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RAVAGE

Mélanie Garnier

© 2020 Mélanie Garnier


Tous droits réservés.

Ce roman est une œuvre de pure fiction. Les noms, les personnages, les lieux
et les situations sont le fruit de l’imagination de l’auteure ou sont utilisés de
manière fictive. Toute ressemblance avec des faits réels, des lieux ou des
personnes existantes ou ayant existé, ne saurait être que pure coïncidence.

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propriété intellectuelle.

***

J’ai toujours grandi dans le silence. On ne me parlait que pour me


donner des ordres. Je m’appelle Jenna et j’ai eu la chance, ou la malchance,
d’être venue au monde en tant que fille de Don Cartioli, parrain de la Cosa
Nostra, organisation mafieuse régissant la Sicile ainsi qu’une importante
partie de l’Italie du Sud. Certes cette position m’offrait des avantages non
négligeables et alors que je traversais ma vingt-cinquième année, j’avais tout
ce que les femmes pouvaient alors rêver de posséder.

Un chauffeur était payé pour répondre à mes exigences de transport. Ma


penderie ressemblait plus à un magasin de haute couture rempli de manteau
de fourrures, de robes délicates et de chaussures vernies. Ne parlons même
pas de mes appartements qui se résumaient à un étage complet de l’immense
villa familiale, ni de l’armée de gouvernants et de majordomes qui rendaient
mon quotidien si facile à vivre.

Cependant, mon père, bien qu’il soit très généreux, était tout autant
tyrannique. La moindre erreur était sévèrement punie par lui-même et il
exigeait de moi une tenue irréprochable. En effet, les femmes étaient
respectées dans notre maison. Mais on leur demandait de se comporter en
contrepartie comme des femmes respectables.
En cela, je n’avais jamais connu un homme, n’avais jamais goûté aux plaisirs
de l’ivresse ou aux joies de me balader seule. En effet, ma position me rendait
particulièrement utile aux organisations rivales qui auraient pu m’utiliser
comme objet de chantage ou comme motif de représailles. En conséquence,
j’étais toujours accompagnée de plusieurs gorilles qui veillaient à ma
sécurité.

Nous vivions dans une immense villa, disais-je, dont les fenêtres étaient
dirigées vers l’immense jardin en contrebas. Des palmeraies entières y
trouvaient leurs places et des fontaines délicates aux motifs romains
crachaient une eau pourtant rare dans cette région. En effet, irriguer un tel
jardin tandis que la chaleur moite de la Sicile était particulièrement difficile et
il Padrino prenait tout le soin nécessaire afin que son jardin reste le plus beau
possible.

Au pied de cette immense maison aux murs blancs et aux colonnes


anciennes se trouvait une large terrasse ombragée par une tonnelle de bois
blanc d’une part, et d’autre part par quelques orangers aux fruits
particulièrement juteux. C’est ici que mon père et son consiglière ̶ plus
simplement son conseiller ̶ recevaient ceux qui demandaient audience. Je
devais souvent assister à ces entretiens, tant pour flatter la fierté de mon père
d’avoir une fille si belle, que pour mettre à l’épreuve la loyauté de ses
interlocuteurs quant à leur parrain. Si ceux-ci devaient poser un regard
concupiscent sur sa fille, leurs affaires n’en tournaient que plus mal.

Mon père n’était certes plus de la première jeunesse, mais il n’en


gardait pas moins une vivacité d’esprit que peu auraient pu se targuer de
posséder à son âge. Il menait ses affaires avec la vivacité d’un lion et
n’hésitait jamais à ordonner un sale travail à l’un de ses hommes. Pourtant,
malgré sa force de lion, je le sentais vieillir inéluctablement et je crois bien
qu’il le sentait aussi. Il passait de plus en plus de temps à se promener, pensif,
dans les allées de son jardin. Il s’emmurait dans le silence que finissent par
connaître tous les vieux mafiosi en vieillissant et lorsqu’il daignait offrir le
privilège de sa parole à quelqu’un, ce quelqu’un devait se pencher vers lui
afin que ses mots touchent son oreille.

Il vieillissait et perdait toute considération pour la vie de ceux qu’il


condamnait. Jadis, lors de ses premiers moment en tant que parrain de la
Cosa Nostra, il éprouvait des remords à exécuter les taupes et à punir ceux
qui avaient fauté. Mais il savait qu’ici était également son rôle et que faillir à
celui-ci pourrait compromettre son autorité face aux autres familles, comme
devant ses associés. Aujourd’hui, ces exécutions étaient sommaires et
rapides.

Ce fut le cas de Mario Pozzi. Celui-ci, en plus des activités que lui
confiait le parrain, s’était rendu coupable de dissimuler des fonds, mais
également d’avoir prostitués des filles. Ce qui était formellement interdit par
les règles intra-utérine de l’organisation. Don Cartioli lui avait déjà donné
une chance et il l’avait de nouveau trahi. Cette fois, il devait le supprimer. Il
le fit venir vendredi soir, et je me rappelle encore son air terrifié. Il se
débattait dans tous les sens, maintenu par deux hommes de mains, recrutés
par leur physique de catcheur, qui le jetèrent ensuite dans un fauteuil avant de
prendre place juste derrière lui, les mains jointes.
Mon père posa son regard sur lui. Deux yeux d’un vert scintillant
cerclés d’une peau usée et fatiguée. Il parla de d’une voix lente et enrouée
tandis que l’homme l’écoutait sans jamais oser l’interrompre :

« Mario … Encore une fois tu m’as dupé. On m’a raconté tes activités
illégales et ton manquement à nos règles. Le tarif tu le connais. »

Avec ces simples mots, ces quelques mots sans teinte ni nuance, il
venait de condamner cet homme à la mort. Il fit un signe de tête à l’un des
gardes qui sortit aussitôt de son veston un de ces élégants couteaux avec une
fine lame étincelante, puis trancha la gorge du traître sans aucune hésitation.
Il Padrino regarda cette mise à mort sans ciller et fixa Mario Pozzi droit dans
ses yeux révulsés alors qu’il tombait sur le sol à ses pieds. Il resta tout autant
de marbre lorsque, dans un dernier geste, il embrassa le bout de ses
chaussures et lui murmura :

« Pardon ... »

Il avait en outre de plus en plus de mal à accorder sa confiance. Il ne


l’accordait à personne, sinon à un de ses neveu éloigné nommé Tray. Et cette
relation était tout à fait incompréhensible. En effet, Tray était l’homme de
main favori d’un parrain new-yorkais qui avait été envoyé afin de résoudre
un conflit à Palerme. Une histoire de trafic non-déclaré là-encore, mais cette
fois-ci, le traître en question s’était constitué une véritable petite armée avec
laquelle il comptait détrôner le parrain local, mon père. Ce dernier était alors
rentré en contact avec Tray pour lui proposer le double de la prime que lui
proposait son employeur afin de le débarrasser de cette menace. Tray, qui
rêvait depuis toujours d’intégrer LA vraie mafia, la Cosa Nostra, et qui s’en
voyait refuser le droit car étant à moitié-irlandais, vit là une occasion de
mettre un pied à l’étrier. Il refusa l’argent de mon père et lui demanda
simplement son intronisation en échange de ce service. Touché comme il
l’était peu par ce sens du devoir et ces principes qu’on ne voyait plus que
dans les vieux films, il Padrino accepta à condition qu’une enquête
minutieuse soit menée sur la vie de Tray.

L’américano-sicilien ne se contenta pas de descendre le traître, il


élimina également une grande partie de cette armée illégitime en piégeant
leur local et en faisant s’écrouler le toit du bâtiment sur ses ennemis. C’était
habile et c’était osé. Trois mois plus tard, Tray, envers et contre tous, était
intronisé dans la Cosa Nostra. Dix années s’étaient écoulée, les enquêtes
n’avaient rien décelé et Tray occupait maintenant une place importante dans
la vie de l’organisation. Mon père et lui s’aimaient particulièrement, presque
comme un père et un fils.

Tray était un homme particulier. Les mafiosi ne l’aimaient guère à


cause de ses origines et ses airs supérieurs, mais tout le commandement de
l’organisation avait pour lui un certain respect teinté de crainte. J’avais même
entendu un sous-chef insinuer qu’il le craignait plus encore que notre parrain.
On ne savait pas grand-chose de ses contacts. Oh ! Tout le monde connaissait
sa proximité avec mon père, mais il semblait qu’il avait beaucoup plus de
contact qu’on ne l’aurait cru.
Combien de procès furent gagnés depuis qu’il était dans la maison ? Qui
aurait pu le dire ? Pourquoi sitôt que mon père eut des différents avec le
sénateur Bartoloni, l’opinion publique se chargea de l’évincer et de le traîner
dans la boue publique ? Autant de questions qui jasaient dans les couloirs et
dans les ruelles de tout Palerme. Au-delà d’être un mystérieux stratège, il
était aussi particulièrement violent et rusé. Il n’hésitait jamais à aller lui-
même exécuter un contrat qui pesait sur la tête d’un type, ou d’aller poser
quelques explosifs sous un pont. Les plus rudes agents de la Cosa Nostra
reculaient pour le laisser passer et au bout de quelques rixes bénignes, plus
personne n’osa jamais le contrarier. Il montrait des habilités au combat que
peu possédaient si bien qu’on finit par le déclarer maître dans plusieurs
domaines, sans trop savoir ce que cela pouvait insinuer, il faut bien
l’admettre...

Sa fidélité était sans faille. Les autres familles eurent vent de ce nouveau
cavalier blanc, chevauchant aux côtés de mon père ainsi que de ses exploits et
de ses grandes prouesses. Ils voulurent tous s’en emparer, lui proposant
chaque fois des sommes d’argent à en faire pâlir un Rothschild. Cependant,
jamais, au grand jamais, il ne céda à la tentation, ce qui au passage acheva de
lui obtenir le respect du commandement.

En somme, je me souviens parfaitement du jour où mon père m’a


annoncé la nouvelle. Nous étions à table tous les deux, comme il aimait
partager ses repas avec moi seule. L’ambiance était pesante et il parlait
encore moins que d’ordinaire. Je n’aimais pas cela. Je savais que bientôt il
me dirait quelque chose qui ne me plairait pas. Aussi, mes bouchées de
papardelle alla lepre ne passaient plus, tant ma gorge était nouée. C’est
lorsque nous prîmes notre café que le repas prit une autre tournure. Je me
souviens encore de la fraîcheur claire de la porcelaine sous mes doigts
moites.

« Jenna, tu es une bien belle jeune fille maintenant, commença-t-il. Et tu


possèdes toutes les qualités qui feraient de toi une femme admirable et une
épouse idéale. Comme tu le sais également, je n’ai aucun héritier mâle
pouvant prendre la succession de la famille à ma mort. J’ai donc prévu d’y
installer Tray que tu connais déjà. Il est au courant, et seuls lui et moi
sommes au secret pour l’instant. Le reste de la Cosa Nostra devra l’apprendre
par mon testament afin d’éviter toute tentative de corruption. Toi, ma fille
chérie, joyaux de mon sang, tu épouseras Tray. Ainsi mon sang continuera de
régner dans notre organisation et vos héritiers reprendront la main. »

Un court instant, je n’entendis plus rien. Je n’osais croire ce que mon


père venait de me dire même si je commençais déjà à comprendre que cette
décision était irrévocable. Je ne souhaitais pourtant pas être mariée et encore
moins à un mari tel que Tray.

Quelques fois, lors de nos balades familiales sur nos terres, je


m’imaginais me marier dans une petite église dont on avait oublié l’âge. Il
n’y aurait eu que lui, il n’y aurait eu que moi. Un prêtre, duquel nous
n’aurions jamais retenu le visage tant nous aurions été absorbés l’un envers
l’autre, nous aurait consacré aux yeux de Dieu. Sans prétention, nous aurions
logé dans une petite maison de pierre entourée de champs en perpétuelle
floraison. Peut-être me serais-je mise à apprendre la harpe. Et nous aurions
dansé, dansé encore baignés par la douce lueur d’une lune opaline, caressés
par des herbes hautes et taquines.
Et ce rêve, bien qu’utopique, m’était arraché. J’allais devoir épouser le
futur parrain de la Cosa Nostra, un homme aussi influent que violent. Il me
faisait peur et je n’aimais pas ses manières. Il parlait trop fort, trop vite et
dans un italien loin de convenir à sa position.

Mon père comprit mon trouble et me dispensa de la suite du repas.


Alors que je rentrais mes épaules pour pleurer, il se leva et se dirigea vers
moi. Posant un genou au sol, ce qui était compliqué vu son âge, il posa sa
main sur ma joue et dit :

« Ma fille, tu seras heureuse avec lui, c’est un homme bon. Il y a des aspects
de sa personnalité qui le rendent parfois critiquable, mais c’est un homme de
bien. Je ne livrerais pas ma fille au premier venu. »

Il acheva ces derniers mots avec un sourire que je ne lui avais pas
connu depuis que ma mère décéda. Ceci me fit chaud au cœur et, le saluant,
je partis dans mes quartiers afin de m’y laver et de tenter de m’occuper.
J’enfilais alors un kimono de satin qu’un prétendant m’avait ramené d’un de
ses voyages au Japon. Il était superbe, un travail honorable. Sur le tissus
blanc nacré couraient de nombreuses fleurs de prunier tandis que sur le côté
était cousu un sublime héron prêt à s’envoler. Après l’avoir enfilé, je nouai
mes cheveux en un chignon négligé et me dirigeai vers ma chambre où je
m’installai dans un large fauteuil de velours.

J’avais alors décidé de lire l’Arthénice de Racan, livre très inspirant en


écoutant quelque musique japonaise afin de coller le plus possible à ma tenue
du soir. À dire vrai, je n’étais pas très inspirée. Pourtant, malgré la musique et
les images de bergers et bergères de mon livre, je n’arrivais pas à m’ôter les
paroles de mon père de la tête. Et ce fut pire encore au moment où je dus me
coucher. J’avais beau tourner encore et encore de chaque côté de mon lit, rien
n’y faisait.

Je savais pourtant quoi faire pour me distraire … Alors, me dirigeant


vers mon armoire de cerisier, j’en ouvris les portes et déverrouillai avec un
code secret le tiroir devant moi. Il y avait à l’intérieur un florilège de jouets
en tout genre à en faire pâlir une boutique spécialisée. Je n’étais certes pas
très vieille, mais j’avais déjà mes petits caprices. Si mon père avait connu un
seul des objets que je gardais dans ce tiroir, il m’aurait emmené voir l’évêque
de notre paroisse pour un exorcisme de luxe… Parcourant du regard mon
petit trésor, j’avisais un superbe gode que je venais de me procurer.

Le prenant à deux mains, je le regardai plus attentivement. C’était une


magnifique cylindre de chez Lelo. Il avait été recouvert d’une épaisseur d’or
24 carats ce qui rendait le contact de ce métal particulièrement efficace sur la
peau. Il était si bien pensé qu’il m’avait déjà permis de découvrir chez moi de
nouvelles zones érogènes.

M’agenouillant sur mon lit, j’appliquais le bout de ce jouet de luxe


contre mon sexe nu. Les premières vibrations m’emportèrent aussitôt et je me
sentis déjà détendue. Passant mon autre main sous le tissu de mon kimono, je
pus défaire sa ceinture aérienne et alors m’occuper de ma poitrine dont les
tétons petits étaient déjà tendus. Je continuai à me procurer ainsi du plaisir en
me courbant par moment, gémissant sans trop de retenue. Puis je me rejetais
sur le dos et entrepris de faire circuler cette vibration en augmentation depuis
mon clitoris jusqu’à l’entrée de celui-ci. Je sentais vibrer ma peau et
appréciait ce sentiment avec délectation quand un de mes soubresauts fit
légèrement entrer en moi la tête de l’appareil.

La vibration n’en étant que plus douce, je fis entrer en moi le reste de
l’appareil de toute sa longueur ce qui, au passage, m’arracha un petit cri vite
étouffé dans mon oreiller. J’appliquais d’abord de petits va-et-vient en moi,
puis augmentai la cadence et l’amplitude de ceux-ci. À mesure que
j’augmentais l’utilisation de mon Lelo, je sentais insidieusement monter en
moi un orgasme irrépressible qui termina bientôt par atteindre son paroxysme
et contracta tous mes muscles avant de les relâcher alors que je criais dans
mes draps en tordant mes jambes de plaisir. C’est sur ces émotions que je me
glissai sous les draps, mon petit jouet sur le guéridon à côté de moi ̶ sait-on
jamais … ̶ et l’esprit un peu plus libéré de ce qui venait de m’être annoncé.

Quelques jours s’étaient écoulés lorsque ma tante Maria arriva dans


notre villa. Sœur de mon père, c’était une authentique mama italienne, forte
et caractérielle. Mais je l’aimais beaucoup. On dirait que ces femmes sont
immortelles. Elles vieillissent si peu passé un certain âge qu’on les croirait
figées dans le temps. C’était une femme au fort caractère, mais elle était très
aimante et elle m’appréciait beaucoup. Il faut dire qu’ayant perdu ma mère
très tôt, elle avait fait figure de référence pendant des années.

« Bella ! Bella ! Ti sposerai ! »


Me criant donc au visage que j’allais me marier, elle entra dans le salon
de mon père et m’embrassa bruyamment sur les deux joues. Elle me toisa
ensuite des pieds à la tête et déclara formellement que j’avais bien besoin de
nouveaux habits, d’une robe adéquate, et qu’il fallait également me trouver le
meilleur coiffeur d’Italie et le faire venir ici afin de me préparer. Le mariage
devait avoir lieu deux semaines plus tard et ce rustre de Tray n’avait même
pas pris la peine de venir me voir.

Je l’avais entraperçu dans un bureau, à discuter avec l’un de ses associés. Nos
regards s’étaient également croisés alors qu’il était dans la cour de la villa et
moi derrière les vitres de ladite maison. Il me regardait, non pas avec le
regard d’un futur mari, ni avec celui, concupiscent, de l’ancien mafioso de
base prêt à se farcir la fille de son boss. Non, son regard mêlait à la fois la
curiosité, l’analyse de ma personne ainsi qu’une certaine anxiété. Cela me
rassura un peu, mais me conforta dans l’idée qu’il aurait dû venir me voir
directement.

Tante Maria et moi avons pris l’avion pour Rome et avons passé trois
jours dans la capitale. Nous avons arpenté les rues pavées du centre-ville
pendant des heures à la recherches de tenues par dizaines qu’on devait nous
envoyer directement ainsi qu’une robe de mariée. Même si elle était habillée
d’une manière plutôt sobre, tante Maria avait des goûts très affûtés en matière
de mode, et elle sût choisir ma robe avec brio.

C’était une robe splendide… J’avais rarement vu un travail aussi fin


que celui-ci. Le haut était composé d’un décolleté plongeant, sans pour autant
être vulgaire, jusque sous les seins et était tissé à la manière d’une dentelle.
Des épaules descendaient deux pans de tissus espacés à la base, ce qui
permettait de voir une partie de ma peau. Ces pans de tissus tombaient
jusqu’à mes hanches, lesquelles étaient ceintes par des tissus légèrement
différents, de textures unies et qui coulaient comme autant de cascades
féeriques jusqu’au sol, puis courrait derrière mes pas. Cette matière était
fendue sur le devant ce qui laissait mes jambes apparaître à chaque avancée.
Son prix était tout à fait extravagant, mais mon père ne regardait pas à la
dépense.

Nous rentrâmes alors à Palerme et une fois à la maison, je décidais d’en


savoir plus sur ce futur mari qui m’était attribué. Notre villa possédait de
nombreux passages dérobés et quelques judas permettant d’observer d’une
pièce à l’autre. Je le vis d’abord dans le bureau qui lui avait été donné par
mon père. Il discutait avec un sous-chef.

« Cela ne peut plus durer, disait-il. Le chef de la police ne cesse de nous


mettre des bâtons dans les roues. Tu te rends compte que ce petit enfoiré à
peine sorti de l’école à fait foirer notre dernier trafic de meth ? Merde ! Ils
savent pourtant tous qu’on avait prévu de prélever un pourcentage des ventes
pour dédommager les veuves du dernier affrontement avec les Basiglione !
- Tray… T’énerves pas autant. Ce petit con ne sera bientôt plus qu’une
histoire ancienne. Tu m’avais demandé de trouver une solution à son sujet,
j’en ai une.
- Je n’ai jamais parlé de le supprimer.
- Moi, non plus.
- Bon… Expliques-toi.
- J’ai un de mes gars sur le coup. Chaque soir, notre maton quitte son poste à
19 heures 30. À la suite de quoi, il rentre directement chez lui, un minable
petit meublé des quartiers Est. Repas rapide et télévision en solitaire, jusque-
là rien d’exploitable. Excepté les jeudis soir où, immanquablement, il se rend
dans une maison à une dizaine de kilomètres de Palerme. Elle est coincée
dans un champ et est si petite qu’on dirait une cabane à outils. Il passe alors
une partie de la nuit à… eh bien… à s’enduire de merde.
- S’enduire de quoi ?
- Me force pas à répéter… Et ce petit dégueulasse ne s’arrête pas là dans ses
perversions solitaires… Mais à défauts de te le dire, regarde par toi-même. »

Il sortit alors une enveloppe de la poche de sa veste et la jeta sur le


bureau. Tray le regarda avec méfiance avant de l’ouvrir, d’en sortir des
photographies que je ne pouvais voir de ma position et de porter une main à
sa bouche. Il déclara que c’était du beau boulot. On voyait son visage sur
chaque cliché et sur certains il passait vraiment pour un taré. Avec ça, ils
pourraient lui faire du chantage et le pousser à quitter son poste. Il ouvrit un
tiroir et tendit une liasse de billets à l’homme en face de lui.
Ces cachettes d’espionnages étaient fort pratiques pour écouter aux
portes. Cependant, elles étaient parfois surprenantes à l’image de ce dernier
lundi où je cru trouver Tray. Ce n’était pourtant pas lui que je vis, mais un
des jardiniers aux prises avec une femme de chambre. Elle était jeune et lui
était bien plus vieux, mais il semblait que cette petite garce aimait le principe
de différence d’âge. Le jardinier s’affairait en elle, lui donnant des coups de
reins bien assénés et sans aucune retenue.
Il bougeait aussi fort qu’il la saisissait pour la faire bouger sur sa queue. Elle
rougissait de plaisir et entrouvrait la bouche afin de respirer plus facilement.
Le bougre n’était pas jeune, mais il était pourtant vigoureux. J’entendais le
mouvement de son membre dans son petit con humide et cela me fit mouiller
dans ma cachette. Puis, il se retira d’elle et la fit mettre à genoux, dans un état
d’excitation proche de la transe.
Il jeta la coiffe de la jeune femme au loin et l’attrapa à la base de sa queue de
cheval pour mieux utiliser sa bouche. Elle produisait de forts sons de
déglutitions et semblait parfois s’étouffer, mais elle tenait bon et se caressait
vigoureusement dans le même temps. Soudain, alors qu’il avait profondément
enfoncé sa queue dans sa gorge, il déchargea en râlant et elle avala son foutre
goulûment. Quel singulier spectacle, cette maison était décidément pleine de
surprise.

Une autre fois, alors que je me rendais aux jardins, j’entendis la voix de
Tray au bar. Il discutait avec mon père. Depuis ma cachette, je pouvais les
voir de face, de l’autre côté de la pièce et l’image était belle. Ils étaient tous
les deux en costumes italiens à rayures, celui de Tray était bordeaux et celui
de mon père était bleu nuit. L’un était roux foncé et l’autre grisonnant. Tous
deux buvaient un cocktail préparé par le barman et ils se tenaient face à face,
une jambe au sol, l’autre sur le cale-pieds du tabouret.

« J’ai peur Padrino, annonça Tray


- Il ne faut pas être si fragile, mon petit ! répondit mon père en faisant tourner
les glaçons dans son verre. Ce n’est pourtant pas une épreuve si difficile
sachant que beaucoup passent par-là.
- Padrino, c’est votre fille ! »

Mon cœur tressauta.

« Je ne pourrai me résoudre à ce qu’il lui arrive malheur. Vous connaissez ma


réputation, et vous savez quel rôle vous souhaitez me laisser. Je sais qu’il est
honorifique, mais cela l’expose à tous les dangers… Et puis elle est si
élégante, si belle… Je ne serai jamais que le gamin roublard de Dublin,
traînant dans les rues puant la suie et le charbon comme un gavroche français.
- Tray, d’une part, si je n’étais pas sûr que vous pussiez vous correspondre,
jamais je n’aurais autorisé cette union. D’autre part, Jenna est maintenant une
femme, et forte avec ça ! Elle est habituée au danger, elle est ma fille.
Personne ne s’attaquera à elle, ni à toi, si tu sais gérer ton monde. Et tu as les
épaules pour ça, le petit mendiant que tu as été à éclot et voici l’homme que
tu es.
- Je ne pourrais jamais assez vous remercier de ce que vous avez fait de moi,
et pour moi.
- Je ne t’ai rien donné, tu as mérité. »

J’étais abasourdie. Je ne savais pas que Tray ressentait de telles


craintes. À vrai dire, j’imaginais qu’il était satisfait de m’avoir comme
femme, mais sans plus. Il faut croire que sous ces muscles saillants et cette
épaisse barbe roussie se cachaient un sentimental. Qui l’eut cru ? Toujours
est-il qu’après cette révélation, j’eus le cœur plus léger et la conscience de
même. Je m’autorisais même à lui sourire en le croisant ce qui allumait dans
ses grands yeux marrons une petite lueur qu’on aurait presque pu prendre
pour une nuance d’espoir.
Le jour du mariage me sauta au visage sans crier gare. La veille, j’étais
encore la fillette de Don Cartioli, jouant avec ma poupée de porcelaine sur les
marches de notre villa. Le lendemain, j’étais une jeune femme élégamment
vêtue d’une robe de mariée hors-de-prix, prête à endosser le rôle d’épouse de
Tray pour le reste de ma vie. Ciel, comme aujourd’hui était passé vite.

On vint me chercher dans ma chambre alors que je finissais de m’habiller


devant mon miroir pour ce jour si spécial. Une vieille Maserati vint me
chercher. C’était une 3 500 GT qu’avait acheter mon père pour l’occasion
aux dires de Tray dont j’avais surpris les mots au détour d’un couloir. C’est
d’ailleurs il Padrino en personne qui conduisait la sublime voiture. Lorsqu’il
me vit au travers du pare-brise, son regard s’illumina et je le vis heureux.
Ceci déclencha également chez moi un sourire sincère.

Il conduisit doucement jusqu’à l’église. Nous étions entourés de deux


voitures blindées et de quatre motos pour notre sécurité, afin de montrer notre
puissance aux éventuels mouchards et espions qui observeraient la
cérémonie. En traversant les rues de Palerme, les gens sortaient des maisons
et, observant le long cortège de voiture, me saluait et m’envoyait mille
baisers.

