Vous êtes sur la page 1sur 23

MASTER1

Pr. BRAHIMI M.
APPLIQUEE
MECANIQUE DES FLUIDES

Notes de cours et exercices 2020

Université A. MIRA BEJAIA


Faculté de Technologie
[Tapez le numéro de téléphone]
[Tapez le numéro de télécopie]
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

ANALYSE DIMENTIONNELLE ET SIMILITUDE

Dans cette partie nous allons exposer les méthodes qui aident à formuler les corrélations
entre les groupements sans dimension des variables qui interviennent dans l’étude d’un
problème pratique donné et ce, sans avoir à résoudre les équations de celui-ci. C’est en cela
que ces méthodes sont très utiles. Comme nous allons le voir, elles permettent d’organiser et
d’optimiser les expérimentations nécessaires pour préciser la corrélation entre les
groupements sans dimension. Elles simplifient aussi l’aspect mathématique par une réduction
dimensionnelle de celui-ci. Nous prendrons à chaque fois que nécessaire un exemple pratique
pour illustrer la méthode présentée.

Méthode basée sur le théorème de Buckingham

La perte de charge sous la forme d'une chute de pression le long d'une conduite, appelée
perte de charge linéaire, dépend à priori d'une vitesse caractéristique de l'écoulement dans la
conduite, de sa longueur, de son diamètre, de la viscosité et de la masse volumique du fluide.
Il est légitime d'écrire une relation formelle du type;

Cette relation montre que chaque variable garde sa dimension et leur nombre est égale à p=6.
Remarquons que la variable d'intérêt est et qu'elle dépend des cinq autres variables. Pour
préciser la formule précédente et sans passer par la résolution des équations qui gouvernent
l'écoulement, l'approche expérimentale devient nécessaire. Donc expérimentalement, tel que
le suggère la formule, nous devrions étudier l'influence de chacune des variables sur la chute
de pression comme si elles agissaient de manière indépendantes les unes des autres. Puis
mettre en forme les résultats obtenus en utilisant les méthodes de régression: une relation
entre et les cinq autres variables.

En fait, les variables n'agissent pas de manière indépendantes. elles s'expriment à travers des
effets, soient dynamiques ou géométriques dits de forme. C'est à dire qu'elles agissent en
groupes, en "équipes" qui caractérisent justement ces différents effets; tel que l'effet des
forces d'inertie, des forces d'origine visqueuses ou de l'effet de la gravitation ayant une
importance pour le problème d'intérêt . En dynamique, l'importance d'un effet par rapport à un
autre s'exprime souvent par le rapport des échelles représentatives, ou ordre de grandeur, de
ces effets. Ces rapports donnent lieu à des groupements sans dimension. Ainsi, nous
comprenons l'existence d'une relation entre groupements sans dimension, qui caractérisera
l'effet étudié, en nombre moindre que les variables initiales . Nous avons donc
transformé le problème initial brut en un problème de recherche d'une relation entre
groupements sans dimension que nous noterons ,du type:

Dans ,sans dimension, nous retrouverons bien sûr le phénomène étudié à travers sa
variable

2
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

Mais comment alors construire ou faire apparaitre ces groupements pour un problème donné.
Ici nous présentons la méthode basée sur le théorème de Buckingham. Il énonce certains
résultats et donne les étapes à suivre pour construire les groupements . IL dit en substance
que si dans un problème nous avons l'intervention de variables dimensionnées et que
toutes ces variables font intervenir dimensions fondamentales (système MKSA-SI), alors
nous pouvons construire groupements , . Pour notre exemple ,
pour déterminer la valeur de il faudra établir un tableau listant les variables et en face de
chacune d'elle ses dimensions fondamentales et ainsi nous trouvons en comptant les
différentes dimensions fondamentales (voir le tableau):

Variable Dimensions
fondamentales

Nous n'avons utilisé


. ni Pa ni N/m2.

( ) .

( )

( ) Nous n'avons pas


utilisé le Poiseuille
Pl.
( )

( )

Total

Le théorème nous donne un résultat important qui est le nombre (3 pour notre
exemple) des groupements dont dépend le problème de la chute de pression le long de la
conduite. Mais pour avancer , il est nécessaire de savoir construire ces groupements et
comprendre ce qu'ils représentent. C'est la deuxième partie du théorème qui précise les étapes
à suivre pour aboutir aux différents .

Les se présentent sous la forme d'un numérateur et d'un dénominateur. Le dénominateur


est constitué par le produit de variables , chacune ayant son propre exposant. Les
variables sont a choisir parmi celles qui ont indice ,la variable ne doit pas être
choisie pour constituer les dénominateurs. Une fois le choix effectué, pour le valider il faut
vérifier que l'ensemble des dimensions fondamentales apparaissent sinon le choix est à
exclure, il n'est pas bon.

3
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

Nous allons appliquer cette étape à notre exemple pratique. Il faut donc choisir
variables parmi , , , et . Nous fixons notre choix sur , , c'est à dire et
. Pour le valider nous vérifions bien que les dimensions fondamentales et (masse
,longueur et temps) apparaissent dans ce choix.

