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Chapitre 1

Intégrales multiples

Dans ce chapitre, nous allons étendre la notion d’intégrale définie


(simple, au sens de Riemann) aux intégrales doubles et triples de fonctions
à deux ou trois variables. Ces notions permettent de calculer des volumes
de corps et des aires de surfaces dans l’espace.

1.1 Introduction
Pour une classe de fonctions :

f : D ⊂ IR2 → IR (x, y) 7→ f (x, y),

nous allons définir l’intégrale double (au sens de Riemann) :


Ï
f (x, y)dxdy (1.1)
D

où D est une partie bornée de IR2 et f une fonction bornée. Ce nombre va


mesurer le volume (pour f positive) du corps limité par le plan d’équation
z = 0, la surface d’équation z = f (x, y) et la surface cylindrique s’appuiyant
sur la frontière de D )
Une large classe d’exemples de fonctions et de domaines rentrent dans
ce cadre, et notre objectif principal dans ce chapitre est de faire des calculs
en faisant des succuessions de calculs d’intégrales simples (théorème de
Fubini) et savoir appliquer des changements de variables (notamment en

1
2 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

coordonnées polaires). De manière plus précise, nous insisterons sur les


points suivants :
— Dessiner des domaines bornés.
— Savoir appliquer le théorème de Fubini pour les calculs de l’inté-
grale double (i.e. savoir ramener le problème en des successions
d’intégrales simples).
— Savoir appliquer le théorème de changement de variable (notam-
ment le changement en coordonnées polaires).
Pour une fonction de trois variables f : (x, y, z) 7→ f (x, y, z) et D ⊂ IR3 un
domaine borné, nous allons faire l’analogie avec ce qui s’est passé en deux
variables pour la définition et pour faire des calculs d’intégrales triples
Ð
D f (x, y, z)dxdydz . Encore une fois, les deux théorèmes principaux sont
le théorème de Fubini et le théorème de changement de variables. En trois
variables, il y aura deux versions du théorème de Fubini (par tranches
ou par fibres) et le choix va dépendre de la géométrie du domaine D ⊂
IR3 et de la nature de la fonction f : (x, y, z) 7→ f (x, y, z). Comme prinpaux
changement de variables, nous verrons le chamgement en coordonnées
cylindriques ou encore sphériques.

1.2 Intégrales simples (Rappels)


L’intégrale simple d’une fonction f : [a, b] → IR, que l’on note ab f (x)d x ,
R

est défini lorsque f est supposée bornée et continue sauf en nombre fini
1.2. INTÉGRALES SIMPLES (RAPPELS) 3

de points.

L’intégrale ab f (x)d x mesure (pour f positive) l’aire de la région du


R

plan limitée par la courbe de f , le segment [a, b] et les deux droites d’équa-
tions x = a et x = b . L’une des approches pour définir l’intégrale consiste
à associer pour chaque entier n ∈ IN∗ , une subdivision de l’intervalle [a, b]
en sous-intervalles : [x 0 , x 1 ], · · · , [x n−1 , x n ], où
b−a b−a
x 0 = a, x 1 = a + , · · · , xi = a + i , · · · , xn = b
n n

On fait le choix de points αi ∈ [x i −1 , x i ], ensuite on pose


n b−a
avec ∆x =
X
I n := f (αi )∆x, ,
i =1 n

qui représente l’aire de la réunion des réctangles :


l’intégrale simple de f sur [a, b], qu’on note ab f (x)d x ou ab f (t )d t ou
R R
Rb
a f (u)d u ..., est défini par :
Z b
f (x)dx = lim I n .
a n→∞
4 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

On montre que ce nombre existe et ne dépend pas des choix effectués sous
l’hypothèse que f est bornée et continue sauf en nombre fini de points.

1.3 Intégrales doubles


L’une des applications du calcul d’intégrale simple est le calcul d’aire
sous une courbe y = f (x). Il est naturel d’essayer d’adopter une approche
analogue pour calculer des volumes sous une surface z = f (x, y). Nous se-
rons donc amener à intégrer sur un domaine quelconque du plan D ⊂ IR2 ,
mais cela entraînera des difficultés conceptuelles pour bien définir l’inté-
grale double. Pour cela, nous allons nous intéresser à des domaines et des
fonctions f : D → IR de certains types.

