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CHAPITRE II: LA PHONETIQUE

C’est l’étude des sons produits par la parole. Les unités séparées sont
définies par le phonéticien. Dans la mythologie indienne, un dieu particulier, le
dieu Indra, a créé le langage en le segmentant.
A- CONCEPTS ET OUTILS DE LA PHONETIQUE

I- LE POINT D’ARTICULATION

Il se définit à partir de l’appareil respiratoire et des organes de production


des sons. La phonétique articulatoire peut parvenir à classer les sons selon
plusieurs critères. On pourra les classer par exemple selon les organes auxquels
ils font appel. Outre les poumons, origine de l’air expiré et le pharynx conduit de
l’air expiré, ces organes sont : la glotte, petit organe situé à l’entrée du
pharynx, la langue, la cavité nasale, le palais, qui peut se diviser en palais
dur et en palais mou, les dents et lèvres. Ainsi, la phonétique peut tout d’abord
classer les sons selon leur point d’articulation, c’est-à-dire essentiellement la
position de la langue dans la bouche.
Il y a des sons articulés à l’avant du palais et des sons articulés à l’arrière de
celui-ci. Ainsi, les voyelles du français, par exemple peuvent se classer en
voyelle antérieures, articulées à l’avant du palais comme [i] et voyelle
[o] voyelle postérieure à l’arrière du palais comme [o]
II- LE MODE D’ARTICULATION

Dans un deuxième temps, la phonétique peut classer les sons selon leur
mode d’articulation c’est à dire selon le degré d’ouverture des organes. On
pourra par exemple dire qu’il y a des sons sonores et des sons non sonores :
- lorsque la glotte bloque l’air expiré, le son passe au travers des cordes vocales,
lesquelles se mettent à vibrer, on parle alors des sons sonores.
- lorsque la glotte ne bloque pas la sortie de l’air, en revanche, les cordes
vocales n’interviennent pas. Il se produit des sons non sonores comme le sont
naturellement les sons [p], [t], [k], [s].
Possibilité de rendre tous les sons non sonores quand nous chuchotons.
De même, il y a plusieurs types de résonances de l’air. Au moment où l’air est
expiré, il peut passer simplement dans la bouche (résonance orale) ou
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s’échapper en partie par le nez, après avoir fait résonner la cavité nasale
(résonance nasale). Lorsque nous prononçons le son [m], par exemple, nous
sentons jusqu’à ce que nous ouvrions les lèvres qu’une partie de l’air est
prisonnière dans la cavité nasale.

III - L’ALPHABET DE PHONETIQUE INTERNATIONAL

L’Alphabet de Phonétique Internationale obéit à un principe simple : A


chaque son différent d’une langue correspond dans un système de transcription
arbitraire, un signe graphique différent.

IV- LES NOTATIONS

On symbolise les sons du langage au moyen des lettres et de signes divers


auxquels on attribue une valeur conventionnelle. Il existe de nombreux systèmes
de notation phonique qui généralement s’adressent à des publics différents.
Les symboles qu’on utilise ici sont le plus souvent ceux que recommande
l’Association de Phonétique International. Une notation phonétique marque
toutes les différences que perçoit l’observateur ou celles sur lesquelles il désire
attirer l’attention. Elle se place entre crochets carrés : [ ], [ ], une notation
phonologique ne marque que les traits qu’une analyse de la langue a révélés
distinctifs ou plus généralement, dotés d’une fonction linguistique. Elle se place
entre barres obliques / /.

B- MECANISMES DE PRODUCTION DU SON


Quand une intention de communication est nourrie, l’appareil phonatoire
mobilise un dispositif anatomique en (03) trois ensembles fonctionnels :
I- L’ENSEMBLE SOUS- GLOTTTIQUE

La production d’un son exige un courant d’air fabriqué par les poumons.
Ce dernier subit un traitement sous l’effet de la dilatation et de la rétroaction des
cavités pulmonaires, de la contraction et de la relaxation du diaphragme et des
mouvements musculaires, intercostaux. Le flux expulsé, après un appel d’air de
l’inspiration, est doté d’une pression et d’un volume supérieur à ceux convoqués
par la respiration. Cet ensemble sous-glottique qui a le rôle d’une soufflerie
transforme le flux respiratoire en flux énergétique.

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II- L’ENSEMBLE LARYNGE

Le flux pulmonaire arrive par le conduit cartilagineux de la trachée artère


pour parvenir à un autre conduit, fait de cartilages et de muscles, appelé le
Larynx où les cordes vocales y délimitent un chenal d’évacuation ou glotte,
emprunté par le flux d’air. Pour la phonation, les cordes vocales peuvent être
associées sous la pression de l’air expulsé par la soufflerie. Elles s’écartent
pendant une période courte pour s’accoler à nouveau et s’écarter ensuite. Il en
résulte la vibration des cordes vocales de laquelle nait la voix.
III- L’ENSEMBLE SUPRA-GLOTTIQUE

Le flux laryngien arrive à l’ensemble supra-glottique, affecte aux sons leur


individualité. A ce niveau, les cavités sont les caisses de résonance de la voix
aux amplifications diverses selon la position des organes indiquant ainsi le mode
de participation des différents résonateurs.