Le théorème précise aussi que les numérateurs de chacun des groupements sont constitués par
les variables restantes au nombre de . Pour notre exemple, ce seront les variables
, et .

Nous pouvons maintenant écrire les différents groupement pour notre exemple sous la
forme:

, ,

Nous mettons toujours au numérateur de la variable d'intérêt, ici c'est .

La dernière étape du travail consiste à déterminer les différents exposants qui figurent dans les
dénominateurs. Sachant que les groupements sont sans dimensions, alors un bilan des
dimensions fondamentales mène facilement aux exposants. Il y a autant d'équations
algébriques que d'inconnues.

Dans notre exemple, pour préciser par exemple nous devons déterminer et . Le
bilan des dimensions fondamentales est établi en remplaçant chacune des variable
apparaissant dans par ses dimensions fondamentales c'est à dire:

Sachant que est sans dimensions, alors nous pouvons écrire les relations suivantes:

bilan pour :

ces relations traduisent l'identité des exposants pour chaque dimension fondamentale se
trouvant au dénominateur et au numérateur. Si au numérateur n'apparait pas explicitement une
dimension fondamentale (comme pour ,il en manque deux), alors on la fait apparaitre avec
l'exposant zéro.

On a donc appelé nombre d'Euler. La quantité est appelée pression


dynamique qui peut-être considérée comme une pression de référence. Le nombre d'Euler
rend compte de l'importance de la chute de pression effective par rapport à la pression de
référence. Nous laissons le lecteur vérifier que les deux autres groupements sont:

et

4
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

est l'inverse du nombre de Reynolds , nous verrons plus loin son interprétation
physique. est tout simplement un rapport de forme. Ainsi la relation initiale reliant aux
différentes variables peut maintenant s'écrire sous forme adimensionnée comme suit:

ou bien

on aurait pu écrire aussi

C'est l'expérience qui précisera la relation. Nous faisons observer que grâce à l'analyse
dimensionnelle nous sommes passé d'une relation à six variables à une corrélation où
interviennent trois groupements seulement, sans dimension. D'un point de vue mathématique,
on aura opéré une réduction dimensionnelle importante (en nombre de variables). Même d'un
point de vue pratique cela procure une grande simplicité d'organisation des expérimentations.
En effet, il suffit maintenant de faire varier le nombre de Reynolds et le facteur de forme pour
étudier l'évolution du nombre d'Euler. Pour faire varier le nombre de Reynolds, nous avons
plusieurs options. Par exemple, faire varier la vitesse moyenne ou bien changer la nature du
fluide . En pratique, c'est souvent la vitesse moyenne qui est réglée par l'intermédiaire
d'une vanne précise.

Méthode heuristique basée sur les échelles de référence

Cette méthode peut paraitre manquer de rigueur en raison de son approche basée uniquement
sur l'analyse des effets susceptibles d'influencer le phénomène étudié. Comme nous l'avons dit
précédemment, les différentes variables qui interviennent dans le problème n'agissent pas de
manière indépendante. Elles coopèrent à travers les effets dynamiques. Par exemple, si nous
considérons que l'effet d'inertie est à prendre en considération et qu'il est important pour le
problème étudié (ici , chute de pression ), alors nous pouvons construire une échelle
représentative de cet effet. L'inertie est caractérisée par la vitesse et la masse. Nous arrivons à
construire une force d'inertie en combinant les variables impliquées à savoir , et , nous
notons cette force et il est facile de trouver :

est la pression dynamique et une échelle représentative de la surface . Le


plus important en analyse dimensionnelle est de montrer comment les variables coopèrent
entre elles, nous ne cherchons pas une valeur précise de la force d'inertie par exemple, mais
un ordre de grandeur pour révéler comment agissent les variables concernées comme le
montre clairement .

Si nous considérons que l'effet visqueux intervient aussi, alors nous somme capable de
construire une échelle représentative de celui-ci. L'effet visqueux est caractérisé par la
viscosité du fluide , un gradient de vitesse et une surface. Avec les variables références

5
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

et ci-dessus nous construisons un ordre de grandeur du gradient de vitesse et de la surface


en écrivant et . Ainsi nous écrivons l'expression du frottement visqueux noté
sous la forme:

voilà comment les variables , et exprime l'effet visqueux. Si nous voulons rendre
compte maintenant de l'importance de l'effet d'inertie par rapport à l'effet visqueux nous
faisons .

Donc:

qui n'est autre que le nombre de Reynolds . Ainsi, nous avons obtenu le nombre de
Reynolds, un des groupements sans dimension pertinent, et en même temps, nous lui donnant
une interprétation physique: il rend compte de la compétition entre deux effets dynamiques,
l'effet d'inertie et l'effet visqueux.

Avec la longueur et le diamètre comme référence, nous obtenons un autre groupement


sans dimension , que l'on peut considérer comme un rapport de forme. Il manque le
dernier groupement, celui rattaché à la variable d'intérêt . Pour construire un groupement
sans dimension, il suffit d'utiliser comme référence des pressions, la pression dynamique
et obtenir , qui n'est autre que le nombre d'Euler. Au final, avec cette approche
heuristique, nous avons construit les trois groupements sans dimension du problème. Cette
analyse, même si elle manque un peu de rigueur, nous oblige à considérer les ordres de
grandeur des effets dynamiques susceptibles d'affecter le phénomène. Comme on la vu, ceux-
ci sont construit à partir des variables pertinentes du problème bien posé, et leurs rapports
donnent automatiquement des groupements sans dimension avec leurs interprétations. C'est
en cela que cette méthode est intéressante lorsqu'elle est soutenue par la connaissance de toute
une bibliothèque de nombres sans dimension.