Définition 1.3.1.
— Une partie de IR2 est dite négligeable si elle est constituée d’un ensemble
fini de points et d’images de courbes γ : [a, b] → IR2 de classes C 1 .
— D ⊂ IR2 est dit régulier si sa frontière est négligeable (la frontière ∂D est
l’ensemble des points qui sont à la fois adhérent à D et à son complémen-
taire).
— une fonction f est dite presque continue si l’ensemble des points de
discontinuité est un sous-ensemble négligeable de D .
Î
Pour définir l’intégrale D f (x, y)dxdy , nous nous placerons alors dans
ces conditions : D est borné et régulier et f : D → IR bornée et presque
continue.
On commencera d’abord par le cas où le domaine est un rectangle, puis
nous verrons comment procéder dans un cas plus général.
1.3. INTÉGRALES DOUBLES 5

1.3.1 Intégrale double sur un rectangle


Considérons le cas d’un domaine R := [a, b] × [c, d ] et f : R → IR une
fonction bornée. Par analogie avec les intégrales simples, nous effectuons
pour chaque couple d’entiers n, m ∈ IN∗ , deux subdivisions des intervalles
[a, b] et [c, d ] :
b−a b−a
x 0 = a, x 1 = a + , · · · , xi = a + i , · · · , xm = b
m m
et
b−a b−a
y 0 = c, y 1 = a +
,··· , yj = a +i , · · · , yn = d .
n n
Ensuite, en désignant par R i j le rectangel [x i −1 , x i ] × [y j −1 , y j ] (figure).

Nous choisissons un point (αi j , βi j ) dans R i j et nous posons :


m X
n b−a d −c
f (αi j , βi j )∆x∆y, avec ∆x = ∆y =
X
I mn := .
i =1 j =1 m n

Définition 1.3.2. L’intégrale double de f sur le rectangle R := [a, b]×[c, d ] est le


nombre : Ï
f (x, y)dxdy := lim I mn .
R m,n→∞

Nous admettons l’existence de cette intégrale sous les hypothèses ef-


fectués.

Exemple 1. Pour f (x, y) = g (x)h(y) (fonction à variables séparées), on obtient


Ï Z b Z d
f (x, y)dxdy = g (xdx h(y)dy.
R a c
6 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

1.3.2 Intégrale double sur un domaine simple


Le domaine D étant borné, on peut choisir R un rectangle tel que D ⊂ R .
Ensuite, on peut prolonger la fonction f : D → IR à une fonction f˜ : R → IR
en posant f˜(x, y) = f (x, y) si (x, y) ∈ D et f˜(x, y) = 0 pour (x, y) ∈ R \ D . On
définit l’intégrale double de f sur D par :
Ï Ï
f (x, y)dxdy := f˜(x, y)dxdy.
D R

Il est facile de vérifier que cette définition ne dépend pas du choix du rec-
tangle R contenant D .

Définition 1.3.3. L’aire du domaine D est :


Ï Ï
Aire(D) := 1d xd y = d xd y.
D D

Proposition 1.3.1 (Propriétés).

f (x, y)d xd y , pour tout λ ∈ IR.


D λ f (x, y)d xd y = λ
Î Î
1. D
Î Î Î
2. D ( f + g )(x, y)d xd y = D f (x, y)d xd y + D g (x, y)d xd y .
Î Î
3. Si f ⩽ g sur D , alors D f (x, y)d xd y ⩽ D g (x, y)d xd y .
Î
4. Si m ⩽ f ⩽ M , alors mAire(D) ⩽ D f (x, y)d xd y ⩽ M Aire(D).
5. Si D = D 1 ∪ D 2 avec D 1 ∩ D 2 négligeable