Nous arrivâmes bientôt sur le parvis de l’église della Martorana où


nous attendaient déjà des dizaines d’invités, tous habillés dans leurs grandes
tenues. On ne mariait pas n’importe qui aujourd’hui, c’était la fille de Don
Cartioli, il fallait donc apparaître sous son meilleur profil. L’église était loin
de celle de mon rêve, mais était tout autant, si ce n’est plus sublime encore.
C’était un ancien lieu de culte du milieu du Moyen Âge et dont l’intérieur
était décoré par des milliers de gravures et de sculpture pieuses. On avait
dressé des tentures entre les bancs et installé des éclairages délicats qui
mettaient en valeur les superbes peintures qui recouvraient les frontons et les
plafonds, comme pour signifier que tous les saints étaient là pour nous, pour
nous bénir à jamais.

J’eus très peur lorsqu’on lança la musique de la progression vers


l’autel, mais je fus également fort surprise de constater que même si
l’extérieur de l’église était bondé, l’intérieur était tout autant plein. Mon
regard se figea lorsque je pris conscience que l’homme qui était de dos
devant l’autel, faisant face à l’officiant, était mon futur mari. Mes pas ne
semblaient pas être dirigés consciemment par ma personne propre tandis que
je me dirigeai vers lui. Il ne se retournait pas.
Je pris place à ses côtés et sentis l’odeur de son après-rasage, ce qui me
rassura pour je ne sais quelle raison, mais je n’osais pas encore me tourner
vers lui alors qui lui ne se gênait plus et cherchait mon regard. Pour ma part
je me refusais encore à cet épreuve et préférais concentrer mon regard sur
l’officiant.

C’était l’évêque même de notre ville qui s’était donné la peine de nous
unir. Il était si somptueusement vêtu que je me demandais où était donc le
vœux de pauvreté cher à notre Sauveur. Cependant, il affichait une mine
radieuse et un sourire sincère, car il faut dire que Monseigneur Lorefice me
connaissait depuis ma prime jeunesse. Il avait toujours été un ami de notre
famille et avait dirigé tous les évènements religieux de notre famille. Il en
faisait d’ailleurs un peu partie …

L’orgue cessa de jouer et un silence solennel s’imposa dans l’édifice,


malgré la foule présente ce jour-là. Monseigneur Lorefice commença alors le
discours qui depuis des siècles avait unit des êtres entre eux au regard de
Dieu. Puis vint l’instant où les mariés devaient échanger leurs vœux. C’est
alors que pour la première fois, je me retrouvais en face à face avec Tray. Son
visage n’avait pas la délicatesse des autres membres de la Cosa Nostra.
On sentait qu’il n’était pas Sicilien, ne serait-ce qu’à la couleur de ses
cheveux ou à la teinte de sa peau. Mais il affichait une expression bien plus
vivante que les autres, un sourire bonhomme et des yeux rieurs qui me
détendirent facilement. Je n’avais jamais remarqué la large cicatrice qui
courrait sur son visage depuis son front jusqu’au milieu de sa joue en passant
par son œil. Inconsciemment, cela m’excita un peu. Il commença et osa tenir
ce discours qu’il voulait très personnel tandis que la tradition requérait
quelque chose de plus formel :

« Jenna, nous ne nous connaissons pas encore tout à fait et je sais que je ne
suis pas le mari auquel notre aimable assistance aurait pensé pour toi, de
prime abord. Cependant, si tu me donnes cette chance, j’aimerais pouvoir
t’aimer et te chérir jusqu’à la fin des temps. J’aimerais pouvoir dissiper tes
inquiétudes et t’offrir le meilleur de moi tout autant qu’être ton humble
serviteur. »

Sur ces mots, il s’était agenouillé devant moi, encore une fois, en dépit
de toute notion de tradition. J’étais gênée et lançait un regard vers nos invités
qui partageaient également des regards surpris. Mon père, lui, souriait
pensivement.

En y réfléchissant un peu, ce geste était très beau. Il se plaçait de lui-même en


une position d’humilité devant moi et devant notre mariage arrangé, c’était
rassurant. Il tourna la tête vers un petit cousin qui lui apporta aussitôt, et avec
une mine très fière, les deux anneaux d’unions. Ce n’est que lorsque qu’il
passa le mien à mon annulaire que je pus constater de la richesse de ce
travail. Un magnifique cercle d’or blanc surmonté d’un diamant pur dont
l’éclat concurrençait la beauté des cieux. Sublime…
Enfin, je prononçais mes vœux à mon tour, bien qu’ils fussent plus
bateau dans leurs formes. Tout l’auditoire applaudit et nous quittâmes la
cathédrale sous les félicitations et au rythme des « Vives les mariés ! ». Une
autres voiture nous attendait afin que mon nouveau mari et moi puissions
rejoindre notre villa où aurait lieu la fête.

Nous prîmes la tête du cortège et roulâmes en grande pompe dans les


rues de la ville puis dans les chemins qui menaient chez moi. Tray et moi
saluions les gens par le toit ouvrant, comme l’auraient fait quelque
diplomates en voyage d’affaires. C’était légèrement gênant, Tray se
considérait toujours comme un petit vagabond irlandais tandis que je n’étais
que la fille de quelqu’un d’important, pas cette personne elle-même. Afin de
détendre l’atmosphère, Tray sortit des convenances et se mit à saluer les gens
en parodiant les plus prolixes des Italiens, parlant vite, insistant sur la
prononciation et remuant des deux bras et distribuant des embrassades à tout
va :

« Grazie ! Grazie ! Gentili persone grazie per la vostra gentilezza ! Ti amo !


Sei cosi bravo ! Dio ti tega ! Grazie ! » (« Merci ! Merci ! Aimable peuple,
merci de votre gentillesse ! Je vous aime ! Vous êtes si bons ! Dieu vous
garde ! Merci ! »)

J’étais tout à fait hilare et lui tapait par réflexe du dos de la main sur ses
côtes afin qu’il arrête de se ridiculiser. C’est vrai quoi, il aurait pu en plus
s’attribuer les foudres du Padrino et des autres en se moquant ainsi des
Italiens. Mais il faut bien avouer que j’eus du mal à m’arrêter de rire. Au bout
de notre route, nous arrivâmes enfin.

Sous les commandes militaires de tante Maria, on avait décoré la villa


avec un goût exquis. Au dehors, là où se déroulerait le repas, se trouvait une
grande terrasse entourée de colonnes et où couraient de véritables tiges d’un
lierre que je connaissais pas. Dans les fontaines, on avait introduit de
superbes carpes Koï qui resplendissaient sous la lueur du soleil de midi. Un
orchestre était également présent. Mon père connaissait bien mon goût pour
la musique et il avait donc fait déplacer en conséquence l’orchestre national
de Rome. Diantre !

Toutes l’assemblée était là, souriante et prête à continuer les festivités.


Nous nous installâmes tous à table. Tray et moi partagions évidemment la
même table et celle-ci faisait face à toutes les autres. C’était une drôle de
position pour manger car il fallait absolument faire attention à ne pas passer
le repas à manger comme une souillon ou abuser de la nourriture. Tray s’y
faisait très bien. Il recevait les convives les uns après les autres qui venaient
nous donner des enveloppes, contenant toutes une importante somme
d’argent en gage de bénédiction. Il les saluait, échangeait quelques mots avec
eux et ils retournaient s’asseoir à leur table.

Tray et moi parlâmes un peu pendant ce repas. Il est vrai que nos sujets de
conversation étaient un peu usés et qu’une certaine timidité nous
ralentissaient, mais je considère qu’elle était tout à fait naturelle afin
d’apprendre à nous connaître, à notre rythme.

Lorsque le repas fut terminé, c’est-à-dire à une heure déjà avancée de la


soirée, des serveurs débarrassèrent rapidement les tables et les enlevèrent
ainsi que les chaises afin de dégager une large piste de danse. Des guirlandes
de lampes en papier donnaient une lueur tamisée aux jardins et des
lampadaires provisoires avaient été installés dans toutes les allées afin que les
convives puissent s’y promener à leur guise.

Après des heures passées avec lui, Tray semblait plus naturel et moi de
même. Nous parlions à présent avec plus de cœur, et il me faut bien admettre
que sa personnalité me plaisait de plus en plus. Oh ! Certes ce ne pouvait être
qu’une manœuvre de sa part pour paraître plus agréable à mes yeux, mais je
le pensais sincère et son regard ne mentait pas. Nous avions rapidement
ouvert le bal comme l’exigeait la tradition puis nous étions partis chercher
une bouteille de champagne au bar ainsi que deux coupes. Puis nous avions
trouvé un refuge loin de toute cette attention et de tout ce remue-ménage
autour d’une petite fontaine entourée de haies et où mon père avait fait
installer des bancs de pierre.

Ainsi cachés comme des enfants récalcitrants, nous passâmes deux bonnes
heures à boire du champagne et à rire. Nous nous moquions de l’air de
certains convives comme nous parlions de nos envies et passions. Quel doux
moment. C’était un vrai gentleman comme on les faisaient au début du siècle,
mais avec le grain de folie de l’homme moderne.

Alors que nous allions rejoindre la fête qui battait son plein, selon ce
que nous pouvions entendre, Tray s’arrêta dans sa marche et me fit signe de
tendre l’oreille. Tout prêt de nous, il y avait un souffle langoureux qui se
faisait entendre. Tous deux comprîmes assez rapidement de quoi il s’agissait
même si nous n’osions y croire. Ici… À ce moment précis… Ç’aurait été
indécent. Et pourtant, lorsque nous nous approchâmes de la haie d’où
provenaient ces sons, nous avons surpris un bien agréable spectacle.

Derrière une haie disais-je, étaient allongée deux femmes côte à côte
dans l’herbe coupée. C’était deux jeunes femmes, l’une fille d’un ami de mon
père, l’autre m’était inconnue. Elles passaient leurs mains sous leurs
chemisier déboutonnés et caressaient leurs peaux mutuellement en
s’embrassant doucement d’abord, avec délectation ensuite.
La plus vieille, qui devait avoir la vingtaine glissa ses longs doigts à sur la
peau intérieure des cuisses de sa compagne, ce qui eut pour effet de la faire
frissonner.

Elle regarda sa compagne avec gourmandise et effleura l’intérieur de ses


lèvres du bout de son index. Étonnement, je n’éprouvais pas tant de jalousie à
ce que mon nouveau mari observe cette scène avec moi. Je trouvais même
cela plutôt excitant. Je l’imaginais entrer dans ce tableau bucolique et prendre
l’une d’entre elle en l’utilisant à sa guise. J’avais envie de voir sa queue en
action dans ces petites garces. J’avais envie de prendre son sexe dans ma
main. Oserais-je ?

La plus jeune n’en pouvait plus de rester inactive et se jeta entre les cuisses
de son amie afin d’y prodiguer de taquins coups de sa mignonne petite langue
pendant qu’elle était saisie par les cheveux.

Mouillant autant qu’en regardant ces deux minettes s’auto-satisfaire que


parce que je mourrais d’envie de le saisir par la queue là, tout de suite, sans
prise de tête ni réflexion, je pensais simplement : Quel homme pourrait
résister à ça ? Je tendis alors ma main vers son entrejambe déjà très dure et la
glissait dans son pantalon, puis son caleçon.

Attrapant son sexe, sa taille m’impressionna et je fis glisser ma main tant bien
que mal, sur tout son long. Lui ne bougeait pas et continuait de regarder ces
deux petites salopes partager leurs embrassades et leurs effluves. Soudain, il
s’arracha à son plaisir et me rappela en souriant que nous devions honorer
notre soirée et que les gens auraient des soupçons si nous ne revenions pas
rapidement.

Lorsque nous revînmes au cœur de notre fête, tante Maria me sauta


dessus afin de me remonter les bretelles. Que voulez-vous ? On abandonne
pas ses convives de la sorte ! Tray et moi nous séparâmes le temps d’aller
faire acte de présence auprès des invités. Ils étaient tous ravis pour nous et on
fit maints compliments quant à la qualité de ma robe, ainsi que de ma
coiffure, ce dont ma tante se félicitait.

Alors qu’un long moment s’était ainsi passé et que je n’avais plus
d’invité à honorer, je vis Tray caché dans l’embrasure de la porte de la villa.
Il me faisait signe de la tête de le rejoindre, ce que je fis le plus naturellement
du monde, en surveillant ma chère tante du coin de l’œil. Lorsque j’eus passé
la porte, Tray m’attira à lui et m’embrassa avec une passion tendre. Il déclara
m’aimer depuis longtemps. À cette déclaration, je rougis et ne pus
m’empêcher de sourire en retour.

Il m’entraîna alors en courant dans les cuisines où les commis travaillaient


d’arrache-pied et où les cuisiner dressaient encore des plats à ceux qui avaient
faim. Ils nous regardèrent passer avec curiosité et nous les saluions avec
ironie. Passant les cuisines, nous arrivâmes dans le grand hall qui était vide et
nous nous embrassâmes dans les escaliers. Tray ne connaissait que le rez-de-
chaussée où il était autorisé à aller. Je décidais de lui offrir un peu plus et
nous montâmes les quatre étages de la villa afin d’atteindre le palier où était
une salle d’arts que mon père chérissait. Sa porte était à gauche tandis que sur
la droite, il y avait une porte qui menait à notre grenier.

En passant cette porte, nous avisâmes un ancien bureau qui ne servait


plus à personne depuis des années. Nous embrassant, nous le percutâmes sans
délicatesse. Tray me saisit par les hanches et me fit asseoir. Comme son
visage était beau, éclairé par la seule lueur du grenier provenant d’une petite
fenêtre couverte de toiles d’araignées et qui donnait directement sur le jardin.
Il m’embrassa avec encore plus de fougue tandis que je saisis de nouveau sa
queue dans ma main. Cette fois, il m’aida en déboutonnant son pantalon et
une fois que ceci fut fait, il releva la totalité de ma traîne et la rejeta sur le
côté. Il avait ainsi dégagé mes cuisses et s’affairait à les baiser et à les
caresser délicatement tout en ôtant mes sous-vêtements.

Il entra bientôt en moi, laissant chaque centimètre de sa queue me


pénétrer pour la première fois. Il était très excité et bandait alors comme un
taureau. Elle était dure comme l’acier et j’eus un léger mal qui laissa bientôt
la place à une vague de plaisir nouveau. Je n’aurais voulu être nulle part
ailleurs qu’en ce lieu.
A cet instant. Il appliquait en moi de souples va-et-vient tout en saisissant ma
tête pour la rapprocher de ses lèvres. Je ne faisais montre d’aucune discrétion
quant à l’expression de mon plaisir et lui non plus. Je découvrais le plaisir de
ses mains puissantes courant entre mon dos et ma robe. Alors que je regardais
la fenêtre, j’eus une idée. Je lui demandais alors de venir avec moi.

Posant mes paumes de chaque côté de la fenêtre, j’avais pris le soin de


découvrir mon cul en détachant ma traîne. Relevant ainsi mon postérieur, je
lui demandais de venir me prendre sans qu’il ne se fasse attendre.
Langoureusement, il s’agenouilla et glissa sa langue entre mes lèvres,
écartant mes fesses pour mieux les atteindre. Comme c’était bon… Puis il se
redressa et entra plus fortement qu’il ne l’avait encore fait.
Il faisait claquer son bassin contre mon cul tandis que mes seins balançaient
comme jamais sous ma robe de mariée. Succombant sous le désir, je le pris
par les hanches et enfonça mes ongles dans sa peau. Cependant que nous
baisions de la sorte, je pouvais apercevoir en bas nous invités qui dansaient,
ma tante qui posait des questions à chaque convive, sans doute à propos de
notre mystérieuse disparition et mon père qui devisait avec quelques
hommes.
C’en fut trop. Je repensai à la jeune femme et le vieux jardinier que j’avais
surpris quelques jours auparavant et m’agenouillais devant lui pour le sucer
avec passion pendant que je me caressais rapidement avec le plat de mes
doigts. Je sentais une montagne de plaisir grandir en moi pendant que sa
queue grossissait, prête à remplir ma bouche de foutre chaud. J’activais mes
mains pour hâter ce moment.

Soudain, alors que nous étions tous deux à la limite de notre plaisir, une
explosion se fit entendre dehors, suivie de l’horrible et déchirant cri d’une
femme. Stoppant nos ébats, nous nous jetâmes contre la fenêtre. Dehors, une
vingtaine d’homme armés de fusils automatiques et de gilets pare-balles
tiraient sur les convives qui couraient pour se réfugier dans les jardins, sous
les tables ou dans la villa.
Tray se métamorphosa instantanément. Son visage prit une expression très
dure tandis qu’il sortait un petit revolver d’un holster dans sa cheville. Il me
prit par le bras et nous descendîmes les escaliers en cavale. Un des hommes
se présenta pour nous abattre, mais Tray fut plus rapide que lui. Il tira et le
tua d’une balle dans la gorge. Nous continuâmes à courir vers le garage dont
Tray ouvrit la porte à la volée. Derrière nous, un éclat de voix nous appris
que nous avions été repérés. Mon mari se retourna alors, se cachant derrière
le capot d’une Rolls et tira ses dernières cartouches, abattant encore trois
hommes.

« Tray ! Mon père ! Tante Maria ! Ma famille !


- Nous ne pouvons pas rester ici. Mettons les voiles, nous réfléchirons à l’abri
de la mort. »

Tandis qu’une véritable fusillade avait lieu entre les intrus et les
convives, tous habitués au maniement des armes, il ouvrit la porte du garage
et démarra sa moto de course qui hurla dans la pièce. Il me fit monter, attrapa
une machette qui se trouvait là et fonça dans les ténèbres. Dieu seul savait où.

Alors que nous traversions à toute allure le chemin qui menait vers le
grand portail, un homme de main tendit les bras vers Tray afin de le faire
chuter de sa moto. À peine le vit-il qu’il tourna la lame de sa machette par un
cercle du poignet et l’encastra dans l’épaule de l’homme qui interrompit donc
son geste et tomba au sol en hurlant.

Nous nous ruâmes alors sur la route, mais par-dessus le moteur hurlant de la
moto, j’en entendis un autre derrière nous. Une Subaru d’un noir mat nous
filait le train et lorsqu’elle fut assez prêt, les hommes à son bord se
penchèrent par la fenêtre pour ouvrir le feu. Tray me demanda de
m’accrocher à lui et de suivre les mouvements de son corps. Il accéléra et
roula à pleine vitesse en zigzaguant pour éviter les balles. Il frôlait les
voitures autant que la mort à chaque mouvement, mais il semblait connaître
ce véhicule par cœur.

Il tenta une manœuvre risquée. En plein cœur du trafic, Tray éteignit les
phares de sa moto et fila entre ceux des voitures. Il accéléra pour mettre le
plus de distance entre la Subaru et nous. Et cela fonctionna à merveille ! Je
me retournais difficilement par moment afin de constater de son éloignement
était progressif. À mesure que nos assaillants perdaient du terrain, je me
sentais rassurée. Brusquement, Tray freina de toutes les capacités de la moto
et nous cacha à l’orée d’une forêt, juste après un virage. Nous entendîmes
arriver l’infernale voiture dont les pots d’échappement crachèrent quelques
flammes en passant le virage. Elle nous passa sous le nez sans que personne
ne nous remarquât.

Tray et moi restâmes cachés ainsi encore de longues minutes. Puis une
heure. Puis deux. J’avais froid avec ma robe aux bras nus, mais Tray m’avait
tendu sa veste de costume sans me regarder. Il scrutait la route et ses
alentours, et semblait faire fonctionner tous ses sens en même temps. Au bout
d’un long moment encore, il se leva, regarda longtemps encore les alentours.
Il finit par déclarer que la voie était libre. Il sortit la moto de sa cachette et la
démarra. Nous repartîmes alors à une vitesse normale, en empruntant
cependant les petites routes.

Nous avons roulé toute la nuit, ne nous arrêtant jamais. Au petit matin,
nous avons pris le bateau qui nous permettait de quitter la Sicile en graissant
fortement la patte du passeur afin d’éviter le contrôle d’identité. Cette petite
croisière matinale me fit du bien. Sentir le soleil se lever et la brise marine
entrer dans mes narines était comme sortir un peu des ténèbres. Cependant je
ne pouvais m’empêcher de m’en faire pour ma famille.

« Tray, dis-je à voix basse. Il faut que nous sachions qui nous a fait ça et
comment vont les autres.
- Je sais… Pour l’instant rien n’est sûr et nous ne sommes à l’abri nulle part.
Mais je connais un endroit. Nous y serons en sécurité le temps de décider
comment procéder. »

Je n’osais pas lui poser plus de question, il semblait savoir ce qu’il


faisait. Rapidement, nous sommes arrivés sur la terre ferme et Tray prit la
décision de se débarrasser de la moto ainsi que de changer d’habits. Dans les
mauvais quartier d’une ville sur la route, il trouva un homme avec qui
échanger sa bécane. Leurs valeurs étant drastiquement différentes, l’homme
dû en sus aligner quelques billets. Celle qu’il récupérait était bien moins
belle, mais semblait beaucoup plus solide et taillée pour faire de la route. Il
l’emmena dans un garage afin d’y faire installer deux fixations latérales,
l’une pour un jerrican d’essence, l’autre afin de ranger quelques affaires à
l’image de celui qu’il fit installer derrière moi et qui me servait de dossier.
À l’avant, il fit également fixer un discret holster de cuir qui devait servir à
cacher le Beretta 92 à poignée de bois qu’il avait acheté à un dealer du coin.
Enfin, avec l’argent de la moto, il nous acheta de la nourriture pour deux ou
trois jours ainsi que de nouveaux vêtements.

J’étais hideuse. Je portais un pantalon trop large d’un kaki militaire


ainsi qu’une chemise à carreaux rouge et bleue. Il m’acheta également un
béret gris qu’il prétexta utile afin que je ne sois reconnue de personne. Mais
vu son regard, je pense très sincèrement qu’il m’attifa de la sorte car il me
trouvait un charme nouveau. Pour sa part, il ne ressemblait guère plus à un
Italien, mais à un Irlandais à bottes de cuir et veston de feutre. D’ailleurs elle
était très sexy, cette chemise rustique qui lui moulait les épaules …

Bref, après avoir fait le plein de la voiture nous avons repris notre
route. Cette selle était vraiment plus confortable que l’ancienne, sans compter
que nous sentions moins les aspérités de la route. Sans doute grâce aux
suspensions de la moto. Cependant nous roulions moins vite et je n’osais
imaginer ce qui aurait pu se passer en cas de poursuite. Après une journée de
route, nous avons fait escale dans un petit hôtel de routard. La chambre était
décorée d’un mauvais goût particulièrement soigné.

Des murs verts en passant par la faïencerie rose de la salle de bain, on sentait
que tout était mis en œuvre afin que le client se sente chez lui. Alors que le
crépuscule projetait ses lumières au travers des lames du store, Tray et moi
tombâmes sur le lit trop dur qui siégeait au milieu de la pièce et regardâmes
la télévision. Il y passait une émission de mauvaise qualité qui tentait tant
bien que mal d’imiter les shows japonais où tous finissaient par se ridiculiser
dans des épreuves dangereuses. Aucun doute, le malaise était complet.

« Quelle merde, soupira Tray. Et dire que j’avais promis à ton père de te
protéger.
- Ne soit pas si plaintif, je suis en vie et c’est grâce à toi. Nous sommes tous
les deux en vie.
- Ne crions pas victoire trop vite, nous ne connaissons pas l’identité de nos
agresseurs. Ils sont peut-être plus puissants que nous ne le croyons… L’État
peut-être !
- Quand pourrons-nous en être assuré ?
- Lorsque nous aurons rejoint notre destination. Nous avons encore de la
route à faire, mais nous y sommes presque. J’espère qu’il l’a entretenu
comme je lui ai demandé.
- Je pense que nous avons tous les deux besoins de nous détendre après toute
cette route… Et puis, il faut que nous pensions à autre chose… »

Sur ces paroles, je passais ma jambe par-dessus les siennes et caressai


son torse. Même sous l’épaisseur de vêtement qui le recouvrait, je pouvais
sentir ses pectoraux saillants et les lignes de ses abdominaux. Il s’approcha de
moi afin de m’embrasser. J’aimais la présence de ses doigts glissant dans mes
cheveux, c’était rassurant. Tray était rassurant. Il glissa ses mains le long de
mon dos et attrapa mon cul avec fermeté ce qui eut pour effet de m’arracher
un petit cri. Devant mon sourire, il ne put résister et me retourna, prenant
ainsi une position surplombante sur mon corps allongé. Il embrassa la peau
de mon cou et celle de mes seins frissonnants.
Au loin, la sirène d’une voiture de police retentit. Il releva la tête pour
écouter, mais je l’aidai à la replonger sur mon corps. Il trouva le chemin de
mon intimité et déposa sa tête entre mes cuisses. Sentir son souffle à cet
endroit me faisait trembler. Et ce fut pire encore lorsque qu’il embrassa mes
lèvres. Il y déposait de doux baisers, ce dont je ne l’aurai pas cru capable
quelques jours auparavant. Puis il y appliqua un petit coup de langue, suivit
de près par un deuxième. Cette sensation était délicieuse et je m’agrippais
avec force à ses cheveux afin de guider quelque peu les mouvements de sa
tête.

Soudain, il attrapa mon poignet et, se relevant, le plaqua sur le côté de


ma tête. De son autre main, il fit glisser l’extrémité de sa queue son mon sexe
humide tout en l’entrant un petit peu plus à chaque fois. Il finit par craquer et
s’inséra complètement en moi en me regardant jeter la tête en arrière. Tray
commença ses allers-retours en moi avec une lenteur extrême qui me rendait
folle. J’en voulais plus ! Lui demandant, il augmenta la cadence et commença
à se tordre la main pour me caresser en même temps qu’il me baisait. Et il y
arrivait drôlement le bougre. Nous avons partagé notre plaisir longtemps dans
cette position et il semblait particulièrement aimer son moment.

J’eus alors une idée. Je me retirais de notre éreinte et le fit allonger sur le lit à
ma place. Il affichait une mine étonnée, mais se laissa faire. Chevauchant son
visage, je plaquais mon sexe contre sa bouche, l’empêchant presque de
respirer, mais profitant de sa langue mouvementée. Pendant ce temps, je
m’appuyais sur mes coudes afin de prendre dans ma bouche sa superbe queue
encore enduite de ma cyprine. Je le suçais alors avec conviction, laissant ma
pudeur de côté. Sentir la peau de son sexe entre mes lèvres me rendait toute
chose et il me semblait que lui également en regard de la tension de son
membre.

Soudain, sans crier gare, il éjacula d’un sperme chaud à l’intérieur de


ma bouche, si fort qu’il s’en échappa quelques gouttes qui tombèrent sur mes
doigts. Devant cette sensation, je ne pus m’empêcher de jouir également dans
sa bouche pendant qu’il tenait mes hanches avec force. Nous restâmes dans
cette position un court instant avant de nous endormir à demi-habillés,
fatigués par la route, et comblés par le sexe.
Le lendemain matin, j’eus la bonne surprise de constater qu’il m’avait
préparé un petit déjeuner. Une simple baguette de pain avec un café
instantané et un jus d’orange si coloré qu’il n’avait plus rien de naturel.
C’était frugal, mais je fus touché par son geste et le lui témoigna en déposant
un baiser sur ses lèvres froides.

