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Cahiers du Témoignage

chrétien

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Cahiers du Témoignage chrétien. 1942-10.

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CAHIERS
d u
TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN

X & XI

Collaboration
et Fidélité

Octobre - Novembre 1942


TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN

«Il n''ya pas de doute que notre monde actuel ne soit une prison de l'esprit,
avant d'être
une prison du corps, qu'il est aussi.
pas pour nous une
L'honnêteté exige que nous ne refusions pas de voir ce qui est vrai ; et ce n'est
affaire, puisque notre conscience est déchirée par deux
puissances, celle qui nous donne le mensonge et celle qui nous refuse la vérité.
C'est notre droit et notre devoir d'être doublement prudents et méfiants, quand
qui nous parlent nous mettent dans l'impossibilité de recevoir autre chose
ceux

que
ce qu'ils disent. »
donc alerte ainsi notre vigilance ? C'est la Voix du Vatican, que
Qui
entendre chaque soir sauf le dimanche) à 21 heures, sur 49, 96 et 50, 26.
devez
vous
Radio-Vatican a de bonnes raisons pour parler ainsi. Elle sait que la censure,
en
tout pays sous le contrôle de la police nazie, « nous refuse la vérité » et que
propagande « nous donne le mensonge ».
la

Fils lumière, les chrétiens doivent savoir et ils doivent, témoigner. Sur leur
deà eux, qui est celui du Règne de Dieu et de sa Justice, nul opportunisme,
plan

nulle crainte charnelle ne peuvent les dispenser de


ce témoignage qu'ils doivent
opposer « à la caricature de la justice, à la caricature de la vérité, à la carica-
ture, hélas ! de l'honneur
».
Les Cahiers du Témoignage Chrétien sont nés de cette constatation
veulent répondre à cet appel.
et ils
Ils témoignent pour des chrétiens qui ont pleine conscience de leurs respon-
sabilités présentes ; qui, engagés dans la tragédie de leur temps, perçoivent
l'immense péril où se trouve le peuple chrétien, le peuple de France tout entier.
de voir étouffé cet esprit chrétien qui les a formés l'un et l'autre, de voir
Péril
chaînée cette liberté de l'esprit chrétien sans laquelle aucun pouvoir ne pourra
sauver l'âme de la France, —-ni même
sa chair. Péril de l'envoûtement progres-
réalisé
sif

conscients ou inconscients. Péril


par
la propagande nazie, qui trouve chez nous trop de serviteurs,
desmensonges et des camouflages quotidiens
de la presse, de la radio, du cinéma. Péril des silences imposés par
domine le pouvoir occupant une censure
que
ou contrôlant.
On dira peut-être
que l'erreur nazie n'est pas la seule, et qu'il y a d'autres
périls. Nous ne le contestons pas. Mais pour dénoncer ces autres périls, la
berté de la plume et de la parole reste entière. Il y a même bien des manières
les combattre qui ne font qued les aggraver. Nos Cahiers portent leur témoi-
age là où nulle voix peut se faire entendre publiquement, là où la tentation
ne
plus immédiate ou plus enveloppante.

»point
est

demeurent strictement sur le plan chrétien. Ils ne donnent aucune consigne


Ils
«politique parce que ce n'est point leur affaire et parce que la fidélité chré-
tienne
ne suffit à déterminer, à elle seule et directement, les options poli-
tiques. Si, dans l'actuel désarroi des esprits et dans le trouble des consciences,
en face de la veulerie d'un trop grand nombre dont
on attendait plus de dignité,
se sentent unis à tous
ils
ceux qui ne se résignent pas à laisser avilir la France,
c'est que le patriotisme est une vertu ; c'est que fidélité chrétienne et honneur
sont intimement associés. Mais ils ne sortent pas pour autant du seul
national

qui est le leur.


terrain

Nous attestons (et nul ne peut le contester sérieusement) que toute « colla-
boration »
économique ou politique avec la puissance nazie, dans des circons-
tances où collaboration signifie sujétion, entraîne
un proche danger de sujétion
domaine de la culture. Or la « culture » nazie est foncièrement anti-
le
dans

chrétienne, et ni les déclarations répétées des chefs nazis ni leurs actes renou-
ne sont à cet égard le moins du monde
velés
rassurants. Nous voulons donc mon-
tous le chrétiens, et tout autant à ceux qui, sans être croyants, sont atta-
trer
à

plus
chés qu'ils ne le pensent aux principes d'une civilisation chrétienne, que,
plan de l'esprit, le devoir est de résister et d'organiser la résistance
sur
ce
au
nazisme. Plus celui-ci "fera sentir fortement sa domination sur notre France,
plus il importera que cette résistance spirituelle devienne lucide et ferme.
Nous sommes de simples chrétiens. Nous ne parlons au nom d'aucune auto-
rité. Mais nous cherchons à informer honnêtement les consciences. Nous rappor-
tons des faits contrôlés et des documents authentiques. Nous rappelons les direc-
tives doctrinales émanées des chefs de l'Eglise. Ce faisant, nous accomplissons
le devoir qu'a tout croyant, engagé dans la vie temporelle, de porter témoignage
de sa foi, de la garder contre la corruption, de la défendre quand elle est mena-
cée. Ce serait une grande, erreur, fruit d'une grande lâcheté, que d'attendre pour
le faire, en toute circonstance, d'en avoir reçu officiellement mission. Les Cahiers
du Témoignage Chrétien sont le témoignage de chrétiens nombreux et divers
qui, sans arrière-pensée politique et sans prétendre engager d'aucune manière la

hiérarchie, s'engagent à fond comme chrétiens.

FRANCE...
prends garde de perdre ton âme !
[Le tirage du premier Cahier a été très insuffisant. En raison de son impor-
tance, nous le reproduisons presque textuellement ; il est plus actuel qu'il y a

un an.
« Un peuple entier est en train de perdre son âme », c'est ainsi qu'un
prélat
allemand caractérisait la situation de son pays, au moment où la marée nazie
commençait do le submerger.
Il y a plus des deux ans, la France était à son tour submergée et elle perdait
la libertés. Non seulement la libertés politique, à laquelle elle devait renoncer en
raison do sa défaite, mais aussi sa liberté spirituelle qu'elle entendait cependan
sauvegarder par un armistice conclu dans l'honneur. C'était mal connaître son
adversaire, qui n'est plus l'Allemagne impériale do 1914, mais l'Allemagne
hitlérienne. A celle-ci, il ne suffit plus d'asservir le corps des nations, il lui faut
également domestiquer leur âme, leur faire renier leurs raisons de vivre, pou
être plus assurée de leur soumission. Depuis deux ans, à côté du travail poli-
tique, toute une action souterraine proprement spirituelle s'est déployée, qui

tend à nous faire renoncer à ces valeurs chrétiennes, patrimoine commun, par
delà toutes les divisions de surface, de nos différentes familles spirituelles. De

cette action, le but dernier est l'asservissement de l'âme même de la France.


Ces, pages entendent se borner strictement à cet aspect spirituel de la situation
présente, mais elles voudraient ouvrir les yeux do tous les Français soucieux
encore des valeurs humaines et chrétiennes :
I. — Sur le caractère foncièrement antichrétien de la mystique qui inspirele
nazisme.
II. — Sur les procédés sournois de pénétration et de persécution employés par

l'esprit hitlérien.
III. — Sur leur application en France et les résultats déjà obtenus.
I. — Le National-Socialisme, mystique antichrétienne.

Il n'est pas
catholique qui no sache que le bolchevisme a entrepris d'ex- un
tirper la religion par
une persécution violente. Beaucoup, par contre, ignorent
que
le
national-socialisme est en son fond radicalement opposé au christianisme
partout où il domine, il déchaîne une persécution, aux dehors moins
etque

violents, mais plus dangereuse et plus totale encore que le communisme.


Cette persécution est d'abord : 1° un fait constant ; 2° une conséquence néces-
saire de doctrine même du national-socialisme ; 3° fait et nécessité, reconnus
la
par l'Eglise, expliquent la condamnation portée par l'Encyclique Mit breunender

Sorge.

DE LA PERSECUTION : Il est nié soit par les Allemands,


1°LE FAIT
propagandistes du nazisme, soit par des étrangers qui ont circulé en passant en
Allemagne ou y ont séjourné sans voir contre les chrétiens de scènes analogues
progroms contre les Juifs. Cependant, le fait est certain.
aux

EN POLOGNE,
la persécution a été déchaînée aussitôt après la conquête et
et que la formes les plus violentes, parce qu'on ne craignait pas d'indiscrétion
Voir les population ne méritait aux yeux des persécuteurs aucun ménagement.
Voir les exemples et les chiffres cités par J. Lebreton
: L'occupation allemande
Pologne. La lutte contre le peuple et sa foi, Etudes. 5 juin 1940. Nous y
en

acrerons un prochain Cahier.


qu'on Allemagne la mise au pas s'est effectuée plus vite et plus radicalement
Allemagne. Elle a comporté la suppression de toutes les associations
qu'en

catholiques, spécialement colles de la jeunesse, la suppression de plusieurs


de théologie et de la moitié des petits séminaires, la clôture de nom-
Facultés

couvents, la dispersion de leurs membres.


breux

EN ALSACE ET EN LORRAINE,
la mise au pas n'a demandé que quelques
mois. Suppression de tout enseignement catholique, expulsion des évêques de
Strasbourg et de nombreux prêtres, sans parler des laïcs do tout genre.
Metz
et

suffit d'avoir rencontré un de ces expulsés, pour avoir recueilli de sa bouche


Il

exemple des procédés odieux appliqués par le nazisme persécuteur. Un


quelque
est Cahier en
préparation.
ALLEMAGNE même, où le national-socialisme a été obligé de
Mais
EN
prendre

pouvoir
toutessortes de ménagements, la, persécution sévit depuis la prise du
par Hitler et s'est même intensifiée pendant la guerre. Sans doute, les
restent
églises ouvertes et peuvent être, en apparence au moins, librement fré-
quentées, mais toute la machine d'Etat est, employée à faire le vide autour
de façon à faire périr la vie chrétienne par une lento asphyxie. Cf. les
d'elles

de Robert d'Harcourt : Catholique d'Allemagne et L'Evangile de la Forte.


livres
de

Lebreton La croix gammée contre la Croix du Christ, Etudes, 5 mars 1940


J.

et Kurt Türner
:
: Noël sous la croix gammée, « Vie Intellectuelle », janvier

1639. La persécution religieuse en Allemagne, « Vie Intellectuelle », janvier

1937.

Citons
ces détails récents, publiés par Radio-Vatican dans son émission du
28 mars 1941
«Un grand nombre de maisons et d'institutions sont fermées. Nous déjà
donné la
avons
ouvents ainsi enlevés, le nombre n'en a fait, que croître.
ecrutement est devenu très difficile. Une loi du 29 septembre, en effet, édictée
par
leils
Ministre
Le

teraient

poste

du Travail, ordonne que tous jeunes hommes, toutes jeunes filles qui manifes-
désir d'entrer en religion soient dirigés par le Bureau du Travail vers
se mettront au service de l'Etat. un
Associations religieuses sont soumises à un règlement analogue et sont, par
«Les

condamnées à l'extinction.
séquent,
con-
les religieux expulsés de leurs maisons le sont en quelques heures et sans
«Souvent,
que le prétexte
apparence d'indemnité. Ils doivent abandonner l'espoir d'y rentrer, bien n'exista
employé pour les en faire sortir, donner un gîte aux Allemands rapatriés, plus
plusen

certains cas, les maisons ayant été immédiatement employées à d'autres fins.
Bon nombre de propagandistes répandent l'idée qu'il faudra reculer l'entrée dans
«
l'Eglise et le baptême jusqu'il la vingtième année. Avant cela, les enfants, sans grâces
sacramentelles, sans instruction religieuse, devront affronter l'ambiance, le service du

travail, les divers services, et recevront exclusivement les enseignements du régime.


« Toute
l'éducation en Allemagne doit se faire dans la ligne de Rosenberg, l'auteur du

Mythe du XXe siècle. Le chef de la jeunesse allemande lui-même affirme que Rosenberg
catholique est donc
est le seul directeur spirituel de la jeunesse allemande. Le jeune uniquement me-

nacé, d'une part, de vivre, de grandir dans une atmosphère païenne et,
pourrait faire contre-poids
d'autre part, de ne recevoir aucune instruction religieuse quireligieux.
Il devient de plus en plus difficile de donner l'enseignement En effet, le prêtre
trouve
De

la leur faire parvenir.


souvent fermée la porte de l'école dans laquelle il lui est encore possible d'entrer.
plus, il vit dans l'appréhension continuelle d'être dénoncé pour manque de civisme.
Il est considéré comme se trouvant hors la vie de la nation, systématiquement ignoré
prestige est chaque jour plus mince. Il n'a que des contacts restreints avec les nesoldats
de sa paroisse, et même quand ceux-ci lui demandent de la lecture religieuse, il

« Il n'est pas àrare que des employés, des


place inférieure celle qu'ils occupaient
fonctionnaires soient obligés de prendre
s'ils sont accusés ou soupçonnés d'etre membres
fidèles de l'Eglise de Rome. Les offices ont été supprimés, l'avancement des fonctionnaires
a été empêché pour les mêmes
motifs ; la réception des sacrements, la fréquentation
peut

une

de

l'Eglise peuvent avoir des conséquences.


« Les quelques bulletins paroissiaux
qui restent encore et qui servaient à garder de

contact entre le clergé et les fidèles, doivent être employés avec unedetelle circonspection
qu'ils en deviennent presque inutiles. Ces petites feuilles, menacées desuppression,
chaleur, et
sont
sans cesse accusées de ne pas prendre parti pour le régime avec assez
c'est

tout ce qui reste de la presse catholique.


« De plus la menace d'une religion nationale
paralyse chaque jour la vie religieuse. »

Nous pourrions multiplier les témoignages. (Voir les Cahiers


précédents.) Le
fait de la persécution est trop patent, pour qu'un esprit de bonne foi puisse le
mettre en doute.
national-
2° Cette persécution est une conséquence nécessaire de la doctrine du
socialisme.
ne serait qu'un fait passager,
Selon les propagandistes nazis, la persécution
exigé par les excès du « catholicisme politique ». L'hitlérisme, disent-ils, est

neutre et même favorable à la religion, comme le laissent entendre quelques

textes de Main Kampf. Le Mythe du XXe siècle de Rosenberg ne représente


qu'une « opinion privée » au sein du parti. Des qu'Hitler aura atteint ses buts

politiques, il reviendra à un régime de liberté.


Purs mensonges et, fausses promesses ! La vérité, la voici :
Weltans-
A) Le national-socialisme, avant d'être un régime politique, est une
chauung, monde, aussi totalitaire et intolérante qu une
une conception du
reli-

gion, parce que fondée sur une mystique.


B) A
cette mystique antichrétienne, Rosenberg a donné une justification
rationnelle dans le racisme qui fait partie intégrante de la doctrine du national-
socialisme.
C) Les buts politiques de Hitler n'étant rien moins que la domination du

monde par la force et par la diffusion de la « conception du monde » du natio-


nal-socialisme, aucune conciliation, aucun partage de zones d'influence n'est

possible entre christianisme et nazisme : un des deux doit disparaître.


Faisons, par les textes, la preuve de ces divers points :
A) Le national-socialisme, conception du monde aussi intolérante que le chris-
lechris¬

tianisme et exigeant de s'imposer par le « terrorisme spirituel ».


conception
du monde est intolérante de sa nature, écrit Hitler, elle ne peut se

« Toute
contenter du rôle d'un parti au milieu et à côté d'autres partis. Elle exige impérieusement
exige
de l'univers qu'il la reconnaisse sans réserve et exclusivement, comme elle
la trans¬
formation totale de la vie publique en conformité avec ses principes… Cette loit s'applique

exactement aux religions. Le christianisme, lui aussi, ne s'est pas contenté, et ne pouvait

se contenter d'élever ses propres autels. Une nécessité logique le conduisait à abattre les

autels du paganisme. La foit doctrinale ne pouvait naître que sur ce fond d'intolérance

fanatique qui constituait le postulat rigoureux de son développement.

« Les hommes qui ont la volonté de libérer notre peuple d'Allemagne de son état actuel

n'ont pas à se casser la tête sur des regrets stériles. Toute leur application d'esprit doit

aller à la recherche des moyens propres à supprimer l'état de fait. Une conception du

monde faite d'infernale intolérance ne peut être brisée que par une nouvelle idée absolu-

ment pure et vraie nourrie par le même esprit de fanatisme, défendue par la même force

de volonté.