Alors
Ï Ï Ï
f (x, y)dxdy = f (x, y)dxdy + f (x, y)dxdy.
D D1 D2
1.3. INTÉGRALES DOUBLES 7

Exemple 2. On peut décomposer le domaine :

D := {(x, y) ∈ IR / 0 ⩽ x ⩽ 1 et 0 ⩽ y ⩽ x}

comme réunion des deux domaines :

D 1 := {(x, y) ∈ IR / 0 ⩽ x ⩽ 1 et x 2 ⩽ y ⩽ x} et D 2 := {(x, y) ∈ IR / 0 ⩽ x ⩽ 1 et 0 ⩽ y ⩽ x 2 }.

En plus D 1 ∩ D 2 = {(x, y) / y = x 2 } est négligeable. On peut donc écrire :


Ï Ï Ï
2 2
| y − x | d xd y = (y − x )d xd y + (x 2 − y)d xd y = · · ·
D D1 D2

1.3.3 Théorème de Fubini


Pour certains domaines de géométrie relativement simple, nous allons
pouvoir transformer une intégrale double en une successions de deux in-
tégrales simples. C’est l’objet du théorème du Fubini que nous allons voir
dans ce paragraphe, mais auparvant nous aurons besoin de certaines pré-
cisions.

Définition 1.3.4. Soit D ⊂ IR2 .


8 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

1. On dit que D est y -simple (ou verticalement simple) s’il existe a < b et
deux applications g 1 , g 2 : [a, b] → IR de classes C 1 tels que

D = {(x, y) ∈ IR / a < x < b et g 1 (x) < y < g 2 (x)}.

(i.e. le domaine D est délimité par deux droites verticales x = a et x = b , et


les deux courbes d’équations y = g 1 (x) et y = g 2 (x)).

2. On dit que D est x -simple (ou horizontalement simple) s’il existe c < d
et deux applications g 1 , g 2 : [c, d ] → IR de classes C 1 tels que

D = {(x, y) ∈ IR / c < y < d et g 1 (y) < x < g 2 (y)}.

(i.e. le domaine D est délimité par deux droites horizontales y = c et y = d ,


et les deux courbes d’équations x = g 1 (y) et x = g 2 (y)).
1.3. INTÉGRALES DOUBLES 9

3. On dit que D est régulier s’il est y -simple ou x -simple.

4. On dit que D est élémentaire s’il est y -simple et x -simple.

Théorème 1.3.1 (Théorème de Fubini).

1. Si D est y -simple (comme ci-dessus), alors


Ï Z b µZ g 2 (x) ¶
f (x, y)dxdy = f (x, y)dy dx.
D a g 1 (x)

2. Si D est x -simple (comme ci-dessus), alors


Ï Z d µZ g 2 (y) ¶
f (x, y)dxdy = f (x, y)d x dy.
D c g 1 (y)

Exemple 3.

Î
1. Dessiner V := {(x, y) / 0 < x < 1 et x > y > 0} et calculer V x ydxdy .

2. Dessiner D := {(x, y) / 0 ⩽ x ⩽ 2 et x 2 ⩽ y ⩽ 2x} et calculer 2


Î
D (x +
y 2 )dxdy .

3. U est le domaine borné délimité par la droite y = x − 1 et la parabole y 2 =


Î
2x + 6. Dessiner U et calculer U x ydxdy .

Solution.

1. Le domaine V est à la fois y -simple et x -simple.


10 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

On peut donc écrire :


x y2 x
Z 1 µZ ¶ 1 1
Ï Z
x yd xd y = yd y xd x = [ ]0 xd x = ,
V 0 0 0 2 8
ou encore
1 − y2
Z 1 µZ 1 ¶ 1 µ ¶
1
Ï Z
x yd xd y = xd x yd y = y dy = .
V 0 y 0 2 8

2. Encore une fois le domaine D est à la fois y -simple et x -simple.

Les deux points d’intersection de la parabole y = x 2 et de la droite


y = 2x sont : (0, 0) et (2, 4). On peut donc écrire :
¸ y=2x
y3
Z 2 µZ 2x ¶ Z 2·
216
Ï
2 2 2 2 2
(x +y )d xd y = (x + y )d y xd x = x y+ dx = ··· = ,
D 0 x2 0 3 y=x 2 35
ou encore
Z 4 ÃZ p !
Ï y 216
(x 2 + y 2 )d xd y = (x 2 + y 2 )d y = d x = · · · = .
D 0
y
2
35
1.3. INTÉGRALES DOUBLES 11

3. Pour le cas du domaine U , le calcul serait plus simple si on consi-


dère U comme étant x -simple.