Nous nous remîmes en route rapidement afin d’avancer dans notre fuite vers
le lieu qu’il tenait si secret. Nous passâmes le long d’un fleuve sauvage où
évoluaient de drôles d’oiseaux aux longs cous et aux pattes infinies. Parfois,
certains d’entre eux sortaient le bec de l’eau avec un poisson. Afin d’arriver
au plus vite, nous mangions rapidement et avions peu dormis lors de la
deuxième nuit dans notre hôtel.

Enfin, en milieu du troisième jour, Tray prit un chemin dans une forêt
qui nous parcourions depuis un moment. Il en prit un autre, puis encore un
autre. Il se dirigeait dans cette forêt comme s’il la connaissait par cœur. Et
c’était probablement le cas. Après un long moment, je vis non loin une petite
cabane de rondins recouvert d’une grande bâche aux motifs de camouflage
au-dessus du toit. Il se gara sous un porche peu large, mais assez long pour y
placer la moto ainsi que le vieux pick-up noir qui s’y trouvait déjà.

Nous fîmes doucement le tour de la petite maison et Tray affichait un sourire


radieux en me disant que son gardien avait bien pris soin de sa cachette.
C’était donc là ! En entrant, je découvris une seule pièce carrée qui contenait
une cheminée avec un petit canapé de cuir ainsi qu’une cuisine sommaire. Il y
avait également un lit à deux places dans un coin et une table avec deux
chaises. La salle de bain était tout aussi minimaliste avec une simple douche
et un W.C. à l’abattant de bois.

« Nous y sommes, déclara-t-il. Nous allons rester ici quelques temps.


- Qu’est-ce qu’on va faire ici ?
- Aviser. »

Après avoir installé le peu d’affaires que nous possédions, nous prîmes
chacun une douche et nous mangeâmes un morceau. Puis Tray ouvrit le petit
coffre-fort qu’il y avait à côté de la cheminé et en sortit un imposant
téléphone satellite. Il composa un numéro, mit le téléphone en haut-parleur et
prononça ces paroles étranges :

« Allô ? Grand frère ? C’est moi. Les gars et moi on s’est encore pris la tête
avec une bande de voyous. Mais ils étaient plus fort et on a dû se disperser.
J’ai pas eus le temps de voir le meneur, ni de demander aux gars où ils étaient

- Ah ! C’est toi ! Papa se demandait où tu étais ! Il a attrapé un petit rhume,
mais s’en remettra vite, ça guérit rapidement. Tous les gars ne sont pas
rentrés, à vrai dire ils ont complètement disparu.
- J’imagine qu’ils ne pouvaient pas faire autrement. On sait qui c’est alors
cette bande de débiles ?
- On dit que c’est un groupe qui n’a pour but que de te faire chier ! Ça fait
écho à une rixe que vous auriez eu y’a un an.
- Ça me dit rien …
- Tu rentres bientôt à la maison ? Papa a préparé la soupe.
- Je serai là pour manger. »

Ils se saluèrent et il raccrocha. Je le regardais les yeux exorbités et finit


par lui demander ce que voulait dire tout ce charabia.

« C’est un code. Si nos lignes sont sur écoute, je ne veux pas être repéré.
- Explique-moi ce qui vient de se dire…
- « Les gars », sont les convives, « papa » c’est il Padrino, et la « bande de
voyou » sont nos attaquants. Ton père s’est fait toucher par une balle, mais ils
ont réussi à abattre le tireur. Il va mieux. Cependant, il y a eu beaucoup de
victimes dans cet assaut. Je précise qu’en terme de date, on doit multiplier par
dix. Donc « un an » en font dix. Selon mon informateur, il s’agirait du gang
que j’ai défait il y a donc dix ans afin de rentrer dans la Cosa Nostra et aider
ton père. Ils auraient formé une expédition punitive pour me faire payer la
perte de leur gang. Sache que ton père prépare une Vendetta avec
l’organisation, c’est « la soupe » dont il me parlait. »

J’étais très surprise de ce procédé, mais le jugeait très malin. Je lui


faisais entièrement confiance, s’il disait que mon père allait mieux, c’est que
c’était vrai. Tray voulait s’armer et pour cela, il avait besoin d’argent.
Cependant, il ne pouvait pas se risquer à faire quelque travail légal au risque
d’être reconnu par les éventuels informateurs de nos assaillants. Il se mit à
réfléchir et trouva une solution provisoire dans le fait de retourner à l’activité
de base du mafioso, le racket.

Il ôta quelques planches du sol de la cabane et découvrit une véritable


armurerie. Il y attrapa un masque de hockey, un fusil de chasse et ses
cartouches, une scie à métaux et une bouteille de chianti. Il scia le canon de
son fusil et m’expliqua que cette manœuvre le rendait plus efficace à bout
portant. Il scia également la crosse afin de le cacher sous son manteau. Le
chianti devait être pour fêter son retour à la maison quelques heures plus tard.
Il devait d’abord apprendre qui tirait les ficelles dans ce territoire et ce qu’il
risquait. Il voulait agir peu mais agir bien. C’est en début de soirée qu’il partit
avec son pick-up au travers des bois, me laissant seule dans cette cabane
perdue entre les arbres.

Afin de profiter encore un peu du soleil et pour faire connaissance avec


les alentours, je sortis de ma cachette et me figeai comme j’avais vu faire
Tray afin d’écouter autour de moi. Le silence était tout bonnement bluffant,
on n’entendait pas une voiture, pas un avion, pas le moindre bruit de présence
humaine. Selon la carte qui se trouvait dans le salon, le point de civilisation le
plus proche se situait à une quinzaine de kilomètres à l’Ouest. Cette
tranquillité… Si nous nous habituions au silence global, nous pourrions
entendre n’importe qui arriver à des kilomètres.

La soirée fut très longue. Je ne savais pas trop quoi faire du temps dont
je disposais et j’étais inquiète pour Tray. Je ne savais pas où il était allé si ce
n’était pour fréquenter une population de brigands. Ceci me mettait dans une
situation inconfortable, que ferais-je s’il ne revenait jamais ? Afin de dissiper
mon impatience, je pris tout mon temps pour me faire un thé avec ce que
j’avais sous la main et m’installai dehors, éclairée par la lumière de la cabane
au travers de la vitre de la cuisine. L’air était frais et l’on entendait seulement
la douce mélopée des criquets.

Au loin, entre les arbres, je vis soudain une lumière s’approcher. À


mesure qu’elle se rapprochait, j’entendais le ronronnement d’un moteur
l’accompagner. Lorsque le véhicule s’approcha, je constatai qu’il s’agissait
du pick-up de Tray. Il en descendit en m’adressant un large sourire alors que
je me jetais naïvement dans ses bras. Il attrapa sa bandoulière en cuir sur le
siège passager et l’ouvrit pour me montrer une assez grand quantité de billets
fourrés à la va-vite à l’intérieur. Autour d’un verre de chianti, il m’expliqua :

« C’est du tout cuit ! Les mecs d’ici sont complètements désorganisés ! Trois
d’entre eux déchirent les effectifs et empêchent toute cohésion. Ils se
moquent complètement que certains se fassent racketter. »

Et il se moqua d’eux un bon moment en les imitant. Je riais devant ses


singeries ce qui avait pour effet de l’encourager à en faire plus. Ce qu’il
devrait regretter le matin venu. Après avoir fini notre bouteille, nous allèrent
simplement nous coucher. En tout bien tout honneur.

Le lendemain matin, il m’expliqua qu’il avait besoin de mon aide. Il


devait fabriquer des balles pour ses armes et me demanda de me charger de
ce travail. Il suffisait d’enlever les amorces usées des cartouches vides pour
en mettre une nouvelle, de remplir la douille avec de la poudre, y mettre une
balle et calibrer le tout. Ça n’était pas bien sorcier. Il me montra comment
faire avec quelques premières balles et me sortit le nécessaire pour en faire
une plus grande quantité. Il se préparait à la Vendetta de mon père et refusait
de le rejoindre les mains vides. Il voulait revenir à Palerme les mains pleines
pour aller le plus vite possible en finir avec ce gang. Je n’étais pourtant pas
partisane de cette idée.

Tous les règlements de compte, quel que soit les organisations concernées, se
finissaient mal. Et je refusais que Tray puisse perdre la vie dans une chose
aussi idiote qu’une vengeance. Cependant, il était affreusement borné et se
refusait à m’écouter. Je n’avais plus qu’à espérer que la Providence empêche
ce massacre.

Les journées se passaient sous les plus doux auspices. Du reste, en


regard de ce qui venait de nous arriver, nos journées étaient sereines. Il paraît
relativement évident que pour quelqu’un dont la vie consistait à se lever pour
travailler, puis rentrer pour dormir en attendant le réveil du lendemain, notre
mode de vie aurait pu paraître franchement limite, voire mortifère. Mais pour
nous, il n’en était rien. Tray partait chaque soir pour voler leur argent aux
voleurs tandis que durant la journée, je m’occupais de tenir notre cachette et
fabriquait des balles pour notre futur assaut.

Tray m’avait même chargé des communications. Je devais, chaque jour,


prendre des appels. Ça n’avait rien de très difficile et cela consistait surtout
dans le fait de prendre des nouvelles de l’organisation comme l’organisation
en prenait de nous. Selon ces appels, personne ne savait où nous étions partis
et la rumeur courrait même que j’avais été touchée par une balle et que Tray
m’avait emmené à moto pour me sauver. Quel genre de position avais-je
donc pu prendre sur la moto pour qu’un convive puisse en déduire que j’avais
été touchée ? Enfin, cela nous aidait à disparaître.

Un soir, Tray entra en furie dans la maison de bois que nous occupions
depuis alors une grosse dizaine de jours. Il était furieux car le gang qu’il avait
pris l’habitude de braquer avait mis en place des mesures drastiques afin de
se prémunir des attaques de ce mystérieux voleur.

« Plein le cul ! cria-t-il. Comment ces bâtards peuvent-ils savoir où je


frapperais ? J’essaie pourtant d’être le plus imprévisible possible… C’est à
croire qu’ils ne sont pas si truffes que je l’imaginais…
- Calme-toi Tray, la colère ne sert à rien. Que s’est-il passé ?
- Je suis arrivé dans une rue que les figlio del diavolo contrôlaient
d’ordinaire. Je rentrais alors comme un dératé sur leur territoire comme je le
faisais habituellement, mais ils savaient que j’allais arriver. À peine fus-je
dans la rue que deux camions remplis de charges lourdes me barrèrent la
route derrière moi. Au-devant s’avancèrent trois hommes qui ouvrirent le feu
sur moi. J’ai alors réussi à me cacher derrière le tableau de bord et à attraper
le pistolet automatique que j’avais volé à l’un d’entre eux avant-hier. Faisant
feu, j’en ai abattu deux, mais le dernier se cacha derrière une poubelle.
Reprenant ma place de pilote, je démarrais pensant que fuir était le mieux à
faire et je le pense toujours. Je fis un rapide demi-tour et réussis à forcer leur
barrage en fonçant dans les capots des camions, là où ils étaient le plus léger.
Le premier impact me retint, mais le second me laissa passer alors qu’une
partie de ma carrosserie est resté là-bas. Ces connards savent. Ils seront plus
équipés la prochaine fois.

- Tray ! m’exclamais-je en me jetant à son cou. Tu aurais pu mourir ce soir !


- Mais je suis là. J’ai besoin de leur argent, j’ai besoin de leurs armes et j’ai
également besoin d’un véhicule.
- Tu ne comptes tout de même pas y retourner ?
- Si. Et tu vas venir avec moi. »

Il m’expliqua alors sa stratégie. Elle consistait à changer de type


d’attaque. À moto nous serions certes plus vulnérables, mais aussi et surtout
plus agiles, rapides et impossibles à rattraper. Alors que je lui demandais ce
que je pouvais bien lui apporter, il m’indiqua que je devrais être le tireur
principal de notre piètre équipage.

Je n’avais pourtant jamais tiré avec une arme. Je ne connaissais pas le bruit
d’une arme à feu tenue par mes mains et je ne savais surtout pas ce que cela
pouvait faire de tuer un homme. Il se proposa de m’en expliquer le B.A. BA.

Dès le lendemain matin, il dressa devant nous toute une série de cible
de fortune, certaines plus proches que d’autres. Les plus proches me
semblaient atteignables tandis que j’arrivais à peine à voir les plus lointaines.
Sans crier gare, il sortit de sa poche un pistolet qu’il arma et tira. Sous mes
yeux, il abattit toutes les cibles et tira sur la plus lointaine composée d’une
poêle qui résonnait dans la forêt à chaque impact. Et elle sonna trois fois de
suite, pour trois coups tirés.
Il me passa l’arme. Elle semblait lourde. Était-ce son poids normal ou bien
avais-je peur ? La dressant en tremblant et en la tenant du bout de la main,
j’ouvris le feu en tâchant de viser la cible la plus proche, à une vingtaine de
mètres. L’arme s’échappa de son emprise et la balle s’enfonça dans les
feuilles mortes à trois mètres de sa cible. Tray éclata d’un rire clair et me prit
dans ses bras. Il m’expliqua qu’il m’avait laissé ce coup pour vérifier de mon
niveau avant de m’entraîner.

Durant les jours qui suivirent, il se concentra uniquement à me faire


apprendre la façon la plus tendre et la plus efficace possible au maniement
des armes à feu. J’appris d’abord à tirer avec aisance avec le pistolet. Cette
apprentissage fut le plus difficile selon moi. Lorsque, après quelques temps, il
mit dans mes mains un énorme fusil de chasse en m’indiquant de bien le
tenir, je fus assez surprise. Je l’épaulais et tirais. Son recul était moins
impressionnant que je l’aurais cru. Je fis mouche plusieurs fois, ce qui
impressionna mon mari.

Combien de fois avons-nous partagé des moments intimes pendant ces


entraînements ? Combien de fois nous sommes-nous rapprochés sans mot
dire dans le silence de la forêt, simplement bercés par l’écho d’une balle déjà
oubliée et par le chant des oiseaux au loin ? Moi, la fille du parrain le plus
influent d’Italie du Sud, la jeune femme qui était réticente à l’idée de se
marier, celle qui vivait dans la soie et l’or était au beau milieu de la nature,
apprenant à tirer à l’arme lourde en vue de tuer nos ennemis. Il me sembla
qu’ensembles, rien ne pouvait nous arrêter, ni Dieu, ni hommes.

Il me fit tirer à la perfection en position fixe, puis en courant, sautant,


les yeux bandés, ou encore m’apprit à me libérer alors que j’étais attachée. Il
m’apprit également à tirer à moto alors qu’il conduisait comme un fou entre
les arbres. Je devins particulièrement bonne dans l’exercice du tir et faisait
mouche à chaque coup. Puis l’heure arriva.

Alors que le jour se coucha un vendredi, je m’équipais comme il me


l’avait imposé. Un gilet pare-balle, deux armes de poings, un fusil au dos et
un pistolet mitrailleur dans la main. Cet équipement était vraiment
impressionnant et même lourd à porter. Mais je tins bon. Chevauchant la
moto, nous partions vers la ville. Nous arrivâmes dans une ruelle sombre où
dealaient deux Africains. Tray éteignit ses feux et fonça vers eux. Il rentra
dans le premier afin de le rendre hors de tout état de nuire et alors que le
deuxième s’enfuyait, j’armais le fusil de chasse et tirait en atteignant sa
jambe droite. Il s’écroula sur le sol en criant.

« Ferme ta grande gueule ou je coulerai du plomb dans ta gorge pour la


sceller ! cria Tray en collant son canon-scié dans sa bouche. Ton fric ! Ton
arme ! »

Alors que le dealer lui tendait ses affaires, quatre hommes entrèrent
dans la ruelle et ouvrirent le feu. Je me protégeais derrière la moto pendant
que Tray releva l’homme afin de s’en servir de bouclier humain. Il tira au-
dessus de son épaule et abattit un homme. Un de nos ennemis tira et toucha
Tray à la jambe. Il retint son cri. Je vis son sang couler autant que son genou
s’effondrer sur le sol. Il était désormais à porter de tir. C’en était trop.

Sortant de ma cachette, je courus vers leur position. L’un d’entre eux se


risqua à passer sa tête hors de sa cachette et je la fis voler en éclats. Les deux
autres tentaient de tirer à l’aveugle ce qui rendait leurs tirs inutiles. Sautant
au-dessus d’eux en m’appuyant sur une caisse, je tirais à deux reprises et les
abattit. Tray se tenait au loin, à genoux, bouche bée. L’élève avait peut-être
dépassé le maître comme dirait l’autre…

Nous sommes rentrés par les routes noires, par une nuit sans lune et
nous sommes vautrés dans les billets que nous venions d’amasser. Ces deux
malheureux dealers n’étaient pas de la petite frappe. C’était de bons petits
caïds qui attendaient nos autres assaillants pour une transaction. Nous avions
tout intercepté ! Il y avait certes peu par rapport à ce que pouvait brasser une
personne comme mon père, mais ceci allait bien nous aider. Quelle
merveilleuse soirée. C’était si exaltant de partager une activité pareille avec
mon Tray.

Nous avons fêté notre prise une bonne partie de la nuit, buvant et riant
ensemble. Nous nous racontions de nombreuses histoires de notre passé,
certaines fausses, d’autres si vraies qu’elles semblaient impossibles. Pourtant
la confidence se faisait plus aisée à mesure que l’alcool la dénouait. Au beau
milieu de la matinée, alors que la fraîcheur du matin m’avait fait me
rapprocher de lui, je sentis une viscérale envie de sexe monter en moi. Cela
me donnait l’impression de chauffer entre mes cuisses et de me faire tourner
la tête. Ayant pris place entre les jambes et les bras de Tray, je pus sentir dans
mon dos qu’il en était tout autant pour lui.

Ignorant alors l’air frais et la rosée matinale, je pris sa main pour la


glisser sous mon pull et mon t-shirt trop grand. Mais il refusa de se conformer
à cette exigence et repoussa ma main pour glisser la sienne dans l’espacement
entre mon bas-ventre et mon jean. Sans préambule, il posa ses doigts sur mon
sexe en feu et les agita afin de me donner le plus de plaisir possible ce qui
marchait, il faut bien en convenir. Pendant qu’il exécutait son acte, il passa sa
large main autour de mon cou afin de me tirer vers l’arrière et m’embrasser
en pressant sa bouche contre la mienne. Sa barbe piquait. Il ne s’était pas rasé
depuis un moment.

Je gémissais dans sa bouche depuis déjà un long moment quand il se


redressa brusquement, cessant son activité et m’ordonnant de me mettre à
genoux. Prenant ma tête de ses deux mains muent par une force inhabituelle,
il m’approcha de sa queue. Je ne l’avais jamais vu dans un état pareil, il
souriait mystérieusement et rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Tant mieux,
nous allions voir lequel de nous deux cédera en premier. Il avait dis-je, prit
ma tête et cette fois, il entra en moi alors que je me faisais un plaisir de sentir
sa queue glisser dans ma bouche. Je l’attrapais à sa base. Il me repoussa. Je
recommençais. Alors il me regarda avec une expression de colère primitive.
Il me releva et à l’aide de deux grandes cordes qu’il fit passer à mes poignets
par des nœuds complexes, m’attacha à deux branches en hauteur avant d’ôter
mon pantalon et de m’agenouiller dans le lit de feuilles mortes humides qui
courrait dans la forêt. À l’aide d’une paire de ciseaux, il découpa mon t-shirt
et je me retrouvais alors totalement nue, attachée à deux arbres.

Il considéra un instant le tableau qu’il venait de créer et il semblait être


satisfait. Cette fois, il n’utilisa plus ma bouche que pour ses envies. Il entrait
et sortait de celle-ci avec vigueur et me faisait parfois tousser cependant qu’il
était encore en moi. Une grande quantité de salive s’écoulait par instants de
ma bouche et inondait mes seins frissonnants. Mes cheveux étaient soit
totalement décoiffés soit collés à ma peau. Mon mascara coulait sur mes
joues, je le sentais. Mais un petit démon en moi me faisait apprécier ce
moment malgré sa violence. J’aimais me faire utiliser de la sorte, sans aucune
considération, au beau milieu d’une forêt.

Lorsqu’il en eut assez, il me gifla et tira sur les deux cordes afin de me
redresser. Lorsque je fus droite, il me fit pencher en avant et tendit deux
autres cordes, perpendiculairement aux premières, afin de maintenir mes bras
tendus vers l’avant. Dans cette position, je lui offrais une vue parfaite sur
mon cul. Mes cheveux tombaient vers le sol où évoluaient de petits insectes
matinaux.

Mais soudain, il n’y eut plus un bruit. Je ne ressentais plus la présence


de Tray. Il devait pourtant être là, il n’aurait pas pu se volatiliser. Mais j’aurai
dû sentir la masse de son corps dans mon dos, un souffle peut-être. Mais rien.
Je restais ainsi de longues minutes, la corde de chanvre me grattait et me
serrait un peu fort et je sentais le vent forestier poser parfois son doigt glacé
sur mon entrejambe.

Pour une raison qui m’échappe encore aujourd’hui, la présence de


Tray se fit de nouveau ressentir de façon progressive. Lorsqu’elle fut entière,
je sentis s’abattre sur mes fesses une nuée de feuilles et de petites branches ce
qui m’arracha un petit cri de surprise. Il recommença et la nature de mon cri
passa de stupéfaction à satisfaction. Les coups de ce martinet naturel
pleuvaient sur mon derrière et je le sentais chauffer à mesure qu’il insistait.
Le claquement sec du feuillage résonnait autour de moi et je n’attendais
qu’une chose, me faire prendre.
L’heure vint enfin lorsqu’il entra en moi toujours sans aucune
considération et si profondément que je fus projetée vers l’avant, mon dos se
courbant. Il serrait si fort mes hanches que j’allais à coup sûr être marquée
pendant un moment. Ses à-coups étaient rageurs et il soupirait avec
délectation en s’acharnant sur ce cul qui s’offrait à lui. Mais ne croyez pas
que j’étais en reste en matière de bruit. Je ne m’en rendais pas compte, mais il
m’expliqua par la suite que je criais très fort.
C’étaient des cris vifs et aigus mêlés de gémissements langoureux qui se
joignaient aux coups de sa queue contre mon cul pour faire résonner la forêt
d’un bruit qu’elle n’avait pas l’habitude d’entendre.

Il se retira alors et attrapa le large couteau qu’il portait toujours. J’avoue


qu’au regard de son état, j’eus un peu peur. Mais il se contenta de donner
quatre coups aux quatre cordes qui me retenaient et je manquais de
m’écrouler sur le sol. Il me rattrapa en souriant d’une façon rationnelle qui
me permit de savoir qu’il savait ce qu’il faisait. Il m’allongea dans les feuilles
encore humides. Je m’imaginais être la déesse païenne d’un tableau de la
Renaissance, évoluant nue dans une nature idéalisée, entourée de séraphins et
d’animaux sauvage attirés par ma beauté.

Tray chassa ses pensées idylliques de ma tête en s’allongeant sur moi


et en me prenant sauvagement à même le sol. Il prit une position assise
pendant qu’il me baisait et saisit mes jambes afin d’assurer son appui. Puis il
déplaça l’entrave de ses mains pour saisir mon cou si fin qu’il en faisait
aisément le tour. Il serrait avec conviction mais je pouvais tout de même
respirer… Un peu. Il gémissait avec force et puissance en me donnant des
coups de reins si forts que je glissais vers le haut progressivement.
Je n’en pouvais plus, je gémissais avec difficulté, ce qui rendait
chacun des cris exprimés bien plus intensifs. Je sentais monter en moi un
orgasme nouveau, il prenait un temps épouvantable à venir. Soudain, alors
que je me concentrais sur mon propre plaisir, je sentis Tray se raidir et me
donna le coup de grâce qui eut pour effet de libérer une énorme quantité de
foutre qui frappa le fond le mon intimité.
À ce contact, ce fut moi qui jouis avec violence pendant plusieurs
longues secondes, étant complètement malmenée par les secousses de mon
corps et les frissons de ma peau. Lorsque nous reprîmes nos esprits, Tray me
porta jusqu’à la maison, passa sur mes épaules un plaid duveteux et alluma
un feu de cheminé sur lequel il fit chauffer une infusion pour nous deux. Quel
homme c’était …

Nous avons ensuite dormi toute la journée, nous étions épuisés. En


nous réveillant après notre sieste, nous eûmes la bonne surprise de voir que le
brouillard du matin avait laissé place à un franc soleil qui avait réchauffé les
alentours d’une chaleur agréable. M’habillant de la chemise de Tray, je me
dirigeais vers le petit ruisseau qui longeait notre cachette et où Tray était déjà
en train de pêcher. Sans un bruit, je me glissais vers lui, prête à le surprendre.

Mais lorsque je fus à sa hauteur, il se retourna en riant, m’attrapa par le


poignet et me fit chuter sur ses cuisses. Il m’embrassa avec tendresse et
plongea quelques instants son regard dans le mien. Il avait de ces yeux qui ne
savaient pas mentir et qui trahissaient ses intentions. Il allait me dire quelque
chose lorsque le téléphone satellite sonna dans la maison.
C’était étrange. Jamais il ne sonnait de la sorte. C’était nous qui
devions appeler telle ou telle personne lorsque nous devions donner des
nouvelles de notre avancement ou en prendre de celui des autres. Je me levais
tandis que Tray se précipita vers la maison en courant et en laissant même sa
canne à pêcher partir dans les flots du courant avant que je ne la récupère in
extremis. Je l’entendis paniquer au téléphone, il gesticulait dans tous les sens
et me regardait avec anxiété.

Il revint alors près de moi et, prenant solennellement mes deux mains
déclara :

« Ils arrivent. »

Alors que Tray venait de m’annoncer que nos ennemis arrivaient, je ne


sus que faire ni comment réagir. Comment diable étaient-ils au courant ?
Comment avaient-ils pu nous retrouver ? Nous aurions le loisir de nous poser
ces questions plus tard, il fallait agir, et agir bien. Chacune des prochaines
minutes qui allaient s’écouler devraient être minutieusement mises à profit
afin de maximiser nos chances de survie. Mais que pouvions-nous faire à
deux contre tout un gang ? Et combien allaient-ils être ?

Devant l’expression de Tray, je m’abstins de lui poser la moindre question. Il


avait repris son visage, le même que lors de notre fuite de la villa de mon
père. Il semblait réfléchir à des tas de choses à la fois. Il parlait à voix basse
et je pus entendre une partie de ce qu’il disait. Il pensait qu’il serait inutile de
mener à bien la vengeance de Don Cartioli. Selon lui, ils allaient faire la
bêtise de se réunir au même endroit et que notre petite cabane nous aiderait à
avoir l’avantage.

