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Pr. BRAHIMI M.
APPLIQUEE
MECANIQUE DES FLUIDES
Dans cette partie nous allons exposer les méthodes qui aident à formuler les corrélations
entre les groupements sans dimension des variables qui interviennent dans l’étude d’un
problème pratique donné et ce, sans avoir à résoudre les équations de celui-ci. C’est en cela
que ces méthodes sont très utiles. Comme nous allons le voir, elles permettent d’organiser et
d’optimiser les expérimentations nécessaires pour préciser la corrélation entre les
groupements sans dimension. Elles simplifient aussi l’aspect mathématique par une réduction
dimensionnelle de celui-ci. Nous prendrons à chaque fois que nécessaire un exemple pratique
pour illustrer la méthode présentée.
La perte de charge sous la forme d'une chute de pression le long d'une conduite, appelée
perte de charge linéaire, dépend à priori d'une vitesse caractéristique de l'écoulement dans la
conduite, de sa longueur, de son diamètre, de la viscosité et de la masse volumique du fluide.
Il est légitime d'écrire une relation formelle du type;
Cette relation montre que chaque variable garde sa dimension et leur nombre est égale à p=6.
Remarquons que la variable d'intérêt est et qu'elle dépend des cinq autres variables. Pour
préciser la formule précédente et sans passer par la résolution des équations qui gouvernent
l'écoulement, l'approche expérimentale devient nécessaire. Donc expérimentalement, tel que
le suggère la formule, nous devrions étudier l'influence de chacune des variables sur la chute
de pression comme si elles agissaient de manière indépendantes les unes des autres. Puis
mettre en forme les résultats obtenus en utilisant les méthodes de régression: une relation
entre et les cinq autres variables.
En fait, les variables n'agissent pas de manière indépendantes. elles s'expriment à travers des
effets, soient dynamiques ou géométriques dits de forme. C'est à dire qu'elles agissent en
groupes, en "équipes" qui caractérisent justement ces différents effets; tel que l'effet des
forces d'inertie, des forces d'origine visqueuses ou de l'effet de la gravitation ayant une
importance pour le problème d'intérêt . En dynamique, l'importance d'un effet par rapport à un
autre s'exprime souvent par le rapport des échelles représentatives, ou ordre de grandeur, de
ces effets. Ces rapports donnent lieu à des groupements sans dimension. Ainsi, nous
comprenons l'existence d'une relation entre groupements sans dimension, qui caractérisera
l'effet étudié, en nombre moindre que les variables initiales . Nous avons donc
transformé le problème initial brut en un problème de recherche d'une relation entre
groupements sans dimension que nous noterons ,du type:
Dans ,sans dimension, nous retrouverons bien sûr le phénomène étudié à travers sa
variable
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Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.
Mais comment alors construire ou faire apparaitre ces groupements pour un problème donné.
Ici nous présentons la méthode basée sur le théorème de Buckingham. Il énonce certains
résultats et donne les étapes à suivre pour construire les groupements . IL dit en substance
que si dans un problème nous avons l'intervention de variables dimensionnées et que
toutes ces variables font intervenir dimensions fondamentales (système MKSA-SI), alors
nous pouvons construire groupements , . Pour notre exemple ,
pour déterminer la valeur de il faudra établir un tableau listant les variables et en face de
chacune d'elle ses dimensions fondamentales et ainsi nous trouvons en comptant les
différentes dimensions fondamentales (voir le tableau):
Variable Dimensions
fondamentales
( ) .
( )
( )
Total
Le théorème nous donne un résultat important qui est le nombre (3 pour notre
exemple) des groupements dont dépend le problème de la chute de pression le long de la
conduite. Mais pour avancer , il est nécessaire de savoir construire ces groupements et
comprendre ce qu'ils représentent. C'est la deuxième partie du théorème qui précise les étapes
à suivre pour aboutir aux différents .
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Mécanique des fluides appliquée- Master1 Par Pr. BRAHIMI M.
