
laser à fibre dopée à Tytterbium émettant à 1120 nm pour exciter successivement les
niveaux d'énergie 3 F j , 3 H 4 , et 1 G 4 des ions Tm 3 + (cf. Fig. 4.1) avec une seule longueur
d'onde (73, 88-90]. Deux bandes d'émission autour de 785 nm et 805-810 nm sont alors
observées pour les transitions l G 4 —y 3 H 5 et 3 H 4 —» 3 H 6 , respectivement. En fait,
l'émission selon une, deux ou même trois longueurs d'onde a été observée [87]. Dans
ce cas, la cavité laser était formée d'une fibre aux bouts de laquelle des miroirs diélec-
triques ont été apposés. Selon les auteurs, l'effet d'étalon produit par le vide d'air dû à
un contact imparfait entre la fibre et le miroir serait à l'origine de cette non-sélectivité
en longueur d'onde. Par ailleurs, l'émission laser autour de 805-810 nm a été observée
plusieurs fois par le passé pour des fibres de Tm 3 + : ZBLAN en utilisant un schéma de
pompage par excitation par paliers [91 J, ou un schéma de pompage résonant [92—94|. De
plus, des lasers Q-déclenchés |95) et à verrouillage de modes actif |96| ont été rapportés
pour la transition 3 H 4 —y 3H$, mais aucun phénomène d'oscillations auto-induites dû
à la dynamique des niveaux électroniques du thulium ou à la compétition entre deux
transitions n'a déjà été mentionné. L'émission laser à deux longueurs d'onde a déjà été
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 74

observée pour des ions Nd 3+ dans une fibre de germano-aluminosilice |97|. Ces ions
occupaient deux sites différents de la matrice de verre et un transfert de gain entre
les ions de chaque site a été démontré. Cependant, aucun comportement impulsionnel
auto-induit n'a été rapporté.

'G. 3
Transition
AEE ESP Laser
1108 nm llOSnm 785 nm
3
i
F2.
^ 3C
L> 'H4l»
"* ir

AEE
1108nm
i Kl
\
*.
Transition
AEF AEF
Laser
1108 nm 800 nm
810 nm

H o
FIGURE 4.1: Diagramme d'énergie partiel des ions Tm 3+ . AEF : absorption par
l'état fondamental, AEE : absorption par l'état excité, ESP : émission stimulée de la
pompe.

Par ailleurs, le phénomène d'impulsions auto-induites a largement été étudié pour


les lasers à fibre dopée à Terbium |7, 98—102], où l'interaction entre paires d'ions jouait
un rôle d'absorbant saturable. Certains lasers pompés par excitation par paliers et
émettant à une [103] ou deux [104] longueurs d'onde ont également démontré l'existence
d'impulsions dues à la compétition entre deux niveaux Stark. Nous proposons dans ce
qui suit une explication alternative au comportement dynamique et à l'émission à deux
longueurs d'onde dans la région de 800 nm d'un laser Tm 3 + :ZBLAN. Nous présentons
un laser à fibre Tm 3 + :ZBLAN à excitation par paliers auto-pulsé et nous en donnons
une explication simple grâce à une analyse des équations d'évolution des populations des
niveaux électroniques. Dans une première partie, l'émission laser selon les transitions
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 75

3
H 4 —+ 3 He et/ou l G 4 —* 3 H$ sera présentée. Dans une seconde partie, nous montrerons
les résultats du régime auto-pulsé et nous en proposerons une interprétation sur la base
d'une analyse numérique.

4.2 Expérience et résultats

4.2.1 Montage expérimental


>72

A
P2
—<— —(— LaserYb3*
/ <=> <r- n08nm

LV
•r—>-

Tm :ZBLAN

\
JD1
L HR M L

FlGURE 4.2: Montage expérimental. P I , P2, et A/2 sont respectivement deux po-
lariseurs et une lame demi-onde pour former un atténuateur variable. P D sont des
photodiodes, LV une lame de verre, L une lentille asphérique, H R un miroir haute-
ment réfléchissant pour la région 710-871 nm ayant également une réflectivité de 17%
à la longueur d'onde de pompe, M est un coupleur de sortie optionnel, RD un réseau
de diffraction en réflexion et OSA un analyseur de spectre optique. La pompe est un
laser à fibre dopée Y b 3 + émettant à 1108 nm.

Le montage expérimental est présenté à la figure 4.2. Un laser à fibre dopée Y b 3 +


émettant à 1108 nm est utilisé pour pomper une fibre de T m 3 + :ZBLAN dopée à 2000
ppm fournie par Le Verre Fluoré. La fibre possède un cœur de 2.8 ^ m , une ouverture
numérique de 0.23 et une longueur d'onde de coupure du mode L P n à 880 nm. La fibre
supporte donc un seul mode à la longueur d'onde de pompe. Par ailleurs, nous avons
observé que seul le mode fondamental se propageait pour des longueurs d'onde autour
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 76

de 800 nm, le mode LPn n'étant que faiblement guidé. Le faisceau pompe est injecté
dans le cœur de la fibre à travers un miroir hautement réfléchissant à 800 nm (HR) au
moyen d'une lentille asphérique avec une efficacité d'environ 45%. Les faces d'entrée et
de sortie de la fibre ont été clivées à angle droit avec une cliveuse à ultrasons, la face
d'entrée étant en contact direct avec le miroir dont la réflectivité est de plus de 99%
dans la zone 710-871 nm. Le faisceau laser à la sortie de la fibre est alors collimé par une
lentille asphérique et dirigé vers une photodiode de silicium ayant un temps de réponse
de moins de 20 ns et un analyseur de spectre optique.
Une grande précaution doit être prise lors de l'alignement de la face d'entrée de la fibre.
En effet, le contact entre la fibre et le miroir doit être parfait afin d'éviter tout dommage
à la face d'entrée de la fibre lorsque la puissance pompe est augmentée.

4.2.2 Miroirs externes

Dans le cadre de notre étude d'un laser auto-impulsionnel émettant dans la région
de 800 nm selon deux transitions, la cavité linéaire utilise éventuellement des miroirs
diélectriques en contact avec le bout de la fibre comme coupleur de sortie (cf. miroir M,
Fig. 4.2). Deux miroirs différents ont été choisis afin d'étudier l'influence de la réflectivité
aux deux longueurs d'onde d'émission. Les spectres en transmission de ces miroirs notés
Ml et M2 sont présentés à la figure 4.3.

4.2.3 Schéma de pompage et spectre de fluorescence

Nous avons déjà mentionné que les spectres des sections efficaces d'absorption des
transitions 3 H 6 —* 3 H b , 3 F 4 —> 3 F 2 et 3 H 4 —y l G 4 se superposent significativement
(cf. §3.3.3 et |53|). Il est possible de peupler séquentiellement les niveaux 3 F 4 , 3 H 4 et
l
G 4 avec la même longueur d'onde de pompe dans la zone 1100-1150 nm (cf. Fig. 4.1).
Depuis le niveau 1 G 4 , les ions excités peuvent relaxer vers les niveaux 3 H 6 ou 3 H 5
avec l'émission de photons à 480 nm et à 785 nm, respectivement. Il y a une forte
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 77

600 700 800 900 1000 1100 1200 600 700 800 000 1000 1100 1200
Longueur d'onde (nm)
Longueur d'onde (nm)
(a)
(b)
FIGURE 4.3: Spectres de transmission des miroirs (a) M l et (b) M2.

compétition entre ces deux transitions ayant des rapports d'embranchement de 0.4818
et 0.3108, respectivement. Toutefois, la transition l G 4 —► 3
H 5 est plus efficace avec
une section efficace de 2.5 x IO -25 m2 (cf. Fig. 4.4) à comparer à 1.0 x IO -25 m2 pour
la transition l G 4 —► 3 H 6 [88], ce qui peut être gênant lors de la réalisation de lasers
émettant dans le bleu [86, 89].

780 800 820 840


Longueur d'onde (nm)

FIGURE 4.4: Sections efficaces des transitions d'intérêt autour de 800 nm.

Comme il est mentionné par Qin et al. [86, 87], la fibre Tm 3 + :ZBL.4N démontre un
Chapitre 4. Dynamique auto­impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 78

large spectre de fluorescence de 750 nm à 830 nm en raison de la superposition partielle


des spectres des sections efficaces d'émission des transitions 3 H 4 —y 3He et XG4 —► 3Hf,
(cf. Fig. 4.4). Les spectres d'émission spontanée amplifiée (ESA) sont présentés à la
figure 4.5 pour une cavité formée par les réflexions de Fresnel aux deux bouts de la fibre,
pour différentes puissances de pompe et deux longueurs de fibre. Cette figure montre
que suivant la longueur de la fibre, il y aura compétition entre les deux transitions,
principalement à cause de l'absorption par l'état fondamental (AEF) du signal.

740 780 780 800 820 840 B60 740 780 780 800 820 840 860

Longueur d'onde (nm) Longueur d'onde (nm)

(a) (b)

FIGURE 4.5: Spectres d'émission spontanée amplifiée (ASE) pour une cavité formée
par les réflexions de Fresnel aux deux bouts de la fibre pour différentes puissances de
pompe (en mW) et pour deux longueurs de fibre : (a) 70 cm, (b) 1.8 m.

4.2.4 Émission stimulée

Pour étudier l'émission laser autour de 800 nm, nous avons construit une cavité
laser linéaire telle que montrée à la figure 4.2. Le coupleur de sortie est assuré par la
réflexion de Fresnel à la face de sortie de la fibre qui est clivée à angle droit ( « 4%
de réflectivité). Pour une fibre de 1.8 m de long, la transition 3 H 4 —y 3 H 6 a un seuil
laser plus bas que la transition 1 G 4 —y 3 H 5 et oscille seule à de faibles puissances de
pompe, k mesure que la puissance de pompe est augmentée, la transition l G 4 —* 3 H 5
atteint également son seuil laser et commence à osciller ; le laser produit alors un train
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 79

d'impulsions régulier comme montré à la figure 4.6.

0.14

"^0.12
ro
3 e 0.10

j* j
0.08

2-iJLJLJLJL;
0.00
20 40 60 80
Temps (us)

FIGURE 4.6: Évolution temporelle de la puissance totale de sortie du laser lorsque les
deux longueurs d'onde ne sont pas séparées par un réseau de diffraction. Les impulsions
moins puissantes sont attribuées à l'émission à 785 nm (transition l G 4 —y 3H*,) et les
plus fortes à l'émission à 805 nm (transition 3 H 4 —y 3He). Une fibre de 1.8 m est
pompée à 500 mW incident à une longueur d'onde de 1108 nm. La cavité est formée
par un haut réflecteur à l'injection et le 4% de la réflexion de Fresnel à la sortie.

.Afin de favoriser Tune ou l'autre des transitions, nous avons ajouté un coupleur
de sortie à la cavité. Ce coupleur de sortie est un miroir diélectrique de réflectivité
sensiblement différente à la longueur d'onde d'émission de chacune des deux transitions
(cf. Fig. 4.3) de sorte que Tune ou l'autre ou les deux transitions laser puissent osciller
(cf. Fig. 4.7). Comme dans le cas d'une fibre clivée à angle droit (réflectivité de « 4% aux
deux longueurs d'onde), il a été observé que lorsque le coupleur de sortie présentait une
réflectivité semblable aux deux longueurs d'onde, les deux transitions laser oscillaient
en régime impulsionnel. Toutefois, en forçant la transition 3 H 4 —> 3 H 6 à osciller en
utilisant le coupleur de sortie Ml, le laser opérait en régime continu à 800 nm. De
plus, nous avons observé que pour une fibre plus courte (« 0.8 m), le laser oscillait
préférentiellement selon la transition l G 4 —» 3 H 5 même avec un coupleur de sortie ne
favorisant aucune des deux transitions. Dans ce cas, l'émission laser se faisait également
en continu. Cependant, l'émission continue selon l G 4 —y 3H$ à 785 nm avec un tel
coupleur de sortie n'est observée que pour les fibres courtes, dû à TAEF qui intervient à
la fin de la fibre moins efficacement pompée. .Ainsi, plus la fibre est courte, plus TAEF
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 80

est faible et donc la transition l G 4 —* 3 r7 5 est autorisée à osciller seule.

804 806 80S 810 812 814 200 400 600 800
Longueur d'onde (nm) Puissance pompe injectée (mW)

(a) (b)

770 780 790 800 810 820 200 400 600 800
Longueur d'onde (nm) Puissance pompe injectée (mW)

(c) (d)

FIGURE 4.7: Spectres d'émission et courbes laser avec un coupleur de sortie de 55%
de réflectivité à 810 nm et 25% à 785 nm (resp. (a) et (b)), et avec un coupleur de
45% de réflectivité aux deux longueurs d'onde (resp. (c) et (d)).

4.3 Pulsations auto-induites

4.3.1 Résultats expérimentaux

Le phénomène de pulsations auto-induites a été observé pour des lasers à fibre de


silice [7, 98-102, 105-107] et a été attribué à la formation d'agrégats d'ions [7, 99-
Chapitre 4. Dynamique auto­impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 81

102], à de la dynamique antiphase [98, 108­112), à de la diffusion B rillouin |113, 114]


ou encore à un effet de lentille thermique dans le cœur d'une fibre dopée aux ions
Er3"1" [115|. La compétition de gain entre deux transitions dans le même milieu de
gain a été rapportée par Funk et al. pour un laser à fibre Ho 3+ :ZB LAN |104). Ils
décrivent comment deux transitions ayant pour origine deux niveaux Stark d'un même
niveau électronique couplés thermiquemet émettaient des pulsations auto­induites à
cause de la compétition de gain entre les deux transitions. Dans notre cas, la dynamique
impulsionnelle auto­induite intervient dès que les transitions l G 4 —y 3 /7 5 et 3 H 4 —y 3He
oscillent ensemble (cf. Fig. 4.6). L'impulsion de faible puissance correspond à l'émission
à 785 nm ( l G 4 —» 3 H 5 ) alors que l'impulsion de plus forte puissance correspond à
l'émission à 805 nm ( 3 H 4 —> 3 H 6 ). Un réseau diffractif en réflexion est alors utilisé pour
séparer les deux longueurs d'onde. La pompe est modulée mécaniquement à l'aide d'un
hacheur dans le but de mesurer le régime transitoire de l'émission laser (cf. Fig. 4.8).