Il m’avait en effet expliqué que cette cabane n’était pas qu’une petite
habitation. C’était une véritable petite forteresse. Les fenêtres étaient
particulièrement épaisses et ne s’ouvraient pas, sauf juste en dessous des
vitres où des petites trappes permettaient de glisser un canon afin de tirer. La
porte, étrangement lourde, était en vérité une porte anti-effraction de grande
qualité et qui était recouverte de bois en guise de trompe l’œil. Il en était tout
autant des murs, construits selon le même procédé. Oh ! Ça n’était certes pas
des murs de bunker, il fallait que la cabane garde un air de cabane. Mais ceci
garantissait au moins qu’aucun assaillant ne pouvait forcer la porte tout
autant qu’aucune balle de petit calibre ne pouvait passer.

Sous le sol de la cabane, en ouvrant une petite trappe nous découvrions


l’armurerie. C’est ici qui nous commençâmes à nous préparer à ce qui nous
attendait. Tray y attrapa deux gilets pare-balles, puis il m’aida à enfiler le
mien. Devant mon regard inquiet, il m’embrassa et me rassura. Nous étions
de bons tireurs et notre forteresse ne jouerait pas en leur faveur. Ensuite, il
sortit du sol une Kalachnikov et ses boîtes de munitions, deux pistolets, deux
couteaux de combat, mais également un lance-grenade M79 qu’il avait acquis
récemment lors d’une de nos expéditions nocturnes. Ceci aurait pu paraître
beaucoup, mais en vérité un affrontement comme celui qui se préparait
pouvait durer très longtemps et nous allions devoir économiser les munitions.
J’étais moins inquiète que quelques semaines auparavant car mon mari
m’avait appris à me servir de plusieurs armes à feu et j’étais plus
débrouillarde.
Puis Tray prépara la cabane. Il entassa tous les meubles devant la porte
pour la renforcer, mais surtout pour nous laisser la place de manœuvrer. Il
ferma les volets, ouvrit les trappes, tira sur des cordes ce qui découvrit une
sorte de tranchée assez large tout autour de la maison et dans laquelle se
trouvaient des pieux en métal taillés en pointe. Il rechargea toutes les armes,
les déposa aux endroits stratégiques de la cabane puis, nous attendîmes.

La lueur du soleil passait dans les trappes et éclairait nos visages, face
à face, cependant que nous ne faisions aucun bruit. Parfois, notre silence était
brisé par le souffle du vent dans les feuilles des arbres, là, dehors, ou encore
celui d’un ignorant petit oiseau qui chantait gaiement sur la branche d’un
hêtre quelconque. Pourtant, au bout de plusieurs longues minutes d’un silence
quasi total, nous entendîmes au loin un bruit.

C’était à n’en pas douter le ronronnement d’un moteur. Tray et moi,


nous regardâmes alors avec compréhension. Ils étaient là et dans quelques
secondes, notre monde allait s’embraser. Alors que le bruit se rapprochait,
nous distinguâmes d’autres bruits de moteur, plus secs, un peu comme ceux
d’un petit véhicule. Regardant par la trappe, je les vis alors. Deux quads
fonçaient vers la maison avec chacun deux hommes. Entre eux, un 4x4
énorme se frayaient un chemin en roulant sur les arbrisseaux et en ne prenant
pas la peine d’éviter les rochers. À l’intérieur, il y avait quatre hommes.
Faisant part de ces informations à Tray, il me regarda, caressa mon visage et
embrassa la croix qu’il avait autour du cou.

Les véhicules se séparèrent et formèrent un triangle autour de la


cabane. Ils firent vrombir leurs moteurs à l’unisson dans le but de nous
impressionner. Un homme sortit du 4x4 et se plaça juste devant la trappe
depuis laquelle nous pouvions le voir.

J’avais déjà connu une situation semblable. J’étais pourtant petite à


l’époque et je m’en rappelle encore très bien. C’était lors de nos vacances en
famille au lac Varietti, dans le Sud de la Calabre et qui était le premier
domaine que mon père avait acheté des dizaines d’années plus tôt. Je jouais
dans le jardin avec un jeune garçon… Qui diable pouvait-il être, d’ailleurs ?
Bref, nous jouions lorsqu’un énorme véhicule, peut-être même une
camionnette, sortit du chemin pour faire face à notre demeure. Des menaces
avaient été proférées contre mon père et celui-ci répondait avec calme,
entouré de deux de ses gardes du corps dont les mains étaient posées sur leurs
armes, sous leurs tabliers.

Car lorsqu’ils ne protégeaient pas mon père, ils faisaient la cuisine pour nous
tous. C’étaient des amis plutôt que des employés au demeurant… Que
voulez-vous, les premières affaires étaient modestes. Bref, je n’ai pas pu voir
la fin de leur échange car ma mère, sortant d’une séance de bronzage, nous
avait saisis par le bras afin de nous mener à l’intérieur, pour nous dire de
monter dans nos chambres et de compter jusqu’à cent en nous bouchant les
oreilles. Sans doute une manœuvre pour éviter que nous entendions certaines
choses, allez savoir… Peut-être également une façon de nous distraire. Mais
ce stratagème ne fut pas vraiment efficace. Arrivée à soixante-dix-huit,
j’entendis trois coups de feu espacés de la même fréquence. Le son avait été
différent de ce que je connaissais déjà. Il était plus grave et plus imposant.

En me jetant à la fenêtre, je vis mon père avec un revolver d’argent dans la


main droite et dont le canon fumait encore de la chaleur qu’il venait de
produire. Mon père me fixa du coin de son regard brillant et m’assura que
plus personne ne nous ferait de mal désormais. Mais pourquoi pensais-je à
cela dans un moment pareil ? C’était étrange…

« Carlo… murmura Tray qui avait reconnu l’homme.


- Tray Cullinam ! cria l’homme. On sait que t’es là-dedans ! Sort de là et on
te fera aucun mal. On va juste vous faire payer à toi et à ta petite femme le
massacre dont tu es responsable ! On ne va pas vous tuer.
- Enfant de putain... susurra Tray. »

Et à ces mots, il tira une balle qui se logea en plein front de notre
orateur et fit voler des morceaux de sa cervelle sur le pare-brise du 4x4. Cet
imbécile l’a mérité rien que pour être assez idiot pour s’exposer à ce point.
Sitôt que la balle avait touché Carlo, tous les autres s’étaient
automatiquement mis en ordre de bataille. Certains se protégeaient derrière le
Hummer, les autres, tantôt derrière leur quad, tantôt derrière les arbres.

« Protège la porte ! Me lança Tray. »

Je pris place derrière les deux trappes ouvertes de chaque côté de la


porte. Entendant Tray tirer depuis sa position, d’autres hommes
s’approchaient de la porte, ne se doutant probablement pas que Tray ait pu
apprendre à sa femme à utiliser les armes. Ce fut donc aisément que je pus
abattre le premier clampin qui osa s’approcher. Le deuxième eut le temps de
s’échapper et de se réfugier derrière un arbre où il ouvrit le feu sur moi.
Les balles de tous nos assaillants résonnaient dans la forêt et s’écrasaient sur
les murs de la cabane en ne réussissant pas à les traverser. Il en crachait tant
et tant qu’on avait l’impression d’être sous une pluie, que dis-je, un déluge
d’acier et de feu.

Tray n’avait plus de munition sur son pistolet et abandonna l’attaque du


4x4 pour se concentrer sur les trois tireurs embusqués qui faisaient pleuvoir
les balles sur nous. Il en eut assez et attrapa la Kalachnikov. Son bruit
caractéristique fit se raidir ses assaillants derrière les arbres et ils attendirent
les meilleurs moment pour ouvrir le feu. Pour ma part, je continuais à tirer
sur l’individu retranché dans son véhicule. Peut-être appelait-il du renfort ? Il
fallait l’abattre.

Mais en tournant la tête, je fus prise d’un étrange sentiment. Je vis mon
mari, en marcel blanc, suant et dont les cheveux en pagaille tremblaient à
chaque coup de feu. Son regard me subjugua. Il était dans une colère
primitive et brutale et ceci eut pour effet de le rendre particulièrement sexy à
mes yeux. Il ressemblait à un prédateur sauvage, puissant parmi les puissants,
déchaînant sa force colossale malgré une situation délicate.

Alors, portée par un sentiment plus fort que moi, j’abandonnais mon poste.
De toute manière, j’avais touché l’homme au 4x4 à la jambe, ce qui
l’empêcherait de bouger sans que nous puissions nous en rendre compte. À
quatre pattes, je me dirigeais vers mon mari sans qu’il ne me remarquât tant il
était absorbé par la situation au dehors. Lorsque je posais une main sur son
sexe, au-dessus de son pantalon, il pencha la tête avec empressement.
« Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il. Ce n’est certainement pas le moment !
- Je pense au contraire qu’il n’y a pas de meilleur moment ! Concentre-toi et
tire. »

Découvrant sa verge, je la trouvais, bandée à l’extrême et un peu moite


ce qui me fit mouiller pour une raison aussi mystérieuse que celle qui m’avait
précipité à ses pieds. Sans plus attendre, je la gobais entièrement et fit toucher
son gland avec le fond de ma gorge. Alors qu’il était ainsi enfoncé en moi, je
me démenais pour jouer avec ma langue tendue, entourant sa verge, titillant
chaque centimètre de sa peau tout en jouant avec mes lèvres sur sa base. Il
gémissait, mais continuait à tirer sur l’ennemi. Que c’était bon de le sucer
ainsi alors que nous étions en pleine bataille. C’était incongru, mais qui aurait
pu se vanter d’avoir jamais vécu pareille situation ? Je m’appliquais à lui
prodiguer d’amples mouvements en donnant à ma tête le plus d’amplitude
possible.

Je le sentais grossir dans ma bouche mais malgré de longues minutes, il


ne jouissait pas. C’est comme s’il était allé au bout, mais que quelque chose
le retenait. Sa queue était monstrueusement tendue et ma mâchoire ne pouvait
guère plus s’ouvrir. Soudain, après un rapide silence, il tira un coup de feu et
abattit l’un de nos assaillants.
À l’instant où il ouvrit le feu et alors que je m’y attendais le moins, il éjacula
un large flot de foutre dans ma bouche si bien que je m’en étouffais alors, en
laissant couler une grande quantité sur mon menton. Il devait depuis un
moment être concentré comme jamais. Lorsqu’il toucha sa cible, il se
détendit suffisamment pour s’accorder le droit à la jouissance. Pourtant il ne
s’accorda pas un moment de répit et rechargea son arme pour tenter de
vaincre les deux derniers assaillants de son côté.

Retournant du mien, je vis que l’homme que je chassais n’était pas à sa


place. Il était derrière le véhicule, fouillant dans le coffre et semblant
fabriquer quelque chose. À mon appel, Tray reboutonnait son pantalon en
promenant son regard de mes yeux vers la trappe.
Quand ils eurent atteint ce point, ils furent profondément inquiets, puis
retrouvèrent instantanément leur colère primitive. Il courut tête baissée vers
moi et jeta son bras vers l’avant. Cependant que je me demandais ce qu’il
était en train de faire, je me retournais pour regarder au dehors et vit l’homme
avancer avec un énorme lance-roquettes, le genre qu’on utilisait pour détruire
les avions en plein vol.

Tray parvint à attraper son lance-grenades pendant que l’homme était


en train de recharger le sien derrière le coffre du 4x4. Il passa le canon au
travers de la trappe et l’inclina vers le haut. Me bouchant les oreilles, je fus
surprise de n’entendre qu’un FOMP lorsque la grenade sortit. Mais je fus
bien obligée de me les reboucher lorsque quelques secondes de silence plus
tard, elle se déclencha juste au-dessous du véhicule, le faisant sauter sur une
trajectoire verticale et s’écraser au sol, privé de ses roues et de son occupant
qui avait été volatilisé je ne sais où.

« Merde alors, s’écria Tray. On peut pas jouir tranquillement et se remettre en


paix de ses émotions ?!
- Tu vas avoir un peu de temps, prononça une voix caverneuse accompagnée
du cliquetis d’un revolver qu’on arme. »
L’un des hommes avait réussis à entrer dans la maison en passant par le
conduit de la cheminé pendant que Tray et moi étions occupés avec le
véhicule. Ils avaient été si synchronisés c’était incroyable ! Le second des
hommes de main passait par une fenêtre qu’il avait réussi à briser à force d’y
frapper.

Nous étions faits. Après des semaines de fuite, d’adaptation, de rapines et de


débrouillardise, nous étions pris au piège. Tray dû jeter son arme au loin. De
toute manière elle aurait été peu utile car ne pouvant tirer qu’une seule fois.
La plupart de nos armes n’avaient d’ailleurs plus de munitions, mais celles de
nos ennemis semblaient parfaitement pleines et prêtes à tirer.

« Regarde-moi ces deux-là Sonny ! Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire


d’eux ?
- Aucune idée… Commence déjà par attacher Tray, ce connard est le plus
dangereux des deux. »

Ils se lancèrent un regard mauvais, de ceux que pouvaient se lancer


deux chiens avant de se mettre à mort dans un ultime combat. Sonny attacha
donc Tray à un chaise en faisant bien attention à ce que son collègue le garde
en joue le plus longtemps possible. Ils décidèrent de m’attacher également à
une autre chaise et mirent à mal nos barricades de fortune en replaçant la
table au milieu de la pièce, entre nous, tandis que les autres meubles furent
disposés ça-et-là sans ordre précis. Des heures durant, ils restèrent sans rien
nous faire, allant et venant entre la pièce où nous étions ligotés et l’extérieur.
Selon ce que me dit Tray à un moment où ils étaient tous les deux incapables
de nous entendre, ils cherchaient un moyen de joindre leur boss afin de
décider de la marche à suivre.

Le collègue de Sonny finit par partir, disant qu’il allait chercher de plus
amples informations directement dans un relais de leur organisation. Il se
moqua de Sonny en lui demandant s’il était vraiment capable de surveiller
deux personnes attachées et Sonny lui répondit en le repoussant vers la porte
en le vitupérant avec force. Ils étaient tous les deux sur les nerfs et il valait
mieux que nous restions silencieux. Le moteur d’un quad démarra et
s’éloigna dans la forêt. Nous étions désormais seuls avec cet homme qui avait
tenté de nous tuer quelques heures auparavant. Tray semblait très calme et ne
bougeait pas. Il semblait en proie à une grande réflexion.

Je remarquais surtout le regard de Sonny qui buvait au goulot d’une


bouteille de whisky. Il me regardait comme un prédateur regarde une proie,
avec un mélange d’envie et de vicissitude. Tray le voyait bien, mais ne
pouvait rien faire tant il avait été attaché avec conviction. Il ne pouvait même
pas mouvoir ses poignets pour tenter de se libérer si jamais il tentait quoi que
ce soit. Ses regards furent d’abord assez furtifs, mais avec le temps ils
devinrent de plus en plus insistants à mesure que le niveau de sa bouteille
descendait. Lorsqu’elle fut presque vide, il ne se donnait même pas la peine
de me lâcher. Sur ses yeux voilés par l’alcool et rougis par l’ivresse, je lisais
un désir malsain qui ne me rassurait pas au regard de ma position dans cette
situation. Tray s’en rendit compte et ne put se retenir plus longtemps
d’intervenir :

« Eh ! Tu vas finir par la lâcher des yeux ?


- Ta gueule Tray, se vit-il répondre.
- Bordel mais lamentable connard ! C’est une façon de traiter une dame ?
- Une dame ?! Ce n’est que la dernière des chiennes ! »

Il se leva et écrasa sa large main sur le visage de mon mari dont


l’arcade sourcilière se rompit et saigna abondamment. Puis, semblant se
surprendre d’avoir eu la force de se lever, il se tourna vers moi et s’avança.
S’accroupissant, il arracha ma chemise qui retomba de chaque côté de mes
avant-bras. Je ne portais pas de soutien-gorge ce qui ne me rassura guère,
mais il ne semblait pas s’y intéresser. Il passa ses doigts sous ma mâchoire,
glissant le long de celle-ci puis descendant depuis la pointe de mon menton
jusqu’à la base de mon cou. Il respirait fort et son haleine sentait l’alcool.
Quelle brute… Ses gestes coururent ensuite sur le haut de mes épaules et en
parcoururent chaque os. Ils se perdirent ensuite dans les creux de mon buste,
celui que nous avons de chaque côté de notre cou. Il y passa un long moment.
Un long moment où je sentais ses doigts calleux et vicieux glisser sur mon
épiderme, me donnant des frissons. Était-ce du dégoût ?

« Et en tant que chienne, lança-t-il en fixant Tray d’un regard mauvais. On se


doit de la traiter comme telle. »

Il me lâcha et tira de son ceinturon de cuir un large couteau de chasse,


de ceux avec lesquels on ôte la peau des bêtes. Je fus effrayée par l’imposant
outil et j’eus peur qu’il ne me tranchât la gorge pour faire payer à Tray ses
forfaits, mais il trancha mes liens. Du moins ceux qui retenaient mon corps à
la chaise, ce qui n’empêcha pas que je garde les poignets liés. Il me fit lever
et enlever mon pantalon. Me tirant par le bras, il me plaça devant lui et
s’assied sur sa chaise. Il me demanda de tourner, ce que je fis sans chercher à
lui être résistante. Ayant achevé mon tour, il plaça mon cul devant son visage
de brute mal rasée et tira sur le haut de ma culotte pour la faire glisser entre
mes fesses et lui permettre de mieux l’observer. Il osa le faire rebondir sur ses
doigts, d’abord à droite, puis à gauche, et l’attrapa même à pleines mains,
pendant que Tray éructait de rage dans son coin, se tortillant comme un beau
diable. Sonny saisit aussitôt son arme et hurla à son intention :

« Bouge pas ! Tiens-toi tranquille où tu vas bouffer du plomb brûlant ! Ce


sera le dernier sentiment que tu ressentiras sur cette terre !
- Rien à foutre ! Fous lui la paix où je te jure que je vais te le faire payer !
- Bien… Ainsi donc tu te moques de perdre la vie ? Peut-être seras-tu plus
enclin à coopérer quand tu comprendras qu’elle peut perdre la sienne ! »

Un court instant, je ne vis plus rien. La balle avait sifflé à mon oreille
avec rage et s’était écrasée dans la poutre derrière moi. Tray s’était figé et
Sonny affichait un regard satisfait.

« La prochaine fois, je pourrais bien viser juste… »

Tray réprima alors sa colère, tant bien que mal. Il ne se débattait plus.
Son regard était encore plus enflammé que d’habitude, car cette fois, il avait
un ennemi direct, un nom à mettre sur un visage. Son expression devint
encore plus rageuse lorsque Sonny passa derrière moi et plaqua sa main sur
ma gorge, me tirant vers son entrejambe et me forçant à me cambrer. Il
m’embrassa dans le cou et à l’expression de Tray, je sus qu’ils se regardaient.
Il me demanda alors fort poliment de me mettre à genoux, de plier mes bras
comme le ferait un petit chien qui réclame une récompense et de tirer la
langue. Il me précisa que je n’étais qu’une petite chienne et qu’au nom de
cela, il allait me traiter comme je le méritais. Alors il détacha le bracelet de
cuir qu’il avait enroulé autour de son poignet et qui se révéla être un collier
pour chien avec un œillet servant à y attacher une laisse. Il le serra
suffisamment et vérifia que je pouvais respirer. Je n’arrivais pas très bien à
comprendre ce qui se passait en moi.

Il passa une de mes cordes dans l’œillet et commença à marcher en la tirant.


Je compris qu’il voulait me faire marcher dans la cabane. Quel étrange
procédé. Comme il insistait, je lui obéis et commença à marcher à quatre
pattes derrière lui. Je sentais les rainures des planches de bois marquer ne
serait-ce qu’un temps ma peau trop délicate. Quant à ma nuque, elle accusait
les à-coups de Sonny qui tirait doucement. C’était donc ça ce que ressentait
un chien ?

« Couché ! »

Son ordre avait claqué comme un coup de feu. Je ne m’y attendais


pas… Complaisante, j’obéis. Allongée nue sur le dos, je serrais les jambes
malgré moi. Car comme je n’attendais pas cet ordre, je ne m’attendais pas
non plus à sentir un jet de cyprine humidifier mon sexe. Je ne voulais pas que
Tray, qui devenait à moitié fou attaché de la sorte à sa chaise, puisse s’en
apercevoir. Était-ce une jouissance ou un témoignage de stress ? J’avais ma
petite idée. Il m’ordonna de marcher à nouveau autour de la table
« Assis ! »

Je m’exécutais avec plus de rapidité, mouillant d’un nouveau petit flot.


Je ne savais pas que j’étais capable de mouiller par à-coups comme cela. Il
me tapota la tête puis ébouriffa mes cheveux sans délicatesse.

« N’est-ce pas qu’elle a un beau pelage ? lança Sonny à Tray. »

Alors qu’il me fit de nouveau marcher de la sorte, il m’ordonna de


passer devant. Mais au bout d’un petit instant, il me fit monter sur la table et
m’ordonna de rester à quatre pattes. Il fit le tour de moi tandis que je sentais
une grande chaleur dans mon corps, une torture douce de mon ventre comme
lorsque j’étais excitée. Il passa ses doigts entre mes lèvres pour découvrir ma
bouche de plus près. Il se mordit la lèvre en fixant mon regard qui devait être
plus langoureux qu’il n’était convenable. Il alla derrière moi et s’arrêta
devant mon cul relevé. Il regarda de plus prêt mon petit con et se rendit
compte qu’il était humide.
Pour cela, il toucha avec deux de ses doigts en écartant l’élastique de ma
culotte. Aussi incroyable que l’était cette situation, au simple contact de ses
deux doigts, je jouis sur eux de toute mes forces. Ce qui était le plus dur
c’était de retenir toute expression sur mon visage qui faisait alors face à celui
de Tray et qui observait la scène avec colère. Je dus en appeler à des forces
qui m’étaient insoupçonnables pour retenir mes souffles et mes cris. Lorsque
que j’eus fini, il commença à ôter son pantalon, mais le bruit du quad de
l’autre malfaiteur se fit entendre au loin et l’autre entra dans la pièce.

« Mais qu’est-ce que tu fous ? Si on la touche « il » nous tuera !


- Ça va, j’ai rien fait de mal… Demande-lui. »

J’acquiesçais en secouant vite la tête et fila dans un coin de la pièce afin


de me rhabiller. Quelle étrange expérience… Je ne pensais pas que j’allais
jouir de la sorte. Je me sentais parfaitement détendue et comblée. Il n’avait
même pas eu à me pénétrer ni me préparer ! C’était décidément étrange. Une
seule chose me taraudait… Tray. Avait-il compris ? Avais-je suffisamment
bien caché ma jouissance à ses yeux ? Le petit démon qui devait être sur mon
épaule à ce moment-là me susurra que c’était un petit exploit d’avoir jouit
avec un autre homme devant mon mari auquel j’étais tout fraîchement lié.

« Le boss va venir en personne, rapporta l’homme. Il faut que nous soyons


prêts.
- Entendu.
- Regarde-moi cette petite conne qui se rhabille là-bas, dit-il pensif. C’est vrai
qu’elle est bien gaulée la fille de Cartioli.
- Je te l’avais bien dit ! Nous n’avons pas le droit de la toucher, rappelle-toi.
- Nous non, mais lui, oui. »

Son index pointé vers Tray avait des airs d’armes à feu. Tray sortit de
ses pensées et fixa les deux hommes, incrédules. Où voulaient-ils en venir ?

« On va te détacher. Si tu tentes de fuir, on te tue. Si tu te montres sauvage,


on te tue. Si tu refuses de nous obéir …
- « On te tue », on a compris… lança Tray, exaspéré.
- Tu vas coucher avec ta femme pendant que nous vous observons.
- Quoi ?! Il est hors de question que je fasse ça devant vous, bande de
raclures !
- Bon … »
Alors que Sonny recula le chien de son arme et tira entre les jambes de
Tray qui n’en avait cure, je ne pus m’empêcher de me jeter en avant et de
saisir son bras. Je lui précisai alors que j’étais d’accord et que je voulais bien
le faire. C’était surtout une manœuvre pour sauver la vie de Tray. Mais aussi
un peu pour satisfaire ma libido encore en feu…

Tray me regarda, circonspect. Il finit par accepter, sans doute en se


disant que ce n’était qu’un petit moment à passer. Sonny me lança un couteau
et m’ordonna de le détacher. Pendant le temps où je m’exécutai, les deux
hommes prirent place au fond de la pièce et s’assirent sur deux chaises, leurs
armes pointées vers nous, le pantalon déboutonné.

Tray et moi nous sommes regardés longtemps dans le blanc des yeux avant
de décider qui commencerait à faire quoi. Je pris l’initiative d’enlever son
pantalon, avec prudence et lenteur, méthodique en somme.

Il bandait peu, aussi je décidais de le stimuler par des va-et-vient de ma main


sur son membre. Alors qu’il grossissait, je glissais sa queue dans ma bouche
et cette sensation me rassura de la même manière qu’entrer dans un bain
chaud rassurait après avoir passé une journée dans la neige.

Glissant ma bouche sur sa peau tendue, je m’appliquais le plus possible à


prendre mon temps et à savourer cette queue dans une dégustation bien
singulière tout autant que je tentais de le détendre à son tour. Nous devions
baiser, autant que ce soit avec délectation. Au fur et à mesure de mes
mouvements et de mes coups de langues, l’effet escompté se révéla être
diablement efficace. Ce fut lui qui, bientôt, donnait des coups de bassins dans
ma gorge. Ils furent d’abord timides, puis ils prirent l’ampleur que je lui
connaissais.

Il se réveilla soudain en s’extirpant de ma bouche afin de me retourner


et de coller mon ventre contre la table froide. Il arracha presque mon pantalon
et frotta frénétiquement sur gland le long du sillon de mon cul. Afin de le
faire encore monter, je bougeai de haut en bas en courant le long de sa queue.

Mais alors que je remontais trop haut, il en profita pour entrer dans mon con
humide, ce qui me surpris alors. Il frappa mon cul de son bassin à répétition
en tenant mes hanches avec force et volonté. Il se paya même le luxe de
m’attraper à la base de mes cheveux qui tombèrent alors en cascade sur ses
phalanges.

Je voyais dans mon champ de vision périphérique nos deux assaillants qui
jouaient avec leurs queues là-bas, assis sur leurs chaises. Ils semblaient
particulièrement absorbés par le spectacle qui se jouait devant eux et leurs
yeux brillaient d’un éclat bestial. Ils étaient plutôt bien membrés, il me fallait
l’admettre. Sonny était beaucoup plus vigoureux dans ses mouvements.

Il ne ressentait aucune gêne et j’en déduis que ce devait être le plus pervers
des deux. L’autre était plus calme mais je constatai qu’il observait la scène
dans les moindres détails. Rien ne lui échappait, ni geste, ni souffle, ni
changement de regards, ni postures.