Méthode basée sur l'adimensionnement des équations (facultatif)

une autre méthode pour obtenir les groupements sans dimension d'un problème s'appuie sur la
mise en équation de celui-ci. On dispose donc de l'ensemble des équations qui modélise la
situation étudiée avec toutes les conditions nécessaires (initiales et aux limites). Ensuite, on
procède à la mise sous forme adimensionnée de celles-ci (qu'on appellera forme réduite) en se
basant sur l'introduction de variables réduites (sans dimension), construites à partir de
grandeurs de référence.

Cette procédure est tout à fait générale, ici, nous illustrons les étapes à suivre sur un problème
d'écoulement laminaire permanent avec transfert de chaleur autour d'une surface plane de
longueur . Les conditions de l'écoulement loin de la surface sont pour la vitesse et la
température . On supposera que la température de la plaque est constante égale à
.

6
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

pour procéder à la réduction des équations (rendre sans dimension) ,nous allons introduire des
variables réduites construites à partir de grandeurs de référence. Par exemple pour les
longueurs nous choisirons comme référence, pour les vitesses nous prendrons comme
référence. Nous obtenons alors les variables réduites suivantes:

on introduit en général un écart de température fixé, lié au problème de transfert de


chaleur pour rendre sans dimension les écarts de température . Ainsi , la variable
réduite température est construite:

Maintenant si l'on remplace dans les équations précédentes les différentes variables par leurs
nouvelles expressions faisant intervenir les variables réduites correspondantes, nous obtenons
les équations suivantes:

Exercice: Montrez le.

L'objectif étant d'aboutir à des équations réduites donc sans dimension, nous transformons les
relations précédentes pour les écrire sous la forme:

ainsi écrites nous reconnaissons les termes sans dimension et donc les groupements
et doivent être sans dimension aussi. Le premier n'est autre que l'inverse
du nombre de Reynolds par contre le second nécessite quelque transformation algébrique
pour dévoiler son sens: c'est l'inverse du nombre de Peclet défini par :

qui fait intervenir en plus du nombre de Reynolds le nombre de Prandtl .

7
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

Les équations différentielles réduites prennent finalement la forme suivante:

Le nombre de Peclet a une signification physique: c'est le rapport entre une échelle de densité
de flux convectif et une échelle de densité de flux conductif . Il rend
compte de l'importance du transfert convectif par rapport au transfert conductif.

Sous cette forme réduite la solution du problème peut s'écrire formellement :

ou bien

Si l'on s'intéresse au régime permanent alors :


et

Le transfert de chaleur au niveau de la paroi est déterminé par:

à la paroi et ; où est la
température de la paroi. C'est en même temps la définition du coefficient de transfert de
chaleur par convection autour de la plaque. En fait nous avons écrit ce qui se passe à
l'interface solide-fluide ou paroi-fluide.

La relation précédente peut être réduite en utilisant les mêmes grandeurs de référence que
celles que nous avons utilisées pour réduire les équations différentielles. Nous pouvons alors
écrire:

en

par suite nous avons : à la paroi , nous avons obtenu un groupement sans

dimension qui caractérise le transfert de chaleur par convection, ce groupement est appelé
nombre de Nusselt:

Il représente, comme le montre la relation, le rapport entre le flux évacué effectivement par
convection au niveau de la paroi et une échelle ou référence de flux conductif. Donc nous
avons:

8
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

à la paroi et la solution formelle plus haut nous permet


d'avancer et d'écrire que:

pour un écoulement bidimensionnel en x, y. Si on intègre par rapport à x, nous obtenons la


relation formelle pour le nombre de Nusselt moyen , défini avec le coefficient moyen de
transfert de chaleur par convection :

Voilà donc, ainsi exposé, une autre méthode qui permet de construire les nombres sans
dimension du problème posé mathématiquement. Si d'autres conditions sont écrites aux
interfaces d'échange, alors en procédant à leur réduction, de nouveaux groupements peuvent
apparaitre.

La formulation mathématique du problème sous forme réduite des équations permet aussi
d'énoncer les conditions dites de similitude entre un prototype et sa maquette (modèle). Nous
constatons que nous obtenons les mêmes résultats, sous forme réduite, entre la maquette et le
modèle à condition que les nombres sans dimension qui apparaissent dans les équations et les
conditions aux limites soient égaux pour les deux problèmes. ils sont identiques d'un point de
vue mathématique. Ainsi donc, les résultats expérimentaux obtenus sous forme réduite sur la
maquette sont transposables aux prototype. En général la maquette est plus petite que le
prototype mais pas toujours, cela dépend du problème considéré et des conditions de
similitude. L'égalité des nombres sans dimension mène vers les conditions à vérifier pour
avoir une similitude complète. Il est possible alors que certaines de ces conditions soient
incompatibles. En fonction du problème, nous pouvons réaliser une similitude partielle en
levant l'incompatibilité. Cela revient à laisser tomber un groupement sans dimension dont
l'importance est jugée marginale après une analyse de la phénoménologie du problème posé.
Ce sont les vérifications expérimentales qui valideront ces approximations.