0,6
ri 0,5­
.2.0,4­
§0.3­
S0.2
oo
•*■ 0,1
ilUy^iuVylUL
^0,0
1,2 1,3 1,4 1.5 1,6 1,7 1,8

1,2 1.3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8


Temps après la mise en marche de la pompe (ms)

FIGURE 4.8: Évolution temporelle des deux longueurs d'onde après que la pompe
soit en marche. La puissance laser à 785 nm est présentée sur le graphique du haut et
la puissance à 805 nm sur le graphique du bas. Unefibrede 1.8 m est utilisée. La cavité
est formée d'un haut réflecteur à l'injection et du 4% de la réflexion de Fresnel à la
sortie. La puissance pompe de 300 mW est modulée à l'aide d'un hacheur mécanique
à une fréquence de 100 Hz. Son profil temporel est donc un signal carré qui débute à
t = 0 s et finit à t = 10 ms
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 82

Environ 1.35 ms après l'injection de la puissance pompe, une impulsion se produit


à 785 nm. La puissance à 785 nm s'établit alors graduellement pendant environ « 0.2
ms jusqu'à ce qu'une impulsion à 805 nm soit produite et que la puissance à 785 nm
chute. Un régime auto-puisé débute alors où des impulsions aux deux longueurs d'onde
sont émises alternativement, une impulsion à 785 nm apparaissant 3-5 ps avant une
impulsion à 805 nm. Le taux de répétition est d'environ 100 kHz et augmente avec la
puissance pompe. Les impulsions ont une forme de sécante hyperbolique de largeur à
mi-hauteur de 2 ps pour une puissance de pompe de 300 m W.

4.3.2 Simulations numériques

Pour expliquer une telle dynamique, nous proposons un modèle théorique basé sur
une analyse des équations d'évolution des densités de population des différents niveaux
électroniques et du flux de photons pour chaque transition. Le modèle est décrit à la
section 3.4.3 ; il ne tient pas compte des processus de transfert d'énergie entre paires
d'ions, ni des variations radiales et longitudinales des densités de population et de flux
de photons. Comme montré à la figure 4.1, les densités normalisées de population des
niveaux 3 H 6 , ( 3 F 4 3 H 5 ), ( 3 H 4 , 3 F 3 3 F 2 ) et l G 4 sont nommées n 0 à n 3 de sorte que :

n 0 + ni + n 2 + n 3 = 1 (4.1)

Les dehsités de population sont gouvernées par le système d'équations non-linéaires


différentielles :

1
= Roino - (Ru + Ai)m + A 2 in 2 + (o-3i0i + A 3ï )n 3 (4.2)
dt
^ 1 _
= (JX>±
(<7o!M +, oJ 2'(j)
02 2)no + R i 2 ni - (o20(j>2 + R23 + A 2 )n 2 + (R32 + A 32 )n 3 (4.3)
dt
J

—Y = -R23"2 - (#32 + On4>i + A 3 )n 3 (4.4)


dt
Chapitre 4. Dynamique auto­impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 83

où Aij sont les taux d'émission spontanée donnés par A,j = 1/T,J avec T,J le temps
de vie radiatif d'une transition i —y j . Ai est le taux de relaxation radiatif pour le
niveau i donné par A, = Ylj<i Aij­ o 3 i et «720 sont les sections efficaces d'émission des
transitions laser 1 G 4 —♦ 3H$ et 3 H 4 —y 3 H 6 , alore que o ' et o ^ sont les sections
efficaces d'absorption de l'état fondamental à 785 nm et 805 nm, respectivement. 0i et
<p2 sont les flux de photons pour les transitions XG4 —► 3H$ et 3 H 4 —» 3 H 6 . Enfin, la
puissance de pompe P v est supposée uniforme et constante (P p (f,t) = P p ). Le taux de
pompage Rij est donné par :

ft, ­ £f, (4­5)


où ofj est la section efficace de pompe pour la transition i —► j et hvp est l'éner­
gie d'un photon pompe. Les données utilisées pour les simulations sont fournies aux
tableaux 4.1 et 4.2.

0, Variation par
Nom Transition
(xl0"25m2) (xl0­25m2) rapport à |51| (%)
3
001 He ­> 3 H 5 (1108 nm) 0.116 0%
3 3
0"12 F 4 ­+ F 3 (1108 nm) 0.320 0%
3 1
023 H 4 ­» G4 (1108 nm) 0.541 0%
l 3
0*32 G4 ^ H 4 (1108 nm) 0.046 0%
3 3
^02 He ­y H 4 (785 nm) 2.005 +13.58%
3
^02 He ­+ 3 H 4 (805 nm) 1.161 +13.58%
3
O"20 H 4 ­y 3 He (805 nm) 4.625 ­13.75%
l
031 G 4 ~^:i B 5 (785 nm) 2.306 ­8.55%

TABLE 4.1: Sections efficaces d'absorption et d'émission stimulée utilisées pour nos
simulations.
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 84

Taux (s- 1 ) Variation par rapport à |51|


Ai 112 0%
An 91 0%
A2 648 0%
A3i 450 -5.46%
A32 149 -5.69%
A3 1156 -5.55%

TABLE 4.2: Taux de relaxations radiatives utilisés pour les simulations.

Les variations temporelles de flux de photons des deux signaux aux deux longueurs
d'onde sont données par :

— = (03i«3 - (To2no)C<t>i - a i 0 i + <73in3 (4.6)


vg dt
1 d02
= (020^2 —
= i/T™r>r, - or-022n0)C(f)2 - a2tp2 + 0-20^2
v (4.7)
Vg dt

où C est la concentration des ions thulium dans le cœur de la fibre, vg est la vitesse
de groupe du mode fondamental (considérées égales à 785 nm et à 805 nm), a, sont les
pertes totales intra-cavité aux deux longueurs d'onde et sont données par :

log .R* , , „x
a, = — ^ + a6 (4.8)

où Ri est la réflectivité du coupleur de sortie à la longueur d'onde i, L est la longueur


de fibre, et ct0 est un paramètre qui représente les pertes de fond.

Finalement, les derniers termes des équations (4.6) et (4.7) rendent compte de l'émis-
sion spontanée depuis le niveau supérieur de chaque transition. Ils doivent être pris en
compte pour initier la simulation, mais ils deviennent négligeables une fois que l'oscil-
lation laser débute. Le système d'équations non-linéaires formé par les équations (4.1)-
(4.4) et (4.6)-(4.7) est numériquement résolu en utilisant un algorithme de Runge-Kutta
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 85

d'ordre 4 avec une taille de pas variable utilisant les paramètres spectroscopiques réper-
toriés dans les tableaux 4.1 et 4.2. L'évolution temporelle calculée des deux puissances
de sortie est présentée à la figure 4.9 en parallèle avec les densités de population des
niveaux électroniques.

La pompe est injectée au temps t = 0 tout comme l'expérience. Le modèle prédit


que l'émission à 785 nm intervient en premier, puis que l'émission à 805 nm débute
dès que la puissance à 785 nm atteint environ 20 m W. Le modèle rend également bien
compte que dès que l'émission à 805 nm débute, le laser entre dans un régime auto-
impulsionnel. Notons aussi qu'une impulsion à 805 nm est toujours précédée d'une
impulsion à 785 nm comme nous l'avons mis en évidence expérimentalement. Une telle
impulsion calculée à 805 nm est présentée à la figure 4.10 et comparée avec une impulsion
mesurée expérimentalement, les deux impulsions ayant été auparavant normalisées. Elles
ont une forme de sécante hyperbolique élevée au carré ayant une largeur à mi-hauteur
de 1.94 ps pour l'impulsion calculée et de 2 us pour l'impulsion expérimentale. Nous
avons utilisé une valeur de a& = 1.424 m - 1 pour que les impulsions soient les plus
semblables possible.

4.4 Discussion

La dynamique aux deux longueurs d'onde laser est illustrée à la figure 4.9. La figure
4.9(a) reproduit très bien les résultats expérimentaux présentés à la figure 4.8. Quand
la pompe est injectée dans la fibre, les ions sont progressivement excités vers le niveau
l
G 4 pendant ?» 1.35 ms, comme nous pouvons le voir à la figure 4.9(c). Le taux de
pompage est trop faible pour atteindre le seuil de la transition 3 H 4 —* 3 H 6 (n 2 —» n0) à
805 nm, mais le niveau XG4 est efficacement pompé de telle sorte que l'oscillation laser
se produise d'abord à 785 nm (transition l G 4 —* 3 H$, n 3 —* m). Les photons émis à
785 nm sont alors fortement réabsorbés par les ions restés dans l'état fondamental et
contribuent à peupler le niveau 3 H 4 . La transition l G 4 —» 3 H 5 joue ainsi le rôle d'une
pompe auxiliaire pour peupler le niveau 3 H 4 . Ce comportement est bien illustré par la
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 86

25- P785
P605
.-» 20-

A
1: iA
8

3 5-
Q.

U U M 1.5 1,6 1.61 1,62 1,63


Temps(ms) Temps(ms)

(a) (b)

0.0 0^2 0J4 0.6 Ofi l!o 1^2 M 1.6 1,8


Temps(ms)

(O

FIGURE 4.9: (a) Simulation de l'évolution temporelle des puissances des deux raies
laser, (b) zoom sur une série d'impulsions et (c) densités de population pour les quatre
niveaux d'énergie.
Chapitre 4. Dynamique auto­impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 87

(TJ

©
W
"(Ô

O
C
s
c
sw
■5

FIGURE 4.10: Forme d'impulsion expérimentale à 805 nm (points) ajustée à une


courbe de sécante hyperbolique (pointillés) avec l'impulsion obtenue selon notre mo­
dèle numérique. Les deux impulsions prennent la forme d'une sécante hyperbolique
élevée au carré.

figure 4.9(c) : dès que l'émission laser à 785 nm débute à t « 1.35 ms, le niveau 3 F 4 est
rapidement peuplé à cause des relaxations radiatives des ions depuis le niveau ^ 4 . Le
niveau 3 H 4 est alors peuplé par la pompe depuis le niveau 3 F 4 , et par la réabsorption
par l'état fondamental des photons à 785 nm. Le seuil laser est alors atteint pour la
transition 3 H 4 —y 3 H 6 (n2 —► no) et une impulsion dépeuplant rapidement le niveau
3
H 4 (n2) est émise. Pour illustrer ceci, l'évolution temporelle des puissances laser et du
gain pour la transition concernée a été calculée et est présentée à la figure 4.11.

Les résultats obtenus sont très similaires à un comportement de laser Q­déclenché


[116]. Le comportement impulsionnel auto­induit que nous observons relève d'une dy­
namique complexe des niveaux électroniques que nous pouvons expliquer par la compé­
tition entre deux transitions laser l G 4 —> 3 H 5 et 3 H 4 —y 3 H 6 . Du graphique montrant
l'évolution des populations (cf. Fig. 4.9(c)), nous pouvons dire que le niveau l G 4 est
pompé plus efficacement que le niveau 3 H 4 à une longueur d'onde de pompe de 1108
nm. Le seuil laser est alors atteint en premier pour la transition l G 4 —y 3 H 5 . Comme
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 88

0,00
1,54 1.56 1.58 1.60 1.62
Temps(ms)

(a)

ç
co"

8
0)
CO
CD
- y
0>
oo
o
en

1,54 1,56 1,58 1,60


Temps(ms)

(b)

F1GU4RE 4.11: Détail de l'évolution temporelle des puissances laser et du gain de la


transition concernée au début de l'émission des impulsions.

nous l'avons mentionné précédemment, l'émission laser à 785 nm joue le rôle d'une
pompe auxiliaire pour le niveau 3 H 4 et le seuil laser de la transition 3 H 4 —y 3 H 6 peut
alors être atteint. Il y a transfert de gain entre ces deux transitions laser. Cependant, le
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 89

pompage à 1108 nm du niveau 3 H 4 n'est pas assez efficace pour maintenir l'oscillation
de la transition 3 H 4 —y 3 H 6 qui se termine alors, favorisant le pompage du niveau 1 G 4 .
Le seuil laser pour la transition l G 4 —» 3He, est de nouveau atteint et un autre cycle de
la dynamique débute.

0,2 0.4 0.6 0,8 1.0 1.2


Puissance pompe injectée (W)

FIGURE 4.12: Taux de répétition du laser en fonction de la puissance de pompe


injectée.

Avec un ajustement adéquat du paramètre de pertes ab et des sections efficaces tirées


de [51], notre modèle simple reproduit fidèlement les mesures expérimentales. Comme
mentionné dans les tableaux 4.1 et 4.2, l'ajustement des sections efficaces et des temps
de vie reste dans la limite de l'incertitude de mesure des sections efficaces. En effet,
une grande source de divergence par rapport aux résultats expérimentaux provient des
valeurs des sections efficaces qui ne sont connues qu'à ±20% [51]. Le taux de répétition
des impulsions calculé reste néanmoins deux fois plus élevé que celui mesuré, mais
notre modèle prédit toutefois qu'il augmente avec la puissance pompe (cf. Fig. 4.12).
.4fin d'identifier l'origine de cette divergence entre notre modèle et l'expérience, nous
avons tenté de tenir compte des processus de transfert d'énergie entre les ions thulium
[117, 118], mais aucune amélioration n'a été constatée.
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 90

4.5 Dynamique non-linéaire et bifurcation

Lors de notre étude des impulsions auto-induites, un phénomène de doublement,


voire de quadruplement de période des impulsions a été observé à haute puissance de
pompe comme montré à la figure 4.13.

0,4 1.25

1.00
0.3-
à
3 0,75
8 0.2
0.50

111
055 ,

1,0x10-
OOQIAJL
0,0
1J ILL
5,0x10*
JJJL ui. 1
1,0x10*
È1
1,5x10"*
t(8)

(a) (b)

FIGURE 4.13: Doublement et quadruplement de période pour l'émission laser selon


la transition 3 H 4 —y 3He à une longueur d'onde de 805 nm. La fibre utilisée a une
longueur de 2 m et les puissances pompe sont de (a) 600 m W et (b) 1 W incident. La
cavité est constituée d'un miroir hautement réfléchissant autour de 800 nm à l'entrée
et de la réflexion de Fresnel à la sortie.

Ce phénomène est connu pour intervenir dans des systèmes non-linéaires comportant
une boucle de rétroaction. Dans notre cas, c'est la réabsorption du signal qui joue ce
rôle. Le point de fonctionnement où intervient le doublement ou le quadruplement de
période est appelé point de bifurcation, et de tels systèmes peuvent conduire à des états
chaotiques où aucune période ne peut clairement être mise en évidence. Lors de nos
expériences, nous avons mis en évidence le doublement ou le quadruplement de période
et nous avons pu en construire un diagramme de bifurcation partiel (cf. Fig. 4.14(a)).
Ce graphique a été construit en rapportant la puissance de chaque pic laser observé en
fonction de la puissance de pompe. Notre modèle a alors été utilisé afin de calculer le
diagramme de bifurcation théorique (cf. Fig. 4.14(b)). On voit clairement apparaître les
régions qui sont régies par un état chaotique du laser. Ces zones correspondent à des
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 91

puissances de pompe autour de 900-950 m\Y. 1200-1250 mW et 1400-1500 mW.