Mais alors que j’étais en train de mener ces réflexions au fin fond de
moi-même, Tray disposa à nouveau de moi comme un objet en se retirant et
en m’allongeant sur la table afin de m’y prendre, lui debout et moi allongée.

Cependant qu’en moi, il commençait des allers-retours langoureux et amples


qui m’arrachaient des petits cris étouffés de plaisir, il pressa mon sein avec
force. Je sentais le contact de nos deux peaux, la mienne si souple et douce et
la sienne presque rugueuse, masculine. Je posais mes pieds sur le bord de la
table afin de reposer mes jambes et mon mari s’en servit pour s’agripper et
me donner des à-coups plus intenses. Je criais désormais sans aucune retenue.

Mais toujours du coin de l’œil, je vis Sonny se lever, sa queue d’une main,
son arme d’une autre et se diriger vers nous. Il nous regardait avec le regard
bovin de l’homme excité et souriait pensivement. Il s’approcha encore plus
prêt et semblait à la limite de jouir. C’était le moment. Son attention était
basse, il ne se verrait même pas mourir.

Alors qu’il posa sa main armée sur la table pour se tenir pendant qu’il
allait jouir sur moi, je jetais mon poing à l’intérieur de son coude afin de le
faire plier, puis de mon autre main, avec la rapidité de l’éclair, j’attrapais son
arme au vol et le mis en joue pile entre les deux yeux.

L’espace d’un court, très court instant, nous nous regardâmes d’un bout à
l’autre du canon. Mes cheveux me barraient le visage et mon regard devait
inspirer une certaine terreur à Sonny qui me fixait, ayant compris que c’était
là sa fin. Je tirai une balle au milieu de son front et alors qu’il s’écroulait au
sol, vida le restant du chargeur sur son collègue encore assit.
« Merde ! Nom de Dieu ! gueula Tray que j’avais surpris.
- Ne blasphème pas, ou tu iras en enfer, répondis-je en soufflant
parodiquement sur le canon à la manière d’une Calamity Jane.
- Bon sang ! Comment t’as fait ça ? Ils sont… morts ? Tous les deux ?
- Oui, on dirait bien, retire-toi veux-tu ? »

Il m’obéit et se rhabilla. Lorsque sa surprise fut passée, il me prit dans


ses bras et me murmura à l’oreille que j’étais la femme idéale. La peau de
mes avant-bras n’en frissonna que grandement.
Nous avons ramassé les armes encore valides que nous avons pu trouver,
avons soulevé une planche de la salle de bain où nous cachions nos billets
accumulés depuis le début de notre fuite et nous nous sommes jetés sur un
quad. Nous avons traversé la forêt par un côté encore moins praticable que
l’autre.

Des rochers nous barraient sans cesse la route et nous devions slalomer entre
les sapins. Tray roulait comme un dératé. Il avait repris la situation en main.
Les larges roues du véhicule charriaient beaucoup de terre et les à-coups de la
« route » me forçaient à me tenir avec force aux poignées.

Une fois n’était pas coutume, nous nous sommes arrêtés pour la nuit
dans un petit hôtel miteux situé cette fois à la frontière avec la France. Il gara
notre quad loin du bâtiment et nous fîmes le reste du chemin à pied dans
l’obscurité. Nous étions presque habitués à ce genre de situation si bien que
nous étions en train de l’entreprendre avec moins d’anxiété. Il réserva une
chambre sous un faux nom et nous entrâmes dans la pièce lugubre dont le
coin du plafond était tâché d’une suspecte tâche de gras noirâtre. Quand nous
fûmes assis face à face sur le lit, Tray saisit le sac en cuir que nous avions
emmené.

Il l’ouvrit et le retourna entre nous. Tombèrent alors une bonne quantité


de liasses de billets en coupures de 20, 50 et quelques-unes de 100, éclairées
par la lueur du petit écran cathodique qui jouait un reportage en face du lit. Il
m’adressa un sourire timide en m’annonçant qu’il ne m’avait pas donné le
chiffre exact de l’argent qu’il avait récupéré lors de ses excursions afin que je
ne puisse pas en parler au cas où. Nous commençâmes à compter l’argent
dont nous disposions. Et à notre surprise commune, nous étions en
possessions d’une dizaine de milliers d’euros.

Qu’allions-nous faire de tout ceci ? Allions-nous nous procurer des


armes et repartir en guerre ? Les hommes qui par deux fois nous avaient
attaqués ne prendraient plus si peu de risque pour nous avoir et cette fois, il y
avait fort à parier qu’ils allaient mettre les grands moyens pour nous abattre,
et tous les deux. Je voyais que Tray se creusait la tête à son tour. Il avait son
visage concentré et se demandait autant que moi ce que nous devions faire.

« ... les Pyrénées, avec leurs reliefs montagneux et sa culture rurale ancrée,
fait encore partie de cette France ancienne et campagnarde faisant rêver les
autonomistes. Ces hommes et ces femmes en recherche d’autonomie totale,
tant sur le plan énergétique qu’en matière de consommation traditionnelle
comme les vêtements et la nourriture. Il s’agit en fait… »
Tray et moi nous retournâmes l’un vers l’autre d’un même geste. Il
semblait bien que ce reportage vînt de décider de notre avenir. Tout quitter,
tout recommencer, vivre simplement comme l’ont fait les parents de mes
parents et probablement ceux de mon mari. Une petite maison dans la
montagne comme seul horizon du monde, cultiver ses propres produits et
vivre dans la plus pure des puretés première. Sans un mot, nous nous levâmes
de notre lit et quittèrent notre chambre. Les Pyrénées n’étaient pas loin, alors
pourquoi attendre d’avantages ?

Le dernier contact de Tray et moi avec cet univers de mafiosi, de


magouilles et d’illégalité fut ce soir-là. Il se renseigna auprès de nombreuses
personnes aussi louches les unes que les autres et finit par trouver ce qu’il
cherchait auprès d’un camé notoire. Il s’agissait d’échanger notre quad tout
neuf et quelques billets en échange de son véhicule, comme nous l’avions
déjà fait. Il acquit donc pour trois fois rien un Lada Niva, 4x4 russe dont on
disait que sa seule différence avec un tank était son absence de chenilles.
Tray m’expliqua que c’était un véhicule rustique, de conception simple et
tout bonnement increvable en montagne. Tout ce qui nous fallait ! En plus, il
avait une bouille toute mignonne avec ses clignotants qui ressemblaient à de
gros sourcils.

Et c’est avec ce véhicule que nous reprîmes la route, comme les


éternels fugitifs que nous étions. Nous allions peut-être enfin réussir à vivre
notre mariage, ensemble, apprendre à nous découvrir, ensemble.

Au matin, le soleil se leva sur de petites montagnes commençant à se


dessiner à l’horizon puis, sur les coups de midi, nous commencions notre
ascension vers un terrain dont Tray avait pris connaissance en s’arrêtant dans
une station-service, car notre Lada était un monstre dévoreur de carburant…
Bref, dans un journal, il avait vu cette annonce pour une petite cabane à peine
plus grande que celle que nous venions de quitter, vendue pour une bouchée
de pain par un agriculteur du coin et cédée avec un petit bout de terrain, une
petite forêt et avec quelques arbres fruitiers.

Et c’est ce que nous découvrîmes en passant le portail dégonder. C’était


même encore plus beau que ce que j’imaginais. Les herbes étaient folles et le
ciel d’un bleu qu’il ne me semblait jamais avoir connu. En descendant du
4x4, nous vîmes notre vendeur, un bonhomme d’une soixante d’année, la
mine rougie par le calva, un béret vissé sur ses cheveux gris et un sourire
franc et agréable au visage. Après quelques mots, nous conclûmes la vente
avec lui et il écrasa sa large main de travailleur dans celle de Tray. Il fut plus
délicat avec moi, mais je sentis tout de même une force de la montagne
passer dans mes nerfs !

Nous le regardâmes partir dans le chemin boueux et lorsqu’il fut loin,


nous observâmes les montagnes verdoyantes qui dormaient, impassibles
devant nous. Je pris sa main dans la mienne et le regardai en souriant. Enfin,
nous allions pouvoir vivre notre bergerie comme je me l’imaginais avant de
le connaître. Nous allions être bergers et bergères de mon rêve, ensemble.

***
Découvrez 2 autres de mes romances dans les prochaines pages :
OUTLAWS
L’air chaud de l’été souffle sur leurs joues quelque peu rougies par le
soleil. Le vent s’abat sur le pare-brise de la décapotable d’un rouge
flamboyant, avant de faire voler quelques-unes de leurs mèches de cheveux
qui semblent presque suspendues dans l’air. Elles ont les yeux cachés par de
larges lunettes de soleil à la monture rose dorée et aux verres teintés, posées
sur un nez fin. On dirait des jumelles, ou du moins des sœurs.
Et pourtant, elles ne partagent pas le même sang, seulement, enfin, surtout de
bons moments depuis le jardin d’enfance. Elles ne ressemblent plus à des
enfants, ni même à de jeunes filles, mais à des jeunes femmes, comme des
roses dont les pétales viennent de s’épanouir pour révéler l’essence de leur
beauté. Elles ont encore le temps d’être dans la fleur de l’âge. Pour elles, de
toute façon, la beauté ne les quittera pas. Pas de déclin. La vieillesse
n’emportera ni leur charme, ni leur grâce.
Elles n’y pensent pas du tout, au futur, aux futures elles plus vieilles.
Elles s’illustrent dans la naïveté de croire que ces années de jeunesse durent,
durent et dureront encore alors que ce sont les années les plus fugitives, les
plus fugaces.
Elles sont dans un âge du présent, encore plus depuis le début du mois. Elles
ont décidé d’interrompre une année leurs études menées à l’Université de
New York. Une année sabbatique malgré la colère de ceux qui remboursent
le prêt étudiant, leurs parents. Elles leur ont promis. En septembre prochain,
elles retourneront finir leur dernière année avant l’obtention de leur diplôme.

A 22 ans, Mary et Kate ne cherchent qu’un peu d’aventure. Elles


veulent sortir des sentiers battus pour s’engouffrer dans des chemins dont
elles seront les créatrices.

Elles veulent une parenthèse livresque avant de s’engager dans la vie active,
et de suivre le chemin qui était tracé, pour elles, d’avance. Mary va
certainement devenir une avocate plaidant la cause de ses luxueux clients au
barreau de New York. Et Kate, elle va finir par diriger une grande compagnie
américaine de type Microsoft ou Boeing. Sans doute, ont-elles voulu
s’échapper un instant, quelques mois, à leur destin qu’elles ne sont pas prêtes
à assumer.

Elles ont donc pris une carte de l’Amérique du Nord. Elles ont tracé un trajet,
et des estimations de jours ou de mois au-dessus de certaines villes plantées
par des punaises colorées. Un fil de laine rouge rejoignait chaque punaise
pour représenter leur long road trip.
Elles ont déjà parcouru plus de 6 000 kilomètres lorsqu’elles arrivent
dans le sud des Etats-Unis, à la pointe de la Floride, avant de monter dans un
ferry pour prendre la direction de Cuba. Elles ont prévu de dormir à Daytona
Beach, de profiter de la mer et du soleil de Floride. Mais leur voiture en a
décidé autrement. Elles doivent s’arrêter juste avant, dans une ville dont elles
ignorent le nom ou la localisation exacte. Enfin, c’est plutôt la voiture qui
s’arrête de fonctionner, usée.

De la fumée invisible a commencé à s’échapper depuis l’autoroute.


Lorsqu’elles ont emprunté les plus petites routes, la fumée blanche et grise
est sortie plus abondamment du capot. Kate et Mary se sont regardés,
inquiètes. Mary, alors au volant, s’arrête sur le bas-côté. Les deux filles
sortent de la voiture. La chaleur les écrase en un instant, leur peau se met à
suer loin de la fraîcheur de la climatisation de la voiture.
C’est la première fois que la voiture fait des siennes. Elle a roulé des
kilomètres et des kilomètres sur des routes plus ou moins faites, plus ou
moins praticables. Pas une panne. Pas une roue crevée. Pas d’enlisement sur
des terrains sableux ou boueux. Pas d'aquaplaning sur des routes submergées
par la pluie. Rien.

Aujourd’hui, c’est différent. Les filles comprennent rapidement


qu’elles ne pourront pas régler ça facilement, ou par elles-mêmes. Mais,
l’argent commence à manquer. Elles ne peuvent pas se résoudre à appeler
leurs parents pour renflouer leurs comptes en banque. Elles ne sont pas
décidées à rentrer, pas tout de suite. Il leur reste tant d’aventures à vivre.
Elles doivent encore s’arrêter sur ces attractions les plus loufoques de leur
pays : le plus gros trou du monde, la vache la plus grosse, le Skyslide, un
toboggan transparent situé au 70e étage d’un gratte-ciel. Et elles ont tant
d’autres aventures à vivre à Cuba et au Mexique.

Mary ouvre le capot de la voiture, qui émet un bruit de claquement


métallique. La fumée forme un gros nuage avant de s’évaporer dans l’air
floridien. Les filles ne savent même pas exactement où elles sont. Elles ont
décidé de tout faire à l’ancienne, sans trop utiliser les nouvelles technologies.
Elles n’ont pas une seule fois utilisé leur GPS de téléphone. Elles ont appris à
lire une carte routière. Il y a eu des ratés, mais souvent, elles n’étaient pas
déçues du contretemps, encore moins du voyage. Elles ont découvert leur
pays et le Canada comme jamais, elles n’auraient pas cru pouvoir le faire.

Elles sont complètement seules sur une route déserte. Il n’y a pas un
chat. La route est bordée de terres sablonneuses. Il y a très peu de végétation.
Pas un arbre, seulement quelques herbes brûlées, éparses, dispersées de
manière disparate. Kate va chercher son sac à main. Elle sort son téléphone. Il
n’y a pas de réseau. Pas même une barre. Elle tente ce qu’elle a déjà vu dans
les films, de lever le bras en quête d’une ou deux barres qui s’afficheraient
dans une minuscule icône en haut à gauche de l’écran du téléphone. En vain.
Mary sort son téléphone de sa poche. Elle n’a pas plus de succès.

Le moteur ne fume plus. Cela ne sert à rien, aux filles, de regarder


sous le capot. Elles n’y connaissent rien en mécanique. Kate tente quand
même de fait tourner le moteur encore. Rien. Rien ne fonctionne, plus rien. Il
va falloir marcher, le temps de trouver de l’aide, ou un endroit où il est
possible d’appeler une dépanneuse. C’est la première fois qu’elles ont une
réelle mésaventure dans leur voyage. Comment continuer ce road trip sans la
voiture ?

« Il va falloir marcher un peu, conclut Mary.


- Oui, mais par où ? Il n’y a rien à des centaines de mètres à la ronde. On ne
voit rien, absolument rien. »

Mary sort la carte. Après l’avoir examinée pendant quelques minutes,


elle propose à Kate de continuer sur la route jusqu’à un croisement. Kate et
Mary se font chacun un sac dans lequel elles mettent leurs objets de valeurs.
Elles ferment les autres baguages dans le coffre de la voiture. Elles se mettent
en marche doucement. Il fait bien trop chaud pour faire des efforts inutiles.
Déjà, au bout de cinq minutes, elles ont l’impression d’être sur la route 66 au
Texas, dans le désert du Nevada. Mary conserve la carte entre les mains, en
essayant de se repérer, bien qu’elle ne soit pas du tout certaine d’elle. Kate lui
fait confiance. Enfin, c’est surtout qu’elle ne veut pas avoir la responsabilité
de la carte car elle sait pertinemment qu’elle n’a aucun sens de l’orientation.

Mary commence à s’inquiéter. Elle se sent réellement perdue. Kate est


plus insouciante. Elle se dit que ça va aller, que rien ne peut leur arriver. Elles
vont bien trouver une ville. Au croisement, elles sont heureuses de voir enfin
des panneaux de circulation. L’un d’eux indique la direction d’une petite ville
à moins de trois kilomètres : Ocala. Elles décident d’y aller. Kate commence
à se plaindre d’avoir faim. Mary, elle, toujours en marche devant Kate, a les
yeux rivés entre la route et la ligne noire de la carte. Il y a beaucoup plus de
végétations. Une forêt s’étend sur des kilomètres. Kate et Mary s’y
engouffrent. Elles y trouvent un peu de fraîcheur grâce à l’ombre des grands
arbres aux racines hautes et plates. Kate en a marre. Elle veut faire une pause,
mais Mary veut continuer. Kate a déjà les fesses sur un tronc d’arbre
découpé, son sac à dos sur la terre herbée.

« Tu n’es pas possible, Kate ! Il doit même pas nous rester un kilomètre et
demi !
- Oh, ça va, on a le droit à une pause, juste le temps de boire un peu.
D’ailleurs, il te reste de l’eau, moi non… »

Mary lève les yeux au ciel, tout en faisant passer son sac à dos devant
elle pour attraper sa gourde qu’elle jette à Kate.

« On peut se remettre en route maintenant ?


- Oui, ça va… C’est par où ? »

Mary regarde autour d’elle. Elle reprend la carte. Et elle indique un


chemin à droite dont on ne peut pas voir le bout.

« Ok, alors let’s go, lance Kate qui n’a pas le temps de terminer sa phrase
qu’elle tombe sur des racines d’arbre. »

Elle tombe et se foule la cheville. La tête dans l’herbe, elle se retourne


rapidement. Elle s’assied et remonte les jambes vers elle. Elle regarde sa
cheville enflée sans enlever ses baskets, de peur de ne pas savoir les remettre.
Kate gonfle ses joues comme pour inspirer la douleur avant de l’expirer
bruyamment. Mary s’agenouille. Elle replie un peu la chaussette rouge dorée
de Kate. La cheville est déjà colorée de bleu, et de violet par le faux
mouvement. Mary pose sa gourde sur la cheville de Kate, mais l’eau n’est
plus très fraîche. Ça ne sert à rien.

« Tu veux bien essayer de te lever ? »

Kate dit oui de la tête. Elle met son bras autour de l’épaule de Mary.
Elles se redressent toutes les deux. Elles font deux, trois pas. Mais Kate
grimace déjà, alors Mary la fait se rasseoir. Elle lui demande si elle ne
préfèrerait pas l’attendre ici. Elle reviendrait avec de l’aide, mais Kate ne
veut pas rester seule dans un chemin aussi escarpé et éloigné. Elle remet son
bras autour du cou de Mary et se remet à marcher lentement. Kate sautille,
relevant son pied gauche pour prendre appui sur son pied droit. Mary porte
son sac, et celui de Kate, en plus de la soutenir. Elles marchent difficilement
toutes les deux. La douleur peut se lire sur leur deux visages.
Elles ont si mal qu’elles n’entendent pas les bruyants moteurs de moto
arrivant bien trop vite derrière elles. Les motards ne font pas attention aux
deux filles sur le côté de la route qui se jettent un peu plus dans le bas-côté
pour ne pas se faire écraser. L’un des motards les voit se relever dans les
broussailles, en râlant et il fait demi-tour. Les autres motards font de même
en suivant de près, mais pas trop. Le motard qui se distingue facilement, c’est
le chef de bande.

Kate râle sans même dire bonjour. Elle râle. Elle est retombée sur sa
cheville foulée, dont la douleur s’accroît encore et encore. Mary est beaucoup
plus calme, comme d’habitude. Le motard ne dit rien. Il met la béquille de sa
moto, il éteint le moteur. Il ne dit toujours rien même face aux insultes de
Kate. Il s’attarde davantage sur la beauté de son physique plutôt que la
vulgarité de son langage. Il la trouve d’une beauté incroyable ! C’est une
belle brune élancée, avec des formes généreuses là où il faut. Elle porte un
court short en jean bien moulant et une chemise blanche fluide, plus très
blanche, avec les quatre premiers boutons défaits, laissant entrevoir une belle
poitrine. Elle a un port de cou sublime, révélé par de longs cheveux attachés
en une queue-de-cheval réalisée sans soin. Kate a relevé ses lunettes de soleil
dévoilant des yeux bleus brillants de colère. Ils sont un peu en amande, une
forme accentuée par le fin trait d’eye-liner vert foncé. Sa bouche pulpeuse est
nude, d’une couleur un peu rosée naturellement.

Elle fait de grands gestes avec ses bras. Elle est belle, même énervée.
Le chef des motards ne parle pas tout de suite. Il la regarde, non, il l’admire.
Mary voulait interrompre Kate, mais c’est celui qui a un veston de cuir sur
lequel est inscrit "Outlaws Riders", qui le fait.

« C’est à vous la voiture en panne ? leur demande-t-il.


- C’est ça vos excuses ? lui rétorque Kate. »

Mary lui fait un geste pour lui dire de se taire.

« Oui, le moteur fumait. Nous nous sommes arrêtées par sûreté et maintenant
la voiture ne démarre plus. Nous cherchons un endroit pour appeler une
dépanneuse, nous n’avons pas de réseau ici.
- On peut vous emmener. Il y a un garage à 3 kilomètres. Ils iront chercher
votre voiture. »
Mary regarde Kate un peu inquiète car elle doute pouvoir faire
confiance à ces hommes. Kate s’approche de la moto de l’homme qui leur a
parlé. Elle enfourche la moto et s’assied derrière lui, en étant exagérément
proche de lui, si proche que les hauts de ses cuisses sont collés au cul du
motard. Les jambes de Kate pourraient presque le gêner, dans sa conduite,
seulement dans sa conduite. Le motard pose sa main sur la cuisse de Kate, il
tourne sa tête vers Kate pour se présenter d’une voix virile :

« Je suis Devon. »

Kate lui fait enlever sa main tout en chuchotant son prénom. Elle peut
voir le motard sourire via le rétroviseur. Devon tourne le guidon et relève les
jambes alors que la moto part à vive allure. Surprise de cet élan de vitesse
sans en avoir peur, Kate resserre ses mains autour de la taille de Devon, ce
qui n'est pas pour lui déplaire.

Mary regarde Kate partir sans mot dire. Un motard s'approche d'elle
en lui proposant de monter. Il est beaucoup plus timide que Devon, et plus
jeune aussi. Il rougirait presque face à cette jeune fille qu'il estime
approximativement de son âge, mais surtout qu'il trouve très belle. Mary fait
oui de la tête avec appréhension. Elle s'assied tout doucement. Elle hésite sur
l'endroit où placer ses mains pour se tenir. Elle ne veut pas les mettre sur lui.
Elle trouve des petites poignées et y serre ses doigts fermement. Il met en
route tout doucement le moteur et roule loin, vraiment loin de Devon. Mary
croise le regard d’une fille à moto, un regard froid méprisant et terrifiant. Elle
continue de la regarder avant de doubler la moto sur laquelle elle est. Son
regard fait frémir la peau dénudée de Mary, de ses jambes à ses bras. Elle
resserre ses mains sur les poignées. Les motos accélèrent. Mary regarde la
ville, aux rues désertes. Elle repère une maison dont la façade semble avoir
été mitraillée. Elle remarque que les rues sont désertes, bien trop calmes, d’un
calme qui précède la tempête. Le ciel est encore rayonnant, mais des nuages
gris sont en approche. Mary, superstitieuse, y lit de mauvais augures.
Quelques commerces sont ouverts, des petites épiceries, boulangeries ou
magasins de vêtements, aux devantures peu arrangées et soignées.

La moto s’arrête. Mary descend. Elle cherche des yeux Kate, mais ne
la voit pas. Elle s’inquiète. Elle ne voit que des motos mises sur des béquilles.
Le garage est une vieille grange réaménagée. Elle y entre marchant derrière le
motard, son cœur bat fort. Elle se demande dans quel coin des États-Unis elle
est tombée… Et s'étonne du nombre de personnes à l'intérieur, presque toutes
vêtues d'une veste avec l'inscription "Outlaws Riders". Il y a principalement
des hommes, grands, musclés, mais il y a aussi des femmes dont le regard
vous fusille. Mary ne comprend pas comment Kate peut être aussi à l'aise
dans ce milieu loin du leur.
Elle explique leurs mésaventures à une femme portant une combinaison en
jean recouverte de cambouis. Devon se tient tout près de Kate comme s'il
voulait s'imprégner d'elle ou la retenir si jamais elle voulait partir
précipitamment. Mary vient se met entre lui et Kate. Devon comprend alors
qu'il lui sera facile de séduire Kate, mais que l'un de ses obstacles sera Mary.
Il sourit en y pensant. C'est un homme qui aime les défis. Il adore en
particulier les relever, et surtout les remporter.

La garagiste demande à un de ses employés de sortir la dépanneuse et


d'aller chercher la voiture. Attendre, il n'y a plus que cela à faire pour les
filles. Mary veut parler seule avec Kate, mais n'y parvient pas. Elle lui fait
quelques messes basses. Kate ne sait pas pourquoi Mary est autant stressée, et
pourquoi elle voudrait partir si rapidement. Ils n'ont fait que les aider. Kate ne
prend pas au sérieux ces bikers durs à cuire. Peut-être à tort.

Kate fait mine d'ignorer Mary. Sa nature de peureuse l'agace au plus


haut point. Elle a enfin l'impression qu'elle va trouver dans cette petite ville,
qui ne paie pas de mine, ce qu'elle cherchait en faisant un road trip :
l'aventure. Elle veut se laisser séduire par Devon qui semble ne plus vouloir
la quitter des yeux. Elle voudrait lui faire croire qu'elle l'ignore, qu'elle n'est
pas du tout intéressée. Mais il sait très bien à quel jeu elle joue. Kate part à
l'extérieur de la grange, pour regarder les alentours. Elle espère bien que
Devon la suive. Il se fait un peu attendre. Elle s'assied sur la terre sèche sous
l'ombre d'un vieil arbre aux grosses racines entrelacées qui soulèvent à
quelques endroits le sol. Elle appuie son dos contre l'arbre. Elle ferme les
yeux. Des rayons du soleil passant à travers les feuilles strient son visage
illuminé par des bandes parallèles. Devon la regarde sans qu'elle ne le
remarque, jusqu'à ce qu'il s'approche d'elle faisant traîner ses bottes sur le sol.
Elle ouvre alors les yeux en tentant de cacher son sourire.

Elle le regarde venir à elle. Il s'arrête. Il reste debout contre l'arbre,


sans rien dire. Il ne s'assied pas. Il ne compte pas le faire. Il veut que ce soit
elle qui se redresse. Kate ne dit rien non plus. Elle doit lever la tête fortement
pour le voir. De ce point de vue, en contre-plongée, il lui paraît plus fort, viril
et puissant. Elle laisse tomber sa tête contre son genou. Il ne bouge pas, il ne
la regarde pas non plus. On dirait une chienne venant réclamer de l'attention à
son maître, et des caresses. Elle redresse sa tête, pose les mains sur la terre
presque aride. Elle se relève. Elle arrive à la hauteur des épaules de Devon.
Elle se tient droite un peu plus éloignée de lui maintenant.