Contrôle des acquis et applications

Cont1: La différence de pression p crée par une pompe centrifuge est supposée dépendre du
débit volumique Qv , du nombre de tour par seconde N du rotor, de la masse volumique du
fluide ρ de la viscosité µ du fluide et du diamètre D du rotor.

1- En appliquant le théorème de Buckingham, déterminer les groupements sans


dimension du problème. On prendra pour la construction des dénominateurs les
variables D, ρ et N.
2- Interpréter chacun de ces groupements.

Cont2 : Un fluide industriel visqueux est agité mécaniquement dans une cuve. La puissance P
de l’agitateur dépend de son diamètre D, de sa vitesse de rotation N, de la masse volumique ρ
9
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

et de la viscosité µ du fluide, de la hauteur H du fluide au repos, de la distance h séparant


l’agitateur du fond de la cuve ainsi que de l’accélération de la pesanteur g.

1- Déterminer les groupements sans dimension du problème en appliquant le théorème de


Buckingham. On prendra pour construire les dénominateurs les variables ρ, N et D.
2- Interpréter les groupements (autres que les rapports de forme) en formulant une
puissance de référence P0 et des échelles représentatives de la force d’inertie Fρ , de la
force de frottement visqueux Fµ et de la force de gravité Fg de l’unité de volume fluide.

Cont3 : la vitesse terminale de chute Vt d’une particule de diamètre d et de masse volumique


ρs dans un liquide de viscosité µ et de masse volumique ρ est supposée être fonction des
différents paramètres comme suit : Vt=f(d,(ρs-ρ),ρ,µ,g) où g désigne l’accélération de la
pesanteur. Déterminer les groupements sans dimension du problème en appliquant le
théorème de Buckingham. On prendra d , ρ et µ comme variables constituants les
dénominateurs des groupements.

10
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

RELATION DE BERNOULLI EN FLUIDE PARFAIT

1.1 Quelques grandeurs physiques caractéristiques des écoulements:

Pour simplifier nous considèrerons que la masse volumique du fluide est constante, c'est
une très bonne approximation pour les liquides, pour les gaz nous éviterons les situations
extrêmes, c'est à dire les vitesses seront considérées largement inférieures à la vitesse du son
et les variations de pression restent modérées. La masse volumique d'un fluide est une
propriété importante qui dépend de la nature du fluide. Dans les conditions normales et pour
des calculs simples nous prendrons pour masse volumique de l'eau, par exemple,
et pour l'air . Nous constatons une grande différence entre les deux masses
volumiques (liquide et gaz) qui aura des conséquences pratiques comme nous le verrons plus
loin. Nous invitons le lecteur à consulter les différentes sources présentant des données sur les
propriétés physico-chimiques des fluides.

 Le débit massique (volumique ):

On peut se demander quelle est la "quantité" de fluide, dans un écoulement, qui


traverse (qui passe à travers) une section ou une surface donnée , par unité de
temps. C'est la notion de débit du fluide, qui sera exprimé en kilogramme par seconde
( noté ou bien en mètre cube par seconde ( noté . En pratique les débits
qui circulent dans des conduites, par exemple, sont mesurés par divers moyens qu'on
appelle débitmètres. Maintenant on peut se poser la question de savoir comment
exprimer ou déterminer la quantité de fluide infinitésimale (un petit chwiya), notée
ou , qui passe à travers une surface infinitésimale , ensuite ou ne
seront que les intégrales (la somme de tous les petits chwiyas) de celles-ci. Ces
quantités s'écrivent respectivement:

ou

Dans ces expressions vous reconnaissez le produit scalaire de avec . Le vecteur


vitesse du fluide au niveau de orienté par le vecteur unitaire , peut être
décomposé en et , composantes tangentielle à et normale à . Vérifiez que
vous obtenez finalement:

ou

Ces relations sont logiques; seule la composante normale contribue au débit,


"transporte le fluide" à travers , la composante tangentielle ne transporte aucune
masse de fluide à travers . A partir de ce que nous avons dit, nous pouvons écrire:

11
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

En pratique, pour faire ce calcul vous avez besoin de connaitre et . Nous


avons quand même une indication importante, c'est que est perpendiculaire à . Nous
allons appliquer cette relation pour le cas de l'écoulement d'un fluide dans une conduite
cylindrique.
Exemple: L'écoulement dans une conduite cylindrique est très fréquent et pour
simplifier nous considérons uniquement le cas ou la vitesse ne dépend pas du temps. De
plus, cet écoulement n'a qu'une seule composante de la vitesse, celle suivant l'axe Oz, les
deux autres et sont nulles. En coordonnées cylindriques, la composante de la vitesse
suivant l'axe oz ne varie qu'en fonction de la coordonnée et s'écrit:
pour une position z donnée, sur le schéma nous avons
représenté l'amplitude de par des "flèches" à différentes positions et à une position z
(l'axe Oz est l'axe de la conduite), nous l'appelons profil de vitesse. Si vous représentez ce
profil à différentes positions z (ce sera le même parce que ne dépend pas de z) vous avez
une représentation du champ de vitesse dans cette zone de l'écoulement. Mais, pour mieux
visualiser le champ de vitesse, il ne faut pas oublier la coordonnée .