« L'individu peut aujourd'hui constater avec douleur que l'apparition du christianisme

au milieu de la liberté du monde antique a été l'apparition du premier terrorisme spirituel,

mais il y a un fait qu'il ne pourra contester, c'est à savoir que, depuis cette date, l'uni-

vers est dominié par cette loi de contrainte et que seule la contraite brise la contrainte

de même que seule la terreur brise la terreur. C'est seulement à partir du moment où est

état constructif peut être créé.


employée la force qu'un nouvel

monde,
olitiques inclinent par nature au compromis ; les conceptions du
politiques composent avec l'adversaire, les conceptions
monde proclament leur infaillibilité.
» — Mein Kampf, pp. 452-453.
jamais.
Les partis
Idée qui fut réaffirmée 1935
au Congrès de Nüremberg de :
Le national-socialisme comme conception philosophique s'il pas «
veut
sacrifier lui-même est contraint d'être intolérant, c'est-à-dire, de ne défendre se
se et
d'imposer la justesse de ses conceptions dans toutes les circonstances ». (Pour

la liberté allemande, Trois discours du Chancelier Adolf Hitler, Muller et Fils,

Berlin, p. 72)

B)Justification

exposée Rosenberg
mystique antichrétienne
du
national-socia-
le Mythe du XXe siècle le Racisme !
rationnelle
par dans
la
lisme
de
:
Toute l'histoire du monde s'explique par l'opposition de deux
les
races races nordiques, principe mâle de l'humanité qui est à l'originegroupes de
ce forme,
qui :
ture humaine. est
mesure; ordre, harmonie, fécondité créatrice de toute
de
races orientales, principe femelle, origine do tout
dissolution,
deux groupes
Les
supposent comme Apollon et Dionysos dans la mythologie
ce
ivresse orgiaque, sensualité débridée, démonisme, magie.
qui

Toute culture humaine est le fruit du travail créateur des


Toute décadence résulte, races nordiques ou
du
yennes.
tentales et
au contraire, de la domination des races
mélange de leur sang avec celui des peuples nordiques.
Les Germains étant le seul noyau racique resté
reprendreconscience de leur valeur raciale et de leur pur, il leur appartient do
mission culturelle pour

que
si
régénérer l'Europe par le

le sang
culte de la race. Régénération qui exige
du sang germanique par des mesures qui
race donnent naissance
qui prendra la place des anciennes religions.
mythe du sang et de la race
religieux
une épura-
ne pourront être acceptées
à un véritable culte et à un mythe
sera le mythe du XXe siècle. Ce
tale

et la

« L'âme raciale nordique… comprend enfin qu'il ne peut y avoir une coexistence avec

droits égaux de valeurs absolues différentes, qui s'excluent nécessairement… Elle com-

prend que ce qui a une parenté raciale et spirituelle peut être intégré dans un tout orga-

nique, mais que tout ce qui étranger doit être irrémédiablement éliminé, et, si besoin

est, anéanti par la force. Non pas parce que cela serait « faut » ou « mauvais », mais

parce que c'est contraire à la race (artfremd), et détruit la construction intérieure de

notre peuple. » (p. 119.)

Cette religion de la race implique la négation de plusieurs principes essentiels

au christianisme ; d'abord, celui de la dignité de tout individu ou de toute per-

sonne, et celui de l'unité de l'humanité tel que le requiert l'universalisme chré-

tien.

«
peuples dont fondée dans leur
rang, ne santé est
Les connaissent pas l'individua-
lisme,
comme
la des valeurs, aussi peu qu'ils reconnaissent l'universalisme.
critère
Indivi¬
dualisme et universalisme, absolument et historiquement parlé, sont les métaphysiques de
la décadence. » (p. 539.)
Celui d'une vérité et d'un droit objectif, décidant du « vrai » et du « faux »,
du juste et de l'injuste. Pour le nazisme, un seul principe est absolu : l'honneur
racial :
« L'Idée de l'honneur, de l'honneur national, devient pour nous commencement et fin de
toute notre pensée et de toute notre action. Elle ne supporte à côté d'elle aucun centre
de gravité qui ait valeur égale, quel qu'il soit : ni l'amour chrétien, ni l'humanitarisme de
la franc-maçonnerie, ni la philosophie romaine. » (p. 514.)
Enfin, celui du Droit naturel universel, tel que les païens eux-mêmes l'ont
irremplaçable
reconnu et que le christianisme a définitivement établi comme base
de toute société humaine :
« Le droit n'est pas plus un schéma exsangue que ne
l'est la religion ou l'art, mais est
lié éternellement à un sang déterminé avec lequel il apparaît, et disparaît. » (p. 572.)
« Le nouveau Reich exige de tout Allemand qui se trouve dans la vie publique, un ser-
national
ment non pas sur une fourme d'état, mais le serment de reconnaître l'honneur
allemand, partout et selon ses moyens et possibilités, comme la norme suprême de son
action. Si un fonctionnaire, uni maire, un évêque, un superintendant, etc.,. ne peut 543.) prêter

un pareil serment, il perd du coup ses droits il revêtir une fonction publique. ». (p.
Le droit et le non-droit ne se promènent pas (à travers le monde) en disant : Nous
«
voilà. Le droit, dit l'un des plus sages proverbes hindous, c'est ce que les aryens jugent
être le droit, et non-droit ce qu'ils rejettent. Cet adage, ajoute Rosenberg. exprime pure-
ment et simplement la conscience qu'on a prise du fait qu'une direction juridique déter-
minée naît d'un caractère racial et national déterminé et qu'elle disparaît avec ce der-
nier. (Rosenberg : Lebensrecht, nicht Fofmalrecht. Deutsches Recht. 1934, p. 231.)
»

De là, la formule classique énoncée Franck, le Führer des juristes alle-


par
mands : « Le droit, la juste, c'est ce qui est utile au peuple allemand ; l'injuste,
Juristes, 1936.)
ce qui lui est nuisible. » (Congrès des avoir d'autre fonction
Par suite aussi, la famille rte peut que de servir la
race, la femme d'autre idéal que de protéger la
pureté raciale :
S'il a quelque part une mission actuelle pour la femme, c'est bien dans la propa-
« y
gande pour la conservation de la pureté raciale, qu'aujourd'hui déjà se trouve son devoir
le plus sacré et le plus grand. (p. 511.)
Du christianisme, il faut garder tout ce qui, en lui, est exaltation de la vie,

de la force, de l'honneur et de la liberté : c'est le « christianisme positif » et


éliminer tout ce qui, au contraire, est humilité, ascèse, acceptation de la mort et
de la souffrance, amour et grâce : c'est le « christianisme négatif », celui que
les Eglises ont hérité du judaïsme par l'intermédiaire de Saint Paul.
Jésus nous apparaît aujourd'hui comme le maître conscient de lui-même, dans le
«
le plus haut sens du mot. C'est sa vie qui a signification, pour l'homme
germa-
meilleur
nique, et et alpins et
a assuré son succès chez les peuples
non pas sa mort douloureuse quienflammé
méditerranéens. Le prédicateur puissant, de colère dans le temple, l'homme qui

604.)
entraînait les foules et que tout le monde suivait : voilà l'idéal formateur qui, pour nous,

n-
se dégage comme une lumière des évangiles. Mais non pas l'agneau du sacrifice de la

propagande juive, ni le crucifié. Et si cet idéal ne peut se dégager des évangiles, alors les

évangiles aussi sont morts. » (p.


La doctrine de Saint Paul constitue jusqu'à nos jours, malgré tous les essais de justi-

fond spirituel juif, pour ainsi dire le côté talmudique et oriental deecclésias-
« l'église
fication, le de
romaine et l'église luthérienne Ce qu'on n'accordera jamais dans les milieux
tique, c'est que Saint Paul a donné une portée internationale à une insurrection natio-

réprimée ; et ainsi il a ouvert une voie encore plus large


nale juive qui avait été
au

chaos de races de l'ancien monde. » (p. 75.)


monde, valeur centrale l'Amour, le christia-
En introduisant clans le comme
nisme s'est mis en opposition complète avec la valeur d une théorie des Races
qui est l'honneur. Parce que l'Amour est un principe dissolvant, aucune conci-
liation n'est possible avec lui.
Avec autre valeur spirituelle pénétrait dans le monde et reven-
« le christianisme une
L'amour dans le sens de l'humilité, miséricorde, soumission,
diquait la première place :
ascèse. Aujourd'hui, tout Allemand sincère reconnait clairement qu'avec cette doctrine

de l'amour qui voulait embrasser également toutes les créatures du monde, un coup sen-

sible avait été porte contre l'âme de l'Europe nordique… le christianisme n'a pas connu

l'idée de l'honneur… »

C) Dans Mein Kampf, Hitler, s'appuyant sur les principes du racisme,

a défini la méthode qui permettra de les faire triompher et la fin vers laquelle

se tendent sa volonté et celle de son peuple.

La méthode, c'est la persécution, le terrorisme spirituel par tous les moyens,

violences et mensonges inclus.

idée qui doit bouleverser le


Une droit,
«
qui dans
les
monde a non seulement le mais le devoir
moyens qui rendent possible l'accomplissement de ses conceptions (p.
temps a agi le plus efficacement, c'est la terreur, la »violence.
de
343.) le

ral,
La grande masse du peuple, dans la simplicité primitive de
llementvictime
dse petits
grand ses sentiments sera plus
mensonge que d'un petit. Elle ne commet elle-même,
mensonges, tandis qu'elle aurait trop de honte à de
en
d'un
que commettre
ne
chez d'autres,
pourra pas concevoir une telle fausseté et elle ne pourra
possibilité
en pa Elle

ces fausses interprétations, d'une impudence de

à la aire, elle doutera, hésitera longtemps et tout au moins, elle


u'il reste
artistes
nds bien
en tromperie et
toujours
encore pour vraie une explication quelconque qui lui aura été proposée
lorsque les associations230.)
admettra

quelque chose des plus impudents mensonges, c'est


un fait
que
de trompeurs ne connaissent que
proposée.

et qu'ils emploient trop


dès bassement. » (p.
Après avoir longuement réfléchi sur les condictions du succès de toute persé-

cution, Hitler conclut par cette phrase qui, rapprochée de celle citée plus haut

sur le terrorisme spirituel, ne laisse aucun doute sur la nécessité où il se trouve

de combattre à mort le christianisme.

« Toute tentative de combattre un système moral par la force matérielle finit par

échouer, à moins que le combat ne prenne la forme d'une attaque au profit d'une nouvelle

position spirituelle. Ce n'est que dans la lutte mutuelle entre deux conceptions philoso-

phiques que l'arme de la force brutale, utilisée avec opiniâtreté et d'une façon impitoyable,

peut amener la décision en faveur du parti qu'elle soutien. » (p. 171-173.)

Quant à la fin poursuivie, c'est la domination du monde et l'asservissement de

tous les peuples du service du peuple allemand, que la pureté de sa race nor-

dique prédestine à être un peuple de Maître. Voici trois textes ne laissant

aucun doute à cet égard :

« L'hyperindividualisme
de notre race
nous a
coûté la domination du monde. Si le
peuple
au cours de son histoire,
allemand avait
cette unité grégaire qui a été si possédé,
d'autres peuples, le Reich allemand serait aujourd'hui le maître du globe. L'his-
utileà

monde aurait pris un autre cours et personne n'est à même de décider si l'hu-
n'aurait pas, suivant route, atteint le but auquel
tant de pacifistes aveu-
manité cette
glés espèrenten aujourd'hui parvenir par leurs pleurnicheries,
ssurée
par
garantie par
une paix
rameaux d'olivier qu'agitent, la larme facile, des pleureuses
victorieuse d'un peuple de maîtres, qui met le monde paci- mais
lesl'épée
quiconsiste
fistes,

service d'une civilisation supérieure.


» (Mein Kampf, trad.
entier
au
p. 394-395.)
«Celui parla d'une mission donnée au peuple allemand
avoir qu'elle
sur cette terre
uniquement à former un Etat qui considère
son but suprême de conserver et de défendre les plus nobles éléments comme
restés inaltérés, et qui sont aussi ceux de l'humanité entière » de notre
peuple,

non
« Le Reich, en tant du'Etat, doit comprendre tous les Allemands
seulement réunir et
uple possède en éléments primitifs de
de
et se donner
conserver les réserves précieuses que de
sa race, mais de les faire arriver
sûrement à une situation prédominante. » (Id., p. 396.) et

3° L'attitude de l'Eglise
en face du national-socialisme :
Par l'encyclique Mit brennender Sorge
(14 mars 1937), le Pape condamne
tous ses principes spirituels. Citons quelques radicalement
passages essentiels.
Il faut d'abord voir clairement la
situation :
« Les expériences des dernières années mettent les responsabilités en pleine lumière

elle révèlent des intrigues qui, dès le début, ne visent qu'à une guerre d'artermination. »

Dieu
Le fait que le Führer invoque Dieu et la Providence à la fin de ses discours

ne doit pas dissimuler la falsification que ces mots subissent en passant dans sa

bouche :

« Ne croit pas en Dieu celui qui se contente de faire usage du mot Dieu dans ses dis-

cours, mais celui-là seulement qui à ce mot sacré unit le vrait et digne concept de la

Divinité.

« Quiconque identifie, dans une confusion panthéistique, Dieu et l'univers, abaissant

Dieu aux dimensions du monde ou élevant le monde à celle de Dieu, n'est pas de ceux

qui croient en

vie répondant à cette foi. »


élément juif pervertit le christia-
L'antisémitisme qui va jusqu'à bannir tout
nisme :

« Qui veut voir bannies de l'Eglise et de l'école l'histoire biblique et la sagesse des

doctrines de l'Ancien Testament blasphème le nom de Dieu, blasphème le plan de salut

du Tout-Puissant, érige une pensée humaine étroite et limitée en juge des desseins divins

sur

chair, au Christ qui


au
a reçu son humaine nature
demeure sans rien y comprendre
sacrilège
l'histoire

de
du

ses
monde.

bourreaux
Il renie

la divine
devant la foi

action
au Christ

sacerdotale
véritable

le drame
de
tel

sa
qu'il

mort
universel
d'un peuple quidevaitlecrucitier.

rédemptrice,
est apparu

du
dans

FilsdeDieu

don-
qui
oppo
Il la

nant ainsi, dans la nouvelle alliance, son accomplissement, son terme et son couronnement

à l'ancienne. »
inconciliable avec le mythe du Sang et
La Révélation du Christ est
Race :

« Le point culminant de la Révélation atteint dans l'Evangile de Jésus-Christ est défi-

nitif, il oblige pour toujours. Cette Révélation ne connaît pas de complément apporté de

main d'homme, elle n'admet pas davantage d'être évincée et remplacée par d'arbitraires

« révélations » que certains porte-paroles du temps présent prétendent faire dériver de ce

qu'ils appellent le Mythe du Sang et de la Race. »

destruction
L'Eglise catholique et l'amour divin qui est sa valeur centrale est si peu un

principe dissolvant, qu'au contraire tout ce qui se construit en dehors d'elle est

voué à la
eu a :
« Toute reforme
vraie et
durable, dernière analyse,
en
son point
de
départ dans la
enflammés
sainteté, dans des
prochain.
et
hommes
Généreux,
cependant
prêts
qui étaient
à écouter tout appel de Dieu et à le
sûrs d'eux-mêmes parce que leur vocation,
les lumières et les rénovateurs de
et
poussés

temps. La,
par
réaliser
l'amour
assitôt
grandi

sûrs de ils
leur ont jusqu'àdevenir

aucontraire,

lezèl
en
eux,
de
Dieu
etdu

teur n'a pas jailli de la pureté personelle, mais était l'expression et l'explosion de la

passion, il a troublé au lieu de clarifier, détruit au lieu de construire, et il a été plus

d'une fois le point de départ d'aberrations plus fatales que les maux auxquels il comptait

ou prétendait remédier. »
Après avoir mis en garde contre la perversion du sens de tous les mots reli-

gieux que le national-socialisme prétend conserver, le Pape montre que la morale

ne peut subsister si elle ne s'appuie sur la vraie foi et la vraie révélation, et

dénonce la négation hitlérienne du droit naturel :

« Tel est le fatal entraînement de nos temps, qu'il détache du fondement divin de la

Révélation, non seulement la morale, mais aussi le droit théorique et pratique. Nous pen-

sons ici en particulier à ce qu'on appelle le droit naturel, inscrit de la main même du

