Vous êtes sur la page 1sur 11

Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 1

Notions de Similitude et Analyse Dimensionnelle

3.1- Introduction :

L’analyse mathématique seule est insuffisante pour résoudre tous les problèmes que
l’on peut rencontrer en MDF comme dans d’autres domaines et cela malgré les progrès
énormes réalisés en analyse mathématique et dans les moyens de calcul. Dans ces conditions,
l’expérimentation reste encore bien souvent la façon la plus sure, la plus rapide et la moins
onéreuse pour résoudre un problème donné.

Pour aborder au mieux les expériences, on se rend compte que le choix des paramètres
et de l’analyse de la façon dont ils interviennent sont très importants. En réalité lorsqu’on
parle en pratique d’essais, il faut distinguer ceux effectués sur des prototypes et ceux sur
maquettes. Des deux, les essais sur prototypes sont meilleurs mais ont l’inconvénient d’être
très couteux car le nombre de facteurs qui interviennent est assez important et l’action de
chacun d’eux est très difficile à déterminer. Pour avoir cette raison, en MDF, on préfère de
loin avoir recours aux essais sur maquettes, répliqués de petite échelle des prototypes à
construire.

Pour pouvoir extrapoler les résultats des essais effectués sur maquettes aux
prototypes, il faut qu’il y est similitude mécanique qui comprend les trois similitudes
suivantes : géométrique, cinématique et dynamique.

3.2- Similitude géométrique :

La similitude géométrique entre maquette et prototype a lieu si les rapports de toutes


les longueurs correspondantes du modèle et du prototype sont égaux :

La similitude impose aussi :

Dans certains cas, il n’est pas possible de respecter rigoureusement ces conditions car cela
entrainerait sur la maquette des hauteurs (ou des longueurs) trop faibles pour pouvoir
effectuer des mesures de façon correcte (les tensions superficielles seraient, à l’inverse du cas
du prototype, trop importantes). Dans ce cas, on accepte une certaine distorsion pour la
longueur correspondante.

La similitude géométrique peut être exprimée par l’égalité des rapports sans dimensions des
longueurs homologues de la maquette et du prototype. Ces rapports relatifs, aussi bien propres
à la maquette qu’au prototype, ont la forme :
Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 2

Où :

Des expressions (3.1) et (3.2), on peut obtenir :

En effet, on a :

3.3- Similitude cinématique :

La similitude cinématique est assurée si :

- Les parcours des particules homologues en mouvement sont géométriquement


semblables,

- Les rapports des vitesses homologues sont égaux :

D’où :

Ou sous forme adimensionnelle on aura (une fois Vrp et Vrm sont choisies comme echelles des
vitesses pour le prototype et pour la maquette) :

La similitude des vitesses entraine celle :

- Des accelerations :

- Des débits :

Pour la similitude des phénomènes instationnaires, il faut qu’on observe encore la


similitude temporelle. Désignons par tp et tm les intervalles de temps pour le prototype et la
maquette et, par Tp et Tm les intervalles de temps pris comme échelles des temps.
Introduisons les intervalles de temps sans dimension : tsd=t/Tr .
Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 3

D’où, en des instants homologues des temps sans dimensions (pour la maquette et pour le
prototype) sont les mêmes :

La condition (3.5) ne peut être observée que si la condition (3.6) est observée.

3.4- Similitude dynamique :

Pour des systèmes géométriquement et cinématiquement semblables, la similitude


dynamique sera assurée si les rapports entre les différentes forces homologues sont égaux.
Notons que dans le cas des liquides homogènes, il est évident que si la condition de similitude
géométrique est observée celle des masses le sera aussi :

Cette condition est valable quelque soit le milieu homogène.

Dans le cas général, les conditions de similitude dynamique sont déduites de la loi de
mouvement de newton :

Etablissons les conditions de similitude dynamique pour les ecoulements ayant lieu dans le
prototype et dans la maquette. Pour cela, ecrivons les equations de Navier Stockes sous forme
vectorielle :

Chaque terme de cette equation traduit une certaine forme d’energie :

Introduisons dans les equations de NS les termes sans dimensions :


Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 4

Les grandeurs Lr, Vr, Tr et Pr sont des grandeurs constantes dites de référence.