En effet, nous pouvons écrire :


Ï Z 4 Z y+1
x ydxdy = ( y 2 −6
xdx)ydy = · · · = 36,
U −2 2

Et si on considère U comme étant y -simple, il serait plus pratique


de décomposer notre domaine en deux parties qui ont comme in-
tersection le segment d’équation x = −1. Nous obtenons ainsi :
p p
Ï Z −1 Z 2x+6 Z 5 Z 2x+6
x ydxdy = ( p ydy)xdx + ( ydy)xdx = · · · = 36.
U −3 − 2x+6 −1 x−1

1.3.4 Théorème de changement de variables


Rappelons que la valeur absolue du déterminant de deux vecteurs
{u, v} dans IR2 , permet de mesurer l’aire du parallélogramme engendré
P (u, v) (Figure) :
¯ ¯
¯u v ¯
¯ 1 1¯
Aire(P (u, v)) = ¯ ¯ = |u1 v2 − u2 v1 |,
¯u 2 v 2 ¯
à ! à !
u1 v1
avec u = et v = . En plus, si A est une matrice 2 × 2, alors
u2 v2

Aire(P (Au, Av)) =| det A | Aire(P (u, v)).

En particulier, une matrice de déterminant ±1 conserve l’aire. Nous allons


voir que plus généralement, lorsque ϕ : D → D ′ est un difféomorphisme,
12 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

ϕ(s, t ) = (x, y), alors


Ï
Aire(ϕ(D)) = | Jac(ϕ, (s, t)) | dsdt,
D

cette formule est un cas particulier du théorème qui suit.

Théorème 1.3.2 (Théorème du changement de variables). Soient D et


D ′ deux ouverts bornées de IR2 , ϕ : (s, t ) 7→ (x(s, t ), y(s, t )) un difféomorphisme
de D sur D ′ et f : (x, y) 7→ f (x, y) une application presque continue sur D′.
Alors
Ï Ï
¯ ¯
f (x, y)dxdy = f (ϕ(s, t )) ¯ Jac(ϕ, (s, t ))¯ dsdt
D′
ÏD
¯ ∂(x, y) ¯
¯ ¯
= f ((x(s, t ), y(s, t )) ¯
¯ ¯ dsdt .
D ∂(s, t ) ¯

Exemple 4 (Changement de variables en coordonnées polaires).

1. Calculons l’intégrale I := U (x 2 + y 2 )dxdy avec U := {(x, y) / x 2 + y 2 < 1}


Î

(un demi-disque).
On utilse le changement de variable

ϕ :]0, 1[×]0, π[→ U , (r, θ) 7→ (x(r, θ), y(r, θ)) = (r cos θ, r sin θ).

puisque le jacobien de cette transformation est égal à r , on obtient :


Ï µZ 1 ¶ µZ π ¶
π
3 3
I= r dr dθ = r dr dθ = .
]0,1[×]0,π[ 0 0 4

2. Calculons l’intégrale J := V (3x + 4y 2 )dxdy avec V := {(x, y) / 1 < x 2 +


Î

y 2 < 4, } (une demi-couronne).