ne dépend pas de et il faut bien le comprendre. Un peu d'imagination, si l'on


fixe alors est fixée comme l'indique son expression et donc nous aurons une même
vitesse quelque soit (le fluide en écoulement occupe le volume du cylindre). Vous
apprendrez en L3 comment trouver ce profil de vitesse à partir de l'équation différentielle du
mouvement fluide. Nous faisons remarquer que la vitesse varie en fonction de la seule
coordonnée et présente une valeur maximale en , c'est à dire sur l'axe du
cylindre, et une valeur nulle à la paroi de la conduite c'est à dire en . Il faut
prendre le temps de bien comprendre ces données et bien visualiser le champ de vitesse sans
oublier le bruit généré par l'écoulement !.

Après ces clarifications qualitatives sur les vitesses de l'écoulement, nous allons nous
intéresser au débit volumique qui circule dans la conduite. Alors, pour appliquer la formule

12
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

il est nécessaire de préciser et pour notre exemple pratique. Un peu de


réflexion nous indiquera la correspondance suivante

, sera la section de la conduite perpendiculaire à et donc


élément de surface pris justement sur la section (disque de surface )
définie par les coordonnées et . Finalement nous pouvons écrire

Vous pouvez apprendre par cœur la formule qui définie le débit volumique ou
massique, mais ce qui est important en pratique c'est de savoir la traduire correctement pour
chaque cas, comme nous venons de le faire sur cet exemple. Ce n'est que lorsque vous saurez
effectuer cette traduction pour différentes situations pratiques que vous pouvez dire que vous
avez compris la formule!. Cela vient en s'exerçant comme pour tout vrai apprentissage. Nous
considérons que l'étape difficile est cette traduction justement et qui vous fournit maintenant
une expression de calcul d'intégrale simple,

est constante et l'expression devient

Nous laissons le lecteur vérifier ce résultat (faire le calcul d'intégrale). Nous constatons que le
débit volumique s'exprime d'une manière simple et significative. Nous retrouvons la
section , appelée section de passage du fluide (cela veut dire que le fluide traverse
perpendiculairement la totalité de celle-ci, comme vous pouvez l'imaginer facilement)
multipliée par qui est une vitesse, la moitié de la vitesse maximale de l'écoulement.

 Vitesse moyenne d'un écoulement:

La vitesse moyenne d'un écoulement est définie en écrivant le débit volumique


sous la forme suivante

étant la section de passage du fluide. Dans le cas de l'écoulement de l'exemple


précédent ,nous avons donc la relation suivante:

13
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

Contrôle des acquis:

Cont1- Dans une conduite de diamètre D=80 cm, Un hydrocarbure circule à un débit
Qv=1,8 m3/s. Quelle est la vitesse moyenne de l'écoulement ?. (Rép:U=3,58 m/s)

Cont2- L'écoulement laminaire dans un tube de diamètre D=2 mm a une vitesse


moyenne U=3 cm/s, la masse volumique du fluide est =1000 kg/m3 .
Quelle est la vitesse maximale de l'écoulement ? (rép: =6 cm/s)
Quel est le débit volumique et massique de l'écoulement?.(

Cont3- Une solution aqueuse est transférée d'un réservoir à un autre à un débit Qv=20
m3/h. Le diamètre de la conduite est D=150 mm. Calculer la vitesse moyenne de
l'écoulement.

1.2 Relation de Bernoulli pour les fluides parfaits incompressibles en écoulement permanent

La relation de Bernoulli établie par Daniel Bernoulli (en 1738, Wikipedia) exprime, dans le
cas d'un fluide parfait incompressible en écoulement permanent, la constance de l'énergie
mécanique d'un point à un autre lors de la circulation du fluide. Cette relation est simple mais
elle procure un outil important pour résoudre un certain nombre de problèmes pratiques

Nous arrivons à la relation pratique suivante :

sur une ligne de courant si le rotationnel est non nul, dans tout le volume fluide si celui-ci est
nul.
Chaque terme de la relation précédente représente une forme d’énergie mécanique, nous
reconnaissons l’énergie cinétique et les énergies potentielles de pression et de gravitation, la
somme représente l’énergie mécanique locale par unité de volume fluide (J/m 3 vérifiez le). La
relation de Bernoulli exprime donc la conservation de l’énergie mécanique du fluide en
circulation dans le cadre des hypothèses de travail. Si l’on rapporte les termes précédents à un
poids spécifique de référence , généralement celui d’un liquide comme l’eau, le mercure
etc.., alors l’expression devient :

L’unité aura aussi changé, vérifiez le, chaque terme de l’énergie s’exprime en m (du liquide
de référence). Cette nouvelle écriture de l’énergie est par définition la charge locale du fluide
au point considéré. Elle se simplifie si le liquide de référence ( est le même que le fluide
en écoulement ( , dans ce cas on a :
14
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