D’où il vient :

Dans la dernière équation, toutes les dérivées sont sans dimension. En divisant tous les termes
de cette équation par , on aura :

Dans cette équation, on a :

Etablissons à présent les conditions de similitude dynamique pour les écoulements ayant lieu
dans le prototype et dans la maquette. Pour cela, écrivons l’équation précédente pour la
maquette et le prototype :

Puisqu’on admet qu’il y’a similitude géométrique et similitude cinématique et par


conséquent :
Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 5

Ainsi pour que les équations précédentes écrites pour la maquette et pour le prototype soient
identiques, il est nécessaire et suffisant que les coefficients des mêmes dérivées partielles
soient égaux. Donc :

Dans le cas général du mouvement d’un fluide réel visqueux incompressible, l’écoulement est
caractérisé par les quatre conditions de similitude (3.7) auxquelles on pourra ajouter la
condition qui tient compte des forces de tension superficielle qui sont traduites par le nombre
de weber :

Dans certains cas particuliers, l’effet d’une ou de plusieurs forces est négligeable et même
nul. Dans le cas des écoulements des liquides, la pesanteur, la viscosité et/ou l’élasticité sont
les plus importantes mais n’interviennent pas simultanément.

Pour les écoulements liquides dans des conduites circulaires, la condition de similitude, et du
fait que les forces de viscosité sont prépondérantes, est donnée par l’égalité des nombres de
Reynolds et :

Pour une canalisation circulaire Lr=D, d’où :

Cette dernière relation exprime la loi de similitude de Reynolds : la similitude mécanique des
courants (des fluides visqueux) géométriquement semblables exige que les nombres de
Reynolds calculés pour deux sections homologues quelconques de ces courants soient égaux.
Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 6

3.5- Analyse dimensionnelle :

Les principales relations ou conditions de similitude qu’on a établie avaient pour base
des équations donnant une description mathématique du phénomène étudié sous forme
d’équations différentielles.

Dans certains cas (phénomènes assez compliqués), il est impossible d’établir des
différentielles ou autres : on fait alors appel à l’analyse des dimensions tout en composant ou
en mettant à disposition une liste complète des grandeurs physiques qui influent sur le
phénomène envisagé. Cette liste est, dans la plus part des cas, fournie par l’expérience
accumulée et par certaines considérations physiques.

a) Ainsi sur la base des expériences, on a constaté que les pertes d’énergie dues au
frottement du fluide dans une canalisation, caractérisées par ΔP , sont :

- Proportionnelles à la longueur L de cette conduite,

- Dépendant des paramètres suivants : diamètre D de la canalisation, de la densité ρ et


de la viscosité ν du fluide, de la rugosité relative ε/D de la paroi de la conduite (ε
étant la rugosité absolue) et de la vitesse de ce fluide V :

Où les indices 1 et 2 sont deux points de la conduite).

Sur la base d’un principe simple qui consiste à dire qu’on ne peut additionner deux termes
que s’ils possèdent les mêmes unités, alors l’idée qui découle de ce principe est de
représenter cette différence de pressions sous une forme de produit des grandeurs, dont
chacune est élevée à une certaine puissance qui est à définir;

L’expérience montre que la plupart des dimensions peuvent être exprimées à l’aide de
certaines unités principales. Dans le système S.I., les principales unités sont :

Kg pour la masse, s (seconde) pour le temps, m (mètre) pour les distances.

Les autres grandeurs ont pour unités des combinaisons de ces trois unités. Le tableau suivant
donne les relations des principales grandeurs qui peuvent intervenir lors des écoulements :
Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 7

Quantité Unité en S.I. Quantité Unité en S.I.

Surface m2 Viscosité μ Kg. m-1.s-1

Volume m3 Viscosité ν m2.s-1

Vitesse m.s-1 Puissance Kg. m2.s-3

Vitesse angulaire rad/s ou s-1 Moment Kg. m2.s-2

Force Kg.m.s-2 Debit volumetrique Q m3.s-1

Pression Pa=N/m2=Kg.m-1.s-2 Debit massique Qm Kg..s-1

Accélération m.s-2 Densité (masse volumique) Kg. m-3

Poids spécifique Kg. m-2.s-2

Ecrivons l’équation (3.9) sous forme d’égalité entre les unités de grandeurs intervenantes :

D’où :

On a cinq inconnues (a,b,c,d,e) et on ne dispose que de trois équations. D’après le système


(3.10), on obtient :

D’où :

En divisant par 2ρg et on obtient :

Ou encore :
Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 8

L’expression

est dite formule de Darcy où la valeur de λ est déterminée expérimentalement.