Mary l’observe. Elle est sortie du garage. Elle ne supporte plus les
conversations avec le motard qui la conduite jusqu'ici, Jake. Elle veut repartir
au plus vite. Elle regarde la route en espérant voir le retour de la dépanneuse.
Elle doit encore attendre. Elle préfère alors entrer à nouveau dans le garage
plutôt que de voir Kate et Devon. Lui, il a enfin commencé à parler, lui
demandant d’où elle vient et ce qu’elle est venue chercher dans cette petite
ville. Kate lui a raconté son début de road trip et les premières mésaventures
avec la voiture.

« La voiture ne sera probablement pas prête aujourd’hui, ni même demain, tu


sais… prévient Devon.
- Ne dis pas ça…
- Et toi, ne fais pas semblant d’être déçue. Ça te permettra de manger avec
nous, avec moi…
- Nous ?
- Les Outlaws Riders, dit-il en soulevant la partie de sa veste où ce nom était
inscrit. »

Kate ne répond rien de plus. Des bruits de moteur et des roues,


écrasant davantage ce sol cruellement en manque d’eau, s’approchent. Le
dépanneur arrive enfin au garage. La grande porte électrique, rouillée aux
extrémités, s’ouvre en faisant un brouhaha mécanique.
Les Outlaws Riders restent où ils sont. Seule la femme à la combinaison
s’approche. Elle attend que l’employé mette la décapotable sur un monte-
voitures afin de pouvoir regarder en dessous. L’employé a déjà regardé le
moteur sur le lieu de la panne. Il a fait ses premières expertises.

Au bout d'une vingtaine de minutes d'observation, la garagiste – les


filles connaîtront son nom bien plus tard : Emily – estime le temps qu’il lui
faudra pour réparer la voiture. Une pièce doit être renouvelée. Elle n’est pas
sûre d’en avoir en stock : le temps de commander, de recevoir la pièce, et de
faire les réparations. La voiture ne sera pas prête avant la semaine prochaine.
Les filles sont dépitées, enfin, surtout Mary. Kate a l’air plutôt enjoué de faire
une petite pause dans cette petite ville. La garagiste mentionne un petit motel
à deux minutes, en continuant tout droit sur la route principale. Les filles
prennent les affaires qui restaient dans la voiture et se dirigent donc vers le
motel. Devon, dont l’autorité naturelle le place comme le mâle alpha de la
meute, fait signe à d’autres membres de prendre les bagages des demoiselles
et de les amener au motel.

Mary veut partir à pied. Kate préfère la moto, et le motard. Sans


prendre en considération ce que Mary dit ou pense, elle attend que Devon lui
propose de monter derrière lui. Mais une autre femme vient s’asseoir près de
lui, laissant sa propre moto dans le garage.
Elle s’installe sans quitter des yeux Kate en enlaçant le motard
tellement fort, que sa poitrine se comprime contre la protection dorsale
intégrée à son blouson en cuir. Elle pose l’une de ses mains sur le haut de la
cuisse de Devon qu’elle caresse en soutenant ce regard dirigé vers Kate.

Kate reste fière, bien que déçue. Elle marche vers d’autres motards au
regard loin d’être hagard. Ils matent tous cette jeune fille avec laquelle ils
partageraient volontiers davantage qu’un brin de causette. Elle s’arrête devant
le motard qu’elle trouve le plus séduisant, d’une trentaine d’années, la
mâchoire marquée et les yeux gris perçants. Elle ne lui dit rien. Il s’avance un
peu, la moto entre les jambes. Il lui tend un casque. Elle le met puis s’assied.
Devon la regarde dans son rétroviseur. Il s’amuse de la situation.

Kate et Mark partent en premier. Kate n’a pas le temps de prendre


plaisir à cette petite course à deux roues. Ils sont déjà arrivés au motel. Mary
arrive avec Jake. En enlevant son casque, Kate s’étonne de voir passer la
moto de Devon sans qu’elle ne s’arrête. Elle le regarde s’éloigner au loin
encore plus déçue, et se laissant davantage draguer par Mark.

Mary est déjà à l’accueil. Elle voulait prendre une chambre avec un
double lit pour faire des économies. Elle ne sait même pas si elle aura
suffisamment d’argent pour payer les nuits nécessaires avant la réparation de
la voiture. Kate arrive et demande deux chambres communicatives mais
séparées. Mary s’apprête à s’énerver.

« Combien je vous dois ? »

L’hôte de la réception n’a pas le temps de répondre.

« Ne vous en faites pas pour la note. Elle sera réglée ! répond un Outlaw
Rider. Bienvenue à Ocala ! ajoute-t-il. »

Mary n’ose rien ajouter. C’est la première fois que les filles entendent
le nom de cette ville, pourtant, tant connue des services de police et de
renseignements, tant connue des milieux mafieux qui ont été confrontés à
l’un des gangs les plus dangereux d’Amérique : les Outlaws Riders.

Mark, les mains pleines de bagage suit au pas Kate. Elle ouvre la
chambre avec un code à 5 chiffres : 69 012. Une fois ses mains libérées, il
voudrait qu’elles soient occupées à satisfaire Kate. Il a tellement chaud, il est
tellement chaud. Kate ne rêve que d’une chose de prendre une douche avant
de soigner sa cheville. Il s’approche d’elle en lui touchant les fesses. Elle se
retourne. Il la plaque contre un mur. Il lui chuchote à l’oreille :

« Tu sais à quel point tu es sexy ! »

Il approche son visage du sien, ses lèvres des siennes. Il l’embrasse.


Kate n’ouvre pas la bouche. Elle ne le veut pas. Elle n’a pas trop compris ce
qui vient de se passer. Elle ne s’attendait pas à ça. Elle garde la mâchoire bien
fermée. Elle ne veut pas. Il la plaque plus encore contre le mur, l’obligeant à
bouger sa cheville, augmentant sa douleur. Elle tourne la tête.

« Quoi ? Kate, qu’est-ce que tu as ? Tu m’avais l’air d’en avoir envie, lui dit-
il en mettant sa main sur son sexe. »

Sa cheville et la peur l’empêchent de crier réellement. Elle ne fait que


gémir de douleur physique et morale. Il est en train de se branler en
maintenant la main de Kate sur son sexe. Il lui lèche la bouche espérant
pouvoir l’ouvrir et y enfourner sa langue pour s'entremêler avec celle de
Kate. Elle serre tellement fort les mâchoires que ses dents pourraient
s’enfoncer plus profondément dans ses gencives. Elle bouge de manière plus
frénétique pour se défaire de cet homme. Son regard a perdu toute humanité.
On n’y voit plus qu’un instinct animal.
Il n’est plus qu’un animal sauvage flairant partout les femelles en
chaleur sans forcément qu’elles le soient réellement. Il maintient toujours la
main de Kate sur son raide phallus qui ne va plus tarder à émettre sa
semence. Devon en décide autrement. Il le retourne, le pousse violemment
pour l’éloigner de Kate.

Les deux hommes tombent au sol. Devon est au-dessus de Mark. Il lui
assène un premier coup de poing, puis un second, un troisième, un huitième.
Mark ne répond même pas. Il n’ose rien dire ou mêle faire à l’alpha. Il n'avait
pas compris, cet idiot, que Devon la veut. Il la veut tout entière, disposée à
être à lui, rien qu'à lui !
Devon donne un dernier coup de poing dont la trajectoire dévie pour
atterrir sur la moquette de la chambre, juste à côté de la tête de Mark. Si
Devon l'avait touché encore une fois, il serait probablement mort. Il est déjà
défiguré. C'est à peine s'il parvient à sortir de la chambre, grimaçant, les yeux
noirs et la queue toujours levée.

Devon s'approche de Kate, toujours collée contre le mur, le regard lointain.

« Allez, viens maintenant ! »

Kate ne répond pas et ne bouge pas.

« Kate, viens ! «
Kate ne bouge toujours pas.

Devon lui attrape le poignet. Elle tressaille. Il resserre ses doigts sur
son poignet. Il peut sentir son pouls. Il est très rapide et irrégulier. Il ne la
relâche pas pour autant. Il la fait venir à l’extérieur, l’amenant jusqu’à sa
moto. Kate y grimpe mécaniquement, sans avoir conscience de ses gestes.
Elle ne se tient pas à Devon. Elle regarde la ville pour la première fois, une
ville déserte régie par les Outlaws Riders, des gros mecs fous de moto, de
gros bestiaux indisciplinés habitués à ne respecter aucune règle, aucune loi.
Ils n’ont pour foi que leur pouvoir. Même les femmes sont des dures à cuir,
au regard froid, aux muscles saillants et le langage vulgaire, mais soumises
dès qu’elles se retrouvent avec leurs hommes.
Elles n’ont pas compris, elles n’ont pas compris que ce sont les hommes qui
doivent être apprivoisés par les femmes et non l’inverse. C’est ce que lui a
toujours dit son père.

Les hommes d’ici sont trop habitués à avoir ce qu’ils veulent. Des
hommes comme Mark. C’est la première fois que Kate se retrouve dans un
tel milieu, loin de son université, et de sa petite vie bien rangée de fille
unique. Elle est bien décidée à ne plus se laisser faire. Elle n’en veut même
pas à Mark. Elle n’est en colère seulement contre elle-même, d’avoir été si
naïve. De la lucidité, voilà ce que l’on peut voir dans ses yeux maintenant.
Elle regarde la ville, elle l’observe comme elle est réellement, enfin.
Ocala. Une ville sans beaucoup de charme, trop chaude, trop clivante. Et
pourtant, d’une certaine manière, cette ville attire Kate parce qu’elle ne cache
pas qui elle est à travers des façades artificielles. Elle se montre telle qu’elle
est, nue à découvert dans toute sa fragilité, dans toute sa force.

Mary frappe à la porte de chambre de Kate. Personne ne répond. Jake


arrive vers Mary. Il la prévient qu’elle est partie avec Devon. Mary regarde
Jake et voit derrière lui, le visage gonflé et violacé de Mark.

« Que lui est-il arrivé ? Où est Kate ? s’inquiète Mary.


- Non, ne t’en fais pas. Elle va bien, elle va bien. Elle est avec Devon. Rien
ne peut lui arriver avec lui. Rien du tout, lui répond Jake pour la rassurer. »

Mary fait demi-tour pour retourner dans sa chambre.

« Mary, est-ce que tu veux aller manger quelque chose ? Je peux t’emmener
au Diner si tu veux, ou ailleurs...
- Non… Non, merci. Je suis fatiguée. Je vais aller me reposer.
- D’accord. N’hésite pas si tu as besoin de quelque chose… »

Mary n’écoute pas sa réponse. Elle lui tourne déjà le dos et ferme sa
porte. Elle prend son téléphone. Elle essaie d’appeler Kate. Elle entend de
l’autre côté du mur la sonnerie du portable de Kate.

« Tu fais chier Kate. Merde ! Putain de merde ! Tu fais vraiment chier ! »

Mary tourne en rond dans sa chambre. Elle s’inquiète pour Kate et


pour elle-même. Elle ne se sent pas du tout en sécurité dans cette ville. Elle a
peur, mais elle ne peut rien faire tant que la voiture n’est pas réparée. Elle
ferme alors tous les verrous de sa porte de chambre. Mais elle ne le sait pas
encore, quand les Outlaws Riders veulent entrer quelque part, aucun verrou
ne peut leur résister.

Devon s’arrête devant un immeuble de quatre étages. Au rez-de-


chaussée, c’est un petit restaurant, un peu vétuste dont le talent du cuistot est
reconnu par tout le monde à Ocala. Devon passe commande sans s’installer
dans la salle de restaurant. Il fait monter Kate au dernier étage dans un grand
appartement composé d’une seule et unique pièce dont les espaces sont
différenciés par des sols différents et des meubles stratégiques bien que rares.
Kate s’arrête à l’entrée. Elle se fait bousculer par un serveur du restaurant,
qui venait leur apporter leur repas, et qui malgré ses multiples excuses, se fait
engueuler et dégager par Devon.

Kate ne parle toujours pas. Elle observe Devon. Malgré ce qui vient
de se passer, ou justement grâce à ce qui vient de se passer, elle a plus que
jamais envie de cet homme. Là, maintenant, tout de suite. Sur cette table en
bois brute, sur ce parquet, ce tapis élimé ou contre ce mur de briques qui
pourrait s’imprégner sur son dos. Là, avec lui, elle ne subirait rien, elle
jouirait de tout.

Elle le regarde toujours. Il prend quelques affaires dans un sac. Elle


ne voit pas quoi exactement. Elle s’approche de lui. Il ne la voit pas arriver.
Elle attrape son visage qu’elle prend pour embrasser, le poussant contre un
buffet. Elle lui fait ouvrir la bouche. Mais il la retourne. Il pose sa main sous
son genou, pliant sa jambe, faisant venir la cuisse de Kate contre sa hanche,
avant de soulever ses petites fesses et de les poser sur le buffet. Elle voudrait
le déshabiller, lui enlever son lourd cuir, voir sa peau hâlée, retirer sa grosse
ceinture, voir sa verge excitée, le mettre à nu, le désarmer pour mieux
s’armer. Le voir lui, enfin, lui, seul pour elle.

Les lèvres de Kate s’irritent sur les poils piquants de la barbe de


Devon. Son rouge à lèvres s’étale sur d’autres lèvres, se perd dans ses poils
noirs et grisonnants par endroits de manière précoce. Elle baisse sa main vers
le torse. Il lui retire. Il retire aussi sa bouche et sa langue tendre.

« On s’en va, ordonne-t-il. »

Kate reste interdite sur le buffet, stupéfaite et frustrée. Elle est excitée.
Elle descend du buffet, vient vers lui, pour l’embrasser encore. Mais il
l’esquive sans même s’en rendre compte. Lui aussi a envie d’elle, une putain
d’envie bestiale et primaire. Il veut la baiser, la pénétrer, la faire sienne. Mais
il veut que ce soit lui qui commande chaque mouvement, chaque élan, chaque
abandon. Il ne fait que retarder l’inévitable, s’amusant d’un jeu dont il dicte
les règles au fur et à mesure que la partie avance. Il a déjà lancé le dé. Il va
bientôt abattre sa première carte.

Kate et Devon partent, sans même emporter les plats commandés. Ils
ont un tout autre appétit, une autre faim, presque insatiable. Avant de partir,
un motard parle à Devon, de telle manière que Kate n’entend rien. Il a l’air
contrarié. Devon lui donne quelques indications avant de déposer Kate au
motel. Dans la chambre, il l’embrasse à nouveau fougueusement,
fugacement.
Kate se laisse tomber sur le lit, déçue de porter encore ses vêtements.
Elle finit par s’endormir, sans faire attention aux appels de Mary. Ses
précautions l’agacent, le road trip est une façon de se confronter au vrai
monde, loin de la bulle parentale ou universitaire. Ocala est la ville idéale
pour ça, une ville authentique qui ne se cache de rien même des vérités les
plus laides, et les plus honteuses.

Kate se réveille en sursaut lorsque Devon ouvre la porte. Il est plein


de rage, de sueur, et de poussières. Kate se lève. Elle ne pose aucune
question. Elle l’attend debout, près du lit déjà défait. Devon la pousse contre
une table de nuit, faisant tomber la vieille lampe de chevet. Il ne l’embrasse
pas encore. Il ne fait que l’effleurer avant d'agripper ses vêtements.
Il lui retire son haut d’un seul geste ample. Il la fait se relever. Il
déboutonne son short qui tombe rapidement à ses pieds. Elle s’en défait en
deux pas avant d’être basculée sur le lit par Devon. Kate enlève son soutien-
gorge pour dévoiler de beaux seins blancs et ronds. Devon attrape ses
hanches pour lui déchirer son tanga rouge et la dévoiler à lui. Devon est
encore debout. Il la regarde. Elle est magnifique. Une beauté abrupte. Elle
écarte les jambes en se caressant les seins. Sa chatte bien épilée en un ticket
de métro, selon le diktat de son temps, est déjà un peu mouillée.

Devon enlève son blouson en cuir, le déposant sur un dossier de


chaise. Il attrape le col de son tee-shirt pour soulever le tissu et mieux s’en
dépêtrer. Il retire la boucle de sa ceinture qui défait des pans de son pantalon.
La fermeture éclair est ouverte. Il glisse sa main écorchée dans son pantalon.
Il se caresse. Kate avance vers lui, à quatre pattes, ondulant son dos et ses
fesses comme un félin. Sa proie est devant elle, droit devant elle. L’excitation
lui fait oublier la douleur de sa blessure à la cheville encore endolorie. Kate
embrasse la main de Devon avant de la mordre. Il lui attrape alors ses
cheveux détachés et déjà tout emmêlés. Il les caresse.
Elle lui baise son boxer, y frotte son visage. Avec ses dents, elle fait
glisser le boxer. Devon l’aide. Il retire davantage son pantalon. Il
s’impatiente. Son boxer, en une seconde, n’est plus sur lui. Il se caresse la
bite. Kate s’approche. Elle ouvre sa bouche pour y laisser tomber les couilles
de Devon. Elle glisse sa langue en dessous pour les faire revenir entre sa
langue et son palais.

Elle commence à saliver. Elle relève un tout petit peu la tête pour
lécher le phallus de Devon. Il retire sa main. Il se met à nouveau à caresser
les cheveux de Kate. Elle suce son gland puis laisse entrer plus pleinement sa
bite dans sa bouche jusqu’à l’essoufflement, jusqu’à l’étranglement.
C’est la première fois que Kate suce une bite si grosse. Sa bouche, qui
n’est pourtant pas si petite, est étirée au maximum. Devon maintient sa bite
dans la bouche de Kate, en maintenant plus fermement ses cheveux. A
chaque fois qu’elle avance sa tête, il s’enfonce toujours un peu plus en elle.
Les bruits de salive s’accordent avec les respirations haletantes.

Devon recule. Il veut la faire sortir de ce lit. Il relâche les cheveux de


Kate. Elle se relève. Elle veut l’embrasser. Elle veut sa bouche, elle veut ses
lèvres sur les siennes. Il l’embrasse. Elle met ses bras autour de son cou. Il
attrape ses cuisses. Il la porte. Elle écarte ses cuisses, et encercle la taille de
Devon avec. Il la laisse tomber, la laisse glisser contre sa peau nue, moite et
transpirante. Kate respire chacune de ses odeurs, lèche son oreille, mordille le
lobe, se love dans son cou en murmurant :
« Prends-moi ! Prends-moi ! »

Il va la faire attendre encore un peu. Il l’allonge sur la moquette


encore marquée par le sang de Mark. Il prend les poignets de Kate. Il lui fait
étirer ses bras, qu’il attache au pied du lit avec sa ceinture. Kate se laisse
faire. Ses omoplates sont tirées vers l’arrière, son dos est creusé, sa poitrine
est étendue.
Devon baise son cou, baise ses seins, lèche ses tétons. Il l’embrasse
encore sur la bouche avant de descendre sa tête entre les cuisses de Kate. Il
lui écarte les cuisses. Il lèche celle de droite. Il lèche son clitoris en tendant
davantage sa langue. Il fait frétiller sa langue sur le clitoris. Kate gémit un
peu. Elle soulève légèrement sa tête pour le regarder avant de s’abandonner à
lui, et de laisser sa tête retomber en arrière.

Il crache sur le vagin de Kate. Il lèche ses lèvres. Ses petites lèvres
dépassent de ses grosses lèvres. Devon fait tourner son pouce sur le clitoris
de Kate et enfonce davantage son visage dans sa chatte. Il pénètre son vagin.
Kate a des soubresauts faisant remuer les pieds du lit qui couine.

De l’autre côté de la chambre, Mary est réveillée par les cris de Kate.
Elle a d’abord essayé de se rendre sourde à ces bruits, un oreiller sur la tête,
cachant par la même sa déception. On pourrait penser qu’elle serait gênée de
surprendre, par l’ouïe, cette scène d’ébat de sa meilleure amie, que ce serait
pour elle aussi gênant que de surprendre son père en levrette avec sa mère
dans le séjour.
Mais non. Finalement, elle se retrouve seule, excitée avec un besoin
viscéral de jouir. Plus, elle entend les gémissements de Kate et la respiration
grave de Devon, plus elle en est excitée. Elle plonge ses doigts dans sa
culotte.

Elle se touche d’abord le clitoris, en mettant un oreiller entre ses


cuisses. Elle resserre ses cuisses contre l’oreiller et bascule son bassin d’avant
en arrière sans retirer son pouce de son clitoris. Mais le coussin et ses doigts
ne suffisent plus. Le plaisir est là, mais la plénitude pas encore. Elle se lève
de son lit, part dans la salle de bain et fouille dans son vanity à la recherche
de sa brosse à dents électrique. Elle entend davantage les gémissements
venant de l’autre chambre. Elle s’allonge dans la baignoire. Elle tire sa
culotte sur le côté, vers l’extérieur de sa fesse. Elle appuie sur le bouton de sa
brosse à dents qui se met à vibrer. Elle touche son clitoris tout en posant le
manche de la brosse à dents pour ressentir chacune des vibrations augmentant
chaque excitation. Elle descend le manche de la brosse à dents sur ses lèvres.
Elle écarte un peu plus les cuisses. Sa peau vibre un peu. Elle enfonce
le manche de la brosse à dents en elle. Son ventre se creuse, sa bouche
s'entrouvre plus. Elle fait des va-et-vient avec le manche, encore et encore.

Devon et Kate, eux, n’entendent pas Mary. Ils sont trop occupés à
s’abandonner l’un à l’autre. Les poignets de Kate sont trop serrés. Le cuir de
la ceinture frotte sa peau bientôt marquée. Le lit remue davantage. Devon est
à genoux. Les jambes de Kate reposent sur ses épaules. Il a amené les fesses
de Kate sur ses genoux.
Il prend sa bite dans sa main et la dirige dans le vagin de Kate. Il
soulève ses fesses pour la pénétrer à chaque fois plus profondément, plus
pleinement. Kate bouge frénétiquement ses poignets. Devon accélère les
mouvements. Kate remue ses hanches, mais c’est lui qui contrôle la vitesse,
le rythme. Il donne le tempo. Il est le compositeur et le chef d’orchestre. Il
s’apprête à provoquer une extase.

Mary jouit en même temps que Kate, à quelques mètres l’une de


l’autre. Devon jouit en Kate après deux poussées supplémentaires.
Devon tarde à lui enlever ses liens. Il l’embrasse encore, juste du bout
des lèvres comme s’il voulait véritablement laisser son empreinte sur elles,
laisser sa marque sur elle. Il finit par défaire sa ceinture du pied du lit. Puis il
se rallonge sur la moquette, satisfait, heureux, le nez vers le plafond. Kate
s’allonge à ses côtés. Elle finit par oser appuyer sa tête sur son torse. Il ne la
fait pas bouger. Mais il ne fait rien.

Mary ouvre le robinet. Elle fait passer sous l’eau le manche de sa


brosse à dent. Puis, elle part se coucher, en espérant que le sommeil la
transporte rapidement dans cet ailleurs nocturne où les rêves s’inventent et se
formulent avant que le réveil ne dissipe leur souvenir.

Quand Kate se réveille avec un mal de dos difficilement supportable,


du fait d’avoir dormi sur la moquette, Devon n’est plus là. Pourquoi est-elle
étonnée de se réveiller seule ? Elle aurait dû s’en douter. Elle ne doit pas se
laisser atteindre aussi rapidement, aussi facilement par cet homme rencontré
la veille. Elle se douche. Elle met un short en cuir avec un chemisier blanc
dont les boutons ont été remplacés par des perles. Elle dessine un trait d’eye-
liner sur ses yeux, et une bouche rouge sombre sur ses lèvres. Elle relève ses
cheveux en une queue-de-cheval. Elle laisse quelques mèches retomber
devant son visage. Elle fouille dans l’un de ses bagages et en sort un bandana
rouge et blanc. Elle le noue dans ses cheveux. Elle semble plus belle qu’hier
encore, alors qu’on pensait que ce ne serait pas possible.

Mary vient toquer à sa porte. Elle lui ouvre.

« Je pensais que tu ne me répondrais pas comme hier…


- Ah je ne t’ai pas entendue, je me suis endormie tôt.
- Si tu appelles ça dormir… Mary marque un silence avant de continuer. Les
murs sont très fins tu sais… »

Kate ne répond rien. Elle ne rougit pas non plus. Elle part du principe
qu’elle n’a pas à se justifier. Elle n’a pas tort, à ce niveau-là. Elle n’écoute
pas les conseils de Mary. Elle l’écoute rarement, sinon elle ne ferait pas
grand-chose, du moins pas grand-chose en dehors des frontières du
raisonnable.

« Je sais bien que tu fais ce que tu veux. Tu fais toujours ce que tu veux. Mais
n’oublie pas de faire attention à toi. Cette ville n’est pas sûre. Ces motards ne
sont pas tes amis. Ce ne sont que des hors-la-loi, qui dictent la loi pour les
autres, des mecs aux gros muscles qui font respecter leur justice avec le
poing. Y’en a un, Mark, je crois, tu n’as pas vu son visage… Dans quel état il
est. Je ne veux pas te retrouver comme ça ! Tu comprends ?

Kate ne l’écoute toujours pas. Mary veut retourner au garage, pour


voir si elles ne peuvent vraiment pas récupérer la voiture plus vite. Kate
accepte pour ne pas être embêtée par son amie toute la journée. Elle voudrait
bien un exutoire. La voiture n’a pas encore été regardée depuis la veille. Ce
n’est pas à l’ordre du jour. La garagiste ne leur dit pas, mais elle ne fait que
suivre les consignes des Outlaws Riders.

« C’est sûr, que ça va prendre la semaine ? demande à nouveau Mary.


-C’est certain, il va falloir être patientes ! »

Mary et Kate retournent à pied jusqu’au motel. Mary voudrait bien


sortir de sa chambre, mais elle a trop peur, de marcher seule dans cette ville.
Et Kate n’est plus d’humeur à supporter sa peur.

« Kate, on peut peut-être trouver un autre moyen de partir…


- Tu veux laisser la voiture ici ?
- Je ne me vois pas rester aussi long…
- Il n’y a plus que six jours à tenir Mary, et je te rappelle qu’on n’a plus
beaucoup d’argent et je refuse de rentrer plus tôt que prévu.
- Comme tu voudras ! »

Au motel, Devon attend Kate. Son attitude change complètement


quand elle le voit, même sa démarche est différente, plus fière et noble.
Devon ne parle pas. Il tend simplement un casque à Kate, dont la cheville est
beaucoup moins douloureuse. Elle met le casque en cachant son sourire.
Mary frisonne. Elle se retourne et voit Jake.
Elle se mentirait à elle-même si elle disait que son charme lui était
complètement indifférent. Il a des yeux verts qui s’illuminent à chaque fois
qu’il parle de ou à Mary. Il a des cheveux bruns, courts sur le côté avec une
mèche sur le devant qu’il redresse. Il est grand aussi, dans les deux mètres.
Et musclé. Ses épaules sont carrées, et Mary devine bien les tablettes
de chocolat sous son tee-shirt. Malgré cette attirance physique mutuelle,
Mary ne veut pas céder. Non. Elle n’est pas du genre à accepter d’être qu’un
nom sur une longue liste, un trophée de chasse. Un Don Juan, c’est comme ça
qu’elle imagine Jake, sans même le connaître. Et puis, elle a bien repéré le
regard des filles de cette ville, dès que Jake lui parlait. Elle ne se battra plus
pour un mec. C’est ce qu’elle pense du moins, car elle en a déjà trop souffert
dans le passé.

