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Chapitre 3 : Formulation différentielle et formulation variationnelle


d’un phénomène

Le modèle mathématique résulte de l’étude théorique du phénomène. De ce fait,


il dépend des hypothèses admises pour la géométrie, le comportement du matériau, le
choix des paramètres considérés comme significatifs (refus de prendre en compte les
effets thermiques, la fatigue,…), la simplification mathématique (linéarisation par
exemple),…

Il est évident que l’utilisateur doit connaitre le modèle qui se trouve derrière une
méthode numérique pour décider si celle-ci est utilisable pour la résolution de son
problème.

1.) FORME FORTE OU FORMULATION DIFFERENTIELLE

La formulation complète d’un problème comprend les aspects suivants :

(1) Nombre de coordonnées spatiales : 1D, 2D ou 3D. les coordonnées


correspondantes sont notées respectivement , et .
(2) Dépendance temporelle. Dans les problèmes dynamiques, les inconnus
varient avec le temps . Le cas échéant, il faut alors aussi considérer le
temps comme un paramètre indépendant. En pratique, les variations
temporelles ne peuvent être étudiées que par le biais d’une technique
itérative aux différences finies.
(3) Délimitation du domaine de définition des variables. Il s’agit de délimiter
le volume dans lequel les équations du problème sont applicables. Le
pourtour de ce volume peut avoir une forme très complexe et n’est pas
nécessairement une surface extérieure : le domaine de définition peut
comporter des trous. Quoi qu’il en soit, la normale positive au contour
est dirigée vers l’extérieur.

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(4) Identification des inconnues principales : ces inconnues principales sont


toutes les grandeurs qu’il faut connaitre pour décrire complètement le
phénomène. Pour l’étude des solides élastiques, il s’agit généralement des
déplacements mais on peut aussi considérer les déformations angulaires,
la température, la tension électrique, le potentiel hydraulique, ainsi de
suite.

Le degré de difficulté de l’étude théorique et de sa traduction numérique pratique


augmente avec le nombre d’inconnues principales.

(5) Lien entre les inconnues principales et les grandeurs dérivées. Ce lien est
parfois de nature purement physique (les lois de la cinématique par
exemple) mais peut aussi être une loi constitutive, dépendant d’un certain
nombre de propriétés matérielles (la loi de Hooke par exemple).
(6) Les équations différentielles. Que le problème soit décrit par ses dérivées
partielles par rapport aux coordonnées spatiales, montre que l’on suppose
que le matériau est continu. La dérivée est un opérateur linéaire, ce qui
signifie que l’application de cet opérateur à une combinaison linéaire de
fonctions est égale à la combinaison linéaire de fonctions séparées.

En général, l’ordre des équations différentielles est égal à (donc un nombre


pair) : de là la notation pour l’opérateur considéré. Les équations différentielles
expriment le lien entre les inconnues principales et les « forces » imposées ,
lesquelles dépendent éventuellement de et . La forme générale est :

Lorsque les forces ne dépendent que des coordonnées spatiales, le problème est
linéaire. Dans le cas contraire, il faudra généralement trouver la solution numérique de
manière itérative. Comme exemple d’équations différentielles, on présente l’équation
du mouvement d’un solide linéaire élastique.

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(7) Les conditions initiales. Avec des équations d’ordre , il faut fixer
conditions aux limites le long du pourtour . Ces restrictions aux fonctions
cherchées peuvent se rapporter aux inconnues principales mêmes ou à leurs
dérivées jusqu’à l’ordre . Ainsi, on écrit :

Par la suite, il est utile de distinguer les conditions aux limites essentielles qui
se rapportent directement aux inconnues principales le long de la partie du
pourtour , des conditions aux limites naturelles, qui sont plutôt relatives aux dérivées
des inconnues principales le long de la partie du pourtour .

Dans le cas de l’élasticité linéaire, ces deux types de conditions aux limites
s’expriment comme suit :

 Conditions aux limites essentielles (CLE) :


 Conditions aux limites naturelles :

Remarquons cependant que si le phénomène dépend aussi du temps, il faut


également donner les conditions initiales (CI) en plus des conditions aux limites
précitées :

L’ensemble de la formulation mathématique du problème constitue ce qu’on


appelle sa forme forte ou formulation différentielle.

2.) EXERCICE D’APPLICATION

Une barre droite de longueur et de section constante est sollicitée par des
forces volumiques dirigées suivant l’axe de la barre (direction ).

