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Intégrales multiples
Pour définir l’intégrale double d’une fonction bornée f : [a, b] × [c, d] → R , on commence par subdiviser le rectangle
[a, b] × [c, d] en n × p petits rectangles, et on définit l’intégrale d’une fonction en escalier (constante sur chacun des
rectangles) comme la somme des volumes des parallélépipèdes. On définit ensuite l’intégrale supérieure de la fonction f
c d
y
a
x
F IGURE 18.1 – Fonction en escalier
comme étant la borne inférieure des intégrales des fonctions en escalier majorant f , et l’intégrale inférieure de la fonction
f comme étant la borne supérieure des intégrales de fonctions en escalier minorant f . Lorsque l’intégrale supérieure et
l’intégrale inférieure sont égales, on dit que la fonction f est intégrable, et on note
f (x, y) dx dy
[a,b]×[c,d ]
son intégrale qui est la valeur commune de ces deux bornes. On montre que toute fonction f : [a, b] × [c, d] → R continue
est intégrable.
La construction devient beaucoup plus compliquée si l’on considère des domaines U ⊂ R2 qui ne sont plus des rectangles.
Comment « subdiviser » un tel domaine U ? Quelle régularité imposer à U ? Ce procédé de construction est inadapté, et on
utilise une autre définition de l’intégrale, l’intégrale de Lebesgue que vous étudierez en école d’ingénieurs. Heureusement,
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les calculs avec l’intégrale de Lebesgue ressemblent aux calculs habituels avec l’intégrale de Riemann. Nous admettrons
les résultats qui suivent.
ou alors
U = {(x, y) ∈ R2 | c y d et α(y) x β(y)}
y
y = ψ(x)
y d
U x = α(y) U x = β(y)
c
y = ϕ(x)
a b x x
F IGURE 18.2 – un domaine U délimité par le graphe de deux fonctions
Le théorème suivant permet de calculer une intégrale double sur un tel domaine.
Si f est une fonction continue sur un domaine U ⊂ R2 admissible, alors on peut calculer l’intégrale double de f sur U
en calculant deux intégrales simples :
b ψ(x) d β(y )
f (x, y) dx dy = f (x, y) dy dx = f (x, y) dx dy
U a ϕ(x) c α(y )
2
Exemple 18.1 Calculons l’intégrale double I = D (x + y) d x d y où D = {(x, y) ∈ R2 | 0 x 1, 0 y 1 − x}.
1 1−x 1 1−x 1 5
I= (x 2 + y) dy dx = x 2 y + y 2 /2 dx = x 2 (1 − x) + (1 − x)2 /2 dx =
0 0 0 0 0 6
1. Linéarité :
(λ f + µg )(x, y) d x d y = λ f (x, y) d x d y + µ f (x, y) d x d y
D D D
2. Additivité : si D = D1 ∪ D2 avec D1 ∩ D2 = ∅,
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Remarque 18.1 Souvent, on doit calculer une intégrale double sur un pavé D = [a, b] × [c, d] où la fonction à intégrer
est un produit de deux fonctions d’une variable. Dans ce cas, l’intégrale double est le produit de deux intégrales simples.
b d d b
I= ϕ(x)ψ(y) dx dy = ϕ(x) ψ(y) dy dx = ψ(y) dy ϕ(x) dx
[a,b]×[c,d ] a c c a
d
Nous avons utilisé le théorème de Fubini et remarqué que le réel ψ(y) dy était indépendant de x . On peut donc le
c
mettre en facteur de l’intégrale.
∆ −→ D
ϕ:
(u, v) −→ (x(u, v), y(u, v))
On dit que cette application est un C 1 -difféomorphisme du domaine ∆ vers le domaine D lorsque :
– ϕ est bijective,
– ϕ est de classe C 1 ,
– la bijection réciproque ϕ−1 : D → ∆ est de classe C 1 .
On appelle Jacobien d’un tel C 1 -difféomorphisme ϕ au point (u, v), le déterminant
∂x ∂x
(u, v) (u, v)
∂u ∂v
Jϕ(u, v) =
∂y ∂y
(u, v) (u, v)
∂u ∂v
Alors
f (x, y) dx dy = f x(u, v), y(u, v) Jϕ(u, v) du dv
D ∆
alors Jϕ = ρ .