Nous allons appliquer cette étape à notre exemple pratique. Il faut donc choisir
variables parmi , , , et . Nous fixons notre choix sur , , c'est à dire et
. Pour le valider nous vérifions bien que les dimensions fondamentales et (masse
,longueur et temps) apparaissent dans ce choix.
Le théorème précise aussi que les numérateurs de chacun des groupements sont constitués par
les variables restantes au nombre de . Pour notre exemple, ce seront les variables
, et .
Nous pouvons maintenant écrire les différents groupement pour notre exemple sous la
forme:
, ,
La dernière étape du travail consiste à déterminer les différents exposants qui figurent dans les
dénominateurs. Sachant que les groupements sont sans dimensions, alors un bilan des
dimensions fondamentales mène facilement aux exposants. Il y a autant d'équations
algébriques que d'inconnues.
Dans notre exemple, pour préciser par exemple nous devons déterminer et . Le
bilan des dimensions fondamentales est établi en remplaçant chacune des variable
apparaissant dans par ses dimensions fondamentales c'est à dire:
Sachant que est sans dimensions, alors nous pouvons écrire les relations suivantes:
bilan pour :
ces relations traduisent l'identité des exposants pour chaque dimension fondamentale se
trouvant au dénominateur et au numérateur. Si au numérateur n'apparait pas explicitement une
dimension fondamentale (comme pour ,il en manque deux), alors on la fait apparaitre avec
l'exposant zéro.
et
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est l'inverse du nombre de Reynolds , nous verrons plus loin son interprétation
physique. est tout simplement un rapport de forme. Ainsi la relation initiale reliant aux
différentes variables peut maintenant s'écrire sous forme adimensionnée comme suit:
ou bien
C'est l'expérience qui précisera la relation. Nous faisons observer que grâce à l'analyse
dimensionnelle nous sommes passé d'une relation à six variables à une corrélation où
interviennent trois groupements seulement, sans dimension. D'un point de vue mathématique,
on aura opéré une réduction dimensionnelle importante (en nombre de variables). Même d'un
point de vue pratique cela procure une grande simplicité d'organisation des expérimentations.
En effet, il suffit maintenant de faire varier le nombre de Reynolds et le facteur de forme pour
étudier l'évolution du nombre d'Euler. Pour faire varier le nombre de Reynolds, nous avons
plusieurs options. Par exemple, faire varier la vitesse moyenne ou bien changer la nature du
fluide . En pratique, c'est souvent la vitesse moyenne qui est réglée par l'intermédiaire
d'une vanne précise.
Cette méthode peut paraitre manquer de rigueur en raison de son approche basée uniquement
sur l'analyse des effets susceptibles d'influencer le phénomène étudié. Comme nous l'avons dit
précédemment, les différentes variables qui interviennent dans le problème n'agissent pas de
manière indépendante. Elles coopèrent à travers les effets dynamiques. Par exemple, si nous
considérons que l'effet d'inertie est à prendre en considération et qu'il est important pour le
problème étudié (ici , chute de pression ), alors nous pouvons construire une échelle
représentative de cet effet. L'inertie est caractérisée par la vitesse et la masse. Nous arrivons à
construire une force d'inertie en combinant les variables impliquées à savoir , et , nous
notons cette force et il est facile de trouver :
Si nous considérons que l'effet visqueux intervient aussi, alors nous somme capable de
construire une échelle représentative de celui-ci. L'effet visqueux est caractérisé par la
viscosité du fluide , un gradient de vitesse et une surface. Avec les variables références
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voilà comment les variables , et exprime l'effet visqueux. Si nous voulons rendre
compte maintenant de l'importance de l'effet d'inertie par rapport à l'effet visqueux nous
faisons .