IV- LES RESONATEURS PERMANENTS

Le pharynx ou cavité pharyngale est le conduit situé entre l’épiglotte et la


bouche. Par la contraction de ses parois musculaires et la mobilité de ses
composants anatomiques, l’épiglotte et la racine de la langue, il change de forme
et de volume. La bouche ou cavité buccale est composée de plusieurs organes
repartis sur une partie haute et une partie basse. La mobilité du maxillaire
inférieur, de la langue, des joues, de la luette et du voile du palais, lui confère
des formes et des volumes très variables à l’origine des résonances diverses.

V- LES CAVITES OCCASIONNELLES

La cavité nasale et la cavité labiale sont des occasionnelles et s’ajoutent


donc aux cavités buccale un pharyngale seulement pour la réalisation de
certains sons. Les fosses nasales ne fonctionnent comme cavité de résonance
que si le voile du palais s’abaisse et crée une issue supplémentaire à l’échappée
de la colonne d’air produisant un son dit nasal opposer au son oral. Les lèvres
constituent le quatrième résonateur dont la projection vers l’avant et
l’arrondissement simultané forment une nouvelle cavité convoquée par certaines
voyelles dites arrondies opposées aux voyelles non arrondies ou étirées.

VI- ARTICULATIONS

En considérant la position de langue et de la lèvre inférieure par rapport à la


partie fixe supérieure dans les cavités pharyngo-buccale, l’évacuation du flux

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d’air peut se trouver plus ou moins entravée. Le conduit buccal présente ainsi
trois types d’articulation :
- Il est maintenu ouvert et régulier sur toute sa langue et permet une
échappée de l’air sans bruit, cest le cas des réalisations vocaliques.

- Il subit une déformation marquée par un point de contact entre la


partie inférieure qui s’élève vers la partie supérieure et emporte
totalement l’évacuation de l’air pendant quelque centièmes de
seconde. Sous la pression, l’obstacle cède brusquement, occasionnant
un bruit d’explosion caractéristique des consonnes dites occlusives.

- Il peut enfin subir une déformation qui définit une configuration


interne marquée par un rétrécissement en un ou plusieurs points du
conduit vocal. Le passage de l’air dans un espace resserré produit un
bruit de frottement caractéristique des consonnes dites constrictives.

C- LA CLASSIFICATION DES SONS


Les sons sont distingués selon le point d’articulation (point de contact des
organes inférieurs mobiles avec les organes supérieurs fixes) et le mode
d’articulation (mode d’ouverture des organes et degré de cette ouverture). Dans
le dernier cas, on distingue entre :

I- LES CONSONNES

Les critères pris en considération peuvent être : le mode d’articulation,


l’organe articulateur par rapport à un point d’articulation et le voisement.

I.1- LE MODE D’ARTICULATION

Il désigne la qualité de l’obstacle dans l'écoulement de l’air.


- Lorsque le passage de l’air est totalement obstrué, la consonne est dite
occlusive. La production du son résulte de la brusque libération de l’air
consécutive à cette obstruction, d’où les noms d’explosive et momentanée
cest le cas des consonnes :
[m],[n],[ ],[ ],[p],[b] [t],[d],[k],[g].
Les quatre premières sont dites nasales parce que l’air s’écoule par la
cavité nasale par abaissement du voile. Les autres sont dites orales parce
que l’air s’écoule exclusivement par la bouche.

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- Lorsque l’obstacle n’est que partiel et n’empêche donc pas l’écoulement
de l’air, la consonne est dite constrictive. La production du son résulte
d’un frottement lié au resserrement, d’où le nom de fricative et de
continue. Leur articulation peut être maintenue.
[l],[r],[f],[r],[f],[v],[s],[z], [ʃ] et [ʒ].
Ces consonnes sont toutes orales.
Parmi les constrictives, on opère les distinctions suivantes :
[f] et [v] sont parfois appelées soufflantes
[s] et [z] sifflante
[ʃ] et [ʒ] chuintantes
[r] vibrante pour des raisons articulatoires
[l] latérale :
L’obstacle étant constitué par les dos de la langue appliqué au palais, l’air
s’écoule par les côtés de la cavité buccale.

I .2- ORGANE ARTICULATOIRE ET POINT D’ARTICULATION

L’articulation se produit à partir de la position de ses parties deux à deux


(lèvres, dents, palais, langue, etc.)