Jake lui propose de lui faire visiter un peu la ville. Mary cherche une
excuse. Elle n’a aucune envie de visiter cette ville qui ne faisait pas du tout
partie de son itinéraire. Elle ne s’est jamais sentie aussi loin de chez elle qu’à
Ocala. Elle n’a pas le temps de formuler une excuse.

« Tu as mieux à faire ? Tu sais je ne ferais jamais rien que tu n’as pas envie
de faire.
- Tu n’es pas habitué à ce que l’on te dise non, n’est-ce pas ?
- Absolument. J’adore ce mot : oui.
- Ok. »

Devon arrête le moteur de sa moto devant la banque centrale. Il


demande à Kate de l’accompagner. Il lui prend la main. Cela étonne Kate.
Elle a voulu la retirer pour lui faire comprendre qu’elle est maître d’elle-
même. Mais il lui reprend la main et la serre plus fort. Il entre dans la banque
et va devant un distributeur.
Il compose un code, mais regarde surtout partout dans la banque : le nombre
de salariés visibles, de caméras, de personnes habilitées à être armées… Kate
ne se doute de rien, de rien de ce qui se trame dans la tête de Devon.

Kate ne pose aucune question. Elle sait bien que de toute façon, il ne
lui aurait pas répondu. Néanmoins, elle est bien décidée à lui montrer qu’elle
a aussi du tempérament. A la sortie, c’est elle qui le tire par le bras.
Elle dévale les escaliers, et pousse Devon contre un mur de béton sali.
Elle passe l’une de ses mains derrière sa nuque, fait avancer son visage et
l’embrasse, ouvrant la bouche par avance. Sa langue entre dans sa bouche
saliveuse, son nez se cogne au sien, et leurs lèvres glissent les unes sur les
autres.
Leur salive se mélange, leur excitation s’attise. Devon descend ses
mains sur les fesses de Kate. Elles suivent la courbure de son dos et son cul.
Il le trouve vraiment magnifique, bien rebondi sans être trop gros.
Kate n’est pas maigre, mais pas non plus grosse. Les proportions
idéales. Kate repousse ses mains baladeuses. Elle attrape les poignets de
Devon et les met au-dessus de sa tête. Il tente de se défaire. Elle écrase les
poignets sur le béton. Devon pourrait avoir rapidement le dessus sur elle,
mais il s’amuse du petit jeu qu’elle met en place. Peu importe les règles, il
sait très bien que quoi qu’il arrive, il en ressortira gagnant. Il gagne toujours.
Pour lui, la roue ne tourne jamais.

Absorbés l’un par l’autre ou plutôt l’un dans l’autre, il ne voit pas
cette vieille dame dont les pas sont rythmés par le bruit de sa canne. Elle
hausse les sourcils, lève les yeux au ciel face à ce comportement qu’elle juge
vulgaire. Ils n'entendent pas non plus cet homme au costume noir élimé leur
conseillant de prendre une chambre d'hôtel.
Devon apprend chaque caractéristique de Kate ; de la texture
langoureuse de sa langue, la douceur de son palais, l'odeur mentholée de son
haleine, la forme onduleuse de son corps, la finesse de son cou, de sa nuque,
la longueur de ses cheveux, la senteur naturelle de sa peau, sa transpiration, à
sa coquetterie qui porte un nom, la Petite Robe noire. Il l'avale, il la boit, il la
veut tout entière.
Il la renifle, la touche, la goûte. Il s'enivre. Il s'oublie derrière son
désir, dépossédé de lui-même par l'envie, son fantasme. Il glisse ses mains
sous le chemisier de Kate, laissant ses doigts se perdre sur ses seins. Elle n'a
pas mis de soutien-gorge. Le tee-shirt se soulève avant de laisser apparaître
les tétons de Kate.
Il descend doucement sa main dans le short de Kate. Son entrecuisse
est humide. Il veut la toucher, la caresser. Elle l'arrête net en se sortant de
cette étreinte publique s'éloignant de la banque et se rapprochant de la moto.
Elle aurait aimé le laisser faire, qu'il laisse ses empreintes ardentes dans son
vagin, qu'il la fasse jouir, mais pas en public. Pas sous la surveillance des
caméras de la banque. Mais putain, elle a rarement été aussi excitée ! Son
pouls est encore tellement rapide, ses joues rougies de désir et son sexe
mouillé par l'idée de plaisir charnel.

Devon enfourche sa moto, Kate monte derrière lui. Elle se colle à lui.
Il roule vite. L'air du vent est chaud. Mais Kate l'est encore plus. Elle resserre
ses cuisses contre la selle de la moto. Elle contracte ses cuisses. Elle bouge
un peu son bassin contre la selle dure de la moto et entoure Devon de ses
bras. Elle cherche son regard dans le rétroviseur. Il fait mine de ne pas la
regarder, de n'être attentif qu'à la route, alors que ses pupilles ne brillent que
pour elle. Il sourit de plus en plus en sentant les mains de Kate déboutonner
son pantalon.

Il frissonne en sentant les vibrations de sa braguette qui s'ouvre. La


main de Kate touche son boxer alors que son bassin ondule derrière lui. Le
boxer se durcit. Alors Kate passe sa main dans le boxer. Elle a la main froide.
Elle sort du pantalon le sexe triomphant. Devon en oublie de passer ses
vitesses. Le moteur de la moto crie. Ils se dirigent vers les chemins traversant
la forêt. Kate touche son gland, se laissant chatouiller la main par le pubis
poilu de Devon.

Kate enlève sa main le temps de lécher sa paume, et y déposer sa salive


comme lubrifiant. Elle remonte sa main, puis la descend, puis la remonte sur
ce phallus en érection. Devon lutte pour éviter que ses yeux ne se ferment. La
moto accélère, comme son excitation. Kate danse toujours derrière lui, contre
lui, avec lui. Il finit par tourner subitement à droite dans un sentier de la forêt.
La moto s'engouffre, remuée par un chemin cabossé, par la terre sèche
parsemée de cailloux et de racines d'arbres bientôt centenaires. La moto
vibre. Kate n'en est que plus jouissante.

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HEAVEN // Nos Destins Croisés
Elle arriva encombrée à l’aéroport avec sa grande valise et son grand
sac cabas. Mais elle arrivait, malgré son avance et le jour à peine levé, tel une
working girl. Elle suivit tout le processus, un peu perdue dans ce grand
aéroport parisien, prenant pour la première fois l’avion seule. Lors de
l’enregistrement, elle se démarqua face au personnel par son sourire crédule,
naïf.
On voyait sur son visage qu’elle partait seule pour la première fois. Elle fut
très polie, très sympathique, malgré la fatigue, surexcitée par le départ. Elle
fut rapidement désenchantée lorsque le personnel lui demanda de patienter un
instant. Elle paniqua rapidement, de peur qu’il y ait un problème avec son
billet, pourtant la personne en face d’elle resta toute souriante, concentrée
devant son ordinateur. Au bout de quelques minutes qui parurent très longues
pour la jeune femme, on lui proposa de la surclasser durant le vol à titre
gracieux. Elle fut à la fois ravie et soulagée de la situation.
Elle ne comprenait pas pourquoi elle pouvait bénéficier de ça, mais accepta
tout en remerciant chaleureusement le personnel. Sa journée ainsi que son
voyage débutèrent relativement bien.

Son vol était annoncé, elle était déjà dans la salle d’embarquement
prête pour le grand départ. Elle était assise dans cette salle, essayant de
bouquiner les magazines qu’elle avait achetés afin de ne pas s’ennuyer durant
le vol, mais elle était bien trop curieuse. Elle observait tout ce qui se trouvait
autour d’elle. Elle regarda patiemment les gens. C’était soit des hommes
d’affaires, plus ou moins âgés, soit des couples. Mais très peu de gens
restaient tout de même présentables. Elle commença à regretter sa tenue avec
les huit heures de vol qu’il l’attendait, mais elle souhaitait rester présentable
pour son arriver à New York.

Elle portait un pantalon près du corps en cuir noir avec une chemise
blanche assez large, mais très élégante, et ses mocassins noirs qui ne la
lâchaient jamais. Elle avait lâché ses longs cheveux blonds ondulés, mais elle
savait pertinemment qu’elle finirait par les attachés. De toutes façons, pour
cette semaine, elle avait pris relativement peu de vêtements qui lui offriraient
un certain confort.

Elle ne partait pas pour des vacances. Heureusement encore, elle avait
renoncé aux talons pour vagabonder à travers l’aéroport. Avec son sac à
main, elle s’approcha du comptoir qui allait une énième fois vérifier ses
papiers, ainsi que son billet. L’hôtesse de l’air, tirée à quatre épingles, lui fit
son plus large sourire. Elle put voir toutes ses dents, y compris cette trace de
rouge à lèvres. Elle lui sourit à son tour, se retenant de rire, au vu de la trace
sur ses dents. Elle ne réalisait pas encore que ça y est : elle va quitter Paris,
même si ce n’est qu’une semaine. Mais elle était à la fois en plein rêve,
surexcitée et dévorée par le stress, et l’appréhension de faire un si gros
voyage toute seule. Elle embarqua la toute première dans ce tunnel qui la
menait directement au gros appareil.

Elle y alla doucement, observant tout ce qu’il y avait autour d’elle,


aucun détail ne lui échappait. Elle avait déjà pris l’avion, mais seulement une
ou deux fois dans sa vie, pour de courtes correspondances. Puis elle ne l’avait
jamais pris seule. Pour aller dans une ville encore bien plus grande que sa
ville natale où elle ne connaissait absolument personne. Elle avait peur. Et ce
pourquoi elle partait ne se déroulait pas comme elle l’aurait souhaité ?
Et si, elle n’était pas appréciée ? Si la réputation des Parisiens la rattrapait là-
bas ? Si son anglais lui faisait finalement défaut ? Elle savait pertinemment
au fond d’elle qu’il n’y avait aucune raison de paniquer. Elle avait
suffisamment échangé avec son maître de stage pour savoir que la langue ne
serait pas un obstacle et qu’elle avait eu un très bon feeling avec lui, ce qui
avait fait la différence avec les autres candidats.

Elle continua de traverser ce long tunnel, puis arriva finalement


devant une hôtesse de l’air, toujours très souriante et très belle. Elle ne savait
si elle devait indiquer qu’elle avait été surclassée. Elle salua avec son plus
grand sourire l’hôtesse, lui tendit son billet qui la fit suivre une autre femme.
Elles se ressemblaient absolument toutes.
Elles représentaient ce cliché parfait, toutes dressées de la même
manière, avec à peu près les mêmes proportions, aucune d’entre elles était
« moche ». Elles avaient toutes une certaine grâce, c’était clairement un des
seuls métiers où l’uniforme mettait en valeur ses êtres humains.
Elles étaient maquillées à peu près toutes de la même façon, avec ce
trait d’eye-liner et ce rouge à lèvres rouge vif, qui attirait grandement l’œil.
Puis elles portaient toutes ce chignon carrément impeccable que la jeune
femme rêvait d’un jour porté. Elle observa toujours autour d’elle, dans ce
gros appareil totalement vide.
Elle était la première, mis à part le personnel, à mettre les pieds dans
cet engin. Vide c’était différent, encore plus impressionnant. Elle vit cette
place qui devait être la sienne, sans trop d’espace, entre deux personnes
qu’elle avait imaginé désagréables.

L’un ronflant tout le voyage ou très stressé par le vol, l’autre un


enfant excédé par ce voyage. Elle était contente de ne pas s’asseoir, collé à
des gens qu’elle n’allait pas probablement pas supporter elle-même. Elles
passèrent une espèce de rideau, qui menait à un autre long couloir. Les places
étaient moindres, ce qui donnait plus d’espace à ce lieu. Il n’y avait que
quatre grands sièges en cuir par rangée traversé par le couloir qui laissait la
place au personnel de l’appareil. Elle allait donc n’avoir qu’un seul voisin, et
pria intérieurement qu’il ne serait pas trop lourd. Mais elle avait une idée du
personnage avec qui elle partagerait son premier grand vol. Un de ses vieux
hommes en costume habitué prendre cet avion, comme elle était habituée à
prendre le métro de la ligne quatorze. La jeune hôtesse s’arrêta juste devant
elle afin de lui indiquer sa place. Elle était malheureusement du côté couloir,
mais elle la remercia encore de pouvoir profiter de la classe business pour
laquelle elle n’avait pas du tout payé.

Elle attendit le décollage, et regarda autour d’elle tous ses gens en


train de s’installer. Elle était en joie de voir que sa phobie du voyage n’était
pas présente. Il n’y avait aucun enfant autour d’elle, donc pas de cri pendant
huit heures. Elle attendit toujours plus patiemment, cela devenait dure. Elle
était prête à s’envoyer en l’air pendant ses longues heures. Pour l’instant, elle
était toujours seule ce qu’elle trouva étonnant. Mais cela ne dura pas.
Elle mit le nez dans son magazine afin de patienter. Puis, elle vit un
homme qui s’excusa et s’installa à côté d’elle. Il défit son manteau, prit sa
sacoche avec lui, et déposa le reste au-dessus de lui. Il s’assit ensuite avec
une grande classe en poussant un léger soupir, croisa les jambes et se mit sur
son téléphone. La jeune femme voulait regarder cet homme, il était le cliché
de l’homme avec qui elle pensait faire le voyage. En tout cas, il sentait bon et
paraissait très poli.
C’était bientôt l’heure du décollage, les hôtesses donnèrent toujours
les instructions du vol en plusieurs langues et en faisant des signes. Tout le
monde écoutait sauf monsieur à côté d’elle qui directement coupa son
téléphone, le mit dans sacoche et boucla sa ceinture.
Cela devait clairement être une habitude pour lui, alors que, elle
essayait de la mettre correctement avec difficulté. Elle sentait sur elle, son
regard qu’elle ignora et reprit son magazine, qu’elle fit semblant de lire. Pas
longtemps, car le décollage l’impressionnait à chaque fois trop pour faire
semblant de s’intéresser à autre chose.

Lorsque l’avion était enfin dans les airs chacun en profita pour se
détacher et commencèrent à sortir leurs ordinateurs, téléphones, ou autre. Les
premières mains se levèrent afin de demander des faveurs aux hôtesses. En
pleine lecture, la femme fut interrompue par une hôtesse qui lui proposa de
bon matin un verre de mimosa. Elle fut très bien surprise, ne pensa pas que ce
fut une bonne idée, mais accepta. Chacun y avait le droit. Avec un petit
déjeuner. La jeune femme profita de tout ça, puis du siège qu’elle pouvait
positionner afin de se sentir plus à l’aise. Elle ferma les yeux un instant
profitant de ce luxe, et pensant à ce qu’elle aurait dû avoir. Elle pensa déjà au
retour qui serait difficile en classe économique. Elle rouvrit les yeux et
regarda à travers le hublot, tout du moins de ce qu’elle pouvait. Son voisin
étant installé de manière plutôt droite, concentré sur son magazine, elle était
toujours gagnée par son odeur masculine, son parfum puissant. Elle remarqua
que c’était un homme relativement jeune. Elle ne savait si la plus belle chose
à regarder à ce moment-là était cet homme ou le ciel rose matinal.
Elle continua à le regarder puis tourna son visage, essayant de
reprendre son magazine et de s’y consacrer. Lui, se sentit observer par cette
femme, et tourna son visage vers elle pour essayer de voir si ce n’était pas
plutôt dehors qu’elle regardait, mais lorsqu’il tourna son regard vers elle,
c’était trop tard, elle lisait son magazine. Elle paraissait jeune, mais très belle.
Lorsqu’elle vit qu’il la regardait, elle se sentit honteuse, il savait qu’elle le
matait, elle fit comme-ci elle ne l’avait pas vu la regarder et resta concentrer
dans son magazine. Elle n’arriva pas à se consacrer plus longtemps.

Elle voulait voir le paysage ̶ et pas que. Mais cet homme était
hypnotisant, elle voulait voir son visage entier. A nouveau, elle se tourna vers
le hublot, simulant de regarder le paysage. Rapidement ses yeux dévièrent sur
le magazine qu’il lisait, c’était une revue sur les hommes d’affaires les plus
brillants du monde.
En regardant à nouveau à travers le hublot, elle aperçut ses yeux, qu’elle ne
put rater, ils étaient bleus, d’un bleu tellement clair, qu’elle l’aurait sûrement
confondu avec le ciel s’ils étaient en début de soirée. Il se mit aussi à tourner
sa tête en direction d’elle, elle se mit à sentir un frisson parcourir son corps,
comme si elle avait été prise sur le fait, en train de faire une bêtise,
l’observant depuis déjà plusieurs minutes. Elle se sentait honteuse, même si
de base elle regardait à travers ce hublot.

« Excusez-moi, depuis un moment je vous vois regarder à travers ce


hublot… Vous voulez peut-être intervertir nos places ? Je lis seulement
mon magazine.
- Euh… Oui, d’accord, c’est très gentil, merci, si ça vous dérange pas. »

Elle fut ravie de sa proposition, et des frissons continuaient à lui


parcourir le corps. Cet homme était très hypnotisant, charmant, l’air
mystérieux. Sa voix, son odeur… Il paraissait tout de même assez jeune pour
un homme aussi bien habillé, il parlait bien, était très poli même avec les
hôtesses, ce qui n’était pas le cas de tous les gens sur ce vol. Ils échangèrent
rapidement, et la jeune femme continua de le remercier.

« C’est très gentil, merci, c’est mon premier long vol… lui dit-elle en le
regardant timidement.
- Ce n’est rien, je comprends tout à fait, j’ai la chance de souvent
prendre l’avion, et de malheureusement trouvé ça habituel. Ça fait
partie de mon quotidien, mais j’aimerai encore pouvoir en profiter, lui
répondit-il en souriant. »

L’hôtesse vint les couper pendant leur discussion pour leur proposer
des cafés, que les deux acceptèrent. Ils continuèrent à discuter, il lui demanda
ce qu’elle allait faire seule à New York, si ce n’était pas indiscret.
Ravie de pouvoir se perdre dans ce regard si bleu, elle lui répondit que c’était
seulement pour un stage de quelques jours avant de finir enfin ses études.
Elle l’observa, il planta ce bleu si puissant dans son regard, il avait cette
barbe assez fourni et ses cheveux si brun, voire noir. Rapidement le ciel se
mit à noircir, cependant prise dans la conversation avec lui, elle ne remarqua
pas jusqu’aux turbulences qui se mirent à se faire ressentir. Les premières
inquiétudes apparurent.

Au début, les hôtesses ne firent aucune remarque sur les secousses


jusqu’à qu’elles virent la couleur du ciel qui avait viré du rose au gris voir au
noir, ainsi que les secousses de l’avion qui se répétaient. Elles se mirent à
essayer tant bien que mal de rassurer les gens en expliquant que ce n’était
rien et que c’était dû à la météo. Elles entamèrent aussi un speech que l’on
sentait très bien répété dans lequel elles parlaient de tout l’équipement de
sécurité présent à bord.

Après plus d’une vingtaine de minutes, la tension montant de plus en


plus à bord de l’appareil, une des hôtesses quitta le long couloir et revint
quelques minutes plus tard. Elle attrapa un micro s’apprêtant à faire une
annonce. Encore une fois dans toutes les langues possibles elle expliqua que
nous ne pouvions continuer à voler dans ces conditions. En même temps
qu’elle prononçait ses mots, une grosse turbulence la coupa et les lumières
dans l’avion commencèrent à s’éteindre, puis se rallumer faisant monter la
panique chez les passagers.

Des gens commencèrent presque à pleurer n’ayant jamais eu à faire à


cette pression, malgré une certaine habitude. La jeune femme, elle, essaya de
rester stoïque, elle ne savait comment réagir, elle n’avait pas peur, mais la
peur des gens commençait à la faire paniquer. Elle observa l’homme présent
à côté d’elle, qui lui observait le ciel, le hublot cette fois, car pour le coup
cela devait ne pas être dans son habitude. Mais il paraissait serein, pas
paniqué. Comme si effectivement, d’un autre côté, il avait l’habitude et savait
que ce n’était rien du tout. Les deux ne parlèrent plus. Ils restaient silencieux.
Elle, écoutait, observa, mais ne dit rien, n’agissait plus, elle évita juste de
penser. Elle essaya par la suite d’écouter ce que disait l’hôtesse. Cette
dernière essayait de faire régner l’ordre et de calmer les gens qui pour les plus
pessimistes se voyaient déjà s’écraser. L’une d’entre elles, en élevant un peu
la voix, réussit à faire taire une bonne partie de la classe. L’autre, put enfin
continuer à dire ce qu’elle avait à dire.
L’avion allait atterrir dans très peu de temps à Dublin, étant donné qu’ils
avaient déjà perdu un bon moment à essayer de traverser la tempête qui
n’avait pas été prévisible. Ils attendraient là-bas pour voir dans combien de
temps ils pourraient repartir en direction de New York.

C’est à ce moment que la jeune femme commença à paniquer, elle ne


savait ce qu’elle pourrait faire à Dublin. Elle avait toujours rêvé d’y mettre
les pieds, mais certainement pas dans ses conditions. A peine un quart
d’heure après, ils atterrirent dans la capitale irlandaise. Pour l’instant, ils
avaient reçu pour instruction de ne pas quitter l’aéroport et de bien écouter les
annonces. Ils repartiraient dès que la tempête se serait calmée.
La jeune femme était là, sans savoir quoi faire. Elle tourna de longues
minutes dans l’aéroport, réussit à trouver une place où s’installer avec un café
et de quoi grignoter puis chargea son téléphone.
Directement, elle appela sa mère afin de l’informer de la situation, qu’elle
sache que tout allait bien, mais qu’elle n’était pas prête d’arriver à New York.
Elle devait appeler par la suite son maître de stage totalement sous la
pression. Elle avait peur qu’il la renvoie chez elle, avec comme seule raison
qu’elle ne pourrait peut-être pas être présente à temps. Elle prit une bouffée
d’air et l’appela, puis expliqua la situation, mais au contraire il fut tout à fait
compréhensif et lui demanda juste de le tenir informer de la situation.

Elle alla ensuite s’installer sur un canapé près d’une grande vitre qui
offrait une vue sur l’extérieur. Elle put voir que le temps était loin de
s’améliorer, au contraire il avait l’air de se détériorer. Le temps fut long, elle
avait fait tout le tour de l’aéroport, y compris le duty free en long en large et
en travers. Cela faisait déjà des heures qu’elle était dans cet aéroport, elle
savait au moins qu’elle n’avait pas raté le vol étant donné que les hôtesses
étaient toujours en train de déjeuner dans cette espèce de bar. Elle se
demanda comment elles faisaient pour gérer des situations qui pouvaient être
aussi stressantes. Il était déjà près de dix-huit heures, elle commençait à en
avoir sérieusement marre, à avoir faim, envie de prendre une douche, se poser
dans un lieu confortable… Elle avait repéré certaines personnes qui étaient
sur le vol avec elle, mais pas l’homme à qui elle avait parlée. Encore une fois,
elle entendit le son qui annonçait une nouvelle information. Elle tendit
l’oreille en espérant que cette fois-ci elle serait concernée.
Eh oui ! Enfin on parlait de son vol, il était carrément annulé pour
aujourd’hui. Il décollerait demain en fin de matinée. Seulement demain, donc
pour ce soir elle devait trouver un hôtel qui serait de toute façon remboursé
par la compagnie aérienne, mais fallait-il encore pouvoir avancer les frais
puis trouver une chambre rapidement. De plus elle n’avait que le strict
minimum avec elle. Elle alla voir le personnel adéquat afin de lui demander
plus d’information ainsi que s’il connaissait des hôtels pas trop chers dans le
coin. Malheureusement, mis à part lui indiquer le centre-ville, il ne pouvait
faire grand-chose.
Elle regarda sur internet les hôtels autour de l’aéroport et constata qu’ils
étaient tous absolument blindés de monde, ils n’avaient plus la moindre
place. Elle allait donc devoir se rendre dans le centre. Alors qu’elle sortit de
l’aéroport, pour attendre un taxi, elle croisa l’homme de l’avion.

« Pas terrible ce premier vol longue distance, n’est-ce pas ? lui


demanda-t-il. »

Elle sursauta ne l’ayant vu tout de suite.

« Non sûrement pas ! Mais ce n’est pas grave, on arrivera bien à New
York un jour ! lui dit-elle essayant de masquer son stress.
- Vous vous rendez dans le centre ? Vous voulez qu’on partage un
taxi ?
- Oui, je pense, à vrai dire, je pense que c’est le meilleur endroit pour trouver
un hôtel pour la nuit, tout ceux que j’ai appelé pour le moment sont fermés…
Vous en avez trouvé un ? »

L’homme lui répondit qu’il n’avait pas encore trouvé d’hôtel, mais
qu’il savait qu’il finirait bien par en trouver un. Ils trouvèrent un taxi, lui,
demanda son nom et lui proposa d’aller boire un verre si elle en avait envie
afin de faire passer la soirée. La jeune femme accepta aussitôt. Elle ne savait
pas ce qu’elle ferait d’autre pour occuper sa soirée de toute façon. En moins
de vingt minutes, le taxi les déposa en plein centre-ville. Ils firent un petit
tour dans la ville qui avait l’air charmante, malgré les orages présents et la
pluie qui menaçait à chaque instant. Il y avait de nombreux bars, de
nombreux restaurants… Ils s’arrêtèrent dès les premières gouttes qui se firent
sentir, s’engouffrant dans un bar peu animé. Il faut dire aussi qu’il était
encore tôt. C’était un pub, offrant une grande gamme de bières et de whiskys.

John, lui choisit un bon whisky face à Margot qui jeta son dévolu sur
une bière qui était bien moins forte. Rapidement, ils furent servis et John tint
à payer leurs consommations ce qui gêna un peu la jeune femme qui se vit
offrir un verre par un inconnu bien que très sexy dans un pays étranger.
Chacun sur leur téléphone, ils partirent à la recherche d’une chambre
d’hôtel pour la nuit. Lui, regardait absolument toutes les offres paraissant
largement potable sans se soucier du prix de la nuit. Elle, regardait les
chambres les moins chères, les auberges de jeunesses… Mais l’un comme
l’autre, tout était plein. Mais John appela un hôtel à proximité et il restait une
chambre double disponible. Il regarda Margot un instant, elle continuait ses
recherches. Il n’osait trop lui proposer, mais il n’allait pas la laisser galérer
encore longtemps.
Il mit l’appel en attente un instant et lui proposa de partager la
chambre. Sur le coup, la jeune femme accepta, ayant peur de passer la nuit
dehors. Ensuite, elle réalisa qu’elle allait passer la nuit avec un inconnu dans
un pays étranger, ce qui était le début d’un mauvais film d’horreur. Mais elle
n’avait pas le choix. Puis tout pouvait aussi très bien se passer.