Créateur, sur les tables du coeur humain (Rom., 11-14 sq.) et que la saine raison peut y

lire quand elle n'est pas aveuglée par le péché et la passion. C'est les commande¬
ments de ce droit de nature que tout droit positif, de quelque législateur qu'il vienne,
feut être apprécié dans son contenu moral, et, par là même, dans l'autorité qu'il a d'obli-
ger en conscience. Des lois humaines qui sont en contradiction insoluble avec le droit
naturel sont marquées d'un vice originel qu'aucune contrainte, aucun déploiement exté-
rieur de puissance ne peut guérir. C'est à la lumière de ce principe qu'il faut juger
l'axiome : « Le droit c'est l'utilité du peuple ». On peut, certes, donner à cette proposition
un sens correct, si on lui fait dire que ce qui est moralement, défendu ne peut jamais
servir au véritable bien du peuple. Cependant, le paganisme ancien reconnaissait, déjà que
l'axiome, pour être pleinement exact, doit être, en réalité, retourné, et s'exprimer ainsi :
« Il est impossible qu'une chose soit utile si elle n'est pas en même temps moralement
bonne.
Et ce n'est point ; parce qu'elle est utile qu'elle est moralement bonne, mais parce
qu'elle est moralement bonne qu'elle est utile. » (Cicéron, De officiis, III. 30.) Affranchi
de cette règle morale, ce principe signifierait, dans la vie Internationale, l'état de guerre
perpétuel entre les différentes nations. Dans la vie nationale, il méconnaît, par Famal-
game qu'il fait des considérations de droit et d'utilité, le fait fondamental, que l'homme
tant que personne, possède des droits qu'il tient de Dieu, et qui doivent demeurer vis-
en

à-vis de la collectivité, hors de toute atteinte qui tendrait à les nier, à les abolir ou à
les négliger. Mépriser cette vérité, c'est oublier que le véritable bien commun est déter-
miné et reconnu, en dernière analyse, par la nature de l'homme, qui équilibre harmonieu-
sement droits personnels et obligations sociales, et par le but de la société, déterminé
aussi par cette même nature humaine... S'écarter de cet ordre, c'est ébranler les colonnes
sur lesquelles
repose la société, et donc compromettre la tranquillité, la sécurité et l'exis-
tence même de la société. »
Enfin, après une exhortation à la jeunesse, aux prêtres et aux religieux et
aux fidèles du laïcat, le Pape insiste sur l'importance de ce jugement porté
contre le national-socialisme :
« Nous avons pesé chacun des mots de cette, lett re à la balance de la vérité et
de l'amour aussi », et termine par des paroles de confiance en demandant la
générosité et le courage en face de la persécution :
« Comme d'autres époques de l'histoire de l'Eglise, celle-ci sera le prélude
d'une nouvelle ascension et d'une purification intérieure, à la seule condition
que les fidèles se montrent assez fiers dans la confession do leur foi au Christ,
assez généreux en face de la souffrance pour opposer à la forme matérielle des
oppresseurs de l'Eglise, l'intrépidité d'une foi profonde, la fermeté inébranlable
d'une espérance sûre de l'éternité, l'irrésistible puissance d'une charité agis-
sante. »

II. — Les procédés de la persécution national-socialiste.


Autant la persécution du bolchevisme est simple, brutale et patente à tous les
veux, autant celle du national-socialisme est sournoise, dissimulée et perfide.
Elle ne répugnera certes pas à aller jusqu'au meurtre, mais visera beaucoup
plus qu'à supprimer les
corps, à pervertir les âmes. Etant donné que la France
chrétienne
se trouve dès maintenant en butte à cette persécution, il est indis-
pensable d'étudier le procédé qui a été employé en Allemagne et on Autriche
pour pouvoir discerner la méthode cauteleuse utilisée dans notre pays.
On peut la décomposer en trois temps :
D'abord séduire, en opposant, avec forces promesses, un but d'action commun,
dont la nature équivoque
nêtes. se dissimule sous dos mots et des apparences hon-
Puis compromettre en faisant agir de concert pour ce but commun et appa-
emment bon.
Enfin pervertir tout qui s'abandonne lâchement, ou détruire tout ce qui
ce
résiste courageusement. En effet, quand, au cours do cette action commune, la
malhonnêteté du but réel
se révèle, chantage, terreur sont alors employés pour
orcer tout ce qu'il y a de lâcheté dans l'homme à se taire sur l'équivoque et à
persévérer dans l'action commune. Par là, la compromission devient perversion.
L'allié, le collaborateur séduit et d'abord honnête est transformé en un complice
perverti et. lié au criminel par sa participation même au crime commun. Si au
contraire l'honnêteté se rebiffe, les accusations mensongères et calomnieuses la
convaincront de déloyauté, de duplicité, d'immoralité et après qu'une infinité
de petites mesures policières auront bâillonné toutes les voix de la conscience
et ligoté toute résistance de la volonté, la violence la pl us brutale réduira à
l'impuissance et au besoin détruira toute opposition.
Cette technique perfide, le national-socialisme l'emploie vis-à-vis des nations
comme vis-à-vis des individus, dans la lutte religieuse comme dans la lutte poli-
tique. Elle est identiquement celle du souteneur qui séduit une fille innocente ou
du gangster qui fait d'un homme honnête, son complice.
Voici maintenant l'application do cette technique EN ALLEMAGNE :
1° Séduire : Le national-socialisme s'est présenté aux catholiques comme
n'ayant qu'un seul but : abolir le diktat de Versailles, restaurer la grandeur do
l'Allemagne. But légitime, encore qu'équivoque, lorsque « la grandeur de l'Alle-
magne » est comprise selon la doctrine naziste.
2° Compromettre : Pour atteindre ce but, il faut lutter en commun contre le
bolchevisme et tout ce qui divise l'Allemagne, en première ligne : l'esprit juif
Le national-socialisme s'assure le concours de l'Eglise par un concordat, preuve
de sa bonne volonté envers le catholicisme. Après quoi, il se croit en droit do
compter sur un concours « sans réserve ».
Mais ce concours sans réserve entraîne d'abord la suppression en fait de
toutes les libertés que le concordat avait garanties en droit sur le papier :
associations de la jeunesse catholique, enseignement religieux, etc., puis le renie-
ment des valeurs spirituelles du christianisme au profit de celles du nazisme.
3° Alors pervertir ou détruire : appel à la lâcheté par le chantage, la terreur
pour favoriser les apostasies en masse. Accusation de « catholicisme politique. »
contre prêtres et évêques ; s'ils s'opposent au national-socialisme, c'est qu'ils ne
rêvent que de domination politique. Ils se font les alliés du bolchovisme, des
Juifs et do l'étranger, contre la nation allemande. Procès des devises, qui montre
en eux des traîtres à la nation. Procès de moeurs, qui les fait passer pour des
criminels contre la pureté de la race.
Enfin contre les plus résistants et les plus actifs, il reste le revolver, ou du
moins le camp do concentration et l'exil.
Ainsi les fidèles de l'Eglise n'ont plus le choix qu'entre deux attitudes : ou
bien plier pour pouvoir vivre et par suite devenir, bon gré mal gré, complices
de tous les crimes que le Führer pourra imposer à la nation au nom de sa gran-
deur, de son honneur et pour assurer sa domination sur le monde, bien
-— ourelire
disparaître dans les catacombes. — Pour le détail de cette persécution,
Catholiques d'Allemagne, par Rob. d'Harcourt.
Cette tactique, qui réussit par étapes lentes en Allemagne, se développa beau-
coup plus rapidement en AUTRICHE.
1° Séduire : Von Papen, cet « excellent catholique » qui avait déjà eu l'habi-
leté de négocier le concordat entre l'Allemagne et le Saint-Siège, est ambassa-
deur à Vienne auprès de Schuschnigg. Au chancelier comme aux catholiques
d'Autriche, il insinue que la normalisation des rapports avec l'Allemagne natio-
nale-socialiste sera un acte de sage prévoyance politique : mettre fin à une que-
relie entre frères allemands et autrichiens, détente européenne, contribution à
pacification religieuse de l'Allemagne, élan fécond donné à l'idéal commun du
germanisme... sans compter l'affermissement définitif de l'indépcndance autri-
chienne. On sait comment cette insinuation mena Schuschnigg à Berchtesgaden
le 12 février 1938 et comment, le 12 mars, Seyss-Inquart avait pris sa place et
installé la croix gammée à Vienne.
Compromettre : Au nom du germanisme commun à l'Autriche et à l'Alle-

magne, par la promesse de respecter scrupuleusement les libertés do la foi, de


«rendre
à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César », on obtient
l'adhésion sans réserve des évêques autrichiens au nouvel ordre do choses. Le
Cardinal Innitzer va jusqu'à adresser une lettre
nu Führer qu'il signe, du rituel
« Heil Hitler ! » Quelques mois plus tard, déjà désillusionné, Mgr Waitz l'ex-
pliquera ainsi : « En tout cas, les bonnes dispositions des évêques à entrer dans
les tractations proposées sont un moyen d'écarter le pire, exemple d'écarter
par
des menaces contre les couvents, les Instituts, les écoles des Congrégations reli-
gieuses, et au besoin d'empêcher les procès menaçants soit do devises, soit de
moralité. En considération de quoi la conduite des évêques paraîtra intelligible
et explicable. »

Pervertir ou détruire :

Et voici le résultat : Les lâches devenus complices et pervertis : « Un reli-
.
le Dr Brettle, se chargeait d'expliquer aux lecteurs de la viennoise
gieux,
revue
Katholische Aktion ce qu'était le national-socialisme authentique, tel qu'il avait
« appris à le connaître et à l'aimer : ordre, service du peuple, honneur, fidélité,
ravail, vertu, esprit de sacrifice pour l'idéal de la nation, qui ne peut trouver
son expression propre que dans les valeurs du sol et du Ce sont là des
sang.
valeurs purement, chrétiennes ». Si les horreurs de la persécution raciste soule-
vaient des âmes trop délicates, le Dr Brettle se faisait un jeu de les rassurer
:
« Dans ces jours de révolution nationale, beaucoup m'ont demandé comment je
pouvais concilier avec l'amour chrétien le fait que les Juifs soient partout pour-
suivis et dispersés. J'ai répondu que cette dispersion avait toujours été dans les
Plans de la Providence divine... Comme personne n'avait osé, chez nous, régler
la difficile question juive, notre Führer la résout aujourd'hui d'une façon radi-

ale et définitive, humaine et libératrice, à la fois pour les Aryens et pour les
Juifs. » (L'Autriche souffrante, par P. Chaillet, p. 117.)
Les résistants : le Cardinal Innitzer lui-même, peu après son accueil empressé,
faillit être la victime des Nazis. Les séminaires sont fermés, les couvents disper-
ses. Voici, dressé quelques mois plus tard,
a collaboration loyale :
par le Cardinal Innitzer, le bilan de
« On nous a misérablement trompés. L'Allemagne venait à nous comme une
mere à ses enfants ; nous maintenant ce que cela signifie. La haine du
savons
nationalsocialisme, égale à celle du communisme, s'est ici déchaînée sans retenue
contre. l'Eglise. On veut faire de l'Autriche champ d'expériences, pour voir
un
jusqu'où peut aller l'anéantissement du christianisme. Cela ne peut plus durer.
on ne répond même pas à nos protestations incessantes. Il faudra bien en venir
la lutte ouverte. Les évêques ont été loyaux
et confiants, on les a systémati-
quement abusés. Il faut qu'on le sache...
»

III. — Application et résultats en France.

A première vue, il semblait impossible que la mystique nazie puisse pénétrer


chez nous
pour en chasser tout catholicisme authentique. En vertu d'une longue
tradition, nos incroyants eux-mêmes demeurent imprégnés d'esprit chrétien et
la grande masse du peuple, attaché à la liberté, disait-on autrefois, reste très
oignée d'une mystique du sang et de la race. De plus, le pays souffre de plus
en plus d'une
guerre où l'Allemagne lui a infligé une défaite terrible. . Rien de
cela cependant, ne rend la tâche impossible. Puisqu'elle est déjà commencée
menée
si habilement que plus d'un catholique — et non des moindres — y
êtent déjà leur concours.
Tâchons, là encore, de saisir les étapes :
1° Séduire : Les premières approches ont commencé bien avant la guerre. Le
but poursuivi alors est tout politique, il s'agit de faire connaître le « vrai
visage » du national-socialisme, de persuader à la France que le Führer n'a
aucun dessein de conquête en Europe, de montrer dans le triomphe du national-
socialisme le rempart contre le bolchevisme, la victoire des idées d'ordre et de
nation, en dénonçant par contre l'idéologie de la Société dos Nations et de la
sécurité collective... Voyage des Anciens Combattants à Berlin, voyage de jeunes
Français en Allemagne. Les Cahiers Franco-Allemands do MM. do Brinon et
Abetz sont l'organe principal de cette pénétration à laquelle participe toute une
partie de. la presse française. Bal dur von Schirach est invité à faire une confé-
rence à Paris par le Cercle de la Rive Gauche. A cette réunion, où devait parler
le chef de la jeunesse nazie, on chante le « Horst. Wessel Lied » et R. Brasillach
faisait déjà partie du choeur. Alphonse de Chateaubriant publie la « Gerbe des
Forces » où la mystique nazie est présentée comme une religion et une révélation
nouvelle :
« Dans le monde se forme en ces jours un mouvement
dans lequel s'exprime
tout l'essentiel du christianisme : l'oubli de soi-même, le sacrifice de soi-même.
Le national-socialisme fut un jaillissement religieux et, comme tel, a les mêmes
droits que la source » (p. 245). Phrase tirée d'un chapitre intitulé « Le pur
Christ », et d'où la conclusion qui se dégage, — si du moins les fulgurations de
cet écrivain ont un sens — est la suivante : « Les confessions ont-elles gardé le
pur Christ ? » (p. 236)..Non, mais le l'homme
N. S. est destiné à restituer la pureté du
christianisme, à être le « pont entre et Dieu », Hitler étant lui-même
« moins peut-être héros d'exception que préparant
l'homme de demain »
(p. 71), « la nouvelle créature qu'il est possible de tirer de l'homme » (p. 75)
Qu'on veuille bien comparer ce jugement de cet. écrivain qui se dit « catho-
lique » avec celui de Pie XI dans l'Encyclique citée plus haut!
Mais, toute cette activité n'avait, encore d'autre but que de miner le moral.
français et de préparer la non-intervention de la France. Travail de la 5e colonne
polit ique, dont nous n'avons pas à nous préoccuper ici.
Vint la défaite et. la signature de l'armistice, où la 5e colonne récolta le fruit
des germes, semés, et passa du plan souterrain au grand jour de l'activité diplo-
matique et politique.
La séduction qui jusqu'à présent; ne s'adressait qu'à quelqdes esprits et visait
avant tout à un résultat politique limité, va désormais s'adresser à l'élite et à
masse, et se proposer des buts politiques généraux qui exigent une pénétration
proprement spirituelle.
En Allemagne, l'appât présenté aux catholiques était : libération de la nation,
lutte contre le communisme. En France, après la défaite, on va essayer d'utiliser
notre courageux effort do redressement ; l'appât sera : restauration de la, nation
meurtrie et avilie par cinquante ans de laïcisme démocratique, lutte contre la
franc-maçonnerie et, le judaïsme. De plus, une fois accepté le « principe, de la
collaboration », l'objectif proposé à une action commune va se présenter ainsi:
entente franco-allemande sur tous les plans, « collaboration » pour l'institution
d'un « ordre nouveau » qui donne à l'Europe la. paix dans la justice... But en
apparence excellent, en réalité équivoque, et masquant an fond une intention
absolument perverse.

