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La poésie, 16e – 18e s.

TEXTE 1. Olivier de MAGNY


MAGNY proche de Ronsard, Du Bellay ;
Secrétaire, poète
Rome lieu de la culture antique référence de a Renaissance mais aussi
lieu de pouvoir politique (papal).
A approché le pouvoir à Rome et comme Du Bellay, en est revenu
déçu et amer ;
➢ En apparence, la satire des courtisans
➢ En vérité: une publicité paradoxale faite au pire de l’espèce
humaine?
La satire des courtisans
• Emploi dépréciatif du démonstratif « ces courtisans », « cet
Innocent ».
• Termes péjoratifs « vices », « odieux ».
• Préfixes négatifs « impunément », « inhumains » (v.9), « infect »
(v.12)
• Première rime défavorable (ave termes en clôture de quatrains, qui
résonnent) : « romains », « putains », «inhumains » ; termes qui
résonnent et qui sont entre eux associés (mis en équivalence
tacite).
• Surenchère, avec les ajouts « et » : « et d’indulgences », « et
mille autres dépenses », « et l’orgueil odieux » : les courtisans ne
s’arrêtent jamais, en font trop, et le sonnet mime leur lourdeur.
L’exaspération du locuteur
• Anaphore de « Je vois » (5 occurrences dont 4 à l’attaque de la strophe)
= martèlement qui renvoie aussi au fonctionnement prévisible, pour ne
pas dire mécanique, des courtisans.
• Ecrasement du poète, condamné à l’inaction et au constat (« je vois »)
quand du côté des courtisans, il s’agit de « faire », « avoir », « faire »
encore et « régner » enfin : l’action du côté des courtisans, le poète lui
cantonné à un seul verbe de perception. Inégalité flagrante entre
l’agitation des premiers et l’impuissance du second.
• Amplification de la critique: hyperboles « tous les jours », « toutes sortes
de » (v.7), « mille autres » (v.3), et superlatifs « des plus grands demi-
dieux… » (v.11).
• Polarisation sur un seul, à valeur d’exemple, Innocent, favori du pape,
précédemment annoncé par le parallèle, glorieux, avec Ganymède
(échanson de Zeus) => réduit à Innocent au tercet = dégradation (d’une
divinité à un mortel).
En creux, l’affirmation d’une morale
• Problème de place « rang » (v.11), « demi-dieux », mais aussi de chronologie :
« tous les jours », « naguère », « maintenant »; régulièrement, des marqueurs
spatio-temporels montrent que c’est l’ordre du monde qui est dérangé.
• Net avantage des vices sur les vertus résumées à une occurrence (vers 12)
quand le mal, lui, produit un catalogue « joutes, festins », «dépenses »,
« plaisir », « putains » jusqu’à « envie », « orgueil » (v.13) = déséquilibre
choquant. Le mal a pris toute la place.
• Tout ce mal est cependant contenu, encerclé, par le destinataire, qui voit se
renforcer l’affection qu’on lui porte : l’amitié, ultime antidote contre la
bassesse? Le vocatif « Paschal » (v.1) devient « mon Pascal » avec le possessif.
Idem des « courtisans romains » (v.1) qui cèdent la place à « Rome », entité
géopolitique mentionnée seule en toute fin du sonnet (terme de clôture),
comme pour rappeler à l’oreille ce qui était l’idéal avant qu’il ne soit entaché.
Le sonnet aura servi en 14 vers à purger le monde, pour revenir à l’essentiel.
Conclusion.
• Absence de véritable volta dans le sonnet ; les courtisans ont déjà
installé leur rythme sûr, pris toute la place, et ont le dessus dans cette
vie, et le poète est réduit à constater ou s’effacer : pour preuve, la
transformation du verbe conjugué « je vois » en vers liminaire en
« voilà » le déictique figé en adverbe. Faible marge de manœuvre
donc du poète, dans un monde manifestement déjà trop gâché pour
être rectifié (plus de tournant à espérer).
• Paradoxe douloureux pour MAGNY qui est aussi en situation de
dépendance vis-à-vis de ses protecteurs (même ambiguïté, même
malaise chez DU BELLAY, chez LA FONTAINE, chez MOLIERE…)
• Texte-écho: le sonnet 150 des Regrets de Du Bellay (1558) (diapo
suivante)
Texte-écho, DU BELLAY, Les Regrets (1558), CL
Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon œil
Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire,
Sinon en leur marcher les princes contrefaire,
Et se vêtir, comme eux, d'un pompeux appareil.
Si leur maître se moque, ils feront le pareil,
S'il ment, ce ne sont eux qui diront du contraire,
Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.
Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage,
Es le vont caresser, bien qu'ils crèvent de rage
S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt.
Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite,
C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire, et ne savent pourquoi.

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