0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6
Puissance pompe incidente (W) Puissance pompe (W)

(a) (b)

FIGURE 4.14: (a) Diagramme montrant la puissance laser au pic des impulsions en
fonction de la puissance pompe. Il est possible d'avoir plusieurs séries d'impulsions
pour une même puissance pompe, (b) Notre modélisation laisse également entrevoir
un état chaotique pour certaines puissances de pompe.

L'étude de la dynamique non-linéaire du laser est en dehors du cadre de cette thèse,


mais nous avons dores et déjà montré qu'il était possible théoriquement d'atteindre un
état chaotique. Une pré-étude expérimentale a été conduite dans laquelle nous avons mis
en évidence des points de bifurcation conduisant à un doublement ou quadruplement
de période des impulsions auto-induites. Toutefois, le régime chaotique reste à être
démontré expérimentalement.

4.6 Conclusion

Nous avons démontré qu'un laser à fibre Tm 3 + :ZBLAN pouvait osciller selon une
ou deux longueurs d'onde : la transition l G 4 —y 3 H 5 pour une émission à 785 nm,
et la transition 3 H 4 —* 3 i / 6 pour une émission à 805-810 nm. Il a été démontré que
lorsque les deux longueurs d'onde oscillaient ensemble, le laser entrait dans un ré-
gime auto-impulsionnel. Ce comportement particulier a pu être fidèlement reproduit
numériquement grâce à un modèle basé sur les équations d'évolution des niveaux élec-
Chapitre 4. Dynamique auto-impulsionnelle d'un laser émettant autour de 800 nm 92

Ironiques du thulium. Ce régime fut attribué à la forte réabsorption par les ions dans
l'état fondamental dans la région de 800 nm et par une compétition de gain entre les
deux transitions laser. L'importance de la réabsorption a été montrée en utilisant deux
longueurs de fibre et divers coupleurs de sortie. Enfin, nous avons mis en évidence le
caractère chaotique du laser dans une étude théorique qui est à mettre en parallèle avec
l'observation expérimentale du doublement et du quadruplement de période du train
d'impulsions auto-induites.
Chapitre 5

Etude d'un laser tout fibre à 1480 nm

Ce chapitre est consacré au développement, à l'étude et à l'optimisation d'un laser


à fibre de ZBLAN dopée au thulium émettant à 1480 nm |18|. Ce laser utilise pour la
première fois la technologie des réseaux de Bragg photoinscrits par laser femtoseconde
dans une fibre de ZBLAN [10| ce qui nous a permis de réaliser un laser efficace et
puissant. Un tel laser a été modélisé et ses performances ont pu être expliquées grâce
à des résultats théoriques fidèles aux résultats expérimentaux. Enfin, nous avons réa-
lisé une cavité avec deux réseaux de Bragg, Tun couvre une large plage de longueurs
d'onde et l'autre plus sélectif démontre une forte réflectivité. En appliquant un stress
sur ce réseau hautement réfléchissant, nous avons montré qu'il est possible d'accorder
la longueur d'onde d'émission sur plus de 20 nm.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 94

5.1 Introduction

Les lasers de haute puissance émettant à 1480 nm sont des sources efficaces pour
pomper les amplificateurs à fibre dopée à Terbium (EDF.\) ainsi que les amplificateurs
Raman à fibre (RFA) que Ton rencontre dans les réseaux de télécommunication à fibre
longue distance. L'émission spontanée amplifiée (ESA) dans les amplificateurs à Ter-
bium utilisant une telle longueur d'onde de pompe est plus faible qu'avec une pompe
à 980 nm. Par ailleurs, les RFA pourraient remplacer les EDFA afin de créer des ré-
seaux moins complexes puisqu'une même fibre pourrait être utilisée pour transmettre
et amplifier le signal, le gain Raman étant réparti le long de la fibre. De plus, la bande
passante du gain est plus grande et TESA est réduite grâce à un gain qui est distribué
tout le long du réseau [119]. Les RFA ont connu un regain d'intérêt dans le milieu des
années 1990 lorsque des diodes de pompe haute puissance à 1480 nm sont apparues sur
le marché [120]. Toutefois, ces diodes laser souffrent d'une piètre efficacité et la puissance
maximale atteignable est limitée par des effets thermiques. La puissance maximale qu'il
a été possible d'atteindre à ce jour est de 400 m W pour les produits commerciaux, et 1
W à 1.2 W en laboratoire [121, 122). Les lasers Raman à fibre (RFL) pompés à 1064 nm
peuvent aussi émettre à 1480 nm en utilisant des réseaux de Bragg (FBG) en cascade.
Six sauts de fréquence Raman sont nécessaires avec une fibre dopée au germanium et
l'efficacité globale est limitée par les pertes aux épissures [123|. Seulement deux sauts de
fréquence sont nécessaires avec des fibres dopées au phosphore, mais celles-ci souffrent
de pertes de fond beaucoup plus élevées |124). Toutefois, les RFLs sont présentement les
sources laser les plus puissantes à 1480 nm pouvant émettre plus de 10 W. Les lasers à
fibre dopée aux ions terre-rare forment une autre alternative, particulièrement les fibres
dopées aux ions thulium qui présentent une raie d'émission autour de 1480 nm. Les
fibres dopées au thulium ont initialement été étudiées pour l'amplification de signaux
couvrant la bande S des télécommunications (TDFA). Par ailleurs, il a été montré que
les lasers à fibre dopée au thulium opérant à cette longueur d'onde étaient beaucoup
plus efficaces avec des fibres de verre fluoré [125, 126]. En effet, les verres fluorés comme
le ZBLAN ayant une énergie de phonon beaucoup plus faible que la silice, les temps de
vie des niveaux s'en trouvent allongés. 4>\insi, même si la transition laser est une transi-
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 95

tion auto-terminée, il est possible d'utiliser un schéma de pompage par paliers afin de
peupler le niveau supérieur de la transition tout en dépeuplant le niveau inférieur |74|.
Les lasers à fibre dopée au thulium émettant à 1480 nm qui ont été rapportés jusqu'à
présent utilisaient des éléments externes à la cavité (miroirs, lentilles . . . ) ce qui avait
pour effet d'augmenter considérablement les pertes intra-cavité [8, 74, 75, 125, 126|.
.4insi, malgré leur potentiel prometteur, le développement des lasers à fibre de verre
fluoré a été freiné par l'incapacité d'écrire des réseaux de Bragg directement au sein
de la fibre. Récemment, nous avons montré qu'il était possible d'écrire des FBG per-
manents et hautement réfléchissants dans les fibres de ZBLAN [10|. Nous avons alors
utilisé ces réseaux pour démontrer qu'ils pouvaient constituer les réflecteurs d'une cavité
laser [17]. Nous présentons dans ce qui suit les résultats d'un laser à fibre de ZBLAN
dopée au thulium haute puissance émettant à 1480 nm, dix fois plus puissant que ceux
précédemment rapportés [8|.

5.2 Résultats expérimentaux

5.2.1 Montage expérimental

Le montage expérimental est présenté à la figure 5.1 |17|. Deux lasers à fibre dopée
à Tytterbium émettant respectivement à 1040 nm et à 1064 nm ont été utilisés comme
laser de pompe. La fibre de ZBLAN dopée au thulium provient de Le Verre Fluoré. Elle
a un diamètre de cœur de 2.9 pm, une ouverture numérique de 0.235 et une longueur
d'onde de coupure du mode LPn à 870 nm. La fibre ne supporte donc qu'un seul
mode aux longueurs d'onde de pompe et de signal. Une lentille asphérique est utilisée
pour injecter le faisceau pompe dans le cœur de la fibre. Un réseau de Bragg d'une
profondeur de 10.5 dB a été inscrit à l'extrémité de la fibre supportant l'injection selon
la méthode décrite à la référence [10]. Le coupleur de sortie de la cavité laser peut être
indifféremment un autre FBG de faible réflectivité, ou le 4% de réflexion de Fresnel du
bout de la fibre clivée à angle droit. Le réseau de Bragg présent à l'injection a été vieilli
Chapitre 5. Étude d'un laser tout ûbre à 1480 nm 96

thermiquement avant les expériences de sorte que sa longueur d'onde de B ragg ainsi
que sa réflectivité ne varient pas au cours du temps. Le laser a ainsi pu opérer pendant
plus de huit mois sans changement notable dans ses performances. Enfin, le réseau à
l'injection de la fibre est placé sur une masse thermique afin d'éviter toute surchauffe
due à l'absorption de la pompe.

OSA
Trtf+.ZBLAN

LaseràfubreYb3*
@ 1040OT 1064nm ­m SSL.
FBG <£ 1 ^ ^ ^ ^ ^ Pompe résiduelle

Signal laser
(1480nm)

FIGURE 5.1: Montage expérimental. Un réseau de B ragg est inscrit dans la fibre à
l'entrée de la cavité. Le coupleur de sortie est assuré par la réflexion de Fresnel (4%)
ou par un autre FBG de faible réflectivité. Le laser de pompe est un laser à fibre dopée
à Tytterbium émettant à 1040 nm ou un laser émettant à 1064 nm

A la sortie de la cavité, un prisme a été utilisé pour séparer spatialement le faisceau


de la pompe résiduelle du faisceau de signal à 1480 nm. Le faisceau réfléchi par la face
d'entrée du prisme est dirigé vers une fibre optique pour mesurer le spectre optique en
sortie de cavité grâce à un analyseur de spectre optique (OSA).

5.2.2 Schéma de pompage

Le schéma de pompage par paliers est illustré à la figure 5.2. Les spectres des sections
efficaces d'absorption de la pompe des transitions 3 H 6 —» 3 / / s , 3 F 4 —» 3 F 2 et 3 H 4 —►
l
G 4 se superposant en grande partie (cf. Fig. 3.12 et |127|), il est alors possible de
peupler successivement les niveaux électroniques 3 F 4 , 3 H 4 et l G 4 au moyen d'une seule
longueur d'onde de pompe comprise entre 1030 nm et 1200 nm. Les ions dans l'état
fondamental ( 3 H e ) sont excités vers le niveau 3H$ puis relaxent rapidement vers le
niveau 3 F 4 par relaxation multiphononique. Les ions à ce niveau d'excitation peuvent
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 97

alors être à nouveau excités par le même laser de pompe vers le niveau 3 F 2 depuis lequel
ils relaxent rapidement vers le niveau 3 H 4 , niveau supérieur de la transition laser.

3
H (T=1.54ms)

h
4
1.48 uml 2.3 urn 0.48 pim
H
3
F 4 (T=8.95ms)

h 0.8 nm 1.9 pim


H,

FIGURE 5.2: Diagramme d'énergie partiel des ions Tm 3+ illustrant le schéma de


pompage par paliers.

L'oscillation laser se fait entre les niveaux d'énergie 3 H 4 et 3 F 4 . Grâce au pompage


par excitation par paliers, le laser pompe peuple le niveau supérieur de la transition
( 3 H 4 ) tout en dépeuplant le niveau inférieur ( 3 F 4 ). Alors que la transition 3 H 4 —» 3 F 4 est
normalement une transition auto-terminée puisque le niveau 3 F 4 possède un temps de
vie supérieur à celui du niveau 3 H 4 (8.95 ms et 1.54 ms, respectivement), le pompage
par excitation par paliers permet à la transition d'osciller de façon continue. Enfin,
un photon pompe peut être absorbé vers le niveau 1 G 4 ce qui diminue l'efficacité de
pompage du niveau supérieur de la transition laser.

5.2.3 Résultats

La courbe de puissance laser en fonction de la puissance pompe injectée aux lon-


gueurs d'onde de pompe de 1040 nm et 1064 nm est présentée à la figure 5.3. La fibre
a une longueur de 5.45 m et le coupleur de sortie est assuré par le 4% de la réflexion de
Fresnel au bout de fibre clivé à angle droit. Bien qu'ayant un seuil laser plus élevé, le
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 98

laser possède une pente d'efficacité ainsi qu'une puissance maximale plus élevées lors­
qu'il est pompé à 1040 nm plutôt qu'à 1064 nm. Toutefois, il présente un comportement
particulier dans la région du seuil laser avec une inflection très prononcée presque à la
verticale. Ce comportement est attribué à la faible réabsorption du signal laser à 1480
nm par le niveau fondamental (AEFi4so) selon la transition 3 H 6 —y 3 F 4 comme nous
le démontrerons plus loin. Lorsque la fibre est pompée à 1064 nm, le laser se comporte
plus comme un laser à fibre standard. Nous observons cependant une réduction de la
pente d'efficacité aux hautes puissances de pompe que nous avons pu attribuer à une
autre transition laser à 815 nm qui co­oscille avec la transition à 1480 nm. En effet,
au­delà d'une puissance pompe de 900 m W à 1064 nm , la réflexion de Fresnel à chaque
extrémité de la fibre est suffisante pour permettre à la transition 3 H 4 —y 3 H 6 d'osciller.
Les deux transitions 3 H 4 i
F 4 et 3 H 4 —y 3 He se disputent alors le gain disponible
dans la fibre. Cet effet indésirable peut toutefois être simplement évité en polissant la
face d'entrée de la fibre à un angle de 8 = afin de prévenir toute rétro­réflexion par cette
extrémité.

700 ­, 1 ■ 1 r­
• Pompée 1064 nm
600 ■ Pompé à 1040 nm

£500
E,
I» 400­
co
ro
300
8
c
a
g 200

100

o­l
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
Puissance pompe injectée (mW)

FIGURE 5.3: Courbes de la puissance laser expérimentale (points) et calculée (ligne)


en fonction de la puissance pompe injectée à 1040 nm (carrés bleus) et à 1064 nm
(ronds rouges). La fibre a une longueur de 5.45 m, et les coupleurs d'entrée et de sortie
ont une réflectivité de 90% et 4%, respectivement.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 99

5.3 Théorie

5.3.1 Propriétés spectroscopiques

Pour expliquer le comportement du laser, en particulier lorsque celui­ci est pompé à


1040 nm, un modèle théorique qui tient compte de toutes les transitions pour la pompe
et le signal laser à 1480 nm a été développé (cf. Fig. 5.4 et §3.4).
Emission
Laser Relaxations croisées
Potn e Spontanée P4
P 1480nm ./■

di.
iw^

W43! !W„

'G.