2° Compromettre : Car voici où gît l'équivoque : la « collaboration » n'est en


fait qu'un esclavage que le vainqueur exerce sur le vaincu, dosant sa contrainte,
sa « générosité » et. ses punitions, suivant que l'esclave rend plus ou moins et
accepte de plus ou moins bon coeur sa situation de fait ; — et l'adhésion à
l' « ordre nouveau » c'est en réalité la reconnaissance de la valeur des principes
spirituels de la « conception du monde » national-socialiste d'après laquelle
l'Europe devra s'organiser demain sous la domination de l'Allemagne.
Ainsi l'Eglise et les chrétiens risquent aussi, grâce à cet intermédiaire, de
collaborer
a l'instauration de l' « ordre nouveau », c'est-à-dire très exactement,
reconnaître la valeur des principes spirituels du national-socialisme, et de
decontribuer,
pour leur part, à les faire régner en France et en Europe.
Dans la mesure même où le chrétien est dupe de cette équivoque et s'engage
dans cette voie
sans voir où elle conduit, il est compromis et « commence de
perdre son âme ».
Qu on le
remarque : cette équivoque a un double aspect : politique et reli-
gieux. Quoique discernables en droit, ces doux aspects sont inséparables fait,
on
que la « conception du monde » naziste les réunit indissolublement, met-
t
rant politique au service de sa mystique et sa mystique au service de
sa

politique. Le Français qui lira ces lignes n'aura pas de peine à reconnaître sa
aspect politique de cette équivoque : il l'a déjà reconnu, puisque la politique
« collaboration » n'est, pas sans éveiller chez beaucoup une inquiétude gran-
dissante. Dans ces pages, nous ne développerons que l'aspect religieux de l'équi-

3° Pervertir et détruire : Voici comment s'accomplit dès maintenant et peu à


troisième temps de la technique. Pour pervertir, il faut engager de plus
peu
ce

*
Plus le chrétien dans la voie de la compromission, et, dans
ce but, continuer
. séduire
ala pour perpétuer l'équivoque, le comble de l'habileté consistant à la
faire proposer par ceux mêmes qui devraient l'en défendre.
Comme
on présente au Français cette équivoque par son gouvernement, on
la propose
au chrétien par certaines personnalités influentes du monde religieux.
C'est ce qui a déjà été réussi grâce aux déclarations « collaborationnistes » du
Cardinal Baudrillart dont les nazis ont exploité la vieillesse et les tendances à
confondre l'Ordre avec la Force. De son côté le P. M.-M. Gorce a publié dans
l'Emancipation nationale l'expression de sa chaude adhésion à l'
« ordre nou-
hitlérien dans l'illumination du désastre, il n'a pas rougi d'écrire un livre pro-
pour « bon usage de la défaite » ; pendant que le P. Bruno, carme
litlérien
Le
directeur des Etudes Garmélitaines, donne sa collaboration à La Gerbe de M. de
Chateaubriant ! On souhaiterait obtenir d'autres concours encore. Aussi, parmi
de soi-disants catholiques allemands ou les catholiques français déjà gagnes à
cause de l'ordre, nouveau, on choisit des émissaires. Porteurs des plus belles
la

promesses, ces émissaires sont envoyés aux évêques et aux prêtres qu'on juge
influents. Ils leur glissent à l'oreille combien les Allemands ont été frappés de
la puissance du catholicisme en France, « la seule institution qui soit restée
debout dans l'effondrement universel
», et de la différence entre le catholicisme
français « nullement politique » et celui de l'épiscopat allemand catholicisme
«
au Centre ». On va plus loin et voici qui indique jusqu'à quoi point on espère

perversion totale : après avoir rappelé que le racisme de Rosenberg reste
une

place opinion privée » n'inspirant nullement les actes de Hitler, chef qui se
place uniquement sur le plan politique, on sollicite doucement les évêques fran-
çais de bien vouloir dire
au Pape à quel point les Allemands se montrent en
» et « compréhensifs à l'égard du catholicisme », de lui expli-
France « corrects
quer le « malentendu
», provoque par les évêques allemands, qui a suscité la
condamnation de l'Encyclique Mit brénnender Sorge, de lui suggérer que cette
condamnation pourrait être rapportée
France rendrait ainsi le plus signalé ou du moins laissée en veilleuse... L'Eglise
de
service à la cause de la paix religieuse
Allemagne
en qu'on se rappelle les insinuations de von Papen au Cardinal

Innitzer
— Pour l'en récompenser, il n'est pas douteux que le gouvernement
français serait mené à envisager do nouveau la question d'un concordat pour
la
!

France

qui aurait, sans doute autant de valeur que celui de l'Allemagne. —
coup toutes les difficultés financières des diocèses, de leurs oeuvres et des
Du

libres seraient résolues, car le gouvernement français ne pourrait être


écoles

moins généraux que l'allemand qui — on ne l'ignore pas — paie largement son

clergé !

Tout cela n'est pas de la fiction, mais ne fait que résumer un certain nombre
d'« ouvertures », qui ont déjà eu lieu !
La même méthode, spécifique de la 5e colonne culturelle, est employée vis-à-vis
des institutions, collèges, séminaires, personnalités plus ou moins en vue. Par-
tout où un Allemand peut se glisser, il développe les mêmes arguments,
adaptant et les proportionnant au milieu et aux auditeurs, et no désirant rien
tant que de transformer ceux-ci, une fois convaincus et bien stylés, en nouveaux
apôtres de la « collaboration ». C'est ainsi que M. Tricot, professeur à l'Institut
catholique dé Paris, est venu déployer son zèle à Vichy et que des membres de
l'Action Catholique de Paris se sont vantés d'avoir pu obtenir sans difficultés
des laissez-passer pour la zone dite libre. C'est ainsi que des curés se font en
chaire les apôtres de la « collaboration ».
Pour gagner la masse des fidèles, il suffira de favoriser la remise en honneur
de cérémonies inoffensives : pèlerinages, processions à l'extérieur des églises, etc.,
pendant que toute la presse et la radio ne cesseront, do perpétuer l'équivoque en

exaltant « les fruits dorés de la défaite » qui nous a délivres du « régime


pourri » du laïcisme, des loges. Cependant, lorsqu'il s'agira do mettre le mot de
« Dieu » dans les programmes de l'enseignement, un veto auctoritatif des Alle-
mands viendra s'y opposer pour protéger sans doute la liberté ! !
Surtout on occupera la grande masse des esprits en leur désignant un ennemi
commun, qui, selon la tactique chère à Hitler (Mein Kampf, p. 122), couvrira
tous les autres, si divers qu'ils soient, et sera rendu responsable de tous nos

malheurs. En Allemagne, ce fut le marxisme et le Juif. En France, il y a aussi


la maçonnerie, et aussi toujours le Juif.
Pour la maçonnerie, on s'en tiendra à quelques mesures retentissantes, mais
qui resteront sur le papier, parce que les maçons étaient trop nombreux dans le
précédent gouvernement pour être tous éliminés. Surtout ceux qui sont restés
on place ont en général l échine assez souple pour comprendre que leur intérêt
est de « collaborer ». Serviteurs d'autant, plus zélés qu'ils ont à se « racheter »
L'antisémitisme, lui, fournira la plate-forme la meilleure pour entraîner
l'esprit de la masse dans une collaboration effective incluant la reconnaissance
des principes spirituels du nazisme. N'est-il pas évident (la propagande de
M. Marion s'y emploie résolument), qu'il y a une question juive et que l'intérêt
du Français et du catholique est do régler cette question, en profitant de cette
défaite « providentielle » ? C'est donc M. Xavier Vallat, catholique connu
comme tel, qui s'est chargé d'exécuter les basses oeuvres du nazisme... Compro-
mission qui aboutit à la perversion, pour qui du moins se rappelle la déclaration
du Saint-Office (21 mars 1928) : « Le Siège apostolique condamne do la façon
la plus nette la haine contre le peuple qui était autrefois le peuple élu de Dieu,
cette haine qu'on désigne aujourd'hui en général sous le nom d'antisémitisme».
Et les paroles de Pie XI dans son discours du 6 septembre 1938 au pèlerinage
do la Radio catholique belge :
« Sacrificium Patriarchoe nostri Abranoe. Remarquez qu'Abraham est appele
notre patriarche, notre ancêtre. L'antisémitisme n'est pas compatible avec la
pensée et la réalité sublime qui sont exprimées dans ce texte. C'est mouve-
un
ment antipathique, un mouvement auquel nous ne pouvons, nous chrétiens, avo
aucune part.
Par le Christ et dans le Christ, nous sommes de la descendance spirituelle
d'Abraham. Non ! il n'est pas possible aux chrétiens de participer à l'antisémi-
tisme. Nous reconnaissons à quiconque le droit de se défendre, de prendre le
moyens, de se protéger contre tout ce qui menace ses intérêts légitimes. Mais
l'antisémitisme est. inadmissible. Nous sommes spirituellement des sémites. »
Avant même l'application progressivement inique de cette loi, les camps de

concentration sont remplis do Juifs laissés dans un abandon qui défie toute
humanité, tel le fameux camp de Gurs entre bien d'autres. Tout, récemment
encore, à Paris, cinq mille, pères de famille juifs sont emmenés sans autre forme
de procès dans un camp de travail forcé dans le Loiret, pendant que toute allo-
cation et secours sont refusés à leurs femmes et: enfants... Le Français ignore
tout do ces faits et ce sont des comités internationaux américains, suisses ou
suédois, qui doivent s'ingénier pour apporter quelque soulagement à ces mal-
heureux plus maltraités que des bêtes. En même temps littérature et cinéma
font passer l'antisémitisme dans les âmes. A Paris, chaque semaine, douze ciné-
mas sur cent soixante environ font l'ignoble film Le Juif Suss. Film pro-
passer
jeté également en zone libre. Si un hebdomadaire comme Temps Nouveau dé-
nonce le
« caractère antichrétien de cette production d'importation étrangère »,
il est supprimé pour
un mois et bientôt pour toujours. Quotidiens et hebdoma-
participent à la même campagne. Tous ceux de la zone occupée naturelle-
daires

ment, en particulier Je suis partout, Au pilori, et plusieurs do la zone libre,


notamment l'Action Française, L'Effort, L'Union Française, Le Pays Libre, et

tel
Le juif
surtout Gringoire... Des livres enfin vulgarisent les thèses racistes de Rosenberg: :
cet inconnu de Fayolle-Lefort qui développe le thème suivant :
Les valeurs raciales juives sont diamétralement opposées aux valeurs raciales
«

européennes » (p. 10). Le christianisme et la charité n'y sont pas encore ouver-
tement attaqués, l'auteur y fait même gloire au catholicisme du âge
moyen
d'avoir su se
«cabrer instinctivement devant la notion juive de justice » (p. 50).
Simple atténuation qui l'avantage de retrouver
a une thèse maurassienne — neu-
tralisation du « poison juif » par le catholicisme romain moins anti-
— non
chrétienne que celle de Rosenberg, mais plus familière aux Français. La pre-
mière leur permettra d'assimiler
peu à peu la seconde.
Enfin, il arrive que des jalons soient posés, tendant à implanter directement
mystique antichrétienne du nazisme et faisant même un appel à peine déguisé
la

l'apostgasie. Signalons, à titre d'exemple, un entrefilet de Candide (30 avril


à

1941) qui reproduit


un article des Dernières Nouvelles de Strasbourg expliquant
le sens germanique de la fête do Pâques
: « Sens plus sacré encore » que celui
que lui donne l'Eglise : « C'est la foi dans le printemps, annonciateur d'actions
nouvelles »Et l'article de J. de Lesdain, paru dans la Gerbe du catholique
de Chateaubriant, Le Dieu
M.
que nous cherchons.
Ce Dieu qui semble évanoui, beaucoup
se sont demandé s'ils ne le découvriraient pas
«

illuminé par les cierges de Lourdes ou


de Notre-Dame des Victoires... Ils ont pensé
retrouver ses consolations dans les paroles que
son représentant le plus exalté lancerait
jour sur le
un monde du haut de la majestueuse domination de Saint-Pierre de Rome. Ils
ont attendu, fervents, que la voix
se fit entendre ex-cathedra et séparât le permis du
répréhensible et l'humain de l'inhumain. Cependant toutes ces recherches, toutes ces
sont demeurées vaines... insatisfaits les uns des autres, les hommes des camps
attentes

se sont mis à la recherche de Dieu, d'un Dieu qui serait le Dieu de tous et la
ennemis

force tutélaire d'un monde à reconstruire....Etendez-vous


sur le sol, pétrissez de vos
doigts la glèbe grasse et humide, notre berceau et notre tombe, intégrez-vous à la subs-
éternelle. Ne pensez plus, laissez la nuit vous entourer. Isolés entre la Terre et
tance

écoutez. Ecoutez bien. C'est le seul moment de votre vie, où vous entendrez la
l'Infini,

vérité dépouillée, la vérité divine vous parler


comme une conseillère et comme une amie...
Que vous dit-elle ? Ceci
: Le Dieu
que vous cherchez est en vous. Il ne vous a jamais
quittés, mais on a voulu nous persuader qu'il était extérieur à vous-même. Il vous suffit
l'interroger pour séparer le bien du mal !... »
de

Apostasie et: perversion nazie, voilà le terme où la compromission doit mener


ce qu'il y a de lâcheté chez trop de
tout
« catholiques » français. Quant à ce qui
enrefuse
eux
de
se laisser compromettre et résiste courageusement, il reste à le
détruire.

Détruire : cela veut dire d'abord bâillonner et étouffer toute voix qui oserait
dénoncer l'équivoque de la collaboration l'ordre nouveau — et ligoter
pour
activité apostolique qui risquerait de gêner le développement des activités
toute

inspirées au contraire de près


ou de loin par la mystique nazie.
les variantes qu'impose la situation différente des deux
«Avec l'une
zones,
«occupée
», l'autre « simplement contrôlée », la tactique sera toujours la même :
coups par degrés l'atmosphère de la vie chrétienne, y faire le vide par petits
ps insensibles, tendre des liens ténus autour de toute l'organisation catho-
les renforcer
lique,
peu à peu, desserrer l'étreinte si on craint des réactions dan-
gereuses, les resserrer au contraire davantage à le patient s'épuisera
enréactions maladroites. Et toujours
mesure que
le comble de l'habileté consistera à faire
porter l'odieux de ces mesures aux autorités ou aux organisations françaises,
en
soit les la
chargeant seulement de l'application des ordres de l'autorité occu-
dans
pante
zone occupée, soit en suggérant l'initiative au gouvernement de
Vichy dans la zone « libre ». Ainsi mensonge et duplicité porteront leurs fruits
de division dans la France chrétienne.
Dans la zone occupée, ce travail de destruction est déjà assez avancé. De
presse libre, il n'est plus question bien entendu. Mais signalons le rôle du Syn-
dicat des Editeurs, chargé de faire le vide au nom de l'autorité occupante, en
interdisant la publication de tout ouvrage dangereux, en complétant la liste
ouvrages interdits, dite liste Otto. Après le bâillon : les menottes : une ordon-
nance du 28 août 1940 a supprimé l'activité de toutes unions, sociétés et asso-
ciations sauf celles fondées sur le droit publie, interdit la fondation do toute
nouvelle association et le port de costumes, insignes. Un trait de plume a donc
fait disparaître Scouts, J.O.C., J.E.C., J.A.C., etc. Perquisitions, amendes,
arrestations de militants, atteignant toute tentative de reprise d'activité, par ex.
le 9 mai 1941, au siège do la J.A.C. de Rennes : 200.000 francs d'amende. Au
début de juin, à Tours, le préfet est contraint par la Feldkommandanturde rap-
peler aux patronages do jeunesse qu'ils n'ont pas le droit de faire du sport ni
même d'organiser une excursion commune sous la direction d'un religieux. Le
prêtre à la sacristie ! Heureux encore quand l'évêque ne se charge pas lui-même
de faire cesser l'activité des militants de son diocèse. Le cas s'est présenté. Des-
traction obtenue par la menace et toujours avec le fallacieux espoir « d'éviter
de plus grands maux »... comme en Autriche ! Et pendant qu'on promet aux
évêques le concordat, on sollicite les jeunes lycéens de participer à des camps
vacances et à des voyages en commun avec la jeunesse hitlérienne en Allemagne,
quand ce ne sont pas, sous le patronage d'un ministre de l'Education Nationale
« européenne », des journées d'études à Paris, où les représentants do notre
jeunesse doivent « collaborer » avec ceux de la Hitler-jugend.
Dans la zone « libre » l'oeuvre do destruction est moins avancée, mais elle se
prépare dans l'ombre. Déjà le bâillon est mis par une censure qui arrête tout
qui est susceptible de « porter ombrage » aux autorités occupantes. Un catho-
lique peut chercher en vain actuellement le texte do l'Encyclique Mit brennender
Sorge, ou celui des derniers discours du Pape, soigneusement filtrés par la cen-
sure. Les ondes de « Radio-Vatican » sont brouillées. A la mi-août 1941, Temps
Nouveau et Esprit ont été, par ordre gouvernemental, supprimés « en raison de
leurs tendances ». Tendances « anticollaborationnistes », a précisé la presse
suisse. Pour les mêmes motifs, La Croix se trouve également menacée. Il est
donc interdit de dénoncer publiquement l'équivoque de la collaboration pour
l'ordre nouveau, comme nous le faisons ici. Les déclarations des évêques eux
mêmes sont tronquées dans la presse de M. Marion et toute demande de recti-
fication demeure vainc.
Il faut prévoir néanmoins que la situation se développera. Il y a quelques
mois déjà, la voix du Vatican mettait en garde les chrétiens de France :
« On entend dire qu'il faut collaborer et s'intégrer à l'ordre nouveau. Ces tenues sont
susceptibles de beaucoup d'interprétations... Cela peut vouloir dire travailler avec d'autre,
en gardant sa valeur, en l'augmentant pour la mettre au service de tous, et en tirant
comme de juste, de cette intégration, une richesse personnelle, une envergure croissan
et c'est parfait... Mais cela peut vouloir dire aussi qu'il s'agit d'abandonner son caractère.
cela peut vouloir dire que l'intégration est une absorption et, pour rester dans le voca-
bulaire du jour, cela peut vouloir dire que l'intégration doit être une déporsonnalisation,
cela peut vouloir dire que la collaboration signifie démission, esclavage, une noyade dans

le tout, et que l'unité devient une dénationalisation.


