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Colorimétrie

Mesure et management de la couleur


Calibrage des périphériques d’ordinateur :
de la prise de vue numérique à l’impression
(deuxième partie)
A près une première partie consacrée aux notions fondamentales de la colorimétrie (conditions de
perception des couleurs par l’œil humain, notions de teinte, de clarté et de saturation, introduction des espaces
couleur),cette deuxième partie aborde les différentes techniques de mesure de la couleur et leurs applications
industrielles, en particulier le calage des chaînes graphiques.

Mesure de la couleur leur de l’objet B (figure 2) sont respecti-


vement les suivantes :

∆H* = (∆Eab*)2 – (∆L*)2 – (∆C*)2
est égal à + 1,924 ce qui signifie que la
Puisque l’œil humain ne peut pas quantifier (A) L* = 43,31 ; a* = + 47,63 ; b* = + 14,12 couleur de l’objet B est plus près de l’axe
les couleurs, il est indispensable d’avoir (B) L* = 47,34 ; a* = + 44,58 ; b* = + 15,16 + b*, donc plus jaune que l’objet A.
recours à un appareil, le colorimètre, qui Écart de couleur dans l’espace L*a*b* Bien que les mots ne soient pas aussi pré-
exprime les trois couleurs fondamentales Dans cet espace couleur, l’écart de couleur cis que les chiffres, nous pouvons les utili-
par des nombres conformes. entre les objets A et B peut être exprimé ser pour décrire les couleurs. Mais force
Une couleur définie peut alors être identi- par une seule valeur numérique, DE*ab est de constater que la colorimétrie a des
fiée puisque sa mesure s’affranchit de la définie par l’équation suivante : limites provenant d’une méthode basée sur
perception individuelle qui dépend de l’en- ∆E*ab = (∆L*)2 + (∆a*)2 + (∆b*)2 la séparation en seulement trois compo-
vironnement de l’échantillon et de la nature santes principales.
de la source lumineuse. la valeur ∆E*ab = 5,16 est affichée dans le
L’avènement de nouveaux procédés de
tableau suivant :
Les colorimètres disposent de réponses reproduction exige de nouvelles méthodes
aux trois couleurs RVB comparables à ∆E*ab = 5,16 ∆L* = + 4,03 de gestion des couleurs utilisant les ana-
celles de l’œil humain. La lumière colorée ∆a* = – 3,05 ∆b* = + 1,04 lyses complètes des spectres de
est filtrée et les intensités respectives sont Écart de couleur dans l’espace L*C*h réflectance.
mesurées par trois capteurs sensibles dans L’écart de couleur des deux objets A et B,
le bleu, le vert et le rouge (figure 1). dans l’espace couleur L*C*h, sont les Mesure des couleurs
Les conditions d’excitation et d’observation suivantes : par spectrométrie
L’analyse d’un spectre complet de réflec-
étant toujours identiques, les résultats sont ∆E = 5,16 ∆L* = + 4,03
tance permet de référencer, très préci-
reproductibles et fidèles. ∆C* = – 2,59 ∆H* = + 1,924
sément, la couleur d’un objet.
Les données provenant de ces trois canaux La valeur E = 5,16 a la même valeur que
Si l’œil humain peut voir le spectre de
1 sont affichées dans un ou plusieurs espaces
couleur, décrits dans le paragraphe suivant,
celle obtenue dans l’espace couleur
L*C*h.
lumière, c’est parce que des longueurs
et permettent la comparaison des couleurs d’onde spécifiques stimulent la rétine. Le
Mais la valeur ∆C* = – 2,59 indique que la spectre se présente dans l’ordre suivant :
de plusieurs échantillons. couleur de l’objet B est moins saturée. rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et
Identification des couleurs L’écart de teinte entre les deux objets, ∆H* violet.
par colorimétrie défini par l’équation : Le domaine spectral perçu par l’œil
Les colorimètres sont destinés à mesurer la humain est appelé spectre visible. Il est
différence entre les couleurs. encadré par les domaines de l’infrarouge
Le colorimètre peut détecter facilement
des petites différences de couleur et les
exprimer sous forme numérique.
Les espaces couleur L*a*b* et L*C*h per-
mettent d’exprimer l’écart de couleur entre
deux objets colorés.
Les coordonnées de la couleur de l’objet A
prise comme référence et celles de la cou- Figure 1. Schéma de principe d’un colorimètre Figure 2. Jeu de deux objets colorés
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et l’ultraviolet pour lesquels l’œil humain logiques ont permis la fabrication d’appa- phique. Des photodétecteurs multilon-
est insensible. reils beaucoup plus performants que les gueurs d’onde déterminent l’intensité de la
Le rayonnement électromagnétique s’étend colorimètres. réflectance d’un grand nombre de radia-
des ondes radioélectriques aux rayon- Les spectrophotomètres, qui enregistrent la tions monochromatiques émises par
nements gamma (γ) dont les longueurs totalité du spectre de réflectance sont sen- l’échantillon. Les barrettes de photodiodes
d’onde sont inférieures à 10-13 m. sibles à de très faibles modifications du comportent entre 128 et 1 028 éléments
spectre de réflectance. De ce fait, ils sont sensibles différents. Un étalonnage préa-
Le spectre visible représente une toute
capables de déceler des modifications de lable permet d’établir un “spectre” (figure 3).
petite partie de ces rayonnements
comprise entre 380 nm et 780 nm. la couleur indiscernables par l’œil humain. Le spectre de réflectance, ainsi obtenu,
comporte beaucoup plus d’informations
La lumière réfléchie par un objet coloré est
que celles provenant de l’histogramme
un spectre complexe, généralement mono-
tone, qu’il faut analyser pour pouvoir défi- Différences entre les trichromatique enregistré dans la méthode
colorimétrique simple.
nir une couleur et la rapprocher des méthodes tristimulus Ces données spectrales doivent cependant
espaces couleur précédemment définis.
et spectrocolori- être traitées pour obtenir les valeurs tristi-