Donc:
qui n'est autre que le nombre de Reynolds . Ainsi, nous avons obtenu le nombre de
Reynolds, un des groupements sans dimension pertinent, et en même temps, nous lui donnant
une interprétation physique: il rend compte de la compétition entre deux effets dynamiques,
l'effet d'inertie et l'effet visqueux.
une autre méthode pour obtenir les groupements sans dimension d'un problème s'appuie sur la
mise en équation de celui-ci. On dispose donc de l'ensemble des équations qui modélise la
situation étudiée avec toutes les conditions nécessaires (initiales et aux limites). Ensuite, on
procède à la mise sous forme adimensionnée de celles-ci (qu'on appellera forme réduite) en se
basant sur l'introduction de variables réduites (sans dimension), construites à partir de
grandeurs de référence.
Cette procédure est tout à fait générale, ici, nous illustrons les étapes à suivre sur un problème
d'écoulement laminaire permanent avec transfert de chaleur autour d'une surface plane de
longueur . Les conditions de l'écoulement loin de la surface sont pour la vitesse et la
température . On supposera que la température de la plaque est constante égale à
.
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pour procéder à la réduction des équations (rendre sans dimension) ,nous allons introduire des
variables réduites construites à partir de grandeurs de référence. Par exemple pour les
longueurs nous choisirons comme référence, pour les vitesses nous prendrons comme
référence. Nous obtenons alors les variables réduites suivantes:
Maintenant si l'on remplace dans les équations précédentes les différentes variables par leurs
nouvelles expressions faisant intervenir les variables réduites correspondantes, nous obtenons
les équations suivantes:
L'objectif étant d'aboutir à des équations réduites donc sans dimension, nous transformons les
relations précédentes pour les écrire sous la forme:
ainsi écrites nous reconnaissons les termes sans dimension et donc les groupements
et doivent être sans dimension aussi. Le premier n'est autre que l'inverse
du nombre de Reynolds par contre le second nécessite quelque transformation algébrique
pour dévoiler son sens: c'est l'inverse du nombre de Peclet défini par :
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Le nombre de Peclet a une signification physique: c'est le rapport entre une échelle de densité
de flux convectif et une échelle de densité de flux conductif . Il rend
compte de l'importance du transfert convectif par rapport au transfert conductif.
ou bien
à la paroi et ; où est la
température de la paroi. C'est en même temps la définition du coefficient de transfert de
chaleur par convection autour de la plaque. En fait nous avons écrit ce qui se passe à
l'interface solide-fluide ou paroi-fluide.
La relation précédente peut être réduite en utilisant les mêmes grandeurs de référence que
celles que nous avons utilisées pour réduire les équations différentielles. Nous pouvons alors
écrire:
en
par suite nous avons : à la paroi , nous avons obtenu un groupement sans
dimension qui caractérise le transfert de chaleur par convection, ce groupement est appelé
nombre de Nusselt:
Il représente, comme le montre la relation, le rapport entre le flux évacué effectivement par
convection au niveau de la paroi et une échelle ou référence de flux conductif. Donc nous
avons:
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Voilà donc, ainsi exposé, une autre méthode qui permet de construire les nombres sans
dimension du problème posé mathématiquement. Si d'autres conditions sont écrites aux
interfaces d'échange, alors en procédant à leur réduction, de nouveaux groupements peuvent
apparaitre.
La formulation mathématique du problème sous forme réduite des équations permet aussi
d'énoncer les conditions dites de similitude entre un prototype et sa maquette (modèle). Nous
constatons que nous obtenons les mêmes résultats, sous forme réduite, entre la maquette et le
modèle à condition que les nombres sans dimension qui apparaissent dans les équations et les
conditions aux limites soient égaux pour les deux problèmes. ils sont identiques d'un point de
vue mathématique. Ainsi donc, les résultats expérimentaux obtenus sous forme réduite sur la
maquette sont transposables aux prototype. En général la maquette est plus petite que le
prototype mais pas toujours, cela dépend du problème considéré et des conditions de
similitude. L'égalité des nombres sans dimension mène vers les conditions à vérifier pour
avoir une similitude complète. Il est possible alors que certaines de ces conditions soient
incompatibles. En fonction du problème, nous pouvons réaliser une similitude partielle en
levant l'incompatibilité. Cela revient à laisser tomber un groupement sans dimension dont
l'importance est jugée marginale après une analyse de la phénoménologie du problème posé.