R 32 jW»

S.
0A21 i:)A, OA. OA.
R« w 22 w12

I * w
*2314 "3315
W01 A „
I T i i
X
021l ] X 0 3 ) 2 |

"1102 ^0422

FIGURE 5.4: Diagramme des niveaux d'énergie du thulium utilisé pour le modèle
numérique.

Les processus de transfert d'énergie entre les ions qui peuvent affecter les populations
des ions dans les différents niveaux électroniques sont également pris en compte pour
affiner le modèle. En effet, il a été montré que l'intensité de l'émission spontanée de la
transition 3 H 4 —► 3F4 dépendait de façon critique de la concentration en ions thulium
dans la matrice de verre (cf. Fig. 6­4 de [83]) et tendait à diminuer rapidement avec
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 100

l'augmentation de la concentration. Cette dépendance est attribuée à un processus de


relaxation croisée présent même à des concentrations relativement faibles de 2000 ppm
comme c'est le cas pour notre fibre. Les sections efficaces des différentes transitions
à 1480 nm sont résumées au tableau 5.1. La section efficace AEF 1480 de la transition
3
H 6 —y 3 F 4 est très faible et n'est pas connue précisément à la longueur d'onde du
signal. En effet, comme il a été montré à la figure 3.10 cette transition centrée autour
de 1680 nm est très large et s'étend jusqu'à la longueur d'onde d'émission de notre laser
|8, 51, 128]. La valeur que nous en donnons a été ajustée afin que notre modèle soit le
plus proche possible des résultats expérimentaux. Les taux d'émission spontanée et les
coefficients de transfert d'énergie utilisés pour le modèle sont tirés de la référence [51]
et sont listés dans les tableaux 5.2 et 5.3 respectivement. Le coefficient X n o2 est tiré de
la référence [79].

Transition Symbole Section efficace


(xl0-25m2) Aïo 112 A42 2261
3
H 4 -> 3 F 4 o2i 1.81 Aïo 557 A43 106
3 3
F4 - H4 Ol2 0.92 A2X 91 -450 877
3 3
H6 - F4 001 0.07 Am 590 Au 5468
l 3
G4 - F3 032 0.12 -431 476 A52 2007
l l
D2 - G4 043 2.17 -432 158 ^53 1422
l l
G4 - D2 034 1.26 ^40 6794 AM 40
% - X
D2 054 1.20 A4i 8601

TABLE 5.1: Sections effi- TABLE 5.2: Taux d'émission


caces d'émission et d'absorp- spontanée (s -1 )
tion à 1480 nm (xlO - 2 5 m2).

Les sections efficaces d'absorption et d'émission de la pompe à 1040 nm et à 1064


nm sont tirées de la référence [51] et sont listées au tableau 5.4.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 101

Processus Coefficient de Valeur


transfert d'énergie (10 " 25 m 3 ^" 1 )
(3F4,3F4)-(3r/6.3//4) AT1102 6
(3H63H4)-*(3F43F4) -^0211 13
(3H6,lG4)^(3H53H4) ATo312 80
(3He,lD2)^(lF2;3H4) ATo422 259
(3H4,lG4)^CD23F4) A^2314 480
l 3 3
( G4}G4)^( P2 F4) -^3315 95
l x 3 1
( G 4 , G4) - ( F 3 , D 2 ) AT3324 70

25
TABLE 5.3: Coefficients de transfert d'énergie (xlO m 3 .s _1 )

25
Transition Section efficace (xlO m2) Section efficace (xlO 25
m2)
à 1040 nm à 1064 nm
3
3
i/6- H, 2.57 x 10~3 1.06 x IO"2
3 3
F4- F2 1.6215 2.1045
3 -4
H4^ x
Gt 4.59 x IO 5.42 x IO"3
1
G 4 -> 3 H 4 4.80 x IO' 6 6.23 x IO"5

TABLE 5.4: Sections efficaces d'absorption et d'émission aux longueurs d'onde de


pompe.

5.3.2 Équations d'évolution

Comme nous pouvons le voir à la figure 5.4, les niveaux électroniques 3 F 2 et 3 F 3


sont très proches en énergie et relaxent rapidement vers le niveau 3 H 4 de sorte que
ces trois niveaux d'énergie peuvent être considérés comme un seul et même niveau.
La même hypothèse peut être faite pour les niveaux ( 3 F 4 , 3 i/ 5 ) et ( 1 / 6 , 2 F 0 , 2 F l 7 2 P 2 ).
Les densités de population normalisées des niveaux d'énergie 3 H e , ( 3 F 4 , 3 H 5 ), ( 3 H 4 , 3 F 3 ,
3
F 2 ), l G 4 , XD2, et (xIe, 2Po, 2 Pi, 2 F 2 ) sont notées nn, ni, n 2 , n 3 , n 4 et ns respectivement,
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 102

de sorte que :
n 0 + ni -f n 2 + n 3 + n4 + n 5 = 1

Le système d'équations d'évolution des densités de population des niveaux peut alors
être construit (cf. eq. (5.1)) :

— - = (Rm + W0i)no - ( R u + W ï2 + 4 1 0 )ni + (\V2i + A 2 i)n 2 + A 3 ï n 3 + A 41 n 4

+ A 5i n b + X 03 i 2 Cnon 3 + X 02 iiCnon 2 + X ^ ^ C n j
- 2Xiio2Cn\ + X 2 3 U Cn 2 n 3 (5.1a)

-3T = (^12 + tVi2)ni - (R23 + W2i + 4 ^ + 4 21 ) + (-R32 + W32 + A 32 )n 3 + A 42 n 4


dt
+ A52n$ — Xo2nCnon2 + X 03 i 2 Cnon 3 + 2Xo422Cnon4
+ ^3324^3 + Xiio 2 Cn 2 - X23i4C'n2n3 (5.1b)

4 r = #23n2 - (-R32 + W32 + WM + 430 + 4 3X -I- 4 3 2 )n 3 + (W43 + 443)n4 + 453n5


dt
- Xo 3 i 2 Cn 0 n 3 - 2X3324Cn2 - 2X33i5Cn2 - X 2 3 i 4 Cn 2 n 3 (5.1c)
dn
~dt- = W M n 3 - (R45 + W43 + A40 + 4 4 1 + 4 4 2 + 4 4 3 )n 4 + (W54 + 4 5 4 )n 5
- X 0422 Cn 0 n 4 + X ^ ^ C n j + X23i4C,n2n3 (5.1d)

* = #45714 - (W M + 450 + 4 5 1 + 4 5 2 + 453 + 454)115 + X3315CV13 (5.1e)

où :

Wij(Xs) = j ^ ; ( A . ) / > (5.2a)

Rij(K) = j%Hj(\,)P, (5-2b)

sont les taux d'émission stimulée et d'absorption aux longueurs d'onde du signal à 1480
nm et de la pompe, 4,j et o^ sont respectivement les taux d'émission spontanée et les
sections efficaces des transitions i —> j , et Xjkij sont les coefficients de transfert d'énergie
et C est la concentration en ions Tm 3 + dans le cœur de la fibre. Bien que les coefficients
de transfert d'énergie ne jouent pas un rôle majeur dans le comportement général du
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 103

laser, nous devons en tenir compte dans notre modèle afin que celui-ci reproduise le
plus fidèlement le comportement réel du laser. La distribution des ions dans le cœur de
la fibre est supposée uniforme de sorte que les puissances optiques le long de la fibre
sont gouvernées par les équations de propagation (5.3) :

iP ± [ f
~ - = =F P p \ 2-KC \ (ooino + 0i2«i + o 23 n 2 - o 32 n 3 + o 45 n 4 ) ^ p rdr - Q P
dPt1480 =
th
±, FD1±4 8 0
T
2nC /

.h)
(<72in2 - 012^1 - 001^0 + 032^3 + 043^4 ~ 034^3

+054n5) ipumrdr - a US o (5.3b)

où a* et fy sont les pertes de fond de la fibre et le profil d'intensité normalisé du


mode LFoi à la longueur d'onde À,. Enfin, le gain net par aller-retour à la longueur
d'onde de 1480 nm est donné par :

G(B) = 101og< expf 2 / [27rC(<T2in2 - 0i2<*U - 0oi«o + 032^3 + 043^4

- o 34 n 3 + o54n<i)ipumrdr - ai 480 ] J) \ï
ai4so] (5.4)

5.3.3 Résultats et discussion

Les courbes laser théoriques et expérimentales ont été introduites à la figure 5.3.
Cette figure montre que les résultats du modèle que nous avons développé sont en
excellent accord avec l'expérience. En effet, l'écart entre les deux courbes est en-deçà de
la précision de la mesure qui est de Tordre de 5%. Plus important encore, notre modèle
reproduit fidèlement le comportement particulier que Ton a observé en pompant la fibre
à 1040 nm qui est caractérisé par une pente quasi-verticale au seuil laser.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 104

200 400 800 800 1000 1200 600 800 1000 1200 1400 1800
Puissance pompe absorbée à 1040nm (mW)
Puissance Pompe Injectée A 1040 nm (mW)
(a)
(b)

F1GU4RE 5.5: (a) Courbe laser expérimentale (points) et simulée (ligne) en fonction de
la puissance absorbée à 1040 nm et (b) puissance laser en fonction de la puissance de
pompe injectée pour plusieurs valeurs de la section efficace de la transition AEF1480. La
courbe en bleu correspond à la valeur de section efficace utilisée pour nos simulations,
la courbe verte à une valeur de section efficace réduite de moitié, et la courbe rouge
correspond à une courbe laser sans AEF1480.

Le comportement particulier du laser pompé à 1040 nm est dû à la réabsorption du


signal par l'état fondamental selon la transition 3 H e —*■ 3 F 4 (AEF1480) comme démontré
à la figure 5.5. Komulcai et al. [8] ont déjà mentionné que cette réabsorption du signal
était responsable de l'augmentation du bruit d'un amplificateur à fibre de verre fluoré
dopée au thulium, et que même si cette réabsorption avait une faible section efficace,
elle devait être incorporée au modèle numérique. Ceci est d'autant plus vrai que la fibre
est longue comme c'est le cas de notre cavité dont la fibre mesure 5.45 m. Toutefois, il
faut noter que la courbe laser est essentiellement linéaire lorsque Ton trace la puissance
de sortie en fonction de la puissance pompe absorbée (cf. Fig. 5.5(a)), ce qui montre
que le seuil laser élevé résulte d'une faible absorption de la pompe. Tant que le seuil
laser n'est pas atteint, la pompe à 1040 nm n'est pas complètement absorbée à cause
d'une faible section efficace d'absorption du niveau fondamental (AEF). De plus, comme
TAEF1480 est environ quatre fois plus élevée que TAEF de la pompe au seuil laser,
chaque photon à 1480 nm émis est immédiatement réabsorbé par le niveau fondamental,
permettant l'absorption d'un photon pompe selon la transition d'AEE 3 F 4 —► 3
F2.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 105

Ce processus d'avalanche est très efficace et permet l'absorption rapide de l'énergie


de pompe disponible. Un tel processus d'avalanche de photons est très comparable
au processus décrit à la section 3.2.5.4, sauf que l'effet n'est pas dû à une relaxation
croisée, mais à une réabsorption du signal par une autre transition. Le transfert d'énergie
résulte de transitions radiatives et non d'interactions entre des ions voisins. Néanmoins,
la relaxation croisée Xo2n mettant en jeu les niveaux ( 3 H 4 3 He) —* ( 3 F 4 , 3 F 4 ) joue un
rôle mineur dans la position du seuil laser comme démontré à la figure 5.6

700 ■— 1 • 1 ' I ' i > T" ­


r—
1
i —
. Avec relaxation croisée
Sans relaxation croisée
600 • Expérience y.' '

$ 500

JT
*T 4004
s.

#*
200 ff
100 ■

0 —t ­­r 1
H e— 1000 1400
800 1200
0 200 400 600
Puissance pompe injectée (mW)

FIGURE 5.6: Influence de la relaxation croisée 4Y0211 sur les performances du laser

Comme il est toujours nécessaire que deux photons pompe soient absorbés pour
produire un photon signal, la courbe de puissance de sortie du laser tracée en fonction
de la puissance pompe absorbée ne présente aucune inflection. Ainsi, la forte pente
que Ton observe dans la courbe laser au seuil est uniquement due à la dynamique des
niveaux. Pour mettre en évidence l'effet de l'amplitude de la section efficace d'absorption
4A.EF1480 sur le comportement du laser, nous avons fait varier la valeur de cette section
efficace A E F ^ o dans le modèle (cf. Fig. 5.5(b)). Ainsi, lorsque Ton n'en tient pas
compte, le laser démontre un comportement standard de laser à fibre. L'effet de la
section efficace est particulièrement significatif juste après le seuil laser où il y a un
grand nombre d'ions thulium à l'état fondamental qui peuvent absorber beaucoup de
photons à 1480 nm vers le niveau 3 F 4 . Depuis ce niveau, l'absorption d'un photon pompe
selon la transition d'AEE initie un processus d'avalanche de photons. À fort taux de
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 106

pompage, cet effet tend à disparaître puisque peu d'ions thulium restent dans l'état
fondamental et TAEF1480 devient alors négligeable.

700

600 ■ Pompé à 1084 nm


• Pompé à 1040 nm

200 400 600 800 1000


Puissance pompe absorbée (mW)

FIGURE 5.7: Courbes laser expérimentales (points) et simulées (lignes) en fonction


de la puissance pompe absorbée à 1040 nm (ronds rouges) et à 1064 nm (carrés bleus).
Une efficacité de conversion de 65% est démontrée pour les deux longueurs d'onde de
pompe. La fibre mesure 5.45 m, et les réflectivités des coupleurs d'entrée et de sortie
sont de 90% et 4%, respectivement.