Rassurés, ils se rendirent à l’hôtel tout de suite, elle ne cessa de le


remercier. Elle s’était déjà vue retourner à l’aéroport et passer la nuit là-bas.
L’hôtel n’était pas un palace, mais clairement un bel hôtel avec plusieurs
étoiles dont seule, elle n’aurait pu se permettre d’avancer les frais. John
encore une fois, en bon gentleman, régla entièrement les frais et se justifia
auprès de Margot en disant que toute façon il se ferait rembourser la chambre.
Un démarche que sûrement, il ne s’embêterait pas de faire suivre tellement ça
prendrait du temps et qu’il avait d’autre chat à fouetter. De plus, il n’était pas
à 300€ près. Ils arrivèrent dans la chambre, le lit bien assez grand pour deux,
voire trois personnes. Il y avait un salon avec un canapé, en voyant cela, John
se proposa même de dormir dessus, mais clairement si quelqu’un devait
dormir dessus, Margot lui expliqua que ça devait être elle. Les deux avaient
réussis à convenir du fait de partager le lit, après tout c’était deux adultes.
Elle alla se prélasser sous une douche bien chaude, puis lui aussi à son tour.
Ensuite, ils décidèrent de sortir tous les deux manger. Ils avaient choisi un
petit restaurant pas très loin, fatigués de la journée, c’était un petit restaurant
très simple.

Le feeling passait bien entre les deux personnages. Ils se racontèrent


leur vie, des petites anecdotes… Il lui avoua qu’il était célibataire depuis très
peu de temps. Ce qui fit presque rougir la jeune femme qui avoua être
célibataire aussi, mais elle cela faisait déjà quelques mois. Elle voyait comme
ça des hommes de temps en temps, mais rien n’aboutissait. Maintenant elle
faisait attention, elle avait été très déçue du dernier, avec qui elle croyait dur
comme fer qu’il se passerait quelque chose Et au dernier moment, alors
qu’elle croyait qu’ils étaient à deux doigts de se mettre en couple, il l’avait
laissée, privilégiant sa carrière qui l’avait mené à Londres, rejoindre son ex-
copine. Elle l’avait encore en travers de la gorge, mais il fallait bien passer à
autre chose.
Elle évita d’entrer dans les détails, mais ça lui faisait du bien de parler
à quelqu’un d’autre. Au fur et à mesure de la soirée, ils rentrèrent dans
certains détails de leur vie personnelle, se concentrant sur leur vie amoureuse
notamment, discutant de leur pire rendez-vous tout comme des meilleurs.
Après avoir fini le repas, certes il était déjà tard, mais le jeune homme
proposa à la femme d’aller boire « un dernier » verre. Elle accepta, elle
passait une très bonne soirée avec lui.

Ils se retrouvèrent dans un autre pub qui cette fois était totalement
plein. Ils peinaient à avoir un verre, bousculés par pas mal de gens déjà ivres
Ils se trouvèrent un coin où ils étaient obligés de se coller, mais ça ne retirait
pas la bonne humeur de ce bar, qu’ils finissaient par apprécier aussi. Ils
essayèrent de continuer à discuter, mais pour ça, ils étaient obligés de
physiquement se rapprocher.
Chacun collait ses lèvres à l’oreille de l’autre et l’alcool commençant à faire
effet, l’excitation aussi était présente chacun essayant de la réprimer, la
cacher. Au cours de la soirée, verre après verre, le rapprochement était de
plus en plus flagrant. Lui, passait sa main dans son dos pour lui faire
comprendre de rapprocher son visage de lui, et jouait avec son souffle qui
procurait des frissons à Margot.

Elle, passait sa main délicatement derrière son visage et colla presque


ses lèvres à son oreille tout en lui parlant. Ils se souriaient constamment, se
regardaient… Lorsqu’elle se mit encore une fois à lui parler, il tourna son
visage comprenant qu’elle jouait au même jeu que lui. Il planta son regard
dans le sien, son visage étant à deux centimètres du sien, il continua à la fixer
et approcha ses lèvres des siennes ainsi que ses mains sur ses hanches qui
serraient de plus en plus fort. Elle mit ses mains sur les siennes, l’invitant à
continuer puis remonta le long de ses bras. Elle le trouvait tellement chaud. Il
posa ses douces lèvres sur les siennes. Elle répondit aussitôt à ce baiser
qu’elle savait déjà qu’elle apprécierait grandement. Ses mains remontèrent
rapidement sur son visage afin de commencer à l’embrasser avec plus
d’entrain. Sa langue pénétra celle de John qui rapprocha son corps de celui de
Margot.
Il attrapa ensuite son visage de ses deux mains afin de diriger ses lèvres
dessus. Aussitôt, de manière inaudible, à cause du bruit présent dans le fond,
elle se mit à gémir. Ils cessèrent la scène qui devenait limite et se décidèrent à
rentrer. Margot à ce moment était bien contente de partager la chambre avec
lui.

A la sortie du bar, il lui attrapa d’abord le bras afin de l’inviter à


marcher côte à côte et lui passa une main dans le dos, elle aimait beaucoup ce
contact. Elle avait tellement envie de sentir sa main, mais ailleurs… La
chambre d’hôtel était presque trop loin pour elle. Elle regarda autour d’elle, le
peu de lumière qui éclairait la ville, cette fraicheur due à l’humidité présente.
Mais au moins il avait arrêté de pleuvoir, cette nuit étoilé qui était tout de
même magnifique, coupée de temps en temps par le flash du tonnerre.

C’était magnifique. Arrivé dans la chambre, il prit le temps de se


déshabiller, regarda la jeune femme, et l’embrassa d’abord délicatement. Il
alla ensuite prendre un verre d’eau. Il retourna vers elle, elle se mit à sourire,
lui aussi, puis à nouveau plaça sa main de chaque côté de son visage et
l’embrassa.
Elle se colla directement contre lui et rapidement ses lèvres dévièrent sur son
cou, sur lequel elle prit son temps. Elle l’embrassa délicatement, presque en
l’effleurant, puis remonta jusqu’au lobe de son oreille. Elle le léchait
délicatement, puis écouta l’homme gémir de plaisir. Il attrapa ses fesses et la
plaqua contre lui pendant qu’elle léchait son oreille, elle sentait déjà son
érection.

C’était à son tour, il guida la jeune femme sur le lit, commença à lui
retirer son chemisier très rapidement, puis prit le temps de regarder son corps,
sa poitrine, puis aussitôt approcha sa bouche pour lécher son téton. Il joua
avec sa langue dessus, faisant des cercles sur le pourtour de sa poitrine pour
ensuite accentuer le mouvement. Il appuya de plus en plus en fort, jusqu’à
imiter d’autres mouvements avec, et finit par légèrement la mordiller, ce qui
lui arracha un premier cri de plaisir.
Margot adorait en plus que l’on s’attarde sur sa poitrine, elle était très
sensible à ça. Elle profita qu’il s’attarde sur son second sein pour glisser sa
main dans son pantalon afin de sentir correctement son érection. Il lui jeta un
regard de braise, dont elle ne pouvait résister bien longtemps. Elle lui
ordonna de remonter vers elle afin de l’embrasser et lui permettre de faire
tomber sur le sol son pantalon. Elle le poussa sur le lit, s’installa sur lui. Elle
sentait contre sa culotte l’érection de John qu’elle souhaitait réellement voir
en chair. Elle lui retira son boxer prêt à exploser afin de libérer sa queue.

Elle était juste de la bonne taille, épaisse, assez longue, tout ce qu’il
fallait pour la satisfaire. Rien qu’en la voyant, elle avait déjà hâte de
l’essayer, de jouer avec. Ce qu’elle n’allait pas tarder à faire. Elle jeta son
regard le plus coquin possible à John, puis entre ses mains commença à
caresser, puis branler lentement, mais avec fermeté la queue du jeune homme.
Lui, gémissait. Il la regardait faire, déjà la bouche entre-ouverte prenant
beaucoup de plaisir. En même temps, elle rapprocha sa bouche de ses cuisses,
dont elle lécha l’intérieur tout en continuant à le branler, mais de plus en plus
rapidement, son bassin suivait presque les mouvements de la main de la jeune
femme.
Elle glissa sa langue jusqu’à ses couilles, qu’elle se mit à gober l’une après
l’autre. Puis qu’elle lécha, à plusieurs reprises, pendant plusieurs minutes,
elle alterna les deux mouvements avec sa bouche.

Ce qui rendaient John complètement fou. Ensuite, sa langue quitta ses


couilles pour se diriger sur la base de sa queue. Elle donna plusieurs coups de
langues avant de se décider à mettre son gland dans la bouche. Il ne cessait de
gémir tellement il prenait du plaisir. Il lui ordonna ensuite de remonter afin de
l’embrasser langoureusement, et s’installa sur elle. Tout en la regardant
fixement dans les yeux, il lui écarta les cuisses et s’installèrent entrent-elles.
Il suivit le même parcours qu’elle, mais d’abord il glissa doucement, la frôla
même, avec un doigt de son clito jusqu’à l’entrée de son vagin déjà bien
humide. Il la pénétra seulement d’un doigt, ce qui lui procura un plaisir déjà
intense. Ensuite c’est sa langue qui vint se joindre à tout ça.

Il commença tout d’abord à faire des petits mouvements avec sa


langue puis accéléra voyant qu’elle prenait de plus en plus son pied. Elle se
cambrait, passa sa main sur sa tête afin de l’inviter à plus appuyer, faire
pression sur son organe de plaisir. Son doigt continuait à toujours s’agiter en
elle pendant que sa langue faisait des tours sur son sexe. La femme
commençait à crier de plaisir, ça n’avait jamais été aussi bon pour elle. Lui,
plus elle faisait du bruit plus il accélérait la cadence, motivé par ses doux cris.

La jeune femme commençait à trembler de plaisir, il sentait de


nombreux spasmes qu’elle ne pouvait contrôler. Au bout de quelques
secondes, elle atteignit l’orgasme. Mais lui, ne s’arrêta pas là, il retira sa
langue afin de mieux pouvoir la doigter. Elle n’en pouvait plus, il mit un
doigt, puis un second, puis la pénétra rapidement. Elle se remit, à bout de
souffle, à crier, puis lui supplia de revenir vers elle afin de l’embrasser. Il se
leva, alla essuyer sa bouche encore trop pleine de sa mouille, y compris sa
barbe qui resta encore bien humide, ce qu’elle remarqua lorsqu’il vint
l’embrasser. Elle était surexcitée, elle l’embrassa à pleine bouche, encore
haletante dû à cet orgasme qui avait été si puissant.

« Viens près de moi, couche-toi, lui souffla-t-il. »

Ils s’allongèrent tous les deux dans le lit, il l’a pris dans les bras et
délicatement vint poser ses lèvres sur les siennes. La jeune femme profita de
ce geste si doux, puis à nouveau elle fit pression sur ses lèvres lui permettant
de comprendre qu’elle avait toujours envie de lui. Elle engouffra sa langue
dans sa bouche, ce qui excita d’autant plus l’homme qui avait bel et bien
toujours trop envie d’elle. En même temps, elle glissa sa main jusqu’à sa
queue et se mit à le branler lentement, elle souhaitait à nouveau lui faire
grandement plaisir. Pendant que les baisers se faisaient plus ardents, elle se
décida à nouveau diriger sa bouche vers son sexe enflé. Mais il ne se laissa
pas faire.

« J’ai envie de toi, lui dit-il en la fixant dans les yeux. »

Son regard la faisait littéralement fondre, elle hocha la tête pour dire
oui. Il l’allongea sur le dos, et s’installa au-dessus d’elle. Elle écarta la cuisse,
il en profita pour admirer son sexe encore très humide, brillant, puis sa
poitrine. Il finit par entrer sa queue en elle, sans difficulté malgré sa taille et
commença à la pénétrer, d’abord très lentement, faisant à chaque fois entrer
et sortir son gland. La jeune femme fermait les yeux afin de profiter de cette
sensation si agréable. Puis il accéléra fortement la cadence, lorsqu’il vit les
mains de la jeune femme se diriger vers sa poitrine, notamment ses tétons
qu’elle se mit à faire rouler sous ses doigts, puis pincer plus fortement voyant
que John admirait le spectacle. Elle sentait les spasmes de l’homme, de plus
en plus puissant, il allait bientôt atteindre l’orgasme. Ses cris vinrent se mêler
à ceux de la jeune femme, ce qui les excitait tous les deux beaucoup plus,
jusqu’à que l’homme sortit sa queue d’elle pour finir sur sa poitrine sur
laquelle les doigts de la femme jouaient encore.

Chacun de leur côté, ils allèrent prendre une douche avant de se


rejoindre dans le lit, il la regarda et l’embrassa délicatement. Il avait à chaque
fois ce sourire si délicat, si agréable. Grâce à ça, elle avait presque oublié tout
le stress de ce début de voyage. La soirée et la nuit avait été si agréable.
Mais maintenant, d’ici à peine trois heures, ils devraient repartir en direction
de l’aéroport. Elle s’allongea sous la couette et s’approcha de lui afin de lui
souhaiter une bonne nuit. Ils s’endormirent chacun très rapidement, l’un à
côté de l’autre, lui ayant sa main posé sur la cuisse de la femme.

Après quelques heures à peine, très fatigués, ils se levèrent,


rapidement se préparèrent et prirent un petit déjeuner dans une salle
commune de l’hôtel. Lui, était tellement bienveillant avec elle, qu’une dame
âgée passa près de Margot en lui souriant et lui indiquant de garder cet
homme qui avait l’air de prendre bien soin d’elle, et qu’il faisait un couple
relativement mignon. Margot fut gênée et répondit à la dame âgée par un
simple sourire. John revint à la table avec un café et de la brioche pour elle.
Heureusement qu’il n’avait pas entendu ce qu’avait dit la vieille dame.
Surtout si elle savait en réalité que Margot connaissait à peine le nom de ce
garçon… Il prit quand même le temps de savoir si elle avait bien dormi et si
elle allait bien. Rapidement, ils appelèrent un taxi afin d’essayer d’arriver au
plus tôt à l’aéroport. La ville commençait à se lever, mais lorsqu’ils arrivèrent
ils subirent tout de suite l’agitation du lieu. Cette agitation qui stressa tout de
suite la jeune femme. Une sorte de retour à la réalité.

Heureusement, dès qu’ils arrivèrent ils virent sur le panneau de


planification des vols le leur. Le départ se faisait dans moins d’une heure.
Rapidement ils arrivèrent à embarquer, dans le même avion, et ainsi ils
récupérèrent chacun leurs places attribuées. A bord de l’appareil, John laissa
aussitôt la place près du hublot à la jeune femme, qui avant même le départ
regarda l’état du ciel. Il était d’un bleu éclatant. Sans même l’apparition de ne
serait-ce qu’un seul nuage. Ils furent très bien accueillis encore une fois par
une coupe de champagne, et un repas.
John aperçu quelques instants après que la jeune femme avait froid, elle
grelottait presque. Il demanda à l’hôtesse de lui apporter un plaid, ce qu’elle
fit aussitôt sans poser de problème. John attrapa le plaid et le mit sur la jeune
femme afin qu’elle se réchauffe. Elle repensa à la vieille dame du restaurant
de l’hôtel et remarqua qu’elle disait vrai.

Cet homme était vraiment adorable. Elle le remercia grandement, il


déposa un baiser sur son front, elle se décida à se mettre au plus près de lui
malgré la distance minimale qui séparait les sièges et partagea une partie du
plaid avec lui. Il passa son bras autour d’elle, afin de la tenir au plus près de
lui.
Après s’être réchauffée, il ne fallut que très peu de temps à la jeune femme
pour s’endormir, sa tête sur l’épaule de John. L’hôtesse passa à plusieurs
reprises et se mit à sourire en regardant l’homme tant elle trouvait l’action
adorable.

Alors que lui aussi s’était endormi, les deux amants furent réveillés
par les instructions des hôtesses qui annonçaient l’atterrissage à New York.
Margot ouvrit les yeux et comprit qu’elle avait dormi tout le vol, au côté de
John, contrairement à cette nuit dans le lit où chacun avait dormi de son côté.
Lui aussi, peinait à se réveiller. Mais elle c’était bien pire. Elle savait à peine
où elle était, mais comprit que ça y est, elle était à New York après tout ce
périple. Chacun commençait à récupérer, préparer ses affaires, John rendit le
plaid au personnel de l’avion et il demanda à Margot où elle se rendait à New
York.
Dans un premier temps il avait seulement comme idée de partager un taxi,
comme la veille. Mais lorsqu’elle lui répondit, il comprit qu’ils allaient dans
des directions opposés, ce qui n’était pas possible du coup. Il lui demanda
plus par politesse qu’autre chose, combien de temps elle restait en ville.
Mais il avait l’idée qu’il ne la reverrait jamais. Lui, résidait ici, et venait que
trop peu à Paris, c’était exceptionnel à chaque fois, bien qu’il admirait cette
ville. Mais elle, après toutes ces questions, pensa qu’il voulait la revoir. Ils
quittèrent l’appareil ensemble, sous l’admiration de cette hôtesse
apparemment très jalouse de l’idée qu’elle se faisait des deux êtres, en réalité
amants d’une nuit.
Les deux sentent que le moment devient presque gênant, vont-ils
essayer de se revoir, va-t-il même vouloir garder contact avec elle, ou rien du
tout ?

Ils récupèrent leur bagage, et se dirigèrent vers la sortie. Margot fait


alors ses premiers pas dans New York où tout est gigantesque, dans l’excès,
où tout est agitation que ce soit la nuit, pendant l’aube, le crépuscule… Elle
regarde, observe, ne sait même pas interpeller un taxi car tout le monde lui
passe devant. Et John qui marche, habitué à cette ville, à cette vie, il est chez
lui.

Arrivé devant tous ces taxis, il proposa à Margot d’échanger leur


numéro, la jeune femme était contente. Un lueur d’espoir, alors qu’il se
doutait qu’il ne la reverrait pas, cette semaine il n’aurait pas de temps à lui
consacrer. Mais c’était aussi une bonne façon de lui dire au revoir de façon
correcte après leur nuit. Il tint une dernière action plus que galante, en lui
souhaitant bonne chance, et appela un taxi.
Elle le remercia encore une dernière fois avant de s’engouffrer dedans et de
donner son adresse au chauffeur. Elle ne savait pas si elle le reverrait, mais
l’idée que non lui laissait un goût amer. Et pourtant ce n’était qu’une nuit…
Lui, attrapa rapidement un taxi, aussitôt qu’elle ne fut plus là. Il ne prit pas la
peine de penser à elle.
Il reprenait sa vie là où elle s’était arrêtée malgré la parenthèse à Dublin.
Dans le taxi, il attrapa son téléphone et regarda tous ses mails pour le boulot
qu’il n’avait pas traité depuis à peine vingt-quatre heures. C’était affolant, il
avait la sensation que jamais il ne s’en sortirait, pourtant il n’avait guère le
choix s’il voulait rapidement évoluer. On lui promettait beaucoup de choses
dans sa boîte, il avait énormément de potentiel.

Margot cessa rapidement aussi de penser à son amant d’une nuit pour
le moment. Dans le taxi, malgré les perturbations, elle leva la tête et regarda
de tous les côtés afin d’admirer les différents quartiers de New York, tous
ceux dont elle avait entendu parler ou vu à la télé, qu’elle connaissait,
notamment grâce à ses séries préférés.
Elle connaissait d’ailleurs tous les quartiers de nom et chacun grâce aux idées
qu’on s’en donnait avaient leur charme. Elle aurait voulu les visiter chacun
leur tour, malheureusement elle ne restait qu’une semaine et elle allait
travailler. Le seul quartier qu’elle pourrait visiter c’est celui dans lequel elle
allait résider et travailler, le Greenwich village. Il se situait dans le sud-Ouest
de Manhattan. Pour une première virée dans cette ville c’était un
incontournable. C’était un des quartiers les plus célèbres, un quartier
historique, un bastion des tendances artistiques et du mode de vie bohème.

De plus, le coin de la ville était prisé dû à son histoire, notamment aussi les
artistes ayant occupé ce coin ainsi que les nombreux espaces verts. D’ailleurs,
l’auberge qu’occupait Margot était typique du coin. Elle était bien loin des
autres hôtels new-yorkais, ce n’était pas une grande tour luxueuse de trente-
six étages. Non, c’était un bâtiment pas très grand, en brique claire, qui avait
presque un air rustique dans ce lieu si citadin. Pourtant c’était quand même
une auberge trois étoiles.

C’est une des auberges les mieux situées, dans le centre de Greenwich qu’elle
et son école avait trouvé et qui restait abordable pour cette ville. Lorsqu’elle
entra, l’ambiance paraissait différente.
Tout était si calme, si paisible. Tout était dans un style victorien. Un salon
commun ainsi qu’un jardin étaient ouverts à tous les voyageurs. Rapidement,
elle fut accueillie par une jeune femme à l’apparence très sympathique. Elle
lui prit sa valise et l’accompagna à sa chambre. Margot fut surprise de
l’espace disponible. Sa chambre était très grande, puis malgré l’allure
champêtre, on voyait que la pièce était tout à fait travaillée.
Et surtout paraissait se confondre avec une recherche d’un aspect aisé, tout en
gardant l’allure presque campagnarde. Cela coupait de l’ambiance extérieure.
Elle faisait rupture avec l’énergie, le dynamisme de la ville et déjà Margot
savait que lorsqu’elle rentrerait le soir, elle pourrait profiter pour se détendre,
mettre sa tête au repos.

Demain, elle commencerait son premier jour, malheureusement sans


trop pouvoir se reposer et récupérer du jet-lag. Mais elle avait hâte, elle
s’installa dans sa chambre, y posa ses affaires.
Elle prépara ses affaires pour le lendemain avant de prendre une longue
douche bien chaude, durant laquelle elle savoura les perles d’eau chaude
coulant sur son corps. Lorsqu’elle en sortit, elle s’allongea dans son lit et au
bout d’à peine quelques instants elle s’endormit.

Les jours passèrent, elle regarda systématiquement son téléphone afin


de savoir si ses proches ou ses amis lui avaient envoyés des messages.
Chaque jour on lui demandait comment se passait son stage, comment était la
grande ville ? S’amusait-elle ? Rencontrait-elle du monde ? Mais en réalité,
elle adorait la ville, les gens étaient adorables avec elle. Toute la boîte était à
l’écoute, lui donnant plein de conseils et surtout voulait savoir si Paris s’était
bien comme on le pensait.

Elle les invita à y faire un saut, elle adorait cette ville et elle
connaissait malheureusement les vices de la capitale, les problèmes que l’on
pouvait rencontrer en fonction des quartiers, mais cela concernait New York
aussi. En réalité, si Paris était très critiqué par ses occupants elle ne pouvait
s’empêcher de reconnaître qu’il y avait des lieux absolument romantiques,
des macarons délicieux, mais qu’effectivement les Français ̶ surtout dans le
métro ̶ n’avaient pas une odeur corporelle très délicieuse. Ce qui faisait
beaucoup rire ses collègues.

La fin de la semaine approcha à grand pas, et Margot n’avait pas


envie de rentrer. Elle repensa à son voyage, d’ailleurs elle pensa au fait
qu’elle n’avait pas eu un seul message de son ami d’une nuit à Dublin. Elle
hésita à lui envoyer un message, puis se ravisa, après tout ce n’était pas utile.
Elle avait chacune de ses soirées restantes occupées et quand bien même, elle
avait plein de choses à découvrir à New York et pas de temps à perdre à
partager une nuit avec un homme. Même si ça avait été un très bon amant.

Son réveil sonna, elle se leva, encore plus fatiguée que la veille. Elle
s’habilla rapidement. Son téléphone qui vibrait la fit sursauter, c’était un
appel. Une de ses collègues, avec laquelle elle s’était très bien entendue,
l’accompagnait à l’aéroport. Elle la remercia de cette semaine qui avait été
relativement courte, mais parfaite. L’autre lui promit d’un jour de lui faire
coucou à Paris. Margot eut un pincement au cœur, c’était la vie, mais elle
avait adoré cette ville. Elle se promit d’y revenir un jour et de ne plus la
quitter.
Tout le temps du vol, elle repensa à son départ, cet homme qui lui
avait fait passer son trajet beaucoup rapidement et l’avait rendu intéressant.
Mais aujourd’hui ni sur-classement, ni arrêt à Dublin. Elle était en classe éco,
entre un jeune homme terrifié par le vol et une dame âgée qui tout le trajet
lisait des magazines à scandales tout en faisant des réflexions. Margot
soupira, son voyage était affreusement long et surtout elle n’avait pas envie
de rentrer. La seule chose positive était qu’elle s’était promis de se donner les
moyens pour repartir aussi vite et bien plus longtemps.

Ce soir-là, un verre de vin à la main, elle trinqua encore une fois,


entourée de ses meilleurs amis. Mais cette fois-ci, c’était avec une larme à
l’œil, car se serait sûrement la dernière fois qu’ils étaient tous réunis.
Ils avaient pour la plupart quasiment tous fini leurs études. Certains restaient
ici pour travailler, d’autres quittaient la ville pour Lyon, Bordeaux ou
d’autres quittaient carrément le continent. Ce qui était le cas pour Margot.
Depuis qu’elle était revenue de New York, elle avait changée.
Elle avait travaillé sans relâche afin d’obtenir les meilleurs résultats
possibles. Puis elle avait postulé un peu partout, notamment dans cette grande
firme située à New York qui lui permettrait d’accéder à cette vie dont elle
avait toujours rêvé. Elle avait passé trois entretiens vidéo, et avait fini par
avoir le poste. La boîte lui avait en plus trouvé un appartement plutôt cosy en
plein cœur de l’Upper West Side.

Après des au revoir déchirants, la jeune femme se décida à enfin


rentrer chez elle afin de faire les derniers préparatifs. Elle avait encore deux
trois choses à emballer et préparer les affaires dont elle aurait le plus besoin
pour le grand départ, comme les papiers et quelques vêtements. Le reste, c’est
sa famille qui lui enverrait, une fois arrivée sur place et qu’elle ait pris ses
marques.
Elle avait envoyé un message à ses anciens collègues qu’elle espérait bien
revoir maintenant qu’elle allait s’installer pour une durée indéterminée dans
cette grande ville. Elle repensa à tous ses souvenirs là-bas, ses premiers pas
dans la ville, perdue au milieu de tous les buildings, l’effervescence bien plus
puissante qu’à Paris. Tout était plus grand, plus haut, plus exagéré. C’était
phénoménal, comme si là-bas, on n’était qu’un inconnu, minuscule aux yeux
de tous… Tout ça donnait envie à Margot d’appartenir à cette ville, d’essayer
de faire partie de cette effervescence.

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