Application métriques mulus dans les espaces couleur présentés


dans les paragraphes précédents.
de la spectrométrie Parmi les couleurs du spectre, le rouge, le L’enregistrement des spectres multilon-
vert et le bleu sont considérés comme les gueurs d’onde et leur traitement mathé-
à l’identification trois couleurs fondamentales de la lumière ; matique de réflectance permettent d’envi-
des couleurs leur addition donnant la couleur blanche, sager toute une série d’applications
leur soustraction la couleur noire. nouvelles comme la calibration automa-
Un objet absorbe une partie des radiations L’œil humain possède des cellules, appe- tique des chaînes graphiques, la sécurité
lumineuses. La lumière, non absorbée, sti- lées cônes, qui sont sensibles à ces trois industrielle ou commerciale, le dosage des
mule le cerveau qui reconnaît la couleur de couleurs. La sensibilité spectrale de l’œil polluants minéraux et organiques.
l’objet, les différences entre les spectres humain est définie par les mesures de
d’absorbance et de réflectance confèrent l’observateur standard.
aux objets des couleurs caractéristiques.
Les courbes de sensibilité spectrales, ainsi Calibration des
Pour un objet rouge, la réflectance est
élevée dans la zone correspondant aux
définies, représentent les fonctions de chaînes graphiques
mélange :
longueurs d’onde du rouge ; elle est faible Énoncé du problème
X (λ) qui a une forte sensibilité dans le
dans les autres régions spectrales, les
rouge ; La difficulté d’obtenir des reproductions
radiations vertes, bleues et violettes étant
Y (λ) dans le vert ; fidèles fait parfois douter de la qualité des
partiellement ou totalement absorbées par
Z (λ) dans le bleu. scanners, des imprimantes et des appareils
l’objet considéré.
La perception des couleurs résulte du photographiques numériques. En effet, on
Les informations correspondantes, enregis- observe des différences importantes entre
mélange pondéré (stimulus) de x (λ) de
trées à l’aide d’un colorimètre (figure 1) la reproduction et l’original.
y (λ) et z (λ) de la lumière réfléchie par un
permettent, après traitement informatique,
de corréler ces données avec la “couleur”
objet coloré. Des réglages, plus ou moins sophistiqués,
permettent à l’utilisateur de corriger,
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de l’objet exprimée dans un espace cou- Dans la méthode colorimétrique, ce pro-
cessus est reproduit fidèlement en mesu- manuellement, ces défauts qui diffèrent
leur choisi par l’utilisateur.
rant la lumière réfléchie par trois capteurs profondément d’un périphérique à l’autre.
Les colorimètres mesurent la lumière dans
dont les bandes passantes sont compa- Les principes physiques de fonctionne-
trois zones de longueurs d’onde compa-
rables à celles de l’œil (figure 1). ment d’un scanner n’étant pas compa-
rables à celles de l’œil.
Dans la méthode spectrophotométrique, la rables avec ceux des autres périphériques,
Leur mode de fonctionnement est compa- il en résulte une distorsion importante dans
lumière est émise par l’échantillon et analy-
rable à la méthode tristimulus. la reproduction des couleurs, corrigée par
sée par un réseau de diffraction hologra-
Leurs limites d’utilisation apparaissent clai- des réglages sophistiqués.
rement et, malgré les améliorations À ces défauts inhérents aux procédés,
récentes, les colorimètres ne répondent s’ajoutent les évolutions du matériel que les
pas aux besoins actuels des graphistes ou utilisateurs doivent corriger en perma-
des spécialistes des arts graphiques. nence.
C’est dans ces conditions que les spécia- La validation de ces réglages, qui repose
listes se sont tournés vers les spectrophoto- essentiellement sur une appréciation
Figure 3. Schéma de principe d’un spectrophotomètre
mètres, dont les récentes avancées techno- visuelle, est maintenant remplacée par des
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procédés optroniques automatiques qui, Eyetronix, prend en compte les écarts : sécurisation. Il est possible par exemple de
partant de l’analyse de la partie visible du X2 – X1, Y2 – Y1, Z2 – Z1, afin de les rédui- poser sur des produits alimentaires des éti-
spectre de réflectance, optimisent la re au minimum en modifiant les conditions quettes dont la couleur évolue quand la
réponse des différents périphériques. de fonctionnement physique des trois chaîne de froid a été rompue. L’analyse de
canons à électrons. l’évolution de la couleur permet de déter-
Management de la couleur Après correction, le diagramme externe miner l’instant de cette rupture. Autre