Ce sont les vérifications expérimentales qui valideront ces approximations.
Cont1: La différence de pression p crée par une pompe centrifuge est supposée dépendre du
débit volumique Qv , du nombre de tour par seconde N du rotor, de la masse volumique du
fluide ρ de la viscosité µ du fluide et du diamètre D du rotor.
Cont2 : Un fluide industriel visqueux est agité mécaniquement dans une cuve. La puissance P
de l’agitateur dépend de son diamètre D, de sa vitesse de rotation N, de la masse volumique ρ
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Pour simplifier nous considèrerons que la masse volumique du fluide est constante, c'est
une très bonne approximation pour les liquides, pour les gaz nous éviterons les situations
extrêmes, c'est à dire les vitesses seront considérées largement inférieures à la vitesse du son
et les variations de pression restent modérées. La masse volumique d'un fluide est une
propriété importante qui dépend de la nature du fluide. Dans les conditions normales et pour
des calculs simples nous prendrons pour masse volumique de l'eau, par exemple,
et pour l'air . Nous constatons une grande différence entre les deux masses
volumiques (liquide et gaz) qui aura des conséquences pratiques comme nous le verrons plus
loin. Nous invitons le lecteur à consulter les différentes sources présentant des données sur les
propriétés physico-chimiques des fluides.
ou
ou
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Après ces clarifications qualitatives sur les vitesses de l'écoulement, nous allons nous
intéresser au débit volumique qui circule dans la conduite. Alors, pour appliquer la formule
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Vous pouvez apprendre par cœur la formule qui définie le débit volumique ou
massique, mais ce qui est important en pratique c'est de savoir la traduire correctement pour
chaque cas, comme nous venons de le faire sur cet exemple. Ce n'est que lorsque vous saurez
effectuer cette traduction pour différentes situations pratiques que vous pouvez dire que vous
avez compris la formule!. Cela vient en s'exerçant comme pour tout vrai apprentissage. Nous
considérons que l'étape difficile est cette traduction justement et qui vous fournit maintenant
une expression de calcul d'intégrale simple,
Nous laissons le lecteur vérifier ce résultat (faire le calcul d'intégrale). Nous constatons que le
débit volumique s'exprime d'une manière simple et significative. Nous retrouvons la
section , appelée section de passage du fluide (cela veut dire que le fluide traverse
perpendiculairement la totalité de celle-ci, comme vous pouvez l'imaginer facilement)
multipliée par qui est une vitesse, la moitié de la vitesse maximale de l'écoulement.
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Cont1- Dans une conduite de diamètre D=80 cm, Un hydrocarbure circule à un débit
Qv=1,8 m3/s. Quelle est la vitesse moyenne de l'écoulement ?. (Rép:U=3,58 m/s)
Cont3- Une solution aqueuse est transférée d'un réservoir à un autre à un débit Qv=20
m3/h. Le diamètre de la conduite est D=150 mm. Calculer la vitesse moyenne de
l'écoulement.
1.2 Relation de Bernoulli pour les fluides parfaits incompressibles en écoulement permanent
La relation de Bernoulli établie par Daniel Bernoulli (en 1738, Wikipedia) exprime, dans le
cas d'un fluide parfait incompressible en écoulement permanent, la constance de l'énergie
mécanique d'un point à un autre lors de la circulation du fluide. Cette relation est simple mais
elle procure un outil important pour résoudre un certain nombre de problèmes pratiques
sur une ligne de courant si le rotationnel est non nul, dans tout le volume fluide si celui-ci est
nul.