Lors de la circulation du fluide, il arrive qu'une forme d'énergie se transforme en une autre
mais la somme des différentes énergies doit rester constante. Le jet de Genève* illustre très
bien la transformation de l’énergie potentielle de pression en énergie cinétique puis en
énergie potentielle de gravitation en première approximation (fluide parfait). Les centrales
hydro-électriques exploitent l’énergie potentielle de gravitation, transformée en énergie
cinétique donc en force motrice (quantité de mouvement-voire le théorème d'Euler), pour
faire tourner une turbine, ici le fluide interagit avec une machine réceptrice*.
Dans l’engineering, lors de la conception de circuit de transport de fluide, l’ingénieur doit
souvent effectuer des bilans d’énergie entre deux sections du système de transport. Par
conséquent, il doit disposer des expressions adéquates de la charge du fluide dans une section
ou à travers celle-ci. Et de plus, il doit considérer le cas où le fluide traverse une machine
(motrice ou réceptrice). Nous allons d’abord trouver l’expression de la charge du fluide à
travers une section, qui représente la formulation intégrale (ou macroscopique) de l’énergie
mécanique e du fluide et puis exprimer le bilan d’énergie lorsque le fluide traverse une
machine.
https://www.youtube.com/watch?v=xhUPPimVgjM

1.3Charge à travers une section de conduite :

Il est important de savoir exprimer le potentiel énergétique du fluide à une section donnée
d’une conduite. Pour y arriver nous allons exprimer d’abord la quantité élémentaire ou
différentielle d’énergie à travers une surface élémentaire . *

Nous rappelons que e désigne une énergie par unité de volume ( ) au point considéré, si
ce point est situé dans la section et que l’on multiplie e par le débit volumique élémentaire
( ) qui passe à travers , alors nous obtenons la puissance élémentaire
véhiculée par le fluide à travers :

Il suffit maintenant d’intégrer sur toute la section pour obtenir l’expression de la puissance
mécanique du fluide disponible en :

Nous ferons deux changements. Le premier consiste à remplacer par appelé


pression motrice. Le deuxième est basé sur le parallélisme des lignes de courant avec
, donc . De plus, on montre que sur la section concernée parce que
les lignes de courant sont perpendiculaires à celle-ci. Nous pouvons donc réécrire l’expression
précédente comme suit :

15
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

Ou bien encore, en introduisant la vitesse moyenne et la section dont l’objectif final est
l’obtention d’une relation plutôt pratique :

Nous rappelons que :

Et par suite, nous déduisons l’expression :

Avec :

Appelé coefficient d’énergie cinétique puisqu’il lui est attaché. Ce coefficient est sans
dimension et contient ce qu’il y a de compliqué dans la section à savoir le profil de vitesse de
l’écoulement établi. Le praticien est donc content de pouvoir disposer d’une relation simple
qui ne fait apparaitre que la vitesse moyenne , étant déterminé pour un profil laminaire
ou turbulent .
Maintenant nous pouvons définir la charge du fluide dans la section par :

Nous sommes passé du Watt, unité de au mètre du liquide de référence, unité de . La


première partie de la formule précédente exprime la relation entre les deux quantités.
Là aussi, si , alors la charge s’écrit :

Nous remarquons que la différence avec la charge locale est portée par le terme d’énergie
cinétique qui fait intervenir, cette fois, la vitesse moyenne et le coefficient

16
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

Disposant de l’expression de la puissance ou de la charge dans une section, nous pouvons


effectuer les bilans macroscopiques d’énergie dans les circuits de transport de fluides par
exemple. Il nous reste à envisager la situation fréquente en pratique où le fluide traverse une
machine.

Cont1 : on considère l’écoulement d’eau à travers le système représenté ci-dessous. Le débit


volumique Q=10 litres/s , le diamètre de la section 1 est D1 =60 cm et celui de la section 2 de
sortie D2=2cm. La pression dans la section 2 est P2 =1atm. On supposera le fluide parfait .On

vous demande de déterminer les vitesses moyennes dans les sections 1 et 2 puis la pression
P1 qui règne en S1.

Cont2: un réservoir contient un fluide sous pression . Une conduite


horizontale de diamètre est reliée à ce réservoir au point . subitement, il se
produit une rupture de la canalisation au point . A cet instant, on vous demande :
1- De calculer la vitesse moyenne en .
2- Le débit volumique en de perte de fluide.
On supposera le fluide parfait et un régime stationnaire ( . On négligera la
vitesse moyenne dans le réservoir devant et la différence de côte entre le réservoir et
la canalisation. La pression en , notée est égale à la pression atmosphérique.

_________________ D
réservoir

sens écoul. R A fluide

1.4Bilan macroscopique lorsque le fluide traverse une machine :

Il y a deux types de machine. Les machines motrices constituées des pompes, ventilateurs et
compresseurs, transfèrent de l’énergie au fluide. Les machines réceptrices par contre reçoivent
de l’énergie du fluide en circulation comme les turbines ou les éoliennes. Nous désignerons
par la puissance échangée entre la machine et le fluide, il lui correspondra en charge.