La section d’extrémité d’abscisse est aussi soumise à des charges


surfaciques . A l’extrémité d’abscisse , on impose un déplacement .

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Déterminer la forme forte ou formulation différentielle du phénomène observé.

RESOLUTION

Vu la géométrie du solide et la nature des sollicitations et des conditions aux


limites, il s’agit de toute évidence d’un problème unidimensionnel. Si l’on admet en
outre que le solide est immobile ( ), la formulation générale de ce problème se
ramène aux cinq (05) expressions suivantes :

 Equation d’équilibre (translation suivant ):

 Loi de Hooke :

 Loi de la cinématique :

 Condition aux limites essentielle (de nature géométrique – relative aux


inconnues principales) :

 Condition aux limites naturelle (de nature physique) :

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Pour passer à la forme forte du problème posé, nous introduisons les lois de
Hooke et de la cinématique dans l’équation d’équilibre.

On trouve ainsi :

Le système d’équations qu’il nous faut résoudre prend finalement la forme


suivante :

Remarquons que si les formes volumiques ne sont pas intégrables, il n’existe


pas de solution analytique exacte et on est réduit à chercher une solution numérique
approchée.

3.) FORME FAIBLE OU FORMULATION VARIATIONNELLE

Dans ce cas-ci, les résidus ont exactement la même expression que


l’équation différentielle. Pour la solution exacte, on admet qu’ils sont nuls pour toutes
les valeurs de .

On multiplie maintenant cette expression par une fonction de pondération


arbitrairement choisie. On verra plus loin qu’il faudra imposer deiverses exigences à
cette fonction de pondération.

Mais la dérivée première de est égale à :

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Introduisons ce résultat obtenu par intégration par parties dans l’expression de .

Exprimons maintenant que l’intégrale du résidu pondéré doit être nulle sur tout le
domaine de définition.

Dans la dernière intégrale, on retrouve le gradient du produit . Il est donc possible


d’appliquer le théorème de la divergence pour remplacer cette intégrale de volume par
une intégrale de surface le long du pourtour extérieur du solide. A cet effet, il ne faut
tenir compte que de la composante de la normale extérieure au contour suivant la
direction axiale de la barre (la dérivée dans ).

Dans cette expression, est la composante de la normale au contour projetée sur


l’axe longitudinal de la barre. Vu la géométrie du problème, les sections terminales
sont les seules parties du solide ayant une composante différente de zéro. Il s’en
suit :

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Les sections et sont toutes deux égales à la section de la barre. La


contrainte est fixée (CLN). Grâce au passage à la forme faible, il est dès lors
assez facile de tenir compte des conditions aux limites naturelles. En revanche, la
contrainte n’est pas connue à l’extrémité où l’on a une condition aux
limites essentielles (relative à l’inconnue). C’est pourquoi, on exigera désormais que la
fonction de pondération soit nulle sur la partie du pourtour où des conditions aux
limites essentielles sont imposées.

On obtient finalement la forme faible ou formulation variationnelle du problème posé :

Dans le premier membre de la forme faible, on trouve l’intégrale du produit des


dérivées premières des fonctions inconnues ( et ).

Pour présenter une solution, cette intégrale ne peut pas devenir infiniment grande.
Voilà pourquoi ces deux dérivées premières doivent être quadratiquement intégrables
d’un point de vue mathématique : les fonctions inconnues doivent de ce fait être
cherchées dans l’ensemble des fonctions .

La formulation variationnelle est également appelée forme faible parce que les
fonctions cherchées ne doivent plus qu’être une fois dérivable. Il faut de ce fait
chercher les solutions dans l’ensemble des fonctions de classe de continuité au lieu
de . Les exigences de continuité de la solution sont donc moins sévères que dans la
formulation différentielle. On constate en revanche qu’il faut également utiliser une

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fonction de pondération . On verra plus loin qu’il n’est pas nécessaire de connaitre
les valeurs de la fonction de pondération : seule sa forme importe.

CONCLUSION

Il est assez évident que la solution analytique semble être la meilleure méthode,
tant sur le plan de la précision (la solution est exacte) que du point de vue de la facilité
avec la quelle on trouve la solution. Toutefois, cela n’est vrai que parce que les forces
volumiques sont deux fois intégrables.

Par ailleurs, les techniques numériques de résolution de problèmes différentiels


sont basées sur la forme faible des équations différentielles (formulation intégrale).

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