Les résultats présentés précédemment à la figure 5.3 ont été à nouveau tracés en
fonction de la puissance de pompe absorbée à la figure 5.7. Alors que les courbes la­
ser aux deux longueurs d'onde de pompe étaient très dissimilaires lorsqu'elles étaient
tracées en fonction de la puissance pompe injectée, elle apparaissent très semblables
en fonction de la puissance pompe absorbée. Toutes deux présentent une efficacité de
conversion de Tordre de 65% à comparer à la limite quantique qui est de \ p / \ s « 72%.
Comme l'absorption par le niveau fondamental de la pompe est très faible, l'efficacité
de conversion ne dépend que du taux de pompage de la transition d'absorption par
le niveau excité 3 F 4 . Les taux de pompage satisfont donc bien à #1 < < R2 qui est la
première condition à l'observation du phénomène d'avalanche de photons. Le schéma de
pompage se rapproche donc d'un schéma à trois niveaux, la valeur des sections efficaces
de TAEE de la pompe aux deux longueurs d'onde de pompe étant très proches de la
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 107

valeur maximale qui se situe à 1050 nm [51|. La probabilité que chaque ion thulium se
trouvant dans l'état d'énergie 3 F 4 soit excité au niveau supérieur de la transition laser
est alors élevée. L'efficacité de conversion approche donc la limite quantique.

5.4 Optimisation

5.4.1 Optimisation de la longueur d'onde de pompe

Notre modèle théorique sera maintenant utilisé pour optimiser le laser. Dans un
premier temps, nous nous intéressons donc à l'optimisation de la longueur d'onde de
pompe. La figure 5.8 montre la puissance de sortie calculée en fonction de la puissance
pompe injectée (cf. Fig. 5.8(a)) ou absorbée (cf. Fig. 5.8(b)) pour une fibre de 5.45 m
et des coupleurs ayant une réflectivité de 90% et 4% respectivement à l'injection et à
la sortie de la fibre.

' ï ' T * T

700 ­ 1030
1040 1050
4** 1060
600 1060 4^­1040 ­
1060 ^•X/1070
g r300 1070
1060 .1030
1080 4^1060

g 300

1
3
200 ■

0- 100 1080 .

0 *4­y,.
200
. U 1
1 ■ 1

400 600 800 1000 1200 1400 1600


■ r

200 400 600 800 1000


Puissance pompe injectée (mW) Puissance pompe absorbée (mW)

(a) (b)

FIGURE 5.8: Puissance de sortie en fonction de la puissance pompe (a) injectée ou


(b) absorbée, pour diverses longueurs d'onde de pompe. La fibre avait une longueur
de 5.45 m et les FBG formant la cavité avaient respectivement une réflectivité de 90%
et 4% à l'injection et à la sortie.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 108

Les courbes laser sont très différentes selon le choix de la longueur d'onde de pompe
(cf. Fig. 5.8(a)). En particulier, la longueur d'onde de pompe a une influence critique sur
le comportement du laser au seuil à cause de T A E F i ^ . Une longueur d'onde de pompe
de 1050 nm semble être un bon compromis entre une haute efficacité et un seuil laser
bas. En effet, le seuil laser augmente lorsque la longueur d'onde de pompe est inférieure à
1050 nm, et la pente d'efficacité décroît rapidement pour des longueurs d'onde de pompe
plus élevées. Ce résultat est confirmé par la figure 5.8(b) où la puissance laser est tracée
en fonction de la puissance pompe absorbée. Le laser démontre la meilleure efficacité de
conversion pour une longueur d'onde de pompe à 1050 nm qui correspond exactement
avec le maximum de la section efficace d'absorption de la transition 3 F 4 —» 3 F 2 comme
nous l'avons déjà mentionné [51, 127|. C'est à cette longueur d'onde de pompe que l'effet
d'avalanche de photons est le plus prononcé. En effet, les sections efficaces d'absorption
de la pompe satisfaisant à ooi < < 012 pour la région 1000 nm - 1100 nm (cf. Fig.
3.12), c'est lorsque o i 2 est maximale que l'effet d'avalanche est maximal puisqu'un ion
ayant réabsorbé un photon à 1480 nm aura la plus grande probabilité d'être excité vers le
niveau supérieur de la transition laser. Pour des longueurs d'onde de pompe plus élevées,
l'efficacité de conversion est réduite à cause de la forte absorption par l'état excité 3 H 4
qui dépeuple le niveau supérieur de la transition laser. Par ailleurs, la différence entre
les sections efficaces d'absorption de la pompe cr0i et oi 2 se réduit. L'effet d'avalanche
de photons joue alors un moindre rôle dans le peuplement du niveau supérieur de la
transition laser, réduisant d'autant l'efficacité de conversion. Pour des longueurs d'onde
de pompe inférieures à 1050 nm, la diminution d'efficacité est directement reliée à la
diminution de la section efficace de pompe <Ti2 de TAEE vers le niveau 3 F 4 . Pour finir,
si la longueur d'onde de pompe est trop éloignée de la valeur optimale, le schéma de
pompage ne peut alors plus s'apparenter à un schéma à trois niveaux et l'efficacité de
conversion s'en trouve alors réduite. Le gain net donné par l'équation (5.4) a été tracé
pour différentes valeurs de puissance pompe en fonction de la longueur d'onde de pompe
(cf. Fig. 5.9), tous les autres paramètres étant conservés par rapport aux précédentes
simulations. Le gain maximal pour chaque puissance pompe est identifié par un cercle
sur les courbes. On voit alors que le pic de gain se déplace vers les courtes longueurs
d'onde de pompe à mesure que la puissance de pompe augmente, ce qui peut être mis
en parallèle avec nos observations expérimentales. En effet, nous avons vu que le seuil
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 109

200mW
300mW
400mW
500mW
600mW
700mW
SOOmW

1030 1040 1050 1060 1070 1080 1090


Longueur d'onde de pompe (nm)

FIGURE 5.9: Gain net pour la transition 3 H 4 -+ 3 F 4 (donné par l'équation (5.4)) en
fonction de la longueur d'onde de pompe pour différentes puissances de pompe. La
fibre mesure 5.45 m, et les réflectivités des coupleurs d'entrée et de sortie sont de 90%
et 4%, respectivement.

laser est atteint en premier pour les hautes longueurs d'onde de pompe, alors qu'à haute
puissance le gain était plus élevé aux courtes longueurs d'onde de pompe. Ces résultats
sont en accord avec les conclusions de Lee et al. [129] qui ont rapporté que pour un
amplificateur à fibre dopée au thulium, une longueur d'onde de pompe de 1070 nm
était la mieux adaptée pour l'amplification à faible puissance de pompe, alors qu'une
longueur d'onde de 1045 nm convenait mieux pour des puissances de pompe élevées.
Ainsi, nos résultats démontrent qu'une longueur d'onde de pompe de 1053 nm est la
longueur d'onde de pompe qui présente le meilleur compromis entre un seuil laser bas
et un gain net maximal dans les conditions de notre expérience.

5.4.2 Optimisation de la cavité laser

Nous venons de montrer qu'une longueur d'onde de pompe de 1053 nm était le choix
le plus judicieux pour pomper une longueur de fibre de 5.45 m. Toutefois, comme la
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 110

pompe est rapidement absorbée à cette longueur d'onde de pompe, on peut présumer
que la fibre n'a pas besoin d'être aussi longue puisqu'elle n'est pas pompée sur toute sa
longueur. Nous avons à nouveau utilisé le modèle numérique afin de calculer la longueur
de fibre optimale ainsi que la puissance de sortie du laser pompé à 1.5 W en fonction
de la longueur d'onde de pompe (cf. Fig. 5.10). Les réflectivités des coupleurs d'entrée
et de sortie ont été maintenues à 90% et 4%, respectivement.

1040 1045 1050 1055 1060 1065 1070


Longueur d'onde de pompe (nm)

FIGURE 5.10: Longueur de fibre optimale et puissance laser correspondante en fonc-


tion de la longueur d'onde de pompe pour une puissance pompe injectée de 1.5 W.
Les réflectivités des coupleurs d'entrée et de sortie ont été maintenues à 90% et 4%,
* respectivement.

La puissance de sortie du laser atteint son maximum pour une longueur d'onde de
pompe de 1053 nm, correspondant à une longueur de fibre de 4.3 m (cf. Fig. 5.10). Il
est à noter qu'une longueur de fibre de 5.45 m est la longueur idéale pour pomper une
fibre à 1040 nm, mais qu'une telle fibre est trop longue pour un pompage à 1064 nm.
Afin d'optimiser d'avantage la cavité et ainsi raccourcir encore la fibre, il est nécessaire
d'ajuster la réflectivité du coupleur de sortie. Pour ce faire, l'évolution de la puissance
de sortie pour différentes valeurs de réflectivité du coupleur de sortie a été calculée en
fonction de la longueur de fibre (cf. Fig. 5.11). Nous avons considéré une puissance
pompe injectée de 1.5 W à une longueur d'onde de pompe de 1053 nm.

Les résultats de la figure 5.11 montrent que le maximum de puissance est atteint
pour une fibre de 3 m de long et un coupleur de sortie ayant une réflectivité d'environ
Chapitre 5. Étude d'un laser tout ûbre à 1480 nm 111

-i%
-3%
-5%
-7%
-11%
15%
-19%
23%
29%
35%
41%
47%

2 3 4
Longueur de fibre (m)

FIGURE 5.11: Évolution de la puissance de sortie du laser pour différentes réflectivités


du coupleur de sortie en fonction de la longueur de la fibre pour une puissance pompe
injectée de 1.5 W à 1053 nm. Les cercles indiquent la puissance maximale atteinte
pour chaque réflectivité. La réflectivité du coupleur d'entrée est de 90%.

10%. La longueur de fibre optimale décroît à mesure que la réflectivité du coupleur de


sortie augmente, mais la puissance de sortie du laser s'en trouve affectée.

5.5 Émission laser haute puissance

5.5.1 Pompage à 1040 nm

À partir des résultats des précédentes simulations, nous avons optimisé les para-
mètres laser pour les deux longueurs d'onde de pompe dont nous disposions afin d'at-
teindre le maximum de puissance laser à 1480 nm. Tout d'abord, nous nous sommes
intéressés à la longueur d'onde de pompe de 1040 nm. Nous avons montré qu'une cavité
laser pompée à 1040 nm était optimisée pour une longueur de fibre de 5.45 m. La figure
5.12 présente l'évolution de la puissance de sortie du laser en fonction de la puissance
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 112

pompe injectée, ainsi que le spectre laser dans l'encadré pour une telle cavité. Une puis-
sance maximale de 1 W a pu ainsi être atteinte pour une puissance pompe injectée de
2.2 W limitée par la puissance disponible du laser.

1200

0 500 1000 1500 2000 2500


Puissance pompe injectée à 1040nm (mW)

FIGURE 5.12: Puissance de sortie du laser expérimentale (points) et simulée (ligne)


en fonction de la puissance pompe injectée à 1040 nm, et spectre laser correspondant
(encadré). La fibre mesure 5.45 m et les réflectivités des coupleurs d'entrée et de sortie
sont de 90% et 4%, resectivement.

Le seuil laser est atteint pour une puissance pompe injectée de 500 mW. Notons
également que Ton n'observe pas de phénomène de saturation dans la puissance de sortie
du laser ce qui laisse possible l'obtention d'un laser encore plus puissant en pompant
à des niveaux de puissance plus élevés. La pente d'efficacité du laser est de 53%, et la
raie laser a une largeur à mi-hauteur (FWHM) fine d'environ 140 pm due au FBG.

5.5.2 Pompage à 1064 nm

Comme nous l'avons montré lors de nos simulations (cf. Fig. 5.10), une puissance
laser plus élevée peut être obtenue pour une fibre plus courte en pompant à 1064 nm,
et plus particulièrement si la réflectivité du coupleur de sortie est plus élevée que le 4%
de la réflexion de Fresnel (cf. Fig. 5.11). Nous avons alors réalisé une cavité laser formée
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 113

0 1000 2000 3000 4000 5000 8000 7000


Puissance pompe injectée à 1064nm (mW)

FIGURE 5.13: Puissance de sortie du laser expérimentale (points) et simulée (ligne)


en fonction de la puissance pompe injectée à 1064 nm. La fibre mesure 2.8 m, et les
réflectivités des coupleurs d'entrée et de sortie sont de 99% et 15%, respectivement.

d'une fibre de 2.8 m et une réflectivité des coupleurs d'entrée et de sortie de 99% et 15%
respectivement. La figure 5.13 montre l'évolution de la puissance de sortie d'un tel laser
en fonction de la puissance pompe injectée à une longueur d'onde de pompe de 1064
nm. Le coupleur de sortie est un réseau de Bragg à pas variable que nous avons inscrit à
l'autre extrémité de la fibre et dont le spectre en réflexion est présenté à la figure 5.14.
Le FBG à pas variable présente un large spectre qui s'étend de 1455 nm à 1480 nm. Le
spectre de ce réseau présenté à la figure 5.14 est la superposition des spectres des deux
réseaux. En effet, le spectre fait apparaître un pic de réflectivité vers 1477 nm dû à la
présence du haut réflecteur à l'autre bout de la fibre et ne représente pas la réflectivité
réelle du réseau à large bande autour de cette longueur d'onde. Cependant, cette figure
justifie le choix d'écrire un réseau large, d'une part puisque sa réflectivité moindre
optimise la cavité laser, et d'autre part puisqu'il permet la superposition des deux
réseaux assurant ainsi que le coupleur de sortie réfléchisse partiellement la puissance
laser dont la longueur d'onde est fixée par le réseau fortement réfléchissant. En effet,
le procédé d'écriture de réseau ne permet pas un contrôle précis de la longueur d'onde
du FBG inscrit et de sa réflectivité. En réalisant un réseau à pas variable, on s'assure
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 114

1455 1460 1465 1470 1475 1480


Longueur d'onde (nm)

FIGURE 5.14: Spectres en réflexion des réseaux formant la cavité laser. Le réseau
étroit est le FBG fortement réfléchissant (spectre bleu), et le réseau large est le cou-
pleur de sortie (courbe rouge). Le spectre large est la superposition des spectres des
deux réseaux.

que les deux FBG se superposent et que le réseau à pas variable aura une réflectivité
modérée. La pente d'efficacité du laser est de 50% et la puissance maximale est de
2.25 W pour une puissance injectée de 6.5 W, ce qui constitue la plus haute puissance
jamais rapportée à 1480 nm pour un laser monomode à fibre de ZBLAN dopée au
thulium. Le seuil laser est atteint pour une puissance de pompe injectée de 280 mW,
légèrement plus élevée que dans le cas de la figure 5.3 puisque la fibre est plus courte.
Il est à noter toutefois qu'aux hautes puissances pompe l'expérience diverge légèrement
des simulations, ce qui peut s'expliquer par le fait que le laser pompe focalisé sur le
bout de la fibre provoque un léger désalignement de celle-ci, diminuant ainsi l'efficacité
d'injection.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 115

5.6 Accordabilité du laser

L'utilisation de FBG dans la réalisation d'un laser émettant à 1480 nm marque le


premier pas vers la commercialisation de lasers tout fibre à base de fibre de ZBLAN. De
nombreuses applications peuvent alors être envisagées, notamment dans le domaine de
la spectroscopie infrarouge. Toutefois, pour certaines applications, ces lasers doivent être
accordables en longueur d'onde. Des lasers à fibre de ZBLAN accordables et émettant
dans l'infrarouge ont déjà été rapportés, mais ceux-ci faisaient appel à des éléments
hors cavité comme des réseaux diffractifs pris à angle de Littrow pour sélectionner
la longueur d'onde d'émission [130]. La technologie d'écriture de FBG dans les fibres
de ZBLAN étant désormais accessible, il apparaît intéressant d'utiliser les FBG pour
accorder la longueur d'onde d'émission de notre laser en jouant sur la longueur d'onde de
Bragg. L'avantage de faire appel aux FBG pour accorder la longueur d'onde d'émission
laser est le. contrôle de la largeur de la raie d'émission et son maintien tout au long de
l'accord de la longueur d'onde. Plusieurs approches pour accorder la longueur d'onde
d'un FBG ont été proposées dans des fibres de silice [131-136]. La technique la plus
efficace consiste à appliquer une contrainte mécanique pour compresser ou étirer la fibre
optique et ainsi faire varier la période du changement d'indice du FBG donc sa longueur
d'onde de Bragg. Le montage expérimental est présenté à la figure 5.15.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 116

FrbreTm ' Z B L A N

Fibre optique
Piston Polymère FBG

FIGURE 5.15: (a) Montage expérimental du laser accordable et dispositif de com-


pression du FBG. Un réseau à pas variable est inscrit à l'entrée de la fibre (FBGl) et
le réseau de forte réflectivité accordable est inscrit à la sortie de la fibre (FBG2). La
réflectivité des réseaux est de « 30% et > 99% respectivement. La fibre est pompée en
configuration contra-propagative par un laser à fibre dopée ytterbium émettant à 1064
nm. (b) Le dispositif de compression est constitué d'un piston qui vient compresser
un polymère moulé autour de la fibre dans laquelle le FBG fortement réflectif (FBG2)
a été inscrit.