« Il y a bien des indices que ceux qui emploient avec fougue aujourd'hui la consigne de

s'intégrer oublient de songer à ce qu'ils risquent de perdre.


« Pour s'intégrer, en effet, dans le bon sens du mot, pour collaborer, pour être au ser-

vice de tous en restant soi-même, il faut d'abord être quelque chose ou quelqu'un.
« Plus on parle de s'intégrer, plus il faut parler d'être soi, d'être soi-même, d'avoir une
valeur personnelle, plus il faut songer à défendre et à augmenter cette valeur.
« Les chasseurs d'esclaves peuvent prétendre qu'ils demandent à des villages de nègres
une certaine collaboration. Il vaut mieux cependant que les villageois, sous la protection
de quelque prince du sang, s'assurent d'abord de la valeur des mots, avant de sortir de

leurs abris et qu'ils aient des garanties palpables.


Il est extrêmement inquiétant d'entendre répéter avec insistance actuellement
«
ces
mots qui peuvent tout couvrir, sans qu'on prenne la peine d'en déterminer
le sens, ni
sans lever le voile de l'avenir qu'ils préparent, tandis que ceux auxquels on s'adresse n'ont
d'autre garantie que des paroles vagues, et des promesses éloquentes, mais plus
encore
vagues, dont le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles risquent de rejoindre dans la tombe
tant d'autres promesses, avant d'avoir porté le moindre fruit, si toutefois on
se réaliser le contraire de
ne voit pas
ce qu'elles avaient prétendu. »
Tout le machiavélisme de la tactique nazie consiste à faire
passer dans les
faits par un insensible glissement et un habile camouflage l'identité suivante
:
Collaboration au Gouvernement du Maréchal Collaboration à l'ordre nou-
veau = =
Collaboration au triomphe des principes nazis. Grâce à cette identifi-
cation qu'il cherche à opérer sous le manteau d'un
« ordre nouveau », en appa-
rence excellent ou du moins inoffensif et purement politique, notre ennemi
espère transformer le meilleur en pire : la fidélité française sera détournée
pour servir au triomphe des principes nazis.
Pour que pareil détournement réussisse, il faut et il suffit soit camouflée
que
soigneusement l'équivoque centrale. Silence donc sur le troisième terme, sur les
principes et la mystique nazis! Plutôt que de paraître viser à leur triomphe,
souffrir qu'ils soient attaqués, on désavouer même l'expression trop crue et au
besoin les renier verbalement. Du second terme, de
« l'ordre nouveau », faire
miroiter uniquement les bons côtés, réels ou du moins possibles ; ils serviront
d'appât à la bonne volonté et à la lassitude du vaincu, le vainqueur réservant
se
d'ailleurs toujours de les modifier à sa guise. Enfin laisser mettre l'accent
sur le
premier terme, sur la fidélité au Maréchal, favoriser même tout qui encourage
la collaboration à
ce
son gouvernement, dans la mesure surtout où ce gouvernement
collabore lui-même à l'ordre nouveau. Telles sont les consignes d'un ennemi qui
est persuadé que le temps, l'astuce et la force suffisent à tout pervertir.
Mais il est impossible que les chrétiens ne sentent pas d'abord confusément
équivoque sur laquelle pivote tout ce machiavélisme, et que bientôt les plus
clairvoyants des prêtres et des fidèles n'élèvent la voix pour la dénoncer.
Dénoncer l'équivoque de la « collaboration à l'ordre nouveau », c'est ce
craint par-dessus tout l'ennemi de la France et du Christianisme. Aussi peut-on que
prévoir que sa réaction sera identique à ce qu'elle fut en Allemagne : la persé-
cution. Non pas d'abord sans doute la persécution sanglante : Hitler et ses col-
aborateurs ne veulent pas faire des martyrs, mais des criminels.
Or, tout est déjà préparé pour faire des « criminels » de ceux qui dénonce-
ront cette équivoque et se dresseront contre la reconnaissance des principes
spirituels du nazisme qu'elle implique. Eux aussi seront accusés de catholi-
cisme politique
«
», c'est-à-dire pour la France actuelle de faire de l'opposition
au gouvernement du Maréchal, de diviser l'unité de la France, d'être les alliés
du gaullisme et du communisme.
Déjà et surtout depuis la courageuse défense des Russes, toute résistance
patriotique est assimilée au communisme. Il en sera de même demain pour toute
résistance chrétienne! Les soi-disant patriotes qui collaborent à une telle confu-
sion ne voient-ils donc point que, par là, ils font oublier le rôle équivoque du
bolchovisme au début de la guerre, le. réhabilitent et, bien loin do le combattre,
préparent en réalité
sa litière dans notre pays ?
Dernier avertissement. — Nous avons dit qu'il était inadmissible que quelques ora-
«
teurs sacrés, sourds à l'appel que leur ont adressé les plus grands prélats de France, et
notamment Mgr Baudrillart et Mgr Suhard, archevêque de Paris, combattent en chaire le
Gouvernement du Maréchal et sa politique.
« Nous avons dit, pour répondre au voeu de certains fidèles, que nous dénoncerions ces
« mauvais bergers » s'ils persistaient dans leur action néfaste.
« Cela nous a valu une véhémente attaque d'un dominicain que nous ne nommerons pas
par respect pour son ordre et en souvenir des écoles d'Arcueil où plusieurs collaborateurs
de notre journal ont été élevés.
« Nous n'en sommes pas moins décidés à combattre d'où qu'ils viennent les hommes
qui s'opposent à la politique suivie par le Maréchal et l'Amiral.
« Signalons aujourd'hui que des lecteurs protestants nous ont écrit pour se plaindre
d'étranges prêches anglophiles et gaullistes. A Montpellier, notamment, un pasteur que
pour cette fois nous ne nommerons pas non plus, mais qui se reconnaîtra, a tenu des
propos susceptibles d'égarer les jeunes. Si ces faits, se renouvelaient, nous serions au
regret de préciser nos informations. »
Prêtres, religieux, catholiques influents, seront les premiers visés par cet
espionnage. Au début on essaiera de les amener d'eux-mêmes au silence par des
avis bienveillants, ou en faisant appel comme le Cardinal Baudrillart à l'obéis-
sance! Comme si l'obéissance la plus sacrée n'avait pas toujours une limite :
celle du pêché ! Si l'intimidation ne suffit pas, on ira plus loin. Car il faut à
tout prix empêcher la lumière de dissiper l'équivoque. Ce sont ceux-là mêmes,
qui seront restés fidèles à leur mission strictement religieuse et qui auront ou le
courage de la remplir, qui se verront accusés de prêches politiques.
Catholiques et chrétiens de France doivent donc s'attendre à être calomniés,
salis, emprisonnés et même à subir un sort pire à proportion de leur courage et
de leur fidélité au Christ. Déjà, à Paris, plusieurs curés et vicaires ont été em-
prisonnés. La fidélité chrétienne dans la fidélité française est un crime qu'on
ne pardonne pas...
Pour nous, notre décision est prise. Car autant l'intérêt majeur des nazis et
de leurs serviteurs est d'entretenir et d'étendre l'équivoque, autant notre devoir
de Français et de chrétien est de la dissiper : nous ne cesserons donc de nous
opposer au triomphe des principes nazis, quelles que soient les formes qu'ils
revêtent.
« La parole de Dieu n'est pas enchaînée », s'écriait saint Paul du fond de sa
prison. La voix du Vatican nous exhortait naguère au même courage :
«L'histoire n'a pas changé. Si des pierres qui frappent. JESUS quelques-unes nous tou-
client, ne nous étonnons pas. Cela prouvera que nous sommes avec lui. Mais surtout, ne
nous mettons pas, ne nous mettons jamais pour nous sauver avec ceux qui lui jettent des
pierres. Ce serait assurer notre porte. La persécution est peut-être proche, pour beaucoup
elle a commencé de manière sanglante. Rien ne sert, de courir de droite et de gauche pour
essayer d'y échapper. Nous n'y parviendrons pas, ou si nous y échappons, ce sera un
signe que nous sommes lâches et perdus.
« Il ne faut jamais donner le spectacle de chrétiens qui, pour se sauver, pactisent avec
les ennemis du Jésus. C'est donner à ceux-ci plus d'audace et les moyens de continuer leur
besogne de mort. Il y a des moments où il ne faut pas céder et où la justice domine la
charité, car la charité qui sacrifie la justice est une mauvaise charité. Elle ruine la justice
et finalement la charité. La charité sans la justice ou qui laisse mourir la justice dans la
conscience des hommes est une fausse charité, une faiblesse indigne du chrétien.
« Les biens que l'on garde par une paix apparente et momentanée mais en perdant
l'honneur de chrétien, sont des biens frappés à mort. Nous n'en jouirons pas et une paix
de compromis ne dure jamais et sert seulement à couvrir des entreprises mauvaises et la
ruine de la chrétienté. » (Radio-Vatican.)
Mais, comme Pie XII le disait le 29 juin 1941 :
Il faut avoir confiance Dieu et s'en remettre à jugement. Dieu peut
« en son
permettre temporairement la malignité des hommes. Mais le triomphe du mal
ne peut durer. L'heure do Dieu viendra. L'heure de la libération et de la joie,
et qui permettra la résurrection de la justice et de la paix. »
Un attendant l'heure de Dieu, nous ne cesserons de le crier : FRANCE,
PRENDS GARDE DE PERDRE TON AME !
L'ORDRE NOUVEAU

« S'il existge terre une Eglise pour annoncer qu'il homme


uneliberté qui est sur y a dans chaque
sacrée et sur laquelle aucun Etat n'est autorisé à porter la
que les destinées de la personne humaine sont éternelles et qu'aucun
main ;

social, aucune patrie, aucune nation n'a le droit de s'interposer entre l'homme pouvoir
et ses fins dermeres

que
qu'il
;
l'ordre des cités temporelles ne peut pas être pétri selon la fantaisie des
hommes,
mais est soumis à des rapports divins de justice que ni les parti-
culiers, ni les Etats n ont le droit d'enfreindre, en
qu'il est aucun cas ;
seulement immoral et antichrétien mais encore antipolitique
non
d'expulser la inorale de la politique ;
que les cités humaines deviennent des tyrannies et perdent le droit d'exiger
l'obéissance pour autant qu'elles attentent aux droits naturels et primordiaux
de la personne humaine
;
que l'homme étant fait à l'image de Dieu a un droit souverain à la vérité, à
justice, à l'amour, et qu'il est inique de le nourrir de mythes, de mensonges,
la

qu'il faut « se garder des idoles » (I, Jean, V, 21) Dieu seul est ado-
que
rable, non la classe, la race et leurs dictateurs ; que la vérité ; à la fin l'emportera
sur la violence et l amour sur la haine ;
s'il est donc sur la terre une foi qui croie tout cela et Eglise qui l'annonce,
une
il est clair que cette foi et cette Eglise, du seul fait qu'elles existent vont barrer
route à toutes les tentatives inhumaines de fabriquer l'homme de l'ordre nou-
dira
la

veau. Et c'est pourquoi l'appareil d'écrasement ne pourra pas ne pas se dresser


elles. On
contre que la religion est une illusion du peuple, un opium du
peuple. On restaurera contre l'Eglise le Kulturkampf, et l'on mettra les catho-
liques en demeure de choisir entre leur patrie leur Eglise,
La folie ou
serait de vouloir à tout prix se persuader que cette opposition est
due à des malentendus passagers et qu'elle n'est qu'accidentelle ; de ne pas vou-
reconnaître qu'elle est essentielle et foncière.
loir

Cf. la
solennelle protestation du cardinal von Faulhaber, dans le sermon qu'il

1942
se
qui
:
a prononcé à Munich, le 31 décembre 1941; traduit dans la Liberté du 9 mai
pose
Les deux grandes communautés chrétiennes d'Allemagne savent que ce
pour elles, en ce moment, est une question de vie ou de mort. Il y va
des fondements mêmes du christianisme, des Saintes Ecritures, de la
foi au
Christ de l'Evangile... Ce qui se passe aujourd'hui devant
du monde c'est un chapitre de l'Apocalypse, un épisode denos
yeux sur la scène
la lutte éternelle de
umière et des ténèbres. Prenez garde que la lumière qui est en vous ne
devienne ténèbre ». Cardinal dit encore : « Ce Christ qu'on veut arracher au
peuple allemand, est le roi de l'histoire universelle, aucune souris
jamais grignoter le moindre fil de
ne pourra
son manteau royal ».

essayons de préciser à l'aide de données récentes, quelques-uns des points de


Si nous
nous constaterons qu'ils concernent non seulement les fins que se propose
ce
vaste
conflit,

l'ordre nouveau mais


encore les moyens qu'il emploie.
Dans une lettre pastorale, datée du 28 février 1942, qui est l'honneur de la vraie
Espagne que nous aimons, l'étêque de Calahorra vient de rappeler
fondamental de tous ceux qui usent de la parole ou qui tiennent
avec force le devoir
une plume, et de s'ériger
l'organisation publique et systématique du mensonge ». Il dénonce, dans une
contre
«
certaine forme de propagande qui vise à dévoyer les esprits, la pire des tyrannies, et il
stigmatise l'avilissement de ceux qui s'en font les instruments pour quelque motif que
ce soit.
La parole humaine, dit-il, est une incarnation de l'esprit de l'homme et une image de la
parole éternelle de Dieu. Donnée à l'homme pour révéler sa pensée, elle est par nature
soumise à la loi éternelle de la vérité, qui doit rester au-dessus de toute atteinte. Or.
poursuit-il, « elle a été tellement, prostituée par le mensonge délibéré, systématique, orga-
nisé, soit à la radio, soit dans la presse, soit dans toutes sortes de manifestations publi-
ques, qu'on use maintenant couramment des mots pour opprimer la dignité humaine par
la pire des tyrannies, À savoir celle qui s'exerce sur les esprits par l'imposition calculée
des mensonges.
« L'histoire nous parle de soldats qui préfèrent briser leur épée plutôt que de l'entacher
de déshonneur. Il serait grandement à souhaiter, pour l'honneur de l'humanité, que l'his-
toire nous donnât demain les noms d'un certain nombre d'écrivains et de journalistes
qui aimèrent mieux briser leur plume que de la mettre au service du mensonge.
« Il ne suffit pas de dire que les intérêts de la patrie rendent ces mensonges nécessaires.
Le nom de patrie, comme le nom de mère, est presque sacré. Il ne devrait pas être
employé pour couvrir nos passions ou nos haines de partis. Prétendre qu'une patrie ou
qu'une mère peuvent attendre de nous n'importe quel acte indigne, c'est souiller leur
honneur. De plus grand bien, la plus grande gloire d'une patrie, comme d'une mère, c'est-
d'avoir des enfants honorables et dignes ; et le bon patriote, comme le bon fils, doivent
préférer une patrie et une mère pauvres, si c'est nécessaire, mais honorable, à une patrie
et à une mère riches et puissantes mais sans honneur. » (1)
L'évêque proteste en même temps contre l'esprit d'injustice, de calomnie et de phari-
snïsme, dont on croit pouvoir user è l'égard de ses adversaires. Aucun esprit de parti,
aucun intérêt national, ne seront jamais capables de l'excuser. Dieu nous demande d'être
justes non seulement pour ceux qui nous aiment, mais encore pour ceux qui nous com-
battent :
« Nous avons réellement lieu d'être honteux de voir jusqu'à quel point les passions et
les rivalités de parti ont réussi à obscurcir et à pervertir, dans l'esprit, de notre pauvre
humanité, les principes les plus élémentaires du bien, de la justice, de la vérité.
« Des excuses sont invariablement trouvées à la violation des pactes les plus solennels
à la répudiation des promesses jurées, quand elles sont le fait de gens ou même parti.
« L'ennemi n'a droit à rien, ce qu'il fait est toujours mal, il ne peut jamais avoir
raison. Ceux qui appartiennent, au même parti ont tous les droits, ce qu'ils font est
toujours bien, ils ont toujours raison. »
L'évêque dénonce le communisme qui a fait en Espagne de si terribles ravages. Néan-
moins, dit-il, à l'heure actuelle, « nous estimons que ce n'est pas l'erreur communiste qui
constitue le danger le plus imminent pour la conscience des fidèles... Une doctrine qui
défend la domination d'une nation ou d'une race dans la sphère sociale ou politique est
du point de vue religieux et moral, analogue à tous égards à celle qui défend la dome
nation d'une classe ». Si le racisme prononce le nom de Dieu, « il est facile de comprendre
que ce Dieu n'a rien de commun avec le vrai, Dieu des chrétiens ». Or, en raison d'événe-
ments purement humains et politiques que l'évêque n'a pas à apprécier, il se trouve que
le racisme trouve en Espagne un terrain d'infiltration favorable. L'évêque se plaint qu'on
autorise, dans sa patrie, la traduction de l'ouvrage qui est connue le symbole des erreurs
racistes condamnées par l'Eglise. Le Mythe du XXe siècle, et qu'on y fasse silence sur le
persécutions que subissent, les chrétiens de certains pays. Il cite la lettre pastorale collec-
tive des évêques allemands réunis à Fulda, et lue dans toutes les églises du Reich, le

6 juillet 1941. Il reproduit la lettre pastorale collective des évêques hollandais, du

25 juillet 1941. Il joint, en annexe à sa propre lettre, l'encyclique Mit brennender Sorge
de Pie XI, et il s'écrie : « Qu'aurions-nous dit, alors que l'Eglise était persécutée sous
Néron ou sous Dioctétien, au Mexique ou en Russie, si les catholiques d'un pays quel-
conque avaient applaudi les tyrans et fait preuve d'indifférence à l'égard des souffrances
de leurs frères dans la foi ?... La main qui est levée contre le Christ, qui frappe notre
mère l'Eglise, et qui s'abat sur nos frères dans la foi, sera toujours la main qui nous
frappera... Que ce soit au Mexique ou en Russie, en Allemagne, en Pologne, en Hollande,
ou dans n'importe quel autre pays, nos coeurs et nos sympathies iront toujours vers nos

frères qui souffrent persécution pour la vérité et pour la justice. » (2)

(1) Il y a quelques années, un penseur protestant allemand écrivait avec profondeur :

« Quiconque étudie de près l'histoire du monde après la venue du Christ est frappé de
constater que précisément, la descente de la lumière chrétienne dans les ténèbres de l'hu-
manité a eu pour premier effet d'augmenter immensément la puissance du mensonge ».