Chaque terme de la relation précédente représente une forme d’énergie mécanique, nous
reconnaissons l’énergie cinétique et les énergies potentielles de pression et de gravitation, la
somme représente l’énergie mécanique locale par unité de volume fluide (J/m 3 vérifiez le). La
relation de Bernoulli exprime donc la conservation de l’énergie mécanique du fluide en
circulation dans le cadre des hypothèses de travail. Si l’on rapporte les termes précédents à un
poids spécifique de référence , généralement celui d’un liquide comme l’eau, le mercure
etc.., alors l’expression devient :
L’unité aura aussi changé, vérifiez le, chaque terme de l’énergie s’exprime en m (du liquide
de référence). Cette nouvelle écriture de l’énergie est par définition la charge locale du fluide
au point considéré. Elle se simplifie si le liquide de référence ( est le même que le fluide
en écoulement ( , dans ce cas on a :
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Lors de la circulation du fluide, il arrive qu'une forme d'énergie se transforme en une autre
mais la somme des différentes énergies doit rester constante. Le jet de Genève* illustre très
bien la transformation de l’énergie potentielle de pression en énergie cinétique puis en
énergie potentielle de gravitation en première approximation (fluide parfait). Les centrales
hydro-électriques exploitent l’énergie potentielle de gravitation, transformée en énergie
cinétique donc en force motrice (quantité de mouvement-voire le théorème d'Euler), pour
faire tourner une turbine, ici le fluide interagit avec une machine réceptrice*.
Dans l’engineering, lors de la conception de circuit de transport de fluide, l’ingénieur doit
souvent effectuer des bilans d’énergie entre deux sections du système de transport. Par
conséquent, il doit disposer des expressions adéquates de la charge du fluide dans une section
ou à travers celle-ci. Et de plus, il doit considérer le cas où le fluide traverse une machine
(motrice ou réceptrice). Nous allons d’abord trouver l’expression de la charge du fluide à
travers une section, qui représente la formulation intégrale (ou macroscopique) de l’énergie
mécanique e du fluide et puis exprimer le bilan d’énergie lorsque le fluide traverse une
machine.
https://www.youtube.com/watch?v=xhUPPimVgjM
Il est important de savoir exprimer le potentiel énergétique du fluide à une section donnée
d’une conduite. Pour y arriver nous allons exprimer d’abord la quantité élémentaire ou
différentielle d’énergie à travers une surface élémentaire . *
Nous rappelons que e désigne une énergie par unité de volume ( ) au point considéré, si
ce point est situé dans la section et que l’on multiplie e par le débit volumique élémentaire
( ) qui passe à travers , alors nous obtenons la puissance élémentaire
véhiculée par le fluide à travers :
Il suffit maintenant d’intégrer sur toute la section pour obtenir l’expression de la puissance
mécanique du fluide disponible en :
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Ou bien encore, en introduisant la vitesse moyenne et la section dont l’objectif final est
l’obtention d’une relation plutôt pratique :
Avec :
Appelé coefficient d’énergie cinétique puisqu’il lui est attaché. Ce coefficient est sans
dimension et contient ce qu’il y a de compliqué dans la section à savoir le profil de vitesse de
l’écoulement établi. Le praticien est donc content de pouvoir disposer d’une relation simple
qui ne fait apparaitre que la vitesse moyenne , étant déterminé pour un profil laminaire
ou turbulent .
Maintenant nous pouvons définir la charge du fluide dans la section par :
Nous remarquons que la différence avec la charge locale est portée par le terme d’énergie
cinétique qui fait intervenir, cette fois, la vitesse moyenne et le coefficient
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vous demande de déterminer les vitesses moyennes dans les sections 1 et 2 puis la pression
P1 qui règne en S1.
_________________ D
réservoir
Il y a deux types de machine. Les machines motrices constituées des pompes, ventilateurs et
compresseurs, transfèrent de l’énergie au fluide. Les machines réceptrices par contre reçoivent
de l’énergie du fluide en circulation comme les turbines ou les éoliennes. Nous désignerons
par la puissance échangée entre la machine et le fluide, il lui correspondra en charge.
Nous considérons deux sections A et B, avant et après la machine. Le bilan, dans le cas d’une
machine motrice, s’écrit :
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A B
machine
Ou bien en puissance :
Dans le cas d’une machine réceptrice, puisque le fluide cède de l’énergie, ce bilan s’écrit :
Nous rappelons que ce bilan est écrit pour un écoulement permanent de fluide parfait
incompressible. Nous complèterons ces relations dans le cas de fluides réels avec dissipation
d’énergie plus tard (L3).