La figure 4 représente un espace chroma- exemple, des pièces détachées souvent
R’2,V’2, B’2 est pratiquement superposable
tique sur lequel est superposée la réponse contrefaites peuvent inclure un produit qui
au diagramme R1 V1 B1.
d’un périphérique donné (R1, V1, B1) : ces change de couleur de façon imperceptible
trois points représentent les points Ainsi, toute couleur C, située à l’intérieur
à l’œil quand on le chauffe, permettant de
extrêmes pouvant être rendus par ce péri- des triangles R1 V1 B1 et R’2,V’2, B’2, appa-
détecter les contrefaçons.
phérique. On voit que l’on ne pourra par raîtra identique sur les deux périphé-
exemple jamais atteindre le rendu d’un riques. Mesure des polluants
rouge extrême, le point correspondant L’identification des couleurs permet la
Management d’un réseau
à cette couleur se trouvant en dehors du mesure instantanée de certains polluants
triangle de réponse du périphérique.
de périphériques couleurs minéraux ou organiques présents dans les
Le management des périphériques cou-
Le première phase de la calibration de la échantillons liquides ou gazeux.
leurs s’applique également à un parc de
chaîne graphique est d’optimiser la ré- périphériques placés sur des sites diffé- Des supports, de quelques millimètres,
ponse de chaque périphérique afin de la rents et reliés par le réseau Internet. préalablement fonctionnalisés, dévelop-
rapprocher des valeurs typiques de réfé- pent, quand ils sont mis en contact avec un
Dans cette architecture, le périphérique
rence. ion métallique en solution, une coloration
maître, en général un moniteur, peut visua-
spécifique dont l’intensité est corrélée avec
liser la reproduction sur les autres périphé-
la concentration de l’échantillon.
riques et intervenir pour optimiser, en fonc-
tion de critères personnels, le rendu des Ce procédé d’analyse, extrêmement sen-
couleurs en agissant directement sur les sible et fiable, permet d’identifier et de
paramètres physiques des différents péri- doser de nombreuses substances chi-
phériques : moniteurs couleurs et impri- miques et biologiques.
mantes laser ou à jet d’encres individuelles
ou professionnelles… Bibliographie
Cette fonctionnalité est aussi présente dans A. Ghauch, J. Rima, A. Charef, J. Suptil, C. Fachinger,
le logiciel Iris. M. Martin-bouyer, Quantitative measurements of
Figure 4. Réponse spectrale d’un périphérique ammonium, hydrogenophosphat and Cu(II), by
diffuse reflectance spectrometry, Talanta, vol 48,
Autres applications issue 2, 385-392, february 1999.
Management d’un parc A. Ghauch, C. Turnar, M. Martin-Bouyer, J. Rima, A.
de périphériques Applications du métamérisme Charef, C. Fachinger, J. Suptil, Use of diffuse
reflectance spectrometry in spot test reactions for
Choisissons le périphérique du para- La perception de la couleur d’un objet
quantitative determination of metals in water,
graphe précédent comme référence : les dépend, comme on l’a vu précédemment,
3 valeurs R2, V2, B2 du second périphérique, de la nature de la source lumineuse. La
Chemosphere, 40, 12, p. 101-107, 2000.
P. Kowaliski,Vision et mesure de la couleur, Masson,
enregistrées dans des conditions standards couleur de deux objets différents peut
1990, 2e édition.
de fonctionnement, permettent de calculer sembler identique à la lumière du jour,
R. Mc, Colour physics for industry society of die on
les valeurs X2,Y2, Z2 dans le même espace mais différente à la lumière artificielle. Ce
colourist, 1987, ASTM 308, Standard on test method
de couleur. On constate (figure 5) que les phénomène, appelé métamérisme, carac- for computing colour of object by using the
documents restitués, sans correction, térise le fait que les couleurs de deux CIE system.
auront une couleur dominante prononcée. objets sont fonction de la source d’excita- MINOLTA, Analyse de la couleur, parlons clair,
Le logiciel Iris, développé par la société tion. Edition française.
Malgré cette apparente similitude, on Michel MARTIN-BOUYER,
constate que les spectres de réflectance,
Christophe TURNAR
enregistrés avec une seule source lumineu-
se, peuvent être différenciés et donner une EYETRONIX SAS
information que l’œil est impuissant à for- Savoie Technolac, Bâtiment Aéro
muler. Le Webeye d’Eyetronix est capable 73 375 Le Bourget du Lac Cedex
de détecter des différences de couleur Tél. : 33 (0)4 79 25 33 30
invisibles à l’œil nu et ouvre ainsi la porte à Fax : 33 (0)4 79 25 02 09
Figure 5. Différence de rendu entre deux périphériques
des applications dans le domaine de la michel.martin-bouyer@eyetronix.f

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