Exemple 18.2 Calculons l’intégrale double I = D (x 2 + y 2 ) d x d y où le domaine d’intégration D est défini par D =
{(x, y) ∈ R | x 0, x 2 + y 2 1}. Le domaine D est un demi-disque de rayon 1 de centre (0,1) avec x 0. Passons en
2
∆ −→ D
coordonnées polaires. L’application ϕ : réalise un C 1 -difféomorphisme du domaine
(ρ, θ) −→ (ρ cos θ, ρ sin θ)
D = {(ρ, θ) ∈ R2 | −π/2 θ π/2,0 ρ 1} et alors
π/2 1 π
I= ρ3 dρ dθ =
−π/2 0 4
2
Exemple 18.3 Calculons l’intégrale double I = D (x + y 2 ) d x d y où
x2 y 2
D = {(x, y) ∈ R2 | + 1}
a2 b2
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∆ −→ D
Le domaine D est une ellipse et l’application affine ϕ : réalise un C 1 -difféomorphisme de ∆
(u, v) −→ (au, bv)
vers D où ∆ est le disque unité. Alors
I= (a 2 u 2 + b 2 v 2 )ab du dv
∆
U −→ ∆
Effectuons ensuite le changement de variables polaires. L’application ψ : réalise un
(ρ, θ) −→ (ρ cosθ, ρ sin θ)
C 1 -difféomorphisme entre le domaine U = [0,1] × [0,2π] et le domaine ∆. Par conséquent,
Il ne reste plus qu’à utiliser le théorème de Fubini pour calculer cette dernière intégrale.
2π 1 1 2π 1 2π πab 2 2
I = ab a 2 ρ3 cos2 θ + b 2 ρ3 sin2 θ dρ dθ = ab a 2 ρ3 dρ cos2 θ dθ + b 2 ρ3 dρ sin2 θ dθ = (a +b )
0 0 0 0 0 0 4
D 2R
∆R
DR
O R 2R
2 2 2
+y ) +y 2 )
J(R) = e −(x dx dy I(R) e −(x dx dy = J( 2R)
DR ∆ 2R
4. Puisque J(R) −−−−−→ π/2 et que J( 2R) −−−−−→ π/2, le théorème des gendarmes permet de conclure que
R→+∞ R→+∞
π
F(R) −−−−−→ .
R→+∞ 2
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18.1.3 Aire d’un domaine plan
D ÉFINITION 18.1 Aire d’un domaine plan
On définit l’aire d’un domaine admissible D ⊂ R2 par
A (D) = 1d x d y
D
Remarque 18.2 L’aire du domaine plan D est donc le volume de base D et de hauteur 1.
Exemple 18.5 Calculons l’aire délimitée par une ellipse d’équation cartésienne
x2 y 2
D: + 1
a2 b2
Il suffit d’effectuer un premier changement de variables affine puis de passer en coordonnées polaires. Si nous notons ∆
le disque unité,
2π 1
A (D) = ab du dv = abA (∆) = ab ρ dρ dθ = πab
∆ 0 0
T HÉORÈME 18.4 Aire d’un secteur délimité par une courbe polaire
Soit une courbe polaire d’équation ρ = ρ(θ) et le domaine Ω délimité par les deux demi-droites d’équation polaire θ1 ,
θ2 et par la courbe polaire (voir figure 18.4). Alors l’aire de ce domaine se calcule par la formule
1 θ2
A (Ω) = ρ2 (θ) dθ
2 θ1
ρ = ρ(θ)
θ2
θ1
∆ −→ Ω
Démonstration Il suffit d’effectuer un changement de variables polaires. L’application ϕ :
(ρ,θ) −→ (ρ cos θ,ρ sin θ)
réalise un C 1 -difféomorphisme du domaine ∆ = {(ρ,θ) ∈ R2 | θ1 θ θ2 , 0 ρ ρ(θ)} vers le domaine Ω et en utilisant Fubini,
θ2 ρ(θ) θ2
A (Ω) = ρ dρ dθ = ρ dρ dθ = ρ2 (θ)/2 dθ
∆ θ1 0 θ1
Exemple 18.6 Calculons l’aire délimitée par une cardioïde d’équation polaire ρ = a(1 + cos θ) (a > 0). Par symétrie,
l’aire est le double de l’aire du domaine avec y 0. D’après la formule précédente,
a2 π 3aπ
A =2 (1 + cos θ)2 dθ =
2 0 2
−
→ U −→ R2
F: →
−
M −→ F (M)
→
− F1 (x, y)
qui à tout point M = (x, y) de U associe un vecteur F (x, y) . On dit que ce champ de vecteur est de classe C k
F2 (x, y)
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