On utilse le changement de variable

ϕ :]1, 2[×]0, π[→ V, (r, θ) 7→ (x(r, θ), y(r, θ)) = (r cos θ, r sin θ).
1.4. INTÉGRALES TRIPLES 13

On obtient :
Ï
3r cos θ + 4r 2 sin2 θ r dr dθ
¡ ¢
J =
]1,2[×]0,π[
Z π µZ 2 ¶
2 2
3r cos θ + 4r sin θ r dr dθ
¡ ¢
=
0 1
Z πµ ¶
15
= 7 cos θ + (1 − cos(2θ)) dθ
0 2
15π
= .
2

1.4 Intégrales Triples


Nous voulons définir
Ï
f (x, y, z)dxdydz.
D

Pour cela, nous nous placerons dans les conditions suivantes : Ω ⊂ IR3 est
borné et régulier et f : Ω → IR est une fonction bornée et presque continue.
Ici le mot régulier signifie que Ω est d’intérieur non vide et de frontière
négligeable 1 dans IR3 .
On commencera d’abord par le cas où le domaine est un parallélipi-
pède.

1.4.1 Intégrale triple sur un parallélipipède


Considérons le cas d’un domaine P := [a, b] × [c, d ] × [r, s] et f : R → IR.
Par analogie avec les intégrales doubles, nous commençons par subdiviser
P en sous-parallélipipède :

P i j k = [x i −1 , x i ] × [y j −1 , y j ] × [z k−1 , z j ]

1. Pour rester dans l’esprit de ce chapitre, à savoir faire des calculs sans se noyer dans
des choses trop techniques, nous n’allons pas trop tarder ici, mais nous pourrons nous
limiter à la définition suivante de négligeable dans IR3 : Ce sont les réunions d’ensembles
finis de points ou d’images d’applications de classe C 1 d’un ouvert de IR2 à valeurs dans
IR3 i.e. des morceaux de surfaces.
14 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

Ensuite, on pose :
m X
n X
l b−a d −c r −s
f (αi j , βi j k , γi j k )∆x∆y∆z, avec ∆x = ∆y = ∆z =
X
I mnl := .
i =1 j =1 k=1 m n l

Définition 1.4.1. L’intégrale double de f sur le parallélipipède P := [a, b] ×


[c, d ] × [r, s] est le nombre :
Ñ
f (x, y, z)dxdydz := lim I mnl .
P m,n→∞

Nous admettons l’existence de cette intégrale sous les hypothèses ef-


fectués.

1.4.2 Intégrale triple sur un domaine simple


Le domaine Ω étant borné, on peut choisir P un parallélipipède tel que
Ω ⊂ P . Ensuite, on peut prolonger la fonction f : P → IR à une fonction
f˜ : P → IR en posant f˜(x, y, z) = f (x, y, z) si (x, y, z) ∈ P et f˜(x, y, z) = 0 pour
(x, y, z) ∈ P \ Ω. On définit l’intégrale triple de f sur D par :
Ñ Ñ
f (x, y, z)dxdydz := f˜(x, y, z)dxdydz.
D P

Il est facile de vérifier que cette définition ne dépend pas du choix du pa-
rallélipipède P contenant Ω.
Définition 1.4.2. Le volume de Ω est :
Ï Ï
Vol(Ω) := 1dxdydz = dxdydz.
Ω Ω
1.4. INTÉGRALES TRIPLES 15

Comme pour le cas d’une intégrale double, nous avons des propriétés
similaires.

1.4.3 Théorème de Fubini


Pour certains domaines de géométrie relativement simple, nous allons
pouvoir transformer une intégrale triple en une successions de deux inté-
grales l’une double et l’autre simple.

Théorème 1.4.1 (Théorème de Fubini).

1. Première version : Intégration par fibres.


Supposons qu’il existe U ⊂ IR2 et deux applications g 1 , g 2 : U → IR de
classes C 1 tels que

Ω = {(x, y, z) ∈ IR3 / (x, y) ∈ U et g 1 (x, y) < z < g 2 (x, y)}.

Alors
Ñ Ï µZ g 2 (x,y) ¶
f (x, y, z)dxdydz = f (x, y, z)dz dxdy
Ω U g 1 (x,y)
16 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

2. Deuxième version : Intégration par tranches.


Suppososn qu’il existe c < d et tel que

Ω = {(x, y, z) ∈ IR3 / c < z < d et (x, y) ∈ D z },

où pour chaque z ∈]c, d [ le domaine D z ∈ IR2 est un sous-ensemble


régulier de IR2 .