Nous considérons deux sections A et B, avant et après la machine. Le bilan, dans le cas d’une
machine motrice, s’écrit :

17
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

A B

machine

Ou bien en puissance :

Dans le cas d’une machine réceptrice, puisque le fluide cède de l’énergie, ce bilan s’écrit :

Nous rappelons que ce bilan est écrit pour un écoulement permanent de fluide parfait
incompressible. Nous complèterons ces relations dans le cas de fluides réels avec dissipation
d’énergie plus tard (L3).

Contrôle des acquis et applications

Cont1 : la pompe ci-dessous transfert un débit volumique Q=57m3/h, la pression à


l’aspiration est P1=120 kPa et au refoulement P2=400 kPa. On négligera la différence de côtes
entre les deux axes des conduites de diamètres D1=9 cm et D2=3 cm. Déterminer :

1- les vitesses moyennes U1 et U2.

2- la puissance utile de la pompe Pu.

Cont2: Une pompe aspire une solution aqueuse d’un réservoir et la déverse dans un autre
(voir schéma). Le diamètre de la conduite d’aspiration (avant la pompe) est et
celui de la conduite de refoulement (après la pompe) est . La pompe développe
une puissance utile telle que :
= m

On supposera le fluide parfait et le régime permanent ( ).

18
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

1- Déterminer les vitesses moyennes dans les conduites de refoulement et d’aspiration


.
2- Déterminer la pression à l’entrée de la pompe .

E patm

patm
A uA=0____ hE=15m
hA=3m ............................réf
Pu

Solution:
1- nous n'avons pas de débit, il faut passer par le bilan entre A et E
on peut écrire
(la surface A du premier réservoir forme une section, E
est la section de sortie de la conduite de refoulement)

ou bien

d'où avec

A.N:

la vitesse moyenne dans la conduite d'aspiration est déterminée en écrivant l'égalité des
débits volumiques qui circulent dans les deux conduites (aspiration et refoulement):
avec et
donc:

A.N:

2- Pour répondre à la question, il faut choisir deux sections et appliquer la relation de


Bernoulli , on choisi par exemple la section A et la section B juste avant la pompe. On écrit
alors, sachant que le fluide ne traverse pas la pompe entre A et B:

ou bien avec =0 (réf) d'où

A.N:

19
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

PERTES DE CHARGE ET RELATION DE BERNOULLI GENERALISEE

Lorsque l'effet visqueux n'existe pas, cas du fluide parfait, il n'y a pas de dégradation d'énergie
mécanique, elle reste constante lorsque le fluide ne traverse pas de machine. Dégradation veut
dire dissipation, il se produit une transformation d'une partie de l'énergie mécanique
(potentielles et cinétique) sous forme d'énergie calorifique. Pour les fluides réels qui sont
utilisés dans la pratique industrielle, lors de leur circulation dans les conduites et appareils il y
a toujours une dégradation d'énergie sous forme de chaleur à cause de l'effet visqueux,. Ces
dissipations d'énergie sont appelées pertes de charge. Nous pouvons distinguer deux types en
général. Les pertes de charge linéaires sont celles qui se produisent de manière homogène tout
le long des conduites, d'où le terme linéaire. Les pertes de charge singulières sont localisées
au niveau de certains organes placés dans le circuit tels que vannes, coudes, élargissements de
conduites , petits filtres ...,la longueur de la singularité n'a pas de sens, elle occupe une zone
très restreinte d'où le nom donné à ce type de pertes d'énergie.

Il arrive aussi que le fluide industriel traverse des appareils de traitement ou de transferts de
chaleur et/ou de masse. Il y a dissipation d'énergie qui ne correspond ni aux pertes linéaires ni
singulières. Dans ce cas, les constructeurs d'appareils fournissent les moyens pour pouvoir
estimer ces dégradation dans des conditions d'utilisation assez larges. Ces moyens sont
fournis soit sous forme d'abaques soit sous forme de formules empiriques utilisés en
particulier par les bureaux d'études.

L'estimation justement de l'ensemble des pertes de charge est indispensable pour le


dimensionnement de la puissance des pompes à installer pour assurer la circulation du fluide à
certains débits sans problème. Ici , nous allons nous intéresser à l'estimation des pertes de
charge linéaires et singulières.

Relation de Bernoulli généralisée

Les chapitres précédents ont préparé un certains nombre d'outils. Nous avons défini la charge
du fluide ou bien sa puissance disponible dans une section. En raison de l'existence de l'effet
visqueux les relations de Bernoulli en fluide parfait doivent être modifiées. Nous devons tenir
compte de la dégradation d'énergie entre deux sections du circuit. Le bilan macroscopique
d'énergie exprimé en charges entre deux sections du circuit incluant une pompe ne peut plus
s'écrire sous la forme:

parce que en passant de la section A à la section B il y a eu cette fois dissipation d'énergie soit
sous forme linéaire soit singulière. La somme de départ, la charge du fluide en A et celle
apportée par la pompe au fluide ne peut se retrouver totalement sous forme de charge du
fluide en B, elle lui est supérieure en raison de la transformation d'une partie de cette charge
en chaleur. Si nous désignons par et les pertes de charge linéaires et singulières
respectivement, alors la relation précédente doit être corrigée comme suit:

ou

20
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

cette relation montre clairement comment se fait la répartition de l'énergie apportée par la
pompe au fluide en circulation. Une partie sert à compenser les pertes de charge. Leur
estimation devient nécessaire pour déterminer la puissance de la pompe.

