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oiseaux «
Attar rédigea de nombreux ouvrages, qui comptent parmi les œuvres majeures de la
littérature persane. Il y insuffle les idées du soufisme et y partage l’essence de son
expérience spirituelle. Pionnier de la poésie mystique en langue persane, il ouvre la
voie à un genre qui mêle le poétique et le spirituel. Ses récits sont des voyages
initiatiques dont il se fait le guide, et à travers lesquels il distille sa pensée mystique.
L’histoire
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❖ L’appel et les hésitations des oiseaux
Au début du récit, la Huppe invite tous les oiseaux à entreprendre un long voyage
pour rechercher et rejoindre leur Roi, Simorgh qui leur apportera joie et bonheur. Les
oiseaux comprennent vite que le voyage sera difficile et ils hésitent à abandonner leur
état confortable. Certains doutent et d’autres ont très peur. Le Canard dit qu’il est
heureux dans l’eau qui est source de tout. Le Faucon prétend avoir déjà un maître.
La Chouette préfère parcourir les ruines pour y trouver des trésors. Le Rossignol dit
qu’il vit pour l’amour et que sa rose et lui ne font qu’un. Le Perroquet affirme qu’il
se plait bien ici. Il s’y sent en sécurité et on lui apporte de la nourriture et de l’eau
tous les jours. Le Paon se trouve déjà bien spécial, Nul ne lui ressemble avec toutes
ses couleurs. Malgré toutes ces excuses, la huppe réussit à les convaincre de prendre
le voyage.
Enfin les oiseaux se rassemblent pour le vol Ils sont trente mille. Ils emplissent le
monde et prenant courage, ils s’envolent vers les sept vallées.
Mû par l’amour de trouver leur Roi, ils se regroupent et guidés par la huppe,
messagère de Salomon, ils décident, finalement, de s’envoler vers Sa majesté
Sîmorgh, l’Être divin, qui vit sur les hauteurs du mont mythique. La huppe connaît le
long et difficile voyage, elle en sait les dangers et les épreuves.
Elle leur dit : « Nous avons devant nous Sept vallées à franchir avant de voir le Seuil.
De ce chemin personne n’est jamais revenu.
Et personne ne sait quelle en est la longueur ».
(Excuses des oiseaux, d.3248-3249.)
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hésite à prendre son envol, encore prisonnier des attachements terrestres. La huppe
conte alors à chacun une histoire de sagesse, dans une mise en abyme qui invite à
abandonner ses biens, ses amours, ses certitudes, à renoncer à soi-même pour
entreprendre le voyage. Car au bout du chemin, il y a l’Être Aimé, Merveille des
merveilles.
Seuls trente oiseaux parviennent à leur but, mais ne trouvent dans la Sîmorgh que le
reflet d’eux-mêmes.
Les sept vallées a franchir pour trouver Simurgh sont les étapes par lesquelles les
soufis peuvent atteindre la face de Dieu.
[…] pour ‘Attâr l’âme a été séparée de l’Être aimé et jetée dans le monde
qui est pour elle une terre d’exil. Ainsi chaque âme porte en elle la
nostalgie du temps où elle était unie au Divin ; elle aspire à retourner à
son Origine. C’est pourquoi, dès l’ouverture, les oiseaux cherchent l’Être
suprême, … Ainsi, la situation de l’âme dans le monde est déjà une
souffrance, souffrance que le cheminement va amplifier car la condition
même du perfectionnement est le renoncement à soi. Pour que l’Aimé
advienne au miroir de l’âme, il faut se vider de l’ego, il faut s’arracher à
tout ce qui n’est pas Lui. Et cela ne va pas sans souffrance.
Extrait de « L’Envol », introduction de Leili
Anvar
Ishq : La vallée de l’Amour : Dans cet état, l'aimant ne pense qu'au Bien-aimé et ne
cherche qu'à se réfugier auprès de Lui, à chaque instant, il offre cent fois sa vie dans
le sentier de celui qu'il aime, et à chaque pas, il jette mille fois sa tête aux pieds de
l'Aimé ".
C’est cette force de l’amour qui détruit doutes et certitudes ; cette aspiration à se
dépasser, à sortir de son égo.
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passer " du doute à la certitude, des ténèbres de l’illusion au flambeau de la crainte de
Dieu. Son œil intérieur s’ouvre et il converse dans l’intimité avec son Bien-aimé.
Tawhid : La vallée de l’unité. « Ici, tous sont liés au cou par une seule corde. Si vous
croyez y voir une multitude, ils ne sont cependant que quelques uns, et peut être
aucun ». Il y a-t-il une âme qui survit après la mort ? Il y a-t-il une volonté qui a
donné vie à l’univers, à la terre, à l’homme. Attar invite à ces questionnements à ces
mystères. Dans la vallée de l’unité. « Tout est un, la vague et la perle, la mer et la
pierre », dit le grand poète Rumi.
❖ CONCLUSION
Farid ed-Din Attar fut l’un des plus grands poètes mystiques de cette
époque glorieuse du soufisme où la quête divine atteignit inégalés.
Rumi, Hallaj, Saadi, furent ses pairs.
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Il écrivit beaucoup. Le mémoire des saints, le livre divin sont des ses
œuvres majeures. La Conférence des oiseaux est assurément la plus
accomplie. Elle relate le voyage de la huppe et d’une trentaine de ses
compagnons en quête de Sîmorgh, leur roi. D’innombrables contes,
anecdotes, paroles de saints et de fous les accompagnent.
Ce livre a également été nommé Maghâmât-e Toyour (Rangs des oiseaux),
en référence à sa dimension pédagogique d’enseignement des étapes et des
rangs du cheminement soufi. Il met en scène des oiseaux, symbolisant
l’homme, qui se mettent à la recherche de leur Roi