b) Détermination de la puissance hydraulique P d’une pompe :

En admettant que cette puissance est fonction de la masse volumique ρ, de l’accélération


g, du débit Q et de la hauteur fournie par cette pompe au circuit hydraulique :

L’équation en dimension s’écrit donc :

D’où :

On a deux équations et trois inconnues. On démontre expérimentalement que la puissance


est proportionnelle à g (d’où : b=1) :

De même, on démontre que le coefficient K est égal à 1 :

P=ρ.g.Q.H (3.13)

Notons que la méthode de l’analyse dimensionnelle exposée n’est en réalité utilisée telle
qu’elle a été présentée que lorsque le nombre de variables intervenant dans le phénomène
étudié est égal ou supérieur à 4. En effet lorsque le nombre de variables est supérieur (ou
même égal) à 4, on préfère utiliser le théorème en pi de Buckingham qu’on peut énoncer
suite : si l’on dispose de ‘n’ quantités physiques X (par exemple : V, A, H, ρ,….) et ‘t’
unités fondamentales (en hydraulique, on se limite à t=3 càd Kg, m et s). On peut écrire
alors :

F(X1, X2, X3,……, Xn)=0

Cette dernière expression peut être mise sous la forme :

G(П1, П 2, П 3,……, П n-t)=0

Où chaque terme en pi(П) ne dépend que de (t+1) quantités physiques Xi et est un


monôme des quantités indépendantes. Ces termes en П sont sans dimensions.

Pour appliquer ce théorème, on pourra suivre le mode opératoire suivant :


Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 9

a- Pour un phénomène physique donné, noter les dimensions des grandeurs qui
interviennent (une fois leur liste établie) et prendre (n-t) termes en П. Si une des ‘n’
grandeurs physiques est sans dimension, elle sera prise comme étant l’un des (n-t)
termes en П.

b- Choisir ‘t’ des ‘n’ grandeurs X et, ou encore ne doit ni être sans dimensions ni ayant
les mêmes unités d’une autre des ‘t’ grandeurs choisies. Notons que les ‘t’ unités
principales doivent se retrouver dans les ‘t’ grandeurs choisies.

c- Exprimer le premier terme en П comme étant le produit des ‘t’ grandeurs choisies dont
chacune d’elles est élevée à un exposant inconnu et, de l’une des (n-t) grandeurs
restantes qui elle est élevée à un exposant connu (on prend généralement comme
exposant l’unité).

d- Repeter la même operation (c) pour les termes en П successifs tout en :

 Gardant les mêmes ‘t’ grandeurs choisies

 Exprimant un terme en pi comme étant le produit de ces mêmes ‘t’ quantités


élevés à d’autres exposants inconnus et d’une autre quantité restante, parmi les
(n-t) grandeurs, non choisie déjà dans les expressions des termes en pi précédent.

e- Pour chaque terme en pi, trouver les exposants inconnus en utilisant l’analyse
dimensionnelle.

Applications :

1) Cas de la chute de pression :

F (ΔP, L, D, μ, ρ, V, ε/D) = 0

Les unités qui interviennent sont le Kg, m et s ; d’où : t=3. Le nombre de grandeurs est
n=7.

Par conséquent on aura : n-t=7-3=4, soit 4 termes en П.

Choisissons la vitesse V, le diamètre D, la densité ρ comme variables qui se répètent avec les
exposants inconnus. Les termes en pi seront alors :

П1=

П2=

П3=

П4=
Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 10

En utilisant les unités, on trouve :

 Pour le terme П2 :

 Pour le terme П3 :

 Pour le terme П4 :

Reportant :

Résolvons par rapport à ΔP


Chapitre 3- Similitude et Analyse Dimensionnelle 11

L’analyse d’un grand nombre de mesures de ΔP montre que cette grandeur est fonction du

raport L/D élevé à la puissance 1, donc peut écrire :

Multiplions les deux membres de cette équation par

Ainsi nous obtenons la formule de Darcy (3.11).

2) Expression de la puissance fournie par une pompe :

Sachant que cette grandeur est fonction du poids spécifique du fluide , du debit Q, et
de la hauteur de pression fournie, on peut écrire :

On a n=4 et t=3, d’où on aura un terme en pi ; soient , Q , et H les grandeurs à


elever à des exposants inconnus :

D’où :

Reportant :

D’où l’on tire l’expression :

Avec k=П comme et d’après l’expression k=1, on a finalement :

Vous aimerez peut-être aussi