Un laser à fibre dopée à Tytterbium émettant à 1064 nm est utilisé pour pomper
en contra-propagation une fibre Tm 3+ : ZBLAN de 1.8 m de long. La cavité est formée
par deux FBG inscrits à chaque extrémité de la fibre. Un premier réseau FBGl à pas
variable (donc à large spectre) est inscrit du côté de l'injection et un réseau hautement
réfléchissant à pas constant FBG2 est inscrit à l'autre extrémité. Leur réflectivité est de
w 30% et de > 99%, respectivement. Pour accorder la longueur d'onde du laser, le réseau
FBG2 a été préparé selon la méthode décrite par E. Bélanger et al. |136] de sorte que la
plage d'accordabilité s'étend de 1454 nm à 1476 nm. La portion de fibre comportant le
réseau FBG2 est incorporée dans un polymère hautement déformable ayant une bonne
adhésion au verre ("Surlyn 8940" de Dupont polymer) que Ton moule en une forme
cylindrique. Le moulage s'effectue à une température de 190 ' C. Cette température
assure une bonne adhésion du polymère à la fibre tout en restant en dessous de la
température de transition vitreuse du ZBLAN. Par ailleurs, elle assure un vieillissement
du réseau de Bragg dont la réflectivité et la longueur d'onde de Bragg se stabilisent
|10|. On s'assure ainsi que le réseau demeurera stable tout au long de l'expérience. Le
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 117

polymère est alors placé dans un cylindre métallique où un piston vient appliquer une
contrainte purement axiale et uniforme. Le polymère se déformant compresse également
la fibre comportant le réseau de Bragg. La longueur du FBG et donc la période du
changement d'indice diminuant, la longeur d'onde de Bragg est déplacée vers les courtes
longueurs d'onde. Il est alors possible de déplacer la longueur d'onde de Bragg du réseau
de plus de 20 nm en appliquant une contrainte de seulement 2% à la fibre. Les spectres
en réflexion des deux réseaux de Bragg formant la cavité sont présentés à la figure
5.16(a) et les spectres des raies laser lors de la syntonisation à la figure 5.16(b). Il
est à noter que le spectre en réflexion du réseau à large bande (courbe rouge de la
figure 5.16(a)) résulte de la réflexion des deux réseaux pris ensemble. Ainsi, le pic de
réflectivité à 1476 nm est dû à la forte réflexion du FBG2 de sorte que nous ne pouvons
mesurer précisément la réflectivité du FBGl seul dans cette région. Une puissance de
1 W a ainsi pu être obtenue sur une large plage de longueurs d'onde en compressant le
réseau FBG2.

Coupleur de sortie à spectre Isirge

1455 1460 1466 1470 1475 1480


1465 1400 1465 1470 1475
Longueur d'onde (nm)
Longueur d'onde d'émission (nm)
(a)
(b)

FIGURE 5.16: (a) Spectres en réflexion des réseaux étroit et large (superposé avec
le réseau étroit) utilisés pour constituer une cavité laser de 1.8 m de long émettant 1
W de puissance sur une large gamme de longueurs d'onde. Le pic de réflectivité du
spectre du réseau à large bande résulte de la réflexion des deux réseaux de sorte que
Ton ne mesure pas uniquement la réflectivité du FBGl dans cette région, (b) Spectres
laser correspondant à l'émission de 1 W de puissance sur une plage de longueurs
d'onde de plus de 20 nm.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout ûbre à 1480 nm 118

La largeur de la plage d'accordabilité de la longueur d'onde est définie par la résis-


tance de la fibre de ZBLAN à la compression. Plusieurs tests ont été effectués et il ne
nous a jamais été possible d'accorder la longueur d'onde sur plus de 22 nm. Il serait
toutefois possible d'augmenter cette plage en pré-étirant la fibre lors du moulage. En
effet, lorsque la longueur d'onde de Bragg s'est déplacée d'environ 22 nm, la fibre casse
sous le stress trop important.

A la suite de cette expérience, nous avons étudié l'influence de l'accord de la longueur


d'onde sur les performances du laser. Un second réseau large et un second réseau étroit
ont été inscrits dans la fibre ne mesurant plus que 1.6 m. Le spectre de réflexion de ce
réseau FBGl superposé à nouveau avec le spectre en réflexion du FBG2 ainsi que les
spectres d'émission laser lorsque le réseau FBG2 est compressé sont présentés à la figure
5.17(a). La courbe d'accordabilité en fonction de la contrainte appliquée est donnée à
la figure 5.17(b).

m
8 -20

1450 1466 1460 1468 1470 1475 1480


Longueur d'onde (nm) «,(%)

(a) (b)

FIGURE 5.17: (a) Évolution du spectre laser accordé en longueur d'onde (lignes
noires) et spectre en réflexion des deux réseaux superposés (ligne bleue). La réflectivité
du réseau FBGl est comprise entre 30% et 40% et celle du FBG2 est de 99%. La fibre
mesure 1.6 m. (b) Décalage de la longueur d'onde de Bragg AA# en fonction de la
contrainte appliquée ez.

Le réseau large FBGl utilisé comme coupleur de sortie n'a pas une réflectivité uni-
forme sur toute la plage de longueurs d'onde. Sa réflectivité est comprise entre 30% et
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 119

40%. La longueur d'onde de Bragg du réseau FBG2 est ajustée de façon continue sur
plus de 20 nm, de 1476 nm à 1454 nm pour une contrainte maximale appliquée d'envi-
ron 2%. Le décalage de la longueur d'onde de Bragg est une fonction linéaire du stress
appliqué, avec une pente de 13 nm/% (cf. Fig. 5.17(b)). Si on compare cette valeur avec
celle obtenue par la même méthode pour la silice (9.6 nm/% |136|), le ZBLAN possède
un coefficient photoélastique p e plus faible que la silice. Le coefficient photoélastique
est relié à la contrainte ez = Sz/L selon l'équation :

AA= (l-pe)ezXB (5.5)

où XB est la longueur d'onde de Bragg au repos du FBG que Ton comprime, Sz est le
déplacement horizontal du piston par rapport à sa position au repos et L est la lon-
gueur du polymère (44 mm). Un coefficient photoélastique de 0.12 a ainsi été mesuré, à
comparer avec un coefficient de 0.38 pour la silice. Pour une même contrainte appliquée,
un réseau inscrit dans une fibre de ZBLAN subira un plus fort décalage de sa longueur
d'onde de Bragg qu'un réseau inscrit dans une fibre de silice.

1455 1460 1465 1470 1475


Longueur d'onde syntonisée (nm)

FIGURE 5.18: Evolution de la puissance laser en fonction de la longueur d'onde


d'émission pour diverses puissances pompe de 1 W à 6 W. La fibre mesure 1.6 m, la
cavité est formée d'un FBG à large bande de réflectivité non uniforme comprise entre
30% et 40% et d'un FBG de forte réflectivité dont la longueur d'onde de Bragg est
ajustée en le compressant. La réflectivité du réseau FBG2 est de 99%.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 120

Dans cette configuration, la puissance laser a été mesurée pour diverses puissances
pompe de 1 W à 6 W pour chaque longueur d'onde d'émission laser lorsque le réseau
est compressé (cf. Fig. 5.18). La figure 5.18 montre clairement que lorsque le réseau
FBG2 est compressé, la puissance de sortie du laser diminue de plus de 50%. Plusieurs
hypothèses peuvent être formulées pour expliquer une telle chute de puissance.
Tout d'abord, cette chute de la puissance de sortie du laser peut être expliquée par
la baisse du gain aux courtes longueurs d'onde. En effet, il a été montré que pour la
transition 3 H 4 —y 3 F 4 , le pic de gain était atteint pour une longueur d'onde de 1480 nm
[ 137­139]. Toutefois, nous avons pu vérifier à l'aide de notre modèle que cette diminution
du gain n'expliquait qu'en partie la chute de puissance comme nous pouvons le voir sur
la figure 5.19.

1000
—•— Puissance laser théorique
—■— Puissance laser expérimentale
800

E
600­
I
8 400­

£ 200H

1455 1460 1465 1470 1475


Longueur d'onde (nm)

FIGURE 5.19: Évolution expérimentale (carrés bleus) et théorique (ronds rouges)


de la puissance laser en fonction de la longueur d'onde d'émission pour une puis­
sance pompe de 4 W. Les pertes d'insertion du FB G compressé ont été maintenues
constantes et la réflectivité du FB G à large bande a été ajustée en fonction de la
longueur d'onde d'émission.

Nous avons utilisé notre modèle théorique pour tracer l'évolution de la puissance
de sortie du laser en fonction de la longueur d'onde d'émission pour une puissance de
pompe de 4 W en ajustant la réflectivité du coupleur à large bande (puisque celle­
ci n'est pas constante entre 1454 nm et 1476 nm) et en maintenant le niveau des
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 121

pertes d'insertion constant (cf. Fig. 5.19). On observe une diminution de la puissance
de sortie d'un peu plus de 15% due à la diminution du gain aux courtes longueurs
d'onde d'émission. La baisse du gain aux courtes longueurs d'onde contribue donc à la
baisse de puissance en sortie du laser mais n'explique pas entièrement la chute de 50%
observée expérimentalement.

Une seconde hypothèse qui peut être formulée est l'augmentation des pertes intra­
cavité résultant de la compression de la fibre. En effet, étant donné que Ton applique
une contrainte mécanique à la fibre, on peut légitimement penser que Ton augmente les
pertes au niveau du réseau de Bragg dont les pertes d'insertion au repos ont été évaluées
à 0.5 dB . À l'aide de notre modèle numérique, nous avons estimé les pertes d'insertion
du réseau compressé en tentant de superposer les courbes laser théoriques aux résultats
expérimentaux. L'évolution de ces pertes en fonction du stress appliqué est présentée
à la figure 5.20(a). De même, la réflectivité du réseau FB Gl a été supposée inconnue
afin de vérifier que cette donnée correspondait à nos observations expérimentales. Le
résultat est présenté à la figure 5.20(b).

6 ' i ' 1 • 1 ' i 100

■ Spectra tm rÉMsdon spectrum (me*uro)


5­ ■ >v 80 R ê f a C M i déterminée par le modèle

_ 4­ ■ l \ ■
* «0
m

il 1

0
-2,0 -1.5 -1.0 -0,5 0,0 1460 1455 1460 1466 1470 1475 1480
Longueur (fonde syntonisée (nm)
M*)
(a) (b)

FIGURE 5.20: (a) Pertes au réseau compressé estimées numériquement en fonction


de la contrainte appliquée, et (b) spectre en réflexion du réseau à large bande FB Gl
(ligne noire) et sa réflectivité évaluée numériquement (points rouges).

La figure 5.20(a) montre que les pertes calculées atteignent près de 5 dB lorsque le
réseau est compressé. En particulier, une perte de 1 dB doit être fournie à notre modèle
lorsque le réseau est au repos pour que nos simulations concordent avec l'expérience,
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 122

ce qui est 0.5 dB de plus que ce qui a été mesuré lors de l'écriture du réseau. On voit
sur ces deux figure 5.20(a) et 5.20(b) que Ton estime assez précisément la réflectivité
du réseau à large bande, mais que les pertes d'insertion sont probablement fortement
surestimées par notre modèle. En effet, en mesurant le spectre en transmission du réseau
compressé (cf. Fig. 5.21), on s'aperçoit que les pertes d'insertion n'augmentent que de
1 dB au maximum (valeur calculée pour des longueurs d'onde inférieures à 1450 nm)
au lieu des 5 dB calculés théoriquement.

1450 1455 1460 1465 1470 1475


Longueur d'onde (nm)

FIGURE 5.21: Spectre en transmission du réseau FBG2 (superposé au spectre du


réseau FBGl) lors de sa compression. Les pertes d'insertion s'élèvent à environ 1 dB
au maximum, et le spectre du réseau se déforme légèrement sous l'effet des contraintes
appliquées à la fibre.