Nabuchodonosor n'avait pas besoin d'un ministère de propagande. « C'est seulement


l'avènement du christianisme qui a rendu nécessaire ce genre de justification. »
(2) Cette lettre a été interdite en Espagne et son autour a reçu un blâme public du

Caudillo. Si nous signalons ce point, c'est pour qu'on apprenne enfin a distinguer entre
Ces frères, nous le faisons remarquer avec émotion, ce sont aussi les protestants de
Hollande et de Norvège. L'unique Eglise unit
en elle tout ce qu'un amour éprouvé par la
persécution unit en Dieu.

L'antisémitisme est l'outil de prédilection de la technique nazie de l'ordre


nouveau.
Une des entreprises de
la nouvelle technique est d'avilir intentionnellement l'adversaire.
L'antiémitisme y contribue. « Le pire est l'abaissement de la dignité humaine chez les
perrsécutés eux-mêmes. Ce n'est pas qu'il y ait dans certains squares des bancs jaunes
reservés aux Juifs, c'est qu'on puisse voir des Juifs, de tristes Juifs fatigués assis sur
ancs. On a vu aussi, dans des familles où le père était Juif et la mère aryenne,
enfants arracher à leur mère l'aveu de son adultère pour pouvoir établir qu'ils étaient
des

pur sang aryen, et avaient droit à la vie civile. » (Jacques Maritain.) Et comment
expliquer autrement le succès de ces atroces invitations au suicide adressées aux Juifs
certains pays ?
dans

Il existe d'autres moyens, subtils et nuancés, d'avilir un homme ou un peuple, de s'atta-


à son âme, à ses réserves secrètes, de le compromettre, de flatter en lui le point le
quer

plusde son être, pour l'asservir, le réduire au silence, de le mettre hors d'état d'être
bas
dangereux. La technique moderne a ici encore multiplié les ressources.

Pourtant, l'esprit est plus fort que la technique. Mais il faut qu'il veille. Le
danger des peuples est do détourner leur espérance do la Colombe lors-
pire

qu'elle passe
sur les eaux de l'histoire.
O peuples prisonniers de vos terreurs profondes
et dont l'âme croupit dans le sang de vos morts.
O peuples sans écho que nul cri ne révolte
vînt-il du plus secret des pierres torturées.
peuples pourrissant sur pied dans votre histoire
O

et qui ne sentez pas l'odeur vous accuser.


O peuples moribonds qui de vos mains crispées
ramenez le passé frileux sur vos regards.
La colombe a fondu sur vous de tout son être
lacérant le linceul où vous roule-la voix :
vous grelottez au matin froid de l'espérance
nus, voûtés, l'oeil peureux vers la terre, le bras
sur la tête plié pour parer les coups d'aile
car la gifle d'un libre vol vous marquerait
jusqu'au sang, et vous haïssez le sang, ô peuples
blafards comme la face de vos tyrans.
Mais cette Ombre sur vous qui ravage votre ombre
et transperce vos mots, vos mutismes, vos murs,
cet oiseau de malheur qui tellement vous hante
que vous n'osez lever les yeux vers le ciel dur,
infléchissant son vol vers le plus bas, caresse
la détresse infinie des proscrits, des captifs,
de ceux que vous taisez de toute votre haine...
hommes, au contraire, recommencent à lever les yeux sur la divine
Que les
Colombe, voici qu'ils deviennent forts et légers. Ils brisent la machine des
grands inquisiteurs à chemise de couleur. Ils retrouvent le vrai coût du temps,
qu'ils croient à l'éternité.
dès

responsabilités
les de l'Eglise et celles des gouvernements, si « catholiques qu'ils
paraissent.
Il est clair que les peuples, surtout s'ils sont petits, qui font passer le souci
de leurs intérêts économiques avant celui de leur vocation spirituelle, sont
d'avance perdus pour l'histoire. « Aucun peuple n'a survécu aux épreuvesde
l'histoire que parce que, dans la masse ou dans quelques prédestinés, il est
resté certain de son coeur et de sa mission, quand tout semblait perdu. Et tout
était perdu, en effet, sans une telle certitude. Dans un homme qui préfère tout
à l'acceptation d'une chose abominable, il secrète confiance
y a au moins une
naturelle dans le principe de l'être, même s'il ne sait pas son nom, et dans la
source de la justice. Mais se résigner, pour des raisons de soi-disant réalisme
politique, à l'asservissement d'un pays, c'est conduire ce pays aux grands cime-
tières de l'histoire parce qu'on ne croit plus à la force de vie qui fait son exis-
tence. »
Mais croire en l'esprit, ce n'est pas négliger la machine, la technique, la

force : c'est vouloir chercher la libération politique de. l'homme en s'efforçant


constamment de les ployer aux lois de la marche, aux tins de la justice et de

l'amour ; c'est refuser de croire que cette libération politique puisse résulter
d'un emploi illimité, et sans égard aux lois morales, de la machine, de la tech-
nique, de la force. »
Abbé Charles JOURNET,
Professeur de Théologie à Fribourg.

PROTESTATIONS FRANÇAISES

Contre un défi odieux aux lois morales — la déportation inhumaine des Juifs

réfugiés en France et la. livraison des victimes par des autorités françaises à la
barbarie nazie — des voix courageuses viennent d'élever la protestation de la
conscience chrétienne, pour que la France ne mérite pas de descendre « aux
grands cimetières do l'histoire », malgré la complicité allègre ou résigné de
ceux qui se mettent au service du dessein hitlérien de nous avilir par la parti-
cipation au crime.
Voici les faits. — Ils ont été contestés vainement par les services de propa-
gande et d'information de Paris et de Vichy, par les journaux dévoués à l'hi-
tlérisme, comme Je suis partout, Le Pilori, Gringoire, L'Union Français, Le

Pays Libre, et des hebdomadaires semi-officiels comme le Bulletin d'informa-


tions corporatives, dont le rédacteur en chef, M. Giaume, écrit le 5 octobre six
colonnes d'insultes contre l'Eglise, avec l'autorisation bienveillante de la cen-
sure ? Inutile d'atetndre de tels organes le moindre souci de la vérité; nous
demandons cependant aux Français qui n'ont pas pris le goût du mensonge de

juger qui donne aujourd'hui « l'affreux spectacle de la mauvaise foi ».

ZONE OCCUPÉE

Ces précisions sont extraites d'un rapport circonstancié fourni par une des
glandes oeuvres françaises d'assistance. La massive arrestation de Juifs date
des 16 et 17 juillet. Hommes, femmes et enfants à partir de deux ans ont fait

l'objet des mesures d'arrestation.


Les personnes (hommes, femmes) prises isolément ont été dirigées sur le
camp de Drancy, les familles ont été concentrées au Vélodrome d'Hiver. Envi¬
personnes, en comptant les enfants, ont séjourné plus d'une mille
semaine Vél d'Hiv'
ron
neuf

attendant d'être transférés aux camps de Pithiviers


Beaune-la-Rolande. Après quelques jours, les enfants ont été séparés des
au etde
en
parents et ceux-ci déportés l'Est.
Les enfants sont restés, dansvers
ces deux camps, au nombre de trois à quatre
mille confiés aux soins de femmes âgées ou malades. Quelques jours plus tard,
ont été transférés à Drancy, d'où ils ont été déportés en même temps
ils

certains « isoles ». que


Les
conditions d'internement furent épouvantables ; des épidémies de diphté-
rie, rougeole et scarlatine firent de nombreuses victimes ; hygiène déplorable,

promiscuité, sévices.

déportations commencèrent, en séparant de leurs parents les enfants de


Les
moins ans. Trains de mille, une soixantaine par wagon à bestiaux,
de 12

plombé, sans paille ni possibilité d'hygiène. Souvent les familles ont été sépa-
rées, le mari et la femme ne
partant pas ensemble ; des enfants de 12 à 15 ans
été déportés avant leurs parents. Scènes horribles de la séparation : nom-
ont

breuses tentatives de suicide, mères devenues folles, brutalisées leur faire


pour
leurs petits. Véritable pillage de toutes les valeurs des déportés, sans
lâcher

vérification ni garantie. Lieu de déportation inconnu, démarches de la Croix-


Rouge internationale sans résultats,
On aurait
pu croire que les enfants ne seraient pas déportés. Efforts vains.
départs d'enfants
Les 2 a 12 ans se font dans les mêmes conditions affreuses : de

arriveront vivants au terme de leur voyage vers l'inconnu ? Beaucoup


combien

n'ont pu être identifiés et sont déportés sans qu'on sache leur


espérer qu'ils retrouvent leurs parents.
nom ; on ne peut
de Juifs, qui avaient
pu échapper aux rafles, se cachent Plusieurs
milliers

comme des bêtes tranquées, sans moyen d'existence ; ils ne pourront bientôt plus

se procurer de nourriture, les feuilles de tickets sont frappées d'opposition : des

plusieurs enfants qui ne couchent pas deux nuits de suite même mères
avec

endroit des jeunes filles qui n'auront d'autre choix que de mourir de au faim ou
omber aux mains des trafiquants, suicide ou prostitution...
Le
septembre, un millier de Juifs français, internés au camp de Pithiviers,
embarqués vers l'Est. Avant le départ, fouille générale les femmes,
ont
été
20

:
les vieillards, dont la générale Lévy et
même
une autre de 83 ans, ont été obli-
de se déshabiller et ont été fouillées par les policiers. Jamais
encore la
gées

des
brutalité services de police allemands (S. S.) et des services français de la
rue de Greffuhle
ne s'est exercée avec autant de violence.
déportés envoyés de zone libre par les services de Vichy subissent le
Les

même sort.
ZONE NON OCCUPÉE •

quelques détails près, les faits sont semblables à ceux cités ci-dessus
A
zone occupée. Même brutalité, même désordre, même mépris de la
la
pour
même haine surexcitée de quelques énergumènes, même
personne
passivité, même
humaine,

tiaux, la part des hauts fonctionnaires. Entassés dans les wagons à bes-
de

es déportés ont erré de gare en gare sans ravitaillement, sans installa-


tions hygiéniques, hommes, femmes et enfants pêle-mêle. Un télégramme de
Laval autorisait les préfets « à prélever sur les stocks de l'Intendance la
M.

quantité de paille nécessaire... » Comme à Paris, les services médicaux


faible

pas prévus par la police. De nombreux malades sont morts en cours


n'étaient

route sans qu'il ait été possible de les assister.


de

Mais en zone non occupée,


ce sont des Français qui ont dû faire la besogne.
Du 28 août, Vichy leur a communiqué ses ordres par télégrammes qui, du
4au

au
28, se sont succédés de plus en plus impératifs, ordonnant des mesures de
18

en plus plus
sévères et trahissant de plus en plus la crainte des réactions de
l'opinion publique. Il semble que Vichy ait eu hâte de satisfaire les exigences
allemandes et que, bien souvent, il soit allé au-devant.
Laval a essayé de cacher la vérité aux journalistes étrangers. Au
M.
cours
;
d'une réunion de presse, il leur a déclaré que, seuls les Israélites étrangers entrés
en France après 1936 seraient déportés. Le lendemain, il était démenti par
Gringoire qui le félicitait de nous débarrasser de tous les israélites étrangers.
La presse aux ordres de Vichy a essayé également de travestir la vérité : elle
a publié des informations mensongères tendant à disculper le gouvernementoffi-
à atténuer la réaction de l'opinion publique. Voici quelques télégrammes
ciels suffisamment, éloquents. Ils ont été adressés à tous les préfets et montrent
la résolution implacable de Vichy, son désir d'agir vite et son besoin de dis-
crétion :
le 19, un télégramme demande la déportation des israélites entrés en France
en 1933
le 20, un autre « autorise l'internement administratif de toute personne dont
acte ou attitude entraverait l'application des mesures ». Le même jour, il
recommandé d'agir avec la plus grande discrétion et de « procéder aux rafles
au petit jour, entre 4 heures et 5 heures du matin ;
le 21, un télégramme autorise les déportations des anciens combattants;
enfin, le 22, tous les préfets on treçu le télégramme suivant qu'il convient de,
citer tout entier :
« Le Chef du gouvernement tient à ce que vous preniez
personnellement
mains le contrôle des mesures décidées à l'égard des israélites étrangers. Vous
n'hésiterez pas a briser toutes les résistances que vous pourrez rencontrer dans
les populations et à signaler les foncitonnaires dont les indiscrétions, la passi-
vité ou la mauvaise volonté auraient compliqué votre tâche. D'autre part, dans
les jours qui suivront l'opération projetée, je vous demande de faire procéder
à des contrôles extrêmement sévères et à des vérifications d'identité par d'impor-
tantes forces de police, afin de libérer totalement votre région de tous les israé-
lites étrangers dont le regroupement est prévu par ma lettre du 15 août et
correspondance ultérieure. »
On ne peut pas reconnaître plus explicitement que ces mesures sont dés-
vouées par le pays tout entier et qu'elles ne sont que le signe de la soumission
totale du gouvernement à ses maîtres nazis.

Adresse des Cardinaux et Archevêques de zone occupée à M. le Maréchal Pétain-


et

Profondément ému par ce qu'on nous rapporte des arrestations massives d'israélites
opérées la semaine dernière et des durs traitements qui leur ont été infligés, notamment
au Vélodrome d'Hiver, nous ne pouvons étouffer ce cri de notre conscience.
C'est au nom de l'humanité et des principes chrétiens que notre voix s'élève pour
protestation en faveur des droits imprescriptibles de la personne humaine.
en

une

C'est aussi un appel angoissé à la pitié pour ces immenses souffrances, pour celles sur-

tout qui atteignent tant de mères et d'enfants.


Nous vous demandons, Monsieur le Maréchal, qu'il vous plaise d'en tenir compte, afin

que soient respectées les exigences de la Justice et les droits de la Charité.


Fin juillet 1942

Fédération
Lettre personnelle adressée par le Pasteur Boegner, Président de la
Protestante de France, à M. le Maréchal de France, Philippe Pétain, Chef

de l'Etat Français.
Nîmes, le 20 août 1942.

