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Après la période du consentement représentée par des écrivains comme Bakary Diallo
(dans Force Bonté), émerge en Afrique une littérature militante qui se donne pour mission la
dénonciation de la colonisation. Le vieux nègre et la médaille publié en 1956 par Ferdinand
Oyono aux Editions Julliard s’inscrit dans ce cadre. Dans le passage extrait de cette œuvre,
l’écrivain camerounais dresse un portrait sombre de la colonisation, ici peinte comme un
système inique d’exploitation des Noirs. Une analyse du texte pourrait prendre en compte les
deux centres d’intérêt suivants : l’injustice coloniale, la satire voilée de la colonisation.
-La colonisation est ici représentée comme un vaste système d’injustice. Cela est d’abord
visible à travers la répression des Noirs tel que l’illustre le champ lexical de la violence
« mettre la main », « rafles ». Les colonisateurs entretiennent avec les indigènes des rapports
heurtés à travers lesquels on sent une volonté assez nette de les déshumaniser. Cette injustice
se traduit ensuite par des prises de décisions inéquitables qui montrent le peu de considération
que les occupants ont envers les Noirs.
-La discrimination apparait dans les prises de décisions défavorables aux Noirs. Elle est aussi
perceptible dans le traitement des fidèles chrétiens noirs par le Père Vandermayer (voir les
lignes 11, 12, 13). De nombreux indices montrent ce traitement différencié (des groupes
humains en présence) qui laisse planer l’idée d’un racisme ambiant et systémique dont
seraient victimes les Noirs.
-L’ironie, la caricature, le jeu des contrastes sont les leviers sur lesquels s’appuie le narrateur
pour livrer une satire de la religion. L’ironie est visible à travers la figure de Meka qui passe
aux yeux des hommes d’Eglise comme un bon chrétien, étant entendu qu’il continue de boire.
Le père Vandermayer est le prototype du faux dévot qui dévoie la religion pour la mettre au
service de la colonisation.
Le contraste est visible dans la posture des personnages, que ce soit Meka ou les représentants
de l’autorité religieuse. A propos du personnage principal, il convient de noter le contraste
assez fort entre l’immensité des efforts qu’il déploie en tant que fidèle chrétien de la première
heure et le résultat final auquel il parvient. Malgré tout ce qu’il a fait, il est traité comme le
dernier des fidèles. Cela montre, par ailleurs, toute la cupidité des hommes d’Eglise qui ne se
gênent de profiter de la naïveté de Meka. D’où la contradiction qui apparait dans leur attitude
envers les noirs et le rôle qu’ils sont censés assumer.
Conclusion :