Une troisième hypothèse que Ton peut émettre concerne la qualité du moulage du
polymère. En effet, le polymère se présente sous forme solide avant qu'il ne soit chauffé.
En chauffant, celui-ci se liquéfie et prend la forme du moule cylindrique au milieu duquel
on a placé la fibre tendue. La tension appliquée sur la fibre ne pouvant pas être trop
élevée au risque de briser cette dernière, les contraintes appliquées sur la fibre par le
polymère lorsqu'il prend forme peuvent créer des micro-courbures dans la fibre. Ainsi, en
compressant la fibre qui n'est plus parfaitement droite dans le polymère, il se peut que
Ton vienne déformer la structure périodique du changement d'indice dans le réseau,
ce qui se traduit par une déformation du spectre du réseau et par une baisse de sa
réflectivité comme le montre la figure 5.22 dans le cas d'un moulage imparfait.
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 123

1565 1570 1575 1580 1585


Longueur d'onde (nm)

FIGURE 5.22: Spectres en transmission d'un réseau lors de la compression de la fibre


pour un moulage imparfait. Le spectre du réseau se déforme à mesure que la fibre est
comprimée et le réseau perd de sa réflectivité. Une fibre ne restant pas parfaitement
droite lors du moulage du polymère peut conduire à un tel résultat.

Lorsque la fibre ne reste pas parfaitement droite lors du moulage du polymère, le


spectre en transmission du FBG s'élargit lors de la compression et sa réflectivité diminue
(cf. Fig. 5.22), ce qui pourrait expliquer également une chute de la puissance de sortie.
Toutefois, la baisse de réflectivité est assez limitée dans notre cas puisque nous avons
mesuré un creux dans le spectre en transmission du réseau FBG2 passant de plus de
20 dB (dans les limites de résolution de l'analyseur de spectre utilisé, cf. Fig- 5.21)
correspondant à une réflectivité de plus de 99%, à un creux de 13 dB correspondant à
une réflectivité de 95%. Cette hypothèse ne nous permet donc pas non plus d'identifier
cette cause comme la cause principale de la chute de puissance à la sortie du laser.

Enfin, une dernière hypothèse consisterait à attribuer cette chute de puissance à des
erreurs de manipulation comme un désalignement du montage, mais cette hypothèse
peut être également écartée en grande partie puisque les mesures se sont avérées répé-
tables, et ce sur plusieurs jours. À ce jour, nous n'avons donc pas pu identifier de façon
claire la cause de la chute de puissance du laser lorsque la longueur d'onde d'émission
varie en compressant le réseau FBG2. Une étude plus approfondie serait nécessaire afin
de valider pleinement cette technique de compression de réseaux appliquée à une fibre
Chapitre 5. Étude d'un laser tout fibre à 1480 nm 124

de ZBLAN qui a d'ores et déjà fait ses preuves pour les fibres de silice |136|.

5.7 Conclusion

Un laser haute puissance à fibre de ZBLAN dopée au thulium émettant plus de 2 W


Watts à 1480 nm a été démontré expérimentalement. Une analyse numérique complète
a alors été conduite afin d'interpréter les résultats expérimentaux, et plus particuliè-
rement le comportement du laser pompé à 1040 nm caractérisé par une forte pente
au seuil laser. Selon notre modèle, il nous a été possible de mettre en évidence que ce
comportement particulier est dû à la faible réabsorption du signal par le niveau fon-
damental qui provoque un phénomène d'avalanche de photons. Nous avons également
utilisé notre modèle afin d'optimiser la cavité laser en terme de longueur d'onde de
pompe, de longueur de fibre et de réflectivité de coupleur de sortie. Nous avons trouvé
que les conditions optimales étaient réunies pour une longueur d'onde de pompe de
1053 nm avec un coupleur de sortie de 10% et une fibre de 3 m de long. Dans des condi-
tions expérimentales approchant les conditions optimales aux deux longueurs d'onde
de pompe disponibles au laboratoire, nous avons réalisé un laser émettant 1 W à 1480
nm en le pompant à 1040 nm, et 2.25 W en le pompant à 1064 nm. Dans les deux
cas, la puissance de sortie du laser était limitée par le maximum de puissance pompe
disponible. Nous pensons donc qu'il est possible d'atteindre des niveaux de puissance
supérieurs en utilisant une fibre double-gaine [140| et ainsi compétitionner avec les laser
commerciaux. Enfin, nous avons présenté le premier laser tout fibre à fibre de ZBLAN
accordable en longueur d'onde en utilisant une méthode de compression de réseau de
Bragg pour sélectionner la longueur d'onde d'émission du laser. Une cavité était formée
de deux réseaux de Bragg, un réseau à pas variable ayant une réflectivité à peu près
constante sur une large plage de longueurs d'onde, et un réseau à pas constant haute-
ment réfléchissant que Ton peut compresser pour ajuster sa longueur d'onde de Bragg.
Nous avons ainsi pu montrer qu'il était possible de réaliser un laser émettant une puis-
sance de 1 W sur plus de 20 nm, ce qui est très encourageant pour le développement de
lasers tout fibre accordables à base de fibre de ZBLAN et émettant dans l'infrarouge.
Conclusion

Dans cet ouvrage ont été présentés les résultats expérimentaux de l'étude de deux
lasers à fibre de ZBLAN dopée au thulium, Tun émettant dans la région de 800 nm des
impulsions auto-induites, et l'autre émettant à 1480 nm basé sur la technologie nouvelle
des réseaux de Bragg dans les fibres de verre fluoré et pouvant être accordé en longueur
d'onde. Tous les résultats expérimentaux ont pu être expliqués et interprétés grâce à
des modèles théoriques reproduisant fidèlement les comportements des lasers.

Après la présentation de nos motivations et de nos objectifs au premier chapitre, nous


avons passé en revue les propriétés des verres fluorés et nous nous sommes intéressés
de plus près aux verres de ZBLAN de composition nominale (53)ZrF 4 — (20)BaF 2 —
(4)LaF 3 — (3).r4./F3 — (20)NaF dans un second chapitre. Ainsi, nous avons insisté sur
les propriétés physiques et optiques d'un tel verre, et tout particulièrement sur sa faible
énergie de phonons qui lui confère des propriétés optiques intéressantes tant au niveau
de sa large fenêtre de transparence que de l'allongement du temps de vie des niveaux
électroniques des ions terre-rare qui viennent le doper. Par ailleurs, nous avons montré
à quel point il est délicat de synthétiser des verres fluorés stables et ayant des propriétés
physiques adéquates pour satisfaire aux conditions d'étirage de fibres optiques. Il est
apparu que le ZBLAN, de par sa stabilité et son comportement thermique répondait le
mieux à ces exigences. Enfin, nous avons tenté de démontrer les lacunes des fibres de
ZBLAN face à la technologie disponible pour les fibres de silice. En effet, il est apparu
impossible pour l'instant de fusionner des fibres de ZBLAN entre elles, et encore moins
de les fusionner avec des fibres de silice de par leur trop grande disparité au niveau des
températures de fusion. Des tests d'épissure mécanique ont été menés à bien, mais ceux-
Conclusion 126

ci ne supportaient malheureusement pas la puissance notamment à cause de l'absorption


de la fibre de ZBLAN qui avait pour effet d'échauffer le bout de la fibre ce qui à terme
conduisait à des dommages irréversibles de l'épissure. Toutefois, des tests d'épissure
entre deux fibres de ZBL.\N au moyen d'une fusionneuse à filament sont en cours et
s'avèrent très prometteurs.

Les propriétés de transport de la lumière des fibres de ZBLAN ayant été présentées,
et les mises en garde quant à leur manipulation ayant été faites, nous nous sommes
ensuite attardés à la réalisation de fibres optiques dites actives, c'est-à-dire à des fibres
optiques dont le cœur est dopé avec des ions terre-rare. Ces fibres sont utilisées pour la
réalisation de cavités laser dont les diverses configurations rencontrées dans cet ouvrage
ont été présentées. D'ores et déjà nous avons pu mettre en évidence l'énorme avancée
technologique que constitue l'inscription de réseaux de Bragg dans les fibres de ZBLAN
dont notre groupe de recherche fait figure de leader au niveau mondial. Nous avons par
la suite rappelé les propriétés spectroscopiques des ions terre-rare, et la spécificité du
ZBLAN comme matrice hôte. En particulier, nous avons présenté les divers processus
de transfert d'énergie qui influent sur les taux d'occupation des niveaux électroniques.
Par la suite, les données spectroscopiques propres aux ions thulium qui nous intéressent
plus spécifiquement ont été introduites. Ces données nous ont alors permis de mettre
en place deux modèles théoriques des lasers qui font l'objet de cette étude. Un premier
modèle calcule l'évolution temporelle des puissances de deux transitions laser dans la
région de 800 nm en parallèle avec l'évolution des populations des niveaux électroniques.
Ce modèle qui ne tient pas compte de la propagation des différents signaux le long de
la fibre se focalise sur la dynamique des niveaux et son influence sur l'évolution tem-
porelle des puissances laser. Un second modèle plus complet est destiné à modéliser et
optimiser un laser émettant à 1480 nm. L'émission à une telle longueur d'onde étant
particulièrement sensible aux paramètres spectroscopiques des ions thulium, il est né-
cessaire de tenir compte des phénomènes de transfert d'énergie et d'un grand nombre de
transitions radiatives. Enfin, les diverses méthodes de résolution des modèles théoriques
sont passées en revue avant d'entrer dans le coeur du sujet qu'est l'étude des deux lasers
aux chapitres 4 et 5.
Conclusion 127

La dynamique du laser émettant dans la région de 800 nm est abordée au chapitre 4.


Dans un premier temps, l'importance de la longueur de la fibre sur le spectre de fluores­
cence a été mis en évidence. Ceci nous a permis d'apprécier l'évolution des populations
des niveaux électroniques et la compétition qu'il peut exister entre deux transitions
émettant dans la même plage de longueurs d'onde, la transition l G 4 —y 3 // 5 pour une
émission à 785 nm, et la transition 3 H 4 —y 3He pour une émission à 805 nm. Nous
avons mis en évidence que, dépendamment de la longueur de la fibre d'une part, et de
la réflectivité du coupleur de sortie d'autre part, il était possible de privilégier une tran­
sition par rapport à une autre, ou encore de les faire osciller ensemble. Ce dernier cas où
Ton observe l'oscillation des deux transitions est particulièrement intéressant. En effet,
aucun effort n'est fait pour favoriser Tune des transitions de sorte qu'elles se disputent
le gain disponible dans la fibre. Les transitions entrent alors en compétition, émettant
alternativement et périodiquement des impulsions d'une durée de Tordre de la micro­
seconde. Par ailleurs, nous avons noté qu'une impulsion à 785 nm était toujours émise
avant une impulsion à 805 nm. Les simulations que nous avons menées sont en parfait
accord avec les observations expérimentales. Notre modèle théorique simple permet en
effet de rendre compte de la dynamique des niveaux et de la compétition entre les deux
transitions. Il apparaît que le niveau XG4 soit le plus favorablement peuplé, de sorte
que la transition l G 4 —y 3Hc, atteigne son seuil laser en premier. Toutefois, nous avons
également démontré que les photons émis à 785 nm étaient fortement réabsorbés par le
niveau fondamental, ce qui joue le rôle d'une pompe auxiliaire et contribue à peupler
rapidement et massivement le niveau 3 H 4 . Ceci conduit à une inversion de population
suffisante pour atteindre le seuil laser de la transition laser 3 H 4 —> 3 i/ D qui oscille alors
à son tour, s'accaparant le gain disponible. L'efficacité de pompage n'est cependant
pas suffisante pour maintenir l'inversion de population de la transition 3 H 4 —► 3 i / 6 qui
cesse d'osciller. Le niveau l G 4 est alors à nouveau fortement peuplé et un autre cycle
de la dynamique peut s'établir. Enfin, nous avons fait mention d'un doublement voire
d'un quadruplement de période caractéristique d'une évolution vers un état chaotique.
Un tel état n'a pas été constaté expérimentalement mais pourrait intervenir très pro­
bablement à de plus hautes puissances pompe, l'état chaotique étant en effet envisagé
théoriquement par notre modèle.
Conclusion 128

Par la suite, nous nous sommes intéressés à l'étude d'un laser émettant à 1480 nm. Ce
laser est particulièrement intéressant puisqu'il met en jeu la transition laser 3 H 4 —y 3 F 4
qui est auto-terminée. En effet, le niveau 3 H 4 a un temps de vie de 1.54 ms contre 8.95
ms pour le niveau 3 F 4 de sorte que cette transition ne peut donc a priori pas osciller de
façon continue. Cependant, le ZBLAN nous autorise un schéma de pompage par paliers
de sorte que le niveau inférieur de la transition laser est dépeuplé en même temps que
la transition oscille. Le temps de vie du niveau inférieur est alors fortement réduit ce
qui permet l'émission laser de façon continue. Une autre caractéristique intéressante de
ce laser intervient pour une longueur d'onde de pompe de 1040 nm. Il a été observé
expérimentalement un seuil laser très abrupte avec une pente d'efficacité au seuil proche
de la verticale, ce qui est confirmé par notre modèle théorique. Après analyse, nous
avons pu mettre en évidence un phénomène d'avalanche de photons analogue à celui
présenté dans la section des transferts d'énergie, à cette différence près qu'il n'est pas
causé par un transfert d'énergie par diffusion mais par émission/absorption radiative.
La réabsorption du signal laser à 1480 nm par le niveau fondamental joue le rôle d'une
seconde pompe pour peupler le niveau inférieur de la transition laser, ce dernier n'étant
à toute fin pratique pas peuplé à cause d'une section efficace d'absorption à la longueur
d'onde de la pompe très élevée. Le laser se comporte alors comme un laser à trois niveaux
et son efficacité ne dépend que de l'efficacité de pompage du niveau 3 F 4 . Le phénomène
d'avalanche de photons contribue ainsi à augmenter cette efficacité de pompage et
améliore les performances du laser.

Un second aspect très intéressant de ce laser est l'utilisation de réseaux de Bragg


photo-inscrits par laser femtoseconde pour constituer la cavité laser. Nous avons rap-
porté ici le premier laser monolithique à fibre de ZBLAN, c'est-à-dire le premier laser
ne faisant pas usage de miroirs externes à la cavité. Des réseaux présentant un creux de
plus de 20 dB dans leur spectre en transmission ont ainsi pu être inscrits. Ces réseaux
réfléchissant plus de 99% de la puissance sont utilisés comme hauts réflecteurs pour
notre cavité laser. Le coupleur de sortie du laser peut indifféremment être constitué
par la réflexion de Fresnel au bout de la fibre clivée à angle droit, ou par un second
réseau de Bragg. L'utilisation d'un second réseau de Bragg comme coupleur de sortie
permet de choisir la réflectivité et donc la finesse de la cavité. Il nous a alors été possible
Conclusion 129

d'optimiser la cavité laser pour une longueur d'onde de pompe de 1064 nm sur la base
de nos modélisations numériques. Ce coupleur de sortie est un réseau à pas variable
réfléchissant sur une large bande spectrale, et donc présentant une réflectivité moins
élevée qu'un réseau à pas constant. Le choix d'un tel réseau de Bragg a été fait afin
de s'assurer que les spectres des deux réseaux se superposent pour former une cavité
laser. Enfin, le réseau à bande large nous a permis de réaliser un laser accordable sur
plus de 20 nm. Pour ce faire, nous avons moulé le haut réflecteur dans un polymère
hautement déformable et ayant une bonne adhérence au ZBLAN. Ainsi, en appliquant
une contrainte axiale sur le polymère, on vient compresser le réseau de Bragg. Le pas du
réseau étant ainsi modifié, on modifie également la longueur d'onde de Bragg du réflec-
teur. Une plage de longueurs d'onde de 20 nm a pu être balayée en comprimant le réseau
avant que la contrainte appliquée ne soit trop importante et ne vienne endommager la
fibre contenant le réseau.