Monsieur le Maréchal,
Lorsque vous m'avez fait l'honneur de me recevoir, le 27 juin dernier, j ai remis entre
vos mains la lettre par laquelle le Conseil de la Fédération Protestante de France confiait

à votre coeur de chrétien, de soldat, la douleur et l'émotion épreuvée par les Eglises

Protestantes devant les nouvelles mesures prises on zone occupée à l'égard des
israélites

et des chrétiens maintenus Juifs par la loi. Je me vois contraint, hélas ! de vous écrire

aujourd'hui au nom de ce même Conseil pour vous exprimer l'indicible tristesse que res-

sentent nos Eglises à la nouvelle des décisions prises par le gouvernement français à
l'encontre des israélites étrangers, convertis ou non au christianisme, et de la manière
dont elles sont exécutées.
Aucun Français ne peut demeurer insensible à ce qui se passe depuis le 2 août dans
es camps d'hébergement et d'internement. On répondra, on le sait, que la France ne fait
que rendre à l'Allemagne des Juifs que celle-ci a envoyés en automne 1940. La vérité est
que viennent d'être livrés à l'Allemagne des hommes et des femmes réfugiés en France
pour des motifs politiques ou religieux, et dont plusieurs savent d'avance le sort terrible
qui les attend.
Lechristianisme avait jusqu'à présent inspiré aux nations, à la France en particulier,
le respect du droit d'asile. Les Eglises Chrétiennes, quelle que soit la diversité de leurs
confessions, seraient infidèles il leur vocation première, si elles n'élevaient devant l'aban-
ce principe leurs douloureuses protestations.
don de
Je suis obligé d'ajouter, Monsieur le Maréchal, que la « livraison » de ces malheureux
étrangers s'est effectuée en maints endroits dans des conditions d'inhumanité qui ont
révolté les consciences les plus endurcies et arraché des larmes aux témoins de ces
mesures. Parqués dans des wagons à bestiaux, sans aucun souci d'hygiène, les étrangers
désignés
pour partir ont été traités comme du bétail. Les Quakers, qui font tout pour
soulager ceux qui souffrent sur notre sol, se sont vus refuser le droit de les ravitailler
à Lyon. Le Consistoire Israélite n'avait pus été autorisé à leur distribuer quelques vivres.
Le respect de la personne humaine que vous avez tenu à consacrer dans la Constitution
dont
vous voulez doter la France a été maintes fois foulé aux pieds. Ici encore les Eglises
sont tenues de s'élever contre une si grave méconnaissance par l'Etat de ses indéniables
responsabilités.
Le Conseil de la Fédération Protestante de France en appelle à votre haute autorité
morale
pour que des méthodes entièrement différentes soient introduites dans le traite-
ment des étrangers israélites de race, chrétiens ou non de religion, dont la « livraison »
a été consentie. Aucune défaite, vous nous l'avez rappelé vous-même, ne peut contraindre
a France à laisser porter atteinte à son honneur.
La fidélité obstinée de la France, même et surtout dans les journées tragiques qu'elle
vit depuis deux
ans, à ses traditions de générosité humaine et de noblesse spirituelle,
reste
une des causes essentielles du respect que continuent de lui vouer certaines nations.
ice-Président du Conseil OEcuménique des Eglises Chrétiennes, je ne puis pas ne pas
vous faire
part de l'émotiondéjà
profonde éprouvée par les Eglises de Suisse, de Suède et des
Etats-Unis, à la nouvelle connue du monde entier, de ce qui s'accomplit en ce
moment même en France.
Je vous supplie. Monsieur le Maréchal, d'imposer des mesures indispensables pour que
la France pas à elle-même une défaite morale dont le poids sera incalculable.
ne s'inflige
Veuillez agréer, Monsieur le Maréchal, l'assurance de ma profonde tristesse et de mon
ntier dévouement.
Marc BOEONER, Pasteur,
Président de la Fédération Protestante de France,
Vice-Président du Conseil OEcuménique.

Lettre de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, lue dans les églises le 30 août
1942.
Mes très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et
reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent de la nature humaine. Ils viennent
de Dieu. On peut les violer. Il n'est au pouvoir d'aucun mortel de les supprimer. Que des
enfants,
que des femmes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau,
que des membres d'une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués
pour à temps de voir ce triste spectacle.
une destination inconnue, il était réservé notre plus
Pourquoi le droit d'asile de nos églises n'existe-t-il ?Pourquoi sommes-nous des
vaincus ? Seigneur
ayez pitié de nous. Notre-Dame priez pour la France. Dans notre dio-
cèse
des scènes d'épouvante ont lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs
sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étran-
pères sont des femmes. Tout n'est pus permis contre eux, contre ces hommes et contre ces
femmes, contre humain. Ils sont
ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre
nos frères comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier. France, patrie bien-aimée,
France
qui portes dans la conscience de tous tes enfants la traditiontudu respectrespon-
de la
personne humaine, France chevaleresque et généreuse, je ne doute pas, n'es pas
sable de ces horreurs.
Recevez mes Frères l'assurance de mon affectueux dévouement.
Jules-Géraud SALIÈGE, Archevêque de Toulouse.
Lettre de S. E. Mgr l'Evêque de Montauban sur le respect de la personne
humaine ». A lire sans commentaire à toutes les« messes dans toutesles
églises et chapelles du diocèse, le dimanche 30 août 1942.
Montauban, le 26 août 1942.
Mes bien chefs Frères,
Des scènes douloureuses et parfois horribles se déroulent en Frane sans que la France

soit responsable.

par des dizaines de milliers, des Juifs ont été traités avec la plus barbare
A Paris,
sauvagerie. Et voici que dans nos régions on assiste à un spectacle familles
sont disloquées, des hommes et des femmes sont traités comme navrant : des envoyés
un vil troupeau et
vers une destination inconnue, avec la perspective des plus graves dangers.
Je fais entendre la protestation indignée de la conscience chrétienne et je proclame que
tous les hommes, aryens ou nom-aryens, sont frères créés le Dieu
parce que par
que tous les hommes, quelles que soient leur race ou leur religion, ont droit
même
respect:
des individus et des Etats. au
Or les mesures antisémites actuelles sont un mépris de la dignité humaine,
des droits les plus sacrés de la personne et de la famille. une violation
QueDieu console et fortifie cuex qui indignement persécutés ! Qu'il accorde sontindignement au

monde la paix véritable et durable fondée sur la justice et la charité !


PIERRE-MARIE, Evêque de Montauban

Lettre de Mgr Delay, évêque de Marseille.


Mes très chers Frères,
Nous souvenant que, selon les paroles de saint Paul, du
« nous n'avons
monde mais l'esprit qui vient de Dieu » et que nous devons parler pas reçu l'esprit
discours
« non avec les
qu'enseigne la sagesse humaine mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit », nous remplir
devoir de un
grave notre
chrétienne bouleversée par les mesures qui viennent d'être prises et
croyons
charge en faisant entendre le cri douloureux de la conscient
ces
exécutées
derniers jours contre des hommes, des femmes, des enfants coupables seulement d'appar- en
tenir à la race juive et d'être des étrangers...
niquement parce qu'ils sont Juifs et étrangers, des hommes, des

femmes et des enfants qui n'ont commis aucune faute personnelle, dissocier les membres
d'une même famille et les envoyer peut-être à la mort, n'est-ce violer les sacrées
de la morale et les droits essentiels, de la personne humaine pas lois
et de la famille, droits qui
viennent de Dieu ?
C'est aussi manquer gravement à la charité et à la simple humanité d'exécuter
souvent du tels ordres dans des conditions absolument inhumaines. Nous que
sommes certains
mes très chers Frères, que vous partagerez notre réprobation et notre peine devant les
faits qui nous font si cruellement sentir notre défaite.
Prions ensemble pour ceux qui sont frappés et supplions Dieu d'épargner à notre pays

de nouvelles épreuves.
Que sa providence nous aide à garder à la France aimée âme chrétienne si chari-
son
table et à lui conserver sa pleine fidélité à l'idéal souvent rappelé par le Maréchal, qui le
proclame « fondé sur le respect de la personne humaine, sur le culte de la famille, de la
cité, de la patrie, de l'amour, de la justice et de l'humanité ».
Ce sont là, en effet, les seules bases solides de tout ordre créateur Paix
nouveau de la
qui ne peut utre qu'un ordre chrétien.
Croyez, nos très chers Frères, à notre paternel dévouement.
JEAN, Evêque de Marseille.

Communiqué de S. E. le Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, qui devra être


lu en chaire le dimanche 6 septembre 1942 et auquel devra être ajouté
ne
aucune autre parole.
L'exécution des mesures de déportation qui se poursuivent actuellement contre les
Juifs donne lieu sur tout le territoire à des scènes si douloureuses que nous avons l'im-
périeux et pénible devoir d'élever la protestation de notre conscience. Nous assistons à
une dispersion cruelle des familles où rien n'est épargné, ni l'âge, ni la faiblesse, ni la

maladie. Le coeur se serre à la pensée des traitements subis des milliers d'êtres
humains et plus encore en songeant ii ceux qu'on peut prévoir. par
Nous n'oublions pas qu'il y a pour l'autorité française problème à résoudre, et nous
un
mesurons les difficultés auxquelles doit faire face le gouvernement.
qui voudrait reprocher à l'Eglise d'affirmer hautement, en cette heure sombre et
Mais
en présence de ce qui nous est imposé, les droits imprescriptibles de la personne humaine,
le caractère sacré des liens familiaux, l'inviolabilité du droit d'asile et les exigences
supérieuses de cette charité fraternelle dont le Christ a fait la marque distinctive de ses
disciples. C'est l'honneur de la civilisation chrétienne, et ce doit être l'honneur de la
France, de
ne jamais abandonner de tels principes.
Ce n'est pas sur la violence et la haine qu'on pourra bâtir l'ordre nouveau. On ne le
construira, et la Paix avec, lui, que dans le respect de la justice, dans l'union bienfaisante
des
esprits et des coeurs, à laquelle nous convie la grande voix du Maréchal, et où
fleurira le séculaire prestige de notre patrie.
Daigne Notre Dame de Fourvière nous aider à en hâter le retour !

Pierre-Marie Cardinal GERLIER, Archevêque de Lyon.

Mgr Kolb, de Strasbourg, à M. le Préfet de la région de Clermont-


de
Lettre

Ferrand.
Monsieur le Préfet,
qualité de vicaire général du diocèse, et me sachant en accord avec la pensée de
Enma

l'Evêque de Strasbourg, je me permets d'attirer votre attention sur les conséquences


Mgr

fâcheuses qui pourraient résulter de l'ordre d'expulsion qui frappe les ressortissants Juifs
Alsaciens et Lorrains des départements de la région clennontaise. On me dit que 65 %
les Juifs accueillis dans ces départements sont des Alsaciens ou des Lorrains qui ont été
expulsés de chez
eux par les autorités occupantes en des conditions que vous connaissez.
La plupart sont certainement des petites gens qui jouissaient dans nos départements de
l'estime de leurs concitoyens.
crois en conscience pouvoir affirmer que la mesure dont ils font l'objet ne sera pas
Je

comprise en Alsace. La population alsacienne qui s'est dévouée et ne cesse de se dévouer


une générosité admirable, sans faire de distinction, pour les prisonniers de guerre
avec
français,
ne comprendra pas que ceux des leurs que le traitement
l'objet
injuste de l'occupant
forcés de chercher refuge
a
en France libre, y aient été de mesures d'exception
rigoureuses. Elle ne comprendra pas davantage que l'autorité civile n'ait pas vu dans
si

compatriotes juifs, avant tout des Français persécutés et malheureux, qui ont donné
ses

les autres réfugiés et expulsés les preuves de leur attachement à la France. Nos
comme

populations qui ont elles-mêmes largement souffert de l'évacuation au début de la guerre,


ont néanmoins gardé une fidélité entière envers la patrie souffrante dans laquelle elles
continuent à aimer et à vénérer un idéal d'humanité. Elles ne comprendraient pas que la
France manquât de bonté il l'égard d'une partie de ses enfants qui se trouvent dans le
malheur.
mesures d'exception, si elles étaient connues là-bas, ne pourraient que nuire grave-
Ces
ent au prestige moral du gouvernement français qui, à tort ou à raison, paraîtrait
les meilleures traditions de la France sous la pression de l'étranger. Ma connais-
renier

de la mentalité de nos départements me fait un devoir d'attirer l'attention des


sance
autorités civiles
sur ce point ainsi que sur le danger grave que pourrait comporter le
our après-guerre dans nos départements d'un grand nombre de compatriotes aigris et
désaffectionnés à l'égard de la patrie. En préparant cette rentrée d'éléments déçus appar-
tenant à toutes les couches de la société, les autorités civiles risquent d'entraver la tâche
délicate Rhin et
que sera pour le gouvernement français la reprise des départements du
la Moselle dans la communauté française. Si je vous prie de bien vouloir transmettre
réflexions aux autorités qui ont pris les mesures en question, c'est que ma présence
ces

Alsace durant
en
toute la guerre et le fait d'avoir administré pendant six mois le diocèse
Strasbourg
de en l'absence de son évêque lors de l'occupation et jusqu'à mon expulsion.
permettent peut-être de donner un avis sur ce que pensent nos compatriotes restés
me

pays.
au

Signé : KOLB

adressée au rédacteur en chef du Patriote des Pyrénées par le chanoine


Lettre

Rocq, curé-archiprêtre de Saint-Martin de Pau.


Pau, le 6 septembre 1942.
Monsieur le Rédacteur,
J'avoue que mon devoir de curé et d'archiprêtre de Pau est de protester auprès de
le Directeur du Patriote contre l'article paru hier soir sous votre signature sur la
question juivre. l'Abbé Anat m'ayant répondu qu'il n'en assumait nullement la respon-
M.

sabilité,
c'est à vous, Monsieur le Rédacteur, que je viens dire toute mon indignation.
moment où nos évêques s'élèvent avec véhémence contre ce qu'ils appellent une
Au
violation inique de la personne, vous faites dans un journal catholique l'apologie de cette
violation, vous poussez l'odieux jusqu'à exhumer à la suite de je ne sais quel Saint-Julien
des textes d'encycliques et de canons de conciles tendant aussi selon vous à prouver que

la persécution des Juifs est de précepte ecclésiastique.


Par devoir d'état, j'ai étudié de longues années ce problème. Il n'en est pas, je crois

qui ait suscité dans l'histoire de pareille foison d'écrits et de règlements. Pour s'y recon-
naître, il n'est pas trop d'être guidé par un historien de l'Eglise, comme d'ailleurs pour
interpréter la Somme Théologique, il n'est pas trop de votre documentation si ell
n'était propre surtout à jeter sur l'Eglise un discrédit qui doit aller aux seuls perse-
cuteurs. Croyez-vous d'ailleurs que ceux-ci observent la règle de Saint Thomas que vous

mentionnez tout à fait en passant : « On ne doit pas nuire aux Juifs en commettant des
injustices. » Voulez-vous me dire quelle règle d'une loi écrite ou non écrite autorise le

séparation violente d'une mère et de ses petits enfants, scène doit j'ai été moi-même le

témoin horrifié ? Et si beaucoup d'informations sont connue vous le dites imprécises et


incontrôlables, n'en voyez-vous pas la raison dans ce fait que les bourreaux sont en

même temps les maîtres de la presse et de la radio, ce qui leur permet de perpétrer leurs
forfaits mieux que du temps de la « Tchèka »?
Ce que nous parvenons cependant à savoir suffit pour qu'un coeur chrétien s'émeuve et
crie son indignation. C'est mon cas, et soyez sûr qu'il me reste encore assez de compas-
sion pour condamner toutes les autres atteintes au droit des personnes quels qu'en soient
les coupables, « judéo-bolchevistcs » ou exécuteurs d'otages. Il m'en restera encore pour
flétrir les exécutions futures même si les jésuites en font l'objet et si, pour jeter votre
fils en exil, on va chercher des raisons et des prétextes dans les actes de certains Papes.

Ce faisant d'ailleurs, j'ai conscience de travailler pour la patrie aussi bien pour
religion. Et les Evêques qui protestent aujourd'hui sont les défenseurs de la citéque aussi
la

bien que de la morale chrétienne. Comme eux je pense qu'il est bien vain de prétendre
conserver un territoire à la France par des mesures qui lui font perdre son âme. En tout
cas, il est inadmissible qu'un journal dirigé par des prêtres fassent si bon marché dela

conscience chrétienne et de l'honneur de l'Eglise.