Cont2: Une pompe aspire une solution aqueuse d’un réservoir et la déverse dans un autre
(voir schéma). Le diamètre de la conduite d’aspiration (avant la pompe) est et
celui de la conduite de refoulement (après la pompe) est . La pompe développe
une puissance utile telle que :
= m
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E patm
patm
A uA=0____ hE=15m
hA=3m ............................réf
Pu
Solution:
1- nous n'avons pas de débit, il faut passer par le bilan entre A et E
on peut écrire
(la surface A du premier réservoir forme une section, E
est la section de sortie de la conduite de refoulement)
ou bien
d'où avec
A.N:
la vitesse moyenne dans la conduite d'aspiration est déterminée en écrivant l'égalité des
débits volumiques qui circulent dans les deux conduites (aspiration et refoulement):
avec et
donc:
A.N:
A.N:
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Lorsque l'effet visqueux n'existe pas, cas du fluide parfait, il n'y a pas de dégradation d'énergie
mécanique, elle reste constante lorsque le fluide ne traverse pas de machine. Dégradation veut
dire dissipation, il se produit une transformation d'une partie de l'énergie mécanique
(potentielles et cinétique) sous forme d'énergie calorifique. Pour les fluides réels qui sont
utilisés dans la pratique industrielle, lors de leur circulation dans les conduites et appareils il y
a toujours une dégradation d'énergie sous forme de chaleur à cause de l'effet visqueux,. Ces
dissipations d'énergie sont appelées pertes de charge. Nous pouvons distinguer deux types en
général. Les pertes de charge linéaires sont celles qui se produisent de manière homogène tout
le long des conduites, d'où le terme linéaire. Les pertes de charge singulières sont localisées
au niveau de certains organes placés dans le circuit tels que vannes, coudes, élargissements de
conduites , petits filtres ...,la longueur de la singularité n'a pas de sens, elle occupe une zone
très restreinte d'où le nom donné à ce type de pertes d'énergie.
Il arrive aussi que le fluide industriel traverse des appareils de traitement ou de transferts de
chaleur et/ou de masse. Il y a dissipation d'énergie qui ne correspond ni aux pertes linéaires ni
singulières. Dans ce cas, les constructeurs d'appareils fournissent les moyens pour pouvoir
estimer ces dégradation dans des conditions d'utilisation assez larges. Ces moyens sont
fournis soit sous forme d'abaques soit sous forme de formules empiriques utilisés en
particulier par les bureaux d'études.
Les chapitres précédents ont préparé un certains nombre d'outils. Nous avons défini la charge
du fluide ou bien sa puissance disponible dans une section. En raison de l'existence de l'effet
visqueux les relations de Bernoulli en fluide parfait doivent être modifiées. Nous devons tenir
compte de la dégradation d'énergie entre deux sections du circuit. Le bilan macroscopique
d'énergie exprimé en charges entre deux sections du circuit incluant une pompe ne peut plus
s'écrire sous la forme:
parce que en passant de la section A à la section B il y a eu cette fois dissipation d'énergie soit
sous forme linéaire soit singulière. La somme de départ, la charge du fluide en A et celle
apportée par la pompe au fluide ne peut se retrouver totalement sous forme de charge du
fluide en B, elle lui est supérieure en raison de la transformation d'une partie de cette charge
en chaleur. Si nous désignons par et les pertes de charge linéaires et singulières
respectivement, alors la relation précédente doit être corrigée comme suit:
ou
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cette relation montre clairement comment se fait la répartition de l'énergie apportée par la
pompe au fluide en circulation. Une partie sert à compenser les pertes de charge. Leur
estimation devient nécessaire pour déterminer la puissance de la pompe.