- Quand l’articulation fait intervenir les lèvres, la consonne est dite labiale.
Celle qui exige la mise en actions des deux lèvres, les bilabiales
[p],[b],[m]
Et celles qui exigent la mise en action de la lèvre du bas et des dents du
haut, les labiodentales
[f] et [v].

- Quand l’articulation fait intervenir la pointe de la langue (ou apex), la


consonne est apicale. En français contemporain, l’apex est en contact avec
les alvéoles d’où le nom de consonnes apico-alvéolaires
[t], [d],[n],[l],[s],[z]et le [r] roulé.

- Quand l’articulation fait intervenir le contact du dos de la langue avec le


palais, la consonne est dorso-palatale ou pré-palatale

[ʃ], [ʒ], [ ] et [j].

- Quand l’articulation fait intervenir le contact du dos de la langue et du


voile du palais, la consonne est dorso- vélaire
[k], [g] et [ ].

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- Quand l’articulation implique la luette vers laquelle se relève la partie
arrière de la langue, la consonne est uvulaire (du latin uvula luette) : c’est
le cas de
[r] uvulaire avec vibration de la luette ou encore du
[r] dit parisien qui correspond à la prononciation courante.
I.3- LE VOISEMENT

Le voisement correspond aux vibrations des cordes vocales. Une consonne


peut être voisée dans ce cas, elle est dite sonore. Dans le cas contraire elle est
sourde. Cette distinction permet d’opposer un nombre de sons consonantiques :
[d]/[t]
[z]/[s]
[v]/[f]
[g]/[k] etc.

II- LES SEMI- CONSONNES

Aux sons vocaliques


[i], [y] et [ ]
Correspondent les semi-consonnes (ou semi-voyelles)
[ j ], [ ] et [ w].
Elles se caractérisent par un léger rétrécissement du passage qui permet de les
considérer comme des constrictives. Ce ne sont pas des voyelles car
l’écoulement de l’air n’est pas totalement libre mais le resserrement est trop tenu
pour en faire des consonnes à part entière. Toutefois, étant donnée qu’elles ont
cette caractéristique commune aux consonnes de ne pouvoir être noyau de
syllabe et de s’appuyer obligatoirement sur une voyelle, on préféra l’appellation
de semi-consonnes à celles de semi-voyelles.

III- LES VOYELLES

Le français standard propose un système vocalique à quatorze voyelles.

 Mode d’articulation
Le fonctionnement laryngien n’est pas intègre au mode articulatoire des
voyelles puisqu’elles sont toutes produites avec la vibration des cordes vocales.

- Le degré d’aperture correspond à la distance entre le maxillaire inférieur


et la voûte palatine. La série de voyelles prononcées successivement
[i], [e], [ε] et [a]

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Permet de prendre consciences de quatre degrés d’ouverture : fermé, mi-
fermé, mi- ouvert et ouvert.

- Le fonctionnement labial prend compte de la création ou non de la cavité


labiale lors de la production vocalique. En prononçant successivement et
de façon répétée
[i] et [y],
Le constat cest que pour la première, les lèvres sont écartées alors que
pour la seconde elles sont arrondies et créent une cavité de résonance.
L’une est dite non arrondie, l’autre arrondie ou étirée.

- Le fonctionnement vélaire désigne la participation ou non des cavités


nasales lors de la réalisation vocalique. L’action du voile du palais
permet d’opposer les voyelles orales pour lesquelles l’air est totalement
expulsé par la bouche et les voyelles nasales pour lesquelles l’air est
évacué par la bouche et par le nez. Les sons
[a] et [ᾶ]
Présentent cette opposition.

 Lieu d’articulation

Le lieu d’articulation des voyelles est défini par la position de la langue


dans la cavité buccale. Les voyelles antérieures ou palatales s’effectuent avec un
déplacement de la masse de la langue vers la partie avant de bouche. Les
voyelles postérieures ou vélaires s’effectuent lorsque la langue se retire vers
l’arrière de la bouche.

 Les traits phonétiques des voyelles

MODE
D'ARTICULATION
orale nasale orale nasale orale nasale nasale
FERMEES
MI-FERMEES
MI-OUVERT
OUVERT

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 Le cas du schwa

Le système vocalique français est souvent augmenté dans les descriptions


d’une voyelle supplémentaire [ə] dit schwa ou caduc ou instable ou encore
central distincte de [œ] et [ф]. Il correspond au son produit lors de la réalisation
du « euh » d’hésitation. En français, il est en général rattaché par exemple aux
réalisations « je, me, relique » ou encore « samedi » dans lesquelles le dit son
peut être prononcé ou totalement ignoré.
La phonétique étudie la face matérielle des sons de la langue telle qu’elle
se présente dans toute sa diversité dans les faits de parole. Elle étudie le coté
physique et le coté physiologique de la parole : acoustique, phonation,
articulation, etc. parfois à l’aide d’appareils.

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