Vous ne vous étonnerez pas que je soumette pareil scandale à l'appréciation de Mon-
seigneur.
Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur, l'assurance de mes sentiments attristés.
Aux fidèles de l'Eglise réformée de France. A lire en chaire, sans commentaire,
dans toutes les paroisses, le dimanche 4 octobre 1942.
22 septembre 1942
Le Conseil National de l'Egiise Réformée de France, réuni pour la première fois depuis
les mesures qui ont frappe des Israélites réfugiés sur notre sol, parmi lesquels trouvent
de nombreux chrétiens, a été informé des démarches que son Président, au nom de se
Fédération Protestante de France, a accomplies pur écrit et de vive voix, auprès des plu-
la

hautes autorités de l'Etat. Il s'est associé pleinement à lui et l'a remercié de action.
son
Sans ignorer ni méconnaître l'extrême complexité des situations devant lesquellesles
autorités de Pays se voient placées, résolue plus que jamais à exercer avec loyalisme au

sein de la nation, la vocation spirituelle à laquelle Dieu l'a appelée, et fidèle à son
principe séculaire qui est de se refuser à toute intrusion dans le domaine de la politique
l'Eglise Réformée de France ne peut garder le silence devant la souffrance de milliers
d'êtres humains qui reçurent asile sur notre sol.
Une Eglise chrétienne aurait perdu son âme et sa raison d'être, si elle maintenait,
ne
pour la sauvegarde même de la nation au sein de laquelle Dieu l'a placée, la loi divine
au-dessus de toutes les contingences humaines. Et la loi divine n'admet pas que des
familles voulues par Dieu soient brisées, des enfants séparés des mères, le droit d'asile
et la pitié méconnus, le respect de la personne humaine transgressé et des êtres san-
défense livrés à un sort tragique.
Quels que soient les problèmes que l'Eglise n'a pas à résoudre, mais dont il est de son

devoir d'affirmer qu'ils ne sauraient être résolus contre la loi de Dieu, l'Evangile nou-
ordonne de considérer tous les hommes sans exception comme des frères pour qui le Sau-
veur est mort en croix. Comment l'Eglise pourrait-elle jamais oublier d'ailleurs que c'est
dans le peuple dont les Juifs sont les enfants selon la chair qu'est né le Sauveur du

monde ? Et comment ne serait-elle pas profondément meurtrie, elle en qui doit s'affirmer
l'unité du corps du Christ, par des mesures qui frappent aussi des chrétiens non-aryens,
membres de nos paroisses protestantes ?
Devant tant de faits si douloureux, l'Eglise se sent contrainte de faire entendre le cri
de la conscience chrétienne pour supplier, au nom de Dieu, tous ceux qui ont autorité
dans le monde de ne pas ajouter aux horreurs naturelles à la guerre, qui violent en elle
même le commandement suprême du Christ, des violations pires encore dont le résultat
d'entraver, de la façon la plus redoutable, la réconciliation. nécessaire des peuples
serait
dans un monde enfin repentant, soumis à Dieu et apaisé.
Elle demande aux fidèles de se pencher avec la compassion du bon Samaritain sur la
détresse de ceux qui souffrent et d'intercéder sans relâche auprès de Dieu qui peut seul
nous délivrer tous du mal
par la grâce qu'il a manifestée en Jésus-Christ.

Lettre de Mgr Delay, évêque de Marseille, à M. de Carbuccia, directeur de


Gringoire..
Monsieur le Directeur,
Plusieurs personnes m'ont manifesté l'impression très pénible qu'elles avaient ressentie
à la lecture de l'article Simple histoire juive paru en première page et sur deux grandes
colonnes dans le numéro de Gringoire en date du 25 septembre. Cette émotion est pleine-
ment justifiée. Il est extrêmement pénible pour ceux qui avec plusieurs centaines de mil-
lions de catholiques et de protestants lisent avec respect les « Saints Livres » et les
considèrent comme un inestimable trésor, de voir un auteur de la plume duquel coule un
du venin qui empoisonnait certaines oeuvres de Voltaire, se servir de ces pages véné-
peu
rables pour échafauder un roman auquel les références données ne suffisent pas à enlever
son caractère de mensongère fantaisie.
ne sont pas de telles pages qui donneront de l'autorité À votre journal et ce ne sont
Ce

pas elles, si contraires, me semble-t-il, au véritable esprit de la Révolution nationale, qui


mettront dans l'esprit des Français plus de respect de la vérité, de la mesure et de
l'équilibre, vertus si nécessaires.
J'ajoute enfin qu'il est particulièrement douloureux de lire dans votre journal cette
énormité : « Mais la Bible n'est-elle pas un tract de propagande hitlérienne ! » ; ce n'est
pas très fin. n'est-il
pas urgent de respecter ce qui est infiniment respectable ?
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de mes sentiments les plus distingués.

DELAY, Evêque de Marseille (29-9-42.)

TARTUFE 1942

Des atrocités sont commises contre une foule innocente d'hommes, de femmes,
d'enfants, pour ce seul motif qu'ils appartiennent à la « race » juive. Ordon-
ées par Hitler, les mesures sont exécutées par là police française (bien souvent
avec répugnance) et des trains entiers de bétail humain sont livrés. Parmi les
victimes il
y a — ô honte ! — des hommes qui ont combattu pour la France,
sous l'uniforme français. La conscience humaine s'indigne ; l'honneur français
rougit ; la religion proteste contre une persécution qui ne trahit pas seulement
la charité et la justice, mais qui, à travers les héritiers de la Bible juive, vise
déjà le christianisme lui-même. Sans arrière-pensée d'ordre politique,
avec
leur double autorité de docteurs et de pasteurs, des évêques donnent
une voix
à la réprobation muette de ceux qui savent..
Quel écho cette voix des évêques va-t-elle trouver dans la presse ? Ecoutons.
le Grand Echo du Midi (3 septembre 1942).
Il parle d'abord pudiquement d' « événements auxquels ont été mêlés des
Juifs
». Il se plaint d'informations « grossies », les impute à « des gens qui ont
intérêt à entretenir le trouble des esprits ». Il laisse croire qu'il s'agit de saines
« mesures prises
par la révolution nationale ». — Première tartuferie : les faits
e sont pas avoués. On sait trop bien que leur seul énoncé révolterait tout hon-
« antisémite ».
nête homme, fût-il le plus
Cependant, les lettres épiscopales ne risquent-elles pas d'ouvrir certains yeux ?
Voici donc à leur adresse : « Ce qui frappe, c'est do voir certains chefs res-
ponsables de la conduite des hommes et de la direction des consciences, se laisser
aller par un esntiment certes très hautement honorable, mais d'expression com-
bien dangereuse, a aviver l'émotion publique et à fournir ainsi à des adver-
saires trop heureux de les trouver si bien forgées, des armes contre le gouver-
nement de la France, contre la Révolution nationale, contre l'unité française ».
: « Il n est pas permis a quelqu'un, si haute soit
Et encore
son autorité morale
et quelque respect que nous en ayons, do tenter de provoquer un mouvement qui
pût gravement compromettre l'oeuvre du Maréchal ». Deuxième tartuferie :
ceton patelin, ces intimidations « respectueuses — ces menaces voilées, ces
grands mots mis en avant de « maréchal » et d' « »,unité », pour empêcher les
évêques de remplir les devoirs sacrés d'une charge dont Dieu même les a
investis.
Ces évêques osent prendre la défense de Juifs ? Le Grand Echo du Midi va
leur administrer une leçon de théologie. Puisqu'ils méconnaissent à point « la
ce
doctrine générale et traditionnelle de l'Eglise catholique », il est bien obligé de
la leur « rappeler très objectivement
». Voilà donc des citations do saint Tho-
mas et de Benoît XIV, et des appels à la vraie conception de « l'ordre social
chrétien ». — Troisième tartuferie : couvrir la voix de l'Eglise prétendant
la faire entendre; abuser de l'ignorance du lecteur en
moyen en matière de doc-
trine aussi bien que d'histoire ; dans une masse énorme de documents répartis
sur vingt; siècles, en choisir un ou deux, mal cités, mal interprétés, pour en tirer
une apologie de la folie raciste antisémite. La vérité, tout au contraire, c'est que
a) Jamais, dans la législation concernant les Juifs, tant qu'elle fut influen-
en
cee par l'Eglise, ne se décèle le moindre trait d'esprit raciste; dans une société
croyante dont le principe d'unité était la foi, il était normal que les étrangers
a. cette foi, tels les Juifs ou les Musulmans, eussent un statut spécial ;
b) Toujours, lorsque des sévices graves furent exercés contre les Juifs, l'au-
torité religieuse intervint pour défendre les opprimés; à plus d'une reprise, les
chefs de la communauté juive en remercièrent solennellement l'Eglise catholique
Ces tartuferies apparaîtront beaucoup plus laides et lâches, si l'on observe
que, pendant que des journalistes prétendent nous enseigner la vraie doctrine
les gardiens de cette doctrine sont placés, par une censure rigoureuse, dans
l'impossibilité de l'exposer publiquement. Il est lâche d'attaquer quelqu'un qui

ne peut se défendre ; il est aussi lâche, et plus bas, de prétendre parler au nom
de quelqu'un qui no peut rectifier.
Le Grand Echo du Midi n'est qu'un exemple. C'est une grande partie de la
presse « française » qu'il faudrait citer, sans en excepter une partie de la
presse « bien pensante » et « cléricale » (dont on aurait bien tort, en ce cas,
de croire qu'elle reflète les sentiments du clergé). Voulez-vous avoir l'explication
de ce concert et savoir à qui imputer ces tartuferies ? Lisez simplement cette
Note d'orientation de Vichy du 4 septembre 1942 :

« Les journaux sont instamment priés de reprendre des passages de la dépêche O. F. I.


à propos de la question juive et de les commenter. On lira attentivement cette étude
parue dans le Grand Echo du Midi et qui rappelle opportunément la doctrine générale et
traditionnelle de l'Eglise catholique devant le problème juif.
Une assez vive émotion s'est en effet manifestée dans diverses régions de la France à
la suite d'événements auxquels ont été mêlés des Juifs de diverses nationalités, réfugiés
on France depuis quelques années,
Une propagande sournoise, dont le seul but est de compromettre l'oeuvre du Maréchal
et de son gouvernement, a réussi à gagner le monde catholique. Il convient d'opposer à
d'hypocrites lamentations la sûre doctrine de saint Thomas eu des papes. On notera aussi
que ceux-là mêmes qui aujourd'hui se font les défenseurs des Juifs expulsés sont les

mêmes qui ne trouvèrent pas un mot de compassion pour les milliers de catholiques sup-
pliciés et exécutés par les rouges espagnols.
On soulignera enfin que toute cette agitation est entretenue dans la coulisse par les
adversaires de la révolution nationale. C'est là manoeuvre politique, qu'il convient de
déjouer, et il laquelle les catholiques ne doivent pas se laisser prendre.
S'il nous vient quelque désir d'effusion fraternelle, pensons plutôt aux douze cent mille
prisonniers qui, eux, du moins, sont d'authentiques fils de France. »
N° 2.212.
Les agents do l'hitlérisme
on France no se mettent pas en frais d'inventions.
Depuis plus de deux ans, c'est toujours de leur part le même argument, la
même tactique
: toute résistance spirituelle à l'envahissement du paganisme
nazi est dénoncée comme manoeuvre d'opposition politique
France. Nous ne cesserons de protester, contre l'équivoque
La
au gouvernement de
et de rétablir la
vérité. Nos Cahiers ne sont et
ne veulent être que l'écho du témoignage chrétien.

Les Cahiers se sont efforcés de montrer que tout ce qui vient des nazis ou
subit leur influence est essentiellement antichrétien, quelles que soient les pré-
autions prises pour voiler la vérité. Mais certains ne sont pas encore convain-
cus. Quelques-uns ne veulent pas reconnaître
que le nazisme s'en prend aux
valeurs essentielles de leur foi et sont prêts à lui faire confiance. D'autres, plus
mbreux, pensent que les disciples français des nazis suivent pas leurs
maîtres jusque dans leur antichristianisme, que les nazis n'en demandentno
E et qu une loyale collaboration avec eux nous conduit à l'organisation d'une pas
Europe ou la foi et la civilisation chrétiennes seront sauvegardées. Il est difficile
convaincre autant d'obstination aberrante. D'autant que nos nazis français
ont été jusqu'ici très prudents dans leurs attaques. Ils ont feint de
ujours très respectueux de la religion chrétienne et ils ont multiplié se montrer
les céré-
monies religieuses au cours de leurs manifestations. Certains ont voulu
signe d'un renouveau chrétien! y voir
Mais les voiles se déchirent. Si, parmi nos adversaires, ceux qui disent
chrétiens se
encore ont recours aux tartuferies dénoncées plus haut, il en est d'au-
res qui s'impatientent et
ne voilent plus leurs intentions. Cependant ils n'ont
l'audace cynique de leurs maîtres et ils introduisent encore, prudemment,
certaines distinctions propres à égarer les esprits. Aussi bien, dans
affectent d'appeler « les religions de Jésus », prennent-ils le soin de distinguer ce qu'ils
l'Evangile et les Eglises et d'assurer qu'ils s'en prennent qu'à ces dernières.
ne
Elles redeviennent notre gibier » écrit l'un d'eux, Lucien Rebattet, dans
«

dernier livre « Les Décombres », où il consacre un chapitre à la religion chré- son


ienne.
plus
M.
Rebattet est, directeur de Je suis partout et l'un des propagandistesles
« autorisés » de la nazification française,
M. Rebattet. fiaire le danger de s'en prendre directement aux valeurs chré-
tiennes il estime que le moment n'est pas venu de « vomir son dégoût de mâle
;

pitié galiléenne ». Il dit bien, ailleurs, que « l'essence même du dogme,


sur
la

les distinctions du bien et du mal


se sont profondément identifiés avec les arti-
de
cles la foi égalitaire », mais il ne, veut pas « donner tête baissée dans
débat sur le rapport à l'esprit juif do tout l'Evangile
un
», Aussi bien s'en tient-il
pour instant aux Eglises, à leurs institutions, aux Papes, aux Evêques, aux
aux pasteurs (aux Popes qu'il n'oublie pas dans son souci de détruire
prêtres,

tout ce qui est chrétien),


a colère s'exerce tout d'abord contre « le vieux gredin Ratti, autour de la
première encyclique judéophile de l'ère chrétienne qui est mort trop tôt
pour voir se réaliser son rêve : la jeunesse mâle du monde s'entremassacrant
un peu
par volonté de Judas. C'est grand dommage. Cette sinistre momie manquera
la

l'écroulement final de la crapule ». Ce qui l'irrite, c'est, que la chrétienté se


resse enfin en face du nazisme. C'est
ce qu'il appelle la « blagologie du fameux
rempart de la chrétienté
».
M. Rebattet s'écarte soigneusement de
ce qu'il appelle « les cogitations des
théologastres » et s'en prend avec fureur aux « rabbins des Tiers-Ordres »t aux
politiciens de sacristie et de confessionnal
«
», aux « béjaunes qui s'appliquent
à christianiser le bolchevisme ». De tout ce monde catholique fossilisé, pas un
« conseil sain et viril n'est sorti ». Pendant que s'accomplissait la marche triom-
phale du néo-paganisme des régimes totalitaires, « il n'a su maintenir que le
« connubium castum » dans la bourgeoisie pratiquante, la seule qui ne renâcle
pas à la production ». On sent pointer ici tout le mépris du jeune nazi pour ce
qu'il appelle cette « crasseuse espèce ». On y sent également la promesse de

cette « politique biologique » que M. Rebattet ne manquerait pas de nous impo-


ser si se réalisait le voeu qu'il formule en terminant son introduction impatiente
« Mais que vienne donc enfin le temps de l'action » !
Il nous désigne les grands responsables de la « dégénérescence, de l'appau-
vrissement continu de la pensée catholique ». Ce sont : « les grands coupables
de l'Eglise qui rôdent dans les couloirs du Vatican. Les cardinaux, les évêques,
les coadjuteurs, les vicaires généraux, les supérieurs d'ordre, les prélats, les
camériers, les nonces sont, neuf fois sur dix, des drôles, des crapules politi-
ciennes dont les physionomies suffiraient à révéler la bassesse et la fourbe » ...
« Le Pape Pie X qui avait encore un coeur, ne survécut pas en 1914 aux
premiers jours de la tuerie. Le pape Pacelli se porte toujours bien dans la
troisième année d'un massacre encore plus atroce, et où le sort de la chrétienté
est autrement engagé. Cet agent diplomatique, qui ne répugnait aucunement à
honorer par une tournée officielle la France de Blum et à la couvrir de ses
bénédictions, n'a pas encore ébauché un signe de croix sur les plus irrécusable
champions que la chrétienté aient vu se dresser pour sa défense. »

CONSIGNE DE SECURITE
Tous nos amis doivent prendre conscience des nouvelles conditions
de travail en présence des troupes allemandes et de la Gestapo :
toute imprudence, toute indiscrétion seraient criminelles ; les listes de
noms et d'adresses doivent disparaître. Le Témoignage Chrétien res-
tera jusqu'à la délivrance un lien de fidélité et de confiance courageuse

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