Ici, nous nous intéressons à la perte de charge linéaire le long d'une conduite de longueur et
diamètre , c'est à dire à la dégradation de l'énergie mécanique (potentielles et cinétique)en
chaleur. Considérons une canalisation horizontale dans laquelle circule, avec une vitesse
moyenne un fluide de masse volumique et de viscosité dynamique .
nous constatons que la charge dans la section B (fin de la conduite) est inférieure à la charge
dans la section A (début de la conduite) à cause de la perte de charge, conséquence de la
dissipation visqueuse active le long de la conduite. Le régime étant permanent et l'écoulement
établi, alors nous pouvons écrire (ici :
nous avons écrit ,parce que l'écoulement est établi, donc nous avons le même
profil de vitesse en A et en B. La vitesse moyenne est la même dans les deux sections
puisqu'elles sont identiques. De plus , la conduite étant horizontale. La relation
précédente devient alors:
Ce résultat final montre deux choses. D'abord que la dissipation visqueuse, ou la perte de
charge, se répercute sur l'énergie potentielle de pression; la pression diminue le long de la
conduite. L'énergie cinétique, elle, se conserve. L'estimation de revient donc à estimer
.
Il nous faut une formule, dans le langage de l'ingénieur, pour pouvoir calculer Nous avons
déjà un début de solution puisque ce problème a déjà été envisagé en analyse dimensionnelle.
Nous savons que l'on peut écrire:
ou bien
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ou encore
Si nous comprenons bien que la dissipation visqueuse se fait de manière homogène par
tranche d'épaisseur puisque l'écoulement est établi, il est légitime de dire que la chute de
pression est proportionnelle à . Donc la relation fonctionnelle précédente par rapport au
groupement peut s'écrire sous la forme:
Nous avons progressé sans résoudre d'équations. Il suffit de connaitre la fonction pour
estimer la perte de charge. Cette fonction est appelée coefficient de perte de charge linéaire et
on la note généralement. La relation précédente devient:
est donné soit sous forme d'abaque (diagramme de Moody), soit sous forme de corrélation
empirique, par exemple dans le cas d'un écoulement turbulent dans une conduite lisse, on peut
utiliser la formule de Blasius:
applicable pour des nombres de Reynolds ne dépassant pas . Notons que jusqu'à présent
nous n'avons pas parlé de l'influence de la rugosité de la paroi interne des conduites. Il faudra
alors introduire une nouvelle variable caractérisant la dimension de ces aspérités. Comme
c'est une longueur, il est aisé de deviner qu'un autre rapport de forme apparait et qui formera
le groupement sans dimension . Le coefficient sera alors fonction de et ,
c'est à dire du nombre de Reynolds et . Dans la littérature, le lecteur pourra trouver
plusieurs corrélations empiriques donnant . Nous invitons le lecteur à faire ce travail et de
comparer entre elles différentes relations par leurs représentations graphiques afin qu'il puisse
apprécier les différences.
Une autre relation classique est celle qui caractérise l'écoulement laminaire permanent dans
une conduite, nous montrerons plus loin comment l'obtenir analytiquement. Elle s'écrit:
Pour les pertes de charge singulières, et par analogie à la perte de charge linéaire, nous
utilisons la relation suivante:
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Nous ferons deux commentaires. Le paramètre Longueur n'apparait pas parce qu'il n'a pas
de sens ici. Nous avons écrit parce que nous devons partir de la définition de la perte de
charge, à savoir:
Nous constatons que l'énergie cinétique peut ne pas être conservée. C'est ce résultat qui est
écrit sous la forme précédente :
Cette relation définit en même temps le coefficient de perte de charge singulière, mesuré
comme le suggère le développement, c'est à dire , nous mesurons , et puis nous
déduisons , sachant que est la vitesse moyenne dans la conduite de petit diamètre. Là
aussi, il y a dans la littérature technique beaucoup de données sur généralement sous forme
d'abaques et rarement par une corrélation empirique, les singularités étant souvent complexes.
Les entreprises qui fabriquent les organes de contrôle pour l'industrie des hydrocarbures, par
exemple, procèdent aux expérimentations nécessaires pour fournir aux utilisateurs de ces
singularités les abaques utiles pour l'estimation de dépendant des conditions de
fonctionnement.
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