Cet ouvrage propose d'une part l'étude originale d'un nouveau phénomène dyna-
mique auto-induit dans des lasers à fibre optique. Les impulsions émises simultanément
à 785 nm et 805 nm dans un même milieu de gain sont relativement longues mais pour-
raient jouer le rôle d'initiateur d'impulsions brèves pour des lasers à modes synchronisés,
par exemple. D'autre part, nous avons posé les premières briques à la réalisation de la-
sers tout fibre à base de fibre de ZBLAN. Grâce à la technologie des réseaux de Bragg
photoinscrits dans les fibres de ZBLAN, nous avons pu réaliser un laser efficace et mo-
nolithique ouvrant la voie aux lasers infrarouges pour des applications en spectroscopie
ou en médecine. Ainsi, tous les lasers à fibre de ZBLAN accordables ou non émettant
dans l'infrarouge peuvent désormais être reproduits en utilisant des réseaux de Bragg.
Pour conclure, nous avons démontré et expliqué des phénomènes dynamiques nouveaux
(auto-impulsions à 800 nm) et statiques (avalanche de photons à 1480 nm) lors de notre
étude de lasers à fibre de ZBLAN dopée au thulium. De plus, nous avons démontré la
faisabilité d'un nouveau type de laser efficace et présentant de très faibles pertes intra-
cavité à l'aide de réseaux de Bragg, ce qui laisse entrevoir un bel avenir aux lasers à
fibre de ZBLAN.
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Annexe A

Théorie des modes guidés

Les compositions des fibres n'étant pas connues de façon exacte, les indices de ré-
fraction seront alors calculés à partir de la formule de Sellmeier 2.1 et de l'ouverture
numérique donnée par le fabricant. On considérera que le verre de la gaine est un verre
de ZBLAN typique de sorte que :

ON(X) = ^ n c ( X ) 2 - n g (X) 2 (A.l)

d'où

nc(A) = w + ^ETé&n <A-2>


i
avec les coefficients de Sellmeier donnés au tableau 2.3. Afin de déterminer la répar-
tition de puissance dans la fibre, il est nécessaire de calculer les modes qui peuvent se
propager. Nous faisons appel pour cela à la théorie des modes dans les fibres àsaut d'in-
dice. On définit alors la fréquence normalisée V en fonction des paramètres normalisés
de la constante de propagation u et w :
Annexe A. Théorie des modes guidés 145

2TT
u=-j-a\Jnf-n 2 ef f (A.3a)
A
2n
2TT i
T 2eff - n]
o = -j-ayjn (A.3b)
V = u2 + w2 = ^ O N (A.3c)

où o est le rayon du coeur de la fibre, A la longueur d'onde considérée, n c , n a


et neff représentent respectivement les indices de réfraction du coeur, de la gaine et
l'indice effectif, et ON est l'ouverture numérique. A partir des équations de propagation
des champs électriques et magnétiques dans une fibre optique à saut d'indice, on peut
identifier et classer des modes linéairement dépendants que Ton note mode LPi m où / est
l'indice azimutal et m l'indice radial. Ces modes satisfont à l'équation caractéristique

Ji-i(u) Ki_i(w)
Ji(u) Ki(w)

où Ji et Ki sont les fonctions de Bessel et de Bessel modifiée respectivement. Chaque


mode possède une fréquence de coupure donnée par les "zéros" de la fonction de Bessel
à laquelle on peut associer une longueur d'onde de coupure :

2jtaON
c
T/(/m) V '

Ji(V}lm)) = 0 (A.5b)

On donne dans le tableau A.l les fréquences de coupure ainsi que les longueurs
d'onde correspondantes pour une fibre de ZBLAN ayant une ouverture numérique de
ON = 0.23 et un coeur de 2.9 pm de diamètre. On voit qu'à 800 nm, seuls les modes
LPoi et LP\\ peuvent se propager, mais le mode LPu étant proche de la coupure ne
sera que faiblement guidé.
44nnexe A. Théorie des modes guidés 146

Mode Fréquence de Longueur d'onde


coupure de coupure (nm)
LPoi 0 -
LPn 2.405 871
LP 2 i 3.832 547
LPQI 3.832 547
LP3i 5.136 408

TABLE A.l: Longueurs d'onde de coupure pour les cinq modes d'une fibre ayant pour
ouverture numérique ON = 0.23

La puissance transportée par un mode de la fibre est donnée par :

P = i f f R e ( Ê x H * \ .zrdrd<\> (A.6)

Enfin, on définit la distribution en intensité normalisée des modes par

I(r,<t>,z)=P(z)tP(r,<t>) (A.7)

où I(r, tp, z) est l'intensité dans la fibre au point considéré, P(z) la puissance laser
et ip(r, 0) la distribution d'intensité normalisée telle que

II
oo ri*
ip(r, 4>)rdrdxj) = 1 (A.8)

Jo Jo
La distribution du mode fondamental s'apparente à une gaussienne lorsque Ton
s'approche de la fréquence de coupure. Ainsi, il est possible de donner une valeur rapide
de la taille du mode fondamental par la formule approchée :
Annexe A. Théorie des modes guidés 147

1.619 2.879
U'o = a(o. (A.9)
)

0.8
I 0.6­1
LfysOOnm)
­UyiOWnm)
0.4 ^(1480001)
0.2

0.0 —r—
­4

0.6­
LP„(800nm)
0.4 H

I 0.2

0.0
­ 6
■ 1 —
­ 4 ­ 2
■ 1
0
1

2
1 ~~i
4
1 ■
6
Position par rapport au centre de la fibre (pm)

FIGURE A.l: Distribution de puissance des modes LPQI à 800 nm, 1064 nm et 1480
nm, et du mode LPu à 800 nm.
Annexe B

Modèle d'évaluation de l'indice de


réfraction du ZBLAN

Un modèle complet d'évaluation de l'indice de réfraction du ZBLAN tenant compte


de la composition du verre a été développé par Zhang et al. L'hypothèse de départ est
que la dispersion de l'indice de réfraction d'un verre résulte de l'absorption dans l'ultra-
violet (UV) et dans l'infrarouge (IR). L'équation de dispersion peut alors s'écrire :

A 2 2 2
ni - 1 = E /• V(A - A?) + Y l /,A7(A - A, ) (B.l)
i=i j=i

avec A, et Xj les longueurs d'onde d'absorption dans TUV et TIR respectivement, et fi


et fj des constantes reliées aux forces d'oscillateur. Ces données ont été compilées pour
de nombreux composés fluorés*. Pour des raisons pratiques, les différents composés ont
été divisés en trois groupes pour TUV et trois groupes pour TIR suivant leur longueur
*. L. Zhang, F. Gan, et P. Wang, Evaluation of refractive-index and material dispersion in fluoride
glasses, Appl. Opt. 33, 1994, pp.50-56
Annexe B . Modèle d'évaluation de l'indice de réfraction du ZB LAN 149

d'onde d'absorption. Ainsi l'équation B .l se réécrit

. n 2 ­ l = £/,A7(A 2 ­A 2 ) B( .2)
i=i

avec A,,/, i = 1 2,3 pour les trois groupes de TUV et Ai. /.,=4,5.6 pour les trois groupes de
TIR. Enfin, si le verre se compose de plus d'un matériau par groupe, on définit de
nouvelles valeurs de Aj,/, par

\=YLx^iYlx» B 3a
<­ )
f> = Y^Xijfti B( .3b)
3

Par exemple, pour un verre de composition (53)ZrF 4 — (37)£?aF2 — (4)LaF 3 — (2)A/F3 —


(2)NaF — (2)HfF 4 en pourcentage molaire, les paramètres Aj, /, calculés avec les don­
nées du tableau B .l sont donnés par

Composé fuv Xuv fut A/R Groupes


(nm) (nm)
ZrF 4 1.2429 0.0735 1.4821 17.5479 1 et 4
BaF 2 1.3855 0.1050 2.7631 44.4379 3 et 6
LaF 3 1.4805 0.0900 3.4296 30.1871 2 et 5
AIF3 0.7069 0.0728 1.2665 15.6344 1 et 4
NaF 0.8073 0.1170 4.6856 40.5731 3 et 6
HfF4 1.2018 0.0803 1.3945 22.2641 2 et 4

TABLE B .l: Paramètres pour le calcul de la dispersion de l'indice de réfraction du


ZBLAN.

Ai = (0.53 • X u v (ZrF 4 ) + 0.02 • X UV (AIF 3 ))/(0.53 + 0.02) B( .4a)


/i = 0.53 ■ fuv(ZrF 4 ) + 0.02 • fuv(AlF 3 ) B( .4b)

A2 = (0.04 • Xw(LaF) + 0.02 • X u v ( H f F 4 ) ) / ( 0 M + 0.02) B( .4c)


f2 = 0.04 • fuv(LaF) + 0.02 • fuv(HfF 4 ) B( .4d)
Annexe B . Modèle d'évaluation de l'indice de réfraction du ZB LAN 150

A3 = (0.37 • X u v (BoF 2 ) + 0.02 • X u v (NaF))/(0.37 + 0.02) (B.4e)


f3 = 0.37 • fuv(BaF 2 ) + 0.02 • fuv(NaF) (B.4f)

A4 = (0.53 • A /fi (ZrF 4 ) + 0.02 • Xi R (AlF 3 ))/(0.53 + 0.02) (B.4g)


f4 = 0.53 • fi R (ZrF 4 ) + 0.02 • f IR (AlF 3 ) (B.4h)

A5 = (0.04 • X IR (LaF) + 0.02 • X, R (HfF 4 ))/(0.04 + 0.02) (B.4i)


h = 0­04 • f t R (LaF) + 0.02 • f, R (HfF 4 ) (B.4j)

A6 = (0.37 • X u v (B aF 2 ) + 0.02 • X u v (NaF))/(0.37 + 0.02) B( .4k)


h = 0­37 • fm(BaF 2 ) + 0.02 ■ f I R (NaF) B( .41)

1,530­

\ 53ZrF4 ­ 37BaF, ­ 4LaF, ­ 2AIF, ­ 2NaF ­ 2hfflv


1,525­ \ 4 2 3 3 4
c \
o \
1 1,520­ \
i_ ^k
•*­
«i<_D \^
\.
■g 1,515­ xSs^
<» ^^^^^
O
1 1.510­
^ ^ \ ^ ^

1,505­
I 1 1 1 1 1 1 1 1 1

500 1000 1500 2000 2500


A.(nm)

FIGURE B .l: Courbes de dispersion pour un verre de ZB LAN de composition


53ZrF4 ­ 375aF 2 ­ 4LaF3 ­ 2A/F3 ­ 2NaF ­ 2HfF 4
Annexe C

Liste des contributions scientifiques

Articles de revues

1. G. Androz, D. Faucher, M. Bernier, and R. Vallée, "Monolithic fluoride-fiber laser


at 1480 nm using fiber Bragg gratings", Opt. Lett. 32, 1302-1304 (2007).
2. G. Androz, D. Faucher, D. Gingras, R. Vallée, "Self-pulsing dynamics of a dual-
wavelength Tm 3 + :ZBLAN upconversion fiber laser emitting around 800 nm", J.
Opt. Soc. Am. B 24, 2907-2913 (2007).
3. G. Androz, D. Faucher, M. Bernier, R. Vallée, "2.3W single transverse mode
thulium-doped ZBLAN fiber laser at 1480 nm", Opt Express, 16, 16019 (2008).
4. G. Androz, M. Bernier, D. Faucher, E. Bélanger, R. Vallée, "FBG-based wavelength-
tunable Tm3+-ZBLAN fiber laser", (en préparation).

Conférences

1. G. Androz, D. Faucher, et R. Vallée, "Dynamique d'un laser à fibre Tm3+-ZBLAN


à excitation par paliers émettant à deux longueurs d'onde autour de 800 nm",
JNOG 2006, 7 au 9 novembre 2006, Metz.
4Anne4\e C. Liste des contributions scientifiques 152

2. D. Faucher, G. Androz, M. Bernier, R. Vallée. "All-fluoride fiber laser at 1480 nm


based on fiber Bragg gratings", FiO 2007, 16 au 20 septembre 2007, San José.

3. M. Bernier, G. Androz, D. Faucher, R. Vallée, "Watt-level fiber laser at 1480 nm",


CLEO 2008, 4 au 9 mai 2008, San José.

4. E. Bélanger, M. Bernier, G. 4\ndroz, D. Faucher, D. Côté, R. Vallée, "Purely axial


compression of fiber Bragg gratings written with UV and femtosecond pulses in
both silica and fluoride glass fibers", Photonics North 2008, 2 au 4 juin 2008,
Montréal.

5. G. Androz, M. Bernier, D. Faucher, R. Vallée, "2.3W fluoride fiber laser at 1480


nm", Photonics North 2008, 2 au 4 juin 2008, Montréal.

Autres sujets

1. M. Bernier, D. Faucher, R. Vallée, A. Saliminia, G. Androz, Y. Sheng, and S. L.


Chin, "Bragg gratings photoinduced in ZBLAN fibers by femtosecond pulses at
800 nm", Opt. Letters 32, No. 5, 454-457 (2007)

2. M. Bernier, S.L. Chin, R. Vallée, G. Androz, D. Faucher, Y. Sheng, "Bragg gra-


tings written in ZBLAN fibers and all-fiber laser application", CLEO/Europe-
IQEC 2007, 17 au 22 juin 2007, Munich.

3. M. Bernier, D. Faucher, R. Vallée, A. Salimina, G. Androz, Y. Sheng, S.L. Chin,


"Writing of fiber Bragg gratings in fluoride glass fibers", BGPP 2007, 2 au 6
septembre 2007, Québec.

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