Alors
Ñ Z d µÏ ¶
f (x, y, z)dxdydz = f (x, y, z)dxdy dz.
D c Dz

Exemple 5.

1. Calculons l’intégrale I = Ω zdxdydz avec Ω le tétraèdre que forment les


Ð

quatre plans : x = 0, y = 0, z = 0 et x + y + z = 1.
1.4. INTÉGRALES TRIPLES 17

On trouve Z 1 µZ 1−x µZ 1−x−y ¶ ¶


1
I= zdz dy dx = .
0 0 0 24

2. Soit h > 0. Calculons le volume de la partie du cône définie par Ω =


p
{(x, y, z) / x 2 + y 2 ⩽ z ⩽ h}..

On trouve
Ñ
V ol (Ω) = dxdydz

Z h µÏ ¶ q
= dxdy dz; D z := {(x, y) / x 2 + y 2 < z}
0 Dz
Z h
= πz 2 d z
0
1 3
= πh .
3
18 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

3. Avec la même approche qua dans ce qui précéde, calculons le volume d’un
disque de rayon R dans IR3 .

On trouve
Ñ
V ol (D(O; R)) = dxdydz
D(O;R)
Z R
π(R 2 − z 2 ) d z
¡ ¢
=
−R
4 3
= πR .
3

1.4.4 Théorème de changement de variables

Théorème 1.4.2 (Théorème du changement de variables). Soient Ω et


Ω′ deux ouverts bornées de IR3 , ϕ : (u, v, w) 7→ (x, y, z) un difféomorphisme de
D sur Ω′ et f : (x, y, z) 7→ f (x, y, z) une application presque continue sur Ω′ .
Alors
Ï Ï
¯ ¯
f (x, y, z)dxdydz = f (ϕ(u, v, w)) ¯ Jac(ϕ, (u, v, w))¯ dudvdw,
Ω′ Ω
1.4. INTÉGRALES TRIPLES 19

ou encore
Ñ
f (x, y, z)dxdydz =
Ω′ Ñ
¡ ¢
f (x(u, v, w), y(u, v, w), z(u, v, w) ×

¯ ∂(x, y, z) ¯
¯ ¯
¯ ∂(u, v, w) ¯ dudvdw.
¯ ¯

Exemple 6 (Changement de variables en coordonnées cylindriques).


Nous allons utiliser les coordonnées cylindriques :


x = r cos θ



y = r sin θ


 z = z.

Ð 1
pour calculer l’intégrale K d xd yd z , où K est la partie du cône :
(1 + x 2 + y 2 )2
x 2 + y 2 − z 2 < 0 , et 0 < z < 1.
Le jacobien du changement de variables est égale à r , ce qui donne
1 r
Ñ Ñ
d xd yd z = d r d θd z, avec Ω′ : 0 < θ < 2π, 0 < z < 1 0 < r < z
K (1 + x 2 + y 2 )2 Ω ′ 1 + r 2
µZ z
r
Ï ¶
= 2 2
d r d θd z
0<θ<2π, 0<z<1 0 (1 + r )
Z 1µ ¶
1
= π 1− dz
0 1 + z2
³ π´
= π 1− .
4
20 CHAPITRE 1. INTÉGRALES MULTIPLES

Exemple 7 (Changement de variables en coordonnées sphériques).


Nous allons utiliser les coordonnées sphériques :




 x = r cos φ cos θ

y = r cos φ sin θ


 z = r sin φ.

Ð
pour calculer l’intégrale D d xd yd z , où D est le disque centré en O et de rayon
R.
Un calcul direct montre que le jacobien du changement de variables en coordon-
nées sphériques est égale à r 2 cos φ, ce qui donne
π π
Ñ Ñ
d xd yd z = r 2 cos φd r d φd θ, avec D ′ : 0 < θ < 2π, − <φ< 0<r <R
D D′ 2 2
4 3
= πR .
3

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