Estimation des pertes de charge linéaires

Ici, nous nous intéressons à la perte de charge linéaire le long d'une conduite de longueur et
diamètre , c'est à dire à la dégradation de l'énergie mécanique (potentielles et cinétique)en
chaleur. Considérons une canalisation horizontale dans laquelle circule, avec une vitesse
moyenne un fluide de masse volumique et de viscosité dynamique .

Par définition, la perte de charge linéaire le long de la conduite est :

nous constatons que la charge dans la section B (fin de la conduite) est inférieure à la charge
dans la section A (début de la conduite) à cause de la perte de charge, conséquence de la
dissipation visqueuse active le long de la conduite. Le régime étant permanent et l'écoulement
établi, alors nous pouvons écrire (ici :

nous avons écrit ,parce que l'écoulement est établi, donc nous avons le même
profil de vitesse en A et en B. La vitesse moyenne est la même dans les deux sections
puisqu'elles sont identiques. De plus , la conduite étant horizontale. La relation
précédente devient alors:

Ce résultat final montre deux choses. D'abord que la dissipation visqueuse, ou la perte de
charge, se répercute sur l'énergie potentielle de pression; la pression diminue le long de la
conduite. L'énergie cinétique, elle, se conserve. L'estimation de revient donc à estimer
.

Il nous faut une formule, dans le langage de l'ingénieur, pour pouvoir calculer Nous avons
déjà un début de solution puisque ce problème a déjà été envisagé en analyse dimensionnelle.
Nous savons que l'on peut écrire:

ou bien

21
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

ou encore

Si nous comprenons bien que la dissipation visqueuse se fait de manière homogène par
tranche d'épaisseur puisque l'écoulement est établi, il est légitime de dire que la chute de
pression est proportionnelle à . Donc la relation fonctionnelle précédente par rapport au
groupement peut s'écrire sous la forme:

nous faisons apparaitre la proportionnalité par rapport à . L'usage a consacré l'écriture


suivante:

Nous avons progressé sans résoudre d'équations. Il suffit de connaitre la fonction pour
estimer la perte de charge. Cette fonction est appelée coefficient de perte de charge linéaire et
on la note généralement. La relation précédente devient:

est donné soit sous forme d'abaque (diagramme de Moody), soit sous forme de corrélation
empirique, par exemple dans le cas d'un écoulement turbulent dans une conduite lisse, on peut
utiliser la formule de Blasius:

applicable pour des nombres de Reynolds ne dépassant pas . Notons que jusqu'à présent
nous n'avons pas parlé de l'influence de la rugosité de la paroi interne des conduites. Il faudra
alors introduire une nouvelle variable caractérisant la dimension de ces aspérités. Comme
c'est une longueur, il est aisé de deviner qu'un autre rapport de forme apparait et qui formera
le groupement sans dimension . Le coefficient sera alors fonction de et ,
c'est à dire du nombre de Reynolds et . Dans la littérature, le lecteur pourra trouver
plusieurs corrélations empiriques donnant . Nous invitons le lecteur à faire ce travail et de
comparer entre elles différentes relations par leurs représentations graphiques afin qu'il puisse
apprécier les différences.

Une autre relation classique est celle qui caractérise l'écoulement laminaire permanent dans
une conduite, nous montrerons plus loin comment l'obtenir analytiquement. Elle s'écrit:

Pertes de charge singulières

Pour les pertes de charge singulières, et par analogie à la perte de charge linéaire, nous
utilisons la relation suivante:

22
Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.

Nous ferons deux commentaires. Le paramètre Longueur n'apparait pas parce qu'il n'a pas
de sens ici. Nous avons écrit parce que nous devons partir de la définition de la perte de
charge, à savoir:

et sont les sections avant la singularité et après la singularité et dans lesquelles


l'écoulement est établi pour des raisons expérimentale et de convention, étant connu pour un
écoulement établi. Si nous développons la différence des charges dans la situation générale où
il peut y avoir changement de diamètre des conduites avant et après la singularité, alors nous
obtenons:

Nous constatons que l'énergie cinétique peut ne pas être conservée. C'est ce résultat qui est
écrit sous la forme précédente :

Cette relation définit en même temps le coefficient de perte de charge singulière, mesuré
comme le suggère le développement, c'est à dire , nous mesurons , et puis nous
déduisons , sachant que est la vitesse moyenne dans la conduite de petit diamètre. Là
aussi, il y a dans la littérature technique beaucoup de données sur généralement sous forme
d'abaques et rarement par une corrélation empirique, les singularités étant souvent complexes.
Les entreprises qui fabriquent les organes de contrôle pour l'industrie des hydrocarbures, par
exemple, procèdent aux expérimentations nécessaires pour fournir aux utilisateurs de ces
singularités les abaques utiles pour l'estimation de dépendant des conditions de
fonctionnement.

23

Vous aimerez peut-être aussi